Le 111ème Régiment d'Infanterie de Ligne
1800-1815
Avertissement et remerciements : Cet article nous a été aimablement fourni par notre collègue, Giulio Centanni, que nous remercions vivement ici ! Article complété et enrichi par le duo D. Davin/F. Berjaud.
Remerciements également à Serguei, Giovanni Casetta, Mario Citarelli et Alessandro Mella pour les photos qu’ils nous ont permis de publier |
Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 111e de Ligne
Boutons du 111e (à droite, petit module) |
Bouton du 111e |
Bouton du 111e, petit module |
Boutons de la collection Giovanni Casetta |
Avant d'aborder l'histoire du glorieux 111e Régiment d'infanterie de ligne français, composé uniquement d'Italiens et surtout de Piemontais, il est nécessaire de rappeler brièvement les événements qui ont conduit à sa naissance et à sa constitution.
Par le décret du 23 juin 1800, à peine dix jours après la victorieuse bataille de Marengo, le Premier Consul Napoléon Bonaparte ordonne de former quatre Bataillons avec les soldats des anciens Régiments piémontais, afin de maintenir l'ordre dans les territoires conquis. Ces Bataillons, ayant leur quartier général à Turin, ont pris le nom des quatre plus anciens Régiments du Royaume de Sardaigne :
- Rgt Piémont, qui comprenait les soldats des Régiments du Piémont et de la Savoie;
- Rgt Monferrato, qui comprenait ceux des Régiments de Monferrato, Marina et Alessandria;
- Rgt Saluzzo, qui comprenait ceux des régiments Regina, Cuneo et Saluzzo;
- Rgt Aosta, qui comprenait ceux des régiments d'Aosta et des Cacciatori a piedi (Chasseurs à pied).
Les rangs se sont ensuite étoffés au cours des mois suivants afin de parvenir à un effectif d’environ 1000 hommes, dans le but de former une 1ère et une 2ème Demi-brigades de ligne piémontaises, constituées respectivement des Régiments Piémont et Monferrato pour la 1ère et Aoste et Saluzzo pour la 2e, avec le Quartier général situé à Mondovi.
Avec les Chasseurs à pied, complétés par un autre Bataillon, a finalement été créée la première Demi-brigade légère.
En février 1801, une nouvelle campagne de recrutement est lancée, et, le 26 août de la même année, les Demi-brigades sont intégrées dans l'armée française, qui a déjà atteint le nombre considérable de 110 Demi-brigades d'infanterie de ligne, et 30 d'infanterie légère; la 1ère Demi-brigade piémontaise devient 111ème de ligne ; et la 2e 112ème de ligne, tandis que la 1ère Demi-brigade légère devient 31e Demi-brigade légère.
Le 22 février 1802, la 111ème est transféréz de Mondovi à Turin où elle reçoit les recrues de la conscription obligatoire introduite cette année-là, qui prévoyait l'enrôlement de 30 000 hommes pour l'an 9 (1800-1801), et autant pour l'an 10 (1801-1802), plus 6000 hommes destinés à être incorporés, uniquement en cas de guerre, dans la Réserve départementale.
Le 29 avril 1802 (9 floréal an 10), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "J'ai parcouru avec attention, Citoyen Ministre, les quatre états relatifs à la conscription dans les différents départements :
... Le travail ne paraît pas avoir été fait avec méthode. Les 86 départements relatés dans l'état n° 1 font évaluer la conscription à 378,000 hommes. En y comprenant les 16 départements qui ne sont pas dans le n° 1, ils doivent passer 400,000, c'est-à-dire 200,000 hommes par chaque année. En jetant un coup d'oeil sur l'état des besoins, il résulte qu'en ôtant la 111e et la 112e, qui se recruteront en Piémont, il vous faut 63,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6061 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6868).
Le même jour, 29 avril 1802 (9 floréal an 10), Bonaparte écrit à nouveau, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie de donner l'ordre à la 111e demi-brigade de ligne de se rendre à Annecy dans la 7e division militaire pour y tenir garnison ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6870). Elle est commandée alors par le Chef de Bataillon Gay.
Le 1er juillet 1802 (12 messidor an X), Bonaparte écrit, depuis La Malmaison, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "… La 111e, qui est à Genève, est nue et dans le plus mauvais ordre. Il devient urgent de lui fournir tout ce dont elle peut avoir besoin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 6974).
Une fois les effectifs nécessaires atteints, la Demi-brigade, sur ordre de Bonaparte expédié depuis La Malmaison, le 8 juillet 1802 (19 messidor an 10), à Berthier, Ministre de la Guerre, est transférée à Verdun (Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7007). Le même jour (8 juillet 1802 - 19 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "La 111e demi-brigade, Citoyen Ministre, qui est à Genève et qui va se rendre à Verdun, est dans l'état le plus pitoyable ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6178 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7011; la même lettre est donnée dans Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7803, mais datée de Lilles le 8 juillet 1803 - 19 messidor an 11; erreur ?).
Le 23 novembre 1802 (2 frimaire an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de me faire connaître ... 2° si les trois demi-brigades piémontaises, savoir les 111e, 112e et la 31e légère, ont envoyé des officiers pour lever des recrues en Piémont ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 497 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7294).
Le 11 décembre 1802 (20 frimaire an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Les renseignements que vous m'avez donnés, Citoyen Ministre, sur la situation de la conscription militaire dans la 27e division, ne sont rien moins que satisfaisants. Je vous prie de me faire un rapport détaillé sur un objet aussi important.
Le règlement sur la conscription militaire dit que la 27e division militaire doit fournir 4,000 conscrits, dont 100 pour le 21e dragons, 100 pour le 26e chasseurs ; les 3,800 autres conscrits sont répartis entre les 111e, 112e, 31e légère et plusieurs autres demi-brigades.
Faites-moi connaître ... 2° Si les 111e, 112e, et 31e légère ont envoyé leurs officiers en recrutement ... Enfin où en est la conscription de ces départements ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6485 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 7351).
1803-1806
Drapeau du 111ème de Ligne, 1er Bataillon, modèle 1804 (ancienne collection Louis de Monaco) |
Le 24 janvier 1803 (4 pluviôse an 11), Bonaparte écrit, depuis Paris, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "On me rend compte du Piémont que les officiers des 31e légère, 111e et 112e [de ligne] ne sont pas encore arrivés en recrutement, ce qui porte un grand retard dans l'organisation des conscrits de ces départements" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7441).
Le 16 avril 1803 (26 germinal an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention est, citoyen ministre, que tous les individus des 111e, 112e de ligne et 31e légère, qui veulent servir aux colonies de bonne volonté, soient dirigés sur le dépôt de Nantes" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 552 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7576).
Le 19 avril 1803 (29 Germinal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre : "Inspection de l’an 11 dans les 2e et 4e Divisions
Le Général de Division, Inspecteur général d’infanterie, aux Chefs des 4e, 12e, 14e, 56e, 72e et 111e Demi-brigades de ligne, 25e, 26e, et 31e Demi-brigades d’infanterie légère.
Le Ministre de la Guerre vous a sans doute donné avis, citoyens chefs, que la demi-brigade que vous commandez fait partie de l’arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je vous adresse en conséquence trois livrets de revue avec les états y annexés ainsi que les contrôles nominatifs des officiers. Vous observerez que la situation sommaire ne doit être établie qu’après mon arrivée au corps et lorsque j’en aurai passé la revue.
L’état n°2 qui est le contrôle nominatif des officiers pourra être rempli dans son entier jusqu’à la colonne des observations qui me regarde particulièrement ; vous remarquerez que la colone du détail des services n’est destinée qu’aux officiers promus et admis dans le corps depuis la dernière revue ; cet état devra être signé par vous, les chefs de bataillon et le quartier maître.
Nota : On classera dans cet état les officiers présents ou absents dans l’ordre ci-après :
1° les officiers de l’état-major, y compris le chirurgien-major.
2° les capitaines, lieutenants et sous-lieutenants suivant leur ancienneté de grade.
L’état n°2 bis contiendra les lieutenants et sous-lieutenants susceptibles d’obtenir la gratification accordée par l’arrêté du 14 Ventôse an 11 ; il restera en blanc et vous le ferez dresser sur papier libre jusqu’à ce que j’aie statué sur vos propositions.
L’état n°3 du livret général pourra être rempli dans son entier.
Le n°4 jusqu’au détail des services, en ayant soin de le remplir conformément à l’article 48 de l’arrêté du 9 Vendémiaire an 11. Et de ne proposer pour la Garde des Consuls que les hommes qui auront les conditions et les qualités voulues par ledit arrêté.
Les n°5, 6 et 7 pourront être remplis jusqu’à la colonne d’observation.
Les états n°8, 9, 10, 11 et 12 resteront en blanc. Jusqu’après la revue et jusqu’à ce que j’aie statué sur ceux qui me seront présentés pour la réforme, la retraite, les vétérans nationaux et les Invalides.
Vous remarquerez à cet égard, de ne présenter pour la réforme que les hommes absolument incapables de servir et pour des infirmités non provenant des évènements de la guerre ; à l’appui de l’état que vous en ferez dresser sur papier libre devant être les certificats du chirurgien major de la demi-brigade bien motivés et visés par le conseil d’administration.
Aucun homme ne sera réformé faute de taille ; il en sera dressé un état séparé sur papier libre et conforme au n°8 bis ; dans cet état seront compris aussi les hommes qui seraient dans le cas de passer à d’autres corps.
L’état n°9 comprendra les individus d’une conduite constamment répréhensible et que les punitions de la discipline ordinaire ne peuvent corriger. Cet état sera aussi sur papier libre, ainsi que tous ceux que j’indique devoir rester en blanc, jusqu’à mon arrivée à la demi-brigade.
Il est très important de distinguer soigneusement les trois classes de militaires qui sont dans le cas des états n°10, 11 et 12. Il ne faut pas que ceux qui n’étant que légèrement blessés, pourraient être encore utilement employés dans l’intérieur, soient proposés pour des récompenses qui ne sont dues qu’aux hommes que des blessures graves mettent hors d’état de rester aux drapeaux et de pourvoir à leur subsistance.
Les pièces à l’appui des désignés ci-contre sont pour chaque hommes les certificats bien motivés du chirurgien major sur les blessures, les causes des blessures et leur suite avec les mémoires de proposition en double expédition conformes au modèle.
Vous vous conformerez donc pour la proposition des hommes à admettre à la solde de retraite, aux vétérans et aux Invalides, aux dispositions de la loi du 28 Frimaire an 7, la lettre du Ministre du 25 Frimaire an 9 et l’arrêté du 4 Germinal an 8 sur les vétérans, pour remplir ponctuellement les intentions du gouvernement et suivre les dispositions que je vous prescris ; vous passerez, citoyens chefs, la revue préliminaire de votre demi-brigade quelques jours avant la revue d’inspection. Vous recevrez de chaque capitaine le contrôle et les états de sa compagnie, et vous en vérifierez les détails ; d’après cette vérification, vous ferez établir un livret préliminaire sur papier libre dans lequel vous comprendrez tous les états que je vous demande. Vous me présenterez à mon arrivé ce livret préliminaire avec les contrôles des compagnies qui devront être rédigés avec clarté et précision et contenir toutes les mutations en perte et en gain survenues depuis la dernière revue d’inspection. Ces contrôles serviront à vérifier et à établir la situation sommaire de votre demi-brigade à l’époque de ma revue.
Les états n°15, 16, 17, 18 et 19 du livret servant à constater plus particulièrement l’administration, la comptabilité et la tenue de la demi-brigade seront établis comme les précités sur papier libre et ne seront transcrits comme eux sur les livrets que je vous adresse qu’après que j’en aurais reconnu l’exactitude.
L’inspection générale des corps ayant pour but de faire connaître au gouvernement les abus qui peuvent exister, les améliorations à faire, de lui rendre compte de l’instruction, de la discipline, de la tenue, de l’habillement, armement, équipement, administration et comptabilité, vous donnerez connaissance de la présente au conseil d’administration de la demi-brigade et vous me mettrez à même de faire un rapport satisfaisant au gouvernement de l’administration et gestion de votre corps.
Je vous annoncerai par une lettre subséquente le jour que je passerai la revue de votre demi-brigade.
Ps. Ci-joint la note des états et livrets de revue que je joins à la présente" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 223).
Le 21 avril 1803 (1er Floréal an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre, au Ministre directeur de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous prévenir, citoyen Ministre, que je commencerai l’inspection qui m’est confiée par la 56e demi-brigade en garnison à Phalsbourg. Je compte en passer la revue du 15 au 20 de ce mois et vous adresser après sa cloture tous les états ayant rapport à l’administration de la guerre.
Je continuerai mes opération pendant le mois de Prairial à Nancy, où je vous prie de m’adresser les ordres que vous aurez à me donner.
Lorsque j’aurai terminé dans la 4e division militaire, je vous ferai connaître l’itinéraire que je tiendrai dans la 2e.
Notice des livrets et états envoyés aux 4e, 12e, 14e, 56e, 72e, 111e de ligne, 25e, 26e et 31e légère, ainsi qu’aux 6e et 9e demi-brigades de vétérans pour servir à la revue d’inspection de l’an 11. Envoi du 29 Germinal.
3 exemplaires du livret général de revue avec états annexés.
1 du livret du matériel
1 duplicata de l’état n°1.
3 cahiers de l’état n°2
1 duplicata n°4*
1 duplicata n°5*
1 duplicata n°6*
1 duplicata n°10
1 duplicata n°11
1 duplicata n°12*
2 duplicatas n°15
1 duplicata n°16
1 duplicata n°17
1 duplicata n°18
1 duplicata n°19
3 exemplaires du n°2bis*}
1 exemplaire du n°8 bis*} ils ne font pas partie du livret général de la revue
Les livrets de revue et autre états désignés ci-dessus seront soigneusement conservés et resteron en blanc jusqu’à l’arrivée de l’inspecteur général, à l’exception de ceux qu’il a par son instruction aux chefs de corps indiqué pouvoir être remplis.
Nota : tous les états marqués d’une étoile ne faisant pas partie de la revue des demi-brigades de vétérans ne leurs ont pas été adressés" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 233).
A la date du 20 mai 1803, la 111e de Ligne, à Verdun, fait partie de la 2e Division Militaire commandée par le Général Dupont (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 201).
Le 9 juin 1803 (20 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Général commandant la 2e Division militaire : "Je vous préviens, général, que je commencerai ma tournée d’inspection dans la division que vous commandez par la 111e demi-brigade stationnée à Verdun, où je compte être rendu du 1er au 2 Messidor prochain" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 126 page 264).
La vie de la 112ème de ligne a été par contre très brêve. Un Bataillon formé est affecté à la 111ème de ligne, tandis que le reste des hommes va grossir les rangs de la 31ème légère. Le 112ème sera reconstitué plus tard, non pas avec des soldats du territoire italien mais avec des recrues de Belgique.
GIACOMO FRANCESCO (Jacques François) GAY Il est né à Turin le 23 février 1759 et a commencé son service dans les rangs de l'armée du Roi de Sardaigne le 23 juillet 1775, avec le rang de Sous-lieutenant, puis il nommé Lieutenant le 28 mars 1777 et Capitaine le 15 août 1784. Le 5 mai 1791, il est transféré au Régiment des Pionniers et participe à la campagne de 1792 ainsi qu'aux suivantes, atteignant le grade de Major le 27 avril 1795. Le Piémont annexé à la France, Gay devient Chef de Bataillon adjoint à l'Etat-major du Général Victor, participant aux campagnes de 1798 et 1799. Le 16 octobre, il passe, toujours avec le même grade, à la 29ème Demi-brigade de Ligne. Il est nommé à la direction du service militaire topographique du Piémont le 1er octobre 1800 avec le grade de Chef de Brigade, et y reste jusqu'au 28 janvier 1802, date à laquelle il est nommé commandant de la 111ème Demi-brigade, qui devient par la suite le 111ème Régiment d'infanterie de ligne. Chevalier puis Officier de la Légion d'honneur, il est fait Baron de l'Empire et membre de la circonscription du département du Pô le 19 mars 1808. Il prend part aux campagnes de 1805 et 1806 avec le IIIe Corps d'armée, menant avec brio le 111e à Austerlitz et Auerstadt jusqu'au 29 octobre 1806, date à laquelle il remet le commandement du Régiment au Colonel Husson pour assumer la charge de Général de brigade et d'Inspecteur aux revues; et, le 19 novembre, celle d'Intendant de Kalisch en Pologne. Le 1er mars 1807, il devient Inspecteur aux revues du 1er Corps d'armée à Preussische-Hollande et assême cette fonction en 1807 et 1808. Il est ensuite détaché en Espagne avec le 1er Corps d'armée et le 7 octobre 1808 est envoyé à Baynne pour diriger le bureau central des revues et des décomptes de l'armée française en Espagne. Le 24 janvier 1811, il devient Inspecteur aux revues de la 29e Division militaire. Après la chute de l'Empire, il intègre l'armée sarde avec le grade de Colonel et devient ensuite Chef de la Division du Secrétariat de la Guerre (1815), puis Major général (1817), commandant de la Division de Gênes (1820), puis de Cuneo (1821). Et enfin, Gouverneur de la 2ème maison des Invalides (1822). Il décède à Aix en Savoie le 11 septembre 1826. |
Le 13 juin 1803 (24 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Chef de la 111e Demi-brigade de ligne : "Je vous donne avis, citoyen chef, que j’arriverai le 1er ou le 2 Messidor à Verdun et que je passerai la revue d’inspection de votre demi-brigade le lendemain de mon arrivée" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 268).
Le projet d'envahir et de vaincre l'Angleterre, qui depuis toujours constituait pour Napoléon un problème épineux à son égard et le restera pendant toute la période de son règne et jusqu'à sa mort, l'amène à procéder à la concentration de troupes au nord de la France, attendant le bon moment pour l'invasion, près de Boulogne sur Mer dans la Manche. La 111ème est également appelée.
Le 16 juin 1803 (25 prairial an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef. Ils auront chacun un parc d'artillerie commandé par un général d'artillerie et par un colonel diiecteur du parc. Les six parcs seront tous soumis à un général commandant en chef l'artillerie et à un général de brigade directeur général des parcs des six camps. Chacun de ces camps aura un ordonnateur, lequel correspondra avec un ordonnateur en chef des six camps.
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Compiègne, les 9e et 24e légères ; les 18e, 44e, 63e, 64e, 4e, 32e, 96e et 111e de ligne ; le 3e régiment de hussards ; le 10e de chasseurs ; les 1er, 3e, 8e et 9e de dragons ...
Chacune des demi-brigades ci-dessus ne fournira que ses 1er et 2e bataillons, lesquels seront complétés à 1,000 hommes. Il est donc nécessaire que ces corps soient prévenus sur-le-champ que leurs deux premiers bataillons doivent marcher vers la fin de l'été, afin qu'ils activent l'instruction, l'habillement, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814; ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7722).
Le même 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "... Je serai le 1er du mois prochain à Verdun et passerai la revue de la 111e" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 269).
Encore le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), le Général de Division Grenier écrit à nouveau, depuis Phalsbourg, au Ministre Directeur de la Guerre : "... Je serai le 1er du mois prochain à Verdun ; j’y passerai la revue de la 111e demi-brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 128 page 269).
Le 21 juin 1803 (2 Messidor an 11), le Général de Division Grenier adresse, depuis Verdun, au Chef de la 111e Demi-brigade : "Pareille lettre qu’au chef de la 56e relative aux notes à donner sur la moralité et le degré d’instruction des officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 130 page 273).
Puis, toujours le 21 juin 1803 (2 Messidor an 11), le Général de Division Grenier adresse, depuis Verdun, aux trois Chefs de Bataillon de la 111e Demi-brigade : "Même lettre qu’aux chefs de bataillon de la 56e relative aux notes des officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 130 page 273).
Encore le 21 juin 1803 (2 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Verdun, au Chef de la 111e Demi-brigade : "Invité le chef de la 111e de faire mettre à l’ordre que je recevrai les réclamations des officiers, sous-officiers et soldats de sa demi-brigade depuis 10 heures du matin jusqu’à onze" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 130 page 273).
Le 26 juin 1803 (7 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Verdun, au Ministre Directeur de l’administration de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, une réclamation de deux officiers de santé de la 111e demi-brigade ; veuillez, citoyen Ministre, la prendre en considération et y faire droit s’il y a lieu.
Les officiers de santé réclament un arriéré de solde dont le conseil d’administration de la demi-brigade a déjà fait parvenir le double au Ministre ; l’inspecteur général prie le Directeur Ministre de la prendre en considération et d’ordonner le payement des sommes dûes à ces officiers de santé, d’autant plus que cette faveur a été accordée à ceux de la 31e légère qui étaient dans le même cas" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 274).
Le même 26 juin 1803 (7 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "Vous remarquerez sans doute, citoyen Ministre, qu’il manque à l’effectif des officiers, 3 capitaines, 3 lieutenants et 4 sous-lieutenants.
L’un des emplois de capitaine est vacant et au choix du corps ; les deux autres appartiennent à des officiers qui ont été nommés par arrêté des Consuls du 9 Pluviôse an 10 et qui n’ont pas rejoint ; ces officiers sont les citoyens Drugeon et Fabri.
2 emplois de lieutenant sont vacants ; l’un appartient au choix du corps et l’autre au gouvernement ; le 3e emploi appartient au citoyen D’Hert, mais n’ayant pas encore rejoint, il n’est pas compris dans l’effectif.
4 emplois de sous-lieutenants sont vacants ; deux appartiennent au choix du gouvernement, les autres au corps.
Le bien du service exige que les officiers qui n’ont pas rejoint soient bientôt remplacés.
Notice des livrets et états relatifs au travail d’inspection de la 111e demi-brigade, adressés au Ministre de la Guerre
Le livret général de la revue.
L’état nominatif des officiers double n°2
L’état en double expédition n°2bis
L’état 4
Id 5
Id 6
Id avec pièce à l’appui 10
Id 11
Id 12
L’état 15
Id 19
Objets accessoires
1° le procès-verbal de désignation des candidats proposés pour le nouveau conseil d’administration
2° une lettre relative aux emplois vacants
3° une réclamation du lieutenant Ricci d’arriéré de solde
4° réclamation de plusieurs autres officiers pour le même objet
5° lettre relative au rapport fait au Ministre de la Guerre sur plusieurs officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 132 page 276).
Le 26 juin 1803 (7 Messidor an 11) également, le Général de Division Grenier écrit encore, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, le livret général et tous les états relatifs à la revue d’inspection de la 111e demi-brigade que j’ai passée le 3 de ce mois.
L’effectif de cette demi-brigade reste à 1816 hommes, desquels il faut encore défalquer ceux proposés : pour la solde de retraite, 9 ; les invalides, 1 ; les vétérans, 54 ; total 64.
L’effectif restera à 1752 hommes.
Et le manque au complet sera de 209.
Vous remarquerez, citoyen Ministre, que j’ai réformé 132 hommes de cette demi-brigade, dont 41 anciens soldats accablés d’infirmité, 16 conscrits des années 9 et 10 et 75 amnistiés incorporés depuis plusieurs jours par le général commandant la division, dans cette demi-brigade.
Le résumé de la revue et l’ordre que j’ai laissé à la demi-brigade vous ferons connaître l’amélioration qu’elle a éprouvé depuis la dernière revue d’inspection, et je ne doute pas que d’ici à la revue d’inspection de l’an 12, elle ne devienne un des beaux corps de l’armée. Mais il reste encore plusieurs choses à faire pour y parvenir. Il me paraît instant de compléter son armement, et d’échanger environ 550 mauvais fusils qui existent encore. Il est également nécessaire que ce corps obtienne un secours extraordinaire pour subvenir aux frais de petits équipements des conscrits et qu’au moins la moitié des officiers, sous-officiers et caporaux aujourd’hui en recrutement rejoignent la demi-brigade. Cette disposition est d’autant plus urgente que ce corps a 18 officiers et 97 sous-officiers ou caporaux détachés pour ce service, que l’instruction doit en souffrir beaucoup, puisque ce sont en majeure partie les meilleurs sujets qu’on a envoyé en recrutement. Ci-joint les officiers détachés.
Les conscrits sont traités avec douceur et paraissent contents. On s’occupe de les habiller, mais on ne peut leur donner de suite tous les objets de petits équipements voulus, vu l’insuffisance de la masse de ce corps ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 132 page 277).
Le 27 juin 1803 (8 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, citoyen Ministre, le procès-verbal de désignation des candidats présentés pour être membres et suppléants du nouveau conseil d’administration de la 111e demi-brigade au 1er Vendémiaire an 12. J’y ai joint mon avis conformément à l’arrêté du 16 Germinal dernier" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 274).
Le même 27 juin 1803 (8 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit encore, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous renvoyer ci-joint, citoyen Ministre, le rapport que vous m’avez adressé le 19 Germinal dernier, concernant trois officiers de la 111e demi-brigade ; aucun d’eux ne me parait susceptible de la réforme ; j’ai mis en marge des rapports ce que j’ai vu ou pû recueillir sur chacun d’eux" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 274).
Encore le 27 juin 1803 (8 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit à nouveau, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "On adresse au Ministre de la Guerre une réclamation de plusieurs officiers de la 111e demi-brigade tendant à obtenir le payement de solde arriéré dû à plusieurs officiers" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 274).
Toujours le 27 juin 1803 (8 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Verdun, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, le livret de matériel de la revue d’inspection de la 111e demi-brigade, un double de la situation de ce corps, et les états n°15, 16, 17 et 18 relatifs aux finances, habillement et équipement.
Cette demi-brigade était à l’époque de la dernière revue d’inspection dénuée de tout, son restant en caisse était de 158 frs 33 c. et elle se trouve aujourd’hui presque au courant, si on en excepte la fourniture du petit équipement à faire aux recrues qui n’a pu jusqu’à présent se compléter entièrement, et qui absorbera nécessairement au-delà, le restant de la caisse de la masse générale au 1er ce mois.
J’ai remarqué avec satisfaction, l’amélioration que ce corps a éprouvé dans toutes les parties du service depuis la dernière revue ; les finances sont administrées avec soin, et économie, l’administration est bonne et offre des résultats satisfaisants, mais citoyen Ministre, ce corps a besoin d’encouragements, il faut par des secours extraordinaires le mettre à même de subvenir aux frais des petits équipements des hommes de nouvelle levée ; il faut pour récompenser sa bonne administration, demander au gouvernement des bonnets de grenadiers en gratifications pour les 3 compagnies ; tous les corps en ont celui-ci voudrait être à l’instar des autres et s’il doit se les procurer sur sa masse générale, il ne pourra les avoir de longtemps. Veuillez prendre en considération sa situation et faire quelque chose en sa faveur.
Je joins à la présente une réclamation de deux officiers de santé" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 131 page 275).
Le 14 juillet 1803 (25 Messidor an 11), le Général de Division Grenier écrit, depuis Mézières, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, une réclamation du citoyen Guez, capitaine à la 111e demi-brigade de ligne relative au rang d’ancienneté qu’il doit tenir dans ce corps. Cette réclamation ne m’a été faite qu’après le travail de la revue d’inspection de cette demi-brigade. Je n’ai pu la joindre aux pièces que je vous ai envoyées" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 137 page 287).
Le 17 juillet 1803 (28 messidor an 11), le Premier Consul écrit, depuis Gand, à Dejean : "... Je désire que vous fassiez donner des bonnets de grenadiers aux grenadiers de la 111e demi-brigade" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 583).
Le 10 août 1803 (22 thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Reims au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... J'ai accordé ... aux 12e, 14e et 111e de ligne ... quinze jours de gratification ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7001; Correspondance générale, t.4, lettre 7924).
Le 24 Thermidor an 11 (12 août 1803), le Général Travot écrit : "Donné ordre au citoyen Panissa, sergent de la 111e de ligne, de partir de Verceil le 25 avec un détachement de 28 conscrits, qu’il sera tenu de conduire avec l’aide d’un caporal qui lui sera adjoint, au 6e bataillon du train d’artillerie ; à lui recommandé de prendre toutes les mesures propres pour prévenir la désertion" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 Thermidor an 11 (12 août 1803), le Général Travot écrit : "Ordonné au citoyen Gorric (Gorrie ?), capitaine (caporal ?) à la 111e de ligne, de partir de Verceil le 25 avec un détachement de 7 conscrits pour les conduire à la 23e de ligne à Marseille. A lui recommandé de prendre toutes les mesures propres à prévenir la désertion" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 Thermidor an 11 (12 août 1803), le Général Travot écrit : "Prévenu de leur départ le commissaire des guerres" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 Thermidor an 11 (12 août 1803), le Général Travot écrit au Général de la Subdivision : "J’ai l’honneur de vous rendre compte qu’en exécution des ordres que m’a transmis le chef de l’état-major de la division, je fais partir demain pour Plaisance 28 conscrits destinés pour le recrutement du 6e bataillon du train d’artillerie.
Ce convoi devait être de 30 hommes, mais dans la revue que j’en ai passé ce matin, j’en ai reconnu 2 qui n’étaient pas dans le cas de marcher. J’ai aussitôt ordonné qu’ils soient remplacés.
Il partira aussi d’ici, demain, un autre détachement de 7 conscrits que le capitaine de recrutement de ce département envoie à la 23e de ligne à Marseille …" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 16 août 1803 (28 thermidor an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "… Je désire que vous fassiez donner des bonnets de grenadiers aux grenadiers de la 111e demi-brigade" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7010 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7935).
Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud, le 21 août 1803 (3 fructidor an XI) à Berthier, Ministre de la Guerre :
"... Ordre à la 111e de compléter ses deux premiers bataillons, chaque bataillon 750 hommes, et de se rendre à Bruges ; le 3e bataillon restera à Verdun ...
Les ordres doivent être expédiés sur-le-champ pour les corps auxquels on a désigné des chaloupes pour en fournir les garnisons ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7022; Correspondance générale, t.4, lettre 7945).
Le 28 août 1803 (10 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Bruges
Le général Davout est nommé commandant en chef du camp de Bruges.
... La 2e division sera commandée par le général Durutte ayant à ses ordres les généraux de brigade :
Heudelet,
Reille.
Cette division sera composée de :
21e légère,
33e de ligne,
108e id.,
111e id.
Le général Davout établira son quartier à Bruges et partira le seize fructidor ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).
Le 10 septembre 1803 (28 Fructidor an 11), Davout écrit au Premier Consul : "Mon Général, j'ai prévenu le ministre de la guerre de mon arrivée, et lui ai mandé que je voulais avoir le temps de me mettre au fait du commandement que vous m'avez confié, et me procurer des renseignements sur les divers objets que me prescrivent vos instructions avant d'avoir l'honneur de vous rendre compte de l'exécution de vos ordres.
Trois objets m'ont été particulièrement recommandés :
1° La prompte organisation de l'armée et la faire baraquer pour le 1er vendémiaire dans les camps sous Ostende et Dunkerque ;
2° Les constructions maritimes ;
3° Défense des côtes et particulièrement Ostende.
1° La prompte organisation de l'armée, etc.
La 13e légère, les 51e, 61e, 108e et 111e de ligne, qui sont les seules troupes parvenues dans l'arrondissement du camp de Bruges, seront baraqués d'ici au 1er vendémiaire sous Ostende dans deux camps que j'ai reconnus sur les dunes à la droite et à la gauche de cette place, de manière à remplir vos intentions pour la proximité des lieux d'embarquement.
La position des camps est la plus saine du pays, et ayant fait creuser dans les dunes sur toute la ligne à 3 pieds de profondeur, on a trouvé de l'eau meilleure que celle dont on fait usage à Ostende.
Les baraques sont faites avec deux perches de sapin et couvertes de joncs. Cette couverture est préférée à la paille dans le pays, qui offre sous ce rapport assez de ressources.
J'ai envoyé pour commander provisoirement la division qui doit se rassembler sous Dunkerque, le général de division Durutte, le seul que j'eusse encore. Ce camp sera baraqué à peu près à la même époque.
Les divers services sont assurés ...
3° Défense des côtes, et particulièrement d'Ostende.
... Les rapports du général Monnet annonçant toujours l'attaque de l'ile de Walcheren, et quelques autres circonstances, ont porté mon attention sur la défense de l'île de Cadzandt : la mauvaise saison pour les maladies ne me permettant que d'y tenir des postes, j'ai fait reconnaître toutes les communications par lesquelles je me propose de m'y porter rapidement avec deux demi-brigades à la première annonce que j'aurai de l'approche de l'ennemi. A cet effet, je tiens à Ecloo la 13e légère qui se portera par Ardenbourg sur Groede et la 61e par l'Écluse (où les moyens de passer le Swin sont préparés) sur l'estran pour attaquer les Anglais par les derrières, en supposant qu'ils eussent effectué un débarquement et marché sur Breskens. Ma dernière brigade, dans ce cas, aurait l'ordre de se porter à l'Écluse pour servir de réserve ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 9, lettre 4).
La 111e va rester là jusqu'à l'été 1805, partageant ses journées entre formation continue au débarquement et travail de routine.
Le 12 septembre 1803 (25 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Dans la deuxième division militaire, citoyen ministre, les 12e et 111e demi-brigade de ligne ... doivent seuls jouir de la gratification ...
Cette gratification n'est accordée qu'aux seuls individus de ces corps qui ont passé la revue du Premier Consul ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 589 ; Correspondance générale, t.4, lettre 8020).
Le 17 Frimaire an 12 (9 décembre 1803), le Général Travot écrit au général commandant la 27e division militaire : "Les officiers et sous-officiers de la 112e de ligne en recrutement dans ce département, incorporés depuis dans la 111e d’infanterie et la 31e légère, ont reçu du ministre de la guerre l’ordre de rejoindre leurs corps respectifs. Un capitaine de la 13e légère est aujourd’hui chargé de la levée des conscrits de l’an 11 et conformément aux ordres qu’il a reçus, il doit commencer l’incorporation le 29 du courant. Ce capitaine vient de m’informer que pas un seul des officiers et sous-officiers qui doivent être envoyés pour l’aider n’est encore arrivé, et d’après une lettre qu’il m’a montrée, datée du camp de Bruges, 28 brumaire, ils n’étaient pas encore partis du corps à cette époque, et leur faut un mois et demi pour arriver.
Afin de ne pas entraver la levée des conscrits, je vous prie de m’autoriser à garder ici, pour l’aider dans son travail, deux officiers et sept sous-officiers destinés pour la 31e légère, ou de m’indiquer quelle autre mesure je dois suivre" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 24 Frimaire an 12 (16 décembre 1803), le Général Travot écrit au Capitaine Massemin : "Prévenu le capitaine Massemin, de la 111e de ligne, que les officiers et sous-officiers de la 31e légère, jusqu’à ce jour sous ses ordres, sont mis à la disposition du capitaine Vanderwal et de se conformer à l’ordre qu’il a reçu du ministre de la guerre de joindre son corps" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 25 Frimaire an 12 (16 décembre 1803), le Général Travot écrit au Capitaine Massemin : "Donné ordre au capitaine Massemin, de la 111e de ligne, de partir demain 26 pour rejoindre son corps avec les officiers et sous-officiers faisant aussi partie dudit corps" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 19 nivôse an 12 (10 janvier 1804), le Général Travot écrit au Général Menou : "Le capitaine Ferrari m’a prié de vous adressé le congé de réforme qu’il a reçu de la 111e demi-brigade de ligne, et que vous lui demandez par votre lettre du 15 de ce mois pour l’envoyer au ministre de la guerre. Je me suis rendu avec plaisir à son invitation, et je saisis cette occasion pour vous le recommander, plusieurs il est venu me demander d’être employé activement, son zèle, son dévouement et sa bonne conduite, me feront regretter de ne pouvoir faire davantage pour lui" (SHD 1 I 52-1 – Correspondance du général Travot, 15 févr. 1800-13 avril 1805).
Le 21 mai 1804 (1er prairial an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Berthier "Mon Cousin ... dans l'état de situation de l'armée des côtes ... Je vois ... Le 111e est à 1,350 hommes ; son dépôt peut bien lui fournir 300 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7765; Correspondance générale, t.4, lettre 8875).
Le 21 septembre 1804 (4e jour complémentaire, an 12), Davout écrit à l’Empereur : "… J'ai l'honneur de vous rendre compte, Sire, que j'ai envoyé le 111e régiment en cantonnement ; il avait la moitié de son monde aux hôpitaux" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 94, lettre 62).
D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Droite, Division Friant, le 111e de Ligne, sur un effectif de 1943 hommes, en a 491 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).
Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 111e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps de droite. 1806 hommes sont présents, 137 aux hôpitaux, total 1943 hommes; le 3e Bataillon est à Montmédy, 2e Division militaire, pour 262 hommes présents, 46 détachés ou en recrutement, 14 aux hôpitaux, total 322 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).
D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 2e Division du Corps de droite (Friant), le 111e de Ligne, Colonel Gay, Chefs de Bataillon Martigny et Guigne ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 1806 hommes présents à Ambleteuse ; 308 hommes présents au Dépôt de Montmédy ; 14 aux Hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).
La menace croissante des forces de la troisième coalition et la difficulté de pouvoir effectuer le débarquement tant souhaité, amènent Napoléon, devenu Empereur, à modifier ses plans.
Suivant un calendrier très serré, l'armée est transférée à marches forcées et en un laps de temps très court de la Manche au Rhin.
"Département de la guerre. - Bureau du mouvement.
(3e CORPS. – 2e DIVISION.)
Du 10 fructidor an 13 (28 août 1805).
Chemin que tiendra la 2e division du corps d'armée de M. le maréchal Davoust, commandé par le général Friant et composée de :
33e de ligne. 1.569 hommes
48e de ligne. 1.589 -
101e de ligne. 1.654
111e de ligne. 1.806
6,618 hommes
Pour se rendre à Haguenau.
Partira d'Ambleteuse le 12 fructidor avec du pain pour trois jours et ira loger à"
Départements |
Epoque du passage |
Désignation des villes |
Fourniture de pain |
Pas de Calais Nord Jemmape Sambre-et-Meuse Forêts Moselle Bas-Rhin |
12
13 14 15 16 17-18 19 20 21 22-23 24 25 26 27 28-29 30 1er complémentaire 2 3 4-5 1er vendémiaire 2 3 4 5 |
Arches Watten Cassel Bailleul Lille Tournay (séjour) Ath Mons Binche Charleroy (séjour) Namur Chinay Marche-en-Famine Saint-Hubert Neufchâteau Arlon Luxembourg Thionville Bouzonville Sarrelibre (séjour) Sarrebrück Sarreguemines Bitche Niederbronn Haguenau |
1 2 3 2 2 2 2 3 1 2 3 1 2 |
Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de droite comprend une 2e Division composée des :
33e Régiment d’infanterie de ligne, 1612 hommes.
48e Régiment d’infanterie de ligne, 1504 hommes.
108e Régiment d’infanterie de ligne, 1577 hommes.
111e Régiment d’infanterie de ligne, 1713 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).
Pendant la marche du 3e Corps, entre le 16 et le 24 Fructidor an 13 (3 au 11 septembre, il est signalé qu'un Sergent du 111e Régiment est blessé dangereusement par un Sergent du même Régiment (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 71). Annonce renouvelée dans la correspondance pendant la marche entre le 18 et le 26 Fructidor an 13 (5 au 13 septembre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 75).
Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
3e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
2e division.
111e de Ligne, 2 Bataillons, 1,778 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 5 vendémiaire (27 septembre 1805).
Quartier général : Mannheim.
... 2e division : Quartier général, Mannheim.
Passe le Rhin et prend position :
33e et 48e, Neckarhausen.
108e et 111e, Seckenheim.
(Le 15e d'infanterie légère n'a pas rejoint ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 577).
"3e CORPS D’ARMÉE.
Journée du 6 vendémiaire (28 septembre).
… 2e division: Quartier général, Neckargemünd.
Le 111e dans les rues de Neckargemünd, les autres régiments en colonne dans la vallée de Heidelberg à la rive gauche du Neckar …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 586).
Le 25 Vendémiaire an 14 (17 octobre 1805), le Général Friant écrit, depuis Dachau, au Général Kister : "Mon cher Général,
J'ai reçu vos deux dépêches d'hier 24 (16 octobre). M. le maréchal est dans ce moment-ci à Munich. J'attends son retour pour prendre ses ordres et vous envoyer les munitions et pierres à feu qui vous sont nécessaires; mais, mon cher Général, il n'est pas possible que toutes les cartouches soient entièrement avariées. Le même rapport que le vôtre m'a été fait sur les 48e et 111e régiments d'après l'inspection que j'en ai fait passer. Il n'y a de cartouches avariées par les pluies dans ces deux corps que la moitié au plus. Ordonnez, je vous prie, qu'on passe de suite l'inspection des sacs et des gibernes, et que toutes celles qui se trouveront avariées définitivement, qu'on en fasse des paquets de dix pour pouvoir les échanger au premier ordre. Vous ordonnerez également qu'on fasse des paquets de dix des bonnes qui vous resteront et mandez-moi au juste et par corps la quantité de cartouches à échanger qui vous seront nécessaires, à raison de trois par homme. Le 33e doit avoir ses trois pierres par hommes garnies en plomb ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 887).
Après une série de manœuvres et de contre-manœuvres habiles, l'armée française parvient à arrêter la progression des alliés à Ulm où, le 20 octobre, toute l'armée autrichienne du Général Karl Mack, forte de vingt-cinq mille hommes, est vaincue.
Le 111ème n'a pas pris part à cette action, étant stationné à Dachau près de Munich.
A la reprise de la marche vers Vienne, le Régiment est incorporé dans l'avant-garde du 3ème Corps d'armée de Davout.
Le 20 octobre 1805 (28 Vendémiaire an 14), le Maréchal Bernadotte écrit, depuis son quartier général à Munich, au Maréchal Davout : "Je fais partir aujourd'hui pour Freising, mon cher maréchal, mon corps de réserve bavarois ; vous m'obligeriez beaucoup de vouloir bien faire serrer sur moi une partie de votre corps d'armée, de manière que, ce soir, vous puissiez être à portée de m'appuyer dans le cas, peu probable, où je serais attaqué par l'ennemi.
Vous seriez bien bon, et je vous serais bien reconnaissant, mon cher maréchal, si vous vouliez me faire connaitre les villages que vous occuperez" ; Davout note en marge de cette lettre : "Lui donner connaissance que sur sa lettre je fais porter aujourd'hui le 111e, le 48e et le général Friant sur la route de Munich à Freysing, sa gauche à Garching, avec l'ordre de se porter sur Freysing dans le cas où l'ennemi y attaquerait les Bavarois, avec qui le général Friant se tiendra en communication" et "Du reste, le mouvement que toute l'armée fait demain entre dans ses vues. Le prier de faire évacuer ce soir, s'il le peut, les villages depuis Garching jusqu'aux portes de Munich ainsi que Mosuch" (Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 2, p. 363).
Le même 28 Vendémiaire an 14 (20 octobre 1805), le Maréchal Davout écrit, depuis Dachau, au Maréchal Bernadotte : "Je vous préviens que, d'après votre lettre, je donne l'ordre aux 111e et 48e régiments de se porter sur la route de Munich à Freising, la gauche à Garching, avec ordre de se porter sur Freising dans le cas où l'ennemi y attaquerait les Bavarois; le général de division Friant, qui se rend de sa personne à Moosach, doit avoir des communications fréquentes avec Freising.
Le mouvement que mon corps d'armée fera demain et duquel je joins ici un extrait, vous fera connaitre que j'ai été au-devant de vos désirs.
Je vous prie de donner les ordres nécessaires, afin que les villages situés sur la rive gauche de l'Isar soient évacués dès ce soir.
Croyez, mon cher Maréchal, que vous me trouverez toujours disposé à vous seconder de tous mes moyens" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 995).
La "Situation des troupes composant le 3e corps de la Grande Armée à l'époque du 1er brumaire an XIV (23 octobre 1805)" indique que le 111e Régiment d’Infanterie e Ligne, Colonel gay, est à la 2e Division Friant; il compte 60 Officiers et 1690 hommes présents sous les armes. Absents sans solde : 38 hommes aux hôpitaux. Total 1791 hommes et 13 chevaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1091).
"3e CORPS D'ARMEE.
Journée du 2 brumaire (24 octobre 1805) et emplacements du 3 brumaire (25 octobre 1805).
… 2e division (Freising). - Appuie sa droite à Freising, la gauche vers Hangenham, une partie de la division cantonne, un bataillon du 111e occupe Moosburg …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1160).
"3e CORPS D'ARMÉE.
État-major général. - Ordre de marche pour le 4 brumaire.
Au quartier général à Freising, le 3 brumaire an 14.
… La 1re division partira à 5 heures du matin.
... D'Erding, la 1re division se portera sur Dorfen, suivra la vallée de l'Isar et prendra position sur les hauteurs en avant de Taufkirchen, la gauche à l'Isar.
La 2e division partira à 6 h. 30 et suivra la même marche que la 1re et prendra position à la même hauteur sur la gauche de l'Isar.
Le 2e bataillon du 111e régiment, détaché à Moosburg, se rendra directement à Erding, où il rejoindra sa division ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 182).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 4 brumaire an XIV.
… 2e division : Haag.
Se porte aussi en avant par la route de Haag et bivouaque à 3/4 de lieue en arrière de ce village, à gauche de la route, étendant sa gauche en avant de ...
Le bataillon du 111e, qui avait été détaché sur Moosburg, a rejoint sa division à la hauteur d'Erding ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 204).
Grande Armée à l'époque du 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805). Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711 |
Le 8 Brumaire an 14 (30 octobre 1805), le Maréchal Davout écrit, depuis le Quartier général d'Altheim, au Général Friant : "Je désire, mon cher général, que vous vous portiez en avant avec votre division le plus loin qu'il vous sera possible, sur la route de Ried. Dans tous les cas, prenez position au moins à une lieue en avant d'Altheim et partez demain, à 5 heures du matin, pour vous rendre à Ried. Je vous recommande de ne pas trainer de bagages après vous, les intentions de Sa Majesté étant positives à cet égard.
Quant aux subsistances, donnez au soldat de la viande et enfin ce que vous pourrez vous procurer, ne pouvant rien vous promettre.
Envoyez-moi ce soir un de vos officiers à Ried, pour me faire connaitre votre position.
Amitié. Le Maréchal, Davout" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 317 - Note : Sur l'original au crayon derrière et formé de la main du Général Friant : Les 15e et 48e à Imolkam; le 33e à Polling et 1 bataillon du 111e ; le 111e à Graham).
"Journal de la division Friant.
De Burghausen à Polling, le 8 brumaire an 14.
… Nous traversons deux autres ruisseaux sur des ponts en bois et ensuite l'Ach, petite rivière sur la droite de laquelle est Altheim. Ce bourg est assez considérable; il y a église, cimetière muré, belles auberges, relais de poste; plusieurs routes y aboutissent, et M. le Maréchal y fixa son quartier général ..... Nous le traversons et suivons la route de Lambach, par Ried, Haag, etc., et remontons jusqu'à Polling la rive droite du Pollinger·. Le général Friant eut son quartier général à Polling, gros village baigné par la susdite petite rivière, qui y fait tourner plusieurs moulins. Les 15e et 33e bivouaquèrent dans les bois à droite de la route en avant de Polling, le 111e et le 48e dans les bois sur les hauteurs dont le pied est baigné par la susdite petite rivière. La cavalerie légère, l'artillerie cantonnèrent à Graham et Kirchain" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 318).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 9 brumaire an XIV.
… 2e division : Gaspoltshofen.
Prend à peu près la position qu'occupait l'avant-garde à la hauteur de Gaspoltshofen. La droite et la gauche appuyées aux hauteurs couronnées de bois et à cheval sur la route. Le 15e occupe Jeding, le 33e dans le bois à droite de la route. Le 111e à gauche en sortant de Jeding; le 48e sur la hauteur à droite à 800 mètres du chemin et à cheval sur celui qui conduit à Schwanenstadt ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 349).
"Journal de la division Friant.
De Polling à Gaspoltshofen, le 9 brumaire an 14.
Nous partîmes avec ordre d'aller prendre position sur la rive gauche de la Traun, en arrière de Haag. Nous arrivâmes à nos bivouacs à 5 heures du soir, et les quittâmes deux heures après par un temps affreux, ayant la neige et la pluie moitié gelée dans la figure. Nous marchons sur Ieding où le 17e de ligne, le 1er de chasseurs à cheval et la 7e compagnie du 2e bataillon de sapeurs eurent ce même jour une brillante affaire contre les Autrichiens qui furent forcés, perdirent beaucoup de monde et 500 prisonniers; le reste se sauva par la fuite, et laissa le champ de bataille couvert de fusils, sabres, gibernes. Le brave capitaine de sapeurs Boissy y fut blessé assez grièvement à la jambe; plusieurs maisons furent brûlées, les autres pillées et dévastées; les blessés y étaient encore à notre arrivée, le 15e d'infanterie légère s'y logea, le 33e bivouaqua dans les bois à droite de la route, le 48e à Altenhof, à cheval de la route de Schwanenstadt, le 111e sur les hauteurs boisées, en sortant d'Imling et à gauche, le général de division eut son quartier général à Gastpoltshofen, gros village à mi-côte des hauteurs médiocres en arrière d'Ieding, à 1/4 de lieue du chemin à gauche; le pied de ces hauteurs est baigné par un ruisseau que l'on passe sur un pont en bois avant d'entrer à Ieding et que nous eûmes sur notre droite depuis Groming …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 350).
Le 13 Brumaire an 14 (4 novembre 1805), le colonel Combe, du 25e régiment d'infanterie de ligne, commandant l'arrière-garde de la 2e Brigade de la 3e Division, adresse au Général Gautier (en marche) le Rapport suivant : "J'ai l'honneur de vous prévenir, mon Général, que la route ainsi que les campagnes sont couvertes de militaires qui restent en arrière de leurs corps pour y piller. La majeure partie sont du 111e régiment, qui marchent par pelotons, ainsi que les 21e, 12e, 33e et 17e régiments. Le 25e ainsi que le 85e étaient les moins nombreux.
Mon Général, un tableau bien frappant s'est présenté à la vue d'un officier du 25e régiment, qui avait été envoyé par moi dans des maisons de campagne, pour y chasser les pillards : quatre malheureux vieillards assassinés à coups de sabre, presque moribonds, et une vieille femme assaillie à coups de bâton, qui ne pouvait leur donner du secours, tant elle était meurtrie de coups. Ce crime, mon Général, est arrivé sur la droite de la route, environ moitié chemin de la journée. Rien autre de nouveau" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 481).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 13 brumaire an XIV (4 novembre 1805).
Quartier général : Steyer.
... 2e division : Sierninghofen.
Le 111e cantonne à Sierninghofen. Les autres régiments sur les hauteurs couronnées de bouquets de sapins, à la hauteur de Sierninghofcn, à gauche de la route et à la distance de 600 mètres environ de cette route ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 482).
"Journal de la division Friant.
De Kirchberg à Sierninghofen, le 13 Brumaire an 14 (4 novembre 1805).
L'avant-garde marche sur Steyer et prend position sur la crête des hauteurs peu élevées et boisées du vallon de la Steyer, faisant face à la ville; elle s'empare d'abord de la partie de cette ville qui est sur la rive gauche de la Steyer et se rend maîtresse, encore dans ce jour, de la portion qui est entre la Steyer et l'Enns, après une faible résistance .....
Nous fîmes 400 à 500 prisonniers, et perdîmes plusieurs officiers. On envoya un parti de 50 chevaux sur la route d'Enns pour communiquer avec les troupes du général Margaron et quelques troupes à Pichlern, pour garder le pont sur la Steyer, elles rejoignirent l'avant-garde à l'arrivée de la 1re division qui passa l'Enns à Steyer et laissa le 61e dans la ville, quartier général du Maréchal. La 3e division, à son arrivée à Hall, envoya à Schweinzeg (pour se rendre maître du pont qui est le 4e depuis Steyer), le 21e régiment de ligne, qui détacha une compagnie de grenadiers à Grünburg et un bataillon à Ternberg sur l'Enns que l'ennemi avait abandonné. La 2e division établit ses bivouacs des deux côtés du Sierninghofen, sur les hauteurs boisées au pied desquelles passe la route, et fixa son quartier général à Sierninghofen, où cantonna le 111e régiment ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 485).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 15 brumaire an XIV.
… 2e division : Steinhof, Fermode, Kronmossen.
Près de Kronmossen, à demi distance de Seitenstetten à Gleis. Le 15e et le 33e, près de la route à droite dans un bois.
Le 18e et le 111e à une demi-lieue en arrière et du même côté de la route.
Dans ces montagnes, les bivouacs ne peuvent guère être qu'en colonne et extrêmement ramassés …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 562).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 16 brumaire (7 novembre 1805).
2e division : Risselsau.
Elle devait appuyer sa droite à Gaming et s'étendre le long du chemin de Neubrück et placer un bataillon à Neubrück, mais elle ne put arriver jusque-là.
Elle bivouaque en colonne à droite et à gauche de la route adossée aux bois ct arrière de Risselsau.
Le 111e est détaché pour escorter le parc de la division …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 588).
"Journal de la division Friant.
De Kronsmoossen à Risselsau, le 16 brumaire an XIV.
Le 3e corps est prévenu par l'ordre du jour que la marche qu'il va faire dans les montagnes de la Styrie lui occasionnera beaucoup de peine et de privations, mais que le résultat de cette marche sera pour lui de faire l'avant-garde de deux autres corps d'armée au lieu d'être en 3e ligne. Le .Maréchal espère que généraux, colonels, officiers et soldats déploieront cette énergie française qui fait faire des miracles. Le soldat prend du pain pour quatre jours; mais, dans le soir du second jour, la fatigue, et surtout cette imprévoyance qui lui est comme naturelle, lui firent jeter son pain sur le chemin. L'avant-garde se porte 2 lieues en avant de Gaming sur la route de Maria-Zell. Les trois divisions suivaient le même mouvement et devaient bivouaquer ainsi qu'il suit :
La 1re devait appuyer sa gauche au chemin de Gresten à Gaming, et prolonger sa droite vers Linz sur le bord d'un gros ruisseau, établir un bataillon à l'embranchement des deux chemins de Gaming à Linz et Neuhaus, et placer un bataillon en avant de Gaming pour maitriser la vallée de la grosse Erlaf; la 2e division appuyait sa droite à la gauche de la 1re, et sa gauche prolongée à Neubruck, où elle devait tenir un bataillon pour observer la vallée baignée par la petite rivière dite Pielach et la vallée étroite de Purgstall, mais les chemins étaient si encaissés, les montées si roides qu'elles ne purent arriver. Notre division dut bivouaquer un peu en arrière de Risselsau (point où la vallée très étroite que nous avons suivie depuis Gleiss s'élargit un peu sur les deux côtés et forme un espèce de bassin circulaire); la 1re division était immédiatement devant nous, à la hauteur de Predl, la 3e à Ob-Gresten et la division de dragons comme arrière-garde dans les environs d'Ybbsitz. Le Maréchal eut son quartier général à Gaming. Chaque division dut laisser un régiment à la garde de son parc. Le 30e régiment de ligne était au parc de la 1re division, et le 111e au nôtre. Les voitures et équipages suivirent les parcs. Si un caisson de régiment venait à se briser, on devait l'abandonner, et distribuer les cartouches aux soldats. Je reçus 200 hommes, fournis par tous les régiments, pour aider nos sapeurs à réparer les ponts que l'ennemi aurait détruits, combler les coupures, élargir les chemins, briser avec des pics à roc les glaces dont les montées et les descentes sont couvertes, y répandre du foin, de la paille. Nous fîmes une lieue de traverse, dont une demie dans les bois en partant de Kronsmoossen, pour gagner la route d'Aschbach à Waidhofen par Gleis. Cette traverse est assez bonne, quoique le terrain soit très accidenté ; la route est belle, bien ferrée ct large de 8 à 9 mètres ; elle est d'abord à mi-côte du revers gauche de l'Ybbs, qu'elle traverse au petit village de Kematen sur un pont en bois, et s'éloigne peu de la rive droite jusqu'à Gleis, village avecun château de peu d'apparence, église et cimetière. L'Ybbs est une petite rivière non navigable, remplie de rochers, etc. En amont du pont, il y a un batardeau pour retenir les eaux, pour alimenter les moulins et usines qui s'y trouvent en assez grande quantité. Nous avons souvent trouvé de semblables batardeaux dans les rivières non navigables; non seulement on avait eu pour but, en les construisant, d'avoir de l'eau à volonté pour alimenter les moulins, usines, etc., mais on voulait aussi diminuer les funestes effets de la trop grande vitesse des eaux, coulant dans les lits trop encaissés, et d'une pente trop rapide" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 589).
"Journal de la division Friant
De Neuhaus à Stenhoff, le 18 brumaire an XIV.
Le corps d'armée continue sa marche pénible à travers les hautes montagnes de la Styrie ... ; il joint à Maria-Zell la grande route de Leoben à Vienne par Türnitz, Saint-Polten, et la 1re division établit ses bivouacs dans le vallon étroit de la Traisen, en arrière et près la petite ville de Türnitz, où le Maréchal et le général Caffarelli avaient leur quartier général, et qui était couverte par l'avant-garde; la partie du vallon où était la 1re division était oblongue et avait un petit diamètre de 200 mètres environ. La 2e division, réduite à trois régiments d'infanterie (le 111e était à la garde du parc depuis Steyer et le 108e était à l’avant-garde), bivouaqua en colonne dans le même vallon, en arrière de la 1re; le Général, son état-major et un bataillon du 48e régiment logèrent au village de Gstettenhof, où se trouve une verrerie considérable, que nos sauvegardes ne purent garantir d'abord du pillage et qui fut réduite en cendres, deux jours après notre départ, par le détachement même du 21e régiment de ligne, que nous avions laissé pour protéger cette propriété, dont le directeur avait fait les plus grands sacrifices pour nous, et avec la meilleure volonté …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 653).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 19 brumaire an XIV.
… 2e division : Traisen.
Le 15e à droite de la route de Vienne par Altenmarckt, à 600 mètres de cette route, à 1 lieue et demie de Lilienfeld.
Le 33e entre la route et la rivière.
Le 48e sur la route de Saint-Pölten près Wilhelmsburg.
Le 111e était encore à la garde du parc ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 674).
Le 14 novembre 1805, le Régiment entre triomphalement dans la capitale des Habsbourg puis se positionne peu de temps après sur la route de Brno. Le 29 novembre, sur ordre de l'Empereur, il se dirige vers le nord pour aller renforcer les faibles forces de la droite française dispersées parmi les villages de Telnitz et Sokolnitz. À cette occasion, le Régiment parcourt 110 kilomètres en 36 heures.
Le 2 décembre, le soleil d'Austerlitz se lève et le 111ème Régiment, rattaché à la Brigade Lochet, se bat farouchement.
Vers 10 heures, le gros de la Division Friant débouche par le chemin de Rebeschowitz. La Brigade Lochet (48e et 111e, environ 1,200 hommes) vient en tête ; le 48e, sans plus attendre, prend le pas de charge, enlève la colline au Sud-Ouest de Sokolnitz, s'empare des six pièces de canon qui sont en batterie, prend deux drapeaux, et pénètre dans le village ; il commence alors un combat acharné pour chasser les Russes de maison en maison.
L'ennemi, ébranlé d’abord par ce choc inattendu, se ressaisit et fait quelques dispositions pour reconquérir l'extrémité du village. Il entoure le 48e de nombreux essaims de tirailleurs, et dirige sur la gauche de ce Régiment (sans doute par le passage qui se trouve dans l'angle rentrant du village) une assez forte colonne.
Le Général Friant ordonne alors au 111e, qu'il a conservé en bataille à quelque distance, de dégager le Général Lochet. Ce Régiment charge les masses ennemies et les Tirailleurs répandus dans la plaine, et les rejette dans le village, en leur prenant deux pièces de canon. Mais bientôt les Russes reprennent l'offensive et chassent le 111e des dernières maisons. Le 48e reste isolé pendant trois quarts d'heures dans l'extrémité sud de Sokolnitz, où le Général Lochet se maintient par des prodiges de valeur. "Aucun officier n’est beau comme lui dans un combat", dit le Général Friant (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 167).
Le moment paraît venu au Maréchal Davout d'engager la Brigade Kister : le 15e Léger est engagé sur le ponceau à l'angle Nord-Ouest de Sokolnitz ; il en chasse un Corps russe plus nombreux que lui et pénètre dans le village, pêle-mêle avec l'ennemi. Le 33e débouche par le chemin qui conduit au château et s'engage dans la petite plaine entre le village et le château.
Przibiszewski envoie à deux reprises des troupes fraîches qui forcent les nôtres à se replier ; mais le 15e Léger et le 33e reprennent deux fois l'avantage. Le 111e revient à la charge, mais il est repoussé une seconde fois. Enfin les Russes parviennent à refouler le 15e Léger au-delà du ruisseau ; mis en désordre, ce Régiment se réfugie sur la hauteur au Nord. Le 33e, que ce mouvement a découvert, est attaqué dans son flanc droit et rejeté aussi sur la colline.
Le combat prend alors un caractère un peu différent : tandis que le 48e lutte avec acharnement pour se maintenir à la pointe Sud de Sokolnitz, le 33e, le 15e léger, le 111e et sans doute aussi le 108e et la Brigade Merle, se reforment au Nord du ruisseau. Les Russes, épuisés et mis en désordre par ce combat prolongé, n'attaquent pas avec vigueur. Tout se réduit, pendant une demi-heure au moins, à une fusillade.
D'ailleurs, Langeron a été averti que Napoléon attaque Pratzen, et il va voir lui-même ce qui se passe sur le plateau. La 2e colonne russe reste sans chef, et toutes ses unités se sont engagées.
Bientôt (vers midi et demi) Davout juge ses troupes en état de reprendre l'offensive ; il prend ses dispositions pour utiliser tous ses Bataillons dans un effort commun, et il donne le signal : le 15e Léger, dirigé par le Général Friant, est porté en avant ; puis c'est le tour du 33e, que Friant porte à l'extrême droite (il était à la gauche) pour tomber dans le flanc gauche de l'ennemi. Le reste de la Division, ainsi que les troupes du Général Merle, se lance à l'attaque en même temps ; la droite et la gauche enveloppent le village et le château de Sokolnitz et menacent de couper complètement la cohue de plus en plus informe des Russes.
Telle est la situation dans Sokolnitz quand Langeron y reparaît, consterné du spectacle auquel il vient d'assister sur les hauteurs de Pratzen (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 168).
Sokolnitz est pris et perdu à plusieurs reprises, tandis que les Tirailleurs du Pô tentent de garder Telnitz. Les combats très durs se terminent victorieusement vers 16 heures.
Vers midi, le Général Friant, voyant ses Régiments de gauche rejetés en arrière du ruisseau de Sokolnitz, juge nécessaire de frapper un coup décisif. Il concentre ses efforts sur la pointe du village. Ayant retiré son 33e de son extrême gauche, il l’amène entre le 15e Léger et le 111e de Ligne, puis, ralliant le 15e, il le lance sur le pont et le débouché nord-ouest de Sokolnitz, tandis que le 33e, conversant à gauche, tombe dans le flanc de l’ennemi qui défend ce saillant. A cette vue, les autres Bataillons battent la charge. Le 48e, qui tient toujours dans l’angle sud de Sokolnitz, regagne du terrain, soutenu à gauche par le 111e, le 3e et le 108e. Il semble que les Tirailleurs du Pô ont attaqués à ce moment le château de Sokolnitz. Enfin, le 26e Léger se porte en avant le long du Goldbach ( ?) : "La victoire, dit le Colonel Pouget, se déclara pour les Français au centre des deux armées. Ceux des Russes qui étaient opposés au 26e en eurent avis les premiers, et se retirèrent aussitôt, laissant ce régiment maitre du champ de bataille ainsi que (de) leurs blessés et prisonniers" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 205-206).
Les Russes qui combattent dans la plaine, viennent d’être culbutés par le 15e Léger, le 33e, le 108e, le 3e et le 111e, contre les murs du parc (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 207-208).
Les pertes du Régiment sont énormes: 138 morts et blessés, 68 hommes prisonniers, sur un total de 1300 hommes engagés.
Le Général Friant, homme peu enclin à louer ses soldats et fermement convaincu des aptitudes militaires médiocres des Italiens, doit changer d'avis, et, au cours des jours qui ont suivi le combat, il emploie des mots exaltants dans ses rapports officiels au Maréchal Davout au sujet des Piémontais du 111ème, qui ont résisté longtemps dans des conditions extrêmes.
Le 3 décembre 1805 (12 Frimaire an 14), le Général de Division Friant écrit au Maréchal Davout : "J'ai l'honneur de vous adresser quelques détails sur la part que les troupes mes ordres ont eue au succès de la glorieuse journée d'hier. C'est sous vos yeux, Monsieur le Maréchal, qu'elles ont combattu ; vous avez été témoin de leur bravoure et de leur intrépidité, vous avez pu juger de ce que la division entière a exécuté d'après vos ordres ; les détails que je vais avoir l'honneur de vous donner pourront, je l'espère, vous mettre à même de connaitre ce que chaque régiment a fait de particulier, quel courage chacun d'eux déploya, et combien ils ont mérité la bienveillance de Sa Majesté et la vôtre.
En conséquence de vos ordres, la division avait été divisée en trois brigades la première, composée du 108e régiment et des voltigeurs du 15e, était aux ordres du général Heudelet ; la seconde, composée du 48e et du 111e, était à ceux du général Lochet ; le général Kister commandait le 15e et le 33e de ligne ; dans cet ordre, elle marchait par échelons se dirigeant sur Telnitz, lorsque, arrivée à la hauteur de Bobeschowitz, il lui fut ordonné de se porter sur Sokolnitz, dans le même ordre de marche qui avait été disposé. La brigade du général Heudelet força alors le pas ; elle joignit Sokolnitz, qu'elle trouva occupé par l'ennemi ; bientôt elle battit la charge, se précipita dans le village en faisant un carnage affreux de tout ce qui se trouva devant elle ; l’ennemi, très en force, soutint la charge. On continua de part et d'autre de combattre avec beaucoup d'acharnement ; mais comme le général Heudelet commençait à s'établir dans les premières maisons, une décharge qu'un régiment de la division du général Legrand fit malheureusement sur ses troupes, qu'il prit pour l'ennemi, le força à se jeter dans le petit bois qui se trouve à la gauche du village, après avoir longtemps soutenu le feu et les efforts d'un corps de 5,000 à 6,000 Russes, et leur avoir pris deux drapeaux, et pris et repris plusieurs pièces de canon ou caissons.
L'ennemi, toutefois, s'était déjà rendu maître des hauteurs en arrière de Sokolnitz, lorsque la brigade du général Lochet arrive au pas de charge ; le 48e marche à lui, l'attaque à la baïonnette, le culbute, et parvient à s'emparer des premières maisons de l'extrême droite du village. Il fait des progrès étonnants en raison de sa force, car il doit attaquer chaque maison particulièrement, et il s'en empare tour à tour ; il prend également deux drapeaux et plusieurs pièces de canon ou caissons ; mais l'ennemi le déborde tout à coup sur la gauche, le cerne même par de nombreux tirailleurs.
Le 111e régiment, qui était resté en bataille à quelque distance en arrière, se porte aussitôt en avant ; il charge avec vigueur un gros ramas de gens s'avançant sans ordre, sans chefs, et jetant des clameurs horribles ; il les repousse, puis il attaque un corps nombreux qui marchait pour couper les communications de la brigade Lochet avec celle du général Kister, qui arrivait et se déployait sur la gauche.
Les 15e et 33e, à peine arrivés et déployés, marchent à l'ennemi ; rien ne résiste à leur vigoureuse attaque ; le 15e le dirige sur le pont, en chasse un corps dix fois plus nombreux que lui, pénètre dans Sokolnitz, pêle-mêle avec les Russes, en immolant à la baïonnette tout ce qui prétend s'opposer à lui.
Cependant l'ennemi recevait à chaque instant de nombreux renforts de sa droite ; il parvient encore à réunir ses troupes éparses et battues, il les ramène au combat du village dans la plaine et sur les hauteurs ; deux fois de suite elles y sont repoussées, deux fois il les ramène à la charge et parvient à nous obliger nous-mêmes à un mouvement rétrograde.
Le 15e avait été obligé de se retirer jusque sur les hauteurs qui étaient précédemment à sa gauche ; le 33e, qui se trouve par ce mouvement découvert et débordé sur son flanc, doit faire également un mouvement rétrograde.
Je crus qu'il fallait alors frapper un coup décisif. Je ralliai le 15e et le fis marcher de nouveau en avant. Je ralliai ensuite le 33e, lui fis faire un changement de front et l'élevai sur le flanc gauche de l'ennemi ; de là il marcha aux Russes avec fureur, la baïonnette croisée, les renversant et en faisant un carnage affreux. De toutes parts on battit la charge. L'ennemi, pour cette fois, est mis en déroute sans retour et sans qu'il lui soit donné un seul moment de reprise. Il se sauve dans le plus grand désordre du côté du lac. Le village, les hauteurs sont emportés. Bientôt nous sommes maitres du champ de bataille. Vingt pièces ou obusiers tombent en notre pouvoir, avec un grand nombre de prisonniers. L'ennemi, en se retirant, abandonne ses bagages, jette son butin et ses armes pour se sauver avec plus de vitesse. La terre demeure jonchée de morts et de blessés, qui sont abandonnés à la merci de nos braves troupes.
Dirai-je ici que si les corps de la droite ont fait plusieurs milliers de prisonniers et pris de l'artillerie, la gloire doit en grande partie en rejaillir sur la division, puisque c'est elle qui a forcé l'ennemi à la retraite après plusieurs heures de combat et trois charges des plus opiniâtres ? Beaucoup de Russes, comme je l'ai déjà dit, avaient abandonné leurs armes.
Quoi qu'il en soit, généraux, officiers et soldats, tous donnèrent dans la bataille des preuves de la plus brillante bravoure chacun à l'envi combattait, pour ainsi dire, corps à corps contre plusieurs ennemis ; tout le monde brûlait de se signaler par quelque fait extraordinaire, et, il faut le dire, dans cette journée à jamais célèbre, il y a eu plus d'une action qui mériterait d'être citée.
Si je devais ici, Monsieur le Maréchal, vous rendre compte de tous les braves qui ont donné de grandes preuves de courage, je devrais vous dénommer tous les hommes de la division qui ont combattu, car tous ont fait des merveilles et méritent d'être cités comme valeureux. Artilleurs, cavaliers, fantassins, tous ont également bien mérité ; à chacun d'eux il est dû des éloges.
Je dois cependant distinguer d'une manière particulière le brave et intrépide général Heudelet, dont vous connaissez l'extrême bravoure et les grands talents militaires ; le général Lochet, qu'on ne saurait trop louer pour son sang-froid et sa belle manière de commander les troupes ; aucun officier n'est beau comme lui dans le combat. Le général Kister, digne ami de grade de ses deux collègues, s'est montré officier général consommé par sa sagesse, son courage et ses connaissances approfondies dans l'art de la guerre.
Le général Lochet a eu son cheval tué sous lui, le général Kister en a eu un également ; tous les trois généraux de brigade ont eu leurs habitsa criblés de balles.
MM. les généraux m'ont rendu le compte le plus avantageux de MM. les colonels et lieutenants-colonels des régiments à leurs ordres.
Ils m'en ont également rendu un très-honorable de MM.les officiers de leur état-major.
Je me plais, d'après eux, à vous citer avec éloge le major Geither, dont qui que ce soit ne surpasse la valeur ce brave officier supérieur, après avoir eu un cheval tué sous lui, a été malheureusement blessé ; le colonel Saint-Raymond, toujours sage dans les conseils et intrépide dans les combats, se faisant toujours remarquer.
Le colonel Barbanègre, qui a voulu dans ce jour de gloire montrer au 48e combien il est digne de l'honneur de le commander.
Que ne doit-on pas dire de l'intrépide Higonnet, qui semble ne rechercher que l'occasion de se signaler et de se couvrir de gloire en se montrant tour à tour chef et soldat, et du colonel Gay, qui, donnant l'exemple du courage le plus bouillant et de l'expérience consommée, a voulu se montrer en tout digne d'être cité au rang des premiers braves ? MM. Chevalier et Lamaire sont bien en tous points les dignes lieutenants du colonel Higonnet. MM. les chefs de bataillon Legrand, Cartier, du 33e ; Lacombe, du 48e ; Dulong, du 15e, déjà mutilé d'un bras et toujours plus brave ; Guigue et Guinand, du 111e, doivent avoir de grands éloges pour les succès auxquels ils ont puissamment coopéré ; MM. Cartier, Lacombe et Guigue out été blessés ...
Ci-joint, Monsieur le Maréchal, l'état de la force de la division au moment du combat et la perte qu'elle a essuyée dans la bataille, un second état des officiers, sous-officiers et soldats qui se sont distingués et qui ne sont pas portés dans le présent rapport, et les rapports de MM. les généraux et colonels sur la journée du 11, comme vous m'avez fait l'honneur de me les demander" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 214, lettre 130).
Dans son rapport daté du 6 décembre 1805 (15 Frimaire an 14), Davout écrit, depuis Lundenbourg, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Excellence, dès le 11 au soir, de ma marche pour me rendre, avec la division Friant et celle de dragons du général Bourcier, sur les points qui m'avaient été assignés par Sa Majesté. J'ai mis sous vos yeux le précis des événements qui eut eu lieu dans la partie soumise à mon commandement pendant la mémorable journée du 11. J'ai cité particulièrement quelques officiers recommandables par leurs services.
Pour satisfaire aux demandes que m'a faites Votre Excellence par sa lettre d'hier, je vais entrer dans quelques détails sur la part que le corps d'armée à mes ordres a eue à la bataille du 11.
J'avais fait former la division Friant en trois brigades.
La 1re, composée du 108e régiment de ligne et des compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère, était aux ordres du général Heudelet.
La 2e, composée du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e de ligne, était aux ordres du général Kister.
La 3e, forte des 48e et 111e était commandée par le général Lochet.
La division marcha dans cet ordre. J'avais prescrit au général Friant de faire porter la brigade du général Heudelet sur Turas, d'où elle devait chasser l'ennemi, et de la diriger ensuite sur Sokolnitz ; les deux autres brigades avaient ordre de suivre par échelons pour soutenir le mouvement.
Ayant eu connaissance pendant la marche que le 3e régiment d'infanterie de ligne du 4e corps d'armée était vivement attaqué à Telnitz, j'ordonnai au général Friant d'y porter sur-le-champ sa division.
La brigade du général Heudelet fut chargée de l'attaque du village, que le 3e régiment de ligne, après la plus belle résistance, avait été contraint d'abandonner.
Le général Heudelet fit emporter le village ; mais après les plus grands efforts pour s'y maintenir, des forces infiniment supérieures le contraignirent à l'évacuer.
Le général Bourcier, à qui j'avais fait prendre position pour observer les mouvements de l'ennemi et le contenir sur ma droite, fit exécuter à sa première ligne une charge sur l'ennemi qui se présentait en avant du village et le força à rétrograder.
L'ennemi manœuvrant ensuite pour m'envelopper et débouchant avec de l'artillerie par Sokolnitz, je le fis attaquer à l'instant par les cinq régiments de la division Friant disposés par échelons ; le village fut pris et repris plusieurs fois. Enfin, l'ennemi, malgré la supériorité du nombre et ses efforts sur tous les points de l'attaque, finit par laisser en notre pouvoir environ 20 bouches à feu et 4 drapeaux ; deux de ceux-ci ont été pris par le 48e régiment, et les autres par le 108e. J'ai l'honneur de les adresser à Votre Excellence.
Les cinq régiments de la division Friant, beaucoup affaiblis par les marches forcées et vraiment extraordinaires qu'ils venaient de faire, ne comptaient pas 4,000 baïonnettes au moment où elles se présentèrent à l'ennemi ; cependant ils surent faire tête, et même prendre et retenir l'avantage pendant toute l'action, à des forces infiniment supérieures ; s'ils cédèrent quelque fois au nombre, ce ne fut que pour les réattaquer avec plus de vigueur : toujours ils furent prompts à se rallier sous le feu le plus vif, et ils montrèrent constamment le plus grand calme dans les moments même les plus difficiles, mais ils ont beaucoup souffert.
Dans l'après-midi, la division Friant marcha sur Menitz, pour tourner quelques bataillons et escadrons qui étaient aux prises avec les troupes du 4e corps d'armée, qui les culbutèrent en grande partie dans le lac.
Je dois les plus grands éloges au général de division Friant, qui a eu dans cette journée quatre chevaux tués ou blessés sous lui ;
Aux généraux de brigade Heudelet, Kister et Lochet, qui comme lui ont eu leurs chevaux tués ou blessés et leurs habits criblés de balles, et qui, pendant toute l'action, n'ont cessé de déployer le zèle et les talents qui les caractérisent.
Je me plais à rendre un témoignage éclatant de la conduite du 15e régiment d'infanterie légère et de son chef, M. le major Geillier ; cet officier, blessé dans l'action, fut remplacé dans le commandement par le chef de bataillon Dulong, officier non moins distingué.
Le 33e régiment d'infanterie de ligne et son colonel, M. Saint-Raymond ;
Le 48e régiment et son colonel, M. Barbanègre ;
Le 108e régiment et son colonel, M. Higonnet ;
Le 111e régiment et son colonel, M. Gay, méritent le même témoignage.
Les chefs de bataillon Cartier, du 33e régiment, Lacombe, du 48e, et Guigue, du 111e, ont été blessés ...
J'ai l'honneur d'adresser à Votre Excellence une ampliation de mon rapport du 11, un état présentant les pertes de la division Friant dans cette journée, un état nominatif des officiers, sous-officiers et soldats qui se sont particulièrement distingués dans cette division.
Je m'empresserai de lui transmettre incessamment les faits particuliers que je pourrai recueillir, ainsi que les noms des militaires qui se sont emparés des drapeaux ; d'après les rapports qui ont été faits, il a dû en être pris 6 ; mais deux soldats n'y attachant aucun prix parce qu'il n'existait que les bâtons, ont dû en briser deux et les jeter" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 199, lettre 126).
Un second rapport, plus complet, est adressé à l’Empereur, depuis Presbourg, le 26 décembre 1805 (5 Nivôse an 14), par Davout qui écrit : "Sire, Votre Majesté m'a ordonné, par sa lettre du 22 de ce mois, de lui adresser un rapport plus circonstancié de tout ce qu'ont fait les troupes que je commandais le jour de la bataille d'Austerlitz.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que le 11, entre cinq heures et demie et six heures du matin, je fis partir la division Priant de l'abbaye de Raygern ; cette division était formée en 3 brigades marchant par échelons.
La 1re était composée du 1er régiment de dragons détaché momentanément depuis quelques jours de la division Klein, des 2 compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère et du 108e régiment d'infanterie de ligne ; elle était commandée par le général Heudelet.
La 2e, aux ordres du général Kister, était composée du reste du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e de ligne.
La 3e, commandée par le général Lochet, était formée des 48e et 111e régiments.
La division des dragons du général Bourcier marchait sur la droite ; elle était composée des 15e, 17e, 18e, 19e et 27e régiments.
Ces troupes marchèrent d'abord sur Turas ; je leur fis prendre ensuite la direction de Sokolnitz, conformément aux ordres que j'en avais. Pendant cette marche, vers huit heures, un officier du général Margaron vint me donner connaissance que le 3e régiment d'infanterie de ligne de la division Legrand était vivement attaqué à Telnitz ; cet officier ajouta que le général Margaron croyait pouvoir donner le temps au général Legrand d'arriver avec sa division à Sokolnitz, ayant pour défendre ce débouché de l'artillerie légère et quelques troupes ; Sokolnitz d'ailleurs n'était pas encore attaqué à cette époque.
Sur ces renseignements, je fis marcher la division Friant sur Telnitz, et j'ordonnai au 1er régiment de dragons commandé par le général Ménard d'exécuter ce mouvement avec beaucoup de rapidité, et d'empêcher l'ennemi qui s'était emparé de Telnitz de déboucher de ce village ; le 3e régiment de ligne, après avoir perdu beaucoup de monde, en faisant la plus belle défense, avait été obligé de se replier.
Sur ces entrefaites, le général Heudelet, arrivé avec sa brigade à hauteur de Telnitz, s'y précipita à la tête de ses troupes. L'ennemi extrêmement nombreux opposa la plus forte résistance ; il fut cependant contraint de céder à l'intrépidité des troupes et aux bonnes dispositions du général Heudelet ; à neuf heures et demie le village était en notre pouvoir, le champ de bataille, les rues et les maisons étaient jonchés de morts ; trois pièces de canon furent ramenées par nos troupes, deux autres, faute de chevaux, furent laissées en arrière du village.
Le 108e, qui fut presque toujours mêlé avec l'ennemi, lui enleva deux drapeaux, et sut conserver les siens, à force de traits particuliers de valeur.
Les Russes culbutés, épouvantés et dans le plus grand désordre, étaient sur le point de mettre bas les armes, et parlementaient déjà, lorsque le 26e régiment d'infanterie légère, qui faisait partie de la division Legrand formée sur notre gauche et en arrière de Sokolnitz, vint se placer derrière le ruisseau en avant duquel combattait le 108e régiment ; le brouillard ne lui permettant pas de reconnaitre nos troupes, ce régiment engagea un feu très-vif qui fit beaucoup souffrir la brigade du général Heudelet ; les Russes reprirent les armes, et à l'aide de nouvelles troupes ils se rendirent de nouveau maitres du village.
Dans le même temps que l'ennemi débouchait de Sokolnitz, la division Friant était séparée de la division Legrand ; il n'y avait pas un moment à perdre. Le général Heudelet avait rallié ses troupes près de Telnitz, et gardait le débouché, pendant que le général Bourcier, un peu plus sur la droite, par des charges faites très à propos, empêchait l'ennemi de se porter en avant du village.
Dans cet instant surtout la division des dragons eut beaucoup à souffrir de la mousqueterie et de l'artilleriede l'ennemi, dont elle se trouvait à très-petite portée.
Le général Lochet, à la tête du 48e régiment, se porta contre les Russes qui se formaient sur les hauteurs en avant de Sokolnitz ; le général Friant fit appuyer ce mouvement par la brigade du général Kister et par le 111e régiment. Les Russes furent culbutés et poursuivis dans le village, qui fut emporté ; 6 pièces de canon, qui furent mises aussitôt hors de service, et 2 drapeaux, furent enlevés par le 48e régiment ; mais l'ennemi renouvelait ses troupes, réattaqua Sokolnitz et parvint à repousser le 111e qui tenait la gauche du village ; le 48e fut alors livré à lui-même dans Sokolnitz pendant près de trois quarts d'heure. Le général Lochet, qui était resté à sa tête, eut à soutenir le combat dans les rues, dans les grandes et dans les maisons.
Cependant, pour dégager ce régiment, le général Friant se porta sur Sokolnitz avec la brigade du général Kister et parvint à repousser un moment l'ennemi ; il jeta aussitôt dans le village le 15e régiment d'infanterie légère ; ce régiment, composé en grande partie de conscrits, s'y couvrit de gloire, mais ne put encore débarrasser le 48e ; il fut lui-même repoussé, ainsi que le 33e régiment, après avoir opposé l'un et l'autre la plus vive résistance. Cette brigade fut aussitôt ralliée et ramenée au combat.
Le 111e parfaitement rallié venait de faire une nouvelle charge, qui, bien que des plus vigoureuses, fut néanmoins sans succès ; il perdit même du terrain, mais dans le meilleur ordre.
L'ennemi se porta alors sur la brigade du général Kister, qu'il déborda par sa gauche ; le général Friant fit faire très à propos un changement de front au 33e régiment, et toutes ces trois brigades parfaitement ralliées eurent ordre de se précipiter sur l'ennemi, qui, cette fois, fut enfoncé et laissa la plaine couverte de ses morts.
Sur ces entrefaites, le 36e régiment, faisant partie du 4e corps d'armée, arriva par la partie gauche de Sokolnitz et contribua à dégager le 48e ; ces deux régiments, soutenus par les tirailleurs de la division Friant, poursuivirent l'ennemi et l'acculèrent sur des lacs, après lui avoir fait éprouver la plus grande perte.
Pendant ce mouvement, les troupes de la division Legrand parurent sur les crêtes en arrière ; un des régiments de cette division et le 8e régiment de hussards arrivèrent à portée de l'ennemi, dont la colonne entière mit bas les armes, après quelques coups de fusil. La glace du lac sur lequel cette colonne fut jetée venait d'être rompue par les chevaux des officiers qui s'étaient sauvés ; d'ailleurs l'arrivée des troupes françaises de l'autre côté de ce lac ôtait à l'ennemi tout espoir de salut.
Ce fut à ce moment que s'engagea une forte canonnade sur les hauteurs au delà de Telnitz. Des divisions du corps du maréchal Soult marchaient par Sokolnitz pour se porter de ce côté ; la division Friant suivit ce mouvement en longeant ce ruisseau et se dirigeant sur Menitz. A la hauteur de Telnitz, la brigade du général Heudelet atteignit une forte colonne qui se retirait dans le plus grand désordre et fit sur elle, tout en la poursuivant, un feu très-vif de mousqueterie et d'artillerie, qui lui tua encore beaucoup de monde ; cette brigade se trouvait alors en potence avec des troupes du maréchal Soult ; elle eut avec elles le spectacle des Russes se submergeant dans le lac, par leur précipitation à s'échapper. Ces divisions traversèrent Menitz et furent prendre position à une lieue en avant sur le chemin de Neuhof.
Il fut fait dans le jour par les troupes à mes ordres 1,000 prisonniers, indépendamment de la colonne qui mit bas les armes, succès auquel le 48e eut tant de part.
Je dois aux troupes de la division Friant la justice de dire que ceux des blessés qui ne purent pas eux-mêmes se retirer du combat ne reçurent des soins qu'après la bataille.
La grande intrépidité que déployèrent les troupes dans cette journée est due à l'exemple des officiers généraux, qui furent constamment au milieu du feu le plus vif et y perdirent tous des chevaux ; le général Friant en perdit quatre, le général Lochet deux, et les généraux Kister et Heudelet un ; presque tous les colonels furent dans le même cas ; trois chefs de bataillon furent blessés, ainsi que le major commandant le 15e régiment d'infanterie légère, qui eut aussi son cheval tué.
L'adjudant commandant Marès reçut une blessure grave à la cuisse et perdit aussi des chevaux.
Le général Daultanne, mon chef d'état-major, officier très distingué, rendit de grands services pendant la bataille.
L'adjudant commandant Hervo, sous-chef de mon état-major, le seconda parfaitement.
Mes aides de camp dont les chevaux n'avaient pu joindre se réunirent aux bataillons d'infanterie. Le colonel Bourke, mon premier aide de camp, marcha avec la brigade du général Heudelet et se fit distinguer par cet officier général.
Le chef d'escadrons Vigé, du 2e régiment de chasseurs à cheval, fut tué.
J'adresse à Son Excellence le ministre de la guerre les détails relatifs aux faits individuels que j'ai pu recueillir.
J'ai l'honneur de faire observer à Votre Majesté que la division Friant n'était forte, au commencement de l'action, que de 3,300 et quelques hommes, sa marche de Vienne, sans faire de halte, ayant forcé la moitié de son monde à rester en arrière ; la plupart de ces hommes rejoignirent le 11 au soir, et les autres le lendemain.
Ce qui prouvera à Votre Majesté encore mieux que tous les rapports combien cette division eut d'efforts à faire pendant toute la bataille, c'est qu'elle y perdit environ 1,400 hommes, parmi lesquels on compte 17 officiers morts et 57 blessés, 207 sous-officiers ou soldats tués et 963 blessés ; le surplus fait prisonnier a été rendu depuis.
La division Bourcier eut 35 hommes tués et 41 blessés ; elle compte de plus 65 chevaux tués et 35 blessés.
Le 19e régiment de dragons eut à lui seul, dans ce nombre, 21 hommes tués et 12 blessés, avec 22 chevaux tués et 15 blessés.
Dans un moment où l'ennemi avait repris l'avantage sur la gauche de la division Friant, ce régiment fut chargé d'aller courir et garder le passage d'un défilé important ; il passa le défilé avec beaucoup d'ordre, quoique exposé à la fusillade et au canon de l'ennemi.
La division du général Klein arriva le jour de la bataille à Raygern, où elle resta en position avec le 25e régiment de dragons, de la division Bourcier, qui avait été laissé pour arrêter les partis qui auraient paru sur ce point ; ces divisions devinrent inutiles, aucun parti ne s'étant présenté.
Si je n'ai point eu l'honneur d'adresser plus tôt un rapport à Votre Majesté, Sire, c'est que j'ai voulu recueillir les faits dont j'avais été témoin, de la bouche même des officiers généraux, pour pouvoir, avec plus de certitude, vous en garantir la véracité et l'authenticité" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 201, lettre 127 ; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 2, p. 439).
Le Maréchal Davout écrit aussi, depuis Presbourg, sans doute le même jour de décembre 1805, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, lorsque Votre Excellence m'adressa l'ordre de me porter à marches forcées sur Brünn avec les divisions Friant et Gudin et ma cavalerie légère, la première de ces divisions était cantonnée sous les murs de Vienne, l'autre venait d'occuper Presbourg, où je me trouvais de ma personne au moment où vos ordres parvinrent à Vienne, le 8 au soir ; la brigade de cavalerie légère, commandée par le général Vialannes, occupait des postes sur la rive droite du Danube, vis-à-vis Presbourg ...
La division Friant se mit en marche dans la nuit du 8 au 9, et vint prendre position le 10 à sept heures du soir à l'abbaye de Raygern, c'est-à-dire à plus de trente-six lieues du point de son départ.
Une marche aussi extraordinaire affaiblit tellement la division, qu'au moment où elle se rendait sur le terrain que Votre Excellence lui avait assigné, au jour de la bataille, elle ne comptait pas 3,300 combattants.
Quelque célérité que l'on eût apportée dans l'expédition des ordres, l'éloignement de la division Gudin, de la cavalerie légère du général Vialannes, et de la grande majorité de la division de dragons du général Klein, ne leur permit pas d’arriver assez à temps pour prendre part à l'action.
Le seul 1er régiment de dragons put rallier la division du général Friant avec le détachement du général Heudelet, et l'on combattit avec ces troupes.
La division du général Bourcier prit position avec la division Friant le 10 au soir, à Raygern.
Avant de la porter sur le terrain, je fis former la division Friant en trois brigades :
La 1re, composée du 108e régiment de ligne et des compagnies des voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère, et aux ordres du général Heudelet.
La 2e, composée du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e régiment de ligne, fut commandée par le général Kister.
Enfin la 3e, composée des 48e et 111e de ligne, le fut par le général Lochet.
J'avais prescrit au général Friant de faire porter la brigade du général Heudelet sur Turas, d'où elle devait chasser l'ennemi, de la diriger ensuite sur Sokolnitz ; les deux autres brigades avaient ordre de suivre par échelons.
La division de dragons du général Bourcier suivait celle du général Friant pour être à portée de la soutenir.
Ayant appris pendant la marche que le 3e régiment d'infanterie de ligne du 4e corps d'armée était vivement attaqué à Telnitz, j'ordonnai au général Friant d'y faire porter sur-le-champ sa division.
Le général Heudelet fut chargé d'attaquer avec sa brigade le village de Telnitz, que le 3e régiment de ligne, après la plus belle résistance, avait été contraint d'abandonner.
Les compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère et le 108e de ligne se précipitèrent dans le village, sans avoir égard à 5,000 à 6,000 Russes ou Autrichiens qui l'occupaient et le défendaient avec acharnement.
Après plusieurs charges, pendant lesquelles le 108e enleva à l'ennemi deux drapeaux et prit et reprit plusieurs pièces de canon, cette brigade fut contrainte de céder au grand nombre ; elle fut en outre forcée à ce mouvement rétrograde par le feu que dirigea malheureusement sur elle un des régiments de la division Legrand, dont elle eut beaucoup à souffrir.
Dans ces chocs réitérés, un corps russe considérable, après avoir mis bas les armes, eut la perfidie de les reprendre contre le 108e régiment, lorsque celui-ci ne le considérait plus que comme prisonnier.
Ce fut à Telnitz que le chef de bataillon Chevalier, qui avait passé le premier un pont à la tête du 108e, fut enveloppé avec sa troupe par un très-grand nombre d'ennemis, sous l'effort desquels lui et les siens n'eussent pas manqué de succomber, si le chef de bataillon Lamaire, du même régiment, ne fut parvenu à se faire jour et à les débarrasser après l'action la plus sanglante.
L'ennemi se présentant en avant du village de Telnitz, le général Bourcier ; qui avait été chargé d'en observer les mouvements et de le contenir sur ma droite, fit exécuter une charge à sa première ligne, composée des 15e, 17e et 27e régiments de dragons ; cette charge, faite avec le plus grand ordre, força l'ennemi à se retirer précipitamment derrière un fossé que ne pouvait franchir notre cavalerie.
Dans cet instant surtout, la division de dragons eut beaucoup à souffrir de la mousqueterie et de l'artillerie de l’ennemi, dont elle se trouvait à très-petite portée.
L'ennemi, manœuvrant pour m'envelopper, déboucha avec de l'artillerie par Sokolnitz ; je le fis attaquer par les cinq régiments de la division Friant disposés par échelons.
La brigade du général Lochet fut présentée la première à cette attaque ; le 48e régiment, qui en tenait la tête, chargea à la baïonnette, parvint à s'emparer des premières maisons à l'extrême droite du village, et fit bientôt des progrès rapides, chassant l'ennemi de maisons en maisons.
Le 48e régiment, après avoir enlevé deux drapeaux, s'être rendu maitre de plusieurs pièces de canon, était débordé et allait être cerné dans Sokolnitz, lorsque le 111e régiment, qui avait été laissé en bataille à quelque distance de là, eut ordre de s'ébranler et de marcher sur une nuée de Russes qui s'avançait pour occuper la communication avec la brigade du général Kister ; ce régiment fournit sa charge avec le plus grand courage, et après avoir chassé l'ennemi de ta plaine bien au-delà du village, il s'y engagea à l'extrémité gauche, culbutant tout ce qui s'opposait à lui, et prit deux pièces de canon.
La brigade du général Kister, arrivée sur le terrain, se déploya et marcha à l'ennemi avec la même bravoure que celles qui la précédaient, et eut les mêmes avantages.
Le 15e régiment d'infanterie légère fut dirigé sur le pont en avant de Sokolnitz, en chassa un corps russe infiniment plus nombreux que lui, et pénétra pêle-mêle avec lui dans le village.
Cependant l'ennemi recevait de nombreux renforts de sa droite ; à l'aide de ces secours, il parvint à rallier ses troupes dispersées et à les reporter au combat ; deux fois même il força les nôtres à se replier. Par son mouvement rétrograde, le 15e régiment d'infanterie légère laissa un moment à découvert l'aile gauche du 33e de ligne, qui dut se retirer pour n'être pas débordé ; mais, le 15e bientôt rallié et ramené au combat, le 33e, par un changement de front, se trouva à son tour en mesure de prendre l'ennemi en flanc ; l'accord de ces deux régiments à marcher aux Russes, la baïonnette croisée, ne laissa plus à ces derniers l'espoir de reprendre un seul instant l'avantage. Le succès devint alors complet pour toutes les troupes de la division Friant ; toutes les positions furent emportées, et l'ennemi laissa avec ses armes et ses bagages une vingtaine de bouches à feu et beaucoup de prisonniers. Le champ de bataille était partout jonché de morts et de blessés.
Après la vigoureuse attaque de Telnitz, le 108e régiment, malgré les pertes considérables qu'il y avait faites, ne continua pas moins à combattre avec les autres corps de la division pendant tout le reste de la journée ...
Sans vouloir atténuer le mérite des trophées que se sont élevés en ce jour de gloire les divisions des autres corps d'armée, la division Friant croit avoir de justes droits à partager l'honneur d'avoir forcé à se rendre prisonnière une colonne de plusieurs milliers de Russes, qu'elle battit pendant tout le jour et qui fut recueillie par les troupes du 4e corps. Le 48e régiment, par exemple, se trouvait seul au milieu d'un corps ennemi, lorsque la colonne entière mit bas les armes.
Tout étant terminé sur les points d'attaque de la division Friant, je la fis porter vers les trois heures de l'après-midi sur le village de Melnitz, afin de couper la retraite à quatre bataillons et escadrons qui étaient aux prises avec les troupes du 4e corps d'armée ; celles-ci les culbutèrent en grande partie dans le lac.
Je rends avec un vif plaisir aux braves de la division Friant la justice de dire qu'ils ne comptèrent pas les ennemis à la glorieuse journée d'Austerlitz ; ceux qui franchirent un trajet de trente-six lieues en moins de trente-six heures surent aussi se multiplier sur le champ de bataille, pour faire tête et même l'emporter sur un ennemi cinq ou six fois plus nombreux et qui s'était flatté de la victoire. Si cette faible division eut près de 1,400 hommes hors de combat, elle en fit perdre des milliers à l'ennemi.
Je ne passerai pas sous silence la conduite du 1er régiment de dragons, qui combattit d'une manière distinguée avec la brigade du général Heudelet.
Je dois les plus grands éloges au général de division Friant, qui eut pendant l'action quatre chevaux tués ou blessés sous lui ; aux généraux de brigade Heudelet, Kister et Lochet : les deux derniers eurent chacun un cheval tué sous eux. Tous les trois eurent leurs habits criblés de balles et n'ont cessé de déployer pendant toute la bataille le zèle éclairé et les talents qui les caractérisent" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 219, lettre 131).
La paix de Presbourg, stipulée à Bratislava le 26 décembre 1805, met fin à la guerre, mais la paix va être de courte durée.
Le 27 décembre 1805 (6 Nivôse an 14), Davout écrit, depuis Presbourg, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Excellence un duplicata du rapport direct que j'ai dû faire à Sa Majesté, pour satisfaire à sa lettre du 22 du mois dernier, j'ajoute ici à ce rapport les faits détaillés que j'ai recueillis concernant les corps et les individus qui se sont le plus particulièrement distingués à la mémorable journée d'Austerlitz ; je prie Votre Excellence de vouloir bien les mettre sous les yeux de Sa Majesté et de solliciter sa bienveillance en faveur de ces braves.
(Voyez le rapport précédent fait à Sa Majesté l'Empereur.)
... Je dois citer ... le 111e et son colonel, M. Gay, méritent le même témoignage ... MM. les chefs de bataillon Cartier, du 33e régiment, Lacombe, du 48e, et Guigue, du 111e, furent blessés.
Je citerai également avec éloge MM. Chevalier et Lamaire, chefs de bataillon au 108e régiment ; M. Legrand, chef de bataillon au 33e ; MM. Dulong, du 15e régiment d'infanterie légère, déjà mutilé d'un bras, et Guinand, aussi chef de bataillon au 111e ...
Entre autres traits de bravoure qui illustrèrent la journée d'Austerlitz, j'aurai l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Excellence ceux ci-après :
... Dans le 111e régiment de ligne :
M. Nardin, sous-lieutenant de la 1re compagnie de grenadiers, entra le premier dans le dernier retranchement où tenait encore l'ennemi, près du pont de Sokolnitz, qui fut enlevé ; il fit lui-même 3 prisonniers et fut blessé à la seconde charge que l'on dut faire pour conserver ce poste.
Le sergent-major Combet, porte-drapeau au 1er bataillon, au moment où son bataillon venait d'être repoussé, poussa courageusement son aigle à 20 toises en avant du régiment, lui servit de point de ralliement et détermina une charge qui eut un plein succès.
Le sergent-major Sallio, quoique blessé dès le matin, resta constamment à sa compagnie et fut toujours le premier à marcher à l'ennemi ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 208, lettre 128).
"Note au Ministre de la Guere sur l'un des évènements de la bataille d'Austerlitz
Neubourg, 13 mars 1806.
... les Russes qui étaient dans la plaine et qui combattaient les 15e d'infanterie légère, 33e, 108e et 111e de ligne, furent, après une très-grande résistance et perte, culbutés contre les murs du parc ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 212, lettre 129).
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 3e corps du maréchal Davout
16e et 24e division
Anvers le 111e léger (note : comprendre de Ligne) à Charleroi et Cambrai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin … La division du général Broussier est composée de 9,000 hommes qui se composent de détachements des 6e, 9e, 15e et 25e d'infanterie légère (la CGN parle des 9e, 15e et 25e de Ligne), 76e, 21e, 27e, 30e, 33e, 39e, 51e, 59e, 61e, 69e, 12e, 85e et 111e de ligne : ordonnez que cette division soit dissoute et que ces détachements se dirigent à l'heure même, du lieu où ils se trouvent, par la route la plus courte, pour se rendre à leurs bataillons de guerre de l'armée …" (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12461).
Le 22 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée : "… Vous mettrez dans les 31e et 111e des Piémontais …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10861 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13075).
Le 28 septembre, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Général Lorges, Commandant de la 26e Division Militaire : "Vous ferez partir demain en une seule colonne sous les ordres de l’adjudant commandant Levasseur :
30 cuirassiers du 9e
100 hommes du 27e [de ligne]
210 hommes du 30e
120 hommes du 33e
140 hommes du 51e
180 hommes du 61e
80 hommes du 85e
180 hommes du 111e
Chaque homme sera muni de 50 cartouches, cette colonne qui sera au moins de 1 000 hommes se dirigera sur Würzburg et marchera en bon ordre. Chaque soldat devra avoir deux paires de souliers dans son sac.
Cette colonne sera rangée demain matin à 7 heures du matin en avant de Kassel.
L'adjudant commandant Levasseur recevra de nouveaux ordres à Würzburg sur la destination de sa colonne" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13120).
Plaques de shako du 111e, modèle 1806; celle de droite a été trouvée à Mojaïsk |
Le 8 octobre 1806, la Prusse déclare de nouveau la guerre à la France et déjà, à l'aube du 14, le 3e Corps d'armée de Davout et ses trois Divisions, la 1ère Gudin, la 2e Friant et la 3e Morand, se mettent en marche en se positionnant sur le flanc des Prussiens vers Auerstadt, tandis que l'Empereur, avec le gros des troupes, les engage frontalement à Iéna.
La combat est ardu, et la majeure partie des forces ennemies se dirigent droit sur Davout. Mais ce jour-là, ses Divisions font des miracles, manœuvrant avec précision comme sur un terrain de parade. Finalement, après de nombreuses charges furieuses et infructueuses menées également par Blucher lui-même, l'ennemi succombe face à la supériorité tactique des Français, et voit son armée complètement démantelée.
La Grande Armée, avec le 111ème ligne de ligne, entre dans Leipzig puis dans Berlin. L'Empereur accorde au 3e Corps, en raison de sa conduite héroïque au cours de la bataille d'Auerstadt, et avec lui au 111e ligne, l'honneur d'entrer le premier dans la capitale ennemie, en tant que garde d'honneur de l'empereur lui-même.
Après avoir traversé la ville de Berlin, le 111ème bivouaque quelques jours à quelques kilomètres de la ville, où il reçoit, le 28 octobre, une visite d'inspection de l'Empereur lui-même. Ce jour-là, Napoléon accorde 10 croix de la Légion d’honneur, 4 promotions de Capitaine, 2 de Lieutenant et 9 de Sous-lieutenant. Le Colonel Gay, qui a également été promu Général de Brigade, le même jour, passe le commandement du Régiment au Colonel Husson, du 108e Régiment de ligne.
PIERRE ANTOINE HUSSON Il est né le 21 mai 1769 à Grenoble. Il a commencé sa carrière le 1er juin 1787 en tant que soldat du 75e Régiment d'infanterie (Régiment de Monsieur) dont il a pris congé le 22 mai 1788. La révolution éclate; il entre comme Volontaire au 1er Bataillon de l'Isère et devient Sergent le 6 Novembre 1791, puis Sous-lieutenant le 20 décembre 1792, Adjduant-major le 22 juillet 1793 et ??Capitaine le 6 septembre 1795 dans l'Armée d'Italie. En Egypte, il obtient le grade de Chef de Bataillon et, à son retour en France, il est affecté au 3e Corps d'Armée dans le 108ème Régiment de Ligne avec lequel il combat en 1805 et 1806. Il devient Colonel commandant du 111ème de Ligne le 29 octobre 1806, succédant à Gay, et avec ce Régiment, il fait les campagnes de 1807, 1808 et 1809. Le 6 août 1811, il fut nommé Général de Brigade et est envoyé prendre le commandement de la place de Groningue. Il est ensuite chargé du commandement de la 1re Brigade de la 2e Division du 10e Corps d'armée. En 1814, il est capturé à Gdansk avec toute la garnison, avant de rentrer en France à la fin de 1814, alors que Napoléon est déjà en exil. Au cours des cent jours, il combat avec l'Empereur à Waterloo. Néanmoins, lors de la Restauration, il est nommé Inspecteur de l'infanterie en 1816. Il est admis à la retraite avec le grade de Lieutenant général le 7 décembre 1824. Décédé le 4 mai 1833 à Paris. |
Quelques jours de repos et le Régiment est de nouveau prêt à partir en direction du fleuve Oder. La campagne de Pologne est sur le point de commencer.
Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 6e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 111e Régiment de ligne, 1 du 28e Régiment d’infanterie légère, 1 du 12e Régiment de ligne, 1 du 25e Régiment d'infanterie légère, 1 du 14e Régiment de ligne ; total : 720 hommes.
Le 12 novembre 1806, le 3e Corps du Maréchal Davout comprend (effectifs théoriques car tous les renforts n’ont pas encore rejoint) :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e de Ligne, 10 Bataillons, 12 pièces, 8103 hommes.
2e Division, Friant : 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 8 Bataillons, 8 pièces, 6319 hommes.
3e Division Gudin : 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 5023 hommes.
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 1527 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
1807
Après avoir atteint Posen sur la Vistule, les soldats commencent à affronter les rigueurs du climat et les privations causées par la pénurie de nourriture. Au cours de cette période, ils sont obligés de manger de tout pour survivre : chevaux morts, pommes de terre pourries, biscuits moisis, bacon rance et même des bougies et des sacs à dos en cuir. Les brochettes de souris constituent un mets délicat qui toutefois entraine épidémies et maladies qui vont par la suite toucher les rangs du Régiment. L'état désastreux des routes, véritables mares de boue, et les attaques continuelles et soudaines des Cosaques, donnent un aperçu de ce que va être cette campagne.
Un autre mouvement amène les soldats à se battre près de Pultusk et de Golymin (26 décembre 1806).
Le 11 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Général Clarke : "... Le 111e régiment et beaucoup de régiments ont leur habillement à Berlin, où on le leur retient. Voyez à donner des ordres pour qu'il parte ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14008).
Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre qu'il soit délivré :
au 13e legère 96 capotes
... au 111e 40 ...
... Donnez ordre qu'il soit délivré des magasins de Varsovie 20 paires de souliers au 7e d'infanterie légère ...
40 au 111e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).
Puis le 8 février, près du village d’Eylau, où se déroule, avec de nombreux retournements de situation, l’une des batailles les plus incertaines et les plus sanglantes de cette période ; dans cette tourmente de neige et de plomb, l'armée perd pas moins de dix mille hommes.
Le 111ème n'a pas pris part à cette bataille car, isolé à 60 kms de distance, il est attaqué le 12 février par un fort contingent russe près du village de Mieszyniec et ce n'est qu'après un dur combat qu'il réussit à se dégager, obligeant l'ennemi à se retirer.
"Le général Grandeau, qui était resté à Myszyniec avec le 111e régiment et le 2e régiment de chasseurs à cheval, avait été attaqué le 12, à 9 heures du matin, par un corps composé d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie infiniment supérieur au sien. Il fut obligé de se faire jour à travers l'ennemi et, après lui avoir fait éprouver une perte considérable, il fit sa jonction avec le 5e corps" (Journal des opérations du 3e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 239).
Le 14 février 1807, le Major général écrit, depuis Eylau, au Général Grouchy : "L'empereur, général, est instruit qu'un parti de cavalerie assez considérable s'est présenté à Villenberg dans la journée du 12. En conséquence, Sa Majesté juge à propos que vous vous rendiez avec toute votre division de dragons à Heilsberg. En conséquence, je donne l'ordre au maréchal Davout de vous rendre la brigade que vous aviez envoyée à Donnau. Arrivé à Heilsberg, vous enverrez, dès demain, des officiers à Gutstadt, Seebourg, Allenstein, afin d'avoir des nouvelles de la cavalerie ennemie qui a passé le 12 à Villenberg. Votre objet est de protéger et de maintenir libres les routes par Lisptadt et Osterode et par Heilsberg, Gutstadt et Osterode, de manière à ce qu'elles soient à l'abri de toute incursion des Cosaques. Vous protégerez Allenstein et vous ferez promptement évacuer tous nos blessés sur Osterode etThorn. Vous vous mettrez en communication avec le maréchal Lefèbvre, qui doit être à Osterode avec de l'infanterie et de la cavalerie, et avec le général Savary, commandant le 5e corps, qui était le 11e à Ostrolenka, etc., qui a dû se porter à Willenberg au premier bruit de l'apparition de l'ennemi. Le général Oudinot, qui était à Pultusk, a dû également se porter sur Willenberg le 13. Enfin tâchez d'avoir des nouvelles du général Grandeau, qui avait ordre de se tenir à Myszyerec avec deux bataillons du 111e et deux cents chevaux pour protéger l'Omulew. Vous aurez soin de correspondre fréquemment avec moi par des officiers que vous m'enverrez en poste, car il est bien essentiel que l'empereur sache ce qui se passe sur vos derrières" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 301).
A cette occasion encore, Napoléon cite, dans une lettre datée du 21 février à Liebstadt, et adressée au Général de Division Savary, l'héroïque Régiment du Maréchal Davout qui, seul et sans lignes de couverture, a réussi pendant 15 jours à résister aux assauts de forces ennemies supérieures, leur imposant leur respect et sauvegardant les lignes de communication avec Varsovie. Dans cette lettre, Napoléon se réfère précisément au 111e de Ligne.
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
3e corps
... 111e de ligne ... Dépôts à Thorn ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 11 mars 1807, à 8 heures du soir, Murat écrit, depuis Passenheim, à Napoléon : "Je suis arrivé avec les trois divisions de cavalerie, toute la division Oudinot, le 12e régiment de chasseurs à cheval et un bataillon du 111e régiment. Le 9e régiment d'hussards occupe Mensguth ; il doit faire enlever cette nuit le bailli de Bischofsburg et celui de Sensburg, si l’ennemi n'occupe point ces deux endroits en force, ce serait un véritable coup de partisan, car Sensburg est la route de communication des armées de Bennigsen et de Essen, intercepterait on certainement quelques courriers et on pourrait avoir par là des nouvelles sûres de l'ennemi.
Je marcherai demain sur Wartemburg ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 136, lettre 2855 - Lettre citée dans le Catalogue Charavay (août 1901, n° 47445) et publiée par M. A. LUMBROSO, Correspondance de Murat, n° CLXXXVIII).
Le 12 [mars] 1807, à 10 heures et demie du soir, Murat écrit, depuis Wartenburg, à Napoléon : "Je pense que Votre Majesté aura reçu le rapport que je lui ai adressé hier soir de Passenheim.
Je suis établi à Wartenburg. Le colonel Guyon avec son régiment, un bataillon du 111e venant de Kukuckswalde, et le colonel Excelmans venant de Allenstein, avec son régiment et le 30e d'infanterie, sont entrés dans la ville à dix heures du matin. L'ennemi n'y était pas. Cent cosaques y étaient venus hier pour faire exécuter des réquisitions et en partirent de suite, ils venaient de Seeburg ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 137, lettre 2856).
Le 13 mars 1807, Murat écrit à Berthier : "J'ai reçu les ordres que Votre Altesse m'a adressés de la part de Sa Majesté, ils seront exécutés. Hier au soir le colonel Guyon, avec son bataillon du 111e et le 9e d'hussards, a attaqué et fusillé les cosaques sur Bischofsburg au village de Rydbach, ils en ont tué et blessé plusieurs, et pris deux, je les attends pour les faire questionner ...
Je concentre mes troupes sur Wartenburg que j'occuperai avec les carabiniers à cheval, le 12e de chasseurs à cheval et le bataillon du 111e" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 139, lettre 2857; Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 22).
Le même 13 mars 1807, Murat écrit, depuis Wartenburg, à Napoléon : "... Le colonel Guyon rentrera sous les ordres du maréchal Davout avec le bataillon du 111e ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 141, lettre 2858).
Le 20 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lcuée "… Mettez aussi bon nombre de Piémontais dans les tirailleurs du Pô, le 31e léger et le 111e de ligne : ces régiments doivent toujours être composés de Piémontais …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12096 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14775).
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
… 111e d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Le 18 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, à M. Lacuée : "… Dans le 31e, le 111e et le 26e de chasseurs, mettez des Piémontais …"(Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12401 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15312).
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois que de Mayence vous pourriez faire partir :
... du 111e 500 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Le 10 mai, après diffrentes marches de mouvement, le Régiment atteint Doringen où il reçoit un contingent de 480 nouvelles recrues en provenance de Turin.
Composition du 3e Corps du Maréchal Davout au 16 mai 1807 :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e et 65e de Ligne, 12 Bataillons, 7185 hommes.
2e Division, Friant : 15e Léger, 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 10 Bataillons, 7361 hommes.
3e Division Gudin : 7e Léger, 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 10 Bataillons, 7632 hommes.
Artillerie et Génie
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 692 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 111e 150 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).
D'autres marches et des manœuvres d’entraînement occupent tout le mois de mai, mais arrive alors l’ordre de marcher en direction de la forteresse de Koenigsberg, afin d'assiéger la ville. Mais, alors il atteint sa nouvelle destination, le Régiment est immédiatement envoyé à Friedland où une nouvelle grande bataille doit avoir lieu. Bataille qui s’est avérée être l’une des plus sanglantes de l’ère napoléonienne et où l’armée russe a subi une lourde défaite.
Le 111ème Régiment, toutefois, arrive sur les lieux au moment où la bataille s'achève. Peu de temps après, un armistice a conduit à la cessation des hostilités, et des négociations sont entamées en vue de la conclusion du traité de paix de Tilsit. Toute la Division est donc envoyée à Barfolens où la construction d'un véritable camp stable a été commencée, et où les soldats peuvent finalement se rétablir, grâce à de la nourriture et des vêtements provenant des voitures françaises mais également de matériels récupérés sur l'armée russe.
Le 111e est approvisionné en tissu vert foncé, destiné à l’origine aux uniformes de l’infanterie russe, mais avec lequel les soldats vont tailler de nouveaux uniformes, remplaçant ceux qui sont désormais trop usés. Tous les autres Régiments, à la vue de ces uniformes verts, baptisent les soldats du 111ème "les lézards du 3ème corps d'armée".
Le 28 juin, les troupes sont choisies pour être examinées par les deux Rmpereurs et encore invitées à faire la démonstration au Tsar Alexandre de leur talent dans les manœuvres militaires.
Le 7 juillet, le traité de paix de Tilsit est signé, et le 3e Corps d'armée, alors que toute l'armée rentre au pays, est chargé de garantir la stabilité du nouvel État du Grand-Duché de Varsovie.
Le 18 juillet 1807, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Dejean : "Monsieur Dejean, vous avez eu tort d'envoyer à Chambéry le dépôt du 111e régiment. Je vous l'ai dit, et je vous le répète, je ne veux point changer les dépôts, parce que tous ces changements me coûtent beaucoup d'argent ... les dépôts, il ne faut jamais les changer, si ce n'est une fois pour toutes à la paix générale ou à une occasion importante" (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12916 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16027).
- Inspection du Dépôt du 111e Régiment à Mayence par le Général Schauenburg, le 23 novembre 1807
"Dépôt du 111e Régiment d’Infanterie de Ligne. Revue passée à Mayence le 23 novembre 1807.
Espèce d’hommes. Petite.
Habillement. Bon, les culottes trop larges.
Equipement. Bon.
Armement. Idem.
Tenue. - .
Discipline. Bonne.
Maniement d’armes. Médiocre.
Manœuvres. Idem.
Retenue. Aux Officiers, une journée de trop pour la musique.
Ordinaire. Bon.
Pain. Bon.
Casernes et fournitures. Très Mauvaise.
Conscrits. - .
Finances. La comptabilité en deniers et effets pour l’an 13 n’a pas arrêtée par l’Inspecteur général, attendu qu’il ne l’a pas trouvée arrêtée par l’Inspecteur aux revues.
Les registres sont tenus avec ordre et régularité.
Les dépenses pour les frais de bureau sont très fortes.
Résumé.
S. E. peut prendre confiance aux notes que m’a remis M. le Major Desprez ayant toujours connu cet Officier pour avoir une grande loyauté, celle que donne ce Major à M. Gassa, Adjudant-major, est des plus méritées, j’ai trouvé cet Officier pendant trois revues commandant le Dépôt, c’est celui de la garnison de Mayence duquel j’ai eu toujours le plus à me louer pour l’exactitude du travail du au zèle infatigable de ce bon Adjudant-major. J’ose garantir V. E. qu’elle ne pourrait porter son choix sur un meilleur Officier pour en faire un Lieutenant-colonel ; s’il n'a pas fait cette campagne, ce n’est pas qu’il n’ait pas fait toutes les démarches possibles à cet égard.
J’ai refusé à ce corps 4 hommes.
Ordre.
Le Général de division Schauenburg Inspecteur général d’Infanterie n’a pas arrêté la comptabilité en deniers et effets du 111e Régiment d’Infanterie, ne l’ayant pas trouvée arrêtée par l’Inspecteur aux revues.
Il a examiné les registres il les a trouvés tenus avec ordre et régularité.
Il a trouvé aussi que la dépense de l’an 13 pour les frais de bureau montant à 3248 frs 05 c. sont très fortes notamment celles des bataillons de guerre qui se montent à 2267 frs.
La retenue faite aux Officiers, pour la musique, de deux journées de solde par mois étant contraire à l’instruction de S. E. le Ministre de la guerre, l’Inspecteur général ordonne que cette retenue ne sera que d’une journée de solde, à dater du 1er novembre courant" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Le Général Schauenburg adresse au Ministre de la Guerre, au Ministre Lacuée et au Ministre Dejean le résultat de sa revue le 3 janvier 1808; le résultat de la Revue est également adressé au Corps le 6 janvier 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
À la fin de l'année, le Régiment reçut encore de nouvelles recrues et, le 31 décembre 1807, il compte dans ses rangs 62 Officiers et 2270 soldats.
/ Le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan, 1807-1808
L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.
Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Avec le 6e Régiment provisoire d’infanterie formé de détachements des 27e, 70e, 95e, 111e de Ligne.
1808
- Espagne
En 1808, commence la campagne d'Espagne à laquelle le 111e prend part de manière limitée, puisque, alors que la majeure partie du Régiment demeure en garnison en Pologne, se limitant à de courts déplacements tactiques, au Quartier général du Régiment est organisé un 4e Bataillon avec 700 recrues provenant des départements du Taro et du Po.
Ce bataillon, intégré dans le Corps du Maréchal Moncey, au sein du 6ème Régiment provisoire, Brigade Lefranc, 2e Division Gobert, est envoyé en Espagne, à Vittoria, puis à Madrid, où le célèbre "dos de majo", il participe aux affrontements avec la population à la porte de S. Bernardino, théâtre de l'un des combats les plus sanglants de cette campagne.
Les soldats du 111ème ont été impliqués dans des épisodes d'une extrême cruauté, subis mais aussi infligés à des civils en représailles, une succession d'actes de violence et de crimes horribles qui ont caractérisé toute la campagne en Espagne.
Le 3 juillet 1808, la Division Gobert présente l'organisation suivante :
Division Gobert; Brigade Lefranc, 5e Régiment provisoire, à Cuenca 1741 hommes; 6e Régiment provisoire, en route, 1492 hommes, commandés par le Major Degromety, du 95e de Ligne : 1er Bataillon, 4es compagnies du 76e ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 27e ; 3e Bataillon, 4es Compagnies du 111e ; 4e Bataillon, 4es compagnies du 95e. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Blondel et Nied (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 329).
Par ailleurs, dans une lettre adressée à Berthier le 17 novembre 1808, l'Empereur écrit : "Mon Cousin ... Les 45 hommes du 111e seront incorporés dans le 95e ..." (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2465; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19288).
Le Bataillon, envoyé dans la péninsule ibérique, disparait rapidement, avec le passage des vétérans dans les rangs du 116ème Régiment de Ligne de nouvelle formation.
- Pologne
Entre-temps, en Pologne, le reste du Régiment poursuit ses activités de routine en se partageant entre missions de police et de contrôle, et entraînements aux manœuvres militaires.
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 16e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 96e, 100e, 103e, 105e, 111e, 12e, 64e d'infanterie de ligne, du 32e d'infanterie légère et de quatre compagnies du 36e régiment de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 16e régiment provisoire sera composé, savoir :
... 2e bataillon : d'une compagnie de 150 hommes du 111e de ligne, d'une du 12e, d'une du 64e et d'une du 32e d'infanterie légère ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
... Le 16e régiment provisoire sera ainsi composé :
2e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 111e régiment de ligne
une du 12e régiment de ligne
une du 64e régiment de ligne
une du 32e régiment de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
3e Corps de la Grande Armée. Vous chargerez le maréchal Davout de faire l'opération pour son corps d'armée. Il y a dans ce corps d'armée des régiments qui ont deux bataillons et d'autres qui en ont trois ... Le 12e de ligne a deux bataillons au 3e corps ; il n'y a pas de difficulté pour le former à trois bataillons. Il en est de même des 25e, 48e, 65e, 85e, 108e et 111e. Tous ces régiments, ayant un effectif de plus de 2,000 hommes, auront l'effectif de leurs cadres rempli à raison de 140 hommes par compagnie ... " (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 28 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Les Piémontais dans le 31e et 111e et 26e chasseurs et 21e dragons ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17302).
Le 1er mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "... Je voudrais d'ailleurs que vos états fussent classés par armée ; ... que le Piémont fût aux 31e, 32e, 37e légères et au 111e de·ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17312).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
... 3e corps
111e id. 80 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
En mai 1808, le Dépôt du Régiment est transféré de Mayence à Spire. En effet, le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 111e de Mayence sur Spire ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
2e régiment de marche : deux bataillons de dix-huit compagnies (à Mayence) 2520 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860.
2e Id. 3.920 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 2e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
6° 2e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 3e CORPS ...
4e bataillon (7 compagnies).
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, de Coblenz, 85e de ligne. 420
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, d'Anvers, 108e de ligne. 420
Une compagnie de 140 hommes, de Spire, 111e de ligne. 140
980 ...
2.
61e. 3
85e 3
111e 3
Mayence, 840 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
En juillet, les Bataillons occupent les positions suivantes :
-
le 1er Bataillon, 17 Officiers et 725 soldats, détachés à Wloclawek;
-
le 2e Bataillon, 18 Officiers et 733 soldats, détachés à Brzesc;
- le 3ème Bataillon, 19 Officiers et 759 soldats, détachés à Lubraniec.
Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg ...
La 2e brigade qui se réunira à Mayence sera composée des 3e et 6e régiments de marche, composés chacun de détachements des 3e et 6e corps de la Grande Armée qui ont besoin d'être renforcés pour être portés au complet.
... La 2e brigade qui se réunira à Mayence sera composée des 3e et 6e régiments de marche, composés chacun de détachements des 3e et 6e corps de la Grande Armée qui ont besoin d'être renforcés pour être portés au complet.
Le 3e régiment de marche sera composé de 2 bataillons :
... 2e bataillon : 3 compagnies du 61e de ligne
3 compagnies du 85e de ligne
et 3 compagnies du 111e
... Cette brigade se réunira à Mayence." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).
En août, le Régiment reçoit l'ordre de se diriger vers la frontière autrichienne.
Le 24 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai lu avec attention l'état de situation n° 3 des corps de la Grande Armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez quelques changements : ... il ne manque rien aux 3 bataillons du 111e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2211 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18751).
Le 29 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois que dans sa situation actuelle le corps du général Oudinot n'a que 8794 hommes, tandis qu'il devrait être de 11200 hommes ; il lui manque donc 2500 hommes. Je désire que vous donniez les ordres suivants aux bataillons de guerre.
Nombre d’hommes à fournir
... Du 30e de ligne, de fournir audit corps 30 grenadiers, 15 voltigeurs
... Au 111e de ligne 40 40
... Ces hommes seront fournis sur-le-champ, en les choisissant aux bataillons de guerre de la Grande Armée, ce qui complétera ces compagnies à 140 hommes chacune ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2222 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18779).
Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… … Les 4es bataillons du 3e corps qui doivent rejoindre l'armée cet hiver, sont ceux des ... 12e, 21e, 25e, 30e, 33e, 48e, 61e, 65e, 85e, 108e et 111e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2255; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18825).
En Octobre 1808, devant les mauvaises conditions climatiques, l’état des baraques qui laissent passer l'eau et le froid et créent des maladies, Davout évacue ses cantonnements. Il écrit à Berthier, depuis Breslau, le 8 octobre 1808 :"Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'ai dû faire lever les camps aux troupes sous mes ordres ; plusieurs motifs m'ont déterminé à cette mesure.
Les divers camps établis en Silésie avaient été construit pendant la belle saison ; toutes les baraques étaient en planches, et il s'en faut de beaucoup que l'on ait apporté dans leur construction tous les soins nécessaires pour les rendre tenables dans la saison des pluies. Le peu de précautions qu'on avait prises particulièrement dans la construction des toitures rendait ces baraques extrêmement froides pendant les belles nuits et inhabitables par un temps de pluie. Les pluies continuelles qui ont eu lieu pendant la dernière quinzaine de septembre et les premiers jours d'octobre influaient déjà d'une manière alarmante sur la santé des troupes campées, à qui il n'était pas possible de procurer des paillasses et des couvertures ; nos hôpitaux s'encombraient chaque jour, au point de faire craindre de ne pouvoir y recevoir l'affluence des malades.
La plupart des camps étaient d'ailleurs mal situés, les terrains sur lesquels ils étaient établis étant inondés après les premiers jours de pluie.
D'après ces considérations, je n'ai pas hésité à ordonner l'évacuation des camps et à faire cantonner les troupes ; elles le sont dans l'ordre suivant :
... 2e division. - Trois régiments de la 2e division commandée par le général Friant, les 33e, 48e et 111e, tiennent garnison à Breslau ; le 15e régiment d'infanterie légère occupe Ohlau, Srehlen et Nimptsch ; le 108e régiment est cantonné à Oels, Bernstadt et Namslau ; l'artillerie de cette division est à Breslau ...
Depuis la levée des camps, les malades ont beaucoup diminué, et la situation des hôpitaux s'améliore sensiblement" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 301, lettre 516).
Le 12 octobre, il est intégré à la nouvelle Armée du Rhin.
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "1° Les vingt et un régiments de l'armée du Rhin seront complétés à quatre bataillons. A cet effet, les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons des 30e et 33e de ligne, du 10e d'infanterie légère, des 105e, 22e, 57e, 65e, 72e, 3e, 12e, 61e, 85e et 111e de ligne, qui font partie du corps que commande le général Oudinot, partiront au 10 janvier prochain de leurs cantonnements actuels pour rejoindre les bataillons de guerre de leurs régiments respctifs, hormis les régiments qui ont ordre déja, qui rentrent en France.
Les 4es bataillons des 48e de ligne, 13e légère, 108e, 72e et 65e et autres joindront également leurs corps à l'armée du Rhin aussitôt qu'ils seront complétés à 840 hommes et commenceront le 1er mars.
Les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons qui rejoindront leurs régiments formeront le fond des 4es bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
Le 21 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Madrid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris "… Mon intention est que les premières opérations pour la conscription commencent au 15 janvier, et que les conscrits soient en pleine marche au 15 février. On aura soin que tous les conscrits d'au delà des Alpes soient envoyés dans le Nord, dans l'Ouest et sur le Rhin, et spécialement au 31e léger, au 111e de ligne, au 26e de chasseurs, au 21e de dragons et aux tirailleurs du Pô …" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14601 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19591).
1809
Reonstitution du 111e de Ligne en 1809 |
Les premiers mois de l'année se déroulent sereinement pour les soldats cantonnés dans les campements allemands.
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, voulant compléter mon armée du Rhin, mon intention est que ... Les 1er, 2e, et 3e bataillons du 15e léger ont besoin de 800 hommes pour les compléter ; ils paraîtront à ma revue le 16, et partiront de Paris le 17 pour Mayence. Le dépôt du 33e de ligne fera partir pour Mayence 200 hommes ; le dépôt du 48e, 200 hommes ; celui du 108e, 300 hommes ; et celui du 111e, 60 hommes. Ces détachements fourniront 1 560 hommes composant ensemble un bataillon de marche sous le titre de 2e bataillon de marche de l’armée du Rhin ...
Ces bataillons de marche se réuniront à Mayence le plus tôt possible. On n’y mettra que le nombre d’officiers et de sous-officiers nécessaires pour conduire les hommes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée à Mayence, et je donnerai des ordres pour leur direction sur l’armée du Rhin ...
Les 33e, 48e, 108e, et 111e de ligne tiendront prêtes à partir pour la même destination autant de compagnies de fusiliers qu’ils pourront, à 140 hommes chacune ...
Les compagnies destinées aux 4es bataillons doivent être préparées sans aucun retard, pour que j’ordonne leur départ" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20015).
Le 25 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Le 30e tiendra prête une compagnie ; le 33e, une compagnie, le 61e, une compagnie, le 85e, une compagnie et le 111e, 3 compagnies.
Toutes ces compagnies se réuniront à Mayence, à l'exception de celles du 7e régiment d'infanterie légère, qui resteront à Huningue.
Aussitôt qu'elles seront rendues à Mayence, elles formeront deux bataillons de marche, l'un de 7, et l'autre de 6 compagnies, sous le nom de 1er et 2e bataillons de marche des 4es bataillons de l'armée du Rhin.
Vous me ferez connaître quand ces différentes compagnies seront en état de se mettre en route ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2822 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20127).
Déjà en mars, les soldats commencent à percevoir les premiers signes d'un nouveau conflit avec l'Autriche.
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris et lui prescrit d'étudier la formation d'un Corps de Réserve en utilisant les 5e Bataillons en tout ou en partie : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 9e régiment provisoire :
Le 9e régiment provisoire sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 27e, 30e, 33e, 61e, 111e, 40e. Il se réunira à Mayence ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 3 mars 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l'ordre qu'une ou deux compagnies de fusiliers complétées à 140 hommes des quatrièmes bataillons des 12e, 25e, 33e, 61e, 65e, 22e, 85e, 111e, et 5e légère, partent sans délai pour Strasbourg.
On formera de ces compagnies autant de bataillons de marche qu'il y aura de fois six compagnies, en ayant soin de mettre ensemble les compagnies des régiments qui appartiennent à l'armée du Rhin.
On appellera ces bataillons, bataillons de marche des quatrièmes bataillons de l'armée du Rhin ; ainsi il y aura à Strasbourg trois espèces de bataillons de marche : les bataillons de marche du corps d'Oudinot, les bataillons de marche de l'année du Rhin, les bataillons de marche des 4es bataillons de l'armée du Rhin.
Je crois avoir compris dans ce nombre toutes les compagnies des quatrièmes bataillons qui ont leurs grenadiers et voltigeurs à l'armée du Rhin ; s'il m'était échappé quelque corps, faites-le-moi connaître" (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809. 2849; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20196).
Le 9 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les deux compagnies du 10e d'infanterie légère, du 3e de ligne, du 57e, du 62e et du 22e formant dix compagnies seront réunies en un bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche des 4es bataillons de la division Saint-Hilaire.
Les deux compagnies du 12e, du 30e, 61e, 65e, 85e, 105e et 111e formeront un second bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche du 4e bataillon de l'armée du Rhin.
Faites-moi connaître le plus tôt possible le nombre d'officiers, sous-officiers et soldats que les corps pourront fournir à ces compagnies afin de pourvoir à les compléter. Ces 2 bataillons se rendront à Strasbourg" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20308 - La minute (Archives nationales, AF IV 879, mars 1809, n° 146), qui est la dictée, est datée à posteriori de Rambouillet le 11 mars).
Le 21 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre au général sénateur Demont de se rendre à Würzburg pour être employé au corps du duc d'Auerstaedt. Faites connaître au duc d'Auerstaedt que je désire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui serait composée des 4es bataillons du 30e, du 61e, du 65e, du 33e, du 111e, du 12e et du 85e de ligne ; ce qui fait sept bataillons. Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 500 hommes ; ils ne forment donc qu'une force de 3,500 hommes ; mais ils vont bientôt recevoir une compagnie qui leur produira une augmentation de 1,100 hommes. Les 4es bataillons des 48e, 108e, 25e de ligne et 13e léger ne doivent pas tarder à partir de Boulogne ; ce qui portera le nombre des 4es bataillons à onze ; on pourrait y joindre ceux des 7e léger, 17e et 21e de ligne ; ce qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît nécessaire ; les divisions restant composées de cinq régiments, et chaque régiment ayant un complet de 2,500 hommes, les divisions seraient de plus de 12,000 hommes ; si l'on y laissait les 4es bataillons, elles seraient de 14 à 15,000 hommes ; ce qui est beaucoup trop fort pour une division. La formation des 4es bataillons n'est pas encore terminée ; il sera bon de les avoir sous la main et en dépôt pour être réunis. Il y a aussi un avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a trois bataillons en ligne et un bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce bataillon des ressources pour réparer ses pertes. Je désire donc que le corps du duc d'Auerstaedt soit composé de la manière suivante : des divisions Morand, Gudin, Friant et d'une quatrième division formée des kes bataillons de chacune des trois premières divisions. Chacune de ces trois premières divisions doit avoir trois généraux de brigade, un pour l'infanterie légère, et les deux autres commandant deux régiments de ligne ou six bataillons. La division du général Demont devra avoir trois généraux de brigade : un, commandant les 4es bataillons de la 1re division ; un, commandant les 4es bataillons de la 9e division, et un, commandant les 4es bataillons de la 3e division. Deux ou trois bataillons de la même division seront réunis sous le commandement d'un major. Les 4es bataillons des 13e léger, 17e et 30e de ligne seront réunis sous un major de l'un de ces trois régiments. Les 4es bataillons des 61e et 65e seront commandés par un major de l'un de ces deux régiments. Par cette formation, tous les avantages se trouvent réunis ; et le duc d'Auerstaedt aura quatre généraux de division, douze généraux de brigade, quatre adjudants commandants, et soixante pièces de canon, à raison de quinze pièces par division, indépendamment de l'artillerie attachée à la cavalerie, et des généraux et adjudants commandants attachés à son état-major" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14934 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20469).
Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
il ne reste plus qu'à pourvoir à la formation des 5es et 6es compagnies des 4es bataillons afin de compléter ces 4es bataillons en Allemagne. Voici les dispositions que je me propose de prendre à cet égard :
Je désire que les 5es et 6es compagnies des 4es batai1lons du 30e, 31e, 33e, 111e, 12e, 85e, 7e d'infanterie légère, 10e, 3e, 22e, 57e et 105e se forment le plus tôt possible au complet de 140 hommes. Ces compagnies seront dirigées sur Strasbourg, où on les formera en bataillons de marche. On fera autant de bataillons de marche qu'il y a de divisions à l'armée ...
Le 2e bataillon sera composé des 2 compagnies des 33e, 111e régiment et portera le nom de bataillon de marche des 4es bataillons de la division Friant ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899, t. 1, p. 550-554).
Le même jour, 23 mars 1809, l'Empereur écrit encore, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il manque pour compléter les 4 divisions de l'armée du Rhin 1550 hommes.
... Un 2e bataillon portant le nom de bataillon de marche de la division Friant sera composé de 100 hommes du 15e léger, de 100 hommes du 33e, destinés au 4e bataillon et de 100 hommes du 111e destinés au 4e bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2994 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20515).
Le 30 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, à Berthier, Major général, ses instructions, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la Composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée. Le 111e de Ligne doit faire partie du 3e Corps d'Armée commandé par le Maréchal Duc d'Auerstadt; 2e Division Friant, 3e Brigade Gautier. Le 4e Bataillon doit quant à lui faire partie de la 2e Brigade de la 4e Division Demont du 3e Corps (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).
Le Régiment est envoyé à Bayreuth, mais à peine en vue de la ville de Hahnbach, il se trouve face à quatre Bataillons d'infanterie autrichiens avec plus d'un millier de cavaliers alignés en formation de combat. L'affrontement est très violent, mais le 111ème Régiment résiste jusqu'au soir. Le lendemain matin, les Autrichiens se sont retirés et, pendant que les soldats assistent les blessés, une Compagnie de Voltigeurs est envoyée pour venir en aide au 1er Régiment de Chasseurs à cheval attaqué à Amberg.
Le 13 avril 1809, à 6 heures du matin, le Maréchal Davout écrit, depuis Hemau, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "… Le général Friant, dans sa marche, n’a pas perdu un seul chariot : l’intention de l’ennemi parait avoit été de l’empêcher de se porter à Amberg. Les Autrichiens, ainsi que j’ai eu l’honneur de vous en rendre compte, étaient entrés le 8 sur le territoire bavarois. Le 10, ils ont obligé les troupes légères qui étaient à Wernberg et à Hirschau de se replier, et quatre bataillons autrichiens avec environ 1000 chevaux se sont présentés, le 10, à Hambach. Prévoyant ce mouvement, j’y avais fait porter le 111e ; un de ses bataillon y arrivait comme les Autrichiens s’y présentaient. Une fusillade assez vive s’est engagée et a duré toute la nuit sans que l'ennemi ait pu s'emparer d'Hamhach. Les Autrichiens se sont repliés, voyant arriver des troupes du côté de Bayreuth, sans avoir pu remplir leur objet ...
Nous avons eu 18 à 20 blessés à l'affaire d'Hambach ; les Autrichiens en ont perdu beaucoup plus : on a trouvé 10 cadavres ennemis sur le champ de bataille, dont 2 officiers …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 462, lettre 652).
Dans les jours qui suivent, le 111e reçoit l'ordre de se diriger vers Regensburg (Ratisbonne), mais dès son arrivée, le Régiment est contraint de se replier en raison des nombreuses troupes de l'Archiduc Charles qui menacent la ville.
Des combats sanglants ont lieu à Heusen et à Tengen, qui vont aboutir aux batailles victorieuses d'Abensberg et d'Eckmul. Le Maréchal Davout, principal architecte de ce succès, est récompensé par l'octroi du titre de Prince.
Après le combat de Landshut et la retraite de l'Archiduc Charles, le 111ème Régiment participe à la reconquête de Ratisbonne, puis marche sur la rive gauche du Danube jusqu'à l'entrée de Vienne le 13 mai.
Mais l'Archiduc Charles se montre obstiné, se retirant au-delà du fleuve et rassemblant ses troupes dans la plaine de Wagram, tandis que les Français occupent l'île Lobau, qui constitue une véritable forteresse destinée à accueillir des milliers de soldats.
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 111e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Les 3 mille hommes qui étaient réservés pour le dépôt de Strasbourg seront distribués de la manière suivante :
700 hommes à la division Saint-Hilaire indépendamment de ceux accordés dans le travail de M. Lacuée,
1100 hommes à la division Friant, aussi indépendamment de ceux accordés dans le travail de M. Lacuée
et 1200 hommes au corps du duc de Rivoli,
total 3000 hommes, le tout conformément au tableau C ...". L'Etat C qui suit cette lettre indique que 115 hommes doivent être dirigés sur le Dépôt du 111e de Ligne, et que 115 hommes doivent être envoyés par le Dépôt aux Bataillons de guerre à la Division Friant. Enfin l'annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" indique, concernant la Division Friant, composée de 5 Régiments dont le 111e de Ligne : "On n’avait proposé que 282 conscrits pour compléter les compagnies que ces 5 régiments ont aux demi-brigades provisoires, on leur en donne 1295", dont 380 pour le 111e. Cette même annexe donne également la composition de la 10e Demi-brigade provisoire : 27e de ligne qui reçoit 40 hommes; 30e id. 40; 33e id. complété à la Division Friant; 61e id. qui reçoit 250 hommes; 111e id.; 40e id. qui reçoit 110 hommes; au total donc, 440 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Lors de la l'importante et décisive bataille de Wagram, les 5 et 6 juillet 1809, le 111ème Régiment sous le commandement du Maréchal Davout, est longuement engagé dans des affrontements à la droite de l'armée près du village de Glinzendorf. Au cours de ces moments d'une extrême tension, les soldats voit soudain apparaitre Napoléon en personne, venu dans l'intention d'étudier les positions et d'installer une batterie d'artillerie pour soutenir ces braves soldats. Les hommes l'accueillent avec des cris de joie.
Une fois de plus, les troupes françaises sortent victorieuses de cette bataille et, à la suite de l'armistice signé à Vienne, le 111ème Régiment est envoyé occuper Brunn où il reçoit 380 nouvelles recrues pour remplacer les soldats tombés au combat.
Le 15 juillet 1809, Napoléon écrit au Général Clarke : "Mon intention est de supprimer (...) la 10e demi-brigade provisoire. Ainsi, les compagnies des (...) 111e (...) qui en font partie, se rendront sans délai à Vienne" (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 3308; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21511).
Le 30 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'armée d'Allemagne : "... Avez-vous des nouvelles ... d'un détachement de 6 ou 700 hommes des 33e, 111e et 15e léger qui doivent arriver du 1er au 2 août à Vienne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21656).
1810-1811
Plaque de shako du 111e de Ligne, modèle 1810 (Collection Giovanni Casetta) |
Plaque de shako du 111e de Ligne, modèle 1810 |
Plaque de shako du 111e de Ligne, modèle 1810, trouvée à Smolensk |
- Allemagne et France
Les années 1810 et 1811 sont deux années de calme relatif, et le Régiment consacre ses journées à des entraînements intensifs et épuisants. Les seules remarques notables concernent la visite de la nouvelle Impératrice Marie-Louise qui s'était rendue en France en 1810 pour son mariage avec Napoléon.
Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
ARMÉE D'ALLEMAGNE ...
Le grand quartier général, les grandes administrations, les parcs généraux d'artillerie et du génie, et tout ce qui appartient à l'état-major général de la Grande Armée, sont dissous à dater du 1er avril prochain.
Les états-majors et administrations, et tout ce qui tient à l’organisation des 2e et 4e corps et de la réserve générale de cavalerie, sont dissous conformément aux dispositions prescrites par des décrets des 7 et 18 février dernier.
En conséquence, l'armée qui restera en Allemagne sous le commandement du prince d’Eckmühl sera composée de la manière suivante, savoir :
... 2e division d’infanterie, commandée par le général Friant, composée des 15e régiment d'infanterie légère, 33e, 48e, 108e et 111e régiments d'infanterie de ligne.
Cette division sera cantonnée du côté de Ratisbonne, de Nuremberg et de Straubing ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).
Le 23 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... Renouvelez vos instructions au directeur de la Conscription sur le classement des conscrits et réitérez-lui que le 111e doit être composé de Piémontais et qu'aucun Français ne doit y entrer ; que mon intention est même que les officiers soient piémontais, à l'exception du colonel et de deux officiers ... Cela ne souffre aucune espèce d'exception. Donnez des instructions pour qu'il n'y ait aucune altération dans ce principe ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24650).
Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… 1er corps : le 7e d'infanterie légère formerait quatre bataillons ; le 13e, quatre ; le 15e, quatre (le 4e bataillon de ce régiment, étant en Espagne, serait remplacé par le 3e bataillon du 6e léger) ; le 33e d'infanterie légère, quatre ; le 12e de ligne, quatre ; le 17e, quatre ; le 21e quatre ; le 25e, trois (le 4e bataillon en Espagne) ; le 30e, quatre ; le 33e quatre ; le 48e, quatre ; le 57e, quatre ; le 61e, quatre ; le 85e, quatre ; le 108e, quatre ; le 111e, quatre ; total, 16 régiments formant 63 bataillons.
Ces 63 bataillons composeraient 4 divisions ; chaque division serait formée d'un régiment d'infanterie légère et de 3 régiments de ligne. Ce premier corps serait celui qui est actuellement en Allemagne, sous les ordres du prince d'Eckmühl ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).
Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ...Le 4e bataillon du 43e de ligne sera complété également à 900 hommes, moyennant 100 hommes du 43e ; 200 du 18e ; 100 du 3e ; 100 du 111e ; 150 du 57e ; 150 du 105e ; 200 du 17e ; total 1000 hommes. Ce bataillon se formera également à Tours ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).
le 3 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai lu attentivement les états de la conscription ... Je sens bien cependant que ... les Piémontais et les Génois ne peuvent pas être envoyés dans les mêmes corps, hormis dans le 111e, qu'ils ne peuvent pas être envoyés en Italie ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25833).
Le 13 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, au 1er avril l'armée d'Allemagne sera composée de la manière suivante :
... 2e division : le général de division Friant, commandant ; les généraux Grandeau et Duppelin, généraux de brigade. 2e d'infanterie légère ; 43e, 48e, 111e de ligne.
... Chaque régiment, dans le courant de l'été, aura 4 bataillons ; ce qui fera 16 bataillons par division ou 12,000 hommes.
Chaque régiment aura également, dans le courant de l'été, 4 pièces de canon ; ce qui fera 16 pièces de canon par division ...
Les mouvements de l'armée d'Allemagne doivent se faire par Wesel, qui est le grand dépôt.
Ces ordres doivent être tenus secrets, et vous devez prescrire les différentes dispositions sans que personne ait connaissance de cette lettre. Vous m'apporterez vous-même la formation de l'armée en ses différentes parties, avec la désignation des officiers, pour que je l'approuve, et vous l'enverrez ensuite au prince d'Eckmühl, comme définitivement arrêtée ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17328 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25918).
Le 3 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant l'Armée d'Allemagne, à Hambourg : "Mon Cousin, vous trouverez ci-joint copie de la lettre que j'écris au ministre de la guerre et de celle que j'écris au roi de Saxe. Ces lettres sont secrètes et ne sont que pour vous. Vous y verrez que je veux avoir 9,000 hommes à Danzig. Envoyez à Stettin un très-beau régiment de la division Friant et un général de brigade français qui servira à surveiller Liebert et à savoir ce qui se fait. Vous pourrez même y envoyer la compagnie d'artillerie légère de la division Friant, avec ses pièces. Je vous préviens que je ne veux pas que ce soit le 111e, mais un de vos beaux régiments ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre ; cité par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 220).
Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que ce qu'il y a de disponible au 5e bataillon du 112e soit versé dans les 3 premiers bataillons. Même ordre pour les 111e, 108e, 106e et 105e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).
Le 25 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant l'Armée d'Allemagne, à Hambourg : "Mon Cousin, je reçois votre lettre du 20 mars. Le partage que vous faites de vos seize régiments en quatre divisions ne me paraît pas convenable. Le 33e léger et le 111e ne peuvent pas être ensemble ; ce serait deux régiments étrangers dans la même division ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17521).
En 1811 se déroule le transfert des registres du Colonel Husson, promu Général de Brigade, au nouveau commandant, le Colonel Juillet, avec le déplacement du siège du Régiment à Hambourg.
GABRIEL JUILLET Il est né à Dijon le 27 juin 1764 au sein d'une famille de notables de la ville. Engagé le 4 septembre 1792, il devient Capitaine puis Lieutenant-colonel en second du 6e Bataillon de Volontaires de Saône-et-Loire. Il sert dans l'Armée du Rhin en 1792 et 1793 avec le même grade. En 1794, il devient Chef de Bataillon dans la 169ème Demi-brigade et est envoyé à l'Armée de la Moselle, puis à celle de Sambre et Meuse jusqu'à ce qu'il devienne Aide de camp du Général Duhesme (futur commandant de la Jeune Garde à Waterloo) en décembre de la même année. En juillet 1799, il reprend sa fonction de Chef de Bataillon à la 3e Demi-brigade puis à 50e en septembre 1800. Il sert également dans les Armées du Danube, d'Helvetie et du Rhin. à l'arrivée de l'Empire, en 1805, il fait partie du la 6e Corps de la Grande Armeé avec Ney et en novembre de la même année, il est blessé au Tyrol. En mai 1806, il est nommé Major du 8ème Régiment d'infanterie, puis Colonel en second en avril 1811. Le 7 septembre 1811, il est nommé Colonel du 111ème Régiment de Ligne, un an exactement avant la bataille de la Moskowa, et avec cette unité, il participe à la campagne de Russie. Lors de la retraite, le 3 novembre 1812 à Wjazma, il est blessé d'un coup de feu à l'avant-bras gauche. Le 10 décembre suivant, il meurt à Wilna des conséquences de cette blessure et aussi en raison des difficultés et les fatigues de la terrible marche. Il avait été nommé Chevalier puis Officier de la Légion d'honneur respectivement les 14 juin et 10 octobre 1804. |
Signature du Colonel Juillet (1er avril 1812) |
Le 1er avril 1811, est décrétée la formation d'un nouveau 4e Bataillon et un nouveau 6e Bataillon (destiné à former les recrues au Dépôt).
Le 19 avril 1811, l'Armée d'Allemagne est composée de trois Corps; le 1er est le Corps d'observation de l'Elbe, commandé par Davout. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe sera commandé par le prince d'Eckmühl. Il sera composé de cinq divisions d'infanterie et formé de la manière suivante :
... 5e Division : 25e de ligne, cinq bataillons ; 61e, cinq ; 108e, cinq ; 111e, cinq ; total, 20 bataillons.
Cette 5e division sera commandée par le général Compans ...
ARTILLERIE. — Chaque régiment aura quatre pièces de régiment, ce qui fera douze pièces par division, à l'exception de la 5e, qui en aura seize ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753).
Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, je vous envoie un décret que vous ne recevrez que dans quelques jours par le ministre, par lequel j'attache un major en second à vos 15 régiments d'infanterie. Il est indispensable que vous me proposiez sur-le-champ la nomination de ces majors en second pris parmi les meilleurs chefs de bataillon qui seront remplacés par des capitaines, ceux-ci par des lieutenants et successivement. Ayez soin de faire de bons choix. Vous sentez combien il est nécessaire que les régiments que vous avez qui vont être de cinq bataillons en ligne aient un major en second qui commande le 3e et le 4e bataillon. Le colonel en commandera 2 ou 3 selon les circonstances.
Je vous ai mandé que j'avais créé un 6e bataillon à vos régiments. Formez-en les cadres chez vous ; car je compte envoyer 10000 hommes des dépôts en Allemagne, de sorte que ces 6es bataillons seront formés avant les 4es bataillons. Je ne comprends pas le 33e léger dans tous ces calculs. En réalité vous allez avoir d'ici au 1er juin 30 bataillons de renfort. Vous en avez 48, cela fera 78 bataillons ou plus de 60000 hommes d'infanterie sans les arrières, ce qui vous fera cinq belles divisions de 15 bataillons chacune.
ANNEXE
Au Palais des Tuileries le 20 avril 1811,
Napoléon, Empereur des Français, etc., etc., etc.
Nous avons décrété et décrétons,
Art. 1er
Il est créé des emplois de major en second dans chacun des 7e, 13e et 15e régiments d'infanterie légère et des 17e, 30e, 57e, 61e, 33e, 48e, 108e, 111e, 12e, 21e, 25e et 85e de ligne qui font partie de l'armée d'Allemagne.
Art. 2
Lorsque ces régiments auront 4 bataillons en ligne, le colonel commandera le 1er et le 2e, et le major en second commandera le 3e et le 4e.
Art. 3
Notre ministre de la Guerre est chargé de l'exécution du présent décret" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26780).
Le 111ème reçoit 1200 recrues piémontaises pour commencer l'organisation du 4ème Bataillon, et du 6ème Bataillon de formation.
Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne
Régiments qui forment les 6e bataillons |
Conscrits du régiment |
Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50 |
Suppléments à tirer d'autres régiments |
Total de ce que 6e bataillons aura |
||||||
Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles |
Conscrits pour compléter les bataillons suisses |
Conscrits du 4e bataillon A |
Reste pour le 6e bat. B |
Numéros du régiment d'où on les tire |
Anciens soldats C |
Conscrits D |
Total |
|||
111e de ligne |
800 |
400 |
50 |
Le 69e |
50 |
50 |
100 |
726 |
||
Le 32e |
60 |
60 |
120 |
|||||||
Le 58e |
28 |
28 |
56 |
A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".
Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous trouverez ci-joint une lettre du prince d'Eckmühl qui vous fera connaître qu'il a dirigé sur France les cadres des 6es bataillons. Le prince d'Eckmühl paraît désirer que ces cadres aillent à leurs dépôts où il pense qu'ils seraient mieux formés, mais je trouve la plupart des dépôts trop éloignés pour adopter cette idée. Envoyez au-devant de ces cadres un officier d 'état-major qui les fera arrêter moitié à Wesel et moitié à Münster, et faites diriger sur ces 2 places les conscrits qui doivent remplir ces cadres. Par exemple, le 7e d'infanterie légère dont le dépôt est à Huningue pourrait se servir du Rhin jusqu'à Wesel pour envoyer ses conscrits lorsqu'ils seront habillés et armés selon 1'ordre que vous leur donnerez à la fin de mai. Il en est de même ... du 111e qui est à Spire. Ainsi le Rhin pourra servir au mouvement des dépôts sur les cadres des 6es bataillons. Ainsi le Rhin pourra servir au mouvement des dépôts sur les cadres des 6es bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre).
Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, en effet, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ELBE. — Ce corps restera à quatre divisions jusqu'au 1er juillet. A cette époque, il sera formé à cinq divisions. Les 4es et 6es bataillons s'y réuniront dans les lieux indiqués, de sorte qu'au commencement d'août l'organisation soit complète, et que ce corps ait acquis toute la consistance qu'on peut en attendre ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres.
En attendant, toutes les dispositions nécessaires pour porter au complet le corps d'observation de l'Elbe, tel qu'il a été arrêté, doivent avoir lieu.
N°1
Le ministre de la Guerre trouvera dans ces notes ce qui est relatif à l’organisation et mouvement du corps d’observation de l’Elbe au mois de juillet. Elles serviront de matière à un rapport qu’il devra me faire pour le 20 juin.
NOTE.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe doit être composé de cinq divisions. Il restera à quatre divisions jusqu'au 1er août et ne sera composé de cinq divisions qu'à cette époque, à laquelle les 6es et 4es bataillons auront rejoint.
Je vous ai déjà fait connaître que la composition de ces divisions doit être faite de la manière suivante ... :
Division Compans. — 61e, cinq ; 111e, cinq ; 25e, cinq ; 57e, cinq ; total, 20 bataillons ...
Chaque division aurait quatre brigades, et chaque brigade se composerait de cinq bataillons ; quatre généraux de brigade seraient-attachés à chaque division ; les cinq divisions formeraient en tout vingt brigades et quatre-vingt-dix-huit bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).
Le 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre de faire réunir à Walcheren en 4 détachements les 11 compagnies des 5es bataillons des régiments de l'armée d'Allemagne qui sont dans l'île de Walcheren, savoir :
... 2e détachement les compagnies du 33e, du 48e et du 111e
... Le général Gilly passera la revue de ces détachements et complétera les compagnies qui les composent à 150 hommes en prenant les meilleurs sujets des 1er et 2e bataillons du régiment de Walcheren. Tous les malades seront effacés du contrôle des compagnies et rentreront dans les cadres du régiment de Walcheren. Ces détachements s'embarqueront à Veere pour se rendre à Willemstadt ou à Gertruydenberg.
... Le 2e détachement partira le 22 ou le 23.
... Vous aurez soin d'ordonner que les contrôles de ces compagnies soient faits en ordre avec le lieu de naissance et le signalement bien spécifiés. Ces détachements ne débarqueront qu'à Gertruydenberg. De là, ils passeront le Rhin à Gorcum et seront dirigés par la gauche du Rhin sur le quartier général de la division du corps d'observation de l'Elbe dont font partie les régiments auxquels ils appartiennent. À leur arrivée, ces bataillons seront dissous ; les cadres rentreront en France ; les hommes seront incorporés par égale partie dans les 3 bataillons de guerre du régiment.
Vous donnerez l'ordre aux cadres des 6es compagnies du 6e bataillon du 13e léger, 17e de ligne, 30e de Ligne, 61e, 33e de ligne, 48e, 111e, 7e d'infanterie légère, 12e, 21e, 57e, 85e et 108e de se rendre dans l'île de Walcheren pour recevoir chacun 150 hommes, ce qui fera l'emploi de 1 950 hommes, tous ces hommes seront habillés par le dépôt du régiment de Walcheren. On aura soin de placer dans ces compagnies les hommes qui sont déjà depuis longtemps dans le régiment de Walcheren et dont on peut être le plus sûr. On ne mettra de nouveaux conscrits que dans les cadres d'infanterie légère pour ne pas défaire les habits. Ces 13 compagnies devront être prêtes à partir du 20 au 30 juillet pour se rendre en Allemagne.
... Donnez ordre aux commandants de la gendarmerie dans les 25e, 17e et 24e divisions militaires d'envoyer des officiers pour suivre ces détachements, de prendre toutes les dispositions convenables et de redoubler de surveillance pour prévenir la désertion. Si ces mesures réussissent, mon intention est de compléter de cette manière les bataillons de guerre du corps d'observation de l'Elbe, de sorte qu'au 1er· août, tous ces bataillons de guerre soient portés au-delà du complet de 840 hommes, les malades non compris" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27312).
Le même 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Davout, Commandant en chef du Corps d'Observation de l'Elbe, et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, les cadres des 2es compagnies des 5es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments sont depuis six semaines dans l'île de Walcheren. Ils s'y sont complétés avec des conscrits et partent en 4 détachements. Ayez soin de faire incorporer les détachements de chaque régiment par égales parties dans les trois bataillons de guerre, de manière qu'il y ait de ces recrues dans chaque compagnie, mais sans retirer d'un régiment pour mettre dans un autre. Ces compagnies s'embarqueront à Veere et arriveront par mer jusqu'à Gorcum. Faites-moi connaître s'il y a de la désertion en route. Aussitôt qu'elles seront sur le territoire de votre commandement, veillez à ce qu'il y ait des détachements de cavalerie et de gendarmerie qui les côtoient et empêchent la désertion. Si cela réussit, mon intention est de vous en envoyer ainsi jusqu'à la concurrence de 3 à 4000, ce qui portera au 1er août le complet de vos bataillons de guerre au-delà de 840 hommes, non compris les malades. Il n'y aurait pas même d'inconvénient à porter ce complet à 900 ou à 1 000. Ces conscrits sont tous de très beaux hommes de 23 à 24 ans, et, si on les soigne, ils feront d'excellents soldats. Les affaires du Nord paraissent moins pressantes. J'ai pris le parti de faire revenir les cadres des 6es bataillons aux dépôts, où ces bataillons seront mieux formés ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27316).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Je reçois votre lettre du 18, bureau de mouvement. Je vois que le cadre de la 2e compagnie du 5e bataillon du 19e léger arrive à Flessingue le 26 juin et que le cadre de la 6e compagnie du 6e bataillon du même régiment y arrive le 27. Demandez au général Gilly quand ces compagnies seront prêtes à partir ...
Les 6es compagnies des 5es bataillons des 85e, 57e et 111e se tiendront prêtes à partir le 30 juin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27340).
Arrivent ensuite 279 recrues néerlandaises qui doivent bientôt être transférées dans d'autres Régiments hollandais pour des raisons évidentes de malentendus linguistiques.
En juillet 1811, le 111e est sous les ordres du Colonel Gabriel Juillet, Major en second Montiglio; 1er Bataillon Chef de Bataillon Richieri; 2e Bataillon Chef de Bataillon Guisiana; 3e Bataillon Chef de Bataillon Bastiani; 4e Bataillon Chef de Bataillon Datillier; 6e Bataillon Chef de Bataillon Barrauan. Le Régiment est au Corps de Davout; 1e, 2e et 3e Bataillons à Magdebourg; 4e et 5e de Dépot à Spire.
Le 4 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 4e et 6e bataillons du 13e léger reçoivent tout ce qui est disponible dans le 5e bataillon et se complètent chacun à 700 hommes. Donnez le même ordre pour les 17e léger, 7e léger et les 30e, 33e, 48e, 12e, 21e, 85e, 108e, 61e, 111e et 57e de ligne. Les 6es bataillons du 15e léger et du 25e de ligne seront complétés à 840 hommes. Ces 28 quatrièmes et 6es bataillons se mettront en marche du 15 au 25 juillet, parfaitement habillés et équipés et se dirigeront sur Wesel et de là sur leurs régiments respectifs dans la 32e division militaire. Les 2 bataillons de chaque régiment marcheront sur une seule colonne. Vous enverrez un officier général à Wesel afin qu'à leur passage par cette ville, chacun de ces bataillons soit passé en revue et que l'on constate leur bon état, l'état de leur habillement, équipement, leur nombre, les places vacantes, etc. Les 2 bataillons du 7e léger s'embarqueront sur le Rhin à Huningue ; les bataillons qui sont à Strasbourg, Mayence, Spire s'embarqueront sur le Rhin jusqu'à Wesel. Le général Compans pourrait être chargé de passer cette revue : il devra être rendu le 25 juillet à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5731 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27526).
Le 7 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies des 17e, 108e, 12e, 48e, 21e, 30e, 33e et 61e de ligne, complétées par des conscrits réfractaires de l'île de Walcheren formant 8 compagnies ou 1200 hommes, partent de l'île de Walcheren du 15 au 20 juillet pour se rendre à Hambourg. Ces 1200 hommes seront incorporés à Hambourg dans les différents régiments. Les compagnies des 85e, 57e et 111e partiront du 25 au 30 juillet et les 4 compagnies des 7e et 13e légers au plus tard le 10 août. Ainsi ces 2250 hommes seront arrivés en Allemagne dans le courant du mois d'août, ce qui avec les 1600 hommes des 11 premières compagnies et les 1800 hommes des deux bataillons des îles de Gorée et Schouwen fera un renfort de 5600 hommes. Il ne manquera donc plus pour les régiments de l'armée d'Allemagne que 3 000 hommes pour être portés au grand complet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5750 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27568).
Le 13 juillet 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "Sire, Votre Majesté m'a renvoyé le 2 de ce mois un rapport du ministre de la guerre, en me prescrivant de lui faire connaitre s'il y avait eu de la désertion dans les compagnies des 5es bataillons qui sont dirigées sur l'armée d'Allemagne pour être incorporées dans les bataillons de guerre.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que le premier détachement est arrivé le 8 de ce mois à Brémen ...
Le second détachement arrivé le 10 était composé :
Du 33e de ligne, 4 officiers, 134 fusiliers ; du 48e, 3 officiers, 107 fusiliers ; du 111e, 5 officiers, 139 fusiliers.
Ne connaissant point encore la force de ces compagnies au moment de leur départ de Walcheren, je ne puis dire au juste quelle désertion elles ont éprouvée ; je vais me faire donner des renseignements détaillés à cet égard, et j'aurai l'honneur de les transmettre à Votre Majesté.
Il parait, d'après une lettre du général Durutte, en date du 8 de ce mois, qu'à Deventer, 48 hommes du 2e détachement désertèrent le jour de leur arrivée ; il en attribue la cause : 1° à la négligence du capitaine du 33e de ligne, qui commandait l'escorte ; 2° aux mauvais traitements qu'on a fait éprouver aux conscrits ; 3° au défaut de solde, attendu qu'ils n'ont rien reçu en partant de Walcheren, ni même en route.
Les ordres sont donnés dans toute la 32e division militaire, et sur toute la ligne que doivent parcourir les détachements, pour que les hommes qui déserteraient ne puissent échapper. J'ai prescrit d'adresser leur signalement au conseiller d'État directeur général des revues et de la conscription militaire ; il sera également donné à la gendarmerie" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 243, lettre 965).
En août 1811 a également lieu une réorganisation globale de l'Armée de l'Elbe (Davout). Le Régiment fait partie de la 5e Division (Compans), avec les 21e, 25e, 62e et 69e de Ligne.
Le 2 août 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par votre lettre du 11 juillet dernier vous m'avez annoncé la marche de quinze compagnies, dont treize 6es compagnies des 6es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments de ligne, 7e et 13e d'infanterie légère, et les deux compagnies des 5es bataillons de ces deux derniers régiments.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence de l'arrivée à Lingen des deux premiers détachements de ces troupes.
Le 1er, composé des compagnies des 61e, 17e, 30e et 33e régiments, est arrivé le 28 juillet.
Ces compagnies sont parties de Lingen le lendemain de leur arrivée, et ont été dirigées sur leurs corps respectifs.
Je joins à cette lettre leur état de situation au moment de leur arrivée à Lingen.
Votre Excellence remarquera que sur 74 déserteurs, 43 ont déserté à Ryssen. D'après le compte qui m'est rendu, cette désertion est attribuée en partie au mauvais esprit des habitants qui ont fourni à plusieurs conscrits des habits pour les déguiser : quelques-uns ont reçu de leurs parents des passeports pour rentrer en France. Presque tous ces déserteurs sont, ou du Brabant, ou du département de la Lippe.
Il parait que la remise de ces compagnies s'est faite avec beaucoup de négligence les conscrits n'ont pas de livrets ; les officiers de cadres ont été obligés de les recevoir sans signalement, et beaucoup de ces conscrits ne savent même pas de quel département ils sont.
Ils arrivent tous sans capotes ni bonnets de police ; les habits sont trop étroits ; les vestes et les culottes sont trop courtes, et de mauvais drap ; en général, l'habillement est mal confectionné ; beaucoup de gibernes sont mauvaises et vieilles, ainsi que les porte-giberne. La majeure partie des souliers est usée.
Les officiers commandant ces compagnies se plaignent de ce qu'on leur a donné des hommes qui, au moment du départ, sortaient de l'hôpital, et de ce qu'on a retiré à la plupart des conscrits leurs vestes et leurs culottes pour leur en donner de très-vieilles.
Leur armement est aussi, en général, en mauvais état, et les hommes n'ont ni épinglettes ni tournevis.
Ces huit compagnies ont été payées de leur solde et indemnité de route, depuis le jour de leur départ jusqu'au 31 juillet ; mais les officiers qui les conduisent n'ont aucun renseignement relativement à la comptabilité antérieure.
J'ai donné des ordres pour qu'au moment de l'arrivée de ces compagnies aux régiments pour qui elles sont destinées, on fit donner aux conscrits des capotes et des bonnets de police ; qu'on leur payerait tout ce qui pourrait leur être du, et qu'ils fussent pourvus sans délai des effets d'équipement qui leur manquent. A mesure que les compagnies arriveront à leur régiment, elles y seront incorporées par portions égales dans les trois bataillons de guerre, et il en sera dressé un contrôle nominatif et signalétique, que j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence. Un état signalétique séparé des déserteurs est envoyé au conseiller d'État directeur des revues et de la conscription, et une expédition est remise au commandant de la gendarmerie.
Les onze 2es compagnies des 5es bataillons annoncées par votre lettre du 18 juin sont arrivées à Lingen du 4 au 10 de ce mois ; elles avaient éprouvé à cette époque une désertion de 175 hommes, dont la majeure partie à Deventer et à Ostmarsum. Les rapports qui m'ont été adressés attribuaient cette désertion à la mauvaise volonté des conscrits, aux insinuations des habitants de Walcheren, et à ce qu'ils n'avaient pas reçu de solde à leur départ, ni en route.
J'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence les contrôles signalétiques de ces compagnies, aussitôt que je les aurai tous réunis ; mais j'ai l'honneur de vous faire observer que les compagnies destinées aux 85e et 108e régiments n'arrivent qu'aujourd'hui 2 août à Stettin, et que je ne pourrai recevoir les états que dans quelques jours.
Les ordres ont été donnés pour que les cadres des 5es bataillons rétrogradassent sur France, aussitôt l'arrivée des compagnies à leurs régiments, et presque tous sont en route. Quant aux cadres des 6es bataillons, ils ont ordre de rester à l'armée pour y attendre leur bataillon" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 246, lettre 967).
Le 14 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre aux dépôts des 12e de ligne, 7e et 13e légers, 57e, 48e, 108e, 21e, 30e, 33e, 61e, 111e, 85e, et 17e de ligne de faire partir pour les bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible au 5e bataillon, en hommes habillés et en état de faire la guerre. Toutefois, ils ne feront pas partir moins de 60 hommes à la fois ; ceux qui ne les auront pas attendront qu'ils les aient, avant de rien faire partir ...
Je trouve, qu'en général, tous ces régiments ont beaucoup d'hommes, sous le titre d'administration, d'instructeurs d'ateliers, d'enfants de troupe, puisque je vois que chacun de ces régiments a près de 160 hommes. Ces régiments ont 380 hommes qui attendent leur retraite; il faut la leur donner. Je vois qu'il y a 680 hommes à réformer ; je suppose que ce sont des conscrits, il faut recommander qu'on soit sévère" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5985 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28158).
Le 5 septembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Excellence la réception de sa lettre du 1er de ce mois, par laquelle elle m'informe que les bataillons de dépôt des 7e et 13e d'infanterie légère, 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e et 111e de ligne reçoivent l'ordre d'envoyer aux bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible en hommes habillés et en état de faire la guerre ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 258, lettre 975).
Le 14 octobre 1811, à Amsterdam, on informe l'Empereur que "Deux officiers espagnols de la maison Doria, de Gènes, demandent du service dans les troupes de Sa Majesté.
Ils témoignent le désir d'être placés dans le 111e régiment parce qu'ils y connaissent un des chefs de ce corps.
Ils ont fait leur serment" ; l'Empereur répond : "Avoir des renseignements plus positifs sur leurs services et sur eux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6252 - Non signée; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté des 4 et 5 octobre 1811 »).
Le 18 octobre 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un travail sur le corps d'observation de l'Elbe. Il est bien important qu'il soit nommé sans délai à tous les emplois vacants". Cette lettre est suivie, en Annexe, sous le titre "Armée d’Allemagne", d'un "Relevé numérique des emplois vacants dans les régiments d’infanterie et de cavalerie à l’époque du 10 septembre 1811" qui indique, pour la 5e Division, qu'il manque au 111e de Ligne 1 Chef de Bataillon, 2 Capitaines, 6 Lieutenants, 5 Sous-lieutenants (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6263 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28850).
Le même 18 octobre 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un travail sur le corps d'observation de l'Elbe. Il est bien important qu'il soit nommé sans délai à tous les emplois vacants". Cette lettre est suivie, en Annexe, sous le titre "Armée d’Allemagne", d'un "Relevé numérique des emplois vacants dans les régiments d’infanterie et de cavalerie à l’époque du 10 septembre 1811" qui indique, pour la 5e Division, qu'"Il manque au 111e de Ligne 1 Chef de Bataillon, 2 Capitaines, 6 Lieutenants, 5 Sous-lieutenants" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6263 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28850).
Le 26 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, le 13e régiment d'infanterie légère fera partir, pour recruter ses bataillons de guerre, 60 hommes du 5e bataillon ...
Le 111e fera partir. 60 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6531 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29475).
- Espagne
Concernant l'Espagne, l'Empereur écrit, le 7 janvier 1810, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les quatre premiers bataillons auxiliaires qui sont à Versailles seront réduits à deux, composés de la manière suivante. Savoir :
1er bataillon (infanterie de ligne) ...
6e compagnie 2 [officiers] 147 [soldats] du 111e 18 [soldats] du 21e
2 [officiers] 165 [soldats]
2e batailllon (infanterie légère) ...
Le comte de Lobau dressera procès-verbal de la formation de ces deux bataillons avant le 10 janvier ; les compagnies seront égalisées, leur chef de bataillon sera nommé pour commander chaque bataillon. Il sera également nommé à toutes les places d'officiers et de sous-officiers.
Les sous-officiers et soldats seront effacés des contrôles de leurs corps et, à dater du 1er janvier 1810, l'existence de ces bataillons sera reconnue, et ils seront payés directement par te Trésor. Il y aura trois tambours par compagnie.
Au fur et à mesure que les bataillons auxiliaires viendront à se former, au lieu de 12, les cadres seront resserrés, de manière que chaque bataillon soit porté au complet de 840 hommes.
Un colonel en second sera nommé inspecteur de tous les bataillons auxiliaires. Il sera chargé de rendre compte au ministre de leur formation et de veiller à ce que les différents détachements partent des lieux où ils se rassemblent, bien organisés et complets en officiers, sous-officiers et soldats.
Le 5e bataillon auxiliaire qui se réunit à Lyon en partira avec la formation provisoire qu’il aura reçue dans cette ville, et se rendra à Bayonne où il sera définitivement formé.
Faites-moi connaître pourquoi les corps ont envoyé aux bataillons auxiliaires des détachements dont la force est si peu proportionnée aux demandes qui leur ont été faites ; je désire savoir quand ils pourront envoyer le reste.
Aussitôt qu’un bataillon auxiliaire sera formé, présentez-moi un projet de décret pour lui donner une éxistence régulière.
Faites mettre à la dispositionn du comte Lobau une trentaine de jeunes gens de Fontainebleau, pour être placés dans ces bataillons.
Surtout ayez soin de mettre à Versailles un colonel en second qui veille à l’instruction
P.S : Vous dirigerez sur le second bataillon deux compagnies d'infanterie légère, faisant 300 hommes, pour compléter ce bataillon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22808).
Le 20 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, cinq bataillons auxiliaires sont organisés à Versailles. Je désire qu'ils partent bientôt. Pressez le ministre de la Guerre pour pourvoir aux places vacantes. Vous en ferez passer la revue le 22 par un de vos aides de camp ; et sur le compte qu'il vous rendra, vous ferez fournir par le ministre de la Guerre tout ce qui serait nécessaire à ce bataillon. Vous en passerez vous-même la revue le 28, afin qu'il puisse partir le 1er février.
Vous me ferez connaître quand ces bataillons auxiliaires, les quatre régiments de marche et les vingt escadrons de gendarmerie pourront se mettre en mouvement pour se rendre à Bayonne" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22911).
Le 22 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, donnez ordre aux quatre régiments de marche de partir le 1er février pour se diriger sur Bayonne où se réunit la 3e division du 8e corps. Donnez ordre aux cinq bataillons auxiliaires qui sont organisés à Versailles de partir également le 1er février. Vous les ferez marcher à petite journée. Il sera donné à ces cinq bataillons auxiliaires et aux quatre régiments de marche deux paires de souliers par homme à Bayonne ou à Bordeaux, selon que les souliers seront dans l'une ou l'autre de ces villes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22933).
1812
L'année 1812 est marquée par la célèbre campagne de Russie qui, selon de nombreuses sources faisant autorité, marque le début du déclin de Napoléon.
Le 2 janvier 1812, l'Empereur écrit au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouverne l’organisation de la Grande Armée. Le corps de l’Elbe formera deux corps. Il est nécessaire d’envoyer un ordonnateur à chaque corps et tout le personnel d’administration qui est indispensable. Présentez-moi un projet d’organisation. Comme je n’ai pas encore organisé en deux corps le corps d’observation de l’Elbe, envoyez-y tout double.
NOTE SUR L’ORGANISATION DE LA GRANDE ARMÉE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d’observation de l’Elbe en fera deux; le corps d’observation de l’Océan en fera un ; le corps d’observation d’Italie en fera un autre.
La Grande Armée sera organisée en 15 divisions d’infanterie.
... 5e division : 25e de ligne, 5 bataillons; 57e de ligne, 5 bataillons; 61e de ligne, 5 bataillons; 111e de ligne, 5 bataillons; total, 20 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29642).
L’exacerbation des relations entre Napoléon et le Tsar Alexandre fait que toutes les Divisions françaises situées dans les territoires européens se dirigent, dès les premiers mois de l’année, vers l’est; et avec elles, le 111ème Régiment également, envoyé à Rostock avec l’ensemble du 3e Corps d'armée dont il fait partie.
Le 6 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Le détachement du 17e de ligne, ainsi que ceux des 25e de ligne, 13e léger, 21e, 85e, 111e, 30e, 48e, etc., etc., et en général de tous les régiments qui appartiennent au 1er corps, formeront un ou deux bataillons de marche, chaque bataillon fort de 1.000 hommes. Ces bataillons recevront une organisation provisoire, afin d'être en état de se ployer ou de se déployer dans leur marche ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6890 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30138).
Le 2 avril 1812, Napoléon décide, pour renforcer sa Grande Armée, de former 4 Demi-brigades de marche à partir de détachements des 5ème bataillons (Dépôts) de Régiments déjà mobilisés. Chaque Demi-brigade à 3 Bataillons de 6 Compagnies chacun. Les Demi-brigades doivent se former le long du Rhin, avant d’être envoyées vers l’Est. Il écrit à Clarke ses instructions et la composition de ces nouvelles unités. "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai fait connaitre la formation des 16 demi-brigades provisoires ; mais comme cette organisation n’emploiera pas plus de 40000 conscrits de l’année, il faut que vous me fassiez dresser un état exact du superplus [sic] avec un projet de formation de bataillons de marche supplémentaires à réunir dans le courant de mai pour recruter la Grande Armée. Vous composerez chaque bataillon de marche de 6 compagnies, c'est-à-dire de 900 hommes à peu près. On les dirigerait sur Mayence et Wesel ; de là sur Berlin où ils recevraient les ordres du major général pour leur incorporation définitive.
J’ai actuellement à vous faire connaitre mes intentions relativement à la formation de 4 demi-brigades de marche composées de compagnies tirées des 5es bataillons des régiments qui sont à la Grande Armée. Ces 4 demi-brigades fortes ensemble de 10000 hommes formeront une seconde division de réserve pour la défense de tout le pays entre l’Elbe et le Rhin, et pour le recrutement de la Grande Armée. Je ne leur donnerai pas le nom de demi-brigades provisoires mais bien celui de demi-brigades de marche. Elles seront composées de la manière suivante :
2e demi-brigade de marche.
1er bataillon : 2 compagnies du 48e de ligne à Anvers, 2 compagnies du 108e de ligne à Anvers ; 2 compagnies du 85e de ligne à Coblentz
2e bataillon : 2 compagnies du 30e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 33e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 21e de ligne à Juliers
3e bataillon : 2 compagnies du 57e de Ligne à Strasbourg, 2 compagnies du 61e de ligne à Worms, 2 compagnies du 111e de ligne à Spire
Cette demi- brigade se réunira à Cologne ...
Les 2 premières demi-brigades de marche comprendront ainsi : les 16e régiments du 1er corps ...
Vous nommerez un major en second pour commander chaque demi-brigade. Ces majors se mettront en marche avant le 8 avril pour parcourir les différents dépôts. Tous les dépôts qui sont sur le Rhin, comme le 7e léger, etc. embarqueront leurs détachements sur ce fleuve. Vous nommerez un général de brigade ou même un colonel pour être chargé, comme inspecteur, de la formation de ces quatre demi-brigades, qui se composeront ainsi de douze bataillons ou de 9.000 à 10.000 hommes. Le général commandant la 25e division répartira ces 10.000 hommes dans des cantonnements entre Cologne, Juliers, Aix-Ia-Chapelle et Clèves ...
Formation des demi-brigades de marche de la Grande Armée
Demi-brigades du 1er corps ...
2e demi-brigade 1ère division de réserve de la Grande Armée 2400
1er bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 48e de ligne (dépôt à Anvers) : 272 conscrits du Pas-de-Calais, 234 de la Somme ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 108e de ligne (dépôt à Anvers) : 557 conscrits de Mayence ; total 557 ; 257 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 85e de ligne (dépôt à Coblentz) : 524 conscrits du Bas-Rhin ; total 524 ; 224 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 30e de ligne (dépôt à Mayence) : 554 conscrits de la Moselle ; total 554 ; 254 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 33e de ligne (dépôt à Mayence) : 488 conscrits du Loir-et-Cher ; total 488 ; 188 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 21e de ligne (dépôt à Juliers) : 497 conscrits du Puy-de-Dôme ; total 497 ; 197 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 57e de ligne (dépôt à Strasbourg) : 506 conscrits du Haut-Rhin ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 61e de ligne (dépôt à Worms) : 273 conscrits du Haut-Rhin, 243 du Bas-Rhin ; total 513 ; 216 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 111e de ligne (dépôt à Spire) : 212 conscrits de la Doire, 462 de Marengo ; total 674 ; 374 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7055 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30371 - intégrale).
En marchant par étapes forcées, le Régiment parvient à Georgenburg où, le 15 juin, toute la 5e Division est passée en revue par l'Empereur, qui se dit ravi de voir les Bataillons du 111e qui, en ce jour, déployent 85 Officiers et 4157 soldats sous les armes.
Le 15 juin 1812, l'Empereur écrit, depuis Koenigsberg, à Berthier : "Donnez ordre à l’intendant général de faire charger de préférence toutes les voitures que doit escorter le 111e, car il est indispensable que demain, à 3 heures après-midi, il n'y ait plus un seul homme du 111e à Koenigsberg et que tout soit en marche" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2121 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30927).
Le même 15 juin 1812, l'Empereur écrit, depuis Koenigsberg, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant le 1er Corps de la Grande Armée, à Gumbinnen : "Mon Cousin, le major général vous envoie un ordre de mouvement suivant lequel votre corps doit être réuni à Wilkowyszki le 20. De Gumbinnen il n'y a que deux marches ; en partant le 19, vous serez donc le 20 à Wilkowyszki ... J'ai ordonné qu'il n'y eût pas un seul homme du 111e demain à Koenigsberg ... Il est probable que du 22 au 23 on se battra, et que ce sera à deux marches plus loin que Wilkowyszki. Il est donc convenable que vous réunissiez le plus tôt possible vos détachements, et principalement vos troupes françaises ... Ayez des officiers d'état-major du côté de Georgenburg et ailleurs, qui vous instruisent promptement du mouvement offensif que ferait l'ennemi. Consultez vos états de situation, et rappelez tous vos détachements ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18801 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30934 ; Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 355).
En juin, la Grande Armée, qui compte plus de 600 000 hommes répartis entre la Garde impériale, les douze Corps d'armée, dont un autrichien, et les quatre Corps de réserve de cavalerie, franchit la frontière du Niémen et entre en territoire russe.
Le 111ème Régiment d’infanterie franchit la frontière le 25 juin et arrive au 1er Corps d’armée commandé par le Marechal Davout, 5ème Division sous le Général de Division Compans, 4ème Brigade commandée par le Général de Brigade Longchamps.
À son arrivée dans la ville de Minsk le 8 juillet, le Régiment a déjà perdu 1300 soldats, dont beaucoup sont hospitalisés ou laissés à l'arrière dans des postes de garde, de sorte que le Colonel Gabriel Juillet dispose de cinq Bataillons :
- 1er Bataillon, 667 hommes aux ordres du Chef de Bataillon Michele Richieri;
- 2e Bataillon, 645 hommes, commandés par Carlo Guisiana;
- 3e Bataillon, composé de 518 hommes commandés par Luigi Bastioni;
- 4e Bataillon, composé de 539 hommes commandés par Detillier;
- 5ème Bataillon, 675 hommes commandés par Barrauan.
Le commandant en second est le Major Federico Montiglio.
Le 19, le régiment atteint Mohilev où se déroule le premier combat acharné de la campagne.
Dans son rapport daté de Dobrowna, le 7 août 1812, le Maréchal Davout écrit au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Altesse le rapport de l'affaire qui a eu lieu le 23 juillet, en avant de Mohilew, entre une partie des troupes du 1er corps et le corps russe du prince Bagration.
Votre Altesse sait qu'une légère avant-garde aux ordres du général Bordesoulle était entrée le 20 à Mohilew, et qu'après s'en être rendue maitresse, elle poursuivit, dans une fausse direction, le corps ennemi fort de 12,000 hommes, à qui elle avait fait 3 ou 400 prisonniers. Le reste de ce corps s'était retiré par la toute de Staroi-Bichow sur la tête des colonnes du prince Bagration.
Le 21 eut lieu, à la hauteur de Bouitniki, l'attaque des Cosaques sur le 3e régiment de chasseurs, dans laquelle ce régiment, accablé par le nombre, éprouva une grande perte.
J'employai le 21 à faire une reconnaissance avec le reste de ce même régiment et le 85e de ligne en avant de Bouistrys ; je la poussai jusqu'au-delà du Nowielski ; l'ennemi ne montra que de la cavalerie en assez grande quantité.
Tous les rapports annoncent l'arrivée de l'armée du prince Bagration à Novoi-Bichow et sa marche sur Mohilew, déterminé à donner une bataille pour y entrer. On parlait de quatre divisions d'infanterie, du corps de Platow et de plusieurs divisions de cavalerie.
Je n'avais alors à Mohilew que les 57e, 61e et 111e régiments d'infanterie de la division Compans, le 25e ayant été laissé, avec la brigade Pajol et le 1er de chasseurs, sur la Bérézina, pour couvrir Minsk, les 85e et 108e de la division Desaix, la division Valence et le 3e de chasseurs.
Il fallait choisir un terrain d'un petit développement, qui pût rendre nulles la nombreuse cavalerie et l'artillerie de l'ennemi.
La position de Solta-Nawka, dont j'envoie un croquis à Votre Altesse, me parut remplir ce but. Dans la nuit du 22, je fis barricader le pont qui est sur la grande route, créneler l'auberge qui est vis-à-vis. Le pont du moulin de droite fut coupé par mes compagnies de sapeurs, et les maisons des environs crénelées. Le 85e fut chargé de défendre ces postes et de tenir en cas d'attaque, pour donner le temps aux autres troupes, échelonnées entre cette position et Mohilew, d'arriver.
Ces dispositions prises, je me retirai à Mohilew, pour presser l'arrivée de la division Claparède, des troupes détachées du général Pajol.
Le 23, à sept heures et demie du matin, je reçus les rapports que les avant-postes étaient attaqués. A huit heures, je trouvai le 85e attaqué très-vivement. Le général Fredericks, qui le commandait, avait fait de bonnes dispositions, et pendant toute la journée a déployé du calme et beaucoup d'intrépidité.
L'artillerie légère de la division et celle du 85e avaient été disposées la veille. Leur feu fut très-meurtrier, et au bout d'une heure de combat, il y avait déjà au-delà de 500 morts russes. Douze à quinze pièces russes débouchèrent du bois et se mirent en bataille sur le plateau du moulin, dont le pont avait été détruit. Des régiments d'infanterie russe se formèrent ; un bataillon du 108e fut envoyé pour soutenir les compagnies du 85e, qui étaient sur ce point. Quelques pièces d'artillerie furent opposées à celles des Russes. Le combat devint très-vif de ce côté. Les forces de l'ennemi augmentaient à chaque instant. Le bataillon du 108e, qui avait poussé les Russes, fut obligé de céder au nombre. Le général Guyardet, avec deux bataillons du 61e, arrêta la poursuite de l'ennemi et fit repasser le ravin aux Russes, qui t'avaient passé en poursuivant le bataillon du 108e.
Pendant que ces choses se passaient sur la droite, je donnai ordre au général Fredericks, qui défendait le débouché de la grande route avec beaucoup de vigueur, de faire passer le défilé à un bataillon du 108e et à quelques compagnies du 85e, et de charger les pièces ennemies. Ce mouvement, qui fut exécuté avec une grande décision et dirigé par le colonel Achard, du 108e, eut une grande influence sur les mouvements de la gauche de l'ennemi, qui se vit forcé à rétrograder.
Le bataillon commandé par le colonel Achard avait fait prisonnier un bataillon ennemi, qui fut ensuite délivré. Le colonel fut blessé d'une balle au travers du bras, et ne put se soutenir sur les hauteurs qu'il avait occupées.
L'ennemi avait fait avancer une masse considérable formée en colonne serrée, pour entreprendre de nouveau de forcer le défilé du pont ; elle se trouvait dans la direction de la batterie du chef d'escadron Polinier, qui l'arrêta par un feu terrible et lui fit beaucoup de mal. Le nombre des morts de l'ennemi, qui était déjà considérable sur ce point, fut doublé.
L'action se soutenait encore avec chaleur de part et d'autre, et avec une grande infériorité de notre côté.
Les autres troupes étaient en réserve sur notre droite, où l'on devait supposer que l'ennemi porterait des forces, et surtout sa nombreuse cavalerie. Sur les six heures du soir, toutes mes reconnaissances de la droite n'ayant pas vu d'ennemis, les troupes qui avaient été mises en réserve, et en particulier le 111e régiment, furent dirigés sur la grande route. Le général Fredericks reçut l'ordre de renouveler son attaque. Un bataillon du 85e qui, dès la veille, avait été placé à l'extrême droite, et un du 61e, attaquaient la gauche de l'ennemi. Ces deux attaques eurent du succès ; l'ennemi retira son artillerie. Les troupes suivirent ce mouvement sur tous les points.
Le 111e et le 61e de la 5e division, conduits par le général Compans, furent chargés de poursuivre l'ennemi jusqu'à Nowosilski. La nuit arrêta la poursuite à cet endroit, où des forces considérables étaient formées pour protéger la retraite du 12e régiment d'infanterie russe, qui avait été très-maltraité.
Je dois les plus grands éloges à la conduite des troupes, et en particulier à celle du 85e. Aucun soldat n'a quitté son poste pour conduire les blessés, et les jeunes comme les anciens soldats ont montré une grande valeur. Les anciens soldats ont donné à leurs camarades l'honorable témoignage qu'il n'y avait plus de conscrits dans leur régiment.
La perte de l'ennemi a été grande. Il a laissé sur le terrain au-delà de 1,200 morts et plus de 4,000 blessés, dont 7 à 800 sont restés entre nos mains, ainsi que 150 à 200 prisonniers.
Les localités n'ont pas permis d'en faire un plus grand nombre. Notre perte, suivant les états des corps, monte à 900 hommes tués, blessés ou disparus.
Je réitère les éloges que je dois au général Fredericks, à tous les officiers d'état-major, qui ont bien payé de leur personne un d'eux a été tué.
Je profite de cette occasion pour prier Votre Altesse de demander à Sa Majesté des récompenses pour plusieurs d'entre eux ; j'en joins ici l'état à celui des officiers, sous-officiers et soldats des 4e et 5e divisions qui ont mérite d'être cités avec distinction.
Je prie Votre Altesse de mettre cet état sous les yeux de Sa Majesté et de solliciter pour eux ses faveurs" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 379, lettre 1075).
Le 111e poursuit sa marche, passant par Orcha, traversant le Dniepr, puis se dirigeant sur Smolensk.
Les Russes continuent de se retirer sur Moscou, à l'exception de petits actes de guérilla déclenchés par les Cosaques, obligeant l'armée de Napoléon à s'affaiblir chaque jour davantage à cause de la maladie et des difficultés rencontrées.
Fusilier du 111e de Ligne en 1812 (reconstitution par M. Citarelli) |
Le 6 septembre, après des mois de vaines poursuites à la recherche de la grande bataille décisive pour vaincre l'ennemi, Napoléon trouve l'armée russe déployée à Borodino et donne ordre à la Division Compans d'attaquer le redoute fortifiée de Schwardino.
Le 111ème parvient, avec d'autres Régiments à conquérir cette redoute, mais avec de grandes pertes. Une charge, exécutée sur le flanc de la formation, par la cavalerie russe de la Division Glutchow, provoque 300 morts supplémentaires.
Finalement, la nuit arrive et tous les Régiments l'utilisent pour rassembler les blessés et se préparer pour la nouvelle bataille du lendemain, au cours de laquelle le 111ème est engagé dans l'attaque de la grande redoute de Bagration, le point le plus fortifié du côté russe.
Encore des pertes considérables pour le Régiment qui, malgré tout, continueà attaquer l'ennemi jusqu'à 8 heures du soir. Et puis encore une fois le même scénario, la nuit pour sauver les blessés et se préparer pour le troisième jour de la bataille; mais à l'aube, les soldats voient que l'ennemi a disparu pendant la nuit.
Juste le temps de se réorganiser et l'armée reprend la poursuite des Russes en direction de Moscou où le 111ème entre le 15 septembre avec des rangs considérablement réduits : 1er Bataillon, 262 hommes; 2ème Bataillon 365; 3ème Bataillon 360; 4ème Bataillon 351; et 5ème Bataillon 309. Soit une force totale de 1647 hommes, Officiers et soldats compris. 2155 hommes manquent à l'appel.
Les jours suivants, un contingent de 280 nouvelles recrues arrive au 111ème. L’hiver approche et il se passe plus d’un mois sans que l'on parvienne à une paix avec le Tsar Alexandre.
Le 14 octobre 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Moscou, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser réception à Votre Altesse de sa lettre d'hier renfermant 223 lettres d'avis des grâces accordées par l'Empereur aux troupes du corps d'armée qui ont été passées en revue le 10 du courant par Sa Majesté, savoir :
AVANCEMENTS. DECORATIONS ...
Pour le 111e 17 28 ...
J'ai fait remettre ces lettres aux militaires qui y sont désignés" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 416, lettre 1129).
Napoléon ordonne le départ, prévu pour le 19 octobre. Pendant la retraite, le 111ème est employé pour prêter main forte aux Régiments napolitains et italiens du Prince Eugène à Malojaroslawets, qui combattent courageusement contre des troupes ennemies nombreuses. Les marches exténuantes, les épreuves, la faim, les maladies et les attaques continues des Cosaques et des paysans russes, causent des milliers de morts chaque jour. Les blessés deviennent un lourd fardeau pour la grande marée humaine qui avance, et ils sont abandonnés le long des routes ou pire encore, dévorés par les survivants qui tentent désespérément de survivre.
Le Colonel commandant du 111ème Régiment décède également à Wilnius des suites de ses blessures reçues lors des combats vers Moscou.
Au cours de la nuit, les températures chutent de plus de 30 degrés en dessous de zéro, ce qui provoque la mort en masse à cause du gel. Des milliers d'hommes meurent également au cours de la traversée de la Bérésina. Désormais sans forces, sans armes ni défense, ils ne réagissent plus aux attaques des Russes, et finissebt noyés ou écrasés par la foule, paniquée et animée par l'instinct de survie.
1813
De la Grande Armée, partie avec plus de 600 000 soldats, il ne reste plus, au gué du Niémen, qu'une mince file de survivants dont on ne distingue plus les Régiments d'origines. Certaines sources parlent d'environ 50 000 survivants, d'autres de 30 000. Les disparus et les morts sont si nombreux, qu'aujourd'hui encore, de temps en temps, resurgissent des cimetières improvisés contenant les corps de ceux qui sont morts sur le sol russe.
L'armée du royaume d'Italie compte à peine 2000 survivants, tandis que le 111e Régiment revient avec seulement 200 hommes sous le commandement du Major Montiglio. Ils sont transférés de Thorn à Posen où ils rejoignent les restes des 25e, 57e et 61e Régiments pour former le troisième Bataillon d'un Régiment provisoire, composé d'autres restes du 1er Corps.
Le 8 janvier 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Thorn, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse un état numérique et par grades, des officiers, sous-officiers et soldats du 1er corps. Il est fait sur un état nominatif que chaque régiment a adressé à l'inspecteur aux revues. Je ne présume pas qu'il nous rentrera beaucoup de monde, et si en totalité le 1er corps reçoit 500 hommes en plus, je serai bien surpris, surtout maintenant que des partis ennemis parcourent le pays et que les autorités prussiennes arrêtent les militaires isolés sur les réquisitions qui leur sont adressées par les Russes, ce qui est arrivé à Insterburg, ainsi que Votre Altesse le verra par la déclaration d'un officier du 111e que je lui adresserai demain.
Pour en revenir à l'état numérique, je pense, Monseigneur, que pour remplir l'intention de l'Empereur, de renvoyer les cadres en France, on devrait conserver dans chaque régiment les soldats en état de faire un service actif, ce qui formerait 1 ou 2 compagnies, auxquelles on attacherait par chaque compagnie de 100 hommes 2 capitaines, 2 lieutenants et 2 sous-lieutenants, et renvoyer le reste au dépôt des régiments. On conserverait au corps un chef de bataillon.
Je prie Votre Altesse de me faire connaitre les ordres du Roi pour que je donne les instructions nécessaires pour leur exécution.
P. S. Je joins ici la déclaration de l'officier du 111e que je vous annonçais pour demain" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 446, lettre 1156).
Après avoir gardé les premiers Bataillons sur le front Est et y avoir versé tous les survivants, Napoléon reconstitue les seconds Bataillons des Régiments de son armée détruite en Russie : "Fontainebleau, 27 janvier 1813.
A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen.
Mon Fils, le ministre de la guerre vous a écrit pour vous faire connaître que les détachements de conscrits de chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée qui doivent se rendre à Erfurt, où ils trouveront les cadres des 2e bataillons, ce qui complétera ces vingt-huit bataillons, partent de France les premiers ...
Avant le 1er mars, les bataillons du 30e et du 33e et celui du 61e et celui du 111e, celui du 85e celui du 18e et celui du 57e seront arrivés, ce qui fera sept bataillons. Ordonnez à un des généraux de brigade du 1er corps de prendre sous son commandement ces sept bataillons et de se porter à Wittenberg, où ils pourront être arrivés du 1er au 5 mars ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.8, page 274 ; Correspondance de Napoléon, t. 24, 19523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32518).
Mais arrivé à Francfort sur l’Oder le 12 février 1813, le Régiment est reconstitué grâce aux nouveaux recrutements.
Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, le général Lauriston devant être du 15 au 20 février à Magdebourg, il devient important que vous donniez ordre au prince d'Eckmühl de revenir à Stettin. Il y a de l'anarchie dans cette place, et on y éprouve le besoin d'une autorité supérieure. D'ailleurs le 2e bataillon du 30e et celui du 33e seront arrivés à Erfurt le 19 février. Les 2es bataillons des 23e, 57e, 61e, 85e et 111e y arriveront le 22, le 25, le 24 et le 28 février. Voilà donc tout de suite une augmentation de 4,000 hommes pour Stettin. Vous avez reçu la lettre par laquelle je vous instruis de quelle manière mon intention est que ces bataillons soient dirigés sur Stettin ; mais vous pouvez donner ordre d'y venir de suite, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Je pense effectivement qu'il est très important que nous ayons le plus tôt possible entre Stettin et la Poméranie et sur cette place une vingtaine de mille hommes. Or, dans le courant de mars, les 16 bataillons seront tous dans cette place ..." (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 347 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32762).
Le Duc de Padoue arrive à Erfurt le 23 février 1813. Aussitôt arrivé, il se met à l'œuvre pour organiser les seconds Bataillons des 3e, 33e, 61e, 111e de Ligne. Il les dirige sur Leipzig et sur Wittenberg (Du Casse A. : "Le Général Arrighi de Casanova, Duc de Padoue", 1866, t. 1, p. 278).
Le 27 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, le 2e bataillon du 17e de ligne, celui du 21e et celui du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20. Ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait, se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt le 19 février, le 57e le 28 février, le 61e le 23, le 85e le 24, le 18e le 28, le 111e le 28. Ces sept bataillons d'Erfurt, avec les quatre premiers de Cassel, font onze bataillons qui peuvent être bientôt réunis sur l'Elbe ...
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons hormis cinq, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Wittenberg ou Spandau, c'est-à- dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs. Prescrivez des mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances.
Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Dessau ou à Wittenberg.
Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32901).
Le même 27 février 1813, l'Empereur écrit également au Général Lauriston, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe : "Vingt-huit deuxièmes bataillons du 1er et 2e corps de la Grande Armée se réunissent à Erfurt et Cassel, savoir :
... à Erfurt le 30e, 33e le 19 février ; 57e le 28, 61e le 23, 85e le 24, 18e le 28, 111e le 22 ; 26e de ligne le 1er mars, 24e le 2, 4e de ligne le 6, 12e le 8, 48e le 10, 7e de ligne le 9, le 37e le 11, le 72e le 8, le 108e le 11, le 2e le 10, le 33e le 12, le 13e le 17, le 19e le 16, le 46e le 15, le 15e le 15, le 93e le 13 ...
Les 6 bataillons d'Erfurt doivent se rendre à Dessau ou Wittenberg. Mettez-vous en correspondance avec le général commandant à Erfurt et avec le prince d'Eckmühl qui a été chargé par le vice-roi de réunir ces bataillons afin que, d'après les ordres du vice-roi, ils soient dirigés sur Berlin, Spandau et Stettin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32905).
Le 5 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée : Mon fils, les deuxièmes bataillons du 17e de ligne, du 21e et du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20 ; ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait., se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt, le 19 février ; le 57e, le 28 ; le 61e, le 25 ; le 85e, le 24 ; le 18e, le 28 ; le 111e, le 22. Ces 7 bataillons d'Erfurt avec les 4 premiers de Cassel font 11 bataillons qui peuvent être presque déjà réunis sur l'Elbe. Le 11e léger a dû arriver le 17 février à Cassel ; il doit être maintenant à Spandau.
Le 26e léger doit arriver à Erfurt, le 1er mars ; le 24e léger le 2 ; le 4e de ligne, le 6 ; le 12e de ligne, le 8 ; le 48e de ligne, le 10 ; le 7e léger, le 9 ; le 37e de ligne, le 11 ; le 72e de ligne, le 8 ; le 108e de ligne, le 9 ; le 2e de ligne, le 10 ; le 33e·de ligne, le 12. Quant au 13e léger, il ne pourra arriver à Erfurt que le 17 mars ; le 19e, le 16 ; le 46e, le 15 ; le 15e, le·15 ; le 93e, le 13.
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons, hormis 5, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Willenberg ou Spandau, c'est-à-dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs.
Prescrivez les mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances. Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Wittenberg ou à Dessau. Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 394 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33016).
Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous renvoie la dépêche du duc de Padoue. Faites-lui connaître que les 16 bataillons du 1er corps se réunissent à Wittenberg, pour garder cette ville sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, et que les 12 bataillons du 2e corps se réunissent à Dessau pour y garder le pont, également sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, qu'il vous fasse connaître ce qui a été exécuté de ces différentes dispositions.
Les 16 seconds bataillons du 1er corps formeront 8 régiments provisoires de la manière suivante :
... 36e régiment provisoire : 61e de ligne, idem, 111e de ligne, idem ...
Vous donnerez ordre aux 8 majors de ces seize régiments de se rendre en poste à Erfurt et de là à Wittenberg.
Donnez ordre aux seize colonels de se rendre à leurs dépôts. Vous disposerez des majors en second pour les faire majors comme je l'ai ordonné précédemment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33041).
Le 9 mars 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Leipzig, au Vice-Roi d’Italie : "… Vous avez, Monseigneur, organisé une division que vous estimez à 10,000 hommes, que doit commander le général Gérard. Je propose à Votre Altesse Impériale de faire porter tout de suite cette division à Dresde et environs, et d'y diriger en même temps les 7es bataillons du 1er corps qui sont en ce moment à Leipzig, savoir les 30e, 33e, 61e, 85e, 111e, 57e et 21e.
Ces 7 bataillons sont forts en tout d'environ 5,000 hommes, chacun étant de plus de 700. On réunirait par ce moyen aux environs de Dresde un corps de 20,000 hommes, y compris celui du général Reynier, et non compris les 2 ou 3,000 Bavarois et la garnison de Torgau ...
En demandant à Votre Altesse Impériale de diriger sur Dresde les 7es bataillons du 1er corps, je sais qu'il ne serait pas prudent de mettre en première ligne des troupes aussi neuves, mais cela n'en fait pas moins nombre pour l'ennemi, à qui cette marche d'ailleurs fera supposer que tout ce qui appartient au 1er corps est destiné à marcher sur ce point.
Si l'ennemi se portait avec des forces majeures sur Dresde, ce qui ne pourrait avoir lieu que dans la supposition où les Prussiens se réuniraient aux Russes, après avoir profité de toutes les positions pour disputer le passage, je prendrai toutes les mesures nécessaires pour faire sauter le pont ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 526, lettre 1216).
Le 11 mars 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Leipzig, à l’Empereur : "Sire, le Vice-Roi m'a remis la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 2 mars. Elle prévoyait l'évacuation de Berlin, mais il m'a paru que l'on pouvait et que l'on devait garder la ligne de l'Elbe, que déjà l'on commençait à quitter. J'ai donc cru devoir faire au Vice-Roi les observations dont je joins ici copie. Son Altesse Impériale les a prises en considération et m'a donné l'ordre de me rendre à Dresde, en mettant à ma disposition le corps du général Reynier, les Bavarois et la 31e division commandée par le général Gérard, ce qui fait en tout une vingtaine de mille hommes …
Dans les 20,000 hommes je comprends les bataillons du 1er corps, des 30e, 33e, 57e, 61e, 85e et 111e régiments qui ont été organisés à Erfurt, qui se trouvent à Leipzig et qui sont dirigés sur Dresde. Les 10 autres bataillons du 1er corps, ainsi que ceux du 2e dont il y en avait 5 ici, vont être dirigés sur Magdebourg …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 532, lettre 1219).
Le 12 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Kellermann, commandant le Corps d'Observation du Rhin : "Mon cousin, j'ai ordonné que les 4es bataillons des 28 régiments qui forment le 1er et le 2e corps de la Grande Armée se rendissent à Wesel afin d'avoir des forces dans la 25e division militaire. Vous avez dans la 26e division militaire le 30e, le 33e, le 61e, le 85e et le 111e. Vous avez dans la 5e division où vous commandez je crois, le 18e, le 57e et le 7e léger. Vous avez dans la 25e division où vous commandez également le 21e de ligne, le 56e et le 11e léger. Vous avez donc dans l’étendue de votre commandement 11 régiments. Donnez ordre que ces 11 4es bataillons bien complets en officiers et sous-officiers partent de leur dépôt pour se rendre à Wesel complétés à 840 hommes, habillés et bien armés ; ceux qui sont dans la 5e et dans la 26e division militaire s'embarqueront sur le Rhin afin d'arriver le plus promptement possible.
Le général Loison aura soin de les former en régiments provisoires 2 à 2. Il devra prendre garde à ne pas confondre les régiments du 1er corps avec ceux du 2e. Par exemple le 56e et le 11e léger sont du 2e corps. Il peut en faire un régiment provisoire. Les autres étant du 1er corps, il peut les réunir 2 à 2 à mesure de leur arrivée. Passez vous-même la revue des deux qui sont à Mayence. Envoyez par des estafettes extraordinaires des ordres pour le complètement de ces 4es bataillons et leur départ. Si on ne pouvait les compléter à 840 hommes, on ne ferait partir d'abord que 4 compagnies complétées à 560 et les deux dernières compagnies partiraient aussitôt qu'on aurait pu les compléter.
Il serait nécessaire qu'on me présentât des nominations pour toutes les places vacantes. Aussitôt que ces régiments seront formés à Wesel, le général Loison dirigera ceux du 1er corps sur Osnabrück et Brême et ceux du 2e sur Minden et Munster. En attendant que les deux généraux de division et les quatre généraux de brigade soient arrivés pour commander ces deux divisions, dont une qui sera formée des 16 4es bataillons du 1er corps et une autre que les 12 4es bataillons du 2e corps composeront, vu que je fais donner par le ministre de la Guerre dans toute la division l'ordre que je vous adresse ici directement afin de gagner du temps sur les bureaux, en attendant dis-je que ces généraux soient arrivés, le général Loison attachera deux généraux de brigade ou officiers supérieurs à l'une ou l'autre de ces divisions pour les commander. Les régiments provisoires doivent être commandés par les majors. Mon intention est que tous les majors de ces 28 régiments soient employés savoir : 14 à commander les 14 régiments provisoires formés des seconds bataillons qui ont été organisés à Leipzig et 14 à commander les nouveaux régiments provisoires qui se forment à Wesel ; les colonels devant rester à leur dépôt, de s'y reposer et de réorganiser leur régiment" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33174).
Le 29 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, vous me faites connaître, dans votre lettre du 24, que vous voulez prendre des sous-officiers dans les régiments de vélites piémontais et toscans ; cela se ferait sans inconvénient si c'étaient des Français. Je vous autorise cependant à en prendre un petit nombre ; mais il ne faudrait pas que les cadres de mes régiments fussent dans la proportion de plus d'un sixième d'officiers italiens. Si le bataillon du 11e d'infanterie légère, ainsi que le 111e, en ont besoin, vous pouvez en prendre, ces régiments étant composés d'Italiens" (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 35 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33517).
Le 111e atteint bientôt la force de 3098 soldats organisés en quatre Bataillons de guerre et un de Dépot, avec un nouveau commandant, le Colonel Holtz qui, lors d'une grande cérémonie, restitue l'Aigle au Régiment, sauvée pendant la campagne de la Russie.
CHARLES HENRI HOLTZ Il est né à Versailles le 25 février 1778 et s'est enrôlé le 12 mars 1792 en tant que timonier du navire "Patriot". Il est ensuite devenu Enseigne du navire "Franklin" le 4 avril 1796. En Egypte, il devient Lieutenant de la Légion Nautique. Il passe ensuite Aide de camp du Général Friant le 11 mars 1801, puis Capitaine le 5 mai 1801. Sa carrière se poursuit également sous l'Empire, atteignant le grade de Chef de Bataillon le 23 mars 1809, grade avec lequel il passe au 7e Régiment d'infanterie légère le 17 juillet 1809. Il est promu à un grade supérieur le 3 avril 1811 et, le 6 novembre de la même année, il passe dans la Garde en tant que Chef de Bataillon des Flanqueurs. Le 7 mars 1813, il est nommé colonel en second, et est chargé de commander le 14e Régiment provisoire à Wurzburg. Le 1er avril 1813, il devient Colonel du 111ème Régiment de Ligne. Il meurt à Hambourg le 25 janvier 1814 à la suite de graves blessures reçues au cours des combats. Il avait été nommé Chevalier de la Légion d'honneur le 14 mars 1806, puis Officier de la Légion d'honneur le 7 juillet 1807. De 1792 à sa mort, il avait pratiquement servi dans presque toutes les campagnes de la République et de l'Empire. Il était présent en égypte, où il a été blessé dans les deux batailles d'Aboukir, son cheval a été tué sous lui à Austerlitz, il a participé aux affrontements d'Auerstadt, de Heidelberg, d'Eylau, d'Eckmul, de Regensburg, d'Ebersdorf et de Wagram. Il était également en Russie en 1812. |
L'armée est reconstituée et réorganisée et l'ancien 1er Corps d'armée est rebaptisé 13e Corps d'armée sous le commandement du Maréchal Davout. Il comprend notamment la 40e Division, où font Brigade les 111e et 61e Régiments de ligne.
Bientôt une nouvelle guerre se prépare contre les alliés en Saxe et les Divisions sont employées dans les combats de Lutzen, de Bautzen.
Le 7 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Bunzlau, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Donnez ordre que de Wittenberg la 1re division se dirige sur Magdebourg où elle sera jointe par les quatre bataillons qui lui appartiennent : par ce moyen, le 1er corps, sous les ordres du prince d'Eckmühl, aura trois divisions, c'est-à-dire 16 régiments, ayant chacun ses 1er, 2e et 4e bataillons.
Vous lui ferez connaître qu'il ne doit pas perdre un moment pour supprimer les bataillons provisoires et réunir ensemble les 1er, 2e et 4e bataillons. Il fera revenir les colonels, les aigles et la musique des régiments. Alors le 1er corps sera composé ainsi qu'il suit ...
3e division du 1er corps formant la 3e division de l'armée
3 bataillons du 15e d'infanterie légère, 3 61e de ligne, 3 48e de ligne, 3 108e de ligne, 3 111e de ligne. 15 bataillons ...
Faites connaître au prince d'Eckmühl que lorsque je connaîtrai la situation de son corps, je me déciderai ou à lui former une 4e division avec ces bataillons ou à les incorporer dans ses 3 premières divisions afin que leurs bataillons soient bien complets ; faites-lui connaître que chaque division doit être de 3 brigades et avoir deux batteries à pied par division, deux batteries à cheval pour le corps et 2 batteries de 12 pour la réserve du corps ...
Vous ferez connaître au prince d'Eckmühl que les trois divisions qui composent le 1er corps, formant 48 bataillons avec 76 pièces de canon, doivent être prêts au 1er juillet à entrer en campagne, laissant la division de Hambourg pour la garde de Hambourg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34510).
Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Mon Cousin ... Les 2es bataillons des 15e léger, 48e, 61e, 108e et 111e de ligne, partiront vingt-quatre heures après la réception du présent ordre, soit de Wittenberg, soit de Magdeburg ; ils formeront une seule brigade et se rendront à Hambourg. Il y aura donc à Hambourg :
1° La 50e division ou division de Hambourg, qui est aujourd'hui de 5,000 hommes ;
2° La 3e division, savoir : 15e d'infanterie légère, quatre bataillons ; 48e, 61e, 108e, 111e d'infanterie de ligne, seize bataillons ; total, vingt bataillons ;
3° La division bis ...
Le prince d'Eckmühl formera la 3e division, qui se trouvera ainsi à trois brigades. En conséquence, il aura sous ses ordres, à Hambourg, la division de Hambourg, qui, après l'incorporation des bataillons de marche, doit être, comme je l'ai dit plus haut, de 5,000 hommes ; la 3e division, c'est-à-dire vingt bataillons ou 12,000 hommes ; la 3e division bis, dix bataillons ou 6,000 hommes ; total, 23,000 hommes ...
Donnez des ordres pour que le prince d'Eckmühl réunisse à Hambourg et Harburg toute la division de Hambourg ; qu'il réunisse sa 3e division de vingt bataillons en avant de Hambourg ; qu'il réunisse la 3e division bis à Luneburg, en laissant deux bataillons sur la côte ; qu'il borde toute la rive gauche de l'Elbe. Mon intention est qu'avec ce corps d'armée et les Danois il puisse prendre l'offensive dans le Mecklenburg, aussitôt que l'armistice viendrait à être rompu ...
Comme la 3e division est actuellement de vingt bataillons, il est maître d'y mettre le général Loison et de mettre le général Thiebault à la 3e bis. Je le laisse maître également de scinder la 3e division, de manière à avoir trois divisions de dix bataillons chacune, mais ce ne serait que pour le service et non pour l'organisation : ou bien il peut mettre quatre bataillons de la 3e division avec la 3e bis, de manière que la 3e division se trouve être de seize bataillons et la 3e bis de quatorze ..." (Correspondance de Napoléon, t. 25, 20145 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34816).
Le 19 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant de la cavalerie du 3e Corps : "Mon cousin, l'état-major vous fera connaître mes nouvelles dispositions relativement au 1er corps d'armée, mais comme il importe que vous les connaissiez sans perdre de temps, je vous en écris directement. J'ai divisé le 1er corps en deux parties ; la première comprend la 1re division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 7e léger, 12e, 17e, 21e et 30e de ligne : et la 2e division composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 13e léger ; 25e, 33e, 57e et 85e de ligne. Ces deux divisions se réunissent à Magdebourg sous les ordres du général Vandamme. La 3e division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 15e léger ; 48e, 61e, 108e et 111e se réunit à Hambourg sous les ordres du prince d'Eckmühl, ainsi que la 3e Division bis, composée des 15 troisièmes bataillons des 15 régiments ci-dessus ...
Dirigez en conséquence, la marche des troupes qui doivent rejoindre ces divisions. Les 10 troisièmes bataillons des régiments de la 1re et 2e division faisant partie de la 3e division bis ne tarderont pas à arriver. Dirigez toujours sur Brême tout ce qui appartient à ces bataillons ...
J'ai ordonné que les aigles, la musique, les colonels et les majors des régiments des 1re, 2e et 3e divisions se rendent à leurs corps. Dirigez-les tous sur Magdebourg ou sur Hambourg, selon les dispositions ci-dessus. Ayez soin pour éviter des marches inutiles qu'on les prévienne à leur passage à Mayence ou à Wesel. Il est probable que les colonels et majors voyageront en poste ...
Ouvrez aux dépôts des 28 régiments des 1er et 2e corps pour savoir si leurs colonels, leurs musiques et leurs aigles sont partis ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34865).
Le 25 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai déjà écrit, et je vous l'écris de nouveau à cause de son importance, qu'il est indispensable que les colonels, les majors, la musique et les aigles des régiments qui forment la 3e division du 1er corps, se rendent sans délai à Hambourg. Cette division se compose comme vous savez des 15e léger, 48e, 61e, 108e et 111e de ligne.
Les 3es bataillons de ces régiments qui font partie de la 3e division bis, vont rejoindre cette division, ce qui la portera à 20 bataillons, et à 4 bataillons par régiment. Ces 5 régiments formeront 3 brigades. Il faudra donc qu' il y ait 5 colonels et 5 majors présents ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 35006).
Le 27 juin 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Général Vandamme : "Je vous adresse un ordre du major général. Je vous préviens que j'ai donné tous ceux nécessaires pour que les intentions de l'Empereur soient remplies.
Le 1er juillet, les 10 bataillons de la 2e division arrivent à Lunebourg avec leurs deux batteries d'artillerie.
Le 1er juillet, 9 bataillons seulement, au lieu de 10, de la 1re division arrivent également à Lunebourg, avec deux batteries d'artillerie à pied.
Le 10e bataillon, qui est le 4e du 12e régiment, n'est parti de Mézières qu'au commencement de juin. J'ai écrit pour qu'il fût dirigé directement d'Osnabruck sur Magdebourg.
Il manquera également à Lunebourg un bataillon du 7e régiment d'infanterie légère. Ce bataillon fournissait des postes sur la rive gauche de l'Elbe, depuis Schackenbourg jusqu'à Hope. Un bataillon du 61e est en marche pour relever ces postes aussitôt qu'ils le seront, le bataillon du 7e léger se mettra en marche en se dirigeant sur Weltzen, où il sera le 2 juillet et attendra le passage de la colonne de la 1re division.
Je vous adresse la situation des troupes des 1re et 2e divisions. J'ai confié le commandement de la colonne de la 1re division au général Montesquiou-Fezensac, qui prendra vos ordres à Lunebourg, ainsi que le général Dumonceau ...
Les 2es bataillons des 15e et 33e légers, 48e, 108e et 111e de ligne, venant de Magdebourg, doivent arriver le 30 à Lunebourg pour de là continuer leur route sur Hambourg par Haarbourg. Je vous en préviens pour éviter tout malentendu, parce qu'ils ne font pas partie des troupes mises sous vos ordres, Vous verrez, Monsieur le général, par l'ordre du major général que la colonne que conduit le général Fezensac devra être dirigée de Magdebourg sur Wittenberg, avec les deux batteries d'artillerie et les administrations ...
Le bataillon du 61e, parti de Magdebourg, et qui devait passer à Lunebourg, ainsi que les cinq autres, pour venir ici, est celui qui va relever les postes du bataillon du 7e d'infanterie légère. Les ordres lui ont été donnés" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 197, lettre 1409).
Le 11 août 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "Je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 8 Par mes précédentes et les comptes que j'ai rendus au major général, elle aura vu que je m'occupais d'exécuter ses intentions, et que tout est en mouvement pour attirer l'attention de l'ennemi sur les troupes dont Votre Majesté m'a confié le commandement.
La 3e division forte de 8,000 hommes environ, composée des 15e léger, 48e et 108e de ligne à 4 bataillons chacun, et un bataillon du 44e de ligne, l'autre bataillon de ce régiment n'étant point annoncé, total 13 bataillons, sera demain 12 en entier à Bergedorf et environs, avec une batterie d'artillerie à pied, une batterie d'artillerie à cheval et une batterie de réserve, total 22 pièces.
Le même jour, les 30e et 61e de ligne de la 40e division qui sont maintenant près de Lunebourg seront à Winsen, près de passer l'Elbe à Hope, avec une batterie d'artillerie à pied.
Le 111e régiment de la même division est à Lubeck avec la 2e batterie d'artillerie à pied. Ce régiment fort de 2.600 hommes sera réuni le 15 au reste des troupes prêtes à prendre l'offensive ...
Le corps danois sera réuni demain à Sieck sur la rive droite, à une lieue ou une lieue et demie de la 3e division, sur la grande route de Lubeck à Hambourg, à l'exception de 1,800 hommes, tant infanterie que cavalerie, qui sont à Lubeck, et qui feront leur mouvement avec le 111e ...
La lettre de Votre Majesté me fait bien connaître ses intentions ; je ferai de mon mieux pour justifier sa confiance. Tous les ordres pour arrêter les convois avaient déjà été donnés ; je les réitère. Mon quartier général est depuis longtemps à une lieue de Hambourg ; je serai le 13 avec la 3e division.
J'adresse par ce courrier au major général le rapport d'un intendant du prince de la Moskowa, qui était resté en arrière, malade, pendant la retraite de Moscou, et qui vient d'arriver par le Mecklembourg. Il était parti de Stralsund le 8 août, et a passé par Wismar, Rostock et Boitzenbourg. Il n'a pu donner aucun renseignement sur le mouvement des troupes. Il a vu le général Moreau chez le prince de Suède" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 261, lettre 1467).
Bataille de Dresde, puis encore Boitzenbourg et Messow.
Le Régiment atteint ensuite la ville de Molln où il demeure retranché, et subit de nombreuses attaques et pertes.
La situation se dégrade peu de temps après. Napoléon, jusque-là, était resté invaincu sur les champs de bataille ; ses ennemis désormais cherchent à éviter la confrontation directe avec le grand génie militaire, dirigeant leur attention sur les Divisions commandées par ses Généraux qui souvent ne se montrent pas à la hauteur de l'Empereur. L'armée, affaiblie, subit la grande défaite de Leipzig et le 13e Corps d'armée, coupé du gros des forces, doit se réparer derrière les murs de la ville de Hambourg.
Le 111ème est chargé d'occuper le fort St. George, un ouvrage militaire avancé sur le périmètre des fortifications. En bref, la ville est assiégée par une force de 60 000 hommes. Le Maréchal Davout ne peut leur opposer que 30 000 hommes de différentes nationalités, chargés de défendre un périmètre de plus de 40 kilomètres.
Fatigués, déçus, malades et minés, les Italiens sont restés fidèles à la cause impériale jusqu'à la fin, contrairement aux Hollandais et aux Allemands qui ont quitté la ville à la fin du blocus. Napoléon lui-même témoignera de cette fidélité, et une fois en exil, il louera la fidélité des Italiens dans ses mémoires.
L'ensemble du district de Saint George est confié au 111ème Régiment; il comprend le faubourg de Saint George, la ligne de Hamm, la dent et les digues de l'Elbe et de Billewerda, ainsi que les deux redoutes construites sur les îles de Wilhelmsburg et de Moorwerder.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Lubeck fut occupé par les Danois, ainsi que Cronsford; ils se liaient par leur droite avec le camp retranché de Möllen, que commandait toujours le général Vichery. De là, on continuait à défendre le cours de la rivière jusqu'à l'Elbe. Les troupes du général Loison furent placées en réserve à Schwartzembeck, où le maréchal porta son quartier général le 12 novembre.
Notre mouvement n'avait pas été aperçu par l'ennemi; le lendemain 13, il entra dans Ratzebourg et attaqua en force le camp retranché de Möllen. Le combat fut vif; le général Vichery, avec le brave 111e régiment, repoussa ses attaques et lui fit éprouver une perte considérable. La nôtre fut insignifiante, car notre infanterie s'était battue derrière de bons retranchements, et la cavalerie seule avait été envoyée à la poursuite ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 ; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
Le 15 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Duc de Feltre : "... il faut mettre le dépôt du 11e léger à Grave ; ... celui du 111e, à Longwy ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37048). Le Dépôt du 111e est donc transféré dans le courant du mois.
Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé un corps qui prendra le titre de 1er corps bis et 13e bis de la Grande Armée, lequel se réunira à Anvers, à Gand et à Utrecht. Il sera composé de deux bataillons du 7e léger, du 13e léger, du 12e de ligne, du 17e, du 25e, du 33e, du 85e ; d'un du 57e, d'un bataillon du 36e, du 51e et du 55e, qui sont reformés à leurs dépôts, et du 6e bataillon du 15e léger, du 21e de ligne, du 30e, du 48e, du 108e, du 111e et du 61e ; total, 25 bataillons ; ce qui au complet ferait 25,000 hommes.
Une partie de ces 25,000 hommes existe par la conscription qui se lève actuellement ; mais un tiers ou un quart peuvent manquer, et vous y suppléerez en les portant sur les conscriptions que vous destinez au dépôt de Nancy.
Ces 25,000 hommes formeront trois divisions. Les 6es bataillons des 15e léger, 30e de ligne, 48e, 108e, 111e et 61e seront réunis dans la même division, ces bataillons appartenant aux régiments qui ont fourni à la composition du 13e corps.
Aussitôt que chacun de ces régiments pourra compléter un bataillon, il le fera partir pour Utrecht. Par ce moyen, ce corps pourra être à peu près formé par la conscription qui se lève aujourd'hui. Il peut donc être réalisé dans le courant de décembre.
Informez-vous près de l'administration de la guerre si l'habillement est prêt. Pourvoyez à l'habillement, et bientôt on pourra ressentir l'effet de cette nouvelle formation à Utrecht. Occupez-vous spécialement de compléter les cadres en officiers et sous-officiers. Vous comprendrez facilement pourquoi j'ai mis séparément ces bataillons, puisqu'ils ne doivent rien fournir, ni au 11e, ni au 5e, ni au 3e, ni au 2e corps de la Grande Armée" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37089 - Note : Cette organisation fut modifiée par un décret du 24 novembre 1813).
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le maréchal ne s'occupa plus que du corps d'armée qui, tous les jours, pouvait devenir plus précieux si Napoléon reprenait ses avantages après Leipzig, ainsi qu'il l'avait fait après la campagne de Moscou, et il entra le 3 décembre dans ses lignes de Hambourg.
Voici quelle était à cette époque la situation du 13e corps :
Le maréchal prince d'Eckmühl, général eu chef ; aide de camp, colonel de Castres ; chefs d'escadrons, Hervo, Fayet, Beaumont, Laloy, d'Houdetot.
Le général César de La Ville, chef d'état-major. Le général comte Hogendorp, gouverneur de Hambourg. Le général de division Thiebault, chargé en chef des approvisionnements. Le général Jouffroy, commandant l'artillerie. Colonel Deponthon, commandant le génie.
3e division. Général de division, Loison ; chef d'état-major, colonel Lecouturier. 1re brigade, général Romme (15e, 44e de ligne) ; 2e brigade, général Leclerc (48e de ligne, 108e). Artillerie, chef de bataillon Mathis. Effectif 9,842 hommes, 8 bouches à feu, 230 chevaux.
40e division. Général de division, Vichery ; chef d'état-major, colonel Bellangé. 1re brigade, général Gengoult (30e, 61e de ligne) 2e brigade, général Delcambre (111e). Artillerie, chef de bataillon Grosjean. Effectif 10,000 hommes, 8 bouches à feu, 172 chevaux.
50e division. Général de division, Pecheux ; chef d'état-major, colonel Allouir. 1re brigade, général Avril (33e, 29e de ligne) ; 2e brigade, général Osten (3e, 105e de ligne). Effectif : 9,680 hommes, 8 bouches à feu, 168 chevaux.
Cavalerie. Général de division, Wattier de Saint-Alphonse ; chef d'état-major, colonel Caillemer. Généraux de brigade Dubois, Guiton, Lallemand. 3 régiments provisoires de cuirassiers, 1 régiment de marche dit de Hambourg, 28e de chasseurs, détachements de toutes armes. Effectif : 5,800 hommes, 3,800 chevaux.
Marine. Contre-amiral Lhermitte. Équipage de la flottille, colonel Lefranc, 1,200 hommes ; 1 bataillon d'ouvriers, 400 hommes.
Douaniers enrégimentés M. Pyonnier, directeur commandant, 600 hommes. Gendarmerie, colonel Chariot, 230 hommes. Équipages militaires, 600 hommes. Vétérans, 600 hommes. Artillerie 6 compagnies du 8e régiment d'artillerie, 3 de divers régiments, 3,630 hommes, 2,220 chevaux.
Génie 316 hommes, 50 chevaux, etc.
Effectif total de l 'armée 42,000 hommes, dont plus de 8,000 aux hôpitaux et 400 prisonniers ; 7,500 chevaux ; 76 bouches à feu attelées de 6 et de 12 ; 350 sur les remparts ; 270,000 kilog. de poudre ; 2 millions de cartouches confectionnées ; des fusées à la Congrève et les artifices, et les projectiles nécessaires à un aussi grand système de défense.
Un grand nombre de détachements appartenant aux régiments qui composaient le corps d'armée avaient rejoint à Hambourg pendant notre campagne en Mecklembourg, ce qui explique comment il était plus fort en rentrant dans ses lignes que lorsqu'il les avait quittées à la reprise des hostilités.
La 3e et la 40e division entrèrent dans Hambourg et dans les lignes avancées de Saint-Georges, occupant les villages de Wandsbeck et Hamm, en avant de Saint-Georges. Les postes du Pont-Vert et d'Ausschlag dans l'inondation, les digues de la Bille et enfin les maisons sur la grande digue de l'Elbe, où s'appuyait la droite de toutes ces positions retranchées ; la gauche était à l'Alster ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 - Dans l'ouvrage de Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4, on lit : "... La 40e division, commandée par le lieutenant général Vichery, se composait du 30e de ligne (colonel Ramaud), du 61e (colonel Ricard) et du 11e (colonel Holtz). Les deux généraux de brigade étaient les généraux Gengoult et Delcambre. Le chef de bataillon Grosjean commandait l'artillerie. Le colonel Bellangé était chef d'état-major. Cette division présentait un effectif de 10,000 hommes, 8 bouches à feu, 172 chevaux ...").
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 6e bataillon du 111e fera partie du 2e corps, ainsi que le 6e bataillon du 61e et le 6e du 30e.
Ces 3 bataillons ne feront plus partie du 13e corps ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons, et 2e à 43 bataillons.
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ANNEXE
... ÉTAT C
Formation du 2e corps
1re division
3 bataillons du 24e léger ; 3 bataillons du 19e de ligne ; 3 bataillons du 37e de ligne ; 3 bataillons du 56e de ligne ; 1 bataillon du 111e de ligne ; 1 bataillon du 61e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
Il ordonnera au duc de Bellune d’organiser le 2è corps d’armée en trois divisions de la manière suivante :
1re division : 24è léger, trois bataillons ; 19è de ligne, trois ; 37è, trois ; 56è, trois ; 61è, un ; 111è, un ; total, quatorze bataillons ;
Le général Dufour commandera cette division ...
Chaque division aura deux batteries d’artillerie à pied ; total, six batteries, quarante-huit pièces. Ce corps d’armée aura en outre deux batteries d’artillerie de réserve, seize pièces, et deux batteries d’artillerie à cheval" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il résulte du travail que vous m'avez remis le 19 décembre, sur la formation de la Grande Armée, qu'il manquerait 11,100 hommes pour compléter tout ce que j'ai demandé, savoir : 300 au 111e ...
Il faudra se procurer ces 11,100 hommes sur l'appel des 300,00 hommes à faire dans les départements du Mont-Tonnerre et de la Sarre et dans les départements de l'Ouest où cet appel n'a pas encore eu lieu.
Faites-moi connaître les levées que l'on pourrait faire dans ces départements sur les 300,000 hommes. Il faudra employer les premiers hommes qu'on lèvera à combler ce déficit" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21025 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37624).
1814
- Hambourg
Dans la nuit du 1er au 2 janvier, l'ennemi attaque lourdement l'île de Moorwerder, mais est rejeté. Mais les assauts se répètent les uns après les autres et, au cours de l'un d'eux, le Colonel Holtz, commandant du Régiment, trouve la mort. Le commandement est alors assuré par intérim par le Chef de Battaillon Bastioni. Sur l'ensemble du front défensif, la fureur des assiégeants éclate, mais les défenseurs font preuve d'un grand courage et d'une grande résistance tout en perdant une centaine de soldats, mais sans rien céder.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… on abandonna le 15 janvier la position de Wandsbeck pour prendre la ligne de Hamm ; on garda en avant de cette ligne le village de Hamm et le clocher dans lequel on établit deux cents hommes dans un poste important et susceptible de défense, mais qui exigeait la plus active surveillance pour n'y être point surpris ; on s'éclairait de ces côtés par de fréquentes reconnaissances, dans l'une desquelles le colonel Holtz du 111e fut mortellement blessé et mourut quelques jours après, emportant l'estime du chef et de l'armée, qui assista à ses obsèques ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
Les charges intenses se poursuivent également les jours suivants, mais sans résultat.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 17 février au matin, le général en chef Beningsen mit toutes ses troupes en mouvement. On était aux prises en même temps dans l'immense développement de tous nos ouvrages. Le général Ahrenschield attaquait Haarbourg les généraux Tschüiplitz et Tschepelow attaquaient le front d'Altona depuis l'Alster jusqu'à l'Elbe. Le lieutenant général Doctorof faisait avancer deux colonnes aux ordres des généraux Tolstoy et Emme, sur la Bille et l'Ochsenwerder, tandis que le général en chef, de sa personne, marchait avec le corps du général Markof, par derrière Altona, vis-à-vis du moulin de Reygersteig. On fut quelque temps dans l'incertitude sur le point de la véritable attaque de l'ennemi ; cependant l'attention du maréchal se porta sur l'ile de Wilhelmsbourg. Les observations de l'officier qui était à la tour nous faisaient connaître que deux fortes colonnes pénétraient dans cette ile, l'une par Neuhof et l'autre par Ochsenwerder ; nos postes s'étaient repliés ainsi qu'ils en avaient l'ordre, sans rien compromettre. Le général Romme avait arrêté, par ses bonnes dispositions, le premier choc de l'ennemi, qui cherchait à s'emparer de la digue d'hiver, vers la tête de pont. Cette position, défendue par ce général et deux bataillons des 61e et 48e, était devenue inexpugnable ; l'ennemi avait renoncé après plusieurs attaques à s'en emparer et manœuvrait sur notre gauche.
Le général Vichery avait établi ses troupes en arrière de la grande digue et à la tête de pont ; la fusillade s'était engagée sur toute cette ligne, et le feu de l'artillerie était très-vif. Le maréchal avait fait battre la générale dans Hambourg ; la cavalerie à pied, la gendarmerie, la garde nationale avaient pris leurs postes sur les remparts ; les canonniers étaient à leurs pièces ; huit bataillons avaient été envoyés au général Vichery avec ordre d'en laisser deux en réserve, à l'embarcadère et au Grass Brock. Vingt bataillons restèrent en réserve sur les places publiques pour les porter où besoin serait. Quatre bataillons furent placés près des portes de Steinthor et Deiehthor pour renforcer le général Leclerc s'il était trop vivement attaqué ; il faut observer que nos bataillons étaient tellement affaiblis par les maladies qu'ils ne présentaient pas 200 baïonnettes chacun. Le maréchal se rendit à la tête de pont où l'on se battait avec une grande chaleur. L'ennemi mit ses réserves en action et fit usage de tous ses moyens pour arriver à notre tête de pont par notre gauche. Ses efforts n'obtinrent aucun résultat. Le général Vichery dirigea de ce côté trois bataillons du 61e. Le colonel Ricard fondit sur l'ennemi qui se retira, laissant le champ de bataille couvert de ses morts. Deux compagnies du 111e placées dans une maison à la gauche de la tête de pont, s'y défendirent contre les masses russes, et, les prenant en flanc et à portée de pistolet, contribuèrent à déjouer cette attaque de gauche. Pendant ce temps, un bataillon du 111e défendait la batterie de Hof ; un bataillon du 15e léger, la digue du pont Bleu, et un bataillon du 48e, la batterie de Tiffentag. Le major Goutefrey dirigeait ces trois bataillons, qui par leur constance empêchaient l'ennemi non-seulement de rien entreprendre sur leur point, mais aussi d'aller prendre part à l'attaque de Wilhelmsbourg.
L'ennemi avait pris position dans la plaine, à cheval sur la grande chaussée ; il ne paraissait plus vouloir prendre l'offensive, mais seulement chercher à se maintenir. Des forces considérables qui nous observaient de l'Ile de Neuhof semblaient destinées à se porter sur la tête de pont, si nous marchions en avant sur la chaussée ou dans la plaine. On resta donc en position derrière la grande digue, attendant que l'ennemi décidât son mouvement. Les réserves étaient arrivées et placées derrière la digue d'été sur le pont et à Klugenfeld. Pendant ce temps, l'ennemi, perdant tout espoir de réussir dans son entreprise de notre côté, cherchait à masquer son attaque sur la partie du pont de bois qui aboutit à Haarbourg ; il s'y était porté en force, avait forcé à la retraite une compagnie qui gardait la tête de pont de ce côté, avait sapé quelques pilotis et mis le feu, en sorte qu'il parvint à détruire une vingtaine de toises de cette partie de pont. A peine vit-on la fumée s'élancer vers Haarbourg et démasquer ainsi la manœuvre de l'ennemi, que le maréchal, prévoyant ce qui était arrivé, ordonna l'attaque ; on marche à lui avec une grande résolution. Le général Pecheux, de son côté, s'était porté à la défense du pont avec sa réserve, composée du 105e, commandé par le major Aurange, et des marins ; l'ennemi, pris entre deux feux, opéra sa retraite sur Altona et Ochsenwerder vers midi ; il fut vivement poursuivi, laissant sur le champ de bataille plus de 300 morts. Notre perte fut à peu près la même, entre tués et blessés ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).
Du 24 février au 18 mars, il y a en moyenne deux alarmes par jour, jusqu'à l'attaque générale du 18 mars, qui échoue encore comme toutes les précédentes. Dès lors, les alliés décident de préserver la vie de milliers de leurs soldats, attendant que les conditions difficiles du blocus, le manque de vivres et de nourriture et les épidémies agissent et contraignent les défenseurs à se rendre. Mais, contre toute attente, au début du dégel, la garnison de Davout passe même à l'offensive dans le but d'élargir le front offensif de l'ennemi et remporte également des succès notables.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 30 et le 31, on chassa l'ennemi des villages de Ruhnberg, Merkenfeld, Sinsdorf et Laujenbeck, et l'on fourragea tout le pays en avant de Haarbourg sans que l'ennemi songeât à s'y opposer; cette expédition eut tout le succès qu'on pouvait en attendre. Pendant ce temps, le maréchal avait fait attaquer la digue de Neuland et la batterie de Bullenhusen par le chef de bataillon Hervo, son aide de camp, avec deux compagnies du 108e. On avait abordé franchementl'ennemi, on avait franchi les palissades, enlevé la batterie et poursuivi les troupes russes, la baïonnette dans les reins, jusqu'au village d'Over. Le maréchal s'y était transporté au grand galop; il reconnut que l'ennemi avait négligé d'occuper dans sa fuite deux maisons placées sur un tertre, sur la rive gauche de la Sewe, par le moyen desquelles, s'il se ravisait, il pouvait nous empêcher de construire un ouvrage sur la digue qui va à Merkenfeld. La disposition du terrain était telle qu'on ne pouvait arriver à ces maisons qu'en marchant à découvert sur une digue étroite de 250 toises de long et à fleur d'eau, entre l'Elbe et la grande inondation, et sous le feu de 300 hommes retranchés derrière la grande digue d'hiver de la Sewe. Le maréchal, ayant fait reconnaître par son aide de camp Laloy qu'il n'y avait pas de coupure sur cette digue, ordonna à 25 voltigeurs du 111e de marcher. Cette petite troupe, encouragée par l'exemple du capitaine Laloy, qui se mit à sa tête avec cette rare intrépidité dont il donnait tous les jours de nouvelles preuves, et par le maréchal des logis Noël, ordonnance du maréchal, chemina sur cette digue et s'empara des maisons malgré le feu de l'ennemi. Par un bonheur inouï, nous n'eûmes que deux blessés ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
Le 25 avril, la nouvelle de l'abdication de Napoléon à Fontainebleau vient mettre un terme à cette belle résistance ; le drapeau blanc est hissé sur la place forte. Le 111ème Régiment demeure dans la ville jusqu'au 25 mai, date à laquelle la ville est remise aux Généraux du Roi de France Louis XVIII.
Le même jour, la garnison de Hambourg évacue la ville et atteint la ville de Longwy en France le 28, lieu fondamental pour l'avenir du Régiment.
- France
Le 16 janvier 1814, l'Empereur à Paris, dicte ses ordres à Gourgaud : "... Ne pas envoyer à Nantes le 111e de ligne, le 9e léger, le 6e de dragons. Les faire venir dans la 1re division militaire ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6388).
Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "I. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 3e division : 100e et 103e de ligne, 24e et 26e léger, 30e, 33e, 59e, 69e, 61e, 76e, 111e de ligne, 9e léger et 96e de ligne à Beauvais ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).
Les soldats ont la possibilité de choisir de quitter l'armée de manière permanente ou de rejoindre les nouveaux rangs du Roi de France. Les Italiens, tous en bloc, fidèles aux idéaux napoléoniens, partent, à l’exception d’une centaine d’Officiers et Sous-officiers qui acceptent de rester au service de Louis XVIII.
Dans l'Historique du 90e Régiment d'Infanterie de Ligne - ex 15e Léger, on lit : "L'arrêté royal du 12 mai 1814 conserve sur pied 90 régiments de ligne. Le 111e prend le n° 90. Les 1er et 4e bataillons du 111e sont versés au 7e de ligne. Les 2e, 3e, 5e bataillons et le dépôt forment le 90e ...
Aux Cent-jours, un décret du 20 avril 1815 rend au régiment le n° 111 ...".
Le 1er août, 2259 hommes du 111ème sont partis pour l'Italie où ils arrivent le 26 du même mois.
1815
L'Arrêté royal du 12 mai 1814 conserve sur pied 90 régiments de ligne. Le 111e prend le n°90. Les 1er et 4e Bataillons du 111e sont versés au 76e de ligne. Les 2e, 3e, 5e Bataillons et le Dépôt forment le 90e.
Les soldats rentrés en Italie, après avoir été félicités pour leurs actes par les Généraux de la moitié de l'Europe, et même par leurs adversaires, se voient méprisés dans leurs villes par la population touchée par un fort courant anti-napoléonien; et même détestée par les autorités de la Savoie. Mais lorsque parvient la nouvelle de la fuite de Napoléon de l'ile d'Elbe, beaucoup de ces Italiens reviennent sous les drapeaux qui avaient porté la victoire dans toute l'Europe.
Aux Cent-jours, un Décret du 20 avril 1815 rend au Régiment le n°111, qui dès le mois de mars, est rallié à l'Empereur.
Le 1er mai 1815, à Paris, l'Empereur décrète : "Sont admis à jouir d'une solde de retraite :
... Michel Richery, major au ci-devant 111e régiment : 1.800 francs" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6717).
Le 111e est intégré dans le 4ème Corps d'armée du Général Gérard, sous le commandement du brave Colonel Baron Sauset.
LOUIS ANTOINE SAUSET Il est né à Arzillières (Marne) le 5 avril 1773. Il s'est enrôlé le 4 septembre 1791 en tant que volontaire dans le 3e Bataillon de son département, devenant Sous-lieutenant le 10 janvier 1793 et Lieutenant onze jours plus tard. Le 1er mars, lors de la bataille de Haalldenowen, couvert de blessures, il est capturé par l'ennemi, mais avec une grande force, il réussit à résister à cette épreuve et est heureusement libéré grâce à un échange de prisonniers. Le 17 mai 1800, il est promu Capitaine au 1er Bataillon de la 66e Demi-brigade; passe avec son Bataillon et avec le même grade à la 63e Demi-brigade devenue 63e Régiment d'infanterie, où tous les Officiers sont ses amis. Ce Régiment se couvre de gloire à Eylau le 8 février 1807, où il perd un tiers de son effectif. Ce jour-là, le Colonel Lacuée est décédé avec 11 autres Officiers et plus de 400 hommes. Ce jour-là également, le Régiment obtient dix-huit Croix de la Légion d'honneur et Sauset figure parmi ceux nommés nouveaux Chevaliers le 14 avril 1807. Suite à sa nomination à la tête du 1er Bataillon de la Garde municipale de Paris à compter du 14 avril 1807, il peut enfin jouir d'une période de repos méritée. Mais son esprit d'aventure sur les champs de bataille le met mal à l'aise dans la monotonie de la ville, et il obtient finalement le 27 avril 1811 sa nomination au grade de Major et est envoyé pour commander le Dépôt du 18e Régiment de ligne. Il est ensuite nommé le 21 février 1813 pour prendre le commandement du 21e Régiment provisoire, puis est nommé Colonel du 18e Régiment de Ligne, à la tête duquel il participe à la campagne de Saxe, obtenant la croix d'Officier de la Légion d'honneur le 10 août 1813. Le 22 janvier 1814, il entre dans la Garde impériale avec le grade de Major du 16e Régiment des Tirailleurs grenadiers de la Jeune Garde. Le 26 février 1814, il est fait Baron de l'empire. Après la première abdication de l'Empereur, Sauset est réintégré dans les rangs 18e Régiment d'infanterie en tant que Colonel à la suite; puis du 22e Régiment le 27 novembre 1814. Le 4 décembre 1814, il est nommé Chevalier de l'ordre de Saint-Louis. Mais Napoléon, le 1er mars 1815, après avoir fui l'Elbe, débarque à Cannes et entre dans Paris le 20. Le 25 avril, tous les Régiments ont repris leur ancienne numérotation et le 90ème Régiment royal est redevenu le 111ème Régiment de ligne; Sauset en reçoit le commandement, rejoignant l'unité à Longwy. Grâce à l'activité frénétique de son nouveau Colonel, le 111ème Régiment est déjà prêt le 27 mai à participer à la nouvelle campagne avec un effectif de 45 Officiers et 1070 hommes sous les armes. L'ordre de départ arrive le 6 juin et le 13, le Régiment atteint Rocroy, le 14 Florennes, à deux kilomètres de Philippeville, où il est affecté à la Brigade du Général Hulot au sein de la 14e Division du 4e Corps d'armée de Gérard. Le 111ème combat intensément à Ligny et à Wavre et, après la défaite de Waterloo, suit les vicissitudes de l'armée impériale qui est dissoute. Sauset, comme tous les Officiers impériaux, est mis en demi-solde et s'installeà Vitry-le-François pour y vivre avec ses parents, sa femme et sa fille. Plus tard, il déménage avec sa famille à Bruxelles, où nombre d'Officiers napoléoniens ont déménagé, mais il est retournà Paris en 1817 pour défendre sa position auprès du Ministre de la Guerre, qui l'avait radié des rôles de l'armée. Impliqué dans un complot organisé par d'anciens camarades d'armes, il est arrêté, jugé et acquitté le 16 juillet 1821. Après d'autres vicissitudes douloureuses, dont une peine de cinq ans d'emprisonnement à l'initiative du Général Donmanget, le Colonel Sauset vit en subissant constamment, comme tant d'autres anciens combattants, les persécutions aveugles de la Restauration. Sous le gouvernement de Charles X, il réussit à se faire réhabiliter en reprenant le grade de Colonel, obtenant ainsi un revenu pour vivre dans la dignité. A la chute de la monarchie bourbonienne, le 11 août 1830, le gouvernement provisoire nomme Sauset commandant de la place d'Arras et, le 7 octobre, Colonel du 11e Régiment d'infanterie. Finalement, le 1er mai 1831, le Roi Louis Philippe d'Orléans le nomme Commandant de la Légion d'Honneur. Mais la vie aventureuse de Sauset n'est pas encore arrivée à son épilogue. Il est appelé à se battre à nouveau contre Abd el Kader à Tamezougra, puis est nommé Gouverneur d'Oran avant de rentrer chez lui et d'obtenir sa mise en disponibilté le 31 mars 1835. Sauset termine son existence mouvementée à 63 ans à Champigny sur Seine, où il est décédé le 15 juin 1836. |
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 14e division : le 9e léger qui se recrute dans le département de l’Aisne, et le 111e devraient avoir l’un et l’autre leur 4 bataillons à l’armée. Ecrivez au général commandant le département de l’Aisne de presser l’arrivée des militaires aux dépôts pour que les deux bataillons en retard soient formés.
Le 44e qui est à Périgueux peut envoyer son 3e bataillon à l’armée et le 50e peut compléter ses premiers bataillons à 1200 hommes. Immédiatement après donnez ordre que de Bourges le dépôt du 50e vienne se rendre à Orléans afin que les recrues de l’Allier ne soient pas obligées de faire un mouvement rétrograde ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).
Le même 16 mai 1815, l'Empereur, depuis Paris, donne : "Ordre de presser le départ des anciens militaires de l'Aisne destinés à compléter les 4e bataillons du 111e de ligne et du 9e d'infanterie légère" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3240).
Le Régiment combattit victorieusement le 16 juin 1815 à Ligny et le 18 à Wavre contre les Prussiens. Mais la défaite de Waterloo rend ces victoires infructueuses et cette fois, la deuxième chute de l'Empire amène le Régiment à sa dissolution définitive.
Les soldats italiens conservaient cependant le souvenir d'une aventure glorieuse et dramatique et une réputation comparable à celle de la Vieille Garde; la conscience de leur valeur, gagnée par le sacrifice de nombreux braves, les rendait encore plus fiers d'avoir servi dans la 111e Régiment d'infanterie de ligne.
- Aigles et drapeaux du 111e de Ligne
Le 111e reçoit en 1804 trois Aigles et drapeaux modèle Chaillot (voir photo drapeau collection Prince de Monaco). Une Aigle est aujourd hui conservée au Musée de l'Armée à Paris.
Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
En 1812, il n y a plus qu’une Aigle en service. Une nouvelle étoffe modèle 1812 est distribuée portant inscrit : AUSTERLITZ IENA EYLAU ECKMUHL WAGRAM. L’ Aigle et le drapeau survivent à la retraite de Russie et se trouvent au Dépôt du Régiment à Spire le 9 mai 1813. Le Colonel conservera le drapeau 1812 jusqu’au début 1815 où il le détruira.
En 1815, le Régiment reçoit une nouvelle Aigle et un nouveau drapeau modèle 1815 qui ne seront pas remis aux autorités royales à la seconde Restauration.
Bibliographie
- "Il 111e di linea dal 1800 al 1814 – Fasti e vicende di un reggimento italiano al servizio francese". Monographie du Lieutenant-colonnel des Bersaglieri Eugenio De Rossi – Edition 1995.
- "Il volo dell'aquila piemontese. Storia e gloria di un reggimento piemontese sotto Napoleone I. Il 111° RGT fanteria di Linea - I tre paletti" – de Federico Molinaro, 2013.
- "Le 111e de Ligne en Russie", de Alain Pigeard, Tradition Magazine N°208, Février 2005.