Le 16ème Régiment d'Infanterie Légère

1800-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 16e Léger

Avertissement et remerciements : Cet article nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.

La 16e Demi-brigade légère de deuxième formation a été formée en 1796 (Arrêté du 18 Nivôse an 4 - 8 janvier 1796) à partir des unités suivantes :

- 12e Demi-brigade légère de première formation.

- 12e Bataillon de Chasseurs, ci-devant du Roussillon

- 3e Bataillon de Haute-Saône

Formé le 21 octobre 1792. Son Chef est Girardot.

- 2e Bataillon de Lot-et-Garonne.

Formé le 21 juin 1792, son Chef est Labruyère.

- 23e Demi-brigade légère de première formation.

La 23e Demi-brigade légère de première formation a été formée des unités suivantes :

Le Journal militaire présente pour cette Demi-brigade des erreurs ou des incohérences difficiles à expliquer. Il semble qu'il y ait des confusions avec la 26e Demi-brigade légère. Il est possible que la même Demi-brigade, formée avec le 26e Bataillon de chasseurs, ait porté simultanément ou alternativement le n° 23 et le n° 26, sans pouvoir débrouiller lequel de ces deux numéros était le sien.

- 26e Bataillon de Chasseurs (?)

- 1er Bataillon de la Légion des Ardennes

La Légion des Ardennes, levée en juillet 1792 par ordre du Général Dumouriez, est formée de Compagnies franches ; l'organisation de la Légion a été confirmée par une loi du 10 décembre 1792 (Hennet, état militaire 1793). Le Journal militaire (10 Vendémiaire an 7) indique que son 1er Bataillon est devenu le 11e Bataillon de Chasseurs, mais il semble qu'il y ait confusion du fait que le 11e Bataillon de Chasseurs était ci-devant "Chasseurs des Ardennes" et n'avait donc rien à voir avec la Légion des Ardennes levée ultérieurement.

Le 2e Bataillon de la Légion des Ardennes, non amalgamé lors du premier amalgame, concourt à former la 30e Demi-brigade légère de seconde formation.

La Cavalerie de la Légion des Ardennes, suite à l'article 3 du titre III de la loi du 21 février 1793, est formée en un Régiment de Chasseurs à cheval et prend le n° 23.

- 16e Bataillon de Chasseurs (autre).

A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4), elle entre dans la composition de la 16e Demi-brigade légère de seconde formation.

Le Journal militaire (an VII, vendémiaire, p.23) indique que la Compagnie d'Eclaireurs de la "23e Demi-brigade légère nouvelle" entre dans la formation de la 2e Demi-brigade légère de seconde formation.

- 3e Bataillon de la 204e Demi-brigade de première formation.

La 204e Demi-brigade de première formation a été formée des unités suivantes :

- 8e Bataillon du Doubs dit de Saint-Hippolyte

Formé du 5 au 19 août 1792, son Chef est Méquillet. A été intégré dans les 3 Bataillons de la 204e.

- 8e Bataillon du Nord ou 3e de Cambrai. A été intégré dans les 3 Bataillons de la 204e.

Formé le 25 octobre 1792, son Chef est Moreau

- 4e Bataillon de l'Oise.

Formé le 8 septembre 1792, son Chef est Leborgne. A été intégré dans les 3 Bataillons de la 204e.

A la réorganisation de 1796 (18 Nivôse an 4 - 8 janvier 1796), le 1er Bataillon entre dans la composition de la 97e Demi-brigade de ligne, le 2e Bataillon dans celle de la 50e Demi-brigade de ligne, et le 3e Bataillon dans celle de la 16e Demi-brigade légère de seconde formation.

Elle a servi aux armées du Rhin, d'Allemagne, d'Helvétie, de Naples et d'Italie.

Armée de Rhin-et-Moselle, 1796

Le projet de passage, concerté et arrêté par le Chef de Bataillon du Génie Boisgérard, le Chef des Pontonniers Dedon et les Adjudants généraux Bellavène, Ahbatucci et Decaen, le 30 Prairial an 4 (18 juin 1796), est adopté par le Général en chef Moreau, qui donne les ordres pour faire marcher les troupes qui arrivent au point de passage, le 5 messidor (23 juin), à huit heures du soir, composées, savoir : du 2e Bataillon de la 3e Demi-brigade d'infanterie légère ; du 2e Bataillon de la 16e Demi-brigade d'infanterie légère ; de la 31e Demi-brigade ; des deux premiers Bataillons de la 89e (Journal tenu par le général de brigade Decaen de la campagne qu'il a faite à l'armée de Rhin-et-Moselle, commencé le 6 messidor an IV - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 89).

Trois attaques sur Kehl sont disposées aux ordres du Général de division Ferino : Montrichard, Adjudant général, commande l'attaque de droite, Abbatucci, l'attaque de gauche, et Decaen doit entrer dans un bras du Rhin nommé Erlenrhein pour s'emparer d'un pont qui doit donner la communication des attaques de droite et de gauche, et il faut, à cet effet, enlever une redoute qui sert de tête de pont.

Les deux bataillons de la 3e et 16e Demi-brigade d'infanterie légère sont destinés pour le premier débarquement et répartis suivant le projet.

II est environ deux heures du matin quand les premiers bateaux sont mis en mouvement. Abbatucci part le premier, la Division de Montrichard après, et les troupes commandées par Decaen marchent ensuite. Lorsque Abbatucci approche de la rive ennemie, il reçoit quelques coups de fusil des sentinelles et des postes, et quelques coups de canon à mitraille. Montrichard est aussi légèrement fusillé.

La 16e Légère prend part au passage du Rhin en avril 1797. Le Rapport du Général Vandamme sur le passage du Rhin, en date du 20 avril 1797, adressé au Général Moreau, raconte, pour la 1ère journée : "... La 6e demi-brigade d'infanterie légère ne pouvait arriver plus à propos pour défendre les entrées du village, quand l'ennemi l'attaquait de toutes parts à différentes reprises, avec l'opiniâtreté du désespoir et de la rage. La droite du village, le long du faux bras du Rhin, fut en même temps attaquée, un demi-bataillon de la 16e s'y porta à grands pas, chargea, et, par un feu bien soutenu, emporta le terrain couvert de morts et de blessés. Ce petit avantage fortifia encore notre position, d'autant mieux que le passage se faisait avec plus d'activité ; vers dix heures l'ennemi dirige une attaque générale sur toute la ligne, depuis Bischofsheim, jusqu'à la droite d'Honeau ; il réussit à force de sacrifice, et par la supériorité que lui donnait son artillerie, contre nous qui n'en avions encore que deux petites pièces. Presque partout nos troupes sont forcées à se retirer ; mais les réserves en position rassuraient nos soldats, et me laissaient sans inquiétude ; un bataillon de la 31e et un de la 100e secoururent la gauche, et les succès répondirent à leur courage. Au centre, l'ennemi est également forcé par un bataillon de la 17e, appuyé par trois compagnies de grenadiers de la même demi- brigade, qui reprennent le terrain perdu. La droite seule nous occupant alors, un bataillon de la 31e, avec quelques compagnies de la 16e légère, secourent les nôtres qui, encouragés par ce renfort, battent la charge et forcent aussi l'ennemi à la retraite ; une heure se passe, tandis que l'ennemi rallie ses corps, renouvelle ses tirailleurs, presse l'arrivée de ses renforts et répare ses passages. Il fait connaître son terrain et étudie nos mouvements ; nous avons le même soin. Vers les onze heures, l'ennemi réunit toutes ses forces sur le centre, en ne montrant que peu de monde sur les ailes. Le général Desaix étant alors arrivé tâche, en parcourant le front, de reconnaître les forces et les projets des ennemis qui, à l'instant même, forment leurs lignes, sous la protection de leur artillerie qui fait un feu très-vif sur le village de Diersheim qu'il incendie en partie par ses obus. Je donne l'ordre aux troupes du centre de se retirer jusque dans le village, et à deux bataillons de la 17e qui étaient en réserve, et un de la 76e, de se rendre au village, où ils se tiendraient en colonne serrée, prêts à déboucher au besoin. L'ennemi marchait en colonne d'attaque jusqu'à cinquante toises du village, il le pouvait d'autant mieux que j'avais ordonné la retraite et que peu de monde lui résistait. Étant arrivé bien à portée, ses tirailleurs déjà aux jardins, nos grenadiers embusqués se montrent et font un feu terrible ; les deux bataillons de la 17e et celui de la 76e débouchent en colonne, marchent sur l'ennemi en battant la charge, se déploient et font un feu si bien soutenu, que l'ennemi est de nouveau contraint à la retraite. Cependant je ne pouvais lui faire autant de mal que je le désirais, n'ayant encore qu'une petite pièce de quatre, l'autre ayant été démontée et la cavalerie n'ayant pas encore passé le Rhin ...
Tandis que ce choc avait lieu sur le centre, le général Jordy, qui était à la gauche, avec un bataillon de la 100e, un de la 31e et quelques compagnies de la 16e légère, défendait avec opiniâtreté la digue qui conduit à Bischofsheim. Il y tint l'ennemi en échec ; nous perdîmes peu , quoique l'ennemi eût trois pièces de canon en redoute, avec lesquelles il ne cessa de foudroyer notre gauche ...
La nuit arrivant, je vois que l'ennemi ne veut plus attaquer ; je reconnais les positions de repos, je les indique aux troupes et je répartis le commandement. Il fait nuit ; tout est tranquille ; on travaille à grande force au pont de bateaux ...
Tout à coup j'entends un feu vif à ma gauche ; ne sachant à quoi l'attribuer, j'y cours en faisant marcher sur ce point le 17e de dragons, quoiqu'il fasse nuit. Le feu approchait fortement du point où on établissait notre pont, quand j'arrive et que je trouve le général Moreau lui -même occupé à rallier la troupe qui était en déroute, sans être poursuivie de l'ennemi ; il a fallu une heure pour faire cesser le feu ; on tirait de toutes parts, sans pouvoir dire pourquoi. La 16e demi-brigade d'infanterie légère avait commencé cette déroute par l'inconséquence d'une vingtaine de chasseurs qui forcèrent deux ou trois tambours à battre la charge pour épouvanter, dirent-ils, l'ennemi et prendre ses canons (il est bon d'observer que l'ennemi avait deux canons à la gauche de Bischofsheim) ; mais cela réussit si mal que nos soldats surpris par le bruit ne surent plus que devenir ; croyant l'ennemi partout, chacun tirait au hasard, sans savoir sur quoi. Cependant l'ordre se rétablit, les mêmes postes sont de nouveau occupés, grâce aux soins de tous les officiers supérieurs, à commencer par le général en chef, car cela pouvait nous mener à de grands malheurs.
J'ordonne à la 16e légère de se retirer près du pont, et, pour la punir plus sévèrement de ce désordre, je lui enjoins de se rendre le lendemain à Bischweiller, pour de là se diriger sur Landau ; cet exemple était nécessaire aux autres corps dont j'allais avoir besoin le lendemain ...
" (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 355).

Le rapport sur le passage du Rhin montre que cette opération a été un instant compromise par la panique à laquelle la 16e Légère s'est laissée entrainer fort mal à propos; panique qui aurait pu avoir de terribles conséquences, si Vandamme n'était parvenu à la faire cesser. Le Général, une fois la lutte terminée, voulant connaître les causes de cet événement, se livre à une enquête, à la suite de laquelle il écrit, le 27 avril 1797, au Chef de Corps, le Chef de Demi-brigade Pinot : "D'après les informations que j'ai prises, je suis convaincu, citoyen commandant, que les désordres que j'ai remarqués le 1er floréal au soir , à la demi- brigade que vous commandez, ont été occasionnés par vingt à trente hommes, qui ont forcé les tambours à battre la charge, qui, par un faux zèle, crurent par ce moyen épouvanter les postes ennemis qu'ils avaient devant eux, et leur enlever les canons qu'ils gardaient.
Je n'ai pu être indifférent à ces désordres qui auraient pu nous occasionner de grands malheurs, qui inquiétaient et exposaient tout le monde, même le général en chef ; je connais toute la peine que cela vous a fait, je ne doute pas des soins que vous avez pris ; mais ils ont failli être infructueux par la mollesse que plusieurs officiers ont mise pour l'exécution de vos ordres ; c'est par des exemples terribles qu'il faut arrêter cette sorte de mal qui, en entraînant votre corps au déshonneur, aurait pu perdre l'armée. Cherchez les coupables, il en existe ; ils doivent être jugés ; le lâche doit être puni, l'officier faible doit être chassé, les braves et les fermes seuls doivent être récompensés.
Il fallait, commandant, que je me préparasse au lendemain, pour recevoir les derniers efforts de l'ennemi ; les moindres fautes, dans ce genre, ne peuvent rester impunies, j'ai dû être sévère ; il fallut un exemple, et un général ne peut, sous aucun rapport, pardonner dans des affaires aussi difficiles, où il s'agit du salut de la République et de l'honneur de l'armée.
La victoire a couronné tous nos efforts, la paix s'en est suivie, et mon cœur me dit que vous y avez votre part ; je n'ai pas oublié le courage de vos soldats le 1er au matin, les soins que se sont donnés vos officiers, ceux que vous avez prodigués au moment de votre débarquement, à l'instant où l'ennemi nous attaquait de toutes parts ; c'est pourquoi je vous promets justice et récompense. Je vais prier le général en chef pour qu'il ait à vous faire rentrer à l'armée ; je serais encore jaloux de vous commander
" (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 387).

La 3e demi-brigade légère de seconde formation combat en Italie.

Le 27 janvier 1798 (8 Pluviôse an 6), un Rapport du Ministre de la Guerre (Armée du Rhin, Département de la Guerre, 2e Division, Bureau du mouvement) indique : "Il existe en ce moment à l’Armée du Rhin, treize demi-brigades, dont deux sont destinées pour l’armée d’Angleterre et trois pour l’armée de Mayence.
L’intention du Ministre est de faire porter dans le Département du Mont Terrible 15 bataillons et 8 escadrons en outre des deux demi-brigades qui s’y trouvent déjà stationnées.
On observe que la 17e demi-brigade de ligne en ce moment stationnée dans le Mont-Terrible est réclamée par le général Bonaparte, pour faire partie de l’armée d’Angleterre, et qu’il serait nécessaire de la faire relever.
On propose en conséquence de faire passer dans le Mont Terrible 18 bataillons ci-après désignés :
... 1 bataillon de la 16e légère à Sélestatt ...
Reste encore disponible pour le service des garnisons 11 bataillons qui pourraient être répartis de la manière qu’il suit :
à Strasbourg, 8 bataillons (3 de la 97e demi-brigade, 3 de la 68e idem, 2 de la 16e légère) ...
" (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – SHAT, B 2 63).

Entre le 31 janvier 1798 et le 1er février 1798 (12-13 Pluviôse an 6, le Général Duvignan expédie de nombreux ordres "Aux troupes aux ordres du général Schauenburg.
Copie des ordres et lettres écrits par le général Duvignan, sous-chef de l'état-major général les 12 et 13 pluviôse relatives aux mouvements des troupes aux ordres du général Schauenburg.

Noms des corps Forces Dates du départ Cantonnements qu'ils occupent Lieux où ils se rendent Obs.
16e 1/2 légère 2407 le 14 pluviôse à Schlestatt à Delémont

Certifié véritable
Le Général de Brigade, sous-chef de l'état-major général
[signé] Duvignan

"Au général Laborde commandant la 5e division militaire ...
Votre chef d'état-major se concertera sur-le-champ avec celui du général Duhesme afin de détacher de la 3e légère le nombre d'hommes nécessaires pour relever à Auenheim ce qui s'y trouve de la 16e légère qui a aussi ordre de partir ...
".

"Au général Duhesme, commandant la première division
Je vous adresse, citoyen général, des ordres de mouvement pour la 3e demi-brigade d'infanterie de ligne et la 16e d'infanterie légère. Je vous prie de vouloir bien les leur faire passer en en ordonnant l'exécution.
La 3e demi-brigade d'infanterie légère reçoit l'ordre d'entrer dans la citadelle demain matin. Elle relèvera la 3e de ligne et il en sera détaché la garde suffisante d'Auenheim pour relever le bataillon de la 16e. Votre chef d'état-major se concertera en conséquence avec celui de 5e division. Je vous prie de m'accuser réception de cette lettre et des ordres qu'elle renferme.
Signé Duvignan
".

"Conformément aux ordres du Ministre de la guerre et du général en chef de l'armée du Rhin, il est ordonné à la 16e demi-brigade d'infanterie légère de partir avec armes et bagages de ses cantonnements le 14 du courant [2 .02.1798] pour se rendre par Huningue à Delémont où elle recevra de nouveaux ordres du général de division Schauenburg.
Cette demi-brigade se fera délivrer une route par le commissaire des guerres de la division. Ce corps vivra dans sa marche en bonne police et discipline conformément aux lois et règlements militaires. Signé Duvignan
".

"Au commissaire ordonnateur en chef.
Vous avez été prévenu, citoyen ordonnateur, par le Ministre de la guerre, du mouvement qui doit avoir lieu dans les divisions de l'armée du Rhin qui fournissent 21 bataillons d'infanterie et 8 escadrons pour la composition d'un corps d'armée commandé par le général Schauenburg et dont le rassemblement doit avoir lieu à Delémont ...
2e division
La 16e légère, forte de 2407 hommes part de ses cantonnements de Schlestadt le 14 courant [2.02.1798] et se rend à Delémont ...
Signé Duvignan
Certifié conforme
Le général de brigade sous-chef de l'état-major général de l'armée du Rhin
[Signé: Duvignan]
" (L’invasion de 1798 : Documents d’archives françaises concernant la liquidation de l’Ancien Régime en Suisse par la France – BNUS, MS 483/19).

Le Général Ney doit prendre, de nouveau, à la date du 7 avril 1799, le commandement de l'avant-garde de la Division Laborde en voie de réorganisation et s'établir à Heidelberg. Elle se compose de la 16e Demi-brigade légère, de deux Escadrons du 5e Chasseurs, bientôt rejoints par le 20e Chasseurs (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 140).

Le 12 avril 1799, le général Ney écrit à l'Adjudant général Rouyer : "En cas de sortie de la part de la garnison de Philippsburg, vous préviendriez le chef de bataillon Lacoste (de la 16e demi-brigade) assez à temps pour qu'il vous envoie le secours nécessaire et protège votre retraite, dans tous les cas ..." (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 141).

Le 21 Floréal an VI (10 mai 1798), Mangourit, Résident de la R. F. en Valais, adresse, depuis Bex, la Lettre suivnate au Citoyen Bergier, Commandant en chef des Vaudois et Valaisans : "Le 3e bataillon de la 16e demi-brigade d'infanterie légère vient d'arriver ici à 7 h. du matin ; elle prend position à Saint-Maurice jusqu'à nouvel ordre. Je vous envoie son commandant afin de vous concerter avec lui sur les mesures à prendre pour organiser notre petite armée ; le commandant des hussards l'accompagnera.
Je désire beaucoup que le commandant de ce bataillon prenne le commandement de l'avant-garde qui sera composée, sauf meilleur avis, du sien, du bataillon vaudois, de quelques compagnies de tirailleurs et de hussards.
Etant absolument essentiel qu'un militaire connaissant les lieux commande le corps d'armée, j'espère que vous voudrez bien vous charger de ce commandement qui s'étendra jusqu'à Vevey.
Vous prendrez collectivement avec le commandant français les mesures les plus promptes pour tirer des milices un corps de volontaires sûrs.
J'espère que la bonne harmonie entre vous et les officiers français contribuera essentiellement au succès de vos armes, et qu'aucun sacrifice ne coûtera aux défenseurs de la liberté
" (AVD, H 477, p. 10, copie - in : Documents pour servir à l'histoire de la révolution valaisanne de 1798, publiés par André DONNET, II, Documents relatifs à l'activité de Mangourit, résident de la République française en Valais (16 novembre 1797 - 25 juin 1798).

I/ 1800-1805, UNE PAIX EPHEMERE

16e Léger 1802
Fig. 1 le 16e Léger en 1802 d'après L. de Beaufort

Le 11 février 1800 (22 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont les 3e bataillons des 16e ... légères ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1156 ; Correspondance générale, t.3, lettre 4963).

Le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), la même demande est adressée au Général Berthier (Correspondance générale, t.3, lettre 4982).

Le 3 juillet 1800 (14 Messidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "L'arrêté que j'ai pris à Milan le 5 messidor, citoyen ministre, porte art. 2, que 13 demi-brigade de ligne et 3 légères qui sont dignes [sic] se rendront à Dijon pour faire partie de l'armée de réserve. Voici la destination que je désire leur donner.
... la 16e légère à Toulouse, ...
" (Correspondance générale, t.3, lettre 5481).

Par arrêté des consuls du 9 fructidor an 8 (27 août 1800), la 16e demi-brigade légère est réduite à deux bataillons.

Le 5 septembre 1800 (18 fructidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Donnez l'ordre à la 16e légère qui est à Toulouse de former ses trois compagnies de carabiniers en les complétant chacune à 80 hommes. Elle les fera partir en toute diligence pour Dijon, où elles resteront jusqu'à nouvel ordre ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5630).

Le 25 septembre 1800 (3 vendémiaire an 9), Bonaparte écrit, depuis Paris, à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Vous donnerez l'ordre aux grenadiers de la 16e légère, et aux grenadiers de la 47e de ligne, de se rendre à Dijon, et d'y attendre de nouveaux ordres. Vous préviendrez le général commandant la 18e division et le général en chef de l'armée de Réserve que ces troupes ne doivent pas partir de Dijon sans votre ordre ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1193 ; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5658).

Le 9 novembre 1800 (18 brumaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim : "... Je vous prie également de me faire connaître où se trouvent en ce moment les carabiniers des 16e, 23e demi-brigades et les grenadiers de la 47e demi-brigade ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5756).

Le 20 novembre 1800 (29 brumaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre au général Murat de faire partir le 4 frimaire pour se rendre à Chambéry en toute diligence et par le plus court chemein la 1re demi-brigade de sa division; elle sera composée :
3° D'une compagnie de grenadiers composée des carabiniers des 16e et 23e légères et des grenadiers de la 47e de ligne ...
Vous me ferez connaître le jour où la 1re brigade arrivera à Chambéry, afin qu'on puisse ordonner sa marche ultérieure ...
" (Correspondance générale, t.3, lettre 5791).

Le 6 Frimaire an 9 (27 novembre 1800), Murat écrit, depuis Dijon, à Bonaparte : "... Je désirerais bien, mon général, que vous changiez la destination de la compagnie des carabiniers de la 16e légère qui se rend à Toulouse, et que vous l'attachiez à mes troupes, les officiers m'ont prié de vous le demander, ils se sont séparés de celle qui est sous mes ordres avec la plus grande peine ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 72, lettre 101).

Le 29 novembre 1800 (8 frimaire an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... La 16e légère qui est à Toulouse ... ainsi que les différents corps qui sont à l'armée de l'Ouest sont destinés à recevoir des conscrits et dès lors on peut d'avance prendre des mesures pour leur donner des draps comme si elles [sic] étaient au complet ... Par ces dispositions, nous nous trouvons avoir, indépendamment de l'armée de l'Ouest, 9 demi-brigades qui peuvent recevoir plus de 20000 conscrits, et les magasins centraux, les marchés pour habits confectionnés deviennent inutiles et le service se trouverait assuré" (Correspondance générale, t.3, lettre 5806).

Au début de 1801, la Paix ayant été signée avec l'Autriche, la République se tourne contre le Portugal, fidèle allié de l'Angleterre, contre laquelle nous sommes toujours en guerre. Dès le 12 Janvier, il est prévu de former autour de Bordeaux un Corps d'Observation de la Gironde. Le Premier Consul le confia à son beau-frère : le général Leclerc, mari de sa sœur Pauline.

Le 16 janvier 1801 (25 nivôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner l'ordre :
... 5° De compléter à 700 hommes, compris les officiers, le premier bataillon de la 16e légère, qui est à Toulouse, et de le tenir prêt à entrer en campagne
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 5297).

L'Espagne, notre alliée, devait soutenir notre marche vers le Portugal et participer à son occupation. Godoy le très puissant premier ministre espagnol s'en portait garant. Pour former le Corps d'Observation, on amalgame des unités en fort mauvais état depuis les dernières campagnes de 1800 et il faut plusieurs mois pour que tout le monde arrive.

Le 4 février 1801 (15 pluviôse an 9), Bonaparte écrit, depuis Paris à Berthier : "Si vous n avez pas encore donné l'ordre au bataillon de la l6e légère qui est à Toulouse, de se rendre à Bordeaux, expédiez-le-lui" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3056).

Le 19 mars 1801 (28 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre au général Leclerc, Citoyen Ministre, de faire partir ... un bataillon de la 16e légère ... " (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5474; Correspondance générale, t.3, lettre 6141).

Le 13 avril 1801 (23 germinal an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez l'ordre, citoyen ministre, ... Au bataillon de la 16e légère, qui est dans la 10e division militaire (Toulouse), de se rendre sur-le-champ à Bayonne pour faire partie du corps de la Gironde ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6208). Le même jour, Bonaparte écrit depuis Paris au Général Leclerc, commandant du Corps d'Observation de la Gironde : "... Le bataillon de la 16e a ordre de se rendre à Bayonne; activez-en le départ de la 10e division : il n'a pas besoin d'attendre les troupes qui doivent le remplacer ...
J'imagine que chaque demi-brigade a sa musique, que l'on pourrait habiller avec quelque luxe
" (Correspondance générale, t.3, lettre 6210).

Sur la fin Avril, Leclerc réunit à Bayonne tout ce qu'il a de disponible pour entrer en Espagne avec une brigade d'avant-garde sous les ordres du général Monnet. Le premier bataillon de la 16e DB Légère en fait partie. Par Irun, Tolosa, Burgos et Valladolid, l'avant-garde s' établit à Ciudad Rodrigo pour attendre le reste des troupes, mais au cours de la route l'accueil des Espagnols n'est pas ce que l'on espérait. Bonaparte envoit Gouvion Saint Cyr auprès des Espagnols comme conseiller militaire.

Une deuxième brigade de 4000 hommes, sous le général Dumoulin entre en Espagne le 2 Mai. C'est alors que Godoy décidait d'attaquer le Portugal avec ses propres troupes avant la montée en puissance des Français qui se résolvent à protéger Ciudad Rodrigo. Puis rapidement la paix est signée entre le Portugal et l'Espagne. Une mascarade ...

Cachet à sec du 16e Léger
Cachet à sec du 16e Léger

Les Français restent alors regroupés près de Ciudad Rodrigo, mais leurs renforts continuent à arriver. La Brigade Lamarque passait par Perpignan le 16 Mai, et gagnait Salamanque le 4 Juillet. Le 5 Juin, la brigade Thibault avec le 2e bataillon de la 16e Légère faisait son entrée dans la péninsule et ralliait aussi Salamanque. Leclerc rejoignait enfin son armée en Espagne. Enfin la brigade Gilly, fin Juin, retrouvait les deux précédentes.

La situation des troupes française devenait ubuesque. Elles n'avaient pas combattu et stationnaient dans un pays en paix, pour lutter contre un adversaire commun qui ne l'était plus ! Ce qui n'est pas le cas pour la population espagnole qui prenant les Français pour des envahisseurs commence à les harceler. Leclerc fait alors reculer son armée sur Salamanque et Valladolid, la cavalerie sur Zamora. Des épidémies frappent les troupes en raison des chaleurs. Au milieu de toutes ces difficultés, Leclerc réussit à maintenir la plus stricte discipline parmi ses hommes.

Les hommes restent stationnées ainsi jusqu'à mi Octobre, jusqu'à ce que Bonaparte furieux ratifie un traité de Paix avec le Portugal. Dans le même temps des préliminaires de Paix étaient signée avec l'Angleterre. Leclerc rentre en France et confie son armée au général Rivaud qui replie son artillerie sur Burgos fin Octobre. Les Espagnols supportent de moins en moins la présence des troupes françaises. Les incidents se multiplient.

Une nouvelle expédition se monte avec Leclerc à sa tête pour mater la révolte de Saint Domingue. Beaucoup de troupes du corps d'Observation de la Gironde vont en faire partie. Mais la 16e Légère doit être envoyée dans la 20e Division militaire (Périgueux) par un ordre du 1er Consul à Berthier (Lettre datée du 24 novembre 1801 (3 frimaire an 10), expédiée depuis Paris par Bonaparte au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance générale, t.3, lettre 6654). Au début de 1802, elle est portée toujours en Espagne. L'Etat militaire de l'an X (1802) nous confirme son stationnement à Valladolid avec son dépôt à Saint Jean de Luz avec comme encadrement : Chef de brigade : Pinot; chefs de bataillons : Laborey, Tugnot et Lecouturier; Quartier maître trésorier : Bouyé; Adjudant–majors : Maronne et Levain; et officiers de santé : Duplan et Carrion.

- 1801 en Italie

Le 27 Floréal an 9 (17 mai 1801), Murat écrit, depuis Florence, au Ministre de la Guerre : "... La 13e demi-brigade de ligne réduite à 700 hommes fait partie de la division Mathieu qui occupe la province de Pescara avec près de 4,000 hommes, tandis qu'il n'en devait avoir que 3,000, je désire pouvoir la faire rentrer en France pour se compléter.
Je vous demande enfin une autorisation semblable pour une compagnie isolée de carabiniers de la 16e légère et trois de grenadiers de la 47e, toutes réduites à une poignée d'hommes ...
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 1, p. 389, lettre 480).

- 1802 en France

La demi-brigade rentre en France en Février 1802. Le 21 mai 1802 (1er prairial an 10), Bonaparte demande à Berthier de transférer la demi-brigade d'Angoulême à la 12e Division militaire (lettre expédiée depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Correspondance générale, t.3, lettre 6896). Jean Isidore Harispe, le charismatique chef des chasseurs basques de la Révolution est porté à sa tête le 18 Mai 1802. L'unité doit bientôt repartir pour Rennes par ordre du Premier Consul, le 25 messidor (14 juillet 1802 - Lettre en date du 28 juin 1802 (9 messidor an 10), expédiée par Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre - Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6965) ; "Tous ces mouvements ne se feront que dix jours après avoir reçu l'ordre.
Vous aurez soin que la veille du départ, il soit passé une revue de rigueur qui fasse bien connaître la situation des troupes que vous ferez partir. Vous aurez soin que tous les détachements soient bien réunis avant leur départ, et qu'ils marchent dans le plus grand ordre et par bataillon
".

Le 8 juillet 1802 (19 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre par un courrier extraordinaire à ... la 16e légère de se rendre à Pontivy dans le Morbihan et d'occuper les principaux arrondissements de justice de paix de Pontivy [et] Ploermel ... Demandez au général commandant la 13e division militaire qu'il vous fasse connaître les cantonnements qu'occuperont toutes les troupes; il faut qu'elles soient placées de manière à pouvoir soutenir la gendarmerie et délivrer enfin ce pays des brigands qui inquiètent encore les citoyens" (Correspondance générale, t.3, lettre 7006).

C'est à la grande parade du 14 Juillet 1802 (25 Messidor an 10) que les demi-brigades légères reçoivent de nouveaux drapeaux (un par bataillon). Au moment de la remise des drapeaux, le 1er Consul adresse une allocution aux détachements représentant l'infanterie légère : "Soldats de l'infanterie légère de l'armée française, voilà vos drapeaux ; ils vous serviront toujours de ralliement. Ils seront partout où le Peuple français aura des ennemis à combattre ; ils imprimeront la terreur aux ennemis du Gouvernement, quels qu'ils soient.
Soldats, vous défendrez vos drapeaux ; non, jamais ils ne tomberont au pouvoir des ennemis. Vous jurez d'être prêts à les défendre aux dépens de votre vie !
" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6182).Chaque chef de brigade, venu avec un détachement de son unité, jure alors de défendre son nouvel emblème au péril de sa vie.

Par ailleurs, à la suite du Traité d'Amiens, conclu avec la Grande-Bretagne, la ville de Pondichéry et les comptoirs français en Inde, occupés depuis 1794 par les Britanniques, doivent être remis à la France. Le 15 avril 1802, Bonaparte avise le Ministre de la Marine, Denis Decrès, que "nous devons prendre possession des Indes ... dans les six mois de la ratification du traité au plus tard" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6037). Un expédition est ainsi organisée pour hisser le drapeau tricolore sur Pondichéry et les comptoirs de l'Inde, sous la direction du Général de Division Charles Mathieu Isidore Decaen.

Le 18 juillet 1802 (29 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre ... d'écrire également au général Decaen, pour qu'il donne l'ordre de former un bataillon d'infanterie légère à cinq compagnies, et fort seulement de 3oo hommes. Le chef de bataillon et les capitaines seront pris parmi les officiers des 3es bataillons d'infanterie légère qui ont été réformés en l'an VIII. Les 1re, 6e, 8e, 9e, 10e, 13e, 14e, 16e, 17e, 18e, 20e, 26e, 27e, 29e, 30e et 31e légères fourniront chacune 20 hommes de bonne volonté. Ce bataillon comptera dans l'armée comme 3e bataillon de la 18e légère. Par ce moyen, cette demi-brigade aura deux bataillons en France et un aux Indes ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6189; Correspondance générale, t.3, lettre 7026). C'est ainsi donc que 20 hommes de la 16e Demi-brigade légère se retrouvent détachés pour l'expédition.

Le 9 avril 1803 (19 germinal an 11), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, Citoyen Ministre, est qu'on ne fasse aucun préparatif à Angers pour la 65e demi-brigade. Elle s'y reposera simplement deux jours; elle y recevra ordre de se rendre à Vannes, dans le département du Morbihan, d'où elle fournira un bataillon à Belle-Ile; moyennant quoi la 16e légère en sera retirée. Elle recevra ordre de se rendre à Brest pour y tenir garnison ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6673 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7557).

En 1803, par l'arrêté du 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803), la 16ème Demi-brigade d'infanterie légère devient 16ème Régiment d'infanterie légère et le Chef de Brigade : Colonel. Il est porté à 4 Bataillons par versement de la 29e Demi-brigade Légère.

Le 24 novembre 1803 (2 frimaire an 12), à Paris, "Le ministre de la marine demande un détachement de 45 hommes pour former la garnison de In frégate la Gloire qui s'arme à Nantes"; le Premier Consul répond : "Toutes les garnisons nécessaires pour des frégates et vaisseaux de guerre dans la 4e préfecture maritime seront fournies par la 16e demi-brigade légère" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1347).

Bouton 16e Léger
Boutons du 16e Léger (Communication d'un de nos correspondants)

Le 28 novembre 1803 (6 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un rapport sur la dissolution du camp de Bayonne et sur la formation de trois cantonnements ...
Le troisième cantonnement se réunira à Brest. Il sera composé des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, des 3e, 26e, 37e et 65e de ligne, des 7e et 28e régiments de chasseurs, et du 1er de hussards.
L'artillerie sera composée de huit pièces de 4, de six pièces de 8, de six pièces de 12 et de six obusiers, avec un approvisionnement de 300 coups à tirer par pièce, 200 cartouches par homme, et un approvisionnement d'infanterie proportionné.
Ce cantonnement sera commandé par un général en chef, deux généraux de division, deux généraux de brigade et un général de cavalerie ...
Faites-moi un projet sur ces bases avant de rien exécuter
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7331; Correspondance générale, t.4, lettre 8338).

Au début 1804, le régiment est appelé au camp de Brest, placé sous l'autorité du général Augereau, un des cantonnements de l'Armée des Côtes. Il s'agissait d'y réunir une nouvelle Armée d'Irlande.

Correspondance de Napoléon du 25 Février 1804 (5 ventôse an 12) :
"Au général Berthier.
Le département du Finistère, Citoyen Ministre, formera l'arrondissement de l'armée d'Irlande, et sera directement sous les ordres du général en chef Augereau.
Donnez l'ordre que deux bataillons des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, deux du 37e, deux du 24e, un du 70e, un du 65e et un du 47e régiment de ligne, chaque bataillon complété à 800 hommes, officiers compris, se rendent sur-le-champ à Brest pour former le camp ...
Vous préviendrez le général Augereau qu'il cantonnera les troupes soit à Brest, soit dans les environs, de la manière qu'il jugera la plus convenable, ayant soin cependant de les réunir le plus possible et de les tenir nécessairement dans le département du Finistère
" (Lettre de Bonaparte écrite depuis Paris au Général Berthier; Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7566).

L'Etat militaire de l'an XII nous répartit ses bataillons : le premier et deuxième bataillons sont stationnés à Belle-Ile, le troisième sur l'Ile de Groix et le quatrième à Lorient dans la 13e Division Militaire.

Les compagnies de voltigeurs commencent à être formées dans chaque bataillon d'après un ordre du 13 Mars 1804.

Le 25 Mai 1804, Napoléon est proclamé Empereur et Augereau gagne un titre de maréchal.

Le 27 septembre 1804 (5 vendémiaire an 13), Napoléon écrit depuis Mayence au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin, le camp de Brest, tel qu'il sera composé, sera fort de 18000 hommes tout compris, savoir :
... 3 bataillons du 16e régiment d'infanterie légère de 2400 hommes ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 9247); Napoléon ajoute que les trois premiers bataillons du 16e Léger doivent se compléter et le 4e bataillon doit resterà Belle-Ile avec "tous les hommes dont on peut craindre la désertion" (sic).

Drapeau 1804 16e Léger
Fig. 2 : drapeau modèle 1804 par Rigo.

A la fin de l'année, le régiment envoie une délégation avec son colonel recevoir le nouveau drapeau surmonté de l'Aigle Impériale. La cérémonie a lieu à Boulogne le 5 Décembre. Tandis que Napoléon songe toujours à une expédition en Irlande, à partir du camp de Brest.

Le 15 avril 1805 (25 germinal an 13), Napoléon écrit depuis Lyon au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général des camps : "Mon cousin,
... Vous donnerez ordre que tout le bataillon colonial qui est à Belle-île soit disposé pour être embarqué à bord des frégates La Didon, La Cybèle et Le Président : et comme mon intention est qu'il y ait 600 hommes sur certaines frégates, lesquels fourniront quatre compagnies, vous ordonnerez que le surplus soit fourni par un des bataillons du 16e d'infanterie légère qui est à Belle-île. On complètera à cet effet les compagnies qui sont embarquées à 150 hommes
" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9832).

En Juin 1805, les trois premiers bataillons sont à Brest et le 4e à Belle-Ile.

D'après la "Situation du 2e corps d'armée détaché à l'époque du 15 Thermidor an XIII" (3 août 1805), commandé par Augereau, le 16e Léger a, dans les Troupes de la 2e Division (Desjardin), 3 Bataillons à Brest, 2051 hommes présents, 76 détachés, 149 aux hôpitaux, 2276 hommes au total (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 86 et suivantes).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 16e Léger a ses 1er, 2e et 3e Bataillons à l'Armée des Côtes, 2e Corps détaché. 2051 hommes sont présents, 76 détachés ou en recrutement, 149 aux hôpitaux, total 2276 hommes; le 4e Bataillon est à Belle-Isle-en-Mer, 13e Division militaire, pour 806 hommes présents, 31 détachés ou en recrutement, 53 aux hôpitaux, total 890 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le 23 août 1805 (5 fructidor an 13), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Donnez ordre qu'il soit formé une division composée du 16e légère et 105e de ligne, et du 7e régiment de chasseurs sous les ordres du général de division Jardin et des généraux Lapisse et Lamarque. Cette division se rendra à Alençon. Vous me ferez connaître le jour de son arrivée et vous recommanderez que toutes les mesures soient prises pour empêcher la désertion ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10637).

Le 6 Fructidor an 13 (24 août 1805), le Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, adresse, depuis Boulogne, un "Rapport à l'Empereur et Roi.
Sire,
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que, conformément à ses intentions ... :
J'ordonne au général Desjardins de former une division composée des 16e régiment d'infanterie légère, 105e de ligne, et 7e régiment de chasseurs, et de partir du Finistère avec ces troupes pour se rendre à Alençon, où ces trois corps seront entièrement réunis au 1er vendémiaire.
J'ai prévenu M. le maréchal Augereau de cette disposition, et l’ai chargé de mettre de suite ces troupes sous les ordres du général Desjardins. J'ai expédié des ordres aux généraux de brigade Lapisse et Lamarque pour être employés dans cette division.
Le 1er bataillon du 76e régiment de ligne, employé au corps d’Irlande, partira de Brest le 14 fructidor et arrivera le 23 à Belle-Isle, pour relever le 4e bataillon du 16e régiment d'infanterie légère et le 3e bataillon du 105e de ligne, qui partiront immédiatement après son arrivée pour rejoindre leur corps respectif à Alençon, où ils seront rendus le 1er vendémiaire.
Je joins ici le relevé de ces mouvements
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 148).

Le même 6 Fructidor an 13, Berthier écrit, depuis Boulogne, au Général de Division Desjardins : "Je vous préviens, Général, que l'intention de Sa Majesté est que vous formiez sur-le-champ une division composée du 16e régiment d'infanterie légère, du 105e de ligne, et du 7e régiment de chasseurs, et que vous vous rendiez avec cette division à Alençon, où vous attendrez de nouveaux ordres.
Les généraux de brigade Lapisse et Lamarque seront attachés à cette division.
J'écris à M. le maréchal Augereau pour qu'il mette de suite sous votre commandement les trois premiers bataillons du 16e régiment d'infanterie légère, les deux premiers bataillons du 105e régiment, et les trois premiers escadrons du 7e régiment de chasseurs, qui font partie de l'armée de Brest.
Donnez l'ordre à ces troupes de se mettre en mouvement le 15 fructidor pour se diriger, conformément aux ordres de route ci-joints, sur Alençon.
Pour éviter l'encombrement en route, le 16e régiment partant de Brest et le 105e partant de Quimper se dirigeront par le Morbihan et conserveront dans leur marche deux journées de distance, et le 7e régiment se dirigera par le département des Côtes-du-Nord.
Vous partirez avec l'un de ces régiments, et vous confierez la conduite des autres aux généraux Lapisse et Lamarque.
L'intention expresse de Sa Majesté est que vous preniez toutes les mesures possibles pour prévenir la désertion en route; faites exercer la plus active surveillance, donnez les instructions les plus précises aux généraux Lapisse et Lamarque ainsi qu'aux colonels de ces régiments, et ne négligez aucun moyen pour remplir à cet égard les intentions de Sa Majesté.
Le 4e bataillon du 16e régiment d'infanterie légère et le 3e bataillon du 105e régiment sont à Belle-Isle; je donne des ordres pour les faire relever et les faire diriger sur Alençon, où ils arriveront le cinquième jour complémentaire et le 1er vendémiaire, ainsi que l'indique l'extrait de route ci-joint.
A l'égard du 4e escadron et du dépôt du 7e régiment de chasseurs, qui sont à Quimper, adressez-leur l'ordre d'en partir le 18 fructidor, suivant l'ordre de route que je joins également ici.
Je préviens de ces dispositions M. le maréchal Augereau, commandant en chef le corps d'Irlande, et les généraux commandants les 13e et 14e divisions militaires.
Instruisez-moi de la formation de votre division et de son départ. Ayez soin que les corps soient précédés par un officier chargé de veiller à ce que le service· soit assuré dans toutes ses parties.
Arrivé à Alençon, vous déterminerez l'établissement provisoire de vos troupes de manière à ce qu'elles soient réunies autant qu'il sera possible, et que la discipline puisse être facilement maintenue. Vous vous entendrez à cet égard avec le général commandant les troupes dans le département de l'Orne. Faites cependant partir à l'avance un officier pour préparer vos cantonnements
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 149).

Le "Bulletin des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre le 5 Fructidor an XIII (Du 27 au 31 août 1805)" indique à la date du 6 Fructidor que les 1er, 2e et 3e Bataillons du 16e Léger (2200 hommes) quittent Brest le 15 Fructidor pour arriver à Alençon le 3e jour complémentaire, tandis que le 4e Bataillon (800 hommes) quitte Vannes le 24 Fructidor, pour arriver à Alençon le 5e jour complémentaire (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 443).

Le 29 août 1805 (11 fructidor an 13 - date supposée), Napoléon écrit depuis Pont-de-Briques au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Je vous ai déjà donné l'ordre de mettre en marche pour Alençon le 16e d'infanterie légère et le 105e de ligne, sous les ordres du général Desjardins. Mon intention est que vous donniez le même ordre aux deux bataillons du 44e de ligne, qui sont à Brest, ce qui achèvera de compléter la division du général Desjardins ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9158 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698). En annexe à cette lettre, il est indiqué : "... 7e corps, maréchal Augereau :
1re division, général Desjardin.
Infanterie légère : 4 bataillons du 16e, 105e de ligne, 44e de ligne ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698).

Parti de cette ville, le 2 septembre 1805, les trois premiers bataillons franchissent le Rhin à Huningue, le colonel à leur tête le 25 Octobre. Ils font désormais partie de la première brigade (Lapisse) de la 1ère division (Desjardins) du 7e Corps du maréchal Augereau, de la Grande Armée. Le régiment compte 2382 hommes et officiers.

Officier 16e Léger
Officier du 16e Léger

Le 27 Fructidor an 13 (14 septembre 1805), le Procureur général impérial près la cour de justice criminelle du département de l'Indre, Poyer, écrit, depuis Châteauroux, à Son Excellence le Ministre de la guerre : "La cour de cassation avait attribué, par forme de règlement de juges, à la cour près laquelle j'exerce mes fonctions, la connaissance d'une très grande affaire en matière de faux et contravention aux lois concernant la conscription, dans laquelle se trouvaient compromis le sieur S ..... , capitaine au 16e régiment d'infanterie légère, et le sieur P ..... , commissaire de police en la ville de Limoges, comme auteurs et complices de ces différents crimes ; j'ai cru devoir instruire Votre Excellence du résultat de ce procès, à raison de la qualité du sieur S .... , l'arrêt rendu, ce matin, n'a point trompé ce que j'en présageais depuis longtemps : malgré le nombre et la force des preuves, les deux accusés ont été complètement acquittés.
Quoique les motifs adoptés par les juges indiquassent des délits prévus par l'article 32 de la loi du 22 septembre 1791, et l'acte d'accusation des délits prévus par les articles 2 et 4 de celle du 24 brumaire an VI, la cour, tout en reconnaissant que les délits sont du ressort de la police correctionnelle, a refusé d'y renvoyer les coupables sous le prétexte que sa mission était remplie, ayant prononcé sur les délits de faux. Cependant, j'ai réclamé immédiatement après le prononcé de l'arrêt, et l'on m'en a donné acte; cependant encore, j'en avais fait un des objets de ma plaidoirie et de mes conclusions.
La conduite tenue devant nous par les accusés et leur défenseur, quoique beaucoup plus décente que celle tenue à Limoges, d'où l'affaire nous a été renvoyée, avait cependant un air d'intrigue et d'hypocrisie qui préludait, d'une manière désavantageuse pour les intérêts de la justice et du gouvernement, cette décision.
On a eu, tout le temps de la durée de la réclusion des accusés, malgré mes représentations, un tel degré de complaisance pour eux qu'ils se seraient échappés cent fois, ou du moins on peut le croire, s'ils n'avaient été sûrs d'avance de l'heureux événement qui vient de les remettre en liberté ; et cette complaisance était si grande que, pour en prévenir les effets, j'ai cru devoir requérir de la mairie le secours de deux plantons pendant la durée des débats.
Il est encore à présumer qu'on aura reçu bien des lettres qui n'auront pas peu contribué à amener cet événement. Si j'en juge par les recommandations que j'ai reçues moi-même, dont je puis justifier; et à raison de quelques-unes desquelles je me suis vu dans la nécessité d'écrire à M. le Procureur général impérial de la cour de cassation, pour en savoir s'il était vrai qu'il se fût repenti d'avoir obtenu l'arrêt du 13 brumaire dernier, ainsi qu'on le répandait à dessein et qu'on l'avait écrit en cette ville.
Je ne présenterais pas ces détails à Votre Excellence, Monseigneur, si toute l'instruction et même les renseignements fournis par les débats ne m'avaient intimement convaincu de la réalité des crimes imputés à S …. et P ..... Le président de notre cour en a la même conviction que moi ; il en a même écrit à S. E. Monseigneur le grand-juge, et nous regrettons autant l'un que l'autre de n'avoir pu mieux remplir les vues d'intégrité qu'exigeait un procès d'une aussi haute importance, surtout dans les circonstances actuelles.
Ce qui me rend plus sensible encore l'intention qui a dicté les erreurs de cette décision, c'est que la cour ayant ordonné, mercredi dernier, un délibéré pour être prononcé le jeudi, à 10 heures du matin, et s'étant réunie l'après-midi assez tard, sa décision était connue le soir, selon que me l'avait dit notre greffier et plusieurs autres personnes, du public et particulièrement des accusés à qui l'on avait fait dire de dormir tranquillement, quoiqu'elle ne dût être lue qu'à l'audience du lendemain.
Autre circonstance : c'est que la lecture en a été suivie d'applaudissements indécents que je n'ai pu m'empêcher de regarder comme l'expression d'un parti triomphant, et contre lesquels je me suis empressé de rn 'élever avec force.
Autre circonstance :·c'est que, quelques jours avant l'ouverture des débats, il s'était dit une messe du Saint-Esprit à laquelle avaient été invitées et avaient assisté toutes les dévotes du pays, pour éclairer la conscience des juges, a-t-on dit.
Autre circonstance : c'est que la nuit d'après la prononciation de l'arrêt, on a donné des sérénades à tous les juges qui y ont concouru. En rapprochant ces différentes circonstances, votre justice, Monseigneur, pourra se faire une idée de l'opinion publique en cette ville.
J'ose vous protester que M. le président et moi, nous avons fait tout ce qui était humainement possible pour le triomphe de la vérité, mais le même plan de défense a existé ici qu'à Limoges et y a eu le même succès qu'il y aurait eu si l'affaire y fût restée : ici comme là, on a répandu le plus grand doute et la plus grande défaveur sur la confiance que méritaient les témoins les plus intéressants et les plus marquants, tels que les gendarmes, leur chef d'escadron, le général et les malheureuses victimes des manœuvres des accusés ; malheureusement, les juges y ont cru.
On a, de plus, dit et imprimé impunément que c'était une action immorale et malhonnête que de dénoncer des déserteurs conscrits ; enfin, on a qualifié du même caractère et donné le nom de libelles aux exemplaires répandus dans le public de l'acte d'accusation et de l'arrêt de la cour de cassation, sans cependant les nommer positivement, mais en les désignant de façon qu'on ne pouvait s'y méprendre. Des réclamations ont été faites de ma part à ces différents égards, mais bien infructueusement.
Je ne me plains pas de tout cela par forme de dénonciation, ni pour exciter votre indignation, Monseigneur, mais pour vous démontrer que si vraiment le gouvernement tient à la conscription, comme tout le dit, il est instant qu'il daigne indiquer d'autres moyens de répression; dans l'état des choses, ceux qui existent ne peuvent suffire. Je fais tout ce que je puis pour les faire réussir, et cependant, j'oserai vous protester qu'en tout où l'on ne peut craindre l'œil réformateur de la cour de cassation, l'arbitraire fait de grands ravages : il est de fait que les tribunaux de police correctionnelle n'ont pas assez de caractère pour être adjoints aux cours criminelles dans la décision d'aussi grands intérêts.
Dans le cours des débats, je me suis efforcé de démontrer et poursuivre le crime dans tous ses actes et tous ses replis ; daignez me permettre de vous communiquer la supplique que j'ai présentée sur cela à S. E. le grand-juge, et même l'appuyer de votre protection toute puissante si votre justice estime qu'elle soit bien fondée; ainsi m'y exprimai-je :
« Pour vous justifier, Monseigneur, de ma conduite et de celle de M. le Président, j'ose vous supplier de me permettre de vous adresser une copie de l'arrêt de notre cour et de mon plaidoyer, qui est l'extrait fort exact de toutes les pièces de la procédure. Je n'y ai rien dit qui ne soit absolument conforme à l'instruction et à ce qui s'est passé aux débats; en les comparant les uns aux autres, votre religion pourra décider si nous avons des reproches à nous faire.
Je souhaiterais même, si je l'osais dire, qu'il plût à Votre Excellence de m'ordonner de lui transmettre aussi toutes les pièces du procès pour son ample instruction. »
Je n'écris ainsi, Monseigneur, que parce que je crains que la décision de notre cour ne porte dans ce département un coup mortel à la conscription, et je ne le dirais pas si je n'étais convaincu qu'elle est pleine d'erreurs
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 700).

Le Général de Division Georges-Joseph Dufour, commandant la 21e Division militaire, et l'un des commandants de la Légion d'honneur, écrit alors à Son Excellence le Ministre de la guerre, depuis son Quartier général, à Bourges, le 29 Fructidor an 13 (16 septembre 1805) : "Monseigneur,
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que la fameuse affaire relative à la conscription, qui avait été renvoyée à la cour criminelle de Châteauroux, a été jugée le 26 du courant. Votre Excellence se rappellera que je lui ai rendu compte, dans le temps, des détails de cette affaire, qui avait établi une grande mésintelligence entre le général Espagne et le préfet de Limoges, et de telles intrigues que la cour de cassation en avait dessaisi celle de Limoges et l'avait renvoyée à Châteauroux.
Les accusés P ..... , commissaire de police, et S ..... , capitaine du recrutement, ont été acquittés et mis sur-le-champ en liberté, malgré les conclusions du procureur général impérial, qui tendaient à les condamner à vingt ans de fers et à la marque. Dès que le jugement a été prononcé, la salle a retenti d'applaudissements, la populace a accompagné les accusés avec des démonstrations d'une joie effrénée, des sérénades ont été données au président de la cour, aux défenseurs et aux accusés.
Je m'abstiens de toute réflexion à cet égard, puisque la justice a prononcé, mais les conclusions du procureur général et le jugement sont trop contradictoires pour ne pas exciter la surprise de toute personne impartiale
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 704).

Le 28 septembre 1805 (6 vendémiaire an 14), Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites partir 150 hommes du 88e sous les ordres d'un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant. Ils prendront quatre jours de vivres, 50 cartouches, deux paires de souliers dans le havresac, et se rendront à marches forcées sur Heilbronn, en passant par Rastadt et Bretten. Ils joindront leur régiment à Heilbronn.
Donnez le même ordre à 150 hommes du 16e d'infanterie légère, sous le commandement d'un capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant ...
Enfin, donnez l'ordre à tous les 3es bataillons qui, depuis la formation de la Grande Armée, n'ont pas eu ordre d'envoyer des détachements aux bataillons de guerre de faire partir 100 hommes et plus pour lesdits bataillons, en recommandant aux majors de chercher à compléter les 2es bataillons de guerre au grand complet, qui est de 2020 hommes. La route de l'armée est désormais Spire, Heilbronn, etc. Vous ferez donc diriger tout sur Spire, hormis les détachements des 88e, 16e d'infanterie légère et du 18e de ligne qui devront partir demain ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 355; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10883).

Le 30 septembre 1805 (8 vendémiaire an 14), Napoléon écrit depuis Strasbourg, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Je désire savoir si vous avez donné des ordres aux 5e et 4e bataillons des 16e légère, 44e , 105e, 7e légère, 24e et 63e de se rendre à leurs corps.
Vous me ferez connaître le jour où ils y arriveront ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10903).

II/ AUSTERLITZ ET LA CAMPAGNE CONTRE LA PRUSSE ET LA RUSSIE 1805-1807
Chasseur 16e Léger 1806
Fig. 3 : Chasseur du 16e Léger vers la fin 1806.

Le 7e Corps intervient peu dans les derniers mois de 1805.

Ulm capitule avec toute l'armée autrichienne du général Mack le 20 Octobre. Tandis que Murat poursuit l'armée russe qui reflue devant la nouvelle.

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
7e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de brumaire an XIV.
(Ce corps d'armée a passé le Rhin du 1er au 4 brumaire an XIV (23-26 octobre 1805).
1re division.
16e légère, 3 Bataillons, 2382 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

La "Situation approximative des troupes composant le 7e corps de la Grande Armée, à l'époque du 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805)" indique, pour la 1re Division commandée par le Général Desjardins : 16e Régiment d'infanterie légère. 87 Officiers, 1969 hommes présents, total 2056. 229 hommes aux hôpitaux, 11 détenus par jugement, total 240 ; total général 2296 (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 770).

Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
7e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Maréchal Augereau.
1re Division du 7e Corps.
Général de Division. DESJARDINS.
16e Légère (4 Bataillons);
44e de Ligne (2 Bataillons);
105e de Ligne (3 Bataillons).

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

Vienne tombe le 13 Novembre.

Après la capitulation du général autrichien JELLACHICH à Dornbird, le 15 novembre, le 7ème corps occupe Ulm et le 16ème rejoint les environs de Francfort.

En Décembre, le dépôt du régiment est porté sur le Rhin à Neuf Brisach tandis que le 4e bataillon est dans une réserve aux ordres du général Puthod.

Tandis que se déroule la victoire d'Austerlitz, le 16e Léger est toujours dans ses positions, où il cantonne jusqu'au mois d'octobre 1806.

Le 24 janvier 1806, à Strasbourg, l'Empereur dicte une série d'ordres : "... Ordre au maréchal Kellermam de faire partir sur-le-champ pour Darmstadt 300 hommes de chacun des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère, 300 hommes du 44e, 300 du 63e et 200 du 105e, destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée.
Ordre de reformer le plus promptement possible la division du général Leval, de la porter à 8.000 hommes, d'y joindre 1.000 hommes de cavalerie et 12 pièces d'artillerie approvisionnées. N'y mettre personne des 100e, 103e, 105e, 63e et 44e, ni des 7e et 16e légères ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 266).

Toujours le 24 janvier 1806, l'Empereur ordonne : "... Ordre au maréchal Kellermann d'envoyer au 7e corps, savoir :
200 hommes des 7e, 16e et 24e régiments d'infanterie légère et (lacune par suite d’une déchirure), 300 hommes des 44e et 63e, pour renforcer les bataillons de guerre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 267 - Note. Minute. Répétition des ordres énoncés dans la pièce précédente).

Le même 24 janvier 1806, l'Empereur écrit depuis Strasbourg au Maréchal Kellermann, commandant du 3e Corps de Réserve sur le Rhin : "Mon Cousin, faites partir sur-le-champ pour Darmstadt 200 hommes de chacun des 7e et 16e régiments d'infanterie légère ... Ces hommes sont destinés à renforcer les bataillons de guerre du 7e corps de la Grande Armée. Vous n'avez pas reçu ordre de dissoudre la division du général Leval, et cela n'était pas dans mon intention. Reformez cette division le plus promptement possible. N'y mettez personne ... des 16e et 7e d'infanterie légère ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9704 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11328).

Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
...
7e corps du maréchal Augereau
26e division militaire
Neuf-Brisach 16e légère Mayence ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).

Le 11 juillet 1806, l'Empereur ecrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 16e [d'infanterie légère fera partir un détachement de] 50 [hommes] …
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).

Le 17 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Rapp, commandant la Ve Division Militaire à Strasbourg : "… Je n'ai point, dans les situations que vous m'avez envoyées, celles des compagnies de grenadiers des 3es et 4e bataillons. Envoyez-moi cette situation, que je désire avoir.
Quelle serait, par exemple, la force d'un bataillon de six compagnies qui serait formé des compagnies des 3e, 4e, 18e, 57e et 88e régiments de ligne, qui sont à leurs 3es bataillons, et d'un autre bataillon qui serait formé avec les compagnies de carabiniers des 7e, 10e, 16e et 24e légers, qui se trouvent à leurs 3es bataillons au dépôt ? Faites-moi connaître aussi la situation des voltigeurs
" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10802 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12967).

Pour la campagne de Prusse de 1806, toujours au 7ème corps, brigade Lapisse, division Desjardins, le 14 octobre, à Iéna, le 16ème se porte avec sa brigade en avant du plateau au-dessus de la ville. Au cours de cette journée, le 16ème prend 17 pièces de canons mais perd 5 officiers et 31 sous-officiers et soldats. Harispe est blessé à la jambe.

"5e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE. Iena, 15 octobre 1806. La bataille d'Iena a lavé l'affront de Rosbach, et décidé, en sept jours, une campagne qui a entièrement calmé cette frénésie guerrière qui s'était emparée des têtes prussiennes. … nous n'avons à regretter, ... parmi les colonels morts, ... Harispe, du 16e d'infanterie légère …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 40 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 33 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11009).

Après être passé par Weimar, le 7e corps marche sur Berlin où il entre le 27 Octobre avec l'Empereur.

Le 29, Napoléon passe en revue le 7e Corps :
"Votre corps, est plus fort que tout ce qui reste au roi de Prusse, et vous ne composez pas le dixième de mon armée."

Le 31 octobre 1806, l'Empereur écrit, depuis Berlin, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "… Le 16e régiment d'infanterie légère sera réparti dans les villages qui sont sur la route de Küstrin et de Stettin …" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11124 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13387)

Après avoir entièrement défait l'armée prussienne et avoir eu une période de repos, l'Armée et le 7e Corps se portent sur la Vistule au-devant des Russes. Le Corps quitte Berlin le 6 Novembre.

Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 3e Bataillon doit comprendre 1 Compagnie du 24e de Ligne, 1 du 44e, 1 du 63e, 1 du 105e, 1 du 7e d'infanterie légère, 1 du 16e, total : 840 hommes.

Dirigé sur Custrin et Landsberg puis sur Bromberg, le 16 Novembre le 7e Corps était à Kutno. Au commencement de Décembre, le 7e Corps est à Utrata en face de Modlin et passe la Vistule.

Le 13 décembre 1806, à 2h30 du matin, Murat écrit, depuis Varsovie, à Napoléon :" … Le maréchal Augereau m annonce qu'il a déjà le 16e régiment d’infanterie légère établi sur la rive droite de la Vistule et qu'il travaille à force à y établir sa tête de pont. Demain il y fera passer un autre régiment avec de l'artillerie. Ses troupes sont déjà liées avec celles du maréchal Davout …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 43, lettre 2762).

Composition du 7e Corps du Maréchal Augereau au 15 décembre :
1ère Division, Général Desjardins : 16e Léger (3 Bataillons), 14e, 44e et 105e de Ligne, 9 Bataillons, 12 pièces, 6026 hommes.
2e Division Heudelet : 7e Léger, 24e et 63e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 6184 hommes.
Parc d’Artillerie, Génie, Gendarmerie : 12 pièces, 373 hommes.
Cavalerie légère, Général Durosnel : 7e et 20e Chasseurs, 6 Escadrons, 1441 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).

Le 25 Décembre, le dégel transforme le sol en boue marécageuse. Le régiment s'illustre au passage de la Wkra. Le 45e Bulletin de la Grande Armée, daté de Paluki, le 27 décembre 1806, raconte : "PASSAGE DE LA WKRA. Au même moment, le général Nansouty, avec la division Klein et une brigade de cavalerie légère, culbutait en avant de Kolozomb les Cosaques et la cavalerie ennemie qui avaient passé la Wkra sur ce point, et traversait là cette rivière. Le 7c corps d'armée, que commande le maréchal Augereau, effectuait son passage de la Wkra à Kolozomb, et culbutait les 15,000 hommes qui la défendaient. Le passage du pont fut brillant. Le 14e de ligne l'exécuta en colonnes serrées, pendant que le 16e d'infanterie légère établissait une vive fusillade sur la rive droite. A peine le 14e eut-il débouché du pont, qu'il essuya une charge de cavalerie qu'il soutint avec l'intrépidité ordinaire à l'infanterie française ; mais un malheureux lancier pénétra jusqu'à la tête du régiment, et vint percer d'un coup de lance le colonel Savary, qui tomba roide mort. C'était un brave soldat ; il était digne de commander à un si brave corps. Le feu à bout portant qu'exécuta son régiment, et qui mit la cavalerie ennemie dans le plus grand désordre, fut le premier des honneurs rendus à sa mémoire …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 132 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 101 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11511).

Puis, le 26 Décembre, Augereau atteint Golymin et s'en empare. Les Russes abandonnent leur artillerie et leurs bagages. Le 47e Bulletin de la Grande armée raconte : "... Le général de brigade Lapisse, avec le 16e d'infanterie légère, enlevait à la baïonnette un village qui servait de point d'appui à l'ennemi. La division Heudelet se déployait et marchait à lui. A trois heures après midi, le feu était des plus chauds. Le grand-duc de Berg fit exécuter avec le plus grand succès plusieurs charges, dans lesquelles la division de dragons Klein se distingua. Cependant, la nuit arrivant trop tôt, le combat continua jusqu'à onze heures du soir. L'ennemi fit sa retraite en désordre, laissant son artillerie, ses bagages, presque tous ses sacs, et beaucoup de morts. Toutes les colonnes ennemies se retirèrent sur Ostrolenka. … Maître d'une grande partie de l'artillerie ennemie, de toutes les positions ennemies, ayant repoussé l'ennemi à plus de quarante lieues, l'Empereur a mis son armée en quartiers d'hiver." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 140 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 108 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11521). Le régiment a des pertes.

L'état des routes oblige l'Armée française à prendre ses quartiers d'Hiver sur la Vistule. On manque de tout.

III/ LA CAMPAGNE DE 1807

Le 12 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez l'ordre qu'il soit distribué, dans la journée du 15, 1 500 capotes toutes faites du magasin de Varsovie au corps du maréchal Augereau, savoir :
300 au 16e d'infanterie légère ...
... Donnez l'ordre au maréchal Augereau de faire en sorte que les officiers d'habillement de ces corps soient rendus le 15 à Varsovie, et que ces capotes soient délivrées sans retard aux hommes de ces différents corps qui n'en auraient point
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 868 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14024).

En Janvier 1807 une compagnie de carabiniers et une compagnie de voltigeurs du régiment sont détachés au 6e régiment, 11e bataillon de la division des grenadiers réunis d'Oudinot.

Le 7 Février 1807, les Français viennent de s'emparer d'Eylau. Le 8 Février, vers 10 heures les divisions Heudelet et Desjardins (dont le 16e Léger) du 7e Corps sont rangées sur deux lignes entre le village de Rothenen et le cimetière d'Eylau, puis se déploient en bataille. Sous des rafales de neige, les deux divisions s'égarent et s'éloignent du corps de Soult qui devait les soutenir. Les Russes démasquent alors une batterie de 72 pièces qui tirent à mitraille et à boulets : c'est l'hécatombe. Les deux divisions sont exterminées, les deux divisionnaires sont atteints. Augereau lui-même est blessé. 35 officiers du 16e Léger sont mis hors de combat ainsi que la moitié de l'effectif. La bataille, même si les Français sont finalement restés maîtres du terrain, a été une boucherie.

Le 10 Février un nouveau colonel est nommé à la tête du régiment : de Jean Pierre Dellard.

Etats de service du colonel Jean Pierre Dellard avant sa prise de commandement
Originaire de Cahors en 1774, il commence sa carrière militaire dans une compagnie franche du Lot en Août 92, puis devient lieutenant dans le 23e bataillon de volontaires de la Réserve le 1er Octobre 92.
Sert aux armées du Nord et de Hollande en 1793. Se signale à la bataille de Tourcoing en 1794.
Passé à la 36e DB de Ligne en 1796. Sert à l'Armée de Sambre et Meuse en 1796-1797, puis à l'armée d'Helvétie en 1798-1799. S'illustre en passant la Linth à la nage avec un groupe de volontaires en Septembre 1799. Il est nommé alors chef de bataillon à titre provisoire sur le champs de bataille ; mais son grade n'est pas ratifié. En 1800, de nouveau fait chef de bataillon par Moreau à l'armée du Rhin où il sert brillamment à Stockach et divers autres combats. Mais son grade n'est confirmé qu'en 1801 pour prendre rang en septembre 1799.
Major du 40e de Ligne en novembre 1803, il sert en Autriche pendant la campagne de 1805 puis au camp de Boulogne en 1806.

Sapeur 16e Léger 1807
Fig. 4 : Sapeur du 16e Léger vu par Kolbe.

Les 3 superbes bataillons de la fin 1806 ont été réduits à deux. Le 7e Corps d'Armée est dissout le 21 février 1807, et ses Régiments sont répartis ailleurs.

"L'Empereur ayant jugé convenable de dissoudre le corps d'armée, Son Altesse Sérénissime le prince major général a ordonné que le 7e régiment d'infanterie légère se rendrait à Hohenstein avec 8 pièces d'artillerie, afin de s'y réunir au 3e corps d'armée ; les 16e d'infanterie légère, 24e et 63e de ligne à Wormditt, afin de s'y réunir au 1er corps d'armée ; les 14e et 105e régiments d'infanterie, avec 8 pièces d'artillerie à Liebstadt, afin de s'y réunir au 4e corps d'armée ; enfin le 44e régiment à Osterode, pour s'y réunir au 10e corps. Le surplus de l'artillerie des divisions s'est réuni au parc d'artillerie de réserve, qui s'est mis en marche le même jour pour rejoindre le grand parc de l'armée" (Journal des opérations du 7e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 224).

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Duroc : "… Le 7e corps ayant été dissous, vous trouverez ci-joint les notes des corps auxquels ont été donnés les régiments, savoir : les 16e léger, 63e et 24e de ligne, au 1er corps ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11951 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14502).

Le 6 mars 1807 encore, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Dau, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
... 16e léger ...
Dépôts à Schwetz ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

Le 16e Léger se retrouve donc au 1er Corps d'Armée de Bernadotte. Cela va lui permettre de se remplumer un peu.

Le 17 mars 1807, Napoléon écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, vous avez donné beaucoup plus de souliers qu'il n'en fallait au 16e d'infanterie légère. Ce régiment n'a que deux bataillons très faibles à l'armée ; il faudra ensuite en donner aux hommes qui sortiront des hôpitaux" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14696).

Quelques jours plus tard, "Blâmé d'avoir fait donner 1,500 paires de souliers au 16e d'infanterie légère qui n'a que deux bataillons très-faibles à l'armée, l'intendant général Daru remet à l'Empereur, comme justification, une note de l'officier payeur du corps qui porte à 2,390 hommes l'effectif de ce régiment". Ce à quoi l'Empereur répond, depuis Osterode, le 21 mars 1807 : "Cet état est ridicule; ce régiment n'a que 1,200 hommes présents sous les armes; et cependant le payeur ne ment pas, puisqu'il parle de l'effectif" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12109).

Le 20 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande ARMÉE : "… Les trois bataillons du 7e régiment d'infanterie légère qui sont à l'armée seront réduits à deux bataillons. Tous les soldats appartenant au 3e bataillon seront incorporés dans les deux premiers. Le reste du 3e bataillon retournera joindre le 4e bataillon, même chose pour le 16e léger ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 956 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14758).

Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
16e légère 65
[Pour les grenadiers] 47 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).

Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 16e ... d'infanterie légère ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).

Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Infanterie légère
Numéros des Régiments, et noms des Colonels
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres
Numéro des Bataillons
Emplacement, et conscription de l'an 1807
Division Militaire
16e Dellard

Mayot
Jouardet
Laborey
Obert
Darricau
Bouyé

Major
1er
2e
3e
4e
Quartier-maître





A Neuf-Brisach
Conscrits de la Haute-Vienne, de Parme, des Hautes-Alpes, de l'Isère, de la Doire et de la Drôme


2e Division, 1er Corps
2e Division, 1er Corps
2e Division, 1er Corps
5e

Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, vous aurez probablement reçu les ordres du ministre de la Guerre qui vous auront fait connaître que je renvoyais en France le cadre des 3es bataillons des 16e, 7e et 25e d’infanterie légère et du 24e de ligne. Vous reformerez ces cadres pour former les dépôts de ces régiments et vous ferez partir les 4es bataillons bien armés. S’ils ont des draps, vous les ferez partir tout habillés. S'ils n'ont pas d'habits, vous les ferez partir sans être habillés, et vous les dirigerez sur Berlin où on les habillera. Le principal est qu'ils soient parfaitement armés. Ainsi je compte que le lendemain de la réception de la présente lettre, vous ferez partir les 4es bataillons des 16e, 7e et 25e légère, du 24e de ligne et le 3e bataillon du 21e de ligne. Chaque bataillon, fort de 1200 hommes, habillés ou non, en ayant soin de m'envoyer l'état de ce qui manque à chaque bataillon" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15376).

Le même 21 avril 1807, l'Empereur adresse, depuis Finkenstein, une autre lettre au Maréchal Kellermann : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes.
... du 16e d'infanterie légère 800 ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).

Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 16e légère ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).

Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Lapisse.
Le 16e d'Infanterie légère, campé en avant de Deutschendorf (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère.
... INFANTERIE LEGERE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 16e 300 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
... 2e Division : Général Lapisse. Quartier général à Mühlhausen.
16e Régiment d'infanterie légère. 1702 hommes.
45e Régiment de Ligne 1648 »
8e Régiment de Ligne 1537 »
54e Régiment de Ligne 1728 »
Total 6665 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).

Il faut de nouveau faire face aux Russes et leurs auxiliaires prussiens. Bernadotte blessé le 5 Juin à Spanden est remplacé dans son commandement par Victor. La manœuvre de l'Empereur se déploie. A Heilsberg, le 10 Juin, Murat lance des charges folles de cavalerie, qui auraient pu être désastreuses, mais l'ennemi se retire. L'Armée française se retrouve devant Friedland, le 14 Juin 1807, jour anniversaire de Marengo. Les Russes vont se trouver pris dans une nasse, l'Alle dans leur dos. Le 1er Corps gardé longtemps en réserve a donné partiellement. Le 16e Léger n'a qu'un officier blessé : le sous- lieutenant Destouches.

En Juin 1807, 60 Carabiniers et 73 voltigeurs du régiment sont toujours détachés au 1er régiment de la Division Oudinot.

Le 16e Léger tient garnison pour la 2ème fois à Berlin à partir d'Août 1807 jusqu'au début 1808. C'est là que Kolbe dessinera ses uniformes remis à neuf dans le fameux manuscrit dit "d'Otto de Bade" montrant des troupes impériales en 1806-1807.

Extrait des Mémoires militaires du Général Baron Dellard

Nommé colonel du 16e Léger, le colonel Dellard rejoint ses troupes le 21 Avril 1807. Son unité lui fait grosse impression.
"Sa composition en hommes était excellente et son esprit encore plus précieux. Les pertes énormes qu'il avait faites à Iena et à Eylau où il avait laissé plus de 1000 soldats et 50 officiers, l'avaient plutôt enorgueilli qu'affecté et il en conservait un glorieux souvenir. Je pouvais me flatter d'avoir un des meilleurs régiments de l'armée".

Après Tilsitt, le régiment tiendra garnison à Berlin et ses environs.
"Mes trois bataillons comptaient 800 hommes dont la majeure partie était d'anciens soldats ayant fait 10 à 15 campagnes. Mes 6 compagnies d'élite étaient surtout remarquables par leur taille et leur attitude martiale. Mais mon régiment, tout excellent qu'il était pour la guerre, laissait beaucoup à désirer au niveau de l'instruction ... ".

Dellard fera donc reprendre les bases des manœuvres et du maniement d'arme à ses sous-officiers en donnant lui même l'exemple. Il s'intéressera aussi à la tenue de ses hommes.
"Je profitais de ce séjour pour inspecter toutes les parties de l'habillement et constater les besoins. Aussitôt que les états de perte furent dressés, je les fis partir pour le dépôt, afin que les effets qui m'étaient nécessaires pour restaurer et renouveler notre enveloppe fussent promptement expédiés. Un officier partit pour Berlin avec l'ordre et les moyens pour faire confectionner tous les objets et agréments qui nous manquaient, tels qu'épaulettes, plumets, dragonnes, cors de chasse, cordons de schakos, grenades, etc ...".

Le 16 octobre 1807, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre que le détachement de 69 hommes du 16e léger qui fait partie du bataillon de garnison de Minden rejoigne son corps pour être incorporé dans le bataillon de guerre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1354 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16540).

Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
Les trois bataillons du 13e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 6e, 7e, 9e, 10e, 13e, 16e, 17e, 21e, 24e, 26e, 27e et 28e régiments d'infanterie légère ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).

Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
... 2e bataillon : une compagnie de 150 hommes du 16e régiment d'infanterie légère, une du 17e, une du 21e et une du 24e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).

Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire ...
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
... 2e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 16e
une du 17e
une du 21e
une du 24e
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).

- Inspection du Dépôt du 16e Régiment d'Infanterie Légère à Brisach par le Général Schauenburg, 28 janvier 1808

"Dépôt du 16e Régiment d’Infanterie Légère. Revue passée à Brisach le 28 janvier 1808.
Espèce d’hommes. Belle.
Habillement. Bien.
Equipement. Idem.
Armement. Idem.
Tenue. Idem.
Discipline. Idem.
Maniement d’armes. Idem.
Manœuvres. Idem.
Retenue. Point.
Ordinaire. Bon.
Pain. Passable.
Casernes et fournitures. Bonnes.
Conscrits. - .
Registres. Ne sont pas tenus avec tous les soins possibles.
Résumé.
Je n’ai qu’à me louer du zèle que j’ai remarqué dans mes différentes revues de M. le Major Moyau, j’ai même été dans le cas de remarquer une très grande volonté de faire le bien, mais je n’affirmerai point sa fermeté ; son Dépôt est très bien tenu, son instruction et sa discipline est solide j’en ai été satisfait pour le petit nombre d’hommes que j’ai pu réunir, le Chef de Bataillon Ghoneser m’a paru mériter la note du Major ainsi que l’Adjudant-major Bruant. Quant au Quartier-maitre Bonyé, je ne partage pas l’opinion du Major à son égard d’après les remarques faites par l’ordre ci-après.
Quant aux autres notes il m’est impossible de les confirmer en bien ou en mal, vu le peu d’hommes présents par les infirmités des uns et prétextes des autres pour ne pas être examinés.
Ordre.
Le Général de division Inspecteur général d’Infanterie ayant examiné les registres de comptabilité en deniers et effets du 16e Régiment d’Infanterie Légère, et les ayant trouvés arrêtés par l’Inspecteur aux revues, les a arrêtés définitivement pour l’an 13.
Le journal du Quartier-maitre n’est pas tenu avec tous les soins possibles, les dates sont transposées et cette irrégularité ne prouve point l’ordre qu’exige la comptabilité.
Les dépenses pour réparations à l’armement montant à 1120 frs 86 c. et celles des frais de bureau montant à 3277 frs 43 c. sont considérables. Le conseil d’administration doit porter tous ses soins sur cette nature de dépense.
L’Inspecteur général recommande au commandant du Dépôt et aux membres du conseil de veiller avec la plus grande exactitude sur toutes les parties de l’administration et de mettre la plus grande économie dans l’emploi des fonds
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le Général Schauenburg adresse au Ministre Dejean et Lacuée, et au Ministre de la Guerre le résultat de sa revue le 21 février 1808; le résultat de la Revue est également adressé au Corps le 21 février 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
1er Corps de la Grande Armée. — ... Le 16e d'infanterie légère, n'ayant que 2500 hommes à l'effectif, ne gardera que trois bataillons ou dix-huit compagnies, et renverra les cadres des autres compagnies ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
1er corps
... 16e légère 100 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).

Le 21 avril 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, à M. Daru, Intendant général de la Grande Armée, à Berlin : "Monsieur Daru ...
J'attends la situation des caissons d'ambulance que doit avoir chaque corps ... les 5e, 7e et 16e légers n'ont pas eu leur première mise ; il faut la leur faire donner, et qu'ils se procurent leurs caissons d'ambulance. Je ne suis point de l'avis de former un bataillon uniquement destiné au service de l'ambulance. Il faut qu'il y ait, sur les trente-quatre caissons de chaque compagnie, quatre caissons pour le pain et quatre caissons pour l'ambulance. Vous savez vous-même que, le lendemain d'une bataille, on est obligé de se servir des caissons du pain pour évacuer les malades, et vice versa. Mais il semble que chaque division d'infanterie a déjà ses quatre caissons d'ambulance appartenant aux régiments, et quatre caissons pris dans ceux des transports militaires qui lui sont attachés ; elle en a alors suffisamment …
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13770 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17668).

Le 16 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, à Lacépède, Grand Chancelier de la Légion d'Honneur : "Je reçois votre rapport du 11 relatif au sieur Gautier, chasseur au 16e d'infanterie légère. Je ne doute pas qu'il ne tienne ce qu'il vous a promis. Renvoyez-le à son corps, où j'espère qu'il méritera bientôt de l'avancement. Ecrivez dans ce sens au colonel" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13903 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17939). Gautier, décoré de la Légion d'Honneur, avait été convoqué à Paris en raison de sa conduite scandaleuse à Berlin. Le Colonel Jean-Pierre Dellard n'évoue toutefois pas cette affaire dans ses Mémoires militaires.

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 16e id. de Neuf-Brisach sur Mâcon ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le 23 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre état de situation du corps du général Oudinot. Je vois qu'il est à un effectif de 7.500 hommes, ce qui, avec les 1.200 hommes qu'il va recevoir, formera un effectif de près de 9.000 hommes mais il n'y a que 49 compagnies qui reçoivent un renfort de 25 hommes, ce qui fait le nombre de 1.200. Il y a 39 autres compagnies qui ne reçoivent rien. Présentez-moi un projet pour que 34 de ces compagnies reçoivent également 25 hommes, et pour que les cinq autres, c'est-à-dire celles des 32e, 34e, 16e légère, 24e et 25e de ligne, qui sont à la suite, soient incorporées dans les compagnies de la division où elles sont le plus nécessaires, de sorte que l'on n'entendra plus parler de compagnies supplémentaires. Alors l'effectif sera de 11.000 hommes qui, partagés en 85 compagnies, feront un effectif de 130 hommes par compagnie. Il manquera donc 850 hommes pour les porter au complet de 140 hommes. Ces 11.000 hommes, partagés en huit régiments, feront 1.300 hommes par régiment, ou, en seize bataillons, feront 600 à 700 hommes par bataillon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2210).

Le 29 août 1808, l'Empereur écrit au Général CLarke : "Monsieur le général Clarke, en lisant votre rapport du 30 mars dernier, je vois qu'il reste dix-neuf compagnies de grenadiers ou de carabiniers et dix-neuf compagnies de voltigeurs qui n'entrent dans aucuns cadres. Voici ce que je pense qu'il faudrait faire. Les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 24e, 32e et 34e de ligne et des 16e et 25e légères qui sont à la division Oudinot doivent être incorporées dans cette division. Les officiers, dans les compagnies où il en manque, les sergents de même et les soldats dans les compagnies les plus faibles. Procès-verbal de cette incorporation vous sera envoyé afin que vous fassiez faire les lettres de passe nécessaires pour les officiers qui changent de régiment. Par ce moyen les cinq compagnies seront diminuées ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2221).

Le 21 octobre 1808, l'Empereur, depuis Saint-Cloud, écrit à Eugène, Vice-Roi d'Italie : "Mon fils, vous ne m'envoyez jamais les états de mon armée italienne. Je vous ai dit bien des fois qu'il me faut ces états tous les dix jours. Envoyez-m'en un sans délai. Mon armée d’Italie doit être prête à entrer en campagne au mois de mars. Sa composition sera la suivante : ... 7e division
3e légère 4 bataillons
2e idem 4 bataillons
16e idem 2 bataillons
37e idem 3 bataillons
13 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19097).

Le 24 octobre 1808, à Saint-Cloud, à la question "Le 4e bataillon du 16e d'infanterie légère n'étant composé que de quatre compagnies de fusiliers, au lieu de six compagnies, dont quatre de fusiliers, une de voltigeurs et une de carabiniers, le ministre demande si ce bataillon devra être complété conformément à cette organisation", l'Empereur répond "Oui" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2402).

Le 28 novembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Aranda, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Du moment que j'ai reçu votre état, je l'ai lu avec le plus grand intérêt ; mais il est tellement fautif que je ne puis compter sur son exactitude. Il faut que vous le fassiez corriger et que vous me le renvoyiez, dans l'état où il est, il ne peut me servir ...
La colonne de l’armée du Rhin ne comprend que 17 corps qui auraient leurs compagnie de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot ; c'est encore une erreur ; il y en a un plus grand nombre. Le 4e de ligne ; le 18e le 24e, le 26e légère ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs au corps d'Oudinot. Le 4e, le 88e, le 64e, le 16e léger, le 17e, le 21e, le 28e léger également. Vous commettez une double erreur en portant ces régiments pour 2800 hommes parce que vous y comprenez les compagnies de grenadiers et de voltigeurs et que vous ne les portez pas à l'armée du Rhin. Cet état demande donc à être retouché ; aux petits changements près, que j'ai notés ci-dessus, la forme m'en paraît très belle
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19429).

IV/ LA GUERRE D'ESPAGNE DES BATAILLONS DU 16E LEGER : DES DEBUTS ENCOURAGEANTS

En Espagne, dès la fin 1807, sous prétexte de la campagne au Portugal, les troupes françaises organisées en divers Corps d'Observation avaient largement pénétré chez leur allié et s'étaient emparées des points stratégiques, tandis que la monarchie espagnole se déchirait dans des querelles familiales. Le peuple espagnol et l'armée subissaient cela en rongeant leur frein.

Le 10 janvier 1808, le Maréchal Moncey écrit, depuis Bayonne, au Général Dupont "… J'aurai la plus grande attention pour les personnes que vous me recommandez et j'espère beaucoup de leurs bons offices. Leur meilleur esprit, en cette occasion, doit consister dans l'esprit du silence.
Des détachements du 16e d'infanterie légère sont en effet sous mes ordres et si ceux à qui les aigles d'argent sont destinés, en font partie, à Victoria je m'empresserai de leur remettre les décorations que vous m'avez envoyées. Du moment de mon arrivée à Victoria je m'empresserai de vous en instruire
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 67).

Napoléon, croyant le pays mur pour un changement dynastique, força les souverains espagnols à l'abdication à Bayonne et décida de mettre son frère Joseph sur le trône, le 10 Mai. Dès que cela fut connu, des révoltes éclatèrent simultanément sur tout le territoire (en préambule, il y eut les fameux 2 et 3 Mai à Madrid) et l'armée espagnole prit les armes contre les occupants français. Napoléon pensait que la prise de possession du trône espagnol serait une promenade militaire. Cela allait durer 6 ans !

Dans une lettre datée de Madrid, le 21 mai 1808, le Général Grouchy écrit au Maréchal Moncey : "... J'ai à vous rendre compte, monsieur le maréchal, que j'ai prescrit que les dragons à pied et à cheval et que les hommes des bataillons stationnés à San-Francisco et à l'arsenal, de service dans la ville, eussent à venir défiler la parade sur le Prado tous les jours. Je n'ai pas cru devoir étendre cet ordre au service fourni par le bataillon du 16e de chasseurs, affecté à votre garde, avant d'avoir votre assentiment à cet égard. Je vous serai obligé de me faire connaître vos intentions" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 398 - Note : Grouchy semble parler du 16e Léger comme on peut le voir dans la lettre suivante).

Le 22 mai 1808, Grouchy écrit, de Madrid, au Maréchal Moncey : "... Vous n'avez pas répondu, monsieur le maréchal, au paragraphe de ma lettre dans lequel je demande si votre intention est que le service fourni par le détachement du 16e régiment d'infanterie légère défile journellement la parade. Je vous serai obligé de me le faire savoir ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 401).

Des détachements du Dépôt du 16e Léger en tous cas ont effectivement été envoyés au sein de Corps provisoire comme en témoigne la correspondance de Napoléon :
"Bayonne, 2 juillet 1808
A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée, à Bayonne
Envoyez l'ordre au général Cervoni, commandant la 8e division militaire, de faire partir sur-le-champ pour Perpignan une compagnie de 140 hommes, bien armés et bien habillés, de chacun des 1er et 62e de ligne et du 22e léger. Donnez l'ordre au général commandant la 18e division militaire de faire embarquer sur la Saône et sur le Rhône une compagnie du 16e léger de 140 hommes. Donnez ordre au général commandant à Lyon de faire embarquer sur le Rhône une compagnie du 24e de ligne de 140 hommes. Donnez ordre au commandant de la 7e division militaire de faire partir également une compagnie du 5e de ligne forte de 140 hommes. Ces six compagnies se réuniront à Perpignan, et formeront là un bataillon de 840 hommes. Vous enverrez un des chefs de bataillon à la suite pour commander ce bataillon.
... Vous appellerez le ... bataillon, 1er bataillon provisoire de Perpignan ...
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14150 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18462).

Le 8 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Reille, son Aide de camp, à Bellegarde : "... Le 1er bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 1er, 62e, 5e et 24e de ligne, et des 16e et 22e légers, formant 840 hommes, le 2e bataillon provisoire de Perpignan composé de six compagnies des 8e et 18e légers et des 23e, 60e, 79e et 81e de ligne, ces deux bataillons formant 1,600 hommes, doivent se trouver réunis du 20 au 22 à Perpignan. Ces deux bataillons arrivent de différents points. Chargez le commandant de la place de les former. Le major général a dû nommer les chefs de bataillon et adjudants-majors pour les commander ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14168 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18509).

Des pertes isolées sont donc comptées pour ces fractions du 16e Léger dès le mois de Juillet.

Tambour-major 16e Léger 1807
Fig. 5 : Tambour-major du 16e Léger en 1807-1808.

Devant la mauvaise tournure de la situation militaire, Napoléon décide de rétablir ses affaires en Espagne en rameutant ses forces du centre Europe. Dès le mois d'Août 1808, le 3e bataillon ayant été reconstitué, le 16e Léger fait marche vers la péninsule ibérique qu'il atteint fin Octobre.

Le 29 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 28 dans laquelle vous me faites part de différents détachements qui se rendent à Versailles, pour de là se diriger sur Bayonne. J'y remarque qu'un détachement du 16e d'infanterie légère part Mâcon pour Versailles. Il vaudrait mieux, ce me semble, que de Mâcon il se rendît directement à Bayonne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2226 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18785).

Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint deux états de situation relatifs à l'armée d'Espagne. Vous verrez que les 24 régiments qui composent la division Sébastiani, et les 1er et 6e corps qui se rendent en Espagne, ont besoin de 27 000 conscrits, pour être portés au grand complet. Ces 24 régiments, qui forment aujourd'hui un effectif de 68 000 hommes, formeront alors un effectif de 94 000 hommes.
Dans cet état, tous les régiments sont portés à 5 bataillons, parce que mon intention est de former les 5es bataillons pour tous les régiments qui sont en Espagne. ... 1er corps de la Grande Armée, qui désormais sera le 1er corps de l'armée d'Espagne.
... 2e division : le 16e d'infanterie légère recevra à Bayonne 210 hommes du bataillon de marche de Perpignan, auxquels vous donnerez l'ordre de se rendre à Bayonne, 100 hommes du dépôt, ce qui portera son effectif à 2 800 hommes. 200 conscrits seront dirigés sur Bayonne, 700 conscrits, sur le dépôt à Mâcon, pour le 4e bataillon et le dépôt. ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).

Le 19 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, des deux bataillons provisoires de Perpignan, il n'en sera formé qu’un.
En conséquence le 2e bataillon sera incorporé dans le 1er, et les deux compagnies du 24e de ligne et du 16e légère qui se trouvent dans le 1er bataillon se rendront de Perpignan ou de la Jonquière à Bayonne pour être incorporés dans leurs régiments ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2320; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18959).

En Novembre 1808, le 16ème Léger et ses 3 premiers bataillons (1739 hommes) fait partie du 1er corps de l'armée d'Espagne du maréchal Victor, brigade Maison , 2ème division Lapisse. Le 1er Corps, positionné à l'aile droite des forces françaises, est chargé de s'opposer à l'armée du général Blake en coopération avec le 4e Corps de Lefebvre.

Le 2 novembre 1808, Jourdan écrit, depuis Vittoria, à Victor : "… J'ai l'honneur de vous prévenir que M. le général Lapisse est arrivé aujourd'hui avec le 16e régiment d'infanterie légère et le 45e de ligne. La brigade de hussards n'est pas encore arrivée. J'ai également l'honneur de vous prévenir qu'on vous a envoyé aujourd'hui du biscuit à Murgnia. Si vous en avez besoin, vous pouvez le faire arriver jusqu'à vous" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 169).

Le 4 Novembre, Napoléon est à Tolosa, espérant écraser le centre des forces espagnoles et déborder leurs ailes. Au cours d'un combat de deux jours, le 1er Corps disperse l'armée de Blake. Le 10 novembre, le Général Maison, à la tête du 16ème, gravit les pentes d'Espinosa sous un tir plongeant. Il ramasse alors le fusil d'un soldat tué et lance au Colonel Dellard du 16e : " sacré nom de Dieu, colonel nous nous trouvons dans une foutue position !" et Dellard lui réplique "Et bien mon général aux grands maux les grands remèdes !" et il rameute son Régiment, fait battre la charge et aborde les Espagnols à la baionette, tandis que d'autres Brigades du 1er Corps repoussent aussi l'ennemi qui reflue en désordre. Dellard sera blessé d'une balle.

Le 5e Bulletin de l'Armée d'Espagne, daté de Burgos, le 16 novembre 1808, raconte : "Les destinées de l'armée d'Estramadure se sont terminées dans les plaines de Burgos. L'armée de Galice, battue aux combats de Durango, de Guénès, de Valmaseda, a péri ou a été dispersée à la bataille d'Espinosa ...
Dans sa folle présomption, cette armée manoeuvrait sur le flanc droit de l'armée française, et voulait couper la communication par la Biscaye. Pendant l'espace de dix jours, elle a été menée battant de gorge en gorge, de mamelon en mamelon. Enfin, le 10 novembre, arrivée à Espinosa, elle voulut couvrir sa retraite, ses parcs, ses hôpitaux et ses magasins.
Elle se rangea en bataille et se crut dans une position inattaquable.
Le maréchal duc de Bellune culbuta son arrière-garde, et se trouva à trois heures après midi devant son front de bataille. Le général Pacthod, ave les 94e et 85e régimens de ligne, eut ordre d'enlever un mamelon situé en avant de la ligne de bataille qu'occupait la troupe du traître la Romana. La position était belle ; les soldats qui la défendaient, les meilleurs du pays et soutenus par toute la ligne ennemie. Le général Pacthod gravit, l'arme au bras, ces montagnes escarpées, et fondit sur ces régimens qui avaient abusé de notre loyauté et faussé leurs sermens. Dans un clin d'oeil ils furent rompus et jetés dans les précipices. Le régiment de la Princesse a été détruit.
La ligne ennemie se porta alors en avant et combina des attaques pour reprendre le plateau. Toutes les colonnes qui avancèrent disparurent et trouvèrent la mort. La nuit obscure surprit les deux armées dans cette position.
Pendant ce temps, le maréchal duc de Dalmatie filait sur Reynosa, seule retraite de l'ennemi.
A la pointe du jour, le duc de Bellune fit déborder par le général de brigade Maison, à la tête du 16e régiment d'infanterie légère, la gauche de l'ennemi ; de son côté le duc de Dantzick accourut au feu et déborda sa droite.
Le général Maison, avec les braves du 16e gravit sur des montagnes escarpées à tout autre inaccessibles, et culbuta l'ennemi. Le duc de Bellune fit alors avancer le centre ; et l'ennemi coupé et tourné, fuit à la débandade, jetant ses armes, ses drapeaux et abandonnant ses canons ...
S.M. a nommé le général de brigade Pacthod général de division, et a accordé dix décorations de la légion d'honneur aux 94e et 85e régiments d'infanterie de ligne et au 16e d'infanterie légère
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 315).

Victor marche alors sur Reinosa puis est rappelé sur Burgos. L'Armée de Blake était battue mais non détruite.

Tandis qu'avait lieu au centre la bataille de Gamonal et à l'aile gauche Tudela, Napoléon marche sur Madrid en passant par Somo Sierra, se demandant où sont les forces anglaises qui doivent soutenir les Espagnols. Le 16e Léger passe à son tour le défilé.

Le 2 décembre, Napoléon arrive en vue de Madrid qui refuse de se rendre. Le Général Maison, la Division Lapisse et le 16e Léger font leur apparition. L'Empereur décide d'attaquer les portes de la ville le lendemain. Le Général Maison, soutenu par l'artillerie, et le 16ème se rendent maître des faubourgs au bout d'un jour de combats ininterrompus. Le Colonel Dellard sera de nouveau blessé lors de la bataille, en attaquant la caserne des Gardes du Corps, de même que le Chef de Bataillon Gheneser. Le lendemain, la ville capitule. Le Colonel quittera son Régiment quelques temps pour se soigner.

Le 16 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin ... Vous ordonnerez que sur les trente hommes du dépôt de Français, tous ceux qui ont servi soient incorporés dans le 16e régiment d'infanterie légère. Il faudra dresser un procès-verbal en forme de cette incorporation, les faire habiller et équiper des magasins. Le colonel de ce régiment devra leur procurer l'armement" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19538).

Le 21 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Madrid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d’Espagne : "Ordre qu'avant midi on distribue au 16e légère 300 culottes et vestes bleues ; 45e (300) blanches, 54e 200, 8e 200. Total pour la division Lapisse : 1 000.
Qu'on distribue à cette division 1 000 capotes, on prendra d'abord les capotes faites, même en ayant des manteaux bons pour l'infanterie.
... Ordre (de distribuer à la) division Lapisse 500 bonnets de police ...
Vous ordonnerez que dans la journée on me rende compte de l'exécution de ces ordres et de ce qui reste en magasin
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19581 ).

Le 11 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "... Faites connaître au général Darricau qu'il a bien fait de s'emparer de Zamora, mais qu’il aurait dû y laisser le 16e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19773).

Entre temps, Soult aura réussi à chasser le Corps expéditionnaires anglais jusqu'à la Corogne puis pénètrera au Portugal par le Nord et l'Empereur sera rentré en France, croyant la situation assurée.

Après sa victoire sur les Espagnols à Ucles le 13 Janvier, le Maréchal Victor se rend en Extremadure avec son 1er Corps. La division Lapisse (et le 16e Léger) restant à Salamanque.

Le 13 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Valladolid, au général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 4. Mon intention est que le 33e légère ne soit pas organisé, et que les officiers du dépôt de ce corps qui est à Mont-de-Marsan rejoignent leurs anciens corps respectifs. Quant aux hommes de ce dépôt, ils seront versés dans celui du 16e qui est à Bayonne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2669; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19806).

Le 17 janvier 1809, Berthier adresse à Joseph, depuis Valladolid, les Instructions de l'Empereur : "Sire, l'Empereur m'ordonne d'avoir l'honneur de faire connaître à Votre Majesté que les événements politiques le décident à partir pour Paris ; qu'il compte revenir en Espagne au mois de mai, si les circonstances le permettent. Toutefois, l'Empereur confie à Votre Majesté le commandement de ses armées en Espagne. J'ai l'ordre de rester huit à dix jours après le départ de l'Empereur, c'est-à-dire jusqu'au 25, afin d'être assuré que vous aurez reçu cette dépêche, et que Votre Majesté a connaissance de la situation des choses …
L'Empereur, Sire, a confié au duc d'Istrie le commandement de tout ce qui compose la garde impériale, qui recevra les ordres directs de l'Empereur ; cette garde ne fait pas partie de l'armée. L'intention de Sa Majesté est qu'elle soit toute réunie à Valladolid, qu'elle s'y repose, pour être en mesure de se porter sur une autre frontière.
Le maréchal duc d'Istrie a également sous son commandement, comme faisant partie de l'armée :
1° La division Lapisse, qui est en ce moment à Zamora, et qui est composée du 16e régiment d'infanterie légère, et des 8e, 43e et 54e de ligne ...
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 5, p. 365).

Le 1er Corps devait marcher sur le Portugal en enfonçant l'armée espagnole du général La Cuesta. Bien qu'ayant eu de premiers succès, Victor avance prudemment avec son armée de 20.000 hommes, affaiblie. C'est que les Anglais sont revenus au Portugal et Soult a dû se replier. Le colonel Dellard retrouve son unité stationnée à Tolède.

Le 11 Mai, Victor s'est porté sur Alcantara et a récupéré la division Lapisse. Il se replie devant le manque de subsistances sur Torremocha puis repasse sur la rive droite du Tage et se porte sur Talavera de la Reyna où il reste jusqu'à mi-juillet. C'est alors que les Anglo-espagnols lancent une offensive. Victor se replie prudemment, après 3 jours de légers accrochages entre les deux adversaires. Mais entretemps, il a reçu des renforts : le corps de Sebastiani et une réserve envoyée par le Roi Joseph. Une première attaque espagnole sérieuse est repoussée. Restent les Anglais de Wellington. Les Français passent à la contre-attaque et les font reculer le 27. Mais ils se rétablissent sur d'autres positions.

Carabinier et Voltigeur 16e Léger 1807
Fig. 6 : Carabinier et Voltigeur du 16e Léger en 1807-1808.

Le lendemain 28 juillet 1809, la résistance des Britanniques sera forte : la division Ruffin subit de lourdes pertes pour s'emparer d'une colline stratégique. Après une trêve les hostilités reprennent.

Après avoir franchi l'Albuerche, le 16ème et la Division Lapisse, aidés de 4 bouches à feu, serre de près 6000 anglais. Avec l'aide des 45ème et 58ème Régiments d'infanterie de ligne, il casse deux Régiments anglais. Dans cette bataille, son Colonel est blessé, tandis que près de 400 hommes et officiers sont mis hors de combat, et le Général Lapisse est tué. A la suite de cette bataille meurtrière, les Français se replient.

V/ LA CAMPAGNE DE 1809 DU 4E BATAILLON : LA DIVISION OUDINOT

Le 4e Bataillon était resté en Allemagne. Fin 1808, Napoléon ayant beaucoup de forces envoyées en Espagne réactive un Corps d'armée formé de détachements "d'élite" de plusieurs Régiments, réunis en Demi-brigades, pour le Général Oudinot.

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e ...
La 3e des 4es bataillons des 9e, 16e et 27e ...
La 3e division sera composée des 3e, 4e demi-brigades d'infanterie légère et des 7e et 8e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le 5 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatre-vingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).

Le 1er janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Benavente, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le général Clarke, j’ai reçu votre lettre du 16 relative à la formation de l’armée du Rhin en quatre bataillons et particulièrement des douze brigades du général Oudinot.
Mon intention est que les compagnies du 16e régiment d’infanterie légère qui manquent soient réformées. Je sais que le 15e ayant son régiment en Espagne fait exception. Ainsi je conviens qu’il n’y aura que 18 quatrièmes bataillons à envoyer à l’armée du Rhin. Faites-moi connaître quand ils pourront partir pour compléter les grenadiers et voltigeurs des quatre premières compagnies
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2617 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19657).

Dès Février 1809, 4 compagnies de fusiliers et les grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon se mettent en route de Macon au sein du 9e bataillon de marche pour gagner Augsbourg et entrer dans la nouvelle 3e demi-brigade légère, brigade Conroux, division Tharreau.

Le 9 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vous envoie un état que j'ai fait dresser du corps du général Oudinot. Faites-le rectifier, s'il y a des erreurs, et faites vérifier s'il manque effectivement 100 hommes au 16e légère ... Proposez-moi les moyens de les compléter ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2907 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20307).

Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :

Divisions

Brigades

1/2 Brigades

Bataillons

Présents
Situation des grenadiers et voltigeurs réunis

Détachements tirés des conscrits de la Garde

Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche

Détachement formant le 13e bataillon de marche

Totaux

Manque au complet de 560 par brigade

Excédent sur le complet

Par bataillon

Par 1/2 brigade

1ère division général Claparède

1re brigade le général

3e 1/2 brigade d'inf. légère Major Broyer

9e d'inf. légère

16e d'inf. légère

27e d'inf. légère

243



233

67
100


52
100

167



152

155

458

164

565

458

549


1572



102

11

5

Le 15 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez ordre qu'il soit formé un 14e bataillon de marche du corps d'Oudinot, composé de 50 hommes du 58e, et de 50 hommes du 121e ; de 50 hommes du 4e légère et de 50 hommes du 2e idem ; de 50 hommes du 12e légère et de 50 hommes du 15e idem, total 300 hommes.
Ce bataillon me sera présenté à la parade de dimanche, et se mettra, sans délai, en route, pour être incorporé, les 100 hommes de ligne, dans les compagnies du 4e bataillon du 96e du corps du général Oudinot ; les 100 hommes des 2e et 4e légère, dans le 26e légère ; les 100 hommes des 12e et 15e légère, dans le 16e légère.
Par ce moyen le corps du général Oudinot sera porté au grand complet
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2938 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20378).

Le 19 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, sur les 604 hommes qui composent le bataillon provisoire que me présente aujourd'hui le général Hulin, il sera pris :
- 50 hommes du 58e de ligne
- 50 hommes du 2e léger
- 50 hommes du 4e léger
- 50 hommes du 12e léger
- 50 hommes 15e léger
et 50 hommes du 121e de ligne.
Ces 300 hommes formeront les 3 compagnies de marche dont j'ai ordonné la formation pour ces régiments, et partiront mardi pour Strasbourg, pour être incorporées dans les 26e et 16e d'infanterie légère et 96e de ligne. Il ne sera pris que des conscrits des 4 années antérieures à 1810
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20458). Le 16e Régiment d'infanterie légère appartient à la 1re Division (Claparède) du Corps de réserve de l'Armée du Rhin (Oudinot).

D'abord sous le commandement du maréchal Lannes et de son 2e Corps d'Armée, la grande partie du corps d'Oudinot combat à Bied et Ebesberg le 3 mai 1809.

Au moment de la bataille d'Essling, toujours dans la division Tharreau, les soldats d'Oudinot se couvent de gloire. Lannes mortellement blessé est alors remplacé directement par Oudinot.

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 16e Léger, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot ..."; la répartition qui suit indique que 200 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 16e Léger, tandis que le Dépôt devra envoyer 200 "hommes au 4e bataillon desdits régiments au corps d'Oudinot". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 13e Demi-brigade provisoire : 59e de ligne; 69e id.; 76e id.; 100e·id.; 103e id.; 105e id. complété à la Division St-Hilaire; 6e léger qui doit recevoir 25 hommes; 24e id.; 25e id.; 26e id.; 16e id.; 96e de ligne; au total elle doit recevoir 25 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 24 compagnies à 3360 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Puis passés à la 2e demi-brigade légère (colonel Morand), brigade Coehorn, 2e division Frère, les hommes du 16e Léger participent à la bataille de Wagram.

Le 30 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'armée d'Allemagne : "... Avez-vous des nouvelles du détachement du 16e léger et des 200 hommes du 27e léger qui arrivent à Vienne le 16 août ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21656).

Le 17 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre au dépôt du 6e d'infanterie légère qui est à Phalsbourg de faire partir un détachement de 150 hommes pour se rendre à Lorient et être incorporé dans le 4e bataillon de ce régiment.
Le dépôt du 16e léger qui est à Mâcon et celui du 25e léger qui est à Verdun fourniront le même nombre d'hommes pour la même destination ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24040).

VBIS/ LE CORPS DE RESERVE DE 1809

Le 13 mars 1809 à minuit, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je reçois votre travail du 12 mars sur la formation d'un corps de réserve, composé des 5es bataillons de l'armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez faire quelques changements que je vais vous indiquer ...
Il faut faire ces changements sur votre état qui, d'ailleurs, me paraît bien conçu ...
Il y a déjà à Metz le 12e régiment, qui devient le 13e, par suite des changements faits pour la formation de la brigade de Pontivy. Le nouveau régiment sera alors le 14e ; ces deux régiments formeront une brigade. Il me semble que ce 14e régiment pourra être composé de la manière suivante : 1er bataillon, deux compagniesdu 25e léger, deux compagnies du 6e léger, deux compagnies du 24e léger ; 2e bataillon, deux compagnies du 26e léger, deux du 16e léger, deux du 32e léger ; 3e bataillon, deux compagnies du 96e de ligne, deux du 22e de ligne, deux du 54e, deux du 15e de ligne. Il manque deux compagnies pour le 2e bataillon ; on prendra les deux compagnies du 32e léger qui sont à Toulon. Ainsi une brigade composée de deux régiments et forte de 5,000 hommes se réunira à Pontivy ...
Quant à la formation de cette réserve, rien ne presse. Il me paraît qu'il est d'abord nécessaire d'achever de compléter les bataillons de guerre qui sont en Allemagne et les 4es bataillons qui doivent les rejoindre ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14891 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20343).

VI/ LA CAMPAGNE D'ESPAGNE DU 16E LEGER, SUITE : 1810-1811 ET L'INTERMINABLE SIEGE DE CADIX

16e Léger 1809 Cornet de Voltigeurs 16e Léger 1809
Fig. 7 : Les tenues du 16e Léger en 1809 vus par les collections alsaciennes.
Fig. 7bis : Cornet de Voltigeurs du 16e Léger, 1809-1810

A la suite de la bataille de Talavera (fin Juillet 1809), Wellesley apprend que Soult risque de le couper de ses bases portugaises. Il préfère prudemment refluer vers Badajoz et la frontière portugaise, sa base logistique. Apprenant cela, Victor réoccupe Talavera le 6 Août, remplacé par le 5e corps de Mortier, puis marche vers la Manche. Le 16e Léger voit le commandement de sa division prise par le général Darricau, à la suite du décès de Lapisse.

Officier et Chasseur du 16e Léger à Espinosa 1808
Officier et Chasseur du 16e Léger à Espinosa (1808); reconstitution de Paco Vela

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45, 54, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en août.
Vous ferez la même opération pour les 28e, 32e, 58e et 75e. Ces quatre cadres marcheront également ensemble et en ordre.
Vous ordonnerez également que :
le 4e bataillon du 4e d’infanterie légère
celui du 2e
le 3e bataillon du 86e
le 4e bataillon du 31e léger
le 4e bataillon du 26e de ligne
et le 5e bataillon du 66e
et 1 des deux du 82e qui sont en Espagne envoient de même leurs cadres à Bayonne
Ce qui fera 7 cadres du 2e corps.
Ils formeront aussi une colonne qui marchera en ordre, ayant leurs cartouches et tout ce qui est nécessaire pour se défendre en route.
Enfin vous donnerez ordre au 6e corps commandé par le duc d’Elchingen d’envoyer de même à Bayonne les cadres du 2e bataillon du 6e léger.
Ces 19 cadres recevront 12 000 hommes à Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 7200 sur Bayonne, pour remplir les cadres des 12 bataillons qui ont ordre de rentrer en France
600 pour le 9e d’infanterie légère
600 pour le 16e id. ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie légère
... 6e à Bayonne 600 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).

Le 4 octobre 1809, est présenté à l'Empereur un "Rapport du général Clarke, ministre de la guerre, duquel il résulte que Sa Majesté a sans doute eu l’intention de désigner les 3es bataillons des 16e légère, 45e, 54e, 8e, 24e, 96e de ligne, du 1er corps d'armée ... comme devant envoyer chacun, à Bayonne, les cadres des quatre compagnies de fusiliers, pour y recevoir les 12.000 conscrits destinés pour l'armée d'Espagne"; "Oui", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3638 - Sans signature ni date; le rapport du ministre est du 4 octobre 1809).

Après la bataille d'Ocana, le 19 Novembre 1809, qui élimine une armée espagnole venue d'Andalousie, le Roi Joseph décide de s'emparer de cette riche province. Soult, le nouveau commandant en chef en Espagne, avec les 3 corps d'armée de Victor, Sebastiani et Mortier est chargé de la besogne ...

Les deux premiers bataillons du 16e Léger sont à la 2e division du 1er Corps.

Le 29 décembre 1809, à Paris, "Le maréchal Berthier rend compte que les 800 conscrits destinés au 16e d'infanterie de ligne seront dirigés sur Bayonne et réunis à Dax" ; l'Empereur répond : "Le 16e de ligne ne doit pas avoir d'hommes dirigés sur Bayonne. Ce doit être le 16e léger, puisque le 16e de ligne n'a qu'un bataillon à l'année de Catalogne. C'est donc une erreur, légère à la vérité, mais il faut voir s'il n'y en a pas d'autres. Me proposer d'incorporer ce détachement dans les corps qui en ont le plus besoin" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3873).

Le 11 janvier 1810, l'Empereur écrit depuis Paris à Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l'armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre au général Reynier de faire les changements suivants dans sa division ... Tout ce qui appartient aux 9e, 31e, 16e léger, 8e, 24e, 45e, 54e, 60e, 63e, 28e, 75e, 64e et 103e de ligne, se réunira à Saint-Sébastien, Tolosa et Vitoria, pour achever de mettre l'ordre et faire la police dans la Biscaye; ces détachements composeront la 3e brigade. Le général Reynier aura l'œil sur la Navarre et correspondra avec les commandants de Burgos et de Pampelune. Vous lui ferez connaître que je compte le laisser dans ces positions une partie de février, pour rallier et organiser son corps ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).

Vers le 15 Janvier, l'Armée est devant la Sierra Morena. Le 18 Janvier, le 1er Corps de Victor franchit la montagne par des chemins sinueux et disperse les forces espagnoles qui voulaient s'y opposer. Le 20 Janvier, les 3 corps français débouchent sur le Guadalquivir et Mortier entre dans Cordoue le 21. Le Roi Joseph pavoise ...

Pendant ce temps le gouvernement provisoire de l'Espagne, la Junte Insurrectionnelle, se réfugie à Cadix.

Le 29, les forces de Victor se présentent devant Séville qui se rend le 31. Joseph y fait son entrée le lendemain dans des rues vides, passe en revue le 1er Corps qui ensuite doit marcher sur Cadix. Cadix, construit sur une péninsule aisément défendable et fortifiée, protégée par une lagune, ravitaillée par la mer par la flotte anglaise et avec une garnison anglo-espagnole, est quasi inexpugnable. C'est le symbole absolu de la résistance espagnole depuis que la Junte s'y est installée.

Victor crée autour de la ville des camps retranchés et répartit ses division. Etablissant son quartier général à Port Sainte-Marie, il attend de l'artillerie de siège. Avant ses canons, il reçoit la visite du Roi Joseph.

Au bout de bientôt un mois et demi, le 23 mars, le fort de Matagorda tombe. Sa position permettra de pilonner la rade.

En mai 1810, des prisonniers français des pontons ancrés dans la rade réussissent une évasion et sont récupérés par leurs frères d'armes.

Tambour-major 16e Léger 1809-1811
Fig. 8 : Tambour-major du 16e Léger en Espagne, 1809-1811, d'après E. Fort.

Le siège s'éternise. La solde, les munitions pour l'Artillerie et le ravitaillement arrivent au compte-goutte. Les guérillas harcèlent les arrières. Comment faire un blocus dans ces conditions ? Et pourtant, les hommes du 1er Corps font face et perfectionnent leurs retranchements. Les mois passent et des troupes sont prélevées du siège pour d'autres opérations.

Le 30 Septembre 1810, au combat de Ubrique, le chirurgien major Manuel est blessé.

Le 16e Léger et son colonel stationnent dans les environs de Medina Sidonia. Le colonel Dellard quitte le régiment pour raisons de santé et sera remplacé par Morio de l'Isle en décembre 1810.

Le 4e bataillon du régiment est aussi entré en Espagne. Il fait partie de la 2ème division Conroux, du 9e Corps de Drouet d'Erlon qui a rejoint Masséna au Portugal fin Décembre.

Positions du régiment en Janvier 1811? à l'Armée d'Espagne
Colonel : Morio de Lisle ; Major : Mayot
1er bataillon : chef de bataillon Gheneser; 2e bataillon : chef de bataillon Rubellin; 3e bataillon : chef de bataillon Ruffat, au 5e Corps, 2ème division.
4ème bataillon : chef de bataillon Ringuelet, au 9e Corps, 2ème division.

Début 1811, tandis que Soult est allé assiéger Badajoz, une armée de renfort anglo-espagnole a débarqué à Algésiras et marche sur Cadix en venant du Sud vers Chiclana et la tour de Barossa. Cette attaque doit être combinée avec une sortie de la garnison de Cadix. Victor réussit à contenir les deux attaques. Les compagnies de carabiniers du 16e Léger participent à la bataille de Chiclana-Barossa au sein de 2 bataillons provisoires de grenadiers le 5 mars 1811. Le capitaine Puau du régiment y est blessé.

Le général Sébastiani vient renforcer Victor tandis que Soult pousse le siège de Badajoz et s'en empare, pour revenir ensuite sur l'Andalousie.

Le 27 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 200 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, 100 du 4e et 200 du 12e ; total 500 ; forment à Paris un bataillon de marche et se mettent en route pour Bayonne.
Donnez ordre que le 17e d'infanterie légère envoie à Bayonne 150
que le 25e id. envoie 100
Le 9e id. 120
Le 16e id. 100
Le 21e id. 120
Le 27e id. 120
Le 28e id. 120
Total de ce que ces régiments enverront à Bayonne 1330
Ayez soin que chacun de ces détachements ait au moins deux sergents, quatre caporaux et deux tambours. A leur arrivée à Bayonne, on formera de ces détachements deux bataillons de marche que l'on composera de la manière suivante : les détachements des 2e, 4e, 17e et 25e régiments qui appartiennent à l'armée de Portugal marcheront ensemble. Ceux du 9e, du 12e, du 16e, du 21e, du 27e et du 28e, qui appartiennent à l'armée du Midi, formeront l'autre bataillon. Vous aurez soin que ces détachements soient bien armés, bien équipés. Les dépôts pourront profiter de leur départ pour faire des envois à leur régiment. Vous me rendrez compte d'ailleurs du mouvement de ces détachements afin que je sois toujours à même de donner les ordres que pourraient nécessiter les circonstances. Mon intention est qu'aucun conscrit de 1811 ne fasse partie de ces détachements. Le nombre d'hommes que je viens de vous indiquer est porté dans les états comme existant au dépôt avant l 'arrivée de la conscription. Vous pouvez donc les faire partir deux ou trois jours après la réception des ordres. Faites passer en revue le bataillon de Paris avant son départ. Ayez soin qu'un major en second se trouve à Bayonne pour organiser les deux bataillons. Les premiers arrivés attendront les autres. Mais il sera toujours avantageux que le général qui commande à Bayonne ait des troupes sous sa main, qui peuvent être utiles pour la protection des frontières
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26853).

Après la bataille de Fuentes de Onoro en Mai 1811, où le 4e bataillon du 16e Léger a quelques pertes (corps de Drouet d'Erlon), les Français évacuent la garnison d'Almeida et les Anglais peuvent ré assiéger Badajoz défendue par l'héroïque Philippon.

Soult repart au secours de la garnison et rencontre les forces anglo-espagnoles près de la rivière Albuera le 16 Mai (le 16e Léger y sert aussi), il doit se replier puis il attend des renforts de Drouet d'Erlon et Massena. A la Palma, le même jour, le deuxième bataillon du 16e soutient l'assaut d'une division de 5000 hommes et 600 cavaliers.

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
1er bataillon (infanterie légère)
Du 9e léger 100 hommes, 12e 200, 16e 80, 21e 80, 27e 95, 28e 75
Total 660 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).

La garnison de Badajoz est bientôt libérée. Mais Cadix n'est pas près de flancher.

A l'automne 1811, la marine britannique débarque à Algésiras une petite armée espagnole commandée par le général Ballesteros. Celui-ci mène de nombreux coups de mains contre les positions françaises. Soult décide de l'éliminer. Il forme trois colonnes menées par les généraux Godinot, Barrois et Semellé.

Ballesteros, informé de l'approche des troupes françaises dans sa direction, s'enfuit au sud et s'enferme dans Gibraltar. Le 14 octobre, 10 000 soldats français se présentent sous les murs de la ville ; toutefois, dépourvus des moyens nécessaires à un siège, ils battent en retraite dès le lendemain.

Godinot, délaissant Gibraltar, se dirige sur Tarifa pour en faire le siège en longeant les côtes, mais il est alors pris à partie par la marine britannique et doit regagner Séville. Blâmé pour l'échec de l'opération, Godinot se suicide. Le 5 novembre, Ballesteros surprend la colonne du général Semellé à Bornos, cette dernière comprenant 1500 hommes du 16e léger et 800 soldats d'un bataillon espagnol josephiste, pour un total de 2300 hommes. Semellé à la tête du 16e léger se fraie un passage à la baïonnette et échappe à l'encerclement mais avec de nombreuses pertes. Puis le régiment reprend le siège de Tarifa en décembre.

Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre ... Les quatre bataillons du 24e léger seront à 800 hommes présents sous les armes au 1er février, à Osnabrück. Il lui manque, je crois, peut-être à ce complet 600 hommes. Présentez-moi un projet pour détacher des 5es bataillons d'infanterie légère dont les régiments sont en Espagne les hommes disponibles pour former les 600 hommes nécessaires pour recruter ce régiment ; les 21e, 28e, 27e, 17e, 25e, 6e, 2e, 4e, 12e, 16e, 23e, etc. pourront fournir ces 600 hommes. Choisissez dans chaque dépôt ce qu'on peut en tirer ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29460)

VII/ 1812-1813, L'ENLISEMENT ESPAGNOL

Chirurgien 16e Léger Espagne
Fig. 9 : Chirurgien du 16e Léger en Espagne, d'après E. Fort.

A la fin de 1811, le régiment participe au siège infructueux de Tarifa. Le 4e bataillon de l'unité a rejoint la France et le dépôt de Macon.

Le maréchal Victor a été lui aussi autorisé à rentrer en France en Décembre 1811. Il quitte son commandement en Février 1812.

En janvier 1812, l'armée du Portugal abandonne le Tage et est ramenée sur le Douro aux environs de Salamanque. Ce mouvement de retraite amène la perte de deux places importantes : Ciudad Rodrigo (en Janvier) et Badajoz (en Avril) qui tombent aux mains de Wellington.

Entre temps, le 13 février 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Mathieu Dumas : "Monsieur le comte Dumas, je vous renvoie la répartition de la conscription, approuvée. J'y ai fait quelques changements, que vous pouvez exécuter, sans les soumettre de nouveau à mon approbation, vu qu'il n'y a pas de temps à perdre.
Diminution.
Vous ôterez ...
Au 5e léger. 100
... Au 16e id. 200 ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6780 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29976).

Le 4 mars 1812, à Paris, on informe l'Empereur que "Le colonel du 16e léger propose de faire rentrer en France le capitaine Mathieu, qui n'est plus en état de supporter les fatigues de la guerre"; "Approuvé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6884).

Le commandement général de toutes les forces françaises a été hélas confié au Roi Joseph en Mars.

Suite à la défaite des Arapiles, le 22 Juillet 1812, au Sud-Est de Salamanque, le dispositif français en Espagne est désorganisé. Joseph fuit sur Valence alors que Wellington entre à Madrid le 12 Août.

Entre mai et Août 1812, les trois premiers bataillons du 16e Léger stationnent à Cordoue. Soult doit évacuer à contre coeur l'Andalousie .

Au 3 Octobre, un conseil de guerre réunit Joseph et les maréchaux Soult, Jourdan, et Suchet. Un nouveau plan de stabilisation de la situation militaire est adopté. Burgos tient toujours. Drouet d'Erlon, qui a pris le commandement de l'Armée du Centre, s'empare de Cuenca le 20 Octobre. En Octobre, c'est le cadre du 3e bataillon qui rentre en France après avoir versé ses effectifs dans les deux premiers qui font partie de la 2e division Barrois, brigade Cassagne de l'Armée du Midi.

Souham repart en avant et délivre Burgos le 28 Octobre puis entre à Valladolid. Le 2 Novembre, Joseph retrouve Madrid.

Les Armées françaises se réunissent à Medina del Campo mais ne peuvent empêcher une nouvelle fois Wellington de se replier à Alba de Tormes le 15 Novembre, sans pouvoir livrer une bataille décisive. Ce dernier prend ses quartiers d'Hiver à Ciudad Rodrigo. Les Français, eux, s'installent une nouvelle fois entre le Douero et le Tage. En Décembre 1812, le régiment de marche de l'Armée du Midi, qui doit apporter des renforts au 16e Léger, compte une compagnie du 5e bataillon de dépôt.

Le drapeau modèle 1812 du 16e Léger

Le régiment reçu en 1812 le nouveau modèle de drapeau tricolore, portant inscrit le nom des batailles où certains de ses bataillons se sont illustrés en présence de l'Empereur soit : IENA EYLAU FRIEDLAND ESSLING WAGRAM. Ce drapeau ne quittera pas le dépôt du régiment à Macon.

VIII/ 1813 LE PREMIER BATAILLON RESTE SEUL EN LIGNE EN ESPAGNE

Musicien 16e Léger Espagne 1810-1811
Fig. 10 : Musicien du 16e Léger en tenue de campagne en Espagne, 1810-1811, par Fort.

C'est au début Janvier 1813, que parvient à Madrid l'annonce du désastre de la campagne de Russie et les nouvelles instructions de l'Empereur. D'abord resserrer les lignes en se repliant sur le Nord de l'Espagne. Les 4 armées aux ordres de Joseph vont adopter de nouvelles positions : en mars, on évacue la Manche, l'Armée du Centre se place autour de Ségovie, celle du Midi vers la vallée du Douro, celle du Portugal en Vieille Castille. Joseph, quant à lui, évacue sa capitale et replie son gouvernement à Valladolid, laissant à Madrid une garnison avec le général Hugo. Pendant ce temps, au Portugal, Wellington, devenu généralissime de toutes les armées espagnoles et alliées, réorganise lui aussi ses troupes. C'est le 22 Mai que Wellington reprend l'offensive, réoccupe Salamanque, et continue sa progression.

Surpris par ce mouvement offensif des Anglais, les Français, se concentrent difficilement. La réunion des troupes ne put s'effectuer en effet qu'à Vittoria, le 19 juin. La bataille s'engagea le 21.

La division Cassagne, à laquelle appartient le 1er bataillon du 16e Léger, a été affectée à l'Armée du Centre sous les ordres de Drouet d'Erlon.

Mal engagée et mal terminée par la débâcle des forces françaises, la bataille de Vitoria est peu couteuse pour le 16e Léger puisque seul le capitaine Chassaigne est blessé. La division Cassagne, qui n'a pas beaucoup souffert le 21, relève l'Armée du Portugal à l'arrière garde puis se dirige sur Pampelune, poursuivie par les Alliés anglo-espagnols.

Exténué, le reste des Armées françaises repasse les Pyrénées, laissant deux fortes garnisons à Pampelune et San Sebastian. Le 12 Juillet, rappelé d'Allemagne, Soult vient reprendre le commandement en chef des toutes les forces sur la frontière. Joseph et Jourdan sont destitués.

Soult continue la réorganisation de ses forces en 10 divisions et 3 ailes. Les hommes sont assez déprimés, face désormais à des Alliés en supériorité numérique. Soult se met à fortifier la frontière, par tout un système de redoutes.

Des tentatives pour aller délivrer la garnison de Pampelune, le 24 Juillet, échouent. Le 25 Juillet, au combat du col de Maya, le chef de bataillon Forgeot sera blessé. Le 30 Juillet devant Pampelune, le sous lieutenant Millard est blessé. Les Français retournent sur leurs bases de départ derrière la Bidassoa.

Puis Soult essaie de secourir Saint Sébastien. La bataille de San Marcial, le 30 Août, est aussi infructueuse. La retraite qui s'effectue par le pont de Berra se fait sous le feu des Anglais. Au passage de la Bidassoa, le 31, les capitaines Genti, Herot et Hufty seront blessés.

Saint Sébastien succombera le 8 Septembre. Désormais, on va se battre sur le sol français. Les hommes sont complètement démoralisés, la solde n'a plus été versée depuis des mois.

Musicien 16e Léger Espagne 1812
Fig. 11 : Musiciens du 16e Léger en Espagne début 1812, par Rigo.

Au début Octobre, le bataillon du 16e Léger fait partie de la brigade Chassé, 2ème division Darmagnac de l'Armée des Pyrénées sur la Bidassoa.

Wellington reprend son offensive, le 7 Octobre. Les positions françaises sont grignotées et Wellington s'empare des hauteurs. Le chef de bataillon Forgeot du 16e Léger est tué devant Ascain, le 8 Octobre. Soult prévoit alors de se replier derrière la Nivelle. Wellington temporise, attendant la chute de Pampelune qui survient le 31 Octobre. Le 10 Novembre, il reprend sa marche en avant.

Au début Novembre, Soult stabilise son front entre Saint Jean de Luz et St Jean Pied de Port, s'appuyant sur la Nivelle et la Nive, des camps retranchés et de multiples redoutes. Se sachant en infériorité numérique, il en est réduit à une campagne défensive, mais étale trop ses troupes au lieu de former une masse de manœuvre pour des contre-offensives puissantes. Soult pense être attaqué sur son aile droite, mais Wellington va faire porter son offensive sur le centre de son front, le 10 Novembre.

L'offensive britannique est puissante autour de Sare. Les Anglais ralentis par des pluies abondantes se sont établis à Saint Jean de Luz.

Au début Décembre, les Français très démoralisés par les replis successifs sont sous Bayonne, protégés par la Nive. Bayonne est puissamment fortifiée et des renforts sont arrivés : conscrits mal dégrossis dont on ne pourra tirer grand-chose. On va se battre sur la Nive entre le 9 et le 14 Décembre. Les capitaines Chassaigne et Queillé du 16e y sont blessés.

A la fin de l'année, le bataillon du 16e Léger, réduit à presque rien, ne fait plus partie de l'Armée des Pyrénées.

IX/ 1812-1813 LE 16E LEGER EN ALLEMAGNE

1/ 1812

LES DEMI-BRIGADES PROVISOIRES DE JANVIER 1812

Dans la vaste réorganisation que Napoléon coordonne pour la Grande Armée qui va entrer en Russie, de nombreuses unités dites provisoires vont être levées, formées de détachements de divers Régiments : Bataillons de marche, Demi-brigades de marche, Bataillons de marche de tel ou tel Corps. Parfois versées dans leurs unités d’origine ou organisées en Divisions de Réserve.

Les Demi-brigades provisoires en 1812 sont formées à partir des 4ème Bataillons disponibles des Régiments d’infanterie. Elles vont peu à peu gagner l’Allemagne (ou l’Espagne ou l’Italie), remplacées sur leurs lieux de formation par les Cohortes de Gardes Nationales. Elles sont commandées par des Majors. On y réunit soit des Bataillons d’infanterie de Ligne, soit des Régiments d’infanterie légère entre eux, pour que les unités soient homogènes. Elles seront incorporées dans la seconde Ligne de l’Armée tandis que la force principale franchira le Niémen. Les 2e, 3e, 4e et 5e DB provisoires serviront sur la frontière espagnole et les 14e, 15e et 16e en Italie.

6e DB provisoire : 4e bat des 16e, 21e et 28e Léger

Le 2 avril 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier : "... 6e DEMI-BRIGADE. Les 4es bataillons du 16e léger, du 21e et du 28e partiront de Mâcon, de Wesel et de Mayence, le 30 avril, complétés, chaque bataillon, à 840 hommes et se rendront à Wesel. Ces 3 bataillons formeront la 6e demi-brigade ...
Par ces dispositions, toutes les côtes de l'Empire seront suffisamment pourvues, en attendant la formation des cohortes de gardes nationales. Il devient pressant que les cadres de ces bataillons soient complets en officiers ; qu'ils aient leurs chefs de bataillon, et que vous nommiez les 15 majors en second qui devront commander ces demi-brigades. Vous ferez partir le 15 avril ces majors en 2nd pour visiter les dépôts qui fournissent aux demi-brigades.
Vous aurez soin de prévenir le ministre de l'Administration de la guerre afin qu'il donne des ordres, et prenne des mesures pour que l'habillement ne manque pas.
Vous autoriserez les majors en 2nd à faire partir le 30 avril les 4es bataillons à 600 hommes. Les 200 autres hommes viendront un mois après.
Ces demi-brigades ne doivent rien déranger à la comptabilité. Les bataillons qui les composent doivent correspondre avec leurs dépôts pour l'administration.
Annexe
Formation des demi-brigades provisoires, de l'Intérieur et des côtes
6e demi-brigade à Wesel (2e division de réserve de la Grande Armée).
1er bataillon : 4e bataillon du 16e léger (dépôt à Macon) : 239 conscrits de la Doire, 552 de la Nièvre et 90 de l’Indre ; total 881 ; 181 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon : 4e bataillon du 21e léger (dépôt à Wesel) : 195 conscrits de la Lys et 205 du Pas-de-Calais ; total 400 ; Manque 300.
3e bataillon : 4e bataillon du 28e léger (dépôt à Mayence) : 706 conscrits de la Stura et 288 du Nord ; total 994 ; 294 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7057 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30370 (intégrale)).

Le 6 juin 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit au Procureur impérial criminel de la Loire-Inférieure, à Nantes : "J’ai reçu votre lettre du 4 juin de ce mois, dont l’objet est de demander l’expédition d’un jugement que vous dites avoir été rendu par une commission militaire séante à Belle-Ile, contre le nommé Jean Hervé soldat au 16e régiment d’infanterie légère.
Comme Belle-Ile appartient à la 131e division militaire et que le dépôt du 16e régiment d’infanterie légère n’est point stationné dans ma division, je ne puis, monsieur, vous donner aucun renseignement sur le jugement que vous désirez vous procurer
" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).

Avant de partir pour la Russie, Napoléon avait laissé des troupes en garnison dans les principales places fortes d'Allemagne, ainsi qu'un corps d'armée de réserve chargé d'assurer les arrières. Il s'agissait en Juillet 1812 du XIe Corps d'armée du maréchal Augereau. Sa 30e division d'infanterie comptait au 6e régiment provisoire : major Legros, les 4èmes bataillons des 16e, 21e et 28e Légers, et les 5èmes bataillons des 28e, 43e et 65e de Ligne. Ce corps stationne en Allemagne durant toute la campagne de Russie.

2/ 1813

A son retour à Paris, sa Grande Armée anéantie par le froid, les débris en occupant la Prusse Orientale, l'Empereur en organise une nouvelle pour s'opposer aux Russes. Il lève de nouveaux conscrits, réquisitionne les cohortes de Gardes Nationales et rameute progressivement de vieilles troupes d'Espagne dont les 2e et 3e bataillons du 16e Léger.

LA MOBILISATION DE L'INFANTERIE LEGERE EN JANVIER/ FEVRIER POUR LA CAMPAGNE DE 1813 EN ALLEMAGNE
(Source : correspondance de Napoléon )

Dès janvier 1813, Napoléon ordonne de réorganiser l'infanterie légère (et de Ligne) en prévision de la campagne qui ne saurait tarder sur le Front Est. Plusieurs mesures sont prises :

1. Le rappel des cadres des 3e Bataillons des Régiments en Espagne :
de l'Armée du Midi : des 21e, 27e, 12e et 28e Légers
de l'Armée du Centre : du 2e Léger
de l'Armée d'Aragon : du 3e Léger

Suivi, pour arrivée prévue début mars, en Allemagne, des seconds Bataillons des 13e, 15e, 11e, 24e et 26e Légers

2. Formation systématique d'un 6e Bataillon pour les Régiments qui n'en auraient pas.

3. Formations de Régiments provisoires légers pour les Corps d'Observation du Rhin ou d'Italie avec des Bataillons disponibles :
2e provisoire : 3e Bataillon des 2e et 4e Légers
3e provisoire : 3e Bataillon des 3e et 8e Légers
4e provisoire : 4e Bataillon du 12e Léger, 1er du 29e Léger
5e provisoire : 7e Bataillon du 14e Léger, 4e du 18e Léger
6e provisoire : 3e Bataillon des 6e et 25e Légers
8e provisoire : 4e Bataillon du 5e Léger, 4e Bataillon du 23e Léger
10e provisoire : 3e Bataillon du 16e Léger et 1er Bataillon du 28e Léger

4. Formation de Demi-brigades de réserve de 3 Bataillons sur les frontières de l'Empire :
1ère Demi- brigade : 6e Bataillon des 7e, 13e, 15e Légers pour Mayence
2e Demi-brigade : 6e Bataillon des 33e, 26e, 24e Légers pour Anvers
3e Demi-brigade : 4e Bataillon des 11e, 10e, 21e Légers venants d'Espagne pour Wesel
4e Demi-brigade : 4e Bataillon des 9e, 27e, 28e Légers venants d'Espagne pour Utrecht
5e Demi-brigade : 6e Bataillon des 12e, 5e et 29e Légers pour Cherbourg
27e Demi-brigade, dont un Bataillon du 32e Léger pour Toulon
33e Demi-brigade, dont un Bataillon du 8e Léger en Italie
34e Demi-brigade : 6e Bataillon des 8e, 18e et 36e Légers en Italie

"Paris, 6 janvier 1813
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d'observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin.
Les 34 régiments provisoires seront formés de la manière suivante : 2e régiment provisoire : 3e bataillon du 2e d'infanterie légère, 3e du 4e; 3e régiment provisoire : 3e bataillon du 3e d'infanterie légère, 3e du 8e; 4e régiment provisoire : 4e bataillon du 12e d'infanterie légère, 1e du 29e; 5e régiment provisoire : 4 bataillon du l4e d'infanterie légère, 4e du 18e; 6e régiment provisoire : 2e bataillon du 6e d'infanterie légère, 3e du 25e; 8e régiment provisoire : 4e bataillon du 5e d'infanterie légère, 4e du 23e; 10e régiment provisoire : 3e bataillon du 16e d'infanterie légère, 1er du 28e ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 7 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, le 1er corps d'observation du Rhin se réunira à Mayence ; il sera composé :
... 3e division. — 1re brigade : du 10e régiment provisoire, deux bataillons ; du 20e, deux ; du 21e, deux ; total, six bataillons ...
Présentez-moi le développement de la formation de cette armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19433 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32225).

Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Parie, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses observations sur le "Corps d'Observation du Rhin. Notes
... Le 2e corps d'observation du Rhin sera composé de 2 bataillons du 9e léger, du 10e régiment provisoire, indiqués sur l'état n° 6, ce qui fera 22 bataillons plus 12 cohortes, convertis en 2 régiments, ce qui fera 34 bataillons auxquels on joindra les bataillons de Walcheren, Belle-Ile, île de Ré et de Méditerranée ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).

Sous-officier Chasseurs 16e Léger Espagne 1811-1812
Fig. 12 : Sous-officier de chasseurs du 16e Léger en Espagne, 1811-1812, par Fort.

"Paris, 14 janvier 1813.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, donnez des ordres pour réunir à Mayence, aussitôt que possible, deux bataillons du 22e de ligne, le 10e régiment provisoire, qui se compose des bataillons du 16e et du 28e léger; le 6e provisoire, formé des bataillons du 6e et du 25e léger; le 14e provisoire, formé du 40e et du 34e de ligne; le 24e provisoire, formé du 88e et du 103e; le 21e provisoire, formé du 59e et du 69e; ce qui fera douze bataillons ou une division.
Vous donnerez ordre au g
énéral Souham d'aller en prendre le commandement. Le duc de Valmy sera chargé de bien armer et bien organiser ces régiments, dont chaque compagnie doit sortir de Mayence forte de 140 hommes. Vous nommerez sur-le-champ les majors qui doivent commander ces régiments. Vous ferez organiser, aussitôt que faire se pourra, deux batteries pour être attachées à cette division. Vous me ferez connaître quand elle pourra être réunie à Mayence et se porter en bon état sur Francfort, où elle complétera son organisation. Le duc de Valmy pourra même, aussitôt que la 1re brigade, forte de trois régiments, sera formée, l'envoyer à Francfort. Il est important que cette 1re brigade ait d'abord son artillerie ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32289).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 1er Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 1ère Division : 6e, 10e, 14e, 21e, 24e Régiments provisoires, 22e de Ligne ; Cette Division doit être réunie à Francfort avant le 7 février (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Cette division va devenir la 8e division d'infanterie du 3e Corps du maréchal Ney.

En Février, les troupes françaises évacuent la Pologne et se replient sur l'Oder tandis que les Prussiens à la fin du mois s'alliaient officiellement aux Russes contre la France.

Début mars, les Français quittaient Berlin et Dresde, tandis que Davout se maintient autour des villes hanséatiques, mais les Russes étaient entrés dans Hambourg.

Le 15 Avril, Napoléon quittait les Tuileries pour se mettre à la tête de ses forces. Il en composait deux groupes : l'Armée de l'Elbe sous Eugène et l'Armée du Main, officiellement sous Soult, mais en réalité sous sa main, dont le 3e Corps de Ney où nous retrouvons le 3e bataillon du 16e Léger (chef de bataillon Ruffat).

Les troupes françaises repartaient en avant. L'armée du Main marchait par Iena et Weissenfeld faire sa jonction au Nord Est avec les forces d Eugène. La division Souham à l'avant-garde du 3e Corps de Ney rencontra la cavalerie Russe à Weissenfeld. La plupart des hommes étant des conscrits se comporta comme de vieux troupiers en formant les carrés et en repoussant l'ennemi par des feux nourris.

Le 1er Mai, la marche de l'Armée du Main reprenait vers Leipzig tandis que l'Armée de l'Elbe convergeait aussi vers cette ville. Les coalisés s'étaient regroupés près de Lützen.

Le 2 mai 1813, pour la bataille de Lützen, le 3ème bataillon du 16e comprend 16 officiers et 691 hommes. Le capitaine Decheux y est tué. Battus et repoussés, les Coalisés se replient.

Le 3 mai, les Français entrent dans Leipzig mais Napoléon, quasi dépourvu de cavalerie, a perdu le contact avec ses adversaires. La Grande Armée est divisée en 2 colonnes : Napoléon marche sur Dresde avec la colonne principale (Bertrand, Marmont, Oudinot et Macdonald). Ney marche sur Berlin en recueillant à Torgau les Saxons de Reynier. A Luckau, il fait sa jonction avec Victor venant de Wittenberg. Entre les deux colonnes Lauriston reste en position intermédiaire.

Les Prusso-Russes sont restés groupés et préparent une bataille. Leur choix se porte sur Bautzen, à l'endroit où la Sprée coupe la route de Dresde à Breslau. Ils peuvent y couvrir la Silésie et y être au voisinage de l'Autriche dont on peut espérer l'entrée en guerre. Le 8 mai, Napoléon arrive à Dresde où le pont sur l'Elbe a été détruit. Le 10, la Grande Armée peut franchir le fleuve.

voltigeur 16e Léger Espagne 1812-1813
Fig. 12bis : Voltigeur du 16e Léger en Espagne, 1812-1813, par Fort.

Napoléon retrouve ses adversaires le 20 Mai. Le corps de Ney ayant rejoint à son aile gauche. Le bataillon aura encore quelques pertes mais les Coalisés seront encore battus. Les Prussiens et les Russes reculent rapidement.

Le 27 mai, l'Oder est atteinte et la forteresse de Glogau est débloquée. Oudinot, détaché du gros de l'armée, marche sur Berlin. Pendant ce temps, plus au Nord, Hambourg est reprise.

"Correspondance de Napoléon :
La ville de Hambourg a été reprise le 30 mai, de vive force. Le prince d'Eckmühl se loue spécialement de la conduite du général Vandamme. Hambourg avait été perdu, pendant la campagne précédente, par la pusillanimité du général Saint-Cyr : c'est à la vigueur qu'a déployée le général Vandamme, du moment de son arrivée dans la trente-deuxième division militaire, qu'on doit la conservation de Brême, et aujourd'hui la prise de Hambourg. On y a fait plusieurs centaines de prisonniers. On a trouvé dans la ville deux ou trois cents pièces de canon, dont quatre-vingts sur les remparts. On avait fait des travaux pour mettre la ville en état de défense.
Le Danemarck marche avec nous : le prince d'Eckmülh avait le projet de se porter sur Lubeck. Ainsi, la trente-deuxième division militaire et tout le territoire de l'empire sont entièrement délivrés de l'ennemi
".

Chez les Alliés, c'est le découragement. Certains jugent la situation si désespérée qu'ils pensent se retirer derrière la Vistule. C'est alors l'Autriche qui va sauver les vaincus et s'interposer pour proposer un armistice (dit de Pleiwitz). Napoléon va le ratifier le 7 Juin pour avoir le temps de se renforcer. Mais ses adversaires vont pouvoir faire de même.

Le 10 juin, Napoléon entre à Dresde; il y restera jusqu'au 15 août.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
... 44e division
1er léger, 2e bataillon.
2e léger, 2e bataillon.
34e demi-brigade provisoire : 16e léger, 2e bataillon; 18e léger, 1er bataillon.
64e de ligne : 3e bataillon, 4e bataillon.
Commandé par un major : 54e de ligne, 3e bataillon; 95e de ligne, 3e bataillon.
19e demi-brigade provisoire : 50e de ligne, 2e bataillon; 75e de ligne, 2e bataillon.
Commandé par un major : 24e de ligne, 3e bataillon; 39e de ligne, 3e bataillon.
12 bataillons ...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

En Août, le 4e bataillon du 16e Léger se retrouve dans la 30e Division Heudelet du dixième Corps sous les ordres du général Rapp, formant la garnison de Dantzig.

Le 11 août, l'Autriche se joint aux Coalisés et déclare la guerre. La Suède de Bernadotte est aussi à leurs côtés. Et les états allemands faiblissent. Le 18 août, les hostilités reprennent.

Le rapport des forces est désormais défavorable à Napoléon. Il répartit ses corps d'armée. Face à l'armée de Silésie, Ney et Sébastiani, Macdonald, Marmont, Lauriston. Face à l'armée de Bohême, Poniatowski avec Victor derrière lui. Face à l'armée du Nord, une masse de 120.000 hommes, associant Davout (à Hambourg), Girard (à Magdebourg) et Oudinot (à Wittenberg) qui a pour premier objectif de prendre Berlin.

Dès le 16 août, soit deux jours avant la fin de la trève, Blücher attaque. Profitant de l'effet de surprise, il bouscule Ney et Macdonald. Napoléon court le repousser mais l'armée de Bohême, profitant de cette diversion marche sur Dresde tenue par Gouvion Saint Cyr et son XIVe Corps. Napoléon doit rétrograder à son secours.

Les 26 et 27 août 1813, pour la bataille de Dresde, le 2ème bataillon du 16ème Léger (21 officiers et 459 hommes) commandé par Bouvieu compose avec le 1er bataillon du 1er léger, la 34ème demi-brigade provisoire sous les ordres du major Chapsal dans la 44ème division d'infanterie (général Berthezene) du XIVe Corps.

L'Armée de Bohéme est repoussée mais non anéantie ... et Vandamme tombe dans le piège de Kulm les 29 et 30 Août. L'armée française s'épuise dans des offensives dans le vide tandis que les Coalisés, qui évitent les affrontements majeurs, ne cessent de recevoir des renforts. Leur but est de couper la retraite des forces françaises autour de Leipzig avec toutes leurs forces.

Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons, savoir :
10 bataillons au 3e corps ...
Les 10 bataillons que le 14e corps fournira au 3e sont : le 3e bataillon du 6e léger ; le 2e bataillon du 16e léger ; le 3e bataillon du 28e léger ; le 4e bataillon du 40e de ligne ; le 2e bataillon du 59e ; le 3e bataillon du 69e ; le 6e bataillon du 9e léger ; le 3e bataillon du 50e de ligne ; le 4e bataillon du 65e ; le 3e bataillon du 43e ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Le 4 octobre, Napoléon apprend que Blücher a rejoint Bernadotte. Il décide de se débarrasser de cette menace de l'Armée du Nord afin d'avoir ensuite les mains libres pour livrer une bataille décisive à l'armée de Bohême. Mais Blücher recule une nouvelle fois. Pendant ce temps, l'armée de Bohême de Schwarzemberg est arrivée devant Wachau à une vingtaine de kilomètres au sud de Leipzig. Murat, qui lui fait face, envoie à Napoléon des appels pressants de soutien.

Napoléon décide alors d'aller livrer bataille à Schwarzenberg sans avoir réussi à refouler l'armée du Nord. Le 12 octobre, il replie toutes ses forces sur Leipzig. La bataille des Nations va avoir lieu dans et autour de la ville entre les forces reunies de tous les Coalisés contre l'armée de l'Empereur entre le 16 et le 19 Octobre. Bataille gigantesque qui scelle la défaite de Napoléon en Allemagne, submergé par le nombre.

Les 2e et 3e bataillons du 16e Léger (856 hommes) y combattent au sein de la 8e division Brayer du IIIe Corps de Souham.

Après Leipzig, Napoléon fait retraiter son armée jusqu'à Erfurt et doit forcer le passage à Kösen le 21 Octobre. Alors qu'il arrive à Erfurt, il apprend la défection de la Bavière qui retourne ses troupes contre les Français. Il faut gagner les places fortes sur le Rhin. Pour cela, il faudra passer sur le corps des Bavarois qui bloquent le passage à Hanau.

Le 31 octobre 1813, à la deuxième journée de la bataille de Hanau, le 16ème et ses 2e et 3e bataillons sous les ordres de son nouveau colonel Louis Jean Baptiste Cornebize, fait partie de la 1ère brigade, la 8ème division Vergez, IIIème corps du général Souham. Mais les effectifs ne s'élèvent plus qu'à 369 hommes en tout.

Arrivés à Mayence, les 313 survivants du 16e Léger sont tous versés dans le 2e bataillon tandis que les cadres du 3e bataillon sont envoyés au dépôt. Le régiment fait toujours partie du IIIème corps d'armée.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 7 : "La huitième division, qui faisait partie du troisième corps, et qui en ce moment fait partie du sixième, sera composée ainsi qu'il suit :
Deuxième bataillon du 16e léger.
Tout ce qui existe du troisième bataillon sera incorporé dans le deuxième, et le cadre renvoyé au dépôt …
Art. 9
Cette huitième division sera commandée par le général Ricard …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105).

L'invasion de la France allait bientôt commencer. Napoléon allait faire une nouvelle fois la preuve de son génie militaire mais en vain.

Le 21 décembre 1813, l'Empereur depuis Paris ordonne : "Le 6e corps d’armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 3e division, général Lagrange : 16e léger, deux bataillons; 28e, eux; 144e de ligne, deux; 145e, un; 1er, un; 14e, un; 15e, trois; 6e, un; 62e, deux; 70e, deux; total, dix-sept bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
... 2e division, de : 2 bataillons du 9e léger ; 2 bataillons du 16e ; 1 bataillon du 1er de ligne ; 1 bataillon du 14e ; 3 bataillons du 15e ; 1 bataillon du 16e ; 1 bataillons du 62e ; 3 bataillons du 70e ; 5 bataillons du 121e ; 18 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération.
En conséquence, vous retirerez de la division Ricard, qui est votre première division, les bataillons des 9e et 16e léger, pour les réunir à votre deuxième division, dont ils doivent désormais faire partie. Ces bataillons formeront la deuxième division avec ceux des 1er, 14e, 15e, 16e, 62e, 70e et 121e régiments de la division actuelle du général Lagrange. La troisième division se trouvera formée des bataillons restants de la division actuelle du général Lagrange, savoir des bataillons des 23e et 37e léger, 1er, 3e et 4e régiments de marine. Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 2e Division : 16e Régiment d'infanterie légère, 2e Bataillon présent au 6e Corps; le 3e se forme à son Dépôt à Mâcon (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

Le 29 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, dans les dix-huit bataillons de la division de réserve de Paris, vous comprenez le 144e qui est à Chalon-sur-Saône, le 16e léger, qui est à Mâcon, et le 23e léger, qui est à Auxonne. Il serait plus convenable de réunir ces trois bataillons à Auxonne, où ils sont nécessaires pour défendre ce point important, et où ils formeraient une petite brigade sous les ordres du commandant de la 18e division. Ce sera donc trois bataillons qui manqueront. Il faut les remplacer par trois autres, qu'on peut tirer des 11e, 12e et 13e divisions ; je crois même qu'au lieu de trois vous en pourrez trouver sept ou huit ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21052 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37698).

Fin décembre 1813, l'Empereur accepte que le Dépôt du 16e Léger soit transféré de Macon à Moulin (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6337).

X/ LA CAMPAGNE DE FRANCE DU 16E LEGER, JANVIER A MARS 1814

Tambour de voltigeurs 16e Léger Espagne 1812-1813
Fig. 13 : Voltigeur du 16e Léger en Espagne, 1812-1813, par Fort.

La retraite sur le Rhin avait été tellement désastreuse qu'avec les débris de toute l'armée, on ne peut former que 3 grands corps dont les bataillons sont faméliques, pour ralentir l'avancée des Coalisés dès qu'ils franchiront le fleuve : un à Strasbourg donné à Victor, un 2e à Mayence confié à Marmont et un 3e à Mac Donald.

Le corps formé à Mayence sous le commandement de Marmont, prit le titre de 6e Corps d'Infanterie. Il devait défendre le Rhin de Strasbourg à Mayence et s'élevait à un effectif de 10000 baïonnettes et 1200 sabres. La division Ricard, dont faisait partie le 2e bataillon du 16e Léger, en comptait 2900 en associant les hommes de 14 régiments distincts !

Le Rhin ayant été franchi au-dessous de Strasbourg par les Alliés, Victor dut se replier de Strasbourg sur les Vosges qu'il défendit pied à pied pendant qu'on formait à Nancy un nouveau corps sous les ordres du prince de la Moscowa (Ney). Pendant ce temps, Marmont, avec le 6e Corps, se retirait de Mayence sur la Moselle. La division Ricard, dont faisait partie le bataillon du 16e Léger, prit position à Thiaucourt.

Le 5 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... J'approuve que vous fassiez venir à Troyes le 6e bataillon du 86e et le 7e bataillon du 122e. Alors, au lieu de dix-huit bataillons, il y en aura vingt à la division de Troyes ; ce qui, avec le 3e bataillon du 16e léger, fera vingt-et-un bataillons ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6366; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37740).

En janvier, les armées alliées étaient réunies sur la Meuse et la Marne, et les troupes françaises autour de Chalons-Vitry où Napoléon installe son QG. Il décide de vaincre séparément les deux armées de Bohème et de Silesie, disant que 50.000 hommes et lui faisaient 150.000 hommes ! Mais il n'en avait que 35.000.

Plus au Sud, à Macon, dépôt du 16e Léger, les habitants, qui n'ont aucune intention de résister, incitent les faibles troupes du régiment qui y restent sous les ordres d'un capitaine, à se rendre, et d'ailleurs les Autrichiens y entrent sans combattre. Ils seront chassés un temps par une contre-offensive des Gardes Nationaux de Tournus puis reviendront rapidement au bout de 11 jours.

Le 22 Janvier, un ordre de l'Empereur rapatriait de la frontière des Pyrénées la division du général Boyer ; parmi cette division, les restes du 1er bataillon du 16e Léger.

Le 28, Napoléon se porte sur Brienne et l'armée de Blucher. Celui-ci doit décrocher mais rejoint l'armée de Bohème. Le 31 Janvier, Marmont a de la difficulté pour rallier les forces de l'Empereur. Napoléon se replie sur la Rothière et doit accepter le combat. Le corps de Marmont, avec les 199 hommes du 16e Léger, est à l'aile gauche.

Le même 3 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Troyes, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre que les 215 hommes du 5e léger qui sont à Troyes, soient répartis entre les bataillons des 6e, 9e, et 16e léger qui font partie de la division Ricard ...
La division Ricard ne sera plus composée alors que du :
2e léger formant 2 bataillons 700 h ; 4e id. 2 bataillons 700 h ; 6e id. 1 bataillon 300 h ; 9e id. 1 bataillon 500 h ; 16e id bataillon 300 h ; 40e de ligne 1 bataillon 170 h ; 50e id. 1 bataillon 400 h ; 136e id. 1 bataillon 400 h ; 138e id. 2 bataillons 500 h ; 142e id 2 bataillons 800 h ; 144e id 1 bataillon 300 h ; Total 15 bataillons formant 5000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37977).

Le 8 Février, avec des renforts venus d'Espagne et de la Jeune Garde, l'Empereur a créé un 7e Corps d'Armée confié à Oudinot et qui sert de réserve entre la Seine et la Marne. La 9e division du général Pierre Boyer y compte les 14 officiers et 498 hommes du 1er bataillon du 16e Léger : vétérans d'Espagne encadrant de jeunes conscrits.

Le 14 Février, le combat de Vauchamps permet de refouler encore les forces prussiennes de Blücher. Mais l'Armée de Bohème en a profité pour avancer sur le flanc de l'Empereur. Il faut la contrecarrer et laisser un rideau défensif devant Blücher.

Le 18 Février, Napoléon s'empare du pont de Montereau. Le chef de bataillon Ruffat du 16e Léger est blessé.

Le 23 Février, la ville de Troyes est reprise.

Le 27 Février, c'est le combat de Bar sur Aube. Le chef de bataillon Vidal de Lauzun est blessé.

Napoléon cherche à tourner l'armée de Silésie de Blücher qui se retire devant ses forces : celles de Marmont et Mortier et les siennes. Malheureusement, les Coalisés réussissent à s'emparer de Soissons et de son pont sur l'Aisne qui leur permet de s'échapper. Napoléon doit foncer sur Berry au bac pour passer lui aussi sur l'autre rive et envoie Corbineau reprendre Reims, tandis que Marmont et Mortier doivent retenir Blücher autour de Soissons. La perte de Soissons a ruiné la manœuvre d'encerclement de l'Empereur. Il décide alors de pousser l'ennemi sur Laon en passant par Craonne où a lieu une bataille entre le 6 et 7 mars.Victoire française et Blücher se replie sur Laon où une 2ème bataille est livrée les 9 et 10 mars. Mais cette fois ci, les Coalisés résistent et Napoléon préfère replier ses troupes sur Reims que les Coalisés ont réussi à reprendre dans l'intervalle.

A Champaubert et Montmirail, les 10 et 11 mars, les combats sont victorieux. Le chef de bataillon Bouvier du 16e Léger est blessé.

L'Empereur dispose alors de 4 masses aux ordres des maréchaux Mortier, Marmont Ney et Mac Donald, plus la vieille Garde et les Gardes d'Honneur. Le 13 mars Napoléon reprend la ville. Les hommes du 16e Léger au sein du 6e Corps de Marmont s'illustrent par une charge à la baïonnette.

Pendant ce temps, les forces de Schwarzemberg repoussent celles d'Oudinot et Mac Donald entre Nogent et Provins pour pouvoir se porter plus au Nord sur Arcis sur Aube. Napoléon marche à leur rencontre.

Le 15 mars 1814, l'Empereur écrit, depuis Reims, au Gébéral Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je suis instruit qu'il y a encore beaucoup de troupes disséminées. On m'assure qu'il y a 600 hommes de ligne à Moulins ; que font-ils là ? Il faut que le bureau du mouvement relève tous les détachements et les ramasse.
En effet, j'ouvre le dernier livret des divisions militaires, et je vois qu'il y a dans l'Allier 600 hommes du 5e bataillon du 16e léger, 178 hommes du 144e et 175 du 4e de dragons. Donnez ordre que le 5e bataillon du 16e léger verse tout ce qu'il a de disponible dans un cadre de bataillon qu'on forme à Paris. Faites-y mettre également les 178 hommes du 144e. Enfin faites monter à Moulins, par tous les moyens possibles, les 175 hommes du 4e de dragons. Le 121e à Orléans, le 122e à Blois ont des hommes disponibles. Aussitôt qu'il y aura 50 hommes d’armés et d'équipés dans un dépôt, on doit les attirer à Paris pour former la 3e division de réserve, qui doit s'y composer de douze bataillons. Si le bureau du mouvement faisait une pareille revue dans les corps qui sont en Picardie, en Normandie et en Bretagne, etc. vous auriez promptement complété ces douze bataillons ...
Faites réunir à Paris tous les détachements que les 5es bataillons pourront fournir.
80 hommes perdus ici, 80 hommes perdus là, dans un état militaire comme le nôtre où il y a deux cents dépôts, font bientôt 12,000 hommes de perdus dans l'inactivité.
On pourrait désigner les 5es bataillons pour recevoir la levée en masse dans les départements où ils se trouvent
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21496 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38552)

Les 20 et 21 mars, devant des forces très supérieures en nombre et après des combats acharnés, l'Empereur doit ordonner de se replier. Le capitaine Herot et le lieutenant Berty seront blessés lors des affrontements.

Le 23 Mars, Napoléon est à Saint Dizier tandis que les corps de Marmont et Mortier, Oudinot et Mac Donald sont loin de lui. Il compte encore se porter sur les arrières de l'armée de Bohème de Schwarzemberg. Marmont et Mortier sont alors sévèrement accrochés par l'adversaire à la Fère Champenoise le 25 Mars et décident de se replier sous les murs de Paris.

Le 25 mai 1815, l'Empereur à Paris, décrète : "Les huit officiers décorés, dont les noms suivent, recevront chacun, en exécution de notre décision impériale du 28 mars dernier, une augmentation de cent francs par an à la solde de retraite dont ils jouissent ...
Rochard, capitaine au 16e régiment d'infanterie légère ...
La dépense de 800 francs à laquelle s'élèvent ces augmentations, sera ajoutée à celle de 9078 francs précédemment autorisée et elle sera, comme celle-ci, acquittée sur les fonds affectés à la solde de l'armée de terre, suivant les formes prescrites par l'arrêté du 27 vendémiaire an X
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6817).


/ UNIFORMES ET DRAPEAUX

Fig. 14 :

Figure 1 : Le 16e Léger en 1802. Les régiments d'infanterie légère portent le shako à visière agrafé depuis 1798 avec plumet latéral, après avoir parfois porté un mirliton. Mais certains régiments ont encore le chapeau noir (voir la chronique Rovatti en Italie). Les tenues sont classiquement bleu passepoilées de blanc avec le collet rouge. Les gilets sont bleu ou blancs. Les carabiniers ont plumet, cordons, épaulettes et grenades rouges sur les retroussis. Les plaques de shako feront peu à peu leur apparition sous le Consulat. Les boutons comme les plaques seront souvent en cuivre ou laiton. Les pantalons de route sont très variés. La culotte bleu doit rentrer dans des demi-guêtres noires.

Figure 2 : Drapeau modèle 1804 par Rigo. Réalisé par la maison Picot pour l'infanterie légère impériale, ce drapeau fait 0, 80 m de côté, ses ornements peints à l'or, et est surmonté de l'Aigle. Le régiment reçoit 4 Aigles et drapeaux, soit pour chaque bataillon qui est porté par un sergent major. Trois Aigles des trois premiers bataillons vont être emmenés en campagne entre 1805 et 1807.

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Au retour d'Allemagne, passant par Paris en fin Septembre 1808 pour aller en Espagne, le régiment recevra deux couronnes d'or à accrocher au cou de ses Aigles. Mais selon les ordres reçus, le régiment ne doit amener aucun emblème en Espagne et tous les Aigles et drapeaux seront stockés au dépôt du régiment en Alsace.

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un côté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

Figure 3 : Chasseur du 16e Léger vers la fin 1806. Ce dessin, colorisé postérieurement, est tiré du manuscrit de Zimmermann ou "Costumes des troupes françaises et de celles de l'alliance du Rhin qui ont été à Berlin depuis le 24 Octobre 1806". On remarquera le shako très primitif à visière agrafée et sans jugulaires et sans plaque, orné sur le devant d'une cocarde. Les cheveux sont encore noués en queue sur la nuque. On note le plumet, la dragonne et les épaulettes vertes des compagnies de chasseurs. Le reste de la tenue bleu passepoilée de blanc est classique pour l'infanterie légère française. Nous n'y reviendrons pas.

Figure 4 : Sapeur du 16e Léger vu par Kolbe. C'est vraisemblablement dans la période de tranquillité après Août 1807 que le régiment peut penser à son équipement et que le colonel va comme ses collègues se composer une belle tête de colonne pour les défilés, pour impressionner les bons Prussiens et faire tourner les têtes romantiques de la gente féminine. Nos sapeurs sont donc rhabillés "pour l'hiver" et cédant à la mode étrangère, le colonel décide de leur fournir une tenue, de coupe toute germanique. Tout d'abord le shako, qui finalement coiffe l'infanterie légère depuis longtemps, le portant déjà sous le Consulat. Celui-ci de facture primitive et sans jugulaires porte une visière agrafée ; et une plaque de métal blanc à soubassement du plus bel effet. Notre sapeur faisant partie de la compagnie de grenadiers a orné le fut d'un galon écarlate en haut et en bas qui s'harmonise avec le cordon et les raquettes et le plumet de la même couleur. Le plus extraordinaire reste l'habit veste et la culotte, de fond bleu comme il se doit, mais distingués de violet, avec des revers coupés en "écusson" faisant ressembler notre sapeur à un soldat wurtembergeois. Le collet et les retroussis violet sont ornés de grenades de couleur bleu. Tandis que la culotte voit ses coutures latérales ornées d'un feston violet. Elle entre classiquement dans des demi-guêtres noires. Le haut des bras est orné de haches et grenades en tissu violet. La buffleterie du tablier et des gants à crispin est noire mais celle des baudriers porte hache et porte sabre briquet reste blanche. N'ayant que peu de place pour les cartouches de son mousqueton notre sapeur porte aussi une petite giberne "à la Corse" sur le devant accrochée à un ceinturon et le tout de cuir verdâtre. Cette tenue va être portée jusqu'au départ du régiment pour l'Espagne, puisque l'iconographie nous montrera par la suite une tenue des sapeurs beaucoup plus réglementaire et avec le port d'un bonnet d'oursin.

Figure 5 : Tambour Major du 16e Léger en 1807-1808. Notre tambour Major Jean Saint-Sernan, décoré de la Légion d'Honneur, porte un surtout bleu largement soutaché d'argent à boutons de même. On note ses deux galons argent de sergent-major aux manches et ses trèfles argent sur les épaules. Le chapeau noir est gansé et floché d'argent et porte un grand plumet blanc à base rouge. Sa culotte de nankin entre dans des bottes noires galonnée d'argent. Attribut de sa fonction : la canne à pommeau argenté.

Figure 6 : Carabinier et voltigeur du 16e Léger en 1807-1808. On notera d'emblée le shako encore archaïque avec sa visière agrafée et le port d'une ganse latérale avec un petit bouton qui traduit le fait qu'on y portait autrefois le plumet sur le même coté dans ces deux compagnies d'élite. On comparera avec le shako de la figure 2. Nos hommes agrémentent leur coiffure d'une plaque frontale de métal blanc en forme de grenade pour le carabinier et d'Aigle à soubassement pour le voltigeur . Le plumet, cordon , et galon haut et bas du shako sont écarlates pour le carabinier, tandis que le voltigeur l'orne de cordons blancs, d'un galon chamois comme son collet et d'un plumet chamois et vert, comme la soutache de ses guêtres. On verra enfin sur le reste d'un uniforme classique d'infanterie légère des pattes de parements à 4 boutons au lieu de trois : écarlates pour le carabinier et chamois pour le voltigeur. On notera aussi le port de capotes marron sur les sacs.

Tambours de carabiniers 16e Léger Bardin 1814
Fig. 15 : Tambours de carabiniers; grande tenue et tenue de repos, d'après Bardin

Figure 7 : Les tenues du 16e Léger en 1809 vus par les collections alsaciennes. Ces dessins reprennent les descriptions des soldats du 4e bataillon restés alors sur le front Est Europe.
Carabinier et sapeur : Quand nos carabiniers et les sapeurs du régiments qui font partie de ces compagnies d'élite ont-ils pris le bonnet d'oursin alors qu'en 1807-1808, ils avaient encore le schako (voir figure 4) ? Vraisemblablement fin 1808 avant le départ des trois premiers bataillons pour l'Espagne puisque on retrouvera ce couvre-chef plus tard dans la péninsule ibérique. Les bonnets d'oursin sont garnis du plumet écarlate et d'un cordon et raquettes blanches . Les distinctive de la compagnie délite sont classiques, de même que les attributs du sapeur.
Le voltigeur : Porte lui aussi les marques de sa compagnie, le plumet, la dragonne du sabre briquet et les épaulettes verts et jaunes, le collet chamois passepoilé d'écarlate par fantaisie régimentaire. Le cordon du shako reste blanc. Le reste de la tenue est très réglementaire et le sabre briquet est porté par cette compagnie d'Elite.
Tambour de compagnie de chasseurs et musicien du régiment : Nous voici avec la tenue des musiciens dans l'espace de liberté laissé au chef de corps pour vêtir sa "tête de colonne". Le colonel a donc opté pour habiller ses musiciens en rouge et vert. Ce qui n'a pas été fait comme dans d'autres régiments aussi pour les sapeurs. Les tenues sont galonnées de blanc pour les tambours et sans doute d'argent pour les musiciens régimentaires qui portent aussi deux petits trèfles argent sur les épaules et à leur shako le plumet blanc de l'Etat-Major dont ils font partie. Rappelons que les musiciens régimentaires sont des professionnels gagistes engagés par le régiment, à la différence des tambours, fifres et cornets des compagnies.

Figure 7bis : Cornet de voltigeurs du 16e Léger en 1809-1810. On comparera avec la figure 13 plus tardive du tambour de voltigeurs vers 1812-1813, dans la répartition des couleurs distinctives de l'uniforme et le collet chamois des voltigeurs, qui n'est ici pas présent.

Figure 8 : Tambour Major du 16e Léger en 1809-1811 par Fort. Comme nous l'avons vu pour les musiciens et les tambours, la tête de colonne à partir de 1809 est habillée en rouge et vert. Le Tambour-major galonne et soutache son habit largement d'argent. Ses galons et ses deux épaulettes argent marquent son grade. On comparera l'évolution par rapport à la figure 5. Le plumet blanc émerge à présent de 3 petits plumets tricolores et la banderole porte sabre et les ceinturon sont cramoisis bordés d'argent. Le gilet chamois " à la hussarde" a boutons et ganses argent.

Figure 9 : Chirurgien du 16e Léger en Espagne par Fort. Notre chirurgien a adopté une tenue plus pratique que l'uniforme du régiment ou de sa tenue bleu barbeau brodée. Sur un gilet "à la hussarde" gansé de blanc, il porte une veste courte blanche distinguée de cramoisi (couleur de sa fonction au sein du service de santé) au collet et parements. Sa culotte bleu entre dans des bottes noires.

Figure 10 : Musicien du 16e Léger en tenue de campagne en Espagne, 1810-1811, par Fort. Notre musicien a revêtu sa capote marron et porte un pantalon de route large brun, resserré aux chevilles comme beaucoup de troupes dans la péninsule ibérique. Son sac est sur le dos et il a entouré son instrument de musique (sans doute une clarinette) d'un morceau de tissu bariolé pour le protéger de la poussière. Mais il n'a pas revêtu le couvre shako, ce qui permet d'admirer son couvre-chef au fût recouvert de feutre vert galonné en haut et en bas de blanc et décoré d'une plaque de métal blanc à Aigle et à soubassement et de cordons tressés blancs.

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

Figure 11 : Musiciens du 16e Léger en Espagne début 1812, par Rigo (revue britannique Tradition n°60). Nos musiciens ont enlevé leurs capotes, ce qui permet de voir le haut de leur uniforme par rapport à la figure 10. La tenue est entièrement verte avec les retroussis blancs, galonnée d'argent et passepoilée de rouge, au collet et revers. Ce qui est remarquable, ce sont les revers comme dans l'infanterie de Ligne : fantaisie du colonel ou utilisation d'un stock d'uniformes coupés pour une autre unité ? Le shako vert, que nous avons vu précédemment, est galonné de blanc ou d'argent et arbore le plumet blanc de l'Etat-Major.

Figure 12 : Sous-officier de chasseurs du 16e Léger en Espagne, 1811-1812, par Fort. L'uniforme de notre sous-officier blessé comporte certains éléments assez caractéristiques de la campagne d'Espagne : le couvre shako blanc et le pantalon de route large brun. Les 3 chevrons d'ancienneté témoignent de 20 ans de service. Mais ce qui est le plus remarquable restent les passepoils rouge qui bordent les revers, poches parements et même le gilet alors que réglementairement, ils devraient être blancs.

Figure 12b : Voltigeur du 16e Léger en Espagne, 1812-1813, par Fort. Fidèle à son habitude, Fort offre une variante de son chasseur en Espagne en changeant le collet dans la couleur chamois des voltigeurs. Mais on notera toujours les passepoils rouges au lieu de blancs sur l'uniforme d'infanterie légère. Cette silhouette a été reprise par Bueno et Rigo.

Figure 13 : Tambour de voltigeurs du 16e Léger, fin de la campagne d'Espagne, 1812-1813. Un tambour chez les voltigeurs, voilà qui est singulier puisque les compagnies de voltigeurs devraient avoir des cornets. Mais dans les faits, cet instrument, difficile à utiliser pour transmettre des ordres, fut souvent remplacé par des tambours. On remarquera ici aussi comme pour les musiciens d'Etat-major un habit entièrement vert, mais avec les revers en pointe de l'infanterie légère, galonné de blanc et collet chamois des compagnies de voltigeurs. Les retroussis sont à priori blancs comme chez les musiciens d'Etat Major, mais on peut concevoir qu'ils soient verts. On remarquera aussi le passepoil écarlate présenté dans plusieurs uniformes du 16e Léger (voir figures 12 et 12 bis) de cette période. Mais d'autres régiments d'infanterie légère présentent aussi cette particularité depuis 1809 (voir dessins du Bourgeois de Hambourg). Le shako est galonné en haut et en bas et orné de chevrons latéraux jaunes chamois : disposition adoptée pour les voltigeurs vers la fin de l'Empire, et s'orne d'un plumet entièrement vert.

Figure 14 : La tenue du 16e Léger en Allemagne début 1813. Les dessins réalisés sur l'Armée françaises (manuscrit de Dresde ou de Freiberg) montrent que jusqu'à la mi 1813, l'infanterie française porte encore largement les tenues antérieures au fameux règlement Bardin qui se mettait alors en place progressivement. Seuls les contingents de conscrits venant des dépôts et les cohortes de Gardes Nationales qui ralliaient le théâtre d'opération devait avoir des uniformes neufs à la nouvelle coupe.

Figure 15 : La tenue du 16e Léger pendant la campagne de France, 1814 : Tambour de carabiniers grande tenue et tenue de repos. Les nouveaux soldats ont maintenant la tenue Bardin du règlement de 1812 avec les revers entièrement fermés. Les tambours et cornets régimentaires ont à présent une tenue verte galonnée à la livrée de l'Empereur. On remarque aussi la petite tenue d'un tambour entièrement verte avec le bonnet de police ayant pris la forme du pokalem. Le shako des carabiniers est galonné d'écarlate et porte la nouvelle plaque à l'Aigle à soubassement orné du numéro du régiment.

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