Le 4ème Régiment d'Infanterie Légère

1796-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et Soldats du 4e Léger

Avertissement et remerciements : Cet article nous a été adressé par notre collègue et ami du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition. Il est complété par nos nombreuses découvertes, issues de différentes sources, mais aussi par l'Historique du 79e Régiment d'Infanterie de Ligne, qui traite également des différentes unités qui ont porté le n°4 de l'Infanterie légère

Introduction

"C'est pendant la défense de Prague, en 1747, que paraissent définitivement les chasseurs. A l'origine ce ne fut que la réunion de quelques domestiques braves et dévoués qui allaient faire paitre les chevaux de leurs maitres dans les iles de la Moldaw. Pour résister aux attaques incessantes des Croates, pandours et hussards, ces braves genes se donnèrent pour chef Jean-Chrétien Fischer, l'un d'entre eux, et se mirent à faire la chasse à leurs ennemmis, aux dépens desquels ils se trouvèrent bientôt armés, équipés et habillés. De là leur nom de chasseurs de Fischer et leur costume étrange" (Suzanne).

Cette Compagnie rend d'éminents services, et plusieurs autres Corps irréguliers se forment par la suite, en la prenant pour modèle; mais aucun corps régulier ne porte le titre de Chasseurs avant le 8 mai 1784.

Il existe à cette époque six Régiments de Chasseurs à cheval, auxquels on adjoint alors six Bataillons de Chasseurs à pied de quatre Compagnies chacun ; ils sont désignés sous le nom de : Chasseurs des Alpes; Chasseurs des Pyrénées; Chasseurs des Vosges; Chasseurs des Cévennes; Chasseurs du Gévaudan; Chasseurs des Ardennes.

En vertu de nouvelles Ordonnances datées du 17 mars 1788, le Régiment de Royal Italien est réformé et reconstitué en deux Bataillons d'infanterie légère désignés sous le nom de Chasseurs royaux de Provence et Chasseurs royaux du Dauphiné.

Le Régiment de Royal Corse forme également : avec son 1er Bataillon, les Chasseurs royaux corses ; et avec son 2e Bataillon, les Chasseurs corses. L'excédent de Royal Italien et de Royal Corse sert à former les Chasseurs du Roussillon. Le Régiment de Montréal, également réformé, sert à créer le Bataillon de Chasseurs Cantabres.

Les douze Bataillons sont ainsi numérotés : 1er Bataillon Chaseurs royaux de Provence; 2e Chasseurs royaux du Dauphiné; 3e Chasseurs royaux corses; 4e Chasseurs corses; 5e Chaseurs Cantabres; 6e Chasseurs bretons; 7e Chasseurs d'Auvergne; 8e Chasseurs des Vosges; 9e Chasseurs des Cévennes; 10e Chasseurs du Gévaudan; 11e Chasseurs des Ardennes; 12e Chasseurs du Roussillon.

Tous ces Bataillons sont commandés par des Lieutenants-colonels et doivent se recruter exclusivement dans les pays indiqués par leurs titres.

- 4e Bataillon de Chasseurs corses

Le Bataillon de Chasseurs corses, devenu 4e de l'arme, est envoyé en garnison à Tournon, puis à Montpellier en 1791, et en 1792, il fait partie de l'Armée des Alpes. En juillet, le 4e Bataillon de Chasseurs corses occuper Mâcon, et pendant la durée de septembre et octobre, il est dans la Tarentaise. L'effectif est alors de 589 hommes. En décembre il est à Carouge gardant la frontière du Genevois, passe l'hiver devant Genève, et le 15 avril 1793, nous le trouvons à Evian ayant 25 Officiers et 676 hommes dans le rang. Au mois d'août de la même année, ce Corps occupe Briançon ; en décembre, il fait partie de la Brigade du Général Vaubois et établit ses quartiers d'hiver à Aime, Bourg, Saint-Maurice et Séez.

Le 4e Bataillon de Chasseurs corses fait donc, en 1793, toute la campagne de l'Armée des Alpes; il contribue particulièrement à chasser les Piémontais du Mont-Blanc et leur fait 120 prisonniers.

Au commencement de l'année 1794, le Bataillon corse fait partie de la Division de l'Armée des Alpes qui est envoyée sur le Rhin pour renforcer l'Armée de la Moselle, et il entre dans la composition de la 4e Demi-légère de première formation au mois d'août de la même année.

- 4e Demi-brigade légère de 1ère formation

De la fin de 1793 au commencement de 1795, a lieu le 1er amalgame.

La 4e Demi-brigade d'infanterie légère est formée le 6 août 1794 à Gueberstheim, par la réunion en un seul Corps du 4e Bataillon de Chasseurs corses, du 1er Bataillon de Volontaires de la Creuse et du 5e Bataillon de l'Ain ; elle est aussitôt placée dans la Brigade Sibaud de la Divisiou Meynier de l'Armée du Rhin qui est alors commandée provisoirement par le Général en chef Michaud. A peine formée, elle prend part à la bataille du 13 juillet où elle combat dans les gorges. La Brigade Sihaud à laquelle elle appartient attaque le Pfalzberg et le Saukopf qui sont enlevés d'assaut; la 4e Légère participe à la prise de deux redoutes que l'ennemi est forcé d'évacuer précipitamment en abandonnant toute son artillerie. A la suite de cette bataille, les alliés ayant été rejetés sur Mannheim, l'Armée de la Moselle qui vient d'être renforcée du 15000 hommes marche sur Trèves pendant que la 6e Division (Meynier) la remplace sur le versant occidental des Vosges.

Le 9 août, les Français entrent à Trèves, et lea choses en restent là jusqu'en septembre.

Mais alors, le Maréchal de Moellendorf, informé que le Général Moreau a dégarni Kayserslautern pour diriger une partie de ses forces sur Trèves, décide d'enlever les détachemonts dispersés des Français.

- Bataille de Kayserslautern : la Division Meynier est accablé (17 au 20 septembre 1794

La 4e Demi-légère occupe les villages d'Erlebach el d'Otterbach en avant de Kayserslautern. Dans la nuit du 17 au 18 septembre, l'ennemi s'ébranle pour reprendre l'offensive et dirige son attaque sur Alsborn et Neuhoffen. De grand matin ses principales forces se portent sur la Brigade Sibaud qui, malgré d'héroïques efforts, doit abandonner les villages d'Alsborn et d'Enkerbach. Le l9 septcmbre, cette Brigade, appuyée par le 2e Bataillon de la 4e Demi-légère, reprend ses positions, mais le 20, l'ennemi ayant renouvelé son attaque avec des forces considérables, la 6e Division est obligée d'abandonner Kayserslautern après des pertes sérieuses.

La Brigade du Général Cavrois où se trouve le 1er Bataillon de la 4e Légère fait une résistance très vive sur les hauteurs de Morlautern et ne se retire que sur l'ordre du Général Meynier.

- Affaire de la ferme d'Eselsfurth

Le même jour, 20 septembre, la Division prend position en arrière de Tripstadt; la 4e Légère occupe Clausen et les environs de Pirmasens. Les troisièmes Bataillons des 4e et 12e Légères et le 1er de la 5e de ligne placés à la ferme d'Eselsfurth sous les ordres de l'Adjudant général Jordy se trouvant abandonnés à eux-mêmes par la retraite de la division, sont bientôt entourés par 20 Escadrons de cavalerie. Formés en carrés, ces braves Bataillons repoussent plusieurs charges des Hussards de Blücher, de Wolfradt et des Dragons de Katte, mais enfin, pressés de toutes parts, épuisés de fatigue, réduits à un petit nombre, ayant la plupart de leurs chefs tuée ou blessés, ils sont enfoncés, sabrés et détruits. Les Prussiens cessent presque aussitôt leur mouvement offensif et reprennent leurs anciennes positions.

Le Général Michaud fait de nouveaux changements dans l'organisation de l'armée et s'occupe du mouvement à opérer pour la jonction des Armées du Rhin et de la Moselle à Lautreck, puis les diriger ensuite sur Mayence.

Le 14 octobre, les 5e et 7e Divisions sont réunies en un seul Corps sous les ordres de Saint-Cyr. La 4e Légère en fait partie ; ses trois Bataillons se trouvent alors postés en avant de Kayserslautern.

Le 3e Bataillon ne compte que 165 hommes sous les armes et a sans doute été reformé avec les hommes sortis des hôpitaux ainsi que ceux qui se trouvaient détachés au moment de l'affaire du 20 septembre.

Saint-Cyr part de Kayserslautern pour occuper Gelheim; le 17 octobre il se porte sur Kirchheim et y séjourne quelques jours; il se remet en marche le 24 et, le lendemain, arrive à Nieder-Ulm où les 3e et 6e Divisions sont réunies sous le n° 2.

- Blocus de Mayence

Le 1er novembre toute l'armée ayant pris position sous Mayence, la Division Saint-Cyr appuie sa droite à Hechtsheim, le centre à Marienborb et la gauche vers Drain où se trove la droite des trois Divisions de la Moselle. La 4e Demi-légère participe à toutes les opérations du blocus de Mayence jusqu'au 11 octobre 1795; Clairfayt ayant attaiqué le Corps d'observation avec succès, l'ayant forcé à battre en retraite et à découvrir la ville, se porte sur cette place et attaque le Corps de siège le 29 octobre. La 4e Demi-légère garde en avant de la ligne les retranchements de Heiligenkreutz; elle y est forcée par une colonne autrichienne, et toute la division bousculée se retire sur Odernheim et enfin à Kirchheimholanden.

L'Armée du Rhin va s'établir et se réoganiser derrière la Pfrim, où la Division Saint-Cyr prend position sur les hauteurs entre Monsheim et Wachenheim.

Le 10 novembre, Clairfayt, qui a reçu dea renforts, attaque avec succès la ligne françaiee; la Division Saint-Cyr se retire dans le plus grand ordre à Grünstadt.

La 4e Demi-légère continue cette campagne pénible jusqu'au 1er janvier 1796, jour de la aignature de l'armistice que les Autrichiens, épuisés de fatigue, ont eux-mêmes proposé le 19 décembre précédent.

Par suite du Décret du 1er février 1796 qui ordonne de reprendre les 238 Demi-brigades existantes pour en former 110 de ligne et 30 1égères, et par suite du tirage au sort, la 4e Demi-brigade légère de première formation prend le numéro 21 le 20 février (Voir 21e Régiment d'Infanterie légère).

I/ 1796-1800 : DE L'ITALIE A L'EGYPTE

a/ 1796-1798

- Organisation de la nouvelle 4e Demi-brigade d'Infanterie légère

Par suite du Décret de février 1796, est ordonné le 2e amalagame. Formée le 7 avril 1796, la 4e Demi-Brigade d'Infanterie Légère de 2ème formation est composée par amalgame des :

- 8e Demi-Brigade d'Infanterie Légère de première formation : D'une existence éphémère, elle est formée le 19 juin 1795 par la réunion des :

- 8e Bataillon de Chasseurs des Vosges

Créé en 1788 pour former l'infanterie du Régiment de Chassrers à cheval des Vosges, il est organisé en Bataillon isolé sous le n° 8 par Ordonnance royale du 17 mars 1788.

En garnison à Vienne et à Lyon lors de de cette formation, il part pour Collioure et Mont-Louis, où il reste jusqu'en 1790. Le Bataillon, dont la force est de 29 Officiees et 429 Sous-officiers ou soldats, tient ensuite garnison à Montpellier en 1792 et fait partie de l'armée de Savoie le 29 octobre 1793.

Les Chasseurs des Vosges se distinguent plusieurs fois dans les Alpes, aux côtés du 4e Bataillon de Chasseurs corses et du 2e Bataillon du 79e avec lesquels ils font plusieurs fois Division. Le Bataillon fait partie des renforts envoyés par l'Armée des Alpes aux troupes qui fonnt le siège de Toulon ; il se fait remarquer particulièrement à la prise de la Redoute anglaise de l'Aiguillette.

- Action d'éclat du Chasseur Killey.- De tous les ouvrages de fortification qui entourent la place de Toulon, le plus important est une redoute allongée du nord au sud de l50 mètres de longueur environ, armée de 20 canons et 4 mortiers de gros calibre. Le fossé de 2 à 3 mètres de profondeur sur 4 à 5 de largeur est précédé d'une double file de chevaux de frise et d'une rangée d'abatis. Un millier d'ennemis campent à l'intérieur et sont soutenus par un nombre égal bivouaqué en arrière, à proximité d'une batterie de 6 bouches à feu battant la gorge et l'intérieur de cet ouvrage appelé la Redoute anglaise.

Le général Dugommier décide le 15 décembre de l'enlever avant l'achèvement de plusieurs batteries annexes dont l'ennemi entreprend la construction.

6000 hommes sont rassemblés au village de la Seyne ; i1s doivent former 2 colonnes, l'une pour marcher directement sur la redoute, l'autre filant le long du rivage pour tourner l'ennemi. Le 17, à une heure du matin, les troupes se mettent en route dans le plus grand silence et par une pluie torrentielle. La colonne de droite franchit les fossés et abatis, pénètre dans la redoute et lutte corps à corps et à la baionnette avec les Anglais qui défendent héroïquement chaque traverse, chaque épaulement. Enfin, la 2e colonne qui a tourné l'ouvrage y pénètre à son tour et, aprèss un combat acharné de trois heures, les Républicains restent maitres de la redoute dont le sol est jounché de morts et de mourants. page 182

Le soldat Milley du Bataillon des Chasseurs des Vosges, entre un des premiers dans la redoute et y plante le drapeau tricolore. Après la victoire, le Général Dugommier le nomme Sous-lieutenant sur le champ de bataille.

Le Bataillon de Chasseurs des Vosges suit Dugommier dans les Pyrenées-Orientales, y fait les campagnes des ans 2 et 3, et revient à l'Armée des Alpes, où il sert de noyau à la 8e Demi-brigade de première formation le 19 juin 1795; quelques mois après, il fait partie de la 4e Demi-légère qui va prendre une si glorieuse part à la campagne d'Italie en 1796.

- 1er Bataillon du Cantal

- 2e de la Légion de la Moselle.

- 1er Bataillon de la 52e Demi-Brigade de Bataille;

- 5e Bataillon de Volontaires de l'Isère.

- 1er Bataillon de Volontaires de la Charente.

- Bataillon de Nyons, Drôme.

- Campagne de 1796-1797 en Italie

La nouvelle 4e Légère est commandée par le Chef de Brigade Destaing, le 7 avril 1796 (il sera ensuite Général de Division). Elle sert brillement en Italie avec Bonaparte.

Le Journal de marche du Chef de Brigade Destaing, commandant la 4e Demi-brigade légère, intitulé "Précis historique des marches et actions de la 4e demi-brigade légère depuis le 23 germinal an IV jusqu'au 13 thermidor an X" (12 avril 1796 - 31 juillet 1797), donne de nombreux renseignements sur cette campagne, que nous recouperons avec d'autres sources.

La 4e Demi-brigade d'infanterie légère part pour Cadibone forte d'environ 1,200 hommes, le jour même de l'embrigadement qu'elle reçoit à Savone.

Elle y est depuis quatre jours lorsqu'elle est témoin à une petite distance du cumbat livré par les Autrichiens à Montelesimo; à la fin de la journée, l'ennemi reste collé au pied de la redoute.

Dans la soirée, la 4e Demi-légère est rejointe à Cadibone par la 32e de Bataille, et ces deux Corps formés en colonne se tiennent prêts à marcher sur l'ennemi.

- Montenotte, 12 avril 1796

A une heure après minuit, la colonne est mise en mouvement pour attaquer sur son flanc droit la Division ennemie qui s'est portée sur Montelesimo.

Les Carabiniers et les Grenadiers forment l'avant-garde aux ordres du Chef de Brigade Rondeau, le Général Mesnard marche à la tête de la 4e Demi-légère et le Général Masséna à la tête de la 32e.

Au point du jour nous sommes en vue de Montenotte et nous nous séparons en deux colonnes ; l'avant-garde et la 32e marchent directement sur la ligne ennemie qui est déjà en bataille sur les hauteurs, la 4e Demi-légère par un long circuit et dea sentiers difficiles marche sur le flanc droit dea Autrichiens.

L'avant-garde et la 32e se trouvent en présence de ces derniers longtemps avant que la 4e Demi-légère ait parcouru le cercle qui lui est prescrit. Les Tirailleurs de l'avant-garde commencent à s'engager pendant que la 4e gravit à la course les montagnes les plus escarpées et en débusque successivement les postes ennemis. Elle arrive enfin au sommet et il ne lui reste plus qu'un quart d'heure de marche pour arriver à l'endroit désigné, lorsque les Carabiniers, impatients de combattre, marchent impétueusement à l'ennemi qu'ils attaquent en tirailleurs ; ils sont soutenus par les Grenadiers qui marchent en bataille.

Après une courte résistance qui coûte la vie à un officier et à plusieurs Carabiniers ou Grenadiers, la ligne ennemie est enfoncée et dispersée. La 4e Demi-légère n'arrive pas à temps pour lui couper la retraite mais les Autrichiens poursuivis par l'Aide de camp Murat laissent un grand nombre de prisonniers entre nos mains.

- Marche sur Cossaria

La 4e Demi-légère reçoit l'ordre de marcher de suite sur Cancale qui est occupé par les Piémontais ; elle part sans les Carabiniers qui sont à trois lieues de là à la poursuite, ainsi que 3 détachements d'environ 200 hommes.

L'ennemi débusqué aisément de tous les postes qu'il occupe aux environs se replie sur les montagnes où la 4e les suit et prend position à minuit après 24 heures de marche ou de combats. Le 24 Germinal (l3 avril) au point du jour elle débusque l'ennemi de toutes les hauteurs et le rejette sur Cossaria où elle ne peut pénétrer; nous faisons une centaine de prisonniers.

Dans la matinée la 4e Demi-légère prend part au blocus de Cossaria; mais les Piémontais se montrant encore sur les hauteurs, le Lieutenant-général Provera refuse de se rendre. C'est alors que le Général Mesnard est envoyé avec la 4e Demi-légère sur les montagnes à droite de Cossaria pour les faire évacuer; la Demi-brigade y monte rapidement, met l'ennemi en déroute et le poursuit à deux lieues de là en lui faisant plusieurs prisonniers parmi lesquels deux émigrés qui préférent se faire tuer sur place que de se rendre.

Malgré notre succès sur les hauteurs, Provera ne veut pas se rendre, et à notre retour nous sommes témoins de l'assaut de Cossaria, mais l'attaque n'est pas également soutenue et on s'amuse à fusiller pendant que quelques braves excaladent les murs. L'attaque échoue, mais Provera se rend le lendemain et la 4e occupe le fort.

- Marche sur Cairo

Une heure après nous partons avec le Général Mesnard et après avoir bousculé l'ennemi qui occupae encore la montagne entre Cossaria et Cairo, nous sommes témoin à l'entrée de la nuit de l'attaque de Dego où sont nos carabiniers et 200 hommes détachés. Ils tournent la gauche des positions ennemies, s'y emparent d'une batterie et contribuent beaucoup au succès de l'attaque. Deux Officiers y sont blessés; ils ont par la suite reçu chacun un sabre d'honneur (Bulletin décadaire de l'an 6). Les Carabiniers Taulinet et Bérard, le Chasseur Naileron y prennent chacun un drapeau autrichien.

Sur les 9 heures du soir, nous avons ordre de revenir sur Cairo; il faut descendre au travers des précipices les plus affreux par la pluie et la plus grande obscurité. Deux lieues de montagnes nous retiennent toute la nuit ; les guides s'égarent à chaque pas, plus de 30 hommes roulent dans les ravins d'où on les retire avec des couvertures nouées ensemble à la lueur des feux qu'on est obligé d'allumer.

A 10 heures du matin nous entrons à Cairo, toujours avec la pluie; jusqu'à midi on nettoie les armes et les vivres ne sont pas encore distribués qu'on bat la générale.

- Deuxième attaque de Dego, 15 avril

L'ennemi a profité du mauvais temps et du désordre où sont la plupart des troupes pour reprendre les positions de Dego dans la matinée du 26 Germinal. L'avant-garde a beaucoup souffert, il n'y a pas de temps à perdre pour reprendre les positions.

La 4e Légère marche à grands pas et elle arrive sur le terrain de l'action comme l'attaque est déjà commencée. Elle reçoit l'ordre de prendre la droite de l'attaque et de monter de front sur la redoute en batterie qui ferme la gauche de l'ennemi. Une autre colonne sous les ordres du Général La Salcette est partie pour tourner la même position, mais elle ne marche pas aussi vite que la 4e. Le Général Mesnard la fait arrêter sous le feu de la redoute pour donner le temps à la colonne La Salcette d'avancer, mais elle s'arrête court au lieu de s'emparer d'une butte d'où l'on coupait la retraite à l'ennemi.

Alors le Génnéral Mesnard ordonne au Chef de la 4e de monter à la redoute avec un Bataillon de sa Demi-brigade, tandis qu'avec les deux autres il tâchera de la tourner. Le Chef de Brigade Destaing rallie aussitôt son monde à quinze pas sous la batterie et fait faire ventre à terre pour éviter les pierres qu'on lui lance ; à ce moment, il n'a encore que 200 bommes arrivés, mais voyant la colonne de gauche en déroute, et celle du centre ralliée difficilement par le Général en chef lui-même, le Chef de Brigade Destaing donne le signal.

Les hommes élancent aux cris de "Vive la République !" et en un clin d'oeil ils sont maitres de la redoute. Ils marchent alors rapidement sur le derrière des autrea positions, ce qui détermine la retraite des troupes autrichiennes qui les occupent. Le fruit de cette victoire est la prise de 4,000 hommes, de 13 bouches à feu, et la retraite des Autrichiens sur la Lombardie.

Le nommé Sop, Soldat à la 4e Demi-légère, prend un drapeau ennemi ; c'est le quatrième drapeau dont la Demi-brigade s'empare depuis deux jours. Elle a perdu en cette journée, en tués et blessés, 9 Officiers et environ 100 Sous-officiers et Chasseurs. Parmi les Officiers tués figurent le Lieutenant Couget et le Sous-lieutenant Siffert.

- Marche sur le camp de Ceva ; passage du Tanaro et du Pô.

Le 27 Germinal (16 avril), après avoir couché sur le champ de bataille, la 4e Demi-brigade légère passe aux ordres du Général La Salcette, Division du Général Masséna, et elle part marchant jours et nuits pour le camp de Ceva occupé par l'armée piémontaise. Elle y arrive lorsqu'il vient d'être évacué par l'ennemi et elle y prend position le 29.

Dans la nuit du 2 au 3 Floréal (21 au 22 avril), la Division défile sous le fort de Ceva, y passe le Tanaro et marche sur Mondovi lorsqu'elle apprend la prise de cette place. Elle se porte alors en diligence sur Cherasco qui se rend à sa seule apparition.

La 4e Demi-légère passant le Tanaro se porte sur Lamorra où elle cantonne, puis, après quelques jours de repos, elle rejoint sa Division qui continue sa route sur le Pô, où elle se présente à Sale entre Tortone et Alexandrie. Elle y fait plusieurs reconnaissances et de nombreux ouvrages, on y rassemble des matériaux et l'ennemi, trompé par ces manoeuvres, fortifie la rive opposée. Il fait des ouvrages considérables sur le Tessin ; mais, par une marche rapide, notre avant-garde file sur Plaiaance, effectue le passaage du Pô en présence de la cavalerie ennemie qui seule a pu y arriver et s'y maintient jusqu'à l'arrivée de la Division de Laharpe que la 4e rejoint bientôt.

- Bataille de Lodi

L'ennemi se replie précipitament sur l'Adda où il occupe Pizzighettone et Lodi. C'est ce dernier endroit que le Général en chef choisit pour forcer le passage et redescendre ensuite par la rive gauche sur Pizzighettone qu'il aurait été bien difficile de forcer de front. Le 21 Floréal au matin, nous passons le Pô et la 4e Demi-légère va prendre position en avant de Casal; le même jour, vers 3 beures de l'après-midi, l'avant-garde engage le combat en avant de Lodi, et la 4e se met en marche pour la soutenir. Malgré la célérité de la marche, elle ne peut la rejoindre que dans Lodi ; les troupes sont en colonne serrée dans la ville lorsque le passage du pont est forcé. Elles le passent de suite et le Chef de Brigade Destaing envoie à la poursuite de l'ennemi quelques détachements qui ramènent bon nombre de prisonniers et de chevaux. Le lendemain, la 4e Demi-légère marche sur Crema et descend en diligence sur Pizzighettone lorsqu'elle apprend la reddition de cette place ; elle campe à quelques milles et le lendemain elle repaasse l'Adda, et elle arrive à Lodi à minuit.

- Entré à Milan, 15 mai

La 4e Demi-brigade s'attend à vivement sur Mantoue, mais elle est dirigée sur Milan où elle arrive le 26 Floréal dana la matinée ; la Demi-brigade traverse la ville et va former le blocus du château. Le Général en chef croit devoir donner à l'armée quelques jours de repos qui sont utilement employés à l'babillement et à la mise en bon état de l'armement.

- Marche sur le Mincio

La 4e Demi-brigade part de Milan le 1er Prairial (20 mai), les Carabiniers en sont parti quelques heures avant pour entrer dans l'un des Bataillons de l'avant-garde. Après un séjour à Lodi, la 4e Demi-1égère passe par Crema et Brescia pour arriver à Montechiaro où la Division prend position.

L'avant-garde qui a marché par Lonato et Desenzano pour menacer la gauche de l'ennemi redescend sur Castiglione et le lendemain au point du jour se dirige sur Borghetto. La Division part en même temps de Montechiaro; la 4e Demi-légère est en tête.

- Combat de Borghetto, 30 mai

L'avant-garde rencontre l'ennemi et le culbute en avant de Borghetto, les Carabiniers y chargent avec une heureuse audace la cavalerie ennemie.

Les Autrichiens sont repoussés avec une telle vigueur qu'ils ne peuvent rompre qu'une arche du pont; Guionard, Carabinier du 2e Bataillon, franchit la coupure d'un saut, tandis que plusieurs de ses camarades passent à gué malgré la profondeur et la rapidité de l'eau. Ils rétablissent l'arche avee des poutres et des portes sous le feu le plus terrible et donnent passage à la colonne qui, fondant sur l'ennemi avec son impétuosité ordinaire, le force dans toutes ses positions. La Division, excitée par le bruit du canon et de la fusillade, fait des efforts surnaturels pour arriver sur le Mincio qu'elle n'atteint que pour être témoin de la victoire. La 4e Demi-légère bivouaque ce jour-là en avant de Valeggio et le lendemain marche sur Villafranca et Castelmoro; l'ennemi est en pleine retraite par le canal de l'Adige où il est poursuivi par notre avant-garde.

- Entré à Vérone, 3 juin

Le 15 Prairial au matin, la 4e Légère se présente devant Vérone où la Division prend position après quelques négociations avec le gouverneur. La Brigade de Jonbert traverse la ville et l'Adige, la 4e Demi-légère et la 11e prennent position en avant de la porte et du faubourg Saint-Georges, après avoir pris possession des portes, des ponts et de la place d'armes.

Après quelques jours de repos qui sont sans doute employés à organiser le blocus de Mantoue, la Division de Masséna est chargée de le couvrir dans l'intervalle du lac de Garde et l'Adige. Elle prend position de Rivoli à Torre tandis que l'avant-garde, commandée par Joubert et composée des 4e et 11e Demi-légères, prend position à la Corona et à Brentin.

- Expédition sur le col de Campion

Les positions avancées de l'ennemi en face de la Corona sont le col de Campion et une montagne qui, à cause de sa forme, est appelée par les troupes le Casque. Les Autrichiens ont fait sur les deux côtés du col et surtout sur le Casque des ouvrages qui rendent la position encore plus respectable.

Le Général Joubert ayant fait reconnaître les abords du col y fait marcher la 4e dans la nuit du 17 au 18 Messidor (5 au 6 juillet). Les Carabiniers de la 4e Demi-légère dépassent le col sans être arrêtés par les postes ennemis, et surprennent le Casque qu'ils enlevent avec la plua grande célérité. Tous les postes et une partie de la troupe autrichienne sont pris presque sans tirer, le reste ne trouve de refuges que dans les précipices; les ouvrages commencés sont renversés et cette position ne valant pas celle de la Corona, le Général juge à propos d'y rentrer.

Quelques jours après cette leçon, l'ennemi recommence ses ouvages et y établit même deux camps; le Général de Division fait marcher de nouveau la 4e Demi-brigade à l'attaque des positions autrichiennes dans la nuit du 27 au 28 Messidor; les retranchements, les ennemis, les bagages, les mulets sont enlevés en un clin d'oeil. Les troupes font 500 prisonniers; plusieurs ennemis se précipitent dans des rochers où ils trouvent la mort.

Le Général fait, comme la première fois, rentrer la 4e Légère dans ses positions de la Corona.

- Attaque de la Corona, 29 juillet

C'est le 29 juillet que le Feld-maréchal Wurmser fait son attaque générale sur la ligne française; nos Généraux sont si peu instruit de ses mouvements qu'ils croient qu'il va se retirer lorsque la veille il lève son camp.

Il emploie la soirée et toute la nuit à faire filer des troupes par la cime du Monte-Baldo et, au point du jour, il y surprend nos avant-postes, ce qui lui donne le moyen de cerner et de forcer en peu de temps le poste principal qui n'est pas suffisamment garni.

L'attaque de front a aussi lieu sur deux colonnes, mais l'ennemi y est écrasé à chacune de ses tentatives; après bien des efforts, 3,000 hommes qui ont occupé la montagne redescendent sur Val-Predo occupé par le 3e Bataillon de la 4e Légère qui est soutenu par 300 Grenadiers. L'ennemi, qui attaque de front la gauche de la 4e Légère, ayant réussi à forcer un petit sentier éloigné du champ de bataille, oblige les Grenadiers et Chasseurs à se replier sur une butte à 500 ou 600 pas en arrière; là, le 3e Bataillon reste inébranlable jusqu'à la fin de l'action.

Ne pouvant débusquer ces braves, l'ennemi descend sur la Barrière défendu par le 2e Bataillon qui, pris en flanc et en queue ainsi que le 1er Bataillon, se laisse cerner complètement plutôt que de se replier. Enfin, voyant qu'il n'y a plus de ressources, la 4e Demi-légère, laissant 200 hommes dans les redoutes, se replie en traversant l'ennemi à la baionnette.

La 18e Légère arrive au secours de la 4e, mais il n'y a plus rien à espérer quand elle arrive sur le terrain, bien que la résistance a été plus longue qu'on avait droit de l'attendre.

Le rapport de Wurmser sur cette affaire est celui qui nous fait le plus d'honneur; il dit nous avoir attaqué avec 15,000 hommes dont 3,000 sur Monte-Baldo, et qu'après nous avoir complètement cerné il n'a pu nous empêcher de passer; il avoue aussi avoir eu 1,200 morts ou blessés.

La 11e Légère est prise en entier dans le canal de l'Adige, notre perte est d'environ 100 tués ou blessés et l50 prisonniers. Parmi les Officiers tués à la Corono le 29 juillet 1796, figurent le Lieutenant Tetutal; et les Sous-lieutenants Molard et Jacquier. Le gros de la 4e Demi-légère fait retraite sur Rivoli, le 3e Bataillon sur Caprino.

Réunis au reste de la Division, les troupes résistent pendant toute la journée aux efforts de l'ennemi; la 4e Demi-brigade charge trois fois à la baïonnette et débusque trois fois les Autrichiens d'un petit village à gauche de Rivoli. Les troupes montent enfin à la butte de la Croix qui le domine, et, le Général Joubert à leur tête, elles chargent l'ennemi une quatrième fois ; quoique dix fois plus nombreux qu'elles, les Autrichiens sont mis en pleine déroute. Dans cette journée, le Chef de Brigade Destaing est blessé d'un coup de feu au pied droit; le Chef de Bataillon Lacroix est fait prisonnier.

- Affaire du 12 Thermidor, 30 juillet

Le 12 Thermidor au matin, l'enmemi évolue dans la plaine de Rivoli; vers midi, il attaque notre avant-garde aux ordres de Joubert. Notre droite, dans la gorge de Campara, est gardée par de l'artillerie et deux Bataillons de la 11e de Bataille, mais, prise d'une terreur panique, cette Demi-brigade s'enfuit dans la montagne. Au moment de la débandade, la 4e Demi-légère charge à la baïonnette et repousse l'ennemi pour la deuxième fois, mais les fuyards entrainant tout ce qui est à sa droite, elle se trouve bientôt débordée par les Autrichiens et obligée de se faire un passage par une nouvelle charge. Dès lors, le désordre est au comble, le Général Masséna qui arrive à ce moment n'y trouve point de remède, et il faut les efforts des Généraux et des chefs de Corps pour trouver un passage à l'artillerie qu'on parvient pourtant à sauver.

Dans cette déroute, le citoyen Germain, Officier à la 4e Demi-légère, fait tête à 5 Hussards qui ont causé une nouvelle épouvante; il en blesse trois et les met en fuite, mais il a reçu plusieurs coups de sabre.

Le 1er août, nous reprenons Brescia dont l'ennemi s'est emparé; cette opération n'est pas difficile, car les Autrichiens n'ont pas jugé à propos de nous attendre. Le lendemain, l'armée prend position sur les hauteurs de Salo, Lonato et Castiglione.

- Bataille de Castiglione, 2 au 5 août

Le 15 Thermidor (2 août), l'avant-garde de la Division Masséna, uniquement composée de la 4e Demi-légère et des Carabiniers de la 11e depuis que cette Demi-brigade est prisonnière, se porte à Lonato pendant que la Division s'établit à Saint-Marc; les troupes sont commandées par le Général Pigeon. Pendant la nuit du 15 au 16, nos patrouillee reconnaissent les apprêts de l'ennemi; une de ses colonnes file par notre gauche et nous dépasse, deux colonnes d'attaque viennent se former et bivouaquer à portée de canon de notre front. Le Chef de la 4e Demi-brigade fait avertir de tous ces mouvements le Général Pigeon qui probablement ne néglige point d'en prévenir le Général Masséna; cependant le jour arrive et la belle ligne de Lonato sur laquelle la 4e est dissméminée demeure sans défense.

Enfin le jour parait, l'attaque commence, l'ennemi développe sur nous des forces imposantes; environ 15,000 hommes attaquent notre front. Quatre Compagnies de Carabiniers leur ferment la route en avant de Lonato; les Autrichiens font avancer de l'Artillerie pour débusquer cette poignée de braves, mais les boulets ne font aucun effet.

Sur le grand plateau à gauche de Lonato, deux Compagnies de Carabiniers défendent avec succès le chemin qui monte entre le plateau et le château. Les trois Bataillons de la 4e Demi-légère, trop faibles pour garnir la route étendue de ce plateau, suivent les mouvements de l'ennmni, et, se présentant partout où il tente de prendre pied, le repoussent avec perte.

Les Autrichiens renoncent alors à l'attaque de front et font filer bien loin sur notre gauche la moitié des forces qu'il y ont employées.

Le Chef de Brigade Destaing s'apperçoit bien qu'ils vont attaquer notre flanc, et qu'il n'y aura plus moyen de résister si la Division ne se hâte d'arriver; mais il a beau jeter les yeux sur la route, il n'aperçoit point de poussière, ce qui lui aurait fait croire qu'il y avait des ordres pour la retraite, s'il n'avait vu le feu terrible qui part de Castiglione.

Il cherche alors la position la plus propre à couvrir son flanc, y place 12 Compagnies; il disperse 4 Compagnies sur le front et place les 8 autres en seconde ligne.

Environ 6,000 Autrichiens montent sur le plateau et s'arrêtent à une certaine distance ; la moitié vient sur nous par la crête, l'autre moitié descend dans la plaine avec de la cavalerie pour nous couper la retraite.

Le feu s'engage bientôt avec vivacité, la colonne qui marche sur nous s'arrête et hésite. Le Général ennemi veut alors faire monter sur le plateau celle qui nous tourne, elle apparait entre nos deux lignes et attaque la seconde qui est la plus faible, mais, reçue par la mitraille et la fusillade, elle se rejette en désordre sur la première ligne. Alors s'engage une mêlée qui est d'abord à notre avantage, mais la première colonne ennemie qui est sur la crête s'étnnt décidée à fondre sur la première ligne, les 12 Compagnies de la 4e Demi-brigade légère qui a'y trouvent ont bien de la peine à se frayer un passage, laissant bon nomhre de prisonniers entre les mains des Autrichiens. La 4e Demi-légère se retire alors avec calme, en forçant toujours l'ennemi à la tourner avant de rompre devant lui. C'est alors que le Chef de Brigade Destaing commence à appercevoir de la poussière sur la grande route, ce qui lui fait penser que la Division marche enfin au bout de 5 heures de combat.

La 4e Demi-brigade tente de nouveaux efforts pour l'attendre, mais ce n'est plus possible. Les Compagnies de Carabiniers qui défendent la route en avant de Lonato s'y replient après avoir épuisé leurs cartouches et barricadent la porte; l'ennemi concentré autour de la 4e l'y rejette aussi.

C'est alors que le Chef de Brigade Destaing parviens à former sur la ronute une colonne aérrée avec laquelle il espère rejoidre la Division; à peine en marche, il est chargé de front par la cavalerie, mais son feu couvre la route d'hommes et de chevaux. Le 15e de Dragons qui parait alors acbève de disperser l'ennemi, et la 4e fait halte en attendant la Division ; on lui dit que la 32e n'a pas voulu marcher avant d'avoir reçu du pain.

Il faut reprendre aur l'ennemi cette même poaition, au lieu de la défendre; les hommes de la 4e partent en tirailleurs. La Division qui suit en colonne se déploie au pas de charge sous la mitraille de l'ennemi et n'emploie pour le culbuter que le temps nécessaire pour l'atteindre. Le Chef de Brigade Destaing traverse Lonato avec une grande partie des Tirailleurs de la 4e Demi-légère, et vois aux environs grand nombre de prisonniers. Sur une butte, il apperçois la colonne de ceux qu'on lui a faits, dont l'escorte est formée par un Escadron de cavalerie ; ils sont sur le point d'entrer dana Decenzano.

Le Chef de Brigade Destaing court vivement vers la grande route où il trouve une quinzaine de cavaliers; ce sont des Guides qui ont à leur tête le citoyen Junot, Aide de camp du Général en chef. Il lui propose de charger un peloton de hussards qui lui barre la route; ensemble, ils les mettent en fuite, Junot en blesse deux; une vingtaine de Tirailleurs à pied sont capturés. Le 15e Régiment de Dragons ne tarde pas à survenir, et tous entrent aussitôt à Decenzano où ils font encore des prisonniers. Le Chef de Brigade Destaing apprend alors que les 150 hommes de la 4e Demi-légère qui sont emmnés prisonniers remontent la rive du lac de Garde sous l'escorte de 100 hommes à pied et 200 Hussard d'Herdody.

Il se décide à les poursuivre et commence par s'emparer de six pièces de canon avec leurs caissons que l'ennemi abandonne à notre approche. Les troupes aperçoivent plus loin la colonne de prisonniers; Destaing et ses hommes attaquent l'infanterie pendant que Junot se jette sur les Hussards d'Herdody.

L'escorte ayant mis bas les arms, les hommes de la 4e Demi-légère s'arment aussitôt; en revenant, le Chef de Brigade Destaint trouve Junot étendu sur la plage et blessé de plusieurs coups de sabre. Il m'engage à continuer la poursuite des Hussards qui se trouvent arrêtés à une lieue de là par notre infanterie; Destaing y court aussitôt et est blessé dans la mêlée de quatre coups de sabre.

Ses 150 prisonniers ramenèrent à Lonato 73 chevaux; la Demi-brigade a dans cette journée 6 Officiers et une trentaine d'hommes tués ou blessés.

L'ennemi perd environ 2,000 tués ou blessés et 3,000 prisonniers, il se retire par Goïto et fort peu par Peschiera.

La 4e Demi-légère prend d'abord position à Decenzano et revient ensuite à Lonato.

Le 4 août, la colonne ennemie, qui la veille a dépassé notre gauche et marché sur nos derrières, revient sur Lonato par la grande route de Brescia et somme de se rendre les troupes qui sont sous les ordres du Général Victor et dont la 4e Demi-légère fait partie.

Le Général en chef revient à ce moment et renvoie le parlementaire sommer de sa part le commandant de la colonne ennemie, avec cetto énergie et cette présence d'esprit qui sont trop généralement connues pour en rappeler ici les détaiils. Mais ce qui n'a paru dans aucun rapport et qui mérite pourtant de tenir place dans l'histoire, c'est qu'à peine Bonaparte a t-il congédié le parlementaire que, puiquant lui-même des deux, il le dépasse et va seul au milieu de la colonne ennemie lui faire mettre bas les armes.

Il y avait à Lonato 1,200 hommes et l'ennemi était fort de 4,000.

- Bataille du 5 août à Solférino

Le 3, l'enmemi est complètement battu à Casliglione ; mais le 5 il rallie toutes ses forces et se présente de nouveau au combat; le Général Banaparte n'hésite pas à l'attaque.

Les Carabiniers et un détachement de la 4e marchent à la tête de la colonne qui enlève les crêtes et le château de Solferino ; i1s font un grand nombre de prisonniers, et le Caporal Humbert y prend un Colonel autrichien à la tête de son Régiment. Le 6 août au matin, Peschiera est débloqué ; le combat est commencé lorsque la 4e Demi-légère arrive, ce qui ne lui permet pas d'assister à la déroute de l'ennemi. Mais lancée à sa poursuite avec la 18e Légère, elle l'atteint à Puyvesano et le harcèle jusqu'à Rivoli où elle séjourne 4 jours. Le Caporal Humbert recevra un sabre d'honneur.

- Attaque de la Corona

L'ennemi occupe encore le canal de l'Adige et la Corona ; le Général Pigeon qui commande reçoit l'ordre de le chasser de ce dernier poste et part à cet effet de Rivoli le 11 août. Après 4 heures de marche il arrive au fort de la Chalard en présence de l'ennemi et, marchant par le flanc, sans s'arrêter fait attaquer de front une roche à pic. Cinquante hommes qui la défendent y blessent au moins 50 Français et rebutent tellement les autres qu'il n'y a plus moyen de les faire avancer.

Une partie de la journée se passe en hésitations, mais le Général Masséna qui survient commence par donner à la troupe une heure de repos, et ensuite tourner le rocher. Puis la 4e Demi-légère marche en bataille sur le front des retranchements et les empote de vive force tandis que la l8e en colonne les tourne par les crêtes. Il n'en coûte cette fois que 5 à 6 hommes pour enlever 3 pièces de canon, 200 à 300 prisonniers et des retranchements formidahbles. Deux Officiers de la 4e Demi-légère sont tués dans la première attaque et plusieurs blessés.

- Expédition sur Trente, 2 septembre

Le 2 septembre, l'armée s'ébranle pour cette expédition. La Division Masséna chargée d'enlever toutes les positions sur la rive gauche de l'Adige passe cette rivière à Proto et va bivouaquer en avant de ln Chinda.

Le 3, l'avant-garde, composée des 4e et 18e Demi-légère et du 5e Régiment de Dragons, part avant le jour et rencontre l'ennemi en avant de Borghetto; les Tirailleurs le forcent d'évacuer ce village et les postes environnants de l'Adige aux montagnes. Il se replie sur Olla oit il a des forces et de bons retranchements.

Les Tirailleurs l'y poursuivent, mais, n'étant pas aasez forts pour le débusquer, ils font prévenir la colonne et se contentent de tirailler. L'ennemi s'étant aperçu de leur faiblesse veut en profiter pour reprendre le défilé ; mais les Tirailleurs de la 4e font une résistance intrépide, aidés par le 5e Dragons qui a mis pied à terre pour les soutenir pendant que les Carabiniers et Chasseurs chargent les Hussards ennemis. 600 hommes de l'avant-garde commandés par un Capitaine de la 4e Demi-légère arrivent sur le théâtre de l'action et emportent en peu de temps, malgré la plus vive résistance, les retranchements et le village d'Olla; ils poursuivent les Autrichiens jusqu'à San-Valentino.

Il y a beaucoup de blessés des deux côtés; deux Officiers et quelques éclaireurs de la 4e sont faits prisonniers dans les retranchements ennemis.

Le 4 au matin, deux Compagnies de la 4e attaquent et emportent de vive force le poste important de San-Valentino, tandis que les trois Compagnies de Carabiniers et le 1er Bataillon vont débusquer l'ennemi des rochers et des montagnes qui le dominent; tout ceci est lestement exécuté. Le reste de la Demi-brigade côtoie l'Adige et en nettoie les bords de tous les tirailleurs ennemis qui les occupent pendant que la Division Masséna, rejoignant les Autrichiens au delà de San-Valentino, les bat et les poursuit jusqu'à Roveredo.

- Prise du château de la Pietra

Les Carabiniers et les Chasseurs du 1er Bataillon redescendent alors de la montagne et la Demi-brigade reprend la tête de l'avant-gzrde déjà arrêtée par le canon et la mousqueterie du château de la Pietra.

La force de ce poste est parfaitement connue; l'Adige qui s'y rapproche de la montagne ne laisse que la largeur de la route fermée par une porte et défendue par un château au-dessus duquel s'élèvent des rochers perpendiculaires. Cette porte et la route sont garnies de canons et de cavalerie, le château et les rochers couverts d'infanterie bien embusquée.

Le Général Masséna prend lui-même les dispositions ; il fait attaquer les rochers à droite du château par les Carabiniers de la 4e et de la 18e ; il fait filer la 4e Demi-légère le long de l'Adige et n'en réserve qu'un détachement de cent hommes auxquels il dit les paroles suivantes, bien dignes du Général et des soldats : "Vous allez passer entre le château et le rocher; vous n'avez à essuyer que deux coups à mitraille ; vous tournerez le château. Peut-être serrez-vous faits prisonniers; peu importe, je ne tarderai pas à vous délivrer. - Marchez !".

Ils marchent en effet, tournent le château et s'en emparent en même temps que les Carabiniers escaladent les rochers, en précipitent les Autrichiens et que le reste de la Demi-brigade, rejoignant la route au delà de la porte, coupe la retraite de l'artillerie ennemie.

La Division est ralliée et bivouaque à 3 milles de Trente dans une position avantageuse.

- Prise de Trente

Le 5, au point du jour, nos Carabiniers et les Hussards mènent battant jUsqu'au faubourg de Trente la cavalerie ennemie qui soutient la retraite et qui fait deux charges infructueuses pour en disputer l'entrée. Les hommes de la 4e traversent la ville toujours en combattant et s'emparent enfin de la porte de Bolzano ; pendant ce temps l'infanterie légère et le reste de la Division se sont emparés des hauteurs. Les troupes françaises entrent dans la ville à 10 heures du matin et prennent position en avant.

- Marche sur Bassano et prise de l'Adige

On apprend à Trente que Wurmser, au lieu de continuer sa retraite sur Bolzano, redescend la Brenta et occupe les fortes positions de Primolano. Les Divisions Augereau et Masséna marchent sur lui, mais comme dans de pareils défilés les têtes de colonne font tout, il n'y a que la Division Augereau qui force l'ennemi et lui fait 5,000 prisonniers. C'est elle aussi qui force le débouché du canal dans le hassin de Bassano où les deux Divisions se séparent. Celle de Masséna continue à marcher à grandes journées aux trousses de Wurmser jusqu'au delà de Montobello où elle quitte la route de Vérone pour marcher sur Ronco. La tête de la colonne y arrive très tard et les deux tiers de la Division exténuée de fatigue sont restés en arrière ayant, en 7 jours fait près de cent milles et soutenu 6 comhats considérables.

A peine quelques Carabiniers ont-ils passé l'Adige avec le Général en chef et état-major qu'un parti de cavalerie autrichien se présente à Ronco, venant de Legnano où Wurmser a passé l'Adige. Les Carabiniers, par leur bonne contenance, forcent l'ennemi à rétrograder et la Division coutinue son passage pendant le reste de la nuit.

- Affaire de Cerea, 11 septembre

Le 11 au matin, beaucoup de monde est encore en arrière lorsque la Division se met en marche sur la route de Legnago. Le 10e Régiment de Chasseur et le 15e Régiment de Dragons partent partent en avant-garde avec le Général Murat éclairant les routes latérales.

Le 10e ne tarde pas à être attaqué par les Hussards de Wurmser sur la route d'Imola, ce qui détermine le Général Pigeon à prendre celle de Céréa en laissant un Bataillon de la 4e Demi-brigade légère pour observer l'ennemi. Le Général Murat marche aussi sur Cerea laissant des postes de cavalerie sur tous les chemins de gauche; enfin il ordonne à ses éclaireurs d'attaquer l'ennemi dès qu'ils le roncontreront.

Ils le rencontrent en effet à une demi-lieue de Cerea, le chargent et le repoussent jusqu'au village; mais l'ennemi y trouve du renfort et nos Dragons sont à leur tour mis en fuite. Ils se rallient à leurs pièces d'artillerie légère qui arrivent à ce moment; les deux Régiments reviennent à la charge et regagnent le pont de Cerea.

Le Général Pigeon croit bien faire de conduire à la course l'avant-garde déjà exténuée, pour soutenir la cavalerie; dès que quelques Carabiniers paraissent, notre cavalerie cbarge de nouveau, mais repoussée par les Hussards de Wurmser, elle se rallie encore aux pièces qui sont en batterie à l'entrée du village. Pendant ce temps, 30 Carabiniers entrent dans Cerea et y prennent position en attendant la colonne.

Le Général Pigeon fait accélérer le pas au point qu'à son arrivée dans Cerea il n'a pas 200 hommes de la 4e, et les autres Corps sont loin derrière. Sans les rallier, il les disperse sur plusieun roures et leur fait repousser l'ennemi au delà du villagn. Déjà ce dernier est en déroute et l'artillerie légère avance jusqu'à la sortie de Cerea, lorsqu'on ordonne au 200 hommes de la 4e Légère d'attaquer encore la tête de la colonne ennemie qui se déploie et sur laquelle se retirent les fuyards.

Cette impatience est fatale aux hommes de la 4e; ils sont reçus par une fusillade si forte et si bien dirigée qu'i1s sont mis en déroute ; les Hussards emnemis profitent de cela pour faire une charge vigoureuse qui les rend maitres du village avant que les 200 hommes aient le temps d'y rentrer. Alors commence la déroute 1a plus complète et à laquelle il n'y a aucun remède parce que la Division est disséminée sur 3 lieues de route; on revient se rallier à Ronco.

La 4e Demi-légère, qui perd 200 prisonniers et beaucoup de tués et blessé, aurait fait de plus grandes pertes encore sans l'énergie du Lieutenant Roy qui, placé sur le pont derrière le village, soutient la retraite avec quelques soldats qu'il a ralliés et repousse plusieurs charges de l'ennemi ; cet Officier résiste jusqu'à ce qu'il soit mis hors de combat et fait prisonnier. Parmi les tués à la bataille de Cerea le 11 septembre 1796, figure le Capitaine Tribert.

Wurmser profite de notre défaite pour filer sur Mantoue. Le lendemain 12, la Division revient à Cerea où elle ne trouve personne et bivouaque à 2 milles de Sanguinetto. Le 13, elle prend position entre Sanguinetto et Mantoue.

- Bataille du 14 au 15 septembre devant Saint-Georges

Le 14, l'avant-garde renforcée de la 29e Légère et du 6e Bataillon de Grenadiers marche sur Saint-Georges; les trois Compagnies de Carabiniers de la 4e Légère et celles de la 29e suivent la grande route, la 4e Demi-légère, les 18e et 29e entrent dans les champs à droite, où elles sont mises en bataille sur trois lignes. C'est dans cet ordre que le combat est engagé de toutes parts. Les Carabiniers, sur la grande route, ayant en tête beaucoup de cavalerie, s'embusquent derrière un fossé à l'angle des anciennes fortifications, ils laissent approcher la cavalerie sans faire feu, mais dès que la tête a dépassé leur gauche, ils lui font presque à bout portant une décharge qui encombre la route d'hommes et surtout de chevaux; ils en font autant lorsqu'elle veut reparaitre, mais elle s'engage moins à fond.

La Demi-brigade combat avec le même succès que ses Carabiniers, repoussant vivement sur leur camp les Autrichiens qui en sont sortis, lorsqu'un Corps considérable qui parait sur son flanc droit l'oblige d'arrêter sa poursuite. Mais pour se débarrasser du feu de l'ennemi qui l'incommode beaucoup, elle traverse un large ruisseau qui l'en sépare, tombe dessus au pas de charge et le poursuit jusqu'à Saint-Georges où quelques Chasseurs de la 4e arrivent avec l'ennemi. A ce moment mêem, les troupes qui étaient entre la 4e et la route défendue par nos Carabiniers paraissent en déroute poursuivies par quelques cavaliers; la 4e est alors obligée de se replier sur la 29e.

Cette retraite ayant créé une trouée entre la Demi-brigade et les Carabiniers, une colonne ennemie en profite pour la tourner et ils sont presque tous pris à l'endroit même qu'ils avaient couvert de 80 chevaux et de 30 Hussards ennemis ; pour cette raison ils sont fort maltraités.

La 4e Demi-légère s'est à peine reformée en bataille qu'un escadron de Hussards la charge; mais, reçu à 30 pas par un feu bien nourri, il a bien de la peine à faire son demi-tour; un eecadron de Cuirassiers qui lui succèda peu après éprouve le même sort.

Cette si belle défense va être couronnée par d'autres succès, lorsque la gauche de la ligne qui entend notre feu, mais n'a pas vu un seul cavalier, est prise d'une terreur panique et se débande. Ou entend crier de tous côtés : "Nous sommes cernés ! Voilà la cavalerie !". En vain essaie t-on de se rallier derrière le premier fossé ; la cavalerie ennemie revient alors et fait beaucoup de prisonniers.

La 4e Demi-légère est ralliée un mille plus loin, près de la route et arrête par son feu la cavalerie et l'infanterie; le Caporal Gausserand avec 9 ou 10 Chasseurs ne craint pas de barrer le chemin et croise la baïonnette.

A ce moment, la Demi-brigade a bien souffert; elle a perdu 500 hommes prisonniers, de nombreux tués ou blessés; tous les Officiers supérieurs sont depuis longtemps blessés ou prisonniers et il ne reste plus que 9 ou 10 Officiers et environ 200 hommes valides.

Ainsi réduite, la 4e se trouve auprès du Général commandant la cavalerie, qui lui fait distribuer des cartouches. Elle marche avec lui et s'empare d'une butte voisine de Saint-Goorges, où elle résiste à toutes les attaques et se maintient jusqu'à ce qu'elle reçoive du Général l'ordre de rétrograder pour prendre position sur la ligne de bataille.

Le 15, la Demi-brigade reçoit l'ordre de se porter sur la grande route, de s'embusquer si la cavalerie se présente et d'avancer si l'on fait feu à Saint-Georges, mais ce poste ayant été pris avant qu'elle puisse y arriver, le Capitaine qui commande se porte sur la grande route où il contribue à la prise des Cuirasiers. Il reçoit l'ordre de passer la nuit sur le terrain et le 16 de se rendre à Duo-Castelli où se trouve le Quartier général.

Le 18 septembre, la 4e Demi-légère se rend à Legnano pour y tenir garnison; c'est là que le Chef de Birgade Destaing la rejoint avec 2 Chefs de Bataillon que le Général en chef y envoie. La Demi-brigade s'y grossit insensiblement des prisonniers faits à Cerea et à Mantoue, ainsi que de plusieurs blessés rentrant des hôpitaux. Elle est forte d'environ 600 hommes lorsqu'au commencement d'octobre le Général en chef en passe la revue; il la comble des éloges les plus flatteurs et cette démarche suffit pour la remonter au plus haut ton d'énergie.

- Départ de Legnago

Pendant un mois et demi, les hostilités cessent ent et Wurmser est enfermé dans Mantoue; c'est alors que Alvinzi se présente avec une nouvelle armée; nos Divisions marchent à sa rencontre sur la Brenta. Le 8 novembr, à 9 heures du soir, la 4e reçoit l'ordre de partir sur le champ pour aller à Montebollo et Vicence prendre la tête de la Division du Général Augereau; elle part au milieu des boues, de l'obscurité et par une pluie battante. Il n'y a presque personne qui ne se jette plusieurs fois dans les fossés ; les hommes ne peuvent se rallier qu'en s'appelant les uns les autres. Enfin la 4e Demi-brigade arrive à Montebello le 9 à 4 heures du soir et y passe la nuit par ordre du Général Augereau; le lendemain matin, le Général Berthier envoie au Chef de Brigade Destaing l'ordre de marcher sur Vérone pour y être à disposition du Général Kilmain.

- Marche sur Rivoli et la Corona

Le ledemain matin, la 4e Demi-brigade reçoit de ce Général l'ordre d'aller à Bussolongo et puis à Rivoli; la Division du Général Vaubois est en pleine retraite. Le Général Joubert ordonne à la 4e de monter sur-le-champ à la COrona; elle y arrive de bonne heure et pousse des reconnaissances sur le col de Campion.

Le Général Joubert monte à la Corona avec l'infanterie légère et le reste de la Division prend position à Rivoli et à Caprino.

- Retraite sur Rivoli

Au bout de quelques jours le Général en chef croit devoir retirer une partie des troupes de la Division pour renforcer la ligne de l'Adige; la 4e évacue la Corona dans la nuit du 14 au l5 novembre pour aller prendre position à Rivoli. L'ennemi vient se poster devant elle sur la ligne Saint-Marc-Passon.

Dans la nuit du 16 au 17, la 4e apprend l'heureuse nouvelle de la bataille d'Arcole dont l'ennemi n'est pas encore prévenu.

- Affaire du 17 novembre

La position des troupes à Rivoli ne ferme pas le débouché de la gorge; la droite, composée des Carabiniers et de la 22e Légère, défend le front de Rivoli en deçà du grand ravin qui en sépare le plateau. Au centre, la grande route est gardée par la 4e légère et une pièce d'artillerie; la 17e occupe les buttes à sa gauche. Ces troupes composent la Brigade du Général Joubert. Celle du Général Vatelle, composée de la 85e de Bataille, occupe à la gauche les hauteurs qui dominent le bassin de Caprino.

L'ennemi a sa droite appuyée à la chute du Mont-Baldo, son centre aux Crêtes de Saint-Marc; sa gauche et sa cavalerie dans le canal de l'Adige.

L'attaque commence au point du jour par le feu d'une batterie établie au delà de l'Adige en face du château pour favoriser le passage d'une colonne qui débouche par la grande route avec quelques pièces de 3.

Cette colonne porte tout son effort sur la route tandis que celle du centre marche sur la position de la 17e et qu'une troisième partant de la droite de l'nnemi se dirige par les crêtes sur la 85e de Bataille ; en attendant, des Tirailleurs, placés sur le plateau et le long du ravin, occupent notre droite. La colonne du centre arrive la première et chasse la 17e Légère de son retranchement au moment où celle de gauche commence à se déployer devant la 4e Demi-légère.

Le Général Joubert se porte vivement à la 17e pour y rétablir les affaires, et le Chef de Brigade Destaing lui en facilite lea moyens en chargeant à la baïonnette avec deux Bataillons aur la ligne ennemie qui marche aur lui ; elle est culbutée en un clin d'oeil et la 17e chargeant preeque aussitôt met aussi en déroute la colonne du centre. Les troupes poursuivent vivement l'ennemi et font 400 à 500 prisonniers; le reste va se rallier derrière sa troisième ligne qui est à la chute des Crétes de Saint-Marc.

Par suite de ce mouvement en avant, la colonne qui a attaqué la 85e se trouve entre cette Demi-brisgde et la 4e Légère; cette situation ralentit d'abord son attaque et bientôt la force à une prompte retraite.

Un seul Bataillon de la 85e poursuit mollement l'ennemi; le Général Joubert, ne pouvant lui donner d'ordres, fait rentrer la 4e Légère dans ses positions et prévient le Général Vatelle que si l'ennemi revient, il est d'avis de faire sur lui une charge générale.

L'ennemi rallié et revenu de son étonnement revient en effet et forme une seconde attaque analogue à la première. La 17e Demi-brigade résiste de front; la 4e qui n'est pas retranchée la reçoit par une nouvelle charge à la baïonnette qui a le même succès que la première; mais la 85e n'ayant pas bougé, la 4e est forcée d'arrêter la poursuite et reprend encore une fois ses positions.

Le Chef de Brigade Destaing laisse un Bataillon de la 4e à l'angle de la route où prend naissance le grand ravin; comme ce Bataillon gênet extrêmement les mouvements de l'ennemi, il le fait charger par toute sa cavalerie suivie de Tirailleurs; mais les Autrichiens étant obligés de défiler devant le front des Chasseurs de la 4e Légère pour contourner le ravin qui les sépare, un feu de file les force par deux fois à renoncer à leurs projets.

Il n'en est pas de même à la gauche où la 85e perd du terrain ; quelques Tirailleurs ennemis qui se glissent entre elle et la Brigade Joubert pour fusiller son f1anc droit, paraissent être ce qui la gêne le plus.

Le désordre se met dans ses rangs et ce n'est plus qu'une foule disséminée qui recule toujours; on voit de temps en temps une pointe de braves gens qui restent les derniers et se ruent sur l'ennemi, mais n'étant pas soutenus ils sont bientôt obligés de suivre le torrent.

La gauche de la 4e ayant été découverte par la retraite de la 85e, l'ennemi se porte en force sur ce point et la 17e plie; le CHef de Brigade Destaing doit alors rappeler son Bataillon détaché. La colonne qui est devant lui veut avancer mais il l'arrête net par son feu et par la mitraille ; la cavalerie se présente et n'est pas plus heureuse. Alors elle fila sur la gauche mais le Chef de Brigade Destaing la fait suivre par un Bataillon qui la tient à distance.

La retraite de la 85e continuant toujours, la 17e Légère étant obligée de se replier peu à peu, le Général Joubert ordonne au Chef de Brigade Destaing de se retirer. Avec l'aide de la 17e, celui-ci arrête plusieurs fois l'ennemi, mais ce dernier ayant employé toutes ses réserves fait une attaque générale.

Joubert fait alors concentrer la grande route ses troupes, pour y attendre celle qui défendent Rivoli, à ce moment deux colouues marchent sur notre flanc tandis que la troisième manoeuvre sur nos derrières pour nous couper la retraite.

Le Général Joubert, prévenu de l'arrivée des tropes de Bussalongo, espère qu'elles arrèteront cette dernière colonne; ses propres troupes résistent à celles qui l'attaquent en flanc et, faisant tête quand on les attaquede trop près, elles se dirigent sur les hauteurs de Rivoli. Mais les troupes venant de Bussolongo marchent en désordre et ne peuvent se déployer en bataille ; assailli brusquement par les Autrichiens et entrainées par la 85e qui fuit toujours, elles sont culbutées et dès lors la grande route nous est coupée.

Nous sommes alors obligés de gagner les hauteurs de Rivoli en grande diligence, la cavalerin autrichienne tombe sur nous dans ce moment et ramasse dans la plaine ceux qui sont les moins lestes. Ayant rallié une colonne sur les hauteurs, les troupes parviennent à forcer le passage en laissant quelques prisonniers.

Le Général Joubert, avec une vingtaine de cavaliers et 4 ou 5 Officiers montés, ne peut se sauver qu'au travers de cavaliers et Tirailleurs ennemis.

La 4e Demi-légère a perdu dans cette affaire la moitié de ses Officiers (parmi lesquels ont été tués le Capitaine Tasche, les Liuetenants Gabier, Pointfermé et Villard); et 120 Sous-officiers ou Chasseurs tués et blessés ; au nombre des prisonniers se trouvent les deux Chefs de Bataillon Bribes et Marchand.

Le jeune tambour André (Etienne), âgé de l5 ans, s'est fait remarquer par son courage en passant le premier le canal de l'Adige à la nage et en battant la charge sur l'autre rive, sous le feu de l'ennemi. Il recevra un sabre d'Honneur (Fastes de la Légion d'Honneur).

- Retraite sur Peschiera

Les troupes se rallient sur la Sega, et la 4e reçoit l'ordre de filer sur Peschiera. Le 10 novembre, le Chef de Brigade Destaing doit se porter avec la 4e Demi-légère et un détachement de cavalerie à 2 milles sur la route de Castel-Novo pour reconnaitre les mouvements de l'ennemi. Après unne affaire d'ant-poste, il retourne à Peschiera dans la nuit du 19 au 20, et le lendemain matin la Division part pour Borghetto, passe le Mincio et rejoint la Division Masséna à Villafranca. Le lendemain, les troupes marchent sur la Division ennemie venue du Tyrol sous les ordres de Davidovitch.

- Marche sur l'ennemi à Castel-Novo

Le 20 novembre, la 4e Demi-brigade flanque la Division Masséna à droite ; au matin, elle se dirige sur Caatel-Novo et arrive à la grande route de Vérone sans rencontrer l'ennemi. Aprèa avoir rassemblé ses troupes, le Général Masséna se prépare à pousser plus loin : il détache Destaing sur sa droite avec ordre de le flanquer et de l'éclairer jusqu'à nouvel ordre. Destaing gagne à cet effet les hauteurs de Bussolongo sur lesquelles il débusque tous les postes ennemis et fait quelques prisonniers. A peu près à la hauteur de ce village se trouve l'avant-garde ennemie composée d'environ 1,200 hommes, elle se replie à son approche et lui abandonne son camp. De là, Destaing fait descendre ses éclaireurs jusqu'à lz route de Bussolongo à Puyveaano sur laquelle ils manquent d'intercepter un détachement de cavalerie; Destaing envoie sur le coteau opposé tirailler la position de l'ennemi pour annoncer au Général qu'il est arrivé à cette hauteur.

Un moment après, il aperçoit dans le baasin les feux de la Division; il établit ses postes et son bivouac au camp de l'armée autrichienne.

- Affaire du 21 novembre autour de Rivoli

Le lendemain matin le Chef de Brigade Destaing se met en mouvement en même temps que la Division, et côtoie sa droite avec la 4e Demi-légère jusqu'à Puyvesano où il la rejoint. Ne recevant ancun ordre, il croit devoir continuer d'exécuter celui de la veille et descend jusqu'à la Sega où il rejoint un détachement du 1er Régiment de Hussards. Ses Carabiniers qui marchent en tête avec les Hussards sont attaqués par un gros de Uhlans soutenus par un grand nombre de Tirailleurs .

Destaing se met aussiitôt en bataille entre la route et la montagne et marche dans cet ordre jusqu'au ravin qu'il fait repasser bien vite à l'ennemi. Il forme alors 2 Bataillons en colonne et laisse le troisième en bataille en bas du ravin; précédé de quelques Tirailleurs, il traverse le pont et arrive dans la plaine où il ne découvre qu'un Escadron de Hussards et des Tirailleurs, mais les hauteurs de Rivoli sont couvertes d'infanterie formant 3,000 à 4,000 hommes. Sur ces entrefaites, le ler Régiment de Hussards avance et est déployé à la gauche de la grande route.

Dès que Destaing voit qu'ils sont ainsi maitres de la plaine et que le feu acance toujours sur les montagnes à gauche, il se décie à marcher à droite sur celles de Rivoli pour tâter la contenance des troupes qui les occupent.

Il s'avance en bon ordre après avoir fait appeler le 3e Bataillon qu'il a laissé en arrière, et pour en imposer à l'ennemi sur son nombre, il fait souvent filer deux ou troia fois la même troupe par les ravins et se déploie ensuite sur un seul rang derrière lea murs ou les haies. Il parvient ainsi jusqu'à la première ligne autrichienne qu'il croit pouvoir attaquer; il envoie sur elle des Tirailleurs qui l'inquiètent beaucoup à l'abri des rochers, et dès qu'il fait avancer sur elle deux Bataillons, elle fait par le flanc droit et se retire derrière sa seconde ligne.

Destaing comprend alors que l'ennemi n'a d'autre but que de couvrir Rivoli jusqu'à ce que toutes les troupes disséminées dans la plaine jusqu'au lac aient le temps de regagner l'Adige ou Passon. Il décide de le brusquer pour hâter sa retraite et renouvelle les mêmes manoeuvres, montrant des têtes de colonne à la sortie de plusieurs ravins et envoyant tous ses Carabiniers en tirailleurs avec ordre de suivre les mouvements de l'ennemi et de l'inquiéter le plus possible. Puis il marche avec 2 Bataillons sur la ligne ennemie ; mais aussitôt elle se retire, évitant le combat; alors, il talonnne les Autrichiens qui continuent en ordre leur retraite par échelons.

Arrivé à la dernière butte, l'ennemi veut faire résistance mais les troupes l'abordent si décidément qu'il prend la fuite et entraine les trois lignes qui filent sur Rivoli. Les Carabiniers et Tirailleurs de Destaing se jettent au milieu des fuyards; Destaing les fait soutenir par 2 Bataillons qui s'emparent du village et des rochers.

700 à 800 Autrichiens, qui n'ont pu traverser à temps le village de Rivoli, se jettent alors aur l'Adige entre les deux rochers et n'y trouvent point d'issue ; les Carabiniers de Destaing y descendent avec eux et ne peuvent les décider à se rendre.

Les Autrichiens, qui ont une batterie sur la rive opposée, n'hésitent pas à tirer dans la mêlée quoiqu'il y ait dix des leurs pour un Français ; ils blessent ou tuent une centaine de leurs hommes et 5 ou 6 des nôtres, le reste est fait prisonnier.

C'est en grande partie le Régiment d'Erbach; le Colonel, blessé dangereusement, est aussi fait prisonnier ; plusieurs Officiers et soldats se noient en voulant traverser l'Adige à la nage.

Nous continuons à marcher jusqu'à la chute des crêtes Saint-Marc, pour fermer l'accès de l'Adige à tout ce qui est encore dans lz plaine; là, le Général Joubert, qui rejoint la 4e et Destaing, donne à ce dernier l'ordre de se porter sur les hauteurs de Saint-Martin où se trouve une partie de sa Brigade.

En arrivant, Destaing aperçois sur la route de Caprino à Passon une espèce de convoi escorté par de la cavalerie eL de l'infanterie; sans arrêter, il file aussitôt pour aller l'intercepter; il parvient à le joindre et à s'en emparerr. Le convoi consiste en 3 pièces de trois, 3 caissons et 3 chariots; l'escorte est dispersée dans la montagne et les troupes prennent quelques cavaliers et plusieurs chevaux.

De là, Destaing marche sur Passon, conformément à l'ordre quil a reçu du Général Joubert, et il prend position à la tête du village; c'est là que le lieutenant Nexon surprend et fait prisonnier à lui tout seul un poste de 7 hommes. La 4e Demi-légère passe la nuit à Passon ; elle n'a perdu dans cette journée que 5 ou 6 hommes.

Le lendemain matin, 23 novembre, Destaing file sur la Corona qui a été évacuée pendant la nuit; en y arrivant, les troupes y aperçoivent une colonne qui se retire sur le col de Campion. Destaing court en toute diligence sur la Ferrare et Campion pour l'y couper et la tête de la 4e Demi-légère y arrive en même temps que l'ennemi, mais comme les Autrichiens sont peu nombreux, ils se dispersent dans la montagne et nous n'en prenons que fort peu.

Ce n'est là que l'avant-garde d'une colonne qui est arrêtée et prise par la 17e qui marche derrière Destaing; une troisième colonne, qui conduit un convoi de boeufs, rétrograde à l'approche de la 4e et va se faire prendre dans la plaine. La 4e Demi-légère, qui a fait 150 prisonniers, prend position à la Corona.

Peu de temps après, le Général Joubert prend le commandement de la Division qui est renforcée par plusieurs Corps. Il fait fortifier le plateau de Rivoli, et les 4 Demi-brigadee légères, passées aux ordres du Général Vial, alternent pour le service de la Corona. La Brigade du Général Le Blay défend Rivoli et celle du Général Jandos le débouché de Montagna.

A cette même époque, le Général Bonaparte fait plusieurs promotions, recompensant ainsi le mérite et la bravoure, fortifiant également l'énergie de l'armée qui, comme tous les ressorts possibles, perd à la longue de son élasticité.

La 4e Demi-légère est renforcée par 200 hommes du Bataillon de Nyons et par un détachement qu'elle avait sur les vaisseaux à Toulon.

- Attaque du 12 janvier 1797

Alvinzi, ayant organisé une nouvelle armée, se présente de nouveau par le Tyrol et nous attaque à la Corona le 12 janvier. Comme les neiges rendent le col de Campion peu praticable, son mouvement est lent ; il déploie devant nous 12000 à 15000 hommes, qui attaquent inutilement notre front pendaut toute la journée. Il perd beaucoup de monde et le feu ayant cessé dans la nuit, les 2 lignes bivouaquent en en présence. Dans cette journée, la 4e Demi-légère en vient souvent à l'arme blanche et culbute tonjours l'ennemi.

- Retraite sur Rivoli

Pendant la nuit, le Général Joubert est instruit que 3000 hommes occupent Montagna qu'il a été obligé de dégarnir, qu'une partie de cette colonne a, malgré les neiges fait passer un Bataillon qu'il envoie sur le Monte-Baldo, et qu'enfin des forces beaucoup plus considérables menacent Rivoli.

Le Général ordonne sur-le-champ l'évacuation de la Corona et va prendre position, la droite à la chapelle Saint-Marc, le centre sur les hauteurs de Saint-Martin et la gauche sur les hauteurs de Caprino.

L'ennemi descend de la Corona quelques heures après nous et se déploie en avant de Passon; il passe la journée à prendre ses dispositions d'attaque et nous n'avons que quelques escarmouches.

Le Général Joubert ne croit pas devoir accepter seul le combat contre des forces trop considérables, et commence à effectuer sa retraite, lorsque le Général en chef arrive, et les troupes doivent reprendre leurs positions. La 4e Demi-légère reçoit l'ordre de remonter à la chapelle Saint-Marc et de chasser l'ennemi de deux buttes supérieures.

- Bataille de Rivoli, 14 et 15 janvier 1797

Les troupes trouvent la chapelle Saint-Marc déjà occupée pnr un poste ennemi; il est forcé, et Destaing met la Demi-brigade en bataille; il envoie les Carabiniers en avant, soutenus par le 1er Bataillon, pour s'emparer successivement des deux buttes qu'il doit occuper; dès que la première est emportée, il y fait passer un Bataillon de la 17e que le Général vient de lui envoyer.

La seconde butte, défendue avec acharnement, est emportée avec la même rapidité; il y est tué beaucoup d'Autrichiens et, malgré la défense du Chef de Brigade d'aller plus loin, les Carabiniers, pêle-mêle avec les fuyards, excités d'ailleurs par les cris d'une colonne qui vient joindre Destaing, arrivent en un clin d'oeil sur le plateau du Signal, sur lequel est disposée la colonne d'attaque de l'ennemi. Leur apparition met d'abord dans cette colonne le désordre et l'épouvante; mais comme elle est composée de 3,000 hommes choisis, et qu'il n'y a pas plus de l50 Carabiniers, elle s'aperçoit bientôt après de leur faiblesse; ceux qui ont posé les armes les reprennent et la mêlée est d'autant plus tumultueuse que l'obscurité est encore profonde. Cependant les Carabiniers, secondés par le 1er Bataillon qui arrive à leur secours, se font jour et se dégagent en tuant beaucoup de monde à l'ennemi, mais ils laissent 3 Officiers et 40 hommes prisonniers.

Ainsi s'engage, deux heures avant le jour, la fameuse bataille de Rivoli, et c'en serait déjà fait de l'ennemi, si nous avions une colonne prête à seconder l'attaque des Carabiniers; nous serions arrivés à la Corona avant qu'il ait le temps de se recomuaiLre, mais les troupos ne sont pas encore arrivées et les circonaLancea engagent l'affaire plus tôt que prévu.

Durant cet intervalle, Destaing laisse à Saint-Marc un seul Bataillon à qui il ordonne de se faire un épaulement et fait marcher l'autre ainsi que celui de la 17e sur la plus haute butte séparée par un ravin profond du plateau du Signal. Les premières troupes y sont déjà en bataille et entretiennent un feu roulant contre les Autrichiens qui, de leur côté, sont en bataille sur le plateau. Le reste de la 17e ne tarde pas à joindre les autres troupes, et de concert avec elle, la 4e charge l'ennemi et déroute une colonne qui, par le bois qui est à la gauche sur le penchant de la montagne, vient pour nous cerner et nous débusquer.

Enfin le jour parait et découvre aux soldats les deux lignes en présence qui ne tardent pas à lancer des Tirailleurs ; la droite de notre ligne occupe le plateau de Rivoli et les hauteurs de Saint-Marc, elle est comnandée par le Général Joubert ; le Général Berthier commande le centre sur les hauteurs de Saint-Martin, el le Général Masséna la gauche sur les hauteurs de Caprino; nos forces sont de 13000 hommes.

Comme le but de l'ennemi est de forcer le plateau pour donner un débouché à sa cavalerie et à son artillerie retenues dans le canal de l'Adige, il a porté sur sa gauche l'élite de ses troupes qui, déblayant toute la crête de Saint-Marc, doivent tomber sur le flanc du plateau, tandis qu'il sera attaqué de front par une colonne de Grenadiers qui reste disposée pendant toute la matinée sur la rive droite de l'Adige.

La supériorité des forces de l'ennemi, qui sont presque doubles des nôtres, lui donne des moyens d'avoir aussi des forces importantes en face de nos deux autres Divisions et de détacher en outre une colonne de 4,000 hommes sur sa droite ; cette colonne aurait été arrêtée par la Division du Général Reyt, si elle était arrivée à temps, mais, ne la trouvant pas sur son chemin, elle continue à marcher sur nos derrières.

L'ennemi renouvelle constamment ses efforts sur les crêtes de Saint-Marc; à peine avons-nous refoulé une colonne qu'il en envoie une autre ; le Général Joubert, qui juge bien ses vues, monte lui-même avec des troupes fraiches, fort à propos pour reprendre la première butte dont nous avons été chassés, nous la reprenons en effet et y faisons prisonniers 200 Grenadiers hongrois.

Le Général Joubert, parfaitement secondé par les Généraux Vial et Sandos, veut pousser plus avant et monter au plateau du Signal, mais cela n'est guère possible, à moins que le centre, avançant également, ne couvre la gauche qui le dépasse déjà de beaucoup. Toutes les fois que cette attaque est tentée, de fortes colonnes se présentent sur notre flanc et nous forcent à rétrograder pour leur faire tête. Dans cette lutte, qui dure une bonne partie du la journée, le Général Sandos reçoit une blessure mortelle; pluaieurs officiers supérieurs sont aussi blessés ; dans la 4e, le Citoyen Lacroix, Chef de Bataillon, et le Chef de Brigade Destaing, reçoivent chacun un coup de feu. Cependant, l'ardeur est toujours la même, lorsqu'à la faveur des bois une colonne ennemie vient cerner la butte, tandis qu'on est occupé avec une forte colonne qui l'attaque de front. Nos troupes se rallient alors et, fondant sur l'ennemi qui occupe ses derrières, le culbutent et lui font une centaine de prisonniers, mais la colonne du front profite de ce mouvement pour s'emparer de la butte sur laquelle elle prend quelques hommes et un drapeau de la 33e.

L'attaque et la défense paraissent également vives; sur toute la ligne l'on aperçoit un mouvement rétrograde à la gauche, mais il ne tarde pas longtemps à être réparé; la batterie, en avant de notre centre est vivement attaquée et est enfin emportée, ce qui occasionne du désordre, et un mouvement rétrograde dans cette partie ; ce mouvement en entraine un de nos troupes sur la crête de Saint-Marc; elles se replient sur la chapelle et s'y ralient en même temps que le Général Berthier, retablissant aussi sa ligne, force l'ennemi à abandonner la batterie qu'il a prise.

Un moment après, le plateau est forcé, la cavalerie ennemie commence à déboucher par la grand'route et la colonne qui a marché sur nos derrières et tourné nos positions, parait, et se déploie derrière nous sur les hauteurs de Rivoli, à droite et à gauche de la grand'route. Les circonstances nécessitent l'évacuation subite des crêtes de San-Marco et des hauteurs de Saint-Martin. C'est dans ce moment critique où tout semble perdu, que paraissent le sang-froid des Généraux et le vrai courage des soldats. Personne ne désespère du salut de l'armée. Les Généraux Berthier et Joubert se rencontrent, en arrivant sur la grand'route, à l'endroit où prend naissance le ravin qui sépare le plateau du village de Rivoli. Ils se fixent, pénétrés du même sentiment : "Eh bien, Joubert, s'écrie le Général Berthier, où prends-tu ta ligne ?, lui répond avec feu le Général Joubert, et prenant deux Carabiniers par le bras, il les met en bataille et rallie son monde.

Bientôt il fond sur le plateau occupé par l'ennemi, et payant de sa personne, il se bat lui-même corps à corps. La cavalerie qui débouche par la grand'route, est d'abord été arrêtée par la cavalerie française puis culbutée dès qu'il survient de l'infanterie ; le plateau est nettoyé avec la même rapidité. Partout les troupes sont ralliées et fondent avec intrépidité sur l'ennemi au moment où il se croie sûr de la victoire, l'enfoncent et le forcent de se replier sur Pazzon, après avoir perdu un grand nombre de prisonniers.

Rien ne résiste à l'impétuosité de la 4e Demi-brigade en tête de laquelle le Caporal Dervillers s'empare d'un drapeau autrichien.

Il ne reste à battre que les quatre mille hommes qui couvrent les hauteurs de Rivoli et qui font la faute bien étonnante de ne pas donner au moment décisif.

Le Général Bonaparte les fait attaquer par leur droite sur la butte de la Croix, ils y font peu de résistance et sont pliés comme un éventail ; bientôt en déroute, ils sont poursuivis jusqu'à Garda où ceux qui ne sont pas pris en route se rendent le lendemain matin. Telle est l'issue de cette fameuse journée; le Général en chef part sur-le-champs, après avoir donné ses ordres pour le lendemain ; avec lui partent les Généraux Berthier et Masséna.

La 4e Légère est renvoyée, pendant la nuit, à la chapelle San Marco, d'où elle doit chasser l'ennemi qui y fait encore une forte résistance et veut ensuite l'en chasser, à son tour. Le combat ? dure jusqu'au jour ; elle y est jointe par la 17e.

- Continuation de la bataille le 16 janvier 1797.

Alvinzi a profité de la nuit pour rallier son armée ; il a fait venir de la cavalerie et du canon par la Corona et pris des dispositions pour une nouvelle attaque, tandis que le Général Joubert se dispose à l'attaquer aussi. La Division du Général Rey est arrivée et est chargée d'attaquer vivement la droite de l'ennemi, tandis que, par Monte-Baldo, une colonne la tournera et marchera sur la Corona.

Le centre et la droite doivent attaquer le front de l'ennemi, et les troupes du plateau doivent contenir tout ce qui est dans le canal de l'Adige. Nos colonnes d'attaque se rencontrent avec celles de l'ennemi, ce qui ne laisse pas d'ébranler sa résolution bien affaiblie dès la veille. Nos attaques sont poussées avec ensemble et vivacité ; partout elles obtiennent du succès ; l'ennemi, partout repoussé, est obligé de se mettre en retraite, et bientôt après en déroute. Ses colon nes trouvent déjà le Général Murat sur les hauteurs de la Corona. A cet aspect, le découragement est au comble ; elles mettent bas les armes, par milliers.

Il en est à peu près de même sur les crêtes de San-Marco où est la 4e d'infanterie légère. L'ennemi, chassé du plateau du Signal, se retire en désordre, partie sur la Corona, partie par le sentier qui, du Signal, descend dans l'Adige ; il est partout vivement poursuivi et perd beaucoup de prisonniers. Pendant la déroute des Autrichiens, le Caporal Gosserot et deux de ses camarades réussient à s'emparer de 2 pièces de canon.

Enfin, arrivés à la Corona, les Autrichiens se jettent dans le plus grand désordre dans l'escalier qui descend à la Madone et, de là, à Brentino, au travers des rochers et des précipices les plus effroyables.

Nos gens arrivés presque aussitót sur les hauteurs qui, de droite et de gauche, dominent à pic ces précipices, d'un côté font rouler sur eux des rochers dont aucun ne reste sans effet, et de l'autre font pleuvoir une grêle de balles dont rien ne peut les mettre à l'abri. Pour se retirer d'une position aussi dangereuse, les derniers poussent avec violence ceux qui sont devant eux, de manière qu'à chaque tournant de sentier trente ou quarante hommes sont culbutés dans le précipice.

Le Général Alvinzi, qui se trouve dans cette bagarre, court le plus grand danger et y est, dit-on, blessé à une jambe. Grand nombre d'Officiers, dont plusieurs de son état-major, et qui sont les derniers, demandent par leurs signes à se rendre et par ce moyen sauvent en grande partie ceux qui sont devant eux, en faisant cesser le feu et surtout l'éboulement des rochers.

Il périt cependant dans ce sentier plus de huit cents hommes, et il n'y en a fort peu qui ne sont pas blessés. A Brentino, ils sont protégés par un Corps d'infanterie soutenu par un Escadron. Toute l'artillerie est prise ; la cavalerie se sauve la première avec une forte colonne par Ferara et le sentier qui conduit, de ce village, à l'Adige.

Cette journée coûte à l'ennemi plus de dix mille prisonniers, sans compter douze à quinze cents blessés qu'il abandonne dans les environs de la Corona ; sa perte en tués dans les deux journées est d'environ deux mille hommes.

La 4e a perdu les 15 et 16 janvier 1797 les Capitaines Nivard et Roland, tués.

Le 18 janvier 1797 (29 nivôse an 5), Bonaparte écrit, depuis le Quartier général, à Vérone, au Directoire exécutif : "... Les citoyens Destaing, chef de la 4e demi-brigade légère, Marquis, chef de la 29e, Fornésy, chef de la 17e, ont été blessés. Les généraux de brigade Vial, Brune, Bon et l'adjudant général Argod se sont particulièrement distingués …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 272 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 316 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1399 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1300).

Une bonne partie des troupes, partant immédiatement après la décision de la victoire, a le temps d'arriver, par une marche forcée, au secours du blocus de Mantoue attaqué par le Général Provera et contribue à lui faire mettre bas les armes. La reddition de Mantoue est, bientôt après, le fruit de cette mémorable victoire.

- Seconde expédition sur Trente

Bonaparte ne donne guère à l'ennemi le temps de respirer ; peu de jours après son entière défaite, le Général Joubert a ordre de marcher sur Trente par le canal de l'Adige, tandis que le Général Masséna s'y portera aussi par le canal de la Brenta.

Le Général Joubert dirige une colonne par Torbole, aux ordres du Général Murat ; l'avant- garde, aux ordres du Général Vial , doit se porter à Brentonico, par la Corona et Monte Baldo ; et le Général Joubert, avec le fort de la Division, remonta la rive droite de l'Adige et ne jette sur la rive gauche que sa cavalerie soutenue d'un détachement d'infanterie. Ces trois colonnes doivent se réunir à Mori.

Le jour fixé, et ceux qui le précédent, sont une suite non inter rompue de pluie et de neiges. L'avant-garde, surtout, ne traverse le col de Campion et Monte Baldo qu'au travers des plus grands dangers, y ayant dans certains endroits plus de vingt pieds de neiges. Mais ce n'est pas tout ; à moitié chemin de Brentonico, sur une montagne escarpée, la route est coupée par deux redoutes et deux rangs de retranchements garnis par un millier d'ennemis dont six cents paysans. La 17e, partie de la veille, a occupé la première redoute ; mais en a depuis été chassée par les troupes dont on viens de parler, lorsque la 4e arrive. Son premier Bataillon, aux ordres du citoyen Delzons, suffit, avec ce que l'Adjudant-général Veaux a rallié de la 17e, pour forcer de nouveau cette redoute et tous les ouvrages dont elle est soutenue. Les quatre cents Autrichiens et un grand nombre de paysans sont faits prisonniers ; dans cette attaque nous ne tirons pas un seul coup de fusil.

Malgré tous ces obstacles, nous arrivons à Brentonico à l'entrée de la nuit, après avoir fait au moins vingt-cinq milles et nous y prennons un piquet de cavalerie qui vient y commander le logement pour trois mille hommes. Nous sommes nous-mêmes étonnés d'avoir surmonté tous les dangers de cette marche.

Sur cette affaire, Bonaparte écrit, le 1er février 1797 (13 pluviôse an 5), depuis le Quartier général, à Bologne, au Directoire exécutif : "… Le général de brigade Vial, à la tête de l'infanterie légère, après avoir fait une marche très-longue dans les neiges et dans les montagnes les plus escarpées, tourna la position des ennemis, et obligea un corps de 450 hommes et 12 officiers à se rendre prisonniers. On ne saurait donner trop d'éloges aux 4e et 17e demi-brigades d'infanterie légère que conduisait ce brave général. Rien ne les arrêtait ; la nature semblait être d'accord avec nos ennemis, le temps était horrible ; mais l'infanterie légère de l'armée d'Italie n'a pas encore rencontré d'obstacles qu'elle n'ait vaincus ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 1, p. 289 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.1, p. 336 ; Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1432 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1338).

Le lendemain matin, le Général Vial détache Destaing en avant, tandis que sur sa droite il fait joindre le Général Joubert par une demi-brigade, laquelle tourne les retranchements qu'il attaque de front. Destaing et la 4e avance jusqu'à Mori qu'il fait évacuer par l'ennemi, et y tient position pendant le reste de la journée.

Le lendemain matin, il est joint par le Général Joubert qui a forcé les passages de la gorge, et tandis que l'avant-garde continue de remonter la rive droite de l'Adige, il en effectue le passage et marche sur Roveredo. Les troupes couchent au village de Castel Barco que l'ennemi vient d'évacuer, et en avant duquel elles ont avec son arrière-garde un engagement très vif.

Le 11 Pluviôse au matin, les troupes continuent leur route, font quelques prisonniers et arrivent enfin en face de Trente que la cavalerie ennemie n'a pas encore dépassé. Les Carabiniers de la 4e, après avoir dispersé la queue de la colonne qui n'a pas encore passé l'Adige, se font conduire des barques de la rive opposée, malgré la cavalerie autrichienne qui est vivement fusillée ; les troupes effectuent aussitôt le passage de la rivière ; la cavalerie franaçaise qui survient, pourchasse l'ennemi jusqu'à Lavis ; les troupes prennent position en avant de Trente à midi, et la Division y arrive à quatre heures du soir. L'ennemi s'est rallié à Lavis et parait vouloir y faire résistance. Le Général Vial, renforcé d'une Demi-brigade de bataille, a ordre de le chasser et d'y prendre position. Il s'y présente en effet dans la matinée du 12 Pluviôse, fait occuper les montagnes de droite par les 4e et 17e Légères qui, par leurs feux, forcent l'ennemi à évacuer les crêtes qui dominent le village et le pont. Il établit des Tirailleurs et une batterie sur le front du village et dispose, à portée de fusil, plus bas, une colonne d'attaque qui, passant le Lavis à gué, prend l'ennemi en flanc et le met en déroute. Alors, on fonce sur lui de toutes parts ; on lui fait huit cents prisonniers, outre un grand nombre de tués et surtout de blessés.

Quelques jours après cette affaire, les troupes prennent position sur le Lavis, depuis l'Adige jusqu'au château de Segonzano. La Division se fortifie peu à peu de plusieurs Corps qui viennent la joindre. Une Brigade est placée au delà de l'Adige pour y contenir le Général Loudon qui occupe le Val di Nos, et il y a journellement sur toute cette ligne des escarmouches et quelquefois des engagements assez vifs. Enfin, à la fin de Ventôse, les préparatiss de tout genre annoncent des mouvements très prochains, et les troupes foment un Corps d'armée séparé, composé de trois Divisions aux ordres du Général Joubert.

- Traversée du Tyrol, bataille de Lavis, 30 Ventôse - 20 mars 1797

A la fin de Ventôse, le Général en chef décide de prévenir encore une fois les desseins de l'armée autrichienne commandée par le Prince Charles, et tandis qu'il le pousse vivement dans le Frioul, et que la Division Masséna doit passer les Alpes, par le col de Tarvis, le Général Joubert, avec un Corps d'armée séparé, est chargé de pénétrer dans le Tyrol.

Décidé à forcer la rive gauche de l'Adige, pour arriver à Botzen , il fait plusieurs reconnaissances et tentatives sur le Val di Nos, pour donner le change à l'ennemi; et, après avoir laissé le Général Sérurier en observation, pour couvrir Trente, il porte toutes ses forces sur la ligne du Lavis.

L'avant-garde est destinée à attaquer le flanc et à tourner la droite de cette ligne appuyée au mont Corona. Le Général Dumas doit attaquer le centre, et le Général Baraguey la gauche de l'ennemi. Le Général Vial, commandant l'avant-garde, fait reconnaitre, la veille, le terrain aux Chefs de Corps. La 4e d'infanterie légère doit se diriger directement sur le sommet du mont Corona, après avoir forcé les retranchements qui en défendaient l'accès. La 17e doit tourner cette montagne à mi-côte, et la 29e, au pied, pour se porter sur le village de Fai. Le Général Monnier doit attaquer de front cette même montagne, après avoir déblayé les villages qu'elle domine sur le Lavis. Le Général Joubert dirige cette partie de l'attaque.

Le plan est ponctuellement exécuté. Le troisième Bataillon de la 4e Demi-brigade qui, pendant la nuit, s'est égaré, tombe au point du jour, sur les postes ennemis et engage le feu. C'est le signal de l'attaque. Les colonnes montènt avec autant de sang-froid que d'intrépidité, l'arme au bras, sous le feu le plus vif. Les Carabiniers et les Tirailleurs de la 4e, après avoir tourné, au pied de la montagne, un retranchement qui incommode beaucoup la colonne du Général Monnier, font successivement évacuer toutes les buttes qui gênent notre marche et parviennent au principal retranchement qui, attaqué des deux côtés, ne fait pas une longue résistance. Enfin le sommet de la montagne est également emporté ainsi que tous les mamelons qui lui succèdent et qui favorisent la retraite de l'ennemi, auquel on fait cependant quelques prisonniers. Cette attaque est poussée avec une telle vigueur par la 4e et la 17e, que la montagne est totalement occupée avant que la colonne du Genéral Monnier ait emporté les villages qui sont au pied. Ce qui ajoute infiniment au mérite de cette attaque, c'est que les approches de la montagne défendues par des retranchements doivent être faites à découvert, et que sa pente uniforme, semblable à un glacis, laisse les colonnes extrêmement exposées au feu, pendant une demi-heure de montée.

Arrivés au dernier mamelon de Monte-Corona, les troupes doivent engager le feu le plus vif entre la 29e Légère et les retranchements qui défendent les approches du village de Fai. La moitié de notre colonne se précipite pour tomber sur le village. Le Général Joubert qui survient, y marche avec le surplus, lorsqu'il aperçoit sur la droite, une fusillade des plus vives entre la colonne du Général Monnier et l'ennemi qui lui fait tête, au pied du mont Corona. Il y détache le Chef de Brigade Destaing avec un Bataillon. Fai est déjà tourné ; on y fait des prisonniers que le Chef de Brigade Destaing conduit au Général Monnier. A l'approche du renfort, l'ennemi se håte de passer le grand ravin, sur le bord duquel le Général Monnier se met et reste en bataille. Le Chef de Brigade Destaing passe aussitôt ce ravin au-dessus de l'ennemi, et s'empare de sa retraite ; ce qui le force à se rejeter sur le terrain du Général Dumas, où presque toute sa colonne est prise.

Après avoir côtoyé la gauche de l'ennemi pendant trois quarts d'heure, le Chef de Brigade Destaing se dirige à travers les bois sur Salurn , où il a entendu dire que l'on doit arriver dans la journée. Il trouve ces bois pleins des fuyards de l'ennemi, notamment de Bersagliers, dont plus de cent cinquante sont tués, quelques autres blessés et une centaine de fantassins prisonniers.

Dans cet intervalle, le reste de l'avant-garde a poursuivi l'ennemi jusqu'à la vue de Salurn, lui a pris beaucoup d'hommes, de munitions, de bagages et de chevaux ; elle a eu ordre de se replier sur le col ( en blanc dans l'original ) d'où l'on découvre le pays de Salurn ; elle s'y rallie et y attend des ordres pendant plus de cinq heures.

Au bout de ce temps, arrive le Général Vial, porteur d'un ordre pour attaquer de suite Salurn et s'emparer du pont. Il se met en mouvement, fait ses dispositions, et a descendu le tiers de la montagne, lorsque l'on vient lui annoncer contre-ordre. Il fait faire halte et se retira. A peine est-il parti, que l'on voit paraitre des Tirailleurs ennemis, suivis de près par une tête de colonne et montant directement sur notre droite. C'est la seconde tentative de ce genre faite par l'ennemi pour nous tenir éloignés de son Quartier général.

Le Chef de Brigade Destaing croit alors devoir suivre, pour la défense, les instructions que lui a données le Général Vial pour l'attaque ; il fait faire vivement un mouvement sur la droite, et il occupe, sur un tournant de la route, un petit plateau qui la domine et l'enfile dans une grande longueur. Mais arrivé à ce point, il s'aperçoit qu'il n'est suivi que de la tête de la colonne de la Demi-brigade. L'Adjudant-général Argod ayant fait rétrograder le reste pendant que l'ennemi nous attaquait.

Cependant, le Chef du premier Bataillon, qui s'attend à être soutenu, voyant l'attaque de l'ennemi ralentie, et sa résolution ébranlée, charge sur lui et le met en déroute. Destaing décide le commandant de la 17e à soutenir son mouvement, avec environ trois cents hommes de sa Brigade et de la 29e. Ils suivent la même route, éclairant leur droite autant que les localités le permettent, et ils s'arrêtent à une position abandonnée par l'ennemi à peu près aux deux tiers de la montagne. Dans ce moment, sort de Salurn un convoi qui couvre la route pendant une lieue, qu'ils auraient enlevé à coup sûr, si leur mouvement avait été suivi par le reste de l'avant garde, et protégé par la 11e de Bataille qui est à leur hauteur ; le pont est encore intact.

Après avoir établi ce qui lui restait de troupes, Destaing envoie un Officier au Général Vial, pour lui rendre compte et lui demander si il doit rester où il est. Il fait, en même temps, ordonner aux Tirailleurs dispersés jusqu'au pied de la montagne, de se rallier à cette position. L'Officier ne trouve point le Général Vial ; mais l'Adjudant-général Argod lui dit que Destaing et ses hommes peuvent rester dans leur position ; quant aux Tirailleurs, ayant trouvé au pied de la montagne des maisons, des vivres, du vin et tout ce dont ils avaient grand besoin après tant de fatigues, non seulement, ils y restent, mais encore y attirent une bonne partie de la troupe que nous avions ralliée dans les neiges, de manière qu'il ne nous reste guère que les postes et les patrouilles que nous avions organisés. Cet abandon manque de nous être fatal. Nous avions laissé sur nos derrières des Autrichiens dans les bois ; ils veulent profiter de la nuit pour se sauver. Comme nous avons toute l'avant-garde et une Brigade en ligne derrière nous, nous n'avons couvert que nos flancs et notre front; mais malheureusement, cette ligne a oublié de garder une route par laquelle deux ou trois cents Autrichiens la traversent, sans être aperçus, et viennent directement sur nous ; ils surprennent la garde du village et la font prisonnière.

Nous venons d'entrer, neuf Officiers, dans une maison pour nous y rafraichir, et nous n'y sommes point découverts. L'ennemi a cependant placé, au coin de cette maison, un poste qui nous y bloque une partie de la nuit, et nous sommes enfin décidés de tomber sur ce poste, le sabre à la main, lorsqu'il prend fantaisie au Sergent de le changer de place. Nous filons alors à petit bruit. Nous nous munissons de fusils et de cartouches dans une salle basse où l'on a fait des prisonniers, et sortons ainsi du village, nous dirigeant sur la position de la 11e Demi-brigade de Bataille Nous ne rencontrons d'autre obstacle qu'un détachement ennemi de vingt hommes qui vient aussi de nos derrières et que nous faisons prisonniers. Il est conduit par un Français parlant allemand, lequel se sauve à la faveur de l'obscurité ; il avait un galon de Sergent ou de Caporal. L'ennemi nous prend, continuant sa route dans le bas de la montagne, une cinquantaine d'hommes, dans une maison à laquelle il met le feu.

Le jour arrivé, nous descendons à Salurn. Le pont a été brûlé à minuit. Dans la journée, nos détachements sont rejoints par l'avant-garde et nous allons prendre position sur les montagnes à droite de Salurn. Nous en redescendons pendant la nuit.

La 4e a perdu à Lavis le 20 mars 1797 le Lieutenant Guillon, tué.

- Affaire de Neumarkt (22 mars)

Au point du jour, nous nous mettons en marche par la route qui côtoie les montagnes et arrivons à Neumarkt, sans obstacle. L'ennemi y travaille à couper le pont, mais le troisième Bataillon de la 4e Demi-brigade, protégé par une pièce de canon, l'attaque vivement, le met en déroute et aurait fait beaucoup de prisonniers, si le plancher du pont n'avait été enlevé en partie : des Tirailleurs passent dès qu'il est rétabli ; ils prennent à l'ennemi des hommes et des chevaux.

Le Sergent-major Baudart s'élance le premier pendant que les Autrichiens détruisent le plancher, et charge à la tête de quelques Chasseurs avec une telle intrépidité qu'il les force de se rendre ; il fait ainsi 200 prisonniers et s'empare d'une pièce de canon.

En attendant, les deux autres Bataillons ont pris position en avant de Neumarkt, et reconnaissent, aux cris de vive la République, la colonne du Général Dumas qui débouche par les montagnes. L'avant-garde continue sa route jusqu'à deux lieues de Balzano.

La Division du Général Loudon qui, jusque-là a été négligée au delà de l’Adige, abandonne le val de Nos et remonte la rive droite du fleuve ; dès qu'il voit filer nos troupes au delà de Neumarkt, il s'avance dans la plaine du côté opposé, et fait charger les Tirailleurs qui ont passé le pont. Mais malheureusement pour lui, la 85e et le 5e de Dragons sont postés dans Neumarkt. Ils viennent soutenir le troisième Bataillon de la 4e Légère qui est déjà attaqué, et, après avoir passé la rivière, mettent en déroute complète les troupes de Loudon et lui font quinze cents prisonniers.

Pendant la nuit, une députation des habitants de Bolzano vient annoncer que la ville est évacuée et qu'elle se recommande à la générosité française. Le 3 Germinal, au matin, l'avant-garde la traverse dans le meilleur ordre, et prend position en avant. A midi , elle s'ébranle de nouveau. Les Carabiniers de la 4e et le 5e Régiment de Dragons poursuivent l'ennemi jusqu'à Teutschen ; ils prennent beaucoup de trainards et de bagages.

L'avant-garde bivouaque à la Poste. Le 4 (24 mars) au matin, elle continue sa route, suivie du 5e Régiment de Dragons. Les paysans et l'arrière-garde ennemie défendent les approches de Teutschen, ce qui oblige de détacher un bataillon de la 4e dans les montagnes de gauche. Le village est bientôt forcé par les Carabiniers de la 4e ; deux Compagnies y passent le pont, pour chasser les paysans qui inquiétent la colonne, cachés dans les montagnes de droite. La cavalerie et les Tirailleurs ennemis disputant sur la route le terrain pas à pas, nous arrivons ainsi devant Clausen où l'ennemi déploie des moyens de défense plus imposants. Cette position est très forte : un ravin qui défend son front depuis les hauteurs de la montagne jusqu'à la rivière n'est praticable qu’à son embouchure qui est très encaissée.

Les murs des jardins et des ravins sont garnis d'infanterie ; la route est défendue par un détachement de cavalerie et de l'artillerie. Un pain de sucre au centre du faubourg entouré d'un mur haut de quatre pieds forme une redoute défendue par quatre cents Croates. Le pont barricadé et le ravin garni d'une ligne dont le feu enfile la route et empêche de tourner la redoute, défend l'entrée de la ville. Le plateau, qui la domine, croise son feu avec celui du ravin et de la redoute. Enfin toutes les crêtes de la montagne, à notre gauche, sont garnies de troupes et de paysans armés, et la rive opposée est garnie de tirailleurs.

Malgré tant d'obstacles, l'attaque n'est retardée que le temps nécessaire pour faire des dispositions, pendant lesquelles les Carabiniers de la 4e nettoient tous les murs et les ravins d'où l'ennemi défend les approches. Un bataillon de la 4e et la 17e débusquent l'ennemi de toutes ses positions dans les montagnes, dispersent les paysans et culbutent dans le grand ravin environ deux cents Hongrois.

Le surplus de la 4e et deux Bataillons de la 29e entrent de vive force dans le faubourg, tournent la redoute et arrivent en partie jusqu'au pont ; mais le trouvant barricadé et défendu par deux lignes qui vomissent un feu terrible, nos gens se replient un instant dans le faubourg. Le gros de la Division survient ; le Général fait filer une colonne, par la droite, qui, passant le ravin au bord de la rivière, malgré les Tirailleurs de l'autre rive, prend l'ennemi en flanc et le force d'abandonner sa ligne avec précipitation. Huit à neuf cents prisonniers sont le fruit de cette victoire; par une espèce de miracle, l'avant-garde n'a que trois hommes de tués au milieu d'un feu croisé, dont la vivacité n'a pas d'exemple.

La perte en blessés est faible aussi, mais sensible par la privation des braves sur lesquels le sort est tombé. De ce nombre sont deux Capitaines de Carabiniers de la 4e Demi-brigade légère, recommandables par leur intrépidité et leur moralité. L'Historique régimentaire donne pour la journée du 24 mars à Klausen, le Capitaine Villebouli, tué.

L'avant-garde, profitant de la victoire, poursuit l'ennemi avec la plus grande vivacité jusqu'aux approches de Brixen, où elle est arrêtée pour se rallier. En attendant, ceux qui se trouvent en avant de la 4e, avec quelques autres détachements commandés par le Chef de Brigade Rondit, gagnent les montagnes de gauche d'où ils débusquent un assez grand nombre de paysans et d'infanterie qu'ils rejettent sur la route.

Le Chef de Bataillon Lacroix les y poursuit, à la tête des Tirailleurs, les met en déroute, ainsi que la cavalerie ennemie qui protège la retraite, et dépasse Brixen, tandis qu'une partie des Tirailleurs y entre et en expulse totalement l'ennemi.

L'avant-garde traverse la ville ; elle prend position sur le plateau en face des Augustins, et la Division, dans la plaine, à gauche de la ville. Le 5 et le 6 sont employés à des reconnaissances. Le Général Kerpen détermine sa retraite sur la gorge d'Innsbrück, et le 7, l'armée française prend une position qui, la rendant maitresse des montagnes de Mühlbach, qui séparent la route d’Innsbrück de celle de Lienz, coupe entièrement cette communication aux Autrichiens.

La 4e Demi-brigade d'infanterie légère occupe la droite de l'armée sur les hauteurs de Brixen, au bord du ravin profond du Postesee.

- Affaire de Muhlbach et de la gorge d'Innsbrück, 2 avril 1797

L'esprit de férocité et d'indépendance des Tyroliens ne tarde pas à nous susciter des ennemis plus dangereux que les soldats autrichiens. Déjà le Général Loudon, profitant de leurs dispositions, a formé autour de Botzen un rassemblement considérable qui a fini par intercepter nos communications avec Trente. Même celles de Brixen à Botzen sont extrêmement génées par les rassemblements de paysans sur les différentes montagnes et rien ne peut passer qu'avec escorte. La 22e Demi-brigade légère cantonnée à Clausen, pour faciliter les passages, est insultée jusqu'aux portes de la ville, et les Tyroliens poussent le raffinement de leur genre de tactique jusqu'à faire rougir au feu des rochers, avant de les lancer sur nos convois d'artillerie ou munitions. Nos positions de Brixen sont elles-mêmes environnées de leurs bandes, et la levée en masse de ce peuple féroce s'organise rapidement de Botzen à Innsbrück et à Lienz.

Le Général Kerpen a aussi reçu quelques renforts de l'Armée du Rhin, et, fort de toutes ces circonstances, il conçoit le plan d'enserrer l'armée française dans les gorges du Tyrol; il fait attaquer à plusieurs reprises Botzen par le Général Loudon, pour attirer sur cette partie l'inquiétude du Général Joubert qui, cependant, se défend un jour entier, de l'envie d'y faire passer des troupes, mais qui se décide enfin à y envoyer une Demi-brigade, lorsqu'il est attaqué le 13 (2 avril), de grand matin, sur tout son front, par le Général Kerpen.

La principale attaque, faite par les troupes de ligne, a lieu dans les gorges de la route d'Innsbrück ; elle est faite avec impétuosité et fait replier toutes nos positions avancées ; mais lorsque les renforts arrivent, l'ennemi est, à son tour, arrêté et culbuté ; un Régiment nouvellement arrivé du Rhin, soutient parfaitement la retraite avec deux pièces de canon ; mais sa résistance donne le temps de le tourner ; il est obligé de mettre bas les armes après avoir beaucoup souffert.

Cette attaque est protégée par deux fausses attaques des paysans sur les deux flancs de Brixen et soutenue par une attaque sur la montagne de Muhlbach. Nous avons déjà dit que cette montagne sépare la gorge qui conduit à Innsbrück, de celle qui conduit à Lienz. Elle est praticable dans sa base, jusqu'au tiers de sa hauteur ; le second tiers est occupé par une vaste forêt de sapins, et la cime, par des rochers de glace et des neiges éternelles. C'est dans cette forêt, repaire des ours, que s'est formé un rassemblement dont il ne nous a pas été possible de juger exactement la force, et qui, dès le point du jour, lance sur les postes de la 85e qui est postée un peu plus bas, un torrent d'hommes furieux armés de carabines, de haches, de fourches, de pierres et qui, paraissant ne connaitre aucun danger, songeent moins à se défendre qu'à atteindre leurs ennemis.

Les postes sont renversés, mais la Demi-brigade qui est bientôt sous les armes, reconduit ces fanatiques jusqu'au centre de leur forêt. Mais là, sans doute, ils trouvent un renfort considérable qui met la Demi-brigade en déroute et la fait courir jusqu'au pied de la montagne; elle s'y rallie et, honteuse d'avoir fui devant des paysans, remonte sur eux et les reconduit jusqu'au bois d'où elle est encore repoussée jusqu'au pied de la montagne. Cette alternative dure la majeure partie de la journée.

Pendant cet intervalle, le Chef de Brigade Destaing reçoit l'ordre de descendre à portée de la grand'route de Lienz qui passe au pied de cette montagne, et le Général lui fait dire d'envoyer un Bataillon pour renforcer la 85e. Destaing y marche lui-même, avec un Bataillon, et arrive dans un moment où la 85e, ayant reconduit les paysans dans la forêt, les y contient sans oser les y suivre.

Le Général ordonne à Destaing de monter dans le bois par la droite, pour y tourner les Tyroliens et les rejeter sur la 85e. Aussitôt, celui-ci je commence le mouvement, et avec ses troupes, avance par file dans une rue creuse, pour déboucher au-dessus d'un petit village, lorsqu'une nouvelle irruption des paysans éparpille de nouveau cette Demi-brigade dont une bonne partie, s'enfonçant dans le chemin creux par lequel Destaing monte, traverse et renverse sa colonne de la tête à la queue. A peine le Chef de Brigade Destaing peut-il être suivi par une cinquantaine de Carabiniers qui sont à la tête.

Ils ne tardent pas à voir descendre avec la plus grande impétuosité une centaine de paysans qui ne font pas la moindre difficulté de se mêler avec eux, et qui sont tellement aveuglés par la fureur, et sans doute par le vin, qu'ils se traversent eux-mêmes des baïonnettes des Carabiniers. Ces derniers en tuent un grand nombre, sans autre perte que celle d'un Officier qui a la tête partagée d'un coup de hache, et de quelques blessés. Mais bientôt, il en survient un plus grand nombre à droite et à gauche, et nos gens, au lieu de revenir à nous, nous criblent, au contraire, de leur feu, ce qui nous oblige de les rejoindre en grande diligence, ce que nous ne pouvons faire qu'au pied de la montagne ; car en nous voyant venir à eux, ils se rompent une seconde fois et prennent la fuite. Dans cette mêlée, le Chef de Brigade Destaing es blessé de deux coups de feu au bras droit.

Le Général Joubert qui arrive dans le moment avec un autre Bataillon, ramène une partie des fuyards sur la montagne. Les paysans se resauvent dans le bois, et la troupe bivouaque à la même positionque le matin.

La 4e a perdu dans la journée du 2 avril 1797 à Milbakc (sic) le Lieutenant Daru, tué.

Ces paysans profitent de la nuit pour se disperser ; on voit errer les brandons de paille qui éclairent leur marche. Le 14 (3 avril) au matin, la 4e Légère rejoint les troupes sur la montagne. Les patrouilles, dans la forêt, dévoilent les cruautés inouïes que ces barbares ont exercées sur plusieurs Français. Nos soldats en sont tellement révoltés qu'ils fusillent impitoyablement tous les paysans qui restent encore dans la forêt, et notamment un très grand nombre de blessés qui n'ont pu se sauver. La veille, nous avions fait plus de trois cents prisonniers.

Ce même 3 avril 1797 (14 germinal an V), une lettre est adressée depuis le Quartier de Friesach au Général Joubert, sur ordre du Général en Chef : "... Vous répartirez les 4e, 11e, 12e, 17e et 9e d'infanterie légère, et les 11e, 5e, 39e et 58e demi-brigades de bataille, entre les deux généraux Delmas et Dumas (sic) ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1681).

- Marche sur Lienz et la Carinthie, 5 avril

Si nous avions été battus dans la journée du 13, l'armée aurait été infailliblement perdue; la victoire nous laisse toutefois dans le même état où nous étions auparavant, c'est-à dire sans communications et bientôt sans ordres et sans munitions.

Le Général Joubert qui n'a aucune nouvelle de la grande armée, décide de se tirer au plus vite de cette fâcheuse position ; mais pour le faire en vainqueur, c'est en traversant le reste du Tyrol et de la Carinthie qu'il dirige sa marche.

Il aurait pu faire rétrograder sur Trente les troupes nécessaires pour mettre ce point à l'abri des tentatives de Loudon, mais en divisant ainsi ses forces, il se serait compromis sur les deux points, et dans la grandeur des dangers qui nous environnent (car 6000 paysans se réunissent pour une nouvelle attaque), il a grand besoin de se concerter et doit marcher en masse sur l'Italie ou sur l'Allemagne.

Le Corps d'armée se met en mouvement le 16 Germinal (5 avril) sur trois Divisions à une journée de distance de l'avant à l'arrière-garde. La 4e Légère tient la tête de la Division d'avant-garde aux ordres du Général Baraguey ; le Corps de bataille est commandé par le Général Dumas et la Division d'arrière-garde par le Général Delmas. Les convois et équipages marchent dans les intervalles.

Nous marchons ainsi, dans le plus grand ordre, précédés par un manifeste qui promet sûreté et protection aux pays qui resteront neutres, le feu et la flamme à ceux qui souffriront des rassemblements.

La veille de notre arrivée à Lienz, dix mille paysans y sont encore sous les armes, mais réflexion faite, ils se dispersent pendant la nuit. Cette conduite sauve la ville de l'exécution militaire qu'elle a méritée en laissant surprendre dans ses murs une reconnaissance qui y est, quelques jours auparavant, et égorger des malades à l'hospice. Elle en est quitte pour une contribution et des otages.

Nous continons notre route jusqu'à Spital, où nous sommes déjà postés sur la route de Salzbourg, sur laquelle sont envoyées des troupes à quinze ou vingt milles. C'est dans cette position que nous recevons la nouvelle de l'armistice après lequel nous nous rendons à Villach où le Général Joubert reprend sa Division.

Nous y apprennons les événements de Vérone et de Venise qui occasionnent le départ d'une Division aux ordres du Général Baraguey. Bientôt l'armistice est suivie de la conclusion des préliminaires de la paix, d'après lesquels la 4e Demi-brigade traverse les Alpes par le col de Tarvis et se rend par Osopo, Spilimbergo et Trévise à Bassano, où elles est cantonnée.

Elle en sort pour deux expéditions, dont la première a pour but d'occuper Primolano, et d'en faire retirer les troupes autrichiennes ; la seconde, de ramener, de concert avec une autre troupe partie de Vicence, aux ordres du Général Belliard, les habitants des sept communes à la soumission et à la paix, ce qui est fait sans effusion de sang.

Le 14 juin 1797 (26 prairial an 5), Bonaparte écrit, depuis Mombello, au Général Berthier : "… Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... La 4e légère et la 22e, 4e brigade : Vial, en son absence, Vaux, 5e division ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 1674).

Ajoutons, à la suite de ce récit, les faits d'armes isolés suivants qui ont valu à leurs auteurs un sabre d'honneur :
- Finole, Grenadier, a pris avec six de ses camarades six pièces de canon au village de Roverchiero.
- ..newerie, Sergent, a pris une pièce de canon au passage du Tagliamento, après avoir été blessé.
- Petit, Sapeur, a percé quatre fois le Corps autrichien dans une charge au bord de la Piave et a tué plusieurs ennemis.

Par ailleurs, le 1er Messidor an 5 (19 juin 1797), le rapport du Chef de Brigade Destaing signale le Sergent-major Baudart, qui s'est déjà illustré à Neumarkt, et qui s'est fait à nouveau remarquer dans une autre affaire au pont de Klausen; à la suite de ce rapport, il est nommé Sous-lieutenant par le Général en chef Bonaparte.

La 4e Demi-brigade reste cantonnée à Bassano du mois d'avril au mois d'octobre 1797.

Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an VI), Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général, à Milan, au Général Vignolle : "… Vous ordonnerez au général Joubert de faire partir les 4e et 22e demi-brigades d'infanterie légère, qui se rendront à Vicence ...
… Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
5e division, Joubert, à Vicence.
4e d'infanterie légère.
21e idem.
22e idem ...
Vous voudrez bien, Général, me remettre, avant de donner ces ordres, un tableau du jour où ces différents corps feront leurs mouvements
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).

Le même 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous préviendrez les 18e, 25e, 82e et 75e de bataille qu'elles sont destinées à être les premières pour partir pour l'armée d'Angleterre ...
Vous donnerez le même ordre aux 2e, 4e, 22e, 21e, 5e et 18e d'infanterie légère, qui doivent faire partie de l'expédition de l'armée d'Angleterre
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2334 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2202).

L'"État des Demi-brigades de ligne et légères distraites de l'Armée d'Italie pour l'expédition d'Angleterre", daté du même jour (9 novembre 1797 - 19 brumaire an 6) indique que la 4e Légère est forte de 1200 hommes présents sous les armes (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2335; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 47-48).

Le 11 novembre 1797 (21 Brumaire an 6), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général à Milan, au Général Vignolle : "Vous trouverez ci-joint, Général, l'état des hommes auxquels j'accorde des sabres ; vous voudrez bien faire écrire la légende qui est à côté, sur ces sabres, et les leur envoyer. Vous pourrez provisoirement écrire à chaque chef de brigade, et leur donner la liste des hommes qui ont été nommés. Je vous prie aussi de m'adresser une copie de cette liste, telle qu'elle est ci-jointe.
ANNEXE
ÉTAT NOMINATIF DES HOMMES AUXQUELS LE GÉNÉRAL EN CHEF BONAPARTE ACCORDEDES SABRES POUR LEUR CONDUITE DISTINGUÉE. ... DIVISION Joubert ...
4e d'infant. légère GOSSEROT, caporal, n° 81. Pour avoir pris, avec deux de ses camarades, deux pièces de canon, à la bataille de Rivoli.
Idem GUIGNARD, carabinier, n° 82. Pour avoir franchi le premier, en présence de l'ennemi, la coupure du pont de Borghetto.
Idem DERVILLERS, caporal, n° 83. Pour avoir pris un drapeau à l'ennemi, à la bataille de Rivoli ...
" (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2347 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2220).

En décembre, elle est à Vicence d'où elle part le 10 janvier 1798 pour aller faire partie de l'Armée d'Angleleterre.

Le 11 janvier 1798 (22 nivôse an 6), le Général Bonaparte adresse depuis Paris ses instructions au Général Berthier : "... Le directoire exécutif vous a autorisé ci-dessus à faire rentrer à votre armée une demi-brigade d'infanterie légère et trois de ligne, qui étaient destinées à l'armée d'Angleterre ; il vous autorise également à faire rester dans le Piémont les 22e et 4e d'infanterie légère, la 69e (ou 43e dans la CN tome 3, et La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 90) de ligne et le 14e de dragons : ces troupes resteront jusqu'à nouvel ordre cantonnées dans le Piémont ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t.4, Venise; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 235 ; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2404).

Dans le "RAPPORT FAIT AU GÉNÉRAL EN CHEF, PAR L'ADJUDANT GÉNÉRAL RIVAUD, SUR LE DÉPART DES COLONNES POUR L'ARMÉE D'ANGLETERRE", daté de Milan, le 16 janvier 1798 (27 nivôse an VI), il est indiqué :
"Le corps d'armée parti de l'Italie pour passer en France et faire partie de l'armée d'Angleterre, sur les côtes de l'Océan, a été composé de cinq divisions d'infanterie, une division de dragons, une brigade de chasseurs à cheval, les chevaux et attelages nécessaires à six pièces d'artillerie légère et six pièces d'artillerie à pied pour les divisions d'infanterie, et pour six pièces d'artillerie à cheval pour la division de dragons. Les chasseurs à cheval n'ont pas emmené de chevaux et attelages d'artillerie.
… Les colonnes d'infanterie ont toutes été dirigées par le Mont Cenis …
L'adjudant général, RIVAUD
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97.)

Ce rapport est suivi d'un tableau qui indique :
5e Division Général de Division Joubert; 4e Demi-brigade d'Infanterie légère : 1203 hommes au moment du départ de Vicence, le 21 nivôse; arrivée prévue à Rennes le 27 ventôse (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 99).

Le 20 janvier 1798 (1er pluviôse an VI), le Ministre de la Guerre Schérer écrit depuis Paris, au Général en chef Bonaparte : "Vous avez pensé, Citoyen Général, dans la conférence que nous avons eue ensemble le 27 du mois dernier, qu'il suffirait de retirer seulement, quant à présent, onze demi-brigades de l'armée d'Italie pour être employées à l'armée d'Angleterre, indépendamment des régiments de troupes à cheval qui sont en ce moment en marche pour se rendre à cette destination, afin de conserver, par ce moyen, vingt-sept demi-brigades en Italie, non compris les deux demi-brigades stationnées à Corfou, ni celles qui se trouvent employées en Corse.
... Tous ces corps sont en ce moment en marche ...
Je vous prie de remarquer, Citoyen Général, qu'indépendamment de la 43e demi-brigade de ligne, que vous n'avez pas désignée, ainsi que de la 2e d'infanterie légère, qui arrive en ce moment à Versoix, les 4e, 5e, 18e, 21e et 22e demi-brigades d'infanterie légère sont également en marche et doivent arriver dans les environs de Lyon vers le 20 de ce mois.
Il ne reste, par ce moyen, à l'armée d'Italie que vingt demi-brigades au lieu de vingt-sept, savoir : quinze d'infanterie de ligne et cinq d'infanterie légère, à moins que vous ne vous soyez entendu avec le général Berthier pour suspendre la marche des demi-brigades en excédent.
Je vous prie de vouloir bien m'informer de ce que vous aurez fait à ce sujet. Comme la 43e demi-brigade de ligne, qui fait partie de la division Brune, doit arriver à Lyon du 7 au 10 de ce mois, peut-être jugerez-vous convenable, Citoyen Général, de conserver ce corps ainsi que la 2e d'infanterie légère, qui arrive en ce moment à Versoix et de faire rester en Italie les 4e, 5e, 18e, 21e et 22e brigades d'infanterie légère ; alors il resterait encore vingt-six demi-brigades à l'armée d'Italie.
Veuillez, je vous prie, Citoyen Général, me faire connaitre vos vues, afin que je puisse donner de suite les ordres nécessaires pour faire rétrograder ces corps, dans le cas où vous n'auriez pas chargé le général Berthier de les retenir en Italie.
Salut et fraternité
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 101).

La 4e reçoit contre-ordre alors qu'elle est en route pour l'Armée d'Angleterre, et en février, elle figure sur les états de situation comme tenant garnison à Pavie ; elle passe ensuite en Corse et le 29 mars elle est à Bastia à l'effectif de 1,219 hommes, dana la 23e Division militaire.

La question de la solde revient souvent dans la Correspondance de Napoléon Bonaparte à cette époque. L'Armée d'Italie en a particulièrement éprouvé les fâcheux effets. En effet, à Gênes, la 4e Légère s'était révoltée au moment de s'embarquer pour la Corse (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. p. 217).

b/ 1798-1800 : l'Egypte

La 4e a été désignée pour faire partie de l'expédition d'Egype.

Le 5 mars 1798 (15 ventôse an 6), Bonaparte adresse depuis Paris au Directoire exécutif une note dans laquelle il écrit : "Pour s'emparer de l'Egypte et de Malte, il faudrait de 20,000 à 25,000 hommes d'infanterie et de 2,000 à 3,000 de cavalerie, sans chevaux.
L'on pourrait prendre et embarquer ces troupes de la manière suivante, en Italie et en France :
... En Corse 4e d'infanterie légère ... 1,200 hommes } Général Menard } 1,200 hommes ...
... Les demi-brigades avec leurs compagnies de canonniers...
... Tous les corps avec leur dépôt ...
Il faudrait que ces troupes fussent embarquées dans ces différents ports et prêtes à partir au commencement de floréal, pour se rendre dans le golfe d'Ajaccio, et réunies et prêtes à partir de ce golfe avant la fin de floréal ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 114 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 249 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2429; correspondance générale, t.2, lettre 2322; La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 197-198).

Le même jour (5 mars 1798 - 15 ventôse an 6), le Directoire exécutif arrête :
"Article 1er. - Le général Vaubois fera mettre sur-le-champ embargo et noliser à Bastia, Ajaccio et autres ports de l'île de Corse, les bâtiments qui seraient nécessaires pour embarquer la 4e demi-brigade d'infanterie légère, commandée par le général Menard.
Art. 2 - Cette demi-brigade avec son dépôt, ainsi que les bâtiments nécessaires, se rendront à Ajaccio.
Art. 3 - Ils devront avoir :
Pour un mois d'eau,
Deux mois de vivres,

Et 100 cartouches par homme.
- Art. 4 - Ce convoi doit se tenir prêt à lever l'ancre de la rade d'Ajaccio le 30 germinal ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2433; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 206).

Le 11 mars 1798 (21 ventôse an 6), une lettre est adressée par le Général Bonaparte depuis Paris aux Commissaires de la Trésorerie nationale : "... Je joins ... l'état des demi-brigades qui se trouvent en ce moment à Gênes et en Corse. Je désirerais savoir si la solde des troupes est assurée pour les mois de ventôse et de germinal ...
Etat des troupes qui se trouvent dans ce moment-ci en Corse.
... 4e d'infanterie légère 1,500 hommes ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte (lettre datée du 25 ventôse an 6 - 15 mars 1798) ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 122 (même datation) ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 256 (idem) ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2439 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2328 ; La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. p. 216). Le chiffre de 1500 hommes est donné dans un autre document, daté du 17 mars (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 129; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 262).

Un rapport adressé, le 20 mars 1798, au Directoire, par le Ministre de la guerre, détaille, ainsi qu'il suit, l’effectif (hommes présents sous les armes) des troupes stationnées en Corse, évalué à 6.403 hommes, dont pour la 4e Légère, 1.500 hommes (La Jonquière C. de : «L’expédition d’Egypte, 1798-1801», t. 1. P. 197).

Le 30 mars 1798 (10 germinal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis Paris au Citoyen Sucy, Ordonnateur en chef de l'Armée qui doit embarquer : "... L'armée sera composée de cinq divisions : ... 3°. Une division qui s'embarque à Toulon, composée de la quatrième d'infanterie légère, de la dix-huitième et de la trente-deuxième de ligne ; vous y attacherez deux commissaires des guerres, un chef de chaque administration, une ambulance ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5).

Le 6 avril 1798 (17 germinal an 6), le Général Vaubois écrit, depuis Bastia, au Général en chef Brune : "Je viens d'apprendre, non officiellement, mais par des personnes qui ont vu l'arrêté, que la Corse fait de nouveau partie de l'armée d'Italie. Puisque nous avons le bonheur de passer sous vos ordres, je m'empresse de vous faire part de la terrible situation dans laquelle nous nous trouvons et je suis assuré que, pénétré des conséquences affreuses qu'elle peut avoir, vous viendrez à notre secours sans perdre un instant. La division est composée :
de la 4e demi-brigade d'infanterie légère ...
Toutes les troupes, officiers et soldats, sont à sept mois, six mois, cinq mois de solde et d'appointements. Un million suffira à peine pour payer l'arriéré.
Les officiers sont renvoyés de leurs pensions, ne savent où faire cuire leurs rations ; ils sont dans l'humiliation la plus grande, beaucoup sont tout nud (sic).
Le soldat est dans l'avilissement ; on en a vu demander la charité. Beaucoup vont chercher du bois dehors, et rapportent des fagots sur leurs dos pour gagner quelques sols. Ils se dégradent par toutes sortes de fonctions. Le pis de tout, c'est qu'il est près d'entrer en insurrection. Je ne fais que d'apaiser une révolte considérable dans le pays. Si une fois l'insurrection éclate dans la troupe, les ennemis de la République qu'ils ne connaitront pas s'y joindront. Nous sommes perdus. Au nom de la patrie, je vous en prie, sauvez-nous de ces cruels événements. Je ne puis répondre de rien dans des circonstances aussi difficiles. Au moins un bon acompte, tout de suite ; il ne peut être moindre de 300.000 livres.
... Je vous en dirais mille fois plus, si je voulais ; mais ça doit suffire pour exciter votre sollicitude. Venez à notre secours avec promptitude, sans quoi nous éprouverons des événements fâcheux ; mais il suffira que notre position vous soit connue.
Salut et respect.
VAUDOIS.
Je vous prie de vouloir bien faire payer mon aide de camp des frais de voyage. J'ai emprunté pour lui faire faire la course.
Payé pour le bâtiment expédié trois cents livres
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 287).

Le 13 avril 1798 (24 germinal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis Paris au Général Vaubois, Commandant de la 23e Division militaire en Corse : "Indépendamment, Citoyen Général, de la 4e demi-brigade d'infanterie légère, qui, dans ce moment-ci, conformément aux ordres que vous avez reçus, doit être réunie à Ajaccio, ayant des vivres pour deux mois ... Vous devez tenir le convoi de la 4e demi-brigade d'infanterie légère et de la 19e de ligne prêt à partir, le 5 floréal, au premier signal qui lui en serait donné ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2507; correspondance générale, t.2, lettre 2393; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 450).

Le 18 avril 1798 (29 germinal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis Paris au Général Vaubois : "... Je vous ai mandé précédement, Citoyen Général, de réunir à Ajaccio la 4e légère et la 19e de ligne, avec les bateaux nécessaires pour les faire embarquer, de l'eau pour un mois et des vivres pour deux.
Craignant que vous ne fussiez embarrassé, je vous ai prévenu que j'avais donné l'ordre, à Toulon, à neuf bâtiments de transport de se rendre à Ajaccio pour aider à l'embarquement desdites troupes ... vous recevrez, sous peu, de l'argent pour compléter la solde de vos troupes ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 182 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 313; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2525; correspondance générale, t.2, lettre 2413 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 452).

Le 20 avril 1798 (1er floréal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... La division composée de la 4e demi-brigade d'infanterie légère qui rejoindra le convoi, des 18e et 32e de ligne, sera commandée par le général Menard et, jusqu'à ce que ce général ait joint, par le général de brigade Rampon ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 2417 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 364).

Le même jour, le Général Bonaparte écrit depuis Paris au Général Dufalgua : "Le général Dufalga, commandant le génie de l'expédition de la Méditerranée, nommera deux officiers ou adjoints du génie par chacune des divisions ... enfin la division Mesnard, qui est composée de la quatrième d'infanterie légère, la dix-huitième, la trente-deuxième de ligne ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 188; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 318 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2534 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 366).

La lettre de Bonaparte du 18 avril arrive à Ajaccio le 30 avril. Vaubois profite du retour de l'aviso pour y répondre le jour même : "... Les bâtiments nécessaires à l'embarquement de la 4e demi-brigade d'infanterie légère sont rendus à Ajaccio ... Il y a plus, Général : notre embarras est des plus grands pour les vivres ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 453).

Le 2 mai 1798 (13 floréal an VI), le Général Vaubois écrit, depuis Ajaccio, au Général en chef Bonaparte : "Le départ de l'aviso m'a tellement pressé que je n'ai pu vous envoyer le détail de l'embarcation. Je le joins ici. Il ne vous satisfera pas ; mais, le pays ne pouvant rien fournir, les agents envoyés en Sardaigne n'étant pas revenus et notre agent des vivres nous ayant laissés dans l'embarras, voilà où nous en sommes ...
Par le rassemblement des deux bataillons de la 23e d'infanterie légère à Ajaccio, ainsi que la 4e et la 19e, nous restons dans le Golo avec 1.600 hommes et rien dans le Liamone. Si ces deux bataillons partent, je suis obligé de mettre de la garde nationale sur pied à Bonifacio. Je serai bientôt obligé d'en faire autant à Calvi et à Corte, à cause du désarmement dans le Golo, qu'il faut que je fasse protéger par quelques troupes. Je crains et j'ai tout lieu de craindre des mouvements dans le Golo. Les têtes s'y montent de nouveau, la disparition des forces fait un effet fâcheux, les détestables corps constitués y sont plus nuisibles qu'utiles. La justice militaire, malgré toutes mes recommandations, y a été infiniment trop douce. Vous m'avez reproché d'être trop bon ; mais je ne l'aurais jamais été en pareille circonstance. J'ignore quand je serai ici dans une position supportable. Le Liamone n'a que de petits troubles locaux, mais le Golo se meut d'un bout à l'autre dans l'instant, et ça devient tout de suite guerre civile … Surtout, mon cher Général, qu'on ne nous laisse pas sans argent. Le soldat est misérable quand la solde lui manque.
… Vous ne parlez point, mon Général, des moyens d'embarcation pour les deux bataillons de la 23e, s'ils partent. Le pays ne peut les fournir. Les neuf bâtiments venant de Toulon sont-ils suffisants pour la 19e et ces deux bataillons ?
… Salut et respect
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 454).

Le 9 mai 1798 (20 floréal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis Toulon au Général Menard : "Il est ordonné au général Menard de s'embarquer, immédiatement après la réception du présent ordre, avec la 4e d'infanterie légère, la 19e de bataille, et de partir au premier beau temps. Il se rendra dans les îles de la madeleine, au nord de la Sardaigne ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 199 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 328 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2569 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 466).

Le 10 mai 1798 (21 floréal an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Toulon : "Ordre.
1° Il est ordonné aux officiers et aux soldats des ... 4e d'infanterie légère ... qui sont en permission, congé, convalescence, ou absents de leur corps pour quelque raison que ce soit, de se rendre le plus tôt possible à Toulon, où ils trouveront des bâtiments et des ordres pour rejoindre leurs corps.
2e Je prie ...de faire publier et signifier le présent ordre à ceux qu'il concerne, afin que, s'ils ne participent pas aux dangers et à la gloire qu'acquerront leurs camarades, l'ignominie qui leur en reviendra soit sans excuse.
3e Ceux desdits officiers, soldats qui, après la notification du présent ordre, ne rejoindraient pas, n'ont pas contribué à nos victoires, ne peuvent pas être considérés comme faisant partie de ces braves auxquels l'Italie doit sa liberté, la France la paix, et la République sa gloire
" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 333 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2574 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 469).

Le Général Menard avait reçu en même temps que l'ordre de Bonaparte du 9 mai, un autre ordre du Directoire l'appelant à l'Armée d'Italie. On voit (par une lettre qu'il adresse à Bonaparte, d'Ajaccio, le 24 floréal - 13 mai) qu'après avoir hésité entre ces deux dispositions contradictoires, il se décide à partir pour l'Italie, remettant le commandement de la 4e Demi-brigade au Général Casalta (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 466).

Embarquée, la flotte met à la voile le 15 mai.

Une lettre du Commissaire des guerres Boerio au Ministre de la guerre (datée de Bastia, le 18 prairial - 6 juin) indique : "... Les 4e et 19e demi-brigades, approvisionnées complètement pour deux mois, sortirent de la rade d'Ajaccio le 26 floréal dernier. Le convoi, se trouvant dans les parages de la Madeleine fut approché par trois bâtiments chargés de comestibles, que le citoyen Arrighi, inspecteur des vivres, avait été se procurer par mes ordres en Sardaigne, muni d'une somme de 70.000 francs, pris sur les fonds de l'armement ..." (Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 544).

Journal de Reynier : "8 prairial. Le convoi de 35 voiles, portant les 19e demi-brigade de ligne et 4e légère, commandées par le général Vaubois, joint l'Alceste et on fait voile pour rejoindre la flotte, qu'on trouve à quatre lieues est du cap de la Chiappa, près Porto-Vecchio, en Corse" (Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 547).

Le 6 juin 1798 (18 prairial an 6), le Général Bonaparte, à bord de l'Orient, écrit à l'Amiral Brueys : "Le général en chef, Citoyen Amiral, ayant arrêté ses dispositions relatives à l'île de Malte ...
... Le général en chef destine pour le débarquement les 4e et 7e demi-brigades légères ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2618; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 558).

Un "État par aperçu des fonds nécessaires pour un mois de solde à l'armée de terre, établi par le payeur Estève, à bord du vaisseau l'Orient, le 18 prairial an VI (6 juin 1798)" indique qu'à cette date, la 4e Légère embarquée pour l'Egypte compte dans ses rangs 1016 hommes, Officiers non compris (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 508). Une "Situation du personnel de l'artillerie au moment de l'embarquement" indique par ailleurs que l'effectif de la Compagnie de canonniers de la 4e Légère est de 3 Officiers et 52 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 514).

Le 9 juin 1798 (21 prairial an 6), le Général Bonaparte, à bord de l'Orient, devant Malte, fait écrire par le Général Berthier, au Général Desaix : "... Le général de marine du Chayla, avec quatre vaisseaux de guerre, mouillera à une lieue au large de Marsa-Scirocco pour y appuyer votre débarquement.
Tous les hommes de la 80e demi-brigade, de la 7e légère, de la 19e et de la 4e, que le général du Chayla, pourra avoir à bord de ces vaisseaux, seront débarqués avec vos troupes et se réuniront à leurs corps, qui doivent débarquer dans une autre pont ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2622 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 581-582).

Le même jour, le Général Bonaparte écrit, à bord de l'Orient, devant Malte, au Général Berthier : "... La compagnie de canonniers de la 4e demi-brigade est destinée à rester dans l'île ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2624; correspondance générale, t.2, lettre 2514 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 578).

Et dans une autre lettre datée du même jour, adressée par Berthier au Général Vaubois : "... Lorsque la 19e de bataille et la 4e légère, qui sont embarquées sur le convoi d'Ajaccio, seront arrivées, le citoyen Marmont se portera pour bloquer la Cité Valette en se plaçant du côté de la Cité Pinto; il étendra ses postes jusques à Cazal Novo, afin de se joindre à la gauche du général Desaix ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2627; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 583).

Le 11 juin, le Corps expéditionnaire est devant Malte, et la 4e Demi-brigade légère est débarquée la première à la côte de Saint-Julien. Elle repousse dans la place 600 hommes de troupes maltaises.

Le 14 juin 1798 (26 prairial an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Malte, au Général Berthier : "Vous voudrez bien, Citoyen Général, donner l'ordre au général Vaubois de faire remplacer la 4e d'infanterie légère dans les postes qu'elle occupe, et lui donner ordre de se rendre demain à la cale Saint-Paul, où elle se rembarquera ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2658 ; Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 629-630).

Embarquée à nouveau à Saint-Paul, la 4e est placée dans la Brigade Marmont de la Division Bon. Marmont, qui vient d'être promu Général de Brigade, raconte, dans ses mémoires : "... Je fus élevé au grade de général de brigade, et, les troupes que j'avais eues sous mon commandement ayant reçu l'ordre de rester à Malte pour y tenir garnison, on me donna une brigade composée d'un seul régiment, le 4e léger, faisant partie de la division du général Bon …" (Marmont, tome 1, page 361).

Le 23 juin 1798 (5 messidor an 6), par ordre du Général en Chef, l'ordre suivant est promulgué depuis le Quartier général à bord de l'Orient : "Le général en chef a déterminé le commandement des brigades, dans les divisions, ainsi qu'il suit :
... Division Bon
Le général Marmont commande la 4e légère ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2706; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 15).

Le même jour (23 juin 1798 – 5 messidor an 6), du fait que les troupes laissées à Malte ont été, en grande partie, prélevées sur les garnisons des bâtiments de l'escadre, Bonaparte décide de reconstituer cet élément de défense; Berthier donne en conséquence les ordres suivants : "... GALERES. - Coquette et Amoureuse, chacune 15 hommes de la 4e d'infanterie légère ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 13).

Le 25 juin, la flotte française est en vue de l'ile de Candie. "Le lieutenant Ledru se distingua particulièrement dans un combat qui eut lieu sur le passage de la côte méridionale de cette ile contre un vaisseau de ligne anglais : pendant l'action, le feu s'étant manifesté à bord du vaisseau l'Indivisible par l'explosion de deux gargousses, cet officier arrêta ceux qui s'enfuyaient par crainte d'une seconde explosion et les força à éteindre le feur, leur donnant lui-même l'exemple et se jetant le premier au-devant du danger" (Etat des services du Lieutenant Antoine Ledru).

Débarquée une des premières, la 4e Demi-légère reçoit l'ordre de prendre position à une lieue de la ville sur la route de Bedha. A 3 heures du matin Bonaparte passe devant le front des troupes débarquées dont la force est de 4,000 hommes ; ce nombre lui parait suffisant pour attaquer Alexandrie dont la possession est de la plus grande importance pour l'armée. Le Général Bon prend la droite, Kléber le centre et Menou côtoie la mer. Ces trois colonnes marchent à la même hauteur lorsque, arrivées à deux portées de fusil de l'enceinte des Arabes, elles se séparent; chacune d'elles se dirige sur le point d'attaque qui lui est désigné par le Général en chef. La Division Bon atteint bientôt la porte de Rosette qui est enfoncée par les Sapeurs de la 4e Demi-légère. Les murs sont couverts de Français qui se répandent dans la ville ; les Arabes fuient de tous côtés et la terreur est générale. Quelques heures après la ville est à nous.

Le 6 juillet 1798 (18 messidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis le Quartier général d'Alexandrie, au Directoire exécutif, concernant la prise d'Alexandrie : "... Le général Kleber, au pied de la muraille, désignait l'endroit où il voulait que ses grenadiers montassent, mais il reçut une balle au front qui le jeta par terre. Sa blessure, quoique extrêmement grave, n'est pas mortelle. Les grenadiers de sa division en doublèrent de courage et entrèrent dans la place. La 4e demi-brigade, commandée par le général Marmont, enfonça à coups de hache la porte de Rosette, et toute la division du général Bon entra dans l'enceinte des Arabes ..." (Pièces diverses et correspondance relatives aux opérations de l'armée d'Orient en Egypte; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 262 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 394 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 212 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2765; Correspondance générale, t.2, lettre 2593).

Le même jour (6 juillet 1798 - 18 messidor an VI), Berthier écrit, depuis Alexandrie, au Ministre de la Guerre : "CITOYEN MINISTRE,
Je vous envoie la relation de la prise de la ville d'Alexandrie en Égypte, par l'armée française, le 14 messidor an VI.
… Nous nous embarquâmes sur des canots ; et, à une heure du matin, le vainqueur de l'Italie était en Afrique, à la plage du Marabout, dans le désert, à quatre lieues d'Alexandrie. L'armée n'avait aperçu aucun individu du pays.
Le général en chef passa sa revue ... La division Bon, composée de la 4e d'infanterie légère, des 18e et 32e de bataille avait environ quinze cents hommes …
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 42-49).

Le 7 juillet 1798 (19 messidor an 6), la Division Bon se met en route et se dirige sur le Caire; elle a 15 lieues de désert à traverser pour atteindre Damanhour. La 4e y parvient après avoir souffert, pendant tout le trajet, d'une soif dévorante, car les puits ont pour la plupart été comblés par les Arabes qui harcèlent les hommes brûlés par l'ardeur du soleil. Voici ce que raconte le journal de marche du Capitaine du Génie Bertrand, attaché à la Division Bon : "Le 19 messidor, à 5 heures du soir, nous partimes d'Alexandrie et nous primes la route du Caire. Voici quel fut notre ordre de marche :
Avant-garde.
... Le corps de l'avant-garde, formé par la 4e demi-brigade d'infanterie légère ...
Nous partîmes donc le 19 au soir et nous marchâmes toute la nuit. Peu après notre départ, nous fûmes rencontrés par le général en chef, suivi de tout son état-major à cheval.
Nous passâmes pendant la nuit au village d'El-Beydah, où nous fimes une halte d'une heure …
… Arrivée à 7 heures (du matin, le 20 messidor) à El-Kerioun ; il y a un puits d'assez bonne eau.
A midi à Berket-Gitas, village distant d'environ une lieue et demie d'El-Kerioun … Il y a trois citernes en dehors du village, dont deux ne contiennent que de la mauvaise eau et une au sud qui en a de l'assez bonne, mais en très petite quantité. Il fallait la prendre avec une cuiller pour en remplir un verre …
Nous en partimes le même jour à 5 heures du soir, sans avoir pu prendre de repos ; et le lendemain 21, à 7 heures du matin, nous arrivâmes à Damanhour. Nous avions sur nos derrières une trentaine de Mameluks, mais qui, je crois, ne nous prirent personne.
Nous allâmes camper à la droite de l'armée et de Damanhour.
La division a constamment marché par pelotons ; elle occupait environ une demi-lieue d'étendue
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 132).

Le 9 juillet, l'armée atteint le Nil et Rahmanié où elle séjourne le 10 et le 11 ; dans la nuit du 12 elle part pour Miniet-Solanié où elle couche, et le 13, avant le jour, elle se met en marche pour livrer bataille aux Arabes. Ceux-ci sont rangés en avant de Chebreiss ; chaque Division française forme aussitôt un carré avec l'artillerie aux anglee. Les Mamelucks s'ébranlent en masse, mais malgré leur bravoure, ils viennent s'écraser sur noe baïonnettes et presque tous sont tuée par la mousqueterie. L'armée française continue ensuite sa marche sur le Caire.

Le 18 juillet 1798 (30 messidor an 6), le Général Bonaparte fait écrire depuis le Quartier général, à Ouârdân, au Général Reynier : "... Le général en chef ordonne que la 85e demi-brigade ne parte d'Ouârdân que lorsque la 4e demi-brigade légère du général Bon sera arrivée ici" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2812).

Chasseurs 21e Demi-brigade légère Egypte et Malte

- Bataille des Pyramides, 21 juillet.

Le 19 juillet, Bonaparte apprend à Omm-el-Dimar que Mourad-Bey, à la tête de 6000 Mamelucks et d'une foule d'Arabes et de Fellâhs, est retranché au villafe d'Embahé vis-à-vis Boulac; il attend les Français pour les combattre.

Le 20 juillet, à 2 heures du matin, la Division Desaix, qui est en avant-garde, aperçoit un corps d'environ 600 Mamelucks qui se replient aussitôt. A 2 heures de l'après-midi, l'armée arrive aux villages d'Ebrerasch et de Boutis, à 3 lieures d'Embabé.

La 4e Légère prend part à la bataille des Pyramides; le Capitaine du Génie Bertrand raconte dans son rapport, accompagné d'un croquis (ci-contre), et daté du 4 thermidor : "La division est partie d'Omm-Dinar à 3 heures et demie du matin. Elle a marché en colonne jusqu'à 8 heures et s'est alors formée en bataillon carré.
La 32e·occupait le front, la 4e sur les flancs, la 18e fermait le carré ; la cavalerie et les équipages dans le centre ; l'obusier et une pièce à la droite, deux à la gauche, une à chaque angle près la 18e.
La division s'est avancée entre deux villages, le Nil à sa gauche, la division Vial sur la droite, le général en chef près d'elle ou dans ses rangs.
La division étant à la position (3), on a entendu une légère fusillade à la droite. La division a fait halte près d'un canal qu'elle a côtoyé ensuite, en s'avançant vers le village (4). Là, le général en chef est allé vers la droite de l'armée.
La division s'étant formée en avant du village, on y a laissé les bagages avec deux compagnies pour les garder.
Dans une courte harangue, le général Bon a rappelé aux troupes leur gloire passée et leur a fait sentir les avantages et la nécessité de la victoire. Puis la division a marché vers l'ennemi, toujours dépassée par la division Vial, qui paraissait formée en colonne.
Une canonnade, suivie de quelques feux de file, s'est fait entendre à la droite.
L'ordre d'attaquer le village était arrivé vers les 2 heures ; le général Rampon s'est avancé avec les carabiniers de la 4e, les grenadiers et les compagnies paires de la 32e, en tout 18 compagnies partagées en trois pelotons. Pour remplir les intervalles laissés par ces compagnies, on a dédoublé les divisions. La division Vial a aussi envoyé deux pelotons de grenadiers.
Alors l'ennemi a fait jouer l'artillerie de ses retranchements et d'un brick qui les flanquait et nous a tué quelques hommes dans la colonne ; la nôtre a riposté. Après avoir fait essuyer à nos grenadiers un feu de canon et de fusil, l'ennemi est sorti de ses retranchements et les a chargés en queue. Le général Hampon a ordonné demi-tour au troisième rang, qui a fait feu, ce qui a été exécuté dans le plus grand ordre et sans que l'ennemi ait jamais pu l'entamer. Il s'est retiré. Notre artillerie leur a lâché quelques coups de canon.
Depuis ce moment, la leur a cessé son feu, les grenadiers ont tourné les retranchements par la droite (6) ; la colonne avançait toujours en appuyant à droite. Les grenadiers se sont portés dans l'angle (7), puis sur le rivage (8), lorsque l'ennemi s'est jeté dans les barques, où ils en ont fusillé grand nombre ; il s'est noyé là 5 ou 600 personnes.
Pendant ce temps, la division entrait avec ordre dans les retranchements. Le général Bon, avec la gauche, s'est avancé au rivage (9), où était une barque chargée d'ennemis et 208 hommes qui se précipitaient dans l'eau. La fusillade a été vive, presque aucun n'a échappé.
Pendant que le général Bon se portait à la gauche, le général Marmont, qui était à la droite, voyant le gros des ennemis fuir vers le haut du village, s'y est porté avec rapidité, a occupé, avec des chasseurs de la 4e, le passage extrêmement resserré, qui se trouve là entre le village et le Nil. La retraite a été coupée aux fuyards, dont 3 ou 400 ont été tués à bout portant. 150 environ s'étaient échappés par là, avant l'arrivée du général Marmont.
Le soir, notre canon a inquiété l'ennemi sur l'autre rive ; il a mis le feu à un grand nombre de barques.
La 4e a campé sur les flancs, la 18e et la 32e au centre, avec des postes sur le Nil et tout autour du village.
Presque partout les retranchements des ennemis n'étaient que des canaux, un peu approfondis, avec des embrasures, et des passages pour les sorties.
Nous avons eu : 18 hommes tués, dont un officier ; 83 blessés.
… L'ennemi a laissé 40 bouches à feu, dont 5 pièces de 16, 1 mortier de 6 pouces, 5 à 6 obusiers, une douzaine de mauvais petits canons sans affûts, deux magasins à poudre, des munitions, etc.
L'ennemi a perdu : 1.000 hommes noyés ; 600 tués.
… 100 chevaux tués, 400 chevaux pris ; 30 chameaux tués, 300 pris avec bagages
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 187).

Pendant le corps à corps, le Sergent Cumin entouré de plusieurs Mamelucks, en tue un, en blessé deux, et met les autres en fuite. Il sera récompensé par un sabre d'honneur.

Le Lieutenant Germain de la 4e Légère a été tué à la bataille des Pyramides.

Des récompenses sont en effet accordées à la 4e Demi-brigade légère, après la bataille des Pyéramides. Le Chef de Brigade Destaing est nommé général sur le champ de bataille, le Chef de Bataillon Delzons est nommé Chef de Brigade est le remplace à la tête de la 4e.

Le 22 juillet 1798 (4 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Gizeh, au Général Berthier, concernant la prise d'Alexandrie : "... Vous ferez reconnaître le citoyen Destaing, chef de la 4e d'infanterie légère, comme général de brigade ...
Vous demanderez au général de division Bon un rapport sur les chefs de bataillon de la 4e légère ... qui se sont le mieux conduits, et les plus capables de commander une demi-brigade, avec l'état de leurs services ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2823; Correspondance générale, t.2, lettre 2615; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 202 : Ordre du jour de l’Armée daté de Gizeh, le 5 thermidor an 6 – 23 juillet 1798).

La 4e Légère passe donc sous le commandement du Chef de Brigade Delzons (futur général de Division). Le Capitaine Ducouret est proposé pour Chef de Bataillon et nommé peu après.

Le 24 juillet 1798 (4 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Directoire exécutif : "... J'ai promu au grade de général de brigade le chef de brigade Destaing, commandant la 4e demi-brigade ..." (Pièces diverses et correspondance relatives aux opérations de l'armée d'Orient en Egypte; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 403 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 221 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2834; Correspondance générale, t.2, lettre 2625).

Delzon en tenue d'Officier de la 4e Légère vers 1796
Portrait du futur Général Delzons, en Officier du 4e Léger vers 1796. Il sera fait Chef de Brigade de la 4e Légère en Egypte. On devine un gilet à la hussarde écarlate à tresses et boutons argent.

Le 25 juillet 1798 (7 thermidor an 6), Bonaparte porte son Quartier-général au Caire; les Divisions Régnier et Menou prennent position au vieux Caire, les Divisions Bon et Kléber à Boulac. Ce jour là, le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... Faire reconnaître Delzons, chef de bataillon de la 4e d'infanterie légère à la place de chef de brigade de cette demi-brigade.
... Comme capitaine le citoyen Gillet lieutenant de la 4e d'infanterie légère.
Comme lieutenant le citoyen Augelarge adjudant dans la 4e d'infanterie légère.
Le grade de sergent pout le citoyen Augelarge caporal de carabiniers de la 4e d'infanterie légère.
Le grade de caporaux pour les citoyens Navanens, Chibret et Guignard carabiniers de la 4e d'infanterie légère ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2834; Correspondance générale, t.2, lettre 2625).

Le 1er août 1798 (14 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Vous préviendrez la 4e demi-brigade d'infanterie légère que le payeur a ordre de lui payer ce qui lui est dû pour les mois de ventôse et de germinal et qu'elle doit se mettre en règle" (Correspondance générale, t.2, lettre 2704).

Le même jour, sur ordre du Général Bonaparte, un Ordre du jour établi depuis le Quartier général au Caire, est diffusé auprès des troupes : "L'armée est prévenue qu'en cas d'alarme dans la ville du Caire les dispositions données par le général en chef sont les suivantes :
... La cavalerie de la division du général Bon et la 4e demi-brigade légère, au signal d'alarme, se porteront avec célérité sur la place d'Ezbekyeh.
Le général Bon et son état-major, au signal d'alarme, se rendront sur-le-champ auprès du général en chef ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2912).

Le 2 août 1798 (15 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Le magasin central d'habillement a de quoi confectionner :
1° dix mille habits et 20000 pantalons : vous ordonnerez qu'il en soit fait la distribution suivante :
... 4e [légère] 600 habit 1200 pantalons ...
2° Les habits seront confectionnés par les corps. L'ordonnateur en chef fera un règlement pour tout ce qui doit leur être donné par habit et pour la façon.
3e Il ne sera rien confectionné du magasin
brigade" (Correspondance générale, t.2, lettre 2723; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 335).

Le 6 août 1798 (19 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Vous ferez reconnaître comme chef de bataillon de la 4e d'infanterie légère le citoyen Stilles capitaine de cette demi-brigade.
Et pour chef de bataillon chargé de l'administration de la demi-brigade le citoyen Ducoiret capitaine à ladite demi-brigade
" (Correspondance générale, t.2, lettre 2789).

Le 7 août 1798 (20 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... Le 3e bataillon de la 4e d'infanterie légère tiendra garnison au Caire.
Vous donnerez l'ordre au général Bon de partir demain, avec trois pièces de canon, les deux bataillons de la 4e d'infanterie légère, la compagnie des carabiniers du 3e bataillon, les compagnies des grenadiers de la 18e et de la 32e, pour prendre position au village d'El-Mataryeh. Il recevra une instruction particulière de moi. Le commissaire ordonnateur fera en sorte de lui donner des vivres pour les 21, 22 et 23 ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 2997; Correspondance générale, t.2, lettre 2795; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 363-364).

Le 10 août 1798 (23 thermidor an 6), le Général Bonaparte fait expédier depuis son Quartier général à Korâym, l'ordre suivant : "Le quartier général de l'armée est à Korâym.
... Ordre au général Bon, qui était à El-Mataryeh, d'envoyer deux bataillons de la 4e légère à El-Khânqah, avec deux pièces de canon, de garder les grenadiers, d'attendre les deux parties de la caravane du Caire et de les conduire dans cette ville ...
" (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3004; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 373).

Le 16 août 1798 (29 thermidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Vous donnerez les ordres, Citoyen Général, pour que la 4e d'infanterie légère, qui est à El-Qobbet, rentre dans la place ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3027; Correspondance générale, t.2, lettre 2840).

Le 18 août 1798 (1er fructidor an 6), le Général Bonaparte, qui veut assurer l'approvisionnement des citernes qui doivent, pendant une année, alimenter la population et la garnison d'Alexandrie, mais aussi la sécurité des communications de l'armée entre Alexandrie, El-Rahmânieh et Rosette, écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Vous voudrez bien donner l'ordre, Citoyen Général, au général de division Bon, de faire partir le général de brigade Marmont avec la 4e demi-brigade d'infanterie légère et une pièce d'artillerie, pour se rendre à Rosette. Le général de brigade Marmont m'enverra, avant de partir, son aide de camp pour prendre les instructions que je lui ferai ..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3027; Correspondance générale, t.2, lettre 2840; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 483).

Le même jour, il écrit au Général Menou, à Rosette : "Ce soir, le général de brigade Marmont, avec la 4e demi-brigade [légère], part pour se rendre à Rosette, pour observer les mouvements des Anglais. Le contre-amiral Perrée se rend à Rosette avec deux avisos. J'espère que, dès l'instant que le général Marmont sera arrivé à Rosette, on pourra empêcher les Anglais d'avoir aucune espèce de communication avec les Arabes ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 332 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3042; Correspondance générale, t.2, lettre 2859).

Situation de la 4e Demi-brigade légère le 18 août 1798, d'après le "Tableau général des forces de l'armée d'Orient au 1er fructidor de l'an VI de la République française une et indivisible" :
- 2e Division, Général commandant la Division Bon :
- 4e Demi-brigade légère (3 Bataillons) au Caire : total de l'effectif, Officiers compris : 1147.
85 Officiers présents, 7 Officiers absents, 2 vacants; 1053 hommes dont 973 présents sous les armes (7 prisonniers, 5 en congé ou permission, 50 et 91 aux hôpitaux, 12 détachés : total donné 174 ?). 23 chevaux d'Officiers (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 613 et suivantes).

Dans une autre situation, datée du 18 août 1798 (1er fructidor an 6), la Compagnie de canonniers de la 4e Légère présente à Malte est donnée avec un effectif de 3 Officiers et 55 hommes présents sous les armes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 248.).

Marmont, dans ses Mémoires, raconte : "... Je rentrai au Caire avec le général en chef, et je reçus immédiatement l'ordre d'en partir avec le 4e léger et deux pièces de canon, pour me rendre sur la côte et pourvoir à sa sûreté. Je devais ramener à l'obéissance les habitants de Damanhour, révoltés contre un détachement parti d'Alexandrie et forcé d'y rentrer; je devais me rendre ensuite à Rosette, assurer la défense de l'entrée de cette branche du Nil et y faire construire une batterie; mettre également en défense la presqu'île d'Aboukir , armer le fort et y ajouter un retranchement; de là venir à Alexandrie pour concourir à tout ce que demandaient les besoins de cette place; enfin revenir à Rosette pour avoir l'œil sur toute la côte, empêcher autant que possible la communication entre les Anglais et les Arabes, et surtout l'envoi de secours en subsistances à l'escadre; en un mot, me porter partout où la présence de mes troupes serait nécessaire, en me plaçant, à Rosette, sous les ordres du général Menou, ou à Alexandrie sous ceux du général Kléber; tous les deux étaient généraux de division et chargés chacun du commandement de leur arrondissement. Je partis du Caire le 20 août, et je remplis cette mission à la satisfaction du général en chef …" (Marmont, tome 1, page 361).

Le 21 août 1798 (4 fructidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Kléber : "... J'ai envoyé le général Marmont avec la quatrième demi-brigade d'infanterie légère et deux pièces de canon pour soumettre la province de Bahiré, maintenir libre la communication de Rosette à Alexandrie, et rester sur la côte pour empêcher la communication de l'escadre avec la terre ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.5, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 350 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 476 ; Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3059 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 2887).

Le 22 août 1798 (5 fructidor an 6), par ordre du Général en Chef, l'extrait de l'ordre du jour suivant est diffusé parmi les troupes depuis le Quartier général du Caire : "Emplacements de l'armée :
... Division Bon, au Caire
4e demi-brigade légère, détachée à Rosette
..." (Correspondance de Napoléon, t.4, lettre 3086).

Le 23 août 1798 (6 fructidor an 6), le Général Menou écrit, depuis Rosette, au Général en chef Bonaparte : "Citoyen général ... Le général de brigade Marmont, ni la 4e demi-brigade ne sont point encore arrivés ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 516).

Marmont arrive à El-Rahmânieh le 24 août ; après s'être mis en rapport avec l'Adjudant général Bribes, et jugeant que le concours de ses troupes est inutile en ce moment, il repart le jour même pour Rosette, qu'il atteint le lendemain matin. Le même jour, Menou annonce à Bonaparte que Marmont, avec la 4e Légère, viennent d'arriver (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 505).

L'Ordre du jour de l'Armée, rédigé par Berthier au Caire, le 27 août 1798 (10 fructidor an VI) indique que : "… Le général ordonne que tous les détachements d'infanterie qui étaient restés à bord des vaisseaux de l'escadre, et qui sont à Alexandrie, à Aboukir et à Rosette, se mettent en marche sur-le-champ pour se rendre au Caire, hormis les gens appartenant ... à la 4e d'infanterie légère …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 568-569).

Le 5 septembre 1798 (19 fructidor an 6), Marmont écrit, depuis Rosette, à Bonaparte : "... J'envoie à l'adjudant général Bribes un bataillon de la 4e pour augmenter ses troupes, de manière à ce qu'il ait constamment des patrouilles pour empêcher qu'il ne soit fait de saignées au canal ; dans le cas où il serait insuffisant, j'irais moi-même avec les deux autres ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 81-83).

Le 14 septembre 1798 (28 fructidor an 6), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "Vous donnerez l'ordre au Général Menou de faire partir pour le Caire tous les détachements qui sont à Rosette hormis le bataillon de la 19e, le bataillon de la 85e [de ligne] et la 4e demi-brigade [légère] qui s'y trouvent momentanément" (Correspondance générale, t.2, lettre 3187).

Le 17 septembre a lieu l'incident suivant : "Je dois vous observer, Général, que, plein de confiance dans la manière dont nous avaient reçus jusque-là les habitants du pays, je marchais à cheval à une demi-lieue en avant des 200 hommes d'escorte; j'étais avec le général Marmont, deux aides de camp, les citorens Denon, Nectoux, Varsy, Joly, Villoteau, le médecin Vanoli, Dolomieu et un guide à cheval. Quelques hommes du pays à pied servant aussi de guides et domestiques nous accompagnaient. Total: 16 hommes, dont 5 seulement armés de sabres. Arrivés entre les deux villages que je viens de nommer, des cris se font entendre; une nuée d'hommes armés sort au-devant de nous, et, malgré les efforts de nos guides à cheval et à pied pour les apaiser, tire des coups de fusil sur nous. Vu notre petit nombre et le défaut d'armes, nous sommes obligés de nous replier, d'abord doucement, ensuite fort vite, parce qu'au milieu des inondations, des hommes qui connaissaient parfaitement les passages guéables accouraient pour couper notre retraite, qui fut très pénible, parce qu'il nous fallait passer sur une chaussée de la largeur environ des deux pieds d'un cheval et coupée de fossés et canaux ...
Alors, l'un des artistes qui étaient avec nous, le citoyen Joly, ayant perdu totalement la tête, se jette à bas de son cheval, poussant des cris de désespoir. Le général Marmont, les deux aides de camp, Denon, Varsy et moi, faisant ferme cinq fois de suite, l'invitons, le pressons de remontér sur son cheval, ou de sauter en croupe derrière l'un de nous; il avait tellement perdu la tête que nous ne pouvons lui rien faire entendre; enfin les ennemis étant sur nous et en flanc et en queue, nous sommes obligés de le laisser; il est pris et tué. Nous arrivons à notre détachement. J'ordonne alors aux troupes de se former régulièrement; une avant-garde de 30 hommes prend la tête; 140 hommes forment le petit corps de bataille et 30 autres sont laissés pour former l'arrière-garde et escorter les bagages. Nous remarchons en avant pour tirer une vengeance éclatante de l'attaque qui avait eu lieu, sans aucun motif, de la part des habitants. Arrivés sur la petite chaussée, nous la trouvons coupée en plusieurs endroits; nos soldats se jettent à l'eau jusqu'au col; nous passons tout ce défilé et nous arrivons près des deux villages, à 2 heures après midi. Jusque-là, aucun habitant n'avait reparu; mais alors des coups de fusil partirent du village de gauche, qui est celui de Kafr-Chabbas-Amer. Celui de droite reste parfaitement tranquille. Nous arrivons à celui de gauche, que nous trouvons environné d'une muraille de 15 pieds, flanquée aux quatre angles de tours rondes et sur les courtines de tours carrées non saillantes. Toutes ces tours étaient garnies d'hommes faisant feu. Nous arrivons à une porte du village. Des carabiniers de la 4e, s'aidant mutuellement, montent sur la muraille, redescendent dans l'intérieur, et aident à nous faire une entrée en rompant les portes à coups de crosse de fusil. Alors les tours sont évacuées par les habitants, à l'exception d'une qui était plus soigneusement fortifiée et qui servait de réduit, ayant une enceinte particulière dans le village. J'entre à cheval dans le village avec le général Marmont, sous le feu de cette tour et du réduit qui dominait tellement que nous étions découverts de partout. A l'instant, mon cheval est tué raide sous moi; je n'ai eu, à la cuisse gauche, qu'une très légère contusion provenant de la chute du cheval. Nos volontaires marchent à la tour; mais le feu était si violent, et il y avait une telle impossibilité de la forcer sans canon, que je suis obligé de les rappeler. J'ordonne alors qu'on mit le feu partout, ce qui fut promptement exécuté. Je fais placer des postes autour du village, excepté près la tour du réduit : il n'était pas possible d'y tenir, le feu était trop violent. La nuit arrive; des paysans se rassemblent de quelques villages voisins pour venir au secours des assiégés. Ils s'approchent en faisant des hurlements affreux. Nous, dans le silence le plus profond, les attendons à demi-portée; le général Marmont alors ordonne un feu de file qui, malgré l'obscurité, les atteint parfaitement; plusieurs sont tués, les autres s'enfuient à toutes jambes. Ceux du réduit continuent alors leur feu et jettent aussi des hurlements qui cessent au moment où la lune est couchée. Nous entendons, quelques instants après, un peu de bruit au pied de la tour. Nous pensons que ce sont des secours qui veulent s'introduire. Je fais faire feu; personne ne répond; mais le bruit ayant totalement cessé dans la tour, je fais passer dans le village une patrouille qui arrive au réduit : plus de feu, plus de bruit. On enfonce la porte, on trouve le réduit évacué.
Si j'avais eu plus de monde, personne n'aurait échappé, parce que j'aurais embusqué quelques hommes à 20 ou 30 pas de chaque côté de la tour; mais, toutes les gardes placées, je n'avais que 25 hommes disponibles. J'ordonne alors qu'on mette le feu dans le réduit et dans tout le reste de la ville. L'incendie a été complet. Nous avons sauvé quelques femmes, des enfants. Mais, craignant le rassemblement de 2 à 3.000 paysans, j'ai cru, puisque nous avions tiré une vengeance éclatante, qu'il était plus prudent de se retirer ...
" (compte rendu adressé par Menou à Bonaparte le 3e complémentaire - 19 septembre 1798 - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 113-115)

Le 21 septembre 1798 (5e jour complémentaire), Bonaparte prescrit que le magasin central d'habillement distribuera aux troupes, en sus des quantités allouées le 2 août, les matières nécessaires pour confectionner 10100 habits, 21300 capotes, 8900 pantalons pour l'infanterie, l'artillerie et le génie ; 2400 gilets et 2400 pantalons d'écurie pour les troupes à cheval. Ces quantités sont ainsi réparties : 4e Demi-brigade légère 500 habits, 1100 capotes, 500 pantalons ... (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34-35).

Le même jour, Menou écrit à Berthier (5e jour complémentaire - 21 septembre) : "... Marmont est parti avec la 4e demi-brigade …" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 118).

Le 12 octobre 1798 (21 vendémiaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, à Sucy, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, de faire distribuer des bonnets pour l'infanterie, aux différents corps en proportion des habits qui leur ont été distribués. Je vous prie de faire donner les 5000 qui existent actuellement dans les magasins, soit 800 par :
4e demi-brigade [légère] ...
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3427; Correspondance générale, t.2, lettre 3388).

Le 19 octobre 1798 (28 vendémiaire an 7), Marmont écrit, depuis Leloha, à Bonaparte que, dans le cas où Alexandrie devrait faire face à un débarquement, comme le craint le Général Manscourt, il réunira "promptement la 4e et le 1er bataillon de la 69e, qui est à El·Rahmànieh, et 200 hommes de la 25e qui sont ici, et avec ces 1.400 hommes" et marchera sur-le-champ (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 314-315).

Le 21 octobre 1798 (30 vendémiaire an 7), Marmont écrit, depuis le camp de Leloha, à Bonaparte : "Le général Manscourt me fait part de toutes ses inquiétudes ; elles me paraissent fondées, car il lui est impossible de défendre une place aussi mauvaise et aussi étendue qu'Alexandrie avec une garnison aussi faible que la sienne, attendu même que les quatre compagnies de la 61e n'y sont pas encore arrivées ...
L'étendue du terrain qu'occupent mes troupes me force à les rassembler sur-le-champ ; car, si Alexandrie était attaquée vivement leur éloignement m'empêcherait d'arriver à temps, er, comme je sens de quelle importance il est de mettre parfaitement à l'abri une ville qui contient beaucoup de richesses, je vais marcher à son secours avec ma colonne mobile …
… Je laisse à El-Rahmânieh la légion maltaise : elle suffit, et de reste, pour défendre ce poste ; les eaux l'entourent, et on ne peut y arriver que par deux digues ; mais, pour plus grande sûreté et jusqu'à ce que l'artillerie en soit totalement évacuée, j'y laisserai encore les quatre premières compagnies du 1er bataillon de la 69e, qui y sont maintenant ; elles viendront ensuite me joindre, à moins que vous ne leur donniez des ordres contraires.
J'aurai donc avec moi :
la 4e 700 hommes
1er bataillon de la 69e 450
détachement de la 25e 200
TOTAL 1350 hommes.
Avec ces 1350 hommes et la garnison, je crois Alexandrie en sûreté ; mais ces 1350 hommes, pour l'instant, se réduiront à 1100, à cause des 250 de la 69e qui resteront momentanément à El-Rahmànieh. L'arrivée de ce secours fera merveille, en ce qu'il relèvera le moral qui me parait un peu abaissé …
Je pense donc prendre le bon parti et que vous le sanctionnerez de votre approbation …
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 314-315).

État général des troupes composant l'armée d'Égypte à l'époque du ler brumaire an VII de la République française (22 octobre 1798) : Division Bon, Généraux de Brigade Rampon et Marmont, Adjudant-général Valentin :
4e Demi-brigade d'Infanterie légère (El Ramanieh) : 85 Officiers présents; 1114 hommes dont 141 aux hôpitaux et 973 présents sous les armes. Total : 1199 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 697 et suivantes).

Le 31 octobre 1798 (10 brumaire an 7), Menou écrit à Bonaparte : "... J'envoie la compagnie de grenadiers du 1er bataillon de la 69e à El-Rahmânieh, avec une canonnière et un canot armé ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 326).

Le 4 novembre 1798 (14 brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier, chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... Le général Marmont commandera la 4e d'infanterie légère avec l'artillerie qui y est attachée ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 3612).

Le 5 novembre 1798 (15 brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Menou à Rosette : "... Mon intention est que ... le général Marmont (commandera), la 4e demi-brigade d'infanterie légère ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3576; Correspondance générale, t.2, lettre 3623; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 331).

Le 8 novembre 1798 (18 brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "... Le général Marmont, avec la 4e et son artillerie, réunira tous ses postes à Alexandrie et se tiendra prêt à partir vingt-quatre heures après la réception de l'ordre qui lui en sera donné" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3587; Correspondance générale, t.2, lettre 3634; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 435).

Le 10 novembre 1798 (20 brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Plusieurs soldats, marins, sapeurs, infirmiers, charretiers, ouvriers, se sont faits domestiques. La facilité de s'en procurer a porté plusieurs officiers et administrateurs à en augmenter le nombre, et ce, au détriment de l'armée.
En conséquence, le général en chef ordonne :
ARTICLE 1er. Les officiers et administrateurs qui ont amené des domestiques d'Europe ont seuls le droit d'avoir des domestiques européens. Ceux qui n'en ont pas amené ou qui veulent en augmenter le nombre doivent les prendre parmi les naturels du pays.
ART. 2. Tout individu qui, au moment du débarquement, était soldat, marin, sapeur, infirmier, charretier, ouvrier, etc. est tenu, au plus tard cinq jours après la publication du présent ordre, de rejoindre un des corps ci-dessous, savoir :
Ceux qui sont à Alexandrie {la 4e d'infanterie légère ou le 3e bataillon de la 61e ou le 3e bataillon de la 85e ...

ART. 3. Ceux qui auraient des domestiques qui seraient dans le cas de l'article 2 sont tenus de le communiquer à leurs domestiques douze heures après la publication du présent ordre, d'en faire part au commandant de la place, au plus tard quarante-huit heures après la publication du présent ordre.
ART. 4. Ceux qui mettraient du retard dans l'exécution du présent ordre seront condamnés à payer à la caisse du corps autant d'écus de six francs qu'ils mettront de jours de retard; et si, dix jours après la publication du présent ordre, ils ne l'avaient point exécuté, le commandant de la place les ferait arrêter.
ART. 5. Le commandant de la place et même les chefs des corps ci-dessus nommés sont autorisés à faire arrêter tous les domestiques qu'ils soupçonneraient être dans le cas de l'article 2.
ART. 6. Il y aura à Alexandrie un bureau composé d'un officier de la 4e d'infanterie légère, de la 61e et de la 85e ...
ART. 7. Tous les domestiques qui seraient arrêtés seront sur-le-champ amenés devant ce bureau, qui prononcera s'ils sont ou non dans le cas de l'article 2.
ART. 8. Le général en chef recommande l'exécution du présent ordre spécialement aux officiers commandant les places et aux officiers supérieurs des corps où lesdits hommes doivent être incorporés.
ART. 9. Le général en chef défend expressément aux corps qui sont à Alexandrie de se recruter parmi les individus qui font partie des équipages.
BONAPARTE
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3601). Cette lettre est mise à l'ordre du jour de l'armée le 12 novembre (22 brumaire - La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 375).

Le 16 novembre 1798 (26 brumaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Directoire exécutif : "... grâce aux peines et à l'activité de la 4e d'infanterie légère, les eaux sont arrivées, le 14 brumaire, à Alexandrie, en plus grande abondance que jamais; il y en a pour deux ans. Le canal nous a servi à approvisionner de blé Alexandrie, et à faire venir nos équipages d'artillerie à Gyzeh ..." Pièces diverses et correspondances relatives aux armées d’orient ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 405 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 27 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3632 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3716).

Le 21 novembre 1798 (1er frimaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, à Daure, Commissaire ordonnateur en chef de l'Armée d'Orient : "Je vous prie, citoyen ordonnateur, d'employer tous les moyens qui sont en votre pouvoir pour pousser la confection des capotes dont l'armée a le plus grand besoin dans un moment où les nuits sont si fraîches.
Je désire que :
Les 4e 21e d'infanterie légère soient servies les premières ...
" (Correspondance générale, t.2, lettre 3754).

Le 28 novembre 1798 (8 frimaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "... Vous voudrez bien écrire au chef de brigade de la 4e demi-brigade d'infanterie légère de vous rendre compte pour quelle raison il n'a pas fait part des quatorze prisonniers qu'ont faits les Anglais sur sa demi-brigade et qui sont à bord. Vous lui demanderez un compte détaillé sur le temps et la manière dont il a perdu ces hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3685; Correspondance générale, t.2, lettre 3801).

Le 29 novembre 1798 (9 frimaire an 7 ), Bonaparte écrit, depuis son Quartier général, au Caire, au Général Marmont, à Alexandrie : "… J'ai appris que les Anglais avaient fait quatorze prisonniers à la 4e d'infanterie légère ; il est extrêmement surprenantque je n'en aie rien su …" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3687 ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 410 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 32 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3807).

Le 4 décembre 1798 (14 frimaire an 7) Marmont écrit à Bonaparte, depuis Alexandrie : "C'est par un oubli dont je suis coupable que vous n'avez pas été instruit des 9 prisonniers que les Anglais ont faits à la 4e. Le jour de mon départ de Leloha pour Alexandrie, je laissai sur le canal de Damanhour 400 hommes, pour protéger l'arrivée d'un convoi de 28 barques de blé, qui étaient parties la veille d'El-Rahmànieh; ces 400 hommes ne purent pas empêcher de saigner le canal : en 15 heures il fut à sec, et le convoi resta vis-à-vis du lac Madieh. Le commandant de l'escorte fit transporter les barques sur le lac, mit trois hommes sur chaque barque et les conduisit à Aboukir. Trois barques furent entralnées par le courant, en sortant du lac; elles tombèrent sous le vent, et une chaloupe-canonnière anglaise vint les prendre. Les Anglais ont déjà rendu 2 soldats; il en reste 7 à leur bord; on vous a trompé en disant qu'il y en avait 14" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 429-430).

Le 6 décembre 1798 (16 frimaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Menou, commandant à Rosette : "L'état-major vous donne l'ordre, citoyen général, de faire partir sur-le-champ le second bataillon de la 4e demi-brigade légère pour le Bahireh ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 3862).

Le 12 décembre 1798 (22 frimaire an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Marmont : "J'ai reçu, Citoyen Général, votre lettre du 14.
Il est toujours plus intéressant de rendre compte d'une mauvaise nouvelle que d'une bonne, et c'est vraiment une faute que vous avez faite d'oublier de rendre compte des neuf prisonniers qu'ont faits les Anglais à la 4e demi-brigade ...
" (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 433 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 53 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3753 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 3922 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 430).

Selon l'Historique régimentaire, le 17 décembre, le Général Menou reçoit l'ordre d'envoyer les 2 premiers Bataillons de la 4e Demi-brigade légère à Damanhour avec 2 pièces de canon pour mettre l'Adjudant-général Le Turcq à même de contenir les Arabes; le 3e Bataillon reste à Alexandrie.

A Alexandrie éclate une épidémie de peste. Le Général Marmont écrit à Bonaparte, le 28 Frimaire (18 décembre 1798) : "... La peste n'a pas cessé et a fait, au contraire, quelques progrès. Nous venons de perdre, de cette maladie, le citoyen Astier, chirurgien en chef de la marine, un commis au bureau de la comptabilité, un Napolitain et deux ou trois matelots. Nous avons encore deux ou trois hommes attaqués. Il parait que le germe ne s'est développé que dans l'hôpital n° 3. Tous ceux qui en ont été attaqués avaient eu des rapports avec cet hôpital; cependant, il est tombé ce matin un soldat de la 61e, gui a des symptômes de peste ...
J'ai fait partir pour Damanhour les deux premiers bataillons de la 4e. Je fournis toujours 150 hommes à Aboukir. Les établissements relatifs à la peste viennent de beaucoup augmenter le service, et il ne me reste pas de quoi relever les postes ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 22).

Le 9 Nivôse an 7 (29 décembre 1798), Marmont écrit à Bonaparte : "... Les accidents de peste, mon cher Général, ont toujours lieu et d'une manière plus lâcheuse. Deux soldats de la 75e, attaqués avant-hier, sont morts hier. J'ai fait séparer tous ceux qui étaient supposés avoir eu quelques communications avec eux. Je fais sortir le bataillon du Phare et je le fais camper comme les autres dans des jardins. Cette manière de vivre convient à nos soldats, et tout le monde s'en trouve bien. C'est le seul moyen d'éloigner les maladies.
On me rend compte à l'instant qu'un soldat de la 4e est attaqué. Nous avons perdu, depuis le commencement de cette maladie, 25 à 26 hommes ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 29).

Le 10 Nivôse an 7 (30 décembre 1798), Marmont écrit à Bonaparte : "... La peste ne nous laisse point de relâche ... Deux tambours de la 4e en ont été attaqués avant-hier. Un servant de la santé, un pharmacien et plusieurs personnes en sont morts. On me rend compte, à l'instant, que cette terrible maladie se déclare aux hôpitaux n°1 et n°2 ... Il est d'une bien haute importance de nous envoyer ici des chirurgiens et des conservateurs de santé. Je dois rendre justice au zèle de ces derniers, mais ils ne sont pas assez nombreux; ils ne peuvent suffire à leur travail ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 29).

Le 17 Nivôse an 7 (6 janvier 1799), Marmont écrit, depuis Alexandrie, au Général Menou : "... Cette malheureuse peste nous casse les bras de toutes les manières, notre vin ne se vend pas faute d'acheteurs; j'ai été obligé d'en faire donner pour cinq à six mille francs à quarante sols, afin de pourvoir aux besoins les plus pressants ...
J'avais ordonné aux sous-officiers des différents bataillons de faire l'exercice, attendu qu'ils sont fort ignorants; ceux du 3e bataillon de la 4e s'y sont refusés. Le chef en avait mis huit à la garde du camp pour connaitre les auteurs de ce refus; après deux jours de garde du camp, ils ont persisté dans leur désobéissance et ofTert de se démettre de leur grade. Je me suis rendu au camp, j'ai fait faire devant moi l'exercice à tous les autres, j'ai accepté la démission des huit sergents et je les ai envoyés servir, comme chasseurs, dans le 1er bataillon. J'ai autorisé le chef de brigade à faire remplir les !onctions de sergent par douze caporaux qu'il a élevés avec soin et qui sont fort instruits. Je vous demande, mon Général, d'approuver cette mesure ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 31).

Le 9 janvier 1799 (20 nivôse an 7), le Général Bonaparte, depuis son Quartier général au Caire, ordonne la création d'un Régiment de Dromadaires; "... les 4e et 22e légères, fourniront chacune 10 hommes pour le fond de la formation du régiment de dromadaires ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3820 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 74 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 75).

Le 21 Nivôse an 7 (10 janvier 1799), Bonaparte écrit, depuis le Quartier général, au Caire, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre que la canonnière la Bourlos fasse pour deux mois de vivres, et parte le 23 pour se rendre, par le Nil et par le canal, à Mehallet-el-Kebyr, et de là dans le lac de Bourlos, pour y croiser à l'embouchure, empêcher aucune communication avec les Anglais, et prévenir les généraux commandant à Rosette et à Damiette de tous les mouvements de la côte qui pourraient survenir. Le commandant recevra des ordres directement du commandant des armes à Rosette, et correspondra plus particulièrement avec le général commandant à Rosette, d'où il tirera ses vivres et tout ce dont il pourrait avoir besoin.
Vous ferez embarquer dessus 20 hommes de la 4e d'infanterie légère ou d'un des trois bataillons qui sont à Alexandrie, ou de la 19e, et, s'il n'en existe pas au Caire, vous prendrez ces 20 hommes d'une des demi-brigades qui sont à Damiette
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3823 ; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4021 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 26).

Le 25 Nivôse an 7 (14 janvier 1799, Marmont écrit à Menou : "Nous faisons tous les jours, mon cher Général, de nouvelles pertes et, malheureusement, elles vont toujours en croissant. Le nombre de nos morts s'élève aujourd'hui à peu près à 130. Le bataillon de la 4e est extrêmement maltraité. Aujourd'hui, 6 hommes encore sont tombés malades; un est mort en deux heures de temps. Cette maladie est affreuse et commence à affecter les soldats, et nous n'avons personne qui sache la traiter, et on ne nous envoie pas de chirurgiens du Caire. Ma position est douloureuse ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 38).

Le 15 janvier 1799, Marmont écrit, depuis Alexandrie, à Bonaparte : "Je viens de recevoir, mon cher général, votre lettre du 18 nivôse ; vous êtes instruit maintenant des ravages que la peste continue à faire ici. Nous avons perdu déjà cent trente hommes. Le bataillon de la 4e est extrêmement maltraité : il a quarante hommes ou morts ou malades de la peste. Ce matin encore, six hommes sont tombés tout à coup : un est mort dans une heure. Le bataillon de la 85e est privilégié ; il est encore intact. Les grenadiers qui font le service de la ville, et qui sont dans un camp à part, n'ont perdu encore qu'un homme : je ne sais à quoi attribuer cette différence.
Les camps sont bien placés, bien aérés, bien divisés ; les soldats ont un vaste espace pour se promener et ne sont point abandonnés à eux-mêmes, et cependant le nombre des malades va toujours en augmentant.
J'ai fait augmenter le nombre des hôpitaux ; je fais évacuer un local dès qu'il est entaché de peste, afin de le purifier : tout cela ne sert à rien ; la terreur que la peste répand chez les officiers de santé est telle, que les malades attaqués de maladie ordinaire courraient risque de mourir faute de soins. Je dois cependant rendre justice au citoyen Masquelet, chirurgien en chef, qui montre beaucoup de zèle ; il serait bien nécessaire que vous m'envoyiez ici quelqu'un pour le seconder. Le commissaire des guerres Michaud, que l'ordonnateur en chef a envoyé ici, a rendu des services par son activité et son zèle ; il a fort bien organisé les services, et particulièrement celui des hôpitaux ; mais ses moyens viennent d'être paralysés par le malheur qu'il vient d'éprouver : son secrétaire et son domestique viennent de mourir de la peste. L'administration sanitaire vient de le mettre en quarantaine. J'ai établi, pour le remplacer momentanément, et chargé du service le commissaire de Ramanieh, qui était traduit au conseil de guerre, mais que je crois honnête homme, et qui, probablement, n'est pas coupable.
Personne ne sort plus d'Alexandrie sans faire quarantaine. Cette institution est sans doute indispensable ; il me parait aussi nécessaire de la modifier. Mes relations avec l'intérieur sont extrêmement difficiles ; les plus petites choses rencontrent les plus grands obstacles, et, si cela durait, nous risquerions bientôt de mourir de faim. L'administration sanitaire ne voit que la peste, et n'aperçoit pas les autres branches de service qui sont aussi importantes ; et, comme votre ordre du jour du 18 frimaire est très-précis, je ne puis pas le contrarier. Je vous demanderai donc, tout en laissant la quarantaine établie à Alexandrie pour les relations ordinaires, de m’autoriser à y déroger dans les occasions importantes, et notamment pour mes relations avec Damanhour, en prenant toutes les précautions imaginables pour qu'il n'y ait pas de résultat fâcheux, et ensuite ordonner qu'à Ramanieh il soit établi une quarantaine sévère pour tout ce qui viendra de Damanhour, pour que l'intérieur de l'Égypte soit entièrement préservé.
Je n'ose vous envoyer aujourd'hui les quatre ou cinq cents matelots que je vous ai annoncés. Si je les faisais mettre en quarantaine dans un jardin, à Alexandrie, au bout de huit jours la moitié aurait échappé. Si vous adoptez la mesure que je vous propose plus haut, je les enverrai à Damanhour, où on les mettra à part pour faire quarantaine ; là il leur sera impossible de déserter.
Il n'y a pas encore eu un seul accident de peste parmi les habitants du pays. Nous sommes toujours sans argent ; nous n'avons pas un seul acheteur pour le vin. J'attends la réponse du général Menou sur la mesure que je lui ai proposée ; s'il l'adopte et qu'il réussisse, nous serons au-dessus de nos besoins.
Le capitaine Ravaud, ingénieur des ponts et chaussées, a cherché, dans la ville d'Alexandrie, de l'eau douce ; s'il n'a pas entièrement rempli son but, il en a du moins beaucoup approché. Il a trouvé, dans la presqu'île des Figuiers, de l'eau potable ; il a fait faire un puits d'assez grande dimension : il peut fournir, en raison des remplacements, qui se font très-vite, à une consommation de soixante-dix mille pintes d'eau par jour. Chose bizarre ! il y a un puits d'eau salée à quinze pieds de là.
Il a trouvé, sur la place d'Alexandrie, de l'eau moins bonne que celle du Nil, mais meilleure que celle dont je vous ai parlé ; il s'occupe d'en tirer parti.
Il y a un bruit populaire qu'il existe, aux environs de la batterie des Bains, une source d'eau vive souterraine ; on la recherche, et nous espérons la découvrir. Depuis huit jours les Anglais ont disparu ; le gros temps les a forcés de s'éloigner. S'il y eût eu un jour de beau temps, la caravelle serait sortie facilement ; hier, on l'avait conduite jusqu'à la passe, lorsqu'un coup de vent a forcé de mouiller : ce matin, les Anglais paraissent, et l'on est obligé de la ramener dans le port. Je ne pense pas qu'ils l'aient aperçue
" (Marmont, tome 2, page 56).

Le 28 Nivôse an 7 (17 janvier 1799, Marmont écrit à Menou : "Les accidents de peste se développent davantage tous les jours, mon cher Général, et je vous assure que le froid que nous avons eu ne les a pas diminués. Le bataillon de la 4e est particulièrement écrasé; il perd tous les jours 6 à 7 hommes : dans un mois, il aura existé. Les grenadiers, qui jusqu'ici avaient été intacts, viennent d'être entamés. Les agents des administrations éprouvent aussi des pertes considérables : le commissaire Reynaud, adjoint du commissaire Michaux, est tombé malade ce matin. Sans doute qu'à l'instant où vous recevrez cette lettre il aura cessé de vivre ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 38).

Le 18 janvier 1798, ordre est adressé par Berthier à Leturcq de se rendre au Caire, pour être employé à l'état-major général : "Il amènera avec lui le 2e bataillon de la 4e demi-brigade d'infanterie légère; il remettra le commandement de Damanhour et de la province au chef de brigade de la 4e d'infanterie légère, qui le conservera jusqu'à l'arrivée du chef de brigade Lefebvre, qui est à la suite de la 9e, qui a ordre de partir de Mehallet-el-Kebir, pour se rendre à Damanhour, où il prendra le commandement de cette province auquel il est destiné.
Le général en chef ordonne que les deux pièces de 3 de la division du général Bon, qui sont avec la 4e d'infanterie légère, rejoignent la division Bon le plus tôt possible, avec les canonniers et les attelages
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 103).

Aussitôt après avoir reçu les lettres de Berthier, Menou semble vouloir partir à bref délai pour Le Caire. Il l'annonce à Marmont par une lettre du 4 Pluviôse (23 janvier) : "... Je joins ici votre ordre pour prendre le commandement des trois provinces, il m'a été adressé par le chef de l'état-major ...
Vous donnerez vos ordres à Damanhour, qui va rester bien dénué de troupes au moyen du départ du second bataillon de la 4e
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 103).

Le 7 Pluviôse an 7 (26 janvier 1799), Menou écrit à Bonaparte : "... D'ici à peu de jours, je me mettrai en route pour me rendre à vos ordres, en traversant le Delta, d'où je tâcherai de vous rapporter des renseignements certains ...
Leturcq part, le 9, de Damanhour, avec le bataillon de la 4e. J'ai mandé à Marmont d'y envoyer deux pièces de canon ; car Damanhour, avec 300 hommes sans artillerie, ne serait pas en sûreté
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 105).

Le 28 janvier 1799 (9 pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Marmont à Alexandrie : "... Mettez le bataillon de la soixante-quinzième sous ces arbres où vous avez été longtemps avec la quatrième d'infanterie légère. Qu'il se baraque la en s'interdisant toute communication avec la ville et l'Egypte. Mettez le bataillon de la quatre-vingt-cinquième du côté du Marabou : vous pourrez facilement l'approvisionner par mer. Quant à la malheureuse demi-brigage d'infanterie légère, faites-la mettre nue comme la main, faites-lui prendre un bon bain de mer ; qu'elle se frotte de la tête aux pieds ; qu'elle lave bien ses habits, et que l'on veille à ce qu'elle se tienne propre. Qu'il n'y ait plus de parade ; qu'on ne monte plus de garde que chacun dans son camp. Faites faire une grande fosse de chaux vive pour y jeter les morts.
Dès l'instant que, dans une maison française, il y a la peste, que les individus se campent ou se baraquent ; mais qu'ils fuient cette maison avec précaution et qu'ils soient mis en réserve en plein champ. Enfin, ordonnez qu'on se lave les pieds, les mains, le visage tous les jours, et qu'on se tienne propre ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 78 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3909; Correspondance générale, t.2, lettre 4178; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 34).

Le 29 janvier 1799 (10 pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Vous avez dû donner l'ordre précédemment à l'adjudant général Leturcq de partir avec l'un des bataillons de la 4e qui sont à Damanhour.
Vous expédierez, par un adjoint, l'ordre à l'autre bataillon de partir, douze heures après la réception du présent, en toute diligence, par terre, pour se rendre à Damiette, où il est indispensable qu'il soit arrivé le 19. Le quartier général de la province de Damanhour se rendra à El-Rahmânyeh, où ce bataillon laissera 5o hommes dans la redoute jusqu'à ce qu'ils soient relevés par des hommes qui doivent venir d'Alexandrie, en cas qu'il n'y ait pas une chaloupe canonnière vis-à-vis El-Rahmânyeh; dans le cas contraire, 15 hommes d'équipage de cette canonnière tiendront garnison dans la redoute, jusqu'à ce que des troupes soient arrivées d'Alexandrie ...
Vous donnerez l'ordre au général Marmont de faire partir 300 hommes du bataillon de la 75e, avec deux pièces d'artillerie, pour se rendre à Damanhour. Dès l'instant qu'ils y seront arrivés, le quartier général de la province y retournera, et les 50 hommes de la 4e qui seraient restés dans la redoute d'El - Rahmânyeh se mettront en marche pour Damiette ...
Lorsque le détachement de la 4e arrivera, si Damanhour est en quarantaine, mon intention est qu'il fasse quarantaine, et, lorsque les marins arriveront, ils seront encore soumis à une forte quarantaine d'observation à Boulâq. Le citoyen Blanc préviendra ses agents à Damiette pour que, lorsque le bataillon de la 4e arrivera, ils se fassent rendre compte par le chef s'il n'y a aucun malade, et fassent visiter les malades qu'il pourrait y avoir par les officiers de santé.
L'adjoint que vous aurez envoyé à cet effet suivra le mouvement de ce bataillon; il emportera à cet effet, demain, tout son équipage de guerre
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3915; Correspondance générale, t.2, lettre 4180; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 115).

L'Historique du Corps donne sa situation détaillée à la fin de janvier : à Damanhour, sous le commandement du Général Menou, les 1er et 2e Bataillons comprenant 34 Officiers et 505 hommes; ces 2 Bataillons ont 54 hommes aux hôpitaux; 203 hommes sont détachés dans la province avec la pièce de 3 pour la rentrée des contributions; cartouches existant : 25600. A Alexandrie, sous les ordres du Général Marmon, le 3e Bataillon à l'effectif de 30 Officiers et 308 hommes; cartouche existant : 14000. Telle est la situation de la 4e Légère lors de la formation du Corps expéditionnaire de Syrie.

Le 8 février 1799 (20 pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre au général Rampon de partir le 24, avec le 2e bataillon de la 4e, pour se rendre à Sâlheyeh. Il aura avec lui une pièce de canon. Vous préviendrez de ce départ le commissaire ordonnateur en chef, les généraux d'artillerie et du génie, afin qu'ils profitent de cette occasion pour faire passer tout ce qu'ils auraient à envoyer à l'armée ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3946; Correspondance générale, t.2, lettre 4223; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 139 - Note : L’ordre initial portait : "Vous donnerez l'ordre an général Rampon de partir, le 24, avec le 3e bataillon de la 32e, pour se rendre à Salhayeh" ; il est modifié le jour même).

Le 9 février 1799 (21 pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Dugua : "Vous prendrez, citoyen général, le commandement de la province du Caire ...
Tous les Français sont logés autour de la place Esbequieh. J'y laisse un bataillon de la soixante-neuvième, un de la quatrième légère et un de la trente-deuxième.
Le bataillon de la quatrième partira le 24 ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 471; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 90 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3950; Correspondance générale, t.2, lettre 4230 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 144).

Le même 21 au soir (9 février), Verdier et Laugier peuvent mettre à la voile avec un convoi de 160 barques portant beaucoup d'approvisionnements, la moitié de l'artillerie de la division, une Compagnie de Grenadiers de la 25e, deux des trois Compagnies de Grenadiers de la 19e arrivées la veille de Rosette, l'ambulance, etc. (le 21 est arrivé le 1er Bataillon de la 4e Légère). La navigation sur le lac est très lente et le vent de nord-ouest contrarie la sortie par la bouche d'Om-Fareg (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 182).

Le Général en chef quitte le Caire le 10 février 1799. Quatre petites Divisions d'infanterie, et un détachement de neuf cents chevaux, sous les ordres des Généraux Reynier, Kléber, Bon, Lannes et Murat, forment cette armée d'expédition. Le Général Bon avait sous ses ordres une partie des 4e Demi-brigade légère, 18e et 32e de Ligne, et les Généraux de Brigade Vial et Rampon. La Division compte 2,449 hommes (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 100).

Au moment où s'achève la concentration de l'armée vers l'isthme de Suez, la composition de l'Armée de Syrie, basée sur des notes, non datées, mais qui semblent avoir été écrites à l'Etat-major de Berthier, est la suivante :
DIVISION KLEBER.
Généraux de brigade: Verdier et Damas (remplacé par Junot, le 10 mars).
2e demi-brigade d'infanterie légère; 1er et 2e bataillons de la 25e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 75e de ligne.
DIVISION REYNIER.
Général de brigade: Lagrange.
9e demi-brigade de ligne; 1er et 2e bataillons de la 85e de ligne.
DIVISION BON.
Généraux de brigade : Rampon et Vial.
1er bataillon de la 4e légère; 1er et 2e bataillons de la 18e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 32e de ligne.
DIVISION LANNES.
Généraux de brigade : Veaux et Robin.
1er bataillon de la 22e légère; 1er et 2e bataillons de la 13e de ligne; 1er et 2e bataillons de la 69e de ligne.
CAVALERIE, commandée par le général de brigade Murat.
1 escadron du 7e de hussards; 1 escadron du 22e de chasseurs; 3e, 14e et 18e régiments do dragons; 1 escadron du 20e de dragons (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 148).

"Journal de Damas.
22 pluviôse (10 février). - Arrivée à 3 heures après-midi de l'adjoint Martin, qui m'apportait des lettres du général Kleber pour le général Verdier et le commissaire Sartelon, à leur arrivée à Tineh, et pour moi, où il me disait de le venir joindre à Hatieh, pour en partir le lendemain au soir avec lui pour E1-Arieh ... Il me disait de laisser un mot d'instruction à l'aspirant de la marine Monnier ..., pour qu'à son retour, il parte sur-le-champ avec le convoi de vivres pour El-Arich.
... Laissé le commandement des troupes au chef de bataillon Schramm de la 2e légère, avec les lettres pour le général Verdier et le commissaire Sartelon. Kleber mandait au général Verdier de renvoyer les barques aussitôt son arrivée, pour aller chercher à Damiette le 2e bataillon de la 25e, qui avait ordre de rejoindre.
Arrivée à 5 heures de l'adjoint Martel, de retour de Damiette, où il avait été envoyé le 19. Il dit que le général Verdier avait dû partir le 21 et que la 4e demi-brigade d'infanterie légère était arrivée à Damiette pour y tenir garnison
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 158).

Parti de Koraïm le 12 février à 7 heures du matin, Bonaparte atteint Salheyeh à midi ; il y fait une halte de trois heures. En arrivant, il trouva la division Bon, à qui « l'ordre de départ aurait dû être remis la veille par un Arabe ». Il la fait immédiatement mettre en route. Il prescrit à Berthier de donner des ordres pour que, dès leur arrivée à Salheyeh, le 3e Bataillon de la 13e, le Général Rampon (avec le 2e Bataillon de la 4e Légère) et l'Adjoint Pinault (avec les canonniers de la marine), se rendent "en toute diligence à Katieh", où ils recevront de nouveaux ordres (Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 175).

L'ordonnateur Laigle écrit, depuis Le Caire, le même 24 Pluviôse an 7 (12 février 1799) au Général Dugua : "... Je suis obligé de faire partir ce matin, sous l'escorte de la 4e demi-brigade, les chameaux qui restent ici, et qui font partie de ceux destinés à l'armée; ils doivent porter des paniers d'ambulance, qui n'ont pu partir faute de chameliers, Le général en chef tient beaucoup à ce que ces paniers suivent" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 677).

Le 15 février 1799 (27 pluviôse an 7), le Général Bonaparte écrit depuis Catich, à l'Adjudant général Grezieux : "Vous allez partir pour Tineh, citoyen, avec 200 chameaux et 50 hommes d'escorte et une compagnie de dromadaires. Arrivé à Tineh, vous ferez charger sur ces chameaux tout l'orge, le riz et le biscuit que vous pourrez; vous presserez le départ du bataillon de la quatrième et des trois compagnies de grenadiers de la dix-neuvième ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 2, p. 484; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 3964; Correspondance générale, t.2, lettre 4245; Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 181).

Selon l'Historique régimentaire, le 17 février, le 1er Bataillon de la 4e Légère est à Damiette sous les ordres du Général Almeras; le 2e Bataillon, qui fait partie de la Division Bon, est sous les murs d'El'Argch; le 3e Bataillon à Alexandrie.

- Expédition de Syrie; Sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d'Acre

Le 2e Bataillon de la 4e Légère prend part au blocus du fort d'El'Argch et assiste à la reddition de la garnison le 20 février.

Après avoir traversé 60 lieues du désert le plus aride, l'armée arrive devant Ghazah et part le 28 février pour la ville de Jaffa devant laquelle l'avant-garde paraît le 3 mars.

Pendant que la Division Kléber va couvrir le siège de Jaffa à 2 lieues sur la route d'Acre, les Division Bon et Lannes font l'investissement de la place.

Le 4, on fait la reconnaissance de la ville entourée de murailles et flanquée de bonnes tours avec du canon.

Le Sergent-major Deschamps, de la 4e Légère, est chargé par le Général Caffarelli d'une mission périlleuse sous les murs de Jaffa; il reçoit deux coups de feu, l'un au bras droit et l'autre au travers du corps; malgré ses blessures, il s'acquitte de sa mission de la manière la plus satisfaisante.

Dans la nuit du 4 au 5, la tranchée est ouverte et on continue les travaux le 5 et le 6, après avoir repoussé deux sorties de l'ennemi. Le 6, la brêche est jugée praticable à 4 heures du soir.

"Le bruit se répand que la Division Bon, chargée d'inquiéter la garnison du côté du port, a trouvé un moyen de pénétrer dans la place et fait les plus grands efforts pour s'y maintenir. Ce bruit se confirme bientôt : à l'instant même, les troupes de la division Lannes, chargées de l'attaque principale, s'élancent à la brèche, la franchissent, culbutent l'ennemi, pénètrent dans la ville et se réunissent bientôt aux troupes de la division Bon qui de leur côté ont fait des prodiges de valeur, ayant eu à combattre la majeure partie des forces de la garnison réunies contre leurs efforts" (Siège de Jaffa et de Saint-Jean-d'Acre par un officier d'artillerie de l'armée d'Orient. Mémoire manuscrit du ministère de la guerre).

Le Capitaine Degouth, de la 4e Légère, monte un des premiers à l'assaut de Jaffa.

Le 14 mars mars, la Division Bon contniue sa route vers Acre; le 15, elle bivouaque à la tour de Zeta, à une lieue de Korsoum; le 16, à Sabarin, au débouché des gorges du mont Carmel. Le 17, l'armée marche sur Saint-Jean-d'Acre.

"Les chemins étaient très mauvais, le temps très brumeux, l'armée n'arrive que très tard à l'embouchure de la rivière d'Acre, qui coule à quinze cents toises de la place dans un fond marécageux.
Ce passage était d'autant plus dangereux à tenter de nuit, que l'ennemi avait fait paraitre sur la rive opposée des tirailleurs d'infanterie et de cavalerie. Cependant le général Andréossy fut chargé de reconnaitre des gués; il passa avec le second bataillon de la 4e d'infanterie légère et s'empara, à l'entrée de la nuit, de la hauteur du camp retranché
".

- Siège de Saint-Jean-d'Acre, du 18 mars au 24 avril 1799

Le siège a été extrèmement pénible pour l'armée française. La 4e Légère y a accompli quelques actions d'éclat.

Le 19 mars, le Sergent de Carabiniers Menard se précipite au milieu d'un gros de Turcs qui s'est emparé d'une de nos positions; par son courage et son énergie, il les force à lui céder la place, après une résistance opiniâtre. Il obtient un sabre d'honneur le 4 Prairial an 10.

Le même jour, le Caporal Comberousse soutient avec trois de ses camarades l'attaque d'une multitude de Turcs qu'il repousse et force à rentrer dans leurs retranchements. Il obtient un fusil d'honneur le 4 Prairial an 10.

L'artillerie manque de munitions. De leur côté, les Anglais prodiguent les boulets. Les soldats sont invités, au moyent d'une faible prime, à rapporter au parc les projectiles qu'ils trouvent dans les tranchées. Mais lorsque les vaisseaux viennent à les jeter à profusion sur la plage, le Général en chef augmente la prime, et dès ce moment, c'est à celui qui sera le plus habile à s'en emparer. "Dès que les premières bordées se faisaient entendre et même aussitôt que les vaisseaux s'approchaient du rivage, nos soldats accouraient en foule, se plaçaient tout d'abord au milleu de ce singulier champ de bataille, et se précipitaient au-devant dea nombreux projectiles que la marine anglaise faisait ricoher dans la plaine ; aucun d'eux ne fut jamais atteint. Ces canonnades étaient tellement sans objet qu'on aurait pu croire que le commodore anglais, informé de notre pénurie en projectiles, employait ce stratagème pour nous en procurer" (Mémoires d'un officier d'artillerie de l'armée d'Orient).

Pour Pour résister à la cavalerie des Mamelucks, on essaie l'emploi de petites piquee de 4 pieds et demi qui se fichent en terre et s'y maintiennent réciproquement au moyen d'une petite chainette en fer fixée à ehacune d'elle, et se liant d'une pique à l'autre; ces piques forment ainsi une sorte de palissade devant le front des carrés; chaque soldat a la sienne placée en sautoir derrière son épaule gauche. La Division Kléber s'en servira à la bataille de Mont-Thabor; pas une seule n'a été rapportée en Egypte.

Le Capitaine adjudant-major Senille est cité pour avoir porté des dépêches au Général en chef Bonaparte de la part du Général Desyaing qui commande alors au Caire; il est, à cet effet, obligé de traverser le désert où il est poursuivi et attaqué par l'ennemi qui lui tue six dromadaires.

Le Capitaine Ducouret, proposé pour Chef de Bataill après la bataille des Pyramide, est nommé à ce grade pendant la bataille de Saint-Jean-d'Acre où il se couvre de gloire.

Le 25 mars 1799 (5 Germinal an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général, devant Acre, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre au général de brigade Vial de partir sur-le-champ avec le bataillon de la 4e d'infanterie légère. Il se rendra au village de Chafâ-A'mr; il y trouvera le bataillon de la 18e; il demandera au cheik de ce village et à ceux des villages voisins une soixantaine d'hommes armés, et il se rendra avec eux au village de Geydâ; il dissipera les rassemblements d'Arabes et Naplousains qui paraissent s'y être formés, et fera transporter à Chafâ-A'mr le blé et l'orge qui sont à Geydâ. Il aura soin de laisser à Chafâ-A'mr une bonne garnison, qui mette notre hôpital à l'abri des Arabes.
Il se conduira de manière à n'avoir, autant que possible, aucune affaire de village.
Si les Arabes et Naplousains qui sont à Geydâ sont moins de 300, ils ne se laisseront pas investir, et, à l'instant qu'il enverra des troupes sur les communications, ils évacueront le village.
S'ils se laissent investir, le général Vial les bloquera, afin de les obliger à sortir en rase campagne ou à se rendre prisonniers par capitulation
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4057; Correspondance générale, t.2, lettre 4307; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 332).

Le 30 mars, les Turcs font une sortie; le Lieutenant Roy, qui commande la 1ère Compagnie, repousse l'ennmi sous les murs d'Acre et, en revenant, il aperçoit tout à coup trois Français qu'on emmène prisonniers; sans hésiter, et suivi de quatre des siens seulement, il parvient à les délivrer après avoir tué lui-même deux ennemis.

Le Sous-lieutenant Poudroux est nommé Lieutenant sur le champ de bataille au siège d'Acre.

La 4e Légère a perdu en mars pendant le siège le Capitaine Angelerque, le Lieutenant Nebout, les Sous-lieutenants Dufay et Pothier, tous tués.

Est mort dans les désers d'Arabie le Capitaine Thévenin.

Sont morts de la peste les Capitaines Preneuf et Bouermé, le Lieutenant D'aigueplay, les Sous-lieutenants Pailleré, Barbier, Dauphin et Brun.

Le 13 Germinal an 7 (2 avril 1799), Berthier adresse à Bon l’ordre suivant : "Ordre au général Bon d’ordonner à un bataillon de la 4e légère, avec ses carabiniers, de partir pour Sour, avec le général qui ne sera pas de tranchée, examiner la situation de la place et des magasins, y séjourner le 15 et rentrer le 16 au camp. Le cheik Mané a ordre de s’y rendre pour prendre le commandement de la place" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 364).

Le 3 avril, le Sergent Cumin repousse avec quelques hommes la sortie d'un fort parti turc et lui fait éprouver de grandes pertes.

Le Sergent Vavasseur et le Caporal Vernet obtiennent, l'un et l'autre, un fusil d'honneur pour leur bravoure au siège d'Acre.

Le 4 avril 1799 (15 Germinal an 7, la situation de la 4e Demi-brigade légère est la suivante : le 3e Bataillon, fort de 27 Officiers et 248 hommes, est à Alexandrie, faisant partie de la Division du 2e Arrondissement de l'Egype.

Le 21 Germinal an 7 (10 avri1 1799), le Général Berthier écrit, devant Acre, au Général Murat : "Je vous envoie, Citoyen Général, pour être à vos ordres, 181 hommes, officiers compris, de la 25e.
Le général en chef ordonne en conséquence que vous fassiez relever les 25 hommes de la 75e qui sont au moulin de Denou et qui rejoindront le général Kleber à Nazareth, passant par Chafa-Amr.
Vous ferez relever également tous les hommes de la 22e qui sont au moulin de Cherdam et vous les ferez partir demain pour rejoindre leur demi-brigade à Haïfa. Le général en chef vous recommande de mettre au moulin de Cherdam 60 hommes de la 4e ou de la 25e. Vous m'informerez de l'exécution du présent ordre, et des 60 hommes au moulin de Cherdam.
Ci-joint deux ordres pour les détachements de la 22e et de la 75e, que vous voudrez bien faire exécuter
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 386).

Le 11 avril 1799 (22 Germinal an 7), le 1er Bataillon de la 4e Demi-brigade légère est dans la province de Damiette; 15 Officiers et 236 hommes à Damiette, détachés sur le Nil; 50 hommes en contribution.

Le 13 avril 1799 (24 germinal an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général, devant Acre, au Général Murat : "Le général en chef vous ordonne, Citoyen Général, de partir demain, à trois heures du matin, avec la 4e demi-brigade légère ... pour vous rendre à Safed; le parc vous enverra 10,000 cartouches.
Le général en chef ordonne que ces troupes aient du pain pour trois jours; l'ordonnateur en chef a ordre d'en envoyer sur-le-champ à votre camp pour la 4e légère ...
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4086; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 402).

La 4e Légère ne semble pas avoir pris part à la bataille du Mont Thabor le 16 avril 1799 (27 Germinal an 7).

Le 23 avril, le Chef de Bataillon Redon, avec son Bataillon, 3 Compagnies de Grenadiers, et 2 pièces de canon, repousse les hords innombrables d'El Mobdy, lutte contre elles pendant 5 heures et effectue sa retraite dans le plus grand ordre.

Le 25 avril 1799 (6 floréal an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général, devant Acre, au Général Berthier : "Vous donnerez l'ordre de faire partir, ce soir, le bataillon de la 4e d'infanterie légère, qui se rendra à grandes journées au Caire pour y être aux ordres du général Dugua.
Vous autoriserez l'adjudant général Almeras à garder à Damiette le bataillon de la 4e d'infanterie légère ...
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4109; Correspondance générale, t.2, lettre 4334; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 454).

Le 30 avril 1799 (11 Floréal an 7), Marmont écrit à Bonaparte : "Nous venons d'éprouver, mon général, un événement extrêmement malheureux : la garnison de Damanhour, composée de cent quatorze hommes, vient d'être surprise et égorgée par les Arabes et un corps de Maugrebins. Voici les détails que je viens de recueillir :
Le 3, le chef de brigade Lefèvre s'est mis en route pour lever les contributions : il avait avec lui environ deux cents hommes. Ce voyage à Damanhour avait produit un bon effet : les villages étaient disposés à payer. La province jouissait de la plus complète tranquillité ; cent hommes et une pièce de huit étaient plus que suffisants pour se soutenir à Damanhour : on était loin d'éprouver la plus légère inquiétude.
J'avais profité de l'instant d'absence du lieutenant Lefèvre pour envoyer cinquante hommes protéger les travaux du canal, à une petite distance de cette ville, afin de tirer un double parti de cette augmentation de force. Le 5, à deux heures du matin, trois cents Ouladalis et quatre-vingts Maugrebins se portèrent sur le camp, trouvèrent tout le monde endormi, et égorgèrent tous les soldats sans pitié. Dans la journée du 5, un cheik de Damanhour avait averti trois fois le citoyen Martin, lieutenant de la légion, de se tenir sur ses gardes ; il négligea ou méprisa ses avis. Il coucha chez lui, et, après une résistance de quatre heures, il a péri comme les autres, avec le commissaire des guerres, le payeur et quelques employés.
Le 6, à midi, le lieutenant Lefèvre fut instruit de ce qui se passait par des lettres des cheiks de Damanhour. Il y retourna sur-le-champ, fit huit lieues en quatre heures ; mais il trouva seulement les cadavres des malheureux soldats : l'ennemi s'était retiré depuis longtemps. Le lieutenant Lefèvre se porta alors sur Ramanieh.
Au premier bruit de ce malheureux événement, je fis partir le bataillon de la 4e, trois compagnies de grenadiers, et deux pièces de canon, sous les ordres du chef de bataillon Redon, pour se rendre à Damanhour et se joindre avec le chef de brigade Lefèvre, et marcher sur les Arabes ou les révoltés, car j'ignorais alors quels étaient nos ennemis. A une lieue en deçà de Damanhour, il a été attaqué par environ trois cents hommes à cheval et six mille hommes à pied. Il s'est battu pendant cinq heures, leur a tué ou blessé trois cents hommes ; mais, au lieu de se rapprocher du citoyen Lefèvre, il est resté en place, et, voyant les munitions tirer à leur fin, il a fait sa retraite sur Alexandrie. Il en résulte une chose très-fâcheuse : c'est que ce mouvement rétrograde leur laisse l'opinion de la victoire lorsqu'ils n'ont résisté nulle part et que, dans le fait, ils ont été battus ; tandis que, s'il eût été jusqu'à Ramanieh, ou au moins à portée d'en être entendu, le citoyen Lefèvre se serait réuni à lui, et tout rentrait dans l'ordre. Il paraît qu'une partie des habitants de Damanhour et des villages circonvoisins se sont armés et joints aux Arabes après le malheur du 6. Un village ou deux brûlés auraient suffi pour réprimer tous ces désordres, au lieu qu'aujourd'hui on y trouvera peut-être plus de difficultés.
J'ai été sur le point, à l'instant du retour du commandant Redon, de partir moi-même avec les trois quarts de la garnison; mais les bruits réitérés de l'approche d'une armée de Maugrebins, bruits qui chaque jour acquièrent plus de vraisemblance, l'extrême faiblesse de la garnison, qui est réduite à cinq cents soldats, l'inconvénient mille fois plus grand de compromettre Alexandrie, enfin la possibilité de l'arrivée subite des escadres, la longueur de cette expédition, qui exigeait au moins six jours pour remplir le but proposé, toutes ces raisons m'ont déterminé à prendre un autre parti.
J'ai donné l'ordre à l'adjudant général Jullien d'envoyer sur-le-champ trois cents hommes et quatre pièces de canon à Ramanieh, en passant par le Delta ; j'ai écrit au général Fugières pour le prier de prêter aussi, pour quelques jours, une partie de ses troupes au citoyen Lefèvre. J'ai ordonné à l'adjudant Jullier de se retirer dans le fort, s'il le croit nécessaire, à cause de la très-petite quantité de troupes qui lui reste ; enfin je donne l'ordre au citoyen Lefèvre de balayer, avec ces troupes réunies et quatre pièces de canon , tout ce qu'il trouvera devant lui ; de s'occuper particulièrement de couvrir Rosette, de brûler, pour l'exemple, un ou deux villages, et de ne pas donner de relâche aux révoltés qu'ils ne soient entièrement dispersés ou perdus dans les déserts. Dans le cas où il s'approcherait à six heures de marche d'Alexandrie, j'irais à leur rencontre.
Je reviens à la nouvelle que je vous ai donnée des Maugrebins. Il y a environ dix jours qu'il en est arrivé quatre-vingts chez les Ouladalis. Le bruit se répandit aussitôt qu'ils étaient suivis par une grande armée. J'ai méprisé ces rapports, qui m'ont paru absurdes. Depuis, ils se sont tellement multipliés, qu'ils ont acquis de la vraisemblance. J'ai questionné un homme arrivant de l'oasis de Jupiter -Ammon, qui me les a confirmés, et qui m'a dit avoir vu un corps de quatre à cinq mille hommes, occupés à faire des puits pour l'armée qui les suivait, et que cette armée était, il y a trente jours, en deçà du Boghaz, et, à l'avant-garde qu'il a vue, il l'a laissée à dix jours de marche d'Alexandrie. Il porte cette armée très-haut ; en la réduisant des trois quarts, si elle se présente de dix mille hommes, ce sera beaucoup.
Si ces bruits se réalisent, quoique ces hommes soient sans doute exaltés par le fanatisme, je ne présume pas qu'ils soient fort dangereux, et nous n'aurons pas grande gloire à les vaincre ; mais, s'ils se dispersaient dans le Bahiré, ils pourraient faire bien du mal.
Dans ce cas, il me faudrait de la cavalerie : 1° pour en imposer aux Arabes ; 2° pour contenir les habitants et parcourir rapidement une langue de terre étroite. Cette province ne ressemble en rien à l'intérieur de l'Égypte. Vous connaissez notre pauvreté ; aujourd'hui elle est extrême. Les contributions du Bahiré allaient nous soulager, l'affaire de Damanhour renverse tous mes calculs et éloigne mes espérances. Je dois à tout le monde, j'ai emprunté partout, et nos caisses sont vides. Nos travaux auraient été suspendus si je n'avais employé un moyen exceptionnel pour les soutenir : chaque jour je me rends sur les travaux avant le soleil, à la tête des officiers, des soldats, des membres de l'administration, et nous travaillons tous avec ardeur.
Je reçois à l'instant le courrier que vous m'avez envoyé. Je vous remercie, mon général, de la confiance que vous me témoignez en me destinant à défendre Alexandrie. C'est la plus belle récompense que je puisse obtenir; je crois pourtant pouvoir vous demander d'ajouter quelque chose à mes moyens en troupes.
Si j'eusse eu la permission de recruter les bataillons qui sont ici dans la marine, ils seraient aujourd'hui les plus forts de l'armée ; mais le contre-amiral Perrée a presque tout emmené. Le lieutenant Dumanoir a armé ses frégates, et il ne reste plus rien. Je vais cependant chercher encore à trouver quelques hommes
" (Marmont, tome 2, page 62; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 66).

Le 2e Bataillon de la 4e Légère arrive au Caire le 14 mai (25 Floréal) (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 454; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 91). La marche de ce détachement est relatée dans une lettre écrite, le jour même de son arrivée, par le Chef de Bataillon Stieler au Général Dugua (de la quarantaine d'El-Qobbet, 25 Floréal - 14 mai) : "J'ai l'honneur de vous faire part des renseignements que vous désirez. Je tâcherai de m'acquitter de mon mieux de cette commission imprévue; si je ne remplis vos intentions, je vous prie d'excuser mes peu de moyens à cet égard.
Le 7 du courant, je reçus un ordre de l'état-major général, signé Andréossy, portant de partir sur-le-champ, avec armes et bagages pour Le Caire, de marcher à grandes journées, et où je dois rester sous les ordres du général Dugua. On me remit dix-sept prisonniers anglais, avec ordre de les conduire au Caire ; j'ai laissé dix aux hôpitaux en route, malades et blessés, et j'en amène sept que je suis obligé de garder avec le plus grand soin; ils ont cherché en route de distribuer aux paysans toutes sortes de mauvaises nouvelles relatif (sic) à l'armée de Syrie.
Je vous ferais passer mon ordre de départ, si je ne l'avais envoyé au général Destaing, qui me l'a demandé. Je n'ai reçu d'autres instructions.
Je suis arrivé à Gaza le 13 du courant; on n'a pas pu fournir au bataillon les vivres pour le jour de départ; on nous dit pour consolation qu'à El-Arich, il n'y avait point non plus et qu'il fallait nous approvisionner à nos dépens ou rester à Gaza; nous avons pris le premier parti et acheté à grands frais des vivres pour tout le monde. Cependant il y a 35.000 rations de biscuits et 8.000 boisseaux d'orge.
El-Arich est tranquille et sans inquiétude du côté de l'ennemi, ses fortifications sont entièrement rétablies; la peste avait fait des ravages parmi la garnison, mais beaucoup ont été sauvés par le zèle d'un officier de santé de la place, et la maladie diminuait journellement.
Il n'y a d'autres vivres que pour la garnison. Nous avons trouvé l'ordonnateur Sartelon, lequel est revenu à Katieh malgré l'ordre d'aller en Syrie dont j'étais porteur, et où il doit rester avec le général Kleber; il s'occupe de l'approvisionnement d'El-Arich et Katieh. Katieh est de même très tranquille, la peste a entièrement cessé, les approvisionnements pour le passage de l'armée sont complets, excepté en orge. Il n'y a que quarante chameaux pour le service et le transport des deux places, et il est impossible de s'en procurer des Arabes. A Tineh et Om-Fareg, il y a des magasins, mais ils ne peuvent être transportés, faute de chameaux.
Salheyeh a été inquiété par une tentative de Mameluks et Arabes, mais la garnison n'en fait aucun cas; on avait établi un hôpital de pestiférés par quelque accident arrivé nouvellement. Les approvisionnements sont incomplets, excepté en orge; il n'y a point de transports.
Belbeis a été inquiété pendant quelques jours par des incursions d'Arabes et de Mameluks; ses environs le sont toujours. Les approvisionnements n'ont point été fait du tout. Le bruit est que les divisions des généraux Lannes et Bon doivent revenir avec la cavalerie, et les autres rester en Syrie.
Nous avons rencontré, à neuf lieues d'Acre, la grosse artillerie débarquée à Jaffa par nos frégates; c'est elle qui doit décider la prise de la place; toutes les attaques faites avant ont été insuffisantes. Acre doit être pris, ou ne pourra plus l'être.
Mon bataillon a perdu environ soixante hommes, aux différentes attaques de la ville; la compagnie des carabiniers a été entièrement écrasée à une des reconnaissances de la brèche. Il ne me reste qu'un officier par compagnie, beaucoup de sous-officiers et très peu de soldats. Je vous envoie ci-joint la situation; une grande partie de mes soldats ont des plaies ouvertes, ou sont convalescents par les grandes fatigues et marches continuelles et forcées, et sont incapables de soutenir sans quelque repos des nouvelles peines. Je n'ai point de malades réels. Nous avons un grand besoin de chaussures et pantalons; le bataillon est entièrement dépourvu de marmites et n'a point de fonds pour s'en procurer à ses dépens; depuis longtemps le soldat ne mange plus de soupe par leur défaut, ce qui est cause de beaucoup de maladies. Si je n'ai pu satisfaire toutes vos attendes (sic) excusez mes peu de connaissances sur les places de notre passage. Si cependant il vous restait quelque obscurité sur des points que je ne saurais prévoir, je vous prie de m'en instruire; je m'empresserais de nouveau à vous donner ce que je puis avoir oublié.
Les puits et citernes dans le désert ne peuvent servir, faute de soins; on trouve beaucoup d'eau mais corrompue; on viendrait, avec un peu de travail, facilement à bout de les dégager de sable et rendre précieuses aux troupes qui vont repasser
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 668 - La lettre porte en marge les mentions : Reçu le 25; écrit à l'ordonnateur le 26).

Au 15 mai 1799, la force du Bataillon de la 4e Demi-brigade d'infanterie légère parti pour Le Caire est évaluée par Berthier à 250 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 630).

Le 16 mai 1799 (27 floréal an 7), le Général Bonaparte écrit depuis le camp devant Saint-Jean d'Acre, au Général Dugua au Caire : "Vous devez avoir reçu, citoyen général, le bataillon de la quatrième légère, que j'ai fait partir, il y a quinze jours, et qui, à cette heure, doit être arrivé au Caire.
Sous trois jours je partirai avec toute l'armée pour me rendre au Caire; ce qui me retarde, c'est l'évacuation des blessés; j'en ai 6 à 700 ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 33 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 158 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4135; Correspondance générale, t.2, lettre 4352).

Le Général Dugua écrit, depuis Le Caire, le même 27 Floréal an 7 16 mai 1799) au Général en Chef Bonaparte : "… Le second bataillon de la 4e demi-brigade légère est arrivé avant-hier à El-Qobbet, où il a été mis en quarantaine. Le commandant de ce corps n'a confirmé que les approvisionnements d'El-Arich n'étaient pas faits. Cette certitude m'inquiète d'autant plus que les Arabes n'ont pas voulu fournir de chameaux avant que le Béïram ne soit passé. Des Haouytat m'en ont promis 200 pour après-demain; s'ils me les fournissent, j'en ferai partir 300 pour aller au-devant des divisions revenant de Syrie en leur portant tout ce qui sera nécessaire. Mais, Général, tout cela tient à l'exécution des promesses des Arabes, sur lesquelles nous ne pouvons pas faire grand fond" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 681; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 92).

Le 1er Prairial an 7 (20 mai 1799), Alexis-Joseph Delzon, Chef de Brigade, commandant la 4e Demi-brigade d'Infanterie légère, commandant la province de Damiette en l'absence de l'Adjudant-général Almeras, écrit, depuis Damiette, au Général de Division Dugua, commandant la Basse Egypte, au Caire : "J'ai l'honneur de vous prévenir, qu'une grosse djerme chargée d'officiers blessés, partie du grand camp près d'Acre, est arrivée hier au soir à Lesbé, et ce matin à Damiette. Le logement destiné à recevoir ces blessés n'était ni suffisant ni propre pour ces officiers, ils ont refusé de l'occuper, et préféraient bivouaquer; j'ai été forcé de leur affecter différentes maisons et de suspendre momentanément pour eux les mesures sanitaires, ne pouvant donner à chaque maison un officier de santé. Les déclarations des officiers, entr'autres du chef de la 9e de ligne, plusieurs chefs de bataillon, des aides de camp Colbert et Loyer et de tous les autres, qu'il n'y avait nul incident de peste au camp; les soins pressants qu'exigeaient les blessures de ces malheureux, qui n'ont eu aucun soulagement depuis six jours, m'ont engagé à cette démarche, devenue forcée, puisque, malgré les précautions, la plupart des blessés avaient communiqué avec une grande partie de la garnison.
Je vous en rends compte, Citoyen Général, bien persuadé que vous approuverez ma conduite
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 665).

Le 7 juin 1799 (19 prairial an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Katieh, au Général Berthier : "... Le bataillon de la 4e légère, qui est à Damiette, se rendra au Caire ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4165; Correspondance générale, t.2, lettre 4370; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 4, p. 605).

Le 15 juin 1799 (27 prairial an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "... Vous donnerez l'ordre ... au général Lanusse, de garder avec lui le bataillon de la 4e légère ..." (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4177; Correspondance générale, t.2, lettre 4379; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 196).

Le 17 juin 1799 (29 prairial an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Marmont à Alexandrie : "Le général Destaing se rend, citoyen général, dans le Bahireh avec uu bataillon de la soixante-unième, un bataillon de la quatrième s'y étant précédemment rendu de Menouf ..." (Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon, t.6, Egypte ; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 48 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 176 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4182; Correspondance générale, t.2, lettre 4393 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 197).

Le 21 juin 1799 (3 messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Vous ferez réunir, citoyen général, les hommes de la 4e infanterie légère des bataillons qui sont à Alexandrie et El-Rahmânieh ... et de les tenir prêts à partir demain avec le contre-amiral Ganteaume ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 4416; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 202).

Selon l'Historique régimentaire, le 1er Bataillon de la 4e qui était à Damiette, arrive le 22 juin au Caire.

Le même 22 juin 1799 (4 Messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "Vous vous voudrez bien, citoyen général, donner l'ordre au chef de la 4e [légère], au 1er bataillon de la 4e, qui est au Caire et à tous les hommes de cette demi-brigade qui se trouvent au Caire ou à la citadelle, de partir le 6 pour se rendre à Rosette.
Vous donnerez l'ordre au commandant de la citadelle de laisser sortir aujourd'hui tous les hommes de cette demi-brigade qui entreront en subsistance dans le 1er bataillon.
Vous préviendrez le chef de brigade que les draps pour le nouvel habillement lui seront délivrés à Alexandrie, où mon intention est que les dépôts de cette demi-brigade soient établis ...
" (Correspondance générale, t.2, lettre 4428; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 203).

Le même jour, le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire, au Général Berthier : "... Le Bataillon de la 4e [légère], qui avait ordre de se rendre à Menouf, restera au Caire jusqu'à nouvel ordre ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 4429; ).

Le 24 juin 1799, Marmont écrit, depuis Alexandrie, à Bonaparte : "Je vous ai fait plusieurs fois, mon général, la peinture vraie de la position où nous nous trouvons ; je vous ai demandé des secours en argent et en troupes : vous me refusez les uns et les autres ; vous diminuez même le nombre de nos troupes, quoiqu'il soit bien reconnu qu'elles sont insuffisantes pour lever les impositions ; le bataillon de la 19e est de trois cents hommes ; la légion nautique, de près de quatre cents, et le détachement de la 25e est d'environ quatre-vingt hommes : total, au moins sept cents hommes ; et vous remplacez ces corps par un bataillon de la 61e de quatre cents hommes, et un bataillon de la 4e, de cent vingt ; c'est-à-dire que votre intention est qu'environ cinq cents hommes gardent le fort de Rosette, la ville de Rosette, chassent les Arabes et les mameluks du Bahiré, lèvent les impositions dans ces deux provinces et protègent les travaux du canal !" (Mémoires de Marmont, tome 2, page 76).

Ganteaume part du Caire le 6 Messidor (24 juin) pour se rendre à Alexandrie, suivant l’ordre donné par Bonaparte. Il monte le canot la Garonne, qui escorte plusieurs djermes, sur lesquelles est embarqué un Bataillon de la 4e Légère, envoyé à EJ-Rahmânieh. En arrivant à l'endroit où Dommartin a été assailli, le convoi se voit à son tour menacé par les mêmes bandes arabes. Heureusement l'effectif, beaucoup plus important, des Français leur permet une résistance moins inégale (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 251).

Le 26 juin 1799 (8 messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire au Général Marmont : "... Le général Destaing est arrivé à Rahmanieh ; il a mené avec lui un bataillon de la soixante-unième, le général Lanusse y avait envoyé un bataillon de la quatrième.
Le chef de la quatrième est parti avant-hier avec un autre bataillon. Ainsi, il ne manque pas de forces pour faire payer les contributions et dissiper les rassemblemens ...
" (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 80 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 205 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4220; Correspondance générale, t.2, lettre 4470; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 200).

Le 28 juin 1799 (10 messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire au Général Destaing : "... Le premier bataillon de la quatrième est parti le 6 à quatre heures après midi du Caire, pour se rendre à Rahmanieh. Si vous êtes parti le 9, comme c'était votre projet, pour remonter votre province, vous vous serez probablement joint à portée de tomber sur le rassemblement de l'ennemi. Le quinzième de dragons et tous les dromadaires disponibles partent cette nuit pour se rendre a Menouf; je donne l'ordre au général Lanusse de se porter au village de .... , et de le brûler, ainsi que le village de Zaïra, après quoi il vous fera passer le quinzième et les dromadaires. Ces secours et les trois bataillons que vous avez, vous mettent à même de soumettre la province de Bahireh ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 85 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 210 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4226; Correspondance générale, t.2, lettre 4478; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 249).

Le 1er juillet 1799 (13 messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire au Général Marmont : "... Les Ouadis sont venus me trouver : quoique ces scélérats eussent bien mérité que je profitasse du moment pour les faire fusiller, j'ai pensé qu'il était bon de s'en servir contre la nouvelle tribu, qui paraît décidément être leur ennemie. Ils ont prétendu n'être entrés pour rien dans tous les mouvemens du Bahireh : ils sont partis 5oo des leurs avec le général Murat, qui a 3oo hommes de cavalerie, trois compagnies de grenadiers de la soixante-neuvième, et deux pièces d'artillerie. Je lui ai donné ordre de rester huit ou dix jours dans le Bahireh pour détruire les Arabes et aider le général Destaing soumettre entièrement cette province : mon intention est que tous ces Arabes soient chassés au-delà de Marcouf. Le général Destaing avait reçu auparavant un bataillon de la quatrième, le quinzième de dragons et une compagnie du régiment des dromadaires ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 92 ; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 216 ; Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4239).

Le 1er juillet 1799 (13 messidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général au Caire au Général Dugua, commandant la place du Caire : "Les habitants du quartier, dit hôtel Masseneys et Girmy El Eymar, désirent, citoyen général, conserver comme commandant le chef de bataillon Gréau de la 4e demi-brigade [légère]" (Correspondance générale, t.2, lettre 4569).

A cette époque, la 4e Demi-brigade est bien affaiblie. Elle a débarquée en Egype avec un effectif de 1132 hommes qui, le 2 février, s'est élevé à 1192 par suite de l'incorporation de 60 matelots. A la date du 13 juillet 1799, elle ne compte plus que 893 hommes présents, Officier compris.

- Bataille d'Aboukir, 25 juillet 1799

A la fin de juin, le Corps expéditionnaire de Syrie est revenu au Caire, où Bonaparte s'occupe activement de sa réorganisation. Il dirige lui-même une expédition contre Mourad-Bey, lorsqu'il reçoit, le 14 juillet, une lettre d'Alexandrie lui apprenant qu'une flotte de 100 voiles annonce des vues hostiles sur la ville.

Il part aussitôt avec la cavalerie de Murat et une partie des Divisions Lannes et Rampon. Arrivé à Rhamanié, il apprend le débarquement de 3000 Turcs à Aboukir.

Le 21 juillet 1799 (3 thermidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général à El-Rahmânyeh, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... Vous ferez réunir tous les hommes des corps qui sont à Alexandrie, même ceux qui étaient destinés à la garnison du fort qui, avec 103 canonniers, partiront ce soir à 3 heures après-midi pour se rendre à Berket auprès du général Murat, qui les fera passer à Alexandrie"; tous ces hommes sont groupés en un détachement commandé par le Chef de Bataillon Lacroix, de la 4e Légère (Correspondance générale, t.2, lettre 4629; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 363).

Le 4 Thermidor an 7 (22 juillet 1799), Berthier, depuis El-Rahmânieh, ordonne au Commandant du fort d'El-Rahmânieh : "Le commandant du fort d'El-Rahmânieh est prévenu que l'armée se met en mouvement ce soir à 2 heures.
La garnison du fort d'El-Rahmânieh reste composée jusqu'à nouvel ordre des détachements de la 4e légère, des 61e et 75e, qui y sont, de tous les hommes hors d'état de marcher des divisions de l'armée.
Il est expressément ordonné au commandant du fort d'El-Rahmânieh de ne pas laisser partir des détachements, ou escortes de convois, d'El-Rahmânieh pour rejoindre l'armée, qu'ils ne soient d'au moins 150 hommes.
Il lui est ordonné de prévenir tous les corps de troupe, tant de cavalerie que d'infanterie, qui arriveraient à El-Rahmânieh, qu'ils doivent y prendre des vivres pour quatre jours et continuer leur route pour rejoindre l'armée à Berket, route d'Alexandrie, ou au-delà, si elle avait fait un mouvement.
Vous présenterez aux corps de troupe qui arriveraient à El-Rahmànieh l'ordre général ci-inclus :
Ordre aux commandants de troupes de cavalerie ou d'infanterie qui arriveraient à El-Rahmânieh. - Le général en chef ordonne aux commandants de corps de troupe, tant de cavalerie que d'infanterie, qui arriveraient à El Rahmânieh, d'y prendre des vivres pour quatre jours et de continuer leur roule pour rejoindre l'armée. Si cependant quelques corps n'étaient pas au nombre de 150 hommes, ils attendraient l'arrivée des premières troupes qui les porteraient à ce nombre
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 375).

Le 23 juillet, le Quartier-général de Bonaparte est à Alexandrie et les troupes qui occupent la place partent aussitôt sous les ordres du Général Destaing et forment l'avant-garde de l'armée française.

Cette colonne est composée du 3e Bataillon de la 4e Légère, de deux de la 61e de Bataille et du 3e de la 75e. Le 25 juillet, à la pointe du jour, l'armée se met en mouvement; l'avant-garde est commandée par Murat, qui a sous ses ordres 400 cavaliers et le Général Destaing, avec ses 3 Bataillons et 2 pièces de canon.

Après deux heures de marche, l'armée française est en présence de l'ennemi; la fusillade s'engage avec les Tirailleurs.

Le Général Destaing, avec ses 3 Bataillons, enlève au pas de charge la hauteur occupée par la droite de l'ennemi; en même temps, la cavalerie lui coupe la retraite et force un corps de Turcs de 2000 hommes à se jeter à la mer.

"Le général Destaing dirigea sa marche en colonne vers la droite de l'ennemi, en longeant la mer, et avec un détachement du 7e de hussards et du 22e de chasseurs à cheval. Il déborda les postes avancés de la droite de l'ennemi, mal retranchés sur quatre mamelons de sable; il enleva ces postes de vive force, et la retraite leur fut coupée par les troupes légères à cheval, qui les sabrèrent" (Notes conservées dans les papiers de Theviotte, in La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 409).

Destaing marche ensuite sur Aboukir, contre la seconde ligne ennemie, et tourne le village pendant que la 32e l'attaque de front.

L'ennemi fait une vive résistance, envoie des secours considérables; mais enfin, le village est emporté et les Turcs sont poursuivis, la baïonnette dans les reins, jusqu'à une forte redoute qui ferme à droite la presqu'ile d'Aboukir jusqu'à la mer.

Pentant que les troupes reprennent haleine, on met des canons en position au village et le long de la mer; le 3e Bataillon de la 4e Légère forme avec les autres du Général Destaing le centre d'attaque en face de la redoute.

Après de nombreux efforts, les rentranchements des Turcs sont enlevés de vive force par notre infanterie, pendant que la cavalerie, qui a coupé la retraite à l'ennemi, sabre tout ce qu'elle rencontre.

10000 Turcs se jettent à la mer; ils y sont fusillés et mitraillés; aucun ne se sauve, car les vaisseaux sont à deux lieux dans la rade d'Aboukir.

Le 1er août 1799 (14 thermidor an 7), le Général Bonaparte écrit depuis son Quartier général à Alexandrie, au Général Berthier, Chef de l'Etat-major général de l'Armée d'Orient : "... Le lendemain de la prise du fort d'Aboukir, le général Rampon partira avec toute sa division pour se rendre à El-Rahmânieh, et, le jour d'après, le général Menou suivra avec toute sa division, bien entendu que la 69e et la 4e d'infanterie légère resteront dans l'arrondissement d'Alexandrie ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 4662; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 451).

Le 2 août 1799 (15 thermidor an 7), le Général Bonaparte fait écrire, depuis son Quartier général à Alexandrie, au Général Menou : "Le général en chef vient de recevoir la lettre par laquelle vous lui apprenez la nouvelle de la reddition d'Aboukir.
... Le général en chef ordonne que vous restiez à Aboukir jusqu'à nouvel ordre avec la 4e demi-brigade d'infanterie légère et le bataillon de la 69e ...
" (Correspondance de Napoléon, t.5, lettre 4325; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 454).

Le 2 août 1799 (15 thermidor an 7), le Général Bonaparte, depuis Alexandrie, écrit au Général Menou : "... Dans la journée de demain, il ne vous restera plus qu'un bataillon de la soixante-neuvième, les trois bataillons de la quatrième légère, et différens détachemens d'artillerie; faites sur-le-champ travailler à démolir les deux villages ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 5; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 131; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.3, p. 256 ; Correspondance générale, t.2, lettre 4333; Correspondance générale de Napoléon, t.2, lettre 4668; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 455).

Bonaparte, quittant finalement l'Egype, s'eembarque pour la France, laissant le commandement à Kléber.

La 4e Légère fait alors partie des troupes qui occupent l'arrondissement d'Alexandrie. Elle éprouve de grande pertes par les maladies qu'elle contracte à Anboukir. Son habillement, qu'on a dû renouveler, a d'abord été confectionné en toile bleue, mais on reconnait bientôt l'utilité des vêtements de laine, et comme il n'y a aucune fabrique de draps en Egype, on doit employer des étoffes arabes de toutes couleurs.

Pendant les trois dernières journées passées au Caire, Bonaparte s'occupe de l'habillement de l'armée. La pratique ayant fait ressortir les inconvénients de la toile, qui a été adoptée l'année précédente, il est décidé que les soldats recevront des effets de drap. Les quantités allouées sont ainsi fixées par un supplément à l'Ordre du jour de l'armée du 28 Thermidor (15 août) :
"BONAPARTE, Général en chef, ORDONNE :
Article Ier. -Il sera accordé aux différents corps de l’armée un nombre d'habillements complets en drap pour l'an VIII, conforme à l'état ci-dessous.
II. - Etant impossible de se procurer la quantité de drap bleu nécessaire, il sera réservé pour l'artillerie et les sapeurs;
Le drap vert, pour la cavalerie;
Le rouge, noir, gris, puce, etc. pour l’infanterie.
III. -L'ordonnateur fera connaître à l'ordre de demain la couleur du drap dont sera habillée chaque demi-brigade : il aura soin que les couleurs nationales se trouvent sur chaque uniforme.
Tableau de ce qui est accordé à chaque corps ...
IV 4e d'infanterie légère 1600 ...
V. - Lorsque les draps de cette quantité d'habillements auront été distribués, il sera accordé un supplément aux corps qui n'en auraient pas eu assez : ils enverront, à cet effet, leurs réclamations à l'ordonnateur en chef.
VI. _L'ordonnateur en chef me fera un rapport particulier sur l'habillement de la cavalerie : les hommes de cette arme qui ont été habillés l'année dernière ne le seront pas cette année
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 562 - Note : Ces couleurs sont fixées seulement par l'ordre du jour du 9 Vendémiaire an 8 (1er octobre 1799) - voir partie uniformes)

Le 25 septembre 1799, la Demi-brigade, à l'effectif de 483 hommes, occupe Alexandrie et Aboukir, lorsque le 1er Bataillon est détaché sous les ordres du Général Rampon, pour faire une expédition contre Mourad-Bey. Il rentre à Alexandrie dans le courant d'octobre.

- Combat de Horeh, 16 décembre 1799

Au mois de décembre, le 2e Bataillon de la 4e Légère, commandé par le Chef de Bataillon Stieler, est détaché dans la province de Bohireh. Ce Bataillon a affaire, le 16 du même mois, à 2000 révoltés. Il combat contre eux pendant seize heures et est sauvé d'une ruine certaine par l'audace de son commandant.

Cette action, si honorable pour cet Officier supérieur et pour son Bataillon, est connue sous le nom de combat de Horeh.

Le 25 décembre 1799 (4 nivôse an 8), le Général Bonaparte adresse depuis Paris une Proclamation à l'Armée d'Italie : "Soldats ! les circonstances qui me retiennent à la tête du Gouvernement m'empêchent de me trouver au milieu de vous.
Vos besoins sont grands : toutes les mesures sont prises pour y pourvoir.
Les premières qualités du soldat sont la constance et la discipline ; la valeur n'est que la seconde.
Soldats ! plusieurs corps ont quitté leur position; ils ont été sourds à la voix de leurs officiers. La 17e légère est de ce nombre.
Sont-ils donc tous morts les braves de Castiglione, de Rivoli, de Neumarkt ? Ils eussent péri plutô que de quitter leurs drapeaux, et ils eussent ramené leurs jeunes camarades à l'honneur et au devoir.
Soldats ! vos distributions ne vous sont pas régulièrement faites, dites-vous. Qu'eussiez-vous fait si, comme la 4e et 22e légère, la 18e et 32e de ligne, vous vous fussiez trouvés au milieu du désert, sans pain ni eau, mangeant du cheval et du mulet ? La victoire nous donnera du pain, disaient-elles; et vous, vous quittez vos drapeaux !
Soldats d'Italie ! un nouveau général vous commande. Il fut toujours à l'avant-garde dans les plus beaux jours de votre gloire. Entourez-le de votre confiance; il ramènera la victoire dans vos rangs.
Je me ferai rendre un compte journalier de la conduite de tous les corps et spécialement de la 17e légère et de la 63e de ligne. Elles se ressouviendront de la confiance que j'avais en elles !
" (Collection générale et complète des lettres, proclamations, discours de Napoléon, rédigée d'après le Moniteur, publiée par C. Fisher, Leipzig, Graff, 1808-1813, t.1, p. 86; Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 176; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 354 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4450).

II/ 1800-1805 : DU CONSULAT A L'EMPIRE

a/ 1800

- Egypte

4e Léger Egypte 1801
Fig. 1 Tenue de la fin de la campagne d'Egypte, 1801

En 1800, sous le commandement du Chef de Brigade Delzons (Alexis-Joseph), la Demi-brigade se trouve encore en Egypte avec l'Armée d'Orient.

En janvier 1800, un sabre d'honneur est décerné au Fourrier Maraille; le Caporal Guignard et le Carabinier Bouard obtiennent chacun un fusil d'honneur, en récompense de leur bravoure dans le combat précédent.

Kleber, commandant l'Armée d'Orient après le départ de Bonaparte, conscient qu'il ne pourra tenir encore longtemps, a signé une convention d'évacuation du corps expéditionnaire français à El Arisch fin Janvier. Et il commence à l'appliquer quand la duplicité anglo-turque le force à accepter une nouvelle bataille. Il rassemble ses troupes et écrase une armée turque à Héliopolis le 20 Mars. Mais la 4e DB Légère reste en réserve.

- Révolte du Caire, 21 mars 1800

Pendant que Kléber remporte la fameuse victoire d'Héliopolis, le 2e Bataillon de la 4e Légère est au Caire, avec la 32e de Bataille. C'est alors qu'une insurrection éclate dans la ville; excités par quelques Turcs, les habitants massacrent une partie de la garnison.

La lutte pour reprendre la ville et réduire les insurgés dure deux jours.

Rapport du chef de l'Etat-major de l'armée Menou: "... La nuit du 13 au 14 (germinal), un détachement de la division friant, formé d'une compagnie de carabiniers de la quatrième légère, d'une compagnie de la sixième, d'une compagnie de grenadiers, et d'une de fusiliers de la soixante-quinzième, commandée par l'adjudant-général Almeras, attaqua le quartier cophte, situé au nord de la ville.
Cette colonne pénétra fort avant par la rue qui se prolonge parallèlement à une ancienne muraille d'enceinte, après avoir chassé l'ennemi des maisons et des barricades très multipliées qui défendoient cette issue : elle prit position, sa gauche au mur du rempart, et sa droite à la hauteur de nos postes, sur la place Ezbékyéh. Par ce moyen, les communications s'établirent plus directement d'une extrémité de la ligne à l'autre.
Pendant plus de huit heures de combat les troupes ne durent qu'à leur opiniâtreté dans l'attaque et la défense la conservation de leurs nouveaux postes, que l'ennemi essaya trois fois de reprendre avant d'y renoncer, et après avoir perdu beaucoup de monde. On lui enleva quatre drapeaux. On se fortifia pendant quelques jours de part et d'autres sur différens points, sans cesser de combattre ...
" (Pièces diverses et correspondance relatives aux opérations de l'armée d'Orient en Egypte).

Le Caire est repris aux mains des insurgés et l'Egypte retourne sous le contrôle des Français, avec la Haute Egypte laissée à notre allié Mourad Bey.

A la même époque, les 1er et 3e Bataillon de la 4e Légère sont à Alexandrie. Le 10 avril suivant, le 3e Bataillon est embarqué pour Rosette.

- Mort de Kléber, 14 juin 1800

Kléber ayant été assassiné, le Général Menou lui succède dans le commandement de l'Armée.

La 4e Légère qui est à Mansourah, faisant partie de la Division Lanusse, est dirigée à marches forcées sur Ramanieh et là, un des ses Bataillon est renvoyé à Alexandrie.

Elle se réorganise pendant la période de tranquilité qui s'écoule du mois de juin 1800 au mois de mars 1801.

- France et Italie

Lorsque la 4e Légère est embarquée pour l'Egype, son Dépôt est à Gênes. Peu de temps après, il reçoit l'ordre de partir pour la Corse, et tient garnison à Bonifacio. Le 21 mars 1799, le 1er Bataillon complémentaire de la 4e Demi-brigade légère est formé, du dépôt de la Demi-brigade, et de deux Compagnies de Chasseurs des Bataillons auxiliaires du Gard et de l'Hérault.

Quelques mois après, le 2e Bataillon complémentaire est créé d'une manière analogue, et va tenir garnison à Bastia. Il fait partie de la 23e Division militaire, et reste en Corse jusqu'en 1802. Avec un effectif moyen de 600 hommes, il est employé à de petites expéditions contre les bandits.

En prévision de la campagne future en Italie du Nord, le 1er Bataillon complémentaire, avec d'autres détachements des régiments " égyptiens " restés en France, va contribuer à la formation d'une des Demi-brigades provisoires d'Orient qui vont combattre avec Bonaparte dans l'Armée de Réserve.

Les Dépôts des 14 Demi-brigades de l'Armée d'Orient forment ainsi une Division de réserve à Châlon sur Saône, mise sous le commandement du Général Chabran.

Le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Vous donnerez au général de division Chabran l'ordre de se rendre sur-le-champ à Chalon-sur-Saône,pour prendre le commandement des quatorze bataillons de dépôt de l'armée d'Orient. Le général Chabran les passera en revue et veillera à leur équipement, armement, habillement et recrutement. Ces bataillons resteront cantonnés à Mâcon, Châlon, Seurre et Saint-Jean-de-Losne. Ils seront exercés deux fois par jour à la manoeuvre.
La division commandée par le général Chabran portera le nom de 1re division de l'armée de réserve. Il sera attaché à cette division trois pièces de 8 et un obusier de 6 pouces, servis par l'artillerie légère, deux pièces de 12, quatre de 8 et deux obusiers, servis par l'artillerie à pied. Le général Chabran aura sous ses ordres deux généraux de brigade et un adjudant général. Son quartier général sera à Chalon-sur-Saône. Il ne recevra directement des ordres que du ministre de la guerre.
... Les bataillons des 4e, 21e et 22e légères seront commandés également par un ancien chef de brigade de l'armée d'Italie qui aura fait la campagne d'Italie comme commandant une troupe ...
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4594; Correspondance générale, t.3, lettre 4983De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).

Le 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, par un état adressé par un aide de camp que j'ai envoyé sur les lieux, qu'on a confondu en un seul bataillon le dépôt de la 4e et de la 21e légère. Ordonnez-en la séparation, mon intention étant que les deux bataillons soient organisés séparément" (Correspondance générale, t.3, lettre 5065).

Le 17 mars, l'incorporation du Bataillon de la 2e Légère nécessite le dédoublement de la Demi-brigade légère d'où résulte le groupement suivant :
- Bataillons des 21e et 22e Demi-brigades légères – Chef de Brigade : Magny.
- Bataillons des 2e et 4e Demi-brigades légères – Chef de Brigade : Citoyen Chavardès (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 50).

Situation de la Division Chabran (Bataillons supplémentaires Armée d'Orient à l'Armée de Réserve) le 22 mars 1800 (Infanterie légère) :

Tableau des progrès de l'organisation des dépôts d'infanterie de l'armée d'Orient en bataillons, conformément à l'arrêté des Consuls de la République du 28 frimaire an 8 (19 décembre 1799), depuis le 3 pluviôse (23 janvier 1800) jusqu'au 1er germinal suivant (22 mars 1800).
Numéros des Corps.
Présents sous les armes.
Force actuelle à l'effectif.
Manque au complet.
Observations
4e
117
151
849
Réorganisé; on y a incorporé une compagnie de chasseurs auxiliaires du département de l'Hérault et une autre du département du Gard; ce bataillon est à Mâcon.

Le Général de Division, inspecteur général aux revues, P. GAULTIER.

La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve.
BATAILLONS (bis) DE L'ARMÉE D'ORIENT EMBRIGADÉS.
Infanterie légère
21e et 22e, 1,041
2e et 4e, 76
1,117 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612).

Une situation en date du 10 avril donne au Bataillon supplémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 4e Légère un effectif de 204 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).

Situation des Corps de l'Armée de réserve arrivés dans leurs cantonnements le 26 germinal (16 avril).
Bataillons d'Infanterie de ligne provenant des Dépôts de l'Armée d'Orient.
Bataillons d'Infanterie légère provenant des Dépôts de la même armée.
4e, 297 présents (effectif inconnu)
Signé : Vignolle ("Extraits des mémoires inédits de Victor").

Selon l'Historique régimentaire, le Bataillon complémentaire de la 4e Légère, avec ceux des 21e et 22e Légères, forme la 1ère Demi-brigade d'Orient.

D'après un "État de la force et de l'emplacement des corps arrivés dans leurs cantonnements au 26 germinal an 8 (16 avril 1800)" signé par le Général Vignolle, Général chef provisoire de l'Etat-major général, "l'embrigadement formé des dépôts de l'armée d'Orient" comprend un Batailllon de la 4e Demi-brigade légère qui est à Mâcon, et a 297 hommes présents sous les armes; son effectif total est de 297 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 619).

Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 4e Légère a un effectif de 297 hommes présents sous les armes à Mâcon (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).

La situation de l'Armée de Réserve (1ère partie) datée du 5 Floréal an 8 (25 avril 1800) indique :
Armée de Réserve : Berthier, Général en chef.
Bataillons formés des Dépôts d'infanterie de l'Armée d'Orient.
4e Légère, à Mâcon, 405 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159.)). A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la 4e Légère avec un effectif de 297 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627)

Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", le Bataillon complémentaire (de l'Armée d'Orient) de la 4e Légère compte 280 hommes pour un effectif total de 287 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).

La Division de réserve franchit le Saint-Bernard le 26 Mai (l'Historique régimentaire dit que le Bataillon de la 4e l'a franchi entre le 15 et le 18 mai); et on la retrouve à la prise du fort de Bard le 1er Juin.

Selon l'Historique régimentaire, ce fort est assiégé du 27 mai au 2 juin. Il a subi plusieurs assauts; par un vigoureux efforts, les troupes se sont avancées jusqu'aux fossés; mais l'artillerie ne parvient pas à créer une brèche praticable. "Le capitaine Lohr, de la 4e demi-légère, au milieu d'un feu de mousqueterie épouvantable, alla détacher la poulie du pont-levis, ce qui était indispensable pour achever de le faire baisser. Le général Cerisca lui promit un sabre d'honneur devant le bataillon sous les armes, et présenta le capitaine Lohr comme un modèle de courage et d'intrépidité".

Le 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général de Division Chabran écrit, depuis Verrès, au Premier Consul de la République française : "L'attaque du fort de Bard, retardée par le défaut de munitions et le départ des canonniers nécessaires pour servir les différentes pièces, est fixée à demain, d'après l'arrivée d'un caisson de 12 qui vient fort à propos. Tout est ordonné. Je joins ici les diverses instructions que j'ai cru devoir donner. Je compte sur l'intelligence et le zèle de ceux que j'ai chargé de diriger les différentes attaques que je surveillerai de très près. Je compte aussi sur la bravoure des troupes. Tous les efforts seront réunis pour la réussite.
Je vous rendrai, sur-le-champ, compte du résultat.
Je crois devoir, citoyen Consul, vous mettre sous les yeux l'état de situation et de l'emplacement des corps qui composent la division que je commande et je réclame votre attention.
Le général Carra-Saint-Cyr me demande une demi-brigade forte de 1500 hommes. Je me trouve dans l'impossibilité de pouvoir la lui envoyer.
Salut et respect.
CHABRAN
Je suis sûr d'avance, citoyen Consul, que si vous jetez un coup d'oeil sur le triste état ci-joint, vous serez peiné d'y voir 3,000 conscrits pour 4 officiers généraux.
Armée de réserve. – Division du général Chabran.

  DENOMINATION des CORPS OFFICIERS SOUS-OFFICIERS, SOLDATS présents sous les armes. EMPLACEMENTS
présents absents Infanterie Cavalerie Artillerie.
1re demi-brigade provisoire Bataillon complémentaire de la 4e légère 31 10 277     à Étroubles, garde le parc d'artillerie et le Mont-Bernard.
de la 21e légère 34 8 302     Dans la ville de Bard .
de la 22e légère 25 4 232     Dans le défilé de Cogne.

Certifié très véritable.
Le général CHABRAN
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 533).

Le même 11 Prairial an 8 (31 mai 1800), le Général Chabran expédie, depuis Verrès, ses instructions pour l'attaque du fort de Bard (12 Prairial) : "… AU GÉNÉRAL SERIZIAT.
Vous êtes chargé, citoyen Général, des attaques du côté de la ville, et vous aurez sous vos ordres le bataillon de la 21e, les carabiniers de la 4e et ceux de la 22e. Il est nécessaire que toutes ces troupes entrent ce soir en ville. Vous choisirez dans ces corps 200 hommes d'élite, qui seront partagés en trois colonnes, l'une de 100 et les deux autres de 50 hommes chaque.
La première colonne de 100 hommes sera dirigée dans sa marche par le capitaine du génie Bouviers. Elle marchera dans le plus grand silence et cherchera à s'introduire dans le fort par le pont-levis de la tour du Cadran et par les brèches qui pourront être faites ou ouvertes dans le mur en crémaillère à gauche. Pour cela, elle sera précédée par des sapeurs ou mineurs pour établir des ponts sur le fossé. La colonne ne débouchera qu'après que le chemin lui aura été ainsi préparé.
La deuxième colonne tentera de s'introduire derrière la tour de l'Horloge par un petit chemin reconnu, dans la première maison à droite, après la première route en venant de la ville basse. Cette colonne sera dirigée par le citoyen Pastour, capitaine adjoint à l'état-major; elle sera pourvue de quatre échelles et ne s'ébranlera qu'en même temps que la première.
La troisième colonne sera en réserve dans la ville.
Pour que toutes les attaques dirigées sur le fort puissent se seconder et agir en même temps, j'ai arrêté que l'artillerie qui ferait, dans la nuit du 11 au 12, toutes ses dispositions, commencerait son feu le 12, à 8 heures du matin; qu'il serait interrompu à 6 heures du soir pour envoyer en parlementaire le capitaine du génie Bouviers, que j'ai désigné à cet effet.
Le feu de la pièce de la Chapelle recommencera ensuite, d'après vos ordres, durera pendant trois quarts d'heure, sera de nouveau interrompu pendant dix minutes, et alors l'artillerie tirera de chacune de ses pièces 5 coups à poudre, signal auquel chacune des attaques commencera.
Vous ordonnerez, citoyen Général, à l'infanterie qui doit entrer ce soir en ville, de se charger des gabions et fascines déposés sur la route, près du parc d'artillerie.
Vous ordonnerez que l'on fasse entrer ce soir en ville le pain et l'eau-de-vie nécessaires aux distributions.
Tous les tirailleurs sous vos ordres doivent faire le plus grand feu pendant la journée du 12; ils le cesseront absolument à 6 heures du soir. Vous ferez prendre au parc, dans la journée, les cartouches qui vous seront nécessaires.
Si l'on parvient à se loger dans un ouvrage, il faudra y tenir ferme
Il ne faut pas tirer un seul coup de fusil pendant l'attaque: la baïonnette seule doit agir.
L'attaque devant se faire pendant la nuit, il est très important d'établir le plus grand ordre et d'exiger dans tous les mouvements un silence exact.
S'il arrivait, citoyen Général, que la pièce de la Chapelle fût démontée et que la brèche ne fût pas faite, l'attaque s'effectuera toujours à l'heure déterminée; vous donnerez vos ordres en conséquence.
Vous me ferez connaître la réponse du commandant du fort à ma sommation aux batteries établies sur la grande route sous le fort, où je me trouverai.
J'ai pourvu à l'ambulance ...
AU COMMANDANT DE LA 75e, AU CAMP D'ALBARD ...
Vous ferez descendre ce soir, de 9 à 10 heures, au camp, sous le fort, la compagnie des grenadiers de votre bataillon avec un détachement de 50 hommes choisis, pour y relever les carabiniers des 4e et 22e légère, qui doivent entrer dans la ville avec le général Seriziat
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 534).

Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
4e Légère, 1 Bataillon, 200 hommes; 12 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).

Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
Bataillon complémentaire de l'Armée d'Orient, 4e Légère, 280 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).

Durant la bataille de Marengo, le 14 Juin, elle est encore positionnée le long du Pô, sur la rive droite.

Le même jour en Egypte, Kleber est assassiné. Le commandement échoit au général Menou, bon administrateur, orientophile, mais piètre stratège. Les dissensions au sein de l'Etat-major ne feront qu'envenimer la situation militaire.

Après Marengo, le Bataillon est à l'Armée d'observation du Midi, jusqu'en 1802, faisant partie de la Division Soult et luttant contre les Barbets.

"Le 6 août 1800, le sous-lieutenant Niepce, de la 4e demi-légère, entra le premier dans une redoute prise par nos troupes; il fut blessé d'une balle à l'épaule gauche et frappé d'un violent coup de crosse sur la tête.
Ayant été envoyé avec 50 chasseurs à la poursuite des Barbets qui s'étaient réfugiés dans les montagnes, il enleva une redoute défendue par 200 d'entre eux et leur prit 2 pièces de canon; à la même affaire il sauva la vie à son capitaine en tuant de sa main deux Barbets et un grenadier autrichien qui allaient l'égorger.
Fait prisonnier après avoir eu son sabre brisé dans ses mains, il resta au pouvoir des Barbets pendant 8 heures, et, délivré ensuite par nos troupes, il retourna au combat malgré ses blessures et tua deux Autrichiens qui ne voulaient pas se rendre
".

Le 21 Août, Bonaparte donne ordre à un bataillon de la 4e Légère et de la 86e de Ligne de quitter la 23e Division Militaire (Corse) pour l'Italie (Correspondance générale, t.3, lettre 5615, adressée depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre).

Le 5 septembre 1800 (18 fructidor an 8), Bonaparte dicte depuis Paris des notes au Ministre de la Marine, concernant la rentrée sur le continent des troupes stationnées en Corse : "Le bataillon complet de la 4e d'infanterie légère,
Les compagnies de grenadiers de la 80e,
Les hommes de dépôt de la 19e de ligne,
L'escadron du 13e de hussards,
Une compagnie d'artillerie de ligne,
Enfin la 86e, en ayant soin de l'embarquer, bataillon par bataillon.
Le commandant de la division sera le maître de faire son débarquement depuis le golfe de la Spezzia jusqu'à Marseille; le plus près de Gênes sera le mieux.
Ces corps, s'ils débarquent dans le territoire de l'armée d'Italie, enverront un courrier au général, à Milan, qui leur enverra des ordres ...
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5084).

Puis contre ordre, le 21 Octobre 1800 : ne laisser en Corse que le 23e d'infanterie légère et le bataillon de la 4e Légère (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1198 ; Correspondance générale, t.3, lettre 5703 - Lettre de Bonaparte adressé depuis Paris au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim).

Le 14 décembre 1800 (23 frimaire an 9), Bonaparte adresse depuis Paris au Ministre de la Marine les notes suivantes : "... TOULON.
La Justice et l'Egyptienne, si la marche de l'Egyptienne ne peut pas compromettre la Justice.
Sur chaque frégate 200 hommes et 50 canonniers, deux canons de 4, 2,000 boulets, 3,000 fusils.
BASES DES INSTRUCTIONS POUR TOULON.
écrire confidentiellement au préfet que le Premier Consul met la plus haute importance à faire passer des secours en Egypte; mais que cette expédition doit être extrêmement secrète, et qu'elle doit avoir pour prétexte d'aller chercher des troupes à Ajaccio pour les ramener en France.
En conséquence, les frégates prendront les vivres nécessaires pour les équipages et les passagers et pour une campagne d'Egypte. Les équipages, au moment du départ, seront réduits au strict nécessaire pour se rendre à Ajaccio : c'est là que l'on prendra les troupes qui seront fournies par la 4e demi-brigade légère; c'est là également que l'on prendra les canonniers. On pourra laisser en Corse les marins qui se trouveront de trop. Quand les troupes auront été embarquées, il sera expédié des ordres secrets aux commandants des frégates, pour n'être ouverts qu'après leur arrivée à Ajaccio, et il leur sera enjoint de séjourner en Corse le moins longtemps possible.
Avant le départ de Toulon, on embarquera six ou huit chirurgiens par frégate, sous le prétexte de l'épidémie qui vient d'avoir lieu à Bonifacio, et ils emporteront une caisse de quina, de cantharides et d'émétique, qui sera expédiée de Paris.
MESURES GéNéRALES.
Aussitôt que les frégates pourront mettre à la voile, elles fileront le long des côtes de Sardaigne, en passant hors de vue des îles Saint-Pierre; elles raseront les côtes de Barbarie et, après avoir doublé le cap Bon, elles s'éloigneront le moins possible des côtes d'Afrique.
Les capitaines sont autorisés à entrer à Alexandrie s'ils peuvent échapper aux croisières ennemies, ou bien ils iront mouiller à Damiette. Dans le premier cas, après avoir reçu les réponses du Caire, ils profiteront de la fin de l'hiver pour opérer leur retour. Si la saison n'était plus favorable, ils resteraient dans le port qui leur offrirait le plus de sûreté.
Il sera écrit particulièrement au général commandant en Corse pour le prévenir de cette expédition, afin qu'il prépare les troupes et les objets qui doivent être embarqués, de manière que tout soit prêt à l'arrivée de la division. Ce commandant doit croire que les troupes sont destinées pour revenir en France. Il sera expédié pour cet effet un aviso de Toulon pour la Corse ...
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5219).

Le 15 décembre 1800 (24 frimaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous voudrez bien, citoyen ministre, donner l'ordre au commandant de la 23e division militaire (Ambert. La 23e division est celle de Corse) de réunir le plus tôt possible à Ajaccio 400 hommes de la 4e légère et 100 canonniers, où ils s'embarqueront sur les frégates La Justice et L'Egyptienne, qui doivent incessamment arriver en Corse; vous recommanderez à ce général le plus grand secret ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5834).

A la fin de l'année un corps d'Observation est mis sous le commandement de Murat. Son utilité : rejoindre l'Italie et contrôler le sud de la péninsule en tenant en respect le royaume de Naples et le Pape. Les demi-brigades provisoires d'Orient en font partie.

Au final, à la fin de 1800 et jusqu'à la fin 1801, la 4e Demi-brigade légère est partagée en trois fractions :
- les Bataillons présents en Egypte (qui rentreront en septembre 1801);
- un Bataillon en Corse (Chef de Bataillon Martes);
- un Bataillon complémentaire en Italie (Chef de Bataillon Réolon).

b/ 1801

- En Egypte

- Débarquement des Anglais; combat du 13 mars devant Alexandrie. Le 8 mars 1801, les Anglais débarquent un Corps expéditionnaire en Egypte. La 4e Légère est à ce moment au Caire, forte de 790 hommes qui font partie de la Brigade Silly de la Division Lanusse.

A la nouvelle du débarquement, Lanusse reçoit l'ordre de partir, avec trois Demi-btigades, dont la 4e Légère, pour porter secours au Général Friant qui a toute l'armée ennemie devant lui.

Le Général Lanusse, arrivé à Ramanieh, entend le canon d'Aboukir et part sur-le-champ ; il effectue sa jonction avec le Général Friant le 10, en avant d'Alexandrie.

Les faibles forces françaises ne peuvent repousser les Britanniques qui marchent sur Alexandrie. Le 13 mars, un premier combat a lieu à Mandara auquel participe la 4e Légère. Les deux Généraux français ont décidé de retarder la marche de l'ennemi, et ont l'audace de l'attendre avec 4000 hommes et 22 pièces de canon. Face à eux, 18000 Anglais, qui se portent sur Alexandrie.

Les Français se jettent sur leur première ligne et l'enfoncent; la 4e Légère, dirigée par le Commandant Boyer, combat avec avantage contre la première ligne et la fait ployer; mais, trop inférieure pour soutenir seule le combat, elle commence sa retraite. Une belle charge, exécutée par le 3e Dragons, protège la Demi-brigade qui est fort engagée, et ralentit la marche des Anglais.

Le Sous-lieutenant Deschamps reste plus d'une demi-heure à quinze pas de distance d'un colonne anglaise, excitant ses hommes et tâchant, par son exmple, de les engager à courir sur l'ennemi à la baïonnette; il ne quitte ce poste dangereux qu'après avoir été atteint de deux coups de feu.

Enfin, trop inférieures en nombre, les troupes françaises se retirebt en bon ordre et viennent prendre position sur les hauteurs de Nicopolis; les Anglais n'osent attaquer et campent, la droite à la mer, la gauche au canal d'Alexandrie.

Le Capitaine Degouth s'est fait remarquer dans cette affaire, où il réussit grâce à son courage, à sauver une pièce de canon. Le Capitaine Chamas est cité aussi pour sa brillante conduite

Les Généraux français décident alors de se rapprocher d'Alexandrie. L'ennemi, s'apercevant de ce premier mouvement de retraite, suit d'assez près la 4e Légère qui est à l'arrière garde et occupe les hauteurs tenues par les Français le matin. Conservant cette position, les Anglais s'y retranchent, attendant une contre-offensive plus sérieuse des Français. Ce sera la bataille de Canope, le 21 mars

- Bataille de Canope, 21 mars 1801. L'armée française, commandée par le Général Menou, arrive enfin et se rassemble à Alexandrie; le 21, avant le jour, elle attaque la position fortifiée des Anglais. Le Général Lanusse est au centre; la Brigade Silly, la 4e Légère en tête, est chargée d'attaquer une forte redoute anglaise. La 4e Légère fait brigade avec la 18e de Ligne à l'aile gauche de la ligne française.

Les Dromadaires, chargés de faire une fausse attaque, commencent l'action avant le crépuscule et s'emparent d'un premier retranchement ennemi par surprise. Aussitôt, le Général Lanusse se met en mouvement, et une Compagnie de Carabiniers de la 4e Légère enlève un premier redan et y prend une pièce de canon. La Brigade Silly marche alors sur la grande redoute, mais dans l'obscurité, elle se heurte à la 32e Demi-brigade, ce qui cause un peu de désordre. Aussi, la 4e ne peut franchir les fossés de la redoute, et, glissant sur son flanc gauche, elle est repoussée par la première ligne anglaise.

A ce moment critique, la Demi-brigade se rallie sous le feu de l'ennemi ; pour inspirer plus de confiance aux soldats, le Capitaine Monnier s'élance sur une butte où il est exposé aux plus grands dangers; blessé d'un coup de feu qui lui traverse le cou avec fracture de la machoire, il ne se retire qu'après que ses forces sont épuisées.

Après de vains efforts pour reprendre l'offensive, la Division Lanusse, qui vient de perdre son Général, et la plupart des Officiers supérieurs, reste en face de l'ennemi pendant toute la journée, tiraillant et s'accrochant au terrain.

Elle reste sous le feu des batteries anglaise et perd à chaque instant une foule de brave; le Capitaine Degouth s'avance alors avec l'artillerie de la Demi-brigade jusque sur la ligne des Tirailleurs et démonte deux pièces de canon qui, placées en avant des tranchées ennemies, font beaucoup de mal à nos troupes. Les munitions sont épuisées, et les Anglais ayant fait avancer quelques Corps qui la prennent en flanc, la 4e Légère est obligée d'abandonner les mamelons qu'elle occupe; ses Tirailleurs, qui sont sous la grande redoute, suivent le mouvement en bon ordre. Les Anglais n'osent pas sortir de leurs retranchements pour les suivre.

Les Capitaines Lacroix et Chanas sont nommés Chefs de Bataillon sur le champ de bataille; les Lieutenants Gillet et Berne sont nommés Capitaines.

Après la perte de la bataille, l'armée reprend les positions qu'elle occupait la veaille en avant d'Alexandrie. Menou s'enferme dans la ville, attendant d'hypothétiques renforts de France.

La 4e Légère demeure à Alexandrie jusqu'au 14 avril, époque à laquelle est envoyée à Rosette pour renforcer le Général Valentin qui essaie de reprendre cette ville aux Anglais et aux Turcs.

Le 21 Avril 1801, le commandement de la Demi-brigade passe à Jean-Baptiste-Maximilien-Joseph-Antoine Lecat de Bazancourt : un soldat de vocation qui sert depuis 1775 et s'est illustré en Italie et en Orient. Ce dernier prend le commandement de cette Demi-brigade le 27 avril 1801 (7 Floréal an 9).

- Marche contre le Vizir, capitulation du Caire. Après s'être battue du 5 au 9 mai à Ramanieh, la 4e Légère suit les troupes commandées par le Général Lagrange, et quittant cette localité le 10, elle arrive le 14 à 10 heures du matin au Caire, qui est commandé par le Général Belliard.

L'armée part du Caire le 16, pour aller combattre le Vizir. Elle rencontre l'ennemi le lendemain et livre un combat pénible au milieu des sables. Après avoir usé les deux tiers de ses munitions, le Général Belliard, craignant que l'ennemi ne se porte sur le Caire, rentre le lendemain dans cette place.

Les forces françaises sont désormais assiégées dans Alexandrie et au Caire. Les Anglais paraissent devant Giseh du 17 au 19 juin et se joignent au troupes du Vizir. Le 22, ils cernent la place et commencent des batteries. Le jour même, le Général Belliard conclut un armistice de trois jours avec l'ennemi. Le soir, il réunit son conseil de guerre et le 23 juin, il envoie traiter avec l'ennemi deux Généraux de Brigade qui concluent, le 28, une convention au terme de laquelle la garnison du Caire se retirent, avec armes et bagages, sur Rosette, pour y être embarquée pour la France, et de là, transportée aux frais des puissances alliées. L'embarquement a lieu le 9 août.

La garnison du Caire rallie Toulon et Marseille. La 4e Légère débarque à Toulon. Quant à Menou, il doit capituler le 2 Septembre et ses troupes embarqueront pour la France dans les jours suivants.

Les "Egyptiens" de la Demi-brigade qui retrouvent la France à Toulon, fin Septembre, sont au nombre de 3 Officiers supérieurs, 45 Capitaines, Lieutenants ou Sous-lieutenants, et 618 Sous-officiers et soldats, dont 38 malades. L'unité, qui a perdu la moitié de son effectif en Egype, a bien besoin d'être réorganisée après sa quarantaine obligatoire.

Dans un premier temps, elle est placée à la 8e Division Militaire (Toulon).

Le 24 Novembre 1801 (3 frimaire an 10), le Premier Consul ordonnait de l'envoyer avec la 21e Légère au Puy dans la 19e Division Militaire ; "Ces demi-brigades de l'armée d'Orient resteront dans la 8e division militaire jusqu'à ce qu’elles soient embarquées, au nombre des deux tiers de la force de la demi-brigade.
Elles laisseront un chef de bataillon et plusieurs officiers à Marseille et à Toulon pour rejoindre les détachements qui arriveraient plus tard.
Vous donnerez des ordres pour envoyer, le plus promptement possible, dans tous les endroits où ces demi-brigades doivent tenir garnison, tout ce qui leur est nécessaire
"(Lettre de Bonaparte écrite depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance générale, t.3, lettre 6654). Puis, le 18 Décembre (27 frimaire an 10), de les faire passer par Lyon où elles complèteraient leurs Compagnies de Carabiniers pour lui servir de garde au palais durant son séjour. On devra leur fournir à cette occasion de nouvelles tenues et des bonnets de Grenadiers (lettre de Bonaparte écrite depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3114 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6684). C'est que Bonaparte va séjourner dans cette ville pour la Consulte de la République Italienne qui va le nommer Président.

En décembre, la 4e Légère tient garnison à Marseille. A la fin du même mois, le 1er Bataillon est envoyé à Auriol, les 2e et 3e Bataillons au bagne de Toulon.

- En Corse

Le 14 Floréal an 9 (4 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, à Bonaparte : "... Le bataillon complémentaire de la 4e légère doit être également embarqué à bord de l'escadre de Ganteaume ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 345, lettre 426).

Le 17 Floréal an 9 (7 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "… Au lieu de faire embarquer sur l'escadre de Ganteaume le bataillon polonais, disposez de préférence du bataillon complémentaire de la 4e légère venant de Bastia ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 357, lettre 436).

Le 23 Floréal an 9 (13 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Contre-Amiral Ganteaume : "Lorsque vous arrivâtes devant l'ile d'Elbe, mon cher général, j'espérais que nos opérations seraient promptement terminées et, par conséquent, retarderaient peu votre marche vers le lieu de votre destination principale. Voyant aujourd'hui que Porto Ferrajo nous oppose une résistance à laquelle il n'était pas naturel de s'attendre, je craindrais de vous faire manquer le but de votre expédition et de contrarier les intentions du Gouvernement, en vous retenant plus longtemps devant cette place. Il ne faut pas que cette bicoque nuise aux grands intérêts qui vous appellent Égypte. Je vous engage donc, mon cher général, à continuer de suite votre route, je me bornerai à faire continuer le siège de Porto Ferrajo par terre et si vous pouvez, sans inconvénient, laisser une frégate pour bloquer le port, je ne doute pas qu'elle ne suffise pour me procurer dans peu la possession de la ville. Vous pouvez prendre sur votre escadre et emmener en Égypte un bataillon de la 4e légère que j'ai donné ordre au général Tharreau de faire embarquer. L'ordonnateur en chef a dû vous faire fournir les provisions que vous avez demandées à Livourne.
Vous avez fait débarquer un nombre très considérable de malades ; manquant d'établissements et même de médicaments pour ceux de mon armée, je vais être forcé de les envoyer à Nice ou à Toulon ; je vous prie de donner à tous ceux que vous pourriez encore avoir à bord la même destination.
Toutes les nouvelles que nous avons de l'Égypte s'accordent à dire que les Anglais y ont été battus. Un fait sur lequel il n'y a plus aucun doute, et que le général Acton a affirmé à Naples au citoyen Alquier, notre ambassadeur, c'est que le général Abercromby a été tué et son corps transporté à Malte. Les deux généraux qui lui ont succédé ont été grièvement blessés. Ces événements doivent être d'un heureux augure pour le succès de votre expédition.
Allez, mon cher général, portez des secours à la brave Armée d'Égypte, mes vœux et mon attachement vous accompagnent
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 375, lettre 465).

Le 23 Floréal an 9 (13 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Général Tharreau : "… Je vous ai déjà écrit de faire embarquer le bataillon de la 4e légère venu de Corse, je marque au contre-amiral Ganteaume que, s'il peut le prendre sur son escadre, vous le lui enverrez …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 376, lettre 466).

Le 25 Floréal an 9 (15 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "... Environ 250 hommes de la 4e légère venant de Corse dans l'ile d'Elbe ont été embarqués sur l'escadre de Ganteaume ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 381, lettre 476).

- Bataillon complémentaire en Italie (Chef de Bataillon Réolon).

Le 1er Bataillon complémentaire est à Gallipoli; il ne sera réintégré qu'à la fin de juillet 1802.

c/ 1802

Le 20 Janvier 1802 (30 nivôse an 10), Bonaparte ordonne à Berthier de faire rejoindre à Montbrison, le Bataillon détaché en Corse de la 4e Demi-brigade Légère (lettre écrite depuis Lyon - Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 393; Correspondance générale, t.3, lettre 6722). Puis de ne garder comme garnison pour Lyon que 3 compagnies de grenadiers ou de carabiniers des unités de l'ex armée d'Orient dont la 4e DB Légère (lettre en date du 20 janvier 1802 (30 nivôse an 10), écrite par Bonaparte depuis Lyon au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance générale, t.3, lettre 6728). Soit au total 18 Compagnies. Dans sa lettre, Bonaparte donne les consignes suivantes : "Ces compagnies qui seront tirées des corps qui sont dans la 7e division correspondront avec eux pour leur comptabilité, comme s'ils étaient dans la même division.
Au 1er vendémiaire de chaque année, on changera ces grenadiers. Le ministre de la Guerre désignera, soit dans la 7e, soit dans la 18e ou 19e division militaire même, les grenadiers qui devront former la garnison de Lyon.
Il sera sévèrement défendu à ces compagnies de recruter aucun homme à Lyon ; toutes les recrues qui se présenteraient seront envoyées aux corps.
Le général commandant à Lyon
[Duhesme, depuis septembre 1801] classera ces 18 compagnies en 3 bataillons commandés chacun par un chef de bataillon que désignera le ministre dela Guerre. Les chefs de bataillon suivront leurs grenadiers. Toutes les fois qu'un corps partirait de Lyon, ou d'une division voisine, les grenadiers suivront le corps auquel ils appartiennent, et d'autres compagnies les remplaceront.
Cet ordre de choses peut commencer à avoir lieu dès le 20 pluviôse. Il faut recommander au général commandant la place de Lyon de ne faire faire à ces grenadiers qu'un service d'honneur et de haute police, et d'avoir soin que les compagnies soient complétées par leur corps et bien tenues. Il doit y avoir à Lyon, comme à Bordeaux et à Paris, une garde nationale soldée pour faire le service de la basse police
".

En février 1802, la 4e Demi-brigade légère, après être restée quelques jours au Puy, et rejointe à Montbrison par le 2e Bataillon complémentaire qui vient de Corse.

En mars 1802, la 4e Légère arrrive à Rennes qui lui est assigné comme garnison.

L'effectif de la 4e Demi-brigade, à l'époque de l'inspection du Général Suchet, qui a lieu à Montbrison, le 1er Floréal an 10 (21 avril 1802), n'est que de 836 hommes ; avec le Bataillon complémentaire et les recrues qu'elle reçoit, elle atteint 1,440 hommes, mais une grande partie des présents, cadres et hommes, est à réformer. Les notes du Général Suchet indiquent à quel état d'épuisement ce Corps est arrivé :
Esprit de corps. - "Entièrement affaibli par les pertes considérables éprouvées à la guerre".
Instruction des officiers. - "De la pratique en campagne, mais point assez pour former des soldats, et remplir leurs devoirs".
Instruction des soldats. - "Elle est mauvaise et a besoin d'être recommencée par les premiers principes. Les vieux soldats sont plus difficiles à placer que les recrues" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 335).

Inspection de la 4e Demi-brigade légère à Montbrison par le Général Suchet le 11 Floréal an 10 - 1er mai 1802 (date donnée par Didier Davin)

Tenue : Il y existe de la propreté. Elle ne sera ce qu'elle doit être que lorsque le soldat aura reçu le secours dont il a besoin.
Habilement : La fourniture faite à Lyon est de très mauvaise qualité.
Equipement : N'existe pas. Le corps a besoin d'en recevoir un complet.
Armement : Il est très mauvais. 2 à 300 recrues sont sans armes. Celles qui existent sont tenues proprement.
La classe de sous-officiers étant épuisée, l'inspecteur autorise le chef de brigade à choisir dans tous les rangs les militaires les plus instruits, sauf par lui à en rendre compte au ministre pour en faire des sous-officiers.

Le 27 mai 1802 (7 prairial an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vois, citoyen ministre, que sur l'état de l'emplacement des troupes du 5 prairial, les chefs de brigades ... des 2e, 4e, 21e et 22e légères ne sont pas nommés. Cependant ces places ne sont pas vacantes ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 439 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6917).

Le 10 juin 1802, un Arrêté porte qu'il sera donné des drapeaux à toutes les Demi-brigades légères. Depuis la campagne de 1793, la 4e n'en a plus eu.

Le 28 Juin 1802 (9 messidor an 10), la Demi-brigade doit être dirigée sur Rennes (Lettre de Bonaparte écrite depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257; Correspondance générale, t.3, lettre 6965); "... ces troupes ne se mettront en marche que du 10 au 20 thermidor. Vous aurez soin de les faire marcher à petite journée, et de leur donner de fréquents repose pour qu'ils n'éprouvent point de fatigues. Il est aussi convenable qu'avant leur départ, leur organisation soit complétée de 5 compagnies à 9 ; ce qui doit avoir lieu par l'incorporation des bataillons complémentaires ...
Tous ces mouvements ne se feront que dix jours après avoir reçu l'ordre.
Vous aurez soin que la veille du départ, il soit passé une revue de rigueur qui fasse bien connaître la situation des troupes que vous ferez partir. Vous aurez soin que tous les détachements soient bien réunis avant leur départ, et qu'ils marchent dans le plus grand ordre et par bataillon
".

Le même jour (28 juin 1802 - 9 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez l'ordre au citoyen Lacroix [Mathieu Lacroix, rapatrié d'Egypte] chef de bataillon à la suite de la 4e légère et qui doit être en ce moment dans son département de se rendre sur-le-champ à Paris ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6968).

Pour la grande parade du 14 Juillet 1802, l'unité envoie une délégation avec son chef de brigade recevoir ses nouveaux drapeaux consulaires (voir articles sur les 7e et 31e Léger). Au moment de la remise des drapeaux, le 1er Consul adresse une allocution aux détachements représentant l'infanterie légère : "Soldats de l'infanterie légère de l'armée française, voilà vos drapeaux ; ils vous serviront toujours de ralliement. Ils seront partout où le Peuple français aura des ennemis à combattre ; ils imprimeront la terreur aux ennemis du Gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats, vous défendrez vos drapeaux ; non, jamais ils ne tomberont au pouvoir des ennemis. Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie !
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6182).

"Les détachements des demi-brigades d'infanterie légère, composés d'un homme par compagnie ainsi que d'un capitaine, lieutenant et sous-lieutenant, se sont rangés en bataillon carré avant que le premier consul fit défiler la parade, ayant à leur tête leurs chefs de brigade dont les noms suivent :
4e demi-brigade légère : Bazancourt.
Les drapeaux ont été portés par un détachement de vétérans qui tous étaient couverts de grandes blessures.
Le ministre de la guerre a distribué ces drapeaux à chacun des chefs de brigade qui les ont tenus en faisceau près du premier consul qui, élevant la voix, leur a dit :
Soldats de l'infanterie légère de l'armée française ! voilà vos drapeaux !
Ils vous serviront toujours de ralliement; ils seront partout où le peuple français aura des ennemis à combattre : ils imprimeront la terreur aux ennemis du gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats ! vous défendrez vos drapeaux; jamais ils ne tomberont au pouvoir de nos ennemis.
Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie ?
Les soldats ont répondu :
- Nous le jurons !
Aussitôt, les détachements d'infanterie légère ont défilé les premiers, leurs drapeaux en tête.
Le premier consul a salué chaque drapeau à mesure qu'ils passaient devant lui
" (Tome 25 du Journal militaire, page 771; parade du 25 Messidor an 10).

Le 29 Juillet 1802 (10 thermidor an X), les compagnies de carabiniers de la 4e Légère qui se trouvaient toujours à Lyon doivent rejoindre leur unité (lettre de Bonaparte écrite depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3140 ; Correspondance générale, t.3, lettre 7055).

Le 12 Thermidor an 10 (31 juillet 1802) de la République française, le Général de Division Suchet, Inspecteur général d'Infanterie, écrit, depuis le Quartier général de Paris, au Ministre de la Guerre : "Je vous adresse, citoyen Ministre, mon travail d'inspection pour la 4e légère. Lors de ma revue, j'ai trouvé cette demi-brigade dans un état complet de délabrement, les pertes qu'elle a éprouvées en Egypte sont de nature à mériter de grands secours, je vous assure que c'est la demi-brigade de mon inspection que j’ai trouvée dans le plus mauvais état.
L’arrivée d'un bataillon complémentaire formé de bataillons auxiliaires donnera quelques soldats et quelques sous-officiers, mais ne pourra réparer les pertes immenses qu'a faites cette demi-brigade où il est difficile de trouver de vieux soldats. Le chef de brigade Bazancourt est animé du zèle le plus ardent pour rétablir son corps. Il mérite des éloges pour le peu qu'il a déjà fait dans une demi-brigade, dont le commandement lui a été confié à une époque où il ne restait plus à ce corps que le nom.
L'état dans lequel j'ai vu cette demi-brigade doit fixer l'attention du Gouvernement et les notes que je donne sur une partie des officiers qui, pendant la guerre d'Orient, ont été occupés à des commandements dans l'intérieur de l'Egypte, suffiront pour vous déterminer à leur assigner des retraites ou une réforme, si, dans la prochaine inspection, ils n'ont pas fait d'assez grands progrès pour mériter plus d'indulgence.
Sous le n° 1 se trouve le livret final, vous serez étonné, en le parcourant, du très petit nombre de soldats qui restent à cette demi-brigade et du besoin urgent qu'elle a d'être recrutée. En lisant le résumé de mon inspection, vous apprécierez la nécessité de réunir un corps à qui toute espèce de dissémination serait fatale
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 335).

Le 30 août 1802 (12 fructidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, citoyen ministre, est que la 4e demi-brigade légère soit réunie à Rennes. Cette réunion est nécessaire pour organiser ce corps et réformer son esprit" (Correspondance générale, t.3, lettre 7127). Certains cadres de cette unité ont en effet été mêlés à la conspiration des libelles.

d/ 1803-1804

Le Chef de Brigade Bazancourt profite de la période de paix pour refaire le Corps. Lors de sa nouvelle inspection, qui a lieu à Rennes, le 23 Floréal an 11 (13 mai 1803), le Général Suchet le félicite de ses efforts : "Le chef de brigade Bazancourt mérite des éloges, dit-il, pour le zèle qu'il a mis à rétablir un corps très délabré et par les soins constants qu'il porte au bien de la demi-brigade". Et à chacune des inspections suivantes, on constate les progrès réalisés dans la 4e Dmi-brigade (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 335Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 336).

Le 29 août 1803 (11 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre ... A la 47e demi-brigade de ligne qui est à Rennes de remplacer dans ses stations la 4e légère, et vous donnerez l'ordre à la 4e légère de réunir tous ses détachements et de se rendre à Paris en passant par Avranches, Vire, Argentan, L'Aigle, Dreux et Paris" (Correspondance générale, t.4, lettre 7974).

En 1803, un Décret décide que la dénomination de Demi-brigade sera remplacée par celle de Régiment et le Chef de Brigade par celui de Colonel.

L'Etat militaire de l'an 12 (septembre 1803-septembre 1804) nous donne l'encadrement suivant (le 4e Léger est alors stationné à Paris) :

Colonel : de Bazancourt
Chefs de bataillon : Stieler, Lanten et Charras
Quartier Maitre trésorier : Folloppe
Adjudants major : Raincelin et Allier
Chirurgiens majors : Beaufils, Robert et Merle
.

Le 24 septembre 1803, le 4e Léger arrive à Paris et Versailles, venant de Verneuil; il tient garnison dans la capitale jusqu'en février 1804.

Le 26 novembre 1803 (4 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre qu'il soit formé quatre corps d'éclaireurs : un à Alençon, un à Nogent-le-Rotrou, un au Mans et l'autre à Mayenne.
Ces quatre corps seront sous les ordres du général Lagrange, inspecteur général de gendarmerie, qui se rendra à cet effet à Alençon.
Le corps d'éclaireurs de Nogent-le-Rotrou sera commandé par le colonel Lhuillier, de la Garde ...
Celui de Nogent-le-Rotrou sera composé de 25 gendarmes, d'une compagnie de 60 hommes à cheval du 9e régiment de dragons, et de deux compagnies du 4e régiment d'infanterie légère, fortes de 65 hommes chacune au moins; total, 215 hommes ...
Le général Lagrange sera autorisé, en sa qualité de général de gendarmerie, à faire toutes les dispositions qu'il jugera convenables; il appellera, des légions de gendarmerie, quelques piquets pour aider à ses opérations, lorsque cela sera nécessaire.
Il doit tenir ces quatre corps perpétuellement en marche, cerner les bois, villages et tous les lieux où la compagnie de brigands qui a arrêté deux diligences et a paru, il y a un mois, près de Mayenne, pourrait se retrouver, et les exterminer.
Je ne doute pas que les malveillants ne profitent du prétexte de la conscription pour agiter ces départements. Le général Lagrange se portera partout où il y aurait du trouble; il se concertera avec les préfets, les maires, les évêques, les curés, lesprésidents des assemblées cantonales, et enfin tous les hommes marquants et attachés au Gouvernement, afin de parvenir à faire une justice exemplaire des auteurs de ce commencement de brigandage.
Vous lui ordonnerez de correspondre tous les jours avec vous; il sera traité comme le général Gouvion.
En sa qualité de général de gendarmerie, il se portera partout, ne respectera aucune limite de division, ni de département, et suivra lui-même, avec ses colonnes d'éclaireurs, les brigands partout où ils pourraient se réfugier
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7330; Correspondance générale, t.4, lettre 8336).

En 1803, l'Angleterre avait rompu la Paix d'Amiens. Bonaparte réalisait en retour une vaste concentration de ses troupes dans des camps, sur les côtes, en vue d'une invasion chez l'adversaire. Les préparatifs duraient déjà depuis de nombreux mois, sans le régiment, quand le 4e Léger fut réquisitionné pour y participer.

Le 19 février 1804 (29 Pluviôse an 12), Murat écrit au Conseiller d'Etat Réal : "Je vous adresse, citoyen conseiller d'État, un rapport relatif à un chasseur du 4e régiment d'infanterie légère qui a été envoyé à la prison de Montaigu. J'ai pensé que vous pourriez juger convenable de lui faire subir un interrogatoire, et que vous pourriez tirer de ses réponses quelque lumière utile, en lui faisant nommer les hommes avec qui il a eu des relations, qui lui ont inspiré et qui ont entretenu en lui le mauvais esprit dont il s’est montré animé …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 32, lettre 1224).

Dans son ordre du jour en date du 5 Ventôse an 12 (25 février 1804), le Général Murat annonce : "Il y aura parade demain 6 courant aux Tuileries à midi. La garnison fournira le 1er régiment des cuirassiers, le 4e régiment d'infanterie légère et le 18e régiment de ligne.
Le Premier Consul verra tous les conscrits de la garnison, ceux de Versailles, Saint-Germain, Saint-Denis, aussitôt qu'ils seront habillés. En conséquence, tous les chefs de corps donneront les ordres pour que l'habillement soit livré dans le courant de la semaine prochaine et ils feront connaître au général en chef gouverneur les motifs qui pourront s'opposer à l'exécution de cette disposition
" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 45, lettre 1252).

Le 13 Mars 1804, Bonaparte décide de former au sein de chaque Bataillon d'infanterie légère une Compagnie de Voltigeurs. Le Régiment va former les siennes progressivement.

Le 20 mars 1804 (29 ventôse an 12), Bonaparte écrit depuis La Malmaison, au Général Murat, Gouverneur de la ville de Paris de réunir une Commission chargée de statuer sur le sort du Duc d'Enghien; parmi les membres de cette commission est désigné le Colonel Jean-Baptiste Lecat de Bazancourt (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 94, lettre 1327 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8751).

Le même 20 mars 1804 (29 Ventôse an 12), Murat nomme par un arrêté le Colonel Bazancourt membre de la Commission (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 94, lettre 1328).

C'est ainsi que le colonel de Bazancourt se retrouvait nommé juge pour le procès expéditif du duc d'Enghien le 21 Mars 1804, par Murat, commandant la garnison de Paris.

Le 31 mars 1804 (10 germinal an 12), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier : "Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez témoigner ma satisfaction au 18e de ligne, aux détachements des 32e, 96e, 4e léger, au 1er de cuirassiers, aux détachements des 11e de cuirassiers, 8e et 27e de dragons qui ont fait le service extraordinaire des barrières.
Vous leur ferez donner un demi-mois de solde en gratification, sans que cette dépense puisse passer 60,000 francs. Ces quinze jours de gratification seront du traitement ordinaire des troupes sans y comprendre le supplément qu'elles ont à Paris. Il est inutile de donner aucune publicité à cette mesure
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7657; Correspondance générale, t.4, lettre 8771).

Le 28 avril 1804 (8 floréal an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier : "Ce qui me porte, Citoyen Ministre, à beaucoup me méfier de l'exactitude de l'état de situation du 15 germinal, indépendamment de l'observation que je vous ai faite sur le 9e régiment de ligne, qui, certainement, n'est pas de 2,900 hommes, c'est que je vois à Paris le 4e d'infanterie légère porté à 1,608 hommes présents et 254 aux hôpitaux; le bataillon d'élite est porté comme déduit, ce qui ferait 2,400 hommes : il y a erreur. Vous sentez cependant combien il est important que les états qui me sont remis ne contiennent pas d'erreurs de cette espèce. Il faut faire en sorte de ne me donner que des résultats sûrs. On doit s'être aperçu que je lis ces états de situation avec autant de goût qu'un livre de littérature. Faites-moi remettre un état où la situation de chaque corps soit vérifiée" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7727; Correspondance générale, t.4, lettre 8847).

Le 23 juin 1804 (4 messidor an 12), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud à Estève, Trésorier général de la Maison impériale : "Monsieur Estève, je désire que vous fassiez remettre :
dix mille francs au colonel du 4e régiment d'infanterie légère ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 8950).

Le 5 novembre 1804, Napoléon ordonne depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre, que la 4e Légère et le 18e de Ligne soient habillés à neuf; il doit leur accorder le supplément de masse qui leur est nécessaire. C'est que, stationnant à Paris, ils vont assurer la sécurité et le prestige de l'Empereur pour les fêtes du couronnement, avant et après la cérémonie du 2 décembre (Correspondance générale, t.4, lettre 9398). Le même jour (5 novembre 1804 - 14 brumaire an 13), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud au Maréchal Murat, Gouverneur de Paris : "Monsieur mon beau-frère et cousin, j'ai donné ordre au ministre de l'Administration de la guerre de faire toucher un supplément de masse au 4e régiment d'infanterie légère et au 18e de ligne pour les habiller à neuf à l'époque du couronnement. Mon intention est que les officiers de ces régiments, ainsi que ceux du 1er de cuirassiers, reçoivent une gratification d'un mois d'appointements; faites en faire l'état par l'inspecteur aux revues, sans le divulguer, pour ne point exciter de réclamations" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 239, lettre 1605 ; Correspondance générale, t.4, lettre 9402).

Le 10 novembre 1804 (19 brumaire an 13), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud à Fouché, Ministre de la Police générale : "Monsieur Fouché, ministre de la Police générale, mon intention est que vous fassiez payer sur les fonds secrets de la police les vingt-neuf mille huit cent cinquante-cinq francs portés dans l'état ci-joint, un mois de solde que mon intention est d'accorder en forme de gratification, aux trois corps qui sont à Paris. Ces paiements seront faits directement aux trois quartiers-maîtres de ces corps" (Correspondance générale, t.4, lettre 9409).

A la fin 1804, le Régiment reçoit ses nouvelles Aigle et drapeau impériaux.

III/ LES CAMPAGNES DE 1805-1806

Carabinier 4e Léger 1805
Fig. 2 Carabinier en 1805, d'après Bucquoy

Ce n'est donc qu'au début de 1805 que se forme une nouvelle Division d'infanterie de réserve (4e Léger, 58e de Ligne, 100e de Ligne, 103e de Ligne) sous les ordres du Général Gazan qui doit servir un Corps d'avant-garde dont le QG est à Lille.

Le 13 février 1805 (24 pluviôse an 13), on informe l'Empereur que "Le général Dejean prie Sa Majesté de déterminer le nombre d'habillements à accorder au 18e de ligne et au 4e d'infanterie légère"; ce dernier répond : "Accordé sept cents habits" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 33).

Le 27 Février (8 ventôse an XIII) précèdent, Napoléon a adressé depuis Paris une note pour les Ministres de la Guerre et de l'Administration de la Guerre, dans laquelle il écrit : "Le 3e bataillon du 18e de ligne, le 3e bataillon du 4e d'infanterie légère et le 4e escadron du 27e de dragons, seront habillés selon les nouveaux modèles, au plus tard, avant le premier dimanche de Floréal. On aura soin de rendre la veste plus jolie, afin que l'été le soldat puisse rester sans habit et se trouver encore agréablement vêtu.
Les deux premiers bataillons et les trois premiers escadrons resteront disponibles et habillés en entier suivant l'ancienne ordonnance
" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8368 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9604).

La Division Gazan, avec celle des fameux Grenadiers d'Oudinot, est mise sous le commandement du Maréchal Lannes le 22 mars 1805 et participe à la formation du 4e Corps de l'Armée des Côtes de l'Océan. Elle se positionne à Vimereux.

Le 8 mai 1805 (18 floréal an 13), Napoléon écrit depuis Pavie au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "... Le 2e régiment d'infanterie légère remplacera à Pavie le 4e d'infanterie légère. Vous ferez nommer un commissaire des guerres, et les agents d'administration nécessaires pour l'organisation de cette division. Vous nommerez deux généraux de brigade, un adjudant commandant, deux chefs d'état-major, et les officiers d'artillerie et de génie nécessaires. Prévenez ces régiments de leur destination. Le 4e d'infanterie légère ne partira que le 15 prairial, afin qu'il ait le temps de se préparer et de se mettre en état" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9990 - Note : Pavie ou Paris ?).

Le 20 Floréal an 13 (10 mai 1805), le Maréchal Berthier écrit, depuis Milan, au Général Gazan : "Je vous préviens, Général, que S. M. vous a choisi pour commander une division de troupes qui va être formée à Lille et qui fera partie de la réserve générale de l'Armée des côtes.
Cette division sera composée du 103e régiment d'infanterie, venant de l'armée de Hanovre, qui arrivera du 23 ou 25 prairial à Lille, du 100e régiment d'infanterie, venant aussi de l’armée de Hanovre, qui arrivera à Lille du 27 prairial au 1er messidor, et du 4e régiment d'infanterie légère, venant de Paris, qui arrivera du 23 au 25 prairial à Lille.
Il sera attaché à cette division deux généraux de brigade, un adjudant commandant chef de l'état-major, des officiers d’artillerie et du génie, un commissaire des guerres et les agents d’administration nécessaires.
Vous voudrez bien, en conséquence, vous rendre sans délai à Lille pour prendre le commandement de ces troupes en m’informant de votre arrivée dans cette place
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 328).

Le 7 Prairial an 13 (27 mai 1805), Murat écrit au Ministre de la Guerre : "Monsieur le maréchal ministre, le nommé Giroudet, carabinier dans la 2e compagnie du 2e bataillon du 4e régiment d'infanterie légère, sollicite son congé depuis plus d'un an. Cet homme paraît accablé d'infirmités et tout à fait hors d'état de continuer son service. Je vous prie de vouloir bien ordonner que son état soit constaté afin que, s'il y a lieu, le congé qu'il demande lui soit délivré. Le 4e régiment devant quitter Paris sous peu de jours, il est intéressant que vous veuilliez bien me donner cet ordre le plus prochainement possible, afin d'épargner à ce malheureux des lenteurs fâcheuses et une route dont il ne soutiendrait que difficilement les fatigues ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 3, p. 438, lettre 2018).

Le 4 juin 1805 (15 prairial an 13), Napoléon écrit depuis Milan au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, le corps des grenadiers de la réserve ne sera composé que de cinq régiments. Le bataillon d'élite du 31e régiment d'infanterie légère remplacera le bataillon du 4e d'infanterie légère qui est dans le 3e régiment, de manière que ce corps composé de 10 bataillons formera une présence sous les armes de 7 à 8 000 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10201).

Entre le 1er Floréal an 10 (21 avril 1802), époque de la 1ère inspection générale du Général Suchet, jusqu'au 24 Messidor an 13 (13 juillet 1805), date de l'inspection générale que le Général Carra-Saint-Cyr passe à Lille quelques semaines avant le commencement de la campagne de l'an 14 (1805 ), les principaux gains et pertes que ce Corps a faits sont les suivants :
En gains : le 4e Léger a reçu 1266 recrues et 273 recrues volontaires, soit 1539 hommes.
Jusqu'au 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803) : 336 recrues, 140 volontaires.
Du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803) au 1er Vendémiaire an 13 (23 septembre 184). 684 recrues et 80 volontaires.
Depuis cette époque : 246 recrues et 53 volontaires.
Auxquels il faut ajouter 505 hommes venus d’autres corps, et 161 déserteurs rentrés et hommes rayés des contrôles rentrés.
Total : 2205 hommes.
En pertes : Le 4e Léger a eu 228 morts, 538 déserteurs, 492 hommes rayés par longue absence, 51 partis en congé de retraite, 344 réformés, 6 en congé avec congés absolus, et 46 hommes passés à d'autres corps et rayés pour motifs divers. Soit 1705 hommes.
L’effectif au 1er Messidor an 13 est donné dans la "Situation sommaire du Corps à l’époque de la Revue" : 1 Colonel, 1 Major, 3 Chefs de Bataillon, 1 Quartier-maitre trésorier, 2 Adjudants-majors, 1 Chirurgien-major, 2 Chirurgiens aides-majors, 3 Chirurgiens sous-aides, 30 Capitaines (29 présents, 1 détaché), 28 Lieutenants (24 présents, 3 détachés, 1 à l’hôpital du lieu), 25 Sous-lieutenants (22 présents, 2 détachés, 1 à l’hôpital du lieu). Total 97 Officiers dont 89 présents.
Hommes de l'état-major : 3 Adjudants sous-officiers, 1 Tailleur, 0 Guêtrier1 Armurier, 1 Cordonnier, 1 Tambour-major, 1 Caporal-tambour, 8 Musiciens (7 présents, 1 à l’hôpital externe).
Sous-officiers, Grenadiers, Voltigeurs, Fusiliers, Tambours, Cornets, enfants de troupe : 27 sergents-majors (24 présents, 1 détaché, 2 aux hôpitaux), 108 Sergents (88 présents, 13 détachés, 2 aux hôpitaux du lieu, 5 aux hôpitaux extérieurs), 25 Caporaux-fourriers (23 présents, 1 aux hôpitaux du lieu, 1 aux hôpitaux extérieurs), 212 Caporaux (189 présents, 6 détachés, 11 aux hôpitaux du lieu, 6 aux hôpitaux extérieurs), 166 Grenadiers (147 présents, 12 aux hôpitaux du lieu, 6 aux hôpitaux extérieurs, 1 détenu), 302 Voltigeurs (281 présents, 6 aux hôpitaux du lieu, 14 aux hôpitaux extérieurs, 1 détenu), 1021 Fusiliers (879 présents, 1 détaché, 63 aux hôpitaux du lieu, 67 aux hôpitaux extérieurs, 4 en congé, 7 détenus), 46 Tambours (36 présents, 6 aux hôpitaux du lieu, 3 aux hôpitaux extérieurs, 1 détenu) ; 6 Cornets (tous présents), 11 Enfants de troupe (tous présents).
Dans son rapport d'inspection générale, le Général Carra-Saint-Cyr constate en ces termes les résultats obtenus : "Le colonel Bazancourt est un officier très distingué et le major concourt parfaitement à ses vues; l'esprit de corps est bon et les officiers et sous-officiers instruits, le soldat bien exercé ... ; le régiment manœuvre bien, la discipline dans les principes du Gouvernement, l'espèce d'hommes toujours médiocre. Il ne s'en est pas trouvé un seul réunissant les qualités exigées pour entrer dans la Garde impériale".
Les Officiers sont en général bien notés, mais le plus jeune des Adjudants-majors, le Capitaine Merle, est le plus flatteusement apprécié : "Il unit aux connaissances militaires qu'il possède des connaissances particulières, sert avec zèle et exactitude, est bon instructeur, se livre avec succès à cette partie essentielle de l'état militaire, se conduit parfaitement. En lui on reconnaît en général toutes les qualités qui caractérisent l'officier de mérite".
Un seul officier, Aherde (Georges), âgé de 18 ans, "sort de l'Ecole de Fontainebleau ; il est instruit en théorie et en pratique, est employé au régiment comme instructeur et s'acquitte fort bien de cet emploi; sert avec beaucoup d'exactitude et réunit les qualités qui caractérisent l'officier de mérite".
Le Colonel, qui a appartenu à l'ancienne armée, s'est appliqué à obtenir une certaine homogénéité dans son corps d'Officiers qui est "suffisamment instruit".
Les vieux soldats, très fatigués par les nombreuses campagnes, ont presque tous quitté le Corps, et le Régiment n'a que 33 hommes ayant plus de 10 ans de service, mais il compte dans ses 3 Bataillons de campagne 868 hommes "ayant fait la guerre" (Voir état n° 3a. in : Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 337).

D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", à l'avant-garde, Division Gazan, le 4e Léger, sur un effectif de 1873 hommes, en a 868 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).

Désertion en l'an XIII

Régiments

Recrues

Déserteurs

4e Léger

246

130

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 148

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 4e Léger a ses 1er, 2e et 3e Bataillons à l'Armée des Côtes, avant-garde. 1714 hommes sont présents, 159 aux hôpitaux, total 1873 hommes; le Dépôt est à Lille, 16e Division militaire, pour 123 hommes présents, 3 aux hôpitaux, total 126 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Un "État des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre de la guerre du 10 Thermidor an 13 au 1er fructidor (du 4 au 19 août 1805)" signé par Berthier, indique pour la Division Gazan que le mouvement démarre le 15 Thermidor. Le 4e Régiment d'infanterie légère (2000 hommes), le 100e de ligne (2400 hommes) et le 103e (2400 hommes), doivent quitter Lille le 17 Thermidor et arriver à Wimereux le 21 Thermidor, pour camper à la droite de la Division des Grenadiers (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 440).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes de la 2e Division de l'avant-garde (Gazan), le 4e Léger, Colonel Barancourt, Chefs de Bataillon Balland, Chevillot, Lauten, 3 Bataillons, complet de 2700 hommes ; 1714 hommes présents à Wimereux, 123 hommes au Dépôt à Lilles. (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de l’Avant-garde comprend la Division Gazan, composée du :
4e Régiment d’infanterie légère 1721 hommes.
100e Régiment d’infanterie de ligne 2249 hommes.
103e Régiment d’infanterie de ligne 2220 hommes.
Total : 6190 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).

Le 31 août 1805 (13 fructidor an 13), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "En conséquence des différents mouvements que j'ai faits avant-hier, les 17e légère, 26e, manque d'un chef de bataillon ... Mon intention est que vous me présentiez ... [pour] être chef de bataillon [pour le] 26e légère un capitaine du 4e d'infanterie légère ... Présentez-moi le plus tôt possible [ces nominations].
[Je vous] recommande de me présenter des capitaines ayant six [ans] de grade [et fait la] guerre avec distinction, instruits. Vous sentez que dans le moment où se trouve l'armée [il faut que] ces nominations me soient présentées de suite. Prenez donc les renseignements nécessaires
" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10713).

Au moment de l'entrée en campagne, le nombre des présents sous les armes dans ses 3 Bataillons est de 80 Officiers, 1652 hommes (Situation du 14 fructidor an 13 - 1er septembre 1805); et l'effectif de ses Compagnies de Dépôt est de 123 hommes présents et 3 hommes aux hôpitaux (Situation déjà donnée plus haut, de la 16e Division militaire, 1er Fructidor an 13 - 19 août 1805 in : Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 340).

Le 4e Léger entre en campagne avec 80 Officiers et 1580 hommes; il fait partie de la 2e Division du 5e Corps commandée par le Général Gazan.

Ayant baptisé ses forces : "Grande Armée", et les ayant concentré sur la rive gauche du Rhin, Napoléon les lance sur le centre Europe. Le Corps d'Armée de Lannes, désormais 5e Corps, passe le Rhin à Strasbourg. Trois bataillons du 4e Léger en font partie.

Par une marche forcée, l'armée française se porte de Boulogne sur le Rhin en vingt jours.

Le 19 Septembre, les Autrichiens ont attaqué la Bavière alliée de la France et se sont installées à Ulm.

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
5e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
2e division.
4e Léger, 3 Bataillons, 1732 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

"5e CORPS D'ARMÉE.
Rapport du 12 au 13 vendémiaire an XIV (4-5 octobre).
Gmünd, le 13 vendémiaire an 14 (5 octobre 1805)
J'ai l'honneur de vous rendre compte que le corps d'armée a quitté le 12 (4 octobre), à 6 heures du matin, les cantonnements qu'il avait pris la veille, pour se diriger par Waiblingen sur Schürndorf; il a pris le soir du 12 (4 octobre), les cantonnements suivants :
2e DIVISION.
Bataillon du 4e régiment. Grünbach ...
Id. 4e id. Geradstetten ...
Compans
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 744).

Napoléon, par une manœuvre rapide, porte son armée sur le Danube entre les Autrichiens établis à Ulm et les Russes qui venaient à leur secours.

- Capitulation d'Ulm, 17 octobre 1805

Le 7 Octobre à Ahlen, la Division Gazan est chargée de couvrir les débouchés dans la direction d'Ulm. Le passage du Danube est effectué à Donnauwörth et la Division Gazan est détachée au 6e Corps de Ney qui reste sur la rive gauche. Tandis que le reste des forces de Lannes vont se battre à Wertingen avec Murat.

Le 14 octobre 1805, le 5e Corps et la Réserve de cavalerie se portent par la rive droite devant la tête de pont d'Ulm. La Division Gazan, écartant quelques cavaliers ennemis, s'établit sur le mamelon isolé de Pfühl, puis le 4e Léger repousse un ou deux Bataillons jusque dans les retranchements, en face desquels il prend position. Le 10e Hussards, couvrant la gauche du 4e Léger, charge deux Escadrons de Uhlans qui tentent d'enlever notre artillerie. Nous avons, dans ces divers engagements, 8 hommes tués et 50 blessés; le 4e fait 50 prisonniers et les Hussards 15. L'Empereur dirige lui-même le 5e corps et les Dragons. Gazan bivouaque à Pfühl avec ses trois Régiments de ligne. Le 4e Léger, les 9e et 10e Hussards bivouaquent près d'Offenhausen. La Division Suchet, qui a suivi de près celle de Gazan, revient bivouaquer en arrière, entre Burlefingen et le pont de Thalfingen (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 84).

"5e CORPS D'ARMEE.
Journée du 22 vendémiaire (14 octobre 1805).
Division Gazan. - Le 22, la division aux ordres du général Gazan quitta, au point du jour, son cantonnement de Pfaffenhofen et se dirigea par Holz, Holzheim et Steinheim sur Pfühl. Elle chassa de la hauteur qui domine ce village un détachement de cavalerie ennemie et marcha sur Offenhausen, où le 4e régiment d'infanterie légère attaqua vivement un corps de 1000 à 1200 hommes d'infanterie qu'il repoussa jusqu'à la tête du pont d'Ulm où il fit quelques prisonniers.
Le 10e régiment de hussards, qui était parti d'Altenhofen avec la division Suchet, eut ordre d'avancer et de flanquer la gauche du 4e régiment. Il chargea avec succès, dans le cours du combat, 2 escadrons de uhlans qui menaçaient d'enlever notre artillerie, leur fit une quinzaine de prisonniers et leur tua et blessa plusieurs hommes.
Pendant cet engagement qui dura près de quatre heures, le reste de la division prit position en avant de Pfühl et de la hauteur qui domine ce village.
Le 4e régiment eut 8 hommes tués et 50 blessés ; il fit une cinquantaine de prisonniers et tua environ 25 hommes ...
A la nuit, ces troupes s'établirent dans l'ordre suivant :
... Le 4e régiment d'infanterie légère à Offenhausen ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 757).

Le 4e Léger prend part à toutes les marches et à tous les combats qui amènent à la capitulation d'Ulm le 17 octobre.

Puis Napoléon resserre l'étau autour d'Ulm et les forces du Général Mack sont obligées de capituler le 19 Octobre.

Le 4e Léger, fort de 2 Bataillons, fait partie des troupes présentes à la reddition de cette place et à la sortie de la garnison autrichienne, prisonnière de guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 977 In : Bugeaud à Mlle de la Piconnerie. Linz, le 16 brumaire. - D'Ideville, Le Maréchal Bugeaud, t. 1, p. 73).

La "Situation des divisions composant le 5e corps de la Grande Armée à l'époque du 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805)" indique que le 4e Léger comprend 78 Officiers, 1523 hommes et 21 chevaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 755).

Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
5e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Maréchal LANNES.
2e Division du 5e Corps.
Général de Division. GAZAN.
4e d'Infanterie légère;
100e de Ligne;
103e de ligne;
58e de ligne.

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

Les autrichiens vaincus, Napoléon lance aussitôt son armée à la rencontre de l'armée russe qui est divisée en 2 masses.

L'Empereur décide de marcher sur Vienne par la rive droite du Danube et d'affronter les forces de Koutouzov regroupées autour de Braunau et qui reculent sur la capitale autrichienne. Dans cette marche sur Vienne, la Division Gazan est de nouveau détachée du 5e Corps et placé sur la rive gauche du Danube avec la Division Dupont du 6e Corps, sous les ordres du Maréchal Mortier.

"5e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 9 brumaire an XIV.
Le corps d'armée se mit en mouvement au point du jour pour aller passer l'Inn à Schärding. Le pont n'étant pas encore rétabli et les bateaux qui étaient devant cette place étant employés au passage de la brigade de cavalerie légère aux ordres du général de brigade Milhaud, le général Oudinot ne put faire passer que très peu de troupes, dans la soirée, sur la rive droite de l'Inn.
Le corps d'armée bivouaqua la nuit dans l'ordre suivant :
… Division Gazan : 4e régiment d'infanterie légère à Gening (Goging ?); 100e régiment d'infanterie à Wilting (Würding ?) ; 58e et 103e régiments d'infanterie à Munster (Rothalmünster ?) ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 353).

La "Situation des troupes composant le 5e corps de la Grande Armée, à l'époque du 15 brumaire an XIV (6 novembre 1805)" indique : État-major général. - Quartier général à Neumarkt.
Maréchal d'Empire commandant en chef. LANNES ...
2e Division aux ordres du Général de Division Gazan (cette Division se trouvant détachée, on a dressé la situation sur un état du 10 Brumaire).
1ère Brigade Graindorge.
4e Régiment d’infanterie légère. 75 Officiers et 1443 hommes prêts à combattre ; 2 Officiers et 142 hommes aux hôpitaux ; 38 hommes perdus depuis le 1er Vendémiaire (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 32; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 764).

- Combat de Diernstein, 11 novembre 1805

Les Russes battus à Amstetten par Lannes et Murat traversent le Danube à Krems dont ils détruisirent le pont. Murat au lieu de les poursuivre à outrance préfère bifurquer pour s'emparer de Vienne, laissant les forces de Mortier en fâcheuse posture. S'apercevant que le Maréchal Mortier est isolé sur la rive gauche, les Russes décident de l'attaquer.

Chasseur du 4e Léger en tenue de sortie 1805
Fig. 3 Chasseur du 4e Léger en tenue de sortie, 1805

Mortier a passé le Danube dans des barques à Linz, à la tête des Divisions Gazan et Dupont. Il suit les bords du fleuve avec la Division Gazan, par le chemin étroit qui conduit de Krems à Stein dont le pont a été brûlé par les Russes.

Ce chemin, resserré et rocailleux jusqu'à Marbach, devient impraticable pour les voitures; il se rétrécit un peu plus loin pour ne donner passage qu'à deux hommes de front; c'est ce défilé qui conduit à Diernstein en longeant les bords du Danube.

Dès son arrivée sur la rive gauche, le Général Dupont reçoit l'ordre de prendre une direction qui l'éloigne d'un jour de marche de la Division Gazan. Mais il doit ensuite se diriger sur Diernstein où le Maréchal compte s'arrêter.

Ayant trouvé à Weitenegg des barques en assez grande quantité, le Maréchal Mortier y fait monter le 4e Léger et le 100e de Ligne avec 2 batteries de 8. Après avoir descendu le fleuve pendant cinq heures, le débarquement s'effectue près de Diernstein que ces troupes traversent à 3 heures du soir. Le 4e Dragons et le 103e les rejoignent à la nuit tombante. Le 4e Léger se dirige aussitôt sur la ville de Leïben et y appuient sa droite.

A ce moment, le Maréchal ne sait rien de positif sur l'ennemi, et ignore la force des Russes qu'il croit encore assez éloignés. Ceux-ci, au contraire, sont fort bien renseignés. Des soldats de la Division Gazan, blessés aux pieds, ont en effet été autorisés à descendre le fleuve en barque, à condition de se maintenir à hauteur de la Division. Les Sous-officiers négligents qui les commandent, les laissent prendre les devants et débarquer dans les villages qui bordent le fleuve. Un bon nombre est ramassé par l'arrière-garde ennemie qui les fait causer et apprend le peu de forces que nous avons portées sur la rive gauche du Danube.

Le Général Schmid, Quartier-maître général de l'armée russe, envoie des espions à Diernstein, et apprend qu'une seule de nos Division s'avance par le chemin de Spitz à Diernstein.

Les Russes s'arrêtent aussitôt et viennent prendre position entre Krems et Stein; ils veulent nous laisser déboucher dans le bassin. Ils sont au nombre de 30000 et pendant qu'ils se disposent à nous attaquer, le Maréchal Mortier ignore leur présence. Les reconnnaissances ne signalent que quelques Corps isolés.

"A Weiteneck, le maréchal Mortier, ayant trouvé des barques en assez grande quantité, y fit monter le 4e léger et le 100e de ligne avec les 2 batteries de huit. C'est après avoir descendu le fleuve pendant 5 heures que ces troupes débarquèrent près de Diernstein ; elles traversèrent cette petite ville à 3 heures du soir ; leur mouvement fut suivi à la nuit tombante par le 4e dragons et le 103e de ligne.
L'infanterie légère se dirigea sur le village de Loiben, situé sur le bord du Danube ; elle y appuya sa droite.
Le maréchal, en prenant position à Diernstein, n'avait encore rien appris de positif sur le corps russe qui se retirait devant lui ; il ignorait sa force et le croyait même assez éloigné.
Il y avait dans la division Gazan des soldats dont les pieds étaient blessés par suite de nos longues marches ; sur leur demande, ils furent autorisés à se mettre dans des barques pour descendre le fleuve, avec ordre cependant de se tenir à la hauteur de la division.
Cette condescendance , devenue nécessaire pour ne point laisser d'hommes en arrière, eut bientôt des suites fâcheuses. Ces soldats, embarqués sous la conduite de sous-officiers négligents, oublièrent leurs promesses, en se laissant aller au désir d'arriver les premiers dans les villages qui bordent le fleuve, sous le prétexte d'y faire des vivres, mais en réalité pour prendre ce qu'ils trouvaient à leur convenance.
Cette soif de butin, qui trop souvent s'empare du soldat isolé, en fit tomber un grand nombre entre les mains de l'arrière-garde ennemie. On les fit parler et on apprit ainsi, au quartier général de Kutusow, le peu de forces que nous avions portées sur cette rive du Danube.
Le général Schmidt, quartier-maitre général de l'armée, informé d'une nouvelle aussi importante, voulut interroger ces prisonniers et il lui fut facile d'obtenir de leur imprévoyance des détails importants sur notre marche; mais pour mieux s'assurer de ces renseignements, il envoya des espions à Diernstein, qui lui confirmèrent qu'une de nos divisions d'infanterie, forte de 6,000 à 7,000 hommes, s'avançait par le chemin de Spitz à Diernstein.
La marche de l'armée russe fut aussitôt arrêtée; ces troupes vinrent prendre position entre Krems et Stein. Ordre fut donné à l'arrière-garde d'éviter tout engagement avec nous, de se replier sur Stein pour nous laisser déboucher dans le bassin de Diernstein.
Pendant que les Russes prenaient leurs dispositions d'attaque, le maréchal Mortier restait dans une ignorance absolue. Il n'avait pu obtenir aucun renseignement certain des habitants. Les reconnaissances qu'il avait ordonnées ne signalaient que quelques corps isolés, qui se repliaient à notre approche, sans qu'il fût même possible d'en apprécier approximativement la force et qui surent se dissimuler sur les hauteurs
" (Extrait de la Relation de la bataille de Diernstein, par le chevalier Talandier, colonel de cavalerie commandant la place de Strasbourg, dédiée au Maréchal Mortier, président du conseil des ministres, ministre de la guerre. Strasbourg, 1835 - in Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 87).

La Division Gazan, qui tient la tête de la colonne bien en avant de la Division Dupont, rencontre les Russes, mais on se trompe encore sur les effectifs ennemis. Sans attendre l'arrivée de Dupont, Gazan engage la lutte. Il s'avance jusqu'à un village nommé Stein situé en avant de Dirstein. Enfin, on s'aperçoit du danger, et le Maréchal décide de s'arrêter à Diernstein en attendant la Division Dupont. Les positions enlevées, on croit pouvoir se reposer.

La "Relation de la bataille de Diernstein, par le colonel Talandier" (il était, à cette époque, Sergent-major de la 16e Compagnie du 4e Régiment d'infanterie légère ; A Dürrenstein, son grade et son extrême jeunesse font qu'il n'a bien vu que ce qui s'est passé sous ses yeux. Il prit, d'ailleurs, une part brillante au combat et fut blessé de deux coups de feu et d'un coup de baïonnette. Dans ses notes, que possède son petit-fils, M. Bittard des Portes, et dont le Colonel Talandier a tiré lui-même la relation parue en 1835, il s’est glissé plus d'une erreur que nous signalerons en passant) raconte : "Diernstein, situé au débouché du défilé qui conduit dans le bassin auquel cette ville donne son nom, est fermé du côté de Stein par une porte fortifiée qui est reliée par une muraille élevée à une énorme tour couronnant l'escarpement au pied duquel est bâtie la ville ; cette même porte donne issue sur le défilé.
Le bassin est fort étroit, bordé à sa gauche par une montagne couverte de bois d'un difficile accès; il est fermé à sa droite par le Danube, qui coule dans cette partie avec beaucoup de rapidité. En face de la ville sont des vignes entourées de murs de trois à quatre pieds d'élévation, formant des enclos qui séparent chaque propriété. Le contour de l'escarpement est également planté de vignes; il s'adoucit et devient praticable pour l'infanterie, mais lorsqu'il s'approche du Danube, il ne laisse qu'un chemin étroit. Qui semble avoir été taillé dans le roc et qui conduit de Stein à Krems. Au milieu du bassin s'élève un plateau qui communique à Diernstein, par un chemin resserré entre deux murs construits en pierres sèches, d'environ quatre à cinq pieds d'élévation et pouvant donner passage à sept hommes de front.
Nous prîmes position dans le bassin par un temps sombre; la neige couvrait la terre, le froid était pénétrant; nous nous servîmes des échalas qui soutenaient les ceps de vignes pour entretenir les feux de nos bivouacs. Cette nuit du 10 au 11 novembre fut aussi longue que pénible. Nous attendions le jour avec impatience.
L'ennemi, établi non loin de nous, resta dans sa position sans faire aucune démonstration d'attaque. Nous n'apercevions même qu'un très petit nombre de ses feux dispersés çà et là sur un terrain accidenté
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 104-105).

1ère phase de la bataille, journée du 11 novembre 1805

Le lendemain matin dès l'aurore, la lutte recommence. Les Russes prennent l'offensive et le combat s'engage au moment où une de leurs colonnes débouchent de leur extrême droite pour manoeuvrer sur notre flanc gauche. La Division Gazan est par Brigade; chaque Brigade forme une colonne séparée déployée par Bataillons. Le 4e Léger et le 100e de Ligne se portent vis-à-vis du plateau occupé par l'ennemi : quelques instants après, le Général Graindorge (1ère Brigade de la Division Gazan, 4e Léger colonel Bazancourt, et 100e de Ligne) laisse le centre de sa ligne (100e) au Colonel Quiot tandis que le 1er Bataillon du 4e Léger change de direction à droite pour se placer sur les bords du Danube où nos postes sont vivement attaqués.

Le Colonel Bazancourt reçoit l'ordre au même moment d'envoyer son 1er Bataillon sur la droite, pour recueillir nos avant-postes vivement attaqués sur les bords du Danube, et de marcher à la tête de son second Bataillon contre le Corps russe qui s'avance sur notre gauche, de le repousser et de s'établir sur le versant de la montagne. Le Général Gazan ayant calculé la force de l'ennemi sur ce point important, ordonne aussitôt au 3e Bataillon de suivre le mouvement du 2e Bataillon pour soutenir l'attaque. C'est, en effet, de ce côté qu'on peut craindre un mouvement tournant, ou en tenter un, et il importe d'y prendre l'avantage dès le début.

Le 4e Léger (2e et 3e Bataillons) rompt l'ennemi par un mouvement plein de vigueur, le refoule dans les bois et prend dès lors une position en échelons qui lui permet de couvrir notre aile gauche.

"Dès le point du jour, les Russes s'avancèrent. Leur avant-garde fut reçue à coups de fusil par nos avant-postes. Aussitôt, toute la division Gazan prit les armes.
Le plus profond silence régnait dans nos rangs : le malaise de la nuit agissait fortement sur nous. Une irritation inquiète se communiquait à l'impatience de combattre. Nous en attendions l'ordre avec impatience, lorsque nous aperçûmes les tirailleurs ennemis qui descendaient la montagne.
Les Russes prirent soudain l'offensive, le combat s'engagea au moment où une de leurs colonnes débouchait de leur extrême droite pour manœuvrer sur notre flanc gauche; ce mouvement s'effectuait à la faveur des bois qui sont dans cette partie de la montagne.
Chaque brigade de la division Gazan présentait une colonne séparée, déployée par bataillon.
Le 4e régiment d'infanterie légère, ainsi que le 100e de ligne, se portèrent vis-à-vis du plateau occupé par l'ennemi. Peu d'instants après, le général Graindorge dirigea le premier bataillon du 4e léger sur la droite, pour recueillir nos avant-postes vivement attaqués sur les bords du Danube.
Le colonel Bazancourt recevait l'ordre, au même moment, de marcher à la tête de son second bataillon contre le corps russe qui s'avançait sur notre gauche, de le repousser et de s'établir sur le versant de la montagne. Le général Gazan, ayant calculé la force de l'ennemi sur ce point important, ordonna aussitôt au 3e bataillon de ce même régiment de suivre le mouvement pour soutenir l'attaque.
Les deux bataillons du 4e léger se jetèrent impétueusement sur l'ennemi, rompirent ses lignes, les refoulèrent dans le bois et prirent alors une formation en échelons, qui couvrirent notre aile gauche.
Tandis que ces deux colonnes manœuvraient sur la droite comme sur la gauche de notre front, le colonel Quiot, dirigé par le général Graindorge, marchait à l'ennemi en position sur le plateau. L'attaque du 100e fut vigoureuse et la défense opiniâtre. Son 3e bataillon, manœuvrant par sa gauche, porta la confusion dans l'aile droite des Russes qui se replièrent sur ce point. C'était déjà un présage de victoire
" (Relation de Talandier - Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 104-105. Note : Ce n'est pas le Colonel Quiot qui commande le 100e, mais le Colonel Ritay. Le Colonel Quiot, qui est Chef de Bataillon Aide de camp du Maréchal Lannes pendant la campagne de l'an 14, est appelé au commandement de ce Régiment en remplacement du Colonel Ritay, nommé Général de Brigade par Décret du 6 Nivôse an 14 - 27 décembre 1805).

- Le 1er Bataillon à l'attaque de Loïben : Pendant ce temps, le 1er Bataillon charge les Russes au débouché d'Unter-Loiben. A ce moment, "on remarquait la première compagnie de voltigeurs du 4e léger s'élançant de son bataillon sur le village de Loïben d'où l'ennemi débouchait en colonnes d'attaque et balayait devant lui nos postes avancés. Les deux troupes, animées du désir de combattre, s'abordèrent avec fureur; la lutte se montra terrible et bientôt sanglante. Les Russes plus nombreux étaient gênés par l'ampleur de leurs capotes, leurs mouvements trop lents nous donnaient sur eux un grand avantage et nous dûmes nos premiers succès à leur maladresse et à notre promptitude dans l'attaque. L'ennemi succombant sous nos coups se renouvelait sans cesse, mais ses pertes lui montraient déjà son infériorité dans le combat; il s'en irrita; Sou courage s'éleva à nos yeux, lors même que ses efforts impuissants n'obtenaient qu'une défaite plus glorieuse.
L'ennemi, forcé de se replier sur Loiben, voulut nous défendre l'entrée du village; pressé vivement, il tournait ses regards en arrière pour échapper à nos baïonnettes, lorsqu'il fut soutenu par un corps de mousquetaires accouru sur ce point compromis. Cette masse russe vint à son tour nous présenter une force si compacte, que nous dûmes cesser l'attaque pour réunir nos moyens de défense. La lutte devint si disproportionnée que nous eûmes besoin du plus grand courage pour nous maintenir sur le terrain de nos succès ...
(Récit du colonel Talandier).
Soutenus par un bataillon de mousquetaires, ils allaient nous repousser lorsque le 1er Bataillon du 103e accourt et pénètre dans le flanc droit du Corps russe à la baïonnette. Fuyant de toutes parts, l'ennemi se précipite dans Loïben que nous enlevons au pas de charge : 4 pièces de canon, 2 drapeaux et 600 prisonniers restent en notre pouvoir.

Dans les notes qui accompagnent "l'état nominatif des officiers du 4e régiment d'infanterie légère qui ont fait les campagnes de la Grande Armée", le Lieutenant Projet, de la 16e Compagnie de Chasseurs (Compagnie dont Talandier est Sergent-major), est signalé "comme s'étant conduit avec la plus grande intrépidité à l'affaire de Dürrenstein, où il a pris presque seul une pièce de canon". C'est probablement une des 4 pièces dont la prise est mentionnée (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 108).

Les Russes reviennent en force et il faut abandonner Loïben pour les recevoir au débouché; notre feu, bien dirigé, enlève des rangs entiers au fur et à mesure qu'ils les forment. On en vient au corps et corps, on ne fait plus de prisonniers. Français et Russes succombent au poste d'honneur. Mais l'ennemi, tourné par le 100e de Ligne, qui l'attaque avec succès, abandonne Loïben en nous laissant 800 prisonniers, ses blessés, 2 drapeaux et 3 pièces de canon. Les rues sont encombrées de morts.

"Pendant que le 4e léger s’engageait contre la lisière Ouest d'Unter-Loiben, le 2e bataillon du 100e de ligne s'était déployé et avait chargé l'ennemi entre le village et la route. Après un premier succès, il avait cessé de progresser. Nous avions mis en ligne 2,100 hommes contre les 2,600 de Miloradovitch.
A ce moment, semble-t-il, s'engagèrent l'artillerie et le 3e bataillon du 100e.
Les deux pièces de 8 qui avaient été laissées la veille à Weissenkirchen s'étaient rembarquées au point du jour et venaient d'aborder à Dürnstein, sous le commandement du lieutenant Fabvier. Il était à peu près 8 heures. Comme Fabvier arrivait sur le lieu du combat, qui ne présentait guère d'emplacement favorable, le marécbal Mortier lui dit : « Portez-vous en avant et tâchez de tirer parti du terrain le plus avantageusement possible ». Le général Gazan ajouta : « Vous allez trouver un bataillon du 4e léger; vous vous réunirez à lui et le protégerez ». A six cents pas de là, en effet, les artilleurs trouvèrent le 1er bataillon du 4e léger, et s'avancèrent entre lui et le bataillon du 100e. Fabvier se porta à cinquante pas d'un bataillon russe qui faisait un feu terrible, et fit tirer à mitraille; l'ennemi détacha une partie de son bataillon pour charger les pièces; il fut attendu à portée de pistolet et reçu par une décharge à bout portant qui, réunie au feu de l'infanterie, le fit rétrograder et rentrer dans le village de Loiben (3).
Ainsi le combat, à peine engagé, tournait à notre désavantage sur la lisière de Loiben, et demeurait stationnaire au Nord. Alors le colonel Ritay (du 100e) fit engager son 3e bataillon contre la lisière Nord du village, aux deux débouchés duquel les Russes avaient, semble-t-il, deux pièces en batterie. Ce renfort nous donna la supériorité (2,700 hommes en ligne).
La charge du 100e, aussitôt soutenu par le 4e léger, rejeta les Russes dans Unter-Loiben, enleva les deux pièces, et poursuivit jusqu'à la lisière orientale. « L'ennemi, culbuté et battu, revint bientôt à la charge, suivi de nombreux renforts », sans doute ceux qu'Essen fournit à Miloradovitch. Il nous chassa du village pour la troisième fois, mais sans pouvoir en déboucher. « Notre feu bien dirigé lui enlevait ses rangs au fur et à mesure qu'il les formait. Tandis qu'un tel combat nous donnait sur l'ennemi un avantage si positif, nous n'éprouvions que peu de pertes. Sans cesse refoulés dans le défilé du village, les Russes ne pouvaient y trouver que confusion et découragement. Après des pertes successives, ils parvinrent à déboucher en se précipitant sur nos baïonnettes. Ils dégagèrent ainsi leur colonne qui put se former en bataille. Ce combat, devenu plus égal, se prolongea avec un caractère de férocité si prononcé que, de part et d'autre, on ne fit plus de prisonniers (4) »
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 137 - (3) Rapport du chef de bataillon Lasseront et du général Graindorge; (4) Relation du colonel Talandier).

"Rapport du chef de bataillon Saint-Loup, commandant l'artillerie de la division Gazan, sur l'affaire de Dürnstein.
20 Brumaire an 14 (11 novembre 1805).
A Monsieur le général Pernety, chef de l'état-major général de l'artillerie de l'armée.
Mon Général,
J'ai l'honneur de vous rendre compte que le 20 brumaire, d'après les dispositions du général de division, je donne ordre à M. Favier, lieutenant de la 5e compagnie du 1er régiment d'artillerie à pied, commandant trois bouches à feu attachées à la brigade du général Graindorge, de partir de Spitz pour se rendre à Dürnstein. Les chemins étant impraticables pour l'artillerie, qui était embarquée depuis plusieurs jours, ce mouvement se fit par eau. Arrivé à 8 heures à la hauteur du lieu indiqué, cet officier, entendant tirer quelques coups de fusil, se hâta de faire débarquer son artillerie en avant de Dürnstein mais le terrain n'offrant que des difficultés pour son emplacement, M. le maréchal Mortier dit à cet officier : « Portez-vous en avant et tâchez de tirer parti du terrain le plus avantageusement possible. » Le général Gazan ajouta : « Vous allez trouver un bataillon du 4e d'infanterie légère; vous vous réunirez à lui et le protègerez. » Après avoir parcouru environ 300 toises, il rencontra ce bataillon entièrement répandu en tirailleurs et fortement aux prises avec l'ennemi; il a aperçu en même temps un bataillon du 100e sur sa gauche qui de même se battait à une distance de 100 pas de l'ennemi. Se trouvant dans l'impossibilité, par la nature du terrain, de mettre une seule pièce en batterie, il se porta à 50 pas d'un bataillon russe qui faisait un feu terrible, fit tirer à mitraille; l'ennemi alors détacha une partie de son bataillon pour charger les pièces, il fut attendu à portée de pistolet et reçu par une décharge à mitraille qui, réunie au feu de l'infanterie, le fit rétrograder et rentrer dans le village d'Imbach (1), d'où il voulut déboucher à différentes reprises; l'artillerie contribua encore à culbuter tout ce qui se présentait. Suivant les mouvements de l'infanterie, il parvint à établir ses pièces sur le plateau d'où l'ennemi avait été chassé et resta dans cette position jusqu'à 4 heures après midi, heure à laquelle l'ennemi, par de nouvelles attaques faites avec des troupes fraîches, revint pour s'emparer des positions ; il s'y défendit jusqu'au moment où il reçut l'ordre d'abandonner ses pièces, ce qu'il ne fit qu'après les avoir enclouées, précaution d'autant plus nécessaire que l'ennemi eut pu s'en servir pour tirer sur les troupes, qui se faisaient chemin, à la baïonnette et à la faveur de la nuit, sur le point où avaient été dirigées les bouches à feu et qui était le seul que l'on put entreprendre de percer.
Cet officier a été légèrement blessé d'une balle au genou gauche, il mérite les plus grands éloges sur son intelligence, sa conduite, sa bravoure et son sang-froid; les sous-officiers et canonniers ont aussi montré beaucoup de bravoure.
Le lieutenant Favier donne des éloges aux sous-officiers et soldats du train du 5e bataillon bis, attachés à sa batterie; plusieurs d'entre eux ont eu des chevaux tués sous eux. Je puis assurer que ces éloges sont mérités.
J'ai l'honneur de vous saluer très respectueusement.
GRAINDORGE
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 683 - (1) Erreur; il s'agit de Leoben).

- Le 3e Bataillon enlève à la baïonnette le château de Richard Coeur de Lion : "A peine espérions-nous jouir de quelque repos que les réserves russes restées jusqu'alors inactives, venaient sur nous. Un corps de 12000 Russes avait été dirigé dès le commencement de l'action par les hauteurs boisées qui couronnent Diernstein, pour tourner notre gauche et venir sur nos derrières : c'était pour permettre ce mouvement que le général russe avait ordonné de prolonger la lutte dans le bassin. Le 3e bataillon du 4e léger reçut l'ordre de marcher sur un des monts qui flanquaient notre gauche, et sur lequel on apercevait les ruines d'un ancien château dénommé dans le pays : prison de Richard Coeurs de Lion.
Le commandant de ce bataillon devait occuper cette ruine où se trouvait un poste russe qui observait nos mouvements : les carabiniers durent spécialement chargés de l'enlever.
Ils remplirent leur mission avec vigueur et les Russes, malgré leur supériorité numérique, furent délogés à la baïonnette; la position était en notre pouvoir à 3 heures du soir
".

"Dans la plaine, notre succès était donc définitif. Il n'en était pas de même dans la montagne; non seulement les 2e et 3e bataillons du 4e léger n'y avaient fait que des progrès insensibles, mais au moment même où le combat de Loiben se terminait, il était nécessaire d'envoyer sur la gauche les douze compagnies du 103e demeurées jusque-là en réserve.
« Le 1er bataillon et les quatre dernières compagnies du 2e, qui étaient restées en réserve, reçurent ordre à environ midi et demi d'aller relever le 4e régiment qui était sur la montagne, vu qu'il n'avait plus de cartouches. Pendant cinq heures que le régiment occupa cette position, il déploya un courage surnaturel. Attaqué trois fois par l'ennemi (qui, en comptant au plus bas, était quatre fois plus nombreux), trois fois il le repoussa victorieusement. Deux de ces charges eurent lieu à la baïonnette. Beaucoup d'officiers et soldats s'y prirent corps à corps avec l'ennemi (12) ».
Nous ne sommes nullement renseignés sur ce qui s'est passé à flanc de coteau ; les 2e et 3e bataillons du 4e léger ont en sans doute à lutter d'abord contre une partie des troupes de Miloradovitch ; puis, dans la journée, contre celles de Stryck, dont l'apparition provoqua de notre côté l'envoi du 3e bataillon du 103e, suivi par le reste de ce régiment. Nous eûmes alors 2,700 hommes engagés contre 2,600 de Stryck et une partie du corps de Miloradovitch. Peut-être faut-il ajouter aux forces russes agissant de ce côté, entre le château de Dürrenstein et le plateau de Loiben, quelques bataillons détachés de Scheibenhof par Doctourow. Les écrivains autrichiens y signalent l'intervention d'une colonne confiée par lui au général-major Gerhardt.
A quelle heure se produisit l'attaque de Stryck ? Selon Danilewski, ce serait au moment où nous achevions de repousser les troupes de Miloradovitch dans Stein, c'est-à-dire vers midi, et même un peu plus tard. Ce renseignement, qui concorde bien avec l'envoi du 100e sur les hauteurs vers midi et demi, laisserait supposer que le narrateur autrichien (13) a exagéré, en fixant à 1 heure du soir le passage de Doctourow et Stryck à Egelsee. Kotzebue prétend que le théâtre du combat s'étendit jusqu'au Neudeck et au Pfaffenberg, mais rien n'est moins vraisemblable.
Vers 3 heures de l'après-midi, le maréchal Mortier put croire le combat terminé.
« La fatigue et le besoin de nourriture se faisaient doublement sentir à nos corps accablés, dit le colonel Talandier, lorsque nous vîmes l'ennemi qui, par un mouvement général, se repliait sur Stein. Nous pûmes alors respirer plus librement. .... Nous tournions nos regards sur la division Dupont, que nous attendions avec impatience. Nous devions ménager avec une sévère économie les rares munitions qui nous restaient. Aussi cessâmes-nous de pousser l'ennemi, pour prendre désormais des positions défensives (14) ». Sans munitions, la poursuite (car on croyait l'ennemi battu et en retraite) était impossible, et les caissons ne pouvaient rejoindre qu'avec la division Dupont.
Mortier avait bien reçu d'un escadron, envoyé le matin vers Scheibenhof, l'avis qu'une colonne russe approchait de ce côté, mais il pensait que cette colonne s'était déployée dans la montagne et engagée déjà contre le 4e léger et le 103e. Rien ne faisait supposer que les Russes, en retraite vers le Nord-Est, avaient détaché un corps de 9,000 hommes en sens inverse vers Weissenkirchen.
Peu à peu la fusillade s'éteignit dans les bois. «Chaque colonel reçut du général Gazan l'ordre de placer des grand'gardes et d'installer des bivouacs pour la nuit (15) ». La division reprit à peu près son emplacement de la nuit précédente
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 137 - (12) Lettre du colonel Taupin; (13) XI-46, Archives de la guerre de Vienne; (14) Relation du Colonel Tallandier; (15) Ibid).

A ce moment, l'ennemi exécute une retraite général sur Stein.

"Dans cette lutte de 8 heures, sans un instant de relâche, nous éprouvâmes les pertes les plus douloureuses; le brave général Campana, une grand quantité d'officiers et 1,500 hommes restèrent sur le champ d'honneur.
On ménageait les munitions, attendant avec impatience l'arrivée du général Dupont. Le service des gardes fut commandé et les régiments ne s'occupèrent plus qu'à s'établir dans leurs bivouacs pour y passer la nuit
" (Note : En fait, le général Campana n'a pas été tué. Il n'a même pas été blessé. Il est mort le 16 février 1807 à Ostrolenka des suites de blessures reçues dans le combat).

Les hommes du 4e Léger ont fait des prodiges de valeur. La progression des Russes est un temps bloquée, bien qu'une charge du 4e Dragons ait été repoussée par l'ennemi.

2e phase de la bataille, journée du 11 novembre 1805

Cependant, près de 15000 russes sont parvenus à tourner la Division et occupant en partie Dirstein sur les arrières, le péril est extrême. Entouré de partout, la Division Gazan semble perdue. Le Maréchal Mortier la forme alors en colonnes serrées et ordonne de rétrograder sur Dirstein, en se faisant jour à la baïonnette. La colonne s'ébranle, le 4e Léger en tête ; le Maréchal, l'épée à la main, excite les soldats ; plutôt mourir que de se rendre. Il veut évacuer ses hommes par le fleuve grâce à une petite flottille.

"Le 4e léger, énergiquement commandé par le colonel Bazaucourt, fut conduit par le général de division de manière à enfiler par ses feux le centre du bassin et disposé en trois colonnes à peu près parallèles" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 112).

"Nous étions massés et découverts de toutes parts sur un point de peu d'élévation qui, rétréci par lui-même, ne nous offrait aucun moyen de développement; l'espace que nous occupions était déjà comme cerné par les colonnes ennemies. Rien n'était donc plus difficile que de déboucher sur une d'elles. Le maréchal voulut, avant de prendre une détermination, consulter les généraux avec les chefs de corps qu'il réunit autour de lui; il n'était question dans l'avis qu'il attendait que d'une vigoureuse résolution" (Relation de Talandier - Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 113).

Dans "un état des chefs de bataillon qui, par leur conduite distinguée pendant la campagne de l'an 14, ont mérité des récompenses", le Chef de Bataillon Lauten, du 4e Régiment d'infanterie légère, est signalé pour : "A l'affaire de Loiben, sous Stein, au moment où le danger était le plus évident, s'être offert à M. le maréchal Mortier pour passer le Danube à la nage et porter des ordres au général Dupont" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 113).

Des Compagnies du 4e Léger, détachées sans doute dans Loiben ou dans les bois au Nord-Est, ne peuvent rejoindre le gros de la Division et sont perdues. Quelques officiers blessés se jetant dans une barque parviennent à traverser le Danube, et portent à Mautern la nouvelle du premier succès remporté le matin, et du péril où se trouvet la Division Gazan. D'autres, et parmi eux le Général Graindorge, sont moins heureux. Leur bateau va échouer près de Stein contre les piles du pont, et ils tombent aux mains de l'ennemi ... Le 4e Léger, pris sans doute entre les deux colonnes russes sorties de Stein et Dürrenstein, qui se rejoignent à Loiben, a plus de 700 hommes faits prisonniers (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 152 et suivantes).

Les débris du 4e Léger vont alors se rallier au 100e Régiment, qui parvient à se frayer un chemin au travers des troupes russes, en combattant entre deux murs.

- Combat de nuit ; la Division Gazan traverse l'ennemi à la baïonnette : "Les Russes étaient restés campés en avant de Stein, lorsqu'à l'approche de la nuit, nous aperçûmes les hauteurs qui le dominent se couvrir de troupes, ce qui sembla nous indiquer des projets hostiles.
A ce moment des cris se firent entendre à Diernstein où se trouvait notre ambulance; une grande partie de nos blessés en était chassée, et ces malheureux se trainaient vers nous pour échapper à l'ennemi qui s'avançait au pas de charge. C'étaient les Russes qui, par leur mouvement de flanc, étaient parvenus à nous tourner.
Cette marche se trouvait combinée avec l'attaque générale à laquelle l'ennemi se préparait.
Notre position était critique !
Le maréchal Mortier massa les troupes en avant du plateau occupé par un bataillon du 100e de ligne et se plaça à leur tête. Nous occupions ainsi le centre du bassin, disposés en 3 colonnes d'attaque, et cernés de tous côté par l'ennemi.
Dans cette extrémité, le maréchal voulut, avant de prendre une détermination, consulter les généraux et les chefs de corps qu'il réunit autour de lui.
On résolut de percer la ligne russe : le 100e prend la tête, le maréchal, le général Gazan et les officiers de l'état-major se placent entre le 1er et le 2e bataillon de ce corps; le 4e léger forme l'arrière-garde. Les tambours battent la charge à la tête de chaque bataillon de la division et les cris : "En avant !" retentissent avec un bruit assourdissant.
Nous abordâmes l'ennemi à la baïonnette : la colonne russe, refoulée, est serrée de si près qu'elle ne peut se défendre. La terre se couvre de cadavres; le centre russe est écrasé par la tête qui se renverse sur lui avec impétuosité, lorsque la gauche résiste sans pouvoir rétrograder tant le défilé est resserré auprès de Diernstein. Pour sortir de cette situation, l'ennemi finit par renverser les murs latéraux et s'enfuit dans l'obscurité malgré ses officiers qui cherchent en vain à retenir leurs hommes.
A ce moment, la colonne russe qui se dirigeait sur Loïben en longeant le Danube est prise de panique; en fuyant, elle entraine les troupes postées en avant de Stein. Dans cette confusion, ne pouvant se reconnaitre, l'ennemi met le feu au village de Loïben; un grand nombre de blessés y périrent.
Nous traversâmes Diernstein dans le plus profond silence; à une lieue de là, notre avant-garde reconnut celle de la division Dupont qui marchait à notre secours. La première brigade composée des 9e léger et 32e de ligne s'était porté en avant à marche forcée
".

"Nous retrouvâmes Diernstein dans le plus profond silence. Notre retraite se continua avec ordre. Peu de temps après, nous entendîmes une fusillade assez vive qui cessa bientôt. Ces bruits semblaient venir d'un des points du bassin où nous venions de combattre, nous présumâmes que ce dernier engagement provenait des trois compagnies du 4e léger, chargées de tenir dans la position du plateau pour couvrir la gauche de notre colonne d'attaque, mais qui alors s'en trouvaient séparées par une assez grande distance.
A une lieue de Diernstein, notre avant-garde signala les troupes du général Dupont, qui marchaient à notre secours
" (Relation de Talandier - Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 117).

Effectivement, vers 16 heures, on entend une vive fusillade de l'autre côté de Dirstein : c'est la Division Dupont qui arrive enfin sur le théâtre du combat. Les deux Divisions entrent en même temps dans Dirstein, se rejoignant ainsi à travers l'ennemi sur le champ de bataille.

La situation reste très confuse dans Dirnstein quand la nuit tombe : Mortier, ses deux Divisions réunies, a pu repasser le fleuve et Gazan, avec la nuit, rallie Spitz. Les Russes lâchent prise mais ils ont fait subir de très lourdes pertes aux Français et ont gagné du temps pour que leurs forces se réunissent.

Dans une lettre adressée le 27 frimaire an 14 (18 décembre 1805) au Maréchal Berthier, le Colonel Taupin, commandant le 103e Régiment d'infanterie, écrit, depuis Vienne, au sujet du combat du 20 Brumaire : "… Vers 5 heures, l'ennemi s'étant aperçu que les colonnes qu'il avait envoyées pour nous couper avaient réussi, nous attaqua de front et en flanc avec une vigueur qu'il n'avait pas mise dans ses précédentes attaques. Il fit tous ses efforts pour déboucher par la chaussée de Stein pour aller, je le présume, attaquer par derrière les 4e, 100e et 4e de dragons, que M. le Maréchal réunissait afin de les opposer à la colonne qui nous avait coupés; ses efforts furent impuissants, il ne put percer.
La constance et la fermeté du régiment ne furent point ébranlées par deux attaques infructueuses, que M. le Maréchal fit faire aux 100e de ligne et 4e de dragons contre les colonnes qui les avaient tournés. Officiers et soldats, tous, dans cette circonstance critique, déployèrent le courage et le sang-froid qui caractérisent le vrai brave ...
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 120).

Le général Dumonceau, dans ses mémoires, raconte sa rencontre avec le corps de Mortier après le combat : "Les divisions Gazan et Dupont nous rejoignirent avec le maréchal, en pleine retraite, précédées des prisonniers russes et de nombreux blessés, couverts de sang, mal pansés, se trainant avec peine et faisant pitié à voir. Ces divisions avaient fait de grandes pertes dont les généraux paraissaient être péniblement affectés ...".

Le Chambellan Thiard parvient vers 6 heures à Mautern. Il y trouve des cavaliers du 4e Corps et en reçoit un récit assez exact, mais incomplet, du combat dont ils ont été spectateurs. Il écrit à l'Empereur : "On s'est battu toute la journée de l'autre côté du Danube, et avec beaucoup d'acharnement.
D'après le rapport du colonel Franceschi, du 8e hussards, la division Gazan est arrivée hier à Dürnstein. Ce matin, elle a rencontré les Russes entre Loiben et Stein. L'affaire a commencé sur-le-champ; trois fois le village de Loiben a été pris et repris. Enfin, vers le soir, les Russes ont attaqué en suivant le Danube, et une autre colonne, descendue des montagnes, s'est portée sur le coude que fait le fleuve et, à en croire les officiers du 100e et du 4e d'infanterie légère qui, étant blessés, se sont jetés dans une barque et se sont sauvés de Loiben, toute cette division serait cernée dans Loiben et séparée de la division Dupont. Mais je crois qu'il y a un peu d'effroi dans ce rapport; du reste, quand ils ont quitté le champ de bataille, l'affaire n'était pas encore terminée, et il est à penser que les divisions auront pu se réunir. Ces officiers ont dit que, dans le commencement de l'affaire, ils avaient pris beaucoup de monde, deux canons et un obusier. La division n'a point de pain et manque de cartouches. Toute l'armée russe bivouaque sur les hauteurs au delà du Danube; quoiqu'il soit nuit, ils tirent à chaque instant sur cette ville (Mautern).
Ici est le 8e de hussards; à Gottweig est le général Margaron avec le 11e et le 26e de chasseurs.
J'ai cru qu'il était de mon devoir de rester ici pour être à même d'apporter demain dans la journée quelques nouvelles à Votre Majesté ; je remonterai le Danube et je tâcherai de passer, s'il est possible.
Dans l'instant (6 h. 30) on vient me dire que le village de Loiben est en feu. Je me suis porté sur le rivage; il est tout en flammes. Je crois que les Russes auront tiré avec des obus pour en déloger les troupes de Votre Majesté, qui se seront fait jour sur Dürrenstein. Les Russes font un tapage horrible
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 150; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 168; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 316).

Le 12 novembre 1805, vers 2 ou 3 heures de l'après-midi, les renseignements à destination de l'Empereur, sur le sort de Mortier et de Gazan, affluent de tous côtés. Un rapport, exact dans sa concision, est adressé à Napoléon par son Aide de camp Lemarois : "La division du général Gazan a couché avant-hier à Stein. L'ennemi, fort d'environ 25,000 à 30,000 hommes, l'a attaquée à 6 heures du matin et, vers les 4 heures, M. le maréchal Mortier était cerné de toutes parts. On s'est battu avec acharnement de part et d'autre et, à 6 heures du soir, M. le maréchal Mortier a percé à la tête de sa division et a repris la route de Linz". A 6 heures du soir, seconde lettre de Lemarois, datée de Saint-Lorentz, vis-à-vis Weissenkirchen : "Je rencontre un détachement du 100e régiment d'infanterie. L'officier qui le commande m'apprend que la division du général Gazan a repassé le Danube à Spitz" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 170).

Le lendemain, Napoléon, par un ordre du jour, témoignait sa satisfaction aux troupes du Maréchal Mortier pour leur courage. Mais la Division Gazan y avait perdu la moitié de son effectif : l'Historique du 4e Léger parle d'une perte de 2360 hommes. D'après la situation en date du 22 novembre 1805, le 4e Léger compte 728 prisonniers; il a 155 hommes blessés et aux hôpitaux; et ses effectifs ne se montent plus qu'à peine 500 hommes au lieu des 1500 en ligne le 11 novembre ! De très nombreux officiers sont blessés ou tués. Parmi les tués, on note le Capitaine Dozon et le Sous-lieutenant Mollin, mort le 11 novembre 1805.

Dans cette lutte si sanglante, les Chirurgiens des Régiments de la division Gazan ont montré un sang-froid et une intrépidité signalés par les Colonel dans leurs rapports en proposant les Chirurgiens-majors pour la Légion d'honneur :
4e Régiment d'infanterie légère.
ROZELLE, chirurgien-major. "Ce chirurgien-major a rendu des services signalés pendant ces dernières campagnes au régiment qu'il n'a pas quitté d'un instant, même dans les moments les plus périlleux. J'en ai parlé très avantageusement dans mon rapport à Vienne. De l'armée du Nord, où il a commencé ses campagnes, il a été en Italie où il les a continuées, de là en Égypte ; de retour en France, il s'est offert pour l'armée de Saint-Domingue. Il y est resté chargé en chef du service de différents hôpitaux, jusqu'au moment qu'il a été fait prisonnier par les Anglais. J'ai demandé son admission à la Légion d'honneur" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 119).

Le 21 Brumaire an 14 (12 novembre 1805) à 5 heures du soir, Napoléon écrit, depuis Saint-Pölten, à Murat : "... le maréchal Mortier a eu 25 000 Russes sur le corps. Heureusement qu'au même instant, la division Dupont arrivait, tombait sur les colonnes russes, faisait 2 000 prisonniers et prenait deux drapeaux. Ceci se passa sur les derrières. Le maréchal Mortier n'en eut pas connaissance Se voyant cerné, il prit le parti le plus sage, de se faire une route. Il fit sa jonction avec la division Dupont. Le carnage de l'ennemi a été horrible. Le 4e régiment d'infanterie légère est celui qui a le plus souffert. Les Russes montrent la plus grande barbarie contre les prisonniers qu'ils nous avaient faits. De notre côté, nous en avons tué beaucoup des leurs, il se trouve parmi eux un colonel russe ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9472; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 172; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 141, lettre 2236).

Le 22e Bulletin de la Grande Armée, écrit à Saint-Poelten, le 13 novembre 1805 (22 brumaire an 14), raconte : "… Le 20, à la pointe du jour, le maréchal Mortier, à la tête de six bataillons, s'est porté sur Stein. Il croyait y trouver une arrière-garde, mais toute l'armée russe y était encore, ses bagages n'ayant pas filé. Alors s'est engagé le combat de Durrenstein, à jamais mémorable dans les annales militaires. Depuis six heures du matin jusqu'à quatre heures de l'aprèsmidi, ces 4,000 braves firent tête à l'armée russe et mirent en déroute tout ce qui leur fut opposé.
Maîtres du village de Loiben, ils croyaient la journée finie ; mais l'ennemi, irrité d'avoir perdu dix drapeaux, six pièces de canon, 900 hommes faits prisonniers et 2,000 hommes tués, avait dirigé deux colonnes par des gorges difficiles pour tourner les Français. Aussitôt que le maréchal Mortier s'aperçut de cette manoeuvre, il marcha droit aux troupes qui l'avaient tourné et se fit jour au travers des lignes de l'ennemi, dans l'instant même où le 9e régiment d'infanterie légère et le 32e d'infanterie de ligne, ayant chargé un autre corps russe, avaient mis ce corps en déroute, après lui avoir pris deux drapeaux et 400 hommes.
Cette journée a été une journée de massacre ; des monceaux de cadavres couvraient un champ de bataille étroit. Plus de 4,000 Russes ont été tués ou blessés ; 1,300 ont été faits prisonniers. Parmi ces derniers se trouvent deux colonels.
De notre côté, la perte a été considérable. Le 4e et le 9e d'infanterie légère ont le plus souffert. Les colonels du 100e et du 103e ont été légèrement blessés. Le colonel Watier, du 4e régiment de dragons, a été tué. Sa Majesté l'avait choisi pour l'un de ses écuyers : c'était un officier d'une grande valeur ; malgré les difficultés du terrain, il était parvenu à faire contre une colonne russe une charge très-brillante ; mais il fut atteint d'une balle et trouva la mort dans la mêlée …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 473 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9476; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 197 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 318).

Le 23e Bulletin, rédigé le lendemain (14 novembre 1805 - 23 brumaire an 14) au Château de Schoenbrunn relate à nouveau l'affaire : "Au combat de Dürrenstein, où 4,000 Français attaqueé, dans la journée du 20, par 25 à 30,000 Russes ont gardé leurs positions, tué à l'ennemi 3 à 4,000 hommes, enlevé des drapeaux et fait 1,300 prisonniers, les 4e et 9e régiments d'infanterie légère et les 100e et 32e régiments d'infanterie de ligne se sont couverts de gloire. Le général Gazan y a montré beaucoup de valeur et de conduite …" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 476 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9483 ; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 201 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 319).

L'ordre du jour, daté du Quartier impérial de Vienne, le 14 novembre 1805 (23 brumaire an 14) déclare : "L'empereur témoigne sa satisfaction au 4e régiment d'infanterie légère, ... au 32e de ligne, pour l'intrépidité qu'ils ont montrée au combat de Diernstein, où leur fermeté à conserver la position qu'ils occupaient a forcé l'ennemi à quitter celle qu'il avait sur le Danube …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 478 ; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 201; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 217 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 319).

A la suite de ce combat, le Colonel Bazancourt du 4e Léger est nommé Commandeur de la Légion d'Honneur et le Major Guyardet, blessé sur le champ de bataille, Colonel du 13e de Ligne.

La perte probable d'une Aigle du 4e Léger à Dürrenstein

Dans ce combat de Durrenstein, les Russes s'emparèrent de 2 Aigles : une surmontant un étendard (du 4e Dragons) et l'autre un drapeau brisé. Or, les rapports fait à l'Empereur après le combat parlent de la perte de 3 Aigles et 5 canons. Le 4e Léger avait en campagne une Aigle pour chacun de ses bataillons donc 3 sur le lieu du combat. Une de ses Aigles fut vraisemblablement jetée dans le Danube pour éviter d'être capturée.

Le général Graindorge qui commandait la 1ère brigade de la division Gazan (4e Léger et 100e de Ligne) essayait de traverser le fleuve sur une barque avec des officiers et un drapeau quand il fut capturé par les Russes. Ceux-ci ne parlant pas à cette occasion de la prise d'un drapeau, celui-ci dut être jeté dans le fleuve. Or les drapeaux du 100e de Ligne avaient été sauvés lors de la percée menée par le major Henriod du 1er bataillon du 100e de Ligne.

Le 23 Brumaire (14 novembre 1805), Lebrun, Aide de camp de l’Empereur, adresse à ce dernier le Rapport suivant : "… je n'ai pas demandé des renseignements seulement au maréchal Mortier, j'en ai demandé au général Gazan, j'en ai demandé à plusieurs officiers et à tous séparément; tous à peu de choses près ont été d'accord. J'ai fait causer des soldats et, ce qu'ils m'ont dit, se rapportait avec l'état de pertes de leur corps. Cette affaire n'a point affecté leur moral.
Les Russes, me disaient-ils, étaient six contre un et pourtant nous leur en avons plus tué qu'ils ne nous en ont tué.
Quand la partie sera égale, nous les mènerons encore autrement.
Le général Graindorge a disparu.
Le colonel Watier a été pris ou tué à la fin de l'affaire.
Le colonel du 103e blessé au bras.
Le 103e régiment a perdu environ 450 hommes.
Le 100e 500
Le 4e 300
La division Dupont, à ce qu'on assure 130
Le 4e dragons 50
1,430 hommes.
Le général Dupont, dont la division passait, était allé reconnaître les positions qu'il devait occuper. Je n'ai pas pu le voir.
Le général Gazan porte la perte de sa division à 1,500 hommes, à qui il faudrait ajouter la perte de celle du général Dupont.
Ceux qui la portent le plus haut, la font monter à 2,000 hommes.
Le Maréchal pense qu'il lui rentrera encore du monde.
On s'accorde à dire que les Russes ont beaucoup plus souffert. On porte leur perte à 3,000 ou 3,500 hommes.
On leur a pris 300 hommes.
Drapeaux : 2.
Colonel : 1 ...
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 202).

Pendant qu'il continuait à marcher contre l'armée russe, Napoléon confia la garde de Vienne aux divisions Dupont et Gazan afin qu'elles puissent s'y refaire de leurs blessures. Elles ne virent donc pas à la fin de l'année la victoire d'Austerlitz.

Après avoir assigné aux Divisions Dupont et Gazan la garnison de Vienne pour s'y reposer, le premier soin de l'Empereur est de faire donner des ordres, afin que des renforts soient mis en route pour reconstituer les effectifs de ces deux Divisions et en réorganiser les Corps. Le 1er Frimaire an 14 (22 novembre 1805), le Major général écrit, depuis Brünn, à Gérard : "Expédier l'ordre aux 3es bataillons du 4e régiment d'infanterie légère, du 100e et du 103e qui sont en Alsace, de se rendre à Augsburg ...
M. Gérard prendra connaissance par la copie ci-jointe de l'ordre que j'ai adressé à M. Denniée
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 240).

"Les 3es bataillons du 4e régiment d'infanterie légère, du 100e et du 103e de ligne, partiront de Schlestadt le 15 frimaire avec du pain pour 2 jours et iront loger à :
15 frimaire, Erstein ;
16 Strasbourg, pain pour 2 jours;
17 Bischofsheim;
18-19 Rastadt (séjour);
20 Ettlingen ;
21 Pforzheim ;
22 Kannstadt ;
23 Plöchingen ;
24 Geislingen;
25-26 Ulm (séjour);
27 Gunzburg ;
28 Zusmarshausen ;
29 Augsburg, où ils resteront jusqu'à nouvel ordre
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 240).

Dans l'ordre adressé à M. Denniée, dont parle le Major général, il est dit : "Donnez également l'ordre à tous les conscrits destinés au 4e régiment d'infanterie légère, au 100e et 103e de ligne de se rendre à Augsburg, où doivent être envoyés les 3es bataillons de ces régiments" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 242).

La "Situation des troupes composant 1er corps d'armée aux ordres de M. le maréchal Mortier", à l'époque du 1er Frimaire an 14 (22 novembre 1805), c'est-à-dire deux jours après l'entrée de ce Corps à Vienne donne les chiffres suivants :
Division du Général Gazan - Situation des troupes.
4e légère. Bazancourt. A Vienne. 38 Officiers et 493 hommes présents. 7 Officiers et 155 hommes au hôpitaux ; 28 Officiers et 728 hommes prisonniers de guerre. 207 hommes en congé. Total 1636 hommes. Les 207 hommes portés en congé sont ceux restés en arrière pour maladie et faute de chaussures (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 233 - le 4e Léger comptait 75 officiers et 1,443 hommes présents sous les armes au 10 Brumaire (1er novembre)).

Le 3 Frimaire an 14 (24 novembre 1805), le Maréchal Mortier écrit, depuis son Quartier général de Vienne, au Major général : "Monsieur le Maréchal,
… Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en prévenir par ma lettre du 27 brumaire, les divisions des généraux Dupont et Gazan sont arrivées le lendemain à Vienne, et, depuis ce moment, elles sont occupées à la garde des ponts, des établissements publics et font le service de la place qui exige journellement un nombre de 1,350 à 1,400 hommes. Voici les noms des casernes qu'occupent les dtfférents corps de ces divisions :
... Le 9e régiment à Kempandorf ...
J'ai voulu voir par moi-même ces divers établissements. J'ai trouvé la fourniture dans un état pitoyable : la paille y était tachée et remplie de vermine, il n'y a que très peu de draps et de couvertes. Je me suis empressé de faire à ce sujet des représentations à M. l'intendant général de l'armée, qui s'occupe de faire fournir à la troupe tout ce dont elle a besoin, mais il ne lui a pas encore été possible de pourvoir à tout ce qui est nécessaire ...
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 252).

Napoléon, frappé du faible effectif du 4e Régiment d'infanterie légère (38 Officiers et 493 hommes pour 3 Bataillons), donne l'ordre de l'envoyer à Klosterneuburg, où il pense qu'il se refera mieux qu’à Vienne. Le Major général écrit, depuis Brünn, le 4 Frimaire an 14 (25 novembre 1805), au Maréchal Mortier : "L'Empereur ordonne, M. le Maréchal, que le 4e régiment d'infanterie légère soit cantonné à l'abbaye de Klosterneuburg, près Vienne, où ce corps se refera en attendant ses prisonniers qu'il va recevoir, et il faut, des à présent, s'occuper de son équipement et de son armement" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 255).

De son côté, le Maréchal Berthier rend compte à l'Empereur, depuis le Quartier général de l'Empereur à Brünn, le même 4 Frimaire an 14 (25 novembre 1805), des mesures qu'il a prescrites : "J'ai l'honneur de rendre compte à l'Empereur que je donne l'ordre aux 3es bataillons des 4e régiment d'infanterie légère, 100e et 103e de ligne, qui sont à Schlestadt, d'en partir le 15 frimaire pour se rendre à Augsburg, où ils arriveront le 3 nivôse ( 24 décembre).
Ces trois régiments, ayant leurs 3 bataillons à l'armée, n'avaient laissé en France que la 8e compagnie de fusiliers de chaque bataillon ...
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 242).

Le 5 Frimaire an 14 (26 novembre 1805), le Ministre de la guerre, Berthier, écrit, depuis le Quartier de l'Empereur à Brünn, au Maréchal Kellermann, commandant en chef du 3e Corps d'Armée de Réserve, à Strasbourg : "L'Empereur ordonne, M. le Maréchal, que les troisièmes bataillons du 4e régiment d'infanterie légère, du 100e et du 103e régiments d'infanterie de ligne, qui sont à Schlestadt, soient dirigés sans délai sur Augsburg.
Vous voudrez bien en conséquence les faire mettre en marche le 15 frimaire pour se rendre, conformément aux ordres de route que je joins ici, à Augsburg.
Vous donnerez aux commandants de bataillon les ordres et instructions nécessaires pour maintenir la discipline en route.
Instruisez-moi, M. le Maréchal, des dispositions que vous aurez faites pour remplir à cet égard les intentions de S. M.
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 243).

Le mauvais état de la literie ne s'améliore pas aussi vite que le Maréchal l'aurait voulu et, le 6 Frimaire an 14 (27 novembre 1805), il écrit de nouveau, depuis son Quartier général à Vienne, au Major général : "Monsieur le Maréchal,
A la réception de l'ordre que vous m'avez adressé le 4 de ce mois, de faire cantonner sur-le-champ le 4e régiment d’infanterie légère à l'abbaye de Klosterneuburg, je me suis empressé d'envoyer reconnaître ce cantonnement, voici les renseignements qui me sont parvenus.
Le village de Neuburg est occupé par 5 compagnies de pontonniers et 500 chevaux. Il est composé de 310 feux qui peuvent bien recevoir encore quelques soldats, mais peu d'officiers.
Il y a à l'abbaye un colonel, un chef de bataillon et 4 capitaines, indépendamment de 38 religieux, mais les bâtiments n'étant point achevés, on ne pourrait y loger plus de monde : il y existe deux casernes destinées pour 1,500 malades.
D'après ce rapport, M. le Maréchal, j'ai cru devoir suspendre le départ du 4e régiment d'infanterie légère, jusqu'à votre réponse.
Si, depuis que la troupe est à Vienne, les effets de casernement avaient été renouvelés, comme je n'ai cessé de le demander; si les distributions, autres que celles du pain et de la viande, qui se font régulièrement, avaient eu lieu comme cela devait être, le soldat serait ici aussi bien que partout ailleurs; mais, malgré mes demandes multipliées et l'attention que j'ai eue moi-même de l'état des choses, je n'ai pu réussir à faire renouveler la paille des lits qui sont remplis de vermine et la troupe n'a obtenu qu'en partie le bois et le sel, mais pas de légumes secs.
J'ai vu M. Petiet pour l'engager à faire cesser ce désordre, j'ai même été dans le cas de renouveler à ce sujet mes plaintes, il vient de me donner l'assurance qu'il allait y remédier
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 255).

Le 13 Frimaire an 14 (4 décembre 1805), le Maréchal Kellermann, commandant le 3e Cors d’Armée de la Réserve, écrit, depuis son Quartier général, à Strasbourg, au Major général : "J'ai reçu ce soir à 8 heures, Monsieur le Maréchal, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 5 de ce mois, avec l'ordre de faire partir le 15 pour Augsburg les troisièmes bataillons du 4e régiment d'infanterie légère, des 100e et 103e régiments d'infanterie de ligne qui sont à Schlestadt. Je viens d'expédier les ordres pour leur départ; ils les recevront demain avant le jour et partiront de Schlestadt après-demain 15. Ils arriveront à Strasbourg le 16.
J'ai l'honneur de vous prévenir que je leur donnerai séjour à Strasbourg le 17 et que le 18 ils partiront avec un détachement du 21e régiment de chasseurs, quelques détachements d'autres corps et environ 500 militaires isolés, dont 400 viennent d'arriver à Landau.
Cette colonne sera commandée par un officier supérieur. Les détachements de chaque corps seront commandés par des officiers qui leur appartiennent. Les 500 militaires isolés auront un officier au moins par 50 hommes ; à défaut d'officiers, s'il n'y en a pas suffisamment, un sergent-major et le nombre de sous-officiers proportionné.
Si mes instructions sont suivies, comme je l'espère, cette colonne marchera en bon ordre et arrivera de même à sa destination.
Je dois vous observer, M. le Maréchal, que je n'ai point à mon armée les troisièmes bataillons du 4e régiment d'infanterie légère, du 100e et 103e régiments d'infanterie de ligne, mais seulement les dépôts de ces corps, et ce sont ces dépôts que je fais partir, quoique vous ayez donné l’ordre aux troisièmes bataillons. Je ne puis douter que vous demandiez les dépôts, puisque, par votre seconde lettre du 5, vous me mandez de faire diriger sur Augsburg les conscrits qui arriveront à Strasbourg pour ces trois corps
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 243).

Au 15 Frimaire (6 décembre 1805), époque à laquelle ces détachements sont mis en route, les effectifs des 3es Bataillons et Dépôts sont les suivants :
Division Gazan
Dépôt : 4e Régiment d’Infanterie légère : 395 hommes, 9 Officiers et 184 hommes détachés (les officiers et quelques hommes sont détachés en recrutement, les autres détachés sont à l’Armée du Nord) ; 88 hommes aux hôpitaux ; 3 hommes en congé ; total 679 hommes. 50 conscrits sont arrivés pendant la quinzaine (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 242).

Le 7 décembre 1805 (16 frimaire an 14), à Austerlitz, "On propose d'accorder grâce à 386 militaires condamnés aux travaux publics, actuellemont à Saint-Ouentin et à Hennebont, et de les incorporer tout de suite dans les quatre régiments les plus voisins de ces deux villes"; l'Empereur répond : "Approuvé. Les 386 hommes seront incorporés dans les 32e, 100e de ligne et 4e d’infanterie légère à la Grande Armée" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3329; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 226).

Les Dépôts des Régiments de la Division Gazan (4e Léger, 100e et 103e), qui ne sont constitués que par la 8e Compagnie de Fusiliers de chaque Bataillon, se rendent à Augsburg. On dirige aussi sur cette ville tous les Conscrits destinés à ces Corps. Avec ces éléments on y reforme les 3es Bataillons. Ceux-ci ont pour cadres les Officiers et Sous-officiers des 3es Bataillons employés à la Grande Armée qui, après avoir versé leurs hommes dans les deux premiers Bataillons, se rendent à Augsburg (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 246).

Le 18 Frimaire an 14 (9 décembre 1805), le Maréchal Kellermann, commandant le 3e Corps d’Armée de la Réserve, écrit, depuis son Quartier général, à Strasbourg, au Major général : "J'ai l'honneur, M. le Maréchal, de vous prévenir que les dépôts du 4e régiment d'infanterie légère, du 100e et du 103e régiments d'infanterie de ligne sont partis aujourd'hui pour Augsburg. J'ai fait partir avec eux 560 militaires isolés de différents corps d'infanterie, dont plus de 400 ont rétrogradé de Spire et Landau sur Strasbourg. J'y ai joint un fort détachement de dragons de divers régiments, dont les chevaux laissés sur la route dans les départements du Rhin, pendant la marche de la Grande Armée, parce qu’ils étaient blessés, sont aujourd'hui en état de faire route. Un escadron du 21e régiment de chasseurs et un détachement de 65 chevaux du 16e font partie de cette colonne. J'ai l'honneur de vous envoyer l'état des troupes qui la composent. Tous les hommes sont armés, ont reçu 50 cartouches et des souliers.
J'espère, d'après les ordres que j'ai donnés, que cette colonne marchera toujours en bon ordre et n'occasionnera aucune plainte sur 1a route. J’ai nommé commandant de la colonne le chef d'escadron Thévenin du 21e régiment de chasseurs. Le commandant du dépôt du 4e régiment d'infanterie légère commande, sous ses ordres, toutes les troupes d'infanterie : un ancien capitaine de dragons commande celles à cheval. Je vous envoie copie de l'ordre et des instructions que j'ai données au chef d'escadron Thévenin; vous verrez que je lui prescris de prendre des certificats à tous les lieux d'étape et de les présenter à son arrivée à votre état-major. J'espère qu'avec les précautions que j’ai prises, le bon ordre, la police et la discipline seront toujours maintenus dans cette colonne. Je l'ai vue défiler moi-même, ce matin, au sortir de la citadelle de Strasbourg, après la distribution des cartouches; elle marchait en très bon ordre et j'en ai été content.
Actuellement que le seul passage pour l'armée est à Strasbourg, je prendrai les mêmes mesures pour tous les détachements que je ferai partir. Rien ne partira sans mon ordre; d'après ceux que j'ai reçus de S. M. et, conformément à ses intentions, je ne ferai partir que de forts détachements
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 244).

"Copie de l'ordre et des instructions pour le chef d'escadron Thévenin, du 21e régiment de chasseurs, commandant la colonne de troupes qui part de Strasbourg demain 18 frimaire an 14, pour se rendre à la Grande Armée.
Les troupes, qui partent demain pour la Grande Armée, sous les ordres du chef d’escadron Thévenin, et qui doivent être réunies sur la place d'armes à 7 heures du matin, seront formées dans l'ordre de bataille ci-après :
1° Le détachement du 16e régiment de chasseurs sous les ordres de l'officier commandant ce détachement.
2° Le dépôt du 4e régiment d'infanterie légère sous les ordres de l'officier commandant ce dépôt.
3° Le dépôt du 100e régiment d'infanterie sous les ordres de l'officier qui le commande.
4° Le dépôt du 103e régiment d'infanterie sous les ordres du commandant de ce dépôt.
5° Les détachements formés des militaires isolés de différents corps d’infanterie, commandés par les officiers ou sous-officiers nommés par le capitaine Pérard, commandant le dépôt des militaires isolés à Strasbourg.
6° Les détachements de divers régiments de dragons commandés par un capitaine de cette arme.
7° L’escadron du 21e régiment de chasseurs.
8° Les équipages.
9° Enfin une arrière-garde de 30 chevaux fournis par le 21e régiment de chasseurs.
Lorsque la colonne sera formée, ainsi qu'il est prescrit ci-dessus, le chef d'escadron Thévenin la mettra en mouvement.
Le détachement du 16e régiment de chasseurs, formant la tête de la colonne, fournira une avant-garde de 16 chevaux commandée par un maréchal des logis. Cette avant-garde marchera toujours à la distance de 120 pas en avant de la colonne.
L’arrière-garde de 30 chevaux, fournie par le 21e régiment de chasseurs, marchera toujours à la distance de 150 pas en arrière des équipages. La colonne pendant toute la route marchera dans l'ordre ci-dessus.
Le chef d'escadron Thévenin donnera les ordres les plus sévères pour qu'aucun détachement, ni aucun militaire ne quittent leurs rangs ou s'écartent de la colonne. Il aura soin à cet effet de placer, par intervalle, sur les flancs de la colonne des sous-officiers de troupes à cheval fermes et intelligents pour y maintenir le bon ordre.
L'arrière-garde ramassera tous les traîneurs, ne souffrira personne derrière elle sous quelque prétexte que ce soit et l'officier qui la commandera sera de la plus grande sévérité à cet égard. En cas de négligence de sa part, le chef d'escadron Thévenin le rendra responsable et le punira.
Le chef d'escadron Thévenin maintiendra pendant toute la route la discipline la plus exacte et la police la plus sévère. S'il se commettait quelque désordre, il en serait personnellement responsable, ayant assez de troupes sous son commandement pour empêcher les désordres et punir sur-le-champ, conformément aux lois, ceux qui en seraient coupables.
Il marchera avec sa colonne toujours militairement, ayant des patrouilles sur ses flancs. Ces patrouilles seront composées d'infanterie, lorsqu’on traversera des forêts ou des pays couverts, et de troupes à cheval, détachées du 16e et du 21e régiments de chasseurs, lorsqu'on traversera des plaines. Il ne confiera le commandement de ces patrouilles qu'aux officiers ou sous-officiers qu'il reconnaîtra les plus intelligents.
Lorsqu'il sera question de traverser des villes ou des villages, la colonne fera halte. La ville ou village sera fouillée par les avant et arrière-garde et la colonne ne se mettra en mouvement que lorsque le commandant aura reçu le rapport qu'il ne s'y trouve point d'obstacle.
Pendant les haltes, le commandant de la colonne fera examiner si les chevaux sont bien sellés, s'il n'est pas nécessaire de resserrer les sangles, si les couvertes ne sont pas dérangées et ne forment pas de mauvais plis. En un mot, il prendra toutes les précautions pour empêcher que les chevaux ne soient blessés. Si un cheval commence à être blessé, le cavalier qui le montera marchera à pied, conduisant son cheval par la bride, jusqu'à ce que le cheval puisse être remonté.
Lorsque les dépôts du 4e régiment d'infanterie légère, des 100e et 103e régiments d’infanterie de ligne seront arrivés à Augsburg, les détachements composés des militaires isolés marcheront immédiatement après le détachement du 16e régiment de chasseurs à cheval.
Le commandant de la colonne se fera donner à tous les lieux d’étapes par les magistrats un certificat constatant que les troupes y ont vécu en bonne police et discipline et n'y ont commis aucun désordre. A son arrivée à la Grande Armée, il remettra à l’état-major général tous ces certificats. S’il en manque quelqu'un ou si tous ne justifient pas que les troupes de la colonne se sont bien conduites partout, je recommande de faire punir sévèrement le commandant, qui est prévenu que copie du présent ordre est envoyée au Major général de la Grande Armée.
L'Adjudant commandant,
Employé près de M. le Maréchal Kellermann,
Signé : Duprat
Pour copie conforme :
L'Adjudant commandant,
DUPRAT
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 245).

Le 4e Régiment d'infanterie légère est chargé d'escorter les prisonniers faits à la bataille d'Austerlitz jusqu'à Strasbourg, et de cette ville il doit être dirigé sur Augsburg.

Le 14 décembre 1805 (23 frimaire an 14), Napoléon écrit depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, ... Le 4e régiment d'infanterie légère, lorsqu'il aura escorté les prisonniers jusqu'à Strasbourg, reviendra à Augsbourg, son dépôt l'y suivra et les conscrits destinés à ce corps y seront dirigés directement à Augsbourg. C'est dans cette place que sera formé ce régiment.
Vous donnerez l'ordre au maréchal Kellermann de distraire de la 4e division de l'armée du Nord le détachement de 189 hommes du 4e régiment d'infanterie légère ...
" (Brotonne L. « Lettres inédites de Napoléon Ier », Paris, 1898, lettre 116 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 11179).

Le 24 Frimaire an 14 (15 décembre 1805), Le Major général ordonne à M. Gérard : "Le 4e régiment d'infanterie légère, lorsqu'il aura escorté les prisonniers jusqu'à Strasbourg résidera à Augsburg, son dépôt l'y suivra et les convois destinés à ce corps y seront dirigés directement à Augsburg.
C'est dans cette place que sera formé ce régiment
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 248).

Le même jour, 24 Frimaire an 14 (15 décembre 1805), le Major général adresse, depuis le Quartier de l'Empereur à Schoenbrunn, un Rapport à l’Empereur : "J'ai l'honneur de rendre compte à l'Empereur que j’ai donné les ordres aux officiers des 3es bataillons des 100e et 103e régiments de se rendre aux dépôts de leurs corps à Augsburg, pour y prendre les conscrits qui doivent y être envoyés de France.
M. le maréchal Kellermann me mande que, d'après les ordres que j'ai expédiés précédemment, les dépôts du 4e régiment d'infanterie léqère et des 100e et 103e de ligne doivent être rendus à Augsburg le 30 frimaire, avec d'autres détachements de divers corps et environ 500 militaires isolés dont il a formé un détachement.
J'ai donné des ordres conformes aux intentions de S. M. pour faire rétrograder sur Augsburg le 4e régiment d'infanterie légère, lorsqu'il aura conduit les prisonniers qu'il est chargé d'escorter jusqu'à Strasbourg.
J'ai ordonné à M. le maréchal Kellermann de distraire de la 4e division de l'armée du Nord le détachement de 189 hommes du 4e régiment d'infanterie légère et de le réunir à son corps pour se rendre à Augsburg.
Je l'ai chargé en même temps de distraire les détachements des 100e et 103e régiments de ligne et de les faire diriger également sur Augsburg
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 248).

Le 27 Frimaire an 14 (18 décembre 1805), le Colonel Taupin, du 103e Régiment d'Infanterie de ligne, écrit, depuis Vienne, au Major général : "Aussitôt que j'eus reçu l'ordre du 23 brumaire dernier, par lequel S. M. l'Empereur témoigne sa satisfaction au 4e léger et au 100e de ligne de la conduite distinguée qu'ils ont tenue au combat de Dürrenstein, le 20 du même mois, j'écrivis à M. le général Gazan pour lui marquer combien les officiers, sous-officiers, soldats du régiment, que j'ai l'honneur de commander, étaient douloureusement affectés du silence que l'on avait gardé sur leur compte. M. le général Gazan me répondit le même jour, qu'avant d'avoir reçu ma réclamation, il avait écrit à M. le maréchal Mortier pour lui témoigner son étonnement de l'oubli que l'on avait fait de citer mon régiment comme étant un de ceux qui s'étaient distingués dans cette action; que M. le maréchal lui avait répondu qu'il en était autant peiné que lui et qu'il venait de vous écrire pour que cette omission soit rectifiée.
Comme M. le maréchal et le général Gazan, j'avais attribué ce désagrément à un oubli ou défaut d'impression et croyais que, d'après leur réclamation, dans quelques jours, ce silence si préjudiciable à la gloire et l’honneur de mon régiment serait réparé par la voie de l'ordre.
Un mois s'étant écoulé depuis cette époque sans que j'aie reçu de solution favorable, je me suis présenté hier chez M. le. général. Andréossy pour prier de vouloir bien accéder à la demande qui lui en avait été faite par M. le maréchal, afin de détruire les mauvaises impressions que le silence que l’on avait gardé sur le compte du régiment avait fait naître; il me répondit que ce silence n'était nullement le fruit de l'oubli; que S. M. l'Empereur ne lui avait ordonné de ne mentionner favorablement que les 4e et 100e.
Je vous annonce, Monseigneur, que cette réponse me frappa de stupéfaction et que, s'il ne me l'eût pas répétée une seconde fois, j'aurais cru m’être trompé, car j'étais loin de soupçonner que l'on eût pu croire un seul instant que le 103e régiment, placé dans ce terrible combat à côté des 4e et 100e, se fût mal conduit ou eût moins fait qu'eux. Dire que les 4e et 100e se sont distingués dans cette action et glisser sur le compte de mon régiment, qui en a partagé conjointement avec eux les dangers, c'est dire tacitement qu'il s'est mal conduit. Voilà l’introduction que j'en tire et je crains, Monseigneur, que vous serez de mon avis.
M. le général Gazan, à qui j'ai rendu compte de la réponse de M. le général Andréossy, m'a assuré que S. M. l'Empereur lui avait dit que, d'après le rapport de M. le maréchal Mortier, il paraissait que mon régiment avait moins fait que les deux autres. Je ne sais ce que le général Mortier en a dit, mais tout ce dont je puis vous assurer, c'est que je suis cruellement affligé de l’opinion de S. M. sur 1e compte de mon régiment qui, dans cette action, a fait tout ce qu'il était humainement possible de faire …
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 254 - l'Empereur ne fit pas réparation au 103e de Ligne).

L'Empereur ne craint pas d'entrer dans des détails relatifs à l'habillement ; le 1er Nivôse an 14 (22 décembre 1805), le Major général, sur ses ordres, écrit de Schoenbrunn à l'Intendant général Petiet : "… L'Empereur ordonne que les 3,8oo aunes de toile, qui sont à Vienne et qui peuvent faire environ 900 chemises, soient sur-le-champ distribuées au 4e régiment d'infanterie légère, au 32e de ligne, aux 100e et 103e. Ces corps devront les faire confectionner sur-le-champ, afin que ces chemises soient prêtes à être distribuées aux prisonniers de ces corps qui leur rentreront. La distribution sera faite dans le rapport des prisonniers que l'ennemi aura faits" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 259).

Le même 1er Nivôse an 14 (22 décembre 1805), le Général René, commandant la place d’Augsburg, écrit au Major général : "J’ai l’honneur de rendre compte à V. E. de l'arrivée aujourd'hui dans cette place des bataillons de dépôt du 4e régiment d'infanterie légère et des 100e et 103e de ligne formant un total de 868 hommes" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 248).

Le «Tableau de la répartition des 12,000 conscrits provenant des 5 dernières années » soumis par le Major général à l'Empereur le 3 nivôse an 14 (24 décembre 1805) propose d'affecter aux Corps des Divisions Dupont et Gazan un certain nombre de ces conscrits. Le Major général écrit, depuis le Quartier de l'Empereur à Schoenbrunn, le 3 Nivôse an 14 (24 décembre 1805) : "J'ai l'honneur de proposer à l'Empereur de répartir, suivant le tableau que je soumets à S. M., les 12,000 conscrits provenant des réserves des 5 dernières années, non appelés par le décret impérial du 2e jour complémentaire dernier.
Cette répartition est établie en faveur des régiments les plus faibles, de ceux enfin qui ont le plus souffert et qui ont le plus besoin de renforts pour être au niveau de l'effectif des autres corps. Je propose à S. M. de faire diriger provisoirement tous ces conscrits sur Strasbourg, à l'exception de 1,300 qui seraient dirigés sur Alexandrie, pour être distribués de là dans les dépôts des corps suivant le nombre déterminé pour chacun des régiments désignés dans le tableau.
Je demande les ordres de S. M.
". L’Extrait du tableau de répartition indique : 4e légère. 2 Bataillons, 1490 hommes. 227 hommes au Bataillon de Dépôt le 15 Frimaire. Total, 1717 hommes. 500 conscrits destinés au Régiment (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 249).

Sur l'état des Officiers qui ont pris part aux campagnes d'Ulm et de an 14 (1805) [on sait que par Décret impérial du 29 Vendémiaire an 14 (21 octobre 1805), les opérations qui aboutissent à la capitulation d'Ulm comptent pour une campagne], le Colonel du 4e Régiment d'infanterie légère note de la manière suivante le Quartier-maître Falloppe : "Falloppe. Capitaine quartier-maître. Cet officier a une profonde connaissance de la partie qui lui est confiée. Il a suivi très exactement le corps pendant les deux dernières campagnes de la Grande Armée où il a été on ne peut plus utile au régiment, en s'occupant de le pourvoir de tout ce qui lui était nécessaire, particulièrement pour sa subsistance" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 271).

En janvier 1806, le 4e Léger part pour la France.

Le 19 janvier 1806, Napoléon écrit depuis Stuttgart, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "... Il y a aussi à Augsbourg des détachements du 4e régiment d'infanterie légère; envoyez-les à Strasbourg, où vous ferez réunir ce régiment" (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9677 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11294).

Le 19 janvier 1806, Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Kellermann, Commandant du 3e Corps de Réserve sur le Rhin : "... Donnez ordre au 4e léger de se rendre à Metz. Donnez ordre à Metz qu'on retienne tous les conscrits du dépôt général qui passaient par cette ville, jusqu'à la concurrence de 500 hommes qui serviront à compléter ce régiment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11329).

Le 7 février 1806, on informe l'Empereur que : "le général Gobert, commandant la 3e division militaire, rend compte d'une demande du maire de la ville de Bitche tendant à ce que le service des gardes nationales cesse dans cette place, conformément aux dispositions du décret impérial du 8 janvier 1806. Toutefois, le général sollicite l'autorisation de prélever sur le 4e régiment d'infanterie légère un détachement de 60 hommes pour la garde des prisonniers anglais à Bitche"; Napoléon répond : "Accordé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 286).

En mars et avril, le Régiment est à Metz, et il arrive à Paris le 1er mai.

Le 9 mai 1806, à Saint-Cloud, l'Empereur ordonne : "Au moment de la rentrée de la Grande-Armée en France, il sera versé par le payeur-général de la dite armée, dans la caisse des payeurs des divisions et par ceux-ci dans les caisses des corps, les sommes nécessaires pour payer la solde des mois de janvier, février, mars et avril.
Les corps qui composent la division du général Oudinot qui est à Neuchatel et la division du général Dupont qui est à Wesel et Dùsseldorf, le 4e régiment d'infanterie légère et le 26e régiment de chasseurs qui sont à Metz, le 14e régiment d'infanterie légère qui est à Sedan, les deux bataillons d'élite de la division du général Oudinot qui sont à Paris et le bataillon d'élite du 3e d'infanterie légère qui est à Parme, recevront sur-le-champ la solde de ces quatre mois ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5373).

IV/ LES CAMPAGNES DE 1806 A 1807

Carte de la campagne de 1807

Voltigeur 4e Léger 1805-1806 d'après Martinet
Voltigeur 4e Léger 1807
Fig. 3bis Voltigeur du 4e Léger en 1805-1806, d'après Martinet
Fig. 4 Voltigeur en 1807

A son retour de la campagne de 1805, le 4e Léger vint tenir garnison à Paris et ses environs.

Le 20 juin 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre au 4e régiment d'infanterie légère qui est à Metz, et au 32e qui est à Düsseldorf de se rendre à Paris.
Donnez également ordre aux 3es bataillons et aux dépôts, ainsi qu'aux détachements de ces corps qui pourraient se trouver dans la réserve du maréchal Lefebvre de se mettre en marche pour Paris
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 495; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12325).

Le 31 juillet 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, le 4e régiment d'infanterie légère est à Paris. Il a trois mille hommes à l'effectif. Il a reçu cette année un grand nombre de conscrits. Il a 1200 hommes qui ne sont pas habillés. Veuillez lui donner les moyens nécessaires pour son habillement. Nommez le conseiller d'état Lacuée pour en passer la revue" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 567; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12622).

Le 6 août 1806, à Saint-Cloud, l'Empereur, informé de "Fournitures nouvelles d'étoffes pour l'habillement à faire au 4e régiment d'infanierie légère" répond : "Attendre la revue que passe M. Lacuée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 574).

Le 10 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je voudrais faire camper autour de Paris les 2e, 4e, 12e et 58e régiments formant à peu près douze bataillons, depuis le 15 août jusqu'au 1er octobre afin de bien reformer à la discipline ces quatre régiments. Faites-moi connaître si vous en avez les moyens et quelle dépense cela me fera" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 576; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12691).

Le même jour (10 août 1806), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Général Junot, Gouverneur de Paris : "Mon intention est de réunir autour de Paris, dans un seul camp, les 2e, 4e et 12e d'infanterie légère et le 58e d'infanterie de ligne, formant douze bataillons et près de 9,000 hommes. Je désire qu'il y ait campés avec eux un général de brigade et un adjudant commandant, pour les exercer et soigner leur instruction.
Le camp sera dressé le 16 août et durera jusqu'au 1er octobre. Faites-moi connaître le général qu'on pourrait charger du commandement de ce camp, ainsi que le lieu où l'on pourrait le placer
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10631 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12695).

Le 14 août 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre que le 18 août, les 2e et 12e régiment d'infanterie légère campent sur les hauteurs de Meudon et les 4e légère et 58e de ligne, le 20. Ce camp sera sous les ordres du gouverneur de Paris et sous le commandement du général Macon qui y campera, ainsi que les colonels et tous les officiers.
Vous ferez mettre à ce camp une compagnie d'artillerie à pied avec quatre ou six pièces afin qu'on puisse manoeuvrer. Vous prendrez les mesures nécessaires pour que ce camp dure jusqu'au 20 septembre
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 583 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12715).

Le même jour (14 août 1806), Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Junot, Gouverneur de Paris : "Mon intention est que les 2e, 4e, 12e et 58e campent sur les hauteurs de Meudon, afin que l'air soit saint. Il y a là de très belles plaines où la récolte doit être faite. Faites reconnaître le camp" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12719).

Le 4e resta à Paris jusqu'au mois de septembre 1806, époque où il fut appelé à Mayence pour faire partie du 8e Corps de l'armée destinée à agir contre la Prusse et la Russie. Le 19 septembre 1806, l'Empereur écrit au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre au gouverneur de Paris de former le 2e régiment d'infanterie légère à deux bataillons bien complets de 1,000 hommes chacun, si cela est possible ; de faire la même chose pour les 4e et 12e régiments d'infanterie légère, et de faire partir ces bataillons : ... ceux du 4e, un bataillon par la route de Meaux, et un bataillon par la route de Dammartin.
Les deux bataillons du 4e partiront le 22. Faites partir ces troupes par les relais établis pour le transport de ma Garde ...
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10825 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12984).

Napoléon ordonnait donc au gouverneur militaire de Paris de reconditionner 2 bataillons du 4e Léger et de les faire partir pour l'Allemagne par Meaux. Le régiment était toujours sous les ordres du Colonel Bazancourt.

Le 20 septembre 1806, à Saint-Cloud, "Le ministre directeur de l'administration de la guerre rend compte des dispositions prises pour le départ des grenadiers et chasseurs de la garde et pour leur arrivée en relais à Worms et à Bingen, ainsi que des mesures adoptées pour le transport des 2e, 4e et 12e d'infanterie légère"; Napoléon lui répond : "Il faut faire partir les corps comme je l'ai ordonné. Si le mouvement de ces corps par des voitures est trop difficile, il n'est pas tellement urgent qu'ils ne puissent aller à pied. Il faut faire donner à ma garde tout ce dont elle a besoin. Je ne vois pas de quelle autorisation vous avez besoin pour ordonnancer cette somme selon le chapitre de votre budget" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 675).

Le 22 septembre 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, il sera formé un 8e corps de la Grande Armée composé de divisions. Ce corps se réunira à Mayence. Les deux généraux commandant ces divisions seront les généraux Lagrange et Dupas.
L'adjudant commandant Cortez sera attaché à la division du général Dupas ; l’adjudant-commandant Dalancourt sera attaché à celle du général Lagrange. Les généraux de brigade Veaux, La Val et Desenfans seront sous les ordres du général Lagrange. Les généraux de brigade Buget et Schramm seront sous les ordres du général Dupas. La division du général Lagrange sera composée des 4e et 12e d'infanterie légère ; du 1er régiment de légère
(sic) et du 1er d'infanterie légère italien ... Chacune de ces deux divisions aura huit pièces d'artillerie …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 683 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13071).

Le 28 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Général Dejean, Ministre Directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, faites partir sans délai un officier, un sergent-major, deux sergents, quatre caporaux et 200 hommes du 32e pour Mayence où ils recevront des ordres pour rejoindre leurs régiments. Faites partir également 100 hommes des 2e, 12e et 4e d'infanterie légère. Ce détachement de 500 hommes vous le ferez partir sous les ordres d'un officier supérieur pour Mayence où ils recevront de nouveaux ordres ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 705 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13115).

Le 1er octobre 1806, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Mortier : "Mon Cousin, je vous ai nommé au commandement du 8e corps de la Grande Armée ... Le 8e corps de la Grande Armée doit être composé de deux divisions, commandées l'une par le général Dupas et l'autre par le général Lagrange ... Les régiments composant le 8e corps d'armée sont le 2e, le 4e et le 12e d'infanterie légère. Le 2e et le 4e arriveront à Worms le 8 et le 9 octobre. Prenez les mesures nécessaires pour qu'ils y trouvent des bateaux qui les transportent à Mayence ... Aussitôt que vous aurez plus de 5,000 hommes et neuf pièces de canon attelées, vous pourrez vous porter à Francfort. Vous trouverez ci-joint une instruction qui vous servira de guide en cas d'événement ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10925 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13188).

Le 1er octobre 1806 encore, depuis Mayence, Napoléon écrit dans une première lettre, au Général Kellermann : "... Le 2e et le 4e d'infanterie légère seront à Worms l'un le 8 et l'autre le 9 octobre, prenez des mesures pour qu'ils trouvent des bateaux à Worms qui les transporte à Mayence ... Le 2e régiment d'infanterie légère, le 4e et le 12e qui arrivent par Bingen, et l’artillerie qu'on prépare à Mayence pour le 8e corps de la Grande Armée se tiendront prêts, sous les ordres du général de division Dupas, à partir pour prendre position à Francfort. J’enverrai l'ordre du départ, il faut que cette division soit prête à quitter Mayence du 10 au 12 octobre..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13186).

Puis, le même jour, toujours depuis Mayence, dans une deuxième lettre : "Mon cousin, j’ai donné le commandement du 8e corps de la Grande Armée au maréchal de l’Empire Mortier. Ce corps doit se réunir à Mayence. Il doit être composé des 2e, 4e et 12e régiments d’infanterie légère, du 58e régiment de ligne et de deux régiments italiens qui sont partis de Paris et d'Orléans pour se rendre ici, du 4e de dragons et du 26e régiment de chasseurs. Ce corps d'armée formera deux divisions, il aura 18 pièces d’artillerie attelées et 24 caissons des transports militaires. Deux compagnies d'artillerie ont dû être envoyées de Strasbourg pour ces pièces, et une compagnie d'artillerie à cheval est en marche de l'intérieur. J'ai ordonné au maréchal Mortier de se porter sur Francfort et d'occuper ce poste dès qu'il aura 6 000 hommes réunis et 9 pièces de canon attelées. Il aura pour objet de protéger Mayence. Je me réserve d'ailleurs de lui faire passer des ordres que les circonstances me mettront dans le cas de lui donner. Il est convenable que la totalité des troupes du 8e corps d'armée soit entièrement à la disposition du maréchal Mortier" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13185).

Le 4e Léger retrouve donc le maréchal Mortier à qui on confiait en Octobre le 8e Corps d'Armée. Ses deux premiers Bataillons (53 Officiers et 1982 hommes) font partie de la Brigade Veaux de la 2e Division Dupas. Le 3e Bataillon et le Dépôt sont restés à Saint-Denis.

Le même jour, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin, je partirai ce soir à neuf heures. Je serai à Aschaffenburg demain matin vers six ou sept heures, et probablement avant six heures du soir à Wiirzburg. J'ai nommé le maréchal Mortier commandant le 8e corps d'armée, qui sera composé des 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère, du 58e de ligne, des deux régiments italiens, du 4e de dragons et du 26e de chasseurs, de dix-huit pièces d'artillerie attelées et de vingt-quatre caissons" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10929 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13173).

Ce corps ne prend pas part aux premières opérations de la campagne. Il ne part, en effet, de Mayence qu'après les victoires d'Iéna et d'Auerstaedt qui voient le quasi anéantissement de l'armée prussienne.

Le 22 octobre 1806, l'Empereur écrit depuis Dessau au Général Junot, Gouverneur de Paris : "Je reçois votre lettre du 14. Je vois avec plaisir que vous vous occupez de l'instruction et de l'administration des régiments que je vous ai laissés ... Vous ne m'avez pas envoyé l'état de situation des 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11050 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13306).

Le 25 octobre 1806, Napoléon écrit depuis Potsdam, au Général Dejean, Ministre Directeur de l’Administration de la guerre : "Monsieur Dejean, faites partir au 6 novembre 120 hommes du 14e de ligne, 120 du 12e légère, 120 du 2e légère, 120 du 4e légère, 120 du 25e légère, 120 du 64e, 120 du 108e, 120 du 48e, 120 du 13e légère et 120 du 32e, commandé chaque détachement par un officier, deux sergents, deux caporaux avec deux tambours. Ces détachements se dirigeront sur Mayence, Erfurt, Wittenberg et Berlin..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 743 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13332).

Le 30 octobre 1806, depuis Berlin, Napoléon écrit au Général Dejean, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean ... Faites partir le 4 novembre de Paris ... 400 hommes du 4e légère ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 752 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13374).

Le 4e Léger fut d'abord chargé d'occuper la Hesse et de désarmer l'armée hessoise. On entra donc dans Cassel le 1er Novembre. Les restes des forces prussiennes s'étaient réfugiés dans les forteresses de l'Allemagne du Nord et attendaient l'appui de leur allié russe qui s'était positionné sur la Vistule.

Napoléon ayant décidé de marcher vers la Pologne contre l'armée russe, et de franchir la Vistule, le 8e Corps est chargé d'entrer en Hanovre avec mission de gagner Berlin et la Prusse, de garder le pays entre Elbe et Oder et d'observer la Poméranie suédoise où les Anglais et les Suédois pouvaient combiner une expédition. Ainsi, le 4 novembre 1806, depuis Berlin, l'Empereur écrit au Roi de Hollande : "Mon Frère, le maréchal Mortier se range sous vos ordres, et vous commandez en chef dans le Hanovre et les villes hanséatiques. Je suppose qu'au plus tard le 10 vous serez à Hanovre, et que vous avez avec vous le 72e, le 65e et le 22e régiment français, et 7 à 8,000 Hollandais. Vous ferez occuper par 2 ou 3,000 Hollandais, autres que ceux que vous avez à l'armée, Emden et l'Ost-Frise, ce qui formera votre gauche et votre réserve. Le maréchal Mortier aura de son côté les 2e, 4e et 12e d'infanterie légère ; vous aurez donc six régiments français ; ce qui, avec les Hollandais, ne doit pas faire beaucoup moins de 20,000 hommes. Les deux régiments italiens, les troupes de Nassau et de Darmstadt et celles du grand-duc de Berg, qui sont à Wesel ou à Cassel, formeront un secours de 4 ou 5,000 hommes, dont, selon les circonstances, vous pourrez vous fortifier … Mon intention est que vous divisiez votre armée en deux corps ; que vous donniez au maréchal Mortier le commandement du 8e corps de la Grande Armée, que vous formerez de manière qu'il soit au moins de 12,000 hommes, avec le plus de cavalerie que vous pourrez et vingt-quatre pièces d'artillerie. Avec ce corps, le maréchal Mortier se rendra à Hambourg, prendra possession de la ville, ainsi que de Brême et de Lubeck …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11171 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13455).

Le 11 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin, au Maréchal Mortier : "Mon Cousin, le roi de Hollande s'en retourne dans son royaume. Vous avez donc le commandement de toutes les troupes. Mon intention est que vous en fassiez quatre divisions, dont deux divisions françaises, une division hollandaise et une division italienne. ... La deuxième division française sera composée du 4e régiment d'infanterie légère et des 22e et 58e de ligne ... Je n'ai pas besoin de vous dire que mon intention est que vos deux divisions françaises soient toujours réunies. Chacune des divisions doit avoir douze pièces de canon que vous vous occuperez d'organiser en Hanovre ... Envoyez-moi la formation de votre armée sur ces bases …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11231 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13544).

Le 14 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "Monsieur Dejean, je n'approuve point que le bataillon du 4e d'infanterie légère aille à Orléans. Ayant retiré les 15e et 58e de Paris, il doit y avoir des casernes. J'ai laissé à Paris six bataillons ; je désire que le gouverneur en voie un par jour, de sorte qu'il les ait tous vus en une semaine. Faites-vous rendre compte de leur administration. Il faut que ces six bataillons me fournissent, avant le mois de février prochain, 6,000 hommes pour Paris et mes réserves de l'intérieur. Si on les envoie à Orléans, ils croupiront dans l'oubli et ne feront plus rien qui vaille. Faites-vous rendre compte de l'état de situation des 2e, 12e et 4e, et portez tous vos soins à ce que les bataillons de guerre de ces corps soient à l'effectif de 140 hommes par compagnie ; ce qui fait 1,240 hommes par bataillon et 2,500 hommes pour les bataillons qui sont à l'armée ; je dis à l'effectif, parce que les malades et absents à leur départ de Paris doivent y être compris ... Vous vous entendrez avec le gouverneur de Paris pour faire partir par mois et par détachements 5 à 600 hommes, tout ce qui est nécessaire pour porter ces corps ... au complet de l'effectif demandé" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11254 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13578).

Le 16 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin au Maréchal Mortier : "Mon Cousin, je reçois vos lettres du 12 et du 13. J'ai donné l'ordre au général Savary de se rendre devant Hameln pour prendre le commandement des troupes que vous y laissez, de les réunir devant cette place ... et d'en serrer vivement le blocus en construisant des redoutes et faisant venir de Rinteln des obusiers pour bombarder la place et la forcer à se rendre. Je pense que vous devez laisser devant Hameln toute la division hollandaise, hormis les deux tiers de la cavalerie, que vous devez garder. Je sais qu'elle peut vous être nécessaire. Ces mesures prises, votre corps, que je pense réuni actuellement à Hambourg, sera beau, puisqu'il sera composé des 2e et 4e d'infanterie légère et d'un régiment italien, et des 22e, 65e et 72e de ligne et de vingt-quatre à trente pièces d'artillerie ; tout cela doit vous faire près de 14,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11268 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13600).

Le quartier général du 8e Corps s'établit à Hambourg dès le 19 Novembre, et des fractions de troupes furent employées au siège de Hameln en Hanovre.

Puis le siège de Stralsund, place forte suédoise au Nord de Berlin, commença le 30 Janvier 1807. Le roi de Suède, Gustave Adolphe IV, ennemi de la France, avait confié la Poméranie suédoise au général Essen qui disposait de 15000 hommes. Après des combats d'approche, les troupes de Mortier des divisions Grandjean (dont le 4e Léger) et Dupas établissaient le blocus de la place et bâtissaient des redoutes.

Après la sanglante bataille d'EYLAU (8 Février 1807) qui permet à Napoléon de stopper la première offensive russe, et le combat d'Ostrolenka, la Grande Armée prend ses quartiers d'hiver. Pendant ce temps devant Stralsund, les Suédois font de nombreuses sorties pour inquiéter les assiégeants.

Le 1er mars 1807, l'ennemi fait sur la gauche de la ligne de circonvallation une sortie composée d'infanterie, de cavalerie et de 4 pièces d'artillerie à cheval, comprenant en tout 2000 hommes. Les Suédois attaquent avec acharnement les ouvrages avancés français qu'ils veulent détruire. Le 4e Léger les force à rentrer précipitamment dans la place en abandonnant leurs morts et leurs blessés. Le Sous-lieutenant Phelipeaux est particulièrement cité pour sa brillante conduite, ainsi queles Chasseurs Alaris, Fontaine et Lécureuil.

Une sortie plus importante le 14 mars 1807 est repoussée grâce à l'action des Voltigeurs du 4e Léger. L'ennemi, fort de 1500 à 1800 hommes d'infanterie, 2 Escadrons de cavalerie et 6 pièces d'artillerie (selon l'Historique régimentaire), tente dans l'après-midi de s'emparer d'une redoute à peine achevée et non palissadée qui ferme la gauche de la ligne. Les Suédois marchent dessus au pas de charge, et ils sont déjà dans les fossés et sur l'épaulement lorsqu'une Compagnie de Voltigeurs du 4e de Léger, commandée par le Capitaine Baral, arrive au secours de la Compagnie de Voltigeurs du 58e qui défend l'ouvrage. L'ennemi est repoussé et poursuivi l'épée dans les reins jusqu'aux remparts de Stralsund, laissant les fossés remplis de morts et de blessés, et nous abandonnant 40 prisonniers, dont 1 Capitaine et 1 Lieutenant. Les Voltigeurs du 4e Léger sont cités par le Maréchal Mortier dans un ordre du 15 mars 1807 comme ayant, conjointement avec la Compagnie du 58e, résisté aux efforts de 15000 Suédois ! (soit toute la garnison, la sortie ne comptait au plus que 3000 Suédois en vérité, et 6 pièces de canon, ce qui était déjà suffisant pour mériter des éloges !). Dans ce rapport, sont cités nominalement comme s'étant particulièrement distingués : GUIGNA (Guigne) Sergent, DRUET Caporal, MAGNE Chasseur, ALIGNIER (Olagner) Chasseur, DURONSSET (Duroussel) Chasseur, NATHON (Mathon) Chasseur, NOLLET (Piollet) Chasseur, SERVIERES (Ferrière) Chasseur et OFFRAY (Offroy) Tambour.

Cette affaire conduite par le Capitaine BARRAL, Aide de camp du général Dupas, mérita les honneurs de l'ordre du jour de l'armée : "ORDRE DU JOUR.
Osterode, 23 mars 1807.
Le maréchal Mortier témoignera ma satisfaction aux compagnies de voltigeurs du 58e régiment de ligne et du 4e d'infanterie légère qui ont défendu la redoute devant Stralsund, à la sortie du 14 mars. Le capitaine Drivet, commandant la compagnie du 58e, est nommé membre de la Légion d'honneur; trois décorations de la Légion d'honneur sont accordées aux compagnies de voltigeurs du 58e et du 4e léger, pour être données aux officiers et sous-officiers qui, de l'opinion de leurs camarades, se sont le plus distingués dans cette journée
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12128).

"67e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.
Osterode, 25 mars 1807.
Le 14 mars à trois heures après midi, la garnison de Stralsund, à la faveur d'un temps brumeux, déboucha avec 2,000 hommes d'infanterie, deux escadrons de cavalerie et six pièces de canon, pour attaquer une redoute construite par la division Dupas. Cette redoute, qui n'était ni fermée, ni palissadée, ni armée de canons, était occupée par une seule compagnie de voltigeurs du 58e de ligne. L'immense supériorité de l'ennemi n'étonna point ces braves. Cette compagnie, ayant été renforcée par une compagnie de voltigeurs du 4e d'infanterie légère, commandée par le capitaine Barral, brava les efforts de cette brigade suédoise. Quinze soldats suédois arrivèrent sur les parapets, mais ils y trouvèrent la mort. Toutes les tentatives que fit l'ennemi furent également inutiles. Soixante-deux cadavres suédois ont été enterrés au pied de la redoute. On peut supposer que plus de 120 hommes ont été blessés ; 50 ont été faits prisonniers. Il n'y avait cependant dans cette redoute que 150 hommes. Plusieurs officiers suédois, décorés, ont été trouvés parmi les morts. Cet acte d'intrépidité a fixé les regards de l'Empereur, qui a accordé trois décorations de la Légion d'honneur aux compagnies de voltigeurs du 58e et du 4e léger. Le capitaine Drivet, qui commandait dans cette mauvaise redoute, s'est particulièrement distingué ...
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 190 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12175).

Et l'Empereur accordera à ces Compagnies de voltigeurs 9 croix de Chevaliers de la Légion d'Honneur (ordre du jour du 20 mai 1807).

Le 18 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "En conséquence des derniers états de situation que vous m'avez remis, il résulte que le 2e, 4e, 12e et 15e d'infanterie légère, 12e, 14e, 32e et 58e de ligne seraient à un effectif de plus de 10000 ; ce qui supposerait 8 à 9 000 hommes sous les armes ...
Voici comment j'arrive à ce résultat ...
Faites-moi connaître l'état de situation au 15 mars de tous les 3es ou 4es bataillons de l'armée, effectif.
Mettez à côté ce qu'ils devaient recevoir de 1806 et 1807 et réserve ; ce qui était reçu aux corps au 15 mars et faisant partie de leur situation, en ajoutant à la situation au 15 mars ce qui leur reste à recevoir de la conscription, ils auront, dans le courant de l'été, la force qu'il faut que ces bataillons aient. Par la différence de cette situation au complet effectif de 1 260 hommes, on aura ce qu'il est nécessaire de leur donner encore de la conscription de 1806. Il faut cependant faire attention qu’il a des bataillons qui ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs à la Grande Armée
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14727).

Napoléon demande à la mi-Mars à Mortier de pousser le siège de Colberg. Il laisse la Division Grandjean (4e Léger, 58e de Ligne et deux régiments hollandais) devant Stralsund et marche vers l'Est avec le reste de ses troupes. Les Suédois en profitent, lancent une offensive, avancent jusqu'à Stettin et font de nombreux prisonniers, libérant ainsi toute la Poméranie suédoise le 3 Avril.

Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Infanterie légère
Numéros des Régiments, et noms des Colonels
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres
Numéro des Bataillons
Emplacement, et conscription de l'an 1807
Division Militaire
4e Bazancourt

Meslier
Balland
Chapuzet
Bertet
Folloppe

Major
1er
2e
3e
Quartier-maître




A Vire
Dépôt à Paris
Conscrits de la Loire


2e Division, 8e Corps
2e Division, 8e Corps
Camp de Saint-Lô
1ère

Plaque de shako 4e Léger 1807-1810
Fig. 4bis Plaque de shako en 1807-1810

Mortier devant Colberg rétrograde, rejoint la Division Grandjean qui s'est repliée et des renforts envoyés de Berlin. Il attaque les Suédois le 16 Avril à Anklam.

Le 17 avril 1807, le Maréchal Mortier détache la Brigade Veaux sur Ueckermünde où les Suédois se trouvent au nombre de 4 à 5000; ils opposent une vive résistance, mais enfin ils sont culbutés et mis en déroute par le 4e Léger qui s'empare de 3 pièces de canon, d'une Compagnie entière d'artillerie légère et de 500 prisonniers.

Le 18 avril, un Chasseur du 4e Léger, en faction en avant des ouvrages qui encerclent Stralsund, est blessé d'un coup de feu par 4 Suédois qui l'approchent après avoir répondu : "déserteurs" à son : "Qui vive !"; les trois autres balles percent ses habits. Aussitôt, un Caporal et 4 Voltigeurs du 58e font feu sur les sentinelles et vedettes suédoises pour venger le Chasseur du 4e; un Suédois est tué et 2 autres blessés.

Le 18 avril, le MAréchal Mortier conclut un armistice avec le Gouverneur de la Poméranie suédoise (Historique régimentaire).

Le 19, le 4e Léger s'établit à Champenow et environs (Historique régimentaire)

Le 20 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein,au Général Clarke : "… Le 3e est arrivé le 17 à Stettin. Ainsi le maréchal Mortier se trouve avoir les 4e léger, 58e et 72e de ligne, les 15e et 3e de ligne, le 5e provisoire, 12,000 hommes ; Nassau, Würzburg, les Hollandais, un bataillon italien, 5,000 hommes ; cavalerie, 1,200 hommes ; artillerie, 1,500 hommes. Total, 18 à 20,000 hommes …" (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12431 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15352).

Le 4e Léger se distingue encore dans les combats qui ont lieu sur les bords de la Peen, combats où il prit 9 canons et une compagnie entière d'artillerie légère. Un cessez le feu est bientôt signé. Napoléon finit par le ratifier à contre cœur.

Un nouveau corps d'armée, donné au Maréchal BRUNE, remplace le 8e Corps dans la Poméranie et celui-ci fut rapproché du théâtre des opérations, c'est à dire de la Vistule. C'est ainsi que Napoléon ordonne de Finkenstein, le 29 Avril, que le Corps du maréchal Brune se positionne à Hambourg et en Poméranie et que :

"Le maréchal Mortier fera partir sans délai le 3e et le 72e de ligne, pour se rendre devant Danzig. Il renforcera Kolberg d'un régiment français, jusqu'à ce que le 4e régiment italien soit arrivé. Il laissera les divisions Dupas et Grandjean entre Stettin et Kolberg, jusqu'au 10 mai, temps où le maréchal Brune aura fait toutes ses dispositions, et époque où les généraux Molitor et Boudet seront avancés en Allemagne. Si, cependant, le maréchal Mortier apprenait par la correspondance que la flotte anglaise est entrée dans le Sund, il faudrait supposer qu'elle veut faire lever le siége de Danzig : alors il faudrait qu'il se portât avec toutes ses troupes sur Danzig pour secourir le maréchal Lefebvre". (lettre de Napoléon à Berthier - Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12493 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15447).

Dans la foulée, depuis Finkenstein, des Instructions sont envoyées le même jour au Maréchal Mortier "Le maréchal Mortier, commandant le 8e corps de la Grande Armée, sera chargé de faire le siège de Kolberg et de le protéger, ainsi que de la défense de la côte depuis les bouches de l'Oder jusqu'à celles de la Vistule. Son corps d'armée sera composé de la division Grandjean, de celles Dupas et Loison, ayant les 4e d'infanterie légère, 15e et 58e de ligne, le régiment de Wurzburg, le régiment du duc de Berg, formant ensemble, avec les deux régiments hollandais à cheval et toute l'artillerie de son corps d'armée, 9,000 hommes; ayant de plus quatre régiments italiens, deux régiments à cheval italiens, le contingent de la Saxe-Ducale, et deux régiments de Wurtemberg, formant 9,000 hommes; en tout, 18,000 hommes.
La division Loison fera le siège de Kolberg.
La division Dupas restera cantonnée entre Stettin et Kolberg;
La division Grandjean, entre Kolberg et Danzig ...
".

Au commencement de mai, la Division Dupas devient la 1ère Division du 8e Corps; la 1ère Brigade est composée du 4e Léger et du Régiment de Würtzbourg (Historique régimentaire).

Le 15 mai, le Régiment est à Tempelburg. Le 17, la 1ère Brigade de la Division Dupas, sur la demande du Maréchal Lefebvre, reçoit l'ordre de se porter à marche forcée sur Danzig, où elle arrive le 20.

Danzig tombe enfin le 24 Mai 1807.

Le 25, le 4e Léger est à Wimpelmünde.

Composition du 8e Corps du Maréchal Mortier au 1er juin 1807 :
1ère Division, Général Dupas : 4e Léger, 15e et 58e de Ligne, Garde de Paris, et Régiment de Würzburg, 8 Bataillons, 6857 hommes.
2e Division, Général Loison : 1er et 2e Légers italiens, 1er de Ligne italien, 1er d’infanterie polonaise, infanterie saxonne et wurtembergeoise, 10 Bataillons, 7279 hommes.
2e Division polonaise, Général Dombrowski : 2e, 3e et 4e Régiment d’infanterie polonaise, 8 Bataillons, 4063 hommes ; 2 Régiments de cavalerie polonaise et cavalerie de Sokolnicki, 702 hommes ; Artillerie et Génie polonais, 390 hommes.
3e Division polonaise, Général Zajonczek : 2 Régiments d’infanterie polonaise et artillerie, 5125 hommes.
Artillerie et Génie : 40 pièces, 813 hommes.
Brigade de cavalerie hollandaise, Général Dury : 2e Hussards et 2e Cuirassiers, 6 Escadrons, 856 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Le 1er juin, la Division Dupas établit ses cantonnements dans les villages voisins de la place de Dirschau. Le 2, l'Empereur passe la revue de la Division.

Maître de la ligne de la Vistule par la prise de Dantzig, Napoléon se prépare à prendre l'offensive, mais il est devancé par Bennigsen le 5 Juin.

Carabiniers 4e Léger Espagne 1809
Fig. 5 Sous officiers de Carabiniers en capote (d'après El Guil, Fort - Ancienne collection de Ridder, BNF, département des Estampes et Photographie

Bennigsen se trouve, grâce à de nouveaux renforts, à la tête de 100.000 hommes. Ayant à sa droite Gortschakoff, à sa gauche Bagration, il essaye d'enlever le Corps de Ney (6e Corps). Il est battu à Guttstadt et à Ankendorf, et de crainte d'être tourné, il se replie promptement sur Heilsberg talonné par Murat. Bennigsen résiste avec énergie dans ses retranchements d'Heilsberg, puis, dans la crainte d'être coupé de Koenigsberg, il descendit rapidement l'Alle par la rive droite.

Le 6 juin, le 8e Corps se remet en route, passe la Vistule et bivouaque en avant de Marienburg. Le 7, il est à Chrisburg; le 8, à Saalfeld; le 9, à Mohrungen; le 10, à Guttstadt; le 11, à Altkirch; le 12, à Elsberg; le 13, à Lampasch.

- Bataille de Friedland, 14 juin 1807 : Lannes et Mortier s'avancent parallèlement par la rive gauche. Le Corps de Mortier est composé de la 1ère Division Dupas (4e Léger, 15e et 58e de Ligne, Garde de Paris) et de la Division Polonaise Dabrowsky. Le 8e Corps est parti de Lampasch le 14 juin à une heure du matin et se dirige sur Friedland où il arrive à 6 heures à la hauteur du Corps d'armée du Maréchal Lannes.

Bennigsen les a devancés à Friedland; il s'empare des ponts de cette ville et commence à passer sur la rive opposée, comptant prendre les Français de flanc. Lannes et Mortier avertissent l'Empereur et, avec leurs seules forces, contiennent l'ennemi pendant plus de douze heures.

La Division Dupas entre aussitôt en ligne; elle se déploie à la droite de Heinrichsdorf où un Bataillon du 4e Léger et le Régiment de Paris relèvent la Brigade Albert, des Grenadiers d'Oudinot (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 571).

En arrivant, Mortier a son cheval tué d'un boulet; il se relève aussitôt et, avec la Division Dupas, repousse l'attaque d'une colonne d'infanterie en lui faisant éprouver d'énormes pertes. Puis, par une charge vigoureuse, les 4 Régiments de la Division s'emparent du plateau en face de la ville et s'y maintiennent comme un mur d'airain contre toutes les attaques.

"Le corps d'armée part de son bivouac à 1 heure du matin, se dirige sur Friedland ; à 6 heures, il arrive à hauteur de la division des grenadiers d'Oudinot, qui était aux prises depuis 1 heures du matin. L'ennemi, dans ce moment, faisait un mouvement pour s'emparer de sa position entre les villages de Posthenen et Heinrichsdorf : la division du général Dupas était à peine débouchée du bois. M. le maréchal Mortier ordonna de la former en une seule colonne d'attaque, de marcher droit à la position et de se déployer aussitôt arrivé ... L'ennemi fut abordé a l'instant même où il arriva sur cette position si importante ; aussi le carnage a-t-il été terrible ; dans ce moment, M. le maréchal a eu son cheval tué sous lui. Aussitôt cette position prise, le 1er bataillon du 4e régiment d'infanterie légère fut envoyé pour s'emparer du sillage de Heinrichsdorf, d'où la cavalerie aux ordres du général Nansouty avait été repoussée" (Journal des opérations du 8e Corps - In : Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 197).

Battus toute la journée par un violent feu d'artillerie et de mousquetereie, entourés et chargés par les Cosaques de Gorttschakof, ces braves restent sur leur position jusqu'à neuf heures du soir.

L'état des pertes, certifié par le Chef d'Etat-major Godinot, montre qu'après la Division Oudinot, c'est la Division Dupas qui est la plus maltraitée de l'Armée. Dans son rapport du 16 à Napoléon, le Maréchal Mortier dit : "Tous les régiments de la division Dupas se sont couverts de gloire".

Ney et Victor de leur côté ont précipité leur marche et arrivent avec l'Empereur sur le champ de bataille à quatre heures du soir (14 juin). L'ennemi se trouve à ce moement dans une position critique. Il occupe le fond d'un entonnoir formé par le village de Friedland et entouré par une boucle de l'Alle. Son artillerie est restée sur la rive droite. Arrivé sur le champ de bataille, Napoléon s'écria : "Non, on ne surprend pas souvent l'ennemi dans une pareille faute !". Il charge alors Mortier de former la gauche en occupant le village d'Heinrichsdorf. Ce maréchal reçoit l'ordre de se tenir sur la défensive. Lannes est placé au centre, Ney à droite, au village de Posthenen. C'est de ce côté que Napoléon dirigera l'attaque décisive.

Les Russes, au contraire, concentrent tous leurs efforts contre la gauche de l'armée française, qui leur ferme directement la route de Koenigsberg. Pendant qu'ils sont occupés de ce côté, Ney pousse devant lui leur aile gauche et marche dans la direction du clocher de Friedland. Le maréchal Ney continuait ses progrès vers Friedland, lorsque l'artillerie russe, tirant par-dessus l'Alle, fit éprouver à l'aile droite des pertes énormes. Le général Sénarmont réunit alors les 36 bouches à feu des divisions, en forme deux batteries, avec 6 pièces en réserve; il prend position à 400 mètres de l'ennemi et tire en avançant constamment sa ligne de feu. Sous cet ouragan, les Russes sont rejetés sur Friedland, le maréchal Ney à leur suite. La garde russe essaye inutilement contre ses divisions une attaque de flanc, elle est écrasée par une charge de la division Dupont.

L'aile droite des Russes, attirée sur la route de Koenigsberg par la retraite calculée de Lannes et de Mortier, se hâte de revenir à Friedland dès qu'elle apprend le sort du centre et de la gauche. Mais Bennigsen avait fait sauter les ponts pour protéger sa fuite. Pressée entre les corps de Mortier, de Lannes et du maréchal Ney, l'aile droite, plutôt que de se rendre, passe la rivière à la nage sous les balles françaises, qui lui font perdre la moitié de son effectif. Les Russes s'enfuirent en désordre sur le Niémen.

A la fin de l'action, le Corps de Mortier, devant lequel se trouve toute la cavalerie ennemie, n'avance que peu au delà de Heinrichsdorf, et ne pousse pas jusqu'à l'Alle, sans doute par prudence, afin de parer un retour offensif de cette cavalerie. Déjà, on commence à ne plus distinguer les objet qu'à la lueur du crépuscule, daund, à travers les intervalles du 8e Corps, on voit passer quelques Régiments de cavalerie.

""Ce sont les dragons d'Arrighi appartenant à la garde et les cuirassiers saxons qui vont à la poursuite", dit-on dans les rangs.
Bientôt dans la direction par où se retiraient les Russes, l'horizon parut embrasé de feux : on eût dit un volcan en éruption tant leur artillerie semblait nombreuse. Notre cavalerie revint; on crut voir quelque désordre et il y eut un instant d'émotion. Quoi donc, après tant de sang versé, l'ennemi reviendrait à la charge !
"Allons ! Saint-Mars, encore un effort !", dit le maréchal Lannes à son premier aide de camp. Et tous deux, ramassant les tambours qui pouvaient encore remuer, s'avancèrent dans l'obscurité, ayant à peine quemques soldats mais faisant battre la charge.
Du côté des Russes, ce n'était qu'un simulacre pour ralentir notre poursuite.
Au roulement de nos tambours, un coup de canon répondit dans l'éloignement, mais ce fut le dernier; puis insensiblement s'éteignit le murmure confus de tant de voix et de mouvements.
Nous avions pris aux Russe 80 canons, une multitude de caissons et plusieurs drapeaux. Leur perte en hommes était énorme, car le tiers de leur armée était étendu là; leurs blessés gisaient avec un courage et une résignation qui excitaient la surprise et presque le respect. Les uns, dénués de secours et de nourriture, attendaient la mort sans plainte ni murmures; d'autres, à l'aide d'un couteau, coupaient eux-même le dernier tendon par lequel tenait encore leur jambe ou leur bras cassé. Plusieurs fumaient avec une insensibilité stoïque. On eût dit que pour ces corps de septentrion, une organisation plus rude ne laissait pas de prise à la douleur. Quels hommes ! Mais que penser des Français qui les avaient vaincus ?
"

Le 4e Léger a perdu au cours de cette bataille, 1 Officier tués et 23 Officiers blessés; 23 soldats ont été tués, 415 blessés Trois Officiers blessés sont morts des suites de leurs blessure : le Capitaine Roy, le Lieutenant Piottaz et le Sous-lieutenant Destaing.

A citer particulièrement le Sergent Panissod, qui a reçu 15 ooups de sabre, et a été nommé Sous-leiutenant sur le champ de bataille.

Le lendemain de la bataille, le 8e Corps cantonne à Klein-Eylau.

Soult, Davout et Murat étaient arrivés devant Koenigsberg. Lestocq, en apprenant la défaite de Friedland, évacue cette place. Les Russes se replient derrière le Niemen.

Le 20 juin, le 4e Léger est à Tilsitt, où il reste jusqu'au 25 pour aller cantonner sur les bords du Niémen.

Le 8 Juillet, c'est la signature du traité de Tilsitt.

La campagne terminé, le 4e Léger occupe la Silésie puis les Villes Hanséatiques. En août, il est à Stettin. Il va faire partie, jusqu'en novembre, du Corps du Prince de Ponte-Corvo.

Le 30 août 1807, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez l'ordre au 5e régiment d'infanterie légère et au 19e de ligne, qui sont à Stralsund, de partir sans délai pour Hambourg, ou ils feront partie de la division Dupas. Donnez l'ordre au régiment des troupes de Paris, qui est à Hambourg, de se diriger sur Paris. Par ce moyen, la division du général Dupas sera composée des 4e et 5e régiments d'infanterie légère et des 15e, 58e et 19e de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 13092 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16259).

Le 16 octobre 1807, à Fontainebleau, on informe l'Empereur que "Le colonel commandant le 4e régiment d'infanterie légère demande des congés de convalescence pour six offciers de son régiment qui, en raison des maladies dont ils sont atteints ou des blessures qu'ils ont reçues à la bataille de Friedland, ont besoin de faire usage des eaux thermales"; Napoléon répond : "Accordé pour ceux qui ont été blessés, refusé pour les autres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1352).

Le 14 novembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre au 4e d'infanterie légère et au 15e de ligne qui font partie de la division Dupas de se rendre à Wesel. Tous les détachements que ces deux régiments auraient en Allemagne les rejoindront dans cette ville. Vous me ferez connaître le jour où ils arriveront, afin qu'à leur arrivée, je puisse lui envoyer de nouveaux ordres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1449; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16791 - Six donne le 5e Régiment d'infanterie légère).

Le 30 novembre 1807, à Venise, "Le ministre de la guerre sollicite les ordres de l’Empereur au sujet de la destination à donner aux 4e d'infanterie légère et 15e d'infanterie de ligne, qui doivent arriver à Wesel les 28 et, 29 novembre, venant de Lübeck"; l'Empereur répond : "Ils rejoindront leur dépôt" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1470).

Le 4e (1er et 2e Bataillons) rentre en France à la fin de l'année 1807. Le 23 décembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Milan, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre au 4e d'infanterie légère et au 15e de ligne qui sont arrivés le 16 décembre à Wesel de se rendre à Paris ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1490 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16919) ; le régiment revient donc tenir garnison à Paris.

Le 13 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Bessières, commandant de la Garde impériale : "Il y aura grande parade dimanche. Le 2e régiment de vélites qui est à Compiègne et celui qui est à Fontainebleau s'y trouveront. Le 4e léger et le 15e de ligne qui arrivent de la Grande Armée s'y trouveront également tout entiers" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17002).

Le 13 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon intention est d'accorder une gratification de cent mille francs aux 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère ...
Vous ferez connaître aux conseils d'administration de ces régiments que mon intention est qu’il soit donné trois mois de solde aux officiers et deux mois aux sous-officiers et soldats, mais à ceux seulement qui ont assisté aux batailles soit d'Austerlitz, soit d'Iéna, soit de Friedland. Le surplus de cette somme, s'il en restait après la répartition de cette gratification, servirait à donner un supplément de deux mois de solde aux officiers et soldats qui auraient été blessés. Si la somme que j'ai fixée ne suffisait pas pour donner les trois mois de solde, on diminuera 15 jours aux officiers et 15 jours aux soldats. On vous rendra compte de l'opération ...
" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées » ; Paris, 1903, t. 1, lettre 657 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17390).

- Pendant ce temps en France (1806-1807)

Le 3e Bataillon, on la vue, est resté à Saint-Denis avec le Dépôt.

Le 10 novembre 1806, l'Empereur écrit depuis Berlin, à Cambacérès, Archichancelier de l'Empire : "Mon Cousin … Je vois avec peine qu'on arrête des diligences. Il faut éveiller la sollicitude de la police et déployer un peu de forces. Voyez le ministre Dejean et le gouverneur de Paris. Mon intention est que les quatre dépôts de dragons qui sont à Paris fournissent chacun un détachement de 30 hommes commandés par un officier ; ces quatre détachements, formant 120 hommes, seront répartis sur les routes de Chartres, sur les confins de l'Orne, du côté des Andelys et d'Évreux. Pour peu que le mal augmente, on formera sur-le-champ un camp volant composé des carabiniers et voltigeurs des 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère, des 120 dragons et de plusieurs brigades de gendarmerie. Cette force, faisant 5 ou 600 hommes, se rendra successivement à Évreux, aux Andelys, à Laigle, et, s'il est nécessaire, du côté de Domfront, arrêtera les mauvais sujets et fouillera les forêts. Cela rassurera les bons citoyens et comprimera ce commencement de malveillance …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11224 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13537).

En décembre, le 3e Bataillon tient garnison à Paris.

Le 18 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Junot, Gouverneur de Paris et commandant la 1ère Division Militaire : "À l'heure qu'il est, le 3e bataillon du 2e d'infanterie légère doit être à l'effectif de 400 hommes. Celui du 4e à 1200 hommes ; du 12e à 1300 ; 15e à 1300 ; 58e à 1200, du 32e à 1350 hommes ; du 14e à 900 hommes et du 12e à 1100 hommes.
Il résulte des états qui me sont envoyés que, le 15 février, la situation du 3e bataillon du 21e léger était de 936 hommes ; le nombre de conscrits qu'il avait à recevoir de 1806, de 1807 et de la réserve était de 547 hommes, total 1483. Je suppose ces conscrits arrivés à l'heure qu'il est ; ce qui devrait vous faire un effectif de 10 000 hommes des 8 bataillons, et, en présence sous les armes, de 8 à 9 000 hommes. Faites-moi connaîtres ce qu’il en est
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14723).

En avril, le 3e Bataillon est envoyé à Vire, puis au camps de Saint-Lô.

Le 30 avril 1807, l'Empereur nomme à un emploi de Chef de Bataillon dans la 4e légion de Réserve, M. Balland, Chef de Bataillon au 4e Léger (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 24).

V/ 1808 : LA PREMIERE CAMPAGNE PORTUGAISE DU 3EME BATAILLON DU 4EME LEGER

Officier 4e Léger Espagne 1809-1810
Fig. 6 Officier en capote, 1809-1810 (d'après El Guil / Fort)

Le Portugal, de fait allié des Anglais, avait joué depuis 1801 d'une neutralité de façade. En Juillet 1807, l'Empereur sommait le pays de fermer ses ports aux Anglais. Pour appuyer ses menaces, un corps d'Observation de la Gironde était formé, et Français et Espagnols s'entendaient par une convention secrète signée à Fontainebleau le 27 Octobre pour se partager le pays.

"DÉCRET.
Saint-Cloud, 2 août 1807.
TITRE Ier.
DISSOLUTION DES CAMPS DE SAINT-LÔ, PONTIVY ET NAPOLÉON.
ARTICLE 1er. Les trois camps volants de Saint-Lô, de Pontivy et de Napoléon seront dissous dans le courant du mois d'août.
ART. 2. Chacun de ces trois camps formera une division d'un corps qui portera le titre de Corps d'observation de la Gironde.
ART. 3. Le général Junot, gouverneur de Paris, est nommé général en chef commandant le corps d'observation de la Gironde, lequel se réunira à Bayonne.
Le général Junot recevra des ordres pour être rendu le 20 août à Bayonne avec son état-major.
TITRE II.
COMPOSITION DU CORPS D'OBSERVATIONDE LA GIRONDE.
... ART. 5. La 2e division sera composée
Du 3e bataillon du 12e d'infanterie légère, du 3e bataillon du 15e idem, du 3e bataillon du 2e idem, du 3e bataillon du 4e idem, du 3e bataillon du 32e de ligne, du 3e bataillon du 58e idem et du 2e bataillon du 2e régiment suisse, porté au grand complet de 1,260 hommes, qui partira le 6 août de Toulon et d'Avignon.
Chacun de ces sept bataillons sera complété à l'effectif de 1,260 hommes.
Le général de division Laroche commandera cette division ; il aura sous ses ordres les généraux de brigade Charlot et Petitot.
Cette division aura douze pièces de canon, avec le personnel, matériel et attelages, prises au camp de Saint-Lô.
Au 5 août, le camp de Saint-Lô sera dissous, et le général Laroche, avec ses officiers, les généraux et les troupes, se mettra en marche pour Bayonne.
... TITRE IV.
DES DEPOTS.
ART. 10. Les dépôts de tous ces régiments continueront à rester où ils se trouvent. En conséquence, les majors, quartiers-maîtres, officiers d'habillement, ouvriers, etc. continueront à rester dans les 12e, 13e et 14e divisions militaires.
TITRE V.
DISPOSITIONS GÉNÉRALES.
ART. 11. Pour compléter les cadres des bataillons, il ne sera pris aucun des conscrits de 1808, qui continueront à rester aux 3es ou 4eS bataillons ou aux dépôts des régiments.
ART. 12. Nos ministres de la guerre et de l'administration de la guerre sont chargés de l'exécution du présent décret
" (Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12973; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 4).

Le bataillon formait avec le 3e bataillon du 2ème Léger, le 1er régiment provisoire d'infanterie légère de la 1ère brigade au sein de la 2ème division d'infanterie du général Loison du 1er Corps d'Observation de la Gironde, qui est rassemblé à Bayonne. La Division Loison est cantonnée entre Saint-Jean-de-Luz et Saint-Jean-Pied-de-Port, et reste inactive jusqu'au 17 octobre

Le 12 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre qu'il soit formé demain par le général Hulin un bataillon provisoire composé d'une compagnie du 2e régiment d'infanterie légère, une du 4e idem, une du 12e, une du 15e, une du 32e, une du 58e. Vous nommerez un chef de bataillon de ces corps pour commander ce bataillon provisoire. Chaque compagnie sera composée d'un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, un sergent-major, deux sergents, quatre caporaux, deux tambours et 200 hommes. On pourra prendre s'il est nécessaire des conscrits de 1808. Ces hommes seront bien habillés et bien armés ; vous en passerez vous-même la revue ; ils se mettront en marche le 15 pour se rendre à Bayonne, où ils renforceront leurs troisièmes bataillons de guerre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1343 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16512).

Le 17 octobre, Junot reçoit de l'Empereur l'ordre de marcher sur Lisbonne.

Le 30 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous avais donné des ordres pour la formation d'un bataillon provisoire tiré des dépôts de Paris, destiné à recruter le corps de la Gironde. Cela n'a pu avoir lieu. L'arrivée à Paris de deux régiments de guerre de la garde de Paris ayant augmenté la garnison, je désire que vous fassiez procéder sans délai à la formation de ce bataillon provisoire qui sera composé d'un lieutenant, d'un sergent, de deux caporaux et de 60 hommes du 32e, de 100 hommes du 58e, de 60 hommes du 2e, de 160 hommes du 4e, de 150 hommes du 12e et de 60 hommes du 15e ; ce bataillon provisoire, commandé par un capitaine, se mettra en marche le 4 novembre. Vous chargerez le général de division Mouton de former ce bataillon et d'en passer une revue de rigueur ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16651).

En Novembre, le 3e bataillon fut détaché pour faire partie du corps expéditionnaire pour le Portugal ou Armée d'Observation de la Gironde, placé sous le commandement de Junot.

Le Gouvernement espagnol a donné des ordres afint que tout soit prêt d'avance pour le passage de l'armée d'expédition sur son territoire, mais la population n'obéit pas, et les souffrances des soldats sont épouvantables. La marche sur le Portugal à travers l'Espagne est un calvaire climatique (pluies permanentes) et pénurique (absence de vivres, les hommes ne touchent que la demi-ration de pain et de viande); les chaussures manquent. Les pertes sont nombreuses. On fait des cartouches nuit et jour pour en donner 20 par homme; le papier manquant pour les confectionner, on est obligé d'en prendre dans les archives des chevaliers d'Alcantara.

"Le 21 novembre, les deux premières divisions se rendirent à Castel Branco; la seconde, exténuée par les horribles privations, par les fatigues accablantes qu'elle avait éprouvées depuis Ciudad Rodrigo, abimée par la marche qu'elle venait de faire, ayant passé dans la journée des ravins presque impraticables et des torrents au milieu desquels plusieurs hommes avaient péri, en ayant perdu d'autres tombés mort d'épuisement pendant la même route, fut logée chez les habitants" (Relation de l'expédition de Portugal, 1807-1808, par le Baron Théibault, Chef d'Etat-major de l'armée de Portugal).

Après huit jours de marches forcées dans les montagnes, par la neige, sans feu, presque sans vivres, le 3e Bataillon du 4e Léger est épuisé. Un torrent barre le sentier où les hommes défilent un à un. Grossi par les pluies, roulant des fragments de rochers et des troncs déracinés, il effraie les plus intrépides. A bout de forces, les recrues refusent d'avancer et de se joindre à la chaine que quelques Grenadiers forment pour résister à la violence des eaux. Le commandant Couderc n'hésite pas, il fait signe à ses Officiers, saisit un jeune soldat, l'emporte sur ses épaules, et lui fait traverser le torrent. Ses Officiers l'imitent, les vieux grognards rougissent de rester en arrière de leurs chefs, et grâce à la bonne volonté de tous, le passage est franchi.

Arrivée à Abrantès, l'armée entière Officiers compris, est pieds nus; le Chef d'état-major Thiébault frappe sur la ville une réquisition de 10000 paires de souliers neufs, en même temps qu'il envoie dans les maisons de nombreuses corvées pour prendre tout ce qui existe de souliers et de bottes.

Le 30 Novembre, l'avant-garde de Junot arrive en loques à Lisbonne, le reste de l'armée le 2 décembre (Historique régimentaire).

"A un ou deux jours d'intervalle les différents corps, ou plutôt les lambeaux de ces corps, se suivaient toujours dans un plus misérable état. On vit des compagnies d'élite de 140 hommes dont il n'en restait pas 15, et des officiers qui, par l'effet des fatigues, étaient dans un état de stupeur tel qu'ils ne pouvaient plus parler.
Les aigles arrivaient avec 200 à 250 hommes au lieu de 2500; la moitié des soldats paraissaient des cadavres ambulants.
Trois semaines après notre entrée à Lisbonne, cette armée qui était de 25,000 hommes en partant de Bayonne, n'avait pas encore 10,000 hommes sous les armes.
Petit à petit, les hommes restés en arrière arrivèrent par 30 ou 40 et en moins de 3 mois, cette armée redevint l'une des plus belles et des meilleures qu'on pût voir. Les soldats avaient reçu en gratification un habillement et un équipement entier ; la solde fut augmentée, et chaque homme reçut par jour une bouteille de vin d'Oporto
".

Pendant toute cette partie de la campagne, l'Armée n'a eu à lutter que contre les fatigues; elle a failli cependant succomber.

La première tâche du Général en chef est de dissoudre l'Armée portugaise et d'envoyer le reste en France. Puis de répartir ses troupes, qui s'intitulent désormais Armée du Portugal, dans le pays.

La 2e Division est envoyée à Cintra, Mafra et occupe le littoral jusqu'à l'embouchure du Mondego.

Le 7 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez des ordres pour la formation d'un bataillon proviroire composé d'une compagnie de chacun des régiments suivants, des 2e, 4e, 12e et 15e d’infanterie légère, et du 32e et 58e de ligne, d'une du 1er régiment de Paris, et d'une du 2e régiment de Paris. Ce bataillon ainsi fort de 8 compagnies formant un millier d'hommes partira le 12 janvier pour se rendre à Bayonne et recruter les corps auxquels ces compagnies appartiennent ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1501 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16961).

La situation des troupes s'améliore peu à peu grâce aux réquisitions sur le pays, qui par contre braquent la population. Les forces espagnoles qui ont, un peu, aidé les Français, se retirent ou doivent être désarmées à la suite des évènements qui se passent dans leur pays en parallèle.

Le 1er février 1808, Junot reçoit de l'Empereur et prend en grande cérémonie le titre de Gouverneur Général du Portugal, Duc d'Abrantès; lui et son Armée du Portugal peuvent penser que la situation se stabilise. Le problème, c'est qu'en Espagne voisine, c'est le contraire. Les troupes françaises peu à peu se sont infiltrées et se sont emparées des points stratégiques. Mais la population, qui voit sa famille royale détrônée, se révolte en Mai 1808, aidée par l'Armée espagnole. Junot est donc coupé de ses arrières, isolé au Portugal.

Le pays, qui jusqu'alors était tranquille, apprend la nouvelle du soulèvement général en Espagne.

Le Général Loison reçoit l'ordre de se rendre à Oporto, que la défection des Espagnols a laissé sans Gouverneur ni troupes. Il emmène avec lui les Bataillons des 2e et 4e Légers, ainsi que 6 pièces de canon. Mais le jour de la Fête-Dieu, les prêtres provoquent une insurrection générale qui a tout son succès à Oporto, Braga et Chavès. Junot s'empresse de rappeler le Général Loison, mais il est trop tard. Lces communications sont rompues.

Le 5 juin, le Bataillon du 4e Léger qui est à Almeida quitte cette ville pour aller camper vis-à-vis du fort espagnol de la Conception; il sert à en faire le blocus avec trois autres Bataillons, et entre dans le fort le lendemain.

Le 6 Juin 1808, l'insurrection débute aussi dans tout le reste du Portugal contre les Français. Les Anglais fournissent par bateaux du matériel, les milices portugaises se réactivent, puisqu'il n'y a plus d'armée de Ligne. Les premiers détachements français sont défaits. Junot décide de concentrer ses troupes autour de Lisbonne en gardant quelques places fortes comme Almeida et Elvas pour pouvoir s'y replier si on doit évacuer Lisbonne.

La Division Loison est de nouveau rappelée d'Almeida sur Lisbonne. Des combats ont lieu dans tout le pays.

Loison, de son côté, exécutant les ordres qu'il a reçus, marche sur Oporto, mais en approchant de la ville, il apprend qu'elle est en pleine révolte. Il se retire alors à Lamego et, après avoir battu une colonne d'insurgés à Castro-Dayro, il reçoit enfin une des 25 dép^ches de Junot le rappelant à Lisbonne.

Le 1er juillet, le 3e bataillon du 4e Léger est de retour à Almeida. Le Général Loison quitte bientôt cette place avec 3600 hommes et se dirige sur Guarda. Le 4 juillet, les insurgés placés sur deux lignes et ayant 2 pièces de canon au centre lui barrent la route. Il les attaque, les repousse avec une perte énorme et prend leur artillerie.

Le 5 juillet, la Division Loison se rend à Attalaya, mais le village est désert. Les Bataillons des 2e et 4e Légers partent pour dissoudre un rassemblement d'insurgés et rapporter des subsistances en ramenant aussi le maire du village. En approchant d'Alpedrinha, ils trouvent les insurgés dans des espèces de redoutes placée à moitié de la hauteur sur laquelle la ville est située; ils les attaquent à la fois de front et à revers, et les culbutent malgré leur résistance opiniâtre.

Loison arrive à Abrantes le 9 Juillet ; le 11 juillet, il est à Santarem.

"Tout à coup Lisbonne retentit du bruit d'un miracle nouveau ! Un oeuf en fit les frais, mais ces oeuf prophétique, cet oeuf trouvé sur le maître-autel de la Patriachale, cet oeuf, qui n'offrait la trace d'aucun instrument, rien enfin qui pût résulter d'un travail fait de main d'homme, portait très distinctivement notre arrêt de mort sur sa coque.
La rumeur devint grande, et l'alarme se répandit partout.
Pour remdier au mal, par l emoyen même employé pour le faire, le duc d'Abrantès fit rassembler une grande uantité d'oeufs ; le démenti de cette prophétie fut écrit sur chacun d'eux avec un corps gras. Ces oeufs ainsi préparés furent mis dans un acide et au bout de peu de temps, le démenti se trouva en relief sur toutes les coques; le lendemain matin ces oeufs furent ostensiblement placés sur les maîtres-autels de toutes les églises de Lisbonne et distribués dans la ville.
Plus persuasifs que tous les discours du monde, ces oeufs éloquents affaiblirent l'espoir que le premier avait donné
".

- Expédition sur Coïmbre

Le 14 juillet, le Général Loison reçoit l'ordre de marcher de Satarem sur Alcohaça, d'y réunir toutes les troupes qui se sont portées sur ce point avec les Généraux Kellermann et Margaron; de détruire les rassemblements d'insurgés à Alcohaça et de marcher ensuite sur Coïmbre, un des principaux foyers de l'insurrection.

Le Bataillon du 4e Léger prend part à cette expédition qui est arrêtée en cours d'exécution par suite du débarquement des Anglais.

Le Général Loison est rappelé à Lisbonne; il laisse le Bataillon du 4e Léger à Rio-Mayor et Santarem.

Le 30 Juillet, Loison bat les insurgés portugais à Evora dans le Sud (le Bataillon du 4e Léger ne fait pas partie de l'expédition), après des combats de rue sanglants, et une mise à sac de la ville, mais l'on apprend aussi la défaite de Dupont à Baylen en Andalousie, et le 3 Août, un Corps expéditionnaire anglais se met à débarquer à Figueira da Foz, commandé par un certain Wellington. Les Anglais se mettent en marche sur Lisbonne; ils traversent le Mondégo à Coïmbre et se joignent aux 5000 hommes précédemment débarqué dans les Algarves.

Le Général de Laborde se porte au-devant de l'ennemi avec quelques Bataillons seulement dont le 3e du 4e Léger, le plus gros des troupes françaises étant en expédition sur Evora sous le commandement du Général Loison.

Junot essaie de ralentir les Anglais à Rolica le 17 Août en y envoyant le Général Delaborde. L'action s'engage à 9 heures du matin et dure jusqu'à 5 heures après-midi. Malgré son infériorité numérique, le Général de Laborde sait se retirer, toujours en combattant avec gloire, jusqu'à la Quinta-de-Bugagliera. La Division Loison arrive trop tard pour prendre part à l'action; elle était à Torres-Vedras le 18 août.

La confrontation la plus sérieuse a lieu lors de la bataille de Vimeiro le 21 Août. Le Duc d'Abrantès ayant réuni toutes ses forces à Torres-Vedras, les partage en 2 Divisions. La première est sous les ordres du Général de Laborde et se compose des Bataillons des 2e et 4e Légers, des 70e et 86e de Ligne; la deuxième est sous les ordres du Général Loison.

Les reconnaissances envoyées dans la matinée du 20 rapportent que l'armée anglaise vient de prendre position à Vimeiro et qu'elle a été renforcée par 4000 hommes débarqués dans la matinée.

Le Duc d'Abrantes prend l'initiative de l'attaque et se met en route le 20 à 4 heures du soir; on marche toute la nuit du 20 au 21 pour faite une lieue et demie, et l'armée française n'est hors du défilé de Torres-Vedras qu'à 6 heures du matin.

Le 3e Bataillon du 4e Léger fait alors partie de la Brigade Brenier de la Division Delaborde qui s'est déjà battue quelques jours plus tôt. Les Anglais utiliseront pendant la bataille les premiers obus Schrapnel.

La Division de Laborde commence l'action; la Brigade Brenier où se trouve le 3e Bataillon du 4e Léger, aborde avec intrépidité la ligne adverse sur l'aile gauche des Anglais. Le combat est des plus vifs et la Brigade subit de lourdes pertes ; malgré tous leurs efforts, les Français ne parviennent pas à ébranler l'ennemi qui a la supériorité numérique.

Le Bataillon du 4e Léger reste cependant au contact de l'ennemi jusque vers midi, faisant des efforts presque surnaturels; mais des troupes fraiches regagnent le terrain qu'il a momentanément conquis. Le général Brenier, blessé, est capturé.

Le manque de tactique de Junot durant la bataille cause sa perte. Junot décide de se replier sur Lisbonne. L'armée bat en retraite sous la protection de la cavalerie qui exécute plusieurs belles charges.

A 2 heures du soir, la bataille est définitivement perdue, mais l'armée française s'arrête non loin du champ de bataille, en avant du défilé de Torres-Vedras. Le 4e Léger a perdu à Vimeiro le Capitaine Allies, tué.

Sans moyen de continuer les combats et de défendre Lisbonne, où la fermentation est extrême, Junot décide de traiter avec les Anglais. Le 23, une suspension d'armes est conclue et enfin, le 30 août, le Général Kellermann et le COlonel Murray signent la convention de Cintra. Il s'agit d'une capitulation honorable car elle porte, en effet, que l'armée française se retirera avec tous les honneurs de la guerre; emportant tout ce qui lui appartient, elle ne sera pas considérée comme prisonnière de guerre, sera ramenée en France par les vaisseaux anglais, et les blessés traités avec soins seront rendus à leur pays dès leur guérison.

L'embarquement des troupes commence le 11 septembre et est terminé le 30 du même mois.

VI/ 1808 : ENTREE EN ESPAGNE DES 1ER, 2EME ET 4EME BATAILLONS

Musicien 4e Léger Espagne 1810
Fig. 7 Musicien du 4e Léger vers 1810

Tandis que le 3e Bataillon part pour le Portugal, les deux premiers sont envoyés à leur retour d'Allemagne à Paris où ils sont en garnison de janvier à avril 1808.

Pendant ce séjour, le Colonel Bazancourt est nommé Général le 6 mars 1808.

Le 10 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, il sera formé à Rennes un camp de réserve, composé de trois brigades d'infanterie et de trois régiments provisoires de cavalerie, avec dix-huit pièces de canon ... La 2e brigade sera composée du 4e régiment d'infanterie légère, d'un bataillon suisse et d'un bataillon des légions de réserve qui est à Rennes, et se réunira à Rennes ...
P. S. ... le 4e partira le 20 ... Il ne partira que deux bataillons de chacun de ces régiments ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13636 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17361).

Le 21 mars 1808, le Ministre de la Guerre adresse à l'Empereur un "Tableau d'organisation des régiments d'infanterie de ligne et d'infanterie légère dont les premiers bataillons font partie des camps de Rennes, Pontivy, Avranches et Vire. Les régiments dont il est question dans ce tableau sont : les 15e régiment de ligne et 2e régiment d'infanterie légère pour le camp de Pontivy, le 4e d'infanterie légère pour le camp de Rennes, les 14e de ligne et 12e d'infanterie légère pour les camps d'Avranches et de Vire" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1736).

En avril, les 1er et 2e Bataillons se rendent au camp de Rennes où se réunit une partie des troupes qui, plus tard, se dirigeront en Espagne.

Le 6 avril 1808, le Colonel Bazancourt, désormais Général, est remplacé par le Colonel Corsin; il sera nommé par la suite Général de Brigade. Le Régiment reçoit à cette époque de nombreuses recrues qui lui permettent de reconstituer son 3e Bataillon (l'ancien 3e Bataillon, qui se trouve encore au Portugal, prend le n°4) tandis que le Régiment est porté à 5 Bataillons, 1 de Dépôt (le 5e), un au Portugal (l'ex 3e devenu 4e), et trois à Rennes (les 1er, 2e et 3e).

En Espagne, dès la fin 1807, sous prétexte de la campagne au Portugal, les troupes françaises organisées en divers Corps d'Observation avaient largement pénétré chez leur allié et s'étaient emparés des points stratégiques, tandis que la monarchie espagnole se déchirait dans des querelles familiales. Le peuple espagnol et l'armée subissaient cela en rongeant leur frein.

Napoléon, croyant le pays mur pour un changement dynastique, força les souverains espagnols à l'abdication à Bayonne et décida de mettre son frère Joseph sur le trône, le 10 Mai. Dès que cela fut connu, des révoltes éclatèrent simultanément sur tout le territoire (en préambule, il y eut les fameux 2 et 3 Mai à Madrid) et l'armée espagnole prit les armes contre les occupants français. Napoléon pensait que la prise de possession du trône espagnol serait une promenade militaire. Cela allait durer 6 ans !

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, je reçois vos états de situation de la quinzaine. Je vois avec peine, dans celui de l'intérieur, qu'on ne porte pas les conscrits de 1809, de sorte que j'ignore le disponible de chaque régiment. J’y vois que le 2e léger a 750 hommes présents sous les armes ; le 4e léger, 450 ; le 12e, 560 ; le 15e, 200 ; le 32e de ligne, 260 ; le 18e, 100 ; la 4e légion de réserve qui est à Versailles, 600 ; le 12e de ligne, 350 ; le 14e, 440. Pourrait-on, en cas d'événement, former de ces régiments deux bataillons provisoires composés, l'un de deux compagnies du 2e léger, de deux du 12e léger, d’une du 4e et d'une du 15e, de 150 hommes chacune, ce qui ferait un bataillon de six compagnies de 900 hommes ? ... Ce régiment provisoire, de 1,800 hommes, pourra devenir utile pour Cherbourg et pour le Havre. Je désire qu'il soit formé seulement sur le papier, et que vous me fassiez connaître s'il serait composé d'hommes ayant la première teinture d'instruction, habillés, armés, et du nombre d'officiers et sous-officiers suffisants ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13941 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18001).

En juin 1808, les trois bataillons du 4e campés à Rennes sont appelés à Bayonne (l'Historique régimentaire dit qu'ils sont à Bayonne en mai mais c'est une erreur), et entrent dans la division Mouton du Corps de Bessières ou Corps d'Observation des Pyrénées Occidentales, qui doit tenir le Nord Ouest de l'Espagne. Le Quartier-général de Bessières est à Burgos. Napoléon écrit le 10 juin 1808 au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Donnez ordre au 4e régiment d'infanterie légère qui est à Rennes de se rendre à Bordeaux ... Il faut également compléter les deux bataillons du 4e légère ; faîtes partir à cet effet 300 hommes de Paris pour Bordeaux. Tous ces hommes seront fournis par les dépôts ... Par ce changement le 15e de ligne et le 4e légère passeront à Bordeaux ...
Le major général envoie l'ordre aux 4e légère et 15e de ligne de partir en poste de Rennes et de Pontivy pour Bordeaux, ainsi il suffira que vous envoyiez ces ordres par la poste ordinaire ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1993 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18262).

Le 15 juin 1808 en effet, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mandez au maréchal Bessières que, immédiatement après qu’il se sera emparé de Benavente, qu'il aura soumis Zamora, Toro et Léon, je désire que son corps d'armée ait l'organisation suivante :
... Division Mouton, composée de deux brigades : 1° brigade Beynaud, 4e léger, 15e de ligne et un bataillon de Paris, 3,000 hommes ; 2° brigade Rey, 2e et 12e légers, 2,100 hommes ; 5,100 hommes et douze pièces de canon ...
Le général Bonnet occupe Burgos avec 600 hommes de convalescents dans la citadelle. Il aurait, de plus, disponibles en forme de colonne mobile pour se porter partout où il serait nécessaire : le 4e bataillon du 118e, 450 hommes ; le 3e bataillon du dépôt qui est aujourd'hui à Vitoria, 450 hommes ; le petit bataillon du 4e léger, 380 hommes, et un escadron de dragons, 15o hommes ; deux pièces de canon. Ce qui ferait une force de 2,030 hommes, disponibles pour maintenir la communication avec Léon et la colonne d'Àranda, composée du 1er de marche de 1,000 hommes et de quatre pièces de canon, également sous les ordres du général Bonnet ...
Le maréchal Bessières, immédiatement après les premiers événements, peut organiser les divisions Merle et Mouton. S'il avait un avantage marquant sur la force des troupes du général Cuesta, peut-êtré serait-il utile qu'il enlevât les Asturies et la Galice, en profitant de la terreur d'une première victoire.
Vous lui ferez connaître qu'il doit être sans inquiétude sur la formation des colonnes de Burgos et de Vitoria ; que tout est en mouvement, et qu'il part du monde d'ici tous les jours ; qu'il n'a qu'à penser à former son corps d'armée de Léon ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14096 ; Correspondance militaire de Napoléon 1er extraite de la correspondance générale et publiée par ordre du ministère de la guerre, t.5, lettre 1039 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18304).

A Marracq, le 24 juin 1808, l'Empereur dicte une note, expédiée le jour même, dans laquelle il demande : "... Faites connaître au général Thouvenot que 10.000 hommes de troupes de ligne, arrivant en poste, ont déjà dépassé Bordeaux, que la tête, composée du 4e légère, sera demain à Bayonne.
Donner les ordres à Bayonne pour que le 4e légère et le 15e de ligne, formant 3.000 hommes, soient logés l'un à la citadelle, l'autre à la ville, que les casernes soient balayées et mises en état avec leurs fournitures
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2041).

Le 25 juin 1808, à six heures du soir, Napoléon écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Bessières, commandant la Garde Impériale, etc., à Burgos : "Mon Cousin … Le 4e et le 15e de ligne arrivent ici ; ils viennent de Rennes en dix jours. Deux autres régiments arrivent de Paris. Cela fera une réserve de 8,000 hommes à la tête desquels le Roi entrera …" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14132 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18399).

Le même 25 juin 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Savary, son Aide de camp, à Madrid : "… Le 4e et le 15e de ligne arrivent au moment même. Il n'y a que dix jours qu'ils sont partis de Rennes. Deux bataillons de la garde de Paris arrivent demain ; deux autres arrivent dans deux jours. Je vais former une belle division de réserve de vieilles troupes que je ferai rentrer avec le Roi ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14133 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18411).

Le 29 juin 1808, l'Empereur dicte, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel, major général de l'Armée l'"Ordre au 4e d'infanterie légère de marcher sur Vitoria" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14141).

Le même jour 29 juin 1808, il écrit encore, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Je reçois votre lettre et l'itinéraire du 15e de ligne et du 4e léger.
Je désirerais ... que le 4e légère qui va aujourd’hui à Irun, demain à Tolosa, allât après-demain à Bergara.
Faîtes ce changement à l'itinéraire
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18436). Bergara se situe à mi-chemin sur la route entre Saint-Sébastien et Vitoria.

Le 30 juin 1808, à Bayonne, "Le maréchal Berthier rend compte à l'Empereur qu'il a donné l'ordre aux troupes destinées à composer la division du général Mouton de continuer leur marche sur Vitoria. Ces troupes sont le 4e d'infanterie légère, le 15e de ligne, le bataillon de la garde de Paris ..."; Napoléon répond : "Donnez également l'ordre au bataillon du 14e provisoire qui est à Vitoria d'en partir le 2 juillet, aussitôt l'arrivée du 4e régiment d'infanterie légère, pour se rendre à marches forcées sur Burgos. Tout ce qui se trouve à Vitoria faisant partie de la division Verdier restera sous les ordres du général Mouton" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2059).

Le Corps de Bessières ou Corps d'Observation des Pyrénées Occidentales entre en Espagne début Juillet et concentre ses troupes dans la région de Palencia.

Le 1er juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Bessière, commandant la Garde impériale, etc. à Burgos : "Mon Cousin, … Le major général vous a instruit que la division du général Mouton sera le 2 à Vitoria : ce sont des troupes superbes, tous vieux soldats ; elles sont composées du 4e régiment d'infanterie légère, du 15e de ligne et d'un bataillon de Paris. Si quelque événement vous rendait ce renfort nécessaire, vous pourriez lui envoyer des ordres ; mais, si le cas n'est pas pressant, il faut les laisser reposer quelques jours à Vitoria …" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14149 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18453).

Le 5 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... J'ai ordonné que les 2e et 12e légère qui sont ici fussent également formés à à 3 bataillons. Le cadre du 3e bataillon attend ici les détachements qui doivent le compléter.
Faites partir de Paris pour recruter les bataillons tout ce qu'il y a de disponible du 2e, 4e et 12e d'infanterie légère
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2073; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18473).

Le 8 juillet 1808, Napoléon écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous ai mandé de faire partir des dépôts des 2e, 4e, 12e d’infanterie légère et 14e de ligne, tout ce qui serait disponible pour compléter les bataillons qui sont à l'armée d'Espagne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2085 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18507).

Le 10 Juillet, la division Mouton, surnommée la "division infernale" car formée de "vieux" troupiers et non de régiments provisoires comme le reste du Corps, rejoignait.

Le 12 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "... Passez demain la revue du détachement des dépôts des 2e, 4e, 12e légère et du 15e de ligne, et faîtes-moi connaître le nombre d'officiers et de sous-officiers, sergents, caporaux, soldats et tambours qui sont disponibles, et s'ils sont habillés. Vous recommanderez au général Thouvenot que s'il y avait quelques hommes du 3e bataillon du régiment provisoire qui n’eussent pas de giberne, et que les Espagnols ne puissent pas leur en procurer, il leur en fera donner de celles des hommes isolés, afin que ce bataillon parte en bon état. Vous le préviendrez qu'on attend ici des gibernes, et qu'on lui remplacera le nombre qu'il en aurait donné. Le 3e bataillon supplémentaire qui part de Saint-Sébastien couchera le 13 à Tolosa et sera arrivé le 15 au plus tard à cinq heures du matin à Vitoria" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2105 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18534).

Le 13 juillet 1808 à 7 heures du soir, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin, demain à cinq heures du matin je passerai la revue du détachement du 15e, du détachement de Polonais, de l'escadron et du Trésor qui partent pour Vitoria. Je passerai également la revue des 300 hommes du 4e léger partagé en 2 compagnies qui sont arrivés aujourd'hui. Je passerai également la revue de la 5e compagnie, du 118e et du détachement de Polonais. Immédiatement après la revue, ces détachements partiront pour leur destination ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2107 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18534).

L'Historique régimentaire indique que dès son arrivée en Espagne, le 4e Léger prend part à la répression de plusieurs soulèvements partiels; qu'en juillet, une armée de 22000 Espagnols menaçant de se porter sur Valladolid et Burgos, le Maréchal Bessières n'hésite pas à marcher au-devant de l'ennemi, bien qu'il n'eût sous la main de 13 à 14000 hommes.

Le 14 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mandez au maréchal Bessières qu'immédiatement après qu'il se sera emparé de Benavente, qu'il aura soumis Zamora, Toro et León je désire que son corps d’armée ait l'organisation suivante.
... Division du général Mouton composée de deux brigades
1re brigade Reynaud
4e légère, 15e de ligne et un bataillon de Paris 3 000 hommes ...
Le maréchal Bessières pourrait porter son quartier général à León pour contenir les débouchés des montagnes.
Le général Bonet occupe Burgos avec 600 hommes de convalescents dans la citadelle 600 hommes.
Il aurait de plus disponible en forme de colonne mobile pour se porter partout où il serait nécessaire
Le 4e bataillon du 118e 450 hommes
Le 3e bataillon du dépôt qui est aujourd'hui à Vitoria 450 hommes
le petit bataillon du 4e léger 380 hommes
un escadron de dragons et 2 [ ... ] 150 hommes
ce qui fera une force de 2 030 hommes disponibles pour maintenir la communication avec León ...
Le maréchal Bessières, immédiatement après les premiers événements, peut orgainser les divisions Merle et Mouton. S'il avait un avantage marquant sur la force des troupes du général da Cuesta, peut-être serait-il utile qu'il enlevât les Asturies et la Galice en profitant de la terreur d'une première victoire.
Vous lui ferez connaître qu'il doit être sans inquiétude sur la formation des colnnes de Burgos et de Vitoria, que tout est en mouvement et qu'il part du monde d’ici tous les jours ; qu'il n'a qu'à penser à former son corps d'armée à León ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18554).

Le même jour, 14 juillet 1808, Napoléon adresse, depuis Marracq, une Note pour le Roi d'Espagne : "L’armée d'Espagne a son quartier général à Madrid. Voici sa composition actuelle :
1° CORPS DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES.
Le maréchal Bessières commande le corps des Pyrénées occidentales, qui est fort de 23,000 hommes …
Toutes les troupes sont en mouvement pour composer l'armée de la manière suivante.
DIVISION MOUTON, 5,100 hommes.
1re brigade, général Reynaud :
4e régiment d'infanterie légère, 15e régiment d'infanterie de ligne, 1er bataillon de Paris en marche ; total, 3,000 hommes présents sous les armes et six pièces de canon.
Cette brigade marche sur Benavente ...
Il y a encore à Burgos le général de division Bonnet, qui va avoir une colonne mobile de 1,200 hommes, pour maintenir la tranquillité dans la ville et les environs. Cette colonne est composée comme il suit : 4e bataillon du 118e, formant 450 hommes, actuellement existant à Burgos ; 3e bataillon du dépôt général, actuellement à Vitoria, 450 hommes ; deux compagnies du 4e d'infanterie légère, formant un petit bataillon, 400 hommes ; en marche, passé la frontière, 1,300 hommes ; un escadron de dragons en marche, 200 hommes ; deux pièces de canon en marche. Ainsi, avant que le maréchal Bessières soit dans le cas de partir de Léon, cette colonne, forte de 1,300 hommes d'infanterie, 200 chevaux et deux pièces de canon, sera disponible ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14196).

Enfin, toujours le 14 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous avais mandé de faire partir de Paris tout ce qu'il y avait de disponible des 2e, 4e et 12e légère.
Je vois qu’au 9 juillet rien n'était encore parti, faites donc partir sans délai
Du 2e d’infanterie légère 300 hommes
Du 4e 300
Du 12e 200
Ce qui fera 800 hommes
Il suffit d’un officier et de deux sergents par détachement. Ces détachements arrivés à Bayonne trouveront des cadres de leur régiment
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2117 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18560).

Bataille de Médina-del-Rio-Deco, 14 juillet 1808

Pendant ce temps, au Nord Est dans les Asturies, le Léon et la Galice, les Espagnols avaient organisé une armée de 40.000 hommes et l'avaient placée sous le commandement du général De La Cuesta. Il décide de se porter sur Valladolid ou Burgos pour couper les communications françaises.

Bessières, avec 14.000 hommes (dont la brigade Reynaud : 4e Léger et 15e de Ligne, de la division Mouton), marche alors à sa rencontre et le rejoint devant Medina de Rio Seco le 14 Juillet 1808. L'ennemi, au nombre de 28000 hommes des Armées de Castille (La Cuesta) renforcée par celle de Galice (Blake) est sur deux lignes sur un plateau. Il occupe les hauteurs de Médina-del-Rio-Seco et a sur son front 40 pièces en batterie. Mais, par suite de dissentiments entre les deux Généraux espagnols Cuesta et Blake, il existe entre leurs deux armées un vide.

L'armée française, moins forte en infanterie que l'armée espagnole, lui est très supérieure en cavalerie et en artillerie, et aussi en qualité ; elle comprend 12000 fantassins, 1200 cavaliers et 32 pièces d'artillerie. Sa composition est excellente et de beaucoup supérieure à celle de l'armée de Dupont ; on y compte notamment 1 Bataillon du 47e de Ligne, 2 Bataillons du 15e de Ligne, 2 Bataillons du 4e d'Infanterie légère, 1 Bataillon du 3e Régiment suisse, 8 Escadrons des 10e Hussards et 22e Chasseurs commandés par l'incomparable Lasalle, et une magnifique réserve formée de 3 Bataillons de Fusiliers de la Garde Impériale, un Escadron des Chasseurs de cette même Garde, un de Dragons, un de Gendarmerie, et 10 pièces d'artillerie, également de la Garde. L'effectif total se monte à environ 14000 hommes (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 3, p. 53).

L'attaque, entamée par les deux vieux Régiments d'infanterie, le 4e Léger et le 15e de Ligne, formant la Brigade Reynaud (Division Mouton), continuée par la Division Merle et complétée par la cavalerie de Lasalle, met les Espagnols en complète déroute (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 3, p. 14).

Le 4e Léger et le 15e de Ligne, menés par le Général Mouton qui leur crie "Souvenez-vous que vous êtes du 4ème Léger !", et suivis des jeunes troupes, se portent à la baïonnette sur les premières lignes ennemies et les enfoncent. La seconde ligne ne tient pas davantage. On prend 18 canons ; beaucoup de drapeaux restent sur le champ de bataille.

Les troupes de Blake, prises de panique, s'enfuient presque aussitôt et, abordant ensemble ce qui reste en position, les Généraux Merle et Mouton mettent l'armée espagnole en complète déroute.

"Avec le 4e léger et le 15e de ligne, le maréchal Bessières se sentait capable d'enfoncer tout ce qu'il avait devant lui; le maréchal avait raion. Le 4e léger et le 15e de ligne, suivis des jeunes troupes, se portèrent à la baïonnette sur les premières lignes ennemies et les enfoncèrent. "Vive le Roi !" criaient les Espagnols; "Vive l'Empereur !" répondirent les soldats français, et tout céda devant l'impétuosité de leur attaque" (Thiers, Histoire du Consulat et de l'Empire).

L'ennemi s'enfuit en désordre. Arrivés à Rio-Seco, une partie des fuyards tentent de résister, mais chargés encore une fois par le 4e Léger et le 15e de Ligne qui se précipitent au pas de charge, les baïonnettes en avant, ils sont chassés de la ville que les troupes françaises occupent aussitôt. Le 4e Léger a perdu le Capitaine Michal, tué.

Le 16 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin, écrivez au général Belliard que je vois avec peine que dans 1’état de situation qu'il a envoyé, il n'y ait aucun détail qui fasse connaître où est chaque corps, rien qui fasse connaître comment est composée la colonne du général Caulaincourt. Les 1er, 2e et 3e régiments de la Vistule, les lanciers polonais, les 4e, 5e et 7e bataillons de marche et le bataillon de garde nationale qui sont devant Saragosse n'y sont pas portés. Le 1er bataillon de marche de Portugal qui est à Pampelune, les 1er, 2e et 3e bataillons des dépôts, les 2e, 4e et 12e légers, le 15e de ligne, le bataillon de Paris, les 11e et 12e escadrons de marche y manquent également, ce qui fait un effectif de plus de 16 000 hommes ...
Faites-moi faire ici à l'État-Major général un état de situation selon ces nouvelles données
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2123 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18578).

Le 17 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, remettez-moi un petit état qui me fasse connaître la situation des deux 1ers bataillons du 4e légère au moment de leur départ de Bayonne, et celle du 15e de ligne, 2e et 12e légère. Vous ferez mettre dans une colonne : 1° les premiers détachements qui sont arrivés et déjà en chemin pour rejoindre les régiments ; 2° les deuxièmes détachements partis en poste de Paris le 13 juillet ; dans une troisième colonne, ce qui a été fourni des dépôts ; dans une quatrième colonne, ce qui manque pour que chaque bataillon soit à l'effectif de 840 hommes, en y comprenant ce qu'ils ont reçu. Je verrai par là la destination que je dois donner aux 1.400 conscrits que je crois avoir encore à recevoir des 3.000 conscrits qui ont été dirigés sur le dépôt des régiments provisoires ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2128).

Le 19 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Maréchal Berthier, major général de l'Armée : "… un détachement du 4e régiment d’infanterie légère venant de Paris de 200 hommes. Il sera ajouté 100 conscrits à ce détachement, et il en sera formé 2 compagnies de 300 hommes qui seront disposés pour rejoindre le régiment ...
Ainsi par ce moyen les 1200 premiers conscrits arrivant seront disposés de la manière suivante :
... 100 4e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2137 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18613).

Malheureusement, ce même 19 Juillet, ont lieu les événements de Baylen, et la capitulation du Général Dupont, qui forcent Bessières à se reporter en arrière avec toute l'armée et venir prendre position derrière l'Ebre en attendant les décisions de l'Empereur.

De son côté, le 21 juillet 1808, l'Empereur adresse, depuis Bayonne, au Roi Joseph, l'Etat de situation suivant : "ORGANISATION DE DEUX COLONNES À BURGOS ET À VITORIA
... Colonne de Vitoria : 13e escadron de marche 180; petit bataillon du 4e léger 400; petit bataillon du 15e de ligne 300; 2 pièces de canon
Ces troupes existent aujourd'hui à Vitoria.
Total 880 ...
CORPS DES PYRÉNÉES-OCCIDENTALES
... Division Mouton
4e infanterie légère 1200; 15e de ligne 1200; 1 bataillon de Paris 600
Total 3 000 hommes …
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18639).

Le 28 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Toulouse, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Il est nécessaire que vous donniez des ordres pour que les 1er, 2e, 3e et 4e bataillons des 14e, 43e, 44e, 51e de ligne, 2e, 12e et 4e légers, 15e, 47e, 70e et 86e de ligne, soient tout entiers à l’armée d 'Espagne et de Portugal ; qu'il ne reste en France que les quatre compagnies du 5e bataillon de dépôt, et que les bataillons de guerre soient portés à leur grand complet" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14235 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18671).

Le 30 juillet 1808, Napoléon écrit, depuis Agen, au Maréchal Berthier, major général de l'Armée : "Donnez l’ordre au général de division Dessolle de se rendre à Bayonne où il se rendra le 1er août. Il en partira de manière à être rendu le 4 à Vitoria, et le 6 à Burgos où il prendra le commandement des colonnes de Burgos, de Vitoria et d'Aranda, la surveillance de la province de la Vieille Castille, de la Biscaye, de la Montana ou de Santander [etc.], et de maintenir la tranquillité [sic] sur les arrières du maréchal Bessières, qui est arrivé le 24 à León.
… A Burgos, il y a 600 hommes de dépôt pour garder la citadelle, un bataillon du 118e, le 3e bataillon du dépôt général, 2 compagnies du 4e léger formant un petit bataillon, les 12e et 13e escadrons de marche, 1 petit bataillon de 2 compagnies du 15e de ligne, 2 pièces de canon. Toute cette colonne sous les ordres du major Dumolard formant 3000 d'infanterie et de cavalerie.
La colonne que commande le major d'Audenarde est composée du 3e bataillon du 2e léger, du 3e du 12e léger, des 14e et 15e escadrons de marche et de 2 pièces de canon formant 1500 hommes, part de Vitoria le 2 août pour arriver à Burgos le 4. Il y aaura donc alors à Burgos plus de 4000 hommes dont 500 chevaux.
Et dans le même temps, il y aura à Vitoria :
- 2 compagnies du 2e léger
- 2 compagnies du 12e idem
- 1 détachement du 4e idem
- 4 compagnies du 3e bataillon du 14e de ligne
- 1 détachement de chevau-légers polonais formant un total de 1600 hommes
Cette colonne arrivera à Vitoria le 2 août.
Le général Dessolle pourra si aucun événement imprévu ne dérange ces combinaisons ordonnera que les 2 compagnies du 2e et les deux du 12e, le restant du 4e idem qui arrivant à Vitoria le 2, continuent leur route sur Burgos, afin de compléter le 3e bataillon du 2e léger et le 3e du 12e qui seront chacun alors de 8 à 900 hommes, et le détachement du 4e qui se trouverait à 600 hommes, ce qui porterait la colonne de Burgos à près de 5000 hommes dont 6 pièces de canon attelées et 800 chevaux de cavalerie ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2152 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18676).

Le 2 août 1808, l'Empereur adresse, depuis Bordeaux, à Joseph, Roi d’Espagne, une "NOTE SUR LA SITUATION ACTUELLE DE L'ESPAGNE.
… 2e Observation. — Les 15,000 hommes qu'on a perdus ont été remplacés à l'armée par les renforts qu'on a reçus et qu'on reçoit à chaque instant, savoir : 2e, 4e et 12e d'infanterie légère, 14e, 15e, 43e, 44e et 51e de ligne (ce qui fait une augmention de huit régiments), le 26e de chasseurs à cheval, les 12e, 13e, 14e et 15e escadrons de marche, 400 Polonais de la Garde arrivés depuis peu à Bayonne. Tout cela forme une force égale et sans doute, par sa composition, de beaucoup supérieure au corps du général Dupont ; et, si on ajoute les trois régiments de la Vistule et le régiment de lanciers qui sont devant Saragosse, on verra que l'armée française se trouve encore beaucoup plus forte qu'à son entrée en Espagne …
4e Observation. — Il n'est plus question que le maréchal Bessières prenne l'offensive et entre en Galice, ce qu'il allait exécuter. On peut le mettre en position entre Burgos et Valladolid, le charger d'observer le reste de l'armée de Galice, et, moyennant ce, on peut lui ôter 9,000 hommes, savoir : le 4e d'infanterie légère, le 15e de ligne, le bataillon de Paris, huit pièces de canon, le 26e de chasseurs, quatre escadrons de marche de dragons, la brigade du général Lefebvre qui, en dernier lieu, a été détachée de Madrid ; ce qui augmentera l'armée de Madrid de 9,000 hommes ...
Ainsi la perte du général Dupont serait donc remplacée par 18 à 20,000 hommes de troupes beaucoup meilleures. On pourrait ainsi réunir de 30 à 36,000 hommes sous Madrid, et conserver cette capitale …
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14241 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18683).

Le même 2 août 1808, le Maréchal Berthier écrit au Maréchal Ney : "L'Empereur, Monsieur le Maréchal, désirerait que vous vous rendiez sans délai à Bayonne, que vous vous mettiez à la tête des 43e et 51e de ligne, du 26e de chasseurs, 6 pièces de canon avec les convois d'infanterie, tout ce que vous rencontrerez sur la route appartenant au 2e d'infanterie légère, au 12e d'infanterie légère, au 4e d'infanterie légère, au 15e d'infanterie de ligne ;
Que vous vous rendiez près du roi. Qu'en suivant aussi votre marche vous remettiez à la raison les villages qui se révoltent et que vous vous rendiez près du roi pour l'assister de vos conseils et de votre bras.
Vous avez été instruit que le maréchal Bessières avait remporté une grande victoire dans le royaume de Léon ; il a, depuis, continué à marcher de succès en succès. Mais le général Dupont, en Andalousie, s'est laissé acculer à des montagnes inaccessibles avec 12.000 hommes, a capitulé son retour en France par mer (sic). Cet événement, vraiment incroyable, paraît avoir décidé le roi à réunir toutes ses troupes sur la Duero et peut-être même à Burgos pour livrer une bataille générale aux troupes espagnoles insurgées.
Arrivé près du roi, il vous donnera un commandement (cette phrase à été biffée). Vous sentez combien l'Empereur, qui vous connaît, attache de l'importance que vous vous trouviez à cette bataille, puisque ses officiers généraux s'opposent à ce que lui-même s'y trouve ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2155 - Minute de la main de Berthier).

Le 5 août 1808, l'Empereur adresse, depuis Rochefort, à Joseph, Roi d’Espagne, une nouvelle "NOTE SUR LA SITUATION ACTUELLE DE L'ESPAGNE.
… 4° … Les corps du centre et le corps de droite doivent s'appuyer sur Burgos, et le corps d'Aragon doit avoir son point d'appui sur Pampelune.
5° Pour organiser le corps du centre dans ce but, on croit qu'on doit le renforcer de la brigade du 14e et du 44e de ligne, 200 chevaux, et huit pièces de canon qu'on tirerait du corps devant Saragosse ; de la brigade du général Mouton, composée des 4e léger, 15e de ligne, du bataillon de Paris et huit pièces de canon ; de la brigade commandée par le maréchal Ney, et qui est déjà à une marche en avant de Bayonne, composée des 43e et 51e de ligne, 26e de chasseurs, et six pièces de canon ; enfin de quatre escadrons de marche de dragons et d'un régiment polonais de la Garde. On réunirait les 3es bataillons aux deux premiers de tous les régiments d'infanterie, et on mêlerait les jeunes soldats aux anciens.
On évalue à environ 10,000 hommes le renfort que recevrait le corps du centre, qui serait alors composé des 18,000 hommes qui le forment à présent, des renforts évalués à 10,000 hommes. Les détachements des dépôts des 4e léger, 15e de ligne, 14e et 44e, 43e et 51e de ligne, 2e et 12e légers, rejoindront insensiblement et porteront ce corps à 30,000 hommes. Ces 30,000 hommes ne sauraient être en meilleures mains que sous les ordres du maréchal Ney, hormis une réserve de 4 à 5,000 hommes destinés à la garde du Roi, et que le Roi conserverait auprès de sa personne et ferait marcher avec le général Salligny ou avec Savary, quand il le jugerait nécessaire.
Le corps du centre se tiendrait à la hauteur d'Aranda, les communications bien assurées avec le maréchal Bessières à Valladolid, des têtes de pont bien établies à Aranda et Valladolid.
Ce corps se nourrira par Burgos et devra non-seulement maintenir la tranquillité dans cette province, mais encore assurer ses communications avec le corps de Saragosse qui occupera Tudela et Logrono …
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14245).

Le 22 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général CLarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le ministre de la Guerre, mon intention est de lever 60 000 conscrits sur les réserves des années antérieures ; 20 000 des départements du Midi seront destinés pour l’armée d'Espagne et partagés conformément aux besoins des régiments, dont vous me présenterez les états ; sous les 2e, 4e, et 12e d'infanterie légère ... ; cela fera à peu près, l'un portant l'autre, 500 hommes par régiment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18734).

Le 24 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre à Paris : "... Le 4e léger n'a que 1,800 hommes : il lui manque donc 700 hommes ; le dépôt peut lui en fournir 120 ; faites-les partir ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14270 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18753).

Le 1er septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin ... L'état de situation de l'armée d'Espagne au 15 août est très fautif ... Mandez cela au roi, et écrivez-lui de réunir tous les régiments, sans quoi il n'y aura pas l'ombre d'une armée en Espagne ... Cet état est tellement fautif qu’il ne comprend pas tout ce qui se trouve à Pampelune, à Saint-Sébastien, à Vitoria, à Tolosa, etc. Seulement on a mis sur un état à part que ces détachements se montent à 8000 hommes et à 400 chevaux, mais rien n'indique à quel corps ils appartiennent ... Le 4e d'infanterie légère n’est porté qu'à 1 000 hommes ... Il parait même qu'à l'État-Major général, une grande partie des corps n'est pas connue ... Écrivez au maréchal Jourdan qu'il vous envoie un meilleur état de situation et qu’il forme enfin l'armée ... Enfin on voit que, dans cette armée, personne ne fait rien pour l'organiser" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2241 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18801).

Le même jour 1er septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous envoie l'état de situation de la première partie de l'armée d'Espagne. Vous y verrez qu'il manque au 2e d'infanterie légère 500 hommes, que le dépôt peut fournir 100 hommes qu'il doit faire partir le plus tôt possible pour Bayonne 50 hommes.
Qu'il manque au 4e légère 500 hommes, que le dépôt peut faire partir pour Bayonne 50 hommes.
Qu'il manque au 12e légère 500 hommes, et que le dépôt peut faire également 50 hommes.
Ces 200 hommes pouvant partir de Paris, faites-en former une compagnie, et dirigez-la sans délai sur Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18803).

Toujours le 1er septembre 1808, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit à Joseph Napoléon, Roi d'Espagne, à Calahorra : "Mon Frère, je vous envoie une note sur l'état de l'armée d'Espagne …"; note intitulée "ÉTAT POUR SERVIR À CONNAÎTRE QUELLE DOIT ÊTRE LA SITUATION ACTUELLE DES CORPS COMPOSANT L'ARMÉE D'ESPAGNE ET CE QUI MANQUE POUR LA COMPLÉTER À 840 HOMMES PAR BATAILLON" (état donné dans la CGN, reproduit d’après la minute (Archives nationales, AF IV 878, septembre 1808, n°2), qui indique : "On n’a pas compris dans cette situation les hommes qui sont aux hôpitaux" ; "envoyé le 1er septembre au ministre de la Guerre et au roi d’Espagne"); pour le 4e Léger, on y lit : 1er Bataillon (350 hommes), 2e Bataillon (350 hommes) et 3e Bataillon (350 hommes) à la Division Mouton ; 4e au Portugal (pour mémoire) ; 300 hommes par Bataillon arrivés en détachement ; le Dépôt peut encore fournir 50 hommes ; total général du Corps : 2000. Manque au complet de 840 hommes : 500 hommes.

Cet état est suivi d'"Observations sur l'état de situation de l'armée d'Espagne au 15 août" : "... Le 4e légère n'est porté que pour mille hommes au corps du maréchal Bessières, cependant ce régiment a 900 hommes à Vitoria et plus en arrière. Il faut les faire rejoindre, alors ce régiment se trouvera être à 1 800 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14288 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18805).

Le 3 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, envoyez-moi la situation et la marche de tous les détachements qui sont dirigés sur Bayonne. Je vois dans votre lettre du 28 août que les détachements des 2e, 4e, et 12e légère partent le 29 pour arriver à Bayonne le 27 septembre ... il m'est nécessaire d’avoir un état général qui me fasse connaître la marche de tous ces détachements" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2249 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18815).

Le 3 septembre 1808, l'Empereur écrit encore, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "... Donnez ordre au détachement du 4e léger de se rendre à Vitoria d’où il rejoindra son régiment" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2246 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18812).

Le 6 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il me semble que les 5es bataillons des 2e, 4e et 12e régiments d’infanterie légère doivent rester à Paris ... car les dépôts ne doivent jamais changer d'emplacement.
Ceux qui doivent marcher sur Bayonne sont les 4es bataillons et les hommes disponibles
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2258 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18832).

Par le Décret du 7 septembre 1808, dicté depuis Saint-Cloud, Napoléon donna à l'Armée d'Espagne, une nouvelle organisation d'après laquelle la Division Mouton, et par conséquent le 4e Léger, fut placé dans le 2e Corps sous le commandement du maréchal Soult (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14300).

Le 15 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée, à Paris : "... Le 5e bataillon de la 4e légion de réserve pourrait, de Saint-Sébastien, se rendre à Bilbao pour renforcer la colonne du général Monthion. Le détachement du 14e de ligne, qui est à Villaréal, doit rejoindre ce régiment. Le 3e bataillon du 14e de ligne, qui est à Tolosa, doit rejoindre également, de même que la compagnie du 55e et le détachement de 200 hommes du 4e léger, qui sont à Irun, la compagnie du 44e, qui est à Ernani, et le détachement du même régiment, qui est à Durango. Recommandez qu'on réunisse les régiments et qu'on lès forme bien, afin qu'on puisse rétablir l'ordre ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14325 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18819).

Le 16 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Les 3es bataillon du 75e et du 28e qui doivent être partis de la 16e division militaire seront dirigés sur Vincennes et Versailles, vu que ces régiments, et les 32e, 58e, 2e, 4e, 12e et 15e doivent recevoir leurs conscrits à Paris : après qu'ils auront été armés et habillés à leurs dépôts, vous les dirigerez sur Bayonne pour renforcer l'armée d’Espagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2306 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18933).

Le Général Blake pousse, le 19 septembre, une reconnaissance jusqu'aux portes de Bilbao. Le Général Monthion, qui occupe cette place avec 1,500 hommes, rend compte de l'apparition de l'ennemi, et annonce qu'il s'attend à être attaqué le lendemain. En recevant cet avis, le Roi Joseph ordonne au Général Merlin de marcher au secours du général Monthion par Mondragone et Durango, avec le 55e régiment et 100 Chevau-légers du Grand-Duc de Berg ; il prescrit en outre au Maréchal Bessières de diriger sur Bilbao, par Orduna, le 2e et le 4e Régiments d'infanterie légère, les Chevau-légers polonais, et six bouches à feu. Malheureusement ce Maréchal n'exécute pas cet ordre, donnant pour prétexte que les troupes destinées à former ce détachement se sont trouvées engagées dans une reconnaissance sur Frias, que l'ennemi vient d'occuper. Il en résulte que le Général Monthion, attaqué effectivement, le 20, par 5 à 6 mille hommes, est obligé d'évacuer Bilbao et de se replier sur Durango, où il est rallié par le Général Merlin (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 17).

Le 20 septembre 1808, Jourdan écrit, depuis Miranda, à Bessières : "Le roi, qui est allé coucher hier à Vittoria, me fait prévenir que l'ennemi s'est présenté devant Bilbao. Le général Monthion a eu une affaire d'avant-poste assez vive, où il a repoussé l'ennemi ; mais il s'attend à tout instant à être attaqué par des forces supérieures, et à être obligé de se retirer. Sa Majesté désire que, pour arrêter ce mouvement de l'ennemi, vous fassiez partir à l'instant le 2e et le 4e régiment d'infanterie légère, et les chevau-légers polonais, 6 bouches à feu, et que vous confiiez le commandement de ce corps à un général vigoureux ; que vous lui donniez ordre de se porter sur Bilbao par la grande route de Pancorbo à Bilbao, afin d'attaquer l'ennemi avec vigueur partout où il se trouvera. Votre Excellence sentira que le succès de cette opération dépend de la célérité du mouvement …" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 93).

Le 4 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, passez la revue des dépôts des ... 2e, 12e, 15e, 4e d'infanterie légère. Assurez-vous de la situation de chacun de ces corps, de leur habillement et armement, et faites-moi connaître quand les 3es et 4es bataillons pourront partir, et de quelle force seront les détachements que les 5es bataillons doivent fournir aux bataillons de guerre. Ordonnez que les hommes partent bien habillés, avec de bonnes capotes, et déjà un peu dégrossis ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2427 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19179). Les 2e, 12e, 15e, 4e sont destinés aux 1er et 2e Régiments de la 1re Brigade (Thomières), 22e Division (Loison) du 8e corps de Junot.

Napoléon vient en novembre 1808 se mettre lui-même à la tête de l'Armée d'Espagne retirée derrière l'Ebre. Le Corps de Soult et le 6e commandé par Ney forment le centre de l'armée sous le commandement de l'Empereur lui-même.

Ayant rameuté ses vieille troupes d'Europe centrale et une partie de sa Garde, Napoléon en a formé sept Corps, plus les forces de Junot rapatriées du Portugal (dit 8e Corps) qui doivent rallier. L'Armée espagnole se dispose, quant à elle, en 4 grandes masses, espérant le soutien des Anglais qui sont toujours présents au Portugal.

Le 9 novembre 1808, Napoléon écrit, depuis Vitoria, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je reçois l'état de situation de l'armée de Portugal au 26 octobre … La 2e division n'est composée que de 4es bataillons. Il faut envoyer aux 2e, 4e, 12e, 15e, 32e et 58e des détachements des dépôts de Paris pour compléter chaque bataillon à 840 hommes. Passez vous-même la revue de ces dépôts, et ayez soin que ces hommes partent habillés, armés et avec de bonnes capotes. Ainsi cette 2e division sera portée au moins à 5,000 hommes ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14457 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19225).

- Prise de Burgos, 11 novembre 1808

Napoléon ayant décidé de la reprise des opérations dirige le 2e Corps de Soult contre la position centrale des Espagnols du général Blake à Burgos pour ensuite se rabattre sur ses arrières.

Le 10 novembre au matin, le Corps d'Armée est en marche. La position d'appui principale des Espagnols pour bloquer l'avancée des Français sur Burgos était le bois de Gamonal, en avant de la ville du même nom. Il fallait l'enlever. Le Maréchal Soult lance la Division Mouton : 2e et 4e Léger et 96e de Ligne. L'artillerie ennemie, forte de 30 pièces de canon, fait feu aussiôt sur les colonnes françaises, et décime les premières files. Sans attendre le gros de l'armée, le Maréchal Soult donne l'ordre de l'attaque. La Division Mouton s'avance impétueusement sur le village de Gamonal, nos soldats marchant la baïonnette baissée vers le bois l'enlevent en un clin d'œil; les Gardes wallones et espagnoles sont culbutées.. A cette vue, l'armée espagnole se débande, laissant 12 drapeaux, 90 canons, et 900 prisonniers. Français et Espagnols entrent pêle mêle dans Burgos.

Officier supérieur 4e Léger Espagne 1809
Fig. 8 Officier supérieur 4e Léger en tenue de repos vers 1812

Burgos était bientôt aux mains des Français. La ville est pillée. Napoléon vient s'y établir.

Le Bulletin officier, après avoir rendu compte de la bataille, dit : "Il est vrai que la division Mouton est composée de corps dont le nom seul est depuis longtemps un titre d'honneur".

L'Empereur envoie aussitôt des détachements à la poursuite des Espagnols. Le 2e Corps reçoit bientôt l'ordre de quitter Burgos pour se porter à Reinosa sur les derrières de l'armée de Blaken mais il n'y rencontre plus l'ennemi, qui vient d'être battu par le Maréchal Victor à Espinosa.

De là, Soult entre dans la province de Santader pour soumettre la province des Asturies. Il balaie tout le pays à 30 lieues de la ville.

Soult doit être renforcé par le Corps de Junot qui revient en Espagne. On parle d'une nouvelle armée anglaise qui vient de débarquer et Napoléon veut donner au 2e Corps une force suffisante pour la combattre. Le 4e Léger retrouve à cette occasion son 3e Bataillon de l'ex Armée de Junot et peut aligner son effectif complet de 4 bataillons.

Le 14 novembre, le 2e Corps entre à Reinosa et y capture tout le matériel de l'armée de Blake : 35 canons et 15000 fusils.

Le même jour, 14 novembre 1808, l'Empereur, dont l'intention est de renvoyer Junot à la conquête du Portugal, écrit, depuis Burgos, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les dispositions que j'ai prescrites pour le 8e corps qui doit former l’armée de Portugal ne sont pas encore exécutées.
Les bataillons des 2e et 4e légère ont besoin d'être renforcés ; envoyez-leur des détachements de Paris ...
Enfin, le 8e corps doit être formé en trois divisions ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2453 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19264). Les Bataillons des 2e et 4e Légers forment le 1er Régiment provisoire d'infanterie légère, 1re Brigade Thomières, de la 2e Division Loison.

Le 15, le 2e Corps part pour Santander.

Le 18 novembre, le Général en chef John Moore est à Salamanque. Les troupes anglaises destinées à seconder les efforts des Espagnols se composent de 35000 hommes, dont 20000 viennent du Portugal.

Le 19 novembre 1808, depuis Burgos, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je crois vous avoir déjà mandé que je désirais que les 2e, 4e, 12e, 32e et 15e envoyassent des détachements pour compléter les bataillons qu'ils ont au corps du Portugal ; vous demanderez un rapport qui vous fasse connaître ce que chaque régiment doit envoyer pour compléter son bataillon à ce corps d'armée ; vous ferez réunir ces détachements, et lorsqu’ils auront leurs capotes, souliers, habits, fusils, etc., vous les ferez partir en bon ordre.
... Je suis surpris que le 32e, qui a 1 000 hommes présents, soit porté dans l'état qui m’est remis par le général Hulin comme n'ayant que 34 hommes disponibles ; que le deuxième qui a 975 hommes présents, n'ait que 24 hommes disponibles. Même observation pour le 4e et le 12e. D'où vient cela ? Faites-moi faire un état de ces bataillons et dépôts qui me fasse connaître pourquoi sur 9 000 hommes existant à Paris au 12 novembre, au moment de la revue du général Hulin il n'y en a que 2 600 disponibles
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19328).

Le 22 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Burgos, au Général Clarke, Minsitre de la Guerre : "... Je vous ai déjà mandé comment je désirais que les détachements du 75e, du 58e et du 28e partissent de Paris.
Il faut également que les détachements des 32e, 2e, 4e, 12e et 15e légers ne partent qu'après avoir passé deux fois votre revue, munis de capotes, de souliers et en bon état. Dix jours de plus ou de moins ne peuvent pas être d'une grande importance ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2488 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19360).

A cette date, il ne reste plus d'ennemi à combattre dans la région de Santander.

Pendant ce temps, après la bataille de Tudela (23 novembre), Napoléon continue sa marche sur Madrid. La fameuse prise du col de Somosierra (30 novembre) ouvre le chemin. L'Empereur entre dans la capitale espagnole le 4 décembre et repose son frère sur le trône. Celui-ci ne fera son entrée officielle dans sa capitale que le 22 Janvier 1809 ...

Jusqu'alors, Napoléon, ne s'est pas occupé de l'armée anglaise du Général Moore, mais lorsqu'il apprend qu'elle s'est avancée du Portugal en Espagne, autour de Salamanque (entre les 13 et 23 Novembre), il prescrit au Maréchal Soult de redescendre dans le Royaume de Léon. Un autre petit Corps anglais sous le Général Baird vient de débarquer à la Corogne.

Le 28 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je suis fâché que les 200 hommes des 32e et 58e et les 300 hommes des 2e et 4e légère, c'est-à-dire 1 000 hommes, soient partis de Paris sans que vous les ayez vus vous-même deux fois. Ces hommes arriveront à Bayonne tout nus, manquant de tout, et ne serviront qu'à peupler les hôpitaux. Ne faites partir aucune troupe de Paris que ne vous soyez assuré par vos yeux qu'elle a des souliers, des capotes, et que les hommes sont bien portants. Nous ne sommes pas tant pressés d'avoir des hommes que vous ne puissiez retarder de huit ou dix jours les envois, si ce temps est nécessaire pour qu'ils partent en bon état et pourvus de tout. Je vois que 336 hommes sont partis de Paris le 10 novembre sans avoir été vus par vous. Cela ne prend pas de temps. En leur fixant une heure comme celle de midi, et les faisant venir dans la cour du ministère, on voit soi-même. Ce que voient les autres n'est rien, témoins les régiments que j’avais fait voir par le général Hulin et que j'ai trouvés nus, mais d'une nudité ridicule ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19422).

Le 29 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 22. Je suis fâché que vous n'ayez pas vu vous-même les troupes. En les faisant venir à midi précis dans votre cour ou dans la cour des Invalides, vous ne perdiez pas de temps, et cela est d’un bon effet ... Vous ferez partir le même jour (10 décembre) ... un détachement du 32e, commandé par un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, deux sergents et quatre caporaux, et composé de 400 hommes. Vous ferez partir également un détachement du 2e légère composé de 400 hommes ; un pareil détachement du 4e léger composé de 400 hommes et un pareil détachement du 12e légère composé de 400 hommes, ce qui fait quatre détachements de 400 hommes ou 1 600 hommes. Ces 1 600 hommes seront commandés par un major, ou un adjudant commandant, ou un général de brigade ou un officier supérieur quelconque qui rejoindrait l'armée. Vous aurez soin qu’ils soient bien armés, bien habillés et qu'ils aient des capotes et des souliers. Chaque détachement portera le nom de compagnie de marche, et sera censé ne former qu’une compagnie, mais sera divisé en quatre escouades à la tête desquelles il y aura un officier ou un sergent. Comme j'ai besoin de faire venir ici pour recruter la Garde 80 grenadiers, vous pourrez ordonner que ces 80 grenadiers soient répartis à raison de 16 par compagnie et de 4 par escouade. Ils feront les fonctions de sergent. Ces détachements arriveront avec ordre à l'armée. Arrivés à Madrid, les grenadiers rejoindront leur corps ; les officiers et sous-officiers retourneront à Paris ; et les soldats seront incorporés dans les bataillons de guerre. Voilà donc une colonne de près de 4000 hommes qui partira pour recruter l'armée. Assurez-vous avant de la laisser partir qu’elle ne manque pas d'officiers. Faites la même chose pour les 4es bataillons. Que les cadres soient remplis ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2518 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19432).

Dans les premiers jours de décembre, l'armée française reçoit de nouveaux renforts et, entre autres, le 8e Corps, formé des troupes de l'ancienne armée du Portugal; le 4e Bataillon (ex 3e) du 4e Léger, qui se trouve dans ce Corps qui a été dirigé sur Bayonne après son débarquement à Quiberon et La Rochelle. L'Empereur renforce le 2e Corps avec le 8e et le 4e Bataillon (ex 3e) rejoint le Régiment qui se trouve ainsi au complet.

C'est au milieu de Décembre, que les Anglais se décident à marcher vers le Nord de l'Espagne et les forces de Soult, en se concentrant à Sahagun. Napoléon réagit en allant à leur rencontre à partir de Madrid avec ses meilleures troupes pour leur couper leur voie de retraite sur le Portugal.

Le 10 décembre 1808, le Sous-lieutenant Bordet est tué au cours d'un combat près de Torquemada.

En arrivant sur Carrion, Moore apprend la marche de Soult sur sa droite, et l'arrivée d'un autre Corps, conduit par Napoléon, qui s'approche à marches forcées par la route de Madrid à Valladolid. Il donne aussitôt l'ordre à ses colonnes de rétrograder sur Benavente, où elles sont réunies le 26 décembre.

Le 22 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Madrid, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Aussitôt que la division de 5 à 6,000 hommes, composée des bataillons des 75e, 28e et 58e de ligne et des détachements des 2e, 12e, 4e et 15e légers, sera prête et fournie de ses capotes, de ses deux paires de souliers dans le sac, etc. vous la ferez partir pour Bayonne. Chargez un général de brigade du commandement de cette colonne, et qu'elle ait un séjour au moins tous les quatre jours de marche" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19622).

Les Anglais sont accrochés par les troupes de l'Empereur à Benavente le 29 Décembre et se replient sur Astorga. Moore, désormais en infériorité numérique, décide de rallier la Corogne pour y réembarquer ses hommes, en livrant des combats d'arrière-garde de retardement.

Soult, Ney et Napoléon se lancent à leur poursuite. Les Français sont dans le Léon en ce 31 Décembre 1808. Passé en revue devant Astorga par l'Empereur qui devait rentrer en France pour contrer la menace autrichienne, le 2e Corps de Soult se voit confier le soin d'écraser les Anglais avant qu'ils ne puissent rallier leur flotte.

Napoléon écrit, le 31 décembre 1808, depuis Benavente, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Je désire que vous me prépariez bientôt une colonne de 400 hommes du 32e, une colonne de 400 hommes du 58e, une colonne de 300 hommes du 2e léger, une colonne de 300 hommes du 4e léger, et une colonne de 400 hommes du 12e léger ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2609 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19634).

VII/ 1809 : LA POURSUITE DE LA COROGNE ET LA 2ème CAMPAGNE DE PORTUGAL

Carte de la campagne de campagne de Soult au Portugal en 1809

Soult, après avoir traversé le Léon, rejoint Napoléon le 1er janvier 1809 à Astorga. Il reçoit la mission de poursuivre seul l'armée anglaise et d'empêcher, s'il est possible, son embarquement à la Corogne.

Dès le 3 Janvier, les troupes du 2e Corps sont au contact à Cabanas Raras et Pieros où l'ennemi défend le défilé de Cacabellos. La Brigade Colbert, qui a couché la veille à Bembibre, où elle a sabré nombre d'Anglais ivres, continue sur Villafranca, mais, parvenue devant le village de Gacabelos, occupé par de l'infanterie anglaise, il lui faut attendre l'arrivée de l'infanterie d'avant-garde (4e Léger, qui fait désormais partie de la 1ère division Merle) du corps Soult. Quand celle-ci s'approche de Cacabelos, l'ennemi évacue le village, franchit le pont et en occupe les abords sur la rive droite de la Gua. Le 4e Léger traverse le pont, mais doit se déployer non loin de là devant le village de Peros, qu'occupe une forte réserve anglaise. C'est durant la préparation de l'attaque dudit village que le Général Colbert tombe frappé d'une balle au coeur, tué par un tireur d'élite britannique. Le 4e Léger est lancé avec le 15e de Ligne à l'assaut. Au cours de ce combat, il déplore 4 tués et 56 blessés. Les Anglais de leur côté ont perdu 300 hommes.

La défaite de l'arrière-garde britannique augmente le désordre qui règne parmi le troupes de sir John Moore. Les Britanniques continuent à reculer vers Villafranca en abandonnant ou détruisant tout ce qui peut les ralentir. Les Français sont sur leurs talons. Ils capturent d'ailleurs le trésor de l'armée anglaise en pièces d'argent. Les Anglais arrivent à Lugo le 5 janvier 1809.

Le Maréchal Soult arrive lui le 6 au soir devant Lugo avec la Division Merle et doit attendre l'arrivée des autres Divisions, désorganisées par une marche si pénible.

- Combat de Lugo, 7 au 9 janvier 1809

Le Maréchal Soult, voyant que le Général anglais a pris position en arrière de Lugo, et semble vouloir résister, réunit ses 24000 hommes avant de commencer une attaque décisive. Mais pendant la nuit du 8 au 9, les Anglais décampent en direction de la Corogne. Les Français entrent dans Lugo à la pointe du jour et y trouvent 15 pièces de canon et de nombreux bagages abandonnés par l'ennemi. Les Anglais ont 10 heures de marche d'avance sur notre-avant garde qui ne peut que poursuivre quelques traînards qui jalonnent la route. Ils atteignent enfin la Corogne le 11 janvier, après avoir perdu 8 à 9000 hommes presque sans combat.

Ont été tués à Lugo, les Sous-lieutenants Navaud et Philippeaux.

- Combat de la Corogne, 16 janvier 1809

Le 11 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... Faites connaître partout que les changements suivants ont eu lieu : que le 8e corps est supprimé ; que tout ce qui faisait partie des 12e, 2e et 4e léger, et de des 58e, 32e et 47e, a rejoint ses régiments ; qu'ainsi on doit diriger tous les détachements sur les corps dont ces régiments font partie ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 337 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2656 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19776).

En attendant l'arrivée de la flotte anglaise qui est à Vigo, John Moore fait mettre la Corogne en état de défense et garnit ses remparts de grosse artillerie.

Le 14, le Maréchal Soult est devant la place. Les deux armées sont en présence le 15 Janvier; les Anglais sont retranchés dans les villages alentours pour protéger l'embarquement de leurs malades et leurs blessés sur les bâtiments arrivés de Vigo. La Division Merle ayant reçu l'ordre d'occuper les hauteurs de Villaboa, le 4e Léger prend part à un combat où l'arrière-garde anglaise est culbutée.

Le 16, le Maréchal Soult donne le signal de l'attaque. La Division Merle et le 4e Léger combattent au centre du dispositif français contre la Brigade Manningham. Les Anglais résistent bien ; Merle débusque finalement les Anglais des hauteurs qu'ils occupent et lance quelques Compagnies du 4e Léger dans les faubourgs de la Corogne. Aidées par une batterie d'artillerie, ces troupes tirent avantageusement sur la flotte anglaise. Le Général anglais Moore est gravement blessé. Moore perd la vie mais finalement sauve son armée qui peut gagner les navires britaniques; ces derniers lèvent bientôt l'ancre et disparaissent au large.

Les Capitaines Lohr, Causses, le Lieutenant Meillier, et le Sous-lieutenant Angerlerque ont été tués.

Le 17 janvier 1809, Berthier adresse à Joseph, depuis Valladolid, les Instructions de l'Empereur : "Sire, l'Empereur m'ordonne d'avoir l'honneur de faire connaître à Votre Majesté que les événements politiques le décident à partir pour Paris ; qu'il compte revenir en Espagne au mois de mai, si les circonstances le permettent. Toutefois, l'Empereur confie à Votre Majesté le commandement de ses armées en Espagne. J'ai l'ordre de rester huit à dix jours après le départ de l'Empereur, c'est-à-dire jusqu'au 25, afin d'être assuré que vous aurez reçu cette dépêche, et que Votre Majesté a connaissance de la situation des choses …
L'intention de l'Empereur, Sire, est que, les Anglais chassés, le duc de Dalmatie marche sur Oporto avec ses quatre divisions, et que le duc d'Elchingen reste pour organiser et pacifier la Galice.
Les troupes avec lesquelles marchera le duc de Dalmatie sont composées, savoir :
La division Merle, composée des 2e et 4e régiments d'infanterie légère, et des 15e et 36e régiments d'infanterie de ligne ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 365).

Le même 17 janvier 1809, à 4 heures du matin, le Maréchal Soult écrit à Berthier : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Sérénissime des événements qui se sont passés au corps d'armée et dans l'armée ennemie, depuis mon dernier rapport.
Le 14 au soir, nous vîmes arriver en rade de la Corogne une nouvelle flotte anglaise, composée de cent dix voiles, parmi lesquelles on distingue six vaisseaux de ligne, dont trois à trois ponts. Ainsi, il y a en ce moment deux cent cinquante bâtiments anglais, y compris l'escadre, qui paraît être de huit vaisseaux de ligne, quatre ou cinq frégates, et d'autres bâtiments de guerre plus légers.
Le pont de Burgos ayant été rétabli dans la journée du 14, le 15, au matin, je fis passer les divisions des généraux Merle et Mermet, et les dirigeai sur les hauteurs de Villaboa, où était établie l'avant-garde de l'armée ennemie : le mouvement s'exécuta avec beaucoup d'ordre ; l'ennemi fut chassé, et les deux divisions prirent position au revers opposé de la montagne, appuyant leur droite à l'intersection des routes de la Corogne à Lugo et à Saint-Jacques (l'intersection est en avant sur la droite du village de Villaboa, à trois quarts de lieue de la Corogne), et la gauche couronnant les hauteurs en arrière du village d'Elvina. L'armée ennemie garda sa position sur la hauteur opposée, à portée de canon de notre ligne. Je ne jugeai pas à propos, pour ce jour, de pousser plus loin l'attaque ; mais je fis porter en position, par des chemins extraordinairement difficiles, 12 pièces de canon.
Dans la soirée, je fis partir la division du général Franceschi pour Saint-Yago, où il paraît, d'après divers rapports, que le général la Romana rassemble quelques troupes.
Les divisions Lahoussaye et Lorge restèrent en deuxième ligne pour protéger les mouvements de l'infanterie; mais je ne pus les engager, le pays n'étant pas propre à la cavalerie.
Le 16, nous distinguâmes que l'ennemi commençait son embarquement à la Corogne. Nous vîmes porter à bord beaucoup de bagages, des chevaux, et même du monde; il nous parut que les deux lignes ennemies avaient éprouvé quelque diminution, et que la réserve était rentrée en ville. La première ligne des Anglais se trouvait prise en écharpe, à demi-portée de canon, par la division du général Mermet : j'avais fait porter sur ce point dix pièces, à trois heures après midi. J'ordonnai une reconnaissance forcée pour éloigner un peu l 'ennemi, et en même temps l'obliger à montrer ses forces. La division du général Mermet, d'abord soutenue par celle du général Merle, marcha avec beaucoup d'intrépidité, délogea les Anglais du village d'Elvina, et poussa ses tirailleurs jusque sur leurs positions. Le général Merle, qui d'abord n'était que pour soutenir, fut obligé d'engager trois bataillons au centre, pour repousser une colonne ennemie qui s'était portée en avant, et menaçait le flanc droit du général Mermet. On se battit pendant trois heures avec un acharnement incroyable. Il y eut plusieurs mêlées, même jusqu'à une demi-heure de nuit, et l'obscurité fit cesser le combat. Nos troupes se sont arrêtées sur le terrain de l'ennemi ; mais celui-ci a conservé sa position, que, pour le jour, je n'avais pas eu l'intention de forcer, à moins que l'occasion n'en devînt favorable.
L'ennemi a eu considérablement de tués, et il doit avoir emmené une immense quantité de blessés ; car pendant longtemps la batterie de dix pièces que j'avais placée à sa droite a tiré à mitraille, et, comme j'ai dit, on a plusieurs fois croisé la baïonnette.
Nous avons pris un colonel et deux majors anglais, avec une centaine d'hommes. La nuit et la difficulté du terrain n'ont pas permis d'en ramasser davantage.
Notre perte est assez forte : le général Gaulois a été tué; le général Lefebvre a été blessé, mais légèrement. Le général Jardon, à qui j'avais donné trois compagnies de voltigeurs pour l'employer, s'est laissé emporter par son ardeur, et s'est fait ramener, au moment où il entrait dans la ligne ennemie. Je n'ai pas encore de ses nouvelles; mais je le présume pris ou tué. Le colonel Corsin, du 4e d'infanterie légère, et vingt autres officiers, dont cinq d'état-major, ont été blessés. Le nombre des soldats blessés est de deux cents cinquante, mais beaucoup légèrement.
L'ennemi nous a montré de 15 à 18 mille hommes, paraissant disposés à faire les derniers efforts pour défendre sa position, qui, à la vérité, lui est indispensable pour couvrir son embarquement. Je ne pense pas qu'il vienne m'attaquer, car ma position est aussi bonne; et d'ailleurs, il a vu hier qu'avec la moitié de l'infanterie que j'ai employée, il a été forcé de faire usage de tous ses moyens.
J'ai besoin d'être renforcé en infanterie pour entreprendre davantage ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 375).

Le 18 au matin, Soult somme la place de la Corogne d'ouvrir ses portes; les deux Régiments espagnols qui s'y trouvent essaient de résister; finalement, le 20, les Français font leur entrée dans la place.

Le 19 janvier 1809, l'Empereur, qui est en route pour Paris, écrit depuis Tartas, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... J'ai ordonné qu'un détachement de 400 hommes du 32e et de pareille force du 12e se rendent à Madrid pour être incorporés dans les 4es bataillons de ces régiments. Si les cadres du 5e bataillon y sont, il faut les renvoyer. Un détachement de même force des 2e et 4e d'infanterie légère iront joindre le duc de Dalmatie. Faites-les séjourner huit jours à Valladolid d'où on les dirigera par la route la plus courte sur le lieu où est le maréchal ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 381 ; Brotonne (L. de) « Lettres inédites de Napoléon Ier », Paris, 1898, lettre 400 (parle du 38e et non du 32e); Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19878).

Le même jour, 19 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Tartas, au maréchal Kellermann, commandant de l'Armée de réserve d’Espagne : "Mon cousin, 700 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, du 4e et du 12e léger et du 32e de ligne arrivent à Bayonne. Donnez-leur trois jours de séjour pour qu'ils puissent se laver. Complétez-leur une paire de souliers à chacun et tout ce qui pourra leur manquer en habillement et armement et surtout les baïonnettes. Après cela, divisez-les en deux détachements ; ceux du 32e et du 12e d'infanterie légère seront dirigés sur Burgos et de là sur Madrid, en passant par Aranda. Le lendemain, les hommes du 2e et du 4e d'infanterie légère partiront pour Valladolid où ils iront rejoindre leur régiment au corps du maréchal Soult. Faites part de ces dispositions au prince de Neuchâtel ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 1, lettre 859 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19880).

Puis le 2e corps s'empare du Ferrol, le 21 Janvier.

Le 24 janvier 1809,"Le général Clarke rend compte à l'Empereur qu'il a été passé une revue des dépôts d'infanterie de la garnison de Paris, savoir ceux du 15e d'infanterie légère, qui doit partir pour l'Allemagne le 1er février, et, ceux des 2e, 4e et 12e d'infanterie légère, 32e et 88e de ligne, qui sont prêts à partir pour l'Espagne"; l'Empereur répond : "Il faut que ces cinq dépôts puissent fournir chacun 700 à 800 hommes d'ici au mois de mars pour la défense de la Bretagne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2704).

Le 28 janvier 1809, à Paris, on informe l'Empereur que "Le 21 juin dernier, au passage du Duero, il a été pris par les ennemis, au 4e régiment d'infanterie légère, divers effets d'habillement et d'équipement montant à 32.847 francs.
On prie Sa Majesté d'approuver que le remboursement de cette somme soit fait à ce régiment à titre de secours, à moins qu'Elle ne préfère accorder le remplacement des effets en nature
"; l'Empereur répond : "Cela est impossible, puisqu'il n'y avait pas d'ennemi alors. Ce ne peut être qu'une négligence du corps. Faire un rapport là-dessus" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2723 - Extraite du "Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 18 janvier 1809").

- Le 2e Corps entre en Portugal

Le 28 janvier 1809, le Maréchal Soult reçoit l'ordre d'entrer en Portugal par la frontière de Galice, et de marcher sur Lisbonne par le chemin le plus court.

Le Duc de Dalmatie a sous ses ordres 4 Divisions d'infanterie, 6 Régiments de cavalerie, et quelques Compagnies d'Artillerie, formant un total de 23500 hommes présents sous les armes. La Division Merle comprend : Brigade Raynaud, 4e Léger, 15e de LIgne; Brigade Sarrut, 2e Léger, 36e de Ligne.

Par suite des grandes fatigues éprouvées par ces troupes, l'habillement et la chaussure sont dans le plus mauvais état; quelques hommes n'ont qu'un pantalon de toile ou une culotte de tricot, d'autres sont sans capotes. Pendant un court séjour à Santiago, on fait confectionner 1400 paires de souliers et on donne aux Régiments quelques pièces de drap du pays pour faire des pantalons larges.

La Division Merle quitte Santiago le 3 février et se rend à Ponteverdra; le 10; elle se dirige sur la Guardia.

Soult marche sur le Nord du Portugal avec seulement 24.000 hommes de disponibles. Parti le Vigo le 15 Février, Tuy est prise le 16 mais le fleuve Minho ne peut être franchi si ce n'est plusieurs jours plus tard à Orense en pourchassant des soldats de La Romana.

La Division Merle arrive à Tuy le 19; le 20, elle est à Melone.

Les moines de San Clodio, dans l'espoir d'exterminer les Français, appellent les habitants des villages environnants à prendre les armes; le village de Cresciente sert de point de réunion à un autre rassemblement considérable. Le Général Merle envoie contre ces paysants armés deux détachements d'infanterie légère "qui les maltraitèrent tellement qu'ils leur ôtèrent tout à fait l'envie de se réunir et de guerroyer" (Souvenirs militaires d'un officier supérieur du 2e corps).

La Division Merle arrive le 3 mars à Orense.

Le 6 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je désire que vous donniez les ordres suivants, pour compléter les corps de l'armée du maréchal duc de Rivoli :
... Le 24e d'infanterie légère a besoin de 1600 hommes pour être complété ; donnez ordre qu'un bataillon de marche, composé de 100 hommes du 2e d'infanterie légère, de 150 hommes du 4e d'infanterie légère, et de 350 hommes du 12e d'infanterie légère, soit formé demain et se mette en marche pour Strasbourg. Arrivés là, ces détachements seront incorporés dans le 24e, ce qui portera ce régiment à peu près au complet. Le colonel laissera à Strasbourg 2 capitaines, 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 4 sergents et 8 caporaux, pour recevoir ces 600 hommes, et les officiers qui les auront amenés de Paris retourneront à leurs dépôts ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2873 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20255).

Le 4e Léger atteint enfin le Portugal le 10 mars. La population révoltée se défend avec acharnement dans chaque village traversé avec son lot de représailles en réplique.

Le 11 mars, la Division Merle est en réserve à Verin.

Chavez est prise le 12 mars. Le 2e Corps devient alors officiellement "Armée du Portugal". Le Maréchal Soult se faire reconnaitre par un ordre du jour en qualité de Gouverneur général du Portugal.

Le 15 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai donné différents ordres pour combler le déficit de 5000 hommes qu'éprouve le corps du duc de Rivoli ...
Je vous ai ordonné également de faire partir de Paris un bataillon de marche de 600 hommes, sous le titre de bataillon de marche du 24e légère, un bataillon de marche de 800 conscrits de ma Garde et 400 hommes du 46e.
Faites-moi connaître l'époque où tout cela arrivera à Strasbourg. Proposez-moi des moyens de combler le déficit de 979 hommes qu'éprouve encore le corps du duc de Rivoli ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20373).

La Division Merle rejoint le Chaves où les troupes se reposent depuis quatre jours.

Braga tombe le 17 mars : une ville désertée qui a massacré son corregidor et son défenseur attitré, comme trop "tièdes" ! Dix jours plus tard, les Français sont devant les redoutes qui défendent Oporto. Un général portugais a été coupé en morceaux par ses propres troupes et enterré dans du fumier, et l'évêque a pris le commandement ! Un parlementaire français est envoyé : il est jeté en prison et ses accompagnateurs massacrés. Vu la tournure des évènements, il n'y aura donc aucun quartier.

La division Merle, chargée d'enlever une des redoutes qui couvraient la ville, éprouva une résistance opiniâtre. Le 4e Léger fut repoussé trois fois de suite. Tous les officiers supérieurs et une grande partie du régiment étaient déjà hors de combat, lorsque le Colonel Corsin s'étant fait panser sa blessure, reparaît à la tête du régiment porté par ses sapeurs. Il ranime ses soldats, tente une 4e attaque et enlève la redoute.

La ville est prise et mise à sac. Soult s'installe et y trouve munitions et poudre, mais la résistance acharnée de la population ne l'incite pas à poursuivre sur Lisbonne. Il va donc répartir ses troupes dans le Nord du Portugal uniquement. Des mauvaises langues raconteront qu'il comptait bien s'en faire un petit royaume.

Le 19 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, sur les 604 hommes qui composent le bataillon provisoire que me présente aujourd'hui le général Hulin, il sera pris :
- 50 hommes du 58e de ligne
- 50 hommes du 2e léger
- 50 hommes du 4e léger
- 50 hommes du 12e léger
- 50 hommes 15e léger
et 50 hommes du 121e de ligne.
Ces 300 hommes formeront les 3 compagnies de marche dont j'ai ordonné la formation pour ces régiments, et partiront mardi pour Strasbourg, pour être incorporées dans les 26e et 16e d'infanterie légère et 96e de ligne. Il ne sera pris que des conscrits des 4 années antérieures à 1810
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20458).

Le 22 mars, toute l'armée est réunie aux environs de Braga. Les moouvements sur Oporto commencent le 24.

Les 25 et 26 mars, la Division Merle rejoint le Général Lahoussaye sur l'Ave, et le 28 à midi, elle arrive à Infesta devant Oporto.

- Bataille d'Oporto, 29 mars 1809

La Division Merle, qui doit agir contre la gauche de l'ennemi, se trouve bientôt à portée de mitraille des redoutes qui pourtant ne lui font pas grand mal. Les Régiments se mettent à l'abri dans des ravins et derrière des enclos. C'est en vain que l'ennemi veut tenter de les déloger.

Le 28 au soir, Soult donne ses ordres pour l'attaque : "Le 29 à six heures du matin, l'ennemi sera attaqué dans sa position en avant d'Oporto, et enlevé, quelques forces, difficultés ou obstacles qu'il présente. Les généraux ménageront les munitions et mèneront les troupes à la baïonnette sur l'ennemi".

Le 29 à 7 heures du matin, une forte canonnade se fait entendre sur toute la ligne; la Division Merle à la droite, la Division Delaborde à la gauche, marchent sur l'ennemi. Celui-ci, voyant ses ailes attaquées, envoir ses réserves contre la Division Merle. La Division Mermet en profite pour attaquer avec succès le centre que les Portugais viennent de dégarnir pour renforcer leur droite.

A ce moment, le Général Merle envoie le 4e Léger avec quelques Dragons pour charger les ennemis à mesure qu'ils abandonnent les redoutes. Ce brave Régiment s'avance sous un feu violent. Ses Officiers supérieurs sont presque touts tombés. Tout à coup apparait sur le front le Colonel Corsin, blessé, qui, porté par ses Sapeurs, entraine son Régiment dans une nouvelle charge. Chacun s'élance, la baïonnette basse; le Capitaine Chevillé, avec 2 Compagnies de Voltigeurs, arrive à une redoute fermée, mont audacieusement par les embrasures, et tue tous ceux qui s'y trouvent. Le Capitaine Durgueil s'empare, avec quelques Carabiniers, d'une redoute ennemie et y prend 7 pièces de canon.

Les autres redoutes sont enlevées avec la même audace; les Portugais fuient en désordre et ceux qui échappent à nos baïonnettes vont se noyer dans le Douro en cherchant à gagner quelques bâtiments au large.

Le Général ennemi de Linna s'est retiré sous le fort de Foz. Voyant que tout est perdu, il parle de se rendre, mais il est aussitôt massacré par ses troupes. Le 4e Léger arrive alors et tue tous ceux qui font résistance. Le fort de la Foz, armé de 15 pièces de canon, capitule.

On se bat encore quelque temps dans Oporto; 40 redoutes sont enlevées et 200 pièces de canon ayant toutes fait feu sont prises, ainsi que 20 drapeaux et 80 bâtiments anglais chargés de vin. On ne fait que 200 prisonniers.

Le Maréchal Soult témoigne au Colonel Corsin toute sa satisfaction pour la brillante valeur du 4e Léger. Le Cher de Bataillon Malla, le Capitaine Roche, et le Lieutenant Coursevaisse ont été tués.

Par suite des évènements qui se passent en Espagne, et craignant pour ses communications, le Maréchal Soult n'ose pas s'engager deavantage en Portugal et s'arrête à Oporto. Le 4e Léger y reste caserné jusqu'au 11 mai, sans prendre part à aucune expédition.

Le 29 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Burghausen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je réponds à vos lettres du 18 avril et du 14. Les 200 hommes du 15e d'infanterie légère venant de Portugal doivent être formés en une compagnie de marche de ce régiment qui servira à réparer ses pertes. Les 180 hommes du 4e léger et les 300 hommes du 2e léger faisant près de 500 hommes doivent être dirigés sur le 10e léger. Quant aux 200 hommes du 32e, ils seront envoyés au 57e. Vous pouvez donc former de tout cela un bataillon de marche que vous dirigerez sur Strasbourg et de là sur Braunau. Au moyen de ce secours, ces régiments se trouveront réparés des pertes qu'ils ont faites dans les dernières affaires ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20924).

Le même 29 avril 1809, à Burghausen, "On propose à Sa Majesté d'accorder aux dépôts des 2e et 4e légère et du 32e de ligne un supplément de crédit ou secours pour les fournitures extraordinaires qu'ils ont faites en effets de toute espèce à un détachement revenu de Portugal"; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3139 - Extraite du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 19 avril 1809 »).

Plus au Sud, Wellington revient d'Angleterre à Lisbonne avec 25.000 hommes. Le 5 Mai, Wellington parti de Lisbonne, passe en revue ses troupes à Coimbra : 15.000 Anglais, 3000 Allemands et 8000 Portugais. Envoyant deux brigades à Santarem et Abrantes, il marche ensuite à la rencontre de Soult sur Oporto et divise ses forces en deux bras : un pour continuer le long de la côte et l'autre avec Beresford pour couper la route de Bragance.

- Evacuation d'Oporto, 12 mai 1809

Le 11 mai, Wellesley forçait le passage du Douro et les Anglais attaquent les troupes françaises qui sont sur la rive gauche du Douro. Celles se retirent dans Oporto et font sauter le pont. Le Maréchal Soult se croit à l'abri d'une surprise, mais par suite de la complicité des habitants, les Anglais passent le fleuve dans la nuit du 11 au 12 mai. A 10 heures er demie, l'alarme est donnée et les Français essaient d'arrêter l'ennemi, mais il est trop tard. Dès que les Régiments quittent les quais du Douro, les habitants conduisent les barques aux Anglais qui traversent le fleuve.

Le 4e Léger et le 15e de Ligne sont alors lancés contre les Britanniques pour les retarder et se battent dans la ville, et les repoussent même jusque sur les bords du fleuve, mais ils ne peuvent jamais leur arracher les bâtiments qui leur servent d'appui. Lorsque l'armée doit battre en retraite, le 4e Léger et le 15e de Ligne refluent avec le reste de l'Armée, tout en formant l'arrière garde, tenant ainsi l'ennemi à distance. Le combat cesse à une demi-lieue d'Oporto. Le Sous-lieutenant Cumin a été tué.

Voltigeur 4e Léger Espagne 1810-1812
Fig. 9 Voltigeur du 4e Léger en Espagne, 1810-1812

L'armée se met en marche le 15 sur la route d'Amarante, et dans la soirée du même jour, elle arrive à Salamonde.

A ce moment, la situation de l'armée française est critique. Prise en tête par les Portugais qui se sont emparés de tous les passages, elle est poursuivie par les colonnes anglaises, qui occupaient les routes principales et toute voie de retraite vers l'Est. Soult fait alor sauter son artillerie et ses caissons et sauve son armée en passant les sierras par des sentiers de chèvres, en disputant chaque point de passage aux Portugais.

"En quittant Salamonde, on était descendu dans un affreux défilé où 2 hommes pouvaient à peine marcher de front; à droite étaient des rochers à pic et à gauche le Rio Caldo roulanit dans des précipices ses eaux rugissantes. Ce chemin difficile était encore coupé par des torrents rapides et la marche des troupes était retardée par des ponts étroits qu'il fallait réparer" (Souvenirs militaires d'un officier supérieur du 2e corps).

L'armée est encore entassée dans ce passage dangereux entre le Ponte-Nuovo et le Ponte-Misarella, lorsque 2 escadrons de cavalerie légère et la Brigade Raynaud, de la Division Merle, sortant de Salamonde pour descendre au pont du Cavado, sont attaqués par une forte avant-garde anglaise. "Quelque confusion se mit dans nos rangs; on se précipita en foule sur le pont qui se rompit à moitié. Plusieurs cavaliers furent jetés dans les précipices et ne purent être secourus".

Dans ce moment critique, le Général Raynaud se met à la tête de 600 hommes d'élite du 4e Léger et marche sur l'ennemi aux cri de "Vive la France !". Il arrête les Anglais; effectuant alors le passage du pont du Cavado, il continue en bon ordre sa marche rétrograde et vient bivouaquer au village de Villa-de-Ponte.

Continuant sa retraite, l'armée française arrive le 19 et le 20 mai à Orense, ayant perdu "seulement" 4000 hommes depuis Oporto et en ramenant environ 16 à 19000. L'armée y séjourne. L'ennemi a cessé de la poursuivre.

Quelques jours après, le 23, Soult rejoint Lugo et débloque la ville où le rejoint le Corps d'armée du Maréchal Ney qui pendant ce temps a dû batailler contre les troupes de la Romana. Soult envoie en France 39 drapeaux pris aux Espagnols et aux Portugais.

- Expédition dans la vallée du Sil, juin 1809

Les Maréchaux Soult et Ney se concertent le 29 mai pour agir contre de forts rassemblements espagnols. Le 2e corps doit se porter contre la Romana dans la vallée de la Sil, et se porter début Juin sur Zamora ; Ney doit évacuer la Galice. Soult profitera de ses opérations pour faire souffler ses troupes et les rééquiper.

Le 11 juin, le 2e Corps se met en marche pour remonter le Sil jusqu'à Monte-Furado. Ce point est occupé par une masse d'Espagnols; le Général Raynaud avec le 4e Léger, soutenu par le 15e de Ligne et le 13e de Dragons, est chargé de les déloger. Le Général les atteint sur le plateau en avant du village de Larouco, les culbute et leur tue beaucoup de monde. Là, les troupes se rallient et prennent position.

Après avoir éloigné la Romana, le 2e Corps abandonne la Galice et se retire à Zamora.

Le 1er Juillet arrivent enfin des ordres de Napoléon, prescrivant au Maréchal Soult de prendre le commandement en chef des 2e, 5e (Mortier) et 6e Corps (Ney), pour se porter sur le flanc de l'offensive de Wellington.Le 27 Juin, Wellington remonte la vallée du Tage, pénètre en Espagne et fait sa jonction avec les forces espagnoles du Général Gregorio, puis rejoint le Général La Cuesta le 20 Juillet.

Le 18 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l'ordre que les cadres des 4es bataillons des 4e léger, 15e de ligne, 2e léger, 31e léger, 47e et 122e qui sont en Espagne soient renvoyés à leurs dépôts et que tous les hommes qu'ils ont disponibles soient fondus dans les trois premiers bataillons. Donnez ordre que les cadres des 5es bataillons des 26e et 66e soient également renvoyés en France, de sorte qu'il restera au corps du duc de Dalmatie :
1re division : 3 bataillons du 4e léger ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21557).

Le 18 Juillet 1809, le 2ème Corps de Soult se porte sur Salamanque mais ne sera rejoint par les 6e et 5e corps que les 22 et 31 Juillet. Sur place, le 2e Corps est réorganisé.

Le Corps de Victor qui s'est replié devant Wellington, en arrière de Talavera, a été rejoint par le Général Sébastiani. Quant au Roi Joseph, sans attendre l'arrivée de Soult, il a décidé d'affronter Wellington.

La bataille de Talavera aura lieu les 27 et 28 Juillet 1809. Bataille indécise et sanglante (7000 hommes blessés ou morts pour les forces de Joseph, 5000 pour les Anglais, 1000 pour les Espagnol) où les Français devront quitter le champ de bataille pour éviter d'être coupés de Madrid. Wellington est donc techniquement vainqueur. La bataille de Talavera permet aux Anglais de se porter contre le 2e Corps. Mais apprenant la marche de Soult et de ses 50000 hommes sur son flanc, il décide de se replier sur le Portugal, poursuivi par nos troupes jusque sur les bords du Tage.

Mortier est à l'avant-garde de Soult, parti le 27 de Salamanque. Il est suivi par le 2e Corps, parti le 30. Il talonne l'arrière garde alliée formée d'Espagnols du général La Cuesta au pont de l'Arzobispo le 6 Août, tandis que les forces de Victor réoccupaient Talavera.

Le 10 août 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "Mon cousin, le 2e bataillon de marche du duc de Rivoli composé des détahcement des 2e, 4e, 12e d’infanterie légère, destinés à être incorporés dans le 3e, arrivent aujourd’hui à Krems et se dirigent sur Znaïm pour rejoindre le corps du duc de Rivoli. Ayez soin de réitérer l’ordre qu’on ne garde aucun officier ni sous-officier, et qu’on les renvoie à Vienne d’où ils seront dirigés en poste sur Paris, vu qu’ils sont nécessaires pour former un régiment ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3432 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21746).

- Formation d'une Réserve puis en Mars 1809, mobilisation des Compagnies de Chasseurs des 5es Bataillons des Régiments d’infanterie légère; Corps d'Oudinot (1808-1809)

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS dE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 2e régiment provisoire :
Le 2e régiment provisoire sera composé de 4 bataillons des 32e de ligne, 58e, 121e, 122e, chaque bataillon de 4 compagnies, chaque compagnie de 200 hommes, formant un présent sous les armes de 3 200 hommes.
3° régiment provisoire :
Le 3e régiment provisoire sera composé de 4 bataillons des 2e, 4e, 12e et 15e légère, formés de même.
4e régiment provisoire :
Le 4e régiment provisoire sera composé de 4 bataillons des 12e, 14e, 34e, 88e, formés de même. Ces trois régiments formant plus de 9 000 hommes se réuniront et seront formés à Paris dans le courant d'avril ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, le bataillon d'infanterie légère qui partira demain, pour renforcer le corps du général Oudinot, afin de nous entendre, portera le nom de bataillon de marche du 24e légère..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2900 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20290). Il s'agit d'un bataillon de marche formé à Paris avec des détachements du 58e, du 121e et du 122e de ligne, et des 2e, 4e, 12e et l5e d'infanterie légère.

Le 13 mars 1809 (le 12 selon la CGN), l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je désire que dimanche on me présente, à la parade, une compagnie de chacun des 5es bataillons des 32e et 58e de ligne, 2e, 4e, 12e et 15e d'infanterie légère, complétée à 140 hommes ; ce qui ferait un beau bataillon provisoire de six compagnies. Il faut que tous les hommes soient bien équipés et bien habillés ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14890; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20340).

Reprenant son projet pour constituer une Réserve sur ses arrières, avant la campagne de 1809 contre l'Autriche, avec les 5es Bataillons de ses Régiments de Ligne comme de légère, Napoléon, sur suggestion de Clarke, forme finalement, le 13 mars 1809, non plus 16 Régiments provisoires (cf correspondance à Clarke du 3 mars 1809) mais 17 Demi-brigades de Réserve à trois Bataillons, en France et en Italie.

Pour l’infanterie légère, on retrouve des Compagnies de Chasseurs des 5es Bataillons mobilisées :
- A la 4e DB provisoire à Paris avec les 5e Bataillons des 2e, 4e, 12e, 15e Léger

Le lendemain 14 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre que les 118 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, qui sont à Saintes, les 200 hommes qui sont à Bordeaux, aux détachements des 4e, 15e et 12e légère, se rendent à Paris, pour y joindre leurs 5es bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2929 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20357). Tous ces hommes doivent être incorporés dans le Bataillon de marche formé à Paris et destiné à rejoindre le Corps de réserve de l'Armée du Rhin (Oudinot), à Augsbourg.

Le 15 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre qu'il soit formé un 14e bataillon de marche du corps d'Oudinot, composé de 50 hommes du 58e, et de 50 hommes du 121e ; de 50 hommes du 4e légère et de 50 hommes du 2e idem ; de 50 hommes du 12e légère et de 50 hommes du 15e idem, total 300 hommes.
Ce bataillon me sera présenté à la parade de dimanche, et se mettra, sans délai, en route, pour être incorporé, les 100 hommes de ligne, dans les compagnies du 4e bataillon du 96e du corps du général Oudinot ; les 100 hommes des 2e et 4e légère, dans le 26e légère ; les 100 hommes des 12e et 15e légère, dans le 16e légère.
Par ce moyen le corps du général Oudinot sera porté au grand complet
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2938 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20378).

Le 21 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, le bataillon composé des trois compagnies de marche ci-après, savoir : ... la 2e de 50 hommes de chacun des 2e et 4e léger ..., qui doit être parti hier de Paris pour se diriger sur le corps du général Oudinot portera le titre de 14e bataillon de marche du corps d'Oudinot ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2979 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20480).

Le 3 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre qu'un bataillon de 250 hommes, composé de 30 hommes de chacun des 2e, 4e, et 12e légère, de 130 hommes du 32e, et de 30 hommes du 58e, soit formé, sous le nom de 15e bataillon de marche du corps d'Oudinot, et parte demain pour Strasbourg.
Vous manderez au général Oudinot d'envoyer un capitaine, deux lieutenants et deux sergents à Strasbourg pour prendre ces 250 hommes. Vous lui ferez connaître que je le laisse maître de les distribuer dans les compagnies qui en auraient le plus besoin, en choisissant les plus beaux hommes pour les compagnies de grenadiers, et les autres, pour les basses compagnies. Vous lui recommanderez de faire dresser procès-verbal de cette incorporation, et de l'envoyer aux corps, afin que ces hommes soient effacés des contrôles. Ce bataillon se mettra en marche demain et arrivera le plus tôt possible à Strasbourg ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3072 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20685).

Le 29 mai 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois dans l'état de situation de la 1re division militaire ... 500 hommes dont on pourrait augmenter la 3e demi-brigade provisoire ; ce qui la porterait à 1500 bommes.
Je vois dans le même état que le dépôt du 2e léger a 200 hommes prêts à marcher, celui du 4e 200, celui du 12e 100, celui du 15e 300, ce qui fait 800 hommes, dont on pourrait augmenter la 4e demi-brigade provisoire.
Pourquoi cela n'est-il pas fait ? ...
Faites donc partir tout cela.
Dans presque tous les états des divisions militaires, je vois beaucoup d'hommes prêts à partir. Il me semble que tous les hommes qui sont disponibles aux dépôts doivent se rendre ou aux demi-brigades provisoires ou à l'armée, pour compléter ce qu'ils doivent encore
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3195 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21091).

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 4e Léger, l'Empereur ordonne : "... Vous ferez partir la 4e demi-brigade provisoire 600 hommes qui seront dirigés sur Vienne pour être incorporés dans le 3e régiment d'infanterie légère. Ils feront route sous le titre de bataillon de marche du 3e d'infanterie légère. Ces 600 hommes seront tirés : 200 hommes du 2e d'infanterie légère, 200 du 4e idem et 200 du 12e idem : ils seront remplacés dans ces régiments par 600 conscrits pris sur les 3 000 qui étaient destinés au dépôt de Grenoble ...". L'Etat B qui suit cette lettre donne d'un côté la "répartition des 3 000 hommes entre les dépôts et demi-brigades ci-après : 200 hommes au dépôt du 2e léger pour la 4e demi-brigade; 200 hommes 4e id; 200 hommes 12e id" et de l'autre l' "Envoi que ces mêmes dépôts feront, par contre, à l'armée : Qui enverra (le 2e) 200 ; 200 (le 4e); 200 (le 12e). Total 600 au 3e d’infanterie légère. Ces 600 hommes porteront le titre de 2e bataillon de marche du 3e du corps de Rivoli et seront dirigés sur Vienne". Enfin l'annexe intitulé "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" indique la composition de la 4e Demi-brigade provisoire : 2e léger, 4e léger qui reçoit 50 hommes, 12e léger qui en reçoit 350; 15e idem qui doit être complété à la Division Friant; il est précisé que l'on doit porter "les 16 compagnies à 2400 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3223 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Le 11 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, en conséquence de ma lettre d'hier et des tableaux qui y sont annexés, pour la répartition des 40 000 hommes, les dépôts des 13 régiments, ou les compagnies des demi-brigades provisoires, doivent fournir 3 000 hommes à 13 quatrièmes bataillons du corps d'Oudinot. Je désire que vous donniez des ordres aux dépôts et aux demi-brigades provisoires, dont ces régiments font partie, de diriger ces hommes sur Strasbourg, et qu'aussitôt que 3 détachements de ces corps, ou 600 hommes, seront réunis, on en forme des bataillons de marche, sous le titre de 1er, 2e, 3e, 4e et 5e bataillons de marche du corps d'Oudinot, et qu'ils partent ainsi de Strasbourg bien organisés ...
Le corps du duc de Rivoli doit recevoir 2200 hommes ... les hommes du 2e d'infanterie légère, du 4e et du 12e porteront le nom de 2e bataillon de marche du corps du duc de Rivoli ... ... Occupez-vous à faire former ces bataillons. Ordonnez que les procès-verbaux soient en règle, et que les demi-brigades et les dépôts fournissent conformément à mes ordres. Ce qu'ils fourniront sera remplacé aux uns et aux autres sur la levée des 40 000 hommes
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3231 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21199).

Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
... Toutes les autres troupes françaises évacueront également de suite l'Allemagne, savoir :
III
ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT.
La 3e demi-brigade provisoire ... ;
La 4e demi-brigade provisoire, composée des 3es bataillons des 2e, 4e, 12e et 15e régiments d'infanterie légère,
Et la 7e demi-brigade ... seront dirigés sur Paris ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).

VIIbis / AOÛT A DECEMBRE 1809, L’ARRIVEE DE RENFORTS DU 8e CORPS

Le 15 Août, on retrouve le 2e Corps à Plasencia. Très mécontent du résultat d'une bataille coûteuse en effectifs qui aurait pu être décisive, si les forces de Joseph avaient attendu celles de Soult, Napoléon décide de nommer Soult Major général de toutes ses armées en Espagne. Le Général Delaborde prend alors le 16 Septembre le commandement du 2ème Corps.

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45, 54, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en août.
Vous ferez la même opération pour les 28e, 32e, 58e et 75e. Ces quatre cadres marcheront également ensemble et en ordre.
Vous ordonnerez également que :
le 4e bataillon du 4e d’infanterie légère
celui du 2e
le 3e bataillon du 86e
le 4e bataillon du 31e léger
le 4e bataillon du 26e de ligne
et le 5e bataillon du 66e
et 1 des deux du 82e qui sont en Espagne envoient de même leurs cadres à Bayonne
Ce qui fera 7 cadres du 2e corps.
Ils formeront aussi une colonne qui marchera en ordre, ayant leurs cartouches et tout ce qui est nécessaire pour se défendre en route.
Enfin vous donnerez ordre au 6e corps commandé par le duc d’Elchingen d’envoyer de même à Bayonne les cadres du 2e bataillon du 6e léger.
Ces 19 cadres recevront 12 000 hommes à Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).

Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 8000 sur Paris, savoir :
... 1000 pour le 4e léger ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie légère
... 4e à Paris 1 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).

Le 1er octobre 1809, le 2e Corps remplace le 5e à Talavera.

Le 4 octobre 1809, est présenté à l'Empereur un "Rapport du général Clarke, ministre de la guerre, duquel il résulte que Sa Majesté a sans doute eu l’intention de désigner ... les 3es bataillons des 2e, 4e, 31e régiments d'infanterie légère, le 4e bataillon du 86e de ligne, le 4e bataillon du 66e de ligne et le 6e bataillon du 82e régiment de ligne, employés au 2e corps d'armée, comme devant envoyer chacun, à Bayonne, les cadres des quatre compagnies de fusiliers, pour y recevoir les 12.000 conscrits destinés pour l'armée d'Espagne" ; "Oui", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3638 - Sans signature ni date; le rapport du ministre est du 4 octobre 1809).

A la fin de l'année 1809, tandis qu'une armée espagnole sortie du Portugal a battu les Français à Tamanes en octobre puis s'est faite écraser à Alba de Tormes en Novembre, un autre corps espagnol venu d'Andalousie s'est fait étriller à Ocana.

Pendant ce temps, au Portugal, Wellington et Beresdford réorganisent l'armée portugaise en l'encadrant avec des Officiers britanniques et font construire de formidables lignes de fortifications autour de Lisbonne : les lignes de Torres Vedras.

Le 8 novembre 1809, à Fontainebleau, "On propose à Sa Majesté de nommer le sieur Favier, sous-lieutenant, recommandé par son colonel, 1er porte-aigle du 4e régiment d'infanterie légère" ; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3723 - Non signée; extraite du "Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 5 novembre 1809 »).

En novembre, le 2e Corps, chargé de garder les défilés de l'Estramadure, le 2e Corps est à Oropéza et au pont de l'Arzobispo avec une avant-garde à la Calzada pour éclairer les bords du Tiétar.

En novembre 1809, Napoléon envoie des renforts en Espagne : le Corps de réserve que nous avons vu organisé à Paris en mars 1809 à partir de compagnies des 5èmes bataillons (dont ceux de 2e et 4e Léger) sert à former une Division de ces renforts, organisés en un nouveau 8eme Corps mis sous l’autorité de Junot.

Le 21 novembre 1809, à Paris, l'Empereur ordonne : "Il y aura dimanche, 26 novembre, grande parade. Les bataillons du 32e et du 58e formeront une ligne, ceux du 121e et du 122e formcront la seconde ligne. Ceux du 2e légère et 4e idem seront en troisième ligne. Enfin, ceux du 12e et du 15e léger en 4e ligne.
Tous les hommes armés et habillés de chacun de ces régiments seront mis sur le premier rang ; tous les écloppés, tous les ouvriers, enfin tous ceux qui ne sont pas habillés, seront au deuxième rang ...
Les colonels et les majors auront chacun leur état de situation dressé dans le plus grand détail, afin qu'en parcourant les rangs je puisse voir facilement ce que chaque corps devait recevoir, ce qu'il a reçu, et quelle est sa situation.
Le ministre de la guerre donnera tous les ordres nécessaires pour l'exécution du présent
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3759).

Le 28 novembre 1809, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au duc d'Abrantès de passer la revue des dépôts de la 1re division militaire qui doivent fournir des régiments à son corps d'armée. Il passera cette revue dans le plus grand détail, fera connaître les places vacantes dans les cadres des bataillons qui doivent former sa division, et s'assurera que chacun de ces bataillons a ses cadres complets de dix compagnies de 140 hommes chacune, officiers et sous-officiers.
J'ai remarqué avant-hier que beaucoup de places de chef de bataillon étaient vacantes, ainsi que des places de lieutenant et de sous-lieutenant. Il faut que la retraite soit donnée à tous ceux qui sont hors d'état de faire campagne, afin que, vers le 20 décembre, les quatre bataillons des 32e, 58, 121e et 122e, qui doivent faire partie de la division Lagrange, et les quatre bataillons des 2e, 4e, 12e et 15e légers qui forment la 3e brigade de la même division, formant avec la 1re brigade 8 ou 9,000 hommes, soient prêts à partir pour joindre cette 1re brigade qui part de Huningue. Il est donc nécessaire que ces huit bataillons aient présents, au 20 décembre, leurs officiers, sous-officiers et tambours
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16026 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22533).

Et en complément, le même jour, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, à dater du 1er décembre, le 8e corps de l’armée d'Allemagne prendra le nom de 8e corps de l'armée d'Espagne.
Ce corps continuera à être commandé par le duc d'Abrantès; il aura pour chef d'état-major le général Boyer, pour ordonnateur le sieur Malus, pour commandant de l'artillerie le général Mossel; il y sera attaché un officier supérieur du génie.
Il sera composé de trois divisions.
La 1re division sera commandée par le général Rivaud et formée de trois brigades : la 1re commandée par le général Menard, ayant quatre bataillons; la 2e, par le généra1 Taupin, ayant quatre bataillons; la 3e, par le général Godard, ayant quatre bataillons; en tout douze bataillons, formant 9 à 10,000 hommes d'infanterie.
La 2e division sera commandée par le général Lagrange; la 1e brigade sera composée de trois bataillons du 65e et d'un bataillon du 46e, et commandée par un général de brigade qui sera pris à l'armée d'Allemagne; la 2e brigade sera composée de quatre bataillons des 32e, 58e, 121e et 122e, qui sont à Paris, et commandée par un général pris à l'armée d'Allemagne; la 3e brigade sera composée de quatre bataillons des 2e, 4e, 12e et 15e légers. Cette division aura donc, comme la lère, douze bataillons, formant 9 à 10,000 hommes d'infanterie.
La 3e division sera composée de quatre régiments de marche et de douze bataillons auxiliaires, dont nous avons ordonné la réunion par nos derniers ordres, et sera commandée par le général de division Clauzel, qui veillera spécialement à sa formation.
Ce qui portera l'infanterie du 8e corps à plus de 30,000 hommes ...
Je désire connaître quand tout cela pourra se mettre en mouvement, pour que le corps soit rendu et réuni à Bayonne au 1er janvier
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16027 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22534).

"Paris, 5 décembre 1809
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Général Clarke, donnez l'ordre que le quartier général du 8e corps et la division Rivaud, composée des huit bataillons des brigades Ménard et Taupin et de la brigade formée du 22e de ligne, faisant douze bataillons, se rendent à Orléans. Je verrai le 22e à son passage à Paris. Le 15, le duc d'Abrantès se rendra à Orléans et passera la revue de cette division. Faites-moi connaître où sont les 10e et 11e bataillons des équipages militaires qui doivent être attachés au 8e corps.
Faites-moi connaître s'il sera possible de faire partir, le 15, les huit bataillons qui sont à Paris des 32e, 58e, 121e et 122e, qui forment la 1e brigade de la division Lagrange, et des 2e, 4e, 12e et 15e légers, qui forment la 2e brigade; ces deux brigades, avec celle formée du 65e et d'un bataillon du 46e, composant la division du général Lagrange. Toutefois nommez les deux généraux de brigade qui doivent commander ces huit bataillons, et donnez-leur l'autorité dans les dépôts qui doivent les fournir; je les verrai, le 15, dans la situation où ils se trouvent ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16033 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22561).

Le vendredi 15 décembre 1809, l'Empereur, depuis Paris, ordonne : "Demain, à 11 heures du matin, l'Empereur passera la revue dans la cour des Tuileries :
1° Des deux brigades de la division Lagrange formées des bataillons des 4e, 2e, 12e, 15e légères, 32e, 58e ; 121e et 122e ;
2° De la 2e division de la garde.
Sa Majesté désire que M, le prince de Neuchâtel se trouve au Palais pour la revue" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3810).

Dans le même temps, Napoléon réorganise le 2e Corps en Espagne et envoie, toujours le 15 décembre 1809, depuis Paris, ses instructions à Berthier, nouveau Major général des armées d’Espagne : "

Le vendredi 15 décembre 1809, l'Empereur, depuis Paris, ordonne : "Demain, à 11 heures du matin, l'Empereur passera la revue dans la cour des Tuileries :
1° Des deux brigades de la division Lagrange formées des bataillons des 4e, 2e, 12e, 15e légères, 32e, 58e ; 121e et 122e ;
2° De la 2e division de la garde.
Sa Majesté désire que M, le prince de Neuchâtel se trouve au Palais pour la revue
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3811).

Dans le même temps, Napoléon réorganise le 2e Corps en Espagne et envoie, toujours le 15 décembre 1809, depuis Paris, ses instructions à Berthier, nouveau Major général des armées d’Espagne : "Mon Cousin ... Écrivez au duc de Dalmatie que j'ai hâte de voir se réunir tous les corps; qu'il donne l'ordre que tout ce qui appartient aux 32e, 15e, 66e, 26e et 82e se rende dans le nord à Benavente et à Valladolid, pour être réuni au corps du général Loison; que tout ce qui appartient aux 51e, 43e, 55e, 58e, 47e de ligne et 12e léger rejoigne les régiments respectifs à Madrid; que le 2e corps ne sera formé que des deux divisions des généraux Merle et Heudelet, composées, comme elles le sont aujourd'hui, des 2e, 4e, 17e et 31e légers, et des 15e, 36e, 47e, 70e et 86e ...
Il y a également un bataillon du 2e léger qu'il faut réunir, ainsi que beaucoup de détachements appartenant à des régiments de cavalerie
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 118 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16055 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22608).

"Trianon, 17 décembre 1809
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Trianon
Mon Cousin, donnez l'ordre que la brigade composée d'un bataillon du 32e, d'un du 58e, d'un du 121e et d'un du 122e, qui doivent former au moins 3,000 hommes, parte le 20 de ce mois pour se rendre à Bordeaux. Cette brigade est la 2e de la division Lagrange. Faites-moi connaître quand la 1re brigade arrivera à Bayonne.
Donnez ordre que la 3e brigade de cette division, composée d’un bataillon du 2e léger, d'un du 4e, d'un du 12e et d'un du 15e légers, parte le 22. Cette 2e et cette 3e brigade suivront la route de Versailles, où elles séjourneront; vous en passerez la revue à Versailles et vous vous assurerez qu'elles sont munies de tout ce qu'il faut pour faire la guerre, et qu'elles ont le nombre d'officiers nécessaire pour les discipliner et les contenir en route. Tracez-leur un itinéraire tel qu'elles se reposent un jour sur trois, et même qu'elles aient un double séjour dans les grandes villes.
Vous me remettrez un tableau du mouvement du 8e corps ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16062 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22629).

En fin de campagne, le 4e Léger changea de chef : le colonel Corsin du 4e Léger, promu général en Octobre pour la belle conduite devant Oporto fut remplacé par le Colonel Desgraviers- Berthelot (l'Historique régimentaire dit qu'il a été nommé le 14 août 1809).

Les tenues du 4e Léger en 1808-1809

Un rapport de Novembre 1809 du ministre de l'Administration de la Guerre à l'Empereur nous apprend : "En Juin 1808 au Portugal, le 4e Léger (Nota : le 3e bat de l'Armée de Junot) avait perdu au passage du Duero les effets suivants : 300 habits, 450 gilets à manche, 450 pantalons, 450 paires de guêtres noires, 600 chemises, 250 sarraus, 20 bonnets d'oursin avec cordons rouges, 300 paires de souliers. Cette perte ayant été régulièrement constatée, le régiment en demande le remboursement ...".

VIII/ 1810, LA 3e CAMPAGNE DE PORTUGAL (2ème et 8ème CORPS), LA PACIFICATION DE L’ARRIERE (DIVISION SERAS)

3e campagne du Portugal du 4e Léger

Le 8e Corps continue sa route et doit aider à pacifier les régions traversées dès son entrée en Espagne.

"Paris, 11 janvier 1810
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major général de l’armée d’Espagne, à Paris.
Vous ferez connaître que mon intention est de réunir tout le 8e corps à Logroño. A cet effet le général Lagrange, avec la première brigade de sa division, entrera le 14 en Espagne et se dirigera en droite ligne sur Logroño. Le commissaire ordonnateur et le chef de l’état-major s’y transporteront le plus tôt possible; tout l’état-major et le commandant en chef y seront réunis le 8 février. Tous les ordres seront donnés pour que les divisions ci-devant Rivaud et Lagrange y arrivent le plus tôt possible, ainsi que les administrations et l’artillerie, cela formera 16 à 17,000 hommes, qui devront être à Logroño dans les dix premiers jours de février
".

"Paris, 20 janvier 1810.
Au prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris
Mon Cousin, écrivez au général Lagrange, qui se trouvera le 25 février à Logroño avec une partie de sa division, qu’il doit faire des incursions à cinq ou six marches de Logroño pour attaquer les brigands, les détruire et maintenir libres les communications à quarante lieues aux environs, se concertant avec les commandants de la Navarre, des Biscayes, de Burgos et de l’Aragon; qu’il doit faire des colonnes mobiles et profiter du temps que sa division séjournera là, pour pacifier et désarmer le pays
". Dans la même lettre, on apprend que le général Reynier doit prendre le commandement du 2e Corps.

Le 12 février 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... En jetant un coup d'oeil sur les détachements qui doivent composer la division d'arrière-garde, je vois qu'on a confondu dans vos bureaux deux choses très-importantes ; ce qui peut avoir la plus grande conséquence. On veut comprendre dans la formation des bataillons auxiliaires des détachements appartenant à des régiments qui sont en Espagne : or les bataillons auxiliaires ne doivent être formés que par les dépôts dont les régiments sont au Nord ou en Allemagne. Tous les détachements des corps qui sont en Espagne doivent former des régiments de marche et jamais des bataillons auxiliaires. Mon intention est donc qu'on forme un régiment de marche, qui se réunira à Tours. Le 1er bataillon sera composé de tous les détachements qui se trouvent à Orléans, appartenant aux 2e, 4e, 12e et 15e régiments d'infanterie légère. Le 2e bataillon sera composé de tout ce qui est à Orléans des 32e, 58e, 121e et 122e régiments. Vous ordonnerez que tous ces détachements partent le 15 d'Orléans pour Tours.
Vous ferez demain passer une revue de ces huit dépôts à Paris et à Versailles, pour en faire partir tout ce qu'ils ont de disponible et en état de bien faire la guerre.
Ils seront dirigés sur Tours, où vous chargerez le général Seras de se rendre pour organiser ces deux bataillons et en former le 5e régiment de marche.
... Vous donnerez des ordres et prendrez des mesures pour que deux bataillons du 113e, de 800 hommes chacun, soient tenus prêts à partir ; car je désire faire partir dans le courant de février le 4e régiment de la première légion de la Vistule, 2,200 hommes ; deux bataillons du 113e, 1,600 hommes ; le 5e régiment de marche de l'armée d'Espagne, que j'évalue à peu près, à 1,600 hommes ; un escadron de 300 hommes du 28e de chasseurs, 300 hommes ; le régiment de dragons qui est à Versailles. On y joindrait le 6e régiment de marche de cavalerie qui est à Saumur, 1,900 hommes ; cela fera donc une division de plus de 6,000 hommes, avec laquelle le général Seras se rendra en Espagne ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16244 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 23105).

Les opérations militaires tournèrent au début de l'année autour d'une expédition en Andalousie, exécutée par les 4e, 5e et 6e Corps.

Pendant ce temps, le 4e Léger avec le 2e Corps (commandée alors parle Général Reynier), reste à son emplacement de l'année précédente, c'est-à-dire sur le Haut-Tage, afin d'observer les routes du Portugal où se trouvent toujours les anglais. Il couvre en même temps la marche du Corps expéditionnaire d'Andalousie.

Au milieu d'Avril, Napoléon décide de marcher aussi contre le Portugal. La nouvelle armée du Portugal destinée à cette expédition doit se composer des 2e (Reynier), 6e (Ney) et 8e Corps (Junot), en tout 60000 hommes, dont le commandement est donné à Masséna.

L'Armée anglo-portugaise de Wellington présente un effectif de 50.000 hommes. Le Général anglais, résolu à ne pas accepter de grandes batailles, prévoit de se retrancher, à l'embouchure du Tage, où se trouve une flotte anglaise, sur les célèbres lignes de Torres Vedras qui doivent, au besoin, protéger l'embarquement de son armée.

Le 27 avril 1810, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Mouton, son Aide de camp : "Monsieur le général comte de Lobau, le ministre de la Guerre vous donnera l'ordre de passer la revue des 3e, 4e et 7e demi-brigades provisoires. Envoyez-moi un rapport sur ces trois corps aussitôt que vous les aurez vus. Voyez vous-même les dépôts des 32e, 58e, 121e, 122e ainsi que ceux des 4e, 12e, et 15e d'infanterie légère, afin que tout ce qu'ils ont à leur dépôt serve à renforcer ces dernières brigades. J'ai ordonné que ces trois demi-brigades ainsi que les régiments du grand-duché de Berg formant ensemble une division de 8 000 hommes partent pour l'Espagne avec chacun trois paires de souliers, la comptabilité et les livrets de chaque soldat en parfait état, je vous rends responsable de cette besogne. Lorsque la 6e demi-brigade provisoire sera arrivée de Boulogne, vous ferez avec elle la même opération" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23521).

Le 10 Mai, Masséna arrive à Valladolid. Les Français devaient d'abord s'emparer des places fortes de Ciudad Rodrigo (espagnole), et Almeida (portugaise), avant d'entrer au Portugal. Ce sera au 6e Corps de Ney de s'en occuper.

Le 8e Corps est aussi réorganisé. La Division Lagrange (dont un Bataillon des 2e et 4e Léger, pour ce dernier le 4e) est dissoute et répartie. Elle vient compléter la Division d'arrière garde du Général Seras. Napoléon écrit, depuis Le Havre, à Berthier au Havre, le 29 mai 1810 : "... Les bataillons de 2e, 4e et 12e Léger, des 32e et 58e de Ligne sous les ordres des généraux de brigade Corsin et Jeanin, feront partie de la division du général Seras, qui aura ainsi sous ses ordres ces 5 bataillons : 3000 hommes; les 4 bataillons auxiliaires : 3000 hommes; le 113e et le 4e bataillon de la Vistule : 3000 hommes, ce qui fera 9000 hommes ..." (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 7, p. 283 ; Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16519 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23671). La Division Seras mise sous l’autorité du Général Kellermann et se trouvera donc à la droite de la force principale de Masséna entre Astorga, le Léon et Zamora, couvrant la plaine de Valladolid. Le 4e Bataillon du 4e Léger ne rejoindra le Régiment qu'en octobre.

Au 2e Corps, le 15 mai 1810, le 4e Léger, à la Division Merle, comprend 3 Bataillons à l'effectif de 56 Officiers et 1450 hommes.

Le 30 mai, le 4er Léger est à Zafra. Le 1er juin, il est à Almendraligo, escortant les convois de vivres et de munitions.

Détaillons maintenant l’offensive de Masséna contre le Portugal. Ce n'est que le 25 juin qu'est lancé l'assaut sur la forteresse de Ciudad Rodrigo, après des semaines de siège. Les défenseurs résistent jusqu'au 9 juillet. Pendant ce temps, le 2ème Corps (Reynier) bat un parti espagnol à Zafra, et passe le Tage à la gauche de l'Armée.

Le 4 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître combien de compagnies et d'hommes peuvent fournir les dépôts des 32e, 58e, 121e et 122e, ainsi que les dépôts de Versailles des 3e et 4e régiments provisoires, et les dépôts des 2e, 12e, 15e et 4e léger. Quand pourra-t-on former un régiment provisoire de 700 hommes de chacun de ces dépôts ? ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4364 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23898).

- Combat de Xérés, 5 juillet 1810

Le 5 juillet, le Général en chef est informé que 7 à 8000 Espagnols occupent les hauteurs qui dominent Xérés; il décide de les attaquer sur plusieurs points. La Division Merle part au point du jour avec le 5e Dragons. Elle se dirige par la traverse sur Xérés-de-los-Caballeros et se jette sur l'ennemi, qui a pris position à 2 lieues de la ville. Culbutés et poursuivis de position en position, les Espagnols réunissent toutes leurs forces sur les hauteurs de Xérès, point très fort et difficile à aborder. Les 2e et 4e Légers l'enlèvent cependant à la baïonnette et poursuivent l'ennemi qui s'enfuit dans le plus grand désordre, sabré par les Dragons.

Le 8 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke; Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, il faut former un 5e régiment de marche qui sera composé de 3 bataillons, savoir :
1er bataillon : 2 compagnies du 32e, 2 compagnies du 58e ;
2e bataillon : 2 compagnies du 121e, 2 du 122e ;
3e bataillon : 1 compagnie du 2e léger, 1 du 4e idem, 1 du 12e idem.
Chacune de ces compagnies sera complétée à 140 hommes, ce qui fera 1540 hommes. Un colonel en second ou un major commandera ce 5e régiment de marche. Vous me ferez connaître quand il sera prêt.
Vous donnerez ordre qu'il soit réuni à Versailles le 15 juillet.
Vous me ferez connaître s'il est possible de former des dépôts de Versailles qui ont fourni aux régiments provisoires dernièrement partis, un nouveau bataillon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4380 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23919).

Selon l'Historique régimentaire, en août, le 4e Léger est à Plasencia, Fuente, Loraleja et Zamora.

La place forte d'Almeida dans la région de Beira, ne se trouve qu'à 35 kms de Ciudad Rodrigo. C'est encore le 6e Corps de Ney qui est chargé de la besogne. Du 15 au 28 Août a lieu le siège d'Almeida, après les combats sur la Coa.

Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 4e se composera de 200 hommes du 2e léger ; de 100 hommes du 4e idem ; de 100 hommes du 15e idem ; de 200 hommes du 17e idem ; de 300 hommes du 65e idem ; total 900 hommes. Le 4e bataillon se réunira à Paris ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).

Le 26 août 1810, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "... Donnez ordre que le 4e bataillon du 2e léger qui est à la division Séras rejoigne ses trois premiers bataillons au 2e corps ; que le 4e bataillon du 4e léger rejoigne ses trois premiers bataillons au 2e corps, et que le 4e bataillon du 36e qui est au 8e corps rejoigne également les 3 premiers bataillons au 2e corps, de sorte que le corps du général Reynier sera composé ainsi qu'il suit :
division Merle
2e léger 4 bataillons 2400 hommes
36e de ligne 4 bataillons 2200
4e léger 4 bataillons 2400
7000 hommes
Division Heudelet
17e léger 3 bataillons 1500
47e de ligne 4 bataillons 2400
31e léger 4 bataillons 2400
70e 4 bataillons 2400
8700
15700 hommes
Par ce moyen, tous les régiments de l'armée de Portugal se trouveront réunis ...
Donnez ordre que le 5e régiment provisoire d'infanterie de l'armée d'Espagne soit dissous. Les compagnies du 2e léger et des 4e et 12e légers seront réunies aux 2 compagnies des 2e, 4e et 12e légers du 2e régiment provisoire d'infanterie qui est dans la Navarre. Le 1er bataillon du 2e provisoire d'infanterie sera composé de 3 compagnies du 5e bataillon du 2e léger et de 3 du 4e. Le 2e bataillon sera composé de 3 compagnies du 12e et de 2 du 15e ...
La dissolution du 5e régiment provisoire d'infanterie qui avait ordre de se rendre à Tolosa renforcera le corps du général Reille de onze compagnies, ce qui augmentera d'autant la garnison de la Navarre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4531 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24415).

- L'armée française entre en Portugal

Le 16 septembre, l'Armée française, qui est concentrée autour de Almeida, pénètre en Portugal. Le 2e Corps se porte sur Mondego.

Le 17, les 2e et 6e Corps entre à Célorico et forcent les avant-postes anglais à se replier sur Cortiza; Wellington commence sa retraite sur l'Alva par la rive gauche du Mondego.

L’Armée de Portugal se trouva tout entière réunie autour de Viseu et à Mangualdo du 18 au 20 septembre ; elle comprend à ce moment 62,000 hommes de toutes armes. Wellington vien enfin de se résoudre à risquer les chances d'une bataille sur la Sierra d'Alcoha.

POSITIONS DU 4E LEGER EN SEPTEMBRE 1810

Colonel Desgraviers, Major Magaud, Quartier-Maitre Folloppe
1er Bat Chef de Bataillon Palis; 2e Bat Chapuzet; 3e Bat Carré; 4e Bat Coudert, au 2e Corps, Armée du Portugal
5e Bat : 3 Cies à l'Armée d'Espagne, 1 Compagnie et Dépôt à Paris

Masséna ne reprend sa marche vers Lisbonne que le 15 Septembre. Ses ordres sont d'attendre la fin des grosses chaleurs et surtout des récoltes. Il en profite pour se procurer de quoi approvisionner son armée. D'autant que les Anglais ont décidé de pratiquer la "terre brulée" en se retirant progressivement vers leur base de Torres Vedras.

Masséna prend la direction de Coimbra en passant par Viseu où il s'arrête plusieurs jours pour rallier ses effectifs et réparer ses caissons. La route suivie, au nord du Mondego, passe par Bussaco, une excellente position défensive en hauteur où Wellington a décidé d'attendre les Français avec ses Anglo-portugais. Le 2e Corps lui s'est retrouvé à Guarda en passant par Sabugal puis a rejoint le reste de l'Armée.

Au matin du 26, les deux armées sont en présence; un brouillard épais qui empêche de distinguer les mouvements de l'ennemi se disspe vers 8 heures. Le 2e Corps entre en contact avec les défenses anglaises : le Général Reynier aperçoit une batterie de 5 pièce de canon soutenue par de l'infanterie qui bare la route de San-Antonio-de-Cantaro. Il demande des ordres; après une reconnaissance des positions ennemies, l'attaque est décidée pour le lendemain. Masséna est tombé dans le piège d'une attaque frontale au lieu de contourner les positions anglo-portugaises.

- Bataille de Bussaco, 27 septembre 1810

Les Anglo-portugais occupent sur la montagne d'Alcoba une position qui forme un arc de cercle et embrasse par ses extrémités le terrain occupé par l'armée française.

Le 27 septembre, la Division Merle se réunit avant le jour au pied de la montagne; le 31e Léger est placé à la Venta-de-San-Antonio; une Brigade de la 2e Division, commandée par le Général Foy, est en arrière de ce Régiment pour le soutenir et le suivre. L'artillerie, place sur les plateaux près de San-Antonio, ne peut tirer ni sur les troupes, ni sur l'artillerie ennemie placée sur la crête de la montagne.

le 2e Corps s'élance à la droite de l'armée ennemie. Le Capitaine Charlet, Aide de camp du Général en chef, qui a reconnu la veille le terrain par lequel la Division Merle peut monter, marche en tête, suivi immédiatement des 2e et 4e Légers. Le 4e Léger, conduit par le Général Graindorge et protégé par un brouillard épais, gravit péniblement les hauteurs en colonne serrée, malgré la rapidité de la pente et tous les obstacles qui s'opposent à sa marche, en s'aidant des végétaux. Avec le 2e Léger, il chasse devant lui l'infanterie légère et une première ligne d'infanterie portugaise qui veut arrêter leur marche en avant. Arrivés sur la hauteur, les 2e et 4e Légers se déploient par Régiments en masse, ils s'élancent baîonnettes en avant, sur le 8e Portugais, le culbute et lui enlève son artillerie.

Mais Wellington, qui a vu le mouvement de la Division Merle, accoure avec deux Divisions qui se trouvent sur la gauche. Il fait attaquer la Division Merle par la Division Picton, composée des 55e et 88e Régiments anglais soutenus par le 8e Portugais; cette première ligne est repoussée.

Wellington fait alors donner la Division Leith, qui s'avance en colonne serrée sur le front et le flanc de nos Régiments, tandis que les batteries anglaises tirent à mitraille. Mitraillés en flanc par l'artillerie et de front par l'infanterie, les Français sont en fâcheuse posture. Le 4e Léger, exténué de fatigue, tient bon mais subit des pertes importantes. Le Général Graindorge est mortellement blessé; le Général Merle est également grièvement atteint. Le 4e Léger a le Colonel Desgraviers grièvement blessé, sept Officiers supérieurs sur neuf, tous les Capitaines des Compagnies d'élite sont également mis hors de combat ainsi que 30 Officiers des Compagnies du centre. Le 2e Léger voit le Colonel Merle blessé ainsi que les Chefs de Bataillon Godin et Puisoie. Le Chef de Bataillon Duval est tué, ainsi que de nombreux Capitaines et autres Officiers.

Refoulé jusque sur le bord du plateau, le 4e Léger y résiste cependant, protégé sur le flanc par le 31e Léger qui arrive à ce moment sur la crête, jusqu'à l'arrivé du 91e de Ligne.

Le Général Sarrut, qui prend le commandement, tente un nouvel effort; il remonte les pentes avec les débris de la Division, mais Wellington fait avancer des troupes fraiches et il faut renoncer à cette nouvelle attaque. Criblées par un feu épouvantable, nos troupes redescendent finalement le plateau, emportant leur Général et leurs Officiers blessés. Tandis qu'au centre de la bataille, le 6e Corps de Ney tente de s'emparer du couvent de Bussaco transformé en forteresse et est lui aussi repoussé.

Ne voulant pas céder le terrain, les braves de la Division Merle se couchent sur les pentes à portée de fusil de la ligne anglaise et y restent jusqu'à 10 heures du soir, sans que l'ennemi ne cherche à les déloger.

Cette attaque audacieuse, sur une ligne remarquablement forte a échoué malgré l'impétuosité de nos braves Régiments. Après la bataille, les Français se regroupent et Masséna, qui ne songe pas un seul instant à la retraite, parvient à contourner les positions ennemies par le Nord dans la nuit du 28 au 29 septembre; mais Wellington de son côté recule vers Coimbra. Son objectif est à présent d'atteindre les Lignes de Torres Vedras en avant de Lisbonne, et d'y attendre une nouvelle fois les Français.

La majeure partie de la population des régions que doit traverser l'armée française se retire avec l'armée anglo-portugaise. L'ordre est donné d'évacuer Coimbra, les propriétés agricoles sont abandonnées, les biens ne pouvant être transportés et susceptibles de servir aux Français sont détruits. La campagne doit être tenue par des partis de guérilla chargé d'exterminer les troupes isolées et les blessés ennemis.

Après la bataille, le 4e Léger compte ses pertes : les Capitaines Bernard, Goisen; les Lieutenants Pus, Lassé; les Sous-lieutenants Deliey, Salles, Jamart, Luzy, Demontis ont été tués. Le commandant Palis, du 4e Léger, est cité à l'ordre de l'armée pour sa brillante conduite à la tête de son Bataillon. L'armée française se lance à la poursuite des Anglais.

A Coimbra, le 1er Octobre, les Français trouvent un peu de vivres. De Coïmbra, ils marchent sur Moliano et Rio-Mayor, en passant par Leiria. Entre Coimbra et les Lignes de Torres Vedras, quelques affrontements éclatent entre les troupes françaises les plus avancées et l'arrière de l'armée de Wellington. Les combats les plus significatifs ont lieu près de Pombal et d'Alenquer. Le 11 octobre, l'avant-garde française aperçoit les Lignes de Torres Vedras.

- Blocus des lignes de Torres-Vedras, retraite de Masséna sur Santarem

Après avoir examiné attentivement les formidables lignes de défense de Wellington, et ne se sentant pas en force pour les attaquer, Masséna demande des secours et se contente d'organiser le blocus. Mais les Anglais reçoivent des renforts par mer, et les troupes françaises manquent de vivres, et épuisées par les maladies, s'affaiblissent de plus en plus.

Le 18 octobre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, écrivez au général Caffarelli de diriger sur Pampelune les détachements ci-après, aussitôt que les bataillons de marche dont ils font partie seront arrivés à Tolosa, savoir : ... Les 200 hommes du 2e légère, les 100 hommes du 4e et les 100 hommes du 15e, qui font partie du 3e bataillon du 2e régiment de marche de l'armée de Portugal.
Total 400 hommes, pour être incorporés dans les détachements de leurs corps qui composent le 2e régiment provisoire de Navarre ...
Ce qui fera une augmentation de 1.262 hommes pour les régiments de Navarre. Prévenez-en le général Reille. Recommandez-lui de prendre un soin particulier de l'organisation de ces régiments provisoires, de les fournir de ce qui leur manque et de les tenir en bon état ...
Le 2e régiment de marche de l'armée de Portugal se trouvera également diminué, savoir :
De 215 hommes du 2e légère;
88 – du 4e ;
et 103 – du 15e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4725 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24963).

Cette lettre est suivie d'un document Annexe (Note jointe à la minute - Archives nationales, AF IV 886, octobre 1810, n° 233) qui présente la situation antérieure du 2e Régiment provisoire : "Renseignements demandés par Sa Majesté sur les régiments provisoires qui sont en Navarre".

Composition des régiments provisoires qui sont en Navarre
Situation des détachements qui composent les régiments provisoires de la Navarre
Détachements que les mêmes régiments ont dans la division de réserve
Nombre de compagnies, numéros des bataillons auxquels elles appartiennent, présents sous les armes
1er régiment provisoire
1er bat.
2e légère
4e id.
2e bat
12e id.
15 id.


3 du 5e bat.
33 id.

3 id.
2 id.


497
409

454
240


200
100


100

Ce même 18 octobre, Masséna, constatant, au bout de plusieurs semaines, que sa situation d'assiégeant des lignes anglo-portugaises est sans issue favorable, envoie le Général Foy en France discuter de la situation militaire avec l'Empereur et lui demander des ordres. Il décide également de reculer ses positions sur Santarem et Punhete pour mieux hiverner à la mi-Novembre, suivi mollement par les Anglais. Le 2e Corps de Reynier s'établit à Santarem, sa gauche au Tage, et son front couvert par le Rio-Mayor. Il entreprend des travaux pour s'y retrancher. Les deux autres Corps de l'Armée font de même, regroupés autour de Thomar pour celui de Ney et de Torres Novas pour celui de Junot.

L'Empereur ordonne que toutes les troupes disponibles en Espagne soient dirigées sur le Tage pour donner la main à Masséna.

Au Portugal, les souffrances de l'Armée du Portugal sont extrêmes mais les soldats, qui attendent l'arrivée des renforts, les supportent dit l'historique régimentaire "gaiement". L'arrivée d'une Division du 9e Corps menée par le Général Drouet en personne fin Décembre est saluée par des cris de joie. Ces renforts et ceux amenés par le Général Foy à son retour, portent l'Armée du Portugal à 55.000 hommes, mais c'est trop peu encore pour tenter une action décisive et Masséna espère l'arrivée du 5e Corps, alors sous les ordres de Soult.

Le 4e Léger ne compte plus alors que 48 Officiers et 800 hommes sous les armes; il a perdu plus de 600 hommes dans cette partie de la campagne.

IX/ JANVIER 1811, LE REPLI SUR L'ESPAGNE

- Retraite sur Mondego

Le 2 janvier 1811, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître ce que c'est que dépôt de gendarmerie de l'armée d'Espagne qui est à Saint-Denis. Il me semble qu'il y a là 400 hommes, quel parti peut-on en tirer ? Pourrait-on former un bataillon de marche d'une compagnie de chacun des 32e, 58e, 2e, 4e, 12e et 14e léger, et un autre composé, d'une compagnie de chacun des 34e, 88e et 25e léger ?" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 4945).

L'Empereur voulait que Masséna tienne ferme dans ses lignes de Santarem et attende l'arrivée du Maréchal Soult et du 5e Corps. En Janvier, Soult au lieu de rejoindre avec le 5e Corps l'Armée du Portugal, fait chemin vers Badajoz et après s'être emparé d'Olivenza, en commence le siège, mais la ville ne se rendra que le 10 Mars. Pendant ce temps, Masséna, vu l'état de délabrement physique et moral de ses troupes, et le manque de vivres qui réduit tous les Corps à la dernière extrémitié, décide de se retirer sur Modego.

Le 5 février, l'arrivée du 4e Bataillon porte l'effectif du 4e Léger à 1300 hommes.

Le 1er mars, le 2e Corps de Reynier (avec les 2e et 4e Léger) reçoit l'ordre de commencer sa retraite dans la nuit du 5 au 6 par Golgao, Thomar et Espinhal; il gagne Espinhal, passant par la Serra de Estrella tandis que Ney couvre l'arrière garde et doit livrer des combats à Pombal, Rehinda, Foz d'Arounce contre les Anglais qui se sont lancés à notre poursuite.

Le 15 mars, l'armée est réunie sur la Ceyra.

Etat du 2e Corps de Reynier au 15 mars 1811.

1ère Division Merle
- 4 Bataillons du 2e Léger (54 Officiers et 1343 hommes)
- 4 Bataillons du 36e de Ligne
- 4 Bataillons du 4e Léger (61 Officiers et 1163 hommes)

Reynier rejoint Masséna à Miranda do Corvo, puis ils poursuivent leur marche vers Celorico qui est atteint le 21.

Le 22, l'Armée atteint les frontières d'Espagne et prend position sur les hauteurs qui séparent la vallée du Mondego de celle de la Coa. Masséna décide alors de gagner l'Espagne par Coria et Plasencia. Ney refuse et veut passer plus au Nord. Masséna le démet de son commandement du 6e Corps qui est remis au Général Loison. On doit signaler aussi des désobéissances de la part de d'Erlon et de Reynier qui désorganisèrent le plan de Masséna.

Dans le même temps, Napoléon espère encore qu’une offensive sur Lisbonne pourra avoir lieu !!!

Le 31 mars, le 2e Corps est à Sabugal; la Division Merle occupe la rive gauche de la Coa.

- Affaire de Sabugal, 3 avril 1811

Le 2e Corps forme l'aile gauche de l'armée; le 2 avril, le Général Reynier, qui le commande, se trouvant en présence de fortes colonnes anglaise, écrit à Masséna pour lui demander des instructions; celui-ci lui donne ordre de tenir jusqu'au 4 avril.

De son côté, Wellington, qui talonne les Français, pense pouvoir détruire le 2e Corps à Sabugal. Le 3 Avril au matin, les Anglais, bousculant les Compagnies de Voltigeurs qui gardent les gués de la Coa, se lancent à l'assaut d'un plateau que garde la Division, commandée par le Général Sarrut; mais les Français résistent bien sous une pluie battante et du brouillard. Les 2e et 4e Légers repoussent l'ennemi avec leur intrépidité habituelle. Ce dernier revient une deuxième fois à la charge; les soldats de Wellington, culbuté à nouveau, sont sabrés par la cavalerie. Le Colonel Berthelot-Desgraviers est blessé dans cette affaire, de même que le Chef de Bataillon Chapuzet et le Sous-lieutenant Cambefort. Le Lieutenant Rossin et le Sous-lieutenant Fournier sont tués.

- Nouvelle organisation de l'Armée de Portugal, avril 1811

Le combat de Sabugal a pour effet d'arrêter Wellington qui, manquant de vivres, cesse de poursuivre l'armée de Masséna qui en profite pour poursuivre sa retraite et prendres cantonnements plus éloignés.

Le 4 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne, à Paris pour lui faire part de la réorganisation de l'Armée du Portugal en 6 divisions : "Mon Cousin, l'armée du Portugal sera partagée en six divisions ...
6e division : les 15e, 32e, 2e et 4e légers, les 36e et 130e de ligne.
Par ce moyen, le 6e corps se trouve partagé en deux divisions. Tous les régiments qui ont leur dépôt dans la 12e division militaire forment une division ; tous ceux qui ont leur dépôt en Bretagne en forment une autre. Je pense que c'est là la meilleure organisation qu'on puisse donner. Vous laisserez le prince d'Essling maître d'arranger les brigades. Vous lui désignerez seulement les généraux pour les divisions et pour les brigades. Vous le laisserez également maître de verser tous les hommes des 15e et 32e légers dans les 2e et 4e légers, et de renvoyer les cadres du 15e léger à Paris et du 32e à Toulon ; cela aura l'avantage de supprimer deux cadres sans diminuer de beaucoup le nombre d'hommes. Cette opération me paraît bonne ...
Vous ferez connaître au maréchal prince d'Essling qu'il doit faire tous ces mouvements en temps opportun ; lui seul doit en avoir connaissance. Il peut même y faire les changements qu'il jugera indispensables. Vous lui ferez connaître que mes principaux motifs pour mettre tels ou tels régiments ensemble, c'est qu'ils ont leurs dépôts dans la même division ; ce qui doit faciliter la formation des régiments de marche à envoyer pour les recruter
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17562 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26505). Ce sera Marmont qui effectuera le changement.

On voit donc d'après cette lettre que l'organisation de l'Armée du Portugal est complètement modifiée; le Maréchal Marmont doit en prendre le commandement en remplacement de Masséna et l'Armée être partagée en 6 Divisions, le 4e Léger placé dans la 4e commandée par le Général Sarrut, ayant comme Brigadier le Général Heudelet. Par ailleurs, le Régiment doit renvoyer en France le cadre de son 4e Bataillon et recevoir en incorporation les hommes du 2e Bataillon du 32e Léger; il a aussi 400 hommes dans le 2e Régiment provisoire en Navarre.

Mais Masséna n'est pas encore au courant de ces changements. L'Armée du Portugal encore sous ses ordres regroupe finalement autour de Salamanque et se remplume. Elle compte encore 39.000 combattants. Le 2e Corps, le 8 avril, se met en marche pour Ledesma.

De leur côté, les Anglo-portugais ont suivi les Français dans leur repli et désormais, le seul point encore aux forces de Masséna au Portugal est la forteresse d'Almeida, rapidement entourée par la Division Campbell dès le 7 Avril.

Masséna, dont les subordonnés sont de plus en plus désobéissants, ayant appris l'investissement d'Almeida par les Anglais demande l'aide de Bessières pour refaire ses forces, délivrer la garnison et y établir une tête de pont.

Au milieu d'Avril, il pleut, et le 2e Corps a énormément de mal à se fournir en vivres. Cependant, Masséna concentre ses meilleurs éléments des 2e, 6e, 8e, et 9e Corps et la cavalerie de Montbrun autour de Ciudad Rodrigo en vue de l'offensive future.

De son côté, le 27 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 200 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, 100 du 4e et 200 du 12e ; total 500 ; forment à Paris un bataillon de marche et se mettent en route pour Bayonne.
Donnez ordre que le 17e d'infanterie légère envoie à Bayonne 150
que le 25e id. envoie 100
Le 9e id. 120
Le 16e id. 100
Le 21e id. 120
Le 27e id. 120
Le 28e id. 120
Total de ce que ces régiments enverront à Bayonne 1330
Ayez soin que chacun de ces détachements ait au moins deux sergents, quatre caporaux et deux tambours. A leur arrivée à Bayonne, on formera de ces détachements deux bataillons de marche que l'on composera de la manière suivante : les détachements des 2e, 4e, 17e et 25e régiments qui appartiennent à l'armée de Portugal marcheront ensemble. Ceux du 9e, du 12e, du 16e, du 21e, du 27e et du 28e, qui appartiennent à l'armée du Midi, formeront l'autre bataillon. Vous aurez soin que ces détachements soient bien armés, bien équipés. Les dépôts pourront profiter de leur départ pour faire des envois à leur régiment. Vous me rendrez compte d'ailleurs du mouvement de ces détachements afin que je sois toujours à même de donner les ordres que pourraient nécessiter les circonstances. Mon intention est qu'aucun conscrit de 1811 ne fasse partie de ces détachements. Le nombre d'hommes que je viens de vous indiquer est porté dans les états comme existant au dépôt avant l 'arrivée de la conscription. Vous pouvez donc les faire partir deux ou trois jours après la réception des ordres. Faites passer en revue le bataillon de Paris avant son départ. Ayez soin qu'un major en second se trouve à Bayonne pour organiser les deux bataillons. Les premiers arrivés attendront les autres. Mais il sera toujours avantageux que le général qui commande à Bayonne ait des troupes sous sa main, qui peuvent être utiles pour la protection des frontières
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26853).

Masséna, qui a concntré ses forces, se met en marche fin avril. Bessières arrive enfin le 1er Mai, entouré seulement d'une poignée d'hommes de la cavalerie de la Garde, qu'il refusera d'ailleurs de faire intervenir. Wellington, anticipant les intentions de Masséna, décide de l'attendre à Fuentes de Onoro.

Le 2 mai, les deux armées sont en positiion. La bataille fera rage entre le 3 et le 5 Mai 1811 et restera indécise, bien que Wellington ne soit pas passé loin de la rupture et qu'un effort supplémentaire eut emporté la victoire pour les Français.

Sur l'aile droite, à Alameda, le 2e Corps aura en fait peu à intervenir : l'inertie de Reynier sera d'ailleurs une des causes de l'issue de la bataille. L'essentiel des combats aura lieu autour de Fuentes de Onoro et sur l'aile gauche. Fatigué et moralement atteint, Masséna se replie une nouvelle fois sur Salamanque où il apprend par Bessières sa disgrâce et son remplacement par Marmont. Napoléon ne pardonne pas aux Généraux malchanceux ! La seule satisfaction est que la garnison d'Almeida a pu évacuer la place après l'avoir détruite et a réussi à passer à travers les lignes anglaises, récupérée par le 2e Corps.

Voilà donc Marmont, Duc de Raguse, à la tête d'une Armée du Portugal découragée. Celle-ci se restructure désormais en 6 Divisions. Marmont porte tous ses bataillons à 700 hommes en versant l'effectif d'un Bataillon dans un autre, et renvoie à Salamanque, les cadres non employés. Les 4èmes Bataillon des 2e et 4e Léger sont ainsi dissouts, les effectifs renforçant les trois premiers, les cadres sont finalement renvoyés en France pour former un nouveau Bataillon.

Les 2e et 4e Léger font partie de la 4e Division sous le commandement du Général Sarrut.

Le 1er juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Alençon, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, il arrive le 7 juin à Bayonne trois détachements, savoir :
Un de 135 hommes du 2e léger
Un de 110 hommes du 14e (4e ?) idem
Un de 210 hommes du 12e idem
Faites former de ces 450 hommes un petit bataillon que vous mettrez sous les ordres de l'officier qui commandera l'escorte du Trésor qui doit partir le 15 juin. Arrivés à Valladolid, les 210 hommes du 12e léger se rendront à Madrid et de là en Andalousie. Les détachements du 2e et 4e rejoindront leurs régiments à l'armée de Portugal ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5531 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27178).

Ayant ainsi réorganisé son armée, le Maréchal marche en juin au secours de la place de Badajoz assiégée par les Anglais. Son arrivée dégage la place et Soult et Marmont entrent dans la ville. Badajoz délivrée, Marmont revient prendre position sur le Tage.

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
... 3e bataillon
Du 2e de léger 130 hommes
Du 4e id. 100
Du 25e id. 100
Du 22e de ligne 60
Total 390
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).

Le même 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation ...
RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL. Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir : ... 2e bataillon : deux compagnies du 12e léger, deux du 2e, deux du 4e. Ce bataillon se formera à Saint-Denis ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 25 juin 1811, Berthier écrit, depuis Paris, au duc de Feltre : "L'Empereur ayant nommé généraux de brigade les colonels du 76e régiment d'infanterie de ligne et du 4e d'infanterie légère, qui ne sont point encore remplacés, Sa Majesté me charge d'écrire à Votre Excellence pour qu'elle donne l'ordre aux majors de ces deux régiments de partir en poste pour se rendre sans délai à l'armée de Portugal et y prendre le commandement de leurs régiments respectifs.
L'Empereur étant dans l'intention de nommer des colonels en second au commandement titulaire de ces deux régiments, j'invite Votre Excellence à les proposer, en lui faisant observer que les colonels en second Chabert et Langeron qui faisaient partie du 9e corps, sont les seuls de l'armée de Portugal qui restent à placer ; ayant été blessés à l'affaire du 5 mai, ils sont en route pour se rendre en France.
L'Empereur veut que les colonels qui seront nommés, reçoivent de Votre Excellence l'ordre de se rendre au dépôt de leur régiment ; ils y passeront six mois qu'ils emploieront à prendre connaissance de l'administration.
Si les majors qui vont commander provisoirement les régiments, sont faits colonels en Espagne par suite d'actions d'éclat ou autrement, ils seront remplacés, et s'ils n'ont point obtenu d'avancement, aussitôt l'arrivée des colonels qui auront passé six mois aux dépôts, ces majors rentreront en France pour en reprendre le commandement.
Votre Excellence a vu que par décret du 22, l'Empereur a aussi nommé cinq majors en second parmi les chefs de bataillon ou d'escadron de l'armée de Portugal. L'intention de Sa Majesté est qu'ils continuent néanmoins à commander leurs bataillons ou escadrons respectifs jusqu'à ce qu'ils aient été remplacés et qu'ensuite ils restent à la disposition du général en chef, M. le duc de Raguse, pour commander provisoircment les régiments dont les colonels seraient blessés ou malades ; j'ai donné les ordres nécessaires.
L'Empereur désire aussi qu'à l'avenir on ne propose aucun des officiers qui sont en Espagne pour être faits majors en second et Sa Majesté veut qu'en principe général, tout colonel qui quitte !e commandement pour cause de maladie ou de mort soit sur-le-champ remplacé par le major qui recevra l'ordre de prendre son poste aux bataillons ou escadrons de guerre
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 1921).

En juillet, les cadres des 4es Bataillons des 2e et 4e Léger sont revenus en France. Napoléon s'occupe de les reformer. Il écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, le 1er juillet 1811 : "Monsieur le duc de Peltre, donnez l'ordre que tout ce qu'il y a de disponible dans les 5es bataillons du 2e et du 4e légers soit versé dans les 4es bataillons, afin de donner de la consistance à ces 4es bataillons. Vous aurez soin qu'ils soient complétés en officiers et sous-officiers. Je suis surpris que l'on ait retenu (en Espagne) les cadres des grenadiers et voltigeurs et qu'on n'ait envoyé que les cadres de 4 compagnies. Faites-moi connaître si l'on a fait de même pour les cadres des bataillons rentrant à Bayonne de l'armée d'Espagne, et si l'on a renvoyé les cadres de six compagnies ou seulement de quatre." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5711 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27504).

Le 4 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 3 juillet relative à l'exécution de mon ordre du 17 juin pour la formation d'un régiment de marche de 7 bataillons de l'armée du Midi et d'un régiment de marche de 3 bataillons de l'armée de Portugal. Voici les changements que je désire faire à mon premier ordre.
Le 2e bataillon du régiment de marche de l'armée du Midi, composé de compagnies du 12e, du 2e et du 4e légers, ne fera plus partie de ce régiment de marche, ce qui, de 7 bataillons, le réduira à 6. Mais, au lieu de cela, les 4es bataillons de ces 3 régiments seront complétés à 600 hommes et formeront seuls une demi-brigade de 1800 hommes (La minute ajoute : « qui se mettra en marche lorsqu'elle en recevra l'ordre ») ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5730 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27525).

Le 14 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Dumas, Directeur des Revues et de la Conscription : "Je lis avec intérêt votre travail du 9. La distribution me paraît convenablement faite.
... il ne restera plus que 1500 pour le 2e, 4e, 12e léger, 32e, 58e, 14e et 121e. Faites la répartition entre ces régiments comme il convient, parce qu'il faut que le ministre prenne ses précautions d'avance. Vous pouvez pourtant diriger ces hommes sur le dépôt de la Garde à Courbevoie d'où on les répartira ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5785 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27643).

Le même 21 juillet 1811, à Trianon, on soumet à l'Empereur un "Rapport du général Clarke sur les difficultés que l'on rencontre pour l'exécution de l'ordre de Sa Majesté relatif aux 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère"; ce dernier répond : "Mes intentions restent les mêmes. Au lieu du 4e bataillon du 10e léger, on mettra le 5e bataillon qui se forme. Quant aux hommes, ils seront fournis sur les 4.000 conscrits de la réserve qui sont dirigés sur Paris de sorte qu'on aura une belle demi-brigade à la fin d'août" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5819).

Le 3 Août 1811 un nouveau colonel vient prendre la tête du 4ème Léger : Gaspard Louis Langeron (il sera par la suite Général de Brigade).

En septembre, les Anglais ayant menacé de nouveau Ciudad Rodrigo, Marmont abandonne le Tage, remonte au nord au secours de cette place et parvient à la ravitailler. Puis il reprit ses positions. Le 4e Léger est à Talavera et à Naval-Moral.

En octobre, le 4e Léger est à Escorial.

Le 1er novembre, le 4e Léger escorte les convois et forme de nombreuses colonnes mobiles pour la rentrée des subsistances et l'arrestation des otages dans les villages les plus récaciltrants à acquitter leurs contributions. Le centre de ses opérations est à Escalona.

Le 27 novembre, le Sous-lieutenant Brunet est tué en Espagne.

Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les quatre bataillons du 24e léger seront à 800 hommes présents sous les armes au 1er février, à Osnabrück. Il lui manque, je crois, peut-être à ce complet 600 hommes. Présentez-moi un projet pour détacher des 5es bataillons d'infanterie légère dont les régiments sont en Espagne les hommes disponibles pour former les 600 hommes nécessaires pour recruter ce régiment ; les 21e, 28e, 27e, 17e, 25e, 6e, 2e, 4e, 12e, 16e, 23e, etc. pourront fournir ces 600 hommes. Choisissez dans chaque dépôt ce qu'on peut en tirer ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460).

Le 29 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le duc de Feltre, mon intention n'est pas que le 24e régiment d'infanterie légère parte de Paris le 15 janvier. Je le verrai à la parade du 12 janvier. Donnez des ordres pour que mardi prochain, il soit incorporé dans ce régiment :
180 hommes du 12e régiment d'infanterie légère
300 bommes du 4e idem
320 hommes du 2e idem
Total 800 hommes
Faites faire cette opération en règle. Ce régiment ainsi porté au grand complet sera dirigé sur Metz. Il restera quelques jours à Metz avec son dépôt ; il y prendra les 50 ou 60 hommes qui y sont disponibles ; et il complétera les cadres de son se bataillon en vieux sergents et caporaux ...
" Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29511).

X/ 1812

En janvier 1812, le 4e Léger est en route pour Valnce; son effectif est de 69 Officiets et 1350 hommes.

L'Armée du Portugal abandonne le Tage et est ramenée sur le Douro aux environs de Salamanque. Ce mouvement de retraite va amèner la perte de deux places importantes : Ciudad Rodrigo (en Janvier) et Badajoz (en Avril) qui tombent aux mains de Wellington.

En février, le Régiment est à Almonacid.

Le commandement général de toutes les forces françaises a été hélas confié au Roi Joseph en Mars. Les trois premiers bataillons du 4ème Léger font toujours partie de la 4e Division Sarrut de l'Armée du Portugal. En Mars, le 4e Léger est à Domingo.

En avril, le 4e Léger est à Guarda, Rio-Secco et Sabugal.

En mai, le 4e Léger est à Toro; en jui à Salamanque.

Le 13 Juin Wellington passe l'Agueda et 3 jours plus tard se retrouve devant Salamanque. Marmont évacue la ville, laissant de petits contingents dans des forts dont les Anglais vont mettre dix jours à s'emparer.

Français et Anglo-portugais vont alors stationner chacun sur une des rives du Douro.

Marmont décide alors de repasser le fleuve et d'affronter les Anglais avec ses 8 Divisions d'infanterie et ses deux de cavalerie. Le 17 juillet, la 4e Division passe le Douro avec le reste de l'Armée, et prend position à Nava-del-Rey; le 18, elle est sur le ruisseau Guarena. Le 19, la Division remonte le ruisseau; le 20, elle est en position sur les hauteurs de Babilafuente, passe la Tormes et le 21, et va camper devant le village d'Utero.

- Bataille des Arapiles, 22 juillet 1812

Les deux armées vont combattre face à face aux Arapiles, le 22 Juillet, au Sud Est de Salamanque, et le combat se terminera par une défaite française.

Les forces de Marmont se font saigner à blanc par l'opiniâtreté des Britanniques et Portugais.

Marmont est blessé; le Général Clauzel prend le commandement et sauve les restes de l'armée en menant une retraite efficace. Le 4e Léger est en deuxième ligne avec sa Division, il soutient la retraite, s'arrête à une lieue en avant d'Alba-de-Tormès, puis suis le mouvement de l'Armée sur Tudela et dans la vallée d'Esgueva. Les Divisions Ferrey et Foy sont les dernières réserves non entamées par la bataille : elles couvrent le repli en manœuvrant comme à l'exercice. Le Général Desgraviers, ancien Colonel du 4e Léger, est blessé à mort dans cette affaire sanglante.

L'armée se retire une nouvelle fois derrière le Douro, puis quelques temps après, derrière l'Ebre, mais ayant reçu quelques renforts, elle revient sur le Douro et reprend Salamanque évacuée par les Anglais. Le Général Clausel cède le commandement au Général Reille, qui prend alors ses cantonnements dans la province de Burgos.

Le 14 août, le Sergent-major Julien, commandant une arrière-garde de 12 Voltigeurs, est chargé par 50 cavaliers ennemis commandés par un Officier supérieur; malgré son attitude énergique, plusieurs jeunes soldats qu'il commande prennent la fuite et il reste avec 6 hommes seulement. Il fait face à l'ennemu, tue lui-même l'officier d'un coup de baïonnette et réussit à mettre les Anglais en fuite.

Le 15 août, le 4e Léger est au camp de Palencia. Le 1er septembre, au camp de Rio-Secco. A cette même date, il est réduit à 2 Bataillons par suite du départ des cadres du 3e Bataillon pour la France. Son effectif est alors de 40 Officiers et 978 hommes.

En octobre, le Régiment est à Cusensita, puis à Valladolid; en novembre, nous le trouvons au bivouac de Mouzarabès. Le 18 de ce mois, la 4e Division est chargée de l'investissement du fort d'Alba-de-Tormès, qui est encore occupé par 300 Espagnols.

Le 1er décembre, le 4e Léger est à Cigalès.

XI/ 1813 EN ESPAGNE

C'est au début Janvier 1813, que parvient à Madrid l'annonce du désastre de la campagne de Russie et les nouvelles instructions de l'Empereur. D'abord resserrer les lignes en se repliant sur le Nord de l'Espagne. Les 4 armées aux ordres de Joseph vont adopter de nouvelles positions : en mars, on évacue la Manche, l'Armée du Centre se place autour de Ségovie, celle du Midi vers la vallée du Douro, celle du Portugal en Vieille Castille.

- Combat contre les Guerillas, 6 février 1813

Au mois de janvier 1813, le 4e Léger est à Carrion.

Le 6 février, un détachement de 200 hommes du 4e Léger et 180 chevaux d'artillerie part d'Herrera pour activer la rentrée des contributions; il est attaqué à trois lieues de Carrion par 2000 guérillas de plusieurs bandes réunies. Obligé de battre en retraite devant des forces aussi considérables, il le fait en bon ordre pendant plusieurs lieues, enveloppé par l'ennemi; les soldats du 4e Léger, non contents de tenir à distance les cavaliers espagnols, leur font subir de grandes pertes. Les Capitaines Bouquerot et Flandère, qui commandent le détachement, sont cités à l'ordre de la Division.

A la fin de l'hiver, l'Armée de Portugal couvre la droite de la province de Burgos et occupe le pays entre le Douro, le Carrio et l'Esla.

Au mois de mars 1813, le 4e Léger est toujours à Carrion et à Paredes-de-Nava; il y reste jusqu'en avril.

Jusqu'au 15 avril, la Division reste à Carrion, occupée à faire de nombreuses expéditions, puis elle est envoyée à Palencia où on l'emploie encore à faire rentrer des contributions.

L'Armée du Nord du général Clauzel doit garder coûte que coûte les communications avec la France, tandis que de véritables armées de partisans battent la campagne au Pays Basque espagnol et en Navarre. On dépouille donc l'Armée du Portugal de 4 divisions d'infanterie pour renforcer celle du Nord. Cette réorganisation s'accompagne aussi de ponctions en cadre et en hommes expérimentés pour reconstituer la Garde et l'armée d'Allemagne. Les cadres des 2e et 3e bataillons du 4ème Léger sont rappelés en France. Seul restait en ligne le 1er bataillon avec le chef de bataillon Greard et le colonel Langeron, au sein de la 4e Division Sarrut, brigade Menne. La Division Sarrut, faisait partie du détachement envoyé en Mars de l'armée du Portugal à l'armée du Nord.

Joseph, quant à lui, évacue sa capitale et replie son gouvernement à Valladolid, laissant à Madrid une garnison avec le général Hugo. Pendant ce temps au Portugal, Wellington devenu généralissime de toutes les armées espagnoles et alliées, réorganise lui aussi ses troupes. C'est le 22 Mai que Wellington reprend l'offensive, réoccupe Salamanque, et continue sa progression.

La Division Sarrut est rappelée et rejoint l'Armée du Portugal au mois de juin sur l'Ebre. Le Général Reille, qui commande le Corps d'armée, marche aux Anglais qui ont dirigé une forte colonne sur Bilbao; mais, trop inférieur en nombre, et surpris par le mouvement offensif des Anglais, les Français se concentrent difficilement. Reille doit se retirer, ce qui décide la retraite du Roi Joseph. La réunion des troupes ne peut s'effectuer qu'à Vittoria le 19 juin.

Le Rapport du Général Reille (Armée du Portugal), raconte : "Sire, les 4e, 5e et 6e divisions du Portugal étaient placées le 20 juin à la hauteur du village de Suazo, et la cavalerie à Margarita et Hermanda.
Le général Menne fit ce même jour, dans l'après-midi, une reconnaissance sur Murguia avec une brigade d'infanterie et une de dragons. Il rencontra 4 à 5 mille Espagnols à une lieue et demie de Vittoria : après les avoir reconnus, il rentra dans son camp. Nous eûmes en cette occasion 19 hommes tués ou blessés. Le colonel Langeron du 4e léger fut du nombre de ces derniers …
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 9, p. 429).

- Bataille de Vittoria, 21 juin 1813

La bataille s'engagea le 21.

Le Général Reille, avec deux Divisions (dont la Division Sarrut, laissée à Aranjuiz pour couvrir Vittoria), garde les ponts de la Zadorra. Les anglais essayèrent au début de l'action de forcer le Général, mais celui-ci se défend vaillamment et chaque fois qu'on lui enlève un pont, le reprend avec la plus grande vigueur; enfin, la ligne ayant été forcée sur Vittoria, on ordonne la retraite. La situation du Général Reille devient périlleuse car l'ennemi se porte sur ses arrières. Il fait, avec ses Divisions, une retraite admirable, contenant les anglais et rejoignant, en même temps, le reste de l'armée. Le Général Sarrut est tué dans ces combats, au début de l'action. Le Bataillon du 4e Léger par sa bravoure y soutient sa réputation. Le Colonel est blessé.

Le 1er juillet, le 4e Léger est à Urogne. Le 6 du même mois, l'Armée du Portugal est dissoute; elle forme, avec les Armées du Midi, du centre et du Nord, la nouvelle Armée d'Espagne.

Le 4e Léger est réduit en même temps à un Bataillon, les cadres du 2e Bataillon étant renvoyés en France le 6 juillet 1813.

Exténué, le reste des Armées françaises repasse les Pyrénées, laissant deux fortes garnisons à Pampelune et San Sebastian. Le 12 Juillet, rappelé d'Allemagne, Soult vient reprendre le commandement en chef des toutes les forces sur la frontière. Joseph et Jourdan sont destitués.

Soult continue la réorganisation de ses forces en 10 divisions et 3 ailes. Les hommes sont assez déprimés, face désormais à des Alliés en supériorité numérique. Soult se met à fortifier la frontière, construisant tout un système de redoutes.

Les drapeaux et Aigles du 4e Léger, 1812-1814

En 1812, le 4e Léger avait encore trois de ses Aigles, portées par les trois premiers bataillons en Espagne avec des restes de drapeaux du modèle 1804. Au cours de l'année, les Aigles des 2e et 3e bataillons sont renvoyés en France. Pendant ce temps est confectionné un nouveau drapeau au modèle 1812 portant les noms de bataille ULM et FRIEDLAND, mais celui-ci reste au dépôt en France. A la fin de 1813, l'Aigle du 1er bataillon est renvoyé en France. Les Russes, des cosaques du Don, à Pithiviers le 4 Avril 1814, vont s'emparer d'une Aigle et du drapeau modèle 1812, en pillant des caissons provenant du dépôt. Ils désormais conservés au Musée historique de Moscou (voir figure 10)

Le 25 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, en attendant l'état en 100 colonnes qui tardera encore à être rédigé, je désirerais que vous m'envoyassiez un état détaillé pour l'infanterie de ligne, comme je vais commencer à le faire pour l'infanterie légère :
... 4e régiment d’infanterie légère
1er bataillon en Espagne ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37289).

XII/ 1812-1813 : LES 2ème, 3ème ET 4ème BATAILLONS EN REFORMATION POUR LA CAMPAGNE D'ALLEMAGNE

- Le 4e Bataillon, 1812-1813

Le 4e Bataillon a quitté le Régiment pour rentrer en France pendant la campagne de Portugal, le 8 avril 1811. Il rejoint le Dépôt en garnison à Paris.

Dès le mois de janvier 1812, le 4e Bataillon est réorganisé à Versailles.

Le 20 janvier 1812, l'Empereur adressé, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général expédiant les ordres de Sa Majesté, des notes de travail dictées au Général Mathieu Dumas, relatives au recrutement et à l'organisation de l'armée : "Les quatre premières demi-brigades sont de droit. Point d'observation à faire.
... Le 4e léger, le 2e id., le 12e id. à Paris.
Je préfère que ces trois régiments fournissent à Cherbourg ...
La 3e division perdra les 59e, 2e de ligne, 4e et 12e légers, c'est-à-dire quatre régiments ...
La division de Cherbourg sera composée de trois bataillons du 105e de ligne, plus du 123e, du 127e, des 32e, 58e, des 2e, 4e et 12e d'infanterie légère, des 34e et 40e, des 113e et 121e ...
Il serait même convenable d'ôter de toutes les divisions les 2e, 4e, 12e légers ; 32e, 72e de ligne. Se servir de ces cinq régiments pour avoir à Paris une brigade de 4.000 à 5.000 hommes pour la garnison de la ville et se porter, s'il y a lieu, sur Cherbourg, le Havre et Boulogne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6664 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29799).

Le 26 janvier 1812, l'Empereur, à Paris, dicte des notes sur les divisions de troupes de ligne, adressées au Maréchal Berthier, Major général : "... Il faut s'assurer que les 4es bataillons ont six compagnies et non quatre seulement. Les corps gardent volontiers les grenadiers et les voltigeurs et surtout les cadres.
Les 2e et 4e d'infanterie légère n'ont que quatre compagnies. Il faut ordonner que les grenadiers et voltigeurs des bataillons qui rentrent soient incorporés dans les bataillons de guerre ; mais il faut que les cadres rentrent ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6693 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29851).

LES DEMI-BRIGADES PROVISOIRES DE JANVIER 1812

Dans la vaste réorganisation que Napoléon coordonne pour la Grande Armée qui va entrer en Russie, de nombreuses unités dites provisoires vont être levées, formées de détachements de divers Régiments : Bataillons de marche, Demi-brigades de marche, Bataillons de marche de tel ou tel Corps. Parfois versées dans leurs unités d’origine ou organisées en Divisions de Réserve.

Les Demi-brigades provisoires en 1812 sont formées à partir des 4ème Bataillons disponibles des Régiments d’infanterie. Elles vont peu à peu gagner l’Allemagne (ou l’Espagne ou l’Italie), remplacées sur leurs lieux de formation par les Cohortes de Gardes Nationales. Elles sont commandées par des Majors. On y réunit soit des Bataillons d’infanterie de Ligne, soit des Régiments d’infanterie légère entre eux, pour que les unités soient homogènes. Elles seront incorporées dans la seconde Ligne de l’Armée tandis que la force principale franchira le Niémen. Les 2e, 3e, 4e et 5e DB provisoires serviront sur la frontière espagnole et les 14e, 15e et 16e en Italie.

1er DB provisoire (ex 3e) 4e bat des 2e Léger, 4e Léger, 17e Léger

Le 29 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Faites-moi connaître ce que le 2e, le 4e et le 12e d'infanterie légère ont à leur dépôt, à Paris, de conscrits de 1811. Je désirerais que les 5 à 600 hommes, qu'ils doivent avoir, soient incorporés dans le 29e léger, ce qui compléterait ce régiment ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5773 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30086).

En mars 1812, le 4e Bataillon entre dans la composition de la 1ère Demi-brigade provisoire, formée à Versailles par le Major Bellancourt. Elle comprend les 4es bataillons des 2e et 4e Légers à Paris, et doit prendre à Strasbourg le 4e Bataillon du 17e de même arme.

Le 3 mars 1812, depuis Paris, l'Empereur écrit une seconde fois au Duc de Feltre : "Moyennant l'arrivée des conscrits réfractaires du bataillon formé des compagnies des 114e, 115e etc., qui vient de l'île de Ré, le 29e léger sera complet. En conséquence, je désire que ce que les 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère peuvent fournir, soit formé en un petit bataillon de marche qui se tienne prêt à partir le 10 mars" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1893).

Le 10 mars 1812, à Paris, à la question : "Sur le bataillon de marche formé des hommes disponibles des 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère dont les dépôts sont à Paris", l'Empereur répond : "Faire partir demain ce bataillon en marche pour Mayence où il recevra de nouveaux ordres du major-général" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1904).

Le 15 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Faites-moi connaitre si un bataillon de 5 à 600 hommes des 2e, 4e et 12e légers est parti de Paris, comment il s'appelle et quand il arrivera à Mayence. Faites-moi connaître en même temps sa situation ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1913).

Le 21 mars 1812, à Paris, "On demande des ordres pour la marche ultérieure du bataillon de marche composé de détachements des 2e, 4e et 12e légère" ; l'Empereur répond : "Renvoyé au major général. Il séjournera deux jours à Mayence et partira pour Berlin" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6979).

Le 31 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Hulin : "Passez la revue des 4e et 5e bataillons du 2e régiment d’infanterie légère et du 4e léger, des 5es bataillons des 12e et 15e légers et des 32e et 58e de ligne. Faites-moi connaître la situation de ces corps, habillement, armement et équipement" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1935 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30352).

Depuis le début janvier 1812, on l'a vu, Napoléon forme des Demi-brigades provisoires avec les 4es Bataillons des Régiments revenus ou stationnés en France (voir encadré plus haut). Il écrit à Berthier le 2 avril 1812 depuis Saint-Cloud : "... vous donnerez ordre qu'au 30 avril le le 4e bataillon du 17e Léger qui est à Strasbourg, fort de 840 hommes, en parte pour se reunir à Paris aux 4e bataillon des 2e et 4e Léger. Ces trois bataillons formeront la 1re demi-brigade provisoire. Nommez un major en second pour la commander ; vous en passerez la revue, vous nommerez aux différentes places vacantes et vous prendrez mes ordres pour faire partir cette dernière brigade pour Caen s'il y a lieu ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
1ère demi-brigade à Versailles (1ère demi-brigade de réserve d’Espagne)
1er bataillon : 4e bataillon du 2e léger (dépôt à Paris) : 254 conscrits du Finistère et 674 d’Ille-et-Vilaine ; total 928 ; 228 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 4e léger (dépôt à Paris) : 100 conscrits du Finistère et 839 des Côtes-du-Nord ; total 939 ; 239 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon : 4e bataillon du 17e léger (dépôt à Strasbourg) : 120 conscrits de l’Aisne et 418 de l’Yonne ; total 538 ; manque 162
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

Le 9 avril 1812, à Saint-Cloud, "Le général Clarke rend compte qu'il existe dans les dépôts des 5es bataillons des 32e et 58e de ligne, 2e, 4e, 12e, 15e légers, 63 hommes disponibles sortant des hôpitaux qui pourraient être envoyés à la Grande Armée"; "Non. Laisser désormais tout ce qui arrivera ou sortira des hôpitaux à ces bataillons. Cela fortifiera d'autant l'esprit de ces 5es bataillons" répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7101).

Le 10 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Duc de Feltre : "Je voudrais passer dans la semaine une revue de tous les bataillons de la garnison de Paris et des bataillons de la garde ; mais je ne pourrais le faire qu’autant que les fusils seraient arrivés et que ces troupes seraient armées. Faites-moi connaître où cela en est. Je désirerais voir à cette parade les 4e et 5e bataillons des 2e et 4e légers, les 5es bataillons des 32e et 58e de ligne et des 12e et 15e légers, ce qui ferait huit bataillons ; la brigade des fusiliers de la garde ; la brigade des 1ers régiments de voltigeurs et de tirailleurs ; ce qui ferait douze bataillons. Il y aurait ainsi à cette parade vingt bataillons" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1941 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30426).

Le 13 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, faites-moi connaître si le bataillon d'infanterie légère des 4e, 2e et 12e légers, qui arrive à Berlin le 1er mai, a une destination, afin que, s'il n'en a pas, je lui en donne une. Faites-moi connaître s'il y a d'autres bataillons de marche dont l'incorporation n'ait pas été déterminée" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7118 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30446).

Le 15 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud au Duc de Feltre : "Je verrai demain à midi dans la cour des Tuileries le 1er et le 4e régiments de tirailleurs, le 1er et le 4e régiments de voltigeurs, la brigade de fusiliers, les flanqueurs et tout ce qu'il y aurait de conscrits appartenant aux tirailleurs et aux voltigeurs de la garde ; ce qui fera seize bataillons.
Je verrai également les 4e et 5e bataillons du 4e et du 2e légers, et les 5es bataillons des 12e et 15e légers et des 32e et 58e de ligne, total huit bataillons ; ce qui fera vingt-quatre bataillons.
Le 4e léger sera armé avec des fusils qui lui seront prêtés, partie par les vétérans, partie par le régiment de Paris ; vous le ferez ensuite armer définitivement le 20 ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1949 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30459).

Le 17 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, donnez ordre que les 376 hommes du bataillon de marche, composé des détachements des 2e, 4e et 12e régiments d'infanterie légère qui arrivent à Berlin le 1er mai soient incorporés dans le 26e léger, de la division Legrand. Les officiers et sous-officiers rentreront sans délai à leurs corps à Paris. Vous donnerez ordre au duc de Reggio de laisser le 26e léger à Berlin, et de ne le faire partir qu'après le 2 mai s'il devait partir avant, pour donner le temps de faire cette incorporation, ce qui portera ce régiment à son grand complet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7133 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30465).

Le même 17 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 2e et le 4e régiments d'infanterie légère fournissent à la garde, savoir, le 4e bataillon 200 hommes et le 5e bataillon 100 hommes, ce qui fera 600 hommes pour ces deux régiments ; que le 12e léger, le 32e de ligne, le 58e et le 29e léger fournissent chacun 150 hommes, ce qui fera 1.200 hommes pour les six régiments.
Le duc de Trévise passera demain la revue de ces régiments et choisira lui-même les hommes. Il enverra un officier à Beauvais pour choisir les 150 hommes du 29e. Ces 1.200 hommes seront placés, savoir 500 hommes dans le 1er régiment de tirailleurs, 500 hommes dans le 1er régiment de voltigeurs, 100 hommes dans le 4e régiment de tirailleurs, et 100 hommes dans le 4e régiment de voltigeurs
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30470).

Le 21 avril 1812, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Duc de Feltre : "... Faites compléter le 4e bataillon des 2e et 4e légers par ce qui existe dans le 5e, de manière que ces deux bataillons soient à l'effectif de 840 hommes. Donnez ordre que les deux compagnies qui manquent à chacun de ces bataillons soient reformées sans délai. Nommez les officiers et sous-officiers, et donnez ordre en Espagne que les compagnies de grenadiers et voltigeurs de ces bataillons qu'on a gardées, soient incorporées dans leur régiment, de sorte que ces bataillons tout entiers se trouvent ici ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1959 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30487).

Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... A la 1re demi-brigade provisoire, vous versez 72 hommes du 12e léger dans le 2e léger et 61 hommes du 12e léger dans le 4e léger. Je n'approuve pas cette disposition qui me paraît inutile ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).

Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution ...
Brigades d’Espagne, d’Alexandrie et de Toulon
Votre état n° 4 contient les 1re, 2e et 3e demi-brigades provisoires, ce qui fait douze bataillons, ou la 1re brigade de réserve de l'armée d'Espagne ; et les 4e et 5e demi-brigades provisoires, formant les neuf bataillons de la 2e brigade de l'armée d'Espagne. Je n'approuve pas que le 2e léger fournisse 200 hommes au 4e léger ...
La 1re demi-brigade doit déjà être organisée à Versailles ...1
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

La 1ère Demi-brigade, partie de Versailles dans les premiers jours de mai, est placée dans la 30e Division d'infanterie commandée par le Général Heudelet.

Le 8 juillet 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que la 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère, composée des bataillons du 2e d'infanterie légère, du 4e et du 17e soit complétée sans délai, c'est-à-dire à 3.400 hommes. Passez-en la revue pour vous assurer qu'il ne manque aucun officier, que le major en 2e s'y trouve, ainsi que les trois chefs de bataillon, et que l'armement et l’habillement sont en bon état. Quand vous vous en serez assuré vous ferez partir cette demi-brigade pour Hamburg, où elle fera partie de la 2e division de réserve commandée par le général Heudelet. Elle augmentera la garnison de Hamburg, Vous prendrez dans les 5es bataillons des 2e et 4e, et, s'il est nécessaire, du 12e, les hommes dont vous aurez besoin pour compléter ces trois bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7418 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31156).

Le 5 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, la 1re demi-brigade provisoire de la division Heudelet n'est que de 2.200 hommes ; elle devrait être de 2.580 hommes ; il faudrait donc lui envoyer 400 hommes des dépôts des 2e léger, 4e léger et 17e léger. II y manque, en outre, 6 ou 7 officiers qu'il faudrait lui envoyer ...
Ainsi, la division Heudelet, qui est composée de cinq demi-brigades (chaque demi-brigade de trois bataillons, hormis la 6e qui en a quatre, et que je ne compte que pour trois), ne forme que 10.500 hommes et devrait former 12.900 hommes.
Je désire donc que vous fassiez partir des dépôts de ces régiments tout ce qui est disponible afin de compléter les bataillons de cette division ...
Nommez sans délai à toutes les places d'officiers vacantes. Attachez- vous à bien organiser cette division, que je compte faire venir à la Grande Armée, pour entrer en ligne dans le courant de l'hiver, et au plus tard au printemps. Veillez à ce qu'elle ait son armement et son habillement en bon état ; seize pièces d'artillerie attelées, une compagnie de sapeurs, 3 chirurgiens par demi-brigade, avec un caisson, et, en outre, une ambulance avec des chirurgiens pour la division., 3 généraux de brigade doivent être attachés à cette division.
Je vous prie de prendre toutes les mesures nécessaires pour que, lorsque cette division marchera, elle ne manque de rien.
Il faut aussi qu'elle ait 12 moulins portatifs par demi-brigade, et 10 à la réserve de la division, ce qui fera 70 moulins portatifs.
Envoyez-les-lui, ou seulement envoyez les modèles, pour qu'elle les fasse faire à Hamburg, ou dans le lieu où elle se trouvera. Ces moulins seront distribués à raison de 4 par bataillon. Il est nécessaire aussi que cette division ait ses effets de campement
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7585 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31819).

Le 6 octobre 1812, l'Empereur écrit, depuis Moscou, au Duc de Feltre : "Vous avez fait partir le 22e léger, le 112e, le 6e de ligne et le 14e léger pour Vérone. Vous aurez retiré des 5es bataillons tout ce qui est disponible pour renforcer les bataillons de guerre. Si vous ne l’avez pas lait, faites-le sans délai. Cela aura d’ailleurs l'avantage que ces 5es bataillons seront disponibles pour recevoir les conscrits. Il faut verser, pour compléter la division Grenier, 4 à 500 hommes de chacun des 5es bataillons des six régiments qui ont leurs 5es bataillons en Italie. Pour compléter le 22e et le 14e, il faut prendre ce qu’il y a au dépôt du 3e léger à Parme et à celui du 4e léger à Alexandrie et, si cela ne suffit pas, tous les hommes du bataillon que le 4e léger a dans une demi-brigade provisoire ; par ce moyen, le cadre de ce bataillon pourra recevoir de nouveaux conscrits. Faites que la division Grenier passe les monts, forte de 900 hommes par bataillon, officiers non compris, présents sous les armes, sans compter les malades et l’effectif" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2530 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31855).

Après le passage du Niémen par l'armée "européenne" organisée par l'Empereur pour se porter contre les Russes, l'Historique régimentaire indique que le 4e Bataillon du 4e Léger arrive à Berlin le 21 novembre 1812. Là il reçoit l'ordre, avec la 30e Division, de se porter dans la Poméranie suédoise et ensuite sur Danzig. Ce mouvement s'exécute mais la 3e Brigade dont fait partie le 4e Bataillon du 4e Léger est retenue par le Duc de Castiglione, pour occuper les places ce de Magdebourg et de Spandau jusqu'à l'arrivée des troupes de la Division Grenier.

Après la désastreuse retraite de Russie, le 4e Bataillon du 4e Léger, commandé par le Chef de Bataillon Couderc, toujours en garnison à Spandau lorsque les troupes de la Division Grenier arrivent, reçoit l'ordre de rejoindre sa Division et part le 30 décembre pour faire partie de la garnison de Dantzig où il arrive le 20 janvier janvier 1813. Le Bataillon est dans la 30e Division du Général Heudelet.

- Siège de Danzig, 21 janvier au 29 novembre 1813

Le blocus de la place est fait dès le lendemain de l'arrivée du 4e Bataillon. Le Général Rapp va assurer la défense de la place de manière admirable, pendant 10 mois, durant lesquels le Bataillon prend une part active à toutes les sorties importantes.

Le 5 mars 1813, au poste de Stolzemberg, le 4e Bataillon du 4e Léger soutient en cet endroit avec opiniâtreté le 6e Régiment napolitain qui occupe un plateau dont la possession assure la position du Général Franceschi, sérieusement menacé par les Russes. Grâce au vigoureux xoncours du 4e Léger, le plateau reste en notre possession jusqu'au soir. Le Capitaine Milcent, qui s'est déjà fait remarquer plusieurs fois, y a le poignet fracassé d'un coup de feu, et malgré cette blessure, donne un bel exemple de courage et de dévouement en restant à la tête de sa troupe et en arrêtant l'ennemi. Il est cité à l'ordre du jour.

L'Historique régimentaire donne le Sous-lieutenant Monnestier tué au combat d'Ohra (défense de Danzig) le 5 mars 1813.

Dans un rapport en date du 10 mars 1813, le Général Gouverneur cite avec éloge le 4e Bataillon, sous les ordres du commandant Couderc, comme s'étant particulièrement distingué au poste de Stolzemberg.

Pendant toute la durée du siège, la 30e Division perd 8277 hommes morts de blessures ou de maladies; elle a 654 hommes tués à l'ennemi et 49 prisonniers.

Le 25 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, en attendant l'état en 100 colonnes qui tardera encore à être rédigé, je désirerais que vous m'envoyassiez un état détaillé pour l'infanterie de ligne, comme je vais commencer à le faire pour l'infanterie légère :
... 4e régiment d’infanterie légère
... 4e bataillon à Dantzig. Il lui faut 800 hommes.
5e bataillon à Dantzig. Il lui faut 500 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37289).

Le 29 novembre, le Général Rapp est forcé de capituler. Le 4e Léger a perdu au cours du siège le Capitaine Fournier, les Lieutenants Barjet et Dumas, tous tués.

La garnison obtient sa libre rentrée en France avec les honneurs de la guerre. Mais, violant les termes de cette capitulation, l'Empereur Alexandre ordonne que les troupes françaises soient conduites à Kiev. Parties de Danzig le 7 janvier 1814, elles arrivent à Kiev le 15 mars et sont rapatriées après trois mois de captivité.

LA MOBILISATION DE L'INFANTERIE LEGERE EN JANVIER/ FEVRIER POUR LA CAMPAGNE DE 1813 EN ALLEMAGNE
(Source : correspondance de Napoléon )

Dès janvier 1813, Napoléon ordonne de réorganiser l'infanterie légère (et de Ligne) en prévision de la campagne qui ne saurait tarder sur le Front Est. Plusieurs mesures sont prises :

1. Le rappel des cadres des 3e Bataillons des Régiments en Espagne :
de l'Armée du Midi : des 21e, 27e, 12e et 28e Légers
de l'Armée du Centre : du 2e Léger
de l'Armée d'Aragon : du 3e Léger

Suivi, pour arrivée prévue début mars, en Allemagne, des seconds Bataillons des 13e, 15e, 11e, 24e et 26e Légers

2. Formation systématique d'un 6e Bataillon pour les Régiments qui n'en auraient pas.

3. Formations de Régiments provisoires légers pour les Corps d'Observation du Rhin ou d'Italie avec des Bataillons disponibles :
2e provisoire : 3e Bataillon des 2e et 4e Légers
3e provisoire : 3e Bataillon des 3e et 8e Légers
4e provisoire : 4e Bataillon du 12e Léger, 1er du 29e Léger
5e provisoire : 7e Bataillon du 14e Léger, 4e du 18e Léger
6e provisoire : 3e Bataillon des 6e et 25e Légers
8e provisoire : 4e Bataillon du 5e Léger, 4e Bataillon du 23e Léger
10e provisoire : 3e Bataillon du 16e Léger et 1er Bataillon du 28e Léger

4. Formation de Demi-brigades de réserve de 3 Bataillons sur les frontières de l'Empire :
1ère Demi- brigade : 6e Bataillon des 7e, 13e, 15e Légers pour Mayence
2e Demi-brigade : 6e Bataillon des 33e, 26e, 24e Légers pour Anvers
3e Demi-brigade : 4e Bataillon des 11e, 10e, 21e Légers venants d'Espagne pour Wesel
4e Demi-brigade : 4e Bataillon des 9e, 27e, 28e Légers venants d'Espagne pour Utrecht
5e Demi-brigade : 6e Bataillon des 12e, 5e et 29e Légers pour Cherbourg
27e Demi-brigade, dont un Bataillon du 32e Léger pour Toulon
33e Demi-brigade, dont un Bataillon du 8e Léger en Italie
34e Demi-brigade : 6e Bataillon des 8e, 18e et 36e Légers en Italie

Aigle et drapeau 4e Léger
Fig. 10 Aigle et drapeau du 4e Léger modèle 1812

D'un autre côté, les cadres des 2e et 3e bataillons revenus d'Espagne au début de 1813 furent remplis à l'aide de nouvelles levées. Ces 2e et 3e bataillons ne restèrent pas réunis; ils entrèrent dans la formation de régiments provisoires.

- 3e Bataillon, Grande Armée, Allemagne, 1813

Le 3e bataillon du 4e Léger a quitté l'Armée du Portugal le 1er septembre 1812 pour rejoindre le Dépôt du Régiment à Paris.

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons ...
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante : 2e régiment provisoire : 3e bataillon du 2e d'infanterie légère, 3e du 4e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :
1re division. — 1re brigade : du 2e régiment provisoire, deux bataillons ; de deux bataillons du 136e ou régiment de Paris, qui se réunissent à Erfurt ; du 14e régiment provisoire, deux bataillons ; total, six bataillons.
Cette 1re brigade se réunira le plus tôt possible à Erfurt ...
Présentez-moi le développement de la formation de cette armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19433 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32225).

Le 17 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hullin, commandant la 1ère Division militaire : "Monsieur le comte Hullin, faites partir demain le 7e bataillon du 15e léger pour Clayes ; tâchez de compléter ce bataillon à plus de 600 hommes, en prenant tout ce qui sera disponible dans les dépôts des 2e, 4e et 12e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32322).

Le 21 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, je désire que le régiment provisoire composé des 32e et 58e, en formation à Paris, celui qui est composé du 2nd d'infanterie légère et du 4e d'infanterie légère, et celui composé du 5e d'infanterie légère et du 12e d'infanterie légère, soient formés sans délai. Vous chargerez le comte de Lobau de leur formation.
Ils seront formés de manière que je puisse les voir à la prochaine parade ...
Je compte avoir cette parade le 1er dimanche de février
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32364).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 1er Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 2e Division : 9e Léger, 22e de ligne (barré et remplacé par 44e dans la Minute, le 22e se trouvant déjà dans la 1ère Division), 18e Provisoire, 2e et 19e id, 121e de Ligne ; cette Division doit être réunie à Francfort avant le 1er mars (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Le 30 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Hulin : "Je reçois votre rapport du 29 janvier sur le 2e régiment provisoire.
J'y vois que le bataillon du 2e régiment léger n'est qu'à l'effectif de 766 hommes ; il y manque donc 64 hommes ; faites les tirer des 5e bataillons. Faites effacer de l’effectif des malades ceux qui ne pourraient pas se rétablir. Enfin, tâchez de les porter à 840 hommes présents au moment où ils partiront de Paris.
Prenez les mêmes mesures pour le bataillon du 4e d'infanterie légère. Vous n'avez pas mis dans vos états le nom du major en second qui commande le régiment ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2052; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32546).

Le 4 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, j'aurai dimanche parade.
Il y aura à cette parade :
- le régiment provisoire composé des 32e et 58e,
- celui composé du 2e et du 4e d'infanterie légère ...
Vous avez sans doute pris des mesures pour le complètement des bataillons des 32e, 58e, 2e, 4e, 12e, afin que tous les bataillons de ces régiments provisoires soient au grand complet. Je suppose aussi qu'ils ont leur chef de bataillon et leur major en second pour les commander ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32592).

Le 7 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, donnez ordre au comte de Lobau de passer le 9 de ce mois au Champ-de-Mars la revue des 2 régiments provisoires composés du 2e et du 4e d'infanterie légère et du 32e et 58e.
Il fera reconnaître les majors en second et chefs de bataillon et vérifiera la composition des cadres d'officiers et sous-officiers afin qu'il n'y manque rien.
Ces 4 bataillons ne sont pas au complet, et il paraît que les dépôts ne peuvent plus fournir. Il faudra donc prendre des mesures pour les compléter ...
Pour le régiment provisoire formé du 2e et 4e d'infanterie légère, après avoir épuisé ce qui se trouve dans les dépôts, on prendra dans le 15e d'infanterie légère les 700 hommes partis, en ne prenant que des hommes qui aient au moins un mois de service. Et enfin si cela n'était pas suffisant on dirigerait de quelques-uns des dépôts d'infanterie légère qui sont du côté du Rhin ce qui serait nécessaire pour compléter ces 2 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32648).

Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, je vous avais mandé que je désirais voir lundi à la parade le régiment provisoire composé du bataillon du 4e d'infanterie légère et du bataillon du 2e et celui que forment les bataillons du 32e et du 58e. Mais cela les retarderait trop. Mon intention est donc que vous les fassiez partir dimanche matin, l'un par une route et l'autre par une autre sur Mayence, et que vous les fassiez marcher les 5 premiers jours, sans séjour, vu que lundi ils seront suivis par la division de la Garde et ensuite par les autres régiments ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32749).

Le 23 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, Commandant de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le comte Hulin, faites-moi connaître ce que les dépôts des 4e, 12e et 2e d'infanterie légère peuvent faire partir pour compléter le bataillon qu'ils ont aux régiments provisoires ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32857).

Pendant ce temps, le 4e bataillon, enfermé dans Dantzig, est cité avec éloge par le gouverneur de la place, le Général Rapp, pour sa belle conduite dans l'attaque du 4 mars 1813 à Ohra.

Le Corps d'Observation du Rhin devient 3e Corps de la Grande Armée.

Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vois que le 3e corps a sa 1re division complète mais qu'à la 2e division il manque :
140 hommes au 2e léger
et 200 hommes au 4e
Total 340 bommes pour le second régiment provisoire.
Faites prendre ces 340 hommes dans les dépôts de ces 2 régiments à Paris, et faites-les diriger sur Mayence ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33576).

Le même 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, Commandant de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le comte Hulin, le 2e régiment d'infanterie légère ne doit plus rien envoyer à sa compagnie à Wesel, mais aussitôt qu'il aura 100 hommes, il faudra les diriger sur le bataillon provisoire qu'il a à l'armée du Main, en les réunissant avec ceux du 4e léger ... (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33583).

Le 12 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Hulin, commandant la 1ère Division Militaire : "Le 9e régiment d'infanterie légère ne doit plus rien envoyer à la compagnie à Wesel ; mais aussitôt qu'il aura 100 hommes il faudra les diriger sur le bataillon provisoire qu’il a à l’armée du Main en les réunissant avec ceux du 4e léger ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33819).

Le 3e Corps de la Grande Armée entre en campagne vers le 15 avril; à cette date, il est à Erfurth. Le 26 avril, il entre à Naumburg.

- Bataille de Lutzen, 2 mai 1813

Le 1er mai, l'armée française continue son mouvement sur Leipzig; le 3e Corps s'ébranle vers 9 heures du matin et enlève au pas de charge le défilé de Poserna.

Le 2 mai 1813 au matin a lieu la bataille de Lutzen, où 300000 hommes sont en présence. Le 3e Bataillon du 4e Léger figure à cette grande bataille, dans le Corps du maréchal Ney. Le 3e Corps forme le centre et attend l'attaque. La Division Soham subit le premier choc; à 11 heures et demie, la cavalerie prussienne, précédée par 28 bouches à feu, s'avance sur Gross-Görschen et commence une canonnade terrible. La Division Souham, écrasée par l'artillerie, plie déjà, lorsque la 2e Division Brenier, les Divisions Ricard et Marchand accueillent la charge des Escadrons prussiens par un feu de mitraille si meurtrier qu'ils tournent bride aussitôt. A ce moment, le Chirurgien militaire Atoch, du 4e Léger, placé au milieu du Bataillon formé en carré, prodigue ses soins aux blessés; il est tout à coup frappé à mort par un boulet qui lui enlève la hanche droite. Le Chef de Bataillon lui avait reproché affectueusement d'avoir quitté un poste qui lui permettait de de secourir les blessés sans s'exposer lui-même, mais le Chirurgien Atoch lui avait répondu : "Mon poste, mon commandant, était partout où il y avait un camarade à secourir !". Le 3e Corps a supporté l'effort principal de l'ennemi et subi de lourdes pertes. Le 3e Bataillon du 4e Léger, à lui seul, a 11 Officiers tués ou blessés; parmi ces derniers figure le Chef de Bataillon Dieuzaide. Sont tués le Lieutenant Boislinard, le Sous-lieutenant Thaurin et le Chirurgien Atoch. Le Bataillon a eu aussi de nombreuses pertes.

Le 8 mai, l'armée française arrive à Dresde; le 11, le 3e Corps prend position sur la rive droite de l'Elbe.

- Bataille de Wurschen, 21 mai 1813

Le 21 Mai, le Maréchal Ney, avec les 3e et 5e Corps, culbute le Corps de Barclay de Tolly au village de Klix, passe la Sprée et s'empare du village de Preltitz; marchant ensuite sur Wurschen, il déborde l'aile droite des alliés et, à 7 heures, le 3e Corps occupe la ville. Le Chef de Bataillon Dieuzaide trouve la mort sur son chemin.

Après la victoire de Lutzen, Napoléon poursuit l'armée des Coalisés et arrive à Dresde. Les ennemis se retirent sur la Spree et décident de livrer une deuxième bataille à Bautzen. Elle est aussi victorieuse pour l'Empereur mais l'étendue des pertes le pousse à signer un armistice le 4 Juin.

Le 3e bataillon est toujours placé à la mi-août au 3e Corps du Maréchal Ney dans la 9e Division Delmas.

Les 21, 22 et 23 août, le 3e Bataillon prend part à plusieurs combats aux environs de Buntzlau; pendant le combat de Goldberg, le 3e Corps est arrivé devant Leignitz.

- Bataille de la Katzbach, 26 août 1813

Le 26 août, le 3e Bataillon du 4e Léger assiste en réserve à la bataille de la Katzbach; il ne donne qu'à la fin de la journée, l'effort principal s'étant porté sur le 11e Corps.

Après cette malheureuse affaire, le 3e Corps reste en avant de Hochkirch puis rétrograde le 10 septembre sur Bauzen; le 11, il est à Gotha et arrive devant Dresde sans avoir brûlé une amorce.

A la fin de septembre, le 3e Corps est encore à Dresde et y reste jusqu'au 4 octobre. Le 8, il se trouve avec la Garde à Wurtzen.

Du 6 au 14 octobre, l'armée française se rapproche de Leipzig. Le 3e Corps est à Duhen le 15, et le 16, la Division Delmas, dont fait partie le Bataillon du 4e Léger, escorte le parc du 3e Corps. Cette Division prend une part peu importante à la bataille de Wachau.

- Bataille et défense de Leipzig.

Après des manœuvres, Napoléon livre la grande bataille de Leipzig. Le 3e Bataillon du 4e Léger (16 Officiers et 315 hommes) du Corps de Soham (le 3e Corps) assiste à ce terrible combat. Le 3e Corps se fait remarquer le 18 par son héroïque opiniâtreté. Le lendemain 19, il coopère à la défense de la ville. Resté un des derniers, il est surpris par le destruction du pont de l'Elster. La Division Delmas, où se trouve le Bataillon du 4e Léger, subit des pertes sérieuses; son Général est blessé et tombe aux mains de l'ennemi. Les Saxons font défection.

Après la bataille de Leipzig et ses combats annexes (16 au 19 Octobre), l'Armée française saignée à blanc se prépare à retraiter, laissant des garnisons dans les places. Tel est le cas de Dresde où commande en chef le Maréchal Gouvion Saint-Cyr avec son 14e Corps d'Armée et les restes du 1er Corps. La place est investie par l'ennemi le 17 Octobre. Gouvion bat le jour même le Corps d'Ostermann-Tolstoi, puis sans nouvelles de l'Empereur, décide dans un premier temps de s'enfermer dans la ville au lieu de tenter immédiatement une percée sur Torgau, certes sans ordres, mais action qui était sa seule chance.

Ayant constaté le 6 Novembre que les forces coalisées sont désormais trop nombreuses, il ne peut que capituler. Capitulation honorable violée par les Alliés comme pour toutes les places en Allemagne. C'est ainsi que le 2e Bataillon du 4ème Léger se retrouve prisonnier en Hongrie.

L'armée bavaroise faisant défection, vient à son tour essayer d'arrêter notre retraite; mais elle est culbutée et écrasée à Hanau (novembre 1813).

Et l'armée française arriva sur le Rhin où elle s'arrêta.

- Le 2e Bataillon à la Grande Armée, Allemagne, 1813

Le 17 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je trouve dans l'état de situation de la 1re division militaire au 12 juin un 3e bataillon du 32e, un 3e bataillon du 58e, les 1er, 2e, 3e et 4e bataillons du 113e, le 2e du 4e léger, le 3e bataillon du 15e léger, les 3e et 4e bataillons du 29e. Je suppose que le 3e bataillon du 32e n'est pas celui qui a été destiné au corps d'observation de Mayence ; idem du 3e bataillon du 58e et du 2e du 4e léger. Je désire avoir des explications là-dessus. Alors, à quels corps sont destinés ces bataillons ? Ce sera probablement des cadres revenus d'Espagne. Si cela est, il serait bien important de joindre ces bataillons aux bataillons qui sont à l'armée ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34759).

Le 2e Bataillon, on l'a vu, a quitté l'Armée de Portugal le 6 juillet 1813 et est rentré en France.

Pendant les négociations, Napoléon se prépare à la reprise des hostilités en remaniant l'armée en en créant une nouvelle de 80000 hommes, sous les Généraux Victor, Vandamme et le Maréchal Gouvion Saint-Cyr. C'est dans ce contexte qu'arrive sur le théâtre de la lutte le 2e Bataillon du 4e Léger. Avec le 3e Bataillon du 12e Léger, il forme la 22e Demi-brigade provisoire, commandée par le Major Louis; ces deux Bataillons font d'abord partie du Corps d'observation de Bavière.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
42e division
Commandé par un major : 10e léger, 4e bataillon; 21e léger, 3e bataillon.
Commandé par un major : 63e de ligne, 3e bataillon; 27e de ligne, 3e bataillon.
76e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
4e Demi-brigade provisoire : 9e léger, 6e bataillon; 28e léger, 3e bataillon.
16e Demi-brigade provisoire : 40e de ligne, 4e bataillon; 43e de ligne, 3e bataillon.
96e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
12e léger, 3e bataillon.
4e léger, 2e bataillon.
14 bataillons...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 6 août, Gouvion Saint-Cyr organise, avec les troupes de ce Corps d'observation, le 14e Corps la 22e Demi-brigade fait partie de la 49e (42e ?) Division commandée par le Général Mouton-Duvernet. Le 2e Bataillon du 4e Léger, commandé par le Chef de Bataillon Carret, est placé dans la Brigade Kreutzer.

Les négociations n'ayant pas abouti, l'Autriche entra dans la Coalition le 11 août et les hostilités recommencèrent le même mois d'août. Gouvion Saint-Cyr est chargé d'observer les débouchés de la Bohême. La 42e Division se trouve sur la rive droite de l'Elbe gardant les ouvrages et le camp retranché de Lilienstein.

Les 25, 26 et 27, eut lieu la bataille de Dresde qui se termina par la retraite de l'armée ennemie dite de Bohème. La Division Mouton-Duvernet prend une faible part aux combats. Les capitaines Bourrinet et Hevin du 4ème Léger y sont tout de même blessés.

La Division Mouton-Duvernet est ensuite détachée au 1er Corps du Général Vandamme.

- Affaire de Kulm, 30 août 1813

Pendant la nuit du 25 au 26, la Division Mouton-Duvernet, qui est restée sur la rive droite de l'Elbe, franchit ce fleuve et s'établit à Köigstein. Elle suit alors le mouvement du 1er Corps. Le 28, averti de la victoire de Dresde (26, 27 Août), Vandamme décide de poursuivre les Russes. Il avance jusqu'à Hellendorf, combat de Gieshübel, puis avance jusqu'à Peterwalde. Le 29, il se porte sur Priesten où l'ennemi s'était rangé en bataille pour bloquer son avance et couvrir la retraite de l'armée de Bohème depuis Dresde. Ce jour là, la Division Mouton a 9 Bataillons à la droite de Straden, dans un bois, vers Gelersberg. Une première attaque échoue.

Le Général Kreutzer passe la nuit du 29 au 30 à Aussig avec 2 Bataillons, 300 sapeurs et 400 chevaux.

Le 30, les Russes ont reçu des renforts, des compatriotes mais aussi des Autrichiens avec des troupes d'élite. Vandamme se retrouve en infériorité numérique, pensant cependant que d'autres unités viendront le soutenir prochainement. Il attaque les positions ennemies avec énergie. La bataille fait rage quand les Prussiens de Kleist apparaissent sur ses arrières. Encerclé, il faut se faire jour au milieu des forces ennemies. Peu y réussissent. Vandamme lui-même est fait prisonnier. Le Capitaine Bouchut est tué à cette bataille de Kulm. Il y a tout lieu de croire, dit l'Historique régimentaire, que le 2e Bataillon du 4e Léger est en partie détruit, car sur la situation du 1er octobre 1813 (14e Corps d'Armée), on n'en trouve plus que l'expression 4e Léger sans indication d'effectifs, et sur celle du 6, le 4e Léger a disparu. De plus, il n'est pas porté comme présent à Dresde pendant la défense de cette ville par le 14e Corps d'Armée. Le Bataillon du 4e Léger enlevé à Kulm, alignait 11 Officiers et 650 hommes présents sous les armes.

XIII/ LE PREMIER BATAILLON DEFEND LA FRONTIERE DES PYRENEES

4e Léger 1813-1814
Fig. 11 4e Léger en 1813-1814

Le Maréchal Soult reprend le commandement de l'Armée d'Espagne le 12 juillet 1813; il se retire sur Pampelune, faiblement poursuivi par l'armée anglo-espagnole. Le 1er Bataillon du 4e Léger, commandant Girard, compte 21 Officiers et 624 hommes.

Etant replié sur les Pyrénées, Soult réorganise l'armée. Le 1er bataillon du 4e Léger est placé dans la 5e Division Vandermaesen. Des tentatives pour délivrer la garnison de Pampelune, le 24 Juillet avec le combat de Sauroren, et le 27 juillet au combat de Cubiry, échouent. Le Méréchal soult se résoud à rentrer en France par Saint-Jean-Pied-de-Port et Sarre.

Les Français retournent sur leurs bases de départ derrière la Bidassoa. Le 4e Léger est placé au camp de Santa-Barbara jusqu'à la fin août. Puis Soult essaie de secourir Saint-Sebastien. La bataille de San Marcial, le 30 Août, est aussi infructueuse. Sout donne à nouveau l'ordre de se retirer sur la rive droite de la Bidassoa.

- Affaire de la Berra, 31 août 1813

La retraite qui s'effectue par le pont de Berra se fait sous le feu des Anglais. Le Bataillon du 4e Léger est chargé de protéger le passage de l'armée sur ce pont. On a toutefois négligé de débusquer la veille un parti espagnol qui occupe un fortin d'où il tire sur les colonnes françaises. Le Général Vandermaesen, à la tête de 500 Voltigeurs, contient la garnison, mais il est tué pendant le combat.

La 5e Division passe sous le commandement du Général Maransin; elle se retire au camp de Sarre. La Brigade Barbot de cette Division est formée par un Bataillon de chacun des 4e Léger, 34e, 40e et 50e de Ligne. Le Corps d'Armée est commandé par le Général Clausel. Situation qui durera jusqu'à la fin des hostilités.

Saint Sébastien succombera le 8 Septembre. Désormais on va se battre sur le sol français. Les hommes sont complètement démoralisés, la solde n'a plus été versée depuis des mois.

- Combat de Rhune, 8 octobre 1813

Quand Wellington reprend son offensive, le 7 Octobre, au centre du dispositif défensif français, les deux Brigades de Maransin sont en réserve au camp de Sare. Le 1er Bataillon du 4e Léger reste en réserve pendant le combat sur la petite Rhune.

- Combat de la petite Rhune et de Moinz, 10 novembre 1813

Les positions françaises sont grignotées et Wellington s'empare des hauteurs. Soult prévoit alors de se replier derrière la Nivelle. Wellington temporise, attendant la chute de Pampelune qui survient le 31 Octobre. De son côté, Soult profite du répit que lui laisse l'ennemi pour se fortifier sur la ligne de la Rhune

Soult stabilise son front entre Saint-Jean-de-Luz et Saint-Jean-Pied-de-Port, s'appuyant sur la Nivelle et la Nive, établissant des camps retranchés et de multiples redoutes. Se sachant en infériorité numérique, il en est réduit à une campagne défensive, mais étalle trop ses troupes au lieu de former une masse de manœuvre pour des contre offensives puissantes. Soult pense être attaqué sur son aile droite, mais Wellington va faire porter son offensive sur le centre de son front, le 10 Novembre.

L'offensive britannique est puissante autour de Sare. La Division Maransin dont la Brigade Barbot, est sous les armes depuis 5 heures du matin, et fournit des avant-postes sur la Petite Rhune. Le Bataillon du 4e Léger a sa Compagnie de Voltigeurs et deux Compagnies en première ligne, les deux autres Compagnies en réserve.

La Division ne peut cependant résister longtemps. Après la prise de la redoute de Sainte-Barbe et l'évacuation de celle de Granada, la Rhune est attaquée. Deux colonnes anglaises se dirigent sur Ascain. Aussitôt, une Compagnie du 4e Léger renforce vers ce point la Compagnie de Voltigeurs qui y est déjà établies et parvient à contenir l'ennemi. Celui-ci s'étant emparé du poste du Rocher, marche sur la place d'armes et enlève le Nid-de-Pie; les redans de la droite de l'étoile sont forcés. Deux Compagnies du 4e Léger se portent vivement sur ce point mais n'arrêtent les Anglais que quelques instants. Il faut battre en retraite sous la proctection du 50e de Ligne.

Le dispositif français se replie derrière la Nivelle. Le Sous-lieutenant Graffigny du 4e Léger a été mortellement blessé. La Division Maransin a eu des pertes très importantes en hommes et Officiers. En face, les Anglais ont eu aussi beaucoup de blessés et tués.

- Défense de la grande position de Sarre, 9 au 13 décembre 1813

Au début Décembre, les Français très démoralisés par les replis successifs sont sous Bayonne protégés par la Nive grossie considérablement par les pluies. Bayonne est puissamment fortifiée et des renforts sont arrivés : conscrits mal dégrossis dont on ne pourra tirer grand-chose.

Les Anglais ralentis par les pluies abondantes se sont établis à Saint-Jean-de-Luz.

Dans les premiers jours de décembre, Wellington se décide à tenter le passage de la Nive devenue guéable.

Le 9 Décembre les Anglo-portugais franchissent la Nive. Le 4e Léger est aux avant-postes. "Je plaçai la division Maransin, écrit Clausel, entre la redoute de Louis XIV et celle des Signaux (col de Mendionde) ... J'ordonnai à Maransin d'attendre l'ennemi à bout portant et de charger lorsqu'il serait engagé entres les abatis et la redoute".

Malgré leur courage, les troupes françaises sont écrasées par les masses ennemies et affaiblies par la défection des contigents allemands qui passent aux Anglais. Il faut battre en retraite sur Bayonne, où le Corps de Clausel s'établit devant la ville le 12 décembre.

Le 12 Soult contre-attaque avec les 4 Divisions de Drouet d'Erlon sur les forces de Hill. Celui-ci s'est avancé jusqu'à la proximité de Bayonne à Saint Pierre d'Irrube. Les combats y font rage le 13 Décembre et les Anglais réussissent à tenir leurs positions en recevant des renforts de la rive opposée de la Nive. Les pertes sont sévères des 2 cotés. Le temps exécrable fait que les 2 armées vont s'arrêter provisoirement de combattre jusqu'au début Février.

L'Historique régimentaire donne le Lieutenant Theureau tué dans un combat devant Bayonne en décembre 1813.

Le front reste tranquille jusqu'au 14. L'armée de Soult s'est affaiblie de nouvelles ponctions pour le front Est, ne lui laissant que 40.000 combattants. Le 14, Hill passe la Nive. Les Français se replient derrière le gave d'Oloron et Soult concentre ses troupes sur Orthez, espérant mener une bataille défensive décisive, tandis que les Anglais se casseront les dents sur Bayonne.

Les 26 et 27 Février, la bataille d'Orthez est sanglante. De part et d' autres, les pertes s'élèvent à 3400 Français et 2300 Britanniques. Le lieutenant Peju et le sous-lieutenant Marchon, du 4e Léger y sont blessés. Mais ce sont les Anglais, en avantage numérique, qui restent maîtres du terrain et Soult doit encore reculer vers Aire sur Adour puis Tarbes. Tandis que les Britanniques s'emparent de Bordeaux le 12 mars, Soult livre des combats de retardements sur sa ligne de repli à Maubourguet et Vic en Bigorre le 19 mars, puis Tarbes le 20. S'échappant encore avec les reste de ses troupes, il gagne Toulouse, qu'il a fait fortifier, où il entre le 24 Mars poursuivi par 5 corps d'armées anglo-hispano-portugais.

33.000 Français, dont beaucoup de conscrits mal entrainés vont devoir s'opposer à 80.000 soldats alliés. Alors que l'Empereur abdique le 6, les deux armées se livrent à de violents combats entre le 27 mars et le 11 Avril. Puis Soult évacue la ville. Le sous-lieutenant Sence est grièvement blessé le 10 Avril et succombera une semaine plus tard. Le 13 Avril, Soult apprend la cessation des hostilités par ordre du gouvernement provisoire.

XIV/ 1814 : CAMPAGNE DE FRANCE SUR LE FRONT EST

3e et 6e Bataillons

4e Léger 1815
Fig. 12 Carabinier du 4e Léger début 1815

Les restes du 3e Corps et le 6e corps sont réunis sous l'autorité du Maréchal Marmont, et chargés de défendre le cours du Rhin de Mannheim à Coblenz. Ces deux Corps forment un effectif de 10000 hommes, fondus sous le nom de 6e Corps d'Armée; ce dernier compte encore une poignée de soldats du 4e Léger.

Le 3e Corps, où était le 3e Bataillon du 4e Léger, vient à Mayence. D'après les état d'effectifs de Novembre 1813, ce 3e Bataillon du 4e Léger ne compte plus que 10 Officiers et 149 hommes ! à la 8e Division Ricard.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 7 : "La huitième division, qui faisait partie du troisième corps, et qui en ce moment fait partie du sixième, sera composée ainsi qu'il suit :
... Troisième bataillon du 2e léger, du 4e idem, du 43e de ligne.
Tout ce qui existe du quatrième bataillon sera incorporé dans le troisième, et le cadre renvoyé au dépôt …
Art. 9
Cette huitième division sera commandée par le général Ricard …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105).

Napoléon écrit à Clarke le 20 Novembre 1813 : "Monsieur le duc de Feltre … Je forme une réserve à Rome des 3e et 4e bataillons du 22e léger, du 5e bataillon du 4e léger, des 4e et 5e bataillons du 6e de Ligne, qui recevront 3000 hommes des 300.000 hommes, non compris ceux qu'ils recevront des 12.000 hommes; Total 28.000 hommes ...".

Le même 20 novembre 1813, à 11 heures du matin, l'Empereur adresse, depuis Saint-Cloud, ses instructions pour le Général d'Anthouard : "D'Anthouard m'écrira du mont Cenis où en est la forteresse, si on peut l'armer, si elle est à l'abri d'un coup de main, etc.
Il verra le prince Borghèse, qui doit avoir reçu la copie de l'ordre que j'ai signé hier, ayant deux buts, et qui la lui fera voir ...
je forme une réserve à Rome des 3e, 4e bataillons du 22e léger, des 4e, 5e bataillons du 4e léger, des 4e, 5e bataillons du 6e de ligne, qui recevront 3,000 hommes sur les 300,000 hommes, non compris ce qu'ils reçoivent des 120,000 hommes. Total, 28,000 hommes ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.9, page 425 ; Correspondance de Napoléon, t. 26, 20928).

Le 22 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1re Division Militaire : "Monsieur le général Hulin, je voudrais que vous fissiez un effort pour me présenter jeudi prochain 2 compagnies du 5e bataillon du 32e, complétées à 500 hommes, bien habillés, bien équipés et bien armé ; 500 hommes.
2 compagnies du 58e 500 ; 2 du 135e, 500 ; 2 du 155e, 500 ; 2 du 2e léger, 500 ; 2 du 4e, 500 ; 2 du 12e, 500 ; 2 du 29e, 500. Ce qui fera 4000 hommes.
Et que vous puissiez également me présenter le 6e bataillon du 15e léger.
S’il est impossible d’avoir 500 hommes bien habillés et bien équipés dans chacun de ces régiments, om faudrait du moins avoir une compagnie complétée à 250 hommes, et que celle-là pût partir aussitôt pour compléter les bataillons de guerre sur le Rhin
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37229).

Le 23 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que lundi prochain on me présente à la parade, dans la cour des Tuileries :
2 compagnies du 5e bataillon du 32e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 58e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 135e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 2e léger complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 4e léger complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 12e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 29e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
2 compagnies du 5e bataillon du 155e complétées à 500 bien habillées, armées et équipées
Après avoir passé en revue ces compagnies, je donnerai, s'il y a lieu, des ordres pour leur départ, pour renforcer l’armée
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37241).

Le 25 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, en attendant l'état en 100 colonnes qui tardera encore à être rédigé, je désirerais que vous m'envoyassiez un état détaillé pour l'infanterie de ligne, comme je vais commencer à le faire pour l'infanterie légère :
... 4e régiment d’infanterie légère
... 2e bataillon au 14e corps, 3e bataillon au 6e corps. Il faut pour ces 2 bataillons 1000 hommes. Il en a été donné 920 au dépôt de Paris ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37289).

Le 30 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le général Hulin, le 4e régiment d'infanterie légère doit fournir 500 hommes à son bataillon qui est au 6e corps. Après cette première opération, son 2e bataillon, qui est ici, doit être complété à 800 hommes.
Le 4e bataillon du 29e léger arrive à Beauvais, ce qui avec le 6e bataillon du 15e léger doit donner 3 bataillons disponibles. Veillez à la formation successive de ces bataillons
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37337).

Le 3 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le général Hulin, faites-moi connaitre quand le 6e bataillon du 15e léger et le 2e bataillon du 4e pourront partir pour Bruxelles, ce qui leur manque pour les compléter.
Faites-moi connaitre également quand le bataillon du 29e pourra se mettre en marche. Je vous que vous me donniez une réponse à ce papier demain à mon lever"
(Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37368).

Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'apprends que le 3e bataillon du 58e, que mon intention était de compléter à Verdun, est arrivé à Paris. C'est donc mal à propos qu’on l'a fait partir ce matin pour Strasbourg. Comme il ne sera ce soir qu'à Claye, il faut envoyer un exprès pour le faire revenir. Ce 3 bataillon du 58e, réuni au 2e bataillon du 4e léger, au 6e du 15e, au bataillon du 29e et à un bataillon du 113e, qu'il faut compléter à Orléans, formeront 3 bataillons d'infanterie légère et 2 de ligne, en tout cinq bataillons que je désirerais pouvoir faire partir aussitôt que cela sera possible. On empruntera, s'il est nécessaire, dans les autres régiments ce qui sera prêt pour compléter sur-le-champ le bataillon du 58e, de sorte que, mardi prochain, je puisse voir ces 5 bataillons et les faire partir dans la semaine. Ils formeront une brigade.
Il faudrait un général de brigade, un colonel ou un major pour la commander.
Faites partir les 500 hommes du 4e léger pour se rendre à Verdun, et donnez ordre à Coblence à 2 compagnies du 4e léger de venir prendre ces troupes.
Quant au 12e léger, on attendra de nouveaux ordres pour faire partir les 500 hommes de ce régiment, et, en attendant, on pourra prendre les hommes nécessaires pour compléter le 4e léger ...
Ainsi, la 1re division militaire aura fourni : 500 hommes du 32e; 500 hommes du 2e léger; 500 hommes du 135e; 500 hommes du 155e; 500 hommes du 29e; 500 hommes du 4e léger; 3 000 hommes.
Et elle aura en outre 5 bataillons prêts à partir. Je désire être instruit du moment où les 84 autres régiments feront partir leurs 500 hommes et le jour où ces hommes arriveront
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37382).

Encore le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit aussi, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 6e bataillon du 15e léger, le 2e bataillon du 4e, le 1er bataillon du 29e et le 3e bataillon du 58e seront complétés et mis en état de partir mardi.
On prendra, s'il est nécessaire tout ce qu'il y a de disponible dans le 12e pour compléter le 4e d'infanterie légère
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37384).

Le même 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le comte Hulin, j'apprends que c'est le 3e bataillon du 58e qui est parti d’ici pour Strasbourg.
Envoyez-lui sur-le-champ un ordre par un exprès, et faites-le revenir.
Je n'avais pour but que de compléter à Verdun le 3e bataillon. Puisqu'il est à Paris, on le complètera à Paris de sorte que j'aurai à Paris : le 6 bataillon du 15e léger, le 2e du 4e régiment d'infanterie légère, un bataillon du 29e léger, un bataillon du 58e. Il faudrait y joindre un bataillon du 113e dont le cadre est arrivé à Orléans, ce qui me ferait une brigade de 5 bataillons complets
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37397).

Encore le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le général Hulin ... Je désirerais avoir prêt à partir mardi, le 6e bataillon du 15e léger, le 2e bataillon du 4e léger, le 1er bataillon du 29e et le 3e bataillon du 58e. On pourrait prendre ce qui est disponible dans le 12e léger. Il est bien entendu que les régiments qui doivent envoyer 500 hommes à la Grande Armée, les enverrons avant tout" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37398).

Le 5 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, Commandant en chef de la 1re Division Militaire : "... Le 2e bataillon du 4e léger est fort de 300 hommes : il lui manque donc 540 hommes ; prenez-les également dans le dépôt du 12e léger..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 374209).

Le 7 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le bataillon du 4e d'infanterie légère, celui du 58e et celui du 15e léger ont-ils des hollandais ou des belges et en quel nombre ? Quand ces bataillons seront-ils en état de partir ?" (D'après la copie. Dépôt de la Guerre. Arch. Hist. in Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 2220). L'Empereur adresse semble-t-il exactement la même lettre au Général Hulin, commandant en chef la 1ère Division Militaire (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37463).

Le 10 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre au 2e bataillon du 4e léger, au 3e du 58e et au 6e du 15e léger de partir demain de Paris pour se rendre à Anvers ; dirigez-les par deux routes différentes. Le bataillon du 58e et celui du 4e léger seront spécialement affectés, jusqu'à nouvel ordre, à la garnison d'Anvers. Le bataillon du 15e léger rejoindra le 13e corps bis auquel il est destiné" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37510).

Le même 10 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lebrun, Gouverneur d'Anvers : "... Tout le 13e corps bis formera votre réserve à Anvers. Ce corps est composé de huit bataillons. Le 6e bataillon du 15e léger part demain de Paris. Le 48e et le 108e sont à votre portée. Les autres se mettent en marche des différents points où ils se trouvent. Je vous envoie de plus le 2e bataillon du 4e léger et le 3e du 58e, qui partent demain de Paris pour aller tenir garnison à Anvers, jusqu'à nouvel ordre ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20996 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37524).

Le 11 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Militaire : "Monsieur le comte Hulin, faites-moi connaitre ce que dans la semaine prochaine on pourra faire partir du 32e, du 58e, du 113e, du 135e, du 155e, du 2e, du 4e, du 12e et du 15e léger" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37535).

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... Le 6e corps d'armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
1re division, général Ricard : 2e léger, deux bataillons ; 4e, deux ; 22e de ligne, quatre ; 40e, deux ; 43e, deux ; 50e, trois ; total, quinze bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
1re division, de : 1 bataillon du 2e léger ; 2 bataillons du 4e; 2 bataillons du 6e ; 2 bataillons du 40e de ligne ; 2 bataillons du 43e de ligne ; 3 bataillons du 50e ; 2 bataillons du 65e ; 14 bataillons ; 2 bataillons du 136e ; 2 bataillons du 138e ; 2 bataillons du 142e ; 2 bataillons du 144e ; 2 bataillons du 145e ; 24 bataillons (Quand tous auront rejoints) ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Encore le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Miltaire : "Monsieur le comte Hulin, est-ce que le 5e bataillon du 4e d'infanterie légère n'a pas fait partir 500 hommes pour son 3e bataillon qui est au 6e corps d'armée ?" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37632).

Le 23 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je lis avec attention l'état par ordre numérique de la Grande Armée que vous m'avez envoyé le 21 décembre.
Je vois que le 5e bataillon du 4e d'infanterie légère n'a pas fait partir 500 hommes pour son 3e bataillon qui est au 6e corps d'armée ...
Je désire que vous me fassiez un rapport pour faire connaître tous les détachements de 500 hommes qui sont partis pour renforcer les bataillons qui sont aux 4e, 5e, 6e et 11e corps ; et, pour ceux qui n'ont pas pu partir, quand ils pourront le faire.
Il faut avoir grand soin qu'on n'envoie aucun Hollandais ni aucun Belge à l'armée du Nord
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37648).

Le 24 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant en chef de la 1ère Division Miltaire : "Monsieur le général Hulin, pourrais-je voir à la parade mardi prochain : le 6e bataillon du 32e ; le 6e bataillon du 58e ; le 3e bataillon du 113e ; le 6e bataillon du 12e léger ; le 6e bataillon du 29e léger (ce qui ferait cinq bataillons entiers) ;
1 compagnie du 5e bataillon du 4e léger ; 2 compagnies du 5e bataillon du 12e léger ; 2 compagnies du 5e bataillon du 135e ; 2 compagnies du 5e bataillon du 155e fortes des 4 à 5 cents hommes pour aller recruter leur bataillon à l'armée ? ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37664).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération ...
Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre.
Vous aurez aussi à recevoir :
1° Le deuxième bataillon du 4e léger, qui est à Anvers.
Aussitôt que ce bataillon sera remplacé, il vous sera envoyé ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 1ère Division : 4e Régiment d'infanterie légère, 3e Bataillon présent au 6e corps; le 2e arrivé le 26 décembre à Anvers (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Le 26 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Il faut organiser sans délai à Paris une division de réserve.
On la composera comme il suit :
1 6e bataillon du 12e léger
1 6e bataillon du 29e léger
1 bataillon formé de 2 compagnies du 2e, 4e et 15e léger
1 bataillon du 8e léger qu'on fera venir de Cherbourg
4 bataillons d'infanterie légère ...
Total 12 bataillons ou une division de 9 600 hommes
Il faut accélérer l'arrivée des bataillons qui doivent aller de Bretagne à la 10e et à la 11e division.
Faites-moi connaître combien cela formera de bataillons et combien ils pourront recevoir d'hommes.
Cette division de réserve se formera à Paris ou dans les environs ...
Il faut accélérer l'arrivée des conscrits de la levée des 120 000 et de celle des 300 000 qui sont dues à la Garde. Ces conscrits suffiront pour compléter tous les bataillons
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37677).

Le 28 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à son Aide de camp, le Général Lebrun : "Monsieur le duc Charles de Plaisance, je reçois votre lettre du 25. L'ennemi a passé à Bâle et a sommé Belfort et Huningue, ce qui m'a obligé de rappeler de Namur la Vieille Garde.
Je vois que le 3e bataillon du 13e d'infanterie légère et le 6e du 15e sont arrivés ainsi que les demi-bataillons du 57e et du 7e léger. Le 6e bataillon du 4e léger et celui du 58e doivent aussi être arrivés ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37694).

A la fin de 1813, et la retraite des français sur le Rhin, le 4ème Léger avait donc ses bataillons dispersés :
1 - Un bataillon à l'armée d'Espagne puis des Pyrénées (le 1er) dont nous allons voir le destin dans un chapitre particulier.
2 - Un bataillon assiégé dans la place de Dantzig (le 4ème) qui ne se rendra avec la garnison que le 2 Janvier après un siège épique.
3 - Un bataillon fait prisonnier lors de la capitulation de Dresde (le 2ème).
4 - Un bataillon à Mayence sur les bords du Rhin (le 3ème) quasi disparu.
5 - Un bataillon de dépôt à Paris.
6 - Un bataillon à l'Armée du Nord du général Maison (le 5ème) qui va participer aux opérations autour d'Anvers en 1814.

La retraite sur le Rhin a été tellement désastreuse qu'avec les débris de toute l'armée, on ne peut former que 3 grands Corps dont les Bataillons sont faméliques, pour ralentir l'avancée des Coalisés dès qu'ils franchiront le fleuve ; un à Strasbourg donné à Victor, un 2e à Mayence confié à Marmont et un 3e à Mac Donald.

Napoléon réorganise son armée, en augmente l'effectif au moyens de Bataillons créés avec les conscrits de 1815. Ainsi, le 3e Bataillon du 4e Léger, toujours placé dans le Corps de Marmont, est rejoint au début de la campagne, par le 6e Bataillon formé à Paris où se trouve le Dépôt du Régiment.

Napoléon va déployer tout son génie militaire dans cette campagne, suppléant au nombre par la tactique et la vitesse d'exécution des marches et contre marches.

Le Corps formé à Mayence sous le commandement de Marmont, prend le titre de 6e Corps d'Infanterie; il doit défendre le Rhin de Strasbourg à Mayence et s'élève à un effectif de 10000 baïonnettes et 1200 sabres. Le Bataillon du 4e Léger compte pour 136 hommes, et la Division Ricard dont il fait partie en comptait 2900 en associant les hommes de 14 Régiments distincts !

Le Rhin ayant été franchi au-dessous de Strasbourg par les Alliés, Victor doit se replier de Strasbourg sur les Vosges qu'il défend pied à pied pendant qu'on forme à Nancy un nouveau Corps sous les ordres du Prince de la Moscowa (Ney). Pendant ce temps, Marmont avec le 6e Corps se retire de Mayence sur la Moselle. Puis toujours poursuivi et découvert par l'abandon de Nancy et de Toul par le Prince de la Moscowa, Marmont laisse une garnison à Metz et se retire sur Châlon par Mars-la-Tour et Verdun. La Division Ricard, dont font partie les deux Bataillon du 4e Léger (toujours seulement 136 hommes !), prend position à Thiaucourt.

Le 2 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre qu'il soit formé un nouveau bataillon au 2e léger, au 4e léger et au 15e léger ; un 7e bataillon au 29e léger ; un 3e au 135e ; un au 155e, et qu'on complète les trois bataillons du 113e. Donnez ordre que tous ces bataillons soient formés dans la journée de demain. On pourra, en conséquence, réduire les 5es bataillons à deux compagnies.
La 1re division de la réserve de Paris sera composée de la manière suivante :
1re brigade : deux bataillons du 29e léger, commandés par le colonel ; un du 12e léger, un du 15e léger, commandés par un major ; un du 2e léger, un du 4e léger, commandés par un major ...
Total de la division, treize bataillons.
Jeudi, 6, je passerai la revue de cette division.
Elle sera commandée par un général de division et par deux généraux de brigade. Il y sera attaché deux batteries d'artillerie ...
Aussitôt que j'aurai passé cette division en revue, elle se réunira à Nogent ...
Vous remarquerez que ces bataillons ont tous leur régiment à la Grande Armée. Chaque bataillon rejoindra son régiment à la Grande Armée, quand la réserve sera dissoute et que l'ennemi aura été chassé du territoire. L'organisation de l'armée de réserve n'est donc qu'une manière de faire passer ces bataillons à leur destination, puisque presque tous passent aux environs de Paris et de Troyes pour se rendre à l'armée ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21057 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37719).

Le même 2 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Hulin, commandant de la 1re Division Militaire : "Monsieur le comte Hulin ... J’ai ordonné également qu’il fût formé un nouveau bataillon ... au 4e léger qui a 800 hommes présents et en doit recevoir 700 ...
C’est donc 6 nouveaux bataillons qu’il faut que vous formiez pour que je les voie à la parade de jeudi.
La réserve de Paris sera composée de 2 divisions, savoir :
1re division
1re brigade
2 bataillons du 29e léger commandés par le colonel ; 1 bataillon du 12e, 1 bataillon du 15e commandés par un major ; 1 bataillon du 2e, 1 bataillon du 4e commandés par un major
6 ...
Je conçois qu’à la parade du jeudi plusieurs des bataillons nouveaux que nous formons seront incomplets mais ne seraient-ils que de 300 hommes, il est toujours bon que j’en voie les cadres
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37725).

Le 7 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "J'avais désiré que le général Gérard commandât la réserve de Paris. Je ne sais où est ce général. Il faut donc me trouver un autre général de division et deux généraux de brigade qui soient à Paris et que je ferai partir avec la division de réserve pour prendre position à Nogent.
Cette division doit être ainsi composée :
1re brigade : un bataillon du 2e et un du 4e léger, commandés par un major ; un bataillon du 12e et un du 15e léger, commandés par un major ; deux bataillons du 29e léger, commandés par le colonel du régiment ...
Total de la division, treize bataillons. Il faut diriger de suite un général de division, un adjudant commandant, deux généraux de brigade (le colonel du 113e commandera la 3e brigade), un commandant d'artillerie, un officier du génie, un commissaire des guerres.
Quand les deux batteries d'artillerie seront-elles prêtes ?
Il faut aussi attacher à la division une compagnie de sapeurs avec ses outils, une ambulance de quatre caissons.
Mon intention est de réunir cette division à Nogent et à Troyes, les deux premières brigades à Nogent et la troisième à Troyes.
Il faudrait faire partir le plus tôt possible les quatre bataillons qui sont le plus en état, quand même ils seraient de brigades différentes.
Il faut commencer demain à faire tirer à poudre et après-demain à la cible, et cela par toute la division. Ils partiront d'ici avec quatre paquets de cartouches. Il serait donc nécessaire que les ordres soient donnés à Nogent pour préparer le logement et les vivres de ces troupes.
J'aurai besoin avec cette division d'un général de cavalerie et d'un millier de chevaux.
Donnez l'ordre au général Nansouty, à qui je l'ai dit verbalement, de se rendre à Versailles demain, pour passer la revue de la cavalerie et organiser un millier de chevaux.
Le général Gérard commandera les deux divisions.
Il faut désigner le général qui partira avec l'avant-garde
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21068 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37755).

Le 8 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Faites-moi connaître quand les trois bataillons du 113e seront rendus à Troyes et quand les bataillons du 135e, du 155e, du 2e léger, du 4e léger, du 15e léger et le 7e du 29e léger pourront partir de Paris.
Réitérez à tous ces bataillons l’ordre de former leurs ambulances régimentaires ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6372 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37761).

Le 10 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Berthier, Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Paris : "La division du général Dufour, qui est la première de la réserve qui se forme à Paris, est composée de treize bataillons ...
Un bataillon du 2e léger, un bataillon du 4e léger, commandés par un major, sont partis ce matin pour Nogent-sur-Seine. Donnez ordre que ces deux bataillons s’arrêtent à Meaux; et aussitôt que les bataillons du 135e et du 155e seront complétés à Paris, ils rejoindront également à Meaux. Il faut qu’un des généraux de brigade de la division Dufour se rende à Meaux pour en prendre le commandement ...
... Il est nécessaire que le général Dufour aille passer la revue de ses bataillons et que le général Gérard passe la revue de ceux qui sont à Paris, afin de nommer à toutes les places vacantes.
Voyez les commandants des dépôts qui sont à Paris, pour vous assurer qu’on a fourni à ces bataillons leur ambulance régimentaire. Voyez aussi le ministre de l’administration de la guerre pour qu’on fournisse à la division Dufour les quatre caissons nécessaires. Un officier du génie et un officier d’artillerie doivent être attachés à cette division et se rendre à Nogent-sur-Seine, où sera le quartier général de la division.
Ayez soin,
1° que cette division ait six caissons de cartouches; voyez le chef de bureau de l’artillerie pour savoir si elle les a ;
2° Que tous les hommes aient chacun les quatre paquets de cartouches ;
3° Enfin, qu’ils aient en outre des cartouches pour tirer à la cible. Mon intention est que, quelle que soit leur instruction, quand même ils en seraient encore à l’école de peloton, on les fasse tous les jours tirer à la cible.
Ayez soin que tous les majors et chefs de bataillon soient à leur poste. Assurez-vous que les majors sont bons. S’ils n’étaient pas bons, il faudrait les remplacer
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21080 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37780).

A son tour, Berthier écrit depuis Paris, le 10 janvier 1814, au Duc de Feltre : "L'Empereur vient de me donner connaissance des dispositions suivantes, au sujet des divisions de réserve que commande le général Gérard.
La division du général Dufour qui est la première de la réserve qui se forme à Paris, est composée de 13 bataillons.
Le 8e bataillon du 32e de ligne et le 6e bataillon du 58e de ligne, commandés par un major, et le 7e bataillon du 12e léger et le 6e bataillon du 29e léger, commandés par le colonel du 29e léger, forment une brigade, commandée par le général Jarry, et sont partis pour Nogent-sur-Seine, le 9, où l'Empereur suppose qu'ils arriveront le 13.
Le 7e bataillon du 12e léger et le 6e bataillon du 4e léger, commandés par un major, sont partis ce matin pour Nogent-sur-Seine. L'intention de l'Empereur est qu'il soit donné ordre à ces deux bataillons de s'arrêter à Meaux (où ils arriveront le 13) et qu'aussitôt que les 3es bataillons du 135e et 155e de ligne seront complétés à Paris, ils rejoignent également à Meaux. L'intention de Sa Majesté est aussi qu'il soit ordonné à l'un des généraux de brigade de la division Dufour de se rendre à Meaux pour prendre le commandement de ces bataillons ...
L'Empereur désire que l'ordre soit donné au général Dufour d'aller passer la revue de ces bataillons, et que le général Gérard passe la revue de ceux qui sont à Paris, afin qu'il soit nommé à toutes les places vacantes.
L'intention de Sa Majesté est aussi que le général Gérard voie les commandants des dépôts qui sont à Paris, pour s'assurer qu'on ait fourni à ces bataillons leur ambulance régimentaire. Il doit voir également le ministre directeur de l'administration de la guerre, pour qu'on fournisse à la division Dufour les 4 caissons qu'elle doit avoir. Sa Majesté veut qu'on s'assure que tous les majors et chefs de bataillons soient à leur poste et s'ils sont bons, afin que, s'ils ne l'étaient point, on les fit remplacer
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1284; Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2709).

Toujours le 10 janvier 1814, l'Empereur écrit également, depuis Paris, au Général Hulin, Commandant de la 1ère Division Militaire : "Une brigade de la division de réserve composée : d’1 bataillon du 32e, 1 bataillon du 58e, 1 bataillon du 12e léger, 1 bataillon du 29e léger ; 4 bataillons
Est partie le 9 sous les ordres du général Jarry pour se rendre à Nogent-sur-Seine ; cette brigade arrivera le 12.
Vous avez fait partir aujourd’hui 10 : 1 bataillon du 2e léger, 1 bataillon du 4e léger : 2 bataillons
Donnez ordre que ces 2 bataillons s’arrêtent à Meaux où vous les ferez rejoindre par les bataillons des 135e et 155e aussitôt que ces 2 bataillons seront complets.
Il faut qu’un général de brigade se rende à Meaux pour prendre le commandement de cette 2e brigade.
Aussitôt que le 7e bataillon du 29e léger sera complet à Beauvais, vous le dirigerez sur Nogent-sur-Seine.
Aussitôt que le 7e bataillon du 15e léger sera complet, vous le dirigerez également sur Nogent-sur-Seine.
Au surplus vous prendrez mes ordres avant de faire partir ces bataillons
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37792).

Le même 10 janvier 1814, le Général Hulin écrit alors, depuis Paris, au Duc de Feltre : "D'après de nouvelles dispositions que Sa Majesté m'a fait connaître directement, je viens de donner ordre à M. le général Chanez de diriger de Melun sur Meaux les 7e bataillon du 2e léger et 6e bataillon du 4e léger qui sont partis aujourd'hui de Paris et qui devaient se rendre à Nogent-sur-Seine. Sa Majesté me mande que ces deux bataillons resteront jusqu'à nouvel ordre à Meaux où je les ferai rejoindre par les 3e bataillons des 135e et 155e, aussitôt que ces deux bataillons seront complets. L'Empereur ajoute qu'il faut qu'un général de brigade se rende à Meaux pour prendre le commandement de cette 2e brigade" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2707).

Le 11 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "L'ennemi ayant passé la Sarre, il est à craindre que les nouveaux conscrits qui n'étaient pas encore arrivés à Metz, Verdun et dans les places des 3e et 4e divisions militaires, ne soient interceptés. Il faut donc me faire pour la 3e et la 4e divisions un travail semblable à celui qui a été fait pour la 5e division.
Ne serait-il pas convenable de former de nouveaux bataillons aux 2e, 4e, 12e, 15e, 29e, 5e léger ;
aux 32e, 58e, 135e, 155e, 149e, 121e, 122e, 138e, 142e, 26e, 82e, 132e, 141e, 66e, 15e, 70e, 86e, 47e, 140e de ligne, et aux régiments de marine qui sont à Brest et à Cherbourg ?
Cela ferait une trentaine de bataillons qui, se formant dans les provinces de l'ouest, pourraient venir renforcer l'armée de réserve, sans crainte d'être troublés en route par l'ennemi.
Faites-moi connaître la situation de ces régiments, les conscrits qu'ils doivent recevoir, et ceux qu'on pourrait leur donner sur 1815, pour compléter ces nouveaux bataillons.
Beaucoup de régiments se trouvent enfermés dans les places d'Alsace ou servent de garnison aujourd'hui aux places de la Moselle et de la Sarre.
Faites-moi connaître les régiments et cadres d'infanterie qu'on pourrait tirer de toutes les places menacées pour venir sur Paris recevoir des conscrits de 1815 et ce qu'il y aurait des conscrits des 300.000 hommes, afin qu'il ne reste dans ces places que des cadres proportionnés au nombre d'hommes qui s'y trouveront
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6378 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37805).

Le 22 janvier 1814, l'Empereur dicte, à Paris, un Plan de campagne : "Voir Gourgaud qui connaît les mouvements d'artillerie pour étudier le mouvement du projet suivant.
Je suppose que l'ennemi ne le dérange pas et se contente de se rallier sur la Meuse.
Ceci posé, voici un projet :
... Les 2 bataillons du 2e et 4e d'infanterie légère sont à Châlons. Faire connaître combien il leur faut de jours pour se rendre à Bar-sur-Aube ...
Enfin, quand est-ce que je pourrai prendre l'offensive avec les forces suivantes :
... 2 bataillons d'infanterie légère à Châlons
"; ce à quoi les Bureaux de la guerre répondent, à la 1ère question : "Il faut 4 jours" et à la 2e : "Partis le 23, arrivés le 26, 4 jours" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1302).

Le 23 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général, à Châlons : "Je reçois votre lettre du 21 au soir. Je serai le 25 au matin à Châlons.
Notre armée s'est renforcée à Lyon, et l'ennemi s'en est éloigné.
Des patrouilles ennemies sont entrées à Châtillon-sur-Seine, venant de Langres.
Le 24 doit arriver à Châlons le général Lefebvre-Desnoëttes avec 2,400 hommes à cheval de la Garde, y compris le 1er de lanciers, qui est arrivé à Reims le 23 et rejoindra le 24 le général Lefebvre-Desnoëttes à Châlons. Je donne ordre à ce général de prendre deux batteries à cheval de la Garde à Châlons. Il prendra sous ses ordres la division Rottembourg, de la jeune Garde, qui arrive à Châlons le 24, les bataillons du 2e et du 4e léger qui sont à Châlons, la brigade du général Belair qui y arrive le 24, composée des 15e, 135e et 155e, et seize pièces de canon ; ce qui fait cinq bataillons de la division Dufour.
Le général Lefebvre-Desnoëttes sera donc à Vitry le 25 avec 2,400 chevaux, 8,000 hommes d'infanterie et vingt-huit pièces de canon. Il prendra en outre avec lui soixante pièces de canon, appartenant à la Garde, qui doivent se trouvera Châlons, et entre autres les deux batteries de 12 ; ce qui portera alors son artillerie à quatre-vingt-huit pièces de canon.
Je serai à Vitry en même temps que le général Lefebvre-Desnoëttes.
Mon intention est que la 2e division de jeune Garde, qui est avec le duc de Raguse, vienne avec le prince de la Moskova ; je vous en ai déjà donné l'ordre hier ; de sorte que le prince de la Moskova aura deux divisions ou environ 16,000 hommes et trente-deux pièces de canon.
Le général Gérard est à Brienne avec sept bataillons ou environ 5,000 hommes et huit pièces de canon.
Le duc de Trévise est à Bar-sur-Aube avec 9,000 hommes de vieille Garde, 2,400 chevaux et soixante pièces de canon.
En réunissant donc les deux divisions du prince de la Moskova, la troupe du général Gérard, la division Rottembourg, le général Lefebvre-Desnoëttes, le duc de Trévise, je compte avoir une trentaine de mille hommes d'infanterie, 5,000 chevaux, cent quatre-vingt-huit bouches à feu. J'aurai de plus les 10,000 hommes, les 5,000 chevaux du duc de Bellune, les 14,000 hommes d'infanterie du duc de Raguse, ses 4,000 chevaux, ses soixante bouches à feu. Je me trouverai donc avec 50 à 60,000 hommes d'infanterie, 12 à 14,000 de cavalerie, trois cents bouches à feu, c'est-à-dire avec une armée de 80,000 hommes.
Il faut que tout cela ait ses cartouches et du pain, car dès le 26 je veux reprendre l'offensive et porter le désordre dans toutes les colonnes ennemies.
Faites-moi connaître au juste l'état de situation de tous les corps
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21127 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37893).

Le même 23 janvier 1814, l'Empereur adresse, de Paris, ses Instructions pour le Capitaine Caraman, son Officier d'Ordonnance, à Paris : "Caraman partira dans la journée pour se rendre à Châlons, où il m'attendra. Il portera la lettre ci-jointe au général Ruty, et, s'il y trouvait quelque chose d'obscur, il se le ferait expliquer par Gourgaud. Le général Lefebvre-Desnoëttes arrive demain 24 à Châlons avec la division Rottembourg, avec la brigade composée des trois bataillons des 15e, 135e et 155e, que commande le général de brigade Belair, enfin avec deux batteries à pied de la ligne et avec les deux batteries de la Garde de la division Rottembourg.
Le général Lefebvre prendra à Châlons le bataillon du 2e et celui du 4e d'infanterie légère, qu'il mettra sous les ordres du général Belair, si ces deux bataillons ne sont pas commandés par un général de brigade ; et ce général se mettra en marche le 25 pour Vitry avec les 1,100 hommes de cavalerie qu'il mène avec lui, avec les 600 hommes de cavalerie que commande le général Dautancourt, et qui sont à une journée en arrière (Caraman rencontrera ce régiment et l'engagera à accélérer sa route afin de pouvoir coucher le 25 entre Châlons et Vitry), avec le 1er de lanciers polonais de la Garde, qui doit arriver le 22 à Reims. Caraman s'assurera que le général Belliard lui a envoyé l'ordre de se rendre à Châlons ; de là, ce régiment continuera sa route pour se rendre à Vitry, sous les ordres du général Lefebvre-Desnoëttes, qui, par ce moyen, aura avec lui, le 25, à Vitry, 2,600 hommes de cavalerie, la division Rottembourg, qui est forte de neuf bataillons, et les cinq bataillons de la brigade du général Belair de la division Dufour; ce qui lui fera quinze bataillons d'infanterie, faisant à peu près 8 à 9,000 hommes, et 2,600 de cavalerie. Il aura l'artillerie suivante : deux batteries d'artillerie à cheval de la Garde, qu'il prendra à Châlons pour le service de sa cavalerie ; deux batteries de la division Rottembourg, qui sont avec cette division ; deux batteries de la ligne qui sont avec la brigade Belair ; deux batteries de 12 de la Garde, que le général Lefebvre prendra à Châlons, et en général tout ce qu'il y a de l'artillerie de la Garde à Châlons ; ce qui fera au moins soixante bouches à feu de la Garde et vingt-six de la ligne ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21128).

En janvier, les armées alliées sont réunies sur la Meuse et la Marne, et les troupes françaises autour de Chalons-Vitry où Napoléon installe son QG. Il décide de vaincre séparément les deux armées de Bohème et de Silesie, disant que 50.000 hommes et lui font 150.000 hommes ! Mais il n'en avait que 35.000.

Le 28, il se porte sur Brienne et l'armée de Blucher. Celui-ci doit décrocher mais rejoint l'armée de Bohème.

Le 31 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Brienne, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Vous donnerez ordre que le 7e bataillon du 2e léger soit donné à la division Ricard qui a déjà le 3e. On égalisera les deux bataillons. Vous donnerez le même ordre pour le 4e léger, le 6e bataillon sera réuni à son 3e bataillon qui est à la division (division Ricard). On les égalisera.
La division du général Gérard se trouvera alors diminuée de 2 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37945).

Le 31 Janvier, Marmont a de la difficulté pour rallier les forces de l'Empereur. Napoléon se replie sur la Rothière et doit accepter le combat. Le corps de Marmont est à l'aile gauche. La bataille est sanglante et Napoléon doit se replier. Les Alliés perdent provisoirement sa trace.

Le 2 février 1814, les 3e et 6e Bataillons assistent au combat de Rosnay.

Le 3 Février, l'Empereur arrive à Troyes. Le corps de Marmont est alors à Arcis sur Aube.

Le même 3 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Troyes, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... La division Ricard ne sera plus composée alors que du :
2e léger formant 2 bataillons 700 h ; 4e id. 2 bataillons 700 h ; 6e id. 1 bataillon 300 h ; 9e id. 1 bataillon 500 h ; 16e id bataillon 300 h ; 40e de ligne 1 bataillon 170 h ; 50e id. 1 bataillon 400 h ; 136e id. 1 bataillon 400 h ; 138e id. 2 bataillons 500 h ; 142e id 2 bataillons 800 h ; 144e id 1 bataillon 300 h ; Total 15 bataillons formant 5000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37977).

Marmont évacue la ville et se porte à Nogent. Grâce à des renforts, un nouveau corps d'armée est donné à Oudinot. Les Alliés décident de marcher sur Paris mais séparent leurs armées de Bohème et de Silésie. L'Empereur profite de leur faute et va s'attaquer à l'Armée de Silésie de Blücher à Champaubert le 10 Février. Les Coalisés se sont trop étagés dans leur marche. Napoléon engage d'abord le corps de Sacken qu'il anéantit. La division Ricard participe à la victoire en s'emparant du village de Baye.

"Le général Lagrange, suivit de la division Ricart, traversa les marais de Saint-Gond, s'empara du pont de Saint-Prix et poussa les Russes jusque sous Baye ... le duc de Raguse fit attaquer sur-le-champ les deux villages de Baye et de Bannay. Le 4e régiment léger s'empara de Baye; mais la brigade Pelleport fut repoussée devant Bannay. Le moment était décisif : l'Empereur fit monter toutes les troupes du 6e corps sur le plateau, ordonna à l'infanterie du prince de la Moskowa de les suivre et de se déployer dans la plaine en même temps qu'il dirigea toute son artillerie contre Bannay" (Mémoires pour servir à la campagne de 1814 par Koch). L'ennemi, culbuté dans cette affaire, perd 21 canons, 3 généraux et 2000 prisonniers.

Puis Napoléon met cap à l'Ouest pour prendre à revers les restes du corps de Sacken et celui de York. C'est la bataille de Montmirail le 11 février, où la Division Ricard, renforcée de beaucoup de jeune conscrits, les fameux "Marie Louise", donne encore devant le village de Marchais (l'historique régimentaire parle du village de Pomessone), dans le fond du vallon par où les Russes semblent vouloir déboucher. La cavalerie, placée entre les routes de Château-Thierry et de la Ferté, est soutenue par les 2e et 4e Légers, détachés de la Division Ricard et placés à la lisière du petit bois de Bailly, sur la droite de la ferme de Haute-Epine.

La Division Ricard subit le choc des Russes et perd beaucoup de monde. Renforcée successivement par deux Bataillons de la vieille garde, elle reprend l'offensive à la fin de l'action et culbute les Russes qu'elle poursuit jusqu'à la lisière de la forêt de Nogent. Là, la Division Ricard prend ou tue tout ce qui est rencontré les armes à la main. Le village de Marchais a changé 5 fois de mains … Le corps de York est sérieusement entamé et se replie. Le 4e Léger voit son encadrement amoindri puisque sont blessés : les Chef de Bataillon Berne et Dimpre, le Capitaine Reynier et le Sous-lieutenant Dupré. Le Lieutenat Lacaze est tué.

Le 13, les Français sont devant Château Thierry. Marmont est envoyé contenir Blucher. Le duc de Raguse en infériorité numérique doit se replier jusqu'à Vauchamps.

Le même 13 février 1814, à Château-Thierry, l'Empereur est informé que "Un bataillon de 600 hommes, tiré des 2e, 4e et 12e légers, a été envoyé à Lagny pour occuper le pont et observer les partis ennemis"; ce dernier répond : "C'est une grande maladresse que d'employer ainsi des bataillons rompus. Il est plus convenable de faire verser ces hommes dans les cadres du général Fririon et d'organiser deux bons bataillons. Faites faire cette opération le plus tôt possible" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6437).

Le 14, à la bataille de Vauchamps, Marmont contre-attaque avec ses Divisions Ricard et Lagrange, rejoint par l'Empereur et une partie de sa Garde. A 10 heures, la Division Ricard, par l'impétuosité de son attaque, contribue à la prise du village de Vauchamp et décide du succès de la journée. Le sous-lieutenant Reingueberg est blessé. Les Coalisés sont balayés par la cavalerie française et Blucher doit s'enfuir. La prise de la journée s'établit à 15 pièces de canon et 10 drapeaux.

Malheureusement, l'Armée de Bohème de Schwarzemberg a continué sa progression et n'est plus qu' à une cinquantaine de kilomètres de Paris. L'Empereur doit donc tomber sur le flanc de la colonne de droite de l'Armée de Bohème. Marmont et Mortier doivent rester en couverture face à Blücher qui se remet de sa défaite.

Au combat de Valjouan, le 17 Février, les Capitaines Chirot, Demarcay, Lambert et Salmon sont blessés. Le Lieutenant Freau est tué. Et tandis que Napoléon à Montereau a fait refluer l'Armée de Bohème et que les Coalisés parlent de négociations, Blucher, qui a reçu des renforts, décide de reprendre sa marche sur Paris. Les 10.000 hommes de Mortier et Marmont vont tenter de s'y opposer (ils ont reçu des conscrits de Paris dont des hommes du Dépôt du 4ème Léger), tandis que l'Empereur court à leur rencontre avec des renforts. Mortier et Marmont doivent repousser Blucher sur Soissons (qui devait tenir) tandis qu'il lui coupera la retraite.

Le 19 février 1814, l'Empereur écrit, depuis le Château de Surville, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, vous m'écrivez que vous ne pouvez pas former la 2e brigade de la réserve de Paris. Je ne partage pas votre opinion à cet égard, puisque je vois que le 32e a, à son dépôt, 700 hommes ; le 58e, 700 ; le 61e, 300 ; le 88e, 500 ; le 155e, 1,100 ; le 153e, 1,200 ; le 2e léger, 600 ; le 4e, 400 ; le 12e, 600 ; le 15e, 300, etc. Or tous ces régiments n'ont pas de bataillons complets à fournir, et n'ont que cinq bataillons. Vous pouvez donc prendre là-dessus de quoi compléter, à 400 hommes, huit ou dix bataillons. En agissant ainsi, je pense que, demain 20, cette 2e brigade peut être formée et se porter à Charenton. Ayez soin qu'elle ait sa batterie.
Je manque de canonniers ; il serait nécessaire de m en envoyer deux compagnies complètes
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38224).

Hélas, Soisson se rend aux Coalisés, ce qui leur permet de se servir du pont et de passer sur la rive droite de l'Aisne et ruine la manœuvre de Napoléon. L'Empereur espère encore en passant l'Aisne à Berry au Bac et poussant sur Laon pouvoir se porter sur les arrières de l'ennemi.

Le 7 Mars a lieu la bataille de Craonne. Mais les Alliés ont pu encore une fois se replier. Napoléon continue à poursuivre Blücher. Le 9 mars, il le retrouve à Laon. Le corps de Marmont est destiné à couper la route entre Laon et Reims et donc la liaison avec Schwarzemberg. Mais Marmont arrive fort tard avec peu d'hommes et se fait surprendre à Athies ; ses troupes se débandent en grande partie. Le 11 Mars, les Français se replient sur Soissons. Napoléon décide alors de reprendre Reims. Ce sera une de ses dernières victoires de la campagne de 1814. Il pense avec la poignée d'hommes qui lui reste ensuite se jeter vers l'Est, rallier les garnisons et couper les lignes de l'Armée de Bohème. Mais il faut pour cela que Paris résiste. Il rencontre les Coalisés à Arcis sur Aube le 20 mars. Pendant ce temps, Marmont et Mortier se sont retrouvés isolés et ne peuvent rejoindre le "gros" des forces impériales.

Le 6e Corps de Marmont (et par conséquent les hommes du 4e Léger), prend encore part aux combats de La Fère Champenoise, Cezanne et de la Ferté Gaucher qui précédent l'arrivée des Alliés devant la capitale. Il livre les ultimes combats devant Paris, le 30 Mars, près de Montreuil. La Division Ricard est massée comme réserve à la hauteur du parc de Brière. Elle donne lorsque tout espoir est perdu; le Duc de Raguse, placé à sa tête, se lance contre la Division Pitschnitzki, mais les braves du 4e Léger sont trop peu nombreux. Il faut battre en retraite sous la protection d'un Bataillon de la Jeune Garde.

Ayant rallié ses troupes, le Duc de Raguse défend Belleville et la position du Télégraphe; il y est blessé, ainsi que le Général Ricard, mais reste maître du village.

L'Historique régimentaire donne les Capitaines Garnier, Salmon, les Sous-lieutenants Remy et brun, tués le 30 mars 1814.

Le lendemain, les souverains alliés font leur entrée dans la capitale. Le 31, Napoléon arrive à marche forcée à Fontainebleau.

L'armée française se retire sur l'Essonne où elle établit ses cantonnements. Le 4 Avril 1814, un convoi du 4e Léger qui se trouve à Pithiviers avec 80 hommes est attaqué par des cosaques du Don. Il refuse de se rendre et tire sur un parlementaire russe. Après une résistance d'une heure, les cosaques pillent la ville et le convoi. Le drapeau du Régiment est capturé dans un caisson. Le Sous-lieutenant Pages est tué et 3 Officiers sont blessés.

Le 6 Avril, l'Empereur signe son abdication.

- Le 5e Bataillon à la bataille de Paris, 1814

Le 5e Bataillon de Dépôt tient garnison en 1813 et 1814. Le 30 mars 1814, les cadres et les homes disponibles prennent part à la bataille de Paris.

XIV BIS/ LES OPERATIONS EN BELGIQUE EN 1814

L'insurrection éclate, le 16 novembre, en Hollande. L'Empereur envoie alors à Anvers le Général Lebrun, Duc de Plaisance, avec pour mission d'y organiser le 1er Corps bis de la Grande-Armée, en attendant l'arrivée du Général Decaen, rappelé d'Espagne pour prendre le commandement en chef de l'armée en Hollande. Celui-ci parvint le 4 décembre à son poste ; mais, déjà, l'avant-garde du Corps prussien de Bülow occupait la ligne des bouches du Rhin et de la Meuse. Voulant concentrer à Anvers tous ses moyens de défense, Decaen fait évacuer Bréda, et abandonne l'important port de Willemstad, où l'Empereur a, précédemment, réuni de très sérieux moyens de défense.

Le 9 décembre, l'ennemi occupe Bréda et, le 10, les Cosaques du Général Stahl entrent dans Willemstad.

Selon l'Historique régimentaire, le 2e Bataillon du 4e Léger, après avoir été échangé, est recosntitué au Dépôt à Paris, et placé au 1er Corps d'Armée bis qui s'organise à Anvers.

L'Empereur écrit en effet, depuis Paris, sans doute le 11 ou le 12 décembre (la lettre est non datée, mais les dates sont plausibles, car le service télégraphique entre Paris et la Belgique n'avait pas encore été interrompu par les coureurs ennemis) : "Le baron Gourgaud partira sur-le-champ pour Anvers, où il parait qu'on a perdu la tête ; il témoignera mon extrême mécontentement au général Decaen et au duc de Plaisance, ils ont fait l'insigne sottise d'abandonner Wilhelmstadt, sottise qui sera, de ma part, l'objet d'une enquête, la place étant armée et en état de se défendre. En outre, on y a brûlé une flottille de trente chaloupes canonnières dont la garnison seule était susceptible de défendre la ville : c'est un très grand malheur. On a évacué Breda, c'est d'une moins grande conséquence, puisque la place n'était point armée, mais il y a une grande folie d'avoir pris l'alarme parce que quelques cosaques ont surpris quelques postes. J'espère qu'on a gardé Berg-op-Zoom, il faut leur remettre la tête ... Gourgaud écrira de Bruxelles au directeur d'artillerie de Douai pour hâter l'organisation ... du premier corps bis. ... Aussitôt Berg-op-Zoom assuré, ce qui est une affaire de la plus haute importance, il faut que le général Roguet rétablisse la communication avec Gorkum et reprenne Breda.
Si on reprend Breda, il faut se porter sur Wilhelmstadt, pour tâcher de le reprendre aussi. Le général Molitor doit être à Bois-le-Duc, d'où il communique nécessairement avec Gorkum et avec le duc de Tarente, à Nimègue.
Il ne peut y avoir en Hollande que 4,000 à 5,000 hommes de troupes anglaises. Il n'est pas raisonnable de penser qu'elles s'exposent en si petit nombre et avec des insurgés à s'avancer trop dans le pays. Il y a, de plus, 1,500 cosaques et la division prussienne Bülow, à Utrecht, forte de 8,000 hommes. Tout cela n'avancerait pas dans le pays, si on n'avait pas abandonné Wilhelmstadt, attendu qu'à Gorkum il y a 4,000 hommes avec le général Rampon, et que le duc de Tarente, à Nimègue, menacerait leurs flancs.
Le baron Gourgaud témoignera bien vivement au duc de Plaisance et surtout au général Decaen que je suis très mécontent de ce que l'on a abandonné une place telle que Wilhelmstadt, sans mes ordres. Quatre à cinq cents hommes étaient plus que suffisants pour la défendre.
Indépendamment des troupes de la garde, il y a à Anvers deux bataillons d'ouvriers de la marine, un bataillon du 108e, un du 48e, un du 13e léger, qui était à Breskens, et a l'ordre de se rendre à Anvers, 4,000 à 5,000 hommes formés des bataillons du 1er corps bis et du 13e bis, nombre qui s'augmente tous les jours. Le 1er bis se compose de trois petites divisions, 20 bataillons, savoir : deux bataillons du 13e léger (dont un à Breskens doit se rendre à Anvers, l'autre, à Ostende, le joindra bientôt) ; deux bataillons du 12e, deux bataillons du 22e, un bataillon du 57e.
Gourgaud en prendra l'état, ce sont les 3e et 4e bataillons de l'ancien corps de Vandamme ...
Ainsi donc, on a les moyens nécessaires pour occuper Berg-op-Zoom, Anvers, réoccuper Wilhelmstadt et Breda. Breda n'étant pas armé, l'ennemi ne peut s'y maintenir. Je n'ai pas encore reçu la nouvelle que les ordres insensés d'évacuer Wilhelmstadt aient été exécutés. D'un autre côté, Rampon est avec 4,000 hommes à Gorkum. Le duc de Tarente occupe Nimègue avec son corps et s'approche de Bois-le-Duc, pour être à même de prendre l'ennemi en flanc ...
J'ai fait partir, il y a trois jours, de Paris, un bataillon du 58e, un du 4e léger, un du 15e léger, j'ai ordonné qu’ils soient en garnison à Anvers, et places environnantes. Ces bataillons doivent, en huit jours, être à Bruxelles. Quant au bataillon du 15e, il fait partie du 1er corps bis, destiné aussi pour Anvers.
Je suppose que le général Decaen est en correspondance avec le général Molitor et le duc de Tarente. S'il n'y est pas, il faut qu'il s'y mette sur-le-champ et surtout, ne pas perdre la tête ; qu'un parti de cosaques et quelques mille insurgés ne lui fassent pas abandonner les places fortes
" (« Lettres, ordres et décrets de Napoléon Ier en 1812-13-14, non insérés dans la "Correspondance" / recueillis et publiés par M. le Vte de Grouchy », Paris, 1897, p. 83).

De son côté, l'Armée du Nord de Bernadotte mêlant Suédois, Prussiens, Russes et Anglais, s'était positionné autour d'Anvers et ses fortifications. Mac Donald quant à lui s'était replié sur Liège et bientôt allait regagner les frontières de la "vieille France".

Pour exécuter l'ordre de reprendre Bréda, le Général Roguet part d'Anvers le 18 décembre et se présente le 20 devant la place, mais il échoue dans son entreprise et la ligne de défense de la Meuse est définitivement perdue.

Le Général Decaen est remplacé début Janvier par le Général Maison qui prend le commandement du 1er Corps ou Armée du Nord, pour conserver Flessingue, Anvers et Berg Op Zoom. Son petit Corps d'armée, composé de Régiments de Jeune Garde, de Dépots de la Ligne et de Conscrits, et d'un peu de cavalerie de la Garde, allait devoir s'opposer à des Coalisés en énorme superiorité numérique, mêlant Anglais, Prussiens, Russes et Suédois.

Maison commence par établir ses troupes sous Anvers, mais dès le 10 janvier, les Coalisés attaquent la ligne française. Le 2e Bataillon du 4e Léger ne tarde pas à se faire remarquer et citer, pour son courage.

Le 13 janvier 1814, le Général Bulow fait attaquer les positions de Merxhem et Wineghem. La première, bien qu'assez forte, ne peut résister aux Prussiens et aux Anglais qui l'abordent de front et de flanc. Le Général Ambert en est chassé après un combat assez vif dans lequel est tué le Général Avy. "La mort du général Avy, écrit le Moniteur de l'époque, avait mis un peu de désordre à notre gauche; un bataillon du 4e d'infanterie légère se fit remarquer par sa bonne contenance et rétablit l'ordre. Le village de Merxhem fut un instant occupé par l'ennemi, mais bientôt nos troupes se reformèrent sur Dame et l'ennemi fut repoussé partout".

A la suite de la retraite de Mac Donald, qui surveillait le Rhin entre Arnhem et Coblence, Maison, tout en laissant des garnisons derrière lui, en particulier celle d'Anvers sous les ordres du duc de Plaisance, se replie sur Louvain.

Les Coalisés resserent leur étau sur Anvers qui, au début février, se défend avec efficacité. Le grand Carnot vient alors prendre le commandement de la place. Pendant ce temps, Maison se repliait sur Bruxelles, tandis que des insurrections éclataient en Belgique. Maison reculait encore sur Tournay puis La Marque, alors que l'ennemi avançait.

Repartant à l'attaque en se renforçant des garnisons des places fortes du Nord, Maison repartait de Courtray le 5 mars avec 6000 hommes pour Oudenarde, tandis que Carnot devait faire une sortie sur la rive gauche de l'Escaut. Mais devant une contre offensive, Maison finissait par se replier sous Lille, et Carnot dans Anvers.

Les Anglais essuyaient un sanglant échec à Berg Op Zoom.

Ayant reçu des renforts saxons, les Coalisés se lancaient dans le blocus de Maubeuge le 17 mars, dont la garnison réussit à les repousser.

Le 26 mars, Maison remontait en Belgique en s'emparant de Gand, et écrivait à Carnot : " .... l'intention de Sa Majesté est que je retire toutes les troupes de la Ligne ou de la Garde qui sont à Anvers. Je vous prie de mettre en marche la division Roguet (de la Garde). Faites partir également un demi-bataillon du 28e, un du 58e et un du 4eme Léger …".

Devant les raisons évidentes de Carnot pour qu'il lui reste des effectifs suffisants pour garder Anvers, seule la division Roguet fut évacuée, réussit à percer le blocus ennemi et rallier Maison. Ce renfort lui permit de défaire un corps coalisé avant de se retrancher dans Lille. La garnison d'Anvers resta invaincue et ne capitula que le 4 mai 1814.

XV/ LA PREMIERE RESTAURATION 1815

Le 2 Mai 1814, Louis XVIII devient officiellement Roi de France. L'Armée impériale a ainsi vécue, mais c'est sur ses bases que Louis XVIII se recompose une armée royale. Après une épuration d'Officiers trop exaltés vis-à-vis de l'Empereur, l'armée est réduite de nombre de Régiments et d'effectifs. Le 12 mai, une Ordonnance royale limite à 15 le nombre des Régiments légers. Les hommes des Corps supprimés doivent être répartis entre les Régiments conservés.

Le 4e Régiment d'infanterie légère conserve son numéro et reçoit en même temps le titre de Régiment d'infanterie légère de Monsieur.

Le Duc de Bourbon devient Colonel Général de l'infanterie légère.

Les deux premiers Bataillons du Régiment n'ont pas de peine à être remplis (le 4e Léger incorpore dans ses rangs les hommes des 1er, 2e, 6e Bataillons du 36e Léger). Il doit y avoir 3 Bataillons de 6 Compagnies chacun, chaque Compagnie comptant 3 Officiers et 72 hommes. Mais nombre d'Officiers de l'ex Régiment impérial sont mis en demi-solde.

Le 5 Septembre 1814, un nouveau Colonel est nommé : Il s'agit de Vincent Peyris, ancien chef du 23e Léger (il sera par la suite Général de Brigade).

Le 19 Septembre 1814, le Régiment reçoit son nouveau drapeau blanc (un par Régiment d'infanterie). Ce drapeau sera caché aux Cent Jours et le revers est encore aux Invalides.

Au début 1815, le régiment est rhabillé à neuf.

En mars 1815, on apprend que l'Empereur s'est enfui de l'ile d'Elbe et a débarqué en Provence. Sa remontée vers Paris s'accompagne du ralliement des troupes rencontrées.

Le Roi, par une ordonnance datée du 13 mars 1815, licencie tous les Régiments qui se sont rendus coupables de trahison.

XVI/ LA CAMPAGNE DE 1815

Le 20 mars, Napoléon fait son entrée à Paris. Si l'Empereur reprend son trône sans tirer un coup de feu et avec le ralliement massif de l'Armée, qui a repris la cocarde tricolore, son pouvoir politique est amoindri. Quant aux forces alliées, qui n'ont pas encore démobilisé, elles recommencent à se masser aux frontières. L'affrontement est inévitable. Napoléon relève le défi en renforçant l'Armée laissée par Louis XVIII et en mobilisant les Gardes Nationaux.

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires rappelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 4e Léger fait partie de la 1ère Division militaire; il doit être fourni par le Département de la Seine-et-Oise, et son Dépôt doit être établi à Versailles (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison
1er dépôt général de Versailles
1ère division militaire ...
Seine-et-Oise : 4e léger à Paris ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

Le 3 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mouton, commandant le 6e Corps de l’Armée du Nord : "… Faites-moi connaitre quand je pourrai voir le 4e bataillon du 2e de ligne, fort de 500 hommes ; 2 compagnies du 1er régiment, fortes de 200 ; 2 compagnies du 64e, fortes de 200 hommes ; 2 compagnies du 68e, fortes de 200 hommes ; le 4e bataillon du 1er léger, fort de 300 hommes ; le 2e du 2e, fort de 300 hommes ; le 4e, fort de 3 à 400 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39523).

Le 5 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, faites donner :
... Au 4e léger : 360 habits, 380 capotes, 370 pantalons, 360 shakos, 370 gilets, 400 bonnets de police, 700 chemises, 800 paires de guêtres, 1000 paires de souliers, 300 havresacs ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39534).

La cérémonie du Champs de Mai doit marquer le nouveau serment entre l'Empereur et la Nation. Les Régiments reçoivent de nouveaux drapeaux.

Le 4e Léger, qui a abandonné son tire de "Monsieur", sous les ordres du colonel Peyris, met en ligne 3 Bataillons, théoriquement de 500 hommes, mais moins en réalité, malgré un effectif officiel de 61 Officiers et 1573 hommes. Le Régiment est intégré pour la campagne qui s'ouvre au 2e Corps de l'Armée du Nord sous le commandement du Général Reille, 9e Division d'infanterie (Foy), 2e Brigade (Janin).

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 7e division : la 7e division a un régiment à Paris. C'est le 4e léger. Il faut que le 4e bataillon parte le plus tôt possible pour l'armée.
Le 11e léger a son dépôt à Rennes. Il faut qu'il fasse partir sur-le-champ 300 hommes pour porter les deux bataillons de guerre à 200 hommes.
Le 12e est à Châlons-sur-Marne ; il doit recevoir les hommes des Ardennes. Il faut qu'il fasse partir sur-le-champ 300 hommes pour compléter à 1200 hommes les deux bataillons de guerre et qu'il prépare ensuite le plus tôt possible son 3e bataillon pour rejoindre la division.
Le 4e de ligne fera partir de Metz 300 hommes pour compléter les deux premiers bataillons de guerre. Le dépôt qui est à Metz se rendra à La Ferté-sous-Jouarre et tous les militaires des Vosges qui doivent le rejoindre prendront cette direction ...
Le 4e léger qui fait partie de la 7e division passera à la 9e et sera remplacé à la septième division par le 82e qui faisait partie de la 9e ; afin qu’il y ait un régiment d’infanterie légère dans chaque division ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).

Le 21 mai 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mouton, commandant le 6e Corps de l’Armée du Nord : "Faites-moi connaître combien les 1er, 2e, 3e, 14e, 29e, 33e, 40e, 69e, 70e de ligne, 1er, 2e, 4e léger, 3e étranger pourront faire partir d'hommes le 28 mai pour renforcer les bataillons de guerre ... ? ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39733).

Les alliés ont rassemblé deux armées en Belgique : l'armée anglo-hollandaise réunie au sud de Bruxelles, sous les ordres du Duc de Wellington, et l'armée saxo-prussienne s'étendant de Charleroi à Liège, sous le commandement de Blücher. Napoléon se propose de les battre séparément.

Le 15 Juin, le gros de la colonne du 2e Corps franchit la frontière (la Sambre) vers trois heures et demie du matin. L'avant-garde repousse l'ennemi à Thuin et dans le bois de Montigny, enlève Marchiennes et passe le pont, puis se déploie sur la rive gauche où tout le Corps d'armée prend position aux environs de Gosselies. Le soir, le Maréchal Ney prend, par ordre de l'Empereur, le commandement de l'aile gauche formée des 1er et 2e Corps.

Le 16, toutes les troupes sont prêtes à se mettre en mouvement dès l'aurore. Elles attendent impatiemment, quand enfin, à onze heures, l'ordre est envoyé au Maréchal Ney d'occuper les Quatre-Bras, noeud des routes de Nivelles à Namur et de Bruxelles à Charleroi, avec mission de contenir les Anglo-hollandais pendant que Napoléon écrasera l'armée de Blücher en arrière de Ligny.

L'infanterie de Bachelu et la cavalerie de Piré forment l'avant-garde, suivie par les divisions d'infanterie Foy (4e Léger) et du Prince Jérôme. C'est autour de 14 heures que l'avant-garde française aperçoit les positions néerlandaises car les Hollandais sont pour le moment les seuls en face des Français. Ils vont bien résister, attendant les Anglais.

Après une violente canonnade, les 5e et 9e Divisions (dont le 4e Léger) commencent vers 14h30 l'attaque des Quatre-Bras par la route de Frasne. Ney dispose alors de 9 600 fantassins, 4 600 cavaliers et 34 canons, tandis que Guillaume d'Orange aligne 8 000 fantassins, 16 canons et aucune cavalerie. Tandis que la Division Jérôme (7 800 hommes et huit canons) est enfin partie de Gosselies mais ne pourra participer au combat que vers 16 heures au mieux, le Ggénéral Reille emmène la Brigade Jamin de la Division Foy et les Brigades de Husson et Campi de la Division Bachelu en trois colonnes. Les Lanciers et les Chasseurs a cheval de Piré flanquent la Brigade Campi sur sa droite.

Le Général Foy, après avoir foudroyé et désorganisé l'artillerie ennemie, se précipite sur a ferme de Germioncourt avec sa 1ère Brigade et chasse le Prince d'Oragne qui est forcé de se replier sur les Quatre-Bras. "Jamais les Français ne s'étaient montrés aussi irrésistibles; ce n'étaient plus des hommes, mais des lions furieux".

Les Hollandais se replient mais reçoivent à présent des renforts Brunswickois et Anglais. Attaques et contre-attaques se succèdent des deux côtés. Wellington finit par obtenir la supériorité numérique sur Ney, qui lui ne reçoit pas de renforts. Il doit se replier à la fin de la journée mais la défaite des Prussiens à Ligny pousse Wellington à se positionner en retrait vers Mont Saint Jean. Le 4e Léger a de très nombreuses pertes en cette journée. Le Chef de Bataillon Damann est blessé. Les Lieutenants Vidal, Cheron, Dauphin, Grand, Mesnard, le Sous-lieutenant Bouchard ont été tués.

Les Prussiens réussissent à se replier sur Wavre, ils doivent être poursuivis par Grouchy, tandis que Wellington s'est positionné vers Mont Saint-Jean, où il s'établit de part et d'autre de l'axe Charleroi Bruxelles avec trois points fortifiés : Hougoumont, la Haye-Sainte et la Papelotte.

Lorsque l'Armée de l'Empereur reprend contact avec Wellington, le 2e Corps est à l'aile gauche face à Hougoumont. Une première attaque de diversion le 18 Juin sur Hougoumont est lancée à 11h30. Le 4e Léger pénètre dans le verge en ouvrant de larges brêches dans les clotures et les haies; il chasse ceux qui les défendent et, avec les autres Corps de la Division Foy, toute la position à droite et tient à distances les renforts qui peuvent arriver de ce côté. Wellington envoie alors un Bataillon de Nassau et un de Brunswickoispuis fait redoubler le feu de son artillerie qui foudroie les troupes du Général Foy et domine l'artillerie du 2e Corps.

Vers 13 heures, le 1er Corps au centre du dispositif français entre en action contre la Haye Sainte et la Papelotte. Mais il est repoussé et s'ensuivent charges et contre charges des cavaleries adverses. Vers 15 heures, la Haye Sainte est de nouveau attaquée. Devant le repli de Wellington, Ney lance des charges de cavalerie contre les carrés anglais. C'est dans le même temps que les Prussiens, qui ont pu échapper à Grouchy, arrivent sur le flanc droit des Français et progressent vers Plancenoit.

Vers 18 heures le 2e Corps de Reille appuie une nouvelle offensive contre la Haye Sainte qui finit par tomber. Les Anglais sont en mauvaise posture mais la progression des Prussiens empêche l'envoi de renforts pour les achever. Plancenoit est repris aux Prussiens.

Wellington, qui a pu renforcer son centre, repousse une dernière attaque de la Vieille Garde tandis que les Prussiens réinvestissent Plancenoit. La panique s'empare alors de l'Armée française qui s'enfuit en désordre vers Genappe et Charleroi. Le 4e Léger a encore subi des pertes. Le colonel Peyris a été blessé au pied, le chef de bataillon de Hennault a lui aussi été blessé. Le Capitaine Flandin a été tué.

Dans les deux journées de Ligny et de Waterloo, le 4e Léger a laissé 34 Officiers et 500 hommes sur le champ de bataille.

Au soir du 19 Juin, les débris des corps de d'Erlon et de Reille sont à Avesnes. Le 20, les premières forces prussiennes passent les frontières tandis que Grouchy réussit à évacuer la Belgique avec ses forces quasi intactes.

Napoléon quitte Laon le 20 Juin et gagne Paris laissant l'armée à Soult. Le 22, l'Empereur abdiquera une nouvelle fois. Les Coalisés marchent vers Paris. lls arrivent devant ses murs le 28 Juin. Davout est chargé de la défense. Le 4e Léger et la 9e division d'infanterie s'y sont repliés.

Le 3 Juillet, la ville capitule et la France va être occupée. L'Armée se replie derrière la Loire pour y être dissoute. Le 4e Léger impérial a vécu.

XVII/ UNIFORMES DU 4E LEGER

Le 13 septembre 1798, Bonaparte fixe la couleur des poufs des différents corps d'infanterie : pour la 4e Légère, vert et blanc (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).

Le 16 septembre 1798 (30 fructidor), Bonaparte prescrit à Berthier : "Les trompettes des troupes à cheval et les tambours des demi-brigades seront habillés avec des dolmans bleu de ciel. L'agent en chef de l'habillement en fera la fourniture sur les 400 dolmans qu'il a en magasin.
Il y aura, sur les nouveaux casques adoptés pour l'infanterie, deux grenades pour distinguer les grenadiers
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 34).

L'ordre du jour du 28 Thermidor (15 août 1799 - voir plus haut dans l'historique) prescrit encore les détails suivants, arrêtés par l'Ordonnateur en chef Daure : "Habillement des troupes pour l'an VIII.
L'habit veste pour l’infanterie sera en drap doublé en toile de coton bleue.
Le gilet de basin croisé, le pantalon en toile forte écrue pour l'infanterie de ligne, et gros bleu pour l'infanterie légère, l’artillerie et le génie ...
Il sera accordé à chaque soldat une paire de souliers tous les trois mois.
Il sera accordé une casquette à chaque homme d'infanterie.
Il ne sera fourni des magasins de la République que le drap, les corps se pourvoiront des autres objets" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 565).

L'ordre du jour du 9 Vendémiaire an 8 (1er octobre 1799) fixe les couleurs que doivent désormais porter les Demi-brigades de l'Armée d'Orient (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 5, p. 562):

  Habit Retroussis et parements Passepoil Collet Passepoil
4e Légère vert puce blanc puce blanc

Figure 1 : la tenue de la fin de la campagne d'Egypte 1801. C'est la tenue avec laquelle la 4e DB légère retourna en France en 1801. Mise au point par Bonaparte puis appliquée par Kleber pour utiliser les ressources locales et s'adapter au climat, cette tenue de drap variait les couleurs de fond suivant les unités et avait adopté le port d'une casquette avec un "pouf" sommital. La couleur de fond des tenues de la 4e DB légère était le vert distingué au collet, parements et retroussis de marron "puce" passepoilé de blanc. Culotte de drap blanc. Le pouf de la casquette est vert et blanc.

Figure 2 : un carabinier du 4e Léger en 1805. Le bonnet d'oursin délivré aux carabiniers à Lyon en 1802 est toujours en usage. Le cordon et les raquettes pourraient aussi être écarlates comme le plumet. Notre homme porte les distinctives classiques de l'infanterie légère et de la compagnie d'élite. On notera que faute de demi -guêtres, la culotte est attachée sur les chevilles.

Figure 3 : un chasseur en tenue de sortie en 1805 d'après un dessin naïf du chasseur Louis Baillon. On notera le shako noir encore sans plaque et sans jugulaires, orné d'une cocarde sur le devant et d'un plumet vert. Le cordon tressé de shako blanc et la présence d'une ganse et d'un bouton sur le côté gauche du shako. La visière est agrafée. L'habit d'uniforme est classique de l'infanterie légère avec les épaulettes vertes. Les basques sont devenues assez courtes, ce qui tranche d'avec la coupe révolutionnaire. Notre homme porte un gilet de basin à double rang de boutons ; sa culotte est de la même étoffe et est serrée aux chevilles. En sortie, il porte des chaussures à boucles argentées et son sabre briquet.

Un des Bataillons du 4e Régiment d'infanterie légère est un de ceux désignés pour faire l'essai de l'habit blanc adopté pour quelque temps seulement en 1806 : "Paris, 8 Ventôse an 13 (27 février 1805).
NOTE POUR LES MINISTRES DE LA GUERRE ET DE L'ADMINISTRATION DE LA GUERRE.
Le 3e bataillon du 18e de ligne, le 3e bataillon du 4e d'infanterie légère et le 4e escadron du 27e de dragons seront habillés suivant les nouveaux modèles, au plus tard le premier dimanche de floréal. On aura soin de rendre la veste plus jolie, afin que l'été le soldat puisse rester sans habit et se trouver encore agréablement vêtu.
Les deux premiers bataillons et les trois premiers escadrons resteront disponibles et habillés en entier suivant l'ancienne ordonnance
". Le 4e régiment ayant fait la campagne avec ses 3 Bataillons, est il possible que ce soit dans cette tenue que le 3e Bataillon ait marché ? (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8368 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9604 ; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 340).

Figure 3bis : un voltigeur du 4ème Léger vers 1805-1806, d'après une planche de Martinet. On notera que notre voltigeur porte le shako sans jugulaires et à visière agrafée du chasseur vu à la figure 3, toujours sans plaque, et avec une cocarde blanc, bleu, blanc, rouge (à l'extérieur). Sa spécialité de voltigeur, compagnie d'élite créée dans l'infanterie légère en 1804, est signalée par son plumet jaune, son collet et pattes de parements, cordon et raquettes chamois et ses épaulettes à corps chamois, tournantes et franges verts. Des cors de chasse (peut être chamois ?) ornent les retroussis. Son gilet bleu se ferme droit sur le devant sans ouverture en dessous du dernier bouton. Sa culotte bleue entre dans de toutes petites guêtres, mode qui vient du Consulat. On comparera l'évolution de la tenue avec la figure 4.

Figure 4 : voltigeur du 4e Léger en 1807, tenue ordinaire. Le shako est encore du modèle de 1805 sans jugulaires, la ganse latérale fait de la résistance (voir le schako du chasseur en 1805), plaque losangique de métal blanc. Le cordon tressé blanc et le plumet vert à sommet jaune sont portés en grande tenue. Le plumet est remplacé ici par un pompon jaune. Le collet jaune chamois est passepoilé de bleu et non de blanc (voir aussi le chasseur 1805). Habit classique d'infanterie légère mais pattes de parements chamois comme le collet. Epaulettes vertes à tournantes jaune. Sabre briquet à dragonne verte et jaune. Sac et capote grise sur le sac. Pantalon et gilet blanc (d'Eté).

Figure 4bis : plaque de shako du 4e Léger en métal blanc portée entre 1806 et 1810.

Figure 5 : Uniforme du 4e Léger en Espagne : Sous officiers de Carabiniers en capote (d'après El Guil, Fort - Ancienne collection de Ridder, BNF, département des Estampes et Photographie). Nous parcourons une nouvelle fois le fameux Manuscrit d'El Guil (voir historique du 31e Léger sur ce site). Tout d' abord des tenues que nous aurions pu voir en 1809-1810 lors des mois d'Hiver. On notera le port encore actuel du bonnet d'oursin sans plaque pour ces carabiniers, agrémenté des cordons écarlates détressés et parfois du plumet écarlate, le fond du bonnet est absent. Les épaulettes écarlates, les marques de grades et chevrons d'ancienneté sont portées sur la capote beige ou brune. La silhouette reste classique pour des carabiniers. On notera aussi le port d'un pantalon de route sur la culotte bleue et une besace, mais aussi le port de la culotte bleu avec des demi guêtres blanches.

Figure 6 : Uniforme du 4e Léger en Espagne : Officier en capote 1809-1810 (d'après El Guil/Fort). Colback noir avec pompon argenté. Le port d'un colback se développa chez les officiers et les voltigeurs de l'infanterie légère dans les années 1807-1809. Mais cette coiffure coûteuse fut bientôt remplacée par le shako réglementaire pour la troupe mais resta en service chez certains officiers. La capote bleue non règlementaire à double rangs de boutons argentés est ornée au col de deux écussons écarlates. Une épaulette argent est portée à gauche. L'uniforme doit être cependant classique en dessous. Un sabre de type cavalerie légère vient agrémenter la tenue, fantaisie qui se voit souvent chez les officiers d'infanterie légère à la place du sabre d'infanterie ou de l'épée. La culotte bleue entre dans des bottes noires avec galons et glands argent.

Figure 7 : Uniforme du 4e Léger en Espagne : Musicien vers 1810. Rappelons que les musiciens régimentaires (de la Ligne comme de la Légère), qu'il faut distinguer des tambours, fifres et cornets des compagnies, sont rattachés à l'Etat Major du régiment, d'où leur plumet ou pompon blanc sur le shako. Ils sont sous l'autorité d un chef de musique. Réglementairement au nombre de 5, mais très souvent plus nombreux, payés alors par une "caisse noire" du régiment, remplie par les officiers. Les musiciens régimentaires sont des gagistes, c'est à dire des professionnels de la Musique engagés par un contrat avec l'unité pour un ou deux ans. L'uniforme est théoriquement celui de l'unité, distingué par un galon argent au collet, parements, revers et retroussis et le port de trèfles d' épaule. Une petite épée est portée à une banderole en sautoir. Bien entendu, les régiments essaient de se différencier les uns des autres par de nombreux détails vestimentaires dont souvent des couleurs distinctives pour toute la tête de colonne. Les musiciens régimentaires d'infanterie légère portent les basques longues à la différence de la troupe. Notre musicien du 4e Léger est assez sage quant au règlement, portant simplement un collet et des parements rouges galonnés d'argent, les revers et les retroussis bleus sont aussi galonnés. Sa seule grande fantaisie est le port d'un gilet tressé de blanc "à la hussarde". Le pantalon bleu est ici porté au lieu de la culotte.

Figure 8 : Officier supérieur 4e Léger en tenue de repos vers 1812 (source Gallica, dessin original extrait de "Uniformes de l'infanterie légère sous le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie) : Notre officier porte un bonnet de police écarlate largement galonné d'argent; Son gilet de fantaisie est en basin avec de fines broderies argent. Sa culotte bleue entre dans des bottes à l'écuyère noire.

Figure 9 : Voltigeur en tenue de campagne en 1810-1813 : On comparera utilement les différences avec la figure 4. Le shako a été changé vers 1808. Il porte désormais des jugulaires et est renforcé sur les cotés par des chevrons de cuir. Il ne porte en campagne aucun autre ornement. Il pourrait être recouvert d'un couvre shako de toile cirée. La plaque losangique de métal blanc à sans doute changé de motif. Les parements sont devenus en pointe passepoilés de blanc. Le pantalon de route est gris, bordé latéralement d'un galon chamois.

Figure 10 : Restes du drapeau 1812 et de l'Aigle du 4ème Léger conservés à Moscou.

Figure 11 : Tenues du 4e Léger fin 1813-1814 (chasseurs infanterie légère par Carles Vernet). Les dernières recrues (chasseurs) du 4e Léger adoptent la tenue du nouveau règlement Bardin. Le schako porte une plaque à l'Aigle avec soubassement de métal blanc. Les revers sont entièrement fermés. Pendant la pluvieuse campagne de France, une capote grise et un couvre shako de tissu vernissé protègent tant que se peut la tenue.

Figure 12 : Carabinier du 4e Léger début 1815. Uniformes du 4e Léger sous la première Restauration. Sur le plan des uniformes et de l'équipement, ceux-ci restaient globalement ceux de 1812 pour l'infanterie. Le shako arborait bien sur la cocarde blanche et aurait bientôt une nouvelle plaque aux fleurs de lys. Les régiments furent rhabillés au début de 1815, ce qui permit de rajouter ou enlever quelques attributs. Les tambours galonnaient leur tenue bleue de la livrée des Bourbons : rouge incarnat et blanche. Les musiciens eux avaient un galonnage argent sur leur surtout bleu. Les shakos des carabiniers restaient galonnés de rouge et ceux des voltigeurs avaient perdu leur galonnage jaune (mais ils gardaient leur collet chamois et le plumet et épaulettes jaunes). Ceux des chasseurs restaient sans galonnage comme auparavant. Les patelettes de giberne étaient ornées de 2 L couronnés de métal blanc pour les chasseurs, d'une grenade pour les carabiniers et d'un cor pour les voltigeurs. Voltigeurs et carabiniers portaient le sabre briquet.

XVIII/ Les drapeaux

/ 1802

Le 10 juin 1802, un Arrêté porte qu'il sera donné des drapeaux à toutes les Demi-brigades légères. Depuis la campagne de 1793, la 4e n'en a plus eu. Ils sont ditribués lors de la parade du 14 juillet 1802.

/ 1804

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

/ 1812

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

/ Les drapeaux de la première Restauration pour l'Infanterie légère (D. Davin).

Le gouvernement provisoire du 1er Avril 1814 abolit les emblèmes impériaux. Le principe d'un drapeau par Régiment est conservé au 1er Bataillon, porté par un Officier, les autres Bataillons ayant des fanions. Les drapeaux sont blancs, 150 sur 150 cms, sur les bords un feston avec fleurs de lys et rosaces alternées en doré. Dans chaque angle, un carré avec le numéro du Régiment. Franges or sur les bords, cravate de taffetas blanc avec broderie de palmettes et fleurs de lys et franges or. Cordon et glands dorés. Hampe de 2,50m surmontée d'une pique dorée, ornée d'une fleur de lys découpée.

A l'avers : au centre, en or bordé de noir, l'inscription :
Pour les neuf premiers Régiments :
LE ROI/
AU REGIMENT/
DE (suit leur titre pour les 9 premiers Régiments de l'arme. Note A)
Xme D'INFANTERIE/
LEGERE.
(Note A) : les neuf premiers Régiments d'Infanterie légère portent le titre : 1er du Roi, 2ème de la Reine, 3ème du Dauphin, 4ème de Monsieur, 5ème d'Angoulême, 6ème de Berry, 7ème d'Orléans, 8ème de Condé, 9ème de Bourbon.
En janvier 1815, on rétablit le titre de Colonel Général de l'Infanterie légère, le 7ème Léger en prend la dénomination et a un drapeau spécial (voir historique du 7ème Léger).
Exemple : LE ROI/ AU REGIMENT/ DE CONDE/ 8EME D'INFANTERIE/ LEGERE.

Pour les Régiments n'ayant pas de titre, l'inscription devient LE ROI/ AU Xème/ REGIMENT/ D' INFANTERIE/ LEGERE.

L'inscription centrale est encadrée à droite par deux branches de chêne, à gauche par deux branches de lauriers, les branches liées par un ruban rouge où pendent les croix de St Louis et de la Légion d'Honneur.

Au revers : les armes de France couronnées entourées par les colliers des ordres du St Esprit et de St Michel, avec sceptre et main de justice, encadré par une branche de chêne et de laurier liées par un ruban rouge.

La première distribution des drapeaux d'Infanterie a lieu à Paris le 19 septembre 1814 pour les Régiments de la 1er Division militaire aux ordres du Général Maison. Auparavant, la Garde Nationale avait reçu les siens. Le 1er Régiment Léger du Roi et le 4ème de Monsieur, les 12ème et 15ème reçurent leurs drapeaux à Paris en septembre 1814. Le 8e Léger reçut le sien à Bordeaux le 23 octobre 1814. Certains drapeaux furent cachés durant les Cent Jours.

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