Le Général Louis Etienne Dulong de Rosnay
1780-1828
Avertissement et remerciements : Cette courte biographie fournie et illustrée par Marc Morillon, que nous remercions vivement, a été réalisée à partir du travail d’Hervé Charrat
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Louis Etienne Dulong est né le 12 septembre 1780 à Rosnay l’Hôpital, à côté de Brienne le Château (Aube). Orphelin très jeune, il est confié à son grand-oncle maternel, le chevalier Nicolas Fleuriot des Essarts.
Au début de 1799, année de ses 19 ans, il suit en Italie un parent diplomate auprès duquel il sert comme secrétaire. C’est ainsi qu’ils se trouvent à Ancône au moment du soulèvement de la province. Louis Etienne s’engage alors comme volontaire dans une compagnie auxiliaire levée par le général Monnier et formée d’employés de l’administration.
Le 9 juin, lors des combats de Pesaro, il se fait remarquer pour sa bravoure en sauvant deux pièces d’artillerie menacées par l’ennemi. Il est dès lors nommé sous-lieutenant des hussards volontaires. Le 25 juin, lors d’un combat aux abords du défilé du Fourlo, son lieutenant est tué et Louis Etienne doit prendre le commandement des hussards. Il les fait charger dans le passage tenu par l’ennemi pour « se faire jour ». Notre jeune officier a pris un coup de sabre sur le front et un autre sur le sommet du crâne. Il est nommé lieutenant le 3 juillet et se trouve encore engagé dans plusieurs affaires qui lui valent un coup de sabre au genou et un coup de baïonnette à la cuisse.
Le 3 novembre, en combattant des grenadiers hongrois, il a le bras droit fracassé par un coup de feu. Cette blessure très grave va être à l’origine d’une infection osseuse chronique et de douleurs qui vont le handicaper jusqu’à la fin de sa vie. Dès lors il aura pratiquement toujours le bras droit en écharpe. Il est nommé capitaine sur le champ de bataille. Le 16 novembre 1799, le général doit capituler, abandonnant Ancône et Dulong, laissé avec d’autres blessés « à la générosité de l’ennemi ».
Louis Etienne Dulong rentre en France en avril 1800. Il est confirmé dans son grade de capitaine par le Premier Consul et nommé à l’état-major du général Monnier qui commande maintenant une division de l’armée de réserve. Il est placé « à la suite » du 6e hussards. C’est avec cet état-major qu’il passe le Grand St Bernard le 22 juin et qu’il se trouve à Marengo le 14 juin. Le 14 octobre, il est de retour à Pesaro dont il est nommé commandant d’arme. Pendant plus d’un mois, il défend cette place contre les Anglais et les Autrichiens et s’empare même d’un drapeau autrichien lors d’une sortie. Mais le 4 décembre, il doit capituler et il évacue la place deux jours plus tard avec les honneurs de la guerre. Ayant rejoint Monnier, il combat encore à Pozzolo où il reçoit un coup de baïonnette au côté droit.
En janvier 1801, à la fin des hostilités, il revient à Pesaro puis en juillet, il est nommé adjudant de place à Milan, affectation plus calme dans laquelle il s’ennuie et demande un congé de convalescence. Il est donc de retour en France au moment de la paix d’Amiens. Il est nommé chef d’escadrons et admis au traitement de réforme par suite de blessures. Mais une fois de plus, il s’ennuie et demande à reprendre du service, mais dans l’infanterie légère, sa blessure au bras droit l’empêchant de poursuivre une carrière dans la cavalerie. Ses souhaits sont exaucés et le voilà chef de bataillon au 15e régiment d’infanterie légère en mai 1803.
Le 14 juin 1804, il est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. En avril 1804, son régiment est à Landau et en décembre, Louis Etienne fait partie de la délégation venue assister au sacre.
Au printemps 1805, Dulong est à Strasbourg avec les deux bataillons de guerre du régiment. Il quitte l’Alsace le 19 septembre pour rejoindre la division Friant (corps de Davout) dans la région de Mannheim. Pendant que les Autrichiens sont encerclés dans Ulm, le corps de Davout se met en marche à travers la Bavière. Dulong arrive à Vienne le 15 novembre à la tête des grenadiers de la division Friant ; il s’agit de faire une démonstration de force pour éteindre l’insurrection naissante dans la capitale autrichienne.
Le 2 décembre, à Austerlitz, c’est Dulong lui-même qui commande le 15e léger, le colonel étant absent et le major Geither ayant été blessé dès le commencement de l’action. La division Friant combat dans le village de Sokolnitz, à la droite du dispositif français. Le régiment composé d’une majorité de jeunes soldats recule devant la poussée russe, mais Dulong parvient à les reprendre et même à contre-attaquer. A l’issue de la bataille, Davout félicite Dulong, démarche exceptionnelle de la part du maréchal.
Le régiment se met en marche vers le Rhin après la paix de Presbourg, puis il est rappelé à Paris. Occupé dès lors à reconstituer ses effectifs, il ne prend pas part à la campagne de Saxe. Mais les deux bataillons de guerre sont finalement rappelés à la Grande Armée pour la campagne qui se prépare en Pologne.
La route est pénible pour Dulong qui souffre beaucoup de son bras. Le chirurgien qui l’accompagne doit inciser et évacuer le pus d’abcès qui se reconstituent. Le 31 décembre 1806, il est à Hambourg. Après des affectations successives aux corps de Mortier puis de Lefebvre, le 15e léger retrouve le 3e corps et la division Friant le 23 février 1807. Dulong et ses hommes ont connu les marches et les contre-marches dans les boues glacées de la Pologne mais ils n’étaient pas à Eylau le 8 février.
Le 22 février, Dulong apprend que les demandes répétées de Friant et de Davout ont porté leurs fruits et qu’il est nommé major, d’abord à la suite du 15e léger puis le 4 avril au 31e léger. En route pour rejoindre le dépôt de ce régiment qui se trouve à la Roche-sur-Yon, il se trouve à Berlin au moment de la bataille de Friedland.
De passage à Paris pour se rendre en Vendée où le rôle administratif de major ne lui convient pas et il demande un commandement. C’est ainsi qu’il se trouve à la tête du 1er régiment provisoire d’infanterie légère du corps d’observation de la Gironde sous les ordres de Junot. Les hommes sont d’origine italienne puisqu’il s’agit du 3e bataillon du 31e léger (piémontais) et du 2e bataillon du 32e léger (génois). Le régiment franchit la frontière espagnole le 26 octobre 1807. Il arrive à Lisbonne le 5 décembre 1807 après avoir parcouru 800 km sur des chemins difficiles et dans des conditions météorologiques épouvantables, dans le froid et sous la neige.
Le régiment se « refait » au cours des premiers mois de 1808 dans ses différents cantonnements autour de Lisbonne. Mais en mai 1808 l’insurrection espagnole trouve des résonnances au Portugal. Les troupes espagnoles qui s’y sont engagées aux côtés des Français sont dans une situation délicate et sont prêtes à se rebeller. C’est par la persuasion et le respect qu’il leur inspire que Dulong parvient à faire mettre bas-les-armes à six bataillons espagnols en juin 1808.
Les mois suivants, chargé de la garde du camp de Morfacem à l’embouchure du Tage, il se montre d’une grande efficacité vis-à-vis des tentatives de débarquement et de ravitaillement des Anglais. Ses hommes capturent une péniche anglaise qui tentait un débarquement. Malgré tout, en août, les Français sont battus par les troupes de Wellesley et doivent être rapatriés vers la France à l’issue de la convention de Cintra.
Dulong et ses hommes débarquent à la Trinité sur mer le 24 octobre. Le séjour en France est très court puisque dès le 18 décembre, Dulong et son régiment repassent la frontière à Irun. Le 10 janvier ils sont passés en revue par l’Empereur à Valladolid. Celui-ci va interrompre sa poursuite des Anglais de Moore et repartir vers l’Autriche, confiant la poursuite à Soult. Dulong et son régiment ont surement dû faire bonne impression puisque 3 jours plus tard, Dulong est nommé officier de la Légion d’Honneur. Il a seulement 28 ans !
Entre-temps, Moore a été rejeté à la mer et Soult a reçu la mission d’envahir le Portugal par le nord. Dulong et ses hommes quittent Valladolid ; ils seront à St Jacques de Compostelle le 31 janvier. La campagne est éprouvante sous le froid et la pluie ; les vivres sont rares et les jeunes soldats souffrent. Dulong est désespéré et il écrit le 22 janvier : « … temps exécrable, je n’ai plus de soldats, tous meurent de misère et de faim- je suis décidé à prendre ma retraite… » On change alors la composition du régiment, le bataillon du 31e devant rejoindre son unité.
Le nouveau régiment rassemble désormais le 2e bataillon du 32e léger, le 4e bataillon du 15e léger et le 2e bataillon de la garde de Paris. Il fait partie de la brigade Graindorge et de la division Heudelet.
Lors de la marche vers Porto, le régiment est à l’avant-garde et il doit faire face aux attaques des insurgés espagnols de Galice. Soult est tellement satisfait des services de Dulong qu’il déclare devant ses généraux : « Avec de tels hommes, on peut aller partout. » Soult arrive à Porto le 27 mars 1809 mais la division Heudelet a été laissée en réserve à Braga. C’est de cette ville que les hommes de Dulong se remettent en marche vers le nord pour secourir les 3400 hommes de la garnison de Tuy, le général Lamartinière et le colonel d’Aboville avec l’artillerie assiégés par les Espagnols. Ils emportent de vive force le pont de Ponte de Lima défendu par 3000 portugais le 8 avril.
En mai, Dulong et les hommes de la division Heudelet font partie de l’expédition de Loison contre Amarante et les hommes de Silveira. Au passage du défilé de Mesao Frio, Dulong et ses hommes sont pris sous le feu des Portugais. Trois cents hommes sont mis hors de combat. Au retour de cette expédition malheureuse, ils rejoignent le reste de l’armée de Soult à Guimaraes. Ceux-ci sont en effet en retraite après s’être laissés surprendre par les Anglais de Wellesley dans Porto la veille.
La route choisie pour rejoindre l’Espagne passe par la Sierra de Santa Catarina. Le 15 mai, étant parvenu à prendre une journée de marche d’avance sur les Anglais, Soult arrive à San Joao del Rey. Dulong et ses hommes marchent à l’avant-garde de la division Loison. Mais ils reçoivent une mauvaise nouvelle : leur route est coupée au pont de Velha ou de Rêz (appelé pont de Ruivaens ou de Saltador dans certaines sources). Le pont a été détruit et le passage est gardé par 2000 miliciens portugais des « ordenanças » avec de l’artillerie. Le Rio Saltadouro, affluent du Rio Cavado est en crue et n’est pas guéable. Il faut passer absolument sans quoi l’armée sera rattrapée par les Anglais. Il existe sur cette rivière, un autre pont, le ponte Nova d’accès difficile et moins bien défendu.
Soult confie alors à Dulong la mission de s’emparer de ce pont. Celui-ci choisit une centaine de soldats d’élite et quelques sapeurs et il s’enfonce dans la nuit derrière un guide portugais placé sous la menace d’un de ses hommes. A 11 heures du soir, il arrive à proximité du pont. Il constate que les Portugais ont laissé une planche pour franchir l’obstacle du pont détruit. Il y a là une seule sentinelle, les vingt autres miliciens étant pelotonnés autour d’un feu sous un abri de feuilles à proximité. Dulong détache vingt hommes qui passent sur la planche en rampant et qui s’établissent sur l’autre rive. La sentinelle n’a rien entendu à cause du bruit du torrent. Elle est tuée d’un coup de baïonnette et les vingt autres sont neutralisés par les grenadiers français.
Apprenant ce succès, Soult prend Dulong dans ses bras : « Je vous remercie au nom de la France, brave major, vous avez sauvé l’armée … ». Le fait d’armes figurera plus tard sur les armes de Dulong. Les sapeurs réparent sommairement le pont et rétablissent le passage. Le répit n’est que de courte durée. Dès le lendemain matin, il faut franchir un nouveau pont dans le fond d’un ravin encaissé et derrière lequel sont embusqués des soldats portugais. C’est le pont de Misarela (ou ponte do Diabo) enjambant un autre affluent du Cavado, qui n’a pas été détruit mais qui est obstrué par des abattis et des rochers. Il faut forcer le passage et c’est à nouveau Dulong qui est chargé de l’opération.
Deux premiers assauts menés avec les grenadiers (carabiniers du 15e léger, de la Légion du Midi et de la Garde de Paris) ont échoué. Dulong rassemble les voltigeurs et repart à l’assaut. Il tombe frappé à la tête mais l’élan est donné et le capitaine Le Blanc de la Garde de Paris entraîne les hommes et parvient à passer. L’armée est sauvée une seconde fois.
Le 19 mai, l’armée de Soult, épuisée, arrive à Orense. Dulong, porté sur un brancard arrive à Lugo le 23 mai puis continue sur Madrid où il va faire soigner sa blessure. La balle était entrée sous l’aile du nez et s’était arrêtée sous l’œil droit.
Début août, il rentre en France, mais le convoi qui l’accompagne est attaqué deux fois par les guérillas. Arrivé à Paris, il apprend que le 24 juillet, il a été nommé colonel. Il profite de cette période de paix relative pour rester en convalescence au sein de sa famille. Il reçoit le commandement du 12e léger le 26 novembre et le 23 décembre, il est nommé chevalier de la couronne de fer. La convalescence se poursuit en 1810 et il se rend aux eaux à Barèges en août 1810 sur les conseils de ses médecins.
Il repart en campagne en octobre 1810 pour rejoindre son régiment en Andalousie, il voyage avec l’escorte du général Girard. Il est à Madrid le 5 décembre et à Grenade le 21 décembre. Le 30 décembre il rejoint son régiment à Almeria. Il y est fort bien accueilli, précédé de sa réputation de bravoure connue de toute l’armée. Le régiment appartient à la division Sebastiani de l’armée du Midi. Le rôle de la division est de contenir l’armée espagnole de Murcie et de l’empêcher de venir perturber le siège de Cadix.
Mais dès le printemps 1811, une autre menace vient cette fois d’Estrémadure que les troupes Anglo-portugaises viennent d’envahir. Le régiment est rappelé à Séville où il est incorporé dans la division du général Werlé. Le 16 mai, il est engagé dans la sanglante bataille de la Albuera. Le régiment tient sa position sous le feu de l’artillerie et de la mousqueterie anglaises. Il perd 400 hommes mais trouve encore la ressource de couvrir la retraite. On le retrouve d’ailleurs à la prise d’olivenza le 20 juin et à celle de Niebla le 2 juillet.
De retour dans la province de Grenade, Dulong est engagé dans les combats contre la division espagnole du comte de Montijo que l’on poursuit dans les Alpujarras et la Sierra Nevada. Il fait toujours preuve de la même impétuosité qui contraste avec l’attitude timorée du général Godinot sous les ordres duquel il est placé. C’est ainsi que le 9 août, prenant l’initiative et désobéissant aux ordres, il attaque au Rio Barbata près de Baza.
En octobre, c’est Ballesteros qui s’est réfugié dans le camp de San Roque près de Gibraltar. L’expédition contre lui est un échec du fait de l’indécision de Godinot mais Dulong sauve la colonne en retraite, harcelée par les Espagnols.
Le 12 janvier 1812, il est nommé baron d’Empire. Outre les escortes de convois et les colonnes mobiles, Dulong et son régiment marchent au secours de Badajoz assiégée par Wellington en avril 1812. Ils arrivent trop tard, la place a été prise et mise à sac par les Anglais. Le 12e léger est alors envoyé en renfort au siège de Cadix. A cette époque, Dulong souffre énormément de son bras et en juillet, il demande un congé pour aller prendre les eaux à Barèges.
Dès le mois d’août, il faut lever le siège de Cadix et remonter vers le nord. Après être passé par Madrid, le régiment est à Daimiel le 12 décembre. Pendant toute cette marche, Dulong et son régiment ont fréquemment combattu à l’arrière-garde pour protéger la retraite tant contre les Espagnols que contre les Anglais.
La lettre lui accordant un congé pour raison de santé lui arrive enfin en février 1813. En arrivant à Paris le 26 avril, Dulong apprend qu’il est nommé général de brigade. Mais la situation le préoccupe et bien qu’en congé, il demande à reprendre du service. Le 26 mai 1813, il reçoit le commandement d’une brigade de la Jeune Garde.
La campagne de Saxe a déjà commencé lorsque Dulong rejoint Dresde le 22 juillet. Il y apprend que Napoléon l’a nommé commandant de la Légion d’Honneur. Sa brigade, qui fait partie de la division Delaborde, comprend les 8e, 9e et 10e régiments de voltigeurs de la Garde. Ce commandement prestigieux sera pour lui de courte durée puisqu’il est rattrapé par ses problèmes de santé. Son bras le fait abominablement souffrir et les ponctions d’abcès répétées n’y font rien. Il est donc autorisé à quitter son commandement et à rejoindre la ville thermale de Wiesbaden. Il est remplacé par le général Combelle. Il n’est donc pas présent à la bataille de Dresde les 26 et 27 aout 1813.
La cure à Wiesbaden lui fait peu d’effet et Larrey lui conseille l’amputation qu’il refuse. A la fin de 1813, c’est cette fois ci le territoire national qui est menacé et Dulong demande à reprendre du service. L’Empereur lui confie la levée en masse du département de l’Aube.
Dès son arrivée à Troyes, il met la ville en état de défense. Le 1er février 1814, il combat à la tête de 2000 hommes un corps autrichien de 6000 hommes. Puis, l’armée française ayant dû évacuer le département à la suite de la bataille de La Rothière, Dulong suit le Grand quartier général. On lui a confié la défense du fort de Bicêtre, mais il doit l’évacuer et rejoindre le corps de Marmont. Il est alors nommé dans la Vieille garde, ce qui lui permet d’échapper à la « ragusade ».
Le 20 avril, Napoléon fait ses adieux à Fontainebleau et le 3 mai, Louis XVIII fait son entrée à Paris. Louis Etienne Dulong est bien vu par le nouveau régime : outre sa célébrité dans l’armée, il a pour épouse Esther de Sagey, dont l’oncle paternel, monseigneur de Sagey a protégé les prêtres français émigrés.
Le 1er juin 1814, Dulong est nommé lieutenant de la 1ère compagnie des Gardes du Corps, la prestigieuse compagnie « Ecossaise », commandée par le duc d’Havré. Le 29 juin, il reçoit la croix de chevalier de Sant Louis, le 28 juillet la décoration du Lys et le 28 août il est nommé grand-officier de la Légion d’Honneur. Enfin, le 18 mars 1815, il est nommé lieutenant-général.
N’ayant pas accepté d’emploi pendant les Cent-jours, Louis XVIII le nomme à son retour lieutenant-commandant de la première compagnie des Gardes du Corps. Le duc d’Havré étant âgé de 71 ans, c’est en fait Dulong qui assure le commandement effectif. C’est à partir de cette époque qu’il signe « Dulong de Rosnay ». Nous sommes en temps de paix et le calendrier des activités se partage entre Versailles, Paris et les cures au Mont d’Ore. Le service est peu astreignant, la compagnie étant de garde auprès du roi seulement 3 à 6 mois par an.
Le 1er mai 1821, Dulong est fait commandeur de l’ordre de St Louis, 4 jours avant la mort de Napoléon à Ste Hélène dont la nouvelle parvient dans l’indifférence quasi-générale. Le 30 mai, le roi lui donne le titre de comte.
Le 23 mai 1824, soit quatre jours avant le sacre de Charles X à Reims dont il assure le commandement de l’escorte, il est élevé à la dignité de grand-croix de l’ordre de St Louis. Le 16 novembre 1825, après dix ans passés à la maison militaire du Roi, il est nommé commandant de la 17e division militaire en Corse. Il y est très bien accueilli et ses premiers mois d’activité le voient réussir à neutraliser bon nombre de bandits. Mais il souffre toujours autant de son bras et la survenue d’une « fièvre quarte » lui fait demander un congé sur le continent. Il quitte Bastia le 15 juin 1827 mais un an plus tard il n’a toujours pas rejoint son poste.
Ses demandes de prolongation de congé sont mal reçues à la cour et il est mis en disponibilité. Cette décision a un effet très négatif sur son moral, déjà bien atteint, et le 20 mai 1828, il se tire une balle dans la tête. Il avait 47 ans. Une fin bien triste pour ce grand blessé qui malgré ses souffrances s’était fait connaître comme un des plus braves officiers de l’Empire.