Le 63ème Régiment d'Infanterie de Ligne
1796-1815
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Avertissement : La base de cette étude est constituée de l'Historique régimentaire du 63e, que nous avons reproduit intégralement, complété par les différentes sources dont nous disposons actuellement. Nous remercions vivement Monsieur Peter Harrington, Conservateur de la "Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library", de nous avoir permis d'utiliser des documents de la Suite de Zimmermann. Merci également à Claude Achard de nous avoir permis d'utiliser des documents de sa collection familiale. |
I/ Historique
a/ Organisation
A gauche : bouton extrait du Fallou ("Le Bouton uniforme français", 1915) ; ce type de bouton, de couleur jaune, a été en usage au sein des Demi-brigades du 21 février 1793 à 1803. Le même bouton est donné dans l'ouvrage du Capitaine Maurice Bottet ("Le Bouton de l'Armée Française", 1908) qui écrit : "Je ne crois pas le bouton dit des demi-brigades antérieur à 1796".
A droite : cachet de la 63e Demi-brigade de Bataille, extrait de l'ouvrage du Lieutenant E. Cheutin : "Vignettes et Sceaux des Papiers Militaires pendant la Révolution Française"; 1911.
Ci-dessous : boutons originaux communiqués par un de nos correspondants |
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Ci-dessus et ci-dessous : boutons provenant d'Italie - communication d'un de nos correspondants |
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Paire de boutons de la 63ème, période du Consulat. Ces boutons ont été découverts dans la région de Giovo Ligure et Pontinvrea, ce qui correspond étroitement aux combats d'avril 1800 qui aboutissent à celui du mont Ermetta. Dans cette région immense et encore recouverte de forêts, nombre d'objets français et autrichiens ont été trouvés, dont de nombreuses plaques de Casquets. Communication de Mrs B. C. et R. R. |
Un mouvement comme celui qui bouleversa la France lors de la Révolution, ne pouvait pas se produire sans atteindre également et profondément les diverses parties du corps social. L'armée n'y échappa donc pas et bientôt le désordre et l'indiscipline furent à leur comble; toute organisation avait disparu; la dénomination elle-même des vieux Régiments avait été emportée dans la tourmente révolutionnaire. De l'ancienne armée de la monarchie qui avait fait la France, il ne restait plus rien que de vieux soldats qui, eux, nous donnèrent les premières victoires sur l'Europe coalisée. Aussi, sentant le besoin de ces vieilles troupes et la nécessité de les montrer en exemple aux Bataillons de volontaires et à ceux des diverses levées, pleins d'ardeur mais manquant complètement d'instruction militaire, les Généraux commandant les armées de la République avaient de bonne heure pris le parti d'amalgamer ensemble leurs anciens et leurs jeunes soldats.
De tout cela, de toutes ces organisations qui différaient dans chaque armée et sur lesquelles venaient se greffer de nombreux décrets de la Convention, il résulta une désorganisalion effroyable, et Dubois-Crancé pouvait s'écrier avec juste raison dans une séance de la formidable Assemblée : "Il faut prouver que l'armée est complètement désorganisée au physique comme au moral. Je dis que l'armée est désorganisée, car l'entrée subite des Prussiens a forcé le ministère de diviser tellement les régiments de ligne que son administration est devenue impraticable ..... Notre infanterie de ligne est réellement toute morcelée, incomplète, divisée en fractions dont les généraux ne peuvent tirer parti qu'en les accolant à des bataillons de volontaires. Je dis que l'armée est désorganisée, parce que, vu l'incohérence des divers éléments qui la composent, on voit chaque jour des soldats déserter pour entrer dans les volontaires ; des capitaines et même des lieutenants-colonels de volontaires solliciter comme une grâce du Ministre des sous-lieutenances dans la ligne. Partout les principes sont violés ou exagérés; presque personne n'est content de son état, et si le patriotisme égalise tout un jour de bataille, il est un aliment de plus aux passions pour les exemptions du lendemain".
Aussi, le 19 nivôse an II (8 janvier 1794), pour tâcher de remettre un peu d'ordre au milieu de tout ce désordre, un décret de la Convention ordonna l'embrigadement immédiat de toutes les troupes à pied. Chaque Demi-brigade (désignation qui remplaçait l'appellation de Régiment) devait être composée d'un Bataillon de ligne et de deux Bataillons de volontaires. On forma ainsi sur le papier 198 Demi-brigades de ligne et 22 Demi-brigades légères. Ces chiffres devaient être portés plus tard à 209 et 40. Comme il restait en surplus des Bataillons de volontaires, on créa 15 Demi-brigades dites provisoires, exclusivement composées de volontaires. Mais quelques-unes de ces Demi-brigades ne furent jamais formées ; de ce nombre fut la 63e.
Cette organisation, bien qu'elle constituât un progrès sérieux, ne donna pas tous les résultats que l'on pouvait en attendre; aussi un décret du Directoire du 29 nivôse an IV (18 janvier 1796) prescrivit-il le remaniement complet de toutes les troupes sur pied et leur fusion en 110 Demi-brigades d'infanterie de ligne ou de bataille et 30 Demi-brigades d'infanterie lègère, qui durent tirer au sort leur rang entre elles. Elles ne furent pas toutes immédiatement organisées. La 63e notamment ne le fut à l'Armée d'Italie que dans les premiers jours de 1797, nous dit l'historique régimentaire, avec les éléments suivants : 14e, 22e, 51e anciennes Demi-brigades ; Demi-brigade des Deux-Sèvres (volontaires) ; 10e Demi-brigade provisoire (volontaires). Rousset ("Les volontaires, 1791-1794") ajoute le 9e Bataillon du Lot, dit de la Montagne, et précise que en l'an XI, la 63e a reçu le 1er Bataillon de la 66e nouvelle.
A l'organisation de 1794, ces diverses Demi-brigades avaient été composées ainsi qu'il suit :
- 14e Demi-brigade (formée en messidor an III) : 1er Bataillon : 1 Bataillon (2e) du 7e Régiment d'infanterie (ex Champagne) ; 2e et 3e Bataillons : 2 Bataillons savoir 1er Bataillon des Volontaires du Gard et 5e bis des volontaires du Gard (certaines sources telles que les Etats militaires de l'An X et Rousset - "Les volontaires, 1791-1794", indiquent : 1er et 2e Bataillons du Gard).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 571 volontaires des districts d'Alais, Le Vigan, Saint-Hippolyte et Uzès, choisis parmi de nombreux inscrits par les Commissaires du département, rassemblés à Nîmes le 3 septembre 1791, formés en Compagnies et organisés en Bataillon. Le 1er du Gard est passé aussitôt en revue par le Maréchal de camp d'Albignac (on n'a pas le procès-verbal).
Etat des cadres à la formation (3 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel. Galissard de Marignac* (Jean) de Vézénobres, 50ans, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis.
2e Lieutenant-Colonel. Villaret* (François), de Saint-Hippolyte-de-Caton, 27 ans.
Quartier-Maître Trésorier. Lampels (Jean-Louis-Henry), de Sauve, 20 ans.
Adjudant-Major. Valette* (Antoine-Mathieu-Bonaventure), de Pont-Saint-Esprit, 25 ans.
Adjudant-Sous-Officier. Godenne* (Jean-Joseph), du pays de Liège.
Chirurgien-Major. Flour* (Jean-Baptiste), de Bagnols-sur-Cèze, 29 ans.
Grenadiers : Capitaine Chambon (Louis-David-Melchior), de La Bouvière, 19 ans. Lieutenant Fournier (Jean-Baptiste), d'Alais, 32 ans. Sous-Lieutenant Cavalier* (Jacques), de Saint-André-de-Valborgne,19ans.
1ère Compagnie (de Saint-Hippolyte). Capitaine Bousquet* (Marie-Antoine), de Saint-Hippolyte-de-Caton, 40 ans, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Lieutenant Guizard* (Henry), de Lasalle, 27 ans. Sous-Lieutenant Carles (François), de Valleraugue, 20 ans.
2e Compagnie (de Vézénobres). Capitaine Layus de Cazalis de Labarèze (Jean-Emmanuel), de Vézénobres, 23 ans. Lieutenant Lauteires (Jean-Joseph), de Pont-du-Rastel, 21 ans. Sous-Lieutenant Sabatier (Jacques), de Cardet, 20 ans.
3e Compagnie (d'Anduze et Sauve). Capitaine Teissier (Jean), d'Anduze, 24 ans. Lieutenant Cavalier (Louis), d'Anduze, 24 ans. Sous-Lieutenant Julien (Louis-François), de Canaules, 20 ans.
4e Compagnie (d'Uzès et Vers). Capitaine Gevaudan (Henry), de Vers, 55 ans. Lieutenant Teissier (Jacques), d'Uzès, 20 ans. Sous-Lieutenant Nicol* (Jean), de Sommières, 49 ans.
5e Compagnie (de Genolhac et Saint-Ambroix). Capitaine Bonduran (Pierre-Sébastien), de Genolhac, 29 ans. Lieutenant Silhol (François), de Saint-Ambroix, 26 ans. Sous-Lieutenant Deleuze (David), d'Alais, 19 ans.
6e Compagnie (d'Alais et Saint-Jean-du-Gard). Capitaine Delpeisses* (Joseph-Cristophe), d'Alais, 28 ans. Lieutenant Martin (Jean), de Saint-Jean, 36 ans. Sous-Lieutenant Clerguemort (Jacques-Maurice), de Saint-Jean, 41 ans.
7e Compagnie (de Montaron et Saint-Geniès). Capitaine Portal (Pierre), d'Arpaillargues, 24 ans. Lieutenant Guizot (Louis), de Saint-Geniès-de-Malgoires, 27 ans. Sous-Lieutenant Boquerand* (Pierre), d'Arpaillargues, 59 ans.
8e Compagnie (du Vigan). Capitaine Calvas* (Joseph), du Vigan, 40 ans. Lieutenant Malmontet* (Jean), du Vigan, 30 ans. Sous-Lieutenant Mizac-Michel (Jacques), du Vigan, 26 ans.
Le 1er Bataillon du Gard est harangué, le 4 septembre, par le vicaire épiscopal Dasse, devant le club des Amis de la Constitution. Il part le 20 octobre, sans être habillé ni équipé, mais bien armé, pour gagner Valiguière et de là Pont- Saint-Esprit, où il tient garnison tout l'hiver.
Le 1er Bataillon du Gard est à Pont-Saint-Esprit le 1er janvier 1792; il détache, le 17 mars, une Compagnie à Cavaillon. Affecté à l'armée du Midi, il est dirigé sur Grenoble en mai et poussé, en août, sur le camp de Barraux. Il prend part, en septembre, à la première campagne de Savoie et au "blocus de Genève" ; il compte à l'armée des Alpes et stationne le 18 novembre à Cevins. Il est, en décembre, mis en garnison à Chambéry; il en part le 25 et, par Romans, Valence et Montélimar, il revient en quartiers d'hiver à Saint-Esprit.
Le 1er Bataillon du Gard envoie, le 8 janvier 1793, quatre Compagnies de Saint-Esprit à Bagnols. Il adresse, le 11 février, son registre-contrôle au Ministre, puis au printemps est rassemblé à Bourg-d'Oisans, où il se trouve dès le 15 avril et où il est passé en revue le 24 mai, par le Chef de Bataillon Guynet (705 présents), tandis que les Grenadiers sont détachés à Soullières et 22 Pionniers à Modane. Il est envoyé au camp, devant Lyon, en juillet, y demeure jusqu'à la reddition de la ville et est ensuite employé au siège de Toulon; il contribue à la prise de la redoute de la Seigne, des fort Balaquai et l'Eguillette, du 26 novembre au 18 décembre. De là, il va joindre l'armée des Pyrénées-Orientales.
Dès son arrivée à Perpignan, le 16 janvier, le 1er Bataillon du Gard est affecté à la Division de droite, sous Augereau ; il campe au Mas-d'Eu et entre en campagne le 27 mars. Il prend part à la bataille du camp du Boulou le 1er mai et à l'investissement de Bellegarde, tandis qu'un de ses détachements se distingue à l'escalade du fort Saint-Elme le 26. Il prend part à la reconnaissance générale en avant de La Junquera, où "sa belle contenance sauve une partie de la division de la supériorité de la cavalerie ennemie et lui mérite une citation à l'ordre de l'armée", le 31 mai. Il campe à La Junquera en juin, participe au blocus de Bellegarde jusqu'au 18 septembre; éprouve des pertes considérables en morts et en blessés le 17 novembre, lors de l'attaque générale sur tout le front espagnol, et prend sa part du succès de la 2e attaque des lignes de Figuera, le 20. Il est ensuite employé au siège de Rosas.
Après la capitulation de Rosas, le 3 février 1796, le Bataillon, "qui s'est acquis une des plus belles réputations de l'armée", est cantonné à Castello de Ampurias, où il est amalgamé, le 19 juin, avec le 2e Bataillon du 7e Régiment et le 2e "autre" du Gard, pour former la 14e Demi-brigade (entrée, le 19 janvier 1797, à l'armée d'Italie, dans la composition de la 63e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef en 1er : Calvas* (J.); en 2e : Boquerand* (P.). Quartier-maître : (Vacant).
Adjudant-majar : (Vacant). Chirurgien : (Vacant). Adjudant Sous-Lieutenant : Fouret* (A.-L.).
Grenadiers : Capitaine N... Lieutenant N... Sous-Lieutenant N...
lère Compagnie : Capitaine N... Lieutenant N... Sous-Lieutenant Roux* (L.).
2e Compagnie : Capitaine N... Lieutenant Astier. Sous-Lieutenant N...
3e Compagnie : Capitaine Lauteires (J. J.). Lieutenant N... Sous-Lieutenant N...
4e Compagnie : Capitaine N... Lieutenant N... Sous-Lieutenant Nogier* (J. B.).
5e Compagnie : Capitaine N... Lieutenant N... Sous-Lieutenant Salles (A.).
6e Compagnie : Capitaine N... Lieutenant Bonnal (L.). Sous-Lieutenant N...
7e Compagnie : Capitaine Malmontet* (J.). Lieutenant N... Sous-Lieutenant N...
8e Compagnie : Capitaine N... Lieutenant N... Sous-Lieutenant N...
- 22e Demi-brigade : 1er Bataillon : 1 Bataillon (2e) du 11e Régiment d'infanterie (ex-La Marine) ; 2e Bataillon : 1 Bataillon de volontaires des Martigues (Bouches du Rhône); 3e Bataillon : 20e Bataillon des Bouches du Rhône (Phalange Marseillaise. A noter que certaines sources telles que Rousset ("Les volontaires, 1791-1794") parlent du 2e Bataillon de volontaires de Marseille; les Etats militaires de l'An X disent tout simplement 20e Bataillon de Marseille - Bouches du Rhône).
- 51e Demi-brigade (formée le 1er thermidor an 2 - 19/06/1794) : 1er Bataillon : 1 Bataillon (1er) du 26e d'infanterie (ex-Bresse); 2e et 3e Bataillons : 2 Bataillons (3e et 5e) de volontaires des Hautes Alpes.
- 4e Demi-brigade des Deux-Sèvres (Brigade Leferron) : 1er et 2e Bataillons : 2 Bataillons (1er Bataillon de volontaires des Deux-Sèvres et 3e de volontaires des Deux-Sèvres) ; 3e Bataillon : l Bataillon (2e) de volontaires du Tarn.
- 1er Bataillon des Deux-Sèvres
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 570 volontaires, choisis parmi les 1.173 inscrits des divers districts, rassemblés à Niort le 6 octobre, formés en Compagnies et organisés en Bataillon, le 1er Bataillon des Deux-Sèvres est passé en revue le même jour sur la place de la Brèche, par le Général Dumouriez qui lui remet son drapeau et loue sa belle attitude sous les armes.
Etat des cadres à la formation (Revue du 6 octobre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-colonel Rouget dit Lafosse* (Charles), de Niort, 53 ans, décoré de l'ordre de Saint-Louis.
2e Lieutenant-colonel Bouchet de Martigny* (Pierre), d'Aiffres, 52 ans, décoré de l'ordre de Saint-Louis.
Quartier-Maître Trésorier Lenfant* (Louis).
Adjudant-Major Chabot* (Louis-François-Jean), de Niort, 34 ans.
Adjudant-Sous-Officier Carcault* (André-Philipin), de Niort, 27 ans.
Chirurgien-Major Clerc* (Pierre), de Niort, 28 ans.
Grenadiers : Capitaine Quetineau* (Pierre), du Puy-Notre-Dame, 54 ans. Lieutenant Dubois* (Etienne). Sous-Lieutenant Piet-Roquépine* (Jacques- Antoine), de Niort, 20 ans.
1ère Compagnie (de Parthenay) : Capitaine Leféron (Louis-Hyacinthe), de Parthenay, 26 ans. Lieutenant Taffoireau (Pierre-Baptiste), de Parthenay, 24 ans. Sous-Lieutenant Thibault (Charles), de Parthenay, 29 ans.
2e Compagnie (de Melle) : Capitaine Martin (Jean-Baptiste-René), de Melle, 24 ans. Lieutenant Martin-Reigner* (Jean-de- Dieu-François), de Montmorillon (Haute-Vienne). Sous-Lieutenant Bonnet* (Louis-Jacques), de Tillon, 24 ans.
3e Compagnie (de Chatillon-Bressuire) : Capitaine Thibaudeau* (Louis), de Bressuire, 29 ans. Lieutenant N... Sous-Lieutenant Leclerc (Henry), de Bressuire, 18 ans.
4e Compagnie (de Niort) : Capitaine Champenois (Paschal), de Niort. Lieutenant Bouet* (Luc-Louis), de Coulonges, 29 ans. Sous-Lieutenant Chabot* (Louis-François-Jean), de Niort, 34 ans.
5e Compagnie (de Saint-Maixent et Melle) : Capitaine Byard* (Etienne-René), de Fomperron, 36 ans. Lieutenant Boisrenault (René-Pierre), d'Ensigné, 38 ans. Sous-Lieutenant Sauzé* (Gilles), de La Mothe-Saint-Héraye, 24 ans.
6e Compagnie (de Thouars) : Capitaine Baraillault* (Maurice). Lieutenant Garnier* (Jean), de Parthenay, 57 ans. Sous-Lieutenant Vincent.
7e Compagnie (de Niort) : Capitaine Racapé* (Pierre-Jacques). Lieutenant Baudin-Champmargon (Pierre-Jean-Charles), de Niort, 25 ans. Sous-Lieutenant Piet-Dubois (Jacques), de Niort.
8e Compagnie (de Saint-Maixent) : Capitaine Chameau* (François), de Saint-Maixent, 26 ans. Lieutenant Girard* (Marie-Augustin), de Saint-Maixent, 22 ans. Sous-Lieutenant Faidy* (Louis), de Saint-Maixent, 30 ans.
Le Bataillon est maintenu en garnison à Niort tout l'hiver et est exercé activement par des instructeurs du 60e régiment.
Il reste réuni à Niort jusqu'à la fin de mars 1792, puis, en raison des troubles,
détache, le 29 mars, cinq Compagnies aux Epesses, à Montaigu, à La Châtaigneraie, à Bressuire et à Châtillon; il envoie encore deux Compagnies à Fontenay le 1er mai. Il rappelle tous ces détachements lorsqu'il est désigné pour l'armée du Nord et se met en route le 26 mai; il passe par Saint-Maixent, Poitiers, Châtellerault et Dreux. il va, le 18 juin, de Bapaume à Cambrai, et y reçoit l'ordre de se rendre, par Arras et Béthune, le 22, à Aire, pour y tenir garnison. Le Bataillon est envoyé au camp de Maulde en juillet et à Pont-sur-Sambre en août. Il se trouve avec Dumouriez, au camp du Quesnoy, le 9 septembre; il prend part à la marche sur Rethel et Grandpré, à l'affaire de "Chêne-aux-Dames", assiste à la canonnade de Valmy le 20 septembre et campe ensuite en avant de Sainte-Menehould. Après la poursuite des Prussiens, il part avec la 1ère colonne, sous Beurnonville, le 10 octobre, pour la Belgique; il compte, le 20, à la Division d'Egalité (3e Brigade) et se distingue particulièrement, le 6 novembre, à la bataille de Jemappes, où son chef est blessé mortellement. Il entre un des premiers à Mons, arrive le 15 à Bruxelles et y reste en quartiers d'hiver, laissant ses Grenadiers contribuer à la prise de Liège et d'Aix-la-Chapelle et assiéger Maëstricht.
Le 10 janvier 1793, le 1er des Deux-Sèvres forme, à Bruxelles, une Compagnie de canonniers (capitaine N..., lieutenant Rouget et Sous-lieutenant Guillemot). A la retraite de la Belgique, il se bat, le 22 mars, à La Montagne-de-Fer près Louvain, d'où il se replie jusque sous les glacis de Condé. Il se rend à Valenciennes le 5 avril, lors de la défection de Dumouriez, et contribue à toutes les opérations qui précèdent le blocus de la place. Il fournit, le 12 mai, une Compagnie au 5e Bataillon de la formation d'Orléans (Capitaine Girard, Lieutenant Sauzé et Sous-lieutenant Bonnet). Il soutient le siège de Valenciennes du 22 mai jusqu'à la capilulation du 28 juillet; il sort le 1er août, et, tandis que ses canonniers sont dirigés, le 16 août, sur Lyon, il est envoyé à Vendôme où il est le 12 septembre, puis à Orléans ; il y séjourne jusqu'en octobre. Le Bataillon gagne ensuite la Vendée et est employé dans la région de Fontenay, Bressuire et Châtillon, où il combat vaillamment sans vouloir, écrit-il, "recueillir les tristes lauriers de la guerre civile".
Le 31 janvier 1794, le Bataillon est en quartiers à Angers; il y reçoit, le 20 février, 542 réquisitionnaires de Niort et, le 13 avril, 52 de Saint-Amand. Envoyé par un ordre du Comité de Salut public du 30 avril à l'armée des Pyrénées-0ccidentales, il y arrive fin mai, se trouve au combat du col Maya le 26 juillet, au passage de la Bidassoa et à la prise d'Irun le 1er août, à l'affaire de Port-de-Passage le 2 août et entre à Saint-Sébastien le 5, avec la Division Moncey. Il cantonne à Hernani en septembre et sous Frégeville le 3 octobre, à la gauche d'Urnieta (817 présents). Il contribue, le 16, à la prise de Gorritz et s'installe à Lecumberri, puis prend, en décembre, ses quartiers d'hiver à Hibara.
Il demeure immobile dans son cantonnement et y est embrigadé, le 19 avril 1795, avec le 3e Bataillon des Deux-Sèvres et le 2e du Tarn, pour former la Demi-brigade des Deux-Sèvres (amalgamée en juillet, à Irarsun, et entrée, le 19 janvier 1797, à Coni, dans la composition de la 63e Demi-brigade nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'embrigadement.
Chef : Leféron* (L.-H.). Quartier-maître : Barré (N.). Adjudant-Major : Carcault* (A.-P.).
Chirurgien : Clerc* (P.). Adjudant-Sous-Officier : Bernardeau (F.).
Grenadiers : Capitaine Bessé (P. M.). Lieutenant Perraud* (M.). Sous-Lieutenant Deguil (L. A.).
1ère Compagnie : Capitaine Thibault (C). Lieutenant Taffoircau (P. B.). Sous-Lieutenant Caunier (J.).
2e Compagnie : Capitaine Bouet* (L. L.). Lieutenant Thibault (A.). Sous-Lieutenant (vacant).
3e Compagnie : Capitaine (vacant). Lieutenant Lamoureux (F.). Sous-Lieutenant Esnard (F.).
4e Compagnie : Capitaine (vacant). Lieutenant Bernard* (P.). Sous-Lieutenant (vacant).
5e Compagnie : Capitaine Byard* (E. R.). Lieutenant Mallet* (J.). Sous-Lieutenant Dubreuil* (A.).
6e Compagnie : Capitaine Martin* (J. D. F.). Lieutenant Garnier* (J.). Sous-Lieutenant Martin (J. F.).
7e Compagnie : Capitaine Galland* (P.). Lieutenant Gentil (H.). Sous-Lieutenant Chilloux* (F.).
8e Compagnie : Capitaine Lacombe* (J. D.). Lieutenant Tuffet (A. N.). Sous-Lieutenant Traclet (J. C. M.).
- 10e Demi-brigade provisoire : 1er Bataillon : 1 Bataillon de volontaires de l'Hérault dit de Béziers ; 2e Bataillon : 1 Bataillon (5e) de volontaires de la Haute-Vienne ; 3e Bataillon : 1 Bataillon de braconniers montagnards tirés des volontaires de l'Aude et des Bataillons de chasseurs.
La 66e nouvelle, dont le 1er Bataillon sera incorporé dans la 63e en l'an XI, a été constituée le 25 nivôse an VII (14 janvier 1799) par l'amalgame de la Demi-brigade du Finistère (créée le 1er fructidor an II - 18/08/1794 à partir du 1er Bataillon du Finistère, du 1er Bataillon de la Marne et du 3e Bataillon de la Marne) et du 2e Bataillon de la 176e de 1ère formation (créée le 1er germinal an III - 21/03/1795 à partir du 2e Bataillon du 98e Régiment (ex Bouillon), du 4e Bataillon des Fédérés, eu du Bataillon de Paris dit de Popincourt).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 553 volontaires des divers districts, rassemblés à Brest à partir du 10 octobre 1791, formés en Compagnies par tirage au sort et organisés en Bataillon du 28 octobre au 3 novembre par MM. Boissier et Duplessis, administrateurs du département. Remis au pouvoir exécutif, n'ayant ni habillement, ni équipement, ni armement, le 1er Bataillon du Finistère est passé en revue le 7 novembre par le Maréchal de camp de La Bourdonnaye-Boishullin et le Commissaire des guerres Buhot, assistés des Commissaires du département.
Etat des cadres à la formation (Revue du 7 novembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Filon* (Charles-François), de Paris, 34 ans.
2e Lieutenant-Colonel Capelle* (Jean), de Rodez (Aveyron), 64 ans.
Quartier-Maître Trésorier Bonne (Pierre).
Adjudant-Major Farjot* (Bernard), de Bergerac, 49 ans, décoré de l'Odre de Saint-Louis.
Adjudant-Sous-Officier Fuzat* (Antoine), de Châteauneuf, 37 ans.
Chirurgien-Major Mahieu (Vincent), de Quimper, 34 ans.
Grenadiers : Capitaine Harauld (Antoine), de Moulins, 37 ans. Lieutenant Bouvière* (Louis), de Nîmes (Gard), 47 ans. Sous-Lieutenant Du Burquois (François-Marie), de Brest, 21 ans.
1ère Compagnie : Capitaine Hoffait* (Jean-André), 49 ans. Lieutenant Fémy (Ambroise). Sous-Lieutenant Saint-Raymond* (Jean), de Saint-Frajou (Haute-Garonne), 29 ans.
2e Compagnie : Capitaine Kerseau (Jean-Guillaume), de Brest, 28 ans. Lieutenant Escoffier (Louis). Sous-Lieutenant Labiche (Charles).
3e Compagnie : Capitaine Lebeurier dit Larivière (Noël-R.-B.), de Brest, 23 ans. Lieutenant Gérard (Pierre- Antoine), de Bar-le-Duc, 24 ans. Sous-Lieutenant Gallet (Jean).
4e Compagnie : Capitaine Chasseriau (Thomas-Jean), de Bains (Ille-et-ViIaine), 28 ans. Lieutenant Chonet (Gilles-Marie), de Quimper, 21 ans. Sous-Lieutenant Bourgeois* (François), de Pont-à-Mousson, 34 ans.
5e Compagnie : Capitaine Pouliguen* (Guillaume), de Brest, 23 ans. Lieutenant Roux dit Leroux* (Mathieu), de Montchenu, 57 ans. Sous-Lieutenant Boisgonthier* (Michel), de Brest, 56 ans.
6e Compagnie : Capitaine Jolly-Fontenay* (André-Louis), de Versailles, 27 ans. Lieutenant Lebeurier dit Larivière (Jacques), de Brest, 35 ans. Sous-Lieutenant Vry* (Jean-Baptiste), de Montargis, 24 ans.
7e Compagnie : Capitaine Tiret (Gérôme). Lieutenant Deroubay (Albert). Sous-Lieutenant Cuny (Guillaume).
8e Compagnie : Capitaine Ségaux* (Jean), de Vail, 50 ans. Lieutenant Bouviaux-Longpré (Jean-Baptiste). Sous-Lieutenant Marteville* (Louis), de Saint-Malo, 22 ans.
Le Bataillon part le 18 pour Morlaix, où il est logé chez l'habitant, et passe les mois d'hiver à s'exercer, à s'habiller et à s'équiper.
Le 1er du Finsitère quitte, le 12 mars 1792, Morlaix pour aller tenir garnison à Saint-Polde-Léon où sa conduite laisse passablement à désirer. Il fournit, le 5 juin, un détachement de 50 hommes au département pour aller à Roscoff garder le lougre "Le Speider". Il reçoit l'ordre, en juillet, de gagner le camp créé près de Quimperlé, puis se trouve à Brest le 22 septembre. Affecté à l'armée du Nord, il se met en route au début d'octobre, passe à Alençon le 10, à Saint-Germain le 15, gagne par Abbeville, Hesdin le 22, Fruges le 23, Saint-Omer le 24 et arrive le 25 à Gravelines. Il reçoit, le 13 novembre, l'ordre de partir pour Lille afin de rejoindre l'armée, sous Tournay, et, le 24, il arrive à Gand, où il prend ses cantonnements d'hiver (effectif : 637).
Le Bataillon est employé en 1793 à l'expédition de la Hollande, sous Dumouriez (avant-garde sous Berneron); il forme le 13 février une Compagnie de canonniers (capitaine Riquet et Sous-lieutenant Cigony), pénètre en territoire ennemi le 16 et prend part à l'investissement de Klundert et de Willemstad, à la chute de Klundert le 4 mars, puis à la retraite sur le camp de Cassel en avril (506 présents). Il fournit, le 8 mai, une Compagnie au 13e Bataillon de la formation d'Orléans (Capitaine Segaux, Lieutenant Chonet et Sous-lieutenant Jousse). Il assiste aux affaires autour de Bergues et de Dunkerque, au petit combat de La Celle, près Poperinghe, le 11 août, et à l'attaque de Wormhoudt par Jourdan. Au combat de Tourcoing, le 27 août, il est surpris par la cavalerie pendant sa marche de Blancfour contre le flanc des Hollandais et mis en déroute, perdant deux pièces et un caisson. Rassemblé à Bergues, avec la Division Leclaire, dans la nuit du 5 au 6 septembre, il attaque sans succès, le 6, avec la 1ère colonne, dans la direction de la Maison Blanche ; il prend part le 7 à l'enlèvement d'un convoi hanovrien et, le 8, à l'assaut d'Hondschoote. Après le déblocus de Dunkerque, il reste en cantonnements d'hiver au camp de Rosendaël.
1794. - Le 1er Bataillon du Finistère reçoit, du Général Gigaux, le 11 janvier 1794, 300 réquisitionnaires de Clermont (Oise), puis, le 8 avril, 436 d'Yvetot et passe, le 11 avril, à Dunkerque, la revue de nouvelle formation de l'agent secondaire Jacquemin. Il rentre ensuite en campagne avec le 1er de la Marne à la Division Micheau. Il est employé au siège d'Ypres, puis au siège de Nieuport le 5 juillet et à celui de l'Ecluse en août. Il est amalgamé, le 11 septembre, à Maldeghem, avec les 1er et 3e Bataillons de la Marne pour former la Demi-brigade du Finistère (devenue le 11 avril 1796, à Gand, la 66e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : St.-Raymond* (J.). Quartier-maître: Marteville* (L.). Adjudant-Major : Legrip (R.). Chirurgien : Mahieu (V.). Adjudant Sous-Officier : Prigent* (P.-M.).
Grenadiers : Capitaine Harauld (A.). Lieutenant Bouvière* (L.). Sous-Lieutenant Pauheu (T.).
lère Compagnie : Capitaine Petitfils* (J. B.). Lieutenant Brehier (A. V.). Sous-Lieutenant Marchand (A. G.).
2e Compagnie : Capitaine Kerseau (J. G.). Lieutenant Rolland* (J.). Sous-Lieutenant Tresse* (C. J.).
3e Compagnie : Capitaine Larivière (N.R.B.) Lieutenant Gérard (P. A.). Sous-Lieutenant La Tête (J. M.).
4e Compagnie : Capitaine Chasseriau (T. J.). Lieutenant Chonet (G. M.). Sous-Lieutenant Rioux (E. M.).
5e Compagnie : Capitaine Pouliguen* (G.). Lieutenant Diacre (S. M.). Sous-Lieutenant Cousin (F.).
6e Compagnie : Capitaine Du Burquois (F.M.). Lieutenant Lebeurier (J.). Sous-Lieutenant Vry* (J. B.).
7e Compagnie : Capitaine Leroux* (M.). Lieutenant Lecor* (P.). Sous-Lieutenant Marchand (J.).
8e Compagnie : Capitaine Montreffe (L.). Lieutenant Bourgeois* (F.). Sous-Lieutenant Boutigny (J, B.).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 571 volontaires du district de Reims, rassemblés à Reims le 4 septembre 1791, formés en Compagnies du 7 au 10 et organisés en Bataillon du 10 au 11, ce Bataillon de la Marne prend, le 12, le n° 1, reçoit son drapeau le 13 et est passé en revue le même jour par le Maréchal de camp de Carové, en présence du Commissaire des guerres et de MM. les officiers municipaux.
Etat des cadres à la formation (Revue du 13 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Bruyant* (Jean-Pierre-Joseph), de Reims, 53 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
2e Lieutenant-Colonel Blémont* (Charles-Alexandre-Benoist), de Lille, 32 ans.
Quartier-Maître-Trésorier Doriot* (Pierre), de Reims, 25 ans.
Adjudant-Major Picot* (Claude), de Rupt (Vosges), 47 ans.
Adjudant-Sous-Officier Hottières* (Michel-Gabriel), de Soissons, 56 ans.
Chirurgien-Major Deschamps (Noël-Jean-Baptiste), de Vertus, 25 ans.
Grenadiers : Capitaine Autessère* (Jean-Joseph-Louis), de Nîmes (Gard), 34 ans. Lieutenant Lefebvre (Jean-Baptiste), d'Hermonville, 21 ans. Sous-Lieutenant Malotet* (Henry-Antoine), de Reims, 24 ans.
1ère Compagnie : Capitaine Gentil* (Jean-Baptiste), d'Avocourt (Meuse), 64 ans. Lieutenant Monfort* (Antoine-Ange), du Quesnoy, 29 ans. Sous-Lieutenant Pérard (Jean-Pierre), de Reims, 24 ans.
2e Compagnie : Capitaine Brunet* (Gérard), de Reims, 21 ans. Lieutenant Maupinot dit Bienvenu* (Nicolas), de Reims, 27 ans. Sous-Lieutenant Rivart* (Jean-Baptiste), de Reims, 26 ans.
3e Compagnie : Capitaine Lefrançois (Jacques-Emery), de Reims, 22 ans. Lieutenant Guerlet (Guillaume), de Reims, 21 ans. Sous-Lieutenant Legeay (Louis-Marie), de Reims, 18 ans.
4e Compagnie : Capitaine Rosé* (Charles), de Paris, 29 ans. Lieutenant Varlet (Louis), de Selles, 31 ans. Sous-Lieutenant Mené (Pierre), de Reims, 24 ans.
5e Compagnie : Capitaine Géruzet (Jean-Baptiste-Laurent), de Laon (Aisne), 23 ans. Lieutenant Géruzet (François-Julien), de Reims, 22 ans. Sous-Lieutenant Ferron* (Pierre), de Reims, 25 ans.
6e Compagnie : Capitaine Cambray* (Pierre-Sébastien de), de Reims, 34 ans. Lieutenant Roger* (Jean), de Reims, 47 ans. Sous-Lieutenant Carré (Jean-Baptiste), de Reims.
7e Compagnie : Capitaine Rivart* (Jean-Nicolas), de Reims, 23 ans. Lieutenant Monclin* (Pierre), de Reims, 58 ans. Sous-Lieutenant Coutier (Nicolas-François), de Reims, 22 ans.
8e Compagnie : Capitaine Gentil* (Nicolas), de Sainte-Menehould, 26 ans. Lieutenant Devaux (Jean), de Reims, 23 ans. Sous-Lieutenant Petit* (Nicolas), de Lalobbe (Ardennes), 28 ans.
Le 1er de la Marne part aussitôt, sans attendre habillement ni équipement, pour ses cantonnements d'Ecordal, Tourteron, Suzanne et Guincourt. Il est, au début de décembre, placé en garnison à Givet-Charlemont, où il reste jusqu'à son entrée en campagne, perfectionnant son instruction militaire et faisant aussi pas mal de politique. Il compte à l'armée du Centre, sous Lafayette en décembre.
Le Bataillon quitte Givet pour le camp de Rançonnes le 9 mai 1792 et y est immobilisé plus de quinze jours; il campe ensuite à Marville en juin et à Juvigny, près Montmédy, en juillet. Il est de nouveau à Marville le 31 juillet, au camp de Vaux le 28 août, marche avec les troupes de Dumouriez sur Grandpré et campe à Senuc du 6 au 15 septembre. Pendant la bataille de Valmy, il fait partie du détachement chargé, sous Dubouquet, de la garde du défilé de Chesne-le-Populeux; il reste à ce poste jusqu'en octobre et se trouve, le 27, à Ville-sur-Tourbe en route pour rejoindre l'armée. Il se distingue le 6 novembre à Jemappes, perdant 50 tués ou blessés, mais est très réduit par les désertions et n'entre à Bruxelles, le 14, qu'avec 332 hommes présents. Il demeure dans cette ville, ou à Nivelles, la plus grande partie de l'hiver.
Réduit au tiers de son effectif par les démissions, le 1er Bataillon de la Marne se désole de ne pouvoir être employé au siège de Maëstricht, et stationne à Liège le 17 février 1793, puis à Aix-la-Chapelle. Entraîné dans la retraite de la Belgique après l'affaire d'Aldenhoven, le 1er mars, il prend part aux batailles de Liège et de Neervvinden, puis, à la rentrée en France, vient camper à Flines. Il rentre à Douai le 6 avril, lors de la défection de Dumouriez, et y fait partie de l'avant-garde de l'armée du Nord dès le 15. Il cantonne le 17 à Orchies, le 18 au faubourg d'Anzin et le 28 à Villerspol; il prend part aux combats des 1er, 2 et 3 mai près de Valenciennes et est ensuite dirigé sur le camp de Maubeuge où il reçoit des recrues de la Marne. Il fournit, le 13 mai, une Compagnie au 8e Bataillon de la formation d'Orléans (Capitaine Quenet, Lieutenant Mené et Sous-lieutenant Hottières); il se trouve, le 15, à Prun-aux-Sarts avec les flanqueurs de droite de la Division des Ardennes, puis, le 6 juin, au camp de César, à Thun-Saint-Martin (470 présents). Il occupe Fampoux le 15 août, le camp de Biache le 17 et est dirigé, le 18, sur Mons-en-Péyele. Il fait partie, le 1er septembre, au camp de Montauban, de la Division Landrin et prend part, avec le 3e de la Marne, à l'occupation de la montagne de Cassel le 5, à la prise et reprise de Wormhoudt le 6 et le 7, marche le 8 sur Bergues et rentre le 9 à Dunkerque, après le déblocus, pour en renforcer la garnison. Il y reste pendant six mois inactif.
Le 11 janvier 1794, le 1er de la Marne reçoit 288 réquisitionnaires de Clermont (Oise), et, le 25 janvier, 293 autres du 5e Bataillon du district de Lille. Il rentre en campagne ; occupe, le 23 avril, avec la Brigade Desenfans, la position de Wytschaete; il est, le 10 mai, à l'affaire de l'abbaye de Saint-Eloy et cantonne le 18 à Méteren et Boeschêppe. Il prend part au siège d'Ypres, puis, le 5 juillet, à celui de Nieuport et est employé devant l'Ecluse en août. Il est amalgamé, le 11 septembre, à Maldeghem, avec le 1er Bataillon du Finistère et le 3e de la Marne, pour former la Demi-brigade du Finistère (devenue, à Gand, le 11 avril 1796, la 66e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef en 1er : Bruyant* (J.-P.-S.); en 2e : Sabatier* (J.-P.). Quartier-maître : Doriot* (P.). Adjudant-Major : Petit* (N.). Chirurgien : Rogeaux (A.). Adjudant Sous-Officier : (Vacant).
Grenadiers : Capitaine Regnart (G.). Lieutenant (vacant). Sous-Lieutenant Engaigne (M.).
1ère Compagnie : Capitaine Malotet* (H. A.). Lieutenant Quenet (J. B.). Sous-Lieutenant Hotte (N.).
2e Compagnie : Capitaine Brunet* (G.). Lieutenant Maupinot* (N.). Sous-Lieutenant Toussaint (A.).
3e Compagnie : Capitaine (vacant). Lieutenant Coche* (E.). Sous-Lieutenant Carlier (N.).
4e Compagnie : Capitaine Varlet (L.). Lieutenant Henaut (J. B.). Sous-Lieutenant Savart (A. P.).
5e Compagnie : Capitaine Ferron* (P.). Lieutenant Coutier (N. F.). Sous-Lieutenant Lefèvre (P.).
6e Compagnie : Capitaine Cailliart* (G.). Lieutenant (vacant). Sous-Lieutenant Gaillard (L. A. T.).
7e Compagnie : Capitaine Rivart* (J. N.). Lieutenant Lhôelain (J. B.). Sous-Lieutenant Quiquet (T.).
8e Compagnie : Capitaine Gentil* (N.). Lieutenant Corfu* (E.). Sous-Lieutenant Quenardel (J. P.).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 566 volontaires des districts de Sézanne et de Vitry-le-François, rassemblés à Vitry le 4 septembre 1791, formés en Compagnies du 5 au 7, puis organisés en Bataillon le 7 et le 8. Celui-ci est passé en revue le 9 par le Maréchal de camp de Carové, assisté du Commissaire des guerres Chaudeau et de MM. de Baussancourt et de Trigny, Commissaires du département. Le Bataillon prend le même jour le n°3.
Etat des cadres à la formation (Revue du 9 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-Colonel Jacobé de Trigny* (Augustin-Jean-Bapliste), de Vitry-Ie-François, 40 ans.
2e Lieutenant-Colonel Baussancourt* (François de), d'Andelot (Haute-Marne), 49 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
Quartier-Maître Trésorier Formey* (Pierre-Alexandre), de Vitry-le-François, 31 ans.
Adjudant-Major Hébert* (Louis).
Adjudant Sous-Officier Dibon* (Toussaint), d'Angers, 47 ans.
Chirurgien-Major Chemery* (Jean), de Vienne-le-Ghâteau, 54 ans.
Grenadiers : Capitaine Rousselet* (Jean-Louis), de Vitry-le-François, 30 ans. Lieutenant Houllier (Louis-Henry), de Sézanne, 17 ans. Sous-Lieutenant Salligny (Charles), de Vitry-le-François, 19 ans.
1ère Compagnie (de Vitry) : Capitaine Hédouville de Minecourt* (Joseph de), du Petit-Louppy. (Meuse), 47 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis. Lieutenant Chevalard* (Benoist), de Jarnosse (Loire), 31 ans. Sous-Lieutenant Maugin* (Jacques), de Vitry-le-François, 22 ans.
2e Compagnie (de Sézanne) : Capitaine Moutier (Guillaume-Louis-Jean), de Sézanne, 21 ans. Lieutenant Depoivre* (Louis), de Saudoy, 41 ans. Sous-Lieutenant Cotterot (Joseph), de Montmirail, 52 ans.
3e Compagnie (de Sézanne) : Capitaine Beaulieu (Charles- Pierre-Mathieu), de Fère-Champenoise. Lieutenant Harlet (Louis), de Broyes, 19 ans. Sous-Lieutenant Richon (César- Auguste), de Fère-Champenoise, 28 ans.
4e Compagnie (de Sézanne) : Capitaine Voisembert* (François-Rémy), de Sézanne, 46 ans. Lieutenant Tenière (Henry-Auguste), de Sézanne, 36 ans. Sous-Lieutenant Chatelain* (Louis), de Pont-sur-Seine (Aube), 33 ans.
5e Compagnie (de Vitry) : Capitaine Damiens dit Poméras* (Augustin-Gery), de Brie, 47 ans. Lieutenant Lenoble (Jean-Louis), de Vitry-le-François. Sous-Lieutenant Meunier* (Jean-Gharles), de Maurupt, 28 ans.
6e Compagnie (de Vitry) : Capitaine Gallois* (Jean-Baptiste), de Vitry-le-François, 42 ans. Lieutenant Henriet (Didier-Alexis), de Vitry-le-François, 34 ans. Sous-Lieutenant Meleau (Paul), de Saint-Amand.
7e Compagnie (de Sézanne) : Capitaine Prévost* (Charles), de Sézanne, 52 ans. Lieutenant Darras (Louis-Antoine), d'Anglure, 27 ans. Sous-Lieutenant Lévêque (Edme), de Saron-sur-Aube, 27 ans.
8e Compagnie (de Vitry) : Capitaine Lefol (Nicolas), de Vitry-le-François. Lieutenant Hébert* (Louis), de Vitry-le-François, 34 ans. Sous-Lieutenant Hermant (Pierre), de Vitry-le-François, 20 ans.
Le 3e Bataillon de la Marne part dès le 11, sans attendre son habillement ni son équipement; passe à Saint-Dizier, à Bar-le-Duc où il a des difficultés avec l'étapier, et arrive le 13 à Saint-Mihiel, où il commence aussitôt à s'exercer. Vers le 10 octobre, il va prendre ses quartiers d'hiver à Stenay et compte, en décembre, à l'armée du Centre, sous Lafayette.
Le 3e Bataillon de la Marne demeure à Stenay jusqu'au 22 mai 1792. Il est alors affecté à l'armée du Nord et envoyé au camp de Sedan, où il arrive le 30 et se trouve encore le 14 juillet. Cantonné à l'abbaye de Vicogne, il en part le 23 pour aller à Landrecies, aux ordres de Chazot; il prend part à l'expédition sur Valenciennes et à la marche sur Bavay, les 7 et 8 août; il abandonne Landrecies le 15 pour le camp de Pont-sur-Sambre, où il stationne jusqu'au 8 septembre et fait la campagne de l'Argonne. Il fait partie des renforts amenés à Dumouriez par Beurnonville du camp de Famars, passe à Auve le 16 septembre, à Châlons le 18 au soir et rallie le camp de Braux le 19, juste à temps pour assister à la canonnade de Valmy le 20. Le Bataillon demeure inactif jusqu'au 30, marche vers le Nord avec la 2e colonne, aux ordres du Général Egalité, puis fait la campagne à l'armée de Belgique (8e Brigade) ; il demeure en observation à Saint-Ghislain le 6 novembre, pendant la bataille de Jemappes; entre à Mons le 7, à Bruxelles le 14, prend part à l'affaire de Tirlemont le 21 et arrive à Liège le 28. Le Bataillon s'installe en cantonnements d'hiver près de Tirlemont (460 présents), maintenant son Dépôt à Ferrière-la-Grande.
Le 3e de la Marne a ses Grenadiers entièrement détruits à l'affaire de Juliers, le 1er mars 1793, et doit lui-même suivre la retraite, le 5 ; il combat à Neerwinden le 18, rentre en France et s'établit au camp de Maulde le 1er avril. Il est, à partir de ce moment, embrigadé de fait avec le 1er Bataillon de la Marne qu'il retrouve le 6 à Douai, après la défection de Dumouriez. Il prend part aux affaires des 1er, 2 et 3 mai, près de Valenciennes, avec la Division des Ardennes ; fournit, le 13 mai, une Compagnie au 8e Bataillon de la formation d'Orléans (Capitaine Richon, Lieutenant Harlet et Sous-lieutenant Battelier), est au camp de César en juin et, lors de la retraite, participe au combat du 3 juillet. Le Bataillon quitte, le 18 août, les flanqueurs de droite pour aller renforcer le camp de Mons-en-Pevèle; il compte, le 1er septembre, à la Division Landrin campée à Montauban; il se trouve le 5 sur la montagne de Cassel, les 6 et 7 à la prise et reprise de Wormhoudt et arrive le 9 à Dunkerque pour renforcer la garnison après le déblocus. Le Bataillon y demeure immobile pendant six mois (effectif : 661) et est rejoint en décembre par son Dépô de Sézanne.
Le 12 janvier 1794, le 3e de la Marne reçoit à Dunkerque 103 réquisitionnaires de Breteuil, du 13 février au 14 mars, 123 traînards du Nord et, le 15 mars, 180 réquisitionnaires de Dieppe, puis passe la revue de l'agent secondaire Mandiot le 16. Il est à la reprise de Poperinghe; est appelé, le 23 avril, à renforcer la gauche du Général Moreau et est chargé de surveiller Ypres le 25, sous Desenfans. Le Bataillon a, le 17 mai, trois Compagnies au Mont-Noir et les autres au camp, sous Bailleul; il se porte, le 19, sur Wytschaete, puis campe à partir du 8 juin à Vlaemertinghe. Il est à la prise de Nieuport en juillet et au siège de l'Ecluse en août. Il est amalgamé le 11 septembre, à Maldeghem, avec le 1er Bataillon du Finistère et le 1er de la Marne pour former la Demi-brigade du Finistère (devenue, le 11 avril 1796, à Gand, la 66e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : Dibon* (T.). Quartier-maître : (Vacant). Adjudant-Major : Lacarpe (N.-L.).
Chirurgien : Chemery* (J.). Adjudant Sous-Officier : (Vacant).
Grenadiers : Capitaine Rousselet* (J. L.). Lieutenant Sausset (L. A.). Sous-Lieutenant Saulnois* (J. B. F.),
1ère Compagnie : Capitaine Chevalard* (B.). Lieutenant Gillet* (L. J. A.). Sous-Lieutenant Maugin* (J.).
3e Compagnie : Capitaine Formey* (P. A.). Lieutenant Titrand* (L.). Sous-Lieutenant Laligne* (J. C).
3e Compagnie : Capitaine Henriet* (D. A.). Lieutenant Bouquet (F.). Sous-Lieutenant Ferrand (J. L.).
4e Compagnie : Capitaine Châtelain* (L.). Lieutenant Thomas* (J.). Sous-Lieutenant Hugay (M.).
5e Compagnie : Capitaine Poméras* (A. G.). Lieutenant Blaise* (L. N.). Sous-Lieutenant Meunier (C).
6e Compagnie : Capitaine Battelier (N.). Lieutenant Rigault* (P.). Sous-Lieutenant Proquet (P. A.).
7e Compagnie : Capitaine Depoivre* (L.). Lieutenant Darras (L. A.). Sous-Lieutenant Lévêque (E.).
8e Compagnie : Capitaine Seneuse* (E. F.). Lieutenant Lorrain (F.). Sous-Lieutenant Gérard (C).
Tels furent les divers éléments qui, fondus, amalgamés, unis ensemble, formèrent la 63e Demi-brigade.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, la 63e Demi-brigade fut organisée à l'Armée d'Italie; les Généraux en chef avaient été chargés des opérations du nouvel embrigadement. Un arrêté du 10 germinal an IV (30 mars 1796) donna leurs nouveaux numéros aux nouvelles Demi-brigades. Ce changement de numéro, en ce qui concerne l'Armée d'ltalie, s'effectua le 7 prairial an IV (26 mai). Mais les divers éléments qui devaient composer la nouvelle 63e n'étaient pas tous réunis ni présents à l'armée, ce qui retarda son organisation. Aussi ne la voit-on figurer dans la constitution d'aucune des Divisions que Bonaparte place, le 10 juillet, sous les ordres de ses Généraux, nous dit l'Historique régimentaire. Elle ne figure pas non plus, ajoute t'il, dans l'ordre de Bonaparte du 15 thermidor (2 août) pour la nouvelle composition des Divisions de l'Armée d'Italie. Son organisation ne fut définitivement achevée par la réunion de ses divers éléments à Livourne, que dans le courant de janvier 1797.
Indirectement, la future 63e a tout de même participé à la campagne d'Italie en 1796. Bonaparte prend la tête de l'Armée d'Italie en mars 1796.
Composition, emplacements et effectifs de l'armée d'Italie, fin mars, début avril 1796 (avant l'amagalme) Division de la Côe In : F. Bouvier "Bonaparte en Italie, 1796" |
Armée d'Italie, composition, et effectifs, 9 avril 1796 - 20 germinal an IV (après l'amagalme) Corps de Bataille Division de la Côe In : F. Bouvier "Bonaparte en Italie, 1796" |
Le 11 avril au au soir, Bonaparte envoie ses ordres. La Brigade Joubert (1,992 h.) (11e légère, alors 3e; l'ancienne 51e, et deux Compagnies de sapeurs), est jetée à droite et relie Augereau à Altare, où elle doit être depuis la veille à 7 heures du soir avec deux canons et où sera le Suartier général (F. Bouvier "Bonaparte en Italie, 1796").
Le 13 avril, c'est la bataille de Millesimo. Avant d'exposer ses troupes au feu plongeant des défenseurs du castello, Augereau essaie de préparer les voies. Ses pièces sont trop éloignées pour que leur tir soit efficace. On ne peut, en raison de la raideur des pentes, les hisser plus haut. Le capitaine de la compagnie de canonniers de la 51e demi-brigade, Dupin, s'avise de faire démonter les pièces, les place sur des rouleaux attachés à des prolonges et les fait ainsi traîner jusqu'au sommet de là montée par un détachement de 100 h. de renfort. Trois pièces de 4, amenées de Carcare, sont ainsi braquées contre le château et tout près, à cent pas des murailles, mais d'une manière si défavorable qu'elles ne produisent qu'un faible effet, et ne réussissent pas à y ouvrir une brèche. Les attaques manquent d'ensemble et il règne un certain décousu dans la marche des colonnes. Joubert mène la première colonne au centre mais est blessé au cours de son attaque ... Impressionnée par ce spectacle, la seconde colonne, 1er bataillon de la 4e et 51e de première formation (cette 51e, issue du premier amalgame, sera plus tard versée dans la 63e de seconde formation; il ne faut pas la confondre avec la 51e qui portait alors le n°99 et combattit à Montenotte et à Dego avec Masséna), sous les ordres du général Banel, s'approche, l'arme au bras, dans un morne silence (Bonaparte au Directoire, 15 avril 1796 - Arch. G.). Le feu de l'ennemi redouble contre elle. Banel, l'héroïque Banel, un brave entre les braves de l'armée des Pyrénées, déjà blessé à Loano, est tué au pied des retranchements (son buste, par Bartolini, est au Musée de Versailles, et son nom y est inscrit sur les tables de marbre). La troisième colonne (Quenin) n'est pas plus heureuse. On entraîne de nouveau les hommes (dont l'ancienne 51e demi-brigade. Le même feu plongeant, meurtrier, brise l'élan des soldats qui ne parviennent pas à escalader la butte et voient s'entasser morts et blessés. En moins d'un quart d'heure, 300 morts et 600 blessés jonchent le sol (Récit de Martinel - Arch. G. - F. Bouvier : "Bonaparte en Italie, 1796).
Le 16 avril, la 51e de première formation, sous le Général Joubert, prend part aux combats devant les redoutes de Cevan tenues par les Piémontais.
Le 19 avril, le Général Augereau avait été chargé d'enfoncer le centre de l'armée sarde. Mais, tandis que le Général Sérurier fait face à une vigoureuse contre-attaque du Général Colli, et se retrouve précipité en bas des pentes de San-Michele, Augereau n'a toujours pas attaqué le plateau de la Bicocca, ce qui aurait permis d'immobiliser les forces de Colli. Sur le front de la Division Augereau, le combat ne fait que traîner en une longue fusillade et elle ne peut, même doublée par Masséna, forcer l'obstacle du Tanaro.
Les Brigades Joubert (11e Légère, 1200 hommes, et ancienne 51e, 700 hommes), Beyrand (4e Demi-brigade, 2600 hommes) et Rusca (27e L égère (Allobroges), 1000 hommes, 29e Légère, 1300 hommes), sous les ordres d'Augereau tentent en effet d'accomplir la mission qui leur a été confiée ; mais malgré les exhortations de Bonaparte, qui vient en personne près d'Augereau, examiner l'obstacle qui paralyse sa droite, elles ne peuvent y parvenir. Bien que la Brigade Vitale qui leur est opposée ne compte guère que la moitié de leur propre effectif, celle-ci peut pendant toute la journée contenir la Division Augereau. Le lit du Tanaro roulant ses eaux abondantes et rapides constitue à lui seul un obstacle matériel difficile à éviter. Une batterie de cinq pièces postée près de la Madonna della Rocca d'Arassi empêche par son feu tous les essais de passage du fleuve que les Français tentent en avant de Castellino, et le feu de mousqueterie parti de la Madonna delle Casette et de la rive gauche du Tanaro, les fait également souffrir. Furieux de ne pouvoir même aborder l'ennemi et de subir son feu sans le rendre, l'intrépide Joubert compte entraîner ses hommes par son audacieux exemple. Il se lance à cheval, dans le lit de la rivière, et fend le courant. Sa longue et maigre taille sert de cible aux tireurs sardes qui cependant le manquent; il manque se noyer dans les flots bourbeux et pressés, et doit revenir sous la mitraille sans avoir pu atterrir. Pas un homme ne l'a suivi. "Vous avez raison ! dit-il en rejoignant ses soldats ; il est impossible de passer". Des tentatives analogues, risquées sur d'autres points, n'ont pas meilleur résultat (F. Bouvier : "Bonaparte en Italie, 1796").
Armée d'Italie, composition, et effectifs, 29 avril 1796 - 10 floréal an IV (après Cherasco) 3e Division : Général Masséna Division de la Côe In : F. Bouvier "Bonaparte en Italie, 1796" |
Armée d'Italie, composition, et effectifs, 8 mai 1796 - 19 floréal an IV (lors de la marche sur Plaisance) 3e Division : Général Masséna In : F. Bouvier "Bonaparte en Italie, 1796" |
Après la bataille de Lodi, La 51e de 1ère formation est désignée pour tenir garnison à Lodi, avec l'Adjudant général Lorcet, afin de garantir l'ordre et la sécurité dans et autour de la ville. Le lendemain, ordre est donné de relever la 51e à la garde de Lodi par 300 hs de la division Augereau.
Le 18 mai 1796, est formé un 6e Bataillon de Grenadiers, attaché non pas à l'avant-garde de l'Armée d'Italie, mais au Quartier général (Etat de situation du 18 mai; Arch. G.), ce 6e Bataillon n'a d'ailleurs qu'un effectif de 318 hommes au lieu de 600; il est formé notamment des Compagnies de la 51e Demi-brigade de 1ère formation, non comprises dans le second amalgame.
Le 1er juin 1796 (13 prairial an IV), les dispositions du Général en Chef expédiées, depuis le Quartier général à Peschiara aux Divisions de l'armée, indiquent que la 51e Demi-brigade devient en partie la 63e (troupes pour la garnison de Pavie, Général de Brigade Lanusse - 700 hommes) et que la 14e Demi-brigade (en garnison à Lodi - 700 hommes), doit faire partie de la 63e (Correspondance de Napoléon, t.1, lettre 540).
Si nous regardons l'Etat de situation de l'Armée d'Italie en date du 6 juin 1796, nous notons effectivement la présence du 1er Bataillon de la 63e en garnison à Pavie, et des 2e et 3e Bataillons en garnison à Lodi.
Le 20 décembre 1796 (30 frimaire an V), Bonaparte écrit depuis son Quartier général de Vérone, au Général Berthier : "... Les grenadiers de la 63e demi-brigade faisant partie aujourd'hui du 1er bataillon de grenadiers seront incorporés dans la journée de demain, deux compagnies dans la 4e demi-brigade et une compagnie dans la 51e ..." (Correspondance générale de Napoléon, lettre 1174).
Il semble que dans un premier temps, la 63e ait été commandé à partir du 6 novembre 1796, par le Chef de Brigade Hugues Charlot (10 juin 1757 - 18 décembre 1821. Promu Général de Brigade le 29 Août 1803 Commandeur de la Légion d'Honneur le 14 juin 1804. Baron de l'Empire le 6 septembre 1811). Puis à partir du 1er janvier 1797, elle passe sous le commandement du Chef de Brigade Antoine François Brenier Montmorand.
COLONEL BRENIER-MONTMORAND (ANTOINE-FRANçOIS)
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b/ 1797-1798
La 63e Demi-brigade ne prit pas part, sous son numéro, à l'immortelle campagne de 1796 ; mais les 14e et 51e qui faisaient virtuellement partie de la 63e depuis le 26 mai, participèrent à toute cette campagne et s'y couvrirent de gloire. Ce ne fut que dans les premiers jours de février, qu'enfin constituée avec ses trois Bataillons, la 63e quitta Livourne. Le 5 de ce mois, Bonaparte ordonnait au Général Vaubois de faire partir de cette ville deux Bataillons de la 63e pour se rendre à Cortona.
Lettre du 5 février 1797 (17 pluviôse an V) adressée à 1 heure après-midi depuis le Quartier général de Forli par ordre du Général en chef, au Général Vaubois : "Le général en chef ordonne au général Vaubois de faire partir de Livourne, le plus tô possible, pour se rendre à Cortona, ville frontière de la Toscane et du territoire des Etats du Pape, dit de Perugia, les deux bataillons de la 63e de bataille (sic), ou ils recevront de nouveaux ordres. Ces bataillons doivent être arrivés à Cortona au plus tard le 23. Le général Vaubois fera prendre la route la plus directe, et se concertera avec le gouvernement du Grand-Duc pour les mesures à prendre afin d'assurer le logement et les subsistances de ces deux bataillons. Il sera ordonné, sous la propre responsabilité des chefs et des officiers, la plus exacte discipline pendant la marche, de manière à ce qu'il n'y ait aucune espèce de plainte produite par le passage des troupes sur le territoire du Grand-Duc.
Le général Vaubois restera à Livourne avec 100 hommes de la 63e et tous les canonniers. Il conservera, jusqu'à nouvel ordre, son commandement dans toute l'intégrité où il a été jusqu'à ce moment. Le général Vaubois me fera parvenir, par le retour du courrier qu'il dirigera sur Rimini et jusqu'où nous serons, l'itinéraire de la route et le jour où les bataillons arriveront à Cortona" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1460).
Le 14 février 1797 (26 pluviôse an V), le Général Bonaparte écrit depuis le Quartier général, à Macerata, au Général Victor : "... Du moment où le général Victor serait arrivé à Foligno, il enverrait à Perugia une reconnaissance qui continuerait sa route le plus promptement possible, pour se rendre à Cortona, ville frontière de l'Etat de Toscane. Ce détachement serait porteur de l'ordre ci-inclus pour les deux bataillons de la 63e demi-brigade, qui se trouvent à Cortona ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1496).
Le 15 février 1797 (27 pluviôse an V), Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Macerata au Directoire exécutif : "... Nos troupes seront, j'espère, ce soir a Foligno, et passeront la journée de demain à se réunir au deuxième bataillon de la soixante-troisième qui était à Livourne et que j'ai fait venir ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon Bonaperte, t.2 Italie; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1497).
Le 16, les deux Bataillons passaient à Foligno sous les ordres de Victor.
Lettre du 16 février 1797 (28 pluviôse an V) adressée à 9 heure du soir depuis Tolentino par ordre du Général en chef, au Général Victor : "Le général en chef vous donne l'ordre, Général, de réunir à votre division les deux bataillons de la 63e demi-brigade, et ce qui a dû marcher avec elle. Vous prendrez position à Foligno avec toute votre division. Vous maintiendrez la plus exacte discipline, et ne ferez aucune espèce de mouvement sans recevoir de nouveaux ordres" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1500).
Le 19 février, une lettre est expédiée par ordre du Général en Chef depuis le Quartier général de Tolentino, au Général Victor : "Le général en chef me charge de vous mander, Citoyen Général, que la paix vient d'être signée avec Sa Sainteté ... Vous verrez, par le traité de paix dont vous trouverez ci-joint copie, que vous devez rester à Foligno jusqu'à ce que différents articles soient remplis. Lorsque le traité sera ratifié, le général en chef ne voit pas d'inconvénient à ce que vous envoyiez deux bataillons de la 63e du côté de Fossombrone et de Fano, afin qu'ils aient quelques marches de moins à faire pour se rendre à l'armée, si les circonstances l'éxigeaient ... Après l'exécution de l'article qui doit vous mettre à même d'évacuer le pays de l'Ombrie, de Perugia et de Camerino, ou lors même que le citoyen Cacault vous aura écrit que les choses sont tellement en train que vous devez être sans inquiétude, vous pousserez le deuxième bataillon de la 63e demi-brigade et la 18e jusqu'à la Romagne ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1516).
Le 4 mars 1797 (14 ventôse an V), la 63e est donnée au Général Joubert. Le Général en chef écrit depuis le Quartier général de Mantoue, au Général Berthier, chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Italie : "Vous voudrez bien ordonner au général Vaubois que dès que la 19e demi-brigade sera arrivée à Livourne, il envoie tout ce qui serait resté de la 63e au quartier général du g[éné]al Joubert à Trente" (Correspondance générale de Napoléon, lettre 1424).
Le même jour, c'est dans les termes suivants que Bonaparte, toujours depuis son Quartier général à Mantoue, annonce au Général Joubert à Trente l'arrivée de la 63e : "... Je vous envoie la 63e, sans contredit l'élite de l'armée, et forte de 2,600 hommes. Un bataillon fort de 800 hommes couche ce soir à Rivoli, les autres, qui étaient à Livourne, sont en marche. Je verrai avec plaisir que vous teniez cette demi-brigade en réserve; que vous lui donniez un soin particulier, afin de pouvoir vous en servir dans les occasions principales ; son premier coup de collier doit être vigoureux ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1536; Correspondance générale de Napoléon, lettre 1431). Cette lettre prouve la valeur des divers éléments qui étaient entrés dans la composition de la 63e et la haute estime dans laquelle le Général en chef la tenait.
La 63e combat à Valvassone le 16 mars. Le 20 mars, Joubert n'avait encore avec lui qu'un Bataillon de la 63e, lorsqu'avec les Divisions Delmas ct Baraguey-d'Hilliers, il enveloppa les corps ennemis qui se trouvaient sur l'Avisio. Après un combat opiniâtre, dans lequel notre Bataillon donna le vigoureux coup de collier que Bonaparte attendait de lui, l'ennemi fut battu. Nous lui prîmes 4,000 prisonniers, 3 pièces de canon, 2 drapeaux.
L'ennemi, retiré sur la rive droite de l'Adige, paraissait vouloir tenir encore. Le 24, Joubert se porte à Salurn; la fusillade s'engage : le Bataillon de la 63e enlève à la baîonnette le village de Tramin. Les Autrichiens sont rejetés dans les montagnes, et tout en les poursuivant, nous arrivons à Botzen et Brixen.
Le 3 avril 1797 (14 germinal an V), une lettre est adressée depuis le Quartier de Friesach au Général Joubert, sur ordre du Général en Chef :
"... Les deux bataillons de la 63e demi-brigade n'arriveront que vers le 18 à Mantoue. Le général en chef vient de leur envoyer l'ordre de se rendre à Trévise, où il leur en enverra de nouveaux dans quarante-huit heures. Tenez prêt le bataillon de la 63e que vous avez à vos ordres, pour le faire passer à Klagnefurt, au premier ordre qui lui en sera donné ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1681).
Le 11 avril (22 germinal an V), la 63e passe sous les ordres du Général Baraguey-d'Hilliers. Une lettre est d'abord expédiée par ordre du Général en Chef depuis le Quartier général de Gratz, au Général Joubert : "Je vous envoie ci-joint, Général, trois ordres : l'un pour vous, l'autre pour le général Baraguey-d'Hilliers, le troisième pour le général Delmas. Vous ferez toutes les dispositions et donnerez tous les ordres nécessaires à l'égard des troupes qui doivent composer les nouvelles divisions de ces généraux, en ce qui peut vous concerner.
... Celle du général Baraguey-d'Hilliers (doit être composée) de la 5e d'infanterie de bataille, du bataillon de la 58e demi-brigade qui était dans le Tyrol, d'un bataillon de la 63e, du 8e régiment de dragons, des deux bataillons de la 63e et des deux de la 79e, qui ne font pas partie des troupes qui étaient dans le Tyrol, mais que le général Baraguey-d'Hilliers rencontrera en route ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1719).
Le même jour, Berthier écrit depuis Gratz, par ordre de Bonaparte au Général Baraguey-d'Hilliers : "Il est ordonné au général Baraguey-d'Hilliers de se rendre en Italie avec une division qui sera composée ainsi qu'il suit ... de la 63e demi-brigade de bataille, dont deux bataillons doivent être en route entre Klagenfurt et Pordenone, et auxquels il enverra sur-le-champ un aide de camp avec ordre de les arrêter partout où il les rencontrera; le 3e bataillon est ou avec le général Joubert, et alors il le prendra, ou de Trente est retourné en Italie, où il en disposera également" (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720). En annexe de cette lettre, il est indiqué : "... La 63e et la 79e doivent être entre Pordenone et Villach. Partez avec le 8e dragons et réunissez ces demi-brigades à Osoppo et San Daniele, gardant le pont du Tagliamento ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1720).
Le 13 avril 1797 (24 germinal an V), le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier de Leoben au Général Joubert :
"... Le général Baraguey-d'Hilliers doit avoir reçu l'ordre de se rendre en Italie, avec la 63e ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1727 ; Correspondance générale, lettre 1505).
Le 24 avril, la Division Joubert recevait l'ordre de se rendre à Trévise; le 6 mai, elle venait à Mestre, aux portes de Venise.
Le 13 mai 1797 (24 floréal an 5), une lettre est expédiée sur ordre du Général en chef, au Général Baraguey-d'Hilliers : "Il est ordonné au général Baraguey-d'Hilliers d'entrer à Venise à la réception du présent ordre, avec 5000 hommes d'infanterie, et de s'emparer, à son arrivée dans cette ville, de toutes les positions militaires.
... La division du général Baraguey-d'Hilliers doit consister, d'après les calculs, dans la 63e demi-brigade, forte de 2500 hommes, la 5e idem 1000, la 58e idem 2000, la 99e idem 1500, formant en tout 7000 ..." (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 1791).
Le 16, nous entrions dans cette ville révoltée pour la pacifier. La 63e était alors forte de 2,600 hommes. La 63e occupe le Lido et l'ile de Malamoco.
Le 16 mai 1797 (27 floréal an 5), le Général Baraguey-d'Hilliers écrit depuis Venise au Général en chef : "J'ai l'honneur de vous informer, général, qu'ayant employé toute la nuit dernière à embarquer les troupes qui sont sous mes ordres, j'ai occupé ce matin, à la pointe du jour, la ville de Venise, avec la cinquième demi-brigade de bataille, et les îles et forts adjacens, ainsi que ceux qui sont placés aux entrées des ports de Lido et de Malamocco avec la soixante-troisième demi-brigade ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon Bonaparte, t.3 Venise).
Vers ce temps, tous ses vêtements étant à peu près usés, on habille de neuf la 63e aux frais du Duc de Modène, qui s'était réfugié dans cette ville (Venise) l'année précédente avec son trésor.
Le 14 juin, Bonaparte réorganise ses Divisions; la 63e reste sous les ordres de Baraguey-d'Hilliers (6e Division) et forme avec la 45e la 11e Brigade commandée par le Général Gardanne (Lettre datée du 14 juin 1797 (26 prairial an 5), envoyée par le Général en chef Bonaparte depuis Monbello au Général Berthier - Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919; correspondance générale, t.1, lettre 1674).
Toujours le 14 juin 1797 (26 prairial an 5), le Général en chef Bonaparte écrit depuis Monbello au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner de prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnie d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers.
... 63e demi-Brigade : - Celles de la 63e et du 4e de la Corrèze, capitaine Duclaude ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921; correspondance générale, t.1, lettre 1677).
Le 9 août 1797 (22 thermidor an 5), la 45e est remplacée par la 13e : le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Milan, au Général Berthier : "... Vous voudrez bien donner l'ordre à la 13e demi-brigade, qui est à Crémone, de se rendre à Venise, où elle formera brigade avec la 63e; cette brigade sera commandée par le général Gardanne ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2086; correspondance générale, t.1, lettre 1889).
Nous occupons toujours Venise.
Le 25 septembre 1797 (4 vendémiaire an 6), le Général en chef Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Passariano, au Général Dessolle : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre au général Baraguey-d'Hilliers de faire partir, le 6, la 13e demi-brigade tout entière, avec le général Gardanne, pour se rendre à Palmanova, où elle recevra de nouveaux ordres. Il placera à Mestre la 63e demi-brigade, qu'il tiendra prête à partir avec son artillerie et l'état-major de sa division.
... Vous lui ordonnerez également de laisser un bataillon de la 63e entre San-Giorgio et San-Cristoforo, qui partira lorsque le dépô du général Serurier y sera arrivé ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2257; correspondance générale, t.1, lettre 2091).
Le 9 octobre, Baraguey-d'Hilliers reçoit l'ordre de cantonner les 63e et 13e dans les villages entre Palmanova, la mer et l'Isonzo, pour surveiller spécialement le corps que l'ennemi tient en deça de l'Isonzo (lettre de Bonaparte adressée le 9 octobre 1797 (18 vendémiaire an 6) depuis le Quartier général de Passariano au Général Berthier) : "... Le général Baraguey d'Hilliers laisser à Palmanova un bataillon seulement de la 13e demi-brigade; il cantonnera ses deux ses deux demi-brigades dans les villages vénitiens entre Palmanova, la mer et l'Isonzo, en les plaçant le plus possible de manière à maintenir la communication avec Monfalcone. Il sera chargé spécialement de surveiller le corps que l'ennemi tient en deçà de l'Isonzo dans la province d'Aquilée et dans les autres incluses jusqu'au Tagliamento ...
Ordre au chef de brigade Charlot, de la 32e, de prendre le commandement de la 63e, qui fait partie de la division du général Baraguey d'Hilliers ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2294; correspondance générale, t.1, lettre 2151).
Le 14 octobre 1797 (23 vendémiaire an 6), le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Passariano au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre au chef de brigade Charlot, qui commande en second la 32e demi-brigade, de se rendre à la division du général Baraguey d'Hilliers, pour prendre le commandement en chef de la 63e demi-brigade de ligne.
Le citoyen Montmorand (Brenier de Montmorand) commandera en second, et l'autre chef de brigade se rendra à Mantoue pour y commander le poste que lui confiera le général Miollis
..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2299; correspondance générale, t.1, lettre 2158).
Le 20 octobre 1797 (29 vendémiaire an 6), ordre est donné à la 63e de se rendre à Vicence pour y être replacée dans la Division Joubert et former brigade avec la 85e. Le Général en chef Bonaparte écrit dans le détail depuis son Quartier général de Passariano, au Général Dessolle : "Vous voudrez bien donner l'ordre à la 63e demi-brigade, qui est de la division Baraguey d'Hilliers, de se rendre à Vicenze, pour faire partie de la division du général Joubert ...
Vous donnerez l'ordre au dépô de la 63e demi-brigade, qui est à Venise, de rejoindre sa demi-brigade à Vicenze ...
Vous préviendrez le général Joubert que la 63e et la 85e demi-brigade formeront une brigade ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2311).
Le 5 novembre 1797 (15 brumaire an 6), une lettre est adressée depuis le Quartier général à Milan au Général Vignolle, Chef de l'Etat-major général par Intérim (depuis le 19 octobre) : "Donnez l'ordre à la 63e demi-brigade qui est à Trévise de se rendre à la division Joubert à Vicenze" (Correspondance générale, t.1, lettre 2194).
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), la 63e est envoyée à Bellune. La lettre expédiée par ordre du Général en chef Bonaparte depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle stipule : "... Vous ordonnerez à la 93e de ligne de se rendre à Venise, pour faire partie de la division du général Sérurier; cette demi-brigade ne partira que lorsque la 63e sera arrivée à Bellune.
Vous ordonnerez que la 63e, qui fait partie de la division du général Joubert, de se rendre à Bellune, pour être sous les ordres du général Delmas.
Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
... 8e division, Delmas, à Bellune 63e de ligne, 1er escadron du 15e de chasseurs ... (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332; correspondance générale, t.1, lettre 2172).
L'Etat des Demi-brigades, établi le même jour, précise que la 63e, qui doit être soit détachée en France (à Lyon) soit chez les différentes puissances d'Italie, comprend 2200 hommes (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 2335).
La 63e est bientôt dirigée de Bellune sur Brescia, où elle passe toute l'année 1798 (historique régimentaire).
Le 1er octobre 1798 (10 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Ci-joint, vous trouverez, citoyen, une demande de deux musiciens de la demi-brigade que vous commandez. Veuillez après en avoir pris connaissance me la renvoyer et me dire quel degré de croyance je puis donner à cette demande" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 23 page 64).
Le 2 octobre 1798 (11 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Le capitaine du génie chargé des travaux des fortifications de cette place me demande, citoyen, de conserver pour la continuation de ces travaux les nommés Jacques Vejon et Jean-Baptiste Latour soldats au bataillon de la demi-brigade que vous commandez. Il désire que ces hommes puissent rester en subsistance dans le bataillon qui remplacera le 3e au château de Brescia afin de pouvoir continuer les travaux auxquels ils sont employés. Cette demande utile au bien du service peut et doit être accordée, mais sous la condition expresse que la solde de ces deux hommes restera à la compagnie en indemnité des services que leurs camarades seront obligés de faire pour eux pendant leur absence ; les rations de pain et de viande leur seront fournies par la compagnie dans laquelle vous les mettrez en subsistance" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 24 page 67).
Le même 2 octobre 1798 (11 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Baulieu, Capitaine du Génie : "J’ai invité, citoyen, le chef de la 63e demi brigade à laisser à votre disposition au château de Brescia en les mettant en subsistance pour le pain et la viande dans le bataillon qui remplacera le 3e, les deux soldats que vous me demandez pour la continuation des travaux auxquels vous les avez employés, mais sous la condition expresse que tant qu’ils seraient absents de leur compagnie leur solde resterait pour indemnités des services que leurs camarades seront obligés de faire pour eux" Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 24 page 67).
Le 3 octobre 1798 (12 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Capitaine rapporteur du 1er Conseil : "Vous trouverez ci-joint, citoyen, trois pièces relatives à un vol commis dans le village de Sandra par des volontaires de la 63e demi-brigade. Les prévenus ainsi que les receleurs sont traduits dans les prisons de cette ville, veuillez instruire contre eux et les traduire devant le conseil de guerre.
Veuillez aussi m’accuser réception de la présente et des pièces" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 72).
c/ 1799
Le même 3 octobre 1798 (12 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également à l’Adjudant général Flavigny : "Au reçu de la présente, citoyen, vous donnerez ordre à la 29e d’infanterie légère de se réunir à Salo le 14 courant pour aller coucher le 15 à Desenzano, et se rendre le 16 à Peschiera où elle recevra des ordres ultérieurs du général Guillaume ; cette demi-brigade étant destinée à former les garnisons de Peschiera et Lazise et à couvrir les lignes en avant de Peschiera, elle laissera dans les points occupés en première ligne tels que Gardola, Toscolano, Pieve etc. les postes qui sont établis jusqu’à ce qu’ils puissent être relevés par la 63e demi-brigade. Vous donnerez en même temps ordre aux treize compagnies de la 63e demi-brigade formant les garnisons de Peschiera et Lazise et couvrant la ligne de la frontière en avant de Peschiera d’en partir aussitôt qu’elle seront relevées dans ces différents postes pour se réunira le même jour à Peschiera d’où le général Guillaume les dirigera le lendemain sur Desenzano où vous leur adresserez l’ordre ultérieur de se rendre à Salo et dans les cantonnements occupés précédemment par la 29e légère ; les postes de cette dernière restés sur la ligne en partiront aussitôt après avoir été relevés et se réuniront le même jour à Salo pour continuer ainsi leur route jusqu’à Peschiera où ils rejoindront leur demi-brigade.
Vous donnerez avis de ces mouvements au commissaire des guerres Malardet afin qu’il assure le logement et la subsistance de ces troupes dans les lieux de passage. Je donne au général Guillaume des ordres particuliers pour l’établissement de la 29e demi-brigade et le renvoi des compagnies de la 63e jusqu’à Desenzano" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 72).
Le même 3 octobre 1798 (12 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Général Guillaume : "Le chef de la 63e demi-brigade me rend compte citoyen général que la désertion est portée au plus haut point parmi les 13 compagnies de cette demi-brigade stationnées sous vos aux ordres à Lazise et les points qui couvrent la frontière en avant de Peschiera, que cette désertion augmente encore journellement est que depuis trois ou quatre jours il manque plus de 30 hommes. Je ne sais à quoi attribuer votre silence sur un objet aussi essentiel et qui intéresse autant la sûreté et le salut de l’armée ; je vous avoue qu’il m’est dur de recevoir de pareils rapports sans que l’officier général qui commande dans cette partie sous mes ordres ne m’en aie prévenu, et fait connaître les mesures qu’il avait prises pour arrêter ou au moins en connaître les causes. Comme il est urgent d’empêcher que ce mal ne fasse de progrès, je vous préviens que je donne ordre à la 29e légère de se rendre à Peschiera le 16 de ce mois pour relever les 13 compagnie de la 63e stationnées dans cette partie.
La 29e partira de Salo le 15 pour aller coucher à Desenzano, et arrivera le 16 à Peschiera. Vous établirez le 17 une partie de cette demi-brigade à Lazise et sur la ligne, et ferez partir le 16 pour Desenzano les compagnies de la 63e qui sont en garnison à Peschiera ; je désire, citoyen général, que les troupes en première ligne partent aussitôt qu’elles seront relevées par la 29e afin d’empêcher qu’elles ne communiquent ensemble. Vous donnerez en conséquence des ordres pour que les compagnies de la 29e arrivent le 17 de très bonne heure à Lazise et sur la ligne, les cantonnements de la 63e demi-brigade devant se rendre le même jour à Peschiera pour arriver le 18 à Desenzano. Cette troupe étant destinée à occuper les cantonnements de la 29e, j’ai ordonné à cette dernière de laisser tous ses postes en première ligne, ils rejoindront leur demi-brigade aussitôt qu’ils seront retirés.
Ps : les 13 compagnies de la 63e arrivées à Desenzano recevront des ordres ultérieurs pour leur nouvelle destination" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 27 page 73).
Le 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général en Chef Brune : "Le chef de la 63e demi-brigade m’a rendu compte le 12 de ce mois, mon général, que depuis plusieurs jours environ 30 hommes de la demi-brigade qu’il commande ont déserté et presque tous à l’ennemi ; il m’annoncé que de nouveaux complots étaient soupçonnés et que toutes les mesures que lui et les chefs de bataillons avaient prises pour l’arrêter devenaient infructueuses. Comme il est urgent d’empêcher que cette désertion ne se propage davantage et qu’elle n’a réellement eu lieu que dans les compagnies qui sont en cantonnement à Lazise et sur la ligne en avant de Peschiera, je viens d’ordonner que les 13 compagnies qui occupèrent cette partie seraient relevées les 16 et 17 du courant par la 29e demi-brigade d’infanterie légère ; cette demi-brigade qui occupait Salo et la ligne en arrière du lac de Garda sera remplacée dans les cantonnements par la 63e qui partent de Peschiera Lazise etc. J’ai ordonné aussi les mesures les plus sévères pour surveiller et arrêter les étrangers qui se présenteraient dans les cantonnements et par une note que j’ai fait mettre à l’ordre de la division que je commande je rappelle à nos frères d’armes la honte des émigrés et le châtiment qui les attend ; je désire et j’espère mon général que cette première mesure arrêtera la désertion et atteindra le but que je me propose ; s’il en était autrement il faudrait des moyens de rigueur. Je cherche à découvrir les causes de cette désertion, les chefs et les officiers craignent que les volontaires soient séduits par des embaucheurs et des gens mal intentionnés ; ils seront surveillés et si l’on peut en arrêter nous ferons des exemples ; d’autres attribuent cette désertion à la fatigue et aux peines qu’endurent les volontaires dans les campements de première ligne ; vous savez que les distributions ne se font que d’un jour à l’autre, et plusieurs cantonnement sont obligés de faire trois et quatre lieues pour recevoir la subsistance d’un seul jour. Je vous prie de croire mon général que je ne négligerai aucun des moyens qui sont en mon pouvoir tant pour découvrir les causes de cette désertion que pour en arrêter les effets" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 28 page 74).
Le même 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Chef de l’Etat-major de l’Armée d’Italie : "Je vous préviens général que j’ai donné ordre à la 29e demi-brigade d’infanterie légère de se réunir demain 14 à Salo pour en partir le 15 et être rendue le 16 de ce mois à Peschiera. J’ordonne au général Guillaume d’établir partie de cette demi-brigade à Lazise et cantonnement de première ligne en avant de Peschiera et de conserver l’autre partie pour garnison de cette place. Je lui donne en même temps l’ordre de faire partir sans délai pour Salo, Gardola etc. les 13 compagnies de la 63e qui étaient sur cette première ligne. Ce mouvement a été nécessité par la désertion qui depuis quelques jours règne dans les cantonnements de la 63e et qui prenait un caractère effrayant. J’en rend compte par ce courrier au général en chef ainsi que des mesures que j’ai cru devoir prendre pour l’arrêter" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 28 page 75).
Toujours le 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit encore au Général Suchet, Chef de l’Etat-major de l’Armée : "Le général de brigade Guillaume à qui j’ai écrit hier comme je vous l’annonçais par ma lettre de ce jour relativement à la désertion qui a eu lieu sur la ligne qui lui est confiée, me répond à l’instant, citoyen général, qu’il ignorait qu’il fût son mes ordres et qu’il avait jusqu’à présent correspondu directement avec le général en chef et vous pour tous les objets de services concernant Peschiera et le lac de Garda, que même il recevait l’ordre du jour et la série des mots d’ordre directement de l’état-major général. Cette marche a beaucoup d’inconvénients et si des commandants de places correspondent directement avec le général en chef et l’état-major général, le commandement d’une division devient illusoire et les généraux commandants inutiles.
Je vous prie de croire général que je n’ai pas la prétention de vouloir commander un grand nombre de troupes, encore moins occuper beaucoup de terrain ; mais j’ai celle de commander dans l’étendue qui m’est confiée, et si le général de brigade Guillaume est spécialement chargé du commandement de la ligne qu’il occupe, je vous invite à déterminer une démarcation entre nous.
Je n’ai d’ailleurs aucun sujet de plaintes contre le général Guillaume ; il m’a mandé qu’il correspondrait avec moi avec plaisir du moment où il saurait que telle est l’attention du général en chef" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 76).
Enfin, encore le 4 octobre 1798 (13 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général de Brigade Guillaume : "J’ai reçu citoyen général, votre lettre de ce jour et copie des ordres que vous avez donnés pour empêcher que la désertion ne se propage. Les mesures que vous avez prises et les changements que j’ai ordonnés arrêteront sans doute les progrès de cette frénésie dont il faut chercher à découvrir les causes …" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 29 page 76).
Le 6 octobre 1798 (15 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commissaire des Guerres Malardot : "Le chef de la 63e demi-brigade m’a rendu compte citoyen commissaire que le service des viandes a manqué dans la vallée de Subbia et qu’à défaut des fournisseurs les municipalités ne voulaient plus en délivrer parce qu’elles n’étaient jamais payées ; la lettre que je viens de recevoir de l’administration centrale du département et que je vous transmets ci-joint vient à l’appui de ce rapport ; il me serait désagréable de recourir à des voies de rigueur envers les fournisseurs ou leurs préposés ; j’y serais évidemment forcé si ces plaintes se renouvelaient encore et les moyens serait tels que je les forcerais d’assurer le service" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 78).
Toujours le 6 octobre 1798 (15 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commandant de la place de Brescia : "Je vous invite, citoyen commandant, à prendre les renseignements pour découvrir quel est le soldat qui a blessé en duel le nommé Millet ; si vous le découvrez, vous l’enverrez en prison pour 15 jours et appointerez de quatre jours de garde les compagnons des deux combattants ce qui fait par moitié deux jours de garde" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 78).
Puis, encore le 6 octobre 1798 (15 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit une seconde fois au Commandant de la place de Brescia : "Je suis prévenu, citoyen commandant, que la compagnie de grenadiers a eu plusieurs blessés dans la journée par suite de combats en duel, qu’elle a eu avec les carabiniers de la 17e ; pour mettre fin à ces combats qui déshonorent des soldats qui défendent la même cause, vous donnerez ordre à la 63e demi-brigade de partir demain à 4 heures du matin du quartier qu’ils occupent en ville pour se rendre au fort où ils tiendront garnison jusqu’à nouvel ordre. Vous donnerez en même temps l’ordre aux commandants du fort d’appointer cette compagnie de quatre jours de garde et dès demain en faire commander la moitié de service sans leur confier de postes extérieurs. Vous vous informerez si ces combats ont eu lieu avec des individus d’une compagnie, d’une compagnie de carabiniers ou des trois compagnies ; la compagnie de laquelle seront les combattants sera appointée comme la compagnie de grenadiers de la 63e demi-brigade. Si vous ne découvrez point leur compagnie, elles seront appointées toutes les trois.
Vous consignerez en outre la garnison exceptée la cavalerie, dans ses quartiers, cet ordre est aussi pour le fort. Vous ordonnerez des patrouilles continuelles cette nuit et demain dans la journée s’il est nécessaire. Les patrouilles pourront être faites en partie par la cavalerie.
Vous inviterez les officiers des différents corps à faire de fréquentes visites aux quartiers et ordonnerez, s’il est besoins, aux officiers de décades d’y rester. Annoncez aux chefs que si cette première mesure ne suffit pas, je saurai en prendre de telles que les mutins en seront effrayés" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 78).
Le 8 octobre 1798 (17 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Flavigny : "Ayant remarqué, citoyen général, que la garnison y était composé de compagnies de différents bataillons de la 63e demi-brigade, et désirant y réunir en entier le 2e bataillon de cette demi-brigade, vous donnerez l’ordre aux compagnies du 3e bataillon de partir demain à 5 heures du matin pour se rendre à Salo où elles se trouveront en ligne avec les compagnies détachées dans la vallée de Sabbia ; vous donnerez en même temps ordre aux compagnies du 2e bataillon venant de Lazise de se diriger directement de Desenzano sur Brescia pour tenir garnison au fort conjointement avec les compagnies de ce bataillon qui y sont déjà. Mon intention est, citoyen général, que les grenadiers de bataillon soient logés au fort avec le restant du bataillon ; il est entendu que les grenadiers du 3e bataillon partiront avec les compagnies de fusiliers" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 80).
Le 12 octobre 1798 (21 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commissaire des Guerres Malardot : "Le commissaire des guerres Malardot est invité à donner les ordres nécessaires pour que les fournitures excédantes à Salo, en couvertures, draps et paillasses soient envoyées à Gardola conformément à la demande ci-contre ; ce poste manquant encore de toute ressources recevra les distributions de vin dans les mêmes proportions et autant de fois par décade que les cantonnements de la vallée de Sabbia" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 84).
Le même 12 octobre 1798 (21 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit ensuite au Chef de la 63e Demi-brigade : "Le chef de la 63e est prévenu que j’ai renvoyé sa lettre de ce jour au commissaire des guerres Malardot, avec invitation de faire transporter à Gardola les fournitures de casernement excédant le besoin à Salo.
J’ai à même temps donné ordre pour que le détachement cantonné à Gardola reçoive les mêmes distributions dans les mêmes proportions que dans la vallée de Sabbia" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 84).
Le 16 octobre 1798 (25 Vendémiaire an 7), le Général de Division écrit au Chef de l’Etat-major : "Je ne vous ai accusé, mon cher général, la réception de vos du ... (sic) de ce mois par le retour de l’officier que vous m’avez envoyé parce que j’étais parti ce même jour pour Salo où la première compagnie de grenadier de la 63e demi-brigade était en pleine insurrection ; le général en chef vous fera sans doute connaître le rapport de ces événements que je lui adresse par ce même courrier ; je désire que les moyens que j’ai employés pour rétablir l’ordre méritent son approbation et qu’il fasse connaître à l’ordre du jour à l’armée les punitions employées à cette compagnie ; l’effet qu’elle a produit m’a rassuré sur les causes et des hommes égarés se laissent toujours ramener au devoir et à l’honneur lorsque les mesures sont promptes et décisives.
Je suivrai, mon cher général, la marche que vous m’indiquez pour mes réclamations. Je vous remercie de l’intérêt que vous prenez à toutes mes demandes. Il me reste à vous renouveler encore celle que j’ai faite pour la division que je commande. J’espère que vos promesses pour son habillement ne resteront pas sans effet" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 85).
Le 16 octobre 1798 (25 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général en Chef : "Je vous rends compte, mon cher général, que le 22 du courant une insurrection se manifesta à Salo dans la compagnie de grenadiers du 1er bataillon de la 63e demi-brigade. J’en fus informé le 23 à 5 heures du matin et me rendit aussitôt sur les lieux. Il résulte des renseignements que j’ai pris que la cause de cette insubordination est la discipline militaire à laquelle les grenadiers voulaient se soustraire en sortant de leurs quartiers le soir après la retraite et courant les cabarets pour commettre des désordres. Un d’eux fut arrêté le 22 et conduit à la salle de discipline. Aussitôt toute la compagnie se rassemble, se porte chez le chef de bataillon où se trouvaient quelques officiers réunis et demande avec violence la liberté du grenadier arrêté, alléguant qu’ayant combattu pour la liberté ils devaient jouir de leurs droits ; les têtes étant très échauffées et l’homme quasi déjà en liberté, les chefs crurent devoir accéder à cette demande, se réservant de faire arrêter le lendemain les chefs du rassemblement après la première effervescence passée. En effet le capitaine de cette compagnie arrêta lui-même les quatre chefs mutins et les conduisit en prison ; le chef de bataillon se disposait à les faire conduire à Brescia pour y être traduits au conseil de guerre lorsque la compagnie se rassembla derechef, se porta à la prison et parvint encore à mettre ces hommes en liberté. Cet événement arriva le 23 vers les trois heures après midi. J’arrivais au même moment à Salo. J’ordonnais sur-le-champ le rassemblement de la garnison avec armes et bagages. Arrivé au lieu indiqué pour le rassemblement, je leur reprochais leur insubordination et les crimes qu’il venaient de commettre. Je me disposais à en faire un exemple terrible en prononçant le licenciement de cette compagnie, lorsque ces hommes égarés pour un moment me pénétrèrent de de leur repentir ; il était sincère et les larmes que plusieurs d’entre eux répandaient en étaient le garant. Je vis renaître le sentiment d’honneur qui caractérise le soldat français, il me ramena à la modération à laquelle je voulais cependant allier une juste sévérité. J’ordonnais en conséquence devant toute la garnison réunie que les quatre auteurs du premier rassemblement ainsi que 5 autres qui me furent dénoncés pour l’avoir provoqué et mis en liberté les quatre premiers arrêtés, seraient traduits au conseil de guerre de la division et livrés à toute la rigueur des lois. J’ai cassé et destitué de son grade le nommé Didier sergent de cette compagnie pour avoir pris part à cette insurrection et tenu des propos contre les officiers. Quatre grenadiers de la compagnie du 3e bataillon eurent le même sort et je les envoyais à la queue de différentes compagnies, mais comme ces derniers n’avaient qu’une part indirecte à ces deux événements, j’ai ordonné qu’ils reprendraient leur rang dans cette compagnie aussitôt que je serai assuré de leur repentir et de leur bonne conduite ; les exemples produisirent l’effet que j’avais lieu d’attendre, tous mes ordres furent exécutés avec calme et la première compagnie fut envoyée sur les derrières de la ligne, elle partit sur-le-champ pour se rendre au vieux château de Lonato où elle restera huit jours ; neuf grenadiers auteurs des rassemblements ont été conduits à Brescia sous escorte.
Je dois des éloges à la compagnie de grenadiers du 3e bataillon et aux compagnies de fusiliers qui tiennent garnison à Salo. Elles se sont empressées d’exécuter les ordres des officiers et à repousser même par la force les violences de la première compagnie. Les officiers se sont généralement bien conduits et en particulier le citoyen Cazalis capitaine de la 1ère compagnie de grenadiers. Il s’est opposé avec toute la fermeté qui le caractérise au désordre de sa compagnie et la force des circonstances l’a seule empêché de réussir.
Il m’est désagréable, mon général, d’avoir à vous entretenir d’exemples de sévérité dans les 1ers moments de mon commandement, mais ami de l’ordre et chargé de surveiller l’exécution des lois dans la division qui m’est confiée je ne puis composer avec mon devoir et je suis assuré d’avance de votre approbation" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 86).
Le 17 octobre 1798 (26 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major :"Les froids excessifs qui se font sentir, mon cher général, dans la vallée de Sabbia, au poste de la Rocca d’Anfo, et de Gardola, m’ont déterminé à accorder depuis 15 jours le chauffage d’hiver aux troupes qui occupent ces quartiers. Il est nécessaire encore de les vêtir si nous voulons les préserver des maladies ; je vous invite en conséquence de faire délivrer 600 capotes pour ces cantonnements qui en ont le plus grand besoin" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 88).
Le 18 octobre 1798 (27 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commissaire des Guerres Malardot : "Afin de faire cesser la disette et la pénurie de subsistance que nous sommes au moment d’éprouver, le général en chef m’a autorisé à prendre tous les moyens pour faire former sur-le-champ un approvisionnement de 15 jours sur les points principaux de la division que je commande ; ces points sont Peschiera, Desenzano, Salo, la Rocca d’Anfo, Vestone et Brescia. Comptant entièrement sur vos soins et votre zèle, citoyen commissaire, je me borne à vous faire connaître les instructions du général en chef et les miennes sur cette partie intéressante du service, vous vous occuperez en conséquence de faire former sans délai cet approvisionnement qui devra toujours être de 15 jours d’avance afin que les troupes des distributions de quatre jours ; cette approvisionnement se fera pour le compte des entrepreneurs et par eux ou à leur défaut par les municipalités ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 88).
Le 20 octobre 1798 (29 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major : "J’ai reçu citoyen général, votre lettre du 26 de ce mois et l’état d’habillement destiné à la division que je commande ; l’infanterie légère avec ce … (mot illisible) pourra se remettre un peu, mais il s’en faut de beaucoup que cette quantité soit suffisante pour la 63e demi-brigade qui est beaucoup plus forte ; je vous la recommande. Je désire que vous y ayez égard" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 91).
le même jour, 20 octobre 1798 (29 Vendémiaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Capitaine rapporteur du 1er Conseil de la Division : "Ci-joint vous trouverez, citoyen, une plainte du chef de la 63e demi-brigade contre les auteurs de l’insurrection qui s’est manifestée le 22 du courant dans la compagnie de grenadiers du 1er bataillon de la 63e demi-brigade d’infanterie ; cette affaire méritant toute l’attention du conseil, je vous invite à faire les recherches les plus exactes pour découvrir les vrais coupables. Par la plainte le chef n’indique que sept hommes dont trois du premier rassemblement et quatre du deuxième. Cependant les prisonniers mis en liberté le 23 étaient quatre et ils doivent se trouver de même que les cinq auteurs du deuxième rassemblement que je fis arrêter moi-même au milieu de la compagnie ; afin que vos recherches ne soient pas infructueuses, je vous invite à demander au chef de la 63e les différents rapports qui lui ont été faits sur cet événement" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 36 page 91).
Le 22 octobre 1798 (1er Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant-général Flavigny : "Les 2e et 3e bataillons de la 24e de bataille devant arriver, citoyen général, du 4 au 5 courant à Brescia, je dois changer l’établissement actuel de la division ; vous donnerez en conséquence les ordres suivants :
... La 63e de bataille sera établie le 4 à Desenzano, Salo, Gargnano etc., cette demi-brigade sera chargée des avant-postes de Gardola et de la vallée de Vertino (Vestone ?). Le chef de cette demi-brigade en aura la surveillance et s’établira en conséquence à Salo. Il correspondra directement avec moi pour tout ce qui aura rapport à la défense ou au service de cette partie, et avec vous pour le détail intérieur de son corps. Afin de mettre ces dispositions à exécution le bataillon de cette demi-brigade en garnison au fort partira le 4 de ce mois pour se rendre à Salo ; les compagnies cantonnant dans la vallée de Sabbia seront relevées le 3 par un bataillon de la 17e légère, ces compagnies se réuniront le 4 à Vestone pour se rendre le 5 à Salo, où le chef de brigade leur donnera une destination ultérieure, les deux autres bataillons resteront en garnison à Brescia jusqu’à nouvel ordre ; un bataillon de la 24e tiendra garnison au château, les deux autres à Brescia. Mon intention étant que les bataillons qui sont aux avant-postes soient relevés à des époques que je fixerai, vous laisserez aux chefs des corps la facilité d’y envoyer des bataillons par tour, ayant invité le général Guillaume de faire alterner les cantonnements en avant de Peschiera avec la garnison de cette dernière.
Il est inutile de lui faire connaître ce mouvement puisque la 29e n’éprouve aucun changement. Vous préviendrez le commissaire des guerres Malardot de toutes ces dispositions afin qu’il puisse assurer le logement et les subsistances dans les lieux de passage" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37 page 93).
Le 26 octobre 1798 (5 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Capitaine rapporteur de la Division : "Je vous préviens, citoyen, qu’en exécution de l’art. 4 de la loi du 13 brumaire an 5, j’ai nommé président du 1er conseil de guerre le citoyen Kister, chef de la 24e demi-brigade, seulement pour l’affaire des grenadiers de la 63e prévenus d’insubordination, en remplacement du chef de la 63e" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39 page 96).
Le 27 octobre 1798 (6 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu, citoyen commandant, votre lettre du 5 de ce mois par laquelle vous me rendez compte de l’établissement de la demi-brigade que vous commandez ; il paraît d’après votre rapport que mes intentions n’ont pas été entièrement remplies, en ce que les états-majors des deux bataillons sont restés à Salo. Veuillez établir l’état-major du bataillon qui occupe les avant-poste de Gardola et lieux circonvoisins à Garignalo ( ?) ; je vous invite à rectifier cet établissement, il en résultera qu’un bataillon occupera Desenzano et Lonato, un autre Salo et Maderno avec l’état-major de la demi-brigade et le troisième Gariginano ( ?) et tous les avant-postes ; si ce dernier bataillon était trop fatigué du service, il sera relevé à la disposition du chef de brigade ; il est entendu que cette ligne établie sur le lac est depuis Desenzano jusqu’à Gardola occupera encore par des postes les villages situés sur le lac et non compris dans la présente.
Je suis informé, citoyen, que l’ennemi a renforcé ses postes dans les environs de Prebiorne ( ?), Gardola, Aire, Olezano ( ?) et Olzedio ( ?), et qu’il a placé de nouveaux pics et dans la vallée de Costa, l’un à la Chiusa et l’autre à Leosinio di Deovano ( ?) ; vous ordonnerez au chef du bataillon détaché pour les avant-postes d’augmenter les siens dans les mêmes proportions et de faire augmenter les postes de Ponticello et le pont de Trignolgo ( ?).
Je donne ordre au citoyen Fabre commandant Salo d’aller reconnaître la position de la Madonna di Buon Castello près Gardola et l’autorise à y faire placer un poste si les circonstances l’exigent. Vous en préviendrez le commandant des troupes dans cette partie afin que cet ordre n’éprouve aucun obstacle.
Veuillez aussi me faire connaître le nombre de cartouches dont sont munis les soldats qui occupent les avants postes afin que je les fasse augmenter s’il est besoin" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 39 page 97).
Le 2 novembre 1798 (12 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu, citoyen commandant, votre lettre du 11 par laquelle vous me rendez compte du rapport que vous a fait le chef de bataillon de la demi-brigade que vous commandez. Les dispositions que vous avez faites à ce sujet sont bien ordonnées et obtiendront sans doute le succès que je désire ; il est essentiel que le chef du 3e bataillon se tienne sur ses gardes et soit exactement instruit des mouvements que pourraient faire les brigands, ainsi que ceux des Autrichien qui paraissent tolérer ou protéger tacitement ces excursions vagabondes ; quoique je regarde le rapport qui vous a été fait comme un peu exagéré, vous ordonnerez ci-joint au commandant de Gardola qu’en cas d’attaque des postes de Ponticello et Pont Tignalgo, il fasse partir aussitôt des renforts pour les secourir, que ces renforts soient commandés par des officiers intelligents qui repousseront les brigands par la force autant que les circonstances le permettront ; ceux qui seront pris seront adressés au citoyen Gambaro, commissaire du gouvernement cisalpin. En son absence, à la municipalité ; il doit en être fait justice dans les 24 heures.
Je vous préviens que j’ai donné des ordres pour qu’il soit envoyé 15 caisses de cartouches à Salo ; en attendant qu’elles arrivent, vous ferez distribuer au 3e bataillon les deux caisses qui sont déposées. Vous trouverez ci-joint l’ordre à ce sujet.
Si le chef de bataillon commandant les avant-postes est dans le cas de débourser quelque argent pour obtenir les renseignements qui lui seront nécessaires, je l’invite en faire l’avance et lui en promets le remboursement aussitôt qu’il me le fera connaître" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42 page 102).
Le même jour, 2 novembre 1798 (12 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit : "Le commandant à salo, mettra à la disposition du chef de la 63e Demi-brigade les deux pièces de cartouches déposés à Salo" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42 page 102).
Toujours le 2 novembre 1798 (12 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Général Guillaume : "J’ai reçu, général, votre lettre du 11 par laquelle vous me prévenez des mouvements de l’ennemi tant sur le lac de Garda qu’aux avant-postes en avant de Peschiera. J’en est rendu compte au général en chef et en attendant des ordres, je vous invite à prendre comme première disposition les renseignements pour connaître le nombre de bateaux ou barques existant dans chacune des communes de la Cisalpine située sur le lac. Vous vous assurerez de celles qui pourraient servir à notre défense sauf à les faire rembourser aux propriétaires par le gouvernement cisalpin. Vous demanderez encore à ces mêmes communes les ouvriers et les matériaux qui vous sont nécessaires. Ceux des ouvriers qui s’y refuseraient seront contraints par la force ; un autre point non moins essentiel et d’empêcher que les barques des communes soient envoyées à l’ennemi ; pour y réussir il faut en connaître la quantité existante et ordonner qu’elles soient réunies de nuit et que sous aucun prétexte il ne puisse en être détaché qu’au jour, le tout sur la responsabilité de la municipalité. Vous donnerez à ce sujet les ordres que vous croirez nécessaires.
Le chef de la 63e demi-brigade exécutera tout ceux que vous lui adresserez relatifs à cette disposition"(Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 42 page 102).
Puis, encore le 2 novembre 1798 (12 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit une seconde fois au Chef de la 63e Demi-brigade : "Vous exécuterez, citoyen commandant, les ordres que pourra vous donner le général Guillaume relatifs à des rassemblements de bateaux, barques, ouvriers et matériaux qui lui sont nécessaires pour mettre en état la flottille du lac de Garda. Cette disposition n’entraîne aucun mouvement général, ce dernier devant émaner de moi" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43 page 104).
Par ailleurs, toujours le le 2 novembre 1798 (12 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit aussi au Chef du 1er Bataillon de la 63e Demi-brigade : "Je vous autorise, citoyen, à demander pour les postes de Desenzano et autres situés sur le lac les rations de vin accordées à ceux de Salo, etc., Le poste de Lonato ne faisant qu’un service de police ne peut et ne doit prétendre à cette gratification.
La présente sera communiquée au commandant de la place qui en préviendra le garde magasin" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43 page 104).
Le 4 novembre 1798 (14 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Le citoyen Wailhade, commandant par intérim la place de Salo, me prévient par sa lettre du 12, que le commandant de Salo a été invité par le colonel autrichien à se rendre à Gardola pour y faire la chaîne de postes. Bien sûrement ce n’était pas au citoyen Wailhade que pareille proposition pouvait être faite, et le colonel autrichien entendait par le commandant de Salo, le chef des avant-postes dans cette partie. Le citoyen Wailhade vous ayant fait connaître cette invitation, vous ne deviez pas, citoyen, hésiter de vous y rendre. Je regrette que vous ne l’ayez pas fait, le bien du service peut en souffrir, et si le citoyen Wailhade a fait quelques fautes, elles seront difficiles à réparer. J’attends son rapport avec impatience" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 43 page 106).
Le 5 novembre 1798 (15 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Vailharde, commandant par intérim la place de Salo : "J’ai reçu, citoyen, votre rapport du 14 de ce mois ; vous avez très bien fait de ne faire aucun changement dans les postes de Gardola, et environs. Vous eussiez mieux fait encore de ne pas aller à Gardola ; le commandement par intérim de Salo se borne au maintien de la police et du bon ordre dans cette commune, et n’a rien du commandement des avant-postes qui appartient de fait au chef du corps qui les occupe" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 44 page 106).
Puis, le même 5 novembre 1798 (15 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Chef de la 63e Demi-brigade à Salo : "Le citoyen Vailhade m’a rendu compte, citoyen commandant, des propositions qui ont été faites relativement à l’occupation de Gardola et des environs ; il en résulte que les Autrichiens désireraient que tous les postes soient diminués ainsi que les cantonnements dans cette partie. Je ne suis pas éloigné de consentir à cette mesure, si elle a réellement pour but de soulager de part et d’autre nos soldats. C’est ce dont il faut s’assurer sous-main ; vous me tiendrez au courant de tout ce qui se dira à ce sujet ; je me propose de terminer ce différend moi-même en me rendant sur les lieux si le temps me le permet" P(apiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 44 page 106).
Toujours le 5 novembre 1798 (15 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit aussi au Capitaine rapporteur du Conseil de Révision : "Je vous adresse, citoyen, les pièces relatives à la procédure instruite contre les nommés Sainery, Simonet, et Augier, volontaires à la 63e demi-brigade, et Bartolo Ratto, aubergiste. Veuillez, citoyen, préparer cette affaire, ces condamnés ayant demandé verbalement à passer au conseil de révision.
Je m’empresse à demander au commissaire ordonnateur général, au commissaire des guerres de première classe" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 44 page 106).
Le 10 novembre 1798 (20 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Joubert, Général en chef de l’Armée d’Italie : "Par votre lettre du 15 de ce mois, vous me demandez, mon général, des renseignements sur la position militaire de la division que je commande, sur les ressources locales du pays qu’elle occupe, sur le bon ou mauvais esprits des corps qui la composent, sur la capacité ou l’ignorance des chefs, sur les dispositions du peuple, sur le bon ou mauvais état des places soit en fortifications ou approvisionnements, enfin sur tout ce qui peut concerner le système de défense ou d’attaque tant de l’ennemi que de la part des peuples voisins, et même des habitants du territoire que j’occupe.
Je vais tâcher de répondre avec exactitude à ces différentes questions. La division que je commande est en ce moment composée de quatre demi-brigades d’infanterie, un régiment de cavalerie et une compagnie d’artillerie à pied ; ces corps sont : la 17e légère d’environ 1200 hommes, la 29e idem d’environ 1200 hommes, la 24e de bataille d’environ 2000 hommes, la 63e idem d’environ 2100 hommes, le 18e régiment de cavalerie de 150 hommes, la compagnie d’artillerie 70 hommes. Total 6820 hommes.
Si l’on comprend dans cette division la première légion cisalpine en garnison à Peschiera et Brescia, forte d’environ 850 hommes, la force sera de 7670 hommes. L’esprit de ces corps est bon, l’instruction passable, mais la discipline a besoin de surveillance, l’habillement et mauvais, il faudrait près de 400 habits, autant de vestes et de culottes pour le mettre un peu en état, l’armement bon si on en excepte les sabres manquants. Les chefs des corps sont instruits et les officiers généralement bons.
Cette division occupe en majeure partie le département de la Mella est une partie de celui du Mincio. Sa position militaire est bornée au nord par le torrent de Gardola et ou de Saint-Michel, la Rocca d’Anfo, et le Val Camonica jusqu’à la naissance du Mont Tonale ; à l’est par Castelnuovo, Lazise, Peschiera, Desenzano, Salo, Gargnano, Rocca d’Anfo, la vallée de Sabbia et Brescia ; le lac de Garda et Salo au midi par Peschiera, et Montichiari, à l’ouest par Ozzi Nuovi, l’Oglio rivière, le lac d’Iseo et les montagnes qui séparent le Val Camonica de la Valteline ; cette division occupe Castelnuovo, Lazise.
Les places de son arrondissement sont Peschiera, place de première ligne importante par sa position sur le lac de Garde et au débouché du Mincio, ses fortifications extérieures ne sont pas achevées faute de fonds, son approvisionnement de siège et presque complet.
La Rocca d’Anfo, poste assez important par sa position sur le lac d’Iseo, fermant à l’ennemi les communications de transport avec la vallée de Sabbia et Brescia ; les travaux se continuent avec activités. Ozzi Nuovi place de seconde ligne, bonne par sa position sur l’Oglio, susceptible de quelques réparations ; il serait bon d’armer et d’approvisionner cette place.
Le château de Pontevico propre à arrêter momentanément la marche d’un ennemi peu entreprenant.
Le château de Brescia de peu de conséquence a cependant un approvisionnement déterminé pour 15 jours et non encore achevé. En cas de système offensif, cette division doit entièrement abandonner les montagnes et ne laisser que 400 hommes à la Rocca d’Anfo qui n’est pas encore armé ; la garnison du château de Brescia pourra être du même nombre ; un bataillon suffira pour la garde du lac depuis Gardola jusqu’à Sirmione, mais ces postes et cette surveillance ne seront nécessaires que jusqu’au moment où l’armée française passera l’Adige. Le restant de la division formant environ huit bataillons et 200 chevaux, après avoir laissé garnison à Peschiera, peut et doit se réunir en peu de temps sur le Mincio entre Peschiera et Mantoue pour marcher ensuite sur la direction qui lui sera donnée. Le système défensif pour cette division doit être regardé sous les mêmes rapports. La réunion de la division est encore sur le Mincio et une demi-brigade doit suffire pour la surveillance du lac et des postes indiqués ci-dessus. En supposant néanmoins que la Valteline restera occupée par les troupes françaises, et que les communications qu’elle a avec le comté de Bormio et le Val Camonica seront gardées.
Les habitants des territoires occupés par cette division sont généralement animés d’un bon esprit, mais fatigués des fournitures continuelles qu’ils sont obligés de faire aux troupes à défaut des fournitures desquelles ils ne sont jamais payées ; la confiance sur ce rapport est entièrement détruite ; cependant la garde nationale, surtout celle des vallées, serait assez disposée à défendre son territoire conjointement avec les français, mais son amour-propre a besoin de stimulation et non d’exaspération.
Nous ne pouvons pas compter sur l’esprit des peuples voisin dont le territoire est occupé par les Autrichiens. Ils n’aiment pas ces derniers, encore moins les Français. Le seul moyen d’en tirer quelque avantage en cas de guerre et de leur promettre l’indépendance. Les Vénitiens et les véronnais, s’ils peuvent compter sur ces promesses, secourront sans doute le joug autrichien.
Tels sont, mon général, les renseignements que j’ai à vous donner. Je désire avoir rempli les dispositions de votre lettre.
Je joins ici l’état des forces de l’ennemi actuellement en première ligne sur le front de l’armée ; j’espère sous peu de jours vous faire connaître exactement ses mouvements dans les Grisons et l’état des renforts qui arrive du Frioul sur Vérone et d’Innsbruck sur Trente" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 46 page 110).
Le 22 Brumaire an 7 (12 novembre 1798), le Chef de Bataillon Gond, Chef du 1er Bataillon de la 24e Demi-brigade, écrit, depuis Brescia, au Général de Division Grenier : "Je vous rends compte, citoyen général, du jugement rendu par la commission militaire que vous avez nommée pour juger le nommé Fortunet, prêtre français accusé d’émigration. Je vous envoie ci-joint les pièces contre ledit prêtre au nombre de 39, y compris 3 pièces que le citoyen Jourdan, capitaine de la 63e demi-brigade de bataille, m’a remis ce matin. Je vous aurais fait passer le tout hier, mais la séance ne fut levée qu’à 7 heures du soir, le secrétaire n’a pu faire de copie que ce matin" (« Registre de Correspondance du Chef de Bataillon Louis Gond, commandant la 24e Demi-brigade d’infanterie, an 5 à an 8 », Archives départementales de la Vienne, Cote 16 J 1/113, Mélanges Bonsergent, Carton n°2 pièce 5).
Le 13 novembre 1798 (23 Brumaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Morin, Capitaine commandant les troupes de la 63e à la Rocca d’Anfo : "Le chef de l’état-major m’a communiqué, citoyen, votre lettre du 16 courant par laquelle vous lui rendiez compte de la situation des ouvriers militaires à la Rocca d’Anfo. Il a dû vous répondre et vous faire connaître les ordres donnés à ce sujet. J’espère que sous peu, les soldats recevront ce que je leur ai promis. La décision sur à la solde se réduit à 6 francs de retenue par mois. Il est bien juste que la compagnie soit indemnisée des services qu’elle est obligée de faire pour les travailleurs. L’intention où je suis de faire fournir aux soldats que je commande ce qui leur est dû me fera toujours recevoir avec sollicitude les réclamations que me feront pour eux les officiers, mais il n’est pas nécessaire d’envoyer des députations pour pareil objet" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 48 page 114).
Le 21 novembre 1798 (1er Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Bernier (sic - en fait Brenier), Chef de la 63e Demi-brigade : "J’approuve, citoyen, les arrangements que vous avez pris avec les Autrichiens pour les postes de Gardola et autres environnants. Ces mesures assureront la tranquillité dans cette partie et vous mettent à même de vous emparer de tous ces postes en cas d’événements et de mouvements hostiles. La municipalité de Gargnano se plaint d’être trop surchargée par le cantonnement de trois compagnies qui y sont. Je crois que vous pouvez sans danger faire replier l’état-major du bataillon et la compagnie des grenadiers qui y est jusqu’à Toscolano.
Je vais donner des ordres pour qu’ils soient délivrés une ration de vin par jour aux compagnies qui occupent Piovere et Gardola.
Dans le cas où vous seriez informé de quelques mouvements de l’ennemi qui auraient pour but de menacer ces postes ou d’entrer dans le Valvestino, vous prendriez de suite les mesures nécessaires pour vous y opposer en faisant occuper sur-le-champ les principaux débouchés par votre troisième bataillon et en portant une partie du second sur le chemin qui conduit de Salo à Vestone à hauteur de ce dernier endroit, afin de conserver la libre communication avec la vallée de Sabbia. Vous répartiriez en même temps votre premier bataillon sur la rivière de Salo, et feriez distribuer des cartouches qui sont à votre disposition à Salo ; ces différents ordres donnés vous mettront à même d’attendre les dispositions que les circonstances me détermineraient à prendre.
Ci-joint, vous trouverez une lettre du chef de votre 1er bataillon. La réponse est en marge. Veuillez en faire exécuter les dispositions.
Le général en chef ayant vu ces jours derniers une partie de la division s’est déterminé, après les demandes réitérées que j’ai faites, d’accorder encore 500 culottes et 500 habits à votre demi-brigade. Veuillez faire préparer les états et les adresser à votre officier d’habillement.
Les procédures instruites sous votre présidence au 1er conseil de guerre étant préparées, je vous invite à vous rendre à Brescia pour les terminer" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 52 page 122).
Le 29 novembre 1798 (9 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu, citoyen commandant, copie de la lettre qui vous est adressée par M. le colonel Radonovich commandant les avant-postes de l’armée autrichienne dans la Val di Ledro, relativement à la diminution des postes respectifs sur le Cattaro ; dans la persuasion qu’il a fait diminuer les siens dans cette partie, je vais envoyer ordre aux commandants de la vallée de Sabbia de prendre de pareilles dispositions" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 57 page 133).
Le même 29 novembre 1798 (9 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Citoyen Vailhade, commandant par intérim à Salo : "J’ai écrit, citoyen, au chef de la 63e demi-brigade pour les demandes que vous a faites le citoyen Josserand capitaine commandant le 3e bataillon de cette demi-brigade. Je vous invite à renvoyer désormais ces demandes au chef de la 63e demi-brigade qui seul doit en connaître tant comme chef de corps que comme commandant dans l’étendue occupée par cette demi-brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 57 page 133).
Toujours le même 29 novembre 1798 (9 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit encore à l’Adjudant général Compans : "Ci-joint, vous trouverez, citoyen général, un état des fournitures qui doivent être faites par différentes communes pour l’approvisionnement de Peschiera. Jusqu’à présent, les voies de la douceur ont été employées sans pouvoir faire remplir cette fourniture, ce qui nécessite des mesures de rigueur. Vous ordonnerez en conséquence que dans chacune des communes désignées, il sera envoyé en exécution militaire chez les municipaux et pour leur propre compte autant de soldats qu’il y aura de municipaux. Ces soldats seront nourris et payés par ces municipaux qui ne pourront sous aucun prétexte en faire supporter les frais à leurs administrés. Il sera payé en outre la nourriture trois francs de France à chacun des hommes envoyés en exécution ; un tiers de la somme sera pour eux, et les deux autres tiers versés dans la masse des compagnies. Vous recommanderez au chef de la 63e Demi brigade qui occupe presque toutes ces communes de n’envoyer en exécution que des hommes sages et dont la moralité est éprouvée, afin que les habitants devers lesquels je suis obligé d’employer cette mesure soient au moins à l’abri des vexations particulières. Vous préviendrez de cette mesure le commandant et le commissaire des guerres de Peschiera, il est probable que le versement ne tardera pas à se faire, mais comme je suis instruit des désordres qui se commettent dans cette place lors des versements, qu’il est à ma connaissance que l’on force des conducteurs à des rétributions s’ils veulent obtenir le reçu des quantités versées, que les denrées ne sont souvent reçues que 48 heures après leur arrivée, et qu’enfin on voit tranquillement piller et voler ces comestibles sans y mettre ordre, vous préviendrez donc le commandant et commissaires des guerres de ladite place, que sur la première plainte qui me parviendra, je les ferai traduire tous deux au conseil de guerre.
Vous préviendrez encore l’administration centrale des départements de la Mella des mesures que j’ai été obligé de prendre pour obtenir le versement. Vous les inviterez en même temps à rassurer les habitants de ces communes sur les désagréments que plusieurs ont déjà éprouvé à Peschiera.
L’avoine étant extrêmement rare dans ce pays, j’ai autorisé l’inspecteur des approvisionnements de siège à recevoir en remplacement du blé turc, veuillez en prévenir encore l’administration centrale afin qu’elle en donne connaissance à ses administrés pour éviter toute espèce de fourberie" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 57 page 133).
Encore le 29 novembre 1798 (9 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier établit la "Composition des Conseils de Guerre, nouvelles nominations
Premier conseil
Le général de division Grenier autorisé par la loi du 13 Brumaire an 5 art. 4, nomme pour la composition du premier conseil de la division sous ses ordres, les citoyens :
Fornesi, chef de brigade la 17e légère, président
Duclos, chef de bataillon à la 24e de ligne, membre
Peyroulouse, capitaine à la 17e légère, idem,
Challut, capitale à la 29e légère, idem
Martin, lieutenant à la 63e de ligne, idem
Gavary, sous-lieutenant à la 29e légère, idem
Bellin, sergent à la 17e légère, idem
Champmas, capitaine à la 17e légère, rapporteur
Bernard, capitaine la 63e demi-brigade de ligne, commissaire du pouvoir exécutif.
Leurs fonctions commenceront le 12 du courant, époque à laquelle le nouveau conseil se rassemblera pour dresser l’état et procès-verbal des nouvelles nominations autorisées par l’art. 5de la loi ci-dessus citée.
Deuxième conseil
Le général de division Grenier, autorisé par la loi 13 du Brumaire an 5 art. 4 et en vertu de l’art. 19 de la loi du 18 Vendémiaire an 6, nomme pour la composition du second conseil de guerre de la division sous ses ordres, les citoyens :
Kister, chef de la 24e demi-brigade de ligne, président
Lévêque, chef de bataillon à la 17e légère, membre
Dunet, capitaine à la 24e de ligne, idem
Vaillant, capitaine au 18e régiment de cavalerie, idem
Vincent, lieutenant à la 17e légère, idem
Boulade, sous-lieutenant à la 63e demi-brigade de ligne, idem
Faivre, sergent-major à la 63e de ligne, idem
Blanc, capitaine à la 63e de ligne, rapporteur
Paté, capitaine à la 17e légère, commissaire du pouvoir exécutif.
Leurs fonctions commenceront le 12 du courant, époque à laquelle le nouveau conseil se rassemblera pour dresser l’état et procès-verbal des nouvelles nominations autorisées par les lois citées ci-dessus.
Révision
Le général de division Grenier autorisé par la loi du 18 Vendémiaire an 6 art. 4, nomme pour la composition du conseil de révision de la division sous ses ordres, les citoyens :
Guillaume, général de brigade, président
Cerreyre ( ?) chef du 18e régiment de cavalerie, membre
Castillard, chef de bataillon à la 24e de ligne, idem
Mignot, capitaine la 24e de ligne, idem
Preuriot, capitaine à la 63e de ligne, idem
Lesquels ont l’ordre de dresser l’état et procès-verbal de leur nomination à leur premier rassemblement" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 59 page 136).
Le 30 novembre 1798 (10 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "L’administration centrale du département de la Mella me prévient, citoyen commandant, qu’un officier de la marine le citoyen George, entrave l’achat des grains à Desenzano pour la commune de Salo. En empêchant sur le lac le transport de ces grains, il en résulte que les vivres manquent à Salo tant pour les habitants que pour les soldats français. Veuillez protéger ce commerce et prévenir de cette disposition le citoyen George qui ne doit empêcher que l’exportation à l’ennemi" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 59 page 137).
Le 1er décembre 1798 (11 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Garreau : "Le commandant des avant-postes de l’armée autrichienne dans le val di Ledro ayant conjointement avec le chef de la 63e demi-brigade réglé les avants postes respectifs dans les environs de Gardola, et la proposition d’étendre cette disposition aux avant-postes de Caffaro et autres ayant été faite, je vous invite citoyen général à vous rendra à la Rocca d’Anfo et à Bagolino pour vous assurer, si les Autrichiens ont déjà fait quelques diminutions dans leurs postes. Dans ce cas, vous feriez diminuer proportionnellement les postes français dans cette partie sans néanmoins en abandonner aucun, les troupes que vous croirez dans le cas d’être retirées de Bagolino iront cantonner à Ono et Presegno en arrière de la Rocca d’Anfo, mais cette diminution dans le poste de Bagolino ne doit s’effectuer qu’autant que les Autrichiens retireront le poste qu’ils ont établi depuis environ deux décades à Vicomarino ( ?). Vous profiterez en même temps de ce voyage pour faire une reconnaissance de la vallée de Sabbia et connaître quelles sont les communications avec la Val Trompia et surtout vous assurer en quel état sont les chemins qui conduisent du Caffaro au-dessus de Bagolino et de ce point même par le mont Zouf ( ?) et les derrière de la Rocca d’Anfo, sur ces deux vallée, vous remarquerez quelles sont les positions les plus intéressantes de ces vallées tant pour les faire occuper en cas d’événements que pour défendre et fortifier celles qui seraient susceptibles de commander à plusieurs chemins et par leurs situations naturelles faciliter aux troupes qui les défendent les moyens d’arrêter l’ennemi pendant quelque temps. Telles me paraissent être les positions de Nozza et Barghe dans la vallée de Sabbia, celle de d’Avenone et Ono à la hauteur de la Rocca d’Anfo méritent aussi quelque attention. Veuillez sur ces différents points prendre les renseignements les plus surs et m’en rendre compte à votre tour" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 59 page 137).
Le même jour, 1er décembre 1798 (11 Frimaire an 7), le Général Grenier écrit au Général chef de l’Etat-major : "Ci- joint, vous trouverez, cher général, un exemplaire du jugement rendu contre les auteurs de l’insurrection qui s’est manifestée les 22 et 23 Vendémiaire à Salo, dans la 1ère compagnie des grenadiers de la 63e demi-brigade.
Je vous envoie aussi copie du rapport que j’ai adressé dans le temps au général en chef de l’armée" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 61 page 140).
Le 2 décembre 1798 (12 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Compans, Adjudant-général, Chef de l’Etat-major de la Division : "Ci-joint, vous trouverez, citoyen général, l’ordre du départ pour la 1ère légion cisalpine. Veuillez le faire mettre à exécution en donnant les ordres nécessaires pour faire relever les détachements de cette légion à Peschiera, Ponte Vico, et Orzinuovi.
Vous ferez relever le bataillon qui est à Peschiera par cinq compagnies de la 63e 1er bataillon le restant de ce bataillon qui est à Lonato se rendra à Desenzano ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 62 page 142).
Le 7 décembre 1798 (17 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade de Ligne : "J’ai reçu, citoyen commandant, votre lettre du 14 de ce mois. Vous pouvez faire relever le détachement qui est à Bedizzole par un pareil nombre d’hommes du 2e bataillon qui est dans la rivière jusqu’à nouvel ordre. Si nous devons éprouver quelques changements, les marches se multiplieraient trop ; je ferai sous quelques jours délivrer des souliers de gratification que j’ai promis aux travailleurs de la Rocca d’Anfo" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 144).
Le 8 décembre 1798 (18 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu, citoyen, vos lettres des 16 et 17 de ce mois. J’approuve vos dispositions renfermées dans la première, et vous invite à faire établir des signaux sur la Rocca di Manerba et d’en faire connaître l’indication aux troupes sous vos ordres, tels qu’attaque ou débarquement de l’ennemi sur un point de la rivière, afin que les troupes puissent se rendre sur le champ au lieu de rassemblement que vous aurez déterminé. La plus grande surveillance est en ce moment nécessaire. Il est probable que les Autrichiens ne laisseront pas conduire à Salo le brigand arrêté comme vous me le mandez par votre lettre du 17, et dans ce cas, toutes démarches autres que celles que vous avez déjà fait faire par le capitaine qui commande à Gardola devient inutile et l’homme sera relâché. Dans cette supposition, faites voir aux Autrichiens combien nous mettons de loyauté travers eux. Si le brigand avait été conduit à Salo, vous le traduiriez à la justice du lieu qui doit le connaître" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 65 page 148).
Le 9 décembre 1798 (19 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Guillaume : "J’ai reçu, cette nuit, général, votre lettre du 18 et copie de celle que vous a adressé le général Dalesme. Le mouvement de la division Delmas m’étonne d’autant plus qu’il me paraît devoir être lié avec ceux de la division que je commande, et que je n’ai reçu du général en chef aucun avis qui y ait rapport ; comme il faut remédier à ces changements, je vous invite, général, à établir vos cantonnements en avant de Peschiera de telle sorte que si l’un ou l’autre était attaqué, il puisse se défendre quelques heures et attendre du secours. Vous ne ferez garder Saint-Georges que comme poste qui devra être d’un officier et 30 hommes et relevé tous les 24 heures ; vous exigerez que dans chaque cantonnement un tiers des hommes soient de service pendant la nuit, que les gardes se relèvent à 4 heures du matin et restent ensemble réunies jusqu’au grand jour, que tous les postes se communiquent par des patrouilles fréquentes afin d’éviter toute surprise, vous chargerez le citoyen Balleydier du commandement des avant-postes et lui ordonnerez de s’établir en conséquence à Cavalcaselle ou Castelnuovo, afin de renforcer ces avants postes. Vous ne garderez qu’un bataillon de la 29e à Peschiera, ce bataillon et les cinq compagnies de la 63e suffiront pour votre garnison. Il est entendu que vous ferez toujours garder Sirmione où il doit rester au moins 2 compagnies ; vous ferez distribuer tous les jours le vin aux hommes de services aux avant-postes ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 65 page 149).
Le 11 décembre 1798 (21 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Moreau : "Le chef de l’état-major général de l’armée m’ayant prévenu, général, que les divisions de Brescia et de la Valteline étaient sous vos ordres par suite des nouvelles dispositions du général en chef, je vous adresse ci-joint l’état de situation de cette division avec quelques notes sur sa position militaire.
Armée d’Italie : position de la 2e division dite de Brescia.
Cette division, forte de 6000 hommes présents sous les armes, est établie en première ligne sur les frontières de la République cisalpine et tient une étendue de plus de 20 lieues de terrain ; sa droite à Peschiera, son centre sur le lac de Garde, et sa gauche en arrière du lac d’Iseo, à hauteur du Mont Crus Domini.
Aux points principaux sont :
Peschiera, place de première ligne, le général Guillaume commandant, ayant ses avant-postes à Castelnuovo, Sandra et Lazise, composée de deux bataillons de la 29e légère formant environ 800 hommes, un escadron du 18e régiment de cavalerie et de deux pièces d’artillerie, leur communication avec la division du Mantouan est établie par Valeggio, la garnison de Peschiera est composée d’un bataillon de la 29e légères et de cinq compagnies de la 63e demi-brigade.
Desenzano, Salo et Gardola, le chef de la 63e commandant : postes sur le lac de Garde occupés par deux bataillons et quatre compagnies de la 63e et chargés de la surveillance du lac de Garde et de la défense de la frontière située entre les lacs de Garde et d’Idro.
Rocca d’Anfo et la vallée de Sabbia : poste sur le lac d’Idro et à la tête du débouché qui conduit de la vallée de Sabbia dans le Tyrol italien, seul chemin pour arriver avec de l’artillerie dans le territoire de brescian ; occupé par 600 hommes relevés tous les mois par la garnison de Brescia.
Brescia, place de seconde ligne ayant un mauvais château : un bataillon de la 24e en garnison au château ; la 17e légère, deux bataillons de la 24e, deux escadrons du 18e régiment de cavalerie et une compagnie d’artillerie légère en garnison dans la place.
Dispositions générales : en cas d’attaque, la garnison de Brescia sert de réserve pour renforcer les points menacés, comme il est probable que l’ennemi attaquera sur toute la ligne, si ont ne la prévient ; un bataillon de la 24e restera en garnison au château et dans la ville. Un bataillon de la 17e se portera dans la vallée Sabbia et le restant de ces deux demi-brigades avec l’artillerie légère se portera sur les hauteurs en arrière de Peschiera" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 68 page 155).
Le 13 décembre 1798 (23 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade de ligne : "Les autrichiens persistant dans leur réclamation sur l’arrestation du brigand Pelizary, vous ne pouviez faire autrement, citoyen commandant, que de le leur abandonner. Je ne vois en cela qu’un principe de justice duquel je ne m’écarterai jamais, et les criaillements de certains individus ne m’occuperont pas beaucoup. Je suis fâché que ma lettre du 18 ne vous soit parvenue plus tôt ; elle était restée à l’état-major de la division. Je désire que l’avis qui a été donné par la municipalité de Garignano au commissaire Gambara sur l’enlèvement de cet homme par les Autrichiens, soit atténué par le rapport que vous en fera sans doute le capitaine de votre demi-brigade qui commanda à Gardola. Veuillez m’en envoyer copie, et si les Autrichiens s’étaient permis quelque insulte, nous tâcherons de les en punir" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 70 page 158).
Le 14 décembre 1798 (24 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade de ligne :"J’ai reçu hier, citoyen commandant, votre lettre du 22 ensemble celles du capitaine La Combe, du colonel autrichien et le reçu du brigand Pelizary ; il est inutile d’en donner connaissance à la municipalité de Salo. Toutes les pièces qu’elles pourraient envoyer serviraient à rien, cette affaire étant terminée par la reddition.
Les signaux que vous seriez dans le cas d’établir sur la Rocca de Manerbe ne peuvent être que de paille mouillée et un peu goudronnée afin que le feu dure assez pour être aperçu des points principaux ; dans le cas de cet établissement, il faut une compagnie à Manerbe afin d’établir un poste près du signal.
Vous avez sur la rivière de Garda plusieurs points où en cas d’attaque, l’ennemi pourrait chercher à débarquer des troupes. Ces points sont depuis Desenzano jusqu’à Moniga et Desano Salo et de ce point jusqu’à Gardone, de même de Gardone jusqu’à Maderno ; de ce dernier endroit jusqu’à Limone. Les débarquements deviennent plus difficiles et me paraissent peu à craindre. Comme d’ailleurs les débarquements sur toute la côte que vous occupez ne peuvent être que des attaques secondaires, le seul moyen de les rendre inutiles et de marcher de suite et de les attaquer. Cette disposition exécutée de toutes parts réussira infailliblement surtout si le chef Pour et ses canonnières font leur devoir et peuvent s’emparer des moyens de débarquement et barques de transport. J’ai donné des ordres en conséquence au commandant de la marine et je suis sûr qu’il fera en cette occasion tout ce qu’il pourra.
J’écris encore au citoyen Pour de s’entendre avec vous pour ces objets afin que vos opérations puissent se faire de concert" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 71 page 160).
Le même 14 décembre 1798 (24 Frimaire an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Citoyen Pour, commandant la marine du lac de Garde : "En cas d’attaque de la part de l’ennemi, il est probable, citoyen, qu’il cherchera à faire quelque débarquement sur la côte du lac depuis Desenzano jusqu’à Garignano afin de faire diversion et d’empêcher la réunion de nos forces. Ces débarquements, qui ne peuvent être que dérisoires, doivent être entièrement détruits par les troupes chargées de la garde du lac. J’ai en conséquence donné des ordres au chef de la 63e mais il faut que vous protégiez ses opérations par une partie de votre marine en tâchant d’enlever ou de détruire les moyens de débarquement et de transport dans ce cas d’attaque, pendant que les troupes de terre attaqueront et battront l’ennemi débarqué. Les opérations, bien concertées et faites avec ensemble, doivent ôter à l’ennemi toute envie de recommencer, si jamais il s’avise d’effectuer un déparquement. Je vous invite donc à vous entendre avec le chef de la 63e demi-brigade cantonnée à Salo et de prendre ensemble toutes qui pourront assurer la réussite de ces dispositions s’il en était besoin" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 71 page 161).
Le 21 décembre 1798 (1er Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Commandant de la place de Desenzano : "Au reçu de la présente, citoyen commandant, vous ferez arrêter et conduire sous escorte au juge de paix de Brescia la nommée Rosa Guistachini vivant avec le citoyen Bovy sous-lieutenant à la 63e demi-brigade d’infanterie en cantonnement à Desenzano. Vous ferez mettre cet officier aux arrêts de rigueur jusqu’à nouvel ordre" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 74 page 166).
Le 24 décembre 1798 (4 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Votre lettre du 1er de ce mois m’a été remise hier au soir. Je presse le commissaire des guerres de la division à prendre les mesures nécessaires pour assurer le service des viandes dans la partie que vous occupez. J’ai si souvent répété la même chose que je me vois forcé d’employer d’autres moyens. Je vous invite donc à faire arrêter au reçu de la présente le préposé chargé du service des viandes à Salo, vous le ferez conduire sous escorte à Brescia et m’adresserez une plainte sur la non fourniture de ce service. Mon intention étant de le traduire au conseil de guerre.
Tant que nous serons dans l’incertitude sur nos opérations militaires, je ne ferai aucun changement dans la position actuelle de la division. D’un moment à l’autre je peux recevoir des ordres de marche, ordres qui pourraient ne pas être d’accord avec les mouvements que j’aurais fait faire, ce qui nuirait singulièrement à l’ensemble. Vous pouvez et vous êtes autorisé à faire faire pour votre demi-brigade tous les mouvements que vous croirez utiles au bien de votre troupe ; si vous faites relever la garnison de Peschiera, ayez seulement soin d’en prévenir le général Guillaume à l’avance.
Consolez-vous d’être disséminé pendant l’hiver. Je vous promets votre réunion pour la belle saison si dans six semaines nous sommes encore dans l’inaction. Je vous salue" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 75 page 168).
Le même jour, 24 décembre 1798 (4 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Commissaire des Guerres Léorat : "Le Chef de la 63e demi-brigade me rends compte, mon cher commissaire, que le 3e bataillon de cette demi-brigade manque de viande depuis plusieurs jours. Je vous invite à prendre les mesures nécessaires pour ce service et à remplacer le préposé qui en est chargé à Salo, ayant donné l’ordre de le faire arrêter pour être traduit au conseil de guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 75 page 168).
Puis, encore le 24 décembre 1798 (4 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit à nouveau au Chef de la 63e Demi-brigade : "Le commissaire des guerres de la division et le préposé des vivres viandes sortent de chez moi, ce dernier m’assure que le 30, les soldats du 3e bataillon ont reçu la viande qui leur était due. S’il n’en a pas im… et que la viande ait été fournie, vous suspendrez l’exécution de la mesure que je vous prescrivais par ma précédente" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 75 page 169).
Le 26 décembre 1798 (6 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu presque au même moment vos lettres du 4 et 5 de ce mois, celle du 4 devait cependant me parvenir douze heures avant. Veuillez faire connaître au commandant de Salo que les lettres que vous recommanderez comme pressées ne doivent pas rester à son bureau. J’avais déjà des rapports sur l’arrivée de troupes dans la Judicaria, mais cela se borne à un régiment de Valaques. Continuez toujours votre surveillance.
Veuillez remettre au capitaine Lacombe les avances qu’il a faites, à votre premier voyage à Brescia. Je vous les rembourserai, où je vous les ferai passer à la première occasion. Il est possible que sous peu de jours les cinq compagnies en garnison de Peschiera vous rentreront (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 77 page 173).
Le 27 décembre 1798 (7 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Je suis prévenu, citoyen commandant, que plusieurs jeunes gens de la République cisalpine cherchent à passer à l’étranger pour se soustraire à la réquisition militaire qui doit avoir lieu sous peu de jours. Veuillez donner des ordres à vos avant-postes pour qu’ils ne puissent passer.
Je suis instruit aussi que la contrebande recommence dans la rivière de Salo et que même des français la protègent. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour l’empêcher" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 78 page 175).
Le même jour, 27 décembre 1798 (7 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit également au Chef de Bataillon Navilet, commandant l’Artillerie de la Division : "Le chef de la 63e demi-brigade auquel j’ai ordonné d’établir plusieurs signaux pour la réunion des troupes en cas d’alarme, a besoin, citoyen, d’une douzaine de fusées. Veuillez les mettre à sa disposition, et dans le cas où il ne s’en trouverait pas au parc de réserve de la division, ou dans l’arsenal de la place, veuillez en faire préparer de suite. Vous les enverrez à l’état-major de la division d’où elles seront adressées au chef de la 63e à Salo" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 78 page 175).
Le 29 décembre 1798 (9 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Vous lèverez, citoyen commandant, les arrêts de rigueur imposés au citoyen Touret, sous-lieutenant à la demi-brigade que vous commandez, pour avoir gardé près de lui à Desenzano une femme de mauvaise vie (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 79 page 177).
Le 30 décembre 1798 (10 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général : "J’ai reçu, mon cher général, vos lettres du 6 et du 7 de ce mois, par lesquels vous me faites connaître les nouvelles dispositions du général en chef.
Les dépôts des 17e et 29e sont rentrés et sur les 840 conscrits que vous m’annoncez, 600 à peu près sont arrivés dans le désordre le plus grand, ces malheureux n’avaient pour ainsi dire pas mangé depuis leur départ de Milan. On pourrait même croire que les conducteurs ont touché une partie de leur étape en argent, d’autres abus non moins grands se glissent encore dans la répartition de ces jeunes gens, les corps plus rapprochés de Milan ont su choisir ce qu’il y avait de meilleur de sorte que les corps éloignés finissent par avoir le rebut. Je vous donne ma parole d’honneur que sur les 600 arrivés à cette division, il ne s’en trouve pas 20 qui aient cinq pieds quatre pouces et sur la totalité, nous en avons un tiers à réformer.
Il sera bien difficile d’organiser le bataillon de paix dans les 29e et 17e légères tant que ces demi-brigades ne seront pas augmentées, la 1ère compris les conscrits, n’est fortes que de 1500 hommes, la 2e de 1900. Il serait bien essentiel encore de laisser leurs bataillons de paix rapprochés le plus possible des bataillons de guerre afin que l’instruction ne souffre pas. Nous en avons en cas de mouvements très besoin puisque les bataillons de paix de la 63e et 24e ne suffiraient pas pour les garnisons de Peschiera et de Brescia, et qu’aucun de ces bataillons de garnison ne passera dans ce moment 250 hommes, officiers et sous-officiers compris. Je vous propose donc de laisser à Peschiera les bataillons de garnison de la 29e et 63e et ceux de la 17e et de la 24e à Brescia. Par ce moyen, les bataillons de guerre deviendront plus disponibles et je n’aurai pas besoin de m’occuper des garnisons. Le service de cette division devient tous les jours plus dur, mon cher général, et les troupes sont cruellement fatiguées. J’ai 6500 hommes d’infanterie ; il y en a 400 aux avant-postes. Je n’ai pas les moyens de les faire relever. Veuillez, lorsque l’occasion s’en présentera, augmenter cette division d’une demi-brigade, et en attendant, ordonnez qu’il soit mis 3000 houppes 6000 paires de souliers et 6000 paires de bas à ma disposition. J’écris aussi au général en chef et le prie de faire fournir un escadron de troupes légères par celles aux ordres du général Richepanse en avant de Peschiera, afin que je puisse faire envelopper de coton mes pauvres cavaliers qui font depuis six semaines un service de hussards auquel les hommes et les chevaux ne sont pas accoutumés.
Où sera le quartier général du général moreau ; où sera celui du général Richepanse.
L’état-major de Dallons et les administrations suivront-t-elle à Reggio" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 79 page 177).
Dans les premiers jours de 1799, la situation de la 63e Demi-brigade est la suivante : Chef de brigade Brenier-Montmorand; 1er, 2e, 3e Bataillons, 2159 hommes à Brescia. Elle fait partie de la 2e Division sous les ordres du Général Grenier.
Le 3 janvier 1799 (14 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Guillaume : "J’ai reçu, citoyen général, votre lettre en date du 13 par laquelle vous me prévenez que le chef de la 29e brigade forme son bataillon de paix, je lui écris à ce sujet afin qu’il remplisse strictement les intentions du général en chef ; la destination du bataillon de paix de cette demi-brigade ainsi que de celui de la 63e sera provisoirement à Peschiera.
Les habitants de Sirmione se plaignent d’être trop surchargés de logement, si sans danger vous pouvez en retirer une compagnie, je vous invite à en augmenter la garnison" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 81 page 181).
Le même 3 janvier 1799 (14 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit également à l’Adjudant-général Compans : "En donnant l’ordre au chef de la 63e demi-brigade de faire partir les officiers, sous-officier et caporaux voulus par la lettre du général en chef afin de ramener de Gênes 200 conscrits, recommandez lui, je vous prie, de choisir ce nombre d’officiers, sous-officiers et caporaux parmi ceux destinés à former le bataillon de garnison de cette demi-brigade, attendu que tous ces conscrits feront partie de ce bataillon de garnison qui alors sera formé" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 182).
Egalement le 3 janvier 1799 (14 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit aussi au Chef de la 63e Demi-brigade : "Vous avez reçu, citoyen commandant, des instructions du général inspecteur sur la formation des bataillons de guerre et du bataillon de garnison. Ces instructions développent bien les détails de cette opération, mais laisse encore à désirer quelques explications nécessaires au bien du service ; en vous faisant connaître les intentions du général en chef sur cet objet, toutes les difficultés sont levées. Ses intentions sont de conserver dans les deux bataillons de guerre les officiers, sous-officiers et caporaux les plus capables, les plus instruits et les mieux en état d’entrer en campagne. Ils doivent surtout être toujours tenu aux complets, le bataillon de paix devant être en garnison et destiné à l’instruction des conscrits pouvant donc se composer d’hommes les moins forts et les moins robustes.
La destination de votre bataillon de garnison est Peschiera. Aussitôt que vous aurez préparé votre travail, vous m’en donnerez avis, et je fixerai le jour de la formation.
Les troupes de la Rocca d’Anfo rentreront sous peu de jours, j’ai communiqué votre lettre relative aux subsistances au chef du génie. Je crois qu’il y a erreur dans le rapport que vous a fait le commandant de votre détachement" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 82 page 183).
Le 4 janvier 1799 (15 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Citoyen Suchet, Général de Brigade, Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "... Les officiers de la 63e destinés à aller chercher les conscrits à Gênes partiront demain 17 de Brescia et arriveront à Gênes du 25 au 26 courant" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 83 page 184).
Le 5 janvier 1799 (16 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "Ma lettre du 14 de ce mois répond, citoyen commandant, à celle que le conseil d’administration de la demi-brigade que vous commandez a adressée au général inspecteur Gauthier. Les officiers qui seront placés aux bataillons de guerre y resteront toujours sans néanmoins priver ceux du bataillon de paix de l’ordre d’ancienneté, et l’avancement continuera de rouler conformément aux lois sur toute la demi-brigade. Je vous adresse ci-joint une décision en faveur des adjudants majors de la demi-brigade que vous commandez. Veuillez la renvoyer aux citoyens Nolurt" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 186).
Le 6 janvier 1799 (17 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "La municipalité de Salo s’est plainte à l’administration centrale du département, citoyen commandant, que le chef de bataillon Lelong a fait loger à Salo les soldats de son bataillon chez les habitants, quoique Salo ait toutes les fournitures et l’emplacement nécessaire pour le casernement de la troupe. Veuillez je vous prie rectifier ce qu’il y aurait d’irrégulier d’une part ou de l’autre" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 186).
Le 15 janvier 1799 (26 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Compans : "Vous donnerez ordre, citoyen général, au chef de la 63e de former sans délai son bataillon de garnison et de l’envoyer, conformément aux ordres du général en chef, en garnison à Peschiera. Si cette place n’a point de local pour ses ateliers, vous l’autoriserez à les établir à Lonato ; ceux de la 29e qui y sont devant suivre à destination de leur bataillon de garnison ; vous donnerez en même temps l’ordre au chef de la 29e de fournir la garnison de Peschiera conjointement avec le bataillon de garnison de la 63e demi-brigade, lorsqu’il y sera arrivé, ce bataillon ayant au moins 200 hommes pour faire le service. Il suffira que la 29e aie à Peschiera 4 compagnies pris sur les bataillons de guerre" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 189).
Le 15 janvier 1799 (26 Nivôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu votre lettre du 25 Nivôse. Il est nécessaire que votre travail se fasse au 1er du mois prochain. Tous les grenadiers propres à faire la guerre resteront à leurs compagnies, et si vous avez des sous-officiers et caporaux de grenadiers surnuméraires, vous pouvez en placer en proportion de la force des compagnies de grenadier à leur suite" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 86 page 190).
Le 27 janvier 1799 (8 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e de Bataille (sic) : "Rien n’empêche, citoyen, que vous n’employez dans vos deux bataillons de guerre des officiers, sous-officiers et caporaux surnuméraires à la suite de chaque compagnie ; vous êtes en conséquence autorisé à rappeler ceux propres à supporter les fatigues de la guerre et à les placer à la suite des compagnies dans les bataillons de campagne" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 88 page 195).
Le 27 janvier 1799 (8 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Gareau : "Les circonstances exigeant de nouvelles dispositions dans la répartition des troupes composant la division que je commande, je vous charge, citoyen général du commandement de la 1ère brigade, composée : de la 29e légère, 106e de bataille, bataillon de garnison de la 63e (uniquement destiné pour la garnison de Peschiera), une compagnie d’artillerie légère, un escadron du 9e régiment de chasseurs.
Cette brigade comprend dans son arrondissement les villages en avant de Peschiera jusqu’à la ligne autrichienne ; à sa droite les postes de la division Delmas et à sa gauche le lac de Garda, Peschiera pour son centre ; Castiglione, Montechiaro et autres villages sur la Chiese comme réserve.
J’écris au général Guillaume afin qu’ils vous fasse remettre les différentes instructions qu’il a reçu et donné, tant pour la défense de Peschiera que pour la surveillance des avant-postes et du lac de Garda ; vous y ferez en me les soumettant les changements que vous croirez nécessaires ; le but de la surveillance aux avant-postes en avant de Peschiera est d’être exactement informé des dessins et des mouvements de l’ennemi ; ces avant-postes occupent les villages de Saint-Georges, Castelnuovo, Sandra, Passengo et Lazise, ainsi que Cavalcaselle ; ces troupes sont trop disséminées pour exiger qu’elles combattent de pied ferme sur cette ligne en cas d’une attaque subite et imprévue ; elles ne doivent combattre partiellement qu’autant de temps qu’il leur sera nécessaire pour faire leur retraite avec sûreté sur Peschiera, si les forces de l’ennemi les empêchaient de s’arrêter à Castelnuovo et Cavalcaselle, quoi que ce premier village sous couvert d’une ligne de retranchements. Ces avant-postes continueront d’être commandés sous vos ordres et votre surveillance par le citoyen Balleydier, chef de la 29e demi-brigade l’infanterie légère ; la flottille du lac de Garda commandée par le citoyen Pons faisant partie de la défense de Peschiera et de votre commandement. Cet officier ainsi que le commandant de la place, les officiers d’artillerie et du génie qui y sont employés recevront ordre de correspondre avec vous. Ils continueront néanmoins ainsi que les chefs des corps à correspondre pour tous les détails avec le chef de l’état-major de la division et lui enverront directement leurs états de situation.
Vous établirez la 106e demi-brigade en seconde ligne sur la Chiese de manière à pouvoir rassembler en moins de deux heures ; cette réserve ayant pour but de soutenir et de renforcer aux avant-postes en cas d’attaque. Vous indiquerez comme premier point de rassemblement les hauteurs de Castiglione ; vous ferez à cet effet occuper cette commune par quelques compagnies d’infanterie, ce point intermédiaire entre vos avant-postes et votre réserve me paraît aussi très convenable pour l’établissement de votre artillerie et cavalerie, vous établirez de vos avant-postes à Peschiera et de là jusqu’à Montechiaro des signaux d’alarme qui puissent être vus ou entendus de tous vos cantonnements. A ces signaux toutes les troupes de la réserve doivent se mettre en marche pour se rendre au rassemblement indiqué, d’où vous les dirigeriez d’après les ordres que je donnerai étant nécessaire que vous me préveniez en moins de deux heures des mouvements hostiles de l’ennemi.
Dans le cas où vous seriez prévenu de la marche des ennemis avant qu’ils n’attaquent vos avant-postes et que vous le soyez assez à temps pour réunir toutes vos troupes, et pour m’en donner avis, vous vous porteriez alors à Castelnuovo et Cavalcaselle où je m’empresserai de venir pour rejoindre avec toutes les troupes disponibles. Cette position est assez avantageuse pour s’opposer pendant quelque temps aux efforts de l’ennemi s’il nous laisse le temps de la réunion.
Si l’armée française commençait les hostilités, vous recevriez des ordres en conséquence des dispositions du général en chef.
Vous aurez attention de correspondre journellement avec moi et d’avoir aussi des relations avec l’officier commandant les avant-postes de la division Delmas.
Les déboursés que vous serez dans le cas de faire pour dépenses secrètes vous seront remboursés par moi à votre première demande ; je vous invite à vous rendre sans délai à Peschiera, et de voir avant votre départ le commissaire des guerres Leorat pour vous assurer si les subsistances sont assurées sur la Chiese pour votre seconde ligne" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 89 page 196).
Le 31 janvier 1799 (12 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu en même temps, citoyen, vos lettre des 10 et 11 de ce mois ainsi que celle du citoyen Pedezzoly incluse dans la dernière ; remerciez en mon nom le citoyen Pedezzoly et engagez le à vous continuer ses rapports" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 200).
Le 3 février 1799 (15 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade : "J’ai reçu vos deux lettres du 13, citoyen commandant. Je n’ai pas du tout pensé à aller visiter la rivière de Salo dans ces temps pluvieux.
Je ne crois pas aux Autrichiens des intentions bien offensives, cependant il faut les surveiller. Les fusées que vous m’avez demandées il y a quelque temps sont prêtes, lorsque vous aurez occasion d’envoyer quelqu’un à Brescia, je vous les ferai remettre.
Je suis instruit que plusieurs commandants de cantonnements se permettent de favoriser l’exportation des grains dans plusieurs communes, surtout depuis Maderne jusqu’au-delà de Garignano, et ce sous différents prétextes, veuillez les prévenir que si jamais l’un ou l’autre y était pris, j’en ferai un exemple si sévère que l’ordre en renaitra" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 201).
Le 11 février 1799 (23 pluviôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 63e Demi-brigade :"Je vous préviens, citoyen, que j’ai donné des ordres pour que la demi brigade que vous commandez soit relevée le 1er et le 2 ventôse dans les cantonnements qu’elle occupe. Votre bataillon de garnison viendra occuper le château de Brescia, et ma promesse sera remplie.
Je vous invite à donner au chef de la 24e tous les renseignements qui lui sont nécessaires pour être au courant de la surveillance de la rivière de Salo. Vous remplirez ce but en lui donnant un précis sommaire de l’ordre établi, tant pour la défense que pour la police du lac, des points à occuper en cas d’attaque, de ses relations avec les personnes qui nous serons qui nous servent tous les rapports secrets et avec le commandant de la marine au besoin, vous pourrez aussi lui donner connaissance des différentes lettres de service que je vous ai adressées" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 92 page 203).
Le 2 mars 1799 (12 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 24e : "J’ai donné des ordres, citoyen commandant, pour qu’il vous soit envoyé une caisse de cartouches. Comme ces caisses n’en contiennent qu’environ 5000, je vais encore vous en faire expédier une seconde. Je vais aussi demander au chef de la 63e qu’il se fasse rendre compte du dépôt qui existait à Provera ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 215).
Le même 2 mars 1799 (12 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit donc également au Chef de la 63e : "Le chef de la 24e me rend compte, citoyen commandant, qu’au lieu de mille cartouches qui devaient exister au dépôt à Gardola, il ne s’en est trouvé que 350 à Gardola et aucune à Prouvera où cependant il devait s’en trouver mille ; l’officier de ce dernier poste doit avoir dit à celui qui l’a relevé qu’elles avaient été consommées. Veuillez-vous faire rendre compte de celles consommées et m’en faire part" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 215).
A l'annonce de l'approche des Russes, Schérer, qui commandait l'Armée d'Italie, concentre ses troupes pour chasser les Autrichiens de leurs positions sur le bas Adige, avant l'arrivée de leurs alliés.
Le 16 mars 1799 (26 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit au Chef de l’Etat-major général de l’Armée d’Italie : "Par votre courrier du 24, vous m’adressez, citoyen général, la nouvelle organisation de la division que je dois commander, et vous me faites connaître les mutations qu’a ordonné le général en chef ...
Vous m’avez, en conséquence de ces dispositions, ... prévenu ... que le bataillon de garnison de la 17e légère ferait conjointement avec celui de garnison de la 63e, la garnison du château et de la place de Brescia ; mais vous ne me parlez aucunement de la destination que vous donnez à la 63e Demi-brigade, et qui n’est pas comprises dans le tableau de la nouvelle formation ... Je vous avoue que ces changements me peinent, et qu’il m’est désagréable de voir dissoudre cette division au moment d’entrer en campagne, d’autant plus que je crois avoir contribué à son organisation et à sa discipline ...
Veuillez me faire connaître bientôt la destination que vous donnez à la 63e ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 227).
Le 16 mars 1799 (26 Ventôse an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Garreau : "Une nouvelle division s’organise, mon cher général, sous le nom de division du Tyrol ; elle sera commandée par le général Serrurier et occupera les avant-postes en avant de Peschiera, Montechiaro, Castiglione, Lonato et Desenzano ; ainsi vous serez relevé dans ces fameux postes ; ayez soin surtout qu’il ne nous arrive rien de désagréable dans ces derniers jours à Lazise et environs.
Par suite de cette nouvelle organisation, la 29e légère et la 63e quittent ma division ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 229).
Armée française d'Italie, 19 mars 1799 (Nafziger - 799CMB) Commandant : Général Scherer Source : Miliutin, “Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799”, Munich: 1856. |
Le 19 mars, les 1er et 2e Bataillons de la 63e quittent Brescia pour se rendre à Crémone.
Le 20 mars 1799 (30 Ventôse an 7), le Général de Division écrit au Chef de l’Etat-major général : "Je reçois à l’instant, citoyen général, votre lettre du 29 par laquelle vous me mandez que l’intention du général en chef est que les bataillons de guerre qui composent cette division soit sur le champ disponibles, et qu’à cet effet, je dois faire relever les postes établis vers le lac de Garde par le bataillon de garnison de la 63e demi brigade ...
Je dois observer au général en chef que dans ce moment, un bataillon de garnison ne peut suffire à la garde des postes du lac de Garde, du torrent de Saint-michel et de la Val Vestino, points sur lesquels l’ennemi peut déboucher pour arriver sur Salo, sur Gavardo et même sur le Ponte Libero, autrement dit pont Sainte-Marie sur la Chiese ; cette observation ne m’empêchera pas de mettre à exécution l’ordre que vous me transmettez mais je dois vous prémunir contre les événements ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 106 page 231).
Armée française d'Italie dans la République Cisalpine, 1er Germinal an VII - 21 mars 1799 (Nafziger - 799CAI) Général commandant : Général de Division Scherer Source : Gachot, Les Campagnes de 1799, Souvarow en Italie, Paris, 1903 |
De Crémone, les 1er et 2e Bataillons se dirigent sur Mantoue, où ils arrivent le 24. Le 25 au soir, nous sommes devant Vérone. Le 26 mars, dés le point du jour, Schérer fait attaquer les dehors de cette place qui sont pris et repris sept fois. Dans cette action, la 63e perd 400 hommes et son Colonel (sic) est blessé.
Armée Française fin mars 1799 Division de Réserve : Général de Division Hatry Nafziger - 799CAG |
Le 4 avril, la 63e était à la bataille de Magnano, où l'on se battit jusqu'à 6 heures du soir, avec un acharnement peu commun. Là encore nous laissons 300 hommes sur le terrain. Le 5 (?) avril 1799, le Chef de Brigade Brenier de Montmorand est donné blessé au combat de Magnano.
Malgré toute l'énergie et la ténacité de nos troupes, il fallut battre en retraite. Le Général Moreau vient alors prendre le commandement de l'armée (fin avril). Nous sommes sur l'Adda; pendant que la Division Grenier, dont la 63e forme l'avant-garde, se dirige sur Vaprio, un détachement de la Demi-brigade garde la tête de pont de Cassano avec la 106e.
Le 25 avril 1799 (6 Floréal an 7), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant-général Drouot : "En conséquence des dispositions arrêtées par le général en chef, la division que je commande doit appuyer sa droite à Cazzano et sa gauche à Cassano, se liant du premier point avec la division du général Victor et du second avec le général Serrurier qui doit occuper Vaprio. C’est dans ces vues que je donnai ordre à un bataillon de la 63e demi-brigade d’occuper Groppello et de communiquer par des patrouilles continuelles avec Vaprio ; mais la division Serrurier n’étant pas encore arrivée sur ce point et craignant qu’elle ne tarde encore plus longtemps, j’ai donné cette nuit l’ordre d’y porter le bataillon de la 33e cantonné à Groppello, un escadron du 24e régiment de chasseurs et une pièce d’artillerie légère ; veuillez mon cher Drouot aller prendre le commandement momentané de ce détachement, qui a pour but d’empêcher que l’ennemi ne s’empare du pont volant au bac qui existe sur l’Adda entre Vaprio et Camonica, de faire passer ce bac sur la rive droite et dans le cas où l’ennemi ou les propriétaires s’y opposeraient, de le couler bas ou de le brûler ; ce détachement doit encore observer particulièrement le poste de Trezzo où il doit exister un autre passage, vous le ferez détruire et surveiller.
Aussitôt que la division serrurier se présentera pour occuper ces différents postes, vous les évacuerez et vous replierez avec les différentes troupes sur Cassano, pour rejoindre la division ; veuillez-vous assurer aussi si de Vaprio à Cassano il n’existe sur l’Adda d’autres moyens de passage, soit par bac, barque, ou par gués" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 244).
Le 27 avril, nous atteignons Vaprio sur la rivière Adda, qu'occupent les Autrichiens ; le combat ne tarde pas à s'engager avec violence. Le village est pris, rcpris, perdu, enlevé encore ; c'est en vain que les ennemis viennent s'établir perpendiculairement à l'Adda, menaçant ainsi notre ligne de retraite; on ne songe pas un instant à se retirer. Moreau est accouru pour soutenir de sa présence nos soldats qui nc veulent pas reculer, et qui ne se battent plus qu'à coup de crosse et de baïomette. Le Colonel (sic) Brenier est blessé d'un coup de baïonnette au front, près de 400 hommes de la 63e sont hors de combat et la lutte acharnée continue toujours. Mais les Autrichiens ne cessent de recevoir des renforts. Moreau ordonne alors la retraite. Dans cette mémorable jourmée, la 63e avait soutenu seule, de 6 heures du matin à 11 heures, tous les efforts de l'ennemi. Aussi, pour la récompenser de sa vaillance, son Colonel (sic) allait être promu Général de Brigade quelques jours après.
A noter qu'il semble que le drapeau du 2e Bataillon de la 63e a été pris par les Autrichiens : cela n'est pas mentionné dans l'Historique régimentaire mais mentionné par le Général Adolenko qui fait référence à Hollander et ajoute par ailleurs "Grenier perdit les deux drapeaux de la 63e remis aux Autrichiens".
Pour terminer cette journée, il nous faut dire un mot du détachement que nous avons vu gardant la tête de pont de Cassano. Il résista longtemps à tous les efforts de 1'ennemi ; et, lorsque ces braves gens reçurent l'ordre de battre en retraite, ils ne le firent qu'après avoir détruit les ouvrages de la tête de pont et mis le feu au pont lui-même.
Après tous ces combats contre des forces doubles des siennes, la Division Grenier se trouvait affaiblie d'environ 3,000 hommes. Elle fut alors dirigée sur Milan, puis sur Bufalora, et de là sur Turin. Le 7 mai, l'armée prit position dans les environs d'Alexandrie; puis, quelques jours après, la Division Grenier est concentrée sous Valence avec celle de Victor.
Mais le 12, Moreau ayant eu connaissance que les Russe avaient franchi le Pô, près de Bassignano, dirige ses troupes sur ce point, ne laissant devant Valence que la 63e Demi-brigade pour observer l'ennemi qui, depuis le matin, menaçait cette ville. Bientôt, elle est attaquée dans la position que seule elle était chargée de couvrir; 3 Officiers et 97 hommes restèrent sur le champ de bataille. L'armée ayant dû battre en retraite, la 63e vint rejoindre la Division Grenier, et le 16 nous franchissons la Bormida, après un nouvel engagement dans la plaine de San-Giulano. Cependant, les renforts arrivaient de toutes parts à l'ennemi, tandis que nos forces allaient sans cesse en diminuant ; Moreau dut alors se résoudre à se jeter dans les montagnes pour entrer en Ligurie, et la Division Grenier fut chargée de couvrir le débouché de Loano (6 juin). Mais a la suite de la bataille de la Trebbia, l'armée de Naples ayant rejoint Moreau, celui-ci put réorganiser son armée. La 63e passe sous les ordres du Général Gouvion Saint-Cyr, qui prend le commandement de la Division Grenier (fin juin). Le mois de juillet se passa sans incidents remarquables.
Pendant ce temps, notre 3e Bataillon portait haut et ferme l'honneur de la 63e Demi-brigade. Après avoir quitté Brescia, il est dirigé sur Alexandrie et de là sur Tortone, où il se trouva pendant le blocus de cette place par les Russes. Nous dirons plus loin l'honneur qu'il sut y acquérir.
Dans le courant de juillet, le Colonel (sic) Villaret avait été appelé au commandement de la 63e Demi-brigade, en remplacement du Colonel (sic) Brenier, promu Général de Brigade par décret du 15 juin.
Armée française d'Italie, 27 thermidor an 7 - 16 juillet 1799 (Nafziger - 799GBA) Commandant en Chef : Général de Division Joubert Source : Gachot |
Joubert vint, le 4 août, prendre le commandement de l'Armée d'Italie en remplacement de Moreau.
Armée française d'Italie sous Joubert, août 1799 (Nafziger - 799HMD) Général Commandant : Joubert Source : Miliutin, “Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799”, Munich: 1856. |
Voulant forcer Souvarow à lever le siège de Tortone, Joubert résolut de lui livrer bataille. Le 13 août, il s'empare de positions importantes dans les vallées de l'Orba et de la Bormida.
Armée française face à Souvarov en Italie, 14 août 1799 (Nafziger - 799HCP) Général Commandant : Général de Division Joubert Source : Gachot, "Les campagnes de Souvarow en Italie", Paris, 1903 |
Le 15, les deux armées se trouvèrent en présence à Novi.
Situation de l'Armée d'Italie à Novi le 15 août 1799 (Nafziger - 799HBE) |
Armée française d'Italie à la bataille de Novi, 15 août 1799 (Nafziger - 799HBD) Général Commandant : Général de Division Joubert |
La 63e, placée au centre sous les ordres supérieurs du Général Gouvion Saint-Cyr, appartenait à la Division Laboissière, Brigade Quesnel selon l'Historique régimentaire, et avait un effectif de 1,030 hommes. C'est en vain qu'à trois reprises différentes les Russes se lancent sur la position qu'occupait la 63e sur les hauteurs à gauche de Novi ; trois fois ils sont repoussés. Huit des Sous-officiers qui tinrent le drapeau du Bataillon du centre dans cette journée, furcnt tués. Nos ailes ayant dû se replier, nous fûmes obligés d'abandonner ce point à notre tour et de battre en retraite. Elle se fit en bon ordre et encore une fois sous la protection de la 63e, que nous trouverons partout où il y a une mission de dévouement et de sacrifice à accomplir.
"La nuit termina enfin ce combat qui n'était plus qu'une boucherie et qu'on peut regarder comme un des plus sanglants qui aient jamais été donnés. Les Français se battirent avec un courage inexprimable contre des forces supérieures en nombre et firent acheter cher la victoire aux alliés. Souvarow dit qu'il n'avait jamais vu de combat aussi féroce, ni aussi opiniâtre. Un général autrichien s'écria, après avoir visité le champ de bataille : "Je ne vois sur les visages des Allemands et des Russes que la tranquille image de la mort; au lieu que sur les traits inanimés des Francais je vois l'expression de la fureur et de la rage; leurs cadavres semblent vouloir s'élancer encore sur leurs ennemis pour les déchirer" (Victoires et Conquêtes).
Un arrêté du Premier Consul confirma plus tard la nomination du Chef de Bataillon Lelong de la 63e au grade de Chef de brigade qui lui avait été conféré sur le champ de bataille de Novi. Aussitôt après cette victoire, si chèrement achetée, Souvarow fit presser vigoureusement le siège de Tortone, où se trouvait, avons-nous dit, notre 3e Bataillon. Les sommations du Général russe furent d'abord repoussées avec indigniation par la garnison qui s'attendait toujours à être secourue et qui, journellement, exécutait des sorties. Mais, enfin réduite à 1,200 hommes, elle dut capituler le 12 septembre. Notre 3e Bataillon exigea que la capitulation lui laisserait son drapeau (il avait été pris, mais fut renvoyé par Souvorov en hommage à l'héroïque défense de la place depuis le 5 août), avec lequel il traversa fièrement toute l'Allemagne, bien moins comme un Bataillon prisonnier de guerre, que comme une troupe changeant de garnison.
Après la bataille de Novi, l'Armée d'Italie se concentra sur la Rivière de Gênes. La 63e Demi-brigade ne comptait plus alors que 615 hommes à son effectif.
Fin août 1799, la Division Laboissière se compose de la Brigade Quesnel (14e et 68e Demi- brigades de Ligne, à Montenotte ; 24e Demi-brigade de Ligne, à Pian del Merla ; 63e Demi-brigade de ligne, à Santo-Bernardo ; 6e Hussards, à Arbizola) et de la Brigade Gardane (17e et 18e Demi-brigades légères, à Sassello ; 21e Demi - brigade de ligne , à Stella) (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 97).
La fin de l'année 1799 se passa ainsi en luttes continuelles, dans lesquelles nos effectifs fondirent encore, pendant que la misère allait croissant chaque jour.
Le 6 septembre 1799 (20 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Duhesme : "N’ayant pu me procurer mon cher général un état de situation exact de ce qui composait l’ancienne armée des alpes, je vous invite à vouloir diriger sur Mont-Lion toutes les troupes qui ne seront pas comprises dans le tableau de votre division, et qui cependant pourraient se trouver dans votre arrondissement. La 63e que vous avez en ce moment passe à la 1ère division, veuillez en conséquence l’envoyer au camp de Tournoux ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 134 page 289).
Le 10 septembre 1799 (24 Fructidor an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Compans : "J’ai reçu cette nuit, mon cher général, vos lettres des 21 et 22 de ce mois. Votre reconnaissance a parfaitement réussi puisque vous empêchez l’ennemi de se dégarnir des environs de Savigliano et Fossano pour se porter sur Pignerol qui est véritablement très en l’air. J’ai communiqué mes craintes sur ce point au général Duhesme dans une entrevue que j’ai eue avec lui le 22 de ce mois à Briançon ; nous sommes cependant obligés de le tenir pour tâcher d’approvisionner Fenestrelle, et faire réussir s’il est possible une expédition que je me propose de faire et dont je vais vous parlez.
Lors de notre retraite d’Italie on a jeté dans Fenestrelle un parc de campagne, nous en avons le plus grand besoin ; déjà nous avons retiré et évacué sur Briançon quelques pièces d’artillerie, mais les chemins sont si impraticables qu’il est impossible d’y faire passer les caissons. J’ai donc le projet de faire passer une partie de ce parc, environ 25 voitures, par Pignerolle, Saluces, Costigliole, Busca, Caraglio, et Demonte pour être ensuite dirigé sur Mont- Lion par les vallées de Stura et de l’Arche ; pour y parvenir le général Duhesme doit réunir incessamment tous les mulets et chevaux de trait du Briançonnais à Fenestrelle, ce parc sera conduit à Pignerolle par le bataillon de la 63e et l’escadron du 3e régiment qui doivent se rendre à la 1ère division ; avant que ce convoi partent pour Saluces, le général Lesuire qui est à Pignerolle attaquera l’ennemi à Villafranca ; vous serez prévenus à temps du jour de cette attaque, afin que le même jour vous puissiez porter un fort parti sur Saluces et y combattre l’ennemi, s’il y était, en même temps que vous ferez mine d’attaquer Savigliano et que vous attaqueriez réellement si l’ennemi ne l’occupait pas trop en force ; pendant que le général Lesuire serait en position à Villafranca, vous en arrière de Savigliano, et un fort parti à Saluces, mon convoi escorté par environ 1200 hommes serait arrivé sur le Pô, à cheval, d’où il serait dirigé après avoir rafraîchi par Costigliole, sur Busca, et le lendemain à Demonte ; afin de ne rien donner au hasard, il est nécessaire, mon cher Compans, de tenir le secret sur cette opération et de faire quelques dispositions préparatoires ; je désire en conséquence que vous puissiez au reçu de la présente faire camper sans vous compromettre un corps d’environ 3000 hommes de bonnes troupes à Busca, conservez votre camps de Vignolo et avoir un corps respectable à Caraglio afin que vous ne puissiez être inquiété dans votre retraite si vous étiez attaqué par des forces supérieures ; les avant-postes du corps placé à Busca pourraient être à Costigliole et du côté de Villafalet, en ne souffrant pas que l’ennemi occupe Tarantasca ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 138 page 298).
Le 20 septembre 1799 (4e jour complémentaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Duhesme : "Je ne suis rentré que cette nuit de la course que je viens de faire, mon cher général, j’ai trouvé à mon arrivée votre lettre du 2. Je pense que vous avez reçu copie de la lettre que je chargeai le chef de l’état-major d’écrire au général Lesuire relativement à la position de Pignerol et au mouvement qu’il devait faire faire par la montagne à la 63e et au bataillon de la 17e pour se rendre à la division Muller, passant par Château Dauphin ...
Comme il est possible que la lettre adressée au général Lesuire ne lui soit pas parvenue, étant portée par un paysan de Vignole, je vous prie de lui en renouveler la substance portant de faire passer en sûreté à la division Muller les deux bataillons 63e et 17e en les faisant diriger par un officier intelligent …" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 148 page 318).
Le 21 septembre 1799 (5e jour complémentaire an 7), le Général de Division Grenier écrit au Général Muller : "J’ai reçu, citoyen général, votre lettre du 3e jour complémentaire. Je pense comme vous que l’ennemi a détaché un fort corps de troupes de celles qu’il avait devant votre division. Tâchez d’être bien instruit de ses mouvements, harcelez-le, mais n’engagez rien de sérieux. Nous devons aguerrir nos soldats, mais en rien compromettre, à moins d’un mouvement général, ou dans le cas où l’ennemi voudrait faire en votre présence le siège de Coni. Le bataillon de la 63e et celui de la 17e vous arriveront incessamment par les montagnes, profitez-en pour balayer les Barbets qui pourraient par la vallée de Magre et de Grana venir inquiéter vos dernières.
Je compte beaucoup, mon cher général, sur vos rapports, sur vos idées, connaissances militaires et sur notre amitié, en communiquant réciproquement et avec confiance, nous nous rendrons utiles au bien public et nous déjouerons le projet de nos ennemis ; je ne doute pas qu’ils ne cherchent à nous attirer en plaine. C’est ce qu’il faut éviter en conservant vos positions actuelles et en assurant bien votre flanc gauche. Je crois même qu’il serait très avantageux de faire retrancher vos positions de Cavaglio et de Vignolo" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 150 page 322).
Le 22 septembre 1799, Championnet arrive au Quartier général de Gênes pour prendre le commandement en chef. A cette date, la 63e de Ligne et les 17e et 18e Légères occupent Ponzone (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 99).
L'attaque de Mondovi, que les Autrichiens occupent en force, présente de sérieuses difficultés. Championnet prescrit à Laboissière d'envoyer provisoirement à la Division Lemoine la Brigade Gardanne, qui est composée, le 26 septembre 1799, de la 17e Légère, de la 63e de Ligne et d'un détachement de 50 hommes du 6e Hussards (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 100).
Le 3 octobre 1799 (11 Vendémiaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Général en chef : "J’ai reçu hier soir, mon cher général, votre lettre du 5 de ce mois. Par la mienne de la même date, vous aurez dû voir que j’ai prévenu vos intentions et que la division du général Muller sera renforcée du 14 au 16 de quatre bataillons et du 14e régiment de cavalerie. Je vous prévenais en même temps que je laissais la gauche sur la défensive sous les ordres du général Duhesme, et que mon quartier général serait aux environs de Coni. Je l’ai fixé provisoirement à Demont où je serai le 13 de ma personne.
Je vous ai déjà plusieurs fois fait connaître mon opinion sur Coni, je ne crois pas que l’ennemi veuille en entreprendre le siège devant nous, il est en ce moment sur la défensive et attend que les neiges vous forcent d’abandonner cette place à ses propres moyens, et c’est à quoi vous devez vous attendre, si vous n’êtes pas sûr de vous établir en Piémont.
Nous sommes, mon cher général, dans la plus grande misère, sans vivres, sans habillement, et sans un centime d’argent. Je presse les administrations centrales de faire verser ce qu’elles doivent sur le dernier rappel mais cette ressource est à peu près épuisée, et nous n’avons aucun moyen de faire arriver du Rhône et de la Saône ce que vous avez fait rassembler.
La division du général Muller sera composée le 14 de ce mois ainsi qu’il suit : 3e demi-brigade d’infanterie légère, trois bataillons ; 10e de bataille, trois bataillons ; 87e idem, trois bataillons ; 47e idem, trois bataillons ; 63e idem, un bataillon, 33e idem, un bataillon ; 80e idem, un bataillon ; 13e légère, un bataillon. Total : 16 bataillons.
3e régiment de chasseurs 400 chevaux, 14e idem 250 chevaux, 14e de cavalerie 250 chevaux ; différents détachements amenés par le général Richepanse 500 chevaux. Total 1400 chevaux.
Deux compagnies d’artillerie légère servant dix bouches à feu. Vous jugerez, mon cher général, que des 16 bataillons désignés ci-dessus, les quatre derniers sont nécessaires pour garder la vallée de Vraito, de Grana et nos derrières dans la vallée de Stura pour empêcher que nous communication ne soit coupées et nos munitions et vivres pillés par les Barbets qui fourmillent dans cette contrée. Il reste par cette disposition environ 8000 hommes d’infanterie avec 1400 chevaux et 10 bouches à feu disponibles.
Le général Duhesme de son côté n’a que 12 bataillons pour garder la vallée d’Aoste, le Mont-Cenis, le mont Genève, le col de l’Assiette, la vallée de Queyras, les garnisons de Fenestrelle, fort Queyras, Mont-Lion et Briançon bien sûrement. Je ne puis plus rien en distraire.
Conformément à vos ordres, je vais faire prévenir le général Laviolai commandant les troupes qui couvre le col de Tende, qu’il est à la disposition du général Victor auquel vous ordonnez sans doute d’étendre sa gauche jusqu’à Coni, les troupes qu’il reçoit en renfort ayant eu cette destination et ne m’en ayant servi que pour établir une communication avec Victor.
Ci-joint vous trouverez le précis de quelques lettres que je vous ai adressées et dont il paraît que vous n’avez pas eu connaissance" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 164 page 350).
Le 26 Octobre 1799 (4 Brumaire an 8), le Général de Brigade Davin écrit, depuis Dronero au Général Grenier, commandant la 1ère Division de droite de l’aile gauche, armée d’Italie, à Coni : "L’adjudant général Drouot, par sa lettre du 2 courant, me mande, général, que vous désirez que je vous envoie l’état des contributions et autres impositions dont j’ai versé le montant entre les mains du général Muller. Je m’empresse de satisfaire à votre demande ...
L’imposition de 3000 livres que j’avais imposée à Venasque pour sa rébellion a été remplie et il a été distribué savoir : 1000 livres au 3e bataillon de la 3e Demi brigade d’infanterie légère, 1000 livres à celui de la 63e, et 1000 livres à celui de la 80e et ils s’en sont chacun fait faire des souliers, et cet emploi, s’est exactement rempli ...
Salut et fraternité ..." (Papiers du général Paul Grenier. II Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 146 pages 305-308).
Le 26 octobre 1799 (4 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit au Commissaire des Guerres Ploumiers ( ?) : "... L’état de situation que vous demandez doit vous être fourni par l’adjudant général Flavigny chef de l’état-major de la division que je commande ; veuillez-vous adresser à lui pour cet objet. Il est chargé encore de vous prévenir que la division sera établie demain à la pointe du jour dans les positions ci-après, afin que vous puissiez y faire arriver les subsistances.
... Brigade du général Davin, à Dronero, un bataillon de la 17e, un bataillon de la 88e ; à Bernezzo, un bataillon de la 17e, un bataillon de la 28e ; à Caraglio, un bataillon de la 63e.
... Il sera nécessaire aussi que vous vous établissez à Vignolo afin de pouvoir de concert avec le chef d’état-major prendre les mesures propres à assurer les transports ; les agents que vous aurez ici suffiront sans doute pour diriger les subsistances sur les postes où seront les troupes, et que vous serez dans le cas de leur désigner" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 180 page 381).
Le 27 octobre 1799 (5 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Coni, à l’Adjudant général Flavigny : "Vous voudrez bien, citoyen général, mettre à l’ordre de ce jour les dispositions suivantes.
La 1ère division de l’aile gauche sera divisée en quatre brigades.
... La 4e brigade sera composée de deux bataillons de la 17e légère, un bataillon de la 63e de ligne, un bataillon de la 80e, détachement du 3e de dragons, aux ordres du général Davin.
Le commandement de l’artillerie de la division fera de suite les dispositions nécessaires pour faire placer à chaque brigade les bouches à feu désignées" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 180 page 382).
Le 27 octobre 1799 (5 Brumaire an 8) encore, le Général de Division Grenier établi, depuis son Quartier général de Coni, l'ordre de marche pour la journée du lendemain : "La division sera mise en mouvement demain à 10 heures du matin dans l’ordre suivant.
La brigade aux ordres du général Compans composée de la 10e demi-brigade de ligne, de la 87e idem, du 3e régiment de chasseurs à cheval et de quatre bouches à feu, sera réunie un quart avant dix heures du matin. Elle marchera sur Centallo ; ses postes avancés rentreront lorsque la colonne sera à leur hauteur ; le général Compans aura soin de s’éclairer dans cette marche par sa droite pour communiquer avec la brigade du général Calvin qui doit se porter sur Ronchi, afin d’avoir de ses nouvelles et être à sa hauteur par sa gauche sur San Benigno pour communiquer avec la brigade du général Lesuire qui marchera sur Tarantasca.
La brigade du général Lesuire composée de la 3e légère, du 10e de hussards et de 3 bouches à feu sera réunie entre Saint-Bernard et Passator à dix heures du matin ; elle sera dirigée de suite sur Tarantasca ; le général Lesuire s’éclairera sur sa droite par San Benigno pour communiquer avec la brigade du général Compans et par sa gauche sur Villafalet pour communiquer avec la brigade du général Davin.
La brigade du général Clément composée d’un bataillon de la 28e légère, de la 47e demi-brigade, et de deux bouches à feu, sera de même réunie à dix heures du matin et suivra la brigade du général Lesuire à quatre cents toises de distance.
Le général Davin tâchera d’être maître de bonne heure de la position de Busca où il doit réunir sa brigade composée de 2 bataillons de la 17e légère, d’un bataillon de la 63e, d’un bataillon de la 80e et du détachement du 9e de dragons.
Le général Davin laissera un poste de 100 hommes environ à Caraglio, quittera Busca à 10 heures du matin et marchera sur Villafalet ; il aura soin de laisser un corps de 300 hommes au moins dans la position de Busca ; ce corps commandé par un officier intelligent servira à empêcher que l’ennemi venant de Costigliole ne vienne inquiéter ses derrières, le général Davin aura soin de se faire bien éclairer sur sa gauche et communiquera par sa droite avec la brigade qui marche sur Tarantasca.
Les généraux de brigade recevront de nouveaux ordre de marche avant d’être arrivés sur les points qui viennent de leur être indiqués ; si les brigades rencontrent les postes ennemis, les généraux les feront culbuter sans souffrir qu’on s’amuse à tirailler ; les généraux et les chefs des corps doivent bien se pénétrer que la marche en colonnes est la plus sure et celle qui en impose le plus à l’ennemi ; ils maintiendront le plus grand ordre dans leur marche et ne souffriront rien qui puisse les embarrasser.
Les généraux et chefs de corps veilleront à ce que les soldats aient mangé la soupe et l’eau de vie distribuées avant de prendre les armes ; le commissaire des guerres a été chargé de veiller à ce que toute distribution soit terminée avant 9 heures du matin.
La brigade du général Compans sera suivie de deux caissons d’infirmerie, des caissons doubles appartenant aux bouches à feu de la brigade, chaque pièce dans la colonne ne devant être suivie que d’un caisson.
Après cette petite réserve marcheront les voitures de transport à la suite de la brigade ; un officier de santé de chaque corps et un nombre d’hommes par bataillon sans armes seront chargés d’amener les blessés sur le champ de bataille ; il sera désigné quelques officiers par corps pour surveiller tous ces détails ; le général Compans fera déposer les armes de ces hommes à Coni, mais non dans le magasin de la place, afin qu’ils puissent les faire reprendre quand il le jugera à propos.
Ces dispositions seront suivies dans les autres brigades dans les progressions de leur force et de leur attirail.
Le général Lesuire aura à sa suite un caisson d’infirmerie, et le général Clément deux ; cette dernière brigade sera suivie de l’ambulance et de toutes les administrations de la division ; le général Calvin se fera suivre des cartouches qu’il doit avoir en réserve et enverra chercher des cartouches s’il en a encore besoin pendant l’action, au parc de réserve.
Le parc de réserve de la division sera établi à la Madona del Olmo ; les généraux veilleront à ce que les caissons vides y soient échangés sur le champ ; la brigade du général Compans fournira une garde de 150 hommes au moins à ce parc, elle lui servira d’escorte s’il reçoit ordre de marcher.
Les armes des hommes chargés de transporter les blessés de la brigade Lesuire et Clément et Davin seront déposées et gardées à Vignolo par une garde de chaque corps. La 47e devra laisser un poste de cent cinquante hommes au moins dans ce village pour la garde des manutentions, magasins, etc. Ce détachement sera à la disposition du chef de bataillon Alex et sera chargé d’escorter les convois à la suite de la division en cas de besoins.
Le général de division Grenier sera toujours à la brigade du général Compans ou à celle du général Lesuire ; s’il s’absentait de l’une d’elles, les généraux qui les commandent sauront indiquer le point sur lequel il sera" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 261 page 553).
Le 1er novembre 1799 (10 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier adresse, depuis Vignolo, les "Dispositions générales pour la division aux ordres du général Grenier pour le temps qu’elle restera dans l’emplacement qu’elle occupe le 10 Brumaire.
En cas d’attaque de la part de l’ennemi sur le flanc de la division, le général de brigade Compans après avoir jugé par les dispositions de l’ennemi, si son attaque est réelle, ne laissera à la Madona del Olmo qu’un bataillon et un escadron du 3e de chasseurs, marchera par sa gauche et se réunira à la brigade du général Lesuire par sa première ligne composée de deux bataillons de la 10e et du restant du 3e de chasseurs en arrière du canal de Saint-Bernard, sa seconde ligne composée de la 87e, de son attirail d’artillerie et de ses moyens de transport marchant en arrière de sa 1ère ligne viendra se placer à la droite de la 47e à San Defendente, autrement dit aux quatre chemins ; le général Compans donnera pour instruction au chef de bataillon commandant à la Madona de défendre ce poste jusqu’à la dernière extrémité et dans le cas où il serait forcé dans cette position, de faire sa retraite sous les murs de Coni, d’où il remonterait la Sture jusqu’à la hauteur du pont brulé et reviendrai prendre la droite de la brigade du général Compans qui, en appuyant à gauche, devra néanmoins avoir attention de rester toujours le maître de la route qui conduit de Passatore à Coni par le pont brulé. La brigade du général Lesuire combattra de pied ferme en arrière du canal de Saint-Bernard, appuyée par sa droite de la première ligne du général Compans ; aussitôt que le général Lesuire se verra attaqué sérieusement, il en fera avertir le général Davin à Caraglio, qui se mettra en mouvement pas sa droite, passera la Grana en longeant les montagnes, et se dirigera du pont de Bernezzo sur Roch où il viendra appuyer à la gauche du général Lesuire qui, afin de faciliter le mouvement du général Davin, devra porter une partie de sa cavalerie en avant de Roch sur la route de Caraglio ; le général Davin fera tenir la même route au bataillon de la 63e établi à Ripalta ; aussitôt que le général Davin sera arrivé à hauteur de Bernezzo avec les 17e, 63e et son détachement du 9e régiment de dragons, il en préviendra le général Clément ; ce général retirera alors le bataillon de la 28e de Bernezzo excepté le détachement chargé de la défense du col de ce nom et qui devra se défendre jusqu’à la dernière extrémité, ayant sa retraite, s’il était forcé, sur la Roccasparvera, afin de couvrir les défilés qui conduisent de ce col sur ce point et dans la vallée de la Sture, le bataillon de la 80e ne pouvant se réunir par cette disposition à la brigade du général Davin, combattra à Dronero, s’il y était attaqué ; et s’il était forcé à sa retraite, il la ferait sur Pradleves et Castelmagno et s’établirait de manière à rester en communication avec Vignolo et à couvrir les défilés qui conduisent de ses positions à Demont. Le général Davin, en appuyant à la gauche du général Lesuire devra néanmoins rester maître de la route qui conduite de Caraglio à Vignolo et empêcher que l’ennemi y pénètre.
La brigade du général Clément en réserve à San Defendente appuiera par sa gauche aussitôt que le 2e ligne du général Compans sera arrivée à sa droite jusqu’à la grande route qui conduite de Vignolo à Caraglio, soutenant sur ce point le général Davin ; il placera en même temps le bataillon de la 28e légère revenu de Bernezzo sur le promontoire de Cervasca, à la pointe duquel toute la ligne se trouvera appuyée ; ce bataillon aura pour but dans cette position d’occuper tous les chemins et défilés qui conduisent de Bernezzo à Cervasca et Vignolo, et d’empêcher que l’ennemi ne jette des partis sur nos derrières.
Il résulte de ces dispositions que la division réunie combattra sur deux lignes et avec avantage dans un terrain plus resserré, mais afin que chacun soit à sa place sur de ce qu’il a à faire, les généraux de brigade feront reconnaitre les chemins qui conduisent sur les points désignés, feront connaitre aux chefs des corps tous les passages et défilés à occuper et à défendre pendant l’action, les dispositions ultérieures seront ordonnées par le général de division suivant les circonstances.
L’adjudant général chargé du détail de cette division de concert avec le commissaire des guerres, surveillera dès le commencement de l’attaque l’évacuation de tout ce qui est inutile à Vignolo, fera passer toutes les manutentions, vivres, équipages et les voitures de transport excepté celles nécessaires à l’ambulance sur la rive droite de la Sture à moitié chemin de Borgo San Dalmazzo ; l’ambulance restera à Vignolo, et il ne sera conservé près d’elle que les choses de première nécessité pour le premier appareil" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 266 page 566).
Le 2 novembre 1799 (11 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier expédie, depuis son Quartier général de Vignolo, les "Dispositions pour la première division de l’aile gauche pour la marche du 11 Brumaire.
Au reçu du présent ordre, le général Compans réunira sans délai les compagnies de sa brigade avec la cavalerie (le général Compans gardera cependant un escadron de chasseurs avec sa colonne) ; les six compagnies de grenadiers seront réunies en bataillon et commandée par un chef de bataillon désigné par le général Compans ; le chef du 3e régiment de chasseurs commandera cette colonne, il marchera sur le champ sur Centallo et aura avec lui une pièce d’artillerie.
Le général Lesuire fera former de même une colonne composée du 10e régiment de hussards (à l’exception toutefois d’un escadron qui restera au corps de sa brigade), des trois compagnies de carabiniers de la 3e légère et des trois compagnies de grenadiers de la 47e. Cette colonne aura avec elle une pièce d’artillerie et sera dirigée sur Centallo sous les ordres du général Mermet ; le général Mermet arrivé à Centallo prendra le commandement provisoire de ces deux colonnes en attendant que le général Richepanse soit arrivé. Il prendra position momentanément à Centallo et y attendra que les têtes des colonnes des Brigades Compans et Lesuire soient arrivées à cette hauteur ; aussitôt que celui de ces deux généraux Richepanse, Mermet, sera averti que les têtes de ces colonnes débouchent, il continuera sa marche et ira prendre position à Genola à l’embranchement des chemins qui se croisent et conduisent de Savigliano à Fossano et de Coni à Bra ; il verra s’il y a un moyen de s’emparer de Fossano, sommera cette ville et poussera de forts partis sur la route de Marene qui conduit également à Bra afin d’inquiéter la retraite des troupes qui pourraient se trouver à Savigliano.
Le général Compans marchera avec sa colonne vers Centallo, détachant lorsqu’il sera à hauteur de Ronchi un bataillon et cinquante chevaux de l’escadron qui lui reste, pour éclairer sa droite et aller prendre position à Murazzo ; il continuera avec le reste de sa brigade de marcher sur Centallo par la Magdeleine, et y prendra position. Le général Compans observera que les positions de la Magdeleine étant très resserrée, il sera nécessaire qu’il s’établisse sur deux lignes, la première à la Magdeleine et la seconde en avant de Centallo entre les deux routes qui de cette ville aboutissent sur Murazzo et la Magdeleine. Il y aura un mille de distance entre ces deux routes.
La brigade du général Lesuire qui sera aujourd’hui augmentée de la 47e demi-brigade et d’une pièce d’artillerie sera dirigée une demi-heure après le départ de la colonne des grenadiers sur Centallo, passant par San Benigno, le général Lesuire fera marcher sur sa gauche un bataillon de la 3e légère avec quelques chevaux et le dirigera sur Tarantasca afin de chasser les postes ennemis qui se trouveraient dans cette partie. Le détachement le rejoindra à Centallo ; le général Lesuire continuera sa marche de ce point sur Valdigi où il prendra position, jetant des partis sur Savigliano et aussi sur la Magdeleine pour communiquer par sa droite avec le général Compans.
La brigade du général Davin sera commandée par le général Clément, elle sera augmentée du bataillon de la 28e légère et sera dirigée sur le champ de tous les points qu’elle occupe sur Busca, en chassera l’ennemi et ira prendre position à Vottignasco en passant par Villafalet ; aussitôt arrivé à Vottignasco, le général Clément poussera des partis sur Saluces et Savigliano, il fera occuper par le bataillon de la 63e Busca et Costigliole. Si le général Clément trouvait peu de résistance devant lui, il marcherait sur Savigliano et prendrait position en arrière de cette ville entre la Grana et la Maira, se gardant des routes qui viennent de Saluces, Fossano, Turin et Bra.
Le général Clément aura avec lui une pièce d’artillerie et un caisson d’infanterie. Dans le cas où il serait maitre de Savigliano, il n’y laissera absolument entrer que les gardes nécessaires. Il lui est expressément recommandé sous sa responsabilité personnelle d’y empêcher tout désordre et pillage, et d’y maintenir le plus grand ordre.
L’ambulance ainsi que les administrations suivront la brigade du général Lesuire et seront à Centallo. Le parc de réserve suivra le mouvement du général Compans et restera en arrière de Centallo.
Le général commandant l’ail gauche ordonne expressément que les chevaux de prise ou de déserteurs soient amenés au chef de l’état-major qui en disposera d’après ses ordres. Les généraux de brigade rendront les chefs de corps responsables de cette mesure. Les chevaux seront payés suivant l’ordonnance à cent francs.
On trouvera le général commandant soit à la brigade du général Lesuire, soit à l’avant-garde commandée par le général Richepanse.
Le général commandant recommande aux généraux de brigade de veiller à ce que les colonnes marchent dans le plus grand ordre et à faire régler le parc de la tête des colonnes de façon que la guerre ne soit pas obligée de courir" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 270 page 573).
Le 5 novembre 1799 (14 Brumaire an 8), le Général de Division Duhesme écrit, depuis Venasca, au Général Grenier, commandant l’aile gauche de l’Armée : "Je vous préviens, mon cher général, que mon avant-garde est à Dronero et mon corps de bataille en avant de Venasca ; c’est tout ce que j’ai pu faire, les troupes sont éreintées.
Je n’ai pas voulu passer par Busca parce que je craignais devoir un combat à livrer et vous saviez que déjà je manquais de cartouches, car les caissons, rien n’est venu.
En vous quittant je nous croyais en veine, je trouvais le général Kister qui commençait son attaque, le vin était tiré il fallait le boire, Boyer qui était détaché sur la gauche arriva dans ce moment, alors elle fut poussée avec tant de vigueur, qu’en moins de deux heures de combat, nous fûmes maître de Savigliano, avec deux pièces de canons et 5 à 6 caissons et 3 à 400 prisonniers. Cette colonne ennemie se retira en majeure partie sur Bra si bien en déroute qu’elle n’a plus été en état d’agir, elle était cependant forte de quelques bataillons dont deux de grenadiers, de 400 chevaux et six à sept pièces, non compris les piémontais.
Cependant je vous croyais encore à Genola et rien ne m’étonna plus que de voir arriver par ce chemin une forte colonne qui commença une attaque très vigoureuse, en peu de temps les troupes que nous y avions porté furent mises en déroute.
Ce ne fut qu’en faisant des efforts incroyables et en me mettant à leur tête que je parvins à les rallier et a les décider à une charge qui éloigna l’ennemi du pont par lequel nous avions notre retraite et de plus l’ennemi avait pénétré sur la place avec de la cavalerie et de l’infanterie qu’il avait rangée en bataille et coupait la retraite à la 106e et partie de la 26e.
Mollard qui les commandait fait une charge, culbute l’ennemi et se fait un passage jusqu’à nous, alors nous rétablîmes le combat et primes une position qui nous couvrait la seule retraite que nous avions sur Lagnasco, route de Saluces, car l’ennemi étant à Votignasco nous avait aussi attaqué par cette route, comme cela nous avions toujours un pied dans Savigliano.
Nous tînmes jusqu’à la nuit, espérant toujours que nous serions secondés ; on vint alors me rapporter que l’ennemi avait envoyé un parti dans Saluces et un corps de troupes considérable à Villafalleto, je fis une fausse attaque sur cette route, et comme elle commençait à attirer l’attention de l’ennemi, je me retirais à la nuit close sur Lagnasco où je me reposais cinq heures et d’où j’ai marché par une marche de flanc sur Costigliole, j’y ai trouvé deux compagnie de la 63e que j’envoie à Dronero. Le général Kister a eu un cheval sous lui et mérite les plus grands éloges, je vous demanderai le grade de lieutenant pour son aide de camp qui a été blessé à l’affaire, on ne peut être mieux secondé que par un tel officier général. Je suis abimé de fatigue. Demain de grand matin je serai à Dronero. J’enverrai mon rapport.
Veuillez faire part de ma lettre au général en chef Championnet.
Tous les rapports s’accordent à dire que la colonne qui nous a attaqués était composée de sept régiments d’infanterie et quatre de cavalerie" (Papiers du général Paul Grenier. III Pièces se rapportant à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 24 page 60).
Le même 5 novembre 1799 (14 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier expédie les "Dispositions pour la division aux ordres du général Richepanse
Le général Richepanse établira demain 15 à la pointe du jour la division qu’il commande dans les positions suivantes …
Au reçu de la présente, le général Richepanse fera réunir le bataillon de la 63e et le mettra en marche pour Coni ; il faut qu’il soit rendu dans cette place avant le point du jour ; si le général Richepanse prévoyait que cette disposition ne pu être exécutée avant le temps prescrit, il enverrait à Coni le 3e bataillon de la 47e ; il est entendu qu’il serait formé de ce qu’il y a de plus médiocre dans cette demi-brigade tant en officiers qu’en soldats …" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 273 page 579).
Le 8 novembre 1799 (17 Brumaire an 8), le Général de Division Grenier écrit, depuis Demont "… Le général Clément emmènera avec lui deux compagnies de la 63e demi-brigade qui devant rejoindre leur bataillon à Coni lui serviront d’escorte, et dans le cas où la route de Borgo serait interceptée, le général Lesuire sera chargé de faire escorter par un fort corps de troupes le général Clément jusque sous la protection du canon de la place" (Papiers du Général Paul Grenier. XIII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 191 page 404).
Situation de l'Armée d'Italie le 16 décembre 1799 |
Le 25 décembre 1799 (4 nivôse an 8), le Général Bonaparte adresse depuis Paris une Proclamation à l'Armée d'Italie : "Soldats ! les circonstances qui me retiennent à la tête du Gouvernement m'empêchent de me trouver au milieu de vous.
Vos besoins sont grands : toutes les mesures sont prises pour y pourvoir.
Les premières qualités du soldat sont la constance et la discipline ; la valeur n'est que la seconde.
Soldats ! plusieurs corps ont quitté leur position; ils ont été sourds à la voix de leurs officiers. La 17e légère est de ce nombre.
Sont-ils donc tous morts les braves de Castiglione, de Rivoli, de Neumarkt ? Ils eussent péri plutô que de quitter leurs drapeaux, et ils eussent ramené leurs jeunes camarades à l'honneur et au devoir.
Soldats ! vos distributions ne vous sont pas régulièrement faites, dites-vous. Qu'eussiez-vous fait si, comme la 4e et 22e légère, la 18e et 32e de ligne, vous vous fussiez trouvés au milieu du désert, sans pain ni eau, mangeant du cheval et du mulet ? La victoire nous donnera du pain, disaient-elles; et vous, vous quittez vos drapeaux !
Soldats d'Italie ! un nouveau général vous commande. Il fut toujours à l'avant-garde dans les plus beaux jours de votre gloire. Entourez-le de votre confiance; il ramènera la victoire dans vos rangs.
Je me ferai rendre un compte journalier de la conduite de tous les corps et spécialement de la 17e légère et de la 63e de ligne. Elles se ressouviendront de la confiance que j'avais en elles !" (Collection générale et complète des lettres, proclamations, discours de Napoléon, rédigée d'après le Moniteur, publiée par C. Fisher, Leipzig, Graff, 1808-1813, t.1, p. 86; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 354 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4450).
d/ 1800
Portrait de Masséna extrait de l'Historique régimentaire du 63e de Ligne |
L'Armée d'Italie était dans une position des plus critiques lorsque Massena vint en prendre le commandement à Gênes, où il arriva le 11 janvier. Réduite à 25,000 hommes, nus, affamés et ressemblant à des spectres, manquant de tout, il fallait, non seulement pourvoir à ses besoins, mais encore maintcnir lc peuple, comprimer de continuelles insurrections et s'opposer aux progrès d'une armée ennemie forte de 85,000 hommes d'infanterie et de 15,000 chevaux. Ce fut dans des circonstances si désavantageuses et qui devaient devenir bien plus mauvaises encore, quc Masséna soutint le blocus puis le siège de Gênes, opérations auxquelles la 63e Demi-brigade prit une part si glorieuse, que GENES est inscrit sur le drapeau du Régiment.
La situation de la 63e était alors la suivante (à la date du 6 avril 1800) : 3e Division, Général Marbot (puis Général Gardanne), 63e Demi-brigade, 500 hommes, occupant San-Bernardo et la Madona di Savoia. Réduite, on le voit, à une poignée d'hommes, elle était si peu vêtue et si mal nourrie que le Général Marbot écrivait, le 23 février, au Général Masséna : "Notre siluation est affreuse, mon Général. Le soldat recevra aujourd'hui 3 onces de pain, 3 onces de légumes secs, 3 onces de fèves. Ces distributions faites il ne restera pas une livre de grain, ni de riz, ni de haricots en magasin... La distribution manquera totalement demain".
Quelques jours après, le Général Soult écrivait de son côté : "La division Marbot a reçu hier une demi-ration, miais, pour aujourd'hui, il n'y a ni légumes, ni pain, ni viande, enfin il n'y a rien, absolument rien !"
et quel courage !
Du reste, pour bien se faire une idée de ce que la 63e Demi-brigade et le reste de l'armée avec elle ont souffert, même avant le siège, laissons la parole un moment à un témoin occulaire, et voyons le portrait qu'il nous trace de cetta armée qui allait acquérir tant de gloire : "En proie aux plus affreux besoins, à tous les genres de tortures, les soldats composant les débris de cette malheureuse et naguère si brillante armée d'ltalie, ces soldats en haillons, presque sans vivres, en partie sans capotes, sans chaussures, achevaient l'hiver le plus rigoureux sur les apres rochers de la Ligurie. Pâles, languissants et défigurés, affamés, découragés et abattus, ils ne sembalient plus que des spectres ! Les routes étaient jonchées de morts et de mourants, les quartiers en étaient encombrés, et ceux de ces infortunés qui parvenaient à se traîner jusqu'à un h ôpital, n'y recevaient presque aucun aliment ou secours, et, sans lits, même sans paille, trouvaient sur le marbre humide et froid des anciens palais et des églises, où la presque totalité des h ôpitaux étaient établis, et au milieu des cadavres que souvent on n'enterrait que très tard, un trépas plus prompt, plus certain, plus horrible, que dans les quartiers malsains ou sur les cimes glacées qu'ils quittaient" (Général Thiébault).
Nous allons suivre pas à pas notre 63e Demi-brigade dans cette mémorable défense.
Le 6 avril, les ennemis, au nombre de 16,000, conduits par M. de Mélas en personne, marchent avec du canon à l'attaque des positions de la 3e Division à Montenotte et à Torre. Nous n'avions à lui opposer que 3,600 combattants, et, cependant, jusque vers onze heures, il ne put obtenir aucun avantage; mais, à la fin, nos flancs sont débordés et la division se retire vers Monte-Nesino, où le Chef de Brigade Villaret est laissé avec 3 Bataillons (2 de la 3e Légère et le 2e de la 63e) pour ralentir le mouvement offensif de l'ennemi. Les débris de la Division se jettent dans Savone, qui nous reste après un combat acharné. Pendant la nuit, l'ennemi s'étant placé à Albisola pour nous couper la retraite sur Gênes, la Division marche à lui, le repousse et vient, le 6, prendre position à Varaggio. Ces divers combats, soutenus par moments à coups de baïonnette, de pierres et de crosse, coûtèrent beaucoup de monde de part et d'autre.
Dans la nuit du 7 au 8, les trois Bataillons qui avaient été laissés à Monte-Nesino rejoignirent la 3e Division. "Par des prodiges de valeur, et grâce la haute capacité du Chef de Brigade Villaret (de la 63e), ils se firent jour en dispersant un corps ennemi placé à La Stella". (Général Thiébault).
Le 8 avril, Masséna réorganise son armée et la divise en deux corps. Le 2e était destiné à tenir la campagne et se compose des 2e et 3e Divisions. La 3e Division, aux ordres du Général Gardanne, et sous le commandement direct de Masséna, comprend : la 3e Légère, les 62e, 63e et 97e de Ligne. Le 10, nous marchons de nouveau à l'ennemi. La Division Gardanne est fractionnée en deux colonnes ; celle de gauche, conduite par Gardanne et Masséna, se compose des 3e Légère, 63e de Ligne et d'un Bataillon d'élite. Elle doit se diriger sur la Stella, après avoir dépassé Varaggio. A peine avons-nous débouché de ce point que nous nous trouvons en présence des Autrichiens, dont les forces sont quintuples des nôres ; on leur fait front, puis on les attaque à la baïonnette : ils sont repoussés et Masséna prend position. Cependant le feu devient terrible ; l'ennemi, pensant nous avoir suffisamment ébranlé, aborde à son tour nos positions ; six fois il charge notre front, six fois il est repoussé avec des pertes considérables. Mais comme on était hors d'état de le poursuivre, il profite de l'opiniâtre résistance que lui opposent les Français pour les tourner. Vers quatre heures du soir, c'est-à-dire après huit heures d'un combat soutenu par 1,400 hommes contre 7,000, il fallut battre en retraite et revenir prendre position à Cogoletto. Cette journée coûtait à la 63e 170 hommes. Les Lieutenants Mallet et Meynard, les Sous-lieutenants Ravet et Donnot, l'Adjudant Fouchet, les Sergents-majors Parenta, Bourceret et Villeneuve, se distinguèrent d'une façon particulière et, quoique blessés, refusèrent de quitter le combat. Le Sergent Cerclez aperçoit pendant l'action plusieurs soldats ennemis qui cherchent à se glisser sur le flanc de notre Demi-brigade ; il fond sur eux et les poursuit à coups de sabre jusqu'au milieu de leur colonne.
Citons encore quelques actions particulières; la mine est assez riche pour que nous puissions y puiser à pleines mains. Le Caporal Rouquette, des Grenadiers, était sur le point de sortir d'une redoute lorsque plusieurs Autrichiens le somment de se rendre. "Je ne me rends pas quand je puis me défendre", répond-il, et, en même temps, il en tue un d'un coup de fusil, en renverse un autre d'un coup de baïonnette et rejoint sa comipagnie. Rouquette reçut un sabre d'honneur, ainsi que le Sergent Cerclez.
Le Sous-lieutenant Pradet se trouve tout à coup en présence d'un Officier autrichien qui le défie à un combat particulier. Pradet est, à ce moment même, renversé par une balle. Malgré le sang qu'il perd, il se relève, fond sur son ennemi, disperse ceux qui voulaient le défendre et le fait prisonnier.
Le 11, le Général Gardanne, grièvement blessé la veille, est remplacé par le Général Fressinnet qui a sous ses ordres les 3e Légère, 62e et 63e de Ligne. Cette petite troupe est envoyée au secours du Général Soult. Après une marche des plus pénibles, après avoir escaladé des rochers, ella arrive au haut de la Montagne de l'Hermette, sur laquelle Soult était aux prises avec l'ennemi, qui commençait à déborder sa gauche. Les 62e et 63e sont aussitôt ployées en colonnes serrées par sections et le Général Fressinet, se plaçant à leur tête, fait battre la charge et se précipite sur les Autrichiens. "La terrible baïonnette produisant encore son effet habituel, la déroute de l'ennemi fut totale. La nuit venue, l'ennemi fut poursuivi pendant une heure entière à la lueur de la mousqueterie, et comme il n'avait pour retraite que des sentiers où dux hommes pouvaient à peine passer de front, le carnange fut affreux. Quelque honorables que fussent ces actions, elles laissèrent de grands regrets. La mort du chef de brigade Villaret, de la 63e, officier d'une très haute distinction, constitua en effet une de ces pertes que l'on ne répare pas" (Général Thiébault).
Le Colonel Villaret avait, en effet, été tué en chargeant l'ennemi; ce fut dans les termes suivants que le Général Fressinet annonça, dans son rapport, cette mort au Général en chef : "Nous perdimes, dans cette action, l'un des plus valeureux chefs de l'armée française, le citoyen Villaret, commandant la brave 63e, qui fut tué à la tête de son corps".
Dans ses Mémoires, le Général Soult écrit : "... La réunion opérée, je félicitai le général Fressinet et les braves qu'il commandait, de leur brillante conduite; mais nous eûmes à déplorer la perte du chef de brigade Villaret, commandant la 63e de ligne, qui fut tué dans la charge que sa troupe exécuta; c'était un officier du plus éminent mérite ..." (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 70).
L'obscurité de la nuit et la dispersion des corps décidèrent le Général Soult à faire reprendre à ses troupes les positions qu'elles avaient au matin et à n'occuper la position de l'Hermette que par des postes qui en furent délogés par l'ennemi dans la nuit du 11 au 12. Dès qu'il en reçut la nouvelle, Soult resolut de réoccuper immédiatement cette position. Le 12 au matin, trois colonnes sont formées : celle de gauche comprenait la Brigade Fressinet. Nous manquions de cartouches; on y suppléa par l'ordre de n'aborder l'ennemi qu'à la baïonnette; défense fut faite, sous peine de mort, de tirer un coup de fusil. A dix heures du matin, les colonnes d'attaque s'ébranlent : à portée de l'ennemi la charge est battue, et la baïonnette exerçant sa toute-puissance, la position est emportée.
Les journées des 13 au 14 furent consacrées au repos et on les passa presque sans pain. Cette situation n'était pas tenable et, dès le 14 au soir, Soult, pour en sortir, décida d'attaquer l'ennemi et de le déloger du camp de la Moglia. Dans ce but, de nouvelles colonnes d'attaque sont constituées. Celle du Général Gazan (3e Légère, 62e, 63e), remontant la vallée de 1'Erro, devait gagner les hauteurs de Pont-Ivrée, afin de menacer, de là, les derrières des troupes autrichiennes. Le 15, vers trois heures, Gazan arrive sur ces hauteurs fortemcnt occupées et qui sont vigoureusement défendues. Trois fois prises et reprises, elles finissent par rester en notre pouvoir. Malgré l'énorme disproportion des forces, on parvint à se maintenir aur les positions conquises. La nuit seule vint mettre fin à ce combat terrible. A minuit, sans laisser un seul blessé à l'ennemi, nous nous repliâmes sur Sassello. "Tout ce que purent l'honneur et l'intrépidité, dit Soult dans son rapport au général en chef, fut déployé dans cette action, l'une des plus meurtrières, et, 1'on peut ajouter, l'une des plus glorieuse que l'on puisse rappeler... Il n'est pas possible d'être plus brave, ajoutait-il en parlant de la 25e légère, des grenadiers de la 2e légére et de la 63e" (Général Thiébault).
Tous ces combats, et la nécessité où l'on se trouvait d'employer toujours les mêmes Corps, finissaient par épuiser l'armée ; et il fallait de toute necessité la replier. Du reste, "il ne restait plus que 3 cartouches par homme ; il n'existait pas, dans tous les corps, une once de pain, et, pour peindre par un mot l'horreur de la position de nos soldats, déjà la faim avait réduit plusieurs d'entre eux à manger de la chair humaine" (Général Thiébault). En conséquence, la retraite fut ordonnée et, le 17 au soir, nous arrivions à Voltri. Pendant cette retraite, les Grenadiers de la 63e venaient de passer un petit torrent lorsque trois Autrichiens, s'avançant sur la rive que nous venions de quitter, les défièrent. Lc Sergent Pestres repasse immédiatement le torrent, en tue un d'un coup de fusil, un autre d'un coup de baionnette, puis, saisissant le troisième, il l'emporte avec lui et s'élance à la nage dans le torrent. "Noie-le ! Noie-le !" lui crient nos hommes. "Non, camarades, leur répond-il, un Français ne noie pas un ennemi aprés l'avoir désarmé", et il ramène son prisonnier.
Voltri, que l'on venait d'occuper, ne présentait aucune position susceptible d'être défendue. Toutefois, la nécessité des distributions contraignit à y passer la journée du 18. A quatre heures du soir, nous y étions attaqués par l'ennemi appuyé par des chaloupes canonnières. La gauche, composée des 62e, 63e et 92e résista d'abord au double feu des troupes d'attaque et de la flottille; mais, à la fin, elle fut forcée et se replia sur Sestri. Toutes les troupes se portèrent ensuite à la hauteur du fort Saint-André, où elles prirent une nouvelle position. Le siège proprement dit de Gênes allait commencer.
Le 20 avril, Masséna donna à son armée une organisation nouvelle : il ne forma plus que deux Divisions et une réserve. Les débris de la 63e Demi-Brigade, 200 hommes, furent chargés de la défense du fort de Richelieu, sous le commandement du Chef d'escadrons Donadieu. Le 24, un parlementaire anglais entrait dans le port de Gênes, apportant à Masséna une sommation rédigée dans les termes les plus honorables ; la réponse du Général se borna à ces huit mots : "Gênes sera défendue jusqu'à la dernière extrémité. Masséna".
Le 28 avril, un détachement de la 63e recoit l'ordre d'exécuter une sortie. Le Caporal Bonaventure n'attend pas que l'on ait ouvert les portes et abattu les ponts. Il se précipite dans le fossé, franchit les palissades, et, suivi de deux de ses camarades, tombe à la baïonnette sur les ennemis. A ce moment arrivent nos hommes, au nombre de cinquante seulement; les Autrichiens fuient épouvantés devant tant d'audace, laissant 300 prisonniers entre nos mains. Furent encore cités comme s'étant particulièrement distingués dans cette affaire, les Lieutenants Ville, Abel et Galland, et le Sous-lieutenant Nogier. Le Caporal Bonaventure reçut un fusil d'honneur.
Le 30, pendant que les troupes de la défense cherchaient à reprendre le fort de Quezzy, le Chef d'escadrons Donadieu, profitant d'un brouillard assez épais pour masquer son mouvement et empêcher l'ennemi de compter les braves qui combattaient sous ses ordres, tombe avec 100 hommes de la 63e sur les derrières de deux Bataillons autrichiens qui s'étaient établis entre Gênes et le fort de Richelieu, et, à la suite d'une lutte d'autant plus honorable qu'elle était pluis inégale, rompit ces deux Bataillons et leur fit 400 prisonniers.
Concernant la bataille du 10 Floréal an 8 (30 avril 1800), le Général Soult raconte : "J'étais avec le général Masséna, faisant des dispositions de défense, à la Madona del Monte, pour empêcher les Autrichiens de s'établir dans le faubourg d'Albaro, d'où ils auraient pu bombarder Gênes, quand nous apprîmes que les Autrichiens venaient d'enlever les Deux-Frères. Il fallut, dès lors, prendre des mesures plus efficaces et nous préparer à vaincre l'ennemi, à tout prix. Nous convînmes que le général en chef se chargerait de diriger en personne la première division, pour chasser les ennemis des positions qu'ils nous avaient prises, entre le Bisagno et la Sturla, et qu'aussitôt l'engagement commencé, j'irais, avec une brigade de la 2e division, reprendre la position des Deux-Frères, et débloquer le fort du Diamant.
Avant de prononcer son mouvement, le général Masséna, pour relever sa droite, dirigea le général d'Arnaud sur la Sturla, en suivant le bord de la mer et en masquant sa marche par une ligne de tirailleurs placés devant Saint-Martin d'Albaro ; le général Ottavi eut ordre de le protéger avec un bataillon. Tous les deux réussirent ; les Autrichiens, menacés d'avoir leur retraite coupée s'ils restaient dans le faubourg, voulurent gagner la Sturla ; mais, atteints au passage, ils furent écharpés, et on leur fit quatre cents prisonniers. Déjà l'adjudant général Hector suivait la crête qui lie la Madona del Monte au fort Richelieu, pour tourner le Monte Ratti, tandis que le général Poinsot, à la tête de deux bataillons de la 3e demi-brigade de ligne, commandés par le digne colonel Mouton, allait reprendre le fort de Quezzi.
De l'emplacement du fort on domine les hauteurs voisines. Les ennemis en avaient apprécié l'importance, comme nous; ils s'y étaient concentrés, et, résolus de s'y maintenir, ils travaillaient aux fortifications et attendaient nos troupes, de pied ferme. Notre première attaque fut vivement repoussée; à la seconde, le général Masséna s'y porta lui-même avec quatre compagnies de réserve, et, l'épée à la main, il renouvela le combat. En même temps, le général Miollis chercha à déborder la gauche des retranchements, et le commandant du fort Richelieu exécuta avec sa garnison une vigoureuse sortie. L'action fut des plus rudes; trois fois, de part et d'autre, on en vint à se battre à coups de crosses et à coups de pierres. A la fin, le général Masséna l'emporta, et le fort de Quezzi lui resta avec trois cents prisonniers. Le général Miollis, secondé par le général Poinsot et par les adjudants généraux Thiebauld, Hector et Andrieux, en prit trois cents autres, au moment où il fit sa jonction en arrière de Quezzi; il enleva encore un bataillon dans 1es deux dernières redoutes du Monte Ratti, et il y trouva huit cents échelles destinées à l'escalade de Gênes. Ces divers mouvements étaient protégés, sur la gauche, par l'adjudant général Gauthier, qui contenait dans la vallée du Bisagno une colonne autrichienne, et qui lui fit aussi des prisonniers.
Il ne fallait rien moins que la présence du général en chef pour vaincre les ennemis à Quezzi; ils y avaient l'avantage de la position, et une supériorité de nombre hors de proportion avec nous; leurs troupes étaient dans le meilleur état, les nôtres étaient exténuées. En· pareille circonstance, d'autres chefs auraient pu trouver qu'ils avaient déjà bien assez fait pour 1'honneur de nos armes; Masséna ne pouvait s'en tenir là, son âme de feu demandait la victoire; il l'exigea, et elle lui fut fidèle. En allant à la charge, i1 s'aperçut que les soldats étaient intimidés, et qu'ils doutaient du succès. « Nous avons juré de vaincre, leur dit- il, et de ne rentrer dans Gênes qu'en triomphe ». L'énergie de cette apostrophe assura le succès.
Pour mon compte, le serment que j'avais fait de reprendre les Deux-Frères, n'était pas non plus bien facile à tenir ; les difficultés étaient telles, qu'on pouvait sans honte les regarder comme insurmontables, avec les faibles moyens dont je disposais. Ils consistaient en quinze cents hommes des 106e, 97e et 63e de ligne, fort bonne troupe, mais par trop inférieure en force à celle que j'allais combattre. J'opérais sur un terrain élevé; hérissé d'aspérités, où six mille hommes, que le général de Hohenzollern y avait établis, avec du canon, perfectionnaient les retranchements que nous y avions commencés, et les tournaient contre nous. Cependant il fallait tout surmonter et réussir; l'honneur, le salut de l'armée, et l'exemple de ce qui se passait au-delà du Bisagno, nous l'imposaient également. C'était le cas d'une noble rivalité, qui porte les hommes à se surpasser eux-mêmes ; mes soldats le comprirent en voyant les progrès de la droite. Quand le général Masséna arriva devant Quezzi, je jugeai qu'il était assez avancé pour que je pusse engager le combat, de mon côté. Il était cinq heures du soir; ma troupe, impatiente, n'attendait que le signal de charger à la baïonnette ; je le donnai, et je défendis, sous peine de déshonneur, de tirer un seul coup de fusil, avant qu'on eut forcé les retranchements et que les ennemis fussent en déroute. On me répondit par le cri de : En avant ! J'avais formé trois colonnes d'attaque; j'étais, l'épée à la main, à la tête de la principale, composée de huit cents hommes de la 106e demi-brigade; un bataillon de la 97e appuyait ma droite, et le général Spital conduisait, à ma gauche, un fort détachement de la 63e de ligne, destiné à prendre à revers les ouvrages des Autrichiens, que j'abordais de front. En approchant des Deux-Frères, nous fûmes accueillis par un feu terrible de mousqueterie et de mitraille. Sans y répondre, nous continuâmes à gravir. Le général Spital pénètre le premier dans les retranchements; les ennemis, étonnés de son audace, tourbillonnent et font effort pour le repousser. J'arrive, avec l'intrépide 106e ; la 97e nous suit, et la mêlée commence. Les Autrichiens sont abattus à coups de baïonnettes, pris aux cheveux, corps à corps, ou terrassés à coups de crosses; ils cèdent enfin, et se rejettent dans la Polcevera, vers Teggia, et sur Terrazza, au-delà du fort du Diamant, qui se trouva ainsi débloqué.
Nous restâmes maîtres de l'indispensable position des Deux-Frères ; nous la trouvâmes mieux fortifiée que nous ne l'avions laissée, et couverte d'un nombre considérable de blessés abandonnés par les Autrichiens. Le beau régiment de Joseph Colloredo y fut presque entièrement détruit et son colonel tué ; nous y prîmes aussi une immense quantité d'échelles, destinées à l'escalade du fort de l'Éperon, et trois pièces de canon. Ces avantages, joints à ceux que la droite avait obtenus, élevèrent la perte des ennemis, pendant cette journée, à plus de quatre mille hommes, sur lesquels seize cents prisonniers de guerre entrèrent dans Gênes. Comparativement à celles des Autrichiens, nos pertes furent, grâce à la rapidité de nos mouvements, très-légères quant au nombre; mais une perte cruelle pour l'armée fut celle du chef de brigade Mouton, de la 3e de ligne, qui eut le corps traversé par une balle, à la prise du fort de Quezzi; il fut regardé comme blessé mortellement ; cependant, à force de soins, on parvint à sauver cet officier du plus haut mérite, et à le rendre à l'armée dont il est devenu un des chefs les plus éminents. J'ai déjà cité ceux qui se firent le plus remarquer à l'attaque dirigée par le général en chef. A la mienne, j'eus à faire l'éloge de toute la troupe et je désignai, comme s'étant plus particulièrement distingués, le général Spital, l'adjudant général Gauthrin, mon chef d'état-major, et le chef d'escadron Soult, mon frère" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 95).
Citons encore l'action d'éclat accomplie le 4 mai par le Sergent Barthe. Nous manquions de munitions, lorsque Barthe apprend qu'un convoi de cartouches, escorté par un faible détachement, défilait devant le fort Richelieu. ll sort du fort, seul, se glisse dans les plis du terrain, et s'élance sur le détachement en poussant de grands cris et faisant semblant d'appeler ses hommes. L'ennemi, pris de peur et se croyant tombé dans une embuscade, prend la fuite et Barthe ramène le convoi. I1 recut un fusil d'honneur.
Le mois de mai acheva de s'écouler sans incidents à signaler pour la 63e. Cependant la situation s'aggravait de plus en plus; chaque jour voyait naître de nouveaux désastres et dévoilait les plus horribles effets de la famine; on ne rencontrait dans les rues que morts et mourants.
Le 21 mai, il n'existait plus dans les magasins que de quoi faire de très mauvais pain pour deux jours. Masséna, voulant absolument gagner du temps, fit ramasser dans la ville les amandes, la, graine de lin, l'amidon, le son, l'avoine, et de tout cela il fit faire une espèce de pâte qui fut distribuée au lieu de pain. Puis, pour faire prendre patience à ses troupes dont le courage commençait à faiblir, il les entraîna à de nouveaux combats. Mais, quel que soit le degré d'héroïsme des âmes, les forces humaines ont des limites; à Gênes on les avait atteintes, sinon dépassées, depuis longtemps. Il devenait d'autant plus nécessaire de se rendre que la flotte anglaise qui bloquait le port bombardait emaintenant la ville.
Le 1er juin, Masséna, dans l'esprit duquel ne pouvait entrer, en dépit des événements, l'idée d'une capitulation, mais qui sentait cependant l'impossibilité absolue de tenir désormais dans Gênes, réunit tous ses chefs de corps, et, après leur avoir fait de la situation un exposé fidèle, il termina par ces paroles : "Camarades, nous avons rempli notre tâche, mais qu'il ne soit pas dit qu'on a triomphé de nous. Abandonnons ce vaste tombeau, n'emportons que nos armes et notre gloire et faisons-nous jour à travers l'ennemi". Les chefs de corps lui répondirent que les Officiers le suivraient et périraient avec lui, mais qu'il ne fallait plus rien attendre des soldats ; les malheureux n'avaient plus, en effet, la force de supporter le poids de leurs fusils, leurs maux étaient à leur comble, et les maladies faisaient parmi eux des progrès et des ravages effrayants. Cédant enfin à la nécessité, Masséna se décida à traiter, mais en déclarant fièrement à l'ennemi qu'aucune négociation ne serait ouverte si le mot de capitulation devait y être seulement prononcé. Le traité d'évacuation fut signé le 5 juin.
Masséna termina les négociations par un mot qui montre quelle était son énergie et la foi que, malgré certaines défaillances, il avait dans le courage indomptable de ses Soldats. Comme l'Amiral Keith le complimentait et l'assurait que sa défense avait été trop héroïque pour que l'on pût rien lui refuser, Masséna reprit vivement : "Eh bien, Monsieur l'Amiral, laissez arriver un peu de blé à Gênes, et je vous donne ma parole d'honneur que ces messieurs (montrant les Autrichiens) n'y mettront jamais les pieds". Ainsi se termina ce siège de Gênes, qui rend à jamais immortel le nom de Masséna, qui suffirait à lui seul pour illustrer les troupes qui prirent part à cette défense et dans lequel la 63e Demi-brigade se signala si bien, qu'aujourd'hui encore il est rappelé sur le drapeau du Régiment (sic). Pendant plus de 60 jours, de faibles troupes firent la guerre à toute une armée, presque toujours avec succès, se battant souvent sans munitions et, plus souvent encore, sans pain.
Nous sortîmes de Gênes, fièrement, avec nos armes, nos drapeaux, notre artillerie, tout notre matériel, et nous fûmes rapatriés aux frais de l'Angleterre. Rien n'avait été oublié, ni pour l'honneur de l'armée, ni pour les intérêts des individus. Nous avons le droit de nous enorgueillir de nos aînés de la 63e Demi-brigade, et, le cas échéant, nous avons le devoir de ne pas oublier l'exemple glorieux qu'ils nous ont laissé.
Le 9 juin, la 63e Demi-brigade arrivait à Antibes.
Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 2. – Les 12e, 16e, 21e, 33e, 39e, 55e, 63e, 73e, 80e, 87e, 92e, 93e, 104e de ligne; les 5e, 15e, 18e d'infanterie légère; le 5e régiment de cavalerie, le 5e de dragons et le 12e de chasseurs retourneront à l'armée de réserve à Dijon et se rendront dans les places qui seront indiquées par le général en chef de ladite armée ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).
Le 3 juillet 1800 (14 messidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "L'arrêté que j'ai pris à Milan le 5 messidor, citoyen ministre, porte art. 2, que 13 demi-brigade de ligne et 3 légères qui sont dignes [sic] se rendront à Dijon pour faire partie de l'armée de réserve.
Voici la destination que je désire leur donner.
... la 63e à Caen ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5481).
Le 21 août 1800 (3 fructidor an 8 - note : Une copie portant la date du 23 août est conservée au S.H.D., département de l'Armée de Terre, 17C285), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Vous donnerez ordre pour que la 63e demi-brigade qui doit être dans la 14e division complète ses grenadiers à 80 hommes par compagnie. Vous en ferez passer une revue et me ferez connaître quand ils pourront être disponibles ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5615).
Le 5 septembre 1800 (18 fructidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Vous donnerez les ordres ... à la 6e de ligne, de partir de la 14e division militaire, et de se rendre à Dijon en toute diligence aussitô que la 63e sera arrivée à Caen ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5630).
Le 30 septembre 1800 (8 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : "Vous ordonnerez au général commandant la 14e division militaire (La Barolière. Le siège de la Division est à Caen) de procéder au complément des 2 compagnies de grenadiers de la 63e, mais elles ne partiront que lorsque le 3e bataillon qui est dans l'Ardèche les aura rejointes, et ce bataillon ne partira de l'Ardèche que lorsqu'il aura pu être remplacé par d'autres troupes" (Correspondance générale, t.3, lettre 5674).
Le 19 novembre 1800 (28 brumaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Dans la 8e division militaire, je remarque des détachements de la 63e dont le corps est dans la 14e division militaire (Chef lieu : Caen) ... Dans la 14e division militaire, un grand nombre de gardes-côes sur lesquels j'avais demandé un rapport, pour savoir s'ils seraient incorporés dans la 63e demi-brigade ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5783).
Le 29 novembre 1800 (8 frimaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... la 63e qui est à Caen, ainsi que les différents corps qui sont à l'armée de l'Ouest sont destinés à recevoir des conscrits et dès lors on peut d'avance prendre des mesures pour leur donner des draps comme si elles [sic] étaient au complet ... Par ces dispositions, nous nous trouvons avoir, indépendamment de l'armée de l'Ouest, 9 demi-brigades qui peuvent recevoir plus de 20000 conscrits, et les magasins centraux, les marchés pour habits confectionnés deviennent inutiles et le service se trouverait assuré" (Correspondance générale, t.3, lettre 5806).
Le 9 Frimaire an 9 (30 novembre 1800), Murat écrit, de Dijon, au Ministre de la Guerre : "Le chef de la 81e demi-brigade de ligne m'a fait part d'une lettre que vous lui écrivez en date du 5 frimaire, par laquelle vous le prévenez que la destination proposée par le général de division Labarollière pour les déserteurs de la demi-brigade qui sont dans le département de la Manche, a été approuvée et qu'ils resteront dans la 63e.
Il me semble, citoyen ministre, que par cette disposition on encourage le soldat à quitter son corps. Le chef m'observe que ce nombre s'élève à 300 hommes, tous anciens soldats, ce qui désorganise sa demi-brigade qui m'avait été annoncée à plus de 2,000 hommes et qui se trouve réduite à moins de 1,800 hommes.
Permettez-moi, citoyen ministre, que je vous engage à révoquer votre ordre et à donner ceux nécessaires pour faire diriger sur la 81e demi-brigade ces 300 hommes qui en font partie et qui me seront de la plus grande utilité" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 78, lettre 108).
Le 20 décembre 1800 (29 frimaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Chacune des 26e, 33e, 39e, 64e, 63e demi-brigades fourniront une compagnie de 90 hommes, la 90e en fournira 100 pour composer les troupes qui doivent s'embarquer au Havre. Le bataillon composé de 6 compagnies sera commandé par un chef de bataillon et sera sous les ordres du général de brigade Lannecy ...
Il faut charger un commissaire des guerres de passer la revue au Havre, faire compléter leur habillement, leur armement et la solde jusqu'au 1er ventôse, ayant cependant soin de ne les payer qu'à mesure" (Correspondance générale, t.3, lettre 5848).
A la fin de l'année, la 63e était à Caen. La 63e acheva l'année 1800 à Caen d'abord, puis à Saint-Lô. A noter que certaines sources indiquent que le 3 mai, un Bataillon a été capturé à Savone (à confirmer).
COLONEL LACUEE (MARC-ANTOINE COSME-JEAN-CHRYSOSTôME)
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Le Colonel (sic) Lacuée fut appelé, à la fin de l'année 1800, au commandement de la 63e Demi-brigade, en remplacement du Chef de brigade Villaret que nous avons vu tué glorieusement à l'ennemi, le 11 avril, à la bataille de la Montagne de l'Hermette.
e/ 1801-1804
La période de 1801 à 1804 ne présente pas de faits bien saillants; nous la résumerons donc sommairement pour arriver de suite à la période de l'Empire.
Le 15 janvier 1801 (25 nivôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Ordonnez également que l'on complète à 800 hommes le premier bataillon de la 63e demi-brigade, qui est à Caen, et qu'on le tienne prêt à entrer en campagne" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5297; Correspondance générale, t.3, lettre 5928).
Le 23 février 1801 (4 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre au bataillon de la 63e demi-brigade de partir de la 14e division militaire pour se rendre à Saintes où il recevra de nouveaux ordres du général commandant le corps d'observation de la Gironde dont le quartier général est à Bordeaux ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6069). Le Corps d'Observation de la Gironde, commandé par Leclerc, est destiné à soutenir les Espagnols dans l'offensive qui se prépare contre le Portugal.
Le 19 mars 1801 (28 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre au général Leclerc, Citoyen Ministre, de faire partir ... un bataillon de la 63e de ligne ... " (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5474; Correspondance générale, t.3, lettre 6141).
En avril 1801, la 63e est dirigée sur les Pyrénées et fait partie du Corps d'observation de la Gironde, d'où elle ne tarde pas à passer en Espagne. Le 1er avril 1801 (11 germinal an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Leclerc : "... Six demi-brigades d'Italie et du Rhin sont en route pour se rendre à Bordeaux.
Je pense que vous avez donné ordre au bataillon de la 63e, qui était à Saintes, de vous rejoindre.
Vous devez laisser filer votre avant-garde huit ou dix jours en Espagne avant de la rejoindre. Passez-en la revue à Bayonne, et puis retournez à Bordeaux, après avoir pris des mesures, pour sa marche, avec les commissaires espagnols.
De retour à Bordeaux, vous organiserez la division qui sera à la disposition de l'amiral Bruix, et celle qui va se rendre à Bordeaux pour, de là, passer en Espagne" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5494; Correspondance générale, t.3, lettre 6177).
Le 28 avril 1801 (8 floréal an 9), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Ordre à la 63e demi-brigade qui est dans la 14e division militaire de se mettre en marche le plus tô possible pour se rendre à Bayonne et faire partie du corps d'observation de la Gironde ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6244).
Le 4 mai 1801 (14 floréal an 9), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre pour le départ des bataillons de la 63e, il était dit qu'il partirait de suite, sans attendre le bataillon de la 49e" (Correspondance générale, t.3, lettre 6254).
Le 30 mai, nous la retrouvons à Civita-Rodrigo. Le 29 juin, sa situation est la suivante : 1er Bataillon, 572 hommes, à Moraleja; 3e Bataillon, 590 hommes, à Salamanque. Ces deux Bataillons que commande le Colonel (sic) Lacuée, sont sous les ordres du Général Monnet. Le 2e Bataillon est à Bayonne avec le dépô.
Le 15 juillet, un détachement de 25 hommes, sous les ordres du Sergent-major Dutis, eut à Torquemada un engagement avec une troupe de bandits. Dans cette affaire, les Sergents Gallet et Dams, les Fourriers Pérouse et Toucheriez, le Caporal Noël et le Grenadier Bertrat se distinguèrent si bien que, sur la demande du Roi d'Espagne, le Premier Consul leur accorda à chacun un fusil d'honneur.
Le 20 Thermidor an 9 (8 août 1801), le Général Travot écrit au Citoyen Bagu : "Vu l’impossibilité où se trouve le citoyen Jean Poirier, voltigeur au 2e bataillon de la 63e, de rejoindre son corps, attendu qu’on en ignore l’emplacement, il est ordonné au citoyen Bagu lieutenant de la 3e compagnie de canonniers de la 12e division militaire, de l’incorporer dans le détachement qu’il commande" (SHD 1 I 52-1 - Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 novembre 1801 (3 frimaire an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 63e [se rendra] dans la 21e division militaire [chef lieu Bourges] ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6654).
D'après les Etats militaires de l'an X (1801-1802), la 63e est au Corps d'Observation de la Gironde; son Dépô à Bayonne. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Lacuée; Chefs de Bataillon Menne, Guiton, Cazalis; Quartier maître trésorier Grasset; Adjudants major Robert, Ville; Officiers de santé Comairas, Lieutard.
- Capitaines : Loup, Bresson, Lanteyres, Desgraviers, Levrat, Herduins, Brumas, Cortambert, Thibault, Galand, Bonet, Blanc, Descubes, Henriot, Malmontet, Baheurte, Bordy, Michel.
- Lieutenants : Galand, Aussiguargues, Grenier, Maynard, Abel, Bonnal, Garibal, Frézouls, Fabre, Mallet, Carré, Paquet, Pruat, Renardet, Labarière, Roux, Grevit, Nogier.
- Sous lieutenants : Deguil, Salles, Grangier, Pradet, Donnot, Herlemont, Tuech, Tourret, Micouteau, Revel, Kinloget, Pahonet, Parisey, Viel, Gerbault, Niveduab, Fruchard, Delatte.
Le Capitaine Raffit est Capitaine Adjoint à l'Etat-major de l'Armée.
En 1802, la 63e Demi-brigade rentre en France, mais elle continue à faire partie du Corps d'observation de la Gironde, et se morcelle en de nombreuses petites colonnes qui sont chargées de faire respecter nos frontières. Elle fut ensuite réunie au camp de Bayonne, puis à la, fin de l'année envoyée à Poitiers pour y tenir garnison.
D'après les Etats militaires de l'an XI (1802-1803), la 63e est à Poitiers, 12e Division militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Lacuée; Chefs de Bataillon Guitou, Cazalis, Menne; Quartier maître trésorier Grasset; Adjudants major Robert, Ville; Officiers de santé Lieutard, Comairas.
- Capitaines : Loup, Bresson, Desgraviers, Brumas, Herduin, Cortambert, Thibault, Galland, Bouen, Blanc, Henriot, Malmontet, Lantegrès, Baheurte, Bordy, Michel, Levrat, Abel.
- Lieutenants : Grenier, Maynard, Bonnal, Frézouls, Garribal, Mallen, Fabre, Pasquet, Carré, Renarden, Gruat, Labarière, Roux, Grevit, Nogier, Deguil, Touret, Mottay.
- Sous lieutenants : Salles, Grangier, Praden, Donnot, Tuech, Micoulau, Revel, Kleinlogel, Parisey, Gerbaud, Fruchard, Delatte, Juntes, Arnal, Rivene, Le Dôme, N, N.
En 1803, presque rien à signaler. Le 19 avril 1803 (29 germinal an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, Citoyen Ministre, est que l'île d'Yeu (département de la Vendée) soit armée dans le plus court délai, et d'y maintenir comme commandant d'armes un chef de bataillon, qui aura la haute police sur toute la population. Faites partir sur-le-champ de Nantes pour cette île six pièces de 36, six pièces de 18 en fer, avec un approvisionnement de 200 coups par pièce, deux grils à boulets rouges et trois mortiers à la Gomer.
Vous y enverrez trois compagnies de 100 hommes chacune, avec des vivres pour trois mois. On enrôlera tous les habitants en état de porter les armes; et, s'il est nécessaire, vous y nommerez les officiers nécessaires, sous le titre d'adjudants, pour commander cette population.
Cette île doit avoir 400 hommes en état de porter les armes.
Si l'artillerie n'existait pas à l'arsenal de Nantes, il faudrait la prendre dans les batteries les plus près de cette île.
Il est convenable que tout cela parte le plus promptement et le plus secrètementpossible.
Si vous n'avez pas les approvisionnements nécessaires à 400 hommes pour trois mois, vous les demanderez au ministre de la marine, qui les ferait partir de Rochefort.
S'il n'y a pas, à portée, de l'artillerie de terre, vous en demanderez au ministre de la marine, qui vous fera passer 50 hommes d'artillerie de la marine, jusqu'à ce que vous puissiez les remplacer.
Mon intention n'est pas qu'on mette de Suisses dans cette île. Le général commandant la 12e division militaire formera trois compagnies de la 63e demi-brigade.
Il est nécessaire que les hommes, l'artillerie et les approvisionnements arrivent à la fois. Le général commandant la division en passera la revue et classera les habitants en compagnies.
Donnez ordre au général du génie Bertrand de s'y rendre sur-le-champ, pour disposer de la manière la plus convenable les moyens de défense, faire construire les ouvrages de campagne et former un projet de défense permanente, mon intention étant de s'assurer de cette île par un bon ouvrage.
Le général commandant la division établira sur la côte une bonne batterie pour organiser et assurer les communications.
Vous mettrez la somme de 25,000 francs à la disposition du général Bertrand ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6700; Correspondance générale, t.4, lettre 7592).
Le 20 avril 1803 (30 germinal an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre à la 93e demi-brigade qui est à Périgueux de se rendre dans l'ile de Ré où elle fournira des garnisons aux iles d'Oléron et d'Aix et à l'ile d'Yeu. Du moment où cette demi-brigade sera arrivée, vous donnerez ordre que la 63e soit réunie à Poitiers" (Correspondance générale, t.4, lettre 7597).
Le 2 mai 1803 (12 floréal an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, en conséquence de l'arrêté du 10 floréal, de donner ordre ... au bataillon de la 66e légère qui est à Laval de se rendre à Poitiers pour être incorporé dans la 63e qui sera par là portée à 3 bataillons ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 565 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7618).
Le 6 juin 1803 (17 prairial an 11), les détachements du Corps qui se trouvent à l'île d'Yeu reçoivent l'ordre de rentrer à leur Demi-brigade (lettre de Bonaparte écrite depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6794; Correspondance générale, t.4, lettre 7698).
Cachet régimentaire à sec du 63e de Ligne (source : Collection privée) |
Le 14 juin 1803 (25 prairial an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef. Ils auront chacun un parc d'artillerie commandé par un général d'artillerie et par un colonel diiecteur du parc. Les six parcs seront tous soumis à un général commandant en chef l'artillerie et à un général de brigade directeur général des parcs des six camps. Chacun de ces camps aura un ordonnateur, lequel correspondra avec un ordonnateur en chef des six camps.
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Compiègne, les 9e et 24 légères; les 18e, 44e, 63e, 64e, 4e, 32e, 96e et 111e de ligne; le 3e régiment de hussards; le 10e de chasseurs; les 1er, 3e, 8e et 9e de dragons ...
Chacune des demi-brigades ci-dessus ne fournira que ses 1er et 2e bataillons, lesquels seront complétés à 1,000 hommes. Il est donc nécessaire que ces corps soient prévenus sur-le-champ que leurs deux premiers bataillons doivent marcher vers la fin de l'été, afin qu'ils activent l'instruction, l'habillement, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814; Correspondance générale, t.4, lettre 7722).
Le 14 août 1803 (26 thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre ... A la 63e demi-brigade de former deux bataillons à 800 hommes et de les envoyer au camp de Bayonne ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 585 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7931).
Le 28 août 1803 (10 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côes de l'Océan.
... Camp de Bayonne
Le général Augereau est nommé commandant en chef du camp de Bayonne.
... Le général Carra Saint-Cyr aura à ses ordres les généraux de brigade :
Sereu (il n'existe pas de général de ce nom; il s'agit probablement de Sarrut),
Varé
... 63e de ligne,
77e id,
79e id,
83e id,
105e id.
... Le général Augereau établira son quartier général à Bayonne et partira aussitô la réception de ses ordres.
Les troupes formant le camp de Bayonne seront cantonnées à proximité afin de pouvoir se mettre en marche au premier ordre ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).
D'après les Etats militaires de l'an XII (1803-1804), le 63e a son 1er Bataillon à Rochefort; son 2e Poitiers, 12e Division militaire; son 3e à Bordeaux, 11e Division militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Colonel Lacuée; Major N.; Chefs de Bataillon Guitou, Gentil, Cortambert; Quartier maître trésorier Capitaine Grasset; Adjudants major Robert, Gillet, Ville; Officiers de santé Lieutard.
- Capitaines : Pouliquen, Loup, Desgraviers, Bresson, Brumas, Seneuze, Thibault, Galland, Varlet, Bouet, Blanc, Henriot, Motref, Malmontet, Lanteyres, Baheurte, Cauvin, Bordy, Darras, Michel, Sausset, Levrat, Abel, Hotte, Grénier, Frézouls.
- Lieutenants : Mainard, Bonnal, Garibal, Mallet, Fabre, Pasquet, Carré, Renardet, Meunier, Mottay, Hugay, Boutigny, Gruat, Walker, Labarriere, Roux, Grevit, Poirot, Proquez, Boitel, Nogier, Dequil, Touret, Crousse, Lefebvre, Grangier, Donnot.
- Sous lieutenants : Pradet, Tuech, Jolly, Revel, Kleinlogel, Parissey, Gerbaud, Fournier, Delatte, Thiellement, Ledôme, Manceau, Meget, Guillaume, Juntes, Arnal, Rivenc, Cassier, Garnier, Lempereur, Poupard, Jacquier, Benajean, Moyroux, Riche, N, N.A la fin de l'armée 1803, le 63e n'a plus qu'un Bataillon à Poitiers; un est à Rochefort, le 3e est à Bordeaux. Ils fournissent la garnison des bâtiments de la flottille qui se réunit dans ces ports.
Le 24 septembre, l'arrêté des Consuls supprime la dénomination de Demi-brigade, et la remplace par celle de Régiment. Ce changement ne fut pas accepté sans murmures par ces vieilles Demi-brigades qui, tant à l'Armée du Rhin qu'à l'Armée d'Italie, s'étaient couvertes de gloire. La 63e devint alors le 63e Régiment d'infanterie de ligne, et incorpore dans ses rangs le 1er Bataillon de la 66e Demi-brigade.
Un modèle uniforme de drapeau fut également adopté pour l'armée (voir la partie consacrée aux drapeaux).
Le 31 octobre 1803 (8 brumaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Prévenez, Citoyen Ministre, le général Augereau qu'une convention a été signée à Paris avec l'Espagne, qui a mis d'accord les deux Gouvernements. Il est néanmoins nécessaire que son armée reste dans la même situation, hormis la destination donnée aux 44e et 63e demi-brigades et la cavalerie, jusqu'à ce que les ratifications aient été échangées et que le traité ait commencé à recevoir son exécution; mais immédiatement après, son armée, devant recevoir une autre destination, devra faire un mouvement, mais en conservant dans son intégrité son organisation et son administration actuelles ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7235; Correspondance générale, t.4, lettre 8200).
Le même jour (31 octobre 1803 - 8 brumaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre au général Augereau d'envoyer le premier bataillon de la 44e demi-brigade de ligne à Bordeaux et le deuxième à Bayonne. Ces bataillons seront destinés à fournir des garnisons aux bâtiments qui doivent être prêts à partir de ces deux ports, à raison de 25 hommes par bateau de première et deuxième espèce et de 10 hommes par péniche.
Donnez-lui également l'ordre d'envoyer le premier bataillon de la 63e à Bochefort, pour mettre garnison sur les bâtiments de la flottille qui s'arment dans ce port. Le deuxième bataillon restera à Bordeaux, pour fournir les garnisons nécessaires aux bateaux qui partiront de ce port lorsque le bataillon de la 44e sera parti" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7237; Correspondance générale, t.4, lettre 8203).
Le 24 novembre 1803 (2 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez l'ordre au général de division Gouvion, inspecteur général de gendarmerie, de se rendre sur-le-champ à Angers, et de porter de là son quartier général à Châtillon.
Il aura immédiatement sous ses ordres une colonne d'éclaireurs ...
Il aura aussi sous ses ordres trois autres colonnes qui se réuniront à Beaupreau, à Thouars et aux Herbiers ...
La deuxième colonne sera composée de deux compagnies, complétées à 65 hommes, du bataillon du 63e régiment qui est à Poitiers, de 25 gendarmes et d'une compagnie, complétée à 70 hommes et à cheval, du 22e régiment de chasseurs, qui est à Niort. Le général de brigade Dufresse se mettra à la tête de cette colonne, qui se réunira à Thouars ...
Ces trois colonnes d'éclaireurs seront sous les ordres du général de division Gouvion, qui dirigera toutes leurs marches et leurs opérations de manière à faire fouiller la forêt de Vezins et arrêter sans miséricorde les hommes qui faisaient partie du rassemblement qui a eu lieu dans la commune d'Yzernay, les poursuivre partout et sur quelque département qu'ils se soient réfugiés, et enfin se porter partout où le prétexte de la conscription ou toute autre raison feraient naître des troubles.
Le général Gouvion est à cet effet muni de tous les pouvoirs nécessaires; il pourra promettre telle récompense qu'il jugera convenable pour l'arrestation des brigands.
Il sera accordé à toutes les troupes faisant partie de ces quatre colonnes d'éclaireurs une indemnité pour tenir lieu de vivres de campagne.
Ces colonnes d'éclaireurs existeront jusqu'à nouvel ordre; et vous mettrez à la disposition du général Gouvion une somme pour qu'il puisse suffire, soit aux dépenses d'espionnage, soit au payement des récompenses promises, soit pour l'indemnité des vivres de campagne jusqu'à ce que ce service soit organisé.
Recommandez au général Gouvion de se concerter avec les préfets; il est d'ailleurs autorisé, d'après son grade d'inspecteur général de gendarmerie, à faire faire à la gendarmerie tous les mouvements et déplacements qu'il jugera convenables pour arrêter les troubles à leur naissance" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7315; Correspondance générale, t.4, lettre 8318).
Le 19 décembre 1803 (27 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Soult, Commandant du Camp de Saint-Omer : "Citoyen général Soult, les détachements du 39e qui vous sont arrivés doivent être à Etaples et camper à côté du 6e léger, le 69e à côté du 25e léger, les 9e léger et 18e, 32e et 96e de ligne doivent faire partie de la division Dupont qui campe à Boulogne; mais qui cependant doit faire partie du corps d'armée du général Ney.
Le 25e léger, les 27e, 59e et 69e doivent être campés à Etaples et former une division. Le 6e léger, les 39e, 44e et 63e doivent former une autre division également campée à Etaples. La 1re division qui part du Havre va se rendre à Etaples. Faites fournir la garnison par les troupes du camp d'Etaples" (Correspondance générale, t.4, lettre 8478).
Au commencement de 1804, le Régiment est dirigé sur le camp de Brest, où il passe toute l'année, se préparant à la grandiose opération que va tenter contre l'Angleterre celui que ses admirables campagnes viennent de faire Empereur des Français.
Le 27 mai 1804 (7 prairial an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud à M. Lebrun : "Monsieur Lebrun, Colonel Aide de camp, vous partirez dans la journée pour vous rendre à Bordeaux ... Vous verrez les bâtiments de la flottille qui sont en rade, et ce qui reste des 44e et 63e, qui ont dû s'embarquer dans ce port ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7788).
Le 23 juin 1804 (4 messidor an 12), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, donnez ordre qu'un détachement de 150 hommes du 3e bataillon du 44e régiment commandé par un capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant et un détachement de 300 hommes du 3e bataillon du 63e commandé par deux capitaines, deux lieutenants et deux sous-lieutenants se rendent à Bordeaux. Ces 450 hommes tiendront garnison sur les bâtiments de la flotille qui sont prêts dans ce port ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8947).
Le 27 septembre 1804 (5 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Mayence au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, le camp de Brest, tel qu'il sera composé, sera fort de 18000 hommes tout compris, savoir :
... 2 bataillons du 63e ... 1600 hommes ...
Les 63e et 44e ne feront plus partie du camp de Montreuil ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 9247)
Le 29 septembre 1804 (7 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Mayence au Vice-amiral Decrès : "Monsieur Decrès, Ministre de la marine, j'approuve que les chaloupes canonnières 171, 173, 177, 169, 174, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191, 192, 193, 194, 175, 176, 91, 92, 165, 166, 167, 168, 170, 172, 178, 181, en tout vingt-neuf, soient désarmées de leurs équipages, qui seront employés sur l'escadre de Brest. Les chaloupes canonnières qui se trouvent à Lorient y seront placées dans l'endroit le plus sain et le plus à l'abri du port, et s'il se peut sous des hangars; on pourra en destiner trois ou quatre pour les communications avec Belle-Ile; les garnisons en seront fournies par les vétérans de cette île. Toutes les autres chaloupes canonnières seront à Brest. Il n'y en aura point, sous quelque prétexte que ce soit, dans les petits ports; elles doivent toutes être à Lorient et à Brest. Les garnisons de ces trente-huit bâtiments, composées du bataillon d'élite suisse et des 63e et 44e régiments de ligne, se rendront à Brest et feront partie du camp ... Il faudra ordonner au Havre qu'à mesure que des détachements, faisant garnison, du bataillon d'élite suisse ou des 63e et 44e régiments, arriveront, ils soient renvoyés à Brest. Les garnisons seront fournies par d'autres troupes que désignera le ministre de la guerre" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8064; Correspondance générale, t.4, lettre 9269).
Le 8 octobre 1804 (16 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Trèves au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, ... les ordres que vous avez donnés relativement aux 63e et 44e et au bataillon d'élite suisse sont conformes à mes intentions" (Correspondance générale, t.4, lettre 9335).
Lettre du Colonel Lacuée autorisant le passage du Sergent Theat dans la Gendarmerie d'élite.
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Le 24 novembre 1804, le Sergent Theat est autorisé par le Colonel Lacuée à passer dans la Gendarmerie d'élite comme Gendarme à pied.
L'année 1804 se termina par une cérémonie imposante. Le 5 décembre, sur le Champ de Mars, l'Empereur distribua à l'armée ses nouveaux drapeaux, qu'elle allait promener victorieusement à travers toute l'Europe. Dans une immense tribune était placé le trône de l'Empereur, à droite et à gauche des banquettes pour les grands corps de l'état et les personnages les plus distingués de l'Empire. Tous les Colonels, accompagnés d'une députation de leurs Régiments, étaient présents et occupaient l'intérieur du Champ de Mars. Au signal donné, toutes ces députations se mirent en mouvement et s'approchèrent du trône au pied duquel se trouvaient les divers drapeaux et étendards portés par des Officiers et les présidents des collèges électoraux. L'Empereur se levant alors, prononça d'une voix vibrante les paroles suivantes :
"Soldats! voilà vos drapeaux. Ces aigles vous serviront toujours de point de ralliement. Elles seront partout où l'Empereur les jugera nécessaires pour la défense de son trône et de son peuple. Vous jurez de sacrifier votre vie pour les défendre et de les maintenir constamment, par votre courage, sur le chemin de la victoire. Vous le jurez ?" Un formidable cri de : "Nous le jurons !" lui répondit, pendant que toutes les mains se tendaient vers lui.
Ce fut un noble serment, et en ce qui concerne le Régiment, il fut noblement tenu par le Colonel Lacuée et tant d'autres braves du 63e, qui en prouvèrent la sincérité par leur mort héroïque.
Le drapeau que le Colonel rapporta au Régiment était du modèle qui avait été adopté en l'an XI, que nous avons décrit, et modifié par l'Empereur (voir la partie drapeaux).
Etat des conscrits que chaque département doit fournir sur les classes de l'an XI (1803) et de l'an XII (1804) |
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Manche |
602 |
f/ 1805
Au début de l'année 1805, l'Armée française était répartie sur les côtes de l'Océan depuis Brest, où nous avons vu que se trouvait le 63e, jusqu'au Texel. L'Empereur ne semblait préoccupé que de l'expédition qu'il préparait contre l'Angleterre.
Le 12 janvier 1805 (22 nivôse an 13), l'Empereur écrit depuis Paris au Vice-amiral Decrès : "... Tous les détachements des 44e et 63e régiments rejoindront leurs corps à Brest ... " (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8270).
Le 5 Ventôse an 13 (24 février 1805), Murat écrit au Général Sarrazin : "Monsieur le général, j'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez écrite le 24 pluviôse. Je vous prie de recevoir et de faire agréer à MM. les officiers et soldats des 44e et 63e régiments d'infanterie de ligne, l'expression de mes remerciements pour les félicitations que vous voulez bien m'adresser en votre nom et au leur.
J'ai lu avec intérêt le discours que vous avez dédié à Madame Murat, et je vous présente de sa part ses remerciements. Je suis persuadé d'avance de tout le mérite de l'ouvrage que vous préparez et j'accepte avec gratitude l'offre aimable que vous voulez bien me faire. Recevez, etc." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 333, lettre 1802).
Bientôt, convaincu de l'impossibilité de maintenir la paix sur le continent, Napoléon résolut, à la suite de l'échec de Villeneuve, de marcher sur l'Allemagne avec une promptitude capable de frapper l'ennemi d'étonnement.
D'après la "Situation du 2e corps d'armée détaché à l'époque du 15 Thermidor an XIII" (3 août 1805), commandé par Augereau, le 63e Régiment a, dans les Troupes de la 1ère Division (Maurice Mathieu), à la Batterie Sarrazin, 1er Bataillon, à Kérautrec, 660 hommes présents, 47 détachés, 62 aux hôpitaux, 769 hommes au total ; à la Batterie Augereau, Infant. de ligne, 63e Régiment, 1er Bataillon (sic) à Creakmure, 707 hommes présents, 62 détachés, 61 aux hôpitaux, 830 hommes au total (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 86 et suivantes).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 63e de Ligne a son 1er Bataillons à l'Armée des Côtes, 2e Corps détaché. 707 hommes sont présents, 62 détachés, 61 aux hôpitaux, total 830 hommes; le 2e Bataillon est lui aussi au 2e Corps détaché de l'Armée des Côtes, 660 présents, 47 détachés ou en recrutement, 62 aux hôpitaux, total 769 hommes. Enfin, le 3e Bataillon est à Poitiers, 12e Division militaire, pour 283 hommes présents, 47 détachés ou en recrutement, 38 aux hôpitaux, total 381 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
Le 10 août 1805, le 63e est réparti de la manière suivante :
1er Bataillon |
Armée des Côtes, 2e Corps détaché (Augereau), 1ère Division, à Creakmure |
707 présents, 62 hommes en recrutement, 61 hommes aux hôpitaux |
2e Bataillon |
Idem, 1ère Division, à Kérautrec |
660 présents, 47 hommes en recrutement, 62 hommes aux hôpitaux |
3e Bataillon |
Poitiers, 12e Division Militaire |
283 présents, 60 hommes en recrutement, 38 hommes aux hôpitaux |
Divers boutons du 63e ; le dernier à droite est un petit module (source : Collection privée) |
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Bouton de troupe, Ø 22 mm, laiton (Bertrand Malvaux). |
Bouton de troupe, gros module | Bouton de troupe, Ø 16 mm, laiton (Bertrand Malvaux). |
Bouton troupe, Ø 16 |
Bouton de troupe, petit module |
Le 27 août, le 63e de Ligne aligne un effectif de 1537 hommes au sein de la Brigade Menard, Division M. Mathieu, 7e Corps Augereau (Nafziger 805HAH).
Le 29 août 1805 (11 fructidor an 13 - date supposée), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Vous composerez une autre division des deux bataillons du 63e qui sont à Brest, du 7e d'infanterie légère et du 24e de ligne, qui se dirigeront, par la plus courte route, également sur Alençon. Vous ordonnerez, à cet effet, que tout le 7e d'infanterie légère et le 24e de ligne soient débarqués des vaisseaux, les troupes n'y étant pas comme garnison. Vous nommerez le général Sarrut et le général Sarrazin pour commander ces troupes, sous les ordres du général Mathieu, commandant la division ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9158 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698). En annexe à cette lettre, il est indiqué : "... 7e corps, maréchal Augereau :
... 2e division, Mathieu [Maurice]
Infanterie légère : 7e léger, 24e de ligne, 63e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698).
Le 30 août, Napoléon décide que l'Armée des côes de l'Océan s'appellera, dès ce jour, la Grande-Armée, et il en arrête la composition. Elle se divise en sept Corps. Le 7e, aux ordres d'Augereau, qui doit constituer la réserve et se réunir à Brest, est formé de deux Divisions. La 1re, sous les ordres du Général Mathieu, comprend les 7e Léger, 24e et 63e Régiments d'infanterie, avec les Généraux de Brigade Sarut et Sarazin. Le 63e, sous les ordres du Colonel Lacuée, a deux Bataillons au 7e corps : 1er Bataillon, Commandant Gentil; 2e Commandant Guiton. L'effectif total est de 1261 hommes. Le 3e Bataillon, resté à Brest, reçoit l'ordre de venir à la réserve de Strasbourg pour être endivisionné à Neuf-Brisach. Le dépôt est à Poitiers.
Du 29 août au 2 septembre, tous les corps de la Grande Armée se mettent simultanément en marche vers le Rhin. Le but de l'Empereur est d'attaquer les Autrichiens avant l'arrivée des Russes, en tournant les défilés du haut Danube et la ligne du Lech. Le 7e Corps ne devait arriver sur le Rhin que quinze jours environ après les autres. De Brest, il se dirige par Alençon et Sens sur Langres et Belfort.
Le 30 août, l'Empereur adresse à l'Armée cette proclamation : "Soldats ! la guerre de la 3e coalition est commencée. L'armée autrichienne a passé l'Inn, violé les traités, attaqué et chassé de sa capitale notre allié. Vous mêmes, vous avez dû accourir à marches forcées à la défense de nos frontières. Mais déjà vous avez passé le Rhin. Soldats! votre Empereur est au milieu de vous; vous n'êtes que l'avant-garde d'un grand peuple. S'il est nécessaire, il se lèvera tout entier à ma voix pour confondre et dissoudre cette nouvelle ligue qu'ont tissée la haine et l'or de l'Angleterre. Mais, soldats, nous aurons des marches forcées à faire, des fatigues et des privations de toute espèce à endurer. Quelques obstacles qu'on nous oppose, nous les vaincrons, et nous ne prendrons de repos que nous n'ayons planté nos aigles sur le territoire de nos ennemis".
Un soldat du 63e écrit : "... nous sommes nourris par le paysan qui nous fournit tout ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 30 septembre 1805 (8 vendémiaire an 14), Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Je désire savoir si vous avez donné des ordres aux 5e et 4e bataillons des 16e légère, 44e, 105e, 7e légère, 24e et 63e de se rendre à leurs corps.
Vous me ferez connaître le jour où ils y arriveront.
Donnez ordre que les détachements des 63e et 44e embarqués sur la flottille à Granville débarquent et rejoignent à Langres" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10903).
Le plan de l'Empereur s'exécuta comme il l'avait prévu. Les corps de la Grande-Armée enserrent peu à peu les Autrichiens dans Ulm, où le Général Mack capitulait, le 17 octobre, avec 27,000 hommes. Le 7e Corps n'avait pu prendre part à ces brillantes actions. Vers le 23 octobre, il venait seulement de franchir le Rhin à Huningue et recevait l'ordre de se rendre à Kempten. Le 63e, qui, au sein de la 2e Division (Maurice Mathieu) du 7e Corps, aligne 2 Bataillons pour un effectif total de 1337 hommes, se trouve ainsi en dehors de la campagne foudroyante de l'Empereur contre les Russes, campagne qui se termine par la victoire d'Austerlitz.
Grande Armée - 26 octobre 1805 (Nafziger - 805JXA) Source : Archives françaises, Carton C2-470,480,481 |
La "Situation approximative des troupes composant le 7e corps de la Grande Armée, à l'époque du 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805)" indique, pour la 2e Division commandée par le Général Mathieu : 63e régiment de ligne. 61 Officiers, 1303 hommes présents, total 1364. 188 hommes aux hôpitaux, 118 embarqués, total 317 ; total général 1681 (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 770).
Grande Armée, 6 brumaire an IXV - 28 octobre 1805 (Nafziger - 805KCH, avec la date du 29 novembre ) Source : Alombert et Colin |
7e Corps : Augereau - 6 novembre 1805 (Nafziger - 805KXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Toutefois, le 7e Corps ne reste pas inactif; le 30e bulletin (bis) de la Grande-Armée, daté d'Austerlitz le 4 décembre 1805, annonça à la France que les soldats du Maréchal Augereau venaient de faire capituler le Corps du Général autrichien Jellachich, qui avait réussi à s'échapper d'Ulm. Le 7e Corps, en effet, s'était avancé de Stockach sur Lindau et Bregenz. A son approche, Jellachich fit évacuer les postes que ses troupes occupaient sur le lac de Constance, et les replia vers le camp retranché de Feldkirch. Elles furent poursuivies et bientô étroitement serrées. Grâce à la rapidité et à la vigueur avec laquelle le Général Mathieu poursuivit ce Corps, toutes ses communications se trouvèrent coupées. Jellachich conclut le 15 novembre, avec le Général Mathieu, une capitulation qui fut approuvée par Augereau. Ce Corps (6,000 hommes) fut fait prisonnier, sur parole de ne pas servir d'un an, ni contre la France, ni contre l'Italie. Les chevaux de guerre, une belle artillerie, des magasins de toute sorte tombèrent en notre pouvoir.
Grande Armée - 22 novembre 1805 (Nafziger - 805KXA) Source : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 484 |
Le 2 décembre, l'effectif du 63e est de 1261 hommes.
Situation du 7e Corps - 7 décembre 1805 (Nafziger - 805LXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 22 décembre 1805 (Nafziger - 805LXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 26 décembre, Napoléon donnait l'ordre au Maréchal Augereau de se placer en réserve en Souabe, puis de prendre ses cantonnements dans le pays de Darmstadt. Le 63e fut placé dans cette dernière ville.
g/ 1806
Fig. 1 ; Tambour de Grenadiers vu à Berlin en octobre 1806, d'après Zimmermann; document original conservé à la
Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library (avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington, Conservateur de la Bibliothèque). Merci de respecter la propriété de ce document. |
Copie établie par le dessinateur belge W. Aerts en 1925 (ancienne collection Brunon, Empéri) |
Le même donné dans Tradition H. S. |
Fac-similé publié par Henri Achard | Le même d'après le dessinateur allemand Klaus Tohsche |
Le même d'après notre ami Edmund Wagner |
Situation du 7e Corps - 15 janvier 1806 (Nafziger - 806AXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 470, 481, 482 |
Le 24 janvier 1806, à Strasbourg, l'Empereur dicte une série d'ordres : "... Ordre au maréchal Kellermam de faire partir sur-le-champ pour Darmstadt 300 hommes de chacun des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère, 300 hommes du 44e, 300 du 63e et 200 du 105e, destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée.
Ordre de reformer le plus promptement possible la division du général Leval, de la porter à 8.000 hommes, d'y joindre 1.000 hommes de cavalerie et 12 pièces d'artillerie approvisionnées. N'y mettre personne des 100e, 103e, 105e, 63e et 44e, ni des 7e et 16e légères ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 266).
Toujours le 24 janvier 1806, l'Empereur ordonne : "... Ordre au maréchal Kellermann d'envoyer au 7e corps, savoir :
200 hommes des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère et (lacune par suite d’une déchirure), 300 hommes des 44e et 63e, pour renforcer les bataillons de guerre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 267 - Note. Minute. Répétition des ordres énoncés dans la pièce précédente).
Le même 24 janvier 1806, l'Empereur écrit depuis Strasbourg au Maréchal Kellermann, commandant du 3e Corps de Réserve sur le Rhin : "Mon Cousin, faites partir sur-le-champ pour Darmstadt ... 300 hommes du 63e ... Ces hommes sont destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée. Vous n'avez pas reçu ordre de dissoudre la division du général Leval, et cela n'était pas dans mon intention. Reformez cette division le plus promptement possible. N'y mettez personne des ... 63e ... de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9704 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11328).
Le 24 janvier toujours, l'Empereur ordonne à Augereau de faire occuper Francfort par une de ses Divisions (1re) et d'y concentrer tout son monde pour le 2 février.
Situation du 7e Corps - 1er février 1806 (Nafziger - 806BXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 15 février 1806 (Nafziger - 806BXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 1er mars 1806 (Nafziger - 806CXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 5 mars 1806, à Paris, on informe l'Empereur que "Le colonel du 63e régiment demande si les militaires qui composaient le 7e corps de la Grande-Armée, qui n'a passé le Rhin que le 4 brumaire, ont droit à la faveur accordée le 29 vendémiaire aux troupes de la Grande-Armée. De même, les troupes restées en Hanovre doivent-elles être considérées comme faisant partie de la Grande-Armée ? En ce cas, le général Barbon demanderait que la campagne de vendémiaire fût comptée aux troupes de la garnison de Hameln"; l'Empereur répond : "Répondre que de telles demandes ne peuvent être présentées à Sa Majesté" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 1802).
Situation du 7e Corps - 15 mars 1806 (Nafziger - 806CXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Situation du 7e Corps - 1er avril 1806 (Nafziger - 806DXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Situation du 7e Corps - 15 avril 1806 (Nafziger - 806DXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Situation du 7e Corps - 24 avril 1806 (Nafziger - 806DXD) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 Autre situation du 7e Corps - 24 avril 1806 (Nafziger - 806EXD) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Situation du 7e Corps - 1er mai 1806 (Nafziger - 806EXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
C'est dans cette situation que reste le 63e jusqu'à la fin de septembre. Une seule modification le concernant est à signaler pendant cette période : par lettre en date du 2 mai, adressée à Berthier, Napoléon avait donné le commandement de la Division Mathieu, à laquelle appartenait le Régiment, au Général comte Heudelet.
Situation du 7e Corps - 15 mai 1806 (Nafziger - 806EXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 1er juin 1806 (Nafziger - 806FXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 16 juin 1806 (Nafziger - 806FXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 7e corps du maréchal Augereau
26e division militaire
... Belfort 63e de ligne Mayence ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Situation du 7e Corps - 24 juin 1806 (Nafziger - 806FXD) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 30 juin 1806 (Nafziger - 806GXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Situation du 7e Corps - 8 juillet 1806 (Nafziger - 806GXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôs d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôs des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 63e [fera partir un détachement de] 120 [hommes] …" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).
Situation de la Grande Armée - 18 juillet 1806 (Nafziger - 806GXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 24 juillet 1806 (Nafziger - 806GXD) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 1er août 1806 (Nafziger - 806HXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 8 août 1806 (Nafziger - 806HXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 15 août 1806 (Nafziger - 806HXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 24 août 1806 (Nafziger - 806HXD) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 1er septembre 1806 (Nafziger - 806IXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Situation du 7e Corps - 8 septembre 1806 (Nafziger - 806IXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Avec le mois de septembre, les bruits de guerre s'accentuèrent : la 4e coalition se forme contre la France. Napoléon prévient les commandants de Corps d'armée de se mettre en mesure de recommencer la lutte. Le 15 septembre, le 63e aligne 1705 hommes.
Situation du 7e Corps - 16 septembre 1806 (Nafziger - 806IXB) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483, 484 |
Le 19, Augereau reçoit l'ordre de se concentrer à Francfort, ayant une avant-garde à Giessen.
Situation du 7e Corps - 24 septembre 1806 (Nafziger - 806IXF) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 30 septembre, toute l'armée s'ébranle. Le 1er octobre, au sein de la 2e Division Heudelet (Brigade Sarrut) du 7e Corps, le Régiment présente les effectifs suivants : 1er Bataillon, 34 Officiers, 903 hommes; 2e Bataillon, 24 Officiers, 888 hommes (d'après Foucart : "La campagne de Prusse 1806" - donné par Nafziger : 806IAL et 806JBI).
Situation du 7e Corps - 1er octobre 1806 (Nafziger - 806JXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 7e Corps est à Wurtzbourg le 4 octobre et cantonne dans les environs sur la route de Bamberg. Le 5, de nouveaux ordres le dirigent sur Cobourg, Graffenthal et Saalfeld, où il forme, derrière le 5e Corps, la gauche de la Grande-Armée.
Situation de la Grande Armée - 12 octobre 1806 (Nafziger - 806JAB) Sources : Foucart, Campagne de Prusse (1806) |
Le 12 au soir, nous occupons Kahla. Les étapes ont été dures pour le 63e, au milieu d'un pays hostile; mais les fatigues ont été courageusement supportées par nos soldats qui tenaient à justifier cette parole de l'Empereur : "On nous a donné un rendez-vous d'honneur, jamais un Français n'y a manqué; mais on dit qu'il y a une belle reine qui veut être témoin du combat, soyons courtois et marchons sans nous arrêter".
Le 13 octobre, à deux heures après midi, l'Empereur arrive à Iéna; du haut d'un petit plateau qui domine la plaine, il aperçoit les dispositions de l'ennemi et règle en conséquence son ordre de bataille. Augereau doit commander la gauche. Sa première Division se placera eu colonne sur la route de Weimar; il aura des tirailleurs sur toute la ligne ennemie, aux différents débouchés de la montagne. Plus tard, il débouchera sur le plateau avec tout son corps, pour prendre la gauche de l'armée.
Fig. 1ter ; Sapeur du 63e de Ligne vu à Berlin en octobre 1806, d'après Zimmermann; document original conservé à la Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library (avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington, Conservateur de la Bibliothèque). Merci de respecter la propriété de ce document. |
La nuit du 13 au 14 se passa tranquillement. On était à petite portée de canon, les sentinelles se touchaient presque, et il ne se faisait pas un mouvement dans une armée qui ne fût entendu de l'autre. Le jour arrive enfin : aussitô qu'il paraît, l'armée prend les armes. L'Empereur passe devant les lignes, il encourage ses soldats qui lui répondent par les cris répétés de : "Marchons !". Puis il donne le signal, toute l'armée s'ébranle, les tirailleurs s'engagent; la fusillade devient vive presqu'aussitô que commencée.
Vers dix heures, le 7e Corps qui venait de traverser Iéna, débouche sur le champ de bataille et s'avance pour se mettre en ligne avec le 5e à la gauche de l'armée. La Division Desjardins gravit, à travers les vignes, les montagnes qui se trouvent à gauche de la route de Weimar. La Division Heudelet (63e) continue à suivre dans le Mühlthal la route de Weimar ; mais elle ne peut avancer que lentement, à cause de l'encombrement causé par l'artillerie. Vers midi, elle sort enfin des défilés, se dirige rapidement sur la gauche de la 1re Division, et l'Empereur la, porte à l'attaque des Saxons. A une heure, l'action est générale et fortement engagée sur tous les points; la Division Heudelet marche sur Cospoda et Vierzehn-Heiligen pour séparer le centre de la ligne prussienne de son aile droite et envelopper celle-ci. La manœuvre réussit parfaitement, grâce à l'admirable bravoure de nos troupes, et le mouvement rétrograde des Prussiens laisse bientót les Saxons isolés.
Vers trois heures, la Division Heudelet marche à l'attaque de front des Saxons que la cavalerie charge sur les flancs et les derrières. L'infanterie saxonne en désordre se jette à droite et à gauche de la chaussée ; les carrés qu'elle forme sont enfoncés, tout fut sabré ou pris. A quatre heures, la défaite de l'armée prussienne était achevée ; le champ de bataille, couvert de ses débris, n'offrait au loin aucune troupe formée et en état de combattre.
La nuit qui survint favorisa non la retraite, mais plutô la fuite de milliers de soldats isolés, débris confus de différentes armes, et nous entrions à Weimar avec les fuyards. Cette victoire coûtait au 63e, 6 Officiers tués, 4 blessés, dont le Colonel Lacuée ; 179 Sous-officiers et soldats restèrent sur le champ de bataille. Mais l'armée prussienne avait perdu toute retraite, toute sa ligne d'opérations; elle laissait entre nos mains 60 drapeaux, 30 à 40,000 prisonniers, 300 pièces de canon, et l'Empereur pouvait dire avec raison aux soldats qui avaient si bien combattu, que "de cette armée si fière quelques jours auparavant, il ne restait que des débris, chaos informe, méritant plutôt le nom de rassemblement, que celui d'armée".
Le soir de la bataille, le 7e Corps bivouaque au Belvedère, près de Weimar, où l'Empereur le laissa un peu se reposer. Dès le 17, il se remet en marche avec les 3e et 5e Corps, derrière lesquels il se tient à une demi-journée; il est dirigé sur Berlin, au-devant des Russes. Le 19 octobre nous sommes à Halle, et le 20 nous franchissons l'Elbe an pont de Dessau. A partir de ce moment, pendant que les autres Corps de l'armée sont à la poursuite des derniers débris de l'armée prussienne, les 3e, 5e et 7e Corps se dirigent sur Berlin en faisant de 20 à 30 kilomètres par jour.
Le 26, le 7e Corps fait son entrée dans Berlin ; le 3e y était entré la veille ; l'Emperenr avait voulu réserver cet honneur au vainqueur d'Auerstaedt. Ce même jour, l'Empereur, pour remercier ses soldats de toutes les grandes choses qu'ils venaient d'accomplir, faisait mettre à l'ordre la proclamation suivante qui était lue dans les cantonnements : "Soldats, vous avez justifié mon attente et répondu dignement à la confiance du peuple français. Vous avez supporté les privations et les fatigues avec autant de courage que vous avez montré d'intrépidité dans les combats. Tant que vous serez animés de cet esprit, rien ne pourra vous résister ; la cavalerie a rivalisé avec l'infanterie et l'artillerie. Je ne sais désormais à quelle arme je dois donner la préférence ; vous étes tous de bons soldats. Voici les résultats de vos travaux. Une des premières puissances militaires de l'Europe, qui osa naguère nous proposer une capitulation honteuse, est anéantie. Nous avons fait 60,000 prisonniers, pris 65 drapeaux, 600 pièces de canon, 3 forteresses, plus de 20 généraux. Toutes les provinces de la monarchie prussienne jusqu'à l'Oder sont en notre pouvoir. Soldats, les Russes se vantent de venir à nous ; nous marcherons à leur rencontre; nous leur épargnerons la moitié du chemin. Ils retrouveront Austerlitz au milieu de la Prusse". Le 29 octobre, de nombreuses promotions sont accordées aux Officiers et Sous offficiers du 63e :
"Au quartier-impérial à Berlin, le 29 octobre 1806
Sont nommés :
Renaverdet, lieutenant, est nommé capitaine ; Boistel, idem : idem ; Touzet, idem : idem ; Meunier, idem : idem ; Juntes, sous-lieutenant : lieutenant ; Guillaume, idem : idem ; Manteau, idem : idem ; Toussaint Garnier, idem : idem ; Mégat, idem : idem ; Cuibeau, idem: idem ; Hesard, sergent-major : sous-lieutenant ; Didiat, idem : idem ; Videau, idem : idem ; Prieuré, idem : idem; Dulaut, idem: idem ; Henry Dessaute, idem : idem" (Source : Le Moniteur Universel du 7 décembre 1806 ; cité dans le Forum des APN).
Par un décret du 2 décembre, Napoléon ordonna, en outre l'érection d'un monument dédié par lui aux soldats de la Grande-Armée. Ce monument, qui est la colonne Vendôme, fut fait avec les canons pris sur l'ennemi. Le 63e peut donc la regarder comme un témoignage de la vaillance de ses aînés.
Le 1er novembre, les effectifs sont les suivants : 1er Bataillon: 33 Officiers, 866 hommes ; 5 hommes détachés, 1 Officiers et 44 hommes aux hôpitaux. 2e Bataillon : 23 Officiers, 873 hommes ; 4 hommes détachés, 3 Officiers et 24 hommes aux hôpitaux.
Situation de la Grande Armée - novembre 1806 (Nafziger - 806KXA) Sources : Archives françaises, C2 470 |
7e Corps : Augereau - 1er novembre 1806 (Nafziger - 806KXF) Sources : Archives françaises, C2 481, 482, 483 |
Ordre de bataille français, Campagne d'hiver - novembre-décembre 1806 (Nafziger - 806KJB) |
Le Régiment occupa Berlin jusqu'au 7 novembre; le 29 octobre il était passé en revue avec le 7e Corps par l'Empereur, qui constatait dans le 22e bulletin que la vue de ce corps "était magnifique".
A cette époque, "Par un rapport en date du 7 novembre 1806, le maréchal Berthier, ministre de la guerre, rend compte de la condamnation à mort d'un soldat du 63e de ligne pour avoir déserté avec armes et bagage et de la cassation illégale de ce jugement par le général Heudelet en raison des bons antécédents du soldat condamné.
Il propose è l'Bmpereur de désapprouver la conduite du général Heudelet, mais en même temps de gracier le soldat"; Napoléon répond : "Approuvé" Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 780).
Le repos ne fut pas de longue durée. Bientôt, en effet, arrivait l'ordre de marcher sur la Vistule, au-devant des Russes, par Custrin, Landsberg, Driesen et Schneidemühl.
Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 3e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 24e de Ligne, 1 du 44e, 1 du 63e, 1 du 105e, 1 du 7e d'infanterie légère, 1 du 16e, total : 840 hommes.
Le 13 novembre, le 7e Corps se dirige sur Bromberg, où il est le 16.
7e Corps : Augereau - 15 novembre 1806 (Nafziger - 806KXG) Sources : Archives françaises, C2 481, 482, 483 |
Puis il marche sur Thorn, et enfin sur Varsovie par Brzesc et Kowal. L'effectif au 20 novembre est de 60 Officiers et 1627 hommes.
Dans cette marche depuis Bromberg, les souffrances dépassèrent toute mesure. "Il n'y a absolument aucune ressource dans le pays que j'occupe", écrivait Augereau au Major général le 1er décembre; "il serait impossible d'y faire vivre les troupes pendant 24 heures".
Le 3 décembre 1806, l'Empereur écrit depuis Posen, à Fouché, Ministre de la Police générale : "... L'état-major vous fera connaître où se trouve le sieur Oudet, major du 63e régiment de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11382 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13734).
Le 10 décembre, Augereau écrivait à Murat : "Il faudrait que vous fussiez témoin de ma situation pour vous en faire une idée. Elle est si critique, qu'il faut absolument aviser à de nouveaux cantonnements". Aussi le 7e Corps n'arriva-t-il pas jusqu'à Varsovie ; de nouveaux ordres de l'Empereur l'arrêtèrent vis-à-vis de Zakroczyn, où il fit des préparatifs pour effectuer le passage du fleuve, en établissant en cet endroit un pont et une tête de pont.
7e Corps : Augereau - 10 décembre 1806 (Nafziger - 806LXA) Sources : Archives françaises, C2 481, 482, 483 |
Le 15 décembre, le 63e totalise 60 Officiers et 1627 hommes (1 Officier et 9 hommes détachés, 160 hommes aux hôpitaux) (Source : Nafziger - 806KAB, d'après Foucart, P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806 - Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre", Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, Paris, 1882; et 806KBJ).
7e Corps : Augereau - 15 décembre 1806 (Nafziger - 806LXF) Sources : Archives françaises, C2 481, 482, 483, 484 |
Composition du 7e Corps du Maréchal Augereau au 15 décembre :
1ère Division, Général Desjardins : 16e Léger (3 Bataillons), 14e, 44e et 105e de Ligne, 9 Bataillons, 12 pièces, 6026 hommes.
2e Division Heudelet : 7e Léger, 24e et 63e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 6184 hommes.
Parc d’Artillerie, Génie, Gendarmerie : 12 pièces, 373 hommes.
Cavalerie légère, Général Durosnel : 7e et 20e Chasseurs, 6 Escadrons, 1441 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
Le 19 décembre, faute de matériaux, on n'avait pas encore pu parvenir à jeter un pont à Zakroczyn; mais comme il y avait urgence, Augereau fit passer le fleuve en bateau, pendant qu'il prenait ses dispositions pour faire achever le pont, afin de faciliter l'arrivée des convois et de soulager sa misère croissante. "La pénurie des subsistances se fait sentir tous les jours davantage", écrivait-il de nouveau à Murat les 18 et 20 décembre ; "ma gauche a beaucoup de peine à vivre au jour le jour. Sans Varsovie, nous serions morts de faim". Le 22, le 7e Corps était à Plonsk avec ses avant-postes sur l'Ukra.
Le 24, en arrivant de Plonsk sur l'Ukra, le 7e Corps rencontre à Kolozomb l'ennemi qui défendait le pont. Augereau ordonne aussitô le passage. La Division Desjardins est chargée de l'attaque à Kolozomb; celle du Général Heudelet (63e) de l'attaque de Choczim ; le pont de Kolozomb fut enlevé de la manière la plus brillante ; l'attaque sur Choczim ne fut pas moins audacieuse. Le Général Heudelet entreprit de faire rétablir le pont sous le feu de l'ennemi, auquel répondait celui de son artillerie et de la mousqueterie des deux Bataillons du 63e. Heudelet s'obstinait à la réparation du pont, lorsqu'il apprit qu'un détachement qu'il avait envoyé à Gromadzin pour reconnaître un autre passage, avait réussi à jeter deux Compagnies sur l'autre rive ; il allait diriger sur ce dernier point la majeure partie de ses troupes, lorsqu'Augereau, maître du pont de Kolozomb , ordonna à Heudelet d'y faire passer une de ses Brigades, qui marcha ensuite sur Choczim. Le reste de la Division eut alors facilement raisuon de la résistance de l'ennemi en ce dernier point, et le pont fut enlevé. "Ces deux attaques de pont, dit Mathieu Dumas, sont une des actions les plus remarquables entre celles qui ont illustré l'armée française". Le 7e Corps poursuivit ensuite sa marche pour se rendre à Nowemiasto.
Le 25, il est dirigé sur Golymin. En y arrivant, le 26, il se trouva en présence de l'ennemi dont la ligne s'étendait à la droite de Golymin. Augereau porte la 1re Brigade de la Division Desjardins en avant, et pour n'être pas débordé sur sa droite, il arrête à Ruskowo la seconde Brigade; puis il dirige obliquement à gauche sur Walkowo et dans l'intervalle entre ce village et Golymin les deux Brigades de la Division Heudelet. Le 63e enlève à la baïonnette le village de Walkowo; mais comme il en débouche, l'ennemi déploie une ligne de cavalerie. Heudelet fit former les carrés; leur bonne contenance et leurs feux de file arrêtèrent la cavalerie russe. Le combat continua ainsi jusqu'à 11 heures du soir et l'ennemi resserré et presque entouré dans Golymin, profita de la nuit pour l'évacuer, nous laissant son artillerie, ses bagages, presque tous ses sacs ; le 27, nous occupâmes cette ville. Cet engagement fut aussi vif qu'il pouvait l'être entre des hommes excédés de fatigue, rebutés par les mauvais chemins, combattant presque sans se voir à travers des tourbillons de neige et de pluie et pouvant à peine se servir de leurs armes. Le Régiment a eu à Golymin 1 Officier mort de ses blessures, le Lieutenant Grévy (mort le 27 septembre 1807) et 3 blessés : Capitaine Adjudant major Nogier, Lieutenant Donnot et Sous lieutenant Cassier.
A la suite de ce combat et de ceux qui avaient eu lieu sur d'autres points, l'Empereur ayant acquis la certitude que les Russes continuaient leur retraite, ordonna de prendre les quartiers d'hiver. Son but était atteint; l'ennemi avait dû évacuer la Pologne prussienne après avoir perdu plus de 25,000 hommes, 80 canons et une immense quantité de bagages. Mais nos hommes étaient excédés. "Il faut payer un juste tribut au courage héroïque des officiers et des soldats de cette armée. Leurs plus beaux faits d'armes sont, en effet, moins remarquables que leur constance à supporter tant de fatigues et de privations, à lutter jour et nuit contre l'inclémence de la saison, à marcher et combattre à travers des terrains fangeux, où les hommes et les chevaux, épuisés par de continuels efforts, restaient souvent ensevelis" (Mathieu Dumas).
Le 7° corps vient cantonner entre la Vistule et l'Ukra, dans l'arrondissement de Wyszogrod.
h/ 1807
Fig. 2 ; Sapeur en 1807-1808 d'après la suite dite de Otto de Bade (Kolbe) |
Fac-similé réalisé par L. Rousselot et publié en 1942-1943 par A. Depreaux |
Dessin de P. A. Leroux paru dans le bulletin de la SCFH en 1951 |
L'interprétation faite par Rigo |
Dessin de Bob Marrion paru dans Military Illustrated de février 1994 |
Dessin du dessinateur allemand K. Tohsche |
Dessin de D. Davin paru dans la revue du Bivouac en 2006 |
- En Pologne
Le 6 janvier nous étions établis dans nos cantonnements définitifs, et le Régiment y passa presque tout le mois dans d'assez bonnes conditions matérielles. Le 10 janvier, l'effectif est de 60 Officiers et 1599 hommes (7 hommes détachés, 3 Officier et 180 hommes aux hôpitaux), répartis en deux Bataillons (Nafziger 807AAA, 807AAD et 807AXA - sources : Foucart P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806 - Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre, Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, Paris, 1882; Archives françaises, Carton C2 481, 483, 484).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 10 janvier 1807 (Nafziger - 807AXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 12 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez l'ordre qu'il soit distribué, dans la journée du 15, 1500 capotes toutes faites du magasin de Varsovie au corps du maréchal Augereau, savoir :
... 150 au 63e
... Donnez l'ordre au maréchal Augereau de faire en sorte que les officiers d'habillement de ces corps soient rendus le 15 à Varsovie, et que ces capotes soient délivrées sans retard aux hommes de ces différents corps qui n'en auraient point" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 868 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14024).
Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre que sur les 1500 capotes que j'ai destinées au corps du maréchal Augereau et qui devaient être délivrées aujourd'hui :
4 capotes soient données au détachement du 24e de ligne
25 au détachement du 63e ...
... Donnez ordre qu'il soit délivré des magasins de Varsovie 20 paires de souliers au 7e d'infanterie légère ...
35 au 63e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 20 janvier 1807 (Nafziger - 807AXD) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
7e Corps : Augereau - 21 janvier 1807 (Nafziger - 807AAE) Sources : Foucart P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806 - Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre, Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, Paris, 1882 |
Mais bientôt les Russes se reportent au-devant de nous, et le 26 janvier l'Empereur met à son tour la Grande-Armée en mouvement. Le 7e Corps reçoit l'ordre de se réunir à Mlawa.
L'Empereur comptait prendre l'offensive le 1er février. Augereau dut en conséquence se diriger sur Neidenburg et Janowo, et les souffrances recommencent. Le 30 janvier, Napoléon adressait à l'armée cette proclamation qui, lue dans les bivouacs du 63e, enflamma tous les courages et fit oublier les misères qui venaient de nouveau nous assaillir. "Soldats ! l'armée russe battue au passage de l'Ukra, aux combats de Czarnovo, de Nasielsk, de Pultusk, de Golymin, n'a échappé qu'à la faveur des boues qui ont empêché la marche de nos colonnes. J'espérais que ces nouveaux revers éclaireraient leur politique. Les premiers ils lèvent leurs quartiers d'hiver et viennent inquiéter leurs vainqueurs pour éprouver de nouvelles défaites. Puisqu'il en est ainsi, sortons d'un repos qui ferait tort à notre réputation; qu'ils fuient épouvantés devant nos aigles jusqu'au delà du Niémen. Soldats, au milieu des frimas de l'hiver comme au commencement de l'autonme, vous serez toujours les soldats français de la Grande-Armée".
Situation du 7e Corps - 1er février 1807 Source : Quintin - Eylau (Livrets de situations de la Grande Armée conservés au SHD, Département Terre, sous la cote C2-483) |
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 2 février 1807 (Nafziger - 807BXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 3 février, nous arrivons à Allenstein, et en arrière de ce point on trouvait une partie de l'armée russe rangée en bataille à Bergfriede. L'Empereur, après avoir reconnu l'ennemi, place le Corps de Ney sur la gauche, le 7e au centre, Soult à droite ; l'ennemi, après une vive résistance, dut battre en retraite sans que le 7e Corps eût eu besoin de s'engager.
Le 6 au matin, l'armée continua sa marche pour suivre les Russes. Arrivé à Glandau, on rencontra leur arrière-garde établie entre Glandau et Hoff; l'ennemi fit en même temps un mouvement pour la soutenir. Augereau prit alors position et le village de Hoff fut enlevé. En vain l'ennemi sentant l'importance de ce point, fait-il marcher de nouveaux Bataillons pour le reprendre; leurs efforts échouent devant nos baïonnettes, nos cuirassiers les prenant en flanc les écharpent. Les Divisions Heudelet et Desjardins se portant alors en avant, achevèrent de culbuter tout ce qui se trouva devant elles.
Fac-similé réalisé par L. Rousselot et publié en 1942-1943 par A. Depreaux |
Le même d'après P. A. Leroux; dessin paru dans le bulletin de la SCFH de 1960 |
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Le même d'après K. Tohsche |
Le même d'après B. Coppens |
Dessin de D. Davin paru dans la revue du Bivouac en 2006 |
Le 7, on continua la poursuite de l'ennemi qui fut mené battant jusque près de la ville d'Eylau. Les deux armées s'arrêtèrent à demi-portée de canon l'une de l'autre et passèrent la nuit à se préparer au combat. Le lendemain, 8 février, avant la pointe du jour, l'ennemi engagea l'action. Bientôt les Divisions Heudelet et Desjardins débouchant, entrent en ligne vers le cimetière d'Eylau, derrière lequel la Garde était en réserve, et se portent à l'attaque du centre de la ligne russe. En ce moment une neige épaisse obscurcit tout à coup l'horizon. Pendant cette nuit soudaine, la tête des colonnes du 7e Corps perd son point de direction et se porte trop à gauche. Les Divisions Heudelet et Desjardins se trouvent ainsi engagées entre les troupes de l'aile droite des Russes et celles du centre et de la réserve, et exposées au feu d'une batterie masquée qui se découvre en ce moment. Dans cette circonstance, elles tirent des pertes énormes dans un combat corps à corps. Augereau, blessé, est emporté du champ de bataille ; le Général Heudelet est également blessé. Le brave colonel du 63e, Lacuée, qui, blessé à deux reprises différentes, s'était échappé des mains des chirurgiens et n'avait pas voulu quitter le champ de bataille, est emporté par un boulet ; la mort fait une abondante moisson dans les rangs du Régiment.
On fit de part et d'autre peu de prisonniers, car on se battait avec acharnement et sans faire de quartier. La rigueur du froid, la difficulté des mouvements au milieu des tourbillons et des amoncellements de neige, avaient porté à l'extrême les fatigues, la constance et la fureur des soldats. Pour dégager un peu le 7e Corps, Napoléon donne l'ordre à Murat et à Bessières de charger avec toute la cavalerie le centre de l'ennemi; le mouvement réussit et la lutte recommença acharnée sans pitié ni merci. Ce ne fut que vers dix heures du soir que le feu cessa sur la ligne et que l'ennemi se décida à la retraite.
Les pertes du 63e étaient selon l'Historique régimentaire de 12 Officiers et de 423 hommes, près du tiers de l'effectif. Selon l général Adolenko, le 63e comprenait 1735 hommes le 1er février et 922 le 10 février, ce qui fait une différence de 813 hommes soit 46% de l'effectif. Martinien indique que 5 Officiers ont été tués (Colonel Lacuée, Capitaine Renardet, Lieutenant Guillaume, Sous lieutenants Resnier et Lecharron), 3 sont morts des suites de leurs blessures (Chef de Bataillon Guiton, mort le 10; Capitaine Cauvin, mort le 10 avril; Lieutenant Arnal, mort le 12 mars), 21 sont blessés (Chef de Bataillon Gentil; Capitaines Garibal, Bonnal, Hotte, Abel, Malmontet, Gillet; Lieutenants Dassieu, Revel, Carré, Boutigny, Riche, Tuesch, Garnier; Sous lieutenants Joubert, Pelluchon, Videau, Denant, Bec, Ferat, Prieur). Parmi les morts, se trouvait, ainsi que nous l'avons dit, le Colonel Lacuée. Il avait noblement et religieusement tenu à la tête de son Régiment le serment qu'il avait prêté le 2 décembre 1804, au Champ de Mars, de sacrifier sa vie pour défendre son drapeau et pour le maintenir dans le chemin de la victoire. Honneur donc à lui et aux braves qui succombèrent dans cette terrible journée !
D. et B. Quintin notent au total pour le Régiment 8 Officiers tués (5 tués, 3 mortellement blessés), 99 Sous-officiers et soldats morts (90 tués, et 9 mortellement blessés), soit 107 morts; auxquels ils ajoutent 99 cas incertains, rayés des contrôles car sans nouvelle après blessure à Eylau, et 13 cas, morts après le 8 février 1807 par suite de blessures sans autre précision.
L'Empereur voulut lui-même annoncer au Général Lacuée la mort de son neveu, et il le fit le 12 février dans une lettre écrite à Eylau, dans les termes suivants : "Votre neveu est mort sur le champ de bataille à la tête de son régiment. Un boulet l'a frappé: il n'a point souffert. C'était un officier distingué que je regrette vivement" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11808 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14302).
"XXe BULLETIN.
A Preussich-Eylau, le 9 février1807.
Bataille d'Eylau.
... Le colonel Lacuée, du 63e, et le colonel Lemarois, du 43e, ont été tués par des boulets" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 170 ; Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 124 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11790 - 58e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE).
Précisons que dans la Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, il est indiqué que le Colonel Lacuée a en réalité été tué par un coup de feu au bas-ventre, et non par un boulet.
Le 7e Corps bivouaqua sur le champ de bataille entre Eylau et Rothenen. A la suite de la mort glorieuse du Colonel Lacuée, l'Empereur donna, le 9 février, le commandement du 63e à M. Saint-Raymond. Mais, dès le lendemain, cet Officier, qui ne paraissait pas au Régiment, prenait le commandement du 33e et le 63e était mis sous les ordres d'un des plus brillants Officiers de l'Empire, le Colonel Mouton-Duvernet. Cette affirmation est des plus curieuse car à cette époque, le Colonel Saint-Raymond est décédé depuis le 11 décembre 1806 ! (voir Historique du 33e de Ligne). L'Empereur se serait il trompé ? Ou est ce une erreur manifeste de l'Historique du 63e de Ligne ?
Selon Jules Boucquel de Beauval, Officier entré au 63e de Ligne après la bataille d'Heilsberg, Mouton Duvernet était un "homme actif, intelligent, joignant le sang froid à la bravoure…, aimant le luxe, la représentation, jamais plus beau que devant l'ennemi, inspirant à ceux qui l'entouraient une confiance qui s'étendait jusqu'à ses supérieurs… C'était près de Mouton Duvernet que se groupaient les généraux dans les moments critiques…".
COLONEL MOUTON-DUVERNET 10 FEVRIER 1807 Né au Puy (Haute-Loire), le 3 mars 1770 - Soldat au Régiment de la Guadeloupe, le 15 août 1787 - Caporal, le 1er septembre 1788 - Fourrier en 1789 - Congédié le 21 avril 1791 - Volontaire au 2e Bataillon du Gard, le 3 décembre 1791 jusqu'en 1792 - Entré dans les Guides à cheval de l'Armée des Alpes, le 28 août 1792 jusqu'au 30 janvier 1793 - Sergent-major au 1er Bataillon de la Haute-Loire, le 31 janvier 1793 - Adjudant le 15 mars 1793 - Adjudant-major, le 19 février (sic) 1793 - Capitaine, le 20 mai 1793 - Aide de camp du Général Chambarlhac, le 8 mars 1796 - Chef de Bataillon, le 23 juin 1798 - Major au 61e, le 19 avril 1806 - Colonel du 63e, le 10 février 1807. |
Jusqu'au 16 février, l'armée resta campée à peu près dans les mêmes conditions qu'après la bataille. Les cantonnements furent seulement étendus pour la facilité des subsistances. Le Corps d'Augereau, qui avait le plus souffert, fut placé en arrière d'Eylau sur la route de Bartenstein. Le 16, l'Empereur annonca à l'armée qu'elle allait rentrer dans ses cantonnements définitifs, et il le fit par la proclamation suivante qui était en même temps un hommage bien mérité rendu à la bravoure et à l'héroïsme des soldats de la Grande-Armée : "Soldats! nous commencions à prendre un peu de repos dans nos quartiers d'Hiver, lorsque l'ennemi a attaqué le 1er corps et s'est présenté sur la basse Vistule. Nous avons marché à lui, nous l'avons poursuivi l'épée dans les reins pendant l'espace de 80 lieues. Il s'est réfugié sous le rempart de ses places et a repassé le Prégel. Nous lui avons enlevé aux combats de Bergfriede, de Deppen, de Hoff, à la bataille d'Eylau, 654 pièces de canon, 16 drapeaux et tué, blessé ou pris plus de 40,000 hommes. Les braves qui, de notre côté, sont restés sur le champ d'honneur, sont morts d'une mort glorieuse : c'est la mort des vrais soldats. Nous allons nous rapprocher de la Vistule et rentrer dans nos cantonnements. Qui osera en troubler le repos s'en repentira".
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 20 février 1807 (Nafziger - 807BXA) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Par ordre de l'Empereur du 21 février 1807, le 7e Corps est dissous. Il a trop souffert à la bataille d'Eylau, ses pertes sont trop considérables pour qu'il soit possible de le reconstituer dans les conditions où l'on se trouve alors.
"L'Empereur ayant jugé convenable de dissoudre le corps d'armée, Son Altesse Sérénissime le prince major général a ordonné que le 7e régiment d'infanterie légère se rendrait à Hohenstein avec 8 pièces d'artillerie, afin de s'y réunir au 3e corps d'armée ; les 16e d'infanterie légère, 24e et 63e de ligne à Wormditt, afin de s'y réunir au 1er corps d'armée ; les 14e et 105e régiments d'infanterie, avec 8 pièces d'artillerie à Liebstadt, afin de s'y réunir au 4e corps d'armée ; enfin le 44e régiment à Osterode, pour s'y réunir au 10e corps. Le surplus de l'artillerie des divisions s'est réuni au parc d'artillerie de réserve, qui s'est mis en marche le même jour pour rejoindre le grand parc de l'armée" (Journal des opérations du 7e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 224).
Le 16e d'Infanterie légère, les 24e et 63e de Ligne passent donc au 1er Corps sous le commandement du Maréchal Bernadotte. Le 63e est placé à la 3e Division, Général Villatte, et sous les ordres du Général de Brigade Frère.
Le 23 février, l'armée est établie dans ses nouveaux cantonnements. Le 1er Corps, dont les centres sont Holland et Braunsberg, éprouve seul quelques difficultés. Mais, après avoir repoussé l'ennemi, il peut enfin s'installer à son tour.
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Duroc : "… Le 7e corps ayant été dissous, vous trouverez ci-joint les notes des corps auxquels ont été donnés les régiments, savoir : les 16e léger, 63e et 24e de ligne, au 1er corps ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14502).
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Dau, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
... 63e de ligne ...
Dépôts à Schwetz ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataill d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : … Pour la Grande Armée … 63e de ligne 150" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 19 mars 1807 (Nafziger - 807CXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 20 mars 1807, Napoléon écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales, au sujet des Régiments provisoires devant se mettre en route pour rejoindre la Grande Armée : "... Le 63e ne fournit que 74 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14774).
Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
63e de ligne 38 [Pour les grenadiers] 28 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).
Les mois de mars, avril et mai se passèrent ainsi assez tranquillement.
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 30 mars 1807 (Nafziger - 807CXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Pour récompenser le Régiment qui s'était si vaillamment conduit depuis le commencement de la guerre de la coalition, l'Empereur décide de lui accorder, le 31 mars, 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux Officiers et 9 aux Sous-officiers et soldats qui s'étaient fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite. Il écrit donc, depuis Osterode, au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
… 63e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Ceux qui reçurent cette récompense pour s'être montrés braves entre les braves, méritent certes d'avoir leurs noms dans le Livre d'or du Régiment. Les voici : MM. Poirot, Cauvin, Hotte, Sauset, Bonnal, Thibault, Capitaines ; Thuesch, Grévit, Klimbogel, Lieutenants; Lattil, Chirurgien-major; Caillet, Planton, Gibert, Sergents-majors; Pellegrin, Choiselat, Francier, Sergents; Roche, Martin, Fusiliers. La Sabretache de 1907 indique également que les Officiers et Sous officiers suivants ont également été proposés pour recevoir la Légion d'Honneur :
"Manceau (Vincent -Victor), lieutenant. - Atteint et renversé d'un biscaïen au moment où il amenait au général de division une cinquantaine de Russes qu'il venait de prendre avec une section de voltigeurs qu'il commandait.
Proquez (François-Aubin), capitaine. - A la tête de deux compagnies, culbuta et força à la retraite un régiment de cavalerie ennemie.
Merlin (Didier-Rémy), caporal de grenadiers. - Blessé fortement d'un coup de feu au bras droit, il ne voulut pas quitter sa compagnie pour se faire panser : "Nous avons le temps de guérir, disait-il, et non pas toujours celui de vaincre"".
La situation du 63e à la date du 1er avril, est la suivante : 1er Corps (Bernadotte), 3e Division Général Villatte, 1er Brigade Général Frère : 27e Léger; 63e de Ligne (Colonel Mouton-Duvernet) : ler Bataillon Commandant Guiton; 2e Bataillon Commandant Gentil; effectif 1,358 hommes.
Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
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Numéros des Régiments, et noms des Colonels |
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres |
Numéro des Bataillons |
Emplacement, et conscription de l'an 1807 |
Division Militaire |
63e Mouton |
Oudet |
Major |
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5e |
"Par décret rendu au camp impérial de Finckenstein, le 14 avril 1807, Sa Majesté a nommé membres de la Légion-d'Honneur, les militaires ci-après désignés :
63e régiment d'infanterie de ligne.
MM. Poirot, Cauvin, Hotte, Sanset, Bonnal, Thibault, capitaines; Klinbogel, Tuesch, Grevit, lieutenans; Lattil, chirurgien-major; Caillet, Planton, Gibert, sergens-majors ; Pellegrin, Choiselat, Francier, sergens; Roche, Martin, fusiliers" (Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 15 avril 1807 (Nafziger - 807DXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes.
idem du 63e de ligne 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 30 avril 1807 (Nafziger - 807DXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 63e ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).
Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Villatte.
Le 63e de Ligne, en réserve à Schlodien (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 15 mai 1807 (Nafziger - 807EXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 63e 300 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
Fac-similé réalisé par L. Rousselot et publié en 1942-1943 par A. Depreaux |
Le même d'après P. A. Leroux; dessin paru dans le bulletin de la SCFH de 1960 |
Le shako de Grenadiers tel que donné par L. Rousselot |
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Le même d'après K. Tohsche |
Dessin de D. Davin paru dans la revue du Bivouac en 2006 |
Dessin de P. Alekhine d'après Otto de Bade |
Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
1er Corps : Bernadotte - 1er juin 1807 (Nafziger - 807FAQ) Sources : Cazalas, Memoires du Général Benningsen, Paris, |
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 1er juin 1807 (Nafziger - 807FXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Dans les premiers jours de juin, les Russes, qui avaient reçu des renforts, dirigeaient de nombreuses colonnes contre les cantonnements de l'Armée française.
Le 4, l'ennemi engage une canonnade assez vive sur Braunsberg et sur la tête de pont de Spanden, et il dessina, sur ce dernier point, une attaque qui fut repoussée. En rendant compte des événements de la journée au Major Général, le prince de Ponte-Corvo cite, comme s'étant distingués, les 63e et 96e de Ligne, le 27e Léger et le 27e de Dragons. "Il me semble, dit le Maréchal, que toutes ces démonstrations de l'ennemi tendent à cacher un grand mouvement. Je me tiens en mesure à tout événement, et j'ose assurer V. A. que toutes les troupes que je commande sont bien disposées à faire leur devoir. J'ai concentré la 4e division de dragons entre la Passarge et Muhlhausen, et les 6 bataillons du camp d'Ebersbach sont prêts à se porter partout où besoin sera". On assure que les Russes marchent sur Heilsberg, et que leurs réserves et les magasins ont passé la Prégel pour suivre le mouvement que l'armée fait en avant (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 550).
Le 4 juin, le Sous lieutenant Thonion est blessé au cours du combat au pont de Spanden.
Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
... 3e Division : Général Villatte. Quartier général à Garwinden.
27e Régiment d'infanterie légère. 1600 hommes.
63e Régiment d'infanterie de Ligne. 1420 »
94e Régiment d’infanterie de Ligne. 1612 »
95e Régiment d'infanterie de Ligne. 1740 »
Total 6372 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).
Le 5, vers neuf heures du matin, deux des colonnes russes se portent sur la tête de pont de Spanden que le Général Frère défendait avec le 27e Léger. Aussitô le 63e et le 17e Dragons sont placés sur les hauteurs de Spanden, en arrière de la tête de pont, pour soutenir le Régiment chargé de la défense de l'ouvrage. Après une violente canonnade qui dura deux heures, l'ennemi donne l'assaut. On le laisse approcher sans tirer jusqu'au pied des retranchements. Là, il est assailli par un feu si meurtrier que 300 hommes sont tués en rien de temps. Le reste commence à se débander. Alors le 17e dragons, descendant des hauteurs, se lance à la charge appuyé par le 63e. L'ennemi fut ainsi poursuivi jusqu'au village de Wuhsen et perdit dans cette affaire 700 à 800 blessés.
Bernadotte qui, dès le commencement de l'action, s'était porté dans les retranchements, y fut atteint d'une balle à la tête et forcé de quitter le champ de bataille. Le 63e a eu un Officier blessé le 5 juin, le Sous lieutenant Didiat.
Lorsque l'engagement est tout à fait terminé, le Prince de Ponte-Corvo en rend compte au Major Général par le rapport suivant : "Au Quartier Général à Schlobitten, le 5 juin 1807, 6 heures du soir.
A S. A. S. le Prince de Neufchâtel et Valangin Major Général.
Prince, le succès que j'ai eu l'honneur de vous annoncer par ma lettre de ce jour écrite à midy, a été complet, et les Russes qui ont cherché à escalader la tête de pont de Spanden, ont été mis dans une déroute parfaite, après avoir laissé 300 morts au pied de nos retranchements, et une centaine de blessés qu'il n'a pas eu le temps d'emporter.
Cinq régiments d'infanterie russe, sous les ordres du Général Warneck, se sont présentés pour monter à l'assaut. Le Général Frère a fait alors cesser le feu de l'artillerie de la tête de pont, et il a ordonné au 27e régiment d'infanterie légère de se cacher derrière les parapets. L'ennemi a cru que nous nous retirions et que le peu de monde qui restait dans les retranchements n'était pas disposé à faire une grande résistance. Dans cette idée, il s'est précipité sur les abatis et déjà il commençait à les franchir, lorsque des décharges de mitraille et de mousqueterie à quinze pas de distance, lui ont fait voir que cette conquête n'était pas facile. Les Russes ont soutenu un moment leur premier effort, mais, à la fin, déconcertés par le grand nombre des leurs qui tombait sans cesse, ils ont fait demi-tour à droite et pris la fuite en grande hâte. Leur cavalerie, forte de plus de 3000 chevaux, et les nouvelles colonnes qui arrivaient à son secours, se sont avancées pour protéger la retraite des cinq régiments et celle de l'artillerie ; cela nous a empêchés de les suivre loin de nos retranchements.
J'avais ordonné au général Lahoussaye de faire passer la Passarge au 17e régiment de Dragons, aussitôt qu'il verrait l'ennemi se retirer. Ce régiment a très bien exécuté ce mouvement et malgré son infériorité en nombre, il a suivi l'ennemi jusqu'au delà de Wubsen, sur la route de Meblsack. Ce village a été trouvé rempli de deux cents blessés abandonnés.
Les troupes russes et prussiennes qui nous ont attaqués, étaient sous les ordres du général prussien Diercke. Le régiment russe Soleski est le premier qui s'est présenté pour monter à l'assaut ; son colonel, nommé Gernir, est du nombre des blessés restés en notre pouvoir.
Je ne saurais trop, M. le Duc, vous faire l'éloge des troupes qui ont agi dans cette glorieuse affaire. Le 27e régiment d'infanterie légère, les grenadiers et voltigeurs du 63e se sont particulièrement distingués.
Le général Frère et le colonel Lacoste ont puissamment contribué au succès par leur énergie et leur bonne contenance dans la redoute.
Le général Villatte a déployé beaucoup de talent et d'activité dans la manière de disposer les troupes et d'en imposer à l'ennemi, en lui montrant des forces partout où il se présentait pour passer la rivière. C'est particulièrement à gauche de Spanden et au bois près duquel j'ai été blessé, que l'ennemi a essayé cette diversion, mais quatre à cinq cents hommes du 95e régiment et quelque artillerie, conduite par le général Gérard, ont rendu sa tentative inutile.
Je recommande particulièrement à Votre Altesse et aux bontés de Sa Majesté le Général Maison, Chef de l’Etat-Major ; il s'est toujours trouvé, pendant l'action, sur les points les plus périlleux, et lorsque j'ai été obligé momentanément d'entrer dans une maison pour faire panser ma blessure, je lui ai fait connaître mes dispositions, qu'il a fait exécuter avec une intelligence et un zèle au-dessus de tout éloge. Il est de mon devoir de vous faire connaître la brillante conduite de cet estimable officier, mais je vous avoue, M. le Duc, que je paye un tribut bien doux à l'amitié, en lui rendant ici justice.
Je ne connais pas encore le nombre de nos blessés, mais je sais qu'heureusement il n'est pas considérable.
Le général Dupont n'a pas été attaqué.
Les médecins m'ayant déclaré ce soir, après la levée du premier appareil, qu'il y a à craindre une inflammation et qu'il est nécessaire que je prenne quelque repos pour éviter les accidents, j'ai écrit au général Dupont de venir prendre le commandement du Corps d'armée, et j'envoie à Braunsberg le général de division Lapisse pour le remplacer momentanément" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 552).
Le lendemain 6, le 1er Corps était placé sous les ordres du Général Victor.
A la suite de cette action et de celles qui avaient eu lieu en d'autres points du front des cantonnements, l'Empereur ordonna divers mouvements pour porter l'armée au-devant des Russes. Le 7 juin, le 1er Corps reçut l'ordre de pousser de fortes reconnaissances en avant de Spanden pour faire des prisonniers ; puis, tandis que les autres Corps de la Grande Armée se portaient en avant, le 1er était maintenu sur la basse Passarge pour y retenir un corps ennemi. Le 10, le Sous lieutenant Baudinot est blessé lors de la bataille d'Heilsberg (Martinien). Le 11 au soir seulement, le 1er Corps quitta ses positions, débouchant par le pont de Spanden, et marcha le 12 jusqu'à Mehlsack. Il avait l'ordre de se diriger sur Eylau pour entrer en ligne avec les autres Corps de l'armée. Pendant cette marche, il y eut presque chaque jour de légers engagements d'arrière-garde avec l'ennemi qui cherchait à nous empêcher de nous porter en avant.
Le 13 au soir, le 1er Corps arrivait à Eylau et bientô s'engageaient les préliminaires de la bataille de Friedland. Pour cette bataille; le 1er Corps, avec, la Garde impériale à pied et à cheval, formaient la réserve ; ces troupes étaient placées à Grünhoff, Bothkeim et derrière Posthenen.
Ordre de bataille français le 14 juin 1807 (Nafziger - 807FAE) |
Ordre de bataille français le 14 juin 1807 (Nafziger - 807FAE) |
L'action s'engagea le 14 juin, sur les cinq heures du soir seulement, au signal donné par l'Empereur. Le Corps de Ney, qui formait la droite, se porta en avant pour couper les Russes de Friedland; le 1er Corps vint alors se placer sur le terrain laissé libre par le Corps de Ney. Mais, dans le 1er Corps, à part la Division Dupont, les troupes furent peu engagées. Le 63e eut à soutenir les cavaliers de Lahoussaye chargeant à corps perdu les Russes, et il le fit avec le calme et la bravoure qui l'avaient toujours fait remarquer. A neuf heures, la bataille était terminée et l'ennemi en déroute sur tous les points; 80 pièces de canon, plusieurs drapeanx furent les trophées de cette mémorable victoire qui est inscrite sur le drapeau du Régiment. Le 63e pour sa part a eu 3 Officiers blessés : le Capitaine Touret, les Sous lieutenants Hézard et Lecanut.
L'armée passa la nuit sur le champ de bataille ; le 1er Corps bivouaqua à Posthenen. Le 15, elle se remit en marche. Le 1er Corps, formant tête de colonne, est suivi par ceux de Lannes, de Mortier et par la Garde impériale. La Pregel fut ainsi franchie le 16; le Lieutenant Joubert est blessé. Le soir de ce jour, le 1er Corps est en position en avant de Pétersdorff; le 17 au soir, il bivouaquait entre Leidingsfeld et Mellaucken sur la route de Tilsitt. Toute résistance de la part de l'ennemi était maintenant brisée, la guerre allait se terminer et le traité de Tilsitt en former le couronnement glorieux.
Le 18, le 1er Corps vint prendre position le long du Niémen à la gauche de Tilsitt. Le 21 juin, un armistice était signé et, le 22, l'Empereur adressait à ses soldats la proclamation suivante : "A la Grande Armée. - Soldats ! le 5 juin, nous avons été attaqués dans nos cantonnements par l'armée russe. L'ennemi s'est mépris sur les causes de notre inaction. Il s'est aperçu trop tard que notre repos était celui du lion; il se repent de l'avoir troublé. Dans dix jours de campagne, nous avons pris 120 pièces de canon, 7 drapeaux, tué, blessé ou pris 60,000 Russes, enlevé à l'armée ennemie tous ses magasins, ses hôpitaux, ses ambulances, etc ... Des bords de la Vistule, nous sommes arrivés à ceux du Niémen avec la rapidité de l'aigle".
En exécution des conventions de l'armistice, les divers corps des armées française et russe prirent de nouvelles positions; le 1er Corps fut établi à Wehlau. Le 9 juillet, le traité de paix fut signé à Tilsitt. Aussitô après, l'armée française commença son mouvement rétrograde. Le 12 juillet, l'Empereur dirige le 1er Corps sur Spandau, pour tenir garnison sur les états de la Prusse. Le 13, l'Empereur voulant "donner une preuve de sa satisfaction particulière pour les services rendus pendant la campagne par les différents régiments composant la GrandeArmée", accorda par décret au 1er Corps 400 aigles d'argent, dont 200 aux Officiers et 200 aux Sous-officiers et soldats.
Le Régiment (1er et 2e Bataillons) passa le reste de l'année en garnison à Berlin. Le 3e Bataillon était en garnison à Dantzig.
A noter que le 63e a reçu du département de l'Ourthe 119 conscrits de la Classe 1807 (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
- Le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan
L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’ Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.
Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Avec Le 2e Régiment provisoire d'Infanterie formé de détachements des 24e, 34e, 44e, 63e de Ligne.
Le 11 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke Clarke, le corps d'observation des côtes de l'Océan ne sera réuni à Metz, Nancy et Sedan, tout entier, que vers le 25 novembre ; cela ne peut point cadrer avec mes projets. Voici donc les mesures que mon intention est que vous preniez sans délai.
Faites préparer à Metz et sur toute la route de Metz à Bordeaux, des voitures en nombre suffisant pour porter mille hommes par convoi ; et vous ferez ainsi aller en poste, par un mouvement continu, les troupes qui seront arrivées à Metz le 15 et le 16 novembre.
Le 15 novembre, à cinq heures du matin, les premiers 1,000 hommes ... partiront sur ces voitures et continueront leur mouvement sur Bordeaux, de manière à y être rendus, si c'est possible, le 25 ou le 26 novembre.
Six heures après, le second convoi, compose des deux compagnies du 24e, de deux du 44e et des deux du 63e, suivra et prendra les mêmes relais ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13344 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16760).
i/ 1808
- Allemagne
Fig. 5 ; Sergent sapeur (en 1809) d'après Carl |
Sapeur vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Caporal sapeur 1808-1809, d'après Charmy |
Caporal sapeur en 1808 d'après H. Knötel |
La situation du 63e n'offre rien à signaler pendant les six premiers mois de l'année 1808, durant lesquels il continue d'occuper Berlin.
Le 18 février, l'Empereur avait rendu un décret d'après lequel les Régiments d'infanterie de ligne devaient se composer désormais d'un Etat-major et de 5 Bataillons ; les quatre premiers portant la dénomination de Bataillons de guerre, le 5e celle de Bataillon de dépôt. Chaque Bataillon de guerre, commandé par un Chef de Bataillon ayant sous ses ordres un Adjudant-major et deux Adjudants sous-officiers, devait se composer de six Compagnies, dont une de Grenadiers, une de Voltigeurs et quatre de Fusiliers. Le Bataillon de dépôt se composait de quatre Compagnies.
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
1er Corps de la Grande Armée. — Quant au 1er corps, les 8e et 32e de ligne, les 45e, 54e, 63e, 94e, 95e et 96e ... garderont tout leur monde ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
1er corps
... 63e de ligne 100 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
Situation en Mai 1808 (côe SHDT : us180805 C2644) Chef de corps : poste vacant Colonel - infanterie Garnison - Dépôt à : Belfort - 5e Division militaire Conscrits des départements des Deux Nèthes - de la Loire Inférieure de 1808 OUDET Major - infanterie ; GRASSET Quartier maître trésorier 1er Bataillon commandant : Chef de bataillon Bresson à Berlin - Grande armée - 1er Corps Victor - 3e Division Villatte - 1ère Brigade - Semelé Observations : mai 1808 effectif sous les armes : 36 Officiers 744 hommes 2ème Bataillon commandant : Chef de Bataillon Gentil à Berlin - Grande armée - 1er Corps Victor - 3ème Division Villatte - 1ère Brigade - Semelé Observations : mai 1808 effectif sous les armes : 25 Officiers 759 hommes 3ème Bataillon commandant : Chef de Bataillon Mouchon à Belfort - 5ème Division militaire |
Fig. 5a ; Sapeur (en 1809) d'après E. Lelièpvre (Historex) |
La nouvelle organisation régimentaire ne fut pas immédiatement appliquée au 63e; elle ne devait l'être qu'au moment de son départ pour l'Espagne.
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE
1er régiment de marche : deux bataillons à Wesel (deux bataillons) 1860 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret.
5° 1er RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 1er CORPS.
1er bataillon (6 compagnies).
Deux compagnies, chacune de 140 hommes, Venloo, du 8e de ligne, ci 280
Une compagnie de 140 hommes, Paris, du 32e de ligne
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, Belfort, du 63e de ligne. 420
Total 840 ...
Réunir ce régiment à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
Le 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Prince Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Vous devez avoir reçu les instructions du ministre de la Guerre pour la nouvelle organisation de l’armée.
1re division :
Le 35e :
Il me tarde que le le 35e ait ses quatre bataillons à la division du Frioul, formant, à un effectif de 140 hommes chacun, 3 360 hommes. Ce régiment en a aujourd'hui : présents à la division 2847 hommes ; il en a à Rome 240 et au dépôt 526, ce qui fait 3 613 hommes ; ainsi, vous aurez donc de quoi compléter les 4 bataillons ; il restera encore 253 hommes au dépôt.
Le 63e :
Je dis la même chose pour le 63e : il y a 2 293 hommes à la division, il en a 526 au dépôt, il en a 196 à Rome ; total 3 015, et en ôtant les 115 hommes au moins nécessaires pour le dépôt, il restera 2 900 hommes pour les quatre bataillons qui ne seront alors qu'à un effectif de 725 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18406). La 1ère Division est commandée par le Général Montrichard (Armée de Dalmatie).
Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg. La 1re brigade sera composée du 1er et du 5e régiment de marche. Le 1er régiment de marche sera composé de détachements d'hommes nécessaires pour compléter les régiments d'infanterie du 1er corps de la Grande Armée : le 5e régiment de marche, des détachements nécessaires pour compléter le 5e corps de la Grande Armée.
Le 1er régiment de marche sera composé de deux bataillons :
1er bataillon : 2 compagnies de 140 hommes chacune du 8e de ligne, 4 compagnies de même force du 63e de ligne ...
Chacun de ces régiments sera commandé par un major, et chaque bataillon par un chef de bataillon. Cette brigade forte de 3 à 3 500 hommes sera formée sans délai, et sera composée d'hommes bien habillés et bien équipés. Le maréchal Kellermann proposera un général de brigade pour la commander, et la tiendra prête à se porter partout où elle serait nécessaire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).
Fin octobre, le 63e a son 4e Bataillon à Dantzig. Le Dépôt (5e Bataillon) est à Belfort. Les trois autres Bataillons sont en Espagne.
- Inspection du Dépôt du 63e Régiment d'Infanterie de Ligne à Belfort par le Général Schauenburg, le 31 janvier 1808
"Dépôt du 63e Régiment d’Infanterie de Ligne. Revue passée à Belfort le 31 janvier 1808.
Espèce d’hommes. Passable.
Habillement. Mal façonné.
Equipement. Passable.
Armement. Idem.
Tenue. Très mauvaise en propreté, en régularité et en partie contraire aux lois.
Discipline. Passable.
Maniement d’armes. De toute nullité pour les hommes que j’ai vu à la revue.
Manœuvres. Idem.
Retenue. Celle qu’il se faisait mal à propos aux Grenadiers et Voltigeurs a été défendue.
Ordinaire. Bonne.
Pain. A été longtemps mauvais, est maintenant passable.
Casernes et fournitures. Casernes bonnes, fournitures mauvaises.
Conscrits. - .
Registres. Bien tenus et conformément aux règlements.
Résumé.
Le Chef de Bataillon Mouchon m’a témoigné beaucoup d’envie de bien faire mais c’est tout ce que je puis dire sur son compte. Le Quartier-maitre Grasset m’a paru mériter de la considération et être à sa place de Quartier-maitre. Quant aux autres Officiers, je n’ai pas été à même de pouvoir rien faire avec eux, vu que dans les présents, il n’y avait que des infirmes. C’est le Dépôt de toute l’inspection qui m’est confié que j’ai trouvé le plus mal pour son habillement et pour sa tenue. Quant à son instruction, l’on ne m’a présenté que des ouvriers mêlés d’anciens soldats et de conscrits depuis un an aussi ignorants les uns que les autres. Le commandant d’arme de Belfort m’ayant écrit depuis mon départ de cette place que les Officiers réclamaient contre mon ordre laissé pour leur costume prétendant que leur Colonel les autorisaient, je lui ai ordonné de maintenir mon ordre jusqu’à ce qu’une autorité supérieure à la mienne et compétente l’ait changé, n’en connaissant point d’autre que celle que vous me donnez.
Ordre.
Le Général de division Schauenburg Inspecteur général d’Infanterie ayant examiné les registres de comptabilité en deniers et effets du 63e Régiment d’Infanterie de Ligne, et les ayant trouvés tenus conformément aux règlements et arrêtés par l’Inspecteur aux revues, les a arrêtés définitivement pour l’an 13.
Les frais de bureau sont considérables, ils s’élèvent pour l’année à 2794 frs 18 c.
Le restant en caisse à la masse de linge et chaussure porté au tableau de l’année au registre de caisse n’est pas le même que présente le registre de cette masse, cette différence provient des Bataillons de guerre et elle ne peut être rectifiée que les comptes de ces Bataillons ne soient parvenus, le conseil d’administration la fera disparaitre aussitôt qu’il les aura reçus.
L’Inspecteur général témoigne tout son mécontentement relativement à l’irrégulière tenue, dans laquelle se sont présentés à lui MM. les Officiers. Il ordonne 15 jours d’arrêts à M. Frésouls, Capitaine d’habillement pour s’être présenté en veste galonnée et dans le costume le plus irrégulier.
Il défend à dater de cette revue aux Sous-officier de porter des bottes étant de service ; il leur défend d’avoir les fracs de toute espèce. Il ordonne au commandant du Dépôt de faire ôter les collets aurore que portent MM. les Officiers, il porteront les fracs mis comme toute l’infanterie. Il défend aussi les ganses en or au chapeau. Il fera aussi ôter sur-le-champ les collet jaunes aux habits des tambours.
L’Inspecteur général ordonne aussi au commandant du Dépôt de veiller avec la plus exacte attention à ce que la confection qui va se faire de l’habillement soit conforme à celle prescrite par les règlements, et s’il contrevient au présent ordre, l’habillement restera pour son compte.
Les Grenadiers et Voltigeurs rentrés au Dépôt venant des Bataillons de guerre, jouiront de la haute paye affectée à ce grade, malgré l’ordre contraire donné par M. le Colonel, attendu qu’il n’a pas le droit de leur ôter ce que la loi leur accorde" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Le Général Schauenburg adresse aux Ministres Dejean et Lacuée, et au Ministre de la Guerre le résultat de sa revue le 3 mars 1808; le résultat de la Revue est également adressé au Corps le 3 mars 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
- France : Formation de la Division de Réserve d'Infanterie à Orléans
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 15e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 39e 40e, 45e, 54e, 57e, 61e, 63e, 76e, 85e, 88e, 94e et 95e régiments de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 15e régiment provisoire sera composé, savoir :
... 2e bataillon : d'une compagnie de 150 hommes du 57e de ligne, d'une du 61e, d'une du 63e et d'une du 76e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
... la 2e brigade 15e et 16e ...
Le 15e régiment provisoire sera composé :
... 2e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 57e régiment de ligne
une du 61e régiment de ligne
une du 63e régiment de ligne
une du 76e régiment de ligne ... " (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
- Espagne : 2e Régiment provisoire
Le 1er janvier 1808, au sein du Corps des Côtes de l'Océan commandé par Moncey, Division Mugnier, Brigade Brun, le 63e a au sein du 2e Régiment provisoire 8 Officiers et 480 hommes, plus 8 hommes en arrière et 16 aux hôpitaux (d'après Grasset, A., La Guerre d'Espagne (1807-1813), Paris, 1914 - donné par Nafziger 808ASCB.pdf).
Le 19 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin, j'ai renvoyé votre lettre sur les différentes dénominations à donner aux régiments de marche au ministre de la Guerre pour s'assurer que ces dénominations se concilient avec celles qui leur ont déjà été données. Le bataillon que vous dénommez sous le titre de 3e bataillon de marche, et qui est parti de Bordeaux le 7 mars, est composé de près de 600 hommes tirés de 16 régiments. Écrivez au général Merle qu'aussitôt que ce bataillon arrivera à Burgos, il le forme à quatre compagnies provisoires ... la 4e des détachements des 40e, 57e, 63e et 103e formant également 140 hommes. En vous donnant l'ordre d'envoyer ce bataillon à Burgos, je suppose qu'il a dépassé Bayonne, car s'il en était encore temps, vous donneriez ordre qu'il fût ainsi composé seulement pour la marche et pour la manoeuvre, et il servirait à former la garnison de Pampelune, et dès qu'il y serait arrivé, le commandant de cette place renforcerait la division Merle du bataillon du 15e. Donnez ordre au général Drouet de ne laisser dépasser Bayonne à aucun détachement d'infanterie et de cavalerie sans mon ordre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1726 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17422).
- Espagne : 4e Bataillon de Marche
En outre, depuis le mois de mai, un détachement du Régiment était entré dans la formation du quatrième Bataillon de marche de la Division qui opérait en Espagne sous les ordres du Général Lefebvre-Desnouettes. Ce détachement prit part, le 8 juin, au combat livré à Tudela par le Général Lefebvre à 12,000 Aragonais qui furent mis en déroute, perdirent 2,000 hommes et nous laissèrent leurs canons.
A la suite de cette brillante affaire, Lefebvre employa les journées des 9, 10 et 11 à désarmer les villages à dix lieues aux environs et à reconstruire le pont de 1'èbre. Le 12, il se remit en marche et, le 13, à Mallen, il trouva l'armée de Saragosse rangée en bataille sur les hauteurs. Le Général marcha aussitôt à la rencontre de l'ennemi "dont il fit un grand carnage ; tous ses canons tombèrent en notre possession" (Napoléon à Murat). Le 16, Lefebvre arrivait devant Saragosse et notre détachement prenait ainsi part au premier siège de cette ville.
Fig. 6 ; Musicien (en 1809) d'après Carl | Musicien vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Musicien en grande tenue en 1808-1809 d'après Charmy | Musicien en 1808, fac-similé d'un dessin de P. A. Leroux conservé dans la Collection A. S. K. Brown |
- Espagne : le 63e de Ligne au 1er Corps Victor
Napoléon, sentant le besoin de renforcer les troupes qu'il avait dans la Péninsule, s'il voulait en finir promptement avec l'insurrection appuyée par les Anglais, se décidait à envoyer en Espagne des troupes de la Grande-Armée. Le 17 août, il donna l'ordre au Major général de diriger sur Mayence le 1er Corps, "composé, sauf un petit contingent de conscrits, de vieux soldats éprouvés renfermés dans des cadres sans pareils" (Thiers).
Le 7 septembre, un Décret, portant création de l'Armée d'Espagne, décide que cette armée sera composée de six Corps. Le 1er Corps sera commandé par le Maréchal Victor, ayant sous ses ordres les trois Divisions qui formaient le 1er Corps de la Grande-Armée (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14300). Le décret du mois de février est appliqué au Régiment qui reçoit des renforts et s'accroît d'un Bataillon. Il traverse la France par Mayence, Metz, Nancy, Reims, Orléans, Périgueux, Bordeaux, et arrive à Bayonne à la fin d'octobre. Sur tout ce parcours, nos soldats avaient été reçus par de brillantes fêtes données en leur honneur par les municipalités des villes qu'ils traversaient.
Situation en Octobre 1808 (côe SHDT : us180810 C842470) |
En appelant les troupes de la Grande-Armée en Espagne, l'Empereur avait fait mettre à l'ordre la proclamation suivante que nous citons en partie parce qu'elle montre les fatigues et le courage de nos devanciers. "Soldats ! Après avoir traversé le Danube et la Vistule, vous avez traversé l'Allemagne à marches forcées. Je vous fais aujourd'hui traverser la France sans vous donner un moment de repos. Soldats, j'ai besoin de vous. La présence du hideux Léopard souille les continents d'Espagne et du Portugal ; qu'à votre aspect il fuie épouvanté. Portons nos aigles triomphantes jusqu'aux colonnes d'Hercule ; là aussi nous avons dcs outrages à venger".
Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint deux états de situation relatifs à l'armée d'Espagne. Vous verrez que les 24 régiments qui composent la division Sébastiani, et les 1er et 6e corps qui se rendent en Espagne, ont besoin de 27 000 conscrits, pour être portés au grand complet. Ces 24 régiments, qui forment aujourd'hui un effectif de 68 000 hommes, formeront alors un effectif de 94 000 hommes.
Dans cet état, tous les régiments sont portés à 5 bataillons, parce que mon intention est de former les 5es bataillons pour tous les régiments qui sont en Espagne.
... 1er corps de la Grande Armée, qui désormais sera le 1er corps de l'armée d'Espagne.
... 3e division :
... Le 63e recevra 145 hommes de son dépôt, qui partiront de Belfort, s'ils n'en sont déjà partis. Il recevra 300 conscrits à Bayonne et 800 conscrits à son dépôt ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).
Par suite de l'application du décret du 18 février, la situation du 63e, à la fin d'octobre, se trouve être la suivante : 1er Corps d'armée Maréchal Victor; 3e Division Général Villatte; Brigade Pacthod : 27e Léger; 63e Régiment d'infanterie : Colonel Mouton-Duvernet : 1er Bataillon : Commandant Gentil, 2e Bataillon : Commandant Loup, 3e Bataillon : Commandant Bordy. Effectif du 63e : 68 Officiers, 2,028 hommes.
A gauche : bouton du 63e trouvé en Espagne ; à droite, objet également trouvé en Espagne (Communication d'un de nos correspondants)
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Suivons maintenant le Régiment. A la fin d'octobre, il entre en Espagne. L'Empereur n'est pas encore arrivé. Le Roi Joseph a des inquiétudes du côté de Bilbao. En effet, le 24 octobre, le Général Blake fait attaquer le détachement Merlin, à Tornosa, par des forces nombreuses, mais sans résultat; le Maréchal Lefebvre, venu le lendemain auprès de la Division Leval, à Durango, juge utile de demander l'envoi de renforts. Le Roi Joseph détache alors du Corps de Victor, pour soutenir celui du Maréchal Lefebvre, la Division Villatte, "forte de quatre vieux régiments des meilleurs de l'armée française" (Thiers).
Le 27e Léger, les 63e et 96e de Ligne partent alors de Mondragon pour atteindre Durango, le 27 octobre (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 53). De leur côté, les Espagnols ont pris position en avant de Durango.
Se jugeant en forces, le Maréchal Lefebvre annonce, le même jour (27 octobre), qu'il attaquera l'ennemi le 29, et il demande que l'on fasse participer à l'opération la Division Sébastiani, depuis quelques jours à Murguia. Mais Joseph, le 28, lui défend de lancer une attaque. Le lendemain, Lefebvre est renforcé par Joseph de ce qui reste de la Division Villate (94e et 95e de Ligne).
Le 31 octobre dès 6 heures du matin, par un brouillard épais, Lefbvre, faignant d'être attaqué, lance ses troupes; le Général Villatte se porte si vigoureusement sur la position que les Espagnols, surpris, tiennent à peine et sont culbutés dans le fond de la vallée. On leur tua ou blessa 1,500 à 1,800 hommes, pour 200 qu'ils mirent hors de combat de notre côté. Le Maréchal Lefebvre, poursuivant sa victoire, entra le lendemain dans Bilbao, laissant à Valmaseda la Division Villatte absolument isolée en avant de l'armée.
Le Général Blake résolut de profiter de cette faute. Le 6 novembre, à la tête d'une trentaine de mille hommes, il couronne les hauteurs autour de Valmaseda pour envelopper la ville et y faire prisonniers les Francais qui la gardaient. Mais le Général Villatte, avec ses quatre vieux Régiments, avait vu bien d'autres ennemis et bien d'autres dangers. Voulant s'assurer des hauteurs de Guêne qui commandent la communication avec Bilbao, il y échelonne le 63e et deux autres Régiments; puis il maintient le 27e dans Valmaseda même, pour disputer la ville le plus longtemps possible à l'ennemi. Ces dispositions prises, il laisse approcher les Espagnols et, à bonne portée, il les reçoit par un feu écrasant. Cependant, voyant qu'il n'était pas secouru et que les hauteurs environnantes se couronnaient d'ennemis, il se replia en masse avec ses quatre Régiments bien entiers sur Bilbao. Les Espagnols qui voulurent nous approcher furent vigoureusement assaillis et payèrent cher leur hardiesse. "Le général Villatte, écrivit Berthier à Victor par ordre de l'Empereur, attaqué de front et en queue, n'a dû son salut qu'à l'intrépidité de ses troupes et après avoir fait grand carnage de l'ennemi".
"1er bulletin de l'armée d'Espagne
… Dans la journée du 7, l'ennemi renforcé de nouvelles troupes arrivées de Saint-Ander, avait couronné les hauteurs de Guenès. Le naréchal duc de Dantzick marcha à eux et perça leur centre. Lescinquante-huitièmeet trente-deuxième se sont distingués.
Si ces événemens se fussent passés en plaine, pas unennemi n'eût échappé ; mais les montagnes de Saint-Ander et le Bilbao sont presque inaccessibles. Le duc de Dantzick poursuivit toute la journée l'ennemi dans les gorges de Valmaseda …
Le duc de Dantzick se loue particulièrement du général le division Leval, du général de division Sebastiani, du général hollandais Chassey, du colonel Lacoste, du vingt-sepième régiment d'infanterie légère, du colonel Bacon, du soixante-troisième d'infanterie de ligne, et des colonels des régimens de Bade et de Nassau, auxquels S. M. a accordé les récompenses ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 305; Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal).
Blâmé par l'Empereur et apprenant le danger couru par le Général Villatte, le Maréchal Lefebvre se reporta sur Valmaseda et rallia notre Division ; le 9, il se réunissait au 1er Corps. Victor, ayant alors toutes ses troupes réunies, se hâta de pousser à outrance l'armée de Blake jusqu'à l'entrée des gorges de la Biscaye, les franchit à sa suite et arriva le 10 après midi près d'Espinosa de los Monteros. Il y trouva l'ennemi en position sur des hauteurs d'un accès dificile avec six pièces d'artillerie. Victor n'en avait pas, il était impossible d'en traîner dans ces montagnes ; ses troupes ne se battaient qu'avec le fusil et la baïonnette.
Villatte, qui tenait la tête du Corps d'armée, aperçut le premier l'armée espagnole dans sa redoutable position. Il est environ 14 heures. Conformément aux ordres de Victor, il ordonne au 27e Léger d'attaquer les hauteurs sur lesquelles les ennemis appuyaient leur gauche et prescrit au 63e de se présenter en bataille devant leur centre pour les contenir; la Brigade Pacthod devait, pendant ce temps, aborder la droite.
A l'aile droite, le Général Pacthod a lancé le 27e Léger contre les hauteurs de la Quintana; ce Régiment est attaqué par la Division Acevedo; le 63e accourt et force l'ennemi à se relier. "Le 63e dut charger plusieurs fois à la baïonnette pour contenir le centre. Ce combat ne laissait pas d'être difficille et aurait pu être chanceux avec d'autres troupes, car 6,000 à 7,000 hommes en combattaient près de 30,000" (Thiers). Heureusement le brouillard s'éleva et obligea les armées à remettre leur lutte au lendemain. Martinien indique que 2 des Officiers du 63e ont été tués (Capitaines Poirot et Boitel), trois autres sont blessés (Capitaine Lefebvre, Lieutenant Godefroy, Sous lieutenant Desnouhès).
Le 11, Victor recommença la bataille. Après avoir fait remplacer aux ailes par des troupes fraîches celles qui étaient trop fatiguées, il fit soutenir au centre le 63e par le 8e. Dès la pointe du jour, le Général Maison emporte les hauteurs qui étaient à notre droite. Au même instant, "le 63e, que commandait le brave Mouton-Duvernet, et le 8e poussaient les Espagnols de clôure en clôure. Nos hommes, enlevant un mur de jardin après l'autre, acculèrent enfin les Espagnols sur Espinosa et leur prirent leurs six pièces de canon" (Thiers). Cette journée, qui coûta au Régiment 7 Officiers et 113 hommes mis hors de combat, se termina par une véritable déroute des Espagnols et la désorganisatione complète de l'armée de Blake.
Fig. 7 ; Tambour de Fusiliers (en 1809) d'après Carl | Tambour de Fusiliers vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Tambour de Fusiliers vers 1808-1809 d'après Charmy |
Tambour de Fusiliers d'après L. Rousselot |
Tambour de Fusiliers vers 1808-1809 d'après R. Forthoffer |
Victor passa à Espinosa la fin de la journée du 11 et celle du 12 ; ses soldats étaient épuisés. Le 15 novembre, la situation du 63e au sein de la Brigade Pacthod est la suivante : 44 Officiers, 1246 hommes ; 1 Officier et 294 hommes détachés ; 4 Officiers et 675 hommes aux hôpitaux (situation également donnée par Nafziger - 808KSCJ.pdf).
Par ailleurs, dans une lettre adressée à Berthier le 17 novembre 1808, l'Empereur écrit : "Mon Cousin (...) Les détachements (...) de 28 hommes du 63e rejoindront le corps du maréchal Lefebvre à son passage ..." (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2465; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19288).
Victor reçut ensuite de l'Empereur l'ordre de prendre la route de Burgos pour venir rejoindre le quartier général. Le 1er Corps arrivait à Burgos le 19 novembre. Dès le 21, l'Empereur envoyait la Division Villatte en avant de Lerma pour protéger les derrières du Corps du Maréchal Ney. Lorsque le Maréchal eut battu les Espagnols, cette Division fut ramenée sur Burgos pour se porter avec tout le 1er Corps et la Garde sur Madrid. Dans cette marche sur la capitale, la Division Villatte, qui formait l'arrière-garde, ne fut pas engagée au brillant combat de Somo-Sierra. Le 1er décembre, la situation est la suivante :
- Etat major : 10 Officiers et 13 hommes.
- 1er Bataillon (Bresson) : 16 Officiers, 424 hommes.
- 2e Bataillon (Gentil) : 19 Officiers, 459 hommes.
- 3e Bataillon (Chauvet) : 13 Officiers, 442 hommes.
Le 2 décembre, nous arrivions sous les murs de Madrid. Le 3 au matin, la Division Villatte se porte à l'attaque du Buen-Retiro où l'ennemi avait concentré sa défense, y entre à la baïonnette et en déloge les 4,000 hommes qui le défendaient. Les Compagnies d'élite de la Division s'élancent ensuite sur les premières barricades et les emportent malgré une vive fusillade. Bientô tous les débouchés qui avaient été mis en état de défense étaient au pouvoir de nos troupes; Madrid capitula. Ont été blessés le 3 décembre lors de la prise de Madrid le Capitaine Mallet et le Sous lieutenant Caillet. L'Empereur quittait cette capitale vers la fin de décembre, confiant aux Divisions Ruffin et Villatte le soin de la garder.
Tambour maître en 1809 d'après L.de Beaufort (dessin paru dans la revue du briquet en 1969 |
Le 15, le Régiment, qui est à Tolède, compte 57 Officiers et 1199 hommes ; 6 Officiers et 384 hommes sont détachés à Bayonne ; 1 Officier et 652 hommes sont aux hôpitaux ; 5 sont prisonniers.
Situation du 1er Corps à l'Armée d'Espagne le 15 décembre 1808 (Nafziger - 808LSCW) Source : Balagny, Campagne de l'Empereur Napoléon en Espagne (1808-1809) |
Martinien indique que le 16 décembre, le Capitaine Pradet est blessé près de Valmaseda (Biscaye), étant à la poursuite des Guérillas.
A noter que le 63e a reçu du département de l'Ourthe 136 conscrits de la Classe 1808 (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
j/ 1809
- En Espagne
Au commencement de 1809, la situation du Régiment est la suivante : Colonel Mouton-Duvernet. 1er Bataillon Commandant Bresson; 2e Gentil; 3e Chauvet. Effectif 57 Officiers, 1,199 hommes (1er Corps, 3e Division : Général Villatte, Brigade Pacthod).
Dans les premiers jours de janvier, de nouvelles troupes étant arrivées à Madrid, les Divisions Ruffin et Villatte sont dirigées sur le Tage à la rencontre de l'ennemi qui marche sur la capitale. Martinien indique le Capitaine Lefebvre, blessé le 10 janvier au cours de l'affaire d'Arganda.
Le 13 janvier, on trouve l'armée espagnole dans une position assez forte à Uclès. Le 63e est chargé de l'attaque au centre. Il prend d'assaut la ville et le couvent d'Uclès et y passe par les armes près de 2,000 hommes avec les moines du couvent qui font feu sur nos troupes et s'y défendent avec obstination. Le Colonel Mouton-Duvernet enlève lui-même un drapeau à l'ennemi et tue l'Officier qui le défend. Bientôt, l'attaque des ailes ayant complètement réussi, les Espagnols fuient de toutes parts ; 13,000 prisonniers (chiffre exagéré dans l'Historique du Corps), 34 drapeaux (Du Casse parle de 20 drapeaux), toute l'artillerie et les bagages sont les trophées de cette victoire à la suite de laquelle Victor entra à Cuenca et poursuit l'ennemi jusqu'au pied de la Sierra-Morena. Le 1er Corps, se dirigeant ensuite sur Consuegra et Madrilejos, nettoya la plaine de la Manche, puis se replie sur Tolède. Les bulletins portent à 10 mille le nombre des prisonniers. Toutefois, voici ce que le Maréchal Jourdan écrit au Major général quelques jours après (le 20 janvier) : « J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que la colonne des prisonniers faits à Uclès est arrivée aujourd'hui à Madrid. Elle se compose de 4 généraux, 17 colonels, 16 lieutenants-colonels, 290 officiers, et 5,460 sous-officiers et soldats. J'ai demandé l'état nominatif des officiers et l'état des sous-officiers et soldats par régiment : lorsqu'ils me seront parvenus, j'aurai l'honneur de les adresser à Votre Altesse » (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 230).
Le 27 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Joseph Napoléon, Roi d'Espagne, à Madrid : "Mon Frère … Faites connaître au maréchal Victor que j'ai accordé les grâces qu'il a demandées pour le général Villatte, pour le colonel Meunier, pour le chef de bataillon Regeau, pour les colonels Mouton et Jamin, et Rouziès, du génie, pour l'adjudant commandant Aymé, et pour les chefs d escadron Chateau, Auguste et François Leroy-Duverger, etc" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 36 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14749 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19942).
Situation du 1er Corps à l'Armée d'Espagne le 1er février 1809 (Nafziger - 809BSAJ) Sources : Oman, A History of the Peninsular War, French Archives, Carton C8 397 |
A la suite de ces succès, et après le départ de l'Empereur, un nouveau plan de campagne fut arrêté, d'après lequel le Corps de Victor devait s'avancer par l'Estramadure dans l'Alentejo pour y faire une diversion en faveur du Maréchal Soult qui envahissait le Portugal. Cette opération terminée, le 1er Corps devait à son tour envahir l'Andalousie. A noter que Martinien indique le Sous lieutenant Minarde, blessé le 22 février aux avant-postes en Espagne (mort le 24).
Ce ne fut guère que vers le milieu de mars que le Maréchal Victor se mit en marche pour franchir le Tage à Almaraz. Mais l'armée espagnole s'était emparée du pont, en avait fait sauter la grande arche et défendait la rive gauche. Quittant Talavera le 15, le Maréchal dirige sur le poont d'Arzobispo les Divisions Villatte et Ruffin, pendant que les Allemands passaient le fleuve au pont de Talavera. "La brave division Villatte appuie le mouvement des Allemands et prend position à Fresnedoso et Deleytosa après plusieurs combats vifs et heureux". (Thiers). L'ennemi fut ainsi contraint de se retirer, et nous pûmes établir à Almaraz un pont volant sur lequel le 1er Corps acheva d'effectuer son passage le 19.
Les Espagnols avaient battu en retraite sur la Guadiana qu'ils franchirent au pont de Medellin, pour venir occuper sur la rive gauche une forte position qu'ils avaient reconnue d'avance. Des renforts leur étaient arrivés qui portaient leur armée à près de 36,000 hommes, et ils étaient décidés à livrer bataille.
Fig. 9 ; Officier de Grenadiers (en 1809) d'après Carl |
Officier de grenadiers vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Victor, après avoir pris ses précautions pour assurer ses derrières, marche sur Medellin où il entre sans difficultés. Le 23 mars, le Sous lieutenant Froy est blessé au cours d'un combat près de Medellin (Martinien).
Le 28 mars 1809, Le 28 mars, le Duc de Bellune rappelle de Mérida la Division Lasalle, et, vers les onze heures du matin, il passe la Guadiana sur le pont de Medellin. La Division Lasalle, suivie de deux Bataillons de la Division allemande, marche, par la gauche, dans la direction de Don-Benedito ; le Général Latour-Maubourg, par la droite, dans celle de Mongabril, avec cinq Régiments de Dragons, huit bouches à feu, et deux Bataillons de la Division allemande. Sa droite est appuyée par un Bataillon de Grenadiers et dix bouches à feu. La Division Villatte, ayant à sa gauche le reste de la Division allemande, est placée au centre ; celle de Ruffin forme la réserve.
Le Général Cuesta, voyant l'armée française en mouvement, fait avancer la sienne, et vient couronner, dans tout son prolongement, le rideau derrière lequel il s'est tenu à couvert. Sa gauche, formée de la Division de don Juan Fenestrosa et de celle du Duc del Parque, s'appuie à l'Artigosa ; son centre, formé de la Division de don Francisco Frias, est en avant de Don-Benedito ; et sa droite, où se trouvent la Division du Marquis de Portago et les troupes nouvellement arrivées de la Manche avec le Duc d'Albuquerque, se prolonge dans la direction de la Guadania. Cette armée compte environ 30 mille combattants. Victor découvre bientôt sur sa gauche l'armée espagnole attendant la bataille. Laissant en arrière la Division Ruffin pour faire face à un fort détachement ennemi, il se porte sur les Espagnols avec la Division Villatte et le restant de ses troupes, soit 12,000 hommes environ. Le 63e et le 95e sont placés au centre, en colonne serrée.
Les Espagnols se portent avec beaucoup d'intrépidité au-devant de l'armée française, et l'action devient des plus vives. L'aile gauche du Duc de Bellune perd du terrain ; Lasalle, manœuvrant avec précision et sang-froid, se replie lentement et en bon ordre. A l'aile droite, l'ennemi ne montre pas moins d'audace ; mais la charge qu'il exécute sur un Bataillon de Grenadiers et la batterie de 10 pièces est repoussée. Le Général Latour-Maubourg, profitant de la circonstance, charge à son tour la cavalerie espagnole, la met en déroute, et sabre l'infanterie, qui se trouve sans point d'appui. Suivi du 94e Régiment, il poursuit ensuite l'ennemi, et complète la défaite de son aile gauche.
La "Notice sur la bataille de Medellin, par le général Sémélé, chef d'état-major du 1er corps" raconte : "... A cette époque de la journée, il était à peu près quatre heures ; l'armée était ainsi disposée : Les 9e léger et 24e de ligne, quatre bouches à feu vers Mongabril, sur la rive gauche de l'Ortigosa ; le 27e léger, également sur la rive gauche de ce ruisseau, devant lier les deux divisions ; Latour-Maubourg ralentissait la poursuite, et manœuvrait avec le 94e pour se rapprocher du centre de l'armée ; le bataillon de grenadiers et la batterie de dix bouches à feu en avant du plateau de Retamosa, dans la direction de Don-Benito ; le régiment de Nassau et la division allemande, à gauche des grenadiers, sur le revers du rideau ; les 63e et 95e en colonnes par division et par bataillon en avant de Medellin ; le reste de la division allemande à gauche de ces deux régiments, dans le même ordre de formation ; le général Lasalle avec sa cavalerie légère, son artillerie et les deux bataillons de la division allemande en retraite sur le chemin de Benito, ayant l'ordre de passer par les intervalles des colonnes des 63e et 95e, et de se reformer derrière ces régiments ; le 96e régiment de ligne en réserve au pont de l'Ortigosa ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 462).
La droite et le centre de l'armée espagnole continuent leur mouvement en avant, et s'approchent de Medellin : le moment est d'autant plus critique, que le Général Ruffin ayant marché, dans la direction de Montgabril, à la rencontre d'une colonne qui s'est montrée de ce côté, il ne reste plus au centre et à la gauche que les 63e et 95e Régiments, une Brigade de la Division allemande, et la Division Lasalle ; il n'y a pas un instant à perdre pour arrêter les Espagnols. Heureusement, le Général Latour-Maubourg, qui s'est laissé entraîner à la poursuite des Corps battus, revient sur ses pas, suivi du 95e, et manœuvre pour se rapprocher du centre de l'armée. Le Duc de Bellune, profitant de son retour, fait former les 63e, 95e, et les troupes allemandes. Une fusillade des plus vives et des mieux dirigées arrête l'ennemi, sur le flanc duquel le brave Général Lasalle dirige une charge hardie. Latour-Maubourg, le Bataillon de Grenadiers et les Bataillons allemands, restés sur la droite, manœuvrent pour prendre à revers la ligne de Cuesta. Ces dispositions s'exécutant simultanément et avec le plus grand ensemble, déterminent le gain de la bataille. Les Espagnols sont culbutés, prennent la fuite dans un désordre inouïet laissent le terrain couvert de leurs morts. Leur déroute est complète. La fureur des soldats français a été provoquée par les menaces que leurs adversaires n'ont cessé de proférer pendant l'action, criant à tue-tête qu'ils ne feront point de prisonniers. Ils veulent aussi venger la mort des 62 Chasseurs faits prisonniers à Miojados et lâchement assassinés. Le nombre des Espagnols tués ou blessés dans cette journée s'éleva au-dessus de 10 à 12 mille ; quant aux prisonniers, dont le nombre est porté à 3 mille dans le Moniteur, et à 7 ou 8 mille dans certains ouvrages, il n'en est remis que 1,850 à l'Adjudant commandant Bagueris, à Talavera. L’artillerie et les drapeaux restent au pouvoir des vainqueurs : 25 pièces de canon et 6 drapeaux, dont 3 enlevés par la Division Villatte ; la perte des vainqueurs est d'environ 300 hommes tués ou blessés (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 23).
La "Notice sur la bataille de Medellin, par le général Sémélé, chef d'état-major du 1er corps" raconte : "... Arrivé au centre, le maréchal ordonna aux 63e et 95e, et aux troupes allemandes, d'accueillir l'ennemi par une fusillade vive et soutenue ; au général Lasalle, de le charger sur ses flancs ; et aux troupes laissées sur le plateau de Retamosa, de manœuvrer pour prendre la ligne ennemie à revers. L'artillerie fut disposée pour soutenir et favoriser ces dispositions, qui s'exécutèrent simultanément et avec le plus grand ensemble. Dans un instant l'armée de Cuesta fut renversée, et le champ de bataille transformé en un champ de massacre. La perte de l'ennemi dans cette bataille a été au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. 15 mille hommes furent couchés sur le terrain ; 5 mille de la réserve furent atteints par Lasalle à la chapelle de D. Lorente ; ils furent sabrés et faits prisonniers, ce sont les seuls de la journée. Dans ces prisonniers se trouvait le général D. Francisco de Frias, ayant sept à huit coups de sabre. Les canons au nombre de seize bouches à feu, les voitures et les bagages, restèrent en notre pouvoir. Il ne s'échappa de toute cette armée que la cavalerie, qui dut son salut à la vitesse de ses chevaux. L'infanterie qui n'avait pas été prise se dispersa dans le pays ; et il est positif que Cuesta n'aurait pu réunir, le lendemain, la totalité d'un bataillon.
La perte du 1er corps ne s'est pas élevée au-delà de 300 hommes tués ou blessés.
Dans cette bataille, où le corps d'armée a dû combattre contre des forces si supérieures et dans une position si défavorable, les troupes ont soutenu leur réputation. Tous les mouvements ordonnés ont été exécutés avec précision, calme et détermination ; pas un seul instant d'hésitation n'a été remarqué.
Les généraux Latour-Maubourg, Lasalle, Leval, Lefol, commandant les 63e et 95e régiments d'infanterie de ligne, Schoeffer, commandant la division allemande, ont rendu des services signalés dans cette journée. Le maréchal s'est beaucoup loué des colonels Pecheux, du 95e ; Mouton-Duvernet, du 63e ; Meunier, du 9e d'infanterie légère ; Combelle, du 94e de ligne ; des colonels de cavalerie Ismert, Bouvier-Deséclats, Bonnemains et Subervie ; du chef de bataillon Maranzin, de l'artillerie" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 462).
"Les Espagnols qui s'avançaient avec une aveugle confiance, s'animant par leurs cris, furent surpris en voyant le déploiement des 63e et 95e. Ce déploiement, exécuté avec aplomb, quoique devant des troupes bien supérieures en nombre, et suivi de feux soutenus, arrêta les Espagnols" (Thiers). .
Jules Boucquel de Beauval raconte au sujet de la bataille de Medellin : "le 1er corps n'avait guère que 10000 hommes à opposer à 40000. Cette immense disproportion avait rendu aux Espagnols toute leur jactance. Victor les attire dans la plaine par une fuite simulée, puis fait volte face. Vers la gauche, le 63e a sa première ligne de grenadiers couchée à terre par une salve générale, mais l'ennemi n'a pas le temps de recharger ses armes… le ravage dans ses rangs, le pèle mêle devient complet, ce n'est plus qu'un horrible carnage, une boucherie dont le souvenir seul fait frémir. Qu'on se rappelle seulement nos sapeurs, devançant les bataillons, maniant la hache comme le Mameluck son cimeterre, d'un seul coup abattant les têtes et les faisant tomber à leurs pieds !".
Après cette brillante victoire, Victor fait camper son infanterie sur les bords de la Guadiana depuis Medellin jusqu'à Mérida pour qu'elle vécût plus à l'aise et lui donner un peu de repos. Nous passàmes ainsi une partie du mois d'avril. Dans les derniers jours de ce mois, le 1er Corps reçut l'ordre de reprendre Alcantara et de pousser aussi loin que possible dans la direction de Lisbonne. Le Corps avait eu beaucoup à souffrir et avait éprouvé de grandes pertes pendant son séjour sur les bords malsains de la Guadiana. Cependant, il s'avança sur le Tage et, le 14 mai, il s'emparait du pont d'Alcantara. Mais Victor dut s'arrêter en apprenant qu'un corps anglo-portugais se trouvait à Abrantès, en même temps que des partis espagnols menaçaient le pont d'Almaraz. Il vint alors prendre position à Torre-Mocha où il resta jusqu'au 10 juin. A cette date, les progrès de l'ennemi l'engagèrent à se replier; il fit sauter le pont d'Alcantara et, par celui d'Almaraz, se replia derrière le Tage. Le 21 juin, le Sous lieutenant Gobin est tué, étant en découverte en Espagne (Martinien). Le 1er juillet, le Sous lieutenant Bas est assassiné par des paysans espagnols.
Dans les premiers jours de juillet, quelques renforts arrivèrent au Régiment et, à la date du 15, sa situation est la suivante : 1er Corps, Division Villatte, Brigade Cassagne; 1er Bataillon Commandant Bresson, 2e X, 3e Chauvet. Effectif 52 Officiers, 1,248 hommes.
Situation en Juillet 1809 (côte SHDT : us180907 C8436031) Chef de Corps : poste vacant Colonel - infanterie Garnison - Dépô à : Belfort Conscrits des départements de la Manche - du Maine et Loire de 1810 NICOLAS Major - infanterie; GRASSET Quartier maître trésorier 1er Bataillon commandant : Chef de Bataillon Bresson à Almaras - Armée d'Espagne - 1er Corps - 3ème Division - 1ère Brigade 2ème Bataillon commandant : Chef de Bataillon : vacant à Almaras - Armée d'Espagne - 1er Corps - 3ème Division - 1ère Brigade 3ème Bataillon commandant : Chef de Bataillon Chauvet à Almaras - Armée d'Espagne - 1er Corps - 3ème Division - 1ère Brigade 4ème Bataillon commandant : Chef de Bataillon Michel - Armée d'Allemagne - 2ème Corps 5ème Bataillon |
Le 22 juillet, le 1er Corps évacue Talavera et se replie derrière l'Alberche. Menacé dans cette position, il marche sur Tolède et, le 25, il se réunit à Vargas aux troupes venant de Madrid sous les ordres du Roi Joseph. Ce dernier, se trouvant avoir près de 40,000 hommes sous ses ordres, se jugea assez fort pour prendre l'offensive. En conséquence, il s'avança le long du Tage, le 1er Corps formant tête de colonne. Le 26, l'avant-garde espagnole est culbutée près de Torrijos ; le 27, nous nous portons sur l'Alberche que nos soldats franchissent à gué, en colonne serrée, ayant de l'eau jusqu'à mi-corps. L'attaque que le Maréchal Victor tenta immédiatement après le passage avec une seule Division (Ruflin) sur les positions anglaises ne put pas réussir.
Fig. 10 ; Officier de Voltigeurs vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après une miniature de la Collection Cottreau) |
Le lendemain 28, s'engagea la bataille de Talavera de la Reyna à laquelle nous assistâmes pour ainsi dire l'arme au bras, malgré la rage impatiente de nos soldats. Mais l'engagement de Villatte était subordonné aux mouvements des Divisions Ruffin et Lapisse; il ne put se produire qu'en partie.
Le 63e de Ligne (3 Bataillons) fait partie de la Brigade Cassagne, 3e Division Villatte, 1er Corps Victor (Nafziger 809GSAC - source : Oman, "A History of the Peninsular War").
La Brigade Cassagne (27e, 63e) fut, à un moment, chargée par la cavalerie. Cette dernière "fut reçue avec le plus grand calme et la plus grande valeur; quantité de chevaux et d'hommes vinrent tomber aux pieds de cette infanterie". (Rapport historique du 1er Corps de l'armée d'Espagne). "Dans le courant de l'après midi du 28, les 27e léger et 63e de ligne avaient pris position devant la cavalerie anglaise, à laquelle on supposait l'intention de pousser une charge à fond sur notre droite. La brigade avait formé ses carrés par régiment, mais, chose étrange de la part de colonels expérimentés, nos carrés, au lieu de s'échelonner, étaient sur une même ligne et se privaient ainsi d'une partie de leurs feux. Enfin nos prévisions se réalisent; la cavalerie anglaise s'ébranle. En peu d'instants le 23e dragons-légers arrive sur nous, mais il est seul... Au grand trot il franchit l'intervalle qui sépare nos deux carrés inoffensifs; il se dirige sur nos derrières. Qu'on juge de la surprise de notre cavalerie, en réserve sur ce point, à la vue de ce régiment qui semble, à lui seul, venir braver nos nombreux escadrons ! La lutte était impossible, et le 23e dragons n'eut d'autre alternative que de mettre pied à terre et de se rendre à discrétion. Trois officiers supérieurs repassèrent entre nos deux carrés et durent à la vitesse de leurs coursiers d'échapper à nos tirailleurs. Parmi eux se trouvait une lord Damer, que je fus assez heureux de rencontrer dans une de mes excursions sur e Rhin. L'épisode de Talavyra n'était pas, on le pense bien, sorti de ma mémoire. J'en profitai pour lui demander quelques éclaircissements sur le but d'une charge aussi inconsidérée. Voici l'explication que je reçus. La cavalerie anglaise, ployée en colonne serrée par régiment, venait de recevoir l'ordre de prendre ses distances pour effectuer une charge sur la droite des Français. Tenant la tête de colonne, le 23e dragon commença immédiatement le mouvement, mais à peine le régiment fut il parti, que le contre-ordre arriva. Déjà lancé au grand trot et emporté par ses chevaux à la bouche de fer, le 23e dragons aurait voulu s'arrêter que la chose ne lui eût pas été possible" (Jules Boucquel de Beauval). Le 63e a 4 Officiers blessés : Capitaines Donnot, Ville, Hutte; Sous lieutenant Pelluchon.
Bien que les résultats de cette bataille fussent indécis, le Roi Joseph ordonna la retraite pendant la nuit. Toutefois, les Anglais n'osèrent pas nous poursuivre et nous nous retirions en emportant tous nos blessés, nos bagages et notre artillerie. Le 1er Corps fut laissé en observation sur l'Alberche.
L'arrivée du Maréchal Soult sur les derrières de l'armée anglaise obligea bientôt celle-ci à battre en retraite à son tour. L'armée française reprit alors partout l'offensive. Le 1er Corps fut de nouveau chargé de nettoyer les plaines de la Manche jusqu'au pied des montagnes de la Sierra-Morena.
Pendant que ces derniers événements se succédaient, le Colonel Mouton-Duvernet avait quitté le Régiment. Sa bravoure, sa froide intrépidité, ses talents l'avaient fait distinguer par l'Empereur qui, par décret du 5 avril, l'appela dans sa Garde. Jusqu'au jour où son successeur arriva, le Régiment avait été commandé par le Chef de Bataillon Bresson.
Le 5 août 1809, à Schönbrunn, "On propose à Sa Majesté : … De nommer à l'emploi de 1er porte-aigle, au 63e régiment d'infanterie de ligne, M. Planton, sous-lieutenant à ce régiment"; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3400 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre directeur avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du 12 juillet 1809 »).
Un décret du 17 septembre 1809 appela au commandement du 63e le Colonel Meunier Saint-Clair.
COLONEL MEUNIER SAINT-CLAIR (BENOIT-JOSEPH) Né à Lyon (Rhône) le 20 octobre 1774 (d'autres sources indiquent 28 novembre 1768) - Soldat au 27e Régiment d'infanterie depuis le 13 novembre 1784 jusqu'au 1er juin 1790 - Sous-lieutenant dans la 1re Compagnie franche de Paris, le 17 juillet 1792 - Capitaine au 19e Bataillon d'infanterie légère, le 25 mars 1793; a servi ensuite successivement, avec ce grade à la 19e Demi-brigade et à la 6e Légère - Chef de Bataillon pour différentes actions d'éclat, le 20 février 1800 - Major au 2e d'Infanterie légère, le 10 juillet 1806 - Colonel, sans désignation de Corps, le 17 novembre 1807 (certaines sources indiquent : Colonel du 2e Léger le 17 novembre 1808) - Colonel du 31e Léger le 22 juillet 1809? - Colonel du 63e, le 17 septembre 1809. Général de brigade le 4 août 1813 ? Général de Division le 25 mars 1815 ? |
Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... Seront dirigés sur différents dépôts, savoir :
... 200 au 63e ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie de ligne
... 63e à son dépôt 200 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).
Ainsi que nous l'avons dit précédemment, le 1er Corps acheva l'année 1809 à parcourir la Manche et à pacifier la Sierra-Morena. Arrivé trop tard pour prendre part à la bataille d'Ocana, qui fut une déroute complète pour l'armée espagnole, l'avant-garde avait pu cependant enlever un millier de prisonniers et une grande quantité de bagages. Cette victoire ouvrit aux armées françaises les provinces du sud de la Péninsule dont le Roi Joseph résolut alors de faire la conquête.
- En Autriche
En même temps que le Régiment soutenait si glorieusement en Espagne sa vieille réputation, un de ses Bataillons, le 4e, le représentait dignement dans la guerre contre l'Autriche.
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors ...
La 1re demi-brigade d'infanterie de ligne sera composée des 4es bataillons des 8e, 24e et 25e ...
La 3e des bataillons des 54e, 63e et 28e ...
La 1re division sera composée de la 1re demi-brigade d'infanterie légère et des 1re, 3e et 3e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le 5 décembre 1808 encore, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).
Au 1er février 1809, 233 hommes (Voltigeurs et Grenadiers), sous le commandement du Major Prévôt Saint Cyr, sont rattachés au Corps du Général Oudinot (3e Demi-brigade d'Infanterie, 3e Brigade, 1ère Division Claparède) ; 55 hommes doivent être tirés des Conscrits de la Garde, 219 Fusiliers doivent se mettre en marche, et 50 hommes doivent rejoindre au sein du 13e Bataillon de marche, ce qui doit porter l'effectif total de ce Bataillon à 557 hommes (situation également donnée par Nafziger - 809BBR en date du 7 février 1809; source citée : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 4e bataillon de marche sera composé des 1re et 2e compagnies de fusiliers du 54e qui est à Maëstricht, des 1re et 2e compagnies du 63e qui est à Belfort, et des 1re et 2e compagnies du 28e de ligne qui est à Boulogne ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg186 pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).
Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J'ai lu avec attention l'état général de l'année que vous m'avez envoyé après la conscription de 1810. Je vois qu'il manquera encore beaucoup de monde au complet des corps ... 300 au 63e ... Il faudra me proposer des moyens pour remédier à cette grande irrégularité, et surtout pour les 3e et 4e bataillons qui sont à portée de fournir une réserve pour la défense de la côte ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20150).
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... Le 10e sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 3e, 4e, 18e, 63e, 24e, 64e. Il se réunira à Strasbourg ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 6 avec l'état qui y est joint. Je vois que la force des 12 bataillons de marche du corps du général Oudinot est de 6 300 hommes et qu'il manque 3 000 hommes pour les compléter. Ces 3 000 hommes seront fournis par ma Garde ...
Vous donnerez des ordres pour la formation d'un bataillon provisoire qui sera composé :
de 250 mommcs du 32e
150 hommes du 58e
300 hommes du 121e
300 hommes du 122e
Total 1 000 hommes et qui portera le nom de bataillon de marche d'Oudinot n°1
Ces 1 000 hommes seront distribués entre les régiments suivants
50 hommes au 63e régiment ...
Les détachements de ma Garde partiront habillés. Vous enverrez à cet effet au conseil d'administration les numéros de régiments où ils doivent être incorporés, afin qu'on fasse faire leur uniforme, et qu'on y mette les boutons de ces régiments. Par ce moyen, le corps du général Oudinot recevra un renfort de 8 300 hommes, et il manquera peu de choses à son complet, en présents sous les armes. Quand le corps du général d'Oudinot aura reçu ces 8 000 hommes, vous me ferez connaître ce qui pourrait manquer au complet des compagnies, et s'il y a moyen de le tirer de quelques dépôts, où se trouveraient des conscrits des 4 années antérieures à 1810" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2899 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20291).
Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :
Divisions |
Brigades |
1/2 Brigades |
Bataillons |
Présents |
Détachements tirés des conscrits de la Garde |
Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche |
Détachement formant le 13e bataillon de marche |
Totaux
|
Manque au complet de 560 par brigade |
Excédent sur le complet |
||
Par bataillon
|
Par 1/2 brigade
|
|||||||||||
1ère division général Claparède |
3e brigade le général |
3e 1/2 brigade d'inf. de ligne Major Prévot-Saint-Cyr | 54e de ligne |
217 |
14 |
114 |
122 219 |
|
453 557 |
1010 |
107 |
Le 11 mars, 280 hommes des 1ère et 2e Compagnies de Fusiliers doivent quitter Belfort au sein du 4e Bataillon de marche pour arriver à Strasbourg le 17 (donné également par Nafziger 809CBV - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Le même jour, 11 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai vu hier les détachements des 32e, 58e et 121e formant un bataillon n°13 destiné pour les 63e, 27e, 39e, 59e, 69e, 76e, 100e et 103e. Faites partir ces 600 hommes pour Strasbourg ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2916 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20330). Rappelons que ces renforts sont destinés au Corps de réserve du Général Oudinot, à Augsbourg.
Le 13 mars 1809 à minuit, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je reçois votre travail du 12 mars sur la formation d'un corps de réserve, composé des 5es bataillons de l'armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez faire quelques changements que je vais vous indiquer ...
Il faut faire ces changements sur votre état qui, d'ailleurs, me paraît bien conçu ...
Quant au 10e régiment, qui a été oublié, il faut en former un nouveau régiment qu'on réunira à Metz ...
Quant à la formation de cette réserve, rien ne presse. Il me paraît qu'il est d'abord nécessaire d'achever de compléter les bataillons de guerre qui sont en Allemagne et les 4es bataillons qui doivent les rejoindre ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14891 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20343).
Une situation extraite de la Collection Nafziger donne également la situation de l'Armée française du Rhin du 5 au 28 mars : Corps de réserve sous le Général de division Oudinot, lère Division Claparède, 3e Brigade, 3e Demi-brigade : 233 hommes provenant des Grenadiers et Voltigeurs du 4e Bataillon, 55 hommes issus des Conscrits de la Garde, 280 hommes tirés des 1ère et 2e Compagnies de Fusiliers (Nafziger 809CBT - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Tous ces hommes sont intégrés au sein du Corps de Réserve de l'Armée du Rhin ; l'effectif au 5 mars est de 231 Grenadiers et Voltigeurs, qui doivent toujours être rejoints par 55 Conscrits de la Garde , et 280 Fusiliers. Le 1er avril, le 4e Bataillon du 63e , fort de 9 Officiers et 514 hommes, se trouve au 2e Corps de la Grande Armée, au sein de la 3e Demi-brigade de Ligne, Brigade Jarry, Division Tharreau (Nafziger donne également cette situation, mais à la date du 15 avril 1809 - Nafziger 809DAE).
L'Historique régimentaire, pour sa part, indique que : "Placé sous les ordres du Commandant Mouchon et fort de 276 hommes, il formait, avec les 4e Bataillons des 40e et 88e, la 7e Demi-brigade et était entré dans la composition du corps d'élite que commandait Oudinot". Cette affirmation est en partie fausse car la 7e Demi-brigade ne comprenait pas d'éléments du 63e.
Lorsque la guerre eut été déclarée à l'Autriche, les Grenadiers d'Oudinot formèrent le 2e Corps de l'Armée d'Allemagne (Maréchal Lannes).
Le 22 avril, le 63e de Ligne a son 4e Bataillons à la Division Tharreau, Brigade Jarry (Nafziger 809DAA - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Zanïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
Fin avril, les 5e et 6e Compagnies de Fusiliers reçoivent l'ordre de se rendre à Strasbourg pour être intégrées au 4e Bataillon de marche, afin de rejoindre le 4e Bataillon au sein du Corps d'Oudinot. Entre temps, le 2e Corps est passé sous le commandement de Lannes.
Le 1er mai 1809, Pajol recueille, dans diverses excursions, trente-cinq prisonniers français, qui se sont échappés des mains des Autrichiens, savoir : deux Chasseurs du 1er Régiment, sept soldats du 33e de Ligne, vingt-cinq du 65e, et un du 63e. Ces hommes sont envoyés au Maréchal Davout, alors à Straubing (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 350).
Le 3 mai, le 4e Bataillon du 63e de Ligne fait partie de la 3e Demi-brigade de Ligne, Brigade Jarry, Division Oudinot, 2e Corps Lanne (Nafziger 809EBA - source : R. W. Litschel, "Das Gefecht bei Ebelsberg am 3. Mai 1809").
Ce jour là, le 4e Bataillon prit part au combat d'Ebersberg, dans lequel une Division française soutint seule victorieusement, pendant trois heures, les efforts acharnés de plus de 30,000 Autrichiens.
Le 21 mai, le 4e Bataillon combat à Aspern et le lendemain, il est à la sanglante bataille d'Essling où le Maréchal Lannes est tué (Nafziger 809EBI - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Aspern am 21. und 22. May 1809"; Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902). Selon Martinien, 2 Officiers sont également tués (Lieutenant Hauser et Sous lieutenant Delaferrandière), 1 est mort des suites de ses blessures (Capitaine Garibal, mort le 23 juin), 12 autres blessés (Chef de Bataillon Mouchon; Capitaines Cassier, Galland, Ligoure, Gachet; Lieutenant Adjudant major Tuech; Lieutenants Baudinot, Videau, Pimpernelle, Lecanut, Sous lieutenants Lambert et Touche).
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Enfin, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 11e Demi-brigade provisoire : 3e de ligne complété à la Division St-Hilaire; 4e id. qui reçoit 25 hommes; 18e id.; 63e id. qui reçoit 250; 24e id.; 64e id.; 57e id.; au total donc, 275 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes"
Passé sous les ordres du Maréchal Oudinot qui prit alors le commandement du 2e Corps, notre Bataillon se trouve le 1er juillet à la 1ère Division Tharreau (Nafziger 809EBI et Nafziger 809GCE - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Deutsch-Wagram am 5. und 6. Juli 1809"; Litre, E. F., "Les Régiments d'artillerie à pied de la Garde", Paris, 1895; Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909) et combat, les 5 et 6 juillet, à Wagram au sein de la 4e Demi-brigade d'élite, Brigade Jarry (4 Officiers blessés : Capitaine Cassier et Lieutenant Baudinot le 5; Capitaine Videau et Sous lieutenant Bachelier le 6), victoire qui termina cette foudroyante campagne.
Le même 15 juillet 1809, à Schönbrunn, "On propose à Sa Majesté d'accorder aux 33e, 40e, 63e et 95e régiments de ligne, comme acompte sur les secours que nécessite l'insuffisance des revues d'habillement, une décharge des débets respectifs de ces corps envers le Trésor public pour trop-perçu sur la solde des années VIII et IX. Ces débets s'élèvent à 95.654 fr. 65"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3310 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 21 juin 1809 »).
En août 1809, Jean Joseph Jeunechamps, originaire de Theux (Ourthe), soldat dans la 1ère Compagnie du 4e Bataillon, écrit depuis Vienne à sa famille : "Je vous dirai que j'ai fait toute la bataille et je n'ai qu'une petite blessire à la cuisse, dont j'ai été trois semaines à l'hôpital. Je vous dirai que je n'ai pu vous écrire plus à bonheur (sic) à cause que j'étais trop éloigné de la ville, mais à présent, je suis revenu à une lieue de la ville. Je vous dirai que j'ai eu mon sac de peau emporté d'un boulet de canon. Dont j'ai perdu tous mes effets. Rien à vous marquer de nouveau que c'est une grande misère d'être militaire... Je vous dirai qu'à la bataille du 22 mai, dans notre compagnie, nous avons resté 19 hommes" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°159).
Le 19 décembre, Antoine Philippet, originaire de Juprelle (Ourthe), Voltigeur au 4e Bataillon, écrit depuis Weits, près de Salzbourg, à son ancien patron : "Nous sommes rapprochés de cent lieues de Vienne et nous espérons de revenir en France de jour en jour ou en Hollande, et nous espérons de vous venir revoir. Nous sommes en cantonnement à boire et à manger les oies des paysans et je me plais assez bien dans l'état militaire. Je remercie le Dieu tout puissant, je n'ai pas reçu de blessure en bataille, et cependant j'ai été trois fois au feu et trois jours de suite en bataille, sans cesser de me battre. Vous saurez que Grisar a été tué sur la gauche de moi en bataille à Evesberg. Guillaume Baré de Juprelle est tué et je l'ai voulu assister pour le porter et il est mort entre mes bras". Guillaume Baré figurait sur la liste des déserteurs et la lettre de Philippet fut montrée à la préfecture pour faire cesser les vexations dont souffrait injustement la famille de ce soldat mort sur le champ de bataille (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°188).
- En France
Le 21 septembre 1809, l'Empereur ordonne, depuis Schönbrunn : "1° Il sera formé un régiment de marche, composé de deux bataillons, savoir :
1er bataillon.
Une compagnie du 3e d'infanterie légère complétée à 200 hommes … 200 hommes.
Une compagnie du 18e idem .... 200 –
Une compagnie composée de 70 hommes du 39e, 70 du 40e, 70 du 63e … 200 –
Une compagnie du 57e 200 –
Total ... 800 hommes.
2e bataillon.
Une compagnie du 105e complétée à … 200 hommes.
– 7e léger idem. 200 –
– 10e léger idem. 200
– 17e léger idem. 200
Total. 800 hommes.
2° Ce régiment de marche sera formé à Strasbourg, il sera commandé par un colonel en second disponible ; il sera tenu armé, équipé, habillé et prêt à partir au 1er octobre, suivant les ordres directs qui seront adressés au général Desbureaux.
3° Le major général et le ministre de la guerre sont chargés de l'exécution du présent ordre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3588).
k/ 1810
Fig. 11 ; Sergent de Grenadiers (en 1809) d'après Carl |
Sergent de Grenadiers en grande tenue vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Le 11 janvier 1810, l'Empereur écrit depuis Paris à Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l'armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre au général Reynier de faire les changements suivants dans sa division ... Tout ce qui appartient aux 9e, 31e, 16e léger, 8e, 24e, 45e, 54e, 60e, 63e, 28e, 75e, 64e et 103e de ligne, se réunira à Saint-Sébastien, Tolosa et Vitoria, pour achever de mettre l'ordre et faire la police dans la Biscaye; ces détachements composeront la 3e brigade. Le général Reynier aura l'œil sur la Navarre et correspondra avec les commandants de Burgos et de Pampelune. Vous lui ferez connaître que je compte le laisser dans ces positions une partie de février, pour rallier et organiser son corps ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).
En janvier 1810, 2 Officiers et 272 hommes du 63e doivent rejoindre à Bayonne un Régiment supplémentaire au sein de la 2e Brigade (Valentin) de la 2e Division (Reynier) des Réserves de l'Armée d'Espagne.
De son côté, le 1er Corps a reçu l'ordre de s'avancer dans l'Andalousie. Il se porta vers San-Euphemia et Belcazar, où il repoussa les Espagnols et marcha sur Cordoue. Le 29 janvier, nous arrivions en vue de Séville où nous entrâmes sans combat, le 1er février, tambours battant, enseignes déployées.
La conquête de l'Andalousie, qui n'avait guère demandé qu'une quinzaine de jours, n'avait été, grâce à l'endurance de nos hommes, à leur courage, à leur énergie, à la terreur qu'ils inspiraient aux Espagnols, qu'une promenade militaire. Aussi, en les quittant pour rentrer à Madrid, Joseph, auquel ils venaient d'assurer la couronne, pouvait il leur dire : "Soldats de Talavera, d'Almonacid, d'Ocana, de la Sierra-Morena, comment vous témoigner ce que je vous dois ? Je vous rappelle à vous-mêmes votre propre conduite" (Ordre général à l'armée).
Le 1er Corps ne fit en quelque sorte que traverser Séville et marcha immédiatement sur Cadix, siège de la junte gouvernementale, qu'il fut chargé de bloquer par terre. Cette ville, assise sur un rocher à plus d'une lieue en mer, n'est accessible du côté de la terre que par une langue de sable fort longue et fort étroite qui fait partie de l'île de Léon. Cette île est elle-même séparée du continent par le bras de mer de Santi-Pietri, long de 3 lieues, large de 200 à 300 mètres, et bordé d'immenses marais salants. Le pont de Zuasco sur le Santi-Pietri, seule communication du continent avec l'île de Lçon, était rompu. La rive opposée était hérissée de retrachements et de batteries et défendue par 30,000 hommes, dont 8,000 Anglais ; 8 vaisseaux espagnols et 8 frégates, 4 vaisseaux anglais et 2 frégates croisaient à l'entrée de la baie. Le port renfermait en outre plus de 200 bâtiments dont plusieurs s'étaient embossés pour la défense de l'île de Léon et de la rade.
Dans cette position formidable, l'attaque de forces aussi considérables exigeait de très grands moyens. Le 1er Corps comptait cependant à peine 20,000 hommes et sa ligne offrait un développement de près de 10 lieues. Le Maréchal Victor dut donc se résoudre à rester sur la défensive.
Le 16 mars 1810, le 63e présente la situation suivante :
- Etat major : 12 Officiers, 14 hommes.
- 1er Bataillon Bresson : 12 Officiers, 445 hommes.
- 2e Bataillon Gentil : 17 Officiers, 437 hommes.
- 3e Bataillon Chauvet : 12 Officiers et 430 hommes.
Dans cette campagne, le 63e ne joua pas un grand rôle sur les champs de bataille, mais sa tâche n'en fut pas moins laborieuse, pénible et honorable, étant donnés les privations de toutes sortes que nos hommes supportèrent avec la plus noble résignation et les travaux d'investissement à la construction desquels ils durent participer avec les autres troupes du 1er Corps. L'énumération de ces travaux suffira pour faire comprendre combien fut dure pour le Régiment cette année 1810.
Fig. 12 ; Grenadier vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Grenadier donné par Margerand (source : Collections Alsaciennes) |
Le fort de Santa-Cathalina, à l'entrée de la baie et en face de Cadix, fut agrandi et armé de 30 bouches à feu pour tenir au loin la flotte ennemie. La presqu'île du Trocadero, dont la saillie vers l'île de Léon forme au fond de la baie la rade intérieure et le port, fut défendue par de nombreuses batteries. On entreprit le siège du fort de Matagorda à la pointe de cette presqu'île et où les Anglais avaient pris poste. Après plus de deux mois de travaux dans un terrain aquatique, on parvint à établir près de ce fort plusieurs batteries qui l'écrasèrent et obligèrent l'ennemi à l'évacuer le 22 avril.
Aussitôt après la prise du fort Matagorda, on construisit, à droite de l'embouchure du Rio-San-Pedro, le fort Napoléon qui fut armé d'un grand nombre de mortiers pour bombarder Cadix. Plusieurs batteries furent ensuite établies contre la rade entre le Rio-San-Pedro et Puerto-Santa-Maria; d'autres le furent à Puerto-Real. Un grand nombre de retranchements et de redoutes furent enfin construits le long du Santi-Pietri pour contenir les sorties de l'ennemi et couvrir Chiclana.
Indépendamment de ces travaux, il fallut établir des ponts, ouvrir des routes avec des embranchements pour communiquer à tous les postes, et rétablir les moulins que l'ennemi avait détruits. Ces travaux étaient souvent interrompus par les tentatives de l'ennemi pour faire lever le blocus. Alors, tout heureux, nos soldats quittaient pour un instant leurs outils et, reprenant leurs armes, refoulaient les assaillants dans la place ou les forçaient à se rembarquer précipitamment.
Monsieur Jérôme Rova, professeur espagnol né à Medina Sidonia (Cádiz), et qui prépare un livre sur l´occupation française de sa ville (février 1810 - août 1812), nous a informé que selon un état du 29 avril 1810, signé par le Commissaire des guerres Robert, qu'il a trouvé aux Archives Municipales, il fallait approvisioner le Régiment de 460 rations de vivres et 9 de fourrages. Et que par ailleurs, selon un étude du Colonel espagnol J. J. Sañudo, se trouvaient à Medina le 8 mai 1424 hommes du Régiment. Parmi eux figure Jacques Désiron, originaire de Bergilers (Ourthe), qui depuis Medina Sidonia écrit le 8 mai 1810 : "Dans le moment que j'ai reçu votre lettre, nous étions en marche pour faire une longue route, pour venir à Séville et y faire le siège, ville très forte. Nous y sommes enfin arrivés. Nous n'avons été que vingt quatre heures devant les murs qui étaient d'une force inexprimable, que les habitants ont capitulé et les troupes ennemies qui étaient dedans ont pris la fuite pour Cadix, où ils sont maintenant. Nous sommes en face d'eux. Il n'y a qu'un petit bras de mer qui nous partage. Plus de 600 pièces de canon ont feu tous les jours. Nous allons quelques fois à la découverte proche Gibraltar et vers les côes d'Afrique, où habitent les Barbares" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°219)
Le 29 mai, depuis Chiclana, Jean Guillaume Crickboom, d'Aubel (Ourthe), soldat dans le Régiment, donne en flamand, sur ces lieux éloignés des renseignements bien fantaisistes : "Les Français ont maitenant envahi presque toute l'Espagne. Nous sommes à présent devant une ile et une grande ville, Cadix, que nous ne pouvons prendre, parce que les Anglais sont trop forts contre nous et qu'il y a trop d'eau. Nous ne sommes qu'à une heure de la grande mer et à trente heures d'Amérique. Ce qui nous donne le plus de peine, c'est que nous devons travailler nuit et jour pour placer des canons pour que l'ennemi ne puisse nous chasser. Nous sommes ici depuis quatre mois, et Dieu sait combien de temps nous y resterons encore" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°227).
Fig. 13 ; Voltigeur (en 1809) d'après Carl |
Voltigeur vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Voltigeur donné par Margerand (source : Collections Alsaciennes) |
L'année 1810 s'écoula ainsi, non sans pertes puisque Martinien cite le Capitaine Loup, blessé le 14 juin au cours d'un combat devant Cadix. Notre situation, au milieu de cette année, avait été la suivante et se maintint sans grands changements : 3e Division, Général Villatte; quartier général, Chiclana; 1re Brigade Général Cassagne : 27e Léger, 63e Régiment de ligne Colonel Meunier Saint-Clair : 1er Bataillon Commandant Bresson, 24 Officiers, 483 hommes; 2e Gentil, 17 Officiers, 450 hommes; 3e Chauvet, 14 Officiers, 474 hommes. Effectif total 55 Officiers, 1407 hommes.
Le 10 octobre, les trois 1ers Bataillons du 63e (1er Corps) présentent la situation suivante :
- Etat major : 8 Officiers, 15 hommes.
- 1er Bataillon Bresson : 8 Officiers, 61 hommes.
- 2ème Bataillon Gentil : 17 Officiers, 449 hommes.
- 3ème Bataillon Chauvet : 14 Officiers et 453 hommes.
Le 22 octobre, depuis Chiclana, Hubert Lismonde, soldat dans le Régiment, écrit : "Depuis que nous sommes en Espagne, nous n'avons pas encore resté un seul instant d'être toujours à la poursuite de l'ennemi. Je profite d'un moment de tranquilité pour vous écrire. Dans ce moment ci, je vous dirai que nous faisons le siège de Cadix. C'est le plus beau port de mer de toute l'Espagne. Mais il n'y a point d'apparence qu'ils veulent se rendre" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°276).
Pendant que la partie principale du Régiment prenait part au siège de Cadix, plusieurs détachements du Régiment opéraient sur d'autres points de l'Espagne :
- 1/ 145 hommes du 63e, avec des détachements de même force des 27e Léger, 94e, 95e de Ligne, forment sous les ordres du Commandant Simberge un Bataillon du 1er Régiment de marche, commandé par le Colonel en 2e Féring. Ce Régiment fut placé à Tudela dans la province de Navarre.
- 2/ Un autre détachement de 52 hommes concourt à la formation du 6e Régiment de marche.
- 3/ Le 1er Bataillon de marche de la 11e Division à Séville est encore composé de détachements de la Division Villatte (27e, 63e, 94e).
- 4/ Il en est de même du 2e Bataillon de marche qui est à Madrid.
Ces deux derniers détachements rejoignirent en décembre le Régiment sous Cadix.
- 5/ Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 7e bataillon de marche (ou bataillon de l'armée du Midi) se composera de 100 hommes du 16e de ligne ; 100 du 21e ; 100 du 27e ; 100 du 54e ; 100 du 63e ; 100 du 95e ; 400 du 24e ; 1000 hommes. Ce bataillon se réunira à Limoges ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).
Le 13 septembre 1810, Napoléon ordonne, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé une division de réserve de l'armée d'Espagne, qui sera composée de trois brigades.
La 1re brigade sera composée,
1° Du 1er régiment de marche de l'armée du Midi, lequel se formera à Limoges et sera composé de deux bataillons de marche de l'armée du Midi. Le 1er bataillon sera composé de la manière suivante : 100 hommes du 21e léger, 100 du 28e, 100 du 34e de ligne, 100 du 40e, 100 du 64e, 100 du 88e; total, 600 hommes.
Le 2e bataillon sera composé de 100 hommes du 100e de ligne, 100 du 103e, 100 du 54e, 100 du 63e, 150 du 32e, 150 du 58e; total, 700 hommes.
Ce 1er régiment sera commandé par un colonel en second, deux chefs de bataillon et les officiers nécessaires.
Les officiers destinés à rejoindre l'armée du Midi auront emploi dans ces régiments. Vous me proposerez d'y envoyer douze jeunes gens de l'école militaire de Saint-Cyr, qui rejoindront à Limoges et auront des brevets de sous-lieutenants pour les douze régiments dont les détachements forment ce régiment de marche. Les détachements faisant partie de ce régiment, qui se forment à Orléans, recevront l'ordre de continuer leur route sur Limoges.
Il est nécessaire que ce régiment soit bien constitué, parce qu'il se passera beaucoup de temps avant qu'il puisse être dissous et rejoindre ses corps sous Cadix ...
Les quatre bataillons composant cette 1re brigade de la division de réserve seront cantonnés à Limoges. Un général de brigade ira en prendre le commandement.
Il sera passé la revue de cette brigade le 10 octobre, mon intention étant qu'elle soit complétée, pour cette époque, en officiers et sous-officiers, et qu'elle soit en état de faire la guerre
...
Le général qui commandera cette division sera le général de division Caffarelli, mon aide de camp. Proposez-moi les trois généraux de brigade et un adjudant commandant à attacher à cette division. Je désire qu'elle puisse être réunie, du 15 au 20 octobre, à Bayonne ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 16900 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24562).
Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin ... le 1er régiment de marche de l'armée du Midi se trouvera diminué de 500 à 600 hommes. Il sera donc convenable que, des deux bataillons, le général Caffarelli n'en forme plus qu'un qui se trouvera composé savoir :
De 104 hommes du 21e légère, 127 du 28e, 67 du 40e, 100 du 64e, 70 du 63e; 104 du 100e, 86 du 103e.
TOTAL. 658 hommes. On l'appellera bataillon de marche de l'armée du Midi ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).
Le 15 décembre, 2 Officiers et 62 hommes se trouvent au sein de ce "Bataillon de marche de l'Armée du Midi", commandé par le Colonel Mejean, faisant partie de l'Armée du centre, Brigade Granjean, Division de Réserve Caffarelli. Le 20 décembre, cette Compagnie (Capitaine Manceau, toujours 2 Officiers, 62 hommes) fut envoyée à Margnia pour faire partie de la 1ère Brigade de la Division de réserve aux ordres du Général Caffarelli.
- 6/ A la suite de la campagne de 1809, en Autriche, l'Empereur résolut de faire passer en Espagne le 9e Corps (Comte Drouet d'Erlon) qui fut désigné pour aller renforcer l'Armée de Masséna en Portugal. Le 4e Bataillon du 63e, sous les ordres du Commandant Michel, et fort de 19 Officiers, 499 hommes, appartenait alors à la Division Claparède de ce corps. Le 15 août 1810, le 4e Bataillon (Michel) du 63e, qui se trouve au 9e Corps comprend 19 Officiers et 545 hommes, il fait partie de la 7e Demi-brigade de Ligne (Colonel Bonnaire), 2e brigade Jarry, 1ère Division Claparède. Arrivée en Espagne à la fin de 1810, la Division Claparède fut provisoirement placée dans les environs d'Almeida et de Trancoso.
Pour terminer avec cette année 1810, selon Martinien, certains éléments du 63e auraient combattu le 4 novembre à l'affaire de la Nieva (Santa Maria de la Nueva) : Sous lieutenant Lacroix, blessé. Martinien indique également le Chef de Bataillon Michel, le Capitaine Pimpernelle, le Lieutenant Baudinet et le Sous lieutenant Lambert, blessés le 30 d écembre 1810 au cours d'une affaire contre les brigands près de Benavente (Espagne, Royaume de Léon).
Feuille de signalement d'un déserteur; Saltarelli Ant. André, fils de Pierre et Maddalaine domiciliés à St. Steff.° canton de S.t Steff.° département des apennins né le 2 Février 1788 à S.t Steffano. canton de S.t Steff.° département des apennins domicilié, avant son entrée au service, à S.t Steffano canton de S.t Steff.° département des apennins taille d'un mètre 59. centimètres, cheveux et soucils Chat. yeux Gris front Ord. nez Bienfait bouche Moy.e menton rond visage Oval teint Coloré Marque de petite vérole. |
l/ 1811
- Opérations du 63e et du 1er Corps de Victor
Lettre de Berthier datée du 10 janvier 1811 |
Le 1er janvier 1811, le Sous lieutenant Moutard est blessé en escortant le Trésor en Portugal (Martinien).
Le 10 janvier 1811, Berthier écrit depuis Paris :
"J'ai reçu, Monsieur le Comte, la lettre que Vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 5 de ce mois. Je préviens Votre Excellence que j'ai renvoyé au colonel du 63e régiment la demande qu'il a fait de la décoration de la Légion d'honneur en faveur du capit. Montcarville, en lui faisant connaitre que cette demande doit parvenir par le Général de Division et par le Maréchal commandant en chef le 1er corps d'armée. Lorsqu'elle le sera renvoyée, je me ferai un plaisir de mettre sous les yeux de l'Empereur les services de cet officier auquel vous paraissez prendre un intérêt particulier.
Je renouvelle à Votre Excellence l'assurance de ma plushaute considération.
Le Prince de Wagram et de Neuchâtel".
Le 11 janvier, Jules Boucquel de Beauval, envoyé en avant garde dans les montagnes de l'Estramadure, est fait prisonnier à l'affaire de la Calera, dans des circonstances émouvantes. Conduit devant Balleseros, dépouillé de son uniforme, couvert de haillons, traité en galérien, il traîna des prisons espagnoles aux portugaises et aux anglaises, notamment à Coïmbre, où il retrouva quelques échappés de l'armée de Masséna. Il fut ensuite embarqué pour l'Angleterre, d'où il réussit à s'évader en 1812. Il passe ensuite au 123e de Ligne avec le grade de Capitaine.
Pour le reste, au commencement de 1811, nous retrouvons le Régiment sous Cadix dont l'investissement est complet du côté de la terre. Mais la mer est libre pour nos ennemis qui en profitent pour se ravitailler et pour embarquer de temps à autre sur leurs vaisseaux une partie de la garnison qu'ils vont débarquer sur la côe voisine, de facon à venir attaquer par derrière nos retranchements et nos défenses qu'ils n'osent aborder de front. Ce fut ainsi que, dans le courant de février, un corps anglais de 7,000 hommes, commandé par le Général Graham, avait quitté Cadix. Débarqué le 27 à Algésiras, il se réunissait à 15,000 Espagnols, sous les ordres du Général la Pena, qui était venu également de Cadix et avait débarqué à Tarifa. Ces troupes s'avancèrent le long de la côe par Veger et Conil pour attaquer Chiclana. Afin de favoriser cette opération, le Général Zayas, qui était resté dans l'île de Léon avec 6,000 Espagnols, jeta, le 2 mars, un pont de radeaux sur le Santi-Pietri, près de son embouchure, et commença aussitô une tête de pont qu'il mit sous la garde de 1,000 hommes.
Victor, instruit des projets de l'ennemi, donna l'ordre au Général Villatte, qui se trouvait à Chiclana, d'attaquer immédiatement la tête de pont des Espagnols en avant du Santi-Pietri. Villatte n'avait avec lui que 2,500 hommes dont le 63e. Notre situation, à ce moment-là, était la suivante : ler Bataillon 29 Officiers, 409 hommes; 2e : 17 Officiers, 396 hommes; 3e : 16 Officiers, 448 hommes.
L'attaque eut lieu le 3 mars, avec 4 Compagnies seulement. Quoique déjà protégé par une ligne de palissades et de chevaux de frise, l'ennemi fut culbuté par nos troupes, perdit 800 hommes tués, noyés ou pris, et fut rejeté dans l'île de Léon. Peu s'en fallut que le pont lui-même ne fût pris.
Fig. 14 ; Fusilier (en 1809) d'après Carl |
Fusilier vers 1808-1809 (source : Bucquoy, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton) |
Le 5 mars, Victor arriva à Chiclana avec ses réserves qui ne lui faisaient guère qu'un total de 5,000 hommes; il n'hésita pas cependant à prendre l'offensive contre l'armée anglo-espagnole s'avançant par Conil et la tour de Borossa pour se réunir aux troupes de Zayas, qui cherchaient à déboucher en même temps de l'ile de Léon. Il envoya le général Villatte avec sa Division pour contenir Zayas et attirer ainsi sur lui une partie des forces ennemies ; puis, avec le restant de ses troupes, il fond sur les Anglo-Espagnols. Malgré ses efforts, malgré le courage de ses hommes, Victor ne put parvenir à entamer les ennemis; mais, d'un autre côté, toutes les attaques tentées par Zayas pour déboucher vinrent se briser contre 1'héroïsme des soldats de Villatte. Victor se retira vers 3 heures à Chiclana où il appela Villatte. Ils s'attendaient le lendemain à une attaque générale ; mais l'ennemi n'osa pas recommencer le rude combat qu'il avait eu à soutenir; après être resté deux jours immobile, il finit par battre en retraite, renonçant à faire lever le siège de Cadix.
Dans ce combat, qui est inscrit sur le drapeau du 63e qui s'y distingua par sa calme et froide bravoure, par l'héroïsme de ses soldats, le Régiment perdit 5 Officiers et 73 hommes. "Cette bataille fut très meurtrière parce qu'on s'y battit de part et d'autre avec l'acharnement le plus vif; les Français y firent des prodiges de valeur et s'y couvrirent de gloire. On put juger dans cette occasion combien la science du chef et l'énergie du soldat peuvent suppléer au nombre, puisque 10 bataillons français seulement parvinrent à se maintenir dans leurs positlions et forcèrent un ennemi bien supérieur en nombre à se renfermer dans la place. Le maréchal Victor prit à Chiclana 3 drapeaux et 4 pièces de campagne; les alliés perdirent, en outre 3,500 hommes tant tués que prisonniers". (Victoires et Conquêtes).
Après cette bataille, le blocus de Cadix fut repris. L'Empereur aurait voulu que l'on s'emparât de l'île de Léon pour écraser ensuite la ville par des batteries. Il pensait qu'un cheminement à travers les marais et les canaux qui obstruent les abords du Sami-Pietri n'était pas chose impraticable. Mais le 1er Corps ne comptait plus guère qu'une dizaine de mille hommes, il manquait de munitions d'artillerie. Il se trouva donc trop faible pour rien tenter. Le 63e pour sa part, au sein de la 3e Division du 1er Corps, ne comptait plus que 845 hommes.
Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major Général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, je reçois l'état des 14000 hommes de renfort qui marchent sur l'armée du Midi. Il est nécessaire que vous vous concertiez avec le ministre de la Guerre afin de bien connaître les numéros des compagnies et des bataillons auxquels appartiennent les détachements qui composent ces renforts. Par exemple dans les troupes tirées de l'armée du Centre, je vois 80 hommes du 24e de ligne, 179 du 45e, 118 du 63e, etc. Il faut savoir si ce sont des piquets, des hommes isolés ou des cadres de compagnie ...
Il faut que le ministre de la Guerre me présente un projet de décret qui ordonne dans des désignations claires et précises que tous les détachements provenant des 5es bataillons, officiers, sous-officiers et soldats, qui rejoindront les 4 premiers bataillons, y seront incorporés aussitôt qu'ils les auront rejoints. Cela est très important parce qu'il serait fâcheux de faire revenir les cadres et que tout ce qui sera incorporé doit être effacé du contrôle du bataillon resté en France. Je n'ai pas besoin de vous faire remarquer qu'on a également besoin d'officiers et sous-officiers dans les bataillons de guerre.
Mais il est nécessaire de ne pas comprendre dans ce travail ce qui continue à rester dans la Navarre et d'éviter les doubles emplois" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5260; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26468).
Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne
Régiments qui forment les 6e bataillons |
Conscrits du régiment |
Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50 |
Suppléments à tirer d'autres régiments |
Total de ce que 6e bataillons aura |
||||||
Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles |
Conscrits pour compléter les bataillons suisses |
Conscrits du 4e bataillon A |
Reste pour le 6e bat. B |
Numéros du régiment d'où on les tire |
Anciens soldats C |
Conscrits D |
Total |
|||
61e de ligne |
1200 |
100 |
800 |
300 |
50 |
Le 63e |
63 |
63 |
126 |
726
|
A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".
Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les 6es bataillons de l'armée d'Allemagne ne seront pas formés avant les 4es.
Je prends donc le parti de contremander l'ordre que contient mon décret du 23 avril de tirer 1800 anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne pour servir à la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne.
Les détachements que ces différents dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir, savoir le 8e : 80 hommes, le 14e : 60 hommes, le 22e : 60 hommes, etc., se mettront en marche pour Orléans, où il en sera formé deux bataillons de marche, un pour l'armée du Midi, et l'autre pour l'armée de Portugal.
Le bataillon de marche de l'armée du Midi sera composé de :
80 hommes du 8. 70 hommes du 88e. 170 du 28e. 90 du 95e. 60 du 34e. 70 du 96e. 60 du 40e. 70 du 100e. 80 du 43e. 60 du 63e. 60 du 45e. 60 du 64e. 60 du 54e. 100 du 32e. 80 du 75e. 80 du 58e.
Total du bataillon de marche de l'armée du Midi 1250 hommes ...
Envoyez dans la journée des ordres à tous ces régiments pour que la destination de ces détachements soit changée et qu'on les dirige sur Orléans. Vous ferez connaître aux corps que ces détachements devant désormais former des régiments de marche et servir à recruter des bataillons de guerre, on ne doit plus rayer des contrôles les hommes qui les composent.
Ces 1800 hommes seront remplacés pour la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne par une augmentation équivalente dans le nombre de conscrits que ces dépôts de l'armée d'Espagne devaient fournir. Ainsi, ces dépôts au lieu de fournir seulement 1430 conscrits ainsi qu'il est indiqué dans l 'état joint à mon décret du 23 avril compléteront en conscrits le nombre total de 3300 conscrits qu'ils doivent fournir conformément audit état. Ceci aura le double avantage de fournir de bonnes recrues à l'armée d'Espagne, et de ne faire aucun changement dans les contrôles des corps, en même temps qu'on laisse à l'armée d'Allemagne le même nombre d'hommes qu'elle doit recevoir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5419 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26900).
A noter que le 63e a semble t'il combattu à Albuhera le 16 mai (3 Compagnies de Grenadiers regroupées, Corps de Soult ; 1 Officier tué : Sous lieutenant Courteille; 1 blessé et mort de ses blessures : Capitaine Laplaine).
Au 1er juin 1811, Soult est à la tête de l'Armée impériale du Midi ; le 1er Corps est commandé par le Maréchal Victor ; le 63e , qui se trouve au sein de la Division Villatte aux alentours de Chiclana, présente l'effectif suivant :
- 1er Bataillon Bresson : 22 Officiers, 433 hommes.
- 2e Bataillon : 15 Officiers, 432 hommes.
- 3e Bataillon Chauvet : 14 Officiers et 439 hommes.
Tambour major en Espagne d'après J. Chambenoit (source indiquée : une aquarelle originale de E. Fort d'après El Guil) |
Tambour major d'après Achard et Bueno (planche 70). |
|
Tambour major d'après Achard et Bueno (planche 132). | Tambour major d'après Bueno |
Ce même 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites former à Orléans le bataillon de marche d'infanterie de l'armée du Midi afin qu'il soit en état de partir au 10 juin. Vous formerez ce bataillon de la manière suivante ; savoir :
... 2e compagnie, 63e régiment 37 hommes; 95e régiment 90 hommes total 127
... Il est indispensable qu'il y ait 3 officiers par compagnie. Vous désignerez soit de l'école de Saint-Cyr, soit des vélites, soit de la garde nationale, soit de tout autre corps, les officiers destinés à se rendre à l'armée du Midi ...
Le bataillon de marche de l'armée de Portugal sera organisé à Orléans et formé de 4 compagnies. J'ai nommé colonel en second le major du 75e qui est à Cherbourg. Vous lui donnerez le commandement de ces deux bataillons. Donnez ordre que les détachements qui ne seraient pas partis au 5 juin de ces dépôts pour former ce bataillon n'en partent plus. Rendez-moi compte du progrès de la formation de ces deux bataillons, afin que je sache quand ils seront prêts à partir" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5533Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27191).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
... 2e bataillon (infanterie de ligne)
Du 8e de ligne 60 hommes, 32e 105, 40e 15, 45e 63, 54e 66, 58e 88, 63e 38, 64e 41, 88e 48, 95e 76, 96e 73, 100e 67
Total 740 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).
Le 18 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
... RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir :
... 5e bataillon : deux compagnies du 63e de ligne, deux du 94e, deux du 95e, deux du 96e. Ce bataillon se formera à Metz ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).
Le 25 juin, depuis Port-Royal, point de concentration principal des troupes investissant Cadiz et des Régiments appartenant aux différents Corps d'armée, Thomas Delrez, originaire de Lambermont (Ourthe), soldat dans le Régiment, écrit : "Dans le mois d'avril et le moi de mai, nous avons eu deux ou trois batailles avec les Anglais. Mais, Dieu merci, je n'ai reçu aucun mal. De là, nous sommes venus au débloquement de Badagosse et nous avons resté douze jours, et quand ils sont rendus, nous avons reçu les ordres pour rejoindre notre régiment. Nous avons traversé toute la Dalousie et une grande partie de montagne d'une hauteur extrême. Mais Dieu merci, nous sommes arrivés, le 18 du présent mois, sans recevoir aucun mal que d'endurer beaucoup de chaleur, car, dans ce pays, il fait une chaleur extrême" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°250). Notre homme parle dans cette lettre de la bataille d'Albuhera du 16 mai.
Gérard Huppertz, originaire de Verviers, Voltigeur au 2e Bataillon, dans une lettre écrite le 1er août 1811 à Port-Royal (parvenue à destintion le 18 octobre !), donne plus de précisions : "Je vous dirai pour nouvelles que, dans le moi d'avril et le mois de may, nous avons eu trois sanglantes batailles avec les Anglais et les Portugais entre Rodrigo et Almeda, sur la frontière de Portugal. Delà, nous avons reçu des ordres pour venir au débloquement de Badagosse, dont que nous avons resté douze jours. Après que nos gens ont été sortis, on nous a donné les ordres pour aller rejoindre notre régiment qui était au siège de Cadix. Donc en faisant notre route, nous avons traversé toute l'Andalousie et traversé beaucoup de montagnes après le brigandage qu'il y a parmi toute l'Espagne, qui ne cherche qu'à égorger les Français et qui arrête le convoi et la poste, car il faut juqu'à six à sept hommes pour escorter la poste d'une correspondance à l'autre. Je vous disais que nous sommes arrivés, le 18 juillet, à notre régiment qui est au Port Royal, à deux lieues de Cadix par mer, et sept lieues par terre. Et tous les jours, nous voyons notre ennemi" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
Le 29 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 3e bataillon de marche de l'armée du Midi parte le 5 août pour se rendre à Orléans. Donnez ordre que le 4e bataillon parte le 6, et le 5e bataillon le 7. Ce régiment sera ainsi réuni à Orléans.
Le 4e bataillon subira les modifications suivantes : le cadre de la 2e compagnie du 63e retournera à son régiment et les hommes disponibles seront incorporés dans la 1re compagnie qui sera, par ce moyen, de 160 hommes. La 2e compagnie du 94e versera également ses hommes disponibles dans la 1re compagnie qui sera portée ainsi à 106 hommes. Par cette disposition le 4e bataillon sera réduit à 6 compagnies, au lieu de 8. Vous me proposerez les moyens de compléter les compagnies à 140 hommes, et vous me ferez connaître ce que chacun des régiments qui concourent à la formation de ces bataillons de marche pourrait fournir au 15 août pour former à Metz un nouveau bataillon de marche.
Le 88e, le 63e et le 95e fourniront chacun une compagnie indépendamment de ce que pourront fournir les autres régiments. Il faudrait que ce bataillon pût partir de Metz, fort de 6 à 700 hommes dans les premiers jours de septembre.
Je suppose que tous les hommes sont bien équipés et bien armés, et que les colonels en second et les majors qui doivent commander ces régiments s'y trouvent. Je désire : 1° que vous me fassiez connaître le numéro de la compagnie que chaque régiment a fournie et de quel bataillon elle est tirée ; 2° que vous me proposiez d'attacher à chacune un ou deux sous-lieutenants tirés de Saint-Cyr ou des vélites.
Donnez ordre qu'on passe la revue des sous-officiers à Metz afin que s'il s'en trouvait qui eussent moins de deux ans de service, on envoyât de Fontainebleau des sous-officiers pour les remplacer. Faites-m'en remettre l'état grade par grade.
Si l'on pouvait tirer quelques centaines d'hommes sûrs de l'île de Ré appartenant à des provinces éloignées de la 11e division militaire, on pourrait s'en servir pour compléter le régiment à son passage à Bordeaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5866 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27863).
Le 11 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie la singulière lettre du colonel du 63e. Il faudrait d'abord savoir ce que c'est que ce colonel, d'où il sort, et ce qu'il entend par régiments de Sa Majesté Catholique. Est-ce ceux des insurgés ou ceux du roi d'Espagne ? Si cet officier entend les insurgés, ce style est singulier. Vérifiez l'état des hommes du 63e qui ont déserté.
Vous écrirez au duc de Dalmatie combien il est inconcevable que, possédant de si belles provinces, il laisse ainsi son armée sans solde. Vous prendrez auprès de lui des informations sur cette lettre" (L. Lecestre : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1897, t. 2, lettre 870; Brotonne (L. de) : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1898, lettre 919; ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28586).
Le 1er octobre, la situation est la suivante (3e Division Villate, Brigade Pécheux) :
- Etat major : 9 Officiers, 18 hommes.
- 1er Bataillon Bresson : 16 Officiers, 518 hommes.
- 2e Bataillon Michel : 17 Officiers, 515 hommes.
- 3e Bataillon Barbier : 18 Officiers et 535 hommes.
L'année 1811 s'écoula ainsi tristement pour nos hommes. ça n'était plus la grande épopée, le bruit et l'ivresse des batailles, l'orgueil des brillantes victoires, chèrement achetées quelquefois, il est vrai ; mais qu'importe ? ni les promenades triomphales à travers l'Europe, ni les entrées solennelles dans les capitales étrangères, ni ces brûlantes proclamations de l'Empereur au lendemain des victoires qui, en remerciant ses soldats de ce qu'ils avaient fait et leur montrant ce qu'ils avaient encore à faire, faisait courir leur sang plus vite dans leurs veines et faisait du plus humble un héros. Non ! les temps étaient changés, mais nos soldats ne l'étaient pas ; ils supportèrent tout avec le courage qu'ils avaient toujours montré. Ni les froids des longues nuits sans sommeil passées aux aguets, ni les journées passées à travailler dans un sol marécageux et malsain, ni les mille petits combats obscurs qu'il fallait livrer à chaque instant, ni les douleurs de la faim, ni le dénûement dans lequel ils se trouvaient, ne purent les rebuter.
Le 63e sous Cadix fut ce qu'il avait été à Gênes et à la Grande-Armée. Il eut alors souvent à faire preuve de ce courage de deux heures du matin que Napoléon estimait si haut et il ne faillit pas une seule fois. Aussi, en inscrivant sur notre drapeau le nom de Chiclana, a-t-on voulu moins glorifier le Régiment pour sa belle conduite dans cette journée que nous rappeler la constance, le calme, le courage et l'endurance de tous les instants dont il fit preuve pendant les années qu'il passa sous Cadix. C'est là encore, au milieu de tant d'autres, un exemple que nous avons le devoir de ne jamais oublier.
- Opérations du 4e Bataillon du 63e et du 9e Corps
Le 4e Bataillon, que nous avons laissé à la fin de l'année 1810 à la Division Claparède, faisait de son côté son devoir, et nous retrouvons, en février 1811, la Division entre Almeida et Viseu. Sur ces entrefaites, Masséna, obligé d'évacuer le Portugal, résolut de ravitailler la place d'Almeida et appela à lui tout le 9e Corps. L'armée se mit en route le 2 mai au matin et, après avoir traversé le pont de Ciudad-Rodrigo, se trouva en présence de l'armée anglaise qui avait pris position à Fuentès-d'Ońoro. Elle y fut attaquée dès le 3. La situation du 4e Bataillon est la suivate à cette date : 397 hommes au sein du 9e Corps d'Erlon (Armée du Portugal commandée par Masséna), Division Claparède, Brigade Vichery, 7e Demi-brigade.
Musicien d'après H. Knötel |
Musicien d'après Achard et Bueno (planche 70) |
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Dessin original extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492 |
Le 9e Corps tout entier avait été placé en observation au centre pour relier les deux ailes de l'armée chargées de l'attaque. La bataille s'engagea vers une heure de l'après-midi. Mais le 9e Corps n'eut pas à donner ce jour-là. La journée du 4 se passa tranquillement. Les deux armées, à portée de fusil l'une de l'autre, s'observaient et semblaient reprendre haleine.
Fig. 17 ; Officier monté en Espagne (source : Collection J. P. Perconte, d'après document de la Collection De Ridder, Bibliothèque Nationale, Cabinet des Estamps. Dessin de Fort) |
Dessin original extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492 |
Le 5 nous trouve en face du village de Fuentès-d'Onoro. La Division Claparède est prête à marcher à l'appui de la 1re ligne qui doit enlever ce village. Les heures s'écoulent, nous sommes toujours l'arme au pied. Enfin, l'ordre est donné de se porter en avant. Nos hommes se précipitent sur les hauteurs au-dessus du village. Rien ne peut arrêter leur élan et bientô ces hauteurs sont enlevées. Mais, hélas ! faute d'être soutenue, la Division Claparède doit peu après les abandonner. Le village est alors tour à tour pris par nous et repris par les Anglais. Dès que nos troupes arrivaient au sommet, elles étaient foudroyées par l'artillerie, et Wellington, pour résister à nos assauts furieux, ne cessa d'y jeter des renforts considérables de ses meilleures troupes. Dans une de ces attaques, le Commandant de notre 4e Bataillon, Michel, est blessé; mais il refuse de se retirer du champ de bataille où il reste à la tête de son Bataillon qui perdit ce jour-là 73 hommes. Selon Martinien, 3 Officiers sont tués (Lieutenant Arnal, Sous lieutenants Touche et Guilbert), 1 meurt des suites de ses blessures (Lieutenant Humbert, mort le 11), 3 autres blessés (Chef de Bataillon Michel; Capitaine Grangier; Lieutenant Thonion).
Nous passâmes les journées des 6, 7, 8, 9 et 10 en présence de l'ennemi qui, terrifié par le formidable combat qu'il avait dû soutenir, resta immobile dans les retranchements qu'il s'était hâté de construire et qu'il ne cessa de renforcer. L'armée se mit ensuite en retraite, laissant Ciudad-Rodrigo approvisionnée, Almeida détruite, grâce au courage indomptable de l'ancien Colonel du 63e, le Général Brenier, et l'ennemi sous une telle impression qu'il n'osait pas pénétrer en Espagne.
Peu de temps après cette bataille de Fuentès-d'Onoro, l'Armée du Portugal reçut une nouvelle organisation. Le 9e Corps fut dissous et notre 4e Bataillon vint rejoindre en juin, sous Cadix, la portion principale du Régiment dont la situation, vers la fin de l'année, grâce aux renforts qu'il avait reçus, se trouve être la suivante : Colonel Meunier Saint-Clair; 1er Bataillon, Commandant Bresson, 23 Officiers, 443 hommes; 2e X..., 15 Officiers, 427 hommes; 3e Chauvet, 16 Officiers, 442 hommes; 4e Michel, 10 Officiers, 369 hommes. Effectif total : 64 Officiers et 1681 hommes.
A noter que Martinien indique à la date du 30 octobre 1811 le Capitaine Baudinot, blessé au cours d'un combat près de Benavente.
A noter également que le 63e a reçu du département de l'Ourthe 98 conscrits de la Classe 1811 (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
m/ 1812
La situation du Régiment sous Cadix se maintint à peu près dans les mêmes conditions pendant les six premiers mois de l'année 1812. Au commencement de cette année, le 4e Bataillon fut de nouveau détaché et envoyé à l'Armée du Portugal.
Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "... La 5e division.
... En place du 28e léger, qui est à Mayence, on y mettra deux compagnies du 28e, deux compagnies du 23e léger, deux compagnies du 63e et deux du 43e, qui fera également deux bataillons ...
Dans le système présenté, on ne donne rien aux 3e et 105e, rien aux 63e, 29e, 112e, 13e de ligne. Il est pourtant nécessaire de compléter ces régiments ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).
Le 16 janvier 1812, à Paris, "On propose à Sa Majesté d'autoriser le passage de M. Pelluchon, sous-lieutenant au régiment de Belle-Ile, au 63e régiment d'infanterie de ligne" ; "Accordé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6656 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 15 janvier 1812 »).
A Paris, le 28 janvier 1812, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel, Major général, informe l'Empereur que : "Le ministre de la guerre expose que le colonel du 63e régiment d'infanterie demande l'autorisation de renvoyer en France des officiers appartenant aux 4e et 5e bataillons qui ont conduit des détachements aux bataillons de guerre et il propose de faire de cette mesure une application générale à tous les officiers qui auront amené des détachements à leurs bataillons de guerre afin que les dépôts ne restent pas dégarnis"; Napoléon répond : "Cet ordre est très bon : à donner à tous les corps de l'armée d'Espagne. Il faut même y ajouter celui de renvoyer tous les officiers et sous-officiers qui seraient à la suite" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 1732).
La situation des trois premiers Bataillons du 63e entre le 31 janvier et le 15 février 1812 est la suivante :
- Etat major : 9 Officiers, 16 hommes.
- 1er Bataillon Bresson : 0 Officiers, 36 hommes.
- 2e Bataillon Ville : 15 Officiers, 529 hommes.
- 3e Bataillon Segard : 14 Officiers et 525 hommes.
Le 13 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas : "Monsieur le comte Dumas, je vous renvoie la répartition de la conscription, approuvée. J'y ai fait quelques changements, que vous pouvez exécuter, sans les soumettre de nouveau à mon approbation, vu qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Diminution.
Vous ôterez
Au 3e de ligne, qui est à Strasbourg. 200 hommes,
... Au 63e id. 100 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29976).
Bientôt, nous reçûmes quelques renforts qui, dans le courant d'avril, portèrent nos effectifs aux chiffres suivants : 1er Bataillon, Commandant Bresson, 30 Officiers, 558 hommes; 2e Ville, 15 Officiers, 542 hommes; 3e Barbico, 14 Officiers, 538 hommes.
Le 22 avril 1812, à Saint-Cloud, on informe l'Empereur que "M. Mouchon. chef de bataillon du 63e régiment de ligne, admis à la retraite et destiné à un commandement de place, sollicite une dotation que S. M. lui promit à la parade du 7 juin 1810"; Napoléon répond : "Envoyé à M. Defermon pour faire un rapport" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5072; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7149).
Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire ...
ETAT N° 2.
Bataillons formés par les 5es bataillons, mais seulement lorsque les 4es bataillons qui font partie des demi-brigades seront complètement organisés, ce qui ne pourra avoir lieu qu’à la fin de mai.
Les 4es bataillons doivent être complétés avant tout ...
9e bataillon. 2 compagnies du 63e, 2 compagnies du 24e ...
Nota. – Les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e bataillons ne seront que projetés. On prendra de nouveaux ordres, avant de les former, et sur le lieu de leur réunion. Ils seront destinés ou à recruter l'armée d'Espagne, ou à remplacer les demi-brigades provisoires dans l'intérieur, ou enfin à compléter des cadres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).
Situation au 16 juin 1812 :
- 1er Bataillon Bresson : 23 Officiers, 435 hommes.
- 2e Bataillon Ville : 15 Officiers, 478 hommes.
- 3e Bataillon Barbier : 15 Officiers et 493 hommes.
Le Colonel Meunier, avec le 1er Bataillon, occupait Xérès, les 2e et 3e étaient à Chiclana. Le 25 août, arriva l'ordre de lever le siège de Cadix. "Ce fut avec un amer regret que les troupes du 1er corps abandonnèrent les travaux immenses, monument de leur courage et de leur patience. Les pièces avaient été mises hors de service ou jetées à la mer et les munitions détruites. La retraite s'effectua dans le meilleur ordre sous la protection de la cavalerie. Le même jour, les Espagnols occupèrent Puerto-Real et Chiclana. Mais la poursuite de leurs adversaires ne fut pas le principal objet de leurs soins; échappés au danger qui les avait si longtemps menacés, ils parcouraient à l'envie tous les ouvrages abandonnés, et la foule des soldats et du peuple contemplait avec admiration ces terribles préparatifs qui leur avaient causé d'aussi justes craintes" (Victoires et Conquêtes).
Fig. 18 ; Officier de Voltigeurs en Espagne (source : Collection Dessin de H. Boisselier ; avec l'aimable autorisation de Yves Martin). |
Le même, toujours d'après H. Boisselier (fac-similé réalisé par H. et C. Achard d'après l'original) |
Le même d'après Achard et Bueno (planche 16) |
Le même d'après Bueno |
Cependant, ce moment d'hésitation passé, un corps espagnol et un détachement anglais, commandé par le Colonel Skerret, se portèrent sur la route de Séville à la suite du 1er Corps. Ils arrivèrent, le 27 au matin, devant le faubourg de Triana. Le 63e formait l'arrière-garde. Attaqué par l'ennemi, il résiste jusqu'au moment où Soult, évacuant la ville, l'arrière-garde dut le suivre. Le Régiment arrêta encore pendant quelque temps les Anglo-Espagnols au pont qui joint le faubourg de Triana à Séville. Dans cette action, le Sous-lieutenant Lacroix, aidé par deux Voltigeurs de sa Compagnie, se lança sur un groupe ennemi qu'il vit éloigné de la colonne principale et ramena prisonnier le Colonel Skerret. Le Capitaine Videau est tué ; le Lieutenant Lerouge est assassiné, le Sous lieutenant Brirot, blessé, décède de ses blessures; les Chirurgiens Aides majors Lattil et Botte, ainsi que les Sous lieutenant Pellegrin et Bouillier sont blessés.
Le 1er Corps s'arrêta ensuite plusieurs jours à Grenade pour y attendre l'arrivée de tous les détachements qui s'avançaient de différents points vers cette ville. Cette concentration opérée, le mouvement de retraite continua par la grande route d'Alicante à Madrid.
A la fin d'octobre, nous étions à Aranjuez sans avoir rencontré d'obstacles. Après divers mouvements qui eurent pour effet de faire reculer les Anglo-Espagnols et de nous rendre de nouveau maîtres de Madrid, l'Armée du Midi, réunie à celle du Centre et du Portugal, vint prendre ses cantonnements entre le Tage et le Duetu.
Ainsi qu'il a été dit plus haut, dès le commencement de cette année, le 4e Bataillon avait été envoyé de nouveau à l'Armée du Portugal. Le 23 juillet, il prenait part avec elle à la malheureuse bataille de Salamanque ou des Arapiles, qui, malgré le courage et la bravoure de nos soldats, fut une défaite pour nos armes, défaite d'autant plus malheureuse qu'elle eut pour conséquence la levée du siège de Cadix et l'abandon de tout le midi de l'Espagne.
n/ 1813
- Situation en Allemagne
Les jours de malheur arrivent à grands pas pour la France. Après la merveilleuse épopée que nous venons de retracer en partie, et dans laquelle notre Régiment a cueilli tant de lauriers, voici le côté sombre qui commence. Encore une année de luttes titanesques en Europe et le sol sacré de la Patrie va être foulé aux pieds par toutes les puissances auxquelles nous avons pendant si longtemps fait courber la tête. Mais il faudra que du nord au midi, de l'est à l'ouest, l'Europe se lève comme un seul homme; il faudra que toutes les puissances fassent un seul faisceau de toutes leurs forces, qu'elles en convoquent le ban et l'arrière-ban pour pouvoir, non nous vaincre, mais pour nous noyer sous des flots d'hommes, pour nous écraser sous leur nombre.
Notre Régiment combattit, dans ces luttes de géant, dans ces batailles des nations. Fractionné, morcelé, il est partout, portant haut et fier son glorieux drapeau auquel la victoire va se montrer quelquefois infidèle, mais auquel du moins l'honneur ne manquera jamais.
A la suite de la guerre de Russie, et devant la coalition de l'Europe, l'Empereur retira d'Espagne une partie des troupes qui s'y trouvaient. Trois des Bataillons du 63e (2e, 3e et 4e) quittent bientôt la Péninsule sous les ordres de leur Colonel et traversent la France à marches forcées, se dirigeant sur le Rhin. Là, chacun de nos Bataillons reçoit une destination différente.
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 17e demi-brigade, des bataillons des 63e, 65e et 43e, qui reviennent d'Espagne; ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 3e division, à Anvers, composée des 2e, 8e, 17e et 21e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Le 12 février, Napoléon écrit, depuis Paris, à Clarke : "... chacun de ces 18 régiments fournira 2 compagnies, 280 hommes des 6 bataillons à la brigade de réserve de la 30e division d'infanterie. Ceux de ces régiments qui pourraient dès ce moment fournir 2 compagnies de 70 hommes chacune, les fourniraient. Ils les complèteraient ensuite à 280 par la conscription des 4 années comme il est dit ci-dessus. Il sera joint à cette brigade une 7e brigade qui devra être composée de 2 compagnies du 27e, du 50e, du 63e, du 76e et du 27e léger en attendant que ces régiments puissent fournir leurs 2 compagnies, ils en formeront une de 140 à 70 hommes qu'ils complèteront ensuite lorsqu'ils auront reçu la conscription des 4 années ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32744 ).
Fig. 19 ; Sergent major porte fanion de Grenadiers en 1811 en Espagne (source : Bucquoy, d'après documents Espagnols / Fort) |
Dessin accompagné de diverses indications : Bucquoy, Baty |
Sergent major porte fanion de Grenadiers d'après Achard et Bueno (planche 70) |
La vision de notre ami Didier Davin : un Sergent major porte fanion de Grenadiers en Espagne |
Notre dessin d'après Bucquoy, ex en-tête de Soldats Napoléoniens |
Fanion du 63e : en haut, d'après Brauer (Heere und Tradition/Uniformbogen) ; en bas d'après R. Forthoffer |
- 2e Bataillon
Le 2e est dirigé sur le Corps d'observation de Bavière. L'Historique régimentaire donne la destination suivante pour ce Bataillon envoyé en Allemagne : 2e Bataillon Commandant Montcarville : Corps d'observation de Bavière, 51e Division, 2e Brigade.
Le même 16 juillet 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, écrivez au duc de Valmy pour qu'il fasse connaître quand le 3e bataillon du 10e léger aura rejoint le corps d'observation de Bavière ;
Quand le 2nd bataillon du 29e de ligne, le 2nd du 63e, le 2nd du 27e de ligne, le 2nd du 27e léger et le 3e et le 4e du 29e léger auront rejoint; ce qui complétera les onze bataillons de la 2e division" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35414).
Le 22 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant supérieur des 25e et 26e Divisions militaires : "Mon cousin, il manque à la 42e division le 3e bataillon du 10e léger, le 2e bataillon du 39e de ligne et le 2e du 63e. Faites-moi connaître quand ces 3 bataillons seront arrivés ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35536).
Le 1er août 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, vous trouverez ci-joint 1'état du 4e bataillon de marche des divisions réunies détachées dans le grand-duché de Berg. Vous y verrez que ce bataillon a une compagnie du 24e de ligne. Vous donnerez ordre qu'elle soit incorporée dans les bataillons du 24e de ligne qui sont au corps de Bavière. Ce bataillon a aussi une compagnie du 54e. Donnez ordre qu'elle soit incorporée dans les 2 bataillons du 54e qui font également partie du corps de Bavière. Il y a une compagnie du 63e : même ordre ; une compagnie du 95e : même ordre ; une compagnie du 94e : même ordre ; de sorte que ces 5 compagnies seront chacune incorporées dans les bataillons que ces régiments ont au corps de Bavière. Le 14e de ligne seul n'a pas de bataillon au corps de Bavière. Donnez ordre que la compagnie de ce régiment se rende à Dresde où elle sera incorporée dans les bataillons du 14e qui sont à l'armée. Par ce moyen, ce bataillon de marche sera dissous. Expédiez ces ordres par estafette ; que le bataillon se dirige sur Wurtzbourg où s'opèrera la dislocation" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 3 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35703).
Le même 1er août 1813, l'Empereur écrit aussi, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Aussitôt que le 3e bataillon du 10e, le 2e du 21e et le 2e du 63e seront arrivés, il faudra les compléter de préférence comme appartenant à la 42e division" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 3 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35705).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE II. — Corps d'observation de Bavière.
Art. 12. — Le corps d'observation sera composé des 51e, 52e, 53e et 54e divisions.
Art. 13. — Les quatre divisions du corps d'observation de Bavière seront composées de la manière suivante :
51e division
32e demi-brigade : 1er bataillon du 25e léger; 4e bataillon du 32e léger.
113e, 4 bataillons.
Commandé par un major : le 2e bataillon du 63e de ligne; Le 2e bataillon du 27e de ligne.
Commandé par un major : le 3e bataillon du 10e léger; le 2e bataillon du 21e léger.
Commandé par un major : le 3e bataillon du 32e de ligne; le 3e bataillon du 58e de ligne ...
Art 14. — Le major général enverra tous les majors nécessaires pour les 51e et 52e divisions.
Art. 15. - Les 51e et 52e divisions se réuniront à Würzbourg ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le 6 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, décrète : "Napoléon, Empereur des Français.
Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:
TITRE PREMIER. — Corps d'observation de Bavière.
Article premier. — Le corps d'observation de Bavière sera composé, comme nous l'avons ordonné par notre ordre du 4 dernier, de quatre divisions, savoir: la 51e, la 52e, la 53e et la 54e.
Art. 2. - Ces quatre divisions seront composées de la manière suivante :
51e division
32e demi-brigade : 1er bataillon du 25e léger, 4e bataillon du 32e léger.
113e 4 bataillons.
Commandé par un major : 63e de ligne, 2e bataillon ; 27e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 10e léger, 3e bataillon ; 21e léger, 2e bataillon.
Commandé par major : 32e de ligne, 3e bataillon, 58e de ligne, 3e bataillon.
Total: 12 bataillons ..." (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 20).
Ce Bataillon, selon l'Historique régimentaire, combat les 26 et 27 août à la bataille de Dresde, les 29 et 30 à Kulm. Bientôt, le 2e se retrouve stationné à Glogau, où il résiste toujours fin 1813.
L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique : "ARTICLE PREMIER.
L'armée sera organisée de la manière suivante :
Le onzième corps, commandé par le duc de Tarente, sera composé de la trente et unième et de la trente-cinquième division …
ART. 2.
Tous ces corps seront successivement portés à quatre divisions ...
QUATRIÈME CORPS D'ARMÉE ...
ART . 13.
La cinquante et unième division sera composée ainsi qu'il suit :
Un bataillon du 10e léger ...
Un id. du 63e de ligne ..." (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105 et page 415).
- 3e Bataillon
Le 4 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ...
ARMÉE DU MIDI.
Donnez ordre que l'on fasse rentrer sans délai et que l'on mette en route pour France, vingt-quatre heures après la réception de vos ordres, les cadres ci-après, au grand complet, savoir : les cadres ... du 3e bataillon du 63e ... ce qui fait vingt cadres de bataillons à tirer de l'armée du Midi. Ces cadres, à 120 hommes par bataillon, feront plus de 2,000 hommes, qui partiront en deux colonnes ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19416 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32199).
Le 3e va au Corps d'observation de Mayence, puis, peu après, il entre dans la composition du 14e Corps d'armée. L'Historique régimentaire donne la destination suivante pour ce Bataillon envoyé en Allemagne : 3e Bataillon, Commandant Jeannin, 20 Officiers, 820 hommes. D'abord Corps d'observation de Mayence, 42e Division, 17e Brigade ; puis 14e Corps.
Le 16 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites connaître au duc de Castiglione que j'ai reçu son état de situation du 12 ; qu'il paraît que les demi-brigades provisoires ne sont pas encore formées ; que le 10e léger doit avoir un major en second pour commander ses 3e et 4e bataillons ainsi que le 39e et le 63e. Ces régiments ayant chacun 2 bataillons figureront sous leur numéro ; que la 4e demi-brigade composée des 21e léger, 9e léger et 28e léger doit être commandée par un major ; que la 16e composée des 40e, 43e et 96e doit être également commandée par un major ; qu'ainsi la 42e division doit être composée des 10e, 39e et 63e de ligne, soit 6 bataillons, et des 4e et 16e provisoires, soit 6 bataillons, total 12 bataillons, ainsi de suite.
Qu'il faut qu'il m'en présente l'état tel que le corps est formé et qu'il nomme les majors qui commandent les demi-brigades provisoires.
Qu'il faut qu'il fasse connaître également les noms des 6 généraux de division, des 12 généraux de brigade et des 6 adjudants-commandants désignés pour commander les divisions" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35412).
Le 24 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Mouton, Comte de Lobau, son Aide de camp, à Dresde : "... Procurez-moi des renseignements sur le colonel Rome du 7e d'infanterie légère, sur le colonel Latour, du 23e de ligne, sur le colonel Creutzer, adjudant commandant au quartier général, sur le colonel Meunier Saint-Clair, du 63e de ligne, et sur le colonel Letellier, premier aide de camp du duc de Reggio, qu'on me propose pour généraux de brigade.
Y a-t-il de bons choix à faire dans la garde ? Y en a-t-il d'autres à faire dans l'armée ? Il faudrait faire de bons choix" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 2085 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35569).
Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
42e division
Commandé par un major : 10e léger, 4e bataillon; 21e léger, 3e bataillon.
Commandé par un major : 63e de ligne, 3e bataillon; 27e de ligne, 3e bataillon.
76e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
4e Demi-brigade provisoire : 9e léger, 6e bataillon; 28e léger, 3e bataillon.
16e Demi-brigade provisoire : 40e de ligne, 4e bataillon; 43e de ligne, 3e bataillon.
96e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
12e léger, 3e bataillon.
4e léger, 2e bataillon.
14 bataillons...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).
Le même 4 août 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, à Alexandre, Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major-général de la Grande Armée, à Dresde : "… Je viens de nommer par mon décret de ce jour général de brigade le colonel Rome, du 7e d'infanterie légère, le colonel Latour, du 23e, l'adjudant commandant Creutzer, commandant les troupes du gouverneur général, le colonel Meunier Saint-Clair, du 63e de ligne, le colonel Letellier, aide de camp du duc de Reggio, le colonel Bertrand, du 3e régiment de marine, et le colonel Emond d'Esclevin, du 1er régiment de marine ... Envoyez le général Meunier Saint-Clair à la 43e division ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 2115 ; Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 6; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35722).
Pendant la route du Rhin en Allemagne, le Colonel Meunier Saint-Clair, qui était resté avec le 3e Bataillon, fut remplacé, le 9 août, à la tête du Régiment par le Colonel Kail.
COLONEL KAIL (FRANçOIS) Né à Fontoy (Moselle) le 21 mai 1772 - Colonel du 63e, le 9 août 1813. |
Les événements se précipitant, le Bataillon, selon l'Historique régimentaire, combat les 26 et 27 août à la bataille de Dresde, les 29 et 30 à Kulm, où le Colonel Kail fut blessé à la cuisse droite d'un coup de feu. Le 3e Bataillon reste ensuite à Dresde avec le Corps de Saint-Cyr. Le 10 octobre, le Capitaine Pellegrin est blessé au cours de la défense de Dresde (Martinien).
Après la bataille de Leipsick, Schwartzemberg détacha un corps de son armée. Ce corps arriva devant Dresde le 26 octobre, et aidé par les autres troupes qui se trouvaient déjà devant cette ville, il nous oblige à nous renfermer dans l'enceinte des ouvrages qui couvraient les faubourgs. Ce blocus ne pouvait être de longue durée. Le pays environnant, parcouru dans tous les sens par les armées belligérantes, était entièrement dévasté et n'offrait aucune ressource pour approvisionner convenablement l'armée assiégée. Bientôt une horrible disette se fit sentir et menaca d'anéantir en peu de jours et ceux qui défendaient la ville et ses habitants. Le 5 novembre, Saint-Cyr essaya de forcer le blocus pour s'ouvrir ensuite, les armes à la main, le chemin jusqu'aux frontières de France. Nos têtes de colonnes furent arrêtées et il fallut rentrer dans la ville. Le 11, le Maréchal offrit une capitulation qui fut acceptée. La garnison devait poser les armes, rentrer en France et ne pas servir avant parfait échange. Cette capitulation ne tarda pas à être violée par un ennemi à la bonne foi duquel nous avions eu le tort de croire, et nos hommes furent faits prisonniers.
Le 28 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 4e bataillon du 10e léger, le 3e du 21e idem, le 3e du 25e idem, le ler du 29e idem, le 4e du 32e de ligne, le 3e du 39e, le 3e du 54e, le 3e du 63e, le 3e du 95e, le 3e du 96e et le 3e du 103e, ce qui fait onze bataillons, se rendront, aussitôt après leur arrivée, à Mayence, et rejoindront les bataillons de leurs régiments qui se trouvent au 4e Corps; ce qui augmentera ce corps de onze bataillons ...
Le 4e corps sera composé des cinquante-huit bataillons qui y existent; des onze qu'il reçoit du 14e corps, et de douze qui peuvent être envoyés des dépôts pour le rejoindre ; total, quatre-vingt-un bataillons. (Je crois que le 133e doit recevoir un bataillon qu'il avait à Meissen, et qui a dû revenir avec le 14e corps.) Ces quatre-vingt-un bataillons seraient un nombre trop considérable pour un seul corps; il faudra, par la suite, en former deux ; mais on peut toujours laisser provisoirement les choses dans cet état, en attendant que j'aie l'état en cent colonnes.
Au reste, sur les cinquante-huit bataillons existant au corps, beaucoup ne pourront pas être complétés par leurs dépôts ; et sur les douze qui sont dans les dépôts, il y en a qui sont en Italie, tels que celui du 67e, et plusieurs qui ne pourront pas être complétés. Cela fera donc une diminution, et je ne pense pas qu'il y ait en tout plus de soixante et seize bataillons du 4e corps qui puissent être complétés cet hiver, au moyen de la conscription ...
RÉCAPITULATION.— ... 4e corps, soixante et seize ou quatre-vingt-un ...
Tous ces bataillons doivent se trouver complétés moyennant l'appel de la moitié des 300,000 hommes, ou si cela ne suffisait pas, moyennant un supplément sur la conscription de 1815.
II faudra me renvoyer cet état quand vous l'aurez corrigé, et comme la répartition des 160,000 hommes est déjà faite, la répartition des 140,000 hommes, que j’appelle sur la levée des 300,000 pour l'armée du Rhin, doit servir à compléter tous ses bataillons. Il n'y a, d'ailleurs, que l'état en cent colonnes qui puisse bien déterminer cela. Les cadres qui ne pourraient pas être remplis le seront sur la conscription de 1815.
NAPOLÉON.
P. S. On égalisera par la suite tous les corps, chacun à trois divisions de quatorze bataillons, ou quarante-deux bataillons par corps, ce qui, multiplié par huit, fait trois cent trente-six bataillons ou vingt-quatre divisions ; mais c'est une opération de détail qui se fera plus tard" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20943 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37291).
Le même 28 novembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Quant aux 500 hommes destinés au 10e léger, au 21e léger, au 63e, au 96e et au 103e, ainsi qu'au 54e, au 95e et au 32e de ligne et qui sont dirigés sur Mayence, au lieu d'être donnés au 14e corps, ils le seront au 4e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37317).
Le 15 décembre 1813, à Paris, l'Empereur décrète : "... 4e corps. Il sera formé un 6e bataillon ... aux 96e, 39e, 54e, 63e, 95e et 32e de ligne ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1242).
Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, à propos des troupes qui vont former la garnison de Mayence.
"ORDRES.
Le 4e corps d’armée, commandé par le général Morand, restera composé de quatre divisions, ainsi qu’il suit :
... 51e division, général Semelle : 21e léger, deux bataillons ; 25e, deux ; 29e, deux ; 26e de ligne, deux ; 32e, deux ; 39e, deux ; 47e, deux ; 63e, deux ; 86e, deux ; 122e, trois ; total, vingt et un bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
Le 4e corps sera organisé de la manière suivante :
1re division : comme cela est porté dans votre travail
... 4e division, de : 2 bataillons du 25e léger ; 2 bataillons du 29e léger ; 2 bataillons du 32e ; 2 bataillons du 39e ; 2 bataillons du 47e ; 2 bataillons du 63e ; 4 bataillons du 86e ; 3 bataillons du 122e ; 19 bataillons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).
- 4e Bataillon
Le 8 janvier 1812, Napoléon écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre , je recois votre lettre du 7 ...
Les 4es bataillons des 40e et 63e qui devraient recevoir des conscrits, ne sont pas disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6609 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29689).
LES DEMI-BRIGADES PROVISOIRES DE JANVIER 1812 Dans la vaste réorganisation que Napoléon coordonne pour la Grande Armée qui va entrer en Russie, de nombreuses unités dites provisoires vont être levées, formées de détachements de divers Régiments : Bataillons de marche, Demi-brigades de marche, Bataillons de marche de tel ou tel Corps. Parfois versées dans leurs unités d’origine ou organisées en Divisions de Réserve. Les Demi-brigades provisoires en 1812 sont formées à partir des 4ème Bataillons disponibles des Régiments d’infanterie. Elles vont peu à peu gagner l’Allemagne (ou l’Espagne ou l’Italie), remplacées sur leurs lieux de formation par les Cohortes de Gardes Nationales. Elles sont commandées par des Majors. On y réunit soit des Bataillons d’infanterie de Ligne, soit des Régiments d’infanterie légère entre eux, pour que les unités soient homogènes. Elles seront incorporées dans la seconde Ligne de l’Armée tandis que la force principale franchira le Niémen. Les 2e, 3e, 4e et 5e DB provisoires serviront sur la frontière espagnole et les 14e, 15e et 16e en Italie. 10e DB provisoire : 4e bat des 27e, 63e, 76e et 96e de Ligne |
Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 10e DEMI-BRIGADE. Le 4e bataillon du 27e, le 4e du 63e, le 4e du 76e et le 4e du 96e partiront de Mayence, de Belfort, Sarrelouis et Thionville pour se réunir à Utrecht et y former la 10e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après ...
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
10e demi-brigade à Versailles (3e division de réserve de la Grande Armée)
1er bataillon : 4e bataillon du 27e de ligne (dépôt à Mayence) : 456 conscrits du Calvados ; total 456 ; manque 264.
2e bataillon : 4e bataillon du 63e de ligne (dépôt à Belfort) : 594 conscrits de l’Allier et 400 du Cher ; total 994 ; 294 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 4e bataillon du 76e de ligne (dépôt à Sarrelouis) : 423 conscrits de l’Ourthe ; total 423 ; manque 277.
4e bataillon : 4e bataillon du 96e de ligne (dépôt à Thionville) : 322 conscrits de Sambre-et-Meuse, 346 de l’Ourthe et 253 de la Roër ; total 921 ; 221 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).
Plaque de shako modèle 1810 trouvée en Biélorussie. Document communiqué par un de nos correspondants |
Le 4e Bataillon est envoyé au 11e Corps d'armée (Augereau), sans doute à la fin de l'année 1812, 31e Division Lagrange. Il figure en tout cas sur un Etat de situation en date du 1er septembre 1812, au sein de la 10e Demi-brigade (Major Suaux) de la 31e Division ; l'effectif est alors de 15 Officiers, 691 hommes et 5 chevaux.
Ce Bataillon se trouve à Stettin le 5 janvier 1813 au sein de la 10e Demi-brigade de ligne, avec un effectif de 20 Officiers et 693 hommes. L'Historique régimentaire donne la destination suivante pour ce Bataillon envoyé en Allemagne : 4e Bataillon Commandant Deroy, 18 Officiers, 729 hommes. 11e Corps d'armée, 31e Division, 10e Demi-brigade.
Le 10 février 1813, le 11e Corps, devenu Corps d'avant garde, est commandé par Gouvion Saint Cyr ; la 31e Division par le Général Grandeau ; les hommes du 4e Bataillon du 63e se trouvent dans la 1ère Brigade Labassée. Le 4e Bataillon prit part aux opérations dès le début de la campagne ; son effectif, par suite des renforts qu'il avait reçus du dépôt, avait été porté à 820 hommes. Martinien indique deux Officiers blessés au cours de la défense de Stettin : Lieutenant Quoniam et Sous lieutenant Berthier; appartiennenent ils à ce Bataillons ? En tout cas, le 2 mai 1813, le 4e Bataillon était à la bataille de Lutzen, dans laquelle le 11e Corps décida la victoire. Cette journée fut des plus glorieuses ; presque tous les vétérans avaient disparu des rangs ; l'honneur de nos armes, si longtemps victorieuses, était entre les mains de jeunes soldats à peine instruits dans les exercices et non habitués aux fatigues de la guerre ; et cependant, ces conscrits triomphèrent en bataille rangée d'une armée numériquement supérieure que soutenaient une cavalerie et une artillerie formidables. Le 20, à Bautzen, le 21, à Wurschen, notre 4e Bataillon donna encore des preuves de sa bravoure.
Martinien indique un Capitaine Crouvisier, blessé le 7 mai au cours d'un combat en Saxe; il appartenait peut être au 4e Bataillon.
Le 4e Bataillon combat également, selon l'Historique régimentaire, les 26 et 27 août à la bataille de Dresde , les 29 et 30 à Kulm. Le 4e Bataillon est ensuite envoyé à Stettin. La ville doit se rendre le 5 décembre. Après avoir détruit à plusieurs reprises les ouvrages de l'ennemi, l'avoir tenu longtemps éloigné du corps de place, après avoir repoussé toutes les demandes de l'assaillant pour précipiter la reddition du poste qui lui était confié, le Général Dufresse, qui commandait, ne capitula qu'à la dernière extrémité. La garnison fut faite prisonnière de guerre.
- Le Bataillon de Danzig
Depuis 1808, nous avons laissé un Bataillon à Dantzig, où il tenait garnison. Dès le commencement de 1813, l'Empereur avait renforcé cette place où commandait le Général Rapp. Le nom seul de ce Général est un sûr garant de ce que fut l'énergie indomptable de la défense.
Dans le courant de mars, une épidémie vint exercer ses ravages sur la garnison. Dans la dernière quinzaine de ce mois, elle prit un caractère si terrible, que l'on perdit jusqu'à 200 hommes par jour. Dans les premiers jours d'avril, le mal se calma enfin et Rapp reprit alors ses sorties pour ainsi dire journalières dans le but de ravitailler la place et d'éloigner l'ennemi. La résistance se prolongea ainsi toute l'année. Enfin, tous les ouvrages extérieurs de Dantzig ayant été emportés les uns après les autres, malgré la défense toujours héroïque des assiégés, et les maladies produites par les fatigues excessives et par l'insuffisance de la nourriture ayant diminué de beaucoup l'effectif de la garnison, le Général Rapp se vit forcé de capituler le 29 novembre. La garnison obtint sa libre rentrée en France, sous la condition de ne pas servir jusqu'à l'échange. Mais ici comme à Dresde, la capitulation fut violée. L'Empereur de Russie ordonna de conduire la garnison prisonnière de guerre en Russie. Les Officiers conservèrent leurs armes; les Sous-officiers et soldats décorés de Légion d'honneur purent garder leur sabre.
Signalons que Martinien donne pour Kulm (29-30 août) 4 Officiers blessés : Capitaine Adjudant major Laurent et Capitaine Didiat le 29, Colonel François Kail et Lieutenant Petit le 30 ; qu'il indique pour Hellendorf (13-17 septembre) 1 Officier tué (Lieutenant Destantat le 15), 9 blessés (Capitaine Adjudant major Laurent les 13 et 14 et le 17; Chef de Bataillon Barbier les 15 et 17; Capitaines Didiat, Godefroy, Guibaud, Delafond, le 15; Lieutenant Dicalin le 15; Sous lieutenant Soreil le 15). Et pour Leipzig 5 Officiers blessés le 16 octobre (Capitaines Abrial, Lachapelle; Lieutenants Lacroix, Revest, Marié) et 8 autres le 18 (Capitaines Allard, Prieur, Loriot; Lieutenant Destas, Sous lieutenants Bouriot, Duroq, Harry également blessé le 19, Lécourt).
Plaque de shako d'Officier, en laiton doré. Document communiqué par un de nos correspondants |
Fig. 20 ; Shako de Sergent de Fusiliers vendu à Drouot le 25 février 1994 |
Shako de Fusiliers (source : Musée de l'Infanterie, Montpellier) |
- Situation en Espagne
Pendant que ces événements se passaient en Allemagne, revenons à l'Espagne. Le 1er janvier 1813, Gérard Huppertz, originaire de Verviers, Voltigeur au 2e Bataillon, écrit depuis Talavera : "Je vne voudrais pas revivre une année comme celle de 1812 : il y a onze mois que je n'ai plus reçu de vos nouvelles. Nous avons toujours été en marche, car l'ennemi est devenu trop fort. Il nous a chassé de Cadis. Delà nous sommes allés à Séville, où nous sommes restés huit jours. Les Anglais et les Espagnols nous en ont chassés. Puis nous avons eu de grandes batailles. Delà nous sommes venus à Madrid" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°680).
Le 1er avril 1813, le 63e, dont la Brigade est maintenant commandée par le Général Rignoux, n'aligne plus que deux Bataillons :
- 1er Bataillon Moite : 21 Officiers, 678 hommes.
- 2e Bataillon Ville : 15 Officiers, 688 hommes.
C'est donc dans le courant de l'année 1813 que le 2e Bataillon quitte l'Espagne pour l'Allemagne. Le 1er Bataillon va donc faire seul son devoir dans la Péninsule. Le 1er mai, au sein de l'Armée du Nord, 5e Gouvernement (Général Rey), se trouvent 2 Officiers et 78 hommes intégrés au sein du 3e Bataillon du 1er Régiment de marche de l'Armée du Portugal. A l'Armée du Midi, le Régiment ne compte plus qu'un Bataillon, fort de 1269 hommes stationnés à Salamanque. Ce Bataillon combat à Vittoria (21 juin, Armée du Sud de Gazan, 3e Division Villatte, Brigade Rignoux ; 1 Officier (Lieutenant Pernier) et 102 hommes sont blessés, 21 hommes tués, 11 prisonniers), à Banolas (23 juin). Le 10 juillet, le Sous lieutenant Destats est blessé dans une reconnaissance route de Pampelune.
Le 15 juillet 1813, Noël-Joseph Penay, originaire de Bombaye (Ourthe), Soldat à la 1ère Compagnie du 1er Bataillon, écrit depuis Pau : "Voilà trois mois que nous étions campés et que les courriers ne pouvaient point aller en France. Le 1er juin, nous nous sommes battus avec les Anglais et j'ai reçu une balle au bras gauche, dont j'espère avoir un congé. Jamais les Français n'ont eu une déroute aussi grande que ce jour là, puisqu'ils ont pris tous les bagages de l'armée. De quinze mille blessés que nous étions, il n'y en a pas eu la moitié qui sont rentrés en France. Ils sont restés dans la boue, faute de moyen de transport. Vous ne devez pas ignorer, mon cher père et ma chère mère, la souffrance que j'ai pu endurer pendant cette malheureuse évacuation. Mais grâce à Dieu, je suis à présent dans un hôpital de Soeurs où je suis assez bien, sinon qu'on ne nous donne pas beaucoup à manger" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°915).
Nouveaux combats au col de Maya (25 juillet, 1 Officier blessé : Sous lieutenant Debray ), à Sorauren (28 au 30 juillet, 2 Officiers blessés Colonel Meunier de Saint Clair le 28, Sous lieutenant Meunier le 30), Pampelune. Le 1er août, sont blessés au cours de la défense du pont d'Hiali le Capitaine Bachelier et le Sous lieutenant Pompon.
Situation de l'Armée française au 10 août 1813 Commandant en chef : Maréchal Soult, Duc de Dalmatie Centre (QG à Ainhoa) : Général de Division (Lieutenant général) Drouet d'Erlon 3e Division Abbé, 1ère Brigade Rignoux 63e de Ligne : 1 Bataillon Source : S.H.D C8 372 |
Les combats se poursuivent : Bidassoa (31 août; 5 Officiers blessés : Capitaine Planton, Sous lieutenants Debray, Meunier, Barthélemy, Vibert), sur la rivière Nivelle (10 et 11 novembre, 1 Officier tué : Capitaine Heuillard le 10; 1 mort des suites de ses blessures : Lieutenant Devariaux le 11 et mort le 30; 3 autres blessés : Lieutenants Hébert le 10, Boudier le 10, Sous lieutenant Petit le 10) et à Bayonne sur la Nive (13 décembre, 1 Officier tué : Capitaine Milhau; Chef de Bataillon Dufait mort des suites de ses blessures le 15 et Lieutenant Pelluchon, mort le 14; 6 autres blessés : Capitaines Planton, Bachelier, Lieutenant Debray, Sous lieutenants Meunier, Vibert, Godreuil). Le 17 décembre, le Capitaine Godefroy est blessé étant en reconnaissance devant Bayonne.
o/ 1814
- En France
Le 63e est dispersé, ses divers éléments sont en en luttes sur divers points de l'Europe ou prisonniers; mais son numéro ne va pas disparaître de la terrible mêlée. Fin 1813, l'Empereur tente de réorganiser son armée. Le 2e Bataillon du 63e, présent à l'Armée, est affecté au 4e Corps du Général Morand ; il doit être rejoint par un 6e Bataillon en formation à Belfort.
Le 26 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, il paraît qu'il n'y a pas de canonniers à Belfort. Donnez ordre qu'on y envoie en poste, de Besançon, deux officiers d'artillerie et douze sous-officiers, sergents ou vieux soldats canonniers, lesquels formeront sur-le-champ trois compagnies d'artillerie de 120 hommes chacune, savoir : de 120 hommes qui seront pris dans le 63e, de 120 hommes qui seront pris dans la cohorte, et du reste qui sera pris dans la garde nationale de Belfort.
Donnez ordre également qu'on expédie tout ce qui est nécessaire pour la défense de cette place, et que de Besançon un commissaire soit envoyé pour faire entrer à Belfort des vivres de toute espèce et ce qu'il faut pour armer la place.
Ayez un petit chiffre comme celui qu'on avait à l'armée pour correspondre avec le commandant de Strasbourg et avec ceux de toutes nos places. Envoyez-le aux commandants de Belfort, de Blamont et de Besançon" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21044 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37678).
Le 2 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Je viens d'examiner le travail du directeur de la conscription. Les états 1 et 2 sont relatifs aux conscrits des 120.000 et des 300.000 hommes qui étaient dirigés sur Belfort et Huningue ...
Il n'y a donc lieu à faire aucun changement pour la levée des 120.000 hommes, si ce n'est pour les 80 hommes qui étaient destinés au 7e d'infanterie légère à Huningue et qu'il faut maintenant diriger sur Strasbourg d'où le général commandant les dirigera sur Huningue aussitôt que ce sera possible ...
Je vois ... que Belfort doit recevoir près de 400 hommes pour le 63e ...." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6350 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37715).
L'Historique régimentaire pour sa part nous dit que deux nouveaux Bataillons sont constitués avec des conscrits qui brûlent du désir de faire leur devoir aux heures sombres où la patrie est en danger. Le Colonel Baron Laurède prend alors le commandement du Régiment.
COLONEL BARON LAURéDE Mort en août (?) 1815 à Saint-Flour des suites des blessures qu'il avait revues à Fleurus et à Wavres à la tête du Régiment |
Le 13 janvier 1814, l'Empereur décrète, depuis Paris : "Le sieur Puget de Barbantane, sous-lieutenant au 63e régiment de ligne, est réformé sans traitement" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6381).
En février, ces deux Bataillons, le Colonel à leur tête, sont dirigés sur Mayence, où ils font partie du Corps du Général Morand, 3e Division Général Semellé, 2e Brigade Jumilhac; 63e Régiment Colonel Laurède : 1er Bataillon Commandant Perrottet, 40 Officiers, 266 hommes; 2e Commandant Bourdon, 42 Officiers, 352 hommes. Ces deux faibles Bataillons prennent part aux luttes que soutint Morand.
Martinien signale le Capitaine Hézard, blessé le 10 janvier et le 27 février lors de la défense de Neufbrisach.
- En Espagne et à la frontière des Pyrénées
De son côté, le Bataillon qui est resté en Espagne prend part à la défense de Molins-del-Rey le 1er janvier 1814 et se trouve engagé dans les dernières actions contre les Anglais. A cette date, le 63e est à l'aile gauche (Drouet d'Erlon), 3e Division (Abré), 1ère Brigade (Beuret, ex Colonel du 27e Léger, nommé par Décret du 15 novembre et arrivé à l'armée le 27 décembre), 1 Bataillon, 719 hommes (J. B. Dumas, Neuf mois de campagne avec le Maréchal Soult).
En mars 1814, on trouve ce 1er Bataillon du 63e à la garnison de Bayonne (membre de la 3e Division laissée par le Maréchal Soult). D'après l'ouvrage de E. Ducéré : "Bayonne sous l'Empire. Le blocus de 1814", il fait partie fin février 1814 de la Brigade du Général Beuret, forte de 3057 hommes et placée sur le secteur de la route de Saint-Jean-de-Luz dit "droite du front d'Espagne". Sous les ordres du commandant Moutard, le Bataillon aligne au 1er mars 20 Officiers et 704 hommes.
A Toulouse, seul un détachement du 63e est présent dans la Division de réserve de Travot (Brigade Pourailly) et prend part à la bataille qui s'y déroule. Le Lieutenant Pompon y est blessé le 10 avril (Martinien).
Passons rapidement sur ces heures douloureuses pendant lesquelles le Régiment fit comme partout et comme toujours largement son devoir. Cette fois il tombe, mais il tombe avec la France, non pas vaincu, mais écrasé comme elle sous l'avalanche de ses ennemis, et pouvant s'appliquer avec orgueil le mot fameux : "Ils sont trop !".
L'Empereur a du renoncer au trône; Louis XVIII est Roi de France. Il reconstitue l'armée par des ordonnances datées du 12 mai 1814. L'infanterie comprit 90 Régiments d'infanterie de ligne, 15 Régiments d'infanterie légère , tous de 3 Bataillons. Chaque Bataillon avait 6 Compagnies. Dans cette réorganisation, notre vieux Régiment disparaît pour prendre le n° 59. Les prisonniers de 1813 et de 1814 rentrent en France et il se complète avec les 3e et 4e Bataillons du 143e, le 1er du 151e et le 1er des Tirailleurs de la Garde impériale. Son effectif est alors de 85 Officiers et 1,296 hommes.
p/ 1815
Cette organisation ne devait pas durer longtemps. Le 1er mars 1815, une flottille de sept bâtiments mouillait dans le golfe Juan. A cinq heures du soir, Napoléon touchait le sol de la France. L'Empire était rétabli.
Le 63e, était alors à Metz. Le 13 mars, il quitte cette ville pour aller à Langres.
Au MARÉCHAL DAVOUT, PRINCE D'ECKMÜHL, Ministre de la Guerre, à Paris Le 6 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il y a un colonel qui a défendu Belfort que l'on dit fort bon ; il commandait le 63e en 1813" (Brotonne (L. de) : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1898, lettre 1392 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39223 - Note : Il s'agit du Colonel Kail).
Le 6 avril 1815, Davout écrit, depuis Paris, à Lobau : "L'Empereur m'a ordonné de faire incorporer dans la garde impériale les deux détachements des 39e et 59e d'infanterie de ligne qui se sont rendus à Paris pour y suivre Sa Majesté" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3015). 59e Ex 63e de Ligne ?
Un Décret de l'Empereur du 20 avril 1815 rend à tous les Régiments les numéros qu'ils avaient si glorieusement portés pendant 25 ans de guerre et illustrés dans les jours de victoire comme aux jours de malheur. Le 63e est commandé depuis le 25 avril par le Colonel Jean Laurede. Le 11 mai, il retourne à Metz, d'où il part bientôt pour aller faire partie de l'Armée du Nord.
Le retour de l'Empereur, en effet, fait trembler sur leurs bases les trônes de l'Europe; les rois ne se sentent plus en sûreté, ils ne veulent pas que la France, la Grande Nation, soit dans la main de ce merveilleux génie. Ils appellent de nouveau leurs peuples aux armes, et c'est d'un bout à l'autre de l'Europe un branle-bas général qui doit se terminer par le coup de tonnerre et l'écrasement de Waterloo. Napoléon, de son côté, organise de nouveaux corps d'armée ; le 63e entre dans la composition du 4e sous les ordres du Général Gérard, Division Pécheur, Brigade Schiffer (63e, 75e, 30e, 80e); 63e Régiment d'infanterie, Colonel Lauréde : 1er Bataillon Commandant Moutard; 2e Montcarville; effectif : 46 Officiers, 1,031 hommes.
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 12e division : le 30e de ligne, le 96e et le 63e qui sont à Metz et se recrutent des militaires de la Moselle et de la Meurthe, enverront leur 3e bataillon rejoindre sur-le-champ les deux premiers.
Donnez ordre à Vannes, que le dépôt du 75e envoie 200 hommes pour compléter les deux premiers bataillons du 75e. Écrivez au général Gérard que je suis étonné qu'il n'ait pas déjà les 4 bataillons des 30e, 96e, 63e et 59e. Ces 4 régiments se recrutant dans la Meurthe et la Moselle, qui sont des départements où il y a beaucoup de militaires : qu’il fasse des colonnes mobiles et qu’il fasse rejoindre les retardataires afin d’avoir le plus tôt possible les 4 bataillons de ces régiments, ce qui lui fera 2400 hommes par régiment ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).
Au moment d'entrer en campagne, l'effectif est porté à 53 Officiers, 1,214 hommes.
Le 6 juin 1815, à Paris, à la question : "L'Empereur semblait vouloir conserver deux dépôts d'infanterie dans chacune des places de Metz et de Strasbourg ; on a donc laissé deux dépôts à Metz (63e et 96e) et deux dépôts à Strasbourg (10e léger et 32e de ligne) ; l'Empereur veut-il que ces quatre dépôts restent dans ces deux places ou bien veut-il ne laisser qu'un dépôt dans chacune ?", ce dernier répond : "Il me semble qu'il serait suffisant d'en laisser un seul, puisque ce dépôt, ayant le cadre des 3e·et 4e bataillons, pourrait, à 140 hommes par compagnie, porter à 840 hommes chaque bataillon ; cela ferait près de 2.000 hommes prêts à combattre. Il faudrait ordonner aux gouverneurs de ces deux villes, si elles étaient cernées, d'incorporer dans ces deux bataillons tout ce qu'ils pourraient de soldats et de jeunes gens de la ville ; on les armerait, on les formerait ; ce qui augmenterait les forces de la garnison" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3368).
Le 4e Corps était destiné à agir en Belgique sous le commandement immédiat de Napoléon, avec les 1er, 2e, 3e et 6e Corps, la Garde et les 4 Corps de réserve de cavalerie. Le 11, juin, le 4e Corps est près de Metz. Bientôt, l'Empereur met toute l'armée en marche, de manière à ce qu'elle fût réunie le 14 entre Sambre et Meuse, vis-à-vis de Charleroi. A cette date, le 4e Corps bivouaque près de Phillipeville. Dès que les troupes furent installées dans leurs bivouacs , l'Empereur leur fit entendre sa parole. Jamais il ne trouva d'accents plus éloquents, plus heureux pour exciter l'enthousiasme et l'ardeur de ses soldats intrépides : "Soldats ! c'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland qui décidèrent deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fûmes généreux. Nous crûmes aux protestations et aux serments des princes que nous laissâmes sur leur trône. Aujourd'hui cependant, coalisés contre nous, ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions; marchons donc à leur rencontre; eux et nous, ne sommes-nous plus les mêmes hommes ? Soldats ! à Iéna, contre ces mêmes Prussiens, aujourd'hui si arrogants, vous étiez un contre deux, et à Montmirail un contre trois. Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais vous fassent le récit de leurs pontons et des maux affreux qu'ils y ont soufferts.Soldats ! nous aurons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir; mais avec la constance, la victoire sera à nous; les droits de l'honneur et le bonheur de la Patrie seront reconquis. Pour tout Français qui a du coeur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr".
A ces paroles brillantes, l'armée tout entière répondit par de frénétiques acclamations. Elles retentissaient encore que déjà les ordres de mouvement partent du Quartier général pour les divers Corps d'armée. Le 4e Corps (à droite) reçoit l'ordre de se diriger sur Charleroi. Il se met en marche le lendemain 15, à 5 heures du matin. Dans l'après-midi, un nouvel ordre lui prescrivit d'appuyer à droite et de gagner Chatelet, village situé au bord de la Sambre, à une lieue et demie au-dessous de Charleroi. Le soir, nous bivouaquons en avant de Chatelet, dans la direction de Fleurus.
Le 16 juin, le 4e et le 3e corps formant la droite de l'armée se dirigent sur Sombreffe. A une heure, nous arrivons sur le plateau de Fleurus, en présence de l'armée prussienne. Napoléon dispose aussitô ses troupes. Le 3e Corps forme la gauche ; le 4e est déployé au centre ; les 1er et 2e Corps de cavalerie forment la droite; la Garde est en réserve. Bientô, toute l'armée s'ébranle exécutant un changement de front sur Fleurus. Ce mouvement place le 4e Corps partie vis-à-vis de Ligny, partie vis-à-vis du coude du ruisseau. Deux heures et demie sonnent au clocher de Saint-Amand; 3 coups de canon se font entendre à intervalles égaux près de Fleurus : c'est l'Empereur qui donne au 3e Corps le signal de l'attaque. Un quart d'heure après, Gérard se dirige à son tour sur le centre de l'armée prussienne à Ligny. Comme il avait envoyé une de ses Divisions vers le coude de la rivière, il ne lui en restait plus que deux (Vickery et Pécheux) pour enlever ce village. Depuis le matin, les Prussiens avaient barricadé l'entrée des rues, obstrué les passages des jardins et des vergers, crénelé les maisons et les murs de clôure, notamment le château de Ligny situé à l'extrème droite.
Gérard entame l'attaque par trois colonnes qui entrent successivement en ligne à de très courts intervalles de temps, la 1re sur la gauche, la 2e sur le centre, la 3e sur la droite du village contre le château. Nos hommes se portent en avant au bruit des tambours et des musiques et au cri mille fois répété de : "Vive l'Empereur !". Les Prussiens attendent l'attaque calmes et silencieux; à bonne portée ils dirigent sur nous un feu meurtrier qui produisit un mouvement d'hésitation. Mais ce fut à peine sensible. Bientô nos colonnes arrivent aux premières clôures. Elles éprouvèrent là une si vive résistance qu'elles furent un moment forcées de reculer. Par deux fois encore elles revinrent à l'attaque sans plus de succès. Enfin, un 4e assaut les mit en possession des jardins et des vergers formant les abords de Ligny. Presque aussitô les Prussiens se rallient et, appuyés par une partie de leurs réserves, reprennent, dans un combat acharné où l'on se fusille à bout portant, tout le terrain perdu. Alors Gérard à son tour renforce ses colonnes. Un nouveau choc se produit que l'ennemi reçoit de pied ferme, puis il plie enfin sous l'impétuosité française. Jardins et vergers sont enlevés, l'accès des rues est forcé, nos hommes pénètrent jusqu'au milieu du village, atteignent le ruisseau et le dépassent. Les Prussiens font entier en ligne leurs dernières réserves, poussent droit au centre de Ligny, nous forcent à repasser le ruisseau et le franchissent eux-mêmes. A partir de ce moment s'engage dans le village une des luttes les plus acharnées dont l'histoire ait gardé le souvenir. Prussiens et Francais se confondent dans la plus effroyable mêlée, tonnant et recevant la mort sans que nul songe à demander quartier. Les Officiers eux-mêmes ont pris les fusils des morts et se battent dans le rang. Chaque rue, chaque maison, chaque clôure est attaquée et défendue avec fureur. On se fusille, on se déchire à la baïonnette, on s'assomme à coups de crosse sur les escaliers des maisons, dans les chambres, de la cave au grenier, dans les étables. On se poursuit, on se tue jusqu'au milieu des incendies qui éclatent à chaque instant. La bravoure est devenue de la rage, de la férocité, du délire.
"Ces hommes, dit Damitz, s'attaquaient avec toute la fureur de la haine personnelle. Il semblait que chacun eût rencontré dans son adversaire un ennemi mortel et se réjouît d'avoir trouvé le moment de la vengeance. Nul ne faisait quartier et personne n'en demandait".
A son tour, Gérard est obligé de porter sur ce champ de carnage ses dernières réserves. Mais ce renfort ne suffit pas, car Blücher vient d'y envoyer de son côté de nouvelles troupes. L'attaque et la défense continuent ainsi avec des chances diverses et une rage égale. Le Colonel Laurède, blessé d'un coup de feu, reste à la tête du Régiment qu'il conduit au plus épais de la mêlée. Peu à peu le combat s'étend dans le lit du ruisseau. A cinq heures et demie, rien n'était encore décidé. Mais Gérard, en persévérant dans sa lutte, a usé l'ennemi. Blücher a dû retirer du feu une de ses Divisions épuisée et la remplacer par des troupes fraîches. Nos deux Divisions sont fatiguées et mutilées, mais leurs efforts grandissent au niveau de la résistance. Cependant, Blücher a envoyé cinq nouveaux Bataillons aux secours des troupes qui défendent Ligny. Gérard est à bout d'efforts : la nature humaine a ses limites.
Alors 1'Empereur arrive à la rescousse avec la Garde; la charge est battue et la redoutable phalange s'ébranlant, débouche de l'autre côté de Ligny, précédée par les vaillants soldats de Gérard. On s'arrête un instant à la sortie du village pour se reformer avant de gravir la pente du plateau sur lequel les Prussiens chassés de Ligny se hâtaient de se reformer aussi, encouragés par la présence de Blücher qui était accouru. Bientô nous reprenons notre marche en avant. Les Prussiens nous laissent encore approcher et, à portée, nous accueillent par un feu violent d'artillerie, suivi d'une fusillade meurtrière, en même temps que leur cavalerie charge notre flanc droit. Cette charge et celles qui suivirent furent arrêtées par notre feu et repoussées par la cavalerie de la Garde qui faillit même prendre Blücher. Enfin, le centre de l'armée prussienne se replie en désordre sur Bry et sa déroute entraîne celle de l'armée. Il était près de dix heures du soir; toute action ne tarde pas à cesser. L'Empereur ne voulait pas risquer une poursuite de nuit et nous prîmes nas bivouacs sur le plateau de Bussy. Ainsi se termina cette bataille qui "avait fait frémir les hommes les plus habitués à contempler de sang-froid les horreurs de la guerre" et dont le nom glorieux est inscrit sur le drapeau du Régiment.
Les Prussiens perdirent environ 18,000 hommes et 40 canons, 8 drapeaux ou étendards, plusieurs milliers de prisonniers; en outre, 12,000 hommes s'en allaient à la débandade. Ce résultat avait été obtenu par 60,000 hommes qui en avaient battu plus de 87,000. Nous pouvions ajouter une victoire des plus glorieuses à nos annales. Mais ce succès avait été chèrement acquis : sur un effectif de 12,000 hommes, le 4e Corps seul en avait perdu 3,686, près du tiers ! Au 63e, selon Martinien, le Chef de Bataillon Moutard a été tué; le Colonel Laurede, blessé, est donné mort des suites de ses blessures le 27; 8 autres Officiers ont été blessés : Capitaines Blanc, Videau, Abrial; Lieutenants Bellion, Bouiller; Sous lieutenants Bellenet, Petit, Soreil.
Le 17, au matin, l'Empereur passa en revue l'armée qui avait si énergiquement combattu la veille. Puis, fractionnant ses forces en deux parties, il conserva le commandement de l'une et plaça l'autre (3e et 4e Corps) sous les ordres du Maréchal Grouchy. Ce dernier devait se mettre "à la poursuite des Prussiens, compléter leur défaite en les attaquant dès qu'il les aurait rejoints et ne jamais les perdre de vue".
Le soir, vers dix heures, nous étions à Gembloux. Nos hommes y étaient arrivés "aussi vite qu'il était humainement possible par une pluie torrentielle et d'épouvantables chemins". Le 18 au matin, le 4e Corps se remet en marche, se dirigeant derrière le 3e sur Sart-lès-Walhain, où nous arrivions vers midi. A ce moment, le bruit d'une violente canonnade se fait entendre du côté du Mont-Saint-Jean. En vain Gérard presse Grouchy de marcher au canon et d'aller rejoindre l'Empereur qui doit être aux prises avec les Anglais. Grouchy refuse ; en vain il le supplie de le laisser aller seul avec le 4e Corps : Grouchy, se renfermant dans les ordres donnés la veille par l'Empereur, refuse encore.
L'armée continue sa marche sur Wavres, où elle trouve un Corps ennemi que Blücher y avait laissé pour masquer son mouvement, tandis que lui-même allait avec la majeure partie de ses forces à l'aide de Wellington. On sait que l'arrivée des Prussiens sur le champ de bataille de Waterloo consomma notre ruine.
Le 4e Corps bivouaqua, le soir devant Bierges et le bois de Rixensart, après un engagement dans lequel Gérard fut grièvement blessé, ainsi que le Colonel Lauréde qu'il fallut, cette fois, emporter du champ de bataille. Le 18 au soir, Grouchy ignorait encore les résultats de la bataille dont il avait entendu le bruit toute la journée. Inquiet, il résolut de compléter, le 19, le mouvement qu'il avait commencé la veille, de porter ses troupes sur la rive gauche de la Dyle et de pousser de là, tout au matin, une attaque vigoureuse qui déblaierait le terrain assez au loin pour lui permettre d'appuyer l'Empereur en se rabattant sur lui. En conséquence, il dirige la Division Teste sur Bierges, la Division Mulot sur Rixensart, la Division Pécheux sur le centre ennemi qu'elle ne tarde pas à enfoncer. Il était environ 11 heures. A ce moment, arrive un Officier apportant à Grouchy la fatale nouvelle de la défaite de Waterloo. Il ne fallut plus songer à poursuivre l'ennemi, mais bien à se mettre soi-même hors de ses atteintes, et pour cela il n'y avait pas un instant à perdre. En conséquence, il se dirigea immédiatement sur Namur, et le soir nous bivouaquions près de Sombreffe.
Le 20 au soir, nous étions à Dinant. De là, l'armée se porta le 21 sur Givet et elle couchait sous le canon de la place. On put enfin distribuer du pain à nos hommes : ils en manquaient depuis trois jours. Par ordre de l'Empereur, Grouchy se porta ensuite par Aubigny et Rocroy sur Reims et Soissons, où nous arrivions le 26 au soir. Le 29, nous étions sous Paris.
Par suite de la capitulation conclue peu de jours après avec les ennemis, sous l'inspiration de Fouché, l'armée dut se retirer derrière la Loire.
Nous ne redirons pas ici le désespoir, la douleur et l'indignation de nos soldats en apprenant cette nouvelle qui leur faisait laisser le champ de bataille libre à un ennemi avec lequel ils brûlaient de se mesurer de nouveau et dont ils pensaient avoir facilement raison, étant données les fautes que dans son aveugle confiance il ne cessait de commettre.
En juillet, le 63e est dirigé sur Saint-Flour. Il y tint garnison jusqu'en septembre. Ce fut là que mourut, des suites des blessures qu'il avait reçues à Fleurus et à Wavres, le brave Colonel Laurède. Heureux était-il du moins, car il ne devait pas voir la dispersion de son beau Régiment. L'effectif du 63e, à cette époque, n'est plus que de 70 Officiers et 450 hommes. Le dépô est â Niort.
Le 16 septembre 1815, le 63e fut licencié; le dépô le fut le 23. Le Régiment disparaissait ainsi. Mais ce qui ne disparaîtra jamais, ce dont nous saurons toujours conserver orgueilleusement le souvenir, c'est ce qu'il a fait de beau et de grand. Le fond du Régiment forma la 3e Légion départementale (Allier) qui devint, à l'organisation de 1820, le 3e Régiment d'infanterie de ligne. Le n° 63 fut donné à la Légion des Basses-Pyrénées qui devint en 1820 le 13e Régiment d'infanterie Légère.
"De 1797 à 1815, c'est-à-dire pendant 19 ans, le 63e a été mêlé aux grandes luttes de la République et de l'Empire. Durant cette période, nous nous sommes efforcés de le suivre pas à pas, et c'est ainsi qu'après avoir parcouru l'Italie, nous avons traversé en tous sens l'Allemagne, puis l'Espagne et l'Allemagne de nouveau. Quelle odyssée! Novi, Gênes, Iéna, Golymin, Eylau, Spanden, Friedland, Durango, Guenes, Espinosa, Uclès, Medellin, Talavera, Essling, Wagram, Cadix, Chiclana, Lutzen, Bautzen, Dresde, Fleurus, sont les principales étapes de cette marche glorieuse à travers l'Europe; marche sans trêve ni repos, que les chaleurs brûlantes de l'été, comme les froids rigoureux de l'hiver n'ont pas pu interrompre. Pendant ces 19 ans de luttes pour ainsi dire incessantes, dans ces batailles et dans ces combats chaque jour renouvelés en quelque sorte, les heures brillantes nous ont laissé voir bien des souffrances terribles contre lesquelles on ne pouvait lutter qu'à condition d'avoir au coeur le sentiment le plus élevé et le plus sublime : l'amour de la Patrie poussé à ses plus extrêmes limites. Le 63e a passé par ces phases si diverses sans que nous ayons eu à enregistrer une heure de défaillance. Disons-le bien haut. A Gênes, comme à Iéna , à Eylau et à Friedland, comme sous Cadix, comme à Chiclana, aux heures enivrantes de la victoire comme aux heures tristes de la retraite, ou des combats obscurs, qu'il montât la garde à Venise, à Berlin ou à Madrid, nous avons retrouvé notre brave Régiment toujours lui-même, calme, froid, intrépide, héroïque, prêt à tomber au grand soleil, comme prêt à se sacrifier dans l'ombre du moment où l'on avait besoin de lui. Aimons-le donc et chérissons-le, notre 63e, et lorsque le jour sera enfin venu de nous mesurer de nouveau avec ceux qui, durant la période que nous venons de raconter, ne couchèrent jamais en vainqueurs sur les champs de bataille où ils se trouvèrent en présence de lui, souvenons nous de ce qu'ont fait nos aînés du Régiment et imitons les seulement. Nous n'aurons alors rien à envier aux plus glorieux, et une fois de plus nous aurons bien mérité de la Patrie" (Historique du 63e de Ligne).
Terminons en disant qu'entre 1804 et 1815, le 63e a eu 24 Officiers tués, 11 Officiers morts des suites de leurs blessures, et 135 Officiers blessés.
II/ Uniformes
Le 63e est l'un de ces Régiments qui a été fréquemment donné dans un certain nombre de sources contemporaines, ce qui nous permet d'avoir une assez bonne idée de l'évolution de sa tenue; par ailleurs, il a été représenté dans les Collections Alsaciennes, qui recoupent certains aspects de ces sources contemporaines. Pour finir, il y a aussi nombre d'objets qui viennent heureusement compléter nos connaissances sur cette unité prestigieuse. Passons donc en revue ces différentes sources.
En tout premier lieu vient la suite dite de Zimmermann; cette dernière représente l'Armée française à Berlin en octobre 1806. Précisons que les dessins originaux, conservés aujourd'hui au sein de la Collection A. S. K. Brown, ne sont pas coloriés. Les documents que nous présentons sont donc des fac-similés établis à postériori. Lucien Rousselot en son temps aurait affirmé avoir découvert une version en couleur du Manuscrit de Zimmermann mais rien ne permet d'en prouver aujourd'hui l'existence (voir au sujet du Manuscrit de Zimmermann l'article de Guy Dempsey Jr paru dans Soldats Napoléonien Hors Série N°01 paru en avril 2003).
Dans le Manuscrit original, le 63e est représenté par deux fois : la planche 7 donne un Sapeur ; la planche 8 un Tambour de Grenadiers.
Tambour de Grenadiers vu à Berlin en octobre 1806, d'après Zimmermann (fig. 1) : Le dessin original que nous reproduisons ici ("Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library"; avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington), donne tout d'abord un shako à chevrons, surmonté d'un plumet fiché dans un minuscule pompon. Sur le devant de ce shako, on note la présence d'une cocarde maintenue à l'aide d'une ganse qui descend jusqu'au nivau de la plaque de shako. Cette dernière est en losange ; le motif central n'est pas identifiable. Le shako est pourvu de cordons et de raquettes, de jugulaires et d'une visière en cuir, cette dernière non cerclée. Notre homme porte encore les cheveux noués en queue. L'habit maintenant : Le col (pour sa partie supérieur et le devant) et les revers sont bordés d'un galon sur lequel court une raie en zigzag. Le col est ouvert et laisse apparaître une cravate blanche. Par ailleurs, sur les revers, le galon est bordé d'un passepoil intérieur. Le galon rayé ne figure ni sur les parements, ni sur les retroussis des basques. Il apparait par contre sur les poches de l'habit, verticales à trois pointes, mais sans passepoil. Sous le revers droit apparait un bouton. Les parements sont ronds et fermés par deux boutons ; il n'y a pas de pattes de parements. Un galon (ou passepoil) longe le parement et descend ensuite vers le bas de la manche le long des deux boutons. A noter que sous le gilet pend un gousset. Le reste de la tenue et de l'équipement est assez classique : épaulettes, guêtres; sac en peau (avec poils); manteau roulé, caisse ... Passons maintenant aux copies.
La première nous vient de l'illustrateur et chercheur belge Winand Aerts ; cette copie se trouvait jusqu'à une époque récente dans la Bibliothèque du Musée de l'empéri à Salon de Provence (ancienne collection R. et J. Brunon). En ce qui concerne le shako, celui-ci a le plumet, le petit pompon, les chevrons, les pourtours supérieurs et inférieurs, les cordons et raquettes, rouges. Sur le devant, la ganse de cocarde est donnée blanche, avec à sa base un petit bouton jaune (bouton qui n'apparait pas sur le dessin original). La cocarde est donnée blanche à l'extérieur, puis rouge (le bleu au centre est masqué par la ganse). La plaque de shako est jaune. Le reste du shako est conforme au dessin original. Pour l'habit : Winand Aerts donne le bas du col parcouru par le galon rayé (détail qui n'apparait pas sur le dessin original); ici, ce galon est jaune. Du coup, si les revers sont bien bordés de ce même galon, celui n'apparait pas au dessous du col. C'est là une erreur d'interprétation manifeste. Quant au passepoil intérieur, qui lui apparait au dessous du col, il est rouge. Winand Aerts donne par ailleurs un passepoil rouge qui descend le long des retroussis des basques (détail qui n'apparait pas sur le dessin original). Les poches de sont représentées avec le galon rayé mais aussi avec le même passepoil rouge (détail qui n'apparait pas sur le dessin original). Pour les parements, rouges, si ils sont bien donnés ronds et fermés par deux boutons, par contre, l'auteur fait apparaitre une petite patte bleue (détail qui n'apparait pas sur le dessin original). Parements et pattes de parement sont bordés d'un simple galon (ou passepoil) jaune non rayé. L'intérieur des basques est blanc. Pour les épaulettes, Winand Aerts les donne à corps et tournante jaune et franges rouges (difficile de dire si c'est le cas sur le dessin original). Quant à la cravate, elle est devenue noire. Le reste de la tenue semble correspondre à l'original : guêtres ici noires; sac en peau ; manteau roulé gris, caisse à cercles bleu ciel ...
La deuxième illustration nous vient du Hors Série de Tradition. Pour le shako, il est analogue à celui que donne Winand Aerts, mais sur le devant, la ganse de cocarde est devenue rouge. Pour l'habit, là encore, on retrouve les mêmes caractéristiques que sur la copie de Winand Aerts (col, revers, passepoils des revers, poches et retroussis) mais avec les différences suivantes : Galon du col, des revers, des poches jaunes sans raies; parement intégralement rouge sans patte. Tout le reste est identique au précédent. A noter cependant qu'au fur et à mesure des copies, le sac de peau semble perdre ses poils ...
La troisisième illustration est tirée du fac-similé du Manuscrit de Zimmermann publié en noir et blanc avec texte descriptif, par Henri Achard. C'est très certainement Aerts qui a servi de source à ce document. Si dans les grandes lignes, le dessin de base respecte l'original, il y a par contre des erreurs dans la description. Pour le shako, on retrouve le bouton en cuivre de la ganse de cocarde. Pour l'habit, le collet est indiqué comme "entièrement bordé d'un galon d'or", avec des "revers blancs à liseré rouge, galon extérieur or. Parements rouge bordés or, patte bleue bordée or". Pas de précisions quant au galon des poches.
La quatrième illustration nous est fournie par le dessinateur allemand Klaus Tohsche. Dans les grandes lignes, c'est la copie de la copie de Aerts ou de Achard, mais avec les erreurs suivantes : pompon sous le plumet plus volumineux; galon du col, des revers, des poches, des parements et de la patte de parement visiblement doré sans raies; galon que l'on retrouve également le long de retroussis. Remarquons tout particulièrement la patte de parement, qui ici est à trois boutons ???? K. Tohsche a par ailleurs modernisé son personnage, lui donnant une allure plus conforme à la période 1808-1812 qu'à la période 1806-1808 (voir par exemple le port du manteau roulé et du sac, ou le collet, complètement fermé). A noter que le gousset sous le gilet a disparu.
Pour terminer, un dessin de notre ami Edmund Wagner. Le shako semble correspondre tout à fait à ce que nous voyons sur le dessin original de Zimmermann (notons par exemple l'absence de bouton sur la ganse de cocarde), ce qui nous amène à penser que notre ami a travaillé sur la base du dessin original. Il a ainsi respecté la disposition des galons et passepoils sur le col, les revers, les poches et les parements, tout en ajoutant par ailleurs un passepoil rouge le long des retroussis, passepoil qui, encore une fois, n'apparait pas sur le dessin original. De même, la forme du parement et l'allure générale sont analogues à celles du dessin original.
Sapeur (fig. 1ter)vu à Berlin en octobre 1806, d'après Zimmermann ("Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library"; avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington): chose assez extraordinaire, si sur le dessin orginal, le titre ne laisse aucun doute sur l'attribution de ce personnage, toutes les copies que nous connaissons l'attribuent au 31e Léger, tout en conservant les caractéristiques du personnage qui elles sont visiblement celles de la Ligne (revers carrés et non en pointe par exemple). Chose encore plus extraordinaire : le Sapeur de Zimmermann n'est pas sans présenter certaines analogies avec celui que nous voyons dans la Suite dite de Otto de Bade (Kolbe). Décrivons donc ce Sapeur. Celui-ci est coiffé d'un colback, surmonté d'un pompon et d'un plumet; il est doté de cordons et raquettes, et sur l'arrière pend la flamme dotée d'un gland. L'habit a le col, les revers carrés, les pattes d'épaule, et les retroussis sans passepoils. Poches verticales passepoilées. Sur le bras gauche (le droit n'est pas visible), haches croisées. Culottes parcourues sur le côté d'une raie elle même accolée à un galon festonné. Guêtre courtes découpées en coeur, avec galon et gland. En ce qui concerne l'équipement, en dehors de la grosse hache et du fusil, classiques, on notera sur le devant de la poitrine une petite giberne, portée à l'aide d'ubn ceinturon, et dont la patte est ornée de haches croisées ; le sabre non pas à tête de coq mais plutô à tête d'aigle (ce dernier porté à l'aide d'une banderole). Dans le dos du personnage, une grande sacoche, portée elle aussi à l'aide d'une banderole. Les deux banderoles, croisées sur la poitrine, n'ont aucun ornement. Pour terminer, tablier de Sapeur, porté sous l'habit, et qui ne laisse pas apparaître le gilet, et gants à crispins, qui masquent les parements.
Entre temps, entre la fin de l'année 1806 et début 1807, Napoléon prévoit de remplacer les tenues de fond bleu de l'Infanterie de Ligne par des tenues de fond blanc distinguées de différentes couleurs par séries de Régiments. Les Régiments 57 à 64 sont alors dotés de la couleur distinctive aurore. Cependant, le 63e ne fait pas parti des Régiments désignés pour commencer le changement de tenue en 1806-1807. Pourtant, d'après Jules Boucquel de Beauval, Officier entré au 63e après Heilsberg "le 63e de ligne était un régiment discipliné… et de belle tenue. Par coquetterie, sans doute, le colonel avait adopté pour les officiers la couleur distinctive (collet et passepoils aurore) que le régiment devait porter avec l'uniforme blanc. Car l'Empereur, dans ses vues d'économie, songeait sérieusement à vêtir son armée de blanc. On en avait même fait l'essai sur le 15e de ligne en garnison à Paris, avant la campagne de Prusse. La nouvelle tenue fut trouvée belle. Mais ce qui avait flatté l'Empereur à une revue du Carrousel, ce qui lui avait plu sur le terrain de manoeuvre, lui parut horrible sur le champ de bataille, où il retrouva bientô son beau 15e de ligne méconnaissable. Ces habits blancs ensanglantés donnaient aux blessures les plus légères l'aspect le plus grave. Ses morts se reconnaissaient au loin parmi tous les autres, la plaine en semblait couverte à Friedland. Dès ce moment, la question fut résolue en favuer de la couleur bleue décidément affectée à l'armée...".
Il semble donc bien que le Colonel, par anticipation du changement de tenue, a décidé l'acquisition de tissu aurore et a commencé de s'en servir pour distinguer son Régiment, au travers de sa tête de colonne et de ses Officiers.
Autre nouveauté, la généralisation du shako dans l'Infanterie de Ligne (décret du 26 février 1806 applicable lors du renouvellement de 1807). Les Compagnies d'élite furent les premières servies, et c'est bien avec ce shako que Zimmermann a représenté son Tambour de Grenadiers fin 1806 et que Kolbe représente égelement un Officier de Grenadiers et un Grenadier pour la période 1807-1808. Pierre Charrié (Carnet de la Sabretache N°26 de 1975) en conclut que le shako a été définitivement adopté dès 1807 (en fait, on devrait plutô dire dès la fin 1806) par les Grenadiers du 63e, s'appuyant sur les dessins de Kolbe mais aussi un dessin d'après El Guil montrant un Sergent major porte fanion de Grenadiers en Espagne en 1811, qui porte également le shako. Rousselot ("L'Armée française", planche 17) parle du shako des Grenadiers du 63e tel que donné par kolbe : "Au 63e, la plaque était remplacée par une grande grenade découpée portant vraisemblablement le numéro dans la bombe... Le plumet du 63e, à base blanche (est) une exception". Il est par ailleurs intéressant de noter que "pendant la période de réorganisation qui s'écoula de 1801 à 1805, on se préoccupa de la tenue. C'est alors qu'on songea à revenir aux habits blancs de l'ancienne armée. En ce qui concernait la coiffure, les avis étaient partagés, mais l'opinion générale était qu'il fallait supprimer le chapeau. Le ministre de la guerre Berthier, tout en restant sceptique sur l'utilité d'une transformation, invita le 30 thermidor an XII (18 août 1804) les commandants des camps de Saint-Omer, de Bruges et de Montreuil, à réunir les colonels de chaque division, pour arrêter, d'un commun accord, des propositions concernant les changements à apporterà l'uniforme. Nous connaissons celles qui furent faites par les colonels de la 3e division d'infanterie qui se composait du 25e léger et des 27e, 44e, 59e, et 63e régiment de ligne. Leur avis était qu'il fallait revenir au casque porté en 1789, par les bataillons d'infanterie légère. Mais c'était là un retour en arrière qui avait peu de chance de prévaloir en raison du mauvais souvenir qu'avaient laissé les anciens casques" (Margerand : "Les coiffures de l'armée française"). Ce fut donc le shako qui l'emporta, mais il faut dire que sa diffusion à titre d'essai était déjà en cours dès 1800 (Margerand : "Les coiffures de l'armée française").
Nous donnons en figure 1bis la plaque de shako modèle 1806 en usage au 63e.
Si les types de Zimmermann ne permettent pas de confirmer l'adoption de la couleur aurore (encore que l'on pourrait se poser la question pour le Sapeur), par contre, ceux de Kolbe ne font aucun doute. En voici la description faite par notre ami Didier Davin ("L'aurore du 63e de Ligne en 1806-1808"; Le Bivouac 2006/4) :
1/ Officier de Grenadiers, 1807 (fig. 3) : "Shako noir modèle 1806 sur lequel des jugulaires de laiton ont été rajoutées; deux fins galons dorés bordent le bas du fut du schako et un jonc de laiton doré borde la visière. Pompon et plumet rouge (pour ce dernier, la base est blanche). Plaque en forme de grenade en laiton doré estampée du numéro 63. Cocarde tricolore (il y a une mince ganse de cocarde). Habit surtout de fond bleu impérial; collet aurore passepoilé de bleu (n'est ce pas plutô la cravate noire que l'on devine au traverss du col légèrement entrouvert ?). Un passepoil aurore borde le devant du surtout, les parements en pointe et les retroussis, ainsi que les poches vraisemblablement. Boutons dorés, idem épaulette et contre-épaulette; hausse col doré orné d'une Aigle argentée. Légion d'Honneur. Gilet et culotte blanche. Bottes noires à revers fauve. Epée à dragonne et garde dorées suspendue à une banderole de cuir blanchi". Ajoutons également le port de gants chamois.
Guy Dempsey Jr, qui a publié la Suite d'Otto de Bade, nous dit que "l'habit montré dans cette peinture illustre exactement le surtout décrit par le Lieutenant Beauval du 63ème dans ses mémoires, et fournit ainsi les meilleures preuves de l'autenticité du manuscrit. La peinture nous montre également les passepoils aurore prolongés le long des retroussis bleus et aux parements en pointe, bien que sur la manche gauche, il soit maintenant devenu tellement décolorée qu'il est presque méconnaissable. La prédilection du Colonel Mouton-Duvernet pour les tenues de fantaisie est également évidente au travers du shako porté par cet Officier. La forme est réglementaire, mais la garniture en or se compose d'une double raie sur le pourtour inférieur et d'une ligne différente de lacets traçant les bords et la couture du centre de la visière du shako. La plaque de shako en forme de grenade avec le chiffre régimentaire inscrit sur la base hémisphérique est peu commune, mais non unique, parce qu'un dispositif semblable est illustré par Richard Knotel sur le bonnet d'un Grenadier du 117ème régiment à une date ultérieure (R. Knötel, Uniformenkunde Vol 16, planche N°35). La plupart des commentateurs (Voir Rousselot, planche 17), ont conclu que la partie trouble du plumet est une base blanche qui est devenue décolorée, mais la décoloration pourrait également affecter une base de plumet dorée avec une partie supérieure "vandyked", bien qu'il soit curieux de trouver un tel support de base au au-dessus plutô qu'au-dessous du pompon rouge".
A côté du dessin original de Kolbe, nous avons placé différentes reproductions ou illustrations de cet Officier :
- La première est tirée du fac-similé de A. Depreaux et L. Rousselot réalisé en 1942-1943 : ce type ne pose guère de problèmes, tant dans le dessin que dans la description. A noter toutefois que sur la visière, le lacet doré de la couture centrale de lavisière a disparu. Quant à la description, elle indique une ganse de cocarde avec bouton or, et ne mentionne pas de passepoil au collet. Elle mentionne également que le haut de la lame de l'épée est incrusté d'or.
- Le deuxième dessin est de P. A. Leroux ; il a été donné dans le Bulletin de la SCFH en 1960. On remarquera tout particulièrement l'interprétation du shako, avec ces chevrons qui n'apparaissent pas sur le document original.
- Le troisième dessin est de Klaus Tohsche; il est globalement conforme à la source originale (en dehors de la visière du shako).
- Le quatrième dessin est de B. Coppens; l'aspect général du personnage a bien été respecté.
- Le cinquième dessin est de notre collègue et ami Didier Davin (voir description ci-dessus).
2/ Grenadier, 1807 (fig. 4) : "Shako noir modèle 1806 sans jugulaires, un galon écarlate borde le fut en haut et en bas et forme des chevrons sur les cotés. Même grenade que l'Officier mais en simple laiton. Pompon et plumet rouge. Cordon tressé et raquettes rouges. Habit et équipement classique d'infanterie de Ligne (nous n'y revenons pas) avec les deux épaulettes écarlates, sabre-briquet à dragonne écarlate, parements et leurs pattes écarlates passepoilées de blanc. Capote gris bleu sur le sac". Quelques compléments tout de même : tout d'abord la petite ganse de cocarde blanche; la base blanche du plumet; la patte de parement rouge; l'épaulette gauche dont le corps est parcouru par une raie bleue (G. Dempsey ne saurait dire s'il s'agit ou non d'une erreur de l'artiste). A noter aussi l'épinglette suspendue au rerers droit de l'habit.
A côté du dessin original de Kolbe, nous avons placé différentes reproductions ou illustrations de ce Grenadier :
- La première est tirée du fac-similé de A. Depreaux et L. Rousselot réalisé en 1942-1943 : ce type ne pose guère de problèmes, tant dans le dessin que dans la description.
- Le deuxième dessin est de P. A. Leroux ; il a été donné dans le Bulletin de la SCFH en 1960.
- le troisième dessin est de L. Rousselot
("L'Armée française", planche 17); à noter que le centre de la cocarde n'est pas coloré (erreur sans doute liée à la mise en couleur de la planche selon la technique du pochoir).
- Le quatrième dessin est de Klaus Tohsche; il est globalement conforme à la source originale.
- Le cinquième dessin est de notre collègue et ami Didier Davin (voir description ci-dessus). Notre collègue a rajouté sur la base de la grenade le chiffre 63.
- Le sixième dessin nous vient du dessinateur et chercheur russe P. Alekhine; c'est une belle reconstitution du sujet.
3/ Sapeur, 1807 (fig. 2) : "Comme membre des Compagnies de Grenadiers, notre Sapeur a touché un schako, mais celui-ci a été recouvert de fourrure, et seule la visière dépasse. Le plumet, les épaulettes et le pompon écarlates marquent bien l'appartenance aux Grenadiers, mais le cordon tressé et les raquettes sont blancs. Habit de fond bleu d'infanterie de Ligne mais agrémenté de la couleur aurore portée au collet, revers, retroussis et parements et leurs pattes, le tout passepoilé de bleu (détail du parement et de sa patte selon Rigo). Les boutons sont de laiton. (Retroussis blancs pour Rigo). Le gilet vraisemblablement blanc est porté sous le tablier de cuir fauve. La culotte est curieusement de type infanterie légère, bleue avec un feston latéral aurore, portée avec des demi guêtres noires à galon et glands écarlates. Notre sapeur porte sa hache, son mousqueton. Sa giberne porte hache et son sabre-briquet classique à dragonne écarlate sont suspendus à des banderoles de cuir blanchi. Enfin on notera les deux haches croisées écarlates portées en haut des manches et les grenades écarlates portées sur les retroussis (détail donné par Rigo) et les gants chamois à crispin blancs".
A noter que L. Rousselot ("L'Armée française", planche 89) parle de "colback à visière" pour le Sapeur de Kolbe, et non de shako. Rigo ("Le Plumet", planche 163) parle lui de "shako à poils" et nous explique que "cette mystérieuse coiffure ... a bel et bien existé puisqu'elle figure dans les états de magasins des 2e, 4e, 7e et 11e Hussards". Pierre Albert Leroux (bulletin de la SCFH de 1951), sans doute embarrassé par ce colback, a omis de représenter la visière pourtant bien visible sur l'original.
Si l'on compare ce Sapeur à celui de Zimmermann, il est frappant de retrouver dans les deux cas le colback, le galon festonné sur la culotte, et les guêtres de types infanterie légère. Au final, la seule différence se situe au nivau des épaulettes rouges de Kolbe, qui ont remplacé la patte d'épaule de Zimmermann. La question que l'on peut donc légitimement se poser, c'est si le Sapeur de Zimmermann a lui aussi l'aurore comme couleur distinctive ? Dans ce cas, les versions couleur du Tambour de Grenadiers sont elles exactes ? Dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne saurions répondre, et il est fort probable que ces questions resterons à jamais sans réponse.
A côté du dessin original de Kolbe, nous avons placé différentes reproductions ou illustrations de ce Sapeur :
-
La première est tirée du fac-similé de A. Depreaux et L. Rousselot réalisé en 1942-1943 : ce type ne pose aucun problème, tant dans le dessin que dans la description.
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Le deuxième dessin est de P. A. Leroux ; il a été donné dans le Bulletin de la SCFH en 1951. Ormis l'absence de visière au colback, le type est conforme à l'original.
- Vient ensuite la planche 163 de Rigo qui nous donne tour à tour un Sapeur (là encore, rien à signaler, ormis les gants blancs au lieu de ocre), et une reconstitution de l'uniforme, sur laquelle on notera tout particulièrement les parements et leur patte (aurore à passepoils bleus), les retroussis blancs passepoilés aurore, avec grenades rouges; et les poches verticales passepoilées aurore.
- Le quatrième dessin est tiré de la revue anglo-saxonne Military Illustrated de février 1994; le dessin est de Bob Marrion. Sur ce dessin, on relèvera plusieurs erreurs telles que les épaulettes dont le corps et la tournante sont jaunes; les éléments métalliques des banderoles (qui n'apparaissent pas sur l'original); les gants blancs; enfin, les retroussis sont donnés intégralement aurore.
- Le cinquième dessin est de Klaus Tohsche; il est conforme à la source originale.
- Le sixième dessin est de notre collègue et ami Didier Davin (voir description ci-dessus).
En octobre 1807, Napoléon décide de revenir à l'habit bleu. Le Régiment se retrouve alors avec un stock de tissu aurore qu'il faut bien employer. Le nouveau Colonel a semble t'il continué de l'utiliser largement pour la tête de colonne de son Régiment, si l'on se fie aux Collections Alsaciennes qui, pour la période 1808-1810, nous donnent un certain nombre de types permettant d'avoir une assez bonne idée de l'évolution des uniformes à cette époque. Une question cependant s'impose : ces types concernent ils l'ensemble du Régiment ou uniquement les 4e et 5e Bataillons. En effet, n'oublions pas qu'à la fin de l'année 1808, les trois premiers Bataillons sont en Espagne. Or, Carl date ses types de 1809. Par ailleurs, le Tambour major n'est pas donné par Carl. Il figure par contre dans les dessins de Fort qui eux se situent en Espagne. La question reste donc ouverte.
Commençons donc par les Sapeurs (fig. 5). La Collection Carl nous donne un Sergent Sapeur; le type est daté de 1809. Sa tenue a sensiblement évolué par rapport à celle des Sapeurs précédents. En premier, on remarquera le port du bonnet à poils, qui désormais remplace le colback (ou shako à poils). En ce qui concerne l'habit, on retrouve la couleur aurore aux revers. Sur chaque bras, des haches croisées surmontées de grenades, le tout doré; et le galon de grade or à passepoils rouges. C'est somme toute classique. Les épaulettes ont une particularité déjà notée sur les versions couleur du Tambour de Grenadiers de Zimmermann : le corps jaune, plus particulièrement à écailles jaunes. La tournante est rouge mélée d'or. Notre Sergent Sapeur porte deux banderoles croisées dont une ornée d'une grenade en cuivre. Sur le devant, un ceinturon à plaque en cuivre sans ornement visible, avec deux pistolets. Pour terminer, gants à crispins blancs, tablier de Sapeur blanc, capote roulée sur la sac grise, guêtres noires et sabre de Sapeur. Signalons que ce Sergent sapeur est donné à l'identique par Roger Thomas, dans un article paru dans Le Briquet 1988/1 page 21.
Bucquoy donne également le Sapeur (dessin de L. Lapeyre), plus particulièrement le Caporal sapeur. Daté par Bucquoy de la période 1808-1809, la source indiquée est "Collections Alsaciennes d'après documents Piton". Par rapport au type de Carl, il y a quelques divergences : les passepoils blancs au collet et aux revers (la couleur tire plutô vers l'orange foncé); les épaulettes dont la tournante est jaune. Grenades, haches croisées et double galon sur les bras, de couleur orange foncé, de même que l'intérieur des basques. Sur la banderole partant de l'épaule gauche, on voit apparaitre des haches croisées en cuivre. La plaque de ceinturon est également frappée d'une grenade. Enfin, le sabre semble être d'un modèle différent de celui donné par Carl. A noter que la planche de Bucquoy sur laquelle figure ce Caporal sapeur a été donnée dans la revue anglo-saxonne Tradition N°49.
Charmy donne également ce Caporal sapeur : le fond du bonnet est rouge à croix blanche; la tournante des épaulettes est rouge; la plaque de ceinturon est blanche avec une grenade en cuivre jaune; sur les retroussis, une grenade bleue; enfin, sabre briquet à dragonne rouge.
Enfin, Herbert Knötel (type daté de 1808). A priori, c'est la copie du type de Bucquoy/Lapeyre; on remarquera que le sabre est à tête de coq.
Le simple Sapeur (fig. 5a) nous est donné par Eugène Lelièpvre pour Historex. La source n'est pas précisée. Le bonnet à poils est classique. L'habit,est celui donné par Bucquoy, avec passepoils blancs au collet et aux revers (dont la couleur tire plutô vers l'orange foncé). Sur chaque bras, seulement des haches croisées rouges. Notre Sergent Sapeur porte deux banderoles croisées; chacune est ornée d'une grenade et de haches croiées, en cuivre. Sur le devant, un ceinturon à plaque en cuivre ornée d'une grenade. Pour terminer, gants chamois à crispins blancs, tablier de Sapeur blanc, capote roulée sur la sac grise, guêtres noires et sabre de Sapeur.
Viennent ensuite les Musiciens (fig. 6). Selon Carl (type daté de 1809), le Musicien porte le shako, avec cordon, raquettes, pompon et plumet blancs; sur le devant, cocarde avec ganse jaune; plaque à l'aigle, cercle de visière et jugulaires en cuivre. L'habit a le collet, les revers, les parements, les pattes de parements et l'intérieur des basques aurore. Le collet, les revers, les parements et leur patte, sont bordé d'un galon blanc; boutons jaunes; boutonnières blanches sur les revers. Trèfles jaunes; bottes découpées en coeur, avec galon et gland jaunes. Banderole porte sabre (ou épée ?); épée ou sabre sans dragonne.
H. Rommel décrit ce Musicien dans ses notes, et parle de galons et boutonnières argent au lieu de blanc. Il indique que les retroussis sont aurore. Les trèfles d'épaules sont donnés oranges bordés d'argent. Enfin, les bottes sont indiquées comme étant à la hussarde, avec galon et gland argent.
Bucquoy (dessin de L. Lapeyre) donne également ce Musicien en indiquant comme sources "Collection Alsaciennes et documents Piton". Le shako n'a guère changé, mis à part l'absence de ganse de cocarde. Par contre, on remarquera que les galons et les broderies de l'habit sont uniformément jaunes (dorés ?); de même, l'intérieur des trèfles d'épaules est aurore (en fait, orange plutô foncé); ils sont maintenus à l'aide d'un passant jaune. L'épée est dotée d'une dragonne jaune (or).
Charmy reprend exactement les mêmes caractéristiques (on remarquera cependant la présence d'une ganse de cocarde et le nombre limité de boutons et boutonnières sur les revers; ce détail est sans aucun doute lié au style maladroit de l'auteur). Même chose en ce qui concerne le dessin de Pierre Albert Leroux, conservé à la Brown, dont nous avons établi un fac-similé. C'est la copie du dessin de Lapeyre donné par Bucquoy; il ne nécessite donc aucun commentaire. Soulignons tout de même que pour ces deux sources, les retroussis sont bordés d'un galon jaune (or).
Carl nous donne ensuite le Tambour de Fusiliers (fig. 7). Son shako reprend certaines caractéristiques de celui du Musicien (plaque, jugulaires et cercle de visière), mais s'en distingue également par le pompon rouge, le pourtour supérieur, le cordon et raquettes aurore, et la ganse de cocarde blanche. L'habit est par contre absolument identique à celui porté par le Musicien; notre Tambour a cependant remplacé les trèfles par les nids d'hirondelles aurore à galon blanc, surmontés de pattes d'épaules bleues passepoilées de rouge; ces dernières ont deux boutons : l'un près du collet, l'autre dans la pointe de la patte. Le reste de la tenue est tout à fait classique.
A noter que ce Tambour est décrit par H. Rommel dans ses notes.
Le dessin de L. Lapeyre donné par Bucquoy (la planche sur laquelle figure ce Tambour de Fusiliers a été donnée dans la revue anglo-saxonne Tradition N°49) semble cette fois ci tout à fait conforme à ce que nous voyons chez Carl. En effet, mis à part la ganse de cocarde jaune, et la présence d'une dragonne blanche au sabre, nous ne notons aucune différence entre les deux sources. Même remarque en ce qui concerne le dessin de Charmy qui, malgré son style maladroit, a globalement respecté la source originale (avec cependant une capote devenue beige, mais qui demeure plausible pour l'époque).
En ce qui concerne le Tambour de Fusiliers donné par Lucien Rousselot ("L'armée française", planche 89), les choses sont un peu différentes. Rousselot indique avoir utilisé comme source les Collections Alsaciennes; lesquelles ? Ainsi, on peut constater l'absence de ganse de cocarde et de cercle de visière au shako. En ce qui concerne l'habit, il n'y a aucune boutonnière; les pattes de parement sont passepoilées de bleu; quant aux retroussis, ils n'ont pas de passepoils. Nous en déduisons donc que la source de Rousselot n'est pas le Fichier Carl.
Pour en terminer avec les Tambours de Fusiliers, il nous reste à mentionner la planche 60 des "Fiches documentaires" de Roger Forthoffer. Précisons de suite que la mise en couleur du dessin peut prêter à confusion ; il s'agit cependant bien d'aurore et non de rouge. Voici le texte descriptif de cet auteur : "shako à métal cuivre, galon et cordons aurores, pompon bleu clair. Habit bleu foncé; pattes d'épaules de même liserées de rouge; collet, revers, parements et leurs pattes, retroussis aurores galonnés de blanc; boutons jaunes; poches en long écarlates galonnées de blanc; étoiles des retroussis blanches. Guêtres noires. Caisse de tambour en cuivre à cercles tricolores rayés obliquement". Roger Forthoffer indique comme source "Collections Alsaciennes", sans autre précision, ce qui ne nous permet donc pas de vérifier l'exactitude de ce document.
Le Tambour maître ou Caporal tambour (fig. 8) nous est donné par deux sources différentes. En premier Charmy qui nous le présente de face. Le personnage porte la même tenue que le Tambour de Fusiliers, avec des nids d'hirondelles, par dessus lesquels figurent des épaulettes de Grenadiers, rouges à corps en écailles jaunes (passants bleus). Sur les bras, deux galons, signe distinctif du grade. Le Tambour maître est coiffé d'un colback à flamme aurore (raie centrale et gland rouges); pompon, plumet, cordon et raquettes rouges. Canne à pommeau et bout de cuivre, cordon et galnds rouges. Dragonnes rouge au sabre. Manteau beige roulé par dessus le havresac. Pour terminer, grenade rouge sur la banderole porte sabre.
Le second Tambour maître est donné par L. de Beaufort (Le briquet N°03 de 1969) sans indication de sources ; la seule indication notée dans le texte qui accompagne ce dessin est : "la couleur aurore ... confirmée par le livre d'ordre du régiment (même les grenadiers portaient cette couleur au collet)". Si l'on compare ce Tambour maître (ici en tenue de campagne) à celui de Charmy, il y a pas mal de similitudes. Le colback est similaire (flamme aurore avec raies et gland rouges; plumet rouge porté attaché dans un étui sur le sabre briquet). L'habit le semble aussi, sauf en ce qui concerne les nids d'hirondelles. Epaulettes rouges (corps non visible). L. de Beaufort apporte quelques détails supplémentaires tels que les poches placées verticalement (passepoil aurore) ou les grenades rouges sur les retroussis (aurore également). Manteau gris, pantalon de toile et guêtres blancs; canne à pommeau, cordon et glands argent. Pour terminer, petite gourde marron portée sur le côté.
Passons maintenant aux Officiers. Carl nous présente un Officier de Grenadiers (fig. 9). La principale caractéristique notable est son shako. Plus particulièrement le pourtour supérieur est son galon doré brodé. Tout le reste est absolument classique. A noter que dans le Fichier Carl, la ganse de cocarde est bien donnée blanche. Cet Officier de Grenadiers a été donné par le Commandant Bucquoy dans ses cartes. Le type est absolument identique au sujet de Carl (sauf la ganse de cocarde qui est dorée).
Bucquoy nous donne également un Officier de Voltigeurs (fig. 10) vers 1808-1809, établi d'après une miniature de la Collection Cottreau. Cet Officier est coiffé d'un chapeau portant dans ses cornes des glands dorés. Il porte également un manteau bleu dont le col est jaune; on remarquera tout particulièrement le liseré rouge qui parcourt les pans de l'habit et se prolonge sur les rabas , retournés. Sur le devant de ce manteau, deux séries de six boutons. Sur les épaules, épaulette et contre-épaulettes dorées. Pour terminer, fortes bottes sans éperons.
Revenons à Carl. Ce dernier a représenté le Sergent de Grenadiers en 1809 (fig. 11). Celui ci porte un shako dont le pourtour supérieur est jaune (sans doute or); cordon rouge mêlé de jauen (or). Ganse de cocarde aurore. Epaulettes à écailles et tournante jaune. Galon de grade or sur les bras. En dehors de ces détails, le reste de la tenue est classique. Ce Sergent de Grenadiers est également donné par Bucquoy (dessin de L. Lapeyre, d'après les Collections Alsaciennes et documents Piton). A priori, le type est conforme au Sergent de Carl (avec cependant une ganse de cocarde jaune et une dragonne rouge au sabre, non visible chez Carl).
Les Grenadiers (fig. 12) nous sont donnés par Bucquoy et par Margerand ("Les Coiffures de l'Armée Française"). Si dans les deux cas, le pourtour supérieur du shako est rouge, il y a par contre une petite divergence entre les deux auteurs concernant le cordon de shako qui, sur le dessin de Bucquoy, est blanc, alors qu'il est rouge sur celui de Margerand. Le cordon blanc est peut être une erreur, d'autant plus que sur la carte représentant le Sergent de Grenadiers, on voit en arrière plan des Grenadiers qui eux, ont bien le cordon rouge. Pour le reste, sur la carte de Bucquoy, on retrouve les épaulettes à écailles et tournante jaunes; leur passant est rouge. Concernant le dessin de Margerand, on remarquera que les revers sont bleus; le lecteur porra penser à une erreur mais il n'en est rien car en fait, Margerand ne donne ces dessins que pour les shakos, et ces derniers s'appliquent à différentes unités, dont des Régiments de la Légère.
Les Voltigeurs (fig. 13) nous sont également fournis par Carl. Leur shako est surmonté d'un pompon jaune et d'un plumet un tiers jaune (base) et deux tiers vert (sommet). Le pourtour supérieur du shako, le cordon et les raquettes sont verts. Gros gland de la raquette jaune. Ganse de cocarde aurore. Plaque à l'aigle, jugulaire et cercle de visière en cuivre. Habit classique, avec col jaune à passepoils rouges. Epaulettes vertes à corps à écailles et tournante jaunes. Chevrons aurore sur le bras gauche. Sabre briquet avec dragonne verte; gland jaune. Légion d'Honneur. Bucquoy donne un type quasiment analogue, mais avec raquettes entièrement vertes. Même chose pour le dessin de Margerand (avec absence de ganse de cocarde).
Les Fusiliers (fig. 14) sont eux aussi donnés par Carl. Le shako est classique avec cordon et raquettes blancs, ganse de cocarde aurore et pompon jaune. Pas de commentaires particuliers concernant l'habit, en dehors de l'absence de passepoil sous le col (mais c'est une constante chez Carl). Bucquoy le donne également sans modificiations apparentes.
Dans sa revue d'Inspection du Dépôt à Belfort, en date du 31 janvier 1808, le Général de Division Schauenburg se met en colère en raison de l'irrégularité des tenues qu'il a en face de lui, soulignant entre autres : "L’Inspecteur général témoigne tout son mécontentement relativement à l’irrégulière tenue, dans laquelle se sont présentés à lui MM. les Officiers. Il ordonne 15 jours d’arrêts à M. Frésouls, Capitaine d’habillement pour s’être présenté en veste galonnée et dans le costume le plus irrégulier.
Il défend à dater de cette revue aux Sous-officier de porter des bottes étant de service ; il leur défend d’avoir les fracs de toute espèce. Il ordonne au commandant du Dépôt de faire ôter les collets aurore que portent MM. les Officiers, il porteront les fracs mis comme toute l’infanterie. Il défend aussi les ganses en or au chapeau. Il fera aussi ôter sur-le-champ les collet jaunes aux habits des tambours" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin). Ce qui prouve que la fantaisie a continué de règner au sein du Corps à cette époque, et confirme les tenues précédentes.
Comme nous l'avons dit plus haut, à la fin de l'année 1808, les trois premiers Bataillon du 63e sont en Espagne. Ils seront rejoints en 1810 par le 4e Bataillon. Sur ces quatre Bataillons, trois reviennent en France pour prendre part à la campagne de 1813 : les 2e, 3e et 4e.
Il n'est pas inintéressant de constater que Fort (dessin de L. Lapeyre pour les cartes Bucquoy; d'après des documents espagnols) donne le Tambour major (fig. 15) en Espagne, alors qu'il n'est pas donné par Carl. Doit on en déduire qu'il a marché avec les trois premiers Bataillons pour se rendre dans la Péninsule ? Pourquoi pas. Ce qui est certain, c'est que la couleur aurore a perduré dans le temps, puisque nous la retrouvons sur le col et les parements du surtout de notre personnage, et sur le gilet (cela n'est pas sans rappeler la tenue des Officiers en 1807 telle que décrite par Jules Boucquel de Beauval, et l'Officier de Grenadiers de Kolbe). Notre Tambour major est coiffé d'un volumineux bicorne, avec ganse de cocarde et floches dorées. Cocarde et plumet tricolore (pour ce dernier bleu à la base, puis rouge puis blanc). Collet bordé d'un galon doré. Pattes de parement bleues. Sur le bras gauche, on notera les trois chevrons d'ancienneté et les galons de grade, dorés. Sur le devant, une rangée de boutons, dont le nombre n'est pas déterminé, et un ruban rouge (Légion d'Honneur). Sous le surtout apparait une large ceinture rouge, dont la plaque en cuivre est curieuse : frappée semble t'il de deux canons croisés, avec en alternance quatre grenades. Sabre sur le côté, avec dragonne dorée; bottes à revers fauve. Canne à pommeau et bout dorés, sans cordon. Enfin, manteau gris roulé et passé par dessus l'épaule droite.
J. Chambenoit (CFFH 1972/2 page 20) a lui aussi représenté le Tambour major en Espagne en indiquant comme source une aquarelle originale de E. Fort d'après El Guil; le descriptif qui accompagne le dessin indique comme couleur distinctive un rose violet que l'on retrouve au col, aux parements, et au gilet. Tous les galons sont dorés. L'auteur remarque par ailleur qu'il manque un bouton au parement bleu, et que les galons de Sergent sont "séparés par le drap bleu (d'habitude, les galons et chevrons sont cousus sur du drap rouge découpé)".
Ce Tambour major a été donné par deux fois dans l'ouvrage de H. Achard et J. M. Bueno intitulé "L'Armée française et ses Alliés en Espagne, 1808-1814". Voici le descriptif du Tambour major de la planche 70 :
"Tambour major 1811 (Fort - El Guil) : Chapeau noir, ganse de cocarde, bouton, macarons des cornes or, plumet bleu à la base, rouge au milieu et blanc au sommet, cocarde bleu-rouge-blanc. Col blanc (à peine visible). Surtout bleu foncé, collet rose à galon or, parements roses, patte de parement bleu foncé, boutons jaunes. Galons de grade et chevrons d'ancienneté or. En bandoulière, manteau roulé dans une toile cirée gris verdâtre. Ruban de la Légion d'Honneur maintenu par une agrafe dorée oblique. Gilet rose à boutons jaunes, ceinturon rouge à plaque dorée, porte épée rouge. Culotte blanche, bottes noires à revers fauves. Sabre à garde et bout cuivre jaune, dragonne or. Canne de bois naturel, pommeau et bout cuivre jaune. Doublure du surtout bleu foncé".
Le même Tambour major est donné dans la planche 132 de l'ouvrage. Le texte descriptif est absolument identique; les sources indiquées sont les mêmes. La couleur rose indiquée dans les deux cas est tout à fait curieuse et ne correspond en rien au dessins de Lapeyre. Elle a cependant son explication : Fort avait semble t'il l'habitude de multiplier les copies de ses dessins et d'introduire volontairement des erreurs. Là se trouve peut être l'explication de cette divergence. J. M. Bueno a également représenté en couleur ce Tambour major (nous le donnons à titre indicatif).
Passons maintenant aux Musiciens (fig. 16) en Espagne (1811). Ils nous sont donnés par L. Lapeyre pour les Cartes Bucquoy, avec comme source, encore une fois, Fort, sous couvert de documents espagnols. Ces Musiciens sont coiffé d'un shako surmonté d'un plumet orange foncé (aurore); couleur que l'on retrouve aux cordon et raquettes. Le plus curieux est cette flamme enroulée autour du shako, orange passepoilée de blanc. L'habit, bleu foncé, a le col, les revers et les parements orange foncé (aurore), le tout bordé d'un galon doré. Patte de parements bleue sans galon. Intérieur des retroussis bleu foncé. Trêfles or sur les épaules. Gilet à tresses et galons orange foncé (aurore). Pantalon bleu foncé porté par dessus les bottes. Pour terminer, épée avec dragonne dorée.
Herbert Knötel a donné ce Musicien, sans divergences notables. Nous le retrouvons également dans la planche 70 de l'ouvrage de Achard et Bueno cité ci-dessus. Pour ces derniers, les cordons et raquettes sont jaune d'or. Ils indiquent également que le galon doré qui borde le collet et les revers se prolonge également le long des retroussis, retroussis qu'ils donnent de couleur aurore (sic). Par contre, les parements n'ont pas de galon. Comme là encore, la source indiquée est Fort/El Guil, on comprend aisément la raison des divergences avec le dessin de Lapeyre. D'ailleurs, un dessin de Fort se trouve au Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale, Paris (Collection De Ridder). Nous donnons ce dessin original de Fort extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire" (Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492). Ici, la flamme du shako est plutô de couleur saumon bordée de blanc, le plumet aussi, et les cordons sont dorés. Les revers, parements et le collet sont également saumon, de même que les galons de la veste (communication d'un de nos correspondant). Sur ce dessin, le Musicien a comme instrument un triangle (source : Jean Pierre Perconte).
Jean Pierre Perconte justement, qui a consulté le Cabinet des Estampes et y a travaillé durant de longues années, nous a communiqué, extrait d'un dessin de Fort de la Collection De Ridder, un Officier monté (fig. 17), donné pour être du 65e de Ligne, mais qui est plus probablement du 63e : couvre shako en toile noire. Surtout, culotte de cheval, sellerie bleu. Boutons de l'habit et de la culotte, passepoil de la patte du col, galon et aigle de la selle or. Dragonne de l'épée argent (?). Sac marron. Ceinturon noir. Nous donnons à côté le dessin original de Fort extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire" (Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492). La description de Jean Pierre Perconte semble assez conforme à l'original. Remarquons simplement le harnachement du cheval.
Vient ensuite un Officier de Voltigeurs en Espagne, 1811-1813 (fig. 18) d'après H. Boisselier (dessin de la Collection de Yves Martin - ancienne collection Grangié; avec son aimable autorisation). La légende de ce dessin indique que "cet officier porte la carabine réglementaire pour les officiers de voltigeurs; les cartouches sont à la ceinture"). La source indiquée est : "Dessin du Capitaine Baty et El Guil, ancienne Collection Bezard, communication de H. Feist". A noter que ce dessin a été publié dans la revue Soldats Napoléonien N°18 (page 20). Ce personnage est coiffé d'un shako recouvert d'une toile brune; par dessus apparaissent les jugulaires; il est enfin surmonté d'un pompon et d'une houpette jaunes. Surtout entièrement bleu, avec au col une patte jaune sur laquelle apparait un bouton doré. Col noir. Gilet blanc. Pantalons gris bleu, avec sur le côté une bande jaune. Sur le bas, on notera la présence de guêtres noires, portées avec des espèces de sandales sans aucun doute espagnoles, en cuir brun. Manteau gris roulé porté par dessus l'épaule droite. Contre épaulette dorée. Sacoche marron, gourde et sa lanière, ceinturon (pour les cartouches) à la taille, marron. Ceinturon porte sabre blanc à plateaux dorés. Fourreau du sabre entièrement doré.
Nous donnons à côté un autre dessin de H. Boisselier (reproduit en fac-similé par Mrs H. et C. Achard - avec l'aimable autorisation de notre ami Claude Achard). Le type est absolument identique; H. Boisselier a toutefois rajouté pour les sources, E. Fort.
Achard et Bueno ("L'Armée française et ses alliés en Espagne, 1808-1814" planche 16) donnent également cet Officier en indiquant comme sources Fort et El Guil. Le personnage a subi quelques légère modifications (coupe du pantalon, sabre...). La description de ce dessin est la suivante : "Shako recouvert d'étoffe jaunâtre (ocre jaune clair), pompon et houpette jaunes (or ?), jugulaires dorées, visière noire. Surtout bleu foncé, col blanc, boutonnières et boutons or au collet. Capote gris bleu en bandoulière. Contre-épaulette et bouton or. Chemise blanche. Ceinturon blanc à plateaux dorés. Ceinture de cuir avec cartouches passées dans la ceinture. Gourde et courroie marron, sacoche de cuir naturel. Pantalon gris bleu à bande jaune (or ?). Guêtres et souliers noirs. Cet Officer porte la carabine réglementaire pour les officiers de voltigeurs à grenadière et plaque de couche de cuivre jaune, bretelle blanche. Sabre à garde et bout de cuivre, fourreau noir". Le dessin de Bueno a été donné dans le Bivouac N°3 de 1991 (article de J. Sarramon intitulé "Le sort des garnisons abandonnées en Espagne par les Armées Françaises en retraite, 1813-1814").
J. M. Bueno a redonné cet Officier dans son ouvrage "Les Français et leurs Alliés en Espagne" volume 1. C'est le personnage que l'on voit dans l'ouvrage précédent.
Passons maintenant au Sergent major porte fanion de Grenadiers en 1811 (fig. 19) donné par L. Lapeyre pour Bucquoy. Là encore, les sources indiquées sont "documents espagnols et Fort. Ce Sergent major est coiffé d'un shako surmonté d'un pompon et d'une houpette rouges. Le pourtour supérieur est bordé d'un galon doré parcouru dans sa partie inférieures d'une raie noire. Sur le devant, le chiffre 63 en cuivre. Cercle de visière est jugulaires de cuivre. Ganse de cocarde rouge. En ce qui concerne l'habit, l'élément le plus surprenant, c'est le parement, bleu passepoilé de rouge, avec sa patte de parement, entièrement rouge. Les épaulettes sont entièrement rouge avec tournante jaune (or ?). Galons de grade et chevrons jaune (or) passepoilés de rouge. Gilet, culottes et guêtres blanches. Sabre briquet à dragonne rouge; franges et passants jaunes (or). En ce qui concerne le fanion, il est de forme plutô carrée; ce carré est coupé en deux par une diagonale; a centre de cette diagonale, le chiffre 63 en jaune (or ?); au dessus la couleur est aurore et dans l'angle extérieur, il y a une grenade rouge; au dessous de la diagonale, la couleur est rouge, et dans l'angle intérieur, il y a une grenade aurore.
Une de nos correspondants nous avait fourni, il y a de nombreuses années, une autre version de ce Sergent major. Les sources indiquées étant Bucquoy et Baty. Il y a quelques divergences notables telles que l'absence de houpette sur le pompon, le passepoil bleu du collet; l'intérieur des retroussis, rouge.
Achard et Bueno, dans la planche 70 de leur ouvrage cité plus haut, donnent également ce Sergent major porte fanion, qui est décrit de la manière suivante :
"Shako noir, double galon du haut, ganse de cocarde, bouton, numéro du shako dorés; jugulaires jaunes, pompon et houpette rouges, cocarde bleu-rouge-blanc. Habit bleu foncé, collet rouge à passepoil bleu foncé; parements bleu foncé à passepoil écarlate, patte de parement écarlate, revers blancs à passepoil écarlate, galons de grade et chevrons or sur fond rouge. Boutons jaunes. Culotte et guêtres blanches. Souliers noirs. Fusil garni de cuivre, bretelle blanche. Fanion partie supérieure aurore à grenade jaune, partie inférieure rouge à grenade aurore, chiffre 63 jaune. Capote bleu foncé sur le sac. Tous les cuirs blancs. Epaulettes et passants écarlate, retroussis blancs à passepoil écarlate. Dragonne écarlate, bout de briquet jaune". La source indiquée est Fort/El Guil.
Nous avons aussi donné notre dessin tiré de la planche de L. Lapeyre pour Bucquoy, dessin qui a longtemps servi d'en tête à la revue Soldats Napoléoniens. Nous donnons également le fanion, tiré d'une planche de Brauer (en haut) et d'une de R. Forthoffer (en bas).
Pour terminer, voici en figure 20 un shako de Sergent de Fusiliers, vendu à Drouot le 25 février 1994 : "Fût de troupe en feutre noir du modèle de 1812 à galon or (remplacé) au pourtour supérieur. Plaque 1812 à numéro découpé à jour dans le soubassement. Jugulaires cuivre à rosaces estampées d'une étoile. Pompon lenticulaire rouge et bleu avec numéro brodé. Coiffe intérieure complète (manque la cocarde)". Nous donnons à côté un shako de Fusiliers, modèle 1812-1813, conservé au Musée de l'Infanterie de Montpellier; ce shako est surmonté d'un pompon et d'une houpette rouge, et a sur le devant une plaque à l'aigle, modèle 1812. A côté encore, une plaque de shako d'Officier, en laiton doré.
En figure figure 20a , nous donnons le portrait d'un Chef de Bataillon du 63e de Ligne, décoré de la Légion d'Honneur. Ce portrait se présente sous la forme d'un médaillon de 60 mm de diamètre; à l'arrière figure une inscription : "Claut, Chef de Bataillon, peint à Belfort" (?). Rappelons que Belfort est le lieu où se trouve le Dépô du Régiment.
En figure 21, nous donnons un dessin de Pierre Benigni, représentant un soldat du 63e de Ligne en 1814, alors à l'Armée des Pyrénées. Précisons de suite que E. Fort a réalisé des dessins assez similaires, tous attribués au 6e Bataillon du 9e Léger à Toulouse en 1814. Qui des deux auteurs a ici raison ? Nous proposons donc ce type à titre indicatif.
III/ Drapeaux
Drapeaux modèle 1794
Drapeau modèle 1794 : Rappelons que sur l'avers de ces drapeaux, figure la mention "république Française", et sur le revers, la mention "Obéissance et soumission aux lois militaires", avec le bonnet phrygien tourné du côté du flottant, le faisceau des licteurs et une couronne de lauriers sur les deux côtés. Le drapeau du 2e Bataillon est identique pour toutes les Demi-brigades, au contraire des 1er et 3e Bataillons.
Avers du drapeau commun à toutes les Demi-brigades et arboré au second Bataillon ou Bataillon du centre (reproduction d'après Challiot) |
Modèle réglementaire du drapeau des 1er et 3e Bataillons, 1794-1804 (reproduction d'après Challiot) |
Drapeaux de la 63e Demi-brigade conforme au dessin de Challiot; pris à Paris en 1815 et conservés à Berlin à l'époque de Hollander (1913). 1er et 3e Bataillons |
Drapeau du 1er Bataillon reconstitué (Napoleon's Army - H. C. B. Rogers) |
Drapeaux en usage lors du deuxième amalgame
Nous avons donné dans notre étude sur le 4e de Ligne les grandes lignes concernant les drapeaux de cette période. Nous renvoyons donc le lecteur à cette étude. On peut supposer qu'à cette époque, la nouvelle 63e a fait usage provisoirement des drapeaux de la 14e ancienne dont elle est pour l'essentiel issue. A t'elle ensuite reçu les drapeaux du modèle 1794 tels que prévus pour la 63e ? Ou bien les lui a t'on attribué directement dès sa formation ? Nous n'avons pour l'instant aucune information sur ce point.
Drapeaux de l'Armée d'Italie (1797)
La 63e Demi-brigade qui faisait partie de l'Armée d'Italie, s'est vue désignée pour recevoir de nouveaux drapeaux en remplacement de ceux en usage jusque là (voir au 4e de Ligne la partie drapeaux). Voici ce qu'indiquait H. Hollander dans le Carnet de la Sabretache, en 1904 :
"On conserve au Musée impérial et royal de l'Armée, à Vienne, dix-huit drapeaux de demi-brigades de l'armée d'Italie...
63e DEMI-BRIGADE D'INFANTERIE
(drapeau du 2e bataillon)
Face : faisceau avec bonnet écarlate. Inscriptions réglementaires.
Revers : courone de chêne vert. Sur la bordure sont disposées les inscriptions qui suivent :
COMBAT DE MONTENOTTO BATAILLE DE MILLESIMO BATAILLE DE MONDOVI |
||
PASSAGE DU BATAILLE DE COMBAT SUR |
PONT DE LODI CASTIGLIONE LA BRENTA |
|
BATAILLE [D'ARCOLO] |
Actuellement, l'étoffe de ce drapeau est très détériorée ; la partie inférieure de la bordure a été presque entièrement arrachée, de sorte que le numéro de la demi-brigade et celui du bataillon peints sur le revers, aux angles, ont disparu. Dans la partie supérieure, seul, le numéro du bataillon : DME BON. subsiste. Du numéro 63, qui lui faisait face, il ne reste que des traces, l'étoffe ayant été lacérée à cet endroit.
Les qui ont été formulées au sujet de l'identité de ce drapeau dans le catalogue de 1901 ne sont pas fondées.
Que ce drapeau de la 63e soit authentique, que les numéros du bataillon et de la demi-brigade soient exacts et qu'il en soit de même pour les inscriptions, c'est ce qui résulte d'une description qui figure dans réservesle catalogue de Leber (1846), description dont les détails concordent avec un dessin fait par Raffet d'après l'original, pendant son séjour à Vienne en 1856.
Quant aux objections qui pourraient être faites au sujet des inscriptions d'actions de guerre dont les dates sont antérieures à la formation de la 63e demi-brigade, il est aisé de démontrer que cette demi-brigade y avait incontestablement droit. En effet, les dites inscriptions appartenaient précédemment à la 51e demi-brigade devenue 63e par suite du tirage au sort de 1796. Cette nouvelle 63e fut formée le 30 nivôse an V (19 janvier 1797), à Livourne, mais ne fut définitivement constituée que le 8 floréal an V (27 avril 1797); et elle reçut - suivant une règle dont la tradition s'est perpétuée - les inscriptions de la 51e ancienne qui n'existait plus. (Ne pas confondre cette 51e ancienne avec la 51e nouvelle, ci-devant 99e).
La 63e demi-brigade reçut ses nouveaux drapeaux à Venise (division Baraguey d'Hilliers).
A propos du drapeau du 2e bataillon de la 63e demi-brigade perdu en 1799, nous trouvons quelques renseignements nouveaux dans une notice historique rédigée par le Conseil d'administration du corps. Ce manuscrit, daté du 25 pluviôse an IX (14 février 1801), relate la perte de ce drapeau dans les termes que voici :
L'armée ayant pris position sur les bords de l'Adda, la 63e demi-brigade, faisant alors partie de la division Grenier, prit quelques jours haleine à Cassano jusqu'au 8 floréal an VII (27 avril 1799), où l'ennemi ayant à cette époque passé l'Adda dans la nuit, forma contre elle à Vaprio, une attaque très vive. La demi-brigade la soutint avec opiniâtreté depuis quatre heures jusqu'à onze, où la division entière vient à son secours. Malgré les pertes qu'elle avait éprouvées à cette heure, la demi-brigade continua le combat. L'ordre donné pour la retraite, ses chefs de bataillon Villaret et Cazalis avaient été blessés. 30 officiers et 400 soldats tués ou fait prisonniers par la cavalerie avec laquelle ils avaient été mêlés pendant près de deux heures et le drapeau du 2e bataillon, défendu par une poignée d'hommes échappés aux coups, leur fut enlevé, après qu'au péril de leur vie ils l'eurent mis en pièces pour soustraire les trophées dont il était orné, à la main de l'ennemi".
A noter que G. d'Ambert donne un résumé de ces renseignements dans la revue du Briquet N°1 de 1969.
Pierre Charrié indique que le 2e Bataillon a bien perdu son drapeau à Cassano le 27 avril 1799; il confirme également que le 3e Bataillon a été autorisé par Souvarov à conserver son drapeau lors de la reddition de Tortone le 21 août 1799. Enfin, qu'une lettre du Major du 15 septembre 1805 stipule que l'on vient d'adresser au dépôt les 2 anciens drapeaux qui ont été remplacés par les aigles.
Charrié indique également que se trouvait à Vienne le drapeau modèle Armée d'Italie du 2e bataillon. Et qu'à Berlin se trouvaient 2 drapeaux modèle 1794, l'un du 2e Bataillon, l'autre du 1er ou du 3e, pris par Blücher à Paris en 1815. Un de ces drapeaux est brûlé en 1908.
Drapeaux du Consulat (1800-1804)
Voici ce qu'indique l'Historique régimentaire pour les drapeaux sous le Consulat : "Un modèle uniforme de drapeau fut également adopté pour l'armée. Jusque-là, dans les Demi-brigades, chaque Bataillon avait son drapeau particulier; mais dans toutes, le Bataillon du centre avait le drapeau aux trois couleurs, verticalement placées : le bleu à la hampe, le blanc au milieu, le rouge flottant. Au centre de ce drapeau étaient deux branches de laurier vert, encadrant le numéro de la Demi-brigade. Dans le drapeau du modèle au XI, les trois couleurs étaient ainsi disposées : un carré blanc ayant ses angles au milieu des côtés du drapeau. Des quatre triangles ainsi formés dans les angles, deux étaient rouges et deux bleus. Dans le carré blanc, d'un côté du drapeau, était le chiffre R. F. accompagné de faisceaux et de branches de laurier; de 1'autre côté se trouvait un trophée assez compliqué". Il est clair que cette description est loin de correspondre à la réalité.
Drapeaux modèle 1804
Pour l'Empire, l'Historique régimentaire, parlant de la cérémonie du 15 décembre 1804, dit : "Le drapeau que le Colonel rapporta au Régiment était du modèle qui avait été adopté en l'an XI, que nous avons décrit, et modifié par l'Empereur. Les trois couleurs avaient la même disposition que dans le modèle précédent. Dans le carré blanc, d'on côté du drapeau, étaient des trophées d'armes avec les mots "Empire français". Sur l'autre côté se trouvait un disque d'azur, au centre d'une gloire en rayons d'or et entouré aux trois quarts par deux branches de laurier. Le disque portait : "Napoléon, Empereur des Français, au 63e régiment d'infanterie de ligne". Au-dessus du disque était l'aigle impériale, en or, appuyée sur un foudre et surmontée des mots : "Empire Français", au-dessus desquels était la couronne impériale. Au-dessous du disque et des branches de laurier se lisait la légende : "Valeur et discipline". Le drapeau était enfin environné de franges et de broderies d'or. La hampe était surmontée d'une aigle d'or aux ailes à demi déployées et tenant un foudre clans ses serres". Là encore, cette description ne correspond pas à la réalité. Le 63e de Ligne a reçu trois aigles et drapeaux modèle Challiot (celui du 3e Bataillon se trouvait à Berlin).
Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
En 1812, les 3 aigles sont encore en service (2 sont renvoyés).
Drapeau modèle 1812
Le corps reçoit par la suite un drapeau modèle 1812, avec les inscriptions Iéna, Friedland, Essling et Wagram (d'après un état datant de l'année 1810, devait figurer sur le drapeau du 63e de ligne, modèle 1812, les batailles suivantes : Jéna, Eylau, Friedland, Essling, Wagram - O. Hollander).
Ce drapeau reste sans doute au Dépôt de Belfort, les Bataillons de guerre étant en Espagne. L'aigle est renvoyé d'Ainhoa le 8 août 1813 au Dépôt.
Drapeau modèle 1815
En 1815, le 63e a reçu 1 aigle et drapeau modèle 1815, qui seront ensuite détruits à Bourges.
IV/ Sources
- Principaux ouvrages consultés cités dans l'Historique régimentaire
Colonel BRAAULT. Notes. Ministère de la Guerre.
SICARD. Notes. Ministère de la Guerre.
NAPOLEON 1er- Correspondance générale.
Dépôt de la Guerre. Mémorial.
MATHIEU-DUMAS..Précis des événements militaires.
A. THIERS. Histoire de la République, du Consulat et de l'Empire.
LISKENNE. Bibliothèque historique et militaire.
NAPOLEON 1er. Commentaires.
Gouvion SAINT-CYR. Mémoires pour servir à l'histoire militaire sous le Directoire, le Consulat et l'Empire.
***. Victoires et conquêtes.
BELMAS. Journaux des sièges faits ou soutenus par les français dans la Péninsule, de 1807 à 1811.
THIEBAULT. Journal der opérations des sièges et blocus de Gênes.
JOMINI. Histoire des guerres de la République.
JOMINI. Vie de Napoléon.
***. Relations officielles des batailles d'Eylau et d'Espinosa.
DERODE. Nouvelle relation de la bataille de Friedland.
CHARRAS. - Histoire de la campagne de 1815.
LA TOUR D'AUVERGNE. Waterloo.
Mémoires divers.
Etc., etc.
- Sources complémentaires autres que celles citées dans le texte
- Boislecomte (Vicomte) : "Les souvenirs du Lieutenant colonel Boucquel de Beauval, 1804-1830", Carnet de la Sabretache , 1897.
- Durieux J. : "Soldats d'Eylau (7 et 8 février 1807"; Carnet de la Sabretache 1907.
- Hollander H. : "Les Drapeaux et Etendards de l'Armée d'Italie et de l'Armée d'Egypte, 1797-1801"; Carnet de la Sabretache, 1904.
- Smith D. : "Napoleon's Regiments", Greenhill Books, Londres, 2000.
- Documentation personnelle de l'auteur.
- Ressources numériques en ligne
- Site de R. Darnault : http://darnault-mil.com/Militaires/regiments/infanterie_ligne.php
- Collection de situations Nafziger : http://usacac.army.mil/cac2/CGSC/CARL/nafziger