1793-1815
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Avertissement et remerciements : La base de cette étude est constituée de l'Historique du 5e Régiment de Hussards, que nous avons reproduit intégralement, complété par les différentes sources dont nous disposons actuellement. Nous y avons notamment intégré les souvenirs militaires d'Hippolyte d'Espinchal, souvenirs qui parfois ne sont pas sans contradictions avec l'Historique régimentaire, voire même avec Martinien, au sujet des dates de blessure ou de mort de certains Officiers. Un grand merci à Monsieur Jean-Yves Forthoffer pour nous avoir autorisés à utiliser et publier les travaux de son père, Monsieur Roger Forthoffer. Un grand merci encore à Monsieur Peter Harrington, Conservateur de la "Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library", de nous avoir permis d'utiliser des documents issus de cette collection. Un grand merci également à Monsieur Claude Achard, qui lui aussi, nous a gentiment autorisés à utiliser des documents issus de sa collection familiale. Merci enfin à Monsieur Bertrand Malvaux de nous avoir autorisés à insérer dans notre historique les photos et son texte relatifs à la sabretache du citoyen Nicolas Omelin, époque Révolution, ainsi qu'un portrait miniature représentant peut être un Trompette du 5e Hussards à la fin de l'Empire |
I/ Abrégé historique du Régiment des Hussards de Lauzun (par la suite 6e Hussards) depuis sa création jusqu'au 4 juin 1793
Le Duc de Lauzun, Chef de Lauzun-Hussards (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur)
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Le Duc de Lauzun, Mestre de camp propriétaire de Hussards-Lauzun (in Choppin : Les Hussards) |
Colonel des Hussards de Lauzun, d'après Nicolas Hoffmann; entre 1780 et 1788 (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Officier de Lauzun-Hussards, 1783, extrait de l'Historique régimentaire (collection de l'auteur) |
Hussard de Lauzun, Réglement du 1er octobre 1786 (in Choppin : Les Hussards) |
Hussards de Lauzun en 1788 (d'après Choppin, les Hussards | Hussard de Lauzun sous Louis XVI |
La Légion de Lauzun se forme à Morlaix le 4 septembre 1778. Embarquée à Brest le 2 mai 1780, elle fait la campagne d'Amérique sous les ordres du Général de Rochambeau. Le Général Susane raconte :
"Cette cavalerie de la légion de Lauzun se composait de 2 compagnies de lanciers et de 2 compagnies de hussards, et ces 4 compagnies furent les seules troupes à cheval attachées au petit corps d'armée que le gouvernement français envoya en 1780, sous les ordres de ROCHAMBEAU, au secours des états-Unis d'Amérique. Si l'on se représente, à l'aide des descriptions de COOPER, ce que pouvait être, en 1780, un pareil terrain de guerre, on aura l'idée du service qu'eut à faire cette poignée de cavaliers. Nous ne pouvons songer à raconter ici les opérations de l'armée de ROCHAMBEAU. On en trouvera le récit très-détaillé et très-sympathique pour la France, dans un livre récemment publié par M. Thomas BALCH, sous ce titre : Les Français en Amérique. Contentons-nous de dire que les volontaires de Lauzun embarqués à Brest à la fin d'avril 1780, et partis le 2 mai, abordèrent la terre américaine au mois de juillet à Newport. Ils passèrent l'hiver au milieu des forêts du Connecticut. Ils reçurent, le 11 juillet 1781, la visite de WASHINGTON dans leur campement de Chatterton-Hill. Les Américains furent très-satisfaits de leur tenue. Dans la nuit du 17 au 18 juillet, le lieutenant NORDMANN fut tué dans une rencontre avec les dragons anglais. Le lieutenant KILMAINE se fit connaître dès cette époque par son intelligence dans la conduite des reconnaissances entre New-York et Philadelphie. La cavalerie de Lauzun livra un brillant combat le 3 octobre contre celle du général TARLETON qu'elle culbuta. 3 capitaines de la légion y furent blessés : BILLY , DILLON et DUTERTRE. C'était pendant l'investissement d'York, et peu de jours avant la capitulation de CORNWALLIS. Ce fut à M. de LAUZUN que ROCHAMBEAU confia la mission d'aller porter au roi cette grande nouvelle. Sa légion prit ses quartiers d'hiver à Hampton : ses détachements s'étendaient jusqu'aux frontières de la Caroline du Nord".
A la paix, une partie seulement est embarquée le 11 mai 1783 pour la France, où la Légion doit se reformer au moyen de contingents composés d'étrangers, d'Alsaciens et de Lorrains. Le Général Susane explique :
"La légion de Lauzun, laissée seule en Amérique après le départ de ROCHAMBEAU, demeura à Wilmington jusqu'au 11 mars 1783, arriva à Brest le 11 juin et fut envoyée à Hennebon. L'infanterie continua à compter parmi les troupes de la marine, et fut spécialement chargée du service du Sénégal".
Bonnet de Hussards de Lauzun, 1786"
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Hussard de Lauzun en 1786, d'après Lucien Rousselot (Carnet de la Sabretache N°5, 1970) |
Uniforme du 5e Hussards, d'après Vernet et Lami, "Collection des Uniformes, 1791-1814" |
Officier de Lauzun selon de Réglement de 1788 (In Choppin : Les Hussards) | Officier des Hussards de Lauzun, 1789, d'après Nicolas Hoffmann; aquarelle de Schneider copiée sur le recueil de Darmstadt (avec l'aimable autorisation de Mr Bertrand Malvaux, www.bertrand-malvaux.fr) |
Débarquée à Brest le 11 juin et dirigée d'abord sur Hennebont, cette fraction de l'ancienne Légion de Lauzun sert de noyau le 10 octobre de cette même année à la formation d'un nouveau Régiment de Hussards qui reçoit le nom de Hussards de Lauzun. Ce nouveau Corps prend le numéro 6 des Régiments de l'arme et va tenir garnison à Lauterbourg. Le Duc de Lauzun en est Colonel-propriétaire, et le Mestre de camp Comte Robert de Dillon, commande en second.
Le Général Susane donne les précisions suivantes : "Il a été créé par ordonnance du 14 septembre 1783, portant suppression du corps des volontaires étrangers de Lauzun et création d'un régiment de hussards pour le service de terre, sous le nom de Lauzun, qui sera le 6e. Il a été formé en même temps que Colonel général, par ordre du 15 décembre, avec la cavalerie de la légion de Lauzun, qui avait été, le 16 août 1778, levée pour le service de la marine et des colonies par le duc de LAUZUN, connu plus tard sous les noms de duc de BIRON et de général BIRON, et que la Convention a envoyé à l'échafaud". Et plus loin : "Le duc de LAUZUN obtint, et ce fut à peu près toute sa récompense, de garder ses cavaliers qui formèrent le 6e régiment de hussards, devenu 5e en 1792, après l'émigration du régiment de Saxe. Il avait été augmenté en 1788 d'un escadron tiré des régiments de Nassau, La Marche et Franche-Comté".
En décembre 1783, le Régiment est dirigé à Lauterbourg où il s'organise.
En 1783, le Régiment de Lauzun conserve l'uniforme, l'équipement, l'armement et le harnachement des deux Compagnies de Hussards supprimées des Volontaires étrangers de Lauzun, à l'exception du parement du dolman qui est blanc, la pelisse blanche bordée de noir, la sabretache ornée du chiffre du Roi. Quant au surplus de l'uniforme, il est conforme aux dispositions contenues dans le règlement du 11 février 1779 (Ordonnance du 14 septembre).
Etat-militaire en 1784 à Lauterbourg : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte de DILLON; Lieutenant-colonel HUGAU; Major BRISACK; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES.
Le 1er août 1784, César-Pierre Comte de Pestalozzi est nommé Mestre de camp en second au Régiment des Hussards de Lauzun, en remplacement du Comte de Dillon.
Etat-militaire en 1785 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte de DILLON; Mestre de camp en 2e : le comte DE PESTALOZZI; Major BRISACK; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES.
En 1786, l'uniforme du Régiment est ainsi composé : Pelisse blanche bordée de peau noire, dolman bleu céleste avec parements blancs, tresses et galons jaune-citron. Culotte bleu céleste, boutons jaunes. Surtout et gilet bleu céleste. shako noir doublé de bleu céleste, bordé de noir et cordon blan, à galon et aigrette blanche. Manteau en drap vert. Echarpe en laine écarlate. Sabretache écarlate bordée d'un galon jaune-citron, ornée du chiffre du Roi, formé d'une ganse blanche sur fond citron. Porte-manteau bleu de roi, bordé d'un galon à la livrée de Lauzun. Schabraque en peau de mouton, festonnée de bleu céleste (Règlement du 1er octobre). Les aquarelles si exactes d'Hoffmann, dont un exemplaire se trouve à la Bibliothèque nationale, représentent un Officier de Lauzun avec la culotte écarlate voir ci-dessus). A la création, elle était citron et ne devint bleu céleste qu'en 1786. Mais la tenue de la Compagnie colonelle était alors : pelisse bleu céleste ainsi que le dolman, les galons et parements citrons, culotte écarlate. L'artiste est donc dans le vrai pour le cas particulier qu'il a choisi.
Etat-militaire en 1786 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte Robert de DILLON; Mestre de camp en 2e : le comte DE PESTALOZZI; Lieutenant-colonel HUGAU; Major BRISACK; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES.
Etat-militaire en 1787 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte Robert de DILLON; Mestre de camp en 2e : le comte DE PESTALOZZI; Lieutenant-colonel HUGAU; Major BRISACK; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES, rang de 1er Lieutenant.
Le Comte de Pestalozzi est le Colonel du Régiment le 7 octobre 1787. "Le comte de MAC-MAHON (Maurice-François), après avoir servi dans les cuirassiers du Roi, avait été nommé, le 7 octobre 1787, mestre de camp en second des hussards de Lauzun" (Général Susane).
Hussard du 6e Hussards (ex Lauzun) en 1791, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). |
En 1788, le Régiment fait partie du camp de Montigny-lès-Metz où, sous les ordres du Maréchal de Broglie, les troupes sont exercées au service en campagne et appliquent les principes des règlements alors à l'étude. Le Régiment est formé le 17 mars 1788 à 4 escadrons de 2 Compagnies et reçoit le 1er escadron du Régiment de Cavalerie de la Marche, complété par des hommes des Régiments de Nassau et de Comté, réformés.
Etat-militaire en 1788 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte DE PESTALOZZI; Lieutenant-colonel HUGAU; Major BRISACK; Major en 2e M...; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES, rang de 1er Lieutenant.
En 1784, 1785, 1786, 1789, le Régiment est inspecté par le Maréchal de camp Baron Heymann, qui recommande tout particulièrement de soigner l'instruction des Officiers "pour l'amener à la perfection". Il rappelle que tous les commandements doivent se faire en allemand. Particularité liée au fait que pour le recrutement, il ne doit être admis que des étrangers ou des hommes nés dans la Lorraine allemande ou l'Alsace. Il en est de même à l'égard des Officiers qui doivent entrer dans la composition du Régiment.
En 1789, il tient garnison à Nantes puis à Verdun. Etat-militaire en 1789 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE LAUZUN, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte DE PESTALOZZI; Lieutenant-colonel HUGAU; Major BRISACK; Major en 2e M...; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES, rang de Capitaine; Chefs d'Escadrons le Vicomte de GUETPEL, de MIEZSZKOWSKY, DUTERTRE, BLONDEAU. Ch. Dillon, de Nansouty, y étaient Capitaines de remplacement en 1788-1789.
Le 1er juillet 1790, il se trouvait en garnison à Verdun [1]. A la fête de la Fédération, 14 juillet 1790, le Régiment est représenté par : MM. Ruin Porte-étendard, 32 ans de service; Ch. Morena, dit Charlot, Maréchal des logis chef, 24 ans de service; Pierre Lapin, dit La Rose, Hussard, 29 ans de service; Nicolas Poïété, dit Nicle, hussard, 44 ans de service. Au mois d'août, il prend part à la répression des troubles de Nancy, perd un Capitaine, deux Lieutenants.
Etat-militaire en 1790 : Mestre de camp propriétaire : le Duc DE BIRON, Maréchal de camp; Mestre de camp commandant : le Comte DE PESTALOZZI; Lieutenant-colonel DE BADDA DE BADOSALVA; Major BRISACK; Major en 2e M...; Quartier-maître trésorier SIRJAQUES, rang de Capitaine; Chefs d'Escadrons le Vicomte de GUERPEL, DUTERTRE, BLONDEAU, d'ESTAN. Le Baron de Kilmaine y a servi comme Sous-lieutenant à la formation, comme Capitaine en 1789-1790.
Le Régiment se rend ensuite à Belfort. La mésintelligence existant entre la garnison et les habitants ayant pris des proportions inquiétantes, l'affaire est portée à Paris devant les pouvoirs constitués.
Le 1er janvier 1791, une loi fait disparaître toutes les traces de l'ancienne étiquette monarchique pour substituer dans les Régiments, aux désignations des Colonels propriétaires, des numéros qui placent les Corps dans l'ordre de leur véritable ancienneté. Le Régiment perd donc son nom de Lauzun et devient 6e Hussards d'après la date de sa formation (règlement du 1er avril 1791 - in La Giberne, 2e année, N°01, page 23).
"Ordonnance du Roy, relative aux régiments de Royal-Liégeois et de Lauzun, donnée à Paris, le 23 février 1791.
Louis, par la grâce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l'état, Roi des Français;
A tous présens et à venir, salut.
L'Assemblée nationale a décrété et nous voulons et ordonnons ce qui suit.
Décret de 1'Assemblée nationale du 20 janvier 1791.
L'Assemblée nationale, après avoir ouï son comité des rapports,
Considérant que, information faite par les juges de Belfort, ensuite de son décret du 30 octobre dernier, on ne peut imputer les délits qui ont été commis le 21 octobre dans cette ville qu'à quelques individus et non aux régiments de Royal-Liégeois et de Lauzun, décrète que les deux régiments ci-dessus dénommés pourront, comme tous les autres corps de l'armée, être placés partout où le service public l'exigera, sans aucune distinction de départements frontières de ceux de l'intérieur, et que son président se retirera devers le Roi pour lui présenter le présent décret.
Mandons et ordonnons, etc.
Signé : LOUIS".
Le Général Susane raconte : "Lauzun-hussards se rendit d'Hennebon à Lauterbourg en décembre 1783, et c'est à Lauterbourg qu'il a été réellement organisé. On l'envoya au camp de Metz en 1788, et après ce camp à Verdun. Appelé à Mantes en juillet 1789, il retourne bientôt à Verdun, est rapproché de nouveau de Paris en octobre et placé à Troyes, et renvoyé définitivement à Verdun en 1790. Il fit partie cette année du petit corps réuni par M. de BOUILLé pour la répression des troubles de Nancy. Après cette affaire, il fut compromis à la suite de Royal-Liégeois-infanterie dans des démonstrations inopportunes ; il quitta Nancy pour aller à Toul, et de là à Saint-Avold, puis à l'armée du Nord".
Selon le règlement du 1er avril 1791, la composition théorique du Régiment est la suivante : "Chaque régiment sera formé de 4 escadrons et d'un état-major; l'escadron, de 2 compagnies ...
Composition de l'Etat-major |
Composition d'une Compagnie |
||||
à pied |
monté |
à pied |
monté |
||
Colonel |
1 |
Capitaine |
1 |
||
Lieutenans-colonels | 2 |
Lieutenant | 1 |
||
Quartier-maître trésorier | 1 |
Sous-lieutenans | 2 |
||
Aumônier | 1 |
Maréchal-des-logis en chef | 1 |
||
Chirurgien-major | 1 |
Maréchaux-des-logis | 2 |
||
Adjudans | 2 |
Brigadier-fourrier | 1 |
||
Trompette-major | 1 |
Brigadiers | 4 |
||
Maître-maréchal | 1 |
Appointés | 4 |
||
Maître-sellier | 1 |
Cavaliers (1) | 50 |
||
Maître-armurier | 1 |
Cavaliers | 4 |
||
Maître-tailleur | 1 |
Trompette | 1 |
||
Maître-bottier | 1 |
(1) parmi lesquel un maréchal-ferrant | |||
Maître-culottier | 1 |
Tableau de la formation d'un escadron |
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1re Division Formée de la 1re compagnie 1 Capitaine |
2e Division Formée de la 2e compagnie 1 Capitaine |
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Subdivisions |
||||||||
Première |
Seconde |
Première |
Seconde |
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1 Lieutenant |
2 Sous -lieuten. |
1 Lieutenant |
2 Sous -lieuten. |
|||||
1 Maréchal-des-logis en chef 1 Brigadier-fourrier |
1 Maréchal-des-logis en chef 1 Brigadier-fourrier |
|||||||
1er Mar-des-logis |
2e Mar-des-logis |
1er Mar-des-logis |
2e Mar-des-logis |
|||||
Escouades |
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1re |
2e |
3e |
4e |
1re |
2e |
3e |
4e |
|
Brigadiers Appointés Cavaliers |
le 1er le 1er 14 |
le 3e le 3e 13 |
le 2e le 2e 14 |
le 4e le 4e 13 |
le 1er le 1er 14 |
le 3e le 3e 13 |
le 2e le 2e 14 |
le 4e le 4e 13 |
Force de chaque escouade |
16 |
15 |
16 |
15 |
16 |
15 |
16 |
15 |
Les cavaliers seront distribués dans les escouades de manière qu'elles soient également mêlées d'anciens et de nouveaux |
... Le titre de bas-officier sera supprimé, et il y sera substitué celui de sous-officier; sous cette dernière dénomination, on comprendra à l'avenir les maréchaux-des-logis en chef, trompette-major, maréchaux-des-logis, brigadiers-fourriers et brigadiers.
...Le maître maréchal, le maître tailleur et le maître sellier auront le rang de maréchaux-des-logis. Les autres maîtres ouvriers auront celui de brigadiers et porteront les marques distinctives du grade qui leur est affecté" (in La Giberne, 2e année, N°01, page 23).
Officier de Hussards, attribué au 5e Régiment (ex Lauzun) - vente Drouot 1992. Communication P. Bourrilly
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Par ailleurs, un Règlement additionnel, toujours en date du 1er avril, "porte que sur le pied de guerre il y aura 144 hussards montés, 8 à pied et 2 trompettes par escadron, ce qui portera les escouades à 18 brigadiers et hussards chacune" (in La Giberne, 2e année, N°01, page 26).
Le Marquis de Bouillé prend les dispositions nécessaires pour faire passer la frontière à la famille royale. Sous prétexte d'un mouvement des troupes ennemies sur le Rhin, il établit un camp à Montmédy, place des détachements sur la route que doit suivre le Roi pour lui servir d'escorte et, comme il faut un motif pour justifier cette disposition, il prend celui de protéger la caisse destinée au paiement du Corps qu'il commande. La famille royale est arrêtée à Varenne. Dans un instant, toutes les Gardes nationales sont sur pied. Les Officiers des détachements postés par M. de Bouillé veulent vainement délivrer le Roi; les Dragons et les Hussards refusent de les seconder.
Etat-militaire en 1791 du 6e Régiment Ex-Lauzun (Toul) : Colonel : le Comte DE PESTALOZZI; Lieutenants-colonels DE BADDA DE BADOSALVA, De MALZEN; Quartier-maître trésorier SIREJAQUES, rang de Capitaine; Capitaines de GUERPEL, DUTERTRE, BLONDEAU, d'ESLON, de HELLE, DROUOT, de SALOMON, d'HAMMERER; Lieutenants de Lusignan, de Douchet, Fondet, Pichon, Oberhoff, Scholtenins, de Walback, de Cremath; Sous-lieutenants de Vrigny, Ruin, Rohrig, de Haindel, de Betmont, Maurer, de Sansfort, de Huvé, de Martinville, Drouhot fils, de Spitzenberger, Schirme, de Ravenau, de Luey, de Florimont, Simon.
Le Comte de Pestalozzi, nommé Maréchal de camp le 6 février 1792, est remplacé ce même jour par le Colonel Antoine-Marie Paris d'Illins (5 février selon Suzanne).
A cette date, le Régiment est à l'Armée du Rhin, commandée par Lafayette, et fait partie de l'avant-garde sous les ordres du Général Lallemand. Ses 4 escadrons sont à Saint-Avold à l'effectif de 665 cavaliers; 25 hommes manquent au complet.
Etat-militaire en 1792 (Saint-Avold) : Colonel : de Pestalozzi, 12 juillet 1782; Lieutenants-colonels Badda de Badosalva, 13 octobre 1782, de Casenove, 13 octobre 1785; Quartier-maître trésorier Sirejaques, rang de Capitaine; Capitaines Dutertre, 1er novembre 1778, Blondeau, de Helle, 8 février 1779, Drouot, 8 février 1779, de Salomon, 15 mai 1785, Hammerer, 10 août 1786; Lieutenants de Lusignan, de Douchet, Fondet, Pichon, Oberhoff, Scholténius, de Walbach, de Cremath; Sous-lieutenants de Vrigny, Ruin, de Bermont, Mauret, de Sanssfort, de Huvé, de Martinville, Drouhot fils, Rohrig, de Heindel, de Spitzemberger, Schirme, de Ravenau, de Luey, de Florimont, Simon.
Le 5 avril 1792, une Instruction provisoire porte qu'en entrant en campagne, "il sera fourni une tente par 8 cavaliers, et que chaque tente sera accompagnée d'une marmite avec son couvercle et son sac, une gamelle, un petit baril garni de sa banderole, et 4 outils garnis de leur étui, propres à être adaptés à la selle; savoir, une pelle, une pioche, une hache et une serpe; il sera fourni en outre par chaque tente, une faulx, sa pierre et son coffrin, un marteau et une petite enclume.
Il sera fourni de plus à chaque sous-officier ou cavalier, soit de compagnie ou de l'état-major, un petit bidon, et en outre, 3 bidons par compagnie pour contenir du vinaigre, lesquels seront portés, les jours de marche, par les maréchaux des logis.
Les cavaliers montés ayant leurs manteaux il ne leur sera pas délivré de couvertures; mais il en sera fourni une par deux hommes à pied (2 par compagnie); ces couvertures ne seront délivrées que dans l'arrière-saison.
Il sera fourni à la même époque, 5 couvertures pour les hommes non montés du petit état-major.
Il sera fourni à chaque cavalier deux cordes à fourrages.
Il sera de plus fourni par compagnie, deux cord à piquets pour attacher les chevaux; ces cordes auront chacune 42 toises de longueur et 9 lignes de grosseur, et un piquet ferré par chaque cheval, tant pour ceux des compagnies que ceux de l'état-major" (in La Giberne, 2e année, N°01, page 27).
Officier du 5e Hussards (ex Lauzun) en 1792, d'après Maurice Toussaint, Editions militaires illustrées, carte 331 (collection de l'auteur)
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Trois Escadrons se trouvent dans les rangs de l'armée du Centre au mois de mai [2].
Le Colonel Paris d'Illins est promu Maréchal de camp le 27 mai. Emmanuel Marquis de Grouchy, depuis Maréchal de France, Colonel depuis le 8 juillet 1792, le remplace de suite dans le commandement du Régiment.
Lorsque Dumouriez, succédant à Lafayette, ramène l'Armée du Nord vers l'Argonne, le 5e Hussards (ancien Colonel-général) et deux Escadrons du 6e Hussards (ancien Lauzun) font partie de l’avant-garde commandée par le Général Dillon et contribuent à la défense des Mettes (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 9).
"Au quartier-général de Moujon, le 1er septembre 1792.
Ordre pour la marche du 2 septembre au matin.
On devra de très bonne heure (cinq heures au moins), rompre le camp et charger immédiatement les bagages avec la plus grande promptitude. A cinq heures et demie les troupes les rassembleront sur la route de Beaumont, et ils partiront sous les ordres de M. Harville et des adjudants-généraux. Il faut qu'à sept heures les différentes troupes aient pris les armes et soient en bataille sur le terrain afin qu'elles puissent se mettre en marche à sept heures et demie... On se mettra en route dans l'ordre suivant :
... Le 3e et le 6e hussards couvriront le flanc gauche de la colonne ..." (Souvenirs de la campagne de 1792, par James ["sic"] Money,... traduits de l'allemand par Paul Mérat,... , 1849).
"Ordre pour la marche du 4 septembre 1792.
... Le 6e hussards, qui est à Châtel, s'y rassemblera et escortera jusqu'à Florent, par Fleville, Varennes, Pierre, Croisée et Chalade, les bagages du camp et ceux des différents cantonnements préalablement réunis. Cent volontaires marcheront avec les équipages, cinquante hommes de chaque côté de la route ..." ( Souvenirs de la campagne de 1792, par James ["sic"] Money,... traduits de l'allemand
"Ordre de la marche pour le 5 septembre 1792.
Les bataillons d'infanterie se rassembleront à six heures sur la route de Sainte-Menehould et se formeront en colonne; ils prendront avec eux les bagages de l'arrière-garde et auront soin de ne laisser aucune voiture dans la ville. Le 11e régiment de chasseurs et le 6e hussards se joindront à eux ... Le 5e et le 6e hussards, le 12e chasseurs se trouveront auprès de l'avant-garde ..." ( Souvenirs de la campagne de 1792, par James ["sic"] Money,... traduits de l'allemand par Paul Mérat,... , 1849).
Le 6 septembre, le 6e Hussards est à Panevent.
Le 6e Hussards se signale en septembre à Busancy où il s'empare d'un convoi prussien.
"2e DIVISION.
MASSES
RAPPORT
Du 16 septembre 1793,
l'an IIe de la République.
Les Représentants du peuple à l'armée du Nord adressent le mémoire du 71e régiment d'infanterie qui demande le payement de la somme de 32.000 livres pour la valeur de souliers, chemises, pantalons et culottes pris sur l'ennemi, estimés et versés dans les magasins de la République.
FAITS.
Le 28 septembre 1792, un détachement du 71e régiment (ci-devant Vivarais), un autre des volontaires du 4e bataillon des Fédérés, un autre de la section des Lombards et du 5e régiment de hussards (ci-devant 6e), ont rencontré vingt chariots ennemis escortés par cinquante-neuf fusiliers et vingt-quatre officiers; ils les ont fait prisonniers et les ont conduits à Sainte-Menehould avec ces prises; partie a été vendue sur-le-champ et le prix de la vente, montant à 5.852 liv. 10 s., a été réparti entre les corps qui composaient ce détachement.
Le restant a été estimé 32.000 livres, et les effets versés dans les magasins de la République.
Les soldats du 71e régiment d'infanterie demandent le payement de la somme de 32.000 livres.
Cette réclamation est fondée sur l'article 15 du titre XXVIII du règlement provisoire sur le service de l'infanterie en campagne du 5 avril 1792, mais cette somme n'appartient pas en totalité au 71e régiment d'infanterie; les volontaires du 4e bataillon des Fédérés, les volontaires du bataillon des Lombards et les hussards du 5e régiment doivent y participer" (In : "Les Volontaires nationaux", tome 2; Archives administratives de la guerre. Infanterie, 71e régiment, 1791 an II).
Le 6e Hussard se trouve ensuite à la bataille de Valmy, passe dans le Corps de Dillon et combat avec lui le 1er octobre à Passavant.
Le Colonel de Grouchy est nommé Maréchal de camp le 12 octobre. Par le même décret, le Marquis de La Grange, Chef de Brigade du 6e Dragons, passe avec son grade au 6e Hussards.
Adélaïde Blaise François Lelièvre de la Grange Fils aîné du lieutenant-général de ce nom, né le 21 décembre 1766 à Paris, décédé le 2 juillet 1833 dans son château de Viarmes (Seine-et-Oise, aujourd'hui Val d'Oise). Son frère, Armand Charles Louis Le Lièvre de La Grange (1783-1864), fut lui aussi général de cavalerie. ; Archives nationales (CARAN) – Service Historique de l'Armée de Terre – Fort de Vincennes – Dossier S.H.A.T. Côte : 7 Yd 491. |
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Adelaïde Blaise François Le Lièvre de La Grange en tenue du 5e Hussards | |
Ci-dessus, portrait du Marquis de la Grange (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur) |
Officier des Hussards de Lauzun (6e Hussards) en 1791; fac-similé d'un dessin de Hoffmann |
Officier du 5e Hussards (ex Lauzun) en 1793; dessin de J. Domange d'après Hoffmann
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Officier du 6e Hussards (ex Lauzun) en 1791, d'après Noirmont et Marbot, "Costumes Militaires Français de 1789 à 1815", volume 3
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Officier du 5e Hussards en 1793; fac-similé d'un dessin de Valmont conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris
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Trompette sous la 1ère République, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). La source indiquée est "Collection Dubois de l'Estang". René Louis Attribue ce Trompette au 1er Régiment
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Trompette du 5e (?) Hussards sous la 1ère République, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(1); ce dessin a pour source la Collection Dubois de l'Estang
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Le Régiment prend part aux combats de Saint Ghislain et de Boussu. Il rejoint ensuite la Division Harville faisant le siège de Namur où il est placé aux avant-postes. Il enlève à Hug un poste ennemi auquel il fait une centaine de prisonniers.
En janvier 1793, le Régiment est à l'armée des Ardennes et cantonné entre Maubeuge et Givet. Il passe ensuite à l'armée combinée du Nord et des Ardennes et se trouve sous les ordres du Général Dampierre, qui tente de débloquer Condé.
Le 21 février 1793, les Régiments de Hussards sont portés à cinq Escadrons (in La Giberne, 2e année, N°01, page 32).
Par décret du 4 juin de la même année, le 4e Hussards (Saxe), qui a émigré, est rayé des contrôles de l'armée, et le 6e Hussards prend le numéro 5 des Régiments de même arme.
D'après l'Etat militaire de France pour l'année 1793 (Léon Hennet, 1903), le 6e Régiment, ci-devant Lauzun, est à l'Armée du Nord. Ses cadres sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Colonel La Grange (Adélaïde-Biaise-François Le Lièvre de); Lieutenants-Colonels Drouhot (Jacques), père et Kilmaine (Charles-édouard-Saül Jennings); Quartier-maître-Trésorier N.
Capitaines : Kuppelmayer (Pierre), Simon (Nicolas), Fogt (Nicolas), Charlot (Charles Moreux, dit), Ruin (François), Viard (Pierre-Bernard), Scholtenius (Engelbert), Drouhot (Pierre-Nicolas), fils.
Lieutenants : Schill (Guillaume), Ressejac (Bertrand), Nick (Bernard), Kerbline (Jean), Schwab (Joseph), Rinck (Guillaume), Kauffmann (Philippe), Müller (Balthazar).
Sous-Lieutenants : Michel (Nicolas), Boucot (Joseph), Gresser (André), Salomon (Jean-Bapt.-étienne-Ignace), Beaumont (Etienne-Joseph), Rollot (André-Louis).
A noter que dans le courant de l'année 1793, les Colonels prennent le titre de Chefs de Brigade.
Lieutenant Jacques Luc Barbier, plus connu sous le nom de Barbier-Walbonne (voir liste des Officiers). Sous-Lieutenant puis Lieutenant au 5e Hussards en mars 1793, qui devient ensuite 4e Hussards (les couleurs du dolman montrent clairement qu'il ne s'agit pas de notre 5e Hussards, ex Lauzun, ex 6e). Il était élève du peintre DAVID et son portait en hussard fut réalisé par le peintre ISABEY et gravé par AUBERTIN, sous le titre "le fumeur". Communication M. Jeff Thomas. |
II/ Historique du 5e Régiment de Hussards (ex Lauzun et ex 6e Hussards) du 4 juin 1793 à 1799
a/ Campagne de 1793 à l'Armée du Nord
Sous lieutenant Maressal de la Houssaye, mort en 1793
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Fac-similé du portrait paru dans le Carnet de la Sabretache en 1910 (Communication de Maurice Bottet) |
Lieutenant au 6e Hussards (ex Lauzun), 1793, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source un portrait en buste
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Trompette du 5e Hussards, 1793, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945); source indiquée : Collection Dubois de l'Estang
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Trompette du 5e Hussards, 1793, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(1); ce dessin a pour source la Collection Dubois de l'Estang
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Au mois de juin, le 5e Hussards est à l'Armée du Nord. Deux de ses escadrons passent à l'Armée des Ardennes qu'ils rejoignent à Charleville. Ils y sont conduits par le Chef de Brigade de la Grange, commandant le Régiment.
Le Lieutenant colonel Graillet commande les Escadrons restés à l'Armée du Nord. Surpris par le Duc d'York, qui a passé l'Escaut à Crèvecoeur, il se dégage rapidement et se porte sur Péronne. Le Colonel Graillet se trouve ensuite avec ses escadrons à la bataille et à la prise d'Ypres.
Le 5e Hussards a précédemment fourni aux flanqueurs de gauche de l'armée réunie sous Valenciennes et Condé un détachement de 5 Officiers et 115 hommes. Après la prise de Valenciennes, ce détachement revient au camp d'Arleux sous Douai, où le Lieutenant colonel Graillet et le Chef de Brigade de la Grange se sont déjà rendus, ramenant les escadrons sous leurs ordres.
Le 9 août 1793, le Général Houchard prend à Vitry en Artois le commandement en chef de l'Armée du Nord. Le 5e Hussards à cette date fait encore partie des Flanqueurs de gauche de l'Armée du Nord, pour un effectif de 107 hommes et 11 chevaux, mais passe ensuite à la Division d'Hédouville, Houchard ayant complètement achevé de réorganiser son armée le 12 août.
La situation à cette époque n'est guère brillante : une première masse ennemie (roi de Prusse), qui vient d'enlever Mayence, marche vers nos anciennes frontières ; une deuxième masse (ducs d'York et de Cobourg), qui vient d'enlever Condé, Valenciennes et le camp de César, enveloppe Cambrai de tous côtés, même par le sud, poussant des partis jusqu'aux portes de Saint-Quentin. A Paris, toutefois, on sous estime la menace; aussi, lorsque l'une de ces masses marche sur Dunkerque, c'est la surprise générale.
Le 18 août, le 5e Hussards, ci-devant Lauzun, se rend à Pallué, aux flanqueurs de gauche, sous les ordres du Général Collaud (Dupuis, Victor (Commandant) : "La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes,.... De Valenciennes à Hondtschoote"; R. Chapelot et Cie, Paris, 1906-1909).
Les mouvements de concentration des troupes françaises commencent dès le 31 août et durent jusqu'au 4 septembre; parmi elles figure la Division du Général Hédouville comprenant 14 Bataillons d'Infanterie, 6 Régiments de Cavalerie (dont le 5e Hussards provenant du camp d'Arleux) et 1 Compagnie d'Artillerie légère. Cette Division part du camp de Gavrelle et vient cantonner le 31 août à hauteur de Beaumont, le 1er septembre à Béthune, le 2 à Saint-Venant et le 3 à Cassel. Les troupes qui la composent proviennent de l'avant-garde ou des flanqueurs de gauche de l'armée stationnée au camp de Gavrelle, ou des premiers renforts envoyés par l'armée de la Moselle (Dupuis, Victor (Commandant) : "La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes,.... De Valenciennes à Hondtschoote"; R. Chapelot et Cie, Paris, 1906-1909).
La bataille d'Hondtschoote se déroule les 6, 7 et 8 septembre 1793. Dans le dispositif d'attaque établi les 4 et 5, il est prévu différentes colonnes d'attaques dont une Division commandée par le Général Dumesny , qui est rassemblée, dans la soirée du 5, en avant de Bailleul. Sa composition n'a pu être déterminée exactement, faute de documents ; cependant il est à peu près certain qu'elle a été constituée à l'aide de prélèvements effectués sur les troupes stationnées tant à Bailleul et Armentières qu'au camp de la Madeleine. Le 5e Régiment de Hussards a été rattaché à cette Division dont l'effectif a été évalué par tous les historiens à 9,000 hommes environ (Dupuis, Victor (Commandant) : "La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes,.... De Valenciennes à Hondtschoote"; R. Chapelot et Cie, Paris, 1906-1909).
Le Général Dumesny fait le rapport suivant des évènements du 8 au 10 septembre :
"NOTES DES OPERATIONS DE L'EXPEDITION D'IPRES COMMANDEE PAR LE GENERAL DUMESNY
Dimanche huit septembre, à cinq heures du matin, le général Dumesny s'est mis en marche pour se porter sur Ypres, en vertu des ordres du général Houchard. Comme le pays est couvert, la marche fut obligé de prendre des mesures pour éviter les embuscades. Il détacha le général Duquesnoy, à la hauteur de Lookeren pour le porter sur sa droite à Dieckebuck. Le général Dumesny marcha en même tems sur Reningelts et Poperinghes. Les ennemis ont abandonné précipitamment ces deux endroits à l'approche de nos troupes.
Le village de Vlamertingen, situé à une lieue d'Ipres, qui contenait un détachement de cavalerie mélée d'infanterie, fut enlevé dans notre marche avec beaucoup de vivacité, par des tirailleurs et une vingtaine de hussards du 5e régiment; l'ennemi fut vivement débusqué de tous ses points jusqu'à un quart de lieue d'Ipres où nous arrivâmes dans le plus grand ordre ; le terrain est généralement très couvert et ne permet d'autre espèce de combat que celui de tirailleurs; c'est par ces détachements que nous réussîmes à les chasser jusque sur Ipres. Les troupes ayant besoin de nourriture et de repos, le général leur fit prendre la position la plus avantageuse que le terrain put permettre..." (Commandant Lévi : "La défense nationale dans le Nord en 1793 (Hondschoote)", 1910). Finalement, le Général Dumesny doit retraiter.
Le 9 septembre 1793, le Général de Brigade Monard, Inspecteur général des dépôts de la cavalerie des armées du Nord et des Ardennes, informe les Représentants du Peuple qu'il a "envoyé à Troyes le citoyen Rinck, chef d'escadron du 5e régiment de hussards, avec quatre sous-officiers, pour procéder au triage et à la répartition des 3.915 hommes qui doivent s'y réunir, d'après la loi du 22 juillet dernier, pour être incorporés dans la cavalerie de l'armée des Ardennes" (Commandant Lévi : "La défense nationale dans le Nord en 1793 (Hondschoote)", 1910).
Le 17 septembre 1793, d'Hédouville, qui commande l'avant-garde de l'armée du Nord, reçoit du Chef de l'Etat-major la lettre suivante : "Je vous adresse, citoyen Général, l'état des troupes qui resteront à vos ordres et qui formeront l'avant-garde de l'armée. Vous établirez votre quartier général à Monchy-le-Preux et vous disposerez vos troupes militairement; ... le 5e régiment de hussards est à Brebières ... Lorsque vous aurez fait vos rassemblements et disposé vos troupes, je vous prie d'ordonner qu'il me soit envoyé de suite l'état de situation des corps et des noms des cantonnements" (Le maréchal Mortier, duc de Trévise. T. 1).
Le 23 septembre, le général Hédouville est suspendu par les Représentants qui en rendent compte au Comité de Salut public; le général Balland est appelé à le remplacer dans le commandement de l'avant-garde qui, d'après une situation établie du 26 au 27 septembre, comprend 374 hommes du 5e Hussards (Le maréchal Mortier, duc de Trévise. T. 1). Le Général Houchard est à son tour arrêté le 24 septembre et guillotiné le 17 novembre.
Jourdan, à la tête de l'Armée du Nord, se porte au secours de la ville de Maubeuge assiégée. Le Général Fromentin, commandant l'avant-garde où se trouve le 5e Hussards, marche sur Etroeungt et Avesnes et fouille les bois environnants. Le Régiment a alors de fréquents engagements partiels où se produisent plusieurs traits de valeur individuelle : le Brigadier Muller et le Hussard Morand sont tués; le Capitaine Ressejac a un cheval tué sous lui et est lui-même blessé. Cet Officier vient de se signaler peu de temps avant à Sinay en dégageant le Sous lieutenant Vanot emmené prisonnier.
Le 8 octobre, le 5e Hussards, fort de 380 cavaliers, est à la Division Balland. L'état de situation des troupes de l'armée du Nord marchant sous les ordres du général en chef Jourdan au secours de Maubeuge à l'époque du 15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II), nous indique que le 5e Hussards est à la Division Balland; son effectif à cette date est toujours de 380 cavaliers (extrait de Mémoires inédits, communiqués au Dépôt de la guerre par le maréchal Jourdan, in Dupuis, Victor (Commandant) : "La campagne de 1793 à l'armée du Nord et des Ardennes,.... D'Hondtschoote à Wattignies", R. Chapelot et Cie, Paris, 1906-1909).
Le Régiment prend part à la bataille de Wattignies (15-16 octobre 1793), qui a pour conséquence la levée du blocus de Maubeuge.
Uniforme du 5e Hussards, 1793, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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A ce moment, le 5e Hussard perd son chef de Corps. Le Marquis de la Grange, malgré la façon remarquable dont il commande le Régiment, est, en sa qualité de noble, suspect aux représentants du peuple. Il est relevé de son commandement et remplacé, le 28 octobre 1793, par le Chef de Brigade François Ruin. Avec ce nouveau chef, l'ancien Lauzun Hussards va se signaler quelques jours plus tard dans deux brillants combats.
Le 5 novembre, Jourdan, craignant que l'ennemi vienne couper ses communications avec Guise donne l'ordre au général Fromentin de faire camper dans la journée sa division en arrière des camps des généraux Balland et Duquesnoy. Il partira le lendemain matin, 6 novembre, pour venir camper à Solre-Ie-Château et le surlendemain 8, il campera sur les hauteurs en arrière d'Avesnes où il restera jusqu'à nouvel ordre. Le quartier général de Jourdan est transféré à Maubeuge. Le général Duquesnoy est prévenu des ordres donnés au général Fromentin et du mouvement de la division des Ardennes qui est rentrée dans ses garnisons. "II fera donc, en conséquence, ses dispositions afin de garder le poste de Beaumont avec sa division et celle du général Balland, cette dernière étant sous ses ordres". Le général Balland reçoit l'ordre de faire partir sur-le-champ le 5e hussards qui couchera à Solre, le lendemain à Etrœungt et le surlendemain à Guise où il prendra les ordres du général Belair.
Le 6 novembre 1793 (16 brumaire an II) Jourdan soumet ses projets au Comité de Salut public qui le convoque à Paris. Le 8 (18 brumaire an II), Jourdan en informe le général Duquesnoy auque il laisse le commandement de l'armée pendant son absence. Le général Duquesnoy doit garder jusqu'à nouvel ordre la position qu'il occupe. Il peut faire agir au besoin la division Fromentin qui est campée derrière Avesnes; le 5e Hussards à Saint-Quentin (soutenu par le 12e Dragons à Guise) protège les convois.
Entre temps, le 7 novembre, le Prince de Wurtemberg ayant rassemblé près de 30000 hommes, attaque les Français sur tous les points, et notamment à hauteur de la Réunion sur Oise. La supériorité numérique de l'ennemi est écrasante. Néanmoins, notre infanterie lui fait tête vaillamment sur toute la ligne. La lutte fait rage pendant la journée entière. Toutefois, à la nuit tombante, les troupes françaises, épuisées, donnent des signes de lassitude. L'assaillant redouble ses efforts et l'issue du combat semble pencher du côté de l'adversaire. Tout à coup, dans les dernières lueurs du soleil couchant, les Français voient déboucher au galop un Régiment de cavalerie venant de l'arrière. A ses pelisses blanches, on le reconnait, c'est le 5e Hussards ! Secours inattendu, inespéré ! En effet, le Régiment était ce jour là détaché au loin, entre Péronne et Saint-Quentin, à escorter des convois. Il semblait donc perdu pour la bataille. Mais dès qu'il a entendu le canon, le Chef de Brigade Ruin n'a pas hésité à abandonner sa mission et, ralliant son monde, a marché aussitôt au combat.
A peine arrivé sur le terrain de l'action, il juge la gravité de la situation. D'un regard sûr, il détermine tout de suite le point où l'ennemi est prêt à enfoncer la ligne française. Aussitôt, il déploie ses escadrons et les précipite sur les bataillons surpris. Ceux-ci ont à peine le temps de lui faire face, déjà les Hussards sont sur eux et pénètrent dans leurs rangs comme une trombe. Les sabres s'abattent, les pointes trouent les poitrines; bientôt, sur cette partie du champ de bataille, les assaillant lâchent pied. Aussitôt, Ruin rallie ses escadrons, reprend du champ, et repart à la charge. A cette vue, les fantassins français sentent leur espoir renaître et déjà la chance change de camp. Coup sur coups, sans une minute de répit, Ruin recommence ses charges avec ses chevaux harassés. Cette fois, la victoire est à nous. L'ennemi décimé, découragé, lâche pied et s'échappe dans la nuit close.
Officier du 5e Hussards (ex Lauzun) en 1794 (in D. Smith : Uniforms of the Napoleonic Wars)
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Ce jour là (17 brumaire an II - 7 novembre 1793), le Général Belair écrit depuis la Réunion sur Oise (Guise) au Comité de Salut Public :
"Analyse. - L'ennemi a attaqué le jour même sur tous les points, mais il a été repoussé, quoique bien supérieur en nombre. Le 5e régiment de hussards a parfaitement débuté. "Nous avons perdu quelques lâches, qui ont été sabrés par les uhlans, après avoir jeté leurs armes pour mieux s'enfuir. J'ai partout donné des ordres pour arrêter les fuyards, et mes mesures ont eu un bon succès." L'artillerie a fait des merveilles. Les aides de camp Galland et Gallois ont contribué à la victoire" (étienne Charavay : "Correspondance générale de Carnot, publ. avec des notes historiques et biographiques. Tome 4", 1892-1907; Orig. aut., Arch. nat., C 378, 736. — Extrait, Arch. de la guerre, armée du Nord).
Les Représentants du Peuple, dans leur rapport à la Convention, adresseront un hommage mérité au brave 5e Hussards ainsi qu'à son chef et rendront compte que la victoire est due à leur intervention magnifique; le 5e Hussards est cité comme le Régiment s'étant le plus signalé et ayant le plus contribué à décider le succès. Le Sous-lieutenant Schitz est tué; le Sous-lieutenant Fagne a fait plusieurs prisonniers et contribué à la prise de 65 chevaux.
Quelques jours plus tard, le 5e Hussards se distingue encore aux environs du Cateau, à l'attaque des avant-postes autrichiens. A peine les a t-il contraints à abandonner leur position qu'apparait le Régiment des Hussards de l'Empereur, lequel prend ses formations pour le charger. Sans lui donner le temps de l'initiative, le Chef de Brigade Ruin se précipite sur lui avec tout son monde, le disperse à grands coups de sabre et ramène en trophée le propre Colonel du Régiment ennemi et cinquante des siens. Jamais encore les Hussards de Lauzun n'ont fait preuve de tant de courage et d'esprit offensif. Leur conduite, à cette affaire du Cateau frappe les Représentants du peuple et le Général Belair à un tel point que, fait presque unique dans les annales des guerres de la Révolution, ils signalent au Comité de Salut-Public pour leur belle conduite deux simples cavaliers, les Hussards Schwartz et Ketremann (ou Kaitremann). Ceux-ci ont accompli au cours de l'action cent traits de bravoure et finalement ont fait prisonnier un Capitaine hongrois.
Les Hussards Reiner, Bernard et Kiener ont été tués. Le Sous lieutenant Schmitt a reçu trois coups de sabre à Mézinguel.
"10 frimaire an II (30 novembre 1793). Le général Belair écrit, de Réunion-sur-Oise (Guise), pour donner des détails sur l'affaire qui a eu lieu le 7 frimaire (27 novembre) à Wassigny, où deux détachements du 12e dragons et du 5e hussards ont fait trente-six prisonniers, dont un capitaine hongrois, et se sont emparés de 50 chevaux. Il cite comme s'étant particulièrement distingués l'adjudant général Villet, son gendre, l'adjudant général Devaux, les deux adjoints à l'état-major Dubuc et Rochefort, et deux hussards du 5e régiment, âgés l'un et l'autre de vingt-deux ans, Schwartz et Reitremann, "qui firent prisonnier le capitaine hongrois et qui montrèrent en cette circonstance autant de magnanimité que de courage"." (étienne Charavay : "Correspondance générale de Carnot, publ. avec des notes historiques et biographiques. Tome 4", 1892-1907; Orig., Arch. de la guerre, armée du Nord).
Le 17 décembre, le Régiment se trouveà l'armée du Rhin, Division du Général Férino [3].
Le 5e Hussards est envoyé à Hesdin, où il arrive le 25 décembre. Il est question à cette époque de transférer le Dépôt de Verdun à Saint-Mihiel.
b/ Campagne de 1794 à l'Armée du Nord
Hussard du 5e (ex Lauzun) en 1794, extrait de l'Historique régimentaire (collection de l'auteur)
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Hussard, période révolutionnaire, d'après L. Rousselot (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur) |
Le 5e Hussards, très morcelé, se trouve en janvier à l'Armée du Nord commandée par Pichegru, sauf son dépôt et deux détachements qui font partie des troupes échelonnées sur la frontière de l'Est. La portion principale, placée à l'aile gauche commandée par les généraux Moreau et Souliam, est ainsi répartie : à Hesdin, 17 Officiers, 227 hommes et 244 chevaux, sous les ordres du Chef de Brigade Ruin, commandant le Régiment; à Amiens, 12 Officiers, 100 hommes et 114 chevaux, commandant Moreux; à Boulogne, 3 Officiers, 53 hommes et 57 chevaux; à Ardres, 4 hommes et 4 chevaux.
"Hussard alsacien", d'après les Archives du Ministère de la Guerre à La Haye; calque dessiné de Grangié ; collection P. Bourrilly, avec son aimable autorisation
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Le Dépôt du Régiment, à l'effectif de 12 Officiers, 505 hommes et 475 chevaux, et sous les ordres du commandant Engelbert Sholtenius (ou Scholtenius), est à Saint-Mihiel. Il fait partie des troupes de garnison de l'Armée des Ardennes et se trouve plus particulièrement placé dans le commandement du Général Charbonnie.
A l'Est, un détachement de 32 hommes marche sur Thionville avec le Général Lefebvre, commandant l'avant-garde de l'armée de Jourdan, qui tente de forcer le passage de la Moselle.
Enfin, sur la Sarre, un second détachement de 2 Officiers, 28 cavaliers et 96 hommes à pied, fait partie de la garnison de la place Sarrelibre.
"Le 21e jour de nivôse, an second de la République Française (10 janvier), parait un décret concernant l'organisation de la cavalerie, lequel prescrit ce qu'il suit pour les hussards :
Les onze régiments de hussards sont compris sous la dénomination de cavalerie légère.
Ceux des régiments de hussards, où les cinquième et sixième escadrons ne sont pas encore formés en conformité de la loi du 21 février dernier, seront portés au nombre de six escadrons.
Chaque régiment sera par conséquent composé de six escadrons, divisés en douze compagnies.
Chaque compagnie sera composée d'un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, un maréchal-des-logis en chef, quatre maréchaux-des-logis, un brigadier fourrier, huit brigadiers, deux trompettes et quatre-vingt-seize hussards, dont un maréchal-ferrant.
La force de chaque compagnie sera de cent seize hommes.
La réunion des deux compagnies formera un escadron.
L'état-major de chaque régiment sera composé d'un chef de brigade, trois chefs d'escadron, un quartier-maitre trésorier, un chirurgien-major, un aide-chirurgien, trois adjudants-sous-officiers, un artiste vétérinaire, un sellier, un armurier-éperonnier, un tailleur et un bottier.
Tout détachement composé de deux escadrons, sera commandé par un chef d'escadron; ceux composés d'un escadron pourront être commandés par le plus ancien des deux capitaines ...
La force d'un régiment au complet, sera de quatorze cent dix hommes.
Chaque régiment sera porté au complet, suivant le mode ci-après décrété :
Tous les hussards seront montés.
Le sellier, l'armurier, le tailleur et le bottier seront à pied.
De la manière de complèter les régiments de Cavalerie Légère.
Article premier.
Les troupes à cheval des légions non enregimentées et qui n'ont pas pris rang dans les corps de cavalerie numérotés par décret, conformément à la loi du 21 février dernier, seront incorporées, tant dans les régiments de cavalerie, que de cavalerie légère.
II
Il en sera de même des escadrons ou compagnies connues sous le nom de compagnies franches ou détachées.
Tableau de la formation d'un escadron de cavalerie légère |
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1re Division Formée de la 1re compagnie 1 Capitaine |
2e Division Formée de la 2e compagnie 1 Capitaine |
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Subdivisions |
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Première |
Seconde |
Première |
Seconde |
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1 Lieutenant |
2 Sous -lieuten. |
1 Lieutenant |
2 Sous -lieuten. |
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1 Maréchal-des-logis en chef 1 Brigadier-fourrier |
1 Maréchal-des-logis en chef 1 Brigadier-fourrier |
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1er Mar-des-logis Le 3e, idem |
2e Mar-des-logis Le 4e, idem |
1er Mar-des-logis Le 3e, idem |
2e Mar-des-logis Le 4e, idem |
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Escouades |
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1re |
2e |
3e |
4e |
1re |
2e |
3e |
4e |
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Brigadiers Cavaliers |
le 1er et le 5e 24 |
le 3e et le 7e 24 |
le 2e et le 6e 24 |
le 4e et le 8e 24 |
le 1er et le 5e 24 |
le 3e et le 7e 24 |
le 2e et le 6e 24 |
le 4e et le 8e 24 |
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Force de chaque escouade |
26 |
26 |
26 |
26 |
26 |
26 |
26 |
26 |
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Force des huits Escouades : 208 |
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Force d'un régiment de Cavalerie légère, de six escadrons |
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Etat-major |
Officiers | Cavaliers |
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Chef de brigade Chefs d'escadrons Quartier-maître-trésorier Porte-guidons |
1 |
8 |
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Chirurgien-major Aide-chirurgien |
2 |
2 |
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Adjudants-sous-officiers (montés) Maître-maréchal (monté) Maître-sellier (à pied) Maître-armurier-éperonnier (à pied) Maître-tailleur (à pied) Maître-bottier (à pied) Trompettes (montés) |
3 |
32 | |||||||
Escadron |
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Etat-major |
Officiers | Cavaliers |
|||||||
Capitaine |
2 |
8 |
48 |
||||||
Maréchaux-des-logis-en-chef Maréchaux-des-logis Brigadiers-fourriers Brigadiers Hussards, y compris deux maréchaux-ferrants |
2 8 2 16 192 |
220 |
1320 |
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Total de la force de l'escadron : 228 hommes, 220 chevaux de troupe | |||||||||
Totaux | 58 |
1352 |
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Complet d'un régiment en hommes : 1410; en chevaux : 1404 (56 d'officiers et 1348 de hussards) |
(in La Giberne, 2e année, N°02, pages 60 à 62).
Le Chef de Brigade Ruin part du Régiment le 10 février. Le Colonel Sholtenius est nommé, à la date du 5 mars, Chef de Brigade du 5e Hussards.
Le 19 ventôse an II (9 mars 1794), depuis Guise, le Général Colaud écrit au général Bonnaud, à Douai :
"Tu demandes de la cavalerie, mais il faut en avoir. On en demande de tous côtés; et si nous en avions, où pourrait-on mieux la placer que dans la trouée entre Saint-Quentin et Cambrai et la partie de Péronne pour empêcher l'ennemi de faire tous les jours des incursions sur le territoire de la République. Je sais comme toi que le poste d'Arleux aurait besoin d'un renfort de cavalerie pour pouvoir faire des reconnaissances armées dans la partie d'Aliscon, d'Azincourt, de Monchecourt, Fressain et les environs de Denain, car je m'imagine que l'ennemi y est en force dans ce moment. Je vois avec peine que l'organisation de la cavalerie est totalement manquée, la répartition des chevaux s'est faite trop tard, ainsi que le complétement en hommes. J'ai prédit, il y a trois mois, au général Jourdan ce qui arrive aujourd'hui, et ce n'est point de ma faute si nous n'avons pas de cavalerie.
... Tu demandes le régiment de cavalerie de Lauzun, hussards. Tu ignores sans doute qu'il a été envoyé sur les derrières à cause de la désertion" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 2, Partie 1; Publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
Dix jours plus tard, Liébert écrit à Villain, Commissaire des Guerres à Réunion-sur-Oise : "... Je te préviens aussi que je donne ordre aujourd'hui au 5e régiment d'hussards de partir d'Hesdin le 2 germinal pour se rendre à Douay; il passera par Saint-Pol, Arras, et de là à Douay" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
Au mois d'avril, le Régiment, à l'effectif de 32 Officiers et 389 hommes, et sous les ordres du Lieutenant-colonel Graillet, arrive au camp d'Arleux, sous Douai, où il fait partie de la Brigade Pierquin. Il est engagé dans plusieurs combats où quelques Officiers et hussards se font remarquer par leur courage. Le Capitaine d'Osmann est tué d'un coup de boulet, le Capitaine Resséjac blessé, et le Maréchal-des-logis Dufeay a un cheval tué sous lui.
Pour satisfaire aux justes observations de Pichegru et de Bollet, Jourdeuil donne les instructions nécessaires, et consulte notamment le Chef de l'Etat-major de l'Armée des Ardennes sur la possibilité de rapprocher le dépôt du 5e Hussards de sa portion mobile située sur le territoire de l'armée du Nord. Le 24 germinal (13 avril), le Général Tharreau lui écrit :
"Au citoyen Jourdeuil, adjoint au Ministre de la guerre.
Le général en chef s'est abouché, Citoyen, avec le représentant du peuple Massieu pour conférer sur la demande du général Pichegru qui exprime la nécessite qu'il y a que le dépôt du 5e régiment d'hussards se rapproche des escadrons de guerre qui sont à l'armée du Nord. Ils n'ont trouvé l'un et l'autre aucun inconvénient à cette mesure, et ils me chargent de te prévenir que le Ministre peut ordonner le mouvement sans préjudicier à la chose publique" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 2, Partie 1; Publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
Après quelques affaires de second ordre, le Régiment va, le 19 avril, écrire peut-être la plus belle page de son histoire, pourtant si chargée de gloire. Ce jour-là, le Chef de brigade Sholtenius étant absent, le 5e est commandé par son Major, le citoyen Graillet. Il s'agit d'attaquer les avant-postes ennemis couvrant le siège de Valenciennes. Ceux-ci, repoussés aux environs d'Abscon, se replient en désordre sur les troupes assiégeantes. Graillet se dispose à poursuivre son avantage lorsque le Général autrichien, commandant cette partie de la défense, lui oppose un Régiment de Dragons hessois fort de 800 hommes.
Colonel du 5e Hussards; figurine de la collection Boersch vendue en 1971 |
Colonel du 5e Hussards vers 1795-1797 d'après des notes prises sur la Collection Boersch en 1901 à Paris et copiées par H. Rommel (Collection H. et C. Achard)
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Le 5e de Hussards ne compte à ce moment que 380 cavaliers. C'est donc à une troupe plus de deux fois supérieure à la sienne que le commandant du Régiment va avoir affaire. Graillet n'hésite pas. Ralliant aussitôt ses Escadrons dispersés, il les rassembla derrière lui et, appliquant cette maxime immuable que, quand deux troupes de cavalerie se trouvent en présence, celle qui attaque la première et à fond est certaine d'avoir l'avantage, il part à la charge à plein train, aborde, comme un bolide les Hessois déconcertés et en un rien de temps les met en complète déroute. Après une brève poursuite, le Régiment ramène prisonniers le propre Colonel ennemi, son Quartier-maître, le tiers de ses Officiers et 120 de ses Dragons. On ignore combien de cavaliers ennemis restèrent sur le terrain. Mais, fait tout à fait remarquable étant donné le résultat de cette charge, le Régiment n'a perdu que sept tués (dont le Brigadier Maréchal et les Hussards Hahn et Shoutz; les Hussards Blaise, Ziegler, Goujon et Lebisay meurent quant à eux de leurs blessures) et cinq blessés, dont deux Officiers : Lieutenant Corbineau, blessé d'un coup de feu à l'épaule droite; Lieutenant Fagne, coup de sabre à la tête; Maréchal-des-logis Misselet, coup de sabre à l'épaule droite; Hussard Pierre, coup de sabre au menton; Hussard Bosse, coup de feu au genou droit.
Cet épisode de l'histoire du 5e de Hussards montre jusqu'à l'évidence que, dans le combat à l'arme blanche, non seulement le succès revient au plus brave et au plus allant, mais que celui-ci l'obtient avec le minimum de pertes. Remarquons aussi que le 5e Hussards, déjà victorieux, triomphe encore d'un Régiment de cavalerie de ligne.
Le 24 avril, le Général Bonnaud fait part des succès de l'ennemi : "Il nous attaqua sur tous les points et jeta beaucoup de cavalerie sur notre droite qui, appuyée sur rien, fut d'abord forcée. L'infanterie mise en déroute, la cavalerie et surtout les carabiniers, le 13e de dragons, le 5e et le 6e de hussards firent bien leur devoir et réparèrent le peu d'énergie que nous montra l'infanterie. Nous fûmes obligés de revenir prendre la position de César, notre perte ne fut que de 100 hommes environ, l'ennemi en perdit davantage..." (Journal de la 5e division, par le général Bonnaud, in : H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
Le Général de Division Debrun envoie, au mois de mai, le Dépôt du 5e Hussards, à l'effectif de 12 Officiers et 495 hommes, commandé par le Chef d'Escadron Moreux, de Saint-Mihiel à Châlons et ensuite à Reims, où il reste jusqu'à la fin de la campagne.
Les Escadrons actifs sont sous les ordres du Général Baillod, commandant la 1ère Brigade de la Division Bonnaud, et dans l'Armée de Pichegru, qui prend l'offensive et entre en Belgique. Il bat l'ennemi à Templeure, Menin, Werwick et Ypres, et le rejette sur Bruges et Anvers. Le Régiment se prodigue dans ces combats et acquiert beaucoup de gloire au prix de pertes cruelles : le Lieutenant Schaller est tué; le Lieutenant Diébold est tué d'un coup de boulet; les Hussards Hartmann, Spor, Stauss, Wietrich, Ruby, Biehl, Lander, Mercier, Robert, Le Roux et Martin sont tués; les Hussards Henriot, Birer, Houbert, Coudereau, Oval, Souhalter, Raton, Zimmermann et Cona sont tués ou pris; le Sous-lieutenants July est blessé d'un coup de sabre à la tête; le Sous lieutenant Chaput est blessé au cou; le Sous lieutenant Parquez est blessé d'un coup de feu à la jambe; le Hussard Chantesey est blessé.
Pendant ce temps, un détachement du 5e Hussards, composé d'un Officier et de 69 cavaliers montés, marche avec l'Armée de Sambre-et-Meuse, commandée par Jourdan, et se trouve avec elle à la prise de Charleroi et à la bataille de Fleurus.
Toutefois, le 5e Hussards n'est pas infaillible; le 21 floréal (10 mai), "la droite de Bonnaud fut forcée à Camphin. Le 13e régiment de chasseurs et le 5e d'hussards qui la soutenaient prirent la fuite; le 13e régiment de cavalerie qui était envoyé pour les soutenir suivit leur exemple" (Extrait du Journal de l'armée du Nord par l'adjudant général Reynier; in H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée). A la suite de quoi Liébert écrit le 22 floréal (11 mai) au Général de Division Bonnaud, au camp de Sainghin : "Je te prie, Citoyen Général, de vouloir bien m'adresser aujourd'hui le résultat de la journée d'hier. Il est juste et nécessaire que l'on donne aux corps, qui se sont conduits avec bravoure, tous les éloges que mérite leur intrépidité. Il faut les faire connaître à toute l'armée par l'ordre du jour, comme je me propose d'y faire mettre aussi ceux qui, dans cette journée, se sont conduits avec lâcheté ou négligence. Il importe d'ailleurs de connaître les individus qui auraient occasionné de pareils désordres et de faire des recherches pour que les coupables mal intentionnés subissent une punition exemplaire".
Et dans une autre lettre, datée du même jour : "Le Général en chef me mande, mon cher camarade, qu'il est indispensable de changer partie des troupes de ta division et pour remplir efficacement son intention, il est convenable que tu me désignes les bataillons, demi-brigades ou escadrons que tu crois devoir être remplacés. Tu m'enverras le plus promptement possible l'état de ceux qui devront éprouver ce changement pour que je puisse donner des ordres nécessaires à cet effet".
Bien plus, le le 24 floréal (13 mai 1794), depuis Lille, les représentants du peuple auprès de l'armée du Nord, Richard et Choudieu, écrivent au Général en chef Pichegru : "Tu partages, Général, l'étonnement et l'indignation que nous inspire la conduite qu'ont tenue dans les dernières affaires plusieurs régiments de cavalerie et de cavalerie légère. Sans doute le peu de bravoure qu'ils ont montrée tient à des causes particulières et ne doit pas être attribuée à la masse de ces corps qui sont composés de bons républicains.
Nous t'invitons à prendre des renseignements sur cet objet et à nous mettre dans le cas de procurer à ces régiments l'occasion et les moyens de réparer leurs torts envers la République et de recouvrer l'estime des amis de la liberté. Ils ont chacun dans leur arme des exemples de dévouement et d'intrépidité qui ne peuvent pas être perdus pour eux.
S'il en était autrement, nous punirions avec la dernière sévérité des hommes que nous ne pourrions plus regarder que comme des ennemis de la Patrie" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
De pareilles pratiques amènent les corps qui se sentent coupables de défaillance, à prendre les devants et à jurer d'avance qu'à la première occasion ils sauront se montrer dignes de leurs camarades. Le Général en chef en prend alors acte par la voie de l'ordre :
"Dispositions et empressement du 5e régiment d'hussards de réparer, en se battant mieux, la faute qu'il a commise le 21 floréal. — Ordre du 26 au 27 floréal (15-16 mai).
Les officiers, sous-officiers et hussards du 5e régiment, désespérés de ne pas avoir servi la patrie à l'affaire du 21 floréal avec le zèle et la bravoure dont ils ont si souvent donné des preuves, jurent de réparer, à la première occasion, cette faute causée par quelques lâches indignes de servir la République et que la loi atteindra enfin. Le général s'empresse de faire connaître à toute l'armée les dispositions de leurs cœurs et le serment qu'ils renouvellent de vaincre ou de mourir en combattant les satellites des despotes" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l'état-major de l'armée).
La loi de 1793 permettant de recruter les Adjoints à l'Etat major dans tous les grades, une lettre est adressée le 22 mai depuis Lesquielles par l'Adjudant général Bouhot à Liébert, afin de proposer le Maréchal des logis Gouri à cette fonction. Liébert répond à Bouhot le 12 prairial (31 mai) : "En réponse, Citoyen, à ta lettre du 3 prairial relative au citoyen Gouri, maréchal des logis au 5e régiment d'hussards, je ne puis satisfaire à ta demande, la loi n'accordant que des officiers pour adjoints ; mais fais cette demande aux représentants du peuple, et, s'ils y acquiescent, sois sûr que sa promotion n'éprouvera aucune difficulté de ma part" (H. Coutanceau : "La campagne de 1794 à l'armée du Nord", Tome 1; publié sous la direction de la section historique de l''état-major de l'armée).
Le 20 prairial (8 juin 1794), le Général Jean Proteau (né à Libourne en 1752, Général en 1793, Commandant de la Place de Cambrai, tué lors d'un combat le 15 juillet 1794), écrit du quartier général à Moucron (Belgique) au Citoyen Boquet , chef du 83ème Régiment au Haut Judas (Belgique) : "Il est ordonné au citoyen Boquet de donner aux trois compagnies de grenadiers de la demie brigade de se rendre à la redoute du moulin demain matin à une heure précise pour la découverte ordinaire. Et elles seront aux ordres du plus ancien de leurs capitaines, le 5ème régiment des hussards ne fournissant que 25 homme et un lieutenant" (lettre - collection privée).
Les Armées du Nord et de Sambre-et-Meuse, après des succès multipliés, font leur jonction au mois de juillet à Bruxelles. Elles se séparent presque immédiatement pour se porter, l'une sur Malines, l'autre sur Tirlemont. L'effectif du 5e Hussards est alors de 33 Officiers, 591 hommes, dont 415 présents, et 589 chevaux. Il fournit à la garnison française laissée à Bruxelles un détachement composé d'un Officier et de 69 cavaliers montés qui y reste jusqu'à la fin des opérations.
Le Régiment toujours à l'Armée du Nord, marche avec elle contre les Anglais. Le Duc d'York forcé d'évacuer Anvers, se retire à Bréda en Hollande. Pichegru le poursuit. Le 5e Hussards, Brigade Compère et division Bonnaud, se dirige au mois d'août sur Malines et Anvers, traverse le pays arrosé par les deux Nethes, bivouaque à Bevet et passe à Heyst, Moll, Diest, Herenthals, Turnhout et Weelde.
Au cours de son avance sur Malines et Anvers, le 5e Hussards va renouveler son exploit d'Abscon. Comme il approche de la ville de Tilburg, il se heurte aux avant-postes ennemis. Il se dispose à les attaquer quand il est pris à partie par le Régiment de Hussards de Homspesch chargé de la défense de la ville. Mais maintenant, nos braves savent comment on fait tourner bride à l'adversaire. Comme à l'affaire du 19 avril, l'ex-Lauzun ne donne pas à l'adversaire le temps de partir à la charge. Il se précipite sur lui avec furie, le bouscule sur les avant-postes et, dans un grand fracas de coups de feu et de coups de sabre, Hussards français, fantassins et Hussards ennemis mêlés se ruent dans la direction de la ville. Ainsi nos hommes y pénètrent sans peine et s'en rendent maîtres après y avoir fait un grand nombre de prisonniers.
André Joseph Deneck, 5e Hussards, mars 1795 (collection Musée Royal de l'Armée Belge)
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Le même jour, une Compagnie du Régiment, commandée par le Capitaine Vogt, va, grâce à l'initiative de son chef, rendre un service signalé au Général en chef de l'Armée du Nord et détourner de lui un danger qui aurait pu compromettre le sort de toute la campagne. Pichegru, emporté par son désir de juger rapidement la situation, s'est risqué avec quelques cavaliers d'escorte loin en avant de son avant-garde. Soudain, il aperçoit un parti de plusieurs centaines de chevaux ennemis qui, s'étant glissé à la faveur d'un bois, a manoeuvré de telle sorte qu'il s'est interposé entre le Général en chef et la direction suivie par les têtes de colonnes françaises. Pichegru est perdu. Or, à ce moment, le Capitaine Vogt rentre d'une reconnaissance qu'il vient de faire avec les soixante hussards de sa Compagnie. De la position où il se trouve, il peut juger immédiatement le péril couru par le chef de l'Armée du Nord; il voit également que s'il se porte à son aide, il aura affaire à une troupe d'effectif dix fois supérieur au sien. C'est là une disproportion capable de faire hésiter tout autre qu'un Officier de Lauzun. Vogt se conforme à la tradition de son glorieux Régiment. Il charge. Sans doute, il ne parvient pas à culbuter la masse ennemie à laquelle il s'attaque. Mais celle-ci, impressionnée par la ruée de ces 60 braves qui arrivent sur elle le sabre haut et en hurlant, fait tout entière face à l'attaque et Pichegru en profita pour s'échapper au galop. C'est tout ce que veut Vogt. Après une brève mêlée, il rallie vivement son monde et va reprendre position à peu de distance, sa Compagnie déployée et prête à l'attaque. Sa fière contenance en impose à l'ennemi qui, voyant déboucher à courte distance les premiers éléments de l'avant-garde, juge plus opportun de se dérober. Pichegru félicite hautement le Capitaine Vogt.
La Brigade Compère se dirige vers Eyndhoven et Helmont, où elle campe quelques jours. Deux Hussards du Régiment, Kueffer et Rivière, envoyés en reconnaissance à quelques jours de distance pendant cette marche, remplissent leur mission avec hardiesse et se font tuer en approchant très près de l'ennemi; pour Kueffer, à Jamoigne.
En octobre, le 5e Hussards, avec la Brigade Compère dont il fait partie, est désigné pour faire partie d'un Corps détaché de l'Armée du Nord. Ce corps, commandé par Moreau, a pour mission de mettre le siège devant la place de Venlo. Moreau marche sur Venlo, qu'il investit. Le Général Compère, escorté de 12 cavaliers du 5e Hussards, va reconnaître, le 5 octobre, les abords du fort Saint-Michel, sous Venlo. Il tombe à l'improviste sur une troupe de 40 hommes d'infanterie hollandaise, lui tue 5 hommes, fait 23 prisonniers et poursuit le reste jusque sur le glacis.
Le 5e Hussards va, pour la troisième fois depuis le 19 avril, prouver l'ascendant formidable qu'il a pris sur la cavalerie ennemie. L'engagement a lieu dans les mêmes conditions qu'à Abscon et à Tilburg et a une issue identique. Moreau a pris ses dispositions pour réduire la place. Il envoie la Brigade Compère, en une seule colonne, passer la Meuse à Ruremonde et remonter par la rive droite à Venlo. L'effectif du Régiment est alors de 33 Officiers et 437 hommes présents. A peine le 5e a t'il franchi la Meuse qu'il est pris à partie par un Régiment de Dragons hollandais. Sans lui donner le temps de se reconnaître, le 5e de Hussards s'élance à la charge, culbute les Hollandais, en sabre un grand nombre et en ramène prisonniers une bonne partie, le reste refluant en désordre.
La Brigade Compère poursuit sa marche et s'établit à l'est de Venlo, sur la Niers. Le 5e Hussards fournit alors des pelotons de 25 cavaliers qui sont répartis derrière les troupes d'investissement échelonnées entre la route de Cologne et celle de Stralen. De fréquentes patrouilles fouillent au loin le pays et se relient vers Gueidres avec les troupes d'avant-garde de l'Armée de Sambre-et-Meuse.
Au mois de novembre et après la prise de Venlo, la Brigade Compère se porte sur Nimègue. Pendant l'investissement de cette place, elle prend d'abord position à Cranenburg et ensuite plus à l'Est, entre la Niers et le Wahal. A mentionner au Régiment pendant le blocus de Nimègue : le Capitaine Michel est tué d'un coup de feu; le Hussard Husson est blessés; le Hussard Bosse est blessé d'un coup de boulet à l'épuale gauche; le Hussard Groffaut a son cheval tué sous lui, il est ensuite blessé d'un coup de feu à la jambe droite.
L'effectif du 5e Hussards est, au mois de décembre, de 32 Officiers, 715 hommes dont 710 présents et 746 chevaux. Trois Escadrons sont à Kessen et deux à Trèves. Ils restent campés dans ces localités pendant dix jours.
c/ Campagne de 1795 à l'Armée du Nord
Au mois de janvier, le Dépôt est toujours à Reims. Son effectif est de 50 Officiers, 522 hommes présents et 104 chevaux. Il manque 245 chevaux au complet.
L'Armée du Nord marche sur Amsterdam. Le Régiment, Brigade Compère et Division Moreau, franchit le Wahal à Nimègue avec l'armée et prend part à la conquéte rapide de la Hollande. Le cavalier Ehrard du 5e Hussards se noie avec son cheval au passage du fleuve.
Deux jours après, le Régiment contribue à la prise d'Arnheim et se divise ensuite en deux colonnes. La première, composée de deux Escadrons sous les ordres du Lieutenant-colonel Graillet, marche sur La Haye et Amsterdam. La seconde, formée des deux autres Escadrons et dirigée par le commandant Viard, poursuit l'ennemi et fait beaucoup de prisonniers. Cette dernière colonne s'empare par surprise au château du Loo de 20 Hussards de Homspech.
Il ne reste plus, pour achever la conquête du pays, qu'à soumettre les places de la North-Hollande et à chasser les Anglais des provinces limitrophes du Hanovre. L'Armée du Nord marche sur l'Yssel. La Division Moreau occupe les lignes de la Greeb entre Wageningen et Amersfort, le 5e Hussards, à l'effectif de 745 cavaliers, est à Utrecht.
Dans les opérations qui ont lieu pour réduire les places de la Hollande septentrionale, le 5e Hussards va être mêlé à une action de guerre que l'on peut dire unique dans les fastes de la cavalerie. Il a été attaché, comme Cavalerie de corps, à un fort détachement d'armée confié au Général Salme, à ce moment dépourvu de cavalerie, qui doit marcher vers le nord pour soumettre les places de la Zélande. Le 19 janvier, le Général Salme est informé qu'une notable partie de la flotte de guerre hollandaise est bloquée par les glaces dans l'embouchure du Texel. Il décide de s'en rendre maître.
Le Général Salme envoie un détachement pris dans son avant-garde et composé des Escadrons du 5e Hussards, du 3e Bataillon de Chasseurs belges, commandé par le Chef de Bataillon Lahure, et deux pièces d'artillerie légère. Chaque cavalier prend en croupe un Chasseur et le Régiment se détache à vive allure. Aussitôt en vue de la flotte immobilisée, le 5e Hussards se déploie sur la glace et prend la formation de la charge, les vaisseaux étant sommés de se rendre. Il est bien clair qu'il ne songe nullement à se livrer sur des vaisseaux de ligne à une attaque aussi insensée, mais le prestige de notre cavalerie est tel qu'une menace aussi peu redoutable suffit à impressionner l'Amiral hollandais. Les vaisseaux amènent leur pavillon et leur équipage se rend à cette poignée de cavaliers sans aucune résistance. La petite colonne victorieuse, capture 12 navires de 32 à 72 canons et réalise ainsi un fait d'armes sans précédent : une flotte prise par de la cavalerie. Jamais pareille prouesse n'avait été accomplie par des hussards. Ceux du 5e renouvelleront onze ans plus tard un haut fait non moins surprenant en enlevant, avec la Brigade Lasalle dont il faisait partie, la place forte de Stettin défendue par une importante garnison à un nombre considérable de canons.
Le 5e Hussards s'empare de la flotille du Texel - 20 janvier 1795 - d'après une gouache de Marcel Fatio (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur) |
Le Régiment rejoint en février la Division Moreau qui se porte à Zuphten et à Deventer. Les Anglais se retirent derrière l'Ems.
Le 27 février 1795, le Général Pichegru écrit au Général Vandamme : "Je viens de recevoir ta lettre du 6, qui me fait part des coups de main que tu as été obligé de donner pour prendre ta position. Ton aide de camp s'étant bien comporté comme en beaucoup d'autres occasions, il faut faire un mémoire pour lui obtenir une place au 5e régiment d'hussards où il désire entrer, je te promets de l'apostiller favorablement …" (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 231).
Au mois de mars, Moreau se porte sur Bintheim. Pendant cette marche, le 5e Hussards entier cantonné à Hengelo est attaqué par une cavalerie nombreuse sous les ordres du Colonel Sombreuil. Le Régiment se barricade dans le village et le défend par un combat à pied jusqu'au moment où il est secouru par de l'infanterie. L'ennemi est enfin repoussé et perd 20 hommes faits prisonniers.
Le 5e Hussards prend ensuite une part active et se comporte encore de la façon la plus brillante à la bataille de Bintheim. En arrivant près de cette place et faisant partie de l'avant-garde, il capture à Gilhus deux postes ennemis et refoule les autres jusque sous les glacis. Il prend aussi dans ce premier engagement une pièce de canon. Moreau s'empare de Bintheim et de son château, fait 600 prisonniers, prend de l'artillerie et chasse l'ennemi des rives de la Dinckel.
Au cours de cette bataille, un simple Brigadier, nommé Pulmayer, va se distinguer par un exploit des plus remarquables. Il est envoyé en patrouille de reconnaissance sur une crête dominant à pic un ravin profond que doit suivre son Régiment pour aller occuper le village de Schuttorf. Soudain, il aperçoit un Bataillon ennemi embusqué dans le défilé. A un coude de la route, une pièce de canon servie par les Autrichiens enfile toute la partie du chemin que doit suivre notre avant-garde. Celle-ci s'avance sans méfiance car elle ne peut voir l'ennemi soigneusement dissimulé tandis que celui-ci ne perd rien de ses mouvements. Pulmayer voit le danger imminent couru par son Régiment et il se rend compte qu'il n'est plus temps d'en avertir le commandant de l'avant-garde. En effet, le chef du détachement ennemi, estimant le gros des Hussards à bonne portée d'artillerie, vient d'ordonner d'ouvrir le feu. Le Brigadier s'en rend compte aux mouvements des canonniers. Aussitôt, il s'élance au galop sur la pente presque verticale du ravin, la dégringole au risque de se rompre cent fois le col et tombe comme un boulet au milieu des servants frappés de stupeur. D'un coup de sabre, il tranche le poignet de l'Artilleur qui approche de la lumière le boutefeu, puis, se plaçant au milieu de la route de manière à être aperçu des siens, il hurle : "En avant, hussards, en avant !"
A sa vue, à ses cris, l'Escadron d'avant-garde se précipite. Tout ceci s'est passé en quelques secondes. L'ennemi a été tellement surpris qu'il n'a pas tiré un coup de fusil et quand les Hussards surviennent, sabres hauts, ils ne trouvent devant eux que les dos des fantassins fuyant comme des perdus et la pièce abandonnée par ses servants. En récompense de sa conduite héroïque, le brave Pulmayer est nommé Sous-lieutenant.
A citer encore au 5e Hussards à la bataille de Bintheim : le Sous-lieutenant Domon qui se fait remarquer par un grand courage; le Lieutenant Corbineau et le Hussard Koher ont leurs chevaux tués sous eux. Ce dernier est en outre blessé. Les Hussards Carré, Schweitzer, Pierre, Valinot, Hutin et Shenck ont été tués ou pris; le Hussard Hartmann meurt de ses blessures et le Hussard Bertz est dangereusement blessé ! Le Fourrier Chardon est fait prisonnier.
L'ennemi ayant entièrement évacué le territoire des Provinces-Unies, l'Armée du Nord, commandée par Moreau qui a remplacé Pichegru, revient en avril à ses premiers cantonnements. Le quartier-général est à Utrecht. Le Régiment et la Brigade Compère restent quelques jours sur la Dinckel et reviennent à Zuphten. Le 5e Hussards, à l'effectif de 586 hommes, se trouve entièrement réuni d'abord à Utrecht où il fait partie de la Brigade Laurent, Division Macdonald dite des côtes de Hollande, puis successivement à Amsterdam, La Haye et Haarlem. Le Dépôt est encore à Reims.
Au mois d'octobre, le Régiment est divisé en deux parties égales. La première, placée dans le commandement du Général Champmorin, est à Rotterdam et dans l'île de Voorn. La seconde est à Breda et dans l'île de Valcheren.
Deux Escadrons , placés sous le commandement du chef d'Escadron Viard, et à l'effectif de 17 Officiers, 182 hommes et 273 chevaux, sont détachés en décembre à la Division Desjardins envoyée à l'Armée de Sambre-et-Meuse. Le reste du 5e Hussards sous les ordres du Chef de Brigade Sholtenius reste en Hollande. Deux Escadrons cantonnés à Zuphten font partie de la Division Souham qui garde la frontière de l'Est de la Frise au pays de Clèves. Les deux autres sont à Rotterdam et compris dans la Division, dite des côtes de Hollande, échelonnée de l'embouchure de la Meuse au Texel. Cette Division est commandée par le Général Compère promu divisionnaire.
d/ Campagne de 1796 à l'Armée du Nord
Hussard, 1795, d'après un document de la Collection Winkhuizen, Bibliothèque Publique de New-York, id=1237470
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Autre exemplaire de cette estampe, d'après Dachery, éditée par Pillet au 19ème siècle. Rehaussée à la main à l'aquarelle pour les couleurs des différents régiments. Dimensions 31 x 23 cms. "Uniformes de tous les régiments de hussards sous la République, le Premier Empire, la Restauration, Louis-Philippe et Napoléon III (1792-1857). 50 planches coloriées d'après les dessins de Dachery. Paris, Léon Pillet, Libraire, 1889. 5 pages de titres et 50 planches coloriées d'après Dachery, 36,5 x 27, sous portefeuille d'éditeur". |
Depuis le 23 janvier 1796, chaque Régiment ne comprend que 4 Escadrons et un Etat major (Rigo, Tradition N°66-67).
Les Escadrons du 5e Hussards, postés sur les frontières de la Hollande, restent dans leurs cantonnements jusqu'à la fin de février et se réunissent le 25 de ce mois à Zuphten. Les deux Escadrons détachés à l'Armée de Sambre-et-Meuse et commandés par le Chef d'Escadrons Viard y rejoignent le Régiment. Ils ont dans leur marche sur le Rhin de brillantes rencontres avec l'ennemi : le Brigadier Stampfer se signale par sa bravoure et sa décision. Entouré par cinq Hussards (ou Dragons ?) autrichiens et sommé de se rendre, il se précipite comme un furieux sur eux, tue les deux premiers, blesse le troisième et ramène les deux autres prisonniers.
Quelques jours plus tard, au château de Vuizberg, le Chef d'Escadrons Viard tombe à l'improviste avec sa petite troupe sur les Hussards de Barco et de Bussy, les met en fuite et ramène 50 prisonniers.
A Giessen, le Lieutenant Bertholet s'élance avec son seul peloton (25 hommes) sur une batterie autrichienne, en sabre les servants, puis, se précipitant sur le Bataillon de soutien, le met en panique, lui fait mettre bas les armes et le repousse comme un troupeau vers les lignes françaises, ramenant, avec ses deux douzaines de hussards, 450 prisonniers et 3 pièces de canon. Berthollet a un cheval tué sous lui. Ce fait d'armes extraordinaire donne la mesure de tout ce que peut l'audace du chef jointe à la valeur personnelle de ses hommes.
Enfin, à Mulheim, le Sous-lieutenant Pierre est blessé d'un coup de sabre, le Brigadier Chardon est blessé, le Trompette Yvernette est blessé d'un coup de feu à la cuisse droite, et les Hussards Brindre et Percevaux sont blessés.
Un Régiment qui inscrit dans son histoire le récit de tant de hauts faits peut se présenter sans crainte au jugement de la postérité. Il sera toujours offert en exemple comme l'un des corps de troupe les plus chargés de gloire.
Viard et ses Escadrons sont ensuite envoyés en Brabant, où ils poursuivirent des bandes de brigands sans réussir à les joindre.
L'Adjudant-général Dardenne, Chef d'Etat-major de la Division Souham, assisté du Commissaire des guerres Bazile, procède au mois de mars et en vertu de la loi du 12 octobre précèdent, à la réorganisation du Régiment. Le 5e Hussards est formé à quatre Escadrons de deux Compagnies et son effectif est de 39 Officiers, 904 hommes et 825 chevaux.
Au mois de mai, le Régiment fait partie de la Brigade Salme, Division Souham. Ses Escadrons sont réunis d'abord à Groningue, ensuite à Deventer.
Le 29 mai 1796, le Général Grouchy écrit, depuis Utrecht, à Beurnonville : "… Je viens de recevoir votre lettre d'hier onze heures du soir ; vos dispositions relativement au cinquième régiment de hussards vont être exécutées ; j'écris à cet effet à Gouvion, et n'oublie pas que le dépôt doit être à Leyden …" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 1, p. 232).
Le Général Dupont-Chaumont passe en juillet dans cette dernière ville l'inspection du 5e Hussards. Le Régiment a alors trois Chefs de Brigade : Sholtenius en pied, Labassée à la suite commandant le Dépôt et Derneck adjoint. L'Inspecteur trouve la discipline exacte et l'esprit de corps excellent.
Le Dépôt, à l'effectif de 194 hommes, part pour Leyde où il fait partie de la Division commandée par le Général Reubel. Il remplace ensuite à Amsterdam un détachement du 3e Hussards et y reste jusqu'à la fin de l'année.
Les Escadrons actifs partent pour se rendre à l'Armée de Sambre-et-Meuse commandée par Jourdan et la rejoignent le 5 septembre à Cologne. Selon les Mémoires du Capitaine Duthilt (du 1er Léger), le 5e Hussards est sur la rive droite du Rhin, réparti au sein de différents villages.
Le 28 septembre, le 5e Hussards est détaché à la Division Lefebvre.
Le 5 octobre, le 5e Hussards rentre à la Division Macdonald, à laquelle il appartient. Ses Escadrons sont pendant trois mois, d'octobre à décembre, fractionnés en petits groupes sur les bords du Rhin et reviennent ensuite en Hollande.
A noter que dans son inspection faite en l'an IV, l'Inspecteur Dupont-Chaumont note concernant le 5e Hussards : "Assez bon, les têtes exaltées par les mouvements révolutionnaires se sont calmées par la sagesse du chef. Il reste peu à désirer sur cet objet" (Le Briquet 1994/04; article de Michel Galban).
e/ Campagne de 1797 à l'Armée du Nord
Uniforme du 5e Hussards de 1796 à 1803, d'après Rigo in Tradition N°66-67 |
Au mois de janvier, le 5e Hussards, à l'effectif de 595 hommes, est à Zwolle et à Kampen. Il fait partie de la Division Macdonald, Armée du Nord. Le Dépôt comprenant 303 hommes est resté à Amsterdam.
Le Régiment est envoyé à l'Armée de Sambre-et-Meuse, commandée par Hoche à partir du 23 février 1797. Le 7 mars 1797, le général Hoche écrit depuis Cologne au général Ney, au sujet de l'organisation d'une Division de hussards sur les bords de la Simmern :
"Je vous préviens, général, que mon intention étant de former, des diverses armes qui composent la cavalerie de l'armée de Sambre-et-Meuse, autant de divisions particulières, je vous ai donné le commandement de celle des hussards. Vous voudrez bien l'organiser sur les bords de la Simmern et distribuer les corps que le chef de l'état-major général a l'ordre de vous envoyer, dans les cantonnements que vous jugerez les plus convenables, sous les rapports des subsistances, de l'ordre militaire, et qui présenteront le plus de facilités pour opérer une réunion prompte, soit qu'il faille marcher à l'ennemi, soit qu'elle n'ait d'autre objet que l'instruction des régiments.
Le corps que vous commanderez sera composé des 2e, 3e, 4e et 5e régiments ...
Vous ne serez attaché à aucune division particulière. Vous recevrez des ordres directs du général d'Hautpoul commandant la cavalerie de l'armée, ou de moi.
Permettez-moi, général, de vous témoigner la satisfaction que j'éprouve de servir avec vous dont le mérite militaire est si généralement reconnu et estimé" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Ney accuse réception de cette lettre le 15 mars. Mais au 15 avril, le Régiment n'a toujours pas rejoint la Division de Hussards, qui quitte la Simmern pour marcher à l'ennemi.
Le 17 avril, toutes les troupes que Hoche veut faire déboucher sur Neuwied se trouvent réunies à peu de distance des ponts. Le centre, aux ordres du Général Grenier comprend la 2e Division, aux camps de la Chartreuse et de Moselweiss ; la 3e Division du général Olivier, au camp de Metternich ; et la Division des Hussards de Ney, à Kettig, Bassenheim et Plaidt. Cette Division comprend seulement, à cette époque, les 2e, 3e et 4e Hussards, le 5e Régiment appartenant encore à la Division Macdonald (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 17).
Le 5e Hussards passe successivement à Deventer, Zuphten, Arnheim et Nimègue où il passe douze jours. Il remonte ensuite le cours du Rhin. Les 2e et 3e Escadrons, laissés aux environs de Coblentz, prennent part le 18 avril à la bataille de Neuwied où Hoche force le passage du Rhin.
Pendant cette journée, le Lieutenant Bertholet trouve l'occasion de renouveler son brillant fait d'armes de Giessen et ne la laisse pas échapper. Lancé à la tête de son peloton de 25 Hussards sur une batterie autrichienne, il en disperse les canonniers, prend une pièce de canon, et fait mettre bas les armes à un Bataillon d'infanterie hongroise. Il parvient ensuite à ramener sa troupe sans accroc dans les lignes françaises.
Berthollet est un de ces Officiers comme il en existe quelquels-uns dans tous les Régiments et auxquels souvent manque seule l'occasion de se révéler. Il recherche sans cesse le danger et joint à une bravoure sans égale un sang-froid, une sûreté de coup d'oeil, une brutalité dans l'exécution qui lui permettent d'accomplir des prodiges. Il s'est déjà signalé l'année précédente, et également sur le Rhin, par un fait d'armes très remarquable; il donnera encore des preuves de son courage exceptionnel.
Le 18 mai 1797 (29 floréal an 5), le Général chef de l’Etat-major général de l’Armée de Sambre et Meuse écrit, depuis le Quartier-général à Friedberg, au Général Grenier : "Je vous préviens, mon cher général que le général en chef par ses nouvelles dispositions, nécessitées par l’éloignement de quelques corps de troupes destinées à agir pour les sièges, vient d’arrêter l’organisation de l’armée de la manière suivante :
... La division d’hussards sous les ordres du général Salm sera composée des 3e, 4e, 5e régiments de cette arme.
L’adjudant général Becker sera attaché à cette division ..." (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 222).
Les 1er et 4e Escadrons ont continué leur route jusqu'à Mayence où ils assistent au début des opérations du blocus de cette place dirigé par le Général Colaud. Ils y perdent le Hussard Kauffman tué en faisant un fourrage, le Brigadier Menckel également tué et le Hussard Sherer, qui meurt de ses blessures. Ces Escadrons ont un détachement à Mosbach dans la Division du Général Watrin dont le quartier-général est à Wiesbaden. Ils sont peu après relevés par des Escadrons du 2e Hussards.
Après les préliminaires de Léoben, le 5e Hussards descend le Rhin par Andernach et Cologne et se dirige par Nimègue et Arnheim sur Deventer. Il fait alors partie de la première Division de l'Armée du Nord et se trouve ainsi divisé : une fraction à Deventer avec le Lieutenant-colonel Graillet, une autre à Leuwarden avec le Chef d'Escadrons Moreux, et le reste du Régiment à Zwolle et à Kampen. Le Dépôt est toujours à Amsterdam. A noter que le 5e Hussards, au 20 mai, est toujours rattaché à la Division de Hussards de Ney, mais ne doit la rejoindre que dans le cas où les hostilités recommenceraient.
Le 5e Hussards, composé de 4 Escadrons, est inspecté le 10 août par le Général Dupont-Chaumont. L'effectif était alors de 36 Officiers, non compris 20 auxiliaires, de 828 hommes et de 657 chevaux. Le Général constate, que les conditions du Régiment sont sensiblement les mêmes que lors de son inspection de l'année précédente, trouve assez bon le casernement du Dépôt à Amsterdam, et note, que les distributions sont irrégulières faute d'approvisionnements suffisants.
Le 5e Hussards part de Deventer le 22 septembre et marche sur le Rhin. Le 28, nos Hussards bivouaquent près de Schawen quand les petits postes, se repliant au galop, viennent annoncer l'approche d'un fort parti de cavalerie autrichienne. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le Régiment est à cheval et massé derrière son Chef de Brigade. Dès que l'ennemi se présente, il est vigoureusement chargé et ramené à quelque distance, mais sa supériorité numérique ne permet pas au 5e Hussards de lui infliger une défaite totale. Il se regroupe sur une nouvelle position et attend l'attaque. C'est alors que reparait Bertholet.
Dans cette affaire, le Lieutenant Bertholet montre encore un courage indomptable et son penchant pour les actions chevaleresques. Sortant du rang au galop, il se porte sur le front d'un Régiment de Dragons autrichien et d'une voix claironnante demande s'il s'y trouve un Officier qui accepte de se mesurer avec lui en combat singulier. Un Capitaine s'avance. C'est, lui aussi, un brave et, qui plus est, un galant homme. Devant les deux troupes attentives, les adversaires se saluent d'abord du sabre, comme il sied dans une affaire d'honneur, et aussitôt se chargent. Dès la première passe, la lame de Bertholet se brise sur la coquille de celle de l'Autrichien. Chevaleresquement, celui-ci abaisse sa pointe et invite le Hussard à emprunter un autre sabre. Bertholet remercie, galope jusqu'à son peloton, prend le sabre d'un de ses cavaliers et revient se mettre en garde. Le combat reprend, farouche. Et soudain, le Capitaine de Dragons s'écroule, tué sur le coup. Le sabre de Bertholet lui est entré dans la poitrine jusqu'à la garde. Chose étrange, les deux partis ne se précipitent pas l'un sur l'autre. Il semble que les Autrichiens considèrent la défaite de leur champion comme le jugement de Dieu. Les Dragons ramassent le corps sanglant de leur Capitaine, puis toute leur Brigade fait demi-tour, laissant le terrain au vainqueur.
Le Lieutenant Epinger se distingue aussi à Schwaen.
Par Arrêté du Ministre de la guerre en date du 18 octobre, Louis Bonaparte, Aide-de-camp du Général en chef Bonaparte, est placé au 5e Hussards et mis à la suite.
Les quatre Escadrons du Régiment, à l'affectif de 32 Officiers, 529 hommes et 604 chevaux, font partie de la Brigade Salme et de la Division Macdonald, dont le quartier-général est à Cologne. Ils sont placés à l'aile gauche de l'Armée d'Allemagne.
Le 5e Hussards est au mois de novembre à l'Armée de Mayence où il fait partie de la Division de Hussards commandé par le Général Ney. Il est cantonné à Solingen et Ultfra. Le Dépôt est resté à Amsterdam.
Le 21 novembre, le Général Ney reçoit à Friedberg, une lettre du Général Lefebvre, datée de Wetzlar, accompagnant une plainte du baillif de Schotten contre le Lieutenant Corbineau du 5e Hussards. Cet Officier est accusé de se faire donner journellement, par cette localité, 12 francs pour frais de table, et en outre, d'exiger d'elle des fournitures destinées à sa Compagnie. Le Général Ney écrit, aussitôt, au Chef d'escadron commandant le 5e Hussards de prendre des informations, "puis, si le fait était constant, de faire retirer le lieutenant Corbineau de Schotten et de lui ordonner les arrêts forcés pendant deux décades" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome 1).
Le 24 novembre, le Général Ney, reçoit une nouvelle lettre du Général Lefebvre, relative à l'affaire Corbineau et à de nouvelles plaintes formulées contre des Hussards du 5e Régiment. Ney répond, le 28 novembre, que le baillif de Schotten est un délateur dont les plaintes indécentes n'ont aucun fondement (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 9 frimaire (29 novembre), une circulaire ministérielle rétablit les Régiments de Hussards à 4 Escadrons. La force et la composition d'un Régiment sont les suivantes (in La Giberne, 2e année, N°4, page 120) :
Etat-major |
Escadron |
||||||||
Officiers | Cavaliers |
Officiers | Cavaliers |
||||||
D'autre part |
6 |
23 |
|||||||
Chef de brigade Chefs d'escadrons Quartier-maître-trésorier |
1 |
4 |
Capitaine |
2 |
8 |
23 |
|||
Chirurgien-major Aide-chirurgien |
2 |
Maréchaux-des-logis-en-chef Maréchaux-des-logis Brigadiers-fourriers Brigadiers Hussards, y compris deux maréchaux-ferrants |
2 8 2 16 192 |
220 |
880 |
||||
Adjudants-sous-officiers (montés) Artiste vétérinaire (monté) |
2 |
3 |
Total de la force de l'escadron : 228 hommes, 220 chevaux de troupe | ||||||
Maître-sellier (à pied) Maître-armurier-éperonnier (à pied) Maître-tailleur (à pied) Maître-bottier (à pied) Trompettes dont 1 brigadier (montés) |
1 1 1 1 16 |
20 |
|||||||
Totaux | 6 |
23 |
Totaux |
38 |
903 |
||||
Complet d'un régiment en hommes : 941; en chevaux : 935 (36 d'officiers et 899 de hussards) | |||||||||
Nota : Les porte étendards étant supprimés, les fonctions doivent être remplies, seulement lorsque le régiment est en bataille, par les maréchaux des logis en chef les plus anciens de grade, qui doivent rentrer ensuite dans leurs compagnies respectives. |
"Dans une circulaire adressée aux chefs de chefs de corps, le 28 frimaire (18 décembre), le ministre de la guerre s'exprime ainsi :
Je suis informé que plusieurs fourriers demandent à être rangés dans la classe des maréchaux des logis. Ils se fondent sur ce que la loi du 23 floréal dernier (12 mai) sur la solde des troupes les assimile à ce grade pour la solde.
Je vous engage à leur faire connaître que l'intention du législateur, en leur donnant la même solde qu'aux maréchaux des logis, a été seulement de les dédommager, par cette solde, des peines qu'ils se donnent dans les fonctions qui leur sont attribuées; mais qu'ils ne peuvent se considérer, par cette raison, rangés dans le grade de maréchal des logis" (in La Giberne, 2e année, N°4, page 121).
Une situation en date du 21 décembre indique que le 5e Hussards fait partie de la Brigade Ney, 1ère Division dite d'avant-garde de Lefebvre, au sein de l'Armée de Mayence commandée par le Général Hatry (Le maréchal Mortier, duc de Trévise. T. 1).
A noter que dans son inspection faite en l'an V, l'Inspecteur Dupont-Chaumont note, concernant le 5e Hussards : "Est assez bon, il s'est encore amélioré depuis la dernière revue. Les têtes se sont calmées" (Le Briquet 1994/04; article de Michel Galban).
Trompette du 5e Hussards en 1797 d'après la collection Wurtz - notes de T. Carl copiées en 1956 par H. Rommel (Collection H. et C. Achard)
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Trompette du 5e Hussards (ex Lauzun) sous la 1ère République, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945).
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Trompette des compagnies ordinaires du 5e hussards, période révolution, d'après Charles Brun, collection privée, sans précision de source (V. Bourgeot, Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
f/ 1798
Hussards en 1798 d'après Langendijk, Jan Anthonie (1780-1818) : "Gevapende Burger en Militaire Uniformen" (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington)
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Le Général Hatry commande en chef l'Armée de Mayence. Le 5e Hussards, avec quatre Escadrons, fait partie au mois de janvier de la Division Championnet, dont le quartier-général est à Giessen.
Le Ministre de la guerre envoie au Régiment l'ordre de se rendre à Utrecht et d'y faire partie des troupes françaises, cantonnées dans la République batave, sous les ordres du Général Joubert qui a placé son quartier-général à La Haye.
Le Dépôt, à l'effectif de 21 Officiers, 177 hommes et 186 chevaux, est toujours à Amsterdam. Il est compris dans la Division Macdonald, qui occupe les provinces de Gueldres et d'Utrecht et une partie du Brabant batave. Les Escadrons actifs ne sont pas encore arrivés à la fin de janvier sur le territoire de la République.
Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an 6), un Arrêté du Directoire Exécutif à Paris, fixe la composition de l'Armée d'Angleterre : "LE DIRECTOIRE EXECUTIF,
Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
... TROUPES A CHEVAL
... Les 2e, 3e, 5e et 8e régiments de hussards ..." (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97).
Désigné pour l'armée d'Angleterre par ordre ministériel du 30 janvier 1798, le Général Ney part de Homburg le 15 février (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 5e Hussards est lui aussi envoyé à l'Armée d'Angleterre commandée par le Général Kilmaine.
Ney atteint Amiens, le 4 mars, et Abbeville, sa résidence nouvelle, le 8. Il doit y attendre l'arrivée des 3e et 5e régiments de Hussards voyageant par étapes. Ces deux Régiments atteignent, le 11 mars, leurs cantonnements tracés aux environs d'Abbeville (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 5e Hussards arrive à Rouen le 19 mars et à Falaise le 21. Il cantonne dans cette ville et ses environs et y séjourne près de deux mois.
La descente en Angleterre étant impossible, l'Armée est dissoute. Le Régiment, cantonné à Rennes, reçoit le 23 juillet l'ordre de se rendre à l'Armée d'Allemagne. Il arrive à Strasbourg, y reste tout le mois d'août et rejoint l'armée commandée par le Général Joubert, qui a son quartier-général à Friedberg. Le 5e Hussards, à l'effectif de 675 hommes, fait alors partie de la première Division, dite d'avant-garde, commandée par le Général Championnet qui place son quartier général à Hombourg. Les Escadrons cantonnent aux environs de cette ville.
Le 2 septembre 1798, le Général Ney arrive à l'Armée de Mayence; il trouve l'avant-garde composée comme il suit :
Commandant : le général de division Championnet.
Chef d'état-major : l'adjudant général Debilly.
Sous-chef : l'adjudant général Becker.
1re brigade, général Mercier, à Weilburg : 8e chasseurs; 10e demi-brigade d'infanterie légère ; 23e de ligne.
2e brigade, général Leval, à Hochst : 5e de hussards; 25e demi-brigade d'infanterie légère; 102e de ligne.
Artillerie, général Sorbier : 3e régiment d'artillerie légère.
Cavalerie, général Ney, à Hachenburg : 10e chasseurs à 4 escadrons de 2 compagnies ; 20e chasseurs à 4 escadrons de 2 compagnies; 23e chasseurs à 4 escadrons de 2 compagnies.
Par ordre du 2 septembre 1798, chaque Brigade de l'avant-garde doit constituer en quelques jours, au centre de ses cantonnements, un magasin contenant dix jours de farine, de sel, d'eau-de-vie, de foin ficelé et d'avoine, plus dix jours de viande sur pied. Ces subsistances doivent être conservées dans les bailliages à la disposition de l'armée, ainsi que les voitures avec attelages nécessaires à leur transport. La précaution est excellente pour le cas vraisemblable où les hostilités reprendraient brusquement.
Le général en chef Joubert, afin de développer les qualités manoeuvrières de son avant-garde, décide, au commencement de septembre, qu'elle sera réunie pour une durée de huit jours dans un camp d'instruction, près de Friedberg. La première grande manœuvre a lieu le 21 septembre. Le lendemain, la Division fait la petite guerre et est ensuite passée en revue par le Général en chef pour fêter l'anniversaire de la fondation de la République. Ce qu'on appelle « grande manœuvre » répond aux évolutions des trois armes en vue du combat, tandis que par « petite guerre » on entend une manœuvre des trois armes, à double action, avec cartouches à poudre. Il y a eu, au camp de Friedberg, en l'espace de huit jours, cinq grandes manœuvres, deux petites guerres et deux jours de repos. Le camp est levé le 28 septembre, et, ce jour-là, le Général en chef Joubert adresse, par la voie de l'ordre, ses félicitations aux troupes et à leurs chefs (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 1, p. 126).
Le Régiment descend le Rhin au mois d'octobre et passe à Epstein, Hotheim et Anspach. Le Dépôt réside successivement à Lauterbourg, Wissembourg et Landau. Son effectif dans cette dernière ville est de 181 hommes et 164 chevaux.
La situation en Suisse se détériorant, le 1er novembre 1798, Jourdan reçoit le commandement de l’Armée de Mayence, avec autorité sur l’Armée d’Helvétie. Le 21 novembre, il supprime l’Armée du Haut-Rhin, qui devient la 6e Division, et il réunit la Brigade du Général Soult, qui est sur la haute Rühr, à la 1re Division, commandée par le Général Saint Cyr. En conséquence, le 4e Hussards, le 8e Chasseurs et le 5e Hussards, forment la Brigade de cavalerie de cette Division. Le 5e Hussards est alors à Friedberg (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 42).
Le Général Jourdan prend le 15 décembre 1798 le commandement en chef de l'Armée d'Allemagne. Le 5e Hussards est au camp de Friedberg.
La Brigade Ney, dont fait partie le 5e Hussards, est affecté à la Division Bernadotte dont le Quartier général est à Landau (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 24 décembre, Ney arrive à Neustadt, qui se trouve au nord et près de Landau. Un peu plus tard, les 8e Chasseurs et 5e Hussards, quand ils arrivent à Neustadt, sont cantonnés entre cette ville et Landau (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
g/ Campagne de 1799 aux Armées du Danube et du Rhin
Le Régiment quitte au mois de janvier ses cantonnements de Neudstadt, près de Hombourg, et passe dans la Division Bernadotte. Le Général Bernadotte étant allé à Paris dans le but de briguer une situation indépendante, le commandement de sa Division est exercé, à partir du 25 janvier 1799, par le Général Bastoul auquel succède bientôt le Général Levai. Celui-ci, dès sa prise de commandement, le 4 février, envoie l'ordre au Général Ney de se rendre à Strasbourg, en l'informant qu'il commandera la cavalerie légère d'avant-garde composée des 4e et 5e Hussards, ainsi que du 1er Chasseurs (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 9 février 1799, la Division d'avant-garde est commandée, jusqu'à l'arrivée de Lefebvre, par le Général Vandamme. Elle comprend : la Brigade Leval (53e et 67e Demi-brigades d'infanterie de Ligne ), la Brigade Soult (25e Demi-brigade légère), et la Brigade Ney (4e et 5e Hussards, 17e Dragons et 1er Chasseurs) (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 49).
Le Général Ney et ses trois Régiments, dont le 5e Hussards, se mettent en route le 9 février ; ils atteignent la ville les 19-20 février; l'Armée de Jourdan est rassemblée sur le Rhin, de Kehl à Bâle.
Le 20 février 1799, le Général Ney étant passé à l’Armée d'observation, le 17e Dragons et le 1er Chasseurs sont attachés à la Brigade Leval ; le 4e et le 5e Hussards, à la Brigade Soult (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 50).
Le 21 février à 10 heures du matin, les troupes de Ney sont passées en revue, au polygone, par le nouveau chef de l'avant-garde, le Général Vandamme (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1).
Le 24 février, Ney est informé de son affectation à l'armée d'observation du Rhin, commandée par Bernadotte.
Armée Française de Mentz (sic) - 27 février 1799 Avant-garde : Général de Division Vandamme (Lefebvre) Nafziger - 799BAB et 799CAD |
Aux premiers jours de mars, Jourdan franchit le Rhin sur quatre points et marche sur le Danube, pour y faire sa jonction avec l'Armée d'Helvétie commandée par Masséna. Le 5e Hussards, à l'effectif de 598 hommes, fait partie avec le 4e Hussards et le 1er Chasseurs, de la Division d'avant-garde commandée en théorie par le Général Lefebvre. Cette Division passe le fleuve au pont de Kehl le 1er mars. Le Capitaine Duthilt (voir au 1er Léger), dans ses Mémoires, indique que ce passage a eu lieu le 1er mars, sous le commandement du Général Legrand.
Le Dépôt du Régiment, comprenant 11 Officiers, 325 hommes et 172 chevaux, est à Pont-à-Mousson.
Le 5e Hussards a traverséle 1er mars la Kinzig à Gengenbach et s’arrête à peu de distance de Biberach (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 51).
Le 2 mars, la Division d'avant-garde se met en route à cinq heures du matin ; elle suit la vallée de la Kinzig et s'établit entre Biberach et Haslach. Le 4e et le 5e hussards gagnent Gutach (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 52).
Le 5e Hussards est envoyé le 3 en reconnaissance à Villingen; il couche à Peterzell (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 52).
Le 5 mars 1799, la Division d'avant-garde reste à Villingen, où le Général Lefebvre la rejoint et prend le commandement. Vandamme retourne alors auprès de Jourdan. Le 4e et le 5e Hussards, constituant l'extrême avant-garde, sont envoyés à Emmingen, dans la direction de Geisingen (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 53).
Le 6 mars 1799, l'avant-garde de Lefebvre s'établit, la droite à Geisingen et la gauche à Aldingen. Le 4e et le 5e Hussards campent en avant du front de la Division, dans la direction de Tuttlingen, où les patrouilles de ces deux Régiments pénètrent sans difficulté, mais n'apprennent rien des mouvements de l'ennemi (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 53).
A Tuttlingen, le 5e Hussards est placé à la droite de l'armée, qui prend le nom d'Armée du Danube, et s'étend de Tuttlingen à Rothweil.
L'avant-garde de Lefebvre est établie, depuis le 6 mars 1799, entre Geisingen et Aldingen, et il a été nécessaire, pour faire vivre hommes et chevaux, de la disséminer sur un grand nombre de villages. Ainsi, à la date le 8, le 4e et le 5e Hussards se sont portés sur la grande route de Geisingen à Tuttlingen. Arrivés à cette dernière ville, ils suivent, le long du Faulenbach, la route d'Aldingen jusqu'à Rietheim, d'où ils gagnent les villages de Kolbingen, Mahlstetten, Königsheim, Nusplingen et Reichenbach, dans lesquels ils se répartissent en cantonnements. La 25e Demi-brigade légère a suivi le mouvement des Hussards jusqu'à Tuttlingen, et elle a ensuite occupé Neudingen et Mülheim. Sa mission consiste à garder les ponts du Danube (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 55).
Le 13 mars 1799, Jourdan prescrit à Vandamme, qui se trouve toujours avec l'avant-garde, de prendre le commandement d'un Corps qui aura le nom de Flanqueurs de gauche, et qui est spécialement formé pour lui. Il se compose de la 1re Demi-brigade légère, de la 8e de Ligne, de trois Escadrons des 8e de Chasseurs à cheval, 2e de Dragons et 5e de Hussards, de six pièces de position. Le Général de Brigade Compère est employé à ce petit corps (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 438).
Jourdan franchit le Danube et se porte sur Stockach. Le 19 mars, il prend position vis-à-vis de l'Archiduc Charles, et occupe une ligne s'étendant de Barendorf sur l'Aach à Sigmaringen.
Concernant cette journée du 29 Ventôse an 7 (19 mars 1799), le Général Decaen écrit : "… le terrain intermédiaire n'était pas partout impraticable : j'entendis à cet égard un officier du 5e régiment de hussards, militaire très distingué, le citoyen Greley, chef d'escadrons commandant ce régiment, qui parla au général en chef des localités et du terrain qui était confié à sa surveillance en indiquant particulièrement un débouché devant deux fermes à la droite de Mengen, sur la rive gauche de l'Ostrach. Il dit que ce point exigeait de l'attention et un nombre suffisant de troupes pour le défendre, ajoutant que l'ennemi réunissait des moyens devant ce débouché ..." (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 205).
Le Régiment, avec la Division Lefebvre, est placé sur les hauteurs bordant la rive droite de la rivière de l'Ostrach. La Division se trouve là en pointe et complètement isolée du reste de l'armée. Cette situation n'échappe point au Général en chef autrichien qui, résolu à en tirer parti.
Dans un article consacré à l'Adjudant général Baron Fontaine, paru dans le Carnet de la Sabretache de 1911, on peut lire en page 710 :
"Le 30 ventôse an VII (20 mars 1799), il s'illustrait au combat d'Ostrach.
Le général Lefèvre lui avait donné le commandement d'une forte reconnaissance composée d'un bataillon de la 53e demi-brigade, de quatre compagnies de la 25e légère, de trois escadrons du 5e hussards, d'un escadron du 1er chasseurs et de deux escadrons du 17e dragons.
Ayant atteint Oskirch le 19, Fontaine recevait l'ordre de se replier le lendemain sur Ostrach. Le 3o au matin, il commença sa retraite en bon ordre, mais il se heurta à l'ennemi qui l'avait prévenu à l'entrée du village et qui, solidement établi, lui barrait la route. La situation était critique, et il était impossible de passer devant les Autrichiens, fort supérieurs en nombre, sans s'exposer à une destruction certaine. Très habilement, Fontaine profita du brouillard qui dérobait sa troupe à l'ennemi et, remontant l'Ostrach par la rive droite, il exécuta une longue marche pour aller chercher, à Riedhausen, un point de passage qui lui permit, après un nouveau combat, de rejoindre la 2e division.
L'opération avait été bien conduite et Jourdan lui-même ne ménagea point les éloges. Cette retraite, à la fois difficile et dangereuse, qni exigeait un extrême sang-froid et beaucoup de courage, fait infiniment d'honneur à l'adjudant général Fontaine" (Rapport officier du général Jourdan sur l'affaire d'Ostrach)".
L'armée autrichienne se concentre et marche le 21 sur l'Ostrach pour en forcer le passage au village de ce nom. La Division Lefebvre, seule sur ce point, ne peut résister à des forces si supérieures et est rejetée sur la rive gauche de la rivière. Le passage sur l'autre rive s'effectue avec de grosses difficultés et au prix de lourdes pertes.
Dès le début de l'action, le 5e Hussards est coupé de son infanterie et la Division Lefebvre est déjà sur l'autre rive, le pont sur l'Ostrach occupé, quand le Chef de Brigade Sholtenius s'aperçoit de sa situation désespérée. Il décide de se faire jour à tout prix. Prenant la tête de son Régiment, il le forme en colonne de pelotons et se jette avec furie sur les masses ennemies. Chaque Officier, chaque Hussard a compris que son propre sort est en jeu, aussi la charge est-elle menée par des hommes bien décidés à vaincre ou à mourir.
Le Chef de Brigade Sholtenius, sans se soucier des formations ennemies, pointe droit sur le pont. Il parvient à se frayer un passage jusqu'à lui, en culbute les défenseurs qui ne s'attendent pas à être pris à revers, traverse la rivière comme une trombe et tombe sur les Bataillons autrichiens déjà installés sur la rive gauche. Alors, n'ayant plus le souci de l'Ostrach à franchir, le Chef du 5e Hussards s'en donne à coeur joie. Il renouvelle plusieurs fois ses charges contre les unités qui, occupées à tirailler contre l'infanterie de Lefebvre, ne se gardent pas en arrière, et leur cause de fortes pertes. Finalement, il regagne les lignes françaises en ramenant une grande quantité de prisonniers.
Le 2e Escadron, plus particulièrement engagé, s'est signalé d'une façon exceptionnelle. Il fait à lui seul 300 prisonniers, le double de son effectif, et tue 70 Uhlans. La prudence et le sang-froid du Lieutenant-colonel Graillet dans cette journée périlleuse est très remarquée; cela lui vaut d'être cité, tout comme le Chef d'Escadron Evers. Le Général Lefebvre, blessé, est remplacé par le Général Soult dans le commandement de la Division qui bat en retraite par Pfullendorf.
Le Général Decaen raconte, au sujet de la journée du 1er Germinal an 7 (21 mars 1799) : "… Je me rendis ensuite à Ruschweiler, d'où je fis avancer une partie de ma troupe jusqu'au-delà du village de Pfrungen afin d'arriver au défilé d'Esenhausen, formé, à la gauche, par un étang, et à la droite, par un ravin profond et dont les environs sont très marécageux. Mes patrouilles avaient trouvé des hulans à Esenhausen. Sur ces entrefaites, j'entendis une canonnade vers Waldhausen, ce qui me surprit. Un brouillard très épais et qui avait eu lieu le matin commençait à se dissiper. J'aperçus alors que cette canonnade était dirigée par l'ennemi sur une colonne de la division du général Lefebvre qui cherchait à faire sa retraite, n'ayant pas pu l'effectuer sur Ostrach. Un parti de hussards, de dragons, de chasseurs qui s'était dirigé sur Esenhausen, où ils prirent en passant quelques hulans, me donnèrent cet avis, comme j'arrivais près le défilé que j'ai indiqué ci-dessus.
Aussitôt, je pris les dispositions nécessaires pour protéger la retraite de cette colonne avec laquelle se trouvait l'adjudant général Fontaine : elle était composée de deux escadrons du 5e de hussards, d'un escadron de chasseurs du 1er, de deux escadrons du 17e de dragons, de deux compagnies de la 25e légère et de la 53e demi-brigade ; mais il n'y avait point d'artillerie. L'ennemi n'avait point mis de vigueur à la poursuite de cette colonne ; s'il l'avait fait et qu'il fût arrivé avec de l'artillerie sur Esenhausen, la retraite de cette troupe aurait été de la plus grande difficulté.
A peine cette colonne avait-elle passé ce défilé que le général Souham m'ordonna la retraite, attendu que l'ennemi avait forcé Ostrach et, d'après l'ordre qu'il en avait reçu du général Ernouf, j'indiquai la hauteur de Ruschweiler pour la réunion, tant aux troupes de la division du général Lefebvre, qu'on croyait perdues, qu'à celles de ma brigade ; et je m'occupai de faire rentrer ce qui restait encore à Esenhausen ..." (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 208).
"... L'artillerie légère et l'artillerie de position furent placées sur divers plateaux pour défendre le village d'Ostrach et prendre en flanc les troupes qui s'en approchaient. Le général Lefebvre comptait encore pour la défense de sa position sur un bataillon de la 53e demi-brigade, quatre compagnies de la 25e d'infanterie légère, trois escadrons du 5e de hussards, un escadron du 1er de chasseurs et deux escadrons du 17e de dragons ..." (Mémoires du maréchal-général Soult, duc de Dalmatie. Première partie, Histoire des guerres de la Révolution.... Partie 1, Tome 2).
La Division Soult, peu de jours après, va avoir à livrer un nouveau combat auquel le Régiment va prendre une part non moins glorieuse.
Jourdan ayant réuni son armée à Stockach afin d'attaquer l'Archiduc Charles. La Division Soult a pour mission d'enlever le village de Liptingen, lequel, tenu fortement par de l'infanterie, est défendu en outre par une nombreuse artillerie. Le Général Soult, avant de lancer ses colonnes d'assaut, prescrit au Chef de Brigade Sholtenius de charger les batteries ennemies. Le Régiment s'élance aussitôt avec sa bravoure et son entrain accoutumés. Soudain, les canons se taisent et entre les intervalles des pièces, on voit surgir une nuée de cavaliers ennemis. C'est tout le Régiment des Hussards de Meerfeld, lequel est placé en soutien de cette artillerie. Mais le 5e Hussards est lancé et l'intervention des Hussards de Meerfeld est trop tardive. En un clin d'oeil, ils sont balayés et une grande partie des hommes impitoyablement sabrés; 100 Hussards autrichiens sont faits prisonniers. Ayant fait place nette et sans ralentir, le Chef de Brigade Sholtenius tombe sur les pièces et en quelques instants les canonniers sont dispersés aux quatre vents et les batteries réduites au silence. Quelques instants après, la Division Soult prend pied dans Liptingen.
Au cours de ce splendide fait d'armes, les traits de courage individuel sont légion et il faudrait citer tous les Hussards du Régiment si l'on voulait les énumérer tous. Notons entre autres épisodes marquants celui du Lieutenant Epinger chargeant seul, s'emparant d'une pièce de canon et forçant ses propres servants à la ramener dans nos lignes; celui du Maréchal des logis Klein qui, apercevant une trentaine de fantassins autrichiens en train de se replier, se précipite seul sur eux, les somme de se rendre, leur fait jeter leurs armes et les repousse au pas de course vers l'infanterie française, prouvant ainsi que l'extrême audace d'un seul peut intimider toute une troupe. Le Lieutenant Lemir dégage le Lieutenant-colonel Sahne emmené par quatre Hussards ennemis; il en tue deux et ramène les deux autres prisonniers. On juge, par ces quelques exemples, de l'ascendant formidable que nos Hussards possédent sur l'ennemi.
Malheureusement, ce succès a été chèrement payé. Plusieurs des braves Officiers qui se sont signalés au cours des campagnes précédentes y ont trouvé la mort : le Lieutenant-colonel Graillet, les Chefs d'Escadron Viard et Grelé, le Sous-lieutenant Lehmann. Les Hussards Sonnet et Meunier ont également été tués. Les Hussards Not, Delbech, Hautebé, Ménager et Chaillot meurent de leurs blessures. Ce dernier, blessé à la poitrine de plusieurs coups de feu, a été laissé pour mort sur le champ de bataille.
D'autres sont grièvement blessés : le Capitaine Ressejac est blessé d'un coup de sabre au téton droit; le Sous-lieutenant Heitz est blessé par suite d'une chute de cheval; le Sous lieutenant Surcher est blessé d'un coup de sabre au bras droit; le Maréchal-des-logis Chardon est blessé d'un coup de feu au bras gauche; sont également blessés les Hussards Menage, Prout (deux coups de sabre à la tête), Poirier (plusieurs blessures à la tête) et Richardot (coup de feu à la jambe droite. Ce dernier est resté aux mains de l'ennemi.
"... la nuit mit fin à ce combat opiniâtre, et j'établis mes troupes ainsi qu'il suit : la 25e d'infanterie légère, soutenue par les 4e et 5e régiments de hussards, sous les ordres du général Mortier, en avant du village de Liebtingen..." (Mémoires du maréchal-général Soult, duc de Dalmatie. Première partie, Histoire des guerres de la Révolution .... Partie 1, Tome 2 ).
Jourdan, battu, se met en retraite sur le Rhin. Le 5e Hussards passe le 26 mars à Rothweil où un détachement de 200 hommes du Régiment Cobourg-Dragons inquiète sa marche. Le Lieutenant Vogt, commandant une arrière-garde de 35 hommes, s'entend pour l'attaquer avec le Capitaine Hentz commandant un Escadron du Régiment. Vogt se dérobe, laisse passer l'ennemi et l'attaque ensuite à revers. Hentz, ayant ralenti sa marche, fait face en arrière et le charge en même temps de front. Déconcertés par cette double attaque, les Dragons de Cobourg sont tous faits prisonniers. Le Maréchal-des-logis Bosse est blessé pendant l'action.
Hussard, 5e Hussards, 1798, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaires 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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"... Le 7 germinal (26 mars), l'avant-garde quitta la position qui est en arrière de Liebtingen et se replia sur Tüttlingen , où elle repassa le Danube et détruisit le pont; ensuite elle se dirigea sur Rothweil. L'ennemi ne fit poursuivre la division que par quelques escadrons des dragons de la Tour, qui cherchèrent à inquiéter la colonne dans sa marche. Le général Mortier, commandant l'arrière-garde, les ayant attendus au village de Weiler, sortit tout à coup de son embuscade, les chargea vivement avec le 5e régiment de hussards, il leur tua et blessa beaucoup de monde et leur fit trente prisonniers montés. Cette leçon rendit les autres plus circonspects, et nous continuâmes le mouvement, sans être de nouveau inquiétés..." (Mémoires du maréchal-général Soult, duc de Dalmatie. Première partie, Histoire des guerres de la Révolution.... Partie 1,Tome 2 ).
La Division Soult continue à battre en retraite, prend pendant quelques jours position sur la Kintzig et repasse le Rhin au pont de Kehl le 6 avril. Le 5e Hussards se dirige sur Strasbourg où il reçoit l'ordre d'occuper le Frichtal. Masséna prend le commandement des Armées du Rhin et d'Helvétie.
Le 20 avril 1799, Masséna partage l'Armée du Danube en aile droite, centre et aile gauche. L'aile droite comprend : - 1° l'avant-garde de Soult (25e Légère, 53e de Ligne, 1er Chasseurs et 5e Hussards), échelonnée le long du Rhin, la droite au confluent de l'Aar, la gauche à Rheinfelden (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 73).
Le même 1er Floréal an 7 (20 avril 1799), le Général Vandamme écrit au Général Decaen : "D'après de nouveaux ordres que je reçois, je suis obligé de changer quelques dispositions de ma lettre d'hier. Le général Soult reste avec la 25e demi-brigade légère, la 53e, la 61e de ligne, le 5e de hussards, le 1er de chasseurs, le 17e de dragons, deux compagnies d'artillerie légère à Aarau, Baden et Brugg ..." (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 290).
Le 22 avril, en vertu d'un ordre du Général Cherin, le nouveau Chef d'Etat-major de l'Armée du Danube, Ney prend le commandement de toute la cavalerie de l'aile droite; il doit être secondé par le Général Walter et l'Adjudant général Lorcet. Le lendemain, 23 avril, le titre de Général de Division est attribué à Ney dans l'ordre général de l'armée, portant cette date et signé "Cherin" (H. Bonnal : "La vie militaire du Maréchal Ney", tome1). Ney se trouve à la tête de treize Régiments, dont le 5e Hussards.
Le 5e Hussards repasse le Rhin le 25 avril à Bâle et est envoyé aux avant-postes qui couvrent le camp retranché de cette ville. Le 30 avril, le 5e Hussards n'est plus sous le commandement de Ney.
Le 4 mai 1799, le 5e Hussards est à l'Armée du Danube commandée par Masséna, aile de gauche, 1ère Division sous le Général Souham ; son effectif est alors de 223 hommes.
Armée française du Danube (après l'absorption de l'Armée d'Helvétie), 4 mai 1799 (Nafziger - 799EAP et 799EMA) Commandant en chef : Général Masséna Sources : Gachot, E., "Les Campagnes de 1799, Jourdan en Allemagne et Brune en Hollande", 1906, Paris, Perrin et Cie. |
A la date du 8 mai, les Chefs d'Escadrons à la suite Evers et Maignet sont mis en pied au Régiment et le Chef d'Escadron Moreux prend sa retraite. Le 5e Hussards fait toujours partie de la Division Soult, alors dite du centre. Elle est en effet à Bottstein et Steinhoffen, milieu de la ligne formée par l'Armée d'Helvétie échelonnée de Bâle au lac de Constance.
De juin à août, le Régiment, à l'effectif de 35 Officiers, 570 hommes et 601 chevaux, est à l'Est de Bâle à Altingen et à Creusach.
Armée du Danube, 1er messidor an 7 - 19 juin 1799 (Nafziger - 799FAU) Commandant en chef : Général de Division Masséna 7e Division : Général de Division Souham Source : Zurich, Masséna en Suisse |
Armée française d'Italie, 27 thermidor an 7 - 16 juillet 1799 ? (Nafziger - 799GBA) Commandant en Chef : Général de Division Joubert Source : Gachot |
Armée du Danube, 27 thermidor an 7 - 14 août 1799 (Nafziger - 799FAU) Commandant en chef : Général de Division Masséna 7e Division : Général de Division Souham Source : Zurich, Masséna en Suisse |
Le Chef d'Escadron Maignet donne alors un bel exemple d'audace et de ténacité. Parti en reconnaissance entre Kastelberg et Muhlen avec le Capitaine Schwab et 25 cavaliers, il aperçoit un détachement ennemi composé de 60 Hussards de Ferdinand. Au lieu de se dérober il décide d'attaquer cette troupe plus que double de la sienne. Il s'élance et la charge. L'abordage est terrible. Maignet s'en prend au chef des Autrichiens et l'abat de deux coups de sabre, mais il est alors entouré par une dizaine de cavaliers ennemis qui s'acharnent sur lui. Il reçoit sept coups de sabre sur la tête et sur les bras. Affaibli, couvert de sang, il ne se contente pas de se défendre, il attaque. Finalement, désespérant d'avoir raison de ces forcenés, les Hussards de Ferdinand lâchent pied, laissant entre les mains du Chef d'Escadron Maignet et du Capitaine Schwab, tous deux affreusement blessés, plusieurs prisonniers et des chevaux. Sont blessés le Capitaine Schwab (coup de feu à la jambe droite), le Brigadier Corvisy (coup de sabre sur la tête) et les Hussards Coltet et Hidel (coup de sabre).
Le Colonel Sholtenius est mis à la retraite le 3 septembre. Le Colonel François Xavier de Schwarz est nommé à cette date Chef de Brigade du 5e Hussards.
François Xavier Baron de Schwarz Né à Herrenwiess (Grand-Duché de Bade), mort à Sainte Ruffine (Moselle). |
A la même époque, Philippe René Girault, ex Musicien au Régiment du Perche et au 6e Bataillon de la Haute-Saône, entre dans le 5e Hussards. Il raconte :
"J'avais reçu des offres du 5e régiment de hussards qui était cantonné près de Bâle, je résolus d'aller m'y présenter. Tous mes camarades vinrent me faire la conduite, et ce n'est pas sans verser bien des larmes que j'abandonnai le régiment où j'étais entré le 6 mars 1791 et que je quittai le 2 septembre 1799.
Le 23 septembre 1799, je signai mon engagement dans le 5e hussards où j'avais été accepté sans difficulté, et me voilà de fantassin devenu cavalier. Je n'eus pas pour le moment à m'en plaindre; car durant tout l'hiver nous ne fîmes que courir de cantonnement en cantonnement, pendant que mon ancien régiment se battait contre les Russes et était rudement éprouvé. Le colonel fut fait prisonnier, et, comme c'était à lui que je devais de n'avoir pas été payé, je pus alors obtenir de toucher l'arriéré de ma solde. On me fit même la proposition de reprendre ma place dans la musique, mais je me trouvais bien où j'étais et j'y restai" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Armée française du Danube, 20 septembre 1799 (Nafziger - 799IBR) 8e Division : Général de Division Chabran |
Tandis que Masséna livre bataille à Zurich, Chabran, qui commande la gauche de l'Armée du Danube (7e et 8e Division - Rheinwald au général Chabran, Zürich, 4 vendémiaire (26 septembre); cité par Hennequin) ne reste pas inactif et fait tout pour attirer l'attention de la gauche autrichienne. C'est ainsi que le Général Walther, à la tête de 300 hommes de la 23e Demi-brigade et d'un détachement de même force du 5e Hussards, descend par la rive droite du Rhin sur Schliengen, om il se heurte à des avant-postes ennemis le 3 vendémiaire. Le lendemain, il regagne sa position initiale.
Selon les Etats Militaires de l'an VIII (1799-1800), le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin. Le Chef de brigade est C. Schwartz. Les Chefs d'Escadrons CC. Evers, Maignet.
- Adjudant : X.
- Quartier-maître-trésorier : Longuet.
- Chirurgien-major : Liéger.
- Capitaines CC Kuppelmayer, Vogt, Schwab, Muller, Ressejac, Kerblin, Schill, Mayer.
- Lieutenants Bartholet, Corbineau, Marey, Fagne, Crabbé, Zchentzel, Brandmayer, Lemir, Discher, Vogt, Salomon.
- Sous-lieutenants Mislet, Sonne, Dumoulin, Schmit, Ville, Joly, Surcher, Schuttz, Staus, Epinger, Quack, Drouard, Knoefler, Poulmer, Heitz, Volff, Thomas, Viard, Steib, Albensins.
Forces françaises en Suisse, fin septembre 1799 (Nafziger - 799IMC) 8e Division : Chabran (à Basel) Miliutin, "Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799", Munich, 1856 |
Situation de l'Armée du Danube le 30 brumaire an VIII - 21 novembre 1799 (Nafziger - 799KBY) 7e Division : Généraux de Division Soult et Chabran Brigades : Généraux de Brigade D'Aultanne, Walther, Jacopin, et Nouvion Source : Hennequin, Cpt, L. : "Zurich, Masséna en Suisse, Messidor an VII - Brumaire an VIII, juillet-octobre 1799"; 1911, Paris, Librairie Militaire Berger-Levrault |
Armée d'Helvétie, 23 novembre 1799 (Nafziger - 799KCN) Commandant : Masséna 7e Division : Général de Division Soult Source : Gachot, E. La Campagne d'Helvetie (l799), Paris, 1924 |
Le Régiment conserve ses emplacements jusqu'à la fin de l'année. Il est attaché à l'Armée du Rhin et compris dans la Division de droite.
"Après avoir tenu garnison à Berne, on nous envoya cantonner dans le Haut-Rhin, à Rufack, lieu natal du général Lefebvre, depuis duc de Dantzig, où je fis connaissance avec la soeur du général qui tenait alors un petit café" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Sont encore cités au 5e Hussards pendant la campagne de 1799 : Scholtenius et de Schwarz, Colonels. Sahne, Lieutenant-colonel. Moreux, Chef d'Escadron. Raveneau, Capitaine. La Grange, Lieutenant. Vanot et Metifiot, Sous-lieutenants.
"Le 25 décembre 1799, un arrêté des consuls institue les armes d'honneur pour les militaires des troupes à cheval qui se distingueront par une action d'éclat.
Ces armes d'honneur consistaient en mousquetons ou carabines garnis en argent. Aux trompettes, une trompette d'honneur en argent. Les sabres d'honneur n'étant donnés qu'aux officiers et aux soldats qui s'étaient distingués par des actions d'une valeur extraordinaire ou qui rendaient des services extrêmement importants. Les noms des militaires auxquels ces armes étaient données, étaient inscrits dessus ainsi que l'action pour laquelle ils les avaient obtenues" (In la Giberne, 2e année, N°04, page 122).
Armée d'Helvétie franchissant le Rhin, fin de l'année 1799 (Nafziger - 799XCO) Division : Général de Division Soult Source : Gachot, E. La Campagne d'Helvétie (1799), Paris, 1924 |
Armée française du Rhin, fin décembre 1799 (Nafziger - 799LCL) Commandant : Général Moreau Réserve : Général Moreau (dans Basel) |
III/ Historique du 5e Régiment de Hussards sous le Consulat et l'Empire
a/ Campagne de 1800 à l'Armée du Rhin
Trompette attribué au 5e Hussards entre 1800 et 1801, tiré d'une suite de dessins de jeunesse de Albrecht Adam (ici, dessin N°44). En réalité Hussards de Bonaparte (Hussards volontaires de la réserve) |
Portrait d'un Sous officier trompette du 5e Hussards; collection privée - avec l'aimable autorisation de son propriétaire |
Ci dessus et dessous : détails de ce portrait |
Le Régiment conserve en janvier ses cantonnements sur le Rhin.
Le 21 janvier 1800 (1er pluviôse an 8), à Paris, "On propose de nommer Henry Pommereul, adjoint surnuméraire du génie, sous-lieutenant dans le 5e régiment de hussards"; le Premier Consul répond : "Refusé" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1149). Henry Pommereul, fils du général de ce nom, né en l776 à Fougères, Adjoint au Génie en août 1798, sera nommé Sous-lieutenant de Dragons le 23 septembre 1800 ; Lieutenant en 1806, Capitaine en 1807, Aide-de-camp de Vandamme en 1808, il prend sa retraite en 1810.
Le 5e Hussards quitte ses cantonnements le 9 février pour se rendre en Alsace au sud de Colmar. Le Dépôt, comprenant 8 Officiers, 258 hommes dont 116 présents et 206 chevaux, est toujours à Pont-à-Mousson.
Le Décret du 30 mars constitue une nouvelle Armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Le 5e Hussards, à l'effectif de 615 hommes et 645 chevaux, est affecté à la Division Richepance, et fait partie de la Réserve de cavalerie composée de quatre Divisions et dont le Général en chef conserve le commandement direct. Cette réserve a son quartier-général à Bâle. Moreau tient tout le cours du Rhin; de la source du fleuve à Landau; et Kray, commandant en chef l'armée autrichienne, place son quartier-général à Donaueschingen.
"Au printemps de l'année 1800, nous entrions de nouveau en campagne. Notre régiment était incorporé dans l'armée du général Moreau, qui réunissait sous son commandement les armées du Danube et du Rhin. Nous faisions partie de la division Richepanse et du corps de réserve qui était sous le commandement direct du général en chef Moreau" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Le 25 avril 1800, le 5e Hussards est à l'Armée de Réserve (Moreau), Réserve (Moreau), 3e Division Général de Division Lapoype pour un effectif de 468 hommes (Nafziger - 800DAI). Ce jour là, la réserve de cavalerie franchit le Rhin le 25 avril à Bâle, de même que toute l'armée, et suit la vallée de la Wiessen. Dans cette journée, le Régiment culbute un corps ennemi, lui fait trois mille prisonniers et prend en outre quatre canons. Ce résultat extraordinaire est en grande partie dû à la valeur des Hussards qui, par l'entrain et la vigueur de leur attaque, réussissent à terrifier et à démoraliser un corps si supérieur en nombre.
Deux jours après, la Division Richepance appuie dans sa marche sur la Wiessen le mouvement de Gouvion Saint-Cyr, commandant le centre de l'armée, sur Saint-Blaisien et celui des Divisions de réserve Delmas et Leclerc, sur la Wuttach.
Le Général Delmas trouve le 29 avril les Autrichiens fortement retranchés sur l'Alb; le 5e Hussards est envoyé avec trois Bataillons d'infanterie pour le soutenir. L'ennemi perd 200 hommes faits prisonniers et deux canons. L'attaque et la poursuite sont si vives que les Autrichiens, chassés de leurs ouvrages, n'ont que le temps de couper le pont de l'Alb et de se retirer derrière cette rivière. Pendant ce temps, le Général Richepance culbute à Saint-Blaisien quatre Bataillons ennemis et leur prend 150 hommes.
Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"Rapport du 5 au 11 floréal an VIII (25 avril - 1er mai 1800).
Le 9, le général Delmas, avec un bataillon de la 14e, deux de la 50e et le 5e d'hussards, força la position de l'ennemi qui s'était fortement retranché sur l'Alb, et lui prit deux pièces de canon et 200 prisonniers" (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).
"Après avoir passé le Rhin à Bâle (25 avril 1800), nous fûmes d'abord employés à faire une fausse attaque sur la route de Fribourg; puis après avoir voltigé deux ou trois jours de côté et d'autre pour tromper l'ennemi, on nous fit rétrograder sur Bâle et prendre une route à travers les montagnes de la Forêt-Noire. C'était pénible pour la cavalerie, encore bien plus pour l'artillerie. Mais on avait prévu la difficulté et l'on avait réuni là tous les chevaux et paysans que l'on avait pu trouver dans les villages des environs. Avec leur aide, on put monter les pièces. On employa jusqu'à douze chevaux pour une pièce de quatre et seize pour une pièce de huit. A quatre heures du soir, nous arrivions sur le plateau où se trouvait l'abbaye de Saint-Biaise, où j'avais déjà fait un séjour qui m'avait laissé d'heureux souvenirs. Le couvent était occupé par quelques bataillons autrichiens qui durent nous céder la place après un combat opiniâtre. Ce premier combat coûta la vie à notre officier de musique, un bien brave homme qui eut été mieux à sa place dans une église que dans les hussards. C'était un ancien moine, et il fut enterré dans le couvent: c'était sa destinée.
Je ne passai pas une aussi bonne nuit que la première fois; il n'y eut que les généraux qui logèrent au couvent. Il fallut dormir au bivouac, dans les bois. A la pointe du jour, nous nous trouvions trente mille hommes sur le plateau; toute la nuit il était arrivé des troupes. Nous étions en force pour déboucher de nos montagnes. Dès le matin, on nous envoya à la découverte. L'ennemi s'était retiré devant nous et nous ne le trouvâmes en force que près du village de Stokach. Après un engagement d'avantgarde, il fallut nous replier au plus vite sur le gros de l'armée" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Le 1er mai 1800, le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin, Réserve (Moreau), Division Général de Division Richepanse (Nafziger - 800EAQ). La réserve de cavalerie prend position sur la Wuttach et franchit cette rivière le même jour. Le Régiment est encore engagé au combat de Rothenhausen où les Lieutenants Vogt et Pulmayer, plusieurs fois cités à l'ordre de l'armée, sont tués. Le Hussard Groffant y a son cheval tué sous lui et le Lieutenant Corbineau est blessé (cuisse gauche traversée par une balle).
- Batailles d'Engen et de Moëskirch
Hussard du 5e Hussards à Marengo, 1800. Source : Capitaine ROZAT de MANDRES & Commandant SAUZEY, "La France en campagne. Un siècle de guerres (1800-1900)". Cent uniformes militaires. Paris, J. Leroy, 1906. |
Hussard du 5e Hussards en 1800 d'après M. Galban (Le Briquet 1993/04), basé sur le type précédent; la source indiquée est Swebach.
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Hussard du 5e Hussards en 1800, d'après Maurice Toussaint, Editions militaires illustrées (collection de l'auteur). |
L'armée française termine sa concentration sur la rive gauche du Rhin. L'ennemi s'est retiré vers Stockach. Le Régiment est alors successivement engagé dans les batailles d'Engen et de Moëskirch.
"Le 2 mai, les deux armées restèrent en présence, se préparant à livrer bataille. Le lendemain 3, l'engagement fut général. L'effort se porta surtout sur les villages de Stokach et d'Engen. Les Autrichiens résistèrent jusqu'à dix heures du soir; mais ils profitèrent de la nuit pour battre en retraite, nous abandonnant plusieurs milliers de prisonniers, des canons et des magasins considérables où ils avaient amassé des provisions pour nourrir leur armée pendant trois mois.
Le lendemain, nous nous mettions en mouvement à la poursuite de l'ennemi ..." ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
"Le général Bontemps, commandant une brigade de la division Bastoul, se porta sur ce village avec la 67e demi-brigade, deux bataillons de la 10e légère et deux escadrons du 5e de hussards. Le général d'Hautpoul le suivit de près avec sa réserve de grosse cavalerie.
Marchant sous un feu d'enfer comme à la parade, les troupes de Bontemps ne s'arrêtèrent que devant le village d'Engen, qu'elles enlevèrent bravement; mais elles n'eurent pas le temps de s'y établir, les huit bataillons de grenadiers de réserve se précipitèrent dessus, les obligèrent à se découvrir et à recevoir une charge de toute la masse de la cavalerie autrichienne.
D'Hautpoul charge à son tour avec ses régiments; mais il est ramené dans la plaine et ne peut dégager le général Bontemps, qui est blessé grièvement et ne peut plus diriger le combat, ce qui aggrave encore la situation critique de ses hommes..." (Colonel Rimbert : "Les gloires du drapeau", 1894; "Les gloires du drapeau : de Marengo à la paix de Tilsitt", 1897).
"Le général Moreau s'avança alors à la tête de quatre compagnies qui se conduisirent avec le plus grand dévouement, regagnèrent les avenues du village et rétablirent le combat sur ce point. Le but de ce mouvement était de dégager le général Richepance, dont le feu, qu'on apercevait sur la hauteur de Hohenhewen, était alors extrêmement vif. Ce général, en sortant de Blumenfeld, avait rencontré l'ennemi sur les routes de Watterdingen et Leipferdingen. Il envoya à gauche, sur Leipferdingen, le général Durutte avec la 4e demi-brigade de ligne, le 5e de hussards, le 10e de cavalerie et une pièce d'artillerie; il marcha lui-même sur Watterdingen avec la 100e demi-brigade, le 3e bataillon de la 50e, les deux bataillons de grenadiers, le 17e de dragons et le reste de l'artillerie. L'ennemi fut forcé sur ce point, se retira promptement sur les hauteurs de Hohenhewen, où il s'établit et plaça du canon. La brigade de gauche avança de son côté avec rapidité; la 4e demi-brigade, entourée un moment par la cavalerie ennemie, se serra, tint ferme, fit feu de tous côtés, et ne tarda pas à se dégager.
La tête de la division de Baraguey-d'Hilliers avança dans ce moment, et le général Richepance, tranquille par sa gauche, retira de cette partie le 5e de hussards, le 13e de cavalerie, et marcha de nouveau pour chasser l'ennemi des positions où il venait de s'établir" (Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, Rapport du 12 au 13 floréal an VIII (2-3 mai 1800). Cité par le Marquis de Carrion-Nissas : "Campagne des Français en Allemagne, année 1800"; Mémoires pour servir à l'histoire militaire sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, par le maréchal Gouvion Saint-Cyr.... Tome 2; ce Rapport figure dans les Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 4 page 20).
Des actes de hardiesse et de décision rapide sont à citer à Engen : le Colonel de Schwarz, charge à la tête du Régiment et reprend à l'ennemi trois pièces de canon que celui-ci vient de nous enlever. Au cours de la même bataille les actes d'héroïsme accomplis par nos hussards ne se comptent plus.
Le Lieutenant Brandmayer vient de charger avec son peloton un parti ennemi et ramène une vingtaine de prisonniers, quand il aperçoit un autre groupe qui enlève un obusier. Sans hésiter, il laisse les prisonniers à la garde de trois Hussards et avec les autres reprend l'obusier qu'il ramène à sa Compagnie d'artillerie.
Le Maréchal-des-logis Tschüpp, avec quelques cavaliers, parvient à enlever un caisson chargé de munitions et attelé de quatre chevaux. Le Hussard Perceveaux met à lui seul six hommes hors de combat. Les Hussards Barthelmy, Arson, Chaumont et Musch sont tués ; les hussards Bougrot et Spony meurent de leurs blessures ; sont blessés le Capitaine Muller (coup de sabre à l'épaule), le Lieutenant Schmitt (balle au bras) et le Brigadier Mittaine (coup de sabre à l'oeil et au nez).
Trois jours plus tard, à Moeskirch, le 5e Hussards se surpasse. Jamais il n'a montré encore autant de vigueur dans ses charges, autant d'initiative et de courage individuel chez ses cavaliers. Une de ses remarquables actions est l'objet d'un rapport spécial. Vers la fin de cette journée, le Maréchal-des-logis Bosse se signale brillamment ainsi qu'il est exposé dans le procès-verbal que nous reproduisons ci-dessous :
"5e RéGIMENT DE HUSSARDS
Ce jourd'hui seize Floréal an huit de la République française, au bivouac sur les hauteurs en avant de Stockach, devant moi chef de brigade commandant le 5e régiment d'Hussards, s'est présenté le citoyen Evers, chef d'escadrons dans ce régiment, lequel m'a fait le rapport suivant :
Hier, quinze Floréal, se trouvant détaché avec deux escadrons par ordre du général Richepance, pour emporter les hauteurs à la gauche de la route de Stockach à Moëskirch, ce chef d'escadrons donne ordre au citoyen Bosse, maréchal-des-logis chef de la 4e compagnie, de flanquer avec un peloton, un bois qui se trouvait à la gauche des deux escadrons.
Aussitôt, ce sous-officier se porte sur le bois désigné et après l'avoir tourné y trouve une compagnie d'infanterie et quelques pelotons de cavalerie ennemie. L'infériorité de son monde et la vigoureuse résistance qu'il éprouve ne le déconcertent pas. Il charge sur les ennemis, parvient à forcer la totalité de la compagnie d'infanterie et six hussards du régiment de Ferdinand à se rendre prisonniers; en donne la conduite à une partie de son peloton qui les mène à Stockach et de suite sans s'arrêter, se porte avec le reste de son monde de l'autre côté du bois où les débris des ennemis battaient en retraite et se jetant sur une pièce de canon qu'ils voulaient sauver dans leur fuite, il s'en empare et la ramène.
Et aussitôt se sont présentés les officiers du régiment ci-après nommés, savoir : Kerblin, Schwab et Hentz, capitaines; Lemir et Drouard, lieutenants; July, Knepffer, Stauss et Steib, sous-lieutenants, qui ont dit qu'en certifiant l'exposé ci-dessus dont ils ont tous été témoins, ils se font un plaisir et un devoir de rendre justice aux talents militaires et à la bravoure du chef Bosse, dont il a donné une nouvelle preuve dans la mission qui lui a été confiée, et à son intelligence à laquelle seule peut être attribué le succès qui l'a couronnée.
En foi de quoi j'ai dressé le présent procès-verbal conformément à l'article 6 de l'arrêté des consuls du 4 Nivôse an 8, persuadé que le général en chef s'empressera de faire obtenir au chef Bosse la récompense honorable que le gouvernement accorde aux actions d'éclat et à laquelle il a droit d'après l'exposé ci-dessus.
Ce procès-verbal signé de moi, du chef d'escadrons Evers et des officiers susnommés, les jour, an et lieu que dessus.
JULY. KNEPFFER. HENTZ, capitaine. STAUSS. SCHWAB. SCHWARZ. LEMIR. DROUARD. STEIB. KERBLIN. EVERS.
Vu et certifié par nous, membres du conseil d'administration des escadrons de guerre du 5e régiment d'Hussards.
A Krumbach, ce 5 Prairial an 8 de la République française.
KNEPFFER. HENTZ. SCHAWB, capitaine. SCHWARZ, chef de brigade. LEMIR. RINCK, capitaine.
Vu par le général de division,
RICHEPANCE".
Bosse est nommé le lendemain Sous-lieutenant par le Général en chef. Il l'a bien gagné.
"... Le 5, les deux armées se trouvaient de nouveau en présence près Moesskich. Envoyés en reconnaissance avec trois autres régiments de cavalerie, nous sommes bientôt arrêtés par des batteries ennemies qui nous barrent le passage. Nous ne pouvions, avec nos chevaux, gravir la colline où étaient établies les batteries et nous n'avions pas d'infanterie. Il fallut donc nour retirer dans un petit bois où nous étions à l'abri du canon. Dans cette position nous fûmes attaqués par un corps de l'armée autrichienne qui battait en retraite sur Moesskich et qui nous rencontrait par hasard sur sa route. Heureusement l'ennemi ne connaissait point notre petit nombre; car sans cela nous eussions tous été pris. Nous fîmes bonne contenance. Une batterie d'artillerie légère que nous avions avec nous fit feu de toutes pièces et seulement à mitraille, une partie des cavaliers fit le service de l'infanterie, et notre petite troupe parvint pendant deux heures à soutenir l'effort de forces considérables. On vint à notre secours, alors que nous allions succomber par le manque de munitions. L'engagement était devenu général et partout nous étions victorieux, mais la victoire avait été chèrement disputée et le combat avait duré jusqu'à la nuit" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Vers le soir de cette même journée, quelques Hussards en tirailleurs prennent cent hommes et cinq Officiers; fait extraordinaire dû à la démoralisation de l'ennemi.
Le Maréchal-des-logis Rouilly charge avec quatre hommes sur une pièce de canon, blesse les Artilleurs qui se préparent à y mettre le feu et repousse en désordre la troupe de soutien. Il est chargé à son tour par deux pelotons de Hussards de Welsey et cerné par quatre d'entre eux. Quoique déjà légèrement blessé, il en met deux hors de combat et rejoint son Escadron.
Le Hussard Riss, avec deux de ses camarades, fait prisonniers beaucoup d'Autrichiens dont plusieurs Officiers. Les Hussards Grégon et Michel sont tués, les Hussards Jack et Haas meurent de leurs blessures, le Capitaine Kerblin est blessé d'un coup de feu à l'épaule gauche et le Lieutenant Lemir d'une balle au travers de la jambe.
Le 5e Hussards prend une part active à la poursuite de l'ennemi. Il le harcèle sans relâche, s'empare d'une grande quantité de bagages et fait de nombreux prisonniers.
- Combat de Biberach
Hussard du 5e Hussards (communication de M. Jeff Thomas). |
La réserve de cavalerie se dirige par Pfullendorf sur Biberach. Le Général Richepance, marchant vers Schweinhausen, rencontre le 9 mai un corps autrichien qui défend les approches de Biberach. Il le repousse vers cette ville et tout en combattant parvient sur les hauteurs qui la dominent. Il voit alors les troupes de Gouvion-Saint-Cyr qui se sont précipitées dans Biberach à la suite des Autrichiens débandés. Un corps ennemi considérable, appuyé par une nombreuse artillerie, occupe une hauteur en arrière de la ville. Richepance, pour l'attaquer, s'engage dans un ravin encaissé et marécageux formé par la Riess. Le 5e Hussards est le seul Régiment de sa cavalerie qui le suive au milieu des très grandes difficultés que présente le terrain. Richepance envoie ses autres troupes de cavalerie passer au pont de Biberach, pour prendre l'ennemi à revers, pendant que lui-même l'abordera de front. Cette double attaque, bien combinée, réussit complètement grâce à la valeur des troupes et malgré le feu violent qui assaille la tête de colonne au passage de la Riess.
Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"IV. Rapport du 16 au 2o floréal an VIII (6-10 mai 1800).
BATAILLE DE BIBERACH.
Le général Richepanse, qui s'était dirigé par Schweinhausen, avait de son côté rencontré l'ennemi, qui défendait à deux lieues de distance la route de Biberach. Dès Ingoldingen, il fut obligé de déployer une partie de ses forces, et il s'avança en combattant. Au moment qu'il arrivait sur les hauteurs en deçà de Biberach, les troupes du général Saint-Cyr se précipitaient dans la ville. Il résolut alors d'attaquer le plateau en arrière, où l'ennemi avait un corps nombreux et beaucoup d'artillerie; et, laissant la ville à sa gauche , il descendit dans le ravin.
La Riss est, dans cette partie, encaissée et bourbeuse, et ses bords sont marécageux ; l'artillerie ennemie y faisait tomber une pluie de boulets et de mitraille ; rien n'arrêta nos troupes : la 4e demi-brigade, la 100e et le 3e bataillon de la 50e, et les deux bataillons de grenadiers, la traversèrent dans l'eau jusqu'à la ceinture; le 5e régiment de bussards les suivit avec peine ; le terrain était devenu si mouvant, que le général Richepanse ordonna au 13e de cavalerie et au 17e de dragons d'aller au galop traverser la Riss à Biberach, et de prendre ensuite le chemin de cette ville à Memmingen, sur lequel, par son mouvement, il se portait perpendiculairement.
Ces dispositions furent parfaitement exécutées; le général de brigade Digonet, à la tête de la brave 4e, le général de brigade Durutte, à la tête des deux bataillons de grenadiers, gravirent la hauteur, baïonnette en avant. Le 17e de dragons et le 13e de cavalerie débouchèrent en même temps par la route Biberach à Memmingen, et, conduits par l'adjudant général Plausanne et les aides de camp du général Richepanse, se formèrent avec audace sur la droite de l'ennemi.
Toute cette division chargea alors les Autrichiens, qui abandonnèrent précipitamment le champ de bataille, couvert de morts et de blessés ...
Les 1re et 23e de ligne et le 5e de hussards se sont fait remarquer par la vigueur de leur attaque ...
Parmi les braves qui méritent de fixer les regards du Gouvernement, je vous citerai le citoyen Elbenisky, lieutenant au 5e régiment de hussards, qui a eu trois chevaux tués sous lui, et s'est toujours trouvé engagé dans la mêlée, dont il n'est sorti qu'avec dix coups de sabre sur le corps ;
Le citoyen Maseret (Malheres ?), maréchal-des-logis d'artillerie légère, qui, ayant eu sa pièce démontée, a chargé, avec deux canonniers et quelques chasseurs du 5e régiment de hussards, une pièce qu'il a enlevée ..." (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829; ce Rapport figure dans les Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 15 page 42).
Le Sous-lieutenant Abbénésius, du 5e Hussards, fait preuve à plusieurs reprises dans cette journée du courage le plus brillant et son Colonel adresse à son sujet au Général en chef le rapport que nous reproduisons ci-après :
"5e RéGIMENT DE HUSSARDS
10 Mai 1800.
Ce jourd'hui vingt Floréal, an huitième de la République, au bivouac en arrière de l'abbaye d'Ochsenhausen.
Moi, Xavier Schwarz, chef-de-brigade du 5e régiment d'Hussards, pour rendre hommage à la vérité et en conformité de l'article 6 de l'arrêté des consuls du 4 Nivôse dernier, ai fait au général en chef le rapport suivant :
Hier, 19 Floréal, la division marchant sur Biberach et s'étant déjà emparée d'une partie des hauteurs de cette ville, le citoyen Abbénésius, sous-lieutenant au 5e régiment d'Hussards, compagnie n° 8, se trouvait de l'escadron de service et commandait le peloton de tirailleurs de cet escadron. Dans une première charge contre un corps de houlans, son cheval est blessé. N'écoutant que son courage il reconduit le cheval et rejoignant en un instant, avec un autre cheval du peloton sous ses ordres, il se remet à charger à sa tête les houlans avec une nouvelle vigueur, les culbute dans la rivière de la Riss, et sans consulter le danger auquel il s'expose ni donner aux ennemis le temps de se reconnaître, il se précipite lui-même dans la rivière au milieu des houlans dont il se trouve en un instant enveloppé. Leur grand nombre ne l'intimide pas, non plus que la perte de son second cheval qui est pris par eux ; il se défend longtemps seul à pied contre plus de dix ennemis et ne parvient à se débarrasser que par l'intrépidité et le sang-froid qu'il montre dans cette circonstance et par le secours que lui porte son peleton qui force l'ennemi à se retirer.
Cette action, qui a ouvert à l'escadron avec lequel se trouvait le sous-lieutenant Abbénésius le chemin de Biberach, et lui a procuré le double avantage d'entrer le premier dans cette ville et de faire un grand nombre de prisonniers, ne restera pas sans doute sans récompense, et dans la ferme confiance que le général en chef fera obtenir au citoyen Abbénésius celle à laquelle il a droit de prétendre aux termes de l'arrêté du 8 Nivôse, j'ai dressé le présent procès-verbal qui a été signé de moi, du chef d'escadrons Evers et des officiers du régiment ci-après nommés, savoir : Muller et Rinck, capitaines ; Brandmayer, lieutenant et Misselet, sous-lieutenant, tous témoins de la conduite du citoyen Abbénésius et de l'intrépidité qu'il a montrée dans cette circonstance importante pendant laquelle il a reçu au bras une blessure assez grave.
Fait au bivouac, les jour et an que dessus.
RINCK. MULLER. MISSELET. EVERS. BRANDMAYER.
SCHWARZ.
Vu et certifié par nous, membres du conseil d'administration des escadrons de guerre du 5e régiment d'Hussards,
A Krumbach, le 5 Prairial an 8e de la République française,
KNEPFFER. HENTZ. SCHWAB. RINCK. LEMIR. SCHWARZ.
Vu par le général de division,
RICHEPANCE".
Plusieurs actions d'éclat sont encore à citer au Régiment dans ce combat : le Sous-lieutenant Ebenitzky a trois chevaux tués sous lui et ne quitte la mêlée qu'après avoir reçu dix coups de sabre. Le Maréchal-des-logis-chef Bourgeois charge sur plusieurs pièces de canon qui défendent le pont de Biberach et blesse plusieurs canonniers. Il est pendant l'action lui-même blessé.
Le Hussard Baradel est tué d'un coup de mitraille; le Capitaine Rockel est blessé d'un coup de lance au bras droit; sont également blessés les Hussards Dam (plusieurs coups de sabre) et Christmann (coup de lance à la main gauche).
"Les jours suivants, notre armée entra en Souabe à la suite des Autrichiens qui ne s'arrêtèrent qu'à Biberach, où ils espéraient défendre les immenses magasins qu'ils y avaient entassés. Nous étions d'avant-garde et comme depuis deux jours nous ne rencontrions plus d'ennemis, la musique marchait en tête du régiment. En sortant d'un grand village, le 9 au matin, nous fûmes accueillis par une vive fusillade. Ce n'était pas l'affaire des musiciens, aussi nous voilà bien vite à prendre notre poste derrière le régiment. Quelque temps après, le combat devenant général, nous nous retirions sur une hauteur d'où nous pouvions tout voir sans danger.
Le général Richepanse ordonna à notre régiment de feindre une charge sur un régiment de houlans qui occupait un plateau. La trompette sonne; voilà nos hussards partis, au trot, puis au galop : les houlans les attendent de pied ferme. Arrivés à portée de pistolets, nos trompettes sonnent la retraite et nos cavaliers tournent le dos aux houlans qui se mettent à leur poursuite. Mais le général avait fait passer une demi-brigade dans un petit bois près duquel ils sont entraînés. Là ils sont accueillis par une grêle de balles, les nôtres font volte face et les houlans sont presque tous tués ou faits prisonniers.
Tout l'effort de la bataille se portait sur un petit ruisseau dont l'ennemi disputait le passage. Pour enlever la position, un général, dont je ne me rappelle pas le nom et qui était borgne, forme un bataillon de grenadiers et jetant son chapeau de l'autre côté du ruisseau, il entre le premier dans l'eau en disant : - " Allons, grenadiers, allons chercher mon chapeau. " Tous le suivirent. Ils attaquèrent avec tant d'intrépidité les Autrichiens qui défendaient l'autre rive, que ceux-ci lâchèrent pied. Ce fut le signal d'une déroute générale, et le soir, au bivouac, les soldats répétaient : - " C'est un chapeau qui a gagné la bataille. "" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Le 10 mai 1800, le 5e Hussards est à l'Armée française en Allemagne (Moreau), Réserve (Moreau), 3e Division Général de Division Richepanse pour un effectif de 743 Hussards répartis en 4 Escadrons (Nafziger - 800ECC; source : de Carrion-Nisas, Marquis, "Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800", Paris, 1829).
Ce jour là, le 5e Hussards poursuit l'ennemi jusque sous les murs d'Ulm.
"La victoire de Biberach et celle de Memmingen, remportée le lendemain, laissèrent en notre pouvoir des magasins immenses qui apportèrent pour longtemps l'abondance dans toute l'armée française. Les Autrichiens démoralisés n'étaient plus capables de nous arrêter; ils se retirèrent à Ulm, dans un camp retranché qui était entouré de formidables défenses. Toute l'armée française se réunit autour de cette ville, offrant la bataille à l'ennemi qui n'osa pas l'accepter" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
A la suite de ces opérations, de nombreux combats sont livrés par la cavalerie autour de la place d'Ulm. Il ne se passe pas de jour où le 5e de hussards n'accomplisse quelque prouesse. Ainsi, le Lieutenant Epinger se distingue : à la tête d'un détachement, il charge une troupe de manteaux rouges qui tirent dans Eckingen. Il traverse ce village sous une grèle de balles et en chasse l'ennemi très supérieur en nombre. Le Sous-lieutenant Abbénésius, toujours entraîné par son courage, est blessé à la cuisse à Sulzen; le Hussard Hartmann est blessé d'un coup de sabre au bras gauche.
Plusieurs changements s'effectuent dans la disposition des éléments de l'armée. La Division Richepance passe à l'aile gauche.
"Notre division fut placée en observation sur la rive gauche du Danube. A peine étions-nous arrivés dans le village qui nous était assigné comme cantonnement que l'on aperçut sur la route qui conduisait à Ulm un nuage de poussière. Croyant que c'était une tête de colonne, notre régiment fut envoyé à la découverte. C'était un convoi de quelques centaines de boeufs et moutons qui arrivaient pour ravitailler la place, conduits par des paysans et quelques cavaliers qui ignoraient notre présence et qui s'enfuirent à notre vue. Nos hussards coupèrent la retraite aux troupeaux et les chassèrent vers le camp pour qui ce fut une aubaine inattendue. Notre armée n'avait pas dans ce temps-là l'habitude de se faire suivre de bétail : on s'en procurait seulement par le maraudage. Aussi les pauvres paysans, supportaient tout le poids de la guerre, et il arrivait souvent qu'ils mouraient de faim, lorsque, chez eux, nous étions dans l'abondance.
Au bout de quelque temps, notre régiment fut détaché de l'armée pour faire la guerre de partisans. Nous parcourûmes tous les environs d'Ulm à une distance de dix à vingt lieues, ne restant pas trois heures dans un endroit, n'ayant de repos ni jour ni nuit. Nous ne voyions que peu de troupes, nous ne faisions la guerre qu'aux paysans, aussi nous vivions dans l'abondance, dans un pays riche qui n'avait pas encore été ravagé par la guerre. Dans une de ces expéditions, nous fîmes la rencontre d'une de nos divisions qui quittait notre armée pour aller faire partie de l'armée d'Italie et qui contribua au gain de la bataille de Marengo" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Moreau voulant déloger Kray de la forte position d'Ulm, entreprend de se porter sur les communications de l'armée autrichienne entre Augsbourg et Donauwerth. La droite de l'armée française s'avance jusqu'à Augsbourg, qui ouvre ses portes, tandis que sa gauche reste entre le Danube et l'Iller.
- Affaires de Guttenzel et de Kirchberg
Kray sort d'Ulm au commencement de juin et attaque vivement la gauche des Français à Guttenzel et à Kirchberg. Dans les nombreux combats qui suivirent, le Régiment a à s'énorgueillir d'un grand nombre de faits réellement merveilleux. Le Chef d'Escadrons Evers remporte tout d'abord une série de succès très remarquables : commandant par intérim le Régiment placé à l'avant-garde, Evers fait mettre pied à terre à trois Escadrons, barre avec eux en combattant à pied l'entrée d'un défilé à l'ennemi et lui reprend trois canons.
Peu après, il met en déroute un bataillon de Wallons, au village de Schwain.
Evers remporte enfin un véritable triomphe. Ayant reçu du Général Richepance l'ordre d'attaquer l'infanterie ennemie postée à l'abbaye de Guttenzel, il la charge avec trois Escadrons, la repousse et s'empare d'une grande partie des bagages des Divisions autrichiennes commandées par l'Archiduc Jean et le Général de Spong.
A la même minute, stimulé par cette gloire, le Capitaine Chardon obtient lui-même des résultats importants : il charge à la tête du 4e Escadron avec une grande vigueur un gros de 1200 hommes, bavarois ou autrichiens (selon Marcel Dupont, il y a un Bataillon autrichien et un Bataillon hongrois), et leur fait mettre bas les armes. Peu de jours après, un Escadron du Régiment, fortement entamé par l'ennemi, lui doit encore son salut.
Une petite troupe de moins de 20 hommes donne ensuite un bel exemple d'audace, de confiance en elle-même et de mépris du danger : le Maréchal-des-logis Daim, les Brigadiers Guyon et Morand et 16 Hussards, rejoignent leur Escadron quand ils rencontrent à l'entrée du village de Guttenzel le Régiment de Dragons de Cobourg. Pensant n'avoir devant lui qu'un détachement, le Maréchal-des-logis n'hésite pas à charger. Le Brigadier Morand blesse de plusieurs coups de sabre le Prince de Furstemberg, Colonel de ce Régiment ; mais mortellement blessé lui-même, reste aux mains de l'ennemi. Dalm et Guyon, blessés tous deux, parviennent à s'échapper et à ramener leur troupe à peu près intacte. Ils prennent même quelques bagages et font plusieurs prisonniers.
Le Hussard Jojot, par la suite l'objet d'une glorieuse récompense, réussit à prendre un Major à la tête de son Bataillon.
Quelques jours plus tard, le Capitaine Crabbé, un des plus réputés sabreurs de l'époque, va accomplir un de ces exploits individuels comme seuls en sont capables les géants de cette époque. étant en reconnaissance avec sa Compagnie, il fait halte à la lisière d'un bois et observe les manoeuvres d'une Division autrichienne quand il aperçoit le commandant de cette Division, le Général Comte de Sporg, qui, s'élançant en avant de ses troupes, gagne une hauteur située en face du bois et se met à observer le pays à la lunette. Seuls son Etat-major et le peloton d'escorte l'ont suivi. Crabbé voit cette proie offerte. Il réfléchit une minute. S'il se porte à l'attaque de ce petit groupe de cavaliers avec tout son monde, il les verra s'envoler comme une volée de moineaux et regagner les têtes de colonne de la Division. La surprise seule peut lui assurer le succès et pour cela il lui faut agir seul, ou presque seul. Il appelle son Hussard favori, Bion, vieux Hussard à la poigne solide, au sang-froid imperturbable, au courage sans égal. En deux mots, il lui explique la manoeuvre à effectuer et tous deux mettent le sabre à la main, puis ils foncent comme l'éclair dans la direction du Général autrichien. En un clin d'oeil, ils se jettent entre son Etat-major et lui. Avant que les Aides de camp et les Officiers d'ordonnance se soient rendu compte de ce qui se passait, les deux cavaliers se rabattent sur l'infortuné Sporg et, avant qu'il ait pu faire un geste, frappant son cheval à coups de plat de sabre et l'encadrant de leurs deux montures, ils partent au grand galop vers le bois. Revenus de leur surprise, les Officiers de l'Etat-major s'élancent pour délivrer leur chef, mais à la vue des Hussards de Crabbé surgissant des broussailles, ils font demi-tour et prennent le large. Le Général de Division, Comte de Sporg, est ramené prisonnier dans les lignes françaises.
Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"IX. Rapport du 16 prairial an VIII (5 juin 1800).
... Le général Richepanse, qui avait toujours défendu avec opiniâtreté les positions de Guttenzell et d'Edelbeuren avec 2 bataillons de la 7e, 1 de la 48e, le 5e de hussards, le 10e de cavalerie, et partie du 13e de dragons, reprit alors l'offensive. Il chargea les Autrichiens, et fit de son côté environ 7 à 800 prisonniers, parmi lesquels se trouve le lieutenant-général comte de Sporck, que quelques hussards enlevèrent à trente pas de sa colonne ..." (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829; ce Rapport figure dans les Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 30 page 72).
Dans ses Mémoires, le Général Hugo raconte : "... Le feld-maréchal, en voyant nos manoeuvres sur l'Iller, manoeuvres dont il était loin de deviner les véritables causes, dut les attribuer à l'arrivée de ses renforts, et à la circonspection qu'ils devaient apporter dans la conduite de son illustre adversaire; aussi, dans la persuasion que ces renforts lui en imposaient et suspendaient sa marche jusqu'alors si rapide, il résolut de reprendre l'ofrensive. En conséquence, le 12 prairial il attaqua dès le matin avec des forces quadruples les deux divisions établies sous Kelmüntz. A ces forces devaient se joindre un corps de douze mille hommes sortis d'Ulm avec le feld-maréchal Sporck. Mais ce général, ayant fait arrêter sa colonne dans un bois voisin du champ de bataille, avant de la faire déboucher sur Kelmüntz, et s'étant porté avec son aide-de-camp pour reconnaître une position, fut, ainsi que cet officier, enlevé par un officier et un hussard du 5e régiment, dont l'uniforme était presqu'en tout pareil a celui d'un corps de cavalerie légère autrichienne. Par cet événement la colonne d'Ulm , qui attendait des ordres, ne prit aucune part à l'affaire, laquelle se termina de la manière la plus brillante ..." (« Mémoires du Général Hugo », Paris, 1823, t. 1, p. 76 - le Général Dumas ajoute en note : "Cette ressemblance d'uniforme avait déjà été fatale à un officier supérieur du génie devant Ochsenhausen, après la bataille de Biberach.
Le feld-maréchal Kray avait, de son quartier-général d'Ochsenhausen, envoyé le matin un officier à Ulm lui chercher d'excellentes cartes manuscrites de la Suabe, que le prince Charles avait fait lever ct dessiner avec beaucoup de soin.
Cet officier, en revenant le soir avec les cartes sur Ochsenhausen, retrouva le même uniforme d'hussard aux avant-postes, y pénétra dès-lors sans inquiétude, et y fut de suite enveloppé et pris.
Arrivé le même soir à Ochsenhausen, le général Delmas me parla de sa capture, me montra ces belles cartes, et je réussis à me les faire donner, moyennant promesse d'une copie pour le général en chef, qui n'en avait pas de bonnes. Le général Delmas me confia aussi l'officier, et je l'amenai, dans ma voiture, au quartier-général de Biberach.
La perte de ces cartes ayant été extrêmement sensible au feld-maréchal, il fit contre l'officier du génie un rapport écrasant à la cour de Vienne ; et cet officier courait de grands dangers lors de son échange, quand le hazard ayant, lors du congrès de Lunéville., amené à table, chez M. le comte Louis de Cobentzel, ministre plénipotentiaire de l'Autriche, une conversation très défavorable à l'infortuné prisonnier, on fut tout étonné de me voir hautement prendre sa défense. Je le fis avec tant de chaleur et de vérité, que M. de Cobentzel en rendit compte à sa cour, et que le prisonnier, ayant bientôt après été échangé, rentra dans les bonnes grâces de l'archiduc Jean, qui venait de remplacer le vieux feld-maréchal Kray. Je tiens les choses de M. de Cobentzel même").
Le Maréchal-des-logis Oldeneil est nommé Sous-lieutenant par le Général en chef pour sa belle conduite.
Dans ces combats, les Hussards Malotet, Kerne et Franguin sont tués ; les Hussards Arson, Lemire et Haas meurent de leurs blessures; sont blessés le Capitaine Rinck (jambe traversée par un coup de feu au village de Rath), le Lieutenant de Marsy, ainsi que les Hussards Rich et Joly .
- Bourgrinden
Moreau continue à poursuivre Kray qui se retire précipitamment sur Neubourg et le Danube. Pendant ces marches le Capitaine Custine du 5e Hussards se signale très particulièrement au village de Bourgvinden. Il charge avec son Escadron un Bataillon ennemi qui se rend immédiatement. Mais presqu'aussitôt ce Bataillon, voyant l'Escadron rester isolé, reprend ses armes et ouvre un feu violent. Le Capitaine Custine a son cheval tué et est blessé lui-même. Il continue à combattre, à pied d'abord et ensuite sur le cheval de son Maréchal-des-logis-chef, qui le lui abandonne généreusement, et est enfin dégagé par quelques troupes de la Division Richepance qui surviennent et s'emparent du village. Le Sous-lieutenant July est blessé d'un coup de feu au bras gauche; le Hussard Groffaut est blessé de coups de sabre sur la main droite et sur le bras, et fait prisonnier.
Le 10 juin 1800, le 5e Hussards est à l'Armée française en Allemagne (Moreau), Flanqueurs de la gauche (Général de Division Richepanse) chargés de bloquer Ulm pour un effectif de 429 Hussards répartis en 4 Escadrons (Nafziger - 800FCE; source : de Carrion-Nisas, Marquis, "Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800", Paris, 1829).
Le 16 juin 1800 (27 Prairial an 8), le Général de Division Ney écrit, depuis son Quartier-général à Weissenhorn, au Lieutenant général Grenier, commandant l’aile gauche de l’Armée du Rhin : "Je rentre de tournée, mon cher Général, et rien ne transpire encore sur les entreprises de l’ennemi, quoique les hussards du 5e régiment, division Richepanse postés en avant d’Au ??en, m’aient assuré qu’une forte colonne de troupes était sortie d’Ulm pour se diriger sur l’Iller et environs. Tout est parfaitement calme jusqu’alors, et je vous informerai exactement, mon cher Général, sur ce qui me parviendra d’intéressant" (Papiers du général Paul Grenier. IV Papiers relatifs à l’armée du Rhin et à l'armée d'Italie. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 73).
Au mois de juillet, les Autrichiens battus dans de nombreuses rencontres et enfin à Hochstedt, Oberhausen et Feldkirch, se mettent en retraite sur l'Inn. Pendant cette période le Régiment est attaché au corps de blocus de la place d'Ulm et employé à la garde des points de passage du Danube.
L'armistice de Parsdorf est signé le 15 juillet. A cette date, le 5e Hussards (4 Escadrons) est à l'Armée du Rhin, Division Général de Division Richepanse (Nafziger - 800GBA).
L'armistice permet au Régiment de réparer les lourdes pertes qu'il a subies au cours de cette rude campagne. La Division Richepance, d'août à octobre, est placée au centre de l'armée qui doit opérer en Allemagne. Le 5e Hussards, à l'effectif de 582 hommes et 647 chevaux (dont 74 d'Officiers), fait toujours partie de cette Division.
"Revenus au camp sous Ulm, nous restâmes à bloquer cette place jusqu'au 15 juillet, jour où fut signé (à Porsdorf près Munich) une suspension d'armes. L'espoir d'une paix prochaine causa une grande joie dans toute l'armée. On envoya notre régiment cantonner à Viebelengen, petite ville du Wurtemberg, à quatre lieues de Stuttgardt.
Je fus logé chez un vieil apothicaire, mari d'une jeune et jolie femme qui l'avait épousé contre son gré. Je fus très mal reçu de monsieur, un peu mieux de madame. Les bourgeois devaient nous nourrir, et je fus admis à la table de mon apothicaire. On y faisait si maigre chère que malgré les beaux yeux de ma jolie hôtesse, je résolus de n'y plus reparaître. Je prétextai les exigences du service qui m'empêchaient de me rendre à l'heure des repas, espérant qu'étant servi seul et par la femme, je serais mieux traité. Mais le vieux grigou préféra changer l'heure de ses repas, et, malgré mes réclamations, l'ordinaire ne fut pas changé et resta le même pour toute la famille. J'étais très mécontent. Un soir on nous servit à dîner une grande jatte de caillé avec de la farine, ce qui faisait une pâtée fort peu appétissante. Je n'en voulus pas manger et je demandai autre chose. On me répondit qu'il n'y avait rien et que du reste c'était assez bon pour un Français. A ce mot, je prends le plat et lui jette tout le contenu à la figure. Voilà un homme furieux : il se met à la fenêtre et appelle au secours. Notre colonel qui logeait en face, chez le bailli, entend le bruit et envoie l'adjudant pour s'informer de ce qui se passe. L'adjudant ne put s'empêcher de rire de l'état de mon hôte qui était couvert de lait de la tête aux pieds. Comme il était de mes amis, je n'eus pas de peine à le mettre dans mes intérêts. Il fit comprendre à mon hôte que j'avais droit à plus d'égards, que j'avais rang de sous-officier, que tout sous-officier comptait pour quatre soldats et que, si je sortais de chez lui, on me remplacerait par quatre hussards. Cela ne faisait pas le compte de mon apothicaire qui devint plus traitable. Il consentit à me faire servir dans ma chambre, et, grâce à la bonne volonté de sa charmante épouse, je fis de bons repas. Celle-ci venait souvent me tenir compagnie, et bientôt notre entente fut si complète que je n'avais plus rien à lui demander.
Un mois après nous recevions l'ordre de partir pour aller aux avant-postes de l'autre côté de Munich. L'armistice avait été dénoncé et la guerre allait recommencer. Nous nous dirigions sur Augsbourg. J'avais appris par un de mes pays qu'il y avait dans cette ville un prêtre de Poitiers. Comme nous ne devions que traverser la ville, je demandai à mon colonel la permission de m'y arrêter. Il me l'accorda, avec quelque difficulté. En entrant en ville, je vis un prêtre assez mal vêtu: c'était un émigré français. Je l'arrêtai et lui demandai s'il connaissait l'abbé Cherprennet, et s'il pouvait m'indiquer son logement. - " Je le connais beaucoup, me dit-il, et si je n'étais pas obligé d'aller dire ma messe, je me mettrais de suite à votre disposition pour vous conduire auprès de lui. Indiquez-moi un endroit où je pourrai vous retrouver, et, après ma messe, j'irai vous rejoindre. " Dans la rue où nous étions se trouvait un café qui avait pour enseigne Café des Emigrés; je lui dis que je l'attendrais là. J'allai mettre mon cheval à l'écurie et j'entrai dans le café. Il était rempli d'émigrés et d'officiers de tous grades qui en passant étaient venus embrasser des parents, des amis éloignés de France depuis bientôt dix ans. J'assistai tout ému à plus d'une scène attendrissante.
L'abbé ayant dit sa messe vint me chercher et je me dirigeai avec lui vers la pension des prêtres français où il espérait trouver celui que je cherchais. A notre arrivée, je fus entouré de plusieurs prêtres qui pensaient avoir par moi des nouvelles de leur pays. l'appris que l'abbé Cherprennet était parti depuis quelques jours pour la Suisse. Comme je voyais qu'on allait servir à dîner, je demandai si je pouvais, en payant, m'asseoir à leur table, pensant que c'était une table d'hôte. On me dit que la table n'était point commune, que chacun se faisait servir suivant ses ressources, que je pouvais demander ce que je voudrais, qu'on me le servirait. Je priai alors mon guide et deux de mes interlocuteurs de vouloir bien accepter de dîner avec moi. - " Je suis, leur dis-je, un ancien serviteur de l'Eglise, les prêtres ont nourri mon enfance, et je serais heureux de rendre à quelques-uns d'eux les bienfaits que j'en ai reçus. " Ils acceptèrent très volontiers; car la plupart de ceux qui fréquentaient cette pension faisaient pauvre chère, faute de ressources. Je fis servir un bon dîner maigre, car c'était un vendredi, et la conversation s'engagea. Naturellement il ne fut question que des malheurs de la révolution et de la persécution de l'Eglise. Je ne pouvais pas en dire grand'chose, car pendant toute la terreur j'avais été hors de France. Pendant notre conversation, je voyais que tous les prêtres qui entraient dans la salle venaient faire un grand salut à l'un de mes convives; l'un d'eux eut à lui parler et le traita de monseigneur. J'appris de cette manière que je traitais un évêque, et je crus devoir m'excuser de la familiarité de mes manières avec lui. Mais il n'accepta pas mes excuses et me dit qu'il était au contraire très touché de mes bons procédés envers de pauvres prêtres qui probablement n'auraient jamais occasion de me rendre la politesse que je leur faisais. - " On nous fait espérer, continua-t-il, que d'ici quelque temps la religion catholique sera rétablie en France, et que nous pourrons rentrer dans notre pays, alors si le hasard voulait que nous nous rencontrions, soyez assuré que ce serait un grand bonheur pour moi de vous recevoir à ma table, dans mon palais épiscopal. " Je le remerciai de ses bonnes paroles, et le dîner continua gaiement, arrosé de quelques bouteilles de vin de France. Ma bourse était bien garnie et je ne l'épargnai pas, aussi je laissai ces bons prêtres fort contents de moi, et moi enchanté de l'accueil que j'en avais reçu.
Au départ, monseigneur m'avait donné sa bénédiction. - " Vous allez être exposé à toutes les misères qu'entraîne à sa suite le fléau de la guerre, puisse la bénédiction d'un vieillard vous porter bonheur. " Ces paroles me revinrent en mémoire, lorsque, ayant rejoint mon régiment, j'appris qu'une nouvelle suspension d'armes de quarante-cinq jours venait d'être signée à Hohenlinden (20 septembre 1800). On nous renvoya dans nos cantonnements, et j'allai reprendre mon logement chez mon apothicaire, au grand déplaisir du mari, mais à la grande joie de la femme qui continua de m'accorder ses bonnes grâces" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Les négociations pour la paix n'ayant pu aboutir, l'armistice est rompu et les hostilités reprennent en novembre. Moreau reprend le commandement de l'armée et marche sur l'Inn contre les Autrichiens commandés par l'Archiduc Jean. Le Régiment, entièrement reconstitué, va écrire de nouvelles pages de gloire dans son histoire.
Une situation non datée indique que le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin (Moreau), Réserve (Moreau), Division Général de Division Richepanse, Brigade Durutte (Nafziger - 800XAA et 800XAC; pour la 2e, la source indiquée est : Pascal, A. "Histoire de l'Armée et de tous les régiments", Paris). Une autre, également non datée, donne le 5e Hussards à la Division Lapoype (Nafziger - 800XAB).
En novembre 1800, le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin, Centre (Moreau), Division de Réserve d'Hautpoul, Brigade Lorcet (Nafziger - 800KAP).
"Au mois de novembre, nous rentrions en campagne. Par un froid très vif, on nous envoya bivouaquer dans les bois sur la route du Tyrol" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Entre le 22 novembre et le 1er décembre 1800, le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin (Moreau), Centre (Moreau), 2e Division Général de Division Richepanse; l'effectif est de 596 hommes pour 4 Escadrons (Nafziger - 800EAQ - Source : Picard : "Hohenliden").
Une autre situation datée du 22 novembre 1800, indique que le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin (Moreau), Centre (Moreau), 2e Division Général de Division Richepanse avec un effectif de 582 hommes pour 4 Escadrons (Nafziger - 800KCG - source : de Carrion-Nisas, Marquis, "Campagne des Francais en Allemagne", Année 1800, Paris, 1829).
L'Historique régimentaire indique que le 10 frimaire an IX (1er décembre 1800), le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin commandée par Moreau; le Régiment est au centre, commandé par Moreau en personne, 2e Division Richepanse; l'effectif est de 582 hommes pour 4 Escadrons.
"Le Ier décembre, avant le jour, nous entendons gronder le canon sur notre gauche. Nous montons à cheval et nous restons jusqu'au grand jour attendant des ordres. Nous venions de mettre pied à terre, lorsqu'une ordonnance nous fit remettre en selle et nous dirigea au plus vite vers le lieu du combat. En une heure et demie nous fîmes quatre lieues. On nous plaça sur un mamelon pour arrêter l'ennemi qui avait surpris nos troupes et les avait forcées de battre en retraite. On laissa avancer un peu les Autrichiens, puis on les chargea au moment où ils s'y attendaient le moins, attendu que nous étions cachés par un petit bouquet de bois. Comme il n'y avait que de l'infanterie, il leur fallut au plus vite se replier. Pendant ce temps notre infanterie se reforma et on continua toute la journée à tirailler.
Pendant le combat, le général Moreau vint visiter notre position; il n'avait avec lui que deux aides de camp et un trompette. Pour mieux découvrir les positions de l'ennemi, il se plaça sur la plus haute éminence du mamelon que nous occupions d'où l'on découvrait toutes les péripéties du combat. Sa présence fut sans doute remarquée par l'ennemi; car on tira à toute volée sur le point qu'il occupait. Le trompette qui était près du général fut tué, mais celui-ci ne se dérangea pas et continua à écrire sur son chapeau appuyé sur sa selle.
Le soir, on nous envoya dans un grand village sur la grande route où il y avait bien dix mille hommes de cavalerie. Après avoir pris notre position au bivouac, nous pénétrons dans le village pour tâcher de trouver du fourrage. Nous entrons dans la première maison, et nous prenons le chemin du grenier, lorsque nous sommes arrêtés par un dragon qui faisait bouillir la marmite pour son escouade. Il laisse sa cuisine pour défendre son fourrage, mais pendant qu'il était au grenier avec nous, un de nos camarades s'empare de la marmite, l'emporte au bivouac sans être aperçu des dragons et la cache sous quelques bottes de paille. Qui fut penaud ce fut notre dragon qui n'avait pu défendre son fourrage et qui se voyait enlever sa marmite. Elle était fort bien garnie. Toute la basse-cour de la maison y avait passé : quatre poules, une oie, force lard. Aussi nous fûmes bien joyeux, lorsque notre camarade nous fit part de sa capture. Mais il nous fallut user de prudence : les dragons bivouaquaient à côté de nous, et ils étaient en quête de leur marmite. Nous allions, chacun à notre tour, tirer un morceau de la marmite, en passant notre bras à travers la paille. Nous fîmes ainsi un bon dîner aux dépens des dragons qui mangeaient leur pain sec.
Le lendemain nous changions de position et toute l'armée se mettait en marche. On nous posta dans un bois à une lieue de là, avec ordre de n'en pas bouger. Il fallut alors, pour la nourriture de nos chevaux, recourir au fourrage ficelé, et aux rations d'avoine que nous portions avec nous depuis que nous étions en cantonnements. Sur le tantôt, la neige tomba en grande abondance et ne cessa pas jusqu'à la nuit, et il nous fallut la recevoir sur le dos sans pouvoir faire de feu, afin de ne pas déceler notre présence. Du point culminant où nous nous trouvions, nous apercevions mille et mille feux de bivouacs, qui, au milieu de la neige, nous présentaient un coup-d'oeil admirable. C'était l'armée autrichienne et l'armée française qui, dans une circonférence d'une lieue, étaient massées l'une devant l'autre prêtes à s'entre-choquer dans les défilés de Hohenlinden" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
- Hohenlinden (3 décembre)
La Division Richepance acquiert beaucoup de gloire le 3 décembre à la bataille de Hohenlinden et son action particulière et décisive assure la victoire.
Le Régiment ne s'épargne pas, charge plusieurs fois et contribue à la prise de 80 pièces de canon. Il poursuit l'ennemi jusqu'à Haag et fait prisonniers la presque totalité du Régiment de Hussards de Ferdinand. Les actes de bravoure individuels se chiffrent par dizaines.
Le Brigadier Jojot, déjà cité au mois de juin pour son audace et son brillant courage, ne dément pas sa réputation. Il charge avec impétuosité sur un peloton de Cuirassiers autrichiens et fait deux Officiers prisonniers.
D'autres actions d'éclat, tout aussi extraordinaires et qui sont par la suite récompensées par la plus haute distinction honorifique, sont encore à ajouter à l'actif du 5e Hussards dans cette bataille mémorable : le Brigadier-trompette Blumelin (ou Jumelin selon Marcel Dupont) s'élance sur une batterie ennemie, sabre deux Artilleurs et ramène une pièce de canon. Le Hussard Loevenbruck, d'une famille de Lorraine, encore actuellement représentée au Régiment, tue deux canonniers dans une charge contre une batterie d'artillerie et avec l'aide de deux de ses camarades s'empare de deux bouches à feu.
Le Hussard Séguin, étant engagé dans un combat de tirailleurs, fait beaucoup de prisonniers et s'empare d'un obusier et de son attelage. Le Hussard Perrault s'empare d'un drapeau dans une charge (Désiré Lacroix : "Histoire anecdotique du drapeau français (9e édition, contenant la liste des noms de batailles approuvés par le Ministre de la guerre, pour être inscrits sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée)", 1882) et peu d'instants après prend une pièce de canon.
Le Chef d'Escadrons Baron et le Capitaine Crabbé sont félicités par le Général en chef pour leur brillante conduite pendant la bataille; l'Adjudant Dufeay s'y fait également remarquer par son courage. Le Capitaine Hug a un cheval tué sous lui.
"ARMéE DU RHIN.
LE GéNéRAL DE DIVISION CHEF DE L'éTAT-MAJOR-GéNéRAL, AU MINISTRE DE LA GUERRE.
Au quartier-général de Steyer, le 5 nivôse an IX de la République française, une et indivisible.
AFFAIRE DE HOHENLINDEN.
... Le général Richepanse donne des éloges ... au chef-d'escadron Baron, au capitaine Crabé, du 5e de hussards ..." (Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 2 / par Adrien Pascal; cité par : de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).
Pendant cette glorieuse journée, le Lieutenant Brandmayer et le Brigadier Cornu sont tués; sont blessés le Capitaine Rockel (coup de sabre), les Maréchaux-des-logis Gruger (au cours d'une reconnaissance) et Drouard (coup de sabre à la tête) ainsi que le Fourrier Terrier (coup de sabre à la main droite).
"Une heure avant jour nous étions à cheval, et c'était bien le cas de dire : à cheval cavalier, la selle mouille. La neige tombait toujours, et il nous fallut rester là une heure à grelotter, n'ayant pour nous réchauffer que le peu d'eau-de-vie qui restait dans nos gourdes.
Au point du jour, il nous arrive un général qui donne ses ordres à notre colonel, et au même instant nous entendons de toutes parts la fusillade et la canonnade. Notre régiment fut envoyé pour soutenir l'attaque d'un de nos régiments d'infanterie qui était aux prises avec deux bataillons hongrois. Ceux-ci lâchèrent pied, laissant entre nos mains une cinquantaine de prisonniers. Ces prisonniers furent les bienvenus, car ils nous tirèrent pour un moment du champ de bataille où nous autres musiciens n'avions que faire. On nous ordonna de les conduire au quartier-général. Notre mission remplie, nous nous mîmes en quête d'une auberge pour déjeuner et nous chauffer, en attendant le résultat de la bataille. Nous étions encore à table, quand nous vîmes passer le général Moreau et tout son état-major, suivi de la légion polonaise nouvellement formée.
Ce fut, dit-on, cette légion qui décida du sort de la bataille, en s'emparant d'une batterie qui commandait le passage du défilé. Comme beaucoup de Polonais servaient dans l'armée autrichienne, mais contraints et forcés, la légion polonaise avait à sa suite des fourgons chargés d'uniformes et les prisonniers ou les déserteurs polonais qui voulaient s'engager étaient immédiatement habillés, incorporés dans la légion et menés de suite au combat contre ceux avec lesquels ils avaient combattu le matin. C'étaient de bons soldats, mais de grands pillards. On me montra deux frères qui servaient l'un dans la légion, l'autre dans l'armée autrichienne et que les hasards du combat avaient mis aux prises. Ils étaient prêts à se sabrer, lorsqu'ils se reconnurent. Ils s'embrassent. - " Veux-tu servir la France, dit l'un. - Je ne demande pas mieux, dit l'autre. " On se rend au fourgon des bagages, l'échange d'uniforme est bientôt fait. Il enfourche un cheval dont le cavalier venait d'être tué et les deux frères rejoignant leur escadron se mettent à charger l'un à côté de l'autre. Ils se distinguèrent si bien dans cette journée que tous deux furent faits brigadiers sur le champ de bataille.
Pendant ce temps, notre régiment, que nous avions essayé de rejoindre, prenait une part active à l'action sous les ordres directs du général de division Richepanse. Bloqué dans un petit bois, pendant deux heures, il parvint à faire une trouée parmi les ennemis et à rejoindre la division Grenier. Dans cette journée notre régiment se couvrit de gloire. Par une charge vaillamment conduite, il amena la déroute de toute l'aile gauche des Autrichiens et contribua ainsi puissamment au gain de la bataille de Hohenlinden, une des plus grandes batailles auxquelles j'aie assisté et qui eut lieu le 3 décembre 1800.
Les Autrichiens en fuite laissèrent entre nos mains quinze mille prisonniers, tout leur parc d'artillerie, quatre-vingts pièces de canons et trois cents caissons et voitures. Le lendemain assez tard nous pûmes rejoindre notre régiment qui avait été lancé à la poursuite de l'ennemi. Les routes étaient encombrées de voitures dont une grande partie étaient renversées pour laisser passage à l'artillerie. On ramassait beaucoup de prisonniers et de déserteurs, que l'on ne se donnait plus la peine de conduire. On se contentait de leur indiquer la route qui devait les mener au quartier-général" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Nouvelle action d'éclat dans les environs de Trauenstein le 20 frimaire (11 décembre). Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"III. Rapport du 18 au 24 frimaire an IX (9- 15 décembre 1800).
L'ennemi tenait de position en position; le chef de brigade Marulas, commandant l'avant-garde, ordonna quatre charges consécutives sur la cavalerie ennemie; elles furent parfaitement exécutées, et valurent environ 300 prisonniers, parmi lesquels 100 dragons ou hussards. Le 5e de hussards se distingua" (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).
Et le 25 frimaire (16 décembre). Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"IV. Rapport du 24 frimaire au 4 nivôse an IX ( 15-25 décembre 1800).
Le 25 , la division du général Richepanse, qui , la veille, avait fait douze lieues pour se porter de Laufen sur Heimdof, où elle avait pris position à portée de pistolet des postes de l'ennemi, l'attaqua à la pointe du jour ... La droite de l'ennemi fut dans l'instant culbutée par cette attaque impétueuse , et abandonna sa position.
Ce succès fut si prompt, que la brigade du général Sahuc, qui suivait la grande route, et celle du général Lorcet, qui s'était dirigée sur la droite, eurent beaucoup de peine, malgré la vélocité de leur déploiement et de leur marche, à atteindre l'ennemi, qui, voyant sa droite renversée, se retirait avec précipitation ; cependant, comme le courage donne sûrement plus de jambes que la peur, dit, dans son rapport, le général Richepanse, toutes les brigades de la division s'engagèrent. Celle du général Lorcet, composée de la 8e demi-brigade de ligne, du 5e régiment de hussards et de 5 bouches à feu d'artillerie légère, commandés par le chef d'escadron Rouget, fit essuyer une perte considérable à l'ennemi; elle s'empara de 3 pièces de canon ; 2 avaient été démontées par nos canonniers, dont on ne peut assez vanter l'adresse, qu'en disant qu'elle égale leur courage. Le général Sahuc suivit, de son côté ... la grande route, avec tant de rapidité, jusqu'au delà de Straswalchen, que ce qui avait échappé de la droite et de la gauche de l'ennemi ne put pas rejoindre ce corps d'armée, et se jeta dans les bois; le résultat de ce combat fut de près de 2,000 prisonniers et de 3 pièces d'artillerie enlevées à l'ennemi" (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).
- Combat de Schwandstadt (18 décembre)
La Division Richepance, ayant avec elle deux Escadrons du Régiment, poursuit avec la plus grande vigueur les Autrichiens qui essaient de l'arrêter à Schwandstadt. Ils ont posté aux abords de cette ville, de nombreuses troupes d'infanterie dans des bosquets et des abris naturels, et placé plus en avant 4000 hommes de cavalerie ayant devant eux une plaine favorable à leur action. La Division, déployée en bataille et ayant à sa gauche les Escadrons du Régiment, s'avance sans répondre au feu de l'ennemi jusqu'à trois cents pas de ses lignes. Chargée vigoureusement par la nombreuse cavalerie adverse, elle résiste au choc, reprend l'avantage et reste maîtresse de la position.
"Richepance débouche dans la plaine; sans s'inquiéter du feu par lequel il est accueilli, il avance toujours; un des bataillons de la 48e suit la route, menaçant Schwanstadt, l'autre se dirige audacieusement sur le centre de la ligne ennemie; Richepance place le 5e de hussards à la gauche du 1er bataillon, le 20e de chasseurs entre ce bataillon et celui qui traversait la plaine; le 1er de chasseurs tient l'extrême droite et le 10e de cavalerie suit en bataille. On approche dans cet ordre, sans tirer, à trois cents pas de la ligne ennemie ; la cavalerie autrichienne s'ébranle pour charger; mais l'aspect de cette fière infanterie qui s'avance sur elle, baïonnette baissée, lui fait perdre contenance, elle hésite, et bientôt prend la fuite. Chargée alors par notre cavalerie, elle laisse mille ou douze cents hommes sur le champ de bataille ou aux mains des vainqueurs" ("Traditions et souvenirs, ou Mémoires touchant le temps et la vie du général Auguste Colbert (1783-1809)", par N.-J. Colbert, Mis de Chabanais, son fils. Tome 3).
"Le 18, il le bat à nouveau à Vocklamarkt et atteint dans la soirée Schwanenstadt (33 kilomètres), où il trouve 4000 cavaliers autrichiens rangés en bataille au nord delà ville; bien appuyés par l'infanterie, les 4 régiments dont dispose Richepanse (5e hussards, 1er et 20e chasseurs, 10e de cavalerie) mettent bientôt les escadrons ennemis en fuite, avec perte de 1 200 hommes" (Maurice Dumolin : "Précis d'histoire militaire : Révolution et Empire". Fascicule 7-8; H. Barrère, Paris, 1901-1913).
Pendant ce combat important, les Escadrons du 5e Hussards et ceux du 1er Chasseurs chargent trois Régiments de Cuirassiers autrichiens et leur font 600 prisonniers, succès très remarquable de cavalerie légère contre de la grosse cavalerie et un ennemi supérieur en nombre.
Le Régiment charge encore le même jour sur des Cuirassiers et des Hussards, les culbute dans les fossés de Schwandstadt et leur fait plus de prisonniers qu'il ne compte d'hommes à l'effectif. Ce résultat extraordinaire prouve l'ascendant des armes et la supériorité morale pris depuis le matin sur l'ennemi par le 5e Hussards. Ici se place un fait d'armes très à l'honneur d'une petite troupe de sept hommes : le brigadier Guillion et les Hussards Mia, Raisin, Seguin, Drouin, Héchard et Chevronnet, mettent pied à terre pour rétablir le pont de la Weckel brûlé par l'ennemi et assurer le passage de la Division. Mia et Drouin sont tués.
Encore à citer au Régiment à Schwandstadt : les Lieutenants July et Schentzel et le Sous-lieutenant Knepffer se font remarquer dans le combat. Le Maréchal-des-logis Stamb tue un Porte-étendard du Régiment Mayland-Cuirassiers et enlève son drapeau. Le Maréchal-des-logis-chef Chaput fait prisonniers plusieurs Officiers. Il est contusionné par un éclat d'obus. Le Hussard Jeannet est blessé dans une charge.
"Le 18, combat de Schwanstadt : la 48e demi-brigade et le 5e de hussards s'y couvrirent de gloire" (Manuel des braves, ou Campagnes des armées françaises en Irlande, en Italie, en Suisse et en Allemagne (Supplément)... Par MM. Léon Thiessé, Eugène B*** [Balland] et plusieurs militaires... T. VII; 1823).
Le Bulletin de l'Armée du Rhin, rédigé par le Général de Division Dessoles, Chef de l'Etat-major de cette armée, et successivement adressé sous la forme de rapports partiels au Ministre de la Guerre, déclare :
"IV. Rapport du 24 frimaire au 4 nivôse an IX ( 15-25 décembre 1800).
La 48e, qui, commandée par le chef de bataillon Sarret, formait la tête de la colonne, n'attendit pas l'arrivée de toute notre cavalerie pour s'engager dans la plaine, appuyée seulement du 5e de hussards et du 20e de chasseurs, que commandait le chef de brigade Marigny, et qui, ensemble, avaient à peine, dans ce moment, 400 chevaux ; deux bataillons débouchèrent, se formant en colonne serrée. L'une suivit rapidement la grande route pour menacer, à Schwanenstadt, la retraite de l'ennemi, renouvelant ainsi la manoeuvre qui venait de réussir à Voecklabruck; l'autre se dirigea audacieusement sur le centre de l'énorme ligne de la cavalerie ennemie ; la nôtre arrivait en même temps. Le général Richepanse la disposa dans le moment; il place le 5e de hussards à la gauche du bataillon qui suit la grande route, le 20e de chasseurs entre ce bataillon et celui qui traverse la plaine; le 1er de chasseurs tient l'extrême droite, et le 10e de cavalerie suit en bataille notre infanterie.
On approche, dans cet ordre, à trois cents pas de la cavalerie ; nos troupes sont accueillies par un feu nourri, auquel elles ne répondent pas. A. deux cents pas, la cavalerie ennemie s'ébranle pour nous charger; on double le pas pour lui éviter la moitié du chemin ; elle approche à cent pas, et, épouvantée de la hardiesse de notre marche, et surtout de la contenance de notre infanterie, elle volte; notre cavalerie se précipite au même instant sur elle, et fait un horrible carnage. Notre infanterie veut la suivre, et ce n'est qu'avec une peine extrême que les officiers parviennent à tenir les colonnes formées. Elles arrivent, percent, l'arme au bras, la mêlée, et parviennent sur les bords de l'escarpement que forme la rivière qui traverse Schwanenstadt; c'était là que, par une faute inconcevable, la cavalerie ennemie s'était adossée. Elle y fut abimée, et perdit de 1,000 à 1,200 hommes, tués ou prisonniers ; un chasseur du 20e s'empara d'un étendard des cuirassiers de Lorraine" (de Carrion-Nisas, Marquis, Campagne des Francais en Allemagne, Année 1800, Paris, 1829).
- Affaire de Lembach (19 décembre)
L'ennemi continue sa retraite précipitée et son arrière-garde est atteinte à Lembach par la Division Richepance. Dans ce combat, le 5e Hussards continue à se signaler par de glorieux faits d'armes et par des actions d'éclat dignes des précédentes dans cette campagne. Le Régiment charge les Hussards de Mezahaus et entre avec eux et des Uhlans dans le village de Lembach où il s'empare de deux cents voitures et de plusieurs caissons d'obus.
Le Chef d'Escadrons Evers, à la tête du 4e Escadron du Régiment, charge l'ennemi et le culbute sur deux Bataillons de manteaux rouges. Pendant l'action, le Lieutenant Epinger charge avec un peloton sur une pièce de canon soutenue par des Hussards de Mezahaus, sabre tout ce qui s'oppose à la prise de cette pièce et fait beaucoup de prisonniers. Epinger prend encore dans Lembach, après un combat où il montre le courage le plus brillant, six Officiers de Uhlans et en blesse quatre autres.
Le Maréchal-des-logis-chef Chabert fait prisonnier le Général Metzery commandant une Division ennemie. Il est récompensé par le grade de Sous-lieutenant. Le Maréchal-des-logis Wagner s'empare d'une pièce de canon et fait plusieurs prisonniers.
Le Hussard Loevenbruck, déjà cité à Hohenlinden, fait prisonnier le Prince Lichtenstein, Colonel du 2e Régiment de Uhlans. Le Brigadier Weyner s'empare d'un obusier et de ses servants. Le Hussard Cousin contribue à la prise d'une pièce de canon.
Le Brigadier Casbois et les Hussards Schlussel, Metzinger, Kuhnemann et Clément sont tués ; le Lieutenant Schentzel, le Brigadier Fournival et le Hussard Quinsé meurent de leurs blessures ; le Chef d'Escadrons Evers a reçu trois blessures ; les Sous-lieutenants Quack, Uhlmann et Knepffer, le Brigadier Richier et les Hussards Prout, Nogeon, Dupont-Villereau et Paumard sont blessés.
Le 5e Hussards, poursuivant l'ennemi, s'empare de Kienmunster le 20 décembre, y prend 16 canons et fait de nombreux prisonniers.
La Division Richepance prend la ville de Steyer le lendemain. Elle y trouve un parc d'artillerie et fait mettre bas les armes à 4000 hommes.
"Nous étions constamment sur les talons de l'ennemi qui ne s'arrêtait que lorsqu'il pouvait mettre, entre nous et lui, une rivière. Il en défendait alors le passage, pour laisser le temps d'évacuer ses bagages; mais, il avait beau faire, il nous en restait toujours une bonne quantité dans les mains. Il fut même obligé de nous abandonner ses magasins de réserve en fourrages, pains, farine, etc. Mais le tout était de si mauvaise qualité qu'on fut obligé de presque tout détruire.
Nous étions toujours d'avant-garde et en avance de deux jours de marche sur notre armée qui suivait la route de Vienne. Arrivés à la hauteur de Krems-Munster, nous trouvâmes l'ennemi en force et il nous fallut attendre notre artillerie pour le déloger de ses positions. Ce fut bientôt fait et la poursuite allait recommencer, lorsqu'un trompette autrichien, avec un parlementaire, se présenta à nos avant-postes. Dès que notre général en fut informé, il fit cesser le feu. Le parlementaire, qui venait traiter d'une suspension d'armes, fut conduit au général en chef qui était à plus de trois lieues en arrière.
A trois heures de l'après-midi, nous recevions l'ordre de prendre nos cantonnements et notre division fut dispersée dans tous les environs. Le général, l'état-major et notre musique furent logés dans le fameux couvent de Krems-Munster. Le soir, on fit de la musique, puis on nous servit un bon souper à la table que les généraux venaient de quitter. Le vin ne manquait pas. Le dépensier du couvent avait reçu l'ordre de nous en donner à discrétion. Il y avait longtemps que nous nous étions trouvés à pareille fête. Nous fîmes asseoir à notre table les frères servants qui étaient en même temps les musiciens du couvent. Nous les fîmes si bien boire qu'ils étaient presque tous ivres, quand il fallut aller se coucher" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
L'armistice de Steyer le 25 décembre arrête les hostilités. Le Régiment est cantonné sur l'Ens. Son Colonel et le Général Sourcier s'occupent de sa réorganisation.
Le 5e Hussards, Brigade Walther, Division Richepance est encore au mois de janvier à l'Armée du Rhin sous les ordres de Moreau. Son effectif est de 33 Officiers, 853 hommes dont 588 présents, 525 chevaux de troupe et 68 chevaux d'Officiers. Il est selon l'historique régimentaire cantonné aux environs de Steyer et y reste jusqu'au traité de Lunéville, 9 février 1801. Le Dépôt, comprenant 241 hommes, est quant à lui successivement à Shüberdingen et à Tubingen.
"Notre régiment ayant reçu l'ordre d'aller prendre ses cantonnements en Styrie, nous nous dirigeâmes d'abord sur la capitale. Une colonne d'Autrichiens nous précédait sur la même route et elle était si fatiguée que nous ne pouvions aller qu'à petites journées. En arrivant à Gratz, nous trouvons la dite colonne en travers de notre chemin, les soldats couchés par terre. On leur donna deux heures pour mettre la ville entre eux et nous, et comme ils ne bougeaient pas, étant sans ordres, on les déclara prisonniers de guerre. Ordre ayant été donné aux fourriers d'aller faire le logement en ville, comme c'était mon tour d'en remplir les fonctions, pour la musique, nous traversâmes la colonne autrichienne qui était à peu près de 3.000 hommes d'infanterie. A la municipalité de la ville, nous trouvâmes les chefs de la colonne qui se faisaient distribuer des billets de logement pour eux et leur troupe. Mais quand ils apprirent que leurs soldats étaient prisonniers et que le même sort leur était réservé, ils s'empressèrent de décamper, laissant entre nos mains leurs billets de logement.
Notre régiment étant arrivé sur la place, on fit la distribution des billets. Les habitants nous firent bon accueil. Nous étions quatre musiciens logés dans une riche brasserie, ce qui n'empêcha pas de nous servir de bon vin à nos repas. Il y avait dans la maison quatre demoiselles, toutes plus belles les unes que les autres, portant le costume styrien qui a beaucoup de rapport avec celui de la Suisse, hors le petit bonnet qui forme comme le nid d'hirondelle et qui ne leur cache que le haut de la tête. Ces bonnets sont ornés de bijoux d'or ou d'argent et coûtent quelquefois jusqu'à vingt louis. Ces bonnets allaient parfaitement à nos jolies hôtesses, ainsi que tout leur costume qui est fort joli : la jupe courte, un bas bien tiré, un soulier très découvert, une jambe faite au tour, un corset qui leur fait une taille admirable et relève une gorge bien garnie, voilà certes de quoi réveiller un hussard à l'agonie. Aussi étions-nous très empressés auprès de nos hôtesses qui étaient pour nous aussi aimables que possible. Après souper on proposa de valser, ce qui fut accepté. L'un de nous qui n'était pas valseur se chargea de la musique, et nous voilà partis. Jamais de ma vie, je n'ai valsé avec plus de plaisir et avec de meilleures valseuses. A minuit nous dansions encore, lorsque la mère vint nous dire qu'il était l'heure de se séparer. Cependant, sur notre demande, elle consentit à laisser ses filles danser une styrienne. C'était une danse que nous ne connaissions pas. Aussi il fallut céder nos danseuses à des jeunes gens du pays. Jamais nous n'avions vu danser avec tant de grâce et d'entrain. C'était un spectacle vraiment admirable de voir ces belles jeunes filles se livrer avec un bonheur extrême au plaisir de leur danse nationale. Le lendemain matin nous disions adieu à nos hôtes qui nous avaient comblés d'amitiés. Ils ne connaissaient pas encore les Français, ils ne s'attendaient pas à les garder trois mois dans le pays; ils ne se doutaient pas que cette occupation devait les ruiner.
On nous fit prendre nos cantonnements tout à fait dans la montagne, à Ischel, un gros bourg qui tenait une lieue de long et dont presque tous les habitants étaient des fabricants d'ustensiles en fer, casseroles, gamelles, pelles, outils d'agriculture, etc. Un tout petit ruisseau faisait tourner dans toute l'étendue du bourg plus de trois cents roues. Aussi du matin au soir c'était un joli vacarme. Nous étions nourris chez l'habitant et fort bien traités en commençant. Le pays n'avait pas encore éprouvé le fléau de la guerre, mais les contributions, les réquisitions de toute espèce amenèrent bientôt la ruine de beaucoup de familles. J'étais logé chez un assez riche fabricant qui au bout d'un mois me disait : - " Si vous restez encore un mois nous sommes tous ruinés. " Et nous ne sommes partis qu'au bout de trois mois.
Pendant notre séjour dans ce village, je fis une vaillantise dont je me ressentis longtemps. Non loin de là se trouvait la montagne la plus élevée du pays dont le sommet était couronné d'un seul arbre. Un de mes camarades et moi nous pariâmes d'aller graver notre nom sur cet arbre. Le pari n'était pas considérable : quatre bouteilles de vin; mais nous ne croyions pas trouver d'aussi grandes difficultés. Il faisait un temps superbe, quoique très froid, avec un beau soleil. Pour atteindre le pied de la montagne, il nous fallut bien une demi-heure. Nous commençâmes à monter par une partie très boisée et ça alla bien tant que nous pûmes nous aider des arbres. Mais à moitié côte il n'y avait plus que de chétifs arbrisseaux que nous craignions d'arracher en nous y accrochant. Cependant nous ne pouvions plus reculer : nous aurions eu plus de difficultés pour redescendre que nous en avions eu pour monter. Après avoir repris haleine, et déjà tout en nage, nous continuâmes notre ascension. Bientôt les broussailles même disparurent. Il nous fallut escalader de grosses pierres accumulées les unes sur les autres et menaçant de s'écrouler sous nos pieds. Mais nous voyions de là le sommet dont nous n'étions plus qu'à une douzaine de toises; cela nous donna courage et après bien des efforts, après avoir risqué vingt fois de nous casser le cou, nous arrivâmes enfin au sommet.
Nous fûmes récompensés de nos fatigues par le splendide spectacle qu'il nous fut donné de contempler. Nous apercevions d'un côté tout le cours du Danube, qui était cependant à près de vingt lieues de nous, et de l'autre les montagnes de la Styrie, s'étageant les unes au-dessus des autres à des hauteurs bien plus considérables que celle où nous nous trouvions. Il ne nous fut pas difficile de trouver l'arbre unique qui se trouvait sur le plateau. C'était un vénérable sycomore, vieux sans doute de plusieurs siècles, et à moitié pourri. Après avoir inscrit nos noms sur l'écorce, nous nous mîmes à tenir conseil sur les moyens d'effectuer notre descente. Il ne fallait point songer à prendre le même chemin. Nous fîmes le tour du plateau pour chercher le passage le plus favorable; mais les pentes les moins abruptes se dirigeaient toutes du côté opposé à notre cantonnement et étaient couvertes de neige. Ayant aperçu une petite ravine, dans la direction de notre village, nous résolûmes de l'atteindre, en traversant le banc de neige qui nous en séparait. Nous voilà en route. La neige était d'abord assez solide pour nous porter, mais bientôt nous y enfonçâmes jusqu'aux genoux. Il nous fallut alors, à chaque pas, tirer une jambe pour la porter plus avant. Tantôt nous trouvons le solide et nous faisons trois ou quatre pas, puis nous enfonçons de plus belle. Heureusement que l'action que nous nous donnions nous échauffait beaucoup, sans quoi nous aurions bien pu geler. Enfin, après un travail bien pénible de plus d'une heure, nous parvenons à la ravine par laquelle nous espérions opérer notre descente. Quelle ne fut pas notre déception, lorsque nous découvrîmes que ce prétendu chemin n'était qu'un glacier par où s'écoulaient les eaux des fontes de neige. Nous ne pouvions nous aventurer ni à droite ni à gauche, craignant de trouver quelque précipice caché sous la neige. Que nous restait-il à faire ? Mon camarade proposa de nous mettre sur notre derrière et de nous laisser glisser jusqu'au bas de la ravine, et, donnant l'exemple, il se lança courageusement et fut assez heureux pour arriver jusqu'en bas sans accident. Mais moi j'avais la tête moins solide, le vertige me prenait d'avance, et cependant comme il n'y avait pas d'autre parti à prendre, il fallut me décider. Me voilà lancé sur mon derrière, mais la tête me tourne aussitôt, je roule comme une boule, et j'arrive en bas la tête la première dans un état déplorable et ayant perdu connaissance. Mon camarade me crut mort. Il me fit revenir à moi en me frottant la figure avec de la neige. Il m'aida à m'asseoir et chercha à étancher le sang qui me couvrait la tête et la figure. Cependant, quelque faiblesse que je ressentisse, nous ne pouvions rester là. Il fallait nous remettre en route. Nous avions vu de la montagne une ferme qui devait se trouver à peu près en face de nous. C'est vers ce côté que nous nous dirigeâmes. Il nous fallait encore descendre un petit coteau sans chemin frayé; mais comme il n'y avait pas beaucoup de neige, mon camarade me soutenant, nous pûmes rejoindre un sentier que les bestiaux prenaient pour aller paître dans la montagne, puis nous suivîmes un chemin qui nous mena droit à la ferme.
Nous y trouvâmes un maréchal des logis et un hussard qui y étaient logés. Nous racontâmes notre aventure. On ne voulait pas y croire, jamais de mémoire d'homme on n'avait entendu dire dans le pays que quelqu'un fût monté au sommet de la montagne. On nous prodigua tous les soins possibles; on me bassina la figure et la tête et on me mit des compresses; puis on nous servit à dîner. Nous n'avions rien pris depuis notre départ, le matin à neuf heures; mais je ne pus manger et je ne demandais qu'à me coucher. On n'avait point de lit à nous offrir, et, comme nous n'étions qu'à une demi-lieue de notre village, le maréchal des logis fit seller deux chevaux et le hussard nous conduisit chez nous.
Tous nos camarades étaient fort inquiets, et nous les trouvâmes qui nous attendaient à mon logement, pour se faire raconter notre histoire. Je laissai ce soin à mon compagnon et je m'empressai d'aller me mettre au lit. Dès le lendemain matin ma chambre était envahie par une foule de visiteurs qui voulaient connaître par moi-même notre aventure. J'eus même dans l'après-midi la visite du colonel avec le grand bailli chez lequel il était logé. Après m'avoir tancé sur mon imprudence, il envoya chercher le chirurgien-major et me fit panser sous ses yeux. Les blessures n'étaient pas graves et au bout de huit jours il n'y paraissait plus. Mais la mémoire de notre ascension s'est conservée dans le pays et se répandit même au loin; car elle fut racontée par le gazetier de Salzbourg, sur une de ses feuilles que l'on me fit lire.
Nous passâmes gaiement le carnaval dans notre village. Nous avions accaparé toutes les filles que nous faisions danser, au grand déplaisir du curé qui monta en chaire pour leur défendre de partager nos divertissements. Quelques-unes obéirent, mais le plus grand nombre nous restèrent. Aussi après notre départ le curé eut-il à baptiser beaucoup de petits Français. C'est tout ce que nous laissâmes dans le pays que nous avions ruiné par les réquisitions et les contributions" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
b/ Rentrée en France du Régiment.
"Au mois de mars nous reçûmes l'ordre de rentrer en France. Quel bonheur de revoir notre pays ! Mais nous étions encore loin de la frontière ! Tout d'abord nous fîmes trente lieues d'une seule traite. Puis on nous fit rétrograder jusqu'à Wels. Le bruit de la reprise des hostilités commençait à courir, lorsque nous apprîmes que nous attendions une colonne de nos prisonniers de guerre qui nous étaient rendus et que nous devions protéger, puisque nous formions l'arrière-garde. Au bout de trois jours la colonne, composée de trois mille hommes, arriva. Quelques hussards de notre régiment qui se trouvaient dans les prisonniers rentrèrent dans les rangs bien contents. On nous fit suivre la colonne à travers la Bavière, à un jour de distance, jusqu'à Augsbourg. Là on nous fit cantonner pendant huit jours dans les villages aux environs de la ville, pour laisser passer toute l'infanterie, puis à notre tour nous nous mîmes en route à travers le Wurtemberg.
En passant à Ludwigsbourg, résidence d'été du roi, je fus logé chez une française émigrée qui s'était mariée avec un des premiers écuyers du roi. Elle me fit causer de la France et me parla de la Révolution et de l'émigration. Je lui racontai alors que l'année précédente j'avais favorisé la rentrée en France d'un émigré et de sa femme. Elle me demanda leur nom, et comme je le lui dis, elle m'apprit que c'était elle qui leur avait donné les moyens de gagner la frontière, chose qu'elle avait faite pour beaucoup d'autres émigrés. Cette dame fut enchantée, lorsque je lui dis que son protégé avait eu le bonheur de trouver dans notre colonel un de ses anciens camarades de collège et qu'il lui avait procuré toute facilité pour rentrer en France. Après une pareille confidence, je n'ai pas besoin de dire si je fus bien traité dans la maison. Comme son mari était absent, mon hôtesse voulut me faire elle-même les honneurs du château royal qu'elle me fit visiter dans toutes ses dépendances, ainsi que le parc et la ménagerie qui était fort curieuse. Le soir on me fit dîner en compagnie de femmes charmantes qui parlaient toutes en très bon français. Je crois qu'on me choisit le meilleur lit de la maison, car j'étais couché comme un prince. A mon lever, je trouvai un bon petit déjeuner tout prêt et je partis comblé d'honnêtetés par mon hôtesse et moi me confondant en remerciements" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Hussard en 1802 d'après Lienhart et Humbert, tome 4, planche 70
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Hussard du 5e Régiment d'après Meissonnier. Communication M. Jeff Thomas. |
Voici la composition théorique d'un Régiment de Hussards en avril 1801 (d'après Rigo, in Tradition N°66-67) :
- Etat-major : 1 Chef de Brigade, 3 Chefs d'Escadrons, 1 Quartier-maître trésorier, 2 Adjudants-majors, 1 Chirurgien-major, 1 Chirurgien aide-major, 2 Adjudants sous-officiers, 1 Brigadier-trompette et 4 Maîtres ouvriers (sellier, tailleur, armurier, bottier), sans oublier les enfants de troupe (L'arrêté des Consuls du 26 juillet 1800 accepte deux enfants de troupe par Compagnie, soit un total de 16 pour un Régiment de Hussards. Ils sont issus du mariage légitime d'une blanchisseuse ou d'une vivandière avec un militaire en activité. Agés au minimum de 2 ans, ils sont proposés par le Chef de Brigade et admis par l'Inspecteur aux revues. Leur instruction est dirigée par un Lieutenant, ou un Sous-lieutenant, assisté de 2 Maréchaux-des-logis et de 4 Brigadiers désignés par le Conseil d'administration. A l'âge de 16 ans, chaque enfant de troupe peut contracter un engagement. Ceux qui ont appris la musique peuvent entrer dans la fanfare du Régiment dès l'âge de 14 ans.).
- Chaque Escadron est composé de 2 Compagnies qui comprennent chacune : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 2 Sous-lieutenants, 1 Maréchal-des-logis-chef, 4 Maréchaux-des-logis, 1 Brigadier-fourrier, 8 Brigadiers, 2 Trompettes et 84 Hussards. Ce qui donne un effectif total de 43 Officiers et 807 hommes.
Ces chiffres seront rarement atteints : ainsi, en mai 1801, le 5e Hussards ne comprend que 427 hommes.
"Quelques jours après nous traversions le Rhin à Manheim (mai 1801), faisant des voeux pour ne plus le repasser, voeux qui ne furent pas exaucés pour le malheur des Allemands et pour le nôtre. Notre régiment fut envoyé en garnison à Bonn sur le Rhin, jolie petite ville, résidence de l'ex-électeur de Cologne. Les habitants nous firent d'abord un assez mauvais accueil: ils ne pouvaient nous pardonner d'avoir chassé l'électeur et sa cour qui les faisaient vivre. Mon camarade et moi nous étions logés chez le boucher du ci-devant électeur qui nous reçut fort mal. Mais si nous étions mal vus des hommes, il n'en était pas de même des femmes, et s'il me fallait raconter toutes les aventures galantes qui charmèrent le temps de notre garnison à Bonn, j'en aurais long à dire. Aussi ne faut-il pas trop s'étonner de la haine que nous portent les Allemands. Ils ne peuvent nous pardonner d'avoir pendant vingt ans caressé à leur barbe leurs femmes et leurs filles.
Pour comble de bonheur, on nous paya tout notre arriéré de solde et je me trouvai en possession d'une trentaine de louis. Je m'empressai de me nipper. J'achetai du linge et des habits bourgeois. Sous l'habit bourgeois j'étais plus libre, c'était moins compromettant pour les Allemandes qui voulaient bien m'accorder leurs faveurs. Pendant plusieurs mois, ce fut une bombance continuelle et pour ainsi dire sans bourse délier, ces dames faisant les frais de tous nos plaisirs. Aussi que de pleurs versés lorsqu'un ordre de départ vint interrompre nos aventures amoureuses. Je n'en fus pas trop fâché, car ma dernière liaison commençait à prendre un caractère trop sérieux. C'était une jolie boulangère, ayant un bon établissement, et il ne tenait qu'à moi d'entrer en possession de l'une et de l'autre, on m'y sollicitait. Pour consoler la belle, il fallut bien lui faire la promesse de revenir; mais je partis bien résolu à ne pas me mettre dans le pétrin. C'était à Metz que nous allions tenir garnison. Nous voilà donc en route pour la France, à ma grande joie, moi qui n'avais pas vu mon pays depuis sept ans.
Après quelques jours de marche, nous fûmes logés dans un village où je crus me souvenir d'avoir déjà passé. En arrivant à la maison que me désignait mon billet de logement, je reconnus en effet la chaumière où huit ans auparavant, comme je l'ai raconté, j'avais conduit une vache pour remplacer celle qui avait été prise. Comme il y avait déjà quelque temps que les habitants n'avaient logé de troupes, nous fûmes assez bien reçus, mon camarade et moi. On nous fit dîner à table avec toute la famille. Le repas fini, la conversation tomba sur les malheurs qu'ils avaient éprouvés pendant la guerre. - " Les Français nous ont bien fait du mal, nous dit le père, et nous les avons bien souvent maudits, à l'exception d'un brave homme à qui nous devons bien des obligations, mes petits enfants surtout, à qui il a certainement sauvé la vie. Les Français, en abandonnant notre pays, avaient reçu l'ordre d'emmener tout le bétail. Nous n'avions qu'une vache, qui était notre seule ressource pour élever nos enfants. Le brave Français qui logeait chez nous fit tout son possible pour nous la conserver; mais, malgré ses efforts, on nous l'enleva, et il nous quitta plongés dans le désespoir. Quelles ne furent pas notre surprise et notre joie, lorsque nous le vîmes revenir quelques instants après avec une vache qu'il conduisait par les cornes. - Tenez, mes braves gens, nous dit-il, voilà pour remplacer celle que l'on vous a prise. - Puis, sans nous laisser le temps de le remercier, il courut rejoindre son régiment. Nous pensons souvent à lui, et je raconte souvent à nos enfants l'histoire de la vache qui leur a conservé la vie, particulièrement à mon plus jeune qui n'avait que trois mois et que sa mère ne pouvait plus nourrir, son sein s'étant tari à la suite des émotions que lui avait causées l'invasion des Français. C'est en souvenir de notre sauveur que je vous fais aujourd'hui bon accueil, n'espérant jamais pouvoir lui témoigner à lui -même notre reconnaissance. "
Le récit du bonhomme m'avait émotionné et je sentais les larmes me monter aux yeux. Pour les dissimuler, je pris le plus jeune des enfants sur mes genoux et je l'embrassai de bien bon coeur. Mais cela ne fit qu'augmenter mon émotion et tout le monde s'aperçut de mes larmes. - " C'est lui, c'est lui, " s'écrie-t-on autour de moi, et c'est suffoqué par l'émotion que je puis leur dire: - " Oui, c'est moi, mes amis. " Ce fut alors une explosion de joie. Tout le monde vint m'embrasser. Je leur rappelai toutes les circonstances de l'événement. Chacun en raconta un épisode et comme mon récit et le leur concordaient parfaitement, ils furent bien convaincus qu'ils avaient devant eux celui qu'ils appelaient leur sauveur. Ces bonnes gens ne savaient comment me prouver leur joie et leur reconnaissance. Toute la famille se rassembla. On envoya chercher du vin de France, quoiqu'il fût fort cher, et l'on trinqua en me souhaitant toutes sortes de prospérités en récompense du service que je leur avais rendu.
Nous partions le lendemain matin de bonne heure; mais à notre lever nous trouvâmes servi un bon déjeuner où assista encore toute la famille. Puis on vint nous faire la conduite. Après s'être embrassés, au moment de se quitter, le chef de la famille me présenta une petite bourse, en me disant: - " Vous nous feriez grand plaisir, si vous vouliez accepter ce faible gage de notre amitié et de notre reconnaissance. " Je le remerciai en lui disant que je n'avais pas besoin d'argent, et je lui montrai ma ceinture qui était assez bien garnie. - " Je suis assez payé, lui dis-je, par toutes les amitiés que vous m'avez témoignées et c'est moi qui devrais vous remercier pour avoir mis dans ma vie un souvenir qui ne s'effacera jamais. " La trompette sonne. On s'embrasse une dernière fois. Je monte à cheval et vais prendre mon rang.
Mon histoire avait fait quelque bruit et était venue aux oreilles du colonel. A quelque distance du village, le colonel s'approche de la musique et demande : - " Quel est donc l'homme à la vache. " Tous mes camarades me désignent. - " Arrivez donc là me conter votre histoire. " Et me voilà à la tête du régiment, alignant mon cheval sur celui du colonel, et lui racontant l'événement dont j'avais été le héros. Après m'avoir félicité de ce qu'il voulut bien appeler ma bonne action, il me fit causer de mes campagnes. Il parut s'y intéresser vivement; car, pendant toute l'étape, il me garda près de lui. Il n'avait point fait les premières campagnes de la Révolution. Il m'interrogea sur beaucoup de choses que j'avais vues et sur les généraux que j'avais connus, et il ne se lassait pas de m'entendre.
- " Comment se fait-il, me dit mon colonel, puisque vous avez le goût de l'état militaire, que vous restiez simple musicien. Il y a dans l'armée beaucoup d'officiers qui n'ont pas plus d'intelligence et d'instruction que vous et qui ont beaucoup moins de bons états de service. Dès demain, si vous le voulez, je vous nomme sous-officier dans un escadron, et, à la première campagne, je vous garantis l'épaulette. - Je vous remercie, mon colonel, la même proposition m'a été déjà souvent faite. Beaucoup de mes camarades sont devenus officiers. Bien peu ont eu à s'en féliciter. La plupart ont mordu la poussière sur les champs de bataille. Parmi ceux qui restent, il en est qui envient mon sort. Je suis presque indépendant. Si je ne me plais pas dans un régiment, je puis en changer. Quant à la solde, j'ai plus de reste qu'un officier. Je suis sujet à moins de dépense et ma paye est aussi forte. En temps de guerre, l'officier sans fortune vit aux dépens de l'ennemi et économise son traitement, souvent par force, car il n'est pas toujours payé; mais en temps de paix, l'officier qui n'a que sa paye, ne peut être heureux. Il est astreint à trop de dépenses, surtout dans les hussards. Aussi s'il veut faire figure comme les autres, il fait des dettes, ou, s'il vit à l'écart, il passe pour un hibou. Je vous remercie bien, mon colonel, de vos bonnes intentions ; mais musicien je suis et musicien je resterai. - C'est votre affaire et soyez sûr que je ne vous en estime pas moins. " Sur ces paroles, le colonel me laissa pour se mettre à la tête du régiment qui arrivait à son gîte d'étape" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
"Par arrêté du 26 juin 1801, les régiments de Hussards, à l'exception du 7me bis, ont 3 chefs d'escadrons au lieu de 2. L'un de ces trois chefs d'escadrons est chargé de la police et de la discipline, ainsi que de la surveillance de tout ce qui concerne l'habillement et l'équipement" (in La Giberne, 2e année, N°4, page 126).
Officier du 5e Hussards, 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) d'après Lienhart et Humbert, tome 4, planche 71
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Officier du 5e Hussards, 1803, d'après le dessin 26 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Officier du 5e Hussards, 1803, d'après le dessin 26 du Manuscrit d'Alsace. Copie de Klaus Tohsche sur la base d'un document signé W. D. (en fait R. F.) conservé dans la Collection Knötel, à Rastatt |
Officier du 5e Hussards, 1803, fac similé du Manuscrit d'Alsace publié par H. Achard; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Le même, corrigé, fac similé du Manuscrit d'Alsace publié par H. Achard; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
5e Hussards, 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) d'après Lienhart et Humbert, tome 4, planche 71
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Le Régiment revient en France et arrive le 31 juillet 1801 à Metz où il tient garnison.
"Quelques jours après nous arrivions à Metz, notre garnison, après avoir parcouru un pays dévasté par les premières guerres de la Révolution. On nous caserna au fort où logeaient aussi les officiers et même le colonel. On nous donna quatre chambres pour notre musique qui n'était pas nombreuse : nous n'étions que seize, quatre par chambre. Il nous fallait vivre maintenant à nos dépens. Heureux ceux qui avaient su se conserver quelques sous. Grâce au ciel, j'étais du nombre, mesdames les Allemandes m'ayant économisé bien des dépenses. Je trouvai établis à Metz.plusieurs de mes anciens camarades, et grâce à eux je fis quelques bonnes connaissances dans la meilleure société. Il y avait si longtemps que j'avais séjourné en France que je trouvais tout extraordinaire d'entendre parler tout le monde français, et pour la première fois je m'apercevais que l'on n'est heureux que dans son pays. J'en étais sorti si jeune que je n'avais plus aucune notion de la France. Les jours heureux et paisibles que je coulais à Metz réveillèrent mon patriotisme. Je songeais souvent à mes parents, à Poitiers, ma ville natale, que je n'avais pas vus depuis bientôt onze ans. Le désir de les revoir me hantait souvent. Un événement inattendu me mit à même de réaliser ce désir" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
A Metz, le 5e Hussards reçoit en septembre les armes d'honneur méritées pendant la dernière campagne et demandées au Ministre par le Chef de corps et le Général Inspecteur. Suivent les noms de ceux à qui cette distinction honorifique, unique à cette époque dans l'armée est donnée en récompense d'actions d'éclat :
Un sabre : Capitaine Crabbe, Lieutenant Epinger, Sous lieutenant Abbénésius, Sous-lieutenant Pernet, Sous lieutenant Chabert, Sous lieutenant Bosse, Maréchal-des-logis Richard, Maréchal-des-logis Fuchs, Maréchal-des-logis Wagner, Maréchal-des-logis
Ricommann, Maréchal-des-logis Muller.
Un mousqueton : Brigadier Jojot, Hussard Loewenbuck, Hussard Bion, Hussard Perrault, Hussard Seguin.
Une trompette :
Brigadier-trompette Blumelin, Trompette Mallinger.
En septembre 1801, chaque Régiment doit avoir un Artiste vétérinaire.
Le 10 octobre 1801 (18 vendémiaire an X), l'article 13 d'un Arrêté des Consuls établit la formation d'une Compagnies d'élite dans la cavalerie : "La 1re compagnie du 1er escadron de chaque régiment de cavalerie, dragons, chasseurs et hussards, prendra le nom de compagnie d'élite.
Cette compagnie sera formée d'hommes choisis dans tout le corps, conformément aux instructions que donnera le ministre de la Guerre". Précisons que cette "compagnie d'élite (sera) composée des hommes les plus braves de chaque régiment. La première compagnie est dissoute. les autres seront mises sur le plan de paix à raison d'un maximum de soixante hommes, la moitié seulement sera montée, les musiques seront supprimées ... A vrai dire, elle n'ont jamais été règlementaires ! Le premier escadron sera composé de la compagnie d'élite et de la 5e compagnie. Le deuxième escadron comprendra la 2e et la 6e compagnie. Le troisième escadron sera formé des 3e et 7e compagnies et enfin, le quatrième escadron sera composé des 4e et 8e compagnies" (Rigo, in Tradition N°66-67). Chaque chef d'Escadrons commande 2 Escadrons (A. Pigeard in Tradition N°140).
En application de l'article 11 de l'Arrêté de l'An X, sur la nouvelle organisation de l'armée, les Compagnies de Hussards ont, y compris la Compagnie d'élite : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 2 Sous-lieutenants, 1 Maréchal-des-Iogis chef, 4 Maréchaux-des-logis, 1 Brigadier fourrier, 8 Brigadiers, 86 Hussards montés, 10 Hussards non montés, 2 Trompettes ; soit un total de 116 hommes. Les marques distinctives sont réglées en fonction de l'article 6 de l'Arrêté du 4 thermidor An X : après 10 ans de service révolu, haute-paie de 1 franc par mois et 1 chevron de laine rouge ; apres 15 ans, 1 franc 50 et 2 chevrons ; après 20 et jusqu'à 25, 2 francs et 3 chevrons. Après 25 ans de service effectif révolu, ces militaires sont, par le seul fait de la durée de leurs services, susceptibles d'être admis dans la Légion d'honneur. Les Arrêtés du 8 vendémiaire An X (article 15) et 20 vendémiaire An XI prévoient que les Sous-officiers et soldats composant les Compagnies d'élite auront droit à cinq centimes de haute paie par jour.
"Par ordre du premier consul, toutes les musiques de cavalerie furent réformées. Comme c'étaient les officiers seuls qui payaient la musique et qu'en garnison ils avaient besoin de toute leur paye, notre licenciement fut accepté avec joie par la majeure partie du corps d'officiers, composé d'Allemands sans fortune. D'après notre engagement, on ne pouvait nous renvoyer qu'après trois mois; mais, d'un commun accord, il fut convenu que nous partirions au bout d'un mois, c'est-à-dire au commencement de décembre. Le 8 décembre 1801, je reçus mon congé" ("Mes Campagnes sous la République et l'Empire, 1791-1810, par Philippe-René Girault"; La Rochelle, 1884).
Le 4 décembre 1801 (13 frimaire an 10), à Paris, "On propose dacrorder un sabre d'honneur au citoyen Domon, chef d'escadron au 5e hussards, aide-de-camp du général de brigade Compère"; le Premier Consul répnd : "Refusé" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1241).
Hussard du 5e Hussards à la fin du Consulat, début de l'Empire, d'après Nicolas Hoffmann (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library)
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Le 5e Hussards forme Brigade au mois de janvier 1802 avec le 6e Hussards en garnison à Sarrelibre. Il est compris dans la troisième Division militaire dont le quartier-général est à Metz.
Le Général de Division Ney inspecte le Régiment le 6 février. L'effectif est alors de 28 Officiers, 638 hommes et 573 chevaux. L'Inspecteur constate le mauvais état de l'habillement et du harnachement. L'armement est incomplet, il manque des sabres. Le Général Ney ordonne la création d'une école de lecture, d'écriture et de calcul, ainsi que la rédaction d'un historique très détaillé du Régiment pendant la dernière campagne.
Le 5e Hussards se réorganise en novembre 1802 conformément à l'arrêté consulaire du 16 octobre 1801. Les cavaliers en excédant de l'effectif de paix sont rayés des contrôles et renvoyés dans leurs foyers. Le nombre des chevaux de troupe est augmenté et l'on s'efforce d'arriver au complet. Les chevaux d'Officiers en excédant ne reçoivent plus de rations. La musique est très réduite, suivant les termes de ce même arrêté. On lit même dans La Giberne, 2e année, N°5, page 155 : "Bonaparte supprime les musiques de cavalerie".
D'après l'Etat militaire de l'an X (1802), le 5e Hussards est à Metz. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Schwarz; Chefs d'Escadrons Evers, Maignet, Domon, N; Quartier maître trésorier Andrieux; Officier de santé Liéger.
- Capitaines : Schwab, Muller, Ressejac, Kerblin, Mayer, Rinck, Custine, Crabbée.
- Lieutenants : Corbineau, Fague, Discher, Lemir, Drouard, July, Quack, N.
- Sous lieutenants : Siercher, Schultz, Steib, Dumoulin, Knopffer, Ville, Epinger, Misselet, Albenetine, Schmit, Thomas, Hutz, Moeser, Duplessis, Oldonneil.
Le Capitaine Vanot est Capitaine Adjoint à l'Etat-major de l'Armée.
Bonaparte prépare l'organisation de l'Ordre de la Légion d'honneur. Il avise à la date du 25 janvier le Chef d'Escadrons Evers et le Lieutenant Thézon, blessés en plusieurs circonstances, qu'ayant reçu pour eux une demande d'armes d'honneur, il a décidé qu'ils feraient partie de la première promotion du nouvel ordre dès que son organisation serait terminée.
Au mois de mai et au moment de la rupture de la paix d'Amiens, les trois premiers Escadrons du Régiment sont envoyés à l'Armée de Hanovre. Le 4e Escadron est détaché à l'Armée de Hollande à Breda. Cet Escadron composé de recrues, mal habillé et mal armé, est incapable, suivant le Général de Brigade Osten qui l'a inspecté, de prendre part à une opération de guerre. Le Dépôt reste à Metz.
c/ Expédition du Général Decaen en Inde (1802)
A la suite du Traité d'Amiens, conclu avec la Grande-Bretagne, la ville de Pondichéry et les comptoirs français en Inde, occupés depuis 1794 par les Britanniques, doivent être remis à la France. Le 15 avril 1802, Bonaparte avise le Ministre de la Marine, Denis Decrès, que "nous devons prendre possession des Indes ... dans les six mois de la ratification du traité au plus tard" (Correspondance de Napoléon, VII, 435). Un expédition est ainsi organisée pour isser le drapeau tricolore sur Pondichéry et les comptoirs de l'Inde, sous la direction du Général de Division Charles Mathieu Isidore Decaen. Parmi les troupes de cavalerie figurent, d'après un rapport d'inspection des hommes du 5e Hussards, détachés pour l'expédition, arrivant habillés et équipés (AG, Xi, 4, Inspecteur aux revues au citoyen Petit, 10 thermidor an 10 (28 juillet 1802); Mémoires et journaux du général Decaen, II, 266, 278; Correspondance de Napoléon, VII, 524).
Trompette du 5e Hussards, 1er vendémiaire an XII (24 septembre 1803) d'après Lienhart et Humbert, tome 4, planche 71
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Trompette du 5e Hussards, 1803, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des trompettes de hussards français, 1787-1813"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-497
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Trompette des compagnies ordinaires du 5e hussards, vers 1803-1805, d'après Charles Brun, collection privée (V. Bourgeot, Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
Trompette d'après Charmy qui donne comme date 1807-1810 |
Trompette, 5e Hussards, 1805, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Trompette, 5e Hussards, 1803-1805, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "d'après une Aquarelle de Fort sans indication de source"
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Trompette, 5e Hussards, Grande tenue, 1805, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari) |
Trompette du 5e Hussards d'après une vignette éditée par le Chocolat Lombart (société dont l'existence s'achève en 1957) |
Trompette du 5e Hussards, 1803, d'après le dessin 26a du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Trompette du 5e Hussards, 1803, d'après le dessin 26a du Manuscrit d'Alsace. Copie de Klaus Tohsche sur la base du document signé W. D. (en fait R. F.) conservé dans la Collection Knötel, à Rastatt |
Trompette du 5e Hussards, 1803, fac similé du Manuscrit d'Alsace publié par H. Achard; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Schéma de synthèse d'après H. M. Brauer (Uniformbogen/Heere und Tradition N°92) |
Trompette en 1803 d'après Rigo (Le Plumet, planche 185), qui indique comme sources les mémoires d'Espinschal et le tableau représentant le Colonel Schwarz |
Schéma de synthèse de l'uniforme du Trompette en 1803, d'après Klaus Tohsche sans indication de source |
d/ Le 5e Hussards en Hanovre
Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; dessin de Maurice Orange |
Au mois d'août, le Régiment se trouve dans le Nord du Hanovre à Celle et aux environs. Il y fait partie de la Division de cavalerie commandée par Kellermann.
Le Général de Division Beaumont passe l'inspection du 5e Hussards à Zelle, le 18 août. Le Régiment est ensuite compris avec les 2e et 4e Hussards dans la Division Nansouty. Son effectif est alors de 808 hommes et 637 chevaux. Le 1er Escadron est à Celle et Vatlingen, le 2e à Winsel et Brugel, le 3e à Memersheim et Vire et le 4e à Honingsen.
Par Décret du 24 septembre 1803 (1er vendémiaire an XII), les Officiers et les hommes de troupe ayant précédemment reçu des armes d'honneur, sont créés de droit Chevaliers de la Légion d'honneur en vertu des décrets d'organisation de l'Ordre. Sont ainsi nommés au 5e Hussards :
Major Martel, Hussards Perrault, Bion, décédés; Sous lieutenant Abbénésius, Brigadier Jojot, Hussards Loewenbuck, en retraite. Chevaliers de droit Capitaine Crabbé, Lieutenant Epinger, Sous lieutenants Chabert, Pernet, Bosse; Maréchaux des logis Richard, Fuchs, Ricommann, Muller; Brigadier-trompette Blumelin, Trompette Mallinger, Hussard Seguin.
Le 24 septembre 1803 toujours, le Premier Consul réorganise toute son armée : les Régiments sont de nouveau mis sur le pied de guerre et les Compagnies de Hussards doivent compter 4 Officiers et une centaine d'hommes. Le Chef de Brigade reprend l'ancien nom de Colonel supprimé sous la République. Les trois premiers Escadrons prendront le nom d'Escadrons de guerre, le quatrième restera au dépôt sous le commandement d'un Major dont le grade est rétabli. Chaque Régiment de Hussards comprend une Compagnie d'élite coiffée du colback, à qui est confiée la garde de l'étendard.
En décembre 1803, l'Etat-major de chaque Régiment de Hussards doit comprendre 4 Chirurgiens.
Le 5e Régiment, Brigade Maresy, Division Nansouty, est ainsi réparti au mois de décembre : l'Etat-major et le 1er Escadron à Stade et à Midelkirchen avec 276 hommes et 220 chevaux; le 2e Escadron à Steinkirchen et Hullen avec 191 hommes et 100 chevaux; le 3e Escadron à Grandeick avec 186 hommes et 106 chevaux; le 4e Escadron à York avec 189 hommes et 109 chevaux.
Selon Rigo, en décembre 1803, le 5e Hussards comprend 42 Officiers, 687 hommes et 504 chevaux.
Le Régiment conserve ses cantonnements en Hanovre jusqu'à la fin de l'année. Son effectif est de 635 hommes, dont 602 présents et 402 chevaux.
Le 5e Hussards est inspecté à Saumur par le Général Grouchy au cours de l'année 1803 (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 187)
Le Lieutenant Epinger est nommé Officier de la Légion d'honneur et le Maréchal-des-logis Bresch Chevalier à la date du 14 juin 1804. Le Chef d'Escadrons Evers est, selon l'Historique du 5e Hussards, promu en même temps Colonel de la Légion hanovrienne, où le suivent les Lieutenants Oldenneil et Uhlmann et le Sous-lieutenant Schmitt. En fait, il a été nommé, à titre provisoire, Colonel du Régiment de Chasseurs à Cheval de la Légion Hanovrienne le 1er brumaire an XII (24 octobre 1803), nomination confirmée le 27 floréal suivant (17 mai 1804).
Le Général de Division Kellermann inspecte le 11 octobre le 5e Hussards à Stade.
Le 5e Hussards, à l'effectif de 39 Officiers, 727 hommes et 515 chevaux, reste en Hanovre dans ses cantonnements autour de Stolzuau.
Fig. 1 François Xavier Baron de Schwarz, Colonel du 5e Hussards, 1799-1806 (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur) |
Extrait d'une oeuvre signée Neltner. Ecole allemande du 19e siècle. "Cavalerie françoise". Dessin à la plume, gouache et réhauts à l'or, représentant l'uniforme de la cavalerie française sous l'Empire (hussards). 15 x 11,5 cm. Ancienne collection du prince de Monaco, vendue le 16 novembre 2014. En arrière plan sont visibles des Hussards du 5e Hussards, avec la pelisse chaussée, coiffés d'un shako analogue à celui porté par le Hussard figurant sur le portrait du Colonel Schwarz |
Portrait du Baron de Schwarz, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source le tableau de Revel se trouvant dans la salle d'honneur du Régiment, offert par le fils du Baron de Schwarz (Communication Bucquoy)
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Colonel Schwartz d'après M. D. Mac Carthy (Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971); la source indiquée est le tableau représentant le Baron de Schwartz | Colonel, 5e Hussards, 1806, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Portrait du Baron de Schwarz, Colonel du 5ème Hussard de l799 à 1806" | Colonel Schwarz en avant de Stettin; dessin de J. Girbal pour le docteur Hourtoulle (Soldats et Uniformes du Premier Empire, planche 11) |
Portrait présenté comme étant celui d'un Officier du 5e Hussards "avec sa pelisse accroché à ses épaules, tenant une lettre à la main . Très beau tableau sur ivoire, signé en bas à droite "Jean C. d' après Isabel (y)" . Dimensions 65 x 95 mm. Cadre de laiton avec passepartout bois. Plus probablement et sous réserve de confirmation, il s'agirait en fait d'un Trompette |
Portrait d'un Capitaine du 5e Hussards en tenue d'été, dolman bleu ciel, parements blancs, boutons dorés, chemise blanche, pantalon de nankin, cravate noire; cadre rectangulaire en bois laqué noir, cerclage en laiton doré guilloché; Grande miniature ronde sur ivoire, diamètre 78 mm. Époque début du Premier-Empire. Vendue aux enchêres le 08 novembre 2018 à Drouot. Communication de M. Jeff Thomas. |
Schémas de synthèse des uniformes du 5e Hussards en 1803, d'après Klaus Tohsche sans indication de source |
Schéma de synthèse donné par P. Schmidt in Tradition H. S. N°22 |
Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1803, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1803, d'après S. Palatka; in Gloire et Empire N°15. Le dessin est visiblement inspiré de Bucquoy |
D'après l'Etat militaire de l'an XI (1803), le 5e Hussards est à Metz, 3e Division Militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Schwarz; Chefs d'Escadrons Evers, Maignet, Domon; Quartier maître trésorier Andrieu; Adjudants major Nicolle, Hug; Officier de santé Lieger.
- Capitaines : Schwab, Müller, Ressejac, Kerblin, Rinck, Mayer, Custine, Crabbée.
- Lieutenants : Fagne, Discher, Lemir, Drouard, July, Quack, Epinger, Uhlman.
- Sous lieutenants : Steib, Schultz, Dumoulin, Knepfler, Ville, Misselet, Albénésius, Schmitt, Thomas, Heitz, Moeser, Duplessis, Oldonneel, Chabert, Müller, Chardon.
Le Maréchal-des-logis Dam est nommé Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 1er août.
D'après l'Etat militaire de l'an XII (1804), le 5e Hussards est à Stade (Hanovre). Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Schwarz; Major Bruyère; Chefs d'Escadrons Evers, Maignet; Quartier maître trésorier Andrieu; Adjudants major Nicolle, Hug; Officier de santé Liéger.
- Capitaines : Schwab, Müller, Ressejac, Kerblin, Rinck, Mayer, Custine, Fagne, Lemir.
- Lieutenants : Drouard, July, Quack, Epinger (arme d'honneur), Uhlmann, Dumoulin, Misselet, Oldonnelle.
- Sous lieutenants : Steib, Schultz, Knoepfler, Ville, Albénésius, Schmitt, Heitz, Moeser, Duplessis, Chabert, Müller, Chardon, Dufay, Chaput, Goubot, Mossant.
Rappelons que Rigo, dans sa planche Le plumet U4 consacrée au 2e Hussards, a donné l'effectif théorique d'un Régiment de Hussards entre 1803 et 1814 :
- Etat major : 1 Colonel, 1 Major, 3 Chefs d'Escadron, 2 Adjudants majors, 1 Quartier maître trésorier, 1 Chirurgien major, 1 Chirurgien Aide major, 2 Chirurgiens sous-aide-major, 1 Artiste vétérinaire, 1 Trompette major (ou Brigadier trompette), 4 Maîtres ouvriers (sellier, tailleur, armurier et bottier), des enfants de troupe.
- 4 Escadrons : chacun ayant deux Compagnies, composées de la manière suivante :
- Compagnies : 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 2 Sous lieutenants, 1 Maréchal des logis chef, 4 Maréchaux des logis, 1 Brigadier fourrier, 8 Brigadiers, 2 Trompettes, 75 puis 94 Hussards (en 1809).
Dans la revue Tradition 66-67, Rigo ajoute à l'Etat major 2 Adjudants sous officiers et donne pour l'ensemble du Régiment un total de 672 Hussards (soit 84 Hussards par Compagnie); l'effectif total d'un Régiment serait alors de 43 Officiers et de 808 hommes.
Ordonnance du Colonel Schwartz d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 9); la source indiquée est le portrait du Colonel peint en 1803. A côté, détail de la pelisse (L'Armée française, planche 22) |
Ordonnance du Colonel Schwartz d'après M. D. Mac Carthy (Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971); la source indiquée est le tableau représentant le Baron de Schwartz
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Hussard, 5e Hussards, 1803, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "tableau représentant le Baron de Schwartz" |
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Shako du 5e Hussards, 1803, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Hussard en grande tenue vu en Allemagne en 1803 d'après Rigo, Le Plumet, planche U13 |
Hussards en avant de Stettin; dessin de J. Girbal pour le docteur Hourtoulle (Soldats et Uniformes du Premier Empire, planche 11) |
Hussard en 1803 d'après D. Lordey, "Les uniformes des guerres napoléoniennes" T1 |
Hussard de la 2e Compagnie du 5e Régiment, tenue de parade en 1803-1804, d'après Rigo in Tradition N°66-67 (source : portrait du colonel Schwartz, document conservé dans les archives Raoul et Jean Brunon, musée de l'Empéri. Salon-de-Provence) |
Notre dessin, dans le style des Soldats d'Alsace de Carl, réalisé en 1992 sur la base de l'étude de Rigo |
Le février 1805 (30 pluviôse an 13), à La Malmaison, "On propose de nommer capitaine au 5e régiment de hussards le sieur Villatte, lieutenant, aide-de-camp du maréchal Bernadotte" ; l'Empereur répond : "Accordé : cet officier rejoindra sou corps et ne sera plus aide-de-camp" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3211).
Le 20 mars 1805 (29 ventôse an 13), depuis La Malmaison, "On propose de nommer major du 5e hussards le sieur Laclède, chef d'escadron au 1er régiment de dragons"; l'Empereur répond : "Mon intention est que les dragons fassent une arme à part" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 641 - Note : Pierre-Armand Laclède, Sous-officier en 1792, et Chef d'Escadron depuis le 14 juin 1800, était noté aux revues d'inspection comme un sujet intelligent, zélé, actif, et recommandé particulièrement par le Colonel du 1er Dragons, Arrighi. Il devient Major en 1806, Colonel en 1808 et périt le 5 août 1808 à Saragosse).
Uniforme du 5e Hussards de 1804 à 1812, d'après Rigo in Tradition N°71; le galonnage de la culotte forme une pique renversée au 5e Hussards. Le dolman a 3 rangées de boutons |
Uniforme de Hussards, du rang et d'élite, toujours d'après P. A. Leroux, pour Segom ; début de l'Empire ? |
Major du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 83 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Major, 5e Hussards, 1804, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/13; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Chef d'Escadron du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 84 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Capitaine, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 81 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Capitaine, 5e Hussards, 1804, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/14; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Porte étendard du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 80 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Porte étendard, 5e Hussards, 1804, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/13; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Document de la Collection H. Achard; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard - noter le commentaire : "Marckholsheim - Début de l'Empire mais vraisemblablement faux. De toute façon, l'étendard n'était jamais porté par un officier mais par un maréchal des logis chef". La mention Marckholsheim est une erreur manifeste, la source étant de toute évidence le manuscrit d'Alsace. Par ailleur, on notera les regrétables erreurs de mise en couleur de ce dessin, connu de nombreux collectionneurs, que nous ne donnons ici qu'à titre indicatif, afin qu'elles soient corrigées : colback blanc au lieu de noir, sabretache bleu céleste au lieu de rouge ... |
Trompette, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 82 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Trompette, Compagnie d'élite, 5e Hussards, 1804, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/15; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Trompette de la Compagnie d'élite du 5e Hussards 1804-1805, d'après H. Boisselier qui indique comme source : "Document de Collection d'Alsace" (ce document, donné par V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie" se trouve au Musée de la Figurine Historique de Compiègne) |
Trompette, Compagnie d'élite, d'après Klaus Tohsche; la source est le Manuscrit d'Alsace |
e/ 3e Coalition. Grande-Armée
Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 85 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Copie du précédent, par Herbert Knötel (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Hussard, Compagnie d'élite, 5e Hussards, 1804, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/15; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Hussard, Compagnie d'élite, d'après Klaus Tohsche; la source est le Manuscrit d'Alsace |
Bonnet de police du 5e Hussards de 1804 à 1814, d'après Funcken "L'uniforme et les armes des soldats du 1er Empire", I |
Bonnet de police du 5e Hussards de 1804 à 1814, d'après Rigo in Tradition N°74 |
Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; Collections du Musée Historique Lorrain à Nancy. Donné par B. Malvaux in Tradition N°76 |
Le 5 mai 1805, le 5e Hussards aligne 3 Escadrons totalisant 581 hommes et Officiers.
Une situation de l'Armée de Hanovre sous le Maréchal Bernadotte en date du 15 thermidor an XIII (3 août 1805) indique que le 5e Hussards est réparti entre la 2e Division sous le Général Rivaud (2 Escadrons, 375 présents, 10 aux hôpitaux; total 385 hommes et 236 chevaux) et la Division de Cavalerie sous le Général Kellermann (2 Escadrons à Stade et environs, pour un effectif de 391 présents, 7 détachés, 28 aux hôpitaux, soit 426 hommes et 279 chevaux). Une autre situation datée du 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que les 1er et 2e Escadrons sont au Hanovre, 1ère Division; il y a 375 présents, 10 hommes aux hôpitaux; total 385 hommes et 236 chevaux. Les 3e et 4e Escadrons sont à la Division de cavalerie du Hanovre : ils ont 391 hommes présents, 7 en recrutement ou détachés, 28 aux hôpitaux; total : 426 hommes et 279 chevaux.
Une situation de la Collection Nafziger, en date du 4 août 1805, donne quelques précisions supplémentaires : 2 Escadrons (385 hommes) à la 2e Division Rivaud, Brigade Dumoulin; 2 Escadrons (426 hommes) à la Division de cavalerie du Général Kellerman, Brigade Picart (Nafziger 805HAC - source : Alombert et Colin).
Le 26 août 1805, le 5e Hussards (1er Corps Bernadotte, Division de Cavalerie Kellerman, Brigade van Marisy) a un effectif de 766 hommes (Nafziger 805HAH).
Dans une annexe à une lettre de l'Empereur adressée depuis Pont-de-Briques à Berthier, Ministre de la Guerre et Major général de la Grande Armée, sans doute établie entre le 26 août et le 29 août, il est simplement indiqué que le 5e Hussards doit faire partie du 1er Corps commandé par Bernadotte (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10698).
Un ordre du jour daté du Quartier général impérial, à Boulogne, le 12 Fructidor an 13 (30 août 1805) indique le 5e Hussards devra se former "le plus tôt possible à 4 escadrons de guerre.
Les colonels feront conduira de suite aux 4 escadrons de guerre tous les chevaux qui seront au dépôt capables de porter la selle, quand même ils ne le seraient pas d'être montés. Les mauvais chevaux comme les jeunes marcheront afin qu'on puisse les changer, si l'on entre en pays ennemi, contre des chevaux qu'on pourra se procurer par achat ou par prise; indépendamment de cette formation, chacun de ces régiments aura 100 hommes à pied qui seront armés de fusils et de baïonnettes et serviront, soit à remplacer les hommes malades ou blessés, soit pour tout autre besoin du service, soit enfin pour monter les chevaux qu'on serait dans le cas d'acheter ou d'enlever à l'ennemi.
Ainsi, chaque régiment de cavalerie légère aura sur le Rhin, au moins 500 hommes, officiers non compris, dont 400 hommes montés et 100 hommes à pied.
Pour ampliation du registre d'ordre :
Le Colonel du génie chargé en chef des détails de l'état-major général.
Vallongue" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 386).
Un "ÉTAT indiquant la situation des corps de cavalerie en chevaux de troupes, les sommes qu'ils ont en caisse appartenant à la masse de remontes, le nombre de chevaux qu'ils devront acheter avec ces sommes et l'effectif auquel ils pourront alors être portés", daté du 13 Fructidor an 13, provenant du "BUREAU des FOURRAGES ET REMONTES. SERVICE DES REMONTES. ADMINISTRATION DE LA GUERRE", donne pour le 5e Hussards les indications suivantes : Effectif des chevaux au 1er thermidor an XIII : 421; Nombre de Chevaux à réformer ou morts : 10; Chevaux propres au service : 411; Somme que les Corps ont en caisse, compris les fonds ordonnancés en fructidor : 32280,60 ; Nombre de chevaux que les Corps devront se procurer avec ces sommes : 89; Effectif qu’ils pourront alors présenter : 500 (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 39 et suivantes).
L'Angleterre, la Russie, la Suède et enfin l'Autriche, se coalisent au mois de septembre contre la France. Napoléon forme la Grande-Armée et la divise en sept corps.
Le 5e Hussards (à Eimbeck), comme les autres troupes cantonnées en Hanovre, fait partie du 1er Corps d'armée commandé par Bernadotte.
L'Ordre de marche du 30 Fructidor du 1er Corps d'Armée, daté de Cassel, le 29 Fructidor an 13 (16 septembre 1805) indique : "L'armée, composée ainsi qu'il est dit ci-devant, est partie le 30 de Münden et environs, pour se diriger sur Wabern, en suivant la grande route, et en traversant la ville de Cassel pour se rendre :
Le grand quartier général à Gudensberg.
DIVISION DE CAVALERIE.
Quartier général et administrations à Fritzlar.
2e régiment de hussards : Felsberg et Gensungen.
4e régiment de hussards : Fritzlar et Geismar.
5e régiment de hussards : Ob-Mollrich, Nied-Mollrich, Zennern et Kappel.
5e régiment de chasseurs : Odershausen, Klein-Englis, Gombeth et Udenborn.
Artillerie de la division, à Gross-Englis..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 117).
A la date du 30 Fructidor an 13 (17 septembre 1805), le 5e Hussards (à Eimbeck) entre dans la composition de la Division de cavalerie légère Kellermann, affectée au Corps d'armée de Bernadotte, et fait partie de la Brigade Picard avec le 2e de l'arme (à Moringen), ex-Chamborant. L'autre Brigade comprend le 4e Hussards et le 5e Chasseurs (le 1er a Göttingen, le 2e aux environs) et est placée sous le commandement du Général Marizy (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 116).
L'Ordre de marche du 1er jour complémentaire indique : "La division de cavalerie, commandée par le général Kellermann, partira de Fritzlar et environs, pour aller prendre ses cantonnements :
Le quartier général et administrations, à Rauschenberg.
2e régiment de hussards : à Halsdorff, Wohra et Ernsthausen.
4e régiment de hussards : à Rosenthal et Langendorf.
5e régiment de hussards : à Rauschenberg, Stausebach et Himmelsberg.
5e régiment de chasseurs : à Schönstadt, Schwabendorf, Albshausen, Wolfskaute.
Artillerie de la division, à Josbach ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 118).
L'Ordre de marche du 1er Corps d’Armée, du 2e jour complémentaire, indique : "La division de cavalerie, aux ordres du général Kellermann, partira de ses cantonnements pour aller :
Le quartier général et administrations, à Fronhausen.
2e régiment de hussards : à Walgern, Stedebach et Fronhausen.
4e régiment de hussards : à Erbenhausen, Wolfshausen, Argenstein et Nieder-Walgern.
5e régiment de hussards : Sichertshausen, Bellnhausen et Hassenhausen.
5e régiment de chasseurs : Treis-a.-Lumda et Hassenhausen.
Artillerie, à Ockershausen ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 120).
L'Ordre de marche et cantonnements du 1er Corps d'Armée, des 3e et 4e jours complémentaires indique : "La division de cavalerie se mettra en marche pour aller prendre ses cantonnements, savoir :
Le quartier général et administrations : le 3e jour complémentaire, à Giessen, et le 4e à Butzbach.
2e régiment de hussards, à Butzbach.
4e régiment de hussards, à Ostheim.
5e régiment de hussards : à Kirchgöns et Pöhlgöns.
5e régiment de chasseurs, à Langgöns,
Artillerie de la division, à Langgöns ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 122).
- Capitulation de Ulm
Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; Musée de l'Empéri, Collections du Musée de l'Armée, anciennes collections Jean et Raoul Brunon, Salon de Provence. Donné par A. Pigeard in Tradition H.S. N°34 |
Les Autrichiens, sous les ordres du Général Mack, se retranchent à Ulm et sur le cours de l'Iller.
Napoléon porte son armée sur le Danube, en arrière de l'armée autrichienne, pour la couper de ses communications avec Vienne, l'isoler du secours des Russes et l'obliger à mettre bas les armes.
Les différents corps de la Grande-Armée, suivant des directions très diverses, marchent vers ce point de concentration. Le Corps Bernadotte se portant directement du nord au sud, part de Goettingue, traverse les principautés de Hesse et de Fulde et arrive à Wurzbourg le 27 septembre.
Le 8 vendémiaire an 14 (30 septembre 1805), le 1er Corps a passé le Rhin et est arrivé à Wurzburg. Le 5e Hussards aligne 3 Escadrons, pour un effectif de 355 hommes et 396 chevaux, Division de cavalerie du 1er Corps (Nafziger 805IAE).
Bernadotte passe le Danube à Ingolstadt et chasse devant lui le Général Kienmayer, commandant l'arrière-garde de l'armée autrichienne, a qui il fait mille prisonniers.
Le 11 octobre, le 5e Hussards, qui fait partie de la 2e Division Drouet du Corps de Bernadotte, compte 23 Officiers, 363 Hussards, 45 Chevaux d'Officiers et 363 de troupe (Nafziger 805JBD - source : Alombert et Colin).
Le Corps de Bernadotte entre le 12 octobre à Munich où l'électeur de Bavière est rétabli dans ses états.
Vers la fin de ces marches, dans une affaire qui a lieu à Winterfeld, le Chef d'Escadron Maignet tue un Capitaine ennemi qui l'a blessé à la main gauche, et contribue au succès de cette rencontre où sont pris 60 hommes, 152 chevaux et 8 caissons. Le Capitaine Fagne se distingue également dans cette action.
Ulm ayant capitulé le 20 octobre, Napoléon marche sur l'armée coalisée commandée par Kutusof.
Le 26 octobre, le 5e Hussards, qui se trouve à la 2e Division (Drouet) du 1er Corps (Bernadotte) aligne l'effectif suivant : 23 Officiers et 315 hommes; 54 chevaux d'Officiers et 354 de Hussards. Une situation de la Collection Nafziger donne pour sa part à cette date 355 Hussards et 396 chevaux (Nafziger 805JXA - Archives françaises, Cartons C2-470, 480, 481).
Grande Armée à l'époque du 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805). Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711 |
Le 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805), l'Adjudant-commandant Requin écrit, depuis Würzburg, au Maréchal Berthier : "J'ai l'honneur de vous adresser, ci-joint, l'état de situation du détachement d'infanterie et de cavalerie des différents corps que je commande …
État sommaire des détachements d'infanterie et de cavalerie qui sont sous les ordres de l'adjudant-commandant Requin ...
5e - - 3 Officiers, 111 Sous-officiers et soldats ; total 114, 113 chevaux ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 255 - (1) Deux Officiers ont rejoint le détachement à Münden).
Autre Officier du 5e Hussards |
Le corps Bernadotte passe à Salzbourg le 30, revient sur le Danube qu'il passe à Saint-Polten et reste sur la rive gauche du fleuve.
Le Maréchal Bernadotte a son Quartier général à Seitenstaedten. Il ne modifie sa direction de marche, en vertu de l'ordre du 16 Brumaire, que dans la journée du 18 et ce n'est qu'à partir du 19 Brumaire (10 novembre) que ses têtes de colonne s'engagent sur la grande route de Vienne. Le 1er Corps d'armée à ses ordres comprend les Divisions d'infanterie Rigaud et Drouet, la Division de cavalerie légère Kellermann et la Division bavaroise du général de Wrede. La 2e Division commandée par le Général Drouet comprend 2 Régiments d'infanterie, les 2e Hussards et 5e Hussards, et l'Artillerie de la Division (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 74).
Le 15 novembre, le Capitaine Faigne est blessé au cours d'un combat d'avant-postes à Winterfeld (Martinien).
Le 29 novembre, le 5e Hussards est au 1er Corps Bernadotte, Division de cavalerie sans précision (Nafziger 805KCH - source : Alombert et Colin).
Trompette du 5e Hussards, Compagnies ordinaires, vers 1805-1806; Manuscrit de Marckolsheim "archétype", Anne S. K. Brown Military Collection, Providence, Rhode Island, USA (In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
Trompette du 5e Hussards donné par A. Bouteaud dans le Briquet N°2 de 1962. La source indiquée est un dessin de H. Boisselier d'après un dessin inédit de H. Knötel |
Trompette du 5e Hussards, vers 1808, d'après H. Boisselier; la source indiquée est une aquarelle inédite de H. Knötel (N° 110). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Trompette du 5e Hussards, 1805-1806, d'après la planche 110 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
- Bataille d'Austerlitz
Officier en tenue de campagne - Manequin du Musée de l'Empéri, Salon de Provence; document tiré de la A. S. K. Brown - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington (donné également dans la revue La Figurine N°2 de 1975) |
Officier en tenue de campagne - Manequin du Musée de l'Empéri, Salon de Provence; donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34 |
Détails de la tenue | |
Officier, tenue de campagne, 5e Hussards, 1806, mis en scène devant le Musée de l'Empéri (photo extraite de l'ouvrage Napoléon et ses Soldats) |
Officier, tenue de campagne, 5e Hussards, 1806, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Officier, tenue de campagne, 5e Hussards, 1806, d'après S. Palatka; in Gloire et Empire N°15. Le dessin est directement inspiré du mannequin de l'Empéri |
Portrait de Louis-Joseph Lequeux de Proyate; blessé d'un coup de sabre au nez le 26 octobre 1806; décoré de la Légion d'Honneur le 14 avril 1807. Ce portrait a sans doute été réalisé avant la blessure du 26 octobre, non apparente ici; la légion d'honneur a peut-être été rajoutée ensuite.
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Officier en avant de Stettin; dessin de J. Girbal pour le docteur Hourtoulle (Soldats et Uniformes du Premier Empire, planche 11)
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Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 1. |
Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 3. |
Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 2. |
Hussard daté de 1805, d'après E. Titeux |
Le 2 décembre 1805, le 5e Hussards est à la Division d'Avant garde Kellermann du 1er Corps (Bernadotte), avec un effectif théorique de 500 hommes répartis en 4 Escadrons.
Une autre situation de la Collection Nafziger indique que le 5e Hussards, le 2 décembre, est rattaché au 5e Corps (Lannes), Division Kellermann, Brigade ? avec un effectif de 342 hommes (Nafziger 805LCI - sources : Alombert & Colin, "Campagne de 1805 en Allemagne", Paris, 1904; "Histoire des Campagnes de l'Empereur Napoléon en 1805-1806 et 1807-1809", Tome 1, Campagne de 1805, en Bavière et en Autriche, Paris, 1845).
Le 5e Hussards à Austerlitz; illustration de J. Girbal extraite de l'ouvrage de Henri Lachouque "2 décembre 1805 - Austerlitz" (Collection de l'Auteur); donné également dans Gloire et Empire N°27
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Le Gloire et Empire N°27 consacré à la bataille d'Austerlitz donne pour sa part la situation suivante, basée sur l'appel du 22 novembre 1805 : Division de cavalerie légère du 1er Corps de la Grande Armée, Général Kellermann, Brigade Picard, 5e Hussards, Colonel Schwarz, 487 hommes.
Enfin, dans le Quintin ayant pour source les situations de la Grande Armée conservées au SHAT à Vincennes sous la cote C2 606 (effectifs établis lors de l'appel du 22 novembre), il est indiqué 23 Officiers et 464 Hussards.
Entre 7 et 8 heures du matin, le 5e Corps et la Réserve de cavalerie prennent position à hauteur du centre. L’infanterie est rangée sur deux lignes de bataillons en colonnes d’attaque avec 200 pas de distance. Les Bataillons d’un même Régiment sont accolés.
La Cavalerie légère de Treilhard et Milhaud (9e et 10e Hussards, 16e et 22e Chasseurs) formée en colonne serrée par escadron, demeure en observation au pied du Santon.
La Cavalerie légère de Kellermann (2e, 4e et 5e Hussard, 8e Chasseurs) s’est placée en avant de l’infanterie. Elle forme deux colonnes de Brigade par Escadron (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 185).
Le Colonel Corbinau, du 5e Chasseurs, raconte : "Le 2, à 6 heures du matin, toutes les colonnes s'ébranlèrent avec un ordre et un silence étonnants ; chacune se dirigea vers le point où elle devait combattre...
L'ennemi, vis-à-vis nous, était sur trois lignes, la 1re d'infanterie, la 2e de cavalerie, la 3e de cavalerie et d'infanterie mêlées (ces trois lignes ayant une nombreuse artillerie). Ayant porté ses forces à sa droite, il nous attaqua avec une vigueur prodigieuse par une charge de 4000 à 5000 hommes de cavalerie, qui attaquèrent la première ligne, composée des 2e et 5e hussards, de mon régiment et du 4e hussards ; ils se formèrent pour effectuer cette charge, le flanc gauche près la droite de notre deuxième ligne composée d'infanterie (sans s'inquiéter de son feu), et leur flanc droit appuyé à la gauche de leur infanterie, derrière laquelle ils avaient passé.
Le général Kellermann voulut faire un changement de front à droite sur le 1er peloton du 3e régiment (c'était le mien); les deux régiments de droite, 2e et 5e hussards furent culbutés; le mien, qui se formait en avant en bataille au galop, était au milieu des rangs ennemis en se formant, et le 4e hussards, qui marchait diagonalement pour se former à ma gauche, fut coupé d'avec le mien avant d'avoir pu effectuer sa formation; heureusement notre infanterie, ferme comme un rocher, au milieu de la plaine, fit sur la cavalerie russe un feu extraordinairement nourri et la chassa en lui abattant 500 ou 600 chevaux... Passant derrière le bataillon, le corps alla reprendre sa place dans la ligne qui venait de se reformer... Pendant que j'étais absent, les quatre régiments avaient été vigoureusement chargés; les 2e et 5e ayant découvert la droite de la brigade, le mien se retira aussi".
Capitaine de la Compagnie d'élite en 1806, d'après J. Rouffet; dessin paru dans La Giberne, Année 03/03, page 071 J. Mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
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Le Régiment prend une part glorieuse à la bataille d'Austerlitz. Il fait partie de la réserve qui est engagée sur le plateau de Pratzen à la fin de la journée. La brave Division Kellermann fournit dix charges successives au cours de la journée, et le 5e Hussards s'y taille largement sa part de gloire en accomplissant nombre de belles actions.
Le Colonel de Schwarz charge avec vigueur à la tête de son Régiment ; l'Empereur l'en récompense en le nommant Commandant de l'ordre de la Légion d'honneur. Ensuite un fait d'armes très glorieux d'une petite troupe de huit hommes dont les noms sont conservés : l'Adjudant Ferrier, le Maréchal-des-logis Drouard, le Brigadier Martin et les Hussards Ernst, Rothan, Fath, Manon et Lhomme, s'emparent après une charge vigoureuse de quatre canons et d'une partie de leurs servants ; Ferrier est récompensé peu après par la croix de la Légion d'honneur et le grade de Sous-lieutenant.
Encore un acte d'extrême audace : le Trompette Pincemaille blesse d'un coup de sabre et fait prisonnier le Général russe Incomelski à la tête des Uhlans Baron Meyer.
Le Capitaine Fagne, quoique blessé grièvement, se rend sur le champ de bataille et y combat toute la journée. Le Chef d'Escadrons Hirn contribue puissamment à la prise de plusieurs pièces de canon. Le Lieutenant Maignet a son cheval tué sous lui en chargeant les cosaques. Il prend alors le cheval d'un Maréchal-des-logis qui vient d'être tué et continue à combattre. Le Lieutenant Epinger a son cheval tué sous lui. Le Hussard Bickelberger se fait remarquer par son courage.
Chose curieuse et qui montre bien l'ascendant que nos Hussards possèdent sur l'adversaire, malgré la violence des charges auxquelles prend part le Régiment, les pertes demeurent relativement faibles : deux Officiers et 9 hommes tués (les Lieutenants Dufeau - Dufay selon Martinien - et Duplessis, le Maréchal-des-logis-chef Villain, le Brigadier Waltz et les Hussards Chodé et Kobel; le Maréchal-des-logis-chef Muller meurt de ses blessures le lendemain), 4 Officiers et 15 hommes blessés (les Sous-lieutenants Chaput - Chapu selon Martinien, Danse et Dam - Dame selon Martinien (coup de lance à la main), l'Artiste vétérinaire Koenig (coup de lance à la tête), les Maréchaux-des-logis Epinat (coup de lance à la cuisse gauche), Drouard (coup de feu à la tête), Vilette (coup de sabre sur le pied gauche) et Bayer (cuisse traversée par un éclat de boulet), les Brigadiers Nicolle (coup de sabre à l'avant bras droit), Wagner (coup de lance à la main droite), Beaumont (blessé à la tête) et Schaurer (coup de lance à la tête) et les Hussards Deroy (coup de lance), Clavier (plusieurs coups de sabre), Hamma (coup de feu), Hommel (coup de sabre au poignet), Dietch (coup de feu à l'épaule droite), Heckel (15 coups de sabre ou de lance), Billet (coup de sabre sur le pied) et le Trompette Mayer). A remarquer également la grosse proportion d'Officiers mis hors de combat : elle prouve que les chefs, au 5e Hussards, donnent vaillamment de leur personne et sont les premiers à fournir l'exemple de la bravoure et du sacrifice.
A noter que Martinien donne également blessé le Lieutenant Lombard.
Selon les travaux de D. et B. Quintin, le 5 e Hussards a eu à Austerlitz, 1 Officier tué et 1 Officier blessé mortellement, 4 Sous-officier et hommes de troupe tués, et 3 Sous-officiers et hommes de troupe mortellement blessés, soit au total 9 décédés dont 5 le jour même de la bataille.
Le 12 Frimaire an 14 (3 décembre 1805) à 10 heures, Murat écrit, de Vischau, à Napoléon : "… Mon aide-de-camp Dery que j'ai dirigé avec le 5e régiment d'hussards de Wischau sur Kremsier, m'a rendu compte de Morzits à deux heures après midi, qu'il s'était emparé de beaucoup de bagages, de chevaux de main et d'un grand nombre d'infanterie russe ; il m'a envoyé un major général russe blessé avec deux officiers; il continuait sa route sur Kremsier où il espère tomber sur le parc d'artillerie qui se retire, dit-il, par cette route; il assure aussi que d'après tous les renseignements, l'armée se retire aussi sur Olmütz ; par le même point. Arrivé à Kremsier, il doit me faire passer tous les renseignements qu'il pourra recueillir et je ne perdrai pas une minute pour les adresser à Votre Majesté …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 161, lettre 2257).
Le 19 décembre, le Régiment est à Czernovitz. Il est toujours dans la 1ère Division du 1er Corps. Le 22, le 5e Hussards est à la Division de cavalerie du 1er Corps, fort de 3 Escadrons (Nafziger XLC - Source : Archives françaises, Carton C2 484).
Par ailleurs, dans la Collection Nafziger, se trouve une situation en date du 1er janvier 1806, qui indique qu'à l'Armée française du Hanovre, commandée par le Général de Division Barbon, se trouve 1 Officier et 101 Hussards du Régiment (Nafziger XAF - Source : Archives françaises, Carton C2 470).
f/ 1806. Grande-Armée
Hussard, Compagnie d'élite, 1806, extrait de l'Historique régimentaire (collection de l'auteur)
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Le Corps Bernadotte marche ensuite sur Eichstadt et cantonne dans la principauté d'Anspach.
Le Capitaine retraité Schwab, l'Adjudant Ferrier, le Maréchal-des-logis Drouard et le Brigadier Fath sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur par Décret du 14 mars.
En avril, le Régiment, Brigade Picart, est compris dans la Division de cavalerie légère commandée par le Général Tilly, dont le quartier-général est à Anspach. Son effectif total de 39 Officiers, 817 hommes dont 643 présents, et 621 chevaux, est ainsi décomposé : l'Etat-major et le 1er Escadron à Pottsmandorf avec 17 Officiers et 158 hommes; le 2e Escadron à Mundelsten avec 8 Officiers et 161 hommes; le 3e à Kamerstein avec 7 Officiers et 162 hommes; le 4e à Wertzzaurach avec le même effectif que le 3e. Un Officier et 11 hommes sont détachés, 22 hommes sont aux hôpitaux et un Hussard est prisonnier de guerre. Le Dépôt est à Hameln, Mayence et Nimègue.
Le 11 avril 1806, depuis La Malmaison, l'Empereur écrit au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, les dépôts qui viennent du Hanovre recevront la destination suivante ... celui du 5e de hussards sur Namur ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 381 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11872).
Le 1er juin 1806, le 5e Hussards aligne 4 Escadrons totalisant 38 Officiers et 638 hommes.
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... Dans la 25e division militaire, il y a 7 200 lits entretenus (sans compter Wesel).
1er corps du maréchal Bernadotte
25e division militaire
... Namur 5e de hussards Namur ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Au mois de juillet, le 5e Hussards, toujours dans la même Brigade et la même Division, occupe les emplacements suivants : Etat-major avec le Colonel Schwarz à Steegaurach, 1er Escadron à Lichtenau, 2e avec le Chef-d'escadron Maignet à Frendsdorf, 3e à Susslingen, 4e avec le Chef d'escadron Hirn à Birchberg.
Le 11 juillet 1806, l'Empereur ecrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "... Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
... Le 5e [hussards fera partir un détachement de] 10 [hommes] ...
... Le 5e [hussards fera partir un détachement de] 10 [hommes] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).
Le 18 juillet, le 5e Hussards est au 1er Corps Bernadotte, Division de cavalerie Tilly, Brigade ?; son effectif est de 673 hommes et 674 chevaux répartis en 4 Escadrons (Nafziger 806GXC - source : Archives françaises, carton C2 481,482,483).
Le 23 juillet 1806, à Saint-Cloud, "Le ministre de l'administration de la guerre propose à l'Empereur de donner ordre au colonel du 5e régiment de hussards d'envoyer au dépôt de ce corps, à Namur, quelques officiers et sous-officiers capables"; l'Empereur répond : "Approuvé, mais où est le major ? donner ordre qu'il s'y rende sur-le-champ" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 546).
Le 1er septembre 1806, le 5e Hussards se trouve au sein de la Réserve de cavalerie commandée par Murat, sous le Général Lasalle qui commande la cavalerie légère de cette Réserve.
A la date du 10 septembre, le 1er corps était ainsi réparti :
Quartier général : Anspach.
Brigades légères : Seehof (quartier général), Lichtenfels (4e hussards ), Stegaurach (5e hussards ), Schesslitz (2e hussards), Hochstadt (5e chasseurs) - (Général H. Bonnal : "La manoeuvre d'Iéna : étude sur la stratégie de Napoléon et sa psychologie militaire du 5 septembre au 14 octobre 1806", R. Chapelot et Cie, Paris, 1904).
Le 17 septembre 1806, depuis Munich, le Major général informe l'Empereur que 55 hommes à pied du 5e Hussards quittent la 25e Division Militaire (dépôt du corps) afin de rejoindre le Régiment où il seront destinés à remplacer au besoin les hommes qui seraient envoyés aux hôpitaux (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna).
Le 20 septembre 1806, l'Empereur écrit au Major général, depuis Saint-Cloud : "... Il y aura à la réserve de cavalerie, sous les ordres du prince Murat, deux brigades de hussards et de chasseurs. Une sera commandée par le général Lasalle, et l'autre par le général Milhaud. Celle du général Lasalle sera composée des 5e et 7e de hussards ... Les régiments de ces brigades de cavalerie légère pourront être changés quand ils seront fatigués …
Donnez l'ordre qu'on réunisse les deux brigades de cavalerie légère : celle de hussards à Kronach ..." (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10837 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13004; P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna ; P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; lettre également citée par le Général Bonnal).
Le même jour, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, mon intention est que les hussards et les chasseurs suivent le règlement, et qu'à leur entrée en campagne toutes leurs aigles soient envoyées au quartier général ... la cavalerie légère n'aura point d'aigles. Faites exécuter sur-le-champ ces mesures ; vous en sentez l'importance" (Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10839 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13006).
Le 22 septembre, le Régiment (Cavalerie légère de la Réserve) présente la situation suivante :
- 1er Escadron : 17 Officiers et 193 hommes, 218 chevaux de troupe; 3 hommes aux hôpitaux.
- 2e Escadron : 9 Officiers, 196 hommes, 193 chevaux de troupe; 2 hommes aux hôpitaux.
- 3e Escadron : 9 Officiers, 190 hommes, 189 chevaux de troupe; 2 hommes aux hôpitaux.
Soit au total 35 Officiers et 579 hommes (situation également donnée par Nafziger 806IAL - source : Foucart, "Campagne de Prusse, 1806" et Nafziger 806JLB en date du 14 octobre - sources : Foucart, "Campagne de Prusse (1806), Operations du 3e Corps, 1806-1807, Rapport du Maréchal Davout, Duc d'Auerstaedt", 1896, Paris, Calmann Lévy).
Le 26 septembre, le Régiment (Cavalerie légère de la Réserve) présente la situation suivante :
- 1er Escadron : 17 Officiers et 203 hommes, 218 chevaux de troupe.
- 2e Escadron : 9 Officiers, 196 hommes, 193 chevaux de troupe.
- 3e Escadron : 9 Officiers, 160 hommes, 189 chevaux de troup.
Soit au total 35 Officiers, 579 hommes et 600 chevaux (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Hussard du 5e Hussards, Compagnie d'élite, 1806, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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g/ 1806 - 4e Coalition
Officier du 5e Hussards, très certainement aux alentours de 1807; fac-similé d'un dessin de Nicolas Hoffmann conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris
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Hussard du 5e Hussards, très certainement aux alentours de 1807; fac-similé d'un dessin de Nicolas Hoffmann conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris |
Hussard du 5e Hussards, très certainement aux alentours de 1807; fac-similé d'un dessin de Valmont conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris |
Officier du 5e Hussards en 1807-1808 d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N° Spécial 1971) |
Chef d'Escadron en 1807 d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N°38 de 1977)
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Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
Maréchal des logis de la compagnie d'élite du 5e Hussards en grande tenue portant l'étendard du 1er escadron, 1806, d'après Rigo, in Tradition N°225
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Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808, d'après la Suite dite de Otto de Bade (Copyright: Anne S.K. Brown Military Collection, Brown University Library; avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808. Exemplaire du Musée de l'Armée, donné dans la revue Uniformes N°62 |
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Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808. Fac-similé réalisé par L. Rousselot et publié en 1942-1943 par A. Depreaux |
Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base de l'exemplaire du Musée de l'Armée (D R) |
Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808, d'après Klaus Tohsche; la source est la Suite dite de Otto de Bade |
Hussard de la Compagnie d'élite vu à Berlin en 1806-1807. Interprétation de Rigo ; Le Plumet, planche U 13 |
Détails de la tenue tels que donnés par Rigo in Tradition N°224 |
Trompette daté 1808 d'après P. A. Leroux; Editions R. L. Source non mentionnée |
Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 1. |
Hussard du 5e Hussards, 1810; fac-similé d'un dessin de Valmont conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris |
Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Richard Knötel, Uniformenkunde, Volume 11, planche 33 ; source indiquée : Martinet |
Schéma tiré de la collection Knötel, Rastatt (le document est titré : "1804-1812 - Husaren - Czakos u. Säbeltaschen (nach Martinet)" et porte au bas la mention R. Knötel 31 März 1902") |
Uniforme du 5e Hussards, 1807, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Hussard du 5e Hussards d'après Louis de Beaufort (Le Briquet, 1973-1); daté de 1810, le type a pour source Valmont |
Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Klaus Tohsche; la source est R. Knötel |
Hussard en pelisse du 5e Hussards, 1807; dessin signé F. R. |
Le même dessin noir et blanc; collection Claude Achard, avec son aimable autorisation |
Au cours de cette campagne, le brave 5e Hussards donne toute la mesure de sa bravoure, de son allant et de sa magnifique endurance. Il faut dire qu'il va être mis entre les mains de celui qui peut être sans crainte classé comme le premier cavalier léger et le plus fameux entraîneur d'hommes qui fût jamais sur terre : nous avons nommé le célèbre Général Lasalle.
A l'occasion de la guerre contre la Prusse, le Régiment fait partie, avec le 7e Hussards, d'une des deux Brigades de cavalerie légère chargées d'éclairer la masse colossale de Dragons, de Carabiniers et de Cuirassiers formant la Réserve de cavalerie du Prince Murat. L'autre Brigade est la Brigade Milhaud. A partir de ce moment, l'histoire du 5e Hussards se fond étroitement avec celle de la Brigade Lasalle.
La quatrième coalition s'est secrètement formée contre la France. La Prusse jette le masque et envoie une armée en Saxe. Napoléon, informé des agissements de ses ennemis et d'avance préparé à la lutte, marche aussitôt contre l'armée prussienne. Le Corps Bernadotte passe le défilé de Cronach et arrive à Schleitz, où il livre un combat important. L'armée française étant entrée en Saxe prend ses positions en avant de l'armée prussienne. Bernadotte reçoit l'ordre de se placer à Dornbourg entre Iéna et Naumbourg. Il n'est pas sérieusement engagé lors des batailles d'Iéna et d'Auerstedt.
Plusieurs engagements ont lieu où il faut citer au 5e Hussards : le Capitaine Villate, blessé à Crevitz le 3 octobre, où il a trois chevaux tués sous lui; Martinien donne également pour le même combat le Lieutenant Epinger blessé et mort le 6 (à noter que selon l'Historique du 5e Hussards, le Lieutenant Epinger est tué à Prentzlow).
L'Adjudant Joyenval (coup de sabre à la tête) et les Hussards Schoffmann (coup de sabre), Chantebien (coup de sabre à la main gauche) et Canter (coup de sabre à la tête) sont blessés à Iénitz.
Le 5 octobre 1806, Murat écrit à l'Empereur, depuis Bamberg : "Sire, j'arrive à l'instant de Kronach, où je m'étais rendu, ainsi que j'avais eu l'honneur de l'annoncer hier à V. M., pour y passer en revue les troupes légères des généraux Lasalle et Milhaud. On a été obligé de les disséminer en tant d'endroits différents que malgré que l'ordre de les réunir eût été donné hier soir, elles n'auraient pu l'être que demain dans la journée. J'ai donc dû revenir sans les voir ; mais le général Lasalle et les colonels des 5e et 7e régiments d'hussards m'ont assuré que ces deux corps ne manquaient de rien, et pouvaient entrer sur le champ en campagne. Ils ont 500 chevaux chacun. Le 13e, que j'ai vu en route se rendant de Lichtenfels à Kronach, m'a paru superbe et très bien disposé ; il est à peu près de la même force. Le général Milhaud n'a pas encore paru avec le 11e régiment de chasseurs ; je lui ai envoyé l'ordre de se rendre à sa destination ..." (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 369, lettre 2564).
Le 7 octobre à 10 heures du matin, le Major général écrit depuis Bamberg à Murat :
"L'intention de l'Empereur est que le grand-duc (prince Murat) se tienne en position, ayant en avant de lui la brigade du général Lasalle qu'il tiendra le plus réunie possible pour en former une réserve ; mais il enverra reconnaître la droite sur Hof, et comme le général Wathier qui se portera en avant avec un régiment en a trois, le grand-duc se trouvera avoir en masse quatre régiments et sera couvert vis-à-vis de lui par le général Wathier avec un régiment, à sa gauche par le général Milhaud, à sa droite par le général Lasalle".
Il faut savoir que le prince Murat avait le commandement de toute l'avant-garde de l'armée pour comprendre l'expression : "le grand-duc se tiendra en position".
Cela veut dire que le 1er corps occupera une position sur le revers oriental du Frankenwald pendant que s'exécuteront les reconnaissances de la cavalerie.
Le major général veut que la brigade Lasalle (5e et 7e hussards) forme avec deux des régiments de la brigade Wathier une réserve de quatre régiments et, d'autre part, il dit que le prince Murat sera couvert à sa droite par le général Lasalle.
La forme ambiguë de cette partie de l'instruction ne pouvait amener de la part du prince Murat que des mesures malencontreuses ; c'est ce qui eut lieu.
(...) Le major général, si médiocre traducteur qu'il soit des intentions de l'Empereur, se garde bien de dire : "La cavalerie, aux ordres du prince Murat, explorera le secteur : Hof-Schleiz-Saalfeld."
Tout au contraire, le gros de la division de cavalerie, qui comprendra 4 régiments sur 6, doit marcher réuni, sur la chaussée de Leipzig, couvert, en avant, par un régiment de la brigade Wathier, à gauche, par l'unique régiment du général Milhaud, à droite, par un détachement de la brigade Lasalle.
Ces trois généraux de brigade sont chargés de diriger les reconnaissances sur les trois directions indiquées.
Continuons l'analyse de l'instruction.
"Ces trois généraux (Wathier, Milhaud, Lasalle) passeront le Main (sic) dès demain, à une ou deux lieues, chacun sur sa direction, ayant battu et éclairé le pays."
Comment le major général a-t-il pu prescrire que les généraux Wathier, Milhaud et Lasalle passeraient le Main, le 8 au
matin, alors que ces brigades étaient cantonnées depuis nombre de jours à plusieurs lieues au nord de cette rivière ?
D'ailleurs, la région de la rive droite du Main est très boisée, très montagneuse, et les brigades légères étaient bien empêchées de battre et d'éclairer le pays à deux lieues les unes des autres, chacune sur sa direction.
Le maréchal Berthier a-t-il commis un lapsus et a-t-il voulu dire la Saale ? Non, certes, puisque la brigade Milhaud est chargée de reconnaître Gräfenthal et Saalfeld, qui sont sur la rive gauche, pendant que la brigade Lasalle enverra reconnaître sur Hof, même rive.
Le major général suppose donc que les brigades légères cantonnent au sud du Main et qu'elles vont pouvoir chevaucher, à travers monts et vallées, comme en pays ouvert.
Jamais chef d'état-major n'a commis une pareille erreur" (Général H. Bonnal : "La manoeuvre d'Iéna : étude sur la stratégie de Napoléon et sa psychologie militaire du 5 septembre au 14 octobre 1806", R. Chapelot et Cie, Paris, 1904).
Shako attribué au 5e Hussards et conservé au Musée du Fort de Joux; la plaque est du modèle 1806 en usage jusqu'en 1810. Notons toutefois que selon C. Blondieau, le 5e Hussards n'a en principe pas touché de plaque |
Le 8 octobre 1806, à 1 heure du matin, Murat écrit, depuis Kronach, au Général Lasalle : "Monsieur le général, les hostilités sont commencées dès hier. Monsieur le maréchal Soult doit avoir occupé Bayreuth et son avant-garde sera vraisemblablement aujourd'hui à Münchsberg. Arrivé à Lobenstein, mettez-vous en marche avec le 5e régiment d'hussards pour reconnaître Hof. Marchez avec précaution, ayant une avant-garde d'un escadron. Vous resterez vous-même de votre personne à la tête des autres. Vous êtes prévenu que le général Wattier marche sur Saalbourg avec un régiment et le général Milhaud sur Graffenthal et Saalfeld. Je me mettrai moi-même en position et comme en réserve sur Lobenstein où vous devez m'adresser les nouvelles que vous apprendrez de l'ennemi. Un officier du génie vous accompagnera dans cette reconnaissance. Je désire connaître d'une manière positive si Hof est occupé par l'ennemi, et s'il s'y trouve en force, si la route de Lobenstein sur ce point est praticable pour l'artillerie et quelles ressources offrent les villes et villages qui y sont situés" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 373 lettre 2567).
Le 8 octobre, le Général Bellliard écrit depuis Ebersdorf au Major général : "Mon Prince, j'ai l'honneur de rendre compte à V. A. S. que ce matin l'avant-garde du corps d'armée de réserve s'est mise en mouvement à 3 heures du matin pour se porter sur Lobenstein ; arrivé sur ce point, le Prince a envoyé reconnaître Hof par le général Lasalle ...
Ce soir, ... Le 5e régiment de hussards, sous les ordres du général Lasalle, est à Lichtenberg ..." (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna ; P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Le même jour, depuis Lichtenberg, Lasalle écrit à Murat :
"J'arrive à l'instant à Lichtenberg; il est deux heures. Un ordre avait été donné par le commandant de Hof de fournir des subsistances de Lichtenberg à Hof. Elles sont parties hier 7 de la première ville et arrivées à Hof vers minuit. Dans ce moment toutes les troupes en partaient à la hâte ; tous les chevaux ont été mis en réquisition pour évacuer les magasins vers Plauen, où ils se sont dirigés.
Le chef d'escadron Maignet est parti avec 100 chevaux pour Hof avec l'officier du génie. J'ai fait bivouaquer le 5e régiment et l'ai bien couvert de grand'gardes. Les chemins de Lobenstein ici sont pierreux, étroits, montueux, cependant pas assez mauvais pour n'y pas faire passer de l'artillerie. Je suis passé par le chemin le plus court par Arra. L'officier du génie retournera par Lichtenbrunn que l'on dit meilleur" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
De son côté, le Chef d'Escadron Maignet, du 5e Hussards, écrit à 5 heures et demie du soir depuis Hof, au Général Lasalle :
"Les Prussiens sont partis à une heure du matin. Les avant-postes étaient à une lieue de la ville. L'ennemi se retire sur Plauen et Schleiz.
Munchberg est occupé par les Français.
Les habitants reçoivent les Français avec plaisir.
Je me suis saisi de la poste aux lettres et de tous les paquets. Je vous les adresse ...
Les chemins, sont très-praticables.
Je vais coucher à Naila, trois lieues d'ici. J'attends vos ordres.
D'Ebersdorf à Licbtenberg, 14 kilomètres; de Lichtenberg à Naila, 7 kilomètres; de Naila à Hof, 15 kilomètres" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Le 9 octobre 1806, à 5 heures du matin, le Maréchal Soult écrit depuis Münchberg à l'Empereur : "... La reconnaissance du 8e de hussards qui a été à Hof a rencontré comme elle entrait dans la ville un escadron du 5e de hussards venant de la colonne du centre; ainsi la communication est parfaitement établie ; ces deux troupes qui ne se reconnaissaient pas d'abord, ont manqué en venir aux mains ..." (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna).
"La méprise s'explique moins par la diversité de couleur dans l'uniforme des régiments de hussards à cette époque que par l'étonnement qu'éprouvent toujours deux troupes à cheval quand elles s'aperçoivent tout à coup à faible distance" (Général H. Bonnal : "La manoeuvre d'Iéna : étude sur la stratégie de Napoléon et sa psychologie militaire du 5 septembre au 14 octobre 1806", R. Chapelot et Cie, Paris, 1904).
"Murat, qui marchait en avant, éclairant le corps de Bernadotte, traversa le défilé central avec la brigade du général Lasalle, composée des 5e et 7e hussards, la brigade Wathier (4e hussards et 5e chasseurs), et le 13e chasseurs, de la brigade Milhaud. Arrivé à Lobenstein, il envoya un régiment à droite vers Hof, un régiment à gauche vers Saalfeld, pour reconnaître et dégager au besoin les défilés par où allaient déboucher les autres corps de l'armée ; puis, après avoir attendu le 27e léger qui le suivait de près, conduit par le général Maison, il continua sa route vers Saalburg" (Colonel Rimbert : "Les gloires du drapeau", 1894).
A 6 heures du soir, le même jour, Soult écrit à l'Empereur, depuis Gross-Zöbern : "... Un rapport que je reçois à l'instant du commandant de l'escadron qui a été sur Schleiz, porte qu'il a communiqué à hauteur de Schillbach avec deux partis du 5e de hussards, dont l'un était conduit par le colonel qui se dirigeait sur Muhltruf ; ainsi la communication avec la colonne du centre est parfaitement établie, et d'après ce mouvement je considère comme indispensable celui sur Plauen, que j'ai l'honneur d'annoncer à V. M." (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna). Et dans une autre adressée au Major général : "J'ai envoyé un escadron du 11e de chasseurs sur Schleiz, pour porter un rapport à Sa Majesté et lier communication avec la colonne du centre; ce dernier objet est rempli, car une lettre que je reçois dans l'instant du commandant de cet escadron m'instruit qu'il a rencontré deux partis du 5e de hussards qui se dirigeaient sur Muhltruff" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Le 10 octobre 1806, à 2 heures du matin, Murat écrit depuis Schleiz à l'Empereur pour lui annoncer la prise de cette ville; il signale par ailleurs que son Aide de camp, le Chef d'Escadron Déry, a blessé le Colonel du Régiment saxon de Dragons rouges (sic) Prince Jean. Le même Déry lui annonce ensuite la prise d'une centaine de prisonniers (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna ; P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
"Lasalle débuta dans cette campagne par un coup de maître. Joignant sur la route de Naumburg les bagages d'une division prussienne, il lâche ses hussards sur l'escorte, l'enlève en entier et se trouve devant trois cents caissons bien remplis. Parmi ceux-ci les voitures des quartiers-maîtres contenant l'or des approvisionnements et de la solde. Fameuse aubaine ! Sans perdre une minute et tout en poussant des partis de cavalerie sur la route de Leipzig, Lasalle, en un tournemain, fait mettre bas les sacs remplis d'espèces sonnantes et distribue leur contenu, en entier et par parts égales, à ses hommes. On devine leur allégresse et les vivats qu'ils poussent en garnissant leur ceinture. C'était droit de conquête".
Lasalle s'était acquis de la sorte la gratitude indestructible de ses troupes. Aussi allait-il pouvoir leur demander de gros efforts et parfois de sanglants sacrifices" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Le Général Bonnal écrit : "Toute la brigade Lasalle fut
détachée sur la droite pour établir la liaison dans la vallée de la Saale avec le maréchal Soult et, le 9, au combat de Schleiz, le prince Murat ne put disposer que de deux régiments, ce qui fit dire à l'Empereur, le 10 au matin :
"Il m'a paru que vous n'aviez pas sous la main assez de cavalerie réunie; en l'éparpillant toute, il ne vous restera rien. Vous avez 6 régiments ; je vous avais recommandé d'en avoir au moins 4 dans la main, je ne vous en ai vu hier que 2".
Assurément, la critique de l'Empereur était fondée, mais encore fallait-il que ses intentions transmises par le major général fussent claires et ne portassent pas que la droite du prince Murat dût être couverte par la brigade Lasalle" (Général H. Bonnal : "La manoeuvre d'Iéna : étude sur la stratégie de Napoléon et sa psychologie militaire du 5 septembre au 14 octobre 1806", R. Chapelot et Cie, Paris, 1904).
Le 11 octobre 1806, Lasalle écrit à Murat depuis Wachholder-Baum, sur la route de Zeitz :
"J'espère que vous serez content de mes hussards, ils ont pris plus de 300 voitures ou caissons, fait 100 prisonniers, mais ils ont à se louer de votre bonté. Les équipages de 3 régiments, ceux des quartiers-maîtres, sont en notre pouvoir et ils sont déjà très riches.
M. Lagrange, aide de camp de V. A., est parti avec 50 chevaux pour Zeitz. Il pourra vous dire le tort énorme fait à l'ennemi. Les caissons sont chargés d'effets de campement, de souliers neufs, d'habillement, d'avoine, etc., et d'argent ou bancozettels.
Il serait à propos de tout faire réunir. Je n'ai pu le faire.
J'ai à vous rendre un compte flatteur de l'intelligence de M. Méda, du 7e de hussards, et de MM. Epinger et Quack, du 5e, qui ont été déjà proposés à V. Exe. pour le grade de capitaines (il n'y en a que 2 dans ce régiment). Ces officiers ont perpétuellement tenu la tête de la colonne" (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna).
Le 12 octobre, le 2e bulletin de la Grande Armée, établi à Auma, déclare : "Le 11, le grand-duc de Berg est arrivé à Géra. Le général de brigade Lasalle, de la cavalerie de la réserve, a culbuté l'escorte des bagages ennemis ; 500 caissons et voitures de bagages ont été pris par les hussards français ; notre cavalerie légère est couverte d'or. Les équipages de pont et plusieurs objets importants font partie du convoi. ..." (Panckoucke : « Œuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 35 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 28 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 10987).
Depuis Zeitz, Murat écrit à l'Empereur, le 12 octobre 1806 : "… J'ai envoyé le général Lasalle avec ses deux régiments d'hussards à Mölsen, il aura un escadron à Weissenfels, cet escadron reconnaîtra demain matin Naumbourg et jettera des coureurs sur Mersebourg et Leipzig. Je m'établis avec les divisions de dragons à Teuchern et le Prince de Ponte-Corvo à Meineweh avec toute son infanterie, couvert par sa cavalerie légère qui aura un régiment à Stössen, reconnaîtra demain matin Naumbourg ; de cette manière nous nous trouvons pour ainsi dire en masse et en mesure d'opérer tous les mouvements qu'il plaira à Votre Majesté d'ordonner, sur Weissenfels ou sur Naumbourg, et ma cavalerie, quoique sous ma main, pourra remplir les intentions de Votre Majesté. Par ma position de Teuchern je me trouve parfaitement lié avec le maréchal Bernadotte et ma cavalerie légère, et je me trouve avoir intercepté les routes de Naumbourg à Leipzig, Mersebourg et Halle. Le général Milhaud me couvrira avec le 13e de chasseurs sur Weissenfels et Naumbourg, et le 27e régiment d'infanterie légère que j'établis à Teuchern soutiendrait ma cavalerie en cas d'événements ..." (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 385, lettre 2578).
Le même jour, le 5e Hussards fort de trois Escadrons fait partie de la Brigade de Cavalerie légère sous le Général Lasalle (Nafziger 806JAB - source : Bressonnet, P., "Etudes tactiques sur la campagne de 1806 (Saalfeld-Iéna-Auerstedt)", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
Maurice de Tascher, alors Sous lieutenant au 8e Hussards, note dans son journal que le 12 octobre, "Le corps du maréchal Soult (qui est le nôtre) fait aujourd'hui sa jonction avec ceux du maréchal Bernadotte et de Murat, près de la petite ville de Géra. Celui du maréchal Ney est à une journée de nous. Quel regret lorsque j'ai reconnu les pelisses blanches du 5e hussards en songeant que Sainvilliers (note : Nom que Maurice réserve à son ami Saint-Hilaire ) n'était pas là.
L'Empereur vient d'arriver avec une partie de la Garde et nous a fait une proclamation. Voilà donc enfin la guerre ouverte, nous voilà en bataille et l'ennemi n'est pas loin. D'ici à peu de jours, il y aura du nouveau" (M. de Tascher : Le journal de campagne d'un cousin de l'Impératrice, 1806-1813).
Toujours le 12 octobre 1806, le Capitaine Thérond, du 5e Hussards, Aide de camp du Général Lasalle, adresse à ce dernier depuis Pegau le message suivant :
"Nous sommes arrivés à Pegau à 9 heures, la ville est assez grande; M. Piré vient de partir pour une reconnaissance sur Leipzig. Le colonel se propose de le suivre de près ; il paraît que les renseignements que vous avez pris sur cette dernière ville sont vrais ; mais d'après ceux que le colonel a pris, les 800 hommes sont partis à midi ; nous vous dirons quelque chose de plus certain dans huit heures" (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna).
Précisons que le Capitaine Piré mentionné ici est Marie-Guillaume de Rosugvineu (pour Rosnyvinen), comte de Piré, alors Capitain au 7e Hussards et futur Général de Brigade en 1809.
"Le général Thoumas cite la pointe audacieuse que Curely a poussée sur Leipzig, le 12 octobre 1806, deux jours avant la bataille d'Iéna, et que le général de Brack rappelle en ces termes : "En 1806, à vingt lieues en avant de notre armée et à la tête de 20 hussards du 7e, Curely avait porté la terreur dans Leipzig où se trouvaient 3.000 Prussiens.
Le détachement comprenait en fait cinquante chevaux (vingt-cinq de chacun des 5e et 7e Hussards) ; il resta en bataille sur une des places publiques pendant presque toute la nuit, et, lorsque le jour vint, il fallut quitter la ville, qui commençait à se remuer en voyant la faiblesse du détachement et rejoindre la brigade après avoir parcouru trente-cinq lieues en vingt-quatre heures"." (Albert-H. Dupont : "Recherches sur les raids de cavalerie et les courses de fond"; S. Milon fils; Saumur; 1897).
A 11 heures et demie du soir; Lasalle écrit depuis Molsen à Murat :
"Monseigneur, le chef d'escadron Maignet que j'avais envoyé d'après vos ordres à Weissenfels, vient de rentrer avec son détachement qui a pris 25 à 30 hommes et 72 chevaux, 2 caissons chargés.
Ces chevaux étaient conduits par des pontonniers qui venaient de Naumburg sous le commandement d'un officier. Il a rencontré le commandant Maignet, qui a reçu de lui un coup de sabre sur la main, mais qui a tué l'officier. Le reste des 144 chevaux qui étaient à Weissenfels s'est évadé à la faveur de la nuit. Deux hussards ont reçu de légers coups de sabre. Le combat a eu lieu sur la grande place de Weissenfels. Je fais partir un autre chef d'escadron, M. Méda, avec 100 autres chevaux pour achever d'enlever ce qui y reste et couvrir ma gauche" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
A minuit 30, Lasalle adresse depuis Molsen une nouvelle lettre à Murat : "Monseigneur, j'ai l'honneur de vous adresser le maître de poste et un sac de lettres enlevés après l'affaire de Weissenfels par l'officier d'arrière-garde qu'y avait laissé le brave et intelligent commandant Maignet.
J'apprends qu'un quart d'heure avant que cet escadron entrât dans Weissenfels, 100 Saxons et Prussiens en étaient sortis.
Le chef d'escadron Méda est parti. Je n'ai point encore de nouvelles de Pegau.
Partout où je suis passé, les habitants nous ont pris pour des Saxons.
De Molsen à Weissenfels, 10 kilomètres" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Hussard en tenue d'écurie du 5e Hussards, sans date, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2) |
Hussard en tenue d'écurie du 5e Hussards, sans date, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source des fournitures faites au Régiment
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Si l'on considère que les Hussards saxons portent une tenue bleu clair et blanche, la confusion avec le 5e Hussards français devient de ce fait tout à fait crédible.
Le 13 octobre, le Capitaine Piré écrit depuis Weissenfels au Général Belliard : "J'ai l'honneur de vous rendre compte que, conformément, à vos ordres, je me suis séparé hier soir du chef d'escadron Mathis et que je me suis porté sur Leipzig, avec les 50 hommes sous mon commandement. Les renseignements que j'ai pris en route m'ont appris d'une manière certaine que le bataillon saxon de garnison en cette ville en était parti à 3 heures pour Dresde, et qu'il n'y avait plus dans la place qu'une cinquantaine de grenadiers de garde aux équipages échappés de la déroute de Géra, 20 hussards et 30 dragons. En conséquence, à 2 heures du matin, je me fis ouvrir la barrière avancée du faubourg et me portai rapidement sur la grand'garde. Au moment où la sentinelle criait Qui vive ! le maréchal-des-logis Dam du 5e de hussards se précipita sur elle, la désarma et ensuite se jeta sur les grenadiers ; il les força à coups de sabre à nous rendre les armes. MM. le capitaine Therond, aide de camp, Quack, lieutenant du 5e de hussards, et Curély, du 7e, m'ont rendu les plus grands services pour l'activité et le zèle qu'ils ont mis pour me seconder dans cette affaire, et à réunir les 60 prisonniers et les 8 officiers que j'ai envoyés au quartier général.
J'ai trouvé le corps municipal fort bien disposé pour le bien du service de S. M. La ville offre de grands secours de tout genre; il n'y a qu'un seul magasin à fourrages, de peu de conséquence, appartenant aux Saxons : aucun détachement prussien n'avait traversé la ville depuis plus de 15 jours; on n'y supposait pas l'armée prussienne très considérable et l'opinion paraissait fixée sur sa destination prochaine.
A 3 heures du matin, je suis parti emmenant nos prisonniers, une trentaine de voitures et 80 chevaux. Je n'ai pu m'emparer des lettres, ayant bravé de très-fortes oppositions ; j'ose vous prier, mon Général, de vous intéresser au brave maréchal-des-logis Dam, du 5e de hussards, qui a en outre toujours tenu une conduite distinguée dans son corps" (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna ; P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
De son côté, Lasalle écrit depuis Molsen à Murat : "Le chef d'escadron Maignet, blessé hier dans l'attaque du convoi qu'il a pris à Weissenfels, se rend au quartier général de Votre Altesse, pour y faire la remise des 7 fourgons et 150 chevaux environ qu'il a pris et qui n'ont pu me rejoindre que ce matin. Vu la distance d'ici à Leipzig et de cette ville à Pegau, j'ai renvoyé mon aide de camp avec 25 chevaux frais à Pegau.
Je recommande à Votre Altesse le brave chef d'escadron Maignet qui, déjà blessé deux fois en Italie, n'en est que plus courageux, mais se trouve à plaindre, dit-il, d'être déjà blessé dès le commencement de la campagne; il mérite la croix d'officier de la Légion.
Permettez-moi, à cette occasion, de vous rappeler que le 5e régiment de hussards manque de 10 officiers aux escadrons de guerre et qu'il n'y en a point au dépôt. Il est instant de les remplacer.
Les équipages pris appartiennent à l'artillerie et aux pontonniers, et les chevaux haut le pied allaient en toute hâte rechercher des pièces pour remplacer celles des 3 batteries enlevées par M. le maréchal Lannes; jamais déroute semblable n'eut lieu après un seul combat. On dit que les Prussiens n'ont que 40,000 hommes en campagne et les Saxons 15,000, et toute l'armée est déjà en désordre" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
A la suite de cette lettre, le Chef d'Escadron Maignet est employé au Dépôt de cavalerie de Potsdam.
Le même jour, à 4 heures de l'après midi, Murat écrit à l'Empereur, depuis Naumburg : "Les hussards du 7e et du 5e régiments sont entrés ce matin dans Leipzig ; ils ont fait prisonnière la garde de la porte. Le général Lasalle me mande qu'il m'envoie l'avant-garde de ce qui a été pris aux portes, ce sont des officiers, la garde de la porte et quelques bagages ..." (P. Foucart : Campagne de Prusse (1806) : d'après les archives de la guerre. Iéna; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 388, lettre 2581).
"La réserve de cavalerie ne fut engagée le 14 octobre ni à Iéna ni à Auerstaedt. A voir les décisions du destin on reste confondu. Non seulement ces deux immortelles victoires n'offrirent pas à Lasalle l'occasion de donner sa mesure, mais, par voie de conséquences, elles faillirent lui coûter l'honneur et même la vie. étrange destinée du soldat où le hasard se complaît à détruire en un jour tout ce qu'a pu lui valoir une vie entière de dévouement et de sacrifices" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Parquin dans ses souvenir note toutefois le 14 octobre : "Je me rappellerai toujours un maréchal des logis du 5e hussards, à la figure martiale, et dont la pelisse d'une couleur blanche était toute couverte de taches de sang. Il venait d'avoir le bras fracassé par un boulet, et cependant il ne cessait de dire aux chasseurs du régiment qui se croisaient avec lui et montaient le défilé : "Allez, allez, braves chasseurs, les Prussiens ne sont pas méchants !"".
Le Régiment doit avec la Brigade Lasalle et réserve de cavalerie sous Murat poursuivre l'ennemi avec une extrême vigueur. Une situation de Nafziger indique que le 5e Hussards poursuit les prussiens du 15 octobre au 15 novembre 1806 (Nafziger 806JAF).
Sous les murs d'Erfurt, Murat écrit à l'Empereur, le 16 octobre 1806 à 10 h. 30 [du matin) : "… Je marche avec (sic) sur Langensalza avec la division Beaumont et les deux divisions de grosse cavalerie, ayant en tête la brigade Lasalle et soutenu par le corps du maréchal Ney. Je dirige le général Klein, éclairé par le 13e régiment de chasseurs, sur Tennstädt, communiquant avec Langensalza et Weissensee et Cölleda ; demain, suivant les nouvelles que j'aurai de l'ennemi, je le suivrai ou sur Sondershausen ou sur Mulhausen, à moins d'ordre contraire de Votre Majesté ..." (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 38-39 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 393, lettre 2585).
"Les armées prusiennes fuyaient sur les routes de Saxe dans un désordre effroyable. Si la garde et les meilleurs régiments se serraient encore autour de leurs chefs, le reste n'était plus que cohue. La brigade de hussards donna tête baissée dans la débâcle, ramassant les prisonniers par paquets, prenant à peine le temps d'en expédier des milliers à l'arrière sous l'escorte goguenarde de deux ou trois briscards.
Cependant, le 17 octobre, la division de dragons Klein avait mis la main sur la place de Weissensee avant que le corps prussien de Blücher ait pu l'atteindre. C'était pour celui-ci la fin inévitable car il avait Lasalle à ses trousses et derrière - loin, il est vrai, mais susceptible d'arriver à temps s'il y avait bataille - Murat avec un gros de cuirassiers et de dragons. Or, pour Blücher, il fallait avant tout prendre du champ, gagner une position favorable où il pût marquer un temps d'arrêt, rassembler les fuyards et, peut-être, recevoir quelques renforts. Tout retard causait sa perte.
Plutôt que de forcer le passage, Blücher préfère employer la ruse. Au lieu d'attaquer, il parlemente. A Klein, bonasse, il donne par écrit sa parole qu'un armistice de trois semaines vient d'être conclu entre le Roi son maître et l'Empereur des Français. La Prusse s'avoue vaincue, elle veut traiter; son armée est écrasée ou prisonnière; les quelques milliers d'hommes groupés autour de lui sont tout ce qui a échappé au désastre; il a l'ordre de se replier sur Berlin pour assurer la paix dans le royaume et ainsi permettre de négocier vite et bien. En conséquence, il demande libre passage pour lui et pour ses troupes.
Le général Klein a la simplicité de croire en la parole du Prussien et s'efface.
C'était le moment où les éclaireurs de Lasalle prenaient contact avec l'arrière-garde de Blücher. Lasalle, prévenu, se porte en avant au galop. Il voit les lourds bataillons prussiens s'ébranler et pénétrer dans la ville. D'un coup d'oeil il estime la colonne ennemie à 8.000 baïonnettes et 6.000 cavaliers. L'arière-garde - 2.000 grenadiers et une batterie - a pris sa formation de combat face à lui. Que faire ? Va-t-il attaquer avec ses sept cents chevaux ? Ce serait vouer sa brigade à une destruction complète. Cette soi-disant tête brûlée a avant tout l'horreur du sang inutilement répandu. Il renonce.
Cependant, la rivière franchie par le dernier de ses grenadiers, Blücher se démasque et fait sauter les ponts ..." (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Voici en quels termes le brave Lasalle rend compte à Murat et au Général Belliard, dans son rapport adressé le soir de Gebesee, de sa rencontre avec le Général Blücher et pourquoi il a laissé passer la colonne de ce dernier : "En sortant de Lutzensonnern, je voulais prendre la route de Frankenhausen, où l'on disait que l'ennemi se retirait, mais mes avant-postes, en sortant de Greussen aperçurent une colonne de plus de 3000 hommes de toutes armes; un ruisseau et un étroit défilé étaient derrière moi, je le passais d'abord et me mettais en bataille, dans une bonne position, lorsqu'on vint m'instruire qu'un parlementaire se présentait. C'était un officier prussien qui assura de la part du général Blücher, qui commandait la colonne, qu'un armistice avait eu lieu. Sans trop y ajouter foi, j'en ai profité pour venir prendre position à Gebesse, en arrière d'un ruisseau nommé Unstrut, j'y ai rassemblé mes prisonniers et mes chevaux de prise et j'y attends impatiemment vos ordres. Il est pénible pour moi d'avoir la crainte d'avoir fait quelque chose qui ne soit pas dans vos intentions, mais, Monseigneur, j'ai cru bien faire en faisant ce mouvement dont le résultat est à peu près satisfaisant" (Archives du prince Murat. D. 125. 4 - cité par Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 396; repris par M. Molières : "La poursuite après Iéna, 1806", Gloire et Empire N°49).
Curelly de son côté affirme que Lasalle a attaqué et a été repoussé : "Le 17, le général Lasalle fut chargé de reconnaitre la marche du corps du général Blücher, qui se retirait en bon ordre dans la direction de Sonderhausen et, ayant attaqué avec ses éclaireurs la queue de la colonne prussienne, il fut forcé de faire un mouvement rétrograde qui faillit lui être funeste. L'ennemi avait 20000 hommes d'infanterie et 5000 chevaux; la brigade n'avait que 600 à 800 chevaux; Lasalle fit sa retraite en bon ordre et ne perdit pas un hommes, mais il fut blâmé par l'Empereur et mis à l'ordre de l'armée comme ayant fuit devant les Prussiens". Quant à Belliard, Chef d'Etat major de Murat, il écrit, dans son rapport adressé à Berthier : "... Le général Lasalle rencontra de même une colonne ennemie qui annonça l'armistice et demanda le passage. Lasalle, qui n'avait que ses deux régiments à opposer, ne fit pas de difficultés" (in M. Molières : "La poursuite après Iéna, 1806", Gloire et Empire N°49).
Depuis Immenrode, Murat écrit à l'Empereur, le 17 octobre 1806, à 10 heures du soir : "... Le général Klein a commis une grande faute, et à son exemple le général Lasalle en a fait une seconde : ils ont laissé passer hier, l'un à Weissensee le général Blücher avec 5000 hommes, et l'autre une autre colonne à Tennstädt, parce que le général Blücher leur a assuré qu'il y avait un armistice de six semaines. Le général Klein était déjà dès avant-hier à Weissensee et il devait faire bien du mal à l'ennemi. Je suis, Sire, de Votre Majesté, etc." (P. Foucart, Campagne de Prusse. Prenzlow-Lubeck, p. 96 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 396, lettre 2587).
"Lasalle ayant repris sa chasse se trouvait le lendemain, à la tombée de la nuit, à une lieue de Magdebourg, attendant les comptes rendus des patrouilles envoyées pour tâter la place. Il causait paisiblement avec les officiers supérieurs de ses régiments, tandis que ses hussards, épuisés, dormaient à la tête de leurs chevaux.
Soudain apparaît un cavalier venant de l'arrière. Le poil de son cheval fume; il vient de fournir une longue course et à vive allure. C'est Lagrange, aide de camp de Murat. Lasalle se porte à sa rencontre. La main tendue. Il remarque la physionomie contrainte, l'attitude gênée de l'officier.
- Mon général, Son Altesse me charge de vous transmettre cet ordre de l'Empereur.
Lasalle, étonné, ouvre le pli et lit. Ses aides de camp, les deux colonels et quelques officiers se sont approchés, croyant à quelque mission nouvelle comme il en tombe souvent à la fin du jour. Mais ils voient leur chef blêmir tandis que dans sa main le papier tremble comme une feuille agitée par le vent. Qu'y a-t-il ? Quel coup imprévu peut produire un tel effet sur cet homme de fer.
En vérité Lasalle vient de lire son arrêt de mort :
L'Empereur témoigne son mécontentement au général de division Klein et au général de brigade Lasalle et Sa Majesté ordonne que cette marque de son mécontentement soit mise à l'ordre de l'armée, pour avoir laissé passer 2 colonnes ennemies qui étaient coupées, ayant l'un et l'autre l'extrême simplicité de croire ce que le général ennemi Blücher leur a dit et écrit. Depuis quand est-ce par le canal de l'ennemi que Sa Majesté fait passer ses ordres ?
Être accusé par l'Empereur d'avoir failli à son devoir en présence de l'ennemi est pour Lasalle une souillure que rien ne saurait effacer, sinon la mort. Adieu les rêves, adieu les espoirs.
Sa vie de soldat est finie. Que lui importe, dès lors, sa vie tout court ? Il est déshonoré. Dans sa tête mille pensées se heurtent en ronde vertigineuse. Toutes l'accablent. Toutes sont comme autant de béliers acharnés à faire écrouler le bel édifice de son passé.
Sans une protestation, sans un geste, sans une malédiction, il se dirige vers son cheval. Les officiers, glacés d'effroi, le suivent du regard. Ils le voient arracher des fontes un pistolet, l'armer, lever le canon vers sa tempe. Tous se précipitent. Le colonel de Schwarz lui saisit le bras, chacun s'empresse, le supplie de se calmer. Silencieux, les dents serrées, Lasalle lutte. Lagrange pressé de questions, expose la raison de ce désespoir et joint sa voix à celle des hussards : le Grand-Duc parlera à l'Empereur, il obtiendra qu'il revienne sur ce jugement injuste.
Mais Lasalle ne veut rien entendre. Si S. M. juge qu'il a démérité, si vraiment il a commis une faute à Weissensee, il est juste qu'il la paie de sa vie. Alors le colonel Marx s'autorisant de son âge, de son ancienneté, élève la voix et parle avec rudesse. Se tuer ? Mais ce serait reconnaître un tort inexistant, expier l'erreur d'un autre. Ce serait lâcher pied, abandonner ses fidèles en face des Prussiens. La meilleure façon de reconquérir la confiance de l'Empereur est de redoubler d'acharnement dans la poursuite.
Longtemps la lutte se prolonge entre le général et ses officiers. Enfin Lasalle se laisse enlever son arme.
- C'est bien, dit-il. Les Prussiens me paieront cela.
Et ils le payèrent en effet ..." (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Murat écrit, depuis Egeln, à Napoléon, le 20 octobre 1806 à 10 heures du soir : "… Quant aux généraux Klein et Lasalle, je n'essaierai certainement pas de les justifier ; leur conduite est sans exemple ; je leur en ai déjà témoigné tout mon mécontentement …" (P. Foucart, Campagne de Prusse. Prenzlow-Luheck, p. 179-180 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 403, lettre 2596).
Le 21 octobre 1806, Murat écrit, depuis Kalbe, à l'Empereur : "Ainsi que j'ai eu l'honneur de l'annoncer à Votre Majesté, je suis porté me sur Kalbe. Mon mouvement se trouve heureusement d'accord avec vos intentions ...
Les trois divisions de cavalerie seront placées ainsi qu'il suit : Beaumont à Mühlingen, deux régiments à Barby avec du canon pour intercepter le cours de l'Elbe. Nansouty à Kalbe et d'Hautpoul à Glöthe et Lasalle à Atzendorf, ayant des partis sur Magdebourg. Le 13e de chasseurs à Schönebeck ocupant Frohse ..." (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 205-206 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 407, lettre 2601).
Le 21 octobre 1806, à 6h30 du soir, Murat écrit, depuis Kalbe, à Napoléon : "... Je reçois l'ordre de me porter en toute diligence sur Dessau, j'y serai rendu demain soir. J'aurais cependant besoin d'une explication, cet ordre porte « avec toute la cavalerie » et ce matin, j'ai reçu celui de laisser deux divisions aux maréchaux Soult et Ney ; Je prie Votre Majesté de me faire connaître si cet ordre concerne mes trois divisions seulement, ou les cinq ; je pourrai recevoir à temps les ordres de Votre Majesté. Dans tous les cas, trois divisions et trois régiments de troupes légères seront rendus demain à bonne heure à Dessau ..." (P. Foucart, Campagne de Prusse. Prenzlow-Lubeck, p. 206 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 407, lettre 2601).
"Mais auparavant Murat, mieux informé, fit appeler Lasalle et le conduisit à l'Empereur. Celui-ci l'écouta, puis lui tira l'oreille en riant.
- On m'avait trompé, dit-il. Soyez tranquille et continuez à me servir comme vous m'avez servi jusqu'ici.
Lasalle ne songeait plus qu'à se venger. Il n'était pas homme à laisser traîner les choses.
Il rejoint sa brigade près de Dessau.
Le plus important des corps prussiens, celui de Hohenlohe, s'est échappé vers le nord, cherchant à gagner la place forte de Stettin. Lasalle le prend en chasse. Faisant avec sa brigade des étapes de dix à douze lieues par jour, il cherche à le gagner de vitesse.
Le 25 octobre il flaire la proximité de l'ennemi et découple des coureurs à ses trousses ..." (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Le 26 octobre 1806, Murat écrit, depuis son Quartier général de Hennigsdorf, au Maréchal Lannes : "Monsieur le maréchal, mes hussards sont enfin sur l'ennemi, qui se trouve en bataille en avant de Zehdenick. Il parait que c'est la tête de la colonne. Le Prince de Hohenlohe doit avoir couché à Ruppin, il se dirigera selon toutes les apparences sur Falkenthal et Zehdenick. Vous concevez que d'après cela il est important que vous accélériez la marche de vos troupes et que vous vous rapprochiez le plus possible de, moi, c'est-à-dire de Falkenthal, faisant reconnaître par toutes vos troupes légères Gransee, Lindow, Ruppin et Liebenwald, route que deux régiments de hussards et quelques hommes d'infanterie viennent de prendre ..." (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 368 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 410, lettre 2606).
"Hohenlohe voudrait hâter la marche de ses troupes mais celles-ci, hallali, s'allongent démesurément sur les routes, semant sur leur passage traînards, caissons et bagages. Il lui faut à tout prix arrêter pendant une journée la poursuite de Murat afin de donner le temps à son infanterie de prendre du champ. La ruse n'ayant plus cours il ne reste que la force. Il emploiera l'élite de son armée : sa cavalerie.
Il a là 3.000 sabres, et des meilleurs : hussards noirs, ceux qu'on a surnommés : les "Bouchers de l'armée prussienne", "Dragons de la Reine" dont l'étendard a été brodé par les mains de la belle souveraine, "Gendarmes de la Garde Royale" dont les officiers, deux mois plus tôt, aiguisaient leur sabre sur les marches de l'ambassade de France à Berlin. Voilà une fameuse troupe et qui n'hésitera pas à se faire hacher pour assurer le salut de l'armée. Il place à leur tête le général Schimmelpenning, lui ordonne de faire front aux Français à Zehdenick, de les contenir coûte que coûte jusqu'à la tombée de la nuit.
Le reître s'incline. Il jure de rejeter dans la rivière tout ce qui se présentera. De fait il jouit d'une position admirable. La hauteur qui s'élève à l'est de Zehdenick descend en pente douce, tapissée de pâturage, jusqu'au Havel. En arrière sur une longueur de cinq kilomètres s'étend un bois épais que traverse la route de Zehdenick à Prentzlow. Schimmelpenning masse sa troupe en bataille devant la forêt, barrant l'entrée de la route. Il place les dragons en tête, puis les hussards noirs - dont il a détaché deux escadrons en grand'garde dans Zehdenick - enfin les Gendarmes. Alors, sûr de lui, il attend paisiblement en caressant le fourneau de sa pipe de porcelaine.
C'est à peine s'il retire celle-ci de ses lèvres quand, sur le coup de midi, il aperçoit les éclaireurs du 7e de hussards pointant dans les champs en deçà de la rivière.
Lasalle, lui, exulte, et sa joie gagne ses deux régiments. Ceux-ci ont partie liée avec leur général. Sa vengeance est la leur et ils poussent des vivats en voyant sur le fond roussâtre des bois s'aligner cette lourde troupe aux habits verts et bleus, aux cuirasses d'argent, aux dolmans noirs zébrés de blanc. Les sabres ont surgi des fourreaux comme d'eux-mêmes.
Mais Lasalle reste lucide. Il conserve le sourire mais garde sa lame dans sa gaine et apaise cet enthousiasme de la main. En somme la situation est loin d'être brillante. Il a derrière lui 400 hommes à peine; le reste est dispersé au diable en de multiples patrouilles; les chevaux, partis d'Oranienburg à l'aube, viennent de faire sept lieues sans souffler. Attaquer maintenant serait une insigne sottise alors que Murat marche dans son sillage et ne peut tarder à l'appuyer. Il envoie une estafette prier le grand-duc de forcer l'allure. Jusque-là il jouera au plus fin avec ces têtes de bois.
Avant tout il ne faut pas renouveler l'erreur de Weissensee. Il faut tenir sur l'autre rive les débouchés de Zehdenick et chasser de la localité les deux escadrons de hussards noirs.
- Chef d'escadron Méda !
L'ancien gendarme de la Convention accourt au galop et, raide et noueux comme un vieux cep de vigne, salue son chef. Il ne s'est pas contenté de la gloire acquise par le coup de pistolet lâché certain jour de thermidor dans la mâchoire de Robespierre. Il est devenu officier de hussards et a montré en mainte occasion une vigueur peu commune. C'est lui qui purgera Zehdenick de la vermine noire.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Méda, avec son escadron du 7e, pénètre au galop dans le bourg, culbute les trois cents Prussiens qui l'occupent, passe le pont et prend fièrement position de l'autre côté. Lasalle le rejoint sans délai et déploie ses 400 cavaliers en face des 3.000 hommes de Schimmelpenning.
Celui-ci éclate d'un gros rire : fort bien, Messieurs les Français, montez donc jusqu'ici, on vous attend; nous savons ce qu'il vous faut, c'est cette belle route dans la forêt pour courir sus à notre armée; vous serez reçus de belle façon. Et il se carre, massif.
Lasalle rit dans sa moustache. Si cette lourde machine se laissait crouler sur lui il n'aurait qu'à se dérober, et à toutes jambes. L'immobilité des Prussiens le comble d'aise. Tout en surveillant du coin de l'oeil la direction d'Oranienburg, il manœuvre et caracole, donnant à l'ennemi l'impression d'un homme disposé à l'attaque, cherchant le point et attendant l'instant propices. Collés à leurs bois, les escadrons de Schimmelpenning restent impavides.
Enfin, vers 3 heures, une haute poussière où brillent des éclairs de cuivre s'élève vers l'ouest. Ce sont les têtes de colonnes de la division de dragons Grouchy, laquelle arrive à toute bride. Alors Lasalle n'attend plus. D'un geste large il met au clair son sabre turc. Les 2 régiments sont secoués d'un frémissement.
Vive l'Empereur !
Justement Schimmelpenning s'inquiétait du grouillement perçu au delà de Zehdenick. Il haranguait ses troupes pour les exciter au combat. Son discours est coupé net. Il veut commander la charge mais déjà l'ouragan déchaîné par Lasalle est sur lui. Ah ! le bel abordage ! Culbutés, sabrés, hachés, les dragons de la Reine ne tentent aucune défense et ne songent qu'à gagner au plus vite le chemin de la forêt. Ils se précipitent en avalanche sur les régiments massés derrière eux et y sèment la panique. Et voilà toute la gendarmerie prussienne éperdue s'engouffrant dans le défilé, roulant comme un torrent sur la route de Templin. Fuite homérique.
Les 400 hussards de Lasalle semblent ne faire qu'un même régiment avec les dragons de la Reine, mais un régiment dont les hommes seraient divisés par une haine fratricide. Les sabres courbes se heurtent aux lames droites, les rangs mêlés se livrent de furieux combats. Cependant, malgré l'infériorité du nombre, la partie n'est pas égale tant est grand l'ascendant du poursuivant sur le fuyard. Bientôt même les hussards aux pelisses vertes et blanches atteignent les derniers hussards noirs et les Bouchers de l'armée prussienne sont eux-mêmes débités à grands coups de tranchant. Qui ne rend pas son sabre est abattu sur le champ. Par instant un houzard apparaît sur les flancs du défilé, parmi les pins, traînant par la bride un cheval sur lequel se tient un Prussien déconfit. Dès le début de la charge Schimmelpenning a reçu un mauvais coup sur le crâne et dort son dernier sommeil, le nez dans l'herbe, à l'orée du bois. Le colonel des dragons de la Reine est prisonnier, ainsi que le major des hussards noirs et le hussard Studer, du 7e, vient de s'emparer du fameux étendard brodé par la reine Louise.
Lasalle, tout en jouant du sabre, ne perd pas son sang-froid; il se rend compte du désordre où est sa brigade. Ses hommes sont noyés dans le flot des fuyards. Plus de cohésion, plus de rangs, plus d'unités constituées. Que trouvera-t-on à la sortie du bois ? Il ne peut songer cependant à arrêter ou à remonter le courant, mais il se tient prêt à tout événement.
A juste titre.
Au bout des cinq kilomètres de bois, la route s'étale dans un pays plat, dénudé, où le régiment des gendarmes, non entamé, s'est prestement ressaisi. Déjà son colonel a fait faire demi-tour à ses escadrons et va charger à son tour. D'un bond, Lasalle franchit le fossé et se jette à droite de la route.
- A moi, mes braves !
A sa voix les hussards tirent sur la bride, se dégagent, courent se ranger derrière leur général. Heureuse initiative. Derrière eux débouchait au galop la 1re brigade de la division Grouchy. Ce que voyant les gendarmes n'attendent pas et détalent. Promptement rejoints, ils sont, eux aussi, vigoureusement sabrés.
Ainsi prit fin l'affaire de Zehdenick.
Le soir même Murat écrivait à l'Empereur : "... Le général Lasalle a bien effacé la journée de Weissensee".
Ce n'était pas l'avis dudit Lasalle. Il lui restait un arriéré de compte et il était décidé à le régler" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Sur la route près Liebenberg, en arrière de Falkenthal, le 25 octobre 1806, Murat écrit, à deux heures du soir, à Napoléon : "Sire, je suis enfin sur l'ennemi. Le général Lasalle l'a rencontré à Zehdenick qui, à son approche, s'est retiré de l'autre côté de la rivière et a coupé le pont. Il parait se retirer sur Templin ..." (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 367 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 409, lettre 2605 - Note : Foucart donne à cette lettre la date du 26 octobre ; le registre de correspondance porte en effet : Au quartier général de Hennigsdorf, le 26 octobre 1806).
Le 26 octobre 1806, le Général Grouchy, commandant la 2e Division de Dragons, adresse, depuis Storkow, son rapport à Murat : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse Impériale qu'ayant opéré ma jonction avec le général Lasalle à Zehdenick, une charge de la cavalerie de cet officier général, soutenu de la 1re brigade de la division, dans la plaine au-delà de cette petite ville, a culbuté l'ennemi dans le défilé qui la termine. Il y a été poursuivi par la 1re et la 2e brigades ; la 1re aux ordres du général Roget et à la tête de laquelle s'est mis le général de division Becker, remplaçant le général Lasalle que l'ennemi ramenait, a fourni les charges les plus brillantes et les plus heureuses. Culbutés de nouveau partout, les Prussiens ont été menés battant plus de quatre lieues. La 2e brigade, aux ordres du général Millet, suivant rapidement celle du général Roget, a secondé ces opérations avec un tel zèle et une telle détermination que l'ennemi chassé jusqu'au pont à hauteur du village de Storkow n'a pu le passer. Deux de ses escadrons ont été cernés et culbutés dans un marais, et tout ce qui n'y a pas péri a été pris ou tué. Plus de deux cents chevaux y sont demeurés embourbés et s'y sont noyés. Deux autres escadrons coupés également ont été pris en totalité, ainsi qu'un corps d'infanterie qui les soutenait. L'officier général qui conduisait la colonne ennemie a été tué, un colonel, une foule d'officiers de dragons et de hussards prussiens sont en notre pouvoir. Les deux régiments de dragons de la Reine et celui des housards de Schimmelpenning se trouvent entièrement détruits. Enfin, Monseigneur, un plus complet succès ne pouvait être obtenu ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 412, lettre 2608).
Le 26 octobre 1806, à 9 heures du soir, Murat écrit, de Zehdenick, à Napoléon : "J'ai eu l'honneur d'annoncer à Votre Majesté que la brigade du général Lassalle était en présence de l'ennemi ; elle avait en présence 4 régiments de cavalerie en arrière de Zehdenick ; le général Lasalle s'est contenté de faire bonne contenance en attendant les dragons. La division Grouchy a paru, alors les hussards ont chargé avec la rapidité de l'éclair, ont tout renversé, ont chassé de la ville cette innombrable cavalerie, l'ont jetée dans un défilé, en les taillant en pièces. Cependant le régiment de la Reine-dragons s'est rallié au sortir du défilé, a fait bonne contenance, les hussards se sont formés à leur tour sur la droite de la route pour laisser charger à leur tour les dragons qui en ont fait une horrible boucherie et les ont poussés jusque sous Templin et en ont fait un horrible carnage. Six cents prisonniers, parmi lesquels plusieurs officiers de marque, le colonel du régiment de la Reine-dragons, un major, une trentaine d'officiers, un guidon du régiment de la Reine, tel est le résultat de la plus belle et plus vigoureuse charge qui ait eu lieu. J'ai perdu quelques hommes, mais l'ennemi a au moins plus de deux cents hommes tués. Il n'existe plus d'officiers des dragons de la Reine, le corps, qui était encore huit cents hommes, n'est plus rien. Cette colonne presque toute de cavalerie était commandée par le général Schimmelpenning. J'ai envoyé le Prince Philippstadt ; demain je dirigerai tous les prisonniers sur Spandau. 14 mille hommes d'infanterie étaient annoncés pour ce soir ici, les fourriers ont été pris, ce corps était corps de flanqueurs. Il paraît que le prince Hohenlohe file par Gransee sur Dannenwald sur Templin. J'ai envoyé reconnaître tous les points de Ruppin, Gransee ; demain d'après les renseignements je me porterai contre l'ennemi. Je me trouve ici bien en mesure. Je me porterai à la pointe du jour sur Templin ; le maréchal Lannes manœuvrera sur l'ennemi que je crois en grande partie sur nos derrières. J'intercepte dans ce moment une estafette de Stettin du 25, adressée à Mr Jacobi, qui le prévient qu'il se forme un corps à Genthim, qui doit se diriger sur Küstrin, et lui ordonne de diriger le trésor sur cette ville. La lettre est adressée à Hawelsberg. J'ai aussi une lettre interceptée pour le Roi, venant d'un de ses aides-de-camp de Brunswick; on la traduit ; je l'envoie à Votre Majesté. J'espère que Mr le maréchal Lannes est aujourd'hui à Falkenthal.
J'espère que demain nous ferons de la bonne besogne. Sire, votre cavalerie s'est véritablement couverte de gloire; le général Lasalle a bien effacé la journée de Weissensee. Je ferai connaître à Votre Majesté les noms des braves qui se sont les plus distingués,
Je suis de Votre Majesté ...
Je saurai de Templin et de Gransee, si c'est véritablement, comme on me l'assure, la tête de la colonne" (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 376-378 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 413, lettre 2609).
Le 27 octobre, Lasalle écrit depuis Zehdenick à Murat, pour lui adresser son rapport sur la journée de la veille : "D'après les ordres de Votre Altesse, ma brigade partit d'Oranienburg, hier 26, à sept heures et demie du matin, pour marcher sur Zehdenick.
A la hauteur de Falkenthal, l'avant-garde rencontra l'ennemi qui passa le pont du Havel; le chef d'escadron Méda du 7e de hussards, commandant l'avant-garde, envoya 75 hommes à sa poursuite, hâta sa marche sur Zehdenick et rencontra 10 escadrons de hussards et de dragons ennemis, qui le forcèrent à repasser le pont qu'il avait fait rétablir. Plusieurs charges partielles eurent lieu, dans lesquelles le sous-lieutenant Kister, du 5e de hussards, fut remarqué par sa bravoure; il eut 2 chevaux tués sous lui ; cet officier est le fils du général Kister.
La tête de ma colonne arrivant alors, j'ordonnai que l'on chassât l'ennemi de la ville et que l'on tînt la tête du pont; ce qui fut exécuté avec beaucoup d'intelligence et de bravoure par M. Reinhartz, capitaine estimable du 7e de hussards, qui, soutenu de deux escadrons du 5e que commandait le colonel Schwarz, déboucha dans la plaine vers la route de Templin, point sur lequel les différentes colonnes ennemies se retiraient.
Le général fit bientôt suivre le 7e de hussards, et voyant arriver enfin, après trois heures, la division Grouchy, il se porta sur l'ennemi qui avait 14 escadrons qui couvraient le défilé. A dix pas de l'ennemi, sur lequel j'arrivai au pas avec 300 hussards au plus, je m'aperçus que l'ennemi faisait un mouvement pour charger ma troupe sur son flanc gauche; je profitai de cet instant et ordonnai la charge de pied ferme.
L'ennemi, culbuté sur ses deux ailes, se pressa pour rentrer dans le défilé, et fut chargé pendant une lieue. Le colonel du régiment de la Reine-Dragons, le major des hussards de Schimmelpfennig, presque tous les officiers et 500 hommes furent hachés et pris. Un étendard du régiment de la Reine tomba aussi au pouvoir de mes hussards ; il fut enlevé par le hussard Studer du 7e régiment ; l'adjudant du 7e M. Wilmuth a aussi coopéré à la prise de cet étendard ainsi que le sous-lieutenant Dam du 5e.
Les dragons de la division Grouchy arrivèrent enfin et se précipitèrent hors du bois au débouché duquel l'ennemi, rétabli en bon ordre, ne pouvait plus avoir rien à craindre de mes hussards trop dispersés.
La brigade a eu une soixantaine de blessés, mais peu de tués" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Dans la nuit du 27 au 28, le général Lasalle avec le 5e Hussards est à Hassleben (marche de 45 kilomètres), après être resté en position jusqu'à neuf heures sur la route de Prenzlow.
Le 27 octobre 1806, à 2h30 [de l'après-midi], Murat écrit, depuis Templin, à Napoléon : "… le général Lasalle a l'ordre de tâcher d'arriver à Prenzlow …" (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 414-415 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 415, lettre 2612).
"Le lendemain, vers le petit jour, Lasalle se lance sur la piste d'Hohenlohe.
Dans l'armée prussienne règne la plus affreuse démoralisation. Un seul espoir soutient encore les chefs de la troupe : échapper ce jour-là une fois de plus aux Français, gagner Prentzlow avant eux et le lendemain trouver un salut, au moins momentané, derrière les murailles et les canons de Stettin. Les nouvelles apportées par les fuyards de Zehdenick avaient mis le comble à l'angoisse du prince et de ses généraux. L'arrivée pendant la nuit d'un renfort de cavalerie amené par le prince de Schwerin leur avait cependant rendu quelque espoir.
A la nuit tombante les Prussiens fourbus atteignent les faubourgs de Prentzlow par la route de Schönermarck au moment où les éclaireurs de Lasalle y arrivent par le sud. Mais Murat, avec le gros de la réserve, passe la nuit à Zehdenick, à douze lieues de là ...
Des collines dominant Prentzlow, les hussards comptent les milliers de feux allumés dans la plaine; partout leurs patrouilles se heurtent à de forts avant-postes d'infanterie. Pas de doute, l'armée prussienne est là. Demain elle passera Prentzlow et fera sauter les ponts de l'Ucker; le soir, en forçant l'étape, elle peut être à Stettin; comme Blücher, Hohenlohe aura glissé entre les mailles du filet.
Lasalle envoie à Murat estafette sur estafette, le supplie d'accourir pour saisir les Prussiens à l'aube. A l'appel de son commandant d'avant-garde, le grand-duc de Berg saute du lit, alerte les divisions de dragons Beaumont et Grouchy qu'il a sous la main et monte à cheval à 1 heure du matin. Dans la nuit, par les routes défoncées, il se hâte autant que le lui permet l'état des chevaux harassés par deux semaines de poursuite et de combats.
Lasalle de son côté compte les heures, calcule les chances. Par bonheur le jour est tardif en cette fin d'octobre et les Prussiens sont recrus de fatigue. Il se jure de retarder leur marche de tout son pouvoir.
Avant même que l'aurore ait teinté le ciel, il est à cheval à la tête de sa brigade. A ses pieds les feux brillent encore mais on entend les tambours et les fifres sonnant la diane, auxquels s'ajoutent les jurons des feldwebels s'efforçant à coups de canne de faire lever leurs hommes. Dans la grisaille de l'aube les compagnies se forment lentement, les attelages commencent à démarer. Et bientôt le mouvement s'accentue. Déjà une colonne de grosse cavalerie a pénétré dans la ville. L'infanterie s'ébranle en bon ordre. Et Murat n'arrive pas.
Lasalle, hors de lui, ordonne à un escadron de se déployer en tirailleurs et d'exécuter des feux sur la colonne. Piètre intervention mais qui détermine néanmoins quelque flottement dans le corps ennemi. Hohenlohe et son état-major s'inquiètent; on les voit virevolter dans la plaine, hâter la marche des uns, prescrire aux autres de faire face. Finalement six pièces sont mises en batterie et ouvrent le feu sur les hussards. Lasalle, impassible, ne s'écarte pas d'un sabot de cheval.
Enfin voici Murat. Il a devancé les dragons au galop et serre la main de Lasalle. Bravo, rien n'est perdu. Un tiers à peine de l'armée prusienne est entré dans la ville. Il va faire contourner celle-ci par Grouchy qui passera la rivière comme il pourra; lui- même attaquera avec la division Beaumont. Mais Lasalle ne l'entend pas ainsi. Pourquoi attendre ? Lui, Lasalle, doit être le premier à marcher, pour régler sa dette. Maintenant qu'il est sûr d'être appuyé, il va charger tout de suite sur la porte par où s'écoule la colonne prussienne. Murat approuve.
Aussitôt Lasalle lance le 7e de hussards sur la batterie ennemie et, se mettant à la tête du 5e, dévale en une charge folle, renverse l'infanterie teutonne qu'on lui oppose, aborde les bataillons en marche, les sabre et entre pêle-mêle avec eux dans la ville où continue le carnage.
Pris en queue par les chasseurs de Milhaud, coupé en deux par Lasalle, attaqué en tête par Grouchy et de flanc par Beaumont, Hohenlohe demande grâce.
Et devant les 16 régiments de cavalerie du grand duc de Berg l'armée vaincue défile, dépose ses armes. Les Princes de Hohenlohe, Auguste-Ferdinand, Tauezien, 16.000 fantassins, 6.000 cavaliers, 45 drapeaux, 60 pièces de canon, tel est le butin de la journée" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Depuis Prenzlow, Murat écrit le 28 octobre 1806, à 6 heures du soir, à l'Empereur : "Sire, les ordres de Votre Majesté sont exécutés. Le prince de Hohenlohe est en mon pouvoir ainsi que son corps d'armée. Comme je l'avais prévu, il avait manœuvré par ma gauche, et s'était porté sur Prenzlow après avoir marché toute la nuit. Me doutant du mouvement, j'avais ordonné au général Lasalle de se rendre dans la nuit à Prenzlow; les deux têtes de colonne sont arrivées ensemble à cette ville ; les husssards ont dû faire les honneurs et laisser passer la colonne prussienne.
A six heures du matin, j'étais en marche avec toute la cavalerie pour appuyer le général Lasalle. Le général Milhaud suivait l'ennemi avec le 13e de chasseurs et le 9e de dragons; j'étais à deux heures de Prenzlow lorsque le général Lasalle m'a fait prévenir du mouvement de l'ennemi et de sa position; j'ai hâté ma marche et dès neuf heures je découvrais la marche de l'armée prussienne. J'ai ordonné au général Lasalle d'arriver sur le faubourg et d'attaquer. Je le faisais soutenir par 6 bouches à feu et par la division Grouchy et par trois régiments de la division Beaumont. Le général Beaumont, mon aide de camp, a eu ordre de passer le pont au village de Gollmitz avec une brigade de dragons de la division Beaumont, pour aller menacer et attaquer les derrières et le flanc de l'ennemi. Pendant ce temps, un parti reconnaissait si l'on pouvait se porter par ma droite de Zolchow sur Zeelche, afin de tourner la ville.
L'attaque a commencé ; la canonnade s'est engagée de part et d'autre d'une manière très-vive; l'artillerie de Votre Majesté a fait taire le feu de l'artillerie ennemie et l'a forcée de se retirer de position en position; nous étions arrivée auprès du faubourg ; voyant que la colonne était sur le point de m'échapper, j'ai fait passer à un gué la brigade du général Boussard et j'ai ordonné au général Grouchy de charger à la tête sur les ennemis, ce qu'il a exécuté avec une intrépidité inconcevable; il a culbuté l'infanterie, la cavalerie, a pris 18 pièces de canon, et allait entrer pêle-mêle dans la ville avec les Prussiens, lorsque l'on a fermé les portes ; tout ce qui se trouvait de ce côté a été pris. J'ai fait venir du canon, et envoyé le général Belliard pour sommer le prince Hohenlohe. Pendant ce temps, les dragons ont enfoncé la porte de Stettin et allaient déboucher sur l'ennemi lorsque ce prince a consenti à déposer les armes ...
Le général Lasalle marche sur Löcknitz, où il couchera ce soir, pour couper la retraite au général Blücher ; le général Milhaud se porte sur Passewalk; demain, je serai sur Stettin" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 455-458 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 418, lettre 2615).
A noter qu'à Prenzlow, le Régiment a encore le Maréchal-des-logis Nicolle blessé d'un coup de mitraille à la jambe gauche.
Toujours le 28 octobre, Lasalle écrit depuis Pégelz au Général Belliard :
"Mon avant-garde vient d'arrêter 5 hommes de 9 qui sont partis d'ici à une heure ; ces hommes étaient des traînards d'une colonne d'à peu près 2,000 hommes, tant infanterie que cavalerie, passée hier de quatre à sept heures du soir" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Il adresse ensuite une 2e lettre au Général Belliard, cette fois depuis Berkholz :
"D'après l'ordre de Son Altesse le Grand-Duc, je m'établissais à Löcknitz, dont je reconnaissais les entours, lorsque les officiers envoyés en reconnaissance sur les routes de Stettin et de Passewalk me dirent avoir rencontré les hussards rouges et bleus, qui n'ont voulu écouter aucun parlementaire, n'étant pas, disaient-ils, de la colonne du prince de Hohenlohe; ils ont répondu à nouvelles sommations par des coups de pistolets. Comme le poste était mauvais, vu les marais et le contour en communication des routes qui reviennent sur elles-mêmes, j'ai fait évacuer de Löcknitz les 100 ou 200 Prussiens du corps de Hohenlohe qui étaient déjà arrivés dans cette ville. J'ai enlevé les lettres que je vous envoie et ordonné de couper le pont et me suis établi à Berkholz, qui est le point d'embranchement des routes de Stettin et de Passewalk.
Une reconnaissance poussée sur Passewalk a rencontré des voitures chargées d'une centaine de soldats du général Blücher; je les fais filer avec les autres sur Prenzlow ; je n'ai pu avoir d'eux aucun renseignement" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
- La place de Stettin prise par Brigade de cavalerie légère
Colonel du 5e Hussards en tenue de gala, 1806, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Le même d'après Charmy |
Officier du 5e Hussards en tenue de gala, 1807, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945)
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Officier du 5e Hussards, d'après T. Goddard et J. Booth : "The Military Costume of Europe"; ouvrage paru à Londre en 1812 |
Officier du 5e Hussards, d'après T. Goddard et J. Booth; variante communiquée par un de nos correspondants |
Officier du 5e Hussards, d'après T. Goddard et J. Booth; variante; photo de la collection de notre ami Edmund Wagner |
Officier du 5e Hussards, sans date, d'après
Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source Booth |
Officier du 5e Hussards, sans date, d'après
Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source Booth
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Officier, Compagnie d'élite, Revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
La Brigade Lasalle, que son audace et ses succès avait fait nommer l'Infernale, se détache désormais de la réserve et court à Stettin.
"Il ne suffit pas à Lasalle. Seuls de l'armée de Hohenlohe, quelques régiments de cavalerie, entrés les premiers dans Prentzlow ont pu s'échapper. Il les lui faut.
Il monte à cheval dans la nuit, et suivi de sa fidèle brigade, se jette à leur poursuite. Il les atteint à Locknitz et fait aussitôt déployer ses escadrons.
La colonne ennemie s'arrête et fait front. Outre le corps des cuirassiers du roi, il y a là les régiments comte de Henckel, comte de Halzendorff, comte de Boeting et le régiment de Hegseck, près de 4.000 cavaliers d'élite sous le commandement du colonel Poser. La brigade de Lasalle, éprouvée par les deux affaires précédentes, ne compte guère plus de 500 sabres.
Mais Lasalle paie d'audace. Il somme le colonel Poser de mettre bas les armes. Murat, affirme-t-il, le suit de près; s'il ne se rend pas, lui et ses hommes seront passés au fil de l'épée. L'abattement des Prussiens est tel qu'ils acceptent de capituler. Et les six magnifiques régiments défilent "en pleurant" devant les 500 hussards de France.
La satisfaction de Lasalle n'est pas entière. A ses yeux, il est vrai, les résultats obtenus depuis Weissensee liquident sa dette envers l'Empereur, mais il a encore une affaire personnelle à régler, affaire d'honneur... Certes, il aurait grande liesse à la liquider sur le pré, l'épée ou le sabre à la main, mais la chose est interdite. Faute de mieux, il la portera sur un autre terrain. C'est son compte particulier avec Blücher.
Or Blücher, comme l'a tenté Hohenlohe, cherche à gagner la Poméranie orientale et, comme Hohenlohe également, il n'a plus qu'une porte de sortie sur l'Oder : Stettin. Il s'agit de la lui fermer. C'est d'ailleurs vers elle que Murat, appuyé par le corps d'armée de Lannes, dirige la réserve de cavalerie, mais cette lourde masse ne s'avance qu'avec lenteur. Lasalle, sans se soucier de rester collé à elle, prend son vol vers Stettin" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Le 29 octobre, à 8 heures du matin, Murat écrit depuis Prenzlow à l'Empereur : "Sire, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté du résultat de la journée d'hier, et du mouvement du général Lasalle sur Löcknitz ... Le général Lasalle est arrivé à Löcknitz vers 4 heures, en a fait rompre le pont; mais instruit qu'il avait des troupes derrière lui venant de Passewalk, il a cru devoir se retirer sur Berkholz, embranchement des deux routes. En étant instruit, je lui ai ordonné de reprendre Löcknitz; je m'y porte avec toute la division Grouchy et toute l'infanterie que M. le maréchal Lannes a pu me donner. J'espère fermer encore la route de Stettin au général Blücher, qui a dû coucher hier au soir aux environs de Passewalk, à moins qu'il ne soit parvenu à m'échapper pendant la nuit. Il commande un corps de 10 à 12,000 hommes, débris de l'armée de Wurtemberg. J'aurai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté des renseignements que j'aurai pu recueillir à Löcknitz ...
P. S. — Je reçois à l'instant une lettre que le général Lasalle m'écrit de Berkholz et dont je me hâte d'envoyer la copie à Votre Majesté" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 492-493 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 421, lettre 2617).
Effectivement, Lasalle écrit le 29 octobre, depuis Berkholz, à Murat :
"J'envoie un escadron de ma brigade recevoir les 5 régiments de cavalerie qui vont mettre bas les armes. Ces régiments portent les noms suivants :
Le comte de Henkel;
Le comte de Halzendorff ;
Le comte de Boeinting ;
Le régiment des cuirassiers du Roi ;
Le régiment de Hegseck.
Ils ont passé la nuit à une demi-lieue en avant de Passewalk" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Toujours le 29 octobre, Lasalle écrit à 10h30 du matin, depuis Löcknitz, à Murat :
"Ma brigade est à Löcknitz et placée faisant face à la route de Passewalk. Plusieurs parlementaires sont allés recevoir la colonne commandée par M. le colonel Poser. J'ai envoyé une reconnaissance sur Stettin" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Une heure plus tard, toujours depuis Löcknitz, Lasalle écrit à Murat :
"La reconnaissance envoyée sur Stettin a rencontré l'ennemi à Bismark, lui a pris 15 hussards et un officier qui se dit capitaine de l'Académie militaire; il dit que l'ennemi veut tenir à Stettin. Le général de Wurtemberg et le général Ramberg y commandent. Je place le 7e régiment sur cette route et le 5e sur celle de Passewalk; mais les 5 régiments doivent avoir mis bas les armes et je les attends. Il est instant d'occuper Löcknitz ; la reconnaissance ennemie devait s'y établir comme avant-poste" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Le 29 octobre 1806, à 2 heures après midi, Murat écrit, depuis Löcknitz, à Napoléon : "… Le général Lasalle est en ce moment bien près de Stettin. La ville n'est point approvisionnée et il n'y a, à ce qu'on m'assure, que quelques fuyards pour garnison. Des partis se sont portés par ma gauche sur Pölitz par Blanchensee et Falkenwald, et par ma droite sur Krakow et Boblin. Aucune troupe n'est encore passée ; ainsi tout sera pris. Si Stettin ne veut pas se rendre, je le ferai observer et je marcherai sur Blücher ...
La division Suchet sera établie [ce soir] ici. Le général Grouchy à Bismarck, et le [général] Lasalle à Neuenkirchen ; [jusque sur-Stettin], d'Hautpoul à Prenzlow" (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 495-496 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 422, lettre 2618 – Note : Les mots entre [ ] ne figurent que dans le registre de correspondance).
Le 29 au soir, les troupes étaient échelonnées sur la route de Prenzlow à Stettin; la Brigade Lasalle est à Mohringen, 6 kilomètres de Stettin (marche de 20 kilomètres).
Officier en pelisse; dessin de L. Rousselot pour H. M. Brauer (Uniformbogen/Heere und Tradition N°92) |
Officier du 5e Hussards en 1806-1807, d'après P. Benigni; donné par A. Pigeard in Tradition N°140 |
"Le 30 octobre au crépuscule, il atteint les hauteurs dominant la place. éclairée par le soleil couchant, elle semble illuminée pour une fête. Sur la rive gauche du fleuve, large comme un bras de mer, elle est un bloc de pourpre encastré dans sa ceinture de fortifications. Le château, l'arsenal, les églises dominent l'enchevêtrement des toits et, à l'est, on devine son port immense à la forêt des mâts où flotte le pavillon de la marine royale britannique, grande pourvoyeuse de l'armée prussienne. Après les longues chevauchées au travers d'un pays ravagé par les troupes en déroute, Stettin offre une impression de richesse, de force et de paix. A sa vue, les hussards poussent des vivats.
Lasalle s'est arrêté et, avec avidité, embrasse d'un seul regard tous les plans de ce vaste tableau. Quelle tentation ! Avoir à portée de la main ces portes, ces ponts, ce couloir vers l'est et ne pouvoir, faute de moyens, s'en constituer le gardien et tirer le verrou ! ... Si Blücher force sa marche il peut atteindre Stettin dans la nuit ou le lendemain matin. Les hussards français - gendarmes chargés de le prendre au collet - seront-ils réduits à lui rendre les honneurs et à regarder défiler devant eux les derniers bataillons de l'armée prusienne ? Car, enfin, ce n'est pas avec 500 cavaliers que l'on donne l'assaut à une place forte ni qu'on attaque un corps d'armée, comme celui de Blücher, comptant une vingtaine de mille hommes et 60 canons. Pendant quelque 24 heures cependant ils vont devoir attendre là, le sabre au fourreau, quoi qu'il arrive. Observer, et au besoin rendre compte, tel est le seul rôle qu'ils pourront jouer.
Déjà les colonels lâchent leurs fourriers à la recherche d'un campement pour les escadrons. Lasalle, immobile, ne peut détacher son regard de cette proie interdite.
Le soleil s'est couché derrière les collines; la ville s'évanouit dans l'ombre. Tout à coup de brefs éclairs brillent sur les remparts, l'air est coupé de sifflements et quelques boulets viennent éclater sur la pente descendant vers la ville, à quelques toises de la ligne des hussards. Des jurons courent les rangs, les chevaux dressent la tête, inquiets.
Lasalle est resté coi, mais la colère l'empoigne. Canonner les cavaliers de l'Empereur ! Ces faquins ont trop d'outrecuidance. Outrage insupportable. Une idée l'obsédait sans qu'il osât se la formuler nettement tant elle lui paraissait folle; elle prend consistance, s'impose à lui.
- Colonel Schwarz !
Le commandant du 5e de hussards accourt.
- Colonel Schwarz, prenez un officier et un trompette et rendez vous à Stettin. Sommez la place de se rendre. Ordre de S. A. le grand-duc de Berg.
L'officier interpellé demeure pantois. Son général a-t-il perdu la raison ? Comment prendre au sérieux une injonction pareille ? On ne fait pas capituler devant 2 régiments de cavaliers fourbus, anémiés, réduits aux deux tiers de leur effectif, une ville forte de vingt-cinq mille âmes, solidement bastionnée et palissadée et pourvue d'une formidable artillerie. Ce serait vouer au ridicule un lieutenant de l'Empereur.
Schwarz d'abord n'a pas bronché, mais il distingue soudain dans les yeux de Lasalle une étincelle étrange, un regard tellement transformé qu'il croirait y voir le fait d'une inspiration surnaturelle. Et aussitôt sa stupéfaction s'évanouit et l'acte qui lui paraissait insensé l'instant d'avant lui semble logique, inévitable; il est soulevé par cet enthousiasme qui empoigne le soldat impérial aux heures difficiles et lui fait réaliser l'impossible. Il est prêt.
- Partez, ordonne Lasalle.
Lieutenant porte étendard du 5e Hussards en 1805, extrait de l'Historique régimentaire (collection de l'auteur)
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Et il précise :
- Mêmes conditions qu'à Prentzlow. Accordez les honneurs de la guerre, mais la garnison sera envoyée en France et les officiers prisonniers sur parole. Si la place ne capitule pas sur le-champ, les conditions - prévenez-en le gouverneur - seront tout autres.
Et, devant la brigade hilare, le colonel de Schwarz descend lentement vers la ville accompagné d'un capitaine de son régiment. Devant lui un trompette sonne des appels à intervalles rapprochés. Les notes légères s'égrènent dans le crépuscule, la dernière s'allongeant, s'éteignant peu à peu.
Aussitôt Lasalle est pris d'une sorte de fièvre. Puisqu'il paie d'audace il faut jouer la comédie jusqu'au bout, improviser la mise en scène. Il n'a avec lui, pour tout équipage, qu'un caisson de cartouches. Il va l'utiliser pour figurer l'artillerie. Il donne l'ordre à un sous-officier de lui faire suivre au galop la ligne des crêtes, de disparaître ici pour reparaître un peu plus loin. Dans la nuit presque close l'essentiel est de faire beaucoup de bruit avec de la ferraille et des roues, quitte à crever les chevaux et à briser la voiture.
Quant à sa brigade, il lui fait faire demi-tour, la dissimule dans un pli de terrain et, là, distribue les rôles. Chaque chef d'escadron emmènera son unité sur un point du pourtour de la place, la fera profiler sur les hauteurs de manière à donner l'impression de nombreuses colonnes surgissant de toute part. Et surtout que les hommes, arrivés à portée de la voix, crient à pleins poumons : Vive l'Empereur !
Aussitôt la farce se déclenche et les hussards, prompts à comprendre la ruse, jouent leur rôle avec un entrain, une gaieté de grands enfants. Les officiers se multiplient. En peu de temps les hauteurs à l'ouest et au sud de Stettin ont véritablement l'air d'être couronnées de nombreuses troupes. Au loin, vers la ville, la trompette s'est tue.
Alors Lasalle, en compagnie de ses aides de camp et du colonel Marx, se retire à Möhringen, à une demi-lieue de Stettin, fait ouvrir la meilleure maison, s'y installe au coin du feu et fait apporter une jatte de punch. Les pipes s'allument, les cartes sortent des sabretaches et, pour tromper l'attente, cet insatiable joueur organise une partie de pharaon.
Cependant une frayeur panique régnait dans la ville. La journée de la veille avait déjà donné l'alarme. Dans les rues de Stettin étaient passés quelques rescapés de Prentzlow apportant la nouvelle du désastre et, en même temps, on avait vu des officiers de Blücher accourus à franc étrier, prescrire au gouverneur de repousser coûte que coûte les attaques des Français jusqu'à l'arrivée de l'armée prussienne. Les paisibles bourgeois poméraniens, pour la plupart commerçants ou armateurs, ne montraient qu'un piètre enthousiasme devant ces prémices de batailles. Sans doute leurs voeux allaient au salut de l'armée royale malgré la façon magistrale dont elle s'était fait battre, mais ils estimaient hors de saison que ce succès fût assuré aux dépens de leurs biens et qui sait ? de leur vie. Depuis un mois - ils ne l'ignoraient pas - toutes les places fortes devant lesquelles s'étaient présentés les Français, Leipzig, Dessau, Magdebourg, Spandau, n'avaient offert qu'une résistance éphémère et ils ne voyaient pas la nécessité de faire écraser leurs maisons et leurs entrepôts par l'artillerie et de subir les horreurs d'un assaut pour un résultat en somme problématique. Seuls les agents anglais, dont les magasins regorgeaient d'approvisionnements, réclamaient hautement une défense énergique.
La municipalité n'avait pas manqué de transmettre les doléances de la population à Son Excellence le général baron von Romberg, gouverneur de la place. Le vieux soudard l'accueillit de façon fort discourtoise. Capituler ? Jamais. Il préférerait s'ensevelir sous les décombres de la ville plutôt que de manquer à son serment.
Ceci dit, il alerta les 10.000 hommes de la garnison, fit charger les 160 canons de la place et doubla la garde des remparts.
Lorsque, à la chute du jour, les pièces des bastions ouest ouvrirent le feu, le général von Romberg donna l'ordre de battre la générale. Tandis que les troupes gagnaient leurs emplacements de combat, il fit sillonner la ville de multiples patrouilles afin d'assurer l'ordre et d'afficher sa volonté de résister à outrance.
Trompette (Compagnie d'élite ?) lors de la revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
Il n'eut pas longtemps à attendre. Le canon s'était tu depuis peu de temps quand le commandant du front de défense lui fit annoncer l'arrivée de deux parlementaires. Ceux-ci, les yeux bandés, attendaient ses ordres à l'avancée de la Porte de Berlin. C'était l'heure où les quinquets s'allumaient dans les rues étroites de la cité. La nouvelle se répandit aussitôt de bouche en bouche, semant partout la consternation.
Le baron von Romberg assembla aussitôt le conseil de défense. Il y avait là, assis autour d'une vaste table, le général-major von Knobelsdorf, commandant supérieur des troupes, le général von Raudem et son adjudant le major von Barum, le général commandant l'artillerie de la place et les généraux commandant les brigades. Ces messieurs avaient endossé la grande tenue et arboré toutes leurs décorations. Ils dressaient le col et bombaient le torse comme devaient le faire des soldats élevés à l'école du grand Frédéric. Leur superbe ne laissait pas cependant d'être tempérée par un certain émoi. Ces diables de Français ! Ne venaient-ils pas, en quelques semaines, de mettre à terre l'invincible armée prussienne ? Le conseil avait la sensation de se trouver tout à coup face à face avec un danger mystérieux et redoutable par ses origines sataniques.
Le colonel de Schwarz fut introduit. Grand, sec, bien pris dans la courte pelisse blanche passementée d'or, il entra d'un pas vif, faisant sonner ses éperons et son sabre. Le haut col de fourrure encadrait sa figure basanée coupée d'une moustache à longues pointes. Il s'arrêta à quelques pas du gouverneur et salua d'un geste hautain. Son regard toisa l'assistance. Invité à s'asseoir, il refusa. Sa mission était simple. 50.000 hommes de S. M. l'Empereur accouraient à marche forcée; l'avant-garde déjà encerclait la ville. Il venait au nom de S. A. le grand-duc de Berg, commandant l'armée, proposer une capitulation honorable dont il exposa les conditions brièvement. Cette capitulation, il l'exigeait immédiate, faute de quoi lesdites conditions seraient totalement modifiées, et ce, au grand dam de la population, des troupes et de leurs chefs.
Un lourd silence accueillit cette déclaration. Le gouverneur toussa, consulta ses généraux d'un regard circulaire, puis se dressa et, enflant la voix :
- Dites à celui qui vous envoie, dit-il, que, moi, général baron von Romberg, j'ai reçu cette place des mains de mon gracieux souverain et que je la défendrai jusqu'à la dernière goutte de mon sang. Allez, Monsieur.
Quand le colonel de Schwarz apporta cette réponse à Lasalle celui-ci contint sa colère et montra un visage impassible, mais ce fut entre ses dents serrées par la rage qu'il dit à son parlementaire :
- Retournez sur-le-champ à Stettin et dites ceci à votre vieille patraque de gouverneur : si demain matin, à 8 heures, la capitulation n'est pas exécutée, la ville sera bombardée, prise d'assaut, la garnison passée au fil de l'épée et la ville livrée au pillage pendant 24 heures. J'attends.
Et, sans se soucier de la façon dont il mettrait ses menaces à exécution, il fit apporter une nouvelle jatte de punch.
A 1 heure du matin le colonel de Schwarz était de retour. Le langage de Lasalle, fidèlement transmis, avait produit mieux que l'effet espéré. Les velléités belliqueuses du conseil s'étaient évanouies et le baron von Romberg avait signé tout ce que le chef du 5e hussards avait exigé. Un instant, sollicité par le général von Knobelsdorf, le gouverneur avait essayé d'obtenir que la garnison, au lieu d'être prisonnière de guerre, se retirât avec armes et bagages en Silésie ou dans la Prusse septentrionale.
D'un "non" sec, Schwarz avait arrêté toute discussion, tout marchandage. Les honneurs de la guerre étaient tout ce qu'il était autorisé à accorder. Les troupes défileraient le lendemain à partir de 8 heures du matin. Dès 6 heures des détachements français prendraient possession de la Porte de Berlin et du pont sur l'Oder.
Lasalle, ayant lu le texte signé de von Romberg, ajouta de sa main : "Avant le défilé, les pierres à feu des fusils seront retirées et remplacées par de fausses pierres en bois. Il signa et renvoya le colonel une troisième fois à Stettin pour régler les détails de l'opération.
En effet, Lasalle n'était pas sans inquiétude sur la fin de cette mirifique aventure. Quand les troupes défileraient devant ses 500 malheureux hussards, ne crieraient-elles pas à la trahison, leurs officiers ne les entraîneraient-elles pas à la révolte et tout ceci ne finirait-il pas par une nouvelle occupation de la ville ? Le risque à courir était d'importance. S'il échouait, son audace serait taxée de folie et sa tentative tournerait à sa honte.
Mais Lasalle n'eût plus été Lasalle s'il eût reculé devant une telle possibilité. Toutefois il voulait rassembler tous les atouts dans sa main. En hâte il envoya un message à Murat pour lui faire connaître l'issue inespérée des négociations et le supplier de lui faire parvenir de l'infanterie et de l'artillerie avant 8 heures du matin.
Uniforme de Trompette 5e Hussards, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945)
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Le lendemain, bien avant le jour, les deux régiments sont à cheval et se rapprochent de la place. Aucun renfort n'est encore signalé et les hussards eux-mêmes, devant cette formidable gageure, ne sont pas sans éprouver quelque appréhension. échouer au port, perdre le fruit d'une entreprise si audacieusement montée serait pour eux une humiliation sans pareille.
Lasalle, lui, a retrouvé son insouciance habituelle, sa bonne humeur quasi inextinguible. Il est sûr de la réussite et se rit des accrocs possibles. S'il faut cogner on cognera, mais quand il aura un pied dans la place, rien ne le fera reculer d'une semelle. Pourquoi craindre un sursaut de l'ennemi ? Un vrai houzard ne se soucie pas de si minces contingences.
A 6 heures, les deux compagnies d'élite se présentent devant la porte de Berlin où les attendent des officiers prussiens. La compagnie du 5e occupe la porte, celle du 7e se rend au pont de l'Oder et s'y installe sans opposition.
Le jour vient, un jour froid et gris dans lequel traîne la brume montant du fleuve. Lasalle, caracolant devant sa brigade, montre sa figure des meilleurs jours. Il fait ranger ses deux régiments en bataille sur une ligne perpendiculaire à celle des fortifications. Une fois encore il passe sur le front de ses compagnons, les interpellent, leur adressant des mots affectueux ou des plaisanteries à gros sel. Dans les regards il devine leurs coeurs simples, ardents et qui se donnent. Il tâte la solidité du lien qui les unit à lui, lien étroitement noué par la gloire acquise en commun, par les mille dangers affrontés botte à botte. Tout est bien.
Alors il met pied à terre, confie son cheval à son fidèle hussard d'ordonnance Rumeau, et, seul, à cinquante pas en avant du front de bataille, attend.
Les carillons de la ville sonnent 8 heures. Aussitôt un long roulement de tambour retentit de l'autre côté de l'enceinte. Les hussards se raidissent, splendides, la gueule hirsute, la face plaquée de crasse et de poussière, grandis par trente jours de victoires. Lasalle, appuyé sur son sabre, insouciant comme sur un mail de garnison, sifflote un air de chasse.
Maintenant, dans la ville, tambours, fifres et musique exécutent une marche militaire. Le bruit se rapproche. Peu à peu le soleil perce la brume. Lasalle s'est redressé. Grand, mince, formidable et charmant, il fixe l'ouverture béante de la voûte. Celle-ci peu à peu s'anime, s'emplit d'uniformes rutilants. Voici d'abord le vieux baron von Rornberg, à pied, soufflant et traînant la jambe. A ses côtés, à cheval, l'aide de camp de Lasalle envoyé à sa rencontre. Derrière, l'état-major du gouverneur - vastes chapeaux à plumets blancs, casques à aigrettes, talpacks de fourrure; puis la musique du 1er bataillon de grenadiers poméraniens. Les troupes suivent, magnifiques, dans un ordre parfait.
Le gouverneur s'approche, le chapeau à la main, se nomme et adresse au vainqueur un petit discours bien tourné; il rend la ville pour lui éviter les horreurs du bombardement et recommande la population à la générosité du très honoré général Lasalle; pour ce qui concerne la cérémonie des honneurs, il est à ses ordres.
Lasalle le remercie avec bonne grâce et le prie de se placer à sa droite. Le défilé commence, solennel, compassé.
A la vérité, en apercevant le nombre infime de troupes rangées derrière le général français, le vieux baron a un haut-le-corps. Mais il n'a pas protesté. La signature figure au bas de la capitulation et il n'a nulle envie de la renier. Dans son épaisse caboche il se remémore tous les désastres accumulés depuis un mois; la Patrie est à bas; à quoi serviraient d'autres hécatombes ? Résigné et bon enfant, il nomme à Lasalle, en les désignant de sa canne, les généraux et les chefs de corps passant devant eux."
A gauche, Trompette du 5e Hussards d'après le Fichier Carl, planche 15. A droite, le même extrait de l'Album Schmid. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard |
Trompette du 5e Hussards, 1809 (?), d'après Carl; dessin de René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
Trompette du 5e Hussards vers 1809 par Brun (collection privée); la source indiquée et Carl (In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie")
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Trompette du 5e Hussards, 1809 (?), d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des trompettes de hussards français, 1787-1813"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-497 |
Trompette du 5e Hussards vers 1809 par Boisselier (collection privée), toujours d'après Carl (In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
Trompettes du 5e Hussards en 1809 (?), d'après Drexler, Collection de notre ami Edmund Wagner; la source indiquée est René Louis
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Shako de Trompette en 1808 d'après P. A. Leroux. Donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). |
Tenue des Trompettes, du rang et d'élite, toujours d'après P. A. Leroux, pour Segom |
Dès qu'un bataillon a défilé, chaque soldat jette son fusil à la gauche des hussards et la troupe désarmée, par un mouvement de flanc, va se ranger sur le glacis, face à la ligne française. Bientôt ces bataillons forment une masse considérable. Lasalle affecte la satisfaction la plus complète de ce spectacle de choix et du bout du pied accompagne la musique en cadence. De temps en temps il se penche vers le baron et lui adresse un compliment flatteur sur l'alignement de telle compagnie, sur la parfaite exécution du pas de parade. Mordieu ! Les belles troupes ! Et comme on doit être fier de commander à des mécaniques si bien réglées ! Le général von Romberg, le visage épanoui, s'incline galamment.
Mais à la dérobée, Lasalle lance des regards du côté de Möhringen. Que fait donc Murat ? Comment avec 500 cavaliers pourra-t-il tout à l'heure prendre possession de la place, et en même temps, garder une telle quantité de prisonniers ?
Déjà - il s'en rend compte - une agitation se produit parmi les troupes arrêtées en face de lui; bientôt il perçoit un ou deux cris partant de leurs rangs, puis ces cris se multiplient; des voix protestent et bientôt insultent; des officiers sont frappés par leurs hommes. Bigre ! les choses se gâtent ... Et soudain, comme poussés par un souffle gigantesque les 2.000 soldats réunis là s'élancent en poussant une immense clameur et courent vers les armes abandonnées.
Lasalle pas bronché. C'est à peine s'il se retourne vers le colonel du 7e et lui fait un geste imperceptible. Tous les hussards ont compris. Le régiment s'ébranle au galop, aborde de flanc la cohue et la renverse. Pas un Prussien ne tente de résister. La plaine se couvre de fuyards que les cavaliers encerclent comme un troupeau et rameutent vers leur point de départ. Quelques coups de sabre honnêtement répartis assagissent les plus récalcitrants. Les troupes en train de défiler ont marqué un instant d'hésitation ; les rangs ont oscillé, esquissé un mouvement de reflux, mais sous les regards des hommes du 5e de hussards, impassibles elles ont repris leur marche.
Le général gouverneur s'excuse avec de grands coups de chapeau. Lasalle sourit toujours et calme son indignation par des paroles remplies de bienveillance et de commisération. Il sourit même largement car il vient d'apercevoir sur la route de Möhringen les premières compagnies d'un régiment d'infanterie légère qui accourent au pas de charge. C'est la tête de colonne de la division Victor. Alertée par Murat, elle a marché toute la nuit, mais, ayant dix lieues à faire, elle n'a pu atteindre son but qu'au moment où le défilé touchait à sa fin.
Dès lors cette fastidieuse cérémonie excède Lasalle. Il a donné Stettin à l'Empereur. Vive l'Empereur ! Avec empressement il passe le commandement au général Victor et saute à cheval.
Il va s'éloigner avec sa brigade, mais le général von Romberg le retient d'un geste galant, accompagné d'un aimable sourire dans sa face au teint fleuri. Un mot encore :
- Monsieur le général, recevez l'expression de la haute admiration d'un vieux général prussien. Depuis tout à l'heure je comprends, par quelles vertus, vous avez, vous, Français, battu l'imbattable armée prussienne. M. le général, on m'a dit que vous étiez grand fumeur devant l'éternel. Daignez accepter d'un de vos ennemis et d'un de vos admirateurs ce modeste souvenir.
Ce disant, il prend des mains d'un de ses officiers une colossale pipe en porcelaine enrichie de pierreries et la remet à Lasalle. Celui-ci accepte sans façon ni étonnement. Tout est possible de la part d'un si extraordinaire bonhomme. Il serre la main du vieux baron, le remercie en deux mots et se tourne vers sa brigade.
Ne perdons pas de temps, les enfants ... En route.
Et la course reprend, sans répit.
Le soir, à Falkenwald, il rédige son rapport à Murat : "... Il était temps que l'infanterie du général Victor arrivât. Aussitôt que j'ai été débarrassé de cette corvée, je me suis porté avec ma brigade à Damm ..."" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Le 30 octobre à 5 heures du matin, Murat, depuis Löcknitz, écrit à l'Empereur : "Sire, tandis que le général Milhaud faisait mettre bas les armes à un corps de 6,000 hommes à Passewalk, le général Lasalle était aux portes de Stettin et sommait le gouverneur de se rendre; j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté la capitulation. Les hussards de Votre Majesté prendront possession ce matin à six heures des portes de la place. J'ordonne au général Lasalle de se porter rapidement sur Damm et de chercher à s'emparer de la place qui, dit-on, est très-mauvaise ..." (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 524-527 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 424, lettre 2621).
Le même jour dans la soirée, Lasalle écrit à Murat depuis Falkenwald : "Un postillon revenant d'Anklam et qui en est parti hier à cinq heures du soir dit que, hors la porte, il y a beaucoup de fantassins, de cavaliers et surtout de bagages, que leur camp s'étend à une demi-lieue de ce côté-ci, vers Ukermünde. Il n'y a point de canon. On porte le nombre de ce corps à 6,000 hommes; il vient de Mecklemburg. Aujourd'hui, il n'y avait personne à Ukermünde ; les troupes qui s'y trouvaient se sont retirées sur Anklam. Le bruit courait qu'elles devaient faire leur retraite dans l'île de Rugen, l'eau qui sépare l'île de la terre n'a que 2 ou 4 pieds de profondeur; on la passe sur de très-grands chevaux.
Je reçois ce rapport, Monseigneur, en arrivant ici; il est sept heures du soir. J'arrête ici pour rafraîchir mes chevaux et les reposer; ils sont bridés depuis trois heures du matin. Les prisonniers de Stettin voulaient se révolter; ils ont menacé et frappé leurs officiers; il était temps que l'infanterie du général Victor arrivât ; aussitôt que j'ai été débarrassé de cette corvée, je me suis porté, avec ma brigade, à Damm, où en arrivant j'ai reçu les ordres du général Belliard que j'ai mis de suite à exécution. Demain à six heures, je me mettrai en marche pour Ukermünde qui est à 5 milles d'ici" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Brigadier du 5e Hussards en petite tenue, 1807, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945)
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Brigadier du 5e Hussards en tenue de fantaisie, 1807, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Brigadier du 5e Hussards, d'après la planche 146 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno |
Le même donné dans l'ouvrage de J. M. Bueno : "Los Franceses y sus Aliados en Espana, 1808-1814", volume 2 |
L'Empereur, faisant allusion à l'affaire de Stettin, écrit au Grand-Duc de Berg : "Si vos hussards prennent des places fortes, je n'ai plus qu'à licencier mon corps du génie et à faire fondre ma grosse artillerie". La Grande Armée entière est de cet avis et les soldats n'appellent plus désormais la Brigade de Lasalle que l'Infernale.
Le 31 octobre 1806, Murat écrit, depuis Passewalk, à Napoléon : "… Deux régiments de cavalerie qui marchaient d’Ukermünde sur Stettin et qui à la nouvelle de la prise de cette place ont rétrogradé sur Anclam, se trouvent entre les généraux Lasalle et Hecker ; je les ai envoyé sommer, j'espère qu'ils se rendront ; l'un de ces deux régiments est celui de la garde du Roi, l'autre est un régiment de cuirassiers … j'envoie sur Stetensee et Ekermünde monsieur le général Lasalle qui doit se lier avec le général Becker …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 426, lettre 2623).
Le même 31 octobre 1806 à six heures du soir, Murat écrit, depuis Friedland, à Napoléon : "Sire, j'ai eu l'honneur de vous annoncer ce matin que je marchais sur Friedland et que je ferais sommer par le général Becker le corps ennemi qui se trouve à Anclam, tandis que le général Lasalle-pousserait devant lui tout ce qui se trouverait sur la route de Stettin à Anclam en se portant sur Strettensee ... Je n'ai pas encore de nouvelles du général Lasalle …" (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 563-565 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 431, lettre 2626).
Le 1er novembre, le 5e Hussards aligne 3 Escadrons totalisant 16 Officiers et 318 hommes. La Brigade Lasalle est à Jarmen sur la Peene.
Le 2 novembre à 10 heures du matin, Murat écrit à l'Empereur depuis Demmin : "Sire, je suis arrivé hier soir à Demmin, ainsi que je l'avais annoncé à Votre Majesté, après avoir fait 12 lieues, et conséquemment très-fatigué. J'eus connaissance que le prince de Ponte-Corvo marchait hier matin sur Wahren, où il comptait trouver l'ennemi, et je me décide à me porter sur ses derrières par Teterow, d'où je serai à même de lui couper sa retraite sur Rostock et de l'attaquer sur Gustrow avec le prince de Ponte-Corvo, s'il voulait s'aviser de défendre le Nebel. Je dirige le général Lasalle avec le 7e de hussards sur Rostock où il arrivera vraisemblablement dans la nuit et où il a ordre de détruire tous les moyens d'embarquement que l'ennemi aurait pu y faire préparer. Le reste du 5e régiment de hussards tiendra poste à Demmin pour observer le débouché de Malchin, recevoir tous les bagages qui nous arrivent encore dans ce moment-ci par cette route, pour soutenir l'escadron de dragons qui poursuit les bagages sur la rive gauche de la Peene, en Poméranie suédoise, et enfin pour escorter les prisonniers. J'espère que je serai lié ce soir avec le maréchal Bernadotte.
Des espions me rapportent que l'ennemi s'est retranché derrière la Peene, entre les deux lacs; si cela était, mon mouvement d'aujourd'hui me mettrait absolument sur ses derrières.
Il a passé hier par cette ville, pendant toute la journée, tous les équipages de l'armée escortés par environ 1,000 hommes; j'ai envoyé à leurs trousses mon aide camp Déry avec un escadron de dragons par le pont de Demmin, et un escadron de hussards par Jarmen sur Gützkow pour les prendre en flanc, tandis qu'un escadron de dragons arrêtera la tête sur Anklam. Le premier convoi ayant capitulé cette nuit à Anklam, j'ai lieu de penser que tout ce qui a passé la Pleene capitulera de même ..." (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 620-622 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 435, lettre 2631).
Finalement, Murat renonce à envoyer Lasalle à Rostock; il se porte le 2, avec toutes ses forces, sur Malchin où il s'arrête. La Brigade Lasalle, de Jarmen par Demmin à Loschentin, a marché 45 kilomètres.
Maréchal des Logis en grande tenue du 5e Hussards, 1806, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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- Combats sous Lubeck
Hussard du 5e Hussards en 1806, d'après Noirmont et Marbot, "Costumes Militaires Français de 1789 à 1815", volume 3
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Hussard d'après le Fichier Carl, planche 8. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard |
Hussard en 1809 d'après le Fichier Carl, planche 23. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard |
Hussard en 1809 d'après L. de Beaufort |
Hussard en 1810 d'après Wurtz - Musée de l'Armée |
Uniforme du 5e Hussards d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945)
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Revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
Hussards en 1808 d'après P. A. Leroux; Editions R. L. |
Hussard en tenue d'été en dolman, 1807, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 22) |
Infatigable, la cavalerie de Murat rejoint en novembre Bernadotte et Soult marchant contre le Général Blucher.
Le 5 novembre, Murat écrit à 9 heures du soir à l'Empereur, depuis Ratzeburg : "Je me suis mis en route ce matin dès sept heures ; les deux corps d'armée de MM. les maréchaux sont arrivés en même temps sur Gadebusch; le maréchal Soult a pris la route de Ratzeburg et le prince de Ponte-Corvo celle de Rehna, se dirigeant tous deux sur Lubeck, où tous les rapports annonçaient la retraite de Blücher par les deux points de Rehna et Ratzeburg. Le général Lasalle a reçu ordre de prendre la route de Ratzeburg ; les généraux d'Hautpoul et Grouchy couchent ce soir à la hauteur de Rehna; demain, tout se mettra en route à cinq heures du matin pour Lubeck, où se trouve réuni tout le corps de Blücher et où l'on croit qu'il a projet de s'embarquer; nous avons rencontré ici son arrière-garde ; elle a été chargée, on lui a pris 8 pièces de canon qui se sont trouvées coupées, et environ 300 hommes de cavalerie ont capitulé. Il n'a passé dans la ville qu'un bataillon d'infanterie qui, à notre approche, a coupé le pont, mais j'avais fait tourner le lac par le général Lasalle par le village de Schmilau, et ses hussards entraient dans la ville du côté de Lübeck tandis qu'on faisait raccommoder le pont sur la porte de Schwerin.
La grand'garde est à portée de pistolet de l'ennemi. J'espère que demain sera une journée décisive.
Toutes les troupes sont bien fatiguées ; je prendrai le parti de laisser à Lübeck les cuirassiers et les dragons de Grouchy, si l'ennemi continuait à fuir. Je me mettrai à ses trousses avec la division Sahuc et toute la cavalerie légère des maréchaux Soult et Bernadotte. Je les eusse laissés à Schwerin sans la certitude qu'on nous avait donnée que Blücher voulait livrer bataille sous Lübeck" (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre; P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 709-710 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 441, lettre 2637).
A la fin de la journée, la Brigade Lasalle, qui a parcouru 45 kilomètres, est à Einhaus.
Murat, Bernadotte et Soult s'emparent de vive force de Lubeck, dont ce Général a violé la neutralité, et le forcent à mettre bas les armes le 6 novembre. A citer au 5e Hussards lors de ce fait d'armes remarquable : le Capitaine Hug prend part à la prise de plusieurs pièces de canon et d'un grand nombre de prisonniers. Il a un cheval tué sous lui; le Maréchal-des-logis Belot et le Brigadier Muller sont tués d'un coup de mitraille; le Hussard Berg est également tué; sont blessés le Brigadier Osterberger (coup de mitraille) et les Hussards Huilier (coup de sabre) et Limmerle.
"Six jours plus tard il joignait enfin Blücher en avant de Lübeck, chargeait son arrière-garde et lui enlevait un guidon et 200 hommes. Le lendemain Blücher capitulait entre les mains de Murat" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Le 6 novembre 1806, à 9 heures du soir, Murat écrit, depuis Lubeck, à l'Empereur : "Sire, je m'empresse d'annoncer à Votre Majesté le plus brillant succès, dont, j'espère, la prise de tout le corps du général Blücher et de celui du duc de Weimar réunis sera le résultat. Le général Blücher, qui commande tous les restes de l'armée prussienne réunis, avait attendu les troupes de Votre Majesté dans Lubeck. Monsieur le Prince de Ponte-Corvo et monsieur le maréchal Soult ont débouché sur cette ville presque en même temps. Les divisions Grouchy et d'Hautpoul y ont paru à la même heure ; le Prince de Ponte-Corvo par la route de Rehna, le maréchal Soult par celle de Ratzebourg, et la grosse cavalerie par une route intermédiaire entre les deux corps d'armée. J'ai marché de ma personne avec Mr le maréchal Soult et la brigade du général Lasalle. On a marché de tous côtés dès 5 heures du matin ; les troupes légères de monsieur le maréchal Soult et la brigade Lasalle ont rencontré l'ennemi à une lieue en avant de la ville, l'ont chargé, culbuté, ont, enlevé un guidon et pris deux cents hommes montés. Le général Lasalle en fournissant sa charge, est arrivé sous les murs de la ville, où il a été reçu par six coups de canon à mitraille ; il a perdu quelques hommes ; il a conservé sa position ; cependant la division Sahuc et tout le corps de monsieur le maréchal Soult suivaient ; les différentes routes étaient interceptées et les rivières de la Wakenitz et de la Steckenitz étaient reconnues et observées ; alors le général Legrand a reçu l'ordre de monsieur le maréchal Soult d'attaquer les ouvrages avancés et la porte de Mulhen. Les tirailleurs corses et ceux du Pô, soutenus par le 18e, ont marché en tête, et aux cris mille fois répétés de « Vive l'Empereur » ont marché à l'ennemi. L'attaquer et enlever les ouvrages avancés a été l'affaire d'un moment ; douze cents hommes et trois généraux qui les défendaient ont été faits prisonniers. Ce premier succès en a donné un second ; la porte de la ville a été enfoncée à coups de canon, les remparts ont été gravis, on est entré dans la ville. Le général Leval, de son côté, marchait pour attaquer la porte de Huxter et le général Saint-Hilaire restait en réserve. Tandis que monsieur le maréchal. Soult chassait ainsi l'ennemi par la porte de Mühlen et pénétrait dans l'intérieur de la ville, Mr le Prince de Ponte-Corvo avait obtenu les mêmes succès à la porte de Burgen. Les têtes de colonne des deux corps d'armée se sont rencontrées au milieu de la ville ; tout a été renversé. Jamais on ne s'est battu avec plus d'acharnement. Les rues sont jonchées de cadavres. Alors j'ai ordonné qu'on laissât déboucher la cavalerie qui a poursuivi l'ennemi, l'épée dans les reins, sur la route de Travemünde, par où s'est retiré le général Blücher.
Sire, 5 mille hommes, trois ou quatre généraux ennemis, au moins cinquante pièces de canon ont été les résultats de cette journée. Une colonne qui s'était retirée par la route de Hambourg, forte de six escadrons et de quelques bataillons, s'est rendue à la cavalerie légère de monsieur le maréchal Soult. Le général d'Hautpoul [qui se trouve en présence du général Blücher]' a ordre de sommer le général Blücher. La nuit a mis fin au combat et a empêché la prise de tout le corps ennemi. Demain à la pointe du jour, toute la cavalerie marchera sur le général Blücher qui, placé entre la mer et le cordon de troupes danoises, qui, les armes à la main, fait respecter sa neutralité, sera certainement forcé de se rendre. Il est impossible de faire de meilleures dispositions que celles qu'ont faites MM. les maréchaux. Ils feront sans doute connaître à Votre Majesté les militaires de tous grades qui se sont le plus distingués dans cette affaire ; quant à moi je dois lui dire que tout le monde a fait son devoir. La ville souffrira beaucoup, mais il a été hors de notre pouvoir de l'empêcher. Demain j'aurai l'honneur d'écrire plus en détail à Votre Majesté. Le Prince de Ponte-Corvo a pris mille à douze cents Suédois qui étaient déjà embarqués. Les Danois, qui paraissent bien décidés à défendre leur neutralité, ont fait feu sur mes troupes, les prenant pour des Prussiens.
J'ai fait rendre tous les prisonniers de cette nation" (P. Foucart, Campagne de Prusse, 1806. Prenzlow-Lubeck, p. 744-746 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 442, lettre 2639).
Le 8 novembre 1806, le 5e Hussards (Cavalerie légère de la Réserve) présente la situation suivante : 46 Officiers et 318 hommes, 338 chevaux de troupe; 3 hommes aux hôpitaux; 89 Officiers, 170 hommes et 223 chevaux sont détachés; 41 hommes sont aux hôpitaux; 5 sont portés prisonniers.
Une situation de la collection Nafziger (Nafziger 806KAM - Source : Foucart, "Campagne de Prusse, 1806") donne à la date du 8 novembre 1806 16 Officiers et 318 hommes (chiffres identiques à ceux du 1er novembre).
Le 15 novembre, le Régiment (Cavalerie légère de la Réserve) compte au total 23 Officiers, 405 hommes et 436 chevaux; à cette date, il a 141 hommes et 124 chevaux détachés dans les dépôts ou sur les derrières, presque tous blessés ou malades, et se trouve réduit de plus d'un quart (P. Foucart : La Cavalerie pendant la campagne de Prusse (7 octobre-7 novembre 1806), d'après les archives de la guerre).
Le 19 novembre 1806, Murat écrit, depuis Berlin, à l'Empereur : "J'ai eu l'honneur de demander à Votre Majesté après la bataille de Iéna de vouloir bien accorder de l'avancement à M. Déry, mon aide-de- camp, chef d'escadron. Votre Majesté a eu la bonté de me faire espérer cet avancement mérité, et comme elle a paru ce matin donner espoir que les colonels des 5e et 7e régiments de hussards seraient promus au grade de général de brigade, j'ai l'honneur de prier Votre Majesté de nommer M. Déry, colonel du 5e régiment de hussards" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 454, lettre 2653).
Le 20 novembre, la situation du 5e Hussards est de 23 Officiers et 405 hommes (Cavalerie légère de la Réserve, Brigade Lasalle).
Le 28 novembre, le 5e Hussards, fort de trois Escadrons, aligne un effectif de 23 Officiers et 405 hommes au sein de la Brigade de cavalerie légère du Général Lasalle (Nafziger 806KJB).
La Brigade Lasalle, revenant de Lubeck à petites journées pour se remettre de fatigues exceptionnelles, arrive à Berlin dans les derniers jours de novembre et se dirige sur Varsovie par Francfurt et Posen. Pendant cette marche, le Lieutenant d'Espinchal du 5e Hussards, Officier d'ordonnance, est envoyé porter aux Fusiliers de la Garde l'ordre d'enlever le fort de Neugarten. Il s'élance avec eux et entre le troisième dans la place. Sa brillante conduite lui vaut la croix de la Légion d'honneur.
En traversant Berlin, Murat écrit au Colonel de Schwarz la lettre suivante : "A Monsieur le Colonel du 5e Hussards, à son passage à Berlin;
Je vous ai proposé à l'Empereur, Monsieur le colonel, pour être général de brigade. J'espère que Sa Majesté récompensera en cette circonstance un officier qui a si bien servi pendant toute la guerre et particulièrement dans les deux dernières campagnes".
La Prusse, soutenue par la Russie, refuse un armistice et continue la guerre. Napoléon porte son armée contre les Russes arrivant sur la Vistule au nombre de 120000 hommes.
Le 13 décembre 1806, à 2h30 du matin, Murat écrit, depuis Varsovie, à Napoléon :" … Le pont de Varsovie sera certainement fini aujourd'hui vers midi ; j'enverrai aussitôt sur la rive droite du Bug le 1er régiment d'hussards, la brigade Lasalle et quelques divisions de grosse cavalerie, qui, conformément aux ordres de V. M., inonderont cette partie de la Pologne, chercheront à en soulever les habitants et se lieront avec les troupes du maréchal Ney, mais je ne répandrai au loin cette cavalerie légère qu'après avoir occupé le Bug jusqu'à Sierock …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 43, lettre 2762).
Le même 13 décembre 1806, à 11 heures du soir, Murat écrit, depuis Varsovie, à Napoléon : "… Demain matin à la pointe du jour, le général Lasalle se portera sur Nieporent …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 48, lettre 2766).
Toujours le 13 décembre 1806, à 11h30 du soir, Murat écrit également, depuis Varsovie, au Maréchal Davout : "… la brigade Lasalle sera placée en arrière de Nieporent …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 52, lettre 2769).
Situation de la Cavalerie légère au 15 décembre : Brigade Lasalle (935 hommes), 3 Escadrons du 5e Hussards (Nafziger 806LAN).
Composition de la Réserve de Cavalerie sous Murat :
Cavalerie légère (15 décembre) :
Brigade Lasalle : 5e et 7e Hussards, 6 Escadrons, 935 hommes.
Brigade Michaud : 13e Chasseurs et 1er Hussards, 6 Escadrons, 774 hommes.
Brigade Watier : 11e Chasseurs et chevau-légers bavarois, 6 Escadrons, 842 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
Le 16 décembre 1806, à 9 heures du soir, Murat écrit, depuis Varsovie, à Napoléon : "… Le général Lasalle borde la frontière de Galicie, depuis la hauteur de Praga jusqu'au confluent du Bug et de la Narew ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 61, lettre 2776).
Le 18 décembre, Ney écrit depuis Gollub à Berthier : "Le général Colbert est ce soir à Briesen et sera demain à Rehden pour observer Graudenz ; il a sous ses ordres quatre escadrons des 5e de hussards et 10e de chasseurs, et deux pièces de quatre; avec d'aussi faibles moyens il lui est impossible de rester à poste fixe, il sera obligé d'être toujours en alerte. Ce général aura l'honneur d'adresser à Son Altesse le prince de Ponte-Corvo un rapport journalier" ("Traditions et souvenirs, ou Mémoires touchant le temps et la vie du général Auguste Colbert (1783-1809)", par N.-J. Colbert, Mis de Chabanais, son fils. Tome 4).
L'armée russe, commandée par Benningsen, a pris position au confluent de la Narew et de l'Ukra. Napoléon se prépare à l'attaquer. Le 22 décembre, la Brigade Lasalle passe la Vistule. Elle flanque le lendemain les troupes de Davout et du Général Morand qui, sous la direction de Napoléon, forcent le passage de l'Ukra.
La réserve de cavalerie repousse ensuite un détachement ennemi laissé à Burkewo pour garder ce point de passage de l'Ukra et le rejette sur Nasielsk, où se trouve une Division russe commandée par le Général Folstoy. Le Capitaine Quack, du Régiment, est tué dans cette action (Martinien donne le Capitaine Quarck, tué au cours de l'affaire de Tykoczin le 25 décembre).
Murat écrit [25 décembre 1806], depuis Sousk, en arrière de Golaczyna, village brûlé, à Napoléon : "... Arrivé à Gorcezyn, persuadé que tout ce qui montait la rivière voudrait chercher à la passer à Golaczyna, j'ai porté sur ce point le général Lasalle, afin de défendre le passage du pont et lui couper sa communication avec le reste de la colonne. Le général Lasalle y est arrivé à temps ; déjà l'avant-garde de l'ennemi avait passé le pont ; elle a été chargée par le 5e d'hussards et forcée de repasser le pont ; alors l'ennemi a commencé à le canonner vigoureusement, et, craignant qu'il ne fût forcé, je l'ai fait soutenir par deux escadrons de chasseurs de la garde et quatre pièces de canon qui, ayant commencé une vive canonnade, ont ralenti celle de l’ennemi et favorisé le débouché du colonel Dahlmann et de la division Klein sur le village de Golaczyzna. L'ennemi alors a été vigoureusement chargé de tous côtés. Le colonel Dahlmann qui était en tête l'a abordé si vigoureusement qu'il lui a enlevé deux pièces de canon et lui a tué et blessé beaucoup de monde ; il rendra compte lui-même à Votre Majesté du résultat de cette brillante charge ...
Le général Lasalle doit faire reconnaître cette nuit Golymin et Strzegoczin ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 78, lettre 2793 - Notes : Cette lettre est du 23 décembre 1806, d’après le lieutenant-colonel Foucart qui l'a publiée In Campagne de Pologne, t. 1er, p. 448-450).
Notons qu'une situation de la Collection Nafziger indique que le 25 décembre, le 5e Hussards, fort de trois Escadrons, aligne un effectif de 27 Officiers et 445 hommes au sein non pas de la Brigade de cavalerie légère du Général Lasalle mais de la Brigade de cavalerie légère du Général Tilly du 1er Corps, détachée au 2e Corps de Cavalerie commandé par le Maréchal Bessières (Nafziger 806KJB - pas de source indiquée). Y a t'il eu confusion avec le 5e Chasseur à cheval ? Ou le Régiment a t'il été effectivement affecté à cette Brigade pendant un temps ? Ce qui est curieux, c'est qu'une autre situation de la Collection Nafziger datée de novembre 1806 donne la situation suivante : 1er Corps Bernadotte, Corps de cavalerie Général de Division Tilly, Brigade X; 5e Hussards (Escadrons 1 à 4), 673 hommes et 674 chevaux; dans cette même Brigade figure également le 5e Chasseurs (Nafziger 806KXA - source : Archives françaises, carton C2-470). Signalons que cette situation a déjà été donnée par Nafziger, mais à la date du 18 juillet (Nafziger 806GXC - voir plus haut), époque à laquelle le Régiment était indiqué comme faisant effectivement partie des troupes sous le commandement du Général Tilly.
- Combats de Pulstuck et de Golymin
Le 5e Hussards au combat de Lopaczin, illustration de O. Gorchenkova in Gloire et Empire N°9 |
L'Empereur marche le 25 décembre sur Pulstuck et Golymin. Le Régiment charge l'ennemi, qui vient de passer le pont de la Sonna, et est très éprouvé dans cette affaire, où plusieurs de ses Officiers se signalent : le Capitaine Rockel se fait remarquer dans une charge contre les Dragons russes, il a son cheval tué sous lui.
"Pressé, Pahlen fit traverser la rivière à ses troupes sous la couverture du 21ème chasseurs; cependant, une surprise très désagréable l'attendait sur l'autre rive. En effet, Murat, qui avait vers ce temps-là cessé de poursuivre les soldats de Sacken, revint à Sonsk, pensant non sans raison que le reste des troupes russes allaient y tenter le passage. Comme nous l'avons vu, son intuition de cavalier ne l'avait point trompé. Les hussards de Soum qui venaient de traverser la rivière, furent chargés par le 5ème hussards français; pendant quelques minutes, le sort du combat vacilla, mais bientôt les cavaliers en pelisses grises tournèrent bride, poursuivis par les Français en pelisses blanches. La situation était critique : le détachement de Pahlen, en mauvaise posture, risquait d'être coupé des siens. Pahlen se rendait bien compte qu'une nouvelle tentative de passage ne pouvait avoir plus de succès; d'ailleurs, dans quelques instants, le 7ème hussards, de la brigade Lasalle, se joignit au 5ème devant Sonsk" (Gloire et Empire N°9, pages 56-57).
Le lendemain, c'est Golymin. "Jusqu'à midi, l'action se limita à un échange de coups de feu entre les lignes de flanqueurs à cheval à l'ouest de Golymin. Au début de l'accrochage, les 5ème et 7ème hussards de la brigade Lasalle avaient serré de près les hussards de Soum. Golytzyn leur envoya en soutien un détachement des cuirassiers de l'Ordre Militaire, ce qui fit refroidir l'ardeur belliqueuse des Français" (Gloire et Empire N°9, pages 62-63.
"Les plaines de la Narew ne sont plus qu'un océan de boue d'où les bois de pins émergent de loin en loin comme des îlots funèbre et noirs. Courbant le dos sous la pluie mêlée de grêle, les hussards grognent. Pardieu ! C'est trop de misère. A la lueur blafarde tombant de ce ciel de coton ocre - que le diable doit avoir emporté d'assaut - qui donc reconnaîtrait les brillants escadrons de Lasalle ? Ils sont matelassés de crotte; ils sont hâves, ruisselants, affamés. Les chevaux, eux-mêmes, prêts à crever, n'avancent que pas à pas, arrachant leurs sabots avec peine du marécage où ils enfoncent jusqu'aux jarrets. Au loin, pareil à des torches grésillant sous l'averse, des villages brûlent. Les Russes battent en retraite.
Derrière eux, le désert.
Ce désert, ils l'ont créé avec une sauvagerie asiatique. Tout ce qui ne fut pas brûlé ou détruit a été emporté par eux sur les sacs ou en croupe de leurs chevaux à taille de baudets, poilus comme des chèvres, durs comme le roc de l'Oural. Pour leur échapper les paysans polonais se sont enfuis dans les bois où ils se battent contre les loups, moins féroces que les cosaques. Plus un grain de froment dans les cabanes épargnées par l'incendie; plus une poignée de foin dans les greniers. Le vide, la faim, le froid, la pluie, voilà le lot des vainqueurs.
Qu'importe. Il faut poursuivre les vaincus, les joindre coûte que coûte. Ordre de l'Empereur. Le matin même, il a lancé à gauche Soult sur Ciechanov, Augereau sur Golymin, dirigé à droite Lannes sur Pultusk et Davout sur Strzegocin. Murat, avec la réserve de cavalerie, doit boucher la brèche entre Augereau et Davout. Il faut marcher. On marche, les dents serrées, le sang brûlant de fièvre, la peau ruisselante sous l'uniforme raidi et glacé.
Portrait du Sous lieutenant Auguste Fesquet (In La Sabretache, 1895)
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Lasalle, comme toujours, est à l'avant-garde. Pour une fois, sa bonne humeur s'est éteinte. Il peste, il sacre et maudit ciel et terre. Excès de souffrance ? Non pas ... Quand, comme lui, on est bâti tout en acier, la fureur des éléments n'est que désagrément passager dont on se débarrasse, après la tourmente, comme un chien secoue les gouttes au sortir du bain. Mais il enrage d'être englué au sol, de ne pouvoir forcer l'allure pour joindre le Russe et le châtier. Il a gardé dans les narines cette puanteur de viande grillée reniflée en traversant, sur la Passarge, ces villages où les Moscovites ont brûlé pêle-mêle des milliers de blessés du corps de Ney. On ne fait pas quartier à de tels bandits. Encore faut-il mettre la main sur eux et, à cette vitesse de tortue, comment y parvenir ?
Lasalle fait part de sa rancoeur au général Marulaz qui chevauche botte à botte avec lui. Les deux brigades se sont trouvées nez à nez tout à l'heure, en débouchant sur Gamovo. Maintenant elles se portent, soeurs de misère, en direction de Golymin.
Marulaz, commandant la cavalerie légère du corps de Davout, a trouvé Strzegocin évacué, mais une de ses reconnaissances lui a signalé la marche d'une très grosse colonne ennemie se dirigeant de Pultusk sur Golymin. Davout lui a prescrit de s'efforcer à la joindre vers ce dernier point. Pour appuyer sa cavalerie il aiguille dans son sillage les divisions Morand et Friant.
Fort bien. Les renseignements recueillis par Lasalle sont identiques. Murat lui a donné l'ordre d'accrocher l'ennemi par son flanc gauche, de tâcher de l'occuper, de le retarder jusqu'à l'arrivée d'Augereau et de la cavalerie de ligne. On devrait donc en découdre avant la nuit. Pourvu, justes dieux ! que ces mangeurs de chandelle ne nous glissent pas cette fois entre les doigts !
La grêle s'est arrêtée mais la neige la remplace, une neige légère et molle qui, sitôt tombée, se dissout, ajoute au cloaque. Il est près de midi et l'on avance dans une demi-obscurité à reflets de cuivre. C'est à peine si, à travers les flocons, on distingue les bois dont la masse obscure bouche l'horizon à l'est. Derrière eux doit être tapie Golymin. Chien de temps ! Comment se battre avec cette neige qui brûle les yeux, s'agrippe aux sourcils et aux moustaches, dégouline en ruisselets le long des joues, du cou, de l'échine.
Soudain surgissent des ombres de cavaliers, hussards du 7e et du 5e envoyés par les chefs de patrouilles. Haletants, ils annoncent :
- Là-bas, au delà des bois, devant Golymin, un gros de cavalerie en bataille - cuirassiers et dragons ...
- Et des pièces en batterie; douze ... ou quinze ... ou dix ... On ne sait pas.
- Sur la route, de l'infanterie, encore de l'infanterie des convoi , des cavaliers, par milliers. On n'en voit pas la fin ... Tout cela roule comme un torrent vers Golymin.
Lasalle s'est redressé. Sous le grand chapeau en bataille dont les cornes détrempées pendent piteusement, son regard a repris sa clarté, sa joie des heures de combat.
Tandis que Marulaz s'échappe pour rejoindre sa brigade, il lance ses aides de camp vers les colonels, fait former les deux régiments en colonne serrée et contourne à portée de canon la lisière des bois. Plus au nord, le village de Barkovo brûle encore. Derrière les ruines il masse sa troupe, l'arrête, et rejoint sa pointe d'avant-garde pour juger la situation.
Sous un ciel devenu couleur de suie et malgré les tourbillons de neige, il voit ceci : En avant de Golymin et à trois cents pas à peine de Barkovo une épaisse et longue ligne de cavaliers est arrêtée, pareille à un mur de pierre grise. Ce mur sert de masque et de rempart. Derrière lui, cependant, on aperçoit sur la route de Pultusk une troupe massive d'infanterie s'acheminant vers le bourg. Quelle longueur a cette colonne ? Nul ne pourrait le dire car elle se perd dans l'ombre de cet affreux jour d'hiver. Nombreuse, sans aucun doute, si l'on on juge par l'importance de la cavalerie qui la protège. De plus on distingue nettement à droite de cette cavalerie, une quinzaine de pièces braquées sur la plaine autour desquelles les servants s'agitent ? Rien à faire pour emporter une telle position ? Il faut attendre Murat, Augereau, Davout et se contenter de manoeuvrer pour inquiéter l'ennemi.
Revenu en tête de sa brigade, Lasale fait mettre le sabre à la main et déploie ses escadrons en bataille. Il avance lentement, puis fait halte, bien en vue mais hors de portée du canon. Si la cavalerie russe attaque il se portera à sa rencontre, mais dans ce cas-là seulement. Stoïques, les hussards courbent la tête sous les rafales de neige auxquelles se mêlent par instant des bourrasques de pluie. Chacun d'eux a l'atroce sensation de s'enfoncer peu à peu dans un tombeau de boue. Les Russes, en face, ne bougent pas.
Cependant à droite la fusillade éclate, des tambours battent la charge, on crie : Vive l'Empereur !... C'est la division Morand qui enlève les bois et passe au fil de la baïonnette les 4.000 grenadiers russes qui les occupaient. La brigade Marulaz peut se déployer à hauteur de la brigade Lasalle, la droite appuyée à ces bois.
Bientôt, un long clapotis, un bruissement d'acier font retourner les hussards et les chasseurs des deux brigades. Voici les têtes de colonne de la réserve de cavalerie, brigade légère de Milhaud, 1re brigade de dragons de la division Klein. Enfin Murat surgit, suivi de son innombrable état-major.
Le grand-duc de Berg est d'humeur massacrante. Malade à Varsovie il n'a pu supporter l'idée que les opérations fussent reprises sans lui et il a rejoint la veille, grelottant de fièvre, bras et jambes rompus. Ce baptême de neige et de pluie n'est pas fait pour lui redonner le sourire et son impatience d'en finir ajoute à son impétuosité coutumière. Il a jugé la situation d'un coup d'oeil et donne aussitôt ses ordres.
- Dites au général Marulaz de charger la cavalerie ... au général Lasalle d'enlever les pièces ... Tout de suite ! allez !.. Je les appuie avec Milhaud et Klein.
Sur la gauche on entend la fusillade du corps d'Augereau aux prises avec une seconde colonne russe venue du nord. Pas d'artillerie du côté français. Toutes les pièces sont restées embourbées. L'unique canon, amené au prix d'efforts surhumains par la division Klein, s'enlise à son tour. Impossible de le mettre en batterie. L'heure du sabre a sonné.
Or le front russe présente un aspect formidable. Son infanterie a fait front et tire furieusement pour arrêter la division Morand qui tente de déboucher des bois. A sa droite les canonniers attendent l'attaque pour la faucher à mitraille. C'est sur eux que va foncer Lasalle.
Un geste de son sabre et la ligne de bataille s'ébranle au galop. Alors se produit un phénomène extraordinaire, inexplicable.
Une voix anonyme a crié dans le rang :
- Halte !
Quelle raison a fait pousser ce cri ? Erreur ? Frayeur ? Affolement ? On ne sait et nul ne se le demande. Les cavaliers qui l'ont entendu tirent sur leurs rênes et répètent le commandement. Celui-ci s'égrène de bouche en bouche, fait ricochet d'une extrémité de la brigade à l'autre.
- Halte !... Halte !
La ligne oscille un instant, s'arrête. Officiers et hussards se regardent, glacés d'épouvante. Qu'avons-nous fait ? Qui a donné l'ordre ? Le prince Murat, peut-être ?... Or, dans cette effroyable minute, vingt escadrons de grosse cavalerie russes se précipitent sur la brigade Marulaz à droite, la culbutant.
Une sorte de folie s'empare de la brigade Lasalle. Ces régiments auréolés de gloire, accoutumés à lutter sans trembler un contre dix, ces régiments font demi-tour et fuient.
Au cri de halte, Lasalle s'est retourné. Il est seul, ou presque, en face des batteries russes dont les canonniers, le boutefeu levé, s'apprêtent à tirer. Derrière lui, il n'y a plus que la compagnie d'élite du 7e de hussards demeurée ferme, le sabre à l'épaule, et dont les officiers et cavaliers fixent leur chef de leurs yeux chargés d'angoisse.
Honte ! honte ! honte ! La Brigade Infernale a lâché pied devant l'ennemi ...
Lasalle demeure un instant frappé de stupeur, ne pouvant croire à tant d'infortune. Puis un effroyable juron sort de ses lèvres. D'une brusque saccade il fait pivoter son cheval sur les jarrets et le voilà parti, sacrant, crachant l'insulte, labourant de l'éperon le flanc de sa monture. Au passage il fait signe de l'attendre au capitaine de la compagnie d'élite, file au galop de charge entre deux escadrons de la brigade Férénols partant elle-même à la contre-attaque, les dépasse et s'élance dans ]a plaine. Celle-ci, sur un quart de lieue, est vide.
Là-bas, il distingue dans la demi-obscurité une masse confuse.
Il approche. C'est sa brigade que les officiers sent parvenus à rassembler et qu'ils reforment en bataille.
A cinquante pas d'elle, Lasalle s'arrête. Son regard d'acier la parcourt de la droite à la gauche. La ligne des escadrons est comme clouée au sol. Des colonels au dernier trompette, chacun baisse la tête; beaucoup pleurent; on entend quelques gémissements. Oh ! cette minute où tous les coeurs se figent, où toutes les âmes souhaitent la mort pour effacer une seconde d'égarement !
Lasalle ne parle pas.
Lasalle et le 5e Hussards à Golymin, illustration de J. Girbal pour le docteur Hourtoulle (Soldats et Uniformes du 1er Empire) |
Peu à peu les yeux des hommes se relèvent, cherchent à deviner la sentence qui va sortir des lèvres du général, serrées, crispées dans un visage plus pâle que la neige dont les flocons le fouaillent. Pourquoi ne dit-il rien ? Ce silence est pire que tout. Les injures, les reproches seraient une délivrance.
Mais Lasalle reste muet. Lentement, il fait face en avant, et maintenant, sans un ordre, sans un geste, il avance, au pas, comme à la parade. A sa suite, la ligne de bataille s'ébranle, le suit dans le bruissement mou des sept cents chevaux clapotant dans le marécage.
Vers Golymin maintenant, l'artillerie russe hurle, tirant à toute volée sur les brigades de la division Klein qui fournissent charge sur charge. On croise un groupe de dragons portant le corps déchiqueté du général Férénols tué au cours de la première attaque. Des chevaux sans cavalier, étriers ballants, errent à l'aventure et dans un galop désordonné. A gauche et à droite on entend les feux de files des fantassins d'Augereau et de Davout mêlés aux hurlements des cosaques. Lasalle, au petit pas, avance.
Les charges répétées de Klein, de Milhaud et de Rapp ont rejeté la cavalerie russe au delà de Golymin, mais le bourg lui- même, saturé de troupes, reste imprenable. Au sud, les bataillons ennemis empêchent par un feu nourri l'avance des colonnes de Morand et de Friant. Au nord les batteries tirent sans arrêt. La plaine est couverte de cadavres d'hommes et de chevaux. La-salle poursuit sa marche.
Direction : les canons !
La brigade ne forme qu'un seul corps, un immense corps aux nerfs crispés, aux entrailles tordues par la peur. Au nom du ciel, partons au galop !... Qu'attend-il ?... Nous voilà à portée des pièces. Charger n'est rien, mais s'avancer de la sorte, comme à la promenade, sur un terrain où la mort va tout à l'heure creuser dans les pelotons des trous hideux, quel supplice ! Aucun cri ne part des rangs, mais les âmes hurlent, les coeurs se brisent dans les poitrines.
- Escadrons... halte !
La voix de Lasalle a dominé le vacarme du combat. Les deux régiments se sont arrêtés, horrifiés. Dans les sept cents crânes passe un éclair de démence. Lentement le général se retourne sur sa selle, s'assure d'un regard droit que sa brigade est bien en ordre derrière lui. Alors, il commande :
- Remettez... Sabres !
Mettre le sabre au fourreau en plein champ de bataille !... C'est agir contre toute raison, c'est exposer la troupe au massacre... Eh, quoi ! Ne part-on pas à l'attaque de l'artillerie ?... Alors, que fait-on là, à portée de ses coups ?... Ces questions traversent les cervelles comme la foudre. Mais d'un seul geste, les lames sautent, s'inclinent, glissent dans les fourreaux.
Lasalle, pareil à une statue équestre, se dresse devant les escadrons. Lui aussi a remis le sabre au fourreau. Droit et svelte, le poing sur la cuisse, il reste immobile, la face tournée vers l'ennemi. Les canonniers russes, stupéfaits, ont arrêté leur feu un instant, puis, bien vite, ils ont braqué leurs pièces sur ce but si complaisamment offert. Les projectiles éclatent autour de Lasalle, le couvrent de fumée et de boue. D'autres tombent dans les rangs. Des chevaux, des hommes s'écroulent.
- Serrez les rangs !
Les hussards ont compris. Pas un murmure, pas un mot de révolte. Mâchoires serrées, doigts crispés sur les rênes, ils acceptent la mort comme une rédemption. Le chef, là-bas, ne leur montre t-il pas comment on fait front à la camarde ?
En arrière de la ligne, les vieux maréchaux des logis serre-files accomplissent leur devoir comme à une revue.
- Serrez les rangs !
- Les hommes du second rang, remplacez les hommes tombés au premier.
- Tête immobile. Levez le menton, sacrebleu !
- La main de bride à six pouces du corps.
Les hussards se redressent. Il convient que cette parade macabre soit splendide. Mourir, soit, mais en beauté - donc à l'ordonnance. Sur les flancs des régiments, les adjudants-majors rectifient l'alignement.
Soudain un frisson secoue la ligne et cent cris étouffés se fondent en une faible plainte. Lasalle vient de s'écrouler. Son cheval s'est abattu, le ventre ouvert; ses entrailles se répandent dans la boue. Déjà Lasalle est debout. Un long soupir soulage les poitrines. Le brigadier Heisser, du 7e, a sauté à terre et lui offre sa monture. Il veut retirer au cheval tué - pour la mettre sur le sien - la belle selle au tapis cramoisi brodé d'or, mais le général l'en empêche.
- Merci, Heisser.
D'un bond, il a sauté sur la selle de troupe à chabraque de peau de mouton et reprend sa place comme si rien ne s'était passé.
Dans la nuit tout à fait venue, la canonnade persiste. Le feu a pris aux premières maisons de Golymin et, à côté, le village de Kalinczim, tout entier est en flammes. La neige a cessé, la pluie tombe à torrents. A gauche et à droite, le corps d'Augereau, les divisions de Morand et de Friant attaquent et contre-attaquent. Lasalle est toujours là. On dirait que l'eau tombée du ciel l'a peu à peu changé en une effigie de pierre. Une deuxième fois son cheval est tué. Il prend celui d'un trompette et poursuit sa faction expiatoire.
Avec lui, la Brigade Infernale expie.
Enfin, à 8 heures du soir, l'infanterie prend pied dans Golymin. Les Busses ont enlevé leurs pièces et se retirent sur Makow.
- En avant !
La brigade mutilée frémit, puis se met en marche. Une brigade de fantômes aux nerfs rompus, suintants de pluie et raidis de froid, aux cerveaux douloureux. Grâce, Grâce...
Non. La brigade de Lasalle n'a pas combattu. Pis, elle a fui. A elle de veiller sur les vainqueurs harassés.
Et Lasalle dépasse Golymin, suit la retraite russe. Aux colonels accourus il donne ses ordres. Qu'ils envoient des patrouilles au contact et établissent en avant des campements la ligne de grand' gardes et de petits postes.
La pluie tombe.
Demain, peut-être, Lasalle aura oublié la panique de Golymin" (Marcel Dupont : Les Grandes Vies aventureuses. Le général Lasalle, Paris, Berger-Levrault).
Au sujet de cet épisode relaté par Marcel Dupont, Rigo, dans son article consacré à la Brigade infernale, publié dans la revue Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale") s'interroge : "26 décembre. GOLYMIN ! ... énorme tache noire sur l'honneur de la "brigade infernale" ou légende ? Car, en réalité, on ne connaît presque rien de cette malheureuse histoire, si ce n'est la description qu'en a faite le lieutenant CURELY du 7ème hussards en prétendant que les deux régiments au commandement de "chargez" hurlé par LASALLE s'élancent sabre au clair derrière leur général, puis le cri de "halte!" est répété sur toute la ligne. Les deux régiments font alors demi-tour et s'enfuient vers leur position de départ... sauf la compagnie d'élite du 7ème où comme par hasard, figure notre ami CURELY. En se retournant quelques instants plus tard, LASALLE s'aperçoit que ses hussards ne le suivent plus. Fou de colère, il part à leur poursuite, les ramène sous le feu de l'ennemi et lui-même en tête, les maintient immobiles pendant toute la bataille. CURELY continue : "Il me suffira de dire que notre général eut deux chevaux tués sous lui. Des hommes et des chevaux tombaient à tout moment, personne ne bougea, et l'on n'entendit pas même un murmure". Le plus curieux est que MURAT, dans son rapport, spécifie : "L'ennemi a fait volte-face, la brigade LASALLE et celle du général MARULAZ ont été chargées vigoureusement et culbutées" ... alors que penser de cette célèbre soi-disant PANIQUE de GOLYMIN ?".
Habit frac de petite tenue d'Officier - bonnet de police "à la dragonne" d'Officier subalterne; document tiré de la A. S. K. Brown - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington
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Autre vue de l'ensemble; au pied, un shako rouleau |
Détails tiré de l'ouvrage "Trésors de l'Empéri" |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 1806-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 1809, d'après la planche 152 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, vers 1809, d'après H. Boisselier; la source indiquée est un dessin inédit de H. Knötel (N° 149). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 2e version datée de la période 1807-1811, d'après H. Boisselier; la source indiquée est H. Knötel (N° 149). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 54) |
Autre version de Lucien Rousselot |
Lieutenant en surtout, 5e Hussards, 1809, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Manuscrit de Markolsheim et portrait du lieutenant Auguste Fesquet" |
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, d'après D. Lordey, "Les uniformes des guerres napoléoniennes" T1 |
Le Sous-lieutenant Fesquet se distingue d'une façon exceptionnelle et est récompensé par la croix de la Légion d'honneur, "à la suite d'un rapport du Général de Division Desjardins, conçu dans les termes suivants :
"Au quartier général à Voskowo, le 19 janvier 1807.
"Monsieur le Colonel,
"Je vous recommande M. Fesquet, sous-lieutenant à votre régiment. Cet officier, après avoir été démonté dans l'affaire de Golymin, entra dans la 3e compagnie de carabiniers du 16e régiment d'infanterie légère, faisant partie de ma division, où il resta jusqu'à la fin et se conduisit d'une manière distinguée. Il mérite des égards particuliers et s'est acquis dans cette journée des droits à la bienveillance du Gouvernement.
"J'apprendrai avec satisfaction que cet officier aura été noté par vous, Monsieur le Colonel, pour avoir la croix d'honneur".
Cette distinction lui fut en effet conférée par décret du 1er octobre 1807" (Carnet de la Sabretache 1895, page 27).
Le Chirurgien-major Dugués fait acte de beaucoup de dévouement, reçoit plusieurs blessures et est également fait chevalier de la Légion d'honneur.
Sont tués le Lieutenant Goubot et les Hussards Balzinger (par un boulet), Boecktel et le Trompette Peignet (par un boulet); sont blessés les Lieutenants Laborderie (deux coups de sabre au bras droit) et Kister (grièvement blessé de quatre coups de sabre et de deux coups de lance - Martinien le donne blessé au cours de l'affaire de Tykoczin le 25 décembre), les Sous-lieutenants Galois (coup de lance à l'épaule gauche) et Dam (un coup de sabre sur la tête et un autre sur le bras), les Maréchaux-des-logis-chefs Epinat (coup de sabre à la main gauche), Gonet (coup de boulet au cou) et Barat (blessé par un boulet), le Maréchal-des-logis Deleau, le Brigadier Beaumann (coup de feu à l'épaule) et les Hussards Pierre (blessé par un éclat d'obus), Baur (coup de sabre), Dupont (coup de boulet au bras) et Bayet (blessé par une balle). Le Lieutenant Kister reste aux mains de l'ennemi.
Selon Martinien, les pertes à Golymin le 26 décembre 1806 sont les suivantes : Lieutenant Goubaud, blessé et mort le 28; sont blessés le Chirurgien major Duguès, les Sous-lieutenants Gallois, Pierre, Rockel, Laborderie (Genty de Laborderie) et Dame.
Mr G. A. Massoni indique également que le 5e Hussards a noté dans ses registres matricules, à la date du 26, à Soldau, 1 blessé, et à Golymin 7 morts et 20 blessés dont 2 prisonniers, sans autres précisions (In Tradition Magazine N°229, page 37); pour Pultusk, il donne 3 morts et 4 blessés.
Murat écrit à Napoléon, de Garnowo, le 27 décembre 1806 à 1 heure du matin : "Conformément aux ordres de Votre Majesté, je me suis porté sur Golymin avec les brigades Lasalle, Milhaud et la division Klein. Mon avant-garde a fait sa jonction avec le corps du maréchal Davout au village de Garnowo, en même temps que je reconnaissais par ma gauche le corps d'armée de M. le maréchal Augereau, et l'ennemi sur Golymin en avant de Garnowo, appuyant sa gauche à un bois qu'il faisait occuper par quelques bataillons d'infanterie ; il appuyait sa droite à un petit village en avant de Golymin par une grande ligne de cavalerie qui était soutenue par plusieurs lignes d'infanterie. Les brigades Lasalle et Milhaud se sont formées sur deux lignes et ont abordé l'ennemi dans cet ordre, tandis que l'avant-garde de la division Morand est parvenue à chasser l'infanterie russe du bois. J'ai ordonné alors au général Nansouty de charger la cavalerie ennemie qui faisait un mouvement rétrograde, et comme il se mettait en devoir d'exécuter mon ordre, l'ennemi a fait volte-face, et la brigade Lasalle et celle du général Marulaz ont été chargées vigoureusement et culbutées ; la brigade Milhaud, qui se trouvait à la droite, a chargé l'ennemi en flanc, tandis que la tête de la division Klein l'a chargé de front ; l'ennemi à son tour a été totalement culbuté et ramené jusqu'aux lignes d'infanterie; c'est alors que nous avons beaucoup souffert de l'artillerie de l'ennemi …
Le maréchal Augereau, les généraux Lasalle et Milhaud ont eu plusieurs chevaux tués sous eux ...
Sire, voici notre position : tout le corps du maréchal Augereau occupant Golymin ; … Lasalle, couvrant l'infanterie du maréchal … Demain, à 6 heures du matin, toute ma cavalerie sera sous les armes et réunie au corps du maréchal Augereau à Golymin, pour recevoir le combat, si l'ennemi se dispose à nous attaquer, et pour le poursuivre, s'il est en retraite …" (P. FOUCART, Campagne de Pologne, t. 1er, p. 480-484 ; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 80, lettre 2794).
L'armée française prend ses quartiers d'hiver. La Brigade Lasalle cantonne le 29 décembre aux environs de Makow et de Golymin.
A la date du 30, Napoléon nomme le Colonel de Schwarz Général de Brigade, et l'admet en même temps à prendre la retraite de son nouveau grade. Le Colonel d'Héry est par ce même décret nommé Colonel du 5e Hussards. Le Colonel d'Héry, ancien Officier d'ordonnance de Murat, est le type accompli de l'Officier de Légère. Au cours des campagnes précédentes, il a reçu tellement de blessures que son corps ressemble à un vieux vêtement rapiécé. Ses états de service sont les plus beaux qui soient. Il est tout désigné pour être le chef du fameux 5e Hussards et sous ses ordres le Régiment ne peut que se montrer digne de son passé. C'est ce qui advint en effet.
Né le 2 février 1768 à la Martinique. Son nom est en réalité Déry mais Pierre César avait pris l'habitude d'abuser de la particule lorsqu'il était Aide de camp de Murat. Colonel du 5e Hussards le 30 décembre 1806. Le 8 février 1807, à la bataille d'Eylau, il est blessé d'un coup de lance en chargeant à la tête du 5e Hussards. Général le 20 septembre 1809, il part rejoindre Murat devenu Roi de Naples. En 1812, en Russie, il est blessé à Ostroweno. |
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Ci-dessus : portrait de Pierre César Déry; communication d'un de nos correspondants |
Le lendemain, le Général Latour-Maubourg remplace dans le commandement de sa Brigade le Général Lasalle, promu divisionnaire.
h/ 1807 - Grande Armée
Le 1er janvier 1807, le Général de Division Lasalle écrit, depuis le Quartier général de Rozan, à Murat, Grand-Duc de Berg et de Clèves, à Varsovie : "C'est bien Sa Majesté qui vient de me promettre (sic) au grade de général de division, j'étais loin de m'y attendre, mais c'est à Votre Altesse que je dois tout.
Malgré la distance qui me sépare de Votre Altesse, je la servais d'attachement, j'ose dire d'amitié, maintenant ce sera de reconnaissance et quelques (sic) soient les sentiments que Lasalle éprouve, ils sont toujours brûlants. Veuillez le mettre à l'épreuve.
Puisse la santé de Votre Altesse se rétablir, c'est le vœu de la cavalerie de l'armée, en quelle main a t'elle jamais trouvé un tel conducteur !
Veuille Votre Altesse recevoir l'assurance de mon profond et très respectueux attachement.
P.-S. — Dery est à son régiment, c'est un bienfait de plus encore pour la cavalerie, mais Votre Altesse ne peut oublier le capitaine adjudant-major Hug, du 5e de housards, qui à Prenzlow a tant contribué à la reddition du corps du prince de Hohenlohe. Qu'Elle permette que je lui renouvelle la demande d'une place de chef d'escadron en sa faveur, elle est vacante à son régiment" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 85, lettre 2798).
En janvier, le Régiment est toujours dans la Brigade Latour-Maubourg, Division de cavalerie légère Lasalle, réserve de cavalerie. L'Etat major et les cadres sont composés de la manière suivante :
Colonel : Dery*; Major-lieutenant-colonel : Martel*; Chefs d'escadron : Perrin, Hirn*; Capitaines-adjudants-majors : Otthenin, D'Espinchal (Hippolyte)*; Capitaine quartier-maître-trésorier : Andrieu.
Capitaines : Lemire*, Drouard*, Nicolle*, Schawb*, Moffart*, Kister*, Chardon*, Chabert*, Mexuer*, Tirlemont, Laborderie, Muller (habillement).
Chirurgien major : Barrère; Aide major : Wagnette; Adjudants sous officiers : Bry D'Arcy, Vollet.
Lieutenants : Dam*, Gougeon de la Thébaudière, Sep Dit Roegis, Gallois*, Richardot, Scheglinsky, Chepy, Beaumont*, Pierre*, Ferquet, Robert de Conandre*, Jacob, Oudinot, Roechel.
Sous-lieutenants : Laborie, Cristmance*, Geoffroy, Rivocet, Drouard*, Desnoyers, Vicq, Joyenval (Officier payeur), Pettin, Guittel, Graffant*, Duval de Beaulieu, Dubroca, Castelbajac, De Thermes, Gondoin, Nicolle*, Barthelemy, Terriez*, Koeler*, Hartmann, Muller, Kauffer (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 405).
Le 7 Janvier 1807, à Varsovie, l'Empereur établit ses "Dispositions générales pour les cantonnements définitifs de l’infanterie et de la cavalerie.
… La brigade de hussards commandée par le général Latour-Mauhourg, composée du 5e et du 7e régiment de hussards, recevra sur-le-champ des ordres pour prendre ses cantonnements sur les bords de la Vistule, à la rive droite entre Plotsk et Vychogrod, sans occuper ces deux villes ; le quartier général du général Latour-Maubourg pourra être à Bodzanovo. La brigade du général Latour-Maubourg prendra du repos pour se refaire dans ses cantonnemetns qu'elle étendra le moins possible ...
Au 15 février, la brigade du général Latour-Maubourg, composée des 5e et 7e de hussards, rejoindra les avant-postes au delà de la rivière de Vengerka, et la brigade composée du 1er de hussards et du 13e de chasseurs viendra reprendre les cantonnements sur la Vistule, entre Plotsk et Vychogrod, ainsi qu'ils étaient occupés par la brigade Latour-Maubourg. Cette disposition n'aura toutefois lieu que dans le cas où les circonstances militaires ne commanderont pas d’autres dispositions ..." (Capitaine P. Foucart, Campagne de Pologne, Pultusk et Golymin, t. 2, pages 173-180; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 861).
Le 12 janvier 1807, le Sous lieutenant Fesquet adresse à son père la lettre suivante (Glasser G. : "Deux portraits et une lettre d'un Officier de Hussards"; Carnet de la Sabretache, 1895) :
"Ottrolinka, le 12 janvier 1807.
"Mon très cher Père,
"Ma lettre datée de Varsovie fesait part à ma chère Maman de mon arrivée au régiment et de la réception amicale que j'avais reçue de Messieurs les officiers, ainsi que du colonel. Depuis lors nous n'avons pas cessé d'être en marche et en contremarche pour débusquer les Russes de leur forte position. Le 23, nous avons passé le Bruck moitié à la nage, moitié à gué après une légère canonade.
Ont suivies les affaires du 25 et 26 qui étaient un peu plus sérieuses. J'aurais désiré vous faire part de leur résultat et vous délivrer de toute crainte à mon sujet, mais couchant dans ces moments sur le champ de bataille, les moyens de vous écrire m'ont manqué.
"J'ai jusqu'aujourd'hui vainement attendu quelques moments de repos pour vous adresser une lettre, nous avons toujours fait le service des avant-postes sur les bords de la Néwa. Ce n'est que dans ce moment où, pour nous donner quelque repos, nous venons de prendre des cantonnements dans les environs de Plock jusqu'au 15 février, époque à laquelle nous nous reporterons en avant.
"Ma résidence est à Ottrolinka, où je commande un détachement. J'habite une méchante maison délaissée par le propriétaire, de sorte que c'est moi qui suis le bourgeois. Cette mauvaise baraque est cependant ce que l'on appelle en Pologne château.
"Le fait est que je m'y ennuierais passablement si je n'avais à penser à vous et aux autres personnes qui me sont chères. Je vais me dédommager de mon long silence en vous entretenant de détails que vous ne trouverez pas dans la gazette de la renommée. Je veux parler de ceux qui me concernent.
"Le 25, notre poste nous fut assigné près d'un moulin pour y garder un défilé, ce que nous avons fait malgré la vive canonnade. Le soir, l'ennemi se voyant presque coupé a abandonné sa position et nous l'avons poursuivi jusqu'à la nuit.
"Outre quelques hommes, nous avons eu à regretter la perte d'un brave officier (cet Officier est le Capitaine Rockel).
"Le 26 devait se faire l'attaque générale, et tout était si sagement combiné que s'il eût gelé fortement, l'armée russe était cernée et anéantie. Mais par un malheur inconcevable, les chemins étaient si impraticables que l'artillerie n'a pu suivre et les différents corps n'ont pu arriver à temps à leur destination. Je crois que l'on aurait labouré les terres pendant dix ans que jamais on aurait pu les rendre plus affreuses, enfin au point que plusieurs hommes sont morts dans la boue sans qu'il fût possible de leur prêter secours. Cependant, nous sommes arrivés les premiers sur le champ de bataille, et après avoir repoussé les cosaques nous avons eu à faire aux dragons russes. Ces Messieurs ont fait mine de vouloir nous charger, mais leur ayant fait face, ils ont pris la fuite. En les poursuivant, nous serions arrivés jusque sur leurs pièces, mais la plupart des chevaux restaient embourbés, en sorte qu'il a fallu se remettre en ligne et se voir canonné jusqu'à l'arrivée de l'infanterie. Au plus beau de l'affaire j'ai eu mon beau cheval tué sous moi. Un boulet l'a traversé, et sans un pas qu'il venait de faire j'avais la jambe emportée. Je suis un peu fataliste, et je vous assure que ce petit accident m'a rendu davantage ainsi et m'a confirmé dans cette intime persuasion où je suis qu'il ne peut rien m'arriver de fâcheux. Me voyant démonté et désirant savoir comment se passerait la journée, je me suis placé dans les carabiniers d'un régiment d'infanterie légère et me suis battu avec eux le reste de la journée. Le soir nous avons eu un engagement très vif avec l'infanterie russe. Comme je n'étais nullement obligé à cela, le général commandant cette division a désiré me voir et me parler. Après m'avoir témoigné son entière satisfaction, il a voulu prendre mon nom pour en écrire au colonel, quoique je l'aye prié instamment de laisser une chose si peu digne de son attention dans l'oubli. C'est par cela même que je me sens digne de faire quelques chose de méritoire lorsque l'occasion s'en présentera que je ne veux point me faire une réputation bâtie sur des riens.
"Lorsque j'ai rejoint le régiment deux jours après, j'ai trouvé un nouveau colonel, M. Schwartz ayant été fait général. Je suis charmé pour ma part de ce changement, quoique je n'aye qu'à me louer de l'autre. Le colonel, M. Déry (M. d'Héry et non Déry fut nommé colonel du 5e Hussards, le 30 décembre 1806), m'a donné en attendant le cheval d'un capitaine tué. C'est une obligation que je lui ai et que je ne saurais trop reconnaître.
"Cette lettre est seulement pour vous donner de mes nouvelles et vous prier de ne pas me laisser manquer des vôtres. Je n'ai encore reçu qu'une de vos lettres. Je vous avertirai autant que possible de ce qui se passe ici. Seulement soyez sans impatience si vous ne recevez pas régulièrement mes lettres. Elles sont souvent interceptées et ne passent que difficilement.
"Bien des choses à toute la famille; l'Empereur nous mènerait-il jusqu'en Sibérie que je ne cesserai de penser à des personnes qui me sont aussi chères et de les aimer. Veuillez recevoir aussi cette assurance et croire que je suis pour la vie
"Votre très obéissant fils.
"AUGUSTE.
"J'ai rencontré par hasard M. le général Guyot. Son adresse est au 4e corps".
Le 17 janvier 1807, le 5e Hussards est toujours à la Réserve de Cavalerie légère, Brigade Lasalle; il aligne 3 Escadrons, pour un effectif total de 23 Officiers et 361 Hussards (situation également donnée dans la Collection Nafziger - Nafziger 807AAA - source : Foucart, P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806- Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre", Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie , Paris, 1882. Donnée également par Quintin - Eylau d'après Livrets de situations de la Grande Armée conservés au SHD, Département Terre, sous la cote C2-483). Une situation donne par ailleurs au sein du 2e Corps de Cavalerie commandé par Bessières, 3 Escadrons du 5e Hussards mais il doit s'agir plutôt du 5e Chasseurs (Brigade de cavalerie légère sous le Général Tilly).
La Brigade Latour-Maubourg cantonne le 18 sur la Vistule, entre Wysogorod et Plock. Pendant ce séjour, le Chef d'Escadron Théron, du 5e Hussards, fait une reconnaissance sur Ostroljenka pour s'assurer de la présence des 1er, 2e et 12e Chasseurs sur ce point.
Le 20 janvier 1807, l'Emepreur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Donnez l'ordre au détachement de 250 hommes du 5e et du 7e de hussards de partir demain pour Plock pour y rejoindre les régiments respectifs …" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 891 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14113).
Le 30 janvier 1807, à 10 heures du matin, Murat écrit, depuis Willenberg, à Napoléon : "… Le général Milhaud a couché avec sa division à Chorzellen ; elle vient s'établir aujourd'hui sur la gauche de Willenberg, sur la route de Passenheim dans les villages de Malga et environs, du côté de Willenberg. Le général Lasalle vient occuper aujourd'hui Furtenwalde, Lucka et Lippowitz, à la droite de Willenberg. Ces deux divisions qui se trouvent à la même hauteur d'Ortelsbourg pourront exécuter leur mouvement et arriver en même temps sur ce point, si Votre Majesté l'ordonne, et elles couvrent les divisions du maréchal Soult, cantonnées à droite et à gauche de Willenberg. Je ne leur ferai faire aucun mouvement sans ordre de Votre Majesté ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 94, lettre 2809).
Le même 30 janvier 1807, à 5 heures et demie du soir, Murat écrit, depuis Willenberg, à Napoléon : "… J'ai reçu les ordres de mouvement que m'a transmis le major général. Demain le général Lasalle occupera Ortelsburg, ayant soin de garder les routes de Rastimburg, Johanisburg et toutes celles par où l'ennemi peut arriver à lui. La division Milhaud sera en arrière de la division Lasalle, à cheval sur la route et prête à marcher pour la soutenir ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 94, lettre 2810).
- Combat de Liebstadt
Benningsen se porte avec toute son armée sur l'Alle, à Heilsberg, pour attaquer la gauche des cantonnements français et les tourner. Napoléon marche à son tour contre les Russes et arrive à Oillemberg le 31 janvier.
Le 1er février 1807, à 7 heures, Murat écrit, depuis Passenheim, à Napoléon : "J'avais ordonné aux généraux Grouchy, Milhaud et Lasalle de se diriger sur Passenheim. Le 1er, qui occupait Malga et villages environnants, devait se réunir à Warckallen et y attendre l'infanterie du maréchal Soult pour marcher avec elle. Les autres devaient se réunir à Ortelsburg et marcher sur Passenheim. La division Grouchy a débouché en même temps que l'infanterie. J'ai continué ma marche, étant à très peu de distance du maréchal Soult ; mais arrivé à Schutzendorf, mon avant-garde m'a rendu compte qu'il (sic) découvrait l'ennemi sur la route de Allenstein et en même temps une forte colonne sur la route d'Ortelsburg. J'ai dirigé de suite le général Grouchy sur l'ennemi, et ayant reconnu les généraux Lasalle et Milhaud, je leur ai ordonné de se porter sur les derrières de l'ennemi et de chercher à lui couper sa retraite. Il s'est aperçu du mouvement et lorsqu'il a voulu quitter sa position où je le laissais tranquille, voulant donner le temps à Lasalle d'opérer sa manœuvre, je l'ai fait charger de tous côtés ; il ne nous a échappé qu'à cause de la distance où il était de nous et par le secours de son infanterie qui s'est emparée des défilés et des bois. Cependant, le 8e régiment de dragons a fait une superbe charge et a fait une douzaine de prisonniers, parmi lesquels un officier. Je l'enverrai à Votre Majesté aussitôt qu'il me sera arrivé. Le combat a fini à six heures et demie.
Voici la position que j'occupe. Le général Lasalle est à Kosno, occupant Krziwonogen et Milucken, et gardant les routes de Wartenburg et de Allenstein. Le général Grouchy occupe la ligne des villages de Nicholsdorf, Schenfelsorf, ayant une grande garde à Lawss[ken] et des patrouilles sur Hohenstein et Allenstein. Tous ces villages sont aussi occupés par de l'infanterie légère, car nous nous attendons à être un peu inquiétés demain matin, si contre mon opinion l'ennemi n'est pas en retraite. Le général Milhaud est Bischofsburg et se liant avec le général Guyot à Mensguth. Le maréchal Soult a une division à Passenheimet une autre à Schutzendorf. Le 24e régiment est cantonné avec la cavalerie. Le général Latour-Maubourg a rejoint fort tard, il est à Schutzendorf. Le général Marizi est à Malga. Je n'ai point de nouvelles du général Klein ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 97, lettre 2813).
Le 3 février 1807, à 10h30, Murat écrit, depuis Allenstein, à Napoléon : "... Je marche sur Gustadt … ma reconnaissance sur Gustadt n'a point rencontré l'ennemi, on l'a trouvé sur la route d'Osterode.. Je charge le général Lasalle de marcher sur ma gauche avec deux brigades de sa division, par les villages de Goltkendorf, Reddigkeimen, Braunswalde, Bcrgfried, Huchwalde et Hosengart, et d'aller se placer sur la route de Gustadt à Liebstadt ; il a l'ordre de détacher deux fortes reconnaissances sur Osterode et Liebstadt et de tâcher de communiquer avec le maréchal Ney …
Le général Lasalle avec deux brigades a ordre d'éclairer les routes d'Osterode, de Mohrungen et de Liebstadt …
A l'instant j'apprends que le général Lasalle a chassé l'ennemi de Lykensen et de Gotkindorf, où il [y] avait deux mille cosaques et quelques escadrons de dragons. La colonne a quitté la route de Liebstadt et se dirigeait sur la droite, ce qui fait présumer que l'ennemi a marché sur Gustadt, ou bien vont-ils flanquer leur gauche; Lasalle va les suivre" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 102, lettre 2817).
L'arrière-garde de Baggowouth doit repousser les attaques de Ney, dont le gros s'arrête à Schlitt, et de Murat, qui atteint Deppen le 4 février; au cours d'un combat à Walherdorff (Wolfsdorf), le Capitaine Remy est blessé (mort le 2 mars); le Colonel Dery, le Chef d'Escadron Théron et le Sous lieutenant Robert sont blessés (Martinien).
Murat, dans un rapport peu précis fait à l'Empereur, écrit à Depen le 4 février 1807 à 7 heures du soir, résume comme il suit ses opérations de la journée : "... Je ne parlerai pas à Votre Majesté de l'affaire d'aujourd'hui, elle en a elle-même dirigé tous les mouvements. Cependant je dois faire connaître à Votre Majesté que les 5e et 7e hussards ont exécuté ce matin une très belle charge contre la cavalerie, ont fait une trentaine de prisonniers et tué autant ; le 5e de dragons a chargé contre de l'infanterie, en a tué une centaine et pris cent-cinquante, au sortir du premier village que nous avons enlevé ; la division est entrée dans le défilé, a chargé la queue de l'ennemi avec tant de vigueur qu'elle lui a pris deux pièces de canon et 10 ou 12 caissons de munitions. La même division a chargé dans le 2e village et a encore tué quelques hommes. Dans le village (Schlitt), qu'occupe Votre Majesté, le colonel Dery y est entré avec la brigade de hussards et a fait beaucoup de mal à l'ennemi. Je dois vraiment les plus grands éloges à votre cavalerie. M. le major général vous dira qu'elle n'a besoin que d'être menée pour bien aller ...
La division Lasalle est en avant, sur la route de Liebstadt, avec le général Klein" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 102, lettre 2817; Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 192 - donne le 9e Dragons au lieu du 5e).
Le Régiment est engagé le 5 près de Oillemberg, à Liebstadt. Le Brigadier Petitgenay et les Hussards Bichet et Wandeville sont tués; sont blessés le Sous-lieutenant Galois - Gallois selon Martinien (coup de biscaïen au genou droit), le Brigadier Putscha (d'un coup de feu) et les Hussards Stehlin (deux coups de lance), Defries (en chargeant l'ennemi) et Coquereille (deux coups de lance).
- Bataille d'Eylau
Portrait du Sous lieutenant Auguste Fesquet (In La Sabretache, 1895)
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A la bataille d'Eylau, 8 février, la réserve de cavalerie, entraînée par Murat, précipite ses 80 Escadrons sur les Russes qui prennent l'avantage et repoussent les Divisions d'Augereau. Cette charge colossale, héroïquement poussée, arrête l'ennemi et rétablit le combat. La Division Lasalle y est fort éprouvée. Le Régiment lui même est engagé presque sans discontinuer et fournit charge sur charge. Jusqu'à la nuit close, ses efforts se poursuivent, malgré les lourdes pertes qu'il subit. A citer au Régiment : le Sous-lieutenant Robert est blessé de deux coups de sabre et de deux coups de lance en chargeant à la tête de son peloton sur de l'artillerie. Il reste aux mains de l'ennemi. Le Colonel d'Héry est blessé d'un ou deux coups de lance en chargeant à la tête de son Régiment. Le Sous-lieutenant Fesquet a deux chevaux tués sous lui.
Le Capitaine Remy meurt de ses blessures. Le Sous-lieutenant Laborie a reçu un coup de sabre à la main droite; le Maréchal-des-logis-chef Epinat un léger coup de feu au bras gauche; le Maréchal-des-logis Schweiner un coup de sabre au bras et le Brigadier Vicq un coup de feu à l'épaule droite.
Martinien pour sa part donne pour Eylau : Lieutenant Kister, Sous lieutenants Laborie et Fesquet, blessés.
L'effectif du 5e de hussards, qui était au début de la campagne de 647 sabres tombe à 293 à la suite de cette bataille. Il est porté à 324 hommes présents et 337 chevaux, par suite de l'arrivée, le 14 février, de 31 hommes et de 30 chevaux, venus du Dépôt alors à Namur et d'un détachement laissé à Postdam.
- Marche sur la Pregel
Napoléon envoie dès le 9 Murat avec la réserve de cavalerie sur Koenigsberg pour précipiter la retraite de l'armée russe et la rejeter au delà de la Prégel. Pendant cette poursuite, le Sous-lieutenant Richardot, du 5e Hussards, se signale à la tête d'un détachement envoyé par le Colonel d'Héry en flanc-garde avec son peloton. Tout à coup, il aperçoit une masse considérable de Cosaques qui émerge d'une forêt de pins et avance, pareille à une avalanche, sur la blancheur de la neige. Elle va se précipiter dans le flanc de son Régiment ; le temps manque à l'Officier pour prévenir celui-ci. Du moins fera- t-il l'impossible pour retarder l'attaque et attirer l'attention de ses chefs. Richardot résiste longtemps, charge plusieurs fois et remplit ainsi glorieusement sa mission. Richardot déploie rapidement ses vingt hussards sur un rang et se précipite comme un forcené sur la tête de colonne ennemie en hurlant à pleins poumons, lui et ses hommes : Vive l'Empereur ! Chose à peine croyable, la charge désespérée de cette poignée de braves impressionne la horde à un tel point qu'elle hésite, tourbillonne et reflue lentement vers l'arrière. Richardot se garde de la poursuivre et prend seulement position de manière à l'empêcher de marcher contre son Régiment. Les Cosaques, aussitôt, repartent à l'attaque. Le Sous-lieutenant s'élance de nouveau à la charge et les force une fois de plus à faire demi-tour après en avoir sabré quelques-uns. A trois reprises la même manoeuvre se reproduit. Mais une lutte aussi disproportionnée ne peut se prolonger bien longtemps. A la quatrième tentative des Cosaques, l'infortuné peloton est complètement écrasé. Richardot, véritablement lardé de coups de lance, est laissé pour mort sur la neige rougie de son sang. Sont de plus blessés au 5e Hussards dans ce combat : le Maréchal-des-logis-chef Barthelmy (coup de lance au bras droit), le Maréchal-des-logis Collot (blessé de onze coups de lance) et les Hussards Commène (coup de sabre), Agnus (reçoit onze coups de lance) et François (blessé de seize coups de lance). Mais leur sacrifice n'a pas été vain : le Régiment est sauf et plus de cent cadavres de Cosaques jonchent la plaine autour d'eux. D'ailleurs, la bravoure du jeune Officier va être récompensée. Il ne meurt pas de ses effroyables blessures et peut rejoindre son Régiment au moment où la Réserve de cavalerie, après avoir tâté l'ennemi devant Koenigsberg, revient, en arrière pour reprendre ses quartiers d'hiver.
A noter que selon Martinien, Richardot a été blessé sur la Pregel le 24 février.
Murat écrit à Napoléon, de Gros Lauth, le 10 février 1807, à 7h30 du soir : "… le général Lasalle que j'ai laissé à Jesau, doit faire occuper Lichtenfeld et envoyer des reconnaissances sur Waldau par la route que l'ennemi a tenue ; il doit entrer à Wittenberg aussitôt que l'ennemi l'aura évacué, et je présume que ce sera cette nuit. Il doit aussi intercepter la route de Kreusbourg à Koenigsberg et celle de Domnau dans cette ville …
Le général Lasalle avec sa division occupe Jesau, couvrant toutes les routes; il a sous ses ordres les généraux Durosnel et Guyot ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 110, lettre 2826).
Murat écrit à Napoléon, de Gros Lauth, le 11 février 1807, à 7h30 du matin : "… J'adresse à Votre Majesté les rapports que je reçois à l'instant des généraux Lasalle, Grouchy et Milhaud.
Je vais marcher avec deux divisions de dragons et toute la cavalerie légère et le 69e régiment d'infanterie sur Wittenberg ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 110, lettre 2826).
Encore le 11 février 1807, à 5 heures du soir, Murat écrit, depuis Wittenberg, à Napoléon : "J'ai poussé ma pointe jusque sur Ludivigswalde ; j'ai fait tirer du canon sur quatre ou cinq mille hommes de cavalerie qui étaient adossés à ce village et qui semblaient protéger la retraite de l'infanterie qui avait couché à Tharau et à Wittenberg ; craignant d'engager une affaire, j'ai fait faire halte, et à la nuit, les dragons et la division Lasalle iront prendre leurs cantonnements en arrière, ainsi que le 69e régiment que j'avais amené ici. Il me parait bien étonnant que l'ennemi ayant, dit-on, le projet de se battre encore à Koenigsberg, ne défende pas comme avant-postes tous les villages qui sont à une lieue et demie de cette ville, car je suis sûr qu'il évacuera cette nuit Ludwigswalde. Je ne puis avoir aucune nouvelle de Koenigsberg, les Russes gardent tous les paysans qui en approchent. Je n'ai encore aucun rapport de mes reconnaissances sur Wehlau. Je rentrerai cette nuit de ma personne à Gros Lauth.
Voici l'emplacement de la cavalerie et son instruction. Le général Lasalle occupera Wittenberg avec quatre régiments ; il établira le général Bruyère à Schönmohr, où il est déjà depuis deux heures. Le général Guyot à Wickbold, entre Wittenberg et Ludwigswalde ; le général Durosnel à Wernsdorff. Le général Bruyère éclairera la route de Wehlau; le général Guyot, celle de Koenigsberg ; le général Durosnel, celle de Mahnsfeld, par une brigade de dragons qu'il fera établir à Tharau et il soutiendra lui-même de Jesau le général Lasalle. Le général Milhaud restera à Weissenstein, observant la route de Wehlau et de Koenigsberg. Le général Grouchy occupera Gros Lauth avec le 69e régiment. Les cuirassiers n'ont pas quitté Mülhausen …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 113, lettre 2828).
Le 13 février 1807, à midi, Murat écrit, depuis Gros Lauth, à Napoléon : …" je vais faire porter le 69e dans le bois en arrière de Wittenberg, pour protéger la retraite du général Lasalle, s'il était forcé de se retirer. Dans aucun cas l'ennemi ne parviendra pas à nous tourner. Le général Lasalle me fait prévenir (et je m'en suis convaincu moi-même hier au soir) qu'il ne peut plus occuper Wittenberg et villages environnants, n'y trouvant absolument plus rien pour les hommes et les chevaux. Dans cet état des choses, je prie Votre Majesté de me faire connaitre quelles sont ses intentions …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 120, lettre 2835).
Murat et la réserve de cavalerie rejoignent le gros de l'armée et prennent leurs cantonnements.
La Division Lasalle ayant été très-éprouvée à la bataille d'Eylau, le 20 février 1807, elle est partagée en deux fractions. La première, comprenant les Brigades Latour-Maubourg (5e et 7e Hussards), Wattier (11e Chasseurs et Chevau-légers bavarois) et Bruyères (1er Hussards, 13e et 24e Chasseurs ), est cantonnée à Neidenburg et environs (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 261).
La Brigade Latour-Maubourg se rend ensuite à Elbing. Napoléon fait manoeuvrer dans cette localité pendant tout un jour les Régiments de cavalerie qui s'y trouvent rassemblés. Il témoigne hautement son admiration pour la précision de leurs mouvements, la beauté de leurs chevaux et leur aspect martial et superbe.
Pendant cette période de demi-repos, le Général Latour-Maubourg est remplacé à la tête de la Brigade par le Général Pajol, un des meilleurs Officiers de cavalerie légère de l'épopée napoléonienne.
Le 1er mars 1807, le 5e Hussards aligne 3 Escadrons totalisant 18 Officiers et 360 hommes.
Au mois de mars, Benningsen quitte Koenigsberg et fait quelques démonstrations sur les cantonnements français. Napoléon fait franchir la Passarge aux Maréchaux Soult et Bernadotte pendant que le Maréchal Ney repousse rudement l'ennemi sur le cours supérieur de cette rivière, à Guttstadt (5 mars 1807). Le 5e Hussards y est envoyé en toute hâte pour l'appuyer, s'y comporte avec sa vigueur coutumière et perd le Lieutenant Bony, très grièvement blessé et mourant le 22 mai suivant à l'hôpital d'Elbing (Martinien le donne mort à la date du 24), et le Brigadier Cuisinier qui ne survit pas à ses blessures. Sont en outre blessés au Régiment dans ce combat : l'Adjudant-major Kauffer (coup de feu au côté gauche), le Maréchal-des-logis-chef Epinat (coup de feu au genou gauche), et les Brigadiers Weber (coup de feu à la jambe droite) et Franquin (coup de feu dans les reins).
Le 17 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez l'ordre que le dépôt du 1er régiment de hussards, du 5e de hussards, du 7e de hussards, du 5e de chasseurs, du 7e de chasseurs, du 13e de chasseurs et du 11e de chasseurs qui sont à Kulm se dirigent sur Elbing. Faites connaître au gouverneur de Thorn et au commandant des dépôts [en ce lieu] que ces régiments se trouvant à Elbing pour se refaire, je donne l'ordre d'y envoyer leurs dépôts ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 948 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14686);
Le 28 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, la division de cavalerie légère attachée à la réserve du grand-duc de Berg sera composée de quatre brigades.
1re brigade le général Latour-Maubourg 5e de hussards, 7e de hussards, 3e de chasseurs ...
Ce qui fera douze régiments de cavalerie légère attachée à la réserve et ils auront d’ici à 15 jours, j'espère, au moins 4 000 hommes à cheval. Le général de division Lasalle commandera toute cette cavalerie légère" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 986 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14937).
Le même jour, 28 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à son Aide de camp, le Général Bertrand : "… Envoyez-moi l'état de situation de tous les régiments de cavalerie qui sont à Elbing. Il doit y en avoir plus que vous n'en portez, savoir :
Brigade Durosnel, le 7e, le 20e et le 22e chasseurs ;
Division Lasalle, les 5e, 7e, 1er de hussards et le 13e de chasseurs, le 11e de chasseurs et le régiment du prince royal de Bavière.
Cela fait 9 régiments.
Outre ces 9 régiments de cavalerie légère, il doit y avoir 3 régiments de dragons de Klein : total, 12 régiments ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12210 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14938).
Le 1er avril 1807, le 5e Hussards (Colonel Déry) fait partie de la Division de cavalerie légère de la Réserve de cavalerie, sous le Général de Division Lasalle; l'effectif est de 427 hommes répartis en 3 Escadrons.
Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Hussards |
||||
Numéros des Régiments, et noms des Colonels |
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres |
Numéro des Bataillons |
Emplacement, et conscription de l'an 1807 |
Division Militaire |
5e Dery |
Martel |
Major |
|
Division de cavalerie légère réserve Division de cavalerie légère réserve Division de cavalerie légère réserve 25e 25e |
Le Général Pajol (extrait de "Nos vieux Houzards" - collection de l'auteur) |
"Par décret rendu au camp impérial de Finckenstein, le 14 avril 1807, Sa Majesté a nommé membres de la Légion-d'Honneur, les militaires ci-après désignés :
5e de hussards.
MM. Penier, Drouard, Chardon, capitaines; Chaput, lieutenant; Dam, Leguis, maréchaux-des-Iogis; Defrise, Tabar, hussards." (Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal).
Selon l'Historique régimentaire, ont été effectivement nommés chevaliers de la Légion d'honneur au 5e Hussards : Drouard, Chef d'Escadron, Lemir, Capitaine en retraite, Chardon, Capitaine, Chaput, Lieutenant, décédé, Dahm, Sous-lieutenant en retraite, Lequeux, Maréchal-des-logis, Defrise, Hussard et Tabar, Hussard, décédé.
Le 15 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin … Vous donnerez l'ordre au grand-duc de Berg de former un escadron provisoire de cavalerie légère, commandé par un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, 4 maréchaux des logis, huit brigadiers et 40 hommes du 5e de hussards, 80 hommes du 7e de hussards, 20 hommes du 13e de chasseurs, 10 hommes du 22e de chasseurs, 30 hommes du 9e de hussards ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1032 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15267).
"Le 21 avril, un décret impérial fixe la taille des conscrits et des enrôlés volontaires, à 1 m. 651 au moins pour l'arme des hussards" (in La Giberne, 2e année, N°6, page 190).
"ORDRE DU JOUR.
Au quartier général impérial de Finkenstein, 21 avril 1807
Article premier. La taille des chevaux de chasseurs et hussards, mesurés sous potence, sera à l'avenir, de 1 mètre 401 millimètres ou 4 pieds 6 pouces au plus, et de 1 mètre 407 millimètres ou 4 pieds 4 pouces au moins.
Art. 2. Nul conscrit ou enrôlé volontaire ne sera admis à l'avenir dans les chasseurs ou les hussards s'il a plus de 1 mètre 651millimètres ou 5 pieds 1 pouce ; ils pourront y être admis à 1 mètre 597 millimètres ou 4 pieds 11 pouce ...
Art. 4. Nos ministres de la guerre et de l'administration de la guerre sont chargés de l'exécution du présent décret" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1057).
Le 14 mai, le Colonel d'Héry est nommé par Décret Officier de la Légion d'Honneur.
Composition de la Réserve de Cavalerie, sous Murat (15 mai 1807) :
Division de Cavalerie légère, Général Lasalle :
Brigade Pajol : 5e et 7e Hussards, 3e Chasseurs, 9 Escadrons.
Brigade Watier : 11e Chasseurs, chevau-légers bavarois et wurtembergeois, 9 Escadrons.
Brigade Bruyère : 1er Hussards, 13e et 24e Chasseurs, 9 Escadrons.
Brigade Durosnel : 7e, 20e et 22e Chasseurs, 9 Escadrons.
Total : 4581 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
Le 15 mai (1807), à 11 heures du soir, Murat écrit au Général Lasalle : "Monsieur le général, on me rend compte que le général Schram qui avait poussé des postes jusque sur Pillau avait été attaqué et repoussé sur Dantzick, ce qui me donnerait quelques craintes sur la cavalerie que unis pouvez avoir cantonnée de l'autre côté de la rivière, depuis l’embouchure du Frische-Haff jusqu'à Furstenwerder. Tirez-moi bien vite d'inquiétude et envoyez-moi sur-le-champ tous les renseignements que vous pourrez avoir des mouvements de l'ennemi de Pillau sur Dantzick, dont je devrais déjà être prévenu, si vous avez ordonné, comme je dois le penser, aux commandants de ces troupes de se garder militairement. L'Empereur est autorisé à croire que vous avez l’air de dormir à Elbing, Faites tous les jours courir la ligne de la Nogat jusqu'à son confluent dans la Vistule, et ordonnez à tous les postes que vous avez sur le Nehrung, d'avoir des reconnaissances sur Pillau et sur Dantzick, et d'avoir un certain nombre de bateaux sous la main pour repasser, en cas d'une attaque par des forces supérieures. En un mot, vous devez exiger un rapport journalier de ces postes et me les transmettre régulièrement.
Envoyez-moi votre réponse par le retour de mon aide-de-camp. Le général Beaumont est chargé d'attaquer l'ennemi qui se serait jeté de Pillau sur Dantzick et il a dû vous communiquer ses instructions qui portaient que vous deviez le faire soutenir, s'il le jugeait nécessaire, par votre cavalerie légère. Faites-moi connaitre les dispositions que vous aurez prises à cet égard. Parcourez vous-même la ligne, établissez vos postes et tâchez de les placer de manière à ce qu'ils ne puissent être surpris par l'ennemi" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 175, lettre 2902).
Le 25 mai 1807, Murat écrit, depuis Elbing, à l'Empereur : "… Les divisions des généraux Nansouty, La Tour-Maubourg et Lasalle coucheront encore ce soir dans les environs d'Elbing, et je crois avoir besoin d'un ordre de Votre Majesté pour les renvoyer dans leurs anciens cantonnements ; je vous prie de me le faire transmettre par l'officier porteur de ma dépêche ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 181, lettre 2911).
Le 1er juin, le 5e Hussards présente la situation suivante : 4e Division de Cavalerie légère Lasalle, Brigade Pajol (Nafziger 807FAQ - source : Cazalas, "Mémoires du Général Benningsen", Paris).
Murat écrit au Général Lasalle (juin 1807 - pas d'autre précision) : "M. le général, vous avez dû recevoir l'ordre de réunir votre division et de vous tenir prêt à marcher. Portez-vous rapidement demain matin de très bonne heure sur Holland avec les régiments qui sont aux environs d 'Elbing et ordonnez à ceux qui sont dans l'île encore de la Nogat de venir vous y joindre.
Emmenez avec vous le plus de vivres que vous pourrez en pain, biscuit, viande, vin, eau-de-vie et avoine ; l'Empereur ordonne qu'on n'emporte point de fourrages. Mettez le plus grand ordre dans l'emplacement de vos brigades, qu'il n'y ait point de confusion entre elles, placez-vous en avant de Holland, une brigade à droite, une autre à gauche et deux au centre, et réunies dans des bivouacs. Vous ordonnerez que les fourrages se fassent dans le plus grand ordre. Faites-moi connaitre si le régiment italien a rejoint votre division. Envoyez-moi un aide-de-camp pour me faire connaître l'heure de votre arrivée à Holland. Faites rompre le pont de Furstenwerder et descendre les bateaux sur Dantzick. Envoyez une forte reconnaissance sur Braunsberg, afin de contenir les partis ennemis qui en déboucheraient, si ce poste avait été levé, ce qui n'est pas présumable. Vous ordonnerez à l'officier qui commandera ce détachement de rendre compte au général Moulin, à Elbing, de tous les mouvements que l'ennemi pourrait faire sur cette ville, afin qu'il soit en mesure.
Ordonnez qu'on fabrique le plus qu'il sera possible de pain à Elbing et qu'il soit dirigé sur Holland et Saalfeld. S'il n'y avait point de pain ou de biscuit à Elbing, envoyez des voitures en prendre à Dantzick ou Marienwerder. Faites distribuer des cartouches à tous vos régiments avant leur départ d'Elbing" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 189, lettre 2921).
Benningsen se porte le 5 juin contre les cantonnements français établis sur la Passarge. Ney attaqué par la plus grande partie de l'armée russe, la contient à Deppen et donne à Napoléon le temps d'y réunir son armée. La Brigade Pajol part en toute hâte d'Elbing, passe à Holland et Sommerfeld et arrive à Deppen le 8. Attaqués à leur tour, les Russes descendent l'Alle et se retirent par Heilsberg sur Koenigsberg.
Martinien donne à la date du 8 juin 1807 le Lieutenant Chapu, blessé au combat de Deppen et mort le 24 (l'Historique régimentaire donne le Lieutenant Chaput, tué par un boulet, le 5 mars 1807).
La Division Lasalle, composée des trois Brigades Pajol, Bruyères et Durosnel (la Brigade Wattier étant restée en arrière pour avoir des nouvelles de Davout), traverse la Passarge, le 9 à cinq heures du matin, et, conduite par Murat en personne, marcha sur Guttstadt. Parvenue à une faible distance de Glottau, elle se trouve en présence du Corps de Bagration, commandant l'avant-garde ennemie, déployé en bataille et couvrant quatre ponts de l'Alle sur lesquels passe l'armée russe. Murat met sa cavalerie en ligne : la Brigade Pajol à l'aile droite, le long de la chaussée ; la Brigade Bruyères à l'aile gauche, vers la pointe méridionale du lac de Sawanna. Cette Dernière brigade charge vigoureusement et refoule l'ennemi dans le bois. De l'autre côté, Pajol, à la tête des 5e et 7e Hussards, aborde résolument l'infanterie russe postée sur les hauteurs en avant de Glottau, et manœuvre si bien autour des trois mamelons qui dominent cette ville, que Bagration est obligé de battre en retraite sur Guttstadt. La Brigade Durosnel et la cavalerie de Nansouty survenant alors, l'ennemi recule plus vite, traverse Guttstadt à la hâte, et se porte sur la rive droite de l'Alle. La Division Lasalle pénètre à huit heures du soir dans Guttstadt, où l'infanterie de Lannes vient s'établir, tandis que la Brigade Pajol est envoyée à Altkirch ; la Brigade Bruyères, à Schönwiese, et Durosnel, à Schmolainen (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 265).
Le 9 juin 1807, "A la hauteur de Glottau, le général de brigade Pajol a chargé et poussé l'ennemi à plusieurs reprises à la tête des 5e et 7e régiments de hussards ..." (Mouvements exécutés par les 7e et 20e régiments de chasseurs de la division Lasalle. - In : Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 164).
- Combat d'Heilsberg
Napoléon descend l'Alle par la rive gauche pendant que l'armée russe marche par la rive droite. Le 10 juin de grand matin, Pajol fait avec sa brigade une reconnaissance sur Freimark et ne rencontre pas l'ennemi. Benningsen, décidé à combattre, s'établit à Heilsberg sur les deux rives de l'Alle et y attend les Français. Le 5e Hussards, très engagé, charge à plusieurs reprises avec une impétuosité magnifique et a une page glorieuse dans cette journée.
Au moment où la Division Lasalle, la Brigade Pajol en tête, traverse Langwiese et se déploie pour protéger les mouvements du reste de la cavalerie, qui vient se mettre en ligne à l'extrême gauche, les Cosaques fondent sur nos Régiments à peine formés et les rejettent en arrière. La Brigade Pajol, maintenue par son chef dans le plus grand ordre, se précipite sur l'ennemi avec fureur et l'éloigne pour quelques instants de nos emplacements. Grâce à ces belles charges du 3e Chasseurs, du 5e et du 7e Hussards , Murat peut rallier ses Régiments et les ramener à hauteur de la Division Legrand (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 267).
Le Capitaine Lemire a son cheval tué sous lui dans une charge. Il est lui-même grièvement blessé. Lasalle, qui est bon juge en la matière, tient à marquer sa satisfaction au Régiment en citant à l'ordre de la Division le valeureux Colonel d'Héry et le Chef d'Escadron Thévon (on lit ailleurs : Dery et Thiron - Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 267).
Le Sous-lieutenant Dam se distingue particulièrement. II est blessé de deux coups de sabre et de deux coups de lance.
Sont également tués le Maréchal-des-logis-chef Humblet (par un boulet), le Maréchal-des-logis Frerejacques et le Hussard Rohner (par un boulet). Enfin sont blessés le Lieutenant-adjudant-major Othenin (contusionné au bas ventre par un éclat de biscaïen), le Lieutenant Laborderie (un coup de sabre au côté, un autre à l'épaule droite), le Sous-lieutenant Duval (un coup de lance à la cuisse, un autre au côté gauche), l'Adjudant Terrier (coup de feu au côté droit) et le Hussard Bickelberger.
Martinien donne le Colonel Dery, le Chef d'Escadron Thérond, le Capitaine Drouard et les Lieutenants Laborderie et Orthenin, blessés. Il ajoute par ailleurs le Capitaine Lemire, blessé en juin 1807 (sans autre précision) au cours de l'affaire de Wittenberg.
"LXXXIe BULLETIN.
Tilsitt, le 11 juin 1807.
A la journée d'Heilsberg, le grand-duc de Berg passa sur la ligne de la 3e division de cuirassiers, au moment où le 6e régiment de cuirassiers venait de faire une charge. Le colonel d'Avenay, commandant ce régiment, son sabre dégouttant de sang, lui dit : "Prince, faites la revue de mon régiment, vous verrez qu'il n'est aucun soldat dont le sabre ne soit comme le mien".
Les colonels Colbert, du 7e de hussards ; Lery, du 5e, se sont fait également remarquer par la plus brillante intrépidité" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 239 ; Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12763).
Napoléon, finalement, repousse Bennigsen, après un combat acharné.
- Koenigsberg
Le 11 juin, Benningsen continue sa retraite par la rive droite tandis que Napoléon appuie vers Eylau. La Brigade Pajol, en avant de l'armée, est le 12 à Schmoditten. Les Russes précipitent leur marche pour arriver à Friedland avant les Français, franchir l'Alle sur ce point et se porter sur Koenigsberg.
Lasalle, qui marche avec la Brigade Pajol, occupe, le 12 vers trois heures de l'après-midi, le village d'Eylau, d'où l'on a facilement expulsé un Escadron de Hussards prussiens ; de là, il porte immédiatement le 7e Hussards à Lampasch, envoie Pajol, avec le 5e, à Schmoditten, et reste à Eylau avec le 3e Chasseurs. Chacun de ces Régiments établit des grand'gardes dans les villages environnants. Quand Murat arrive à Eylau, vers quatre heures, avec les premiers Régiments de grosse cavalerie, la Brigade Pajol est répartie dans les villages d'Althof, de Leidkeim, Schmoditten, Lampasch, Serpallen et Strobenhen. De ces points, Pajol envoie des reconnaissances et des patrouilles dans les directions de Bartenstein, de Domnau et de Königsberg, par Mühlhausen. Elles ramassent beaucoup de bagages et une centaine de prisonniers (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 269).
Le 13 juin 1807, Murat quitte Eylau avec toute sa cavalerie. Pajol, à l'avant-garde, rencontre la Division russe Kamenski, partie le 11 de Heilsberg pour rejoindre le Corps prussien commandé par le Général Lestocq, et que la marche de nos Corps d'armée a forcée de faire un long détour. Pajol envoie prévenir le Prince Murat et se prépare à se défendre. Il charge les têtes de colonnes qui se présentent et les rejette sur le gros de la Division, qui ne juge pas à propos de continuer ses attaques ; elle se porte à droite pour aller prendre position derrière la Frisching.
Quelques détachements de cavalerie seulement se retirent sur Gross-Lauth, où ils veulent défendre le pont sur la Frisching. Un fait d'armes brillant est alors accompli par un détachement de la cavalerie de Pajol, qui les a suivis, et lance contre eux un peloton de 50 hommes du 5e Hussards, conduit par le Chef d’Escadron Wattier, Aide de camp du Général Lasalle, et un peloton de 50 hommes du 3e Chasseurs, sous les ordres du Capitaine de la Chasse de Vérigny, son Aide de camp. Nos cavaliers culbutent l'ennemi et le poursuivent jusqu'à Wittenberg.
La Brigade Pajol occupe cette localité à deux heures de l'après-midi. Murat, arrivant ensuite avec la grosse cavalerie, établit les Dragons et les Cuirassiers à Tharau ; tandis que la Division Gudin se place en avant de Jesau, et celle de Friant, sur les hauteurs de Gross-Lauth. Dès que ses forces sont ainsi disposées, Murat envoie en reconnaissance sur Königsberg la Brigade Pajol, qui trouve, en avant de Gollau, l'arrière-garde du Général Lestocq.
Les Prussiens font volte-face. Pajol s'arrête et se prépare à soutenir la lutte. La cavalerie ennemie s'étant d'abord avancée, il lance contre elle le 5e Hussards, qui la rejette sur les lignes d'infanterie. Après ce premier engagement, les Dragons, qui suivent Pajol à peu de distance, arrivent avec de l'artillerie ; la canonnade s'engage, et les charges de cavalerie recommencent. L'ennemi, craignant alors d'avoir une grosse affaire, se retire. Notre artillerie lui envoie force boulets pour accélérer sa retraite (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 270).
"Journée du 13 juin 1807.
Le général de division, avec la 1re brigade (Pajol), s'est dirigé sur Königsberg.
La cavalerie ennemie a été rencontrée à Mühlhausen et a voulu défendre le passage du pont de Gross-Lauth.
Le général Pajol l'a fait charger par 50 hommes du 5e régiment de hussards, 50 hommes du 3e régiment de chasseurs.
A la tête de ce détachement étaient le chef d'escadron Wattier, aide de camp du général de division, et le capitaine Vérigny, aide de camp du général Pajol.
L'un et l'autre ont fourni vigoureusement la charge, poursuivi l'ennemi jusque auprès de Wittenberg, et rougi leurs sabres du sang de ses chefs.
Pendant cette journée, son Altesse Impériale a manœuvré sur l'ennemi avec la brigade Pajol, ayant en seconde ligne ses dragons et ses cuirassiers.
Il n'est pas d'éloges qu'elle ne m'ait faits de cette brigade, et elle connait tous les services qu'elle lui a rendus.
Le 5e de hussards, son colonel en tête, a soutenu dans des défilés les efforts de l'ennemi, quatre fois plus nombreux. Le général Pajol lui a fait conserver sa position, malgré le feu du canon, sur le point qu'il gardait.
La 1re brigade a bivouaqué à Wittenberg.
Le général de division, LASALLE" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 434).
Martinien donne à la date du 13 devant Koenigsberg, les Capitaines Lemire, Mexner et Dahm blessés.
Le 13 juin 1807, à 11 heures et demie, Murat écrit, de Grosslauth, à Napoléon : "… Voici la situation des troupes :
Une brigade légère de Lasalle à Wittenberg …
Le général Lasalle enverra sur la Pregel, pour tâcher d'y ramasser quelques bateaux" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 193, lettre 2925).
Le lendemain 14, le 5e Hussards charge plusieurs fois, en avant des lignes françaises, des partis ennemis restés à l'extérieur de Koenigsberg et les refoule dans la place. A citer dans ces combats au 5e Hussards : le Capitaine Meixner a son cheval tué sous lui et est blessé d'un coup de feu à la cuisse. Le Capitaine Lemir chargeant avec vigueur est grièvement blessé par une balle. Le Brigadier Steinmetz est tué, le Maréchal-des-logis Beaumont est blessé de cinq coups de lance au ventre et au dessus des hanches; le Brigadier Martini est blessé d'un coup de feu à la jambe gauche et d'un coup de lance à la cuisse droite; le Brigadier Wartel et le Hussard Jannot sont blessés. Ce dernier, gravement atteint, meurt de ses blessures à l'hôpital de Thorn.
Le 14 juin, le 5e Hussards présente la situation suivante : 4e Division de Cavalerie légère Lasalle, Brigade Pajol, 3 Escadrons (Nafziger 807FAE).
Murat reçoit de l'Empereur l'ordre de se rabattre sur Friedland. La Brigade Pajol marche par Weissenstein et Underwangen où elle apprend la victoire de Friedland. Elle se réunit à Wehlau aux deux autres Brigades de la Division Lasalle venant de ce champ de bataille avec le gros de l'armée.
"14 juin 1807.
Le général de division, avec la 1re brigade, a continué sa route sur Königsberg. Après avoir culbuté ce qui s'opposait à son passage, il s'est porté jusqu'à l'entrée des faubourgs de cette place. Pour y arriver, le 3e régiment de chasseurs, commandé par le colonel Charpentier, a fait plusieurs charges hardies et heureuses.
Le 5e de hussards a marché sur le feu des batteries prussiennes.
Le 7e de hussards a forcé l'ennemi sur la gauche. Le brave général Pajol a chargé à la tête de chacun de ses régiments.
La 1re brigade, d'après les ordres de son Altesse Impériale, a quitté Königsberg pour se rejeter sur Weissenstein, où elle a pris ses bivouacs.
Une brigade de dragons, commandée par le général Barthélemy, a marché pendant cette journée avec le général de division et la 1re brigade (Pajol).
Le général de division, LASALLE" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 434).
Martinien donne le Sous lieutenant C. Drouard, blessé le 14 juin à Friedland.
Le 15 juin 1807, à 7 heures et demie du matin, Murat écrit, depuis Uderwangen, à Napoléon : "… Je viens d'envoyer Lasalle à Genslaken, route de Wehlau à Königsberg, avec ordre de ramasser des bateaux pour y jeter un pont …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 196, lettre 2928).
Le même 15 juin 1807, à midi, Murat écrit encore, depuis Uderwangen, à Napoléon : "… Je me détermine à me porter sur Tapiau, où j'ai dirigé dès ce matin le général Lasalle ; de cette position je serai en mesure d'exécuter les mouvements que Votre Majesté pourra ordonner sur Königsberg, de seconder les mouvements de la Grande Armée sur Wehlau et de m'opposer aux tentatives que pourrait faire l'armée russe pour rentrer à Königsberg, en passant la Pregel, pour me placer derrière la Deime, enfin je serai plus près de la Grande Armée sur Tapiau qu'à Friedland.
Je désire beaucoup que Votre Majesté approuve ma détermination. …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 197, lettre 2929).
Enfin, toujours le 15 juin 1807, à 10 heures du soir, Murat écrit une denière fois, depuis Uderwangen, à Napoléon : "… J'ai été fort surpris en arrivant ici de ne pas y trouver le général Lasalle, auquel j'avais donné des ordres précis de s'y rendre, et je ne saurais à quoi attribuer la non-exécution de mon ordre, si je n'avais été informé que Votre Majesté avait envoyé différents officiers pour ordonner à tous les corps de cavalerie qu'ils rencontreraient de se porter sur Wehlau ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 198, lettre 2930).
Benningsen se replie sur le Niemen, la Division Lasalle le poursuit. Elle passe la Prégel, repousse les cosaques à Tacplaken le 16 juin 1807 et s'empare de ce village. Murat, avec le reste de sa cavalerie de réserve, rejoint la Division Lasalle à Taplacken, et marche à l'avant-garde, qui reprend son mouvement le 17 de grand matin.
Les brigades Pajol et Durosnel forment la tête de colonne, se portant sur Mehlauken, tandis que la 3e Brigade de Lasalle est dirigée sur Saalau, où les Russes ont envoyé une grande quantité de bagages. L'arrière-garde ennemie, que Lasalle et Victor ont repoussée la veille de Taplacken, s'est arrêtée à Schirrau ; les Cosaques occupent Hischken. Après les avoir chassés de ce village, Pajol continue sa marche sur Schirrau ; mais, au milieu du bois de Kugellacker, il rencontre des postes qui couvrent les lignes de l'infanterie russe au passage de la Schilup. Se plaçant alors à la tête du 3e Chasseurs, il s'élance au galop sur les détachements qui veulent s'opposer à son passage, les culbute et débouche dans la plaine, où il est bientôt rejoint par le 5e et le 7e Hussards, et par la Brigade Durosnel, amenée par le Général Lasalle. A peine notre cavalerie est-elle déployée en face de Schirrau, que l'artillerie russe ouvre un feu violent, en même temps que les Cosaques reviennent à la charge et se précipitent sur elle. La Brigade Pajol se jette tout entière sur les cavaliers ennemis, qu'elle refoule vivement jusqu'à Schirrau, où leur retraite désordonnée entraîne l'infanterie. La Division Lasalle gagne alors rapidement le Mühlen-Graben, sans trouver de résistance ; les Régiments de Pajol couchent à Mehlauken et à Popelken ; ceux de Durosnel s'installent à Alt-Mehlauken, gardant la route de Labiau à Tilsit, par où doit arriver Davout, qui n'a pu atteindre le Corps de Lestocq (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 278). Au cours de ces différentes action, le 5e Hussards s'est distingué alors face aux Cosaques, qu'il a réussit à joindre malgré la vitesse de leurs chevaux et à qui il a infligé de grandes pertes.
"17 juin 1807.
Les 2e et 3e brigades ont été détachées. Le général de division s'est porté avec les deux autres sur Mehlauken. Le général Pajol a traversé un bois défendu par la cavalerie, garni d'infanterie, à la tête du 3e régiment de chasseurs. Sans hésiter, il gagne le débouché au galop, renversant ce qui se présente devant lui. Le 3e chasseurs l'a suivi bravement, faisant preuve, en cette circonstance, d'un courage bien froid et digne d'éloges.
En avant de ce bois, au moment où les deux brigades venaient de se former, toutes les forces ennemies se sont présentées pour les charger. Deux fois les Cosaques et les Mameluks se sont précipités sur elles. Chaque fois le général de division a porté en avant ses deux brigades sur eux au moment même de leur mouvement. Les attaques ont été vives et meurtrières ; mais notre cavalerie, si bien conduite par Pajol, a constamment eu cette supériorité marquée que rien ne saurait plus lui faire perdre.
Le 7e hussards s'est distingué. Le colonel a reçu deux coups de lance.
Les deux brigades ont bivouaqué à Mehlauken et Alt-Mehlauken.
Le général de division, LASALLE" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 435).
A noter que Martinien donne le Sous lieutenant Duval, blessé au cours de l'affaire de Labiau.
Le 18 juin 1807, à deux heures de l'après-midi, Lasalle fait prendre ses cantonnements, lorsque les Cosaques arrivent à l'improviste, espérant profiter de la confusion que les premiers moments de l'installation peuvent produire. Pajol a encore sous la main le 5e Hussards ; il le lance à fond de train contre l'ennemi, qui ne peut résister et se retire bientôt. Après ce brillant fait d'armes, Pajol place ses régiments en avant-garde à Schillapischken et à Gross-Skategirren, et envoie plusieurs reconnaissances sur la route de Tilsit, pour avoir des nouvelles de la retraite de l'ennemi. Une de ces reconnaissances trouve à Wittgirren un gros poste russe, qu'elle ne peut déloger (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 280).
"18 juin 1807.
La 1re brigade (Pajol) a marché droit sur Tilsit, avec le général de division ; la 4e a marché par la gauche. Le point de réunion a été fixé à Wanaglaucken.
S'il avait pu exister quelques doutes sur la supériorité de notre cavalerie légère, cette journée les aurait fait disparaître.
Trois ou quatre fois les corps se sont choqués, mêlés, sabrés, et toujours l'ennemi a eu ses rangs rompus et a fui.
Il semblait que généraux, officiers, soldats, combattaient pour l'honneur et la gloire de l'arme.
Dans cette même journée, le 5e de hussards a contenu toute la cavalerie ennemie, qui essayait un mouvement contre nous au moment où nous prenions nos bivouacs. La résistance de ce régiment est un des beaux faits militaires.
Le chef d'escadron Wattier est allé, au moment d'une charge, reconnaître, à portée de pistolet de la ligne ennemie, le terrain sur lequel on devait se porter.
Entouré par les Cosaques, son cheval blessé mortellement, il a rejoint son général au moment où l'action allait s'engager. Il a donné les renseignements qui ont décidé du succès de notre mouvement.
Le général de division, LASALLE" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 435).
Le même 18 juin 1807, à 3 heures et demie du soir, Murat écrit, depuis Schillupischken, à Napoléon : "D'après les ordres de Votre Majesté que m'a transmis M. le major général, j'ai dû m'arrêter au village de. Schillupischken, après avoir vigoureusement poussé devant moi au moins dix mille hommes de cavalerie et fait exécuter différentes belles charges par les 5e et 7e régiments d'hussards et la brigade Durosnel, j'aurais pu arriver ce soir sur le Niémen.
Le général Lasalle gardera la ligne Schillup, depuis Klein Statiguren jusqu'à Schillikojen, il occupera ce dernier endroit ainsi [que] Gross Statiguren comme avant-garde, tout le restant de ma cavalerie sera en arrière de lui pour le soutenir, occupant Kruplaucken, Szemlauken, Jaecksten et les villages intermédiaires entre la Schillup et l'Ossa ; j'aurai mon quartier général à Jaecksten, où je prie Votre Majesté de m'adresser ses ordres …" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 203, lettre 2936).
"LXXXe BULLETIN.
Tilsitt, le 19 juin.
Le grand-duc de Berg, à la tête de la plus grande partie de la cavalerie légère, des divisions de dragons et de cuirassiers, a mené battant l'ennemi ces trois jours derniers, et lui a fait beaucoup de mal. Le 5e régiment de hussards s'est distingué" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 236 ; Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal; Correspondance de Napoléon, t.15, lettre 12775).
Le 21 juin 1807, la Brigade Pajol est postée à Trappöhnen ; Wattier, à Johansburg ; Bruyères, à Bogdahnen et Andreischken ; Durosnel, à Seekenburg et Alt-Seekenburg. Ces quatre Brigades forment, depuis l'embouchure du Niémen jusqu'à Johansburg, une ligne d'avant-postes qui surveillent les Russes, répandus sur la rive droite du fleuve. Pajol, en arrivant à Trappöhnen, fait bivouaquer autour de la ville le 5e Hussards et le 3e Chasseurs , et il détache à Alt Lubohnen le 7e Hussards, qui le relie ainsi à Johansburg. Il envoie immédiatement des patrouilles dans les bois en arrière, pour ramasser les traînards, en même temps qu'il expédie des détachements le long du Niémen pour recueillir des fourrages. Mais les Russes, avant d'évacuer ce pays, ont tout pillé. On ne trouve presque rien, ni pour les hommes, ni pour les chevaux. Pajol s'en plaint au Général Lasalle, et réclame de meilleurs cantonnements pour ses Régiments, fatigués par les marches et les combats des derniers jours. Cependant, il n'y a pour le moment rien de changé (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 282).
Benningsen franchit le Niemen à Tilsitt où un armistice le 22 juin arrête les hostilités.
"S. Exc. M. le grand-chancelier de la Légion-d'honneur, d'après l'ordre de S. M. I. et R., daté de Tilsitt, le 29 juin 1807, a adressé à MM. les officiers généraux, officiers supérieurs et autres officiers dont les noms suivent, l'autorisation nécessaire pour porter la décoration des ordres étranger indiqués ci-dessous ...
WURTEMBERG.
Ordre du Mérite militaire de Wurtemberg ...
Chevaliers,
... Le colonel d'Héry, officier de la Légion, commandant le 5e de hussards" (Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal).
Sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur au titre du 5e Hussards par décret du 7 juillet : Meixner, Capitaine, Nicolle, Capitaine-adjudant-major en retraite, Galois, Pierre, Rockel et Joyenval, Sous-lieutenants, Graffaut et Vicq, Sous-lieutenants en retraite, Vollet et Nicolle, Maréchaux-des-logis et Collet, Hussard.
La Brigade Pajol est aux avant-postes en avant de Tilsitt.
Dans ses souvenirs militaires, Hippolyte d'Espinchal, qui fait toujours partie début juillet, des Gendarmes d'Ordonnance, raconte comment, arrivé à Königsberg, il apprend (le 10 ou le 11) la dissolution de la Gendarmerie d'ordonnance, mais aussi sa nomination au 5e Hussards : "... Je fus chez le prince de Neufchâtel dont la bienveillance m'était assurée et qui me confirma cette triste nouvelle, en m'ajoutant que l'Empereur récompenserait dignement le dévouement et la conduite honorable de notre corps ; puis il m'engagea à me trouver le lendemain dans le salon de réception où tous les officiers de la Garde avaient le droit de se présenter. Cette recommandation me semblait de trop bon augure pour y manquer. Lorsque j'entrai dans la salle, une grande partie de la Maison militaire de l'Empereur s'y trouvait, ainsi que plusieurs généraux, colonels et quelques officiers de la Garde de tous grades ; puis, arriva l'Empereur accompagné du prince de Neufchâtel. Il se promena doucement, en adressant quelques paroles bienveillantes aux uns et aux autres ; lorsqu'il s'approcha de moi, le cœur me battit plus fort que dans la baraque de Heilsberg ; il me fixa un moment, et je crus apercevoir un léger sourire lorsque le prince me dit : « S. M. vous a nommé adjudant-major au 5e régiment de Hussards. - Oui, oui, hussards », dit l'Empereur en s'éloignant ; ce qui me valut, lorsqu'il fut parti, force compliments et de poignées de main, entre autres de mon cousin, Edmond de Talleyrand de Périgord, capitaine au 5e Hussards, lequel, venant d'être nommé aide de camp du prince de Neufchâtel, me fit cadeau de ses uniformes et équipements, présent d'autant plus précieux qu'étant de la même taille, j'étais revêtu le lendemain de la magnifique pelisse, blanche et or, du nouveau corps auquel je venais d'appartenir" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 148).
Dans ses souvenirs militaires, Hippolyte d'Espinchal raconte : "Le 13 juillet, la Garde impériale se mit en marche pour rentrer en France, et, dans la même journée, l'Empereur partit pour Paris, tandis que les officiers nouvellement promus étaient dirigés sur les corps auxquels ils appartenaient. Quant à mon frère et à moi, nous ne quittâmes Koenigsberg que cinq jours après, emportant dans noa coeurs un reconnaissant souvenir de la douce et bienveillante hospitalité dont nous avions été l'objet au milieu de la belle et nombreuse famille de Lehndorff pendant seize jours. Notre séparation ressemblait au départ d'enfants quittant le toit paternel pour faire un voyage de long cours, par les soins et les attentions dont nous étions entourés. Sachant que nous allions parcourir un pays ruiné par la guerre et encore occupé par de nombreuses troupes, l'on remplit mon petit fourgon de provisions de toutes espèces que, vainement, nous voulions refuser" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 151).
Le 15 juillet 1807, la Brigade Pajol se porte à Kattenau et à Stallupöhnen, d'où elle s'étend, le 16 , jusqu'à Pillkallen, formant ainsi une ligne d'avant-postes qui couvre la Division Morand. Cette Brigade s'est augmentée du 11e Chasseurs et comprend, par conséquent, quatre Régiments (5e et 7e Hussards, 3e et 11e Chasseurs). Elle fait de nombreuses reconnaissances dans le pays qu'elle occupe, soit pour ramasser les traînards, soit pour observer les positions des Russes. Elle reste dans ces emplacements jusqu'au 21 juillet (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 284).
Dans ses souvenirs militaires, Hippolyte d'Espinchal raconte : "Ce fut le 18 juillet que nous quittâmes ce toit hospitalier, ayant pour compagnons de voyage Naucaze, de Montravel et Charles de Montulé, devant nous séparer tous les quatre à Marienwerder pour nous diriger chacun sur nos corps respectifs.
Notre réunion se composait de quatre maîtres, cinq domestiques et quatorze chevaux, chacun de nous en ayant trois, et mon fourgon étant attelé de deux petits chevaux polonais conduits par un jeune garçon. Contraint de laisser à l'hôpital mon brave et fidèle Bourbonnais avec une fièvre typhoïde qui me laissait peu d'espoir de le revoir jamais, ce fut donc sur mon cosaque Tilsit que dut se reporter toute ma confiance ; au reste je n'avais qu'à me louer de sa conduite et de son intelligence.
La route que nous avions à suivre se trouvant encombrée par deux corps d'armée, dont l'un était dirigé sur l'Espagne tandis que l'autre allait prendre ses quartiers en Pologne et en Silésie, nous adoptâmes la détermination d'abandonner chaque soir les lieux d'étape et de tâcher de rencontrer quelque habitation éloignée de la route pour y passer la nuit.
Le premier jour, ce fut après avoir fait huit lieues que nous trouvâmes, à une demi-lieue dans les terres, le château de Phoren où l'intendant, en l'absence de son maître, nous reçut avec les démonstrations les plus bienveillantes, bien que peut-être elles ne fussent pas très sincères. II est vrai cependant qu'il refusa le montant des dépenses que nous avions faites, en cela se conformant, disait-il, aux ordres de son maître.
Le lendemain, parcourant un magnifique pays ensuivant les bords du Frichs-Haff, nous fîmes quinze lieues pour atteindre le superbe château de Tolknit, avec l'intention d'y faire un séjour, afin de reposer nos chevaux de cette forte journée.
A peine étions-nous établis qu'un sous-officier des Guides du prince de Neuchâtel y arriva pour faire le logement de sa troupe, avec la prétention de nous en faire déguerpir; mais, résolus à jouir de notre droit de priorité, malgré les menaces du sous-officier se disant porteur d'un ordre, nous lui signifiâmes que ce serait avec ses chefs que nous aurions à nous entendre. Le seigneur châtelain de ce beau manoir tremblait de tous ses membres à l'idée d'être témoin d'une rixe sanglante, et ne fut rassuré, à l'approche des Guides, qu'au moment où il entendit le capitaine blâmer sévèrement la conduite du sous-officier. Il résulta de ce petit incident que nous passâmes fort gaiement notre séjour et que notre hôte en fit les honneurs de la manière la plus affable et avec une recherche de luxe dont, en le quittant, nous lui témoignâmes toute notre reconnaissance. Nous abandonnâmes non sans regret l'agréable séjour de Tolknit en y laissant les Guides qui devaient attendre les équipages du prince de Neufchâtel. Quant au prince, l'Empereur l'avait emmené avec lui. Après huit heures de marche, nous arrivâmes à Elbing; mais cette ville regorgeant de troupes, nous dûmes faire encore une lieue dans les terres afin d'atteindre une ferme dans laquelle nous trouvâmes, fort heureusement, du fourrage pour nos chevaux et où les provisions de mon fourgon nous évitèrent de mourir de faim.
Le lendemain, plus heureux que la veille, nous trouvâmes dans la jolie ville de Marienbourg l'officier payeur du 5e Hussards qui parvint, non sans peine, à nous loger dans une auberge au moment où un détachement de dragons en sortait. Deux jours après, nous entrâmes à Marienwerder où naguère, avant la campagne, nous étions restés deux mois.
Ce fut après un repos de cinq jours que nous dûmes nous quitter pour prendre chacun la direction de nos corps respectifs mon frère sur Berlin, et moi vers les frontières de la Pologne. Cette séparation nous fut d'autant plus pénible que, n'appartenant pas au même corps d'armée, il était présumable que nous serions longtemps sans nous voir.
Ce fut le 28 juillet que chacun de nous, isolément et fort tristement, suivit sa route ; la mienne se fit pendant trois jours d'une manière assez désagréable, le pays ayant été complètement dévasté par la guerre; c'est ainsi que j'arrivai à Thorn, assez belle ville située sur la Vistule et très fortifiée par l'Empereur. Cette partie de la Pologne, qu'il me fallut parcourir dans une longueur de 42 lieues, offrait une aridité désespérante; coupée par des bois de sapins, elle était peuplée de loin en loin par de chétifs villages, quelques petits bourgs sous la domination usuraire des juifs. Je fus encore trop heureux d'avoir recours à eux, ce qui me permit d'arriver sans encombre, après sept jours d'une marche fatigante, à la petite ville de Villembourg où je trouvai le général Pajol dont la brigade se composait des 5e et 7e hussards; sa réception remplie de bienveillance fut accompagnée d'une invitation à passer la journée près de lui" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 151).
La Brigade Pajol se retire vers le sud avec le Corps de Davout qui évacue cette ville, arrive à Orstelburg le 1er août et y séjourne jusqu'au 17. C'est le plus long repos qu'elle a depuis l'entrée en campagne. Le Général en profite pour rétablir l'ordre et une stricte discipline dans ses Régiments. Il fait dresser, dans chaque Corps, des états récapitulatifs des pertes en hommes et en chevaux.
Le Colonel d'Héry établit l'état récapitulatif des pertes du Régiment pendant la campagne. Elles prouvent que le 5e Hussards ne s'est pas ménagé et se montent à 16 hommes tués, 74 blessés et 4 prisonniers. Pour l'ensemble de la Brigade, on dénombre 75 tués , 233 blessés et 16 prisonniers. La perte totale en chevaux est de 321 ; mais il en a été pris 399 à l'ennemi (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 285).
Hussard de la Compagnie d'élite en 1807, d'après S. Palatka (in Gloire et Empire N°3); la source en est très certainement la description faite par H. d'Espinchal |
Le 6 août, Hippolyte d'Espinchal arrive à Villembourg où, dit-il, "je trouvai le général Pajol dont la brigade se composait des 5e et 7e hussards ...
Le lendemain, 7 août, doit être compté comme un des jours heureux de ma carrière militaire, par la manière affectueuse dont je fus admis à faire partie de cette nouvelle famille de braves, et, par une circonstance non moins favorable, il fallut que, ce même jour de mon arrivée, le régiment disséminé dans ses cantonnements dut se trouver réuni pour une revue du commissaire des guerres.
Le colonel, prévenu par une lettre d'avis de l'état-major général de l'armée, m'accueillit d'une manière d'autant plus gracieuse qu'à cette lettre d'annonce était jointe une apostille signée du prince de Neuchâtel. Présenté au corps d'officiers, je fus peu d'instants après reconnu dans mon grade d'adjudant-major sur le front du régiment en bataille, et, le soir, un punch flamboyant, donné par le colonel, me mit bientôt en rapport avec mes nouveaux camarades.
Peu de jours après, j'entrai en fonction de ma nouvelle position, genre de service très actif (il n'y a dans la cavalerie que deux adjudants-majors par régiment) et assez difficile, mais apprécié par l'Empereur qui le disait être la pépinière des meilleurs officiers.
Le 5e régiment de Hussards, qui venait d'être cité plusieurs fois dans cette dernière campagne où il avait perdu plus de 300 hommes, était un des plus beaux régiments de l'armée pour son élégant et magnifique uniforme, consistant dans une pelisse blanche avec galons, ganses, olives et tresse en laine jaune et fourrure noire, dolman et pantalon bleu de ciel garnis de galons, de tresses et de franges en laine jaune, gilet rouge avec ganse et galons jaunes, ceinture cramoisie à nœud en laine rouge, sabretache fond blanc avec un aigle en cuivre, bordée d'un large galon, et, au bas, le n° 5; sabre courbé à fourreau en cuivre, deux pistolets et une petite carabine, colback à flamme blanche avec jugulaire en chaînons de cuivre; le petit uniforme à la mamelouk avec tresse en laine. Même uniforme pour les officiers, seulement la passementerie et les ornements en or et la distinction du grade sur les manches et le pantalon. En grande tenue de gala, pantalon blanc et or, le dolman avec ceinture et bottines de maroquin rouge avec de très petits éperons. Le harnachement du cheval consistait dans une selle à la hussarde, garnie de cuivre à l'extrémité postérieure, schabraque bleu de ciel avec galon jaune, porte-manteau rond en drap bleu de ciel avec galon jaune aux extrémités; poitrail portant un cœur en cuivre, brides ornées de cuivre et mors sans bossette.
Le colonel, nommé Dery, était un créole de la Martinique, âgé de trente et un ans; destiné au barreau, il avait fait d'assez bonnes études, mais la Révolution lui ouvrant une carrière plus analogue à ses goûts, il s'engagea dans le 1er régiment de Chasseurs, devint le camarade de lit de Murat et obtint assez rapidement l'épaulette par plusieurs actions d'éclat. Sa tournure distinguée, son éducation et sa bravoure déterminèrent Murat à le prendre pour aide de camp à son retour d'Egypte, avec le grade de chef d'escadron, et il le fit nommer colonel au 5e Hussards après la bataille d'Iéna.
Sans vouloir entrer dans la politique, je dirai seulement que le traité de Tilsit stipulant des indemnités considérables, la création d'un royaume de Westphalie pour Jérôme Bonaparte et un remaniement de la Pologne, quatre corps d'armée durent occuper le pays conquis jusqu'à ce que toutes les conditions de ce traité eussent reçu leur pleine et entière exécution, et, a cet effet, les troupes furent reparties en Prusse, en Pologne, dans la Silésie et la Hesse" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 154).
Le 9 août 1807, l'Adjudant commandant chef d'Etat-major de la cavalerie légère, Petit-Pressigny, donne depuis le Quartier général à Ortelsburg, les ordres suivants :
"D'après les ordres de M. le général de division Lasalle, il est ordonné à M. Herbault, sous-lieutenant de la 7e compagnie du 5e régiment de hussards, de partir de suite d'Ortelsburg pour se rendre à Kalvarija auprès de M. le chef d'escadrons Barrelier, commandant un détachement de 100 hussards et chasseurs réunis, afin de lui remettre les ordres et instructions dont il est chargé de la part de M. le général Lasalle.
M. Herhault a pareillement ordre de remettre en passant à Augustowo des ordres à M. le chef d'escadrons Jacquinot. Il passera par : Schöndameran; Peitschendorf; Arys, Lyck; Augustowo.
Arrivé dans cette dernière ville, il se fera donner la route sûre pour se rendre à Kalvarija. Il suivra le chef d'escadrons Barrelier jusqu'à sa résidence à Ostrolonka, et lorsque ledit détachement de 175 hommes qui doivent se rendre à Mazowezk, Woischki et autres lieux y seront arrivés, il recevra du chef d'escadrons Barrelier l'ordre de se rendre à un des détachements pour y faire son service, comme faisant partie des officiers commandés pour ce détachement.
Il invitera les chefs d'escadrons Barrelier et Jacquinot d'accuser au général Lasalle les ordres qu'ils auront reçus.
M. Herbault se rendra dans les lieux qui lui sont indiqués aussi promptement qu'il le pourra; il se fera accompagner par deux ordonnances qui feront aussi partie du détachement dont il est question et qui resteront avec lui.
Jusqu'à l'arrivée du détachement, les vivres, fourrages et le logement lui seront fournis" (In Carnet de la Sabretache 1899, "Le Général Lasalle à Varsovie", page 43.
On lit à la suite de cet ordre les deux notes ci-dessous :
"L'officier ci-contre dénommé a été amené avec un garde d'Augustowo à Kœnigsberg et avec un rapport d'arrestation d'un capitaine de dragons prussiens; il est arrivé a Kœnigsberg le 16 à 10h30 du soir, il en est reparti le 17, à 10 heures du matin; après avoir été élargi, muni d'un passeport du maréchal de Kalckreuth, d'une lettre du capitaine qui a fait l'arrestation, d'un onrdre de passer partout, avec une escorte au besoin, et d'un autre ordre, d'avoir quatre chevaux et voiture jusqu'à destination.
Kœnigsberg, le 17 août 1807.
Le Chef d'escadrons commandant le dépôt des Français
BIGEX".
Le moment d'entrer en Pologne étant arrivé pour Davout, ses troupes évacuent le territoire le 20 août 1807 : 4 à 500 cavaliers de la Division Lasalle sont laissés sur divers points du Neu-Ost-Preussen, pour observer les frontières prussiennes et russes ; le reste de cette Division légère doit s'établir sur la Pilica. La Brigade Pajol quitte Ortelsburg le 17 août, vient le même jour à Willenberg, gagne, le 18, Chorzellen ; le 19, Przasznic ; le 20, Makow ; le 21, Pultusk (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 286).
"Il est ordonné à M. Herbault, officier du 5e régiment de hussards, qui a été chargé de m'apporter des dépêches venant de M. le général de division Lasalle, de se rendre à Ostrolenka, où il rejoindra son détachement.
Il lui sera fourni de gîte en gîte une voiture attelée pour se rendre à sa destination.
Augustowo, le 21 août 1807.
Le Lieutenant-colonel
commandant la province de Neu-Ost-Preussen dans le duché de Varsovie
BARRELIER".
Le 22 août, C. du Coetlosquet, Adjudant major, écrit au Général Lasalle : "On dit que Théron est colonel au 5e de housards. Si cela est, veuillez bien nous confirmer cette bonne nouvelle..." (In Carnet de la Sabretache 1899, "Le Général Lasalle à Varsovie", page 53). Fausse nouvelle puisque Thérond a été promu au grade de Major du 4e Dragons le 3 juillet 1807.
La Brigade Pajol se rend le 22, Sierock, et arrive, le 23, à Varsovie (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 286).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Sans vouloir entrer dans la politique, je dirai seulement que le traité de Tilsit stipulant des indemnités considérables, la création d'un royaume de Westphalie pour Jérôme Bonaparte et un remaniement de la Pologne, quatre corps d'armée durent occuper le pays conquis jusqu'à ce que toutes les conditions de ce traité eussent reçu leur pleine et entière exécution, et, à cet effet, les troupes furent reparties en Prusse, en Pologne, dans la Silésie et la Hesse.
La brigade du général Pajol faisant partie du corps d'armée du maréchal Davout, nous reçûmes l'ordre de nous diriger sur Varsovie où nous arrivâmes le 23 août, après avoir traversé un pays sablonneux, misérable et complètement ruiné par la guerre. Le 5e Hussards resta seulement quarante-huit heures dans cette belle capitale, après lesquelles il fut réparti dans des cantonnements assez mauvais pour la troupe, mais où les officiers trouvèrent une bienveillante hospitalité dans les nombreux châteaux qui couvraient le pays. C'est dans cette partie de la Pologne qu'était situé le majorat de 200 000 livres de rente du maréchal Davout avec un magnifique château. Non loin de ce beau manoir se trouvait la Galicie autrichienne, en face de laquelle furent établis des postes d'observation bien que nous ne fussions pas en guerre avec cette puissance, mais sur l'avis que son armée se renforçait considérablement sur ses frontières" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 156).
"HERBAULT, SOUS-LIEUTENANT AU 5e REGIMENT DE HUSSARDS, A MONSIEUR LE GENERAL DE DIVISION LASALLE.
Mon général,
J'ai l'honneur de vous faire part qu'étant parti par vos ordres d'Ortelsburg pour me rendra auprès de M M. les chefs d'escadrons Barrelier et Jacquinot, afin de leur remettre les dépêches que vous aviez daigne me confier, surtout de mettre la plus grande célérité, je n'ai cru mieux faire que de partir en voiture, prenant une ordonnance avec moi, laissant l'autre avec mes chevaux, pour se rendre avec à Schöndamerau ; Peitschendorf ; Arys ; Lyck ; Augustowo.
J'ai bien continué ma route jusqu'à Lyck, ayant passe par les endroits ci-dessus. J'ai rencontré des Prussiens à Arys; ils n'ont fait aucune difficulté pour me laisser passer; je me suis même adressé à un colonel d'un régiment d'infanterie prussienne, qui m'a autorisé à demander des chevaux au bourguemestre. Me les ayant donnés, je suis arrive à Lyck le 11, à 7 heures du matin, ayant changé de chevaux à une lieue de là ; mon intention était de faire encore deux lieues et d'en prendre d'autres, mais cependant je voulais avoir l'ordre du bourguemestre. En conséquence, je me suis rendu chez lui, après lui avoir demandé les noms des villages par où je devais passer pour me rendre à Augustowo; je lui demandai un ordre pour avoir des chevaux au premier village. Me l'ayant refusé, je ne persistai pas davantage.
J'entrai dans une boutique où l'on vendait de l'eau-de-vie, pour en prendre un verre, et ensuite continuer ma route. Je menai même le conducteur de la voiture avec moi; mais pendant que j'étais entré, il partit sans me dire mot. J'ai attendu après lui pendant une demi-heure; voyant qu'il ne venait pas, je me suis décidé à continuer mon chemin, en disant au marchand chez lequel j'étais de dire au paysan de venir chercher ses chevaux au premier village sur la route d'Augustowo, et je suis parti, mon ordonnance me servant de conducteur.
Je ne suis pas sorti de la ville, que plus de vingt paysans sont accourus après moi avec des bâtons; un qui se trouvait, des premiers vint me menacer du sien. Je tire aussitôt mon sabre, et je saisis son bâton que je lui donne sur les épaules; je remets mon sabre et rentre en ville, dans l'intention de prier M. le commandant de la place de vouloir bien faire cesser ce tumulte. Mon hussard étant resté auprès de la voiture après avoir marché une centaine de pas, je vois arriver 7 à 8 dragons prussiens, le sabre à la main, dont un d'eux était à cheval sur un mauvais Konia (note : c'est le petit cheval de labour employé en Pologne); il me menaça de me frapper sur la tête. Je n'y fis pas attention. Mais réitérant une seconde fois, et me l'ayant présenté la pointe à la figure, j'ai cru que je ne devais pas me laisser sabrer sans me défendre. J'ai tiré mon sabre que j'ai porté au-devant du sien, que j'ai écarté de la main gauche, tout cela avant que les dragons à pied ne fussent arrivés. Je remis mon sabre dans le fourreau, et je continuai mon chemin pour aller chez le commandant de la place, demandant au dragon de m'y conduire. Enfin les autres dragons étant arrivés (c'était la garde de police), ils me demandèrent mon sabre. Je le leur donnai sans difficulté, croyant qu'ils me conduiraient tranquillement. Point du tout, ils me tenaient toujours des propos injurieux en me menaçant; un d'eux remet son sabre, je croyais que c'était fini. Je marchais parmi eux sans dire mot, lorsque je me sentis frapper d'un coup de poing à la joue gauche, et un autre me piquant le bras droit avec son sabre, qui ne m'a cependant pas blessé. Je veux prier des officiers devant lesquels je passais d'empêcher qu'on ne me maltraitasse, étant sans arme, mais au lieu d'avoir égard à ce que je pouvais leur dire, ils ont engagé leurs soldats à me traîner en prison. Je les ai suivis au corps de garde. Je fais demander de me-rendre chez le capitaine commandant; la première, deuxième et troisième fois, il me fait dire qu'il allait venir, et !a quatrième fois, qu'il n'avait pas d'explications à avoir avec moi: que je partirais le lendemain pour Königsberg, où je suis arrivé le 16, à 10 heures du soir. Le lendemain, j'ai écrit à M. le colonel Bigex, et lui ai détaillé tout ce qui s'était passé; je le priai en même temps de me faire élargir et de solliciter auprès de M. le général prussien de me procurer les moyens pour me rendre à ma destination le plus promptement possible; il a obtenu de M. le maréchal de Kalckreuth, gouverneur de la Vieille-Prusse, un passeport et en outre un sous-officier pour me servir de sauvegarde.
Daignez agréer les sentiments dans lesquels je suis, avec la plus parfaite considération; votre subordonné,
HERBAULT.
Augustowo le 24 août" (In Carnet de la Sabretache 1899, "Le Général Lasalle à Varsovie", page 43 et suivantes).
- Mouvements en Pologne
Officier du 5e Hussards sans date d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un tableau de Lejeune : "La bataille du Mont Thabor"
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La brigade Pajol fait partie du Corps de Davout qui établit ses cantonnements dans le Grand-Duché de Varsovie.
Davout, qui s'y trouve depuis le 17, porte la Brigade Pajol, le 25, à Nadarzyn ; le 26, à Mszezonow, et le 27, à Rawa. Pajol, ayant établi son quartier général dans cette ville, dispose ses Régiments le long de la Pilica, conformément aux instructions qu'il a reçues : le 11e Chasseurs est réparti de Rawa à Ujazd ; le 3e Chasseurs, à Petrikau (Piotrkow), à Kamiensko ; le 7e Hussards, dans les environs de Radomsk ; et le 5e Hussards, dans les environs de Pilica. Ainsi échelonnée, la Brigade garde le cours de la Pilica sur une étendue de 40 à 45 lieues. Les cantonnements sont suffisamment développés pour que la subsistance des hommes et des chevaux soit assurée sans surcharger extraordinairement les habitants, pendant le long séjour que nos troupes doivent faire dans un pays considéré comme ami (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 286).
Le 27 août, le Régiment est ainsi fractionné : l'Etat-major à Pilica avec le Colonel d'Héry; le Chef d'Escadron Hirn avec 8 Officiers, 165 hommes et 159 chevaux à Gieblo; le Chef d'Escadron Perrin avec 7 Officiers, 167 hommes et 152 chevaux à Kremlow et le reste du Régiment à Szarca avec 7 Officiers, 153 hommes et 133 chevaux; 5 Officiers, 149 hommes et 152 chevaux sont détachés, 46 hommes sont dans les hôpitaux et 13 sont prisonniers de guerre. L'effectif total est de 730 hommes et 612 chevaux.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "A peine étais-je établi depuis quelques jours au château de Czelemtziky chez le comte Wurschow, dont l'accueil me faisait présager un séjour agréable au milieu de sa famille, que je fus appelé près du colonel afin de recevoir ses instructions sur une mission que j'aurais à remplir très incessamment. Puis, cette affaire de service terminée, il me remit le brevet de chevalier de l'ordre de la Fidélité de Bade que venait de lui adresser pour moi le prince de Neuchâtel. Cette faveur, à laquelle je ne m'attendais nullement, me fut expliquée plus tard.
Lors de la paix de Tilsit, des croix étrangères furent données aux officiers de la Maison de l'Empereur et à la Garde impériale : le corps des Gendarmes d'ordonnance y fut naturellement compris pour deux, et je reçus la mienne comme ayant été décoré le premier de ce corps.
La mission dont je fus chargé avec l'autorisation du maréchal Mortier, dont le quartier général était à Breslau, fut de me rendre en cette ville à l'effet d'y établir, sous ma surveillance spéciale, des ateliers pour le régiment, y faire confectionner des effets d'équipement, remettre l'armement en état, et recevoir une remonte assez considérable dont nous avions un urgent besoin" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 156).
Le 9 septembre 1807, le Général Pajol écrit depuis Krumsin au Général de Division Lasalle à Varsovie : "Sitôt votre dernière reçue, j'ai ordonné de nouveau au colonel Déry de compléter et de faire partir en entier un escadron pour la Nouvelle-Silésie, ce qu'il a exécute aujourd'hui.
Je crois devoir vous observer à cet égard, mon général, que le 5e housards est dans un état de misère difficile à décrire, et que si le colonel n'a envoyé primitivement que 50 bons chevaux en Silésie, ce n'était absolument que pour le bien du service, car, comme il me le dit par sa lettre de ce jour, il croyait inutile d'y envoyer des chevaux qui ne pourraient être utilisés.
Par les états de situation que je vous ai envoyés aussi exactement que possible pendant et après la route que nous venons de faire, et autant que le permet aujourd'hui la grande distance qui existe entre chaque colonne et moi, vous avez dû voir que le 5e housards n'a a l'effectif que 243 chevaux, non compris ce détachement ; que sur ces 243 chevaux, il y en a 150 blessés et hors d'état d'aucun service, et qu'il ne lui reste absolument que la compagnie d'élite. Il a donc été obligé d'envoyer à Perrin (note : le Chef d'Escafron Perrin, au cordon de cavalerie de Silésie) des hommes à pied conduisant en main leurs chevaux, qui lui deviendront inutiles. Voilà l'état où se trouve ce régiment. Les autres n'offrent guère une plus grande force, et si les détachements qu'ils ont sur la rive droite de la Vistule rentrent en aussi mauvais état, que l'on annonce qu'ils sont, la 1re brigade n'offrira pas aux Tudesques 400 chevaux, qui après quelques affaires seront réduits à 200 ; cela est dégoûtant.
Je vous envoie encore des états de situation; ils doivent plus que suffire pour donner au chef d'état-major la base des régiments et les matériaux pour établir les états qu'il doit envoyer aux généraux chefs d'état-major. J'ai aussi fait les fonctions de chef d'état-major, et cela d'une armée ; quand les états n'arrivaient pas à temps, je me servais des précédents. Le ministre ne s'en est jamais plaint, parce que la différence de 5 à 15 jours ne pouvait être sensible, surtout en temps de paix; la besogne était aussi bien; tout le monde était content et aucun colonel tracassé. Les pauvres diables sont assez malheureux d'avoir des régiments sans régiments.
Voilà encore Déry qu'on met aux arrêts. Que le diable m'emporte s'il a jamais su ce qu'on lui demandait, et s'il a jamais moins mérité cette punition.
Voila assez rabâché sur ces misérables états; j'enverrai tous ceux qu'on me fera passer; il faudra que Pressigny s'en contente, et qu'en homme d'esprit il supplée à ce qui pourra manquer. Je vais demander aux colonels l'état par hommes et villages des cantonnements qu'ils occupent. Je vous les ferai passer aussitôt reçus. Que de minuties !
Adieu, mon cher général, amusez-vous mieux que moi, autant que je le désire. Restez à Varsovie autant que possible, car nous mourrons dans ce pays où il n'y a pas seulement de gibier, et croyez à toute mon amitié comme à tout mon respect.
PAJOL.
J'ai appris avec infiniment de peine l'incommodité de Mme Lasalle. Veuillez, en l'assurant de mes respects, lui présenter mes hommages et combien je prends de part à son état, et combien mes désirs sont de la voir rendue à la santé.
Je suis ici comme un anachorète, ne recevant nouvelle de qui que ce soit. Veuillez donc, je vous prie, charger un de vos officiers de me faire envoyer mes lettres et de remettre à la poste celle que je prends la liberté de vous adresser" (In Carnet de la Sabretache 1899, "Le Général Lasalle à Varsovie", page 53).
Le 15 septembre 1807, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, les 5e et 7e régiments de chasseurs et les 3e et 11e de hussards formeront la brigade du général Pajol. Le général de brigade Wathier et le général de division Lasalle pourront se rendre en France, et vous leur donnerez à cet effet un congé d’un mois ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1294 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16369. Note : Napoléon a confondu ici Hussards et Chasseurs ; la Brigade Pajol était constituée des 5e et 7e Hussards et 3e de Chasseurs, elle s'est désormais augmentée du 11e de Chasseurs).
Le lendemain 16 septembre 1807, Berthier écrit, depuis Paris, à Clarke : "Je vous préviens, général, que d'après les intentions de l'Empereur, je donne des ordres pour que les 5e et 7e régiments de hussards, et les 3e et 11e régiments de chasseurs, qui composent, en ce moment, les brigades des généraux Pajol et Watier soient réunis en une seule brigade, sous les ordres du général Pajol. Au moyen de cette disposition, Sa Majesté autorise le général de division Lasalle et le général de brigade Watier à rentrer en France, et je leur envoie, à cet effet, un congé d'un mois avec appointements" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 233).
Davout ordonne à Pajol de préparer sa Brigade à partir pour aller occuper, dans la province de Kustrin, Landsberg, par le 5e Hussards ; Friedeberg, par le 7e Hussards ; Arnswalde, par le 3e Chasseurs, et Dramburg, par le 11e Chasseurs. Le général Pajol met successivement ses Régiments en marche, au commencement de décembre. Le 5e Hussards, réuni tout entier le 6 décembre à Pilica, se rend le 7, à Siewierz ; le 8, à Tarnowitz ; le 9, à Gross-Strehlitz ; le 10, à Oppeln ; le 11, à Brieg ; le 13, à Breslau (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 289).
Hippolyte d'Espinchal écrit à son père, le 13 décembre 1807, depuis Breslau : "Lorsque ma dernière vous annonçait notre changement de position, j'ignorais, mon père, quel en serait le résultat, mais, aujourd'hui, je puis non seulement vous rassurer sur les craintes que cela vous causait, mais en même temps vous mettre à même d'apprécier tous les avantages que je puis retirer de ma situation présente. Le régiment auquel j'appartiens a beaucoup souffert dans cette dernière campagne, ayant toujours formé l'avant-garde de l'armée avec le 7e Hussards commandé par Edouard Colbert, mon camarade de pension ; ces pertes vont être promptement réparées au moyen de là conscription et de belles remontes fournies par le Meklembourg.
Le poste d'adjudant-major que j'occupe (il n'y en a que deux dans la cavalerie) demande de l'activité, de l'intelligence et de l'instruction militaire; cette dernière qualité laisse beaucoup à désirer, mais, avec un bon vouloir, l'aide de la théorie jointe à la pratique, je suis certain d'être avant peu parfaitement au courant; mais le difficile de mon emploi, c'est de savoir conserver la confiance du colonel et l'amitié des officiers avec lesquels il faut être à chaque instant dans des rapports de service plus ou moins agréables.
Jusqu'à présent, je n'ai rien à désirer à cet égard, mes nouveaux camarades ayant vu sans jalousie la place de faveur que j'ai obtenue; aussi ferai-je tout mon possible pour me maintenir dans ces bonnes dispositions. En ce moment je suis chargé ici, à Breslau, d'une mission assez importante qui demandera une grande surveillance; j'ai dû établir différents ateliers pour le régiment, tant pour la confection des équipements et la réparation de l'armement, et je dois aussi recevoir sous ma responsabilité une remonte considérable dont nous avons un besoin urgent.
Breslau est une fort belle ville, capitale de la Silésie prussienne, occupée par le maréchal Mortier, qui y a son quartier général, de nombreuses administrations et plusieurs généraux desquels j'ai reçu un accueil bienveillant, entre autres les généraux Suchet et Becker, ce dernier ayant des rapports avec l'Auvergne par son mariage avec la sœur de Desaix, le héros de Marengo. Breslau était avant cette dernière guerre la place la plus forte de la Silésie ce fut le corps d'armée de Jérôme Bonaparte composé de Saxons, de Wurtembergeois, de Bavarois et. quelques corps d'armée français qui en firent le siège; la défense des Prussiens fut vive; la place, entourée de fortifications garnies de 200 bouches à feu et 6000 hommes d'infanterie, résista assez longtemps, mais finit par capituler le 5 janvier 1807, ce qui entraîna la soumission de toute la Silésie et la complète destruction des fortifications qui furent entièrement rasées. La ville, située sur l'Oder, est grande, riche, commerçante et très populeuse; la haute société y est très nombreuse et fort accueillante ; aussi se passe-t-il peu de jours qui ne soient employés en concerts, bals ou soirées, dans lesquels les officiers français sont admis avec le plus grand empressement. C'est dans ces cercles, peuplés de femmes charmantes, que je termine assez régulièrement mes journées et j'y trouve d'amples dédommagements à mes ennuyeux travaux. Mais, ce qu'il y de plus remarquable, c'est un club féminin, offrant tous les agréments imaginables, dans lequel les patronnesses mettent autant de grâce que d'importance dans leurs fonctions, s'occupant sans cesse d'être agréables à tout le monde. Admis, par l'intervention de mon hôte, dans ce cercle où viennent aussi plusieurs généraux et officiers de l'état-major du maréchal, j'y ai trouvé deux Françaises ; l'une est la femme d'un général de division, l'autre la baronne d'A... qui jouit ici de la même réputation de beauté qu'à Paris, son mari occupant une des premières places administratives du pays conquis. Plusieurs salles élégamment meublées servent, les unes pour les jeux de commerce des dames et des hommes d'un certain âge; une autre, au milieu de laquelle se trouve une vaste table ronde, est couverte d'albums, de dessins, de gravures et de quantité de jolies corbeillés renfermant différents ouvrages à peine commencés pour ne finir peut-être jamais; puis, vient la salle de concert, où l'on entend de la musique parfaite, et enfin celle où l'on danse, presque toujours la mieux garnie et la plus habitée. Vous devez penser tout ce que peut offrir d'agréable une semblable réunion composée de femmes charmantes, gracieuses, aimables, où régnent la joie, le plaisir, la danse et les jeux unis au meilleur ton, sans en exclure certaines intrigues de coeur suivies de douces liaisons qu'on refuse rarement aux vainqueurs.
A ces détails, qui vous prouveront qu'on peut allier les plaisirs aux affaires, est venu se joindre un incident de la plus haute gravité et dans lequel je me suis trouvé jouer un rôle à la vérité fort secondaire, mais qui fut sur le point de troubler la bonne harmonie qui régnait entre nous et les habitants. Déjà plusieurs duels avaient eu lieu avec des officiers prussiens sans emploi, toujours provoqués par ces derniers, lorsque le 2 décembre, le maréchal Mortier, voulant célébrer l'anniversaire du sacre de Napoléon, donna un bal magnifique où furent invitées toutes les personnes marquantes de la ville. II faut croire que, dans ce nombre, peu d'hommes y vinrent par affection, mais, du moins, ils s'y conduisirent à peu près tous de la manière la plus convenable. Cependant un ex-colonel prussien, causant avec trois personnes, en allemand, tint des propos si injurieux sur l'Empereur que le capitaine d'artillerie Gourgaud, avec lequel je me trouvais, qui les entendit et qui parlait parfaitement cette langue, lui dit "Monsieur, si vous n'étiez pas ici, je vous donnerais une paire de soufflets, et si vous avez un reste d'honneur, je vous engage à les considérer comme les ayant reçus. – Parfaitement, répond le colonel, et j'espère demain vous mettre hors d'état d'en parler." Tout ceci se passait d'une manière si froidement calme que nul, excepté les témoins, ne pouvait se douter qu'au milieu de la musique, des danses et de la joie, se préparait un horrible drame.
Quant à Gourgaud, d'un caractère chevaleresque, d'une bravoure remarquable et avec l'insouciance de ses vingt-trois ans, il me serra la main en me donnant rendez-vous chez lui pour le lendemain matin à 6 heures et s'en fut danser comme si de rien n'était. Seulement, il me dit bas à l'oreille, en me quittant, de tâcher de voir Le colonel pour lui demander quelle arme il choisissait; je ne tardai point à le joindre et il me dit "Le pistolet, c'est plus tôt fait;" nous nous quittâmes froidement. Cependant, appréciant toute la gravité de cette affaire, dans laquelle il fallait une victime par la manière dont elle était engagée, ma responsabilité de témoin me causait une telle anxiété que j'avais complètement oublié la danseuse qui m'avait accordé la valse qu'on jouait en ce moment, lorsque le général Suchet s'en apercevant "Eh bien ! me dit-il, la princesse Czerniskowa vous attend impatiemment et votre négligence pourrait vous faire perdre ses faveurs, car vous savez qu'elle est exigeante et jalouse. C'est vrai, mon général, répondis-je, je vais lui faire mes excuses et la prier de me laisser libre un moment, ayant à vous entretenir sur une chose fort importante et dans la crainte d'en perdre l'occasion. Mais c'est donc bien grave ? Excessivement. Eh bien ! allez vous dégager de votre mieux et venez me trouvez dans le cabinet du maréchal, nous y serons seuls." En effet, la chose se fit ainsi, et j'informai le général de tout ce qui s'était passé : "C'est vrai que c'est très grave, me dit-il, ce colonel est le cousin germain du général Tauzin qui a été tué en défendant Breslau, il jouit ici d'une grande- considération, mais ce n'était point une raison pour injurier l'Empereur. J'approuve fort la conduite du capitaine Gourgaud pour lequel je forme des voeux bien sincères; vous avez bien fait de m'instruire de cette affaire et je me charge d'arranger cela avec le maréchal; seulement tâchez qu'on n'en parle pas dans le bal." Je pus l'en assurer, et nous rentrâmes dans le salon, moi ayant la conscience de ce que je venais de faire dans l'intérêt de mon camarade. Peu après, je rentrai chez moi fort impressionné par ce qui devait se passer dans quelques heures.
Dès la pointe du jour du 2 décembre, un petit billet du commandant d'artillerie Fleuriot me prévenait qu'il viendrait dans la matinée me prendre avec une voiture. En effet, au coup de sept heures nous partîmes, Gourgaud, le commandant, un chirurgien-major et moi, emportant une boîte de pistolets et une épée de combat. Vingt minutes après nous étions sur le terrain choisi, où arrivèrent, presque en même temps, le colonel Tauzin avec ses deux témoins. "Messieurs, dit ce premier, dans le français le plus correct, il est inutile, je pense, d'entrer en explications sur le motif qui nous conduit ici; j'ai reçu l'insulte la plus grave qu'on puisse faire à un militaire, je veux donc en tirer vengeance vous laissant le soin d'en régler les conditions." Après ces paroles, les pistolets visités furent chargés, deux épées plantées à trois pas de distance et les deux antagonistes placés à quinze pas avec la faculté de marcher et tirer à volonté, après trois coups frappés dans les mains.
Gourgaud m'avait chargé de dire qu'il consentait à recevoir le premier feu et demandait qu'après les quatre coups tirés sans résultat, on se battit à l'épée ; le colonel refusa noblement la première proposition et accepta la seconde. Cette affaire ainsi arrêtée avec le plus grand calme, le baron de Fretzingen fut chargé de donner le signal. Deux coups partirent en même temps et le colonel frappé en pleine poitrine s'affaissa en disant "Je suis mort." Nous nous empressâmes tous autour de lui ; notre médecin lui donna les premiers soins et on le transporta dans sa voiture. Aussitôt rentré en ville, je fus rendre compte au général Suchet du résultat du combat; il en informa sur-le-champ M. le maréchal Mortier. Pendant dcux jours, on espéra sauver le blessé, mais il survint une hémorragie avec un redoublement de fièvre qui emporta le malheureux colonel.
Cette affaire mit un peu de froid dans la société. Gourgaud fut envoyé en mission, les Prussiens retinrent leur langue, et comme de toute chose, on n'y pensa plus (Note : C'est ce mêmc Gourgaud qui devint plus tard premier officier d'ordonnance de Napoléon, le suivit à Sainte Hélène, revint en France après son décès, en 1830 fut fait lieutenant général, aide de camp de Louis-Philippe et est mort pair de France).
Je me suis laissé entraîner à cet épisode, mon père, en vous donnant quelques détails sur mon séjour à Breslau; il faut me pardonner ce bavardage qui, au fait, doit être pour vous d'un bien faible intérêt; mais il en est parfois de la plume et de la pensée comme d'une partie de chasse dont souvent le but est détourné, mais auquel on revient; et c'est aussi ce que je vais faire en vous parlant de mon frère. Vous savez que nous sommes séparés et déjà bien éloignés l'un de l'autre sans savoir quand et comment nous pourrons nous revoir, n'ayant d'autre consolation que celle de nous écrire. Sa dernière lettre m'a fort affligé en m'annonçant la mort de mon brave et fidèle Bourbonnais que j'avais été contraint de laisser à l'hôpital de Koenigsberg attaqué d'un espèce de typhus qui laissait peu d'espoir de le sauver, et je vous joins ici le faire-part qu'il vient de m'adresser sur le décès de ce fidèle serviteur :
"On ne revient jamais du rivage des morts.
Tu sauras, mon ami, qu'après de vains efforts,
Ton premier écuycr, de glorieuse mémoire,
A terminé ses jours, point au sein de la gloire,
Mais dans certain séjour, dans cet endroit fatal
Que pour trancher enfin nous nommons hôpital.
J'ignore maintenant si la pompe funèbre
A dû repondre en tout à cet homme célèbre;
Mais je crains qu'un cercueil simplement fabriqué
Ne contienne aujourd'hui ce corps inanimé.
Je le sens, je le vois, cette nouvelle affreuse
Devra faire à ton coeur une plaie douloureuse.
Mais enfin, mon ami, ce grand homme n'est plus !
Hornc donc tes chagrins, tes regrets superflus,
Accorde tes bienfaits au successeur modeste,
L'habitant du Niémen, aussi brave que leste,
Que Bourbonnais (Note : C'est ce brave serviteur qui, à l'affaire de Neutgarden en Poméranie, vint combattre près de moi, ainsi que je l'ai écrit dans le temps) forma, que lui-même il choisit,
Qu'il se plut à dresser en dirigeant Tilsitt (Note : Tilsit est le Cosaque prisonnier auquel je donnai ce nom en le prenant à mon service et dont la fidélité, ainsi qu'on le verra, n'a eu de terme que le jour où il eut, près de moi, la tête emportée par un boulet de canon).
Maintenant que j'ai su compatir à tes peines,
Permets que dans ton sein je verse aussi les miennes.
Tu sais combien l'amour a, sur mon confident,
De pouvoir et d'attraits ? Tu connais son penchant ?
Hélas ! Il payera cher tous ses plaisirs faciles,
Ces grossiers rendez-vous de filles inhabiles.
L'Esculape en ce jour veut traiter mon gaillard
Comme le fut jadis l'amoureux Abeilard.
Tu comprends son effroi ! ..."
Je suis surpris que mon frère ne vous ait point donné des détails sur son colonel, car cela vous eût rappelé que lors de notre émigration à Dusseldorf, il était avec d'Avaray et Le Pelletier de Morfontaine, un de mes amis intimes ; plus âgé que moi de deux ou trois ans, son physique agréable et ses talents remarquables comme musicien et peintre le faisaient fort rechercher dans la société. Plus tard, lorsque les Français vinrent sur les bords du Rhin, alors que, malgré mes quatorze ans, vous m'envoyiez à l'Armée de Condé, mon homonyme Hippolyte de Piré, dont le père était rentré en France, se mit dans une barque, traversa le fleuve et fut s'engager dans un régiment de hussards, où sa brillante conduite le fit promptement nommer officier. Plus tard, il vint à Paris où sa réputation de bravoure, son superbe physique joints à ses talents, lui méritèrent les faveurs d'une femme remarquable par sa beauté et dont la position la mit à même de faire obtenir de l'avancement à son protégé. De Piré devint chef d'escadron, aide de camp du prince de Neuchâtel, et, fait colonel de chasseurs à cheval dans la campagne de Tilsit, il eût désiré m'avoir dans son régiment; mais ayant été désigné spécialement par l'Empereur au grade d'adjudant-major au 5e régiment de Hussards, il dut renoncer pour le moment a ses bonnes dispositions à mon égard, lorsque, le hasard plaçant mon frère sous ses ordres, il lui fit l'accueil le plus empressé et m'écrivit qu'il avait souvent à la pensée le souvenir de nos jeunes années et combien il serait heureux de trouver l'occasion de m'en donner des preuves.
Adieu, mon père à bientôt" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 157).
Adjudant sous officier et Trompettes du 5e Hussards en grande tenue, 1807, d'après P. Benigni pour Bucquoy (Fanfares et Musiques des Troupes à cheval). La source indiquée est Berka et Collections Alsaciennes
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Adjudant sous-officier en grande tenue, d'après Klaus Tohsche; la source est le dessin de P. Benigni |
Détail du parement d'Adjudant d'après P. A. Leroux pour Segom |
Le 5e Hussards est envoyé à Landsberg au nord-ouest du Gouvernement de Davout.
Le 5e Hussards se rend le 14, à Wehlau ; le 15, à Guhrau ; le 16, à Glogau ; le 17, à Kontop ; le 18, à Zullichau ; le 19, à Schwiebus ; le 21, à Meseritz ; le 22, à Schwerin, et le 23, à Landsberg, où il est installé, ainsi que le Quartier général de Pajol (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 289).
Le Dépôt est resté à Namur, quartier Saint-Lambert.
Trompette de la Compagnie d'élite du 5e Hussards en grande tenue, 1807, d'après P. Benigni pour Bucquoy (Fanfares et Musiques des Troupes à cheval). La source indiquée est Berka et Collections Alsaciennes
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Trompette de la Compagnie en grande tenue, d'après Klaus Tohsche; la source est le dessin de P. Benigni |
Hippolyte d'Espinchal écrit, le 28 décembre 1807, depuis Landsberg : "La date de cette lettre, cher frère, doit te faire penser que Breslau n'est plus pour moi qu'un souvenir, puisqu'en ce moment j'en suis éloigné de plus de 60 lieues. Cependant mes impressions sont encore trop vives pour ne pas t'en retracer une partie, laissant de côté celles dont il est inutile de t'entretenir et qui appartiennent à l'âge des passions. Tu sais que le motif de mon séjour dans cette ville, qui a été de trois mois, consistait dans la mission dont j'étais chargé; je l'ai remplie consciencieusement, surtout par l'envoi de 132 chevaux et le refus de 18 que vainement voulait m'imposer un major, chargé des remontes dont je veux oublier le nom. Il ne me restait donc plus qu'à rejoindre le 5e Hussards, lorsque je reçus une lettre fort aimable du colonel, m'annonçant le prochain départ du régiment et son passage par Breslau, et m'autorisant à l'y attendre; déjà même, je faisais mes adieux de devoir et de sentiment, lorsque cette nouvelle m'arriva et c'est à cette circonstance que je dois d'avoir été témoin et acteur d'un événement dont le souvenir ne s'effacera jamais de ma mémoire et que je vais te raconter dans tous ses détails et la vérité la plus exacte. Mais, avant, je commencerai par te rendre compte d'un déjeuner peu moral auquel j'assistais, donné par le colonel de dragons Lamothe. Il y avait les généraux Fournier, Lahoussaie, Auguste Colbert et Pajol, le colonel Laferrière-Lévêque du 3e Hussards, puis l'adjudant-major du Coëtlosquet avec pareil nombre de beautés prussiennes et polonaises. Un incident vint troubler momentanément notre gaieté bruyante, pour faire place à un spectacle qui m'eût semblé invraisemblable, si je n'en n'avais été témoin, et pour lequel je fus loin de partager l'admiration de plusieurs convives. On était au dessert ; le vin de Champagne coulait à flots et les têtes commençaient à s'échauffer, lorsque parut un dragon d'ordonnance, porteur d'un pli pour le général Fournier dont il demandait un reçu. "C'est juste, mon garçon, lui dit le général, je vais t'en dormer un qui ne s'effacera pas", et, lui remettant l'enveloppe à la main : "Tiens, place-toi au bout de la salle, le bras tendu, si tu n'as pas peur. Je ne connais pas ce mot-là", répondit le dragon en se mettant en position sans témoigner la moindre émotion. Alors, le général, prenant un des pistolets du colonel Lamothe, vise, perce l'enveloppe d'une balle et donne 40 francs à l'ordonnance. Celui-ci en souriant se mit en position de nouveau en ajoutant : "Mon général, si vous voulez y mettre votre paraphe, je suis tout prêt." Fort heureusement cette épreuve ne se renouvela pas, et le dragon se retira après avoir avalé d'un trait une bouteille de vin.
J'avoue qu'il ne me fut pas possible de partager l'hilarité presque générale ; cette scène produisait sur moi une pénible émotion, et j'admirai beaucoup plus le courageux sang-froid du dragon que l'adresse du général. Le surlendemain, le chef de bataillon Do... attaché à l'état-major général, venant d'être nommé colonel d'infanterie avec injonction de partir sur-le-champ pour l'Espagne où se trouvait son régiment, voulut inaugurer sa nomination par un punch auquel furent invités plusieurs généraux et autres officiers de tous grades, dont je faisais partie. Une séance de ce genre ne pouvait guère avoir pour accessoires que le punch, la pipe et le jeu, aussi il en fut ainsi ; une boîte remplie de dés servit d'armes aux combattants et la lutte commença. Pendant quelque temps, les chances furent assez égales mais enfin elles tournèrent d'une manière tellement favorable au nouveau colonel qu'en peu d'instants il eut devant lui une masse d'or et d'argent considérable.
J'allais me retirer, lorsque Charles du Coïtlosquet, s'approchant de moi, exigea la promesse que nous sortirions ensemble. Peu à peu, tout le monde s'étant écoulé, nous restâmes seuls avec l'heureux amphytrion. "Monsieur le colonel", lui dit mon camarade en prenant négligemment sur la table les trois dés, cause de nos désastres communs, "il est minuit moins un quart, vous voudrez bien, j'espère, nous donner notre revanche jusqu'au moment où l'heure sonnera. - Qu'à cela ne tienne, lui répondit celui-ci, car je suis véritablement honteux de mon bonheur." Je déclarai ne vouloir plus jouer, trouvant ma perte de douze frédérics d'or plus que suffisante pour ma bourse. "Sois tranquille, – me dit Charles, avec le plus grand sang-froid, j'en ai perdu quinze comptant, j'en dois trente-sept et tout cela s'arrangera. Monsieur le colonel me fera une déclaration écrite dans laquelle il stipulera n'avoir rien à me réclamer et en outre nous restituera l'argent comptant que nous avons perdu."
Je croyais que le punch avait tourné la cervelle à mon camarade mais celui-ci, avec le même calme : "N'est-ce pas, Monsieur le colonel, lui dit-il, qu'avant le coup de minuit vous aurez satisfait au désir que je viens d'exprimer. - Je ne puis concevoir, repartit le colonel, la signification d'une mauvaise plaisanterie; je la trouve même aussi déplacée qu'impertinente et, n'était la distance des grades qui existe entre nous, je vous demanderais sur-le-champ la satisfaction de votre insolence."
Stupéfait de tout ce que j'entendais sans y rien comprendre, sinon qu'un orage terrible et sanglant était sur le point d'éclater, je ne tardai point à être instruit de ce dont il s'agissait.
"Monsieur le colonel, lui dit Charles, le grade n'est pour rien dans toute cette affaire; je respecterais vos épaulettes, si vous en étiez digne mais une chose certaine c'est que Hippolyte et moi, qui ne sommes que capitaines, nous avons le droit de vous faire baisser les yeux. Cependant, comme homme, je suis tout prêt à vous donner satisfaction de l'insulte que vous croyez avoir reçue de moi; mais, en ce moment, il vous reste seulement cinq minutes pour exécuter mes volontés, et je vous déclare que, ce temps passé, c'est entre les mains de M M. le maréchal que seront déposés les dés pipés avec lesquels vous avez escroqué notre argent."
Le colonel, pâle, tremblant de colère, dans un paroxysme effrayant, se lève brusquement, s'empare d'un pistolet, fait feu sur mon ami et le manque. Sautant aussitôt sur mon sabre pour en percer ce misérable, j'allais me jeter sur lui, lorsque deux soldats de planton, attirés par la détonation entrent dans la chambre "Retirez-vous, dit le colonel, je ne vous ai point appelés;" puis, reprenant son sang-froid : "Messieurs, nous dit-il, j'ai failli être un assassin, je suis à votre disposition, mais un semblable soupçon m'avait exaspéré; recevez mes excuses sur cet affreux emportement. - Non, Monsieur, lui répondis-je; le fait est vrai ou faux, et la réparation doit être éclatante; nous allons sur-le-champ envoyer chercher plusieurs des personnes qui ont passé la soirée ici et les dés seront brisés en présence de nous tous; voyez si vous y consentez ? Non, reprit avec fureur cet ignoble personnage, prenez tout l'or et l'argent qui est sur la table et je m'engage à ne jamais rien réclamer de ce qui m'est dû, mais rendez-moi les dés et que cette affaire soit oubliée, car, de quelque manière qu'elle tourne, le résultat en serait toujours affreux pour moi. Impossible, lui dit Charles qui n'avait pas bougé de dessus sa chaise et conservait un calme imperturbable, il me faut votre déclaration par écrit, ou je vous déshonore à la face de toute l'armée ainsi que vous le méritez."
Cette terrible scène semblait ne pouvoir se terminer, lorsqu'il me survint une idée pour tâcher d'arranger cette épouvantable affaire.
Je proposai que le colonel reconnût par écrit, de la manière la plus simple, qu'il avait reçu de Charles l'argent que celui-ci devait, puis qu'à l'instant, nous nous emparerions de toutes les sommes gagnées pour les donner à une pauvre famille française, établie en ville depuis plusieurs années; que les dés seraient brisés et jetés au feu sans examen et qu'à ce prix nous nous engagions à garder le silence.
Le billet fut écrit d'une main tremblante; Charles en fit froidement la lecture, le plia comme s'il voulait le conserver, puis le livra aux flammes avec les dés. Nous emportâmes 3 465 francs produits de l'escroquerie, pour en faire l'usage décidé, sans même en distraire notre perte, et, en quittant cet homme méprisable, nous lui signifiâmes de ne jamais nous parler si l'occasion de nous rencontrer se présentait.
Ainsi se termina cette dégoûtante et ignoble affaire.
A la pointe du jour, le colonel partit pour la Catalogne, emportant notre mépris et le regret de savoir des braves commandés par un chef aussi indigne (Note : Pour en finir sur ce sujet, je dirai que le colonel D... (il s'agit ici du général Donnadieu), maitre d'armes avant la Révolution, fut destitué sous l'Empire pour malversations, et lors de la Restauration se présentait comme une victime ; il devint maréchal de camp, puis lieutenant général avec une réputation militaire fort équivoque et ayant acquis une espèce de célébrité politique qui s'est éteinte pour faire place au mépris général. Quant à mon ami; sa carrière fut brillante et honorablement acquise ; la Restauration le trouva colonel de hussards; il devint lieutenant général dans la garde royale, directeur du personnel au ministère de la Guerre; donna sa démission à la Révolution de Juillet et vint comme Cincinnatus labourer ses champs et mourir en emportant le souvenir et les regrets de ses compagnons d'armes).
Trois jours après cet événement, le régiment arriva à Breslau que nous quittâmes le surlendemain. Notre marche, qui a duré huit jours par un froid excessif, n'a pas laissé que d'être très fatigante, le régiment étant tous les jours détaché dans les villages, moins le chef-lieu, habituellement occupé par l'état-major et la compagnie d'élite.
C'est ainsi que nous avons atteint Landsberg, fort jolie ville de la Prusse, située sur la Wartha, très populeuse, commerçante et habitée par des familles. considérables dont nous reçûmes le meilleur accueil. Logé chez le bourgmestre de l'endroit, ce digne magistrat m'a offert, avec toute sorte d'aménité, un bon gîte, une table appétissante toujours garnie d'excellents vins, et par-dessus tous ces avantages, la société de sa famille parmi laquelle se trouvait une charmante et aimable personne, parlant parfaitement le français, très bonne musicienne et d'un caractère peu farouche. Cet aperçu doit te prouver que nous sommes destinés à passer un agréable quartier d'hiver, si toutefois l'on veut bien nous y laisser, faisant des voeux bien sincères pour que ton gîte soit aussi confortable que celui dont je suis en possession en ce moment.
Adieu donc, cher frère; ne me laisse plus languir si longtemps à me donner de tes nouvelles, et quelles que soient tes distractions, fais-y trêve un moment en faveur de ton meilleur ami" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 165)
La tête de colone du 5e Hussards vers 1807-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise" (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
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La même planche, non mise en couleur (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
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Trompette du 5e Hussards, sans date, d'après Charles Brun; donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34 |
Trompette, Compagnies ordinaires du 5e Hussards vers 1809-1810 par Brun (collection privée; In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
Trompette du 5e Hussards, sans date, d'après un dessin de la Collection Knötel à Rastatt; la source indiquée est une estampe allemande de Kobell représentant au premier plan un trompette. Au 2e plan timbalier portant même tenue, tablier de timbale invisible |
Trompette du 5e Hussards, daté 1809, d'après P. Benigni (communication de notre ami P. Bourrilly - dessin provenant de l'ancienne collection Raoul et Jean Brunon, Musée de l'Empéri, Salon de Provence) |
Trompette du 5e Hussards vers 1809-1810, par Boisselier (Musée de la figurine historique de Compiègne - In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") |
Trompette du 5e Hussards, 1807, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Trompette, 5e Hussards, tenue, de service, 1808-1812, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari) |
Trompette du 5e Hussards; dessin de P. Benigni donné dans le Bivouac N°17 de 1985 et mis en couleur par notre ami P. Bourrilly. La source indiquée est Kolbe |
Trompette du 5e Hussards. Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
Trompette du 5e Hussards en grande tenue, 1807, d'après P. Benigni pour Bucquoy (Fanfares et Musiques des Troupes à cheval). La source indiquée est Berka et Collections Alsaciennes
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Trompette du 5e Hussards, 1809-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Trompette, 1808, d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms |
Trompette en grande tenue, d'après Klaus Tohsche; la source est le dessin de P. Benigni |
Hippolyte d'Espinchal écrit : "A Charles de la Bédoyère à Milan.
Je ne puis t'exprimer, mon ami, tout le plaisir que m'a fait éprouver ta bonne et aimable missive. Ce souvenir de ta part était la meilleure preuve de ton constant attachement payé d'un retour bien sincère; j'eusse pris même cette initiative, mais ayant appris que tu avais quitté le 11e Chasseurs sans connaître ta nouvelle destination, j'attendais fort impatiemment que tu m'en informasses.
Te voilà donc aide de camp du prince Eugène; tu ne pouvais certes avoir un meilleur patron, tant par sa haute position et ses talents militaires que par ses qualités personnelles que je puis d'autant mieux apprécier qu'il n'a point oublié l'intimité qui existait entre nos deux familles avant la Révolution et les premières impressions de notre enfance.
Tout ce que tu me dis sur la cour de la Vice-reine, son entourage, cette belle ville de Milan et les fêtes qui s'y donnent, est rempli d'intérêt et ne fait qu'augmenter ma satisfaction de te voir placé dans une sphère si analogue à ton caractère ; aussi je ne doute nullement de tes succès et du brillant avenir qui t'est réservé.
Il paraît, au reste, que la fortune sourit aux Gendarmes d'ordonnance, en voyant le comte de Montmorency attaché à la Maison militaire de l'Empereur, D'Arberg chambellan, Carion de Nisas colonel de dragons, Sourdis chef d'escadron des mameluks, d'Albuquerque aide de camp du maréchal Lannes, De Vence attaché à Murat, d'Aremberg officier d'ordonnance de l'Empereur, d'Albignac colonel aide de camp du roi de Westphalie, Norvins de Montbreton qui a quitté le sabre et est maintenant magistrat, et tant d'autres plus ou moins avantageusement placés. Quant à moi, j'ai cru devoir, quoique bien à regret, remercier le général Suchet de l'honneur qu'il me faisait en me proposant d'être son aide de camp, lui objectant que la manière spéciale dont l'Empereur m'avait nommé si publiquement adjudant-major au 5e régiment de Hussards m'imposait le devoir d'en remplir l'emploi. C'est aussi ce que je fais avec zèle et entraînement, ce dont mon colonel parait satisfait par les marques de bienveillance dont je suis l'objet. Ce poste, comme tu sais, demande beaucoup d'activité et une certaine réserve; jusqu'à présent, j'ai lieu de croire avoir réussi par l'affection que me témoignent mes camarades.
La ville que nous occupons en ce moment est si bien habitée, que les fêtes s'y succèdent, malgré les charges imposées au pays qui ne doit être évacué qu'après le payement intégral des subsides de guerre ; il est vrai de dire que l'Empereur, par une décision bienveillante, vient d'ordonner que tout ce qui serait fourni en nature ou en argent compterait en défalcation. En conséquence de cette décision, des états bien en règle, visés par les chefs de corps et approuvés par un commissaire des guerres, devenaient les pièces comptables des autorités civiles du pays. Une autre décision non moins importante, qui prouve combien l'Empereur s'occupe du bien-être de ses troupes, c'est la gratification accordée à chaque gradé pendant tout le temps que nous séjournerons en Prusse (toujours en défalcation de ce que doit payer cette puissance), ce qui double nos appointements et nous permet de vivre d'une manière tout fait luxueuse et profitable au commerce du pays.
Je pourrais te donner quelques détails sur une fête que les officiers du régiment ont donnée aux dames de la ville et qui a duré quarante-huit heures; mais je craindrais de ta part un sourire dédaigneux en pensant que tu es au milieu d'une population où les passions sont toujours en ébullition et le plaisir de tous les instants. Mais, je préfère te donner une idée des jouissances refusées aux douceurs du climat de l'Italie et dont nous usons amplement : ce sont les courses en traîneaux, la chasse aux loups et aux sangliers que nous faisons en grands seigneurs, c'est-à-dire avec des meutes superbes et l'assistance des paysans.
Le résultat de notre dernière excursion a été deux sangliers, trois loups, un renard et deux lièvres. Cette belle journée, dirigée par le jeune comte de Mohlendorff, s'est terminée par un banquet vraiment royal, offert dans sa belle résidence, où se trouvaient réunies bon nombre de femmes remarquables par leur beauté, leur élégance et surtout leurs gracieuses manières, ce qui prouve que chaque pays a ses spécialités et que tout git dans la manière de les apprécier.
Certes, lorsque nous combattions les armées prussiennes, prétendues invincibles, nous étions loin de prévoir d'aussi heureux résultats, bien que la victoire nous fût assurée par le génie qui nous guidait; mais, trouver chez le vaincu l'aménité et toutes les douceurs de l'hospitalité, c'est une surabondance de vertus qui fait l'éloge des Prussiens, si toutefois la crainte n'en est pas le mobile. Au reste, quoi qu'il en soit, le mieux est de jouir du présent sans s'occuper de l'avenir, et, à cet égard, nous pouvons nous flatter de remplir dignement cette mission.
Ton ami de coeur" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 171).
Reconstitution de l'uniforme de Trompette entre 1807-1809 d'après Rigo, Le Plumet, planche 9 |
Schémas de synthèse de l'uniforme des Trompettes du 5e Hussards en 1808, d'après Klaus Tohsche sans indication de source |
Trompette d'après S. Palatka, visiblement basé sur la planche de Rigo |
Habit de Trompette du 5e Hussards; in Le Passepoil N°4 de la 17e année, page 111
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Dessin de la Collection Knötel à Rastatt, tiré de l'article du Passepoil |
Trompette reconstitué par Rigo, qui s'appuie sur l'habit précédent (Le Plumet, planche 185) |
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Le même habit aujourd'hui (communication d'un de nos correspondants) |
Détails |
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Habit de face (Encyclopédie des Uniformes Napoléoniens)... |
... Et de dos |
Bonnet de police et détail du parement |
Détail du collet |
Parement en pointe | Poche en long d'intérieur de basques | Poches à la Soubise | Retroussis de l'habit |
Trompette du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Trompette du 5e Hussards en 1808-1809, d'après la planche 154 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
Trompette du 5e Hussards, petite tenue, 1807-1808, d'après H. Boisselier; la source indiquée est H. Knötel (N° 151). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Trompette des compagnies ordinaires du 5e Hussards vers 1808-1809 par Boisselier, Musée de la figurine historique de Compiègne (In : "Trompettes de cavalerie") |
Trompette du 5e Hussards en 1808-1809, d'après la planche 154 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer, version allemande (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Trompette du 5e Hussards en 1808-1809, d'après Klaus Tohsche; la source est Forthoffer |
Trompette, petite tenue, 1809, d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms |
Officier (?) du 5e Hussards vers 1807-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise"; à côté, la même planche, non mise en couleur (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Compagnie d'élite du 5e Hussards vers 1807-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise"; à côté, la même planche, non mise en couleur (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Compagnie d'élite (?) du 5e Hussards vers 1807-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise"; à côté, la même planche, non mise en couleur (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
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Officier, Compagnie d'élite, 1806, d'après Louis Vallet (1856-1940) : "Le chic à cheval : histoire pittoresque de l'équitation"; Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, FOL-V-2504 (1)
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Officier du 5e Hussards en tenue de campagne, 1807, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Hussard du 5e Hussards vers 1808-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise" Musée de l'Armée |
Autre vue de cette même planche |
Maréchal des Logis chef porte aigle, 1807, d'après L. Rousselot, "Soldats d'autrefois", série 2. Collection de l'auteur. |
Sous officier du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Hippolyte d'Espinchal raconte : "Le colonel Dery, cité pour plusieurs actions d'éclat, jouissait à l'armée d'une brillante réputation et joignait à cela une véritable passion pour son régiment, avec un désintéressement et une loyauté peu commune. Fier de la réputation qu'il avait acquise dans cette dernière campagne, il n'avait qu'un but, qu'une pensée de tous les instants : c'était de faire du 5e Hussards le plus beau corps de l'armée, bien qu'il en fût déjà le plus élégant par son brillant uniforme, et, à cet effet, il voulait employer les 40000 francs dont l'avait gratifié l'Empereur, et y joindre aussi les économies consiérables qu'il était parvenu à réaliser pendant la campagne, où les réquisitions s'étaient faites dans l'armée d'une manière peu morale.
Depuis la paix, des ordres très sévères avaient fait cesser ces profits illicites dont plusieurs généraux avaient largement profité.
L'Empereur, ainsi que je l'ai dit, avait, sur les subsides de guerre, accordé un supplément de solde aux officiers, mais aussi déterminé des gratifications aux régiments qui avaient le plus souffert. De ce nombre était la brigade du général
Pajol qui fut désignée pour 80000 francs; déjà le 7e Hussards avait touché son indemnité, lorsque le colonel Dery réclama celle de son régiment; on ne lui envoya qu'un bon de 25 000 francs. Surpris de ce mécompte, il refusa de recevoir cette somme, et, sans avoir égard à ses justes réclamations, deux mois s'écoulèrent sans entendre parler de rien; puis, survint notre départ pour quitter le corps d'armée dont nous faisions partie. Ce fut alors que le colonel prit la détermination de m'envoyer à Berlin, près de M. Daru, trésorier général de l'armée. J'en reçus un accueil d'autant meilleur qu'avant mon entrée au service, lorsque j'étais à Paris, j'allais fort assidûment aux soirées dansantes que donnait son épouse.
En prenant lecture de la lettre du colonel, je m'aperçus non seulement de sa surprise, mais aussi de son mécontentement. "Avez-vous, me dit-il, le bon de 25000 francs ? Le voilà, Monsieur, lui dis-je, en le lui présentant. Veuillez me le confier et surtout gardez le silence sur la gravité de cette affaire; je vous assure d'avance le payement intégral des 40000 francs; mais, auparavant, il faut que j'écrive au payeur divisionnaire de Breslau ; vous resterez ici jusqu'au retour de sa réponse. Je vous présenterai au maréchal Victor afin que vous assistiez aux fêtes qui doivent avoir lieu pour l'arrivée de son épouse, et je vous prie de vous rappeler que, pendant votre séjour, votre couvert sera toujours mis à la table de Mme Daru qui sera charmée de vous revoir."
En effet, pendant le temps que je restai à Berlin, j'eus aussi l'honneur de diner chez M. le maréchal et j'assistai comme témoin fort actif aux trois bals magnifiques qui furent donnés l'un par lui, un autre par Mme Daru et le troisième par le comte de Moltke, un des plus grands seigneurs de ce pays, où se trouvèrent réunies tout ce que Berlin renfermait de personnes les plus marquantes de cette belle capitale. Le dixième jour, je me remis en route pour le régiment avec les 40000 francs, et nous apprîmes peu après que le payeur avait été suspendu. Lorsque je fus prendre congé du maréchal Victor, il m'annonça que le 5e Hussards avait été sur le point d'aller en Espagne, mais que, par une nouvelle disposition, il devait très incessamment retourner en Silésie. Cette nouvelle attrista beaucoup le régiment et peut-être encore davantage les habitants avec lesquels nous avions été pendant près de deux mois dans des rapports tellement intimes qu'il ne se passait pas de semaine sans bals ou soirées des plus animés, et que la Légion polonaise, qui devait nous remplacer, était loin d'offrir les mêmes sympathies" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 174).
A noter qu'en 1807, un 5e Escadron est crée à titre de Dépôt dans chaque Régiment.
Uniformes du 5e Hussards en 1808, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 57) |
Uniformes du 5e Hussards en 1808, d'après Klaus Tohsche; la source est Rousselot |
Uniformes du 5e Hussards en 1808, d'après Klaus Tohsche; type basé en partie sur les fiches documentaires de R. Forthoffer |
- Espagne (1807)
Le 16 octobre 1807, l'Empereur écrit depuis Fontainebleau au Général Clarke, Ministre de la Guerre :
"ORDRES CONCERNANT LA FORMATION D'UNE RÉSERVE GÉNÉRALE DE CAVALERIE.
Monsieur le Général Clarke, vous donnerez des ordres pour qu'il soit formé une réserve générale de cavalerie, composée de régiments provisoires.
Elle sera organisée de la manière suivante :
(...) 4° Une brigade de hussards, commandée par un général de brigade et composée de la même manière que les précédentes;
1er régiment : 120 hommes de chacun des 2e, 3e, 4e et 5e de hussards; total, 480 hommes; 2e régiment : 120 hommes des 7e, 8°, 9e et 10e hussards ; total, 480 hommes.
Cette brigade de hussards se réunira à Compiègne.
Vous donnerez des ordres pour que, sans délai, les compagnies qui doivent former chaque régiment soient organisées et mises en marche. Vous choisirez vous-même les majors qui doivent commander les régiments provisoires. Le procès-verbal de formation de chacun des détachements vous sera envoyé, et vingt-quatre heures après ces détachements seront en marche.
S'il est des corps qui ne puissent pas fournir les détachements aussi forts que je les demande, ils les feront partir sur-le-champ aussi forts qu'ils pourront les fournir; il ne faut pas cependant qu'ils soient moindres de 80 hommes, et vous donnerez des ordres, après vous être concerté avec le ministre Dejean, pour que ces régiments soient mis à même d'acheter des chevaux et des selles pour compléter promptement leur nombre.
NAPOLéON" (Correspondance militaire de Napoléon 1er, extraite de la Correspondance générale et publiée par ordre du ministre de la guerre. Tome 5. Lettre 949. D'après la copie. Dépôt de la guerre; Correspondance de Napoléon Ier. t.16, lettre 13259; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 16541). L'organisation prévue par l'Empereur est la suivante : "Chaque régiment sera commandé par un major de l'un des régiments, par un adjudant-major et deux adjudants sous-officiers, choisis de manière que deux officiers ne soient pas fournis par un même régiment; le détachement fourni par chaque régiment sera composé d'un capitaine, d'un lieutenant, de deux sous-lieutenants, d'un maréchal des logis chef, de quatre maréchaux des logis, de six brigadiers, de deux trompettes, d'un maréchal ferrant, et le reste de soldats" (même source - donné également par le capitaine A. Grasset : La guerre d'Espagne (1807-1813). Tome 1).
Le 5 novembre, l'Empereur ordonne la création d'un Corps d'Observation des Côtes de l'Océan, qui doit englober la Division de réserve de cavalerie. De là, ce Corps devient l'Armée des Côtes de l'Océan, où doivent se concentrer les différentes unités.
Le 11 novembre 1807, l'Empereur écrit depuis Fontainebleau au Général Clarke : "... Vous donnerez également l'ordre, par courrier extraordinaire, aux quatre brigades de cavalerie de réserve, cuirassiers, dragons, chasseurs et hussards, de se mettre en marche par la route la plus droite sur Bordeaux; là, ces quatre brigades seront formées, au lieu de l'être à Orléans, Tours, etc. Vous ne leur accorderez pas de séjours; vous leur recommanderez d'activer leur marche le plus possible. Le général Grouchy et les autres généraux qui commandent ces brigades se rendront à Bordeaux pour les y former ..." (Correspondance de Napoléon Ier. Tome 16, lettre 13344).
D'après l'intinéraire de l'Armée des Côtes de l'Océan, le 1er Régiment Provisoire de Hussards qui comprend 1 Compagnie du 5e Hussards, forte de 80 hommes, doit être réuni à Compiègne pour le 20 novembre, et être rendu à Bordeaux le 12 décembre (capitaine A. Grasset : La guerre d'Espagne (1807-1813). Tome 1).
Le 6 décembre, l'Empereur écrit depuis Venise au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "... La brigade de dragons et la brigade de hussards feront partie du corps d'observation des côtes de l'Océan ...
Le maréchal Moncey aura le commandement en chef du corps d'observation des côtes de l'Océan; cela sera tenu secret aussi longtemps que possible ..." (Correspondance militaire de Napoléon 1er, extraite de la Correspondance générale et publiée par ordre du ministre de la guerre. Tome 5. Lettre 965; Correspondance de Napoléon Ier. Tome 16, lettre 13378).
Guy Demoulin donne l'effectif des deux Régiments provisoires de Hussards en décembre 1807, destinés à l'occupation "pacifique" de l'Espagne. Le premier totalise 10 Officiers et 358 hommes provenant des dépôts des 1er, 3e, 4e et 5e Hussards. Ces deux corps provisoires seront peu à peu amalgamés dans les Régiments de Hussards "classiques" qui passeront la frontière afin de se battre dans la péninsule.
Le 21 décembre 1807, Maurice de Tascher, Lieutenant au 12e Chasseurs, note dans son journal : "Goûté le bonheur si pur, si désiré de revoir Sainvilliers, lieutenant au 5e hussards. Son coeur est resté le même. Que je suis heureux d'avoir un ami ! Il vient de Namur, va en Portugal (note : Armée de Junot de 20000 hommes. Nous avions envahi le Portugal avec les troupes de l'Espagne, notre alliée) et a obtenu de gagner quelques jours sur la route pour voir ses parents. Que de choses deux amis ont à se dire ! Passé ensemble depuis 6 heures du soir jusqu'à 4 heures du matin. A 4 heures, il part pour Orléans d'où il doit rejoindre son régiment à Tours" (M. de Tascher : Le journal de campagne d'un cousin de l'Impératrice, 1806-1813).
Officier du 5e Hussards en Espagne, d'après Horace Vernet (Communication de MM. Jeff Thomas et Michael Lint). |
Officier, Compagnie d'élite du 5e Hussards en 1808, d'après Collections Alsaciennes; collection Claude Achard, avec son aimable autorisation |
Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards en 1808, d'après Collections Alsaciennes; collection Claude Achard, avec son aimable autorisation |
i/ 1808 - Grande Armée
- 3e Régiment provisoire de Hussards
Le 12 janvier 1808, "L'Empereur ordonne la formation d'une division de réserve de cavalerie, qui se réunira à Poitiers et sera composée de deux brigades.
La 1re brigade sera composée d'un régiment provisoire de cuirassiers, de six compagnies, formant 730 hommes, et d'un régiment provisoire de dragons, de huit compagnies, formant 1.060 hommes.
La 2e brigade sera composée d'un régiment provisoire de chasseurs, de quatre compagnies, formant 530 hommes, et d'un régiment provisoire de hussards, de six compagnies, formant 810 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1515).
Le 12 janvier 1808 encore, l'Empereur ordonne à nouveau "la formation d'une division de réserve de cavalerie qui doit être réunie à Poitiers le 1er février 1808.
Cette division sera composée de deux brigades, chacune de deux régiments ...
La 2e brigade sera composée d'un régiment provisoire de chasseurs et d'un régiment provisoire de hussards ...
Le régiment de hussards sera composé de six compagnies qui seront tirées, par détachements, des 1er, 4e, 2e, 3e, 5e, 7e, 8e, 10e et 9e régiments de hussards" (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 1516).
Dans un 3e document, lui aussi daté du 12 janvier 1808 : "COMPOSITION DE LA DIVISION DE RéSERVE DE CAVALERIE QU SE RéUNIT A POITIERS LE 1er FéVRIER PROCHAIN.
Cette division sera composée de deux brigades, chacune de deux régiments : ...
La 2e brigade, d'un régiment provisoire de chasseurs et d'un régiment provisoire de hussards ...
Le régiment de hussards sera composé de six compagnies, savoir : ...
4e compagnie : un détachement de 100 hommes du 5e de hussards et un de 40 hommes du 7e ...
Total de ce régiment provisoire 810 hommes" (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 1517).
Le 13 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, donnez des ordres pour la formation d'une division de cavalerie, que mon intention est de réunir à Poitiers et qui sera composée de quatre régiments provisoires de cuirassiers, de dragons, de chasseurs et de hussards. Vous nommerez, pour commander chacun de ces régiments provisoires, un major et un adjudant-major, et vous aurez soin de distribuer le nombre d'officiers et sous-officiers que les corps doivent fournir pour organiser chacun de ces quatre régiments provisoires.
NAPOLÉON.
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et les troupes se mettront en marche au ier février. Vous aurez soin de les faire fournir de capotes et de veiller il ce qu'elles soient bien habillées.
COMPOSITION DE LA DIVISION DE RÉSERVE DE CAVALERIE QUI SE RÉUNIT À POITIERS
Cette division sera composée de deux brigades, chacune de deux régiments.
... La 2e brigade sera composée d'un régiment provisoire de chasseurs et d'un régiment provisoire de hussards ...
Le régiment de hussards sera composé de 6 compagnies, savoir :
... 4e compagnie : un détachement de 100 hommes du 5e et un détachement de 40 hommes du 7e ...
C’est par erreur que le post-scriptum de la lettre relative à la formation de la division de cavalerie de Poitiers porte qu'il sera fourni à cette division : capotes. C'est manteaux qu’on a voulu dire.
Je m'empresse de rectifier cette erreur en priant M. Denniée d'agréer l'hommage des sentiments distingués que je lui ai voués.
Menneval" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13456 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17004).
Dans la Giberne (2e année, N°6, page 191), il est indiqué : "le 13 janvier parait un décret portant création d'un 3e régiment de hussards provisoire. par ordonnance du 10 mars suivant, ce régiment fut formé à Saint-Omer, et composé de 680 hommes tirés des 1e, 2e, 3e, 4e, 7e, 8e, 9e et 10e régiments de hussards". Remarquons que le 5e ne figure pas dans la liste des Régiments prévus pour l'organisation du 3e Provisoire. Il s'agit très certainement d'un oubli de L. Fallou qui ajoute ensuite : "Il resta attaché au camp de Boulogne jusqu'en 1812, époque à laquelle il fut licencié et ses compagnies réparties entre les régiments de l'armée".
- Cantonnements en Silésie
Le 12 janvier 1808, le Général Chabot écrit, depuis Alexandrie, au Général Menou, Gouverneur général du Piémont : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une réclamation du nommé Gilatello pionnier à la 6e compagnie, tendant à obtenir son congé définitif.
Vous verrez que cet homme avait déjà obtenu son congé définitif au 5e régiment d’hussards, mais que l’ayant perdu, il fût arrêté et incorporé dans le 7e de ligne où ne pouvait faire aucun service, on l’envoya aux pionniers.
M. le major du corps auquel j’avais écrit relativement à cet homme m’a donné des renseignements assez favorables à son compte qui d’ailleurs sont constatés par le certificat ci-joint de son ancienne compagnie.
Quant aux pièces qui constatent qu’il a obtenu son congé définitif au 5e d’hussards, M. l’aide de camp du général Pille m’a assuré les avoir eu en main et les avoir égarées à Turin.
Je vous engage donc, M. le général, à vouloir bien prendre en considération la réclamation du nommé Gilatello que je n’ai pu comprendre dans mon travail de la réforme, attendu qu’étant affecté de douleurs, ses infirmités ne sont point apparentes" (Papiers du Général Chabot, « Registre de Correspondance, novembre 1807-Avril 1808 », Cote 8 F. 19, Archives des Deux-Sèvres).
L'Empereur envoie en janvier à la Brigade Pajol l'ordre de se rendre en Silésie dans le commandement du Maréchal Mortier.
Le Général de Division Fauconnet passe le 5 février à Namur l'inspection du Dépôt du 5e Hussards. L'effectif du Régiment est alors de 43 Officiers, 937 hommes et 1086 chevaux. Les Escadrons de guerre comptent 31 Officiers, 712 hommes et 801 chevaux. L'inspecteur admire la beauté des chevaux du Dépôt et trouve la caisse du Corps bien pourvue d'argent. Il réforme les vieux sabres. Le Major Martel est félicité par lui pour la bonne direction imprimée au Dépôt.
- Armée du Rhin à Erfurth
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3. |
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3 (donné par G. Dempsey; Collection A. S. K. Brown). |
Hussard du 5e Hussards en 1808, d'après Richard Knötel, Uniformenkunde, Volume 11, planche 33 ; source indiquée : Martinet |
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 2. (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 2. Collection privée. Donné dans Gloire et Empire N°40 |
Schéma tiré de la collection Knötel, Rastatt (le document est titré : "1804-1812 - Husaren - Czakos u. Säbeltaschen (nach Martinet)" et porte au bas la mention R. Knötel 31 März 1902") |
Schéma de synthèse d'après H. M. Brauer (Uniformbogen/Heere und Tradition N°92) |
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3. |
Hussard du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 178 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Les quatre Régiments de la Brigade Pajol se mettent en mouvement du 19 au 23 février, pour se rendre à Glogau, où ils doivent recevoir les ordres de Mortier.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "L'avant-veille de notre départ, nous fîmes nos adieux à la ville en donnant un dernier bal aux beautés qu'elle renfermait, bien certains qu'il y aurait quelques larmes amères répandues en souvenir de la pelisse blanche.
Dès la pointe du jour du 19 février 1808, nos trompettes firent entendre le signal du départ. Une cavalcade des habitants de la ville nous accompagna pendant quatre lieues jusqu'à une superbe verrerie, où nous trouvâmes un splendide déjeuner, dernier témoignage de l'affection que la bonne conduite du régiment s'était attirée.
Tel fut le terme de nos relations avec cette bienveillante population, au milieu de laquelle nous venions de passer deux mois d'une manière bien certainement plus agréable que dans la meilleure garnison de France.
Le second jour de notre marche fut marqué par un incident dont je crois devoir retracer le principe comme souvenir historique. Il est peu de régiments qui n'aient à transmettre des antécédents plus ou moins intéressants qui deviennent ordinairement le sujet des conversations des corps de garde et des bivouacs et, de cette manière, se perpétue aussi bien que s'écrit l'histoire.
L'on sait, par exemple, que les hussards datent du règne de Louis XV et que les trois premiers régiments furent crées par les comtes de Bcrcheny, de Chamboran et le prince d'Esterhazy, seigneurs hongrois qui les formèrent à leurs frais et dont les hommes furent pris dans leurs seigneuries auxquels ils donnèrent le costume national de leur pays; plus tard, les autres furent assez généralement composés d'Alsaciens et de Lorrains. Le 5e formé peu de temps avant la Révolution par le duc de Lauzun, prit le nom de son fondateur et dut à l'infortunée Marie-Antoinette son brillant uniforme qu'il conserva jusqu'à la Restauration. Mais, sous l'Empire, il fut ordonné, au grand mécontentement des hussards, de supprimer la queue et les cadenettes, coiffure à laquelle ils tenaient essentiellement et dont on n'obtint que difficilement la suppression par la résistance des colonels qui regardaient cet ornement comme inhérent à la tenue. Le 5e Hussards fut le dernier régiment qui fut contraint de se soumettre. Plusieurs fois, sur le point de faire exécuter cet ordre, le colonel avait cédé au chagrin de la troupe; mais une dernière injonction formelle du ministre de la Guerre ne permettant plus de différer davantage, il fallut céder à la nécessité, et à cet effet, je proposai au colonel d'en finir tout d'un coup sans laisser aux hussards le temps de la réflexion ; il adopta mon idée qui eut un plein succès. Ordinairement notre marche était partagée par une halte plus ou moins longue pour laisser reposer les chevaux et les ressangler : ce fut ce moment-la qui fut choisi.
Le régiment, pied à terre, la bride dans le bras gauche, reçut le commandement de mettre le sabre à la main et de faire par le flanc droit; puis, dans cette position, l'ordre fut donné à chacun de couper la queue de son chef de file ; cette exécution se fit spontanément et d'une manière si prompte et si inattendue qu'en moins de quelques minutes, huit cents queues restèrent sur le terrain que nous abandonnâmes aussitôt sans laisser aux hussards la faculté de faire leurs adieux à un ornement auquel ils tenaient tant. Le soir ils n'y pensaient plus, et la coiffure à la Titus devint pour toujours celle des hussards du régiment.
Deux jours après, nous arrivâmes à la petite ville de Gurhau occupée par le 3e Hussards, sous les ordres du colonel Laferrière-Lévêque. Le soir, les deux régiments fraternisèrent avec tout l'abandon de frères d'armes heureux de se rencontrer. Accaparé par mes collègues, les deux adjudants-majors et le capitaine Lantivy, un de mes amis, ils parvinrent à me faire déroger à mes habitudes en me faisant boire outre mesure, par suite des nombreux toasts auxquels il fallait répondre et qui finirent par me faire succomber. Reconduit dans mon gîte, déshabillé et mis dans un lit, un sommeil léthargique s'ensuivit, jusqu'à la pointe du jour, qui fut troublé par un mouvement saccadé, au pied de mon lit, dont je ne pouvais me rendre compte; inquiet et conservant la conscience de ma soirée bachique, dans laquelle cependant je n'avais pas tout à fait perdu la raison, je sentais que mon lit s'agitait par une cause extraordinaire ; alors, m'empressant d'écarter les rideaux, quelles ne furent pas ma surprise et ma stupéfaction de voir un corps humain suspendu à un piton dans le plafond, qui se balançait en raison des mouvements que l'agitation du vin me faisait faire sur ma couche. Enfin, ne pouvant plus douter d'un fait aussi inexplicable, allongeant la main jusqu'au pied du lit, j'acquiers la convictionqu'un corps est là, suspendu sans vie : je crie, j'appelle mon hussard qui recule d'effroi en voyant mon compagnon de nuit.
Cependant la maison est bientôt en l'air et remplie par les voisins qui témoignent leur douleur, mais non leur surprise, de ce fatal événement qui devient aussitôt public. Ce malheureux était le pasteur de l'endroit, chez lequel je logeais. Attaqué d'une maladie chronique, il avait tenté plusieurs fois de se détruire, mais la surveillance avait jusqu'alors mis obstacle à ses funestes projets.
Il paraît constant que, pendant la nuit, profitant d'un moment favorable à ses desseins, il avait pensé que ma chambre était le lieu le plus convenable, et peut-être même ayant été témoin de ma rentrée, avait-il jugé qu'il ne trouverait aucune opposition de ma part puisque j'étais complètement étourdi par le vin; tant est que ce malheureux était passé de vie à trépas; une corde en forme de noeud coulant était autour de son col; il avait dû monter sur mon lit pour la passer dans le piton placé au plafond, et se laissant pendre de tout son poids, il avait été étouffé aussitôt. Je fus sur-le-champ chez le commandant de place lui faire le récit de cette funeste catastrophe; un procès-verbal fut dressé et l'affaire terminée, mais j'emportai un souvenir ineffaçable de cette lugubre et terrible aventure. Le surlendemain, en arrivant à Breslau, j'accompagnai le colonel chez le maréchal Mortier, afin de connaître les nouveaux cantonnements qui nous étaient destinés mais, ne pouvant nous-y établir avant qu'ils ne fussent évacués par les troupes qui les occupaient, nous dûmes séjourner en ville, fâcheuse circonstance, ainsi qu'on va le voir, et qu'on aurait pu éviter en nous faisant rester à Wolhau où nous avions couché la veille.
Ce séjour fut malheureusement marqué par une rixe de cabaret dont les résultats furent des plus funestes et sur le point de l'être encore davantage : quatre grenadiers furent tués, trois portés à l'hôpital dans le plus triste état, ainsi qu'un pontonnier et un artilleur; six hussards furent aussi blessés très grièvement et un tué.
Lorsque j'arrivai sur le lieu de cette scène déplorable, le combat était près de recommencer avec d'autant plus d'acharnement qu'il arrivait des soldats de différents régiments et que plus de cinquante hussards étaient accourus. Enfin, avec l'aide de plusieurs officiers, nous parvînmes à faire rentrer chacun dans ses quartiers et de fortes patrouilles circulèrent pour maintenir l'ordre et la tranquillité.
Mais, pendant cet événement et par une véritable fatalité, il s'en passait un autre non moins funeste, qui pouvait avoir les suites les plus désastreuses. Un officier de dragons, jouant au billard avec le lieutenant Pierre, de la compagnie d'élite du 5e Hussards, lui ayant tenu un propos insultant sur la discussion d'un coup, celui-ci en exigea sur-le-champ une satisfaction dans le café même ou la dispute avait eu lieu. L'officier de dragons, percé de part en part d'un coup de pointe, expira sur-le-champ; quatre de ses camarades voulurent le venger et défièrent les officiers du régiment : les sabres furent aussitôt tirés et les adversaires se placèrent vis-à-vis les uns des autres en travers du billard, déjà même ils se portaient des coups qui n'eussent pas tardé à devenir funestes, lorsqu'un détachement d'infanterie qu'on avait été chercher, vint séparer les combattants; presque en même temps, le général Lahoussaie et les colonels Dery et Lamothe qui se promenaient sur la place, informés de ce triste et malheureux événement, se transportèrent aussitôt au café où leur présence produisit le meilleur effet.
Des explications eurent lieu à la suite desquelles les officiers de dragons eux-mêmes furent obligés de reconnaître que leur infortuné camarade avait été l'agresseur.
La paix fut faite et l'on emporta le corps sanglant et inanimé de ce malheureux jeune homme qui s'était attiré cette terrible punition.
Dans la nuit même, partit le régiment afin d'éviter de nouvelles collisions" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 176).
Le 5e Hussards (713 hommes et 608 chevaux), commandé par le Colonel Dery, part, le 19, de Landsberg, couche le même jour à Schwerin, d'où il se porte le 20, à Schwiebus ; le 21, à Zullichau ; le 22, à Kontop ; le 23, à Kuttlau ; il arrive le 25 à Glogau (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 296).
Hussard du 5e Hussards en manteau, 1806, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Le 5e Hussards et la Brigade Pajol arrivent à Glogau le 25 et s'y arrêtent deux jours.
Le 5e Hussards et la Brigade Pajol continuent leur route par Polkevitz et Parchwitz et arrivent à Breslau. Le Général Félix Dumay, Gouverneur de la Silésie, passe le 11 mars dans cette ville une revue des quatre Régiments de la Brigade Pajol. Il écrit au Ministre de la guerre qu'il a trouvé cette Brigade si magnifique qu'il l'aurait jugée plutôt sur le point d'entrer en campagne que venant de faire la guerre et de subir les fatigues de longues marches.
De Breslau, la Brigade Pajol est dirigée, par Olau et Brieg, sur Oppeln, où trois Régiments prennent la route de Gross-Strehlitz, tandis que le 11e Chasseurs se porte vers Lublinitz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 297).
La Brigade part de Breslau et se dirige par Olau et Brieg sur Oppeln d'où ses Régiments sont dirigés sur leur destination définitive. Le 15 mars, le 5e Hussards a un Escadron cantonné à Gross-Strelitz où se trouve le quartier général de la Brigade, un second à Leschnitz et les autres à Ujest.
Le 17 mars 1808, l'Empereur est informé par le Ministre de la Guerre que "Des militaires isolés de la légion du Nord, passée au service du grand-duché de Varsovie, se sont présentés, à Landsberg, au colonel du 5e régiment de hussards, et lui ont demandé à entrer dans ce corps, se fondant sur ce qu'étant nés Français ils devaient jouir de la faculté laissée à leurs officiers de reprendre du service en France.
Ce colonel, en me rendant compte de la démarche de ces militaires, sollicite une autorisation pour les recevoir dans un régiment français", ce que Napoléon accorde (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 1718).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Grosstrelitz, 20 mars.
Si vous voulez bien, mon père, jeter un coup d'oeil sur la carte de Prusse, vous y verrez, par la date de ma lettre, que nous avons quitté notre agréable séjour de Landsberg pour nous enfoncer dans la Silésie où vient de m'arriver une aventure incroyable, bizarre et vraiment extraordinaire et dans laquelle, ce qui va vous surprendre, vous vous êtes trouvé jouer le rôle principal.
Peu de jours après notre arrivée dans nos nouveaux quartiers, envoyé par le colonel pour inspecter les cantonments, je me trouvai logé chez le curé d'Oberglogau. Ce digne pasteur en apprenant mon nom s'empressa de me faire l'accueil le plus cordial et me demanda si j'étais parent ou fils du comte d'EspinchaI, jadis colonel de dragons. Sur ma réponse affirmative : "Soyez le bienvenu, me dit-il ; votre présence ici me cause d'autant plus de satisfaction que je conserve à votre père l'affection la plus vraie, et vous-même, ne m'êtes point étranger, car je vois bien que c'est de vous dont un de mes enfants, qui paraît vous être fort attaché, me parlait dans plusieurs de ses lettres, notamment la dernière datée de Berlin.
Fort intrigué de ce que j'entendais, mes oreilles et mes yeux n'y pouvaient rien comprendre, et cette perplexité eût pu durer, si le bon curé ne s'était empressé de me donner la clé de cette énigme. "Je suis, me dit-il, le marquis de Bombelles. élevé avec votre père au collège d'Harcourt, nous contractâmes, dès cette époque, une de ces liaisons d'enfance qui pouvait d'autant moins s'effacer qu'il existait entre nos familles les relations les plus intimes.
Nous avons été faits colonels le même jour, en nous mariant, et, au moment de la Révolution, j'étais ambassadeur à Venise. Je donnai ma démission et me retirai à Berlin avec ma famille, sous la protection du roi dont les bontés et les égards ne se sont jamais démentis. Je supportai avec résignation la perte d'une fortune considérable; mais la mort de ma femme, qui me fut enlevée presque subitement, me fut un coup d'autant plus affreux, que je restais avec trois garçons et une fille, sans aucun avenir pour mes malheureux enfants. La religion vint à mon secours ; j'entrai dans les ordres, et la cure où je suis me fut donnée par le roi qui daigna y ajouter une pension de 6000 francs. Mes enfants sont aujourd'hui au service d'Autriche. Louis, l'aîné que vous avez vu à Berlin chargé d'affaires de cette cour, s'est trouvé en rapport avec Napoléon qui lui a donné des marques non équivoques de son estime, en lui proposant pour moi un évêché en France, ce que je n'ai pas cru devoir accepter, préférant finir mes jours au milieu de cette population reconnaissante du peu de bien que j'ai pu lui faire.
Maintenant, mon enfant, ajouta ce respectable pasteur, lorsque vous écrirez à votre père, dites-lui que son vieil ami ne l'oubliera jamais et qu'il vient d'éprouver en ce jour un véritable bonheur."
Cette rencontre, aussi imprévue qu'extraordinaire, et les détails que je vous en donne vous causeront certainement un bien grand étonnement, mais ce qu'il y a de vraiment intéressant, c'est de voir la gaieté, l'amabilité, l'esprit et la douce piété du bon curé qui jouit dans cette contrée de la plus grande considération.
Contraint de quitter ce toit hospitalier après une résidence de trois jours, je ne voulus pas me séparer de votre digne et respectable ami sans assister aux prières qu'il adresse au dispensateur de toute chose. Cet hommage qui me fut inspiré par le spectacle de ses vertus m'attira de sa part un sourire bienveillant, lorsqu'il m'aperçut dans l'église, après avoir terminé le saint sacrifice de la messe, et, au moment où je pris congé de lui, voulant lui baiser la main, il me serra contre sa poitrine en me donnant sa bénédiction comme il l'eût fait pour son fils.
II me serait difficile de vous dire le temps que nous sommes destinés à passer dans ce pays; ce qu'il y a de certain, c'est que l'Autriche augmentant son armée et semblant faire des préparatifs qui n'ont rien de bienveillant pour nous, il pourrait fort bien arriver qu'une nouvelle lutte s'engageat. Du moins cette pensée est assez générale parmi nos gros bonnets; surtout pour que l'Empereur laisse des forces aussi imposantes en Prusse, il faut croire qu'il n'ait pas une foi bien robuste dans la paix faite avec l'empereur d'Autriche. Quant à moi, je serais charmé de voir rompre la monotonie de notre vie tranquille.
Adieu, mon père; à bientôt.
Près de deux mois s'étaient écoulés dans la vie monotone des cantonnements, lorsque le colonel Dery, réclamant vainement des effets d'habillement et d'équipement d'absolue nécessité, fut informé confidentiellement de la mauvaise administration du dépôt établi à Namur. Il vint en parler au maréchal Mortier qui écrivit aussitôt au ministre de la Guerre pour solliciter l'autorisation d'envoyer un officier avec une mission spéciale à cet égard. La réponse ne se fit point attendre, et ce fut sur moi que le colonel daigna jeter les yeux pour mener à bonne fin cette importante et délicate affaire, à laquelle se joignit celle de faire confectionner à Metz toutes les passementeries nécessaires aux officiers" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 181).
Le 21 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "... Vous ferez donner également : ... au 5e hussards 30 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17449).
Pantalon d'écurie du 5e Hussards de 1805 à 1808, d'après Rigo in Tradition N°71 |
Hippolythe d'Espinchal écrit : "Ce fut le 1er mai que je quittai le régiment pour me rendre d'abord à Breslau, où le payeur général, en vertu de l'ordre dont j'étais porteur, solda mes frais de poste pour l'aller et le retour. Je fus ensuite chez le maréchal Mortier qui me remit un volumineux paquet pour le prince de Neuchâtel, m'ajoutant qu'il n'était pas très pressé, ce qui me fit présumer que le service militaire devait entrer pour peu de chose dans cette mission, surtout lorsque la duchesse de Trévise m'en fit une recommandation particulière. Il en résulta cela d'avantageux pour moi qu'un ordre me fut remis pour faire fournir des chevaux de réquisition jusque sur les bords du Rhin, ce qui me fit mettre en poche les frais de poste destinés à un emploi plus agréable. En arrivant à Berlin, un heureux hasard me fit acheter à très bon compte une petite calèche légère et solide, vendue, à l'encan à la mort d'un fournisseur, et par suite de ce même bonheur je rencontrai un de mes anciens camarades des Gendarmes d'ordonnance, le capitaine Montulé, du 2e Chasseurs, se rendant à Liège, à qui j'offris une place. Cette circonstance était d'autant plus singulière que nous avions quitté ensemble la France, en 1806, pour prendre du service.
Sur le siège de la voiture, se trouvait mon hussard de confiance, chargé de faire fournir les chevaux et activer leur course.
Six jours après avoir quitté Berlin, nous arrivâmes à Mayence; et, le 2 juin, j'étais rendu à Namur où ma présence tout à fait inattendue et l'ordre impératif dont j'étais porteur furent très pénibles au major commandant le dépôt. Nous fûmes cependant d'accord en peu d'instants, bien que les termes de la mission du ministre de la Guerre m'aient placé dans une position exceptionnelle mais ce brave et digne officier, peu actif par suite de ses nombreuses blessures et souvent malade, n'avait cependant rien de plus à coeur que de prouver sa sollicitude pour les intérêts du régiment. Il n'en fut pas de même du capitaine d'habillement, et les doutes du colonel n'étaient que trop bien fondés; il avait abusé de la confiance et de la bonne foi du major, car je trouvai un grand désordre et un déficit considérable dans les magasins, et ses livres étaient tenus avec une négligence coupable, qui ne prouvait que trop dilapidation ou incurie impardonnable. Cependant, la répugnance que j'avais à dénoncer un camarade me fit adopter le plan du major, qui lui-même pouvait se trouver compromis par son manque de surveillance. Il m'engagea sa parole qu'il me ferait livrer les effets d'habillement et d'équipement qui devaient être transportés au régiment, dans deux mois, à l'époque de mon retour de Metz et de Paris où j'avais des affaires à terminer. Tout en me rendant à cette promesse, je ne pus dissimuler l'obligation où j'étais de faire un rapport au colonel, promettant cependant de le présenter sous le jour le moins défavorable; mais j'exigeai impérativement l'état réel des magasins au moment de mon arrivée au dépôt, me réservant de le détruire si tout ce que je devais recevoir à mon retour m'était livré et si la tenue des livres était en règle" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 184)
Sous-lieutenant du 5e Hussards, grande tenue, 1808 (lavis rehaussé d'aquarelle d'Horace Vernet) - In Tradition N°71 |
Le 5 juin 1808, Hippolyte d'Espinchal écrit, depuis Namur : "Mon colonel,
Je ne vous donnerai pas l'itinéraire de ma route, la manière dont je voyageais ne me laissant guère le temps de faire des observations; je vous dirai seulement, que, grâce aux avantages résultant de la guerre, je me suis trouvé avoir fait 255 lieues, trainé, alimenté, couché, sans autres déboursés que quelque menue monnaie aux postillons pour presser l'action de leurs chevaux et aux servantes des gîtes où je recevais l'hospitalité.
Cela prouve les progrès de la civilisation qui place chacun à la hauteur des circonstances.
Mon entrée à Namur s'est faite le 2 de ce mois, à la pointe du jour. Une heure après, mon apparition subite et si peu prévue par le major produisit l'effet d'une bombe au milieu d'un bivouac, surtout lorsqu'il prit connaissance du rescrit dont j'étais porteur.
J'ai résisté comme de juste à ses pressantes sollicitations d'accepter un appartement chez lui, mais il m'a fallu pour cela une grande force de caractère dont vous apprécierez, j'espère, tout le mérite lorsque vous saurez que j'avais devant moi une femme charmante, tiède encore de la chaleur du lit qu'elle venait de quitter, coiffée d'un madras coquettement posé, d'une tournure leste et dégagée, enveloppée d'une robe de chambre indiscrète qui semblait provoquer les plus vifs désirs. Maintenant, joignez à cette séduisante désinvolture, un regard charmant, vif, mutin, une bouche ravissante appuyant avec les plus vives instances l'offre de son mari. Eh bien ! mon colonel, toutes ces séductions se sont évanouies devant le devoir, bien que la réponse de mes regards démentît celle de mes paroles. Mais, toujours ferme dans mon refus et surmontant les effets de mon admiration, je priai le major de me faire conduire incontinent dans les magasins du régiment.
Je ne puis vous dissimuler que l'ordre aurait pu y être mieux établi, et les confections des différents objets en plus grande quantité. Sur mon observation au capitaine d'habillement, celui-ci me répondit qu'il ne cessait de réclamer du ministre-directeur l'envoi des fournitures arriérées, qu'il attendait plusieurs colis annoncés, et qu'aussitôt reçus, les ouvriers seraient mis à l'oeuvre de manière a pouvoir me livrer dans un bref délai les demandes faites en votre nom.
Le capitaine Muller est ce que nous appelons communément une culotte de peau renforcée, dont les moustaches grises prouvent une ancienneté de service fort respectable ; il doit le jour à la cohabitation d'un maréchal des logis et d'une vivandière des hussards de Lauzun.
Comment est-il parvenu au grade qu'il occupe ? C'est une chose complètement inconnue, car sa tournure et ses manières feraient difficilement reconnaitre un officier de hussards, n'était l'uniforme dont il est revêtu; du reste, fort bon homme, de moeurs douces et tranquilles, ayant une femme dont les allures ne laissent aucun doute sur ses antécédents lors de son entrée dans ce monde, et possédant six enfants de la légitimité la moins incontestable, qui grandissent sous la protection de nos étendards.
Loin de moi de vouloir accuser ce vieux troupier de dilapidation, concussion ou mauvaise foi; je l'en crois incapable, même par sa nature; mais il y a négligence et incurie.
L'effet qu'a produit sur lui la connaissance des instructions dont vous m'aviez chargé à son égard et que j'ai cru devoir lui faire connaître, vous assure pour l'avenir un officier d'habillement modèle. Veuillez donc lui conserver son emploi; la crainte de le perdre était la meilleure leçon qu'il pût recevoir, et vous prendrez, j'ose l'espérer, en considération les dix années d'inspection qu'il exerce dans les bottes et la couture. Du reste, je puis vous assurer la plus complète exactitude dans l'ordre dont je suis porteur : toutes vos commandes seront intégralement fournies; d'ailleurs le zèle du brave major en est une garantie qui doit vous rassurer, joint à la ferme volonté de répondre à la confiance dont vous m'avez honoré. Deux mois est l'époque à laquelle je dois recevoir toutes les livraisons qui seront escortées par un détachement de vingt hussards, montés et équipés, avec lequel je rejoindrai le régiment. D'ici là, j'irai à Metz remplir la mission dont vous m'avez chargé, et ensuite à Paris d'où je repartirai aussitôt l'avis du major.
Quant aux autres détails sur le dépôt, vous saurez qu'il y a 250 hussards présents y compris les ouvriers, que la prochaine conscription doit en fournir 415 et qu'avant un mois 380 chevaux de remonte doivent arriver ici; ce qui formera un total de 400 hussards montés, destinés à joindre les escadrons de guerre; ainsi vous aurez, dans quelques mois, plus de 1200 pelisses blanches, avec lesquelles, j'espère, nous ferons de la bonne besogne, si, comme il faut le croire, l'occasion s'en présente.
L'instruction des hommes n'est point en souffrance; leur tenue est parfaite, mais ce qui nuit au bien du service, c'est le séjour dans cette ville de trois dépôts de cavalerie; car, bien que la ville soit grande, les quartiers deviennent insuffisants lorsque les remontes arrivent.
Aussitôt mon arrivée à Paris, j'aurai l'honneur de me présenter chez le ministre de la Guerre ainsi que vous me l'avez prescrit, et j'irai voir le chef d'escadron Perrin dont l'état parait désespéré, ainsi que me l'a dit le major. Je n'oublierai, comme vous devez le penser, aucune de vos commissions vous priant en échange de vouloir bien me rappeler au souvenir de Mme de Schemmichow et de la jolie petite comtesse Tinzin, à qui je n'oublierai pas d'apporter une collection de souliers pour ses petits pieds mignons.
Veuillez aussi avoir l'extrême obligeance de dire à mon collègue Othenin que je lui recommande particulièrement la surveillance de mes chevaux, et qu'avant peu de jours je serai au-milieu de sa famille, qu'il me tarde beaucoup de connaître. Je vous prie aussi d'assurer le général Pajol que je ne manquerai certainement pas de remettre en main propre la lettre qu'il m'a donnée pour sa femme et que je rapporterai à édouard Colbert ses uniformes si toutefois son tailleur les a confectionnés.
Sur ce, mon colonel, veuillez recevoir la nouvelle assurance de l'attachement et du dévouement que je vous ai voués pour la vie.
HIPPOLYTE D'ESPINCHAL.
PS : J'oubliais de vous dire qu'à mon passage à Breslau j'avais été chargé d'un paquet de la duchesse de Trévise pour Mme de Visconti, fort heureusement adressé au prince de Neuchâtel avec la griffe du maréchal, ce qui a inspiré le respect de la douane".
Huit jours après le départ de ma lettre, j'arrivai à Metz ou je passai cinq jours à faire les commandes relatives à la brillante tenue des officiers, qui durent m'être livrées dans un temps prescrit; puis je m'empressai d'aller rendre visite au général Schwartz auquel avait succédé le colonel Dery, et, bien que n'ayant pas l'honneur d'être connu de lui, j'en reçus l'accueil le plus empressé et il m'entretint fort longtemps sur le régiment qu'il avait commandé pendant cinq ans. Peu de jours après, j'étais à Nancy, reçu dans la famille de mon camarade comme si j'en eusse fait partie, mais, ne pouvant y rester que quarante-huit heures, je pris l'engagement d'y revenir en partant pour l'Allemagne.
Je fis le voyage pour Paris avec d'autant plus d'agrément qu'ayant fait la connaissance du Dr Tissier (de Nancy), homme fort instruit et aimable, il voulut bien, des affaires l'appelant dans la capitale, accepter une place dans ma calèche" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 186).
En juin, le Régiment conserve ses cantonnements sauf l'Escadron placé à Gros-Strelitz qui est porté à Visoka. Le Général Pajol, en congé depuis le commencement de l'année, reprend à la fin de ce mois le commandement de sa Brigade. Il se décide, par suite de la difficulté de faire vivre les hommes et les chevaux, à porter à Sakrau l'Escadron de Visoka et à Klodnitz celui d'Ujest.
Officier, tenue d'été; mannequin du Musée de l'Empéri, Salon de Provence; document tiré de la A. S. K. Brown - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington (donné également dans la revue La Figurine N°2 de 1975)
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Officier, tenue d'été, 5e Hussards, 1806-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
Officier en Espagne, 1808, d'après le dessin 18 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) |
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Officier en Espagne, 1808, d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms |
Officier, tenue de ville (été) de fantaisie, d'après Charmy (sans date) |
Confederatka d'Officier, 5e Hussards, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1) |
Le 23 juin 1808, l'Empereur écrit au Général Clarke pour que ce dernier lui fasse un rapport sur la possibilité de former un Régiment de marche de Hussards, composé de 4 Escadrons de 250 à 300 hommes, tirés des Corps de la Grande Armée (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 2035). S'en suit un projet de création d'un Régiment de marche de Hussards sur la base de 425 hommes; le 5e Hussards qui se trouve à la Réserve générale de Cavalerie doit fournir 75 hommes; les renseignements à l'appui du projet indiquent qu'il manque au complet 165 hommes; que le dépôt comprend 89 hommes et 102 chevaux; et que 27 conscrits de 1809 ont été reçus (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 2037).
Hippolyte d'Espinchal pour sa part arrive à Paris le 25 juin. Il écrit : "Peu de jours après mon arrivée à Paris, lisant un Journal de l'Empire en déjeunant au café Tortoni, quelle ne fut pas ma surprise de voir ma nomination de chevalier du Mérite militaire de Bavière. Le comte de Lacépède, grand chancelier de la Légion d'honneur, chez lequel je me rendis aussitôt me confirma cette faveur avec l'autorisation de l'Empereur et eut l'obligeance de m'en faire expédier sur-le-champ le brevet.
Le roi de Bavière (Maximilien-Joseph), colonel d'infanterie française avant la Révolution, sous le nom de prince Max des Deux-Ponts, était l'ami particulier de mon père avec lequel il n'avait jamais cessé de correspondre et auquel il avait donné des marques non équivoques de son attachement en plusieurs circonstances. Lorsqu'il apprit que mon frère et moi étions au service, il s'empressa, pour donner à mon père une nouvelle preuve de son affection, de nous honorer tous deux de son ordre militaire" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 191).
Le 11 juillet 1808, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Il sera formé une brigade de marche de hussards, composée de deux régiments, savoir :
1er régiment : ... 1 compagnie du 5e régiment de hussards, de 120 hommes .... total du régiment de hussards 540 hommes ...
Ces quatre brigades, faisant ensemble 5.200 hommes, ne partiront qu'après avoir reçu de nouveaux ordres.
Vous enverrez aux dépôts l'ordre de former ces régiments et de les tenir prêts à partir pour leurs dépôts respectifs au 10 août, de manière à être arrivés dans le comté de Hanau ou en Hanovre, selon les lieux où on les réunira, au commencement de septembre.
Le ministre de la guerre, en m'envoyant l'état de ce que ces dépôts peuvent fournir, me fera connaître le nombre de journées de marches que ces compagnies auront à faire pour arriver à Hanau ou en Hanovre" (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 2097; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18529).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Paris, 14 juillet.
Vous serez bien surpris, mon père, en apprenant que je suis à Paris, rien n'est pourtant plus certain; mais ce qui affaiblit la satisfaction de me trouver dans la capitale, c'est l'impossibilité où je suis d'aller vous voir. J'en ai vainement sollicité la permission près du ministre de la Guerre; il m'a répondu qu'étant dans le cas de recevoir d'un moment à l'autre un ordre subit de départ puisque je ne devais la faveur de mon séjour qu'à la tolérance du prince de Neuchâtel, je ne quitterais donc Paris que pour aller à Metz et Namur, ma mission étant spéciale. Cette contrariété m'est d'autant plus pénible que, probablement, de longtemps, je ne trouverai une circonstance aussi favorable. Ma mission, qui n'a d'autre but que les affaires du régiment, présentait un côté qui me donnait un cauchemar de tous les instants, étant porteur de sommes considérables en billets du Trésor pour effectuer les payements que je dois faire; mais heureusement que M. Récamier m'en a soulagé au moyen d'une lettre de crédit.
Mon arrivée ici a été marquée par un événement tout a fait inattendu et dont, je pense, vous aurez été prévenu avant moi par le roi de Bavière lui-même, puisque c'est à l'affection qu'il vous porte que je me trouve être décoré de son ordre militaire. Cette dernière faveur, jointe à celles dont je suis comblé depuis si peu de temps, me fait supposer qu'en venant au monde, nous sommes sous l'influence d'une bonne ou mauvaise étoile, et qu'à cet effet je pourrais bien avoir fixé la première, surtout en pensant qu'il y a vingt mois j'étais un pauvre garçon battant le pavé, courant les châteaux et les bals, lisant des romans, inutile à moi-même ainsi qu'aux autres et que, depuis cette époque, admis dans la grande famille militaire, je me trouve aujourd'hui avec un grade honorable et trois croix à ma boutonnière. C'est, faut-il l'avouer, un bonheur auquel j'eusse refusé de croire du chiromancien le plus savant, en voyant surtout autour de moi tant de braves et dignes militaires poursuivis par une influence contraire.
Vous devez bien penser que, tout en employant une partie de mon temps aux affaires, j'en réserve une autre au plaisir dont je ne suis pas encore tout à fait assez rassasié pour m'en priver; aussi vais-je beaucoup dans le monde; mais ce qui m'amuse, c'est la surprise d'anciennes connaissances en voyant ma figure ombragée d'une paire de moustaches et mon corps revêtu d'une pelisse éclatante de blancheur, toute resplendissante d'or et embellie par trois décorations ; elles ne se doutent nullement que j'ai parcouru une partie de l'Allemagne avec de valeureux compagnons et que les balles et la mitraille me sont aussi familières qu'une partie de billard. Il y a peu de jours, me trouvant invité à dîner chez l'archichancelier Cambacérès, en compagnie d'une quarantaine de personnes, je me trouvai placé à la gauche du cardinal Maury, aujourd'hui archevêque de Paris, qui me fit toute sorte de prévenances, en se rappelant la courte visite que je lui avais rendue à Monte-Fiascone, en compagnie de Louis de Périgord et Achille de Dampierre. Il parut surpris et me fit compliment sur ma position; mais je puis dire aussi de mon côté que si mon costume tout brodé d'or contrastait singulièrement avec la soutane violette du cardinal, ses manières beaucoup plus cavalières que les miennes produisaient le même effet. J'étais surtout émerveillé de la complaisance de l'estomac de Son éminence et de la dextérité avec laquelle il engloutissait les vins de toutes espèces, mettant une grande persévérance à vouloir que je l'imitasse, et trouvant fort plaisant qu'un capitaine de hussards rendît les armes à son intempérance. S'apercevant de mon admiration pour ses éminentes qualités, il me dit avec négligence : "Vous trouvez, n'est-ce pas, que j'ai bon appétit et sais faire honneur au succulent repas de l'Archichancelier ? - Ma foi oui, Monseigneur", lui répliquai-je, en riant; il me répondit : "Un bon repas réjouit le cœur, et rappelez-vous toujours que l'homme rassasié vaut mieux que celui qui est à jeun." Cette sentence, qui m'en promettait d'autres du même genre si l'on ne se fût pas levé de table en ce moment, me fit penser combien il était dommage que le prélat ait adopté le service des burettes au lieu d'un bonnet de grenadier si analogue à ses goûts.
En sortant de chez Cambacérès, je fus à l'Opéra (à cette époque les officiers allaient aux grands spectacles assez souvent en uniforme), et une aventure assez plaisante m'y attendait. C'était une représentation extraordinaire ; toutes les loges étaient garnies des plus jolies femmes de Paris, toutes couvertes de pierreries et de fleurs. Placé à l'avant-scène, je parcourais du regard ce tableau magique, lorsque mes yeux s'arrêtèrent sur une des loges des premières de côté où se trouvaient deux jeunes femmes de la tournure la plus gracieuse et d'une élégance remarquable, accompagnées de deux cavaliers. Ma persévérance à les fixer attira leurs regards et je m'aperçus, avec une véritable satisfaction, que les lorgnettes de ces dames entraient en pourparlers avec la mienne, sans penser que mon costume pouvait bien être le motif d'une simple curiosité. Cependant le sourire qu'on semblait m'adresser, joint aux impressions produites par les suites du succulent diner que je venais de faire, me persuadèrent que je pouvais tâcher sans inconvénient d'exprimer mon admiration pour deux femmes charmantes dont les qualités me semblaient un peu équivoques.
Pendant l'entr'acte, les voyant seules, je ne balançai point à entrer dans leur loge avec l'assurance produite par mon habit et toujours sous l'influence de ma croyance. Mais bientôt s'engagea une conversation dans laquelle on me répondit avec grâce et esprit, n'eussent été certains sourires malicieux.
Le retour des deux cavaliers devenant le signal de ma retraite, j'allais me retirer, lorsque la plus jolie des deux dames m'engagea par mon nom à rester dans sa loge. Fort surpris d'être si bien connu, je commençai à craindre de m'être fourvoyé; mais, bientôt, rassuré par le charmant caquetage de mes deux inconnues et les formes honnêtes de ces deux messieurs, je ne tardai point à reprendre mon aplomb, surtout aux paroles encourageantes qui m'étaient adressées.
Le spectacle terminé, au moment où je faisais mes salutations, on prend mon bras, et nous voilà descendus à la sortie de l'Opéra, sans pouvoir deviner le genre d'équipage que ces dames pouvaient attendre; je n'étais pas cependant sans une espèce d'embarras, en voyant le nombre de salutations respectueuses adressées plus particulièrement à la personne que je tenais sous le bras. Enfin, apparaît un beau et superbe chasseur, tout chamarré d'or, annonçant à Madame la duchesse l'approche de sa voiture. J'eusse volontiers fait retraite et préféré cent fois être en face de l'ennemi à l'étreinte de cette petite main appuyée sur mon bras, qui me faisait l'effet d'un joli crampon de fer; mon anxiété était extrême, mes jambes prêtes à s'affaisser sous moi, lorsque cette beauté que, dans mon for intérieur, j'envoyais bien loin, prenant en pitié ma pauvre figure, me dit avec toute la grâce imaginable : "J'espère, Monsieur, que vous viendrez voir votre colonel général, il vous recevra demain avec le plus grand plaisir." Puis, me saluant d'un geste gracieux, elle monta en voiture et partit rapidement.
Je venais fort étourdiment d'avoir affaire à la duchesse d'Abrantès et son amie, la femme du général Lallemand. Pétrifié de la petite mystification que je m'étais attirée, mais bien décidé à n'en pas perdre les fruits, le lendemain, je me présentai rue des Champs-Elysées, à l'hôtel du gouvernement de Paris ; je fus d'abord introduit auprès de la duchesse d'Abrantès, qui me plaisanta beaucoup et avec cet esprit qui la distinguait, sur la manière un peu cavalière dont je l'avais abordée la veille, m'engageant à venir à ses charmantes soirées et à garder le silence sur le début de notre connaissance. Puis, me conduisant près de son mari, elle me présenta comme une connaissance de sa mère : celui-ci, avec cette rondeur et cette franchise qui lui étaient familières, me fit le meilleur accueil et me retint à dîner, en me disant que les hussards étaient toujours les bienvenus chez lui. Maintenant, me voilà lancé dans une des plus agréables maisons de Paris, et près d'une femme brillante par son esprit, sa beauté, sa haute position sociale et le beau nom de Comnène qu'elle tient de ses pères.
J'espérais aller présenter mes respectueux hommages à l'Impératrice, mais malheureusement, elle est à Bayonne. La reine Hortense a eu l'extrême bonté de m'admettre à ses soirées qui finissent presque toujours par la danse, où, comme a Mayence, je suis un de ses valseurs. Je vais aussi chez la princesse Borghèse, dont la beauté est remarquable, et qui aime le plaisir comme une Italienne : aussi ses soirées sont-elles un peu décolletées et d'un genre tout à fait différent de celles chez la reine.
Je ne sais si vous vous rappelez une certaine duchesse, notre cousine, qui m'éconduisit de chez elle lors de mon entrée au service; eh bien aujourd'hui, par un revirement d'idées, son fils, revêtu de l'habit de chambellan, témoin de ma position dans le salon de sa princesse, a cru devoir en informer sa mère de qui j'ai reçu un billet que Mme de Sévigné n'eût pas mieux écrit, pour me complimenter sur mes succès et m'engager à venir reprendre ma place à sa table dont elle m'avait exclu si brusquement. Je me suis empressé de me rendre à son invitation, afin de me convaincre que la chère cousine savait faire concorder sa religion avec l'adoration du veau d'or. Au reste, il en est à peu près de même dans une grande partie du Faubourg Saint-Germain, dont les noms historiques ne dédaignent pas de s'affubler du costume de chambellan et d'écuyer, ce qui me semble bien différent de l'habit militaire, signe bien certain que l'on sert sa patrie. Au reste, Paris est en ce moment un lieu d'entraînement par les fêtes de tous genres qui se succèdent; cependant, au milieu de tant de prestige, l'horizon semble s'obscurcir dans des discussions diplomatiques avec l'Autriche, et il ne serait pas surprenant que l'Empereur, pour les débrouiller, ne fût obligé d'avoir recours aux grands moyens. Pour ma part, fort peu partisan de cet astucieux cabinet et très désireux que nous nous mesurions avec les Autrichiens, cela me procurerait probablement l'occasion de visiter leur capitale.
Au moment où j'allais terminer ma lettre, je reçois une invitation à dîner chez M. de Talleyrand; vous devez bien penser qu'il n'est nullement question d'affaire politique entre un aussi grand personnage et un capitaine de hussards; mais, l'ayant rencontré il y a quelques jours dans les salons de la reine de Hollande, il a bien voulu vaincre sa froide causticité pour me demander de vos nouvelles et m'engager à venir aux soirées de son épouse.
Adieu, mon père je vous embrasse bien tendrement, mais avec tristesse de ne pouvoir le faire autrement."
Toujours dans la crainte de recevoir l'ordre de partir, bien que ma présence ne fût point encore nécessaire à Namur, la protection du prince de Neuchatel me venant en aide, j'en usais comme le joueur réduit à son dernier enjeu, surtout avec le chagrin de voir rompre une douce liaison que mon état pouvait rendre peu durable. C'est au milieu de cette perplexité que je reçus du Grand chancelier de la Légion d'honneur l'invitation de me rendre chez lui.
Son Excellence me reçut avec sa bienveillance habituelle en me disant qu'il avait soumis à l'Empereur non seulement ma demande, mais aussi celle de trois officiers dans la même position, pour être autorisés à porter la décoration de Saint-Jean de Russie, reçue lors de notre émigration. Sa Majesté, en prenant connaissance de nos diplômes et probablement en raison des sympathies qui existaient entre les deux cours, avait accordé cette faveur sur laquelle j'avais fondé peu d'espérance" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 194).
Napoléon, préoccupé des armements de l'Autriche, remanie en juillet les commandements de Prusse, de Silésie et de Pologne. Par suite de ces changements, la Brigade Pajol rentre dans le commandement de Davout.
Le 24 août 1808, l'Empereur écrit au Général Clarke : "... Pour la cavalerie, il faudrait, indépendamment des escadrons de marche qui doivent rejoindre, me présenter un projet d'ordre pour faire partir du dépôt de Saint-Omer ou de Kadzand, où sont ... et les 5e et 7e de hussards, un millier de chevaux, afin de compléter au corps du maréchal Davout ... son armée serait de 70.000 hommes" (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 2211; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18751).
Trompette attribué au 5e Hussards, sans date, d'après une Collection Alsacienne (Musée historique de la ville de Strasbourg); donné par V. Bourgeot et Y. Martin in "Trompette de Cavalerie" |
Hippolyte d'Espinchal demeure à Paris jusqu'à la mi-août; il repart ensuite pour Metz, où il demeure deux jours pour régler ses affaires, puis retourne à Namur afin de régulariser la mission dont il est chargé. Il écrit le 24 août 1808, depuis Namur : "Mon colonel,
Une lettre pressante du major Martel m'ayant fait partir de Paris sur-le-champ, j'espérais en arrivant ici n'avoir plus qu'à me mettre en route pour le régiment. Mais bien des tribulations m'étaient encore réservées; tout ce que j'espérais trouver étant loin d'être confectionné, j'en témoignai ma surprise avec d'autant plus de raison que j'avais acquis la conviction dans les bureaux de l'administration de la Guerre, des envois faits au dépôt du régiment depuis plus de six semaines.
Le major lui-même, fort mécontent de la négligence du capitaine d'habillement et d'autres méfaits de cet officier, s'est trouvé, ainsi qu'il vous en a informé, dans la nécessité de le suspendre de ses fonctions jusqu'à plus ample informé de sa conduite.
Le capitaine Nicolle, chargé de réparer les fautes de son prédécesseur, a mis tant de zèle et d'activité que je puis vous annoncer aujourd'hui la complète exécution de vos ordres. Il n'a fallu rien moins que la juste sévérité du major pour obtenir ce résultat, car, de la manière dont cela marchait lorsque je suis arrivé ici, j'eusse fort bien pu y prendre mon quartier d'hiver. Demain, un détachement composé de deux maréchaux des logis, quatre brigadiers et vingt hussards, parfaitement montés, part pour Mayence où il attendra l'arrivée du convoi que l'on embarquera jusqu'à cette ville. Cette manière étant la plus économique, puisque les transports en France ne sont qu'à prix défendus, tous les objets (dont l'état ci-joint) sont bien emballés et à l'abri de toute avarie, de même que deux énormes caisses renfermant tous les galons, torsades, broderies, fourrure, pelleterie, etc., etc., des officiers dont j'espère que vous aurez lieu d'être satisfait. Cette dernière fourniture est entièrement payée et acquittée avec toutes les formalités prescrites, et je vous dirai même que sur votre aperçu de dépense, il y aura un boni de 8565 francs que je vous remettrai.
J'ai tout lieu d'espérer que vous serez satisfait, ayant mis les soins les plus minutieux à cette opération dans laquelle le brave général Schwartz m'a été d'un grand secours. Je partirai de Namur de manière à me trouver au débarquement du convoi, et, une fois en marche, je ne le quitterai plus jusqu'au régiment. Vous pouvez donc être certain que j'arriverai vers les premiers jours d'octobre, à moins d'événements tout à fait imprévus dont je m'empresserai de donner avis.
Toutes vos commissions de Paris sont faites, moins une dont l'inexécution vous affligera profondément. J'espé0ais, comme vous le désiriez, déterminer le chef d'escadron Perrin à partir avec moi ; il était même convenu entre nous, lors de mon arrivée à Paris, qu'il profiterait de ma voiture, pensant que le voyage par journées d'étapes et le changement d'air produiraient un effet salutaire sur sa santé; mais, depuis un mois des symptômes alarmants sont venus détruire ses espérances; ses médecins, que j'ai consultés avant de quitter Paris, m'ont déclaré que le malade était arrivé au dernier degré de la phtisie pulmonaire et qu'il n'en n'avait pas pour trois semaines; ce qu'il y a d'affreux, c'est que ce malheureux connaît sa position et qu'il ne se fait aucune illusion sur son état. Lorsque je l'ai quitté la veille de mon départ, il me disait en me serrant la main : "Mon cher capitaine, vous porterez mon dernier souvenir au régiment"; et, m'embrassant avec mélancolie, "Vous donnerez ce baiser au colonel en lui disant que je regretterais moins la vie si je la perdais en combattant à ses côtés, car il est bien cruel pour un hussard de mourir dans son lit."
J'ai quitté ce digne officier, navré de douleur, avec la triste conviction de ne plus le revoir, et n'ai pu retenir mes larmes lorsque son regard semblait m'adresser un éternel adieu.
Une autre nouvelle qui vous causera une vive contrariété est relative au régiment.
Le jour où je fus chez le ministre de la Guerre pour prendre ses ordres, il me dit que la brigade du général Pajol avait été désignée pour aller en Espagne, mais qu'une autre détermination de l'Empereur avait prescrit définitivement qu'elle resterait en Allemagne, faisant partie du corps d'armée du maréchal Davout. Il ajouta que l'escadron qui se formait au dépôt serait amalgamé avec plusieurs autres pour former un régiment provisoire qui devait être dirigé sur la Catalogne, et qu'incessamment, vous en recevriez l'avis.
Je pris la liberté d'observer que le régiment avait beaucoup perdu dans la dernière campagne, et que la suppression de cet escadron serait très préjudiciable au régiment. "Dites à votre colonel, me répondit-il, que telle est la volonté de l'Empereur; au reste, cet escadron appartiendra toujours au régiment, et, avant quatre ou cinq mois, il recevra la même quantité d'hommes dont on le prive en ce moment."
J'avais, comme vous pensez, peu d'observations à faire au ministre, qui d'ailleurs ne m'en laissa pas le temps, car il ajouta : "Passez au bureau des mouvements où l'on vous délivrera un ordre pour le maréchal Kellermann, afin qu'il vous laisse continuer votre route; autrement il eût arrêté votre convoi", et, me souhaitant un bon voyage avec un signe bienveillant de la main, il me tourna le dos.
Il me reste maintenant, mon colonel, après vous avoir entretenu des intérêts du régiment, à vous apprendre une espèce de guet-apens féminin dans lequel j'ai failli tomber, car il ne s'agissait rien moins que de me marier.
Mme Martel qui est une véritable folle, remplie d'esprit et d'originalité, s'était tellement mis ce projet en tête qu'à mon insu, et sans me consulter, elle avait, pendant mon absence, commencé toutes les démarches préliminaires près de la baronne de la Rouverie, fort respectable femme de cette ville, possédant une fortune considérable et une fille unique de dix-huit ans, innocente et modeste, dont le cœur candide et la tournure agréable étaient bien faits pour inspirer le désir de lui plaire. Ce complot, sorti du cerveau de la femme du major, acquérait d'autant plus d'autorité qu'elle avait dit à la baronne chez qui, par parenthèse, j'allais tous les soirs sans me douter de rien, être chargée du début des négociations. Aussi, jugez quel dut être mon étonnement en apprenant un matin tout ce qui était fait et qui restait à faire : c'est-à-dire me déclarer ostensiblement comme aspirant à l'honneur de devenir l'époux de Mlle Félicie de la Rouverie.
Mes remerciements furent accompagnés d'un fou rire, immodéré, au milieu duquel je fis à mon ambassadrice supposée deux observations assez judicieuses : la première, mon manque de vocation pour contracter un lien légitime; la seconde, mon peu de fortune par rapport à celle que devait avoir un jour la jeune personne. "Cet article est prévu, me répondit-elle, la mère raffole de vous et la fille n'en est pas loin; mais une seule condition vous est imposée, c'est de quitter le service et vous pouvez d'autant mieux le faire que nous avons la paix. - Alors, répondis-je, veuillez recevoir l'assurance de toute ma reconnaissance sur l'intérêt que vous avez bien voulu me porter, vous engageant à rejeter sur un autre vos bienveillantes idées matrimoniales ; ma pelisse est ma maîtresse, mon sabre est mon ami; j'aurai pour eux une fidélité inébranlable, que les yeux les plus tendres et la cassette la mieux garnie ne sauraient me faire abandonner de sitôt". Enfin, que vous dirai-je ? j'ai soutenu l'attaque la plus vive, résisté aux séductions et aux arguments les plus captieux, et suis resté avec ma virginité maître du champ de bataille, en m'abstenant de retourner chez la baronne, au risque de passer pour un original. Aussi me tarde-t-il de quitter promptement cette ville, surtout en pensant que ce sera pour me rapprocher de ma famille militaire et vous renouveler de vive voix, mon colonel, que je vous suis dévoué à la vie, à la mort" Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 203.
Hippolythe d'Espinchal raconte : "La veille de mon départ de Namur, Mme Martel, qui avait si complètement échoué dans ses projets de mariage, obtint de ma part une plus large concession en me demandant de prendre dans ma voiture, pour la conduire à Mayence, la plus gracieuse soubrette peut-être de tout le département du Mont-Tonnerre, avec la charge de la remettre entre les mains de sa mère qui la réclamait. Je mis trois jours à faire ce court trajet qui ne demandait pas vingt-quatre heures, et nous eussions même, selon toute apparence, continué ensemble notre voyage indéfiniment, si les parents, prévenus d'avance de son arrivée, et peu jaloux de la laisser voyager, n'étaient venus me l'enlever, à son grand regret comme au mien.
Mon premier soin, après cette séparation, fut d'aller présenter mes respects au maréchal Kellermann, avec d'autant plus d'empressement que je ne pouvais oublier ses bontés lors de mon entrée au service. Sa réception fut remplie de bienveillance; il me retint et m'annonça avoir reçu du Ministre de la Guerre l'injonction de ne point arrêter ma marche, le régiment restant en Allemagne au lieu d'aller en Espagne.
La ville était encombrée de troupes par l'arrivée successive de deux corps d'armée qui venaient de quitter la Prusse pour se rendre dans la péninsule, où, disait-on, l'Empereur devait aller pour mettre la couronne de ce royaume sur la tête de son frère Joseph. Toutes ces troupes prenaient cette direction avec d'autant plus de plaisir qu'elles devaient traverser une partie de la France et que rien encore n'indiquait une rupture avec l'Autriche.
Je restai deux jours à Mayence et à Francfort, où je trouvai le détachement, et me rendis le 13 septembre à Hanau pour assister au débarquement des équipages et m'occuper aussitôt de l'organisation du convoi qui consistait en dix-huit voitures de réquisition sous l'escorte de deux sous-officiers et de vingt-neuf hussards.
Le désagrément de cette marche était l'obligation de changer de voiture à chaque étape; un des sous-officiers avec huit hussards devait précéder notre marche d'un jour, pour faire les logements et commander les voitures de réquisition nécessaires au transport et deux chevaux pour ma calèche, ayant aussi donné l'ordre de doubler les étapes lorsqu'il y aurait possibilité. Le 14, au moment de quitter la ville, une altercation assez vive fut sur le point de m'y faire séjourner. Le commandant du poste de la garde bourgeoise, sur la grande place de cette ville, ayant reconnu, parmi les voitures de réquisition, une qui lui appartenait, voulut s'opposer à son départ bien qu'elle eût été désignée par l'autorité civile. Au moment où j'arrivai sur la place, la confusion commençait à se mettre dans le
convoi. L'officier bourgeois, l'épée à la main, à la tête d'une partie de son poste, faisait jeter les ballots par terre, malgré la résistance de deux hussards, et d'autres semblaient vouloir imiter cet exemple.
J'ordonnai aussitôt de charger le poste et de le désarmer, ce qui fut fait dans un tour de main; je fis conduire les prisonniers, l'officier en tête, devant le bourgmestre et je dressai à l'instant un procès-verbal avec l'intention de le faire parvenir au maréchal Kellermann, dont la sévérité devait faire craindre aux habitants une assez vive répression. Aussi s'empressa-t-on de me donner la plus complète satifaction, et mon départ se fit avec ordre et tranquillité dans la persuasion que cette affaire était terminée.
Cependant, deux heures après mon arrivée à Gelnhausen, lieu de l'étape, je reçus la visite de l'officier de la garde bourgeoise. Cet homme, officier au service de la Prusse avant la guerre, paraissait outré d'avoir été désarmé en présence de toute la population; son exaspération était au comble et il venait me demander satisfaction de l'injure qu'il avait reçue. La manière impertinente dont il se présenta lui attira de ma part une admonestation sévère sur la conduite qu'il avait tenue, en provoquant une révolte qui pouvait avoir les résultats les plus fâcheux, et je ne lui laissai point ignorer que j'allais adresser au maréchal Kellermann mon rapport dans lequel je le désignerais comme le provocateur des troubles qui avaient eu lieu, et qu'il devait s'attendre à la juste punition qu'il s'était attirée. Je terminai mes réflexions en ajoutant que j'étais tout prêt à lui donner la satisfaction qu'il demandait; en effet, peu d'instants après, nous fûmes en présence le sabre à la main. Le combat fut promptement terminé; mon adversaire, animé par la colère, se découvrit si imprudemment en m'attaquant que, du même coup, je lui fis une forte entaille sur la figure et à la cuisse; cette dernière blessure large et profonde saignait avec une telle violence que son témoin et mon sous-officier le soutinrent au moment où il perdait connaissance. Transporté dans l'auberge où il était descendu, un chirurgien arriva aussitôt; sa déclaration ne fut rien moins que rassurante sur la crainte d'une hémorragie difficile à arrêter. Cependant, vers le milieu de la nuit, le sang cessant de couler, le blessé revint à lui et nous eûmes la conviction que le danger avait disparu. En me voyant auprès de son lit, il me tendit la main en me priant de recevoir ses excuses sur la conduite inconsidérée dont il se reconnaissait coupable et se trouvait justement puni. Je lui témoignai tous mes regrets de cette malheureuse affaire, en déchirant mon rapport, et lui exprimai, en le quittant, tous les vœux que je formais pour son prompt rétablissement.
Nous continuâmes notre route sans trouble, bien que la trouvant encombrée par la marche des troupes se rendant en Espagne. Cependant il nous fut impossible de coucher à Erfurt, cette ville étant dans la plus grande combustion par les préparatifs qu'on y faisait pour l'entrevue des deux empereurs de France et de Russie, dont pourtant l'époque n'était point encore fixée. Le 21, nous couchâmes à Leipzig, ville célèbre par son université, fondée en 1409, et ses foires très renommées. Lorsque nous y arrivâmes, on préparait un arc de triomphe pour l'empereur Alexandre et le roi de Saxe. Le 24, voulant aller de ma personne à Dresde, je partis avant le jour afin de gagner deux étapes et passer ce temps-la dans la belle capitale de la Saxe.
Le lendemain de mon arrivée, je fus rendre visite à Mme la baronne de Bourgoing, épouse de l'ambassadeur, que j'avais beaucoup connue à Paris, et qui me fit l'accueil le plus gracieux. Le 29, au moment où j'allais quitter la petite ville d'Haynau, le 7e Chasseurs, dans lequel se trouvait mon frère, y entrait. J'eus la douce satisfaction de l'embrasser et de passer quelques heures avec lui; il m'apprit qu'il venait d'être nommé adjudant-major au 3e de la même arme.
Le 30, nous arrivâmes à Breslau, ayant fait 16 lieues dans la journée faute de trouver gîte, par l'encombrement des troupes allant prendre des quartiers d'hiver. Je ne pus voir le maréchal Mortier qui en était parti la veille ; heureusement j'y rencontrai son aide de camp, le chef d'escadron de Montchoisy, auquel je remis une caisse dont j'étais porteur pour la duchesse de Trévise" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 207).
Davout prescrit à Pajol de prendre position sur la rive gauche de l'Oder, et de s'approcher assez de la frontière autrichienne pour la sur veiller efficacement. Pour se conformer aux intentions du Maréchal, le Général Pajol place, le 1er septembre 1808, le 5e Hussards à Leobschutz, Katscher et Deutsch-Neukirch ; le 7e Hussards à Ratibor et Loslau ; le 3e Chasseurs à Neisse, et le 11e Chasseurs à Zulz, Ober-Glogau et Krappitz. Pajol s'établit de sa personne à Ober-Glogau, au centre de ses cantonnements, qui embrassent un espace de terrain assez considérable. La frontière autrichienne est dès lors surveillée avec soin par ses 2,537 cavaliers (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 300).
Le 4 septembre, l'Empereur écrit au Général Clarke : "... Il sera réuni dans le pays de Hanau une colonne de marche qui portera le nom de 2e colonne de cavalerie de marche du 3e corps de la Grande Armée, qui sera composée de la manière suivante : ... un détachement du 5e hussards 20 hommes ... Ce qui portera à 8.000 chevaux les trente-neuf escadrons de cavalerie légère du corps du maréchal Davout.
Ces détachements seront réunis à Hanau, avant le 25" (E. Picard, L. Tuetey : Correspondance inédite Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre. T. II. 1808-1809; lettre 2256; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18822).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 3 octobre, pressé d'atteindre le terme de mes tribulations et de me voir soulagé de l'ennuyeux fardeau dont j'étais chargé, je laissai le convoi derrière moi afin de le précéder d'un jour au régiment; mais cette précipitation faillit me faire échouer au port. Quatre lieues avant d'arriver à Léobschutz, me trouvant dans un chemin épouvantable par une nuit obscure, ma voiture me laissa dans la boue, sans secours ni moyen d'en avoir, n'ayant d'autre ressource pour sortir de cette désagréable situation que de monter à poil sur un des chevaux de trait, accompagné du postillon, laissant mes bagages sous la garde de mon hussard.
Enfin, à 10 heures du soir, j'arrivai chez le colonel dont le bon accueil me fit oublier bientôt mes fatigues et mes ennuis.
Des hommes furent envoyés avec des chevaux pour conduire à la ville ma malheureuse voiture, complètement disloquée et hors d'état de pouvoir servir davantage, ce qui m'importait peu, ayant atteint le terme de la mission qui m'avait été confiée.
Deux jours après mon arrivée au régiment, le colonel voulant me donner une marque non équivoque de sa satisfaction, me fit cadeau d'un superbe cheval arabe qu'il tenait du roi de Naples. Ce cheval, bien que fort âgé puisqu'il avait été amené d'Egypte, conservait encore une ardeur et une force musculaire extraordinaires. Sa robe d'un gris pommelé et sa tournure distinguée en faisaient un animal d'une remarquable beauté; mais, comme tous les chevaux de cette race, d'une ardeur dangereuse lorsqu'il était animé par l'odeur de la poudre et le bruit du canon. Je fus on ne peut plus sensible à ce brillant présent du colonel, qui devenait pour moi une nouvelle preuve de son amitié.
Je trouvai le régiment établi dans d'excellents quartiers sur l'extrême frontière de la Moravie, non loin de la petite ville de Ratibor occupée par les hussards hongrois de Wittchay (précédemment Ferdinand), avec lesquels nous fraternisions journellement, en attendant probablement l'instant peu éloigné d'échanger quelques bons coups de sabre, les bruits de guerre entre la France et l'Autriche prenant tous les jours plus de consistance, surtout depuis la concentration des troupes. En attendant cet événement qui souriait assez à nos désirs, les préparatifs du Congrès se continuaient et l'on attendait d'un moment à l'autre l'arrivée de Napoléon, lorsque nous reçûmes l'ordre de quitter nos cantonnements pour nous rendre à Erfurt.
Dans toute autre circonstance nous eussions vivement regretté de quitter nos bons quartiers de Léobschutz où nous étions si bien accueillis par les sympathies des habitants, mais l'espoir de nous rapprocher de l'Empereur était un motif trop puissant pour ne pas recevoir l'ordre de notre départ avec joie; en mon particulier j'en éprouvai une véritable satisfaction, car, bien que je ne fusse dans ce pays que depuis une vingtaine de jours, j'y avais contracté une liaison qu'il me tardait de rompre bien qu'elle fût douce et agréable, mais des circonstances particulières rendaient la rupture nécessaire" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 213).
Entre temps, après l'entrevue d'Erfurth, au mois de septembre, l'Empereur a décrété le 12 octobre la dissolution de l'Armée d'Allemagne et constitué l'Armée du Rhin sous les ordres de Davout. La Brigade Pajol comprenant les 5e et 7e Hussards en fait partie (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14376; Correspondance militaire de Napoléon 1er, extraite de la Correspondance générale et publiée par ordre du ministre de la guerre. Tome 5. Lettre 1070).
Après l'entrevue d'Erfurt, Napoléon rentre en France, et rend, le 21 octobre, un Décret qui dissout définitivement l'Armée d'Allemagne et constitue une Armée du Rhin, sous les ordres du Maréchal Davout. L'Armée du Rhin se compose : 1º des quatre Divisions d'infanterie Morand, Friant, Gudin et Saint-Hilaire (cette dernière tirée du Corps de Soult) ; 2º de la Division de réserve du Général Oudinot ; 3º de quatorze Régiments de grosse cavalerie, formant trois divisions ; 4° de dix Régiments de cavalerie légère, répartis en trois brigades : celle du Général Beaupré (1er, 2e et 12e Chasseurs), celle du Général Pajol (5e et 7e Hussards, 11e Chasseurs), et celle de Bordessoulle (7e et 20e Chasseurs, 9e Hussards ). Pajol perd, à cette organisation, le 3e Chasseurs, qu'il doit envoyer sur-le-champ de Landshut à Francfort, où se rendent aussi les 19e, 23e et 14e Chasseurs, ainsi que les Divisions Boudet et Molitor, dont l'Empereur se réserve de disposer ultérieurement. Davout doit, d'après ses instructions, évacuer la Pologne, la Silésie et une partie de la Prusse, où il se serait trouvé trop en l'air et trop éloigné de ses communications avec la France. Il se dispose à occuper le pays de Baireuth, la Franconie, la Saxe, les provinces sud-ouest de la Prusse et une partie de la Westphalie. La plupart des Régiments de cavalerie légère se conforment à ce mouvement. Le Général Pajol, qui réunit, en l'absence du Général Beaupré, le commandement des deux premières Brigades, se trouve chargé de la surveillance de six Régiments (1er, 2e, 11e et 12e Chasseurs, 5e et 7e Hussards). Il leur communique les ordres du Maréchal, qui a prévenu toutes ses troupes de se tenir prêtes au départ (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 302).
Le 18 novembre 1808, il n'y a plus en Silésie que les trois régiments de Pajol (5e et 7e Hussards et 11e Chasseurs) ; car le 2e Chasseurs reste sur le Niémen et le long du Bug, pour observer la Russie et la Prusse ; le 12e Chasseurs a été porté de Gleiwitz à Görlitz, puis dirigé sur la Poméranie suédoise . Les Régiments de Pajol reçoivent également l'ordre de se mettre en marche le 20 et le 21 novembre, pour se rendre initialemet à Berlin. Mais, le 1er décembre, les Régiments de Pajol sont acheminés sur Schönebeck, Erfurt et Aschersleben (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 303).
Le 5e Hussards part de Leobschutz le 21 novembre et suivit la route de Neisse, Munsterberg, Reichenbach, Schweidnitz, Jauer, Goldberg, Lowenberg, Lauban, Görlitz, Löbau, Bautzen, Schmiedefeld, Dresde, Meissen, Oschatz, Wurtzen, Leipzig, Weissenfels, Buttelstadt et Erfurt, où il arrive le 12 décembre. La plus forte partie du Régiment s'installe dans la ville, et deux détachements sont envoyés à Bussleben et à Udestedt (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 304).
Le Quartier général de l'armée est à Erfurth et celui de la Brigade Pajol à Achersleben.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Nous quittâmes Léobschutz le 19 novembre, et arrivâmes six jours après à Breslau, formant l'arrière-garde du corps d'armée du maréchal Davout, les troupes françaises devant évacuer définitivemcnt la Silésie en vertu du traité de paix de Tilsit passé, avec la Prusse.
La concentration des armées dut se faire dans le Hanovre et les pays formant la Confédération du Rhin, jusqu'à ce que les discussions politiques qui se traitaient alors entre la France et l'Autriche, au sujet de l'Illyrie et de la Carinthie, eussent reçu une solution, de paix ou de guerre. Continuant notre marche, nous arrivâmes le 3 décembre à Dresde pour y prendre un séjour de quarante-huit heures, pendant lequel le 5e Hussards eut l'honneur d'être passé en revue par S. A. R. le prince de Saxe. Le régiment, fort de 960 hussards dans leur brillant costume, la pelisse pendante, défila sous les yeux de la cour, malgré un froid excessif. Le soir, le général Pajol, le colonel et son état-major, assistèrent au cercle de la cour, où un brillant concert vint rompre la monotonie et l'étiquette aussi bien que la raideur des princes et des princesses. Deux jours après, nous arrivâmes a Leipzig où, pour délassement, nous participâmes à un superbe bal. Le jour suivant, peu avant d'arriver à Weissenfels, nous fîmes une halte en dehors de la petite ville de Lutzen si célèbre par la bataille que le roi de Suède Gustave-Aldoplie livra aux Impériaux le 18 décembre 1633, et dans laquelle il trouva la mort. Il était enterré, disait-on, sur le lieu même où il avait été frappé : plusieurs peupliers formaient l'enceinte d'un tombeau fort simple placé sur le bord de la route. Plusieurs fois, les Suédois avaient tenté d'y construire un mausolée digne du plus grand homme de son siècle, mais les catholiques, dont ce prince voulait détruire la religion, s'y étaient toujours opposés, ce qui n'empêchera pas la célébrité de ce modeste monument et du héros qui l'occupe.
Le 11, nous arrivâmes à Erfurt. La ville était alors occupée par le maréchal Davout, un état-major nombreux, un train d'artillerie considérable, un régiment d'infanterie et une nuée d'employés qui durent nous céder une partie des bons quartiers dont ils s'étaient emparés. Deux jours après, arriva du dépôt un détachement de quarante hussards et l'annonce prochaine d'un nouvel escadron. Ces dispositions, qui étaient généralesdans l'armée, nous confirmèrent dans l'idée que la guerre avec l'Autriche pourrait bien avoir lieu au printemps, ce qui nous combla de joie.
Je n'entrerai point dans les détails du fameux congrès d'Erfurt, si souvent décrit et que tout le monde connaît; je dirai seulement que Napoléon, assisté de la princesse Stéphanie de Bade, fit à l'empereur Alexandre l'accueil le plus amical et que tous les souverains de la Confédération aussi bien que le roi de Prusse y accoururent avec le plus grand empressement" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 214).
Le 15 décembre le Sous-lieutenant de Castelbajac est nommé Chevalier de la Légion d'honneur.
Pendant le courant de l'année, le Général de Schwarz, Baron du Saint-Empire, Colonel du Régiment deux ans auparavant, a été nommé Baron au titre français par Napoléon.
Fin décembre 1808, il n'y a, à l'Armée du Rhin, que dix Régiments de cavalerie légère : 1er, 2e, 7e, 11e, 12e, 16e et 20e Chasseurs ; 5e, 7e et 9e Hussards. Pajol, dont le Quartier général est à Aschersleben, a sous ses ordres directs le 11e Chasseurs, les 5e et 7e Hussards, et le 1er Chasseurs, établi près de Baireuth (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 304).
- Espagne (1808)
Officier du 5e Hussards, Aide de camp du Maréchal Soult, d'après la planche 122 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard |
Le même donné dans l'ouvrage de J. M. Bueno : "Los Franceses y sus Aliados en Espana, 1808-1814", volume 1 |
Officier du 5e Hussards, Aide de camp du Maréchal Soult, d'après la couverture de l'ouvrage de J. M. Bueno : "Los Franceses y sus Aliados en Espana, 1808-1814", volume 1 |
En 1808, le 5e Hussards a toujours des éléments en Espagne. Ainsi, le 1er janvier 1808, figurent au Corps des Côtes de l'Océan, Brigade de Hussards Wathier, 2e Régiment provisoire de Hussards, 3 Officiers, 72 Hussards et 75 chevaux; 3 hommes et 5 chevaux sont restés en arrière; 2 hommes sont aux hôpitaux; effectif total : 80 hommes et 80 chevaux. A noter que ces troupes sont alors réunies à Auch (Grasset, la Guerre d'Espagne, tome 1).
A. Pigeard indique qu'un détachement d'une quarantaine de Hussards du 5e est parti en février 1808 pour l'Armée du Portugal; il est entré dans la composition du 2e Escadron de marche.
Le 1er avril 1808, le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan est commandé par le Maréchal Moncey; les éléments du 5e Hussards (3 Officiers et 60 hommes) font maintenant partie du 1er Régiment provisoire de Hussards (Major Lanougarede) stationné à Aranjuez, 1ère Brigade Wathier de la Division de troupes à cheval sous le Général Grouchy.
Antoine Valentin Comte de La Nougarède Né à Ganat (Allier) le 14 novembre 1767. Il entre au service au Régiment d'Esterhazy-Hussards en 1780. Major du 2e de l'arme en 1803. Il est appelé au commandement du 1er provisoire le 28 octobre 1807 et est envoyé en Espagne. Colonel le 15 novembre 1808, il est désigner pour commander le 3e Régiment de marche de Cuirassiers en 1809. Il fait la campagne de Russie et décède à Andé (Eure) en 1853. |
A. Pigeard indique que d'autres détachements ont rejoint le 8e puis le 10e Escadron de marche en juillet.
Dans un TABLEAU "DE FORMATION DES 11e, 12e, 13e, 14e et 15e ESCADRONS DE MARCHE, AVEC LES DETACHEMENTS QUI COMPOSAIENT LES 7e ET 8e REGIMENTS PROVISOIRES DE DRAGONS ET LE 10e ESCADRON DE MARCHE", expédié le 15 juillet 1808, il est indiqué : "... 13e escadron de marche.
Détachements
... Du 5e de hussards : 24 hommes, 24 chevaux. Parti le 15. Corps du maréchal Moncey ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2120 - Sans date).
Hippolyte d'Espinchal écrit le 24 août 1808 (voir plus haut) : "l'escadron qui se formait au dépôt serait amalgamé avec plusieurs autres pour former un régiment provisoire qui devait être dirigé sur la Catalogne".
Le 1er octobre 1808, le Corps d'Observation des Côtes de l'Océan comprend une Brigade de Réserve sous le Général Watier ; les éléments du 5e Hussards (3 Officiers et 58 hommes) font toujours partie du 1er Régiment provisoire de Hussards (Colonel Lanougarede) stationné à Olite.
Entre temps, l'Empereur a réorganisé l'Armée d'Espagne; le 1er Régiment provisoire de Hussards fait désormais partie du 3e Corps commandé par Moncey.
Le 15 novembre 1808, le 1er Régiment provisoire de Hussards (Major Lanougarède) est à Peralta au sein de la Division de Cavalerie du 3e Corps (Moncey) commandée par le Général Wathier; il comprend 12 Officiers et 65 Hussards sous le Chef d'Escadron Labiffe.
Notons que selon A. Pigeard, le Major Nougarède (sic) a été nommé Colonel du 1er Provisoire par décret du 19 novembre 1808. Il indique également que figurent au 1er Provisoire le Capitaine Schwab, les Lieutenants Jacobs et Provensal, ainsi que les Sous-lieutenants Castelbajac et Laborie.
Martinien donne le Sous lieutenant Laborie, blessé à la bataille de Tudela le 23 novembre 1808.
Le 15 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, j'approuve le projet que propose le général Laroche commandant des dépôts de cavalerie de Pau de renvoyer à leur dépôt 60 hommes du 8e régiment de chasseurs et 200 hommes du 5e régiment d'hussards. Les 53 chevaux de hussards, les 19 chevaux de chasseurs et les selles et brides seront retenus au dépôt pour monter d'autrs régiments.
Cependant, je désire que le général Laroche demande à ces 260 hommes s’il en est qui voudraient entrer dans la garde du roi d'Espagne. Dans le cas où quelque-uns y consentiraient, il les fera partir pour l'Escurial, en en dressant un état double à l’état-major général et au général Saligny commandant la garde du roi ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2571 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19515).
Fin 1808, a lieu le 2e siège de Saragosse; le 3e Corps, commandé par Junot, y figure, mais le Général Wathier est envoyé à Alcanix avec 1100 hommes d'Infanterie et 700 de cavalerie, dont le 1er provisoire de Hussards. Martinien donne toutefois le Sous lieutenant Castelbajac, blessé le 22 février 1809 au cours du siège de Saragosse, et le Lieutenant Kister, blessé le 19 mars au cours d'une affaire en avant de Saragosse.
j/ Campagne de 1809
Le 1er janvier 1809, le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin ; il fait partie de la 2e Brigade pajol de la Cavalerie légère (situation également donnée par Nafziger 809AAC sur le pied de 4 Escadrons). Ses 1er, 2e et 3e Escadrons, sous le Colonel d'Hery, sont cantonnés à Erfurt.
Le 8 janvier 1809, le 5e Hussards (Dery) est réparti entre Erfurt, Bischleben et Sulzenbrucken. Le Quartier général de Pajol, qui a pour Chef d'Etat-major l'Adjudant commandant Petit-Pressigny, est à Aschersleben (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 308).
Selon l'historique régimentaire, le Régiment demeure dans ses cantonnements aux environs d'Erfurth tout le mois de janvier. Son effectif est de 640 hommes et 666 chevaux.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Ce fut le 10 janvier 1809 que nous quittâmes Erfurt emportant des souvenirs ineffaçables.
Notre premier gîte fut Gotha, fort jolie petite ville dont la célébrité consiste dans l'almanach héraldique de tous les souverains de l'Europe; elle est la résidence du prince de Saxe, souverain de ce petit Etat ...
Le contingent fourni à la grande nation consistait en soixante fantassins et vingt dragons, participant alors à l'occupation de l'Espagne, avec tous les contingents des différents princes de Saxe ...
Notre séjour dans cette petite souveraineté ne dura que vingt-quatre heures et fut marqué par un beau bal à la cour qui dura jusqu'au jour.
Nous nous séparâmes fort satisfaits les uns des autres pour aller nous établir dans une principauté semblable, chez le prince de Saxe-Meiningen, cantonnement d'hiver qui venait de nous être assigné.
La principauté de Saxe-Meiningen est une petite souveraineté faisant aussi partie de la Confédération, dont le chef-lieu est Meiningen, situé sur la rivière de la Ware. La ville est jolie, bien bâtie et bien habitée; à son entrée, est un grand et vaste château, sans extérieur, mais commode, bien distribué, meublé avec le plus grand luxe et servant de résidence au souverain du pays.
Lorsque nous y arrivâmes, la cour se composait alors de la princesse douairière régente, d'un jeune duc âgé de neuf ans et des deux ravissantes princesses Amélie, l'ainée ayant dix-sept ans, et la seconde, Ida, quinze ...
Le matériel de l'armée se composait de deux bataillons d'infanterie, cinquante dragons et trois pièces d'artillerie, dont le tiers devait former le contingent de la Confédération du Rhin ...
L'arrivée d'un régiment de hussards français dans cet Eldorado produisit d'abord une espèce de crainte que nous ne tardâmes point à dissiper par la discipline et la bonne conduite de nos hommes ; il en résulta pour nous un bien-être et un agrément qui ne se sont jamais démentis ... ; le jeune prince m'avait pris dans une véritable affection et aimait tellement nos hussards qu'il voulut porter l'uniforme du régiment.
Plusieurs de nos jeunes officiers venaient aux soirées du château qui se passaient en petits jeux, en musique, danse et plaisirs ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 216).
Le 15 janvier 1809, le 5e Hussards est à Mölsdorf, Bischleben et Sulzenbrucken (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 308).
Au 1er février 1809, le 5e Hussards est à Bischleben, Mölsdorf, Ingersleben et Sulzenbrucken (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 309).
Au 15 février 1809, la Brigade Pajol, forte de 2,069 hommes et 2,127 chevaux, occupe : le 5e Hussards, Sulzenbrucken ; le 7e, Aschersleben, Ermsleben et Cochstadt ; le 11e Chasseurs, Magdeburg, Schönebeck et Salza (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 309).
Le tableau de la situation des 17 régiments de cavalerie légère employés aux armées en Allemagne ... daté du 1er mars 1809, indique que le 5e Hussards est à l'Armée d'Allemagne, et qu'il est prévu par l'Empereur de le porter à 1000 hommes et 1000 chevaux. Sont déjà présents en Allemagne 647 hommes et 664 chevaux; 100 hommes et 100 chevaux sont en route pour Strasbourg et Augsbourg. Par ailleurs, 80 hommes et 80 chevaux du 10e Hussards sont en route pour être incorporés dans le 5e Hussards (Nafziger donne un détachement de 120 Hussards du 10e; Nafziger 809CBV - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902 - Alain Pigeard mentionne dans le Tradition Hors Série N°34 le décret impérial du 8 mars qui parle également de 120 Hussards du 10e plus 50 hommes supplémentaires, apparemment tirés du 1er Régiment provisoire de Hussards se trouvant en Espagne, qui a été dissous par décision de l'Empereur en date du 4 mars 1809); et l'on se propose d'y incorporer également 7 hommes et 7 chevaux du Dépôt du 10e Hussards encore disponible, ce qui doit porter l'effectif du 5e à 834 hommes et 851 chevaux. Là dessus, pour parvenir au complet de 1000 hommes et 1000 chevaux, il est prévu d'incorporer 138 hommes et 144 chevaux du 1er Hussards, et 26 hommes et 26 chevaux du 2e. Le tableau de situation note qu'une fois la réception de tous les détachements faite, il manquera encore pour parvenir au complet 2 hommes. Après le départ de tous les détachements, le fond du dépôt devrait comprendre 50 hommes et 148 chevaux. Le 1er mars, le dépôt devrait recevoir 468 conscrits de 1810 et 40 chevaux, ce qui porterait l'effectif du dépôt à 518 hommes et 188 chevaux; de là, les 2 hommes manquants pour le complet pourraient être expédiés à l'Armée; une fois toutes ces opérations achevées, le dépôt devrait comprendre 516 hommes et 188 chevaux.
Le 4 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Pris, au Général Compans, Chef de l’Etat-major : "Je vous adresse, Monsieur le général, copie d'un ordre que je viens de recevoir du major général ; exécutez-en tout de suite les dispositions dans l'esprit suivant :
Les régiments qui se trouveraient plus rapprochés d'Erfurt que les généraux sous les ordres desquels ils se trouvent devront recevoir de vous directement les ordres de marche que vous leur enverrez par des officiers de votre état-major, ou, à leur défaut, par des officiers du 17e régiment ...
Il est inutile de donner l'ordre au 5e régiment de hussards qui est à Meiningen de se mettre en marche tout de suite ; il est à la disposition du général Friant, qui lui donnera des ordres en cas d'événement imprévu ...
Le général Friant laissera ses troupes cantonnées comme elles sont dans le pays de Bayreuth et d'Erlangen, et ne les réunira que dans le cas d'événements imprévus. Il faut recommander au général Friant, dans le cas peu vraisemblable où les Autrichiens marcheraient avec des forces supérieures, de prendre une position qui puisse couvrir Bamberg et Wurtzbourg ; j'en conférerai avec M. l'intendant général à mon arrivée, qui aura lieu vingt-quatre heures après la réception de cette lettre.
Je vous recommande, mon cher général, de ne point parler de mon retour ni de ce mouvement, et de donner les ordres de marche de manière que personne n'en ait connaissance à Erfurt ...
Je vous prie de faire passer la lettre ci-jointe par le courrier militaire qui ira à Varsovie" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 384, lettre 586).
Début mars (5 mars), le 5e Hussards est à l'Armée du Rhin commandée par Davout, au sein de la Division de Cavalerie légère commandée par Montbrun, Brigade Pajol; le Régiment, fort de 3 Escadrons, comprend 639 hommes et 666 chevaux. La Brigade doit se réunir au 20 mars à Bamberg.
Une situation extraite de la Collection Nafziger donne également la situation de l'Armée française du Rhin du 5 au 28 mars : Division de Cavalerie légère, Général de division Montbrun, Brigade Pajol, 3 Escadrons, 639 hommes (Nafziger 809CBT - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Le 8 mars 1809, l'Empereur adresse depuis Paris au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre à Paris, la lettre suivante :
"ORDRES CONCERNANT L'EFFECTIF QUE DOIT PRESENTER LA CAVALERIE EN ALLEMAGNE.
Monsieur le Général Clarke, j'ai au delà du Rhin dix-sept régiments de cavalerie légère; mon intention est de prendre tous les moyens pour porter chacun de ces régiments à une force d'environ 900 ou 1,000 hommes. Pour cela, il y a deux moyens :
d'abord, envoyer aux dépôts de ces dix-sept régiments l'ordre de diriger sans délai tout ce qu'ils ont de disponible sur Strasbourg, où les détachements seront organisés en escadrons de marche pour rejoindre les escadrons de guerre; le deuxième moyen, c'est de prendre dans les dépôts des régiments de chasseurs et de hussards qui sont en Espagne tout ce qui est disponible, pour renforcer les régiments des armées d'Allemagne et les y incorporer.
Pour le premier moyen, il suffit d'un simple ordre, que vous expédierez aux dépôts des 5e (...) de hussards (...) et (...) de chasseurs, d'envoyer à Strasbourg tout ce qu'ils ont de disponible. Faites-moi connaître combien ces treize régiments pourront envoyer à Strasbourg.
Vous recommanderez au général chargé d'organiser les escadrons de marche d'avoir bien soin de se conformer, pour cette formation, à celle des brigades de cavalerie légère de l'armée du Rhin. En conséquence, il réunira les différents détachements et escadrons de marche, de la manière suivante, savoir : (...) 2e escadron, des détachements des 5e, 7e de hussards et 11e de chasseurs (...).
Quant au deuxième moyen, qui est de tirer des dépôts de cavalerie légère de l'armée d'Espagne, j'y ai pourvu par le décret qui vous sera adressé.
Lorsque toutes ces opérations seront terminées, je désire que vous me fassiez connaître quel sera l'effectif de mes dix-sept régiments de cavalerie légère en Allemagne.
Je désirerais avoir en Allemagne 14,000 chasseurs ou hussards, 13,000 cuirassiers et 3,000 dragons; total, 30000 hommes de cavalerie ...
Annexe
Au palais des Tuileries, le 8 mars 1809.
Napoléon, empereur des Français, roi d'Italie & protecteur de la Confédération du Rhin, avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1er
Seront dirigés sans délai sur Strasbourg ...
120 hommes du dépôt du 10e de hussards pour être incorporés dans le 5e
Art 3
Ces incorporations seront constatées par procès-verbaux bien en règle, et dans lesquels seront insérés les états desituation des hommes, des chevaux et des harnais.
Art 4
Nos ministres de la Guerre et de l'Administration de la guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret
Signé : Napoléon.
Par l'empereur :
le ministre secrétaire d'État
Hugues B. Maret" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14868 ; Correspondance militaire de Napoléon 1er, extraite de la Correspondance générale et publiée par ordre du ministre de la guerre. Tome 6. Lettre 1102; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20286).
Le 9 mars 1809, la guerre avec l'Autriche étant imminente, Napoléon ordonne la création d'une 9e Compagnie, dite "de dépôt" dans chaque régiment de hussards de rendre le 4e Escadron opérationnel.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "... Vers la fin du troisième mois de séjour dans cet excellent quartier, nous eûmes l'avis que nous devions très incessamment le quitter. Plusieurs retraites furent données à d'anciens officiers, des promotions s'ensuivirent, ainsi qu'une revue minutieuse des hommes et des chevaux en état d'entrer en campagne. Ainsi, plus de doute, nous allions avoir la guerre dont nous acceptions toutes les conséquences avec autant de confiance que de satisfaction.
Le 13 mars, veille de notre départ, je vins prendre congé de la duchesse et la remercier des bontés dont elle m'avait comblé" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 216).
Napoléon ordonne également au Maréchal Davout de concentrer l'Armée du Rhin vers Ratisbonne pour fermer aux Autrichiens les défilés de la Bohême. La Brigade Pajol, momentanément comprise dans la Division Saint-Hilaire, part de Birschleben le 14 mars, passe à Coburg et à Cronach et se place aux avant-postes à Amberg, Rosenberg et Sulzbach. Elle détache des reconnaissances sur les rivières la Fils et la Naab.
Le 5e Hussards, parti de Bischleben, se trouve, le 14, à Hildburghausen ; le 15, à Coburg (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 310).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 14, nous vînmes coucher à la ville d'Hildbourghausen, résidence encore d'un autre prince de Saxe, qui vint au-devant du régiment jusqu'aux frontières de ses états dont la modeste étendue ne lui permettait de fournir que peu d'hommes à la Confédération. Le duc, beau-frère du roi de Prusse, paraissait un excellent homme, aux manières franches et rondes; sa fortune était immense comme particulier, mais bien certainement il était un des plus petits souverains de l'Allemagne. Son château, d'un aspect remarquable, meublé avec un luxe extraordinaire, était entouré d'un parc magnifique; mais ce qui offrait un grand intérêt, c'était une écurie d'un luxe inconcevable, renfermant bon nombre de chevaux de prix. Le colonel en ayant admiré un plus particulièrement, il le lui envoya, une heure après, avec une lettre charmante à laquelle était jointe une paire de pistolets d'un fort beau travail qu'il me priait d'accepter; puis, il invita à diner l'état-major du régiment, et le bordeaux, le chambertin et le champagne coulèrent à flots.
Le soir, il conduisit le colonel et moi chez son premier ministre, le baron de Baumbach. Nous y trouvâmes deux femmes fort agréables, de la plus grande élégance, dont l'une avait été et l'autre était la maîtresse du prince qui affectait au petit pied les mœurs de la Régence; il était fastueux, d'une générosité extraordinaire, s'occupant peu de sa femme que l'on disait fort belle et que son absence nous priva de voir; du reste il était adoré de son peuple avec d'autant plus de raison que ses mains étaient toujours ouvertes pour faire des largesses; je crois que, si nous fussions restés chez lui deux jours de plus, il nous eût peut-être donné ses équipages et sa maîtresse.
Le 15, nous rencontrâmes dans la journée le 17e d'Infanterie légère, avec lequel nous fimes notre entrée dans la ville de Cobourg, dont le prince vint au-devant de nous, passa les troupes en revue, et invita l'état-major des deux corps à dîner avec lui.
Le colonel, à la tête de tous ses officiers, s'empressa de faire une visite au vieux et respectable feld-maréchal, prince de Cobourg, si célèbre dans le commencement de la Révolution mais, malheureusement, sa santé ne lui permit pas de nous recevoir et il nous en fit exprimer tous ses regrets.
A trois heures, un banquet superbe, dont la duchesse mère fit les honneurs, nous fut donné...
La principauté de Cobourg, qui a seize lieues de longueur sur huit de largeur, fournissait à la Confédération 400 hommes de belle troupe, bien équipés, qui venaient de partir pour se joindre au contingent général. La ville capitale de ce duché est assez grande, bien bâtie, située sur la rivière de Jetz, dominée par un fort qui fut construit, en 1597, par Jean-Casimir de Saxe. Le palais, d'une construction ancienne et de mauvais goût, placé au centre de la ville, est très vaste et était assez mesquinement meublé ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 220).
Le 16 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Vous donnerez des ordres pour que tout ce qui se trouve de disponible en hussards, chasseurs et dragons, soit prêt à entrer en campagne, soit au dépôt d'Auch, soit à celui de Niort, soit à celui de Tours, soit enfin à celui de Versailles, se rende sans délai à Strasbourg. Vous donnerez ordre que tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts des cinq régiments de hussards qui ont leurs escadrons de guerre en Espagne, ainsi qu'aux dépôts des 5e, 21e et 27e de chasseurs qui se trouvent dans le même cas (total 8 régiments de troupes légères) se rende également sans délai à Strasbourg, bien armés et bien équipés ; et au fur et à mesure que vous recevrez la nouvelle qu'en exécution de cet ordre, des hommes sont partis, soit du dépôt de leur corps, soit des dépôts de Niort, d'Auch, de Tours, ou de Versailles, vous me proposerez l’incorporation de ce que ces huit régiments fourniront de disponible dans les dix-sept régiments qui sont en Allemagne, de manière que ma cavalerie légère en Allemagne soit portée au compte de 1100 hommes par régiment. Tous les hommes des dépôts d'Auch, de Niort, de Versailles et de Tours qui ne seraient pas disponibles pour entrer en campagne retourneront aux dépôts respectifs de leur régiment, de sorte que les dépôts généraux soient dissous. Donnez ordre que les cadres des quatrièmes escadrons des 17 régiments de cavalerie légère qui sont en Allemagne se rendent également à Strasbourg, en autorisant cependant le major à garder des officiers et sous-officiers pour le cadre de la compagnie de dépôt.
Mon intention est d'avoir dans le courant d'avril en bataille et compris dans mes 17 régiments de l'armée d'Allemagne au moins de 18 000 hommes qui, avec les 1 000 hommes du régiment provisoire, feront 19 000 hommes de cavalerie légère ; ce qui avec les 6 000 dragons qu'il sera possible de réunir aux 6 régiments provisoires, et 13 000 hommes de carabiniers et de cuirassiers, portera vers la fin d'avril la cavalerie de mes armées d'Allemagne à 38 000 hommes au moins. Cette incorporation d'un régiment dans un autre ne doit être faite qu'en vertu d'un décret, mais pendant que vous ferez le travail, expédiez dans la journée de demain les premiers ordres, en correspondant ... avec le général Marulaz pour la cavalerie légère ... Aussitôt que votre travail sera prêt, présentez-moi le projet de décret. Rectifiez ce qui est relatif aux uniformes afin que les détachements soient incorporés dans les régiments qui ont l'uniforme le plus analogue à celui du corps d'où ils sortent ; et si dans le décret du 18 mars, il m'était échappé quelques erreurs à cet égard, proposez-moi les rectifications nécessaires afin, par exemple, qu'on ne voie pas des hussards rouges réunis avec des hussards bleus ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2947 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20385).
Le 16 mars 1809, "On propose à Sa Majesté de décider que la somme de 3.113 fr. 67 sera ordonnancée au profit du 5e régiment de hussards, à titre de secours, pour l'indemniser des pertes résultantes d'un incendie qui a eu lieu le 4 octobre dernier"; "Accordé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2943 - Extraites du « Travail du ministre directeur de l'administration de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 15 mars 1809 »).
Le 16 mars, le 5e Hussards est à Sonnefeld; il est à Kronach le 17 (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 310).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Nous continuâmes notre marche le lendemain (16), par une pluie épouvantable et des chemins affreux qui nous conduisirent à la petite ville de Kronach, appartenant à la Bavière, où nous restâmes quelques jours et où nous apprîmes que nous allions incessamment entrer en campagne, ce qui fut accueilli avec une joie délirante. Pendant notre séjour à Kronach, des corps nombreux et plusieurs batteries d'artillerie traversèrent la ville pour joindre les corps d'armée auxquels ils appartenaient. Nous fûmes désignés, avec le 7e Hussards formant la brigade du général Pajol, comme faisant partie de celui du maréchal Davout, et dès ce moment nous établîmes nos postes militairement afin d'être prêts à tout événement.
Nous apprimes les mouvements qui s'opéraient par les troupes autrichiennes, dont la pins grande partie des forces se dirigeaient sur la Bavière, espérant par cette manœuvre porter sur ce pays le théâtre de la guerre et nous contraindre à nous replier sur le Rhin, surtout avec des forces numériques d'un grand tiers plus considérables que les nôtres. Mais l'attitude de l'armée française devait bientôt détromper l'archiduc Charles et il ne tarda point à devenir victime de sa fausse entreprise.
"Kronach, 20 mars.
Je me hâte de vous écrire, mon père, pour vous annoncer notre prochaine entrée en campagne, car bien que la guerre ne soit pas encore déclarée, elle est inévitable et les hostilités seraient déjà même commencées si l'Empereur, par une raison politique, n'en avait laissé l'initiative aux Autrichiens. Aussi avons-nous reçu les ordres les plus précis à cet égard, c'est-à-dire, que nous sommes destinés à recevoir les premiers coups, que nous rendrons, je vous assure, avec usure. Nos hussards sont dans les meilleures dispositions ; il serait vraiment dommage d'être déçu dans notre espérance, car nous allons au-devant de l'ennemi avec une joie et un entraînement difficiles à décrire. Les troupes appellent de tous leurs vœux la présence du grand donneur de batailles, et le jour de son arrivée parmi nous sera bien certainement marqué par une victoire.
En attendant, les dispositions stratégiques s'exécutent avec la plus grande précision; les routes sont sillonnées par les troupes avec un semblant de confusion rempli d'ordre, et, dans peu de jours, chacun occupera le poste assigné par la volonté d'un seul. L'ensemble de ces mouvements dans leur exécution offre quelque chose de fort imposant qui inspire la confiance, et sans nous s'occuper du nombre d'ennemis qu'il nous faudra combattre, il nous suffit de savoir que nous devons vaincre : c'est à quoi nous allons travailler de notre mieux. II parait, au reste, que la grande lutte qui va s'ouvrir était préparée de longue main par le cabinet autrichien appuyé des subsides de l'Angleterre.
L'embarras présumé dans lequel la guerre d'Espagne pouvait avoir mis la France a déterminé la rupture d'une paix que la campagne d'Austerlitz semblait devoir assurer. Les préparatifs de l'Autriche sont immenses, et s'il faut en croire les feuilles allemandes, nous aurons affaire à 350000 hommes avec 800 bouches à feu, sans compter une landwehr de 250000 hommes, n'ayant à opposer à toutes ces forces que 250000 hommes, tant en Allemagne qu'en Italie, et 18000 en Pologne, avec un total de 425 bouches à feu. Malgré tout cela, nous sommes convaincus que Napoléon, dès qu'il en trouvera l'occasion, livrera bataille et qu'il conduira son. armée triomphante à Vienne. Cette idée est tellement générale parmi nous, que nul n'oserait admettre le contraire, malgré la valeur des troupes autrichiennes et le mérite incontestable de l'archiduc Charles, leur généralissime, car nous avons pour nous le génie des victoires qui ne nous faillira pas dans une circonstance aussi solennelle.
Vous devez penser qu'une fois les événements commencés, ils marcheront avec rapidité : il nous sera donc assez difficile de correspondre mais j'en saisirai toutes les occasions, ne fût-ce que pour vous tranquilliser sur mon sort qui, du reste, m'inquiète d'autant moins que j'ai comme toujours la plus grande confiance dans mon étoile.
Adieu, mon père; les bulletins vous feront bientôt connaître les succès qui nous attendent; l'enthousiasme et l'ardeur de notre brillante armée sont un augure incontestable qui doit rassurer la France sur des résultats qui nous semblent infaillibles"" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 223).
Le 20 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Bamberg, au Général Comte Friant : "… Le départ des troupes bavaroises qui étaient sur votre droite me détermine à jeter dans ce pays le général Pajol avec les 5e et 7e de hussards et 11e de chasseurs. Je vous envoie ci-joint l'itinéraire de ces régiments. Le général Pajol aura son quartier général à Amberg, il correspondra directement avec moi. Dans le cas où il apprendrait quelque chose d'important, il est autorisé à vous en prévenir par un sous-officier qu'il vous enverrait en estafette ...
Au moment où j'ai demandé votre aide de camp pour vous faire porter cette dépêche, j'ai appris qu'il était parti ; cela me contrarie, dans la crainte que cette dépêche ne soit portée trop lentement. Je ne veux pas la prolonger en vous envoyant un itinéraire que je vous ai annoncé pour les trois régiments du général Pajol ; je vous laisse le soin de le faire en vous désignant l'emplacement :
Le 1er de hussards à Amberg avec le général Pajol ;
Le 11e de chasseurs à Neumarck, à Weibourg, sur la route de Ratisbonne à Nuremberg ;
Le 5e de hussards à Hersbruck.
Ces régiments seront cantonnés de manière que chacun puisse être réuni en six heures.
Les cantonnements seront indiqués de concert avec les autorités locales, qui prendront des mesures pour les subsistances.
Vous ferez vous-même les itinéraires de manière que les régiments fassent au moins entre 4 et 6 milles par jour.
Un officier de chaque régiment, porteur de l'itinéraire et de l'indication de la force de chaque régiment, les précédera de vingt-quatre ou trente-six heures pour assurer les subsistances et les logements.
Chaque itinéraire portera la recommandation faite plus haut pour les postes de correspondance.
Vous prescrirez aux colonels de conserver soigneusement les cartouches. Vous leur recommanderez de ne point faire connaitre leur itinéraire et leur destination. Cette discrétion donnera lieu à mille conjectures dans le pays et bientôt chez les Autrichiens. II faut que l'ordre pour les femmes et les bagages inutiles reçoive son exécution avant le départ de ces régiments, et qu'aucun militaire, quel que soit son grade, ne se permette de se faire suivre de ses femmes et des bagages qui doivent être renvoyés. Ces trois régiments feront la brigade du général Pajol, qui correspondra directement avec moi.
Vous recommanderez à ce général de placer aux endroits désignés dans l'instruction des avant-postes pour se mettre en communication avec le 1er régiment de chasseurs. Vous lui direz de ma part qu'il envoie deux officiers intelligents pour reconnaître tout le cours de la Nab, depuis sa source jusqu'à son embouchure près Ratisbonne, en indiquant ses ponts, les défilés et les obstacles qu'elle offre, etc.
Un autre officier sera chargé de reconnaitre la Wilz, depuis sa source jusqu'à son embouchure dans la Nab. La Wilz est la rivière qui passe à Amberg. La Nab est celle qui passe à Weyden et Neustadt, et qui prend sa source sur les frontières du pays de Bayreuth, du côté de Berneck.
Je désire, mon cher général, que pour l'expédition de tous ces ordres vous n'employiez pas votre chef d'état-major, qui est une commère. Parlez-moi clairement sur son compte, ainsi que sur celui du commandant de la place.
Annoncez à tous les commandants de régiments que sous trois ou quatre jours ils peuvent envoyer à Wurtzbourg avec les pièces nécessaires pour toucher chez le payeur général les appointements et la solde arriérés. Le colonel aura des fonds en caisse, invitez-le à avancer quelque chose aux officiers et soldats. Ce ne sera qu'une avance de quelques jours, mais qui sera utile.
Envoyez-moi l'itinéraire des trois régiments et même des détachements, afin que je connaisse leur marche et le jour de leur arrivée.
Recommandez bien au général Pajol et à tous les colonels de ne point dire en partant où ils vont, à qui que ce soit, même à leurs camarades.
Règle générale, il faut que les officiers qui vont en avant, pour faire préparer les vivres et les logements, ne disent point aux autorités vers quel point ils continuent leur route ...
Recommandez au général Pajol et au colonel Méda de voir leurs officiers et de leur parler dans les principes que je viens d'exposer. Il faut qu'ils maintiennent la bonne harmonie et qu'ils vivent dans la meilleure intelligence avec les habitants et les troupes bavaroises ...
Je tiens beaucoup à ce que les détachements du colonel Méda et même les régiments du général Pajol fassent quelques dépenses pour le pays ; ainsi il faut donc leur donner des à-compte sur la solde et les appointements ...
Je désire, mon cher général, que vous disiez au colonel Méda et au général Pajol qu'il serait bon que les soldats allassent à la messe le dimanche ; on nous a beaucoup calomniés sous ce rapport en Autriche, et c'est là le meilleur moyen de faire tomber ces calomnies.
Je désire, mon cher général, que les officiers que le général Pajol doit envoyer en avant des régiments, et ceux qui seront chargés des reconnaissances, soient non-seulement intelligents, mais encore qu'ils parlent allemand, ainsi que les ordonnances qu'ils auront avec eux" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 407, lettre 603).
Par ailleurs, le Général Marulaz doit former à l'aide de divers détachements constitués de tous les hommes disponibles aux dépôts, et dès leur arrivée à Strasbourg, deux Régiments de marche, dont un de Hussards. Parmi ces détachements, l'un est issu du dépôt du 5e Hussards; il quitte Namur le 22 mars et doit être à Strasbourg le 7 avril (donné également par Nafziger 809CBV - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902). Le cadre du 4e Escadron doit partir de Namur le 27 mars pour être à Strasbourg le 12 avril.
Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 1809, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 22 mars, je reçus l'ordre de me rendre à Bayreuth afin de m'entendre avec les magistrats de cette ville pour le placement du régiment qui devait y arriver le lendemain. J'y trouvai le général de division Friant, dont les troupes, qui occupaient les environs, étaient sur le point de se mettre en marche. M. de Tournon, mon parent, intendant général de la province, chez qui je fus dîner, s'occupait alors de faire emballer ses archives dans la présomption de l'approche des Autrichiens, crainte d'autant mieux fondée que, peu de jours après notre passage, un parti l'enleva avec tous ses équipages, avant même le commencement des hostilités" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 225).
Le 23 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Bamberg, à l’Empereur : "… Les 5e et 7e hussards et 11e de chasseurs formant la brigade Pajol sous les ordres du général Montbrun seront rendus demain à Amberg et Hersbruk, entre Amberg et Nuremberg et Neumarck, qui est entre Amberg et Ratisbonne ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 425, lettre 614).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 23, nous vînmes prendre position en avant du bourg de Bezenstein occupé par le 17e léger. Le lendemain nous fîmes dix lieues dans la journée pour arriver à la petite ville de Hersbruch, ayant suivi une route impraticable pour l'artillerie à travers des bois et des montagnes couvertes de neige. Deux jours après, le régiment prit ses quartiers à Hohenstadt que nous quittâmes le lendemain, à la pointe du jour, pour nous rendre à Sulzbach, où furent établis plusieurs postes d'observation sur la frontière de la Bohême, tandis que le régiment prenait, deux lieues plus loin, ses quartiers dans la ville de Amberg, où nous restâmes quelques jours en attendant que les Autrichiens commençassent les hostilités" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 225).
Le 24 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Bamberg, au Général Friant : "… Toutes les nouvelles que j'ai reçues aujourd'hui confirment le rapport du colonel Méda, c'est-à-dire que les Autrichiens font des mouvements et se portent en force sur les frontières de la Bavière.
Je ne puis croire à des hostilités, puisqu'il n'y a pas de déclaration de guerre ; mais la prudence veut que l'on prévoie le possible ; aussi j'envoie l'ordre au colonel du 11e de chasseurs de se porter non-seulement à Neumarck, mais de pousser le même jour un de ses escadrons en avant, et le 25 de pousser un parti jusqu'à Ratisbonne pour se mettre en communication avec le général bavarois de Wrede, qui a sa gauche à Ratisbonne.
Envoyez l'ordre au général Pajol, qui devait aller coucher aujourd'hui à Sulzbach, de pousser jusqu'à Amberg et d'envoyer un parti jusqu'à Schwarzenfeld, village sur la Nab, sur la route de Waldmunchen, où il s'établira. Il poussera également un petit parti sur la route d'Eger. Il préviendra le colonel du 1er de chasseurs de son arrivée. Le 25, le général Pajol poussera un parti de 100 chevaux jusqu'à Waldmunchen, où il s'établira. Il aura un poste de 50 chevaux intermédiaire entre Schwartzenfeld et Waldmunchen.
Le détachement de Waldmunchen se mettra en communication avec les postes du voisinage établis par le colonel Méda, vis-à-vis les débouchés de la Bohême.
S'il arrivait quelque chose d'important, non seulement on en préviendrait le général Pajol, mais on enverrait par Ratisbonne prévenir le général bavarois qui est à Straubing.
Bien entendu qu'on vous en donnerait avis, ainsi qu'à moi.
Il faut envoyer aussi directement l'ordre au 5e de hussards, qui doit arriver aujourd'hui 24 à Regnitz, de pousser la queue de son régiment jusqu'à Velden, et d'avoir la tête dans un village que vous désigneriez sur la route de Nuremberg à Amberg. Le 25, de très-bonne heure, tout le régiment s'établira sur cette route.
Le général Pajol enverra de son côté des ordres et désignera les villages ; bien entendu que, s'il arrivait des événements imprévus, il enverrait des ordres pour rallier ces troupes et avoir une plus grande quantité de troupes sur la Wilz et la Nab. Il ferait observer les différents ponts, qu'il pourrait même faire briser.
Le général Pajol donnera les ordres aux 5e et 7e de hussards d'envoyer tout de suite, suivant l'itinéraire qu'il donnera, les bagages, ainsi que les hommes et les chevaux hors d'état de service à Gunzenhausen. Il ferait choix d'un officier hors d'état de faire la campagne pour commander les petits dépôts de sa brigade qui seront réunis à Gunzenhausen, le 11e de chasseurs ayant reçu directement l'ordre d'y envoyer le sien. Ce serait donc sur le général Pajol qu'en cas d'événement imprévu, tous les détachements du colonel Méda se replieraient.
Il faut que le général Pajol ainsi que le colonel Méda recommandent à leurs officiers de répandre le bruit que je les suis avec mon corps d'armée. Il faut recommander au général Pajol et au colonel Méda d'avoir la plus grande surveillance. Ils ne doivent pas avoir de vedettes, mais de fréquentes petites patrouilles, et ordonner que les chevaux soient sellés pendant la nuit.
Si l'on a des communications avec les Autrichiens, il faut leur demander s'ils veulent la guerre et avoir l'air d'être étonné de leurs mouvements, et assurer que les nôtres ne sont motivés que par les Turcs.
Faites connaitre au général Pajol les ordres que j'ai donnés directement au 11e de chasseurs, afin qu'il se mette en communication avec lui. Faites-lui connaitre aussi qu'en cas d'événement imprévu et que des forces supérieures l'y obligent, sa retraite doit être sur Nuremberg ; mais il la ferait le plus lentement possible et en défendant tous les défilés ; d'ailleurs, je prendrais des mesures suivant les circonstances ...
Recommandez au général Pajol que l'officier qui commandera les petits dépôts de sa hrigade mette le plus grand ordre, qu'il prévienne tous les abus et ne donne pas lieu à la plus petite plainte, qu'il donne des bons en règle, qu'il passe les revues lui-même, enfin qu'il fasse le commissaire des guerres, l'inspecteur, etc. ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 434, lettre 622).
Officier du 5e Hussards vers 1809, d'après Berka "L'Armée française représentée en 18 feuilles... Die Französische Armee..."; ancienne Bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Musée de l'Empéri, Salon de Provence |
Officier du 5e Hussards vers 1809 d'après J. Berka : "L'Armée française représentée en 18 feuilles... Die Französische Armee..."; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, 4-OA-403; collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
Officier du 5e Hussards, sans date, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source Berka |
Officier du 5e Hussards, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique qu'il s'agit d'un Lieutenant de la Compagnie d'élite. Source : Berka. |
Le 26 mars 1809, le 5e Hussards a 2 Escadrons à Amberg, et 1 à Hartmansdorf.
Le même 26 mars 1809, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le général Clarke, j’ai en Espagne cinq régiments de hussards ; les dépôts de ces régiments ont eu ordre de diriger tout ce qu'ils avaient de disponible sur Strasbourg, ainsi que tous ceux de tous les régiments de chasseurs qui sont en Espagne ; vous devez me proposer des décrets pour incorporer ces détachements dans les dix-sept régiments de cavalerie légère que j'ai en Allemagne, de manière à porter chacun de ces dix-sept régiments à 1.000 hommes ; mais, comme il n'y a en Allemagne que quatre régiments de hussards, il arrivera à Strasbourg beaucoup plus de monde de cette arme qu'il n'en faut, et, à moins qu'on n'incorpore des hussards dans des chasseurs, ce qui ne saurait se faire à cause de la différence d'uniforme, il restera beaucoup d'hommes disponibles. Mon intention est d'en former des compagnies détachées, dont on disposerait pour faire le service d'ordonnances auprès des maréchaux d'Auerstaedt, de Rivoli, du général Oudinot, etc., et même qu'on pourrait employer isolément dans les divisions.
Je désire donc que vous me remettiez le plus tôt possible, l'état
1° de ce que les dépôts des régiments de cavalerie qui sont en Allemagne peuvent envoyer ; 2° de ce que les dépôts des régiments de cavalerie qui sont en Espagne peuvent également envoyer à Strasbourg ; 3° enfin, de ce qui restera disponible sur ces envois, après que chacun des dix-sept régiments de cavalerie légère aura été complété à 1.000 hommes, et vous me proposerez alors la formation de ces hommes disponibles en compagnies d'ordonnances de 80 à 150 hommes ; il n'en pourra résulter aucun inconvénient pour la comptabilité, parce que les maréchaux veilleront avec un soin particulier sur ces compagnies, qui serviront auprès d'eux, et ce sera une véritable économie pour la cavalerie, qui se trouvera soulagée en grande partie par ce moyen du service des escortes et des ordonnances, dont les états-majors ne peuvent se passer.
Ainsi, mon premier but est de compléter à 1.000 hommes les dix-sept régiments de cavalerie légère qui sont en Allemagne, et mon second, de former en autant de compagnies isolées ce qui sera fourni par chacun des dépôts des régiments de cavalerie qui sont en Espagne ; d'avoir cinq compagnies de hussards et deux de chasseurs (en ne comprenant pas les dépôts des régiments de chasseurs qui contribuent à former les régiments provisoires), enfin, de former sept compagnies d'ordonnance à employer auprès des généraux, pour le service des ordonnances et des escortes.
Présentez-moi le plus tôt possible le travail que je vous demande à ce sujet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3012).
Fin mars, le 5e Hussards fait partie de la Réserve de cavalerie sous le Maréchal Duc d'Istrie, 1ère Division de cavalerie légère Montbrun, 1ère Brigade Pajol (Instructions de l'Empereur adressées, depuis Paris, à Berthier, Major général, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la Composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée - Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).
Le 31 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre rapport du 30 mars, et l'état qui y était joint des 17 régiments de cavalerie légère qui sont en Allemagne. J'ai pris le 29 de ce mois un décret qui doit servir de règle pour les remontes, et dans lequel j'ai donné les ordres suivants, dont vous devez avoir aujourd'hui connaissance ...
Quant aux régiments de hussards, indépendamment des 60 hommes que le 1er régiment incorporera dans le 7e, il en incorporera 140 autres dans le même régiment, ce qui portera le 7e régiment à plus de 1000 hommes. Le 10e qui a incorporé 120 hommes dans le 5e régiment en incorporera 120 autres, ce qui portera ce régiment au grand complet ...
Donnez ordre à tous les dépôts des régiments de chasseurs et de hussards, qui ont leurs escadrons de guerre en Espagne ou en France, de diriger sur Strasbourg tous leurs hommes disponibles ...
Ne perdez pas de temps. Réitérez les ordres donnés, pour qu'aussitôt que 10 hommes seront disponibles dans les dépôts, ils soient dirigés sur Strasbourg ; également, pour qu'on mette en mouvement sur la même direction les cadres des 4es escadrons de ces 17 régiments. Il m'importe beaucoup que mes régiments de cavalerie légère en Allemagne aient leurs 4 escadrons, et soient portés à 1 000 hommes.
Faites donc refaire vos états, pour y comprendre les ordres donnés par mon décret du 29 mars, et ceux que vous allez expédier conformément à cette lettre" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 3051; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20640).
Pour plus de sûreté, Pajol se dispose, le même 31 mars 1809, à rapprocher de la frontière le 5e Régiment de Hussards, toujours à Amberg, et il fait exécuter des reconnaissances détaillées de la Nab et de la Vils. Il compte se servir de ces rivières pour résister aux agressions de l'ennemi, s'il ne parvenait pas à l'arrêter dans les défilés assez longtemps pour recevoir des secours du Maréchal Davout, qui a promis d'arriver, au premier coup de fusil, à Amberg, avec une Division, d'en envoyer une à Neumarkt et deux autres sur les routes de Nuremberg à Neumarkt, et de Neumarkt à Amberg. De plus, en cas d'attaque subite, le colonel Méda est placé sous les ordres de Pajol, qui aura alors le commandement supérieur de toute la ligne des avant-postes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 315).
Le 1er avril, le 5e Hussards aligne 3 Escadrons pour un effectif total de 30 Officiers et 555 hommes (situation également donnée par Nafziger - Nafziger 809DAE).
Le même 1er avril 1809, la Brigade légère de Pajol, qui se compose toujours des 5e et 7e Hussards et du 11e Chasseurs, occupe Amberg par le 1er Escadron du 5e Hussards, Rosenberg par le 2e, Sulzbach par le 3e, Schwartzenfeld par les 1er et 2e Escadrons du 7e Hussards, Waldmünchen par le 3e, et Neumarkt par les trois Escadrons du 11e Chasseurs (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 316).
Le 6 avril, depuis Paris, l'Empereur écrit au Maréchal Berthier :
"Mon Cousin (...). Faites partir le plus tôt possible les escadrons de marche qui sont formés, les (...) 92 hommes du 10e de hussards qui doivent être incorporés dans le 5e, les soldats seulement, car les officiers et sous-officiers doivent retourner à leurs dépots, après avoir remis leurs hommes. Donnez l'ordre que ces incorporations se fassent par procès-verbal (...)" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - Lettre 3089).
L'armée française concentrée sur le Danube prend en avril le nom d'Armée d'Allemagne.
Le 7 avril 1809, les cantonnements de la Brigade Pajol sont un peu modifiés : le 5e Hussards est à Burglengenfeld, conservant un Escadron à Amberg jusqu'à l'arrivée prochaine du 12e Chasseurs. Les petits postes placés aux débouchés de la Bohême ne sont pas changés. Le Général Pajol, mis provisoirement sous les ordres du Général Saint-Hilaire, avec lequel il doit combiner ses mouvements pour résister aux premières attaques de l'ennemi, a ordre de défendre le passage de la Regen, où les postes de la frontière se replieront en présence de forces supérieures ; puis la cavalerie légère couvrira les approches de Ratisbonne (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 318).
Le 9 avril, le 5e Hussards est à Burglengenfeld, et a 1 Escadron à Amberg; la Brigade Pajol est chargée de garder le haut Palatinat.
L'ennemi, en débouchant, le 10 au matin, refoule presque tous les postes de cavalerie et occupe par des Uhlans et des Chasseurs Waldmünchen et Cham. Pajol n'a donc plus, le 11 avril, qu'une grand'garde à Neukirchen-Balbini, envoyant des patrouilles à Rötz, mais ne pouvant communiquer avec les détachements de Furth, Schonsee et Tiefenbach, dont on n'a pas de nouvelles et qu'on suppose enlevés. Il envoie de Nittenau, où est son Quartier général, l'ordre à un fort peloton du 5e Hussards de se porter en reconnaissance jusqu'à Schwartzenfeld et Schwandorf, afin d'y détruire les ponts (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 321).
Le 11 avril (1809), à huit heures du matin, le Général Pajol écrit, depuis Nittenau, au Général Saint- Hilaire, commandant la 4e Division de l’Armée du Rhin (Rapport envoyé également à l'Empereur) : "Mes patrouilles ont poussé, cette nuit, jusqu'à Rötz, et j'occupe encore Neukirchen avec un petit poste.
L'ennemi n'est venu que jusqu'à Waldmünchen hier matin, et ne paraît pas avoir dépassé ce point : il l'occupe avec des uhlans et des chasseurs.
Cham, d'après les rapports, doit être occupé par les Autrichiens. J'ai envoyé ce matin s'en assurer.
Les postes que j'avais à Furth, en avant de Cham, ne sont pas rentrés, et je n'en ai aucune nouvelle, ni de ceux de Schonsee et Tiefenbach, à gauche de Waldmünchen. Je crains bien qu'ils n'aient été pris.
Les ponts de Schwartzenfeld et Schwandorf seront détruits aujourd'hui, si un détachement du 5e hussards, que j'ai envoyé en reconnaissance sur ces points, peut y parvenir.
Je n'ai aucune nouvelle certaine des mouvements de l'ennemi. J'ai du monde sur tous les points ; je vous instruirai lestement de ce que j'apprendrai" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 446).
Le détachement du 5e Hussards rentre, dans l'après-midi, à Nittenau, après avoir accompli sa mission, et rallié à Brück, où ils s'étaient retirés, les postes qui avaient occupé précédemment Waldmünchen et Eslarn (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 321).
D'après les renseignements recueillis en route, les Hussards affirment que l'ennemi est à Waldmünchen, Schonsee, Furth et Cham. Pajol fait part de tous ces détails au Général Lacour, commandant la 1ère Brigade (13e léger, 17e et 30e de Ligne) de la Division Morand, et lui assure que son front est couvert par la cavalerie, occupant : le 5e Hussards, Burglengenfeld ; le 7e Hussards, Nittenau, et le 11e Chasseurs, Kirn. Il l'avertit de plus que, d'après les rapports de ses grand'gardes et ceux du Colonel Méda, les Autrichiens paraissent devoir porter une colonne de Verneberg sur Amberg par Hirschau, et une autre par Cham sur Straubing (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 321).
"Nittenau, 11 avril 1809, huit heures du soir.
Le Général Pajol au Général Lacour, commandant la 1re Brigade de la Division Morand.
J'ai attendu, mon cher général, la rentrée de mes reconnaissances, avant de vous renvoyer votre sergent.
L'ennemi ne s'est montré que du côté de Waldmünchen et Schonsee et du côté de Furth. On m'assure qu'il a passé hier soir un poste à Cham.
J'occupe encore en avant Brück, Neukirchen, et pousse des patrouilles jusqu'à Rötz sur la Schwarza.
Les ponts de Schwartzenfeld et Schwandorf sont détruits ; mais , comme il y a des gués aux environs, cela devient inutile, s'ils ont envie de passer la Nab sur ces points.
Burglengenfeld est occupé par le 5e régiment de hussards, qui ne l'abandonnera que contre des forces bien supérieures et qu'après avoir coupé et détruit le pont. Le régiment se retirera ensuite sur Ratisbonne entre la Nab et la Regen.
Je suis à Nittenau avec le 7e hussards. J'ai en réserve à Kirn le 11e chasseurs. Ainsi tout votre front est parfaitement couvert.
L'ennemi, d'après tous les rapports, a dû déboucher avec une colonne de 30,000 hommes par Waidhauss, pour se porter par Wernberg et Hirschau sur Amberg.
C'est le rapport du colonel Méda, qui occupait ce point.
Une autre colonne doit marcher sur Straubing par Cham.
Le général de brigade , PAJOL" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 446).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Ce fut le 10 avril, dans la matinée, que le capitaine Daubenton, aide de camp du général Pajol, vint prévenir officiellement le colonel Dery que le comte de Bellegarde, commandant une division autrichienne, venait de signifier, au nom de l'empereur son maître, qu'il traiterait en ennemi quiconque s'opposerait à sa marche. L'annonce de cette nouvelle fut accueillie par le régiment aux cris répétés de Vive l'Empereur ! et, une heure après, les premiers coups de carabine de nos hussards furent le prélude de ce grand drame qui devait étonner toute l'Europe sous le nom de campagne de Wagram. Cette campagne fut bien certainement une des plus brillantes de l'Empire et Napoléon y donna de nouvelles preuves de cet immense génie qui le place au-dessus des plus grands capitaines des temps anciens et modernes.
La tranquillité indifférente avec laquelle l'Empereur avait laissé l'Autriche faire ses préparatifs de guerre avait inspiré une telle confiance à cette puissance, qu'elle se crut assurée dans la réussite du projet qu'elle avait conçu de chasser les Français de l'Allemagne et de l'Italie, et lorsqu'elle crut Napoléon embarrassé dans cette fatale guerre d'Espagne, elle ne balança point à rompre un traité qu'elle devait à sa magnanimité; mais celui-ci, trop clairvoyant pour se laisser surprendre, attendit son nouvel ennemi avec calme, assuré qu'il était de le faire repentir de sa téméraire entreprise. L'Empereur fit toutes les démarches possibles pour le maintien de la paix qu'il croyait nécessaire; mais, lorsqu'il vit qu'on attribuait à la crainte ce qui n'était que de la prudence, il n'hésita plus à accepter la lutte qu'on lui présentait et prouva de nouveau tout ce qu'on pouvait attendre des Français guidés par le génie, l'honneur national et le désir d'acquérir de la gloire.
Je ne retracerai de cette victorieuse campagne que les faits de la division de cavalerie légère du général Montbrun, et plus particulièrement ceux auxquels a participé le régiment dont j'avais l'honneur de faire partie en qualité de capitaine adjudant-major, et qui lui ont mérité plusieurs fois les éloges et les récompenses de l'Empereur. Je laisse à une plume plus savante de décrire les nombreux et sanglants combats qui ont illustré l'armée française dans cette courte période de quelques mois.
Ce fut donc, ainsi que je l'ai dit, dans la journée du 10 avril que la guerre fut dénoncée à notre général par un officier parlementaire et qu'aussitôt après commencèrent les hostilités. Ainsi le gant était jeté, ramassé, et la lice ouverte; il ne s'agissait donc plus que de combattre.
Le 11, j'accompagnai le colonel, dès la pointe du jour, dans l'inspection des postes avancés que j'avais placés la veille et qu'il trouva en règle.
Dans l'après-midi, le lieutenant Kister, envoyé en reconnaissance, rencontra un détachement considérable de hulans et d'infanterie devant lequel il crut prudent de se retirer sans se laisser entamer, mais en tiraillant jusqu'à la nuit en avant du village de Deblitz où une grand'garde vint le soutenir. Le lendemain, après avoir coupé un pont sur la Régen, nous fîmes notre jonction avec le 7e Hussards et le 11e Chasseurs formant la brigade du général Pajol. Nous laissâmes Ratisbonne à notre gauche et arrivâmes à neuf heures du soir au village de Bereshausen, où nous trouvâmes un bataillon d'infanterie, après avoir fait quinze lieues dans la journée ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 227).
Le Colonel Delorme, commandant le département de Sambre-et-Meuse, et le Commissaire des guerres Marion, procèdent le 12 avril à Namur, en vertu du Décret du 9 mars précédent, à la formation d'une 9e Compagnie affectée au Dépôt.
- L'Archiduc Charles prend l'offensive
Trompette (et non Hussard) en dolman vers 1809-1810, d'après Berka "L'Armée française représentée en 18 feuilles... Die Französische Armee..."; ancienne Bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Musée de l'Empéri, Salon de Provence |
Trompette du 5e Hussards vers 1809 d'après J. Berka : "L'Armée française représentée en 18 feuilles... Die Französische Armee..."; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, 4-OA-403; collection de Ridder, Gustave (1861-1945) |
Hussard du 5e Hussards, sans date, d'après
Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source Berka |
Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base de l'exemplaire de l'Empéri (D R) |
L'Archiduc Charles, Généralissime des armées autrichiennes, prend l'offensive. Il passe avec sa principale armée l'Inn entre Wasserburg et Passau, franchit l'Isar à Landshut et marche sur le Danube. Combinant ses mouvements avec le Général de Bellegarde qui débouche des montagnes de la Bohême sur Ratisbonne, l'Archiduc tente de couper en deux l'Armée française échelonnée entre cette ville et Augsbourg.
Hussard en 1809 d'après un dessin de Albrecht Adam, publié dans la revue Uniformes N°92 |
Le 13 avril 1809, à 6 heures du matin, le Maréchal Davout écrit, depuis Hemau, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "… Le général Montbrun, qui m’a rejoint hier, est détaché à Welbourg, avec les 5e et 7e de hussards, 11e de chasseurs et un régiment d’infanterie légère, pour assurer la communication entre les généraux Friant et Saint-Hilaire. Beaucoup de routes aboutissent à Welbourg …
Le 12, deux ou trois bataillons et 7 ou 800 uhlans sont entrés à Schwandorff et Burglengenfeld ; il y a eu une charge d'un escadron du 5e hussards où il y a eu quelques uhlans de tués ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 462, lettre 652).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le lendemain, nous joignîmes, au village de Daswang, le 13e léger avec lequel nous devions opérer. Nous y trouvâmes le général de division Montbrun, arrivant d'Espagne pour prendre le commandement de la division de cavalerie légère d'avant-garde, avec, pour aides de camp, les capitaines Guinard et Calon, et pour officcier d'ordonnance, le lieutenant Waldner, du 11e Chasseurs, beau jeune homme d'une grande famille d'Alsace. Nous fûmes d'autant plus satisfaits d'être sous les ordres de ce brave général qu'il jouissait à juste titre dans toute l'armée de la plus brillante réputation.
Il nous passa en revue et, se mettant à notre tête, il se dirigea sur Falzbourg où nous vînmes coucher avec le 13e léger.
Logé avec le colonel chez le curé de l'endroit, ce brave et digne homme déplorait les maux que la guerre allait entraîner, mais soumis aux décrets de la Providence, il nous offrit de bon cœur sa cave, sa basse-cour et sa cuisinière. Tous les habitants étant Bavarois, par conséquent nos alliés, nous accueillirent avec empressement, ne nous demandant autre chose que de ne pas laisser pénétrer l'ennemi dans leur pays. Mais malheureusement il n'en fut point ainsi par des raisons qui nous étaient inconnues alors et qui ne purent les garantir d'une courte invasion ; ce fut la nécessité où se trouvait l'armée française de faire une marche rétrograde afin de concentrer ses forces. Différents détachements envoyés en reconnaissance dans la journée annoncèrent la présence de l'ennemi et celle du prince Ferdinand dans la ville de Burglengenfeld que nous occupions la veille.
Dans la soirée, quelques coups de carabine ayant été échangés avec les Chasseurs du loup, excellents tireurs, deux de nos hussards furent tués et, près de Amberg, nous eûmes trois hussards tués et cinq blessés.
Le 15, le général Montbrun fit une reconnaissance sur Pfaffenhoffen avec le 5e Hussards. Un régiment de hulans en sortit aussitôt à l'approche du général Jacquinot, venant joindre la division avec le 1er et le 2e de Chasseurs; ces troupes avaient eu un engagement assez sérieux, la veille, contre des forces supérieures qui vainement avaient voulu empêcher notre jonction" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 229).
Napoléon concentre son armée à Neudstadt. Le Maréchal Davout, flanqué sur sa gauche par la Division Montbrun, se porte de Ratisbonne sur Abensberg. Il est attaqué dans sa marche par une partie de l'armée ennemie. Ce jour-là, 19 avril, la Brigade Pajol se distingue entre Lukenpoint et Dizling où elle charge avec succès les Chevau-légers de Vincent et les Hussards de Stiptiz qu'elle bouscule. Elle est néanmoins forcée de se replier sur Pessing devant des forces très supérieures. Dans cette retraite, exécutée lentement et en bon ordre, le 5e Hussards perd les Hussards Giordanino et Micot, tués, et a comme blessés les Sous-lieutenants Richardot (coup de sabre à la main droite), Epinat (coup de feu qui lui fracasse la jambe gauche), Kauffer (coup de feu au côté gauche) et Gondouin (coup de sabre sur la tête et deux sur le bras), l'Adjudant Vollet (coup de sabre sur la tête et un autre sur la main droite; il a l'épaule démise et reste aux mains de l'ennemi) et le Hussard Acker (coup de sabre à la figure).
Martinien donne pour le combat devant Preissing, le Capitaine Kister, les Sous lieutenants Richardot, Epinat et Gondoin blessés.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Toutes ces marches et contre-marches avaient pour but de protéger les mouvements du maréchal Davout menacé par l'archiduc Charles qui, avec des forces très supérieures, venait de s'emparer de Ratisbonne et espérait refouler l'armée bavaroise de manière à empêcher sa jonction avec nos troupes. Cette situation assez critique demandait une prompte détermination. Sur les minuit, le chef d'escadron Hirn, du 5e Hussards, fut détaché avec cent chevaux et, dès la pointe du jour du 19, la division se mit en marche se dirigeant sur Abensberg. Peu d'heures après, en arrivant sur les hauteurs de Dislingen, nous vîmes déboucher l'ennemi avec des masses considérables ; la 5e compagnie du régiment fut aussitôt lancée en tirailleurs afin de laisser le temps au 7e léger de nous rejoindre. Aussitôt ce mouvement exécuté, le général, malgré la position désavantageuse dans laquelle il se trouvait et l'infériorité de ses troupes, nous fit manœuvrer avec le talent et l'intelligence qui lui était si familiers, afin de paralyser le plus possible les forces considérables que nous avions en face de nous. Mais l'ennemi, confiant dans sa supériorité, fit toutes ses dispositions d'attaque et commença par nous envoyer plusieurs boulets qui nous tuèrent quelques chevaux. Le 7e léger, aussitôt après nous avoir rejoints, marcha à la baïonnette droit aux batteries, aborda l'ennemi avec résolution et lui enleva deux pièces, tandis qu'un escadron du 7e Hussards fournissait une belle charge. Le général Montbrun, voyant alors que l'affaire allait devenir sérieuse et qu'il fallait en cette circonstance faire plus que son devoir pour tenir tête aux forces supérieures qui se développaient devant nous, vint à nos régiments, les passa en revue comme sur un champ de manœuvre malgré la mitraille et les boulets, et lança le 5e Hussards à la charge sur les hussards [.?] forts de près de 1200 chevaux ; la mêlée fut des-plus vives pendant quelques instants, mais, tournés par un régiment de hulans, nous fûmes obligés de nous replier sur notre brave infanterie qui rétablit bientôt le combat par ses décharges meurtrières. Une seconde charge que nous fîmes appuyer par le 11e Chasseurs fut terrible; nos hussards se battant avec la plus grande résolution, nous parvînmes à enfoncer nos adversaires que le 7e Hussards acheva de mettre dans la plus grande déroute en tuant beaucoup de monde dans sa poursuite.
Ce combat meurtrier eut le double avantage de tenir en échec un corps considérable qui se dirigeait sur Ratisbonne et de protéger la marche de flanc de la division Friant qui cherchait à faire sa jonction avec le maréchal Davout mais il coûta cher aux deux partis. Notre brave colonel y fut grièvement blessé, ainsi que cinq officiers et vingt-deux hussards, dont neuf restèrent sur place. De son côté, l'ennemi perdit beaucoup de monde et surtout dans la poursuite du 7e Hussards. Le général Montbrun déploya dans ce brillant combat une valeur et un talent qui lui méritèrent l'estime et l'admiration des troupes; il eut un cheval tué sous lui par un boulet, et le général Pajol, sabrant comme un simple hussard, reçut une légère blessure au bras.
Sur les quatre heures après midi, nous passâmes tranquillement un défilé par une pluie battante, ayant à notre tête le général Montbrun qui voulut fort galamment remplacer le colonel Dery transporté sur les derrières avec les autres blessés.
A la nuit tombante, le général prit position avec un bataillon du 7e léger au village de Peysing, et les trois régiments de cavalerie légère avec le reste du 7e léger se portèrent en avant sur la petite ville de Abbach, où nous nous établîmes militairement et passâmes une nuit fort tranquille" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 230).
Le 20 avril, le Sous lieutenant Gallois est blessé au cours d'un combat près d'Eckmühl (Martinien).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 20, la division reprit, dès la pointe du jour, la position qu'elle occupait la veille afin de tenir en échec le corps du général Kollowrath pendant le mouvement du maréchal Davout sur Eckmühl où il voulait faire sa jonction avec l'armée bavaroise à la tête de laquelle l'Empereur venait de se mettre. Le plan de l'archiduc Charles, deviné aussitôt par Napoléon, consistait à couper notre armée afin d'écraser d'abord le maréchal Davout et détruire ensuite le second corps; il se croyait d'autant plus certain de pouvoir exécuter ce projet que ses forces étaient beaucoup supérieures aux nôtres et que Ratisbonne avait été obligé de capituler; c'est pourquoi l'Empereur avait fait dire au général Montbrun de tenir ferme dans sa position tandis qu'il allait attaquer l'ennemi pour empêcher sa jonction.
Tous ces mouvements exécutés avec une admirable précision devaient avoir pour résultat le brillant combat d'Eckmühl.
Des déserteurs qui arrivèrent à nos postes avancés nous apprirent qu'au village de Peysing nous avions combattu l'avant-garde d'un corps d'armée de 30000 hommes et 40 bouches à feu, dont l'intention était de se joindre à l'archiduc ; mais le général, sentant l'importance d'entraver ce mouvement, ne cessa pas de harceler l'ennemi. Nous eûmes dans la journée la triste nouvelle que le détachement sous les ordres du commandant Hirn, chargé de communiquer avec le maréchal Davout, avait éprouvé de grandes pertes et que son brave chef avait été tué par un boulet. Cette perte, nous fut d'autant plus sensible que l'absence du colonel allait laisser le régiment sous les ordres d'un chef d'escadron tout nouvellement arrivé au corps et qui, dans le combat de Peysing, avait montré une telle pusillanimité que tout le corps d'officiers l'avait déclaré unanimement indigne de le commander; le général Pajol, partageant cette opinion, déclara qu'il commanderait le régiment jusqu'au retour du colonel dont l'absence ne pouvait être longue, ayant fait dire qu'il espérait bientôt nous rejoindre, bien que forcé d'avoir le bras en écharpe.
Quant au chef d'escadron, il fut aussitôt dirigé sur le dépôt de France, sous prétexte d'organiser les renforts qui devaient nous arriver; mais, avant son départ, ce fut un sous-lieutenant du régiment qui lui signifia, au nom de tous les officiers, que s'il ne quittait pas la pelisse blanche il serait dénoncé à l'Empereur, et nous n'en entendimes plus parler" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 232).
- Bataille d'Eckmühl
Le 22 avril, la situation du 5e Hussards est la suivante : Division de Cavalerie légère sous le Général Montbrun, Brigade Pajol, 5e Hussards : 3 Escadrons (Nafziger 809DAA - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Zanïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909). Ce jour là a lieu la bataille d'Eckmühl; le Régiment avec la cavalerie de Montbrun, charge sur la chaussée d'Aback les Autrichiens en retraite sur Ratisbonne. Dans cette bataille, plusieurs brillants faits d'armes sont à l'actif du 5e Hussards : le Maréchal-des-logis Hartmann prend à l'ennemi un canon, 22 hommes et 6 chevaux.
Un Escadron du Régiment, soutenu par un autre du 11e Chasseurs et un troisième du 8e Hussards, charge les Dragons de Hohenlohe et les repousse.
Le 23 avril 1809, la Division Montbrun ne reste pas inactive : le Général Pajol quitte ses bivouacs en avant d'Abbach, de très-bonne heure, et marche à la tête de la colonne avec trois Compagnies d'infanterie et le 7e Hussards. A une lieue de Ratisbonne, il rencontre l'ennemi, déploie en tirailleurs dans les bois, à droite et à gauche de la route, deux Compagnies du 7e Léger et 25 hussards, puis fait prévenir de sa situation le Général Montbrun.
Dès que Pajol se sent soutenu, il attaque les avant-postes et les oblige à se replier sur leur Brigade, qui est celle du Général Crenneville. Montbrun, arrivant à son tour, lance sur la droite de l'ennemi un Bataillon, qui la force de reculer, après avoir enlevé 200 prisonniers. Les Uhlans de Meerfeld se jettent alors sur ce Bataillon ; il les reçoit sans broncher, et, au moment où les Uhlans se retirent à la débandade, Pajol les charge avec deux Escadrons du 5e Hussards.
En ce moment , les cuirassiers , qui ont pris trop à gauche, débouchent sur la droite de Montbrun ; ils mêlent pendant quelques instants leurs charges à celles de la cavalerie légère, et refoulent la Brigade Crenneville jusque sous les murs de Ratisbonne. Quand ils sont rappelés vers la porte de Straubing, la Division Montbrun n'en continue pas moins à presser vivement les Autrichiens : le 5e, le 7e Hussards et le 11e Chasseurs chargent tour à tour et font beaucoup de prisonniers. Enfin le Général Crenneville, menacé de se voir tourné et coupé, rentre dans Ratisbonne, où nos cavaliers pénètrent pêle-mêle avec son arrière-garde, au moment où Lannes se rend maître de la porte de Straubing (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 343).
Aux portes de Ratisbonne, la Brigade Pajol refoule les avant-postes autrichiens et fait charger les Uhlans de Meerfeld par deux Escadrons du 5e Hussards, qui entrent pêle-mêle avec eux dans la ville. Le Sous-lieutenant Galois est blessé dans ce combat.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Dans la journée du 22, nous fûmes renforcés par la brigade d'infanterie Boudet; ce renfort permit au général Montbrun de tenir en échec, par de fausses attaques, le corps du général Kollowrath, afin que l'Empereur pût exécuter ses grands mouvements.
Le 23, bataille de Ratisbonne ! Dès quatre heures du matin, la division se mit en mouvement en colonnes d'attaque, se dirigeant sur une belle position occupée par l'ennemi.
Nous tardâmes peu à nous trouver en présence d'une ligne de cavalerie qui semblait nous attendre avec résolution, mais, au moment de l'aborder, elle tourna bride avec le plus grand calme pour protéger le tardif mouvement du général Kollowrath cherchant à faire sa jonction avec l'archiduc Charles.
La mission du général Montbrun ayant eu un plein succès, il se dirigea aussitôt sur Ratisbonne dont nous approchâmes à une lieue de distance vers les neuf heures du matin, marchant dans une plaine immense, en colonnes par escadron; mais, découvrant bientôt une masse considérable qui venait à nous avec beaucoup d'ordre et de sang-froid, notre brigade fut mise aussitôt en ligne par régiment. Le général Pajol, à la tête du 5e Hussards et soutenu par le 7e, chargea avec une véritable fureur; pendant quelques instants, la mêlée fut des plus vives et nous parvînmes enfin à rompre l'ennemi; mais nous fûmes arrêtés dans notre poursuite par la vue d'une masse imposante débouchant dans le fond de la plaine, dont les ailes se déployaient pour nous envelopper. Nous crûmes un moment avoir affaire à toute la cavalerie autrichienne; mais cette incertitude fut de courte durée c'était Napoléon opérant sa jonction à la tête de l'armée bavaroise. Alors, le combat devint général dans cette plaine immense où l'apparition subite de l'Empereur produisit un effet électrique dans toute l'armée, saluée par les plus vives acclamations et accompagnée du bruit des canons et des feux de l'infanterie ; ce fut alors que commença véritablement la bataille dans laquelle notre division n'avait que préludé, car nous avions un général auquel son ardeur, sa bravoure et son audace ne permettaient pas de rester inactif dans un moment semblable.
L'ennemi, appuyé à Ratisbonne dont il était maitre, protégé par les hauteurs garnies de plusieurs batteries, présentait un front imposant, couvert par une ligne de cavalerie d'une grande étendue dont nous avions été à même d'apprécier la valeur une heure avant. Cependant, le général Montbrun ne balança pas de l'attaquer, encore bien qu'elle fut considérablement renforcée, car il sentait trop bien l'importance de ce mouvement qui devait protéger le déploiement des masses de l'Empereur.
Le général Pajol, toujours à la tête du 5e Hussards, nous conduisit à la charge en brandissant son sabre et arrivant le premier; nous culbutâmes tout ce qui offrit résistance, tandis qu'à notre gauche le 11e Chasseurs et le 7e Hussards, guidés par le général Montbrun, faisaient merveille. Poursuivant sans rélâche cette cavalerie en désordre, notre cavalerie ne s'arrêta qu'à un demi-quart de lieue de Ratisbonne, plusieurs décharges d'artillerie ayant ralenti notre ardeur. (Ce fut en ce moment qu'il m'arriva un fait que je citerai plus tard afin de ne point interrompre la marche de l'action générale.) L'Empereur, voulant profiter de l'enthousiasme que sa présence inspirait à l'armée, et de l'avantage qu'il avait obtenu en coupant en deux l'armée de l'archiduc par les charges réitérées de la cavalerie, ordonna au maréchal Lannes d'enlever la ville de Ratisbonne, malgré ses murailles fortifiées et une contrescarpe présentant de grands moyens de défense. Le maréchal, ayant connaissance qu'une brèche existait entre les deux portes, se mit à la tête d'un bataillon et, descendant dans le fossé, sous le feu meurtrier de l'ennemi, aborda la brèche, pénétra dans la ville et fit ouvrir la porte dite de Straubing.
La troupe surprise et démoralisée par une action aussi audacieuse, mit bas les armes; une nombreuse artillerie fut prise mais ce qu'il y eut de plus satisfaisant pour le maréchal, ce fut la délivrance du 65e de ligne qui avait été obligé de capituler dans les premiers événements de la campagne, commandé alors par le brave colonel Coutard, lequel cependant était parvenu à soustraire ses aigles.
Ainsi, en peu de jours et par les savantes manœuvres de l'Empereur, nous étions parvenus à réparer les débuts fâcheux de cette campagne, gagner les batailles de Tann, d'Abensberg et d'Eckmühl, vaincre dans les combats de Peysing, de Landshut et de Ratisbonne, démoraliser une armée de 180000 hommes avec moitié moins de forces, prendre 100 pièces de canon, 40 drapeaux, 50000 prisonniers, 3 équipages de pont, 3000 voitures attelées portant des bagages et toutes les caisses des régiments.
Ainsi cette armée qui comptait nous anéantir se trouvait réduite à défendre son territoire, malgré quelques succès passagers qu'elle payait ainsi fort cher.
Le soir de ce brillant combat, la cavalerie, harassée de fatigue, fut envoyée dans des villages. L'état-major du régiment, en venant prendre possession de la maison du curé, y trouva le général Saint-Sulpice qui nous permit de passer la nuit avec lui. Je fus fort heureux d'y rencontrer un vétérinaire qui pansa mon cheval de deux coups de sabre sur la tête, et d'y trouver pour nos chevaux des fourrages en abondance.
La ville de Ratisbonne, dont nous étions à un quart de lieue, offrait un spectacle horrible et aussi effrayant pour la troupe que pour les habitants. Les flammes s'étendaient dans différents quartiers, gagnant une place sur laquelle se trouvait un parc d'artillerie abandonné par les Autrichiens ; on était dans le plus grand effroi craignant à tout instant une explosion qui eût anéanti une partie de la ville.
Fort heureusement, la troupe parvint à éteindre le feu; mais une autre calamité vint se joindre à tant d'inquiétudes, ce fut le pillage avec toutes les horreurs d'une ville prise d'assaut : les cris des blessés, ceux des habitants dont on enfonçait les portes, le désespoir des malheureuses femmes livrées aux brutalités des soldats ivres, enfin une épouvantable confusion offrant un spectacle affreux que la nuit rendait encore plus horrible.
Nous apprîmes dans la soirée que l'Empereur avait été blessé d'une balle morte à la jambe, ce qui ne l'empêcha pas de monter à cheval pour parcourir le champ de bataille.
Le régiment eut dans cette journée deux officiers tués et cinq blessés; 74 hussards furent tués et 32 blessés plus ou moins grièvement; nos pertes provinrent surtout des décharges à mitraille près de la ville.
C'est ici le moment de retracer l'événement qui m'arriva dans la journée au moment de la confusion des charges successives que nous fîmes.
Plusieurs pelotons de cuirassiers et de chevau-légers autrichiens, s'étant jetés avec fureur sur le régiment, parvinrent à rompre notre ligne; je m'en trouvai séparé un instant, n'ayant près de moi que 5 à 6 hussards, et enveloppé par une trentaine de cavaliers ennemis, lorsque fort heureusement plusieurs tirailleurs du 7e léger se réunissant firent une décharge à bout portant qui abattit plusieurs hommes et mit les autres en fuite; alors, franchissant un ravin suivi de mes hussards, nous atteignîmes deux officiers qui se rendirent après quelques coups de sabre échangés ; un était blessé assez grièvement.
Je m'occupais de rassurer les deux prisonniers, lorsque le général de division N..., arrivant à nous, ordonna aux tirailleurs du 7e de les fusiller ; mon étonnement et mon indignation prouvèrent au général ma surprise d'un aussi affreux procédé. Je lui observai que ces prisonniers m'appartenaient, que ce serait manquer à toutes les lois de la guerre de les assassiner ainsi et que l'honneur me faisait un devoir de m'y opposer; les tirailleurs de leur côté semblaient répugner à une action aussi barbare; mais le général renouvela impérativement son ordre, reconnaissant, disait-il, ces deux officiers pour l'avoir vivement poursuivi dans l'intention de le tuer et n'ayant trouvé son salut que dans la fuite (il avait même perdu son chapeau); il m'enjoignit de me retirer sous peine de me faire sévèrement punir.
J'éprouvais la plus vive indignation et mon exaspération était au comble en présence d'un attentat aussi abominable.que la discipline m'imposait de laisser commettre, et je vis en m'éloignant ces deux malheureux tomber frappés de plusieurs balles. Sous l'impression de cet horrible événement, j'en rendis compte au général Montbrun en présence du général Lebrun, aide de camp de l'Empereur, qui m'engagèrent prudemment au silence sur un fait qu'ils sentaient aussi bien que moi être une infamie, mais la qualité du personnage était telle qu'ils eussent été très fâchés s'il avait eu connaissance de mon rapport.
Cependant, sur les quatre heures du soir, le combat étant terminé, le général Pajol me fit accompagner sur le terrain où cette affreuse scène avait eu lieu, par le capitaine Vérigny, son aide de camp; nous y trouvâmes ces malheureux officiers mourants que les tirailleurs du 7e léger avaient laissés sans les dépouiller. Nous nous empressâmes de les transporter dans un vaste couvent dont on avait fait une ambulance ; je les fis panser devant moi et j'eus la satisfaction d'en être reconnu; mais ils purent à peine exprimer leur reconnaissance des soins que je leur prodiguais. Je leur laissai quelques pièces d'or et les recommandai aux soins d'un chirurgien, les quittant avec le vif regret de n'avoir pu leur éviter un sort si cruel. Un d'eux, moins grièvement blessé, m'apprit qu'il se nommait le comte de Wratizlaw, frère d'un aide de camp de l'archiduc Charles, et son camarade le baron de Frank, tous deux officiers aux chevau-légers de Klenau.
Au moment où j'allais quitter ces malheureuses victimes un de mes amis particuliers, le capitaine Trobriant, aide de camp du maréchal Davout, arrivait pour organiser l'ambulance ; il me promit toute sa sollicitude envers ces infortunés dont l'un, Frank, succomba quelques jours après et l'autre échappa miraculeusement à la mort" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 233).
- Poursuite sur Vienne
Montbrun continue la poursuite. La Brigade Pajol se porte sur Lapperstorf et Regenstauf et s'empare de Nittenau après un combat acharné contre l'arrière-garde de l'armée autrichienne, qui brûle le pont de la Regen après l'avoir traversé. Pendant le rétablissement du pont, Pajol passe la rivière à gué, tombe sur les traînards ennemis et fait des prisonniers.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 24, la division de cavalerie légère traversa Ratisbonne à la pointe du jour, se portant en avant, au delà du pont du Danube où elle prit position en attendant les ordres que je fus chargé d'aller chercher près le prince de Neuchâtel. Ce fut l'Empereur lui-même, causant avec le prince sur un petit mamelon, qui me les donna :
"Partez sur-le-champ, me dit-il, avec deux hussards, remontez la rive droite de la Régen jusqu'à ce que vous ayez des renseignements positifs sur la marche de l'ennemi, pour en donner avis au général Montbrun qui agira d'après votre rapport, et surtout qu'il soit de la plus parfaite exactitude."
Telles furent les expressions de l'Empereur. Il les accompagna d'un petit signe de tête bienveillant, qui me combla de joie en me prouvant qu'il m'avait reconnu.
Je vins rendre compte au général de l'ordre dont j'étais porteur et partis aussitôt avec mes deux hussards remontant au galop les bords de la Régen jusqu'à la hauteur de la ville de Regenstauff, placée sur l'autre rive, dont le pont était rompu. Deux pelotons de Chasseurs du loup, placés près des maisons, nous saluèrent de plusieurs coups de carabine et partirent; j'envoyai aussitôt un hussard donner avis au général que l'ennemi se retirait dans la direction de la Bohême et me fis envoyer une barque par les habitants; la crainte les fit obtempérer à mon ordre. Presque au même moment arrivait le général avec une escorte de 25 hussards, quatre passèrent avec moi dans la barque : le bourgmestre, avec la municipalité et nombre d'habitants, nous attendait sur le bord du fleuve avec des démonstrations craintives, mais tout prêts à subir les conséquences de leur position. Je signifiai au nom du général de réparer le pont, ce qui fut exécuté avec promptitude; pendant ce temps, j'interrogeais trois fantassins restés dans un cabaret et qui se disaient déserteurs; ils m'apprirent que l'archiduc Charles, avec une partie de l'armée et beaucoup d'équipages, se retirait sur Wittenau, dans la direction de la Bohême.
Aussitôt la division arrivée, le général disposa la cavalerie au bivouac en avant de la ville où vint s'établir le 13e léger qui avait remplacé le 7e. Plusieurs détachements furent à la suite de l'ennemi et ramassèrent un assez grand nombre de traînards et plusieurs voitures d'équipage ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 239).
Le 25 avril 1809, tandis que l'on répare le pont de Nittenau, la Brigade Pajol franchit à gué la Regen, et ramasse beaucoup de traînards et d'isolés. Un Escadron du 5e Hussards, lancé sur la route de Burglengenfeld, envoie en éclaireurs un peloton de quinze hommes, commandé par le Maréchal des logis Beaumont. Ce faible détachement tombe sur soixante Chasseurs à pied autrichiens, aux ordres d'un Officier ; il les enveloppe, leur fait mettre bas les armes et les ramèna au Quartier général. Ce fait donne une idée de la démoralisation de l'armée ennemie (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 346).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le général me fit partir le lendemain, à la pointe du jour, pour faire au prince de Neuchâtel le rapport des détails qu'il avait sur la marche de l'ennemi et recevoir les ordres de l'Empereur qui ne me furent expédiés que dans la journée. Le soir j'arrivai à Kirn où devait s'arrêter la division, mais notre infatigable général, jaloux de joindre l'ennemi, l'avait atteint à Nittenau et avait enlevé, malgré sa vive résistance, une assez belle position dans laquelle l'arrière-garde s'était retranchée; je m'établis pour la nuit dans le château de Kirn avec mon ordonnance ; une aimable baronne m'y donna l'hospitalité et n'osa pas me refuser de coucher dans le lit où s'était reposé l'archiduc Charles l'avant-veille ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 239).
Le 26 avril 1809, Pajol fait partir des reconnaissances sur Burglengenfeld et Brück. Dans cette dernière ville, l'ennemi est encore en nombre, et nos cavaliers, repoussés, doivnt rétrograder. Dans l'autre direction, le Capitaine Mexner, du 5e Hussards, commandant l'avant-poste, s'installe sans difficulté à Burglengenfeld, d'où il lance des patrouilles sur la route de Schwandorf. Elles ne rencontrent pas l'ennemi (Corps de Bellegarde), qui s'est retiré, la veille au soir, à Schonthal, après avoir brûlé les ponts de Schwandorf et de Schwartzenfeld (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 346).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 26, au moment où je rejoignais la division, le général Montbrun se portait sur Pruk; mais l'ennemi était tellement en force pour protéger sa nombreuse artillerie et ses gros équipages, que le général fut obligé d'attendre l'arrivée de son infanterie. Le soir, nous trouvâmes la ville évacuée et le général me garda près de lui, ayant à me donner des instructions sur une mission que je devais remplir.
Le 28, je me mis en marche avec 50 chasseurs du 11e, 50 hussards du régiment et 120 hommes du 13e léger, avec l'ordre de ne jamais perdre l'ennemi de vue, le talonner continuellement, sans cependant m'engager trop, puisque je pouvais me trouver à une distance assez considérable de la division, bien qu'elle dût appuyer mes mouvements. Cette honorable mission devait appartenir à un officier supérieur, mais le général, rempli de bienveillance à mon égard, profita de la circonstance où le régiment était sans chef d'escadron pour m'en faire remplir les fonctions, bien convaincu que je répondrais de mon mieux à cette marque de confiance. Nous nous dirigeâmes d'abord sur la petite ville de Roeting, baignée par la Régen ; deux escadrons de chevau-légers et à peu près 300 hommes d'infanterie étaient au bivouac en avant de la ville; bientôt sous les armes, cette troupe se mit en position de s'opposer à notre entrée; cependant les tirailleurs seuls s'engagèrent pendant plus d'une heure. Enfin, sur les cinq heures du soir, l'ennemi effectuant sa retraite, nous le chargeâmes dans la ville, le harcelant pendant près d'une lieue; deux chasseurs et trois fantassins furent blessés. A la nuit, nos postes établis près le village de Falkenstein et nos vedettes placées à une portée de pistolet, nous restâmes sur pied, sans feu, par une pluie continuelle.
A minuit, le lieutenant Pierre, à la tête de dix hussards et 25 fantassins, enleva deux postes entiers avec la plus grande audace et par la surprise la plus hardie. J'envoyai au général deux officiers, 23 prisonniers, une cantinière et, lui rendant compte de ma journée, je le prévenais que probablement nous éprouverions de la résistance au passage de la rivière.
Le lendemain, tous les postes relevés à quatre heures du matin, nous nous mîmes en marche à la suite de l'ennemi qui ne s'attendait pas à nous trouver si matinals; aussi ramassâmes-nous quelques traînards qui m'apprirent qu'il y avait de la confusion dans la marche des voitures d'équipages.
Deux chevau-légers déserteurs m'affirmèrent l'évacuation de la ville de Cham, sur laquelle nous nous portâmes aussitôt; un pont rompu fut à l'instant réparé par les habitants et nous y rafraîchîmes une heure pour nous mettre à la suite de l'ennemi dans la direction de Furth et Neumarck, où nous l'atteignîmes une lieue en avant de ce dernier endroit, dans une position momentanée, derrière un marais d'où il nous envoya une grêle de coups de fusil.
Quarante hommes du 13e léger, appuyés de 25 chevaux, les débusquèrent au prix de deux hussards et de quatre fantassins. Le lieutenant Scheglinsky, du 5e Hussards, tua de sa main trois chasseurs du loup et en prit huit. Cette troupe se retirant en désordre nous laissa maîtres de 4 voitures d'équipage dont nous nous emparâmes sans la moindre résistance. Peu de temps après ce petit combat, un officier supérieur autrichien se présenta comme parlementaire, se disant porteur d'une lettre de l'archiduc Charles pour le général commandant l'avant-garde; je lui fis dire qu'il eût à se retirer ou que j'allais le faire prisonnier mais, sur de nouvelles instances et sa parole d'honneur que sous le pli de la lettre du général, il y en avait une pour l'Empereur, je jugeai la chose assez importante, pour me faire conduire l'officier les yeux bandés. Il parlait parfaitement le français, s'exprimant dans les meilleurs termes. Il me réitéra ce qu'il m'avait fait dire, et ajouta qu'il avait l'ordre de son chef de remettre à l'Empereur même une autre lettre particulière dont il était porteur et qu'il me montra. J'en conclus que l'archiduc croyait toute l'armée à sa poursuite et qu'il était loin de prévoir le grand mouvement opéré par Napoléon, mais que, dans cette incertitude, il voulait, sous le prétexte d'un parlementaire, connaître la vérité. Dans tous les cas comme je n'étais pas à l'avant-garde pour parler mais agir, je signifiai à l'officier autrichien que j'allais le faire conduire près de notre général, en l'assurant que, puisqu'il devait remettre sa missive à l'Empereur, il ne reviendrait pas de si tôt, ce qui parut le contrarier beaucoup. En effet, un brigadier et quatre hommes l'escortèrent sur les derrières et, aussitôt après ce petit accident nous continuàmes notre mouvement.
Sur les quatre heures après midi, nous eûmes un nouvel engagement avec un escadron de hussards hongrois et une cinquantaine de tirailleurs du loup; la mêlée fut assez vive : un officier hongrois y fùt tué par un maréchal des logis du régiment, cinq de mes hommes y furent blessés, ainsi que mon cheval; nous poursuivîmes l'ennemi jusqu'à un petit hameau à l'entrée duquel se trouvait masqué un escadron de hulans qui nous chargea avec d'autant plus d'avantage que nous étions désunis. Entouré par trois hulans qui cherchaient à m'entraîner, je me serais difficilement tiré d'affaire, sans le lieutenant Scheglinsky qui, arrivant ventre à terre avec le reste de la troupe qui était en réserve, me sortit de la mauvaise position où je me trouvais. L'ennemi, croyant qu'une masse de cavalerie allait fondre sur lui, tourna bride, abandonnant ses tirailleurs du loup qui se réfugièrent dans les maisons du hameau où nous les ramassâmes tous. A cette nouvelle échauffourée j'eus deux hommes tués et trois blessés; quatre hulans furent pris et grièvement blessés. Nos bivouacs furent établis en avant du village où nous passâmes tranquillement la nuit.
Le 30, à peine le jour commençait à paraître, que deux coups de carabine tirés des vedettes nous donnèrent l'éveil. Un hussard vint m'annoncer que nous allions être attaqués par une colonne d'infanterie qui marchait sur nous. Je fis aussitôt mes dispositions non seulement pour lui faire une bonne réception, mais pour aller au-devant ; déjà deux pelotons de cavalerie étaient prêts à entrer en charge, lorsqu'on me prévint que cette colonne se composait de 300 Autrichiens désertant avec armes et bagages, lesquels nous apprirent que l'archiduc Charles se dirigeait sur Vienne avec 40000 hommes, n'ayant laissé pour nous tenir tête qu'un corps de 5 ou 6000 hommes. Je dirigeai de suite ces déserteurs sur le derrière, en faisant connaître au général les renseignements qui venaient d'être donnés et nous nous remîmes en marche. Sur les midi, je me trouvai en face de trois bataillons hongrois, deux escadrons de hulans et deux pièces de canon occupant une belle position à cheval sur la grande route, un marais à droite et un bois taillis assez épais sur la gauche, probablement garni de troupes; une plaine assez étendue nous séparait sans qu'il me vînt à l'idée de la franchir, me trouvant hors d'état de pouvoir attaquer des forces aussi supérieures, me contentant de laisser apercevoir quelques détachements, tout en nous tenant sur la défensive, jusqu'à ce que le général, que j'avais prévenu, m'eût envoyé des renforts ou m'eut fait connaître ses intentions.
Nous restâmes ainsi en position jusqu'à six heures du soir sans tirer un coup de carabine; mais alors arrivèrent, pour me relever, le général Pajol avec le 7e Hussards, deux bataillons du 13e léger et deux pièces de campagne. Cette force se mit aussitôt en devoir d'attaquer en me laissant en réserve avec ma troupe.
Une heure après, l'ennemi complètement repoussé, le général Pajol me donna l'ordre de me rendre au quartier général de la division où j'arrivai avant la nuit.
Le général Montbrun, attendant des renseignements sur les mouvements de l'Empereur, garda sa position, tandis que le maréchal Davout exécutait une manoeuvre de flanc sur notre droite pour dégager la rive droite du Danube" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 239).
Selon l'Historique régimentaire, un Sous-officier du 5e Hussards se distingue également d'une façon exceptionnelle. Un Escadron du Régiment, lancé sur la route de Burglenfeld, a détaché un peloton commandé par le Maréchal-des-logis Beaumont. Ce peloton charge un détachement ennemi composé de 60 Chasseurs à pied sous les ordres d'un Officier, en fait tous les hommes prisonniers et les ramène au Régiment.
Le 1er mai, Maurice de Tascher, du 12e Chasseurs, note dans son journal : "Nous avons aujourd'hui passé la revue du général de division Montbrun et manoeuvré devant lui près de Cham. La division est composée des 5e et 7e hussards, des 11e et 12e chasseurs" (M. de Tascher : Le journal de campagne d'un cousin de l'Impératrice, 1806-1813).
Le 3, Montbrun se met en route avec le 5e et le 7e Hussards, le 12e Chasseurs et deux Bataillons du 13e Léger. Au dernier moment, il se décide à emmener avec lui le Général Pajol. Le commandement du poste de Cham est confié au Colonel Désirat, du 11e Chasseurs. Dans l'après-midi, la colonne de Montbrun arrive sans encombre à Regen. Dans cette ville, on signale la présence des Autrichiens à Eisenstein, où ils ont fait des abatis qui s'étendent jusqu'à Stubenbach. On sait bientôt, par le Major Ameil, du 27e Chasseurs, qui a été envoyé en reconnaissance à Zwisel, qu'il se forme près d'Eisenstein un camp de 2,000 hommes. Ces troupes, détachées du Corps de Kollowrath, ont été laissées en arrière garde à Klattau, d'où elles ont été portées à Eisenstein, afin d'observer à la fois Cham et Passau (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 351).
Pour cette période, Martinien donne le Chef d'Escadron Hirn, blessé le 3 mai 1809 au combat d'Abensberg et mort le 11 (Espinchal le donne mort bien avant ! L'Historique régimentaire le donne mort à Ebersberg - voir plus bas !).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 2 avril (plus certainement le 2 mai), le général Montbrun fit un rapport à l'Empereur sur les mouvements de sa division et ceux de l'ennemi, l'informant que, par les instructions du maréchal Davout qu'il venait de recevoir, il allait marcher sur Regen pour ensuite balayer la rive droite du Danube, laissant en observation un bataillon du 13e léger avec le 11e Chasseurs. Il demandait à la suite de son rapport plusieurs récompenses et me fit voir qu'il me désignait pour la croix d'officier de la Légion d'honneur, me chargeant en outre d'être le porteur de ses dépêches et de celles que je devais d'abord remettre au maréchal Davout, en passant à son quartier général établi à Passaw, cette même ville où huit ans auparavant, n'ayant que seize ans et pauvre émigré, j'allais avec l'Armée de Condé dans la Pologne, ainsi qu'on a pu le voir dans la première partie de cet ouvrage. Cette double faveur me donna la conviction de l'intérêt que le général voulait me porter et dont il ne cessait de me donner des preuves depuis qu'il était à notre tête.
Voici la copie textuelle de ma mission, pièce jointe à mes brevets.
éTAT-MAJOR GéNéRAL Division de cavalerie légère.
Armée d'Allemagne.
3e CORPS
Il est ordonné à M. d'Espinchal, capitaine au 5e Hussards, de partir sur-le-champ pour se rendre au grand quartier général impérial porteur de dépêches très pressées pour S. M. l'Empereur et Roy.
Les autorités civiles et militaires sont invitées à lui faire donner des chevaux nécessaires et à le protéger de manière à ce qu'il n'éprouve aucun retard dans la mission dont il est chargé.
Le présent ordre lui servira pour aller et son retour.
Au quartier général à Chacub, 3 mai 1809.
Le général de division,
Signé : L. Cte MONTBRUN.
Je remis au maréchal Davout les dépêches qui le concernaient. Il me fit le meilleur accueil, me promit d'appuyer la demande du général, m'engagea à déjeuner et, aussitôt après, me donna pour compagnon de voyage le capitaine Mieroslawski, un de ses aides de camp, porteur aussi de dépêches pour Sa Majesté Impériale.
Nous traversâmes la ville de Scharding entièrement consumée et fumante encore, à la suite d'un combat sanglant dans lequel les Autrichiens avaient fait la plus vigoureuse résistance, en se défendant plusieurs heures dans les rues. Nous rencontrâmes aussi dans la journée les divisions d'infanterie Friant et Morand se dirigeant sur Lintz.
Entre minuit et une heure du matin, il nous arriva une alerte assez vive dont nous manquâmes d'être victimes : nous cheminions tranquillement sur une chaussée superbe, resserrée entre le Danube et une montagne, et nous n'étions plus qu'à une demi-lieue de Lintz, lorsque, tout à coup, au tournant de la route, nous fumes tirés d'une espèce d'assoupissement dans lequel nous étions plongés par une sentinelle qui cria "Wer da ? " (qui vive ?). Son costume, sa langue et l'introduction de sa carabine dans notre calèche ne nous laissèrent aucun doute qu'un petit poste tyrolien eût passé le fleuve dans une barque.
Mon camarade, fort, vigoureux et doué d'un admirable sang-froid, saisit l'arme par le canon pour la détourner, tandis que, sautant à bas de la voiture par la portière opposée, je pris l'homme à la gorge en le menaçant de lui passer mon sabre au travers du corps s'il prononçait un mot; tout cela fut exécuté aussi rapidement que la pensée, mais notre postillon, saisi de frayeur, fouetta ses chevaux nous laissant sur la grand'route avec la carabine que le soldat avait abandonnée en nous échappant, n'ayant d'autre ressource, pour éviter le sort qui nous attendait, que de gravir la montagne bordant la route et de nous blottir dans un trou pour attendre le jour. Ce petit poste, qui effectivement avait traversé le fleuve, se composait de six hommes : il passa au-dessous de nous, cherchant à nous découvrir, mais, dans la crainte d'être surpris lui-même par l'éveil que pouvait avoir donné notre postillon en approchant de la ville, il ne tarda point à s'embarquer, ce que nous reconnûmes par le bruit des rames; alors, mon compagnon de voyage faisant feu de la carabine qu'il tenait, nous sautâmes sur la route où, peu d'instants après, nous fûmes rejoints par un poste français attiré par le bruit de l'explosion, fort satisfaits d'en avoir été quittes pour la peur. Nous trouvâmes notre voiture arrêtée aux portes de la ville sans que le conducteur eût rendu compte de l'événement, ce qui lui valut une bonne volée de coups de bâton pour prix de sa fuite et de son silence puis, nous fûmes à la poste changer d'équipage et repartîmes aussitôt pour continuer notre route. En traversant la ville d'Ebersberg, nous eûmes un horrible spectacle, plus de 2000 cadavres gisaient dans les rues, presque tous brûlés et rôtis par le feu, un combat sanglant et terrible ayant été livré l'avant-veille par le général Claparède au passage de la Traun, à la suite duquel s'était joint un affreux incendie. Nous nous empressâmes de quitter cet horrible théâtre de carnage pour arriver au quartier impérial où je remis aussitôt mes dépêches au prince de Neuchâtel. Peu de minutes après, il me fit entrer dans une chambre où se trouvait l'Empereur assis à côté d'une table sur laquelle se trouvait une grande carte déployée. "Eh bien ! me dit-il, le général Montbrun prétend que l'archiduc marche en personne sur la Bohême et le parlementaire qu'il vient de m'envoyer assure qu'il est à Vienne; que dois-je croire ? - J'aurai l'honneur d'affirmer à Votre Majesté, répondis-je, que l'assertion du général est de la plus parfaite exactitude, car je l'ai remplacé dans son lit au château de Kirn, et que, chargé de suivre son arrière-garde, les prisonniers disaient tous qu'il était toujours à la tête de l'armée. Alors, il veut jouer au fin, dit l'Empereur, en regardant le prince de Neuchâtel, mais je ne serai point sa dupe. C'est bien, vous attendrez mes dépêches", et il me fit un signe de tête m'indiquant que j'eusse à me retirer. Le prince, sortant avec moi, me dit d'aller manger avec ses aides de camp; parmi eux, je trouvai Edmond de Périgord qui, en bon parent, m'offrit de partager son gite; il m'apprit que mon frère avait été blessé de plusieurs coups de sabre non dangereux et que, transporté à Augsbourg pour y être soigné, le roi de Bavière, qui s'y trouvait, l'avait accueilli avec toutes sortes de bontés.
A la table de la maison du prince, se trouvait l'aide de camp de l'archiduc Charles dont avait parlé l'Empereur; ses manières franches, son ton parfait et ses expressions remplies de cordialité nous mirent bientôt en rapport. Sur ma demande s'il connaissait un jeune officier des chevau-légers de Klénau du nom de Wratizlaw : "Hélas ! me répondit-il, c'était mon frère que j'ai eu le malheur de perdre à Ratisbonne. Rassurez-vous, lui répondis-je, il n'est que blessé et en voie de guérison; ayant été assez heureux pour lui être utile, je l'ai recommandé aux soins particuliers de l'administration de l'ambulance établie dans un couvent prés de Ratisbonne; si vous désirez lui écrire, je m'engage à lui faire parvenir votre lettre." Il est facile de concevoir le bonheur éprouvé par le comte qui croyait son frère perdu. Sa reconnaissance était aussi expressive que bien sentie, et nous nous séparâmes le soir, pénétrés l'un pour l'autre d'une estime réciproque.
Sur les dix heures, je reçus les dépêches du prince de Neuchâtel, parmi lesquelles se trouvait une lettre de l'Empereur pour le maréchal Davout qui m'apprit, lorsque je la lui remis, que je trouverais la division de cavalerie légère au bivouac près de l'abbaye de Saint-Floréan.
En effet, je rejoignis le général Montbrun dans ce magnifique monastère, où il m'ordonna de rester près de lui, prétendant avec sa bonté habituelle que ma présence lui était nécessaire. Il est vrai de dire que ses deux aides de camp ne pouvaient guère lui être utiles sous beaucoup de rapports (et qu'à cette époque il n'y avait pas d'école d'état-major). L'un était fils d'une bonne fermière qui avait été la nourrice du général; frappé par la conscription, il devait son avancement à la protection de son frère de lait qui lui portait un véritable attachement, malgré que son éducation laissât beaucoup à désirer, mais il la remplaçait par un dévouement sans borne.
Le second, maréchal des logis de chasseurs, avait sauvé la vie de son colonel au prix de plusieurs blessures dont il avait failli mourir, et, en reconnaissance, le général l'avait assuré qu'il ne se séparerait jamais de lui ; c'était la loyauté personnifiée, la bravoure incarnée ; son sabre l'avait aussi bien protégé que la reconnaissance de son chef, mais il était peu propre à remplir certaines fonctions d'aide de camp, hormis celles du champ de bataille où son intrépidité était au-dessus de tout éloge.
Le général passa la journée du 8 dans cette magnifique abbaye, où, malgré la quantité de troupes qui y avaient passé et les contributions un peu forcées qu'on en avait retirées, nous fûmes traités de la manière la plus splendide.
Nous visitâmes ce riche couvent renfermant une église de la plus grande beauté, une bibliothèque superbe dans laquelle se trouvaient de précieux manuscrits ; une galerie de tableaux fort estimés et une pharmacie remarquable.
Ces bons moines, encore tout émus de ce qu'ils voyaient et avaient éprouvé, nous dirent que le jour du combat d'Ebersberg, quinze chasseurs avaient emporté plus de 100000 écus en or ou en pierreries.
A six heures du soir, la division reçut l'ordre de se porter sur Mölk pour y prendre position ; il nous fallut marcher toute la nuit au milieu de l'intanterie se dirigeant sur Saint-Polten, où les Autrichiens, disait-on, voulaient livrer bataille afin de donner le temps à l'archiduc de venir défendre Vienne. Mais l'activité de Napoléon et l'ardeur de nos troupes déjouèrent ce projet, et, lorsque le prince se présenta, la capitale était au pouvoir des Français ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 245).
Le 9 mai 1809, à 11h00 du matin, le Maréchal Davout écrit, depuis Lintz, à l’Empereur : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté copie d'un rapport du colonel du 11e de chasseurs ; je la prie de me faire connaitre si ses intentions sont que le 11e de chasseurs et les antres détachements des 5e et 7e de hussards qui se trouvent avec ce régiment restent à Cham, la division du général Montbrun se trouvant détachée à Passau, en vertu des ordres de Votre Majesté" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 521, lettre 716).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 9, le général Montbrun, en vertu des instructions particulières de l'Empereur apprenant la retraite précipité des Autrichiens, me fit partir avec 25 hussards pour disposer les bivouacs de sa division dans la position qui lui était assignée et établir son quartier général dans l'abbaye de Mölk.
Je trouvai cet endroit encombré par les équipages de plusieurs généraux, quantité d'employés et de nombreux parasites suivant l'armée; je fis tout évacuer en vertu de l'ordre dont j'étais porteur et, laissant 20 hussards avec un lieutenant en garde de cette position, je vins trouver le général au château de Schwalbourg où il devait passer la journée. Ce beau manoir, appartenant au comte Tintiz, offrait un spectacle de dévastation épouvantable ; plus de 500 fantassins de la division Molitor y étaient établis, pillant, bouleversant tout, brisant et enfonçant portes et fenêtres, enfin, saccageant de la manière la plus affreuse cet endroit naguère si beau, si riche et si gracieux.
Ce fut avec toutes les peines imaginables que le général put parvenir à chasser ces misérables, indignes du nom de Français. Son aide de camp, le capitaine Guinard, éprouvant une résistance offensive de la part d'un groupe de ces malheureux, en tua un d'un coup de sabre, en blessa deux et précipita le quatrième d'un balcon à la hauteur de trente pieds tandis que, dans ce même moment, le général Pajol, surprenant un soldat qui venait de voler un crucifix d'argent dans la chapelle du château, le faisait fusiller, ce qui détermina sur-le-champ la retraite des autres. Pendant la nuit, un officier d'ordonnance de l'Empereur vint changer les premières dispositions du général en lui prescrivant de se porter sur Mautern, rive droite du Danube, afin de couvrir la gauche de l'armée pendant le mouvement du centre qui marchait sur Vienne.
Le 10, à huit heures du matin, nous occupions ce poste important d'où le duc de Rovigo venait de chasser l'ennemi en le contraignant à passer sur la rive gauche du fleuve.
Le 5e Hussards fut placé au bivouac près et en avant de la petite ville de Furth; le 7e Hussards à Ballol, le 13e léger à Mautern avec l'artillerie, et le quartier général dans la magnifique abbaye de Gottveig dominant le Danube, dont elle est séparée par une plaine d'une lieue de largeur.
La position de la division avait le double avantage, non seulement de protéger les mouvements de l'armée, mais encore de maintenir en face de nous des forces considérables dans la crainte que nous ne franchissions le Danube.
Ce même jour arriva de France un chef d'escadron avec 85 hussards et nous eûmes aussi des nouvelles de notre brave colonel, donnant l'espoir de nous rejoindre bientôt avec trois officiers, ses compagnons d'infortune, les deux autres ayant succombé à leurs blessures.
Le couvent de Gottveig n'ayant pas été visité par nos troupes, nous y trouvâmes d'abondantes ressources, surtout en vin et en fourrage, amassées pour approvisionner l'armée autrichienne et que l'attaque vive du duc de Rovigo avait empêché de faire évacuer de l'autre côté du fleuve" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 250).
Martinien donne le Lieutenant Laborderue, blessé le 12 mai au cours d'un combat devant Vienne.
Vienne capitule le 12 au soir. Par suite, il devient urgent de rapprocher les Corps restés en arrière, soit pour résister aux tentatives de l'Archiduc Charles, soit pour prendre ultérieurement contre lui une offensive vigoureuse. Montbrun reçoit l'ordre d'envoyer à Schönbrunn les Brigades Pajol et Piré ; mais, sur l'observation que sa Division se compose seulement de la Brigade Pajol, diminuée du 11e Chasseurs, laissé à Cham, cet ordre est révoqué. La cavalerie légère du 3e Corps, maintenue dans ses cantonnements vis-à-vis de Krems, reçoit deux pièces de canon, et ses deux Bataillons du 13e Léger, rappelés à Saint-Polten, sont remplacés par le 7e Léger, de la Division Gudin. Ce Régiment occupe Mautern, et les 5e et 7e Hussards sont rapprochés du Danube, avec mission de surveiller ce fleuve de Krems à Vienne. L'étendue du terrain à garder est hors de proportion avec l'effectif des Régiments. On annonce, il est vrai, des renforts pour le 5e Hussards ; et le 11e Chasseurs, qui a quitté Cham, doit bientôt rejoindre. Mais il n'en faut pas moins parer, dès l'abord, aux exigences du service, avec des Régiments affaiblis, en hommes et en chevaux, par les combats, les marches rapides et la mauvaise nourriture. Le Général Pajol s'en plaint, sans cependant négliger d'exécuter les ordres donnés. Il ne cesse, par ses reconnaissances multipliées, d'inquiéter l'ennemi, qui parait être toujours, sur la rive gauche, en même nombre et dans les mêmes positions (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 353).
Le 12 mai 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Saint-Poelten, au Major général de la Grande Armée, le Prince de Neuchâtel : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Altesse réception de sa lettre de ce jour. Vos ordres vont recevoir leur exécution, sauf une partie de ce qui concerne le général Montbrun, en raison de l'impossibilité.
Votre Altesse me dit de donner l'ordre au général Montbrun de remplacer avec sa brigade les postes occupés par les brigades Pajol et Piré.
La division Montbrun était composée primitivement des brigades Jacquinot, Pajol et Piré. La brigade du général Jacquinot est composée des 1er, 2e et 12e de chasseurs, dont les deux premiers sont détachés, je crois, avec le duc d'Istrie. Le 12e est resté par vos ordres, à Passau, attaché à la division du général Dupas.
La brigade Pajol était composée des 5e et 7e de hussards, et 11e de chasseurs.
Le 11e de chasseurs est resté par les ordres de Sa Majesté à Cham, dans le haut Palatinat, depuis le 9 ; il est en route pour rejoindre ; ainsi il n'y a à présent que les 5e et 7e de hussards.
La brigade Piré doit être composée du 8e de hussards et du 16e de chasseurs ; ce général n'est plus sous mes ordres, j'ignore où se trouve réunie sa brigade.
Par cet exposé, vous venez que si le général Pajol part avec ses troupes, il ne restera pas un seul homme avec le général Montbrun.
J'envoie à ce général l'ordre d'employer les 5e et 7e de hussards à relever les postes du général Piré et à observer le Danube, depuis Krems jusqu'à Vienne ; il fera partir pour Schoenbrunn le général Piré avec les troupes qu'il a.
Je prie Votre Altesse de me donner des ordres sur l'exposé que je viens de lui faire, parce que ne sachant qu'exécuter les ordres qui me sont transmis, si Votre Altesse persiste dans les siens, je ferai partir le général Pajol avec ce qu'il a de troupes ; mais, dans ce cas, je vous prie de faire connaitre à Sa Majesté qu'il n'y a pas au 3e corps un peloton de cavalerie …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 530, lettre 725).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Dans la matinée du 12, le général fit des démonstrations d'attaque pour passer le Danube ; plusieurs pièces de canon placées en face de Stein et Krems sur la rive gauche firent quelques décharges suivies de la sommation de nous envoyer toutes les barques qui étaient sur cette rive; mais, pour réponse, elles furent en partie incendiées par les habitants, but que voulait atteindre le général, qui apprit dans la soirée qu'un simple corps d'observation venait d'être laissé en face de nous, les Autrichiens concentrant toutes leurs forces vis a-vis de Vienne ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 252).
Pajol prend, le 13 mai 1809 au soir, après le départ de Montbrun, le commandement de la cavalerie légère du 3e Corps, réduite pour le moment à deux Régiments, le 5e et le 7e Hussards. Le 5e Hussards est cantonné sur les bords du Danube, de Saint-Johann à Traismauer, où commencent les postes du 7e Hussards, disséminé lui-même jusqu'à Klosterneuburg. Cette Brigade se développe ainsi sur plus de vingt-cinq lieues, disposition d'autant plus fâcheuse que l'effectif des Régiments est peu élevé. Davout prend des précautions : il ordonne d'abord à tous les détachements du 5e et du 7e Hussards qui ne sont pas avec Pajol, notamment à celui qui occupe Lilienfeld, sur la route de Brück, de le rejoindre immédiatement ; en même temps, il recommandait à Pajol de surveiller Dürrenstein, où l'on signale un parc d'artillerie ; de faire reconnaître, autant que possible, les embouchures de la Krems et de la Kamp, rivières dangereuses si elles portent bateaux ; enfin il lui demande des renseignements précis sur la route de Mautern à Klosterneuburg, sur la Traisen, depuis Herzogenburg jusqu'à son embouchure (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 356).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 13, notre infanterie légère fut relevée par la brigade Leclerc qui tirailla toute la nuit avec l'ennemi, sur une alerte que produisirent une grande quantité de poutres et de madriers détachés d'un pont en construction, et trois grands bateaux voguant seuls; nous parvinmes à en saisir deux, et l'ennemi s'empara du troisième ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 252).
Le 14 mai 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Saint-Poelten, à l’Empereur : "… A Moelk, j'ai vu quelqu'un qui s'était embarqué à Lintz sur un bateau chargé de pain, qui m'a fait le rapport qu'en longeant hier soir la rive gauche à quatre ou cinq lieues au-dessus de Moelk, il avait entendu des hussards se disant du 5e qui criaient qu'on vint prendre leur colonel qui avait été blessé, et recommandaient en même temps de s'éloigner de la rive gauche, parce que l'ennemi n'était pas loin. Ce bateau n'a pu aborder ; il est allé sur la rive droite, où, par l'effet d'une terreur panique, il a été abandonné par le batelier et l'employé qui le montaient. J'ai envoyé sur ces lieux un officier et un détachement pour éclaircir ces faits et ramener le bateau ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 537, lettre 727).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 14, le général Montbrun reçut l'ordre de se rendre de sa personne près de l'Empereur, laissant le commandement de sa division au général Pajol ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 252).
Davout, toujours inquiet sur les projets de l'Archiduc Charles, prescrit, le 16 mai 1809, à la Division Morand, dont le gros occupe Mölk, d'envoyer quatre Compagnies d'infanterie pour relever les postes du 7e Léger installés d'Arnsdorf à Mautern. Dès que ce changement sera exécuté, Pajol concentrera le 7e Léger à Mautern, sous les ordres du Général Leclerc, qui, tout en lui restant subordonné, commandera ce poste important. Le Général Friant doit encore envoyer le 15e Léger, une Compagnie d'artillerie légère avec cinq caissons à Pajol, dont les forces se trouveront portées à deux Régiments d'infanterie (7e et 15e Légers), deux Régiments de cavalerie (5e et 7e Hussards) et une Compagnie d'artillerie. La ligne des avant-postes est donc en mesure de surveiller les mouvements de l'ennemi et d'opposer une résistance sérieuse à toute tentative de passage, en attendant l'arrivée des renforts que lui amènera promptement le Maréchal Davout (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 358).
Hippolyte d'Espinchal écrit : " Le 16, le maréchal Davout vint visiter notre position qu'il renforça du 15e d'infanterie et de six pièces de canon, sur l'avis qu'un corps de 7 à 8000 hommes venait de s'établir en face de nous.
Pendant cette même nuit, l'ennemi fit un débarquement vis-a-vis les postes du 7e Hussards, aux villages de Zwenterdorff et Pischastoff. Le capitaine Bro, qui commandait cette ligne, repoussa vivement cette attaque, tua plusieurs hommes et fit une quinzaine de prisonniers. Dans ce même instant, 300 Autrichiens débarquaient à gauche, au village de Arnsdorff. Un chef de bataillon et un capitaine du 7e de ligne, occupés à frapper une réquisition de pain chez le bourgmestre, furent enlevés, ainsi qu'un aide de camp du général Leclerc et une douzaine d'hommes qui les accompagnaient. Ce même jour nous apprîmes que le général Montbrun prenait momentanément le commandement d'une division qui était à Brug avec la mission d'opérer la jonction de l'Armée d'Italie qui était en marche.
Le lendemain, envoyé en parlementaire à Stein, de l'autrc côté du Danube, les officiers autrichiens me reçurent avec toutes sorte d'égards et d'honnêtetés; je remis au commandant des troupes, le comte de Salens, une somme de 1200 francs pour les officiers pris dans la nuit du 17.
Vainement je tâchai de pénétrer dans la position des Autrichiens pour connaître approximativement leurs forces ; ils paraissaient trop bien sur leurs gardes, et je dus me retirer, ma mission remplie.
Dans la soirée, le général Pajol reçut l'ordre de se diriger le lendemain sur Vienne, avec le 11e Chasseurs, le 7e Hussards, deux escadrons du 5e, et le 7e d'infanterie légère, laissant le reste des troupes en observation sur le point que nous abandonnions" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 252).
Le Maréchal Davout redouble de précautions : il renforce ses avant-postes du 61e de Ligne, que Morand a ordre d'expédier en toute hâte à Mautern. Pajol a, dès lors, à sa disposition trois Régiments d'infanterie (7e Léger, 15e Léger et 61e de Ligne), deux Régiments de cavalerie légère (5e et 7e Hussards), plus une assez grande quantité d'artillerie. La Division Gudin s'établit, dans la journée du 19 mai 1809, à Sieghardskirchen, derrière la droite de Pajol, qui a derrière sa gauche le Général Morand, restant à Mölk avec le 17e et le 30e de Ligne, jusqu'à l'arrivée des Wurtembergeois, que Vandamme amène de Lintz ; enfin la Division Friant est aux environs de Vienne, prête à revenir à Saint-Pölten, si c'est nécessaire (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 361).
Pajol se dispose à résister vigoureusement : il replie ses postes éloignés, sauf ceux des ailes, avec lesquels il a des communications fréquentes ; il place son artillerie en batterie vis-à-vis de Krems et de Stein, qu'il se propose d'incendier par ses obus ; puis il prévient le Maréchal. Davout approuve ces dispositions, envoie à Pajol une Compagnie d'artillerie à cheval, et place à Herzogenburg la Compagnie du 5e Hussards qui a été détachée jusqu'alors, avec le Major Ameil, afin d'assurer des communications plus rapides entre Pajol et lui. Prévenu par le Major général que l'armée débouchera, le 20 à midi, en face d'Ebersdorf, il ne peut croire que l'Archiduc persiste dans ses tentatives sur Mautern ; il prescrit néanmoins à Pajol de brûler ce qui reste du pont de Krems (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 362).
Le 20 mai, la Brigade Pajol fait partie du 3e Corps (Davout) et se trouve sur le Danube, près de Vienne. A cette époque, la Brigade Pajol est la seule cavalerie dont dispose le 3e Corps.
Les ponts d'Ebersdorf étant complétement achevés le 20 mai vers trois heures de l'après-midi, l'Empereur fait immédiatement commencer le passage des Corps de Masséna et de Lannes. L'apparition subite des troupes françaises sur la rive gauche ne peut manquer d'attirer l'attention de l'ennemi du côté de l'île Lobau. Davout reçoit avis de ne plus tenir compte des démonstrations, peu dangereuses, qui pourraient se faire aux environs de Krems, et de rapprocher tout son Corps d'armée d'Ebersdorf, où il franchira le Danube, à la suite de Masséna. Pajol se prépare donc à partir pour Tulln et Klosterneuburg, avec le 7e Léger, deux Régiments de cavalerie (7e Hussards et 11e Chasseurs) et l'artillerie de la 3e Division ; il laisse à Mautern le 61e de Ligne tout entier et un Régiment de cavalerie (5e Hussards), sous le commandement du Général L'Huillier (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 363).
"Le 21, nous arrivâmes sur les midi à Tulbing, ayant fait huit lieues.
Au moment de notre entrée dans cet endroit peu éloigné du Danube, nous nous trouvâmes, par une coïncidence extraordinaire, en face d'un corps autrichien de 300 hommes qui, ignorant notre marche, venait de faire un débarquement. En moins de dix minutes, ils furent tous enlevés sans qu'un seul pût passer sur l'autre rive pour annoncer cette nouvelle. Nous reçûmes ce même jour des nouvelles d'un escadron du régiment commandé par le capitaine Mexmer détaché, avec d'autres troupes, sous les ordres du major Ameil, pour opérer en partisan sur la rive gauche du Danube.
Ce corps avait eu plusieurs affaires assez chaudes, dans l'une desquelles un de mes amis particuliers, le lieutenant Laborderie, avait été fait prisonnier et grièvement blessé.
Le 22. - Bataille d'Essling. Le 7e léger, dont la marche ne pouvait être aussi rapide que la nôtre, quitta Tulbing à la petite pointe du jour, se dirigeant sur l'ile de Lobau afin de participer, ainsi que nous, au combat qui devait avoir lieu.
Ce mouvement que nous devions suivre quelques heures après, devait nous conduire au village de Neusdorff sur le Danube, où de nouveaux ordres devaient nous être donnés pour passer le fleuve et entrer en ligne.
Arrivés la hauteur de Klosterneubourg, obligés de changer de direction pour éviter le feu de l'artillerie ennemie qui foudroyait la route que nous suivions, nous gravîmes une montagne au sommet de laquelle nous eûmes le magnifique coup d'oeil des deux armées en présence, combattant avec un acharnement remarquable. Nous suivions avec anxiété les marches et contremarches des troupes, le développement des masses d'infanterie, les positions prises et reprises, les charges de cavalerie, les effroyables détonations de l'artillerie. Enfin, tous les détails de cet horrible drame de sang et de carnage offrirent à nos regards, pendant les deux heures de repos que nous prîmes, l'aspect vivant de ce panorama épouvantable.
L'armée autrichienne, sous les ordres de l'archiduc Charles, avait un total de 90000 hommes avec 228 pièces de canon. Napoléon n'avait que 35000 combattants en ligne, tandis que le reste de ses troupes défilait avec lenteur et que la plus grande partie de son artillerie était encore dans l'ile de Lobau. Les colonnes ennemies débouchèrent dans la plaine vers quatre heures du soir et l'action commença par une attaque vigoureuse sur la gauche, afin de couper les communications et intercepter le passage du Danube.
Trois fois les Autrichiens essayèrent d'emporter le village d'Aspern et trois fois ils furent repoussés. On se battait avec acharnement dans les rues, dans les maisons, dans les granges; nous eûmes un régiment de cavalerie entièrement détruit.
Il est difficile de pouvoir dépeindre un spectacle aussi majestueusement affreux, dont les effets nous étaient présents comme si nous eussions assisté à une représentation de Franconi. Nous restâmes ainsi jusqu'à la nuit tombante; nous redescendîmes alors la montagne ou force nous fut de reprendre la route sur les bords du Danube. Nous fûmes aussitôt salués par plusieurs boulets; un hussard, trois pas en arrière du général, eut le bras emporté; trois chevaux furent tués; le malheureux paysan servant de guide coupé en deux; tout cela pendant les quelques instants que nous restâmes exposés aux coups de l'ennemi sans pouvoir riposter.
En arrivant au village de Neusdorff situé tout à fait sur le bord du fleuve, nous reçûmes deux décharges de mitraille qui tuèrent cinq hommes et plusieurs chevaux, au nombre desquels celui du général qui, de sa personne, n'eut aucun mal.
Cette position, intenable pour la cavalerie, fut occupée par un bataillon du 25e de ligne qui se réfugia dans les maisons, tandis que la cavalerie établissait ses bivouacs en avant du village de Kretzling, attendant à tout instant l'ordre de passer sur la rive gauche pour y prendre sa part du combat. Le 23, envoyé par le général Pajol, dès la pointe du jour, pour connaître les dispositions relatives à la division, ce ne fut qu'avec la plus grande difficulté que je parvins dans l'île de Lobau, auprès du maréchal Davout, dont l'infanterie attendait les réparations des ponts pour passer le fleuve et entrer en ligne. Il m'ordonna de dire au général de suivre son mouvement et qu'aussitôt le passage effectué, la cavalerie eût à se porter rapidement sur la gauche de l'ennemi afin d'inquiéter ses mouvements. Mais une force majeure devait mettre obstacle à ses dispositions.
Pendant la nuit du 22 au 23, la division Saint-Hilaire du corps Oudinot, une partie de la Vieille Garde, la seconde brigade des cuirassiers Nansouty, deux brigades de cavalerie légère, le train d'artillerie étaient entrés en ligne, ce qui portait l'armée à 48000 combattants.
Dès la pointe du jour, le prince Charles avait fait ses dispositions pour renouveler l'attaque de la veille et l'engagement commença aussitôt. Gross-Aspern fut pris et repris quatre fois, et Essling huit, par les Fusiliers de la Carde et les Tirailleurs sous les ordres des généraux Mouton et Curial. L'intrépide Lannes, à la tête de trois divisions, perça le centre de l'ennemi. La victoire paraissait assurée à 48000 hommes contre 90000, lorsque l'Empereur apprit que les ponts jetés sur le Danube étaient emportés par des bateaux chargés de pierres et lancés des iles du fleuve au-dessus de Lobau.
Des ce moment, l'Empereur se voit privé de ses ressources : 40000 hommes, les pièces d'artillerie et les munitions qui allaient les renforcer sont arrêtés, et il reste exposé à toute la furie d'un ennemi qui, voyant la retraite coupée, recommence le combat avec acharnement. Mais l'Empereur, sans montrer la moindre altération, impassible et avec un calme admirable, placé sur une petite élévation d'où il observait tout avec son coup d'oeil d'aigle, fait replier le maréchal Lannes (qui dans ce moment a les deux jambes emportées par le ricochet d'un boulet), réunit toutes ses masses et les maintient toute la journée dans ses positions, jusqu'à neuf heures du soir que cessa cette lutte sanglante.
Les Autrichiens bivouaquèrent où ils se trouvaient, ayant tiré, de leur propre aveu, 40000 coups de canon.
Les deux armées venaient d'éprouver des pertes à peu près égales, 15 à 20000 hommes avaient été tués ou blessés de part et d'autre. Parmi les blessés ennemis se trouvaient 4 feld-maréchaux, 8 généraux, 663 officiers, 1500 prisonniers et 4 drapeaux. Nous eûmes à regretter 16 généraux parmi lesquels on citait : d'Espagne, Saint-Hilaire tués; Lagrange, Piré, blessés; un nombre considérable d'officiers, parmi lesquels se trouvait un de mes amis particuliers, ancien officier des Gendarmes d'ordonnance, d'Albuquerque, aide de camp du maréchal Lannes, qui eut la tête emportée par un boulet.
Toutes les troupes qui attendaient sur les bords du fleuve l'instant de le passer, furent envoyées, sur les derrières, dans les environs de Vienne, et notre division garda sa position. Dès l'instant que les officiers du génie virent les désastres occasionnés par les bateaux chargés de pierres, ils s'étaient occupés de les réparer, tandis que l'armée continuait à se battre. Le soir et pendant toute la nuit, on parvint à faire évacuer d'abord les blessés au nombre de 12000 ; l'armée exécuta ensuite son mouvement rétrograde, et le passage du pont se fit avec un ordre admirable en présence de l'Empereur, sans que l'ennemi osât y apporter le moindre obstacle" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 254).
Le 23 mai 1809, le Corps de Davout conserve ses positions de la veille ; le 5e Hussards est resté à Mautern avec le Général L'Huillier (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 365).
Le 24, la Brigade Pajol est sur le Danube près de Vienne.
"Le 24, à 4 heures du matin, toutes les troupes et l'artillerie étaient dans l'île et les ponts repliés. Ce même jour, un escadron du régiment ayant été désigné pour faire provisoirement le service de la place, je dus m'occuper de son établissement, et ce fut pendant ce travail que j'eus le bonheur de rencontrer mon frère, arrivé la veille au soir complètement guéri de ses blessures et fort heureux de ne s'être pas trouvé aux deux désastreuses journées dans lesquelles son régiment avait beaucoup souffert. Sept officiers avaient été tués et 41 blessés, entre autres le colonel, d'une manière extrêmement grave, 95 chasseurs étaient restés sur le champ de bataille et 120 blessés plus ou moins grièvement.
En rentrant le soir au bivouac, j'appris que le 7e Hussards allait rejoindre le général Montbrun en Hongrie, d'où il devait revenir incessamment nous rejoindre, cette mission ayant pour but de protéger la jonction de l'Armée d'Italie sous les ordres du prince Eugène.
Le lendemain fut un véritable jour de fête pour notre régiment, par le retour de notre brave et digne colonel qui nous arriva, non pas tout à fait guéri, mais en état de se mettre à la tête du corps dont il était justement chéri. Il avait avec lui ses compagnons d'infortune, officiers et hussards, fort désireux de prendre une revanche" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 258).
Le 25 mai 1809, le 5e Hussards, renvoyé de Mautern lors de l'arrivée des Wurtembergeois dans cette ville, rejoint sa Brigade ; il est installé sur les hauteurs en arrière de Nussdorf (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 366).
Au 27 mai 1809, Pajol a sous ses ordres un Bataillon du 25e de Ligne, de la Division Gudin ; le 5e Hussards, le 11e et le 12e Chasseurs (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 367).
Le 30 mai 1809, le 5e Hussards est porté, d'Ober-Sievering vers Döbling (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 368).
Le 31 mai 1809, Pajol recommande au 12e Chasseurs d'être sur le qui-vive et de pousser ses patrouilles jusqu'à Tulln, où les Wurtembergeois n'exercent qu'une médiocre surveillance, car ils sont très-préoccupés de ce qui se passe du côté de Krems. En effet, le Général Vandamme annonce à l'Empereur, le même jour, que les Autrichiens se disposent à tenter le passage devant lui, entre Krems et Hollenburg. Dans l'après-midi, Pajol reçoit l'ordre de se porter en toute hâte à Mautern, où il sera à la disposition de Vandamme. Il se met immédiatement en route avec le 11e et le 12e Chasseurs, par Saint-Andra et Königstetten, et dirige le 5e Hussards par Sieghardskirchen sur Herzogenburg. Dans la conviction que ce prétendu débarquement n'est qu'une fausse alerte donnée par quelques centaines d'hommes, dont les Wurtembergeois se sont épouvantés à tort, il exécute à contre-cœur cette marche, qu'il juge inutile (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 368).
"Grinzing, 31 mai 1809, huit heures du soir.
Le Général Pajol au Duc d'Auerstädt.
Ci-joint le rapport que j'ai reçu du colonel Guyon (12e chasseurs), m'annonçant qu'il n'y a rien de nouveau sur le point qu'il occupe.
D'après votre lettre, que je reçois à l'instant, je me porte sur la Traisen avec deux régiments, passant par Saint-Andra et Königstetten.
Le 5e hussards se rendra à Herzogenburg par la route de Sieghardskirchen. De cette manière, je tomberai sur le flanc de tout ce qui aura passé et tâcherai de le culbuter.
Je crois que tout ceci est une fausse alerte, donnée par une centaine d'hommes, qu'on a pris pour un débarquement en force.
Si, depuis que je suis sur ce point, j'avais fait attention à ces petits débarquements, toute l'armée n'aurait pas quitté les armes.
MM . les Wurtembergeois se sont épouvantés, et l'on a mal jugé ce qui débarquait. Il faut savoir distinguer dans toutes les nouvelles que chacun donne. Je persiste à ne pas m'être trompé.
Je vous donnerai de mes nouvelles à mon arrivée à Tulln et à Traismauer.
Général PAJOL
Il a été écrit une lettre subséquente au général Pajol pour qu'il ne dépasse pas Tulln avec sa brigade, mais qu'il se lie seulement par des partis avec Mautern.
Le maréchal duc D'AUERSTÄDT. (De la main du maréchal, sur la lettre.)" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 456).
Le 1er juin 1809 au matin, Pajol reçoit avis que l'ennemi ne persiste pas dans son attaque en face de Krems. Il arrête ses Régiments, qui se trouvent, le soir : le 5e Hussards, à Sieghardskirchen ; le 11e Chasseurs, à Königstetten, et le 12e Chasseurs, à Saint Andra (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 369).
Ce même 1er juin 1809, le 5e Hussards aligne 3 Escadrons totalisant 640 hommes et Officiers.
Le 2 juin 1809, le 5e Hussards revient à Sievering (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 369).
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" indique que le 5e Hussards doit recevoir 20 hommes (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Siegharskirchen, à une demi-lieue de Vienne, 10 juin 1809.
Je vous adresse, mon père, le récit du premier acte de ce grand drame dont on ne peut encore prévoir la fin et dans lequel j'ai rempli mon petit rôle du mieux qu'il m'a été possible, grâce a l'affection des généraux Montbrun et Pajol qui n'ont cessé jusqu'à ce jour de m'en donner des marques, en m'employant dès que l'occasion s'en présente.
Les détails que vous lirez ne sont pas relatifs à ma position, mais non sans intérêt, puisqu'ils se rattachent aux faits généraux qui fixent en ce moment tous les regards de l'Europe. Les combats sanglants qui se sont livrés jusqu'à ce jour sont loin d'avoir terminé la question. Mais cependant, lorsque l'on occupe la capitale de l'empire avec lequel on est en guerre, c'est un grand acheminement pour arriver à un heureux résultat; peu s'en est fallu qu'il ait été atteint le jour de cette sanglante bataille d'Essling, où, comme vous le verrez, mon régiment n'a pu prendre aucune part en raison des événements qui ont forcé les combattants à suspendre momentanément la lutte.
II est indubitable qu'elle se renouvellera bientôt et, si l'on doit en juger par les préparatifs qui se font, elle sera terrible et décisive. En attendant ce moment, nous réparons nos désastres occasionnés par les débuts de cette active campagne.
Le régiment, toujours à l'avant-garde, ne laisse pas que d'avoir essuyé des pertes assez sensibles, mais la sollicitude de notre colonel et les bienfaits de l'Empereur auront bientôt réparé nos désastres, car on doit aller en Hongrie incessamment pour y recevoir une remonte considérable ce qui nous rendra présentables comme pour un jour de fête. Les détails dont je suis chargé nécessitant ma présence continuelle à Vienne, j'ai obtenu la permission d'y avoir un logement que le hasard m'a procuré aussi agréable que possible.
Je suis établi, place Neumark, chez la baronne de Zoès, excellente femme, mère de deux charmantes demoiselles, nullement effarouchées d'avoir pour protecteur un officier de hussards qui, par la couleur de sa pelisse, est bien fait pour inspirer la confiance. Aussi les soins dont je suis l'objet, me faisant presque croire que je fais partie de la famille, m'ont déterminé à faire mon établissement dans cette hospitalière maison, comme si je ne devais jamais la quitter.
Une fort jolie petite calèche attelée de deux chevaux de peu de valeur, prise aux avant-postes dans ma poursuite, achetée à mes hussards pour la modique somme de 140 francs, vient d'y être mise en dépôt avec ce que j'ai d'argent et de valeurs, et j'ai l'intention de les y laisser lorsque les hostilités recommenceront, ce qui me tranquillisera sur le sort de mon mobilier.
Je me dispenserai de vous donner des détails minutieux sur Vienne; il est si facile de se les procurer; les faubourgs y sont superbes, les promenades admirables et le château impérial, peu remarquable, est, sans aucun doute, une des plus vilaines résidences royales qui existent. Le grand théâtre, sans être vaste, est parfaitement coupé. Une troupe italienne fort bonne attire beaucoup de beau monde, que la présence des Français est loin d'effrayer.
Dans une de mes courses, j'ai rencontré mon frère par hasard et par le bonheur le plus inespéré. Il était arrivé de la veille et guéri de ses blessures; nous avons passé trois jours ensemble, heureux de nous revoir après les vives inquiétudes que nous avions l'un de l'antre. Il doit vous écrire aussitôt qu'il aura rejoint son malheureux régiment, à peu près anéanti dans la journée du 23. Rien ne peut déterminer encore l'époque de notre rentrée en campagne; à l'Empereur seul appartient de le savoir, puisque tout est soumis à sa volonté avec d'autant plus de raison que l'ennemi se tient sur la défensive. Mais il est présumable qu'aussitôt terminés les immenses travaux pour assurer notre passage, nous irons le chercher derrière ses formidables retranchements, d'où il faut espérer que nos baïonnettes le délogeront; en attendant ce moment, nous offrons à la capitale le spectacle de 200000 combattants tranquillement en présence les uns des autres jusqu'au jour qui décidera du sort de ses habitants.
Adieu, mon père; probablement les grandes marionnettes joueront lorsque vous recevrez cette lettre" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 259).
Le 13 juin 1809, le 5e Hussards occupe Grinzing ; le 11e Chasseurs s'établit à Dornbach, et le 12e, à Wühring. Ces Régiments restent dans ces positions jusqu'au 24 juin, sans faire beaucoup de service ; ils reçoivent des détachements assez nombreux de leurs Dépôts, et rallient tous ceux qui sont encore éloignés dans des postes où ils ne sont plus nécessaires (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 370).
L'Historique régimentaire commet un certain nombre d'erreurs, puisqu'il indique que le 30 juin, le 5e Hussards est à Cham, qu'il se rabat alors sur le Danube, à la suite de l'armée autrichienne en retraite sur Lintz et Vienne, et passe la Regen et l'Enns. Pendant ces marches, dit encore cet Historique, le Lieutenant de Laborderie, défendant pied à pied un défilé, reçoit deux coups de sabre sur les épaules, et un coup de baïonnette au cou; il reste aux mains de l'ennemi (voir au 12 mai la version d'Hippolyte d'Espinchal et le relevé de Martinien).
Par ailleurs, toujours selon ce même Historique régimentaire, le Chef d'Escadron Hirn est tué à Ebersberg (voir plus haut), le Sous-lieutenant Crozet à Essling par un boulet, et le Hussard Verniet, très grièvement blessé, meurt à Vienne le 23 juin suivant. Le Hussard Raymond est blessé. On voit ici que l'auteur de cet Historique est fâché avec la chronologie.
Enfin l'auteur ajoute que le 5e Hussards et le 7e Chasseurs ont des détachements échelonnés le long du Danube pour la garde des gués. Le Régiment, avec le Général Lhuilier, fait une démonstration sur Mautern. Il cantonne ensuite à Krems, à Grinzing, et arrive aux environs de Schonbrun et de Vienne. Napoléon passe, le 25 juin, une grande revue à Vienne, et la Brigade Pajol s'y présente au grand complet et dans une magnifique tenue. Certes, mais là encore, que d'incertitudes dans l'enchainement des faits !
Le 1er juillet, le 5e Hussards est rattaché au 3e Corps Davout, Division (?) de Cavalerie Pajol; il aligne 681 hommes répartis en 4 Escadrons (Nafziger 809GCC).
La veille, le 30 juin 1809, la Brigade Pajol a été portée à Achau ; le 1er juillet, le 5e Hussards s'établit à Pellendorf ; le 12e Chasseurs, à Riederhof, tandis que le 11e Chasseurs reste à Achau. De là, ces Régiments sont dirigés sur Ebersdorf, où ils se réunissent, le 3, à la Brigade Jacquinot, pour former de nouveau la Division Montbrun, attachée au 3e Corps de Davout (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 371).
Les 5 et 6 juillet, le 5e Hussards a 3 Escadrons au sein de la Brigade Pajol, Corps de cavalerie Montbrun, du 3e Corps Davout (Nafziger 809GCE - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Deutsch-Wagram am 5. und 6. Juli 1809"; Litre, E. F., "Les Régiments d'artillerie à pied de la Garde", Paris, 1895; Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
- Bataille de Wagram
Le Régiment, à l'effectif de 36 Officiers, 617 hommes, 81 chevaux d'Officier et 687 chevaux de troupe, est sérieusement engagé à la bataille de Wagram. Il y prend part, toujours dans la Brigade Pajol qui tient tête à un gros de cavalerie autrichienne sous les ordres de Wartensleben et de Cobourg, ainsi qu'aux Dragons d'Oreilly. Le 5e Hussards se prodigue dans cette bataille.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Depuis la bataille d'EssIing, les deux armées étaient en présence, mais inactives, et se préparaient à cette grande lutte qui devait surgir d'un moment à l'autre et être décisive, les Autrichiens étant persuadés que leurs terribles retranchements seraient le tombeau de l'armée française et Napoléon, dans la conscience de son génie et de ses troupes, disant qu'il n'y avait plus de Danube pour les Français et attendant l'instant de le prouver. Ce fleuve de 400 toises de largeur avait été dompté par les admirables travaux du général Bertrand; un libre et commode passage était assuré désormais et présentait une entière sécurité pour les opérations que l'Empereur projetait sur l'une et l'autre rive. Une grande partie de l'armée était dans l'île de Lobau et la cavalerie dans ses environs. Cette île, qui a deux lieues de superficie, devint une espèce de place forte au moyen de tous les ouvrages qui y furent construits : trois ponts parallèles, de 600 pas de longueur et sur l'un desquels pouvaient passer trois voitures de front, liaient le terrain de tête à celui de la rive droite et assuraient les communications avec Vienne ; cent vingt pièces de canon en position défendaient les redoutes et les têtes de ponts. Un mois avait suffi pour l'achèvement de ces magnifiques travaux, et, au 1er juillet, l'armée était forte de 150000 hommes. Enfin tout annonçait que nous touchions au dénouement de ce grand drame. Les troupes étaient dans les meilleures dispositions; l'enthousiasme et l'ardeur étaient arrivés à un point d'exaltation qui promettait les plus heureux succès.
J'annonçai à ma bonne hôtesse et à ses deux aimables filles que, probablement, je ne les reverrais qu'après les événements qui allaient avoir lieu, si toutefois j'en revenais, ce qui m'inquiétait assez peu. Je leur confiai mes équipages, mon argent et ce que je pouvais avoir de précieux, leur laissant un paquet cacheté renfermant mes dispositions, l'adresse de mon père et les indications nécessaires pour trouver mon frère; puis je me séparai de cette admirable famille dont les larmes me prouvèrent l'attachement qu'elle me portait et je fus rejoindre le régiment qui devait quitter ses quartiers le lendemain. Le 28, 40000 hommes et 100 pièces de canon réunis sur un vaste terrain en face du château de Schoenbrunn furent passés en revue par l'Empereur. Les Autrichiens séparés de nous par le fleuve purent assister à cette majestueuse parade et être témoins de l'enthousiasme des troupes.
Dans la journée, nous apprimes la jonction de l'Armée d'Italie à la suite d'une victoire remportée par le prince Eugène à Raab. Charles de Labédoyère, son aide de camp, mon ancien camarade des Gendarmes d'ordonnance, venait d'en apporter la nouvelle et vint m'embrasser.
Le 29, le 5e Hussards fut s'établir dans un superbe village, très près de l'île de Lobau, où nous ne trouvâmes ni habitants, ni ressources.
Le 30, la brigade reçut l'ordre de se porter sur Ebersdorff, tandis que de nombreux corps d'mfanterie entraient dans l'ile de Lobau.
Le 1er juillet, nous fûmes relevés dans la journée par les Saxons. Au moment où nous nous mettions en mouvement, le prince Eugène, quittant l'Empereur pour aller rejoindre son corps d'armée, passa près du régiment et eut l'extrême bonté de me faire appeler en me témoignant la satisfaction qu'il éprouvait de me revoir, m'ajournant à venir le visiter à Vienne après la bataille qui allait se livrer "où j'espère, ajouta-t-il en riant, tu n'auras pas la maladresse de te faire tuer". Le même jour, l'Empereur vint fixer son quartier général dans l'île de Lobau au milieu des joyeuses acclamations de l'armée. Le 4, toute l'infanterie et une partie de la cavalerie étaient réunies dans l'île de Lobau.
A dix heures du soir, un débarquement de 1500 voltigeurs eut lieu sur la rive gauche; à onze heures, une terrible canonnade s'engagea sur une partie du front des retranchements autrichiens; le feu des batteries était particulièrement dirigé sur Enzersdorf où s'appuyait la gauche des retranchements ennemis. Tous les vents semblaient déchaînés, la pluie tombait par torrents, les coups de canon et les coups de tonnerre se succédaient avec une telle rapidité qu'il était presque impossible de les distinguer : le terrain des iles du Danube était inondé. Le colonel Sainte-Croix, aide de camp du maréchal Masséna, à la tête de 2500 hommes, traversa dans des barques, enleva à la baïonnette Enzersdorff; il y fut grièvement blessé. Cette brave infanterie, toujours au pas de charge, semblait marcher sous une voûte d'obus et de boulets qui partant des deux rives se croisait sur sa tête. Notre brigade, entrée dans l'île à neuf heures du soir, fut assaillie pendant une partie de la nuit par les boulets et les obus pleuvant au milieu de nous; mais, fort heureusement abrités par un petit bois et protégés par l'obscurité, nous en fûmes quittes pour deux hussards et cinq chevaux.
Dans le fond de File se trouvaient deux grandes baraques en bois, placées au milieu de la Garde impériale, garanties autant que possible contre l'effet du boulet. L'une était occupée par l'Empereur, l'autre par le prince de Neuchâtel.
Envoyé à minuit pour connaître l'heure à laquelles nous devions effectuer le passage et la direction que nous aurions à suivre, je ne trouvai que les aides de camp du prince et quelques officiers venus comme moi en mission, fort occupés à jouer au passe-dix, pendant que leur patron travaillait avec l'Empereur; forcé d'attendre son retour, je voulus prendre part à ce genre de combat dans lequel je ne pouvais éprouver de grandes pertes, n'ayant sur moi que six napoléons d'or et quelques pièces d'argent.
Les dés m'arrivèrent, et la fortune me fut tellement favorable, qu'en peu d'instants je me vis en possession d'une somme assez ronde; vainement j'offris de quitter le cornet, mes adversaires, tous riches, habitués à jouer gros jeu et espérant se rattraper, stimulaient mon amour-propre pour me forcer à continuer. J'eusse infailliblement fini par succomber lorsque, fort heureusement, on annonça la présence du prince, ce qui me donna à peine le temps de remplir ma sabretache et mon colback des bénéfices qu'on espérait m'arracher.
Peu d'instants après, muni de l'ordre que j'attendais, je revins au bivouac du régiment, étalant mon trésor aux yeux du colonel dont la joie était presque aussi grande que la mienne; en résultat, je me trouvais avoir gagné 14300 francs, presque tout en or et en billets de banque de Vienne, nonobstant des sommes assez considérables à crédit que je me rappelais à peine et que je laissais sur la conscience de mes débiteurs.
Cet heureux événement me parut de bon augure pour le lendemain, mais sentant peu la nécessité d'avoir autant d'argent dans un pareil moment; j'obtins du colonel la permission d'envoyer sur-le-champ mon hussard à Vienne pour remettre mon trésor entre les mains de mon excellente hôtesse.
Le 5, nous passâmes le pont à quatre heures du matin, non loin du village de Muhleiten, protégé contre les boulets par un petit coude que faisait le Danube en cet endroit.
Le passage effectué, le régiment se forma en bataille comme tête de colonne de la division, et l'ordre fut donné aux hussards de rouler leurs manteaux pour les placer en bandoulière ; peu d'instants après, arriva le général Montbrun avec le 7e Hussards; il venait reprendre le commandement de la division. En nous passant en revue, s'apercevant que les manteaux étaient en bandoulière : "Allons, braves hussards du 5e, dit-il, montrez à l'ennemi toute la blancheur de votre belle pelisse, et placez-moi vos manteaux sur les fontes des pistolets"; puis, nous formant en colonnes par escadrons, il nous mit en mouvement, débordant l'aile gauche de l'ennemi et nous écartant des retranchements sur lesquels notre infanterie marchait de front. Ces redoutes étaient défendues chacune par trois hauteurs de batteries, foudroyant l'infanterie qui les attaqua au pas de charge et en enleva deux sur-le-champ.
Une troisième offrit beaucoup de résistance, portant la mort dans les rangs de nos braves régiments; mais, l'Empereur était là, dirigeant tout avec un calme incroyable, sans faire attention aux boulets qui tombaient autour de lui.
Les redoutes ennemies s'étendaient depuis Enzersdorf jusque Essling, leur droite au Danube. Le maréchal Masséna, avec son corps d'armée, vint renforcer ce point d'attaque. Malade et hors d'état de pouvoir monter à cheval, il se faisait conduire dans un petite voiture découverte à la tête des troupes auxquelles il savait si bien assurer le succès, ce qui lui avait mérité le surnom d' "Enfant chéri de la Victoire". La cavalerie, pendant les vives attaques du centre, continuait son mouvement en décrivant une courbe et arriva en ligne sur trois divisions de profondeur.
A midi, par un ciel magnifique, nous vimes se déployer la cavalerie ennemie, beaucoup plus forte que la nôtre, se préparant à nous aborder. Le général Montbrun fit aussitôt ses dispositions, plaçant six régiments de front sur trois lignes dont la seconde se composait de dragons et la troisième de cuirassiers, marchant, au-devant de l'ennemi, avec 12 pièces de canon sur nos flancs.
Deux escadrons du 5e Hussards furent jetés en tirailleurs, mais l'ennemi se replia en bon ordre sans vouloir attendre notre charge, et nous le suivîmes ainsi pondant trois heures, nos tirailleurs seuls se battant avec acharnement; plusieurs furent tués; le sous-lieutenant Dubroca, dont le cheval s'abattit, fut pris. A six heures du soir, on n'était point encore parvenu a enlever la troisième redoute : la mitraille, les obus, les boulets ennemis faisaient des ravages épouvantables, plusieurs généraux avaient été tués, la résistance était terrible. Plusieurs blessés de la division de cavalerie Marulaz du corps d'armée de Masséna, passant prés de nous, m'apprirent que mon frère avait été frappé par un boulet. Cette nouvelle m'était d'autant plus affreuse que, forcé de rester à mon poste, je ne pouvais lui porter aucun secours. Cependant, le général eut l'obligeance de permettre qu'un hussard allât sur les lieux pour savoir ce qu'il en était. Il revint peu après et m'apprit qu'en effet mon frère avait eu la jambe froissée par un boulet, mais qu'on l'avait aussitôt transporté de l'autre côté du Danube. Cette nouvelle me rassura un peu, bien que mon inquiétude fût grande, ne connaissant point au juste la gravité de la blessure.
La contenance ferme des Autrichiens sur leur droite et le centre rendit tout à coup du courage à leur gauche que nous avions poussée jusqu'alors devant nous; toute leur masse de cavalerie, s'ébranlant résolument, marcha sur nous en chassant nos tirailleurs. Le régiment reçut l'ordre de charger, ce que nous fîmes franchement en abordant un régiment de hussards hongrois qui cherchait à tourner notre batterie de droite. La mêlée fut vive, acharnée, pendant quelques instants, nous battant corps à corps mais la valeur, le courage et l'adresse de nos hussards triomphèrent et nous poursuivîmes l'ennemi en désordre, tandis que les autres régiments de la division, débordant la ligne ennemie, la forçaient à se retirer à l'aspect des dragons et des cuirassiers tout prêts à charger. Nous eûmes dans cet engagement cinq hussards tués et 17 blessés; l'ennemi en perdit davantage, et nous lui primes un colonel, quatre officiers et 22 hussards.
La nuit mit fin au combat à neuf heures du soir; les deux armées restèrent dans leur position, bien décidées à recommencer le lendemain.
Nous étions accablés de fatigue et, pour comble de disgrâce, forcés de rester dans une terre labourée sans vivres, ni fourrage; seulement tous les hommes avaient une demi-ration d'avoine qui devint la ressource de nos pauvres chevaux. Notre bivouac, placé près d'un petit ruisseau rempli de vase et de boue, était le seul obstacle qui nous séparât de l'ennemi, à une distance d'à peu près 400 pas, ce qui ne m'empêcha pas de dormir d'un bon somme en attendant le moment d'un nouveau combat qui, selon toute apparence, devait être décisif.
Nos forces réunies le matin se montaient à 150000 hommes et 500 pièces de canon, sans compter l'armée du prince Eugène qui tenait en échec l'archiduc Jean à Raab.
L'ennemi était un peu plus fort que nous en infanterie, mais sa cavalerie était beaucoup plus considérable que la nôtre et occupait des positions qu'il fallait enlever, défendues par des retranchements couverts d'une immense artillerie" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 261).
Non loin du 5e Hussards se trouvent les bivouacs autrichiens; dès le 5 au soir, les Dragons Archiduc Johann N°1 occupent la position de Markgraf-Neusiedel, l'un de leurs Escadrons servant de couverture aux pièces d'artillerie. L'avancé matinale de l'ennemi forcent le 5e Hussards à se retirer précipitamment.
"Le 6. - Bataille de Wagram. Nous fûmes réveillés dès la petite pointe du jour par des cris affreux et une décharge à mitraille de toutes les batteries ennemies. Les Autrichiens; protégés par elles, prenaient l'initiative du combat en marchant en colonnes serrées, la baïonnette en avant.
Le 5e Hussards eut à peine le temps de monter à cheval, de se former en bataille et se replier sur les masses de cavalerie pour éviter d'être écrasé par cette avalanche d'hommes, au-devant de laquelle notre infanterie marcha résolument. Le combat devint terrible, surtout auprès du village de Wagram, pris et repris plusieurs fois et qui enfin resta aux Français.
La cavalerie formant l'extrême droite de l'armée, manoeuvra comme la veille et, en peu d'instants, se trouva en face de celle de l'ennemi, appuyée de quelques bataillons hongrois, refusant toujours le combat en attendant les résultats du centre pour agir..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 268).
A 7 heures du matin, Grouchy et Montbrun reçoivent les instructions de Davout, selon lesquelles ils doivent harceler l'ennemi, appuyer l'infanterie et l'artillerie du Corps d'armée. Le 5e Hussards, avec les 11e et 12e CHasseurs, et le 23e Dragons, protègent les pièce.
"... mais l'Empereur, sentant combien il était important d'entamer cette masse de cavalerie afin de pouvoir tourner l'ennemi, envoya un officier d'ordonnance au général Montbrun avec l'ordre de l'attaquer et de le vaincre.
Le terrain sur lequel les deux armées étaient en présence avait deux lieues d'étendue. Les troupes les plus rapprochées du Danube n'étaient qu'à 200 toises de Vienne, de sorte que la nombreuse population de cette capitale, couvrant les tours, les clochers, les toits des maisons les plus élevées et dominant ainsi toute la plaine d'Enzersdorf, allait assister au spectacle imposant et terrible qui se préparait et juger de ses propres yeux si les défenseurs de la monarchie autrichienne étaient dignes de la cause confiée à leur valeur.
La gauche de notre armée avait été vivement poussée par le prince Charles, le village de Gros-Aspern emporté par l'ennemi, les Saxons, les Bavarois culbutés et mis en déroute. L'archiduc, poursuivant ce premier succès, précipite sa marche et, débordant le flanc des Français de plus d'une lieue, il pousse des partis jusqu'auprès des ponts. L'épouvante se répand sur les derrières et cette foule de non-combattants fuit en toute hâte dans l'île de Lobau en disant que la bataille est perdue.
Il était alors neuf heures du matin. L'Empereur, prévenu de tous ces mouvements, ordonna au maréchal Davout de s'emparer du village de Nieusiedel, ce qu'il exécuta sans balancer. L'archiduc Charles ayant envoyé, pendant la nuit, ordre à son frère, l'archiduc Jean, de marcher de toute vitesse avec son corps d'armée, afin d'attaquer nos derrières et écraser la droite, les Autrichiens, attendant toujours ce renfort, refusaient nos charges, tout en nous attirant à eux pour nous éloigner de l'infanterie du maréchal Davout. C'est alors que l'Empereur, prévoyant ce mouvement, sentit qu'il ne pouvait assurer la victoire que par la droite, et que l'ordre nous fut donné de joindre l'ennemi et de le forcer à combattre. Voyant qu'il ne pouvait plus nous éviter, toute sa première ligne arriva à la charge sur le 7e Hussards et le 1er Chasseurs qui tinrent tête à six régiments et finirent cependant par être culbutés jusque sur nos pièces" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 268).
La poussée autrichienne est terrible; seule la 2e Brigade (11e et 12e Chasseurs, et 5e Hussards) conserve son ordre de bataille.
"Le général Montbrun fit alors marcher le 5e Hussards et le 11e Chasseurs, soutenus par la belle division de dragons du général de Pully.
Notre brave colonel Dery, dix pas en avant du régiment, agitant son sabre avec énergie : "A nous maintenant, hussards du 5e, dit-il, Allons, mes enfants ! Frappons ferme ! En avant ! Vive l'Empereur !" Et nous entrons avec fureur dans une ligne de cuirassiers (Cuirassiers de Hohenzollern N°8 d'après Dimitri Gorchkov) qui fut aussitôt enfoncée et poursuivie le sabre dans les reins plus d'une demi-lieue.
Alors, se présente à nous une masse de grenadiers hongrois formant un carré imposant, derrière lequel viennent se rallier les cuirassiers que nous poursuivions. Le général (Pajol), sentant la position critique dans laquelle nous étions, m'ordonne à l'instant de charger à la tête du 1er escadron dont le chef (il s'agit probablement du Capitaine Chardon) venait d'être grièvement blessé, appuyant ce mouvement par les autres escadrons du régiment, tandis que lui-même, conduisant le 11e Chasseurs, aborde de nouveau les cuirassiers avec une véritable furie.
Je lance ma troupe sur cette masse compacte dont les deux derniers rangs font pleuvoir sur nous une grêle de balles, tandis que le premier nous attend la baïonnette en avant. Je montais alors l'arabe dont le colonel m'avait fait cadeau; cet animal, bien que vieux, avait une ardeur incroyable : l'odeur de la poudre, le bruit des armes et de l'artillerie lui donnaient des vertiges et, devenant fougueux, aucun frein ne pouvait le retenir; tous mes efforts pour le maintenir à la tête et près de la troupe furent inutiles; en trois sauts il me précipite dans le carré, tombe percé de plus de dix coups de baïonnette, me couvrant en partie de son corps, tandis que j'agitais mon sabre pour éviter d'être touché. Heureusement, j'étais suivi de près par les hussards; leur impulsion fut tellement rapide et terrible qu'ils enfoncèrent le carré, et, grâce à l'appui des escadrons conduits par le colonel, les Hongrois sabrés impitoyablement furent contraints de mettre bas les armes, ils étaient 800. Je me relevai couvert du sang de mon pauvre cheval, mes habits percés de plusieurs coups de baïonnette, dont un seul m'avait fait une légère entaille à la cuisse, que je comprimai avec mon mouchoir.
Un cheval me fut aussitôt amené et je me remis en selle. Pendant ce mouvement, le général Montbrun était aux prises avec la seconde ligne de cavalerie ennemie, à la tête du 7e Hussards et du 1er Chasseurs soutenus par les dragons. Ce fut alors un pêle-mêle épouvantable dans lequel l'ennemi, enfoncé sur tous les points, fuyait dans toutes les directions pour échapper au tranchant de nos sabres, tandis que son infanterie commençait son mouvement rétrograde.
L'Empereur avait bien jugé de l'effet que devait produire l'attaque de sa cavalerie de droite; sa gauche fut à l'instant dégagée et le succès de la journée assuré, d'autant que l'Armée d'Italie vint y mettre la dernière main, en arrivant sur le champ de bataille assez à temps pour y prendre sa part de gloire. Le prince Eugène attaqua le centre avec une véritable furie ; la victoire fut décisive ; toute l'armée rivalisa d'ardeur, aux prises sur tous les points, partout obtenant du succès. L'archiduc Charles fut obligé de se retirer sans espoir de pouvoir renouveler le combat, laissant 4000 tués, 9000 blessés, 18000 prisonniers, 40 pièces de canon, 18 drapeaux et quantité de fourgons et d'équipages qui devinrent la proie de la cavalerie légère, enfin bon nombre d'officiers généraux tués et blessés.
De notre côté nous eûmes 3000 morts et plus de 6900 blessés; nous avions à regretter plusieurs colonels et généraux, entre autres le brave général Lasalle, le premier officier de cavalerie légère de l'armée.
Napoléon s'était exposé au milieu du feu le plus terrible; dès le matin, il avait parcouru les différentes lignes, encourageant les troupes par sa présence et son éloquence incitante ; les boulets tuèrent et blessèrent plusieurs personnes autour de lui. Le maréchal Bessières eut son cheval tué sous lui.
S. M. fit complimenter sur-le-champ le maréchal Davout sur la belle conduite de son corps d'armée qu'il vint visiter plus tard. En arrivant à la cavalerie légère, il lui adressa les éloges les plus flatteurs et accordant plusieurs récompenses il en promit d'autres. Je fus appelé prés de S. M. par le général Montbrun, il daigna me nommer officier de la Légion d'honneur en disant au prince de Neuchâtel d'inscrire le régiment pour dix croix données sur le champ de bataille; puis, en nous quittant, l'Empereur ajouta au général : "Je vais vous envoyer à la curée".
La bataille de Wagram ne laissa pas que de coûter cher au régiment, puisque nous eûmes, en tués : un capitaine, deux lieutenants et 16 hussards et en blessés huit officiers et 63 hussards, dont la plus grande partie dans l'escadron que je commandais en abordant le carré.
A la nuit tombante, nous établîmes nos bivouacs dans la plaine, près de deux superbes fermes où nous trouvâmes fort heureusement des fourrages et de l'eau dont nos chevaux avaient le plus grand besoin, ainsi que d'un peu de repos" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 269).
Selon l'historique du Régiment, les Hussards Lesourd et Lirabeau meurent de leurs blessures; le Sous-lieutenant Robert est grièvement blessé (sur la main gauche, et il en reste estropié); sont également blessés le Capitaine Chardon (coup de sabre à la main gauche), le Lieutenant Pierre (coup de feu au bras droit), le Lieutenant Dam (trois coups de sabre sur la tête et la main droite; il fait une chute de cheval en chargeant l'ennemi et se fracture la jambe droite), les Sous-lieutenants Barthelmy (balle à la cuisse gauche), Desnoyers (coup de lance à l'aisselle), Dubroca (trois coup de sabre sur la tête et à la main droite; il est fait prisonnier le 5), de Castelbajac (coup de sabre au bras droit) et de Partz de Courtray (coup de feu à la jambe droite); le Maréchal des logis Beaumont (blessé à la main droite; selon Dimitri Gorchkov : "d'un coup de lance à l'affaire de Wagram"), et les Hussards Geistel et Etienne.
Martinien donne à la date du 6 juillet 1809 à Wagram les Officiers suivants : Capitaine Chardon; Lieutenants Robert et Pierre; Sous lieutenants Dubroca, de Castelbajac, Tenier, Nicolle, Desnoyers, Gougeon de la Thibaudière et Dahm.
L'état des pertes de la Division Montbrun en date du 7 juillet indique pour le 5e Hussards 10 hommes et 117 chevaux tués.
Le lendemain, la cavalerie de Montbrun poursuit l'ennemi sur la route de Brunn. Précédant l'armée, elle franchit la Thaya et s'avance vers Znayn, où le gros de l'armée autrichienne est concentré. Le Régiment est engagé; sont blessés le Chef d'Escadron Drouard (coup de boulet au côté gauche) et le Capitaine Otthenin (coup de feu). Martinien donne pour sa part le Sous lieutenant J. Drouard, blessé le 9 juillet au cours d'un combat à Hollabrünn, et le Capitaine Adjudant major Otthenin, blessé le 11 au cours de la bataille de Znaïm.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 7, le jour vint éclairer le spectacle affreux d'un champ de bataille couvert de morts et de mourants; les récoltes, prêtes à être moissonnées, incendiées et fumantes encore, enfin le prestige de la gloire faisant place à tout ce que la guerre peut offrir de plus horrible. L'Empereur sortit de la tente qu'on lui avait dressée non loin de notre bivouac, se promenant à pied, sans chapeau, sans épée, les mains derrière le dos, s'entretenant familièrement avec les Chasseurs de la Garde ; sa figure exprimait la satisfaction et la confiance ; ce fut peu d'instants après qu'il embrassa Macdonald en le créant maréchal d'Empire, ainsi que le général Oudinot.
Sur les dix heures le général Montbrun eut une courte entrevue avec S. M., à la suite de laquelle la division se mit en marche afin de poursuivre l'ennemi et l'inquiéter dans sa retraite sur Znaïm.
Après avoir marché pendant six heures, ramassant quelques trainards et des voitures de blessés, nous joignimes une arrière-garde de 15000 hommes, commandés par le général Rosemberg, qui venait de quitter le village de OEn-Rupersdorf où nous fûmes obligés de passer la nuit, contraints par la fatigue de nos chevaux, la profonde obscurité, et la nécessité de donner le temps à notre infanterie légère de nous rejoindre. Sur les neuf heures, le général Montbrun me fit venir près de lui; il venait de recevoir de nouvelles instructions et m'apprit qu'on lui donnait l'avis que, dans le bulletin de l'armée, en citant avantageusement sa division, on me citait au nombre des officiers qui s'étaient plus particulièrement distingués et que j'avais succombé au milieu d'un carré. Très flatté de ce premier paragraphe et fâché de l'effet que produirait le second, lorsque mon père et ma mère apprendraient cette nouvelle que je ne pouvais démentir en ce moment, il me permit d'en écrire au prince de Neuchâtel pour faire rectifier cette erreur puisqu'il avait été témoin de la récompense qui m'avait été accordée, et il me garda à souper avec lui. Puis il me dit que cette victoire avait été achetée au prix de pertes dont, bien certainement, les bulletins diminueraient le chiffre. Le lendemain, dans la journée, nous atteignimes l'ennemi près de la ville de Lana où notre avant-garde ramassa quantité de fantassins exténués de fatigue; mais la confection d'un pont qu'il fallut rétablir nous empêcha d'enlever un convoi considérable d'artillerie que nous savions peu distant de nous.
Le 10, le général Montbrun, qui avait à coeur de combattre l'ennemi, le joignit dans la matinée posté une lieue en avant de Znaïm. Obligés d'attendre l'arrivée de notre infanterie pour le débusquer de cette position, le combat ne commença que sur les midi et fut d'autant plus opiniâtre, que l'ennemi défendait cette position afin de protéger la marche de l'empereur François, de l'impératrice, de l'archiduc Antoine et une suite de plus de 200 voitures de la cour et autres, enfoncées dans un bois au milieu d'un chemin abîmé par les boues.
Cependant, trois grands fourgons remplis d'argenterie devinrent la proie de nos hussards, qui se les partagèrent avec une rapidité incroyable; quatre voitures lourdes, massives, de forme antique, très riches, contenant dix dames, dont six jeunes et très jolies, tombèrent entre nos mains, ainsi que deux calèches contenant trois personnages âgés, en habits de cour, avec plaques et grands cordons, dix voitures d'équipage et seize chevaux des écuries de l'empereur d'Autriche; mais, au milieu de ce riche butin qu'eût suivi la prise des fourgons si nos généraux ne s'y fussent opposés, survint un petit drame dont nous ne pûmes connaître que le premier acte.
Un jeune cavalier d'une tournure charmante, vêtu avec la plus grande élégance, monté sur un cheval remarquablement beau qu'il maniait avec grâce et adresse, cherchait à fuir. Un hussard, voulant l'arrêter, reçoit en pleine poitrine un coup de pistolet qui l'abat. Le général Pajol, témoin de cette action, fonce sur le cavalier pour le sabrer, mais une voix craintive et douce lui demande grâce, et il reconnaît, dans ce brave et gentil champion, une jeune femme de dix-huit à vingt ans, ravissante de beauté, dont il fait sa prisonnière.
Cependant, sur les deux heures après midi, notre infanterie enleva un beau et large plateau dominant la ville, d'où nous aperçûmes alors toute l'armée ennemie dans une position superbe, ayant une attitude tellement imposante que nous fûmes contraints d'attendre l'arrivée du corps d'armée du maréchal Marmont, destiné à nous soutenir.
Il arriva vers les quatre heures, et le combat recommença aussitôt avec le plus grand acharnement. Le 7e Hussards et le 1er Chasseurs entamèrent une charge brillante sur une ligne de hulans et de cuirassiers; mais, ramenés à leur tour par des forces imposantes, le 5e Hussards et le 11e Chasseurs allaient entrer en charge, lorsque le général, jugeant ce mouvement imprudent, nous arrêta tout court. Alors commença le feu des batteries qui dura près de deux heures et nous fit beaucoup de mal par l'obligation ou nous étions de protéger les mouvements de l'infanterie et le jeu de nos pièces.
En peu d'instants, nous eûmes plusieurs hussards et chevaux tués; un officier eut la tête emportée par un boulet ; l'adjudant-major Othenin, mon collègue, fut couvert de pierres par un éclat d'obus qui tomba à côté de lui; il avait la tête dans un état affreux, mais, heureusement, sans danger de mort.
Le 11e Chasseurs, placé en arrière de nous, souffrit encore davantage par le ricochet des boulets qui passaient par-dessus nos têtes.
Cette position, bien que très mauvaise, était indispensable et nous dûmes la garder jusqu'au moment où un bataillon fut déloger l'ennemi d'un petit village touchant presque la ville. Enfin, le feu cessa à la nuit tombante, sans avoir obtenu d'autre résultat que d'arrêter, avec 20000 hommes que nous étions, 60000 Autrichiens, tandis que l'Empereur faisait manoeuvrer sur leurs derrières et arrivait à nous avec toute la Garde impériale, dans l'intention de livrer une seconde bataille.
Sur les huit heures du soir, deux officiers parlementaires arrivèrent à nos avant-postes, porteurs, l'un d'une lettre pour l'Empereur et l'autre d'une pour le duc de Raguse, à qui le prince Charles proposait un armistice; le maréchal, pour toute réponse, fit dire qu'il attaquerait le lendemain de grand matin. En effet, dès que le jour parut, la cavalerie légère reprit ses positions de là veille et nos tirailleurs rentrèrent en ligne.
Nous nous aperçûmes que l'ennemi s'était considérablement renforcé dans ses positions, ce qui pouvait faire présumer son intention d'accepter le combat : il avait sa droite appuyée à la ville de Znaïm, la gauche, près d'un village, protégée par un ravin large et profond et par des bois qui lui assuraient une tranquille retraite, du moins il le croyait ainsi; mais Napoléon avait déjà tout prévu : plusieurs corps tournaient l'ennemi par un circuit étendu, c'est pourquoi l'attaque de la veille avait été tout à coup suspendue.
Le 11, l'Empereur arriva à midi avec toute la Garde, une forte division d'infanterie et plusieurs batteries ; nous le reçûmes par les plus vives acclamations lorsqu'il parcourut le front de nos postes malgré le feu incessant de l'artillerie ennemie, ce qui ne l'empêcha point d'étudier froidement la position et de faire des dispositions d'attaque qui ne laissaient aucun doute sur l'intention qu'il avait de livrer le lendemain une bataille décisive.
Il défendit aux troupes de trop s'engager, voulant avant tout s'emparer de toutes les hauteurs dominant la ville, ce qui fut exécuté en peu d'instants.
Les manoeuvres de l'Empereur furent terminées dans la journée avec une telle précision que le corps d'armée du maréchal Davout et celui de Masséna avaient complètement tourné la position de l'archiduc Charles, qui n'avait plus d'autres ressources que de mettre bas les armes ou d'accepter le combat avec les chances les plus défavorables.
Le feu de nos batteries commença avec violence, tandis que nos troupes s'ébranlaient en masse sur un front étendu, protégées par les mouvements de la cavalerie légère du général Montbrun qui avait reçu l'ordre de franchir le ravin séparant les deux armées et de charger sur une batterie de douze pièces qu'il fallait enlever. Toutes ces dispositions s'exécutaient avec un ordre parfait, comme sur un champ de manoeuvres, lorsqu'un parlementaire arriva près de l'Empereur, avec des propositions de paix et d'un armistice provisoire.
Aussitôt, comme par enchantement, le feu cessa sur toute la ligne, chacun rentra dans sa position respective et les pourparlers commencèrent. Le prince de Neuchâtel vint à nos postes avancés où il resta deux heures, tandis que le général Montbrun et le prince de Lichstenstein arrêtaient des conventions préparatoires. Le soir, les deux armées firent chacune un mouvement rétrograde, notre bivouac fut placé le long d'un bois, sans fourrages ni aucun moyen de s'en procurer.
L'Empereur établit son quartier général sur le plateau enlevé le matin, entouré de sa garde et de l'artillerie toute prête à agir au premier moment; enfin, plus de 100000 combattants étaient en présence sur un terrain de deux lieues; une pensée, un mot, un geste pouvait les mettre aux prises et faire couler des flots de sang.
Le 12, nous apprimes, dans la matinée, qu'il y avait un armistice d'un mois et que l'armée autrichienne évacuerait sur-le-champ la ville de Presbourg et la citadelle de Gratz, le Tyrol, le Vorarlberg et le fort de Sachsenburg et le cercle de Brünn.
A cinq heures, la brigade reçut l'ordre de se diriger sur Brünn" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 272).
Le Régiment se dirige sur Brunn, où il arrive le 13 juillet, et cantonne à Konigsfeld (Historique régimentaire).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le lendemain, continuant notre mouvement, nous trouvâmes, en avant de la petite ville de Reigern, des postes autrichiens nullement instruits des événements qui venaient de se passer et des conventions faites entre les deux souverains, paraissant non seulement peu disposés à nous laisser continuer notre marche, mais même tout prêts à agir contre nous, dans la persuasion que, Napoléon ayant été battu, nous étions un corps égaré. Le général Pajol voyant qu'il ne ne pouvait détromper le général autrichien malgré l'assurance formelle qu'il lui donnait de l'armistice conclu, lui fit dire par le capitaine Vérigny, son aide de camp, qu'il le rendait responsable des événements et qu'ayant reçu l'ordre d'occuper Brünn sur-le-champ, il allait se mettre en mesure de l'exécuter; en conséquence, le 5e Hussards, formant tête de colonne, se mit en mesure d'attaquer, tandis que le 7e et le 11e Chasseurs tournaient la ville.
Le général autrichien demanda deux heures, dans l'espoir de savoir quelque chose de positif par le retour d'un officier qu'il avait envoyé : il lui fut accordé un quart d'heure, et, déjà, nos tirailleurs venaient de commencer l'attaque, lorsque nous vîmes les Autrichiens se retirer sans offrir aucune résistance. Ils venaient probablement de connaître l'exactitude des faits, et nous les suivîmes de telle manière et à si peu de distance que nous entrâmes dans la ville de Brünn avant qu'ils l'eussent complètement évacuée.
Deux jours après, l'infanterie du maréchal Davout vint s'y établir, et la division de cavalerie légère prit ses quartiers en avant, dans les environs" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 278).
Le 14 juillet 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Pohrlitz, à l’Empereur : "… J'adresse à Votre Majesté la déclaration d'un maréchal des logis du 5e régiment de hussards qui constate que le 12, un détachement de 30 hommes des 11e et 12e de chasseurs a été attaqué et pris par des uhlans sur la droite de l'armée, au mépris de l'armistice.
J'ai fait demander aux généraux autrichiens satisfaction de cet attentat. Je joins ici la réponse du comte Hartegg ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 89, lettre 822).
Le 15 juillet 1809, Pajol dépasse Brünn, et ses Régiments occupent : le 5e Hussards, Königsfeld ; le 11e Chasseurs, Obrowitz, et le 12e Chasseurs, Wischau (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 385).
Sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur au titre du 5e Hussards, par Décret du 17 juillet : Robert, Lieutenant en retraite, Christmann, Sous-lieutenant, Beaumont et Hartmann, Maréchaux-des-logis (Historique régimentaire). Dimitri Gorchkov mentionne également les Sous lieutenant Richardot (blessé d'un coup de sabre le 19 août 1809) et Robert de Conandre.
Dans le Carnet de la Sabretache de 1909, en page 436, il est également fait mention de Jean Barère, "chirurgien-major du 5e hussards. – Habile en son art. Ayant fait preuve, pendant la campagne, d'une activité et d'un zèle infatigables. Il a souvent fait abnégation de lui-même pour secourir et panser les blessés sous le feu du canon".
Le 21 juillet 1809, l'Empereur écrit depuis Schoenbrunn : "Il y aura dix brigades de cavalerie légère, qui seront organisées de la manière suivante ...
5e brigade. Le 5e de hussards, le 11e et le 12e de chasseurs formeront la 5e brigade, qui sera commandée par le général Pajol ..." (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15574; Correspondance militaire de Napoléon 1er, extraite de la Correspondance générale et publiée par ordre du ministre de la guerre. Tome 6. Lettre 1173).
La mauvaise volonté des Autrichiens à exécuter l'armistice se manifeste sur tous les points. Du côté de la Moravie, ils discutent sur les limites des différents cercles qu'ils ont cédés : ainsi ils nous contestent la possession de Göding, afin de conserver cet important passage sur la Morawa. Napoléon, irrité de cette mauvaise foi, prescrit à Davout de porter ses avant-postes dans la direction de Göding. Pajol fait donc avancer deux de ses Régiments de ce côté, et sa Brigade occupe, le 24 juillet : 5e Hussards : Etat-major et deux Escadrons, Auspitz ; 3e Escadron, Auerschütz ; 4e Escadron, Bausram (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 386).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 25, je reçus l'ordre de prendre le commandement de la ligne d'observation en face des Autrichiens avec 100 chevaux, tandis que le 5e Hussards allait s'établir à Auspitz et aux environs.
Le 26, le colonel Dery me fit parvenir mon brevet d'officier de la Légion d'honneur, avec une lettre du prince de Neuchâtel ainsi conçue :
"A M. d'Espinchal (Hippolyte), capitaine au 5e Hussards.
J'ai l'honneur de vous prévenir que S. M. l'Empereur et Roi, satisfait de votre conduite à la bataille du 6, vous a nommé officier de la Légion d'honneur et qu'il vous a honorablement cité à l'ordre de l'Armée.
Cette flatteuse récompense vous est si justement acquise que je profite de cette circonstance pour vous en témoigner ma satisfaction ainsi que des sentiments distingués avec lesquels j'ai l'honneur de vous saluer.
LE PRINCE DE NEUCHâTEL".
Deux jours après, le général Montbrun, toujours bon et obligeant pour moi, pensant combien devait être grande mon inquiétude sur le sort de mon frère, me fit relever sur la ligne et m'envoya à Vienne porteur de dépêches, avec l'autorisation d'y rester jusqu'à nouvel ordre.
Je trouvai mon frère dans un village assez près de la capitale, marchant à l'aide de béquilles ; le boulet, en tuant son cheval, lui avait effleuré le mollet sans attaquer les nerfs, ce qui ne présentait aucun danger, mais pouvait cependant être long à guérir; je le fis transporter à Vienne afin d'y recevoir des soins plus actifs qu'à l'ambulance d'un village.
Mon apparition chez là baronne de Zoès fut un véritable coup de théâtre. Elle me croyait si bien mort qu'elle faisait depuis quelques jours des démarches pour savoir où était mon frère, ne voulant point envoyer à mon père ce dont elle était chargée avant de l'avoir vu; sa joie fut d'autant plus vive que cette digne et respectable femme croyait ne pouvoir douter de cette fatale nouvelle ; au moment où je tombais sous mon cheval, un de mes parents, officier au 5e Hussards (le jeune Robert de Conandre), ayant été blessé près de moi, avait été transporté sur les derrières, puis à Vienne; il avait répandu le bruit de ma mort à laquelle ma bonne hôtesse croyait d'autant mieux devoir ajouter foi, qu'ayant été voir mon camarade, celui-ci lui avait confirmé cette triste vérité ... " (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 279).
Pajol réclame avec instance des hommes et des chevaux. Ses effectifs s'élèvent seulement, au 1er août : le 5e Hussards, à 686 hommes et 691 chevaux ; le 11e Chasseurs, à 609 hommes et 584 chevaux ; le 12e Chasseurs, à 720 hommes et 778 chevaux. La force de sa Brigade n'est donc point en rapport avec le service qu'il a à faire aux avant-postes. On lui promet qu'il recevra bientôt les détachements restés dans les Dépôts (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 387).
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Peu de jours après notre arrivée à Vienne, mon frère se fit conduire à Schoenbrunn au moment où l'Empereur allait passer une revue de la Garde. Il était appuyé contre une balustrade en dehors du palais, lorsque Napoléon, apercevant un officier soutenu par deux béquilles, s'approcha en s'informant avec intérêt de sa blessure et lui accorda aussitôt la croix. Mon frère, enhardi par tant de bienveillance, demanda l'autorisation de porter l'ordre du Mérite militaire de Bavière que le roi lui avait donné àAugsbourg, ce qui fut accordé sur-le-champ. "Sire, ajouta-t'il, en remerciant humblement Votre Majesté, j'ai une autre faveur à lui demander; c'est la radiation définitive de mon père compris sur une liste d'émigrés maintenus dans la proscription."
L'Empereur, d'abord surpris de cette persistance à solliciter, écouta avec attention et bonté en se rappelant tout à coup que mon frère était officier des Gendarmes d'ordonnance dans la campagne de Tilsit. "Oui, certes, je vous accorde ce que vous demandez", dit-il, et se tournant vers le prince de Neuchâtel il lui prescrivit d'en faire expédier immédiatement son décret impérial, ce qui fut exécuté avec une telle célérité que mon père reçut cette nouvelle officiellement avant les lettres que nous lui écrivîmes ce même jour.
Ce petit épisode fit une certaine sensation; on s'en entretint au quartier général et à Vienne; plus tard il fut répété dans le Journal de l'Empire avec des accessoires on ne peut plus flatteurs, mais tout à fait inexacts.
A mon père.
Vienne, 4 août 1809.
C'est réunis dans un appartement des plus confortables, mon frère et moi, que nous vous écrivons en personne afin de vous rassurer complètement sur notre sort. Henri vous donnera lui-même des détails sur ce qui le concerne. Sa jambe, quelque peu mutilée, vous prouvera qu'il n'est pas heureux au jeu de la guerre, car les trois coups de sabre reçus dès le début de cette campagne auraient dû paraître suffisants; il doit encore cette fois-ci un beau cierge à son patron, si c'est lui qui l'a préservé des mauvaises intentions de ce malencontreux boulet.
Qui sait où doivent nous conduire les victoires successives que nous avons remportées; car si l'Empereur continue de nous mener ainsi, il nous faudra peu de temps pour parcourir l'Europe. Le second acte de cette guerre vient de se terminer avec une telle rapidité qu'à peine avons-nous eu le loisir d'y penser, tout cela, en moins de huit jours; c'est le cas de dire comme certaine princesse : courte et bonne.
Mon journal ci-joint vous fera connaître les détails de cette étonnante campagne et vous prouvera tout ce qu'on peut attendre des troupes françaises conduites par le génie. Aussi doit-on penser que l'Autriche ne balancera pas à transformer le court armistice qui doit avoir lieu, en une belle et bonne paix, plus durable que la dernière.
Dans tous les cas, nous sommes toujours prêts et je ne serais pas fâché pour ma part que nous continuassions encore quelque temps un jeu dont je me tire assez bien. Cette croix d'or, que je dois au mauvais caractère de mon cheval, est un véhicule qui me donne de l'appétit, car ce n'est qu'au milieu des pétarades guerrières que l'on peut parvenir promptement au but que je voudrais atteindre. En attendant, me voici de retour à Vienne, jouissant délicieusement du bonheur d'être près de mon frère, et me livrant au plaisir avec la même ardeur que j'en mets à remplir mes devoirs.
Je pourrais à cet égard faire aussi un journal qui servirait à l'éducation de la jeunesse, n'était la crainte de porter trop de scandale à la sévérité de vos moeurs.
J'ai été voir hier le prince Eugène, que je n'avais entrevu qu'un moment, l'avant-veille de notre entrée dans l'île de Lobau. Sa réception a été d'autant plus gracieuse qu'il a daigné se rappeler notre liaison d'enfance et j'y ai répondu ainsi que l'exigent aujourd'hui nos positions respectives, ce qu'avec son tact admirable il aura bien certainement apprécié si j'en dois juger par l'affectation qu'il mettait à me traiter familièrement; il m'a témoigné surtout la satisfaction qu'il avait éprouvée en voyant mon nom cité à l'ordre de l'armée et la récompense dont j'avais été honoré. Sa sollicitude sur l'état de mon frère était vraiment touchante : aussi l'ai-je quitté pénétré de reconnaissance, me promettant d'user quelquefois de l'empressement qu'il a mis à m'engager à venir déjeuner chez lui le matin. Je vois beaucoup Bondy et Canisy, l'un chambellan et l'autre écuyer de l'Empereur. Le prince de Neuchâtel chez qui je me suis présenté m'a fait le meilleur accueil; cependant, un petit déboire est venu troubler tant de satisfaction.
Présenté par le général Piré comme chef d'escadron au 16e de Chasseurs, l'Empereur a répondu que j'avais été assez brillamment récompensé pour attendre une autre occasion. Ce petit échec à mon ambition m'a affecté un moment, mais j'espère le réparer avant peu, si Dieu me prête vie.
Vienne est en ce moment un séjour de plaisirs et de fêtes. La victoire semble nous avoir fait ouvrir toutes les portes des palais, et si les beautés qu'ils renferment n'ont pas une sympathie très robuste pour les conquérants, l'illusion est tellement complète que nous pouvons nous en contenter.
J'ai assisté, il y a trois jours, à une magnifique soirée chez la princesse Potocka; cette belle Polonaise, passionnée pour les Français, avait réuni chez elle plus de 300 personnes ; l'élégance des toilettes, la gracieuseté des femmes, la somptuosité du local, le luxe des décors et une musique entratnante donnaient une animation difficile à décrire à cette fête qui ne s'est terminée qu'à cinq heures du matin. Plusieurs autres soirées sont annoncées, dans lesquelles, ainsi que vous devez le penser, je dois prendre ma bonne part. Je vous joins ici un état exact et textuel des pertes faites par les Autrichiens, les 5 et 6 juillet, que m'a donné le colonel Lejeune, aide de camp du prince de Neuchâtel :
TUÉS |
BLESSÉS |
PRISONNIERS |
Généraux. 4 |
Généraux. 12 |
|
Officiers. 120 |
Officiers. 616 |
Officiers. 511 |
Soldats 5507 |
Soldats. 17490 |
Soldats. 7474 |
PERTE TOTALE. |
||
Généraux. 17 |
Officiers 1243 |
Soldats 30471; Chevaux. 5600 |
Sur ce, mon père, je vous embrasse du plus profond de mon coeur" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 279).
Le 6 août 1809, l'Empereur écrit depuis Schœnbrunn au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris :
"Donnez ordre que l'officier du 5e de hussards qui a fait l'achat des chevaux soit arrêté. On me dépense beaucoup d'argent sans utilité; des chevaux de quatre ans ne servent de rien; des chevaux borgnes et aveugles ne servent de rien. Prenez des mesures pour qu'à Strasbourg on donne des sommes aux détachements de cavalerie pour le ferrage pendant la route. Désormais ne laissez plus partir de détachements de Strasbourg qu'ils n'aient un capitaine ou un lieutenant pour les commander" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15618 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21711).
Le 8 août 1809, le 5e Hussards est à Landshut, Turnitz, Teinitz, Neudorf, Unter-Bojanowitz, Mutenitz, Ratischkowitz et Luschitz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 387).
Le 12 août 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Brünn, à l’Empereur : "… je vais profiter d'une insulte faite à Goeding, par les Autrichiens, à un officier du 5e de hussards, pour, sous prétexte de demander satisfaction, faire courir le pays occupé par l'armée autrichienne, par l'officier d'état-major dont Votre Majesté a lu le rapport..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 101, lettre 830).
Sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur au titre du 5e Hussards, par Décret du 13 août : le Chef d'Escadron de Saint-Pern et le Sous-lieutenant Kauffer (Dimitri Gorchkov lui donne le grade de Maréchal des logis chef).
Croyant à une reprise des hostilités à l'expiration de l'armistice conclu le 11 juillet précédent, Napoléon porte une partie de son armée sur Olmütz et Hradisch. Le Régiment est en août aux avant-postes sur la Morawa.
La Brigade Pajol reçoit des hommes ; elle a bientôt un effectif assez élevé. Au 15 août 1809, le 5e Hussards comprend 1,172 hommes et 1,125 chevaux (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 387).
Au 1er septembre 1809, le 5e Hussards est à Kostel, à Auspitz et à Ludenbourg.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Mon séjour à Vienne ne fut pas aussi long que je l'espérais, le colonel m'ayant écrit de passer l'inspection de 200 hussards et 300 chevaux, qui arrivaient du grand dépôt de Namur, et m'ordonnant de les conduire à Auspitz pour en faire la répartition dans les compagnies. Ce renfort, si impatiemment attendu, porta l'effectif du régiment à 860 hussards, non compris les blessés qui rentraient journellement.
Cette époque fut aussi celle de la fête de l'Empereur, que l'armée célébrait toujours avec autant de magnificence que d'entraînement, et, à cet effet, le général Montbrun, dont le quartier général était à Austerlitz, prescrivit à tous les chefs de corps de s'y rendre, accompagnés d'un officier de chaque grade, quatre sous-officiers et huit soldats, tous décorés, désignés pour faire partie de la représentation du 5e Hussards. Ce ne fut, pendant deux jours, que bombance et fêtes, tir à la cible, mât de cocagne, courses à pied et à cheval, pugilat, enfin tous les amusements analogues aux circonstances et à la localité.
Les officiers furent invités un banquet vraiment splendide, présidé par le général de division et dont la comtesse de Montbrun, venue de Paris depuis quelques jours, fit les honneurs, avec autant de grâce que d'amabilité. Mais un des ornements les plus remarquables de cette fête fut la présence du père du général, qui avait abandonné momentanément la culture de ses champs pour venir jouir de la gloire et des honneurs dont son fils était si justement entouré. La belle figure de ce vénérable vieillard avait une expression de bonheur qui attirait tous les regards et inspirait un tel respect qu'il n'était pas un de nous, malgré nos manières étourdies et évaporées, qui n'eût ambitionné le bonheur de recevoir sa bénédiction. Mais, au moment où les nombreux convives se levèrent pour lui porter un toast et lui exprimer le bonheur que nous éprouvions de le voir au milieu de nous, l'émotion de ce digne et respectable père fut si vive qu'il retomba sur sa chaise, les yeux remplis de larmes; alors, son fils, pour faire cesser cette scène attendrissante, porta la santé de l'Empereur, qui fut accompagnée de la décharge de toutes les pièces d'artillerie de la division et suivie d'un magnifique feu d'artifice.
Le surlendemain de cette belle journée, je reçus l'ordre du général de parcourir la ligne de nos avant-postes, et de me rendre près du général autrichien Hardey, afin de lui demander compte des démonstrations hostiles de ses troupes. J'en fus reçu avec toutes sortes de prévenances; il donna plusieurs prétextes aux mouvements qu'il avait ordonnés, mais, en définitive, acquiesça à toutes les observations que j'étais chargé de lui faire, conformément aux conventions de l'armistice.
J'acceptai son souper qu'il me fit partager avec sa charmante épouse, et je le quittai à minuit, malgré toutes ses instances pour me garder jusqu'au jour. Une escorte de dix hussards hongrois me fut donnée jusqu'aux avant-postes français, d'où je me dirigeai sur le quartier du général Montbrun pour lui rendre compte de ma mission" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 284).
Le 18 septembre 1809, le 5e Hussards rentre à Kostel (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 389).
Leopold de Beaumont, Officier au 5e Hussards de septembre 1809 à 1812
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Le même 18 septembre 1809, l'Empereur passe en revue les Régiments de la Division Montbrun devant le château de Goding. Maurice de Tascher, du 12e Chasseurs, note dans son journal : "Un mot de l'Empereur au colonel Dery nous a paru plaisant. Remarquant que les shakos des autres régiments étaient garnis de gourmettes et non ceux du 5e, il en fit l'observation en disant qu'un coup de sabre pouvait aisément faire tomber le shako et qu'alors la tête se trouvait nue." - Sire, dit le Colonel Dery, mes Hussards préviennent toujours le coup de l'ennemi, ainsi ils ne sont jamais frappés". "Ah, dit l'Empereur en souriant, si j'avais seulement autant de mille livres de rentes !" (M. de Tascher : Le journal de campagne d'un cousin de l'Impératrice, 1806-1813).
Cette particularité du shako du 5e Hussards est visible sur le tableau de Lecomte "Reddition de Mantoue le 2 février 1797", peint en 1809, où l'on remarque un Adjoint à l'Etat major et un Major du 5e Hussards en tenue de 1810 et arborant les shakos de ce modèle.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Peu de jours après, les conférences diplomatiques semblèrent faire préjuger la prochaine rupture de l'armistice : les troupes se concentrèrent et tout portait à croire qu'une nouvelle lutte allait s'engager, lorsque la division reçut l'ordre de se porter près de la ville de Goetting pour y passer la revue de l'Empereur.
L'arrivée de Napoléon au milieu de nous produisit un enthousiasme difficile à décrire, surtout lorsqu'il renouvela sa satisfaction sur la brillante conduite de la division dans les journées des 5 et 6 juillet. Il passa dans nos rangs, accordant nombre de récompenses. En arrivant au régiment, il aperçut un maréchal des logis de la compagnie d'élite décoré, à la moustache grise et dont le bras était orné de plusieurs chevrons : "Il y a longtemps que tu sers ? lui dit l'Empereur. - Je suis de la première réquisition et j'ai fait toutes les campagnes avec vous, mon empereur." L'Empereur le regarda avec attention pendant quelques instants : "Tu as été décoré au combat de Schleitz ? - Mon empereur, interrompit le maréchal des logis, suffoqué de joie, pour l'affaire de la redoute, vous savez bien ? Mêmement que le prince Murat voulait entrer avant moi et que je lui en ai sauvé d'une belle." L'Empereur sourit : "Oui, c'est vrai, mais tu sais bien aussi pourquoi tu n'es pas officier ?" Le pauvre maréchal des logis baissa la tête. "Voyons, ajouta l'Empereur avec bonté, me promets-tu de renoncer à la bouteille ? - Foi de hussard, mon empereur, je ne vous ferai plus de peine, c'est fini à partir d'aujourd'hui, dit-il en se frappant la poitrine. - Allons, je te crois sur parole et je te fais sous-lieutenant." Deux grosses larmes tombant sur cette vieille moustache furent la réponse de ce brave militaire.
Plusieurs autres nominations eurent lieu et la dernière fut celle du chef d'escadron Meuziau, du 11e Chasseurs, nommé colonel au 5e Hussards, en remplacement de notre brave et digne chef fait général.
L'Empereur en quittant le régiment fit un signe de la main en disant : "Adieu, mes pelisses blanches, à bientôt !" Alors, de frénétiques acclamations et des cris de : Vive l'Empereur ! l'accompagnèrent longtemps.
La récompense justement méritée que venait d'obtenir le colonel Dery produisit une douloureuse impression dans le régiment dont il était aimé et chéri. En mon particulier, je regrettais en lui non seulement un bon chef, mais un ami véritable qui n'avait jamais cessé de me donner des preuves d'une affection sincère. Le soir, il me montra une lettre du roi de Naples qui le nommait son premier aide de camp et commandant général de la cavalerie légère de sa garde. Sa Majesté lui mandait aussi que, si la paix se faisait, il accueillerait avec plaisir les officiers de cavalerie qui voudraient passer à son service, qu'il en avait l'autorisation de l'Empereur et qu'un grade supérieur leur serait accordé dans sa garde. Le général Dery me proposa d'entrer chef d'escadron dans les hussards de la Garde avec la promesse d'un avancement rapide, ce dont je ne pouvais douter; mais, bien que cette offre fût assez séduisante et qu'elle offrit à mon amour-propre la satisfaction de revenir avec des honneurs et des distinctions dans cette même ville où naguère on m'avait connu pauvre exilé, je ne pus me déterminer à quitter le service de France.
Je remerciai donc mon brave colonel de cette nouvelle marque de bienveillance et, peu de jours après, j'eus le chagrin de me séparer de lui en le voyant partir pour Naples.
Apès la revue de l'Empereur, nous apprimes avec effroi et indignation qu'on avait tenté de l'assassiner au moment où il allait passer la revue de la Garde : tous les détails ont été trop souvent reproduits pour que je les rappelle. Peu après cet événement, l'Autriche ayant accepté les conditions qui lui étaient imposées, Napoléon quitta Schoenbrunn pour retourner à Paris" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 286).
Le Colonel d'Héry est nommé Général de Brigade le 21 septembre, le Colonel Meuziau, venu du 11e Chasseurs, est nommé Colonel du 5e Hussards. II vient d'être promu Officier de la Légion d'honneur par Décret du 17 juillet précédent.
Bourguignon né à Buxy le 16 février 1771. Le 9 novembre 1790, il commence sa longue carrière en souscrivant un engagement aux Chasseurs à cheval de Normandie, devenu en 1791 le 11e Régiment de Chasseurs. Simple cavalier, il grimpe un à un tous les échelons de la hiérarchie militaire. En 1796, à l'affaire de Messenheim, il est chargé par le Général Treillard de rallier trois Compagnies de la 9e Demi-brigade d'Infanterie légère dont la valeur a cédé au nombre et qui ont abandonné leur poste. Il met pied à terre, se place à la tête de ces Compagnies, reprend le poste et arrête l'ennemi qui menace de couper l'avant garde. |
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Figure . Ci-contre en haut : A gauche, portrait du Colonel Meuziau, peint par Barbara Steiner Krafft; à droite, une autre version (copie, original ?) qui diffère par quelques détails mineurs, notamment la posture du Colonel Meuziau, dont le visage est davantage tourné vers le chien sur le tableau de droite; ce même chien ayant le museau pointé bien plus haut vers son maître. Figure . Ci contre, en bas, reconstitution de la tenue du Colonel Meuziau, d'après Rigo. La source indiquée est "portrait du colonel Meuziau, collection particulière". |
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Au 1er octobre 1809, le 5e Hussards occupe Auspitz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 389).
Au 15 octobre 1809, le Quartier général de Pajol est à Lundenburg ; le 5e Hussards, à Auspitz et Czeikowitz ; le 11e Chasseurs, à Neudorf et Göding ; le 12e Chasseurs, à Kostel et Landshut. La force totale de la Brigade s'élève à 126 Officiers, 2,807 hommes et 2,599 chevaux (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 389).
La paix ayant été signée, l'armée française commence en octobre son mouvement d'évacuation des provinces autrichiennes. Le Régiment quitte le cercle de Brunn le 4 novembre, suit la Morawa et arrive aux environs de Vienne.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 16 novembre de nombreuses salves d'artillerie annoncèrent que la paix était définitivement signée, et l'armée fut prévenue que l'évacuation de l'Autriche allait s'ensuivre. La cavalerie légère du maréchal Davout étant chargée de fermer la marche de l'armée, nous quittâmes nos cantonnements de la Moravie pour nous rapprocher de la capitale et, en protéger la tranquille évacuation.
Une fièvre assez violente me prit en arrivant au village de Pitzlach où nous devions rester quelques jours; elle fut provoquée par un abcès survenu à la cuisse droite, où j'avais négligé la blessure reçue Wagram. Depuis quelque temps je ressentais parfois des douleurs aiguës que j'attribuais à la fatigue, mais, vaincu par le mal, le chirurgien-major du régiment, craignant un épanchement, avait cru nécessaire de faire une profonde incision pour arrêter le mal.
J'étais dans cette triste position lorsque le général Montbrun, traversant notre village et apprenant mon infortune, eut la bonté de venir me voir et m'autorisa à aller à Vienne pour y rester jusqu'à son évacuation, espérant que j'aurais le temps de me guérir. Je m'y rendis aussitôt, bien certain d'y recevoir avec empressement des soins de cette excellente baronne de Zoès; mais, malheureusement, elle avait quitté la ville depuis quelques jours, et il y avait un tel encombrement que je parvins, non sans peine, à obtenir un gite dans un faubourg chez le comte de Hardegg, père
du général chez lequel j'avais été envoyé en mission aux avant-postes. Cette heureuse circonstance ne contribua pas peu au bon accueil que je reçus de Mme de Mintzastres, jeune et jolie femme dont les fonctions me furent bientôt connues; elle paraissait avoir un pouvoir absolu, aussi bien sur le coeur du vieux comte que sur toute la maison, et il n'y eut sorte d'attention dont je ne fusse l'objet pendant les douze jours que je passai sous ce toit hospitalier" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 288).
Le Régiment marche ensuite sur l'Inn avec le Corps d'armée de Davout et cantonne à Enns.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Lorsque la division du général Montbrun arriva pour terminer l'entière évacuation de Vienne, ma plaie était à peu près fermée et la fièvre m'avait quitté, mais il s'en était suivi une extrême faiblesse qui ne me permettait pas de monter à cheval. Fort heureusement, toujours possesseur de la petite calèche achetée à mes hussards, j'obtins la permission de voyager dedans avec des chevaux de réquisition et, par conséquent, j'ai évité le désagrément de la charrette qui eût été ma seule ressource.
La division se mit en marche par un temps froid et mauvais, pour aller prendre gîte dans les environs de Saint-Polten où nous n'obtinmes d'autres ressources que celles que nous pûmes nous procurer dans les montagnes, non seulement à prix d'argent, mais en employant la violence.
Le lendemain, nous prîmes des cantonnements à dix lieues de la capitale, afin de protéger la marche des troupes, les quipages et les retardataires. Un des articles du traité de paix stipulant que l'entière évacuation de l'Autriche devait être terminée le 1er janvier 1810, il en résulta que nous restâmes vingt-quatre jours dans nos quartiers, ce qui me donna le temps de me rétablir complètement et de reprendre le commandement de mon escadron.
Nous nous remimes en marche le 6 décembre avec l'assurance qu'il ne restait derrière nous rien de ce qui appartenait à l'armée française. Nos étapes furent Pyrha, Kull, Burgstal, Auspach et Steyer. Peu d'instants avant d'arriver au bourg de Wegestelten, lieu destiné pour le quartier de mon escadron, ne sachant à quoi attribuer le bruit des cloches, quelques coups de fusil tirés çà et là, des hommes postés sur des hauteurs et des cris dont je ne pouvais apprécier les motifs, je formai aussitôt ma troupe en colonnes par pelotons et envoyai quelques tirailleurs en avant qui, aussitôt aperçus par les habitants, reçurent une décharge d'une quinzaine de coups de fusil. Ne doutant plus qu'il fallût conquérir notre gîte avec le tranchant de nos sabres, et placé dans les conditions d'une légitime défense, je faisais mes dispositions pour entrer dans cet endroit à l'appui de nos forces; mais, en arrivant près d'une vaste place, quelle ne fut notre suprise en voyant prés de 200 femmes de tout âge, dans leur costume de fête, rangées en ligne et accueillant avec des cris de joie l'approche du premier peloton, tandis que deux groupes considérables d'hommes endimanchés nous saluaient par des décharges continuelles et des hourras en l'honneur des pelisses blanches.
Bientôt nous fut expliquée cette ovation inattendue qui m'avait induit en erreur : ces braves gens, prévenus la veille qu'un escadron de hussards français devait passer quarante-huit heures dans leur endroit, eurent l'idée de transformer en façon de petite guerre les réjouissances du mariage d'un des plus riches habitants du pays, qui, justement, avait lieu le jour de notre arrivée. Il est facile de concevoir la satisfaction des hussards et combien fut agréable notre séjour au milieu d'une population aussi bienveillante. Ce ne fut que galas, danses et plaisirs où bien certainement la noce du riche cultivateur ne fut pas la seule consommée. Mais, ce qui ajouta au bonheur de cet événement, c'est que dans la nuit qui devait précéder notre départ, arriva au colonel l'ordre de garder les cantonnements de son régiment jusqu'au 31 décembre" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 290).
Officier du 5e Hussards, d'après Jacques François Joseph Swebach, dit Swebach-Desfontaines (Metz, 1769 ; Paris 1823) : "Charge de Hussards sous l'Empire". Huile sur toile 0,71 x 0,69 cm, conservée au Musée des Beaux Arts de Lyon. Cette toile, acquise en 1875 par don de Bernard Jacques, est apparemment aujourd'hui disparue. Il apparait en 1912 dans l'ouvrage de Paul Dissard "Le Musée de Lyon, les Peintures" (à gauche). |
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Officier du 5e Hussards, sans date, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un portrait du Musée de l'Armée |
Officier du 5e Hussards, sans date, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source un portrait du Musée de l'Armée
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Officier du 5e Hussards, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique qu'il s'agit d'un Officier de la Compagnie d'élite. Le type est visiblement inspiré de Fort |
Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Basset, planche 66 (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
- Espagne (1809)
En Espagne, à la date du 8 mars 1809, figurent au sein du 4e Corps, sous le Général de Brigade Wathier (en expédition à Alcaniz), 12 Officiers et 80 Hussards du 5e Régiment; ces hommes, commandés par le Chef d'Escadron Labiffe, font toujours partie du 1er Régiment provisoire de Hussards sous les ordres du Colonel (sic) Lanougarède.
Signalons aussi que dans une situation en date du 10 décembre 1809, on trouve encore à l'Armée du Nord, commandée par le Maréchal Bessières, un 1er Régiment provisoire de Hussards, commandé par le Colonel Simon, dans lequel figure un détachement du 5e Hussards (alors que le 1er Régiment provisoire de Hussards a été en théorie dissous par Décret impérial en date du 4 mars 1809).
Le 18 décembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il y a en Espagne sept régiments de chasseurs, et 5 de hussards. Il paraîtrait par les états que m’a remis le ministre Dejean qu’il resterait encore 1100 chevaux aux 7 régiments de chasseurs, lorsqu’ils auront fourni tout ce qu’ils doivent aux régiments provisoires et de marche, et 700 chevaux au 5 régiments de hussards, après qu’ils auront fourni ce qu’ils doivent aux mêmes régiments. Il sera donc possible de former un nouveau régiment de marche de chasseurs, et un nouveau régiment de marche de hussards ... Les 5 régiments de hussards qui auront à leurs dépôts 700 chevaux, après qu’ils auront fourni tout ce qu’ils doivent fournir, les enverront à Versailles pour former le 7e régiment de marche ... Des 4 régiments de hussards, le 5e aurait 50 chevaux, le 7e, 80, le 8e, 50, le 9e, 80. Ces 540 chevaux pourraient former un 8e régiment de marche. Présentez-moi un projet d’ordre pour la formation de ces 4 régiments de marche" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3829 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22646).
k/ 1810
Au 1er janvier 1810, la Division de cavalerie légère du Général Montbrun, composée des Brigades Pajol (5e Hussards, 11e et 12e Chasseurs) et Jacquinot (7e Hussards, 1er et 2e Chasseurs), doit former l'extrême arrière-garde de Davout. A cette date, elle est cantonnée dans les environs d'Enns (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 393).
Dans les premiers jours de janvier 1810, Davout retire ses troupes d'infanterie dans le pays de Salzburg, et la Brigade Pajol, suivant le mouvement, occupe, le 5, Mondsee par le 5e Hussards, Wocklabruck par le 11e Chasseurs, et Wolfsegg par le 12e Chasseurs. La Brigade Jacquinot est établie à Waitzenkirchen, Grieskirchen et Haag (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 394).
Le 5e Hussards, Brigade Pajol, Division Montbrun, a quatre Escadrons de guerre à l'effectif total de 41 Officiers, 947 hommes et 1043 chevaux présents, 47 hommes sont aux hôpitaux et l'effectif total comprend 1220 hommes 1166 chevaux.
Le Régiment est à Voklabruck.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 1er janvier 1810, la division de cavalerie légère se dirigea sur le pays de Salzbourg, province bavaroise; nous fûmes d'abord à Swenstadt, frontière du Tyrol, et à Mondsée, charmante petite ville près d'un lac superbe, où le régiment dut s'établir jusqu'à l'écoulement du corps d'armée du maréchal Davout. Ce fut de cet endroit que le général Montbrun m'appela près de lui, à son quartier général de Woklabruck, pour me charger de la rédaction du rapport des opérations de sa division pendant la dernière campagne.
Ce travail long, minutieux, surtout fort minutieux, qui devait être adressé au ministère de la Guerre, m'occupa plus de deux mois, rien que pour préparer et classer les matériaux que les différents corps de la division devaient faire parvenir. Cette fatigante occupation fut adoucie par toutes les bontés du général et les recherches qu'il mettait à m'être agréable. Il me dit un jour qu'il avait reçu l'avis positif que le 5e Hussards prendrait ses quartiers d'hiver sur les bords du Rhin pour aller ensuite tenir garnison en France. Cette perspective, si peu analogue à mes goûts, me fit réclamer de lui sa protection, auprès du ministre de la Guerre, pour être envoyé en Espagne, seul pays où nous fissions la guerre. Il me promit d'appuyer ma demande, ajoutant que lui-même comptait réclamer cette faveur. En effet, trois semaines après, le ministre lui répondit que nombre de demandes semblables à la mienne lui avaient été faites par des officiers de tous grades, mais qu'il aurait égard à celle qui me concernait, et que, pour preuve de son bon vouloir il m'autoriserait à venir à Paris lorsque je lui en ferais la demande, afin d'y attendre la réalisation de mes désirs. Cependant, très reconnaissant de la faveur que le général venait d'obtenir pour moi, je pris avec lui l'engagement de ne profiter de la bienveillance du ministre qu'après l'entière confection de travail dont j'étais chargé" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 292).
"Le 18 janvier, une circulaire ministérielle dissout les 9es compagnies ou compagnies de dépôt des régiments de hussards, et prescrit que pendant 1810, les régiments seront maintenus au complet de 4 escadrons en officiers; chaque escadron au complet de 240 hommes, trompettes et sous-officiers compris, et 200 chevaux; au total 960 hommes et 800 chevaux par régiment, non compris les chevaux d'officiers" (in La Giberne, 2e année, N°7, page 221).
Le 7 février 1810, "On propose à Sa Majesté de nommer à l'emploi de major du 5e régiment de hussards le sieur Hollosy, chef d'escadron au 3e régiment de même arme" ; l'Empereur répond "Rejeté, proposer un autre sujet" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4000; sans signature ni date; extraite du "Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 7 février 1810").
Pajol, après s'être entendu avec les autorités locales pour les cantonnements de ses Régiments, répartit les divers Escadrons dans les villages qui présentent le plus de ressources. Les divers mouvements sont terminés le 20 février 1810. Mondsee devient le point de ralliement du 5e Hussards ; le Quartier général de la Brigade est à Aurolzmunster (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 395).
La paix est désormais certaine, et la mission des troupes de Davout ne présente plus une grande importance. Pajol, qui souffre beaucoup de ses blessures, demande un congé de convalescence, pour aller prendre les eaux, qui lui sont ordonnées par les médecins. Il produit, à l'appui de sa demande, un certificat de visite délivré par MM . Barrère et Beaufils, Chirurgiens-majors au 5e Hussards et au 12e Chasseurs, constatant qu'il porte plusieurs cicatrices (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 395).
"1810.
État-major.
Nous soussignés, docteurs en médecine et chirurgiens-majors du 5e régiment de hussards et 12e de chasseurs à cheval, certifions que M. le baron Pajol, général de brigade à la division de cavalerie légère, est porteur de plusieurs cicatrices : la première avec adhérence, située au tiers inférieur et externe du bras gauche, suite d'un coup de feu qui a fracturé l'humérus avec éclat, et qui, dans son trajet, a divisé en partie le muscle coraco-brachial, ainsi qu'une portion du court extenseur du triceps ; la grande perte de substance empêche le bras d'exécuter différents mouvements, tels que ceux de la flexion, et gène considérablement l'articulation du bras avec l'avant-bras.
La deuxième cicatrice est située à trois travers de doigt au-dessous de l'ombilic, du côté droit ; la troisième cicatrice, à l'extrémité inférieure et interne de la troisième phalange du médius de la main gauche, provenant d'un coup de baïonnette, qui a divisé le tendon fléchisseur du même doigt ; la quatrième cicatrice, située au côté externe et supérieur de l'œil gauche.
Nonobstant ces infirmités, M. le général Pajol souffre considérablement de douleurs rhumatismales, qui se fixent particulièrement à l'articulation du bras avec l'avant-bras, du côté blessé, et qui se manifestent surtout lorsqu'il y a changement dans l'atmosphère.
En conséquence, nous estimons que M. le général a besoin de faire usage des bains, et qu'il doit profiter de la première saison pour aller prendre les eaux thermales.
BARRERE. BEAUFILS." (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 460).
Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
ARMÉE D'ALLEMAGNE ...
Le grand quartier général, les grandes administrations, les parcs généraux d'artillerie et du génie, et tout ce qui appartient à l'état-major général de la Grande Armée, sont dissous à dater du 1er avril prochain.
Les états-majors et administrations, et tout ce qui tient à l’organisation des 2e et 4e corps et de la réserve générale de cavalerie, sont dissous conformément aux dispositions prescrites par des décrets des 7 et 18 février dernier.
En conséquence ... La brigade de cavalerie légère du général Pajol est destinée à rentrer en France ; elle sera cantonnée autour d'Ulm et d’Augsburg, aussitôt que le prince d'Eckmühl n'en aura plus besoin du côté de l’Inn et aura fait la remise des nouvelles provinces au roi de Bavière ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).
Le Régiment se porte sur Braunau où il forme la haie le 16 mars pour la réception de Marie-Louise, qu'il escorte le même jour jusqu'à Augsbourg. Il revient dans ses cantonnements qui sont ainsi répartis : deux Escadrons à Salzbourg, un à Scharding et un entre Ried et Braunau.
le 18 mars 1810, Hippolyte d'Espinchal écrit, depuis Woklabruck, à son père : "Voici donc une paix qui semblerait solidement cimentéé avec l'Autriche par le mariage de l'archiduchesse Marie-Louise, venant partager la couche impériale de Napoléon; cet événement n'est pas le moins extraordinaire de la vie de cet homme étonnant, dont l'alliance est regardée aujourd'hui par la maison de Lorraine comme un véritable bienfait.
J'ai vu de mes yeux ce fait incroyable, dont je puis d'autant mieux vous retracer tous les détails que mon régiment s'y trouvait appelé par son service et, grâce à l'obligeance du général Montbrun près duquel je suis constamment resté, rien ne m'est échappé.
La petite ville de Braunau, frontière de l'Autriche et de la Bavière, située sur l'Inn, près de laquelle le 5e Hussards était en quartier, fut choisie pour la courte résidence que devait y faire l'Impératrice, aussitôt après la cérémonie de sa remise mais, comme il n'y avait aucune maison convenable pour établir le palais, on fut obligé d'en louer plusieurs attenant l'une à l'autre, dont on perça les murailles pour y construire des portes, d'étage en étage, agrandir ainsi lès appartements et faciliter les communications ; tout ce travail fut fait en peu de jours; le palais improvisé et meublé avec un luxe extraordinaire; la corbeille et les présents de noce dont la magnificence était admirable furent étalés et disposés dans un des premiers salons de l'Impératrice.
Tout ce que le luxe le mieux entendu, le bon goût et la richesse peuvent offrir d'élégant et de recherché fut déployé avec ordre. Tous les vêtements, le linge, etc., etc., avaient été faits à Paris d'après les propres modèles à l'usage habituel de Sa Majesté; mais, au milieu de tant de belles choses, ce qui nous frappa le plus, ce fut la petitesse du pied, à en juger par les souliers qui avaient été faits d'après des chaussures envoyées de Vienne.
A une petite lieue de la ville, sur l'extrême limite des deux frontières, déclarée neutre pour la circonstance, il avait été construit une baraque en bois, divisée en trois salons : un du côté de la France, un autre du côté de l'Autriche, et celui du milieu plus grand que les deux autres. Ce dernier salon devait servir pour la cérémonie de remise.
Du côté de l'Autriche, il avait été élevé un dais magnifique sous lequel était un fauteuil de drap d'or.
Ce trône faisait face à la porte d'entrée de France. Deux portes latérales étaient disposées de ce même côté. Sur la droite du trône, était une table ronde recouverte d'un tapis d'une grande richesse, sur laquelle devaient se faire les signatures des procès-verbaux de remise. Une vaste enceinte était destinée, de chaque côté de la baraque, pour le placement des voitures des deux cortèges; de belles avenues d'arbres verts avaient été plantées et aboutissaient à la grande route, tant du côté de l'Autriche que du côté de la France.
Le 16 mars au matin, le cortège autrichien arriva à Altheim, petite ville à une lieue de la baraque ; l'Impératrice s'y arrêta pour quitter ses habits de voyage et faire sa toilette. A midi, elle entra dans le salon autrichien suivie de son cortège; elle s'y reposa un instant et vint ensuite dans le grand salon, précédée par le maître des cérémonies d'Autriche, se plaça sur son trône, tous les personnages de sa cour à droite et à gauche, sélon leur rang; la dernière ligne étant formée par les plus beaux officiers de la garde noble hongroise, dont l'uniforme est si riche et si beau.
L'Impératrice étant debout sur son trône, sa taille elevée était parfaite, ses cheveux étaient blonds et ses yeux bleus fort doux, son visage respirait la fraîcheur, mais sa physionomie était peu expressive et froide.
Elle avait une robe de brocart d'or, brochée de grandes fleurs de couleurs naturelles, qui par sa pesanteur devait la fatiguer beaucoup.
Elle portait, suspendu à son cou, le portrait de Napoléon, enrichi de plusieurs magnifiques solitaires, que l'on disait valoir plus de 500 000 francs.
La cérémonie de la remise se fit avec toutes les prescriptions qu'en avaient reçues les commissaires des deux nations et, après les procès-verbaux signés, Marie-Louise, accompagnée du prince de Neuchâtel, fut introduite dans le salon français où l'attendait la reine de Naples qu'elle embrassa et qui lui présenta nominativement les dames et les officiers de sa maison ; toutes les formalités remplies, le prince de Trauttmansdorff demanda à Sa Majesté la permission de lui baiser la main en prenant congé d'elle. Le cortège autrichien vint ensuite, selon le rang des personnes, baiser la main de la princesse : tous les serviteurs même du rang le plus inférieur furent admis à porter à ses pieds l'hommage de leur respect, de leurs regrets et de leurs voeux pour son bonheur.
Les yeux de la princesse étaient mouillés de larmes et elle paraissait fort affectée de cette séparation. Après un moment de repos, l'Impératrice monta en voiture pour se rendre à Braunau; la division d'infanterie du général Friant, celle de cavalerie légère du général Montbrun et l'artillerie, étaient en bataille, près de la route. Sa Majesté passa au milieu des lignes sans témoigner aucun sentiment de satisfaction, ni de bienveillance; un détachement du beau 7e Hussards remplaça l'escorte hongroise qui l'accompagnait, le général Montbrun se plaça près la portière de droite, un écuyer de l'Empereur à celle de gauche; la princesse fit arrêter un moment la voiture pour faire ses adieux à ses compatriotes elle agita plusieurs fois son mouchoir et se retira précipitamment dans le fond de la voiture.
En arrivant en ville, le général Pajol vint au-devant de l'Impératrice, avec l'état-major de la division, pour l'escorter jusqu'au palais en passant sur le front du 5e Hussards, fort de 1000 chevaux, les officiers tout resplendissants d'or avec la pelisse blanche pendante, le dolman bleu de ciel et la ceinture cramoisie, l'étendard se baissa pour la saluer et trois salves de toute l'artillerie furent faites au moment où elle entrait dans sa résidence.
Le colonel du régiment, à la tête du premier escadron, vint aussitôt prendre le service au palais; peu après, le prince de Neuchâtel présenta tous les officiers appartenant aux corps présents à Braunau. Le soir, il y eut un banquet pour les sous-officiers et soldats des deux divisions et les officiers furent invités chez les généraux.
L'Impératrice parcourut en calèche les lieux où les tables étaient établies, et une illumination de la plus grande beauté termina cette journée remarquable. Le lendemain, l'Impératrice, escortée par différents détachements de mon escadron échelonné à des distances de 4 lieues, quitta Braunau pour aller à Munich où l'attendait le roi de Bavière.
Le colonel Meuziau, moi et le lieutenant Victor Oudinot, fils du maréchal, nous accompagnâmes Sa Majesté deux relais; le cortège se composait de 83 voitures ou fourgons, 454 chevaux de trait et huit de selle, qui devaient être employés à chaque relais.
Tel est le détail exact de cet événement mémorable dont je suis charmé d'avoir été le témoin par la place qu'il doit occuper un jour dans l'histoire, formant le voeu qu'il ne devienne pas aussi désastreux que l'alliance de cette infortunée Marie-Antoinette, dont la présence aussi promettait à la France des jours de bonheur et de prospérité ...
Il parait que nous allons bientôt nous acheminer vers le Rhin pour aller ensuite tenir garnison en France; cette perspective, si contraire à mes goûts, m'a fait faire des démarches pour obtenir d'aller en Espagne, comme étant le seul lieu en ce moment où l'on puisse attraper des coups et de l'avancement; si je réussis dans mes désirs, ainsi que j'ai tout lieu de l'espérer, j'aurai la douce satisfaction de vous embrasser avant de passer les Pyrénées; cette idée réjouit mon coeur et j'en devance la pensée comme une espérance de bonheur" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 293).
Le 20 mars 1810, le Duc de Feltre écrit, depuis Paris, à Davout, Commandant en chef l’Armée d’Allemagne : "... Quant à la cavalerie de l'armée d'Allemagne :
La brigade de cavalerie légère du général Pajol, composée du 5e régiment de hussards et des 11e et 12e régiments de chasseurs, est destinée à rentrer en France. L'intention de Sa Majesté est que cette brigade soit cantonnée autour d'Ulm et d'Augsbourg, aussitôt que Votre Excellence n'en aura plus besoin du côté de l'Inn et aura fait la remise des nouvelles provinces à Sa Majesté le roi de Bavière ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1652).
Le 25 mars 1810, Pajol, dont les Régiments ont été réunis peu de jours auparavant à Wocklabrück et Schwannstadt, achemine deux Escadrons du 5e Hussards sur Salzburg et laisse les deux autres Escadrons de ce Régiment dans l'Innwierthal : l'un à Scherding, l'autre entre Ried et Braunau (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 398).
Officier du 5e Hussards en tenue de campagne, 1810-1812, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 54) |
Chef d'Escadron, 5e Hussards, tenue de campagne, 1810-1812, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari). La source indiquée est Rousselot. |
"Dix jours après le passage de l'Impératrice, la division reçut l'ordre de se diriger sur Augsbourg où le quartier général devait s'établir avec les troupes en cantonnement dans les environs, tandis que le 5e Hussards occuperait l'Invertel jusqu'à la prise de possession de ce pays par la Bavière à qui le traité l'avait concédé. Quant à moi, je dus suivre le général afin de continuer mon travail. Nous vînmes coucher à Landshut le 30, et le lendemain, à la petite ville de Freising, peu distante de Munich, ce qui engagea le général à aller présenter ses hommages au roi de Bavière; il m'emmena avec lui. Nous arrivâmes d'assez bonne heure dans cette belle capitale qui m'était déjà si bien connue, et, le soir même une audience du roi fut accordée pour le lendemain matin, le général ayant eu l'obligeance de solliciter pour moi cette même faveur.
Introduits dans son cabinet, nous le trouvâmes seul; sa réception fut bienveillante et tout à fait familière : après avoir témoigné au général Montbrun toute son admiration sur sa brillante conduite dans cette dernière campagne, Sa Majesté daigna me parler de mon père et de l'attachement qu'elle lui conservait, attachement dont les preuves n'étaient point équivoques, puisque c'était à ce sentiment que je devais l'honneur d'être décoré de son ordre militaire. Elle s'informa avec le plus grand intérêt de mon frère et de ses blessures : "Sire, lui dis-je, mon coeur est aussi reconnaissant qu'il y a neuf ans, et le souvenir des bontés dont Votre Majesté comblait ma mère dans son exil et sa misère ne s'effacera jamais de mon coeur." Le roi me donna une petite tape sur la joue avec un sourire paternel et se tournant vers le général : "J'espère, lui dit-il, que vous resterez au moins deux jours et que ma table sera la vôtre"; puis me faisant un signe qui prouvait qu'il me comprenait dans cette invitation, il ajouta : "Commençons par déjeuner en petit comité", en se dirigant vers une salle où le service était dressé; mais quelle ne fut pas la surprise du général, en déployant sa serviette, d'y trouver la plaque et le grand cordon de l'ordre militaire de Bavière.
Il était impossible de voir plus de bonté et de simplicité dans les manières de cet excellent prince, jointes à beaucoup de rondeur et de gaieté dans l'esprit; il aimait surtout à rappeler l'époque où il était en France en qualité de colonel (sous le règne de Louis XVI), alors prince Max des Deux-Ponts, et logeant toujours chez mon père lorsqu'il venait à Paris. "Qui m'eût dit, lorsque j'étais colonel, que je deviendrais un jour souverain m'eût bien surpris, ajouta-t-il, il a fallu bien des décès et bien des événements imprévus pour arriver où je suis." II professait pour l'Empereur un dévouement sans borne ; il affectionnait aussi particulièrement le prince Eugène, son gendre, qui rendait sa fille si heureuse, et conservait pour ses anciens amis d'avant la Révolution des sentiments qui ne se sont jamais démentis.
En sortant de table, le roi fit venir un chambellan (le comte de Vichy, émigré français), lui recommandant de nous faire visiter sa belle résidence : "Surtout, dit-il, n'oubliez pas la galerie de tableaux". Là, j'eus lieu d'éprouver un sentiment d'orgueil et d'amour-propre qui m'expliqua la délicate recommandation du roi.
Je vis le portrait en pied de mon arrière-grand-père, Gaspard d'Espinchal, généralissime des armées bavaroises ...
Pendant le peu de temps que nous restâmes à Munich, nous eûmes l'honneur d'être admis à la table de la famille royale; à la suite de ce diner, nous assistâmes à un magnifique concert où nous pûmes admirer les nombreuses beautés de la cour, et, le lendemain, nous passâmes une partie de la journée avec le roi dans sa délicieuse résidence de Nymphembourg où il venait souvent se délasser des fatigues et de l'ennui de la représentation; le soir, nous prîmes congé de Sa Majesté, pénétrés des bontés dont elle nous avait comblés.
Le roi me chargea d'écrire à mon père, en daignant ajouter avec bonté que ma visite lui avait fait plaisir.
Lorsque nous arrivâmes à Augsbourg, quartier général de la division, nous y trouvâmes le général Pajol qui venait de recevoir l'autorisation d'aller à Paris avec l'espérance d'avoir un commandement en Espagne. La ville étant occupée par un superbe régiment de chevau-légers bavarois, commandé par le comte de Seyssel, émigré français, les régiments de la division furent répartis dans d'excellents villages des environs où ils restèrent deux mois dans l'attente d'aller sur les bords du Rhin et de là en France, pour y tenir garnison" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 297).
- Départ du régiment pour la France; contre-ordre; arrivée à Stenay
Lieutenant en 1810-1811, d'après le Manuscrit de Marckolsheim. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
et daté de 1946 |
Officier du 5e Hussards 1810, d'après la planche 109 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
Lieutenant d'après le Manuscrit de Marckolsheim; dessin de L. Rousselot |
Le 5e Hussards, qui a reçu l'ordre de rentrer en France, se concentre, le 29 mai à Salzbourg.
Le 30 mai 1810, Pajol part pour la France. Il remet le commandement de sa Brigade au Colonel Désirat, du 11e Chasseurs, et lui donne toutes les instructions nécessaires à la mise en route des trois Régiments de la Brigade (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 399).
Le 5e Hussards commence le mouvement et vient de Salzburg, par Wasserburg, à Augsburg, où il se réunit au 11e Chasseurs. Ces deux Régiments se dirigent alors sur Ulm, où ils rallient le 12e Chasseurs. La Brigade entière se dispose à se rendre à Strasbourg, lorsqu'un ordre direct du Ministre de la Guerre lui prescrit d'aller à Mannheim. Le 5e Hussards, le 11e et le 12e Chasseurs, conduits par le Colonel Désirat, prennent par Kircheim la route de Stuttgard, d'où ils se portent à Mannheim par Enzweihingen, Maulbronn et Heidelsheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 399).
L'effectif du 5e Hussards est alors de 48 Officiers et de 1136 hommes non compris 23 hommes aux hôpitaux. Il est cantonné aux environs de Manheim à Wiesenthal.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Le 6 juin, la division se mit en marche passant par Ulm, Gaissling, première ville du Wurtemberg, puis Stuttgard, capitale de ce beau royaume. Le roi habitait alors sa belle résidence de Louisbourg près de la ville, où le général Montbrun espérait aller lui présenter ses hommages, mais Sa Majesté lui fit témoigner le regret qu'elle éprouvait de ne pouvoir le recevoir, étant retenue dans son lit par un violent accès de goutte.
Le 10 au matin, nous rencontrâmes en sortant de la ville l'ambassadeur persan avec sa suite nombreuse ayant quitté Paris depuis quelques jours pour retourner dans son pays.
A l'aspect des troupes, il fit arrêter sa voiture, mit pied à terre pour les voir défiler. Le général lui fit rendre les honneurs dus à sa haute position ; il en fut tellement flatté qu'il lui offrit en partant un magnifique sabre courbe, enrichi de pierres fines, que celui-ci mit aussitôt à sa ceinture.
Le soir, nous vînmes coucher à la petite ville de Faïchigen où plusieurs particuliers achetèrent les chevaux du général Pajol, laissés lors de son départ pour Paris.
Le lendemain, en arrivant à Pforzheim, le général trouva des ordres du ministre de la.Guerre changeant la destination du 5e Hussards et du 11e Chasseurs qui, au lieu d'aller à Strasbourg, devaient se rendre à Manheim et environs pour y prendre quartier jusqu'à nouvel ordre, tandis que le 7e Hussards, le 10e et le 12e Chasseurs continueraient leur marche sur France pour y tenir garnison.
Nous prîmes séjour à Carlsruhe, capitale du grand-duché de Bade, et la résidence habituelle du souveraindont l'épouse était la princesse Stéphanie, nièce de l'impératrice Joséphine. Son absence me priva de lui présenter mes respectueux hommages.
En arrivant à Bruchsall, nous trouvâmes la population dans la douleur et les larmes par la mort subite du prince évêque de Spire dont le séjour prolongé en cette ville avait été marqué par de continuels bienfaits.
Ce digne prélat, d'un âge fort avancé, craignant d'être surpris par la mort, avait fait des dispositions testamentaires par lesquelles il instituait ses héritiers tous les pauvres de la ville; il avait plus de 200000 livres de rentes.
Le lendemain, nous parcourûmes un magnifique pays pour arriver à Heidelberg, ville célèbre par son université; le château qui la domine date de l'an 1013; il devait être très remarquable et surtout d'une vigoureuse construction à en juger par sa conservation qui est du plus grand intérêt.
Dans une des salles basses voûtées, se trouve un foudre monstre sans pareil pour y faire le vin; sa grandeur démesurée est vraiment phénoménale ; on y descend par un escalier tournant et, dans le fond, on pourrait danser une contredanse de seize personnes.
Cette cuve extraordinaire, qui pourrait contenir une partie du vin du pays, ne sert jamais, mais est parfaitement conservée par les habitants, qui la montrent avec une espèce de vanité, comme étant unique dans son genre.
Ce fut le 16 juin, que nous arrivâmes à Manheim, lieu de notre destination provisoire; le général Montbrun et deux escadrons du 5e Hussards y furent établis, tandis que le reste du régiment et le 11e Chasseurs occupaient les environs dans de fort bons cantonnements.
La beauté de la ville, son heureuse situation et la réception bienveillante des habitants furent d'un heureux augure pour le séjour que nous devions y faire; nous tardâmes peu à nous convaincre combien étaient fondées nos espérances, par l'empressement avec lequel nous fûmes accueillis par la nombreuse société de cette ville, dont les sympathies étaient si bien acquises aux Français. Un autre avantage non moins apprécié était la proximité de la mère patrie, que nous pouvions aborder au moyen de quelques coups de rames aussi prîmes-nous fort gaiement la détermination d'attendre patiemment l'ordre qui devait nous faire passer sur la rive gauche du Rhin.
Manheim était, au moment de la Révolution française, une belle et forte ville du Palatinat, au confluent du Necker et du Rhin. Considérée comme un point stratégique de la plus haute importance, les Français s'en emparèrent en 1793; reprise deux ans après par les Autrichiens, ceux-ci en furent de nouveau chassés et les fortifications complètement détruites. Manheim fit alors partie du grand-duché et de la confédération du Rhin; c'est à dater de cette époque que la ville répara ses désastres et perdit le triste avantage d'être un poste militaire. Elle fut rebâtie sur un plan régulier, plusieurs monuments remarquables par leur architecture s'élevèrent rapidement, des habitations agréables se créèrent, et les rues, tirées au cordeau, embellirent cette charmante cité, placée sous la protection de la grande-duchesse Stéphanie qui, voulant y fixer sa résidence habituelle, y fit construire un beau palais en dehors de la ville et transformer les fortifications en un parc superbe, ayant le Rhin pour limite. L'Empereur, en faisant de Manheim le séjour de sa nièce, présida lui-même à la création de cette belle résidence où respiraient la grandeur et la somptuosité; les appartements en étaient ravissants de fraîcheur et de luxe, les meubles d'un goût exquis, et lorsque nous y arrivâmes, les habitants attendaient avec la plus vive impatience la présence de leur bien-aimée souveraine, retenue à Paris par les fêtes qui s'y donnaient.
Les casernes, l'arsenal, ainsi que le théâtre, sont de fort beaux bâtiments : ce dernier, surtout remarquable par son genre d'architecture, était occupé par une excellente troupe de comédiens et un orchestre pouvant rivaliser avec les meilleurs de l'Allemagne.
Le musée Stéphanie est aussi un monument très distingué, joint aux curiosités qu'il renferme et servant de casino, où se réunissaient les personnes les plus marquantes de la ville; les officiers du régiment furent priés de vouloir bien l'honorer de leur présence et plusieurs bals qui s'y donnèrent nous mirent tout à fait en rapports assez intimes avec la société assez nombreuse de la ville; tant d'agrément et de plaisir, joint aux charmes d'une jeune veuve, me firent facilement oublier le travail monotone dont j'étais chargé et retardèrent l'autorisation que j'avais d'aller à Paris..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 302).
Le 23 juin 1810, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre, depuis Saint-Cloud : "Monsieur le duc de Feltre, mon intention est de placer le 11e régiment de chasseurs et les 5e et les 12e de hussards, à Verdun, à Saint-Mihiel et à Stenay. Faites-moi connaître quand ces régiments arriveront à Mannheim, afin que je donne des ordres pour qu'ils soient dirigés sur ces garnisons. Ce qui me porte à choisir ces villes, c'est qu'il paraît que les fourrages y sont à bon marché. Dirigez les dépôts de ces régiments dans ces trois lieux" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4180 ; E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4311; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23810).
Le 8 juillet 1810, l'Empereur décide depuis Rambouillet : "Les dépôts des 5e hussards et 11e et 12e chasseurs se rendent de Namur, de Neuf-Brisach et de Maëstricht à Stenay, Verdun et Saint-Mihiel" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 4214); "Ordres donnés par le ministre pour le transfert des dépôts des 5e hussards, 11e et 12e chasseurs à Stenay, Verdun et Saint-Mihiel - Le ministre de la guerre, dans quinze jours, me proposera un projet de mouvement pour ces trois régiments. Mon intention est d'attendre quinze jours pour voir si les affaires de Hollande se finissent paisiblement, auquel cas je ferai rentrer ces régiments à leurs dépôts" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4378).
Fin juillet, la Brigade ayant reçut une seconde fois l'ordre de rentrer en France, part pour Strasbourg, en suivant la rive gauche du Rhin, et y arrive dans les premiers jours d'août.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "Ce fut après un séjour de sept semaines que le régiment dut quitter Manheim pour se diriger sur Strasbourg; j'emportai avec moi la conviction d'en garder un long souvenir.
Deux jours après, nous arrivâmes à Rastadt, célèbre dans les fastes de notre Révolution par le Congrès qui s'y tint et l'assassinat des ambassadeurs français qui y furent égorgés, à l'instigation des Jacobins, afin de jeter ensuite l'horreur de ce crime sur les Allemands.
Deux heures après notre arrivée en cette ville, je partis pour Bade, distant seulement de deux lieues, où je savais que la grande-duchesse résidait depuis une huitaine.
Sa réception fut remplie de grâce et de bienveillance; cette aimable et excellente princesse daigna se rappeler les douces et agréables soirées de Mayence, chez l'impératrice Joséphine, dont elle déplorait le triste sort. Son Altesse Impériale m'engagea à passer la soirée près d'elle et me fit l'honneur de prendre mon bras pour visiter les promenades et la foire qui avait lieu dans le bas de la ville.
Le séjour de Bade à l'époque de la saison des bains est une vie de délices, de fêtes et de jouissances; les étrangers de distinction y accourent de tous les coins de l'Europe, plutôt pour s'y amuser que pour y chercher la santé.
Le château, situé sur le sommet d'une montagne, au milieu de la ville, dut être construit vers la fin du XIVe siècle. Ses tourelles gothiques, ses portes, ses fenêtres en ogives produisent un effet pittoresque et agréable à l'oeil et, malgré l'ancienneté de ses constructions, la grandeur démesurée des salles et la mauvaise distribution des appartements, la princesse, qui vient assez habituellement y passer l'époque de la saison des bains, en a tiré tout le parti possible. Meublés avec autant de goût que de luxe, ses vastes salons sont souvent remplis par les étrangers qui s'empressent de venir offrir leurs hommages à la belle et gracieuse souveraine de ce magnifique pays. Il y eut ce même soir au château une brillante et nombreuse réunion, composée en partie de dames russes, anglaises et françaises, qui se termina par un bal charmant pendant lequel j'eus l'honneur de danser plusieurs fois avec Son Altesse Impériale qui eut l'extrême bienveillance de me prescrire de prolonger mon séjour de vingt-quatre heures, afin de me faire admirer les sites ravissants des environs de Bade et de parcourir ses belles forêts, entretenues avec un soin vraiment remarquable.
Je passai encore la matinée près de la princesse Stéphanie qui eut l'extrême bonté de me retenir à déjeuner, après quoi je pris congé de Son Altesse Impériale en lui exprimant toute ma reconnaissance du bienveillant accueil dont elle avait daigné m'honorer. La distance à parcourir pour aller à Strasbourg n'étant que de huit lieues, j'arrivai avant la nuit au chef-lieu du département du Bas-Rhin, où je rejoignis le régiment ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 311).
Le 5e Hussards part de Strasbourg le 6 août.
Le 4 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai reçu votre lettre du 2 juillet. Vous m'y faites connaître que les 4e, 5e, 7e et 8e régiments de hussards ont mille ou douze cents hommes au-dessus de leur complet mais comme plusieurs de ces régiments sont en Espagne, je ne sais comment vous avez pu faire ce calcul, la situation des régiments qui se trouvent dans ce pays variant d'un instant à l'autre. Cependant, si ces régiments ont trop d'hommes en France, comme mon intention est de n'accorder aucune augmentation de fonds pour leurs dépenses, il faudrait en prendre un bon nombre pour recruter la gendarmerie. Faites-moi un rapport là-dessus" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24229).
Le 6 août 1810, le 5e Hussards part de Strasbourg pour se rendre à Stenay (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 402).
Le 18 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre à chacun des régiments de la brigade Pajol (5e de hussards, 11e et 12e de chasseurs), qui vient de repasser le Rhin pour prendre ses cantonnements à Stenay, Verdun et Saint-Mihiel, de mettre en marche pour Tours, leur 4e escadron complété à 250 hommes, en les complétant avec les hommes qui n'ont pas fait la guerre et ceux qui ont rejoint depuis Wagram.
Donnez le même ordre au 4e escadron du 24e de chasseurs et au 4e escadron du 13e idem. Cela formera 5 escadrons ou 1250 hommes qui se réuniront à Tours. Proposez-moi de les former en régiments provisoires et de leur donner une destination pour l'Espagne sous un bon général de brigade. Envoyez à Tours deux colonels en second pour organiser ces régiments et en prendre le commandement ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1692 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4510; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24349).
Le 5e Hussards arrive tenir garnison à Stenay où est déjà son Dépôt.
Hippolyte d'Espinchal écrit : "... Mon premier soin en arrivant à Strasbourg fut d'aller chez le général Montbrun qui, la veille, avait dirigé le 5e Hussards sur Stenay pour y tenir garnison; il me fit une petite semonce en trouvant le travail, dont il m'avait chargé, aussi peu avancé, me signalant que je ne quitterais la ville qu'après le lui avoir remis, et ajoutant, à toutes les pièces que j'avais déjà, une nouvelle masse de papiers sur laquelle j'avais à m'occuper plus d'un mois; mais fort heureusement il m'adjoignit un sous-officier du 11e Chasseurs; ce jeune homme, élève de l'école militaire de Fontainebleau ayant un véritable mérite, n'avait point été fait officier à cause d'un duel malheureux qu'il avait eu avec un de ses camarades; mais le général, qui s'intéressait à lui, avait promis qu'il serait fait sous-lieutenant aussitôt notre travail terminé; aussi nous y mimes-nous avec ardeur.
Peu de jours après, le général, mandé à Paris pour y présider la commission de cavalerie, nous installa dans son logement qu'il avait arrêté pour trois mois et me laissa la surveillance de ses équipages jusqu'à ce qu'il les fit venir à Paris, ce qui me procura l'avantage d'être somptueusement logé sans bourse délier.
Déjà quinze jours s'étaient écoulés, travaillant sans relâche dans le désir de terminer le plus promptement possible, lorsque je reçus une lettre du général contenant ma commission pour le 2e Hussards, faveur qu'il avait obtenue pour huit officiers de sa division et qu'il espérait pour lui-même; il m'engageait à terminer mon travail le plus tôt possible, à le lui porter à Paris et m'enjoignait aussi de faire partir ses équipages sur-le-champ.
Douze jours après, mon travail étant terminé, je me rendis à Stenay pour régler toutes les affaires que je pouvais avoir au régiment et y prendre mes équipages. Là, en passant par Bar-sur-Ornain, je me rendis à Jeand'heurs, superbe résidence du maréchal Oudinot; j'y trouvai le général Pajol, son gendre, et Victor Oudinot qui, en sortant d'être premier page de l'Empereur, avait été nommé lieutenant au 5e Hussards et placé dans ma compagnie, je passai trois jours dans ce magnifique manoir où je fus accueilli avec toute sorte de bienveillance.
Les liens d'estime et d'amitié qui vous unissent sur un champ de bataille ont une force qu'on ne peut rompre sans le plus violent chagrin : aussi l'instant où il fallut me séparer de mes braves camarades fut si douloureux que je serais volontiers resté si j'en eusse eu la faculté; mais j'en éprouvai du moins la douce consolation d'emporter les regrets de mes bons et braves compagnons d'armes qui voulurent me donner une dernière marque de leur affection, en m'offrant un banquet dans lequel de nombreux toasts furent portés au souvenir du passé et à l'espérance de l'avenir. En quittant le brave et beau 5e de Hussards, dont je ne me serais jamais séparé s'il eût continué de faire la guerre, j'eus la consolation de passer dans un autre régiment dont la brillante réputation était généralement répandue dans l'armée" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 312).
Le 15 septembre 1810, le 5e Hussards aligne 4 Escadrons totalisant 41 Officiers et 947 hommes.
Le 3 novembre 1810, à Fontainebleau, "On met sous les yeux de Sa Majesté la demande de démission faite par le sieur Andrieu, capitaine, quartier-maître du 5e régiment de hussards" qui est accordée (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4796).
Notons une petite anecdote citée par Frédéric Masson (L'impératrice Marie-Louise : 1809-1815) au sujet de l'Impératrice Marie Louise qui, en décembre 1810, s'intéresse à un nouvel instrument, l'organolyricon, qu'a inventé M. de Saint-Pern, Chef d'Escadrons au 5e Hussards.
- Espagne (1810)
En janvier 1810, figurent au sein des Réserves de l'Armée d'Espagne, 1 Officier et 30 hommes issus d'un détachement appartenant à l'Armée d'Allemagne, et intégrés au sein du 5e Régiment de marche de cavalerie qui se trouve à Tours.
Le 11 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre que le 5e régiment de marche de cavalerie, qui arrive le 16 à Tolosa, se partage là de la manière suivante : les 300 hommes appartenant aux 5e, 7e, 8e et 9e de hussards, dont les escadrons de guerre sont en Allemagne, se dirigeront sur Saragosse pour être incorporés dans le 4e de hussards ..." (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).
Le 19 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, Au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, les régiments provisoires de chasseurs et de hussards de l’armée du Nord doivent se rendre à Saumur, Versailles et Auch pour faire partie des 6e, 7e et 8e régiments de marche de cavalerie. Ainsi, par exemple, le détachement du 1er de chasseurs, qui est au régiment provisoire de chasseurs de l’armée du Nord se rendra à Auch pour se réunir à ce que le dépôt de ce régiment aura fourni pour faire partie du 8e régiment de marche, et ainsi de suite ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22903).
Le 12 avril 1810, l'Empereur écrit au Maréchal Berthier, depuis Compiègne "Mon Cousin (...). Donnez ordre que le 8e régiment de marche de cavalerie, qui part d'Auch le 22 avril pour arriver à Bayonne le 29, continue sa marche, savoir (...) les détachements des 5e, 7e, 8e et 9e de hussards, formant près de 500 hommes, sur Salamanque où ils seront incorporés dans le 3e de hussards (...)" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4145; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23424).
Le 29 mai 1810, l'Empereur écrit, depuis Le Havre, au Général Clarke : "Monsieur le duc Feltre, j'ai en Espagne cinq régiments de hussards et sept régiments de chasseurs. Je désire que vous me remettiez l'état, fait avec soin, de ces douze régiments, qui me fasse connaître ce qu'ils ont en hommes et en chevaux, ce qu'ils ont aux dépôts de France, enfin ce qu'il faudrait tirer de ces dépôts pour que ces douze régiments formassent 14.000 hommes. Vous me ferez connaître ce que pourraient fournir les dépôts de chasseurs et de hussards qui sont en France, pour atteindre ce complet. Je suppose que le déficit doit être de 3.000 chevaux on en ferait trois ou quatre régiments de marche.
Faites-moi connaître la situation de la cavalerie de l'armée de Catalogne, des régiments provisoires de cuirassiers, de chasseurs et du 24e régiment de dragons, et ce qui leur manque pour les porter à 6.000 hommes, sans envoyer aucun nouveau cadre en Espagne.
Tous mes régiments de cavalerie légère sont rentrés en France, hormis les deux régiments de la division Bruyère et les trois régiments qui sont dans les villes hanséatiques et en Hollande.
Il y a neuf régiments, trois de la brigade Pajol, trois qui sont dans le Nord et trois de la brigade Colbert, qui, je crois, pourront, fournir 200 chevaux. Il faudrait prendre des hommes qui n'eussent pas fait les campagnes d'Allemagne, ou du moins ceux arrivés les derniers. Par ce moyen, tous mes régiments de cavalerie qui sont en France n'auraient au plus que 600 chevaux ...
Faites un travail là-dessus avec le premier inspecteur et présentez-moi un décret ; cela diminuerait les régiments de cavalerie et les rapprocherait du pied de paix" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4259 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 23687).
Parquin, dont le Régiment, le 20e Chasseurs, est envoyé en Espagne, raconte également dans ses souvenirs : "je me mis en route le 5 juillet, précédant d'un jour le détachement pour établir les vivres, fourrages et logements. Ce fut pendant ce trajet, en passant par Bordeaux, où nous séjournâmes, que je fis connaissance avec le fils du maréchal Oudinot, qui dîna avec le commandant de Vérigny, Lauriston et moi. Le capitaine Oudinot sortait comme lieutenant du 5e régiment de hussards, et se rendait en poste auprès du prince Masséna dont il était l'aide de camp".
En août 1810, il est prévu de former deux Régiments provisoires de cavalerie légère ; seul le 4e Escadron du 5e Hussards y sera affecté (Rigo).
Le 22 août 1810, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre (...). Les 4e escadrons du 24e et du 11e de chasseurs formeront un régiment provisoire. Les 4e escadrons du 12e de chasseurs et du 5e de hussards en formeront un autre. Aussitôt que ces régiments seront formés, ils continueront leur marche pour Bayonne. Le régiment (...) formé du 11e et du 24e de chasseurs portera le nom de 1er régiment provisoire de cavalerie légère de l'armée d'Espagne, l'autre portera le nom de 2e régiment idem" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4527; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24395).
Le 2 septembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre rapport du 31 août. Il n'y a pas besoin de décret pour constituer les 4es escadrons des 11e et 24e de chasseurs en régiment provisoire, et les 4es escadrons du 12e de chasseurs et du 5e de hussards aussi en régiment provisoire, puisque la comptabilité doit toujours être par escadron. Il suffit, pour cela, d'un simple ordre de service ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 419; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24469).
Le 4e Escadron est envoyé au milieu de septembre à Tours pour contribuer à la formation du 2e Régiment provisoire de cavalerie légère destiné à l'Armée d'Espagne. Le 20 septembre, Isidore Lynch, Inspecteur aux revues de la 22e Division Militaire, assiste à la formation de ce nouveau Régiment, fort de 537 hommes. Tous les effets sont au complet chez les Hussards, sauf les pantalons hongrois, et les gilets et bonnets de police sont vieux ou en mauvais état. Le Régiment est placé sous les ordres du Colonel Maucomble, qui ne reste toutefois que peu de temps à ce commandement.
Le 28 septembre 1810, l'Empereur écrit depuis Fontainebleau au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux 1er et 2e régiments provisoires de cavalerie légère de l'armée d'Espagne, c'est-à-dire aux deux escadrons des 11e, 24e, 12e de chasseurs et 5e de hussards, formant 2.000 hommes et qui sont arrivés à Niort, d'en partir sans délai pour se rendre à Vitoria où ils seront sous les ordres du général Caffarelli.
Donnez ordre au général de division Caffarelli, mon aide de camp, de partir demain pour Vitoria, où il trouvera les ordres du prince de Neuchâtel" (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. III. 1809-1810" - lettre 4635; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24698).
l/ 1811
Chef d'Escadron en 1811 d'après Hippolyte Lecomte : "Reddition de Mantoue (2 février 1797)" - In Tradition N°71 |
Autre extrait du tableau d'Hippolyte Lecomte sur lequel on devine un autre Officier du 5e Hussards, de dos |
Officier du 5e Hussards d'après A. Yéjov; dessin publié dans Tradition N°266 |
En janvier 1811, inquiet de la tournure que prennent les événements d'Espagne, Napoléon ordonne la création d'une 10e Compagnie, ce qui doit permettre la formation d'un 5e Escadron. Le Colonel Meuziau s'occupe en janvier à Stenay de l'organisation de ce 5e Escadron destiné, suivant l'ordre ministériel prescrivant cette formation, à assurer toujours au Régiment quatre Escadron en dehors de l'Escadron détaché à l'Armée d'Espagne.
Le 6 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un projet de décret pour former un 5e escadron à huit régiments de cavalerie légère. Je n'ai pas signé ce décret parce que je préfère ne le signer que quand le travail de cette organisation sera tout préparé, c'est-à-dire vers le 10 mars. Chargez le général Colbert de passer la revue de ces régiments et de faire l'organisation sur le papier, c'est-à-dire de proposer la portion de tête qu'il faudra pour chaque escadron, et le nombre d'officiers et sous-officiers qui seront nécessaires. Vous me soumettrez le résultat de la revue et le projet de travail vers le 10 mars prochain" (Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25858). Dans la minute, il est ajouté : "aux 11e, 12e et 24e de chasseurs et aux 5e de hussards et aux 7e, 20e, 13e de chasseurs et 9e de hussards". La Copie d'expédition quant à elle (S.H.D., Guerre, 17 C 324, minute, Archives nationales, AF IV 888, février 1811, n° 49) ajoute le projet : "Napoléon Empereur des Français, etc. etc. etc. Décrète : Article 1er : Il sera formé un 5e escadron aux 11e, 12e, 24e de chasseurs et au 5e de hussards, de sorte que ces régiments puissent avoir 4 escadrons disponibles, indépendamment du 4e escadron qui est en Espagne. Article 2 : II sera formé un 5e escadron aux 7e, 20e et 13e de chasseurs et 9e de hussards, de sorte que ces régiments aient 2 escadrons disponibles, indépendamment des 3 escadrons qu'ils ont Espagne ".
Le Colonel présente le 6 mars au Général Colbert les candidats nécessaires à la constitution des cadres de cet Escadron. Le Général les accepte et fait dresser procès-verbal de cette revue.
Par Décret du 1er avril 1811, il est ordonné de former un 6e Escadron au 5e Hussards (Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome II; Paris, Lavauzelle, 1897-1906).
Le 4 avril 1811, l'Empereur écrit depuis Paris au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre à Paris :
"... Les quatorze régiments de cavalerie légère pourraient être réunis en brigades de la manière suivante : ... 3e brigade, le 5e et le 11e de hussards ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17558; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26510).
Le 17 avril 1811, l'Empereur, depuis Paris, écrit au Général Clarke à Paris :
"... Le 5e régiment de hussards et le 11e formeront une brigade; le 23e et le 24e de chasseurs en formeront une seconde; le 11e et le 12e de chasseurs en formeront une troisième. Présentez-moi trois généraux de brigade pour commander ces trois brigades, et donnez des ordres aux régiments pour qu'ils se mettent en état. Faites-moi connaître ce que chacune de ces brigades pourra avoir de prêt à partir au 1er mai ...
Faites-moi connaître combien au 1er mai ces régiments auront d'hommes à cheval, et combien ils en auront au 1er juin et au 1er juillet" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17617; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome II; Paris, Lavauzelle, 1897-1906).
Le 18 avril 1811, l'Empereur écrit depuis Paris au Général Dumas : "Monsieur le comte Dumas (...). Je voudrais porter à 1 100 hommes au lieu de 1 000 les régiments de carabiniers et de cuirassiers qui sont en France, et le régiment de hussards qui est en France ; que les 11e, 12e et 24e de chasseurs et le 5e de hussards reçoivent les 400 hommes qui leur manquent pour être au complet d'abord de 900 hommes ; et après cela, fussent portés à 1 000 hommes, c'est-à-dire reçoivent chacun 300 hommes de plus ...
Les régiments qui sont en Allemagne auront leur complet ..." (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. IV. 1811" - lettre 5356 ; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome II; Paris, Lavauzelle, 1897-1906).
Le 19 avril 1811, l'Empereur, depuis Paris, écrit au Général Clarke , Ministre de la Guerre, à Paris :
"Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
... 2° Le corps d'observation du Rhin ... La cavalerie sera composée des régiments suivants : 5e de hussards, quatre escadrons ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome II; Paris, Lavauzelle, 1897-1906; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753).
Le même jour, Napoléon écrit au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre à Paris :
"J'ai lu avec attention votre rapport sur la remonte des corps qui sont en Allemagne, en Italie et en France.
Je comprends très-bien que les dix régiments de cavalerie qui sont en Allemagne aient traité pour leur remonte en Allemagne et non à leurs dépôts, parce qu'ils ont préféré prendre leurs chevaux en Allemagne, comme mesure plus économique et plus expéditive; les selles et les hommes disponibles des dépôts leur auront été envoyés.
Faites-moi connaître quand la deuxième commande de chevaux pourra être faite. Je voudrais qu'elle fût faite pour tous les corps le plus tôt possible, mais surtout pour ceux de l'armée d'Allemagne, pour lesquels cette deuxième commande est de 1,600 chevaux ...
Remettez-moi un projet de décret pour ordonner une troisième commande, qui n'aura lieu qu'en juin et sur de nouveaux ordres que vous me demanderez en juin.
Mais cela ne paraît pas suffisant; il faut préparer une quatrième commande. Elle ne peut pas regarder l'armée d'Allemagne, puisque les corps de cette armée sont au complet de 1,100 hommes et de 1,000 chevaux ...
Il faut porter les ... 11e, 12e et 24e de chasseurs et le 5e de hussards à 900 chevaux ... Bien entendu que la quatrième commande n'aura lieu qu'après l'appel de la réserve.
Mon intention est de faire une cinquième commande, qui aura lieu au mois de septembre, et qui aurait pour but de porter tous les régiments à 1,100 hommes et à 1,000 chevaux..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17631; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome II; Paris, Lavauzelle, 1897-1906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26764).
La Russie et la France commencent à se préparer à la guerre. Napoléon confirme, à la date du 20 avril, la formation d'un Corps d'observation du Rhin. Le 5e Hussards, à Stenay, en fait partie. Son effectif est de 39 Officiers, 801 hommes et 891 chevaux, y compris ceux des Officiers.
Le 24 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois l'état n° 2 des 15 régiments de cuirassiers et des 12 régiments de cavalerie légère ...
Pour la cavalerie légère ... Les 4e, 5e, et 6e régiments de hussards doivent être portés à 1000 hommes et 900 chevaux ... Faites rectifier cet état qui m'a paru du reste clair et bien fait, et remettez-m’en un nouveau, en prenant pour base ce que je viens de dire et le décret que j'ai pris ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5386 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26823).
Le 11 juin 1811, depuis Saint-Cloud, l'Empereur écrit au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre à Paris :
"Je reçois votre lettre du 10 juin ...
Je désire que vous donniez ordre au 11e chasseurs qui est à Verdun, et ainsi voisin de Sedan, de fournir 30 chevaux au 1er régiment de lanciers. Ces chevaux seront fournis tout équipés; il faut que ce soit de bons chevaux, pouvant entrer sur-le-champ en campagne, et des équipements neufs. Cette remise sera faite avant le 20 juin, afin que ces détachements puissent partir le 20 de Niort, avec le 1er régiment de marche qui partira pour se rendre en Andalousie. Le 5e de hussards, qui est également voisin, lui en donnera 30 autres ; ce qui, avec ce qu'il y a au dépôt, formera un détachement de 120 hommes montés.
Vous porterez pour la quatrième commande, lorsqu'elle aura lieu, ces régiments (les 11e et 12e de chasseurs et le 5e de hussards), afin de leur remplacer leurs 30 chevaux..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27274).
Le 21 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le ministre de l'Administration de la guerre, me rendant compte que le 24e de dragons, le 15e et le 29e de chasseurs, ne recevront pas les chevaux de remonte pour lesquels ils étaient portés dans la 2de commande, il me paraît nécessaire que vous ordonniez les mouvements suivants :
... Donnez ordre aux dépôts du 23e de chasseurs de fournir 100 chevaux
... du 5e de hussards 70 ...
Total 710
Ces 710 chevaux seront dirigés, tous harnachés et en bon état, un homme menant 2 chevaux, savoir 410 sur Auch pour le 15e de chasseurs et 300 sur Carcassonne pour le 29e.
Il est indispensable que ce mouvement se fasse promptement afin que le 29e et le 15e de chasseurs puissent le plus tôt possible avoir tous leurs hommes disponibles en état de partir. Vous aurez soin de recommander qu'on n'envoie que de bons chevaux, en état de faire la guerre, ayant plus de 6 ans, et comme cette mesure est importante, vous rendrez le major de chaque dépôt responsable de la moindre fraude à cet égard, puisque ce serait compromettre des troupes qui vont entrer en campagne. Vous pouvez d'ailleurs ordonner au général le plus voisin du dépôt d'en passer la revue.
Je désire que vous me remettiez dans un tableau par colonnes horizontales l'indication jour par jour de ce qui doit partir et arriver tant pour les mouvements qui sont l'objet de cette lettre que pour ceux de même nature que j'ai précédemment ordonné" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5649 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27369).
Le même jour, 21 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "Monsieur le comte de Cessac, je viens de pourvoir au remplacement des 42 chevaux du 24e de dragons, des 260 du 15e de chasseurs et des 270 du 29e de chasseurs, dont vous m'annoncez, par votre rapport du 19 juin, que la fourniture est en retard. J'ai ordonné au ministre de la Guerre de faire partir sur-le-champ :
... 2° 710 chevaux, savoir :
... 70 du dépôt du 5e de hussards
... Sur ces 710 chevaux, qui seront conduits haut le pied, un homme menant deux chevaux, 410 seront dirigés sur Auch pour le 15e de chasseurs et 300 sur Carcassonne pour le 29e ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27382).
- Armée d'Espagne, le 4e Escadron à la bataille de Fuentes de Onoro
Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. |
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source le tableau de Lejeune
|
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source le tableau de Lejeune |
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique par erreur qu'il s'agit d'un Hussard en tenue de quartier. |
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après la planche 146 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno |
Le même donné dans l'ouvrage de J. M. Bueno : "Los Franceses y sus Aliados en Espana, 1808-1814", volume 2 |
Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. |
Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. |
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source un tableau de Lejeune
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Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique par erreur qu'il s'agit d'un Hussard en tenue de sortie de ville. |
Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après la planche 146 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno |
Le même donné dans l'ouvrage de J. M. Bueno : "Los Franceses y sus Aliados en Espana, 1808-1814", volume 2 |
Le 4e Escadron du Régiment, détaché à l'Armée d'Espagne, se distingue très particulièrement le 5 mai à la bataille de Fuentes de Onoro entre Masséna et Wellington. Au début de cette journée, le Général Montbrun, voulant attirer à lui une partie des lignes anglaises, s'avance contre la Division ennemie Houston, en plaçant devant son front le 4e Escadron du 5e Hussards déployé et masquant ses canons. Le 51e Régiment d'infanterie anglaise se porte alors en avant et Montbrun, démasquant ses pièces, l'écrase du feu de son artillerie.
"Le 5 au matin, le mouvement de l'armée française commença dès l'aurore. Loison s'ébranla pour marcher vers Pozo Velho, les divisions Marchand et Mermet en tête, la division Solignac en réserve. Il avait à sa gauche Montbrun avec 1,000 dragons et 1,400 hussards et chasseurs. Montbrun voulut d'abord balayer les Espagnols de don Julian, et lança contre eux sa cavalerie légère. Le général Fournier prenant Nave de Avel par la gauche, le général Wathier le prenant par la droite, chassèrent les Espagnols, en sabrèrent une centaine, et les rejetèrent au delà du Turones. Après avoir exécuté ce mouvement allongé, la cavalerie légère vint se réunir à Montbrun, et se ranger sur les ailes de la réserve de dragons. Pendant ce temps, Marchand se ployant par sa gauche vers le village de Pozo Velho, y dirigea la brigade Maucune. Ce village, entouré d'un petit bois, était gardé par les Portugais et par une partie de la division Houston. Les soldats de Maucune abordèrent vigoureusement les Anglais, les chassèrent du bois, les poussèrent sur le village où ils entrèrent baïonnette baissée. Ils y firent environ 200 prisonniers, et y blessèrent ou tuèrent une centaine d'hommes. Les Portugais s'enfuirent en désordre; les Anglais allèrent rejoindre la division Houston qui se retirait lentement, couverte par deux régiments de cavalerie, un hanovrien, un anglais, appuyant sa droite au ruisseau du Turones, et sa gauche à la division légère de Crawfurd qui accourait à son secours. La brigade Maucune, poursuivant les Anglais au delà du village, trouva en sortant la cavalerie de Montbrun qui s'avançait au grand trot après son expédition de Nave de Avel. A l'aspect de la ligne anglaise, que protégeaient deux régiments de cavalerie, Montbrun bouillant d'ardeur n'hésite pas à entrer en action, et dirige la compagnie d'élite de ses dragons sur la cavalerie ennemie. Cette poignée d'hommes commandée par le capitaine Brunel s'élance bravement sur les escadrons anglais, et les culbute sur l'infanterie de la division Houston. Cette charge, exécutée sous les yeux des soldats de Montbrun et de Maucune, excite dans les troupes une sorte d'enthousiasme, et elles demandent à marcher, croyant déjà tenir la victoire. Montbrun veut alors charger l'infanterie anglaise, qui se trouve sur un terrain favorable aux manœuvres de la cavalerie, mais qui est couverte par huit bouches à feu. Il fait demander quelques pièces à la batterie de la garde, mais celle-ci ne peut recevoir d'ordre que du maréchal Bessières, étiquette des troupes d'élite déjà bien funeste à Wagram. Ne pouvant les obtenir, Montbrun s'adresse à Masséna, qui, averti de cette difficulté, se hâte de lui envoyer quatre pièces de canon. Malheureusement il s'est écoulé une demi-heure pendant laquelle les troupes françaises ont eu le temps de se dépiter, et les troupes légères de Crawfurd celui d'arriver. Enfin Montbrun, pourvu de l'artillerie dont il a besoin, s'avance sur la division Houston, ayant en tête un escadron du 5e de hussards déployé pour cacher ses canons, les dragons au centre, un escadron du 11e de chasseurs à droite, un du 12e à gauche. Il marche ainsi se faisant précéder par une centaine de tirailleurs de la brigade Wathier, afin de provoquer le centre de la ligne anglaise. En effet, le 51e d'infanterie anglaise s'ébranle pour se porter en avant. Montbrun démasque alors ses pièces et le couvre de mitraille puis envoie sur lui les chasseurs qui étaient sur nos ailes. Les deux escadrons lancés au galop rompent le 51e anglais, et sabrent ses fantassins désunis. L'élan est donné, on marche sur la division Houston, et, en continuant de la pousser devant soi, on la sépare de son artillerie qu'on est près de lui enlever, lorsqu'en approchant du ravin du Turones on essuie presque à bout portant le feu d'une ligne de tirailleurs postés dans quelques enclos. Ce feu imprévu et bien dirigé arrête nos cavaliers, et la division Houston, après avoir perdu du monde, réussit à se retirer derrière le Turones, où elle retrouve don Julian; au même instant elle est remplacée sur le terrain par la division légère Crawfurd qui s'est avancée en toute hâte.
Masséna voyant la droite anglaise entamée, et en partie déjà rejetée au delà du Turones, ordonne au général Loison de faire avancer les divisions Marchand et Mermet, pour que débouchant de Pozo Velho, elles secondent l'effort de la cavalerie, et se portent aux environs de Fuentès d'Oñoro, qu'elles doivent prendre à revers. Ce mouvement continué avec vigueur, la droite des Anglais doit être renversée sur leur centre ainsi que l'a résolu Masséna. En même temps il profite de l'élan extraordinaire des cavaliers de Montbrun, pour les jeter sur Crawfurd, qui à l'aspect de notre cavalerie s'est formé en trois carrés, avec de l'artillerie dans les intervalles de chacun des trois.
Montbrun ordonne au général Fournier de faire attaquer le carré qu'il aperçoit à notre gauche par l'un de ses régiments légers, de fondre en personne avec les deux autres sur le carré du centre, qui est le plus considérable. Il ordonne au général Wathier de charger celui qui est à notre droite. Lui-même il suit avec ses dragons le mouvement de la cavalerie légère, prêt à l'appuyer lorsqu'il en sera temps.
Cette masse de cavalerie conduite avec une précision et une vigueur admirables, s'avance sous une horrible mitraille, que vomit l'artillerie placée entre les carrés anglais. Arrivés à portée de l'ennemi, les hussards et les chasseurs partent au trot, puis chargent au galop. En un clin d'œil le carré de gauche est enfoncé. Fournier pénètre lui-même dans celui du centre avec ses deux régiments. Quinze cents hommes de l'infanterie anglaise se rendent, et le colonel Hill remet son épée. Le carré de droite, protégé par un pli du terrain, échappe seul à ce désastre, et ne peut être entamé par le général Wathier. En ce moment de nouvelles décharges de mitraille pleuvent comme de la grêle surnos cavaliers. Le général Fournier, dont le cheval est tué, tombe à la vue de ses soldats, ce qui produit quelque émotion parmi eux. Les Anglais en profitent; une partie de ceux qui s'étaient rendus s'enfuient, et recommencent le feu; les autres, cependant, au nombre de quatre ou cinq cents, restent prisonniers. Montbrun, apercevant les ravages de la mitraille, et voyant venir sur lui toute la cavalerie anglaise, fait replier ses chevaux-légers, de crainte de n'avoir pas assez de monde pour les soutenir. Il demande à grands cris la cavalerie de la garde, et en outre l'appui de l'infanterie.
Témoin de ce spectacle, Masséna a déjà envoyé un officier pour faire avancer les 800 cavaliers de la garde : même réponse qu'à Wagram ! ... La cavalerie comme l'artillerie de la garde ne peut agir que sur un ordre du maréchal Bessières, qu'il faut aller chercher on ne sait où, sur ce vaste champ de bataille. La garde demeure donc immobile..." (A. Thiers : "Histoire du Consulat et de l'Empire, faisant suite à l'Histoire de la Révolution française". Tome douzième).
"Cependant Montbrun masquant son artillerie par un escadron du 5e de hussards, encadra sa petite réserve de dragons entre 2 escadrons des 11e et 12e de chasseurs, et jeta en avant de sa ligne une centaine de tirailleurs de la brigade Wathier. A peine avait-il terminé ces dispositions préliminaires, que le 51e de ligne britannique, avant-garde de la division Houstoa, s'avança fièrement à sa rencontre. Montbrun démasqua alors son artillerie, dont le feu ne tarda pas à faire chanceler cet imprudent régiment, qu'une charge des hussards et des chasseurs dispersa en un instant. Tandis que ses débris allaient chercher un refuge derrière la division légère, Montbrun rallia sa cavalerie" (général Koch : "Mémoires de Masséna rédigés d'après les documents qu'il a laissés et sur ceux du dépôt de la guerre et du dépôt des fortifications", tome 7).
Le Lieutenant Gondouin est tué et le Capitaine de Tarlé blessé. Le Sous-lieutenant Duval a son cheval tué sous lui. Martinien indique pour sa part que le Sous lieutenant Gondoin est blessé le 5 mai à la Bataille de Fuentès d'Onoro, et qu'il est tué en juin, étant en reconnaissance en Espagne.
Le 1er juin 1811, à l'Armée du Nord de l'Espagne commandée par le Maréchal Bessières, figure à la Brigade de cavalerie légère commandée par le Général Wathier, un 2e Régiment provsioire de cavalerie légère, dans lequel se trouve le 4e Escadron du 5e Hussards, commandé par le Capitaine Minville; cet Escadron est fort de 6 Officiers et 134 Hussards.
Le 21 août 1811, l'Empereur écrit au Général Clarke, depuis Saint-Cloud : "(...) Tout ce qui appartient aux 11e, 12e, 21e et 28e de chasseurs, et 5e de hussards, ne doit pas faire partie du régiment de marche de l'armée du Midi, parce que tous ces corps sont à l'armée du Nord; mais on les fera comprendre dans le régiment de marche de l'armée du Nord (...). Ainsi, on formera trois régiments de marche : (...) Le 1er du Nord, qui se composera des détachements des 1er, 5e, 9e de hussards; des 11e, 12e, 24e et 28e de chasseurs; ce régiment se formera, mais attendra de nouveaux ordres pour partir (...). Ainsi, il entrera donc en Espagne : (...) Le 1er régiment de l'armée du Nord (pour mémoire) (...) ce qui fera près de 4000 hommes qui entreront en Espagne dans le courant de septembre et déblaieront d'autant les dépôts" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6032 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28273 - cette dernière ne donne pas le 1er Hussards; quant à la minute (AF/IV/893, elle ne donne ni le 1er ni le 5e Hussards, mais seulement le 9e !).
Le 7 septembre 1811, au palais de Compiègne, l'Empereur décide :
"Décret.
ART. 1er. — Les 4es escadrons du 5e régiment de hussards et des 11e, 12e et 24e de chasseurs, formant deux régiments provisoires de l'armée d'Espagne, qui composent la brigade de cavalerie aux ordres du général Vatier, seront réunis en un seul régiment, sous la dénomination de 31e régiment de chasseurs à cheval.
- ART. 2. — Les 5es escadrons du 5e hussards et des 11e, 12e et 24e de chasseurs deviendront 4es escadrons de ces régiments.
ART. 3. — Le 31e régiment de chasseurs sera composé comme les autres régiments de chasseurs. Il aura son dépôt à Niort.
ART. 4. — La formation du 31e régiment de chasseurs datera du 1er septembre 1811. Le général de division Vatier sera chargé de cette formation. Le major se rendra à Niort pour organiser le dépôt.
NAPOLéON" (Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906).
Le même 7 septembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, envoyez sur le champ 600 paires de bottes, 600 pantalons d'écurie, 600 chemises, cols et autres effets de linge et chaussure dans la même proportion à la brigade du général Wattier. Faites partir ces effets de Bayonne et faites-en la retenue sur la masse de linge et chaussure. Cette brigade fait partie de l'armée de Portugal. Elle est composée de quatre escadrons, savoir : du 4e escadron du 5e régiment d'hussards et des 4e escadrons des 11e, 12e et 24e de chasseurs, dont je viens de former un nouveau régiment sous le titre de 31e régiment de chasseurs. Veillez à ce que les dépôts fassent passer à ce nouveau régiment ce qui lui appartient, mais le départ des effets de linge et chaussures est très pressé" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 1595; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28558).
Le 15 septembre, l'Armée du Nord de l'Espagne est commandée par le Général de Division Dorsenne.
Le 2 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Anvers, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Le général Defrance formera un escadron de ce qu'il y a de disponible aux 11e, 12e et 24e de chasseurs et au 5e de hussards, sous le titre d'escadron de l'armée du Nord, et il le dirigera sur Burgos ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6230 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28758).
Vers la mi-février 1812, Hippolyte d'Espinchal, désormais au 3e Hussards, écrit : "... J'eus l'agréable surprise de retrouver à Burgos plusieurs officiers du 5e Hussards qui, après avoir fait une campagne avec un escadron du régiment, venaient d'être incorporés dans le 31e de Chasseurs, nouvellement créé de plusieurs escadrons de cavalerie légère et mis sous les ordres du colonel Desmichels, jeune officier d'un grand mérite ..." (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 1, p. 352).
- Corps d'observation du Rhin
Chef d'Escadron Joseph Drouard en 1812; (Collections du Musée Historique Lorrain à Nancy) - Donné par B. Malvaux In Tradition N°71 |
Le Général d'Héry, ancien Colonel du Régiment, remplace le Général Colbert dans le commandement de la Brigade à la date du 6 août.
Le Capitaine de Laborderie est nommé Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 23 du même mois.
Le 7 octobre 1811, à Utrecht, l'Empereur signe un nouveau décret instituant la création d'un 6e Escadron dans chaque Régiment de Hussards. A l'avenir, les Compagnies doivent se placer ainsi : le 1er Escadron est formé par la Compagnie d'élite et la 7e Compagnie; le 2e Escadron comprend les 2e et 8e Compagnies; le 3e Escadron comprend les 3e et 9e Compagnies; le 4e Escadron est formé des 4e et l0e Compagnies, le 5e par les 5e et 11e Compagnies et enfin, le 6e et dernier Escadron par les 6e et 12e Compagnies. Cependant, la plupart des Régiments ne peuvent former le 6e Escadron avant la campagne de Russie et les Compagnies continuent d'escadronner comme en septembre 1801 avec un 5e escadron regroupant les 9e et 10e Compagnies.
Voici la composition d'un Régiment de Hussards à la veille de la campagne de Russie (d'après Rigo, in Tradition N°71) : un état-major comprenant 1 Colonel, 1 Major, 2 Chefs d'Escadron, 1 Quartier-maître trésorier, 1 Chirurgien major, 2 Chirurgiens aides majors, 2 Chirurgiens sous-aides-majors, 2 Adjudants sous officiers, 2 Artistes vétérinaires, 1 Vaguemestre, 1 Brigadier trompette, 4 Maîtres-ouvriers (sellier, tailleur, bottier et armurier) plus un nombre variable d'enfants de troupe.
Chacune des dix Compagnies est encadrée par 1 Capitaine, 1 Lieutenant, 2 Sous-lieutenants, 1 Maréchal-des-logis chef, 4 Maréchaux-des-logis, 1 Brigadier-fourrier, 8 Brigadiers et 2 Trompettes. En principe, chaque Compagnie compte 109 hommes dont un Maréchal-ferrant, mais le plus souvent, le nombre réel varie entre 97 et 104 Hussards, ceci avant la campagne de Russie.
Le 9 octobre 1811, à Utrecht, on soumet à l'Empereur la demande suivante : "On propose à Sa Majesté d'accorder une permission de quinze jours au colonel Meuziau, du 5e régiment de hussards, pour se rendre à Paris, où les affaires de ce corps nécessitent sa présence"; Napoléon appouve " (E. Picard, L. Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. IV. 1811" - lettre 6246).
Le Colonel est avisé, que par Décret du 4 décembre, le 5e Hussards doit être porté à l'effectif complet de 1100 hommes et 1000 chevaux, 1050 hommes et 975 chevaux sont affectés aux Escadrons de guerre et 50 hommes et 25 chevaux au Dépôt (Décret cité in Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906).
Le 23 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Ministre de l'Administration de la Guerre : "... Voici comment sera composée l'armée :
... Les régiments de cavalerie seront :
... 6 de hussards (les 7e, 8e, 9e, 11e, 5e et 6e) ...
Il est nécessaire que chaque régiment ait sa forge de campagne et son caisson d’ambulance ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29440).
Le 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre à Paris :
"Il sera formé douze brigades de cavalerie légère française et une brigade de cavalerie italienne. Ces brigades seront organisées et porteront les numéros suivants : ...
8e brigade, 5e et 9e de hussards; général de brigade, Burthe ...
Les généraux Corbineau, Saint-Geniès, Burthe et Mouriez, recevront l'ordre d'aller passer la revue des régiments de leur brigade, de recevoir les chevaux, et prendront toutes les mesures nécessaires pour que ces régiments puissent entrer en campagne le plus forts que possible en février. Ils verront le ministre de l'administration de la guerre pour prendre ses instructions. Ils séjourneront alternativement à l'un et à l'autre régiment ..." (Correspondance de Napoléon Ier. Tome 23, lettre 18365; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29458).
Le même 25 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée : "Monsieur le comte de Cessac, je vous envoie l'état de la formation des brigades de cavalerie légère, telles que je viens de les organiser. Vous verrez que chaque brigade a dès à présent son général de brigade, qui peut être chargé de présider aux remontes. Voyez ces généraux avant leur départ et mettez-les au fait de ce qui concerne leur brigade. Ils seront chargés d'en passer la revue, de veiller à la réception des chevaux et à ce que tout soit de bonne nature et susceptible d'un bon service. Faites-moi connaître où les quatre brigades doivent se remonter. Tous ces régiments doivent finir par se diriger sur Mayence, Düsseldorf et Munster. On pourrait même les réunir dans des points centraux sur le Rhin, si les remontes devaient venir de ce côté. J'attendrai un rapport là-dessus.
TABLEAU DE LA FORMATION DES TREIZE BRIGADES DE CAVALERIE LEGERE, ARRETE PAR ORDRE DE SA MAJESTE, DU 25 DECEMBRE 1811.
... 8e brigade, commandée par le général de brigade Burthe : 5e et 9e de hussards ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6528 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29465).
Le 29 décembre, depuis Paris, l'Empereur écrit au Ministre de la Guerre
"Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre aux généraux commandant les 5e , 6e, 7e, 8e et 9e brigades de cavalerie légère de partir avant le 3 janvier, pour aller passer la revue en détail de leur brigade. Donnez-leur ordre de faire partir au 15 janvier, savoir :
(...) 8e brigade. — Le 3e escadron du 5e de hussards, fort de 300 hommes, et le 3e escadron du 9e, de même force, qui se rendront avec leurs selles à Dusseldorf, pour y recevoir leurs chevaux ...
Si tous ces régiments ne pouvaient pas faire partir ces hommes en bon état au 15 janvier, ils en feraient partir la moitié ou le tiers à cette époque, et le reste partirait successivement tous les dix jours." (Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6545 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29515).
Le même 29 décembre 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée : "Monsieur le comte de Cessac ... Le général de brigade Burthe ira passer la revue des 5e et 9e de hussards. II fera partir le 3e escadron du 5e, fort de 300 hommes et le 3e escadron du 9e, de même force ; les hommes bien équipés, bien armés et avec leurs selles. Ces hommes se rendront à Düsseldorf où ils recevront leurs 484 chevaux sur les 600 qui doivent y être livrés. Ainsi :
La 5e brigade recevra à Hambourg. 320 chevaux.
... La 8e à Düsseldorf. 184
... Il est bien important que ces cinq brigades qui, au 1er décembre, avaient encore 1.400 ou 1.500 chevaux à recevoir des commandes, les reçoivent sans délai. Si elles pouvaient les avoir reçus en janvier, ces brigades se trouveraient alors en position d'entrer en campagne. Vous aurez soin d'ordonner que si les régiments qui doivent faire partir des détachements au 15 janvier ne pouvaient pas faire partir en bon état tous les hommes qu'on leur demande, ils aient à faire partir du moins la moitié ou le tiers du nombre indiqué. Chaque régiment enverra un chef d'escadron de confiance pour surveiller ses remontes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6560 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29528).
A noter qu'à cette époque, le 3e Escadron du 5e Hussard est apparemment en Espagne.
Portrait de Pierre Ferdinand Louis (Baron) Moffarts (Mossarts ou Mossant) tel que donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique qu'il s'agit d'un Officier de la Compagnie d'élite |
Portrait de Pierre Ferdinand Louis (Baron) Moffarts (Mossarts ou Mossant)
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Le même dessiné par notre ami E. Wagner, d'après un dessin de la Collection Knötel à Rastatt |
- Grande Armée
Officier du 5e Hussards
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Le 2 janvier 1812, l'Empereur écrit depuis Paris au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre Directeur de l'Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouverne l'organisation de la Grande Armée...
NOTE SUR L'ORGANISATION DE LA GRANDE ARMéE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d'observation de l'Elbe en fera deux; le corps d'observation de l'Océan en fera un; le corps d'observation d'Italie en fera un autre...
CAVALERIE. — BRIGADES DE CAVALERIE LéGèRE...
8e brigade, général Burthe : 5e et 9e de hussards...
... le lieu de réunion n'est pas encore fixé..." (Correspondance de Napoléon Ier. Tome 23, Lettre 18410; Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29642).
Par décret en date de Paris, le 11 janvier 1812, "Les sieurs Guy Spada, Thomas Severi et Marie-Louis Crispoldi, jeunes Romains, sont nommés sous-lieutenants de cavalerie légère et seront attachés dans ce grade aux 5e, 9e et 11e régiments de hussards" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5715).
Le 30 janvier 1812, l'Empereur écrit depuis Paris au Ministre de la Guerre :
"(...) Le 5e régiment de hussards a 600 hommes montés au dépôt. Ces 600 hommes formeront les trois premiers escadrons qui se rendront à Mayence. Les 300 hommes qui sont en Allemagne seront placés dans le cadre du 4e escadron. Ce régiment aura donc quatre escadrons et 900 hommes en Allemagne. Le 5e escadron restera au dépôt.
(...) Résumé. — (...) Le 5e de hussards aura quatre escadrons, et le 9e de hussards quatre escadrons.
Ainsi, cette division sera composée tout d'abord de quatorze escadrons, en attendant que les autres la rejoignent.
Faites mettre tout cela en marche du 1er au 10 février" (Commandant Margueron : "Campagne de Russie", première partie, tome III; Paris, Lavauzelle, 1897-1906; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6724 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29875).
Le Régiment, Brigade Burthe (5e et 9e Hussards), Division de cavalerie légère Wathier, fait partie au mois de janvier du 2e Corps de cavalerie de réserve sous les ordres du Général Montbrun. Son effectif est de 34 Officiers, 711 hommes présents, 82 chevaux d'Officiers et 632 chevaux de troupe.
Le 6 février 1812, l'Empereur, à Paris, dicte au Général Mathieu Dumas, Conseiller d’Etat, Directeur général des Revues et de la Conscription, sur les Divisions de défense et la répartition : "... OBSERVATIONS SUR LA CAVALERIE.
... Hussards.
5e, ôter 50 hommes ..."(Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6747 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 29917).
La Réserve de cavalerie, placée sous les ordres du Roi de Naples, constitue la plus formidable masse de cavaliers qu'on ait jamais vue. Elle comprend quatre Corps de cavalerie : Nansouty, Montbrun, Grouchy et Latour-Maubourg, plus un Corps de cavalerie autrichien aux ordres du Prince Schwartzenberg. En tout 16 Divisions.
Selon Marcel Dupont, le 5e Hussards a pour Général de Division Pajol, son ancien Général de Brigade, qui est à la tête de 3 Régiments de Hussards, de 3 Régiments de Chasseurs français et d'un Régiment de Lanciers prussiens. Sa Brigade est aux ordres du Général Burthe. L'effectif du 5e Hussards, au début de la campagne, est le plus considérable qu'il ait jamais connu : 1252 sabres. Cet effectif diminuera rapidement au cours des longues marches et des continuels combats d'avant-garde auxquels prit part le Régiment.
m/ Campagne de Russie
Officier du 5e Hussards, ancienne collection Castanié (In La Sabretache 1925)
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La guerre étant imminente avec la Russie, Napoléon commence à porter son armée sur la Vistule. Le Régiment part de Stenay le 9 février et arrive à Mayence le 23. Son effectif dans cette ville était de 648 hommes et de 661 chevaux, plus un détachement à pied de 305 hommes devant être montés au Dépôt général de cavalerie établi à Hanovre. Poursuivant sa route, il arrive à Francfort le 5 mars, puis à Hanovre et à Berlin et prend enfin ses cantonnements sur la Vistule.
L'armée française, par un mouvement général, se porte le mois suivant de la Vistule sur le Niemen. Le 5e Hussards, à l'effectif considérable de 1252 hommes et 1028 chevaux est avec Murat et l'Empereur entre Kowno et Wilna.
Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre à Paris :
"Monsieur le Duc de Feltre, les états des divisions militaires qui me sont remis aux 1er et 15 de chaque mois, en conformité des instructions données dans la dernière campagne, sont négligés dans leur rédaction ...
Je vois dans la 2e division militaire que ... le 5e de hussards (a) 50 (chevaux). Pourquoi tout cela ne part-il pas ?
... Donnez une instruction pour que ces états soient faits exactement au 15 et qu'ils m'arrivent le plus promptement possible." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30606).
Le 15 mai 1812, le 5e Hussards aligne 4 Escadrons totalisant 30 Officiers et 822 hommes. Le Régiment franchit le Niémen le 24 juin.
Le 3 juin suivant, Napoléon exige que les 4 Escadrons de guerre de chaque Régiment de Hussards regroupent un minimum de 1050 hommes.
Le 25 juin 1812, le Général Bordesoulle adresse deux rapports dans lesquels il mentionne le 5e Hussards :
- "8 heures du matin, Kormélov (AG) :
La reconnaissance que j'ai fait partir il y a une heure n'a pu aller aussi loin que celle que j'ai envoyée cette nuit, elle a trouvé les cosaques qui ont enlevé un parti de 45 hussards du 5e commandés par un capitaine nommé Montfort, qui était parti ce matin à 3 heures en suivant la rivière et s'engageant imprudemment dans des bois et passant des ponts rompus sans précaution. Un seul hussard de ce détachement s'est jeté dans le marais et a été sauvé par mon détachement; ce détachement n'a pas eu le temps de faire un coup de carabine ni de mettre le sabre en mains. Les cosaques sont revenus ce matin s'établir en avant du 3e village qui se trouve sur la route en avant de moi ; quelques cosaques se montrent aussi sur la rive droite de la Vilia depuis ce matin, à la hauteur de mes gardes.
Tous les rapports des habitants s'accordent sur la retraite de l'armée sur Vilna couverte par sa cavalerie légère, qui nous enlèvera plus d'un parti si nous ne les faisons marcher avec bien des précautions. J'en ai jeté plusieurs sur ma droite qui ont rencontré ceux du 2e et de la division Montbrun, qui les perdra tous s'ils marchent sans infanterie...".
- "Bordesoulle, Kormélov, 10 heures 1/2 (AG) :
Le lieutenant Chepy du 5e régiment d'hussards, faisant parti du détachement commandé par le capitaine Montfort, rentre à l'instant sur ma grand'garde de droite. Il me rend compte que son détachement s'étant trouvé coupé et enveloppé ce matin, le capitaine Montfort prit aussitôt, pour se retirer, le premier chemin vers sa droite à travers le bois. Comme il avait premièrement jeté 30 hussards du 7e hussards sur une autre route qu'il croyait prendre, il envoya le lieutenant Chepy pour ramener ce dernier détachement, qui, au moment où il arrivait, a été coupé de celui du capitaine et poursuivi pendant environ 3 heures dans les montagnes et les marais. Il ignore par conséquent ce qu'est devenu le capitaine et le détachement qui n'a pas encore paru sur ce point. Tout fait craindre qu'il ne soit enlevé. J'envoie sur toutes les routes des partis de 25 hommes d'infanterie et 25 chevaux pour avoir de ses nouvelles et de celles de l'ennemi. Il assure que le capitaine Montfort avait rallié la plus grande partie de ses éclaireurs et se retirait en bon ordre, lorsqu'il a été rejoindre son détachement, quoiqu'il eut à ses trousses un assez bon nombre de cavaliers. Tout porte à croire que le détachement marchait avec trop de confiance.
Les deux officiers ne peuvent savoir la perte de ce détachement, parce qu'ils espèrent que beaucoup d'hommes se retrouveront, mais jusqu'ici elle serait de près de 30 hommes s'il ne rentrait personne. Sur d'autres points, ils m'assurent avoir vu une assez forte colonne d'infanterie arrêtée au moulin de Janovo qui semblait avoir descendu la Vilia. Les paysans,qu'ils avaient questionnés sur ce point, lui avaient dit que le pont de Janovo était goudronné et prêt à être brûlé ; d'après deux rapports, celui fait par le hussard qui était en éclaireur le long de la rivière, n'était pas tout à fait exact. Les cosaques étaient revenus se placer sur un des ponts brûlés à la suite de l'événement arrivé au capitaine Montfort, ils se sont retirés à l'approche d'une reconnaissance qui ira aussi loin que possible en s'éclairant bien et sans se compromettre..." (L. G. F. [Gabriel Fabry]
: Campagne de Russie (1812). Opérations militaires - 24 juin-19 juillet).
Le 29 juin 1812, l'Empereur écrit, depuis Vilna, au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, envoyez-moi l'état nominatif des hommes qui ont été tués dans les 5e et 9e régiments de hussards, l'état nominatif des hommes des chevau-légers qui ont péri lors du passage du gué, enfin l'état nominatif des hommes tués ou pris ou blessés depuis le commencement de la campagne prenez des mesures pour que tout cela vous soit exactement envoyé, surtout pour les petites affaires et rencontres" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7380 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 31057).
- Affaire d'Inkowo
Le 5e Hussards en 1812 chargeant l'infanterie russe; gouache de l'époque, ASK Brown Military Collection; Gloire et Empire N°30 |
Hussard du 5e Hussards en 1812 (in D. Smith : Uniforms of the Napoleonic Wars)
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Le 1er juillet 1812, le 5e Hussards a ses 4 premiers Escadrons au 2e Corps de Cavalerie de la Grande Armée (Général de Division Montbrun) et fait partie de la 2e Division de Cavalerie légère (Général Sébastiani) 8e Brigade (Général Saint Genies); l'effectif est de 34 Officiers, 691 Hussards, 82 chevaux d'Officiers, 675 chevaux de troupe, 7 chevaux de trait.
Le 7 juillet à 6 heures 1/2 du soir , Murat écrit à l'Empereur depuis Swentsianouï :
"A peine j'avais fini mon premier rapport qui annonçait à Votre Majesté que l'ennemi occupait en force Vidzouï, que je reçois celui de la reconnaissance que j'avais ordonnée. Votre Majesté verra que je ne m'étais pas trompé dans mes conjectures, et que cette ville avait été évacuée dès hier dans la nuit. Je vais la faire occuper par la 2e division légère, avec ordre de pousser des partis sur Opsa, Drisviatouï, Rimchanouï et Oughor.
Je fais serrer la division Wattier sur le général Sebastiani, en avant du village de Kotscherghichki, et la division Defrance en avant de Daoughélechki ; deux escadrons du 5e hussards seront placés intermédiairement entre Swentsianouï et Daoughélichki au village de Déïounouï, se liant sur Linghinianouï avec la cavalerie légère du duc d'Elchingen ; le général Sebastiani s'unira aussi avec le 1er corps sur Kozianouï...
J'adresse à Votre Majesté copie d'un rapport du général Friant ; elle verra que nous ne sommes pas bien ici, ni pour les subsistances, ni pour les hôpitaux, et que nous sommes sans médicaments et sans chirurgiens. Le 2e corps de cavalerie ... éprouve absolument les mêmes besoins. Je prie Votre Majesté de nous porter bien vite sur la Dwina, si ce mouvement n'est pas contraire à son système d'opérations. Le général Montbrun m'annonce que nous avons fait 250 prisonniers à l'affaire du 6, au lieu de 130 que j'avais déclarés à Votre Majesté" (L. G. F. [Gabriel Fabry] : Campagne de Russie (1812). Opérations militaires - 24 juin-19 juillet).
En juillet, Napoléon marche rapidement sur la Duna pour empêcher la réunion des deux armées russes commandées par Bagration et Barclay de Tolly et faire capituler ce dernier dans son corps retranché de Drissa.
Le 15 juillet à 5 heures du soir, le Général Montbrun écrit à Murat, depuis Pérébrodé :
"Au reçu de la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, j'ai adressé l'ordre sur le champ à M. le général Burthe, de partir de suite avec le 9e régiment de hussards, et d'aller se placer sur la route d'ikazni à Drouïa, de manière à se mettre en communication avec M. le général Sebastiani qui doit être à Tschernévo, et communiquant avec moi à Pérébrodé. J'ai cru, on ne peut plus essentiel, de laisser le 5e hussards pour faire nos avant-postes sur Drissa et couvrir mes deux divisions de cuirassiers qui ne peuvent faire le service d'avant-postes; et attendu qu'en rentrant d'une reconnaissance que je viens de faire, j'ai rencontré un habitant qui est sorti la nuit dernière de Drissa et qui a rencontré ce matin environ 30.000 hommes en-deçà des retranchements sur la route que j'occupe et parmi lesquels il y avait beaucoup de cavalerie.
J'ai donné 6 louis à cet homme et l'ai envoyé sur Drissa pour connaître exactement le mouvement que font ces troupes. Il m'a promis de revenir cette nuit. Je mettrai le plus grand empressement à faire connaître à Votre Majesté ce qu'il m'aura rapporté. J'ai trouvé les Cosaques à une lieue et demie de mes avant-postes, sans avoir aperçu cependant aucun gros de troupes.
J'ai des reconnaissances qui sont constamment en course sur Drissa, et nous nous tiendrons sur nos gardes de manière à bien recevoir l'ennemi" (L. G. F. [Gabriel Fabry]: Campagne de Russie (1812). Opérations militaires - 24 juin-19 juillet).
Le 16 juillet à 3 heures du matin, le Général Nansouty rend compte que différentes patrouilles lancées vers Drouïa n'ont pas rencontré l'ennemi en avant de la ville : "... Le général Belliard m'avait mandé que le général Sebastiani serait à Milachova ; j'ignore s'il a occupé ce point; les reconnaissances envoyées sur ce point y ont trouvé une patrouille du 5e de hussards de 6 hommes ; le 9e et le 5e de hussards se trouvaient à une lieue en arrière de Milachova ..." (L. G. F. [Gabriel Fabry]: Campagne de Russie (1812). Opérations militaires - 24 juin-19 juillet).
Le même jour, à 7 heures du soir, Monlbrun écrit depuis Pérébrodé à Murat :
"L'ennemi a poussé une reconnaissance sur nos avant-postes de 150 chevaux et a attaqué brusquement et chargé nos vedettes et les petits postes qu'il a repoussés jusqu'à portée du bivouac du 5e de hussards. Ce régiment a monté à cheval; l'ennemi s'est retiré; il était 2 heures après-midi.
Le général Sebastiani est arrivé un peu tard prendre position ce soir à Malazezina où était déjà le 5e de hussards; demain matin cette division ira s'établir à Milachova et la 2e division de cuirassiers sera placée entre cet endroit et Pérébrodé.
Je marcherai demain matin avec le général Sebastiani pour aller reconnaître le pays en avant de Milachova sur Drouïa et Drissa. En rentrant, je m'empresserai de rendre compte à Votre Majesté de la position de Milachova et de ce que j'aurai appris sur celle de l'ennemi" (L. G. F. [Gabriel Fabry] : Campagne de Russie (1812). Opérations militaires - 24 juin-19 juillet).
D'après les renseignements fournis par Montbrun et Nansouty, il résulte que l'ennemi ne songe pas à prendre l'offensive; Murat estime que les Russes font mouvement sur Polotsk.
Barclay se dérobe, marche sur Witepsk et se dirige ensuite sur Smolensk pour rallier la seconde armée russe. Napoléon le poursuit jusqu'à Witepsk où il arrête la marche de son armée et lui accorde un repos de quinze jours. La cavalerie de Murat occupe aux premiers jours d'août le pays entre la Duna et le Dnieper vers Roudnia et garde tous les débouchés par où l'ennemi pourrait survenir. Le Régiment et la Division légère commandée par le Général Sébastiani qui a remplacé le Général Wathier, sont aux environs d'Inkowo. Selon l'Historique régimentaire, l'effectif total est alors de 920 hommes et 894 chevaux ; le Dépôt, resté à Stenay, comptait 253 hommes et 40 chevaux.
Le 26 juillet 1812, le Sous lieutenant Barthélemy est blessé dans une charge près de Witepsk.
Le Général Pajol, nommé Général de Division par décret daté de Vitebsk, le 7 août 1812, remplace le Général Sébastiani dans le commandement de la Division légère du 2e Corps de réserve de cavalerie, aux ordres de Montbrun. Cette Division se compose des trois Brigades des Généraux Saint-Geniez, Berthe et Subervie. La Brigade Saint-Geniez comprenait le 11e Chasseurs (Colonel Désirat) et le 12e (Colonel Guyon) ; la Brigade Berthe est formée du 5e Hussards (Colonel Meuzeau) et du 9e (Colonel Meunier) ; la Brigade Subervie, dite étrangère, se compose de trois Escadrons du 10e Hussards polonais (Colonel Uminsky), de trois Escadrons du 3e Chasseurs wurtembergeois et de trois Escadrons de Uhlans prussiens (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 32).
Barclay de Tolly reprend l'offensive. Son avant-garde composée des Cosaques de Platow et de la cavalerie du Comte Pahlen, surprend le 8 août la Division Sébastiani dans ses cantonnements. Elle résiste à toutes les attaques et enfin soutenue par le reste du Corps de Montbrun, repousse l'ennemi. Le 5e Hussards y perd le Hussard Fosco tué, et les Sous-lieutenants Forfeit et Scheurer, tués ou pris. Sont blessés le Lieutenant Nicolle (coup de flèche) et le Hussard Hock .
Maurice de Tascher, du 12e Chasseurs, note dans son journal à la date du 8 août : "A la pointe du jour, l'ennemi attaque la grand'garde (mort de Rouveau). Le général Montbrun charge avec un escadron du 5e hussards, repousse l'ennemi et est ramené. A 8 heures, notre brigade se porte en avant, passe le défilé, arrive sur l'ennemi et se trouve fort intérieure en nombre. Retraite en échelons, désordre, déroute et encombrement au défilé. Mon cheval tué, dévouement héroïque du brigadier Leclerc. Kalmouks et Baskirs : leurs flèches. Retraite jusqu'à Roudnia" (M. de Tascher : Le journal de campagne d'un cousin de l'Impératrice, 1806-1813).
Officier du 5e Hussards vers 1812 d'après l'Album de Weiland, édition de 1812 (donné par A. Pigeard in Tradition HS 4) |
Officier du 5e Hussards vers 1812 d'après l'Album de Weiland, édition de 1812 (fac-similé en noir et blanc publié par H. Achard, planche 28) |
Officier du 5e Hussards vers 1812 d'après l'Album de Weiland, édition de 1812 - fac-similé peint par Mr H. Achard ; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard |
Martinien donne à la date du 8 août, le Lieutenant Nicolle, blessé au cours d'un combat d'avant garde à Rogna.
Le même jour, Toll écrit à Barclay (A S P) :
"Parti cette dernière nuit avec l'avant-garde du général major comte Pahlen pour reconnaître la prochaine étape, le général major Denissof a découvert l'ennemi à deux verstes d'Inkovo et a engagé le combat. L'ennemi ayant été renforcé, le général major Denissof demanda du secours au général de cavalerie Platof qui lui envoya au plus tôt des régiments cosaques et de l'artillerie. Enfin l'ennemi fit avancer de grandes forces de cavalerie composées du 4e chasseurs à cheval, des 5e et 9e hussards, des 10e et 12e hussards du corps de Montbrun, du régiment de hussards polonais, d'un régiment wurlembergeois et d'un régiment prussien, le tout sous le commandement du général Sebastiani ; les Cosaques se sont particulièrement distingués dans cette affaire, et j'ose le dire, ont toujours eu le dessus sur l'ennemi. Le général major comte Pahlen accouru avec l'avant-garde, prit également part à l'action.
Les emplacements de camp me paraissent convenir pour y livrer un combat et il me paraît très désirable que votre excellence les examine.
Le général Platof s'est arrêté au village de Kosbutsa et son armée est sur la route de Roudnïa derrière Lechnïa. L'avant-garde du comte Pahlen est un peu en arrière. Dans cette affaire, les pertes des Français se sont élevées à 400 ou 500 hommes. Je vous envoie avec la présente le lieutenant-colonel de Saint-Peru commandant le 5e hussards qui m'a dit que le corps du général Montbrun à Roudnïa comptait 15.000 cavaliers, que Napoléon était parti de Vitebsk avec la garde, et que sans doute il réunirait bientôt toute son armée" (L. G. F. [Gabriel Fabry] : Campagne de Russie (1812). Opérations militaires (1er-10 août). Smolensk).
De son côté, le Lieutenant-colonel Tchouikevilch écrit à Barclay, depuis Molevo-Boleto (ASP) :
"Hier, dans la nuit, je suis parti avec l'avant-garde de notre armée pour reconnaître l'ennemi. A Kosbutsa, un parlementaire vint me trouver à l'avant-garde de la part du général Beurmann ; l'ayant gardé la nuit, je l'ai renvoyé aujourd'hui par une route tout opposée car il était venu pour des niaiseries. L'ennemi a été découvert aujourd'hui par l'avant-garde près de Molevo Boleto où se trouvaient les 9e et 5e hussards.
Le brave lieutenant-colonel Melnikov défit l'ennemi par un coup décisif sur son flanc sous Lechnïa et entre la maison seigneuriale et le village de Negotyma. L'affaire fut très chaude et dura sept heures. Sept régiments cosaques et une batterie à cheval de l'armée du Don furent engagés ainsi que le régiment de hussards d'Isjum. L'ennemi dut se retirer en toute hâte à l'arrivée des autres régiments de hussards et de l'artillerie à cheval et fut poursuivi jusqu'au village de Zalozia à cinq verstes de Roudnïa; presque tout le 2e corps de cavalerie de réserve du général Montbrun avait pris part à l'action. Les généraux Sebastiani, Beurmann et d'autres s'y trouvaient également ; d'abord trois régiments français, le 5e, le 9e et le 7e husards, le régiment de chevau-légers wurtembergeois et les régiments de lanciers prussiens et varsoviens furent seuls engagés ; puis arrivèrent de Roudnïa encore trois régiments de chasseurs à cheval et un de cuirassiers, ainsi que la division du général Sebastiani avec quatre pièces d'artillerie ; un seul régiment d'infanterie, le 24e léger, prit part au combat. Un colonel,un lieutenant-colonel, un major, huit officiers et 300 hommes de troupes furent faits prisonniers. Les prisonniers et les habitants assurent que le corps du maréchal Ney se trouve à Roudnïa. Napoléon se trouverait sur la route de Poriétsche non loin de Roudnïa, mais ils
ne savent pas où exactement. On suppose que le roi de Naples est à Nikoulino" (L. G. F. [Gabriel Fabry] : Campagne de Russie (1812). Opérations militaires (1er-10 août). Smolensk).
Le Général Pajol remplace le Général Sébastiani dans le commandement de la Division.
Napoléon porte rapidement son armée sur Smolensk par la rive gauche du Dniéper. N'ayant pu forcer les armées russes enfin réunies à une bataille décisive, il continue à les suivre sur la route de Moscou.
Selon Martinien, le Sous lieutenant d'Hane est blessé le 27 août, étant d'ordonnance près du Général Montbrun.
- Bataille de la Moskowa
Kutusoff prend en septembre le commandement en chef de l'armée russe. Il s'arrête à Borodino sur la Moskowa pour protéger Moscou. La bataille de la Moskowa s'engage le 7 septembre. Le 5e Hussards va, au cours de cette lutte acharnée, subir des pertes excessivement lourdes.
Le Corps de cavalerie de Montbrun est placé depuis le début de l'action en arrière du Corps du Maréchal Ney, au centre de la ligne française et presque en face de la grande redoute russe construite à la partie la plus élevée des hauteurs de Semenoffskoïé. Cette redoute est si formidable que nul n'ose lui donner l'assaut et qu'une canonnade effroyable, aussi bien du côté russe que du côté français, cause d'affreux ravages.
Les cavaliers de Montbrun, inactifs et résignés, subissent sans bouger ce torrent de feu. Déjà, le Colonel Désirat, commandant le 11e Chasseurs, a été tué; les cadavres des chevaux et des hommes commençent à s'entasser au milieu des rangs. Montbrun, furieux de cette boucherie inutile, se décide à prendre sur lui de changer la position qui a été imposée à son Corps de cavalerie. Déjà, il s'éloigne avec son Etat-major pour chercher un terrain défilé aux boulets russes, quand il reçoit dans le côté un projectile qui l'abat mourant sur le sol.
Trompette 1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177
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Aussitôt Auguste Caulaincourt, commandant la 2e Division de Cuirassiers, le plus ancien divisionnaire du corps Montbrun, le remplace dans son commandement. A ce moment, Murat arrive au galop venant de la droite de la ligne de bataille. Il inspecte rapidement le terrain en avant, croit distinguer que l'artillerie a suffisamment nivelé les parapets de la grande redoute et aussitôt, appelant Caulaincourt, lui ordonne de l'enlever avec la Division légère de Pajol et sa Division de Cuirassiers.
Emmenant Caulaincourt en avant de la ligne de bataille, il lui indique lui-même comment il entend que l'action soit menée. Tandis que la Division légère de Pajol sera lancée de front en direction de la redoute, Caulaincourt, avec les 5e, 8e et 10e Cuirassiers, prendra comme point de direction la droite de l'ouvrage et, après l'avoir dépassé, se rabattra sur la gauche et tentera d'y pénétrer par la gorge.
- C'est bien, dit Caulaincourt. Sire, vous m'y verrez tout à l'heure, mort ou vif. Revenant au galop vers l'Etat-major de Montbrun, il crie aux Aides de camp de celui-ci qui ne peuvent se consoler de la mort de leur chef : - Suivez-moi. Ne le pleurez plus et venez le venger.
La Division légère s'ébranle la première afin d'attirer sur elle le feu de l'ennemi. Elle passe sur le ventre des Bataillons russes déployés devant la redoute, mais doit refluer en arrière sous la mitraille partant des retranchements. Cependant, grâce à son héroïque sacrifice, Caulaincourt et ses Cuirassiers peuvent percer la ligne ennemie entre la redoute et Semenoffskoïé. Ceci fait, ils se rabattent à gauche et Caulaincourt, à la tête du 5e Cuirassiers, peut pénétrer dans le redoutable ouvrage où il trouve d'ailleurs une mort glorieuse.
A citer au 5e Hussards : Le Sous-lieutenant Hartmann prend dans une redoute deux pièces de canon et perd deux doigts de la main gauche par un éclat de mitraille. Le Chef d'Escadron Drouard, le Capitaine Chardon et les Hussards Suttrel et Tual-la-Montagne, sont tués. Le Sous-lieutenant Perrin, gravement atteint, meurt de ses blessures à l'hôpital de Mojaïsk.
Le Colonel Meuziau, commandant le Régiment, reçoit un éclat de biscaïen au pied gauche. Sont blessés les Capitaines Rockel (coup de lance à la machoire), de Laborderie (balle au téton gauche), Septe dit Rosis (coup de feu à la main droite), le Capitaine Adjudant major Galois (coup de feu au bras droit), le Lieutenant Laborie (coup de feu à la jambe gauche), les Adjudants Lefris (coup de feu à la jambe droite) et Petin (coup de feu à la jambe droite) et le Maréchal-des-logis Ruick (coup de biscaïen à l'estomac). L'Adjudant Petin est nommé quelques jours après Sous-lieutenant pour sa belle conduite. Le Régiment a aussi perdu une soixantaine de cavaliers.
Selon Martinien, les pertes sont les suivantes :
Tués |
Blessés |
Chef d'Escadron Drouard, Sous-lieutenant Perrein, |
Colonel Meuziau; Capitaines Rockel, Laborderie, Gallois, Laborie, Septé dit Rosis, Pierre; Mossarts; Lieutenant Duval de Beaulieu; Sous-lieutenants Hartmann, Durand, Beaumont, de Pierrepont et Muller |
- Poursuite de l'ennemi sur Moscou
Officier du 5e Hussards d'après E. Detaille, qui le date de 1805 |
Hussard, Compagnie d'élite, 1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 178 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Hussard, Compagnie d'élite, vu en France en février 1812, d'après Rigo, Le Plumet, planche U13 |
Hussard du 5e Régiment en 1812; portrait signé Duportal, vendu en 2009. La notice indique : "Duportal, miniature rectangulaire sur ivoire, signée en bas droite ; portrait d'un Hussard du 5e Régiment, il porte un dolman bleu céleste à tresses blanches, collet bleu liséré de blanc, boutons jaunes, ceinture rouge à passants blancs ; cadre en bois laqué noir à vue en laiton doré, ornée d'une frise de perles ; 78 x 58 mm. Époque Premier-Empire, 1812". |
Hussard du 5e Hussards en tenue d'écurie, 1812, d'après Bucquoy (La cavalerie légère)
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Murat poursuit immédiatement les Russes sur Moscou. La Division Pajol est à l'avant-garde.
Le 8 septembre 1812, la Division Pajol se met en marche vers Mojaïsk, formant l'avant-garde du Corps qui doit poursuivre l'ennemi, sous les ordres du Roi Murat. Le 11e Chasseurs, qui forme tête de colonne, à une assez grande distance des autres Régiments, est parvenu, après une heure de marche, au milieu d'une forêt que traverse la route entre Tatarinovo et Mojaïsk, lorsqu'il est assailli par une nuée de Cosaques. Pajol, qui conduit lui-même ce Régiment, lance deux Escadrons en fourrageurs ; mais les hommes et les chevaux sont si fatigués qu'ils ne peuvent éloigner les Cosaques. Il faut rallier les deux Escadrons et faire ouvrir contre les cavaliers ennemis un feu de carabines. Ce moyen ne réussit pas davantage. Les Cosaques abordent le 11e Chasseurs, et l'on se bat corps à corps. Au milieu de la mêlée, un Sous-officier de Cosaques se glisse derrière le Général ; il va le percer de sa lance, lorsque le Brigadier Huarn, du 5e Hussards, qui fait partie de l'escorte, étend roide mort l'audacieux Cosaque. Le gros de la Division, averti de ce qui se passe, accourt au galop, et dégage le Général Pajol ainsi que le 11e Chasseurs, qui a été fort maltraité (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 45).
L'Historique du 5e Hussards date cet épisode au 9 septembre 1812, et indique que le Brigadier Huarn du 5e Hussards, est blessé d'un éclat d'obus en dégageant son Général. A la fin du même Historique du 5e Hussards, il est également donné un Maréchal des logis Beaumont, blessé au bas ventre au combat de Mojaïsk.
Martinien indique que le Capitaine Chardon est tué au cours de ce combat devant Mojaïsk le 9 septembre.
Pajol est lui-même blessé quelques jours après à Krimskoë dans un des combats fréquents contre l'arrière-garde russe. Sont aussi blessés dans la même action les Sous-lieutenants du Régiment, Durand (coup de feu à la jambe gauche) et Beaumont (coup de biscaïen au ventre).
La poursuite continue très vive. Le 5e Hussards est fréquemment engagé en avant de Moscou. S'y distinguent : le Lieutenant Crozet qui fait prisonnier le Général Winzingerode, et le Lieutenant adjudant-major Drouard, très grièvement blessé, qui reste aux mains de l'ennemi.
Napoléon entre à Moscou le 15 septembre. Le 22 septembre, le Lieutenant J. Drouard est blessé au cours d'un combat devant Moscou (Martinien).
Napoléon quitte Moscou le 18 octobre. La Division Pajol est à l'avant-garde sur la route de Kalouga, et le Régiment incessamment engagé est sérieusement éprouvé.
Le Colonel Meuziau, blessé pour la seconde fois de la campagne, reçoit un coup de lance à l'épaule, et le Maréchal-des-logis Ruinck a son cheval tué sous lui dans le même combat.
Hussards du 5e Hussards, d'après Funcken "L'uniforme et les armes des soldats du 1er Empire", I |
Le Capitaine Richardot est fait prisonnier après avoir reçu de nombreuses blessures dont il meurt peu après. Le Sous-lieutenant Pierrepont, grièvement atteint d'un coup de lance et démonté, reste aux mains de l'ennemi. Le Capitaine adjudant-major Kauffer et le Capitaine Galois sont faits prisonniers.
Martinien note à la date du 18 octobre au combat de Winkowo, le Capitaine Richardot, blessé et mort; le Colonel Meuziau; les Lieutenants Epinat, Pfulb; les Sous Lieutenants de Pierrepont, Billette et Soyart, blessés.
Pantalon d'écurie de cavalier léger, 1812 (Extrait de l'album de croquis d'Adolphe de Thermes, bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Salon de Provence) - In Tradition N°71 |
Le Maréchal-des-logis Paquin, les Brigadiers Bertrand et Percevaux et les Hussards Talon, Rotin, Lamère et Guidat sont tués (à la fin de l'historique du 5e Hussards, tous ces noms sont donnés pour le combat de Mojaïsk).
- Retraite des Français sur la Vistule
La retraite de l'armée française se précipite en novembre par Smolensk, Wilna, Grodno et Koenigsberg. Le 5e Hussards, comme les autres Régiments de l'armée, fait des pertes très nombreuses.
Le Chef d'escadron Renno, les Capitaines Schleginski, Moffarts et Eymann, le Lieutenant de Partz de Courtray, les Sous-lieutenants Koeller et Latache de Fay, ainsi que l'Aide-chirurgien James, sont tués ou pris.
Martinien note à la date du 26 novembre le Capitaine Mossarts, blessé aux ponts de la Bérésina et mort.
Il indique également pour le 28 novembre, aux ponts de la Bérésina, le Capitaine Scheglinski, blessé. Le même jour, le Chirurgien-major Barrère se noie au passage de la Bérézina (donné par Martinien). Le Maréchal-des-logis-chef Deraet est blessé de plusieurs coups de lance le lendemain et l'Aide-chirurgien Rabasse fait prisonnier.
Le 10 décembre, le Sous lieutenant Leblanc est blessé au cours d'un combat devant Wilna.
Au total, seuls 58 hommes reviennent parviennent à regagner la Pologne.
n/ 1813
- Repli sur Berlin et sur l'Elbe
Officier, Compagnie d'élite,1812 (?), d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms |
Murat rassemble au mois de janvier les débris de la Grande-Armée sur la Vistule, et les échelonne de Dantzig à Varsovie. Son quartier-général est à Posen. Il quitte alors l'armée et en laisse le commandement au Prince Eugène. Le 15 janvier 1813, le 5e Hussards ne comprend plus que 3 Officiers et 52 hommes.
Une autre situation elle aussi datée du 15 janvier 1813, indique que le 5e Hussards (2e Corps de Réserve de cavalerie, 2e Division de cavalerie légère Exelmans, 8e Brigade Corbineau) comprend 19 Officiers, 101 Hussards, 24 chevaux d'Officiers et 46 chevaux de troupe.
Le 5 février, l'Empereur fixe la composition du 2e Corps de Cavalerie : il doit comprendre la 2e Division de cavalerie légère, sous le Général Pajol, dont la 8e Brigade doit recevoir le 5e Hussards.
Le 8 février, le Capitaine Kister est blessé au cours d'une affaire contre des Cosaques.
L'Empereur Alexandre, à la tête de la principale armée russe, franchit la Vistule et marche sur Berlin. Le Prince Eugène rétrograde par Francfort-sur-l'Oder et arrive à Berlin le 20 février. Le 5e Hussards perd dans cette retraite le Capitaine Scheglinsky fait prisonnier.
L'armée française part de Berlin le 4 mars et s'établit fortement sur la rive gauche de l'Elbe, de Dresde à Dessau. Elle assure ainsi la sécurité des Corps placés en arrière de ce fleuve et alors en pleine réorganisation.
Le même jour, Sigismond du Pouget, Marquis de Nadaillac, qui se trouve à Leipzig, malade, écrit dans son carnet de notes :
"Le 4 mars, départ de Leipzig pour Wittemberg. Le général Flahaut est arrivé à Leipzig rentrant de mission à Paris, vers le 16 mars. Il m'avait vu porté dans les bureaux de la Guerre ppour chef d'escadron dans le 5e régiment de hussards et regardait ma nomination comme chose faite.
Le Vice-Roi, auquel il a parlé, lui a promis qu'il s'occuperait de moi. Quelques jours avant, le général Latour-Maubourg lui avait écrit pour lui demander pour moi le grade de chef d'escadron.
Si tout cela manque ce sera bien malheureux !" (Carnet de la Sabretache, 1911).
- Réorganisation de la cavalerie
Plaque fantaisie avec semis d'étoiles, modèle 1810, troupe ou Sous officier, 5e de Ligne ou 5e Hussards (Collection C. B londieau). Donnée dans l'Encyclopédie des Uniformes Napoléoniens. |
Plaque de shako attribuée au 5e Hussards, conservée au Musée de l'Empéri, Collections du Musée de l'Armée, anciennes collections Jean et Raoul Brunon, Salon de Provence |
Plaque fantaisie à soubassement; modèle transition 1810-1812, du 5e de Ligne ou 5e Hussards; pièce de fouille, campagne de France. Donnée dans l'Encyclopédie des Uniformes Napoléoniens. |
Plaque pour shako de troupe, pouvant être attribuée au 5e Hussards. Plaque en cuivre jaune, présentée comme un "modèle fantaisie à soubassement fabriqué vers 1810"; plus vraisemblablement modèle 1812. "Motif à l'aigle impériale couronnée surmontant un large écu évasé, bordé d'une frise au trait et perlé, terminé aux extrémités par des mufles de lion, au centre, sur fond lisse, chiffre "5" découpé à jour, trace de l'empreinte d'un chiffre "6" sous la découpe. Bon état, au dos, fils de fer ressoudés modernes". Plaque vendue aux enchères en novembre 2011. Selon C. Blondieau, les 11 premiers Régiments de Hussards ont touché des plaques modèle 1812. |
Porte étendard en 1813 (?); L. Franke, Reutligen, d'après la collection A. Lockwood, 1935 (collection E. Wagner) |
5e Hussards au 12 février 1812, d'après Lienhart et Humbert, tome 4, planche 72, qui indiquent par ailleurs : "D'après un document de l'Epoque. - L'ordonnance donne : dolman rouge, collet bleu céleste, parement blanc". |
Hussards 1812, d'après Bardin (et Vernet) |
Hussard, 1812 (?), d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms |
Colonel du 5e Hussards à la fin d'Empire d'après "Recueil des uniformes de divers troupes françaises et étrangères au service de la France de 1806 à 1812"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, OA-475-PET FOL |
Officier du 5e Hussards d'après Grammont, sans indication de source ("Uniformes de l'armée française en 1812"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FOL-OA-387) |
Officier du 5e Hussard d'après Lalauze (Communication Jeff Thomas) |
Officier du 5e Hussards (Communication Jeff Thomas) |
Officier, Compagnie d'élite du 5e Hussards (daté de 1813), d'après Martinet, planche 134, type 4. |
Officier, Compagnie d'élite du 5e Hussards, d'après Martinet, planche 134, type 4 (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington) |
Officier, Compagnie d'élite du 5e Hussards, d'après Martinet, planche 134, type 4. |
L'Empereur s'occupe avec acharnement de reconstituer sa cavalerie anéantie par le désastre russe. Les difficultés rencontrées pour la remonte ne lui permettent, au début de la campagne, que de former en Hanovre deux Corps de cavalerie seulement : l'un de cavalerie légère sous Sébastiani, l'autre de grosse cavalerie sous Latour-Maubourg. Ils se constituent avec les débris des Régiments revenus presque détruits de Russie, avec deux ou trois mille cavaliers venus à pied des Dépôts du Rhin, et sont montés par les chevaux achetés en Allemagne par le Général Bourcier. Le 5e Hussards est à Giflorn en Hanovre, puis à Eimbeck. Il est versé à la Brigade Gérard, Division de cavalerie Roussel d'Hurbal, 2e Corps de cavalerie sous Sébastiani.
Les Escadrons du 5e sont formés par un noyau de vieux soldats échappés à l'hécatombe de la retraite, par des cavaliers venus du Dépôt et par des recrues ignorant tout de leur métier. Cela ne les empêchera pas de continuer la glorieuse tradition de Colonel-Général et de Lauzun.
Le 15 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... J'approuve que vous fassiez partir également 20 hommes des 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 11e de hussards, ce qui fera 120 hussards ... Vous ordonnerez que tous ces détachements se réunissent à Mayence et à Wesel, et en partent, savoir : les 300 cuirassiers organisés en 2 compagnies de 150 chacune, les 240 dragons en 2 compagnies de 120, les 140 chevau-légers en 2 compagnies de 70, les 300 chasseurs en 2 compagnies de 150, et les 120 hussards en 2 compagnies de 60.
À cet effet, désignez parmi les régiments qui ont le plus d'officiers ceux qui devront faire partir avec leurs détachements les officiers nécessaires pour la formation des compagnies.
Les premiers détachements arrivés de chaque arme formeront les premières compagnies. Les 2ndes compagnies se formeront des derniers détachements arrivés. Les premières compagnies porteront le titre de 1res compagnies de marche de cuirassiers, de dragons etc., les autres, de 2ndes compagnies, par ce moyen on saura constamment où elles se trouvent.
J'attends l'état que vous m'annoncez pour savoir les hommes qui pourront partir au 1er mars, et ceux qui le pourront dans le courant de mars et d'avril. Mais je retarde ce travail pour que cela ne nuise pas au départ des hommes qui peuvent partir dès à présent" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32777).
Le 26 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Duc de Feltre, il est nécessaire de poser les bases de l’organisation de la cavalerie, pendant la campagne de 1813, à l'armée d'Allemagne ...
Hussards. — Le 10e régiment de hussards, n'ayant pas fait la campagne, aura ses six escadrons à 250hommes; ce qui fera 1,500 hommes. Les 13e et 14e régiments de nouvelle formation auront trois ou quatre escadrons, selon le nombre d'hommes qu'offriront les départements au-delà des Alpes.
Les onze autres régiments se divisent en cinq régiments qui ont leurs escadrons de guerre en Espagne, et en six régiments qui en ont à la Grande Armée. Les six régiments qui ont fait la campagne de la Grande Armée fourniront chacun trois escadrons ou 750 hommes; ce qui fera dix-huit escadrons; ils en fourniront un de plus, ou quatre, si les hommes montés offerts par les départements fournissent plus des 15,000 hommes portés dans les états. Les cinq régiments qui ont leurs escadrons de guerre en Espagne fourniront, savoir : le 1er, deux escadrons; le 2e, trois escadrons; le 3e, trois escadrons; le 4e, deux escadrons; le 9e bis devenu 12e, deux escadrons : total, douze escadrons; ce qui fera en tout, pour les quatorze régiments de hussards, quarante-quatre escadrons, ou, à 250 hommes par escadron, 11,000 hommes.
Ainsi les quatorze régiments de hussards, qui formeront soixante et onze escadrons, en auront treize en Espagne et quarante-quatre à la Grande Armée; ce qui fait cinquante-sept; il en restera donc quatorze pour recevoir la conscription de 1814. Pour les 11;000 hommes nécessaires, il en existe 10,567 dans l'intérieur et 1,447 au-delà du Rhin; ce qui fait 12,000, et il parait même que les engagements volontaires et les offres des communes porteront ce nombre plus haut ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19612 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32873). En Annexe, suit un "TABLEAU DES ESCADRONS DE CAVALERIE ORGANISÉS CONFORMÉMENT À L'ORDRE DE SA MAJESTÉ DU 26 FÉVRIER 1813" qui donne pour le 5e Régiment de Hussards, 3 Escadrons à l’Armée d’Allemagne, 2 en France, total 5.
Le 15 mars 1813, le 5e Hussards aligne 12 Officiers et 244 hommes. Les recrues amenées à Stenay ne devaient pas faire un long séjour dans le Bataillon d'instruction Elles étaient d'ailleurs impatientes de partir en campagne et de quitter une garnison où elles étaient menées très sévèrement. La désertion y était réprimée avec une énergie impitoyable, écrit le 20 mars 1813 Hubert Lesuisse, originaire de Sprimont : "On dit que nous ne resterons pas longteps ici. Nous sommes à 800 hussards du même régiment. Il y a un escadron qui va partir le 22 de ce mois. Nous resterons encore 600 au quartier. Nous n'avons pas encore fait d'exercice, mais je crois que nous commencerons le 23. Nous sommes dans une ville que tout y est cher. La livre de pain à 4 sous, ce qui est à bon prix, et le vin, nous le buvons à 8 sous la bouteille. Il y en a trois désertés, mais à ce que l'on dit dans la ville, ils seront fusillés pour donner l'exemple aux autres" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°780). "Nous avons arrivés à Stenay, écrit le même jour Pierre Jardin, originaire de Héron. On nous fait beaucoup travailler, mais nous sommes habitués au travail et ça ne me fatigue pas du tout. Nous sommes dans un régiment qu'il y a beaucoup d'ouvrage. Mais nous aurons le plaisir de nous faire porter en Russie. C'est encore une grande consolation que d'être à cheval pour faire une route aussi longue et si pénible que cela. Nous venons d'entrer en quartier où nous sommes assez bien" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°779).
Le 2 avril, le Lieutenant Laborie est blessé au cours d'un combat près de Wittenberg.
Sigismond du Pouget, Marquis de Nadaillac (1787-1837), en tenue de Chef d'Escadron au 5e Hussards; portrait exécuté par un Officier de ce Régiment pendant le siège de Wesel (In La Sabretache, 1911) |
Autre portrait de Sigismond du Pouget, Marquis de Nadaillac (communication de MM. Jeff Thomas et Michael Lint) |
Chef d'Escadron, 1813-1814, d'après Herbert Knötel, Napoleonic Uniforms; la source est manifestement le portrait de Sigismond du Pouget |
Officier du 5e Hussards en 1814 d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N° Spécial 1971) |
Shako d'Officier, 5e Hussards, 1814, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1)
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Sigismond du Pouget écrit :
"Les 8, 9 et 10, au château de Hoben-Erxleben, près de Bernbourg. C'est au château de Hoben-Erxleben que j'ai reçu ma nomination de chef d'escadron au 5e régiment de hussards, 2e corps de cavalerie, division Exelmans.
Les 11 et 12, au même château, chez M. de Grosigk.
Le 13, je suis parti pour rejoindre le petit dépôt du 5e hussards à Brunswick et ai couché à Halberstadt.
Le 14, j'ai laissé mes chevaux à Hassen et je suis arrivé à Brunswick, ville qui me plaît beaucoup.
Le 15, j'ai séjourné dans cette ville. M. de la Villaine, un de mes anciens camarades, chef d'escadron dans le 7e régiment de cuirassiers, m'a fait donner 850 francs par son officier payeur. Je lui ai fait un billet sur M. Coindre. Je repars le 16 pour Hanovre et fais étape à Pune.
Le 17, je suis arrivé à Hanovre, qui venait d'être évacué par nos troupes. On n'y avait laissé que 200 chevaux en observation. Le major qui les commandait m'a fait prévenir à minuit qu'il partait pour Hildesheim. Je me suis mis en route en même temps pour Minden où sont tous les dépôts de cavalerie.
Le 18 avril, jour de Pâques, à Stadthagen, ville située dans des terres du prince de Lippe-Schaumbourg.
Le 19, à Minden.
J'ai vu dans cette ville le général Bourcier qui m'a positivement refusé l'autorisation d'aller au dépôt en France, où j'aurais trouvé plus de facilités pour m'équiper à meilleur compte. Je reste donc.
Officiers du 5e régiment de hussards, mai 1813 :
MM, DE NADAILLAC, chef d'escadron; ROZIER, capitaine; RIGAIL, lieutenant; VOLTER, sous-lieutenant; FATTE, sous-lieutenant; BEAUMONT, sous-lieutenant; MULLER, sous-lieutenant; BOURLIER, adjudant.
C'est à Iburg, à 3 lieues d'Osnabruck, sur la route de Munster, que j'ai rejoint le petit dépôt du 5e régiment de hussards. Je suis toujours resté à Osnahruck" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Le 23 avril 1813, le Maréchal Marmont écrit au Major général : "A l'instant où j'ai reçu l'ordre de partir de Hanau pour faire mon mouvement sur Eisenach, n'ayant d'autre cavalerie que celle qui se rassemblait à Hanau, et ignorant le mouvement de la garde, je fis choix de deux détachements formant quatre escadrons complets ; le premier de ces détachements, composé des 5e, 8e et 9e de hussards ; l'autre, des 7e, 11e, 12e et 16e de chasseurs, ce détachement m'ayant paru susceptible de faire quelque service en l'employant avec ménagement et précaution. Il paraît que l'Empereur a désapprouvé cette mesure et avait ordonné que ces détachements restassent à Hanau, et j'ai reçu du général Millaud la nouvelle qu'il avait donné aux détachements l'ordre de rétrograder, d'après ceux de Sa Majesté. J'ai donc eu lieu d'être étonné de leur arrivée avant-hier ; c'est hier seulement que l'ordre de rétrograder leur est parvenu. Comme il y a sept marches d'ici à Hanau, que ce serait une fatigue à pure perte pour les chevaux et un temps perdu pour l'instruction des hommes, j'ai pensé qu'il n'était plus convenable de les faire rétrograder et j'ai fait choix pour eux de bons cantonnements, où on les mettra promptement en état de bien servir. Le chef d'escadron Reisey, qui commande le détachement de hussards, pense qu'en quinze jours il le mettra en état de faire son service devant l'ennemi.
J'avais donné l'ordre au général Dommanges de venir prendre le commandement de ces deux détachements, par suite de l'ordre de Sa Majesté, dont il a eu connaissance avant son départ de Hanau ; il est resté. Si, comme je le suppose, Sa Majesté approuve les dispositions que j'ai prises de ne pas faire rétrograder ces corps depuis ici, il serait utile que le général Dommanges, ou tout autre général de brigade ou colonel, reçût l'ordre de venir afin qu'il y eût un chef pour les surveiller et les commander" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 5, page 79).
Le Régiment fournit le 1er mai un détachement de 2 Officiers, 125 hommes et 132 chevaux au 1er Régiment de marche de la Division Saint-Germain.
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 3 mai est parti un régiment de marche du 2e corps de cavalerie. Je suis parti aussi avec un détachement de 81 chevaux de mon régiment. Il y en a en ce moment 170 sur la ligne et 125 ont dû partir de Mayence depuis quelques temps. Le colonel ne tardera pas de venir de France avec 600 chevaux. Ces derniers détachements formeront un bien beau régiment (Hanovre, 6 mai)" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Le Régiment envoie le 10 un second détachement de 3 Officiers, 122 hommes et 128 chevaux au 5e Régiment de marche, Brigade Piquet.
Le colonel Meuziau ayant été nommé Major aux Chasseurs à cheval de la Garde impériale le 14 mai; le Colonel Fournier est nommé Colonel du 5e Hussards à la date du 16.
Nicolas François Alphonse Baron Fournier S'est distingué à l'affaire de Villafranca dans la nuit du 26 au 27 décembre 1800. Colonel du 5e Hussards le 16 mai 1813. Colonel provisoire du Régiment des Hussards d'Angoulême (5e) le 11 août 1814. |
Le 20 mai, Sigismond du Pouget écrit :
"20 mai, je continue à rester à Hanovre, quoique j'aie le plus grand désir de partir pour l'armée où je brûle d'arriver depuis que j'ai quitté le vilain métier d'aide de camp pour celui de chef d'escadron de hussards blancs. Hanovre me plaît assez, quoique je sois fort fatigué par le service. Mes instants de loisir sont consacrés à Mlle Jeannette Trottmann que je trouve encore charmante bien que notre connaissance remontât à 6 ans, qu'il y ait plus de 10 ans qu'elle ait des rapports avec des Français. Mais elle est aussi jolie et fraîche qu'elle pouvait l'être il y a 10 ans. J'espère partir sous peu, mon détachement devant se trouver bientôt prêt" (Carnet de la Sabretache 1911).
- Bautzen
Officiers du 5e Hussards, 1813, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un portrait Horace Vernet et le portrait du Commandant d'Astorg |
Bonnet de police d'Officier, 5e Hussards, 1813-1814, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1)
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Capitaine début 1813, d'après le Manuscrit de Marckolsheim. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
et daté de 1946 |
Officier du 5e Hussards, 1813, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/16; la source est le Manuscrit de Markolsheim |
Officier en tenue de campagne, 1813, d'après la planche 108 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Napoléon ayant fait sa jonction avec le prince Eugène, bat les coalisés à Lutzen, entre à Dresde, où il accorde douze jours de repos à ses troupes, et marche sur Bautzen, où il repousse les alliés sur tous les points. Le Corps Sébastiani, à peine organisé, combat pour la première fois et poursuit l'ennemi. Le 5e Hussards fournit plusieurs charges et a trois officiers blessés : le Lieutenant Pfulb (deux coups de lance dans les reins et un coup de feu à la jambe) et le Sous-lieutenant Ruinck (coup de lance au bras droit), tous deux faits prisonniers; et le Sous-lieutenant Laborie (coup de sabre au bras droit); ainsi que le Brigadier Domas (coup de sabre à la tête).
Martinien de son côté donne à la date du 21 mai le Sous lieutenant Ruick, blessé au cours de la bataille de Wurschen. Et à la date du 24 mai, le Major Jacquinot, blessé dans un combat près de Rottembourg, et le Lieutenant Pfulb, blessé à l'affaire de Konnern.
L'armistice de Pleswitz, signé le 4 juin, arrête les hostilités. Le 5e Hussards reste dans ses cantonnements à Saabor et à Dabor. L'Empereur, à son quartier-impérial de Dresde, nomme Chevalier de la Légion d'honneur au Régiment, à la date du 28 juin : Epinat, Lieutenant; Billette, Barthelmy et Durand, Sous-lieutenants. L'effectif des Escadrons actifs est alors de 30 Officiers, 450 hommes, 77 chevaux d'Officiers et 446 chevaux de troupe. Le Dépôt resté à Stenay, sous les ordres du Major Jacquinot, comprend 12 Officiers, 214 hommes, 28 chevaux d'Officiers, 202 chevaux de troupe. Les 42 Officiers du 5e Hussards se décomposent ainsi : un Colonel, un Major en premier, trois Chefs d'Escadrons, un Adjudant-major, deux Chirurgiens, sept Capitaines, neuf Lieutenants et dix-sept Sous-lieutenants.
Sigismond du Pouget écrit :
"Hanovre, 9 juin 1813 - A l'exercice à feu, le général Bourcier nous a donné la nouvelle qu'un armistice entre la France, la Russie et la Prusse avait été signé le 4 de ce mois. Je n'ai pas réellement un moment à moi et suis fort fatigué. Les grandes manoeuvres à cheval nous occupent depuis cinq heures du matin jusqu'à dix heures. L'après-midi est pris par tout le service intérieur.
Tout cela me donne peu de relâche, mais combien je suis content de n'être plus aide de camp et combien la vie que je mène est plus gaie que celle que je passais près du général Latour-Maubourg.
Table à Hanovre (mai et juin 1813). : MM. MANGERY, 12e cuirassiers; LABOURé, 5e lanciers; RICARD, 16e chasseurs; LAISNé, 7e dragons; FEUILLEBOIS, 4e chasseurs; WILSCH, major à la suite; HATRY, 3e lanciers; CADETDEVAUX, major à la suite.
Chez Cari, restaurateur, au Pavillon sur le rempart, derrière les grandes écuries.
Je demeure hôtel de Londres. New Strass, 16, chez Sonderrigue.
J'ai quitté Hanovre le 23 juin, pour rejoindre l'armée et mon régiment. M, Meuziau a été remplacé par M. Fournier comme colonel. J'ai appris avec plaisir depuis quelques jours, que c'était Eugène d'Astorg qui avait été nommé chef d'escadron au 5e hussards. Je dois compter comme un des heureux temps de ma vie celui que j'ai passé à Hanovre, bien que le service du dépôt m'ait souvent très fatigué, J'étais heureux avec Jeannette, j'y passais tous mes loisirs. Mais c'est la fatalité du métier de partir dès que l'on commence à être bien quelque part (Pune, le 23 juin 1813).
Le 24, à Salzdalhun, près de Brunswick. Le duc y avait un beau château que le roi de Westphalie a fait abattre pour vendre
les matériaux.
Le 25, à Dursheim, près de Hessen, château entre Brunswick et Halberstadt, où nous fûmes bien reçus par le propriétaire, M. de Gastid.
Les 26 et 27 juin à Aldensleben, près de Wegeleben, très beau couvent que le roi de Westphalie a vendu depuis trois ans.
Le 28, à Thale, beau château près de Quidlembourg, au comte de Busch.
Le 29 juin,à Walbick, très beau château dans une charmante position, appartenant au baron de Busch, cousin du propriétaire de Thale. Il demeure à Dessau et son château se ressent de son absence.
Le 30 juin, mercredi, huit jours après mon départ de Hanovre, à Erdeborn, près de Eisleben, château du comte de Schülembourg, ancien ministre de la Guerre du roi de Prusse.
Le 1er juillet, à Knapendorf, très mauvais village près de Mersebourg.
Le 2 juillet, à Paunsdorf, à une lieue en avant de Leipzig. Cette ville est bien changée depuis le mois de mars; elle a beaucoup souffert de la guerre et a été brûlée sévèrement pour avoir bien reçu les Russes. On nous annonce d'une façon assez positive que l'Empereur nous passerait en revue.
Les nouvelles reçues de Dresde dans la journée sont très à la paix.
Le 4, à Kühren, à huit lieues de Leipzig, sur la grande route de Dresde.
Le 8 juillet, nous avons défilé la parade devant l'Empereur, à Dresde. J'y ai vu Charles de La Bédoyère, qui est maintenant colonel du 112e et officier de la Légion d'honneur. Il a été vite, mais il mérite son bonheur et je lui en souhaite la continuation.
A Dresde, le régiment de marche a été rompu et chacun a pris la direction du corps auquel il appartient.
Le 5e régiment de hussards fait maintenant partie du 2e corps, sous les ordres du maréchal de Bellune. Le quartier général de la division du général Roussel, qui commande la cavalerie, est à Grümberg.
A la revue de l'Empereur, il n'a été rien accordé au régiment de marche, qui cependant avait douze escadrons en bataille. On a dit seulement que le major Fun était nommé colonel. Il y a eu depuis quelque temps un avancement prodigieux dans l'armée, mais pas dans la cavalerie.
J'ai dîné à Dresde avec le général Fuçia; nous avions été faits prisonniers ensemble en Espagne, à Baylen.
La Parque, à la sourdine, a diablement filé !
Je suis arrivé à Saabow, où est le 5e hussards, le 15 juillet. J'y ai trouvé le colonel Fournier, MM. de Gramont et d'Astorg. Nous logeons tous au château de Saabow, chez le prince de Karslatt, qui est absent. Le château est très beau et le jardin superbe. Le général Girard est logé avec nous et nous faisons bonne chère à sa table. Saabow, que l'on qualifie du nom de ville, est un mauvais bourg; les environs sont détestables à cause du sable.
Le 26 et le 27 juillet, j'ai été à Frenstade, chez le général Sebastiani, qui a une maison charmante où l'on s'amuse beaucoup. En allant à la poste, j'ai trouvé une lettre très aimable de M. de Podenas (Note : Félix, marquis de Podenas, épousa Mlle Athénaïs de Nadaillac en 1813). Je puis donc, enfin, espérer voir le sort de ma soeur fixé.
Les plénipotentiaires sont nommés pour traiter de la paix; ils doivent se rassembler à Prague, où s'ouvrira le Congrès.
Frenstade est à six lieues de Saanow. En y allant, j'ai déjeuné à Moderitz, chez M. de Vence, colonel du 4e chasseurs.
2e CORPS DE CAVALERIE
Division Roussel d'Hurbal
Généraux de brigade: Girard et Donnisangit.
5e et 9e de hussards, 1er et 11e de chasseurs, 2e et 4e de lanciers.
Division Exelmans
Généraux de brigade Morin et Watkind.
11e de hussards, 4e, 7e, 20e, 23e, 24e de chasseurs, 6e de lanciers.
Division Saint-Germain
Généraux de brigade d'Haugeranville et Thin.
1er et 2e de carabiniers, 1er, 5e, 8e et 10e de cuirassiers" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Le 30 juillet 1813, Léonard Defossé, simple hussard originaire de Herve (Ourte), écrit, depuis Hanau : "J'ai vu notre empereur dans la ville où je suis avant hier. Je vous dirai, ma chère mère, que je suis maitenant dans une ville où l'on est assez bien pour la nourriture. Les bourgeois sont obligés de nous nourrir à leurs frais. J'ai resté dans cette ville parce que mon cheval s'est trouvé blessé et l'on seroit encore mieux si nous étions payés" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre N°934bis).
Portrait du Comte D'astorg, alors Aide de Camp du Maréchal Bessière, peint par Gounod en 1812 (In La Sabretache, 1901)
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Sigismond du Pouget écrit :
"Extrait d'une lettre à son beau-père, le comte d'Escars
Saabow en Silésie, le 2 août 1813.
Il faut, mon cher père, que je vous prie de me rendre un service essentiel : J'ai été nommé chef d'escadron au 5e régiment de hussards le 21 mars dernier. M. de Gramont y avait été nommé quelques jours avant moi, en remplacement de M. Drouard, tué dans la campagne; moi j'ai été nommé en remplacement de personne, quoique je dusse l'être en remplacement de M. de Saint-Pern, passé dans le 22e de chasseurs. Je vous prierais de parler au ministre de la Guerre et de passer dans les bureaux pour me faire expédier ma nomination en remplacement de M. de Saint-Pern, sans quoi je risque d'être mis à la suite dans le régiment et réduit à la solde de capitaine.
Suite du carnet
Le 5 août, j'ai été à Sagan pour voir le général Latour-Maubourg. Je l'ai trouvé fort changé et dans un très mauvais état de santé. Sagan est un beau château quant aux bâtiments, et les appartements sont les plus beaux que j'aie jamais vus dans aucun château. Je suis revenu à Saabow le 8. Il y a douze mortelles lieues de distance.
Les nouvelles sont très à la guerre; la fête de l'Empereur sera célébrée le 10, à cause de l'expiration de l'armistice.
M. Jacquinot, major au 5e régiment de hussards, a été nommé colonel du 1er régiment de lanciers, en remplacement de M. Dermoncourt, promu général de brigade.
Le 10 août, on a célébré la fête de l'Empereur à Grünberg, chez le général de division Roussel. Il y a eu un couvert de 200 personnes. Cette fête a été assez triste et l'on s'attend généralement à la reprise des hostilités.
15 août 1807, à Stralsund.
15 août 1808, prisonnier en Espagne.
15 août 1809, à Comaigra, dans la Manche.
15 août 1810, à Médina Sidonia.
15 août 1811, à Lurina, en Estramadure.
15 août 1812, à Nieuwoz.
15 août 1813, à Saabow.
L'armistice a été dénoncé le 10 août, les hostilités commenceront le 17. La nouvelle en est arrivée à Saabow le 13 août au soir" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Napoléon, après avoir réparti la plus grande partie de son armée aux débouchés des montagnes de la Bohême, revient brusquement à Dresde, ramenant une partie des troupes de Silésie. Macdonald, avec le reste de ses troupes, continue à faire face à Blücher. Le Corps Sébastiani est établi le 12 août à Goerlitz et cantonne ensuite à Loewenberg.
Portrait du Capitaine Arré Epinat, réalisé en 1839. Collection WEISS |
Shako d'Officier, 5e Hussards, 1813-1814, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); Musée de l'Armée
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Dolman et gilet d'Officier, 5e Hussards, 1813-1814, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); Musée de l'Armée
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Shako du Capitaine Epinat; Musée de l'Armée, ayant servi de base au dessin de Louis de Beaufort |
Dolman du Capitaine Epinat, ayant servi de base au dessin de Louis de Beaufort |
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Ci-dessus : giberne du Capitaine Epinat (l'image de droite est tiré de l'ouvrage du Colonel Willing : Napoléon et ses soldats) |
Officier du 5e Hussards en 1813 d'après R. Knötel |
Officier supérieur du 5e Hussards coiffé d'un curieux "Pokalem". Donné par C. Blondieau in Tradition N°226 |
Peinture miniature représentant un Officier du 5e Hussards, fin de l'Empire |
- Combats de Silésie
Miniature représentant peut être un Trompette du 5e Hussards, fin de l'Empire; photo et collection Bertrand Malvaux(http://www.bertrand-malvaux.fr) - avec l'aimable autorisation de ce dernier |
Le 21 août 1813, le Capitaine Septé dit Rosis est blessé au cours du combat de Buntzlau (Martinien) d'un coup de feu à la poitrine (historique régimentaire).
Le 25, le Sous lieutenant Quemar est blessé aux avant-postes près de la Katzbach (Martinien).
Le 26 a lieu la bataille de la Katzbach. Le Capitaine Fabry, dans son ouvrage "étude sur les opérations du maréchal Macdonald, du 22 août au 4 septembre 1813, la Katzbach" décrit l'attaque des Français (11e Corps et 2e Corps de Cavalerie) : "Vers 1 h. 30 … Le 2e corps de cavalerie, la division Roussel en tête, s'engageait dans le défilé en colonne par deux, dès que le général Charpentier eut rendu compte de sa prise de possession du plateau; au fur et à mesure qu'un escadron était formé il se plaçait à la gauche de l'infanterie. La division Roussel s'établissait sur trois lignes la 1re composée des 11e, 12e chasseurs et 2e lanciers; la 2e des 4e lanciers et 5e hussards; la 3e du 9e hussards. Toute l'artillerie légère (24 pièces) avait mis en batterie entre la cavalerie et la division Charpentier"
Dans son rapport à Macdonald, Sébastiani décrit la journée de la manière suivante :
"En conséquence des ordres de votre excellence, je suis parti de Brockendorf le 26 à 7 heures du matin, pour marcher sur Jauer par la route de Kroitsch. Je me suis formé à 9 heures en avant de Giersdorf, et j'ai marché à l'ennemi, ayant la division Roussel en colonne par escadron à la droite de la route, la division Exelmans dans le même ordre à la gauche et la division de cuirassiers en arrière, au centre des deux divisions de cavalerie légère. Le général Roussel avait ordre d'être toujours en communication par des partis avec le XIe corps d'armée et le général Exelmans avec le IIIe. L'ennemi s'est retiré devant moi jusqu'à Kroitsch, sans opposer aucune résistance. Parvenu à ce village, j'y ai trouvé environ 1,000 hommes de cavalerie prussienne ou cosaque et deux ou trois bataillons de chasseurs à pied qui étaient en position derrière les haies et les bois, qui couvrent le pont de la Katzbach. Le village de Kroitsch est très long et offre un défilé difficile, je fis mitrailler cette infanterie qui se retira par les bois et les marais pour gagner les hauteurs de Nieder-Weinberg. Pendant que je canonnais le village de Kroitsch, votre excellence déboucha sur les derrières de l'ennemi, et j'aperçus en même temps et le canon de votre excellence sur la hauteur qui domine à portée de fusil le chemin de Kroitsch à Weinberg et la fuite précipitée en désordre des troupes russes et prussiennes. Je passai de suite la Katzbach et je me trouvai réuni à votre excellence qui me donna l'ordre de me former en avant de Kroitsch et de passer avec toutes mes troupes le défilé de Weinberg, aussitôt que le général Charpentier l'aurait forcé et aurait couronné le plateau avec son artillerie et son infanterie. Je me conformai à cet ordre, et la division Roussel commença à passer aussitôt que le général Charpentier eut informé votre excellence qu'il était sur le plateau. Ce défilé qui est un escarpement boisé de la longueur d'environ 400 toises, obligeait à marcher par deux et par un et fut très long à passer. A mesure qu'un escadron avait débouché et était formé; il venait se placer à la gauche et sur l'alignement du général Charpentier qui faisait face au plateau de Brechelshof ayant son artillerie sur le mamelon qui est entre Bellwitzhof et Triebelwitz et son infanterie à droite à une portée de fusil des bois de Bellwitzhof. Le général Charpentier canonnait vivement la cavalerie ennemie qui se retira derrière le grand plateau qui est entre les villages de Malitsch et Brechelshof. Pendant ce temps se formait sur trois lignes la division Roussel dont la première était composée des 11e et 12e de chasseurs et 2e de lanciers, la 2e du 4e lanciers et 5e hussards et la 3e du 9e hussards. L'ennemi menaçant le flanc gauche du général Roussel et ses derrières, il fit mettre en potence sa seconde ligne pour faire feu aux villages d'Eichholz et Gros-Janowitz. L'ennemi ayant en même temps couvert le sommet et le penchant du plateau qu'il occupait d'une très nombreuse artillerie, les 24 bouches à feu du 2e corps de cavalerie furent placées par le colonel Colin, qui les commandait, entre le général Roussel et le général Charpentier. Vers 4 heures, l'infanterie et la cavalerie ennemies débouchèrent sur nous sur tout notre front, mais se tenaient en masse et marchaient lentement. Pendant ce temps la brigade Wathier, de la division Exelmans, avait passé le défilé et s'était formée en colonne par escadron à distance entière à la tête du défilé et la brigade Maurin la suivait. A 5 heures, l'ennemi déboucha de Brechelshof avec 15 escadrons et passant en colonne entre le bois et la droite du général Charpentier, vint pour charger la brigade Wathier, qui fila à sa rencontre, l'enfonça, le poursuivit jusqu'au delà de Bellwitzhof et lui prit 9 pièces de canon. Le 23e et 24e de chasseurs et 11e hussards qui exécutèrent cette charge, firent plus de 200 prisonniers et laissèrent le champ de bataille couvert de morts. Le général Exelmans, après cette charge, forma de suite sa division sur trois lignes, faisant face à Bellwitzhof. L'ennemi revint avec 30 escadrons sur cette division, avec plus de 10 sur la division Roussel, 20 escadrons débouchèrent par Gross Janowitz et nous fûmes obligés de charger l'ennemi dans trois directions différentes, nous étions entourés. Il fut culbuté deux fois, mais à 6 h. 15 plus de 12,000 hommes de cavalerie de ligne, et 2,000 ou 3,000 cosaques arrivèrent sur nous, avec 30,000 hommes d'infanterie et une artillerie formidable. Je me retirai à la gauche de la division d'infanterie du IIIe corps qui commençait à être formée en avant du défilé où j'avais dirigé toute mon artillerie. Cette 8e division d'infanterie voulut soutenir le choc de toute cette masse, mais une pluie horrible qui durait depuis dix-huit heures, rendit ses efforts inutiles et paralysa son courage. Les armes étaient dans un tel état qu'il ne partait pas vingt coups de fusil par carré. Nous fûmes forcés de descendre dans le ravin.
Dans la position où je me trouvais, j'avais senti que toute retraite était impossible et j'ai tenu six heures sous une canonnade horrible et devant des forces sans aucune espèce de proportion avec les miennes. Nous avons toujours chargé au cri répété de Vive l'Empereur ! et nous avons fait beaucoup du mal à l'ennemi. Un parti de cosaques avait passé le ravin fort au-dessous de nous et est venu attaquer la division de cuirassiers du général Saint-Germain, qui les fit charger par deux escadrons qui en tuèrent beaucoup. Notre perte est très considérable; notre artillerie est restée enfoncée dans les terres. Les 11e et 12e de chasseurs et 2e de lanciers ont perdu par le canon environ 80 hommes chacun et une centaine de chevaux, sans faire un pas rétrograde.
MM. les généraux Exelmans et Roussel se sont distingués autant par leur courage que par leurs bonnes dispositions. MM. les généraux Maurin, Gérard, Dommanget et Wathier se sont distingués sous tous les rapports également. Le général Roussel est blessé d'un coup de sabre à la tête. Je devrais citer tous les chefs, tous les officiers, tous l'ont mérité. Les colonels Marbot, Schneidt et Liégard sont blessés, les deux premiers sont encore à la tête de leurs troupes. Le major Duvivier est blessé. Je ferai connaitre nominativement dans un rapport particulier, tous ceux qui ont acquis des droits aux bontés de Sa Majesté; je donnerai l'état de nos pertes" (Fabry, étude sur les opérations du maréchal Macdonald, du 22 août au 4 septembre 1813, la Katzbach).
Sigismond du Pouget écrit :
"Audaces fortuna juvat !
Le 26 août 1813, entre Leignitz et Jauer, les deux divisions de cavalerie légère du corps du général Sebastiani ont été ramenées complètement par les cavaleries russe et prussienne. Jamais on n'a placé de la cavalerie dans une position aussi mauvaise; le peu d'infanterie que l'on avait fait passer ne nous a été d'aucun secours: il pleuvait tellement qu'elle ne pouvait faire que peu.
Après nous avoir fait essuyer une canonnade très meurtrière, la cavalerie ennemie nous a tournés et nous a chargés sur tous les points. Notre perte a été considérable, entre autres toute notre artillerie. Notre force était de 6.000 chevaux; l'ennemi, d'après tous les rapports, en avait 20.000. Il a fait des pertes sensibles et a eu beaucoup de monde sabré.
C'est dans cette affaire que le pauvre Gramont a été fait prisonnier" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Selon Martinien, le Sous lieutenant Poyart est blessé le 26 à l'affaire de la Katzbach.
Hussard noté lors de son passage le 10 juin 1814 à Elberfeld; peut être un Trompette du 5e Hussards |
Trompette du 5e Hussards à Magdebourg, 1814, d'après R. Knötel pour Bucquoy (Gardes d'honneur et troupes étrangères)
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Trompette d'après le Manuscrit d'Elberfeld; dessin de Klaus Tohsche |
Trompette d'après le Manuscrit d'Elberfeld; dessin de Klaus Tohsche paru dans la Depesche N°27 |
L'Historique régimentaire pour sa part nous dit que Macdonald ordonne, le 27 août, à la Division Charpentier et à la cavalerie Sébastiani de franchir la Wutten-Neisse, à Nieder-Krayn, et de se déployer sur le plateau de Janowitz. Blücher les reçoit par un feu violent d'artillerie et les fait charger par dix mille cavaliers. Sébastiani les contient et couvre la retraite de nos troupes jusqu'à Kroitsch, point de jonction de la Wutten-Neisse et de la Katzbach.
Trompette, 5e Hussards vers 1813 (avec à côté, le colback de la Compagnie d'élite), par H. Boisselier qui indique comme source des documents de la collection Bernardin (In "Trompettes de cavalerie) |
Trompette, 5e Hussards, 1813, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Document Bernardin"
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A la suite de cet échec, Macdonald perdant beaucoup de monde et obligé d'abandonner une grande partie de son artillerie embourbée, se replie sur la Bober à Loewenberg. Pendant la retraite, devant l'armée de Blücher, le Corps de Sebastiani a pour mission de couvrir l'arrière-garde contre les attaques acharnées de la cavalerie prusienne. Celle-ci compte environ 10000 cavaliers; le Corps de Sebastiani n'en a guère plus de 5000. Néanmoins sa discipline, son courage, son dévouement contiennent la ruée de l'ennemi et permettent à Macdonald d'échapper à un désastre complet. Le 5e Hussards, engagé à multiples reprises, perd encore : le Sous-lieutenant Quémar, blessé et fait prisonnier à Belsick ; le Chef d'Escadron Gramont et le Sous-lieutenant Poyart (coup de sabre à l'oeil et coup de lance au bras), blessés tous deux et restés aux mains de l'ennemi vers Breslau.
Au mois de septembre, Macdonald vivement pressé par Blücher, rétrograde sur Lobau, Goerlitz, Bautzen, et enfin sur Dresde. Il prend position sur la Wesnitz.
Le 7 septembre, Sigismond du Pouget adresse à sa mère la lettre suivante :
"Extrait d'une lettre à sa mère
7 septembre 1813. Dans un village près de Goritz.
Depuis mon départ de Saabow, je n'ai pas encore eu un moment de repos; nous manoeuvrons de tous les côtés et nous nous battons continuellement. J'ai vu hier le général Latour-Maubourg, qui a eu des affaires magnifiques; il est porté aux nues; toute l'armée le nomme maréchal, mais il n'en croit rien et il le mérite assez pour ne pas l'être !
Vous avez su que nous n'avons pas eu tout à fait les mêmes succès ici; mais pour la cavalerie il n'y a qu'un Latour-Maubourg, et il faut qu'il soit sur le terrain pour compenser le nombre. Nous vivons fort mal; ce pays est entièrement ruiné : on paye au poids de l'or le peu de choses que l'on peut se procurer; je crois quebientôt, faute d'argent, je serai forcé de vivre de pommes de terre. Nous sommes toujours au bivouac et souvent par des temps affreux, ce qui est très dur quand on a été mouillé toute la journée" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Le 28 du même mois, le Colonel Fournier, commandant le 5e Hussards, est nommé Officier de la Légion d'honneur. Ce jour là, Sigismond du Pouget écrit :
"Reprise du carnet de campagne
Le 28 septembre, en arrière de Schönfeld, près de Dresde.
L'Empereur a passé en revue les trois divisions du corps du général Sebastiani; il a beaucoup accordé de grâces et d'avancement. Le 5e de hussards a obtenu 11 croix. Le général Sebastiani, avec beaucoup de bienveillance, m'a recommandé d'une façon toute spéciale à l'Empereur, en lui demandant la croix d'officier de la Légion d'honneur pour moi; mais il a été interrompu par le colonel Fournier, qui proposa dans le moment un sous-officier pour le faire sous-lieutenant, et la demande du général est restée sans réponse. Le général Sebastiani m'a assuré qu'il ne se bornerait pas là et que je pouvais compter qu'incessamment je serais nommé officier de la Légion d'honneur. Dans ce moment je dois beaucoup me louer de sa bonne volonté et de la grâce qu'il y a mise (d'une autre encre : "Et cela en resta là!".
Sapeur, 1813, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Sapeur, 5e Hussards, tenue campagne, 1813, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari) |
Extrait d'une lettre à sa sœur
Schönfeld, près Dresde, 29 septembre.
Depuis quelque temps, ma chère Athénaïs, nous sommes toujours, comme vous le voyez, dans les environs de Dresde. Hier nous avons passé la revue de l'Empereur.
Avec l'Empereur était le cousin Charles (Note : Charles de Flahaut), qui est devenu un grand seigneur, mais qui m'a marqué assez d'amitié. J'ai vu hier le roi de Naples, qui m'a accueilli avec un charmant sourire, mais je n'ai pu que le saluer du sabre ; il était près de l'Empereur, je n'ai pu lui parler. Je me propose d'aller le remercier, car nous lui devons tous beaucoup de reconnaissance (Note : Le roi Murat avait obtenu de l'Empereur la fin de l'exil de Mr d'Escars).
Le 6 octobre. - Nous sommes revenus à Neudorf et de là repartis pour Meissen; nous avons marché toute la nuit pour arriver à Ober-Lomotrock à cinq heures et demie du matin.
Le 7 à Bornitz, près Oschatz" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Blücher et Bernadotte forcent le passage de l'Elbe et marchent sur Leipsick, où toute l'armée coalisée tente de se réunir. Napoléon y concentre son armée. La cavalerie Sébastiani, qui vient de détruire les ponts de l'Elbe de Dresde à Barby, s'empare encore de ceux de la Mulda.
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 8, à Bucha, près Dalhem.
Le 9, a Kobershain.
Le 10, à Weïdenhain.
Le 11, dans un mauvais hameau a deux petites lieues de Wittemberg et à une lieue de l'Elbe. Les Russes ont repassé la rivière, les paysans disent en grande hâte et avec assez de confusion.
On dit que nous allons repasser l'Elbe à Wittemberg et nous porter sur Berlin; il est temps que cela finisse L'ennemi évite de nous donner bataille et dans les marches continuelles qu'il nous force à faire nous perdons énormément de monde. Le 5e qui, en partant de Saabow, était fort de 611 chevaux est maintenant réduit à 220. Il est affreux de voir la ruine du pays entre l'Elbe et l'Oder : Les Russes et les Prussiens ont autant pillé que les Français. Depuis Dresde jusqu'ici, le pays est assez bon, mais les environs de Wittemberg sont ravagés. Si nous marchons sur Berlin, nous serons probablement très mal et nous ne trouverons plus de fourrages.
La saison est affreuse, les pluies continuelles ; malgré cela il y a peu de malades.
Le 13, après le passage de l'Elbe à Wittemberg, j'ai été en reconnaissance à Morlan où j'ai fait une soixantaine de prisonniers, pris un canon et 4 caissons. L'ennemi avait abandonné cette position et détruit le pont. J'ai passé en bateau pour communiquer avec les troupes du maréchal prince de la Moskowa qui était à Dessau. Nous poussâmes ce jour-là des partis sur tous les points depuis Ackem jusqu'à Lerbu et au delà, et nous avons pris beaucoup de bagages aux Russes et aux Prussiens.
Le lendemain 14, nous avons repassé l'Elbe àWittemberg pour nous porter sur Leipzig et avons couché dans un mauvais village.
Le 15, à Gross Walka" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Hussard du 5e Hussards en 1813, d'après Martinet, planche 11, type 2. |
Hussard du 5e Hussards en 1813, d'après Martinet, planche 11, type 2. |
- Bataille de Leipsick
Hussard du 5e Hussards, 1813, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un portrait Horace Vernet et le portrait du Commandant d'Astorg |
Hussard du 5e Hussards, 1813, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491; ce dessin a pour source Horace Vernet
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Hussard, 1813, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Hussards en 1813, d'après la planche 153 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer)
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Notre dessin, réalisé en 1992, sur la base du précédent (D R) |
Hussard, tenue de campagne, 1813-1814 d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 41) |
Hussard en pelisse chaussée, 1813-1814, d'après D. Lordey, "Les uniformes des guerres napoléoniennes" T1 |
Détail de la pelisse, 1810-1814, d'après D. Lordey, "Les uniformes des guerres napoléoniennes" T1 |
Hussard (présenté comme étant un Maréchal des Logis), d'après S. Lettine |
Dolman (retourné) de Hussards après 1812, donné par M. Pétard in Tradition N°68 (Collections du Musée de l'Armée, Paris, cote 04797) |
La bataille de Leipsick s'engage et le Corps Sébastiani, où se trouve toujours le Régiment, est placé à la gauche de l'armée et posté à Holzhausen, en face de Liebert-Wolknitz. Ces positions sont attaquées et reprises six fois, l'ennemi en est enfin repoussé. A citer au 5e Hussards, dans cette bataille : le Sous-lieutenant Bourlier, tué ; sont blessés le Chef d'Escadron de Nadaillac (coup de feu à la tête), les Sous-lieutenants Petin (coup de feu au genou droit), Lerin (coup de feu à la jambe) et Lefris (coup de feu à un genou) et le Brigadier Herterich (coup de lance au côté droit). Le Lieutenant Laborie y reçoit sa seconde blessure de la compagne (coup de lance au bras).
Martinien pour sa part donne à la date du 16 octobre le Sous lieutenant Bourlier, tué; le Chef d'Escadron Nadaillac et les Sous lieutenants Lefris et Petin, blessés. Il indique également à la date du 18 octobre le Major Picot de Dampierre.
Martinien donne également à la date du 18 octobre le Capitaine Laborie, blessé au cours d'une affaire près de Weimar (sans doute pendant la retraite).
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 16 au matin, en nous mettant en route pour Leipzig, nous entendîmes une forte canonnade sur laquelle nous nous dirigeâmes.
Le 5e arriva vers midi sur le champ de bataille à peu près au centre où se trouvait l'Empereur et derrière la 1re division de cuirassiers.
Il faisait très chaud. J'appris dès l'arrivée que le pauvre général Latour-Maubourg avait été frappé à la cuisse par un boulet et qu'il avait supporté l'amputation avec un courage héroïque. Nous primes en longeant tout le champ de bataille sur la gauche où se trouvait le corps du général Sébastiani qui ne se battait pas moins vigoureusement.
Le 17, les armées ont pris un peu de repos.
Le 18, la bataille a recommencé avec plus de fureur que le 16; nous nous sommes battus, depuis le point du jour jusqu'à la nuit close, sans qu'il y eut rien de décidé. Nos pertes, comme celles de l'ennemi, sont immenses. Je crois que depuis des siècles il ne s'est pas donné une pareille bataille. Pendant l'affaire les Saxons ont déserté à l'ennemi et ont de suite fait feu sur nous.
Le 18, mon excellent cheval Pitter a été blessé à l'épaule d'une balle et moi j'ai eu une très forte contusion à la tête. Le général Sébastiani a été blessé d'un coup de lance dans le côté" (Carnet de la Sabretache, 1911).
- Retraite sur le Rhin
Hussard, ordonnance d'un Officier du 5e Hussards, 1813, d'après Herbert Knötel, Uniformenkunde Neu Folge, Planche N°21/16 |
Le troisième jour de cette bataille, Napoléon, décidé à la retraite, occupe pour la couvrir le plateau de Probstheyda avec une partie de son armée et tous les Corps de cavalerie. Il y est attaqué par toutes les armées alliées, qui après un combat acharné et très sanglant ne peuvent enlever cette position.
L'armée française se retire par Lutzen, Weissenfels, Weimar et Erfurth. Elle se dirige ensuite rapidement sur Eisenach, pour devancer l'ennemi aux défilés de la Thuringe. Le Corps Sébastiani, avec une partie de la cavalerie, est à l'avant-garde et couvre le front et les flancs de l'armée. Il disperse, à la sortie des défilés, une nuée de cosaques et de coureurs, rend libre la route de Mayence et la suit.
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 19, nous avons pris la route de Lutzen, nous avons bivouaqué près de cette ville. Affreux événement du pont que l'on a fait sauter quand la ville était encore pleine de Français.
Le 20, en sortant de Wüssenfeld, nous avons vu environ 3.000 chevaux ennemis avec lesquels nous avons échangé quelques boulets et avons tiraillé une partie de la journée.
La division du général Roussel est passée sous les ordres du général Lefèvre, qui commande aussi une division de la jeune Garde.
Le 21, la journée s'est passée tranquillement et nous n'avons pas vu l'ennemi.
Le 22, nous avons rejoint la grande route que nous flanquions a droite et avons pris à Buttelstand la route de Weimar. A quelque distance de cette ville, des paysans ayant fait au général Lefèvre le rapport qu'il n'y avait à Weimar que 300 cosaques ou Autrichiens, il nous fit attaquer cette ville sans la faire fouiller autrement. Nous surprimes d'abord l'ennemi, mais il s'enferma dans les maisons et ceux des quartiers éloignés ayant eu le temps de se reconnaître, tombèrent sur nous et nous ramenèrent. Nous entrâmes trois fois dans la ville et en fûmes chaque fois repoussés. On nous tira dans la ville de la mitraille qui nous fit assez de mal. Cependant l'ennemi renforcé de tous les côtés tomba sur nous et nous força à la retraite qui se fit avec beaucoup de désordre et devint une vraie déroute. Un affreux brouillard nous sauva peut-être en cachant notre petit nombre à l'ennemi.
Il est difficile de voir une affaire plus mal engagée, plus mal commandée et plus faite pour ôter la confiance à nos troupes.
Nous trouvâmes le général Ornano avec les dragons de la Garde à Hulliestadt et nous nous établîmes dans ce village à deux lieues de Weimar.
Le 23 octobre à Hochum, à une demie lieue (sic) d'Erfurth.
Le 24 octobre à Wözza, près de Gotha.
La retraite a continué par Eisenach,Vacha, Hersfeld, Hünfeld, Schluchtern et Gelnhausen. Près de cette dernière ville, l'ennemi avait pris position et coupé le pont sur la Kinzig. Nous avons tourné la position et la division Exelmans a vigoureusement chargé et tué une quarantaine de uhlans autrichiens.
A Gelnhausen, nous avons appris que Hanau était occupé par des forces nombreuses autrichiennes et bavaroises. Ce soir l'armée coucha à Langen-Sibold" (Carnet de la Sabretache, 1911).
- Hanau
Le Général de Wrède, avec 60000 Bavarois ou Autrichiens, barre le 30 octobre cette route aux Français, en avant de Hanau. La cavalerie Sébastiani culbute tour à tour les Escadrons bavarois et autrichiens, ainsi que la gauche de l'armée ennemie, et les rejette en désordre sur la Kinzig. De Wrède se hâte de repasser cette rivière au pont de Lamboy. Le 5e Hussards perd dans cette bataille le Lieutenant Demarcien, tué. Le Capitaine Nicolle est blessé à la fesse droite; le Hussard Richard est blessé d'un coup de sabre. Le Sous lieutenant Beaumont, fait prisonnier, s'échappe le lendemain des mains de l'ennemi.
Martinien indique pour la bataille de Hanau, le Lieutenant de Marcieu, tué; le Capitaine Nicolle et le Sous lieutenant Leclerc de Sainte Croix, blessés.
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 30 octobre, bataille de Hanau qui sera un honneur éternel aux armes françaises. Avec environ 5.0000 hommes d'infanterie et 6.000 chevaux au plus, et dans la situation où nous étions, battre une armée d'une soixantaine de mille hommes est une chose au-dessus de tout éloge.
Le 31, nous avons couché à Höcht, à deux lieues plus loin que Francfort.
Le 1er novembre, à Höcht.
Le 2 novembre, à Massenheim, près de Hochheim.
Le 3, nous avons repassé le Rhin sur le pont de Mayence à midi et demi, laissant encore une arrière-garde sur la rive droite" (Carnet de la Sabretache, 1911).
L'armée française entre à Mayence le 4 novembre. La cavalerie reste en dehors de la place pour recueillir les traînards.
Le 6 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le roi de Westphalie a, avec lui, ... Des détachements du 20e de dragons, du 5e de hussards et d'autres détachements de cavalerie : ils rejoindront sur-le-champ leurs régiments respectifs ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36946).
Le Corps Sébastiani part pour Cologne avec Macdonald. Il défend les passages du Rhin.
Sigismond du Pouget écrit :
"Le 13 novembre, Brohl (en aval de Coblentz).
D'Astorg est parti aujourd'hui pour aller à Cologne rejoindre le général Sébastiani, avec qui il restera jusqu'à ce qu'il soit décidé sur son sort. Il est dans les mêmes intentions que moi et voudrait obtenir une place de chef d'escadron dans la Garde.
Le séjour de Brohl est très ennuyeux et le départ de d'Astorg me fait trouver bien seul. On tarde beaucoup à prendre un parti pour la cavalerie; le peu qu'il en reste est très mal ici à cause du manque de fourrages. On ne parle pas de paix, mais on la désire.
19 novembre. Toujours a Brohl, sans mieux, sans espoir de changement, sans nouvelles et par un temps détestable.
Le 22, départ de Brohl à Remagen.
Le 23, à Mehlen.
Les 24 et 25, à Godesberg.
Le 26, à Bonn.
Le 27, à Langerich, au nord de Cologne.
Le 28, à Buttgen, près de Neuss.
Le 29, à Saint-Antoine, près de Krefeld.
Le 30, à Wetten, près de Geldern.
Les 1er, 2 et 3 décembre, à Clèves.
Le 4, à Pont, près de Geldern.
Le 5, à Saint-Antoine, près de Krefeld.
Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 2nd corps de cavalerie se trouve avec le duc de Tarente. Donnez ordre au duc de Tarente d'en former une division commandée par le général Exelmans ; cette division se composera de régiments provisoires. Le 1er régiment provisoire sera formé de tous les régiments qui fournissent aujourd'hui à la 2nde division de cavalerie légère ; il y a 6 régiments. Chaque régiment fournira un chef d'escadron qui commandera le détachement que le régiment garde à l'armée ; un officier payeur et autant de cadres de compagnies qu'il y aura de fois 75 hommes. Par exemple, si le 5e de hussards garde 75 hommes disponibles, on laissera un chef d'escadron, un officier payeur et le cadre complet d'une compagnie, et cela formera le 1er escadron du 1er régiment provisoire. Si au contraire, ce régiment peut laisser 150 hommes à cheval, il fournira deux cadres de compagnie ; s 'il laisse 300 hommes, il fournira 4 cadres de compagnie, etc. On dressera procès-verbal de cette formation et du nombre de compagnies restant à l'armée. On désignera un colonel pour commander le régiment. On y laissera des aides-majors, un ou deux chevaux de peloton avec des ambulances et le nombre d'adjudants-majors et d'adjudants sous-officiers nécessaire.
Tous les chevaux qui seraient au petit dépôt blessés et qui pourraient être guéris d'ici à deux mois, entreront dans cette formation.
Ainsi le 1er régiment provisoire sera donc composé de 6 escadrons de 6 régiments différents ; j'évalue la force de ce régiment à 1 000 hommes.
Tous les officiers supérieurs, officiers, trompettes, etc., qui ne seront pas compris dans la formation des régiments provisoires, seront envoyés au dépôt. On abattra tous les chevaux qui seraient hors de service ...
Il est très convenable que le général Belliard ait des états bien détaillés de toute cette organisation.
Tous les généraux non employés dans la nouvelle division seront envoyés parcourir les dépôts et procéder à la réorganisation des régiments. Le général Nansouty désignera les dépôts que chaque général devra voir. Ces généraux prendront l'état des ressources du régiment pour l'équipement, l'armement, l'habillement et le harnachement ; ils verront ce qui manque et adresseront ces renseignements au ministre ...
Ainsi le 1er corps donnera probablement 1 division de 3000 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37369).
Extrait d'une lettre De Sigismond du Pouget à sa soeur; datée de Saint-Antoine, près Crevels, 6 décembre 1813.
"Il y a longtemps que je ne vous ai écrit, ma chère Athénaïs ; j'ai couru beaucoup, ce qui m'a ôté la possibilité d'écrire. Nous avons été jusqu'à Clèves et y avons séjourné deux jours mais les tristes affaires d'une commission militaire m'ont pris beaucoup de temps et j'ai consacré celui qui me restait à voir des choses très curieuses : c'est le château de Clèves dont il ne reste que des débris et une tour qui aurait été bâtie par Jules César.
Maintenant, je suis cloué plus que jamais à mon poste. Le colonel du régiment est tombé malade et, depuis quinze jours, je suis commandant du régiment, ce que j'étais de fait toute la campagne. Mais, à présent, c'est fort peu agréable et me donne assez de casse-tête. Vous voyez bien que je ne puis demander un congé, que notre général de division, M. Roussel, ne voudrait pas demander au ministre pour moi.
Nous sommes revenus de Clèves, parce que les Prussiens ont fait un débarquement à Neuss, petite ville entre ici et Cologne. Ils ont enlevé la caisse et s'en sont allés. Je regrette Clèves ; j'y étais prié aujourd'hui à un bal ! Jugez donc, un bal ! moi qui n'ai pas vu la moindre réunion depuis deux ans ! Et voilà que les Prussiens nous font venir pour les chasser ! Encore si nous avions pu les faire bien danser, cela m'aurait consolé, mais ils se sont en allés trop vite...
Je voudrais être près de vous pour vous soigner ; la paix nous donnera tous ces avantages. Ici les habitants y croient, mais qu'en savent-ils; nous n'avons jamais aucune nouvelle. Je dirais, pour moi, qu'il me paraît aussi difficile de la faire que de ne pas la faire ; mais le vœu public est bien prononcé et peut être à l'armée encore plus qu'à l'intérieur".
Le 14, départ de Saint-Antoine pour Geldern et arrivée à Hüls.
Les cadres vont partir pour leurs dépôts respectifs ; il ne reste sur la ligne qu'une compagnie par régiment avec un chef d'escadron.
5e de hussards : Nadaillac; 9e de hussards : Tallandier; 11e de chasseurs : Chonez; 12e de chasseurs : Gaulier; 2e de lanciers : Barbu; 4e de lanciers : Boche.
Le colonel Deschamps commande ce régiment n° 1 de la division du général Exelmans formée de deux régiments de cavalerie légère et d'un régiment de grosse cavalerie.
Le 15 décembre, à Pont.
Les 17 et 18, à Kevelaer et château de Wissen.
Le 19, à Wilen, entre Clèves et Nimègue.
Le 20, à Clèves et Kellen, route d'Emmerich.
Le 22, à Wesel.
Le 26, à Wesel, j'ai reçu une lettre du colonel Fournier (Note : Colonel du 5e hussards) qui m'annonce que je suis nommé dans la Garde, ainsi que d'Astorg, sans me mander dans quel corps. J'attends avec impatience ma nomination pour me mettre en route, car le séjour de Wesel me plaît très peu, et le départ retardé pourrait devenir difficile" (Carnet de la Sabretache, 1911).
Le 23 décembre, le Commandant Lapique, Major au 5e Hussards, est nommé Officier de la Légion d'honneur.
o/ 1814 - Campagne de France
Fin décembre 1813 début janvier 1814, l'Empereur fixe la nouvelle organisation de l'Armée; on trouve au 2e Corps de Cavalerie (Gérard) à Nevers, 2e Division de Cavalerie légère (Maurin) 9 Officiers, 60 Hussards et 60 chevaux du 5e Hussards.
Le Régiment est au mois de janvier à l'Armée du Bas-Rhin, commandée par Macdonald. Toujours dans le 2e Corps de cavalerie, il fait désormais partie de la Division provisoire Excelmans, formée le 15 décembre précédent avec des éléments pris dans les 2e et 4e Divisions de cavalerie légère et dans la 2e Division de Cuirassiers (cette Division mixte est composée de quatre Régiments de cavalerie légère et de deux Régiments de Cuirassiers). Son Quartier-général, d'abord à Nimègue, est à Bilsen le 15 janvier. Le 5e Hussards est à Wesel et a plusieurs détachements, dont un Escadron, sous les ordres du Chef d'Escadron de Nadaillac et à l'effectif de 7 Officiers, 75 hommes et 82 chevaux, qui fait partie à ce moment du 1er Régiment provisoire commandé par le Colonel Deschamps.
Le 16 janvier 1814, l'Empereur à Paris, dicte ses ordres à Gourgaud : "... Ne pas envoyer à Fougères et à Vitry les 27e chasseurs et 5e hussards ; les envoyer dans les 1re, 14e et 15e divisions.
Il faudrait désigner un point central comme Amiens où l'on ferait venir tous les dépôts. On peut ôter les cadres de Mézières, Sedan et Saint-Mihiel, et les diriger sur Amiens, laisser tout ce qui existe dans les places du Nord, excepté Anvers, Bruges, Ostende, et réunir ceux-ci sur Amiens et la Somme ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6388).
Pour créer de nouvelles ressources de cavalerie, les Dépôts des Régiments de cette arme sont dirigés sur Versailles pour y être renforcés et reconstitués. Le 17 janvier 1814, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Vous recevrez un décret que je viens de prendre pour la réunion sur Versailles, en un dépôt central, de tous les dépôts de cavalerie qui étaient dans l'Est.
Il est nécessaire que le général Roussel que j'ai nommé inspecteur général du dépôt central de Versailles, se rende dans cette ville, y établisse son quartier général et désigne l’emplacement de chacun de ces dépôts à Versailles ou dans les villes et bourgs des environs de Versailles, de manière que le plus éloigné ne soit qu'à une journée de cette ville.
Il faut lui donner un bon adjudant commandant pour le seconder dans ses écritures.
Il aura sous ses ordres 3 généraux de division, 12 généraux de brigade et 3 adjudants commandants. J'ai nommé le général Bordesoulle et le général Pajol ; il faudra nommer le troisième général de division et les 12 généraux de brigade.
Il y aura un grand commun à Versailles, un magasin général d'habillement, de harnachement et d'armement.
Remontes, habillement et harnachement, tout doit se faire au dépôt.
Tous les régiments de cavalerie doivent contribuer à la formation de ces brigades de réserve. Lorsqu'ensuite ces détachements rejoindront des divisions de cavalerie où les escadrons du régiment sont employés, on les réunira et on réorganisera ainsi petit à petit toute la cavalerie ...
Pour la brigade de chasseurs et de hussards de la réserve, je n'ai désigné que 8 régiments. Faites-moi connaître où sont les dépôts de tous les autres. Tous ceux qui arrivent au dépôt de Versailles, doivent envoyer tout ce qu'ils ont de disponible à la réserve de Meaux ...
Chaque régiment sera connu dans ces brigades sous son propre nom. Tous les hommes qui viennent à pied de Juliers ou de Wesel seront montés à Versailles et rejoindront leur régiment à Meaux et à Melun sans qu'aucun soit incorporé dans d'autres régiments ...
Il faudra dresser des états en règle, des cadres du nombre d'hommes et du nombre de chevaux qui arrivent avec chaque régiment, afin de pourvoir à la prompte organisation de ces brigades. Versailles et les environs ne seront pas encombrés parce qu'à fur et à mesure qu'il y aura 100 chevaux d'équipés, on les fera partir pour Meaux et Melun" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6393).
Le Décret pris à Paris, le 17 janvier 1814, ordonne :"… III. Formation des brigades de cavalerie de réserve.
10. Il sera formé d'abord une brigade de réserve de cuirassiers, une brigade de dragons, une brigade de chevau-légers et une de chasseurs et de hussards.
11. Ces 4 brigades formeront provisoirement 2 divisions ; ce nombre sera par la suite augmenté de manière à former autant de divisions qu'il y aura de fois 3.000 hommes.
12. Le général Bordesoulle commandera la division de grosse cavalerie composée des brigades de cuirassiers ou de dragons. Le général … commandera la division de cavalerie légère, composée des brigades de chevau-légers et de chasseurs ct hussards ...
16. Il sera nommé :
2 généraux de brigade pour les cuirassiers ...
2 id. pour les chasseurs et hussards ...
Total 12 généraux de brigade de cavalerie.
17. Ces douze généraux de brigade se réuniront à Versailles pour être employés sous les ordres du général Roussel, selon les différents besoins du dépôt, aux inspections, réceptions, etc.
18. Chaque brigade de réserve se composera de 12 escadrons ; chaque escadron, d'une ou 2 compagnies de chaque régiment. A cet effet, il sera désigné un colonel pour commander 4 escadrons, et un chef d'escadron pour commander 2 escadrons. Aussitôt qu'une brigade de réserve de chaque arme sera forte de plus de 1400 hommes, il sera procédé à la formation d'une seconde.
Il sera d'ailleurs pourvu au point de réunion et à la formation de chaque brigade, au fur et à mesure des besoins.
19. Chaque brigade de la cavalerie de réserve aura une batterie d'artillerie à cheval" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2724).
Le Général de Saint-Germain inspecte plusieurs Dépôts à leur passage à Compiègne et constate la pauvreté de leur effectif. Ils s'augmentent un peu à Versailles au Dépôt central de cavalerie.
Le 18 janvier 1814, le 2e Corps de Cavalerie (Exelmans) dont le Quartier général est sur la Basse Meuse, comprend un 1er Régiment provisoire sous le Colonel Deschamp, au sein duquel se trouve le 1er Escadron du 5e Hussards qui est en garnison à Wesel.
Le 20 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "I. Les six brigades de cavalerie de réserve, créées par notre décret du 17 de ce mois, sont organisées de la manière suivante ...
Enfin, la quatrième brigade sera composée de tous les chasseurs et hussards que pourront fournir les dépôts des 1er, 2e, 3e, 4e, 6e, 7e, 8e, 9e, 11e, 12e, 14e, 16e, 20e, 23e, 24e, 25e, 26e, 27e, 28e de chasseurs, des 3e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, de hussards, ce qui fera sept détachements.
Ces quatre brigades se réuniront à Meaux sous les ordres du général Bordesoulle ...
III. Les carabines seront ôtées aux cuirassiers pour être données de préférence aux dragons, chasseurs et hussards" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2731).
Selon Alain Pigeard (Tradition H. S. N°34), le 1er Régiment provisoire se trouve à Mézières du 24 au 29 janvier; il ne comporte alors que 117 hommes.
Le 25 janvier, la situation est la suivante : 2e Corps de Cavalerie Exelmans, Division provisoire de cavalerie sous le Général Dommanget; 1ère Brigade Dommanget, 1er Régiment provisoire de cavalerie comprenant des éléments des 5e et 9e Hussards, 11e et 12e Chasseurs et 2e et 4e Lanciers, pour un effectif total de 613 hommes (in Gloire et Empire N°54; source SHD).
1/ Campagne de France
Napoléon arrive à Châlons et prend le commandement de l'armée. Il a prescrit à Macdonald de rallier ses troupes et de le joindre sur la Marne.
Le 1er février, Excelmans a son quartier général à 2 lieux de Châlons, sur les routes de Sainte-Menehould, Bar-le-Duc et Vitry. Le 1er Provisoire est toujours commandé par le Colonel Deschamp. Dans une note, il est dit : "Il y a lieu de croire que ce régiment est le même que le 1er provisoire formé de divers détachements provenant des 5e et 9e hussards, des 11e et 12e chasseurs, des 2e et 4e lanciers. Ce régiment est désigné simplement comme provisoire et sans affectation d'arme" (A. Pigeard, Tradition HS N°34). Cette note montre l'état de confusion de l'époque.
Le Dépôt du 5e Hussards peut envoyer de Versailles à la Division Bordesoulle un détachement de 66 hommes, 5 Officiers et 77 chevaux.
En arrivant à Nogent, et avant de commencer son opération offensive contre Blücher, Napoléon donne une organisation nouvelle à la cavalerie de l'armée qui reste sous le commandement en chef du Comte de Grouchy, qui, à moins d'ordres contraires, marche avec le Grand Quartier général. Le 2e Corps de Cavalerie, commandé par le Général Saint-Germain, comprend la Division Maurin (3e Brigade de cavalerie légère, Général Dommanget : 5e, 9e Hussards, 11e, 12e de Chasseurs, 2e et 4e Chevau-légers ; 4e Brigade légère, Général Delort : 4e et 10e Hussards, 6e Chevau-légers, 7e, 20e, 23e, 24e de Chasseurs) ; la Division de Grosse Cavalerie Saint-Germain (3e Brigade de Grosse Cavalerie, Général Blancard : 1er et 2e de Carabiniers, 1er, 2e de Cuirassiers ; 4e Brigade, Général Soppranzy : 5e, 8e, 10e, 13e de Cuirassiers) - (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 3, p. 161).
Tableau de la nouvelle Organisation de la Cavalerie de la Grande-Armée au 9 février 1814, indiquant la force effective des quatre Corps à l'époque du 20 après l'arrivée des renforts tirés de l'armée d'Espagne et la dissolution des Corps provisoires des généraux PAJOL et BORDESOULLE. Source : Campagne de 1814 [Suite de tableaux indiquant l'état des armées - Légendes et plans explicatifs des batailles] |
Macdonald ne pouvant tenir à Châlons devant des forces trop supérieures, se replie d'abord sur Château-Thierry et ensuite sur Meaux, où il réorganise son Corps d'armée. L'Empereur l'envoie le 15 février sur l'Yères, où se concentre l'armée française. Le Régiment, toujours dans le Corps Macdonald, prend part avec lui aux combats de Mormant et de Nangis (17 février) contre l'armée de Schwartzemberg. "Le chef d'escadron Roux, commandant le 5e de hussards, le major Muteau , commandant le 27e de chasseurs, les capitaines adjoints à l'état-major, Roucy et Thiéry, le lieutenant aide-de-camp, Guichen, se distinguèrent sous les yeux du général de division" (Souvenirs militaires de l'histoire contemporaine / par le général Bon Auguste Pétiet)
Puis à celui de Montereau. Napoléon se porte ensuite sur Nogent et Méry et enfin, sur Troyes. Le Corps Macdonald, marchant par des chemins défoncés, flanque l'armée sur sa droite.
L'Empereur se dirige sur l'Aisne pour battre Blücher; Macdonald et Oudinot restent à Troyes, le premier défendant la Seine, le second la Marne. Ces deux Maréchaux, après avoir victorieusement résisté à Schwartzemberg, se replient sur la Seine de Nogent à Montereau. Au cours de cette retraite, le Corps d'armée est en butte aux harcèlements continuels de la cavalerie ennemie et le 5e Hussards, toujours à l'arrière-garde, est engagé chaque jour.
Le 11 mars 1814, à Soissons, l'Empereur décrète : "I. Il sera formé une brigade qui portera le titre de brigade des escadrons réunis.
II. L'organisation de cette brigade sera la suivante :
1er régiment, cavalerie légère :
1er escadron, 58 hommes du 23e de chasseurs et 20 id. 24e id.
2e id. 8o id. 11e id.
3e id. 67 id. 5e de hussards
4e id. 190 id. 5e de chasseurs
Total 415 ...
III. Chacun de ces régiments sera commandé par un colonel ou par un major.
IV. Au fur et à mesure que des régiments de marche arriveront à Soissons, tout ce qui appartiendra au 5e corps, sera placé dans la brigade des escadrons réunis. Tout ce qui appartiendra au 1er corps sera envoyé à ce corps et tout ce qui appartiendra au 6e corps sera envoyé au général Roussel.
Aussitôt qu'il y aura suffisamment d'hommes, on formera 4 régiments :
un de cavalerie légère appartenant au 2e corps ;
un de cavalerie légère appartenant au 5e corps ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6478).
Le même 11 mars 1814, l'Empereur écrit, depuis Soissons, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre au duc de Raguse de faire partir les 164 hommes du 13e de cuirassiers et du 24e de chasseurs qui font partie du 2e corps, les 132 hommes du 15e de dragons qui font partie du 5e corps, les 211 hommes des 26e, 27e et 12e d'hussards. Ces 500 hommes se rendront de suite à Soissons. Faites-lui connaître que dans la suite il n'ait pas à retenir ce qui ne lui appartient pas.
Vous donnerez ordre que les 200 hommes du 6e corps rejoignent le général Roussel, ceux du 5e corps rejoindront les escadrons réunis. Donner ordre au major Demours de rejoindre les escadrons réunis.
Donnez ordre que les 147 hommes du 5e d'hussards et du 11e chasseurs qui sont à Soissons et appartenant au 2e corps et les 69 hommes des 19e, 22e, 27e dragons du 5e corps, ce qui fera 200 hommes, partent de Soissons pour se rendre au village du Châtelet mi-chemin d'ici à Compiègne pour rejoindre les escadrons réunis.
Donnez ordre au colonel Planzeaux de se rendre au Châtelet pour être employé dans les escadrons réunis.
Je vous ai déjà ordonné la dislocation du 3e régiment de marche, ainsi que du détachement du 5e de chasseurs et des 200 hommes qui étaient avec le parc. Il y aura donc aux escadrons réunis 580 hommes appartenant au 2e corps, 359 appartenant au 5e corps, 190 du 5e de chasseurs et 200 hommes qui étaient avec le parc, ce qui fera 1200 chevaux.
Il est donc nécessaire d'y envoyer sur-le-champ une batterie d'artillerie â cheval qui parte cette nuit. Il y aura en outre le major Demours, le colonel Planzeaux et le major d'Ordonel. Envoyez-y un autre colonel pour être employé avec les escadrons réunis.
Vous trouverez ci-joint un ordre pour la formation de ce corps de cavalerie sous le titre de brigade des escadrons réunis.
Ayez soin qu'un général de brigade se rende cette nuit au Châtelet pour prendre le commandement de cette brigade" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38479).
"Le Général Curély, avec la brigade des escadrons réunis, avait été envoyé, dès le 12, dans la direction de Vic-sur-Aisne. Il s'établit de sa personne à Jaulzy avec l'artillerie et le 5e hussards" (Arch. Nat. A.F. iv, 1670. - Lettre de Curély écrite le 12 à midi. - Mémoires de Curély).
Martinien indique à la date du 13 mars le Sous lieutenant Kraemer, blessé au cours d'un combat près de Châlons.
- Combats contre Schwartzemberg - Arcis sur Aube
Napoléon revient sur la Seine pour attaquer Schwartzemberg sur ses derrières. Les Divisions Excelmans et Colbert, du Corps Sébastiani, flanquent la marche vers Arcis-sur-Aube. En arrivant dans cette ville, le 20 mars, Sébastiani découvre toute l'armée de Schwartzemberg en position entre Arcis et Troyes. Les cavaleries bavaroise et autrichienne s'élancent aussitôt, mais sont contenues après plusieurs alternatives par l'infanterie de Ney et les Divisions de cavalerie Excelmans et Colbert; finalement, Sebastiani se décide à lancer tous les Régiments de son Corps pour balayer la plaine. En quelques minutes, les innombrables cavaliers autrichiens et bavarois sont culbutés ou ramenés. Cette charge colossale a fait place nette. Au 5e Hussards, sont blessés dans cette journée le Lieutenant Ruinck (coup de sabre à la main) et le Brigadier Pellerin (coup de lance).
- Affaire de Saint-Dizier
L'empereur fait passer l'Aube à son armée. Pensant alors à la renforcer en ralliant les garnisons des places de l'Est, il se dirige sur Vitry et sur Saint-Dizier, où il livre un brillant combat dans lequel la cavalerie Sébastiani soutient sa réputation.
Citons également une affaire au dénouement tragique se déroulant non loin de Compiègne, au village de Venette :
"L'entreprise du baron de Gueismar ne fut point si secrètement conduite, qu'un Vénétien, M. Louis Fixon, alors en congé de convalescence, ne la découvrît. Ayant acquis la certitude que l'ennemi cherchait à passer l'Oise au "Moulin-de-Coquerel", il court avertir le major Otenin et le capitaine de la compagnie franche. Sur cet avis, et d'après les ordres du commandant d'armes, M. Beauvais, suivi de M. de l'Hervilliers et de quelques autres, se rendent au "Moulin-de Coquerel", bien résolus à en disputer le passage. Dissimulant leurs forces et leur position, les miliciens entrent dans un oseraie qui croissait alors sur la rive opposée. Vers trois heures et demie, ils aperçoivent les Uhlans se diriger vers la rivière et entrer dans l'eau. A peine avaient-ils fait quelques pas, que tout à coup une vive fusillade partie de l'oseraie répand la terreur au milieu des cavaliers et les met précipitamment en déroute.
Si l'ennemi avait échoué dans son entreprise, il avait au moins acquis la certitude que l'Oise était guéable sur un point trop éloigné de Compiègne, pour être continuellement surveillé. Gueismar se dirigea donc, pendant la matinée du 29 sur Compiègne par Venette. Informé de ce mouvement, M. de Seroux prit toutes les mesures qu'exigeait la prudence pour épargner à la commune qu'il administrait les horreurs d'un pillage. Malgré les sages conseils de leur maire, soixante-dix habitants entraînés par Fixon prennent les armes et se dirigent sur la route de Corbeaulieu où l'on signalait la présence de l'ennemi (note : Lettre de M. Alfred de Seroux, du 26 mars 1865). Les honnêtes Vénétiens, animés d'un esprit de bravoure vraiment intempestif, eu égard à leur nombre et à leurs ressources, attaquent vigoureusement une compagnie de tirailleurs sans s'apercevoir qu'un escadron de Uhlans s'avançait dans la vallée. Ils sont bientôt accablés par des forces supérieures et contraints de battre en retraite dans les vignes qui couronnent le village de Margny; puis ils les abandonnent lentement pour gagner en bon ordre le Petit-Margny. L'ennemi, maître des hauteurs, n'ose rien entreprendre contre la ville ; mais irrité de l'attaque des habitants de Venette, il veut en tirer une éclatante vengeance et prend la direction de ce village. Peu avant leur arrivée, Mme de Seroux, n'écoutant que le cri de son coeur maternel, prend ses fils et sa fille, et vient demander un asile aux taillis de Montbelloy. Elle entraîne avec elle d'autres femmes de Venette également suivies de leurs enfants.
Par un sentiment de honteuse férocité qui déshonorera pour toujours, dans ce pays, la mémoire des Uhlans, ces derniers, parvenus à Venette, en massacrent froidement les vieillards, les femmes, les enfants et les malades, qui n'ont pu fuir. Au meurtre succède l'incendie. Le feu est mis aux quatre coins du village, après toutefois avoir mis à sac les maisons et le château. Ces stupides cruautés accomplies, les Prussiens se portent sur les fermes et les maisons disséminées entre Venette et Margny, pour y continuer leur oeuvre de destruction. Huit maisons du village de Margny furent brûlées en ce jour, mais on n'eut à déplorer la perte d'aucun habitant (note : Lettre de M. Bouton, maire de Margny, du 20 mars 1865). Douloureusement ému, M. Otenin voudrait anéantir ces canibales indignes du nom de soldat; il ordonne aux gendarmes de les charger. A peine le mouvement était-il commencé, que l'ennemi battait en retraite, et venait de nouveau s'établir sur les hauteurs de Margny, dans la crainte d'une attaque plus sérieuse. Le mêmejour, l'un des adjoints, M. de Cayrol, et le major Otenin rendaient compte au ministre de la guerre des événements de la journée ...
... Les habitants de Venette, échappés comme par miracle au meurtre et à l'incendie, arrivaient dans la plus douloureuse consternation au faubourg du Petit-Margny, où la population de Compiègne s'était transportée en masse pour les recevoir et les secourir. Au milieu de tous ces désolés apparaissait l'habit d'un prêtre ...
... C'était M. l'abbé Crépin, desservant de Venette et vicaire à Saint-Jacques de Compiègne. Tous le connaissaient, tous avaient éprouvé les effets de son inépuisable charité, aussi l'enveloppaient-ils de toutes parts. Le bon prêtre voudrait se donner à tous en même temps. Aux uns, il adressait d'affectueuses paroles propres à ranimer leur courage, aux autres que la faim, la fatigue ou les blessures avaient anéantis , il prodiguait des secours ou des soins empressés. Puis, M. Crépin songea à celles de ses ouailles forcément retenues à Venette ; ne fallait-il pas enfin qu'il volât à leur aide, car plus elles couraient de danger, et plus elles lui étaient cher. Quelques Compiégnois pensèrent également aux vases sacrés de l'église, disant qu'il les faudrait soustraire aux profanations de l'ennemi s'il en était temps encore. Mais aller à Venette en cet instant critique était une entreprise dangereuse ; cependant, l'abbé Crépin n'hésita pas un moment à se rendre là où son devoir de chrétien et de prêtre l'appelait. M. de l'Hervilliers et quelques autres miliciens s'offrirent au généreux ecclésiastique pour le défendre et partager les périls de sa mission.
La petite colonne se mit en marche. Un horrible spectacle l'attendait à Venette. Le long des rues, se distinguaient vaguement quelques débris de cadavres que le feu n'avait pas entièrement consumés. A droite et à gauche, les toitures s'écroulaient au milieu des meubles calcinés. Peu de maisons recelaient encore des vivants. Cependant, M. de l'Hervilliers fut assez heureux pour délivrer une famille composée de plus de quinze membres que les Uhlans avaient enfumée dans une cave. A l'entrée de l'église, douze corps étaient étendus sur la dalle du saint lieu. Plusieurs Vénétiens, en échappant au massacre général, avaient voulu prendre Dieu à témoin de la désolation qui s'était appesantie sur leur village, et placer sous son regard la dépouille mortelle des victimes. Par une circonstance toute providentielle, les Prussiens avaient respecté la maison du Seigneur. Que n'avaient-ils également respecté la créature, ce chef-d'oeuvre de ses mains ?
Des documents officiels, communiqués par M. Alfred de Seroux, maire actuel de Venette, il résulte que trente-quatre habitants, hommes et femmes, périrent le 29 mars 1814, et que les dommages occasionnés par l'incendie et le pillage, s'élevèrent au chiffre de trois cent vingt-huit mille deux cents francs. En sa qualité de maire, M. de Seroux, père de M.Alfred de Seroux, adressa de pressantes demandes de secours au gouvernement, mais l'état des finances ne lui permit pas de réparer tant de désastres. Cependant, au mois de mai 1814, Louis XVIII autorisa les habitants de Venette à prendre dans la forêt de Compiègne le bois nécessaire pour relever leurs maisons" (Edmond Caillette de L'Hervilliers : "Le major Otenin et Compiègne en 1814 : étude d'histoire militaire d'après des documents entièrement inédits", 1866).
"C'était en 1814, le 18 mars, des Prussiens venant de Noyon sommèrent la ville de Compiègne de se rendre ; la vigoureuse résistance de la garnison et des habitants obligèrent les ennemis à se retirer.
Ils revinrent à la fin du même mois sous le commandement de Geismar et tentèrent le passage de la rivière, au confluent de l'Oise et de l'Aisne, mais sans succès. Le général prussien ayant appris par les Cosaques que le passage de l'Oise était praticable en face Venette, où existait autrefois un pont, il envoya des cavaliers pour traverser la rivière.
Mais le dessein des ennemis avait été pénétré et le passage était bien gardé. A cette époque, il y avait sur la rive gauche de l'Oise l'emplacement d'un moulin ancien, bâti sur pilotis, et que l'on appelait le Moulin Coquerel. Cet emplacement formait une sorte de promontoire qui s'avançait dans la rivière et qui en rétrécissait le passage.
C'est cet endroit que choisirent les Cosaques, sur les ordres du baron Geismar, pour franchir la rivière peu profonde et guéable. Un habitant de Venette, Louis Fixon, soldat au 5e hussards, en congé de convalescence, comprend l'intention des ennemis et fait prévenir le major Othenin, commandant la place de Compiègne. De courageux
citoyens viennent aussitôt s'embusquer dans une oseraie, auprès de l'ancien moulin, et, dès que les cavaliers se sont engagés dans la rivière, ils font une décharge de mousqueterie qui tue ou blesse plusieurs Cosaques et met le reste en fuite.
Ce succès enhardit les habitants de Venette ; ils sont avisés qu'un détachement ennemi s'avance sur Compiègne par la route de Monchy-Humières ; alors poussés par les excitations de Fixon, ils prennent la résolution d'aller surprendre les ennemis à la ferme de Corbeaulieu.
Soixante-dix habitants, armés les uns de faulx, d'autres de sabres, quelques-uns de mauvais fusils à pierre, se dirigent sur la route, n'écoutant que leur courage, et ne tenant aucun compte des sages conseils de leur maire, M. de Seroux, qui leur faisait entrevoir l'inutilité de leur entreprise et les dangers qu'ils appelaient sur eux et sur la commune.
Une compagnie ennemie était déployée en éclaireurs ; les citoyens de Venette les attaquent vigoureusement et obligent les tirailleurs à se replier. Dans cette matinée du 29 mars, le baron Geismar s'avançait de sa personne vers Venette pour examiner l'endroit guéable de la rivière ; il était accompagné d'un escadron de cavalerie.
Au bruit de la mousqueterie, il donne l'ordre à sa troupe de se porter sur la route ; en même temps, le commandant des soldats en marche fait porter sa troupe en avant, de sorte que les habitants de Venette sont pris entre deux feux. Ils se jettent alors dans les vignes du plateau pour éviter la poursuite des cavaliers qui les traquent comme des bêtes fauves.
Chacun cherche son salut dans la fuite ; ceux qui sont atteints sont massacrés sans pitié ; un de ces miliciens menacé d'un coup de sabre sur la tête veut le parer avec le bras, il a le poignet coupé. Enfin, quelques-uns parviennent jusqu'au Petit-Margny où ils sont recueillis par les Compiégnois qui allaient à leur secours.
Parmi les fuyards se trouvait l'abbé Crépin, desservant de Venette, qui avait voulu partager les dangers de ses paroissiens. Mais la vengeance des Cosaques n'était pas satisfaite. Ils pénètrent dans Venette et massacrent tons ceux qu'ils rencontrent, femmes, enfants, vieillards.
Mme de Seroux pressentant les suites de cette inutile résistance, prend ses fils et sa fille, puis, accompagnée de quelques femmes du village avec leurs enfants, va se réfugier dans les taillis de Montbelloy.
Après avoir donné la mort à de malheureux innocents, les Cosaques mettent le feu au village, à onze endroits différents ; les maisons étaient alors en chaume pour la plupart et l'incendie se propagea avec rapidité ; par un raffinement de cruauté inouïe les Cosaques repoussaient dans les flammes ceux qui cherchaient à se sauver de leurs demeures en feu. S'emparant d'un laboureur, ils le couvrirent de fumier, y mirent le feu et firent une ronde autour du malheureux qui poussait des cris horribles.
Une famille s'était réfugiée dans une cave, les Cosaques entassèrent de la paille à l'entrée, l'allumèrent et les pauvres réfugiés périrent asphyxiés, après d'horribles souffrances. Quant on parvint à découvrir cette hécatombe humaine, on trouva les corps carbonisés et embrassés dans une dernière étreinte. Un enfant du nom de Durussel échappa seul à ce désastre. Il fut, plus tard, présenté à Louis-Philippe au moment du mariage du roi Léopold qui, touché de compassion, l'attacha à sa personne.
Les maisons incendiées étaient au nombre de 160 : Le roi Louis XVIII autorisa les habitants de Venette à prendre, en forêt de Compiègne, le bois dont ils auraient besoin pour reconstruire leurs habitations. Un concert, au profit des malheureux habitants de Venette, fut donné à Compiègne par des amateurs de la ville, et les musiques des régiments prussiens, alors en garnison à Compiègne, y prirent part" (J.-E. Mermet : "Essais historiques sur les cantons d'Attichy, Compiègne, Estrées Saint-Denis et Guiscard").
Paris capitule et les alliés y font leur entrée le 31 mars. Napoléon concentre son armée sur l'Essonne.
Le 2 avril, le Sous lieutenant Fath est blessé aux avant-postes.
Napoléon signe son abdication le 6 avril.
2/ Wesel
Sigismond du Pouget écrit :
"Wesel, 1er janvier. Avant de faire des vœux pour cette année nouvelle, je dois remercier Dieu des biens dont il m'a comblé pendant celle qui vient de s'écouler ; l'exil de ma mère a pris fin, ma soeur a fait un bon mariage, j'y ai eu de l'avancecement et quelques agréments et, à la fin de l'année, j'ai appris que j'étais nommé dans la Garde, ce que je désirais beaucoup; et, malgré les désastres de la campagne, pour mon compte, j'y ai été heureux. Je dois être pénétré de reconnaissance pour cette Providence divine, qui veille toujours sur moi avec une protection particulière. J'en demande avec ardeur la continuation pour l'année 1814.
6 janvier. Je n'ai rien appris de plus sur ma nomination; aucune lettre ne nous parvient plus et probablement les communications seront coupées avant que je n'aie rien reçu de positif. Le 6 janvier, j'ai été à Xanten.
Depuis le 6 janvier, j'avais quitté Wesel pour aller prendre le poste de Xanten où j'ai été attaqué deux fois par les Cosaques, mais sans qu'ils aient réussi à rien qu'à me faire monter à cheval. J'avais espéré ne plus rentrer à Wesel, mais le froid étant devenu très piquant et le Rhin chariant extrêmement fort, le maréchal Macdonald a jugé à propos de se retirer sur Vanloo et je suis rentré à Wesel.
Le 12 janvier, les communications sont coupées et je n'ai aucun moyen de recevoir des nouvelles si cela dure longtemps, l'existence va devenir sévère à Wesel. Je ne puis avoir d'espoir que dans la paix, si Dieu nous la donne.
25 février. Je suis dans ce triste séjour, affligé d'être sans nouvelle. Je ne suis pas plus avancé aujourd'hui, 25 février, que le jour de ma réclusion (22 décembre). Les ennemis seront peut-être à Paris avant que nous ayons appris officiellement leur marche. Cependant, puisque nous n'apprenons rien, je me flatte qu'il n'y a rien d'important ni de malheureux pour nous, car les Cosaques qui bloquent Wesel trouveraient bien moyen de nous faire passer les mauvaises nouvelles s'il y en avait, comme ils nous cacheraient les bonnes".
Extrait d'une lettre écrite à sa mère, commencée le 2 avril et terminée le 1er mai :
"2 avril.
J'ai été encore aujourd'hui comme parlementaire chez les Prussiens. Le baron de Leuner m'a donné des gazettes. Je n'avais pas de nouvelles depuis trois mois. Vous ne pouvez vous figurer ce que j'ai éprouvé. Malheureuse France !! Comment cela finira-t-il ? Dieu seul peut nous protéger; je vois que notre position est affreuse et je suis au désespoir d'être enfermé ici. On parle cependant de paix, d'un Congrès qui doit s'assembler à Châtillon, mais quels moyens y a-t-il de concilier tant de différends et quand viendra cette heureuse paix, qui doit cicatriser les maux de vingt-trois années de guerre ?".
Carnet de campagne 8 avril.
"8 avril.
J'ai appris les grandes nouvelles à Wesel : Espérance! nous verrons comment tout s'arrangera".
15 avril (Suite de la lettre). "Depuis quelques jours j'ai reçu toutes les gazettes. Je sais ce qui se passe, mais j'ignore ce que vous faites, où vous êtes. D'après toutes les nouvelles que nous recevons, il parait que la maison de Bourbon va remonter sur le trône, mais sous quels auspices ? et dans quel état retrouvera-t-elle cette France naguère si puissante et si florissante, qui dictait des lois à toute l'Europe : Hélas! aujourd'hui elle est ruinée par les étrangers, divisée d'opinion et d'intérêt, forcée de reconnaître Louis XVIII comme elle aurait reconnu le souverain qu'il aurait plu à la Russie de lui donner. Si c'est là le bien auquel ont tendu nos désirs depuis tant d'années, je me rétracte et j'aimerais mieux le régime de 1794 que celui de 1814 ! Peut-être ai-je tort ? Je ne suis pas assez au courant de ce qui se passe. Mais la grandeur et le bonheur de la France sont mes premiers vœux".
Carnet
"Le 23 avril est arrivé de Paris un officier d'état-major chargé d'apporter à Wesel, de la part du gmuvernement provisoire, les décrets qu'il a rendus et de demander notre acte d'adhésion et le serment de fidélité à notre Roi légitime Louis XVIII. Mon vœu a été aussi prompt que sincère. Tous les officiers du régiment ont signé avec moi leur serment de fidélité.
Wesel, le 23 avril 1814.
Nous soussignés, lieutenant-colonel commandant l'escadron de campagne du 5e régiment de hussards et les officiers du dit escadron, vu l'acte d'abdication de Napoléon Bonaparte et les décrets du Sénat et du gouvernement provisoire qui annulent les serments faits à Napoléon Bonaparte et à sa dynastie, déclarons reconnaître de notre propre volonté pour notre Roi légitime, Louis-Stanistas-Xavier, et lui jurons obéissance, foi et fidélité. Vive le Roi ! Vive Louis XVIII !
Signé S. DE NADAILLAC, P. DE TARBE, BILLETTE, P. DURAND, MULLER, DéLIAU".
Carnet (Lettre à sa mère - suite)
"23 avril. Enfin, notre sort est décidé : aujourd'hui est arrivé un officier en cocarde blanche expédié par le ministre de la Guerre, le général comte Dupont, pour annoncer à la garnison et à la ville de Wesel que Napoléon Bonaparte avait abdiqué et que la France avait reconnu unanimement Louis XVIII pour son Roi. Le gouverneur a assemblé son conseil de défense et nous a fait part de la communication qu'il avait reçue à ce sujet et a pris nos avis. Vous pouvez penser que le mien n'a pas été douteux. Une heure après, j'ai fait avec tous les officiers du régiment mon acte de soumission et mon serment de fidélité à Louis XVIII. Presque tous les corps de la garnison ont donné de suite et franchement leur acte d'adhésion. Il en est cependant quelques-uns qui s'y sont refusés, mais qui, probablement, le donneront plus tard. Je crois que nous allons avoir des courriers de France, j'espère, ma chère maman, que j'aurai de vos nouvelles.
Si éloigné de tout et n'ayant qu'aujourd'hui des nouvelles positives, je n'ai pu juger sainement rien et les gazettes allemandes n'étaient pas faites pour me rassurer, ni pour me faire aimer la Contre-Révolution que les ennemis avaient l'air de nous imposer comme un joug. A présent, il paraît que le voeu de la nation française est général et que tout le monde s'empresse de reconnaître Louis XVIII comme souverain légitime".
24 avril. "J'ai fait prêter aujourd'hui aux hussards serment de fidélité à la maison de Bourbon, ils ont tous crié : Vive le Roi ! à l'unanimité. Cette scène m'a causé une vive émotion : je leur ai annoncé que Louis XVIII succédait à Napoléon Bonaparte, et que notre sang lui appartenait désormais et que nous devions le servir avec la même fidélité et la même bravoure. Tous sont contents. J'ai fait faire une cocarde blanche et je crois que demain nous arborerons le drapeau blanc.
"Il a été question d'un armistice, mais il n'a pas pu être signé. Le gouverneur demandait beaucoup. Plus tard, tout s'arrangera, je ne crois pas que nous occupions longtemps cette ville. Je vous dirai, chère maman, qu'au milieu de la joie que me cause le retour des Bourbons, je ne vois pas sans humeur qu'il nous faut rendre toutes nos conquêtes. Voilà pourtant où nous a menés la démence d'un seul homme ! Il a perdu en une seule campagne la gloire que nous avaient acquise vingt années de victoires qui n'ont pas d'égales dans l'histoire moderne.
"Napoléon Bonaparte a encore néanmoins beaucoup de partisans dans cette place de Wesel; un bataillon n'a jamais voulu donner son adhésion aux Bourbons et les trois quarts des officiers penchent pour Bonaparte...".
Carnet
"Dimanche 1er mai. La ville de Wesel a solennellement reconnu Louis XVIII pour son Roi ; nous avons arboré le drapeau blanc et l'avons salué de 399 coups de canon. Les hostilités ont cessé. Monsieur Renaud, colonel d'artillerie, commissaire nommé par S. A. R. Monsieur, frère du Roi, lieutenant général du royaume, pour la remise de la place de Wesel, est arrivé dans cette ville. Nous devons l'évacuer le 3, mais les nombreux états qu'il faut fournir demandent plus de temps. Nous nous mettrons en route en trois colonnes pour nous rendre à Lille les 5, 6 et 7 du courant. Je marcherai avec la colonne du centre, celle du général baron Bourke, gouverneur de la place. Mais je me propose bien, à moins d'obstacles impossibles à vaincre, de me rendre de suite en poste à Paris; mon intention serait de partir de Liège ou de Maëstrick si je puis trouver une voiture, sinon j'irai à franc étrier, car je suis pressé de voir ma famille et d'être au courant des événements.
Lundi 9 mai. Wesel. J'ai obtenu du général Bourke, gouverneur de Wesel, la permission de me rendre en poste à Paris, mais je ne quitterai la colonne que dans quelques jours, après avoir passé Vanloo.
Je pars demain matin et j'espère être vers le 16 ou 18 à Paris, deux ans après l'avoir quitté ! Quels changements il y a eu depuis ce temps et que je dois me trouver heureux des circonstances actuelles qui vont sûrement tant améliorer la position de ma famille.
Route que doit tenir la garnison de Wesel pour se rendre à Lille en deux colonnes partant le 8 et le 10 mai.
Le 10 mai, Guelden.
Le 11, Vanloo.
Les l2 et 13, Ruremonde.
Les 14 et 15, Maëstrick.
Le 16, Tougus.
Les 17 et 18, Atron.
Le 19, Louvain.
Le 20, Malines.
Les 21 et 22 mai, Dendermonde.
Le 23, Gand.
Le 24, Den.
Le 25, Courtray.
Le 26, Lille.
13 Mai. Je devais partir en poste de Vanloo pour aller de suite à Paris mais le général Bourke qui m'avait donné la permission, me l'a retirée au moment même où j'allais en profiter. J'en ai été excessivement contrarié, et sur le point de partir malgré la défense formelle. A la réflexion, j'ai trouvé qu'il valait
mieux attendre une quinzaine que de me faire une affaire qui pourrait devenir fâcheuse. Je partirai donc de Lille quels que soient les événements.
Vanloo me plait plus que Wesel ; la ville est beaucoup plus fortifiée que je ne croyais. Ruremonde est un grand village; il y a de belles maisons, mais entièrement dépeuplées. La situation sur la Meuse est souriante.
Je suis arrivé à Lille le 24 mai 1814. En arrivant, j'ai eu le bonheur de trouver une lettre de ma mère. Les dernières nouvelles que j'en avais reçues étaient datées du 9 décembre 1813.
M. de Podenas, mon beau-frère, est arrivé à Lille le 27 et j'ai eu le plaisir de faire sa connaissance chez Mme de Buisseret (Note : Grand'mère de M. de Podenas, dont la mère était une demoiselle de Buisseret, morte jeune), où je suis logé depuis que je suis à Lille.
Le 29, j'ai retenu une place dans le courrier de la malle pour partir le mardi 30, et je serai à Paris le mercredi 1er juin, à six heures du matin.
L'escadron de campagne du 5e hussards est parti aujourd'hui, 29 mai, pour Stenay.
A Lille, j'ai appris que cette nomination dans la Garde, que j'avais si longtemps attendue, était une place dans les gardes d'honneur, où j'avais été nommé en novembre dernier avec d'Astorg.
Je suis arrivé à Paris le 1er juin 1814. Je n'ai rien trouvé de fait ni même de préparé pour moi. J'ai été présenté à M. le duc d'Orléans par mon beau-père, M. d'Escars, qui lui a demandé pour moi une place d'aide de camp. La réponse a été vague et je n'en espère pas grand'chose.
Le 16 juin, le duc de Duras a remis au Roi une demande que je fais à Sa Majesté d'être colonel. Le général Latour-Maubourg l'a apostillée, le ministre de la Guerre a promis de l'appuyer de tout son pouvoir. J'ai quelque espoir de réussir (Paris, 18 juin).
J'ai été nommé major le 14 juillet 1814 et colonel le 2 août. Le maréchal Macdonald, auquel j'avais remis mes états de service, m'a dit que j'étais nommé officier de la Légion d'honneur : j'attends cette nomination. Le 22 août, je fais au ministre de la Guerre la demande de la croix de Saint-Louis (Note : Elle ne lui fut donnée qu'un an et demi après). Aujourd'hui, 22 août, j'ai été présenté à Madame ; samedi, je l'ai été à Monsieur.
J'ai fait quelques tentatives pour entrer dans la maison de Monseigneur le duc d'Angoulême, mais sûrement elles seront infructueuses ; je n'en attends pas plus que de M. le duc d'Orléans (Note : Mon grand-père demanda à être placé comme colonel à la suite au 5e hussards, en donnant comme raison qu'il avait fait la dernière campagne dans ce régiment, et qu'il en connaissait beaucoup d'officiers. Le ministre écrivit en marge de la demande "A mettre dans tout autre régiment." - Archives du ministère de la Guerre).
Le 25 août, fête de saint Louis, grand couvert, grande réception, etc., etc. Quels changements en un an !!!
J'ai été le 4 septembre à Angersvillers ; j'en suis revenu à trois heures du matin. Le voyage aura décidé de ma vie entière et changé complètement mes vœux, mes désirs et mes espérances. Je ne demanderai plus un régiment. Je veux, avant tout, rester à Paris. Tout cela est très bien, si je trouvais réciprocité dans les sentiments qui, alors, feraient mon bonheur, mais sans cela il faut suivre sa carrière et ne pas se donner pour plus tard une source éternelle de regrets. (Dimanche 25 septembre 1814).
27 septembre. - Que vous êtes bonne, Madame, et combien je suis touché de ce que vous ayez bien voulu envoyer savoir de mes nouvelles. Je suis un peu mieux. Mais si je puis espérer que vous vouliez bien me plaindre, ah ! plaignez-moi, non de souffrir, mais d'être condamné à ne plus vous voir. Tout le reste est bien peu de chose et je ne puis compter mes souffrances que par le temps qu'elles me font passer loin de vous. (Mardi, 27 septembre 1814, Paris).
15 octobre. Je devais partir pour Ancy-le-Franc, mais les espérances que m'a données le ministre de la Guerre m'ont fait rester à Paris. Il m'a promis de m'employer ici à l'état-major comme adjudant-commandant, jusqu'à à ce qu'il me donne un régiment. Cet emploi me conviendrait bien mieux que tout le reste car si on me donnait un régiment en ce moment-ci, il me faudrait partir de suite pour ma garnison et j'aurais trop de regrets de quitter Paris maintenant (Note : Le marquis de Nadaillac faisait une cour assidue à Mme Récamier dont il était fort amoureux. Il fut sur le point de se battre en duel avec Benjamin Constant, très jaloux de lui). Après des campagnes, je suis bien aise de me reposer cet hiver.
8 novembre 1814. - Je me suis trouvé l'autre jour avec la belle Madame X..., dont les charmes, la grâce et l'esprit ont causé l'admiration de tous ceux qui ont eu le bonheur de la connaître. Nous étions seuls et après une conversation assez triste, dans laquelle elle s'était plainte de toutes les méchancetés qu'elle avait éprouvées dans le monde "Avouez, lui dis-je, que votre beauté vous a causé beaucoup plus de peines qu'elle ne vous a donné de bonheur ? - Oui, me répondit-elle, j'ai souvent été malheureuse de ne pas être plus jolie ! "
Noël 1814. - Le maréchal duc de Dalmatie m'a fait concevoir de grandes espérances pour mon placement, je me trouve bien heureux d'avoir un régiment, de partir et de cesser de sacrifier ma fortune, mes amis, mon existence, mes espérances à quelqu'un qui... Je suis forcé de reconnaître que sa confiance est indiscrétion, son attachement apparent coquetterie. Je n'ai pas mérité cela ! Dieu veuille qu'un prompt départ me guérisse (28 décembre).
J'ai eu bien tort, oh oui grand tort mais il vient de mon imagination égarée et je suis plus à plaindre qu'à blâmer (29 décembre)" (Carnet de la Sabretache, 1911).
3/ Eléments isolés restés en Allemagne
Martinien indique à la date du 11 mars 1814, le Sous lieutenant Ruick, blessé au cours de la sortie de Hambourg.
p/ 1814-1815 - 1ère Restauration
Bivouac du 5e Hussards; tableau conservé au Musée de l'Empéri, Collections du Musée de l'Armée, anciennes collections Jean et Raoul Brunon, Salon de Provence. Donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34 |
Détail des deux Officiers du centre |
Ci-contre : le même dans "Trésor de l'Empéri" |
Hussard du 5e Hussards (sans date mais après avril 1814), d'après Martinet, planche 11 (134), type 3 (Collection A. S. K. Brown). |
Hussard du 5e Hussards (Régiment d'Angoulême) en 1814; fac-similé d'un dessin de Valmont conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris |
A l'avènement de Louis XVIII, les Régiments de cavalerie reçoivent une organisation entièrement nouvelle.
"Le 12 mai, une ordonnance du roi règle l'organisation de la cavalerie; en ce qui concerne les hussards, elle est ainsi conçue :
Il y aura 6 régimens de hussards. Chaque régiment composé de 4 escadrons, chaque escadron composé de 2 compagnies. L'état-major et les compagnies seront organisés ainsi qu'il suit :
Etat-major |
Officiers | Cavaliers | Chevaux d'Officiers |
Chevaux de troupe |
Colonel Chirurgien-majorMajor Chefs d'escadron Adjudans majors Quartier-maître Porte-étendard Aide-chirurgien Adjudants-sous-officiers Maréchal vétérinaire en 1er Maréchal vétérinaire en 2e Brigadier trompette Maître-tailleur Maître-sellier Maître-bottier (à pied) Maître-culottier Maître-armurier-éperonnier |
1 1 2 2 1 1 1 1 |
2 1 1 1 1 1 1 1 1 |
3 3 4 4 1 1 1 1 |
2 1 1 1 |
Totaux | 10 |
10 |
18 |
5 |
Compagnie |
Officiers | Cavaliers | Chevaux d'Officiers |
Chevaux de troupe |
Capitaine
Lieutenant Sous-lieutenans Maréchal des logis chef Maréchaux des logis Fourrier Brigadiers Hussards montés Hussards non montés Trompettes |
1 1 2 |
1 4 1 8 42 16 2 |
2 1 2 |
1 4 1 8 42 2 |
Totaux | 4 |
74 |
5 |
58 |
Force du Régiment : 42 Officiers et 601 hommes ; 18 chevaux d'Officiers et 469 chevaux de troupe |
Il y aura dans chaque régiment une compagnie d'élite; elle sera la première du régiment. Les 6 premiers régimens de hussards prendront les numéros l à 6 ...
Le 5e (régiment de hussards prendra la dénomination de régiment) d'Angoulême.
Il y aura un étendard par régiment. Le fond de l'étendard sera blanc, portant l'écusson de France et la désignation du régiment. Les étendards seront donnés aux régimens à l'époque que nous fixerons. Il y aura deux enfans de troupe par compagnie, pris parmi ceux des sous-officiers et soldats" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 286-287).
Les effectifs des Régiments sont toutefois très faibles et le nombre de leurs Officiers beaucoup trop élevé. Le 5e Hussards, alors à Stenay, est reconstitué le 11 août sous la dénomination de Hussards d'Angoulême, du nom du fils du futur Roi Charles X. Le 11e Hussards entier, les 3e, 4e et 5e Escadron du 8e Hussards (ainsi que le dépôt de ce Régiment, selon le Général Susane) et le 6e Escadron d'Eclaireurs de la Garde, viennent se joindre au très faible effectif du 5e Hussards et reconstituent ainsi le Régiment. Le Général Bordesoulle préside à sa réorganisation, et le Sous-inspecteur aux revues Sicard en dresse le procès-verbal. L'effectif constaté est de 79 Officiers, 604 hommes et 594 chevaux. A cette époque, les Hussards d'Angoulêmes affirment leur fidélité et leur attachement au Roi et au Régime.
Le Colonel Fournier, d'abord nommé Colonel provisoire du Régiment après sa réorganisation, est mis en non-activité le 1er octobre. Le Colonel Baron Liégeard, ex-Colonel du 11e Hussards qui vient d'être supprimé, mis à la suite au Régiment le 11 août, est nommé Colonel titulaire du 5e Hussards à la date du 8 octobre. L'Etat-major, en outre du Colonel, se compose des Chefs d'Escadrons Gramont, Bernard et Bretennet, du Major Lapique et du Quartier-maître-trésorier Desarolles.
Le 8 février 1807, il est blessé d'un coup de feu à la partie supérieure de la cuisse droite à la bataille d'Eylau. Le 21 août 1813, il est blessé d'un coup de feu à la bataille devant Buntzlau. Le 26 août 1813, il est blessé d'un coup de sabre et d'un coup de lance à Winberg (Silésie). Passé Colonel à la Suite du Régiment des Hussards d'Angoulême (5e) le 11 août 1814. Colonel titulaire de ce Régiment le 8 octobre 1814. |
Le Duc de Berry passe en revue les garnisons de l'Est et confère à son passage à Stenay, le 15 octobre, les décorations suivantes aux Officiers du 5e Hussards : Officiers de la Légion d'honneur, les Chefs d'escadrons Bretennet et Bernard et l'ancien Capitaine du Régiment de Laborderie, retraité. Chevaliers de la Légion d'honneur, les Capitaines de Tarlé et Duparc, les Lieutenants Brun et Decaillon, les Adjudants Lefebvre et Cary et les Maréchaux-des-logis Soller, Schram et Vicq.
Chevaliers de Saint-Louis, les Colonels Fournier et Liégeard, et le Major Lapique.
Le Colonel Liégeard arrive au Régiment le 1er novembre. Le Conseil d'administration reçoit les brevets de 45 Officiers maintenus au corps, ainsi que les lettres portant autorisation pour les 34 autres de rentrer dans leurs foyers avec la demi-solde.
Le Régiment est il attaché au Régime ? Le duc de Bellune, dans une lettre adressée au Ministre de la guerre le 10 mars 1815, juge, d'après les 12e et 32e d'infanterie de ligne, 8e cuirassiers, 5e hussards et 12e chasseurs, que "le roi doit compter en toute occasion sur la fidélité et sur le dévouement de son armée". Mais quel fond faire sur ces belles paroles ? (Henri Couderc de Saint-Chamant : Napoléon, ses dernières armées).
q/ 1815 - Cent-jours
Hussard, grande tenue d'hiver, 1815; dessin de Rigo paru dans Uniformes N°34, d'après la Bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Salon de Provence |
Détail de l'équipage, même source | Hussard en 1815 d'après L. de Beaufort (Les Armées de Waterloo, série 07, planche 1) |
Le même en version couleur |
Le Régiment en garnison à Châlons-sur-Marne fait partie des troupes réunies dans cette ville sous le commandement du Maréchal de Bellune. A la nouvelle du débarquement de l'Empereur au golfe Juan, le Régiment se prononce le 20 mars en faveur de Napoléon, quitte Châlons le même jour et marche à sa rencontre vers Epernay, sous les ordres du Général Rigaud. De son côté, le Maréchal Victor, abandonné par ses troupes, s'enfuit en Belgique le 21 dans la soirée (Henry Houssaye : "1815 : la première Restauration, le retour de l'île d'Elbe, Les Cent jours", Perrin, Paris, 1893).
Le même 24 mars 1815, à Paris, "Davout demande que l'Empereur l'autorise à faire venir à Paris le 12e de ligne, le 5e de hussards et le 11e de chasseurs à cheval qui sont partis de Châlons ; l'Empereur les passerait en revue"; l'Empereur répond "Approuvé, faire venir à Paris" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2921).
Le 26 mars 1815, à Paris, "Davout rend compte que, selon les intentions de l'Empereur, les deux escadrons du 11e de chasseurs, les trois escadrons du 5e de hussards et les deux premiers bataillons du 12e de ligne qui faisaient partie du corps commandé à Châlons par le duc de Bellune et qui ont pris la direction de Paris, se rendent dans cette dernière ville pour être passés en revue par Sa Majesté"; Napoléon décide : "Renvoyer au comte de Lobau"; le Comte de Lobeau de son côté répond : "Renvoyer au général Durrieu pour faire toutes les dispositions que cet ordre provoque" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2864).
Par un Décret en date du 25 avril 1815, les Régiments de Hussards quittent leur dénomination pour reprendre simplement leur numéro.
Un rapport de Bourcier au ministre, en date du 10 mai 1815, établi que le 5e Hussards trouve facilement à se pourvoir lui-même en chevaux (Henri Couderc de Saint-Chamant : Napoléon, ses dernières armées).
Le 2 mai 1815, à Paris, est établi un "Projet d'emplacement des dépôts d'infanterie et de cavalerie qui se trouvent en ce moment dans les places frontières, et corrections de l'Empereur" qui indique "... Le 5e de hussards à Laon"; l'Empereur corrige : "Meaux" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 1535).
Le 2 mai 1815, à Paris, est établi un "Projet d'emplacement des dépôts d'infanterie et de cavalerie qui se trouvent en ce moment dans les places frontières; corrections autographes de l'Empereur" qui indique "... 5e hussards : Meaux (Et non Stenay) ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3169).
Le 19 mai 1815, à Paris, est établi un "Projet d'une nouvelle organisation de la cavalerie présenté par Soult ; corrections et additions de l'Empereur.
... 3e corps. 5e hussards, 2e lanciers, 11e chasseurs, le lieutenant général Domon (note. L'Empereur barre Piré qu'il remplace par Domon) ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3255bis).
Le 29 mai 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, Ministre de la Guerre, à Paris : "Mon Cousin, le 1er, le 5e et le 7e de hussards ont beaucoup de monde ; les colonels, que j'ai vus ce matin, m'ont dit qu'ils auraient bientôt 2,000 hommes. Mon intention est que vous donniez des ordres pour qu'aucun de ces régiments ne reçoive plus d'hommes qu'il ne lui en revient ; qu'on ne monte, cette année, aucun homme, s'il n'a servi déjà, et que tous les volontaires soient dirigés sur l'infanterie, aux dépôts les plus voisins. Ils seront sur-le-champ habillés, et accroîtront d'autant notre infanterie. Quant aux hommes qui ont servi dans la cavalerie et qui excèdent le complet, on les enverra sur des régiments de cuirassiers, de dragons ou de chasseurs ..." (Correspondance de Napoléon, t. 28, 21989 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39846).
Le 1er juin, des députations de tous les corps de l'armée, se rendent au champ de mai, pour recevoir, des mains de l'Empereur, les aigles aux couleurs nationales.
L'Europe entière, une dernière fois coalisée, rassemble de nombreuses armées qui doivent assaillir la France sur ses frontières du Nord et de l'Est. Napoléon concentre toutes ses forces au commencement de juin.
Le 3 juin 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Soult, Major général de l'Armée du Nord, qu'il approuve la formation de la cavalerie conformément à un état N°2 (pareille lettre est adressée le même jour à Davout); selon cet état, le 5e Hussards, qui initialement se trouvait au 3e Corps, en cantonnement à Louette-Saint-Pierre, fait désormais partie du 1er Corps de Cavalerie du Général Pajol, 4e Division (Général Soult), 2e Brigade (Ameil). Son nouveau cantonnement est Marle (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39934; Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 178).
Le même 3 juin 1815, le Maréchal d'Empire, Major général, Duc de Dalmatie, écrit, depuis Paris, au Lieutenant général Comte Pajol, commandant le 1er Corps de cavalerie : "Monsieur le général, je vous préviens que l'Empereur vient d'ordonner une nouvelle organisation de la cavalerie, dont Sa Majesté a donné le commandement en chef à M. le maréchal comte Grouchy, qui va porter son quartier général à Laon.
D'après cette nouvelle organisation, il sera fourni, indépendamment des divisions de cavalerie attachées aux différents corps d'armée, quatre corps de cavalerie.
Sa Majesté, voulant vous donner un témoignage de sa confiance, vous a désigné pour commander le 1er corps de cavalerie, qui sera composé des 4 et 5e divisions, savoir :
La 4e division, commandée par le général Soult, sera formée ainsi qu'il suit :
1re brigade (général Saint-Laurent) : 1er hussards, cantonné à Marle ; 4e id. aux environs de Laon.
2e brigade (général Ameil) : 5e hussards, qui va se rendre du 3e corps d'armée à Marle.
Une batterie d'artillerie, que le général Ruty va y faire passer.
La 5e division, commandée par le lieutenant général Subervie, sera formée ainsi qu'il suit :
1re brigade (général Colbert) : 1er lanciers, qui va se rendre d'Avesnes à Marle ; 2e id. qui va se rendre de Philippeville à Marle.
2e brigade (général Merlin) : 11e chasseurs, qui va se rendre des environs de Rocroi à Marle.
Une batterie d'artillerie, que le général Ruty va y faire passer.
Partez, en conséquence, pour vous rendre sur-le-champ à Marle, où vous établirez votre quartier général. Occupez-vous, aussitôt votre arrivée, de l'organisation de votre corps et adressez-moi l'état actuel de sa composition.
Je vais donner des ordres pour que les officiers d'état-major qui vous sont nécessaires se rendent sans délai à votre quartier général.
Il sera attaché au corps que vous commandez un officier supérieur d'artillerie et un commissaire des guerres.
Vous correspondrez avec le maréchal comte Grouchy, qui va se rendre à Laon" (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 387).
Le Maréchal de Grouchy commande les quatre Corps de la réserve de cavalerie. Le 5e Hussards, à l'effectif de 417 hommes et 481 chevaux, forme, avec le 4e Hussards, la 2e Brigade commandée par le Général Ameil, Division Soult (frère du Maréchal) et 1er Corps d'armée, sous les ordres du Général Pajol dont le quartier-général est à Laon. Le Régiment est cantonné à Marle. Par ordre de l'Empereur, Pajol transporte le 7 juin son quartier-général à La Capelle et fait cantonner la Division Soult, de la Capelle au Nouvion.
Le 1er Corps de cavalerie comprend, entre autres, au 9 juin 1815 :
Lieutenant général comte PAJOL, commandant en chef.
4e Division de cavalerie (Lieutenant général Baron Soult) :
2e Brigade (Général Baron Ameil) : 1er, 2e et 3e Escadrons du 5e Régiment de Hussards (Colonel Baron Liégeard), 417 hommes, 481 chevaux (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 186).
- Napoléon marche contre Blucher
Napoléon prend l'offensive et marche contre Blücher. Il concentre son armée aux environs de Charleroi et établit son quartier-général à Beaumont. Le Maréchal de Grouchy, avec la réserve de cavalerie, s'achemine sur ce dernier point. Le Corps Pajol part le 13 juin de La Capelle, passe par Avesnes et Solve-le-Château, et cantonne le lendemain à Fontenelle et à Walcourt, au nord-est de Beaumont. Il est au centre de l'armée avec la Garde et la réserve de cavalerie.
Napoléon met toutes ses troupes en mouvement le 15 juin et les dirige par la vallée d'Heure sur Charleroi. Le Corps Pajol, composé de 18 Escadrons, 8 canons de 6, et 4 obusiers de 24, monte à cheval à deux heures et demie du matin et marche à l'avant-garde devant le centre de l'armée. Il repousse l'ennemi une première fois à Ham-sur-Heure. A 8 heures, les Escadrons français atteignent les hauteurs de Marcinelle, d'où ils découvrent les hauteurs de Charleroi. Le Corps Pajol entre à Charleroi vers midi. Le 5e Hussards se dirige vers Fleurus, sur les pas des Prussiens de la 2e Brigade, mais cette reconnaissance est de courte durée. Arrivés à Gilly, les cavaliers français sont accueillis par un feu bien nourri et quelques coups de canon. Pirch II s'est arrêté sur le plateau dominant le village, et tien solidement sa position. Sans infanterie, toute progression est impossible. Le Corps Pajol se porte sur la route de Namur.
- Bataille de Fleurus
L'Empereur décide d'attaquer le 16 l'armée prussienne concentrée entre Ligny et Fleurus. Tandis que l'on rédige les ordre de l'Empereur, le 4e Corps fait son apparition sur le champ de bataille. En attendant l'arrivée de l'ensemble de ses Divisions, le Général Gérard part avec son Etat-major reconnaitre le terrain sur lequel il devra combattre, suivi de ses Aides de camp et d'un détachement du 5e Hussards. "Parvenu à peu de distance des lignes prussiennes, un gros de cavalerie fondit sur lui. Le général et ce qui l'entourait s'éloignèrent de toute la vitesse de leurs chevaux, mais, dans cette course rapide, sur un terrain coupé de fossés et couvert de blés très élevés et très épais, le cheval du général s'abat et désarçonne son cavalier. A cette vue, tout ce qui accompagne le comte Gérard fait volte-face et met le sabre à la main. L'ennemi arrive sur les Français : on se mêle. L'aide de camp Lafontaine (...), après avoir tué deux lanciers - c'était encore le 6e de hulans prussiens - et brisé son sabre sur un troisième qu'il achève avec le tronçon, reçoit à bout portant une balle de pistolet dans les reins. Le général Saint-Rémy, grièvement blessé de plusieurs coups de lance, ainsi que quelques hussards de l'escorte, est mis à son tour hors de combat (...). Cette lutte inégale aurait eu probablement une issue funeste, si un détachement de chasseurs, placé aux acant-postes, accouru aux coups de feu, ne fût venu dégager le général et sa petite troupe" (Mauduit).
Pajol reste à l'aile droite à l'extrémité nord-est du plateau de Fleurus. Son rôle se borne à des démonstrations, tandis que tout l'effort de l'armée française se produit à l'aile opposée.
Napoléon enlève à Pajol la Division Subervic et la porte en toute hâte au secours de la Division Domon. L'arrivée de ce renfort arrête le mouvement tournant de l'ennemi et assure nos communications avec Frasnes et avec le Maréchal Ney. Mais il ne reste plus à Pajol que deux Régiments de la Division Soult, les 4e et 5e Hussards ; car le 1er Hussards était à l'aile droite, sous les ordres de Ney qui, selon les premières prescriptions de l'Empereur, a même dû le diriger, dès le matin, vers Marbais, avec une Division d'infanterie. Malgré cette réduction considérable de son commandement, Pajol continue, avec les 800 cavaliers qu'on lui laisse, à remplir le rôle qui lui a été assigné (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 205)
Réduit aux Escadrons du 4e et 5e Hussards, Pajol enlève les villages de Boignée et de Belâtre. Blücher, battu, se replie sur Sombreffe. Dans cette bataille, le Régiment, comme tous ceux du Corps Pajol, est très éprouvé et perd le huitième de son effectif soit une cinquantaine d'hommes hors de combat. Le Sous-lieutenant Godet, du 5e Hussards, y est blessé d'un coup de feu à la tête. Le Régiment prend position le soir près du Point-du-Jour et en avant du château de Tongrines, avec le Corps Pajol et les troupes de Grouchy.
Martinien indique à la date du 16 juin à Fleurus, le Capitaine Adjudant major Kauffer, le Capitaine Roehel, le Lieutenant Brun et les Sous lieutenants Fath et Godet, blessés.
La chaussée de Namur à Nivelles est à notre disposition le 17 dès deux heures du matin. Pajol, l'ayant appris par ses reconnaissances, fait monter à cheval les deux Régiments qu'il a avec lui (4e et 5e Hussards), afin de s'y porter. Un peu après trois heures du matin, Pajol quitte les environs de Tongrinnes à la tête du 4e et du 5e Hussards, et gagne la chaussée de Namur, près de Bothey. Il fouille ce village, ramasse quelques prisonniers et donne la chasse à des fuyards égarés. Les premiers renseignements qu'il peut recueillir étant absolument insignifiants, il marche sur le Mazy, où il arrive vers cinq heures du matin. Là il apprend que, pendant toute la nuit, a défilé une colonne de fuyards, évaluée à 6 ou 7,000 hommes. Il se met à sa poursuite ; à peu de distance du village, il tombe sur un convoi d'artillerie qu'escortent des cavaliers. Après les avoir sabrés, il s'empare de huit canons et de plusieurs voitures de munitions. Sur-le-champ, il envoie les canons et des nouvelles au Maréchal Grouchy, à Sombreffe. Reprenant ensuite sa course, il arrive bientôt à hauteur des Isnes, où il trouve, soit sur la route, soit dans les champs avoisinants, une quantité considérable de voitures à bagages et à vivres, que les conducteurs et les escortes ont abandonnées en emmenant les chevaux. Pajol parvient à l'embranchement de la route qui, par Saint-Denis et Meux, mène à Leuze ou à Egliezée, villages situés sur la route de Namur à Louvain. Il est neuf heures du matin. Arrivé à une distance de dix kilomètres de Sombreffe, et sans nouvelles de l'armée, il ne croit pas prudent de s'avancer davantage ; d'autant plus que le 1er Régiment de Hussards, qui vient de le rejoindre, n'a trouvé sur la chaussée de Namur aucune troupe française depuis Sombreffe. Décidé par cette dernière circonstance, Pajol fait faire halte, le 4e Hussards s'arrête à l'embranchement de la route de Saint-Denis, poussant ses éclaireurs jusque près de Temploux ; le 5e Hussards, un peu en arrière ; le 1er, presque à la sortie du Mazy (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 211).
Vers une heure de l'après-midi, Pajol, ne recevant aucune instruction, soit pour exécuter, soit pour suspendre le mouvement dont il a parlé à Grouchy, se met en marche sur la route de Saint-Denis, avec le 4e et le 5e Hussards et toute son infanterie. Il laisse provisoirement le 1er Hussards sur la route de Namur, entre le Mazy et Temploux, afin de couvrir ses derrières, tout en assurant ses communications avec Sombreffe. Les Hussards occupèrent Saint-Denis à deux heures environ (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 219).
Dans l'ignorance complète où Pajol est, à Saint-Denis, des dispositions de Grouchy, il n'a qu'un parti à prendre : revenir au Mazy, où il pens se rapprocher de son chef. Il ramène ses troupes sur ce point en passant par Golzinne et Bossière. A la nuit, la Division Teste, le 4e et le 5e Hussards bivouaquent au Mazy ; le 1er Hussards, venant de Temploux, s'établit à hauteur des Isnes, sur la chaussée de Namur (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 220).
A quatre heures et demie du matin, les troupes de Pajol sont toutes engagées sur la route qui, du Mazy, conduit à Grand-Lez par Bossière, Ferooz et Longsee. Le 4e et le 5e Hussards marchent à l'avant-garde ; la Division Teste vient ensuite ; le 1er Hussards, resté le dernier sur la chaussée de Namur, fait l'arrière-garde (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 225).
Pajol se porte sur Genbloux par Bossières et Ferooz, et force le passage de la Dyle à Limale.
Martinien indique que le Chef d'Escadron Bernard a été blessé ce jour là au cours d'une affaire sur la route de Namur.
- Désastre de Waterloo - Retraite heureuse de Grouchy sur Namur et Laon
Pendant ce temps, Napoléon perdait la bataille de Waterloo et l'armée française fuit en désordre vers Charleroi. Grouchy et Pajol, attaqués le 19 juin par Thielmann, commandant un Corps prussien cantonné à Wavre, le repoussent après un combat acharné et le rejettent sur Louvain.
Pajol occupe Rosieren avec le 4e et le 5e Hussards, que conduit le Général Ameil. Parvenu à ce point, il fait demander au Maréchal Grouchy, par le commandant Biot, s'il doit poursuivre sa route sur Bruxelles ou se jeter à gauche dans la direction de Waterloo (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 239).
Grouchy et Pajol font ensuite retraite sur Namur après que la Division Soult (1er, 4e et 5e Hussards) soit dans un premier temps restée sur la rive droite de la Dyle, pour abuser et surveiller l'ennemi (von Thielman) et l'empêcher d'entamer la poursuite.
Les 4e et 5e Hussards traversent rapidement Namur et prennent position au-delà des faubourgs entre la Sambre et la Meuse, pour couvrir le Corps d'armée de Grouchy qui, continuant sa marche, arrive à Dinant le 20 juin.
Un Officier du 5e Hussards écrit "19 juin 15. - Quelle journée je viens de passer ! Il est 7 heures du soir, et je viens d'arriver à Pétigny, près de Couvin, après une marche de vingt lieues. Nous avons perdu la bataille hier, et notre armée est en pleine déroute. L'Empereur fit tout ce qu'il put pour arrêter les fuyards; mais, après être resté presque seul sur le champ de bataille, il fut forcé de se retirer.
J'avais passé la nuit chez un curé, fort brave homme. A 3 heures du matin, le 19, il me pria de descendre et je vis un officier d'infanterie qui parut fort étonné de me voir là. Il m'annonça notre perte et m'engagea à me retirer très promptement. Il demandait des habits bourgeois pour se déguiser, et me conseillait d'en faire autant; je rejetai cette proposition. Mon détachement monta à cheval, et nous partîmes avec un guide, en nous jetant dans les bois à gauche. L'ennemi avait quatre lieues d'avance sur moi et j'étais loin d'être à mon aise, non pas que je craignisse pour moi, mais j'avais douze hommes et j'aurais mieux aimé me faire tuer que les faire prendre. Cependant, il me paraissait impossible d'éviter de rencontrer la cavalerie ennemie, qui se dirigeait sur Charleroi.
Je ne puis dire combien j'étais chàgrin ; l'idée du malheur qui venait de nous arriver me remplissait les yeux de larmes. Les routes de traverse étaient pleines de soldats couverts de sang et de boue. On voyait des malheureux blessés qui cherchaient à se dérober à un esclavage certain. Ces beaux soldats de la Garde, que j'avais vus si fiers et si brillants, semblaient tout à fait découragés. Le petit nombre que j'en rencontrai étaient presque tous blessés ; jamais je n'ai vu de spectacle plus déchirant.
Je pris ma route sur la gauche, où je ne rencontrai presque plus personne, pendant deux: lieues; j'étais comme mort sur mon cheval. A la sortie du bois, j'aperçus distinctement, à une demi-lieue de nous, de la cavalerie qui n'avait pas l'air de nous appartenir. Je fis mettre les carabines au crochet; cinq ou six cavaliers vinrent me reconnaître. Ils longèrent ma colonne pendant un quart de lieue, puis retournèrent rejoindre leurs masses. Je crus bien être attaqué et je ne sais ce qui les empêcha de le faire ; apparemment, ils me regardèrent comme un de leurs détachements.
Nous marchâmes ainsi jusqu'à Phllippeville où était l'Empereur ; on tâcha de se réunir sous la ville. Rien n'était plus triste que de voir ce mélange de soldats de toutes armes; tout le monde était harassé de fatigue. Nous nous reposâmes environ deux heures et nous continuâmes notre route sur Rocroy.
A une lieue de Philippeville, je vis arriver la voiture de l'Empereur ; il était dans la calèche de l'un de ses généraux. Tous ses équipages avaient été pris. Il paraissait malade, s'assoupissait de temps en temps et puis se réveillait, comme en sursaut. Le général Bertrand était auprès de lui et dormait profondément. Qu'il était changé ! Je n'avais pas vu l'Empereur ni lui depuis Fontainebleau. Je restai plus d'une demi-heure, toujours auprès de la voiture, à les considérer l'un et l'autre. J'ai trouvé l'Empereur un peu abattu par la grande fatigue et les grandes occupations qu'il a eues depuis trois jours ; mais son visage n'avait point changé ; le général Bertrand était vieilli. J'aurais eu bien envie de lui parler; mais outre qu'il dormait, la présence de l'Empereur me contint.
J'arrivai enfin à 7 heures à Pétigny, encore plus fatigué des tristes réflexions que j'avais faites toute la journée, que de la longue route que nous avions parcourue. Je ne crois pas de ma vie avoir passé des moments plus tristes qu'aujourd'hui. Le coeur me saigne en pensant à cette belle armée dont les premiers succès et le courage méritaient un tout autre sort. Nous étions à la veille de voir finir la guerre, et de reprendre notre ancien éclat. Un moment a tout renversé ...
Mais il ne faut pas perdre toute espérance. La France offre encore bien des ressources. Peut être le sort se lassera-t-il de nous être contraire : Tout est perdu, fors l'honneur" (Revue rétrospective - Paris, 1891). Notes extraites d'un carnet de poche ayant appartenu à un officier du 5e Hussards et contenant, outre ces souvenirs de campagne, des pensées, des vers, des extraits de différents auteurs).
- Armée du Nord
Pajol arrive le 20 juin 1815 vers sept heures à Argenton, juste au moment où Vandamme met ses troupes en mouvement. La Division Teste et le 4e et le 5e Hussards doivent presser le pas, pour éviter l'encombrement ; mais Pajol laisse le 1er Hussards marcher plus lentement, afin de former une arrière-garde, qui se tiendra à hauteur de la gauche du 3e Corps. Il continue ainsi à couvrir le flanc gauche de Vandamme, dont les troupes se dirigent par Argenton, Bovesse, Notre-Dame-de-Liesse, Rhisnes et Saint-Servais (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 243).
Pajol avait arrêté la Division Soult, après le départ du 1er Hussards pour Rhisnes ; il repend sa marche vers Saint-Marc et Namur quand il sait que le 3e Corps est dégagé, et laisse le Général Clary et son Régiment revenir avec la Division Lefol. La Division Teste ayant enfin pris position à la porte de Namur et sur la route de Louvain, comme elle en avait l'ordre, Pajol la quitte, fait traverser la ville au 4e et au 5e Hussards et les établit en dehors, entre la Sambre et la Meuse. Grouchy, arrivé à Namur, prend ses dispositions pour se porter en toute hâte vers Dinant, où il craint d'être devancé par l'ennemi, passant la Sambre à Floreffe ou à Ham-sur-Sambre (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 244).
Ce Corps d'armée échappe à l'ennemi et se porte le 21 sur Givet. Il y cantonne ce même jour et arrive le lendemain à Rocroi, où il reçoit l'ordre de se diriger sur Laon. Il apprend le 24, à Rethel, l'abdication de Napoléon et se joint le 26, à Soissons, au reste de l'armée qui prend alors le nom d'Armée du Nord. Grouchy la commande en chef. Il rétrograde sur Paris tout en s'efforçant de retarder la marche de l'armée alliée.
Pajol traverse l'Aisne à Soissons. le 28 juin 1815 au matin, Pajol est au milieu de la forêt de Villers-Cotterets; les Prussiens se montrent du côté de Largny. Pajol prend ses dispositions de combat, pour ne pas laisser barrer la route à la Division Subervic, et au Corps de Vandamme, qui doit la suivre. Il déploie ses trois Régiments de Hussards (1er, 4e et 5e) en bataille, un peu au nord de la grande route, leur gauche au moulin à vent et leur droite près du chemin de Largny à Pisseleux. Auprès de ses Régiments, il place des Escadrons de Jacquinot qui se trouvent séparés de leur Division, et les Bataillons d'infanterie qui ont suivi. Enfin il fait mettre en batterie l'artillerie de la Division Soult, qui vient de rejoindre, et il fait ouvrir le feu contre les lignes prussiennes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 259).
Un Officier du 5e Hussards écrit "27 juin 1815. - Nous venons d'arriver au bivouac près de Meaux. L'ennemi nous suivait depuis Villers-Cotterets ; il nous atteignit à un village à trois lieues au-delà. Ses éclaireurs vinrent nous reconnaître et, comme nous suivions la grande route, il nous envoya quelques volées de canon, qui ne nous firent aucun mal.
Comme ses tirailleurs nous flanquaient de trop près, je fus détaché avec un peloton pour éclairer la droite de la colonne. A peine eus-je le temps de tirailler quelques minutes, que je vis déboucher du bois cinq escadrons de hussards et deux de lanciers, qui arrivaient au grand trot. Le 1er hussards se forma de suite pour recevoir la charge; mais, se voyant tourné par sa gauche, il se débanda presqu'aussitôt. Notre régiment, qui était à cent pas en arrière, n'était pas encore formé; le colonel Liégeard chargea à la tête de deux pelotons qui se trouvèrent réunis. Au moment où je vis le colonel se porter en avant, je me jetais sur le flanc droit de l'ennemi, avec le petit nombre de tirailleurs qui voulurent me suivre. Les hussards n'avaient pas suivi le mouvement du colonel ; ils s'étaient débandés, de sorte que nous nous trouvâmes mêlés avec l'ennemi, les officiers du régiment et le peu de soldats qui ne voulurent point nous abandonner.
Je ne crois pas qu'il soit possible de voir une mêlée pareille : presque tous les Prussiens étaient saoûls, de sorte qu'ils ne donnaient que des coups de sabre mal assurés; presque tous frappaient du plat. J'en reçus trois, dont un sur la tête, et si vigoureux que je n'en voyais plus clair. Le colonel aurait eu la tête fendue sans son shako, mais sa joue fut légèrement effleurée ; ses bras et ses épaules étaient moulus de coups de plat de sabre. En revanche, il sabrait vigoureusement.
Les officiers se battirent comme des désespérés. J'en sabrai cinq à six, dont un officier qui venait sur moi comme un enragé et qui toucha la tête de ma jument avec la pointe de son sabre. Je lui donnai un coup du mien sur le front; il tomba de suite de cheval et son sang rejaillit jusque sur moi. Nous avions affaire aux hussards de Brandebourg et de Poméranie et à des lanciers.
Contre toute attente, nous perdîmes fort peu de monde; je crois bien que l'ennemi emmena une centaine de tués ou blessés. Nous fûmes obligés de nous retirer et pendant deux lieues et demie, il nous fut impossible de rallier nos soldats. L'ennemi nous poursuivit jusqu'à deux lieues de Meaux, où nous arrivâmes à sept heures du soir, abîmés de fatigue.
Aux premiers coups de canon, quand je vis que nous allions décidément avoir une affaire sérieuse, je tirai de dessous ma pelisse le portefeuille qui contenait les cheveux de ma mère, les siens et le ruban vert. J'embrassai bien vite à la dérobée ces souvenirs de ce que j'ai de plus cher au monde ... Au même instant, le colonel commanda : Sabre à la main !" (Revue rétrospective - Paris, 1891). Notes extraites d'un carnet de poche ayant appartenu à un officier du 5e Hussards).
- Combat sous Paris - Retraite derrière la Loire
Davout prend le commandement de toute l'armée enfin réunie sous Paris et lui fait prendre le 29 juin ses positions de combat. Le Corps Pajol est à La Villette.
La situation d'effectif du Corps de Pajol au 29-30 juin 1815 est la suivante :
4e Division de cavalerie (Général SOULT) :
1er Hussards : 36 Officiers, 489 hommes, à la Villette.
4e Hussards : 26 Officiers, 346 hommes, à Saint-Denis.
5e Hussards : 29 Officiers, 391 hommes, à la Villette.
5e Division de cavalerie (Général SUBERVIC), à Charonne et Bagnolet.
1er Lanciers : 29 Officiers, 229 hommes.
2e Lanciers : 33 Officiers, 260 hommes.
11e Chasseurs : 18 Officiers, 276 hommes (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 264).
Martinien note que le 1er juillet, le Chef d'Escadron Brucco de Sordeval et le Lieutenant Zucchino, sont blessé au cours du combat de Versailles.
Paris capitule le 3 juillet et l'armée se retire derrière la Loire.
Un Officier du 5e Hussards écrit : "Le 3 juillet. - Tout est perdu, même l'honneur ...
Oh oui! l'honneur est bien perdu. Voilà trois jours que je suis rentré dans Paris, et il m'a fallu, bien malgré moi, déployer devant un officier Anglais ma feuille de route. Nos barrières sont occupées par des troupes de la coalition; tous nos objets d'art sont enlevés, et cette armée, qui fit si longtemps l'orgueil de la France et la terreur de l'Europe, vient d'être licenciée. Quand je viens à penser quel honteux traité nous venons de signer, alors qu'il restait encore à la France cent mille hommes qui ne demandaient pas mieux que de mourir ! ...
4 juillet. - Qui m'aurait dit, il y a deux ans, que je devais monter une grand'garde sous les murs de Paris ? C'est cependant ce qui m'arrive en ce moment. J'ai été commandé, ce matin, pour me rendre, avec 50 hommes, à l'entrée du pont de Neuilly; les Anglais occupaient un côté et nous l'autre. J'ai été plusieurs fois chez eux en parlementaire; les officiers que j'y ai vus ont été parfaitement honnêtes avec moi. Nous leur avons cédé le passage du pont à 9 heures du soir; ils ont fait traverser la Seine à une division d'infanterie et une de cavalerie.
Ma grand'garde est à l'entrée du bois de Boulogne, les vedettes anglaises à cinquante pas de nous. Je viens de rentrer de parlementaire ; le général Hiller, à qui j'ai parlé, est dans un jardin sur la droite de la route. Nous quittons demain Paris pour aller de l'autre côté de la Loire.
Je croyais fermement que l'armée se serait battue sous Paris. Je ne puis concevoir que l'on livre ainsi la ville, sans donner une bataille. Il me semble que se rendre ainsi, c'est donner à l'ennemi une bien mauvaise idée de nous.
Les commissaires pour régler la suspension d'armes, Français, Anglais et Prussiens, se réunissent à la grille du bois de Boulogne, chez le restaurateur.
A la grand'garde, à la Porte-Maillot, à deux heures du matin" (Revue rétrospective - Paris, 1891). Notes extraites d'un carnet de poche ayant appartenu à un officier du 5e Hussards).
Pajol, à la tête de ses deux Divisions, arrive à Gien le 8, passe à Romorantin le 10 et à Vierzon le 12.
Le 12 juillet 1815, les deux Divisions du 1er Corps de cavalerie sont réunies à Vierzon ; leurs effectifs sont :
4e Division (Général SOULT) :
1er Hussards, 393 chevaux.
4e Hussards, 194 chevaux.
5e Hussards, 218 chevaux.
5e Division (Général SUBERVIC) :
11e Chasseurs, 250 chevaux.
1er Lanciers, 223 chevaux.
2e Lanciers, 245 chevaux (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 273).
Pajol se dirige le 13 juillet sur Issoudun et fait cantonner ses Régiments. Le 5e Hussards est à Brives et aux environs.
Au moment où Pajol part, le 24 juillet 1815, de Châteauroux pour Limoges, il lui parvient une lettre de Davout, datée du 23 à onze heures du soir, lui ordonnant de changer immédiatement de direction et d'aller, avec ses combattants seulement, à Saint-Amand, pour appuyer, au besoin, le Général Milhaud, qui concentre son Corps à Bourbon-l'Archambault. Ce changement dans les instructions primitives du Maréchal est motivé par l'apparition des Autrichiens, dont l'avant- garde vient de franchir, semble t'il par méprise, la Loire à Bourbon-Lancy, se dirigeant sur Moulins. Pajol, rappelant immédiatement ses Régiments, déjà engagés sur la route de Limoges, arrive, le 25 dans la soirée, à Lignières, avec l'une de ses Divisons ; l'autre couche à Château-Meillant. Parvenu le 26, à deux heures de l'après -midi, à Saint-Amand, le 1er Corps de cavalerie s'y installe et est couvert, du côté de Nevers, par le 5e Hussards, que le Colonel Liégeard place, le 1er Escadron à Saint-Pierre-sur-Charenton, le 2e à Bessais, et le 3e à Vernais. En rendant compte de son installation, Pajol demande des instructions et des explications ; car tout le monde, Officiers et soldats, s'étonne de ces mouvements, et personne ne conçoit que l'on fasse des préparatifs d'attaque, quand, à Paris, on a accepté une humiliante capitulation sans livrer bataille (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 275).
Le 27 juillet 1815, la situation du Corps d'armée de Pajol est la suivante :
4e Division (Général SOULT) :
1er Hussards : 341 hommes, 410 chevaux.
4e Hussards : 258 hommes, 283 chevaux.
5e Hussards : 250 hommes, 291 chevaux.
5e Division (Général SUBERVIE) :
1er Lanciers, 196 hommes, 264 chevaux.
2e Lanciers, 236 hommes, 281 chevaux.
11e Chasseurs : 261 hommes, 366 chevaux.
Effectif total . 1,542 hommes, 1,895 chevaux (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 3, p. 277).
Le Régiment, à l'effectif de 32 Officiers, 212 hommes et 292 chevaux, est le 16 août 1815 à Léré, Châtillon-sur-Loire, Blancafort, Argent et Aubigny, ville où se trouve le Colonel Liégeard. Pajol s'installe à Bourges avec son Etat-major.
- Complet licenciement du Régiment.
Le 1er novembre, en vertu de l'Ordonnance royale du 30 août précédent, le Lieutenant-général Comte de Girardin procède à Bourges, où se trouvent alors l'Etat-major et le 1er Escadron du Régiment, au licenciement du 5e Hussards. L'effectif est de 52 Officiers y compris l'Etat-major et les Officiers à la suite, 377 hommes et 528 chevaux. Le Colonel Liégeard est mis en non activité en attendant sa retraite. Les Officiers et les hommes sont renvoyés dans leurs foyers, les chevaux, les armes et les magasins restent à l'état. Le fond du Régiment entre au 1er janvier suivant dans la formation du nouveau 6e Hussards.
III/ Sabretaches
Bertrand Malvaux, dans un article paru dans la revue Tradition N°66-67 et 68, a proposé une classification des sabretaches de Hussards; nous reprendrons les principaux aspects de cet article afin de clarifier la question des sabretaches au 5e Hussards.
Sabretache époque Révolution, donnée dans la Giberne, 10e année, N°4, page 50; ex collection M. Orange. Fond écarlate, galon et passepoil intérieur jaunes, bordure en peau fauve, chiffres noirs dans les ronds blancs, bonnet phrygien rouge et blanc, faisceau jaune à cravate tricolore, rameaux marron, feuilles marron, vert foncé et jaune clair, couronnes de feuilles vertes et jaunes (les ornements sont brodés). |
Mr Bertrand Malvaux nous a fait l'honneur d'insérer dans notre historique les photos ci-dessus et suivantes, ainsi que son texte les accompagnant. Cette sabretache a appartenu au citoyen Nicolas Omelin, du 5e Hussards. Elle est du 3e type époque Révolution, 1792-1794. Voici ce que nous dit Mr Malvaux : "Avant de vous donner la description de cet objet tant mythique, qu'historique, à la rareté extrême, je souhaite faire un petit historique de cet équipement. J'ai publié dans la revue "TRADITION Magazine", quatre articles consacrés aux sabretaches de Hussard de la période 1800 à 1815. Je devais publier la partie consacrée à la période Révolutionnaire, mais cela n'a pu ce faire pour des raison de choix éditoriaux. En 1993, les conservateurs du Musée Royal de l'Armée de Bruxelles, en Belgique, m'ont demandé de publier une étude sur les sabretaches de leurs remarquables collections militaires, cela fur fait dans le numéro de 1993 de la revue du musée "MILITARIA BELGICA", où j'ai abordé la période de la Révolution Française. J'estime l'intérêt de ces objets supérieur à la passion qu'ils peuvent procurer aux amateurs et collectionneurs, c'est pourquoi je place cet historique en premier, espérant ainsi vous permettre de partager ce que j'ai pu apprendre grâce à l'aide et l'ouverture de grandes collections publiques et de quelques collectionneurs. La période révolutionnaire française bouleverse la société et l'armée, les sabretaches utilisées sous la Monarchie sont abandonnées dès 1791, le monogramme royal fait place aux symboles révolutionnaires. Aux six régiments de hussards existant sous l'Ancienne Monarchie s'ajoutent, à partir de 1791, les formations de volontaires montés. En 1793, l'ensemble de ces troupes est réorganisé en douze puis quatorze régiments. Corps aux uniformes chamarrés, les hussards aiment les particularismes, la Révolution va leur offrir une occasion propice aux fantaisies, mais du temps de guerre ne naîtra pas la richesse des uniformes que connut l'Empire. Durant cette période historique pour la France, plusieurs modèles de sabretaches sont utilisés concurremment, aucune classification absolument fiable ne peut être avancée; néanmoins, nous pensons pouvoir proposer une chronologie basée sur l'évolution des emblèmes. Ainsi, je distingue, pour ma part, quatre types et un modèle : - Premier type, à partir du 1er janvier 1791 : il s'agit des sabretaches de l'Ancienne Monarchie dont le monogramme a été remplacé par le numéro du régiment. - Deuxième type, à partir de 1792 : la patelette recouverte en drap brodée d'un faisceau de licteurs encadré par deux branches de chêne et surmonté d'un soleil rayonnant. - Troisième type, à partir de 1792 : la patelette recouverte en drap brodé d'un faisceau de licteurs encadré par deux médaillons ovales, chacun ceint d'une branche de laurier; celui placé à la droite du faisceau est brodé des lettres "RF", pour "République Française", le médaillon disposé à la gauche du faisceau est brodé du numéro du régiment), le faisceau est surmonté d'un bonnet rouge (dit bonnet phrygien; dans le bas, sont brodés deux branches de chêne. - Quatrième type, à partir de 1794 : est identique au troisième type, excepté le bonnet rouge qui progressivement est remplacé par une couronne civique à partir du Directoire, pour disparaître définitivement sous le Consulat. - Modèle An II (1794-1795) : le galon d'encadrement de la patelette devient tricolore. Ce texte ne semble pas avoir été très appliqué, nous ne connaissons qu'une seule sabretache authentique de ce modèle, du 12ème régiment de Hussards. - Les Fantaisies : certains régiments font réaliser des sabretaches à décors spécifique, par exemple avec un arbre de la liberté brodé au centre. L'exemplaire que je vous propose aujourd'hui est de la plus grande rareté, c'est le seul exemplaire authentique du 5ème régiment que j'ai eu l'occasion de pouvoir rencontrer. Le Musée de l'Armée, Hôtel des Invalides à Paris, possède une sabretache quatrième type du 6ème régiment, et une du 8ème régiment du quatrième type, mais dont le chiffre est restauré car le propriétaire de l'époque avait changé de régiment ! Les collections possèdent aussi l'unique sabretache du modèle An II avec galon tricolore du 12ème régiment. Les anciennes collections Raoul et Jean Brunon, devenues collections du Musée de l'Armée en 1966, et exposées au château de l'Empéri à Salon de Provence, possèdent une sabretache troisième type du 9ème régiment. Les collections du Musée Royal de l'Armée à Bruxelles (Belgique), possèdent une sabretache troisième type du 9ème régiment provenant des anciennes collections Georges Titeca. Pour ce qui est de collections privées, les bons exemplaires sont encore plus rares, nous connaissons une sabretache du troisième type, dont le numéro du régiment a été débrodé à l'époque par le propriétaire lors d'un changement d'affectation. DESCRIPTION : Sabretache en cuir souple brun. Patelette recouverte de drap rouge et bordée d'un galon jaune de 25 mm de large, et d'une soutache à l'intérieur du galon en forme de cordonnet jaune, L 3/4 mm. Au centre le drap est brodé au naturel en fils de coton d'un faisceau de licteurs à ruban tricolore, H 193 mm, L 28 mm, encadré par deux médaillons ovales, H 90 mm, L 78 mm, chacun ceint d'une branche de laurier avec centre en drap blanc; celui placé à la droite du faisceau est brodé des lettres "RF" en fils noirs, H 59 mm - pour "République Française" -, le médaillon disposé à la gauche du faisceau est brodé du numéro 5 en fils noirs, H 55 mm; le faisceau est surmonté d'un bonnet rouge, appelé aussi "bonnet phrygien" H 45 mm; dans la partie basse, sont brodés deux branches de chêne. Le cuir de la patelette est replié sur l'avant de la sabretache (L 7 mm), et pince le drap de fond en le prenant dans la couture. En partie haute, trois passants en cuir (H 13 mm, L 22 mm) sont employés pour la fixation d'anneaux de laiton (D extérieur 40 mm, épaisseur 4,5 mm) destinés à recevoir le passage des courroies de suspension. Un passant est cassé et l'anneau correspondant est conservé dans la poche intérieur. Patelette : H 337 mm (sans les anneaux), L 308 mm. Poche intérieure en cuir brun doublée de toile écrue, dans le haut une ouverture est pratiquée refermée par un rabat qui se maintient au moyen d'un bouton en cuir roulé. Poche intérieur : H 296 mm, L 258 mm. Poids 445 grammes. Très bon état de conservation pour un équipement de la Révolution. Le drap de la patelette est légèrement passé dans sa couleur et a 4/5 petits trous de mite. Le cuir de la patelette et de la poche a des usures et de petits manques d'usage. Cette sabretache est accompagné de deux documents conservés à l'intérieur de la poche : 1) Congé absolu par le conseil d'administration du 5ème Régiment de Hussards, Armée du Nord, délivré le 25 thermidor an V de la République (12 août 1797) à Amsterdam, signé des officiers du conseil d'administration du régiment, bon état. Cachet de cire rouge du régiment en mauvais état. Document : H 405 mm, L 310 mm. 2) Feuille de Route en vertu d'un congé de Réforme daté du 30 thermidor an V (17 août 1797), mauvais état. Document : H 385 mm, L 245 mm. |
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"Le 18 Brumaire An VIII (9 novembre 1799) sonne le glas de la Révolution et sa transition vers l'Empire. La période du Directoire s'achève par un violent coup d'état. En 1802, une nouvelle phase est franchie : Bonaparte se fait nommer consul à vie.
Pendant toute la durée de la Révolution, les sabretaches de hussards sont décorées de symboles révolutionnaires tels que le bonnet phrygien, les faisceaux de licteur ou l'arbre de la Liberté. Sous le Directoire, le modèle de sabretache le plus fréquemment rencontré est celui dont la patelette est brodée du faisceau de licteur entouré de deux médaillons (l'un au monogramme R F, l'autre au numéro du régiment) et surmonté du bonnet phrygien. Déjà, ce dernier commence à passer de mode, mais il faudra attendre le Consulat pour le voir disparaître systématiquement. Vers 1800, certains régiments remplacent leur sabretache par un nouveau type, brodé au chiffre du régiment, avec un décor qui peut varier. C'est vers 1802 qu'une nouvelle sorte de sabretache est mise en service; elle durera jusque vers 1807".
"Malgré les nombreuses variantes utilisées sous l'Empire et les différences existant entre les régiments, nous pouvons tenter de classer les sabretaches de hussards du Premier Empire en cinq types, auxquels vient s'ajouter un modèle réglementaire... Ce classement est personnel et non exhaustif. Il est basé sur les textes d'époque ou sur l'évolution des décors de la patelette et nous vous le soumettons afin de clarifier notre propos. Tous ces types peuvent être utilisés à la même époque selon les régiments; nos datations correspondent aux périodes où ces sabretaches sont le plus couramment portées. Certains régiments ont prolongé leur durée d'utilisation en fonction de leurs finances (le 10 Brumaire an V - 10 octobre 1796 - la compagnie Amelin Vaurobaix propose au ministère de la Guerre les sabretaches de hussards au prix unitaire de 21 francs) et des objets disponibles dans les magasins d'habillement. Pour ce qui est des sabretaches de trompettes, les documents sont rares et l'étendue des variantes fantaisistes sont tellement diverses que nous n'en décrirons volontairement que quelques unes" :
- Premier type, ou "type Consulat", vers 1801 (1802)-1807 : "chiffre entouré de deux branches de feuillages, surmonté ou non d'une couronne civique....
La nouveauté du type 1802 réside dans le décor de la patelette. La forme de la sabretache reste sensiblement la même que sous la Révolution, avec le bas en accolade. Généralement, sa hauteur varie entre 310 mm et 350 mm, sur une largeur maximale de 310 mm à 320 mm. Elle est recouverte de drap de la couleur du régiment; au centre est brodé un chiffre de la couleur des tresses; il est entouré de deux branches de feuillages brodées en fil de coton brun et vert; le numéro est surmonté d' une couronne de laurier ovale, brodée comme les feuillages; elle imite la couronne civique que les Romains décernaient aux légionnaires les plus braves. Un galon et une soutache encadrent les bords de la patelette; il est normalement de la couleur des tresses, mais quelques fantaisies peuvent exister. On rencontre également le même type, mais sans la couronne de laurier, à partir de 1804, semble t-il. Le colonel Barbier représente à plusieurs reprises le galon supérieur posé en accolade, comme cela était la mode sous l'Ancienne Monarchie. La sabretache est en vache noire, le dessus en basane; elle est bordée de veau et doublée de toile; l'ouverture de la poche est en forme d'échancrure arrondie fermée par une sous-patelette ...
- Les modèles d'officiers : La classification des équipements d'officiers est encore plus hasardeuse que celle de la troupe. La sabretache de "type Consulat", fort appréciée des officiers, fut très utilisée. Cependant, en fonction de leur fortune personnelle, ils ont pu changer plus rapidement d'équipement que la troupe. Dès 1805, bon nombre de gradés commandent de nouvelles sabretaches brodées d'une aigle impériale. Au tout début du Consulat sont portés des modèles brodés d'un chiffre totalement encerclé par deux branches de feuillages. Ensuite, les fantaisies résident principalement dans les petits détails, comme par exemple le dessin de la soutache, la structure de la couronne civique, la forme de l'accolade dans le bas, etc. Quelquefois, les couronnes civiques sont au nombre de deux. La sabretache des officiers subalternes est ornée d' un galon de la couleur des boutons de l'uniforme. Quant à celle des officiers supérieurs, elle peut avoir, soit deux galons, soit la patelette bordée d'une frange en torsades d'or ou d'argent (selon la couleur des boutons). Les sabretaches d'officiers sont en cuir doublé de maroquin noir, rouge ou vert.
Les sabretaches d'officiers authentiques parvenues jusqu'à nous sont rares, bien qu'elles aient été plus nombreuses que les exemplaires de troupe". En conclusion, pas d'original connu pour le 5e Hussards.
- Deuxième type, vers 1804-1812 : "chiffre entouré de deux branches de feuillages, surmonté d'une couronne impériale...
En 1804, lorsque Napoléon Bonaparte devient Empereur des Français, le nouveau régime abandonne définitivement les anciens symboles révolutionnaires. Les emblèmes seront désormais, et pour dix ans, l'aigle. la lettre N et la couronne impériale. Les uniformes militaires n'échappent pas à la règle, mais le changement ne sera ni immédiat, ni radical. En effet, il faut attendre 1807-1810 pour voir l'aigle consacrée comme décor sur les équipements de nos armées. Nous pensons, pour notre part, que ce phénomène a deux explications : d'une part, la très grande majorité des soldats de 1804 sont d'anciens volontaires de l'armée républicaine et bon nombre d'entre eux se sont déjà couverts de gloire, à commencer par le "Fils de la Révolution", l'Empereur lui-même; d'autre part, changer les tenues d'une grande armée est un luxe dont l'Empire se passera durant ses premières années. Il en sera bien autrement à partir de 1806.
A partir de 1804, les régiments peuvent adopter un nouveau type de sabretache, décoré d'un chiffre entouré de deux branches de feuillages, le tout surmonté d'une couronne impériale...". Pas d'original connu pour le 5e Hussards.
Sabretache de troupe vers 1805-1812. Ce très intéressant témoin provient de l'ancienne collection Detaille, léguée au Musée de l'Armée en 1919. Il fut restauré en 1973 et remonté sur un cuir neuf; les anneaux ont également dû être reconstitués; l'aigle a été rebrodée en suivant les anciennes coutures. (Collections du Musée de l'Armée, cote Gb 224d - In Tradition 66-67) Note : cette sabretache est donnée par J. C. Colrat sous forme de dessin dans le Briquet N°1 de 1982 |
Sabretache de troupe du 5e Hussards (Collection privée). Donnée dans l'Encyclopédie des Uniformes Napoléoniens. |
- Troisième type, vers 1804-1812 : "Aigle entourée (ou non) de deux branches de feuillages, surmontée d'une couronne impériale...
Dans cette catégorie, nous regroupons les sabretaches recouvertes de drap et décorées d'une aigle. Il s'agit là du modèle le plus typique du Premier Empire, mais égaIement du plus varié; pour cette raison, nous ne pouvons pas prétendre être exhaustif dans un article tel que celui-ci. Nous tenterons néanmoins d'être le plus complet possible.
Ce nouveau modèle à l'aigle et assez proche du précédent. Le numéro du régiment, placé dans le bas, est considérablement réduit en taille. Au centre de la sabretache est représentée une aigle (toujours surmontée d'une couronne), entourée (ou non) de deux branches de feuillages. Les simples hussards ne recevront cette sabretache qu'à partir du milieu de l'Empire, vers 1807-1810. Les officiers l'ont adoptée dès 1804-1805, avec des formes plus ou moins différentes et un galonnage pouvant varier; elle est très souvent frangé pour les grades supérieurs...
* 5e hussards. Les sabretaches troisième type du 5e hussards nous sont parvenues en "assez grand nombre", puisque nous avons rencontré jusqu'à un exemplaire de troupe et quatre d'officier ! La sabretache de troupe a été utilisée très probablement dès 1805-1808 et ce, jusqu'à la fin de l'Empire. Elle provient de l'ancienne collection Detaille et a été léguée, en 1919, au Musée de l'Armée (cote Gb 224d). Restaurée en 1973, le cuir est reconstitué et les broderies en grande partie reprises suivant les anciennes coutures. Hauteur 347 mm, largeur en haut 224 mm, largeur du bas 288 mm. Drap du fond écarlate. Galon large de 30 mm, soutache de 3 mm, tous deux jaunes. Couronne blanche : hauteur 60 mm, largeur 60 mm. Aigle brodée en fils blancs : hauteur 103 mm, largeur 102 mm; elle tient, dans ses serres, un foudre avec des éclairs : hauteur 49 mm, largeur 89 mm. En dessous de l'aigle est brodé un chiffre 5 en fils noirs : hauteur 44 mm, largeur 28 mm. L'aigle couronnée est entourée d'une branche de chêne et d'une branche de laurier.
Les quatre sabretaches d'officier connues sont toutes identiques. L'une appartient aux collections du Musée de Lunéville; elle est actuellement en dépôt au Musée de l'Armée (cote DEP 4435); une deuxième fait partie d'une grande collection privée française; la troisième a appartenu au comte de Steenhuyse, lieutenant-adjudant-major en 1813; elle est conservée au Musée Royal de l'Armée Belge; la quatrième sabretache est celle d'Arré Epinat, capitaine au 5e hussards en 1813; l'aigle brodée a été découpée en 1814 pour être remplacée par les Armes de France. Elle est aujourd'hui conservée chez un particulier. Toutes sont recouvertes de drap écarlate brodé en fils d'or, d'une aigle couronnée entourée de feuillages, et encadrées d'un galon et d'une soutache d'or. Le fond de la couronne et le ruban attachant les branches de chêne et de laurier peuvent être soit en fil de soie bleu, soit en filé or. Voici les dimensions de la sabretache du Musée de l'Armée : hauteur 333 mm; largeur 303 mm; largeur du galon 32 mm; hauteur de la couronne 65 mm par 72 mm de large; hauteur de l'aigle 105 mm sur 99 mm de large; hauteur totale des feuillages 205 mm sur 206 mm de large.
Complément paru dans Tradition N°81 : "Dans nos précédents articles, nous avions établi une typologie des différents modèles de sabretaches de hussards utilisés entre 1800 et 1815.
Nous avions décrit le troisième type, vers 1804-1812, avec patelette décorée d'un aigle (entouré ou non de branches de feuillages) surmonté de la couronne impériale. Concemant les sabretaches d'officier du 5e régiment, nous indiquions connaître trois exemplaires authentiques, dont deux reproduits dans cette étude : l'un non attribué, l'autre ayant appartenu au capitaine Epinat. La troisième sabretache, conservée au Musée Royal de l'Année à Bruxelles, ayant appartenu au comte d'Hane de Steenhuyse. A l'époque, nous avions mentionné l'existence d'une quatrième sabretache et nous l'avions publiée en couleurs en donnant ses dimensions; décrite par erreur comme authentique, il s'agissait en réalité d'une très belle copie. En publiant en couleurs la sabretache du comte d'Hane de Steenhuyse, nous complétons ainsi notre texte d'origine tout en permettant la comparaison avec la fausse".
Superbe sabretache d'Officier du 5e Régiment, 1805-1815. Elle est recouverte de drap écarlate et décorée d'une aigle couronnée entourée de feuillages, le tout brodé en fils d'or. Elle est encadrée d'un galon et d'une soutache d'or. Ce modèle prestigieux est le moins rare puisque l'on en connaît quatre exemplaires ! Celui-ci présente une petite variante de finition : le fond de la couronne et le ruban attachant les branches de chêne et de laurier sont en fil de soie bleue..., cette sabretache est exposée au Musée de l'Armée, à Paris, grâce à un prêt accordé par monsieur Pierre Chanel, conservateur du Musée de Lunéville (Collection du Musée de Lunéville, en dépôt au Musée de l'Armée, cote DEP 4435 - In Tradition 66-67) |
Sabretache d'Officier du 5e Régiment, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); Musée de l'Armée |
Très belle sabretache d'Officier du 5e Régiment, complète et en bel état d'origine, 1805-1815. Cet exemplaire est identique à la sabretache conservée au Musée Royal de l'Armée Belge et qui a appartenu au comte de Steenhuyse, Lieutenant-adjudant-major en 1813. Elle est écarlate, galonnée et brodée d'or (Collection particulière - In Tradition 66-67) |
Sabretache ayant appartenu au comte d'Hane de Steenhuyse telle que publiée par Albert Depréaux dans le Carnet de la Sabretache en 1926; le texte d'accompagnement indique : |
Sabretache ayant appartenu au comte d'Hane de Steenhuyse en 1813 lorsqu'il servait comme Officier au 5e Régiment de Hussards. La patelette est recouverte de drap écarlate, les broderies et galon sont en fils d'or. Sur cette photo, les garnitures paraissent argents, ceci est dû aux fils métalliques qui sont en réalité en argent doré; avec l'usure dû au temps l'or disparaît (Collections du Musée Royal de l'Armée à Bruxelles, cote III 324) - Donné par B. Malvaux in Tradition N°81. "Cette sabretache est parvenue jusqu'à nous en parfait état de conservation. La patelette, recouverte de drap écarlate, mesure 365 mm de hauteur sur 328 mm de largeur. Au centre est brodé, en appliqué et au passé, en fils et paillettes d'or, un aigle de 130 mm de haut sur 98 mm de large. Au-dessus, une couronne impériale est brodée sur 60 mm de haut et 61 mm de large. Elle est en fil d'or avec des perles en fils de soie blancs, verts, roses et gris, brodée sur un fond en réseau de fils de soie rose. L'aigle surmonte le chiffre 5 brodé en fils d'or. Le décor central est encadré sur sa droite par une branche de chêne et, sur sa gauche, par une branche de laurier, brodées en fils et paillettes d'or. La patelette est encadrée par un galon d'or à bâtons d'une largeur de 36 mm. Le galon est lui-même bordé, à l'intérieur de la patelette, d'une soutache brodée en fils d'or. La sous-patelette est en cuir noir verni". |
"La couronne et l'aigle sont remarquablement brodés. Le dessin de l'aigle bien que stylisé est de bonne facture" |
"Les branches de feuillages sont brodées de fils, cannetilles et pailettes d'or, l'emploi des différents matériaux permet de donner du relief au dessin. Remarquez la soutache bordant l'intérieur du galon : elle est brodée en fil métalliques" |
"Corps de la pate lette et sous-patelette : tous les deux sont en cuir noir verni" |
Sabretache ayant appartenu au Capitaine Epinat. Elle est du même modèle que les autres sabretaches connues d'Officier du 5e hussards. L'aigle brodée a été découpée en 1814 pour être remplacée par les Armes de France; au mois d'avril 1815 le Capitaine Epinat, nommé au 1er Hussards, a sans doute utilisé une nouvelle sabretache (celle de petite tenue modifiée) : l'aigle métallique a dû être rajoutée postérieurement. Le galon a disparu, mais l'objet reste un témoin très intéressant. Signalons, pour information, qu'une très belle giberne ayant appartenu à cet Officier est conservée au Musée de l'Armée (Collection particulière - In Tradition 66-67) |
étui de protection : On oublie souvent que les sabretaches étaient des objets dispendieux et que l'un des soucis des hommes de cette époque était de préserver au maximum leurs uniformes. A cet effet, les sabretaches étaient rangées en permanence dans un fourreau de cuir souple ciré noir dont la face était peinte au numéro du régiment ou d'un écusson (complément in Tradition N°68).
- Quatrième type, vers 1807-1812 : patelette en cuir pour la troupe, recouverte de drap pour les officiers, décorée soit d'un chiffre, soit d'un écusson. Les sabretaches recouvertes de drap étant coûteuses et surtout fragiles, on utilise rapidement, dès 1806, et plus encore à partir de 1807, des modèles entièrement en cuir dont la patelette est décorée d'un blason ou du numéro du régiment. Les officiers utilisent ce type d'objet avec la tenue de campagne ou la petite tenue, conservant les modèles luxueux pour les grandes occasions. Les gradés les plus fortunés se font réaliser, pour les tenues ordinaires, des sabretaches recouvertes de drap, mais avec un décor très simplifié. En fonction de la mode vestimentaire des régiments, certains officiers abandonnent, sur les sabretaches de grande tenue, l'aigle au profit d'un blason ou d'un écusson. Ce sont tous ces modèles que nous avons choisi de regrouper sous la dénomination quatrième type.
- Cinquième type, vers 1809-1812 : en cuir avec une aigle couronnée, futur modèle 1812. Le dernier type, dans notre classement, est celui à patelette en cuir décorée d'une aigle, couronnée ou non; ce type fut utilisé bien avant le modèle réglementaire de 1812. L'aigle peut être ou non agrémentée d'un numéro, la couronne est solidaire ou non du corps de l'aigle et il existe un grand nombre de variantes dans le dessin de cette dernière. Le motif central est toujours en métal estampé ou coulé; le galon est assez souvent en broderie d'or ou d'argent. La grande majorité de ces modèles sont en cuir noir; certains peuvent être recouvert de maroquin rouge.
Sabretache de Colonel d'après Bardin et Vernet |
Sabretache d'Officier en 1812 d'après le Réglement de Bardin, dessin de M. Pétard - In Tradition 68 |
- Modèle 1812 : patelette en cuir avec aigle couronnée surmontant le numéro du régiment. Le manuscrit de Bardin donne la description suivante du nouveau modèle de sabretache pour les hussards :
"Composition de la sabretache
La sabretache sera confectionnée en vache noire lissée et se composera de deux parties : le dessus et la poche.
Dessus ou patelette
Le dessus de la sabretache se composera d'un cuir de vache doublé en basane; sa partie inférieure sera terminée en accolade.
La plus grande hauteur, mesurée en dessous de l'anneau du milieu jusqu'à sa pointe inférieure sera de 330 mm; sa largeur par le bas, sera de 310 mm; parle haut sa largeur sera de 230 mm. La largeur apparente du bordé de veau, qui sera cousu à raison de douze points par 30 mm, sera de 10 mm.
Poche de sabretache
La poche, dont le dessus sera en basane et dont le dessous sera en vache noire lissée, sera bordée de veau et doublée de toile.
La hauteur de cette poche sera de 280 mm. Elle se terminera carrément par le bas, dont les deux angles seront arrondis; elle aura, par le bas, 280 mm de largeur et par le haut sa largeur sera de 220 mm.
L'ouverture de la poche, qui sera faite au moyen d'une échancrure arrondie, aura 110 mm de hauteur.
La largeur du haut de cette ouverture sera de 150 mm.
Elle sera fermée par une sous-patelette de basane également bordée en veau, laquelle aura 130 mm de hauteur sur 160 mm de largeur.
Garnitures en cuivre, aigle et numéro de la sabretache
Le dessus sera omé d'un aigle couronné conforme au dessin. Aigle de métal blanc ou jaune suivant les régiments, lequel aura 140 mm de hauteur sur 100 mm de largeur. Cet aigle sera placé à 100 mm au-dessus de la pointe inférieure de la patelette.
Au-dessous de l'aigle, sera placé à 15 mm le numéro du régiment, en métal pareil à celui de l'aigle. Ce numéro aura 50 mm de hauteur. L'épaisseur du corps du chiffre sera de 7 mm.
L'aigle sera attaché sur le dessus au moyen de cinq queues ou tenons à jour, lesquels passeront par des trous percés à la place convenable à travers la patelette. Une lanière de cuir passant par ces trous fixera la plaque.
Chaque chiffre sera fixé par deux tenons pareils.
La durée des sabretaches sera de six ans".
Le même document détaille le modèle destiné à équiper les officiers de la façon suivante :
"Sabretache
La sabretache des officiers aura la même forme, les mêmes proportions et dimensions que celles fixées pour les hussards; la patelette sera en cuir de veau verni en noir. Son pourtour sera garni d'un galon en or ou en argent, suivant la couleur des boutons de l'uniforme; la largeur de ce galon sera réglée comme ci-après, savoir : pour les Colonels-Majors et Chefs d'Escadrons, de 35 mm et pour les autres Officiers de 25 mm.
Les Colonels et Majors porteront en outre sur leur sabretache, au-dessus du galon ci-dessus prescrit, un second galon de la longueur de 10 mm. Il sera de la couleur du premier pour les Colonels et, pour les Majors, de la couleur du corps de leur épaulettes (c'est-à-dire de la couleur des boutons pour le Colonel, et de la couleur inverse de celle des boutons pour le Major).
Il sera également placé sur les patelettes de la sabretache un aigle impérial des mêmes dimensions que celui fixé pour les hussards et, au-dessous, le numéro du régiment en chiffres d'une dimension pareille à celui de la sabretache de hussards.
Ces ornements seront en cuivre argenté ou doré suivant la couleur du bouton d'uniforme".
La planche accompagnant ce règlement représente des anneaux de suspension de forme ovale. Toutefois, il semblerait que cette innovation ne fut guère appliquée.
Concernant la sabretache, le règlement de 1812 a été largement appliqué; le but de ce nouveau texte était de limiter les dépenses en créant une sabretache rationnelle et solide. Pour le modèle de troupe, seuls certains régiments (par exemple le 5e) conservèrent l'ancien type, soit en raison des objets en bon état encore disponibles en magasin, soit en fonction de l'éloignement de la France. Les officiers utilisent la sabretache 1812 pour la tenue de campagne ou la tenue ordinaire, mais la tradition de l'équipement haut en couleurs et riche en décors se poursuit.
- La Première Restauration : Les sabretaches à patelette en cuir voient leurs emblèmes impériaux modifiés; sur celles qui sont brodées, l'aigle est découpée et remplacée par les Armes de France, comme c'est le cas pour la sabretache du capitaine Epinat.
- Les Cent-Jours : Durant le retour au pouvoir de l'Empereur, la valse des attributs recommence : les patelettes en drap découpé en 1814 sont soit recollées, soit complétées d'une aigle métallique (souvent de fortune), ou encore laissées sans emblème. Au 5e hussards, par exemple, l'aigle fut débrodée lors du retour du Roi, mais ne fut pas remise en 1815 : c'est ainsi que le régiment fera la campagne de Belgique".
Dans l'ouvrage "Appendice au Catalogue du Musée d'artillerie" (1899), de F. Bernadac, nous lisons en page 61 (pièces entrées au Musée depuis 1891) :
"J. 9791. Sabretache d'officier au 5e hussards, sous Napoléon 1er. En cuir noir, ainsi que le ceinturon. Sur la sabretache une aigle en cuivre, couronnée. Sur les boucles du ceinturon une tête de lion. Portée par le père du donateur.
Don du colonel Lichtenstein".
Etui de sabretache donné par Job dans les Tenues de troupes de France. Ce modèle ferme par une série de trois boutons de cuir sur le haut et trois autres boutons sur le côté gauche. Ce couvre-sabretache mesure 22 cms de large en haut et 30 en bas. Il fait 35 cms de haut. La face du couvre-sabretache est rabattue sur le dos et cousue au bord; on voit la couture sur la face autour. Le rabat du haut est divisé pour le passage des courroies de la sabretache. |
Il est rarement question des poches de protection pour les équipements militaires. Pourtant ces pièces étaient très fréquemment en usage, et ne quittaient la tenue que pour les grands jours ! Basé sur un document conservé dans les archives Raoul et Jean Brunon, ce dessin de Michel Pétard détaille le montage et le type de fixation d'un couvre-sabretache - In Tradition 68 |
Couvre sabretache de troupe du 5e Hussards, avers et revers (Collection J. F. R. N.). Donnée dans l'Encyclopédie des Uniformes Napoléoniens. |
IV/ Uniformes
Selon l'Instruction en date du 1er avril 1791, faisant suite au Règlement du même jour, il est stipulé :
"Les régiments de toutes armes se conformeront, pour la confection de l'habillement et de l'équipement des hommes et des chevaux, aux dispositions du règlement du 1er octobre 1786, en tout ce qui ne sera pas contraire à celle de la présente instruction.
Il ne sera rien changé au costume des hussards ...
Les trompettes, seront
vêtus en drap bleu; les galons des habits des trompettes seront à la livrée du roi ...
Les marques distinctives de brigadier fourrier dans les troupes à cheval, seront les mêmes que celles du grade de brigadier. Il sera de plus ajouté une bande de galon d'argent
fin, de 10 lignes de large, cousue en travers sur le dehors de la manche, au dessus du pli du bras ...
Le gilet d'écurie, qui sera de la couleur du fond de l'habit, sera doublé de cadis blanc. Les poches seront ouvertes, mais sans pattes; elle seront seulement garnies à chaque ouverture, par une bande de tricot d'un pouce de large; elles seront en toile, le collet renversé, et les parements faits en botte; l'un et l'autre seront de la couleur distinctive; le gilet sera garni sur le devant de deux rangées de petits boutons uniformes, de métal, de dix chacune; il sera tenu assez long de taille pour dépasser d'un pouce le 1er bouton de la culotte.
Le bonnet de police
pour toutes les armes sera de la couleur du fond de l'habit ou du dolman; il sera façonné à la dragonne; sa largeur sera proportionnée à la grosseur de la tête; il aura vingt et un pouce de hauteur, du bas à la pointe, le tout étant relevé. Ce tour aura 4 pouces de hauteur, et sera bordé à plat d'un galon de fil ou de laine blanche de 6 lignes de large. Le tour du bonnet sera ouvert sur le devant, pour pouvoir être rabattu sur les oreilles, dans les temps froids et humides, et être rattaché sous le menton par des agrafes. Cette ouverture sera cachée par un écusson en drap, de quatre pouces et demi de hauteur, en milieu duquel sera cousu une fleur de lis pour les hussards ... Le bonnet ..., sera garni dans le bout d'en haut, d'une petite houppe en fil blanc dans les troupes à cheval; cette houpette n'aura que 20 lignes de hauteur ...
Les porte-manteaux ... des
hussards seront en tricot de la couleur du dolman, bordé d'un galon de fil ou de laine, de 9 lignes de large, de la couleur du bouton ... Les extrêmités arrondies auront 8 pouces de diamètre, non compris les coutures; le numéro du régiment sera formé en petit galon de 3 lignes de large, dans le milieu du rond de chaque côté ...
L'équipement du cheval ... des hussards sera façonné à la hongroise, (comme précédemment). Le numéro du régiment sera gravé sur la garniture en cuivre qui est au croissant de la bride, ainsi qu'au poitrail. Les mors de bride seront sans bossettes.
La schabraque sera de peau de mouton blanche, garnie au pourtour d'une bande de tricot festonnée, de 2 pouces de large, de la couleur distinctive affectée à chaque régiment.
Il sera fourni des bottes et un porte-manteau aux hussards ... non montés ..." (La Giberne, 2e année, N°01, pages 25-26).
"Le 6 août parait une loi qui abolit les chevrons" (in La Giberne, 2e année, N°01, page 27).
Le 15 janvier 1792, "une circulaire prescrit que dorénavant le collet de gilet d'écurie, sera droit au lieu d'être renversé et qu'il aura 12 lignes de hauteur" (in La Giberne, 2e année, N°01, page 27).
Dans un règlement concernant le service intérieur des troupes à cheval, en date du 24 juin, il est dit :
"Les gardes d'écurie seront toujours en bonnet de police, surtout, gilet, pantalon et en sabots ou mauvais souliers.
Les queues des chevaux seront rafraichies pendant l'été, et on les tiendra à quatre doigts au dessous de la chataîgne.
Tous les chevaux seront marqués du n° du régiment sur la fesse gauche ...
Tenue des officiers
Les cheveux des officiers seront attachés près de la tête et liés en queue, couverte d'un ruban de soie noire, qui sera simplement arrêté par une épingle et sans rosette; les cheveux des faces seront noués à la hongroise. La queue ne pourra excéder la longueur de 8 pouces, et le bout des cheveux ne pourra dépasser le ruban de plus d'un pouce.
La coiffure habituelle des officiers sera le chapeau.
Lorsqu'ils seront de service, ils porteront le bonnet ou shako.
Ils porteront la cravate noire, sans noeud apparent.
Ils ne seront tenus de porter la pelisse et le dolman que les jours d'inspection générale et lorsque le commandant du régiment l'ordonnera.
Habituellement ils porteront le surtout. Ils porteront en tout temps, la veste, la culotte et les bottes à la hongroise.
Pendant l'été, les officiers pourront porter la veste et la culotte de basin uni ou de toile de coton blanche; mais elles devront êter façonnées dans les mêmes proportions que celles réglées pour la veste et la culotte de drap.
Les deux crochets du surtout, sur la poitrine, seront toujours agrafés ainsi que les retroussis.
Lorsque les officiers seront en bas, ils porteront les boucles uniformes qui sont maintenant en usage.
Du service à cheval et pour les manoeuvres, les officiers porteront le sabre à la ceinture; pour le service à pied, ils le porteront en bandoulière; en parade, ils porteront la dragonne en or affectée à leur grade; hors le cas de service elle sera de fil blanc.
MM. les officiers de hussards porteront en tout temps le sabre.
Les officiers de service soit à pied, soit à cheval, seront en bottes et éperons.
Les selles seront toujours garnies de leurs fontes. Pour le reste du harnachement, se conformer à ce qui est arrêté pour l'uniforme particulier de leur régiment, par le règlement d'habillement.
Tenue des sous-officiers et hussards
Les hussards porteront les moustaches qu'il leur est défendu de cirer et mettre aucune drogue ni matière graisseuse, l'usage en étant malpropre et malsain. Les cheveux seront atatchés près de la tête et liés en queue, couverte d'un ruban de laine noire dont les bouts seront noués. La queue ne pourra dépasser la longeur de 8 pouces et les bout des cheveux ne pourra dépasser le ruban de plus d'un pouce (cette queue avait le grand avantage de garantir des coups de sabre et, en outre, on raconte que les hussards prirent l'habitude de s'en servir pour cacher les pièces d'or qu'ils pouvaient posséder). Les cheveux des faces noués à la hongroise.
Les sous-officiers et cavaliers auront pour coiffure, le bonnet ou shako placé droit sur la tête.
Ils porteront les cravates au lieu de cols, sans noeud apparent.
Les jours d'inspection générale et lorsque le commandant du régiment l'ordonnera, ils porteront la pelisse et le dolman uniformes affectés à leur régiment. Habituellement, ils porteront le surtout et le gilet d'écurie.
Les deux premiers crochets sur la poitrine du surtout, seront toujours agrafés ainsi que les retroussis. Les manches seront tirées par le bas pour qu'on ne voit pas les poignets de la chemise.
La veste sera boutonnée dans toute sa longueur et bien tirée en bas, pour qu'elle emboite les manches.
Les sosu-officiers et hussards porteront en tout temps, la culotte hongroise; elle sera soutenue au-dessus des hanches par la courroie.
Ils porteront également en tout temps, les bottes hongroise.
Ils porteront toujours le sabre hors du service.
Pour le service à pied, ils le porteront en bandoulière; à cheval, il sera à la ceinture.
Les chevaux des sous-officiers et cavaliers seront équipés pour les inspections et les manoeuvres, suivant l'ordre qu'il en sera donné par le commandant du régiment. Si cet ordre est pour être changé, on prendra le porte-manteau et le manteau.
Le porte-manteau ne pourra jamais contenir d'autres effets que ceux d'équipement dont le cavalier doit être pourvu.
Le manteau sera toujours ployé de la manière dite en portefeuille.
Les selles seront toujours garnies de leurs fontes et les hussards feront en tout temps usage de la schabraque ..." (in La Giberne, 2e année, N°01, pages 27 à 29).
Le 15 août 1793 parait "un décret de la Convention, relatif à une aiguillette en fer, destinée à garantir des coups de sabre sur les bras des cavaliers. Cette aiguillette, inventée par le citoyen Jean Godefroy Mecklein l'ainé, a été mise à l'essai dans les compagnies de hussards faisant partie des avants-gardes des différentes armées; dix hommes seulement par compagnie, en étaient munis. Cet essai n'eut pas de suites" (in La Giberne, 2e année, N°02, page 60).
Le 2 fructidor an II (19 août 1794), "parait une loi relative à l'habillement et équipement des troupes de la République, de laquelle nous extrayons le tableau suivant, relatif à l'arme des Hussards :
Désignation des effets |
Durée des effets
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Observations
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Pelisse Dolman Culotte à la hongroise Gilet de drap Surtout de drap Gilet d'écurie Pantalon d'écurie Echarpe Manteau Schakos Bonnet de police |
3 ans |
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Equipements | ||
Ceinturon Giberne Porte-giberne Bretelle de mousqueton Porte-manteau Bottes Sabretache |
10 ans 10 ans 10 ans 10 ans 6 ans 3 ans 4 ans |
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Harnachement du cheval | ||
Selle complète à la hussarde Couverture de laine Schabraque |
8 ans 4 ans 4 ans |
Y compris bride, bridon et licol. |
Dans le petit équipement nous relevons | ||
Col noir ou cravate Souliers Sac à avoine Gants à parements dits à la crispin Cocarde aux trois couleurs |
6 mois 12 mois 12 mois 18 mois 6 mois |
|
Nota - Les officiers n'ont pas droit à ces fournitures. Les adjudants-sous-officiers ne recevront pas celles du petit équipement |
" (in La Giberne, 2e année, N°02, pages 62-63).
"Le 28 fructidor (14 septembre), le Comité de salut public arrête :
1° Que les culottes destinées aux soldats de toutes armes seront à l'avenir garnies de peau entre les cuisses; 2° que dans le vêtement militaire, le gilet sera substitué à la veste" (in La Giberne, 2e année, N°02, page 63).
"Le 16 frimaire (6 décembre), un arrêté autorise l'arme des hussards à prendre les chevaux de la taille de 4 pieds 4 pouces et demi à 5 pouces, lorsque d'ailleurs ils auront une bonne constitution et une tournure distinguée" (in La Giberne, 2e année, N°02, page 63).
- Figure : Officier du 5e Hussards en 1793; fac-similé d'un dessin de Armand Claude Bournisien de Valmont, conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes militaires français et étrangers". Aquarelles originales. Texte manuscrit. Volume 5 : 1789-1806 [Comprend aussi les costumes des Directeurs et Consuls]; OA- 102 (C) ).
Fallou donne le rouge pour la couleur du cordon et des pompons de trompette, mais l'on trouve beaucoup de variantes. Par exemple, bleu et bleu céleste pour le 5e Hussards (R. Alazet : "Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207).
- Figure : Trompette sous la 1ère République, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). La source indiquée est "Collection Dubois de l'Estang". René Louis Attribue ce Trompette au 1er Régiment
- Figure : Trompette du 5e (?) Hussards sous la 1ère République, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(1); ce dessin a pour source la Collection Dubois de l'Estang
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard : "1er ou 5e Régiment. Trompette 1ère République (de BEAUFORT d'après la collection Dubois de l'Estang) : Mirliton à sommet noir, tresse supérieure rouge, pompon blanc, flamme bleu céleste à passepoil rouge. Cocarde centre rouge, bleu, blanc à l'extérieur. Pelisse blanche, fourrure noire, tresses et galons bleus. Boutons blancs. Culotte bleu ciel à galon blanc. Bottes noires à galon et gland blancs. Cuirs blancs. Sabretache à bordure et fond bleu ciel, galon blanc, bonnet phrygien rouge, faisceau des licteurs à rubans tricolores, lauriers verts. Sabre jaune".
- Figure : "Maressal ... avait pris soin de conserver, en une miniature, ses traits et son uniforme, pour notre postérité de curieux.
Or, le 6e hussards de 1793 était le ci-devant Lauzun ; au printemps de 1792, le 4e, de Saxe, était passé à l'émigration, de telle sorte que, par un décret du 21 février 1793, Lauzun prit le n° 5 en conservant ses couleurs distinctives.
C'est en frac et en chapeau, tenue habituelle des officiers de hussards d'alors, que Maressal s'est fait portraicturer.
Les détails de son uniforme différent sensiblement de ceux prescrits un peu plus tard, en pluviôse an III.
Le collet, les parements et les passepoils en sont blancs sans trace du jaune-citron prescrit pour les bordés par le Règlement du 1er octobre 1786 et confirmé par l'Ordonnance provisoire du 1er avril 1791.
De plus, le gilet est écarlate et le chapeau s'orne d'un plumet tout à fait fantaisiste.
Quant au sabre de Maressal, c'était une arme noire de poignée et noire de fourreau, du type de celles qu'on a appelées Armes de deuil, sans aucune raison; bien que, dans le cas du jeune sous-lieutenant, elle eût pu paraitre le présage d'une mort prématurée" (Capitaine Bottet : "Maressal de la Houssaye, Sous lieutenant au 6e Hussards", in Carnet de la Sabretache 1910, page 60; Bottet était l'arrière petit neveu de Maressal).
- Figure : Trompette du 5e Hussards, 1793, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945); source indiquée : Collection Dubois de l'Estang.
Figure : Trompette du 5e Hussards, 1793, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(1); ce dessin a pour source la Collection Dubois de l'Estang.
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard : "5e Régiment 1793 Trompette (FORT d'après la collection Dubois de l'Estang) : Mirliton noir, flamme bleu céleste à galon jaune, plumet bleu céleste à sommet jaune. Cravate noire. Dolman blanc. Collet et parements bleu céleste, tresses et boutons jaunes. Echarpe cramoisie à coulants jaunes. Culotte rouge, Nœuds hongrois et galon latéral jaunes. Cuirs blancs. Sabretache rouge bordée de jaune, soutache intérieure jaune. Bottes noires. Galon et gland jaunes. Sabre cuir et cuivre, garde cuivre".
Figure : Uniforme du 5e Hussards, 1793, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Devenu 6e Hussards le 1-1-1791, l'ex Lauzun Hussards prit le N°5 le 4-6-1793, Hoffmann lui donne le parement rouge à cette date, alors qu'il était blanc avant et après; pourtant, ce parement réapparait sur un portrait antérieur à 1810. Ce sont peut être des innovations passagères...".
- Figure : Hussard du 5e Hussards en 1793; fac-similé d'un dessin de Armand Claude Bournisien de Valmont, conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes militaires français et étrangers". Aquarelles originales. Texte manuscrit. Volume 5 : 1789-1806 [Comprend aussi les costumes des Directeurs et Consuls]; OA- 102 (C) ).
- Colonel du 5e Hussards; figurine de la collection Boersch vendue à Angers le 10 mars 1971 par Maître Lô Dumont. Cette figurine faisait partie du lot N°33 "Etat major de la Première République", comprenant 13 personnages dont Bonaparte, Desaix, Masséna, Kléber, Berthier ...
- Figure : Colonel du 5e Hussards vers 1795-1797 d'après des notes prises sur la Collection Boersch en 1901 à Paris et copiées par H. Rommel (Collection H. et C. Achard). Ce dernier écrit : "Ces figurines ... ont finalement été vendues à Angers... La source pourrait provenir de croquis et notes de B. Zix. De toute façon, Boersch étant adulte à cette époque, a vu du 7e et 5e Hussards, ces derniers se sont trouvés en Alsace... Shako mirliton noir. Flamme bleu ciel galonnée or, plumet noir à sommet bleu ciel (certains documents le donnent jaune à cette époque). Cadenettes et cheveux noués d'apparence poudrés. Dolman bleu de ciel, tresses et galons or, collet bleu ciel galonné or. Gants et crispins blancs jaunâtres. Ceinture or et rouge dispersés. Pelisse blanche, tresses et galons or, fourrure noire. Culotte bleu de ciel, galonnage or. Bottes noires, joncs et glands or. Schabraque bleu de ciel, galon et chiffre or. Harnachement noir; ornements et clous cuivre doré. Fourreau de sabre cuivre doré. Cheval brun foncé, crinière et queue noirs".
"Au commencement de l'année 1796, l'uniforme des régiments de hussards était le suivant
Parties de l'uniforme |
5e régiment Lauzun
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Pelisse |
Drap du fond |
Blanc Blanc Noir Citron Jaunes |
|
Dolman |
Drap du fond Collet Parement Agréments Boutons (cinq rangées) |
Bleu de ciel Idem Garance Citron Jaunes |
|
Surtout |
Drap du fond Parements Un rang de boutons (près du bord de droite) |
Bleu de ciel Idem Jaunes |
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Gilet |
Drap du fond Boutons (deux rangs) |
Bleu de ciel Jaunes |
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Echarpe |
Echeveau Coulants et gland |
Cramoisi Citron |
|
Culotte |
Drap du fond Noeud hongrois, sur les cuisses Galon des coutures |
Bleu de ciel Citron Idem |
|
Pantalon de cheval |
Drap du fond Sur la couture extérieure de la jambe, un rang de 18 boutons bombés et lisses Basane (voir les observations) de cuir |
Bleu de ciel |
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Manteau de drap |
Vert | ||
Shako |
Feutre Flamme Galon du bord de la flamme Galon de bordure du shako Cordon et gland Cocarde Plumet droit sur le côté gauche |
Haut Bas |
Noir Bleu de ciel Noir Idem Citron Tricolore Jaune Noir |
Bonnet de police |
Fond Galon de bordure Gland |
Bleu de ciel Citron Idem |
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Col |
En grande tenue En petite tenue, avec le surtout |
Noir Blanc |
|
Sabretache |
Drap du fond Galon de bordure Intérieurement et à 3 mil. du galo de bordure, petite ganse Au centre, faisceau de licteur surmonté d'un bonnet phrygien De chaque côté du faisceau, une branche de laurier forme un cercle L'intérieur de ce cercle est en drap Ayant au centre et en noir, celui de gauche la lettre Celui de droite le chiffre Sous le faisceau se croisent deux branches de chêne en |
Ecarlate |
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Bottes en cuir noir, avec cravate et gland |
Citron | ||
Ceinturon en |
Buffle blanc | ||
Bandoulières en |
Idem | ||
Porte-manteau |
Fond Galon autour des ronds |
Bleu de ciel Citron |
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Schabraque |
De peau de mouton Avec galon festonné en bordure |
Blanc Bleu céleste |
Observations : Pour tous les régiments, le pourtour du dolman, du collet et la partie supérieure des parements étaient garnis d'une tresse de la couleur des brandebourgs, ainsi que les coutures dudit dolman, comme il est prescrit dans le règlement du 1er octobre 1786. Le pantalon garni de peau, ou pantalon de cheval, se portait en tenue de campagne, afin de ménager la culotte hongroise pour la grande tenue; il se portait par dessus la botte, et la basane dont il était garni, se terminait en pointe sur le ventre, au-dessous de la ceinture, c'est-à-dire sur le pont-levis, et formait manchette au bas de la jambe; souvent le bord de cette basane était dentelé. Il était de plus, sur la couture de la jambe, orné d'une large bande de drap de la couleur distinctive du corps, sur laquelle bande étaient placés, en une rangée, 18 gros boutons d'uniforme.
La plupart des hussards adaptaient au bas du shako et sur le devant, une petite visière en cuir noir qu'ils enlevaient à volonté.
Tant qu'aux sabretaches, d'après plusieurs document et d'après celle authentique qu'a bien voulu nous prêter M. Maurice Orange, elles devaient être conformes à celles décrites dans le tableau dernier ...
Les officiers de tous les régiments avaient les tresses, galons, chevrons, noeuds hongrois, cordons, coulants et glands, en argent ou en or, suivant le bouton d'uniforme; ... la fourrure de leur pelisse et le kolbck sont en martre et leur schabraque en peau de tigre" (in La Giberne, 2e année, N°02, page 64; N°03 pages 90 à 96).
Dans le Bivouac N°2 de 1987, page 34, l'uniforme du 5e Hussards (ex Lauzun) selon le Règlement de 1796 est résumé ainsi : shako à flamme bleu ciel. Pelisse blanche. Dolman (collet du fond, parements garance), culotte et pantalon bleu ciel. Agréments citron. Boutons jaunes. Sabretache bleu ciel, galon et ganse citron. Feston de schabraque bleu ciel.
- Figure : Trompette du 5e Hussards vers 1797 d'après Wurtz (notes de Théodore CARL copiées en 1956 par H. Rommel) : Schako mirliton noir, flamme bleu de ciel galonnée de jaune, gland jaune, plumet noir à sommet bleu de ciel. Pelisse bleu de ciel, tresses, galonnage et boutons jaunes. Fourrure de pelisse noire. Dolman blanc. Collet et parements bleu de ciel galonnés de jaune. Tresses, galonnages et boutons. Culotte bleu de ciel, nœuds hongrois ou piques, galon des coutures jaunes. Ceinture cramoisie à coulants jaunes. Bottes noires à jonc et gland jaunes. Bélières blanches. Sabretache rouge galonnée jaune. [donné blanc par Wurtz]. Faisceau des licteurs blanc (oubli ?). Les ovales sont blancs entourés de lauriers bleu verdâtre. Schabraque blanche festonnée bleu de ciel. Cordon et glands de trompette rouges". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard : "5e Régiment 1797. Trompette.
Nous donnons à côté le Trompette du 5e Hussards (ex Lauzun) sous la 1ère République, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). Charles Brun (V. Bourgeot, Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") donne un type assez similaire sans date : "Trompette des compagnies ordinaires du 5e hussards période révolution par Brun, collection privée, sans précision de source". Tous deux sont très vraisemblablement tirés des Collections Alsaciennes.
En 1798, "Une circulaire ministérielle en date du 24 germinal (13 avril), supprime l'usage des tresses ou cadenettes dans les régiments de cavalerie légère, cet usage ayant entraîné des rixes entre les militaires de l'infanterie et les cavaliers légers, et prescrit que désormais les cheveux des faces des officiers ne formeront qu'une seule boucle qui descendra à hauteur du milieu de l'oreille; que pour les sous-officiers et soldats, ils seront à la manière dite d'avant-garde, et ne pourront dépasser le milieu de l'oreille. Malgré cette circulaire, l'usage des tresses ne fut pas abandonné par les hussards qui les conservèrent pendant toutes les guerres de l'empire" (in La Giberne, 2e année, N°4, page 121).
- Hussards en 1798 d'après Langendijk, Jan Anthonie (1780-1818) : "Gevapende Burger en Militaire Uniformen" (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington).
Uniforme d'après l'état militaire de l'An VIII : Pelisse, parements et retroussis du dolman blanc; dolman, surtout et pantalon bleu céleste, gilet rouge, tresses et boutons jaunes, manteau vert. Shakos doublé en bleu.
En 1800, la cavalerie est dotée d'armes d'un nouveau modèle :
"Mousqueton, modèle an 9 (1800). Canon long de 75c. 77, à 5 pans courts allant se perdre insensiblement vers la bouche et ayant 1 c. 71 de calibre intérieur; platine ronde; bassinet en cuivre; l'embouchoir, le porte-vis, le pontet de la sous-garde, l'écusson et la plaque de couche sont en cuivre; la grenadière, la tringle et le battant en fer. Baguette d'acier à tête en cône tronqué renversé. Bayonette de 48 c. 73 de lame et la douille forte au même calibre.
Pistolet, modèle an 9. Canon de 20 c. 07 de longueur à 5 pans, ayant le même calibre que le mousqueton; platine ronde; bassinet en cuivre; l'embouchoir, le porte-vis, le pontet de la sous-garde et la calotte sont en cuivre; l'écusson et la bride de la poignée en fer; baguette d'acier à tête de clou.
Sabre modèle an 9. Lame en acer à pans creux, longue de 88 c., cambrée à 5 c. 2 mil. de flèche; poignée garnie en basane sans filigrane avec deux boutons demi olive; garde sans coquille, à quillon avec une branche principale et deux S latérales, et la calotte se prolongeant dans toute la poignée, en cuivre; fourreau en tôle de fer avec fût en bois et cuvette à vis" (in La Giberne, 2e année, N°4, pages 125-126).
"Le 27 messidor an 8 (16 juillet 1800), un arrêté prescrit aux officiers réformés qu'ils porteront un habit bleu national avec les marques distinctives de leur grade, mais sans aucune espèce de galon ni de broderie; ils auront le parement le collet cramoisis.
D'après une circulaire ministérielle du 2 avril 1803, il est ajouté à la description ci-dessus, que l'épaulette désignée pour chaque grade sera la seule marque distinctive des officiers réformés depuis le sous-lieutenant jusqu'au général de division qui portera deux étoiles" (in La Giberne, 2e année, N°4, page 126).
Albrecht Adam (1786-1862) a laissé une série de dessins de jeunesse, réalisés entre la fin juin 1800 et avril 1801. Ces dessins, dont les originaux se trouvent au Stadtmuseum de Munich, ont été publiés en 1985 par Peter Crusius ("Die Französische Revolutionsarmee Moreaus"; Biblio Verlag - Onasbrück) ; ils sont pour chacun d'entre eux accompagnés d'un commentaire. Parmi ces dessins, 5 sont attribués par Peter Crusius au 5e Hussards (ils ont fait l'objet d'infographies pour un article de O. Lapray intitulé "Les Hussards volontaires de l'Armée de Réserve", infographies qui toutefois comportent quelques erreurs). Mais dans les faits, ils appartiennent plus vraisemblablement aux Hussards de Bonaparte (Hussards volontaires de la réserve). Par ailleurs, Peter Crusius, se basant sur les schabraque noires à dents de loup bleu céleste, parle pour quatre d'entre eux de Trompettes, alors qu'il s'agit bien de Hussards. Seul le 5e dessin est effectivement un Trompette et c'est ce dernier ici que nous retiendrons afin de le comparer à un portrait assez exceptionnel de Sous officier Trompette :
- Trompette attribué au 5e Hussards entre 1800 et 1801 par Peter Crusius, tiré d'une suite de dessins de jeunesse de Albrecht Adam (ici, dessin N°44); en fait Hussards de Bonaparte dit Hussards de la Réserve. Le commentaire indique : "Comparer avec les figures 16 et 34. Noter les épaulettes et les cordons bleu et blanc. L'homme est vétu ici d'un frack et non d'un dolman, comme les Trompettes de cavalerie de l'époque". Ce Trompette est coiffé d'une schapska à la place du shako porté par la troupe, schapska dont la base est recouverte d'un bandeau blanc et bleu céleste. Sur cette schapska est fiché sur le côté un plumet rouge. L'habit est des plus intéressants : il est en effet d'une couleur relativement claire, et parcouru d'un galon blanc et bleu; et doté d'épaulettes bleues, sans doute posées sur des nids d'hirondelles bleu galonnés de blanc (ce détail n'est visible que si l'on agrandit le document). La sabretache est quant à elle bleu céleste galonnée de blanc; tous les motifs sont blancs.
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard : "5e Régiment 1800-1801 Trompette (Albrecht ADAM - 44) : Schapska à pavillon noir et bombe bleu ciel, cordons bleu et blanc, plumet rouge. Habit blanc. Collet, parement en pointe, retroussis, épaulettes bleu ciel. Galons sur les coutures du dos et des manches bleu et blanc. Culotte bleu ciel à galon latéral blanc. Banderole blanche. Bouclerie cuivre. Giberne noire. Portemanteau bleu ciel, galon blanc. Peau de mouton noire à galon bleu ciel. Sabre cuivre. bélières blanches. Sabretache fond bleu ciel, galon blanc, faisceau des licteurs, feuillage, cartouches blancs (oubli ?). Bonnet phrygien rouge. Trompette cuivre. Harnachement noir, bouclerie cuivre".
Le Trompette d'Adam peut être comparé avec un portrait de Trompette, que son propriétaire actuel a bien voulu nous autoriser à intégrer dans notre page. Portrait qui ne contient aucune indication. Il représente un Sous officier Trompette (Trompette major), d'un âge mur, portant balafre sur la joue. Il est doté lui aussi d'une shapska, assez similaire à celle donnée par Adam; le plumet est toutefois à sommet noir, tandis que le pavillon est blanc rayé de bleu au lieu de noir; visière noire, cordons et raquettes argentés, cocarde tricolore maintenue par une ganse blanche et bleu céleste. L'habit également parait assez proche de celui donné par Adam; il s'agit d'un habit surtout "à la chasseurs", blanc, avec revers et parements en pointe; on notera l'arrondi supérieur des revers. Collet, parements et passepoils des revers bleu céleste. Boutons ronds en cuivre. On retrouve comme chez Adam les épaulettes bleu céleste. Galons de grade dorés au-dessus des parements. Remarquons également la culotte, bleu céleste, avec sur les ponts, des piques et soutaches blanches (le galonnage des culottes est également blanc chez Adam). Sous l'habit, nous voyons également un gilet à la hussarde blanc dont les tresses sont blanches (argent) mélées de bleu céleste (encore un point commun avec Adam); boutons de cuivre. Et une écharpe également identique à celle que nous voyons sur les types de Adam (damier bleu céleste et blanc ou argent). Longue trompette de cuivre ornée d'un cordon et de glands argent et bleu céleste. Ceinturon blanc et sabre.
De quelle époque peut dater ce portrait ? Le premier réflexe serait de le situer vers 1807-1808, époque où la schapska est assez commune au sein du 5e Hussards. Toutefois, après réflexion, et par comparaison avec les types d'Adam, il semble plutôt que ce Trompette porte une tenue antérieure à 1805, probablement du début du Consulat. Divers éléments semblent le confirmer, en dehors de l'aspect général de la tenue : le port de l'anneau à l'oreille; la queue (remarquons que les cheveux sont blancs et poudrés, portés en queue sur la nuque, comme il est courant à l' époque du Consulat en grande tenue; pattes et moustache sont noires); la petitesse également des épaulettes. Notons par ailleurs que dans le chapitre consacré au Hussards, du volume II de Lienhart et Humbert ("Les uniformes de l'armée française - la cavalerie", nous pouvons lire : "Vers 1800 on tenta d'introduire l'usage d'une sorte de schapska, moins haut cependant que celui des Polonais, pareil peut être à celui que portaient les Hussards à pied. Ce modèle ne fut pas adopté".
En conclusion, nous avons là un Trompette major du 5e Hussards en surtout, situé entre 1800 et 1805; l'uniforme qui mêle les influences des chasseurs à cheval et des hussards avec une touche polonaise, est assez fréquent sous le Consulat. Le surtout par ailleurs pourra être mis en parallèle avec un habit ayant appartenu à la Collection Benoit, puis Richard (voir figure ).
- Figure : Hussard du 5e Hussards en 1800 d'après le Capitaine Rozat de Mandres et le Commandant Sauzey : "La France en campagne. Un siècle de guerres (1800-1900)". Cette planche figure dans la Collection Winkhuizen (Bibliothèque Publique de New York, id=1237659). Nous donnons à côté le dessin de M. Galban (Le Briquet 1993/04) tiré de cette planche; la source indiquée est Swebach : "Mirliton à visière noire, flamme bleu ciel bordée de jaune, glands et pourtour supérieur jaune. Pelisse blanche à fourrure noire, galons et tresses jaunes, culotte bleu ciel, passepoil et noeud jaunes, bottes noires, galon et glands jaunes. Sabre de cuivre, buffleterie blanche, carabine à monture de cuivre. Chabraque en peau de mouton blanche, dents de loup bleu ciel, tapis de selle (à dessous noir) et portemanteau bleu ciel galonnés de jaune. Harnachement en cuir noir ornementé de cuivre jaune. Cheval bai". La carte de Maurice Toussaint (figure ) semble avoir la même source.
"Par une décision du 21 juillet, Bonaparte fait revivre les chevrons. Un chevron indiquait 10 années de service, deux chevrons quinze et trois chevrons vingt.
Equipement et harnachement des régiments de Hussards (Journal militaire, 1802)
Shako : Hauteur 6 pouces 8 lignes, longueur du haut 8 pouces, la forme couverte d'un fort cuir noir, la coiffe en toile teinte,
la flamme ou le turban garni d'une serge de la couleur propre au régiment, bordé du haut et du bas d'un bord de poil de chèvre bien frappé, de 10 ligne de large, porte plumet en cuir, visière en cuir bouilli non estampé de 2 pouces 3 lignes de large, garnie de trois agrafes, cordon en fil blanc de 7 pieds de long, aux deux bouts une tresse nattée de 2 pouces 3 lignes de diamètre terminée par un gland de 21 lignes à l'extrémité de la flamme (le cordon et le gland devaient être de la couleur des tresses, le journal n'en fait pas mention).
Le plumet en plumes de coq teintes de la couleur propre au régiment, garni de plumes dans la longueur d'un pied, la tige de baleine longue de 3 pouces. (Le plumet est à la charge du cavalier).
Giberne : Le coffret cintré percé de 20 trous à cartouche, haut de trois pouces, large de 9, recouvert en vache à grains, les côtés en vache parée forte, enchapeant un fort anneau de cuivre à double couture; deux oreillons en vache à grains couvrant le bois; la patelette en 2 pièces de 8 pouces et demi de hauteur, tenant par une couture avec un jonc, et bordée en vache noire; pour fermer la giberne, un contre-sanglon en vache à grains avec une boucle en cuivre à ardillon de fer, enchapée dans une courroie et prise dans la couture de la couverture.
Porte-giberne :
En buffle; en deux pièces arrêtées à deux rangs de couture dans les anneaux de la giberne, largeur de 21 lignes; boucle à ardillon, coulant et agrément en cuivre bruni.
Porte carabine : En buffle; de trois puces de largeur, avec une boucle carrée et deux ardillons, passant et agrément en cuivre; un fort porte-mousqueton en fer et deux passants en buffle.
Ceintures : En buffle, large de 16 lignes; la bande en trois pièces; garniture en cuir à la hongroise de même largeur (16 lignes); deux forts anneaux cousus à double couture; un troisième anneau qui forme la branche des deux pièces, cousu à la traverse prise entre les deux premiers anneaux; deux bélières en deux pièces chacune, avec boucles et ardillons de cuivre, dont la première de 21 pouces de long, la seconde de 33 pouces.
Sabretache : La poche en basane, couverture en-dessus d'un drap de la couleur affectée au régiment et doublée d'une toile écrue avec sa patte. Le drap bordé en laine de couleur tranchante, d'un écusson portant le chiffre et de la République et du numéro du corps, et galonné aux couleurs distinctives du corps; dans le haut de la sabretache, trois anneaux pris dans sa bordure; le dessus de la longueur de 13 pouce, largeur du bas 1 pied, et du haut 8 pouces; trois courroies de buffle, portant deux pieds de long, pour la suspendre aux anneaux du ceinturon.
Echarpe : Composée de 44 cordons en laine torse cramoisie, de huit pieds de long, avec 20 noeuds pour unir les cordons, un gland et une olive de la couleur distinctive du régiment.
Bottes : A la hussarde; tige en veau bordée en basane, avec gland en cuir; le contrefort garni d'un porte-éperon, le talon, d'un pouce de haut garni d'un fer à cheval.
Harnachement.
Selle : L'arçon à fourche, sans ferrure, lacé aux extrémités des montures en cuir de hongrie.
Loup ou faux siège : En cuir de hongrie, lacé de 5 lanières entrant les unes dans les autres.
Fontes : La paire de fontes en bois, couvertes en vache noire ...
Sangle : En cuir de hongrie, de 3 pouces de large, la boucle et rouleau en fer forgé, ainsi que son ardillon et une attache en cuir de hongrie, le contre-snglon de même largeur que la sangle, portant son attache de cuir noir de 18 lignes de larges ...
Etriers : La paire d'étrivières en cuir de hongrie de 14 lignes de large, avec boucle en fer et ses deux passans; la paire d'étriers en fer étamé de 5 pouces de haut sur 4 de large, la plate forme pleine, de 3 pouces sur 2 et demi de diamètre.
Croupière : ... En cuir noir lissé; ... deux courroies de manteau de 9 lignes de large, deux lanières pour la cuillère à pot devant et derrière.
Poitrail : En cuir lisse, avec sa boucle en fer au petit côté, le grand côté d'un pouce de large, garni de deux rangs de même cuir, portant deux lanières en cuir de hongrie, pour assujettir le manteau; la martingale de cuir lisse, garnie de sa boucle et de son passant, avec un coeur de cuivre poli, de 2 pouces et demi sur tous sens; ...
Surfaix : Un grand surfaix de cuivre lisse de 30 lignes de large, garni d'un passant et de deux anneaux en fer, avec une grande courroie de 15 lignes de large, et une petite courroie de même largeur et de même cuir que la grande courroie et le surfaix, une courroie en cuir de 11 lignes de large.
Tétière de bride : La tétière de bride comprend le dessus de tête, le frontal, la sous-gorge, les deux montants, la muserolle, les deux croissants cousus au frontal, ... les rênes, le tout en cuir lissé passé au suif, garni des boucles en fer forgé, limé et étamé et de passans, la bride revêtue de son crapaud et d'une chaîne dans le dessus de tête avec un bouton en cuir, la fonte composée d'un croissant, un rond en cuivre, 2 boutons en cuivre sur le frontal, d'un pouce chacun, et garnis de deux pointes, un fouet au bout des rênes, natté en quatre, avec deux boutons.
Mors : Le mors à gorge de pigeon, garni de sa chaîne, gourmette et anneau, le tout en fer forgé, limé et étamé, ayant dans sa largeur, 4 pouces d'embouchure, dans la longueur de ses autres branches, 3 pouces et deùi, et dans la hauteur de l'embouchure à l'oeil, 2 pouces.
Filet : En cuir lisse, garni de ses rênes portant 6 pieds et demi de long, y compris ses enchapures et sa boucle à martingale, le dessus de tête, le montant du bridon, le frontal, le tout de la largeur de 11 lignes, garni de son embouchure en fer forgé, limé et étamé de 6 pouces de long, compris les boutons, à chaque bout, un anneau en fer pareil à celui de l'embouchure.
Licou de parade : En cuir lisse passé au suif, le dessus de la tête, le dessus de nez, la longe avec son porte-mors, le porte-mors avec sa boucle, le licou garni de quatre anneaux, dont deux ronds emmaillotés et deux carrés, les cuirs portant un pouce de large.
Licou d'écurie : En cuir de hongrie avec sa sous-gorge et sa longe, ses deux anneaux et ses boucles.
Bridon d'abreuvoir : En cuir de hongrie, avec ses rênes, son dessus de tête, sa sous-gorge et une olive; le mors en fer forgé, limé et étamé.
Schabraque : De peau de mouton en laine, doublée en toile écrue, bordée d'un tricot écarlate de 2 pouces de hauteur, dentelé d'un pouce, portant 4 pieds de long sur 2 pieds et demi de large dans les bras et par en bas 37 pouces.
Couverture de laine : Blanche du poids de 8 livres"
(in La Giberne, 2e année, N°4, page 127; N°5, pages154-155).
- Figure : Hussard en 1802 d'après Lienhart et Humbert; la planche d'où est extrait ce schéma figure dans la Collection Winkhuizen (Bibliothèque Publique de New York, id=1237739).
D'après les Etats militaires des ans X, XI, le 5e Hussards porte la pelisse, les parements et retroussis du dolman blanc, dolman, sutout et pantalon bleu céleste, gilet rouge, tresses et boutons jaunes, manteau vert, shakos doublé en bleu.
Le Décret du 24 septembre 1803 (1er vendémiaire an XII) détermine l'uniforme des Régiments de Hussards :
5e Régiment |
|||
Pelisse |
Drap du fond |
Blanche Blanc Noir Citron Jaunes |
|
Dolman |
Drap du fond Collet Parements Tresses et boutons comme à la pelisse |
Bleu de ciel Idem Blancs Pelisse |
|
Gilet |
De drap |
Bleu de ciel | |
Culotte |
Bleu de ciel | ||
Echarpe |
Echeveau Coulants |
Cramoisi Citron |
|
Shako évasé à visière noire |
Fond |
Haut Bas |
Bleu de ciel Rouge Noir Citron Tricolore Jaune |
"La coupe de l'uniforme ne varia pas; le galon de bordure du dolman, et celui de la pelissé de la couleur des tresses ainsi que des chevrons de la culotte; la sabretache, ceinturon, etc., comme nous l'avons décrit en 1802; la cocarde du shako entourée dun galon de la couleur des tresses; le pompon de petite tenue, à la couleur affectée à chaque escadron. Tant qu'aux bottes, malgré la description de l'année précédente, elle continuaient à être ornées d'une cravate et d'un gland de la couleur des tresses du dolman, et celles des officiers, qui pouvaient être de cuir rouge, noir ou vert en grande tenue, étaient de plus ornées d'un galon or ou argent, selon le bouton d'uniforme, sur les coutures.
La compagnie d'élite avait e colback d'ours noir avec flamme de la couleur distinctive du régiment, bordée d'un galon de la couleur des tresses, et au bout de laquelle pendait un gland de la même couleur que le galon; il était orné d'un plumet comme celui du shako des hommes du corps"
(In La Giberne, 2e année, N°05, page 156).
Le Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971 résume ce Règlement du 24 septembre 1803 de la manière suivante : Pelisse blanche à tresses citron et boutons jaunes; dolman bleu de ciel à collet de même et parements blancs; gilet de drap bleu de ciel; culotte bleu de ciel; shako évasé à visière noire, fond bleu de ciel, flamme de même (?), cordon de gland citron.
"Le même jour paraît un règlement ministériel qui décrit l'uniforme des officiers réformés de la façon suivante :
Les officiers réformés porteront l'habit, la veste et la culotte en drap de la couleur de l'uniforme du corps dans lequel ils étaient titulaires au moment de leur réforme, en y ajoutant pour seule distinction, les parements et le collet en velours cramoisi. Cet habit sera sans revers, boutonnant sur la poitrine, dégagera sur les cuisses, les pans seront agrafés derrière, les poches en travers et à trois pointes, le collet droit, les parements de la manche ouverts en dessous et fermés par deux petits boutons ; il en sera mis 9 gros sur le devant du côté droit, 3 à chaque poche, 2 aux hanches et 2 dans les plis. Les officiers réformés auront sur l'habit, la veste et la culotte, le bouton uniforme du corps d'où ils sont sortis. Le chapeau sera uni sans panache, plumes ni plumet; la ganse en galon d'or sera arrêtée par un bouton, et la cocarde nationale. Les épaulettes et la dragonne des grades respectifs. L'épée du modèle général.
Il est fait défense aux officiers réformés de porter d'autre uniforme que celui qui est prescrit ci-dessus.
Le même règlement décrit aussi l'uniforme des officiers jouissant de la solde de retraite comme il suit :
Les officiers jouissant de la solde de retraite, de toutes les armes et de tous les grade, auront un uniforme composé d'un habit de drap bleu national, doublé en serge écarlate; veste blanche; culotte bleue. Cet habit sera sans revers, boutonnera sur la poitrine, le collet et les parements seront en drap bleu; ce collet sera droit; les parments formés en botte; les poches en travers et à trois pointes, garnies de 3 boutons; 3 sur les paremens, 9 sur le devant, un sur chaque hanche et 2 au bas des plis. Cet habit ne sera point retroussé derrière.
La veste et la culotte seront garnies de petits boutons uniformes.
Le chapeau uni sera orné de la cocarde nationale, d'une ganse en or arrêtée par un bouton, et bordé d'un galon de poil de chèvre de la largeur de 6 centimètre.
Le bouton uniforme sera en métal doré, et timbré de deux couronnes de chêne et de laurier entrelacées.
L'épée de l'arme dont on sera sorti.
Les épaulettes et la dragonne du grade respectif" (in La Giberne, 2e année, N°5, pages 157-158).
- Figure : portrait du Colonel Schwartz : ce portrait est donné dans l'ouvrage "Napoléon et ses soldats 1804-1809" du Colonel Willing, page 117, en noir et blanc.
- Figure : Colonel Schwartz d'après M. D. Mac Carthy (Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971); la source indiquée est le tableau représentant le Baron de Schwartz : "C'est le fameux colonel Schwartz, tel qu'il apparait sur un portrait naïf, daté de 1803. Nous l'avons coiffé de son shako placé à côté de lui sur l'original et nous avons supprimé les décorations ajoutées postérieurement, dont une cravate de la Légion d'Honneur, qui ne devait voir le jour qu'après 1815.
Ce portrait est intéressant car il confirme qu'il n'était pas possible de chausser la pelisse par dessus le dolman. Nous avons rarement vu une pelisse aussi ajustée que celle de notre colonel, courte et serrée comme un dolman, bordée d'une fourrure rase et dont seules sont boutonnées les tresses inférieures, à l'inverse de ce qui se faisait habituellement.
Shako noir, ganse, bouton et cordon or, cocarde actuelle, aigrette et folettes blanches. Pelisse blanche doublée de blanc, fourrure noire, galons, tresses et boutons or. Gilet rouge galonné d'or. Culotte bleu céleste foncé à galons d'or. Ceinturon cramoisi
brodé d'or. Bottes noires à soutaches et glands or. Gants blancs. Sabre à fourreau noir, monture, garniture et dragonne or".
- Colonel, 5e Hussards, 1806, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Portrait du Baron de Schwarz, Colonel du 5ème Hussard de 1799 à 1806" : "Shako noir, cocarde tricolore, cordonnet et raquettes dorées, plumet blanc à base bleu ciel, pelisse blanche, boutons et brandebourgs dorés, fourrure noire, galons de grade dorés. La fourrure du col parait bleu ciel. Gilet écarlate, boutons et tresses dorés. Culotte bleu ciel piques de galon dorés, bottes à galons et gland dorés. Sabre à fourreau noir, poignée et garniture ainsi que la dragonne dorées. Ceinturon et bélières de cuir rouge, broderies dorées. Sabretache écarlate galonnée d'or".
- Colonel Schwarz en avant de Stettin, 1806; dessin de J. Girbal pour le docteur Hourtoulle (Soldats et Uniformes du Premier Empire, planche 11) qui indique comme source le portrait du Colonel "fait en 1806".
- Figure : Officier du 5e Hussards, 1803, fac similé du Manuscrit d'Alsace publié par H. par Achard; avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard : "Colback brun très foncé, pompon du plumet bleu céleste, plumet blanc, cordons et jugulaires or, flamme écarlate à passepoils et gland or. Dolman et collet écarlates, parements blancs; galons, tresses et boutons or. Banderole blanche. Pelisse blanche à fourrure noire; tresses, galons et boutons or. Ceinture écarlate à coulants or. Culotte écarlate, piques et tresse latérale or. Bottes noires à galon et gland or. Pas de gants. Sabre tout jaune, sabretache noire, bélières blanches". Nous donnons à côté la version corrigée.
- Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; dessin de Maurice Orange.
- Figure : Portrait présenté comme étant celui d'un Officier du 5e Hussards "avec sa pelisse accroché à ses épaules, tenant une lettre à la main . Très beau tableau sur ivoire, signé en bas à droite "Jean C. d' après Isabel (y)" . Dimensions 65 x 95 mm. Cadre de laiton avec passepartout bois. Plus probablement et sous réserve de confirmation, il s'agirait en fait d'un Trompette. Quant à l'auteur, Jean C, est-ce celui cité par Forthoffer dans ses fiches documentaires (voir plus bas) ?
Entre 1897 et 1906, Lienhart et Humbert publient un monumental ouvrage : "Les uniformes de l'armée française". Dans cet ouvrage, nous pouvons lire dans le chapitre consacré au Hussards (volume II : "La cavalerie") : "Les trompettes du 5e hussards portaient, en 1803, le shako blanc, dolman et collet bleu de ciel, parements blancs, veste, pelisse et culotte rouges. Galons, boutons, tresses et plumet jaunes". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
- Figure : Trompette des compagnies ordinaires du 5e hussards, vers 1803-1805, d'après Charles Brun, collection privée (V. Bourgeot, Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie"). Vincent Bourgeot et Yves Martin, dans leur texte, indiquent comme sources les mémoires du capitaine d'Espinchal et le tableau représentant le Colonel Schwartz accompagné de son ordonnance, reprenant en cela les commentaires de Rigo dans sa planche n°185 de la série Le Plumet; ils ajoutent par ailleurs que ce type est donné également par Bueno dans le "manuscrit alsacien". Un peu plus loin dans leur texte, ils ajoutent : "La suite des trompettes du 5ème régiment est relativement riche, nous découvrons nettement combien les changements purent être importants dans une période aussi courte. Dans un premier temps, grâce aux mémoires de D'Espinchal et par l'intermédiaire d'un tableau représentant le colonel Schwartz, nous prenons connaissance de l'une des premières tenues des trompettes, la distinction est flagrante et l'emploi de l'écarlate (pelisse et hongroise) est assez inhabituel, mais logique en pensant que le but de la tenue des trompettes était de les repérer facilement au milieu des compagnies". Précisons qu'ils font là des raccourcis un peu hâtifs et qu'il convient de resituer les choses très précisément.
- Figure : Trompette : d'après R. Forthoffer (fiche documentaire - avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer), "il semble qu'il y ait eu 2 périodes distinctes pour les trompettes du corps : la première à uniforme à dominante écarlate (Jean, Souvenirs militaires, Kolbe, etc ...), la seconde, à uniforme aux couleurs inversées, qui parait dater de 1809 environ (coll. Bernardin, coll. alsaciennes, etc ...). On connait plusieurs variantes de ces tenues (shako à flamme, colback blanc ou noir, etc ...)". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard. Remarque : R. Forthoffer parle t'il de Jean, l'auteur du portrait présenté plus haut ?
- Figure : Trompette, 5e Hussards, 1803-1805, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1) : "Shako blanc, galon, pompon, plumet, cordon jaune. Dolman et collet bleu ciel, parements blancs, galon, brandebourgs et boutons jaunes, ceinture-écharpe cramoisie et jaune, cordons jaunes. Culotte écarlate, noeud hongrois jaune, demi-bottes noires à galon et gland jaune. Pelisse écarlate, fourrure noire galons et brandebourgs jaunes. Sabre et poignée de cuivre, dragonne blanche. Sabretache noire (d'après une Aquarelle de Fort sans indication de source)".
- Figure : Trompette, 5e Hussards, Grande tenue, 1805, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari); le texte rappelle que Hoffmann a donné le parement écarlate en 1793, et que l'uniforme rouge est correct et authentique, étant aux couleurs inverses de celles de la troupe, bien que cela paraissent inattendu. Le Régiment est supposé avoir expérimenté brièvement le dolman rouge pour la troupe vers 1802. Les sources indiquées sont Jean et Kolbe.
- Figure : Trompette du 5e Hussards, 1803, fac similé du Manuscrit d'Alsace publié par H. Achard (dessins de J. M. Bueno) : "Schako blanc, visière noire, tresse supérieure, ganse de cocarde, bouton, bourdalou, cordons, pompons, raquettes, pompons de plumet et plumet jaunes. Col noir. Dolman et collet bleu céleste, parements blancs; boutons, tresses, galons jaune. Ceinture cramoisi à coulants jaunes. Ceinturon blanc, à plateaux jaunes. Culotte écarlate, piques et tresse latérale jaune. Pelisse écarlate, fourrure noire, tresses, boutons et galons jaunes. Même sabre que précédent sans dragonne (oubli ?). Cordon et pompons de trompette rouge et blanc, trompette jaune. Sabretache noire, bélières blanches. Pas de gants". C'est ce dessin qui est donné par V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie" qui indique comme source Bueno, collection privée.
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
- Figure : schéma de synthèse donné par H. M. Brauer : le parement bleu céleste est une erreur. Ce dessin est mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "La planche de BRAUER donne le schako blanc à galon, plumet et cordon jaune. Le dolman, le collet et parements bleu ciel, les galons et tresses jaunes, culotte écarlate". Notons que P. des Noyers (C.F.F.H. 82/04) indique que "Brauer et Malibran lui font chausser une pelisse jaune, et une culotte rouge galonnée jaune".
Rappelons que dans ses mémoires, le Capitaine d'Espinschal donne aux Trompettes du 5e Hussards pour 1805 un uniforme qui confirme les grandes lignes des types représentés ci-dessus : un shako recouvert de feutre blanc, un dolman et collet de drap bleu celeste à parements blancs, avec pelisse, gilet et culotte écarlate, le tout galonné et gansé de jaune citron, bouton (trois rangées sur le dolman et la pelisse) en laiton.
- Trompette en 1803 d'après Rigo (Le Plumet, planche 185; planche mentionnée dans les ouvrages "Encyclopédie des uniformes napoléoniens" et "Trompettes de cavalerie"; elle a également été publiée dans Tradition N°241), qui indique comme sources les mémoires d'Espinschal et le tableau représentant le Colonel Schwarz. "A/ - Shako modèle 1801, fût recouvert de drap blanc, cordon d'attache jaune citron. B/ - Dolman en 1803. En nous basant sur les mémoires du capitaine d'Espinchal nous avons reconstitué celui-ci d'après l'uniforme de l'ordonnance qui figure sur le portrait du colonel Schwarz peint à la même époque. Or il est indéniable que, si le colonel porte cinq rangées de boutons avec des tresses dorées reliées entre elles, son ordonnance, par contre, porte trois rangées de boutons avec des tresses citron non reliées, à la façon des hussards de Louis XV, comprenne qui peu ! Rappelons que le bleu céleste, le blanc et le jaune citron sont les couleurs traditionnelles du 5e hussards alias Lauzun. C/ - Pelisse 1803, drap écarlate bordée de mouton noir, tresses citron, boutons de laiton. D/ - Ceinture-écharpe en écheveaux de laine cramoisie, coulisseaux et cordons d'attache citron. E/ - Ceinturon de buffle blanchi et sabre mdoèle an IX, à monture et garnitures de laiton. F/ - Sabretache 1803, pattelette écarlate, galon, soutache et chiffre citron, feuillage brodé au naturel... J/ - Porte-manteau de tricot bleu céleste, chiffre, galon et soutache de fils citron. Le porte-manteau 1803 est le même qu'ici, mais sans soutache intérieure".
Figure : Hussard, Compagnie d'élite d'après Bucquoy : "Nous avons déjà donné un cavalier de la Compagnie d 'élite avec le plumet rouge; cela est conforme au règlement et à la tradition générale. Dans cette série-ci on en trouvera un autre portant le plumet et la flamme de colback bleu; c'est la solution adoptée par M. de Bouillé dans son historique et qui paraît conforme à la tradition particulière du régiment. Nous serions tentés de croire que ces deux variétés sont exactes et ont dû se suivre chronologiquement : le bleu jusque vers 1806, le rouge après".
- Ordonnance du Colonel Schwartz d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 9); la source indiquée est le portrait du Colonel peint en 1803. Le cordon du shako dont la visière est fixe, est porté en sautoir. Rousselot indique que le 5e Hussards aurait pu faire usage d'une housse pointue en drap (à quelle époque ?). Dans sa planche 22, Rousselot indique également que "Pendant les premières années de l'Empire, beaucoup de régiments n'ont que trois rangs de boutons à la pelisse et au dolman, entre autres les ... 5e.... Le prototype du Hussard gravé par Martinet en 1807 confirme ce détail". Précisons que ce Hussard est donné dans la revue Tradition N°181 (article de G. Jaeger).
- Ordonnance du Colonel Schwartz d'après M. D. Mac Carthy (Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971); la source indiquée est le tableau représentant le Baron de Schwartz : shako noir, bouton, ganse et cordon jaunes, cocarde actuelle, plumet bleu céleste à sommet blanc, pompon bleu ciel à centre blanc. Dolman et culotte bleu céleste foncé, parements et pelisse blancs, boutons, tresses et galons jaunes, chevrons rouges sur la pelisse, fourrure noire, bottes noires, soutaches et glands jaunes. Echarpe cramoisie, coulants, cordons et glands jaunes. Buffleteries blanches. Sabre à monture et garniture de cuivre, dragonne et gants blancs. Envers de la sabretache en cuir noir.
- Hussard, 5e Hussards, 1803, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "tableau représentant le Baron de Schwartz" : "Shako noir, cocarde tricolore maintenue par une ganse jaune. Cordons et raquettes jaunes. Plumet bleu ciel à sommet blanc, petite cocarde bleu ciel et blanc, dolman et collet bleu ciel à galons et brandebourgs jaune. Ceinture jaune et écarlate, cordons jaunes, pelisse blanche à fourrure noire, brandebourg et boutons comme le dolman. Culotte bleu ciel galonnage jaune. Baudrier et ceinturon blanc. Sabretache noire. Sabre cuir et garnitures de cuivre, dragonne noire".
- Hussard en grande tenue vu en Allemagne en 1803 d'après Rigo, Le Plumet, planche U13. "A) - Dolman de drap bleu ciel, tresses et galons jaune citron à trois rangées de boutons de laiton. B) - Pelisse de drap blanc bordée de mouton noir, tresses et galons citron à trois rangées de boutons de laiton. Curieusement les tresses ne sont pas reliées entre elles contrairement à la plupart des régiments. Ce détail insolite n'est nullement un oubli puisque le peintre a pris soin de relier les tresses de la pelisse du colonel, ce dernier portant, en outre, non pas trois mais cinq rangées de boutons. C) - Shako en feutre et cuir noirci mis en service après 1801. D) - Cordon de fils citron, formant une boucle passée en travers de la poitrine il empêche la perte de la coiffure. E) - Pompon de compagnie figurant sur le tableau original. Le hussard Schilly le portait de couleur jaune. F) - Sabretache. Le galon, la soutache intérieure et le chiffre sont en fils jaune citron. Le feuillage est brodé de soies vertes. G) - Ceinture-écharpe de laine cramoisis à coulants citron, notre dessin montre la façon dont on la fixe par-devant. H) - Ceinture écharpe. Notre dessin montre la façon dont on noue celle-ci par derrière. I) - Mousqueton de hussard mis au point en 1786 et légèrement modifié en l'an IX. D'une longueur totale de 1,06 m sa fabrication bien que réduite continua jusqu'en 1815. J) - Ceinture écharpe entièrement déployée. L'arrêté ministériel de 1801 nous confirme qu'elle est formée de quarante-quatre cordons de laine cramoisie longs de 2,60 m. Elle fait trois fois le tour de l'homme et les cordons passent dans six coulants doubles. Vers 1810, la longueur totale sera considérablement réduite puisque la ceinture passant dans six coulants triples ne fera que deux fois le tour du cavalier, la largeur étant toujours la même".
Donné également par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale") mais daté de 1806-1807.
- Figure : Hussard de la 2e Compagnie du 5e Régiment, tenue de parade en 1803-1804, d'après Rigo in Tradition N°66-67 (source : portrait du colonel Schwartz, document conservé dans les archives Raoul et Jean Brunon, musée de l'Empéri. Salon-de-Provence) : "15. Shako. Probablement mis en service en 1802-1803, le fût est recouvert de feutre et de cuir noirci.
La coiffure a désormais trouvé la silhouette générale qu'elle ne quittera que dans dix ans. Le shako comporte une visière de cuir noirci fixée au bourdalou à l'aide de trois agrafes. Il est normalement livré avec une longue flamme, mais il semble que plusieurs régiments (notamment les 1er et 2e hussards) le portent ainsi. En basin, la cocarde tricolore est maintenue en place par une ganse de fils jaune citron et un bouton demi-rond en laiton. En parade, outre le pompon de sa compagnie, le hussard arbore un plumet en plumes de coq, haut de 325 mm. Afin d'éviter la perte de la coiffure, celle-ci est délivrée avec un long cordon d'attache de fils jaune citron formant une large boucle que le cavalier passe en travers de la poitrine (fig. 17). Pour en revenir à la question de la cocarde, beaucoup de lecteurs pourront s'étonner de voir le rouge à l'extérieur alors que cette disposition n'apparaîtra qu'à la fin de l'Empire. En réalité, il n'est pas rare de rencontrer ce type de cocarde : en novembre 1807, le colonel Schabert, qui commande le 3e de Ligne exige de son fournisseur de shakos que celui-ci lui livre des cocardes avec le blanc à l'extérieur... et non le rouge !
16. Pompon de compagnie. Demi-sphérique, monté sur une tige métallique, il est en laine bicolore pour les secondes compagnies de chaque escadron, soit rouge et blanc pour la 5e compagnie, bleu ciel et blanc pour la 6e, jaune et blanc pour la 7e et vert et blanc pour la 8e. Les premières compagnies de chaque escadron ont un pompon unicolore, soit rouge à la 1re, bleu ciel à la 2e, jaune à la 3e et enfin, vert à la 4e.
17. Cordon d'attache. Depuis l'Ancien Régime, il sert à empêcher la perte de la coiffure. Ainsi que le confirme le rapport de l'inspecteur général Oudinot, daté du 23 mai 1803, il mesure 2,27 m de long et porte, à ses deux extrémités, une tresse nattée de 61 mm de diamètre ornée d'un gland à franges. Il est en fils de laine de la couleur des tresses (jaune citron pour le 5e hussards). A l'aide d'un coulant réglable, il forme une large boucle que le cavalier passe autour de la poitrine, puis il est fixé à un crochet de laiton cousu sur le rabat du shako en laissant pendre les deux tresses sur le côté droit. Rendu inutile après la généralisation des jugulaires de métal, les passementiers le pr endront comme modèle pour fabriquer les milliers de cordons nattés qui orneront les shakos des soldats de l'Empire.
18. Détails de la pose des tresses et de la ganse plate. Il s'agit ici du galonnage du côté droit du dolman. Taillé dans un drap bleu ciel, il se distingue par des tresses et des ganses plates de fils jaune citron (choisie par le duc de Lauzun en 1778, cette couleur reste unique chez les hussards). Comme tous les "vieux" régiments, le 5e ne porte que trois rangées de boutons (ici de laiton), soit une en "demironds" à chaque extrémité des tresses et l'autre, au centre, servant au boutonnage du dolman et de la pelisse, formée par les plus gros (ou "ronds"). Normalement on compte dix-huit rangées de tresses.
19. Sabretache. Les lauriers de la gloire consulaire ont chassé les faisceaux de licteurs des années noires de la République, morte de n'avoir pas su régner ... La patelette recouverte de drap écarlate est brodée de fils de laine ou de soies de couleurs. Le chiffre du régiment, en jaune citron, est couronné de feuillages en attendant l'Aigle Impériale. Le galon, large de 23 mm, en fils de laine citron, est souligné par une soutache de même couleur. Les bords sont protégés par un rabat de cuir naturel enchappant trois anneaux de laiton. Une sabretache doit normalement durer six ans. Les hussards n'en sont pas tous munis... ; ... les sabretaches doivent être fixées à un pied de terre (soit 324 mm) quelle que soit la taille du cavalier. Pour en terminer avec la description de l'uniforme de notre ami Jacob, ajoutons qu'il porte une ceinture-écharpe ... avec des coulants et un cordon en fils jaune citron...
Abordons maintenant le harnachement qui, couleur du portemanteau et du feston mis à part, est commun à tous les régiments de hussards. Rappelons que tous les harnais sont de cuir noirci.
20. Schabraque. Vue ici du côté hors-montoir, elle est taillée dans des peaux de moutons blancs et festonnée de la couleur distinctive (ici de drap bleu ciel). Ce n'est qu'après la guerre de Sept Ans que ce modèle de schabraque apparaît chez les hussards français, probablement inspiré par la peau de loup des Volontaires de Saxe, chers au maréchal ! Elle recouvre entièrement une selle à arçons en bois, posée sur une épaisse couverture ou couverte et ne laisse sortir que les lanières de fixation du portemanteau. Les fontes de cuir noirci sont attachées sur le devant de la selle et portent des lanières servant à fixer le manteau de drap vert foncé à capuchon. Arrivé au contact de l'ennemi, le hussard dégage les fontes en retroussant la schabraque, ce qui lui permet de saisir plus facilement ses pistolets.
21. Portemanteau. De forme circulaire, il est long de 68 à 70 cm et a un diamètre de 17 cm. Il est recouvert de tricot bleu ciel ; ses extrémités sont bordées d'une ganse jaune citron entourant le chiffre du régiment, également en jaune citron. Le portemanteau se ferme à l'aide de trois sanglons de cuir noirci et il est attaché derrière le troussequin de la selle par trois lanières de buffle blanchi. Bouclerie de fer étamé.
22. Courroie de guindage. Son rôle est de maintenir en place la schabraque de laine qui a toujours une fâcheuse tendance à se déplacer latéralement. On la voit déjà apparaître sur des dessins de Lenfant dès 1744; à cette époque, les schabraques d'origine hongroise sont en drap. Cette courroie est donc fixée à l'anneau du surfaix, situé côté montoir, passe sous le troussequin, puis dans un coulant cousu sur l'envers du surfaix, passe sous les fontes et vient se fixer côté montoir à l'aide d'une boucle de fer étamé cousue sur un contre-sanglon de cuir noirci.
23. Surfaix. Il maintient la schabraque en place sur la selle et se fixe côté montoir à l'aide d'une forte lanière de buffle.
24. étrivières et étriers. Taillées dans du buffle naturel, les étrivières sont réglées en hauteur par une boucle de laiton; elles soutiennent les étriers de fer noirci.
25. Dragonne ou courroie de retrait. De cuir naturel, avec un contre-sanglon portant une boucle de fer étamé, elle est fixée à l'arçon de la selle. Enroulée autour du busc du mousqueton elle empêche le recul de l'arme lorsque le cheval change d'allure.
26. Botte porte-mousqueton ou botte de canon. Lorsque le hussard est en parade ou en route, il fixe son mousqueton au harnachement en introduisant le canon de l'arme dans cette botte et en entourant la crosse à l'aide de la courroie de retrait. La botte de canon est maintenue en place par une sangle réglable fixée à la fonte droite.
27. Bride à la hongroise. Se compose du frontal et de la muserole réunis par deux croisettes ornées d'un fleuron de laiton qui, parfois, porte le chiffre du régiment. En haut du frontal se trouve la têtière qui porte une chaînette de laiton et un bouton de cuir sur lequel vient se fixer le haut du licol. Le mors composé de deux branches en fer portant chacune une bossette de laiton ornée du chiffre du régiment, est accroché aux montants de cuir noirci à bouderie de laiton. A l'extrémité de chaque branche du mors se trouve la gargouille avec son touret où vient se fixer la rêne de bride. La gourmette de mors, en fer étamé, s'accroche aux montants.
28. Sous-gorge. Laissée libre, son extrémité enchappe un croissant de laiton.
29. Rênes de bride. Passées dans les tourets, bouclées de laiton, elles peuvent être reserrées par deux boutons coulants et se terminent par un fouet de lanières tressées.
30. Filet. Très simple, il se compose de deux montants bouclés de laiton, reliés par un frontal et portant un mors articulé sans branches. Le filet n'apparaît dans le harnachement de la cavalerie française que vers 1750. La mode avait été lancée par Louis XIV, à la suite d'un carrousel où le Roi Soleil avait cassé sa bride ... C'est pour cette raison qu'il garda longtemps l'appellation de "bridonà la royale".
31. Rênes de filet. Elles s'attachent aux anneaux enchappés dans les montants du filet et se règlent grâce à une boucle de laiton.
32. Licol. Apparu vers 1750, il est formé "d'un grand et d'un petit côté" (sic) qui, avec le dessus-de-nez, sont garnis de drap écarlate festonné. Sur le dessus, à la réunion des deux côtés, est cousue une courte martingale portant une boutonnière qui vient se fixer au bouton de cuir attaché en haut de la têtière de bride (fig. 27). Prolongeant le dessus-de-nez, se trouve la sous-barbe qui rejoint l'anneau où est fixée la longe.
33. Longe. Fixée au licol, elle sert au cavalier pour conduire sa monture lorsqu'il est à pied. En route, la longe s'accroche à la courroie de guindage, côté montoir.
34. Le poitrail. Fixé au pommeau de la selle, de longueur règlable à l'aide d'une boucle de laiton, ils se compose de deux montants reliés au centre par un coeur de laiton portant le chiffre du régiment.
35. Fausse martingale. Partant du coeur de poitrail, elle se termine par une boucle qui passe dans le surfaix, empêchant ainsi la selle de glisser vers l'arrière.
36. Croupière. Accrochée aux sanglons fixés sur les arçons de la selle, elle se termine par une boucle de cuir rembourré nommée culeron que le hussard passe sous la queue de son cheval, empêchant ainsi la selle de glisser vers l'avant".
En 1804, "le 21 juin, une circulaire ministérielle prescrit le moyen d'empêcher la perte fréquente des pistolets dans les troupes à cheval, lorsque ces dernières chargent l'ennemi. Ce moyen consistait à fixer les pistolets par une courroie attachée, d'une part, à un anneau mobile enchassé dans un piton à vis, à tête ronde percée, lequel doit être placé au pommeau de la selle, et d'autre part, à un second anneau ou grenadière, qui doit être fixé à la crosse du pistolet.
D'après un extrait de l'ordonnance du 1er vendémiaire an 13 (23 septembre 1804), voici de quelle manière étaient placés les effets dans le porte-manteau :
Les deux chemises doivent être dépliées et mises en long dans le porte-manteau, ensuite la culotte à la hongroise retournée et pliée e quatre (pour la route, les exercices ou les corvées, les hussards faisaient usage du pantalon de cheval) par dessus; on placera le gilet retourné et plié en deux; la cravate et les mouchoirs seront fourrés dans les coins.
Il ne sera permis de mettre dans le porte-manteau que les effets désignés ci-dessus, dans la crainte de blesser les chevaux en en faisant entrer davantage.
Manière de charger.
Le surtout et le gilet d'écurie, dans lequel sera placé le bonnet de police seront pliés en quatre et placés sur le grand sac, plié lui même de manière à ce qu'il ne dépasse pas le porte-manteau; ils seront liés ensemble par les deux bouts avec les courroies de charge, de manière qu'ils soient fermement tenus. Le porte-manteau sera placé de manière que les trois boucles puissent faire face aux deux extrémités de la selle. Les bottes seront placées séparément sous le couvercle du porte-manteau, les tiges vis-à-vis l'une de l'autre; les deux éperons seront couverts d'une espèce d'étui en cuir noir, fixé aux extrémités d'une courroie qui empêchera les bottes se séparer et de se perdre.
Les deux musettes devront être attachées à la tête du pommeau de la selle par leurs courroies et dans leur centre par des lanières attachées aux ronds de fonte qui fixent les extrémités du manteau : ces musettes ne dépasseront d'aucun côté les bouts du manteau.
Dans celle de gauche seront placés : 1° Les effets de pansement; 2° Les brosses avec la boite et la graisse; 3° Le sac à poudre.
Celle de droite sera destinée à recevoir la ration d'avoine du cheval ainsi que celle du pain.
Au côté gauche et dans les courroies du porte-manteau on fera passer la corde à fourrage, tortillée en cercle, et nouée de façon qu'elle puisse être déplacée sans déranger le porte-manteau" (in La Giberne 2e année, N°5, pages 158-159).
- Figure : Trompette, Compagnie d'élite du 5e Hussards, 1804, d'après le dessin 82 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer).
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
- Figure : Trompette de la Compagnie d'élite du 5e Hussards 1804-1805, d'après H. Boisselier qui indique comme source : "Document de Collection d'Alsace" (ce document, donné par V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie" se trouve au Musée de la Figurine Historique de Compiègne). Dans leur texte, Vincent Bourgeot et Yves Martin déclarent comme source les "collections alsaciennes"; et plus loin : "L'interprétation issue des documents Carl (donné par Boisselier) est identique aux précédentes mais le cavalier coiffe le colback blanc à plumet écarlate de la compagnie d'élite ; l'ensemble est très cohérent". Un commentaire s'impose : la cohérence en question est relative à la tenue de Trompette étudiée plus haut. Pour le reste, Boisselier ne parle pas de Carl sur sa planche mais bien de Collection d'Alsace; il fait donc référence non pas à Carl et aux Collections alsaciennes, mais à Herbert Knötel et au Manuscrit d'Alsace. Carl, à notre connaissance, n'a pas ailleurs jamais donné ce type !
- Figure : Bonnet de police du 5e Hussards de 1804 à 1814, d'après Rigo in Tradition N°74 : "bonnet de police "à la dragonne" qui coiffait déjà les vieux Bercheny, Chamborant ou Lauzun. Taillés dans d'anciens uniformes, ils conservent leurs couleurs de tradition... Les flammes et les turbans sont passepoilés et galonnés de fils... citron pour le 5e... suivant le métal des boutons".
- Figure : Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; Collections du Musée Historique Lorrain à Nancy. Donné par B. Malvaux in Tradition N°76 : "Cet officier du 5e régiment, chevalier de la Légion d'Honneur, est intéressant principalement par son uniforme, la qualité du travail n'étant pas de grande facture. La forme très haute du col et la présence de la décoration permettent de situer la peinture au début de l'Empire. Dolman bleu céleste fonçé avec les garnitures or, pelisse blanche garnie comme le dolman. Ceinture cramoisie en poils de chèvre, à glands et noeud en passementerie d'or. Ici, la banderole de giberne est noire, avec un galon or sur chaque bord; son décor est classique : un écu à tête de lion et un second à l'aigle".
- Officier du 5e Hussards au début de l'Empire; Collections du Musée de l'Empéri, Salon de Provence. Donné par A. Pigeard in Tradition H.S. N°34. Miniature sur ivoire de 70,5 mm sur 56 mm. Donné également par J. Croyet in "Soldats de Napoléon". Cet Officier est titulaire de la Légion d'Honneur qu'il arbore fièrement sur le dolman et la pelisse. Et par V. Bourgeot (Les trésors de l'Empéri).
- Autre Officier du 5e Hussards.
En 1805, "le pistolet de cavalerie modèle an 9 est changé quant à l'embouchoir auquel on substitue une capucine en cuivre sans coulisse, dont le bord inférieur est placé à 9 c., 17 du derrière du canon, et qui est tenue par une bride du même métal. Cette bride va jusque sous la tête de la grande vis du devant de la platine" (in La Giberne, 2e année, N°6, page 190).
Il est fort probable que vers 1806, les Trompettes ont abandonné la tenue rouge et bleu céleste pour une tenue plus classique "reprenant l'exacte couleur inversée du régiment, cette tenue très esthétique était sans doute moins bien repérable si ce n'est au niveau du schako d'un blanc immaculé !"; le manuscrit de Marckolsheim donne cette nouvelle tenue, peut être due au nouveau colonel Dery, qui succède à Schwarz en 1806 (notons toutefois que nombre de sources donnent un datation s'étalant de 1805 à 1808).
- Figure : Trompette du 5e Hussards, Compagnies ordinaires, vers 1805-1806; Manuscrit de Marckolsheim "archétype", Anne S. K. Brown Military Collection, Providence, Rhode Island, USA (In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie"). Sur cette source, on ne distingue pas la doublure de la pelisse et il n'y a pas de cordon à la ceinture-écharpe.
- Trompette du 5e Hussards donné par A. Bouteaud (tiré de sa collection) dans le Briquet N°2 de 1962. La source indiquée est un dessin de H. Boisselier d'après un dessin inédit de H. Knötel. En 1962, André Bouteaud était le président de l'Amicale des Collectionneurs de Figurines Historiques du Centre Loire, plus connue sous le nom d'association du Briquet; il était alors propriétaire de ce dessin de Boisselier, donné par Yves Martin et Henri Boisselier dans leur ouvrage consacré aux Trompettes de cavalerie. Sur le dessin de H. Boisselier, la date donnée est 1808; quant à la source indiquée, il s'agit effectiverment d'une "aquarelle inédite de H. Knötel (110)". Le N°110 fait référence au Manuscrit de Marckolsheim.
Voici ce qu'écrit à l'époque A. Bouteaud sur ce Trompette : il est tiré "d'un recueil d'aquarelles originales de notre regretté ami Boisselier qui font partie de ma collection.
Toutes ces gravures sont faites d'après des inédits du peintre allemand Knoetel d J.
Cet album contient les grandes tenues et aussi celles portées en campagne par tout la cavalerie française, non seulement par la Troupe, les trompettes et également par les Sapeurs ...
Quant au Trompette du 5e, voici son uniforme :
Shako blanc, dessus noir, bordure du haut et bourdaloue jaune, galon de cocarde jaune, bouton de cuivre, visière noire cerclée de cuivre, jugulaire de cuivre, cheveux et cadenettes naturels, dolman blanc, collet et parement bleu ciel galonnés de jaune, brandebourgs et galons jaunes, ceinture à la hussarde cramoisie, olives en quinconces jaunes, culotte bleu ciel, passepoil et fer de lance jaune, bottes noires à galon et gland jaune, éperons en acier, pelisse bleu ciel, fourrure noire, brandebourgs galons jaunes, boutons de cuivre, dessous de la pelisse crème (sans doute en mouton), sabre, fourreau de fer, poignée en cuivre jaune, dragonne, bélières blanches, dessous de sabretache noir". Précisons que le pompon et le bas du plumet, non décrits (sans aucun doute par oubli), sont bien rouges.
- Trompette du 5e Hussards, vers 1808, d'après H. Boisselier; la source indiquée est une aquarelle inédite de H. Knötel (N° 110). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard. Ce dessin a été donné dans l'ouvrage de Y. Martin et V. Bourgeot, consacré aux Trompettes de cavalerie qui indiquent comme référence : collection privée.
- Figure : Trompette du 5e Hussards, 1805-1806, d'après la planche 110 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako blanc, galonné en haut et en bas de jaune, ganse de cocarde jaune; jugulaires cuivre; pompon écarlate, plumet écarlate à tête noire. Dolman blanc, collet et parements bleu céleste, boutons et agréments jaunes. Ceinture-écharpe cramoisie, noeuds jaunes. Pelisse bleu céleste, fourrure noire, agréments comme au dolman, doublure rouge. Hongroise bleu céleste à agréments jaunes. Bottes galonnées de jaune. Gants chemois. Cuirs blancs. Sabre fourreau cuir et cuivre". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
Selon Rigo (Le Plumet, planche U13), la hauteur du dolman et de la pelisse a diminué vers 1806.
- Officier en tenue de campagne - Manequin du Musée de l'Empéri, Salon de Provence; donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. "Cet ensemble est tout à fait exceptionnel du fait de sa richesse et des matériaux utilisés. En effet cet ensemble est non seulement, extrêmement orné, mais il utilise un drap très fin et aussi de la soie pour la doublure et la matelassure. C'est un vêtement de grand prix que son possesseur n'a pas dû porter souvent, compte tenu de son état, proche du neuf, si l'on excepte les marques du temps. Shako : L'armature est en carton, et non en cuir, recouvert de feutre noir. Le shako est tronconique avec un développement de 600 mm à la base pour 830 mm au sommet et 201 mm de hauteur. Le haut et le bas du tronc de cône sont soulignés par deux rubans de velours noir. La fragilité de ce textile, réalisé en soie, a fait que les poils ont été rapidement éliminés par l'usage et que l'on pourrait penser, au premier regard, à un simple ruban. On peut se faire une idée précise du textile aux abords des rosaces de jugulaires qui ont limité son usure. Le ruban du haut est de 40 mm de large, pour 30 mm au ruban du bas. A l'intérieur, le fût est doublé de maroquin sur une hauteur de 100 mm. La visière, en cuir, est particulièrement soignée. Elle est ornée d'une fine frise de feuillages en relief bordant la partie en contact avec le fût. Sur le devant, un galon d'argent de 34 mm de large, est tenu par un bouton d'uniforme. Il fait alterner une bande de reps entre deux bandes cul de dé. Il rejoint le sommet de la coiffure où se trouve placé un pompon lenticulaire bicolore en fils métalliques torsadés provenant vraisemblablement d'une prise. Les jugulaires sont particulièrement soignées. Elles sont composées d'écailles de laiton doré, se recouvrant les unes les autres et diminuant régulièrement jusqu'aux lacets de serrage. Chacune de ces écailles affecte la forme d'un ensemble de 3 ou 2 feuilles de laurier (selon le module) très finement ouvragées. Les jugulaires sont doublées du même velours de soie noir que la base et le sommet du shako. Le cordon d'attache, dont les raquettes sont fixées sur le bouton de l'extrême droite du dolman, est réalisé à partir d'une tresse d'argent carrée. Dolman : C'est le plus riche dolman de la collection et mérite, de ce fait, que l'on s'y attarde quelque peu. Il est coupé dans un drap bleu foulé d'une grande finesse. Sa nuance, moins soutenue, diffère quelque peu de celle du "bleu national", couleur de fond de ce régiment. Mais il serait hasardeux de vouloir tirer des conclusions générales de l'observation de cet objet singulier, dans la mesure où tant la décoloration que l'éclairage faussent toute observation. Le module du col est de 110 mm sur l'ensemble du pourtour. Il est doublé du drap du fond. L'intérieur est garni, dans la partie basse, d'une pièce de maroquin de 100 mm de large. Une bande de drap, du fond, de 150 mm de large est appliquée à l'intérieur, du haut en bas du devant. Le reste est doublé d'un sergé de soie d'une extrême finesse, dont les lacunes laissent apercevoir la matelassure intérieure en bourre de soie blanche. C'est la même soie qui double le frac BR 3325, de même provenance, avec son épaulette portée sans contre-épaulette, exposé dans le fond de la vitrine. Remarquons égaIement que la hauteur du col du surtout est, elle aussi, de 110 mm. Le dolman compte 5 rangées de 18 boutons argentés, de deux modèles différents. Les premiers, placés au centre et servant au boutonnage, sont des boutons grelot, de 16 mm de diamètre. Les seconds garnissant les quatre rangées complémentaires, sont des demi-grelots de 15 mm de diamètre. Les tresses de poitrine sont réalisées à l'aide d'un modèle unique de tresse plate de fils d'argent, d'une épaisseur de 3 mm. Tantôt employée en double épaisseur, tantôt en simple, tantôt en zigzags, cette tresse forme un riche réseau décoratif, au point d'en arriver presque à masquer le drap du fond. Le reste des agréments (galonnage des coutures, des poches, des bords, etc ...) est réalisé à l'aide d'un unique modèle de galon plat sergé en fils d'argent de 15 mm de large.... Ceinture : Elle est réalisée par un écheveau de 23 tresses de laine rouge et, maintenue par des ensembles de cinq coulisseaux en fil d'argent tressés sur armature. Gilet : En drap rouge , de la même qualité que celui du dolman. Il comporte 3 rangées de boutons grelot argentés d'un diamètre de 13,5 mm. Les tresses sont réalisées, à partir de la même tresse plate argentée que le dolman. Le gilet est bordé, d'un curieux galon argent de 13,5 mm de large. En effet, le dessin de ce galon, hachures du sergé au centre et bords festonnés en courbes, avec trois petits points en creux dans les festons, ne correspond à rien de similaire dans les collections. Il se rapproche des galons utilisés pour les ornements liturgiques, de classes inférieures aux XVIIIe et XIXe siècles. Ce même galon, est visible sur un gilet de la collection. Pantalon charivari : Coupé dans le même drap bleu que le dolman ; il s'agit, là aussi, d'un objet luxueux. La basane noire qui le garnit, est découpée en larges festons. Deux poches en travers assez profondes, sont ménagées sur le devant. Elles sont recouvertes d'une patte découpée en accolade et garnie de 3 boutons argentés. Giberne et banderole de giberne : La banderole de giberne est en maroquin rouge formant gousset de 65 mm de large. Elle est garnie d'un galon d'argent cul de dé, de 12 mm sur les bords et de boutons argentés de 17 mm de diamètre, fixés à intervalles de 47 mm. La giberne, en maroquin rouge, sur armature bois, présente en son centre un monogramme de laiton doré aux initiales "BM"".
Donné également par V. Bourgeot (Les Trésors de l'Empéri), qui indique que le "cordon raquette pendant sur la droite du dolman était habituellement porté avec la pelisse, sa présence sur cette tenue n'a qu'une fonction décorative et élégante...". Et pour le shako : "le pompon demi-sphérique en "gros bouillon" indique habituellement le rang d'officier supérieur, toutefois l'absence de galon en fil d'or sur la partie supérieure et la ganse de cocarde en galon plat (cul de dé) ne viennent pas étayer cette proposition".
- Figure : Officier, tenue de campagne, 5e Hussards, 1806, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako noir à pompon, ganse de cocarde et jugulaires dorés, plumet noir. Dolman bleu céleste foncé à parements blancs; boutons, galonnage et passementerie or. Ceinture cramoisie à coulants or. Pantalon de cheval bleu céleste foncé, basané de noir, à boutons jaunes. Cuirs rouges à garnitures dorées. Gilet tressé or à fond rouge, bleu céleste ou blan. Cordons, dragonne, etc... or. Gants jaunes (coll. Brunon)".
Dans son article paru dans la revue Uniformes N°34 ("Les tribulations du costume militairee, les Hussards, 3e époque, le Premier Empire et l'Epopée"), Rigo estime que les culottes des Hussards du 5e Régiment ont eu des piques jaunes sur les ponts en 1808; puis des trèfles jaunes en 1809. Or, les planches de Martinet donnent en 1807 des Hussards ayant à leurs culottes des noeuds hongrois, dès 1807.
- Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 1.
- Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 3.
- Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 2.
- Hussard daté de 1805, d'après E. Titeux; celui-ci figure au sein de la Collection Winkhuizen (Bibliothèque Publique de New York, id=1237873).
- Figure : Capitaine de la Compagnie d'élite en 1806, d'après J. Rouffet; dessin paru dans La Giberne, Année 03/03, page 071 J. Mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
- Figure : Officier du 5e Hussards ; fac-similé d'un dessin de Nicolas Hoffmann conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes de l'Empire français", par Hoffmann; Tome 2, Uniformes, Costume militaire, France, 1802-1814; OA- 113 (A) -PET FOL). Si au premier abord, le type représenté peut paraitre se situer à la fin du Consulat ou au début de l'Empire, il semble bien, en fait, qu'il faille le dater plutôt de la période 1806-1807. Pourquoi cette datation ? Si l'on compare la suite d'où est tiré ce dessin, à celle figurant au sein de la Collection Brown (voir le Hussard plus haut), elle est de toute évidence postérieure et peut même être située sur la période 1807-1808. On y trouve en effet, entre autres unités, les Dragons de la Garde, les Chevau-légers polonais et ceux de Berg, unités qui ne figurent pas dans la série de la Brown. Par ailleurs, rappelons que c'est le Décret du 25 février 1806 qui généralise le port du shako au sein de l'Infanterie, mais surtout le dote sur le devant d'une plaque en losange, généralisée à l'ensemble des corps dotés de cette coiffure. Les Hussards sont donc concernés, et l'affirmation de C. Blondieau, qui déclare que "le 5e régiment n'a, en principe, pas porté de plaque", est ici à remettre en question. Pour en revenir à notre Officier, son aspect général, avons nous dit, rappelle clairement la période précédente; l'explication là encore est simple : Hoffmann utilise des planches réalisées antérieurement, qu'il adapte par un certain nombre de modifications. Cela explique ainsi le fait que la plaque de shako de notre Officier est ornée d'un 4, numéro qui n'est nullement celui de notre Régiment.
"Le shako des hussards (en 1807) est orné d'une plaque en losange à numéro du corps découpé à jour, de la couleur du bouton d'uniforme et placée entre la cocarde et le bourdalou.
D'après des gravures de l'époque (n'ayant rien pu trouver d'officiel), voici qu'elle était la couleur des shako et des plumets, affectés à chaque régiment de hussards, et celle des pompons, affectée à chaque compagnie de chaque escadron de chaque régiment :
5e Régiment | ||||
Shako | Plumet | Pompon | ||
Bleu de ciel |
1/3 inférieur jaune, 2/3 supérieur noir |
Etat-major |
Blanc |
" (in La Giberne 2e année, N°6, page 190).
- Hussard du 5e Hussards, très certainement aux alentours de 1807; fac-similé d'un dessin de Nicolas Hoffmann conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris.
- Figure : Hussard du 5e Hussards à la fin du Consulat, début de l'Empire; fac-similé d'un dessin de Armand Claude Bournisien de Valmont, conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes militaires français et étrangers". Aquarelles originales. Texte manuscrit. Volume 7 : 1795-1815; OA- 102 (C) ). Valmont, qui a très certainement utilisé Hoffmann comme source, date ce type de l'année 1803.
Officier du 5e Hussards en 1807-1808 d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N° Spécial 1971) : "Colback noir, flamme bleu céleste, cordonnets et gland en or, pompon or, plumet blanc avec tiers inférieur bleu céleste, mentonnière en chaînette dorée. Dolman et culotte bleu céleste, parements du dolman et pelisse blancs, passementerie et galons de grade en or, boutons dorés, fourrure noire à la pelisse, cordon de pelisse terminé par trois glands sans raquettes. Ceinture écharpe cramoisie à coulants en or. Bottes garnies en or. Banderole de giberne noire, galons et ornements en or. Ceinturon et bélières rouges garni en or. Sabretache écarlate, galon, soutache aigle couronné, feuillage et chiffre 5 en or. Sabre à fourreau doré, dragonne en or. Schabraque en peau de panthère, galon d'or entre le liseré et le feston bleu céleste foncé. Etrivières rouges. Brides et licol noirs, ce dernier doublé de bleu céleste, boucles, passants, et ornements dorés. (Le cordon de pelisse terminé par trois glands est une particularité propre aux officiers de ce régiment)".
- Figure : Chef d'Escadron du 5e Hussards en 1807, d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N°38 de 1977) : "Colback noir, flamme bleu de ciel, soutache et gland en or, pompon et cordonnet d'or. Plumet blanc à base très courte bleu de ciel. Dolman bleu de ciel, parements blancs, ganses, tresses, galons de grade et boutons en or. Pelisse blanche, fourrure noire, tresses et garniture comme au dolman. Cordon de pelisse en or. Culotte bleu de ciel, galons et soutaches en or. Bottes garnies en or. Baudrier de giberne noir et or. Ceinturon et bélières rouges bordés d'or, crochet de fermeture, rosaces et boucles dorés. Gants crème. Sabretache rouge, galon, soutache et ornements en or, bord extérieur rouge. Fourreau de sabre noir, garniture dorée. Peau de panthère galonnée d'or, feston en drap bleu de ciel, troussequin de la selle en cuir rouge cerclé de cuivre, étrivières en cuir rouge, étriers en cuivre, courroie de guidage noire. Bride en cuir noir à coquillages et franges noirs. Boucles, passants, clous, ornements de croisette, de frontal, de muserolle, de sous gorge et de poitrail dorés. Filet et rêne en galon d'or, mors de bride en fer à bossettes dorées.
Le bleu céleste est très foncé, tout au moins pour les officiers. Leur cordon de pelisse se termine par trois glands sans raquettes. Il semble que ce dernier détail soit particulier aux officiers du 5e Hussards, car nous le retrouvons sur trois portraits dont deux ont été publiés dans le Carnet de la Sabretache : en 1895 le lieutenant Fesquet et en 1811, le chef d'escadron Sigismond du Pouget. Le troisième, celui du sous lieutenant Adolphe de Thermes, figurait à l'Exposition de la Sabretache en 1937".
Nous donnons à côté de ce Chef d'Escadron de Rousselot un dessin que nous avions réalisé en 1992, sur la base de cette source.
- Maréchal des logis de la Compagnie d'élite du 5e Hussards en grande tenue portant l'étendard du 1er Escadron, 1806, d'après Rigo, in Tradition N°225 ("Lasalle et sa Brigade infernale"). Comme tous les Sous-officiers du Régiment, son dolman et sa pelisse portent cinq rangées de boutons de laiton, cette pelisse étant par ailleurs bordée en gorge de renard. Le galon bordant le portemanteau est doré.
- Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808. Fac-similé réalisé par L. Rousselot et publié en 1942-1943 par A. Depreaux : "Colback brun, flamme bleu céleste à passepoils et gland jaune, jugulaires laiton sur fond rouge. Dolman blanc, fourrure fauve, tresses et boutons jaunes, banderoles blanches, bouton laiton. Ceinturon (à plateau laiton) et bélières blancs. Culotte bleu céleste à pique et tresse latérale jaunes. Gants blancs. Bottes noires, éperons blanc. Sabre à garde laiton, fourreau acier, dragonne blanche. Schabraque de peau de mouton blanc, dents de loup bleu céleste, porte-manteau bleu céleste, galon jaune. Licol rouge. Harnachement noir à boucles, croissant, coeur laiton. Etrivières noires, étriers blancs. Cheval alezan".
- Hussard, Compagnie d'élite du 5e Hussards entre 1806 et 1808, d'après la Suite dite de Otto de Bade (Copyright: Anne S.K. Brown Military Collection, Brown University Library; avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington). Ce dessin est donné par G. Dempsey dans son ouvrage "Napoleon's Soldiers, 1807 ". Nous donnons à côté le même document (fac similé ?) conservé à la Bibliothèque du Musée de l'Armée (In Tradition N°62).
- Hussard de la Compagnie d'élite vu à Berlin en 1806-1807, d'après Rigo, Le Plumet, planche U13. La source indiquée est : "Manuscrit de KOLBE, collections BROWN University, Rhode Island, U.S.A". Ce dessin est donné par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale"), avec le détail de la tenue : "12) Colback : c'est la coiffure qui distingue la compagnie d'élite et sera adoptée, par la suite, par beaucoup d'officiers. Recouverte d'une peau d'oursin noircie, son fond ou "calotte" de drap bleu céleste passepoilé de jaune citron se termine en "chausse" ou "flamme". Sa mentonnière de laiton est cousue sur du cuir fauve. Sur le devant du colback on a dissimulé un gousset dans lequel on enfonce un plumet, le plus souvent écarlate. 13) Ceinturon : mis au point en 1801, taillé dans du buffle blanchi et large de 30 mm, il comporte quatre morceaux reliés par des anneaux de laiton qui soutiennent les deux bélières du sabre et les trois courroies portant la sabretache. 14) Sabre : dérivé d'un modèle mis au point en 1776, il est dit du modèle "An IV" qui sera fabriqué en série jusqu'en 1813. Sa monture à branche unique est en laiton fondu. Le fourreau enchapé de cuir noirci porte deux garnitures de laiton. Dragonne de cuir noirci. Longueur totale de l'arme 0,96 m. 15) Sabretache : la pattelette de cuir fauve est recouverte de drap écarlate et bordée d'un galon jaune citron large de 23 mm, que souligne une soutache de fil de même couleur. Normalement il faudra attendre 1808 pour qu'apparaisse l'Aigle Impériale dorée, au centre de la couronne de feuillage de soie verte. En moyenne une sabretache est prévue pou durer six ans... mais les hussards n'en sont pas tous munis, ainsi à la date du 7 mai 1802 le capitaine d'habillement reçoit l'ordre de délivrer 64 sabretaches par compagnie à la fin du mois. 16) Etui de sabretache : en vérité il s'agit d'un objet pratiquement introuvable ... quand il est d'époque bien sûr ! Ainsi que le montre notre dessin il enferme complètement la précieuse sabretache brodée en se boutonnant par-derrière. Il est possible qu'il servît de modèle aux sabretaches de cuir noirci portées à la fin de l'Empire. Très rares, nous en avons trouvé traces dans l'inventaire du magasin des Chasseurs à Cheval de la Garde à la date du 30 juin 1806. 17) Giberne : banderole porte-giberne et bandoulière porte-mousqueton. Mis au point en 1786, cet équipement très pratique est taillé dans du buffle blanchi large de 50 mm pour la banderole et 81 mm pour la bandoulière. La hauteur de chacune est réglée par une boucle de laiton à deux ardillons. La giberne, dont le coffret enchapé de cuir noir verni peut contenir une vingtaine de cartouches, se fixe par deux anneaux de laiton après les deux extrémités de la banderole. Les compagnies d'élite décorent souvent leur pattelette de giberne à l'aide d'une grenade de métal à la couleur du bouton. La bandoulière porte-mousqueton porte un crochet roulant en fer muni d'une courroie de retrait que le cavalier entoure autour du busc en bois de son mousqueton. L'arme pend alors dans le dos de notre hussard (voir figure G) et peut être saisie à tout moment. Afin d'éviter le glissement de cet équipement, chacune des banderoles ou bandoulières porte une boutonnière placée près de l'épaule gauche, on réunit alors l'équipement à l'aide d'un bouton double de laiton. On peut égaIement fixer le mousqueton après le harnachement lors des déplacements.
- Trompette daté 1808 d'après P. A. Leroux; Editions R. L. Source non mentionnée. Trompette mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "René Louis qui a beaucoup étudié les régiments de Hussards dans deux volumes de dessins originaux conservés à la Bibliothèque Nationale, donne lui aussi, le dolman blanc à distinctive bleu ciel, les galons et tresses jaunes. La pelisse et la culotte bleu ciel ; le schako noir, la plaque losange, cordons jaunes, plumet mi partie rouge, mi partie noire". Trompette également donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207).
Notons que dans la Giberne N°8, 2e année, L. Fallou donne d'après Margerand une tenue assez semblable de la tenue des Trompettes, mais avec une datation assez large (1804-1814) : plumet à base rouge et sommet noir, shako noir à cordon blanc; dolman blanc, collet et parements bleu céleste, tresses jaunes; cordon de trompette rouge; pelisse bleu céleste, tresses jaunes, fourrure noire; culotte bleu céleste, tresses jaunes; schabraque mouton noir, dentelure bleu céleste.
- Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Martinet, planche 11, type 1.
- Hussard du 5e Hussards daté de l'année 1810; fac-similé d'un dessin de Armand Claude Bournisien de Valmont, conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes militaires français et étrangers". Aquarelles originales. Texte manuscrit. Volume 7 : 1795-1815; OA- 102 (C) ). Valmont a t'il utilisé Martinet comme source ?
- Figure : Hussard du 5e Hussards en 1807, d'après Richard Knötel, Uniformenkunde, Volume 11, planche 33; la source indiquée est Martinet, planche sans date. Type repris par R. Forthoffer (fiche documentaire 177 - avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) mais avec plaque jaune, et par K. Tohsche. Signalons que Knötel note sur sa planche que le shako est devenu bleu à partir de décembre 1808.
- Figure : Hussard du 5e Hussards d'après Louis de Beaufort (Le Briquet, 1973-1); daté de 1810, le type a pour source A. de Valmont : "Shako noir, jugulaire de cuivre, plumet blanc en haut, bleu ciel en bas. Plaque de cuivre, cordons blancs. Dolman, collet et culotte bleu-ciel. Paremente blancs, Galon, tresses, boutons et hongroises jaunes. Echarpe rouge et jaune. Pelisse blanche fourrure noire. Même galonnage que le dolman. Galon et gland jaunes aux bottes. Sabre, fourreau et poignée de cuivre garni de cuir, sabretache noire".
- Figure : Officier du 5e Hussards, d'après T. Goddard et J. Booth : "The Military Costume of Europe"; ouvrage paru à Londre en 1812 (document mis en ligne par Markus Stein pour le site Napoleon online; exemplaire provenant de la Kunstbibliothek de Berlin. Bien que l'ouvrage soit paru en 1812, il est fort probable que le type représenté soit antérieur, sans doute vers 1808, ou même avant. Le dessinateur par ailleurs n'a peut être pas directement vu cet Officier mais a peut être puisé dans d'autres ouvrages pour le représenter.
- Officier, Compagnie d'élite, Revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). Signalons que ce dessin a été donné par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition.
- Officier en pelisse d'après L. Rousselot pour H. M. Brauer (Uniformbogen/Heere und Tradition N°92).
- Figure : Officier du 5e Hussards, 1806-1807, d'après P. Benigni, Musée de l'Empéri, Salon-de-Provence (A. Pigeard, Tradition N°140). Donné également par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale").
- Trompette Compagnie d'élite lors de la revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945).
Signalons que ce dessin a été donné par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition.
Ce Trompette est mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "nous avons vu au Cabinet des Estampes, un trompette très proche de celui donné par Boisselier, mais le kolback diffère de celui de la collection Carl, en ce qu'il est garni de cordons jaunes, et que le plumet est rouge et noir".
- Trompette du 5e Hussards d'après le Fichier Carl, planche 15. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard. La description du fichier est la suivante : "Colback noir, pompon rouge, plumet 1/2 jaune (en bas) 1/2 noir (en haut). Flamme bleu ciel à passepoils et glands jaunes. Dolman blanc; collet bleu ciel à galon de bordure en haut et sur les devants rourge, liseré de jaune. Tresses, galons et boutons jaunes. Pelisse bleu-ciel à fourrure et tresses de suspension noires. Culotte blanche. Schabraque noire festonnée de bleu-ciel. Sabretache comme celle du 4ème hussards, mais fond bleu ciel. Trompette, sabre, harnachement comme au 3ème hussards". Ce Trompette est mentionné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207).
Nous donnons à côté le même Trompette extrait de l'Album Schmid.
Dans des notes de Carl, nous lisons pour le 5e Hussards (avec comme date indiquée : 1804) : "Trompettes : dolman et culottes blanches. Collet, parements, pelisse bleu ciel. Flamme de colbac bleu ciel à passepoils citron".
- Trompette du 5e Hussards, 1809 (?), d'après Carl; dessin de René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945).
Vincent Bourgeot et Yves Martin ("Trompettes de cavalerie") écrivent : "Les cavaliers de la compagnie d'élite proposés par Ch.Brun et par Boisselier, proviennent des documents Carl, l'ensemble de l'uniforme est très proche de celui du manuscrit (sous entendu de Marckolsheim - voir plus haut en figure le Trompette en tenue blanche et bleu céleste de 1805-1806), les cavaliers portent bien sur le colback (plumet noir à base verte), les pompons changent d'un illustrateur à l'autre, noir pour Ch.Brun et rouge pour Boisselier, ce qui est plus intéressant réside dans le galonnage écarlate disposé au collet et aux parements, on peut raisonnablement penser que cette disposition était réservée à la compagnie d'élite". Notons qu'ils sont les seuls à parler de Compagnie d'élite.
Dans les "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration... II. - 5e à 13e hussards" (Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-490(1)), Fort donne également au travers de notes, la tenue des Trompettes du 5e Hussards, datée de 1809; ces notes recoupent les types précédents : "Colback noir; flamme ciel, passepoil jaune, glands jaune, pompon de l'Escadron, plumet 2/3 haut noir, 1/3 bas jaune, pas de cordons, jugulaires jaunes; dolman blanc, pelisse ciel, collet ciel, pârements ciel, galon du collet et des parements rouge, tresses jaunes, boutons, jaunes, fourrure noire; ceinture jaune et cramoisi; culotte blanche, noeud hongrois jaune, ganse de côté jaune; schabraque peau de mouton noire, dents de loup ciel; porte manteau ciel, pourtour et numéro jaunes; sabre fourreau fer; sabretache ciel, galon du bord jaune, passepoil intérieur rouge, aigle cuivre; bottes hongroises garnies de jaune; banderole de giberne blanche; gants demi-crispins blancs".
- Ce Trompette est mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "d'après la collection Carl, le trompette de la Cie d'Elite, sauf la couleur du dolman et celle du collet et parement est bien différent ; en effet, le galon qui borde le collet et le parement est écarlate, la culotte est blanche .. le kolback est de peau noire, la flamme bleu ciel; passepoil et gland jaunes, pompon écarlate et plumet jaune à sommet noir".
- Shako de Trompette en 1808 d'après P. A. Leroux. Donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207).
- Brigadier du 5e Hussards, d'après la planche 146 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno. Le texte donne comme source Bucquoy sans autre renseignement; la description du texte est la suivante : "Couvre shako de taffetas gommé vert clair, visière noire, pompon rouge. Pelisse blanche, fourrure noire, tresses, boutons et galons de grade jaunes; banderole blanche, bouton jaune; ceinturon blanc, boucle jaune; garde de sabre jaune, dragonne blanche; bélières blanches, sabretache noire. Pantalon bleu ciel à passepoil blanc. Bottines noires".
- Hussard d'après le Fichier Carl, planche 8. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard. La description du fichier est la suivante : "Schako bleu ciel, galon du pourtour supérieur noir. Pompon bleu ciel cerclé de jaune, horizontalement en son milieu. Plumet 1/3 jaune (base) 2/3 noir (sommet). Cordon, glands, plaque en losange, cercle de visière, jugulaires, jaunes. Dolman, collet, parements, sabretache bleu-ciel. Pelisse blanche, fourrure noire. Galons, tresses, boutons et glands jaunes. Buffleterie blanche. Fourreau en fer. Gants blancs à crispins. Parements de la pelisse bleu ciel. Porte manteau bleu ciel, galon et 5 jaunes. Ceinture cramoisie et jaune".
Dans les notes de Carl, nous lisons : "5e Régiment 1804.- Dolman bleu ciel. Pelisse blanche. Tresses citron. Gilet et culottes bleu ciel. Collet et parements bleu ciel. Shako bleu ciel à bordure du haut et du bas en cuir noir. Plumet noir, 1/5 du bas jaune. Sabretache bleu ciel à bordure citron. Dents de loup et portemanteau bleu ciel, ce dernier avec bordé et n° citron".
- Hussard en 1809 d'après le Fichier Carl, planche 23. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard. La description du fichier est la suivante : "Schako bleu-ciel à galon de bordure supérieur et inférieur noirs. Pompon bleu-ciel, avec au milieu une bande jaune. Plumet 1/3 jaune (base) 2/3 noir (sommet). Ganse de cocarde (formé par 4 rangs de tresses) cordon, glands, jugulaires et cercle de visière jaunes. Pas de plaque. Dolman, collet, culotte, porte-manteau bleu-ciel. Parements, pelisse, buffleterie blancs. Tresses, galons, glands et boutons jaunes. Fourrure noire (ou marron). Galons d'ancienneté rouges. Petis gants chamois sans crispins. Sabre à fourreau de fer. Sabretache comme au 4ème régiment avec N° 5 sur l'écusson. Schabraque en mouton blanc, festons bleu-ciel. Légion d'honneur. Même harnachement qu'au 1er régiment. Cheval noir".
- Hussard en 1810 d'après Wurtz - Musée de l'Armée. La Bibliothèque du Musée de l'Armée possède, en plus des figurines sur plot de Wurtz, un grand cahier du même auteur, que nous avions consulté en 1992, et dans lequel figure un certain nombre de type que nous avions à l'époque pris rapidement en notes :
- Trompette Compagnie d'élite : Pelisse bleue, fourrure noire. Dolman blanc. Culotte bleue, tresses hongroises et galons jaunes. Sabretache noire à plaque en écu en cuivre portant un N°5. Collet et parement bleu passepoilés jaunes. Colback noir, flamme rouge passepoilée de jaune; pompon rouge, plumet rouge à sommet noir. Equipage noir festonné bleu. C'est le Trompette donné par R. Louis (Revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, in "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder).
- Officier : Colback noir, pompon bleu rayé jaune en son centre; plumet jaune à sommet noir. Dolman bleu galonné or, pelisse blanche avec 4 galons sur les manches. Légion d'Honneur sur la pelisse. Sabretache identique à celle du Trompette. Culotte idem, mais galonnée or. Schabraque bleue galonnée or. Un Officier de profil présente une schabraque en pointe; dans la pointe, le chiffre 5 en or. Banderole porte giberne cramoisi ornée d'or.
Sous officier Compagnie d'élite : même tenue que l'Officier mais en remplaçant l'or par le jaune; colback noir à pompon et flamme rouge. Schabraque en mouton blanc festonnée bleu. Légion d'Honneur. Trois chevrons d'ancienneté or sur la pelisse. Les hommes de la Compagnie d'élite portent la même tenue.
Notons que que dans le chapitre consacré au Hussards, du volume II de Lienhart et Humbert ("Les uniformes de l'armée française - la cavalerie", nous pouvons lire : "Les brigadiers avaient les galons de la couleurs des passementeries, sauf dans ... le 5e Hussards où ils étaient cramoisis".
- Hussards : Brigadier : Shako bleu, pourtours supérieur et inférieur noirs, jugulaires jaunes, visière noire. Cocarde sans ganse. Pompon bleu rayé jaune. Plumet jaune à sommet noir. Les Hussards ont des chevrons d'ancienneté rouge. Portemanteau bleu galonné jaune; chiffre 5 jaune.
- Revue du 5e Hussards par Junot, Duc d'Abrantès, Colonel général des Hussards, 1808, d'après René Louis, "Uniformes des régiments de hussards français.... I. - 1er-6e hussards"; Bibliothèque nationale de France, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945). Signalons que ce dessin a été donné par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition.
- Hussards en 1808 d'après P. A. Leroux; Editions R. L., visiblement basé sur le dessin de René Louis; le pompon est toutefois devenu entièrement rouge.
- Hussard en tenue d'été en dolman, 1807, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 22). Donné par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale"). Et dans Gloire et Empire N°009.
- Sous lieutenant : Portrait donné dans le Carnet de la Sabretache de 1895 ( Glasser G. : "Deux portraits et une lettre d'un Officier de Hussards", page 24). Voici ce que l'auteur écrivait à l'époque : "L'auteur de la présente notice a eu la bonne fortune de trouver, il y a quelque temps chez un ami, M. Juncker, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Paris, le portrait d'un de ses parents, officier de hussards sous le premier Empire.
Ce portrait fort beau, dû au pinceau de Boilly, représente un lieutenant du 5e hussards en surtout bleu de ciel à passepoils blancs, boutons et épaulettes en or, gilet bleu de ciel avec tresses et boutons en or. Sur le dos de la toile, on lit ces quelques mots :
"Auguste Fesquet, frère chéri de Zoé, tué à la bataille de Leipzig, peint par Boilly."
M. Juncker ne possédait sur l'original du portrait que peu de renseignements : une lettre adressée par le jeune officier à ses parents, à la date du 12 janvier 1807, lettre qu'on lira plus loin, et une note de l'annuaire de l'école polytechnique de feu Marielle, indiquant qu'Auguste Fesquet, sorti de l'école en 1804, avait été lieutenant au 5e hussards et avait été tué à l'ennemi en 1813.
Le portrait et la lettre nous parurent également intéressants; ils se rapportaient l'un et l'autre à la période la plus brillante de notre histoire militaire; d'ailleurs, les documents authentiques sur les uniformes de petite tenue des officiers de la Grande-Armée n'abondent pas. Il nous a donc paru que les lecteurs du Carnet de la Sabretache nous sauraient gré de les mettre sous leurs yeux, et nous avons recherché à leur intention des renseignements plus complets sur la vie et la mort d'un officier, dont le nom devrait être gravé sur la plaque de marbre qui surmonte la porte du pavillon de l'école polytechnique et qui est destinée à rappeler aux promotions nouvelles le souvenir de ceux de leurs anciens qui sont morts pour la patrie (note : Cette plaque a été érigée à l'occasion du centenaire de l'école polytechnique par les soins et aux frais des anciens élèves et a été inaugurée, le 17 mai 1894, par M. le Président de la République Carnot, peu de jours avant le lâche attentat dont il a été la victime...
Un hasard tout à fait inespéré nous a mis sur la trace d'un autre portrait d'Auguste Fesquet, qui le représente en tenue complète de sous-lieutenant de hussards avec le dolman bleu de ciel à parements blancs, soutaché d'or, la pelisse blanche à tresses en or et le pantalon bleu de ciel. Cette précieuse miniature appartient à M. Pernolet, ingénieur des mines à Paris, qui a bien voulu en autoriser la reproduction pour le Carnet. Nous lui en adressons ici tous nos remerciements".
Ces deux portraits sont donnés par notre ami Pierre Bourrilly dans un article paru dans le Bivouac N°17 de 1985, consacré aux Provençaux au service de l'aigle. Ils sont également mentionnés dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
- Figure : Hussard de la Compagnie d'élite en 1807, d'après S. Palatka (in Gloire et Empire N°3); la source en est très certainement la description faite par H. d'Espinchal : "Le 5e régiment de Hussards, qui venait d'être cité plusieurs fois dans cette dernière campagne où il avait perdu plus de 300 hommes, était un des plus beaux régiments de l'armée pour son élégant et magnifique uniforme, consistant dans une pelisse blanche avec galons, ganses, olives et tresse en laine jaune et fourrure noire, dolman et pantalon bleu de ciel garnis de galons, de tresses et de franges en laine jaune, gilet rouge avec ganse et galons jaunes, ceinture cramoisie à nœud en laine rouge, sabretache fond blanc avec un aigle en cuivre, bordée d'un large galon, et, au bas, le n° 5; sabre courbé à fourreau en cuivre, deux pistolets et une petite carabine, colback à flamme blanche avec jugulaire en chaînons de cuivre; le petit uniforme à la mamelouk avec tresse en laine. Même uniforme pour les officiers, seulement la passementerie et les ornements en or et la distinction du grade sur les manches et le pantalon. En grande tenue de gala, pantalon blanc et or, le dolman avec ceinture et bottines de maroquin rouge avec de très petits éperons. Le harnachement du cheval consistait dans une selle à la hussarde, garnie de cuivre à l'extrémité postérieure, schabraque bleu de ciel avec galon jaune, porte-manteau rond en drap bleu de ciel avec galon jaune aux extrémités; poitrail portant un cœur en cuivre, brides ornées de cuivre et mors sans bossette". F. Buttner, dans un article paru dans la SCFH N°1 de 1968, écrivait en son temps, parlant de cette description : "La mémoire de l'auteur est elle fidèle ou se laisse t'il éblouir par le souvenir de sa pelisse blanche au point d'attribuer la même couleur à une sabretache habituellement décrite comme rouge et à une flamme de colback successivement bleu céleste (en 1806) et rouge (en 1809) ?".
- Habit frac de petite tenue d'Officier - bonnet de police "à la dragonne" d'Officier subalterne; document tiré de la A. S. K. Brown - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington; donnés par V. Bourgeot (Les Trésors de l'Empéri). L'habit frac se portait habituellement sur un gilet gansé "à la hussarde".
- Figure : Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 1806-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Chapeau à ganse et macarons or; plumet blanc à base bleu céleste. Habit bleu céleste foncé à parements, passepoils et pattes de collet blanc; boutons et épaulettes or. Gilet rouge (ou bleu céleste) tressé or. Culotte bleu céleste galonnée en or. Garniture des bottes et dragonne or. Ceinturon cramoisi brodé d'or. Gants blancs. Sabre fourreau doré (Marckolsheim et portraits). Il existe des variantes à collet blanc".
- Figure : Officier du 5e Hussards 1809 en tenue de ville, d'après la planche 152 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Chapeau à ganse de cocarde et macarons or; plumet blanc à base bleu céleste. Habit bleu céleste, à revers de même; collet et parements blancs; boutons, passepoil des revers, épaulette or. Gilet écarlate tressé or. Gants de peau. Hongroise bleu céleste agrémentée et galonnée d'or; bottes garnies en or. Ceinturon rouge bordé or, bouclerie or. Sabre cuir et cuivre, dragonne or".
- Figure : Lieutenant en surtout, 5e Hussards, 1809, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Manuscrit de Markolsheim et portrait du lieutenant Auguste Fesquet" : "Chapeau noir, cocarde, ganse dorée, plumet blanc à base bleu ciel et flèches dorées. Surtout, collet, revers, parements bleu-ciel, passepoils blancs (peut-être jaune). Petite patte en pointe au collet avec bouton. Gilet bleu ciel à galon tresses et boutons dorés (autre document gilet écarlate). Culotte bleu ciel, piques et galon dorés, demi-bottes à galon et gland dorés. Epaulettes dorées. Sabre à fourreau noir, poignée, dragonne et garnitures dorées".
- Figure : Adjudant sous officier d'après P. Benigni : "L'adjudant sous-officier qui précède le peloton des trompettes a la tenue conforme à celles des autres sous-officiers du régiment. Elle est en drap mi fin, tressée de laine ou de fil, ou tout au plus de poil de chèvre. Les trois galons de grade et les chevrons d'ancienneté sont seuls en or. La fourrure en dos de renard. Le shako, d'inspiration hongroise, sans bourdalou ni plaque, est d'un modèle particulier au 5e Hussards. Il se retrouve également dans d'autres régiments de l'arme, mais alors de couleurs différentes. La troupe le portait sans aucune bordure, tandis que les adjudants en ornaient le haut. d'un galon d'or et les officiers d'une course de cercles d'or, de un à trois rangs, suivant le grade. Le plumet blanc est celui de l'Etat-major du Corps.
Le sabre, plus soigné que celui des autres gradés, était parfois du modèle réservé aux officiers, mais non doré. A côté du sabre est suspendue la canne, accessoire inséparable des grades d'adjudant-major et d'adjudant sous-officier". Cet Adjudant est cité et donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). Donné également par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale"). Par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition. Et dans Gloire et Empire N°009. Mentionné aussi dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
- Trompette de la Compagnie d'élite d'après P. Benigni. Ce Trompette est mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "Le trompette de la Cie d'Elite porte un kolback à flamme rouge passepoil et gland jaune, plumet rouge à sommet noir". Il est également mentionné et donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). Donné également par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale"). Par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition. Et dans Gloire et Empire N°009. Mentionné aussi dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
Des notes basées sur les travaux de P. Benigni, donnent une description complète de ce Trompette : "Colbac noir, sans passementerie. Flamme rouge à passepoils et glands jaunes. Plumet 2/3 du bas rouge, 1/3 du haut noir. Cheveux courts. Dolman blanc, collet et parements bleu ciel. Pelisse bleu ciel, fourrure noire. Tresses citron. Ceinture invisible. Gants crispins. Culotte ciel, tresse latérale jaune, galon de la poche invisible. Boettes gansées de jaune. Buffleterie blanche. Cordon de trompette rouge. Sabretache en cuir noir à écusson en cuivre 5. Schabraque en mouton noir, dents de loup bleu ciel. Porte-manteau inivisible, sabre an XII".
- Trompette du 5e Hussards entre 1807-1809 d'après Rigo, Le Plumet, planche 9. Cette planche a été publiée dans la revue Tradition N°152. La source indiquée est un recueil de gouaches de la Collection De Ridder, Bibliothèque Nationale. "A. Sabre modèle 1792, sabretache modèle 1807 et ceinturon. B. Shako modèle 1807. C. Pelisse et dolman. D. Galon bordant l'ouverture du petit pont de la culotte. E. Ceinture écharpe. F. Arnachement modèle 1801. G. Giberne et courroie porte-giberne modèle 1801 (...) Sans vouloir mésistimer la collection de Ridder qui, rassemblée à la fin du XIXème siècle est une des plus fiables nous trouvons que le ga1onnage écarlatte bordant le collet et les parements à la place du jaune citron semble bizarre ... mais il est egalement exact que dans le domaine de l'uniformologie impériale, la fantaisie est grande". Ce commentaire de Rigo, bien qu'intéressant, nous parait inadapté ici. En effet, il cite comme source un recueil de gouaches de la Collection de Ridder; nous avons donné les différents trompettes issus de cette Collection, et celui de Rigo n'y figure pas. L'auteur semble avoir fait une synthèse de différents types : Trompettes de Bénigni, et Trompettes de la Collection de Ridder, elles mêmes basées sur Carl.
- La tête de colone du 5e Hussards vers 1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise" (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington). Cette gravure (donnée dans Gloire et Empire N°49), publiée entre 1807 et 1809 nous donne un certain nombre de types du 5e Hussards, dont des trompettes en habit rouge, et un timbalier. Nous donnons en dessous la même planche, non mise en couleur, ce qui permet de mieux visualiser certains détails.
Notons que le Musée de l'Armée possède une version de cette gravure ; toutefois, tous les types inérants au 5e Hussards ou à d'autres régiments de cette arme sont sur cet exemplaire remplacés par des Chasseurs à cheval de la Garde.
- Trompette du 5e Hussards, sans date, d'après Charles Brun; donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique : "en tenue fantaisie".
- Figure : Trompette, Compagnies ordinaires du 5e Hussards vers 1809-1810 par Brun (collection privée; In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie"). Yves Martin et Vincent Bourgeot écrivent : "Si W. Köbell reste un interprète très fiable, sa version de trompette du 5ème est bien énigmatique ! Les figures sont annoncées pour 1810, et l'habit veste est clairement d'inspiration 1812. Nous savons bien sur que cette coupe de vêtement fut portée avant cette date, sachant que les régiments étrangers l'utilisaient depuis longtemps (voir par exemple les uniformes portés par le régiment de Prusse), nous pourrions alors imaginer que ces effets furent récupérés dans des magasins issus de prises de guerre, mais c'est une solution peut-être un peu trop facile ! L'ensemble des couleurs reprend le premier uniforme (pelisse et hongroise écarlate), on comprend donc difficilement sa situation de 1810 !".
- Trompette du 5e Hussards, sans date, d'après un dessin de la Collection Knötel à Rastatt; la source indiquée est une "estampe allemande de Kobell représentant au premier plan un trompette. Au 2e plan timbalier portant même tenue, tablier de timbale invisible". R. Forthoffer, dans sa planche 177, donne un Trompette quasi-analogue mais le collet est bleu céleste; le galon du bas du revers a disparu, et les piques des ponts ont été remplacés par des noeuds hongrois.
Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards de notre ami Claude Achard qui le date de la période 1804-1805.
- Figure : Trompette du 5e Hussards vers 1810, par Boisselier (Musée de la figurine historique de Compiègne - In V. Bourgeot et Y. Martin : "Les Trompettes de cavalerie") qui indique bien comme source W. Kobell.
- Figure : Trompette, 5e Hussards, tenue, de service, 1808-1812, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari). Le texte indique qu'il s'agit d'un Trompette de la Compagnie d'élite, en tenue de service; il porte une seconde tenue, un surtout à basques longues, avec l'ajout inhabituel de revers rappelant l'habit-veste de 1812 des Officiers. Sa schabraque et son portemanteau sont bleu ciel bordés d'un galon jaune. Le shako bleu a été adopté en 1808 et remplacé en 1813 par un modèle cylindrique écarlate. L'auteur remarque également que curieusement, les Trompettes portent deux tenues fondamentalement différentes à la même époque, l'une écarlate et l'autre à dolman blanc à distinctive bleu ciel avec pelisse et culottes bleu ciel. La source indiquée pour ce Trompette est à nouveau Jean et Kolbe.
Notre ami Pierre Bourrilly donne de son côté la description d'un Trompette dont la source est Kolbe; il présente de nombreuses similitudes avec les deux précédents : "Colback noir, plumet rouge, cordon et raquettes jaunes, flamme bleu céleste foncé, soutaches et glands jaunes. Cravate noire. Gants de peau beige. Habit et culotte rouge écarlate, collet bleu céleste foncé, parements, revers et retroussis blancs; ceinture-écharpe (?) cramoisie, coulants jaunes, bottes noires à galon et glands jaunes. Buffleteries blanches, boucles de cuivre, giberne noire. Sabre à fourreau de cuir noir, garni de fer, garde de cuivre, poignée noire filigranée de cuivre, dragonne blanche; giberne noire. Sabretache de cuir noir, pourtour de cuir fauve, fond rouge galon et aigle jaunes. Trompette de cuivre, cordon et glands mélés bleu et blanc. Schabraque et porte-manteau bleu céleste foncé, galon et N° jaunes. Harnachement noir, sangle blanche, surfaix noir, bouclerie de fer, ornements de cuivre; courroies de porte-manteau blanches. Etrivières beiges, étriers et mors de fer". Nous donnons en figure une reconstitution de ce Trompette.
- Figure : Trompette d'après P. Benigni : "Les trompettes sont tirés de la tradition des petits soldats d'Alsace. Ils portent la tenue inversée pour la pelisse et le dolman et leurs plumets sont différents de ceux de la troupe. Leurs schabraques sont en peau de mouton noir. Je me suis seulement écarté de cette source pour les couleurs du cordon de trompette, que les collections alsaciennes donnent uniformément rouge pour tous les régiments de troupes à cheval. J'expliquerai les raisons qui m'ont fait agir de la sorte le jour où j'aurai à représenter un trompette de Cuirassiers de la même époque".
Ce Trompette est mentionné par A. Bouteaud dans son article paru dans le Briquet N°2 de 1962 : "Benigni représente un trompette avec un uniforme différent surtout par le schako qui est bleu celeste, à sommet noir". Il est également mentionné et donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). Donné également par Rigo in Tradition N°224 ("Lasalle et sa Brigade infernale"). Par A. Pigeard dans le Hors Série N°21 de la revue Tradition. Et dans Gloire et Empire N°009. Mentionné aussi dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
Il est également est donné par R. Forthoffer, dans sa Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) ; l'auteur date le type de la période 1809-1812 : "Uniforme comme le Trompette de la Compagnie d'élite 1812 (voir figure) mais shako bleu céleste à sommet noir, ganse, jugulaires et cercle de visière jaunes. Cordon de trompette bleu céleste. Schabraque en mouton noir, dents de loup bleu céleste (Coll. alsaciennes)". Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
Vincent Bourgeot et Yves Martin écrivent, dans leur ouvrage "Trompette de Cavalerie" : "Les figures donnant le trompette en habit sont incontournables, issues du manuscrit (de Marckolsheim) dans sa version imprimée et reprises ensuite par Boisselier sous deux formes presque identiques (hormis les cheveux, tressés en cadenettes pour l'un et le sabre entièrement en cuivre pour l'autre), l'ensemble est cohérent, Rigo en donne aussi sa version en prenant directement modèle sur l'habit conservé en collection privée ; on peut d'ailleurs se demander si R.Forthoffer puis R.Knötel ne s'inspirèrent pas de la même source, cet uniforme étant connu depuis bien longtemps dans les collections Rouffet et Grammond ! Cet uniforme semble bien authentique, il est à comparer avec celui conservé au musée de l'Empéri (provenant d'un officier du régiment) qui est absolument identique de coupe et bien sur aux couleurs inversées".
- Habit de Trompette du 5e Hussards; in Le Passepoil N°4 de la 17e année, page 111 : le texte, du Commandant Bucquoy, indique : "L'intéressant habit dont nous donnons ci-dessous deux photographies, fait partie de la collection de M. Pierre Benoit à Avignon que nous remercions bien vivement pour son aimable communication. L'habit en drap blanc; le col et les parements bleu de ciel passepoilés de blanc; les revers en drap du fond sont passepoilés de bleu; les boutons demi-grelot sont en cuivre. Le bonnet de police qui l'accompagne a le turban en drap blanc passepoilé de bleu, le bandeau bleu de ciel galonné de blanc. Noter les petites pattes du col et des retroussis.
Cet habit est attribué à un Trompette du 5e Hussards. On sait que le 5e Hussards a porté la pelisse blanche pendant une grande partie du 1er Empire. Un dessin de la collection Carl donne pour 1809 un trompette aux couleurs inverses, c'est-à-dire dolman et culotte blanc avec la pelisse bleu ciel. C'est à cette époque que ce trompette pouvait porter en petite tenue cet habit à la chasseur".
Nous donnons à côté un dessin provenant de la Collection Knötel à Rastatt, basé sur l'article du Passepoil.
Le commandant E.L. Bucquoy a signalé avoir vu dans la collection de M. P. Benoit à Avignon, un habit à la chasseur, en drap blanc au col et parements bleu céleste passepoilés de blanc et boutons demi-grelot en cuivre. Le bandeau du bonnet de police est bleu céleste et la flamme blanche passepoilée de bleu (R. Alazet : "Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). Cet ensemble est mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens" qui en donne un certain nombre de détails.
- Figure : Trompette reconstitué par Rigo, qui s'appuie sur l'habit précédent (Le Plumet, planche 185, planche mentionnée dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens" et dans les "Trompettes de cavalerie"). Dans son texte, Rigo écrit : "Le fait nouveau est l'amicale communication que nous a faite M. RICHARD d'un habit attribué à un trompette du 5e Hussards. Magnifiquement conservé, il a été acheté en 1928 et provient des anciennes collections Rouffet et Grammont dont tout ici connaissons le sérieux. Cet habit offre donc toutes les garanties d'authenticité... mais, nous devons à la vérité historique d'ajouter que tous les érudits ne sont pas d'accord sur cette attribution, et certains pensent qu'il s'agit plutôt d'un habit d'une de ces centaines de formations de Gardes d'Honneur qui foisonnèrent sous l'Empire. Sans toutefois vouloir jouer les experts, nous dirons qu'il nous semble bizarre qu'un de ces "embusqués" de l'époque soit assez modeste pour ne pas arborer de belles épaulettes ou pattes d'épaule en or ou en argent, car l'habit de M. Richard n'a pas d'attentes cousues sur les épaules ! Il faut dire également qu'il existe un magnifique portrait, peint par Boilly vers 1807-1808, représentant le lieutenant FESQUET du 5e hussards, vêtu d'un habit étonnament semblable à celui du trompette, avec bien entendu les couleurs inversées ! Il est bon de spécifier que contrairement à ce que nous montrent les "costumiers" du cinéma ou de la télévision, les hussards sortaient très rarement en pelisse ou en dolman, en tout cas jamais avec une pelisse flottant négligeamment sur l'épaule ! Jusqu'à l'adoption du pantalon en tenue de sortie, les hussards parcouraient les rues des villes de garnisons en chapeau, surtout, gilet et culotte. Le surtout était un vêtement très simple, en général de la couleur du dolman, boutonnant par une rangée de boutons. ça, c'est le règlement, mais bien souvent, les plus fortunés se faisaient tailler un habit dit "a la chasseur" avec des revers en pointe et des poches à la soubise. Comme l'habit de M. Richard présente une doublure retroussée et non pas des retroussis fictifs, nous pouvons le dater de 1806-1808. Or, c'est la période où le régiment change de colonel, le "père" Schwarz (dame il a 44 ans), le héros d'Austerlitz, de Stettin et de bien d'autres batailles étant enfin nommé général de brigade, est remplacé, le 30 décembre 1806 par le baron Dery ou d'Héry, aide de camp de Murat. Il est donc très possible que le colonel Dery profita de cette période de paix pour changer les couleurs de l'habit de ses trompettes".
- Trompette du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako bleu céleste à galons, ganse de cocarde et cercle de visière jaunes. Habit blanc, à revers, passepoil et patte de collet de même; collet, parements, retroussis et passepoils des revers bleu céleste; boutons jaunes. Gilet rouge tressé jaune. Culotte bleu céleste galonnée de jaune. Bottes garnies en jaune. Sabre cuir et cuivre. Cordon de trompette vert (Marckolsheim)". Trompette également mentionné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207).
- Figure : Trompette du 5e Hussards en 1808-1809, d'après la planche 154 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako bleu céleste à galons du haut et du bas, ganse de cocarde et cercle de visière jaunes. Habit blanc à revers, passepoil et patte de collet de même; collet, passepoil des revers et soubises, parements et retroussis bleu céleste; boutons jaunes. Gilet écarlate tressé jaune. Gants peau jaune. Cuirs blancs, bouclerie jaune. Culotte hongroise bleu céleste à agréments jaunes. Bottes garnies en jaune. Cordon de trompette vert. Sabre cuir et cuivre, dragonne blanche". Une version de ce dessin est donnée dans l'ouvrage de Yves Martin et de Vincent Bourgeot "Trompette de cavalerie", mais avec les galons du shako blanc, ce qui est manifestement une erreur.
- Trompette du 5e Hussards, petite tenue, 1807-1808, d'après H. Boisselier; la source indiquée est H. Knötel (N° 151). Collection H. Achard, avec l'aimable autorisation de Mr C. Achard. Ce dessin a été donné par Y. Martin et V. Bourgeot dans leur ouvrage sur les Trompettes de cavalerie; ils indiquent simplement comme source : "collection privée".
- Figure : Trompette des compagnies ordinaires du 5e Hussards vers 1808-1809 par Boisselier, Musée de la figurine historique de Compiègne (In : "Trompettes de cavalerie"). A noter que sur le document original, Boisselier date son Trompette de la période 1806-1807, et donne comme source un "document anonyme allemand".
- Trompette d'après H. Knötel et Elting. Ce Trompette figure dans l'inventaire des Trompettes de Hussards, établi par notre ami Claude Achard.
- Hussard du 5e Hussards vers 1808-1809, d'après W. Kobell : "Tableau général de la cavallerie françoise", exemplaire du Musée de l'Armée. Sur cette planche, le Hussard est clairement du 5e, alors que les deux exemplaires de la collection Brown montrent un Hussard du 8e Régiment (chiffre visible sur la sabretache).
- Figure : Maréchal-des-Logis-chef porte-aigle, 1807, d'après L. Rousselot, "Soldats d'autrefois", série 2. Collection de l'auteur. Dans son texte, L. Rousselot précise avoir respecté ses sources et ne leur avoir "apporté que les modifications indispensables en rétablissant, quand cela était nécessaire, les détails traditionnels particuliers à chaque corps". Concernant ce Porte-aigle, il écrit : "Le porte aigle du 5e régiment demande quelques commentaires. Dans l'ordre de bataille, l'aigle iccupait à peu près le milieu du front de l'escadron, à l'avant dernière file de gauche de la première compagnie.
C'est donc un maréchal-des-logis-chefs de la compagnie d'élite qui avait l'honneur de porter celle du 1er escadron, tandis qu'aux 2e, 3e et 4e, elle était confiée à un maréchal-des-logis-chef d'une compagnie ordinaire.
L'envers de l'étendard porte dans le carré blanc l'inscription "Valeur et Discipline - Neme Escadron", disposée sur trois lignes".
- Figure : Sous officier du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 177 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "le shako parait être devenu bleu céleste en 1808; en 1813, il est remplacé par le shako rouleau écarlate".
- Figure : Uniformes du 5e Hussards en 1808, d'après Lucien Rousselot (L'Armée française, planche 54) : "Dolman, culotte hongroise, pantalon de cheval et surtout bleu céleste foncé, pelisse, parements du dolman, parements et collet du surtout blancs, gilet rouge, tresses et ganses jaune citron, trois rangées de boutons jaunes à la pelisse et au dolman, ceinture cramoisie à garniture jaune citron, piques à la culotte, bonnet de police à flamme blanche et turban bleu céleste.
Le pantalon de cheval, sans basane ni bandes de couleur, semble avoir été de tradition au corps, car nous le retrouvons en 1813 et en 1814.
En 1805, le shako en service était encore celui de la figure 20, planche 9 (voir figure ), avec les mêmes plumet et cocarde.
En 1807, il était de forme plus élevée, avec la cocarde normale et complété de jugulaires en laiton, d'un cordon natté et d'un plumet blanc à base bleue.
Le shako recouvert en drap bleu céleste fut adopté en 1808 (Martinet en donne une variante avec bande de cuir en haut, bourdalou en bas et cordon); comme les précédents, ils conserva la cocarde au milieu du fût mais n'eut plus de cordon; son plumet blanc devint bleu céleste avec le quart supérieur noir vers 1810-1811.
Il semble que le 5e Hussards n'a jamais eu de plaques à ses shakos.
Le shako cylindrique rouge fut adopté en 1813.
Quant au colback de la compagnie d'élite, il eut d'abord entre 1806 et 1807, la flamme bleu céleste et le plumet rouge, puis en 1809, la flamme rouge avec le plumet rouge à sommet noir.
En 1812, le plumet rouge à base noire était complété d'un pompon rouge, surchargé du chiffre 5 en laiton.
La sabretache particulière au régiment, une des plus belles, resta en service jusqu'à la chute de l'Empire".
- Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3.
- Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3 (donné par G. Dempsey dans son ouvrage "Napoleon's Army, 1807-1814"; Collection A. S. K. Brown).
- Figure : Hussard du 5e Hussards en 1808, d'après Richard Knötel, Uniformenkunde, Volume 11, planche 33 ; source indiquée : Martinet. Selon R. Knötel, le shako bleu céleste est porté à partir de décembre 1808.
- Schéma de synthèse d'après H. M. Brauer (Uniformbogen/Heere und Tradition N°92); l'auteur donne une sabretache un peu différente et une variante de plumet. A noter le curieux plumet d'Adjudant.
- Hussard du 5e Hussards (sans date mais après 1807), d'après Martinet, planche 11, type 3.
- Figure : Hussard du 5e Hussards, 1808-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako bleu céleste foncé à ganse de cocarde, cordon, jugulaires et cercle de visière jaunes; pompon à la couleur de la compagnie ; plumet variable, certainement suivant l'escadron ou peut être même la compagnie : entièrement blanc, ou bleu céleste à sommet blanc, ou encore 1/3 inférieur jaune et noir en haut. Uniforme comme le sous offcier 1808-1812 (voir figure ), mais fourrure noire, parement bleu céleste foncé à la pelisse et sabretache rouge ornementée de jaune (selon Martinet) ... Equipage de cheval en peau de mouton blanche, dents bleu céleste, porte-manteau bleu céleste à numéro et galon jaunes". C'est le type donné par Richard Knötel, avec toutefois un modèle de sabretache différent.
- Figure : Pantalon d'écurie du 5e Hussards de 1805 à 1808, d'après Rigo in Tradition N°71 : "A une date indéterminée, (1811-1812 ?) la basane noircie du pantalon du 5e recouvre presque complètement le drap bleu national... (avant cette date, il) n' a aucune pièce de cuir rapporté, si l'on excepte les sous-pieds, bien sûr".
- Figure : Sous-lieutenant du 5e Hussards, grande tenue, 1808 (lavis rehaussé d'aquarelle d'Horace Vernet) - Donné par Rigo In Tradition N°71 : "Le peintre a fièrement campé son ami, le comte Adolphe de Thermes, dans son tout nouvel uniforme "à la hongroise" aux couleurs bleu ciel et blanc. Parfaitement imberbe, l'aïeul de Raoul Brunon porte crânement son colback de fourrure qu'égaye la flamme écarlate rehaussée d'or. La peau de léopard semble passée de mode et ne sert plus qu'à couvrir le siège de la selle hongroise que dissimule une schabraque de drap ou de velours écarlate, galonnée et brodée d'aigles dorées ... ce qui nous semble parfaitement illogique, car ces symboles impériaux sont réservés à la Garde, toujours jalouse de ses privilèges. élève de son père, le grand Carle Vernet, dernier rejeton illustre d'une illustre lignée de peintres, Horace n'a que dix-neuf ans lorsqu'il "croque" son ami Adolphe, ancien page de l'Empereur, mais l'on voit déjà transparaître la maîtrise de l'artiste et sa profonde connaissance du cheval (Bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Salon-de-Provence)"
- Figure : Officier, tenue d'été, 5e Hussards, 1806-1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Schapska légère bleu céleste à galons et broderie or. Uniforme entièrement en "nankin", y compris tresses et broderies; boutons recouverts d'étoffe (teinte analogue au ventre de biche). Bottes de couleur rouge, fauves ou jaunes (Coll. Brunon)".
- Figure : Officier en Espagne, 1808, d'après le dessin 18 du Manuscrit d'Alsace. Document provenant de la Collection Knötel, à Rastatt; dessin signé en apparence W. D. mais en fait R. F. pour Roger Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer).
Notons au passage que dans le chapitre consacré au Hussards, du volume II de Lienhart et Humbert ("Les uniformes de l'armée française - la cavalerie", nous pouvons lire : "A cette même époque, si nous en croyons la description faite par un Allemand qui déclare décrire l'Armée française telle qu'il l'a vue à Erfurt en 1808, le 5e Hussards aurait porté un uniforme tout blanc avec une pelisse bordée de noir".
"En 1808, le colonel du 5e Hussards dépense pour habiller à neuf son régiment et lui donner un uniforme splendide, non seulement les 40.000 francs d'économies qu'il a en caisse, mais encore les 40.000 francs que lui a donné Napoléon à titre de gratification" (in "La Soierie de Lyon : organe du Syndicat des fabricants de soieries de Lyon", 1930/02 (A13,N2), pages 10-11).
- Trompette attribué au 5e Hussards, sans date, d'après une Collection Alsacienne (Musée historique de la ville de Strasbourg); donné par V. Bourgeot et Y. Martin in "Trompette de Cavalerie". Ces auteurs écrivent : "La dernière version, un soldat de carte des collections alsaciennes, est certainement encore plus improbable que l'image précédente ! Il reprend le même type d'uniforme que la version étudiée pour le 7ème régiment, le fond d'uniforme est identique (jaune), simples changements : les garnitures sont bleu céleste (verte pour le 7ème) et la hongroise est jaune (écarlate pour le 7ème). Ces versions restent mystérieuses et nous n'avons pas trouvé d'autres sources venant étayer ces versions. On comprend maintenant pourquoi Maître Rousselot n'aborda pas le sujet des trompettes de hussards dans sa série de planches, chaque régiment représentant un réel casse-tête, le tout sans base écrite fiable".
- Officier du 5e Hussards, Aide de camp du Maréchal Soult, d'après la planche 122 de "L'armée française et ses Alliés en Espagne"; publication de H. Achard et de J. M. Bueno. Avec l'aimable autorisation de Mr Claude Achard. Le texte indique comme source Fort d'après El Guil; la description est la suivante : "Il s'agit d'un officier portant l'uniforme du 5ème Hussards. Shako et pompon recouverts d'une housse bleu ciel, visière noire. Pelisse blanche, cordons, raquettes, tresses, galons et boutons or, fourrure blanche. Culotte bleu ciel à galon latéral, piques du pont et broderies or, bottes ocre jaune à galon or, éperons acier. Banderole écarlate à galon et agréments or; bélières rouges, sabretache de cuir naturel. Sabre à garde, fourreau et dragonne or. Gants ocre. Schabraque bleu ciel, galon or, passepoil extérieur rouge. Harnachement de cui fauve, plaque de croisillon et mors dorés. Sangle ocre. Cheval alezan".
Selon Rigo (Le Plumet, planche U13), le nombre de rangées de boutons est passé de trois à cinq après 1808 et la couleur de la chausse du colback est passée du bleu à l'écarlate.
- Officier du 5e Hussards en tenue de ville, 1809, d'après Bucquoy (La cavalerie légère). "Sous l'Empire, les officiers de hussards devaient porter en ville la tenue suivante :
Surtout, collet, parements, de la couleur du dolman, avec passepoils de la couleur distinctive, boutonnant droit sur la poitrine au moyen d'une rangée de 9 boutons d'uniforme; culotte blanche à pont-levis; bas blancs et souliers à boucles; gants jaunes; chapeau (modèle général) orné d'une ganse en or ou en argent suivant le bouton, d'une cocarde et du pompon d'escadron; le col noir. Les grade étaient indiqués par des épaulettes du modèle général, en or ou en argent, comme le bouton, sauf le mélange pour certains grades. Mais cette tenue était rarement prise par les officiers, même pendant le peu de temps qu'ils restaient en séjour dans le même endroit, lui préférant de beaucoup la grande tenue, la seule véritable" (in La Giberne, 2e année, N°7, page 221).
- Officier du 5e Hussards, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique qu'il s'agit d'un Lieutenant de la Compagnie d'élite. Source : Berka.
- Figure : Trompette (et non Hussard ) en dolman vers 1809-1810 d'après Berka; donné dans Tradition N°66-67. Donné également dans "Encyclopédie des uniformes napoléonien", volume 2.
- Hussard en 1809 d'après un dessin de Albrecht Adam, publié dans la revue Uniformes N°92 (article de G. Englebert et Rigo : "Adam et les grognards", 2e partie). La légende indique : "Hussard du 5e régiment et chasseurs à cheval du 24e, 1809. A gauche, notre hussard a chaussé sa pelisse de drap blanc, gansée de laine citron, couleurs traditionnelles du "vieux" régiment de Lauzun. Le devant de son shako ne porte qu'une simple cocarde tricolore. Sur le côté droit pend un long cordon dont il a fixé la boucle après le bouton qui maintient en place son équipement de buffle blanchi ... à vrai dire, ce cordon est uniquement décoratif puisque le shako comporte une jugulaire. Avec sa culotte de tricot bleu céleste galonnée de citron et ses bottes de cuir noirci taillées "à la hongroise", notre hussard du 5e régiment est prêt pour la parade. Il a dégaîné son sabre à branches multiples dit "à la chasseur" et accroché son mousqueton après sa banderole. Auparavant, Adam avait esquissé le contraire, en représentant le canon du mousqueton enfilé dans la petite botte de cuir noirci fixée sous la fonte droite et la crosse attachée après la selle (on remarque d'ailleurs, à l'extrême gauche du dessin, la dite crosse que l'artiste a oublié d'effacer). Sans doute, notre ami avait remarqué que l'arme cachait ainsi le numéro du régiment cousu sur le porte-manteau ce qui ne faciliterait guère le travail des futurs documentalistes... merci monsieur Adam !".
- Officier du 5e Hussards, d'après Jacques François Joseph Swebach, dit Swebach-Desfontaines (Metz, 1769 ; Paris 1823) : "Charge de Hussards sous l'Empire". Huile sur toile 0,71 x 0,69 cm, conservée au Musée des Beaux Arts de Lyon. Cette toile, acquise en 1875 par don de Bernard Jacques, est apparemment aujourd'hui disparue. "Au commencement de la même année 1874, M. Jacques Bernard, ancien maire de la Guillotière, offrit à la Ville sa collection de tableaux comprenant 290 peintures ; le 20 octobre, le Conseil municipal vota les fonds nécessaires à l'installation de cette collection et décida qu'elle serait placée dans la galerie où se trouvaient les moulages et statues, au premier étage de l'aile Est du Palais, là où sont aujourd'hui les tableaux des peintres contemporains" (extrait de "L Y O N EN 1906" publié par le Comité Local du Congrès). Ce tableau est mentionné dans l'ouvrage de Paul Dissard paru en 1912 : "Le Musée de Lyon, les Peintures", dans lequel il est donné en illustration.
- Figure : Officier d'après un portrait du Musée de l'Armée, sans date; dessins de Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); dans le même recueil, une note de Fort indique : "Sur l'original, le parement est rouge. A un certain moment, le 5e Hussards a eu en effet le parement rouge - Voir Hoffmann et l'existence de drap garance dans un inventaire du magasin du Régiment". Fort donne à nouveau cet Officier dans un autre recueil : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491. Il semble, malgré l'indication Musée de l'Armée, que la source soit le tableau du Musée de Lyon.
Le 21 juillet 1809, une circulaire porte l'adoption du pantalon de drap basané en cuir pour les Régiments de Hussards (in La Giberne, 2e année, N°7, page 221).
Le 9 novembre 1810, parait une circulaire portant sur le shako et sa plaque :
"La plupart des régiments ayant fait dans la forme du shako des changements qui ont détruit l'uniformité et la simplicité qui doivent caractériser les vêtements des militaires, etc., etc., son Excellence le Ministre de la guerre, prescrit les dispositions suivantes :
1° Le cordon de shako est supprimé pour tous les grades;
2° Il sera remplacé, pour les officiers, par un ou deux galons d'or ou d'argent suivant le grade et les marques distinctives de l'arme, placé en haut de cette coiffure.
Ce galon sera de 34 mil. pour le colonel, avec un second galon de 14 mil., placé au-dessous à 20 mil. de distance du premier.
Les autres grades n'auront qu'un seul galon; il sera de 34 mil., pour les major; 27 mil., pour les chefs d'escadron; 20 mil., pour les capitaines; 18 mil., pour les lieutenants; 14 mil., pour les sous-lieutenants.
3° Les plumets sont supprimés, excepté pour les colonels, les majors et les chefs d'escadron.
Celui des colonels sera blanc;
Celui des majors, moitié rouge et moitié blanc, le rouge occupant la partie supérieure.
Celui des chefs d'escadron sera entièrement rouge.
Pour les autres grades et pour les sous-officiers de hussards, les plumets sont remplacés par des houpettes en laine, des couleurs suivantes :
Etat-major | Blanche | |
1er escadron 2e escadron 3e escadron 4e escadron |
1re Compagnie d'élite |
Rouge |
Celles qui ont deux couleurs, le blanc se trouve au milieu.
4° La mentonnière ou jugulaire fera partie du shako.
5° Il ne sera plus placé de chevrons en cuir sur la partie latérale du shako.
6° Les shakos à flamme sont inerdits.
7° Le feutre ayant été reconnu préférable au cuir, on l'emploiera à la confection du shako. Sa partie supérieure sera en cuir de vache ciré.
8° Le shako n'aura dans son intérieur qu'une coiffe flottante en toile, et un couvre-nuque en basane.
9° La plaque et la mentonnière ou jugulaire des shakos seront en cuivre jaune.
10° La forme de la plaque, comme il est dit plus loin.
11° Le numéro du régiment, comme il est dit plus loin.
12° La ganse qui paraissait soutenir la cocarde sera supprimée.
Description du shako.
Corps : Le corps du shako est un feutre de 22 cent. de hauteur; il est couvert par une calotte en cuir de vache ciré, très fort, d'un diamètre de 27 cent., rabattue et cousue sur le feutre à une hauteur de 4 cent.; au bas du feutre est un bourdalou en cuir de vache uni, de 27 mil., ayant sur le derrière une boucle en cuivre, avec son ardillon aussi en cuivre; sous cette boucle est un gousset en veau souple pour faciliter le jeu du bourdalou; une visière en cuir de vache très fort, verni et attaché au devant du shako; elle a 6 cent. de hauteur au-dessous, et cinq cent. 4 mil. en dessus; elle fait le demi-cercle, et sa rondeur est de 32 cent.
Intérieur : Comme il est dit à l'art. 8 précédent.
Accessoires.
Plaque : Une plaque de cuivre jaune du poids de 34 grammes, de 13 cent. de hauteur et de 10 cent. de largeur, représentant un aigle couronné ayant la tête tournée de gauche à droite, posé sur un soubassement autour duquel règuent deux filets et au milieu le numéro du régiment, est placée sur le devant du shako.
Cocarde et gousset pour la houpette : Au dessus de la plaque est assujetie sur le feutre, au moyen d'un point de laiton de chaque côté, une cocarde aux trois couleurs de 7 cent. de diamètre. Sous la cocarde est un gousset pour la houpette, attaché par une couture sur le feutre; ce gousset a 11 cent. de haut, 41 mil. de largeur, et 2 cent 7 mil. à sa base.
Jugulaire : De chaque côté du shako est placée une jugulaire composée d'une lanière en basane double, sur laquelle sont montées quatorze écailles en cuivre jaune, non compris une quinzième de forme circulaire à l'extrémité. La première écaille a 36 mil.; la seconde un peu moins, et ainsi en diminuant jusqu'à la dernière qui a 16 mil.; toutes ces écailles sont arrêtées par un fil de laiton plat; la dite jugulaire est assujettie par un gros bouton de cuivre jaune de 4 cent. de diamètre. Au milieu de ce bouton est une étoile, et autour un seul filet estampé; au bout de chaque oreillon est un cordon de fil d'un centimètre de large, et de 16 cent. de longueur, pour attacher la jugulaire sous le menton.
Observation : La circulaire ci-dessus dit, comme on a pu le voir, que l'ornement du shako et la jugulaire sont en cuivre jaune; d'après elle, ce serait pour tous les régiments. D'après les gravures de l'époque, les régiments qui avaient le bouton d'uniforme blanc, avaient les deux objets ci-dessus également de métal blanc. Il est certain qu l'aigle et la jugulaire du shako étaient de métal de la couleur du bouton. Le shako du 5e était de feutre bleu de ciel, celui du 6e rouge, et pour les autres régiments noir" (in La Giberne, 2e année, N°7, pages 222-223).
Plaque de shako attribuée au 5e Hussards, conservée au Musée de l'Empéri, Collections du Musée de l'Armée, anciennes collections Jean et Raoul Brunon, Salon de Provence.
- Figure : Colonel Meuziau vers 1810, d'après le tableau de Barbara Steiner Krafft. Rigo a réalisé une planche consacrée à ce Colonel, d'après le "portrait du colonel baron Meuziau, collection particulière" (sic). Nous donnons cette planche en figure (Le Plumet, planche 245). "A) Shako recouvert de velours noir (sur le tableau de Barbara Krafft, le shako est nettement bleu), soutaches de fil d'or, ganse et bouton demi-rond, le tout doré. Cocarde tricolore, le blanc étant remplacé par du fil d'argent. La gourmette dorée, qui sert de jugulaire, est portée sur le devant de la coiffure à la manière d'un cordon natté. Visière de cuir noirci, renforcée par un jonc de laiton doré. Porte-plumet en laiton doré, avec plumet blanc réservé aux officiers de l'état-major ... sans oublier le colonel. B) Dolman de drap bleu céleste parementé de blanc, soutaches et galons dorés. Le colonel portait cinq galons sur chaque manche soit trois larges de 9 mm et deux larges de 20 mm cousus entre les trois précédents. C) Détail du galonnage doré posé autour de l'ouverture du parement. D) Détail de la pose des tresses de fil d'or cousues sur le côté gauche du dolman, les boucles laissées libres formant boutonnières. E) Pelisse de drap blanc, bordée de fourrure d'astrakan noir. Galons et soutaches de fil d'or. En tenue de parade, la pelisse est maintenue sur l'épaule gauche par un double cordon de fil d'or que, par une curieuse coutume régimentaire, les officiers du 5e hussards terminent par trois glands à franges. Il est à noter également que le colonel Meuziau porte l'aigle d'or (sous l'Empire on nomme ainsi les croix de la Légion d'honneur) sur sa pelisse, alors que réglementairement elle doit être fixée sur le dolman ... évidemment il reste la solution de penser que le peintre a voulu ainsi la mettre beaucoup plus en valeur. F) Détail du galonnage doré posé autour de la taille du bas de la manche. G) Détail du pantalon dit "à la Lasalle" taillé dans une toile forte bleu céleste. Les basanes noircies, soutachées d'or, imitent la forme des bottes à la hussarde et se terminent par un sous-pied . Rappelons que ce pantalon, très original pour l'époque, se porte par-dessus les véritables bottes éperonnées de laiton doré. Pour en revenir à l'allure générale, il est plus que probable que Lasalle ou son tailleur se sont inspirés de pantalons de mamelucks dont l'illustre général avait remarqué et apprécié le confort en égypte. La ceinture écharpe est formée d'écheveaux de laine cramoisi, passant dans des coulants de fil d'or. Cordonnets et glands dorés. H) Porte-giberne de cuir noirci recouvert de galons dorés, giberne de cuir noirci, la patelette est bordée d'un jonc de laiton doré. Bouclerie et ornements de laiton doré. I) Ceinturon de cavalerie légère, de cuir noirci. Phalères et fermeture en S de laiton doré. J) Sabre à monture de laiton doré, dite "à l'allemande". Dragonne de fil d'or. Fourreau recouvert de cuir noirci à garnitures de laiton laminé et doré. K) Sabretache en cuir de Russie. Patelette recouverte de drap écarlate brodé et galonné d'or. L) Harnachement de parade d'officier supérieur avec peau de léopard "naturalisée". Deux galons dorés (un de 37, l'autre de 9 mm de large) sont cousus sur une bande de soie bleu céleste plisée bordant la schabraque. Selle et étrivières en cuir de Russie. étriers de bronze ou de laiton doré. Harnachement de cuir noirci, bouclerie et clouterie de laiton doré. Le licol est doublé de drap écarlate découpé en festons. M) Armoiries de baron d'Empire attribuées en juin 1810. Elles remplaçaient celles de chevalier octroyées en février 1809 dont voici la description : le blason est exactement le même sauf le franc-quartier de gueules à l'épée en pal qui est remplacé par une bande de même émail, brochant sur le tout, chargée en abîme de la croix d'argent à cinq branches. L'écu est surmonté d'une toque de velours noir, retroussée de sinople, portant une aigrette blanche. Le tout sans aucun lambrequin". Précisons que tous les détails de la tenue du Colonel Meuziau ont également été donnés par Rigo dans la revue Tradition N°225 ("Lasalle et sa Brigade infernale").
- Officier supérieur du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Martinet, planche 134, type 4. Cette planche est tirée de l'ouvrage de B. Malvaux "Galerie des enfants de Mars"; notre ami Edmund Wagner l'avait en son temps prise en photo à la Bibliothèque du Musée de l'Empéri. Remarquons le plumet blanc, qui désigne très probablement un Officier de l'Etat-major. Les personnages représentés en bas sont un Officier portant semble t'il un shako noir, et 6 Cavaliers de la Compagnie d'élite, portant le colback à flamme et plumet rouge.
- Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Martinet, planche 134, type 4. Cette planche est tirée de l'ouvrage de B. Malvaux "Galerie des enfants de Mars". Le plumet est cette fois ci rouge, ce qui justifie le titre au bas de la planche. Comme pour la précédente, les personnages représentés en bas sont un Officier portant semble t'il un shako noir, et 6 Cavaliers de la Compagnie d'élite, portant le colback à flamme et plumet rouge.
- Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Martinet, planche 134, type 4 (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington). Cette 3e planche est identique à la précédente, mais cette fois-ci, notre Officier porte des bottes noires.
- Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Martinet, planche 134, type 4. Cette planche est tirée de l'ouvrage de B. Malvaux "Galerie des enfants de Mars". Le plumet est toujours rouge, même si le titre au bas de la planche ne précise pas Compagnie d'élite. Contrairement aux planches précédentes, les personnages représentés en bas, toujours un Officier et 6 Cavaliers, portent tous un colback à flamme rouge, avec cette fois ci un plumet moitiée bleu céleste et moitiée blanc. Nous retrouvons donc chez Martinet cette caractéristique vue plus haut sur les planches de Kobell.
- Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Martinet, planche 134, type 4. C'est la planche de Martinet publiée par G. Dempsey dans son ouvrage "Napoleon's Army, 1807-1814"; elle est tirée de la Collection A. S. K. Brown. Sur cette planche, nous retrouvons le même groupe de cavalier à colbacks surmontés d'un plumet bleu céleste et blanc.
- Officier de la Compagnie d'élite du 5e Hussards (sans date mais peut être vers 1810), d'après Basset, planche 66 (Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington).
- Figure : Officier, 5e Hussards, 1810, selon Martinet, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 180 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer). "Colback noir à passementerie et tulipe or, plumet rouge. Pelisse blanche à fourrure grise, dolman (à parement blanc) et culotte bleu céleste foncé; boutons, galonnage et passementerie or. Bottes cramoisies, garnies en or. Cuirs cramoisis bordés et ornés d'argent. Sabretache rouge à galons, aigle, etc... or. Schabraque en peau de panthère à galon or entre liseré et festons rouges. Harnachement noir clouté d'or, licol de parade à dents rouges, boucles, croissant, mors et étriers dorés. Sabre fourreau acier, bracelets garde et dragonne or. Il existe plusieurs variantes : feston de schabraque bleu céleste, bottes noires, aigle et N°5 sur la sabretache, etc... A côté de la flamme de colback écarlate, on voit aussi la flamme blanche (portrait du Capitaine de Hoffarts) ou bleu céleste (Martinet modifié)".
A côté, nous donnons un Officier de Hussards d'après une planche de Lalaisse conservée au sein de la Anna S. K. Brown (avec l'aimable autorisation de Monsieur Peter Harrington, conservateur de la Bibliothèque). Cette Officier, daté de l'année 1807 sur la planche de Lalaisse, semble visiblement être basé sur le type de Martinet. Signalons que cette planche a été donnée dans les revues Tradition N°243 et 244.
- Officier du 5e Hussards 1810, d'après la planche 109 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shapska bas à pavillon bleu céleste, tous les ornements étant dorés, y compris le pompon. Cocarde habituelle. Dolman bleu céleste, à collet de même et parements blancs; boutons, tresses et galonnage or (double galon au collet). Pelisse blanche à fourrure noire et agréments et galons d'or. Ceinture écharpe cramoisie à coulants d'or, cordon or. Cuirs cramoisis à galons d'or, bouclerie or. Gants beurre frais. Culotte hongroise bleu céleste agrémentée et galonnée d'or. Bottes rouges (non cramoisi mais rouge assez clair) agrémentées d'or. Sabre à fourreau fer et dragonne or. Sabretache fond écarlate, galons et tous ornements or (manches du dolman : parement blanc, puis 1 galon de bordure or, puis fond bleu céleste, puis 2 galons de grade or)".
- Chef d'Escadron, 5e Hussards, tenue campagne, 1810-1812, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari). Selon l'auteur, en tenue d'été, le cheval de cet Officier supérieur a une schabraque et un portemanteau bleu céleste, tous les deux galonnés d'or, respectivement large de 50mm et 35mm. La source indiquée est Rousselot.
"Décision ministérielle du 21 février 1811 relative aux ornements des shakos des officiers et hussards :
Houppettes de schako.
1° Il ne sera rien changé à la matière, à la forme, ni aux dimensions des cocardes qui sont en usage d'après les règlements militaires. Le bleu doit être placé au centre, le rouge ensuite, et le blanc à la circonférence.
2° Le plumet des officiers supérieurs, qui ont seuls le droit d'en porter, sera sans aigrette, et de la hauteur de 56 centimètres, non compris la partie de la tige qui entre dans le fourreau. Rien de particulier n'est prescrit sur la forme.
3° La couleur des houppettes des officiers des grades inférieurs et des sous-officiers du petit état-major (...) est déterminée par une circulaire du 9 novembre (...). Les houppettes seront rondes, plates, de cinq centimètres et demi de diamètres, et d'un centimètre d'épaisseur, sans numéro (...). Les officiers porteront la houppette de la couleur affectée à leur compagnie (...).
4° Les galons d'or ou d'argent des shakos des officiers seront unis, sans dessin, de la largeur fixée pour chaque grade par la circulaire précitée.
Les adjudants sous-officiers auront à leur shako le même galon que les sous-lieutenants, avec cette différence qu'il devra être mélangé de fils de soie rouge, croisés en losange.
5° (...) La houppette est à la charge de la masse d'habillement ; sa durée sera la même que celle de l'habit.
Quant au couvre schako dont l'usage s'est introduit dans les corps, la dépense en est reconnue" (in La Giberne, 2e année, N°8 page 250, et www.1789-1815.com).
"Par une circulaire du 30 décembre, Napoléon 1er prescrit que le vert dragon sera la couleur de la pelisse et du dolman des trompettes et des musiciens.
1° Que la pelisse et le dolman des trompettes seraient garnis d'un galon de laine de 2c 70 de largeur, lequel serait placé sur le dolman et la pelisse, conformément à ce qui est prescrit par le règlement du 1er octobre 1786.
2° Que le dolman des trompettes-majors, musiciens maîtres, et ceux des autres musiciens, ne seraient plus galonnés en or ni en argent; que les trompettes-majors, ne seraient distingués ainsi que les musiciens-maîtres, que par un double bordé en galon d'argent sur les paremens, de 2 c. 25 de largeur, et les simples musiciens, par un seul bordé de même largeur, aussi en argent et placé de même.
La doublure du dolman, les paremens, les revers, le collet, la veste ou le gilet, la culotte ou le pantalon, conservant d'ailleurs les couleurs affectées à chaque corps.
Il n'est rien changé non plus au reste de l'uniforme" (in La Giberne, 2e année, N°8 pages 250-251).
- Figure : Chef d'Escadron en 1811 d'après Hippolyte Lecomte : "Reddition de Mantoue (2 février 1797)". "En ce mois de février 1797, au moment de cet événement, le peintre n'a que seize ans. Il a donc fallu attendre le Salon de 1812 pour contempler ce tableau où s'étalent de magnifiques uniformes et, notamment, celui d'un chef d'escadron du 5e hussards, parfaitement à l'ordonnance ... de 1811 ! Seule la ceinture-écharpe en soie blanche à coulants dorés n'est pas conforme, mais il ne s'agit là que d'un détail... Autre détail, beaucoup plus important celui-là : en 1797, le 5e hussards ne fait pas partie de l'armée d'Italie ... En 1811 non plus, d'ailleurs !" (Rigo In Tradition N°71).
A côté, voici un autre extrait du tableau d'Hippolyte Lecomte sur lequel on devine un second Officier du 5e Hussards, de dos; ce dernier porte la pelisse chaussée. Son shako semble similaire à celui du Chef d'Escadron précédent, décrit par Rigo; sur le bras gauche, cet Officier, qui figure parmi un groupe d'Aides de camp, semble porter un brassard bleu ciel à franges or. La banderole porte giberne est noire; giberne noire à motif doré.
- Figure : Officier du 5e Hussards d'après A. Yéjov; dessin publié dans Tradition N°266. Le type est un subtil mélange du tableau de Lecomte pour l'aspect général de la tenue, et du dessin de Rousselot (L'Armée française, planche 54) représentant un Officier du 5e Hussards en tenue de campagne, 1810-1812, pour l'équipage et le harnachement du cheval. La culotte semble elle celle que l'on voit sur le tableau représentant le Colonel Meuziau, repris par Rigo (Le Plumet, planche 245). Remarquons toutefois quelques écarts par rapport au tableau de Lecomte : tulipe dorée et cocarde sur le shako; ceinture écharpe rouge à coulants jaunes; bélières de cuir bleu céleste; pour terminer, bottes en cuir rouge. La sabretache est celle donnée par Rigo; elle n'apparait pas sur le tableau de Lecomte.
- Figure : Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. Ce tableau est en fait la synthèse de divers évènements, qui se sont produits en 1811 et 1812. Ici, si l'on se base sur l'article de R. Pawly et Y. Martin paru dans la revue Soldats Napoléoniens N°5 nouvelle série, d'avril 2012, nous avons "Deux officiers qui semblent être du 5e hussards protègent une voiture où se trouvent des dames de la cour du roi Joseph... On remarquera aussi le riche bonnet de police rouge à galon or de l'officier qui s'apprête à tirer son sabre".
- Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique par erreur qu'il s'agit d'un Hussard en tenue de quartier.
- Officier du 5e Hussards d'après Achard et Bueno ("L'armée françaises et ses alliés en Espagne, planche 146). La source indiquée est Fort d'après Lejeune. Le texte donne la description suivante : "Bonnet cramoisi, galon et pompon or. Même pelisse que 1 (note : Pelisse blanche, fourrure noire, doublure cramoisie au collet; tresses, boutons, cordons or). Pantalon beu céleste, bande et boutons or; ceinturon cramoisi à boucles, bordure et plateaux or. Sabre à garde jaune, dragonne or, fourreau de métal blanc. Sous-pieds et bottines noirs. Eperons aciers. Pas de gants".
- Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. Si l'on se base sur l'article de R. Pawly et Y. Martin paru dans la revue Soldats Napoléoniens N°5 nouvelle série, d'avril 2012, "Selon la notice décrivant les peintures de Lejeune, l'officier ayant le bras levé serait le général Laffite. Seul Justin Laffite, né en 1772 et mort en 1832, correspondrait puisqu'il fut en Espagne à l'époque. On voit cependant mal comment et pourquoi cet ancien colonel de dragons aurait adopté une tenue à la hussarde, en particulier si proche de celle du 5e hussards".
- Officier du 5e Hussards vers 1811 ou 1812, d'après le tableau de Louis François Lejeune (1775-1848) : "L'attaque d'un convoi près de Salinas", présenté au Salon de 1819. Si l'on se base sur l'article de R. Pawly et Y. Martin paru dans la revue Soldats Napoléoniens N°5 nouvelle série, d'avril 2012, "Un des groupes centraux est indiqué par l'auteur de la notice sur les tableaux du baron Lejeune comme étant le comte de Beaumont protégeant la marquise de la Manca et ses enfants (on voit clairement la béquille sur laquelle il supporte sa jambe droite). En effet, on trouve parmi les officiers du 5e hussards un Léopold de Beaumont qui disparut pendant la campagne de Russie. Son uniforme (pelisse blanche) correspond assez à la tenue du 5e hussards (et Bueno le reprend comme tel)".
- Officier du 5e Hussards, pendant la campagne d'Espagne, 1811, d'après un dessin donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique par erreur qu'il s'agit d'un Hussard en tenue de sortie de ville.
- Officier du 5e Hussards d'après Achard et Bueno ("L'armée françaises et ses alliés en Espagne, planche 146). La source indiquée est Fort d'après Lejeune. Le texte donne la description suivante : "Cheveux naturels; cravate noire. Pelisse blanche, fourrure noire, doublure cramoisie au collet; tresses, boutons, cordons or. Ceinture cramoisie à coulants or. Pantalon blanc, bottines noires. Pas de gants".
- Figure : Chef d'Escadron Joseph Drouard en 1812; (Collections du Musée Historique Lorrain à Nancy) - Donné par B. Malvaux In Tradition N°71 : "Peint par le capitaine Roger, cette très belle miniature montre le chef d'escadrons en pelisse blanche à galons, ganses et boutons d'or, et entièrement bordée de fourrure noire. La pelisse n'est pas doublée de flanelle blanche, mais ici, de soie écarlate. Sur la poitrine de notre héros, l'étoile de chevalier de la Légion d'Honneur. Cette miniature a été exécutée en 1812".
- Portrait de Pierre Ferdinand Louis (Baron) Moffarts (Mossarts ou Mossant) tel que donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. La légende indique qu'il s'agit d'un Officier de la Compagnie d'élite.
- Officier de Hussards, décoré de la Légion d'Honneur; miniature rectangulaire sur ivoire, cadre en laiton doré 69x59 mm; dolman bleu à brandebourgs or, pelisse blanche à fourrure noire.
"Le séduisant officier que nous offre la collection Castanié, et qui dut être un "bourreau des coeurs", appelle fort peu de commentaires. Il porte le galant uniforme du 5e hussards, qui semble avoir peu varié durant tout l'Empire : dolman bleu céleste à parements blancs, tresses jaune citron (or pour les officiers), gilet et hongroise bleu céleste, pelisse blanche à fourrure noire, tressée comme le dolman. Différents documents, parmi lesquels le règlement imprimé de 1812, donnent bien au régiment un extraordinaire dolman écarlate, à collet bleu et parements blancs, mais il est sujet à caution et, en revanche, tous les documents figurés s'accordent à représenter le régiment dans la tenue de notre portrait" (Albert Despréaux : Officier du 5e Hussards (Premier Empire), Carnet de la Sabretache 1925, page 497). Mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
- Officier du 5e Hussards vers 1812 d'après l'Album de Weiland, édition de 1812 (fac-similé en noir et blanc publié par Achard, planche 28) : "Shako noir, galon supérieur noir avec des ornements formant des anneaux dorés, chainette dorée sur fond noir faisant le tour du shako, accrochée sur le coté à une plaque milanaise ronde, dorée, et sur le devant au bouton de l'agrafe de la cocarde; pas de cercle de visière; cocarde argent, rouge et bleu (au centre), agrafe et boutons dorés, pompon doré, plumet noir. Dolman, collet, parements et culotte bleu clair, galons, boutons, tresses et soutaches dorés. Pelisse blanche à fourrure noire à galons et tresses, soutaches dorés. Ceinturon argent et cramoisi. Banderole de giberne noire à galon de bordure et ornements dorés. Ceinturon et bélières de sabretache noirs traversés par une ligne serpentine au milieu dorée. Sabretache noire à aigle couronné doré, pas de glands visibles. Sabre à poignée noire, bouton et garde dorés, fourreau argenté. Pas de dragonne. Bottes noires à liseré et éperons or".
- Figure : Hussard du 5e Hussards, Compagnie d'élite, 1812, d'après R. Forthoffer, Fiche Documentaire 179 (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Colback comme le trompette 1812 (voir figure ), jugulaires jaunes, reste de l'uniforme comme le précédent (voir figure ). Dragonne noire. Sur la sabretache, feuillage vert, fourreau de sabre acier (portrait naïf de Adam Roll) ... Equipage de cheval en peau de mouton blanche, dents bleu céleste, porte-manteau bleu céleste à numéro et galon jaunes".
- Hussard, Compagnie d'élite, vu en France en février 1812, d'après Rigo, Le Plumet, planche U13. "K) - Dolman. Les cinq rangées de boutons sont apparues après 1808. Le galon doré posé au-dessus de chaque parement distingue le maréchal des logis. L) - Pelisse. Les sous-officiers la portait avec une fourrure de renard. M) - Colback, la chausse écarlate est passepoilée de jaune citron; jugulaires en laiton. N) - Pompon de compagnie. Il est de laine écarlate à la compagnie d'élite. 0) - Ceinturon de bufle blanchi, bouclerie de laiton. P) - Sabretache de grande tenue. L'aigle a fait son apparition vers 1808, seuls les feuillages sont brodés en fils de soie verte. Le reste est jaune citron. Rappelons que le bleu de ciel, le blanc et le jaune citron ont toujours été les couleurs traditionnelles du 5e Hussards ex-LAUZUN. Q) - Sabre dit du modèle an IV, très inspiré du modèle mis au point en 1786, il fera pratiquement toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire. Son rival en titre, le sabre à la chasseur (voir planche U 10 figure T), finit par le supplanter. R) - Agrafe porte-ruban de la Légion d'honneur. En campagne, afin d'éviter la perte toujours possible de leur croix, les légionnaires portaient un petit bout de ruban qu'ils agrafaient sur le dolman ou la pelisse. S) - Mousqueton de cavalerie mis au point en l'an IX. D'une longueur totale de 1,11 m, on pouvait y adapter une baïonnette. C'est ce modèle qui inspira le sieur BOUTET, "Directeur Artiste" de la Manufacture de Versailles, chargé de la fabrication des mousquetons d'honneur. Le canon était bleui et toutes les garnitures d'argent. Une plaque de métal argenté portant le nom et la citation de son propriétaire était clouée sur la crosse. De janvier 1800 à mai 1802, le Premier Consul distribua plus de 2000 armes d'honneur, y compris 250 mousquetons comme celui de notre ami SEGUIN (voir liste des hommes, Sous officiers et Officiers). T) - Détail de la plaque argentée clouée sur la crosse du mousqueton d'honneur de Seguin. Gravée en lettres italiques, la citation commence ainsi : Le Premier Consul au C. en J. Seguin, Hussard au 5e régiment etc. U) - Porte-giberne et porte-mousqueton de buffle blanchi, la pattelette de la giberne de la compagnie d'élite porte une grenade de laiton estampé. V) - Schabraque de mouton blanc festonnée de bleu de ciel. W) - Portemanteau bleu de ciel galonné de jaune citron. Le chiffre du régiment apparaît en 1812 mais, par contre, ne figure pas sur le manuscrit de KOLBE qui date de 1806-1808. Il faut ajouter que souvent les sous-officiers, tout en portant la schabraque de la troupe comme ici, galonnaient leur portemanteau d'un galon d'or ou d'argent suivant le métal du bouton. X) - Bride à la hongroise de cuir noirci, bouderie de laiton et de fer. Y) - Filet de cuir noirci, bouderie de fer. Z) - Licol de parade. De cuir noirci, il est doublé de drap rouge découpé en feston.
class="Style2">- Hussard du 5e Régiment en 1812 : Miniature rectangulaire sur ivoire, signée en bas droite Duportal; portrait d'un hussard du 5e Régiment. Il porte un dolman bleu céleste à tresses blanches, collet bleu liséré de blanc, boutons jaunes, ceinture rouge à passants blancs; cadre en bois laqué noir à vue en laiton doré, ornée d'une frise de perles; 78 x 58 mm. époque Premier-Empire, 1812.
- Hussards du 5e Hussards, d'après Funcken "L'uniforme et les armes des soldats du 1er Empire", I . Bien que daté de 1808 dans l'ouvrage, la plaque de shako pourrait laisser supposer qu'il s'agit d'un type plus tardif, dont la source n'est pas établie.
En 1812, "Le 7 février, parait un décret qui porte la description de l'uniforme des hussards de la façon suivante :
Description de l'uniforme des hussards.
Manteau
: Confectionné en drap vert, fermé sur la poitrine, au moyen de quatre boutons et boutonnières, le premier à 70 mil. de distance de la couture et du collet, et les autres également espacés. Les bords du devant sont parementés en drap semblable.
Le collet a 90 mil. de hauteur, par devant il est plus bas de 10 mil. Il est adapté à la couture une rotonde qui a trois boutons et trois boutonnières également espacés, pour fermer sur le devant. Le collet est fixé par deux petites pattes avec bouton et boutonnière.
Les manches ... ont les parements façonnés en botte de 130 mil. de hauteur.
Veste d'écurie : Ronde et à manches, en tricot vert, assez longue pour emboiter les manches, avec collet de 70 à 80 mil. de hauteur, de même couleur. Elle ferme par dix boutons d'uniforme; elle a à sa droite une poche ouverte en travers à 150 mil. du bas du gilet, et à gauche une poche simulée. La patte de poche a 40 mil. de largeur; elle est à 55 mil. des boutons. La manche de la veste d'écurie est ouverte à la couture extérieure à 110 mil. de hauteur, et fermée par deux petits boutons d'uniforme.
Culotte hongroise : En drap, ayant les coutures, l'échancrure et les coutures du côté, garnies d'une ganse plate de 10 mil. de largeur, semblable à celle dont il est fait usage pour la pelisse; la ganse placée sur la couture, joignant circulairement en arrière; la culotte fermée au moyen d'un petit pont bordé de tresse pareille à celle des coutures, figurant une pointe de lance renversée; cette ouverture est fermée, en son milieu, par une agrafe placée à 10 mil. de la pointe. La culotte monte à 80 mil. au dessus des hanches et est supportée par des bretelles. Il est placé un gousset à droite et au milieu de la ceinture, recouvert d'une petite patte; le bas de la culotte est ouvert et retenu par un sous-pied en lisière.
Pantalon de treillis : Le pantalon de treillis monte à la même hauteur que le pantalon de drap, et une poche faite de même; il descendra à 110 mil. de terre; il est ample et peut se mettre par-dessus la botte.
Pantalon de cheval : En tricot, large, se boutonnant de haut en bas, par dessus les bottes, au moyen de 18 boutons d'os placés de chaque côté; il a un pont-levis ...
Le pantalon est bordé sur les côtés d'un liseré de couleur tranchante, et retenu au moyen d'un sous-pied ...
Ceinture du pantalon; large de 80 mil., son bord supérieur monte à 160 mil. plus haut que le creux des hanches; elle porte des boutons d'étoffe pour les bretelles, elle n'a point de poches.
Peau d'entre-jambes; en veaux, cousue du haut en bas, entre les cuisses et les jambes, garnissant le pantalon. Elle part à l'enfourchure, à 135 ou à 160 mil. du haut du pont, et se prolonge en couvrant bien les genoux, de manière à arriver à 40 mil. des boutons du bas du pantalon, au pourtour duquel il règne une manchette de même peau qui a 110 mil. de hauteur. La peau d'entre les jambes est en arrière cousue de 270 à 325 mil. du haut de la ceinture, et couvre le drap de manière à arriver de 55 ou 80 mil. du bas.
Pelisse : Plus longue de 30 mil. que le dolman, elle est doublée de flanelle en totalité, et bordée de peau de mouton. La manche est ouverte, en-dessus, de 80 mil. non compris la bordure. La bordure de toute la pelisse, hormis le collet, à 35 mil. apparent; celle du collet à 80 mil. de hauteur par derrière et 70 mil. par devant.
Manches : En-dessus de la manche, qui n'a qu'une seule couture, il est simulé une ouverture de 130 mil. non compris la bordure, laquelle est recouverte de la peau de mouton formant boudin de 130 mil. au-dessus de la bordure. Cette ouverture simulée est garnie de chaque côté, d'une même tresse, entourant le bas de la manche, laquelle se prolonge en forme d'écusson, et se termine en pointe, à 60 mil. au-dessus du boudin. Il y a d'une pointe à l'autre de cette tresse, 90 mil. Les pointes latérales de l'écusson sont à la hauteur de l'extrémité supérieure du boudin; l'ouverture est fermée par deux agrafes.
Poches : Il y a de chaque côté de la pelisse, une poche ouverte sur la longueur, de 110 mil. d'ouverture; cette ouverture est garnie de la même à la hauteur de 200 mil. jusqu'à la pointe supérieure de l'écusson; les deux poches sont recouvertes d'un boudin de 160 mil. de haut.
Taille. Sur les deux couture de la taille, il est placé une tresse pareille, qui se prolonge jusqu'à la couture de l'emmanchure et descend jusqu'au bas du gousset, joignant la bordure. La taille est terminée par deux petits sabots placés au milieu d'un écusson; ces sabots ont 35 mil. de large sur 45 mil. de hauteur; chaque gousset est garni de quatre gros boutons.
Tresse. Tout le tour de la pelisse, excepté à l'encolure, est garni d'une tresse pareille.
Devant : Le dessin que forme sur le devant de la pelisse la ganse carrée, a 160 mil. de largeur; les côtés extérieurs de la tresse se terminent en rond simple; la ganse du haut et du bas se termine par un trèfle.
Boutons : Des deux côtés, il est placé deux rangs de 18 boutons moyens, et de plus, un rang de 18 gros boutons du côté droit, destiné à fermer la pelisse; il règne un espace de 55 mil. entre les rangées de boutons. Ces boutons sont espacés entr'eux en raison de la taille de l'homme. Il y a sur le devant, à la couture gauche du collet, un double cordon fort de la couleur de la tresse, avec trois noeuds arrêtés; il sert à fermer la pelisse, en se joignant à une olive portée par un double cordon fort, attaché à droite; le bas du côté droit du devant de la pelisse finit en une pointe horizontale, qui croise de 35 à 40 mil. sur le côté gauche.
Collet : Le collet de la pelisse joint sans agrafe.
Ganse d'épaulette : Sur le milieu de l'épaule gauche, en guise de l'épaulette, est placée une double ganse carrée, terminée par un trèfle, cousue sur l'emmanchure et fixée par un bouton cousu au bas de la couture du collet; cette ganse est montée sur une bande de drap de la couleur du fond de la pelisse.
Dolman : Le dolman est bordé d'une tresse de la couleur du bouton, et à la pointe horizontale de droite conforme à celle de la pelisse. La manche qui n'a qu'une couture, est ouverte au bas de cette couture, dans une longueur de 80 mil., fermée par trois agrafes. Le dolman est doublé de toile en entier; le pourtour par le bas est recouvert d'un morceau de peau rouge maroquinée de 160 mil. de hauteur.
Parements : Le parement, dont tout le pourtour est garni d'une tresse plate, a dans la plus grande partie de ce pourtour, 50 mil. de hauteur, y compris sa tresse. Ce parement se prolonge en pointe sur le milieu du dessus de la manche. Cette pointe s'étend à 110 mil. y compris sa tresse.
Collet : Le collet, doublé en drap, a deux tresses plates. Il a y compris ses tresses, 70 à 80 mil.; il est, sur le devant, plus court de 10 mil., et ferme par trois agrafes.
Devant : Les garnitures du devant, quant aux ganses et aux boutons, ont les mêmes formes et dimensions que celles de la pelisse; il est ménagé un espace de 45 mil. entre la dernière ganse inférieure et le bas du dolman.
Taille : La taille, garnie de deux tresses sur la couture, est terminée par deux goussets; il n'est point placé de boutons; le bas de la taille, de chaque côté, se termine par un écusson et par un gousset sur lequel la tresse finit en rond.
Poches : Il est figuré en travers, sur chaque côté, par une tresse plate, une poche simulée, dont la hauteur est, y compris la tresse, de 90 mil., et dont la largeur sera de 190 mil.; la tresse qui borde cette fausse poche, joint par le milieu, et s'écarte des deux côtés en forme de double lance, de manière à ne s'éloigner dans son plus grand écartement, qu'à une distance de 45 mil. en-dessous du dolman. Il est ouvert de deux poches dans la doublure, à 25 mil. au-dessus de la peau.
Gilet : Sans manches, et de la couleur indiquée au tableau suivant la présente description; il a deux poches qui sont simulées au moyen de pattes de 25 mil. de hauteur, sur
160 mil. de largeur. Chaque patte est placée à 80 mil. du bas du gilet et à 55 mil. du centre des boutons. Le gilet est garni de 10 boutons d'étoffe; il est échancré par le bas, de 55 mil. ; le collet de la couleur du fond du gilet, est sans agrafe ; il monte carrément et a 15 mil. de moins que celui du dolman.
Porte-manteau
: De forme cylindrique, confectionné en tricot et doublé en treillis, a ses extrémités, de forme circulaire, plates et bordées au pourtour d'un galon de 20 mil. de largeur, attachées en forme de bourrelet. Elles sont garnies intérieurement d'un cuir fort, recouvert en toile. Sa longueur est de 550 mil., son diamètre de 140 mil.
Sur les deux bouts du porte-manteau, est mis le numéro du régiment. Les chiffres sont faits en tresse pareille à celle du pantalon.
L'ouverture du porte-manteau est de 280 mil. et se ferme avec six boutons de tricot et six boutonnières.
La patte de recouvrement se ferme au moyen de trois courroies de cuir noir; elles sont attachées, l'une au milieu, et chacune des autres à 25 mil. de l'extrémité latérale de la patte. Ces courroies se rattachent à trois boucles de fer étamé, à rouleau.
Effets particuliers.
Shako : Se reporter à la description du 9 novembre 1810.
Ceinture : De laine cramoisie, a ses glands et ses noeuds de la couleur des boutons. Elle a 2 mètres 600 mil. de longueur (8 pieds environ). Le corps de la ceinture est composé d'une ganse ronde à trois branches, formant cinquante doubles, et partagées en deux parties de 25 doubles chacune.
Les noeuds de la ceinture, dont neuf sont accouplés et dont deux sont simples, sont de la même couleur que la ganse. Les noeuds accouplés, qui sont coulants et joints par une couture, ont 45 mil. de longueur. Leur diamètre intérieur dans lequel coule la ganse ronde est de 15 mil. Chaque extrémité est arrêtée par le noeud isolé qui n'est point coulant, et qui est rempli par la totalité de la ganse ronde; ce noeud est à 40 mil. de l'extrémité.
A l'une des extrémités de la ceinture, est un cordon formant ganse carrée de la même couleur que les noeuds, et portant une olive de 40 mil. de même couleur. Cette olive a sa ganse arrêtée par un noeud coquillé de la couleur du fond de la ceinture; à l'autre extrémité de la ceinture, s'attache une double ganse carrée de la couleur des noeuds. Cette ganse, qui a un mètre de longueur, y compris les glands qui ont 60 mil. y compris la tête coquillée, est carrée et est arrêtée par cinq noeuds coquillés; le premier noeud est tout contre l'extrémité de la ceinture; les trois suivants espacés également, ont entr'eux 40 mil.; le dernier noeud à 100 mil. de la tête des glands.
Sabretache : Confectionnée en vache noire lissée, elle se compose de deux parties; le dessus et la poche. Le dessus se compose d'un cuir de vache doublé en basane. Sa partie inférieure se termine en accolade; sa plus grande hauteur, mesurée au-dessous de l'anneau du milieu jusqu'à la pointe inférieure, a 30 mil.; sa largeur par le bas est de 310 mil.; par le haut, sa largeur est de 230 mil. il est entouré d'une bordure en veau large de 10 mil.
La poche, dont le dessus est en basane, et le dessous en vache noire lissée, est bordé en veau et doublée en toile. Son ouverture est fermée par une sous-patelette de basane également bordée en veau.
Le dessus est orné d'un aigle de métal blanc ou jaune, suivant la couleur des boutons. (Les hussards portaient cette sabretache avec cet ornement, depuis 1807 environ). Cet aigle est placé à 130 mil.; au-dessus de la pointe inférieure de la patelette. Au-dessous de l'aigle, à 15 mil., est placé le numéro du régiment, en métal pareil. Ce numéro a 50 mil. de hauteur.
La sabretache est suspendue au moyen de trois anneaux de cuivre enchassés de veau et cousus en passant à travers la bordure supérieure de la sabretache; le centre de chaque anneau des extrémités est à 35 mil. du bord latéral de la sabretache. Le troisième anneau fixé juste au milieu entre les deux.
Ceinturon : La sabretache est supportée par un ceinturon de buffle blanc, qui s'agrafe en avant de l'homme, au moyen d'un crochet et son agrafe; le ceinturon étant agrafé, il existe un espace de 70 mil. entre les parties du buffle.
Ce ceinturon de 40 mil. de largeur, est composé de quatre pièces, savoir : un grand et un petit côté, et deux pièces d'anneaux. Le grand côté s'allonge et se raccourcit au moyen d'une boucle de retraite en cuivre. Les parties du buffle qui tiennent les anneaux, dont il est fait mention ci-après, sont jointes entr'elles et jointes aux parties appelées petit et grand côté, au moyen de trois anneaux.
Le sabre est porté au moyen de deux courroies-bélières. La petite bélière s'attache à l'anneau du devant, faisant partie des anneaux dont il vient d'être parlé. Cette petite bélière, qui a 340 mil. de longueur et 55 mil. de largeur, se rattache à la pièce nommée le boucleteau du petit côté, lequel est long de 100 mil. et porte une boucle de forme carré-long; cette boucle portant ardillon en cuivre a son passant en buffle. La grande bélière a 970 mil. de longueur sur 35 mil. de largeur. Le boucleteau de la grande courroie est pareil à celui de la petite.
Les trois courroies de sabretache sont de même dimension. Chacune d'elles passe par l'anneau du ceinturon et par l'anneau correspondant à la sabretache; elles ont 900 mil. de longueur sur 25 mil. de largeur.
Une des extrémités de ces courroies porte une boucle carrée à angles arrondis, avec ardillon en cuivre et enchapure avec passant double en buffle.
Marques distinctives des trompettes.
Dolman :
Les trompettes portent le dolman en drap vert; il a les mêmes couleurs distinctives que celui des sous-officiers et hussards; il en diffère en ce qu'il y est placé du galon aux armes de l'empereur, à toutes les parties qui sont garnies de tresses plates. Le devant du dolman est garni d'une ganse carrée, pareille à celle employée pour les hussards; les manches du dolman portent sept chevrons, non compris celui du parement.
Pelisse : La pelisse, qui est de drap vert, diffère de celle des hussards, en ce que toutes les parties de celle-là qui sont garnies d'une tresse palte, sont, à la pelisse des trompettes, garnies d'un galon aux armes de l'Empereur. La couture du collet est également garnie d'un pareil galon. Les manches sont garnies de sept galons, non compris celui du parement.
Nota : Le galon aux armes de l'empereur est vert-foncé portant un aigle et une N de couleur verte sur un écusson jaune.
Le shako est en feutre noir pour tous les régiments sauf pour le 7me ....
Les bouteilles clissées remplacent les petits bidons dont étaient précédemment porteur chaque sous-officier et soldat" (in La Giberne, 2e année, N°8 pages 250-251).
Notes sur les uniformes du 5e Hussards prises dans le Carnet de la Sabretache 1901 page 710 : D'après le Manuscrit de Bardin, l'uniforme du 5e Hussards est le suivant : Pelisse blanche, tresses et ganses citron. Dolman bleu céleste avec collet bleu céleste et parements blancs. D'après le Journal militaire officiel de 1812, l'uniforme du 5e Hussards est le suivant : Pelisse blanche, tresses et ganses citron. Dolman écarlate, collet bleu céleste, parements blancs". C'est ce dernier uniforme qui est donné dans le Carnet de la Sabretache N° Spécial de 1971.
Réglement du 7 février 1812 : "Fond de la pelisse blanc, collet et tour des manches peau noire. Ganse, olives et tresses citron. Doublure flanelle blanche. Fond du dolman (mot rayé : écarlate) bleu céleste, collet bleu céleste. Parements blancs. Doublure, partie inférieure peau rouge. Gilet et culotte bleu céleste. Ceinture cramoisie, garniture jaune. Pantalon de cheval, veste d'écurie, manteau dents de loup de la schabraque, portemanteau verts. Boutons de la pelisse, du dolman et du gilet jaunes".
Couleurs de l'uniforme des hussards : 5e Régiment
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Pelisse |
Fond de la pelisse |
Blanc Idem Citron Idem |
Dolman |
Fond du dolman Collet Parements Doublure partie supérieure Doublure partie inférieure |
Bleu céleste Bleu céleste Blancs Idem Idem |
Gilet |
Bleu céleste | |
Culotte hongroise |
Bleu céleste | |
Ceinture |
Fond Garniture |
Cramoisi Jaune |
Pantalon de cheval, veste d'écurie, manteau, dents de loup de schabraque, porte-manteau |
Verts | |
Boutons de la pelisse, du dolman et du gilet |
Jaunes | |
(in La Giberne, 2e année, N°9 pages 281). |
Réglement de Bardin cité par M. Pétard in Tradition N°68 : "Le harnachement des chevaux des officiers de hussards se composera d'une selle à quartiers, palettes recouvertes de maroquin vert et cerclées de métal, fontes à bout de métal or ou argent, étriers bronzés, croupière à ornements de métal, soleil au poitrail, bride à boucles, passants, agréments, rond de croisette, croissant de sous-gorge et autres ornements plaqués or ou argent, mors à bossettes timbrées de la tête de Méduse, licol de parade doublé de rouge, schabraque en drap, plaques de renfort latérales en maroquin, numéros dans les angles postérieurs hauts de 80 mm, galon de pourtour de 50 mm de large pour le colonel, le major et le chef d'escadron, de 45 mm pour le capitaine, de 40 mm pour le lieutenant et de 35 mm pour le sous-lieutenant. Un second galon de 15 mm à l'intérieur pour le colonel, de couleur opposée pour le major. Portemanteau cylindrique, un seul galon de 35 mm pour les officiers supérieurs, de 20 mm pour les autres, chiffres hauts de 35 mm". Au 5e Hussards, la schabraque et le portemanteau sont bleu de ciel.
Alain Pigeard mentionne une plaque de shako du 5e Hussards dans le H. S. n°34 de Tradition magazine, conservée au Musée de l'Empéri à Salon de Provence. Elle est décrite de la manière suivante : "Plaque de shako du 5e hussards, BR 3042. En cuivre embouti de 0,48 mm d'épaisseur pour des dimensions comprises entre 110 mm de haut pour 106 mm de large. La croix qui sommait la couronne impériale a disparu. Cette plaque présente cinq points de fixation sur le shako: deux doubles en haut des ailes de l'aigle, deux doubles sur les bords gauche et, droit de la plaque du cartouche de la base, un simple sur le bord inférieur du cartouche de la base". Cette description correspond à la plaque vendue aux enchères en novembre 2011.
Le 2 avril 1812, une circulaire supprime l'usage du couvre-nuque (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 282).
Le 8 avril 1812, "parait une circulaire du Ministre de la guerre, laquelle invite les généraux commandant les divisions et les inspecteurs généraux, à veiller à ce que l'uniforme soit en tout, conforme à celui prescrit par le règlement; le minister punirait les officiers supérieurs et autres qui se seraient permis de s'en écarter, et ils m'informeront afin que je puisse rendre compte à Sa Majesté.
Nous doutons fort que le Ministre ait pu sévir rigoureusement et avec beaucoup d'effet à ce sujet; ce qui, du reste, lui aurait été très difficile, ainsi que l'on peut juger par l'extrait suivant, pris dans les souvenirs militaires du baron de Bourgoing, ayant précisément rapport à la tenue des troupes pendant la campagne de Russie en 1812 :
"Dans ces divisions de ligne et d'infanterie légère, aussi bien que dans les corps de cavalerie, chaque régiment avait un caractère distinctif. Il régnait alors beaucoup d'arbitraire dans la coupe et les ornements accessoires de tous ces soldats formés et habillés dans les diverses régions de l'immense empire de Napoléon. Les colonels avaient une très grande latitude pour modifier, surtout dans la cavalerie, les uniformes règlementaires. Il en résultait une bigarrure que le rigorisme administratif ne peut approuver, mais qui donnait à chacun de ces derniers corps, une physionomie à part, qui se gravait dans la mémoire et les faisait reconnaître de loin (Souvenirs militaires du Baron de Bourgoing, 1791-1815, page 108)" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 282).
"La description des uniformes de 1812 avait laissé le colback aux compagnies d'élite de cavalerie; ces colbacks furent supprimés en 1813, ainsi que le constate le tarif d'habillement inséré au journal militaire de l'année, qui n'indique le colback pour aucun régiment et qui accorde à sa place, aux compagnies d'élite de cavalerie légère, un shako semblable à celui des soldats des autres compagnies, sauf qu'il était un peu plus élevé et qu'il était orné, au pourtour supérieur et inférieur, d'un galon en laine écarlate, et de chaque côté, d'un chevron de même galon. Ce shako portait en outre, au lieu de houpette, une aigrette en crin écarlate" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 285).
En 1813 toujours, "le 22 juin, une circulaire ministérielle autorise les régiments de hussards, de substituer au buffle, le cuir noir de vache dans les effets de grand équipement.
Nous avons relaté, dans la description de l'armement, en 1800, que le mousqueton était muni d'une bayonette. D'après un tableau portant la fixation des effets de grand équipement en cuir de vache, pour la cavalerie, les hussards avaient un ceinturon avec bayonette. Cette bayonette, inutile, était la plupart du temps laissée au dépôt ou égarée volontairement par les hussards ou les chasseurs à cheval" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 285).
- Figure : Sigismond du Pouget, Marquis de Nadaillac (1787-1837), en tenue de Chef d'Escadron au 5e Hussards; portrait exécuté par un Officier de ce Régiment pendant le siège de Wesel (In La Sabretache, 1911). Ce portrait est donné dans la revue Tradition Magazine N°242 page 21. Mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens". Donné enfin dans la revue Soldats Napoléoniens n°10.
- Figure : Officier du 5e Hussards en 1814 d'après L. Rousselot (Carnet de la Sabretache N° Spécial 1971) : "Shako écarlate, pompon, ganse de cocarde, course d'anneaux, têtes de lions et mentonnière en chaînette or, cocarde tricolore, bleu au centre et rouge à l'extérieur. Pelisse blanche, fourrure noire, passementerie et galons de grade en or, boutons dorés. Pantalon bleu céleste, boutons dorés, galon étroit en or posé en avant des boutons, ces derniers sur le drap du fond. Buffleterie noire, la banderole bordée et ornée d'attributs dorés coffret de giberne à côtés dorés, pattelette bordée d'or. Ceinturon bélières et courroies noirs, boucles et médaillons dorés. Sabretache écarlate, galon, aigle couronné, numéro et feuillage brodés en or. Sabre à fourreau en acier, garde et bracelet dorés, dragonne en or. Complément : Dessus de giberne noir bordé de cuivre doré, avec aigle au milieu de la pattelette. Schabraque en drap bleu céleste galonnée d'or, siège en peau de panthère, protemanteau bleu céleste, galon d'or. Harnachement noir, garniture dorée".
- Figure : Pantalon d'écurie de cavalier léger, 1812 (Extrait de l'album de croquis d'Adolphe de Thermes, bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Salon de Provence) - donné par Rigo In Tradition N°71 : "On a fait dire un jour à Napoléon "qu'un petit croquis valait mieux qu'un long discours" ... Voici donc un pantalon d' écurie "croqué" sur le vif par un élève du grand Carle Vemet, le lieutenant Adolphe de Thermes, aide de camp du maréchal Oudinot, duc de Reggio. Comme il n'est de mode que de Paris, ce pantalon est fabriqué par la maison Sentis qui a accroché son enseigne au n°5 de la rue Vivienne. De drap bleu, boutonné d'or sur une bande écarlate et garni de peau, il revient à 95 francs, alors qu'un simple pantalon de drap ne coûte que 57 francs ... Une véritable broutille pour un officier qui touche 200 francs par mois".
Concernant le Comte d'Astorg, "on voyait aussi à l'Exposition militaire retrospective le comte d'Astorg représenté dans les tenues de ses différents grades, en une suite d'aquarelles exécutées par Eugène Lamy de 1820 à 1828. Quelques notes prises d'après ces petites figures seront sans doute appréciées des amateurs :
... 1813 : Chef d'escadrons au 5e hussards : pelisse blanche et or; pantalon boutonné sur les côtés. Schabraque et porte-manteau bleux. Schako rouge. Banderole de giberne noire, galon or. Sabretache bleu céleste avec galon et aigle en or" (Carnet de la Sabretache, 1901). Mentionné également dans l'ouvrage "Encyclopédie des uniformes napoléoniens".
- Figure : Officiers du 5e Hussards, 1813, d'après Ernest Fort (1868-1938) : "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un portrait Horace Vernet et le portrait du Commandant d'Astorg; dans le recueil, une note de Fort indique : d'après un dessin en noir d'H. Vernet. Le coloris a été établi d'après un portrait du Chef d'Escadron d'Astorg 5e Hussards 1813, shako rouge, pelisse blanche, pantalon bleu boutonné sur le côté, porte-giberne rouge et or.
- Figure : Officier du 5e Hussards, d'après la planche 108 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako rouleau écarlate, galon du bas et du haut noirs, ce dernier portant une course d'anneaux d'or; pompon, ganse de cocarde, jugulaires et cercle de visière or. Pelisse blanche à fourrure noire, tresses, ganses, boutons et galons or. Décoration de la Légion d'honneur. Gants jaune pâle. Cuirs rouges, le ceinturon étant bordé d'or, bouclerie dorée. Charivari bleu céleste à galon or et boutons de même. Sabre doré; dragonne or avec un mince filet rouge au milieu. Sabretache bleu céleste à aigle et galons d'or".
- Officier du 5e Hussards en 1813 d'après R. Knötel ; ce document est également donné par A. Pigeard dans Gloire et Empire N°39 ("Napoléon en Saxe, 1813 - Lützen et Bautzen").
- Hussard noté lors de son passage le 10 juin 1814 à Elberfeld; peut être un Trompette du 5e Hussards
- Figure : Trompette vu à Magdebourg en 1814 : "C'est R. Knoetel qui attribue au 5e Hussard la trompette de la planche 131". Ce Trompette, qui fait penser au 1er Hussards, mais sans la présence des agréments jaunes, est également mentionné et donné par R. Alazet ("Les Trompettes de Hussards vus par les illustrateurs", in Tradition N°207). Donné dans l'ouvrage de Yves Martin et de Vincent Bourgeot : "Trompettes de cavalerie", avec le commentaire suivant : "La version de la garnison de Magdebourg semble des plus improbables ! Pourtant les couleurs utilisées ici sont bien typiques de ce régiment, nous retrouvons le blanc (parements et collet), le bleu céleste rappelé par la ceinture écharpe, les garnitures et boutons jaunes et enfin la nuance écarlate utilisée dans les premières années … la silhouette correspond à cette fin d'Empire, culotte basanée et schako tube, mais aucun texte connu pour l'instant ne vient étayer cette version qui n'est toutefois pas à rejeter".
- Figure : Trompette, 5e Hussards vers 1813 (avec à côté, le colback de la Compagnie d'élite), par H. Boisselier qui indique comme source des documents de la collection Bernardin (In "Trompettes de cavalerie). Yves Martin et Vincent Bourgeot écrivent : "La figure issue de la collection Bernardin (donnée par Boisselier) peut effectivement se situer vers 1813, le dolman est identique à celui des années 1808, mais le pantalon à fausses bottes reste typique de la fin de l'Empire, le schako reste recouvert de drap bleu céleste mais gagne un plumet écarlate à sommet noir et un galonnage écarlate rendant la coiffure plus repérable dans les rangs ; Boisselier donne le colback noir, flamme blanche et plumet rouge, semblant nous indiquer que l'uniforme était identique pour toutes les compagnies".
- Figure : Trompette, 5e Hussards, 1813, d'après Louis de Beaufort (Le Briquet 1973, N°1); la source indiquée est "Document Bernardin" : "Shako bleu ciel, galons inférieurs et supérieurs écarlates, cocarde tricolore, ganse jaune, jugulaire de chainettes jaune, plumet écarlate à sommet noir. Dolman blanc, collet et parements bleu ciel, galon jaune au collet et parements. Boutons et brandebourgs jaune, ceinture jaune et rouge. Culotte bleu ciel terminée par de fausses bottes de cuir noir. Trompette de cuivre, cordon bleu et blanc. Sabre à fourreau de métal, poignée de cuivre, dragonne blanche. Ceinturon et bélières de cuir blanc".
- Figure : Sapeur, 5e Hussards, tenue campagne, 1813, d'après Angus Mc Bride (MAA Napoleon's Hussars; texte de Emir Bukhari). Selon l'auteur, le dolman est bleu céleste, avec le collet de même et les parements blancs. La schabraque en peau de mouton festonnée de bleu céleste et portemanteau de même. L'élément le plus intéressant se trouve sur la sabretache : deux haches croisées, mais il faut aussi remarquer le bas du pantalon taillé en imitant des bottes à la hongroise (la source indiquée est une illustration contemporaine).
- Figure : Hussard du 5e Hussards, 1813, d'après "Uniformes des hussards sous la 1ère République, le 1er Empire et la Restauration II - 5e à 13e hussards"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-490(2); ce dessin a pour source un portrait Horace Vernet et le portrait du Commandant d'Astorg; dans le recueil, une note de Fort indique : d'après un dessin en noir d'H. Vernet. Fort donne ce Hussard dans un autre recueil : "Uniformes des hussards sous la Révolution et le 1er Empire"; Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Collection de Ridder, Gustave (1861-1945), PETFOL-OA-491.
- Figure : Hussards en 1813, d'après la planche 153 du Manuscrit de Marckolsheim publié par R. Forthoffer (avec l'aimable autorisation de Mr Jean-Yves Forthoffer) : "Shako rouge à galon et ganse de cocarde jaunes, pompon vert, visière, mentonnière et couvre-nuque noirs. Pelisse blanche, boutons et agréments jaunes, fourrure noire. Gants chamois. Cuirs blancs, bouclerie jaune. Pantalon bleu céleste, boutons jaunes. Sabre cuir et cuivre. Sabretache fond écarlate, galon et aigle couronné jaunes, bordure cuir brun foncé". Ce dessin est donné en couleur par P. Meganck dans Gloire et Empire N°17 ("Dans l'ombre de Waterloo, la bataille de Wavre et la retraite").
- Figure : Dolman (retourné) de Hussards après 1812, donné par M. Pétard in Tradition N°68 : "Ce dolman présenté en position retournée a appartenu à un hussard du 5e régiment. Il a pour but de nous informer des réalités cachées : la doublure de toile blanche fine et surtout, la bande de peau rouge maroquinée, si caractéristique des dolmans des hussards depuis les origines, Voyez, en outre, la confection intérieure des goussets, bien marquée ici (Collections du Musée de l'Armée, Paris, cote 04797)".
Dans l'ouvrage "Appendice au Catalogue du Musée d'artillerie" (1899), de F. Bernadac, nous lisons en page 53 (pièces entrées au Musée depuis 1891) :
"J. 4071. Sabre anglais, d'officier de cavalerie, porté par le lieutenant Lichtenstein, officier au 5e hussards. Lame courbe à un seul tranchant, avec gorge d'évidement dans laquelle est gravé : Lutzen, Bautzen, Leipzig, Haneau, Brienne, Montmirail, Cmone, Fleurus, Waterloo; une croix de la Légion d'honneur et 14 juin 1813. Sur le dos : Emile Lichtenstein, officier de cavalerie, aide de camp du général Bertrand. Poignée en fer, fusée recouverte de cuir noir à gros cordons séparée par un filigrane de fer. Fourreau en tôle portant : Js Wolldy Birms.
Cette arme a été nickelée.
Don du colonel Lichtenstein". Ce dernier étant le fils du Lieutenant Lichtenstein.
"Le 13 avril, un arrêté du gouvernement provisoire déclare que la cocarde blanche est la cocarde française, et ordonne qu'elle sera prise par tous les régiments.
Le 23 avril, une circulaire porte la substitution de la fleur de lis aux signes distinctifs du gouvernement précédent, dans tout ce qui tient à l'uniforme des troupes ...
"Les trompettes et musiciens devant quitter la couleur verte pour prendre le bleu de roi, avec les galons à la livrée de la maison régnante"" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 286).
Bivouac du 3ème Régiment de Hussards commandé par le Colonel Moncey; gravure de Horace Vernet (Paris 1789 - Paris 1863); Copyright Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library - avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington |
Bivouac du 3ème Régiment de Hussards ("Lagebesprechung der französischen Husaren"), tableau attribué à Bernard édouard Swebach (Paris 1800 - Versailles 1870), vendu par la Galerie Fischer, Luzern (Lucerne) |
- Figure : Bivouac du 5e Hussards; tableau conservé au Musée de l'Empéri, Salon de Provence, donné par A. Pigeard in Tradition H. S. N°34. Ce tableau figure dans l'ouvrage de V. Bourgeot "Les trésors de l'Empéri" qui indique : "Huile sur toile représentant une halte du 5e régiment de Hussards. La forme cylindrique et relativement haute des schakos (recouverts de leur protection en toile cirée) situe cette scène à la fin de l'Empire ; l'officier consultant ses cartes, étant au bivouac, porte une sorte de confédératka conçue en drap écarlate". Ceci étant dit, qui est l'auteur de cette peinture et à quelle date a t'elle été exécutée. Pour tenter d'y répondre, signalons qu'il existe une gravure de Horace Vernet, intitulée "Bivouac du 3ème Régiment de Hussards commandé par le Colonel Moncey", qui, en dehors de la couleur des uniformes, est absolument identique à ce tableau conservé à l'Empéri. Un exemplaire de cette gravure se trouve dans la collection Brown (ci-contre); la date indiquée est 1814. Si l'on consulte la biographie du Colonel Bon Marie Jannot de Moncey, ce dernier a commandé le 3e Hussards, âgé de 21 ans et demi, à partir du 15 mars 1814. Maintenu à son poste à la première Restauration, il refuse de se rallier à Napoléon lors du retour de l'île d'Elbe pour ne pas trahir son serment au Roi, mais finit par reprendre son régiment, et participe à la défense de Belfort en 1815. La facture naïve du tableau laisse supposer qu'il a été réalisé sur la base de la gravure de H. Vernet, ce qui pourrait situer la scène vers 1814-1815, et sans doute plus probablement en 1815. Le même sujet a été repris par Bernard Edouard Swebach, pour un tableau vendu il y a quelques années par la Galerie Fischer, à Luzern; tableau qui n'est pas sans rappeler celui de l'Empéri, couleurs du Régiment mises à part. Qui a inspiré l'autre ?
- Hussard du 5e Hussards (Régiment d'Angoulême) en 1814; fac-similé d'un dessin de Armand Claude Bournisien de Valmont, conservé au Cabinet des Estampes, BNF, Paris ("Costumes militaires français et étrangers". Aquarelles originales. Texte manuscrit. Volume 8 : 1814-1817; OA- 102 (C) ).
Du point de vue de l'uniforme en 1815, il n'y a guère à dire "si ce n'est que la cocarde nationale avait remplacé la cocarde blanche sur les shakos, ou d'autres petits détails qui sont presque insignifiants, l'empereur n'ayant eu que le temps de faire face à l'ennemi, pendant cette période si courte mais si fertile en évènements" (in La Giberne, 2e année, N°10 pages 320).
- Figure : Hussard en 1815 d'après L. de Beaufort (Les Armées de Waterloo, série 07, planche 1) : "Shako rouleau rouge, galon, ganse et fourragère jaune pompon vert; dolman et collet bleu clair, parement blanc passementé jaune, ceinturon rouge et jaune; pelisse blanche à fourrure noire, passementerie jaune, pantalon bleu clair à boutons jaunes et basane noire, sabretache à fond rouge, aigle et galon jaunes, feuillage vert, chiffre noir". Ce Hussards est visiblement inspiré de celui donné par Rousselot.
- Hussard, grande tenue d'hiver, 1815; dessin de Rigo paru dans Uniformes N°34, d'après la Bibliothèque Raoul et Jean Brunon, Salon de Provence. La description est la suivante : "Voici la dernière silhouette de l'épopée. Louis XVIII, remonté sur le trône, s'est empressé de faire disparaître tout ce qui rappelle son prédécesseur... UNIFORME Shako rouleau revêtu de drap écarlate, un passepoil jonquiIIe borde la coiffe et le haut est galonné de la même couleur. Sur le devant, cocarde tricolore maintenue par une ganse jonquille portant un bouton de laiton. Cordon d'attache jonquille, pompon à la couleur de la compagnie. Calotte, couvre nuque et visière de cuir noirci. Pelisse de drap blanc bordée de fourrure noire, galons et tresses jonquille, cinq rangées de boutons en laiton. Pantalon de cheval en drap bleu céleste, sans aucun galon ni basane, se fermant sur le côté à l'aide de 18 boutons de laiton; sous-pied de cuir noirci (voir figure 16 pour le système de fermeture). Bottes à la hussarde portées sous le pantalon.
EQUIPEMENT En grande tenue, le régiment conserve encore la pattelette de la sabretache brodée. Un exemplaire est conservé au Musée de l'Armée de Paris. En drap rouge, bordée de cuir naturel, elle est galonnée de jonquille. A l'intérieur sont brodées deux branches de chêne "au naturel" et l'Aigle couronnée en fil jaune. Sur le "foudre" le chiffre 5 se détache en fil noir. Sous la Première Restauration, on a décousu l'Aigle pour ne garder que la couronne; c'est ainsi que le 5e Hussards fera la campagne de Belgique. Le reste de l'équipement est absolument semblable à celui des silhouettes précédentes, ainsi que l'armement.
HARNACHEMENT Les brides et licol sont semblables à ceux de la figure 1. L'Ordonnance de 1812, appliquée en 1813-1814, n'a guère modifié la selle et la schabraque ; les seuls changements sont les courroies de charge en cuir noirci, munies d'une boucle en fer et l'adjonction sur le côté droit de la selle d'une petite sacoche pouvant contenir les fers à cheval de rechange. En fait, ce dernier détail ne se voit pas car il est caché par la schabraque. Le portementeau est vert pour tous les régiments ainsi que le feston qui borde la schabraque. En réalité, ils sont bleu céleste au 5e. Le portemanteau porte, en outre, un galon et le chiffre en fil jonquille".
V/ Etendards
Règlement du 1er avril 1791 et modifications ultérieures
"Chaque escadron aura un étendard d'une couleur distinctive et cette couleur restera affectée au dit escadron : ces couleurs seront fixées par le règlement qui sera rendu concernant l'habillement et l'équipement.
Les cravates des étendards seront aux couleurs nationales.
L'étendard sera porté par un des maréchaux des logis de la 1re division de l'escadron"
(La Giberne, 2e année, N°01, page 25).
"Le 30 juin, l'Assemblée nationale décrète que le premier étendard des régiments de hussards portera désormais les couleurs nationales; les autres étendards seront de la couleur affectée à l'uniforme de chaque régiment.
Les étendards porteront d'un côté l'inscription suivante : discipline et obéissance à la loi, et de l'autre, le n° du régiment. Les cravates de tous les étendards seront aux couleurs nationales.
D'après le commandant Dupuy, l'étendard des hussards était le suivant :
La hampe surmontée d'une pique, l'étoffe en soie blanche de forme rectangulaire fendue du côté opposé à la hampe en deux pointes arrondies. Sur la premièe face était brodée une large couronne de chêne entourant un faisceau de licteur, surmonté d'un bonnet phrygien. Les mots République Française étaient inscrits en lettres d'or sur deux devises, encadrant, en dessus et en dessous, la couronne. Sur l'autre face, on trouvait le griffon couché des hussards, avec deux devises portant en lettres d'or, la supérieure, les mots Discipline et obéissance à la loi; celle du dessous : Vigilance, tel régiment de hussards. Sur chaque face, une large bande formée de parties bleues, blanches et rouges, entourait l'étendard, et un feuillage vert courait tout autour de cette bande (Historique des hussards par le chef d'escadron R. Dupuy)" (in La Giberne, 2e année, N°01, pages 26-27).
"Le 21e jour de nivôse, an second de la République Française (10 janvier), parait un décret concernant l'organisation de la cavalerie, lequel prescrit ce qu'il suit pour les hussards :
(...) Il y aura dans chaque régiment trois guidons, qui seront portés par les trois plus anciens maréchaux-des-logis en chef" (in La Giberne, 2e année, N°02, page 60).
Le 2 fructidor an II (19 août 1794), "parait une loi relative à l'habillement et équipement des troupes de la République ... Par la même loi, la Convention établit d'après les dessins du peintre David, la disposition des couleurs du drapeau :
Le bleu à la hampe, le blanc au milieu, le rouge flottant " (in La Giberne, 2e année, N°02, pages 62-63).
En 1798, "par arrêté du 3 thermidor (21 juillet), le directoire exécutif, considérant qu'il est nécessaire que les drapeaux des troupes de la république soient uniformes, ordonne ce qui suit :
Tous les drapeaux ou étendards sur lesquels il se trouve des légendes annonçant les différentes actions où les corps se sont trouvés, seront déposés entre les mains des conseils d'administration des corps auxquels ils auront été accordés comme un monument de leurs exploits, et il leur en sera délivrés de nouveaux en échange" (in La Giberne, 2e année, N°4, page 122).
Etendards modèle 1802
En 1802, Bonaparte donna de nouvaux étendards à la cavalerie. Ces étendards étaient de forme demi-ellipse allongée, et le bleu était à la partie inférieure. Sur une face il y avait un aigle (?), sur l'autre face, le numéro du régiment (in La Giberne, 2e année, N°4, page 127).
Décret du 24 septembre 1803 (1er vendémiaire an XII)
"D'après un dessin conservé au dépôt de la guerre, voici ce que devait être l'étendard des hussards à cette date :
De forme allongée, arrondi par le bout, coupé bleu en haut et rouge en bas, entouré d'une riche broderie en or et en argent; deux trophées antiques sont aux angles; au centre, est un médaillon blanc entouré d'une couronne de chêne verte, liée d'un ruban tricolore; dans le médaillon, un coq de couleur naturelle qui tient dans ses pattes une trompette d'or à laquelle est lié un ruban tricolore portant l'inscription : République Française; franges d'or, cravate tricolore à franges d'or" (in La Giberne, 2e année, N°5, page 157).
Etendards modèle 1804
Aigle et étendard du 1er Escadron du 5e Hussards, modèle 1804-1812. Donné par Rigo in Tradition N°225
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L'Aigle : Après de longues discussions au Conseil d'état, Napoléon prend l'Aigle comme symbole de l'Empire. Le sculpteur Chaudet s'inspire d'un dessin d'Isabey pour réaliser son oeuvre que le fondeur Thomire reproduira à des centaines d'exemplaires. Le 27 juillet 1804, l'Empereur écrira textuellement : "l'Aigle éployée telle qu'elle se trouve sur le sceau officiel, sera placée sur le sommet du bâton de la manière que la portaient les Romains". Réalisée en bronze doré, une patte sur le foudre de Jupiter posé sur un caisson où figure le chiffre du régiment, sa hauteur totale est de 31 centimètres.
Avers et revers de l'étendard du 1er Escadron du 5e Hussards, modèle 1804-1812 : Fabriqué par la maison Challiot, il est taillé dans un taffetas de soie d'une seule épaisseur mesurant 0,60 m x 0,60 m plus une bande de tissu permettant d'enrouler l'étoffe autour de la hampe afin de la clouer. Toutes les inscriptions et les ornements sont peints à l'or moulu sur un enduit à l'huile. Dans chaque angle alternativement bleu ou rouge, on a peint le numéro du Régiment au centre d'une couronne de lauriers. Au centre, on a réservé un losange carré de taffetas blanc bordé d'une frise de lauriers fruités d'or. à l'avers sur quatre lignes, on a peint en or : "L'EMPEREUR / DES FRANçAIS / AU 5e REGIMENT / DE HUSSARDS". Au revers sur trois lignes, on a peint : "VALEUR / ET DISCIPLINE / et le numéro de l'Escadron ... ", chaque régiment ayant quatre Escadrons. En ce qui concerne les Hussards, toutes les inscriptions sont les mêmes, seuls changent, bien entendu, le numéro du Régiment et celui de l'Escadron. L'étoffe, enroulée autour de la hampe est fixée par une rangée de clous à tête bombée et dorée que l'on enfonce dans un ruban de laine bleu et rouge afin d'éviter le déchirement du flottant. Peinte en bleu foncé, taillée dans du bois très dur, la hampe mesure entre 1,90 m et 2 m. Son extrémité est posée dans un petit sabot de laiton. Rappelons que les emblèmes sont portés par des Sous-officiers (Maréchaux des logis ou Maréchaux des logis-chefs) jusqu'en 1814; après ce sera un Officier.
Précisons que, conformément aux ordres du Ministre de la Guerre, datés du 25 septembre 1806, le 5e Hussards a renvoyé ses Aigles au Dépôt. Ainsi, à partir de 1807, les Hussards n'emportent plus leurs étendards en campagne.
En 1811, "Le 25 décembre, un décret impérial prescrit que les régiments de cavalerie n'auront qu'une aigle et que tous les deux ans, ou lorsque l'étendard qui est actuellement attaché aux aigles aura été usé par le temps, il leur sera proposé l'envoi d'un nouvel étendard, lequel sera brodé, d'un côté, L'EMPEREUR NAPOLEON à tel régiment; et de l'autre, le nom des batailles de la grande armée, auxquelles ce régiment se sera trouvé ; savoir les batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau, de Friedland, d'Eckmul, d'Essling et de Wagram" (in La Giberne, 2e année, N°8, page 250).
Etendards modèle 1812
"La même année, Napoléon décide que le drapeau sera uniforme pour tous les corps, avec les trois couleurs verticalement placées, et que sur le tablier on inscrira le nom des batailles auxquelles le régiment, recevant le nouveau drapeau, aurait pris part. Les étendards de cavalerie étaient de dimensions moindres que les drapeaux des troupes à pied. C'est la première fois que l'armée reçoit uniformément un drapeau aux trois couleurs" (in La Giberne, 2e année, N°9 pages 282).
Etendards de la Restauration (1814-1815)
"La Restauration donna à chaque régiment de cavalerie un étendard dont le fond était blanc; d'un côté était l'écusson de France, de l'autre ces mots : le roi à tel régiment de hussards, avec deux branches de feuillage, auxquelles étaient suspendues la croix de Saint-Louis et la croix du Mérite militaire. La hampe bleue, surmontée d'un fer de lance en cuivre doré" (in La Giberne, 2e année, N°9 page 287).
Etendards modèle 1815
VI/ Sources
- Sources bibliographiques
- De Castillon de Saint Victor Belhomme (Chef d'escadron) : "Historique du 5e Régiment de Hussards"; Paris, 1889
- D'Espinchal Hippolyte : "Souvenirs militaires, 1792-1814", tome 1; Paris 1901
- Despréaux A. : "Officier du 5e Hussards (Premier Empire)", Carnet de la Sabretache 1925, page 497
- Glasser G. : "Deux portraits et une lettre d'un Officier de Hussards"; Carnet de la Sabretache, 1895.
- D. Gorchkov : "La cavalerie légère de Montbrun à Wagram, le 6 juillet 1809"; Tradition Magazine N°242, 243 et 244.
- Martinien A. : "Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'empire (1805-1815)". Et suppléments.
- Nadaillac (de, Colonel) : "Lettres et notes de campagne du général Sigismond du Pouget, Marquis de Nadaillac (1787-1837)"; Carnet de la Sabretache, 1911.
- La revue Tradition Magazine, N°66-67, 68, 71, 74, 76, 81, 140, 152, 155, 207, 224, 225.
- Général Susane : "Histoire de la cavalerie française", Librairie J. Hetzel et Cie, Paris 1874, Tome 2.
- Ressources numériques en ligne
- Collection de situations Nafziger : http://www.cgsc.edu/carl/nafziger/index.asp
- Ressources du site The Napoleon Series : http://www.napoleon-series.org/index.html