Le 30ème Régiment d'Infanterie de Ligne
1796-1815
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Avertissement et remerciements : La base de cette étude est constituée de l'Historique régimentaire abrégé du 30e, que nous avons reproduit intégralement, complété par les différentes sources dont nous disposons actuellement. Notamment, grâce à notre ami Philippe Quentin, nous y avons intégré le "Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige". Surtout, notre correspondant, Thierry Derigny, nous a permis d'accéder à la "Notice historique sur le 30e Régiment d'Infanterie", manuscrit écrit par le Capitaine Froidevaux et conservé au SHAT à Vincennes note 1), que nous avons également intégré dans son intégralité dans cette histoire du 30e. Un grand merci à eux deux. Nous devons également à Monsieur de Salles, de nombreuses précisions, concernant son ancêtre, J. P. C. de Salles de Hiis, ainsi que les documents qui accompagnent sa biographie. Nous le remercions ici chaleureusement pour cet apport extrêmement important. |
I/ Origines du 30e de Ligne
Boutons de la 30e Demi-brigade. Selon Fallou ("Le Bouton uniforme français", 1915), ce type de bouton, de couleur jaune, a été en usage au sein des Demi-brigades du 21 février 1793 à 1803. Pour le Capitaine Maurice Bottet ("Le Bouton de l'Armée Française", 1908), celui-ci n'aurait été en usage qu'à partir de 1796. A gauche, dessin extrait de La Giberne (La Giberne Année 13/05); au centre, bouton communiqué par J. Croyet - S.E.H.R.I. ; à droite, collection privée |
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Ci-contre et ci dessous, différents boutons de la 30e communiqués par un de nos correspondants |
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L'Historique régimentaire explique que le "30e Régiment d'infanterie peut faire remonter son origine aux premières années du règne de Louis XIII, dans les conditions de filiation suivantes" :
- 1617. Pendant la lutte du roi contre la Ligue des grands seigneurs, un gentilhomme, M. de La Rainville, fut autorisé à lever un Régiment pour concourir au siège de Soissons, en 1617. Ce Régiment, jusqu'en 1669, ne porte d'autre nom que celui du Mestre de camp qui en était le Colonel titulaire et s'appelle successivement : Rainville, Ménillet, Bourdonné, Chemerault, Reymont, d'Estrades, Saint-Lieu et Lignières.
- 1669. Louis XIV incorpore le Régiment de Lignières dans celui du Dauphin et fait prendre à ce dernier Corps, de création récente, le rang d'ancienneté que possédait Lignières.
- 1775. Le Régiment du Dauphin est dédoublé; deux de ses Bataillons forment un nouveau Régiment qui prend le nom de Régiment du Perche.
- 1791. Conformément à l'ordonnance du 1er janvier 1791, le Régiment du Perche, commandé par Olivier Victore de Beaudré, perd son nom et prend le titre de 30e Régiment d'infanterie qu'il conserve jusqu'en 1795. En 1792, commandé par Germain Félix Tennet de Lambadère, ce Régiment fait partie de l'Armée du Nord. Il fait la campagne de l'Argonne sous Dumouriez et assiste à la bataille de Valmy, à la suite de laquelle les Prussiens sont rejetés hors de notre territoire. En 1793, sous le commandement de Alexandre Alexis Dumas, il passe à l'Armée de la Moselle et se trouve à la bataille de Pirmasens. En 1794, son 2e Bataillon est envoyé à la martinique. En 1795, le 30e est employé au blocus de Luxembourg.
- 1795. Au milieu de l'année 1795, les Régiments sont remplacés par des Demi-brigades de Bataille. Selon l'Historique régimentaire, aucune ne porta le n°30. Pourtant, il semble bien qu'un amalgame ait été prévu afin de former une 30e Demi-brigade de Bataille. Celle ci devait comprendre le 2e Bataillon du 15e Régiment d'Infanterie (ex Béarn), le 2e Bataillon de l'Eure et le 3e Bataillon de Rouen (Belhomme, dans son Histoire de l'Infanterie, tome 4, indique : "23 janvier. ... la 30e à Lille avec le 2e du 15e, le 28e de l'Eure et le 3e de Rouen (14e de la Seine-Inférieure)").
Qu'en est il alors des Bataillons du 30e de Ligne, ex Perche ? Et bien, le 1er Bataillon a été amalgamé dans la nouvelle 59e Demi-brigade de Bataille (28 Floréal an II - 17 mai 1794). Le 2e Bataillon devait être amalgamé dans la nouvelle 60e Demi-brigade de Bataille (11 Messidor an III - 29 Juin 1795). Il résulte donc de ce constat que le 30e de Ligne que nous allons étudier pour la période 1796-1815 ne peut prétendre, malgré son numéro régimentaire, à la filiation mentionnée ci-dessus. Le second amalgame va nous permettre de l'expliquer.
- 1796. A la réorganisation de l'Armée, en l'an IV, les éléments qui composaient les Demi-brigades de Bataille sont amalgamés entre eux et forment de nouveaux Corps qui prennent le nom de Demi-brigades; la 72e Demi-brigade de Bataille devient, par voie de tirage au sort, la 30e Demi-brigade de Ligne (30 Pluviôse an IV - 19 février 1796 ou Arrêté du Directoire du 10 Germinal an IV - 30 mars 1796 selon la notice historique sur le 30e - SHAT). L'amalgame est réalisé à Cologne le 17 Floréal an IV - 6 mai 1796 (Belhomme, dans son Histoire de l'Infanterie, tome 4, indique : "Le 18 (février). ... la 30e de ligne, formée à Cologne avec la 72e de bataille et le 3e bataillon de la 175e").
La 72e Demi-Brigade de Bataille avait été principalement formée (28 Germinal an II - 17 avril 1794) du 2e Bataillon du 36e Régiment d'Infanterie de Ligne (ex Anjou), du 6e Bataillon de Volontaires du Jura (organisé le 24 novembre 1791) et du 2e Bataillon de Volontaires de la Gironde (ou du bec d'Ambez, formé le 25 septembre 1793, selon la "Notice historique sur le 30e Régiment d'Infanterie" du CapitaineFroidevaux conservée au SHAT; la date est peut-être plus vraisemblablement 1791).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 499 volontaires, formés en Compagnies dans les différents districts les 7 et 14 août 1791, rassemblés à Lons-le-Saunier le 24 novembre et organisés en Bataillon supplémentaire en vertu de l'autorisation du Ministre, le 6e du Jura est passé en revue le 28 par le Maréchal de camp de La Salle, assisté du Commissaire des guerres Badoulier du Deffend et de M. Michaud, Commissaire du département.
Etat des cadres à la formation (Revue du 28 novembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-colonel Humbert* (Charles), de Bar-le-Duc, 59 ans, décoré de l'Ordre de Saint-Louis.
2e Lieutenant-colonel Guyon* (Pierre), de Sellières, 25 ans.
Quartier-Maître Trésorier Considérant (Louis), de Marnoz, 17 ans.
Adjudant-Major Collet* (Antoine), de Gevingey, 50 ans.
Adjudant-Sous-Officier Jacquet*.
Chirurgien-Major Papillon (Claude-Joseph), d'Orgelet, 31 ans.
Grenadiers : Capitaine Dubourg* (Claude-Antoine), de Salins, 29 ans. Lieutenant Souiller (François), de Saint-Laurent-La-Roche, 41 ans. Sous-Lieutenant Vercin (Jean-Claude), de Salins, 26 ans.
1ère Compagnie (4e d'Orgelet) : Capitaine Dudreuil* (Henry), de Saint-Amour, 44 ans. Lieutenant Gayet (Claude-Marie-François-Xavier), de Saint-Amour, 31 ans. Sous-Lieutenant Aberjoux (Jean -Michel), de Saint-Amour, 24 ans.
2e Compagnie (7e de Lons-le-Saunier) : Capitaine Lajeunesse* (Jean-Vincent), d'Arlay, 31 ans. Lieutenant Guérin* (François), d'Arlay, 43 ans. Sous-Lieutenant Vannier (Claude), d'Arlay, 30 ans.
3e Compagnie (10e de Dôle) : Capitaine Bourcet (Claude-Etienne), de Thervay. Lieutenant Guillaume* (Claude-François), de Thervay, 26 ans. Sous-Lieutenant Bourcet (Etienne-François), de Thervay, 32 ans.
4e Compagnie (6e de Saint-Claude). Capitaine Bussod* (Pierre-François), des Bouchoux, 28 ans. Lieutenant Vuillermoz (Joseph-Marie), des Bouchoux, 24 ans. Sous-Lieutenant Mathieu (Marie), des Bouchoux, 28 ans.
5e Compagnie (2e de Dôle) : Capitaine Boichot (Antoine), d'Ougney. Lieutenant Le Brun (Claude) d'Ougney, 28 ans. Sous-Lieutenant Perrin* (Etienne), de Gendrey, 25 ans.
6e Compagnie (3e de Poligny) : Capitaine Demoly (François-Etienne), de Sellières, 24 ans. Lieutenant Romme (Joseph), de Monay. Sous-Lieutenant Lustringer (Henri), de Sellières, 22 ans.
7e Compagnie (3e d'Orgelet) : Capitaine Belbenoit (Pierre-Joseph-Gaspard), de Clairvaux, 42 ans. Lieutenant Bel* (Alexis), de Clairvaux, 29 ans. Sous-Lieutenant Guyenet (François-Cyrille), de Clairvaux, 20 ans.
8e Compagnie (1ère d'Arbois) : Capitaine Mourcet (Claude-Ignace-Hilaire), de Salins, 24 ans. Lieutenant Robert (Marc), de Marnoz. 28 ans. Sous-Lieutenant Gaudy (Léonard), de Salins, 22 ans.
Quoique sans armes et manquant de 213 habits, le 6e du Jura part dès le 29 prendre ses quartiers d'hiver à Saint-Claude (Etat-major et cinq Compagnies) et Orgelet (quatre Compagnies).
Le 1er janvier 1792, il est encore à Saint-Claude et Orgelet; il détache, le 30 mars, une Compagnie à Divonne et une à Versoy pour empêcher l'exportation des grains. Affecté à l'armée du Rhin, le Bataillon part de Saint-Claude le 24 avril, passe par Clairvaux, Lons-le-Saunier, Poligny, Salins, Besançon et Belfort pour se rendre à Ribeauvillers où il reste jusqu à la fin de mai. Le 9 juin 1792, le Général Limorlière, Général en chef de l'armée du Rhin, adresse au Président de l'Assemblée législative une lettre dans laquelle il mentionne "Les actes d'insubordination et de révolte auxquels se sont livrés les volontaires du 1er bataillon du département de l'Ain et le 6e du département du Jura", pour lesquels il réclame des sanctions (Rousset C. : "Les volontaires, 1791-1794). Le 6e du Jura est, le 23 juin, à Neuf-Brisach, le 1er juillet à Ammerswchier, puis en garnison de nouveau à Neuf-Brisach en août. Il campe à Biesheim, sous cette place, le 1er octobre et n'entre en campagne avec Custine, au Corps des Vosges, qu'en décembre.
Le 1er janvier 1793, le 6e du Jura est à Sobernheim (605 présents) et compte à la Division de gauche (Brigade Houchard) ; il cantonne en mars à Plovitz, puis entre à Landau le 1er avril. Il se trouve, en juin et juillet, au camp de Roth, aux ordres d'Albignac. Désigné pour faire partie des renforts envoyés à l'armée du Nord, il part le 14 août pour Bitche, gagne Metz et, de là, est transporté en poste à Soissons, où il arrive le 24; il repart le 25 en deux colonnes pour La Fère, Saint-Quentin, Péronne, Bapaume et atteint Arras, cinq Compagnies le 31 août et trois autres le 1er septembre. Remis aussitôt en route, il arrive le 4 à Cassel. Il se trouve le 5, sous Jourdan, au nord de Cassel et à l'ouest de la route d'Hardifort, et prend part, du 6 au 8, à la bataille d'Hondschoote. Il fait ensuite partie de la Division Balland, est au camp de Roeux le 27 septembre et à Gavrelle le 1er octobre (564 présents); le Bataillon campe à Etroeungt le 12, en marche pour secourir Maubeuge et assiste, les 15-16, à la bataille de Wattignies. Il prend ensuite ses cantonnements d'hiver à Etreux.
Le 1er janvier 1794, le 6e du Jura est à Etreux et au Nouvion (500 présents). Il est passé en revue le 4 février par l'agent secondaire Thébert qui, le 27, lui incorpore 601 réquisitionnaires (324 de Bar-sur-Aube, 244 d'Ervy et 33 de Corbigny). Il se trouve à l'échec du Cateau le 29 mars, puis cantonne aux environs de Wassigny. Il est amalgamé par Goupilleau de Fontenay le 15 avril à Ribeauville, avec le 2e Bataillon du 36e Régiment et le 2e de la Gironde pour former la 72e Demi-brigade (entrée le 19 février, à Cologne, dans la composition de la 30e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef en 1er : Guyon* (P.); en 2e : Lajeunesse (J.-V.). Quartier-maître : N... Adjudant-Major : Maréchal* (E.). Chirurgien : Papillon (C.-J.). Adjudant Sous-Officier : Bedeau.
Grenadiers : Capitaine Dubourg* (C. A.). Lieutenant Souiller (F.). Sous-Lieutenant Courbey.
1ère Compagnie : Capitaine Dudreuil (H.). Lieutenant Gayet (0. M. F. X.). Sous-Lieutenant Aberjoux (J. M.).
2e Compagnie : Capitaine Collet* (A.). Lieutenant Guérin* (F.). Sous-Lieutenant Vannier (0.).
3e Compagnie : Capitaine Tournier* (J. J.). Lieutenant Legrand (P.). Sous-Lieutenant Bourcet (E. F.).
4e Compagnie : Capitaine Bussod* (P. F.). Lieutenant Vuillermoz (J. M.). Sous-Lieutenant Matthieu (M.).
5e Compagnie : Capitaine Guillaume* (CF.). Lieutenant Le Brun (C). Sous-Lieutenant Perrin* (E.).
6e Compagnie : Capitaine Demoly (F. E.). Lieutenant Romme (J.). Sous-Lieutenant (vacant).
7e Compagnie : Capitaine Belbenoit (P.J.Q.). Lieutenant Clément. Sous-Lieutenant Guyenet (F. C).
8e Compagnie : Capitaine Mourcet (C. I. H.) Lieutenant Robert (M.). Sous-Lieutenant Gaudy (L.).
L'essentiel de ce qui suit est tiré de l'ouvrage "Bataillons de volontaires nationaux, Cadres et historiques", de G. Dumont.
Composé de 522 volontaires des districts de Bordeaux (entre deux mers), Bourg et Libourne (partie), rassemblés à Bordeaux le 18 septembre, formés en Compagnies et organisés en Bataillon du 19 au 27 septembre 1791. Le Bataillon est passé en revue le 29 par le Maréchal de camp de Gestas, assisté du Commissaire des guerres Waré et de M. Hugues de Montbrun, Commissaire du département.
Etat des cadres à la formation (Revue du 29 septembre 1791). Un astérisque (*) placé à la suite du nom indique que l'officier a servi soit dans les troupes de ligne, soit dans les troupes provinciales.
1er Lieutenant-colonel Favereau* (Dominique-Joseph), de Versailles, 36 ans.
2e Lieutenant-colonel Sorlus-Crause* (Nicolas-Thomas de), de Bordeaux 48 ans.
Quartier-Maître Trésorier Foullon-Belleaunay (Pierre-Hyacinthe), de Caen 38 ans.
Adjudant-Major N...
Adjudant-Sous-Officier Leblond* (Gaspard-Melchior-Balthazard), de Beaumont, 27 ans.
Chirurgien-Major Meynard (Jean), de Saint-Quentin, 31 ans.
Grenadiers : Capitaine Constantin (Bernard), de Saint- André-de-Cubzac, 27 ans. Lieutenant Leloutre* (Alexandre), de Vire (Calvados), 55 ans. Sous-Lieutenant Brard (Raymond), de Saint-André-de-Cubzac.
1ère Compagnie (de Bourg) : Capitaine Larue (Christophe), de Saint-André-de-Cubzac, 27 ans. Lieutenant Bascans (Jean), de Saint-André-de-Cubzac, 22 ans. Sous-Lieutenant Renard (Joseph), de Saint-André-de-Cubzac.
2e Compagnie (de Bordeaux). Capitaine Becquey (Jean-Pierre), de Saint-Loubès, 20 ans. Lieutenant Descorps (Jean), de Floirac, 23 ans. Sous-Lieutenant Lasseigne (Martial), de Carbon-Blanc.
3e Compagnie (de Bourg) : Capitaine Couyaud (Louis), de Bourg, 23 ans. Lieutenant Clermont (Jean-Joseph), de Peujard, 24 ans. Sous-Lieutenant Goussaint (Jean), de Bourg.
4e Compagnie (de Bourg) : Capitaine Guichard (Jean-Pierre), de Saint-Vivien, 23 ans. Lieutenant Marcon (Nicolas), de Saint-Christoly. Sous-Lieutenant Labadie (Etienne- Bernard), de Blaye, 22 ans.
5e Compagnie (de Bourg) : Capitaine Petit (Jean), de Cézac, 22 ans. Lieutenant Eyraud (Jacques), de Laruscade, 21 ans. Sous-Lieutenant Héraud (Jean- Léonard), de Cubnezais, 34 ans.
6e Compagnie (de Libourne) : Capitaine Clemenceau (Joseph), de Guizengeard (Charente), 24 ans. Lieutenant Castaigna* (Jean-Baptiste), de Galgon, 28 ans. Sous-Lieutenant Puchaud (Pierre), de Saillans, 23 ans.
7e Compagnie (de Bourg) : Capitaine Massé dit Mahé (Pharouil), de Marcenais. Lieutenant Joubert (Guillaume), de Saint-Savin, 21 ans. Sous-Lieutenant Chavanne (Bernard), de Saint-Mariens, 28 ans.
8e Compagnie (de Bordeaux) : Capitaine Fourcade (André), de Floirac, 25 ans. Lieutenant Boucheaud (Etienne), de Latresne, 26 ans. Sous-Lieutenant Lorange (Barthélémy), de Latresne.
Le plus grand nombre des hommes n'ayant ni habits ni armes, part néanmoins le 1er octobre, passe par Castres et Langon et s'établit à La Réole, détachant deux Compagnies à Saint-Macaire, et trois à Caudrot, Lamothe-Landerron et Monségur; le Bataillon se plaint, le 5 novembre, de la désertion de plusieurs Officiers, dont tous ceux de la 8e Compagnie.
Le 2e de la Gironde demeure dans ses cantonnements jusqu'au 28 mai 1792, date de son départ pour l'armée du Nord; il passe à Libourne le 29, à Ruffec le 7 juin, à Poitiers le 8, à Châtellerault le 9, à Cambrai le 25 et arrive à Arras le 1er juillet. De là, il gagne , par Béthune, Aire, Saint-Omer et Ardres, la garnison de Calais, le 7. Le Bataillon se remet en route le 25 par ordre de Dillon, traverse Saint-Omer, Béthune, Douai et arrive le 31 au camp de Maulde ; il cantonne le 8 septembre au faubourg d'Anzin et le 9 à Valenciennes. Il laisse son Dépôt à Lille et prend part, en novembre, à la campagne de Belgique avec les flanqueurs de gauche, sous Miranda; il se distingue au siège d'Anvers et de la citadelle du 25 au 28, puis prend ses quartiers d'hiver vers Ruremonde. Il se constitue une Compagnie de canonniers le 20 décembre (Capitaine Brechler et Lieutenant Lapeyre).
Le 2e de la Gironde fait partie en 1793 de l'expédition de Hollande. Il assiste en mars aux sièges de Willemstadt et de Klundert, puis est chargé de protéger la retraite du siège de Willemstadt et subit de lourdes pertes. Il arrive, après la défection de Dumouriez, le 10 avril, à Saint-Omer, ayant tout perdu sauf ses canons et son drapeau; il y reçoit, du 23 au 25 avril, plus de 300 recrues de l'Eure-et-Loir et de l'Oise, stationne successivement à Cassel et à Bailleul et fournit, le 12 mai, une Compagnie au 11e Bataillon de la formation d'Orléans (Capitaine Larue, Lieutenant Eyraud et Sous-lieutenant Lafitte). Il se trouve, le 20 juillet, réparti entre Saint-Omer (294 hommes), et Bailleul (428) ; il assiste aux opérations autour de Dunkerque et à la bataille d'Hondschoote, du 6 au 8 septembre; il se distingue à l'affaire de Menin le 13, puis est affecté à la Division Bailand; il vient, des flanqueurs de gauche, cantonner à Gavrelle le 5 octobre, en part dès le 6 et, par Bapaume, Péronne, Saint-Quentin et Guise, gagne, le 12, Etroeungt, pour prendre part aux affaires autour de Maubeuge le 15 et le 16. Il campe, avec sa Division, près de Guise, en décembre.
Le 2e de la Gironde demeure tout l'hiver au cantonnement de Boue. Il y reçoit, le 6 février 1794, 392 réquisitionnaires de Joigny (10e Bataillon de l'Yonne) et 41 d'Ervy le 11 février, puis y passe, le 24, la revue de nouvelle formation de l'agent secondaire (1.018 présents). Il est amalgamé le 15 avril, au cantonnement de Ribeauville, avec le 2e Bataillon du 36e Régiment et le 6e du Jura, pour former la 72e Demi-brigade (entrée le 19 février 1796, à Cologne, dans la composition de la 30e nouvelle).
Etat des cadres au moment de l'amalgame.
Chef : Gibassier* (P.). Quartier-maître : Morange (P.-A.). Adjudant-major : Lelong* (J.). Chirurgien : Meynard (J.). Adjudant Sous-Officier : Clemenceau (B.).
Grenadiers : Capitaine Constantin (B.). Lieutenant Labadie (E. B.). Sous-Lieutenant Plantain (S.).
1ère Compagnie : Capitaine Basoans (J.). Lieutenant Chavanne (B.). Sous-Lieutenant Moreau.
2e Compagnie : Capitaine Becquey (J. P.). Lieutenant Descorps (J.). Sous-Lieutenant Leblond (G.).
3e Compagnie : Capitaine Couyaud (L.). Lieutenant Clermont (J. J.). Sous-Lieutenant Bonnet (V.).
4e Compagnie : Capitaine Guiohard (J. P.). Lieutenant Bonnin* (P.). Sous-Lieutenant Villiers (J.).
5e Compagnie : Capitaine Petit (J.). Lieutenant Héraud (L. J.). Sous-Lieutenant Dutrey.
6e Compagnie : Capitaine Clemenceau (J.). Lieutenant Castaignac* ("J. B.). Sous-Lieutenant Puchaud (P.).
7e Compagnie : Capitaine Mahé (P.). Lieutenant Joubert (G.). Sous-Lieutenant Noë.
8e Compagnie : Capitaine Castaigna* (J.). Lieutenant Dupuech (B.). Sous-Lieutenant Bouet (J.).
Fut également amalgamé dans la nouvelle 30e Demi-brigade le 3e Bataillon de la 175e Demi-Brigade de Bataille. Ce Bataillon avait été incorporé dans la 72e de Bataille le 8 janvier 1796, son Régiment d'origine venant d'être supprimé. La 175e avait elle même été constituée à partir du 1er Bataillon du 98e Régiment d'infanterie (ex Bouillon étranger, Corps allemand créé en 1757), du 5e Bataillon du Nord (ou du Quesnoy) et du 11e Bataillon des Vosges.
Denis Moreau, alors soldat à la 175e de bataille, nous raconte dans son journal de campagne, que le 1er ventôse de l'an IV soit le 20 février 1796, il est allé à Brauweiler et que là, il a été amalgamé avec la 72e. De là, il s'est rendu à Stommeln (cinq lieues), où il est resté 22 jours. Le 23 ventôse (13 mars), il part pour Cologne, où il reste deux mois en garnison. Entre temps, les numéros des Demi-brigades de Ligne ont été tirés au sort au Quartier général, et la 72e devient ainsi la nouvelle 30e de Ligne. De là, conclut Denis Moreau, la Demi-Brigade est partie pour rentrer en campagne à quatre lieues de Cologne.
Précisons que le 36e Régiment d'Infanterie ex Anjou est lui même issu du dédoublement du 35e Régiment d'infanterie d'Aquitaine (Régiment levé le 17 janvier 1625 par le Duc de la Force) le 26 avril 1775. Les 1er et 3e Bataillons ont conservé le rang et le nom (35e Régiment d'Aquitaine); les 2e et 4e Bataillons sont devenus le 36e Régiment d'Anjou. Notre 30e de Ligne est donc un descendant du Régiment d'Aquitaine.
Enfin, rappelons que la 72e de Bataille avait fait la campagne de l'an II (1793-1794) à l'Armée du Nord, les campagnes de l'an III et de l'an IV (1794-1796) à l'Armée de Sambre et Meuse.
II/ Campagnes de 1796 et 1797
a/ Combat de Neuwied
La 30e Demi-brigade, forte de 3355 hommes (Officiers compris, plus 45 canonniers) au moment de l'amalgame (plus précisément le 9 mai 1796), se trouve à l'Armée de Sambre et Meuse, et fait partie de la Division Bonnard, Brigade Friant. Elle est commandée par le Chef de Brigade d'Arnaud Jacques D'arnault depuis le 19 février 1796. Organisée sur le pied de trois Bataillons, chacun à 8 Compagnies du centre et une de Grenadiers, elle a en outre une Compagnie de Canonniers et deux pièces de canon. Etablie à Cologne, son Dépôt se trouve à Maastricht.
Né le
8 janvier (ou 8 avril) 1758 à Bricy le Boulay (Loiret). Il entra au service comme soldat le 10 août 1777, dans le Régiment d'Anjou (36e d'infanterie), et y fut fait successivement Caporal le 21 mai 1782. Sergent le 1er août 1783; Sergent-major le 17 septembre 1787; Sous-lieutenant le 1er (ou le 15) septembre 1791; et Lieutenant le 25 août 1792 . |
Le 9 mai, la 30e est placée dans la Division de Réserve. Cette Division, commandée par le Général Bonnard, ayant sous ses ordres le Général de Brigade Duvigneaux, ne se compose alors que de la seule 30e, d'un Escadron du 14e Dragons, et de neuf pièces de canon. Jusqu'à la fin de mai, la 30e reste à Cologne. Le 29 mai, elle est à Bonn.
L'armistice qui a été conclu entre les belligérants expire le 30 mai (12 prairial). L'Armée de Sambre-et-Meuse va donc reprendre l'offensive et franchir le Rhin pour aller bloquer Ekrenbrenstein.
Selon Denis Moreau et son journal de campagne, la 30e a quitté Cologne le 14 prairial soit le 2 juin et elle a franchit le Rhin sur le pont volant à Bonn pour ensuite bivouaquer dans la plaine, parcourant ainsi 6 lieues ce jour là. Le lendemain, la 30e part attaquer l'ennemi le long de la montagne, mais celui-ci retraite, et la 30e revient dans les villages le long de la montagne où elle demeure pour la nuit; elle a marché ce jour là 5 lieues.
Jourdan, Général en chef de l'Armée de Sambre et Meuse, franchit le Rhin à Neuwied, après le combat d'Altenkirchen (16 prairial an IV - 4 juin 1796). Ce jour là, la 30e se distingue au combat livré dans les gorges de la Lintz. Emieux, Grenadier au 1er Bataillon, s'y fait remarquer entre tous. Un escadron ennemi, chargeant en fourrageurs, fond sur la 2e Compagnie de son Bataillon qui, ayant déjà perdu beaucoup de monde, recule sous le choc et cède du terrain. Blessé, le Capitaine de cette Compagnie va tomber entre les mains des Pandours. Emieux s'élance seul; de son corps, il fait un rempart à son chef, détourne avec son fusil les coups de sabre qu'on essaie de lui porter, et force les cavaliers à la retraite. Au moment où, justement fier de sa belle action, Emieux rejoint ses camarades, plusieurs Hussards s'élancent à sa poursuite; mais ce brave soldat, dont le sang-froid égale la bravoure, étend mort à ses pieds un des Hussards qui le serre de trop près et, par suite de son attitude énergique, force les autres à prendre la fuite.
Le Capitaine Dutoya (Jean Baptiste Etienne), chargé par son Chef de soutenir, avec sa Compagnie, la retraite de la Demie-brigade, attaque les Pandours avec tant de vigueur qu'il les met en pleine déroute, les force à repasser la Lahn, et leur fait cinquante prisonniers.
Le Sergent Robin (François), depuis Sous lieutenant au Corps, blessé de deux coups de sabre à la tête, tombe entre les mains de l'ennemi.
Le soldat Louis François Guyot nous donne une description rapide de ce combat : "Le 16 (prairial) nous avons partie pour rataquer l'ennemis du coté de la petite ville de Linche ou il s'est livré une bataille très violente. Ils y a resté une grande quantité de tué et de blessez tant d'une part que de l'autre entre lesquel nous avons eue un adjoint (sic, adjudant) de tué et nous avons gagne la victoire. Le 17 nous somme été assez tranquille l'on a distribué le vain deux fois dans la joumée".
Quelques précisions concernant le soldat Guyot :
Extrait de "Carnet de route d'un combattant de l'an II"; article de Denis Roland paru dans le Tome 41 des Mémoires publiés par la Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne; 1996 "Louis-François Guyot, fils d'un menuisier de Villiers-Saint-Denis (Louis-François Guyot était né le 8 mars 1772 à Villiers-sur-Marne (aujourd'hui Villiers-Saint-Denis,arrondissement de Château-Thierry). I1 était fils de François et de Marie-Jeanne Renoncourt. à son retour de l'armée, il devint vigneron et se maria le 3 juin 1806 avec Anthoinette Michèle Houdot. Il est décédé après 1840), combattit durant sept années dans les armées de la République. Son carnet de route nous est parvenu grâce à l'un de ses descendants. C'est un document d'une trentaine de pages seulement, d'une écriture appliquée, complété, de la main de l'auteur, d'une dizaine d'énoncés de problèmes d'arithmétique avec leurs solutions. |
Denis Moreau pour sa part donne plus de précisions dans son journal de marche; il indique ainsi que le 16 prairial, la 30e continue sa marche sur Linz, marchant sur trois colonnes. Les 4 dernières Compagnies du 2e Bataillon sont expédiées au dessus de la montagne. En arrivant dans la plaine en avant de Linz, la 30e tombe sur la Légion de Bourbon, corps d'armée nous dit Denis Moreau, et un combat bref mais vif s'engage. L'ennemi s'enfuit avec précipitation tandis que la 30e marche ferme sur la droite et sur la gauche pour couper la retraite. De là, conclue Denis Moreau, elle bivouaque sur les hauteurs près d'un couvent.
Le 18 prairial (6 juin 1796), la 30e est aux pieds du fort de Coblence; elle en fait le blocus pendant cinq jours. Le 22 prairial (10 juin) à deux heures de l'après midi, elles est attaquée par des Pandours qui viennent de franchir la Lahn; ils sont vivement repoussés et une partie se noie dans la rivière, tandis que plusieurs d'entre eux sont capturés (Denis Moreau).
"Le 13 (prairial) passé le Rhin à Andernaque et passé dans le bourg de Zinzique. Resté dans un village seulement pour y faire la soupe. Le soir nous avons partie et marché toute la nuitx et nous sommes arrivé audit fort à 10 heures du matin. Resté jusqu'au 18, l'ennemi a passé la Lane pour débloquer ledit fort et ils ont forcé l'avant-garde et ils sont venue dans notre camp. Sur le même instant nous nous sommes mis en tirailleurs. On les a fait repasser la rivière plus vite qu'il ne l'avoit passez. Aussitot on a rappelé pour nous rassembler dont nous réunie au camp en attendant la nuit pour la retraite" (Soldat Guyot).
Fig. 1 Ornement de hausse-col en argent (La Giberne Année 06/07) |
Ci-dessus : hausse col, dessin publié dans le Bivouac N°3 de 1985 |
Hausse col conservé au Musée de l'Armée. Indications : Marengo. Don de L. M. Ney, Prince de la Moskowa; inventaire Hc. 12 |
Ci contre : hausse col (document publié dans Soldats Napoléoniens N°13) |
Hausse-col vendu par Bertrand Malvaux. Plateau en laiton doré décoré en son centre d'un motif en argent estampé en relief d'un écu à fond strié horizontalement timbré du chiffre "30". Cet écu est posé sur un faisceau de licteurs surmonté d'une couronne civique, le tout encadré de guirlandes de feuillages, de palmes et surmonté d'un ruban portant l'inscription "RéPUBLIQUE FRANçAISE". L'insigne est attaché au plateau par quatre tiges filetées serrées par des petits écrous à l'intérieur. Photos et collection Bertrand Malvaux
(http://www.bertrand-malvaux.fr) - avec l'aimable autorisation de ce dernier. |
D'Altenkirchen, Jourdan vient prendre position derrière la Lahn. La Division de Réserve, réunie à la 2e Demi-brigade légère, est employée au blocus d'Ehrensbreisten. Deux Bataillons de la 30e prennent part à ce blocus; le 3e Bataillon de cette Demi-brigade est à Cologne. La maladie, le feu de l'ennemi, mais aussi la désertion, ont fait fondre les effectifs de la 30e qui sont tombés à 2854 hommes.
Jourdan, en franchissant le Rhin, avait surtout pour but d'attirer à lui les forces de l'Archiduc Charles et de faciliter un mouvement offensif à l'Armée de Rhin et Moselle commandée par Moreau. Ce plan, combiné entre les deux Généraux, réussit en partie; mais l'Armée de Sambre et meuse, trop faible pour contenir les forces qu'elle a attirées contre elle, doit lever le blocus d'Ehrensbreisten et repasser le Rhin.
La retraite s'effectue par le pont de Neuwied. La 30e, considérée à juste titre comme une des plus braves de l'Armée de Sambre et Meuse, est à l'arrière garde, avec la cavalerie, sous le commandement de Bernadotte. Chargés de protéger le passage des quatre Divisions Bernadotte, Championnet, Grenier et Bonnard, ses deux Bataillons, placés l'un dans la tête de pont sur la rive droite, l'autre dans l'île qui divise le cours du Rhin. Lorsque toute l'armée a passé le pont de bateaux, qui communique de l'ile à la rive droite, le Bataillon, laissé dans la tête de pont, effectue sa retraite avec la cavalerie, laissant seule, dans la tête de pont, sa Compagnie de Grenadiers. Le pont de bateaux est immédiatement replié et la Compagnie de Grenadiers repasse ensuite le Rhin en bateau. Les premières attaques de l'ennemi ont été reçues avec une telle vigueur que, malgré les forces considérables qu'il a fait sortir de Mayence, ce dernier n'ose pas insister malgré les avantages qu'il peut retirer de cette situation.
Dans ce combat, la 30e a 8 hommes tués et 40 blessés ou prisonniers; au nombre des morts se trouve le Lieutenant Vanglais. Notons que dans son Journal de marche, Denis Moreau parle de la retraite de l'armée, qui oblige la 30e à se retirer et à retourner à Cologne; il indique également qu'elle a soutenu la retraite au pont de Neuwied et couché dans l'île, et situe cet évènement le 23 prairial (11 juin).
La belle conduite de la Demi-brigade en cette circonstance est signalée aux membres du Directoire par le Général en chef Jourdan qui s'exprime ainsi dans son rapport : "la fière attitude du bataillon placé dans la tête de pont pour protéger le passage empêche les projets de l'ennemi qui voulait profiter du passage en retraite par les quatre divisions Championnet, Bernadotte, Grenier et Bonnard pour nous infliger un désastre... les forces de l'ennemi étaient de 6 régiments de cavalerie, deux colonnes d'infanterie fortes de plusieurs bataillons douze pièces d'artillerie".
A la suite de ce brillant combat, le Chef de Brigade D'Arnaud reçoit les félicitations du Général Jourdan, et les membres du Directoire lui écrivent une lettre d'éloges et de remerciements. La lettre du Directoire n'existe pas dans les Archives de la Guerre, mais on y trouve la réponse suivante :
"Darnaud, chef de la 30e Demi-brigade d'Infanterie de Ligne aux citoyens composant le Directoire exécutif.
Francfort, 3 Thermidor, an IV (21 juillet 1796).
Citoyens Directeurs,
La multiplicité de mes occupations militaires ne m'a pas permis de répondre plus tôt à votre lettre de félicitations que j'ai reçu par la voie du Général Jourdan. Ces témoignages flatteurs que vous accordez à la Demi-Brigade que je commande ont produit la plus vive sensation sur mes frères d'armes, tous brûlent du désir de trouver encore l'occasion de mériter vos éloges. Soyez persuadés que nous ne manquerons jamais, dans les évenements périlleux, de donner à la Patrie des preuves de notre zèle et de notre dévouement.
Salut et respect.
Darnaud".
Curieusement, Louis-François Guyot n'a pas conservé le souvenir de tout cela et se contente de noter dans son camet : "Dans l'apres midy il nous est venue un ordre pour bloquer le fort d'Erbrechetene au bord du Rhin en face Coblance dont nous avons été audit lieue de Neuvique et nous somme retoumé pour repasser le Rhin à Neuvique et nous somme venue à logé à Andemaque sur la rive gauche du Rhin".
Fig. 2 Sous officier Porte-drapeau de la 30e, d'après Funcken |
Denis Moreau donne après le passage du pont de Neuwied toute une série de marches; nous conservons telles quelles les dates indiquées : le 24 prairial (12 juin), couché à Andernach (4 lieues); le 25 (13 juin) à Sinzig (4 lieues), le 26 (14 juin) à Bonn (cinq lieues); le 27 (15 juin) à Cologne (cinq lieues) où la 30e demeure jusqu'au 12 messidor (30 juin).
Le 1er juillet, d'après les ordres de Kléber, commandant l'aile gauche de l'armée, la 30e, toujours dans la Division de Réserve, Général Bonnard, traverse le Rhin à Cologne, et se porte de l'autre côté de la Sieg, prenant position entre l'Agger et la Sieg, sur le plateau en avant de Siegburg; elle vint, le 2, s'établir au camp d'Uckerath, derrière la gauche de Grenier (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 320). Denis Moreau, dans son journal de marche indique qu'après la bataille de Wetzlar, l'armée est repoussée et qu'elle doit repasser le Rhin sur un pont volant; la 30e bivouaque près de Siegburg (7 lieues). Le 16 messidor (4 juillet 1796), la 30e selon Denis Moreau passe sur une autre montagne cultivée (6 lieues); le 17 (5 juillet), elle est près du village de Troisdorf (4 lieues). Le 18 (6 juillet), à 3 heures de l'après midi, Moreau avec son Bataillon, est attaqué sur la Lahn; le combat persiste jusqu'à minuit. Moreau bivouaque sur place et le lendemain, l'ennemi s'est replié. La marche reprend en poursuivant l'ennemi (4 lieues).
Selon la notice Historique, la 30e a passé la Lahn à Linn le 8 juillet ; dans ce passage qui est vivement disputé, nous dit elle, le Capitaine Parisot (Aimé) est blessé d'un coup de feu au tendon d'Achille. Dans ce même combat, le Sergent Maugras, seul avec un tromblon, empêche le passage d'un peloton de Pandours; il est par ce fait nommé Sous lieutenant sur le champ de bataille.
Denis Moreau indique que le 21 messidor (9 juillet), la 30e couche près de Friedberg, sur une hauteur à proximité d'un bois (7 lieues).
Le 9 juillet 1796, le Corps de Kleber se compose de deux Divisions (Lefebvre et Colaud), et d'une Réserve d'infanterie (Général Bonnard) :
Réserve d'infanterie (Général BONNARD) :
Brigade DUVIGNAU :
30e Demi-brigade de ligne.
48e id. id.
Brigade de cavalerie.
19e Régiment de cavalerie.
16e Régiment de Chasseurs (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 324).
La 30e Demi-brigade se trouve le 22 messidor an IV (10 juillet 1796) en seconde ligne au combat de Friedberg. Au moment où elle approche de Friedberg, le combat est déjà commencé. Denis Moreau indique que la troupe est impatiente de se battre. L'ennemi, nous dit il, attend de pied ferme, avec une importante cavalerie. La 30e va se placer sur la route près de la ville. L'ennemi se présente alors et charge les deux pièces de la 30e qui faisaient feu sur la droite des salines. La 30e part de suite; elle passe le ruisseau dans les salines, se regroupe et bat la charge; passant au dessus de la montagne, elle charge la cavalerie adverse qui se disperse par escadrons et retraite dans les bois sur Francfort. Toute l'armée charge mais la pluie continuelle empêche la poursuite de l'ennemi. Moreau conclut en disant que l'ennemi a fait quelques prisonniers, et qu'un Bataillon autrichien, qui se trouvait dans la ville de Friedberg, a opposé une vive résistance, mais a été massacré. Enfin, la 30e revient bivouaquer en avant et à droite de la ville. Elle a parcouru deux lieues. Dans les blés alentour, hauts de cinq pied, on trouve un grand nombre d'Autrichiens blessés, qui viennent se rendre par groupes d'une vingtaine à la fois. La 30e bivouaque sur cette position.
Le lendemain, selon Denis Moreau, l'armée part pour Francfort (5 lieues). La notice historique indique que la 30e arrive sous Francfort le 12 juillet. Denis Moreau raconte que l'armée étant arrivée à proximité de la ville, celle ci est sommée de se rendre, mais les Autrichiens refusent. Pendant deux nuit, la ville est bombardée, notamment la rue des Juifs qui est incendiée. Le 26 messidor (14 juillet 1796), la 30e est sous le glacis et l'on prépare les échelles pour monter à l'assaut. Mais, dans la nuit du 26 au 27 messidor (14 au 15 juillet 1796), la ville capitule. Moreau indique alors que dans la nuit du 28 au 29 (donc du 16 au 17) au matin (sic), il entre dans la ville et bivouaque sur les remparts. On fait alors venir toute la troupe des villages pour éteindre les incendies dans la ville. Signalons que la notice Historique indique que la 30e entre dans Francfort le 16 après le bombardement et l'armistice.
Dans la ville, nous dit Denis Moreau, on trouve des magasins immenses en tout genre; le port est couvert de grains; les bateaux sont remplis et sur une lieue alentour, la farine et le grain sont en abondance. La 30e forme, avec la 48e, la garnison de la ville; elle y demeure pendant 15 jours. Denis Moreau, pendant ce temps, est placé en sauvegarde dans un village situé à deux lieues de la ville, en avant sur la route de la Forêt Noire; il touche dix sols par jour et est bien nourri.
"Le 22 l'on a reprie la route à Bouchepart, arrivé le même jour à Fribert ou il c'est livré une bataille aux environs des Salines devant Fribert qui a été bien sanglante tant d'une part que de l'autre. Il y avoit plus 40 bouche a feu. Nous perdue une grande quantité de monde et nous avons gagné le champ de bataille et nous avons couché a Fribert. Bivaqué à une lieue de Francfort ; partie dudit bivaque le 26 pour aller nous rende sous les murs de Francfort dont le 27 à 2 heures du matin l'on a tiré sur la ville jusqu'au jour et la nuit suivante. Le 29 l'on a capitulé (sic, pris la ville) après que le quartié des juifs a été réduis par le feu de notre artilerie. Les échelles étoit préparées pour monter à l'asseau ; sitot que la capitulation a été acceptée l'on a fait venir des pompes pour étaindre le feu. Le 1er thermidor on s'est préparé pour entrer dans la ville et bivaqué sur les remparts. Et toutes les divisions étoit plassée a leur rang de bataille le on a fait déposer les armes aux bourgeois de la ville dans les magazain de la République" (soldat Guyot).
Etat de situation des troupes restées sous les ordres du général MARCEAU, aux environs de Mayence, au 15 juillet 1796. Source : Jules Doublet de Boisthibault, "Marceau"; Nourry-Coquard, Chartres, 1851 |
La 30e se rend ensuite au commencement d'août devant Mayence pour faire le blocus de la ville. Denis Moreau indique la date du 14 thermidor (1er août 1796).
Les trois Bataillons de la 30e réunis sont au camp, établi près du village de Maynbiskossheim, sur la rive droite du Mayn. Son effectif, Officiers compris, s'élève à 3181 hommes. Denis Moreau indique qu'il a campé à une lieue de Mayence, et qu'il a parcouru 7 lieues pour y parvenir. Il dit également qu'on a établi deux très beaux camps à une lieue de Mayence, la droite du 1er Bataillon étant appuyée au Main. Le 14 août, (27 Thermidor), les assiégés voulant s'opposer à la construction d'une redoute à laquelle travaille la 30e, font une vigoureuse sortie sur l'ouvrage inachevé; la 30e reçoit l'ennemi avec calme, le charge avec intrépidité et l'oblige à rentrer dans ses lignes; mais elle a subi des pertes cruelles. Au nombre des blessés se trouvent le Lieutenant Bonnin (Pierre), frappé d'un coup de boulet à la cuisse gauche, et le Capitaine Mouret (Hilaire) atteint d'un coup de baïonnette à la jambe droite.
Le 28 thermidor (15 août 1796), cinq Compagnies sont envoyées pour chasser l'ennemi posté dans une île située un peu plus haut que Mayence, vis à vis de la gauche du 3e Bataillon. Cette expédition est secondée par une attaque générale tout le tour de l'île. Le lendemain, à une heure du matin ou à deux heures, les hommes commencent leur embarquement lorsqu'arrivent les ordres du Général de Division Bonnard, qui croyaient que les cinq Compagnies avaient été prises par les Autrichiens, qui avaient prévu l'attaque. Aussitôt, on rembarque, non sans essuyer quelques coups de fusil d'un poste autrichien, qui s'était retiré en silence pendans l'embarquement. Les cinq Compagnies reviennent au camp (Denis Moreau).
Le 3 Fructidor an IV (20 août 1796), la Division Bonnard est attaquée sur toute la ligne par une force d'environ 1000 à 1200 chevaux et de 7 à 8000 hommes d'infanterie; cette violente attaque est menée par la garnison de Mayence. La gauche de la Division, sur laquelle l'ennemi a porté ses principaux efforts, est obligée de céder au nombre et de se retirer vers la gauche du champ; grâce à la 30e, le combat est promptement rétabli, et les Autrichiens rejetés de nos lignes. Dans son rapport sur cette affaire, le Général Bonnard s'exprime ainsi : "Je donne l'ordre au premier bataillon de la 30e Demi-brigade de quitter les ouvrages et de marcher en colonne serrée, en partant de la droite du camp et, se dirigeant sur la route de Cassel, longeant le Mayn, afin de pouvoir prendre à revers les troupes ennemis qui n'étaient pas bien éloignées de la ligne. Cette manoeuvre audacieuse en plaine ou, dans cette partie, je me trouvais sans cavalerie, m'a bien réussi, parce qu'au même instant j'ordonnai la charge sur Mayrbishossheim... Je dois beaucoups d'éloges aux Adjudants généraux Rostolland et Brayer, au chef de bataillon Valterre (de la 30e), à tous les officiers supérieurs et généralement aux militaires de tous grade et de toutes armes, tous ont bien rempli leur devoir".
Dans une lettre que le Général Bonnard écrit au Général Marceau, commandant l'aile droite, au sujet de ce même combat, on trouve le passage suivant : "Le citoyen Darnaud, chef de la 30e, a été blessé à la lèvre supérieures par un éclat d'obus, sa blessure ne sera pas dangereuse, c'est un bien excellent chef". Le Commandant Girassier, Chef du 2e Bataillon de la 30e, s'est fait tout particulièrement remarquer : "le 3 fructidor an IV, contre une sortie de Mayence sous Maynbishossheim, après des efforts étonnants, son bataillon cerné est près de succomber au nombre; il saisit un drapeau, ranime sa troupe en montrant le 1er bataillon également cerné qu'il fallait délivrer, la rallier, rétablit le combat, culbute l'ennemi et se joint au 1er bataillon pour nettoyer la plaine" (extrait des états de service du Commandant Girassier).
Denis Moreau parle aussi de cette affaire : 9000 hommes qui débarquent de grand matin; les gardes avancés qui soutiennent coûte que coûte leur poste jusqu'au jour sous une grêle de balles, mais qui doivent toutefois se replier, plusieurs étant capturés par l'ennemi; l'ennemi qui, au jour, se forme sur trois colonne et marche en bataille : une colonne charge le long du Rhin, la seconde sur le 3e Bataillon de la 30e et la 3e marche le long du Main pour couper la retraite vers la Forêt Noire. Denis Moreau indique même que l'ennemi, en sortant de Mayence, s'était vanté de venir chercher trois Bataillons qui étaient entre le Main et le Rhin. Les Tirailleurs français ne peuvent résister face à une troupe si nombreuse et se replient sur les Bataillons de la 30e retranchés dans leur camp; ces derniers résistent vivement par un feu général, mais la pièce du 3e Bataillon ne peut faire feu et est prise à la pointe du jour. Celle du 2e Bataillon ne peut tirer car l'ennemi, qui dispose de pièces de gros calibre, tire à mitraille sur le Bataillon, pris en même temps sous une vive fusillade. Denis Moreau nous dit que cette dernière est si violente que les hommes ne se reconnaissent même plus. L'ennemi prend les Bataillons de front, de flanc et par derrière; il brûle les baraques des 2e et 3e Bataillons, qui doivent retraiter sur une demi-lieue. Denis Moreau, qui est au 1er Bataillon, est bloqué sur le bord du Main, n'ayant que la rivière pour retraite. L'ennemi s'empare du village et vient prendre le 1er Bataillon par derrière et par le flanc gauche, lui coupant ainsi toute retraite et le serrant davantage le long du Main. Le Général de Division, voyant la situation du Bataillon, décide de franchir le Main à l'aide d'une petite barque, qui est la seule disponible sur place, et dit au Commandant du 1er Bataillon de faire à sa volonté. Le Bataillon dispose de trois pièces, une de 4, une de 12 et une de 13, qui font feu; plutôt que de les abandonner, on jette les munitions à l'eau. La situation devient grave pour le Bataillon qui, bloqué à l'extrémité droite de son camp, voit face à lui l'ennemi, posté au milieu du camp (ce dernier, nous dit Denis Moreau, fait 150 pas de long). Soit le Bataillon se rend, au risque de passer pour lâche, dit Denis Moreau, soit il force le passage pour retraiter. Faisant mine de marcher sur Mayence, le Bataillon fait brusquement demi-tour, marchant droit sur l'ennemi en criant : "En avant !". Ce mouvement surprend l'adversaire, d'autant plus qu'au même moment arrivent des pièces de Marceau, de l'autre côté du Main, qui n'ont pas été attaquées. Le Bataillon marche sur l'ennemi, acharnés comme des lions, dit Denis Moreau, baïonnettes en avant. La surprise de l'ennemi est telle qu'en traversant le camp, on trouve des Autrichiens en train de prendre le pain qui se trouvait dans les baraques du camp. L'ennemi est repoussé vivement; les deux autres Bataillons entre temps se sont ralliés et marchent avec le 1er. Le village est repris. Le 1er Bataillon force alors la charge et les colonnes ennemies sont percées. Les Autrichiens, croyant que les Français avaient reçu des renforts, en raison du retour offensif de la 30e, fuit dans le plus grand désordre; la 30e bat vivement la charge et fonce sur eux. La colonne du matin étant en pleine déroute et toujours poursuivie par le 1er Bataillon, les 2e et 3e Bataillons se dirigent sur la colonne du Rhin, qui est déjà près de la Forêt Noire pour encercler les Français. Une pièce de 8 ayant été ramenée, cette dernière fait feu sur la colonne qui est également repoussée, après une charge : le désordre est tel, dit Denis Moreau, que les Autrichiens se battent entre eux pour rembarquer, laissant sur place, après avoir jeté leurs canons dans le Rhin, une grande quantité de munitions. Ils sont poursuivis jusqu'à la ligne du Rhin afin de culbuter leur chaloupe canonnière, mais les hommes y parviennent trop tard, la chaloupe venant de descendre sur Mayence. Denis Moreau conclut en disant que l'ennemi ayant cessé le feu, il s'est montré sans armes en déclarant que les Français avaient eu de la chance de recevoir des renforts; ce à quoi il est répondu qu'il n'y en avait eu aucun. Là dessus, la 30e retourne dans son camp, qui est brûlé, du moins celui des 2e et 3e Bataillons (Journal de marche de Denis Moreau).
Dans cette affaire, qui a duré depuis une heure jusqu'à six heures du matin, l'ennemi a eu 150 tués, 30 blessé et 73 prisonniers. Au combat du 3 Fructidor, la 30e, par la manière pleine de bonheur, de bravoure et d'habileté dont elle a exécuté les ordres du Général, a sauvé les positions de la Division un instant compromises, tout le temps elle a combattu au premier rang, aussi ses pertes sont elles sensibles. Le Sous lieutenant Frémond (Georges) est au nombre des morts; parmi les Officiers blessés, outre le Chef de Brigade D'Arnaud, nous trouvons le Capitaine Guillaume (Claude François), d'un coup de feu à la tête, le Lieutenant Arnoud, atteint d'un coup de feu; le 2ème Lieutenant Dutoya (Jean Marie), blessé d'un coup de feu à la cuisse gauche; le Sergent major Morgat (Jean), aujourd'hui Officier au Corps, d'un coup de feu au bras droit; Blein (Claude) Sergent, coup de baïonnette à la main gauche; le Capitaine Weibourg; dans cette affaire, le Lieutenant Joubert (Guillaume) a eut la cuisse droite traversée par une balle, en repoussant, à la tête de 200 hommes, 2000 Grenadiers ennemis qui cherchaient à couper la retraite de la Demi-brigade, retraite ordonnée par Barnadotte qui, témoin du fait, attesta de la belle conduite de cet Officier (Extrait des états de service du Lieutenant Joubert). "Le 3 fructidor les Autrichiens ont fait une sortie et nous avons été obligé d'abandonner nos retranchemant anviront d'une lieux et nous avons perdue notre pièce de canon. Nous avons eu notre forier qui a été fait prisonnier avec 41 soldats, un capitaine, un lieutenant. L‘ennemi a laissé un nombre considérable de mort et blessez, les prisonniers ont été échangé de part et d'autre" (Soldat Guyot). Denis Moreau pour sa part indique que les pertes de la 30e sont de 150 blessés, qui ont été échangés homme pour homme, à l'exception des blessés qui ne furent rendus qu'après parfaite guérison.
Après la journée du 3, la 30e se retranche avec de l'artillerie, afin que l'ennemi ne puisse plus approcher ou faire des sorties sur elle. Le 5 Fructidor an IV (22 août 1796), elle reçoit du renfort : deux Escadrons de cavalerie et un Bataillon de la 48e.
Cependant, l'Armée de Sambre et Meuse doit battre en retraite devant les forces considérables qu'amène le Prince Charles pour débloquer Mayence. Le blocus est levé le 7 septembre. Denis Moreau indique avoir battu en retraite dans la nuit du 21 au 22 fructidor an IV (7 au 8 septembre 1796), au matin, la 30e passe près du village de Marienborn et va remplacer la Division Marceau. Dans la nuit du 22 au 23 (8 au 9 septembre), toute l'armée venant du Danube (commandée par Marceau) et les troupes du siège de Mayence battent en retraite. La 30e passe par Wiesbaden et fait la soupe sur les hauteurs de Hohenstein (7 lieues). Elle repart à 4 heures du matin et arrive le 24 (10 septembre) sur les hauteurs de Limburg an der Lahn (7 lieues). Le 27 (13 septembre), elle fait partie de la Division Bernadotte. De là, la 30e passe dans Limburg et se rend sur des hauteurs près d'un petit bois (deux lieues). Le 28 (14 septembre), l'ennemi parait dans la plaine et semble vouloir engager le combat; il y renonce après un tir d'artillerie. Moreau indique qu'à Weilburg, par contre, la bataille a été plus violente et s'est achevée avec la nuit.
Des partisans ennemis harcèlent sans cesse l'armée. Le 29 fructidor an IV (15 septembre 1796), le Prince Hischtarisl, à la tête d'un Corps de partisans, composé de cavalerie, d'un Bataillon d'infanterie et de deux pièces de canon, cherche à enlever les bagages de l'Armée et ceux du Quartier général établi à Lofurt; la garde de ces bagages est confiée à une Compagnie de Grenadiers de la 30e commandée par le Lieutenant Jean Baptiste Plaige. Le Lieutenant Plaige sait, par son habileté, suppléer au nombre. Il fait rapidement filer le convoi, s'établit avec sa troupe à l'entrée d'un étroit défilé, engage un combat qu'il fait traîner en longueur, et, par sa courageuse résistance, donne aux équipages le temps de gagner six heures de marche; à la nuit tombante, victime de son dévouement, il est fait prisonnier de guerre avec ce qui reste de sa Compagnie, mais les bagages de l'Armée et du Général en chef sont sauvés. Plaige sera tué à la Moskowa, comme Chef de Bataillon (affirmation fausse que l'on trouve dans nombre d'Historiques).
Dans la nuit du 29 au 30 fructidor (15 au 16 septembre), nous dit Moreau, la 30e est remplacée par la Division du Général Poncet; l'ennemi a semble t'il battu en retraite; mais bientôt, les avants postes situés sur les hauteurs de Weilburg sont avertis de la présence de l'ennemi. Ils se retirent habilement dans la ville dont ils ferment les portes. L'ennemi, qui dispose d'une pièce de canon postée au dessus de la hauteur, attaque vigoureusement; son canon tire sur le pont de la ville; les hommes doivent évacuer l'un après l'autre par le pont en courant. La colonne de Moreau marche sur Limburg et oblique à gauche vivement. L'arrière garde est poursuivie par l'ennemi et le combat s'engage. La 30e s'arrête un instant pour permettre à l'arrière garde de se retirer; les hommes en profitent pour faire la soupe près d'un village, après avoir marché trois lieues. Le soir même, la 30e se remet en route, passe à Mainborn (Journal de marche de Denis Moreau).
Le 3 complémentaire an IV (19 septembre 1796), la 30e arrive dans les bois près d'un petit village; elle a parcouru 12 lieues. Le 4 (20 septembre), elle est aux Sept Montagnes (3 lieues). Le 5 (21 septembre), elle passe près de Siegbourg; elle a parcouru 2 lieues. On lui donne les ordres pour faire la soupe mais les soldats n'ont ni pain, ni viande. Ils ont heureusement quelques pommes de terre. Moreau raconte également qu'il va camper dans la plaine de Cologne, et qu'il y a quatre jours qu'il n'a pas reçu de pain. Cependant, dans la nuit, les soldats en reçoivent pour deux jours, et se se remettent en marche, parcourant 10 lieues sous le mauvais temps, sans bois ni paille pour se mettre à l'abri. Arrivés dans un petit village, les hommes établissent un camp de fortune et récupèrent le bois des maisons pour l'utiliser (Journal de marche de Denis Moreau).
Le 23 septembre, Beurnonville remplace Jourdan dans le commandement en chef de l'Armée de Sambre et Meuse. A cette époque, la 30e, toujours dans la Division Bernadotte (?), fait partie du centre de l'armée; le Corps d'armée du Centre, sous le commandement de Kléber, se compose des deux Divisions Bernadotte et Championnet (Notice historique).
Le 5 vendémiaire an 5 (26 septembre 1796), la 30e quitte son camp de fortune. Elle franchit le Rhin à Cologne, et se rend dans des villages près de Bonn (6 lieues). Elle passe le 6 (27 septembre) à Sinzig, et couche dans les villages près d'Andernach (8 lieues).
Le 28 septembre, la Division Bernadotte relève à Neuwied la 2e Division de l'Armée du Nord; elle est chargée de la garde du Rhin jusqu'à Ober-Winter (Notice Historique).
D'après l'Historique abrégé du 30e, le 30 septembre 1796, la 30e est toujours à l'Armée de Sambre et Meuse, aile droite (commandant en Chef Kléber); elle fait désormais partie de la Division Bernadotte, qu'elle a rejoint à Limbourg, Brigade Friant et aligne l'effectif de 2529 hommes répartis en 3 Bataillons. Ce jour là (notice historique), à 4 heures du soir, l'ennemi, avec des forces considérables et 15 pièces de canons, attaque Neuwied; la ville est prise et reprise trois fois. La nuit sépare les combattants, laissant les Français maîtres des trois quarts de la ville et les Autrichiens de l'autre partie. Le lendemain, par une convention, Neuwied est neutralisé, chaque armée restant maitresse des positions qu'elle occupe. Bernadotte, dans son rapport, signale les troupes sous les ordres du Général Friant comme s'étant particulièrement fait remarquer par leur valeur, mais il ne donne aucun détail intéressant spécialement la 30e. La Brigade Friant est à cette époque composée des 30e et 88e Demi-brigades. l'effectif de la 30e est de 2459 hommes.
Durant les semaines qui suivent, la 30e est continuellement harcelée par l'ennemi. En octobre, elle occupe d'abord Neudorff.
Le 11 vendémaire (2 octobre), la 30e va bivouaquer près de l'île de Neuwied, parcourant une lieue. Le 12 (3 octobre), après avoir parcouru 5 lieues, elle bivouaque dans l'ile de Vallendar, au dessus de Coblence. Le 14 (5 octobre), elle est au camp de la Chartreuse. Le 20 (11 octobre), elle marche 3 lieues et s'installe au village de Waldesch. Le lendemain, après 9 lieues de marche, elle se trouve dans des villages près de Castellonne. Le 22 (13 octobre), elle marche 4 lieues et arrive près de Simerenne (?). Elle en part le 24 (15 octobre) pour se rendre à Coblence, à 5 lieues de là. Le 25 (16 octobre), elle marche deux lieues et arrive à l'Aiche (?). Le 26 (17 octobre), elle passe la Moselle à Treis et arrive dans un village après avoir marché 5 lieues. Le 28 (19 octobre), elle marche une lieue et arrive à Milatte (?). Le 30 (20 octobre), après 3 lieues de marche, elle arrive au camp de Metternich.
Le 22 octobre 1796, la Division Bernadotte part du camp de Metternich, mais la 30e Demi-brigade y reste (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 392).
Le 5 brumaire an V (26 octobre), la 30e, après avoir marché 5 lieues, arrive au village de Bulcha (?). Le 6 (27 octobre), elle marche 4 lieues et bivouaque autour de Rincel (?). Elle en part le 9 (30 octobre) pour se rendre 3 lieues plus loin à Coblence. Le 10 (31 octobre), la 30e arrive à Metternich. La 30e et notamment la Compagnie de Denis Moreau, est détachée à Güls, sur les bords de la Moselle. De là, la 30e fait partie de la garnison de Coblence (Journal de marche de Denis Moreau).
En novembre, selon la notice historique, les cantonnements de la 30e sont Leyer, Metternick et le fort de Petersberg : "Partie du camp de Miternique le 24 brumiaire (14 novembre) pour aller au fort de Petersberg ou le général Marceau a été enterré par suite d'un coup de feu à la retraite de Mayance" (soldat Guyot). Précisons que Marceau a été tué le 19 septembre et enterré dans le fort. Denis Moreau, dans son journal de marche, ne détaille pas le mois de novembre; il indique cependant qu'on remarque près de Coblence le fort d'Ehrenbreistein qui se trouve vis à vis de la ville de l'autre côté du Rhin, et que sur la rive adverse, sur la gauche, se trouve un autre fort construit par les Français pour mettre la ville en état de siège. Dans ce fort, nous dit Denis Moreau, est enterré le Général Marceau; il parle donc bien du fort de Petersberg. Denis Moreau nous décrit la tombe du Général faite d'une pyramide de gazon vert, avec ces mots inscrits sur la tombe : "Ci-gît Marceau, natif de Chartres, département de l'Eure, soldat à seize ans, général à vingt deux, mort en combattant pour la patrie dans les derniers jours de l'an quatrième de la République. Qui que tu sois, ami ou ennemi, respecte les cendres de ce jeune héros".
En décembre, la 30e a son premier Bataillon et les trois Compagnies de Grenadiers à Coblentz, les deux autres Bataillons occupent le camp de Metternick et le fort de Petersberg.
Jusqu'au 21 décembre, il ne se passe aucun événement important à l'Armée de Sambre-et-Meuse. Il n'y a que quelques changements partiels dans les cantonnements des Divisions. Voici la situation du Chef d'état-major général pour les Divisions du centre, aux ordres de Kléber :
Division BERNADOTTE,
Brigade SIMON :
3 Bataillons de la 37e Demi- brigade de Ligne, 1,576. Dreieckhausen, Bacharach, Saint-Goar.
Brigade BARBOU :
3 Bataillons de la 49e Demi-brigade de ligne, 1,736. Boppart, Oppenhausen, Waldesch.
Brigade FRIANT :
3 Bataillons de la 30e Demi-brigade de Ligne, 2,544. Coblenz, Mettemich, Rubenach, Kesselheim, Gulz, Winningen.
3 Bataillons de la 88e Demi-brigade de Ligne, 1,564. Treis, Dieblich, Coblenz.
31e Division de Gendarmerie, 597. Neuendorf, Wallersheim.
Artillerie, 151 Buch.
Sapeurs, 127 Brodenbach.
Cavalerie :
7e Régiment de Dragons, 607 Castellaun, Roth, Gödenroth.
3e Régiment de Chasseurs, 641 Saint-Goar, Bacharach, Gondershausen, Rubenach.
9,543
Cette Division garde les bords du Rhin, de Bingen à Coblenz, ainsi que tout le pays compris entre le Rhin, la rive droite de la Moselle et les premières pentes des montagnes du Hundsrück.
Ces cantonnements sont, à proprement parler, des quartiers d'hiver pour les troupes aux ordres de Kléber; car, l'ennemi restant tranquille, l'Armée de Sambre-et-Meuse n'entreprend plus rien. La rigueur exceptionnelle de la saison s'oppose d'ailleurs à des opérations militaires. Le Rhin est entièrement gelé à Bacharach, et les Autrichiens ne cherchent même pas à profiter de la glace pour passer sur la rive gauche (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 409).
Dans les derniers jours de l'année 1796, la 30e est désignée pour faire partie d'un renfort que l'Armée de Sambre et Meuse envoie à l'Armée d'Italie de Bonaparte qui est entrée en Italie à la fin mars 1796. Ce petit renfort, composé de six Demi-brigades d'Infanterie et de deux Régiments de cavalerie légère, placé sous le commandement de Bernadotte, doit se concentrer à Metz. La 30e doit former, avec la 88e, la Brigade Friant.
Le 18 nivôse an V (7 janvier 1797), la 30e quitte ses cantonnements de Coblence et des environs pour se rendre à Metz; elle loge le jour même à Kérick; ce village doit être de moindre importance car Denis Moreau, dans son Journal de marche, ne mentionne pas son nom et se contente de préciser qu'il est petit; ce jour là, il a marché 8 lieues. Le lendemain 19 (8 janvier 1797), nouvelle marche de 5 lieues. Le 20 (9 janvier 1797), marche de 6 lieues et arrivée au village de Wittlich. Le 21 (10 janvier 1797), marche de 6 lieues et arrivée à Hetzerath. Le 22 (11 janvier 1797), marche de 5 lieues et arrivée à Trèves, une jolie ville assez grande, située sur la Moselle et entourée de grandes montagnes. Le 23 (12 janvier 1797), marche de 5 lieues et arrivée au village de Saarburg. Le 24 du même mois (13 janvier), la 30e, selon la notice Historique, arrive à Sierck, premier village du territoire français; selon Denis Moreau, elle marche ce jour là 5 lieues et arrive à Perl. Le 25 (14 janvier 1797), la 30e marche 7 lieues; elle passe à Thionville, une très forte place, et arrive à Fameck. Le 26 (15 janvier 1797), elle marche 9 lieues, passe sous les glacis de Metz et se rend dans un village situé à 1 lieue et demie de Metz où elle séjourne le 27 (16 janvier 1797). Le 28 (17 janvier 1797), la 30e, après avoir marché 2 lieues, entre dans Metz où elle fait séjour. Elle est passée en revue dans la place. Denis Moreau parle de la ville située sur la Moselle, notant qu'elle a de tout temps toujours eu une forte garnison, et qu'elle a aussi un très beau quartier qui a 4 faces et une porte en fer à chacune d'entre elle.
Denis Moreau et la 30e quittent Metz le 30 (19 janvier 1797). La Demi-brigade, après avoir parcouru 5 lieues, couche dans la petite ville de Pont à Mousson. Elle en part le 1er pluviôse (20 janvier 1797) et, après avoir marché 6 lieues, arrive à Toul, une ville médiocre entourée de remparts, dans laquelle elle séjourne le 2 (21 janvier 1797). Le 3 (22 janvier 1797), la 30e quitte Toul, et après avoir marché 6 lieues, arrive à Colombey; elle couche dans les villages situés alentour. Le 4 (23 janvier 1797), elle arrive à Neufchâteau; le 6 (25 janvier 1797) à Montigny où elle séjourne après avoir marché 5 lieues. Le 8 (27 janvier 1797), nouvelle marche de 4 lieues et arrivée à Langres, réputée pour ses bonnes lames de couteau. Le 9 (28 janvier 1797), marche de 4 lieues et séjour dans un village. Le 10 (29 janvier 1797), la 30e marche 4 lieues et se rapproche de Dijon où elle arrive le lendemain après avoir marché à nouveau 4 lieues. Denis Moreau note que la ville est grande, plutôt belle et très marchande. La 30e y séjourne jusqu'au 13 (1er février 1797). Ce jour là, elle se remet en route et marche 7 lieues : elle passe à Mitrenus (peut être Nuit Saint Georges ?) où elle fait halte et reçoit de l'eau de vie, et couche à Beaune, ville réputée de Bourgogne. Le 14 (2 février 1797), elle marche 6 lieues et arrive à Chalon sur Saône. Le 15 (3 février 1797), marche de 5 lieues et arrivée à Tournus; la 30e couche dans un village situé de l'autre côté de la Saône. Denis Moreau en profite pour noter que les femmes du Mâconnais portent de petits chapeaux. Le 16 (4 février 1797), la 30e, après avoir marché 5 lieues, arrive à Mâcon. Le 18 (6 février), nouvelle marche de 7 lieues et arrivée à Villefranche. Le 19 (7 février), marche de 5 lieues et arrivée à Lyon, ville réputée pour son activité marchande, que Denis Moreau trouve plutôt belle, bien qu'elle ait considérablement souffert lors du siège mené par les ennemis de la liberté (sic). Le 20 (8 février), la 30e se remet en marche; après avoir parcouru 7 lieues, elle arrive à Bourgoin où elle séjourne. Le 22 (10 février 1797), elle arrive et séjourne dans les villages près de Pont de Beauvoisin. Le 25 (13 février 1797), elle se remet en marche, parcourt 5 lieues, et arrive aux Echelles. Le 26 (14 février 1797), elle marche 4 lieues et arrive à Chambéry; le Chef de brigade reçoit l'ordre de laisser ses pièces et de faire suivre la Compagnie de canonniers avec des fusils.
Le 29 pluviôse (17 février 1797), la 30e se remet en marche; après avoir parcouru 5 lieues, elle couche dans les villages situés près de La Chambre. Le lendemain, elle marche 3 lieues et arrive à Saint Jean de Maurienne. Le 1er ventôse (19 février 1797), nouvelle marche de 3 lieues et arrivée à Saint Michel. Le 2 (20 février 1797), nouvelle marche de 4 lieues; arrivée à Modane. Le 3 ventôse (21 février 1797), la 30e, selon la notice Historique, passe le Mont Cenis et va loger à Novalaise (Piémont). Denis Moreau situe cette étape de 5 lieues au 4.
Le 5 (23 février 1797), la 30e parcourt 4 lieues et arrive à Borgone; le 6 (24 février 1797), elle est à Rivoli, et de là, passe à Venaria près de Turin pour se rendre à Cede (?); la marche a été de 8 lieues. Le 7 (25 février 1797), elle marche 7 lieues et arrive dans la petite ville de Chivasso. Le 8 (26 février 1797), nouvelle marche de 6 lieues et arrivée dans la petite ville de Trino. Le 9 (27 février), marche de 3 lieues; passage dans un grand bourg; la 30e couche à Robbio. Le 10 (28 février 1797), elle marche 7 lieues et franchit le Tessin, rivière dangereuse en période de crûe. Le 11 ventôse (1er mars 1797), après avoir marché 5 lieues, la 30e fait son entrée à Milan, l'une des plus belles villes d'Italie.
Le 12 (2 mars 1797), la 30e quitte Milan; après avoir marché 6 lieues, elle arrive à Lodi où elle séjourne. Le 14 (4 mars 1797), elle se remet en marche et arrive 7 lieues plus loin à Pizzighettone. Le 15 (5 mars 1797), nouvelle marche de 4 lieues et arrivée dans la belle et grande ville de Crémone. Le 16 (6 mars 1797), marche de 8 lieues et arrivée dans la petite ville de Bosolo. Le 17 ventôse (7 mars 1797), la 30e, après avoir marché 5 lieues, arrive sous Mantoue; là, elle est passée en revue par le Général en chef de l'Armée d'Italie et laisse sa Compagnie de canonniers pour prendre part à la réorganisation défensive de la place qui, le mois précédent, est tombée en notre pouvoir.
Le 18 (8 mars 1797), la 30e, après avoir marché 7 lieues, arrive à Sanguinetto. Le 19 (9 mars 1797), elle marche 5 lieues; elle passe à Legnano, et couche à Belle Ville Aquéa (?). Le 20 (10 mars 1797), après avoir parcouru 6 lieue, elle est à Este. Le 21 ventôse (11 mars 1797), elle arrive dans la grande et belle ville de Padoue où elle rejoint la Division Bernadotte, Brigade Friant.
Le 22 (12 mars 1797), la 30e marche 6 lieues et arrive à Castelfranco; le 23 (13 mars 1797), après une marche de 6 lieues, elle arrive à trévise et couche dans un château situé à proximité de la ville. Le 24 ventôse (14 mars 1797), elle traverse la Piave sur laquelle il n'y a pas de pont, ce qui l'oblige de passer dans l'eau, et est logée dans Conegliano, après avoir parcouru 5 lieues. Le 25 (15 mars 1797), après avoir marché 6 lieues, la 30e bivouaque à Sacile.
b/ Passage du Tagliamento
Après avoir traversé Milan, Padoue et Trévise, la Division Bernadotte passe le Tagliamento le 26 ventôse (16 mars). La 30e est partie de grand matin et arrive vers une heure de l'après midi près du Tagliamento en arrière duquel, avec toute son armée, l'Archiduc Charles a pris position; les Grenadiers quittent leur Demi-brigade et sont réunis pour former un Bataillon. La Division passe en colonne le premier bras du Tagliamento et se met en bataille dans une île; la 30e occupe la droite, ayant à sa gauche la 88e qui fait brigade avec elle. Une canonnade s'engage aussitôt : la 15ème Demi-brigade légère, soutenue par les Grenadiers, s'élance à la charge pour forcer le passage; la Division appuie ce mouvement et traverse la rivière au pas de course, dans le plus grand ordre, et l'armée autrichienne est mise en pleine déroute. Le soir, la 30e établit ses bivouacs en arrière de Codroiro, n'ayant dans la journée, éprouvé aucune perte en hommes. Cette victoire de Bonaparte (16 mars) sur les Autrichiens est si rapide que Guyot note simplement "qu'il y a eue une grande bataille".
Denis Moreau quant à lui est plus prolixe : il raconte que l'armée se rassemble près du Tagliamento, répartie sur trois colonnes, tant en masse qu'en colonne, et en bataille, Bonaparte en tête. Il indique également que la rivière fait 5 bras, qu'on a de l'eau jusqu'à la ceinture, et que le courant est fort. Une fois l'armée en bataille, la charge est battue, et l'on se met en marche sur toute la ligne, au grand pas et en ordre. La rivière, bien que l'eau soit froide et le courant fort, est franchie; pas un homme ne tombe à l'eau (Denis Moreau précise toutefois que les chevaux du train, placés à gauche de l'armée, ont eu plus de difficulté à passer). Les troupes arrivent dans la plaine avec une telle rapidité que l'ennemi se trouve pris à dépourvu. Il tente de briser la charge, mais au final prend la fuite. La cavalerie française en sabre une partie; une autre partie est faite prisonnière. Des canons sont également pris. L'ennemi fait par contre une plus vive résistance dans les vignes alentours, mais après une demie heure de combat, il doit prendre la fuite, et seule la nuit empêche les hommes de les poursuivre; ces derniers campent dans la plaine après avoir marché ce jour là 8 lieues, nous dit Denis Moreau.
Le 28 ventôse (18 mars 1797), Denis Moreau nous dit que les Divisions du Tyrol ont repris leur place. La 30e marche 6 lieues et campe près de Palma Nuova que la victoire du Tagliamento a fait tomber entre nos mains. Il s'agit d'une ville de guerre, située à la frontière de l'Autriche.
c/ Prise de Gradisca
Le 29 ventôse (19 mars 1797), la Division Bernadotte se porte sur Gradisca; le Général Friant prévient le Chef de la 30ème qu'il est chargé de l'attaque de droite. La Demi-brigade, formée en colonne de Bataillons ayant leur tête à la même hauteur se dirige sur l'Isonzo. "Je détachai trois compagnies en avant pour éclairer la marche des colonnes, ces compagnies passèrent de suite l'Isonzo; arrivé près de cette rivière, j'ai changé de direction à gauche et j'ai fait déployer les trois bataillons; aussitôt la charge a battu et nous avons marché sur Gradisca; la droite du premier bataillon appuyant sur l'Isonzo, les deux autres bataillons à la gauche et à la même hauteur, face à Gradisca. Dans cette position nous avons marché au pas de charge jusque sous les murs de cette ville, malgré une grêle de balles et de mitraille qui tombait sur nous. La nature du terrain força le 3e Bataillon à se déployer en colonne derrière le second; dans cette position, on arriva à une porte de Gradisca; plusieurs compagnies du 3e Bataillon se précipitèrent avec des haches, croyant l'entamer, mais, en ayant enlevé plusieurs morceaux, elles reconnurent qu'elle était garnie de terre à l'intérieur de la ville; assaillies de coups de pierres, elles se retirèrent derrière une petite maison située à côté de la porte. L'autre partie de ce bataillon s'avança le long du rempart, à la droite, et attaqua une grande redoute construite sur le bord de l'Isonzo, pendant que le 1er Bataillon attaquait cette même redoute de front et chargeai l'ennemi à la baïonnette; les Autrichiens qui la défendaient, au nombre de 70 à 80, se sont jetés dans les fossés et y sont restés couchés tout le temps qu'a duré l'action. Le 2e Bataillon appuya à gauche de la porte et se trouva en partie mélé avec la 88ème Demi qui était à notre gauche. Après quelques heures de combat, la place s'était rendue" (extrait du Journal de marche du Chef de Bataillon Lajeunesse, commandant provisoirement la Demi-brigade).
"Le 30 (ventôse) à Gratisia où il y a eue une grande bataille ou nous avons fait 4000 hommes prisonnier" (soldat Guyot). Pour Denis Moreau, l'ennemi n'a pas opposé de véritable résistance; la Division Sérurier, nous dit il, s'est emparée du côté de la mer, afin de bloquer toute retraite adverse de ce côté, où même d'empêcher le Prince Charles d'y porter des secours. La Division de Denis Moreau est chargée de prendre la ville; cette dernière est fortifiée par un rempart, et tout autour, elle est masquée par une grande quantité d'arbres qui se trouvent au bord d'une rivière assez vive qui se jette dans la mer à quelques lieues de la ville. Le Général donne l'ordre d'envoyer des Tirailleurs pour attaquer la ville et chasser l'ennemi posté dans les vignes. Cet ordre est immédiatement exécuté. Aussitôt, on bat la charge et les hommes courent vers la ville qui se retrouve cernée. Cependant, les portes ont été renforcée par du fumier, nous dit Denis Moreau, et depuis les remparts, l'ennemi fait un feu terrible. Denis Moreau raconte même qu'il jette sur les Français des pièces de canon au bas des remparts afin de tuer ceux qui se trouvent dans le fossé. Après 4 heures d'un combat très meurtrier, Bernadotte somme la ville de se rendre, au nom de l'humanité. Il lui laisse 10 minutes, sans quoi la ville sera prise d'assaut (déjà, les échelles sont prêtes pour cela), et la garnison passée au fil de la baïonnette. Le gouverneur de la garnison, raconte Denis Moreau, épouvanté par la hardiesse des Français et pour éviter l'assaut, cesse le feu. Les troupes bivouaquent près de la ville qui capitule dans la nuit.
Bernadotte écrit, le 19 mars 1797 (29 ventôse an 5), depuis Gradisca, au Général en chef : "Conformément à vos ordres, mon général, j'ai fait avancer ma division entre Mariane et Gradisca. J'ai, après l'avoir mise en bataille, ordonné au général Friant de se porter avec la 30e demi-brigade à la porte du Salvador : la 88e devait former la réserve ; à l'adjudant général Mireur, de se porter à la porte Nova avec douze compagnies de grenadiers ; au général Murat, avec la 15e demi-brigade et un escadron de hussards, à la porte de Laqua : ce général devait passer la rivière de l'Izonzo avec un corps de troupes, et couper la retraite à la garnison de Gradisca ; le restant de ma division en bataille dans la plaine, composée de la 55e et 61e commandée par le général Muilley, le 1er régiment de hussards et le 14e de dragons sous les ordres de l'adjudant-général Sarrasin, devaient protéger les attaques de Gradisca, en livrant bataille aux troupes que le prince Charles aurait pu envoyer de Goritzia.
Les ordres ainsi donnés, les généraux d'attaque ont avancé à la tête de leurs colonnes avec cette bravoure qu'on caractérise quelquefois de fureur.
Quatre mille hommes formant la garnison de Gradisca étaient rangés sur les remparts de la ville ; leur fusillade et le feu de leurs canons vomissaient à chaque instant la mort sur nos soldats, sans que leur intrépidité en fût ralentie : leur audace, au contraire, accrue par les obstacles, les faisait roidir contre les difficultés. Enhardis par les généraux qui les dirigeaient, ils demandaient à grands cris des échelles pour escalader le rempart, et des haches pour briser les portes ; j'ai donné des ordres pour que ces objets parussent au plus vite : j'allais donner le signal, lorsque des principes d'humanité m'ont retenu ; j'ai fait sommer M. d'Augustinetz, colonel du régiment de Splenitz, commandant la forteresse, de se rendre sur-le-champ, sous peine d'être passé lui et sa troupe au fil de l'épée.
Vous trouverez ci-joint, mon général, copie de la sommation : en réponse, le colonel a demandé à sortir avec les honneurs de la guerre, sous condition que la garnison se retirerait en Autriche.
La disposition de mes troupes était telle, que je ne pouvais pas y accéder. J'ai donc exigé que les ennemis fussent prisonniers de guerre, en conservant aux officiers la faculté de se retirer, sur leur parole de ne pas servir contre la république et ses alliés jusqu'à leur échange. Je n'ai donné qu'un quart heure, mes réponses ont été acceptées ; deux bataillons de Splenitz et deux d'un autre régiment ont sorti, à deux heures du soir, par la porte de Goritzia à Palma, et ont déposé ensuite les armes. Je les ai dirigés sur Palma.
Si j'avais à vous recommander, mon général, toutes les personnes qui se sont distinguées, j'aurais beaucoup à faire. Sans juger mes collaborateurs, il est impossible de passer sous silence la bravoure audacieuse du général Murat, de l'adjudant-général Mireur, et du général Priant ; il a fallu leurs talents, leur bravoure pour décider l'ennemi ; ils se portaient partout, consolaient les blessés, soutenaient le courage des soldats à attendre la mort avec sang-froid. L'ennemi a tenté vainement de venir de Goritzia pour dégager la garnison, en descendant la rive gauche de l'Izonzo. Le brave Murat, à qui j'avais envoyé un bataillon de la 55e, l'a forcé de se retirer précipitamment. Je vous recommande, mon général, le citoyen Julien, commandant de mon artillerie : son activité, son zèle m'ont rendu de grands services ; il a créé des moyens, il a fait honneur à son arme. Je vous prie aussi de ne pas oublier que le chef de brigade du génie Campredon ne m'a pas quitté pendant presque toute l'action. Je recommande a votre sollicitude paternelle le citoyen Maurice et les deux frères Conroux, jeunes gens qui ont continué à se distinguer, et qui appartiennent à un brave et respectable militaire. Je finis, mon général, quoique j'aie bien des choses à vous dire, en rendant justice au jeune Lemarrois, votre aide-de-camp : il s'est fait remarquer par son mépris pour le danger, et, quoique d'un âge fort tendre, il a montré beaucoup de calme et de sang-froid ; l'aide-de-camp du général Murat a chargé ce matin avec le 1er régiment de hussards : ce brave régiment a fait une vingtaine de prisonniers.
J'ai eu beaucoup d'hommes tués et blessés, entre autres beaucoup d'officiers ; quelques soldats se sont malheureusement noyés en passant l'Izonzo, mais seulement cinq à six. Nous avons pris huit drapeaux et sept pièces de canon.
Le citoyen Binon, aide-de-camp du général Friant, a eu un cheval tué sous lui : cet officier et le citoyen Denis, officier de correspondance de ce même général, se sont distingués par leur bravoure. Plusieurs soldats ont été blessés de coups de pierre en voulant essayer d'escalader le rempart" (Panckoucke : « Correspondance inédite officielle et confidentielle de Napoléon », t. 2 Italie ; The Bonaparte letters and despatches, Londres, 1846, t.2, p. 268).
Au matin du 30 (20 mars 1797), la garnison, forte de 3500 hommes, selon Denis Moreau, dépose les armes sur le glacis de la ville. Les hommes sont faits prisonniers; les Officiers, après avoir donné leur parole de ne pas reprendre les armes contre les Français, sont reconduits jusqu'au premier poste autrichien. Denis Moreau conclut en disant qu'après une premier échange, on a trouvé dans Gradisca, 8 drapeaux et 10 pièces de canon, et qu'il a marché 3 lieues.
Dans cette journé, la 30ème a perdu : le Capitaine adjudant major Hamel, un Sous officier et un soldat tués sur le champ de bataille. Elle a comme blessés : le Chef de Bataillon Valterre (Fraçois), coup de feu à la gorge; Castagna (Jean), Capitaine, atteint d'une balle à la joue droite au moment où il essayait de rompre la porte de la ville; Leraitre dit Laurette (Jean Michel), Capitaine, coup de feu à la main droite; le Sous lieutenant Verneré (Jean François Xavier), coup de feu à la cuisse. Il y a aussi le Sergent Girardet, les Caporaux Plançon et Rousseau ainsi que 62 soldats. Quelques jours après, le Capitaine Assada (Fleury) est reçu Chef de Bataillon à la Suite, par ordre du Général en Chef Bonaparte, en raison de la bonne conduite de la Demi-brigade à la prise de Gradisca.
Après la prise de Gradisca, la Division Bernadotte est employée à la poursuite de l'Archiduc Charles qui, ne pouvant effectuer sa retraite par le col de Tarwis, qu'occupe Masséna, cherche à se retirer par le col d'Adelsberg. Commence alors pour les troupes française une marche victorieuse sur Vienne.
Le 30 ventôse (20 mars), la 30e est dirigée sur Gorizia qui tombe entre nos mains. Gorizia où, nous dit Denis Moreau, l'on prend 2000 malades; dans le fort de la ville, il n'y a pas de troupe, car le Prince Charles en pleine retraite, n'a pas eu assez de forces pour en laisser.
Le 1er germinal (21 mars 1797), la 30e passe dans Gorizia après avoir marché 3 lieues. Elle bivouaque 3 lieues plus loin sur des hauteurs. Le 2 (22 mars 1797), elle marche 3 lieues et bivouaque près de Villach. Du 7 au 13 (27 mars au 2 avril 1797), la pluie se met à tomber sans cesse et le 11 (31 mars 1797), les hommes sont contraints de loger dans les villages, car ils n'ont ni paille ni bois pour se mettre à l'abri. Denis Moreau précise qu'une mine de mercure a été prise sur la gauche dans les montagnes; mine dont on sort jusqu'à 400 voitures par jour. Le Général ordonne que l'on n'en sorte que 200 par jour; cela a duré 3 semaines.
Le 12 (1er avril 1797), malgré la pluie, la 30e se remet en marche. Toute la Division s'établit 5 lieues plus loin au village de Préval (?). Le 13, marhce de 10 lieues; la 30e est au petit bourg de Berlebak (?). Le 15 germinal (4 avril 1797), la notice historique nous dit que la 30e dépasse Leyback; pour Denis Moreau, ce jour là, elle demeure à Berlebak (parle t'il de Laybach ?). Le 16 (5 avril 1797), après avoir marché 3 lieues, la 30e bivouaque dans un bois de sapin où elle séjourne. Le 17 (6 avril 1797), elle marche 10 lieues et bivouaque sur une montagne. Le lendemain, elle traverse cette montagne; Denis Moreau nous dit que sa pente est raide (trois lieues de montée) et qu'au sommet, il n'y a pas 10 pas de plaine; cependant, le chemin en serpentant est très praticable. La 30e, après avoir parcouru 11 lieues, arrive dans la jolie ville de Klagenfurt.
Dans la nuit du 18 au 19 (7 au 8 avril 1797), arrive un ordre de Bonaparte; la Division doit se mettre immédiatement en route à marche forcée, afin de seconder le Général en chef qui approche de Vienne avec ses colonnes de gauche et du centre. Denis Moreau précise que l'ennemi attend de pied ferme dans la plaine de Vienne, et qu'il faut hâter la marche afin d'obtenir la paix. Il rajoute que les Hongrois n'attendent que la victoire de Français pour obtenir leur indépendance ! La 30e marche 11 lieues.
Le 19 (8 avril 1797), la 30e bivouaque près d'un petit bourg dans les gorges; là, elle apprend que la marche forcée est annulée car il y a une suspension d'armes. La notice Historique nous dit que le 20 germinal (9 avril 1797), elle est en avant de Neumarkt; selon Denis Moreau, la 30e s'est mise en marche ce jour là à 1 heures du matin, et, après avoir marché 4 lieues, elle est cantonnée à Rénal (?) et dans les environs. Le 22 (11 avril 1797), elle marche 9 lieues et bivouaque près d'une rivière. Le 24 (13 avril 1797), après avoir marché 2 lieues, elle campe dans la plaine de Saint Michel.
Le 30 germinal (19 avril 1797), près Saint Michel, toute la Division est passée en revue par Bonaparte qui, la veille, vient de signer les préliminaires de Leoben. La Division est à 25 lieues de Vienne; les Autrichiens sont partout battus.
Après les préliminaire de Leoben, la 30e Demi-brigade se rend dans la région de Trieste. Elle se met en route le 1er floréal (20 avril 1797), passe à Leoben et bivouaque près de Broue (?) à 22 lieues de Vienne, après avoir marché 9 lieues; elle couche sur place. Le 2 floréal (21 avril 1797), elle marche 13 lieues et arrive dans un camp situé près de Gratz, une très belle ville, riche et de grande taille; Denis Moreau remarque qu'il y a sur une hauteur une citadelle, mais que la ville en elle même n'est pas fortifiée. La 30e quitte le camp de Gratz le 6 (25 avril 1797), marche 8 lieues et couche dans des villages. Le 7 (26 avril 1797), elle marche 11 lieues et arrive à Maribor. Le 8 (27 avril 1797), nouvelle marche 9 lieues et arrivée à Gonovid (?). Le 9 (28 avril 1797), marche de 8 lieues et arrivée à Tréhindorf (?). Le 10 (29 avril 1797), marche de 5 lieues; la 30e stationne dans des villages. Le 11 (30 avril 1797), marche de 4 lieues et arrivée dans les environs de Langdorf (?).
Le 12 Floréal (1er mai 1797), la 30e marche 4 lieues et arrive à Laybach, où elle demeure jusqu'au 18 (7 mai 1797). Le 19 (8 mai 1797), elle se remet en route, marche 8 lieues et arrive à Gorniavasse (?). Le 21 (10 mai 1797), marche de 8 lieues; la 30e arrive aux environs de Vipalo (?). Le lendemain, la 30e entame une marche de 10 lieues : elle traverse une montagne déserte, parcourant un mauvais chemin couvert de grosses pierres brutes et instables; la marche se poursuit dans la nuit sur 4 lieues, sans trouver un seul village où se reposer et boire; vers 10 ou 11 heures du soir, la 30e atteint la route principale, ce qui permet aux hommes de souffler un peu; on fait une halte et du vin est distribué. A deux heures du matin, la 30e arrive à Trieste qui, selon Denis Moreau, est une ville riche et splendide, avec une très belle rade et un climat très agréable. La ville et la rade sont défendues par une citadelle et un fort.
La 30e occupe Trieste du 23 Floréal au 5 prairial (12 au 24 mai). Le 5 prairial (24 mai 1797), elle se met en route pour Udine; après avoir marché 8 lieues, elle bivouaque entre Gorizia et la mer. Le 6 (25 mai 1797), elle marche 4 lieues; après être passé à Palmanova, elle couche à Saint Marie. Le 7 (26 mai 1797), après trois lieues de marche, elle arrive à Udine, capitale du Frioul; la ville est grande mais pas belle.
Le 20 prairial (9 juin), elle est à Udine.
Le 14 juin 1797 (26 prairial an 5), le Général en chef Bonaparte écrit depuis Monbello au Général Berthier : "... Vous ordonnerez que l'on forme les brigades de la manière suivante :
... 3e Division ...
La 30e de ligne et la 55e, 5e Brigade : Friant } Bernadotte ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1919; correspondance générale, t.1, lettre 1674).
Toujours le 14 juin 1797 (26 prairial an 5), le Général en chef Bonaparte écrit depuis Monbello au Général Berthier : "Vous voudrez bien ordonner de prendre les mesures pour l'organisation prompte du personnel de l'artillerie de l'armée, ainsi qu'il suit :
Il y a dans ce moment-ci 76 compagnies d'artillerie de demi-brigade, desquelles vous ne devez former seulement que 30 compagnie d'artillerie de brigade, chaque demi-brigade de ligne devant avoir sa compagnie de canonniers.
... 30e demi-Brigade : - La compagnie du 2e bataillon du Gard, capitaine Artmieux, sera amalgamée avec la compagnie de la 30e, capitaine Brisclerc ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 1921; correspondance générale, t.1, lettre 1677).
A la fin du même mois, nous retrouvons la 30e à Trieste, avec un effectif de 2813 hommes. En juillet et août, elle occupe Udine, où elle demeure en repos. A Udine est organisé une grande parade militaire à l'occasion de la fête nationale le 14 juillet 1797 : "Le 26 messidor l'on nous a distribué et à toute la division les nouveaux drapeaux que le gouvernement a envoyer. Cette fette a été composé par des évolutions militaire, chaque soldat étoit munie de chacun 6 cartouches dont toute la division a fait l'exercice a feu avec l'artilerie et la cavalerie qui s'y est aussy trouvé. Et ensuite nous sommes rengé en bataille et nous avons formé le bataillion caré autour d'une piramide située dans la pleine Saint Godar ou ils étoit ainscrit les noms des braves soldat et officiers généraux morts au champ d'honneur et là on a fait 6 salve d'artilerie pour les funerailles de ces braves déffanceurs. Le général Bernadotte distribua les drapeaux a tous les batallions de sa division et l'artilerie faisoit feu pendant cette distribution et fit un discours a toute ces compagnons d'armes qui a duré pres d'une heure. La fète c'est terminée par une course à pied et à cheval ! Celle de pied la 1re ou étoit une tace d'argent et la 2e un montre en or. La 1re course de cheval étoit une paire d'étrillier en argent, la 2e une paire d'éperons aussy en argent. Toute l'armée a eu double paye et double vivre. Le [...] l'on nous a fait assembler toute la division pour celebrer la fête du 10 aoust à la pleine Saint Godar. Cette fête a été anoncée par des salves d'artilerie et la mousqueterie qui a duré environt 2 heures. Partie le même jour (13 messidor an v ?) pour nous rendre à Udine ou le général Bonaparte venoit souvans en cette ville avec les generaux autrichiens pour les conclusions de la paix. Le 1er vendemiaire toute l'armée a celebré une fête pour la réjouissance d'une trame découverte contre le gouvernement françois (il s'agissait probablement de la conspiration de Gracchus Baboeuf)" (soldat Guyot).
Denis Moreau relate également cette célébration dans la plaine en avant de Saint Godard, en l'honneur des hommes tombé depuis la bataille de Montenotte; il parle également du discours de Bernadotte, fait en présence des Gnéraux et Prince autrichiens, discours dans lequel il rappelle les victoires et conquêtes de Sambre et Meuse, et de l'Italie vaincue. Après ce discours, Bernadotte distribue les nouveaux drapeaux sur lesquels, nous dit Denis Moreau, sont inscrites en lettres d'or les prises des places et batailles gagnées par les corps; tous les corps de l'armée d'Italie sont concernés par cette distribution.
Le 8 août, le Général Friant prend provisoirement le commandement de la Division, Bernadotte étant aller présenter au Directoire les drapeaux pris sur l'ennemi.
Le 9 octobre 1797 (18 vendémiaire an 6), le Général en chef Bonaparte écrit depuis le Quartier général de Passariano au Général Berthier : "... La 30e demi-brigade et la 55e forment la brigade du général Friant ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2289 ; Correspondance générale de Napoléon, t.1, lettre 2144).
Les propositions autrichiennes aboutissent au glorieux traité de Campo-Formio (17 octobre 1797). Après la signature du traité, Bonaparte passe en revue ses troupes six jours plus tard et Guyot en fait partie : "Le 2 brumaire la division a passé en revue à la pleine Saint Godar proche Udine par le général en chefs Bonaparte. La division a paru dans la meillieur tenue possible et on a maneuvré pendant 2 heures et ensuite le général nous a annoncé la paix qu'il venoit de conclure avec l'empereur et a dit en présence de tout la division qu'ils étoit facheux que la paix soit faite. Les ennemis ne vouloit point reconnoitre la République française et celle d'Italie s'il nous eut contrain de marcher dans la Hongrie bientot le pays auroit été constitué en République. Mais elle faite ! Il répliqua nous avons Mayance ville théatre de la guerre depuis Mesterdame (Amsterdam) jusqu'a Bourdeaux (Bordeaux) se qui nous facilitera pour faire une descente en Angleterre. Depuis Charlemagne la France n'a jamais tant conquis de pays et a finie par les mot de vie la République et Bonnaparte. Le 15 la division a celebré une ceremonie funebre en l'honneur du général Hoche commandant en chef de l'armée de Sambre-et-Meuse. La division a fait 10 décharge de mousqueterie et l'artilerie 35 coup et 15 pour le général Marceau mort par faite de blessure qu'il a recue en combattant contre l'ennemi. Le général Bernadotte nous a fait un discours sur le regret de ce brave deffanceur, chanté des himes patriotique et secondé par la musique de tout la division" (soldat Guyot).
A noter que certaines sources donnent la 30e au siège de Mantoue, qui s'est déroulé du 30 mai 1796 au 31 juillet 1797; et à Valvasone. Il s'agit peut être des éléments de la Compagnie de Canonniers.
Le 9 novembre 1797 (19 brumaire an 6), par ordre du Général en chef Bonaparte, une lettre est expédiée depuis le Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "... Le général Bernadotte partira d'Udine, le 1er frimaire, avec la 61e, la 30e et la 88e et leurs dépôts, pour se rendre à Trévise ...
Lorsque tous ces mouvements seront effectués, l'armée se trouvera donc placée de la manière suivante :
... 3e division, Bernadotte, à Trévise 30e de bataille, 61e idem, 88e idem, Prendra toute l'artillerie du général Baraguey d'Hilliers qui est à Trévise; elle sera toute attelée de chevaux ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2332 ; La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1, p.46).
Le même jour, le Général en chef Bonaparte écrit depuis son Quartier général de Milan, au Général Vignolle : "Vous préviendrez les 18e, 25e, 32e et 75e de bataille qu'elles sont destinées à être les premières pour partir pour l'armée d'Angleterre.
Vous donnerez le même ordre aux 30e, 61e et 88e de bataille ...
... Vous donnerez l'ordre aux généraux ... Bernadotte ... de se tenir prêts à partir, comme devant faire partie de l'armée d'Angleterre ..." (Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2334; correspondance générale, t.1, lettre 2202).
L'Etat des Demi-brigades, établi le même jour, précise que la 30e, destinée pour l'expédition d'Angleterre, comprend 1600 hommes (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 2335).
Le 2 frimaire (22 novembre 1797), la Division Bemadotte quitte Udine pour Milan. Denis Moreau nous dit que c'est pour se rendre à l'Armée d'Angleterre en passant par Lyon et Orléans; ce jour là, la 30e marche 5 lieues et couche à Codroipo. Le 3 (23 novembre 1797), elle passe le Tagliamento sur de petits ponts, et après avoir marché 3 lieues, arrive près de Valvazone. Le 4 (24 novembre 1797), elle marche 4 lieues et arrive dans la petite ville de Pordenone; le 5 (25 novembre 1797), nouvelle marche de 7 lieues et arrivée à Conegliano. Le 6 (26 novembre 1797), la 30e passe la Piave sur un pont, et se rend au village de la Fiera près de Trévise; elle y demeure jusqu'au 23 nivôse (12 janvier 1798). La Notice historique pour sa part indique que dans les derniers mois de l'année 1797, la 30e tient garnison ou cantonne à Trévise ou dans les villages environnants sans autres précisions.
Le 11 janvier 1798 (22 nivôse an 6), le Général Bonaparte adresse depuis Paris ses instructions au Général Berthier : "... Le Directoire exécutif vous autorise à faire revenir les 30e, 61e, et 88e demi-brigades de ligne, qui déjà doivent être en marche pour rentrer en France ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t.4, Venise; Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.2, p. 235; Correspondance de Napoléon, t.3, lettre 2404).
Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an 6), un Arrêté du Directoire Exécutif à Paris, fixe la composition de l'Armée d'Angleterre :
"LE DIRECTOIRE EXECUTIF,
Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
INFANTERIE DE LIGNE
Les 4e, 10e, 16e, 17e, 18e, 25e, 30e, 31e, 32e, 37e, 40e, 43e, 46e, 51e, 57e, 58e, 61e, 62e, 69e, 73e, 75e, 76e, 78e, 84e, 85e, 89e, 96e, 100e et 105e demi-brigades.
INFANTERIE LEGERE.
Les 1re, 2e, 3e, 5e, 9e, 10e, 18e, 20e, 21e, 22e et 25e demi-brigades.
TROUPES A CHEVAL
Les deux régiments de carabiniers ;
Les 1er et 8e régiments de cavalerie ;
Les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e, 12e, 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 19e régiments de dragons ;
Les 1er, 2e, 3e, 4e, 8e, 9e, 10e et 12e régiments de chasseurs ;
Les 2e, 3e, 5e et 8e régiments de hussards.
ARTILLERIE ET GÉNIE
Les 1er et 4e régiments à pied ;
Les 2e et5e régiments à cheval ;
Quatre compagnies d'ouvriers ;
Quatre compagnies de mineurs ;
Deux bataillons de sapeurs et deux corps de pontonniers" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97).
Le même jour, 12 janvier 1798 toujours (23 nivôse an VI), la 30e marche 4 lieues et arrive dans une petite ville près de Mestre. Le 24 nivôse an VI (13 janvier 1798), après une marche de 7 lieues, elle arrive à Padoue. Le 25 (14 janvier 1798), marche de 5 lieues; arrivée dans la grande et belle ville de Vicence. Le 26 (15 janvier 1798), marche de 4 lieues et arrivée à Montebello. Le 27 (16 janvier 1798), après avoir marché 5 lieues, elle arrive dans la grande ville de Vérone, protégée par une citadelle postée sur la montagne.
Dans le "RAPPORT FAIT AU GÉNÉRAL EN CHEF, PAR L'ADJUDANT GÉNÉRAL RIVAUD, SUR LE DÉPART DES COLONNES POUR L'ARMÉE D'ANGLETERRE", daté de Milan, le 16 janvier 1798 (27 nivôse an VI), il est indiqué :
"Le corps d'armée parti de l'Italie pour passer en France et faire partie de l'armée d'Angleterre, sur les côtes de l'Océan, a été composé de cinq divisions d'infanterie, une division de dragons, une brigade de chasseurs à cheval, les chevaux et attelages nécessaires à six pièces d'artillerie légère et six pièces d'artillerie à pied pour les divisions d'infanterie, et pour six pièces d'artillerie à cheval pour la division de dragons. Les chasseurs à cheval n'ont pas emmené de chevaux et attelages d'artillerie.
… Les colonnes d'infanterie ont toutes été dirigées par le Mont Cenis …
L'adjudant général, RIVAUD" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97.).
Ce rapport est suivi d'un tableau qui indique :
3e Division Général de Division Bernadotte; 30e Demi-brigade d'Infanterie de ligne : 1901 hommes au moment du départ de Vérone, le 28 nivôse; arrivée prévue à Avranches le 29 ventôse (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 99).
Le 28 (17 janvier 1798), la 30e marche 8 lieues; elle passe à Peschiera, petite ville fortifiée située au pied du lac de Garde. Le 29 (18 janvier 1798), après avoir marché 5 lieues, elle arrive à Lonnato où elle reçoit dans la nuit l'ordre de se rendre d'urgence à Rome. Le Général Duphot vient d'être assassiné le 28 décembre 1797 par les troupes papales alors que, venu en ambassade avec Joseph Bonaparte, il tentait d'éviter un affrontement avec les patriotes romains. La 30e prend alors la route de Mantoue. Après avoir marché 6 lieues, elle couche dans la petite ville de Goito.
III/ Campagnes de 1798 et 1799
a/ Occupation de Rome
En janvier 1798, la 30e Demi-brigade, toujours commandée par le Chef de Brigade d'Arnaud, fait partie de troupes envoyées à Rome, sous le commandement en chef du Général Championnet (selon la Notice Historique, le Général Saint Cyr). Elle avance à marche forcée.
Le 1er pluvôse an VI (20 janvier 1798), après avoir marché 4 lieues, elle arrive à Mantoue. Le 2 (21 janvier 1798), elle marche 7 lieue, passe le Pô et arrive à Quistello. Le 3 (22 janvier 1798), elle marche 11 lieues sur de mauvais chemins boueux; elle passe à La Mirandole, passe le Panaro et arrive à Crevalcore. Le 4 (23 janvier 1798), nouvelle marche de 5 lieues et arrivée à Bologne, première ville des Etats du Pape passée par le Traité de Tolentino à la République Cisalpine. Le 6 (25 janvier 1798), la 30e quitte Bologne, marche 7 lieues et arrive à Imola. Le 7 (26 janvier 1798), nouvelle marche de 7 lieues; la 30e passe à Fayence et couche dans la grande et jolie ville de Forli. Le 8 (27 janvier 1798), marche de 11 lieues et arrivée au port de Rimini. Le 9 (28 janvier 1798), marche de 10 lieues; la 30e passe dans la grande ville de Pesaro et arrive à Fano. Le 10 (29 janvier 1798), marche de 5 lieues; la 30e arrive à Senigallia, ville située en bord de mer. Le 11 (30 janvier 1798), elle arrive à Ancône après avoir marché 7 lieues. Le 12 (31 janvier 1798), elle passe à Lorette et se rend à Recanati; ce jour là elle a marché 5 lieues. Le 13 (1er février 1798), elle marche 4 lieues et arrive à Macerata où elle séjourne. Le 15 (3 février 1798), elle marche 4 lieues et arrive dans la petite ville de Tolentino. Le 16 (4 février 1798), elle marche 7 lieues et arrive au village de Saraval (?). Le 17 (5 février 1798), elle marche 7 lieues, arrive à Foligno et bivouaque près de cette ville. Le 18 (6 février 1798), marche de 6 lieues; la 30e est à Spolete. Le 19 (7 février 1798), elle marche 10 lieues et passe et couche à Terni. Le 20 (8 février 1798), elle arrive à Civita Castellana, défendue par un petit fort posté sur un rocher. Ce jour là, le Pape quitte Rome pour Florence; Denis Moreau a été chargé à 11 heures du soir de le garder; le Pape est parti à 5 heures du matin avec 6 voitures, chacune à 6 chevaux. Le peuple manifestait contre le Pape, protéger par plus de 600 hommes.
Le 21 (9 février 1798), elle marche 6 lieues et arrive à un poste situé de l'autre côté de Monterosi ; elle couche au bivouac sur place. Le 22 (10 février 1798), la 30e arrive sous les glacis de la ville de Rome ; elle reste dans cette position les 22 et 23 (10 et 11 février 1798) et entre dans la ville le 24 (12 février 1798) après une nouvelle marche de 6 lieues; elle s'installe dans le fort Saint Ange. "Le 22 a Rome ville capital de l'etat ecclésiastique et résidance du Saint pere le pape" (soldat Guyot).
Le 5 ventôse (23 février 1798), a lieu une fête en l'honneur du Général Duphot ; Denis Moreau en donne une description rapide : après une fusillade, la troupe défile par pelotons du côté de la rue où il a été assassiné, et sur les lieux mêmes de cet assassinat, on fait les feux de pelotons. "Le 5 ventôse l'on a celebré une ceremonie funebre au manne du général Duphot assassiné au quartier de Hastevers par les troupe du pape. La nuit du 7 au 8 il c'est éclaté une révolution dont il y a eue plusieurs poste d'égorgé par le habitans de cette ville"(soldat Guyot).
Là dessus, la solde des Officiers et de la troupe n'avait pas été versée depuis plusieurs mois. Par ailleurs, Masséna, réputé pour ses pillages, est nommé à la tête de l'Armée d'Italie. Cette nomination est perçue comme une provocation, et le lendemain même, les Officiers de chaque Corps, réunis en club, lui remettent une pétition :
"Pétition. Les officiers de l'armée de Rome au général en chef.
Citoyen général, la marche rapide de l'armée d'Italie sur Rome afin de venger l'assassinat commis sur la personne du général Duphot est une marque de dévouement sincère. Tous les Français ont sacrifié pour la liberté et le bonheur de leur patrie. Cependant, plusieurs individus, revêtus de pouvoir courent les maisons les plus riches de la ville et en enlèvent les effets les plus précieux sans vouloir en donner aucun reçu. De pareils crimes ne peuvent rester impunis, ils crient vengeance et déshonorent le nom français qui, plus que jamais, est fait pour être respecté de l'univers. Nous le jurons en face d' l'Eternel dans le temple duquel nous sommes rassemblés. Nous désavouons toute spoliation faite dans la ville de Rome et autres lieux des Etats romains et ci-devant ecclésiastiques. Nous avouons haine et mépris aux individus qui s'en sont rendus coupables, nous jurons aussi de cesser dès aujourd'hui d'être les instruments de tous les monstres qui abusent de notre bravoure et de notre courage. Le soldat et l'officier souffrent dans la misère la plus profonde, faute de solde; cependant, les moyens sont grands : il y a dans la caisse plusieurs millions et il n'en faut pas plus de trois pour acquitter ce qui est dû. Nous demandons que la solde soit acquittée et cela, dans les vingt-quatre-heures. Les états en sont faits dans chaque corps; en conséquence, le travail sera prompt pour la solde ordinaire. Nous demandons aussi que les effets enlevés par divers prétextes aux maisons et églises appartenant aux puissances étrangères avec lesquelles nous sommes en paix soient remis de suite et que tous ces mêmes effets ou édifices soient rétablis dans leur état primitif avant notre entrée dans Rome. Indépendamment de la solde, nous persistons à demander vengeance des vols faits dans Rome par des monstres gradés, des administrations dévastatrices et corrompues, plongées nuit et jour dans le luxe et la débauche. Vous avez, citoyens généraux, toute autorité en main, vous pouvez agir contre les brigands qui, encore une fois, nous déshonorent, et nous leur disons franchement, faute de vous, d'arrêter les excés qui excitent les auteurs de ceux qui ont existé. Nous rejetons sur vous le déshonneur qui nous menace parce que vous serez sans partager ce crime. Nous avons à croire cependant que vous êtes purs et votre conduite ultérieure nous le prouvera. Comme on pourrait bien dénaturer les principes que nous professons dans notre adresse, nous vous prévenons que nous enverrons copie au Directoire et que nous la ferons insérer dans les journaux de la République française. Nous la ferons de plus imprimer dans les deux langues et afficher dans Rome pour prouver au peuple romain notre innocence sur les crimes déjà commis. Si vous êtes jaloux, citoyen général, d'emporter notre estime avec vous, c'est à dire celle de l'armée, vous nous rendrez la justice la plus prompte et la plus complète. Salut et respect".
Cette pétition est accompagnée de trois pages de signatures. Masséna ayant reçu cette pétition la traite de factieuse et refuse de la lire, tout comme il refuse de répondre aux demandes qui lui sont faites. Le soir même, les Officiers se rendent en bon ordre chez lui, mais là encore, le Général refuse de les entendre. Aussi les Officiers décident ils d'aller chez le Général Berthier, qui les reçoit avec bienveillance, lit la pétition et promet de répondre aux demandes qu'elle contient.
Le lendemain matin, les Officiers réunis discutent avec une délégation de Généraux du bien fondé de leurs revendications; là dessus, Masséna, informé de cette réunion, y envoie un Adjduant général qui en ordonne la levée. En cas de refus, la troupe, qui est déjà sous les armes, et l'artillerie, marcheront sur eux pour les réduire. Les Officiers répondent qu'ils refusent de se séparer, et préfèrent la mort plutôt que le déshonneur. Dans l'après midi, Masséna fait battre la générale, et tous les Officiers s'empressent de regagner leur poste. Selon Denis Moreau, Masséna avait pris des dispositions pour ne laisser dans Rome que 3000 hommes de garnison qui devaient être livrés au poignard des factieux fanatisés. Au moment où Masséna quitte la ville, l'Armée, qui a compris son dessein, refuse d'obéir. Les députés de chaque Corps se rassemblent alors au Capitole, et adressent deux lettres, l'une à Berthier pour le reconnaitre comme Général en chef, l'autre à Masséna pour l'informer qu'il n'était plus reconnu en tant que tel.
Pendant ce temps, nous dit Denis Moreau, les factieux et les fanatiques, qui savaient que l'Armée devait quitter Rome à 10 heures du soir, et que la garnison serait réduite à 3000 hommes, se sont rassemblés dans plusieurs quartiers de la ville; déjà, des soldats isolés et des gardes en poste sont assassinés. Des arbres de la liberté sont arrachés, des cocardes foulées au pied. Sur le Capitole et près de Saint Pierre, des Gardes Civiques sont désarmés et certains égorgés. Ce carnag durent la plus grande partie de la nuit du 6 ventôse (24 février 1798). Le soir, avant la tombée de la nuit, la garde de la porte du Castellon près de Saint Ange est égorgée. Aussitôt, les hommes de la 30e prend les armes. Une patrouille marche vers ce poste où tous les hommes ont été massacrés; il n'y a qu'un seul survivant. La nuit commence de tomber; les insurgés aux cris de "Viva Maria !" menacent les soldats. Peu à peu cependant, le calme revient, et une nouvelle garde est laissée à la place de celle qui a été massacrée; celle ci reste cependante vigilante. Toute la nuit, des patrouilles françaises accompagnées de Gardes Civiques sillonnent les rues. Le Général en chef leur en témoigne sa reconnaissance. Denis Moreau conclut en disant que si le plan de Masséna avait été exécuté, la France aurait perdu 3000 de ses défenseurs, et peut être même l'armée toute entière.
Le 8 ventôse (26 février 1798), le calme est rétabli. Berthier part dans la nuit pour la République Cisalpine; il a entre temps remis le commandement au Général Dallemagne. Le 9 (27 février 1798), 22 émutiers sont fusillés sur la place du Peuple. Denis Moreau nous dit que les habitants sont satisfaits de voir les coupables des émeutes punis de mort.
Le 10 (28 février 1798), les victimes des exactions commises dans les appartements et églises appartenant à des puissances étrangères sont invitées à venir déclarer leur préjudice à l'Etat major afin que les coupables soient punis selon les lois de la République. Aussi, les Ambassadeurs de ces puissances acceptent ils de demeurer à Rome. Par ailleurs, dans les campagnes environnantes, les paysans (environ 8000) s'étaient regroupés afin de marcher sur Rome. Un détachement est envoyé afin de les disperser; un grand nombre est tué, et les chefs de la révolte sont exécutés. Le calme là encore est rétabli.
En mars, la 30e est dans la Division Dallemagne qui occupe Rome et ses environs; ses cantonnements sont à Pontrémolli; son effectif est de 1756 hommes.
Le 20 ventôse (10 mars 1798), Masséna revient à Rome afin de reprendre le commandement en chef de l'armée; il fait placarder des affiches à cet effet et condamne les Officiers qui ont contesté son commandement. Les affiches sont arrachées, et Masséna est sommé de se retirer de l'armée. Il part le 18 mars.
Le 30 (20 mars 1798), les Romains célèbrent avec les Français une fête en l'honneur de la République Romaine, qui vient d'être proclamée. "Le 30 l'on a célébré une fête en l'honneur de la formation de la République romaine" (soldat Guyot).
Armée d'Italie |
Le 1er Germinal an VI (21 mars 1798), le Général Saint Cyr arrive à Rome et prend le commandement de l'Armée. Le 13 (2 avril 1798), les Officiers se rassemblent au Capitole pour délibérer sur la situation de leurs députés qui ont été arrêtés. Aussitôt, Saint Cyr fait battre la générale et s'adresse à l'armée, à laquelle il déclare interdire tout rassemblement. Là dessus, l'armée de Rome est presque dissoute; une partie doit embarquer pour l'Egypte; le reste est dispersé dans les anciens Etats de l'Eglise. Denis Moreau s'inquiète du sort des députés arrêtés.
"Expédition de Civita-Vecchia.
ORDRE GÉNÉRAL
Rome, le 5 floréal an VI (24 avril 1798).
Les troupes formant la division de l'expédition de Civita-Vecchia sont organisées comme suit :
État-major général.
Le général de division Desaix, commandant en chef ...
Artillerie : ... la compagnie de canonniers de la 30e de bataille …
L'adjudant général, DONZELOT" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 444).
Le 13 floréal (2 mai 1798), la 30e part de Rome pour aller combattre les brigands le long de la frontière de la Toscane. Après avoir marché 9 lieues, elle couche à Monterosi. Le 14 (3 mai 1798), elle marche 5 lieues et arrive à Civita Castellana. Le 15 (4 mai 1798), elle marche 6 lieues et arrive à Terni. Le 16 (5 mai 1798), elle marche 6 lieues et arrive à Spoleto. Le 17 (6 mai 1798), marche de 6 lieues et arrivée à Foligno. Le 18 (7 mai 1798), marche de 8 lieues; la 30e se rend à Bevagna où les rebelles sont venus la veille, puis revient à Foligno où elle séjourne. Le 20 (9 mai 1798), marche de 7 lieues; la 30e couche dans la ville de Perugia. Le 21 (10 mai 1798), marche de 6 lieues, arrivée au village de Fratte. Le 22 (11 mai 1798), marche de 1 lieue; la 30e s'installe à Montone. Le même jour, à Citta di Castello, la ville est abandonnée par les brigand qui viennent d'y égorger 4 Compagnies de la 14e Légère. Le 23 (12 mai 1798), après avoir marché 3 lieues, la 30e arrive à Citta di Castello qui est au pillage. La 30e séjourne quelques temps dans cette ville. Le 2 prairial (21 mai 1798), on y fusille 6 hommes complices des brigands. Le 7 (26 mai 1798), 4 autres sont également exécutés. La 30e quitte Citta di Castello le 4 messidor (22 juin 1798), pour se rendre à Perugia.
Fig. 3 Sergent de Grenadiers, Campagne de Naples, 1798 (Carnet de la Sabretache N°100, 1989) |
En mai et juin, l'effectif de la 30e était de 1843 hommes.
Une "Situation du personnel de l'artillerie au moment de l'embarquement" pour l'Egypte indique que l'effectif de la Compagnie de canonniers de la 30e, qui fait partie de l'expédition, comprend 3 Officiers et 62 hommes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. p. 514).
Le 22 juin, la 30e après avoir marché 6 lieues, arrive à Perugia. La ville est située sur une montagne; c'est selon Denis Moreau, la ville la plus saine et la plus accueillante de la région. Le 6 messidor (24 juin 1798), la 30e marche 7 lieues et arrive à Foligno. Le 10 (28 juin 1798), elle marche de 7 lieues et arrivée à Serravalle. Le 11 (29 juin 1798), marche de 8 lieues; arrivée à Bolognola. Le 12 (30 juin 1798), marche de 5 lieue; la 30e arrive à Amandola afin d'en chasser des brigands, mais à son arrivée dans le village, ces derniers se sont déjà dispersés. Le 17 (5 juillet 1798), marche de 5 lieues; la 30e quitte Amandola et couche à Bolognola. Le 18 (6 juillet 1798), marche de 7 lieues; arrivée à Serravalle. Le 19 (7 juillet 1798), marche de 7 lieues; arrivée à Foligno où la 30e s'installe.
Le 1er thermidor (19 juillet 1798), la 30e quitte Foligno; après avoir marché 7 lieues, elle loge à Perugia. Elle en part le 15 (2 août 1798) et après avoir marché 9 lieues, couche à Todi. Le 16 (3 août 1798), marche de 9 lieues; la 30e loge à Narni. Le 17 (4 août 1798), marche de 5 lieue; arrivée à Civita Castellana. Le 18 (5 août 1798), marche de 5 lieues; arrivée à Monterosi. Le 19 (6 août 1798), marche de 9 lieues; arrivée à Rome. Le 24 (11 août 1798), départ de Rome; marche de 5 lieues; la 30e couche à Albano près de la mer. Le 25 (12 août 1798), marche de 4 lieues; arrivée à Velletri où la 30e s'installe.
Le 16 août 1798 (29 Thermidor an 6), le Chef de Brigade Girardon, de la 12e Demi-brigade, ordonne, depuis Anagny : "Il est ordonné à un détachement de 150 grenadiers polonais cantonné à Frosinone, de partir demain 30 du courant pour se rendre à Velletry y relever un Bataillon de la 30e 1/2 Brigade. Ce détachement sera commandé par le Major Nadolsky et tiendra la route suivante :
- le 30 à Piperno
- le 1er Fructidor à Sermonnetta
- le 2 à Velletry ..." (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 314) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
Le même 16 août 1798 (29 Thermidor an 6), le Chef de Brigade Girardon écrit, depuis Anagny, à l'Adjudant-général Mathieu : "... J'envoye 150 Polonais relever à Velletry le Bataillon de la 30ème [Demi-Brigade]; ils arriveront le 2 Fructidor ..." (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 314) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
Le 3 fructidor (20 août 1798), la 30e quitte Velletri; après avoir marché 4 lieues, elle arrive à Albano.
Le 17 août 1798 (30 Thermidor an 6), le Chef de Brigade Girardon écrit, depuis Anagny, au Général Macdonald : "... J'ai donné ordre à 150 grenadiers polonais de partir de Frosinone pour se rendre à Velletry où ils arriveront le 2 Fructidor ; vous pourrez, suivant vos intentions, faire rentrer le Bataillon de la 30ème ..." (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 314) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
Situation de la Compagnie d'Artillerie de la 30e Demi-brigade de Ligne le 18 août 1798, d'après le "Tableau général des forces de l'armée d'Orient au 1er fructidor de l'an VI de la République française une et indivisible" :
- Garnison de Malte, Général Vaubois :
- Canonniers de la 4e Demi-brigade, Fort de Saint-Elme : total de l'effectif, Officiers compris : 67.
3 Officiers présents; 64 hommes présents sous les armes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 2. p. 613 et suivantes).
Dans une autre situation, datée du 18 août 1798 (1er fructidor an 6), les Canonnniers de la 30e de Ligne sont donnés avec un effectif de 3 Officiers et 66 hommes présents sous les armes (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 3. p. 248.).
Le 4 (21 août 1798), marche de 5 lieues et arrivée à Rome. Ce même jour (4 Fructidor an 6 - 21 août 1798), le Chef de Brigade Girardon écrit, depuis Anagny, au Général Macdonald : "J'ai reçu ce matin des nouvelles de l'Adjudant Général Mathieu qui m'annonce que, par vos ordres, il a fait partir pour Rome le Bataillon de la 30e Demi Brigade ..." (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 314) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
Le 24 août 1798 (7 Fructidor an 6) le Chef de Brigade Girardon écrit, depuis Anagny, à l'Adjudant-général Mathieu : "Le Général m'écrit, Citoyen, que m'ayant envoyé votre état de situation, je puis régler les cantonnements du Département en n'employant, cependant, que la 12e Demi Brigade et 700 Polonais. Je lui ai répondu que ne connaissant point les dispositions que vous avez fait depuis le départ du Bataillon de la 30e et ne sachant pas comment vous avez disposé des 150 Polonais que j'avais dirigés sur Velletry, je ne pouvais rien régler et que je m'en rapportais entièrement à ce que vous feriez ..." (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 314) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
La 30e demeure à Rome tout l'hiver, nous dit Denis Moreau.
L'Etat d'emplacement publié dans le Journal militaire du 10 vendémiaire an VII (1er octobre 1798) indique qu'à la date du 1er vendémiaire an VII (22 septembre 1798), la 30e est en Italie.
Par ailleurs, nous lisons dans la Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique (1901/01 (A3,VOL3,N1)-1901/06 (A3,VOL3,N6). ) "La 30e arrive à Lausanne le ler novembre; la plupart de ses soldats marchent pieds nus; l'initiative du statthalter Polier les pourvoit de chaussures et leur permet de continuer leur route".
La création de la République romaine est le signal de l'entrée en guerre du Royaume de Naples contre les troupes françaises. Au mois de novembre, la cour de Naples, apprenant la marche de Souvarof, résout de délivrer l'Italie du joug français et fait envahir par 40000 hommes le territoire de la République romaine. Les Autrichiens, alliés aux Napolitains, reprennent également les armes, sous le commandement en chef du Général Mack. Tout comme les Napolitains, ils comptent sur les secours des Russes.
Le même jour (26 novembre 1798 - 6 Frimaire an 7), à 5 heures du soir, le Chef de Brigade Girardon, commandant la 12e, écrit, du camp sous Rome, au Général Macdonald : "Les troupes à mes ordres sont arrivées au camp de Rome où j'ai pris la position suivante :
• Le 1er Bon a remplacé celui de la 15e (Demi-Brigade) Légère à la sortie du faubourg (de Saint Jean de Latran) sur la route d'Albano, où j'ai fait mettre en batterie 3 pièces d'artillerie. J'ai fait placer sur le même point l'escadron du 19e Régmt de Chasseurs à cheval et les 2 escadrons du 16e de Dragons.
• Les 2e et 3e Bons ont pris position à cheval sur la même route, à 100 toises en arrière, la gauche appuyant à la 30e 1/2 Brigde" (REGISTRE D'ORDRES ET DE CORRESPONDANCE DU CITOYEN GIRARDON (S.H.A.T. registre B3 315) in : Critelli Maria Pia, Segarini Georges. Une source inédite de l'histoire de la Révolution romaine : les registres du commandant Girardon. L'insorgenza du Latium méridional et la Campagne du Circeo. In : Mélanges de l'École française de Rome. Italie et Méditerranée, tome 104, n°1. 1992. pp. 245-453).
Championnet, hors d'état de résister, évacue Rome pour n'y être pas bloqué; il laisse deux Bataillons, un de la 98e et le 1er de la 30e Demi-brigade (le Bataillon du soldat Guyot), au fort Saint Ange avec pour mission de maintenir l'ordre à Rome et dans les environs immédiats.
Denis Moreau raconte : le 4 frimaire an VI (24 novembre 1798), on tire le canon dans trois places, dont trois coups au fort Saint Ange, trois coups au capitole et trois à la porte du Peuple. La troupe reste sous les armes jusqu'à 5 heures du soir; Denis Moreau monte la garde à la place Termini puis aux équipages du Corps. Le 6 (26 novembre 1798) à 3 heures du soir, il part de Rome avec le Capitaine d'habillement. Dans la matinée, les trois hôpitaux de la ville ont été regroupés en un seul. Les habitants de la ville assistent à ce regroupement, et comprennent que les Napolitains se rapprochent de Rome, d'autant plus qu'ils voient les troupes françaises se regrouper dans la ville et l'évacuer progressivement. La Garde Civique est encore sous les armes; Denis Moreau raconte qu'il est sous les armes avec 16 de ses camarades, et qu'il monte la garde, entouré de Gardes Civiques; ces derniers arrachent les cocardes françaises et les foulent sous leurs pieds; Denis Moreau doute qu'en cas d'émeute, ces Gardes soutiennent les Français. A 2 heures de l'après midi, la foule commence à se rassembler; peu après, un poste de 4 hommes, placé au pont de Sisto (?) doit se retirer. Un Officier de la Garde Civique demande alors à l'Officier de Denis Moreau s'il souhaite lui aussi se retirer avant d'être investi par la foule. Le poste de garde se retire donc sur sur celui de la Garde Civique, tout en se demandant quel sera son sort. Les Gardes Civiques proposent alors que le Bataillon de Denis Moreau se retire dans le Fort Saint Ange, et que s'il accepte de s'y rendre, ils lui donneraient de la force pour y parvenir. Ainsi, un Officier et 4 Gardes Civiques, baïonnette en avant, ouvre le passage aux hommes du poste de garde, sur lesquels déjà la foule se rue, notamment sur la place du camp de Fiore (?) du palais de Naples. Sur cette place, la foule est déjà dense; elle est retenue par plusieurs Officiers et hommes de la Garde Civique; les hommes de la 30e et leur escorte croisent la baïonnette et traversent sur deux rangs bien serrés la foule hostile qui hurle "à la rivière !". Finalement, les hommes parviennent au fort SAint Ange sains et saufs; entre temps, l'armée continue de battre en retraite.
La nuit suivante, à 7 heures du soir, les hommes de la 30e sortent du fort Saint Ange pour voir quelle est la situation dans la ville; ils se rendent sur la place Borghèse où un Chasseur du 19e Chasseur à cheval a été tué; ils y restent 4 heures, puis se rendent sur la place de Venise avant de rentrer vers minuit dans le fort. Le lendemain, les hommes de la 30e restent tranquilles; toute l'armée française a évacué Rome et l'ennemi arrive ves les 4 heures de l'après midi. Celui-ci s'empare de l'hôpital et de la garde qui ne tire pas un seul coup de feu. Vers minuit, il arrive en colonnes au pied du fort de Saint Ange, croyant s'en emparer, mais il est accueilli par une vive fusillade et doit se replier.
Le 8 frimaire (28 novembre 1798), plusieurs parlementaires se rendent au fort, et l'on interdit de tirer sur eux; de leur côté, malgré les ordres du Général napolitain, les bourgeois de la ville font feu en direction du fort. Du 9 au 13 (29 novembre au 3 décembre 1798), le fort demeure tranquille.
b/ Combat de Magliano
Championnet de son côté s'est retiré et prend position à Civita-Castellana avec le gros de ses forces. Au camp de Civita-Castelana, les deux autres Bataillons (2e et 3e) de la 30e sont placés dans la Division Macdonald et dans la Brigade du Général polonais Kniazewitz.
Le 9 frimaire (29 novembre 1798), Macdonald fait à l'armée une proclamation : "Ce neuf frimaire, soldats, encore un roi parjure à détrôner ! Le perfide gouvernement napolitain vient, par la plus lâche et la plus horrible trahison, vient de violer le territoire d'une république fidèle et alliée, qu'il ne l'avait point assuré. Cet attentat inconnu dans les fables de l'histoire rejaillit sur la grande nation habituée à frapper des monarques orgueilleux et insolents. Le Roi de Naples a t'il cru qu'un outrage aussi sanglant resterait impuni ? Non ! la dernière heure, elle vient de sonner ... Courez aux armes, frappez, exterminez et les satellites de ce despote violateur du plus saint de tous. Déjà, plusieurs colonnes viennent de remporter de brillants succès. Vous en avez autant mais la prudence et l'ensemble des opérations ne l'ont pas encore permis. C'est elle qui nous a contraints à nous retirer de Rome. Nous n'abandonnons point cette ville, ainsi que nos camarades qui sont restés dans le fort Saint Ange qui se défend courageusement. Bientôt, vous y rentrerez vainqueurs et arriverez triomphants dans la capitale du tyran de Naples. Déjà, l'armée est en mouvement et pénètre déjà sur le territoire napolitain; de nombreux renforts s'approchent, la foudre gronde et l'heure de la vengeance est arrivée. Respectez les habitants des campagnes et les propriétés de cette malheureuse république. Je ménage votre juste colère contre les communes rebelles. Soldats, frémissez d'horreur et d'indignation sur la lecture de la lettre du général Mack, commandant l'armée napolitaine. Il menace de massacrer vos frères restés à Rome et ceux bloqués au fort Saint Ange. Le commandant se défend courageusement, vous allez bientôt les secourir. Laissez ma réponse au général, elle est digne de vous.
Macdonald".
Macdonald, nous dit Denis Moreau, a par ailleurs envoyé un Commissaire des Guerres avec d'autres Français à l'hôpital de Rome, pour voir comment sont traités les malades placés sous la responsabilité de l'armée napolitaine. Les Napolitains sont informés que s'ils ont le malheur de leur arracher un cheveu de la tête, ce sera l'arrêt de mort de l'armée napolitaine, et que les 900 hommes faits prisonniers subiront le même sort.
Le 10 frimaire (30 novembre), une avant-garde de 6000 Napolitains (la Notice Historique parle d'un Corps composé de 500 Napolitains) est mise en déroute à Magliano par un détachement de 500 hommes sous le Général Kniazewitz; ce détachement, selon la Notice Historique, comprend 300 Polonais et 200 hommes de la 30e Demi-brigade (pour cette dernière, l'Historique abrégé parle de 300 hommes).
Après ce combat, la Division Macdonald occupe les hauteurs de Magliano. Dans la nuit du 2 décembre, le Lieutenant Charles Nicolas Cherrier, de garde au parc, aperçoit une forte colonne ennemie qui s'avance sans bruit pour tourner nos positions et nous couper de notre ligne. Il en donne immédiatement avis au Général en chef, mais les secours n'arrivent pas, le temps est précieux et il n'y a pas d'artilleurs au parc. Le Lieutenant Cherrier n'hésite pas; il force un caisson, fait charger plusieurs pièces et tire à toute volée sur la colonne ennemi qui, surprise par cette brusque attaque et trompée par l'obscurité, suspend immédiatement sa marche. Grâce à ce trait de présence d'esprit, les troupes ont le temps de prendre les armes et d'arriver avec des forces suffisantes pour obliger les Napolitains à la retraite.
A noter que la Notice Historique situe cet épisode dans la nuit du 6 décembre. Elle indique même qu'un "Bataillon de la 30e, lancé par le Général en chef lui même, sur la tête de colonne des Napolitains, oblige ceux-ci à la retraite. Il les met dans une déroute complète et leur prend 4 canons".
A Rome, le 13 frimaire (3 décembre) à midi, les habitants de la ville tentent d'attaquer le fort Saint Ange. Pendant plusieurs heures, la garnison ne riposte pas. Aussi, les assaillants tentent ils de s'emparer des barrières du pont Saint Ange, accompagnés de soldats napolitains. Deux pièces font feu à mitraille sur eux, accompagnées d'une vives fusillades; quelques assaillants sont tués. Un parlementaire est envoyé auprès du Général napolitain pour savoir s'il attaquait, mais il répond qu'il n'a rien ordonné en ce sens, et qu'il va prendre les mesures nécessaires pour la faire cesser et punir les responsables. A partir de là, le fort Saint Ange reste relativement tranquille.
c/ Combat de Civita-Castellana
Le 5 décembre, toute l'Armée napolitaine, formée en 5 colonnes sous les ordres de Mack, se jette sur le camp de Civita-Castellana. La première colonne napolitaine est battue par Kellermann qui la poursuit jusqu'à Montérosi. La troisième est entièrement culbutée par le Général Kniazewitz au moment où elle débouche de Santa Maria di Folari. "Ce brave Officier, à la tête de la Légion, de la Légion romaine, des 2e et 3e Bataillons de la 30e de Bataille (sic), deux escadrons du 10e Dragons, une compagnie du 19e chasseurs à cheval et trois pièces d'artillerie légère, par la rapidité de son attaque, a enlevé à l'ennemi 8 pièces de canon, 15 caissons de munitions, a fait 40 prisonniers dont deux officiers supérieurs..." (lettre de Championnet au Ministre de la Guerre).
Dans cette affaire, le Lieutenant Duthoya (Jean Marie) se distingue d'une façon particulière et fait prisonniers un Colonel, un Capitaine et bon nombre de soldats (l'Historique abrégé parle d'un détachement, commandé par le Lieutenant Dathay). Le Lieutenant Bouanin (Marc Henri) est atteint d'un coup de feu au bras gauche.
Monsieur Thierry Derigny, dont l'ancêtre a servi au 30e de Ligne, nous signale que, "dans sonroman La San Felice, Alexandre Dumas donne de la bataille de Civita Castellana un récitépiquedans lequel il cite, p. 533 les 2ème et 3ème bataillons de la 30ème Demi-brigade".
d/ Combat d'Otricoli
Dans la nuit du 16 frimaire (6 décembre 1798), une colonne ennemie forte de 4000 hommes, pénètre dans Otricoli, massacre le poste qui l'occupe et tous les blessés de l'ambulance. Mac Donald envoie contre elle le Général Mathieu avec quatre Compagnies de la 30e, 4 Compagnie de la Légion polonaise, un Bataillon de la 12e et un Escadron du 16e Dragons. Le Général Mathieu forme sa troupe en petites colonnes, dirige son artillerie et la principale attaque sur la grande route, repousse l'ennemi sur tous les points, s'empare d'Otricoli, fait plus de 2000 prisonniers, enlève 8 pièces de canon, prend trois drapeaux, plus de 500 chevaux et tout l'Etat major du Régiment della Princessa (cavalerie). Il culbute le reste dans les ravins où les Polonais, placés en tirailleurs, tuent encore beaucoup de monde. Cet avantage remarquable ne coûte aux Français que quelques hommes de la 30e et une cinquantaine de Polonais, tués à l'attaque d'Otricoli.
Dans la matinée, le Lieutenant Vernère (Jean François Xavier) de la 30e, envoyé en reconnaissance avec sa Compagnie, rencontre l'ennemi; "il l'attaque aussitôt, le force sur son centre, traverse la ville, lui coupe la retraite, permet ainsi au 3e Bataillon d'accourir et d'en faire une boucherie complète" (extrait des états de service du Lieutenant Vernère). L'une des pièces de canon enlevées dans ce brillant combat a été prise par le Lieutenant Blanpain de la 30e. Au nombre des blessés se trouve le soldat Plogue (Pierre), depuis Officier, atteint d'un coup de feu à la jambe droite.
e/ Combat de Garigliano
A la suite de ces succès, l'ennemi, rejeté du territoire romain, se retire en désordre dans les états de Naples, poursuivi par l'armée de Championnet. La Division Macdonald (1ère Division), formée en deux colonnes sous le commandement des Généraux Mathieu et Kniazewitz, se présente pour franchir le Garigliano; les chemins sont affreux, les positions retranchées en avant de cette rivière sont formidables, mais rien ne peut résister à l'élan de nos vieilles bandes et l'ennemi, entièrement culbuté, laisse entre nos mains 80 pièces de canon. Les deux colonnes traversent le Garigliano à Capraro et Isola et se portent, en trois marches, sur Capoue où Mack s'est réfugié avec les débris de son armée.
f/ Prise de Calvi
Pendant la marche de la 1ère Division sur Capoue, l'ennemi cherche à faire un mouvement pour nous couper de nos communications; Macdonald se porte immédiatement à sa rencontre, l'atteint près de Calvi, le bat et le rejette dans la ville; les 2e et 3e Bataillons de la 30e, avec le Général Kniazewitz, entourent la ville du côté du ravin; l'ennemi, cerné de toutes parts, est contraint de se rendre, nous abandonnant comme prise de la victoire, 4000 prisonniers, 300 chevaux, 5000 fusils, 8 pièces de canon et 15 drapeaux, dont 8 sont brûlés par l'explosion d'une cartouchière.
Du côté de Rome, dans la nuit du 22 au 23 frimaire (12 au 13 décembre 1798), les Napolitains évacuent la ville. Quelques d'entre eux demeurent cependant dans la ville le 23. Les hommes de la 30e restent donc bloqués dans le fort Saint Ange ce jour là jusqu'au soir. Dans la soirée, toute la troupe en état de porter les armes fait une sortie et se rend sur la place du Peuple puis à celle de la Colonne où elle reste une heure. Les habitants désormais se montrent beaucoup plus timides, nous dit Denis Moreau. La marche se poursuit en direction de la place Navone qui est tranquille; les hommes se rendent alors au camp de Fiore et au pont de Sisto (?) pour rejoindre Saint Pierre; ils rentrent au fort vers minuit.
Le lendemain 24 (14 décembre), dans la nuit, une nouvelle expédition est menée dans la ville, cette fois avec deux pièces de canon. Les hommes de la 30e se postent sur la place du Peuple et y bivouaquent; de là, ils patrouillent jusqu'à 2 milles, afin de repérer les positions de l'ennemi bloqué. Vers 6 heures du matin, nous dit Denis Moreau, environ 4000 ennemis se présentent et demandent le passage. Le commandant les invite à se retirer ou à se rendre. Ces derniers envoient plusieurs parlementaires et obtiennent un délai de réflexion d'une heure. De là, ils se retirent sur Monterosi. Les hommes de la 30e, les voyant évacuer, se lancent à leur poursuite sur environ deux lieues, mais ils sont arrêtés du côté de Monterosi par l'armée qui vient d'arriver. Deux Régiment de cavalerie attaquent à 3 heures de l'après midi les Napolitains qui sont mis en déroute; ils abandonnent tout leur équipage et matériel; 2000 d'entre eux sont capturés. Les hommes de la 30e regagnent le fort Saint Ange.
Le 25 (15 décembre), les hommes de la 30e retournent sur la position de la veille, située à 6 milles de Rome; ils y restent le 26 (16 décembre), et le 27 (17 décembre), après avoir marché 4 lieues, ils retournent à Rome.
Le 1er nivôse an 6 (21 décembre 1798), les hommes de la 30e en garnison au fort de Saint Ange, quittent Rome pour entrer en ligne avec l'armée, qui esst déjà aux frontière de Naples; ce jour là, ils marchent 6 lieues, et après être passés à Albano, couchent à Genzano. Ils y demeurent le 2 (22 décembre 1798). Le 3 (23 décembre 1798), ils se remettent en route, passent à Velletri et couchent au bivouac à Cisterna après avoir marché 6 lieues. Le 5 (25 décembre 1798), ils quittent cette position, marchent 8 lieues et couchent à Priverno, ville située sur une montagne. Le 6 (26 décembre 1798), marche de 3 lieues; arrivée à Prossedi. Le 7 (27 décembre 1798), marche de 4 lieues et arrivée à Frosinone, ville située sur une montagne. Cette ville, fondée par les Romains, a été assiégée par les Français et une partie en est brulée. Les hommes y demeurent les 7 et 8 (27 et 28 décembre 1798). Le 9 (29 décembre 1798), ils se remettent en route, marche trois lieues et arrivent à Ceprano à la frontière de Naples.
Le 10 (30 décembre 1798), les hommes quittent le bivouac de Ceprano, marchent 4 lieues et arrivent à Roccasecca. Le 11 (31 décembre 1798), marchent de trois lieues; ils arrivent à San Germano, ville située au pied d'une montagne. Le 14 (3 janvier 1799), ils quittent San Germano, marchent 10 lieues, et arrivent à Teano.
Cependant, Championnet, en envahissant le royaume de Naples, a commis la même faute que Mack lorsqu'il est entré dans les Etats romains; il a partagé son armée en un trop grand nombre de colonnes; cette dissémination de nos forces a failli nous être fatale, et est une des causes de notre premier insuccès sous Capoue.
g/ Siège de Capoue
Le 3 janvier, Macdonald, avec la Brigade Maurice Mathieu, se porte contre Capoue, attaque l'ennemi dans son camp situé sous cette ville, s'en empare, "mais le canon de la place nous arrête dans notre élan; l'ennemi se retire dans la ville, abandonnant son camp, laissant seulement quelques bataillons dans la forte redoute de San Antonio. Cette redoute se trouvait fortement pressée par la 30e d'une part, et les grenadiers de la 97e de l'autre; mais les feux croisés de deux bastions qui la protégeaient firent beaucoup de mal à nos troupes; elle fut enlevée quand même, mais nous n'avions pas assez de forces pour tenter d'enlever la ville d'assaut" (Rapport de Macdonald). Le siège de la ville dut commencer. A l'attaque de la redoute de San Antonio, le Général Maurice Mathieu, qui s'était placé à la tête des Grenadiers de la 30e, a un bras emporté par un boulet. Du 3 au 11 janvier, les murs de Capoue sont le théâtre de combats incessants, dans lesquels la 30e perd le Sergent Lévêque (Pierre) et un grand nombre d'hommes. Parmi les blessés, nous relevons les noms suivants : Aberjoux (Jean Marie), Lieutenant, coup de feu à l'épaule droite; Dunand (Jean Baptiste), Sous lieutenant, coup de feu au bras droit; Blein (Claude Charles), coup de feu à la main droite; Marie, soldat, atteint de trois coups de sabre; Cudey (Claude François), Sergent fourrier atteint d'un coup de biscaïen à la cuisse gauche, est promu Officier en raison de sa belle conduite. Dans ces combats, les Lieutenants Morgat (Jean) et Paturel (Giles) ont été faits prisonniers.
Le 15 nivôse (4 janvier 1799), Denis Moreau et ses compagnons bivouaque à Calvi où il reste 3 heures; toute la Demi-brigade, nous dit il, est partie; il est alors détaché pour aller chercher des vivres à Teano où il couche. Il a marché ce jour là 2 lieues. Le 16 (5 janvier 1799), Denis Moreau passe à Calvi, couché où était la Demi-brigade; il reçoit l'ordre du Chef d'aller rejoindre le Bataillon à Caiazzo mais, lorsqu'il arrive au dernier poste, celui de la 8e Compagnie de son Bataillon, il ne trouve que 2 domestiques venant du Bataillon, bien montés sur des chevaux pris; ces derniers conseille à Denis Moreau de ne pas poursuivre sa route, sous peine d'être capturé. Denis Moreau n'ayant avec lui que trois hommes, il décide de rester sur place, et explore les environs pour voir si la route menant à son Bataillon est ouverte; il parvient ainsi à passer.
Le 6 janvier, un petit Corps détaché livre à l'ennemi le combat de Cayasso, dans lequel le Sergent Barbé (Claude Louis) est atteint d'un coup de feu à la tête, et le Chef de Brigade d'Arnaud fait prisonnier.
Le 19 nivôse (8 janvier 1799), à trois heures du matin, le Bataillon de Denis Moreau est attaqué; le feu dure jusqu'au jour. Le feu cesse enfin. Le Chef vient alors avec 2 Compagnies dont une de Grenadiers du 3e Bataillons, avec celle de Denis Moreau, cela fait 3 Compagnies, soit 80 hommes. Le Chef envoie la Compagnie de Denis Moreau sur la droite, du côté du pont ennemi où se trouve un camp assez fort afin d'explorer les buissons près de la rivière; les 2 autres Compagnies, avec le Chef à leur tête, se rendent à la tête du pont ennemi et suivent la route, renforcées par 12 Dragons. Denis Moreau aperçoit l'ennemi en grand mouvement et qui passe le pont en force. Au même moment, un Dragon d'ordonnance arrive et dit à la Compagnie de se retirer au plus vite et que le Chef de Brigade et les 2 autres Compagnies ont été prises. Denis Moreau et sa Compagnie se retirent en bon ordre mais, en sortant du bois, les hommes aperçoivent une colonne de 4 ou 500 hommes qui tente de bloquer le passage à la Compagnie. Pour passer, cette dernière doit franchir une barrière dont elle est éloignée de 900 pas; la colonne ennemie elle est à 200 pas de la barrière. La Compagnie, forte de 24 hommes, se voit déjà prisonnière; elle tente toutefois son va tout. Arrivée à 50 pas de la barrière, elle se met en bataille et fait un feu de file sur la colonne ennemie qui réplique. La Compagnie poursuit sa marche tout en tiraillant, cherchant à éviter d'être prise par de la cavalerie ennemie. Elle n'est toutefois par poursuivie. Un Caporal, qui n'a pu suivre, est resté prisonnier; quelques hommes sont légèrement blessés. La Compagnie retourne à sa position du matin, mais à son arrivée, le Bataillon (environ 300 hommes) n'est plus là; il a du retraiter pour éviter d'être pris par l'ennemi, fort de 5000 hommes, profitant du brouillard. Le Général, dit Denis Moreau, a été blessé à mort. Denis Moreau va alors camper au pied de la montagne de Jérusalem, où est rassemblé le Bataillon le 21 (10 janvier 1799).
Le 11 janvier, Capoue capitule après huit jours de combats qui décident l'ennemi à demander un armistice pour prix duquel il rend également diverses autres places.
Le 23 nivôse (12 janvier 1799), Denis Moreau quitte la montagne de Jérusalem pour aller à Belonne à une lieue de là. Le lendemain, la 30e, après avoir marché 2 lieues, entre dans Capoue. Le Chef de la 30e Demi-brigade, qui vient d'être rendu, est nommé Commandant de la place. Denis Moreau va rester à Capoue jusqu'au 23 pluviôse (11 février 1799).
Sur de faux rapports, la 30e a été accusée d'avoir pillé le village de Rocca-Socca et un ordre du jour du Général en chef a flétri sa conduite; mieux informé, le Général rend justice à la Demi-brigade dans l'ordre rectificatif suivant :
"Ordre du jour
C'est par erreur qu'il a été mis à l'ordre de l'armée que la 30e Demi-brigade de ligne avait pillé Rocca-Socca; les renseignements qui sont parvenus au général en chef lui ont appris que cette Demi-brigade n'avait pas même passé dans cet endroit, et s'empresse de lui rendre la justice qui lui est dûe; il désirerait pouvoir en dire autant de beaucoup d'autres.
27 Nivose an VII (15 janvier 1799) à Casalo
Le Chef d'Etat major général
Bonamy".
h/ Prise de Naples
L'armistice ayant été violé quelques jours après sa conclusion, Championnet dirige le 20 janvier toutes ses forces sur Naples. Le 2e Bataillon de la 30e qui, après la prise de Capoue, a été envoyé à Caserte, quitte cette ville avec le Général de Brigade Poitou et rejoint la 1ère Division à Aversa.
Malgré les intelligences qu'on avait dans la place, il faut trois jours de combats des plus sérieux pour soumettre Naples. La défense héroïque des Lazzaroni, dont le courage indomptable étonne les troupes de la vieille république, rend la prise de la ville des plus sanglantes; enfin, le 23, la bourgeoisie ayant livré le fort Saint-Elme, Naples tombe entre nos mains.
Le 1er jour (21 janvier) la 30e a à soutenir un combat des plus vifs à Aversa. L'ennemi laisse entre nos mains 300 cavaliers, un équipage de pont et 15 pièces de canon. Le Sous lieutenant Alfier (Gotfrid) est tué.
Le 22, nouveaux combats à Capo-di-Chino et Capo-di-Monte. Enfin, le 23, dans les rues de la ville. Dans ce dernier combat, qui est plus sanglant encore que les précédents, le Capitaine Schaller (Pierre) se distingue tout spécialement en enlevant à la tête de sa Compagnie, une batterie de trois pièces. Maître de la capitale des Etats Napolitains, Championnet y proclame la République parthénopéenne et fait prendre à son armée le titre d'Armée de Naples. Peu de temps après, destitué par le Directoire, il cède le commandement en chef à Macdonald.
Pendant ces opérations, le 1er Bataillon de la 30e, nous l'avons vu, est resté à Rome où il fait partie de la garnison du château Saint-Ange, aux ordres du commandant Valterre de la 98e. Sans cesse attaqué par les Napolitains et par la population révoltée, sans cesse sommé de se rendre, il ne répond à ces propositions que par le mépris, et dans vingt sorties heureuses, inflige aux assiégeants une série d'échecs. Il quitte le fort le 12 nivôse (1er janvier 1799) selon la notice historique (le 1er nivôse selon Denis Moreau) pour rejoindre l'armée de MacDonald qui a pénétré dans Naples. A noter qu'entre temps, le 3 février, en récompense de cette belle défense, le Commandant Valterre a été nommé par Championnet, Chef de Brigade à la Suite de la 30e; il sera plus tard, sous le 1er Empire, Baron de Saint Ange.
Le 23 pluviôse (11 février 1799), le Bataillon de Denis Moreau quitte Capoue, direction Naples; après avoir marché 4 lieues, il arrive à Aversa. Le lendemain, nouvelle marche de 4 lieues; Denis Moreau couche à Naples. La Notice Historique indique pour sa part que le Bataillon est parvenu à Naples le 30 pluviôse (18 février 1799) et y a séjourné jusqu'au 2 germinal (22 mars 1799), date à laquelle il aurait repris ses opérations de maintien de l'ordre. Si l'on se base sur Denis Moreau, les choses sont toutes autres. En effet, Denis Moreau nous dit être parti de Naples le 25 pluviôse (13 février 1799) pour marcher jusqu'à Castellammare, petit port de pêche situé à 7 lieues de Naples; ce port est défendu par un petit fort contenant deux batteries. De là, Denis Moreau se rend à Salerne à 8 lieues de Castellammare; il va rester dans cette ville, située à la frontière de la Calabre, jusqu'au 8 ventôse (26 février 1799).
L'occupation du royaume de Naples donne lieu à une foule de combats partiels. La 30e, employée à la pacification du pays, rayonne, par détachements, dans toutes les directions, poursuivant les brigands et les paysans armés soulevés contre nous. C'est dans une de ces expéditions à la tour Moniata, qu'est tué le Sous lieutenant Geunsfeldberg.
Le 8 ventôse (26 février), une de ces petites colonnes forte de 200 hommes, envoyée sous le commandement du Capitaine Aberjoux (Jean Marie) dans la direction de Citerna, disperse sur son passage et repousse dans la montagne les révoltés napolitains, puis, apprenant que Citerna est aux mains des insurgés, elle s'y porte aussitôt, entre dans la ville de vive force et s'empare de deux canons. Le port de Citerna, dans le golfe de Gaëte, est à quelques kilomètres de la ville; deux navires y sont ancrés. A la nouvelle de l'entrée des Français, ils appareillent immédiatement pour gagner la haute mer; mais le Capitaine Aberjoux, prévenu de ce fait, se rend sur le port avec les deux pièces qu'il a prises à l'ennemi, canonne les navire et les oblige à amener leur pavillon. Macdonald veut alors que, par un ordre général, ce brillant fait d'armes soit porté à la connaissance de toute l'Armée de Naples et les fait inscrire dans les états de service du Capitaine Aberjoux, ainsi que dans ceux du Lieutenant Elie Rambaud, qui a éclairé la marche de la colonne et qui, le premier, a pénétré dans Citerna.
De son côté, Denis Moreau quitte le 8 ventôse Salerne et marche 8 lieues pour arriver à Maiori, ville située sur le bord de mer. Le lendemain, il reprend la direction de Salerne; il passe de fortes montagnes et arrive à Cava de Tirreni où se sont installés des brigands. Ces derniers sont immédiatement attaqués : on bat la charge et les brigands se dispersent. Denis Moreau couche sur place, après avoir marché 6 lieues. Le 10 ventôse (28 février 1799), le Bataillon de Denis Moreau se lance à la poursuite des brigands; il marche 6 lieues. Denis Moreau donne un récit assez complet de cette poursuite : le Bataillon prend d'abord la direction de Sainte Lucie où il rencontre une certaine résistance; les brigands s'enfuient ensuite dans les montagnes, poursuivis par le Bataillon. L'endroit est incendié. De là, le Bataillon marche sur Nocera, autre lieu d'insurrection ; le Bataillon couche sur place. Le lendemain (bien que Denis Moreau donne encore la date du 10 ventôse), le Bataillon part à la poursuite des brigands. Il se rend à Sainte Lucie; là encore, il y a quelques résistances, puis fuite dans les montagnes. Le Bataillon reçoit alors l'ordre de retourner en direction du village de Saint Lucie et sur son passage de piller, de brûler et de tuer tout homme qui s'y trouve, en état de porter les armes. En une heure, toute la localité est en flammes et le Bataillon pousuit en direction de Sainte Lucie qui est également incendié. Les habitants prennent alors la fuite, les femmes tenant leurs enfants dans leurs bras, avec des paquets sur la tête. Le Bataillon passe ensuite dans un village où il trouve un perruquier qui est encore dans sa boutique. Celui-ci déclare que si les soldats acceptent de pardonner les habitants, il ira lui même les chercher dans la montagne afin qu'ils rentrent dans leurs maisons. Effectivement, les habitants redescendent dans le village et demandent grâce aux soldats en se jetant dans leurs bras; l'eau et le vin sont distribués à profusion. Le Bataillon retourne ensuite coucher à Cava; il a marché ce jour là 4 lieues. Le 12 (2 mars 1799), le Bataillon part de Cava pour se rendre à Saint Séverin, également révolté. En chemin, l'on fusille tous ceux qui sont trouvés les armes à la main; à Saint Séverin, on désarme, brise et brûle les armes prises aux insurgés. Le Bataillon, après avoir marché 8 lieues, retourne le soir même à Cava, où il demeure jusqu'au 16 (6 mars 1799). Le 17 (7 mars 1799), il quitte Cava, marche 2 lieues et couche à Nocera. Le 18 (8 mars 1799), il quitte Nocera, marche 5 lieues et arrive à la Tour Annonciade, ville située en bord de mer au pied du Vésuve. Le 27 (17 mars 1799), le Bataillon quitte la Tour Annonciade, marche trois lieues et s'installe dans un petit fort de Naples, où il demeure jusqu'au 3 germinal (23 mars 1799).
En mars, selon la Notice Historique, la 30e occupe Portici, Castellamare et Naples; son effectif est de 1915 hommes.
Armée de Naples, 1er Germinal an VII - 21 mars 1799 (Nafziger - 799CAJ) 30e Demi-brigade, 1671 hommes |
A la fin de mars 1799, la 30e quitte Naples, faisant partie d'une expédition dirigée contre Gaëte. Elle arrive sur le Garigliano où il n'y a pas de pont. Ce torrent, grossi par les pluies, est rapide et profond. Les insurgés, embusqués sur la rive opposée, s'apprêtent à en défendre le passage, opération d'autant plus facile qu'ils en ont détruit le pont. Le Sergent Joseph Perusset (ou Pérusset) s'élance sous le feu de l'ennemi, traverse à la nage, parvient à attacher une corde sur l'autre rive et facilite ainsi le passage à un certain nombre d'hommes qui tiennent les insurgés en échec pendant que la colonne franchit la rivière.
Denis Moreau parle de cette expédition; son Bataillon s'est mis en marche le 3 germinal (23 mars 1799), est passé par Naples et après avoir marché 2 lieue, a couché dans un village près d'Aversa. "Le même jour (2 germinal - 22 mars) nous ont partie pour nous rendre à Capoux" (soldat Guyot).
Le 4 (24 mars 1799), Denis Moreau marche 10 lieues; il passe à Aversa et à Capoue, et couche à une poste. Le 5 (25 mars 1799), il part de cette poste pour aller au pont près de Traiette (sic) où se trouvent les brigands; son Bataillon marche ce jour là 6 lieues.
Après avoir franchi le Garigliano, nous dit la Notice historique, la 30e se présente sous Traetto qu'elle emporte d'assaut. Le Lieutenant Plaige, qui déjà à l'armée de Sambre et Meuse s'était signalé en sauvant les bagages du Général en chef, arrive le premier sous les remparts suivi de peu d'hommes, entre dans la ville, culbute l'ennemi, s'élance sur une des portes, l'ouvre malgré le feu des révoltés et donne ainsi entrée à l'une des colonnes d'attaque. Le Sergent major Lafitte (Etienne), qui s'est particulièrement fait remarquer à la prise de Traetto et a été atteint d'un coup de feu au flanc droit, est nommé Sous lieutenant.
Selon Denis Moreau, la 30e est partie le 6 (26 mars 1799) à minuit pour attaquer Traiette (sic) où dit il, les brigands sont en force. Ces derniers sont bloqués dans la ville. Avant la pointe du jour, les Grenadiers et les Carabiniers entrent dans la ville et en taillent quelques uns; 2000 insurgés sont pris, dont 28 femmes; la ville est entièrement pillée puis brûlée.
De Traetto, le même jour, la 30e se dirige sur Castelforte qui est enlevé, nous dit la Notice historique, après un vigoureux combat où sont tués le Capitaine Diversy (Antoine) et le Sous lieutenant Paclot (Pierre); au nombre des blessés sont le Capitaine Guillaume (Claude François), coup de feu au ventre; le Lieutenant Amiet (Jean Pierre), coup de feu au bras gauche; le Sous lieutenant Dumesnil (Pierre), coup de feu à l'aine. Selon Denis Moreau, des brigands se sont réunis dans cette petite ville; les hommes se battent jusqu'au soir sans pouvoir prendre la ville, dont les portes sont murées en dedans. Ce n'est qu'à minuit que l'on parvient à y pénétrer, mais, nous dit Denis Moreau, les brigands se sont déjà enfuis par des souterrains. La ville est pillée et brûlée, et quelques brigands pris sont exécutés. Le même jour, les hommes vont coucher au pont (2 lieues), puis de là, on prend la direction de Gaeta (sic - 5 lieues).
"Le 6 a Castelforte ou l'on a brulé la ville" (soldat Guyot).
La 30e selon la Notice historique, entre à Gaëte après un dernier combat dans lequel le Lieutenant Vannier (Etienne) est atteint d'un coup de feu et le Sous lieutenant Collardeau (Antoine Martin) mortellement blessé.
Le 7 (27 mars 1799), Denis Moreau marche 4 lieues; il couche à Fondi après avoir traversé des montagnes. Le 8 (28 mars 1799), il part attaquer un poste (sans autre précision). Dans son récit, il indique que la ville, dans laquelle se trouve des brigands, et attaquée et investie; mais le temps que les troupes pénètrent à l'intérieur, les brigands ont déjà évacué en partie. Denis Moreau tiraille ensuite pendant quelques heures; il parle des Polonais qui sont montés à l'assaut. Tous les brigands trouvés snt tués, et l'on pille et brûle. Finalement, après avoir marché 3 lieues, Denis Moreau couche sur place. Il part ensuite de cette ville pour se rendre à Ceprano, ville située à la frontière de Naples et de la Romanie (sic). Il marche 4 lieues.
"Le 8 à Saint Jouanne, le 9 à Lisola (Isola del liri) ou l'on a bloqué la ville raport des paysans qui étoit révolté" (soldat Guyot).
Le 31 mars, la 30e livre, selon la Notice historique, le combat de Posterna où est tué le Capitaine Perrin (Antoine). Le Sergent Perusset (Joseph), le même qui, au passage du Garigliano, s'était dévoué pour faciliter le passage de la colonne, se signale encore dans ce combat par sa brillante valeur; en récompense, Madonald le nomme Sous lieutenant sur le champ de bataille.
Le 15 germinal (4 avril 1799), Denis Moreau part pour Saint Jean, et après avoir marché 4 lieues, couche à Daoul (?). Il en part le lendemain et arrive à Ceprano où il reste le 17 (6 avril 1799). Le 18 (7 avril 1799), il quitte Ceprano pour tenter de franchir la rivière bloquée par les brigands, sans succès. Il retourne donc à Ceprano, après avoir marché 3 lieues. Le 24 (13 avril), il passe la rivière à gué; le courant est rapide et pour traverser, l'on se tient à une corde tendue entre les deux rives; tous les hommes passent sains et saufs. Les brigands ne tentent pas d'empêcher le passage des soldats, se contentant de tirer quelques coups de canon. Ils sont poursuivis jusqu'à Isola del Liri. En passant près d'Arce, les brigands, embusqués sur un rocher, tentent de bloquer l'avancée des soldats par une vive fusillade, mais en vain; la troupe parvient près d'Isola, une petite ville bien gardée par une rivière et défendue par quelques canons aux portes et dans les croisées des maisons. Les brigands font feu avec leurs pièces dès qu'ils aperçoivent les soldats descendant de la montagne. Ces derniers bivouaquent alors sur la montagne près d'Isola. Le lendemain, le Général, nous dit Denis Moreau, passe un accord avec les brigands; la troupe entre dans la ville et couche sur place (1 lieue parcourue ce jour là).
Le 26 germinal (15 avril 1799), Denis Moreau quitte Isola pour se rendre dans un couvent situé à 1 mille de là; il y reste le 27 (16 avril), puis, le 28 (17 avril), se met en route pour attaquer la petite ville d'Arpino, située dans les montagnes tenue par les brigands. Ces derniers étant en force, l'on se contente de tirailler un peu puis l'on retourne au couvent, après avoir marché 2 lieues, où l'on demeure le 29 et le 30 (18 et 19 avril).
Le 1er floréal (20 avril), Denis Moreau quitte le couvent, marche 6 lieues et couche à Priverno; le 2 (21 avril), il marche 5 lieues et arrive à Terracina; le 3 (22 avril), marche de 10 lieues et arrivée à Imola de Gaeta. Le 4 (23 avril), marche de 6 lieues; Denis Moreau arrive à Sessa et passe un pont près de Traette (?) où la troupe laisse ses sacs afin de courir plus lestement après les brigands dans les montagnes; les hommes couchent à Sessa. Le 5 (24 avril), Denis Moreau, après avoir marché 6 lieues, arrive à Capoue. Il y reste en garnison jusqu'au 14 (3 mai 1799). Ce jour là, Denis Moreau se remet en route, marche 4 lieues en direction de Naples, et couche à Aversa. Le 15 (4 mai 1799), il marche 4 lieues et campe près de Naples.
Notons que selon la Notice Historique, le 25 avril, la 30e prend part au combat de Ceza, où elle perd le Sous lieutenant Quartier maître Garnier (Jean François), et où l'Adjudant major Capitaine Lefebvre (Nicolas Antoine) est atteint d'un coup de feu au bras droit.
Entre temps, au Nord, l'Armée d'Italie, commandée par Schérer, a subi un grave échec à Magnano, près de Verone (5 avril). Les Russes, devenus les alliés des Autrichiens, leur amènent de puissants renforts et Souvaroff, surnommé l'Invincible, a pris le commandement de l'Armée alliée. Il va s'emparer de tout le territoire de la Réublique Cisalpine. Notre armée est de nouveau battue à Cassano (28 avril). Moreau en reçoit le commandement et la ramène sur Gênes. Le Directoire enjoint alors à Macdonald, qui a remplacé Championnet, l'ordre de laisser des garnisons dans les places et de venir avec l'Armée de Naples se joindre à Moreau. La dispersion des Autrichiens et des Russes permet d'espérer que la jonction pourra se faire vers Tortone.
Macdonald quitte Naples, où il a laissé 500 hommes, le 7 mai. Il laisse également à Rome 300 hommes, et, avec le gros de ses forces, remonte vers le nord pour donner la main à Moreau. L'Armée de Naples effectue sa retraite en plusieurs colonnes.
Denis Moreau pour sa part indique être parti du camp de Naples le 17 floréal (6 mai 1799) et avoir marché 4 lieues avant de coucher à Aversa. Le 18 (7 mai), il marche 8 lieues et passe à Capoue. Selon Denis, l'armée se rassemble pour se retirer du pays de Naples et se rendre en Italie. Il couche au bivouac près de Calvi. Le 20 (9 mai), Denis Moreau marche 5 lieues; il passe à Saint Germain où se trouvent des brigands qui sont débusqués; il couche à Cougne (?). Le 21 (10 mai), nouvelle marche de 4 lieues; après avoir quitté Cougne, la troupe se rend en direction d'Arce afin d'attaquer cette ville située sur la montagne; elle est rapidement prise puis incendiée. La troupe bivouaque à proximité. Le 22 (11 mai), nouvelle marche de 6 lieues; Denis Moreau, après avoir quitté le bivouac, prend la direction d'Isola, passe à Ceprano et couche à Castel Louche (?), ville qui a été abandonnée.
Notons que dans les historiques, il est indiqué que le 11 mai, la colonne à laquelle appartient la 30e, se présente devant Isola, ville construite sur le Garigliano à un endroit où la rivière fait une chute de cent pieds; le pont est coupé; la position très forte; le Général Olivier décide d'attaquer la ville par les deux rives à la fois, et charge la 30e de l'attaque de la rive droite. La rivière n'est pas guéable et les pluies ont rendu son courant très rapide, mais l'intelligence des Officiers et des soldats surmonte tous les obstacles; on construit quelques radeaux et le passage s'effectue moitié à la nage, moitié par transport. Isola est enlevé, mis à sac et livré aux flammes par les soldats furieux.
"Le 23 (floréal ?) a Lisla (Isola del Liri) ou l'on a masacré tous les habitant de la ville sans que il en échappa un seul par raport a une révolution qui c'est fait éclater dans la dite ville (l'historique de la Demi-brigade ne donne pas de détails sur les motifs de ce saccage de la ville)" (soldat Guyot).
La Notice historique nous dit que "Après avoir évacué les Etats de Naples, Macdonald franchit l'Appenin au col de Pontremoli, court au devant d'un Corps d'armé commandé par Hohenzollern, l'atteint et l'écrase complètement sous Modène". Pour sa part, l'Historique abrégé indique que "Macdonald arrive à Rome le 16, et prend position le 25 en Toscane, où il réorganise ses Divisions, à l'aide des Corps ralliés des divers points des Romagnes. La 30e Demi-brigade est placée dans la Division Olivier, forte de 5600 hommes. Le 6 juin, il se remet en mouvement et se dirige sur Modène occupée par le Corps autrichien de Hohenzollern, fort d'environ 6000 hommes".
Denis Moreau se remet en marche le 23 floréal (12 mai 1799); après avoir marché 5 lieues, il couche à Veroli. Le 24 (13 mai 1799), après avoir marché 4 lieues, il couche au bivouac de Ferentino. Le 25 (14 mai 1799), après une marche de 7 lieues, il bivouaque près de Valmontone. Le 27 (16 mai 1799), il arrive après 4 lieues de marche à Frascati. Le 28 (17 mai 1799), après 4 lieues de marche, il est à Rome. Le lendemain, Denis Moreau se remet en route, marche 8 lieues et couche à Monterosi. Le 30 (19 mai 1799), il part de Monterosi, marche 8 lieues et couche à Viterbo au bivouac près de la ville. Le 1er prairial (20 mai 1799), il marche 6 lieue et bivouaque à Beau Freno (?). Le 2 (21 mai 1799), nouvelle marche de 5 lieue et arrivée à Radisfano (?). Le 3 (22 mai 1799), après une marche de 5 lieues, il couche au couvent de Buonconvento. Le 4 (23 mai 1799), marche de 6 lieues et arrivée à Acquapendente. Le 5 (24 mai 1799), marche de 5 lieues et arrivée à Basteein (?). Denis Moreau est aux portes de la Toscane.
Armée française d'Italie, 25 mai 1799 (Nafziger - 799EAQ) Division: Général de Division Oliver |
Le 6 (25 mai 1799), Denis Moreau, après avoir marché 6 lieues, arrive à Sienne; il en part le 7 (26 mai 1799), marche 7 lieues et couche à Campi (?). Le 8 (27 mai 1799), il arrive après une marche de 6 lieues à Florance, capitale de la Toscane. Il couche sur place. Il se remet en marche le 9 (28 mai 1799), marche 4 lieues et couche à Prato. Le 10 (29 mai 1799), il est à Pistoia; le même jour, il marche toute la nuit et arrive le 11 (30 mai 1799) après une marche de 6 lieues à San Marcello. Il en part le jour même pour aller camper.
Forces sous Macdonald , fin mai 1799 (Nafziger - 799EMG) Division: Général Olivier Source : Miliutin, "Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799", Munich, 1856 |
Le 15 (3 juin 1799), Denis Moreau se remet en marche; parti à 2 heures du matin, il gravit une montagne élevée; la marche dure 2 heures sur une distance de 3 lieues. Denis Moreau note que sur cette montagne, il y a de la neige à la Saint Jean. Il est alors à la frontière du Modénais.
Le 17 (5 juin 1799), Denis Moreau reprend la route, marche 2 lieues et arrive à Lospitalette (?) où il demeure le 18 (6 juin 1799). Le 19 (7 juin 1799), il marche 3 lieues et arrive à Sestola où il séjourne.
Armée française de Naples, 8 juin 1799 (Nafziger - 799FAS) Commandant en Chef : Général de Division Macdonald Source : Gachot |
Le 21 (9 juin 1799), nouvelle marche de 4 lieues; Denis Moreau bivouaque à Pavullo. Le 22 (10 juin 1799), marche de 6 lieues puis bivouac.
i/ Prise de Modène
Le 11, l'Armée de Naples marche sur Modène; la Division Olivier, dont fait partie la 30e, forme la tête de colonne. La bataille de Modène, à laquelle la 30e prend une part glorieuse, comprend trois phases distinctes : combat en rase campagne, où l'ennemi défait se replie dans son camp fortifié, établi sur les glacis de la place, prise du camp, prise de la ville.
L'ennemi essaie dans un premier temps de tenir en plaine, mais il est rejeté sur les glacis de la place où il prend ses dispositions pour livrer bataille. Denis Moreau résume : le 23 prairail (11 juin 1799), il se met en route pour aller attaquer l'ennemi à Biname (?). Il marche 2 lieues. L'avant garde se bat; l'on tire quelques coups de canon; l'ennemi se retire dans la ville de Modène, laissant entre les mains des Français une soixantaine de prisonniers plus quelques déserteurs. Denis Moreau bivouaque près de Modène.
Le 24 prairial (12 juin 1799) au matin, le Capitaine Mouret (Hilaire), renommé par son intelligence et sa valeur, est chargé par le Général en Chef de faire, à la tête de 100 hommes de bonne volonté, une reconnaissance ayant pour but de s'assurer des positions exactes de l'ennemi. Le Capitaine Mouret part avec sa troupe, culbute les postes avancés, reconnait les lignes, reçoit plusieurs charges qu'il repousse à la baïonette et, quoique blessé, remplit fidèlement l'objet de sa mission; il se replie ensuite en bon ordre sans avoir éprouvé aucune perte.
A la bataille de Modène, la 30ème, placée dans la Division Olivier, fait brigade avec la 73ème; elle est déployée à la gauche de la route de Reggio d'Emilia, faisant face à la ville, la 73ème à droite. Le Général Olivier, dans son rapport, s'exprime ainsi : "L'ennemi se présentait dans la meilleure contenance, mais il ne peut résister à l'élan de nos troupes; rejeté de ses première positions, il veut offrir une nouvelle résistance en se ralliant à la tête de son camp établi sur les glacis; les troupes le poussent au pas de charge et il est obligé de rentrer dans la ville. Il espérait, derrière les remparts, pouvoir mieux résister, mais les grenadiers arrivant au pas de charge, s'opposent à la fermeture de la porte. Un sergent de la 30e a placé son fusil avec autant d'adresse que de courage entre les deux vantaux et, les poussant vigoureusement, a facilité l'arrivée de la tarrière qui a été brisée et, les remparts balayés, la ville a été en notre pouvoir... Les Chefs de Brigade Darnaux et Nouillemont se sont comportés avec la précision, le sang froid et la valeur qui les ont distingués jusqu'à ce jour".
Le Général Olivier a malheureusement omis le nom du brave Sergent qui a empêché la fermeture de la porte Saint François, vers laquelle était dirigée l'attaque de la 30ème et a donné accès dans la place à nos Grenadiers. Si inconnu pour nous que soit ce héros modeste, il n'en a pas moins droit à toute notre admiration, à toute notre estime; mais, par contre, les Etats de service des Officiers relatent nombre de faits remarquables accomplis par eux dans les différentes phases de cette bataille, faits qui suffisent à prouver, si on ne le savait d'autre part, le courage indomptable de ces hommes, dignes chefs dans une armée la plus solide qu'on ait vue.
Pendant le combat en rase campagne, le commandant Gibassier est aux prises avec un Bataillon ennemi parfaitement embusqué; ne pouvant, par son feu, le déloger de ses positions, il ordonne au Capitaine Marchand (Jean Pierre) de prendre ses dispositions pour couper la retraite à ce Bataillon, tandis qu'il le chargera lui même à l'arme blanche; l'attaque est couronnée d'un plein succès; le Capitaine Marchand, franchissant tous les obstacles, manoeuvre avec tant de précision et d'audace qu'il oblige la plus grande partie de ce Bataillon à déposer les armes. Dans la seconde partie de la bataille, le commandant Gibassier à la tête du 2e Bataillon charge sur le camp ennemi, lorsqu'il s'aperçoit qu'il va être tourné par deux Escadrons russes; il confie aussitôt 200 hommes au Lieutenant Aberjoux (Jean Marie), avec mission de s'opposer à ce mouvement, tandis qu'il continuera le sien. Le Lieutenant Aberjoux exécute les ordres de son chef avec tant de bonheur qu'il met en pleine déroute cette cavalerie et la rejette sur une embuscade du 3e Bataillon qui la détruit presque complètement.
A la prise de la ville, Perusset (Joseph), récemment promu Sous lieutenant, trouve encore l'occasion de se signaler à la tête d'un peloton de Grenadiers. Il arrive contre une des portes, la fait enfoncer, en fait la garde prisonnière, puis, marchant sur le rempart, il oblige six Compagnies commandées par un Major à déposer les armes et s'empare de quatre bouches à feu dont le tir était dirigé sur la colonne d'attaque.
Entrainé par son d'ardeur, le Capitaine Bouillé (François), accompagné de quelques hommes seulement, s'élance à la poursuite de l'ennemi qui rentre dans la ville et y pénètre avec lui. Accablé par le nombre, il est fait prisonnier; maispar suite de la tournure heureuse du combat, il parvient à faire lui même prisonniers ceux qui s'étaient emparés de lui et ramène à son chef quinze Grenadiers russes.
Les résultats de cette brillante journée sont : un Corps d'armée complètement défait, une ville enlevée, 800 hommes tués ou blessés, 3000 prisonniers, 3 drapeaux pris et 12 pièces de canon. La 30e a vigoureusement donné, aussi n'a t'elle pas été épargnée par le feu de l'ennnemi : le Capitaine Voisemberg (François Rémy) est mortellement blessé; le commandant Gibassier (Pierre), atteint d'un coup de feu à la cuisse droite; le Capitaine Bouillé (François), blessé d'un coup de sabre; le Capitaine Mouret (Hilaire), coup de pistolet à l'épaule gauche; le Capitaine Marchand (Jean Pierre), deux coups de sabre; le Lieutenant Joubert (Guillaume), coup de feu à l'épaule gauche; Christophe (Claude), depuis Officier, alors Sergent, coup de feu au pied droit; Plançon, alors Caporal, coup de feu à la cuisse droite. Le Lieutenant Amiet (Jean Pierre) a été fait prisonnier.
Presqu'à la tombée de la nuit, Macdonald, vainqueur sur toute la ligne, accompagné seulement de quelques Officiers et de quelques guides d'éscorte, reconnait les positions de sa première ligne; tout à coup, il se trouve en présence d'un peloton de 30 cavaliers russes (Notice Historique) ou autrichiens (Historique abrégé), commandés par un Officier qu'une erreur de direction a séparés de leur Corps. La première idée du Général et de ceux qui l'entourent est que ces cavaliers viennent se rendre; mais l'Officier ennemi lève son sabre, commande la charge, et prompt comme l'éclair, fond sur le Général en chef. L'escorte est dispersée; Macdonald, renversé de cheval, blessé de plusieurs coups de sabre, va être tué. Heureusement, le Capitaine Claude Antoine Dubourg, avec sa Compagnie de Grenadiers, est en position à quelques pas de là, embusqué dans les vignes. Au bruit du combat, il accourt, s'élance sur les cavaliers dont il fait un véritable carnage, et sauve ainsi la vie au Général en chef. Reconnaissant, Macdonald nommtemps, e le Capitaine Dubourg Chef de Bataillon sur le champ de bataille. On ne saurait trop louer la noble conduite de ces cavaliers ennemis qui, alors que la bataille était terminée depuis longtemps, que toute leur armée était en fuite, seuls, presque assurés d'une mort cartaine, n'hésitèrent pas à fondre sur le Général pour s'emparer de sa personne. Les documents officiels rapportent qu'ils payèrent tous de leur vie leur héroïque entreprise : la plus grande partie furent tués sur le lieu même par les Grenadiers du Capitaine Dubourg; quelques uns se jettèrent dans les vignes et furent poursuivis et tués; enfin, les autres qui s'étaient sauvés vers la ville furent mis à mort dans les rues par les soldats et les habitants.
De son côté, Denis Moreau raconte que le 24 prairial, il quitte son bivouac pour attaquer l'ennemi qui s'est retiré près de la ville; en arrivant aux avants postes, on bat la charge de toutes parts et l'on fonce sur l'ennemi, généraux en tête; le combat dure 4 heures. Denis Moreau dit que la victoire est complète, et que l'on a fait plus de 3000 prisonniers, sans parler des blessés et des tués. Le reste de l'armée ennemie s'est retiré en désordre et en déroute quasi complète. Mais du côté français, Denis Moreau signale la perte du Général Forest, tué, et le Général Macdonald, blessé légèrement; il y a aussi 150 Officiers et soldats blessés.
Le 25 prairial (13 juin 1799), Denis Moreau marche 9 lieues; il part en expédition du côté de Mirandola, puis retourne coucher à Modène. Le 27 (15 juin 1799), il marche 5 lieues et couche au camp de Reggio.
j/ Prise de Plaisance
De Modène, Macdonald revient sur Plaisance; le 16, nos avant-gardes arrivent devant la ville. Le Général Ott, qui commande deux Divisions autrichiennes, évacue cette place en toute hâte et se replie par la grande route de Tortone sur laquelle on signale l'approche de Souwaroff. La résistance de Ott n'a pas été acharnée; toutefois, la 30e perd le Capitaine Legrand (Pierre), mortellement atteint.
Souwaroff, à la première nouvelle de la marche de Macdonald, a quitté Turin pour se porter à sa rencontre.
Pour Denis Moreau, la journé du 28 prairial (16 juin) se limite à une marche de 7 lieues, au cours de laquelle il s'est rendu au bord du Taro.
k/ Bataille de la Trebbie
Le 17, Macdonald fait Ott attaquer sur le Tidone, à 5 kilomètres au-delà de la Trebbie, par trois Divisions et demie. Ott est mis en déroute. Malheureusement, Macdonald et Moreau ont trop tardé à réaliser leur jonction, et Souvaroff intervient à temps, non seulement pour le sauver, mais pour nous rejetter sur la Trebbie, après une lutte opiniâtre qui a duré jusqu'à la nuit. Macdonald a laissé deux Divisions en arrière de la Stura, dont la Division Olivier, dont fait partie la 30e qui n'entre en ligne que le matin du troisième jour de la bataille. Ayant à peine 18000 hommes à opposer aux 40000 Russes, Macdonald veut se tenir sur la défensive.
Denis Moreau, en ce 29 prairial (17 juin 1799) à marché presque jusqu'à 10 heures du soir, pour bivouaquer près de Fiorenzuola; de là, il se remet en route pour Plaisance.
Le 18, Macdonald n'a pu encore achever sa concentration. Ses trois Divisions, qui se sont battues la veille, sont attaquées, dès le matin, par Souwaroff, dans leurs positions de la rive gauche de la Trebbie qui nous appartient encore. Les Austro-russes font, comme nous, des pertes considérables. Mais, grâce à leur supériorité numérique, ils nous rejettent, après dix heures de combat, sur la rive droite où ils n'osent pas nous suivre, en voyant entrer en ligne, vers 2 heures, les trois Divisions Watrin, Montrichard et Olivier.
Le 30 prairial (18 juin 1799), Denis Moreau après avoir marché 8 lieues bivouaque près de la Trebbia en indiquant que l'ennemi y est en force ; il signale quelques petites attaques le soir et dans la nuit.
Le 19, Macdonald, qui a réunit toutes ses Divisions, prend l'offensive. Mais ses forces sont réduites à 24000 hommes contre 36000 Russes. Les Divisions Olivier et Montrichard sont destinées à enfoncer le centre de l'Armée austro-russe. La 30e forme la tête de colonne de la Division Olivier. Brillamment enlevée par le Chef de brigade D'Arnaud, elle passe la Trebbie, en colonne serrée par pelotons, les hommes ayant de l'eau jusqu'à la ceinture. Elle se déploie sur l'autre rive, met en déroute la cavalerie qui la charge, culbute l'infanterie qui lui est opposée et atteint le village de San-Nicolo, ayant dépassé l'artillerie ennemie de plus de 300 toises, dit le rapport du Chef de brigade D'Arnaud. Mais son exemple n'est pas suivi. Par suite de circonstances fatales et de faux mouvements à gauche, la Division Montrichard repasse la Trebbie et disparait du champ de bataille, tandis qu'à droite la cavalerie et la Division Watrin transportent trop loin leur action. La Division Olivier se trouve isolée et, vivement attaquée sur ses deux flancs, se voit forcée de battre en retraite. Un instant, la 30e Demi-brigade est cernée. Mais elle passe sur le corps des ennemis qui l'entourent et reprend position derrière la Trebbie, toujours en combattant.
Rapport du Chef de Brigade d'Arnaud, commandant la 30e, à la bataille de la Trebbia :
"Les trois bataillons de la 30e Demi marchaient en colonne serrée par peloton; chacun d'eux avait à sa tête trente tirailleurs pour couvrir la marche et eloigner ceux de l'ennemi qui étaient en grand nombre. Ces 90 tirailleurs étaient commandés par des officiers braves et intelligents qui avaient reçu des instructions tendant à forcer favorablement la ligne de l'ennemi; ils s'en acquittèrent de la manière la plus hardie. Le Lieutenant Aberjoux, qui les commandait en chef, fit des prodiges de valeur.
Le Chef de Brigade d'Arnaud marcha en colonne serré par bataillon, il passa dans cette élan la rivière à gué, malgré qu'on eut de l'eau jusqu'à la ceinture et que l'ennemi dirigeât, tant sur les flancs que que le front une grêle de boulets et de mitraille. Les flancs étaient entièrement à découvert. Quoiqu'il occupât le centre de la ligne, son but tendait à rompre celle de l'ennemi; il y parvint à moins d'une demi-heure laissant, à la vérité, sur son passage beaucoup de morts et de blessés.
Immédiatement après avoir passé la rivière, il se déploya sous le feu vif de l'ennemi; la cavalerie le chargea, il la chargea à son tour, bientôt elle prit la fuite, après avoir laissé plusieurs des siens sur le carreau. Aucun obstacle n'arrêtait le courage et l'intrépidité de tous les militaires de cette Demi-Brigade qui se précipitèrent dans les rangs ennemis, y portèrent la mort et l'effroi et le mirent sur ce point dans la déroute la plus complète.
Il fit taire les pièces de canon qui avaient été dirigées sur les colonnes, il les laissa à plus de 300 toises derrière lui; l'ennemi fuyait à toutes jambes, nous étions maîtres du champ de bataille, mais la gauche de notre armée n'avait pas suivi notre mouvement, elle se retirait au contraire. L'ennemi fort de sa retraite, n'ayant point ses rangs rompus sur ce point, fit une manoeuvre sur la gauche de cette Demi-Brigade, l'entoura aussi du côté de l'aile droite qui n'avait pas pu la suivre, le Chef de Brigade se trouva donc isolé sur un terrain planté de vignes et d'arbres qui l'empéchait de découvrir les mouvements de l'ennemi sur ses flancs. Se trouvant ainsi cerné de toutes parts, il songea à se retirer dans le meilleur ordre possible, il se fit jour à travers les rangs ennemis et repassa la rivière sans avoir été soutenu par notre cavalerie.
Nous avons à regretter dans cette affaire au moins 300 braves, tant tués que blessés, dont 28 officiers, 6 de ces derniers ont été tués".
Il existe une certaine divergence entre le chiffre des Officiers tués porté dans le rapport du Chef de Brigade d'Arnaud et celui qu'on relève sur les matricules des Officiers; le premier fait foi assurèment puisqu'il a été émis par le Chef de la 30e le lendemain ou le surlendemain de la bataille. On peut expliquer ce fait de la manière suivante : à cette époque, ou les matricules des Officiers n'existaient pas, ou elles ont été perdues et, dans celles qui se trouvent actuellement au Dépôt de la guerre, faites après coup, on a omis ou oublié un certain nombre d'Officiers qui avaient disparu du Corps depuis longtemps déjà.
Cette remarque s'applique, non seulement à la bataille de la Trebbia et aux combats précédents, mais encore à la plus grande partie des guerres du Premier Empire.
Liste des Officiers de la 30e tués ou blessés à la bataille de la Trebbia :
Capitaine Bournier (Jean François), Sous lieutenant Arnaud, tués; Capitaine Marchand (Jean Pierre), coup de sabre sur la tête et à la main droite; Capitaine Castagna (Jean), coup de boulet au dessus du côté droit de la tête, avec pénétration. Il faut reconnaitre que le Capitaine Castagna avait la tête joliment solide car le nous le verrons figurer encore dans plus d'une bataille et il ne prend sa retraite que dans les dernières années du Premier Empire. Capitaine Pierre Schaller, coup de biscaïen à la hanche droite; Capitaine Jean Baptiste Clément Duthoya, coup de feu au cou; Capitaine Jean Marie Wuillermoz, coup de feu au bras droit; Capitaine Bouillé François, coup de mitraille au flanc gauche; Capitaine Assada Fleury, coup de boulet; Lieutenant Jean Michel Leraitre, dit Laurette, coup de feu à la jambe droite; Lieutenant Boirivant Christophe, coup de feu à la jambe gauche; Lieutenant Gaspard Melchior Leblond, coup de feu au genou droit; Lieutenant Jean Pérusset, coup de feu à l'aine droite; Sous lieutenant Mathurin Chépert, coup de feu à la poitrine; Sous lieutenant Claude Bailly, coup de feu au genou gauche; Sous lieutenant Henry Lebray, jambe gauche traversée; Sous lieutenant Mathieu Umbdanstock, coup de feu à la tête; Sous lieutenant Pierre Murgé, plusieurs coups de sabre sur les mains, plusieurs coups de baïonnette; Sous lieutenant Jean Arnaud, coup de sabre à l'épaule droite; Sous lieutenant Etienne Robert Louis Mérille, coup de feu à la cuisse droite; Sous lieutenant Claude François Cudey, coup de feu à la tête; Sous lieutenant Alexis Berthod, coup de feu à la poitrine. Parmi les Officiers blessés figure également le Chef de brigade D'Arnaud.
Parmi les Sous officiers de la 30e blessés à cette bataille et qui sont devenus plus tard Officiers, nous relevons les noms suivants : Sergent major Joseph Bertrand, atteint d'un coup de feu au bras droit et fait prisonnier; Sergent major Pierre Mathieu Barbey, coup de feu à la figure et prisonnier; Sergent major Didier Guillin, atteint d'un coup de lance d'un coup de feu au bras gauche, prisonnier; Sergent Alexandre Jund, coup de feu à la cuisse gauche et prisonnier; Sergent Louis Kerveiller, coup de feu au bras droit; Sergent Jean Louis Mazier, coup de feu à la cuisse gauche et prisonnier; Adjudant Bernard Cheminade, coup de feu à la jambe gauche; Sergent Jean Baptiste Carrière, atteint de trois coups de feu; Caporal Louis Augustin Leclerc, coup de feu au bras droit; Caporal Sirandelle, atteint d'un coup de feu; Sergent major CLaude Charles Blein, deux blessures.
Non seulement les cadres de la 30e ont été très éprouvés par le feu, mais ils comptent encore un grand nombre de prisonniers; ce sont les Capitaines Duthoya, Willermoz, et Bouillé, les Sous lieutenants Choper, Lebray, Bailly, Murgé, Arnaud, Cudey et Berthod; les Lieutenants Noé, Boirivaut et Pérusset.
Tous les corps de cette vaillante armée ont beaucoup souffert; le Général Olivier, commandant de la 1ère Division, a eu la jambe emportée par un boulet, deux Généraux ont été tués, neuf blessés, mais l'ennemi a subi des pertes encore plus considérables. Malgré ses conséquences funestes, la bataille de la Trebbie n'en constitue pas moins une des plus belles pages des annales de la 30e. Au nombre des actions d'éclat accomplies par les militaires de la 30e dans la journée du 19 juin, et relatées dans leurs états de service, figurent les suivantes :
- A la fin de la bataille de la Trebbie, le Capitaine Duthoya, quoique blessé d'un coup de feu au cou, continue à se battre avec le plus grand courage et sauve la vie à un Sergent de la 15e Légère, en tuant un Hussard ennemi au moment où il allait passer son sabre au travers du corps de ce Sous officier. A la fin de la journée, le Capitaine Duthoya, couvert de blessures, est fait prisonnier.
- Le Capitaine Claude Antoine Dubourg, à la tête de sa Compagnie de Grenadiers, contribue à la prise de quatre pièces de canon.
- Le Sous lieutenant Pierre Louis Murgé fait l'admiration de ses chefs par son courage, sa fermeté et la résistance qu'il tient contre un ennemi bien supérieur au nombre de soldats qu'il commande; il succombe enfin sous les coups répétés de sabre et de baïonnette; mais, reprennant ses sens un instant, il rassemble le peu d'hommes qui lui reste, leur parle, les excite; ils se battent en héros et entretiennent l'ennemi au point de donnet le temps à une colonne en déroute de repasser la Trebbia et de rejoindre le corps de bataille. Victime de son dévouement et hors d'état de se défendre, il est ensuite fait prisonnier.
- Le Sous lieutenant Joseph Pérusset, blessé d'un coup de feu, refuse les secours de ses Grenadiers et ordonne une charge à l'arme blanche sur une batterie ennemie qui est enlevée par ces même Grenadiers.
En raison de leur brillante conduite, le Commandant Jean Vincent Lajeunesse est reçu Chef de brigade, le Capitaine Marchand Chef de Bataillon, les Sous-lieutenants Lebray, Umbdenstock et Lafitte sont nommés Lieutenants, le Sergent major Bertrand, les Sergents Lassègne et Robin sont nommés Sous-lieutenants.
Les alliés ne peuvent forcer le passage. Mais, le lendemain, Macdonald, qui ne peut compter comme eux, sur des renforts, doit battre en retraite, poursuivi par les Autrichiens et les Cosaques; mais l'Armée de Naples ne retraite que pied à pied et sans cesser de combattre.
"Il c'est livre un bataille sanglante que l'on ne voyoit que morts et blessez de toute part il se fit une calonnade que jamais l'on a vue la pareille. L‘affaire a duré trois jour, le 1er messidor, nous avons battue en retraite ..." (soldat Guyot).
Pour Denis Moreau, il y a eu le 1er messidor (19 juin 1799) une forte bataille : après avoir rapidement traversé la Trebbia en colonnes serrées, les hommes s'élancent sur la ligne de canons ennemie (200 pièces) qui tirent à mitraille et font des ravages dans les rangs. Denis Moreau note qu'en traversant la rivière, on voit sur l'eau les blessés et les tués flotter. Lui même a son fusil brisé et la tête éraflée par un quartier d'obus; ce même obus coupe la cuisse du Général Olivier. La colonne ennemie est alors en pleine déroute, mais la gauche française a du battre en retraite, obligeant toutes les autres colonnes à faire de même. Les soldats des camps se retrouvent en pleine mêlée, et ne se reconnaissent que par leur uniforme. Les Français se rallient de l'autre côté de la rivière. Denis Moreau note que ce moment est crucial car il y a encore une ligne de canons pour couvrir la retraite, sans quoi toute l'armée aurait succombé. Une fois la rivière franchie, les hommes restent sur place toute la nuit, presque sans munitions.
Le 2 messidor (20 juin 1799), la 1ère Division livre au pont de la Ruva un combat dans lequel la 30e trouve encore l'occasion de se signaler.
Denis Moreau, qui est demeuré au bord de la Trebbia toute la nuit, se met en route à la pointe du jour; il note que les pertes de la veille ont été importantes dans les deux camps. Il marche un long moment pour venir enfin prendre la route de Parme et de Modène. Puis s'installe au bord d'une rivière pour y attendre l'ennemi et prendre un peu de repos; pas le temps de faire la soupe ! L'ennemi attaque en masse sur le pont qui surplombe la rivière mais il est stoppé par plusieurs pièces de canon et un obusier qui tirent à mitraille, en même temps que se produit une vive fusillade. L'ennemi, dit Denis Moreau, fait une perte considérable. Au final, les Français se retirent sur le tard; Denis Moreau a marché 5 lieues.
Le 3 (21 juin 1799), Denis Moreau marche 7 lieues et arrive près de Parme. Le 4 (22 juin 1799), il marche 5 lieues et arrive à Reggio.
Le 5 messidor (23 juin 1799), la 1ère Division est à Modène. Le lendemain 6 messidor an VII (24 juin 1799), elle lutte sur les deux bords de la Secchia contre Klenau. "Le Chef de Brigade d'Arnaud passa la rivière à 3 heures du matin, avec une forte reconnaissance, pour découvrir l'ennemi sur la route de Carpi; il aperçut beaucoup de cavalerie et d'infanterie et fit de suite brûler le pont; les barques de Ponte Rosso et de Campo Cossiano furent aussi brulées. Sur les six heures, l'ennemi engagea une fusillade assez vive, et bientôt l'attaque devint générale sur toute la ligne; une partie de la Division se porta sur le bord de la rivière; tous les efforts que fit le général autrichien Klenau pour rétablir le pont furent rendus nuls par le Chef de Brigade d'Arnaud qui commandait cette partie" (Rapport officiel).
Lors de la reconnaissance conduite au début de la journée par le Chef de Brigade D'arnaud, le Sergent major Lassègne (Gérard), envoyé à la découverte avec dix-huit grenadiers, est cerné par un escadron russe et sommé de se rendre; il refuse et, profitant avec intelligence des avantages d'un terrain marécageux, soutient trois charges, tue dix chevaux, beaucoup d'hommes dont le Major du Régiment, fait trois prisonniers dont un Capitaine et met le reste en déroute. En récompense de ce brillant fait d'armes, le Sergent major Lassègne est nommé Sous lieutenant sur le champ de bataille.
L'expression : nommé Lieutenant, Capitaine, etc, sur le champ de bataille, expression que l'on trouve sans cesse reproduite dans les états de service des Officiers de la 30ème, ne veut pas dire que ces Officiers ont été promus immédiatement et séance tenante au grade supérieur, mais bien qu'ils ont été nommés en récompense d'un trait de bravoure ou d'une action remarquable dont on a voulu consacrer le souvenir en ajoutant sur leur lettre de service ces mots : nommé sur le champ de bataille.
Denis Moreau de son côté note qu'il arrive sur le rempart de Modène, et qu'il y reste le 6 messidor (24 juin 1799), jour de la Saint Jean; il signale que les troupes françaises se sont battues sur deux colonnes, et que l'ennemi a tenté de couper la retraite française, sans y parvenir.
Le lendemain 25 juin, la 1ère Division continue sa retraite et va reprendre dans les débouchés des Apenins les positions qu'elle occupait avant son départ pour Modène. Denis MOreau signale avoir évacué Modène le 7 messidor (25 juin 1799) à minuit pour retraiter sur la Toscane, seul chemin libre; après avoir marché 10 lieues, il bivouaque près de Pavullo.
L'Armée de Naples remonte ensuite vers le nord pour opérer sa jonction avec l'Armée d'Italie; elle s'engage dans les affreux sentiers de la Spézia où elle perd une partie de son artillerie. Denis Moreau indique que le 8 messidor (26 juin 1799), il quitte la position de Pavullo pour aller à Pieva (?); il marche 8 lieues et bivouaque dans les montagnes. Le 9 (27 juin 1799), il marche 7 lieues et arrive à Saint Marcel où il logne jusqu'au 16 messidor (4 juillet 1799). Le 16 messidor, il quitte Saint Marcel, marche 2 lieues et bivouaque à Pont à Piette (?). Le 17 (5 juillet 1799), il marche 5 lieues et arrive à Pistoia. Le 18 (6 juillet 1799), il part de Pisotia pour se rendre à Lucques; il marche ce jour là 9 lieues. Le 20 (8 juillet 1799), Denis Moreau se remet en route, marche 5 lieues et arrive à Piettre Fonta (?). Le 21 (9 juillet 1799), il marche 10 lieues et arrive à Sergente (?) où toute l'artillerie, nous dit il, est laissée car l'on doit pénêtrer dans les montagnes et qu'elles sont impraticables pour les voitures. Le 22 (10 juillet 1799), nouvelle marche de 3 lieues; parti dans l'après midi, Denis Moreau couche de l'autre côté d'une rivière (laquelle ?). Le 23 (11 juillet 1799), marche de 7 lieues; Denis Moreau quitte le bivouac précédent pour aller coucher sur les hauteurs de Passo del Bracco, dans le pays de Gênes. Le 24 (12 juillet 1799), marche de 5 lieues; il passe dans le petit port de Sestri et couche à Chiavari. Le 25 (13 juillet 1799), marche de 3 lieues; il part de Chiavari pour aller à Rapallo.
Armée française d'Italie, 27 thermidor an 7 - 16 juillet 1799 (Nafziger - 799GBA) Commandant en Chef : Général de Division Joubert Source : Gachot |
Enfin, le 17 juillet, harassée, diminuée de plus de la moitiée (15000 hommes sur les 36000 qu'elle comptait initialement), l'Armée de Naples rejoint l'Armée d'Italie dans les environs de Gênes.
Le 30 messidor (18 juillet 1799), l'Armée célèbre la fête du 14 juillet avec 4 jours de retards; elle reçoit, nous dit Denis Moreau, double ration de vivres. Ce dernier demeure à Rapallo jusqu'au 8 thermidor (26 juillet 1799). Ce jour là, Denis Moreau reprend la route et marche 3 lieues pour retourner à Chiavari où il reste le 9 (27 juillet 1799). Le 10 (28 juillet 1799), il repasse à Rapallo, marche 5 lieues et arrive au bivouac à Reco (?). Le 11 (29 juillet 1799), il quitte le bivouac, marche 4 lieues et va camper sous les murs de Gênes. Le 12 (30 juillet 1799), il passe dans Gênes. Le 13 (31 juillet 1799), il marche 6 lieues et va coucher à Bosola (?).
Au commencement d'août, la Division Watrin occupe la Bochetta et Bassola, tête de la vallée de la Scrivia; ses avants postes sont à Voltaggio et Isola.
Le 14 (1er août 1799), Denis Moreau marche 3 lieues, retourne à Reco puis bivouaque près d'Isola. Le 15 (2 août 1799), il s'installe près du fort de Serravalle. Le 17 (4 août 1799), l'ennemi attaque la position, et Denis Moreau doit se retirer à une demie lieue en arrière, derrière Arcuata (?). Le 22 (9 août 1799), il reprend sa position. Le 23 (10 août 1799), l'ennemi attaque de nouveau; Denis Moreau se bat pendant 4 heures; l'ennemi se retire avec une soixantaine d'hommes de tués, blessés et prisonniers. Côté français, il n'y a pas de blessés.
L'ancienne Armée de Naples, sous le commandement de Macdonald, forme la droite de l'Armée d'Italie réorganisée. Cette droite, forte de trois Divisions, occupe les débouchés de la rivière du Levant. Par suite de la fusion entre l'Armée de Naples et celle d'Italie, la 30e Demi-brigade forme avec la 78e, la première Brigade (Petitot) de la 1ère Division (Général Watrin); cette Division est au centre, gardant les passages à hauteur de Sestri; Joubert est nommé Général en Chef.
Armée française d'Italie sous Joubert, août 1799 (Nafziger - 799HMD) Général Commandant : Joubert Source: Miliutin, “Geschichte des krieges Russlands mit Frankreich under der Regierung Kaiser Paul's I. im Jahr 1799”, Munich: 1856. |
Le 11 août, quittant ses positions défensives situées dans la région de Serravace et Arquata, l'Armée de Joubert forte de 40000 hommes traverse la Bochetta pour se porter au secours d'Alexandrie et de Mantoue.
Le 27 thermidor (14 août), à la prise de Séravale (sic), le Lieutenant Morgat (Jean) gravit un rocher sous le feu du fort, sivi par deux Grenadiers seulement; il enfonce la porte et facilite l'entrée de la ville à la colonne d'attaque. Denis Morau note ce jour là dans son journal qu'il a marché 4 lieues; il quitte d'abord sa position initiale pour faire rentrer l'ennemi dans le fort de Serravalle, puis pénètre dans la plaine d'Italie, près de Novi en Piémont et enfin couche dans la plaine.
Armée française face à Souvarov en Italie, 14 août 1799 (Nafziger - 799HCP) Général Commandant : Général de Division Joubert Source : Gachot, "Les campagnes de Souvarow en Italie", Paris, 1903 |
l/ Bataille de Novi
Armée française d'Italie à la bataille de Novi, 15 août 1799 (Nafziger - 799HBD) Général Commandant : Général de Division Joubert |
Situation de l'Armée d'Italie à Novi le 15 août 1799 (Nafziger - 799HBE) |
Arrivé à Novi , Joubert se heurte le 15 contre toute l'armée ennemie sous Souwaroff, que la reddition d'Alexandrie et de Mantoue a porté à 70000 hommes. La bataille qui s'engage à six heures du matin, est l'une des plus terribles de ce temps. Dès les premières charges, Joubert est tué et Moreau le remplace dans le commandement en chef. Jusqu'à huit heures et demie, toute l'aile gauche combat sans une pièce de canon contre un ennemi fort de 20000 hommes qui la couvre d'obus et de mitraille; à 7 heures, les deux Brigades de réserve sont déjà en ligne. La Division Watrin fait partie de la gauche mais elle est encore en marche, n'ayant reçu que le matin à 5 heures l'ordre de mouvement qui lui prescrit de s'appuyer à droite au faubourg de Novi.
A peine la Division Watrin est elle arrivée que la 1ère Brigade (Général Petitot - 30e et 78e) est attaquée par une forte colonne; elle soutient le choc avec intrépidité et la met en pleine déroute; une autre colonne attaque la seconde (Général Calvin), elle est également repoussée et toute la Division, poursuivant ces colonnes débandées, leur fait éprouver de grandes pertes et les rejette à plus de deux milles du champ de bataille; mais elle ne peut aller plus loin.
L'ennemi a une forte cavalerie qui, soutenue par une artillerie formidable, arrête l'élan de la Division Watrin; celle-ci, sans se laisser entamer, bat en retraite jusqu'au faubourg de Novi où la 100e, parfaitement embusquée derrière un ruisseau, et appuyée par quatre pièces, met fin à la poursuite.
Au milieu de la journée, la Division Watrin, pour dégager la gauche, reçoit l'ordre de faire une nouvelle attaque; "le succès suivit la promptitude et l'audace de cette tentative; les troupes remplies d'ardeur, quoique se battant depuis six heures, se précipitent à la baïonnette sur les Russes, en font une boucherie affreuse, leur enlèvent deux pièces de canon et les poursuivent plus de trois milles au delà de Novi" (Bulletin historique de l'Armée d'Italie). Mais la réserve, sortant de Rivalta, vient changer la face des choses et oblige la Division à se replier.
Les Russes et les Autrichiens redoublent leurs attaques, les troupes accablées de lassitude, tombant d'inanition, luttent avec un courage désespéré; enfin, vaincues par le nombre, elles sont contraintes de céder et la retraite est ordonnée sur toute la ligne.
Dans cette bataille qui dura douze heures, les Français combattirent avec un tel acharnement qu'au dire d'un Officier autrichien qui, le lendemain, visita le champ de bataille, leurs cadavres montraient encore une expression si terrible qu'on ne pouvait les regarder sans effroi.
Nos pertes s'élèvent à près de 10000 hommes; celles des Russes sont le double, aussi Souvarof renonce t'il à nous forcer dans les montagnes de Gênes. L'artillerie n'a pas perdu une seule pièce; les Russes en ont eu trois de prises, dont une enlevée par la 30e; un seul caisson nous manque; ayant été brisé, il a été déchargé et brulé par ses conducteurs.
Denis Moreau a laissé un résumé de cette bataille qui a lieu le jour de Notre Dame (sic). Il fait partie des Divisions de gauche et se met en route à la pointe du jour pour attaquer l'ennemi vers les neuf heures du matin. Avant de partir, chacun boit une cuillerée d'eau de vie, mais rien à manger. Le Général dit aux hommes que s'ils sont bien disposés, ils seront bien lestes. Denis Moreau se bat toute la journée et signale les feux effroyables. Il dit avoir culbuté les Russes par deux ou trois fois et avoir battu en retraite deux fois sur 400 pas, faisant toujours des feux de demi-brigade. Par endroit, le champ de bataille est couvert de morts russes. Au moment où ces derniers sont mis en déroute pour la troisième fois, arrive de Mantoue une colonne de renfort, qui prend les Français sur le flanc et les contraint à la retraite car la route de Gavi à Gêne est déjà menacée. Au passage, on capture les premiers éléments de cette colonne. Denis Moreau considère que cette bataille, avec celle de Plaisance, est la plus meurtrière des batailles menées en Italie. Il estime que les pertes pour les deux camps sont au moins de 50000 hommes, tant tués que blessés; il note enfin avoir fait brûler 500 Russes par crainte de maladie.
Les pertes de la 30e doivent être considérables mais les pièces officielles n'en font nulle mention, nous savons toutefois qu'au nombre des blessés sont : Parisot (Aimé), Capitaine, coup de feu au pied droit; Duthoya (Jean Marie), Capitaine, coup de feu à l'épaule droite; Duanin (Marc Henri Joseph Pierre), Lieutenant, coup de feu à la cuisse droite; Rocher (Augustin), Sous lieutenant, coup de feu à la cuisse droite; Pansin (Pierre), Sergent, coup de feu à la hanche gauche et à la jambe droite.
A la gloire de la 30e, nous relevons dans les états de service des Lieutenants Prestat et Bonneville les citations suivantes. Prestat (Cypprien), Lieutenant, s'est fait remarquer par sa bravoure à Novi où il s'empare d'un obusier et fait prisonnier un Officier autrichien.
Bonneville (Félix), Lieutenant. Cet Officier, détaché par ordre du Général Saint-Cyr à la bataille de Novi pour protéger deux pièces de douze en position, trouve à sont arrivée qu'une était prise avec deux caissons; chargeant tout aussitôt sur l'ennemi, il reprit la pièce et les deux caissons. Lors de la retraite de l'armée, il contribua avec son détachement à débarasser plus de 200 tirailleurs cernés sur la droite du corps de bataille.
"Le 28 (thermidor) nous avons eue une bataille sanglante dans ladite pleine de Novie ou le général en chef a été tué d'une bal et un général russin (sic) blessez. L'on ne voyoit que morts et blessez de toute part, nous avons été contraint de battre en retraite. La nuit suivante nous nous sommes retiré au fort de Gavie" (soldat Guyot).
Après la défaite de Novi, Moreau, quoique déjà nommé à l'Armée du Nord, prend le commandement en chef de l'Armée d'Italie en remplacement de Joubert tué à l'ennemi.Trop faible pour reprendre l'offensive, il occupe les montagnes de Gênes et fait tous ses efforts pour en garder les passages. Dans ces opérations très compliquées, l'Armée d'Italie livre quantité de combats où la 30e figure toujours avec honneur.
Le lendemain de la bataille (16 août), la Division Watrin est en position à Gavi. A la montagne de la Piave, le Lieutenant Jean Morgat, avec son frère, alors soldat, fait quatorze prisonniers embusqués derrière un rocher. Denis Moreau a noté dans son journal avoir après la bataille de Novi couché entre Novi et le fort de Gavi et être passé à Gavi le 29 thermidor (16 août 1799) pour se rendre sur les hauteurs; il s'est mis en marche le soir et après une marche de 4 lieues en pleine nuit dans les montagnes, il arrive à Osola.
Début fructidor, Denis Moreau quitte Isola pour se rendre à une lieue de là à Recco.
Le 20 août, la Division Watrin prend part au combat de Sestri où Klenau qui voulait forcer notre droite est mis en pleine déroute.
Le 9 fructidor (26 août 1799), Denis Moreau marche une lieue pour aller près de Bozola (?). Le 17 (3 septembre 1799) à minuit, il quitte cette position pour revenir près de Bourgo Fournar (?) à une lieue de là. Le 22 (8 septembre 1799), il quitte ce camp pour se rendre à Rigorose. Le 24 (10 septembre 1799), il revient à Ronco (?) à 6 lieu de son point de départ.
Situation de l'aile droite de l'Armée d'Italie le 23 septembre 1799 (Nafziger 799IBU) |
Forces françaises à Limmat et Zurich, 23 septembre 1799 (Nafziger 799IBV) Sources : Zurich, Masséna en Suisse |
En France, le 1er Vendémiaire an 8 (23 septembre 1799), le jeune Pierre Trépaut est incorporé dans la 30e Demi-brigade de Ligne. Nous avons eu la chance de découvrir, en version numérisée, dans les Archives départementales de la Gironde, son journal sous la référence (éronnée d'ailleurs) de "Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810). Pierre Trépaut y raconte tout son parcours de soldat, de son incorporation à sa libération du Corps en 1810). Nous allons donc pouvoir à partir de maintenant, illustrer l'historique régimentaire du 30e par deux parcours différents de soldats, aussi intéressants l'un que l'autre, mais dont les centres d'intérêts ne sont pas toujours les mêmes. Pierre Trépaut n'est pas un écrivain; il écrit ce qu'il voit, ce qu'il remarque, dans un style très maladroit, et dans une orthographe qui le plus souvent est phonétique. Nous avons donc conservé le style du narrateur, tout en corrigeant cependant les fautes les plus importantes, espérant ainsi ne pas avoir trahi l'esprit du texte de notre narrateur. Par ailleurs, il n'est pas très au fait des dates et se trompe souvent pour situer les évènements. Toutefois, le récit semble cohérent, et c'est touchant de voir que Pierre Trépaut s'intéresse tout autant à des constructions, souvent des ponts, qu'il juge remarquables, ou au fait qu'il traverse de bons pays en grains et en vins, qu'aux grands évènements qu'il est en train de vivre, son récit d'ailleurs ne cessant de s'étoffer, au fur et à mesure que le temps passe.
Voici de quelle manière commence le récit de Pierre Trépaut, et ce qu'il écrit, concernant son incorporation : "Livre appartenant à Pierre Trepaut, Sergent dans le 30e Régiment de ligne, natif de la commune de Daubèze, du canton du Targon, département de la Gironde, arrondissement de La Réole, qu’il fait mention de son voyage qu’il a fait en France, la campagne dans l’Italie, la bataille de Marengo ainsi que le passage de l’Adige, ainsi que la plaine de Castiglione passage de Mincio la campagne sur les côtes de la mer à Boulogne ainsi que la campagne d’Autriche la campagne de Prusse et Pologne Iéna, Eylau, c'est-à-dire il faut lire pour la défendre (illisible ?). Campagne d’Autriche en 1809 … d’Abensberg, d’Eckmühl, … Landshut, Ratisbonne ; …
Mois septembre 1800 (il faut sans doute comprendre 1799)
Etat de ville ou je passais départ de Bordeaux le premier jour complémentaire, mois républicain. Le même jour à Castres, à quatre lieues de Bordeaux. La ville de Bordeaux est une ville considérable, très riche pour son commerce, pour la navigation sur mer, un très beau port, deux fortes rivières qui tombent à Bordeaux, la Dordogne, et la Garonne, un pays de bon vin.
2 A Langon, la rivière de la Garonne passe à côté de la ville. 5 (Note : il s'agit du nombre de lieues parcourues ce jour là).
3 à la Réole, ville assez jolie un très beau pays. 6.
4 passé à Marmande, bon pays.
5 à Tounains, bon pays de toute manière en grain et en vin.
6 au port de Sainte-Marie, bon pays.
Vendémiaire, septembre 1800 (même remarque que plus haut).
2 Agen, ville grande, assez jolie, chef-lieu du département Lot-et-Garonne, très bon pays.
3 Passé à Tallandier, couché au dit endroit.
4 A Moissac, il y a un beau moulin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 vendémiaire an 8 (26 septembre 1799), Denis Moreau part de Ronco (?) à deux heures du matin en expédition de reconnaissance à Arcuata (?) puis retourne à Ronco après une marche de 6 lieues.
Pierre Trépaut raconte : "5 A Aux, un très bon pays.
6 à Grisolle, il y a de belles plaines, de bons pays en grain.
7 à Toulouse, ville considérable, très commerçante par un canal qui passe à la ville, chef-lieu département de Haute-Garonne, fait séjour" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 (30 septembre), Denis Moreau renouvelle l'expédition. du 4.
Pierre Trépaut raconte : "8 Passé à Villefranche, couché audit endroit.
9 A Castelnaudary, couché audit lieu.
10 à Carcassonne, pays de vigne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 (3 octobre 1799), Denis Moreau part en direction du pont de Savignon (?), marche 6 lieues et couche dans les montagnes.
Le 8 (30 septembre), Denis Moreau renouvelle l'expédition. du 4.
Pierre Trépaut raconte : "11 A Lézignan, petite ville.
12 A Narbonne grande ville. J’y fais séjour.
14 Passé à Béziers couché audit endroit.
15 Passé à Pézenas, couché audit endroit.
16 Mese, petite ville. Couché audit endroit.
17 A Montpellier, ville très belle et grande. Remarquable par un conduit d’eau qui tombe dans un bassin. Ledit bassin conduit l’eau dans toute la ville, pas de conduit sous terre, il y a le Peyrou, ça est curieux à voir.
18 A la ville de Lunel" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 (11 octobre 1799), nouvelle marche de 6 lieues pour Denis Moreau.
Le 11 octobre justement, la Brigade Petitot rencontre un poste de 400 croates à Barba Gelata; les Grenadiers des 30e et 78e Demi-brigades envoyées contre eux les en délogent aussitôt.
Pierre Trépaut raconte : "19 A la ville de Nîmes. Il y a de remarquable une très belle fontaine" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20 vendémiaire (12 octobre 1799), Denis Moreau marche 5 lieues et se porte à Saint Pierre.
"Le 20 (vendémiaire an VII - 11 octobre 1798 - erreur de date ?) a Castagne ou nous avons fait 1200 prisonniers [...]" (soldat Guyot - Denis Moreau semble parler du même épisode à la date du 21 vendémiaire an 8 - 13 octobre 1799).
Pierre Trépaut raconte : "20 Passé à Bouquerre (Beaucaire) passé sur un pont qui traverse Luronne (le Rhône), couché à Tarascon il y a beaucoup de fabriques en soie pas de mécanique " ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 13 octobre, pendant une expédition dans la rivière du Levant, à Deva près Sestri di Levante, le Lieutenant Etienne Laffite, emporté par son zêle à poursuivre l'ennemi, se trouve tout à coup, et avec quelques hommes seulement, séparé du Régiment et en présence d'un fort détachement d'arrière garde autrichien. Dans cette situation critique, Laffite ne perd pas un instant son sang froid et, sans calculer le nombre de ses adversaires, se fait passer pour l'avant garde d'une troupe importante, et les somme de déposer les armes; ceuc-ci, trompés par tant d'audace, se constituent immédiatement prisonniers et à la fin de la journée, le Lieutenant Laffite, plein d'un légitime orgueil, ramène triomphalement au quartier général 6 Officiers et 264 hommes. Le Général félicite l'ardeur de ce vigoureux coup de main et ordonne que ses prisonniers soient traités avec les plus grands égards.
Le 21 vendémiaire (13 octobre 1799) selon Denis Moreau : marche de 7 lieues; il arrive sur les montagnes de Bracco et de Sestri; la troupe tombe sur l'ennemi et ouvre aussitôt le feu; 1200 hommes sont pris le long de la mer par où ils tentaient de retraiter pour s'embarquer; pour finir, Denis Moreau va camper à Bracco.
Le 22 (14 octobre 1799), Denis Moreau marche 3 lieues et campe en bord de mer à Sestri; il y séjourne.
Pierre Trépaut raconte : "22 A Saint-Rémi, couché audit endroit.
23 à Eyguières couché audit endroit " ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 24 (16 octobre 1799), il part de Sestri avec les 1200 prisonniers, marche 6 lieues et couche à Recco.
Pierre Trépaut raconte : "24 A Pelissanne idem " ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 (17 octobre 1799), après une marche de 6 lieues, il arrive à Gênes et couche dans le faubourg de Saint Pierre.
Armée française d'Italie, 17 octobre 1799 (Nafziger 799JBX) |
Pierre Trépaut raconte : "25 Arrivé à la ville d’Aix en Provence, chef-lieu du département de Bouches-du-Rhône, ville très grande remarquable par une fontaine chaude qui coule toujours, un très bon pays, en vin, une grande quantité d’oliviers et d’amandiers ainsi de figues. Le même jour je suis été amalgamé dans trentième régiment de ligne. Compté du premier vendémiaire an huit, je reste dans ladite ville huit jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 (18 octobre), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Busalla.
Le 20 octobre, le Général Watrin apprend que Klenau ayant commencé sa retraite, a laissé quelques corps à Sestri et à Chiavari; malgré la fatigue excessive causée par une marche forcée dans des chemins affreux, il s'y porte aussitôt et atteint le lendemain la colonne ennemie; les Grenadiers l'attaquent, tandis que la 30e la prend en front et en flanc; la déroute est complète et 400 prisonniers demeurent entre nos mains.
Ce jour là (29 vendémiaire an 8 - 21 octobre 1799), Denis Moreau note avoir quitté Busalla pour bivouaquer près de Rigorosé (?). Le 1er brumaire (23 octobre 1799), il marche trois lieues pour se rendre près de Gavi. Le 2 (24 octobre 1799), il arrive dans la plaine par Novi où il y a une forte bataille que les Français remportent.
Dans la notice historique, on lit que "le même mois, le Général Miollis, soutenu par la Division Watrin, livre contre Kleneau le combat de Boseo et du camp de Novi où les Autrichiens, entièrement défaits, ont 1000 prisonniers, un grand nombre de tués et de blessés et perdent cinq pièces de canon".
Le 3 brumaire (25 octobre 1799), Denis Moreau, après avoir marché deux lieues, bivouaque sur le bord de la Scrivia, près d'une ferme qui s'appelle Revolta. Il y reste juqu'au 12 (3 novembre 1799).
Pierre Trépaut raconte : "Mois de brumaire 1800 (lire 1799)
3 Parti de la ville de Aix pour nous rendre en ville d’Avignon, le même jour à Lambesc, fait dans la route 4.
4 A Cabannes, près de la Durance, une très forte rivière.
5 Passé la Durance, nous fûmes à d’Avignon, département de Vaucluse. Cette ville est très grande. Située dans un pays très fertile, elle est bien riche par son commerce sur le Rhône. Je suis resté cinq jours.
Brumaire 1800
10 à Orange, couché audit endroit, fait 6.
11 à Vorcas (Mornas ?) petite ville donc il y avait beaucoup de brigands. Nous avons été attaqués par les brigands, qu’ils ont mis les portes de la ville à feu, avec un fagot de paille. Et nous étions que treize soldats pour nous défendre. Et quinze chasseurs à cheval. Nous fîmes une fusillade aux environs de chacun trente coups de fusil, au clair de la lune. Nous les avons repoussés au pied de montagne aux environs d’une lieue. Je suis resté dans ladite ville trente-huit jours. 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
A la fin d'octobre, la Division Watrin occupe la Bochetta; l'effectif de la 30e est réduit à 771 hommes.
Le 12 brumaire (3 novembre 1799), Denis Moreau quitte les bords de la Scrivia pour se rendre près de Busalla où l'ennemi tente d'attaquer le 13 (4 novembre 1799). La troupe reste sur sa position jusqu'au soir. Denis Moreau explique que son Bataillon est isolé, et que l'ennemi croit s'en emparer. Dans la soirée, les hommes préparent de grands feux comme s'ils allaient passer la nuit sur place; aussitôt, l'ennemi pénétre dans le campament mais ne trouve personne. Le Bataillon grâce à son leurre, est parvenu à se rendre du côté de Novi, où il couche après avoir marché une lieue.
"Le 13 (brumaire - 4 novembre 1799) l'ennemi c'est avancé vers nous et l'on c'est tirailliés toute la journée et le soir nous nous sommes retiré" (soldat Guyot).
Le 5 novembre, le Général Saint Cyr s'avance contre Kray et prend position à Novi; la Division Watrin occupe la gauche; nous n'avons que quatre pièces. Les forces autrichiennes sont considérables. Kray forme quatre colonnes d'attaque; elles sont chargées à la baïonnette, bousculées et refoulées jusque dans Novi abandonnant 2000 prisonniers, 4 pièces et perdant 2000 tués ou blessés.
Le 15 brumaire (6 novembre 1799 - dans son journal, Denis Moreau a noté par erreur le 25, mais la chronologie de son récit montre bien qu'il parle du 15), l'ennemi attaque à une heure du matin; le feu est vif. Denis Moreau est blessé d'un coup de feu à la cuisse gauche au bout d'une demie heure de combat; il se retire non sans peine sur Gavi, puis couche à Carouge (?). Ce jour là, il a fait 3 lieues.
"Le 15 nous avons été attaqué vivement de la part de l'ennemi. La bataille a été sanglante ; il y a resté une grande quantités de morts et blessez tant d'une part que de l'autre et nous avons gardé nos positions. [...] (il s'agit en réalité de l'expédition du Lieutenant Lafitte)" (soldat Guyot).
Le 16 brumaire (7 novembre 1799), Denis Moreau arrive à l'hôpital de Gênes, où il demeure jusqu'au 24 (15 novembre 1799). Le 24 (15 novembre 1799), il rejoint sa Demi-brigade près de Novi. Après avoir marché 6 lieues, il couche le 25 (16 novembre 1799) à Voltaggio, et le lendemain, après une marche de 4 lieues, il retrouve au camp de Novi la Demi-brigade.
Le 17 novembre 1799 (26 brumaire an 8), le Général Bonaparte, depuis Paris, écrit au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je désirerais que vous donnassiez l'ordre à la 14e demi-brigade de ligne et à la 30e de se rendre à Fontainebleau où on leur incorporera les bataillons auxiliaires afin de mettre ces deux excellentes demi-brigades dans le cas de faire la guerre le plus promptement possible ..." (Correspondance générale, t.2, lettre 4770).
A la fin de novembre, la 30e voit une grande partie de ses cadre rentrer en France ; elle se réorganise à Fontainebleau et n'a plus qu'un fort détachement à l'Armée d'Italie.
Le 15 frimaire an 8 (6 décembre 1799), l'ennemi attaque sur la gauche de la Division; celle ci est obligée de quitter la ville sans tirer un coup de fusil. Denis Moreau marche 3 lieues et se rend à Carouge (?).
Pierre Trépaut raconte : "Mois de Frimaire
Le 17 parti de Voreas (Mornas ?) pour nous rendre à Paris. Le Même jour, arrivé à Pierrelatte. Couché audit endroit, fait la route 6.
Le 18 à Montélimar, pays bien fertile 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10 décembre, Hohenzollern et Eidel attaquent les retranchements de la Bochetta; ils sont repoussés avec perte par la Division Watrin.
Pierre Trépaut raconte : "Le 19 à Loriol couché audit endroit 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20 frimaire (11 décembre 1799), Denis Moreau raconte que les Grenadiers (de la 30e) se sont emparés du drapeau du Bataillon et se sont mis en marche sans avoir reçu aucun ordre. Ils se portent à Bocchetta avec toute la troupe. L'Armée de Gênes est en révolte, poussée par la misère et la fin. Denis Moreau explique qu'elle ne demande que des vivres et sa paie. Les hommes subsistent avec 3 quarterons de pain par jour, et quand il n'y en a pas, on distribue 9 onces de mauvaises châtaignes. L'ennemi profite de la situation : voyant les soldats français s'éloigner, il se met à les suivre. Denis Moreau dit qu'alors, les hommes se postent au pied de la Bocchetta et que les Officiers montent la garde afin que l'ennemi ne prenne pas cette position. A ce moment parait le Général qui demande aux hommes ce qu'ils souhaitent. Ils réclament des vivres et de l'argent, et le Général leur promet un mois de paie, et que sous trois jours, doivent arriver à Gênes 5 bâtiments de blé. Si sous 8 jours, ils ne sont pas là, le Général s'engage à partir à leur tête. Les hommes répondent qu'ils resteront dans leur positions 3 jours, et que s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils demandent, ils regagneront la France. Pendant trois jours, effectivement, ils demeurent sur place, sans leurs Officiers; le commandement est exercé par la troupe. Denis Moreau parle d'un Grenadier faisant officer de Quartier maître : celui relève tous les jours les noms des présents et fait des bons pour les vivres (pain, viande, eau de vie). Denis Moreau remarque qu'avec ces bons, il ne lui manque rien : on se rend chez le Commissaire des guerres qui les signe et donne ce qui est indiqué dessus. Curieusement, avant la révolte, tout manquait; et maintenant, tout semble à profusion ! Finalement, le 24 frimaire (15 décembre 1799), un mois de paie est distribué à la troupe; les Officiers demandent aux hommes de regagner leurs positions. Déjà, du côté de Gênes, deux colonnes, qui étaient, comme celle de Denis Moreau, en révolte, sont en train de reprendre leurs anciennes positions, occupée par l'ennemi qui avait profité de la situation pour s'en emparer. Les Grenadiers restituent à leurs Officiers les drapeaux et promettent de les suivre. La troupe remonte sur la Bocchetta, passe à Voltaggio où se trouve l'ennemi, et le repousse jusqu'à Carouge (?). Celui-ci tente de résister mais il est repoussé, et Denis Moreau peut s'installer à Carouge où il bivouaque (marche de 6 lieues).
"Le 20 (frimaire - 11 décembre 1799) le bataillon c'est retiré sans ordre et venue à Campo Moronni ; resté jusqu'aux 24 ; le meme jour nous avons prie nos positions que nous avions abandonné dans le temps de l'insurrection de l'armée (Guyot semble faire allusion ici à un mouvement de révolte qui aurait eu lieu dans l'Armée d'Italie, mais dont on ne trouve pas confirmation dans les archives militaires) et il étoit occupé par l'ennemi qu'il n'a abandonné qu'a la grande force et après avoir perdue beaucoup de monde et l'ennemy aussi bien que nous" (soldat Guyot).
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 20 à Valence, comté d’Avignon, 6.
Le 21 à Saint-Vallier couché audit endroit 6.
Le 22 à Pauges (Peaugres) couché audit lieu. 5 lieues
Le 23 à Vienne au doffigné (Dauphiné). Ville assez jolie. Il y a beaucoup de fabriques de toute sorte, couché audit endroit. 4
Le 24 à Lyon, grande belle ville et très riche par le commerce sur le Rhône. Il y a beaucoup de fabriques. Fait 5.
Le 25 à Villefranche. Couché audit endroit 6.
Le 26 à Mâcon grande ville. La rivière il passe sur le devant. Je fais séjour. 7
Le 28 à Tornu (Tournus) couché audit endroit 5.
Le 29 à Chalon-sur-Saône, couché audit lieu. 6
Le 30 à Chagny, fait dans route 4.
Mois de Nivôse
Le 1er arrivé sur Roux, département de la Côte-d’Or. Je fais séjour. 10" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Paris, nivôse an VIII.
Note, pour le ministre de la guerre.
... Prendre les mesures pour porter la 59e à 3000 hommes, et la 14e et la 30e à 3000 hommes" (Chuquet A. : « Ordres et apostillesde Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 39).
Le 2 nivôse an 8 (23 décembre 1799), Denis Moreau quitte Carouge, marche une lieue et s'établit à Voltaggio.
Pierre Trépaut raconte : "Le 2 à Saulieu, couché audit endroit. 8.
Le 3 à d’Availlon (Avallon) pays bien fertile. 10
Le 4 à Vermenton, beau pays vigne. 7
Le 5 à Auxerre, ville grande, bon pays de vin et en grain, chef-lieu du département de l’Yonne. Couché audit lieu 6.
Le 6 à Joigny, bon pays en vin et en grain. Je fais séjour. La Bourgogne, ça est un très bon pays.
Le 8 à Sens, belle et grande belle ville. Couché audit endroit 7.
Le 9 à Montereau, couché audit endroit 8.
Le 10 à Fontainebleau, jolie ville au milieu de la forêt ; il y a un beau Louvre du Roy que Louis 15 il avait fait bâtir. Je fais séjour.
Le 12 à Nemours. 4
Le 13 à Courtenay 12
Le 14 à Montargis 5
Le 15 à Bellegarde 6
Le 16 à Châteauneuf 8.
Le 17 à Orléans, grande et belle ville. Il y a un beau pont en pierre, il a neuf arcades. Il y marcherait six voitures de front. Les arcades, ils sont de la même largeur. Je suis resté dans ladite ville en garnison vingt-quatre jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Championnet, nommé au commandement de l'Armée d'Italie, en remplacement de Moreau, quitte le commandement de l'Armée, épuisé, et meurt de l'épidémie qui décime ses soldats le 9 janvier 1800; Masséna lui succède. Il partage son armée en deux Corps : celui de droite, commandé par Soult, doit garder Cadibone, la Bochetta et Gênes; celui de gauche, sous Suchet, doit occuper les passages de Finale à Tende.
La 30e, placée dans le Corps de Suchet, fait partie de la Division Mingaud et de la Brigade Launay; à la fin de l'année, elle occupe le col de Tende; son effectif est réduit à 508 hommes.
A noter que certaines sources donnent la 30e présente à Vaprio en 1799.
IV/ Campagnes de 1800
Fig. 4 Tenue de Sous officier porte drapeau en 1800 selon Rigo (Tradition N°04) |
Le 25 janvier 1800 (5 Pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, Citoyen Ministre, est d'organiser une armée de réserve dont le commandement sera réservé au Premier Consul. Elle sera divisée en droite, centre et gauche. Chacun de ces trois grands corps sera commandé par un lieutenant du général en chef. Il y aura, en outre, une division de cavalerie, commandée également par un lieutenant du général en chef.
Chacun de ces grands corps sera partagé en deux divisions, commandées chacune par un général de division et par deux généraux de brigade, et chacun des grands corps aura en outre un officier supérieur d'artillerie.
Chaque lieutenant aura un général de brigade pour chef de son état-major; chaque général de division, un adjudant général.
Chacun de ces corps sera composé de 18 à 20,000 hommes, dont deux régiments de hussards ou chasseurs, et seize pièces d'artillerie, dont douze servies par des compagnies à pied, et quatre par des compagnies à cheval.
Les quatorze bataillons qui forment les dépôts de l'armée d'Orient, les 14e, 30e, 43e, 96e demi-brigades, qui sont dans la 17e division, la 9e et la 24e légère, qui sont à l'armée de l'Ouest, les 22e, 40e, 58e et 52e, qui sont aussi à cette armée, la 11e légère et la 66e, qui sont dans les neuf départements réunis, feront partie de l'armée de réserve.
Les 15e, 19e, 21e, 24e de chasseurs, les 5e, 8e, 9e et 19e de dragons, les 11e, 12e et 2e de hussards, les 1er, 2e, 3e, 5e et 18e de cavalerie, les sept escadrons de dépôt des corps à cheval de l'armée d'Orient, seront le noyau de l'armée de réserve.
La droite sera réunie à Lyon, le centre à Dijon, et la gauche à Châlons-sur-Marne.
Le général de division Saint-Remy fera les fonctions de commandant de l'artillerie de l'armée. Le chef de brigade Gassendi sera directeur général du parc. Le premier inspecteur du génie, Marescot, commandera cette arme. Il y aura un ordonnateur et quatre commissaires des guerres attachés à chacun des trois grands corps, et un ordonnateur en chef attaché à l'armée et résidant auprès du ministre de la guerre, qui fera les fonctions de chef de l'état-major.
Il est nécessaire d'appeler à Paris un membre du conseil d'administration de chacun des corps qui composeront l'armée, porteur de l'état de situation de l'armement, équipement et habillement. Ils s'assembleront à Paris le 15 février.
Vous donnerez des ordres pour compléter le plus promptement possible chaque bataillon à 1,000 hommes.
Vous me proposerez les officiers qui devront composer l'état-major de cette armée.
Vous tiendrez extrêmement secrète la formation de ladite armée, même dans vos bureaux, auxquels vous ne demanderez que les renseignements absolument nécessaires" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4552; Correspondance générale, t.3, lettre 4903 ; cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1800, t.1, p. 22-23).
La 30e va être reconstituée en France, et placée dans la Division Boudet pour faire partie de l'Armée avec laquelle Bonaparte, devenu Premier Consul, se propose d'aller au secours de l'Armée d'Italie. Jean Boudet, est né à Bordeaux le 9 février 1769, Dragon dans Penthièvre du 22 octobre 1785 au 10 avril 1788, Lieutenant au 5e Bataillon de la Gironde le 5 août 1792, Capitaine le 6 septembre 1792, Commandant du 1er Bataillon de chasseurs le 13 décembre 1793, Chef de Brigade provisoire à la Guadeloupe le 19 juin 1794, Général de Brigade provisoire le 14 décembre 1795, Général de Division provisoire le 20 octobre 1796, Général de Brigade le 4 janvier 1800, Général de Division le 2 avril 1800. Il devint Comte de l'Empire et Grand-officier de la Légion d'honneur, et mourut à Budwitz, en Moravie, d'une attaque de goutte, le 14 septembre 1809.
Pierre Trépaut raconte : "Mois pluviôse
Parti d’Orléans le 11 pour me rendre à Paris. Le même jour, arrivé à Artenay département de Loire. 6
Le 12 à d’Angerville, il y a de remarquable un très beau reloger (horloge ?), il est curieux à voir. Ça est un très beau pays en grain. On brule très peu de bois dans ces pays-là ; il ne brule que de la paille pour chauffer le four ; couché audit endroit 4.
Le 13 à d’Etampes, grande belle ville 5.
Le 14 à d’Arpajon, le chef-lieu département est à Versailles, Seine-et-Oise. 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
A l'Armée d'Italie, le 15 pluviôse an 8 (4 février 1800), Denis Moreau quitte Voltaggio, marche 4 lieues et couche à Pontedecimo.
Pierre Trépaut raconte : "Le 15 arrivé à Paris, belle grande il y a une belle entrée pour entrer à Paris, il y a beaucoup de moulins à farine, tout bâti en bois, aussi de grandes roues que l’on tire la pierre de taille, d’une grande profondeur. Les roues ils ont plus de 40 pieds de haut. Le 17 Pluviôse on a fusillé sept jeunes hommes. Ils avaient l’âge de vingt-deux ans, à cause qu’ils avaient déserté avec les brigands de la Vendée" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 17 (6 février 1800), Denis Moreau marche 7 lieues et arrive à Savona.
Le 18 (7 février 1800), après une marche de 5 lieues, Denis Moreau est à Finale; le 19 (8 février 1800), marche de 6 lieues et arrivée à Alassio; le 20 (9 février 1800), marche de 5 lieues et arrivée au port de Porto Maurizio; le 21 (10 février 1800), marche de 5 lieues et arrivée à San Remo.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 20 à Paris, on a fait une grande fête et une grande réjouissance on fit ronfler le canon aux environs du champ de mars ; ils ont porté tous les drapeaux on avait pris en Egypte. Ça était très beau à voir ; on porta lesdits drapeaux dans le Louvre des Vétérans, il y en avait de toutes les nations. Quand on parle du Louvre des Invalides, c’est une très belle pièce, entourée de beaux remparts" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 février 1800 (22 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-moi connaître où sont ... les deux bataillons ... des 30e ... de ligne ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1156 ; Correspondance générale, t.3, lettre 4963 ; le 14 février 1800 (25 pluviôse an 8), la même demande est adressée au Général Berthier - Correspondance générale, t.3, lettre 4982).
Le 22 pluviôse (11 février 1800), Denis Moreau quitte la République ligurienne et après avoir marché 6 lieues, arrive à Menton, en France. Le 23 (12 février 1800), il arrive à Nice, où il séjourne.
Le même jour (12 février 1800 - 23 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Lefebvre, commandant les 15e et 17e Divisions Militaires, à Paris : "Vous voudrez bien, citoyen général, envoyer par un courrier extraordinaire l'ordre au général Gardanne de faire rejoindre les conscrits.
Vous lui ferez connaître que je n'approuve pas les mesures qui ont été prises d'en former des colonnes mobiles pour les départements. Tous les conscrits provenant de la 14e division seront dirigés sur Versailles où vous établirez un dépôt général pour les incorporer dans les 14e, 30e et autres demi-brigades défaites qui vont se rendre à Paris pour y être réorganisées.
Faites sentir au général Gardanne qu'il est essentiel qu'il profite du moment où il a de grandes forces à sa disposition pour presser le départ des conscrits" (Correspondance générale, t.3, lettre 4972).
Le 24 (13 février 1800), Denis Moreau est dans les environs de Nice. Le 25 (14 février 1800), il marche 7 lieues, passe le Var, passe à Antibes et couche à Cannes. Le 26 (15 février 1800), après une marche de 7 lieues, il arrive à Fréjus. Le 27 (16 février), marche de 4 lieues et arrivée au Muy. Le 28 (17 février 1800), marche de 5 lieues et arrivé au Luc. Là, Denis Moreau reçoit un contre-ordre pour retourner dans les montagnes du côté du col de Tende. Le 30 (19 février 1800), marche de 5 lieues et arrivée au Muy.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 30 Pluviôse, on a mené Bonaparte dans le Louvre du Roi, qu’il était conduit par ses guides, ainsi que de toute la garnison, qu’ils étions sur les armes. Bonaparte il est venu en voiture jusqu’à la porte du Louvre, après il montait sur son cheval, même il était habillé en rouge. Il était sur le centre de la troupe, ainsi que les autres généraux. Bonaparte il était le plus mal équipé de tous les généraux, avec ses cheveux coupés" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er ventôse (20 février 1800), Denis Moreau marche 4 lieues et couche à Fréjus.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "1er. je suis parti de Paris, en détachement pour venir à Saint-Denis, à deux lieux de Paris. Je suis resté dans ladite ville vingt-quatre jours ; il y a de remarquable une très belle cathédrale" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 (21 février 1800), Denis Moreau fait une marche de 7 lieues et arrive à Cannes. Le 3 (22 février 1800), marche de 7 lieues et arrivée à Nice où Denis Moreau séjourne. Le 5 (24 février 1800), marche de 4 lieues en direction de l'Escarène, dans le centre des Barbets. Denis Moreau va y séjourner jusqu'au 16 floréal (6 mai 1800).
"Le 15 floréal (5 mai 1800 - il y a erreur de date; il faut plutôt lire 15 pluviôse) à Pontissime et nous avons passez la revue de rigueur le même jour [...], le 17 à Savonne, le 20 à Manton [...], le 23 à Nice et le 24 séjour, le 25 à Cannes [...], le 28 à Oluce où nous avons recue contre ordre pour retourner dans les montagnes de la Conté de Nice" (soldat Guyot).
Le 6 mars 1800 (15 ventôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "La 30e demi-brigade de ligne, citoyen ministre, a 600 hommes sans fusils. Veuillez prendre des mesures sur-le-champ pour lui en faire donner dans le plus court délai" (Correspondance générale, t.3, lettre 4963).
Le même jour, il adressse une deuxième lettre au Général Berthier : "La 30e demi-brigade a douze officiers piémontais. Mon intention n'est point de faire tort à ces braves gens, qui se sont bien montrés pour la France; mais je désire que vous en placiez une partie dans la légion italique, et que vous répartissiez l'autre partie dans les demi-brigades de la République, un par un" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4645; Correspondance générale, t.3, lettre 5053).
Le 8 mars 1800 (17 ventôse an 8), depuis Paris, les consuls arrêtent : "Art. I. L'armée de réserve est composée de six divisions ...
Cinquième division : 17e légère, 14e et 30e de ligne ...
Art. II. Le ministre de la guerre donnera des ordres pour que ces corps soient mis de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne.
Art. III. Le ministre de la guerre me remettra l'ordre de route que doit suivre, chacun de ces corps pour se rendre à Dijon et la ville où sera placé le quartier-général de chaque division" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 39 ; Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 159).
Le 17 ventôse an 8 (8 mars 1800), le Ministre de la guerre écrit au Général Dupont depuis Paris :
"L'armée de réserve est composée de six divisions :
(...) 5e Division.
17e légère, 14e, 30e de ligne.
(...) Il sera donné des ordres pour que ces corps soient mis, de préférence dans les lieux où ils se trouvent, en état de faire la campagne (a).
Faire un tableau pour le Premier Consul de la route que doit suivre chacun de ces corps pour se rendre à Dijon, et la ville où sera placé le quartier général de chaque division.
Alex. BERTHIER.
Note de la main de Berthier :
(a) C'est-à-dire qu'il sera donné des ordres pour donner à ces corps tous les objets dont ils auraient besoin pour faire la guerre, de préférence en épuisant toutes les ressources des lieux où ils se trouvent" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 39-40).
Le 12 mars, la zone de cantonnement de la 5e Division est fixée à Gray (note de Duroc, Aide de camp du 1er Consul, à Berthier). Le même jour (12 mars 1800 - 21 ventôse an 8), le Premier Consul écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Les 14e et 30e demi-brigades de ligne seront passées en revue par le ministre de la guerre le 1er germinal (22 mars). Les ordres seront donnés pour que d'ici à cette époque, ces deux demi-brigades soient portées au moins à 1500 hommes et l'habillement et armement en bon état ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5085; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 63).
Situation au 15 mars : 5e Division à Grey : 17e Légère, 590 hommes, à Aix; 14e de Bataille (sic), 1101 hommes; 30e de Bataille (sic), 1584 hommes. Ces deux dernières Demi-brigades s'organisent en ce moment dans la 17e Division militaire; elles n'ont point encore reçu d'ordre de départ. Notons que la Notice historique indique qu'à cette date, la 30e "reçoit un grand nombre de recrues et se réorganise dans la 17e Division militaire à Bèze et à Mirebeau, son effectif à cette date est de 3070 hommes". Cet effectif est en fait celui théorique annoncé fin avril.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 25, je suis parti de Saint-Denis pour revenir à Paris, en garnison à la caserne de l’école militaire. Le même jour, Bonaparte il a passé la revue de toute la garnison de Paris, qu’il était dans le cas de faire campagne pour aller à l’armée de l’Italie. Tant que de troupes légères et de troupes de ligne, et de cavalerie. Nous étions des dix-huit mille hommes prêts à partir, l’on fit une grande réjouissance au champ de mars, l’on fit ronfler le canon. Les ambassadeurs turcs il faisaient la promenade autour du champ de mars. La ville de Paris, c’est une ville très remarquable par la beauté qu’il y a dans le palais royal ; il y a des boutiques très riches, il y a une halle à Paris qu’il est très grande et travaillée toute en pierre de taille, tout en rond ; il est couverte en vitre, il vingt-cinq portes pour entrer. Dans ladite halle, les portes ils sont grille de fer. On transporte tout le blé qui vient, aux environs de Paris, ainsi que de la farine. Il y a une rivière qui passe au milieu de la ville, rivière de la Seine, avec de beaux ponts en pierre, qu’il y a de distance en distance. Je suis été me promener dans le jardin des plantes, ça est un très beau jardin, il y avait toute sorte d’animaux ; il y avait des éléphants, le mâle et femelle ; ça est curieux à voir ; ça mange dix bottes de foin par jour, chacun, il boit vingt-cinq seau d’eau par jour chacun ; ça porte neuf ans de temps pour faire un petit éléphant. Il y avait plusieurs oiseaux sauvages, j’ai vu une poule d’autruche qu’il portait la tête six pied de hauteur, aussi y avait autres plusieurs bêtes, lion, loup, chameau, ours, cerfs, et petites biches ; ça est gros comme un mouton ; ça vient jamais plus gros. Ça est fait comme une vache. Pour bien dire, Paris c’est une ville qu’il y a bien des choses curieuses à voir. Il y a de superbes promenades devant le Louvre du Roi, avec un beau jeu d’eau. Bonaparte, il faisait faire de grandes réparations dans la ville. Il faisait tout rétablir les conduites d’eau devant le Louvre du Roi, ainsi que dans la ville, il y a un moulin à eau, au milieu de la Seine, qui fournit de l’eau par toute la ville, par des conduits, c’est un moulin qu’il est curieux à voir" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 22 mars 1800 (1er germinal an 8), Bonparte écrit au Général berthier, Ministre de la Guerre : "... Je vous prie de me faire connaître le jour où ... le bataillon de la 30e qui était à Embrun, seront arrivés à Lyon, et de leur donner l'ordre, à Lyon, de se diriger sur Dijon ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5140).
Pierre Trépaut de son côté raconte : "1er. Le régiment il est parti de Paris pour aller à l’armée d’Italie, moi, je reste à Paris six hommes par compagnie, pour conduire le parc d’artillerie" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 mars (2 germinal), Berthier écrit depuis Paris à Masséna : "L'a déjà invité à diriger de l'armée d'Italie sur Lyon tous les bataillons isolés : insiste pour que les 39e et 55e demi-brigades, les bataillons des 21e et 30e de ligne exécutent ce mouvement" ("Extraits des mémoires inédits de Victor").
Au 24 mars, la situation est la suivante : 5e Division à Grey : 17e Légère, 2 Bataillons, 590 hommes; 14e de Bataille (sic), 3 Bataillons, 1101 hommes; 30e de Bataille (sic), 3 Bataillons 1584 hommes.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 8, j’ai acheté une montre d’argent à Paris chez monsieur Seulliars l’ainé, du quai de la megisserie ( ?) de la ferraille à vingt six la somme de trente trois livres auquel il m’avait donné sa garantie pour un an.
Le 9 je partis de Paris, pour conduire le parc d’artillerie. Le même jour arrivé à Essonne, petite ville, fait 8.
Le 10 Melun, chef-lieu du département de Seine-et-Marne, la rivière il passe au milieu de la ville, pays de vigne. 6.
Le 11, arrivé à Montereau, ville grande et agréable ; couché audit endroit. 7
Le 12, arrivé à Sens, ville grande, un pays de blé aussi il a une très belle église, bien travaillée, des paliers en marbre ; il y a une cloche, il faut dix-huit hommes pour la mettre en branle. C’est un très beau pays, en vin en grain.
Le 13, arrivé à Joigny, la rivière il passe au milieu de la ville. Bon pays. 5
Le 14, arrivé à Auxerre, département de l’Yonne, ville grand, pays de vigne et de blé en Bourgogne. Je fais séjour.
Le 15, arrivé à d’Avalon, fait 7.
Le 16 à Sum… (Semur ?) il y a un beau pont en pierre très long avec une arcade. Je fais séjour.
Le 18, nous sommes venus à Vitteaux, petite ville.
Le 19, arrivé à Dijon, département de la Côte-d’Or. Grande et belle ville. Bonaparte il est arrivé à Dijon comme nous. Il nous a passé en revue. Il est parti de Dijon à sept heures du matin pour se rendre à l’armée d’Italie. L’on fit une grande réjouissance envers lui. On fit ronfler le canon.
Le 20, arrivé à Auxonne, ville de guerre et grande. Il y a de beaux remparts, tout entouré. Dans la rivière, il passe à côté de la ville. Je fais séjour. Pays de blé" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Une situation en date du 10 avril donne à la 30e de Ligne, forte de 3 Bataillons, un effectif de 3070 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 22, arrivé à Dole, grande ville. Je suis venu coucher à Villers, tout près de Dole. Nous fîmes 4.
Le 23 à Sellières, je suis venu coucher au village de Toulouse, même il y a une fabrique de fonte et de fer que l’on fond par la force de l’eau. Ça est curieux à voir" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 14 avril 1800 (24 germinal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre : ... 3° Aux deux bataillons de la 30e de ligne, qui sont à Paris, de se rendre à Dijon et de partir le 1er floréal ...
Je vous prie de passer, le 28, la revue des deux bataillons de la 30e et des escadrons des 19e de dragons et du 3e de cavalerie, qui doivent partir le 1er floréal pour l'armée de réserve, et de donner les ordres pour qu'il soit fourni à ces corps tout ce qui pourrait leur manquer ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4715; Correspondance générale, t.3, lettre 5181).
Pierre Trépaut raconte : "Le 24, arrivé à Lonsogny (Lons-le-Saunier), ville grande chef-lieu du département du Jura, pays de vigne. Cette ville elle est dans un ballon, proche de montagnes, même il y a une fabrique de sel qu’il va par la force de l’eau, l’eau salée se tire par des pompes, que l’eau douce fait aller un moulin pour faire aller les pompes. Ça est curieux à voir. 5
Le 25, arrivé à Clervau Livandais ( ?), nous sommes venu coucher au village de Soussiat (Soucia), pays de montagnes. 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
A la date du 16 avril, la 30e n'a pas encore été intégrée dans l'Armée de réserve. Situation des Corps de l'Armée de réserve arrivés dans leurs cantonnements le 26 germinal (16 avril).
Corps destinés pour l'Armée de réserve et non encore arrivés.
Infanterie de ligne : 30e, 3070 hommes
Signé : VIGNOLLE.
("Extraits des mémoires inédits de Victor").
Pierre Trépaut raconte : "26 à Saint-Lupicant ( ?) sur une montagne beaucoup haute, couché audit endroit 5.
Le 27 arrivé à Saint-Claude, la ville a été brûlée par les quatre coins, on n’a pas sauvé aucune maison ; il s’y est brulé aux environs de trois cent personnes, sans compter les émigrés qu’ils étions cachés. L’on disait que dieu avait fait miracle à cause que les habitants il avait brûlé Saint-Claude" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 avril, Berthier a donné l'ordre de former la Division Boudet des 59e et 30e de Ligne et de la 9e Légère.
Pierre Trépaut raconte : "Le 28, arrivé à Gex. Le chef-lieu département est à Genève. Nous fûmes sept lieues dans la montagne d’une très grande hauteur, une lieue pour monter, autant pour descendre. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Un ordre du jour en date du 20 avril attribue les Généraux de Brigade Musnier et Duvignau à la Division Boudet.
Force des Corps de l'Armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800) |
La 5e Division, devenue Division Boudet part de Paris pour l'Armée de réserve. Le 21 avril, dans sa "proclamation aux jeunes Français", diffusée depuis Paris, le Premier Consul dit : "Un corps de 4,000 hommes, composé de la 30e demi-brigade, du 19e de dragons, du 3e de cavalerie, est parti de Paris ce matin pour Dijon" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4722). En fait, seuls deux Bataillons de la 30e partent de Paris le 21 avril (le Premier Consul au Ministre, 14 avril, et proclamation du 21 avril). Ils doivent arriver à Dijon les 2 et 3 mai (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 605 - Résumé de la concentration des troupes venant de Paris). Le 3e Bataillon est à Embrun.
Le 22 avril 1800 (2 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : "... Les deux bataillons de la 30e, forts de 1,800 hommes et 150 hommes du 3e de cavalerie, sont partis hier ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4724; Correspondance générale de Napoléon, t.3, lettre 5187; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor"; citée par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 118-119).
Le 23 avril 1800 (3 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris à Carnot, Ministre de la Guerre : "Vous voudrez bien, citoyen ministre, donner l'ordre au 3e régiment de cavalerie qui est à Compiègne de partir le 12 floréal pour se rendre à Dijon ... Même ordre au dépôt de la 30e de ligne qui est à Paris" (Correspondance générale, t.3, lettre 5191).
Le 24 avril (4 floréal an 8), le Premier Consul écrit depuis Paris au Général Berthier, Commandant en chef de l'Armée de Réserve, à Dijon : "... La 30e est partie depuis trois jours, mais il y a dans cette demi-brigade beaucoup de conscrits" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 110 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4729; Correspondance générale, t.3, lettre 5193; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 193) .
Les mouvements de l'Armée de réserve prévus par le Premier Consul, sont subordonnés aux opérations de l'Armée du Rhin. Ils dépendent aussi de la situation de l'Armée d'Italie.
En effet, les hostilités qui avaient cessé en décembre, recommencent au printemps. Les Autrichiens, conduits par Mélas, lancent une vigoureuse offensive dans les premiers jours d'avril. Le 6, Méla force les passages, s'empare de Savonne et coupe l'armée française en deux parties.
Situation de l'Armée d'Italie le 6 avril 1800 |
Masséna, qui commande l'Armée d'Italie, s'est vu contraint de se jeter dans Gênes où il résiste à tous les efforts de l'importante armée autrichienne commandée par Mélas. Il va succomber, mais son héroïque résistance, en attirant toutes les forces de l'ennemi sur les Apennins, va permettre à Bonaparte de réaliser, en se frayant un chemin à travers les Alpes, l'une de ses conceptions les plus hardies et les plus fécondes. Suchet quant à lui a du se retirer derrière le Var où Mélas, pendant des jours, tente vainement de forcer le passage. Dans la marche en retraite de la 30e, évacuant le col de Tende, le Sous lieutenant Guillaume (Bernard) est fait prisonnier.
Les opérations de Mélas contre Masséna dans la rivière de Gênes ne sont connues en France qu'à la fin du mois d'avril; mais on apprend bientôt, à Dijon et à Paris, l'attaque dirigée par les Autrichiens sur le Mont-Cenis (8 avril), défendu par l'aile gauche de l'Armée d'Italie.
Vers la fin d'avril arrivent, peu à peu, des renseignements sur l'offensive prise par l'Armée autrichienne contre l'Armée d'Italie dans la rivière de Gênes. Ces nouvelles décident le Premier Consul à porter l'Armée de réserve des environs de Dijon sur les bords du lac de Genève, tout en activant les mesures relatives à son organisation. Le 25 avril 1800 (5 floréal an 8), Alexandre Berthier, Général en chef de l'Armée de réserve, écrit depuis Dijon au Général Masséna :
"Une lettre de Nice parvenue ici, mon cher Général, nous annonce que vous avez été attaqué sur tous les points par des forces supérieures, que vous avez battu et repoussé l'ennemi et fait une très grande quantité de prisonniers. Je sens combien il serait important que je fusse en mesure d'entrer en Italie; mais l'armée de réserve n'est pas encore rassemblée. Je presse son organisation et j'espère être en mesure vers la fin du mois. J'ai cependant fait filer sur Lausanne, Vevey, Saint-Maurice, ainsi que sur Genève, une division de 7,000 hommes, qui donnera de l'inquiétude à l'ennemi.
J'attends des nouvelles du général Moreau, qui doit avoir passé le Rhin.
Je vous expédie ce courrier pour connaître votre position. J'attends son retour avec impatience. Vous sentez qu'il est important que j'aie souvent de vos nouvelles.
P. S. – Je reçois à l'instant une lettre du Premier Consul. Il ordonne à Moreau d'attaquer l'ennemi avec impétuosité; moi, je me porte avec ce que j'ai de disponible de la réserve pour opérer une diversion en votre faveur. Je vous écrirai plus en détail.
Alex. BERTHIER".
Situation de l'Armée de réserve au 25 avril 1800 |
Le 26 avril (6 Floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon : "... voici comment je vois votre armée : (...) La division Boudet, composée des 9e légère, 30e, 59e de ligne : 7 à 8,000 hommes (...). Ces quatre divisions disponibles et prêtes à marcher au 10 floréal (...). Ainsi, il me semble que, le 15 floréal, vous pourrez avoir à Genève, prêts à se porter où il sera nécessaire : (...) les quatre premières divisions ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 114 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4732; Correspondance générale, t.3, lettre 5202; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor" ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 202).
Le 28 avril 1800 (8 Floréal an 8), le Premier Consul écrit depuis Paris à Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon : "... La 30e demi-brigade doit, à l'heure qu'il est, être arrivée ... " (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 122 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4742; Correspondance générale, t.3, lettre 5214; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor"; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 226).
Le même 8 Floréal an 8 (28 avril 1800). Berthier, Général en Chef de l'Armée de réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef d'Etat-major : "Vous donnerez les ordres, citoyen Général, pour former les divisions de l'armée ainsi qu'il suit :
... La division Boudet, composée des 9e légère, 30e et 59e de ligne ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 207).
Quand l'Armée de réserve quitte, le 27 avril, la région de Dijon pour se porter au secours de Masséna, elle n'est qu'imparfaitement organisée et bien des détachements attendus ne sont pas encore arrivés. Les Dépôts sont laissés sur la Saône et c'est vers Dijon que sont dirigées toutes les troupes de renfort destinées à l'Armée. De nombreuses lettres sont échangées entre le Premier Consul, le Ministre, le Général en chef Berthier et le Général Vignolle, Adjoint au Chef d'état-major, chargé de l'organisation de ces Dépôts. Grâce à leur correspondance, nous connaissons les dates d'arrivée à Dijon de chaque détachement. Ainsi, pour la 30e, 443 hommes doivent arriver du 12 au 14 mai.
Situation de l'Armée de réserve au 30 avril 1800 (10 floréal) |
Début mai, l'on apprend la véritable situation de l'Armée d'Italie Masséna bloqué dans Gênes, et l'échec des manoeuvres de Suchet rejeté sur le Var. Il est urgent de les dégager au moyen d'une prompte et puissante diversion. Ainsi se précise l'opération de la traversée des Alpes : l'Armée de réserve débouchera en Piémont par la vallée d'Aoste, tandis que l'aile gauche de l'Armée d'Italie marchera vers Turin, et que l'Armée du Rhin, victorieuse à Stockach, enverra un gros détachement en Lombardie par le Saint-Gothard. Le 1er mai, Bonaparte écrit depuis Paris à Berthier : "La division Boudet doit être arrivée à Genève et Nyon; faites-la également filer sur Villeneuve".
Les deux Bataillons de la 30e arrivent le 2 ou 3 mai à Dijon (le Ministre de la Guerre à Berthier, 15 avril), où les rejoint le 3e Bataillon, parti d'Embrun (Le Premier Consul au Ministre, 22 mars).
Le 2 mai 1800 (12 floréal an 8), le Premier Consul écrit depuis Paris à Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon : "... Le dépôt de la 30e, fort de 500 hommes, est parti il y a plusieurs jours ... " (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4747; Correspondance générale, t.3, lettre 5214).
Le 5 mai, Berthier écrit depuis Genève au Chef d'Etat major de l'Armée de Réserve : "Donnez l'ordre à la division Boudet de se rendre à Lausanne". La veille, la Division Boudet était concentrée à Nyon. Bonaparte quitte Paris le 6 mai pour hâter les mouvements. Ce jour là, 6 mai, Berthier écrit depuis Genève au Général Dupont, Chef de l'Etat major général : "Il (le Premier Consul) m'annonce que le dépôt de la 30e, fort de 500 hommes, est parti il y a plusieurs jours" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 262).
Situation de l'Armée de réserve aux 9 et 10 mai 1800 |
Le 6 mai, la Municipalité de Nyon écrit au citoyen Berthier, Général en chef de l'Armée de réserve : "Le général de division Boudet a établi ici son quartier général. Le commissaire des guerres, attaché à cette division, nous a fait des réquisitions multipliées, auxquelles nous avons satisfait tant que nous en avons eu les moyens. Actuellement, toutes nos ressources sont épuisées (...) tandis qu'il passe des corps considérables". Le 7 mai, Dupont écrit depuis Genève au Ministre de la Guerre : "Les divisions Boudet et Loison vont occuper Lausanne". Le 9 mai, la Division Boudet est à Lausanne. Ce jour là, Berthier écrit au Général Dupont : "Ordonnez au général Boudet les arrêts pour deux heures pour s'être permis de changer son quartier général sans ordre de l'état-major général".
Le 10, Berthier indique depuis Genève au Général Dupont, que la Division Boudet sera composée de la 9e Légère, des 30e et 59e de Bataille (sic), d'un Escadron du 15e de Chasseurs, et d'Artillerie (cette dernière, avec une vingtaine de caissons, rejoint la Division le 10 mai, à Vevey - Manuscrit Couvreu) : 2 pièces de 4; 4 pièces de 8; 2 obusiers. La 30e demi-brigade, qui est le 10 mai à Nyon, rallie le gros de la Division le 11, à Vevey, avec le Général Guénaud (Manuscrit Couvreu).
Situation de l'Armée de réserve au 10 mai 1800 (Nafziger) |
Le 11 mai 1800, les Divisions Loison et Boudet doivent passer la revue du Général en Chef, mais cette dernière est reportée au 12 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 311 et 319).
Le 12 mai, Bonaparte quitte Genève pour Villeneuve. Le même jour, Berthier donne ordre à la Division Boudet de se rendre le 24 floréal (14 mai) à Bex près de Saint Maurice. De Vevey à Bex, il y a 29 kilomètres. Le même jour, il indique au Chef d'Etat major que "le Premier Consul passera la revue de la division Boudet demain, à 11 heures, à Vevey". D'après l'ordre primitif, cette revue doit avoir lieu à midi. Accompagné de Berthier et de Dupont, le Premier Consul part de Lausanne en voiture, le 13 mai à midi et arrive à 3 heures à Vevey. La Division Boudet, forte de 5118 hommes, comprenant les 9e légère, 30e et 59e de Bataille, l'attend sur la place du Marché. "A 2 heures et 3/4, le Premier Consul est enfin arrivé, annoncé par le bruit du canon, qui n'a cessé de tirer que lorsqu'il a été sur la place. Accompagné des généraux Berthier, Victor, de l'aide de camp général et des quatres généraux ci-dessus, il a fait l'inspection des troupes en passant entre les lignes, au bruit du tambour et de la musique alternativement. Il a paru fort satisfait de la tenue de la 9e, mais peu des deux autres. Après l'inspection, l'aide de camp général a commandé l'exercice de la charge et des feux; après quoi, toute cette petite armée a défilé par pelotons devant lui et les autres généraux. Après quoi, tous les officiers et sous-officiers ont été appelés à l'ordre. Bonaparte leur a adressé un petit discours, dans lequel on a remarqué cette phrase: J'ai offert la paix à l'Empereur, il ne l'a pas voulu; il ne nous reste plus qu'à le prendre à la gorge". Le Premier Consul et Berthier se rendent ensuite à Villeneuve, où ils inspectent les approvisionnements arrivés par le lac, et l'artillerie des trois Divisions Boudet, Loison et Chambarlhac, qui ont l'ordre de venir s'y ravitailler. Ils rentrent en voiture à Lausanne à minuit.
Le 14 mai (24 floréal an 8), Berthier écrit depuis Lausanne au Général Dupont : "Donnez l'ordre à la division Boudet, qui est à Bex, de se rendre à Saint-Branchier ou Orsières demain 25".
Le même jour (14 mai 1800 - 24 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Lausanne au Général Lacuée, Ministre de la Guerre par intérim (Carnot est en mission à l'Armée du Rhin) : "... Une grande partie des conscrits qui ont été donnés à Paris à la 30e ... ont déserté avec armes et bagages ... Il faudrait faire faire des perquisitions pour savoir ce que sont devenus ces conscrits, ce qu'ils ont fait de leurs armes ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 5299).
Et dans une autre lettre datée du même jour, expédiée depuis Lausanne au Général Mortier, Commandant de la 17e Division Militaire, à Paris : "... La plupart des conscrits fournis à la 30e demi-brigade ont déserté avec armes et bagages avant d'arriver à Dijon ... Faites des perquisitions pour connaître ce que sont devenus ces conscrits." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4790; Correspondance générale, t.3, lettre 5302).
La brigade de cavalerie de l'avant-garde (Général Rivaud) est à Vevey le 14; elle reçoit l'ordre de venir le 15 à Saint-Pierre. C'est une marche de 76 kilomètres, avec 1253 mètres de différence de niveau (Vevey, 380 mètres; Saint-Pierre, 1633 mètres). Elle ne fait que 49 kilomètres et cantonne à Martigny, avec la Division Loison, et en arrière de la Division Boudet, qui occupe Orsières (9e Légère) et Sembrancher (30e et 59e - d'après les Archives de Sembrancher, qui indiquent pour les effectifs de la première demi-brigade 661 hommes, et pour ceux de la seconde 77 officiers, 1785 sous-officiers et soldats), le 15 mai (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 389).
Concernant les éléments de la 30e à l'Armée d'Italie, Denis Moreau note dans son journal être parti le 16 floréal (6 mai 1800) de l'Escarène pour se rendre dans une montagne appelée la Colle Siguer (?); puis être parti au col de Braus, où il est resté 3 heures; de là, il a couché près de la chapelle Saint Pierre. Le 19 (9 mai 1800), il se remet en route et couche près de Drap. Le 20 (10 mai 1800), il fait 7 lieues : parti de Drap, il couche près de Saint Laurent du Var. Le 24 (14 mai 1800), marche de 6 lieues; Denis Moreau arrive à Saint Jeannet; il participe à une fausse attaque à la pointe du jour sur toute la ligne; son unité relève la 150e au camp de Carros.
Pierre Trépaut, qui semble fâché avec les dates, raconte : "Le 29 Floréal, arrivé à Nyon en Suisse. 4
Le 30, arrivé à Lausanne, idem, ville très grand, pays de vigne. Il y a beaucoup de protestants. Je a séjour. La rivière il passe devant. La rivière il se nomme le lac, qu’il va tomber à la ville de Genève.
Mois Prairial an 8
1er arrivé à Vevey en Suisse. Couché audit lieu 8.
Le 2 à Villeneuve, la source dudit lac ; il commence audit village ; de Renne (Rennaz) en Suisse nous avons fait 6.
Le 3, parti de Renne à Martinien (Martigny), nous avons couché audit village, je a séjour. 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
De leur côté, les éléments de la 30e présents à l'Armée d'Italie sont engagés dans une succession de combats contre les Autrichiens dans les environs du Col de Tende et dans la vallée du Var. Le 4 prairial (24 mai 1800), Denis Moreau quitte le camp de Carros, et marche 7 lieues pour se rendre sur le bord du Var, près d'un village nommé Bellovenne (?). Le 5 (25 mai 1800), marche de 4 lieues; Denis Moreau bivouaque près du village de la Torre (?).
Le 7 (27 mai), Denis Moreau quitte son bivouac de la Torre et marche 6 lieues; l'objectif est de trouver l'ennemi posté à 3 lieues de là dans une montagne; l'ennemi est débusqué et poursuivi. Ensuite, Denis Moreau prend position près d'Utelle, où lui et ses camarades arrivent à 11 heures du soir; il en profite pour manger quelques ails, puis couche près du Belvédère (?). Il reste sur cette position apparemment jusqu'au 12 (1er juin 1800).
"Le 8 [...] nous avons attaqué l'ennemy qui étoit retranché sur les montagnes de [?]. Le 9 à la Chapelle Dautel, resté jusqu'au 12 le même jour à Vellait et passé à Lantouscal ou nous avons bivaqué" (soldat Guyot).
Le 13 (2 juin 1800), Denis Moreau gravit le col de Braus; l'ascension dure 7 heures; en ce jour de Pentecôte, la neige tombe tellement sur le sommet que les hommes ne se voient pas les uns les autres; Denis Moreau met 5 heures à redescendre l'autre versant. Denis Moreau note également que depuis la veille, il ne mange que des cerises à moitiée mûres, ce qui a pour conséquence inattendue mais fort désagréable de l'avoir constipé ! Il a l'impression d'avoir des cailloux dans le ventre. Enfin, après avoir marché 9 lieues, il couche près du col de Tende. Le 14 (3 juin 1800), il marche 6 lieux; il se met en route pour franchir le col, mais un contre-ordre annule la marche et il retourne coucher à Tende. Le 15 (4 juin 1800), Denis Moreau quitte Tende et passe dans un village appelé La Brigue; de là, il passe la montagne de la Col Ardente (?), avec les mêmes difficultés qu'au col de Braus; il couche près d'un village le long de la montagne de la Pieva (?). Denis Moreau indique ensuite s'être battu jusqu'à la nuit et avoir débusqué l'ennemi qui s'est alors porté sur Alexandrie, non sans avoir perdu 1200 hommes prisonniers de guerre. Denis Moreau reste sur cette position le 17 (6 juin 1800); il en profite pour se rendre à la ville et manger pour 4 francs de pain d'un seul repas; il aura marché ce jour là 3 lieues.
"Séjour le 12 et 13 à Tande, le 14 monté la côte de Tende et nous avons eue contre ordre pour retourner à Tende. Couché audit endroit le 15 prairial, monté la montagne de la Brique et couché à Mandatica, le 16 nous avons attaqué l'ennemy à la montagne d'Orsnea ou j'ai été blessez le mème jour, le 17 à la Pieva" (soldat Guyot). Sans être grave, la blessure de Louis-François Guyot est sérieuse. Après être passé à Alassio et San Remo, il est hospitalisé à Villefranche du 24 prairial au 10 messidor an VIII, puis à Muy le 15 et à Draguignan le 16, pour n'en sortir que le 29. Notre combattant remonte vers le nord de la France et est hospitalisé à Lyon du 16 au 22 thermidor. I1 parvient à Fontainebleau, ville de garnison de la Demi-brigade, le 6 fructidor (24 août 1800) où il est une nouvelle fois hospitalisé pour 4 jours à l'issue desquels il est libéré et rentre au pays : "Parti le même jour (10 fructidor) pour Melun et passé à Chaune et à Gigue et couché à Lahousset, le 12 à Coulommiers et couché à Horlis le 12 (8 septembre 1800) à Villiers lieu de ma naissance. Fain de la dicte route. Louis François Guyot. 1800".
Denis Moreau quant à lui poursuit son périple. Le 18 (7 juin 1800), il quitte sa position et marche 4 lieue pour coucher à la frontière du Piémont et de Gênes. Le lendemain, marche de 3 lieues et arrivée au village de Gozese (?). Le 20 (9 juin 1800), il se rend à Diva (?) où il y a un fort. Le 21 (10 juin 1800), il marche 4 lieues pour se rendre près de Saint Michel et près de Mondovi. A 11 heures du soir, il se remet en route et arrive à 8 heures du matin à Bisegne (?). Il en part le 22 (11 juin 1800), marchant jusqu'à minuit; il couche dans un bois sans savoir où il se trouve. Le 23 (12 juin 1800), nouvelle marche de 10 lieues; Denis Moreau arrive dans la petite ville de Quesse (?) qui se trouve sur la route de Savona à Alexandrie? Denis Moreau raconte que les maisons sont vides et qu'il n'y a rien à manger si ce n'est de l'herbe; sur la routes, les soldats trouvent des personnes mortes de faim.
Le 25 (14 juin 1800), Denis Moreau prend position au village de Rocchetta; au même moment se déroule la bataille à Marengo. Denis Moreau quitte sa position dans la soirée; il arrive vers minuit près d'une ville et y apprend la victoire de Marengo; l'Armée autrichienne a capitulé, ce qui rend à la France toute l'Italie jusqu'à Mantoue. Le 28 (17 juin 1800), Denis Moreau se met en route pour se rendre près d'Acuit (?), à l'entrée de la plaine d'Italie où se rassemble toute la Division; il marche 8 lieues et couche près de la ville dans laquelle se trouve une fontaine où l'on prend les bains. Il repart le 30 (19 juin 1800), marche 6 lieues et arrive à Campamarone.
Le 1er messidor (20 juin 1800), Denis Moreau marche 4 lieues; il se rend à Voltaggio, en raison de la capitulation de Gênes, dont la garnison doit sortir ce jour là; elle ne sortira en fait que le 5 (24 juin 1800). Le 4 messidor (23 juin 1800), nouvelle marche de 4 lieues; Denis Moreau couche près du pont d'Isineaux (?). Le 5 (24 juin 1800), marche de 4 lieues; les Autrichiens (environ 8000 selon Denis Moreau) sortent de Gênes, cédant la place aux Français.
Le 11 messidor (30 juin 1800), Denis Moreau quitte Gênes; après être passé à Bocchetta et avoir marché 6 lieues, il couche à Voltaggio. Le 12 (1er juillet 1800), marche de 4 lieues et arrivée à Novi. Le 13 (2 juillet 1800), marche de 4 lieues et arrivée à Tortona. Le 21 (10 juillet 1800), marche de 5 lieues; Denis Moreau, après avoir franchi la Trebbia, arrive à Plaisance. Le 22 (11 juillet 1800), marche de 7 lieues; Denis Moreau quitte Plaisance et couche à San Glannio (?). Le 23 (12 juillet 1800), marche de 5 lieues et arrivée à Parme. Le 24 (13 juillet 1800), marche de 6 lieues et arrivée à Reggio en République Cisalpine. Le 25 (14 juillet 1800), marche de 5 lieues; Denis Moreau arrive à Modène où se trouve les 2 Bataillons de la 30e, venus de Paris, et qui ont combattu avec Bonaparte.
a/ Passage du Grand Saint-Bernard
Pendant que Mélas aventure des Corps sur le Var et s'attarde à la capitulation de Gênes, le Premier Consul franchit le Grand Saint-Bernard, ayant réussi à dissimuler jusqu'au bout à l'ennemi l'existence de son armée. Le passage commence dans la nuit du 14 au 15 mai. Le 15 mai, Berthier écrit depuis Villeneuve, au Premier Consul : "les divisions Boudet et Loison ont pris du pain hier pour la journée et du biscuit pour cinq jours". Ce jour là, la Division Boudet occupe Orsières (9e Légère) et Sembrancher (30e et 59e de Ligne - d'après les Archives de Sembrancher qui indiquent un effectif de 661 hommes pour la 30e). Le 16, Berthier écrit à Dupont : "Donnez l'ordre à la division Boudet de partir à 4 heures du matin pour passer le Saint-Bernard et se rendre à Etroubles. Le général Boudet laissera un petit bataillon avec son artillerie que l'on s'occupera de faire passer le plus promptement". Ce jour là, la Division Boudet monte d'Orsières à Saint Pierre. Le même jour encore, Berthier écrit à Dupont : "Le général Boudet me mande qu'il a reçu l'ordre de se rendre demain à Aoste; c'est à Etroubles qu'il doit attendre de nouveaux ordres". Le lendemain 17, Berthier écrit à Dupont, depuis Etroubles : "Ordre à la division Boudet de partir demain à 4 heures du matin pour se rendre à Aoste". La Division Boudet (trois Demi-brigades) et la Brigade de cavalerie Rivaud (deux régiments) ont passé le col le matin. L'hospice distribue le 17 mai, 2453 bouteilles de vin et 578 livres de fromage. Ces Corps arrivent dans la journée à étroubles.
Le même jour, il informe le Général Lannes du départ de la Division Boudet le lendemain; cette dernière (plus précisément la 9e Légère) est chargée de soutenir Lannes qui doit attaquer l'ennemi le 18. Le 18 mai (28 floréal an 8), Berthier écrit depuis étroubles au chef de l'état-major : "Donnez l'ordre au général Boudet de laisser deux compagnies à étroubles, lesquelles fourniront une garde de 10 hommes au parc de l'artillerie de l'avant-garde. Ces compagnies attendront à étroubles l'artillerie de la division Boudet". Le même jour, il écrit au Général Dupont : "Ordonnez à la division Boudet de prendre des vivres pour deux jours, ce qui lui complétera pour les 3 et 4 et de partir à 7 heures du matin pour se rendre à Châtillon". La Division Boudet descend le 18 d'étroubles à Aoste.
Jusque là, le transport de matériel a semblé offrir des difficultés insurmontables. La ténacité du chef et la vigeur des soldats en triomphent cepenant. On fractionne les voiture, les affûts, convois de munitions et de vivres, en charges assez petites pour être portées sur des traîneaux ou sur des mulets; on place les canons dans des troncs de sapin tirés chacun par une centaine d'hommes et, en moins de huit jours, chevaux, hommes, canons, tout passe.
"Jamais armée moderne avec son artillerie et ses bagages n'avait tenté de franchir cette muraille de dix lieus de glaces. Les canons et les voitures furent démontés, les soldats s'y attelèrent et, à travers les rocs et les neiges, les hissèrent jusqu'au sommet du col; ils étaient jeunes et ardents, comme leur Chef, pleins de confiance dans son génie et la grandeur de l'entreprise" (Lavallée - Histoires des Français - cité dans la Notice Historique).
Tout à coup, dans la partie moyenne de la vallée italienne, au fond de laquelle on cheminait, se dresse un obstacle imprévu, le fort de Bard qui commande la route. Ce fort avait été occupé par les Français, alors qu'ils étaient maîtres de toute l'Italie, et la Commission chargée de l'étude de la frontière par l'arrêté du 5 pluviôse an 8 (25 janvier 1800) avait estimé que cette "position est difficile à emporter, et ce ne serait qu'en la tournant par la vallée de Champorcher qu'on pourrait forcer l'ennemi à l'abandonner". Dans un rapport présenté au Général Marescot et au Premier Consul, le fort de Bard est ainsi décrit : "Bard, petite forteresse, à 11 lieues d'Aoste et 4 d'Ivrée, est située sur un rocher escarpé, dans le point où la vallée se resserre le plus; elle domine, d'un côté, le petit village du même nom qui est traversé par la grande route, et, de l'autre, la rivière de la Doire. Cette forteresse a une enceinte de maçonnerie, dont les angles saillants ne sont point flanqués et dont les angles rentrants sont des angles morts. Elle a très peu de capacité, les quartiers et magasins sont d'une construction très faible et elle n'a point de casemates; sa position cependant est telle, qu'une fois gagnées les hauteurs qui la dominent à droite et à gauche, on y est si près que, dans le mois de fructidor dernier, nos grenadiers ont tué à coups de fusil plusieurs canonniers sur leurs pièces. Mais pour s'emparer de ces hauteurs, il faut absolument chasser l'ennemi des retranchements qu'il a construits dans la montagne, sur la rive gauche du fort, à portée de canon, ainsi que des autres placés sur le col de Fenestre, qui protège les premiers. On ne pourrait attaquer ces retranchements de front, sans s'exposer à perdre beaucoup de monde; on peut les tourner en passant par les différentes vallées à droite et à gauche, dites de Champorcher, Tournanche, Gressoney et Fontana-Mora" ("Renseignements sur la route du Grand-Saint-Bernard jusqu'au Pô, en passant par Aoste". Sans date ni nom d'auteur. Archives du génie. Il se pourrait que ce rapport soit du Général Herbin, un des Brigadiers de la Division Chambarlhac).
"Fort de Bard. – Cette forteresse est construite sur un monticule, entre Arnaz et Donnas, à 2 lieues au-dessus d'Ivrée, sur la grande route d'Aoste à Turin. Elle est à la gauche de la Doria-Baltea, qui, faisant devant elle une espèce de demi-cercle, l'enveloppe et lui prête une première défense naturelle. La vallée, extrêmement resserrée en cette partie, forme une gorge ou défilé assujetti au canon d'une triple enceinte, qui se présente en amphithéâtre et qui enfile très directement la grande route du côté d'Arnaz et de celui de Donnas. La ville de Bard, divisée en haute et basse, est construite dans le défilé même et la grande route la traverse. Quoique ces ouvrages soient dominés à droite et à gauche par les montagnes, il est difficile d'y inquiéter l'ennemi, parce que toutes les batteries en sont blindées. On peut, à la vérité, tourner ce fort par la vallée de Champorcher, qui vient se terminer devant le village de Hone, sur la rive droite de la Doire, à la petite plaine, au pied des ouvrages; mais le site est tellement tourmenté et la montagne si escarpée, que l'infanterie seule peut y passer" (Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant commandant Brossier).
"Le rocher de Bard, placé entre la Doire et la ville, occupe avec sa masse presque tout l'espace de la gorge; dans le sens longitudinal, il ne laisse, à l'un de ses côtés, que le lit resserré de la rivière, bordé sur la droite de son cours par les montagnes escarpées du Porcil; du côté opposé, se trouve la ville, formée de deux seules rangées de maisons au milieu desquelles passe, comme dans un défilé, l'unique rue qui la traverse; la rangée de maisons au sud est adossée aux escarpements d'Albarède" (Relation du siège de Bard en 1800, écrite en 1838 par le Général A. Olivero, p. 13. Aoste, 1888).
Le blocus du fort commence le 19 mai. Le même jour, la Division Boudet, conformément à ses ordres, quitte Aoste, à 7 heures du matin et, par une étape de 42 kilomètres, atteint Arnaz : "Le 29 floréal, ma division eut ordre d'Aoste de se rapprocher d'Arnaz, village situé à une lieue en deçà du fort de Bard" (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet, à compter de son départ d'Aoste jusqu'à la capitulation de l'armée ennemie). Plus en arrière, les troupes de deuxième ligne continuent leur mouvement. Le 1er Bataillon de la 30e Demi-brigade quitte Lausanne, après y avoir séjourné le 18, et se porte sur Villeneuve (Bulletin helvétique, n° du 22 mai - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 436). Le 20 (30 floréal an 8), Berthier écrit depuis Verrès au Général en chef de l'Armée de réserve le Général Dupont : "Vous donnerez l'ordre au général Boudet d'occuper tous les postes devant Bard, ainsi que les occupait la division de l'avant-garde". La Division Boudet se porte d'Arnaz à Bard dans la matinée et est chargée de l'investissement. "Le 30, ma division fut chargée de cerner le fort de Bard, qui se trouve dans une gorge resserrée et qu'il maîtrise de tous côtés; elle remplaça la division Watrin qui se portait en avant" (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet). "Le 30, elle (la division Watrin) est relevée dans ses positions par la division Boudet dont une partie vient s'établir à Donnas et complète le blocus" (Journal de la campagne de l'Armée de réserve de Brossier).
En parallèle, le même jour, Général Dupont écrit depuis Verrès à l'Adjudant général Lacroix : "Je viens de charger Rigaud de lever une brigade de paysans qui se rendront de suite à Arnaz pour travailler au transport de nos pièces de 3 sur la montagne. Employez des troupes, en outre, à cette opération, qui est d'une urgence extrême. Le général en chef vous envoie 1200 francs pour animer ce travail. Demandez au général Boudet des hommes de la 9e légère, qui doit être près d'Arnaz, ou de la 30e, si elle est arrivée en avant de Verrès. Prenez les plus rapides moyens. Vous sentez que l'attaque du général Lannes devra son succès au feu de ces pièces" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 439).
Berthier écrit également au Premier Consul pour l'informer de la situation devant le fort de Bard : "Le château de Bard est un obstacle plus conséquent que nous ne le croyions, puisqu'il est impossible de faire passer l'artillerie tant que l'on n'en sera pas maître. Quant à l'infanterie et à la cavalerie, elles peuvent tourner le château en prenant un chemin de mulets, qui va d'Arnaz à Perloz (...). On est occupé à monter sur la montagne les deux pièces de 3 que nous avons prises à l'ennemi; nos pièces de 4 et obusiers sur affûts-traîneaux ne sont pas encore arrivés; j'ai expédié ordres sur ordres. Si je n'étais pas maître du château de Bard le 3, je me trouverais fort embarrassé, n'ayant, à la rigueur, de subsistances que jusqu'au 4. Il ne resterait de parti à prendre que celui de faire passer la troupe, infanterie et cavalerie, pour faire une jonction avec le général Turreau, laissant ce qu'il faudrait de troupes pour bloquer Bard et continuer à le canonner. Je sens que cette opération aurait bien quelque inconvénient, si l'ennemi était en force très supérieure, ne pouvant pas recevoir notre artillerie ni les munitions qui viennent en arrière. Le second parti serait un mouvement rétrograde, auquel nous ne devons penser, tant pour les inconvénients qu'il aurait sur le moral que par la difficulté de l'exécution. La position dans laquelle nous nous trouvons est tellement essentielle aux intérêts de la République, que je désire avoir vos ordres sur ce que je devrai faire si le château de Bard n'est pas pris le 3. Il est bien cruel que les pièces sur affûts-traîneaux n'aient pas été les premières qu'on m'ait fait passer, comme je l'avais demandé. Croyez que nous allons tout faire pour avoir ce maudit château; mais les vivres sont, pour le moment, un obstacle terrible à vaincre. Si cette lettre vous arrive dans un endroit où vous puissiez donner des ordres pour qu'il nous arrive du biscuit, rien n'est plus pressant; car la vallée est dépourvue de tout, surtout près de Bard, où elle est très resserrée et sans culture. Demain, je porterai toute la Division Lannes sur Saint-Martin et celle de Boudet sur les hauteurs, entre Arnaz et Donnas, qui dominent Bard; la division Loison sera à Arnaz, devant Bard. Nous n'avons ici qu'un vieux capitaine d'artillerie et aucun moyen pour faire des batteries. Il faudrait que le général Marmont envoyât au moins un officier supérieur; je le lui ai demandé".
Le même jour encore, le Général Dupont écrit au commandant du fort de Bard : "Le général en chef me charge de vous sommer de lui rendre le fort de Bard. Vous êtes investi de tous côtés; l'avant-garde de l'armée se porte en ce moment sur Ivrée et une partie de l'artillerie est en batterie contre le fort. L'humanité oblige le général en chef à vous faire cette sommation, pour éviter une effusion de sang inutile. Vous devenez responsable des événements". Le Commandant du fort est le Capitaine Bernkopf, qui a avec lui deux Compagnies de Grenadiers du Régiment Kinsky (OEstreichische militärische Zeitschrift , tome XXVI, 1822, p. 179). Une autre sommation est faite dans la journée. D'après la même revue, tome XXVI, p. 181, le Capitaine Bernkopf répond par une décharge de mitraille des batteries du fort et la déclaration qu'il connait aussi bien les moyens de se maintenir que l'importance de son poste.
Le 21 mai, Berthier écrit au Premier Consul : "La division Boudet arrive à Donnas et prendra position de manière à appuyer le général Lannes ... Demain, avant le jour, je me propose de tenter une attaque de vive force; j'ai fait préparer des échelles". De son côté, le Général Boudet, depuis son bivouac près de Bard, écrit au Général Dupont, Chef de l'Etat-major de l'armée : "J'écrivis hier soir, citoyen Général, au général en chef, pour le prier de vouloir bien envoyer l'officier d'artillerie chargé de placer les obusiers. J'ai inutilement attendu officier et réponse. Je me suis alors décidé, voyant la nécessité de faire cette manoeuvre la nuit, à faire arranger la batterie et à transporter l'obusier; tout a réussi ("Le 30 ... pendant la nuit, je fis placer deux obusiers pour tirer sur le fort" - Rapport des marches et opérations de la Division Boudet). Je fus ensuite informé qu'il y avait au parc des obusiers arrivés hier. J'ai voulu les placer aussi, mais le grand jour est venu et je n'ai pas voulu exposer les pièces à être démontées, sans vos ordres. Je regarde comme très possible de les y mener si vous le jugez convenable". De son côté, Berthier écrit à Dupont : "Le commandant d'artillerie de la division Watrin commandera l'artillerie du siège, s'il n'y a point d'officiers supérieurs d'artillerie d'arrivés. Que celui de la division Boudet fasse les fonctions de directeur du parc et rassemble successivement toute l'artillerie qui arrivera à Verrès ... Prenez des mesures pour faire filer à la suite de la division Boudet toutes les cartouches qui peuvent être ici. Quant à celles qui arriveront, ainsi qu'à tous les autres objets d'artillerie, vous les ferez déposer au parc de Verrès, où vous ferez mettre une bonne garde... Faites relever les troupes de la 30e demi-brigade qui sont au quartier général, par des troupes de la division Loison. Faites rallier au général Boudet tout ce qui lui appartient... Prévenez le général Marescot que mon intention est d'attaquer le château de Bard demain à la pointe du jour, avec tous les moyens d'artillerie dont nous pourrons disposer, et en même temps escalader la ville et le fort, s'il est possible. Ordonnez-lui de faire des dispositions en conséquence; il me rendra compte du résultat des reconnaissances qu'il aura faites et de ses projets, à midi chez lui à Arnaz. Là, nous arrêterons le plan d'attaque".
Dans la journée du 21 mai, la Division Boudet passe en aval du fort, prenant sans doute l'itinéraire par Albard pendant que la cavalerie passe par le col de la Cou : "Le 1er prairial, ma division reçut l'ordre de se porter à un quart de lieue au delà de Bard, à Donnas; elle évita le feu du fort en passant la montagne, qu'avait déjà traversée la division Watrin, passage qui fut excessivement pénible et qu'on avait dû, jusqu'alors, regarder impraticable". (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet).
A deux heures du soir (sic) Berthier, depuis les hauteurs d'Albard, écrit à Lannes : "L'intention du Premier Consul est que votre avant-garde et la division Boudet, qui couvrent le siège de Bard, prennent au débouché de la plaine une bonne position, que vous puissiez recevoir le combat de l'armée ennemie avec avantage contre la supériorité de sa cavalerie et celle de son artillerie; vous pourrez de cette position battre la plaine pour vous procurer quelques vivres. Tenez-vous très éveillé dans vos positions; il est possible que, d'ici à quelques jours, vous ayez 7 à 8,000 hommes sur le corps. Mélas doit y être avant huit jours; alors nous aurons ce fort et nous l'attaquerons... Demain, j'espère pouvoir canonner vigoureusement le fort".
L'attaque du fort se précise; Berthier écrit de Verrès à Dupont, toujours le 21 mai : "Donnez l'ordre au général Boudet pour que trois compagnies de grenadiers commandées par un officier supérieur soient mises à la disposition d'un officier du génie, que désignera le général Marescot, pour s'emparer ce soir de la ville de Bard. Aussitôt entrés dans la ville, une partie se logera dans les maisons qui avoisinent la porte du fort. Vingt-cinq hommes se porteront aux portes de la ville pour les ouvrir et baisser les ponts-levis. Une autre petite colonne, d'une cinquantaine d'hommes, descendra sur le chemin entre la ville et le pont-levis de l'avancée, pour baisser le pont-levis et ouvrir cette dernière porte de ce côté. Chaque colonne aura 10 sapeurs avec des haches, des pinces et des crochets. Le général Loison tiendra en réserve 3 à 400 hommes, dans le cas que l'ennemi cherchât à faire une sortie sur les grenadiers qui sont dans la ville, ce qui n'est pas présumable. Les grenadiers qui seront dans la ville, après avoir ouvert toutes les communications tant du côté d'Ivrée que du côté d'Aoste, auront soin de s'y loger dans des maisons qu'ils créneleront. Le commandant de l'artillerie ne fera tirer les pièces de 8 et les obusiers, que lorsque les pièces de 4 de la batterie d'Albard auront commencé leurs feux, ce qu'elles feront à 7 heures du matin ou à l'instant qu'elles seront prêtes. Les officiers des différentes batteries sont prévenus qu'ils ne doivent tirer que 12 coups par pièce pendant une heure; après quoi je ferai sommer le fort. Suivant la réponse, je ferai recommencer le feu des pièces de 8 et des obusiers, et celles de 4 continueront à tirer jusqu'à ce que je fasse cesser le feu des pièces de 8 et des obusiers. Demain dans la matinée je donnerai les ordres pour l'assaut... Le général Loison cherchera à bien faire reconnaître la place par un général de brigade et quelques officiers supérieurs, qui devront commander, si je me détermine à attaquer le fort de vive force. Une fois maître de la ville, le côté d'Ivrée me paraît le plus accessible".
La première phrase de cet ordre semble indiquer que la Division Boudet doit prendre part à l'attaque de la ville de Bard et y jouer même un rôle prépondérant. Le compte rendu du Journal de Brossier laisse la même impression : "Prise de la ville de Bard (divisions Boudet et Loison). – 1er prairial. – La division Boudet reçoit l'ordre de s'emparer, dans la nuit, de la ville de Bard, en s'y portant par la montagne de gauche. Un détachement de sapeurs et de grenadiers sont commandés à cet effet, et la division Loison est chargée de profiter de ce mouvement et de le seconder du côté de Verrès". Que se passa-t-il ? Y eut-il contre-ordre ? Toujours est-il que le Général Marescot écrit de son côté au Général Loison : "Le général Marescot invite le général Loison, de la part du général en chef, à faire mettre de suite trois compagnies de grenadiers aux ordres du chef du bataillon du génie Gertut". (Livre d'ordres du Général Marescot. Archives du Génie. Ce livre d'ordres ne contient aucune lettre du Général Marescot au Général Boudet). On est ainsi amené à supposer qu'il y a un lapsus dans l'ordre de Berthier et qu'au lieu de : donnez l'ordre au Général Boudet, il faut lire : donnez l'ordre au Général Loison. En tout cas, il résulte des rapports du 22 que l'attaque de la ville fut uniquement faite par le Général Gobert (blessé pendant l'assaut) et les Sapeurs et Grenadiers de la 58e Demi-brigade de la Division Loison. A coup sûr, le Général Boudet ne reçut aucun ordre, puisque ses avant-postes accueillirent à coups de fusil les hommes de la Division Loison. Boudet d'ailleurs le confirme dans sa lettre du 22 mai adressée depuis Donnas au Général en chef : "Des sapeurs et des grenadiers de la 58e, après avoir abattu les ponts-levis et brisé les portes de la ville de Bard, ont pénétré jusqu'ici. Après avoir passé les dernières portes de ce côté, ils sont arrivés avec beaucoup d'impétuosité sur nos postes, qui, n'étant pas prévenus (puisque je n'avais moi-même aucune connaissance de ce mouvement), ont fait feu; et, malheureusement, deux officiers de sapeurs ont été atteints; on espère que l'un d'eux pourra, en revenir". Et encore : "Le 2, plusieurs corps détachés furent employés à inquiéter l'ennemi par un feu de mousqueterie. Dans la nuit du 2 au 3 (il semble hors de doute qu'il faut lire : la nuit du 1er au 2), ma division favorisa l'entrée dans la ville de Bard et ouvrit sa communication avec l'armée qui était de l'autre côté" (Journal des marches et opérations de la Division Boudet).
Après la prise de la ville, Berthier somme à nouveau le fort de se rendre. Mais le Commandant lui répond que "sa mission et l'honneur lui commandaient de défendre le fort jusqu'à la dernière extrémité". Entre temps, la Division Boudet a quitté Saint-Martin et bivouaque au sud-est d'Ivrée : "Le 3 (prairial), le lieutenant général Lannes s'étant porté sur Ivrée avec son avant-garde, composée de la division Watrin, m'écrivit en m'invitant à suivre son mouvement, pour seconder son attaque en cas de besoin; mais un entier succès venait d'être obtenu par son avant-garde quand j'arrivai, et ma division se campa sur la route de Verceil, où elle resta le 4 et le 5". (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet). Il est probable que ce mouvement est celui exécuté le 2 prairial et non pas le 3; on a déjà vu plus haut que les dates du rapport des marches de la Division Boudet semblent, en ce passage, en avance d'un jour sur la réalité. Cela est confirmé par une lettre de Dupont, datée de Verrès le 3 prairial an 8 (23 mai 1800) et écrite au Ministre de la guerre : "L'avant-garde, aux ordres du général Lannes, s'est portée le 1er prairial sur Saint-Martin et la division Boudet sur Donnas... L'avant-garde a marché de Saint-Martin sur Ivrée dans la journée du 2, elle a trouvé cette place gardée par un corps nombreux qui devait recevoir le lendemain un renfort de 5,000 hommes. Il s'est établi entre la garnison qui tirait du haut des remparts et nos troupes, un feu de mousqueterie très vif, qui a duré deux heures. Le général Lannes s'est alors décidé à une attaque de vive force. L'impétuosité française a surmonté, en un moment, toutes les difficultés, et la place a été soumise".
Il résulte de tout cela que nous n'avons pas trouvé trace de l'action de la 30e dans la prise de la ville et du fort de Bard et ce bien que l'historique abrégé du corps affirme : "On essaie, mais en vain, de le prendre d'assaut. Sans se laisser rebuter, on taille dans le roc un chemin pour permettre à l'infanterie et à la cavalerie de touner l'obstacle. Puis, des hommes intrépides (la 30e Demi-brigade en fournit un détachement) s'emparent du village de Bard, sous les murs mêmes du fort, et jonchent la route de fumier; on entoure de paille les roues des canons et nos canonniers passent sans bruit en traînant eux-mêmes leurs pièces pendant la nuit". Notons au passage que la Notice Historique elle, est plus laconique sur cet évènement : "Le 30 Floréal (20 mai), la Division Boudet est chargée de l'attaque de gauche de la ville de Bard; malgré une défense acharnée, la ville est enlevée et les défenseurs se réfugient dans la citadelle".
Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800) |
A noter que le 21 mai, 300 conscrits de la 30e Demi-brigade passent à Vevey (Manuscrit Couvreu. – Vevey). Ce jour là, Berthier écrit depuis Verres au Général Dupont : "Faites relever les troupes de la 30e demi-brigade qui sont au quartier général, par des troupes de la division Loison. Faites rallier au général Boudet tout ce qui lui appartient" (Revue militaire rédigée à l'état-major de l'armée. Archives historiques; 1899/11 (A1,VOL1,N8).). Cela semble confirmer l'absence de la 30e au fort de Bard.
Le 22, Lannes vient d'emporter Ivrée d'assaut. Le 23, Berthier écrit depuis Verrès au Général Dupont : "Faites connaître au général Lannes qu'il doit faire occuper la citadelle d'Ivrée pour être maître de la ville et en tirer des subsistances, mais qu'il doit prendre une bonne position militaire à une lieue ou une lieue et demie en arrière d'Ivrée, du côté de Bard. La division Boudet doit également prendre une très bonne position à Setto, ou même plus en arrière de manière à pouvoir soutenir l'avant-garde en cas de besoin et empêcher l'ennemi, dans aucun cas, de se porter sur Saint-Martin avant elle". Cependant, les ordres expédiés à l'avant-garde arrivent dans la journée du 23 à Ivrée. L'intention du Premier Consul, de voir Lannes au nord d'Ivrée et Boudet plus en arrière, n'est donc pas remplie. Lannes et Boudet ont au contraire dépassé Ivrée et se sont établis au delà de cette ville, face au sud et au sud-est. La prise d'Ivrée est annoncée à l'Armée par l'Ordre du jour du 24 mai : "L'armée est prévenue que l'avant-garde s'est emparée, le 2 prairial, d'Ivrée, qui était défendu par un corps nombreux. Nos troupes ont monté à l'assaut et ont emporté la place de vive force. L'ennemi a eu beaucoup de monde tué sur ses remparts et nous lui avons fait environ 300 prisonniers de guerre".
Le 24, Berthier écrit à Bonaparte : "Le général Lannes et la division Boudet sont dans la position suivante: l'avant-garde est en avant du pont d'Ivrée et occupe les hauteurs, la droite à Fiorano, la gauche sur la Dora; la division Boudet est en potence sur la rive gauche sur la route de Verceil". Dans le Bulletin de l'Armée de réserve fait à Aoste, le 4 prairial an 8 (24 mai 1800), on lit : "Le 26 floréal, l'avant-garde, commandée par le général Lannes, a passé le Saint-Bernard et s'est portée sur Aoste. Le 27, le général Lannes s'est mis en marche et s'est porté à Châtillon. L'ennemi a voulu défendre le passage d'un pont et l'issue d'une gorge extrêmement étroite; il a été culbuté par les grenadiers, qui ont fait 300 prisonniers et tué une centaine d'hommes. On a pris deux pièces de canon de 3 et quatre caissons chargés de munitions. L'armée a passé le Saint-Bernard dans les journées des 27, 28, 29 et 30. Le 2 prairial ..., le général en chef Berthier, ayant fait avancer la division Boudet pour soutenir l'avant-garde, lui donna ordre de s'emparer d'Ivrée. L'ennemi avait une garnison dans la citadelle et paraissait vouloir défendre la ville; il avait trop peu de monde pour pouvoir résister. Le général Lannes s'y est porté le 3 prairial, l'a fait escalader et s'est emparé de la ville et de la citadelle, où l'on a trouvé dix pièces de canon ; il a poursuivi l'ennemi, qui a fait sa retraite sur Turin; il lui a fait 400 prisonniers. Nous n'avons eu, dans ces différentes affaires, que 7 hommes tués et 25 blessés" (à noter dans ce bulletin quelques inexactitudes dans les dates).
Le 25, Berthier écrit au Chef d'Etat major : "Prévenez le général Loison et le général Boudet qu'ils sont aux ordres du lieutenant général Duhesme". Le Premier Consul qui, le 25 au matin, est encore à Aoste, donne le jour même l'ordre de prendre l'offensive au sud d'Ivrée : "Le général Lannes aura probablement attaqué l'ennemi ce matin, l'aura battu ou obligé à se replier au delà de Chivasso. S'il ne l'a pas fait, ordonnez qu'il le fasse demain. L'ennemi ne peut pas avoir plus de 7 à 8,000 hommes. C'est le seul moyen, d'ailleurs, d'avoir des nouvelles précises du général Turreau et de donner le change à l'ennemi". Berthier, depuis Verrès, transmet le jour même cet ordre à Lannes "Le Premier Consul pense que l'ennemi ne peut pas avoir plus de 7 à 8,000 hommes en tout; il ordonne en conséquence que demain vous attaquiez l'ennemi. Lorsque vous l'aurez battu vous aurez des nouvelles précises du général Turreau... La division Boudet occupera Ivrée et vous soutiendra dans votre attaque avec ses meilleures troupes. L'objet de votre attaque est d'obliger l'ennemi de se replier au delà de Chivasso et avoir des nouvelles du général Turreau". Le même jour, Hulin, Chef d'Etat-major de la Division Watrin écrit au Général de Division Boudet : "Conformément aux ordres du lieutenant général commandant l'avant-garde, j'ai l'honneur de vous prévenir, citoyen Général, que la division aux ordres du général Watrin doit prendre les armes demain pour faire une reconnaissance, et que les postes en avant de votre camp, occupés par la 40e demi-brigade de ligne, seront évacués. Veuillez, si vous le jugez à propos, les faire occuper par les troupes de votre division".
Pierre Trépaut pour sa part raconte (les dates, situées en Prairial, semblent ne pas correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 5 à Saint-Pierre, au pied de la montagne du grand Saint-bernard, pour entrer dans la vallée d’Aoste, nous fîmes huit lieues dans la neige, à monter et à descendre, dans le mois de mai. C’est un pays qu’il y a toujours de la neige. La vallée d’Aoste c’est une ville au Piémont. Nous avons couché au Vivac (bivouac ?) dans le camp de l’ennemi. Nous avons resté quatre jours. 8.
Le 9, arrivé à ville d’Aoste au Piémont, ville grande. Les habitants mauvais. 8 Nous avons couché au camp. Nous sommes partis à cinq heures du soir. Je fais séjour. Le 11, arrivée à Veras, au Piémont, couché au camp dans de mauvaises baraques en paille ; parti du camp à cinq heures du soir. Nous avons passé au fort du Bar, entre les montagnes. L’ennemi il était bloqué par les Français. L’ennemi il nous tirait des coups de canon à mesure que nous passions dans la montagne. Le colonel il a donné l’ordre de marcher à quatre pas de distance des uns des autres, à rapport que l’ennemi, quand il n’en voit deux ensembles, il tirait un coup de canon. Nous fîmes six lieues dans la neige, dans les montagnes, à monter et à descendre, toujours dans la nuit. Le même jour, Bonaparte il a fait rendre le fort du Bar, pour une pièce de canon qu’il fit placer sur un clocher. L’on fit la garnison prisonnier. Le 12, arrivée à Ivrée, en Piémont, ville très forte. Le régiment s’y est battu en passant ils se sont rendus de suite, il y a eu aux environs treize hommes de tués et quatre blessés. Le même jour, nous avons campé hors de la ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26, la Division Watrin livre le combat de la Chiusella. La 30e Demi-brigade prend part, avec toute la Division Boudet à ce combat, livré par le Général Lannes à un Corps d'observation accouru à la nouvelle des mouvements effectués sur Bard et sur Ivrée. Les Autrichiens sont vivement rejetés sur Turin.
Extrait du rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 6, l'avant-garde du lieutenant général Lannes eut l'ordre d'attaquer l'ennemi sur la route de Turin, et je reçus celui de marcher pour servir de réserve. L'avant-garde livra combat et je la soutins dans cette affaire qui est connue sous le nom de Bataille de la Chiusella. Un escadron du 11e de hussards, de ma division, fort de 80 hommes, commandé par le citoyen Ismert, chef d'escadron, chargea l'ennemi et en reçut plusieurs charges en montrant beaucoup de valeur; il eut 14 hommes tant tués que blessés. J'avais servi de réserve avec mon infanterie jusqu'au village de Romano et, placé en avant de cette position, je reçus l'ordre de poursuivre l'ennemi; ce que je fis jusques sur le sommet des montagnes qui avoisinent Foglizzo. La précipitation de sa retraite et l'ordre qui me vint d'arrêter ma marche m'empêchèrent de l'atteindre avec avantage; il perdit quelques hommes et chevaux et je n'eus qu'un chasseur de la 9e de blessé".
Extrait du journal de la campagne de l'Armée de réserve par l'Adjudant commandant Brossier : "6 prairial. – Combat de la Chiusella. – Division Lannes. – L'avant-garde, aux ordres du lieutenant général Lannes, et appuyée par la division Boudet et les 21e de chasseurs et 12e de hussards, marchait par la grande route de Turin à l'ennemi, qui s'était retranché au pont de la Chiusella en forces considérables. Son infanterie était d'environ 6,000 hommes, composée des régiments Kinsky, Bannats, Toscane, Wallis et les gardes du roi de Sardaigne et Savoye; et sa cavalerie, forte de 4,000 hommes, était composée des dragons de la Tour, de plusieurs régiments de hussards et de quelques corps de grosse cavalerie. La 6e légère, bien éclairée sur ses flancs et l'arme au bras, tente le passage du pont de la Chiusella, qui était défendu par 4 pièces d'artillerie en batterie ; les régiments Kinsky et Bannats se précipitent avec fureur sur elle et la forcent à battre un moment en retraite; mais le chef de brigade Macon qui la commandait se jette à l'eau jusqu'au col, sur la gauche du pont et sous un feu terrible de mitraille. L'ennemi prêt à être tourné sur le pont prend position à la crête de la montagne ; il est poursuivi par la 6e légère et la 28e commandée par le général Gency; on le repousse encore et il se reforme un peu au delà; le combat se continue avec acharnement. Nos intrépides troupes étaient sur le point de manquer de cartouches et auraient peut-être ployé lorsque la division Boudet qui formait l'arrière-garde s'ébranle, passe le pont, s'empare du combat et poursuit l'ennemi jusque dans la plaine, au pied de Romano. Déjà la déroute de ce dernier était complète et son artillerie allait lui être enlevée, lorsque sa cavalerie forte de 4,000 hommes se déploie et charge avec vigueur. La 40e commandée par le général de brigade Malher, et la 22e dirigée par le chef de brigade Schreiber arrivent dans ce moment sur le champ de bataille, après avoir effectué le passage de la Chiusella, à la droite et au-dessus du pont; elles se réunissent à leurs braves frères d'armes et soutiennent toutes ensemble, la bayonnette en avant, avec ce sang-froid qui n'appartient qu'à l'infanterie française, les charges multipliées de la cavalerie. Le 21e de chasseurs et le 12e d'hussards arrivent à leur tour, fondent sur l'ennemi, déjà ébranlé par la résistance qu'il éprouve, ils complètent sa déroute et le poursuivent jusqu'à Chivasso. Plus de 200 chevaux du seul régiment de la Tour sont restés sur le champ de bataille. L'ennemi a eu 5 officiers tués et 500 hommes environ blessés. Le général Palfi, commandant la cavalerie, est du nombre des premiers; 60 prisonniers ont été faits. La perte des Français est d'à peu près 400 hommes tués ou blessés. Les résultats de cette journée présentent un double avantage: celui d'avoir favorisé la marche du général Murat sur Verceil, et celui d'avoir donné à l'armée l'exemple de ce que peuvent l'intrépidité et le sang-froid de l'infanterie contre l'arme de la cavalerie. A la suite de cette affaire, les troupes de l'avant-garde occupèrent Romano".
L'Armée se trouve réunie à Ivrée dès le 27. Ce jour là, Berthier écrit depuis Ivrée au Chef de l'état-major : "Donnez l'ordre au général Duhesme de partir avec la division Boudet pour se rendre aujourd'hui à Santhia; vous le préviendrez que le général Murat avec 1500 hommes de cavalerie et la 70e demi-brigade aux ordres du général Monnier est en marche sur Verceil, qu'il est nécessaire qu'il le soutienne, s'il en avait besoin"; une lettre analogue est envoyée au Général Duhesme. "Le 7 (prairial), ma division, sous les ordres du lieutenant général Duhesme, arriva à Santhia" (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet). "Le 7 prairial, le général Duhesme prit position à Santhia avec la division Boudet" (Rapport des opérations du Lieutenant général Duhesme). "7 prairial. – Marche de la division Boudet sur Santhia. – Le 7, la division Boudet rejoignit près de Santhia la division Loison, avec ordre de se réunir toutes deux au général Murat, qui poursuivait sa marche sur, Verceil" (Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier).
La direction imprimée par le combat de la Chiusella donne le change à Mélas qui persiste à douter que les mouvements dont on lui rend compte du côté du Saint-Bernard, du Mont-Ceni et du Saint-Gothard, puissent se rattacher aux opérations d'une armée de quelque importance. Le 28 mai, Lannes, quittant Romano, marche vers le Sud et s'établit à Chivasso sur la rive gauche du Pô : "Les troupes de l'avant-garde entrèrent le 8 à Chivasso pour faire face à l'ennemi qui occupait la rive droite du Pô, et l'entretenir dans l'opinion que l'armée française se dirigeait sur Turin". Le gros de l'Armée continue sa marche vers l'Est. Duhesme avec la Division Boudet, Murat avec la Division Monnier sont à Verceil. Aucune tentative n'est faite pour passer la Sesia. Le Quartier général est à Ivrée. "Le 8, ma division se porta à Verceil, où était rendue l'avant-garde commandée par le lieutenant général Murat, qui avait aussi sous ses ordres la division Monnier" (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet).
Le 29 mai, Murat (cavalerie et Division Monnier) et Duhesme (Divisions Boudet et Loison) passent la Sesia près de Verceil. La cavalerie atteint Novare. Victor est à Santhia. Le Quartier général est encore à Ivrée. Des ordres sont donnés pour réunir le 30 à Verceil les dernières fractions de l'armée. A 1 heure, l'Adjudant général Paulet écrit depuis Verceil au Général de Division Chef de l'Etat-major général : "J'ai l'honneur de vous informer, mon Général, que la rivière de la Sesia vient d'être passée sur trois points différents. Le lieutenant général Murat a trouvé un gué sur la droite de Verceil, à une lieue et demie de la place; la crue des eaux a rendu son passage difficile, et quelques hommes de l'infanterie légère, que l'on passait en croupe derrière les chasseurs, se sont noyés. Le général Boudet a trouvé un gué plus praticable et passé la rivière sur la gauche de Verceil... L'ennemi a commencé sa retraite à 8 heures du matin et s'est dirigé sur Novare... Les divisions Boudet et Loison manquent, mon Général, de tout ce qui est nécessaire au pansement des blessés. Les chirurgiens sont en trop petit nombre et n'ont ni linges, ni drogues, ni charpie; les infirmiers aussi sont rares, et il est presque impossible d'empêcher beaucoup de soldats qui, sous prétexte de porter leurs camarades blessés, quittent leur rang".
Extrait du rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 9, le lieutenant général Murat devant opérer le passage de la Sesia, décida d'aller prendre le gué presque en face de Palestro, afin de venir tourner l'ennemi, tandis que je passerais sur la gauche de Verceil et me porterais sur Borgo Vercelli. La division Monnier ne suffisant point au mouvement du lieutenant général Murat, je lui prêtai ma première brigade, formée par la 9e demi-brigade légère et commandée par le général Musnier; je me réservai ma seconde brigade composée des 30e et 59e demi-brigade et commandée par le général Guénand. La 9e légère ouvrit le gué à la colonne du lieutenant général Murat; elle eut beaucoup à faire et à souffrir pour vaincre la force du courant; quatre carabiniers de première file furent emportés et noyés, ce qui n'intimida pas le restant des troupes. Elles furent ensuite aidées dans le passage par la cavalerie et par plusieurs militaires, officiers et soldats, qui, sachant nager, furent d'un très grand secours. Le passage du lieutenant général Murat força l'ennemi d'abandonner entièrement la rive, et il fut prudent car, d'après nos dispositions, il ne pouvait manquer d'être pris, s'il eût voulu tenir. Le passage que j'exécutai sur la gauche de Verceil n'éprouva pas moins de difficultés que celui de la droite, par la rapidité du courant. Un peloton de six hussards, à la tête duquel était mon officier de correspondance Dierx, fut emporté et culbuté; un homme et un cheval disparurent et les autres échappèrent par hasard. L'aide de camp du général Guénand et un soldat, passant avec la colonne, périrent aussi; l'on dut le salut de plusieurs militaires à la cavalerie et aux efforts des nageurs, officiers et soldats, notamment à ceux de mon aide de camp Bagnet. La reconnaissance de quelques vedettes ennemies placées sur l'autre rive, pressait l'exécution du passage. Je voyais mes troupes en danger et je passai quatre fois la Sesia pour activer leurs mouvements et leur inspirer cette confiance que les circonstances rendaient nécessaire".
Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve par l'Adjudant commandant Brossier : "9 prairial. – Position des division Boudet et Loison. – Le général Murat fit, immédiatement après, rétablir le pont, s'avança le même jour sur Novare laissant ordre à la division Boudet de prendre position, le lendemain, derrière l'Agogna, en s'étendant sur la droite, et à la division Loison de se placer entre Palestro et Bobbio, à l'effet de se garder de Mortara et d'observer en même temps Casale, parce que l'ennemi, qui occupait toute la rive droite du Pô, pouvait se porter à l'improviste sur la rive gauche et inquiéter le flanc droit de l'armée".
Pierre Trépaut raconte (les dates, situées en Prairial, semblent ne pas correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 13, arrivée à Santia, petite ville. Fait 6.
Le 14 à Verseilles, ville grande, il y a de grandes plaines de riz, le riz il vient dans l'eau, il n'y en a point comme celui-là, il faut de l'eau pour le faire venir. Ça est un très bon pays en vin et grains" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Bonaparte met à profit l'incertitude de son adversaire et marche vers le Tessin. Le 30 mai, Murat et Duhesme occupent la rive droite du Tessin. Le reste de l'Armée passe la Sesia. Le Quartier général est à Verceil. Lannes est encore du côté de Chivasso. "Le 10 (prairial - 30 mai), la division entra dans Novare et se campa sur les glacis de la ville" (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet). "Le 10, le général Duhesme prit position avec les divisions Boudet et Loison sur les bords du Tessin. La division Boudet fut placée en avant de Trécate, celle de Loison à Vigevano et environs" (Rapport des opérations militaires du Lieutenant général Duhesme).
Pierre Trépaut raconte (les dates, situées en Prairial, semblent ne pas correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 15, à Novare ville en l'Italie, nous y avons resté quatre jours. 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 31 mai, Murat passe le Tessin de vive force et chasse les Autrichiens du village de Turbigo, pendant que Duhesme commence à franchir la rivière à Porto-di-Buffalora. "Dans cette journée ce ne fut que le soir, à dix heures, qu'on se rendit maître du village. La nuit et la fatigue des troupes ne permirent pas de poursuivre l'ennemi" (Notice Historique).
Extrait du rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 11, l'avant-garde du lieutenant général Murat se rendit à Galliate pour opérer le passage du Tessin. La première demi-brigade de ma division se porta au pont, en face de Porto-di-Buffalora, et ma seconde demi-brigade suivit, sous mes ordres, le mouvement de l'avant-garde du lieutenant général Murat. L'ennemi, placé sur la rive opposée du Tessin en face de Galliate, était fort bien retranché et avait plusieurs pièces d'artillerie. Le feu de mousqueterie s'engagea et l'ennemi appuya le sien d'une forte canonnade. L'artillerie légère, composée seulement de deux pièces de 4 servie par les canonniers de la garde des consuls, vint se placer devant leur batterie, et, soutenue ensuite par deux pièces de ma division, elle obligea l'ennemi à lâcher. Ce mouvement, en outre de quelques corps d'infanterie placés sur des petites barques, le força de précipiter sa retraite. L'avant-garde eut alors une infinité d'obstacles à surmonter pour amener et porter à bras des bateaux; après quoi, elle passa peu à peu la rivière. Pendant ce temps, l'ennemi qui venait d'évacuer la rive du Tessin reçut un renfort où se trouvait le général Loudon en personne, et s'établit à Turbigo. Mais sa position, quoique formidable, fut bientôt enlevée par la division Monnier, qui formait l'avant-garde, et à laquelle s'étaient réunis les grenadiers de ma seconde demi-brigade qui avaient passé la rivière avec mon aide de camp Moreau. L'ennemi perdit dans cette action 700 hommes, dont 400 furent fait prisonniers. Le général Guénand, avec sa brigade, prit position en avant de Turbigo. Après avoir concouru avec ma deuxième demi-brigade à assurer le passage du Tessin, devant Galliate, je laissai ma troupe et me transportai en face de Porto-di-Buffalora, où était ma première demi-brigade sous les ordres du lieutenant Duhesme, afin de faire exécuter le passage de ce côté. Mais l'ennemi avait coupé les ponts qui se trouvent sur les deux bras que forme la rivière dans cette partie; il avait aussi coulé tous les bateaux et l'on fut obligé d'en faire remonter quelques-uns de très loin. On se servit encore pour cette opération des nageurs de la 9e légère, qui l'exécutèrent avec beaucoup de zèle et de courage malgré la rapidité du courant et la perte d'un de leurs camarades qui se noya. On ne put passer dans la soirée qu'un détachement de 15 hommes qui se porta à Buffalora et en chassa un petit parti d'ennemis".
Le 1er juin, Murat et Boudet achèvent le passage du Tessin et se portent sur la route de Milan. "Murat, avec toute sa cavalerie, les 19e et 30e Demi-brigades, fait une marche forcée pour atteindre l'ennemi, mais il avait fuit dans la direction de Milan avec une telle rapidité qu'il ne put le joindre" (Notice Historique). Extrait du rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 12, le restant de la 9e légère passa le Tessin et rejoignit à Buffalora, ainsi que ma deuxième demi-brigade qui venait de Turbigo. Le soir, ayant eu l'ordre de me rendre au lieutenant général Murat, ma division suivit son avant-garde et vint prendre position en avant de Corbetta, sur la route de Milan".
Le 2 juin, le Quartier général passe le Tessin, et entre le soir dans Milan, que Murat vient d'occuper sans combat avec les Divisions Monnier et Boudet.
De Milan, le 14 Prairial, le Général Murat rend compte de ses opérations par le rapport suivant : "Rapport des opérations et marches de l'Avant-Garde, commandée par le Lieutenant-Général Murat, après le passage du Tesin.
Le général Monnier, maître de Turbigo, s'était porté sur Bufalora que l'ennemi avait évacué dans la nuit où je me réunis à lui le 12. Nous nous portâmes ensemble dans le même jour à Corbella. Pendant ce temps j'avais laissé l'adjudant général César Berthier, mon chef d'État-Major, pour accélérer le passage de la cavalerie et faire construire le plus promptement possible le pont volant sur lequel les premières troupes ont commencé à passer à 6 heures et demie du soir. J'avais donné ordre au Gal Lechi, après avoir poussé une reconnaissance sur Arona, d'essaver de passer le Tesin à Sesto-Calende, devant se porter de là sur Varèse ; le but de ce mouvement était de faciliter la jonction du général Moncey avec l'armée, en forçant à la retraite l'ennemi qu'il avait en opposition.
De mon côté ma marche de Bufalora sur Sedriano et celle de ma cavalerie de Turbigo sur ce même point, passant par Inveruno, devait nécessairement favoriser le mouvement du Gal Lechi sur Varèse.
Je partis de Corbetta hier 13 à une heure, pour me porter sur Saint-Pierre de l'Oulme, où j'espérais trouver l'arrière-garde de l'ennemi pour le faire charger.
Les 30e et 19e demi-brigades devaient partir de Turbigo pour me rejoindre; toute la cavalerie avait ordre de suivre son mouvement, mais l'ennemi ne m'ayant pas attendu et effectuant sa retraite avec précipitation, je traversai ce dernier village sans laisser de repos à mes troupes.
Déjà mon avant-garde de cavalerie se trouvait en présence de l'ennemi et aux portes de Milan. Au moment où je marchai avec toutes mes troupes pour la soutenir, on me rapporta que l'ennemi avait absolument évacué la ville dans la nuit et qu'il ne restait que quelques éclaireurs qui ont pris la fuite à l'arrivée d'un détachement de troupes légères, à la tête duquel étaient l'adjudant général Berthier et mon aide de camp Beaumont, qui avant pénétré dans la ville détachèrent sur-le-champ des patrouilles sur les routes de Pavie, Lodi et Cassano.
Je continuai alors ma marche jusqu'à la porte de Verceil ; là j'ai chargé le Gal Monnier de l'investissement de la citadelle ; la 19e légère, conduite par le Cen Moly, aide de camp du Gal Monnier, bloqua l'extérieur de la citadelle, tandis que le Gal Monnier avec la 70e effectuait entièrement le blocus du côté de la ville. Pendant ce temps-là, je fis porter des partis de cavalerie pour faire des reconnaissances sur Lodi, Pavie, Cassano, Côme et Varèse.
La reconnaissance sur Lodi avait rencontré l'arrière-garde de l'ennemi et elle était aux prises avec lui, et d'après la résistance qu'il paraissait vouloir faire, je crus devoir envoyer le 2e Régt de chasseurs sur ce point, pour charger l'ennemi, mais il était déjà en fuite et fut vivement poursuivi par le détachement du 11e Régt d'hussards, jusqu'en avant de Sn Giuliano où l'ennemi a, jusqu'à Melegnano, 3 petits camps.
Il me serait difficile de pouvoir rendre l'ivresse et l'allégresse générale des habitants de Milan, à l'entrée des Français dans la ville. Il faut en avoir été témoin pour s'en l'aire une idée.
La découverte sur Cassano rapporte que l'ennemi occupe cette ville. Celle du lac de Coino n'a rien aperçu, l'ennemi n'a point paru sur la route de Pavie. Déjà Varèse est occupée par les troupes françaises : dix chasseurs à cheval de l'avant-garde du Gal Moncey y sont entrés hier matin à 10 heures" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 83).
Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier : "13 prairial. – Prise de Milan. – Le lieutenant général Murat – Les 30e et 19e demi-brigades et toute la cavalerie avaient ordre de l'attaquer (l'ennemi), mais il fuyait vers Milan avec une telle précipitation qu'il fut impossible de l'atteindre. Le général Murat le suivit jusqu'aux portes de la ville sans relâche et sans donner le moindre repos à ses troupes. Là, apprenant qu'elle avait été évacuée pendant la nuit, il y fit entrer un détachement de troupes légères conduit par l'adjudant général Berthier et l'aide de camp Beaumont; ceux-ci-pénétrèrent immédiatement dans la ville et chassèrent devant eux quelques éclaireurs que les Autrichiens avaient laissés en arrière-garde. Le général Monnier fut chargé de l'investissement de la citadelle. Son aide de camp Molien cerna l'extérieur avec la 19e légère, tandis que lui-même en complétait le blocus du côté de la ville avec la 70e demi-brigade... Les Autrichiens laissèrent à Milan beaucoup d'objets utiles à l'armée et abandonnèrent dans les hôpitaux 1800 malades. Le même jour le commandant du château, dans lequel environ 2,000 hommes avaient été jetés, signa la convention de ne point tirer pourvu qu'il ne fût fait aucun ouvrage hostile dans l'arrondissement intérieur des remparts et qu'il ne pût jamais exister aucune espèce d'attaque du côté de la ville... 13 prairial. – Entrée triomphale des Français à Milan – L'occupation de Milan se trouvant assurée par toutes ces dispositions, le quartier général s'y transporta le même jour au milieu des témoignages de l'allégresse générale. Les habitants de tout âge et de tout sexe se précipitaient au-devant de celui qui leur apportait une seconde fois la liberté et le bonheur. Enfin, l'amitié et la reconnaissance se manifestaient de toutes parts et remplissaient tous les coeurs".
Rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 13, les deux divisions sous les ordres du général Murat, à la tête desquelles était le Premier Consul, entrèrent à Milan. La division formant l'avant-garde cerna la citadelle de Milan et je campai la mienne en avant de la ville, sur la route de Lodi".
L'entrée de Bonaparte à Milan le 2 juin éclate comme un coup de foudre. Mélas ordonne immédiatement à Elsnitz, qui est opposé à Suchet sur le Var, de se rabattre sur Alexandrie. Elsnitz se met en retraite, mais Suchet, sortant de ses positions, le poursuit, l'atteint près du col de Tende et, dans une série de combats qui durent cinq jours, le met en pleine déroute.
Dans son ordre du jour, Suchet s'exprime ainsi : "La 16ème Légère et la 30ème de Ligne, commandées par les Généraux Maingaud et Calvin, soutenaient le feu le plus vif de onze Bataillons de grenadiers et de deux régiments d'Infanterie, faisaient des prisonniers et combattaient contre des forces quintuples".
Pierre Trépaut raconte (les dates, situées en Prairial, semblent ne pas correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 20 à La Majesté dans le milanais. 6. Nous avons passé le Tessin, fleuve rivière très rapide. Il y a beaucoup d'hommes de tués.
Le 21 arrivé à la ville de Milan, grande et belle ville beaucoup commerçante et riche. Les Français en tenaient les Autrichiens bloqués dans la citadelle, Bonaparte il leur donna neuf jours pour se rendre. Nous avons resté dans la ville trois jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Dans ce brillant combat, au nombre des blessés nous trouvons : le Capitaine Schaller (Pierre), atteint d'un coup de feu au pied, et le Sous lieutenant Delcazal (Jacques Marc Antoine) qui a la cuisse traversée.
Le 3 juin, Berthier écrit depuis Milan à Dupont : "Je viens de donner l'ordre au général Duhesme de partir sur-le-champ pour se rendre à Lodi avec son corps de troupes et une brigade de cavalerie. La 30e demi-brigade restera pour la garnison de Milan. Prévenez l'ordonnateur de ces dispositions". La 30e doit être utilisée pour le blocus de la citadelle. Ce jour là, Duhesme, dirigé sur Lodi avec les Divisions Boudet et Loison, force le passage du Lambro à Melegnano. Le lendemain, ils forcent le passage de l'Adda à Lodi. Duhesme reçoit ensuite l'ordre de marcher sur Orzinovi avec la Division Loison, tandis que Boudet est mis sous les ordres de Murat. Celui-ci doit franchir le Pô à Plaisance, pendant que Lannes le passera en face de Castel-San-Giovanni.
Pressant la marche de ses Corps éloignés, notamment celle de Moncey qui lui amène 15000 hommes par le Saint-Gothard, Bonaparte jette la plus grosse masse de ses forces au delà du Pô, vers Pavie et Plaisance, et se trouve ainsi maître de la ligne de retraite de l'Armée autrichienne. En éxécution des ordres du 4 juin, Murat se porte sur Plaisance le 5. Mélas, enfin désabusé, veut ressaisir sa ligne de retraite. Mes ses avant-gardes sont battues d'abord aux environs de Plaisance.
Le même jour, le Commandant de la place de Verceil écrit depuis Olcenengo au Général Dupont : "Depuis que je commande cette place, j'ai toujours demandé de la troupe pour la défendre. Je dis ensuite que les deux officiers, à qui j'ai demandé des hommes, sont dans ce moment très coupables. Dans ce cas, ce sont le chef de la 30e demi-brigade et l'officier commandant le détachement de la 96e demi-brigade. Pareille faute ne doit pas être perdue de vue, et vous allez voir à quoi cette désobéissance nous a conduit. Par ma lettre d'hier, vous devez voir que je n'ai que 45 hommes de garnison; 16 hommes de garde, autant en marche pour les différentes réquisitions, ce qui fait 32 hommes. Avec le reste je me suis défendu et j'ai fait une retraite très honorable où je me suis retiré jusqu'à ce village; je me suis battu avec les 13 hommes restant, j'en ai perdu 2 qui sont morts. Dès ce moment, je vais me poster sur le chemin de San-Germano, et réunir autant qu'il sera possible de soldats isolés, ou me réunir à la première troupe qui passera pour prendre de rechef la place de Verceil, qui m'a été prise hier au soir entre 8 heures et 9 heures. 50 cavaliers avec autant d'infanterie sont entrés au déclin du jour, se sont emparés de la garde de la municipalité forte de 16 hommes, ensuite ils se sont saisis de celle qui garde les prisonniers. C'est dans ce moment que je me suis présenté avec le fond de la garnison, montant à 13 hommes; il m'en reste 11. Je vais faire mon possible de faire tenir la présente à la municipalité de Verceil, pour vous la faire passer. Ils me paraissaient tous beaucoup honnêtes mais peu véridiques. Crainte que je ne puisse avoir des forces dans la partie où je suis, tâchez de m'en faire parvenir. Enfin, j'attends vos ordres, soit à Verceil ou entre le chemin de San-Germano à Verceil".
Le 6 juin, Murat reste en face de Plaisance et cherche à passer le Pô dans les environs de cette ville. Ce jour là, Berthier écrit depuis Milan au Chef de l'Etat-major : "Le général Monnier partira le plus tôt possible ce soir pour se rendre à Belgiojoso par Pavie pour passer le Pô et rejoindre le général Lannes sur la position de Stradella; il mènera avec lui la 19e, la 30e et la 70e ; il rendra la 30e à sa division, de l'autre côté du Pô, quand il la rencontrera".
Le 7, Murat franchit le Pô en crue, s'empare de Plaisance, et repousse un détachement autrichien qui tente de le déloger de cette ville. Le rétablissement du pont de bateaux donne à l'armée un second point de passage sur le Pô.
"Le 17 Prairial, Murat avec sa cavalerie et la Division Boudet se porte sur la tête de pont de Plaisance, défendue par douze pièces de canon et l'enlève de vive force; il franchit le Pô au dessous de Plaisance, s'empare de la ville et commence le 18 le blocus de la citadelle" (Notice Historique).
Dans ces divers combats, du 15 au 18 Prairial, la Division Boudet a fait 2000 prisonniers, s'est emparée de 13 canons, 2 drapeaux, de magasins considérables et de 30 grands bateaux chargés de vivres.
Le même 17 Prairial an 8 (6 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Milan, au Chef de l'Etat-major : "... Le chef de la 30e est, dit-on, arrivé avec 500 hommes, et vous ne m'en rendez pas compte. Il est indispensable que je sois exactement informé de tout ce qui se passe dans l'armée" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 193).
Pierre Trépaut raconte (les dates, situées en Prairial, semblent ne pas correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 23, parti de Milan, pour nous rendre à Pavie, ville de guerre. Le même jour, arrivé à Estradel, nous y avons pris des vivres en passant, passé à Lodi, belle grande ville, remarquable par deux cheval de bronze qu'il y a sur la place" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 Prairial an 8 (7 juin 1800), Alex. Lauriston, Aide de camp du Premier Consul, écrit, depuis Plaisance, au Général Bonaparte, Premier Consul de la République française : "... Le général Murat vous demande avec instance le 12e régiment de chasseurs à cheval et une demi-brigade en remplacement de la 30e ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 198).
Le 8, Lannes prend l'offensive et s'établit sur la chaussée de Plaisance à Alexandrie, après avoir repoussé depuis Stradella jusqu'au delà de Broni l'arrière-garde ennemie. Berthier écrit depuis Pavie au Premier Consul : "J'ai l'honneur de vous rendre compte que le Pô a tellement augmenté pendant la nuit qu'un de nos ponts volants ne peut plus nous servir; le second, sur lequel on passe l'artillerie et les chevaux, passe encore; mais on craint qu'il en soit comme le premier si le Pô continue à augmenter... Les divisions Monnier et Gardanne sont à attendre leur tour, ce qui sera long, et, dans le cas où le Pô monterait encore de 2 pieds, il faudrait que nous allions le passer à Plaisance". Le même jour, Bonaparte écrit à Berthier : "La division du général Lannes, qui est forte de 8,000 hommes, compris sa brigade de cavalerie, peut se mettre en marche demain pour Voghera. La division Victor l'appuierait, ainsi que les divisions Monnier et Gardanne, ce qui, compris la cavalerie, vous formerait 23 ou 24,000 hommes".
Le 9 juin, Lannes rencontre à Casteggio un Corps autrichien marchant sur Plaisance. Soutenu par la Division Chambarlhac il parvient, après un combat violent, à enlever les hauteurs situées au sud de Casteggio et à s'emparer de ce village. Il fait poursuivre les Autrichiens au delà de Montebello qui subissent une cuisante défaite. Le Premier Consul part de Milan le jour de la bataille de Montebello. Avant de quitter cette ville, il donne un ordre très important pour organiser la marche de l'armée par les deux rives du Pô et assurer en même temps la sécurité de la ligne d'opérations en organisant la défense du Tessin face à l'Ouest et de l'Oglio face à l'Est, de façon à être maître de la zone comprise entre ces deux rivières et le Pô. Murat, qui est resté le 8 à Plaisance, quitte cette ville avec la Division Boudet dans la soirée du 9, pour rejoindre le gros de l'Armée. La Division Loison le remplace à Plaisance pour garder le pont et bloquer la citadelle.
Réserve, 1re ligne, au 20 prairial an 8 (9 juin 1800) |
Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800) |
Dépôt à Chambéry : 258 hommes |
Le Premier Consul passe le Pô le 10. Il ne doute pas qu'il y ait une bataille générale le 12 juin, et prend des mesures en conséquence. L'ennemi est en effet décidé à livrer bataille pour tâcher de se faire jour. La Division Boudet, partie de Plaisance dans la soirée du 9 juin, rejoint l'Armée dans la journée du 10.
Le 11, la Division Gardanne et une partie de la cavalerie avec Murat sont à Voghera, ayant devancé le corps Lannes qui demeure à Montebello et la Division Boudet qui est à San-Giuletta. Tandis qu'on recueille quelques renseignements sur la retraite du Maréchal Ott et sur la position de Mélas, de nouveaux moyens de passage sont aménagés sur le Pô à hauteur de Stradella; leur établissement fait espérer pour le lendemain l'arrivée de l'artillerie qui n'a pas rejoint depuis Bard. La Division Lapoype surveille la rive gauche du Pô de la Sesia au Tessin. L'arrivée à l'Armée du Général Desaix (qui débarque d'Egypte et a abrégé sa quarantaine pour combattre plus tôt), les emplacements des différentes Divisions et les missions qu'elles ont à remplir, nécessitent un nouveau groupement de ces unités sous les ordres des Lieutenants du Général en chef :
Organisation de l'Armée au 22 prairial |
Composition et force de l'Armée à l'époque du 22 prairial an 8 (11 juin 1800) 30e de Bataille (sic) : 1200 hommes |
Berthier donne des ordres pour porter l'Armée sur la Scrivia et dans la conviction que l'ennemi livrera bataille le 12, il fait venir la Division Lapoype sur la rive droite. Il appelle toutes les forces disponibles et fait établir un pont fixe avec tête de pont à Mezzana-Corti sur la route de Pavie à Casteggio. Le 12, l'Armée se porte sur la Scrivia, mais les Autrichiens évitent le combat et se retirent dans la direction d'Alexandrie. Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve par l'Adjudant-commandant Brossier : "23 prairial – Positions de l'armée française. – L'armée se trouvait, le 23, sur la rive droite de la Scrivia, dans les positions suivantes : ... La division Watrin et celle de Mainoni à Castel-Nuovo-di-Scrivia, sous les ordres du général Lannes. Les divisions Boudet et Monnier sous le commandement du général Desaix, en avant de Ponte-Curone, avec tous les corps de cavalerie commandés par le lieutenant général Murat, à l'exception de la brigade du général Kellermann et d'un régiment de dragons qui furent placés en avant de Tortone à côté des divisions Gardanne et Chambarlhac, conduites par le lieutenant général Victor".
Division Boudet, rapport de W. Dalton du 23 : "Ponte-Curone, le 23 prairial an 8 (12 juin 1800). La division s'est mise en mouvement à 7 heures du matin, elle a quitté les positions de San-Giuletta et s'est portée en avant de Ponte-Curone. Le pain présenté à la division, étant moisi et d'une très mauvaise qualité, n'a pu être accepté; on espère cependant pourvoir à sa subsistance. La viande est fournie pour les 23 et 24. Sur les 83,622 cartouches qui manquaient à la division pour la compléter à 50 coups par homme, il n'en a été fourni que 30,000; elle en aurait donc besoin de 53,622. La 30e demi-brigade s'est réunie à la division. Il a été donné à la division deux obusiers et quatre pièces de 8, servis par l'artillerie légère. L'obusier et la pièce de 8 qui tenaient à la division ont passé à celle du général Monnier".
"Le 23, la division Monnier et la mienne partirent sous les ordres du lieutenant général Desaix et furent destinées à faire la réserve de l'armée qui marcha ce même jour à l'ennemi, l'obligea de se renfermer dans le fort de Tortone et d'établir son corps d'armée sur cette ligne. Ma division, passant par Voghera, vint prendre position à Ponte-Curone". (Rapport des marches et opérations de la Division Boudet).
Au quartier général, on craint que Mélas ne s'échappe par la rive gauche du Pô ou par l'Apennin. Dans les journées des 12 et 13 juin, le Premier Consul semble être dans une grande incertitude sur la direction prise par l'Armée autrichienne. Les Corps de Lannes (Division Watrin) et de Victor (Divisions Gardanne et Chambarlhac) débouchent dans la matinée du 13 sur la rive gauche de la Scrivia sans rencontrer l'ennemi. Le Corps de Desaix (Divisions Monnier et Boudet) et la Division Lapoype sont maintenues sur la rive droite de cette rivière. Victor et Lannes continuent leur marche vers Alexandrie. La Division Gardanne, qui forme l'avant-garde, s'engage contre les Autrichiens dans la soirée et enlève très facilement le village de Marengo. A midi, le Corps de réserve, qui est vers Ponte-Curone, est disloqué. Desaix est envoyé au sud avec la Division Boudet pour couper à Mélas la route de Gênes; il ne peut passer la Scrivia, et s'arrête sur la rive droite de cette rivière en face de Rivalta. La Division Monnier passe la Scrivia et rejoint le gros de l'Armée vers Garofoli. Pendant ce temps, Lapoype vient servir de réserve vers Ponte-Curone. La position de la Division Boudet dans la soirée du 13 est la suivante : la 9e Légère, sur la rive droite de la Scrivia, en face de Rivalta; une seule compagnie a pu passer la rivière avec le Général Desaix. Les 30e et 59e de Bataille sont aux environs de Sarrezano.
Division Boudet – Rapport de W. Dalton du 24 : "Rivalta, le 25 prairial an 8 (14 juin 1800). Le lieutenant général Desaix donna ordre à la division de partir de Ponte-Curone pour se rendre par Sarezano à Rivalta et se diriger ensuite sur Serravalle. Il était déjà midi lorsque la division reçut cet ordre; elle se mit en marche de suite, mais il survint des pluies très abondantes qui rendirent la route très défectueuse. La 9e légère avec le 1er de hussards, qui marchaient en tête, arrivèrent sur les bords de la Scrivia sur les 5 heures. On tenta le passage de cette rivière qui était très grosse en ce moment et on ne put parvenir à passer quelques hommes d'infanterie qu'en leur faisant prendre la queue des chevaux. Douze hommes furent entraînés en un instant; on les sauva avec peine, mais ils perdirent leurs armes. Le général se trouva forcé de la faire camper sur la sive droite. Les 30e et 59e de ligne étaient restées sur la montagne de Sarrezano, sous les ordres du général de brigade Guénand, pour protéger l'artillerie qu'on eut beaucoup de peine à faire passer et ce ne fut qu'à l'aide de vingt paires de boeufs qu'on réussit à la faire arriver sur les bords de la Scrivia à 9 heures du matin. Pendant la nuit on s'était occupé à rétablir une barque et à passer la 9e légère. On se servit de ce moyen pour toute l'infanterie; des découvertes furent envoyées dès le soir et pendant la nuit sur Serravalle, par les deux rives de la Scrivia ; on reconnut que l'ennemi occupait ce poste; les découvertes nous apprirent aussi que quelques troupes républicaines occupaient Novi".
Extrait du rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 24, ma division, séparée de celle du général Monnier et restée avec le lieutenant général Desaix, eut ordre de se porter à Rivalta et de s'étendre jusqu'à Serravalle. Pour faire le trajet de Ponte-Curone au bord de la Scrivia, je fus obligé de passer par la gauche de Tortone, passage difficile et montueux et d'autant plus pénible qu'alors il pleuvait abondamment. Une autre difficulté fut le gonflement des eaux de la Scrivia. La nuit qui survint ne nous permit de faire passer qu'une compagnie de carabiniers dont plusieurs, emportés par le courant, perdirent leurs armes et ne durent leur salut qu'au hasard. Dans la nuit, ceux qui avaient passé furent prendre position à Rivalta où se rendit aussi le général Desaix. Pendant ce temps on s'occupa de pourvoir aux moyens de passer la Scrivia dès le lendemain de très bonne heure, dans le cas que la rivière ne serait pas plus guéable".
L'occupation facile de Marengo, et la retraite des Autrichiens sur la rive gauche de la Bormida, font penser au Premier Consul que Mélas se dérobe encore à la bataille et va se porter soit au nord vers Valenza, soit au sud vers Novi ou Acqui. La croyance du Premier Consul à la retraite de Mélas a pu être augmentée par ce fait qu'il semble avoir été convaincu, dans la soirée du 13, que le pont sur la Bormida était détruit, si l'on s'en rapporte aux relations officielles faites après la campagne et aux Mémoires de Marmont, de Savary et de Bourrienne.
Le Premier Consul, dans les premières heures du 14, ne reçoit aucun renseignement sur l'armée autrichienne. Le combat de la veille lui a donné la conviction que Mélas refuse la bataille et se dérobe par une marche de flanc. Aucun mouvement n'est signalé du côté d'Alexandrie avant 8 heures du matin. Le Premier Consul demeure donc persuadé que Mélas marche sur Valenza au nord ou sur Gênes au sud. En conséquence, vers 9 heures du matin, il envoie la Division Lapoype sur la rive gauche du Pô. C'est ainsi que cette réserve se trouve éloignée du champ de bataille. A peu près en même temps, il expédie l'ordre à Desaix de marcher de Rivalta dans la direction du sud vers Pozzolo-Formigaro. Pendant que le Premier Consul croyant Mélas en retraite, éloigne deux Divisions du gros de l'armée vers 9 ou 10 heures du matin, détachant Lapoype au nord et Desaix au sud pour arrêter les Autrichiens sur les routes de Milan et de Gênes, ceux-ci, forts de 36000 hommes, dont 8000 cavaliers et 200 bouches à feu, débouchent d'Alexandrie, passent la Bormida, et parvenus sur Marengo attaquent l'Armée française.
Situation de l'Armée de réserve le 14 juin |
b/ Bataille de Marengo
Ordre de bataille de l'Armée française à Marengo (Nafziger) Note : cette situation est inchangée au 18 juin (d'après Pascal, A. : "Histoire de l'Armée et de tous les régiments"; Paris) |
Bonaparte, qui, comme dit plus haut, dans la crainte de voir Mélas lui échapper, s'est vu entraîné à une certaine dissémination de ses forces. n'est en mesure d'opposer immédiatement à ces masses que les deux Divisions Gardane et Chambarlac, commandées par Victor. La veille, elles ont débusqué les Autrichiens de Marengo et l'occupent solidement, ce qui va leur permettre de résister longtemps à l'attaque de la principale colonne autrichienne, à Marengo et, secondés par la Division Watrin, sur les bords du Fontanone (disputé avec la plus grande énergie) qui couvre les abords du village. La Division Watrin, commandée par Lannes, et deux Brigades de cavalerie, c'est-à-dire 15000 fantassins, 2000 chevaux et 40 pièces de canon, sont venues s'établir à leur droite et les soutiennent à Marengo et au nord de ce village. Malgré leur infériorité numérique, ces intrépides Division ne désespèrent pas d'arrêter encore une fois, ce même ennemi qu'elles ont si glorieusement battu quelques jour auparavant à Montebello. Pendant six heures, elles repoussent ses assauts désepérés et lui infligent des pertes considérables. Mais les Autrichiens viennent à bout de déployer toutes leurs forces. Débordées sur leurs ailes, nos trois Divisions se voient forcées de reculer.
Bonaparte peut heureusement peut compter sur la prompte entrée en ligne de la Garde consulaire (800 fantassins et 300 cavaliers) qui vient appuyer la droite de Watrin, et d'une troisième Brigade de cavalerie. Il arrête ainsi un instant les progrès de l'ennemi. De plus la Division Monnier, qui couvre sa droite vers le Pô, d'abord restée en réserve, vient prolonger la ligne et s'empare de Castel-Ceriolo. Mais Bonaparte ne parvient pas à rétablir l'équilibre dans cette lutte disproportionnée. Ecrasé dans Marengo par la mitraille, Victor, manquant de munitions, est obligé de battre en retraite vers San-Giuliano, sur la grande route de Plaisance. Bonaparte fait soutenir son mouvement par la Cavalerie et prescrit au reste de sa ligne de s'y conformer peu à peu, tout en tenant ferme à droite, vers Castel-Celerio. Lannes, par l'importance du développement de sa ligne qui comprend cinq Régiments, en règle l'exécution. Il y déploie la fermeté qui le caractérise, faisant exécuter de nombreux retours offensifs et mettant trois heures à reculer d'une lieue. L'Armée perd cependant une partie de sa faible artillerie.
A la vue de ce mouvement qui découvre la grande route de Plaisance et lui ouvre le passage désiré, Mêlas nous croit en pleine retraite. Il entre à Alexandrie pour annoncer sa victoire à son souverain, laissant au Général Zach, son Chef d'Etat-major, le soin de donner les derniers ordres.
Lapoype et Desaix ont entre temps été rappelés sur le champ de bataille : le premier reçoit l'ordre trop tard; Desaix arrive à la fin de la journée à San-Giuliano avec la Division Boudet (cette dernière, envoyée vers la gauche sous les ordres de Desaix, pour surveiller la route de Gênes, peut en effet intervenir en temps utile), au moment où l'armée française semble entièrement vaincue.
Desaix, n'ayant pas rencontré l'ennemi dans sa reconnaissance sur la route de Gênes, accourt au canon avec la Division Boudet dont les têtes de colonne apparaissent déjà sur la grande route de Plaisance, en arrière de San Giuliano; et, précédant sa colonne, il est venu prendre les ordres du Premier Consul. Les Généraux qui les entourent regardent la journée comme perdue et pensent qu'il faut utiliser Desaix pour assurer la retraite. Bonaparte, qui n'a pas renoncé à la victoire, ne partage pas cet avis et presse vivement Desaix de faire connaitre le sien. "La bataille est perdue, répond Desaix en regardant sa montre, mais il n'est que trois heures, il nous reste le temps d'en gagner une autre". Bonaparte n'hésite plus et se dispose à frapper le coup décisif par une vigoureuse reprise de l'offensive.
La Division Boudet comprend trois Demi-brigades : la 9e Légère, sous les ordres du Général Monnier, la 30e (1430 hommes avant la bataille) et la 59e, commandées par le Général Guesneau. Desaix, posté devant San Giuliano, diagonalement et en arrière sur la gauche du Général Lannes, forme en bataille la Division en avant de San Giuliano, sur la droite de la grande route, dans l'ordre suivant : à gauche de la route, la 9e Légère ayant un Bataillon déployé et les deux autres en colonne d'attaque sur les ailes; à droite de la route, la 30e ayant ses trois Bataillons déployés en ligne de bataille; puis, la 59e dans le même dispositif que la 9e légère (note : dans les "Extraits des mémoires inédits de Victor", la 9e Légère est donnée commandée par le Général Guénau, et les 30e et 59e par le Général Musnier). En arrière et un peu à gauche de la route, sont établies les fractions ralliées des Divisions de Victor. A droite de Desaix se tient la Cavalerie Kellermann prête à charger, et la Garde consulaire. Enfin, les 7 pièces (dont deux obusiers) dont dispose la Division Boudet, jointes à 5 autres amenées par le Général Marmont, sont placées en batterie sur son front. Cette artillerie va arrèter les premières troupes autrichiennes.
Bonaparte arrête alors partout le mouvement rétrogade; il parcourt le front des lignes, rassure les troupes en leur montrant l'arrivée des réserves : "C'est assez reculé, leur dit il, souvenez vous que j'ai l'habitude de coucher sur le champ de bataille".
Du côté des Autrichiens, Zach, persuadé, comme Mélas, que la journée est terminée, et qu'il n'a plus que des trophées à recueillir, forme ses ligne en ordre de marche et, précédant une épaisse colonne qui suit la grande route menant de Marengo à San Giuliano, s'avance de sa personne avec une avant-garde de 2000 Grenadiers hongrois. Un léger pli de terrain lui cache les redoutables dispositions prises contre lui en avant de San Giuliano. Tout à coup, Marmont démasque ses 12 pièces et couvre de mitraille pendant 10 minute cette colonne qui s'arrête interdite et bientôt tourbillonne en désordre. Desaix commande la charge, avant de tomber, tué par une balle ennemie. La 9e Légère, la 30e et la 59e s'élancent à sa voix avec une impétuosité superbe sur le front de l'ennemi, et, après une décharge à bout portant, se jettent à la baïonnette sur les Grenadiers hongrois, tandis que Kellermann, profite d'un instant favorable pour les charger avec le peu de cavalerie dont il dispose : il tombe sur leur flanc avec ses cavaliers. Une panique inexplicable s'empare des troupes autrichiennes, dont aucun élément n'oppose une résistance sérieuse. Toute la colonne, bientôt entourée, met bas les armes : Zach est fait prisonnier. En même temps, de San Giuliano à Castel-Ceriolo, la charge bat sur toute notre ligne qui se porte en avant avec un élan irrésistible. Partout les Corps autrichiens lachent pied. La Division Boudet enlève Marengo en courant; la 30e s'empare d'un drapeau. Le désordre est à son comble dans l'armée ennemie, qui se précipite pêle-mêle vers les ponts de la Bormida, en éprouvant des pertes considérables, pour aller se réfugier sous le canon d'Alexandrie, et laisse toute son artillerie et ses voitures de bagages dans le Fontanone et dans la Bormida.
Le Rapport de l'Adjudant général Dalton (Archives Dupont) est ainsi conçu :
"ARMEE DE RESERVE
DIVon BOUDET
Au Camp en avant de Marengo, le 26 prairial an VIII.
RAPPORT DU 25
La division Boudet, sous les ordres du lieutenant général Desaix, s'est mise en marche le 26 (il y a là une erreur évidente de date ; c'est le 25, qu'il faut lire) partant de Rivalta pour se rendre à Sn Giuliano. Les troupes arrivèrent à deux heures après midi ; les derrières de l'armée se repliaient sur nous et avaient été mis en désordre par des domestiques et des vivandiers. Le lieutenant général Desaix fit sur-le-champ ses dispositions et rétablit le combat. Il fît réunir sur un point toute l'artillerie de la division, qui consistait, en ce moment, en une pièce de 12, quatre de 8 et deux obusiers. Il forma son infanterie en colonne, à droite et à gauche de la grande route de Tortone à Alexandrie. La 9e demi-brigade légère, commandée par le général Musnier, tenait la gauche, et la 30e et la 59e de ligne, commandées par le général Guénand, tenaient la droite. L'ennemi se croyait certain de la victoire et s'avançait avec rapidité.
Le général Desaix fit mettre ses colonnes en mouvement et marcha à sa rencontre au pas de charge, l'arrêta, et pendant quelques minutes on se fusilla à petite portée de pistolet. Le choc fut terrible ; la cavalerie et l'artillerie ennemie se trouvèrent confondues dans les rangs de notre intrépide infanterie. Le sang-froid qu'elle montra atterra tellement l'ennemi, qu'il ne songea plus qu'à sa retraite. Il était trop tard, il s'était trop engagé, et notre cavalerie, profitant du désordre, chargea fort à propos et fit mettre bas les armes à une colonne d'environ deux mille grenadiers hongrois qui se trouvaient en face de la 9e légère. Avec cette colonne on prit le chef de l'état-major de l'armée autrichienne et plusieurs pièces de canon.
On battait toujours le pas de charge et nos colonnes se portaient sur le village de Marengo, quand le valeureux Desaix fut atteint d'une balle à la poitrine. Il tomba dans les premiers rangs de nos soldats, où il se trouvait toujours ; il vécut quelques minutes et recommanda de ne pas parler à la troupe de sa blessure, dans la crainte que cela ne ralentit son ardeur. A peine put-il dire que sa blessure était mortelle.
Le général de division Boudet, qui avait soutenu le choc de la cavalerie et de l'infanterie ennemie, à la tête de la 59e, avec beaucoup d'avantage, fit continuer la marche des colonnes au pas de charge sur le village de Marengo. L'ennemi, pressé de tous côtés, porta toute sa cavalerie sur notre droite pour soutenir une de ses colonnes d'infanterie qui se retirait dans la plaine. Il crut, par ce mouvement, nous en imposer et ralentir notre marche ; mais le général Boudet, à la tête des 30e et 59e de ligne et de la 9e légère, marcha toujours avec la même intrépidité et l'enfonça de tontes parts. Plusieurs fois la cavalerie s'est, mise en mouvement pour charger notre infanterie, mais la bonne contenance de nos soldats et l'ensemble de leurs mouvements lui en ont imposé au point qu'elle n'a jamais osé faire une charge à fond. Déjà la nuit s'avançait; l'ennemi était serré de très près. Le désordre s'est mis dans ses rangs, nous lui fîmes un grand nombre de prisonniers.
Le Cn Jolle, capitaine des grenadiers du 1er Baton de la 59e lui a enlevé un drapeau, et le Cen Georges Amptit, conscrit à la 30e, en prit un autre.
En général, les plus grands éloges sont dus aux troupes aux ordres du général Boudet. Tous les officiers et soldats ont parfaitement fait leur devoir. Le général Boudet a reçu une balle dans la poitrine qui lui a fait une contusion, et le général Guénand une autre qui s'est aplatie sur de l'argent qu'il avait dans sa poche.
Le Cen Bugnet, aide de camp du général Boudet, a eu son cheval tué sous lui ; celui du Cen Lhéritier, adjoint à l'état-major, a été blessé à la cuisse.
L'Adjudant Général,
Signé : W. Dalton" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 97).
Un rapport, demandé au Général Guénand, et daté du lendemain de la bataille, ajoute quelques détails au rôle de la Division Boudet dans la journée de Marengo (Archives Dupont. Ce Précis historique est envoyé au général Dupont, le 18 juin 1800, par les Chefs des 30e et 59e Demi-brigades) : "PRECIS HISTORIQUE de la Division Boudet à la bataille de la Bormida, présentée dans la plaine d'Alexandrie par Mêlas, commandant l'armée autrichienne, au Premier Consul de la République française.
Les deux armées étaient aux prises depuis sept heures du marin. A quatre heures après midy, Mêlas, qui avait repoussé toutes les divisions de l'année française, avait été à Alexandrie annoncer qu'il l'avait entièrement défaite.
Le corps de réserve arrive. Il était composé de la seule division Boudet aux ordres du lieutenant général Desaix, à peine forte de quatre mille cinq cents hommes. Desaix fait ses dispositions. Il avait en tête le corps de réserve des grenadiers hongrois sur la gauche du chemin d'Alexandrie, en avant du village de Marengo, auquel il oppose la 9e légère commandée par le général de brigade Musnier ; sur la droite du chemin, une artillerie formidable, de l'infanterie dans les vignes, soutenues d'une cavalerie qui avait déjà battu la nôtre, se trouvent opposées aux 30e et 59e demi-brigades de ligne, commandées par le général de brigade Guénand. Toutes les troupes se forment en colonnes par échelons, mêlées de quelques bataillons déployés.
L'artillerie ennemie, parfaitement servie et que l'on a évaluée à cinquante bouches à feu, continuait ses ravages sur toute la ligne. La réserve était impatiente et sollicitait vivement, par l'organe du général Guénand, l'ordre de l'attaque auprès du Premier Consul, qui gardait le sang-froid le plus admirable. Desaix le donne, tout s'ébranle au même instant, sur tous les points d'un espace d'environ une lieue. L'ennemi est culbuté à la baïonnette dans les vignes ; tout ce qui tente de s'opposer à l'impétuosité des Français est tué ou pris. Quelques minutes ont suffi pour changer la face des affaires, et les feux de l'artillerie, singulièrement ralentis, annoncent h tous les points de la ligne les succès des 30e et 59e demi-brigades. Cette brigade, où se trouvait en personne le général Boudet, avait dépassé d'un quart de lieue toute la ligne et formait un saillant très imposant pour l'ennemi, qui continuait à la battre avec son artillerie par les deux flancs, et lui opposait en outre toute sa cavalerie dans le plus bel ordre de bataille, au débouché des vignes ; à ce débouché, qui ne présentait plus qu'une plaine nue, la brigade se rallie au même instant, reprend son ordre primitif par échelons et marche fièrement à l'ennemi. Sa nombreuse cavalerie tente en vain de l'ébranler, toutes ses charges sont infructueuses ; l'attaque se continue et les ailes droite et gauche sont dépassées par les 30e et 59e de près d'une lieue.
Ce mouvement hardi ébranle la droite de l'ennemi ; le brave et malheureux Desaix s'en aperçoit, il ordonne à la cavalerie de la Garde des Consuls de charger le flanc gauche des Grenadiers hongrois, et à la 9e légère de les charger de front à la baïonnette. Dans un instant tout ce corps est détruit ou fait prisonnier ; tout ce qui s'oppose, au reste de la ligne est culbuté au delà de la Bormida, et la nuit seule met fin à un combat qui doit influer sur les destinées de l'Europe entière.
La division Boudet s'est couverte de gloire ; tous ses mouvements se sont exécutés comme à l'exercice. On peut dire que si les autres troupes ont beaucoup souffert, si elles ont été ébranlées, si même il y a eu quelques nuances de déroute, cette réserve a tout réparé, et qu'elle a consolé ses frères souffrants et blessés en grand nombre, par des succès dont les effets sont incalculables.
Cette division, commandée par le général divisionnaire Boudet et les généraux de brigade Musnier et Guénand, était composée de la 9e légère et des 30e et 59e de ligne. La 9e était commandée par le chef de brigade Labassé, la 30e par le chef de brigade Valterre, et la 59e par le chef de brigade Mugnier.
Soldats, officiers, officiers supérieurs et officiers généraux, tous se sont acquis de nouveaux droits à la reconnaissance nationale.
Le chef de bataillon Pastre, commandant le 3e bataillon de la 59e, a reçu dans l'aine droite une balle qui lui a mutilé 9 écus de 6 francs et deux doubles louis; il en a été quitte, par un bonheur inouï, pour une forte contusion qui ne l'a pas empêché de continuer d'assister au combat.
Le général de division Boudet a reçu sur la poitrine une balle qui a été amortie par un bouton de son habit et qui lui a fait une légère blessure. Son aide de camp Bagret a eu son cheval tué sous lui.
L'État-Major, ayant pour chef l'adjudant général Dalton, a parfaitement secondé les généraux.
Quinze mille hommes mis hors de combat ou faits prisonniers, du côté de l'ennemi, une capitulation qui nous rend toutes les places du Piémont, de Gènes, et toute l'Italie jusqu'à la ligne du Mincio, ont été le fruit d'une bataille des plus sanglantes, qui a commencé au jour et n'a fini qu'à la nuit close ; notre perle peut être évaluée à six mille hommes, tant tués que blessés ou prisonniers.
L'armée a vu avec la plus vive sollicitude que le Premier Consul s'était trop exposé.
La France pleurera longtemps la perte d'un héros, le brave et malheureux Desaix : il a été atteint à mort d'une balle, au moment où la retraite de l'ennemi était décidée.
II est à remarquer que deux bataillons de la 72e, qui étaient détachés de la division du général Monnier, ont parfaitement secondé l'aile droite de la division Boudet.
On fera connaître par des détails plus étendus l'état, des officiers tués ou blessés, et les traits particuliers qui ont honoré les soldats et officiers de tous grades.
Sur le champ de bataille de la Bormida, le 26 prairial an VIII.
Certifié véritable,
Signé : Valterre, Chef de Brigade. Mugnier, Chef de Brigade" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 102).
Rapport adressé à Berthier par le Général Boudet, en date du 16 juin 1800 (27 prairial an 8) : "Le recueillement des différents faits qui honorent la division que je commande, m'a fait retarder mon rapport jusqu'à ce jour. Je compte assez sur votre amour pour la gloire et sur ce qui peut inspirer la reconnaissance des traits de valeur en leur accordant une publicité, pour espérer que ma division, qui a arraché la victoire à l'ennemi et fixé le sort de l'Italie, aura pour première satisfaction celle d'apprendre qu'elle a bien mérité à la bataille de Marengo. Je vais vous analyser la conduite en masse, et celle particulière de ceux qui y ont marqué. - Le 25, ma division, sous les ordres du général Desaix, eut ordre de se porter à San-Juliano et Marengo. A son arrivée, au premier endroit, une partie qui avait soutenu le premier choc de la bataille et conduisait des blessés, se retirait en désordre, étant encombrée par une immense quantité de charrettes de vivandières et de domestiques auxquels sejoignent toujours les mauvais soldats. - Je plaçai ma 1re brigade sur la gauche de la grande route, partie déployée et l'autre en colonne serrée, afin de s'opposer au choc de l'ennemi, et ordonnai le même mouvement sur la droite pour la 2e brigade. - Le lieutenant général Desaix donna l'ordre de se porter en avant, ce qui fut exécuté par la 1re brigade composée de la 9e légère, et on arriva sur le front de l'ennemi à portée de la mousqueterie qui, s'étant rapprochée de beaucoup, m'obligea de faire jeter en avant des tirailleurs, afin de retarder sa marche. Cette brigade, commandée par le général Musnier, sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie de l'ennemi, resta avec cette sécurité faite pour inspirer la confiance, et donna le temps à la 2e brigade, composée des 30e et 59e, commandées par le général Guénau, de s'établir sur la droite du chemin, et aux autres corps de l'armée de venir se rallier à eux. Le lieutenant général Desaix m'envoie l'ordre de faire retirer par échelons ma 1re brigade, beaucoup plus avancée que le reste de la ligne. Je cours lui faire observer que supposant que l'armée doit se porter en avant, j'avais encore mes tirailleurs, et il venait alors d'être décidé que l'attaque se ferait, et préalablement toute l'artillerie avait été remise sur la droite, vis-à-vis le front des 30e et 59e demi-brigades. - Le général Desaix, s'étant rendu à ma 1re brigade, formant la gauche de notre armée, dont il se chargeait, me dit de me porter à ma 2e. Le mouvement s'exécuta sur toute la ligne au pas de charge. La brigade de gauche, 9e légère, eut à combattre sur son front le corps des grenadiers hongrois soutenu par une très forte artillerie; la résistance fut très opiniâtre, mais la valeur de cette brigade l'emporta, et une charge heureuse de cavalerie couronna cette attaque qui, dirigée par le valeureux Desaix, n'eut pas le bonheur de l'avoir pour témoin de ses succès : la mort venait de l'enlever à ses frères d'armes, et ses dernières paroles furent de cacher sa mort pouvant porter préjudice à la victoire. A différentes reprises, la cavalerie chercha à tourner et à entamer la 9e légère; mais elle y fut reçue de manière à la décourager. - La 2e brigade, commandée par le général Guénau, que je dirigeais, enfonça avec une rapidité étonnante le centre de l'ennemi, et, par cette manoeuvre hardie coupa son armée en deux; cette brigade eut continuellement à combattre, sur son front et ses flancs, artillerie et mousqueterie, et, sur ses derrières, plusieurs corps de cavalerie vinrent aussi se présenter; mais l'ordre de colonnes serrées dans lequel s'étaient maintenus les bataillons, quoique traversant des vignes, rendit la tentative de la cavalerie inutile, et lui occasionna une perte considérable. - Je ne peux que rendre les plus grands éloges à cette brigade qui, en partie composée de nouveaux soldats, ont rivalisé de valeur et de contenance avec les plus anciens militaires. - Deux drapeaux ont été pris, l'un, par le citoyen George Auptil, fusilier de la 30e demi-brigade qui, courant après celui qui le portait, le tua, et, à la vue d'un peloton qui cherchait à le ravoir, l'enleva; et l'autre, par le citoyen Gollot, capitaine de grenadiers de la 59e - Les généraux de brigade Guénau et Musnier ont dirigé les troupes avec un dévouement particulier. Le général Guénau a reçu une balle à l'aîne droite, dont l'effet fut amorti par l'argent qu'il avait dans la poche de sa montre. - L'adjudant général Dalton mérite particulièrement d'être cité par le sang-froid et la connaissance avec lesquels il a dirigé différents points d'attaque. - Le chef de brigade Labassé, de la 9e légère, Lalterre, de la 30e, Magnier, de la 59e, ont marqué une intrépidité digne des plus grands éloges : ce dernier a reçu deux légères blessures. - Mes aides de camp et officiers d'état-major nous ont aussi parfaitement secondés par leur activité. L'un d'eux, le citoyen Bagnet, eut son cheval tué d'un coup deboulet. - Enfin, général, je crois devoir vous assurer que les plus grands éloges doivent être rendus à tous les officiers et soldats de la division. Tous ont montré un véritable courage. - J'aurais particulièrement à réclamer de vous une récompense d'avancement pour le chef de bataillon Pestre; pour mon aide de camp Bagnet et pour l'officier de correspondance Diens : le premier est lieutenant, le second est sous-lieutenant. - Salut et respect. - BOUDET" ("Extraits des mémoires inédits de Victor").
Extrait du Rapport des marches et opérations de la Division Boudet : "Le 25, à 2 heures du matin, le lieutenant général Desaix me fit parvenir l'ordre de faire une forte reconnaissance d'infanterie et de l'appuyer même d'une brigade jusqu'à Serravalle, si je croyais que cette force fût nécessaire. J'avais envoyé, dès le soir, un détachement de 30 cavaliers du 3e régiment, conduit par le capitaine adjoint à l'état-major de la division (L'Héritier), et j'observai au lieutenant général Desaix que je croyais nécessaire d'attendre préalablement le rapport de ce détachement. Il m'approuva et changea l'ordre qu'il m'avait donné.
Au point du jour, l'eau ne permettait pas encore de passer à gué, mais une barque avait été établie avec le secours des bateliers qu'un détachement avait enlevés à Tortone pendant la nuit. La troupe passa promptement et vint prendre position à Rivalta. Vers les 10 heures du matin, l'eau était baissée, et l'artillerie put passer la rivière au gué.
Dans cet intervalle, le général Desaix avait envoyé au quartier général pour savoir quelles dispositions devaient suivre l'action de la veille. Il reçut l'ordre (heureusement très tard) de se porter à Pozzolo-Formigaro, position intermédiaire, d'où nous pouvions nous porter, il est vrai, mais avec trop de temps, sur Alexandrie ou sur les débouchés de Gênes, en cas que l'ennemi eût tenté sa retraite de ce côté.
Ma division n'était qu'à 1 mille de Rivalta, quand un aide de camp du général en chef, expédié par le Premier Consul, vint à la hâte me porter l'ordre de marcher sur San-Giuliano, et, de là, sur Marengo, où les deux armées ennemies étaient à se battre depuis le point du jour.
Ma division, précipitant sa marche, fut bientôt rendue à San-Giuliano. Elle y fut témoin du désordre qui commençait à régner dans l'armée, le désordre qu'occasionnaient, d'une part, la marche d'un grand nombre de blessés et de camarades qui les conduisaient en obstruant tout le passage et, de l'autre, l'encombrement des charrettes et la foule des domestiques, des vivandiers et des mauvais soldats qui se joignent communément à ceux-ci.
Je plaçai sur la gauche de la grande route ma première brigade, dont une partie déployée et l'autre en colonne serrée.
J'ordonnai aussi à ma deuxième brigade la même disposition sur la droite du chemin.
Le lieutenant général Desaix et moi, considérant la position de l'armée, nous décidâmes à faire porter en avant ma première brigade, composée de la 9e légère. L'ordre fut donc donné pour ce mouvement, dont l'exécution devait au moins rappeler le courage des troupes qui se retiraient, et par suite, les faire retourner.
Je me portai donc en avant et jusque sous le front de l'ennemi, à portée de sa mousqueterie, laquelle se rapprochant sensiblement, m'obligea de faire jeter des tirailleurs en avant, afin de retarder sa marche. Cette brigade, commandée par le général Musnier, exécuta plusieurs mouvements à la vue de l'ennemi, et ses manoeuvres se firent avec une fermeté et une sécurité assez grandes pour qu'il soit permis de leur attribuer cette confiance qui parut renaître parmi les troupes éparses qui fuyaient. La contenance vigoureuse que tint la brigade sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie de l'ennemi donna le temps à ma deuxième brigade, composée de la 30e et de la 59e demi-brigade, commandée par le général de brigade Guénand, de s'établir sur la droite, et aux autres corps de l'armée qui avaient combattu le matin et opéraient leur retraite, de venir prendre position derrière elle.
Pendant que je contenais, avec la 9e légère, l'ennemi sur son front, et que je protégeais le ralliement de l'armée, le Premier Consul tenait son conseil, où se trouvait le général en chef, le lieutenant général Desaix et autres généraux rassemblés sous le feu le plus fort de l'artillerie ennemie. Ils s'occupaient à préparer un grand mouvement, capable d'assurer la victoire.
Bonaparte harangua les troupes, et, dans cet intervalle, le général Desaix fit réunir toute l'artillerie de sa division en avant du front de ma deuxième brigade. Il s'engagea alors une canonnade dans laquelle l'ennemi avait une trop forte supériorité par le nombre de ses pièces pour que la partie pût être égale. Chaque instant voyait enlever des files de nos troupes, dont l'impatience augmentait pour en venir aux mains.
J'étais beaucoup plus avancé que le reste de ma ligne avec ma première brigade, et je n'aurais pas tardé à avoir un engagement sur tout le front de la 9e légère, lorsque le général Desaix m'envoya l'ordre de faire retirer mes troupes par échelons. Cette manoeuvre devenait, à la vérité, indispensable, si l'attaque générale était retardée; mais elle compromettait aussi les tirailleurs que j'avais en avant; j'ordonnai cependant le mouvement, en ne le faisant exécuter qu'à pas très lents, et je me rendis très promptement auprès du lieutenant général Desaix pour lui présenter mes observations. L'attaque allait commencer, et le général Desaix, connaissant les dispositions que j'avais faites sur le front de l'ennemi, me chargea alors d'arrêter la marche rétrograde, ce que je fis en me reportant sur le front de ma première brigade, qui s'était retirée de 200 pas au plus.
Je pourrais observer ici que ce mouvement rétrograde nous devint favorable, car l'ennemi, qui s'en aperçut, redoublant d'espoir, se porta en avant avec plus d'audace, et la surprise qu'il y éprouva en se voyant ensuite chargé, nous fut avantageuse.
Le lieutenant général Desaix se rendit à ma première brigade, formant la gauche de l'armée, et me dit de me porter à ma deuxième, qui occupait le centre, en me chargeant de percer celui de l'ennemi et de l'enfoncer avec assez de rapidité pour le séparer entièrement et déranger par là son plan d'opérations.
Toute la ligne se mit en mouvement au pas de charge, et ma division formait le premier front. Ma brigade de gauche, composée de la 9e légère, eut à combattre devant elle les grenadiers hongrois qui venaient d'être réunis par le général Mélas, afin que ce corps d'élite pût poursuivre avec avantage la victoire qu'il regardait déjà comme assurée pour lui. Ce corps de grenadiers était soutenu d'une très forte cavalerie qui débordait les ailes de ma première brigade; leur résistance fut très opiniâtre; mais la valeur de la 9e légère la rendit nulle, et une heureuse charge de notre cavalerie couronna cette attaque.
L'habile et valeureux Desaix l'avait dirigée, et il n'eut pas le bonheur de jouir de nos succès. La mort venait d'enlever ce grand capitaine à ses frères d'armes. Il recommanda, par ses dernières paroles, de cacher son sort, dans la crainte que cette nouvelle produisît quelque alarme et ne nuisît à la victoire.
A différentes reprises, la cavalerie ennemie tenta de tourner et d'entourer la 9e légère; mais elle fut reçue de manière à être découragée.
C'est absolument à la contenance et aux actes de valeur de ce corps qu'on doit les avantages marquants qui ont été remportés sur la gauche et surtout la prise de l'artillerie et des prisonniers. La cavalerie y a également contribué avec beaucoup d'à-propos et de courage.
Ma deuxième brigade, composée de la 30e et de la 59e demi brigade et dirigée par moi, enfonça avec une audace, une force et une rapidité étonnantes le centre de l'armée ennemie et la coupa en deux. Cette brigade eut continuellement à défendre à la fois son front et ses flancs et ses derrières contre l'artillerie et la mousqueterie et contre différents corps de cavalerie. Ces derniers particulièrement vinrent à la charge plusieurs fois pour attaquer nos derrières; mais l'ordre parfait de colonnes serrées dans lequel s'étaient maintenus nos bataillons, quoique traversant des vignes et autres obstacles, non seulement rendit la tentative de la cavalerie inutile, mais encore lui occasionna une perte considérable.
La résistance de l'ennemi, dans certaines positions, fut terrible. On se fût amusé inutilement à vouloir le chasser par la mousqueterie. Les charges à la baïonnette purent seules le débusquer, et elles furent exécutées avec une prestesse et une intrépidité sans exemple. Assurément, on ne peut donner assez d'éloges à cette brigade, en partie composée de conscrits qui ont rivalisé de courage et de fermeté avec les plus anciens militaires.
Dans la charge à la baïonnette, deux drapeaux ont été pris, l'un par le citoyen Coqueret, capitaine de grenadiers de la 59e, et l'autre par le citoyen Georges Amptil, fusilier et conscrit de la 30e demi-brigade, lequel poursuivit et tua celui qui le portait et l'enleva à la vue d'un peloton qui cherchait à le ravoir.
Ainsi, je puis et je dois dire à la gloire, de ma division que, par son extrême courage, elle a eu le bonheur de contre-balancer les avantages obtenus par nos ennemis jusqu'à son arrivée et de concourir de la manière la plus efficace à fixer de notre côté l'illustre victoire de Marengo, victoire qui doit tenir une première place dans nos annales, tant par la valeur plus qu'héroïque qui l'a arrachée que par les grands intérêts qui y étaient attachés" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 104).
Extrait du Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier : "... La division du général Monnier ... parvint à se faire jour à travers la ligne autrichienne et à opérer, sous la protection de la brigade aux ordres du général Champeaux, sa retraite sur San-Giuliano, où la totalité de l'armée se réunissait à la division Boudet qui, conduite par le général Desaix, venait d'arriver sur ce point. Le sort de la bataille était encore douteux à 6 heures du soir; tous les généraux, avides de danger, parcouraient les rangs pour ranimer l'ardeur des soldats; mais rien ne pouvait l'exciter davantage que la présence du Premier Consul, au milieu des plus grands dangers, bravant tous les hasards et opposant le calme de la constance aux caprices de la fortune. C'était l'instant décisif.
Le Premier Consul confère quelques instants avec le général Desaix et passe presque toute la ligne en revue; l'ordre d'une nouvelle attaque est donné.
Le lieutenant général Desaix se place au centre, sur la grande route, entre San-Giuliano et Cassina-Grossa, avec la division Boudet; la 9e légère occupant la gauche de la route sous les ordres du général Monnier, et la 30e et la 59e de ligne, commandées par le général Guénand, portées sur la droite; il avait sur son front: une pièce de 12, quatre de 8 et deux obusiers.
Les grenadiers de la garde des Consuls, conduits par le chef de bataillon Goulez, sont à droite entre ces corps et les troupes aux ordres du général Lannes. La division Gardanne occupe la gauche de la division Boudet et s'appuie à la droite de la brigade du général Kellermann. La division Monnier, un peu en arrière de la division Boudet, est prête à se porter où les événements nécessiteront sa présence, et la division Chambarlhac, avec le surplus de la cavalerie, forme la réserve.
L'ennemi, croyant la victoire assurée, avançait avec rapidité, et déjà il avait atteint la hauteur de Cassina-Grossa.
Desaix marcha à sa rencontre au pas de charge. La présence du héros avait réchauffé tous les courages et chacun brûlait d'impatience de suivre son généreux exemple. l'ennemi s'arrête et la fusillade s'engage à la petite portée de pistolet. La valeur, l'audace, la persévérance, toutes les vertus guerrières se font également admirer dans les deux armées. Une partie de la division Watrin marche par la gauche et court appuyer ce premier mouvement, laissant la 40e en ligne.
Le général Monnier, s'apercevant que la droite se trouvait dégarnie par la manoeuvre du général Watrin et qu'elle était déjà dépassée par plus de 2,000 chevaux, appuyés par une artillerie formidable, marche à la tête de la majeure partie de sa division et de la 40e. Les grenadiers de la garde consulaire s'ébranlent en même temps, se réunissent à lui et, tous ensemble, se présentent à l'ennemi.
Ce fut là qu'il s'engagea une, charge terrible et telle que cette journée mémorable n'en avait point encore vue d'aussi meurtrière.
Les troupes des demi-brigades semblaient disputer l'honneur du danger aux intrépides grenadiers.
La mort volait dans tous les rangs et frappait de tous les côtés; elle moissonna plus du tiers de ces braves, sans que leur masse en fût ébranlée.
Ils ont conservé, dans les plaines de San-Giuliano, au milieu du plus affreux carnage, le sang-froid et l'attitude qu'on admire en eux, lorsqu'ils défilent en parade au palais des Tuileries; enfin, leur héroïque résistance a contenu la gauche de l'ennemi et a préparé la victoire.
Au centre, le combat se continue avec un acharnement sans exemple et paraît se ranimer à tout instant avec une nouvelle ardeur.
La division Gardanne et deux bataillons de la 72e se réunissent aux divisions Boudet et Watrin.
Les deux armées se rapprochent encore, se serrent et s'attaquent à la baïonnette.
La cavalerie autrichienne se précipite dans les rangs de l'infanterie française qui se mesure corps à corps et la force à reprendre sa ligne.
Mélas tente un dernier effort; il porte en avant un corps d'élite de 5,000 grenadiers hongrois sur lequel il fondait tout son espoir et qui devînt la. cause première de sa défaite.
La 9e légère, contre laquelle ce corps se trouve particulièrement dirigé, marche à sa rencontre au pas de charge.
Tant d'intrépidité en impose à l'ennemi, qui s'arrête et balance ... La victoire ne pouvait rester plus longtemps indécise, et le général Kellermann la fixe par une charge aussi audacieuse que faite à propos. A la tête du 8e de dragons et des 2e et 20e de cavalerie, il s'avance au grand trot en face de cette colonne; puis il se déploie habilement par sa droite, met sa troupe au galop, dépasse rapidement l'ennemi et le charge impétueusement de revers, pendant que la 9e légère l'attaque de front. Vainement il veut fuir; le désordre dans lequel il se trouve ne lui en laisse ni le temps ni les moyens; la frayeur s'en empare, et le seul parti qui lui reste est de mettre bas les armes.
Le premier coup était porté! Un si brillant succès devient pour l'armée le signal d'une charge impossible à décrire.
L'ennemi est ébranlé de toute part; il veut disputer encore un terrain qui lui avait comité tant de sacrifices ; mais l'impétuosité française ne laisse point à sa tactique méthodique le temps de se rallier; la déroute gagne simultanément toutes ses colonnes; il est attaqué sur tous les points, chassé du village de Marengo, poursuivi sans relâche, battu et culbuté partout et obligé de repasser en désordre la Bormida, abandonnant une partie de son artillerie et laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés. Ce fut une charge dernière, exécutée par Kellermann à la tète d'un parti de 200 hommes réunis à la cavalerie de la garde consulaire qui mit fin au combat, et la nuit ne permit pas de harceler plus longtemps l'ennemi.
Les divisions Gardanne et Chambarlhac reprirent position sur le champ de bataille, en face de la tête du pont d'Alexandrie, à peu près sur le terrain qu'elles avaient occupé le matin.
Mort du lieutenant général Desaix . – Cependant, ce triomphe éclatant devenait, pour l'armée, une source de regrets éternels, puisqu'il fut acheté au prix du sang du général Desaix. Le champ de l'honneur est devenu le tombeau de celui dont la vie tout entière fut consacrée à l'honneur. Il a péri au sein de la victoire, frappé d'une balle à la poitrine, au moment où il conduisait la division Boudet à la reprise du village de Marengo. Ses campagnes sur le Rhin et en égypte rendent son éloge superflu; mais sa mort enlève un appui à la République, un père aux soldats et un modèle aux vertus sociales.
L'ennemi a perdu, dans cette journée, environ : 12,000 hommes, dont 6,000 prisonniers; 4,000 blessés et 2,000 tués; 8 drapeaux, 20 bouches à feu et des munitions de guerre considérables. Il a eu 400 officiers de tous grades et 8 généraux hors de combat des généraux Haddick et Bellegarde sont du nombre de ceux-ci) ; le général Zach, chef de l'état-major général, a été fait prisonnier.
L'armée française a souffert aussi très sensiblement; mais une bataille décisive qui a duré treize heures, pendant lesquelles il a fallu lutter sans cesse contre un ennemi bien supérieur et lui arracher la victoire, devait coûter de grands sacrifices. Elle a perdu environ 6,000 hommes, dont plus des trois quarts blessés ou prisonniers.
Honneur à la mémoire des braves qui ont péri dans les champs de Marengo! Honneur aux soldats qui ont fixé la victoire et aux chefs qui les conduisaient! La reconnaissance nationale écrira les noms de tous sur la colonne élevée à la victoire.
... Les généraux de division n'ont pas cessé de combattre à la tête de leurs colonnes. Leur exemple a été suivi par tous les autres généraux. Le général Boudet a été atteint d'une balle qui s'est amortie sur l'argent qu'il portait dans sa poche. Le même hasard est arrivé au général Guénand.
... Tous les corps, en général, ont honoré le nom français, et chacun d'eux en particulier s'est distingué par quelque action d'éclat. Un même sentiment les enflammait tous : la victoire ! ou la mort ! Les chefs ont montré un dévouement et une intrépidité au-dessus de tout éloge, ainsi que les officiers de tous les grades. Les rapports des généraux désignent plus particulièrement : ...
Les citoyens Leboeuf, cavalier au 2e, et Georges Amptil, conscrit à la 30e, en ont aussi enlevé chacun un (drapeau)".
Relation du Lieutenant général Baron QUIOT, Aide de camp du Général VICTOR à la bataille de Marengo : "Bonaparte, sentant la position critique où il se trouverait si les Autrichiens poursuivaient leur succès, donne ordre à l'armée de faire volte-face et de tenter un dernier effort : les dispositions étaient prises et l'on allait battre la charge, lorsque, heureusement, il apprend l'arrivée du général Desaix. Ne voulant rien précipiter, et voulant maîtriser la fortune, il change de résolution, fait continuer le mouvement dans l'ordre de retraite indiqué ci-dessus, et se rend auprès du général Desaix. Celui-ci a placé la division Boudet de manière à prendre la gauche de l'armée : la 9e légère ayant deux bataillons en ordre de bataille, à la gauche de la route de San-Juliano à La Spinette, et le 3e à 200 pas en seconde ligne ; les 30e et 59e demi-brigades étaient à la droite de la route, également en ordre de bataille, et 8 pièces de canon placées par le général Marmont pour battre la route, et toute la cavalerie que l'on put réunir, formaient l'aile gauche. Voilà les dispositions que prit le général Desaix pour attendre l'ennemi et assurer la victoire, ayant masqué la majeure partie de ses troupes derrière des haies. - II était cinq heures après midi lorsque les corps en retraite arrivent à la hauteur de ceux du général Desaix. Le mouvement s'arrête sur toute la ligne; les bataillons en retraite sont formés de nouveau en ordre d'attaque. Le général Desaix, à la tête de la réserve, s'élance avec impétuosité au milieu des bataillons autrichiens et les charge à la baïonnette; les troupes aux ordres des généraux Victor et Lannes, les gardes à pied et à cheval des Consuls, retrouvent des forces pour cette nouvelle attaque à laquelle l'ennemi était loin de s'attendre. La droite de l'armée autrichienne assaillie tout à coup par des troupes qui avaient juré de vaincre, peut à peine faire sa première décharge; la 9e légère se précipite dans ses rangs, y met le désordre et fait grand nombre de prisonniers; la colonne de grenadiers aux ordres de M. de Marsin arrive en colonne serrée pour rétablir le combat dans cette partie; mais elle est bientôt attaquée, aussitôt et au même instant, de front par l'infanterie, en flanc et de revers par la cavalerie aux ordres du général Kellermann ; les huit pièces de canon dirigent tout leur feu et sèment de toutes parts la mort et l'effroi : ces six bataillons en désordre et enveloppés de toutes parts mettent bas les armes et font changer totalement la face des affaires. Ce succès important enflamme les troupes et est pour l'armée française le signal d'une attaque générale. Ce mouvement vit tomber le général Desaix et fixer la victoire. Dans le même instant, une change de cavalerie, dirigée par le général Bessières à la tête des grenadiers et chasseurs à cheval de la garde consulaire, déterminait la retraite de l'aile gauche autrichienne. L'armée ennemie, ayant son aile droite découverte et craignant d'être prise de flanc et de revers, veut faire un mouvement pour refuser sa droite et la porter au village de La Spinette. Elle est attaquée dans son mouvement par les troupes des généraux Victor et Lannes; elle veut résister, mais c'est en vain; elle est forcée et mise dans une déroute complète. Pour protéger sa retraite, la cavalerie exécute plusieurs charges, mais infructueusement; elle fut toujours répoussée et culbutée pêle-mêle avec son infanterie dans le ruisseau fangeux qui, partant de Marengo, se jette dans la Bormida. En une heure l'ennemi perd le fruit de la journée, abandonne le champ de bataille couvert de ses morts, 6,000 prisonniers, 7 drapeaux, 35 pièces de canon et grand nombre de caissons. La nuit seule met fin au carnage et donne un moyen de salut aux fuyards" ("Extraits des mémoires inédits de Victor").
Dans ses Mémoires, Marmont, qui s'attribue le beau rôle, raconte, avec un certain parti-pris : "… tout à coup je vis en avant de moi et à gauche la 30e demi-brigade en désordre et en fuite. Je fis remettre promptement les trois bouches à feu en batterie et charger à mitraille ; mais j'attendis pour faire tirer. J'aperçus à cinquante pas de la 30e, au milieu d'une fumée épaisse et de la poussière, une masse en bon ordre ; d'abord je la crus française, bientôt je reconnus que c'était la tête d'une grosse colonne de grenadiers autrichiens. Nous eûmes le temps de tirer sur elle quatre coups à mitraille avec nos trois bouches à feu, et, immédiatement après, Kellermann, avec quatre cents chevaux, reste de sa brigade, passa devant mes pièces, et fit une charge vigoureuse sur le flanc gauche de la colonne ennemie, qui mit bas les armes. Si la charge eût été faite trois minutes plus tard, nos pièces étaient prises ou retirées ; et peut-être que, n'étant plus sous l'influence de la surprise causée par les coups de canon à mitraille, la colonne ennemie aurait mieux reçu la cavalerie …" (Mémoires de Marmont, tome 2, page 133 - Note : Cette fuite de la 30e Demi-brigade n'est pas mentionnée dans le rapport des marches et opérations de la Division Boudet. Il s'agit sans doute du mouvement de retraite de la 9e Légère).
L'armée autrichienne, mise en déroute d'une façon si inattendue au milieu de sa victoire, se retire sur la rive gauche de la Bormida avec une arrière-garde sur la rive droite. Mélas réunit un conseil de guerre lequel, à l'unanimité, est d'avis de traiter avec le vainqueur afin de conserver l'armée pour la défense de l'Autriche. Un armistice, conclu le 15 juin, permet d'entamer des négociations pour une convention militaire entre les Généraux en chef des deux armées.
Cette victoire nous rend d'un seul coup Gênes et toute l'Italie jusqu'au Mincio; mais les pertes dans cette journée furent très considérables, près de 6000 tués ou blessés, 1000 prisonniers et, perte irréparable, elle nous coûte le brave Desaix, frappé à mort en conduisant la charge de ses Régiments. "La France n'en avait pas fait une plus regrettable depuis dix ans de guerre. Aux yeux du Premier Consul cette perte fut assez grande pour diminuer chez lui la joie de la victoire. Son secrétaire, Mr de Bourienne, accourant pour le féliciter de ce miraculeux triomphe, lui dit : "Quelle belle journée" - "Oui, bien belle, répondit le Premier Consul, si ce soir j'avais pu embrasser Desaix sur le champ de bataille" (Thiers - Histoire du Consulat et de l'Empire).
La 30e a, comme on vient de le voir, largement contribué au succès par sa vigueur; et pourtant sur 1430 hommes présents à la bataille, elle comptait à peine 300 vieux soldats. Mais ces conscrits, parfaitement encadrés, conduits par des chefs éprouvés dans plus de 20 combats, électrisés par la présence du Premier Consul qui se mit un instant à leur tête, et brûlant de venger la mort de leur Général, se comportèrent en véritables héros. Au nombre des actions d'éclat accomplies pendant cette bataille par des militaires de la 30e, nous relevons les suivantes :
Pendant une charge, le Sergent major Blein (Claude Charles), les Sergents Auptil (ou Amptil ?) (Georges) et Morillon (Antoine François), le Caporal Proumel (Jean Joseph), accompagnés seulement de quelques hommes, se précipitent sur un peloton ennemi, enlèvent un drapeau et font de nombreux prisonniers dont un Officier et cinq Sous officiers.
Le soldat Bourdet, dangereusement blessé et, malgré les souffrances qu'il endure, trouve encore la force d'encourager ses camarades et de leur manifester ses regrets de quitter le champ de bataille.
Le Sergent Kerveiller (Louis) rallie les jeunes Grenadiers mis un instant en désordre par suite de la mort de leur Capitaine et, se plaçant à leur tête, charge l'ennemi avec une grande intrépidité.
Le Sergent Renaud (Gilles) se fait remarquer par sa valeur dans plusieurs charges à la baïonnette.
Parmi les tués et blessés de la 30e, nous trouvons les noms suivants : Nicaise (Louis), Capitaine, tué; Aberjoux (Jean Marie), Capitaine, coup de feu à la suisse gauche; Voiturier (Joseph Benjamin), Capitaine, coup de feu à la cuisse droite; Joubert (Guillaume), Lieutenant, éclat d'obus au bras droit; Cheminade (Bernard), Adjudant, atteint d'un coup de feu; Gaudelette (Pierre), Sergent major, coup de feu au bras droit; Morin (Pierre), Soldat, coup de feu au pied droit; Charbonnier (Germain), soldat, atteint d'un coup de feu; Bourdet, Soldat, dnagereusement blessé.
Pierre Trépaut raconte (ici les dates semblent correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 24 à Château Saint-Bernard Boury. Le 25 à Sa Boury, dans la plaine de Alexandrie. On a livré une forte bataille la plus sanglante de toute l'Italie avec que l'Empereur d'Allemagne. Les Français ont été battre depuis sept heure du matin jusqu'à une heure d'après midi qu'ils ont battué en retraite plus d'une lieue. Le même jour l'armée de réserve il est arrivé à trois heures après midi aux environs 18 milles hommes de renforts. Bonaparte est venu avec son escorte au devant de notre dvision en nous disant mes amisprenez courage nous allons être vainqueurs. Il nous a fait déployer la colonne en bataille pendant trois quarts de tempsn que nous avons resté en bataille. L'ennemi il avançait toujours il nous envoyait de grandes quantités d'obus et de boulets, qu'il nous faisait tomber des files entière. Bonaparte il a donné ses ordres de marcher la baïonnette aux reins, nous avons commencé la fusillafe à quatre heures moins un quart jusqu'à neuf heures du soir. Nos primes notre division seule huit mille hommes prisonniers de guerreautrichiens avec six drapeaux. Après la bataille, les Autrichiens ils ont trouvé dix-huit mille hommes de moins. Le lendemain, ils n'ont plus voulu se battre. Le général en chef de l'armée autrichienne il discute capitale avec le premier consul de la république française pour transporter sa troupe et ses équipages sur ses frontières. Le 24 et le 25 prairial, tant d'un côté que de l'autre, il y a eu 40 mille hommes mis hors de combat, c'est à dire plus d'Autrichiens que ce Français, qu'ils ont péri. Cette guerre a été beaucoup sanglante, dans la plaine de Marnego, il était couverte de corps morts, ainsi que de chevaux, on était obligés de marcher sur les corps morts, même sur le soir, je trouvais plusieurs bottes, les jambes dedans coupées par coup de boulet. C'était pitoyable de le voir" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
L'Armée française emploie la journée du 15 à ravitailler les Corps qui ont combattu la veille et à rapprocher du champ de bataille, en prévision d'un nouveau combat, les troupes laissées en réserve avec Loison et Duhesme, pendant que la division Lorge occupe Plaisance et Crémone. Division Boudet : Rapport de l'Adjudant général W. Dalton du 16 juin 1800, établi au camp de Marengo : "La division qui, dans la nuit du 25, n'avait pu prendre une position régulière, s'est établie dans la ligne en face de la tête du pont. La 30e demi-brigade a été portée, appuyant la gauche vers la Bormida, dans une ligne parallèle à la route d'Alexandrie, à cheval sur une route pratiquée par l'ennemi pour gagner la tête du pont, vers Castel-Ceriolo, par où l'on supposait que pouvait repasser la colonne coupée de l'ennemi. Le général Victor avait engagé le général Boudet à placer une de ses demi-brigades dans cette position. Les demi-brigades se sont complétées en cartouches, dans les gibernes abandonnées par l'ennemi. Il leur a été fourni quelques pierres à feu. La division a reçu, pour le 25, deux tiers de ration de pain qui n'avaient pu arriver à temps à Rivalta; elle n'en a pas eu pour le 26. La viande a été fournie pour les 26 et 27 et l'eau-de-vie pour le 26. La division se trouve campée sur le champ de bataille, et parmi les morts: elle n'a ni pioches ni pelles pour pouvoir les enterrer. Bientôt la place ne sera plus tenable. L'air se sent déjà du méphitisme. D'après des ordres supérieurs, les deux pièces de 12 attachées à la division, ainsi qu'un obusier et une pièce de 8, ont été données aux divisions qui avaient perdu leur artillerie dans l'affaire; il ne nous reste plus que trois pièces de 8 et un obusier. La pièce de 8 qui a été démontée, ainsi que l'obusier, qui avait aussi quelques fractures dans son train, sont remis en état".
Les pourparlers pour la convention aboutissent dans la nuit du 15 au 16 juin. L'Armée française entre dans 12 places ou citadelles, sans en faire le siège et gagne, par une seule bataille, la majeure partie du bassin du Pô. Mais l'armée autrichienne et les garnisons des places restent intactes et se retirent avec tout leur matériel de guerre. Les premières troupes autrichiennes évacuent Alexandrie le 18 juin.
Division Boudet, Rapport de l'Adjudant général W. Dalton, établi au camp de Marengo le 29 prairial (18 juin 1800) : "La division qui occupait la position à côté do Spinetta, a été placée en arrière de la division Monnier, près les villages de Castel-Ceriolo et Lodi; elle se trouve ainsi dans son ordre de bataille. Les subsistances ont été fournies aux troupes, mais rien n'est assuré pour le 29".
Le même jour, 18 juin, Berthier écrit depuis Tortone au Général Dupont : "Demain, à (...) 2 heures, je passerai la revue des divisions Boudet et Monnier. La cavalerie qui est à Bosco se réunira à portée de la division du général Victor. Les soldats et officiers mettront de la verdure à leurs chapeaux comme signe de la victoire".
Toujours 18 juin, depuis Lobi, le Général Boudet adresse au Général en chef Berthier, un rapport qui est en grande partie la reproduction textuelle de son journal, mentionné plus haut. On y lit, en plus, quelques éloges particuliers : "Le chef de brigade ... Valterre, de la 30e (a) marqué une intrépidité digne des plus grands éloges... Enfin, Général, je crois devoir vous assurer que les plus grands éloges doivent être rendus à tous les officiers et soldats de la division. Tous ont montré un véritable courage" De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 106). Bonaparte ne l'oublia pas et le nombre des armes d'honneur qui furent attribuées à la 30e Demi-brigade, pour les actions d'éclat accomplies dans ce jour mémorable, témoigna de la reconnaissance du Général vainqueur à l'égard d'une troupe dont la valeur a su si bien seconder son génie.
Encore le 29 Prairial an 8 (18 juin 1800), les Chefs des 30e et 59e Demi-brigades de ligne écrivent, depuis Lobi, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général : "Nous vous transmettons, Citoyen général, le précis historique de la division Boudet à la bataille du 25 dans la plaine d'Alexandrie, que nous avons demandé officiellement au général de brigade Guenand qui nous commandait. Nous nous flattons que ce rapport, qui est la vérité toute nue, aura votre assentiment et nous vaudra la récompense que nous demandons, celle de sa publicité.
Salut et respect.
MUGNIER. VALTERRE" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393).
RéCOMPENSES ACCORDéES POUR LA BATAILLE DE MARENGO.
ARMES D'HONNEUR.
Arrêté des Consuls du 16 messidor an 8 (5 juillet 1800) :
30e DE LIGNE. - 5 fusils d'honneur.
AUPTIL (Georges), fusilier. - A pris un drapeau à l'ennemi, et s'est constamment distingué.
BOURDET (Alexis), fusilier. - N'a cessé de montrer la plus rare intrépidité; mis hors de combat, ce brave soldat enhardissait encore ses camarades, en leur témoignant le regret qu'il éprouvait d'être forcé de quitter le champ de bataille.
MORILLON (Antoine), sergent. - Donna pendant l'action des preuves du plus grand courage.
GROUMELLE (Jean-Joseph), caporal. - A conduit, avec sang-froid et courage, sa compagnie, dont tous les chefs étaient blessés, et a fait prisonnier un officier autrichien.
BLEIN (Claude-Charles), sergent-major. - S'est précipité, lors de la charge, au milieu d'un peloton ennemi, dans lequel il a désarmé et pris deux sous-officiers.
Des baguettes d'honneur ont été accordées au tambour COURTIL ("Extraits des mémoires inédits de Victor").
"Armes d'Honneur données à onze braves de la 30e Demi-Brigade.
Conformément à l'arrêté des Consuls en date du 25 décembre 1799, des armes d'honneur furent distribuées à titre de récompense nationale aux Sous officiers et soldats de la 30e dont les noms suivent :
Un fusil au Sergent Blein (Claude Charles) qui se fit remarquer par son courage et fut blessé d'un coup de baïonnette à la main gauche, le 3 Fructidor an IV (20 août 1796) devant Mayence; se signala dans plusieurs rencontres, notamment devant Capoue où il reçut un coup de feu à la main droite; le 1er Messidor, an VII (19 juin 1799), à la bataille de la Trebbia, où il fut blessé de deux coups de feu; à Marengo le 25 Prairial an VIII (14 juin 1800) où il donna des preuves d'un courage extraordinaire en se précipita lors d'une charge sur un peloton ennemi auquel il prit un drapeau et fit plusieurs prisonniers dont un officier et cinq sous officiers (le Sergent major Blein passa comme soldat dans les Chasseurs à pied de la Garde Consulaire, il y devint Sergent et fut nommé Lieutenant au 45e Régiment de Ligne, il se distingua de nouveau à la bataille de Friedland où il fut blessé à la main gauche; il fut nommé Capitaine en 1810).
Un fusil au soldat Burdet (Alexis) qui se fit remarquer à l'attaque d'une redoute ennemie dont il franchit le premier les revêtements.
Un fusil au soldat Bourdet, lequel dangereusement blessé à Marengo et, malgré les souffrances qu'il endurait, trouva encore la force d'encourager ses camarades et de leur manifester ses regrets de quitter le champ de bataille.
Un fusil au Sergent Crancey (Pierre Henri) lequel, dans une affaire d'avant garde où il s'était engagé seul au fond d'un petit ravin, se vit bientôt entouré par un grand nombre de soldats autrichiens et, s'adressant alors au Capitaine qui les commandait, lui dit : "Monsieur, toute résistance est inutile, vous êtes cerné de toutes parts et la moindre hésitation vous coûterait la vie; rendez vous et il ne vous sera rien fait". Cet Officier fait mettre bas les armes à sa troupe et le brave Crancey les conduit à son commandant.
Un fusil au Sergent Crabit (Jean) en récompense de sa conduite distinguée dans les campagnes auxquelles il a pris part, notamment de celles de 1795 à 1800; à l'attaque du chemin couvert d'un camp retranché de l'ennemi, il fit mettre bas les armes à un poste de 22 hommes commandés par un Sergent.
Un fusil au Sergent Auptil (Georges) qui, à la bataille de Marengo, dans une charge à la baïonnette, se précipita avec quelques soldats sur un peloton ennemi, lui enleva son drapeau, un grand nombre d'hommes et l'Officier qui les commandait.
Un fusil au Caporal Groumelle ou Groumel (Jean Joseph) qui se signala dans la même action que les Sous officiers Auptil et Blein.
Un fusil au Sergent Kerveiller (Louis) pour la distinction avec laquelle il servit aux armées du Nord et de Sambre et Meuse de 1792 à l'an IV et aux armées d'Italie, de Rome et de Naples de l'an V à l'an IX. Ce Sous officier se fit particulièrement remarquer à la bataille de la Trebbia où il fut blessé de deux coups de feu, le 19 juin 1799, et à la bataille de Marengo où, ralliant les jeunes grenadiers, un instant en désordre par suite de la mort de leur Capitaine, il chargea à leur tête avec une grande intrépidité.
(Kerveiller, promu successivement Sergent major, Sous lieutenant et Lieutenant de l'an XI à 1806 donna de nouvelles preuves de la plus éclatante valeur à Austerlitz et à Iéna et mourut le 21 octobre 1806 des suites de ses blessures qu'il reçut à cette dernière bataille).
Un fusil au Sergent Morillon (Antoine François) qui, à la bataille de Marengo, au moment d'une charge à la baïonnette, se précipita, lui cinquième, sur une peloton ennemi et fit plusieurs prisonniers dont un Officier.
Un fusil au sergent Renault ou Renaud (Gilles) en récompense de sa brillante conduite dans plusieurs charges à la baïonnette.
Un sabre au Sergent major Roccis (Laurent) qui se distingua dans les campagnes de l'an VII à l'an IX (1798 à 1800) à l'Armée d'Italie (passé en Vendémiaire an IX dans la 2e Demi-Brigade de Ligne, Roccis, nommé Sous lieutenant le 21 mai 1805, mourût glorieusement sur le champ de bataille de Friedland le 14 juin 1807).
Lors de la création de l'ordre de la Légion d'Honneur, tous les militaires qui avaient reçu des armes d'Honneur furent créés Chevaliers" (Notice Historique).
Nom |
Grades |
Récompenses |
Observations |
Blein |
Sergent major. Etait Capitaine en 1810 |
Un fusil |
S'est fait remarquer par son courage extraordinaire devant Mayence et Capoue, à la bataille de la Trebbie et la bataille de Marengo |
Acceptil Morillon Groumelle |
Sergent Sergent Caporal |
Un fusil Un fusil Un fusil |
A la bataille de Marengo, dans une charge à la baïonnette, se sont précipités avec le Sergent major Blein sur un peloton ennemi, lui ont enlevé son drapeau et fait plusieurs prisonniers, dont un Officier |
Crabit |
Sergent |
Un fusil |
S'est particulièrement dans les campagnes de 1796 à 1800; a fait mettre bas les armes à un peloton ennemi de 22 hommes |
Crancey |
Sergent |
Un fusil | A fait à lui seul, dans une affaire d'avant garde, un grand nombre de prisonniers |
Kerveiller |
Sergent. Mort Lieutenant à Iéna |
Un fusil |
A servi avec distinction aux Armées du Nord, de Sambre et Meuse, d'Italie, de Rome et de Naples, s'est fait particulièrement remarquer à la bataile de la Trebbie et à la bataille de Marengo |
Renault |
Sergent |
Un fusil |
Brillante conduite à Marengo |
Bourdet |
Soldat |
Un fusil |
Dangereusement blessé à la bataille de Marengo, manifestait ses regrets de quitter le champ de bataille |
Burdet |
Soldat |
Un fusil |
A franchi le premier les revêtements d'une redoute ennemie |
Roccis |
Sergent major, mort Sous lieutenant à Friedland |
Un sabre |
S'est distingué à l'Armée d'Italie (1798 à 1800) |
Note : Berthier, depuis Milan, le 3 messidor an 8 (22 juin 1800), a écrit au Premier Consul : "Je vous demande un fusil garni d'argent pour le citoyen Georges Amptil, conscrit de la 30e de ligne, qui s'est précipité sur un drapeau et a tué celui qui le portait, à la vue d'un peloton envoyé pour le sauver". Est ce le Sergent Acceptil cité dans l'Historique abrégé du 30e ? Le 18 juillet depuis Paris, le Premier Consul écrit à Carnot, Ministre de la guerre : "Je vous prie, citoyen Ministre, de faire connaître ... à la 30e (que le gouvernement lui accorde) cinq (fusils d'honneur). Les chefs de corps enverront les noms des individus qui se sont le plus distingués".
A noter que le 14 juin 1800, la 30e a effectivement reçu un nouveau Chef en la personne de François Valterre, qui a défendu le chateau Saint Ange à Rome.
Né le 7 septembre 1759 à Mézières (Ardennes), François Valterre s'engage d'abord comme Grenadier au Régiment de Médoc (93e d'infanterie) le 18 octobre 1776 jusqu'au 5 avril 1785, époque à laquelle il est congédié. En juillet 1789, il rejoint, toujours comme Grenadier, la Garde nationale de Mézières. Il passe dans la garde soldée de la même ville le 1er juillet 1790 et est nommé Adjudant sous officier le 6 juin 1792; Adjudant-major le le 9 septembre 1792; il fait la campagne de cette année contre les Prussiens. Adjudant de place à Mézieres, le 1er mai 1793. Il devient, le 1er octobre suivant, Chef de Bataillon commandant le 2e Bataillon provisoire de réquisition de Rethet. Nommé Chef de Bataillon agent secondaire, le 5 germinal an II, il se signale, au mois de prairial suivant, à l'affaire de Marchiennes-au-Pont, où il est blessé d'un coup de feu à Marchiennes-au-Pont (3 juin 1794). |
Le Premier Consul n'est pas sans quelque méfiance quant à la ponctuelle exécution de la convention d'Alexandrie par les Autrichiens. Par son ordre, des mesures sont prises pour arrêter au besoin les colonnes ennemies dans le cas où les places fortes ne seraient pas livrées aux jours fixés. Le 19 juin, Berthier écrit depuis Tortone au Général Dupont : "Je fais partir les divisions Monnier et Boudet pour Stradella, où ce corps sera à même d'arrêter la deuxième colonne si l'on manquait au traité".
Division Boudet – Rapport de l'Adjudant général W. Dalton écrit depuis Stradella, le 1er messidor an 8 (20 juin 1800) : "La division s'était préparée à passer la revue du général en chef et a passé celle du général de division, qui a été très satisfait de la tenue et de la propreté des armes. La division s'est mise en marche à 6 heures du soir, pour se rendre de Lobi à Voghera, où elle est arrivée à 2 heures du matin. Elle a reçu du pain au moment de se mettre en route: la viande lui avait été fournie.
Rapport du 1er messidor : La division étant arrivée à Voghera à 2 heures du matin, n'a pu partir qu'à 10, ayant été obligée de recevoir la distribution de pain pour deux jours. Elle est arrivée à Stradella à 8 heures du soir; elle y a reçu la viande pour un jour".
Le 20, Berthier écrit depuis Tortone à Dupont : "Ordonnez à la division du général Boudet et à celle du général Monnier de suivre leur marche pour se rendre à Plaisance. La première de ces divisions qui sera ce soir à Stradella ira coucher, demain à Plaisance".
Pierre Trépaut raconte (ici les dates semblent correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Messidor - 1er. Parti de la plaine de Marengo pour venir à Tortonne, ville fortifiée. 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Division Boudet – Rapport de l'Adjudant général W. Dalton, écrit depuis Plaisance le 2 messidor an 8 (21 juin 1800), au soir : "La division a reçu l'ordre, à 1 heure du matin, de partir de Stradella pour se rendre à Plaisance; elle s'est mise en route à 3 heures, elle a fait une halte sur la Tidone, pendant la chaleur du jour, et est arrivée à Plaisance à 6 heures du soir; elle a pris position en avant de la ville, sur la route de Parme. Les trois jours de marche ont beaucoup fatigué la troupe. Il eut été à désirer qu'on ait pu la faire voyager en partant chaque jour à minuit. Elle a reçu ici le pain pour les 3 et 4, et la viande pour le 2".
Bientôt toute l'Armée de réserve se trouve réunie dans la région de Plaisance, avec le Quartier général à Pavie et une Division détachée à Bologne. Une situation établie à l'Etat-major général à la date du 20 juin donne l'emplacement occupé par chaque corps à cette époque. Elle indique aussi l'effectif des présents dont le total est de 48932 hommes avec 5749 chevaux; l'Artillerie réorganisée se compose de 51 canons et 13 obusiers.
Situation de l'Armée de réserve le 20 juin |
Pierre Trépaut raconte (ici les dates semblent correspondre avec les évènements qu'il relate) : "Le 2, parti à la citadelle à Plaisance, nous y avons resté campé autour de la ville de Plaisance six jours, ainsi que les Autrichiens, ils ont campé comme nous. Nous faisions route ensemble, il y avait beaucoup de Français au service des Autrichiens, c'était des émigrés, il y avait beaucoup de noblesse" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 juin, l'Armée de réserve est réunie à l'Armée d'Italie qui arrive de Gênes.
Le même jour, 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
... Infanterie de ligne. – 1re, 2e, 3e, 10e, 11e, 22e, 24e, 26e, 28e, 29e, 30e, 34e, 40e, 41e, 43e, 44e, 58e, 59e, 60e, 67e, 68e, 70e, 71e, 72e, 74e, 78e, 91e, 96e, 97e, 99e, 101e, 105e, 106e, 107e, 102e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).
Le détachement de la 30e, qui a été laissé en Italie à la fin de l'année précédente, s'est particulièrement distingué dans les combats livrés contre les Lieutenants de Mélas dans les montagnes, par Suchet, et comme nous l'avons vu plus haut, a été cité dans le rapport de ce dernier. Voilà donc les deux fractions de la 30e théoriquement à nouveau réunies (en fait, seulement à partir du 14 juillet 1800, comme a pu le noter Denis Moreau dans son journal de marche, lors de son arrivée à Modène où se trouve les 2 Bataillons de la 30e venus de Paris).
Pierre Trépaut raconte : "Le 9 (Messidor) parti de Plaisance pour aller à Bourge, ville dans la principauté Despagne (sic), fait 7.
Le 10 à Palme, belle et grande ville, même principauté despagne.
Le 11 à Carpy, petite ville, nous y a avons resté huit jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 juillet, une nouvelle organisation est faites des deux armées et Masséna est nommé Commandant en chef de cette nouvelle Armée d'Italie. La 30e reste dans la Division Boudet, placée dans le Corps du centre, commandé par Suchet; ce Corps occupe la rive droite de la Chiesa et la rive droite de l'Oglio jusqu'à son confluent avec le Pô.
Pierre Trépaut raconte : "Le 20, nous sommes venus à Modene, 6, ville fortifiée, une très velle citadelle. Nous avons resté en garnison dans ladite ville cinquante sept jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 messidor (16 juillet 1800), Denis Moreau marche 4 lieues et arrive à Corregio. Il en part le 30 messidor (18 juillet 1800) pour retourner à Modène, où il demeure jusqu'au 17 fructidor (4 septembre 1800).
Le 18 juillet 1800 (29 messidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au citoye Carnot, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître ... que le Gouvernement leur accorde à chacune quinze fusils d'honneur, pour la bonne conduite qu'elles ont tenue à Marengo; ... à la 30e, cinq ... Les chefs de corps enverront les noms des individus qui se sont le plus distingués ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4998; Correspondance générale, t.3, lettre 5538 ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 520).
En août, selon la notice Historique, la 30e fait partie du Corps de Toscane et occupe Reggio, puis Modène, son effectif est de 2573 hommes; son Dépôt est à Chambéry.
Situation de la 30e de Ligne à la date suivante : Août 1800 (côte SHDT : us180008) Chef de corps : LAJEUNESSE Chef de Brigade |
Pierre Trépaut raconte : "Mois Fructidor 1800. Le 7, je entrais à l'hôpital de Modène pour la fièvre, je sorti le 25" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En septembre, la 30e tient garnison à Modène. Le 17 fructidor (4 septembre 1800), Denis Moreau quitte Modène, marche 4 lieues et couche à Correggio. Le 18 (5 septembre), nouvelle marche de 4 lieues; arrivée à Guastalla, ville du Duché de Parme. Denis Moreau quitte cette ville le 19 (6 septembre 1800), passe le Pô et après une marche de 12 lieues, couche à Saint Daniel. Le 20 (7 septembre 1800), après avoir marché 3 lieues, il arrive à Crémone. Denis Moreau indique que la Demi-brigade est partie en direction de Saint Martin près de Bozzolo pour entrer en ligne et commencer une nouvelle campagne. Denis Moreau couche à Bozzolo après avoir marché 8 lieues; le lendemain, il marche 1 lieue et arrive à Saint Martin.
Le 24 fructidor (11 septembre 1800), Denis Moreau écrit que l'on doit se battre à 4 heures de l'après midi; la troupe prend les armes, mais arrive un contre-ordre annonçant une suspension d'armes pour 5 jours. On reprend à nouveau les armes, mais une autre suspension d'armes et conclue, cette fois pour 45 jours.
Pierre Trépaut raconte : "Je sortis le 25, arrivé à Reggio le même jour. Je a séjour, ville, fait 5. Le 27 à Parme, séjour, ville grande. Le 29 arrivé Casalmaggiore fait 5. Le 30 entré à l'hôpital. On m'a évacué le lendemain sur Parme.
Le 1er jour complémentaire mois septembre 1800.
Le 2 à Bourg; couché audit endroit. 5
Le 3 à Plaisance, ville. Je reste trois jours. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er vendémiaire an IX (23 septembre 1800), Denis Moreau se remet en route pour se rendre à Canneto sur l'Oglio où il demeure jusqu'au 18 vendémiaire (10 octobre 1800).
Pierre Trépaut raconte : "Passé le 23 septembre à Castel de Saint-jean, le 24 à Bouguere (ou Bougnere sic)en piemon (sic) Je reste deux jours, fait dans la route 6. Le 25 septembre à Tortonne, ville de guerre, avec une très belle citadelle, beaucoup fortifiée. Le même jour, je suis été me promener dans la citadelle, avec le fils du citoyen Amaux, de Romaigne, qu'il était soldat chasseur à pied.
Septembre Vendémiaire 1800.
Le 6 Vendémiaire à Baugeure couché à Pavie, fait dans la route 7. Pavie est une ville fortifiée dans l'art de soutenir un siège.
Le 7 arrivé à la ville de Milan, ville. 8.
Le 8, à La Majesté, je suis été arrêté par les gendarmes par cause d'être trompé de route. Je suis été délvré le 15 Vendémiaire que je partis de Milan le 16, arrivé à Lodi le même jour. 7.
Le 17 à Codogne, couché audit endroit. 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En octobre et novembre, placée dans la Division Miollis, la 30e occupe Guastalla.
Situation de la 30e de Ligne à la date suivante : Octobre 1800 (côte SHDT : us180010) Chef de corps : LAJEUNESSE Chef de Brigade Observations : octobre 1800 effectif du Régiment sous les armes à Guastalla : 1192 Officiers et hommes |
Le 18 vendémiaire, Denis Moreau se met en route pour Guastalla; après avoir marché 5 lieues, il couche à Sabbioneta.>
Pierre Trépaut raconte : "Le 18 à Cremone, belle grande ville. 8." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 (11 octobre 1800), Denis Moreau marche 4 lieues; arrivé à Guastalla, il passe le Pô et demeure sur place jusqu'au 3 Frimaire (24 novembre 1800).
Pierre Trépaut raconte : "Le 19 à Casalmaggiore, 7.
Le 20 à Guastalle, je reste huit jours. Je suis venu à Goualtierre" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
c/ Passage du Mincio
Pierre Trépaut raconte : "Parti de Gouatierre le 26 Brumaire, mois décembre, pour venir coucher à Boazollo" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5 frimaire an 9 (25 novembre 1800), Denis Moreau repasse le Pô, passe à Saint-Martin et après avoir marché 8 lieues, couche à Bozollo.
Le 6 (26 novembre 1800), après avoir marché 3 lieues, Denis Moreau arrive à Casalmaggiore.
Pierre Trépaut raconte (à nouveau problème de concordance des dates) : "27 à Casalmaggiore, nous fimes 8. Je restais trois jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10 (1er décembre), après une marche de 4 lieues, Denis Moreau est à Canneto. Il note qu'il se rapproche pour commencer la campagne.
Pierre Trépaut raconte (à nouveau problème de concordance des dates) : "Le 30 à Canette nous y avons resté deux jours sur la rivière du Chies, fait 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er décembre, selon la Notice Historique, la 30e revient dans le Corps du centre, et passe dans la Division Loison, cantonnée entre Azela et Aqua Fredda.
Le 13 frimaire (4 décembre 1800), Denis Moreau quitte Canneto et passe à Asola, petite ville entourée d'un rempart. Il est cantonné à Casselmort (?) où il demeure jusqu'au 28 (19 décembre 1800).
Pierre Trépaut raconte (à nouveau problème de concordance des dates) : "Le 4 Frimaire nous sommes venus casalmoro sur la rivière du Chierre, passé à la ville Ozola, fait dans route 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Au 10 Frimaire an 9 (1er décembre 1800), l'Armée d'Italie sous le commandement de Brune, a la composition suivante :
- Centre, Lieutenant général Suchet, commandant.
- Division Loison : Sapeurs — Artillerie légère —1ère Légère Piémont — 106e de Ligne — 43e de Ligne — 30e de Ligne — 13e Légère — du 3e Chasseurs (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 138).
Le 28 Frimaire, Denis Moreau se remet en route car la campagne commence; il couche à Saint-Martin après avoir marché 4 lieues
Pierre Trépaut raconte (la date semble concorder) : "Le 28 nous on reçut l'ordre pour partir de Casalmoro nous on reçut contre ordre le même jour pour retourner au cantonnement. Bivouaqué audit endroit le même jour fait 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 29 Frimaire (20 décembre 1800), après avoir marché 4 lieues, Denis Moreau arrive à Saint-Laurent.
Pierre Trépaut raconte (la date semble concorder) : "Le 29 nous on prit la route pour nos cantonnements, arrivé audit endroit, il est venu une ordonnance, pour faire contre-marche, ce qui fut exécuté de suite, ce jour là, nous ont bivouaqué au village de Courtirnne, ou cezera, passant par Cazakn un bourg" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de l'Armée d'Italie en décembre 1800 |
Petit rappel : au mois de décembre, les Autrichiens, violant la convention d'Alexandie, passent le Mincio avec une armée de 90000 hommes, sous Bellegarde. Brune, qui commande maintenant l'Armée d'Italie, se porte à leur rencontre. La Division Loison, dont fait alors partie la 30e Demi-brigade, a une affaire d'avants postes à Vasto et San Lorenzo. La 30e et la 13e Légère, sous le commandement du Général Compans, attaquent l'ennemi à San Lorenzo; la 13e commence l'attaque, la 30e la soutient, sa Compagnie d'éclaireurs repousse vigoureusement un parti nombreux et le dissipe.
Dans son journal, Denis Moreau, qui est arrivé à Saint-Laurent le 20 décembre, note que l'ennemi a pris ce village à la baïonnette, et que les Français en sont partis à minuit pour se rendre à Volta, où se rassemble l'Armée afin d'attaquer l'ennemi. Il va ainsi parcourir dans la nuit 7 lieues.
Le 21 décembre, l'armée livre les combats de Volta, de Goïto et de Santa-Maria. La Division Loison est chargée de l'attaque de la Volta. "Le Général Compans annime de son exemple l'empressement du soldat et se montre, en quelque sorte, le premier tirailleur de sa brigade. Malgré la force de la position de Volta et les quatre redoutes qui la renforçaient encore, les hauteurs sont rapidement enlevées et l'ennemi mis en pleine déroute" (Rapport officiel).
Au combat de la Volta, le Chef de Bataillon Gibassier (Pierre) est cité pour s'être distingué à la tête des Tirailleurs; le Chef de Brigade Valterre (François) y est blessé d'un coup de feu et le Capitaine Bonnet (Jean) a la cuisse droite traversée.
Denis Moreau a noté dans son journal que l'ennemi était bien retranché sur une montagne, et qu'il a été attaqué par 7 colonnes qui l'ont obligé à céder. Denis Moreau note également que l'on a pris une pièce et 40 prisonniers de guerre. L'armée prend alors position sur les hauteurs de Volta près du Mincio. Ce jour là, Denis Moreau a marché 2 lieues.
Pierre Trépaut raconte (il donne cette fois-ci la date du 21 décembre) : "Le 21 nous on partit à une heure du matin, après avoir marché une partie de la journée, nous on attaquait l'ennemi sur la montagne de Castillon, vis à vis de la plaine et de la ville de la Volta, à trois heures de l'après-midi. La bataille a duré environ deux heures. L'ennemi a évacué sans faire de resistance. La demi-brigade ils ont perdu dix hommes. Notre armée il était beaucoup nombreux. Nous on bivouaqué la dite montagne, passé passé Guidezzalo ou toutes l'armée s'est rassemblée.
Nivôse Décembre 1800
le 1 et le 23 à la même position.
le 2 et 24 à même position" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 décembre, bataille de Pozzolo et passage du Mincio. La Brigade Compans s'empare de Borghetto et appuie ensuite le mouvement général sur Pozzolo. Dans cette journée, 14000 Français ont lutté avec acharnement contre 40000 Autrichiens; aussi les pertes sont elles sérieuses de part et d'autre, mais comme résultat, nous avons fait 1200 prisonniers, pris un drapeau, cinq pièces de canon et tués ou blessés près de 3000 hommes. La Brigade Compans (30e et 13e) est citée dans le rapport officiel sur ces affaires, comme s'y étant particulièrement distinguée.
Denis Moreau donne un résumé de la journée du 5 nivôse an 9 (26 décembre 1800). Il indique que c'est le jour de Noël; il y a donc erreur dans la date et il faut plutôt lire 4 nivôse. Ce jour là, il quitte le camp pour passer le Mincio, où l'ennemi se retire à 3/4 de lieues, près de grandes montagnes garnies de redoutes et d'artillerie. Denis Moreau raconte que l'on fait plusieurs contre marche la nuit et que l'Armée se porte sur le bord de la Mousailballe (?). On construit un pont et l'on passe, malgré les tirs de l'artillerie adverse. L'ennemi arrive en masse sur le pont, mais il est arrêté par pièces de canon qui font feu à mitraille, décimant les rangs adverses, au point que l'on s'embarrasse pour passer les corps. Dans la nuit, Denis Moreau se porte à Valeggio, où l'on établit deux ponts, sous le feu de l'artillerie ennemie; heureusement, les hommes sont masqués par le brouillard. L'armée passe sur ces deux ponts toute la journée; l'ennemi évacue deux des trois forts qu'il a construit sur trois montagnes; le troisième est bloqué par les Français.
Pierre Trépaut raconte : "Le 4 et 25 et nous on fait une fausse attauqe, au pont de Borguetto, sur la Rivière Maintio, tandis que la colonne de droite en établissait un autre pont pour le passage. Bivouaqué proche ledit pont village Pozzolo, fait dans la route 3. Le 5 et 26 nous on passait au pont de Montrenbano, que la colonne de gauche avait établi la nuit du 5 au 6, le feu a été vif une partie de la journée. Biouaqué dans la plaine de Salionze (?). Le 6 nous on prit environ six cent hommes prisonniers d'infanterie autrichiens dans le retranchement de Salionze avec sept pièces de canon, deux drapeaux. Bivouaqué proche de la ville de Pestierre (?) donc il beaucoup d'hommes tués." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Dans la nuit du 6 au 7 (27 au 28 décembre 1800), le fort capitule, alors que les Français se préparent à lancer l'assaut; 600 hommes, un Prince et 7 pièces de canons sont pris. Dans la soirée, Denis Moreau se remet en marche à 1 lieue des forts et bivouaque le 8 (29 décembre 1800). De là, il se remet en marche en direction de la grande route de Vérone; après 2 lieues, il bivouaque près de Castelnuovo. L'ennemi, dit Denis Moreau, a pris le parti de se rendre à Vérone. Toujours le 8, il se remet en route, marche 1 lieue et bivouaque sur les hauteurs du côté de Rivoli.
Pierre Trépaut raconte : "Le 8 bivouaqué sur une montagne dans la plaine de Verone, d'à les hauteurs, de Palazzolo fait 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9 (30 décembre 1800), Denis Moreau campe sous les murs de Vérone.
Pierre Trépaut raconte : "Le 10, bivouaqué à la Villa Castelnovo. 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10 (31 décembre 1800), Denis Moreau passe la journée à faire des contre-marches pour tromper l'ennemi, tandis que toutes les forces se portent sur l'Adige à gauche de Vérone; les hommes sont d'autant plus fatigués que l'on ne distribue qu'un pain pour 12.
Le 1er janvier, l'Armée arrive sous les murs de Vérone. Denis Moreau raconte qu'à 4 heures du matin, les hommes sont réveillés à voix basse par un Général de Brigade, qui leur reproche de trop dormir et d'être trop lents pour prendre les armes. Les hommes se mettent de suite en route et passent un pont. De partout, des pièces de canon font un feu de file sur les Autrichiens qui ne résistent pas au passage des Français; la rivière est franchie vers 4 heures du soir, l'arme au bras, sans tirer un coup de fusil. Au moment du franchissement du pont, un parlementaire autrichien se présente au Général en chef Brune, et lui annonce qu'il y a une suspension d'armes et qu'il est inutile de faire couler le sang; Brune répond qu'il n'a pas reçu l'ordre de s'arrêter et qu'il doit franchir l'Adige. Aussi, le parlementaire s'en retourne t'il et les Français poursuivent leur marche sur 7 lieues jusqu'à 7 heures du soir et bivouaquent.
Pierre Trépaut raconte : "Le 11, et le 1er, on a établi un pont sur la gauche de Vérone, sur la rivière de Diges (sic), sur la gauche sur la rivière de Diger, sur la gauche de Bosolnigo (?), nous on passé le même jour ladite rivière, bivouaqué proche de la ville de Pascantina, fait dans route 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2, la Brigade Compans (13e Légère et 30e de Ligne) repousse victorieusement une sortie de l'ennemi et l'oblige à rentrer dans la place. Denis Moreau a noté à la date du 12 Nivôse an 9 qu'il a marché à 1/2 lieue de Vérone, et que dans la soirée, sa Demi-brigade et la 13e se sont lancée à la poursuite de l'ennemi. Au moment où ces deux Demi-brigade prennent position, la 12e Légère bloque l'ennemi sur les montagnes au dessus de Vérone; ce dernier est pris sous un feux affreux, et Denis Moreau note, non sans humour, que comme il fait déjà nuit, cela lui parait très beau; 39 Autrichiens sont capturés.
Pierre Trépaut raconte : "12 nous on attaquais l'après-midi et nous on repoussais l'ennemi jusque sur les murs de Vérone, nous on fait 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 3, les Autrichiens abandonnent la place, et continuent leur retraite.
Pierre Trépaut raconte : "Le 13, l'ennemi évacua la ville de Verone. Aussitôt l'armée française il s'en empara malgré que les Autrichiens ils ont resté dans la citadelle. Les Français ils se sont emparés de la ville. Bivouaqué proche le village des ennemis à de Saint-Martin fait 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau note à la date du 14 Nivôse an 9 (4 janvier 1801) que l'ennemi a été obligé d'évacuer Verone, à l'exception de la citadelle, dans laquelle se trouvent 500 hommes, qui se rendent au bout de 5 jours. Le même jour, Denis Moreau traverse la ville de Verone, après que l'on ai négocié avec le Général autrichien; Denis Moreau va bivouaquer de l'autre côté de la ville à une lieue, près d'un couvent situé dans la plaine de Vérone.
Pierre Trépaut raconte : "Le 14, nous on change de position, bivouaque proche le bourg de Saint-Michel en avant" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Après la capitulation de Vérone, Brune poursuit Bellegarde et lui livre une série de combats dans lesquels toute la 30e va conquérir de nouveaux lauriers, mais sur lesquels il ne nous est parvenu aucun détail particulier concernant soit les positions occupées, soit les pertes subies par cette Demi-brigade. Aussi, le journal de Denis Moreau est il précieux pour connaitre le déroulement des journées qui ont suivi cette capitulation. Le 15 nivôse (5 janvier 1801), à 6 heures du matin, Denis Moreau fait une contre-marche; il revient près de la route de Vérone, et vers 10 heures du matin, il attaque l'ennemi sur la route de Vicence; celui-ci ne fait aucune résistance et est poursuivi jusqu'au soir en direction de Saint Martin. A une lieue de là, Denis Moreau bivouaque sur la gauche de la route menant à Vicence, près d'un petit village appelé Colignot (?).
Pierre Trépaut raconte : "Le 15, passé au village de Saint-Martin, sur une montagne proche le village de Cordigliano, sur les hauteurs de Cologrolo. 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La Notice historique indique que la 30e assista le 6 janvier au combat de Villa-Nuova. Denis Moreau pour sa part a noté dans son journal, à la date du 16 nivôse an 9 (6 janvier 1801), avoir quitté sa position près du village de Colignot, et après une marche de 3 lieues, avoir bivouaqué près du canal à gauche de Saint-Boniface.
Pierre Trépaut raconte : "Le 15, bivouaqué proche le village de Buissansse" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 7 janvier, la Notice historique indique que la 30e assiste au combat de Montebello; Denis Moreau quant à lui note simplement avoir bivouaqué le 17 Nivôse en avant de Montebello.
Pierre Trépaut raconte : "Le 17, bivouaqué à la ville de Montebelle. Nous fimes deux lieues. 2" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 nivôse (8 janvier 1801), il se remet en route, marche 3 lieues et passe dans Vicence; l'avant garde se bat et Denis Moreau marche encore 4 lieues et bivouaque en avant de la ville. Il reste sur cette position.
Pierre Trépaut raconte : "Le 18, bivouaqué devant la ville de Vicence devant la faite dans la route 4. Le 19 bivouaqué à même position" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La Notice historique indique que la 30e assiste le 10 au passage de la Brenta; Denis Moreau note à la date du 20 Nivôse an 9 avoir quitté sa position en avant de Vicence, pris une traverse et s'être porté en avant de Camisano, sa Division étant seule sur la gauche de la grande route de Padoue.
Pierre Trépaut raconte : "Le 20, bivouaqué devant la ville de Camissano; nous fimes en route 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau reste sur cette position le 21 (11 janvier 1801) après avoir marché 3 lieues.
Pierre Trépaut raconte : "Le 21, à la même position" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La Notice historique indique que la 30e assiste le 12 au combat de Castelfranco; Denis Moreau pour sa part indique franchir la Brenta le 22 Nivôse (12 janvier 1801). Et après une marche de 5 lieues, il bivouaque près de Castelfranco où il couche une nuit.
Pierre Trépaut raconte : "Le 22 et le 12 janvier, bivouaqué proche au village de Castelfranco, le village de Sononsa, passé la rivière de la Brinta à la citadelle et Ospital fait dans la route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain, Denis Moreau passe à Castelfranco, là où l'ennemi a cru pouvoir attaquer l'avant-garde française. Mais l'armée est arrivée en force, et l'ennemi a du se retirer; Denis Moreau, après avoir marché 3 lieues, couche près de Follina.
Pierre Trépaut raconte : "Le 23, bivouaqué proche le village dedans la plaine de Faussalongue, nous fimes 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La Notice historique indique enfin que la 30e assiste le 14 janvier au passage de la Piave. Denis Moreau note dans son journal, à la date du 24 nivôse (14 janvier 1801) avoir marché 4 lieues et bivouaqué dans la plaine.
Pierre Trépaut raconte : "Le 24, bivouaqué proche le village de Villa Orba. Nous fïmes 3. Le 25 à la même position" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 nivôse (16 janvier 1801), Denis Moreau marche 4 lieues; il se rend à une lieue de la Piave et en avant de Treviso, près de Cavari (?).
Pierre Trépaut raconte : "Le 26, bivouaqué au village de Cavie" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 (17 janvier 1801), il y a une suspension d'armes entre l'Autriche et la France; Denis Moreau se remet en route, fait demi-tour, passe dans Trévise et va coucher après une marche de 4 lieues, dans un village.
Pierre Trépaut raconte : "Le 27, bivouaqué proche le village de passé à la ville de Trévise, fait 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (18 janvier 1801), Denis Moreau quitte cette position, passe à Mestre (?), et bivouaque près de Mira, sur le bord d'un canal, après avoir marché 5 lieues.
Pierre Trépaut raconte : "Le 28 et le 18 janvier, bivouaqué proche le village de passé à la ville de Mestre. 4. Le 29 le 19 à la ville de Padoue pour y prendre nos cantonnements, une très grande ville, nous il on reste en attendant la session d'armes" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20 janvier est signé l'armistice de Trévise qui aboutit à la paix de Lunéville, Brune "se contenant de la remise de Peschiera, des forts de Vérone, de Legnago, d'Ancône et de Ferrare, dont l'occupation lui permettrait de reprendre les hostilités avec toutes ses forces et une base d'opération mieux assise" (Jomini).
Ainsi se termine cette surprenante campagne de 1800 que couronne glorieusement la paix de Lunéville.
A noter que certaines sources donnent la 30e présente à Romano en 1800.
Confirmation des Grades donnés sur le champ bataille : Les Officiers et Sous officiers ci-après de la 30ème promus à des grades supérieurs avec cette mention : "nommés sur le champ de bataille" pendant la campafne de l'an VII (1798-1799) par Macdonald, commandant en Chef de l'Armée de Naples, ont été confirmés dans ces grades par arrêtés du Premier Consul des 15 Floréal et 21 Thermidor an VIII (5 mai et 9 août 1800) et du 21 Frimaire an IX (12 décembre 1800) :
Le Chef de Bataillon Valterre, au grade de Chef de Brigade.
Le Chef de Bataillon Lajeunesse au grade de Chef de Brigade.
Le Capitaine Dubourg au grade de Chef de Bataillon.
Le Capitaine Marchand au grade de Chef de Bataillon.
Les Lieutenants Aberjoux et Dalroy au grade de Capitaine.
Les Sous lieutenants Laffite, Lebray, Umbdenstock, Dumesnil, et Maugras au grade de Lieutenant.
L'Adjudant sous officier Andey, les Sergents majors Lasseigne, Valorin, Rollin, Lafitte; les Sergents Pérusset, Bertrand et Leroy au grade de Sous lieutenant.
Le 23 pluviôse an 9 (12 février 1801), Denis Moreau part de Padoue et marche 4 lieues pour se rendre en cantonnement au village de Bovolenta situé sur les bords d'un canal.
Le 28 ventôse (19 mars 1801 - n'est-ce pas plutôt le 28 Pluviôse soit le 17 février 1801 ?), Denis Moreau quitte son cantonnement pour se rendre à Bagnoli; où les troupes reçoivent le traité de paix conclu entre l'Autriche et la France. Denis Moreau indique que le 9 Ventôse (28 février 1801), la paix a été mise à l'ordre du jour, et le 15 Ventôse (6 mars 1801), la troupe a célébré une fête en l'honneur de la paix à Conseil (?); au cours de cette fête, l'on a fait des feux et tiré à la cible, et les hommes ont reçu double ration. Ce jour là, Denis Moreau a marché 4 lieues.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Nous on partit de la vile de Padoue le 23 Pluviôse le 12 février 1801, pour cantonner aux environs c'est à dire Vaulante et Gorgaux, nous fîmes dans route 4.
Le 8 Ventôse nous avons remplacé le premier bataillon à Bovolente. Le 15 et le 6 mars, nous avons célébré une fête à Bovolente, auquel on nous annonça la paix conclue avec l'Empereur d'Autriche. Ce jour là nous avons eu double vivre en pain et en vin.
Le 25 et le 16 mars nous sommes venus à la ville de Padoue. 6." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er Germinal (22 mars 1801), Denis Moreau retourne à Padoue après une marche de 5 lieues. Il indique que l'on fait sauter toutes les forteresses de la région, et qu'à Padoue même, on a détruit les bastions et les portes de la ville, tandis qu'à Legnano, on a fait sauter une partie des remparts.
Le 6 (27 mars 1801), Denis Moreau quitte Padoue, marche 4 lieues et couche à Monselice.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Nous on partit de la vile de Padoue le 23 Pluviôse le 12 février 1801, pour cantonner aux environs c'est à dire Vaulante et Gorgaux, nous fîmes dans route 4.
Le 8 Ventôse nous avons remplacé le premier bataillon à Bovolente. Le 15 et le 6 mars, nous avons célébré une fête à Bovolente, auquel on nous annonça la paix conclue avec l'Empereur d'Autriche. Ce jour là nous avons eu double vivre en pain et en vin.
Le 25 et le 16 mars nous sommes venus à la ville de Padoue. 6. Parti de Padoue le 6 Germinal, le 27 mars, passé à Bourg de." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 7 (28 mars 1801), Denis Moreau passe à Este et à Monagnana et de là, après une marche de 10 lieues, arrive à Legnano.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 7 et 28 mars à la ville de Lignago nous fîmes 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 8 (29 mars 1801), Denis Moreau se remet en route et après une marche de 9 lieues, arrive à Mantoue où il demeure jusqu'au 19 (9 avril 1801).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 8 à la ville de Mantoue, ville très fortifiée, nous fîmes dans route 9" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 (9 avril 1801), Denis Moreau se remet en route, marche 7 lieues et loge une nuit à Sanguinetto.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Départ de Mantoue le 19 Germinal le 9 avril pour la ville de Lignago. Logé à Sanguinette le même jour. 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20 (10 avril 1801), Denis Moreau marche trois lieues et arrive à Legnano où il demeure en garnison. Il en part pour aller en cantonnement dans les villages le long de l'Adige; après avoir marché 3 lieues, il s'installe au village de Villabonna (?); puis parcourt 2 lieues et passe dans le village de Carpila (?) où il se trouve encore au moment de la moisson. De Carpila, il revient à Legnano et après une marche de 8 lieues, arrive à Isola della Scala où il reste jusqu'au 1er thermidor (20 juillet 1801).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 20 et le 10 avril, à la ville de Lignago. Le nutre (les notres ?) de la république cisalpine et le pays de l'Empereur d'Autriche. Le 21 et 11 détaché au village d'Anguiare, à Negonastierette sur le bord de l'Adige, dans route 2.
Mois Prairial mai.
Le 1 et le 2 à la ville de Lignago, pour remplacer le premier bataillon, 2." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la 30e de Ligne en juin 1801 (côte SHDT : us180106) Chef de corps : VALTERRE Chef de Brigade Observations : juin 1801 effectif du Régiment sous les armes : 1220 Officiers et hommes |
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 3 Messidor et le 22 juin, parti de Lignago, nous on remplaçait le troisième Bataillon à Ossilia, sur la rivière du Pô, détaché au Bourg de Reverre" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er thermidor (20 juillet 1801), Denis Moreau se rend à Ostiglia sur le Pô, au terme d'une marche de 6 lieues.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 1er Thermidor 20 juillet, parti de Rever pour remplacer le trosième bataillon, à la ville de Lignago. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la 30e de Ligne en août 1801 (côte SHDT : us180108) Chef de corps : VALTERRE Chef de Brigade Observations : juin 1801 effectif du Régiment sous les armes : 1195 Officiers et hommes |
Pierre Trépaut raconte : "Le 28 Thermidor, 16 août, je suis parti de Lignago, pour aller à l'hôpital à Mantoue, pour la fièvre. Je fait 9" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er Fructidor an 9 (19 août 1801), Denis Moreau marche 6 lieues pour retourner à Legnano.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 6 Fructidor, 25 août, parti de Mantoue, pour être évacué à St-Benadette, fait dans la route 3 l.
Le 9, sorti dudit hôpital pour rejoindre la compagnie à Sanguinette. Couché à Reverre. Je fis dans la route 4.
Le 10, arrivé à Sanguinette, fait 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau quitte Legnano le 29 Fructidor (16 septembre 1801) pour aller à l'hôpital et couche à Ostiglia, après avoir marché 6 lieues.
Le 30 (17 septembre 1801), Denis Moreau embarque sur le Pô et arrive à San-Benedetto à l'hôpital (4 lieues). Il reste à l'hôpital jusqu'au 11 Vendémiaire an 10 (3 octobre 1801).
Pierre Trépaut raconte, de son côté : "Le 20 septembre, parti de Sanguinette pour nous rendre à Vérone, le même jour à Izoladiscal, fait dans route 4. Le 21, arrivé à Vérone, une très grand ville, la rivière de l'Adige il passe au milieu de la ville, il y a trois ponts en pierre, ça est sous les frontières de l'Empereur d'Autriche. Les Français ils sont d'un côté, les Autrichiens de l'autre, le nutre (les notres?) de la république cisalpine, resté dans ladite ville quatre mois moins quatre jous; il y a beaucoup de juifs pour faire le commerce surtout pour l'échange d'argent, de France l'argent de ces pays là il pas le même prix de celui des Français. Il faut onze livre 5 sols pour faire six livres. Les juifs, ils font augmenter jusqu'à 14 livres d'argent les devises. Fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 Vendémiaire an 10 (3 octobre 1801), Denis Moreau part pour Vérone et après une marche de 7 lieues, couche dans le village de Casteldario.
Le 12 (4 octobre 1801), Denis Moreau quitte le village de Casteldario et après une marche de 3 lieues, couche à Isola delle Scala.
Le 13 (5 octobre 1801), après une marche de 5 lieues, Denis Moreau arrive à Vérone où se trouve la Demi-brigade.
Le 9 frimaire (30 novembre 1801), 4 Compagnies sont détachées à Legnano; après avoir marché 4 lieues, Denis Moreau couche à Isola de la Porcherie (?).
Le 10 (1er décembre 1801), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Legnano où il reste jusqu'au 25 nivôse (15 janvier 1802).
D'après l'Etat militaire de l'an X (1801-1802), la 30e Demi-brigade était à Legnago et Ostiglia, en Cisalpine. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Valterre; Chefs de Bataillon Lajeunesse, Gibassier, Bussot, Assada-Fleury; Quartier maître trésorier Maurize; Adjudants majors Lefebure, Fréminet, Courbert; Officiers de santé Meynard, Papillon, Goudechaux.
- Capitaines : Mourcet, Demoly, Castagna, Guillaume, Schaler, Dutoya, Kerret, Leraitre, Tournier, Parissot, Moussain, Descorps, Villermot, Peuchez, Joubert, Bouillé, Aberjoux, Plaige, Dutoya, Duhamel, Gautron, Billotte, Voiturier, Bonnet, Blanchemain, N, N.
- Lieutenants : Cristophe, Clément, Amiette, Paturelie, Planpain, Vernère, Leblond, Douanin, Bailly, Bertrand, Janton, Maugras, Understock, Bonneville, Dumesnil, Lebray, Prestat, Laffite, Roydor, Leroy, Cherière, Vincent, Miannay, Cermet, N, N, N.
- Sous lieutenants : Poussain, Delcasale, Murgey, Arnaud, Morgat, Dunand, Rochet, Benoist, Mérille, Bernard, Rambaud, Cauvet, Cudey, Pechesse, Perusset, Ponsain, Lasseigne, Bertrand, Rollin, Laville, Des-Ormes, Lecourt, Lacombe, N, N, N, N.
Le Capitaine Rossingana est Capitaine Adjoint à l'Etat-major de l'Armée.
Le 14 Nivôse an 10 (4 janvier 1802), Murat écrit, de Lyon, au Général Charpentier, Chef de l’Etat-major général : "Vous enverrez sur-le-champ, mon cher général, la 30e demi-brigade à Turin où elle tiendra garnison jusqu'à nouvel ordre. Le Gouvernement n'a voulu consentir à ce mouvement qu'à condition que les troupes d'Ancône seraient payées par la Caisse cisalpine ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 2, p. 226, lettre 892).
Le 25 nivôse (15 janvier 1802), Denis Moreau quitte Legnano, marche 4 lieues et couche à Sanguinetto.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "parti de Vérone le 25 Nivôse le 14 janvier 1802 (erreur de date ?) pour venir à Turin. Le même jour arrivé à Villefranco, petite ville 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain, Denis Moreau marche 7 lieues et couche à Mantoue, où il retrouve la Demi-brigade qui elle arrive de Vérone.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 26 et le 15 (erreur de date ?) à Mantoue, ville fortifiée et grande entourée d'eau. L'argent de ces pays là il est un très bas prix, il faut vngt trois livres de moins pour faire six livres de France" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 (17 janvier 1802), Denis Moreau part de Mantoue, passe à Bozzolo et couche dans un village.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 27 et le 16 (erreur de date ?) à Bozolo fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (18 janvier 1802), Denis Moreau marche 6 lieues et couche à Crémone.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 28 à Crémone, ville grande, fait 10" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 29 (19 janvier 1802), Denis Moreau part de Crémone pour une marche de 3 lieues; il passe à Pizzighettone et à Codogno, couche dans un village; il part de ce village, étant en avant-garde et couche à Lodi, où il séjourne.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 29, passé à Percequitonne, ville très fortifié; nous fîmes halte, une rivière il sépare la ville nommé rivière Ade. Couché à Cazalpistourlengue, nous fîmes dans route 8.
Le 30 et 19 janvier (erreur de date ?), arrivé à Lodi, je fais séjour, ville beaucoup de riz 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 Pluviôse (22 janvier 1802), Denis Moreau se remet en route, marche 6 lieues et arrive à Milan.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 2 Pluviôse 21 janvier (erreur de date ?) arrivé à Milan, ville grande, capitale de la République CIsalpine, y une superbe cathédrale donc il ne sera jamais finie; dans route 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 3 (23 janvier 1802), Denis Moreau quitte Milan et couche dans un village.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 3 arrivé à Courberte fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 4, Denis Moreau couche à Novare, dernière ville de la République italienne.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 4 à Novare 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5 (25 janvier 1802), Denis Moreau quitte Novare et franchit le Tecin; il couche à Verceil, ville frontière de la République italienne.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 5 arrivé à Verceil au Piémont 6. Il y a deux rivière appelées Seger" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 6 (26 janvier 1802), Denis Moreau quitte Verceil et couche dans un gros bourg.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 6 à Trineaux, il y a beaucoup de bois, les habitants mauvais 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 7, Denis Moreau fait étape dans un autre gros bourg.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 7 à Cresentinne, village, fait 5. Il ya une rivière appelée à La Deux" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 (28 janvier 1802), Denis Moreau fait étape dans une petite ville, où il est très mal logée.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 8 passé à Chivan, ville forte, couché à St-Beigney, nous fîmes 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9 (29 janvier 1802), Denis Moreau arrive à Turin, où il reste en garnison.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 9 arrivé à Turin, ville capitale du Piémont, ville très grande, superbe beauté, les rues très droites, et longues. Toutes les maisons de la même hauteur, il y a de bons vins; le si a bon marché. Les juifs ils font beaucoup aller le commerce our l'argent d'autres marchandises. Parti de Turin le 5 Germinal pour venir à l'hôpital pour une fièvre de rhume et un point de côté. Resta dans ledit hôpital de Turin 8 jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 13 Germinal (3 avril 1802) a lieu une célébration en l'honneur de la paix; on tire le canon à la citadelle; le lendemain, la garnison de Turin prend les armes et se réunie pour célébrer la paix; la troupe reçoit une gratification de 10 sols par homme; dans le même temps, on vend dans les rues des proclamations annonçant la réunion du Piémont à la France, le Roi de Sardaigne ayant renoncé à ses droits sur ce dernier.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 13 je suis été évacué à Moncailier à deux lieues de Turin.
Le 21 sorti de Moncailier pour rejoindre la compagnie à Fenestrel. 2
Le 22 à Pinerole, bon pays de vin blanc, une très belle plaine; ça est proche des montagnes. Nous fîmes en route 8.
Le 23 à Fenestrel, le 24 je trouve la compagnie dans le fort de Fenstrel; dans la montagne très haute, il y a toujours de la neige, fait 7.
Resté à Fenestrel neuf jours, donc il y a quatre forts, fort Martin, fort Saint-Charles, Fort trois daire, fort vallée; donc il y a une grande hauteur. Il y a huit mille trente six escaliers pour monter audit fort. ça est d'une grande hauteur. ça est un pays imprenable. Le 2 Floréal, parti de Fenestrel, arrivé à Pinerole le même jour 8.
Le 4 arrivé à Turin, nous fîmes 9." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 juin 1802 (9 Messidor an 10), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... 4° la 30e à Strasbourg ... ce mouvement ne commencera que dans les premiers jours de thermidor ...
Tous ces mouvements ne se feront que dix jours après avoir reçu l'ordre.
Vous aurez soin que la veille du départ, il soit passé une revue de rigueur qui fasse bien connaître la situation des troupes que vous ferez partir. Vous aurez soin que tous les détachements soient bien réunis avant leur départ, et qu'ils marchent dans le plus grand ordre et par bataillon" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6965).
Denis Moreau entre à l'hôpital le 4 Thermidor (23 juillet 1802) suite à une douleur sur le côté droit.
Début Thermidor (vers la mi-juillet 1802), la Demi-brigade reçoit l'ordre de partir pour le 7 (26 juillet 1802).
Le 1er Bataillon se met en route le 7 Thermidor; le 2e le 8 (27 juillet 1802); et le 3e le 9 (28 juillet 1802).
Pierre Trépaut raconte : "Parti de Turin le 27 juillet pour me rendre à Strabourg. Le même jour passé à Vilanne, couché à ST-Ambroise, pays de montagnes, fait 6.
Le 9 Thermidor, 28 juillet, à Suze, ville pays de montagnes, fait en route 6.
Le 10 et le 29, arrivé à Lanslebourg, couché audit endroit, en Savoie le montigny il es très rapide; a monté deux lieues pour monter deux pour descendre, une lieue de plaine, dans la dite montagne, fait 7.
Le 11 et le 30 à Modane, en Savoie 6.
Le 12 et le 31 à Saint-Jean de Maurienne, ville longue, en Savoie, fait séjour 9.
Le 14 Thermidor 2 août 1802, passé à Chambre, couché à La Chapelle 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau, qui est encore à l'hôpital en sort le 14 Thermidor ; son départ est reporté au lendemain. Le 15 (3 août 1802) donc, Denis Moreau part de Turin en voiture, et après un trajet de 13 lieues, couche à Suse près du mont Cenis.
Pierre Trépaut raconte : "Le 15 et 3, passé à Aiguebelle, ville. Couché à Betsine, village, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 16 (4 août 1802), Denis Moreau passe le mont Cenis et après une route de 5 lieues, couche à Lanslebourg.
Pierre Trépaut raconte : "Le 16 et le 4, parti à Montmélian, ville, couché à Chilien fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 17 (5 août 1802), Denis Moreau fait une route de 4 lieues et arrive à Modane.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 17 et le 5 à Chambéry, ville grande, chef-lieu du département de Mont-Blanc, 4. Nous fîmes séjour à ladite ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 (6 août 1802), route de 9 lieues; Denis Moreau passe à Saint-Jean de Maurienne et couche à La Chambre.
Le 19 (7 août 1802), Denis Moreau fait une marche de 5 lieues et arrive à Aiguebelle.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 19 et le 7 août, passsé à Marigny, couché audit endroit, gros village, nous fîmes 8 lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain, Denis Moreau marche de 4 lieues et arrive à Montmélian.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 20 et le 8, à d'Ancy (Annecy), il y un grand lac. Couché audit endroit. Ville grande. Nous fîmes dans la route 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21 (9 août 1802, après une route de 3 lieues, Denis Moreau couche à Chambéry.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 21 et le 9, Cruseilles, couché audit endroit, village grand en Savoie, 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 22 (10 août 1802), marche de 8 lieues; Denis Moreau passe à Aix les Bains, réputé pour ses bains, et couche à Alby.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 22 et le 10, à Carouge, couché au village de Bernes, sur le côté de Carouge, à une lieue de Genève, fait séjour le 23 et le 11. Je suis été me promener à la ville de Genève, il est beaucoup fortifié, entouré d'eau, il y a la rivière du dou qui passe à côté de la ville, il y a le Rhône, qui traverse la ville. Genève, il est beaucop commerçante, il est sur les frontières de la Suisse, il y a un lac qu'il fait 25 lieues de longueur, il est fort poissonneux. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 (11 août 1802), après 3 lieues de marche, Denis Moreau arrive à Annecy.
Le 24 (12 août 1802), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Cruseilles.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 24 et le 13 (erreur de date), à Gex, ville couché audit endroit, en France, fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 (13 août 1802), marche de 5 lieues; Denis Moreau arrive à Carouge, aux portes de Genève, où il séjourne le 26 (14 août 1802).
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 25 et le 14 (erreur de date), Claude, ville, pays de montagnes, couché audit endroit, fait 8.
Le 26 et le 15, à Saint-Laurent, couché à La Vay du Grand-Vaux, dans la Comté, 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 (15 août 1802), Denis Moreau se remet en route, marche 4 lieues et couche près de Gex.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 27 et le 16 (erreur de date), à Champagnolle, couché audit endroit, gros villages, fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (16 août 1802), Denis Moreau fait une marche de 8 lieues et arrive à Saint Claude par de mauvais chemins.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 28 et le 17 (erreur de date), à la ville de Salins, grande ville, fait séjour, département du Jura, ville fortifiée, une citadelle de chaque côté de la ville, nous fîmes 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 29 (17 août 1802), Denis Moreau fait une marche de 6 lieues et arrive à Saint Laurent en Grandvaux.
Le 30 (18 août 1802), Denis Moreau marche 6 lieues; il arrive à Champagnole.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 30 le 18, à Quingey, ville couché audit endroit; nous fîmes en route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er Fructidor an X (19 août 1802), Denis Moreau marche 6 lieues et arrive à Salins où il séjourne.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 1er et le 19 août, à Besançon, ville grande, chef-lieu du département du Doub. Le 2 et le 20, à Beaune, couché audit endroit, nous fîmes en reoute 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau part de Salins le 3 (21 août 1802), marche 6 lieues et couche à Quingey, petit bourg situé sur les bords de la Loue.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 3 et le 21, à L'Isle, couché audit endroit au village de Medierre, 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 (22 août 1802), Denis Moreau arrive, après une marche de 6 lieues, à Besançon où il couche.
Le 5 (23 août 1802), nouvelle marche de 8 lieues pour Denis Moreau qui arrive à Beaume les Dames.
Le 6 (24 août 1802), Denis Moreau fait une marche de 6 lieues, et arrive à L'Isle sur le Doubs où il couche.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 4 et le 22 à Belfort, ville grande, couché audit endroit, fait séjour. 8.
Le 6 et le 24 août 1802, à Cernay dans l'Alsace. Couché audit endroit 9" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau arrive en Alsace; le 7 (25 août 1802), il marche 7 lieues et s'arrête à Belfort.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 7 le 25 à Colmar, département du Haut-Rhin, couché audit endroit. 8. Jolie ville, très beau pays en vin et en grain. Il y a beaucoup de tabac." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 (26 août 1802), nouvelle marche de 8 lieues; Denis Moreau couche à Cernay.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 8 et le 26 à Celestat, ville fortifiée. 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9 (27 août 1802), après 8 lieues, Denis Moreau arrive à Colmar.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 9 et le 27 à Hesttin (Erstein), nous fîmes 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 10 (28 août 1802), après avoir marché 6 lieues, Denis Moreau est à Sélestat.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 10 et le 28 à Strasbourg, ville grande, beaucoup fortifiée et très remarquable pour la cathédrale y a le clocher il a cinq cent pieds de hauteur" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 (29 août 1802), après 6 lieues de marche, Denis Moreau couche à Erstein.
Le 12 (30 août 1802), après 4 lieues de marche, Denis Moreau arrive enfin à Strasbourg, où il reste en garnison environ 6 mois.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Parti de Strasbourg le 4 Vendémiaire mois septembre 1802, pour aller en semestre à Daubèze, département de la Gironde. arrivé à Celestat le même jour, fait dans la route 9.
Le 5 Vendémiaire, arrivé à Soulze, fait 11. Le 6 arrivé à Belfort, nous fîmes 10. Le 7 passé à Leurs couché à Bes ou nous fîmes dans route 16.
Le 8 passé à Jy, couché à Gré. Je fis dans ma route 13.
Le 9 passé à Dijon, couché la belle et grande ville, couché audit endroit. 1.
Le 10, passé à Beaume, fait 12.
Le 11 passé à Nolay, couché là. 12.
Le 12 à Luzy, couché à Belleveau, fait dans la route 18.
Le 13, passé à Moulin en Bourbonnais. Grande belle ville, y a un beau pont en pierre de taille. Il y a treize arcades. Couché à Pierrepercée, nous fîmes 6
Le 14, passé à Mommarolle, couché à Montluçon, fait dans la route 12.
Le 15, passé à Gousson, couché à Guéret, fait dans route 9.
Le 16, passé à Bourganeuf, couché à Saint-Léonard, fait dans la route 17.
Le 17, passé à Limoges, ville grande, chef-lieu de département de Haute-Vienne, couché à Chaleux, fait 16.
le 18, passé à Tivié, couché à Tivié, couché à deux lieux plus loin. 10.
Le 19, passé à Périgueux, ville grande, couché à Mosidant, fait en route 15.
Me 20, passé à Monpond, fait 6. Couché à Villefrance, je fis 4. Passé à Castilland, je fis halte. 3
Le 21, arrivé à Daubèze, fais dans 3. Je resté au semestre à Daubèze quatre mois" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
d/ Expédition de Saint Domingue
Des situations de Nafziger semblent indiquer une participation de la 30e à l'expédition de Saint Domingue.
Forces d'invasion pour Saint-Domingue - 20 février 1801 (Nafziger - 801BAD). Escadre de Brest : Contre-amiral Dordelin Source : de Poyen, "Histoire Militaire de la Revolution de Sant-Domingue", Paris, 1826 |
Une situation extraite de Jomini : "Histoire critique et militaire des Guerres de la Révolution" (Tome 4 ; Bruxelles ; 1842) indique pour sa part :
Etat Général des forces de terre et de mer
|
Armée française de Saint-Domingue - 8 mai 1802 (Nafziger - 802EAG). Division Hardy Source : de Poyen, "Histoire Militaire de la Revolution de Sant-Domingue", Paris, 1826 |
30e de Ligne ou 30e Légère ? Dans l'immédiat, nous n'avons pas de plus amples informations sur ce point.
V/ 30e Régiment de Ligne (1803-1815)
D'après l'Etat militaire de l'an XI (1803), la 30e Demi-brigade est à Strasbourg et dépend de la 5e Division militaire. Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Chef de Brigade Valterre; Chef de Brigade commandant un Bataillon Lajeunesse; Chefs de Bataillon Gibassier, Bussod, Fleury; Quartier maître trésorier Morize; Adjudants majors Lefebvre, Freminet, Courbert; Officiers de santé Meynard, Papillon.
- Capitaines : Mourcet, Demoly, Castaigna, Guillaume, E. Duthoya, Perret, Leraitre, Tournier, Le Roy, Parissot, Moussaint, Gautron, Villermoz, Pluchet, Joubert, Bonnin, Bouillé, Marchand, Aberjoux, Dubourg, Billotte, J. Dutoya, Plaige, Bonnet, Blanchemain, Voiturier, N.
- Lieutenants : Clément, Amiet, Patourel, Creput, Verner, Blanpain, Leblond, Douanin, Miennay, Berthold, Cheper, Dumesnil, Maugras, Santon, Lafite, Lebray, Umbdenstock, Roydor, Prestat, Bonneville, Cermet, Leroy, Cherierre, N, N, N, N.
- Sous lieutenants : Berthier, Ponsain, Delcazal, Murgé, Morgat, Arnaud, Rochet, Benoit, Merille, Bernard, Rambeaud, Cawvet, Peychiers, Peruiset, Pansin, Valorin, Rolin, Bertrand, Lassegue, Laville, Desormes, Lecourt, La Combe, N, N, N, N.
Le 18 pluviôse an 12 (8 février 1804 - en fait, il y a erreur dans la date et il faut lire an 11 soit 1803), Denis Moreau part de Strasbourg pour aller en détachement à Biersheim; après avoir marché 4 lieues, il couche dans le gros bourg de Erstein. Le 19 (9 février 1803), marche de 5 lieues et arrivée à Sélestat. Le 20 (9 février 1803), Denis Moreau couche à Bieshiem (?), gros bourg situé à 1/4 de lieue de Neuf-Brisach. Denis Moreau demeure sur place jusqu'au 25 floréal (15 mai 1803).
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Je partis de Daubèze le 29 Pluviôse 1802 (erreur - 1803) pour rejoindre le Régiment à Strasbourg, auquel je laisse le même jour la somme de cent cinquante livres chez mon cousin Arnaud de Romaigne, entre les mains de son épouse, en présence de sa velle mère et ses domestiques.
Le même jour, je suis passé à Libourne avec monsieur Breton de Faliras, nous on rejoint ensemble. Nous fîmes 5.
Le 30, passé à Sainte-Foi couché audit lieu. 6
Le 1er Ventôse, arrivé à Bergerac, ville département de la Dordogne, fait 3. Je fait séjour à Bergerac. Je passais le carnaval à ladite ville. Je fais un grand divertissement. Il y avait beaucoup de mascarade dans la ville
Le 4 Ventôse, couché à Périgueux, même département de la Dordogne.
Le 5 passé à Coquele, village. Couché audit endroit. Fait dans la route 12.
Le 6 passé à Challu; couché à Aix à deux lieues de Limoges, fait dans la route 8.
Le 7 passé à Limoges; couché à Saint-Léonard, fait 6.
Le 8, passé à Bourganeuf, fait dans la route 5.
Le 9 passé à Gueret, chef-lieu du département de la Creuse, couché audit endroit, fait 6.
Le 10 passé à Gouson, fait dans la route 6.
Le 11, passé à Montlucçon, fait dans la route 7.
Le 12, passé à Montmarault, fait dans la route 6.
Le 12, passé à Moulins en Bourbonnais, velle et grande ville. Je fais séjour. Je fais 9.
Le 15, passé à Belleveauc, on y prend les bains. Il y a des fontaines bouillantes. Je fis 8.
Le 16, passé à Luzy, couché à Maison Borgonne, à l'auberge, fait 8.
Le 17, passé à Autun, couché à Nolet. 9.
Le 18, passé à Beaune, couché susdit. 5.
Le 19, passé à Dôle, ville, fait 7.
Le 20, passé à Saint-Vit, couché à Besançon, belle et grande ville, département du Doub, couché N. 593 (?). 8.
Le 21 passé à Baume-les-Dames, fait 6.
Le 22, passé à L'Isle sur le Doub, fait 6.
Le 23 passé à Belfort, couché à la Chapelle, village, fait 8.
Le 24, passé à Colmar, fait séjour 5
Le 26, passé à Sélestat, couché à Heimtum.
Le 27 Ventôse, arrivé à Strasbourg" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 Floréal (15 mai 1803), Denis Moreau couche, après une marche de 7 lieues au village de Friesenheim près du Rhin. Le lendemain, après avoir marché 7 lieues, il est de retour à Strasbourg.
Pierre Trépaut raconte : "Le 21 Floréal, je partis de Strasbourg pour conduire les recrues du département de l'Isère à lille de coce (l'ile de Corse ?). Je contre ordre. Je suis revenu à Strasbourg. Je fais 10" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (18 mai 1803), toute la 30e quitte Strasbourg pour se rendre à Cologne; après avoir marché 6 lieues, Denis Moreau couche à Haguenau.
Denis Moreau part de Haguenau le 29 (19 mai 1803), marche 6 lieues et couche à Wissembourg.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 29 Floréal et mai 1802 (erreur 1803), je partis de la ville de Strasbourg pour nous rendre à Cologne. Le même jour, arrivé Haguenau, grand ville. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 (20 mai 1803), après une marche de 6 lieues, Denis Moreau couche à Impfligen.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 30, passé à Wissembourg, fait 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er Prairial (21 mai 1803), Denis Moreau marche 7 lieues, passe à Landau et couche à Speyer.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 1er Prairial, passé à Landau, couché sur la gauche de la ville à demi-lieue village Oserm, fait dans route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 (22 mai 1803), après 6 lieues de marche, Denis Moreau couche à Hockenheim, à 2 lieues de poste de Mannheim. Il y séjourne le 3 (23 mai 1803), se remet en marche le 4 (24 mai 1803), passe à Frankenthal et Worms et couche au village de Prétécem (?) après 4 lieues de marche.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 2, passé à Espire, grande ville. Couché à côté de la ville à une lieue à un village doutenohos (?) fait 7. Département de Mont-Tonnerre.
Le 3, arrivé à la ville Franquetal 6. Je fais séjour à ladite ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5 (25 mai 1803), après avoir marché 5 lieues, Denis Moreau couche à Ammerscheim (?), village situé à une lieue de l'étape.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 5, arrivé à Vordurer (?), ville grande, fait dans la route 3 " ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 6 (26 mai 1803), Denis Moreau fait une nouvelle marche de 5 lieues et arrive à Kreuznach.
Le 7 (27 mai 1803), marche de 4 lieues; Denis Moreau passe à Saint Roberque (?) et couche à Terraballe (?).
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 7, arrivé à Cressenaq, ville grande, couché audit endroit; grand ville, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 (28 mai 1803), Denis Moreau quitte Terrabat (?), passe à Simerenne (?), et après avoir marché 4 lieues, couche à Lisfeld (?).
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 8, arrivé à Binsaeni (?), gros village, 3.
Le 9 arrive au village de, à une lieue de Simearme, fait séjour, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 (31 mai 1803), Denis Moreau part d'Allelquesce (?) et couche à Coblence, après une marche de 6 lieues. Denis Moreau note que le fort d'Ehrenbreistein a été démoli depuis la paix avec l'Autriche.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 11, arrivé à Payly (?), couché audit endroit, 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 12 (1er juin 1803), Denis Moreau marche 6 lieues; il passe à Andernach et couche au village de Breisig.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 12, arrivé à Coblence, grand cille, département Rhin-et-Moselle, sur les bords du Rhin, couché audit endroit. 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 13 (2 juin 1803), Denis Moreau marche 7 lieues et couche à Bonn.
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 13, passé à Landernac, ville, couché à une lieue de la ville, fait dans route 5." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 14, après avoir marché 5 lieues, Denis Moreau arrive à Cologne, où il reste en garnison jusqu'au 16 vendémiaire an 12 (9 octobre 1803).
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 14, arrivé à Bonn, grande ville, fait la route par aux (eau ?), couché à une lieue de la ville au village de Frestorosse (?), fait 8.
Le 15, arrivé à Cologne, grande ville. Couché chez le bourgeois un mois de temps. Département de la Roir (sic); nous fîmes 6.
Le 14 Messidor, nous avons entré en caserne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 17 juillet 1803 (28 messidor an 11), Bonaparte écrit depuis Gand au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Faites-vous faire un rapport particulier sur les 2e, 15e et 17e légères, et sur les 30e, 72e et 88e de ligne pour savoir si par l'organisation de leur corps d'officiers, et par le nombre d'anciens qui sont dans le cadre, elles pourraient faire partie d'un camp ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 582 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7832).
Le 20 juillet 1803 (1er thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Anvers au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je ne vois que de l'avantage, Citoyen Ministre, à envoyer à Juliers le bataillon de la 30e demi-brigade pour travailler aux fortifications ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6928; Correspondance générale, t.4, lettre 7840).
Le 25 juillet 1803 (6 thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Bruxelles au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez l'ordre que les 2e, 15e et 17e demi-brigades légères, ainsi que les 30e, 72e et 88e de ligne se préparent à faire partie des camps qui auront lieu cet sur la côte ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 584 ; Correspondance générale, t.4, lettre 7857).
Pierre Trépaut raconte : "Le 21 Thermidor, nous avons parti de Cologne pour nous rendre à Juliers, petite ville, pour il travaille à faire des forteresses, que l'on faisait; arrivé le même jour à la ville Belgame (Bergheim ?), petite ville. 4.
Le 22 à Juliers. La compagnie a été détachée à Merche, village. Nous étions ave l'état-major; nous fîmes 6." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Entre temps, l'Angleterre vient de rompre la paix d'Amiens et de déclarer la guerre à la France (16 mai 1803). Résolu à frapper au coeur sa plus cruelle ennemie, le Premier Consul décrète la fondation de vastes camps sur les côtes de la Manche et la création d'une nombreuse flotille destinée à porter nos troupes sur le sol anglais.
Le 30e est désigné pour faire partie du Corps de droite établi au camp de Bruges et placé sous le commandement de Davout. Il appartient à la 1ère Division qui est ainsi composée : 13e Léger, 30e, 51e, 17e et 61e de Ligne.
Pierre Trépaut raconte : "Le 6 Fructidor, je tombais malade pour fièvre. Je suis été à l'hôpital le même jour à Aix-la-Chapelle, ville grande, département de la Roir (sic); on y prend les bains. Il y a des fontaines bouillantes" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 août 1803 (10 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Bruges
Le général Davout est nommé commandant en chef du camp de Bruges
... Le camp de Bruges sera composé de trois divisions
... La 1re division sera commandée par le général Oudinot qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
De Billy,
Eppler,
Petit.
La 1re division sera composée des :
13e légère,
30e de ligne,
51e id,
61e id,
... Le ministre de la Guerre et celui de l'Administration feront former sur-le-champdeux camps en baraques à Ostende sur la droite et sur la gauche du port pour qu'au 1er vendémiaire, la 1re et la 2e division puissent s'y baraquer.
Le général Davout établira son quartier à Bruges et partira le 16 fructidor ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).
Pierre Trépaut raconte : "Je sortis de l'hôpital le 21 Fructidor pour rejoindre la compagnie à Juliers; pour aller et venir, je fis 12.
Le 26 Fructidor, parti de Merche pour venir à Cologne, fait dans la route 10" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
L'Arrêté du 1er Vendémiaire an XII (24 septembre 1803) ayant supprimé la dénomination de Demi-brigade, le Corps reprend le titre de 30e Régiment d'Infanterie de Ligne.
D'après l'Etat militaire de l'an XII (1803-1804), les 1er et 2e Bataillons du 30e sont au camp de Bruges (16e Division militaire) et le 3e à Juliers (26e Division militaire). Les cadres du Régiment sont constitués de la manière suivante :
- Etat major : Colonel Valterre; Major N; Colonel commandant un Bataillon Lajeunesse; Chefs de Bataillon Gibassier, Bussod, Fleury; Quartier maître trésorier Delefortry; Adjudants majors Lefebvre, Coubert, Freminet ; Officiers de santé Charlier, Meynard, Martin.
- Capitaines : Mourcet, Dubourg, Demoly, Marchand, J. B. Duthoya, Perret, Leraître, Tournier, Duhamel, Parisot, Moussaint, Gautron, Willermoz, Pluchet, Joubert, Aberjoux, Billotte, Plaige, J. M. Duthoya, Bonnet, Voiturier, Blanchemain, Clément, Amiet, Prestat, Creput, Laurent.
- Lieutenants : Cermet, Vernere, Blanpain, Douanin, Miennay, Berthold, Cheper, Maugras, Dumesnil, Santou, Roydor, Umbdenstock, Laffite, Bonneville, Cherrier, Berthier, A. J. Ponsain, Lassegue, Merille, Desormes, Benoit, Murgé, Pansin, Jacobé, N, N, N.
- Sous lieutenants : Delcazal, Morgat, Rochet, Bernard, Rambeau, Cauwet, Peychiers, Perusset, Valorin, Rolin, Bertrand, Lacombe, Piçon, Beau, Levêsque, Dulau, Barbay, Guilin, Jund, Blain, Morais, Laulanier, Bloy, Lacassaigne, Loubert, Richard, Lalaune.
Le 26 septembre 1803 (3 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre ... A la 30e de Ligne, de former ses deux premiers bataillons à 700 hommes chacun, officiers non compris, et de les diriger sur Bruges ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8076).
Le 16 Vendémiaire (9 octobre 1803), Denis Moreau quitte Cologne, marche 6 lieues, passe à Bergheim et couche au village de Engledorf (?).
Le 17 (10 octobre 1803), Denis Moreau fait une marche de 5 lieues par Jülich; arrivée à Alsdorf.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 17 Vendémiaire mois de septembre 1803, parti de Cologne pour aller à Bruges, sur le bord de la mer. Le même jour, arrivé à Bergaime (?). Je fais dans la route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 (11 octobre 1803), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Aix la Chapelle.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 18, arrivé à Juliers, ville fortifiée" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 (12 octobre 1803), Denis Moreau marche 6 lieues et arrive à Maastricht où il séjourne.
Pierre Trépaut raconte : "Le 19 à Aix-la-Chapelle, ville grande, remarquable par une belle fontaine, il a plusieurs jeux d'eau. Couché audit endroit. 5.
Le 20, arrivé à la ville de Mastrecq (Maastricht), ville très grande. La rivière de Meize (Meuse) il passe au milieu de la ville. Elle est très forte. Fait séjour. Aussi il y a un très beau reloge (horloge ?); fait dans la route. 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau se remet en route le 21 (14 octobre 1803), marche 4 lieues, passe à Tongres et couche au village de Looz.
Le 22 (15 octobre 1803), Denis Moreau marche 5 lieues et 1/2; il passe à Saint-Trond et couche au village de Orsmaal.
Pierre Trépaut raconte : "Le 22, arrivé à Tongre, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 (16 octobre 1803), nouvelle marche de 5 lieues et 1/2; Denis Moreau passe à Tirlemont et couche à Louvain.
Pierre Trépaut raconte : "Le 23, à la ville de Saint-Trond, il y a un beau reloge (horloge ?), ville grande; fait dans la route 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 24 (17 octobre 1803), Denis Moreau marche 5 lieues, passe à Bruxelles et couche à 1/4 de lieue de cette ville sur la route de Mons.
Pierre Trépaut raconte : "Le 24, passé à Tirlemont, grande ville. Fait halte. Couché à la ville de Louvain, grande ville. Nous fîmes 10. Département de la Tine (sic). C'est l'hôtel des invalides et des estropiés, et ils sont très bien nourris; ils ont une bouteille de vin par jour, ils vendent leur vin pour boire de la bière; il y a de très bonnes bières; ils appellent cette bière du farot" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 (18 octobre 1803), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Alost.
Pierre Trépaut raconte : "Le 25 arrivé à Bruxelles, belle et grande ville, couché audit endroit, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 (19 octobre 1803), marche de 5 lieues; Denis Moreau arrive à Gand où il séjourne le 27 (20 octobre 1803).
Pierre Trépaut raconte : "Le 26 passé à Lot, couché audit endroit, 6.
Le 27 à la ville de Gand. On dit que Paris, il entrerait dedans; ça est une très belle ville. Je fais séjour. 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (21 octobre 1803), Denis Moreau se remet en route, passe à Deinze, et après une marche de 4 lieues, couche au village de Aarsele.
Le 29 (22 octobre 1803), Denis Moreau marche deux lieues et arrive à Tielt.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 29, arrivé à Tille, petite ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 (23 octobre 1803), après une marche de 6 lieues, Denis Moreau couche à Bruges.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 30, à Bruges, ville très commerçante, par un canal qu'il vient d'Ostende. 4.
Le 2 Brumaire parti de Bruges, pour venir en détachement sur le bord de la mer, à Ostende avec sept hommes par compagnie; resté chez le bourgeois, dans la compagne. Resté dix-huit jours, fait dans route 5." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau part de Bruges le 27 brumaire (19 novembre 1803) et après une marche de 4 lieues, couche dans une ferme à 2 lieues de Ostende. Le voilà arrivé au camp de Bruges.
A cette époque, il y a une loge maçonique au 30e. Un feuillet, imprimé à l'occasion de l'installation de la Loge de la Vraie-Fraternité à l'Orient de la 30e de ligne (installation effectuée le 8 octobre 1803 par la Loge du Secret des Trois Rois à l'Orient de Cologne) comprend un hymne et le cantique suivant :
A signaler que le futur Lieutenant colonel Plaige appartenait à cette loge maçonnique.
De 1803 à 1814, le 30e se trouvera placé constamment sous les ordres du Maréchal Davout et partagera la gloire des trois Divisions qui, sous le commandement de cet illustre homme de guerre, se firent, sous le premier Empire, un renom légendaire de valeur et de discipline. Il appartient à la première Division, alors commandée par le Général Bisson (Baptiste Pierre François Jean Gaspard, Comte, né à Montpellier le 16 février 1767, décédé au palais de Fontana le 26 juillet 1811), Brigade Eppler (effectif de 1598 hommes au moment de la campagne de 1805). Les deux autres le sont : la deuxième par le Général Friant, la troisième par le Général Gudin.
Cachet régimentaire (J. Croyet - S.E.H.R.I.) |
Selon la Notice Historique, le 30e n'a que deux Bataillons au camp de Bruges, le 3e, formant dépôt, est à Aix La Chapelle d'abord, ensuite à Juliers; il est commandé par l'ancien Chef de la 30e Demi-brigade, le Colonel Valterre et occupe Theils à l'embouchure de la Dunk.
Au camp de Bruges, le 30e a beaucoup à souffrir des fièvres qui, à certaines époques de l'année, désolent ces parages. Comme toutes les troupes destinées à la descente, ses soldats sont longuement exercés à la manoeuvre des chaloupes canonnières et des bateaux plats armés en guerre et, marins improvisés, mais déjà habiles, figurèrent avec honneur dans plus d'un engagement avec les croisières anglaises.
A noter que le 30e est principalement formé par la conscription dans le département de l'Yonne.
Etat des conscrits que chaque département doit fournir sur les classes de l'an XI (1803) et de l'an XII (1804) |
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Yonne |
498 |
Situation du 30e de Ligne en janvier 1804 (côte SHDT : us180401) Chef de corps : VALTERRE Colonel |
Le 13 ventôse an 12 (4 mars 1804), Denis Moreau quitte la ferme dans laquelle il est stationné depuis près de 4 mois, marche 1 lieue et couche au camp de Bruges proprement dit. Le lendemain, il part pour l'île de Cadsand et at après avoir marché 4 lieues, couche à Blankenberghe. Le 15 (6 mars 1804), marche de 6 lieues; après être passé à Sluis, le 30e arrive au camp de l'île de Cadsand. Le 17 (8 mars 1804), à 3 heures du matin, une patache, brûlée par les Anglais, s'échoue sur l'île, sans que l'on puisse lui porter un quelconque secours.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 1er Germinal (22 mars) et mois de mars 1803 (erreur 1804), je embarque dans un bateau plat, avec quatre homme par compagnie sur le canal de Bruges, pour aller à Dunkerque" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 16 Germinal an 12 (6 avril 1804), Denis Moreau part de l'île de Cadsand, marche deux lieues et couche à Sluis. Le lendemain, après avoir marché 8 lieues, il est de retour au camp de Bruges. Le 22 (12 avril 1804), un navire chargé de bouteilles et de tonneaux de vin s'échoue sur le sable; tous les soldats en profitent. Un autre batiment s'échoue le 1er floréal (21 avril 1804), chargé cette fois de graines de lin. Puis un 3e, chargé de sel; ce dernier, contrairement aux deux précédents, n'a pas été détruit ou endommagé par les flots; une fois déchargé, il peut rentrer dans le port d'Ostende pour réparations.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 21 Floréal (11 mai) et mai 1803 (erreur 1804), je partis du bateau plat pour rejoindre la compagnie au camp de Bruges. Je restais cinquante jours. J'avais cinq sols de haute paye par jour, on était obligés de coucher dans les hamac. Je fais 1" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 floréal (13 mai 1804), la 1ère Division de la flotille de Flessingue arrive à Ostende; seule une prame s'est échouée sur le sable à Blankenberghe mais elle parvient tout de même à atteindre Ostende le 26 (16 mai 1804). Denis Moreau précise que les Anglais ont tenté de la prendre lors de son entrée dans le port.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 26 on a fait une bataille avec que les Anglais, sur mer, d'une flotte hollandaise qui venait du port de Flessingue, les Anglais ils étiont huit bâiments contre les notres. Ils étions dans le cas de battre toute la flotte française; ils étiont cinq bateaux plas, une péniche. Les Français, ils ont dématé une frégate à Ostende. Le 29 Floréal, il y a un combat avec que les Anglais, sur mer. Ils étiont huit bâtiments contre une prame hollandaise, qu'il venait du port de Fressingue (sic). Et ils n'ont pas pu la prendre, cette prame il a passé malgré les Anglais. Il y a eu deux canonnniers de tués et quelques soldats de tué de ladite prame. Cette prame s'est si bien défendue, que les officiers et les soldats ont été obligés de bourrer le canon avec leurs chemises, qu'ils ont coupé en morceaux, ainsi que leurs habits; l'officier il a fourni son porte-maneau; heureusement qu'il n'avait plus guère de chemin à faire. Ils ont arrivé à bon port. Tous les soldats, ils ont été récompensés, le capitaine il a passé commandant" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 Messidor (23 juin 1804), à 8 heures du soir, la 2e Division de la flotille de Flessingue, après s'être battue toute la journée, arrive elle aussi au port d'Ostende; les Anglais ont tout tenté pour s'en emparer, mais en vain; ils doivent se retirer au large, chagrinés par les tirs des batteries à terre.
Pierre Trépaut raconte : "Le 4 Messidor, il y a eu une bataille avec les Anglais d'une flotte hollandaise qu'il venait de Flessingue, des bateaux plats, le nombre de vingt-cinq. Les Anglais ils étaient quarante bâtiments, tant frégates que bricks. Les Français, ils ont perdu deux hommes. Ils ont eu le mat de beaupré coupé d'un bateau plat. Le 11 Messidor, le 30 juin 1803 (erreur 1804), le pont volant du port d'Ostende, il a coulé à fond, il s'y est perdu cent vingt hommes, tous soldats qui se sont noyés, avec une femme de canonnier. Un canonnier, il a porté secours à quatre soldats, qu'il les a sortis de l'eau. Il a voulu chercher le cinquième, lui même il y a resté après en avoir sauvé quatre. C'était malheureux pour lui, avec un officier du 111e régiment, il s'est noyé.
1er thermidor (20 thermidor) et mois juillet, je partis du camp pour aller au canal de Bruges, embarqué sur un bateau plat, nous étions vingt hommes par compagnie" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 thermidor (11 août 1804), Napoléon passe à Ostende
Pierre Trépaut raconte : "Le 23 Thermidor, Bonaparte il est arrivé à Ostende, pour passer la revue de deux divisions, donc lui a fait une grande réjouissance pour son arrivée; on fit ronfler le canon" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 24 (12 août 1804), Denis Moreau est passé en revue par l'Empereur; cette revue est interrompue par la pluie, et les hommes ne peuvent exécuter toutes les manoeuvres demandées. Cette pluie dure toute la journée du 25 (13 août 1804). Mais le 26 (14 août 1804), le beau temps revient, et l'Empereur passe en revue la Division du camp de gauche; dans la soir, il se rend dans le camp de Denis Moreau; au fur et à mesure que Napoléon passe devant les Compagnies, les hommes crient "Vive l'Empereur !". Napoléon quitte Ostende le 27 (15 août 1804) pour retourner à Boulogne.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 24, il a passé la revue du régiment" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er fructidor (19 août 1804), Denis Moreau (et le 30e) est détaché dans la flotille hollandaise
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 1er Fructidor, août 1804, je suis venu rejoindre la compagnie au camp, que j'ai été embarqué; je restais un mois audit bateau" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 (5 septembre 1804), Denis Moreau reçoit des ordres de départ, et va mouiller près de Sluis.
Le 19 (6 septembre 1804), Denis Moreau passe Sluis; une chaloupe canonnière manque de périr en passant le pont des écluses sur la gauche du canal en venant de Bruges à Ostende. Denis Moreau mouille sur la gauche du canal venant de Chénikienne (?) à Ostende, près de la ville.
Le 20 (7 septembre 1804), Denis Moreau écrit que le manque de vent immobilise les navires.
Le 21 (8 septembre 1804), Denis Moreau écrit que les navires mouillent sur la droite du canal, près de l'embarcadère.
Le 22 (9 septembre 1804), à 3 heures du matin, le vent se lève, et les navires peuvent quitter la rade d'Ostende pour se rendre à Dunkerque; les navires (6 chaloupes canonnières, 36 bateaux plats et 8 navires marchands) arrivent à bon port; Denis Moreau note toutefois que nombre de soldats ont eu le mal de mer.
Le 10 septembre 1804 (23 fructidor an 12), Bonaparte écrit depuis Aix-la-Chapelle au Maréchal Berthier : "Mon Cousin, le dépôt du 30e régiment de ligne a douze conscrits de l'Yonne qui sont estropiés. Ils ont déclaré n'avoir pas été passés en revue par le général de brigade commandant le département (Guiot de Lacour), qui est cependant du conseil de recrutement. Ce général est d'autant plus coupable qu'il n'a rien à faire. écrivez-lui une lettre de mécontentement, que vous ferez circuler aux autres généraux de la division (la 18e Division militaire, Dijon, est commandée par le Général Montchoisy et emploie trois autres Généraux de Brigade : Fery, Veaux et Wouillemont de Vivier), pour leur rappeler qu'il faut que les conscrits qui partent soient en état de servir" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 8012; Correspondance générale, t.4, lettre 9200). Précisons que pour ne pas avoir à servir dans les armées, des conscrits se mutilent volontairement.
Le 29 (16 septembre 1804) à 7 heures du soir, 3 prames et 11 chaloupes canonnières arrivent d'Ostende; le 2e jour complémentaire (19 septembre 1804) arrivent encore d'Ostende 9 canonnières et 36 bateaux plats. Le 3e jour complémentaire (20 septembre 1804), Denis Moreau entre dans le bassin; il en sort le 8 vendémiaire an 13 (30 septembre 1804) pour se rendre en rade à une lieue en mer devant la ville; il y demeure jusqu'au 13 (5 octobre 1804), puis rentre dans le bassin.
Pierre Trépaut raconte : "Le 30 Vendémiaire septembre 1804, je partis du camp pour aller en bateau, à Dunquerke. Le même jour passé à Noeport, ville grande fortifiée, fait halte, cherché à Furnes, petite ville; il y a un canal qui vient de la mer, fait dans route 6.
Le 1er Brumaire, arrivé à Dunkerque, ville forte, et grand port de mer, remarquable par un reloge (horloge ?) très curieux à entendre" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 brumaire (24 octobre 1804), Denis Moreau quitte Dunkerque, passe à Furnes; de là, il se rend à 1/2 lieue de Nieuprot, mais doit rétrograder jusqu'au village de Wulpen, sur la route; il loge sur place dans une grosse ferme avec onze de ses camarades, après avoir reçu un billet de logement. Le lendemain, il passe à Nieuport et arrive au camp à 1 heure de l'après midi. Il repart le 16 brumaire (7 novembre 1804), marche 7 lieues et couche dans la petite ville de Dixmunde. Le 17 (8 novembre 1804), il marche 6 lieues et arrive à Ypres. Le 18 (9 novembre 1804), il reçoit un contre ordre pour rétrograder; il se met en route le lendemain et couche à Dixmunde. Le 20 (10 novembre), Denis Moreau arrive au camp après avoir marché sous la pluie toute la journée. Le 21 (11 novembre), Denis Moreau et ses compagnons quittent le camp en diligence pour rejoindre plus rapidement leur Bataillon qui lui se trouve à Bruges. Le 26 (16 novembre), à une 1 heure de l'après midi, le Bataillon de Denis Moreau quitte Bruges pour se rendre à Torhout; Denis Moreau, après avoir marché 9 lieues, couche dans le gros bourg de Roeselare. Le 27 (17 novembre 1804), il marche à nouveau 9 lieues; après être passé à Menin, Denis Moreau couche à Lille. Il se remet en route le lendemain, et après une marche de 8 lieues, couche à Douai. Le 29 (19 novembre 1804), après une marche de 5 lieues, Denis Moreau couche à Cambrai. Le 30 (20 novembre 1804), marche de 10 lieues et arrivée à Péronne où il séjourne le 1er frimaire (21 novembre 1804). Le 2 (22 novembre 1804), Denis Moreau se remet en route, marche 7 lieues et couche à Roye. Le 3 (23 novembre 1804), marche de 7 lieues et arrivée à Gournay. Le 4 (24 novembre 1804), marche de 5 lieues et arrivée à Pont Sainte Maxence où il séjourne. Le 6 (26 novembre 1804), Denis Moreau marche 6 lieues, passe à Senlis, et couche à Louvres, dans un château situé à une portée de fusil du village. Le 7 (27 novembre 1804), Denis Moreau, après une marche de 6 lieues, arrive à Paris et couche à la caserne de la Rue Verte.
Entre temps, l'ordre de la Légion d'Honneur vient d'être institué, déjà tous les soldats qui ont mérité des armes d'honneur ont reçu la croix de Chevalier, mais le nouvel Empereur ne pouvant oublier tant de braves de l'ancienne 30e Demi-brigade qui ont pris une part glorieuse à la bataille de Marengo et versé leur sang dans tant de combats; aussi, par promotion du 5 novembre 1804, un certain nombre d'Officiers et de Sous officiers du 30e sont faits Chevaliers de la Légion d'Honneur : les Capitaines Joubert et Pérusset; le Lieutenant Carrière, les Sous lieutenants Jund et Mazier; les Sergents majors Chassagne, Girardot, Lecerf; les Sergents Bordarier, Brésillon, Collon, Houtin, Martialet, Mousset; les Caporaux Legentil et Poncelet.
Documents relatifs au Capitaine Aberjoux (Collection particulière - S.E.H.R.I.) |
Le 10 frimaire (1er décembre 1804), Denis Moreau et ses camarades prennent les armes et se rendent au Champ de Mars; là, ils sont passé en revue par le Général Murat. Le lendemain 11 frimaire (2 décembre), ils se rendent à Notre Dame et y restent de 7 heure du matin à 5 heure du soir; l'Empereur et l'Impératrice sont sacrés par le Pape. Denis Moreau assiste ému à la cérémonie. Paris reste illuminée deux nuits de suite, et l'on tire un feu d'artifice la 1ère nuit place de la Concorde.
Pierre Trépaut, qui est demeuré à Dunkerque, raconte : "Le 11 Frimaire, le jour du couronnement de Bonaparte, l'on fit une grande réjouissance pour lui à Dunkerque même; il y a un canonnier qui s'est tué en chargeant la pièce de canon. L'écouvillon de la pièce lui traversa le corps si fort que le jeta dans la rivière qui se nomme le bassin. Je restais dans ladite ville deux mois, dans le bateau plat flotte batave, de Hollande, dans le bassin de Dunkerque" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 14 (5 décembre 1804), l'Empereur distribue au Champ de Mars les nouveaux drapeaux à tous les Corps. Le 17 (8 décembre 1804), Napoléon passe en revue les députations de chaque Corps. Denis Moreau quitte Paris le 22 (13 décembre 1804) et couche à Louvres après une marche de 6 lieues. Le 23 (14 décembre 1804), il marche 8 lieues et arrive à Pont Sainte Maxence; le 24 (15 décembre 1804), marche de 5 lieues et arrivée à Gournay; le 25 (16 décembre 1804), marche de 7 lieues et arrivée à Roye; le 26 (16 décembre 1804), marche de 6 lieues et arrivée à Péronne; le 27 (17 décembre 1804), marche de 10 lieues et arrivée à Cambrai. Le 28 (18 décembre 1804), marche de 5 lieues et arrivée à Douai. Le 29 (19 décembre 1804), marche de 7 lieues et arrivée à Lille. Le 1er nivôse (22 décembre 1804), marche de 4 lieues et arrivée à Menin.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 1er Nivôse 1804, couché à Furnes, petite volle; fait 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 (23 décembre 1804), Denis Moreau marche 6 lieues et arrive à Torhout.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 2 arrivé à Ostende, au camp, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 3 (23 décembre 1804), marche de 4 lieues et arrivée à Bruges, d'où, après un repos, Denis Moreau et ses camarades repartent pour se rendre au camps, avec leurs nouveaux drapeaux.
Pierre Trépaut de son côté raconte : "Le 28 Pluviôse, on a fusillé un homme, un caporal du 51e régiment d'infanterie de ligne, pour cause de désertion, arme, bagage, a été fusillé au camp de Bruges" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5 mars 1805 (14 ventôse an XIII), Napoléon écrit depuis Paris au Maréchal Berthier: "Mon Cousin, tous les régiments qui font partie des trois camps ne peuvent tous fournir 1,800 hommes sous les armes, surtout ceux qui ont des malades.
Le 30e régiment de ligne aurait besoin de 200 hommes, sans y comprendre ce qu'il doit recevoir de l'à-compte de l'an XIII : 200 hommes ...
Faites-moi un rapport, corps par corps, sur les régiments composant les trois camps; de leur situation au 1er ventôse, présents sous les armes et aux hôpitaux; de la situation des 3mes bataillons; du nombre d'hommes de la conscription de l'an XIII qu'ils doivent recevoir ..." (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8393; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9635).
Pierre Trépaut raconte : "Le 17 Ventôse, il y a passé une flotte hollandaise qui venait du port de Flessingue, les Anglais, ils ont fait leur possible pour l'arrêter. Ils se sont battus d côté du port de Nioport (sic); ça n'a pas empêché qu'ils ont passé; ils se sont rendus à Dunkerque. Ils étiont huit bateaux plats, quatre canonnières. Le 20 Ventôse, la division il a passé la revue par le général en chef, maréchal d'Empire, donc nous fîmes une grande manoeuvre commandée par le maréchal Davoust. Le 20 Ventôse, on a jugé un soldat du 17e régiment d'infanterie de ligne pour dix ans de fer, par cause de vol qu'il avait volé à un officier la somme de cinq Louis en or" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 ventôse (16 mars 1805), Denis Moreau et ses camardes partent de leur camp pour relever le détachement de la flotille postée dans le canal d'Ostende. Le 30 (21 mars 1805), 4 heures du matin, il quitte la rade d'Ostende et navigue jusqu'à Dunkerque (9 lieues) où il arrive à 9 heures du matin.
Le 5 avril 1805, la Division Bisson quitte le camp de Bruges et va s'établir au camp d'Ambleteuse où elle est rejointe le 18 juillet par les deux autres Divisions du Corps de Davout. L'effectif du Régiment est à cette date de 1860 hommes.
Pierre Trépaut raconte : "Le 10 Germinal, parti du camp d'Ambleteuse proche de Boulogne. Le même jour, couché à Nioport (sic), ville fortifiée par l'eau. Fait dans la route 4. Le 11, arrivé à Dunkerque, ville grande fortifiée par la mer, 6. Le 12, arrivé à Graveline, petit ville beaucoup fortifiée, couché au faubourg de la ville, villahe de Laut, déparement du Nord, 4.
Le 13, passé à Calais, grande belle ville, port de mer. Couché à deux lieues plus loin, village Pauplaingue (sic), 6.
Le 14, arrivé au camp d'Ambleteuse, port de mer; fait dans la route 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau, le 18 germinal (8 avril 1805), part de Dunkerque pour aller mouiller près des canonniers, puis à 5 heures du soir, il mouille dans le canal. Le 20 (10 avril 1805), il sort du canal et à 7 heures du soir, l'ordre de partir pour Calais, il lève l'ancre; Denis Moreau arrive à Calais le lendemain à 7 heures du matin et entre au port à 8 (9 lieues). Le 21 (11 avril 1805), Denis Moreau quitte le port, mais comme il n'y a pas de vent, les hommes doivent ramer jusqu'au port d'Ambleteuse. Ils y parviennent le 22 (12 avril 1805) à 6 heures du matin; à 8 heures, ils entrent au port (5 lieues). Le 24 (14 avril), un feu éclate dans Ambleteuse, attisé par le vent; 6 maisons sont incendiées.
Pierre Trépaut raconte : "Le 24 Germinal, le feu a pris Ambleteuse; il s'y est fait une perte considérable, par des boutiques qu'ils ont brûlé" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 floréal (24 avril 1805), les 51e et 61e de Ligne tentent de passer la pointe de Gris-Nez, à 1 lieue d'Ambleteuse, en raison de vents contraires; ils se trouvent alors pris sous le feu des Anglais, et bien que s'étant rapprochés de la côte pour se placer sous la protection des batteries cotières, 11 des bateaux plats sur les 36 transportant les hommes, sont pris par l'ennemi. Denis Moreau indique que chcun de ces bateaux transporte 20 personnes, dont 1 Officier, 1 pilote, 4 matelots et 1 canonnier. Dans cette affaire, il y a eu des tués et des blessés, mais aussi des bateaux de transport pris.
Pierre Trépaut raconte : "Le 4 Floréal, il y a eu un combat avec les Anglais sur mer, d'une flotte hollandaise qui venait de Dunkerque dont la flotte il a été battue. Les Anglais, ils nous ont pris plusieurs prisonnniers français, il y a eu six bateaux plats de pris par les Anglais vis à vis d'Ambleteuse. Le feu a commencé à six heures du matin, jusqu'à midi précis.
Le 15 Floréal, le Prince Joseph Bonaparte, il a passé la revue de la division, du 13e, 17e, 30e, 51e, 61e régiments d'infanterie de ligne. Nous restâmes sur les armes quatre heures de temps à manoeuvrer.
Le 17 Floréal et mai 1804 (erreur 1805), le capitaine Presta il a été tué par duel; il a reçu trois coups d'épée ; il était dans le 30e régiment de ligne, huitième compagnie. Il a été enseveli au village Andresselle (sic) sur le bord de la mer.
Le 3 Prairial an 1805, le jour de la fête à Dieu, on a reconnu Napoléon Empereur des Français, Roi d'Italie. Nous avons reçu une demi-bouteille de vin. Toute la division, il a pris les armes jusqu'à deux heures après-midi.
Le 6 Prairial, je suis venu embarquer dans le port d'Ambleteuse dedans le bateau plat, dans le numéro trente quatre; pour aller et venir, je fis 1/4.
Le 18 Prairial, je suis été faire la manoeuvre du canon au fort d'Ambleteuse, sur le bord de la mer. Moi étant caporal canonnier auxiliaire.
Le 24, je suis été me promener à Boulogne en mer; depuis Ambleteuse, il y a pour deux heures de marche jusqu'à Boulogne. Il y a ville haute et ville basse. Il y a beaucoup de chaloupes canonniières, et de bateaux plats et prames et bricks et péniches; ça est comme une forêt; entre Boulogne, et le port de Vimreuse (Wimereux), on construit une piramie (sic), toute en pierre de taille, il a dix huit pieds de fondement; elle sera batie sur quatre colonnes qui représentera toutes les armées sur chaque face; il se construit d'une très longue vue, surtout du côté d'Angleterre, qu'ils peuvent la voir depuis le Louvre d'Angleterre qu'il a sept lieue de traverse; en mer, il n'y parait pas trois lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 prairial (15 juin 1805), Denis Moreau va relever des bateaux puis rentre au camp d'Ambleteuse.
Pierre Trépaut raconte : "Messidor, juillet 1805. Le 23, nous avons passé la revue du Ministre de la Guerre, Ambleteuse. Nous avons resté sur les armes depuis cinq heures du matin jusqu'à dix heures du soir de suite. Nous sommes rendus à notre bord sur les bateaux plats.
Le 25 Messidor, les Anglais, ils ont attaqué la rade de Boulogne; les Anglais ils étiont dix bâtiments, tant de frégates que bricks, ils ont commencé le feu à une heure demie du soir. Les batteries dans Boulogne à Mer qui sont placées sur les côtes qu'ils leur envoya une grande quantité de bombes et boulets. Les Anglais ils ont été obligés de tirer au large, hors de protée des canons, en même temps tous les canonniers auxiliaires de chaque régiment ils se sont transportés à leurs batteries, 17e, 30e, 51e, 61e régiments. Moi étant caporal canonnier auxiliaire, que je me suis transporté au fort d'Ambleteuse. J'ai été à la batterie d'en haut; il y a dans ledit fort d'Ambleteuse deux batteries avec dix pièces de canon de vingt quatre; au moment que nous avait arrivé sur le terrain, les Anglais ils étiont hors de portée. Le maréchal d'Empire Davout, il se trouva à la batterie du fort; il nous renvoya à notre bord dans nos bateaux plats.
Le 29 Messidor 1805, les Anglais ils ont attaqué la rade de Boulogne, que les Français leur voulait jouer une feinte, pour les amuser, pour que la rade de Dunkerque vienne. La batterie de Boulogne, ils ont renvoyé les bâtiments Anglais, pour le fort d'Ambleteuse à coup de canon; dans le moment, nous avons tiré vingt huit coup de canon, en haut et en bas. Le feu a fini à six heures du matin. Le même jour à cinq heures sur soir, les Anglais, ils ont été attendre la flotte hollandaise qui venait de Dunkerque; il était trente chaloupes canonnières, trente six bâteaux plats, quatre prames. Les Anglais, ils étions quarante bâtiments. C'était que des vaisseaux de ligne, et frégates, et bricks; de cette bataille, il y a eu une prame qu'il a été dématée, en passant vis à vis de Calais. Et qu'elle a été obligée d'entrer dans le port de Calais. Les Anglais, ils ont toujours suivi la flotte jusqu'à Embleteuse. Le feu a été très vif, tant d'un côté que de l'autre. Nos pièces de canon de côte, ainsi que les mortiers, ils ont protégés beaucoup notre flotte, sans cela les Anglais, ils auraient criblé notre flotte. De cette bataille, il y a eu une frégate anglaise qu'il a été dématée vis à vis de la pointe de Grenet, à une lieue demie d'Ambleteuse, par nos pièces de canon de côte. De cette bataille, nous perdimes onze marins tués, des soldats vongt trois tant blessés que de tuées. Il y a eu quatre soldats de tués de notre division, qu'ils étiont à regarder à faire la guerre. Sur la côte d'Ambleteuse, il y avait des boulets de l'Anglais, qu'ils venaient jusque dans notre camp, à cause qu'ils tiraient à toute volée. Le feu, il finit à huit heures sur soir. Les canonniers auxiliaires moi j'ai été du nombre, nous avons resté deux nuits sans dormir. Je restais quatre jours sans entendre clair, par le bruit du canon. Je suis été beaucoup fatigué à transporter les munitions dans les batteries.
Le 30 Messidor, il y a arrivé une autre flotte, qu'il venait de Dunkerque, il y avait huit chaloupes canonnières hollandaises, bateaux plats, bateaux de transport, ils étaient le nombre de quarante voiles. Ils n'ont point été attaqués par les Anglais, à cause que le vent, il était favorable pour eux, non pour les Anglais; ils n'ont pas pu les joindre; ils ont arrivé à cinq heures du matin, à Ambleteuse, à la marée montante, ils ont entré dans le bassin d'Ambleteuse, même il resta une canonnière à l'entrée du port, qu'elle se mis sur le pavé; on a été obligés de la desarmer pour la lever car la ma... il touchait presque à terre à la marée basse.
Mois Thermidor 1805
Le 5, nous avons reçu trente caisses de biscuits, que nous avons mis dans notre bâteau plat pour aller en Angleterre. Le biscuit venant de Gand.
Le 6 Thermidor, on a fusillé un soldat au camp d'Ambleteuse, par cause de désertion; il était de l'Auvergne. Son camarade, il a été jugé pour dix ans de fer. Celui qui a été fusillé, il était chef de complot. L'Empereur français, il a passé la revue de l'armée depuis Boulogne jusqu'à Ambleteuse, que l'armée il étiont sur la ligne, sur le bord de la mer, nous, nous restâmes sur les armes depuis six heures du matin, jusqu'à quatre heures du soir, sac au dos. Nous étions beaucoup fatigués. L'Empereur, il était accompagné de ses frères, même ils portiont le cordon rouge, il y avait plusieurs généraux à sa suite. Il a été soudain à Boulogne, après la revue." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Droite, Division Bisson, le 30e de Ligne, sur un effectif de 1631 hommes, en a 665 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).
Désertion en l'an XIII |
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30e de ligne |
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Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 148 |
a/ Campagne de 1805
- Capitulation d'Ulm
Divers boutons du 30e (source : J. Croyet - S.E.H.R.I.) |
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A droite, dessin de bouton extrait de La Giberne (La Giberne Année 13/08); au centre et à gauche, boutons communiqués par un de nos correspondants (celui du centre provenant de Bielorussie; celui de droite d'Allemagne). |
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Ci-dessus, boutons communiqués par un de nos correspondants. Le dernier en bas à droite est un bouton d'Officier, doré |
Autres boutons |
Ci contre : bouton de troupe en laiton ; diamètre 22 mm (document Bertrand Malvaux). |
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Ci-contre : bouton trouvé près des ruines d'une ferme abandonnée, dans une montagne près de Montenotte ; communication de Mr B. C. |
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Ci-contre : bouton trouvé à Saint Nazaire les Eymes dans la vallée du Grésivaudan ; communication de Mr Xavier Chung Minh |
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A gauche, bouton, petit module, diamètre 16 mm ; à droite, grand module 22 mm |
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Ci-contre : bouton petit module |
Le 4 août 1805, le 30e présente la situation suivante: 1er, 2ème Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps de Droite : effectif total 1631 hommes dont 1533 présents, 98 aux hôpitaux. Le 3ème bataillon est à Aix La Chapelle; effectif total : 326 hommes dont 227 présents, 84 détachés ou en recrutement, et 15 aux hôpitaux. Ce jour là, Denis Moreau passe la revue de l'Empereur (sic); toute la troupe, depuis Boulogne jusqu'à la batterie neuve au cap Gris-Nez, est sous les armes, soit une distance de 2 lieues et demie sur le bord de mer.
Le 20 thermidor (8 août 1805), Denis Moreau et ses compagnons relèvent les Compagnies qui sont aux bateaux; il note que 9 hommes de la Compagnie viennent du camp de première ligne.
Pierre Trépaut raconte, de son côté : "Le 20 Thermidor, je suis venu rejoindre la compagnie que j'ai été embarqué dans le port d'Ambleteuse, dans le bateau plat hollandais, que je reste soixante quatorze jours dans ledit port.
Le 23 Thermidor, il y a été jugé un soldat, du 51e régiment de ligne pour cinq ans de boulet, 15 cent livres d'amende, pour cause de désertion. C'était un Picard, on le fit passer devant son régiment, les yeux bandés, ayant un boulet de huit livres attaché au dos avec une chaine de fer de six pieds de long. De suite, les gendarmes, ils ont amené à sa destination. Le même jour, il y est arrivé une flotte de canonnières qu'il venait de Dunkerque, le nombre de six trente six bateaux plats et beaucoup de péniches. Le 12e régiment de ligne, il étiont dans lesdits bateaux. Le 24 Thermidor, il y est arrivé une autre flotte venant de Calais, treize canonnières, une prame ; ils n'ont point été attaqués par les Anglais, à cause que le vent, il était bon pour les Français, non pour les Anglais. Le même jour de leur arrivé à Ambleteuse ainsi à Boulogne, les Français, ils ont été attaqués, et qu'ils étiont en rade devant Boulogne quatre corvettes anglaises, deux frgates, qu'ils ont été obligés de se retirer, car nous avions six prames. Ils ont fait feu sur les Anglais; ils ont battu en retraite, il y a eu une corvette anglaise, il e eu son mat de misaine de coupé, le feu il commença à deux heures après-midi, il finit à trois heures demie, car nous avions non péniches qui leur envoya une grande quantité d'obus dessus les batiments anglais; ils ont été obligés de se retirer.
Le 25 il y est arrivé du renfort aux Anglais devant Boulogne, ils n'ont pas eu le coeur de venir attaaquer les Français. Le même jour sur le soir, il s'y est levé un grand vent, à la marée montante, toute la flotte de Boulogne, ainsi que du port de Wimereux, ainsi que ceux du port d'Ambleteuse, ils ont été obligés de rentrer chacun dans leur port par cause du grand vent, même il y resta quatre chaloupes canonnières, sur le sable à l'entrée du port d'Ambleteuse, même il y a eu une canonnière de brisée par la maladresse du pilote hollandais." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 (16 août 1805), l'Empereur fait distribuer un litre de vin pour deux hommes.
Pierre Trépaut raconte : "Mois Thermidor et août 1805.
Le 28 Thermidor, on a célébré une fête pour l'Empereur français, que l'on fit une grande réjouissance pour lui, l'on fit ronfler le canon, depuis le matin au soir; il y avait de grandes illuminations sur toute la ligne du camp d'Ambleteuse jusqu'à Boulogne, l'on fait beaucoup de feu d'artifice au soir, c'était beau à voir. Toute l'armée ont reçu une demi-bouteille de vin.
Le 29 Thermidor, à dix heures du soir, dans le bassin port d'Ambleteuse, il y est venu quelque malfaisant pour faire brûmer là la flotte hollandaise; on a présumé que l'Anglais, il payait le malfaisant pour qu'il brûle la flotte; le malfaisant, il s'est adressé dans le bateau plat du numéro trente quatre, la sixième compagnie du deuxième bataillon du 30e régiment il était logé dedant ledit bateau. Le malfaisant, il a percé ledit bateau, heureusement le sentinel il s'est aperçu, au moment qu'il a battu le briquet pour y mettre le feu; ça a été un grand tumulte, dans le bassin. Le malfaisant, il n'a point été arrêté. Le sentinel, il tira deux coups de fusil; il se trouva deux marins blessés, par des coups de baïonnette" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 août, la situation est la suivante (d'après Alombert et Colin) : Corps de Droite sous le commandement du Maréchal Davout; 1ère Division Bisson; 30e de Ligne (Colonel Valterre; Chefs de Bataillons Cazeaux et Gibassier) : 1800 hommes dont 1533 présents, stationnés à Ambleteuse; Dépôt à Aix La Chapelle : 311 présents et 15 hommes aux hôpitaux.
Pierre Trépaut raconte : "Le 2 Fructidor, il est arrivé une flotille hollandaise de huit chaloupes canonnières avec autant de bateaux plats. Elle a été attaquée à la pointe de Grenelle, à deux lieux d'Ambleteuse, par les Anglais. Ladite flotte, elle se sont très bien défendue contre les Anglais, car les Anglais, ils ont eu un brick il était en danger de périr, car ils se sont sauvés droit au Louvre, il avait reçu trois coups de boulet, de vingt quatre de bateaux plats; nous avons eu une canonnière qu'il a reçu deux coups de boulet; si le chemin, il avait été plus loin, il aurait péri; ils ont été obligés de se mettre sur le sable pour inviter la panne; ça est une triste chasse que de faire la guerre sur mer, surtout quand le batiment, il coule à fond, ou si on y met le feu; ça est plus triste que de faire la guerre sur terre. Le 4 Fructidor, je montais la garde dandresel (?) au quartier général. Je fais dans ma route pour relever les sentinelles cing lieues demie. Le même jour, le régiment, ils ont embarqué dans les bateaux plats hollandais, dans le bassin d'Ambleteuse. C'était pour prouver si une compagnie, il était génée dant lesdits bateaux; il y est resté deux heures" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Tout est prêt pour une descente en Angleterre; l'indécision de l'Amiral Villeneuve qui, quoiqu'avec des forces supérieures, n'ose pas attaquer la flotte anglaise et se retire à Cadix où il ne tarde pas à être bloqué par Nelson, fait échouer cette vaste entreprise. Le désastre de Trafalgar, et l'alliance de l'Autriche et la Russie avec l'Angleterre, vont obliger Napoléon à renoncer définitivement à ses projets de descente.
Entre temps, Napoléon a tourné sa colère contre l'Autriche qu'il souhaite frapper avant l'arrivée des Russes. Il ordonne la levée immédiate des camps afin de porter toutes ses forces sur le Rhin. Jetant ainsi sur l'Autriche la "Grande Armée", il souhaite combiner la marche de ses Corps d'armée de telle façon qu'il puisse enfermer dans Ulm la principale armée autrichienne, commandée par Mack, et la forcer à mettre bas les armes.
Le 27 août, le 30e de Ligne aligne un effectif de 1598 hommes au sein de la Brigade Epler (Nafziger 805HAH). Ce jour là, Denis Moreau est passé en revue par l'Empereur; il fait une courte manoeuvre; chaque homme brûle 15 cartouches; lorsque la manoeuvre est terminée, ordre est donné de quitter le camp d'Ambleteuse le 10 fructidor (28 août 1805).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 9 Fructidor, l'Empereur français, il nous a passé la revue à la première division, 13e, 17e, 30e, 51e, 61e régiments. Nous avons resté sur le armes depuis trois heures après-midi jusqu'à sept heures du soir. Le même jour, nous avons reçu l'ordre pour partir le lendemain pour nous transporter sur la ligne du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Les troupes ont été organisées en Corps d'armée; les trois Divisions Bisson, Friant, Gudin, sous le commandement de Davout, forment le 3e Corps.
Le 30e, avec la Division Bisson, quitte le camp d'Ambleteuse le 29 août, nous dit la Notice historique, se dirigeant sur Manheim par Cassel, Lille, Namur, Luxembourg et Deux-Ponts. Selon Denis Moreau, le 10 fructidor (28 août 1805), il passe à Ardres et après avoir marché 7 lieues, couche au village de Nortkerque.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 10, parti du camp d'Ambleteuse à quatre heures du matin; le même jour, passé à Arde, petite ville forte; bon pays; couché au village de Barquerque (sic), nous fîmes 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de droite comprend une 1ère Division composée des :
13e Régiment d’infanterie légère, 1642 hommes.
17e Régiment d’infanterie de ligne, 1739 hommes.
30e Régiment d’infanterie de ligne, 1471 hommes.
51e Régiment d’infanterie de ligne, 1634 hommes.
61e Régiment d’infanterie de ligne, 1506 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).
Le 11 (29 août 1805), Denis Moreau passe à Watten, et après avoir marché 4 lieues, couche au village de Savedens (?).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 11, passé à Vatlee (sic), petite ville; il y a une petite rivière qui passe à côté; elle porte petits bateaux: couché à un village à côté paroisse de Velingue (sic), fait 5; arrondissement du Pas-de-Calais" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 12 (30 août 1805), Denis Moreau marche 4 lieues et arrive à Cassel.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 12 à Cassel ville sur une hauteur; il dépend du département du Nord; il y a huit moulins à vent, pour huile et farine; nous fîmes en route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 13 (31 août 1805), marche de 5 lieues; Denis Moreau arrive à Bailleul, et couche dans une ferme située à 1 lieue de là, avec 19 autres soldats.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 13 à Bailleul, jolie ville, remarquable par un reloge très curieux à entendre par un carillon; c'est un très bon pays en grain, en blé, fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 14 (1er septembre 1805), après avoir marché 7 lieues, Denis Moreau arrive à Lille où il séjourne.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 14 arrivé à Lille en Flandre, très grande ville, chef-lieu du département du Nord; logé à la cession cinq, numéro 449, il y a un canal qu'il passe au milieu de la ville, qu'il vient de Douais à Lille, une autre rivière à côté nommée la Dolle. Cette ville est très grande, très belles maisons, habitées de plus de soixante mille habitants; elle est très forte, l'on puis mettre l'eau tout autour de la ville avec une très belle citadelle plus forte de France. Je fais séjour. Il y a plusieurs fabriques de toute sorte" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 16 (3 septembre 1805), Denis Moreau marche 5 lieues et arrive à Tournai; il couche dans le faubourg Saint-Martin.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 16 à Tournai, ville fortifiée, ce qu'il a de remarquable une très église belle façade avec cinq clochers ; couché au faubourg de Lille, nous fîmes dans route 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 17 (4 septembre 1805), marche de 6 lieues; arrivée à Ath; Denis Moreau couche au village de Maffle, à 1/4 de lieue de la ville, à 8 dans une ferme.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 17 à la vile de Ath, couché à une lieue plus loin de la ville; ville fortifiée de remparts en brique, 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 (5 septembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues et arrive à Mons.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 18 à la ville de Mons, belle et grande ville, chef lieu du département Jemmapes; ville fortifiée, nous fîmes 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19 (6 septembre 1805), marche de 4 lieues et arrivée à Binche; Denis Moreau couche au village de Le Val.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 19 passé à Binche, petite ville; couché à deux lieues plus loin, paroisse anadelle (sic); 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20 (7 septembre 1805), marche de 4 lieues; Denis Moreau passe à Fontaine l'Evêque et à Charleroi, et couche au village de Châtelineau.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 20, passé à Fontaine l'Evêque, le même jour, à Marsianipond (sic), la rivière de la Sambtre il passe sur le dernier, il y a un pont en pierre; le même jour à Charleroy, dont il y a une ville haute et ville basse; la ville haute est fortifiée par des redoutes et des retranchements en terre. Les Français, ils ont eu de la peine de la prendre; quand ils ont pris, il y périt beaucoup de monde; nous fîmes dans route 6. C'est un pays de charbon en pierre. Couché à Motnigny, proche de Monteroy à une demie lieue" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21 (8 septembre 1805), marche de 7 lieues; Denis Moreau traverse la plaine de Fleurus, arrive à Namur et couche au village de Velaine à 1/4 de lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 21 arrivé à Namur, ville grande, chef lieu du département de la Sambre-et-Meuse. Je fais séjour. Namur a été fortifiée par un beau chateau. Il y a un très beau pont en pierre, il y a neuf arcades, fait 4" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10 septembre 1805 (23 fructidor an 13), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre :
- aux 3es bataillons des 51e, 30e et 61e de se rendre à Mayence ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10769).
Le même jour, Denis Moreau se remet en route et après avoir marché 6 lieues, il arrive à Ciney et couche au village de Masogne.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 23, parti de Namur pour venir à Signer (sic), même département. Couché à la paroisse de Pesson. Très mauvais pays depuis Namur à Pesson, ainsi que de mauvais chemins à monter et à descendre. Nous fîmes 9" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau part de Masogne le 24 (11 septembre 1805), marche 3 lieues, arrive à Marche en Famenne, et couche au village de On, 2 lieues plus loin.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 24, passé à Marche ville, couché Argimont, village même département Sambre-et-Meuse; très mauvais pays, et pauvre. Fait dans la route cinq lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 (12 septembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues et arrive à Saint Hubert; la colonne fait une halte d'une heure en sortant du bourg, puis se remet en route; Denis Moreau couche au village de Hatrival, à 1/4 de lieue de là.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 25, passé à Saint-Hubert, petite ville, très belle église, pays pauvre, il y a beaucoup de bois et landes; nous avons traversé une forêt, une lieue de traverse; à l'entrée de la forêt, il y a une forge der fer, c'est à dire une mine de fer. Fait 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 (13 septembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues, arrive à Neufchâteau, et couche au village de Lescheret, à 2 lieues de là.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 26, parti à Neufchâteau, petit ville, mauvais pays, des landes; couché Hibily (sic); nous fîmes dans la route 7 lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 (14 septembre 1805), marche de 2 lieues; arrivée à Arlon; Denis Moreau couche au village de Hobscheid.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 27, Arlon, ville sur une hauteur; couché à une lieue plus loin à un village de nous fîmes 7" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le lendemain 28, Denis Moreau marche 3 lieues, arrive à Luxembourg; il couche à Saice, village situé à 1/4 de lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 28, arrivé à Luxembourg, ville fortifiée imprenable. Les fortifications bâties sur les rochers il y a plusieurs portes, ponts levis pour entrer, ainsi que dans la citadelle; il y a une ville haute et ville basse. A la ville haute, on tire l'eau d'une grande profondeur, avec une grande roue pour tirer l'eau, du puis. Il y a une garde audit puis; on la relève toute les 24 heures. Luxembourg, c'est le chef lieu du département des Forêt. Je logeais à la ville bassen°6. Je fais séjour. Nous fîmes six lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 (17 septembre 1805), marche de 6 lieues et arrivée à Thionville; Denis Moreau couche à 1/4 de lieue de la ville au village de Basse Yutz.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 30, arrivé à Thionville, très belle ville, beaucoup fortifiée, ci-devant clé de France. Il y a beaux remparts, il y a la rivière de la Moselle, qu'il passe à côté de ladite ville, il y a un pont couvert en bois à ladite rivière, qu'il s'y tient beaucoup de marchands dans ledit pont. Nous fîmes 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er jour complémentaire (18 septembre 1805), Denis Moreau marche 6 lieues, arrive à Bouzonville et couche au village de Alse à 1/2 lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 1er jour complémentaire mois septembre, passé à Bozonville (sic); couché un village à côté " ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 (19 septembre 1805), marche de 4 lieues; arrivée à Sarlibres (?); Denis Moreau couche à Fort Villeur (?) à 3/4 de lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 2e jour complémentaire, passé à Sarrelibren ville fortifiée ; couché audit endroit" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 3 (20 septembre 1805), marche de 4 lieues et arrivée à Sarrebruck; Denis Moreau couche au village de Kaelinne à 1 lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 3, arrivé à Sarbrucq (sic), couché à la ville basse. A la ville haute, il y a un très beau château, qu'il a été démoli, vendu par le gouvernement donc, celui qui l'a acheté, il a fait sa fortune dans ladite ville; il y a la rivière de la Sarre, il passe entre la ville basse et ville haute; il y a un très beau pont en pierre, il y a treize arcades; il n'y passe de l'eau que dans trois arcades dans le temps des eaux basses" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 (21 septembre 1805), marche de 7 lieues et arrivée à Deux-Ponts; Denis Moreau couche au village de Petit Pont de Knepas (?) à 2 lieues de la ville et y séjourne.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 4, passé à Dupond (sic), ville grande, couché à une lieue plus loin; nous fîmes 10. Je fais séjours. Pays de montagnes, pays assez bon, beaucoup de côteaux bois" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er Vendémiaire an 14 (23 septembre 1805), marche de 5 lieues et arrivée à Langetoulle (?); Denis Moreau couche à 1 lieue de ce bourg dans le village de Schnaufel (?).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 1er Vendémiaire septembre 1805, passé à Ashtouil (sic), couché audit endroit; 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 (24 septembre 1805), Denis Moreau se remet en route, marche 4 lieues et arrive à Kaiserslautern; il couche à 2 lieues de la ville au village de Enkenbach.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 2, passé à Casselloutre (sic), couché à Millebacq, 3" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 septembre, le 3e Corps passe le Rhin à Manheim (le 30e présente à cette époque un effectif de 1570 hommes répartis en deux Bataillons). Ce jour là, Denis Moreau, après avoir marché 6 lieues, arrive à Dürkheim et couche à Wachenheim, à 1 lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 3, passé à Tirgue (?), nous fîmes 5; couché à Vaguerent (?) entre gaicq (?)" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 26 septembre, le 3e Corps est en position à Manheim et à Heidelberg. Ce jour là, Denis Moreau arrive à Mannheim après 4 lieues de marche, et couche à Negrai Gros (?) à 1 lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Vendémiaire an 14, mois septembre 1805.
Le 4 vendémiaire, du passage du Rhin après la déclaration de la guerre, l'armée française après avoir traversé la France pour marcher contre l'Empereur d'Autriche qui se proposait de venir en France lorsque les troupes françaises auraient embarqué, et d'ailleurs, il avait été sollicité par l'Anglais pour faire la guerre. Mais l'armée française il fut plus prompte que la leur et passa le Rhin le 4 Vendémiaire, mois septembre 1805 sur les pontons. Et autres sur les barques. Et l'on traversa la ville de Manheim, très jolie ville, rue très droite; nous fûmes logés dans les villages, à Nigra" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 septembre, le 3e Corps est à Heidelberg. Denis Moreau note avoir marché 4 lieues et être arrivé à Heidelberg; il bivouaque à 2 lieues de la ville dans le bourg de Negre Queminne (?).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le lendemain, l'armée traversa la ville de Negrestem (sic) et bivouaqua à une lieue plus loin, à quatre lieues du Rhin, sur le pand (sic) d'une montagne. Les soldats, ils procuraient tout ce qu'il leur était nécessaire" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28 septembre, le 3e Corps est à Waldwimmersbach. Denis Moreau note avoir marché 5 lieues et bivouaqué près de Cliasteauce, village situé sur la route (?).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 6 Vendémiaire, l'on passa le Main, à 6 lieues deberg (sic) sur un pont qui fut fait avec des bateaux, et campa une lieue plus loin dans un bois, et en route l'on annonça la déclaration de guerre avec l'Autriche" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 29, le 3e Corps est à Meckumkl (Möckmühl ?). Denis Moreau marche 3 lieues et bivouaque près de Mosbach. Ce jour là, un ordre du Colonel indique que les soldats qui souhaitent couper leurs cheveux peuvent le faire.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 7, l'on marcha à grande journée, et l'on arriva en le pays Houenloc (sic), ce pays est neutre à l'intercession du Roi de Prusse. Et il est très vignoble, et beaucoup de montagnes. L'armée bivouaquée deux jours en ce pays" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30, le 3e Corps est à Ingelfingen. Denis Moreau marche 1 lieue et bivouaque près d'une ferme et d'un bois.
Le 1er octobre, le 3e Corps est à Geislingen. Le 2, il est à Creilsheim. Denis Moreau note ce jour là avoir marché 6 lieues, être passé à Micmir (?), puis dans un bois de 2 lieues de long, et avoir bivouaqué près d'un petit village. Le 3, le 3e Corps est à Dunkelsbuhl. Denis Moreau marche 7 lieues. Le 4, le 3e Corps est à Elback. Denis Moreau, après avoir marché 8 lieues, bivouaque près d'un bois. Le 5, le 3e Corps est à Monheim où il fait séjour.
Le 14 vendémiaire (6 octobre 1805), Denis Moreau marche 5 lieues et bivouaque près du village de Monegle (?).
Le 7 octobre, le 3e Corps franchit le Danube à Neubourg, dont il surprend le pont, et pénètre en Bavière. Denis Moreau note à cette date avoir marché 8 lieues et bivouaqué dans un bois.
Le 8 à Inchenhessen. Denis Moreau note à cette date avoir marché 4 lieues; il passe à Donnever (?) et campe devant la porte de cette ville environ 6 heures, puis, à midi, passe le Danube et bivouaque dans un bois.
Le 9, chassant devant lui le Corps de Kinmayer, le 3e Corps prend position à Aichah, pour former l'arrière garde des masses qui s'accumulent autour de Ulm et en préparent l'investissement. Ce jour là, Denis Moreau marche 7 lieues, passe à Ecoo (?) que l'ennemi a évacué le matin, sous une pluie battante; il bivouaque près de la ville dans un bois de sapin.
Le 11, le 3e Corps se porte d'Aichach à Dachau : "dans cette position avantageuse, entre Augsbourg et Munich, Davout pouvait en trois ou quatre heures ou se reporter vers Augsbourg à Munich pour opposer avec Bernadotte et les Bavarois 60000 combattants aux Russes, ou se reporter vers Augsbourg pour seconder Napoléon dans ses opérations contre l'armée de Mack" (Thiers). Denis Moreau note à cette date avoir marché 5 lieues, et bivouaqué près de la ville (laquelle ?) dans un bois.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Après avoir traversé ce pays, l'on entra en le pays de Prusse même.
Pays de Prusse.
Le 19 Vendémiaire, arrivé à deux lieues de Craigne (sic). Le maréchal fut pour y loger; il fut défendu y entrer et il retourna au camp, et le lendemain 20 du mois, la troupe fut à la ville, mais elle n'y entra pas, les portes étant fermées, la garde prusienne fut sur les armes, et passa dans le faubourg et fut jusqu'à 3 lieues plus loin.
Craysem (sic) est assez grand, il y a une tour où il est un parapet. A trente sic lieues du Rhin, sortis de la Prusse, l'on entra en la Bavière, et l'on commença à entendre les premiers coups d canon; l'on changea de position plusieurs fois et l'on vint jusqu'à 3 lieues du Danube, à cinquante six lieues du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21 Vendémiaire (13 octobre 1805), Denis Moreau marche 2 lieues et bivouaque dans un bois.
Le lendemain 22 (14 octobre), Denis Moreau marche 10 lieues, passe à Prouc (?), passe près d'un lac et bivouaque dans un bois.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 22, passé cette rivière, car l'on partit à une heure du matin, et l'on fut obligés de camper, pour attendre que le passage fut fait, car l'ennemi avait coupé le pon, à trois lieues de Renbourg (sic), et d'autre en un barque qui occupait tous le jour, parce que le courant de l'eau l'entrainait; alors que les troupes furent passées, les avant-postes de l'ennemi furent attaqués par le corps qui nous devançait, et l'on avançait toujours, à force que l'ennemi battait en retraite, la cavalerie était en avant, et le 3e corps d'armée arrivait à la ville de Daco (sic), à soixante lieues du Rhin, tandis que le maréchal Bernadotte arrivait à la ville de Munich, avec trente mille hommes de troupes bavaroises.
Prise de Munich
L'armée arrivait à la ville de Munich le 26 Vendémiaire, et se proposait d'en faire le siège, car l'armée autrichienne s'était rendue le maitre, et en avait chassé le Prince, mais ils n'en furent pas le maitre longtemps,car l'armée française y entra commandée par le maréchal Bernadotte et 30 mille hommes bavarois. En la ville, la tête de l'armée, dans cette ville l'on prit 10000 prisonniers et huit cent gommes de cavalerie et beaucoup d'artillerie, et de magasins d'Autrichiens. Cette ville est située en une grande plaine où il y a beaucoup de bois. Cette ville est à 76 lieues du Rhin. Il y a une cathédrale qui a deux tours. Après la prise de Munich, l'armée marcha contre Houlme (sic), où l'ennemi s'était retranché, au nombre de 60 mille hommes, sous le commandement de plusieurs généraux, le Prince Ferdinand et le Prince Mack y fut. L'armée française, il a tenu cette ville bloquée pendant huit jours.
Le 28 Vendémiaire, la 1ère division du 3e corps fut pour couper leur route près du lace de Constance et fut camper dans un bois et les autres divisions de ce corps furent aux environs de la ville de Munich" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21 et le 22 octobre, le 3e Corps, revenant sur ses pas, se dirige sur le Leck.
Denis Moreau note, à la date du 29 vendémiaire (21 octobre 1805), avoir marché 8 lieues. Il bivouaque sous des arbres, près d'un village situé à 2 lieues de Munich. Il a appris la capitulation des Autrichiens à Ulm et la capture de 100000 hommes, chiffre bien évidemment exagéré (en réalité, environ 25000).
- Passage de l'Inn
Le 23 octobre, la situation du 30e est la suivante : 3e Corps Davout, Division Bisson, Brigade Demont, 30e de Ligne, Colonel Walter : 59 Officier et 1513 hommes présents sous les armes; 2 Officiers et 28 hommes détachés; 1 Officier et 104 hommes aux hôpitaux; 8 hommes en congé. Effectif total : 1695 hommes et 13 chevaux. Bietry, Chef de Bataillon, resté malade en France (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1091). Le 23 et le 24, reprenant sa marche en avant, le 3e Corps se porte sur l'Isar qu'il franchit à Fressingen où il séjourne le 24 et le 25.
Denis Moreau note à la date du 2 brumaire (24 octobre 1805) avoir marché 11 lieues; il passe près de Munich, et couche à Freising.
"3e CORPS D'ARMÉE.
État-major général. - Ordre de marche pour le 4 brumaire.
Au quartier général à Freising, le 3 brumaire an 14.
… La 1re division partira à 5 heures du matin.
Le 30e régiment et le bataillon du 51e, cantonnés sur la rive droite de l'Isar, partiront à la même heure et rallieront leur division à un quart de lieue au delà d'Erding, où ils l'attendront.
D'Erding, la 1re division se portera sur Dorfen, suivra la vallée de l'Isar et prendra position sur les hauteurs en avant de Taufkirchen, la gauche à l'Isar ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 182).
Le 26, le 3e Corps s'élance à la poursuite des Austro-russes. Ce jour là, Denis Moreau marche 13 lieues, passe à Erding, et bivouaque près d'un bourg, dans un bois de sapin. Un soldat de la 6e Compagnie a eu un grave accident : un sapin que l'on venait de couper lui est tombé dessus, et Denis Moreau écrit qu'on en espère que la mort.
Grande Armée - 26 octobre 1805 (Nafziger - 805JXA) Source : Archives françaises, Carton C2-470,480,481 |
L'Inn est franchi à Muhldorf, le 27, sous les boulets de Kinmayer. Les armées coalisées n'ont pas laissé subsister un seul pont, mais, partout, les soldats se jetant dans des barques, passent par gros détachements sous les balles et la mitraille et atteignent la rive opposée, la font évacuer et préparent le rétablissement des ponts que l'ennemi, dans la précipitation de se retraite, a rarement détruits en entier. Ce jour là, Denis Moreau marche 5 lieues et bivouaque dans un bois.
Le 30e a éprouvé quelques pertes au passage de l'Inn; plusieurs hommes ont été atteints par le feu de l'ennemi; d'autres se sont noyés; au moment d'aborder, le Sous-lieutenant Laforgue (Anselme Louis), entrainé par le courant, trouve la mort dans les flots.
"Pendant que l'Armée autrichienne était cernée dans Ulm, le régiment se trouvait en position près de Greyssenberg, sur le lac d'Hamersee, manquant absolument de vivres, bivouaquant par un temps de neige et de pluie qui aggravait encore ses privations. Malgré cela, durant les huit jours qu'il resta dans ce bivouac, le service le plus actif fut fait. Pas une plainte, pas le moindre murmure de la part du soldat ne se fit entendre.
Le pont de Müldorf, brûlé par l'ennemi dans sa fuite, arrêta la division sur la rive gauche de Lynn. Le passage de quelques nageurs sur la rive opposée, à la tête desquels était le lieutenant Beau, permit aux travailleurs occupés à la réparation du pont de tout mettre en ordre. Ces nageurs se mirent à la poursuite d'un poste autrichien qui faisait un feu continu sur tout ce qui se présentait au pont. Le sous-lieutenant Laforgue et trois soldats furent victimes du courageux dévouement qu'ils montrèrent en traversant le fleuve" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Grande Armée, 6 Brumaire an IXV - 28 octobre 1805 (Nafziger - 805KCH date du 29 novembre) Source : Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711 |
Denis Moreau note à la date du 6 brumaire (28 octobre 1805) avoir parcouru 5 lieues à marche forcée; il passe à Mühldorf; il faut traverser l'Inn, mais la rivière est rapide; on réclame des nageurs volontaires qui échouent ; plusieurs se noient. L'ennemi, ajoute Denis Moreau, a coupé le pont; il a fait une fusillade puis s'est retiré dans la nuit du 5 au 6 (27 au 28 octobre 1805) à minuit. Denis Moreau bivouaque dans un bois.
Pierre Trépaut de son côté, raconte (à partir de là, il y a des confusions dans les dates, voire le récit) : "Mois Brumaire
Après plusieurs batailles opiniâtres de part et d'autre, en lesquelles la terre était couverte de morts et blessés, la ville fut containt de capituler le 6 Brumaire mois d'octobre 1805. L'armée qui était commandée par l'Empereur même, entrant en cette ville et l'on y prit 25000 prisonniers et prirent toute leur artillerie, et le Prince Mack fut pris et le Prince Ferdinand s'enfuit avec quelques milliers de soldats, mais l'on fut à leur poursuite, et en prient la plupart. En cette ville, l'on prit beaucoup de magasins de toute sorte; autour de cette ville, l'armée française y perdit plusieurs généraux et colonels, le mamelhouc (sic) le l'Empereur y fut tué; l'armée défila devant l'Empereur et ensuite l'on fit défiler les prisonniers sur le glacis de la ville, et devant l'Empereur ayant le Prince Mack à leur tête auquel l'Empereur le traita de lâche, et furent emmenés en France; alors la division qui était de l'autre côté du lac de Constance, se mit en route et vint camper à deux lieues de Munich. Ensuite toute l'armée se mit en route, pour la poursuite de l'ennemi, et marcha contre l'Autriche à grande journée, et l'on parvint à chasser l'ennemi de Fresanige (sic) qu'il est à 9 lieues de Munich, et les Français le poursuivent de si près, qu'il n'eurent pas le temps de mettre le feu au pont. Le maréchal Bernadotte y arrive avec son armée, qu'il y logea plusieurs jours, ensuite l'armée du maréchal devant y vint loger après le blocus de Ulm, et y logea aussi et il fit séjour. Le maréchal Bernadotte avait donné l'ordre que le soldat serait nourri chez le bourgeois pendant tout le temps qu'il y serait. La ville de Fresing (sic) n'a de remarquable que le château qui est sur un rocher. L'armée française, après avoir traversé Fresing, entra en une grande plaine où l'on publia la lettre de l'Empereur dans lequel il félicitait ses soldats d'avoir fait une campagne en deux mois de temps; cependant l'on ne perdait pas du temps; l'on marchait le jour et la nuit, et l'on ne resta que cinq jours au bivouac, à 12 lieues de Fresinge, d'où l'on partit à 4 heures du matin, et l'on parvint à les atteindre de l'autre côté de la ville de Muldorfe (sic).
Le 10 Brumaire alors l'armée du maréchal Davout arrivait le même jour, il bivouaqua dans un bois, proche de la rivière, et le soir, l'on demanda dans les compagnies des hommes bons nageurs pour passer la rivière à la nage, car l'ennemi avait mis le feu au pont, qui était de bois. Et lorsqu'ils y furent, il y eu un qui montra beaucoup de courage. Et d'autres qui se noyèrent. Cependant, les pontonniers et les sapeurs furent travailler au rétablissement du pont et durant ce temps, l'ennemi faisait feu sur le pont. Et il y eut un homme de tué, mais il y avait deux pièces de canon qui faisaient feu sur l'ennemi, et le 51e et 61e régiment qu'il était en ville et faisait feu sur l'ennemi. Et les sapeurs travaillaient toujours au rétablissement du pont qui fut établi assez solide pour passer trois hommes de file" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Les Austro-Russes battent en retraite sur Vienne. Le 3e Corps et la cavalerie de Murat les atteignent le 30, à Mersberg, et leur font 500 prisonniers.
Denis Moreau note à la date du 7 brumaire (29 octobre 1805) avoir marché 6 lieues; il arrive dans une ville située près de la Saale (mais ne la nomme pas, se contentant de préciser qu'il s'agit de la première ville des Etats autrichiens). L'ennemi ne fait aucune résistance. Denis Moreau franchit la Saale et marche sur Braunau. Au moment où l'on s'installe pour bivouaquer, arrive un ordre du Général : les hommes doivent charger leurs armes et se remettre en marche car l'ennemi attaque. Après avoir marché 1 lieue, on fait une courte pause, puis l'on se remet en route dans la soirée; Denis Moreau arrive à une lieue de Braunau et bivouaque dans la plaine. Le Colonel annonce alors que l'ennemi a évacué la ville, à l'exception de 3 Régiments, de 50 pièces de canon et de toutes les voitures qui ont servi à transporter les bagages des Russes. Le lendemain (8 brumaire - 30 octobre 1805), Denis Moreau marche 10 lieues sous la pluie et même la neige; il ne passe pas dans Braunau mais sur la droite de la ville; en chemin, les soldats font un grand nombre de prisonniers, l'ennemi ayant tenté quelque résistance sur une hauteur; enfin, ils arrivent sur une ville située près des hauteurs (peut être Haag) où ils couchent.
Pierre Trépaut de son côté, raconte (même remarque concernant les confusions dates/récit) : "Et le lendemain, à heures du matin, l'on partit pour aller à la ville, pour passer la rivière, car l'ennemi avait évacué dans la nuit, alors la cavalerie passa la rivière la première, et l'infanterie ne peut passer que l'après-midi, et il faisait mauvais temps. Les soldats se mirent sous les arcades, et ils y firent la soupe, et passaient la rivière l'après-midi, ce qui employa toute la journée. Et l'on avança jusqu'à quatre lieues plus loin, cette ville a 105 lieues du Rhin. L'armée bivouaque à 2 lieues de Bourgausem (sic). Et le lendemain l'on alla jusqu'à deux lieues de la ville, où l'on attendit que le pont soit racommodé, car a aussi été brulé. Cette ville est très fortifiée; il y a une citadelle sur une hauteur, des rochers, et des fonds très creux, garnis de broussailles. Et la ville de Bourgausen et dans le fond, ainsi que dans la rivière et à 112 lieues du Rhin. La route de cette ville à Brenau (sic - Braunau ?) est très rapide, ce qui donna beaucoup de la peine à la cavalerie, de monter ainsi que tous les bagages, le 51e et le 61e régiments resta à la ville, avec le parcymain (?). Le 30e régiment fut plus loin, pour y bivouaquer avec le 17e, et lorsque tous les bivouacs furent établis, le général alla se promener à cheval. Et lorsqu'il fut près de sortie du bois, il reconnut l'ennemi qui venait contre Bourgausen. Alors, il revint à grande course de cheval, et fit battre le ralliement, et prirent les armes, et quittèrent les bivouacs malgré tous les préparatifs, et marché contre l'ennemi, et on commença à se battre, mais ils s'enfuirent. Cependant, il y eut quelques hommes qui eut le poignet coupé, d'un coup de sabre, et fut porté par quatre hommes à la première maison. Alors, le 30e de ligne fut à leur poursuite. Et le même jour qui était le 16 du mois Brumaire (note : confusion de date), l'on pris la ville de Bruneaux (sic - Braunau ?) qui est à 122 lieues du Rhin. L'armée bivouaqua près de cette ville, et le lendemain, l'on se mit en route et les poursuivent de si près qu'ils abandonnent leurs bagages, qui était renversé dans le chemin, l'on prit aussi quelque ville et beaucoup de pièces de canon. La cavalerie les poursuivait de si près qu'il les abandonnait leurs bagages et les tués dans chemins. Les voltigeurs y firent plusieurs prisonniers, que l'on emmena en France. A trois lieues de là, on entre en la ville de Riedze (sic) le 18 du dit mois. Cette ville est à 145 lieues du Rhin. L'armée campa ) deux lieues de Lambac, car l'ennemi était posté de l'autre côté de la rivière. L'on se tirailla toute la nuit, et même on bat la générale. Et le lendemain matin comme on partait du lieu, le feu prit à un village, près du camp, et en peu de temps, le village fut en feu, et l'artillerie se pressa de passe, crainte d'accident" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Combat de Lambach
Le lendemain, le 3e Corps se porte sur la Traun; l'ennemi a pris position à Lambach, moins pour livrer bataille que pour se donner le temps de sauver ses bagages. L'arrière garde ennemie est en position à Lambach, où Koutousov s'est retranché derrière la Traun. Le premier contact de la campagne entre Français et Russes se déroule dans cette localité le 31 octobre. C'est l'avant-garde du 3ème corps de Davout qui essuie les premiers coups de feu de l'arrière-garde ennemie commandée par le Général autrichien Schustek. Après avoir résisté pendant près de cinq heures à toutes les attaques du Général Bisson, à la tête d'une Brigade de sa 1ère Division du 3ème Corps, la ligne d'infanterie russe est rompue par une charge impétueuse des Dragons et des Chasseurs; Schustek a quelque peine à se retirer de l'autre côté de la Traun dont il coupe le pont derrière lui. L'Historique régimentaire du 30e indique que le Régiment ainsi que le 17e de Ligne ont chargé avec vigueur les Russes, et les ont forcé à la retraite, en leur enlevant 2 canons, 200 prisonniers et plusieurs chariots de farine. Napoléon cite effectivement le 30e et le 17e de Ligne à l'ordre de l'Armée dans le 16e Bulletin de la Grande Armée, mais pour les journées du 31 octobre et du 1er novembre :
Fig. 5 Hausse-col, doré, ornement central argenté (Collection privée) |
"Ried, 2 novembre 1805
16e Bulletin de la Grande Armée.
Le prince Murat a continué sa marche en poursuivant l'ennemi l'épée dans les reins et est arrivé, le 9 (31 octobre), en avant de Lambach. Les généraux autrichiens, voyant que leurs troupes ne pouvaient plus tenir, ont fait avancer huit bataillons russes pour protéger leur retraite. Le 17e régiment d'infanterie de ligne, le 1er de chasseurs et le 8e de dragons chargèrent les Russes avec impétuosité et, après une vive fusillade, les mirent en désordre et les menèrent jusqu'à Lambach. On a fait 500 prisonniers, parmi lesquels sont une centaine de Russes.
Le 10 (1er novembre), au matin, le prince Murat mande que le général Walther, avec sa division de cavalerie, a pris possession de Wels. La division de dragons du général Beaumont et la 1e division du corps d'armée du maréchal Davout, commandée par le général Bisson, ont pris position à Lambach. Le pont sur la Traun était coupé; le maréchal Davout y a fait substituer un pont de bateaux. L'ennemi a voulu défendre la rive gauche : le colonel Valterre, du 30e régiment, s'est jeté un des premiers dans un bateau et a passé la rivière. Le général Bisson, faisant ses dispositions de passage, a reçu une balle dans le bras.
Une autre division du corps du maréchal Davout est en avant de Lambach sur le chemin de Steyer. Le reste de son corps d'armée est sur les hauteurs de Lambach" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 463 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9445 ; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 442).
De son côté, Denis Moreau indique que le 9 brumaire (31 octobre 1805), il s'est battu toute la journée; les tirailleurs et la cavalerie ont fait un grand nombre de prisonniers; quelques hommes ont été tués ou blessés; l'ennemi a abandonné des convois de farine sur la route, et beaucoup de chevaux ont été tués; après avoir marché 7 lieues, Denis Moreau bivouaque dans un village. Le 10 (1er novembre 1805), il se remet en route, passe à Lambach sur les bords de la Traun; Denis Moreau note que l'ennemi a coupé le pont permettant de franchir la rivière, et laissé une centaine d'hommes à la tête du pont pour couvrir sa retraite; ils sont capturés par 40 soldats qui franchissent la rivière sur une barque. Denis Moreau fait partie de ce groupe, à la tête duquel se trouve le Colonel Valterre. Denis Moreau raconte qu'à peine la rivière traversée, il se trouve de garde à la tête du pont pour le défendre, en cas de retour de l'ennemi. Dans la nuit, il marche 1/2 lieue.
"Dans la matinée, on calfate un bateau abandonné sous le feu du château de Stadt; on établit une cinquenelle et l'on passe environ 60 hommes, qui se divisent en deux pelotons : l'un attaque le château de Stadt sous la direction du capitaine du génie Henrat; l'autre, conduit par le colonel Vatters du 30e, le capitaine Perrin, aide de camp de Davout, et les officiers du génie Prévot et Bontemps, et comprenant 15 sapeurs et une vingtaine de soldats du 30e, enlève Aichet au pas de charge et fait 125 prisonniers" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 66).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 10 brumaire (1er novembre 1805).
… Quartier général : Lambach.
Avant-garde : Hadt.
Infanterie. - Traverse Lambach et va prendre position à hauteur de Irnharting, sur la route de Wels. La droite en avant du bois de Hadt, la gauche appuyée aux montagnes vers Irnharting.
Les sapeurs restent à Lambach et s'établissent en tirailleurs jusqu'au moment du passage.
Alors les deux officiers du génie Prévot et Bontems de l'avant-garde, à la tête de 15 sapeurs, le colonel du 30e et l'aide de camp du maréchal, Perrin, à la tête de 20 hommes du 30e s'avancent au pas de charge sur le village d'Aichet, en face du pont de Lambach. On tue 2 Autrichiens et en fait 125 prisonniers parmi lesquels 2 officiers.
Nous eûmes plusieurs sapeurs blessés par la fusillade (1) ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 391 - (1) "Passage de la Traun forcé par le colonel Watters du 30e régiment à la tête de 40 hommes qui se jettent dans deux bateaux. L'ennemi se défend dans le village d'Aichet et le village de Stadl dont il nous incommodait. On fait une centaine de prisonniers. Général Bisson blessé").
"Journal de la division Friant.
10 brumaire an 14.
Les officiers du génie durent faire, dans cette journée, plusieurs reconnaissances; je fus chargé de celle de Ieding à Schwanenstadt, avec ordre de pousser jusqu'à cette petite ville avec le détachement de chasseurs qui m'avait été confié ; elle n'était point occupée, deux compagnies du 30e régiment de ligne y entraient en même temps que nous …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 392).
"Journal de la division Friant.
De Gaspoltshofen à Lambach, le 11 brumaire an XIV.
Nous passons la Traun à Lambach et allons établir nos bivouacs à trois quarts de lieue en avant de cette petite ville, à cheval sur le chemin de Kremsmünster et dans les bois, la gauche à la Traun, la droite à Mitterberg. La 3e division bivouaque à Schützing, rive gauche de l'Alter, qui se jette dans la Traun à Lambach, où se trouvait le quartier général de l'Empereur, celui du prince Murat, du maréchal Davout, du général Friant et de plusieurs autres généraux de cavalerie et d'infanterie. Nous trouvâmes toutes les maisons désertes; il y avait eu la veille une petite affaire où donna surtout le 30e régiment de ligne. L'ennemi avait brûlé le pont, on dut le remplacer par un pout de bateaux, et débusquer plusieurs partis épars sur la rive droite, qui voulaient nous inquiéter et tenir au moyen du château sur ladite rive, à gauche du pont. Le général Bisson, commandant la 1re division, causait près du pont avec des officiers, et reçut une balle morte dans l'épaule, qui le mit hors d'état de suivre le 3e corps durant quelque temps; il fut remplacé par le général Caffarelli ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 419).
Pierre Trépaut de son côté, raconte (même remarque concernant les confusions dates/récit) : "Passage de Lambac
Etant arrivé à Lambac, l'ennemi se posta de l'autre côté de la rivière, et résolut de s'y défendre, et mirent le feu au pont pour empêcher aux Français de passer. Il ils y mirent des postes pour garder la tête du pont, et lorsque les Français arrivent, l'on commença à se battre, et l'on avait placé deux pièces de canon, sur le bord de la rivière, qui fit un feu assez garni, et le premier bataillon du 30e fut à la tête du pont, et le second fut au sud de la ville, sur le bois de la rivière, où ils restèrent longtemps assis sur ses cas; durant ce temps, les voltigeurs se battaient toute la matinée avec eux où il y eut beaucoup de blessés. Le général de brigade Dumond (sic) fut lui même commanda la division depuis époque; cependant les pièces de canon qui faisaient feu et mit hors de combat plusieurs hommes de l'ennemi, et voyant que l'ennemi était en fuite, les voltigeurs prirent une barque, et ma démara, de où elle était être dedans et se mirent en marche contre les maisons où était l'ennemi, qui faisait feu par les croisées, et le tambour battait la charge, ce qui les épouvanta tellement. Alors les officiers qu'il y était firent signe de cesser le feu qu'ils se rendaient prisonniers. L'on en prit au nombre 400, qui vinrent passer à la barque; il y avait aussi douze hommes de détachés qui furent au château, qui en prient 60 hommes, qu'ils ammenèrent pour passer la rivière. Le régiment vint aussi pour passer la rivière à la barque, car le pont était coupé, et lorsque l'on put passer, l'on avançait jusque dans le village où l'on fit des patrouilles pour y chasser l'ennemi qui y était resté. L'on chercha jusque dans les greniers. Les troupes françaises restèrent jusqu'au lendemain que l'on marcha jusque Vewac (sic) à un lieue de là et l'on continua la marche à force, que l'ennemi battait en retraite. L'on bivouaqua en la neige et la boue à cause du mauvais temps. Le Prince Murat remportait la victoire partout et prit tout leur grand et marcha contre la ville de Lince (sic), qui est très fortifiée" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Les Français ont donc bousculé leurs adversaires, fait près de 500 prisonniers dont une centaine de Russes et se sont emparés de plusieurs canons: "Au combat de Lambach, il s'est trouvé deux pièces de canon russes parmi celles qui ont été prises. Un général russe & un colonel de hussards autrichiens ont été tués" (17ème Bulletin de la Grande Armée - Lambach, 12 brumaire an 14 (3 novembre) - Correspondance de Napoléon, t.10, lettres 9452). A noter que les Colonels en question sont l'un le Colonel autrichien de Graff et l'autre le Colonel russe Golofkin.
Ce fait d'armes est également cité à l'Ordre du jour de l'Etat-major général daté de Schönbrunn le 14 novembre 1805: "... Sa Majesté témoigne sa satisfaction au 17e régiment de ligne & au 30e qui, au combat de Lambach, ont tenu tête à l'arrière-garde russe, l'ont entamée & lui ont fait 400 prisonniers ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 478 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 217).
"La passage de la Traunn (31 octobre) sous Lambach est un fait d'arme honorable pour le régiment. L'Empereur le jugea tel en le mettant à l'Ordre de l'Armée.
L'arrière-garde de la colonne autrichienne, battue en avant de Lambach, fut jetée sur la rive droite de la Traunn, elle en brûla le pont et se disposait à en disputer le passage lorsque le régiment se présenta sur la rive gauche.
L'ennemi avait détruit toutes les barques qui auraient pu servir pour le passage.
Un mauvais bateau, depuis longtemps abandonné sur la graive (sic), percé dans plusieurs endroits, fut l'unique embarcation qui se trouva pour s'opposer au courant rapide de la Traunn et gagner sa rive droite.
Alors l'industrie de chacun fut mise à contribution.
L'officier et le soldat se mirent à l'oeuvre. Le bateau fut radoubé, mis à flot et monté par ces hommes qui, malgré le feu de l'ennemi, traversèrent la Traunn.
Cette audace en imposa tellement aux Autrichiens qu'ils se retirèrent et laissèrent à point le passage libre.
L'on fit chercher les cordes des cloches de l'abbaye de Lambach, l'on fit une traille (corde qui sert à guider un pont volant d'une rive à l'autre d'un fleuve et qui forme le rayon de l'arc tracé par le bateau) qui rendit le passage plus prompte et plus facile.
Les soixantes hommes déjà passés sur la rive droite poursuivirent si vivement les Autrichiens que 400 mirent bas les armes. Ce qui s'échappa ne songea plus qu'à la fuite, alors que les embarcations se firent sans danger (sic) et tout le régiment passa sans accident.
Le zèle et la célérité qu'il montra pour l'exécution de ce passage lui méritèrent les félicitations des généraux qui en furent témoins.
Le général de division Bisson fut atteint d'un coup de feu au bras en examinant l'ennemi à la tête de pont. Le régiment perdit en outre vingt-deux hommes tués et soixante-quatre blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le Général Bisson, grièvement blessé à Lambach le 1er novembre, est remplacé dans le commandement de la 1ère Division par le Général Caffarelli (Caffarelli Dufalga Marie-François Auguste, Comte, né aux Falga (Haute-Garonne) le 7 octobre 1766, décédé à Leschelles le 23 janvier 1849), Aide de camp de l'Empereur. "La blessure que le général Bisson, commandant la 1e division du corps d'armée du maréchal Davout, a reçue au bras est assez sérieuse pour l'empêcher de servir tout le reste de la campagne; il n'y a cependant aucun danger. L'Empereur a donné au général Caffarelli le commandement de sa division" (17ème Bulletin de la Grande Armée - 3 novembre). Bisson ne reprendra du service actif qu'en 1807.
Jusqu'au 2 novembre, le 3e Corps séjourne à Lambach. Denis Moreau note à la date du 11 brumaire (2 novembre 1805) avoir marché 1 lieue; il bivouaque près d'un village où il y a une petite rivière, et l'ennemi n'a fait aucune résistance.
Le 3 et le 4, le 3e Corps marche sur Steyer. L'avant-garde de Davout arrive à Steyer le 4 novembre. Denis Moreau note à la date du 12 brumaire (3 novembre 1805) avoir marché 4 lieues; il bivouaque près d'un bois; il indique également qu'il a un nouveau Général de Division, en remplacement du Général Dubison (sic), blessé à Lambach.
Le lendemain 13 Brumaire (4 novembre 1805), Denis Moreau marche 6 lieues; il bivouaque près de Lambach; l'ennemi, note t'il, a fait un peu de résistance et coupé les ponts puis a évacué dans la nuit.
La Division Caffarelli se trouve, le 5 novembre, au combat de Steyer auquel elle assiste en réserve. Denis Moreau note que ce jour là, il a marché 1 lieue; il passe dans Lambach, criblée de balles et d'obus; au passage, toute la Division reçoit du vin; il bivouaque dans un bois.
Pierre Trépaut de son côté, raconte (même remarque concernant les confusions dates/récit) : "Cependant notre armée arrive à la ville de Styer et bivouaque près de la ville de Steyer. Et le 61e, 51e régiments d'infanterie furent devant garde et se sont battu avec l'ennemi qui avait mis le feu au pont. Le canon ne cessa de tirer, tout le jour, mais il abandonne sa position. Aussitôt les Français racommodent le pont et les deux régiments les poursuivent pendant que les autres troupes passaient la rivière et vinrent camper à une lieue de la rivière. Cependant les 2 régiments, qui étaient à leur poursuite, se voyant trop faibles, ils revinrent en arrière vers les deux soir et campa et l'armée repartit le lendemain" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 6, tout le 3e Corps se dirige sur Waldkossen et Saint Gaming, pour tourner la position de Saint Polten, et s'engage dans les chemins alors presque impraticables des Alpes de Styrie. Denis Moreau note ce jour là qu'il marche 6 lieues; il passe une rivière mais l'ennemi ne fait pas de résistance, et bivouaque dans un bois non loin de cette rivière.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Etant en marche, l'armée entra en les montagnes de la Craniche (sic), qui sont inaccessibles et presque déserts, dont les chevaux avaient grand peine de monter pour des rochers qui s'élèvent jusque dans les airs, dont les chemins sont impraticables; ce fut en ces montagnes que l'armée est beaucoup souffert la faim et la fatigue. L'armée arrive à une rivière qui passe sous une roche" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 7 novembre, le 30e est détaché pour escorter le parc du Corps d'armée et aider au transport des pièces dans ces sentiers affreux. Le Général Mathieu Dumas, commandant l'artillerie, s'exprime ainsi au sujet de cette marche : "l'ardeur et la constance des soldats furent admirables dans ces marches de 12 et 15 lieues qui se prolongeaient bien avant dans la nuit; on les voyait au milieu des glaces, à travers les torrents s'exciter à l'envie, s'animer par des cris et des chants de guerre en travaillant à élargir des sentiers trop étroits pour l'artillerie". Denis Moreau note ce jour là avoir marché 7 lieues; il passe à Gaming, y fait halte; il est ensuite de corvée pour escorter le parc; il marche jusqu'à 10 heures du soir dans la montagne et bivouaque près d'une maison.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Et le lendemain, le 30e régiment fut pour escorter le parc de la division, et 100 hommes de corvée furent requis pour travailler au rétablissement de la route où le parc passa, car il n'était pas possible de passer, dans des chemins aussi rapodes. L'on entra dans une ville où l'on resta en attendant que toutes les autres divisions eurent passé, et l'on se mit en marche, et comme les chevaux, ils étaient fatigués, l'on allait à petit pas. La nuit vint, et ce ne fut qu'avec beaucoup de peine que l'on monta la montagne; et étant à moitié montée la montagne, il y eut une baraque de charbonnier où le feu éait aux chambres. Le général Dumond commandant la division, le général de division ayant été blessé à Lambaque (sic); voyant que les caissons étaient en danger, commanda que l'on jeta le feu dans la rivière. Comme la nuit était obscure, l'on campa dans la montagne, jusqu'au lendemain que l'on repartit, en mettant des chevaux de un caisson à un autre, et les montait jusqu'à la hauteur des montagnes, et revenait en chercher un autre, et ainsi de suite jusqu'au dernier. Durant ce temps, l'avant garde qui était composée de deux régiments, le 13e et le 108e de ligne, ayant avancé en les montagnes par des travaux immenses, atteinrent l'ennemi dans ces autres creux, et commencèrent à se battre avec eux et l'ennemi voulut leur faire face, et avec douze pièces de canon, dont plusieurs furent placées sur la route, qui faisaient feu sur l'avant-garde, et nos soldat ayant foncé sur les pièces de canon et les démontèrent, et mirent l'ennemi en déroute, et profitèrent de leur désordre pour marcher contre eux, et prirent une partie de cette armée prisonniers et abandonner leurs pièces de canon et leurs bagages pour se sauver, mais les Français les poursuivaient de si près qu'il n'y en échappa que très peu. Et les voitures de bagages restèrent dans la route avec les pièces de canon, qui étaient démontées. L'on marchait à grandes journées mais le parc resta, rapport que les glaces étaient trop fortes, et que les chevaux, tant du parc que de la cavalerie, ne pouvaient se tenir tant le chemin était croulant. Cependant, le Prince Murat arrive à la ville de Lince (sic), à 175 lieues du Rhin, car l'Empereut d'Autriche avait résolu de la bien défendre. En effet, il soutient le siège, pendant trois jours, mais elle fut rendue le 18 du mois, au Prince Murat, qui y entré avec son armée, et marche de suite contre la ville de Vienne, capitale de l'Autriche, car il n'y avait point de ville forte pour l'arrêter" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 16 brumaire (7 novembre 1805).
1re division : Gaming.
Les trois divisions marchent sur Gaming. La 1re devait appuyer sa gauche au chemin de Gresten à Gaming ct étendre sa droite le long de la route de Linz, en gardant ce village par un bon poste, mais elle ne put arriver à sa destination.
Elle bivouaque à une demi-lieue en arrière de Gaming à gauche de la route étant adossée à un bois.
Le 30e est détaché pour escorter le parc de la division …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 588).
"Journal de la division Friant.
De Kronsmoossen à Risselsau, le 16 brumaire an XIV.
Le 3e corps est prévenu par l'ordre du jour que la marche qu'il va faire dans les montagnes de la Styrie lui occasionnera beaucoup de peine et de privations, mais que le résultat de cette marche sera pour lui de faire l'avant-garde de deux autres corps d'armée au lieu d'être en 3e ligne. Le Maréchal espère que généraux, colonels, officiers et soldats déploieront cette énergie française qui fait faire des miracles. Le soldat prend du pain pour quatre jours; mais, dans le soir du second jour, la fatigue, et surtout cette imprévoyance qui lui est comme naturelle, lui firent jeter son pain sur le chemin. L'avant-garde se porte 2 lieues en avant de Gaming sur la route de Maria-Zell. Les trois divisions suivaient le même mouvement et devaient bivouaquer ainsi qu'il suit :
La 1re devait appuyer sa gauche au chemin de Gresten à Gaming, et prolonger sa droite vers Linz sur le bord d'un gros ruisseau, établir un bataillon à l'embranchement des deux chemins de Gaming à Linz et Neuhaus, et placer un bataillon en avant de Gaming pour maitriser la vallée de la grosse Erlaf; la 2e division appuyait sa droite à la gauche de la 1re, et sa gauche prolongée à Neubruck, où elle devait tenir un bataillon pour observer la vallée baignée par la petite rivière dite Pielach et la vallée étroite de Purgstall, mais les chemins étaient si encaissés, les montées si roides qu'elles ne purent arriver. Notre division dut bivouaquer un peu en arrière de Risselsau (point où la vallée très étroite que nous avons suivie depuis Gleiss s'élargit un peu sur les deux côtés et forme un espèce de bassin circulaire); la 1re division était immédiatement devant nous, à la hauteur de Predl, la 3e à Ob-Gresten et la division de dragons comme arrière-garde dans les environs d'Ybbsitz. Le Maréchal eut son quartier général à Gaming. Chaque division dut laisser un régiment à la garde de son parc. Le 30e régiment de ligne était au parc de la 1re division, et le 111e au nôtre. Les voitures et équipages suivirent les parcs. Si un caisson de régiment venait à se briser, on devait l'abandonner, et distribuer les cartouches aux soldats. Je reçus 200 hommes, fournis par tous les régiments, pour aider nos sapeurs à réparer les ponts que l'ennemi aurait détruits, combler les coupures, élargir les chemins, briser avec des pics à roc les glaces dont les montées et les descentes sont couvertes, y répandre du foin, de la paille. Nous fîmes une lieue de traverse, dont une demie dans les bois en partant de Kronsmoossen, pour gagner la route d'Aschbach à Waidhofen par Gleis. Cette traverse est assez bonne, quoique le terrain soit très accidenté ; la route est belle, bien ferrée ct large de 8 à 9 mètres ; elle est d'abord à mi-côte du revers gauche de l'Ybbs, qu'elle traverse au petit village de Kematen sur un pont en bois, et s'éloigne peu de la rive droite jusqu'à Gleis, village avecun château de peu d'apparence, église et cimetière. L'Ybbs est une petite rivière non navigable, remplie de rochers, etc. En amont du pont, il y a un batardeau pour retenir les eaux, pour alimenter les moulins et usines qui s'y trouvent en assez grande quantité. Nous avons souvent trouvé de semblables batardeaux dans les rivières non navigables; non seulement on avait eu pour but, en les construisant, d'avoir de l'eau à volonté pour alimenter les moulins, usines, etc., mais on voulait aussi diminuer les funestes effets de la trop grande vitesse des eaux, coulant dans les lits trop encaissés, et d'une pente trop rapide" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 589).
Le 8, la 1ère Division assiste, mais sans être engagée, au combat de Mariazell, où le Corps de Krefeld, presque entièrement détruit, nous abandonne 1000 prisonniers, 3 drapeaux, 15 pièces de canon et ses équipages. Denis Moreau note que ce jour là, il est parti à 4 heures du soir dans la montagne, a marché 3 lieues, et a couché dans une maison située dans un gros bourg.
Le 9, le 30e rejoint la 1ère Division. Denis Moreau note ce jour là qu'il a marché 7 lieues; lui et ses camarades sont relevés par les 4 dernières Compagnies du 1er Bataillon du Régiment (détail qui montre que ce n'est pas tout le 30e, mais une partie seulement, qui a été assignée à l'escorte du parc, contrairement à ce qui est indiqué dans la Notice Historique); Denis Moreau passe dans les montagnes; en chemin, il voit un camp de prisonniers Autrichiens, et sur la route tout leur convoi abandonné (au moins 8 pièces de canon, caissons de munitions); il y a également une grande quantité de tués sur la route; la traversée des montagnes ne se fait pas sans difficulté, et il faut parfois que les soldats tirent les canons avec des cordes pour les faire monter; enfin, Denis Moreau bivouaque avec 2 Régiments de prisonniers Autrichiens.
Du 9 au 15 novembre, le 3e Corps est porté sur Modling et de là sur Vienne (qui a ouvert ses portes le 13), où il fait son entrée à la suite des Corps de Lannes et de Murat.
"Journal de la division Friant.
De Stenhoff à Traisen, le 19 Brumaire an 14.
… le 30e de ligne qui était au parc depuis Mariazell, rejoignit la 1re division.
On distribue aux troupes beaucoup de vin" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 676).
Denis Moreau note à la date du 19 brumaire (10 novembre 1805) qu'il traverse une ville située sur une hauteur, qui a été pillée; après avoir marché 7 lieues jusqu'à 7 heures du soir, il couche sans souper sur la route dans une ferme.
"3e CORPS d’ARMÉE.
Journée du 20 brumaire an XIV.
... 1re division : Lilienfeld.
Séjour.
Le 30e rejoint la division ..." (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 693).
Le 20 (11 novembre 1805), Denis Moreau marche 7 lieues afin de rejoindre le 30e qui est bivouaqué dans un village; il couche dans une grange. Le 21 (12 novembre 1805), marche de 8 lieues; Denis Moreau bivouaque dans un bois. Le 22 (13 novembre 1805), marche de 4 lieues; Denis Moreau quitte les montagnes et couche dans un village. Le 23 (14 novembre 1805), il marche 8 lieues, passe à Vienne et couche dans un village.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le troisième corps d'armée qui avait traversé la montagne, après plusieurs jours de marche, on gagne les plaines de Vienne. Depuis le commencement de cette guerre, l'on fit à l'Autrichien plus de 75 mille prisonniers, mais l'Empereur de Russie était entré en l'Autriche avec 100 mille hommes, mais ils furent battus à la bataille d'Austerlitz. Prise de Vienne le 22 Brumaire, capitale de l'Autriche, le Prince Murat à la tête de son armée arrive devant la ville de Vienne le 22; l'Empereur d'Autriche prit la fuite avec son armée, abandonna la capitale et fut en bourgeois et le Prince Murat entra à la ville à la tête de son armée, après avoir traversé la ville, arrive au pont sur le Danube. Il y avait un corps d'Autrichiens dont il y en eut qui voulut mettre le feu au pont, mais les Français arrivèrent et arrêtèrent les coupables. L'armée était de 100 mille hommes, et alors, l'on s'empara de tous les magasins de la ville, et des arsenaux, où étaientt plus de mille bouches à feuet plus de 100 mille pièces. Le Prince Murat mit de suite une bonne garnison de 50 mille hommes. Et le maréchal Davout fut gouverneur de cette ville pour l'Empereur des Français, et depuis cette époque, la 1ère division du 3e corps fit partie du 4e crops. La ville fut assez tranquille sous son gouvernement. La ville de Vienne étant assez grande et entourée de plusieurs faubourgs très grands mais dans les routes assez droites mais point pavées, et séparées de la ville par une place remplie de petits arbres. La ville est entourée de remparts et fossés, ce qui la sépare des faubourgs, il y a dans la ville plusieurs palces, où sont des fontaines et une autre où il y a une colonne, en haut duquel est plusieurs statues, et un prince à genou au milieu, et de chaque côté, il y a des fontaines où sont des statues, où sont des amours qu'ils tiennent des dauphins qui jetent l'eau par la gueule. La cathédrale a quatre clochers en pierre de taille, dont il y en a une qui est très haute, et en pointe, depuis l'extrémité. Le dedans de cette église est très beau, il y a aussi plusieurs chateaux de l'Empereur, et il y a plusieurs ponts sur le Danube, allées d'arbres très considérables. Cette ville est éloignée de 200 lieues du Rhin. Après que le Prince Murat est entré en Vienne, toute la grande armée du Rhin défila dans la ville pendant 4 jours. Cependant, il vint à Vienne 6000 hommes autrichiens qui se rencontrèrent avec les Français, mais ils furent arrêtés avec leurparc qu'il était considérable, car ils croyaient pas que les Français furent entré en Vienne, et venaient pour la défendre, mais ne firent aucune résistance, et bivouaquèrent à une lieue proche d'une branche du Danuben et on ne leur fit connnaitre qu'ils étaient prisonniers que le soir très tard, lorsqu'il fallu rendre les armes; ils firent quelques difficultés, et n'étant pas assez forts pour se defendre, ils se rendirent, quoiqu'avec regret, furent conduits en France, ce qu'il ajouta beaucoup aux prisonniers" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
L'ordre du jour, daté du Quartier impérial de Vienne, le 14 novembre 1805 (23 brumaire an 14) déclare : "... S. M. témoigne sa satisfaction au 17e régiment de ligne et au 30e, qui, au combat de Lambach, ont tenu tête à l'arrière-garde russe, l'ont entamée, et lui ont fait quatre cents prisonniers …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 478 ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 217).
Le 24 (15 novembre 1805), Denis Moreau part à 4 heures du soir, marche jusqu'à minuit et couche à Saint Horace (?), à 6 lieues de Vienne. Il y séjourne le lendemain.
Le 16, la Division Cafarelli est placée à trois lieues en avant de Vienne sur la route de Brünn. Le 17, elle est porté à Znaim où elle séjourne jusqu'au 25. Le 26 brumaire (17 novembre 1805), Denis Moreau marche 8 lieues et couche dans un village. Le 27 (18 novembre 1805), marche de 2 lieues; il couche dans un village. Le 28 (19 novembre 1805), Denis Moreau se met en route à 2 heures de l'après midi; il marche 8 lieues jusqu'à minuit; et couche dans un village situé sur une hauteur près de Znaim. Le 29 (20 novembre 1805), Denis Moreau marche de 10 heures du matin à 3 heures du matin, soit 11 lieues; il couche à Pohrlitz; la moitié du Régiment, note t'il, est restée en arrière, épuisée de fatigue. Le 30 (21 novembre 1805), Denis Moreau se rend à Ledce où il cantonne; les hommes sont logés à 15 par maison.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Cependant l'armée française ne cessa pas de marcher, car l'armée russe était entrée en l'Autriche au nombre de 100 mille hommes commandés par l'Empereur de Russie, même l'Empereur d'Autriche joint aussi plusieurs bataillons, sans y comprendre son armée, que l'on poursuivait toujours car l'on prit des caissons, et des pièce de canon et des voitures de bagages furent pris près de Estocros (Stockereau ?) et en ce bourg, l'on prit des magasins de souliers, et d'habits, et autres effets de troupes.
L'Empereur des Français était toujours à la tête de l'armée, et fit rassemblement de toute l'armée à Estocros, et de suite marcha pour la Moravie, et on arriva à la petite ville Delbronnie (Hollabrunn ?) à 12 lieues de Vienne, où il s'y donna grand combat avec les Russes, que l'on rencontra dans les plaines, où il y resta plus de 4 mille hommes sur le champ de bataille, car la terre en était couverte, car les Français n'avaient pas encore été rassemblés mais les Russes les attaquèrent, et furent mis en fuite, et dans leur fuite, mirent plusieurs village à feu, par les obus qu'on leur envoya.
L'ennemi ayant battu en retraite jusqu'au delà de la ville de Brunne (sic), où ils attendirent leur forces, et il y eut une session d'arme avec eux, et les troupes furent en cantonnement. La vavalerie occupait le village tout en avant et les autres troupes firent de grands mouvements; tous trouvaient leur rang de bataille, et l'on ne marcha que la nuit. L'armée arrive à Senam (Zanïm ?) le 29 Brumaire et y coucha aux environs et repartit le lendemain; ils repartirent et furent cantonnés à 15 lieues plus loin, où ils restèrent huit jours.
La ville de Senal est sur le pan d'une colline assez garnie de vignes, ville est assez belle, il y a un clocher en fer couleur verte, et une place au-dessus. La campagne est assez belle, et beaucoup de vigne en vin blanc, et les caves et les pressoirs, sont en les vignes. Cette ville, il est à 230 lieues du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
A l'appel du 22 novembre, le 30e de Ligne comprend 1074 hommes (Gloire et Empire N°27 - Austerlitz).
Détachée trop loin du Maréchal Davout qui occupe Vienne et Presbourg, la Division Cafarelli passe momentanèment sous les ordres du Maréchal Lannes, commandant le 5e Corps, où elle remplace la Division Gazan, restée à Vienne.
L'ennemi quant à lui s'échappe vers la Moravie et se rallie sous Olmütz. Napoléon précipite la marche de ses Corps qu'il destine à le battre et, vers la fin de novembre, ayant réuni 65000 hommes autour de Brünn, il se porte en avant des Austro-Russes.
Le 26 novembre, la Division Cafarelli occupe Pohrlitz. Ce jour là, 5 frimaire, Denis Moreau note qu'il quitte le cantonnement de Ledce pour se rendre au village de Mieltschau, 3 lieues plus loin.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Mois de Frimaire 1805
Les cantonnements rechangèrent le 6 Frimaire, furent plus loin, où ils restèrent 2 jours là" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 29 novembre, la Division Cafarelli se rend à Brünn. Denis Moreau note qu'on a battu la générale à 10 heures du soir; il est parti à minuit, a traversé Brünn, et après 7 lieues de marche, a campé dans une plaine proche de la route.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 8, les cantonnements durèrent pas longtemps, car l'armée russe se présenta pour venger la prise d'Houlm (sic), et de tout l'armée autrichienne qui y fut prise; attaqua la cavelerie en ses cantonnements, sans qu'il en fut averti, et en prirent près de 500 hommes, mais ils payèrent cher cette attaque à la bataille de Austerlitz trois jours après. Car aussitôt l'on bat la générale en tous les cantonnements, et les troupes marchèrent contre Brunne (sic) sur le 1 heures du soir, et l'on arrivé à catte ville à 6 heures du matin, et sortis de la ville, l'on fut en colonne serrée pour monter la montagne, et l'armée campa" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9 frimaire (30 novembre 1805, Denis Moreau marche 1 lieue.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le lendemain, l'on changea de position et avançait à à force que l'ennemi battait en retraite et l'ennemi prit de fortes positions. L'Empereur des Français passa devant de toute l'armée, et durant ce temps, le maréchal Bernadotte arrive avec 40 mille hommes, tant cavalerie et infanterie, et l'on reçut la proclamation de l'Empereur en ces termes.
Soldats, l'armée russe se présente pour se venger de la prise d'Houlme (sic), et de toute l'armée autrichienne, nous avons une grande affaire, tâchons de les vaincre. Je rangerai moi-même vos bataillons. Je me tiendrai loin du feut, si la victoire devient douteuse, vous verrez votre Empereur se porter au plus grand danger, et si nous avons la victoire, la paix que je ferai sera glorieuse, et je vous ramènerai en France, et vous serez les plus tendres objets de mes voeux.
La ville de Brunne est dominée par un fort qui est sur une haiteur au milieu de la ville, qui est entourée de remparts ; il y a deux faubourgs. Celui du côté dhoulmuse (sic) il y a plusieurs statues sur un pont où il y passe une rivière en la ville, il y a plusieurs places où sont des fontaines, et des colonnes en pierre, et une horloge dans un clocher où est une galerie, où est l'homme qui veille. La campagne est assez belle" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er décembre, Napoléon trouve les Austro-Russes marchant eux-mêmes à sa rencontre à la hauteur d'Austerlitz. Ce jour là, Denis Moreau note qu'il est passé en revue par l'Empereur; après avoir marché 1/4 de lieue, il bivouaque; dans la soirée, les soldats illuminent le bivouac avec des torches de paille en l'honneur de l'Empereur, qui est présent à cette illumination.
"Il y avait trois jours que les armées étaient en vue sur une ligne d'environ 2 lieues dans des positions avantageuses, formant de part et d'autre un amphithéâtre.
Celle que nous occupions le 1er décembre, veille de la bataille (d'Austerlitz), mérite d'être plus particulièrement connue, par la scène aussi extraordinaire qu'agréable qui s'y passa.
Vers les 9 heures du soir, l'on entend des cris de joie, venant de la droite, qui mirent tous les bivouacs sur pied. Bientôt l'on apprit avec certitude les motifs de cette allégresse.
L'Empereur, à pied, accompagné du prince Berthier et de deux ou trois officiers généraux, visitait la ligne. Des soldats pour éclairer sa marche s'avisèrent d'éclairer (sic) des poignées de paille et de les agiter en criant "Vive l'Empereur !".
En un instant, ils furent imités de toute l'armée et l'illumination devint générale.
Cette scène est aussi difficile à peindre qu'à décrire, il faut en avoir été témoin pour s'en faire une juste idée : cent mille hommes, campés sur une ligne de deux lieues, portant chacun dans leurs mains des torches de paille et les renouvelant aux dépens de leur bivouac étaient brûlées.
Il faut en outre, se représenter que cela se passait à portée de canon d'une armée plus nombreuse que celle qui se préparait ainsi à combattre. L'art rendra difficilement un pareil tableau, il faut l'avoir vu dans son naturel pour croire à sa réalité" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Frimaire et mois décembre 1805
Bataille d'Austerlitz
10 Frimaire. Après que l'on ait reçu la proclamation de l'Empereur, l'armé avança encore ; alors l'on commença à se battre, l'on entendait pas toute la fusillade, l'on campa assez près de l'ennemi, et ce qui fit que les postes de l'avancée se tiraillaient toute la nuit. L'armée était sur plusieurs lignes et lorsque l'on fut arrivés à la position, l'on se mit en ligne, et l'on défendit au soldat de quitter les rangs. L'on commanda hommes de corvée, pour aller chercher le bois et la paille, et le nécessaire, mais voyant que l'on restait assez tranquille, dans la journée les soldats eurent la permission d'y aller eux mêmes et il y eut beaucoup de villages de pillés et brulés, depuis la ville de Vienne jusqu'à Brunne, mais ceux qui furent pas de ce camp les surpassèrent, car il n'y eut rien d'épargné; tous les bestiaux furent pris et des maisons furent démolies, pour faire du feu, les meubles et les lits ne furent point épargnés; il n'y eut personne d'exempt de bivouac. Les généraux y furent les premiers qui montra l'exemple, l'Empereur àa la tête, qu'il établit son bivouac dans une maison qu'il fut démolie, par les soldats. Cependant, l'on avait établi une batterie sur une montagne, fait un pain de sucre pour servir en cas de retraite. La soirée du 10 Frimaire fut superbe, car y avait dans l'armée tous les soldats, avait une torche à paille allumée, et courait en sautant et criait vive l'Empereur, et ce qui commença par la droite et vint à la gaucge, et en peu de tant, les camps furent tout illuminés, alors l'Empereur se présenté à ses soldats, et fut milieu d'eux, et les cris de vive l'Empereur redoublèrent; il était en compagnie de ses maréchaux de France, il suait à grosse goutte, et alors il dit aux soldats qui le suivaient, c'est assez, reposez vous, demain j'aurai besoin de vous; après, il visita les postes. Les généraux commanda aux Adjudant de commander aux soldats de garder la giberne sur le dos, ce qu'ils firent; et l'on passa la nuit assez tranquille" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Bataille d'Austerlitz
(Inscrite sur le drapeau du Régiment)
Le 2 décembre, le 30e de Ligne présente un effectif de 1164 hommes répartis en deux Bataillons.
Ordre de Bataille français à Austerlitz - 2 décembre 1805 (Nafziger - 805LCI) Sources : Alombert & Colin, "Campagne de 1805 en Allemagne", Paris, 1904 Ordre de Bataille français à Austerltiz - 2 décembre 1805 (Quintin - Austerlitz) Source : Situations de la Grande Armée conservées au SHAT à Vincennes sous la cote C2 606 (effectifs établis lors de l'appel du 22 novembre) |
L'armée alliée est forte de 95000 hommes. Bien que les Empereurs de Russie et d'Autriche en suivent les mouvements, c'est Kutusoff qui la commande. Napoléon établit la sienne en arrière du Goldbach, à cheval sur la route de Brünn à Olmütz. Feignant une attitude défensive, il abandonne aux alliés les magnifiques hauteurs de Pratzen, qui semblent commander son front, cela dans le but de leur imposer l'idée de le tourner par sa droite et de lui enlever la route de Vienne. Il calcule que pour exécuter cette manoeuvre séduisante, ils seront forcés de s'étendre vers leur gauche, et par suite, de dégarnir les hauteurs de Pratzen, qu'il pourra alors facilement reconquérir ces dernières, et couper par là même leur armée en deux.
Fig. 7 Plaque de shako, modèle 1806
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Dans l'après-midi, il les voit en effet se déployer sur le plateau de Pratzen; puis masser des forces considérables du côté où il désire les voir prononcer leur action. Il ne doute plus qu'ils ne soient déjà engagés dans le piège qu'il leur a tendu. C'est alors qu'il dicte une proclamation célèbre qui, lue le soir aux troupes, répand dans les rangs un enthousiasme indescriptible. "L'ennemi va marcher pour tourner notre droite, dit-il, mais il nous présentera le flanc"; et chaque soldat voit un gage assuré de la victoire dans cette parole inspirée d'un chef qui semble connaître tous les secrets de l'ennemi, et commander en quelque sorte aux deux armée. Une illumination improvisée, à l'aide de mllliers de perches surmontées de bottes de paille, éclaire les bivouacs pendant plusieurs heures, témoignant de l'allégresse des troupes à l'approche de la bataille annoncée pour le lendemain.
Comme conséquence de son plan, Napoléon dégarnit sa droite. Il n'y laisse qu'une Division et un Corps de cavalerie à Davout, qu'il charge de contenir l'ennemi, tout en lui laissant gagner du terrain peu à peu. Se resserrant sur son centre, il donne à Soult la mission de s'élancer avec ses trois Divisions sur le plateau de Pratzen, dès que les masses ennemies en seront descendues pour forcer notre droite. Et, pour rendre irrésistible ce mouvement d'où dépend la victoire, il masse derrière Soult, et prête à s'élancer sur ses traces, une réserve de 25000 hommes : le Corps de Bernadotte, les Grenadiers, Oudinot et la Garde. Murat est en outre chargé de l'appuyer du côté de la route d'Olmütz. Enfin, Napoléon établit fortement sa gauche, commandée par l'intrépide Maréchal Lannes (dont le Corps ne comprends que les Divisions Suchet et Cafarelli), entre cette route et les montagnes de Bosenitz, en lui donnant pour point d'appui le mamelon du Santon. En prévision de la bataille, on travaille depuis quelques jours à couvrir le Santon de retranchements et d'artillerie. La garde en est confiée au Général Claparède et au 17e Léger, qui jurent de le défendre jusqu'a la mort. La Division Suchet est placée à gauche, s'appuyant au mamelon du Santon, fortement armé, et au village de Bosenitz; la Division Caffarelli est établie à droite, avant du Golbach, sur deux lignes, la droite au village de Girzikowitz, la gauche à la route d'Olmütz; le 30e est sur la première ligne. La Division Suchet doit lutter contre toute l'Infanterie de Bagration; la Division Caffarelli contre les 82 Escadrons austro-russes du Prince Jean de Lichtenstein; aussi, l'Empereur a t'il donné au Maréchal Lannes toute la cavalerie de Murat, pour le seconder. Cette cavalerie est répartie de la manière suivante : la cavalerie légère et les Dragons (?), sous Kellermann, en avant de la 1ère ligne de la Division Caffarelli; la grosse cavalerie, sous d'Hautpoul et Nansouty, en réserve derrière la seconde ligne.
Fig. 8 Fusiliers en 1806, d'après H. Boisselier pour Bucquoy |
Fig. 8a Fusilier en 1807 d'après R. North (source : R. d. v. Neste, d'après Bucquoy) |
Les opérations exécutées dans cette journée, par les troupes sous le commandement du Maréchal Lannes forment comme une bataille à part dans cette grande bataille; les décrire dans leur ensemble dépasserait les bornes du présent historique. Nous nous bornerons donc à en donner les grandes lignes, appuyées notamment par un extrait du "Journal de marche de la 1ère Division du 3ème Corps" et diverses autres sources.
Le 2 décembre, à la pointe du jour, la fusillade qui éclate sur notre droite confirme Napoléon dans ses calculs : les masses ennemies quittent les hauteurs et dirigent leur action sur sa droite. Il leur donne le temps d'accentuer assez leur mouvement pour qu'il soit irrémédiable
Entre 7 et 8 heures du matin, le 5e Corps et la Réserve de cavalerie prennent position à hauteur du centre. L’infanterie est rangée sur deux lignes de bataillons en colonnes d’attaque avec 200 pas de distance. Les Bataillons d’un même Régiment sont accolés.
Le 17e Léger garde le Santon, et a détaché un poste à Bosenitz. Les Régiments de la Division Suchet sont disposés dans l’ordre suivant, de la gauche à droite : en première ligne, le 40e et le 34e ; en deuxième ligne, le 88e et le 64e ; la route d’Olmutz masse deux bataillons à gauche et six à droite. Dans la Division Caffarelli, la première ligne est formée, de gauche à droite, par le 30e et le 17e de Ligne, et le 13e Léger ; la seconde Ligne par le 61e et le 51e (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 185).
Vers 9 heures, au signal donné, Soult lance ses trois Divisions. En 20 minutes, les têtes de colonne atteignent le bord du plateau de Pratzen et s'y déploient. Kutusoff est terrifié à la vue de nos troupes, déjà maitresses de positions qu'il considère comme un rempart assuré pour son front. Il a le pressentiment du désastre qui attend son armée. En vain il veut resserrer sa ligne, pour fermer la trouée ouverte sur son centre. Mais, d'une part, les masses qui forment sa gauche se sont laissées attirer par le succès passager que nous leur avons ménagé, et elles échappent désormais à son action; d'autre part son aile droite, vaillamment commandée par Bagration, après avoir épuisé en vain tous ses etforts contre la solide infanterie de Lannes, se voit, le moment venu, assaillie à son tour par elle et par les terribles escadrons de Murat. Biaziowitz, Kruch, Holubitz, qni couvrent de ce coté les abords des hauteurs de Pratzen, sont successivement emportés par la Division Caffarelli. Le 30e se distingue au milieu de ces vaillants Régiments, qui ramassent autour de ces villages 2000 prisonniers et 8 pièces de canon et détruisent un Corps de cavalerie, qui a tenté d'affronter le feu de leurs redoutables carrés.
"Les succès importants que la cavalerie du prince Murat et l'infanterie du maréchal Lannes avaient obtenus à la gauche avaient permis d'en détacher la division Caffarelli. On reçut l'ordre de se rapprocher du centre où l'ennemi avait porté ses réserves et ses troupes d'élites, en faisant un changement de front, l'aile gauche en avant, et d'occuper les hauteurs de Krub, et d'Hollubitz avec deux bataillons des 17e et 30e de ligne. Les deux bataillons font 1 500 prisonniers dans ce mouvement, et s'emparent de six pièces de canon qu'ils tirent à l'instant même contre l'ennemi aux cris de "Vive l'Empereur"" (Relation de la bataille d'Austerlitz par le Maréchal Berthier).
Il n'est pas midi, et déjà Kutusoff se voit forcé d'appeler ses dernières réserves. Mais déjà Bernadotte, Oudinot, Napoléon et sa garde sont maîtres des hauteurs.
"La droite de la 1ère Division était liée au corps du Maréchal Bernadotte et la gauche à la Division Suchet du 5ème Corps d'armée. Elle formait deux lignes dant la première était composée du 13ème d'Infanterie légère et du 17ème et du 30ème de Ligne; la 2ème ligne était composée du 51ème et du 61ème. Les deux lignes étaient séparées par un espace de 200 pas; la première en bataille, la deuxième en colonnes serrées par bataillon.
A 9 heures, la cavalerie russe et autrichienne chargeant sur quelque cavalerie française (c'était la cavalerie légère de Kellermann qui, ne se sentant pas en force pour résister aux hulans du Grand Duc Constantin, se repliait derrière la seconde ligne) laquelle se réfugia dans les intervalles de l'Infanterie vint donner contre la première ligne qui la reçut par un feu de mousqueterie à bout portant; une partie de cette cavalerie est détruite, le reste prend la fuite. Quelques pelotons avaient pénétré derrière la première ligne; on ordonna au 3ème rang de faire demi-tour à droite et on fit feu en avant et en arrière; l'ennemi après cette bonne réception ne fut plus tenté de recommencer.
La Division fut exposée jusqu'à onze heures à un feu d'artillerie de 22 pièces qui lui causa des pertes, son artillerie était placée sur la gauche de la première ligne, son feu était bien inférieur à celui de l'ennemi et, d'ailleurs, elle avait perdu du monde par la charge de la cavalerie russe.
A onze heures, on fit l'attaque du village de Blazowitz dans lequel l'ennemi était en force et duquel il débouchait pour tâcher de tourner la Division. Voulant prévenir cette manoeuvre, un bataillon du 13ème fut à sa rencontre et fut bientôt suivi par le reste du Régiment et par le 51ème. On marcha en deux colonnes serrées qui se portèrent sur la droite et sur la gauche du village, on s'en empara après un combat assez vif, à la suite duquel le 51ème fit 400 prisonniers autrichiens; le Colonel du 13ème fut tué à cette attaque (Colonel Castex). Toute la Division marcha ensuite en avant et arriva sur une seule ligne de bataille à un quart de lieue en avant de la maison de poste qui est située à l'embranchement des routes d'Olmütz et d'Austerlitz". (C'est dans cette maison que le soir de la bataille, l'Empereur établit son quartier général).
Vers midi, le combat devient très vif. Pendant que la Division Nansouty charge au sud de Krueh et d’Holubitz, une partie de la Division Caffarelli (30e, 17e et 61e) se rabat à droite pour enlever ces deux villages au 6e Régiment de Chasseurs russes. Le reste du 5e Corps, la cavalerie légère de Kellermann et les Dragons de Walther combattent le Corps de Bagration. Les deux adversaires ont des forces à près égales en infanterie (8000 hommes de chaque côté) mais la cavalerie russe est très supérieure à la nôtre (5000 contre 2000). Bientôt le 30e Régiment vient rejoindre le 1er Bataillon du 17e à droite de la Division Suchet. "L’infanterie en bataille soutint avec le plus grand calme le feu de la mitraille ; les files renversées étaient aussitôt remplies. L’ordre de Sa Majesté fut fidèlement exécuté et, pour la première fois peut-être depuis la guerre, la plupart des blessés se traînaient seuls à l’ambulance" (Rapport du Général Suchet). Le Général Valhubert, ayant eu la cuisse coupée par un boulet, refuse de se laisser porter à l’ambulance : "je mourrai aussi bien ici ; il ne faut pas qu’un homme en fasse perdre six" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 194).
Entre midi et 1 heure, la Division Caffarelli est maîtresse d’Holubitz ; le 30e et le 17e de Ligne s’en sont séparés pour aller renforcer la Division Suchet. A ce moment, le Général d’Hautpoul voit une colonne d’infanterie russe en retraite de Siwitz sur Posrzitz ; c’est celle qui a été attaqué Bosenitz et en a été repoussée par le 17e Léger. D’Hautpoul la fait charger par sa 1ère Brigade. L’ennemi, surpris par cette première charge, est rompu, mais se reforme en carré, et fait un feu considérable sur les Cuirassiers. Il est néanmoins enfoncé une seconde fois par le 5e Cuirassiers, qui s’empare d’un drapeau, de six pièces et de nombreuses voitures. L’ennemi se réfugie derrière le ravin de Posorzitz et se reforme en arrière (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 219).
"Le 2 décembre à 7 heures du matin, le régiment quitta ses bivouacs.
La 1ere division, sous les ordres du général Caffarelli, 1er aide de camp de l'Empereur, forma l'extrême gauche de l'armée.
Par les dispositions d'attaque, la brigade fit l'avant-garde sous les ordres du général Demont (Joseph Laurent (comte), né à Sarretrouville le 29 septembre 1747 (fils d'un Suisse de la garde du roi), décédé à Paris le 8 mai 1826), elle débuta en déployant ses colonnes d'attaque pour repousser une charge de cavalerie qui paya cher la témérité de son entreprise. Elle aurait dû pousser plus loin en essayant d'enfoncer nos rangs, mais elle ne fit que passer en chargeant quelques-uns de nos hussards qui se jetèrent derrière nos lignesen passant dans les intervalles des régiments et des bataillons. Ils laissèrent par cette manoeuvre la cavalerie russe exposée à tout notre feu qui en tua beaucoup et mi tellement la confusion dans ses rangs qu'elle ne savait où fuir pour éviter nos coups. La plaine était couverte de chevaux que les blessés avaient abandonnés.
Après cette première attaque, une colonne d'élite composée d'environ 3.000 grenadiers (russes), débarassés de leurs bagages, se présente devant le front du régiment.
Cette troupe n'en imposa ni par le nombre, ni par l'audace qu'elle montra en nous attaquant.
Elle fut reçue comme la cavalerie. Plusieurs fois elle chercha à déborder notre gauche où constamment elle fut repoussée.
Le mauvais succès de ces charges redoublait ses efforts et augmentait son opiniâtreté, moins pour nous enfoncer que pour emporter la position du Santon.
Le "Santon" est un mamelon naturel qui domine la plaine. Au sommet il y a une chapelle. Cette position avantageuse, garnie d'artillerie, était gardée par le 17e régiment d'infanterie légère.
De ce point, l'on distinguait le mouvement de deux armées.
La ferme résistance qu'elle rencontra l'empêcha de s'assurer de la position.
A son tour elle ne soutint pas aussi courageusement notre attaque; dès la première charge, elle fut rompue sans qu'il lui fut possible de se remettre en ligne.
Alors, la colonne ennemie fut vivement poursuivie et forma une masse de laquelle partaient quelques coups de feu.
D'après ce mouvement, elle se disposait à nous recevoir, mais à l'instant, un feu bien dirigé lui fit abandonner cette attitude défenseive pour prendre de nouveau la fuite.
Deux fois nous répétâmes cette manoeuvre à bout portant.
Fatiguée de ce jeu meurtrier, elle se mit en déroute. Le régiment la poursuivit alors et fit un grand nombre de prisonniers à la course (sic). Elle abandonna son artillerie, onze pièces toutes attelées tombèrent en notre pouvoir dont plusieurs furent prises de force.
Pendant que nous étions occupés à ramasser cette artillerie, à en culbuter les conducteurs, le reste de la colonne se rallia, mais toujours en groupe, près d'un chemin creux de la profondeur d'environ 15 à 20 pieds dont les deux bors étaient tellement au niveau de la plaine qu'à trente pas l'on ne pouvait distinguer s'il existait un chemin.
Jugeant cette position favorable, elle s'y arrêta.
Alors, les 5e et 9e régiments de Cuirassiers exécutèrent une charge qui dispersa cette masse, mais la proximité du chemin creux où cette infanterie se jeta, la garantit des coups de sabre de la cavalerie sans la sauver de nos baïonnettes.
Le régiment y arriva aussitôt et la mêlée devint générale.
Il trouve les Russes couchés à plat ventre, faisant feu à droite et à gauche sur les cuirassiers qui n'avaient pu descendre dans le chemin.
L'arrivée de l'infanterie, qu'ils ne croyaient pas si près, déconcerta leur résistance. L'on tomba sur eux à coups de baïonnette, à coups de crosse...; tout ce qui servait à frapper était une bonne arme offensive. Plusieurs officiers prirent des sabres qui, pour le moment étaient préférables aux épées.
Le carnage fut terrible.
Les soldats ne voulaient rien entendre aux cris de ceux qui demandaient quartier, vu qu'auparavant beaucoup de Russes avaient jeté leurs armes et contre-faisaient (sic) les morts, couchés à côté de leurs fusils qu'ils reprennaient lorsqu'on les avait dépassés et faisaient feu sur celui qui, un instant avant, venait de lui faire grâce de sa vie.
Enfin, la première fureur passée, l'hunamanité reprit ses droits. Les prisonniers furent mis en sûreté. Par précaution, l'on cassa leurs armes, ce qu'ils exécutaient joyeusement eux-mêmes.
Le régiment poursuivit sa marche.
A une distance peu éloignée, il trouva le butin de la colonne qu'il venait de détruire.
Les sacs soigneusement entassés prouvaient l'espoir qu'ils avaient de les reprendre.
Les soldats en fouillèrent plusieurs qu'ils trouvèrent garnis de mauvais effets desquels ils ne voulurent point s'embarrasser.
Il fut ensuite se mettre en bataille, à peu de distance, sur la route de Brünn à Olmütz (orthographié "Osmutr" dans le document original).
Il arriva à cette position vers les deux heures. Quatre compagnies du 1er bataillon et quatre compagnies du 17e régiment (Brigade Debilly) s'en étaient emparées pendant que nous exécutions notre dernière charge.
L'on resta en bataille jusqu'à la nuit. Sept bouches à feu jouèrent continuellement sur notre ligne, moins pour fair edu mal à l'ennemi que pour protéger la retraite des troupes qui, sur ce point, avaient été défaites à la bataille.
A la nuit, le régiment reçut l'ordre de se placer à cheval sur la grand-route.
Le prince Murat et le maréchal Lannes établirent leur Quartier Général au poste qui se trouvait au centre des bivouacs du régiment qui leur fournit une garde de grenadiers. Leurs Excellences étaient au comble de la satisfaction en parlant de la belle conduite du régiment. Les expressions leur manquaient pour lui témoigner combien il avait acquis des droits à leur estime par la manière dont il s'était battu à cette mémorable journée. Le maréchal Lannes dit particulièrement qu'il avait fixé la victoire sur ce point, qu'il était flatté de l'avoir sous ses ordres et qu'à jamais il aurait cette action dans son souvenir.
Parmi les prisonniers de marque, deux soldats du régiment trouvèrent sur le champ de bataile le prince Galitzin (Dimitri Vladimirovitch, prince sérénissime, général russe, 1771-1844), démonté, et le conduisirent à Brünn, sans savoir qui ce pouvait être.
Le général Pannetier (Claude Marie Joseph, comte de Valdotte, né à Pont de Vaux le 28 novembre 1769, y est décédé le 3 septembre 1843), gouverneur de la ville, leur donna un reçu désignant la qualité du prisonnier" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"A 3 heures, tout le plateau était dégarni", dit le Général Suchet. L’infanterie de sa Division se trouve alors sur la hauteur qui domine Kovalowitz : le 88e, passé en 1re ligne, fait face à ce village, à portée de fusil ; le 34e, le 40e et le 64e couronnent la hauteur ; le 30e et le 17e sont à cheval sur la route d’Olmütz, près de la poste de Posorzitz, ayant la cavalerie en avant d’eux. Les Russes se rallient, partie en arrière du ruisseau, au nord de Kovalowitz, partie sur la colline à l’ouest de ce ruisseau, en avant de l’étang (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 220).
La Garde russe est culbutée. Une partie de nos masses, se rabattant alors à droite, tombe sur les derrières de cette moitiée de l'armée russe, qui s'est aventurée sur le Goldbach dans l'espoir de nous couper de Vienne. Ces malheureuses troupes, se voyant prises entre deux feux, n'ont plus d'autre chemin que des étangs glacés, où des milliers de leurs hommes périssent engloutis. L'armée alliée, en pleine déroute, abandonne sur le champ de bataille 20000 prisonniers et 280 bouches à feu. Le surlendemain, elle est cernée, et obtient un armsitice qui aboutit au traité de Presbourg.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "et le lendemain 11 du mois, l'on passa la revue des armes, et à sept heures du matin, le général passa et crie aux armes. Alors l'on prit les armes et l'on se mit en route, pour marcher contre l'ennemi, qui s'avançait aussi, et l'on commença à l'attaquer sur la droite, tandis que l'on avançait sur la gauche, qui arrivait sur le champ de bataille. Le Prince Murat y passa la revue des armes avant que de se battre; alors le feu commença beaucouo se garnir sur la droite; le canon se fit entendre de toute part, mais l'armée française était de 100 mille hommes, mais l'armée ennemie y était de 100 vingt mille hommes et cependant, l'armée française battait en retraite, sur la droite, où était la garde impériale des deux Empereurs; l'armée russe avançait fort sur la droite, en criant hourra hourra, et passèrent entre une lac, pour suivre les Français, mais ils retournèrent plus vite qu'ils n'étaient revenus; mais les Français ils prirent courage, ils chargèrent sur les Russes en criant en avant, alors ils voulurent passer sur le lac, qui était gelé, mais les Français firent une décharge de canons à boulets, qui fit casser la glace, et tout ce qui se trouva sur le lac coula à fond, ce qui fit un grand avantage aux Français, qui avancèrent avec courage, et bloquèrent plus de 20 mille hommes, entre le lace, et le cenre de l'armée. La garde impériale française chargea sur les Russes de la garde, et les mirent en déroute et prit un grand nombre de prisonniers, la cavalerie se montra, en cette occasion, surtout les cuirassiers et les dragons et les mamelucks que les Russes prenaient pour des Turcs; et l'infanterie française avança contre Austerlitz qui était un des villages, où les Russes s'étaient réfugiés; alors le général de la 1ère division du 4e corps d'armée commanda de mettre les obusiers en batterie contre le village d'Austerlitz, pour y mettre le feu, ce qu'ils firent, et en peu de temps, le village fut en feu; alors, les Russes qu'ils y étaient en grand nombre, sortant du village en foule, voulurent charger contre l'infanterie française, mais ils rebroussèrent bientôt. Les Français les poursuit de si près, qu'il couvrait la terre de morts et de blessés; il y eut une très grande quantité de blessés français et de tués, car les Russes se tenait assuré de la victoire. Car il avait eu l'ordre de poser leur sac à terre, pour n'être pas si chargés, mais les Français, ils passèrent dessus les sacs sans y toucher lorsqu'ils battaient en retraite et les Russes ils n'eurent pas le temps de prendre leurs sacs, et lorsque l'on fut dans Austerlitz, l'on trouva les rues pleines de mort, jusqu'à son dépôt. L'armée Russe y fut coupée; cependant, l'aile gauche ayant arrivé en bataille, la cavalerie en avant et sur les 10 heures du matin, les cosaques russiens commença à attaquer les chasseurs français et chargèrent sur eux en criant hourra hourra et les firent battre en retraite jusque devant l'infanterie de la 1ère division du 3e corps qu'il était commandé par le maréchal Soult, qui commandait le corps. Nous avions pours général de division le général Capharly (sic); et lesdits Russes en poursuivant nos chasseurs, ils ont passé devant notre division à demi-portée de fusil, ils ont reçu un feu de file assez garni à force qu'ils avançaient, ce qu'il les faisait descendre dessus leurs chevaux et couvrait la terre de morts et de blessés. Et ils passèrent entre les pièces de canon en poursuivant nos chasseurs, et hussards, et tuer quelques canonniers sur les pièces, et taillèrent en poèce, et les chevaux, et retournèrent en leur armée, au corps de ce qu'il était venu, et il ne se contentèrent pas pour cette fois et revinrent de nouveau, en criant hourra, et passèrent entre le 17e et le 30e régiment, mais ils rebroussèrent voyant la fusillade, et retournèrent et revinrent plus. Les troupes d'infanterie étaient rangées en bataillons carrés, ses rangs en colonnes d'attaque, et alors, un premier aide de camp de l'Empereur se présenta devant les soldats et leur criait prenez courage la victoire est à nous. Alors l'aile de la gauche attaque, les colonnes se mettent en marche et se rangent en bataille; la bat la charge et l'on fit le feu de deux rangs. Le commandant Guilemain toujours à la tête du régiment, les hommes tués et blessés tombés de part et d'autre couverts de terre. Les colonnes russes descendent de la hauteur. Les pièces de canon font feu de toute part, les Russes avaient mis leur sac à terre pour n'être pas si chargé, pour se défendre mieux, à leur leur aise, et les Russes ils avaient avancé jusque contre la route de Brunne et Holmuse, et ils burent de l'eau de vie en quantité, ce qu'il fit qu'ils attendaient les Français de pied ferme, et se battaient de si près que en peu de tant, l'on mit près de dix mille hommes hors de combat sur la gauche, car il y eut des pièces de canon sur la route qui envoya de la mitraille, et même, j'ai reçu un coup de mitraille à la cuisse, qui me brisa ma montre. Le capitaine Blanchemain, il était de la compagnie, il reçut une blessure à mort, une balle lui passa dans la bouche, qu'il sortit par derrière le cou; il fut porté à l'ambulance dans la ville de Brunne, et il mourut et il resta uncaporal et un soldat de la compagnie sur le champ de bataille morts, et plusieurs blessés qui se rendirent à l'ambulance, et qu'ils sont morts par leurs blessures, mais enfin, ils furent mis en déroute, qupique les officiers leurs criaient de rentrer au rang, et fuyaient sur la gauche traverse la route. Les Français les poursuivaient en criant en avant ; l'on saisit les pièces de canon qui étaient sur la route, ainsi que les caissons; l'on mit des grenadiers russes en déroute, et furent sur le bord d'un fossé; la cavalerie aussitôt passait derrière et les hachait à coup de sabre; il n'y eut que très peu de prisonniers; l'on marchait toujours en bataille, mais comme l'ennemi avait beaucoup forcé notre régiment, il s'arrêta et recula quelques pas; mais on avança de nouveau, il y est venu le 34e régiment sur notre gauche; il était bien temps pour nous donner des renforts; nous fimes aucun pardon avec les Russes, au moment que nous les poursuivions si fort, ils se sont couchés par terre, qu'ils faisaient les morts et nous commençait à manque de la munition, alors la baïonnette des soldats faisait leur feu; le colonel Valterre et monsieur Verner ils nous montraient l'exemple avec leur épée, qui piquait par les dos des Russes; une fois, je vis son épée engagée, qu'il ne pouvait l'arracher, il a été obligé de mettre le pied dessus pour la tirer. Le colonel Valterre il tranchait la tête des Russes avec son sabre, et nous avec nos baïonnettes, moi je ne piqué quatre qu'il faisait les morts, il étiont couchés sur leurs fusils, et qu'ils tenaient leur poignée de sabre dans la main; il n'avait aucune blessure, alors je les ai blessés. Après ce carnage, nous n'avions plus de munitions, on prit quatre hommes de corvée, pour aller chercher des cartouches, et notre division, il s'est retiré sur la droite; il y avait huit pièces de canons, sur une hauteur sur le bord de la route Doulmuse (sic), qui ne cessa de tirer sur notre régiment jusqu'au moment il ne tuèrent personne et aussi, il y avait quelques escadrons de cavalerie qu'ils nous protégeaient. Cette position, il était beaucoup à notre avantage, et l'on mit des postes à la position de l'ennemi et l'ennemi en laissa aussi dans un village, que l'on prit le soir." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La bataille d'Austerlitz a été appelée par les soldats la bataille des Trois-Empereur. Napoléon a dit qu'il "n'en avait livré aucune autre où la victoire ait été aussi prononcée et les destins si peu balancés". Aussi exprima t'il sa satisfaction aux troupes dans l'une de ses plus chaleureuses proclamations : "Vous avez, dit il, couvert vos aigles d'une gloire immortelle. Rentrés dans vos foyers, il vous suffira de dire : J'étais à Austerlitz, pour qu'on vous réponde aussitôt : voilà un brave".
Fig. 9 Tambour major d'après H. Knötel |
Dans cette journée, le 30ème a eu un grand nombre de tués et de blessés, parmi lesquels nous relevons les quelques noms suivants :
- Plaige (Jean Baptiste) Capitaine, coup de feu à la tête.
- Billotte (Denis Ambroise), Capitaine de 3ème classe, tué.
- Blanchemain (Colomban), Capitaine de 3ème classe, tué.
- Richard (François Maurice), Chef de Bataillon, coup de mitraille à la figure.
- Cauvet (Louis Joseph), Lieutenant, coup de feu à la jambe gauche.
- Pansin (Pierre), Lieutenant, atteint d'un coup de boulet.
- Joubert (Guillaume), Lieutenant, blessé.
- Richard (François), Sous lieutenant, coup de feu à la figure.
- Morais (Stanislas Eloi), Sous lieutenant, coup de feu à la tête.
- Blain (Raymond), Sous lieutenant, blessé.
- Duval (Nicolas), Sous lieutenant, coup de feu au bras
droit.
- Ledieu (Louis), Adjudant, atteint d'un coup de feu.
- Charbonnier (Germain), Caporal, coup de feu à la tête et à la cuisse.
- Delage, Caporal, atteint d'un coup de feu.
- Bourgeois (Jean), soldat, coup de feu à la main et à la jambe.
- Laurent (Pierre), soldat, coup de feu à la jambe droite.
Le docteur Charlier (Charles Marie), Chirurgien major au Régiment, est atteint par un boulet alors que, sur le champ de bataille, il donne ses soins à un soldat blessé. Le certificat d'origine de blessure du docteur est libellé d'une façon assez originale : "A reçu une forte contusion à la tête d'un boulet qui a enlevé son chapeau dans l'exercice de ses fonctions. Heureusement que ce boulet a été assez aimable pour n'enlever que le chapeau; Esculape protégeait le docteur".
Selon Martinien, le 30e a eu les pertes suivantes : Capitaine Blanchemain, blessé et mort le 10; Capitaine Billotte, blessé et mort le 5; sont blessés le Chef de Bataillon Richard, le Chirurgien major Charlier, les Capitaines Joubert, Plaige, Villermoz, les Lieutenants Morgat, Cauvet, Jund, Pansin, Berthier, Lacombe, Rochet, les Sous lieutenants Blain, Kerveiller, Ledieu, Morais, Richard.
"Cette mémorable journée coûta la vie à plusieurs braves dont le capitaine Billotte, commandant les grenadiers du 1er bataillon, atteint d'un coup mortel. Des grenadiers s'empressèrent autour de lui et le placèrent sur deux fusils en forme de brancard pour le transporter.
Le capitaine les examine.
La douleur, les approches de la mort ne l'empêchèrent point de leur rappeler les ordres de l'Empereur :
"Grenadiers, dit il, je vous remercie. Retournez à vos postes. Il es plus honorable pour vous de combattre que de donner des secours, laissez ces soins à d'autres".
Les grenadiers partirent.
Peu d'instants après, il rendit le dernier soupir.
Le régiment perdit en outre le capitaine Blanchemain, 82 sous officiers et soldats tués et 437 blessés de tous grades" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Selon les travaux de D. et B. Quintin, le 30e a eu à Austerlitz 2 Officiers tués, 28 Sous-officier et hommes de troupe tués, et 15 Sous-officiers et hommes de troupe mortellement blessés, soit au total 45 décédés dont 15 le jour même de la bataille.
Tableau des cas incertains de tués au 4e de Ligne d'après les travaux de D. et B. Quintin - Austerlitz |
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Morts de blessures après Austerlitz, ne figurant pas au contrôle de l'unité |
Rayés des contrôles et présumés morts de leurs blessures à Austerlitz |
Rayés des contrôles sans nouvelle après blessuree à Austerlitz |
Morts des suites de blessures après le 02/12/1805 sans autres précisions |
23 |
38 |
Denis Moreau note que ce jour là, il marche 2 lieues, et livre bataille avec les Russes; à midi, il est blessé au dessus de la cheville gauche. Sa Compagnie est détachée pour être de garde à la barbe de l'ennemi, près d'un village; il pleut presque toute la nuit.
"Le 3 décembre (1805), le régiment se mit en marche vers sept heures du matin et se dirigea sur Wichau, sur la route d'Olmütz.
Tout annonçait la déroute de la veille. Les armes, les bagages que l'ennemi abandonnait à chaque pas attestaient de son embarras et de la rapidité de sa fuite.
Le régiment arriva peu avant la nuit dans un village qu'on lui assigna pour son cantonnement, sur la gauche et à une demi-heure de marche de Wichau. Il y resta jusqu'au 4" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le lendemain, la cavalerie française fut à leur poursuite et les trouvèrent de part et d'autre en les villages, et il y eu 30 mille prisonniers de faits avec ceux qui furent bloqués la veille et furent conduits à Brunne.
Le 12 Frimaire, la cavalerie fut à leur poursuite, ainsi que l'armée qui fut jusqu'à ville d'Oulmus (sic), où l'on reçu un parlementaire pour traiter la paix. L'armée resta et furent en cantonnement en la Moravie" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 12 frimaire (3 décembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues et couche dans un village à moitié brûlé. Le lendemain, il marche 8 lieues; après avoir changé de village, Denis Moreau se met en route à 4 heures du soir pour être en garnison à Brünn; il marche jusqu'à 1 heure du matin.
"L'ordre de départ pour Brünn arriva vers 4 h. du soir.
Le général de division Caffarelli voulant reconnaitre la brillante conduite du régiment à la bataille d'Austerlitz, et en attendant de lui témoigner sa satisfaction en le recommandant à la bienveillance de l'Empereur afin d'obtenir des récompenses, lui désigna la capitale du pays pour y cantonner.
Dans son espérance, il arriva à Brünn à 11 h. du soir, mais de suite il lui fut annoncé qu'il devait conduire une colonne de prisonniers à Vienne.
Ce départ précipité, la maladie grave du général Caffarelli, la blessure du général Demont, firent perdre au régiment l'honneur et l'avantage d'une recommandation particulière.
Le régiment fut frustré au point que les Corps qui n'avaient pas eu l'occasion de combattre furent traités aussi favorablement, lorsque Sa Majesté accorda les récompenses par suite de cette journée" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Effectivement, le Major général a donné, le 4 décembre, des instructions au Général Andréossy, chargé des dispositions relatives au départ pour la France des prisonniers russes faits à Austerlitz "Les jours où les colonnes de prisonniers traverseront Vienne, les troupes seront sous les armes et on en fera une espèce de fête, sans que, sous aucun prétexte, les colonnes de prisonniers russes puissent s'arrêter un instant dans les faubourgs et dans la ville de Vienne". Le lendemain, Mortier transmet dans ces termes à Gazan les instructions qu'il vient de recevoir d'Andréossy :
"Un courrier, que vient de m'expédier le général Andréossy d'après les ordres du ministre de la Guerre, Monsieur le Général, m'annonce qu'il doit être parti aujourd'hui 14 courant (frimaire), de Brünn, une colonne de 6.000 prisonniers russes sous l'escorte du 1er bataillon du 30e régiment d'infanterie de ligne; que demain une seconde colonne de prisonniers russes d'égale force partira du même endroit sous l'escorte du 2e bataillon du même régiment; que, le 16, il partira peut-être un reste de prisonniers, mais qu'il m'informera de ce qui devra se mettre en route ce jour-là.
Le 30e régiment de ligne n'ira que jusqu'à Vienne; il s'y reposera un jour et retournera joindre sa division.
A une lieue en avant de Vienne, sur la route de Brünn par Stamersdorf, le 1er bataillon du ler régiment d'infanterie légère relèvera le 1er bataillon du 30e régiment d'infanterie de ligne. Le 2e bataillon du 1er régiment d'infanterie légère relèvera également le lendemain, à une lieue de Vienne, le 2e bataillon du 30e d'infanterie de ligne" (Le maréchal Mortier, duc de Trévise. T. 3).
Denis Moreau note, à la date du 14 frimaire (5 décembre 1805) qu'il marche 5 lieues; il part de Brünn avec une colonne de 3500 prisonniers Russes, passe à Pohrlitz et couche dans un village.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 14 après la bataille fut faite, les prises furent en Pologne, et les prisonniers furent conduits par le 30e régiment à la ville de Vienne, et d'autres régiments les prirent et les conduirent en France; ils furent très misérables.
Proclamation de l'Empereur après la bataille d'Austerlitz.
Je suis content de vous soldats; vous avez à la journée d'Austerlitz justifié tout ce que j'attendais de votreintrépidité, vous avez décoré de vos aigles d'une immortelle gloire, une armée de cent mille hommes commandée par les Empereurs de Russie et d'Autriche a été à moins de quatre heure coupée ou dispersée, ce qui a échappé à votre feu sont noyés dans le lac; 40 drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, 120 pièces de canon, 20 généraix et plus de 30000 mille prisonniers (sic) sont le résultat de cette journée célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n'a pu résister à votre choc, et désormais, vous n'aurez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en un mois, cette troisième coalition a été vaincue, dissoudre; la paix ne peut plus être éloignée, comme l'ai promis à mon peuple, avant que vous passez le Rhin. Je ne ferai qu'une paix qui me donnera des garanties assurées et des récompenses à nos alliés. Soldat, lorsque le peuple français a placé sur ma tête la couronne impériale, je me suis confié à vous, la maintenir dans ce haut état de cloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux, mais dans le même moment, nos ennemis poussaient à la détruire, et à la violer. Et cette couronne de feu conquise par le sang de tant de Française, et voulait la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis , projet téméraire et ... que le même de l'anniversaire du couronnement de votre Empereur, vous avez anéantis et confondus, vous leur avez appris qu'il était plus facile de nous vraver, de nous menacer que de nous vaincre.
Soldat, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France, et vous serez l'objet de mes plus tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec des transports de joie, il su suffira de dire j'étais à la bataille d'Austerlitz, pour que l'on réponde voilà un brave.
Traité de Paix
L'Empereur de France traitait de paix avec l'Empereur d'Autriche sous la condition qu'il disposerait dès l'avenir à reconnaitre Napoléon Roi d'Italie. Il fit reconnaitre à même Roi de Bavière Maximilien Joseph, et il lui donna le Tyrol et ses duchés et des pièces de canon, et d'autres armes.
Il fit reconnaitre Roi de Wurtemberg l'Electeur et lui donna plusieurs villes. Le Prince Charles fut reconnu Roi d'une portion de Pologne, et lui donna une restitution de la perte de son .... L'Empereur donna ordre de prendre toutes les richesses de l'Autriche, qui fut chargées sur des chariots, et menées en France, et d'autres vendues ; il fut levé sur l'Autriche et la Moravie des contributions de plus de cent million, après que la paix fut fait, l'armée fut cantonnée en la Moravie. Le 30e régiment y fut après avoir conduit les Russes à Vienne où ils firent séjour" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 15 (6 décembre 1805), Denis Moreau marche 9 lieues; il passe à Nikolsburg et couche à Poysdorf.
Le 16 (7 décembre 1805), Denis Moreau marche 7 lieues et couche à Bogenneusiedl.
Situation du 5e Corps - 7 décembre 1805 (Nafziger - 805LXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 17 (8 décembre 1805), Denis Moreau marche 3 lieues et couche à Hennersdorf.
Le 18 (8 décembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues; il passe dans Vienne avec les prisonniers qui sont conduits à une portée de fusil de la ville; ceux-ci sont remis à la 4e Légère (sic); puis il fait demi-tour et couche au faubourg Landstrasse.
Le 21 (12 décembre 1805), Denis Moreau marche 4 lieues et couche à Ebersdorf.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 21 Frimaire, nous avons arrivé aux environs de Senem (sic) en Moravie. La compagnie était en cantonnement dans le village de Verovis (sic). Nous y avons resté 16 jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 22 (13 décembre 1805), Denis Moreau marche de 4 lieues et arrive à Gnadendorf.
Situation du 3e Corps - à compter du 13 décembre 1805 (Nafziger - 805LXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 23 (14 décembre 1805), Denis Moreau marche de 8 lieues; il passe à Poysdorf, et couche à Herrnbaumgarten.
Le 24 (15 décembre 1805), Denis Moreau marche 8 lieues et couche à Grusbach.
Le 25 (16 décembre 1805), Denis Morau marche 6 lieues et arrive à Töstitz.
Le 26 (17 décembre 1805), Denis Moreau marche 2 lieues et arrive à l'hôpital de Znaim.
Quelques jours après la bataille d'Austerlitz, la Division Cafarelli est portée à Znaïm où elle reste jusqu'au 4 janvier.
"Après avoir séjourné à Vienne, le régiment reçut ses instructions pour le cantonnement définitif. Il cantonna dans les environs de Znaïm (orthographié "Znayn" dans le document original) et de l'Em (peut être la rivière l'Emms) à Durchlar" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 30 frimaire an XIV (21 décembre 1805), un Décret de l'Empereur rendu au Palais de Schoenbrunn, stipule : "Le sieur Dodo-Desmaretz, capitaine au 55e régiment d'infanterie de ligne, est nommé chef de bataillon au 30e de même arme" (Précis historique et militaire de la Grande Armée, Paris, 1806).
Situation du 5e Corps - à compter du 22 décembre 1805 (Nafziger - 805LXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Le 5 Nivôse (26 décembre 1805), Denis Moreau marche 6 lieues et couche à Gunterdorf. Ce jour là est signées la paix de Presbourg qui coûte à l'Autriche de nombreuses provinces, 4 millions d'habitants et un matériel immense. Rien qu'à Vienne, on trouve 100000 fusils, et 2000 pièces de canon. Du bronze pris sur l'ennemi pendant la campagne, Napoléon fait construire à Paris, sur la place Vendôme, la colonne de la Grande Armée. L'un des héros d'Austerlitz, le Général Morand, le chef de la première des Brigades qui prirent pied sur le plateau de Pratzen, est nommé Général de Division en remplacement du Général Caffarelli, appelé à l'Etat-major de l'armée.
Le 6 Nivôse (27 décembre 1805), Denis Moreau marche 8 lieues et couche à Stockerau.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Autre proclamation de Sa Majesté du 6 Nivôse an 14. Soldat, la paix entre moi et l'Empereur d'Autriche est signée, vous avez dans cette arrière saison fait deux campagnes, vous avez rempli tout ce que j'attendais de vous. Je vais partir pour me rendre dans ma capitale. J'ai accordé de l'avancement et des récompenses à ceux qui se sont et plus distingués. Je vous tiendrai tout ce que je vous ai promis; vous avez vu votre Empereur partager avec vous vos périls et vos fatigues. Je veux aussi que vous veniez aussi le voir entouré de la grandeur et de la splendeur qui appartient au premier peuple de l'univer. Je donnerai une grande fête au premier jour de mai à Paris. Vous y serez tous. Après nous verrons où nous appelle le bonheur de notre patrie et ... de notre gloire. Soldat, pendant les trois mois qui vous sont nécessaires pour retourner en France, soyez le modèle de toutes les armées. Ce ne sont plus des preuves de courage et d'intrépidité que vous êtes appelés à donnez, mais d'une sévère discipline, que nos alliés n'aient plus à se plaindre de votre passage, en revenant sur le territoire français, ce comporté vous comme des enfants au milieu de de leur famille; mon peuple se comportera comme il le doit avec ses héros et ses défenseurs.
Soldat, l'idée que je vous verrai tous avant six mois, rangés autour de mon palais, sourit à mon coeur. Et y éprouvait d'avance les plus tendres émotions, nous célèbreront la mémoire de ceux qui dans les deux campagnes, sont mort aux champs de l'honneur, et le monde vous sera prêt à imiter leur exemple et à faire plus que nous n'avons fait, s'il le faut, contre ceux qui voudraient attaquer et à faire notre bonehur, où qui se laisseront séduire par les corrupteurs de l'éternel ennemi du continent. Signé Napoloén" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 7 (28 décembre 1805), Denis Moreau passe à Sierndorf et après une marche de 5 lieues, couche à Tresdorf.
Le 8 (29 décembre 1805), Denis Moreau marche 2 lieues, arrive à Vienne, et entre à l'hôpital de la fonderie (sa blessure exigeant sans doute des soins); la paix a été affichée dans la ville; et l'Empereur, dit Denis Moreau, est parti pour Paris.
Situation du 5e Corps - 1er janvier 1806 (Nafziger - 806AXA) Sources : Archives françaises, Carton C2 470, 481, 482 |
A la paix, les trois Divisions du Corps de Davout sont ramenées sous Mayence (Historique abrégé).
"Le 4 janvier 1806, l'évacuation de la Moravie commença.
Le régiment quitta ses cantonnements le même jour et vint dans la Haute Autriche en remontant le Danube par sa rive gauche jusqu'à Kerme où il traversa ce fleuve et fut prendre des cantonnements définitifs près de Lambach, sur les bords de la Traunn.
L'état major s'établit à Thalhan" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut raconte (en se trompant sur la concordance des calendriers) : "Le 7 Nivôse le 4 janvier la division a reçu l'ordre pour partir des cantonnements de la Moravie, pour aller à Lambac, et nous marchâme à grande journée. Le même jour passé à Senem, et nous fümes à Elbroune. Il a et a 209 lieues du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Dans son journal, Denis Moreau indique qu'il quitte Vienne le 5 janvier (à partir de cette date, il n'utilise plus le calendrier révolutionnaire); il marche 9 lieues et couche à l'hôpital situé au village de Pixdorf (?).
Le lendemain 6 janvier, il évacue et se rend à 9 lieues de là et couche à Saint Paul (Pölten).
Le 7 janvier, après une marche de 7 lieues, Denis Moreau couche dans un gros couvent près d'un village; dans la nuit, il est pris de fièvre.
Le 8, Denis Moreau se rend 10 lieues plus loin dans un petit village qu'il évacue le 9 pour se rendre à Enns (4 lieues); à cet hôpital, la fièvre le dévore, et il doit prendre un vomitif qui le soulage.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 8 à Craince, ville dans un fond près du Danuble (sic), et a 294 lieues du Rhin. Le 9 à Ance (Enns ?), ville sur une hauteur et dans un bon pays à 172 lieues du Rhin. Le 10 à Velce, ville entourée d'un mur dans une paline, à 162 lieues du Rhin. Le 11 à Lanbac, petite ville où il y a une rivière, à rivière à 152 lieues du Rhin. La compagnie il a été cantonné aux environs au village de Bagnianange (sic). Nous y avons resté dans ledit village 15 jours. Sa est dans Basse Autriche" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Denis Moreau évacue l'hôpital d'Enns le 17 janvier, et couche 5 lieues plus loin à Saint Terre (?). Le 18, il se rend à Lombacque (?) à 4 lieues de là.
Du 19 janvier au 20 février, la Division Cafarelli est dans les environs de Lamback. Le 19 janvier, Denis Moreau, qui apparemment est toujurs à l'hôpital, part de Longbac (?), marche 9 lieues et couche dans une petite ville. Le 20, il marche 9 lieues et couche à Braunau. Le 21, il marche 8 lieues sous la pluie et arrive à minuit pour dormir dans la première ville de Bavière, qu'il appelle Epinal (?). Le 23, il se remet en route, marche 4 lieues et couche dans une ferme. Le 24, il marche 7 lieues; il arrive à Pivoye (?), y reste 1 heure pour manger une portion de mauvais pain et boire un peu de bouillon; puis il se remet en route et arrive à Landshut où il loge chez un bourgeois de la ville. Le 25 janvier, il évacue à Freising, à 9 lieues de là. Le 27, il évacue, marche 7 lieues, et couche à Dachau. Le 28, nouvelle évacuation dans un château près d'un petit village à 5 lieues de là. Le 29, évacuation et marche de 5 lieues jusqu'à Augsbourg. Le 30, Denis Moreau demande son billet de sortie et l'obtient ; il loge dans la ville. Le 31, il quitte Augsbourg, marche 6 lieues et couche à Adelsem (?). Le 1er février, il marche 5 lieues et couche à Ackenbourg (?). Le 2, marche de 5 lieues; Denis Moreau arrive à Ulm où il trouve le Dépôt général de toutes les Divisions du Corps d'armée; il obtient du Commandant de la place de rester jusqu'à nouvel ordre, ce qui lui permet de ne pas rentrer à Starsbourg. Le 7, il part cantonner à 1 lieue de Ulm, à Fonaikenne (?). Le 20 février, il marche 4 lieues et se rend au village de Eykaene (?).
Le 22 février, le 3e Corps se met en marche sur six colonnes pour rentrer en France. Ce jour là, Denis moreau marche 1/4 de lieue pour cantonner au village de Enfigenne (?).
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Mois de Pluviôse et février 1806. Le 22 février, parti de Magnaginge (sic) le même jour pour arriver Souasnestad (sic), petite ville. Il et à 152 lieues Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23, le Général Morand vient prendre le commandement de la 1ère Division, à la place du Général Cafarelli. Dès lors, Davout a sous ses ordres trois fameux divisionnaires : Morand, Gudin, Friant, dont les noms gravés dans nos plus célèbres annales entourent, comme d'une glorieuse auréole, le nom de leur illustre chef. Le même jour, Denis Moreau marche 2 lieues et couche à Ulm.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 23 à Frankabourg n'est un bourg 142 lieues du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 24 février, les cantonnements furent levés et l'évacuation totale de l'Autriche commença le même jour.
La division vint occuper le bord du Lech.
L'état major du régiment fut placé à Rain, petite ville entourée d'une vieille muraille en mauvais état, ayant quelques ouvrages en gazon. Néanmoins, avec un peu de réparations, vu son assiette naturelle, elle serait succeptible d'arrêter quelques temps une colonne. Il y a un gfossé qui peut être rempli par les eaux d'une petite rivière qui va se perdre dans le Lech, à un quart de lieue de la ville. A cette distance, l'on trouve une tête de pont entourée d'une bonne palissade et d'un fossé aboutissant au Lech qui va, loin de là, se jeter dans le Danube" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 24 février toujours, Denis Moreau marche 5 lieues, passe à Günzburg, et couche à Norkmseml (?), village situé à 1 lieue de la ville.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 23 à Frankinbourg est un bourg sur lhau (l'eau?) 134 lieues du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25, Denis Moreau marche 6 lieues, couche à Tilemme (?), puis à Halpac (?) à 1 lieue de là.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 25 à Mommarc (sic) et un bourg, 128.
Le 26 février, Mathigausen, un fort village et a 122 lieues du Rhin, pays de Bavière" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27, Denis Moreau marche 6 lieues et couche à Neubourg où passe le Danube.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Le 27 à Bourgausen, il était à Neulingue; 117 lieues. Cette ville a des arcades et une église au milieu. Veslibec n'est qu'un bourg. Landesthoul est une ville dans un grand fond où il y a une église haut et un cloché très haut. Freysing il est à 100 lieues du Rhin, Safausen, ville entourée de murs 95. Neubourg, ville sur une hauteur où un château, le tombau de la Tour d'Auvergne, et à une lieue de la Renne, et une petite ville. L'armée resta cantonnée depuis Neubourg jusqu'à Renne pendant 34 jours et repartit le 2 Germinal.
Mois Ventôse nous on cantonnait en Bavière. Danovers ville assez jolie à Arbourg ville assez belle. Thicheingen, bourg dans un fort. La compagnie a été cantonnée dans la Bavière en plusieurs villages, c'est à dire à Berquepimgue (sic), à Naten (sic) sur la route de Norlingue (sic); il y avait une ordinaire logée à Augeunauhaus et l'autre ordinaire était à Estaufem. Moi, je reste toujours à Naten, pendant cinq mois de temps" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e réiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28, Denis Moreau marche 4 lieues et arrive à Ingolstadt. Il en part le 3 mars, et marche 4 lieues sous la pluie dans le but d'atteindre le Régiment; il arrive à Neubourg et loge à 1 lieue de la ville dans le village de Josoph (?).
Le 4, Denis Moreau marche 2 lieues et arrive au village de Milsausen (?).
Le 8, Denis Moreau part pour Neubourg, y passe puis continue sa route jusqu'à Oberhausen où il réintègre sa Compagnie, qui cantonne dans ce village; il a marché 3 lieues. Le 13, marche de 4 lieues pour cantonner à Bingdorf (?).
Par décret du 14 mars 1806, le Capitaine Gautron, le Lieutenant Aulard, les Sergents Colomb, Dalibert et Moreau (bien qu'à l'époque, Denis Moreau n'a pas encore été promu Sergent, il est bien indiqué comme tel), les Caporaux Buisson et Forme, et le Grenadier Baré sont faits Chevaliers de la Légion d'Honneur.
Le 20 mars, Denis Moreau indique qu'il a marché 5 lieues et que les troupes sont passées en revue par le Maréchal Davout, sur une petite hauteur à 1 lieue de Neubourg; après la revue, il retourne à ses cantonnements après une marche de 5 lieues; il y arrive à 9 heures du soir.
"Le 24 mars, le régiment part de ce cantonnement, passe le Danube à Donauwert et vient cantonner en Souabe.
L'état-major fut établi à Dischingen (probablement Dillingen) et ensuite à Heindenheim, petite ville dans le royaume de Wurtemberg. C'est dans ce cantonnement que le 3e bataillon vint nous rejoindre le 28 juillet et fut incorporé le même jour" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Denis Moreau note que le 25 mars, il quitte Bingdorf (?) et marche 9 lieues; il passe à D'Onnever (?), et couche dans le gros bourg de Mendlie (?). Il en part le 26, marche 2 lieues, et arrive à Orbourques (?); un contre ordre le fait ensuite retourner cantonner à Menttü (?)
Le 27 mars, le 3e Corps arrive à Dettingen et y cantonne jusqu'au milieu de mai. Le 28 mars, Denis Moreau marche 5 lieues; il passe à Orbourg (?) et cantonne dans le petit village de Fronhafen (?).
Le 3 avril, Denis Moreau est détaché de Fronhafen (?) pour aller à Holdorf, petit village de 4 maisons (1/2 lieue). Le lendemain, après une marche de 2 lieues, la troupe est passée en revue par le Général de Division. Le 7 avril, après une nouvelle marche de 2 lieues, c'est la revue de l'Inspecteur. Le 20 avril, Denis Moreau change de cantonnement et après 4 lieues de marche, arrive à Ziertheim (?). Le 30 avril, il reçoit son Brevet de la Légion d'Honneur.
Le 12 mai, Denis Moreau change encore de cantonnement; il se rend sous la pluie à Genger (?) et après avoir marché 6 lieues, passe la revue du Commandant; dans la foulée, après 2 lieues de marche, il passe également la revue du Colonel. Le 17 mai, marche de 2 lieues pour aller cantonner au village de Jrégen (?).
Selon le Décret du Conseil d'Etat du 21 mai 1806, le département de l'Yonne doit fournir dans le cadre de la conscription 100 hommes au 30e de Ligne.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Dans le mois de mai, à Thilnigen, il y a en cette ville une grande tour où est l'horloge et un cheval blanc; elle est dans une grande plaine de bonne terre. Le lendemain, nous eûmes contre-ordre, nous revinmes en notre cantonnement à Natrin. Dans cet pays, les troupes furent nourries en tout ce qu'il y avait de meilleur dans le pays et furent assez tranquilles. Nous étions comme les enfants de la maison.
Prairial an 1806.
Durant ce temps, les troupes qu'ils servaient en l'Italie, se sont battues et firent plusieurs conquêtes, prirent quelques places fortes, et prirent tout le pays de Naples, dans le but de chasser le Roi, qu'il s'enfuit chez l'étranger. Et lorsque les Français en furent le maître, le Prince Louis Napoléon fut Roi de ces pays, et les gouverna assez bien.
Mois Messidor 1806. Les Russes avaient saisi en le Tyrol la place forte de Thirago, que les Autrichiens avaient quittée ce qui fait que les Français resta autour, et ils resteront dans l'Autriche, en plusieurs villes, mais cette place fut rendue en le mois de mai, ou en juin, alors, on abandonna le Thyrol, que l'on avait donné au Roi de Bavière" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En juin, le 3e Corps occupe Mayence et ses environs jusqu'à la campagne de Prusse.
Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... Dans la 16e division, il y a 2400 lits et des écuries pour 12000 chevaux.
Dans la 24e division, il y a 6400 lits et des écuries pour 3600 chevaux.
3e corps du maréchal Davout
16e et 24e division
...
Mayence le 30e de ligne à Lille ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).
Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin … La division du général Broussier est composée de 9,000 hommes qui se composent de détachements des 6e, 9e, 15e et 25e d'infanterie légère (la CGN parle elle des 9e, 15e et 25e de Ligne), 76e, 21e, 27e, 30e, 33e, 39e, 51e, 59e, 61e, 69e, 12e, 85e et 111e de ligne : ordonnez que cette division soit dissoute et que ces détachements se dirigent à l'heure même, du lieu où ils se trouvent, par la route la plus courte, pour se rendre à leurs bataillons de guerre de l'armée ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10478; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12461).
Situation de la Grande Armée - 18 juillet 1806 (Nafziger - 806GXC) Sources : Archives françaises, Carton C2 481, 482, 483 |
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Thermidor en juillet.
Cependant, l'on faisait toujours des préparatifs pour la guerre, et la grande armée du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 août 1806, Denis Moreau est promu Caporal.
"Pendant le repos des troupes dans ce cantonnement, l'on s'occupa des exercices de détail et de temps en temps, le régiment était réuni pour les évolutions.
Monsieur le maréchal (Davout) ordonna une revue et le rendez-vous fut donné dans la plaine de Nördlingen (orthographié "Nordlissigen" dans le document original).
Le 31 août, le régiment part pour ses cantonnements et le ler septembre, jour indiqué pour la revue, il se trouva sur le terrain où elle devait avoir lieu. Mais à peine fut-il formé en bataille, qu'un brouillard épais se développa et dégénéra bientôt en une forte pluie qui, néanmoins, n'empêcha pas la revue ni le commencement des manoeuvres.
Si le terrain, qui était devenu impraticable par les mouvements de l'artillerie et des colonnes, n'eût pas été un obstacle, il y a apparence (sic) que malgré la pluie, les évolutions auraient continué et c'est à quoi tout le monde s'attendait.
Les dispositions étant faites pour jeter des ponts sur une rivière, sur lesquels des colonnes devaient préalablement passer sur trois points différents pour simuler l'attaque de trois villages que des voltigeurs occupaient déjà pour les défendre.
Sur la gauche les premiers coups se faisaient entendre lorsque, dans un moment inattendu, chaque régiment fut renvoyé dans ses cantonnements, où i1 arriva vers deux heures après- midi.
Le régiment, cantonné dans la Souabe depuis la paix de Presbourg, attendait de jour en jour l'ordre de rentrer en France pour y jouir de la tranquillité qui paraissait être assurée depuis les campagnes de Vendémiaire An XIV et de 1805.
Une quatrième coalition fit évanouir cet espoir qui porta l'indignation dans le ceeur du soldat et lui fit oublier le repos auquel i1 devait se livrer, pour voler à de nouveaux triomphes.
Le régiment se mit en marche le 24 septembre, emportant de ses cantonnements des vivres jusqu'au 26. Il vint occuper Ederheim et cinq autres villages dans la banlieue de Nördlingen.
Le 25,
la division fut rassemblée dans la plaine de Nördlingen où elle fit des évolutions et assista à une exécution militaire" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
b/ Campagne de 1806
Dans le courant de septembre, la Prusse, cédant aux instances de l'Angleterre et de la Russie, se décide à entrer dans la quatrième coalition; elle mobilise son armée et s'établit sur les frontières de la bohème et de la Franconie. La guerre est imminente.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Et le 10 septembre, le maréchal passa la revue à Nerlingen (sic) où toute la division se rassembla on fit une grane manoeuvre, il fit du mauvais temps de pluie et l'on revient chacun dans son cantonnement" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 16 septembre, le 30e est stationné à Heidenheim (Historique abrégé).
Napoléon doit courrir au-devant de la nouvelle coalition avant qu'elle ait réuni ses forces. 200000 Prussiens, commandés par le Prince de Brunswick, ont pris position sur les revers de la forêt de Thuringe, prêts à tomber sur les flancs de l'Armée française. Ils supposent que cette dernière va suivre les routes d'invasion ordinaires qui mènent du Rhin au coeur de la Prusse, notamment celle de Mayence à Leipsick, par Eisenach, Erfurt et Weimar, qui coupe la Saale à Naumbourg.
Napoléon entretient Brunswick dans son erreur. Une partie de l'armée française est cantonnée dans les environs de Mayence, l'autre sur les deux rives de l'Inn. L'Empereur, laissant deux Corps manoeuvrer sur le Rhin, la concentre tout entière sur le Mein à Bamberg. Il songe à se servir de la Saale pour couper Brunswick comme il s'est servi du Danube, l'année précédente, pour couper Mack. Partageant son armée en trois groupes, il la dirige sur Bayreuth, Kronck et Cobourg, têtes des défilés de la forêt de Thuringe, dans l'intention de franchir ces montagnes par le sud et l'est et de gagner par la vallée de la Saale, l'Elbe et l'Oder.
Pendant cette campagne, comme dans la précédente, le 30e fait partie du 3e Corps, sous le commandement du Maréchal Davout et de la 1ère Division (Général Morand); cette Division est composée des cinq même Régiments : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e de Ligne. Le 30e a, à l'armée, les 1er et 2e Bataillons, ainsi que les Grenadiers et Voltigeurs du 3e Bataillon. Les Compagnies du centre de ce dernier Bataillon, formant Dépôt, sont à Mayence; l'effectif au Régiment, commandé par le Colonel Valterre, est de 2074 hommes.
Pierre Trépaut raconte : "Mois de septembre 1806, départ de l'armée pour la guerre de Prusse
L'armée partit du cantonnement de la Bavière le 24 septembre 1806, ils prirent la route de Norlingue pour marcher contre la Prusse, après avoir fait la manoeuvre du maréchal" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 septembre, la 1ère Division se met en marche de Nordlingen, et, passant par Gusenhausen, Nuremberg, Erlangen et Forscheim, vient cantonner le 2 octobre près de Bamberg.
"Le 26, le régiment part des cantonnements aux environs de Nördlingen et fut logé à ... (?).
Le 27, i1 passa par Oetingen et fut logé à Hohen Trudingen.
Le 28, i1 se dirigea sur Gunzenhausen et fut occuper Rudets et trois autres villages où i1 séjourna les 29 et 30.
Le 31, i1 passa par Schwabach et fut loger à Zorndorf" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Entre temps, le 28 septembre, l'Empereur écrit,; depuis Mayence, au Général Lorges, Commandant de la 26e Division Militaire : "Vous ferez partir demain en une seule colonne sous les ordres de l’adjudant commandant Levasseur :
30 cuirassiers du 9e
100 hommes du 27e [de ligne]
210 hommes du 30e
120 hommes du 33e
140 hommes du 51e
180 hommes du 61e
80 hommes du 85e
180 hommes du 111e
Chaque homme sera muni de 50 cartouches, cette colonne qui sera au moins de 1 000 hommes se dirigera sur Würzburg et marchera en bon ordre. Chaque soldat devra avoir deux paires de souliers dans son sac.
Cette colonne sera rangée demain matin à 7 heures du matin en avant de Kassel.
L'adjudant commandant Levasseur recevra de nouveaux ordres à Würzburg sur la destination de sa colonne" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13120).
Au 1er octobre 1806 (d'après Foucart : "La campagne de Prusse 1806" - donné par Nafziger : 806IAL et 806JBI), le 30e présente la situation suivante :
- Etat major : 10 Officiers et 14 hommes.
- 1er Bataillon : 25 Officiers et 812 hommes.
- 2e Bataillon : 26 Officiers et 814 hommes.
- 3e Bataillon, Grenadiers et Voltigeurs : 5 Officiers et 174 hommes.
Pierre Trépaut de son côté, raconte : "Mois octobre 1806.
Le 2 après cette manoeuvre, l'on se mit en route. Le même jour, arriva à Chevabac (sic), cette ville est dans un pays de sables; elle est assez belle et grande. Il y a de remarquable une fontaine, où sont des personnes qu'il jette de l'au par des cornets, et d'autres qui tiennent des bassins sur leur tête, qui reçoit l'eau que leur envoie des dauphins. Cette est de du Rhin. L'armée arrive le même jour à la villede Nuremberg, où l'on fit mettre les capotes pour y entrer. Nuremberg est une grande ville et elle est dominée par une citadelle, et elle est entourée de forts murs, et de grosses tours; il y a plusieurs églises, qui sont assez belles. La cathédrale a deux tours, il y a aussi un domaine qui est assez grand, et haut. Cette ville est dans une grande plaine, où est plusieurs villes assez jolies. Et il y assez de beau marchés, et de beaux villages assez près des uns des autres, où sont de belles maisons. Cette ville est à 3 lieues de Chevabac (sic).
C'est ce pays que le Roi de Prusse donne en échange en pour l'Hanovre depuis Nerliguen jusqu'à Erlangen.
Le 3 octobre, l'armée fut près de ces villes et repartit le 3 pour aller plus loin, et passèrent à Erlangen. Erlangen est une ville qui est encore prussien, et est assez grande et les rues sont assez droites, l'église est belle, et une belle tour, e est assez éloignée de Nuerberg, de 5 lieues et 3 lieues, est la ville de Forickemme (sic), qui est très fortifiée. Elle est encore en Bavière, elle n'a rien de remarquable, elle est garnie de murs. La campagne est assez belle, la ville est entre deux chaines de montagnes qui n'est que bois" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 octobre, tout le 3e Corps est concentré à Bamberg; il doit former avec le 1er Corps (Maréchal Bernadotte) le centre de la Grande Armée.
Pierre Trépaut raconte : "Le 4 octobre 1806, à Bamberg, cette ville assez grande, est assez belle, il y a un chateau sur une hauteur, auquel il y a derrière une église qui a deux clochés et un autre chateau qui quatre cloches, et près d'une rivière et au dessous de la ville est une tour en forme de fort, il y a en la campagne, une grande quantité de vignes" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5, Davout passe à Bamberg la revue de son Corps d'armée, et donne lecture de la proclamation de l'Empereur qui dit : "l'inimitié d'un grand peuple est plus terrible que les tempêtes de l'océan". Le Maréchal Davout commente ensuite la proclamation impériale et ajoute : "les Prussiens comptent sur leur cavalerie, eh, bien ! faites quelques répétitions de formation de carrés, ce sont vos carrés qui feront perdre à cette cavalerie sa réputation". Paroles prophétiques que les évènement vont si bien justifier dans les champs d'Auerstaedt.
"Le 1er octobre, i1 se dirigea sur Futh, Erlangen et Forckheim et fut logé à Bamosdorf (?).
Le 2 octobre, i1 arriva à Bamberg et fut cantonné dans les villages de Gunbach et Kamern.
Le 4, Monsieur le Maréchal fit rassembler la division, fit former le cercle aux officiers et sous-officiers; fit des éloges sur la belle tenue des Corps, rappela leur bonne conduite pendant la campagne d'Autriche; i1 finit par dire que c'était la première division du monde" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation du 3e Corps - 5 octobre 1806 (Nafziger - 806JAE) Sources : Archives françaises |
Pierre Trépaut raconte : "Le 6, l'armée resta gaie longtemps, cantonnée près de la ville, y resta 5 jours et reçut l'ordre de partir, le 7 octobre et passsèrent la revue des troupes par le maréchal Davout, qu'il nous avertit que l'on avait la guerre avec la Prusse et d'avoir du courage" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 octobre, le centre s'ébranle pour franchir le Frankenwald; le 3e Corps suit, à un jour de marche, le 1er Corps. La 1ère Division va cantonner à Lichtenfelds.
Pierre Trépaut raconte : "1er combat de l'avant-garde le 8 octobre. L'Empereur des Français, après avoir fait la paix avec l'Empereur d'Autriche, il y eut un grand congré entre toutes les puissances et l'on fit des arrangement avec les Rois de Prusse, et pour le Roi de Bavière; lequel il donna pour l'arranger le pays depuis Erlange, jusqu'à 3 lieues de Nuerlnigen (sic), mais il y eut beaucoup de difficultés entre le Roi de Prusse et l'Empereur des Français, car le Ministre du Roi de Prusse lui avait fait entendre qu'il devait demander le pays de Bavière, et la Saxe, pour réunir au sien, mais l'Empereur leur répondit que la proposition n'était pas bonne. Cependant, le ministre prussien engage le Roi de Prusse à faire la guerre et ils l'envèrent (sic) des troupes et firent dire à l'Altesse de Saxe avec eux, et se mirent en marche dans l'espérance d'entrer en France, avait déjà tout préparé, tout pour le passage du Rhin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9, tandis que le 1er Corps culbute à Schleitz l'avant-garde du Prince de Hohenlohe, la 1ère Division passe le Mein et va cantonner à Kronach.
Pierre Trépaut raconte : "Le 9 octobre, mais les troupes qui composaient la grande armée du Rhin étaient prêts à entrer en Saxe, et l'Empereur français se mit à leur tête marchèrent et atteignirent l'ennemi, on le repoussa d'abord, car l'armée française était sur plusieurs routes, et l'armée prussienne pris des positions le soir du neuf. La guerre n'est pas encore déclarée, il y eut une entrevue où l'on déclara la guerre, et alors il se donna un grand combat" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10, la Division est à Saalberg.
Pierre Trépaut raconte : "Le 10 octobre le matin d'un division du 3e corps avec le 5e hussards et des dragons gagnèrent l'armée prussienne et se mrient en bataille. Les voltigeurs furent en avant pour tirailler. Le combat fut longtemps opiniâtre, alors la cavalerie chargea et elle se fit un grand carnage et l'ennemi fut mis en fuite, alors le prince Louis Christian qui commandait l'armée prussienne, voyant la défaite des siens, il se prit à corps défendant avec le maréchal des logis chef du 5e hussards, lui a crié rendez-vous colonel ous vous êtes mort; mais le prince lui répond par un coup de sabre. Le maréchal des logis lui rapporta un coup de pointe, alors le prince il tomba mort, alors l'armée entra en ville. Cependant, sur le route d'Alepcy (sic), on arrive à la ville, où ils rencontrent l'ennemi, et se son battus avec eux. C'était que de la cavalerie, et la ville fut opiniâtre, et le général la livra pour 4 heures, alors l'infanterie arriva le soir, et l'Empereur si trouva. Les pièces d'artillerie furent en batterie, dans la minuit il y eut un village de brûlé, où était le quartier général" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810). Pierre Trépaut commet quelques erreurs dans son récit ; il s'agit de Louis-Ferdinand, tué par le Maréchal des logis Jean-Baptiste Guidey du 10e Hussards.
Le 11, le 3e Corps est à Mittel Polnitz; la 1ère Division cantonne à Auma.
Pierre Trépaut raconte : "Lelendemain, l'armée française suivit les traces de l'ennemi, qu'il n'était pas difficile à le trouver, par les débris qu'ils laissèrent" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 12, le 3e Corps est à Gera où notre centre et notre droite se trouvent réunis presque sur les derrières de l'Armée prussienne.
"Le 6, le régiment partit de ses cantonnements, passa par Lichtenfels et fut occuper le village de Wallerstadt où l'on monta la première grand- garde.
Le 7, il fut occuper une position en avant de Kronach, sur une montagne et à droite de la route; c'est le jour de son premier bivouac.
Le 8, à la pointe du jour, i1 quitta la position. En route, la division fit halte. I1 fut donné à chaque régiment connaissance d'une proclamation de l'Empereur sur notre entrée en campagne.
Ce même jour, le régiment vint bivouaquer en avant de Lobenstein.
Le 9, il passa la Saale à Salbing (?). et fut bivouaquer sur les hauteurs de Scheleir (?) avec la division en entier formée en carré pour la nuit.
Le 10, il passa par Auma, i1 fut bivouaquer à deux lieues plus loin, dans un bois de sapins laissant la route de Gera sur la droite.
L'Empereur fut longtemps à visiter cette position.
Le 11, après avoir traversé la forêt de Thurringe et fait une nouvelle marche forcée, la division prit position deux lieues en arrière de Naumbourg" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation de la Grande Armée - 12 octobre 1806 (Nafziger - 806JAB) Sources : Foucart, Campagne de Prusse (1806) |
Pierre Trépaut raconte : "Le 12 octobre, l'armée a reçu l'ordre de se tenir prêt pour un grand combat, parce que l'ennemi avait des positions formidables, et s'étaient retranché près de la ville de Nambourg, l'on se mit en route, l'on marcha en colonne, dans les forêts, les voltigeurs furent en avant pour fouiller les forêts, et dans leur recherche, firent quelques prisonniers, à une lieue de Nambourg, et des voitures de pain furent renversée le long du chemin, amors l'armée campa au dessus de la ville, où tout le 3e corps d'armée se rassembla, et durant ce temps, l'ennemi se fortifia à plus près de la ville a deux lieues de Nambourg. Cette ville est située en un fond et très peu éloignée d'une rivière dominée par des montagnes où il y a une grande quantité de vignes. Cette ville n'a rien de remarquable. Elle est entourée de murs. Il y a quatre portes et une église qui a trois tours. Il y a aussi plusieurs fontaines, l'une à côté de la grande église où est une statue qui tient un lion terassé, du côté de la route de Lepritt, il y a une grande plaine" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 13, Davout entre à Naumbourg, enlève des magasins considérables et un équipage de pont.
L'armée française est apparue sur la rive orientale de la Saale, dont tous les passages ont été fermés, alors que les Prussiens croyaient la voir arriver par la rive occidentale qu'ils occupent. Grâce aux habiles dispositions de l'Empereur, les positions de l'armée prussienne ont été tournées par leur gauche. Cette armée, déjà ébranlée par les combats de Schleiz et de Saafeld, décide de se retirer vers le centre de la monarchie; pour effectuer sa retraite, elle se partage en deux groupes, le premier sous le Prince de Hohenlohe, se concentre dans les environs de Erfurt; le second, placé sous le commandement du Duc de Brunswick et en tête duquel marche le Roi, se dirige vers Leipzig.
Mais il n'en est plus temps. Une des moitiés de cette armée est attaquée et taillée en pièces à Iéna par Napoléon; l'autre moitié, que le Duc de Brunswick conduit lui-même et avec laquelle marche le Roi de Prusse, tente de se faire jour par Naumbourg (14 octobre).
"Le 12, la pointe du jour, le régiment arriva sur les hauteurs de Naumbourg (orthographié "Nauenbourg" dans le document original) où i1 prit position. La 2e compagnie de grenadiers reçut l'ordre d'aller en ville pour y faire le service.
Le 13, i1 conserva la position" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
- Bataille d'Auerstaedt
Fig. 10 Musicien 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) |
Fig. 10a Musicien, 1807-1808 d'après Boeswiwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 63) |
Fig. 10b Musiciens en 1809, d'après Bucquoy (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Fig. 10c Musicien 1809 d'après Pierre Albert Leroux; document original conservé à la Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library (avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington, Conservateur de la Bibliothèque). Merci de respecter la propriété de ce document. |
Fig. 10d Musicien 1809 d'après Rigo (source : Carl) |
Davout occupe le débouché de Naumbourg depuis la veille. Comprenant que de son opiniâtreté à le défendre dépend la réalisation, rêvée par Napoléon, d'un plan qui peut aboutir à la destruction totale de l'armée prussienne, ce grand homme de guerre n'hésite pas, avec les seules ressources de son Corps d'armée, à recevoir la bataille qui lui est offerte vers Auerstaedt. Bernadotte est en effet parti de Naumbourg le matin même et malgré les instances de Davout, va rester inactif entre les deux batailles toute la journée.
Lutte gigantesque dans laquelle les trois immortelles Divisions Morand, Friant et Gudin, qui ne comptent que 26000 hommes dont 2000 de cavalerie, et 44 pièces de canon, réussissent non seulement à arrêter, mais à battre et à refouler une armée forte de 200 pièces de canon et de 60000 hommes dont 15000 cavaliers (la notice historique parle de 96000 hommesd dont 12000 de cavalerie).
La bataille commence dès 6 heures du matin, avec les éclaireurs de Brunswick qui viennent se heurter à Kösen contre les troupes que Davout a préposées à la garde du pont. Toutefois, la bataille ne s'engage sérieusement que vers 8 heures, en raison du brouillard qui couvre la plaine. La Division Gudin, arrivée la première sur le terrain, s'établit en partie dans le village de Hassenhausen, et supporte sans faiblir l'attaque de la Division Schmettau ; formée en carrés, elle repousse victorieusement les charges réitérées de 25 escadrons conduits par Blücher. La Division Friant arrive ensuite et s'établit à droite de Hassenhausen. Une lutte acharnée s'engage pour la possession de ce village. Brunswick et Mollendorf (tous deux élèves du grand Frédéric) qui lui succède dans le commandement en chef tombent, mortellement frappés. Cependant, malgré le feu terrible d'une artillerie trois fois supérieure en nombre, notre droite fait des progrès. Les Prussiens essaient alors de forcer nos positions en envoyant une partie de la Division Orange pour les tourner par la gauche. A ce moment, la Division Morand entre en ligne et vient s'établir à gauche sur le plateau où les masses prussiennes, impuissantes entre Gudin et Friant, vont maintenant concentrer tous leurs efforts. La Division Morand ne se compose que de neuf Bataillons; c'est avec ces neufs Bataillons que le Général Morand lutte toute la journée contre la Division Hartensleben, la Brigade Orange et la cavalerie du Prince Guillaume. Mais les carrés de Morand laissent arriver à 40 pas les innombrables cavaliers qui précèdent ces masses et se font des remparts de cadavres. Les attaques combinées de l'infanterie et de la cavalerie ne parviennent pas davantage à entamer cette solide Division dont tous les Régiments se montrent dignes les uns des autres et peuvent bientôt prendre une vigoureuse offensive.
Les opérations exécutées sur le champ de bataille d'Auerstaedt par la 1ère Division sont ainsi reproduites par le Général Morand dans son rapport :
"La 1ère Division arrive au pas de course et se place à la gauche de la Division Gudin. Dès que la 1ère Division fut sur le terrain, Mr le Maréchal alla avec le Général Morand se mettre à sa tête. La Division marchait sur la gauche du plateau d'Hassenhausen, en colonne par division, à distance de peloton, puis en colonne à grande distance; le Général Brouard, avec le 30e suivait le mouvement de la Brigade du Général Debilly, de manière à présenter des têtes de colonnes vis-à-vis les intervalles de la 1ère ligne.
La 1ère Division avait à peine passé la grande route pour se porter sur le plateau, à gauche d'Hassenhausen, au devant de la 2ème Division prussienne (Division Hartensleben et Brigade Orange) qu'elle fut assaillie par la cavalerie de cette Division, renforcée d'un autre corps nombreux de cavalerie, à la tête duquel était le Prince Guillaume de Prusse. Ce prince chargea à différentes fois la Division Morand, mais tous les corps, formés en carrés, le reçurent avec sang-froid au cris de : Vive l'Empereur.
Mr le Maréchal, pendant ces charges, se portait tantôt dans un carré, tantôt dans un autre, et il fut partout témoin de cette rare intrépidité des troupes; pas un seul carré ne fut entamé. Enfin, le Prince Guillaume, après avoir été blessé, se replia avec sa cavalerie derrière l'infanterie...
La victoire semblait pencher du côté des Français, la Division Gudin, quoique très affaiblie se défendait encore avec avantage dans le village d'Hassenhausen; la Division Friant à droite se préparait à tourner l'ennemi. La droite de la Division Morand commença à gagner du terrain, le 61e commandé par le général de Billy et le Colonel Nicolas avançait à la tête du ravin qui conduit à Rehehausen; il était défendu par une nombreuse infanterie prussienne, soutenue par un grand nombre de bouches à feu. Le choc fut terrible, on était à portée de pistolet, la mitraille ouvrait les rangs qui, aussitôt se resserraient; chaque mouvement du 61e était dessiné sur le terrain par les braves qu'il y laissait. Enfin, l'audace et l'intrépidité l'emportèrent, l'ennemi renversé et en désordre abandonne ses canons. En même temps, le 51ème sous les ordres du Colonel Baille, quoique foudroyé par l'artillerie prussienne, reçut avec intrépidité une nouvelle charge de cavalerie combinée avec une attaque d'infanterie.
Le 2e Bataillon du 30ème, ayant à sa tête le général Brouard et le Colonel Valterre, s'élança sur une batterie et repoussa une forte colonne qui débouchait dans le ravin par le chemin qui, situé à droite d'Hassenhausen, mène à Rehehausen. Pendant que tous les efforts de l'ennemi ne pouvaient arrêter la marche des Français sur Rehehausen, les Chasseurs de Weimar, le Bataillon d'Oswald, les Régiments des gardes et une partie de la réserve arrivaient sur Sommersdorf, sur les hauteurs qui bordent la rive gauche de l'Ilm, faisant filer trois compagnies auprès du vallon, le long de la rivière. Le Roi voulait, par un dernier effort, enfoncer l'aile gauche de la Division, où il s'était aperçu qu'il n'y avait, non plus qu'à la 3ème Division, pas un détachement de cavalerie; il espérait tourner ainsi l'infanterie qui s'avançait sur Rehehausen.
La garde de ces hauteurs était confiée au 30ème Régiment et au 1er Bataillon du 17ème; Mr le Maréchal s'aperçut de ce mouvement de l'ennemi et y fit porter le Général Morand; celui-ci se fit précéder de l'artillerie à pied de sa Division et va se placer à la tête du 30ème. Rien ne résiste aux efforts combinés de ce régiment et du 1er Bataillon du 17ème, et de l'artillerie; les Régiments des gardes prussiennes sont foudroyés, ainsi que la plus grande partie de la 1ère Division de la réserve prussienne dont ils faisaient partie. Le Général Morand gagne toujours du terrain, les hauteurs de l'Iln sont balayées et il finit par s'établir à l'extrémité du plateau en face du vallon où est le moulin d'Emsen, sur un contrefort qui domine tous les environs et il y fait placer son artillerie et de là, il déborde et prend en flanc l'armée prussienne".
"Devinant les intentions du roi de Prusse, le maréchal Davoust envoya le général Morand, avec l'artillerie à pied de sa division, sur la hauteur de Sonnendorf, afin de flanquer les colonnes qui attaquaient Rehausen. Déjà le 30e régiment et le 1er bataillon du 17e avaient été dirigés vers le même point. Le général Morand se mit à la tête du 30e, et repoussa jusqu'au pied de l'escarpement les deux colonnes prussiennes qui avaient déjà gravi les hauteurs, et qui furent foudroyées. Gagnant toujours du terrain Morand atteignit l'extrémité du plateau en face du vallon d'Emsel-Mühl, disposa son' artillerie sur un contrefort qui dominait tous les environs, et, de ce point inexpugnable, cette batterie prit en flanc l'armée prussienne et mit le désordre dans ses rangs" (France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 4).
Dès lors, la victoire est assurée, l'armée royale, en retraite, se heurte sur la route de Weimar, aux fuyards d'Iéna; alors la confusion est à son comble, aucun Bataillon n'est intact, c'est un désastre fabuleux dans lequel, en un seul jour, toutes les forces prussiennes sont presque anéanties : 40000 prisonniers, toute l'artillerie, tous les bagages restent entre nos mains comme trophée de cette double victoire.
Le triomphe d'Auerstaedt lui même a coûté aux Divisions de Davout 7000 hommes tués ou blessés, soit près du tiers de l'effectif engagé; mais elles ont mis 9 à 10000 Prussiens hors de combat et leur ont pris 3000 prisonniers, 115 pièces de canon et tous leurs bagages.
A la fin de son rapport, le Général Morand cite les noms des Officiers de la Division qui se sont faits particulièrement remarquer par leur belle conduite à la bataille d'Auerstaedt; parmi eux, nous trouvons appartenant au 30e le Colonel Valterre, le Major Gibassier, le Chef de Bataillon Vilmain, le Capitaine Plaige. Du nombre des Officiers ou Sous officiers tués ou blessés dans cette bataille, nous relevons les noms suivants :
- Kerweiller (Louis), Sous lieutenant, tué.
- Buliod (Pierre), Sous lieutenant, coup de feu à la jambe.
- Duval (Nicolas), 1er Lieutenant, coup de feu au bras droit.
- Bulot (Claude), Sergent major, atteint d'un coup de feu.
- Plogue (Pierre), Sergent fourrier, coup de feu au pied droit.
Martinien de son côté donne le Sous lieutenant Kerveiller, tué; le Sous lieutenant Buliod et le Lieutenant Adjudant major Glandines, blessés.
La liste des tués et blessés est assurèment incomplète (effectivement, il y manque le Général Debilly, tué); dans cette journée, le 3e Corps a eu 270 Officiers hors de combat, et le 30e, qui a pris une grande part à l'action a du aussi éprouver des pertes sérieuses.
Nota : Dans presque tous les documents de l'époque, principalement dans les états de service, on réunit sous le seul nom de Iéna les deux batailles d'Iéna et d'Auerstaedt; l'usage s'en est sans doute sans doute ainsi établi parce que la plus grande partie de l'armée française combattait à Iéna et que l'Empereur y commandait en personne.
"Le 14, la division quitta la position et se dirigea sur la route de Leipzig. Bientôt l'on s'aperçut de cette fausse position (lire probablement "direction"); elle revint sur ses pas et chaque régiment prit la route d'Erfurt.
Le canon se faisait entendre, un brouillard très épais empêchait de distinguer les objets à moyenne distance; mais avant notre arrivée au village de Kosen, sur la Saale, le soleil avait dissipé tous les nuages.
Les 3e et 2e divisions nous avaient précédés sur le champ de bataille.
L'on marchait la gauche en tête. Nous débouchions à peine sur les hauteurs de Kosen que nous prîmes part à l'action. Les colonnes d'attaque se formèrent et ensuite les carrés; l'on conserva l'ordre par échelons autant que les circonstances le permirent.
Chaque bataillon avança dans cet ordre et soutint vigoureusement toutes les attaques que des forces supérieures en infanterie et en cavalerie dirigeaient contre son carré.
Le 2e bataillon prit sur la gauche; i1 eut à se maintenir contre un Corps nombreux de cavalerie qui se disposait à charger au moment que ce bataillon fut joint par l'artillerie légère de la division. Cette cavalerie s'en étant aperçue crut ne pas pouvoir lutter avec avantage contre la réunion de ces deux armes ; alors elle prit une autre direction.
Le bataillon continua ce mouvement, l'artillerie étant en position, qui loin de rompre le carré par la mitraille qu'elle vomissait dans ses rangs, en hâtait au contraire la pression (lire probablement "progression").
Une colonne d'infanterie avançait pour soutenir ces pièces.
Le bataillon, secondé par le feu si meurtrier de la brave compagnie du capitaine Seruzier (ne figure pas au contrôle) se déploie, charge sur les pièces ennemies et sept bouches à feu couronnent les succès de cette charge audacieuse décidée par la nécessité et faite si à propos que, nul doute, si l'on avait profité de cet instant, cette batterie aurait écrasé ce bataillon et donné le temps à l'infanterie de se déployer au lieu que cette colonne, vaincue par la témérité de la charge et foudroyée par nos pièces, se replie sans combattre, voyant son artillerie enlevée.
Le général de division doit se rappeler la brillante conduite de ce bataillon et avec quel enthousiasme il fut accueilli dans le carré étant chargé par la cavalerie.
L'ennemi, entièrement culbuté sur ce point, se sauva à la faveur d'un ravin.
Le soldat harassé prit un instant haleine, ensuite le bataillon passa le ravin que l'ennemi avait traversé pour se jeter dans le village d'Auerstaedt, point sur lequel il opérait sa retraite.
Après avoir passé, i1 se forma en bataille sur un plateau situé sur la droite du ravin où Monsieur le Maréchal le plaça de sa personne.
Le mamelon en avant d'Auerstaedt tenait encore; les troupes qui le défendaient firent de vains efforts pour s'y maintenir.
Voyant nos colonnes arriver de toutes parts, elles pensèrent à la retraite en mettant à profit le seul moment favorable qui leur restait pour se retirer sur le village car, si elles fussent encore opiniâtres à vouloir défendre cette position (sic), elles n'auraient pu gagner Auerstädt puisque le ruisseau était occupé par nos voltigeurs.
Le bataillon reçut l'ordre de quitter la position et vint se placer à portée de canon du village d'Auerstaedt, sur le revers du coteau qui conduit au mamelon.
Il passa le ruisseau.
L'ennemi se retirait à la hâte.
Le bataillon fila dans le bois qui est sur la gauche du village et prit position à la sortie du bois où il resta jusqu'à la nuit. C'est là que l'ordre vint de repasser le ruisseau après avoir gravi un fort ravin.
Il fut bivouaquer dans une position avantageuse un peu en arrière d'Auerstaedt.
Le premier bataillon n'eut point l'occasion de donner. Deux de ses compagnies détachées en observation, sur les bords de la Saale, ramenèrent quelques prisonniers.
Cette journée coûta la perte du brave sous-lieutenant de grenadiers Kerveiller et de dix sous-officiers et soldats tués, deux officiers et cent vingt-cinq sous-officiers et soldats blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"Le 30e de Ligne faisait partie de la divison Morand. Il se conduisit bravement. La division comptait environ 9.000 hommes qui ne se laissèrent pas entamer par les 14.000 cavaliers prussiens attaquant sans arrêt sous les ordres du Prince Guillaume.
Le IIIe Corps (Davout) perdit environ le tiers de ses effectifs (10.000 hommes) et les Prussiens 25.000, 3.000 prisonniers et 115 canons.
La journée d'Iéna et d'Auerstaedt fut une des plus sanglantes de l'histoire" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "La bataille de Iéna, le 14 octobre 1806
Depuis longtemps, l'armée française s'était approchée de l'armée prussienne et nous on campa près de Nambourg. Et le lendemain 14 octobre, l'armée qui était rassemblée leva le camp a deux heures du matin, et pris la route de Lepritt, et furent à la découverte et n'y rencontrèrent point l'ennemi. Ils retournèrent et passèrent à la ville ; nous revinmes à la position que nous étions partis le matin, un instant après, nous primes la route de la rivière et montèrent la montagne et gagner la plaine de Iéna ou était retranché l'ennemi. Les troupes françaises arrivent tout préparé au combat et il était sur la gauche près de 30 mille hommes qui venaient sur la route de Nambourg, et furent en face de l'ennemi qui était de 90 mille hommes qui faisaient partie de 200 mille hommes que le Roi dde Prusse commandait en personne. L'armée française était commandée par l'Empereur sur la droite et le maréchal Davout commandait la gauche, alors la cavalerie prussienne attaque ainsi que l'artillerie qui était considérable chargé les 2e et 3e divisions du 3e corps, tandis que la 1ère division dudit arrive au champ de bataille, et comme il arrivait le peu de cavalerie, battait en retraite ainsi que les domestiques des généraux. Le maréchal il dirigeait la division par bataillon carré en marchant en avant; la cavalerie prussienne chargea sur les infanterie françaises mais il reçut un feu de file qu'il se fit rebrousser et tuer beaucoup de monde, la droite de l'armée avançait aussi en le carré et l'infanterie prussiene s'avançait aussi et le général commanda de rompre les carré, et comme il se mettait en bataille, la cavalerie chargea à travers, la fumée du feu, il empêchait de voir clair dans le peloton, et firent un carnage effroyable.Les Français qui faisaient feu sur eus. Et les hommes tués et blessés tombait, couvert la terre et la cavalerie, qui avait entré en le peloton fut presque tout détuite. Alors l'infanterie française se mit en colonnes serrées par division, et l'artillerie ennemi dirigea plusieurs pièces de canon contre nos colonnes, et les boulets et la mitrailles tombait dans les rangs et blessa et tué une grande quantité d'hommes, ce qui fit que le 13e chasseurs y perdit 900 hommes, mais lorsqu'ils furent en bataille, il marchait en avant et battait la charge, et les pièces de canon font feu et il si fit une fusillade si terrible que en une demie jeure, la terre fut couverte de morts et blessés. La 2e division et la 3e division perdit une grande quantité de soldats. Le drapeau du 13e chasseur fut coupé, la cavalerie chargea de nouveau dans cet interval et fit un grand carnage et le porte drapeau reçut plusieurs coups de sabres et fut blessé, alors il prit l'aigle et se retira, et le 2e bataillon fut presque détruit. Cependant, nous primes les pièces de canon de l'ennemi et le mirent en déroute, et la gauche de l'armée où était les régiments de la première division qui arrivait en bataillons carrés, la cavalerie chargea sur eux mais ils reçurent un feu de file à deux fois qu'ils revinrent, et couvre la terre de morts et de blessés, et retournèrent plus vite qu'il n'était venu, et l'artillerie française répondait à la leur, et qu'il faisait un si grand carnage dans les rangs de part et d'autre, les Français avançaient dans les carrés; l'artillerie en avant et les colonnes prusienne s'avancent et la fusillade s'anime. Les carrés se sont rangés en bataille et battaient la charge. Les Prussiens tiennent ferme, mais enfin prirent la fuite, et les Français prirent plusieurs pièces de canon et beaucoup de prisonniers. La terre était couverte de morts et de blessés. Les villages furent brûlés en arrivant et les Prussiens perdirent leur position, le Roi de Prusse fut blessé à cette bataille, et toute sa garde fut presque détruite. La Reine même avait promis de tremper ses mains en le sang des Français, mais quelque temps après qu'elle apprit la défaite de toute son armée, qu'elle faillit mourir, car ils reçurent une défaite complète, quoique c'est l'armée commandée par le Prince Murat qui avait battu en retraite trois lieues et l'ennemu y campa près d'une demi-lieue l'Empereur ayant eu la nouvelle que l'ennemi était défaite, ce qui le reconsola et le Prince Murat chargea sur eux avec sa cavalerie et entra en leur camp pendant que les soldats étaient à la paille et au bois; et jette l'épouvante parmi eux et prit toute leur artillerie et leurs bagages, et la cavalerie les poursuivait tout la nuit. L'armée prusienne perdit plusieurs généraux, et Princes, et firent plusieurs milliers de prisonniers. Le quartier général du Roi de Prusse était à une ville plus loin, et la reine se voyant poursuvie par l'avant-poste français, elle s'en fut à grande course de cheval. Les Prussiens avaient fait quelques prisonniers français et les emmenaient en une ville voisine, et fit croire aux bourgeois, qu'il devait passer 30 milles prisonniers français, mais les Francais reprirent leurs prisonniers. L'armée française, après cette victoire, marcha à leur poursuite et vinrent prendre la route de Leprit, et tant sur la droite et sur la gauche et traversa la Saxe" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Par suite des deux victoires d'Iéna et d'Auerstredt, l'armée prussienne a cessé d'exister. Tout l'armée française se met en marche, soit dans la direction de Berlin, soit à la poursuite des débris de l'armée prussienne; mais l'Empereur veut que le 3e Corps qui a si vigoureusement combattu et qui a subi tant de pertes dans la bataille du 14 octobre, ait au moins quelques jours de repos, et le fait rester à Naumbourg jusqu'au 18.
"La journée du 15 se passa sur le champ de bataille.
Le soir, le régiment partit de la position, passa par Naumbourg, prit la route de Weissenfels (orthographié "Weissemfeld" dans le document original) et fut bivouaquer près du village de Sconburg (probablement "Schönburg") où i1 arriva de nuit.
Le 16, après avoir traversé des plaines immenses, le régiment arriva devant Weissenfels, campa en arrière de la ville. Les compagnies de grenadiers furent détachées pour prendre position en avant et, en même temps, veiller à sa sûreté et y empêcher le désordre.
Le 17, on conserve la position" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 18, il se met en marche et cantonne à Leipzig.
"Le 18, Denis Moreau traversa Weissenfels et vint à Leipzig et fut prendre position en avant et à peu de distance des faubourgs.
Le 19, l'on part de la position en se dirigeant sur la route de Wittenberg. Le régiment fut bivouaquer en avant de Duben" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 18 octobre à la ville de Leprils (Leipzig ?) et la capitale de la Saxe; elle fut traversée par les Français au soir et furent camper une lieue plus loin. La ville est assez grande et peuplée. Elle est située dans une grande plaine de bonne terre, il y a assez de belles maisons, et de belles rues, et chateaux; il y a une belle place, à l'entrée de la ville, et autour de la campagne, il y a de beaux villages.
Cependant, l'on poursuivait toujours les Prussiens et l'on fit un gran nombre de prisonniers, et l'armée prussienne s'affaiblissait de jour en jour, et l'on en trouva entre Lepzilt (sic) et Wutemberg dans les bois" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 20, Denis Moreau entre à Wittemberg; les Prussiens évacuent la ville à son approche, mais, avant de se retirer, ils veulent incendier le pont de l'Elbe et mettre le feu à un magasin à poudre situé près de la ville; les habitants, presque tous Saxons, s'y opposent et, aidés par nos soldats de l'avant garde, préservent le pont et sauvent la ville d'une destruction presque complète.
"Le 20 i1 passa l'Elbe devant Wittenberg, traversa la ville et fut prendre position un peu en avant et sur la droite. Comme l'on soupçonnait un parti ennemi dans cette contrée, i1 fut détaché une compagnie de grenadiers, trois de voltigeurs et cinquante fusiliers. Ce détachement, commandé par un capitaine, se porta en avant pour soutenir la cavalerie légère" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 20 étant arrivé près de la ville de Wuttemberg (sic), l'ennemi se voyant trop poursuit (sic) par les Français, ils voulurent mettre le feu au pont, qu'il est sur l'Elbe, mais étant trop poursuivis par les Français, et lorsque le feu fut allumé, ils s'enfuirent et les bourgeois qui virent la trop grande perte qu'il y avait il y furent avec la pompe de la ville et furent à éteindre le feu ; après beaucoup de travail ils parvinrent à l'éteindre et le matin, le 17e régiment arrive. Comme le feu était éteint, et entrèrent de suite en ville qu'il leur fit gran accueil. L'armée française passe toute la journée et l'on campa au dessus de cette ville.
La ville de Wuttemberg et située en le bas d'une montagne et sur le bord de la rivière de l'Elben où il y a un beau pont en bois. La ville est très fortifiée et entourée d'un double rempart, une porte du côté de la rivière, où il y a un grand pont levis. Le dedans de cette ville est très beau, et les rues très droites, et une église qui a deux tours et une place devant. La campagne est très sableuse, et des vignes sur la montagne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21, Denis Moreau fait séjour à Wittemberg qui est mis en état de défense. Le 22, le 3e Corps se dirige lentement par Jüterbock, sur Berlin; l'Empereur ayant fait annoncer à Davout qu'en témoignage de sa satisfaction pour la victoire d'Auerstaedt, il lui réservait l'honneur d'entrer le premier dans la capitale prussienne.
Entre temps, le 21 octobre, l'Empereur a ordonné la formation, à Berlin, de la Division de Grenadiers Oudinot, pour faire venir à l'armée les Compagnies d'élite des Bataillons de Dépôt; le Maréchal Kellermann doit faire partir toutes ces Compagnies, complétées à 100 hommes.
"Le 21, Denis Moreau reste dans cette position.
Le 22, il se mit en route à sept heures du soir et, par une marche forcée, fut bivouaquer à deux lieues de Seyda. Arrivé à la position, la pluie tomba avec tant d'abondance qu'elle éteignit les feux des bivouacs. Le soldat fut contraint de les abandonner et d'aller chercher un abri sous quelques touffes d'arbres épars dans la plaine. Malgré le mauvais temps, i1 ne peut perdre sa gaieté. I1 oubliait par de bonnes plaisanteries les désagréments d'une mauvaise nuit.
Le 23, i1 se mit en marche de bonne heure en passant par Juterborg et vint bivouaquer en avant de Trebin (?).
Le 24, au village de Tempelhof, à la vue de Berlin" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 25 octobre, Davout, à la tête du 30e Corps, fait son entrée à Berlin; les magistrats lui offrent les clés de la ville, il les refuse, disant qu'elles appartiennent à plus grand que lui. Il ne laisse qu'un Régiment pour faire la police dans la ville, et va s'établir à une lieue en avant, dans la forte position de Frederichsfeld, la droite à la Sprée, la gauche appuyée à des bois, et fait construire des baraques en planches pour abriter ses troupes.
"Le 25 à neuf heures et demie du matin, la division fit son entrée triomphante dans Berlin, traversa cette capitale et fut prendre position au village de Biersdorf, sur la route de Francfort sur l'Oder.
Le régiment reçut l'ordre d'y baraquer (sic)" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 20 étant arrivé près de la ville de Wuttemberg (sic), l'ennemi se voyant trop poursuit (sic) par les Français, ils voulurent mettre le feu au pont, qu'il est sur l'Elbe, mais étant trop poursuivis par les Français, et lorsque le feu fut allumé, ils s'enfuirent et les bourgeois qui virent la trop grande perte qu'il y avait il y furent avec la pompe de la ville et furent à éteindre le feu ; après beaucoup de travail ils parvinrent à l'éteindre et le matin, le 17e régiment arrive. Comme le feu était éteint, et entrèrent de suite en ville qu'il leur fit gran accueil. L'armée française passe toute la journée et l'on campa au dessus de cette ville.
La ville de Wuttemberg et située en le bas d'une montagne et sur le bord de la rivière de l'Elben où il y a un beau pont en bois. La ville est très fortifiée et entourée d'un double rempart, une porte du côté de la rivière, où il y a un grand pont levis. Le dedans de cette ville est très beau, et les rues très droites, et une église qui a deux tours et une place devant. La campagne est très sableuse, et des vignes sur la montagne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Deux jours plus tard, Napoléon entre lui même à Berlin et le lendemain, 28 octobre, il passe sous les murs de la place, la revue du 3e Corps. A l'issue de cette revue, réunissant autour de lui les Généraux, les Officiers et les Sous officiers, il leur adresse les paroles suivantes :
"Je vous exprime toute ma satisfaction pour la belle conduite que vous avez tenue à la bataille du 14; j'ai perdu des braves, je les regrette comme mes propres enfants; mais enfin ils sont morts au champ d'honneur, en vrais soldats. Les résultats que vous voyez aujourd'hui, c'est à la valeur du 3e Corps que je les dois. Dites à vos soldats que je suis content d'eux. - Sire, répondit le Maréchal, le 3e Corps sera pour vous et toujours, ce que fut pour César la 10ème Légion".
Le 27e Bulletin, publié le jour même, contient ce passage : "Officiers et sous officiers du 3e Corps d'armée, vous vous êtes couverts de gloire à la bataille d'Iéna. J'en conserverai un éternel souvenir; les braves qui sont morts sont morts avec gloire, nous devons désirer de mourrir dans des circonstances si glorieuses".
Le même jour, Napoléon prend la décision suivante (extrait des APN ; source : Le Moniteur Univesel du 7 décembre 1806) :
"Au quartier-général, à Berlin, le 28 octobre 1806
Napoléon, Empereur des Français et Roi d'Italie,
Nous avons décrété et décrétons ce qui suis :
Art. Ier sont nommés dans le 30e régiment d'infanterie de ligne
MM. Maures, sous-lieutenant : lieutenant.
Bordarier, sergent : sous-lieutenant.
D'Hincourt, sous-lieutenant : lieutenant
Duval, sergent-major : sous-lieutenant
Morga, lieutenant : capitaine.
Lacombe, idem : idem.
Loubert, sous-lieutenant : lieutenant.
Marie, sergent-major : sous-lieutenant.
Richard, sous-lieutenant : lieutenant.
Favier, sergent-major : sous-lieutenant".
"Le 28 octobre, l'Empereur passa sa revue, fit des promotions dans tous les grades, fit assembler les officiers et sous-officiers de tout les Corps de l'Armée pour leur témoigner sa satisfaction sur les importants services que le IIIe Corps avait rendus à la journée du 14.
Voici le discours que Sa Majesté prononça au cercle et que tout soldat du IIIe Corps doit graver en sa mémoire :
"Officiers et sous-officiers du IIIe Corps d'Armée, j'ai voulu vous réunir pour vous témoigner moi-même ma satisfaction de la belle conduite que vous avez tenue à la bataille du 14. J'ai perdu des braves, je les regrette comme mes propres enfants, ils sont morts au champ de la gloire en vrais soldats.
Vous m'avez rendu un service signalé dans cette circonstance marquante. C'est particulièrement à la brillante conduite du IIIe Corps d'Armée que sont dus les résultats que vous voyez ; dites à vos soldats que j'ai été satisfait de leur courage. Généraux, officiers, sous-ofjiciers vous avez acquis pour jamais des droits à ma reconnaissance et à mes bienfaits".
Après le discours qui fut reçu aux cris de "Vive l'Empereur !", le Corps d'Armée défila devant Sa Majesté et chaque régiment, satisfait du bon accueil que l'Empereur venait de lui faire, rentra joyeusement dans ses quartiers.
L'on resta à Bisddorf les 26, 27, 28, 29 et 30" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "L'armée alla camper 5 jours. 25 octobre, il repartit à 4 heures du soir et pass quelques belles villes.
Prise de Berlin le 29 octobre 1806.
L'armée, après quelques jours, de marche arrive à la ville de Berlin, capitale de la Prusse et l'armée française campe près de la ville, et le soir, nous on reçut les vivres, que la ville leur envoya, et l'on reçu la bière et le vin. Le lendemain, l'armée fut pour traverser la ville, et ayant la capote ployée sur le sac, et furent pour passer par la porte de ... mais ils retournèrent pour passer par l'autre porte; marchèrent en colonne, la musique à la tête, tous les commissaires de quartier furent pour mettre la police, et tout ce fut assez tranquille; et l'armée traversa la ville et fut camper deux lieues plus loin. La ville de Berlin est assez belle et grande, elle est entourée d'un mur simple qui a près de 20 pieds de haut et qui a entouré beaucoup de terres labourables. Les rues sont très droites, et il y a de belles maisons. Le palais du Roi est très beau, et forme le carré et dans l'arc le plus direct, de l'architecture et beaucoup de stautes. Il passe près le chateau une rivière où il y a de très beaux ponts et celui près de ce chateau il y a dessus un cheval en bronze, où est la statue du Roi de Prusse, et est sur un pied destal (sic), en pierre ayant quatre personnages enchainés par les pieds et mains, et sont en bronze. Il y a plusieurs dommes (sic) et des églises, et plusieurs temples de protestants, car la religion la plus dominante est la protestante, n'y ayant que très peu de catholiques.
La campagne est assez belle en ces environs, mais le terrain est très sableux, et les plus fortes récoltes, se sont du seigle, et de l'orge, et de pomme de terre" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Fig. 11 Tambour maître, grande tenue d'été, 1809, d'après Bucquoy (source : documents Piton) |
Fig. 11a Tambours, 1809, d'après Bucquoy. Détail du parement, manche droite (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) | Fig. 11b Tambour maître d'après Rousselot | Fig. 11c Tambour maître, 1809, d'après Rigo (source : Carl) |
- Combat de Czarnowo
Fig. 12 Tambour de Grenadiers, 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 62) |
Fig. 12a Tambour de Grenadiers, grande tenue d'été, 1809, d'après Bucquoy (source : documents Piton) | Fig. 12b Tambour de Grenadiers, grande tenue d'été d'après H. Feist pour Bucquoy (source : Boeswilwald) |
Fig. 12c Tambour de Grenadiers 1809 d'après Pierre Albert Leroux; document original conservé à la Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library (avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington, Conservateur de la Bibliothèque). Merci de respecter la propriété de ce document. |
Fig. 12d Tambour de Grenadiers 1809 d'après Rigo (source : Carl) |
Dès le 29, la marche en avant est reprise, Napoléon veut en finir avec les Russes avant l'hiver et pour leur "épargner, dit-il, la moitié du chemin", il dirige la Grande Armée vers la Vistule. Le 3e Corps prend la direction de Francfort sur l'Oder.
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "Le 30 octobre 1806, l'armée croyait y passer quelque temps, il y contruit un camp de la même manière que ceux d'Ostende, et furent couper du bois dans la forêt voisine, mais nous y ont resté que 5 jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er novembre, le 3e Corps entre à Francfort où il rétablit le pont brûlé par l'ennemi.
Le 2, la Division Gudin est portée sur Custrin qui se rend à quelques Compagnies, livrant un matériel considérable.
"Le 31, la position fut abandonnée et par une marche l'on bivouaqua à Tempeldorf (?) sur la route de Francfort.
Le 1er novembre, le régiment traversa Francfort sur l'Oder, passa sur la rive droite du fleuve et vint camper à Cunersdorf, village où, le 20 août 1759, Frédéric le Grand fut battu par le général Solkhof qui commandait l'armée russe.
Les 2 et 3, i1 conserva cette position.
Le 4, l'on prit les cantonnements.
Le régiment occupa Gorzitz sur les bords de l'Oder, entre Francfort et la forteresse de Kustrin, i1 y resta les 5 et 6. C'est dans ces cantonnements que l'on fut instruit de l'ordre du jour du 6 novembre, de notre entrée en Pologne. Déjà nos troupes légères étaient sur son territoire où elles recevaient un accueil proportionné aux facultés du pays" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation de la Grande Armée - novembre 1806 (Nafziger - 806KXA) Sources : Archives françaises, C2 470 |
Le 6 novembre, le 3e Corps, renforcé de cinq Brigades de cavalerie, forme l'avant garde de la Grande Armée; il quitte Francfort et se dirige par Mesteritz sur Posen où il arrive le 10. Du 10 au 15, il séjourne à Posen et pousse des partis sur la Vistule.
"Le 7, levée des cantonnements, marches forcées en passant par Drossen et Zielenzig, bivouac à Temps (?), territoire polonais.
Le 8, i1 passe par Mezeritz et fut loger près de Tierschtiegel (Trzciel en polonais).
Le 9, le régiment traversa la petite ville de Pinne et fut loger à une lieue en avant.
Le 10, i1 logea à une lieue en arrière de Posen" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "Novembre 1806
Mais après la prise de Magdebourg, l'armée repartit pour marcher contre les Russes et par la route de Francfort. Passge de Lauder (sic) le 6 novembre 1806. Francfort est une ville située sur le bord de l'Auder qui est éloignée de Berlin de 20 lieues, où il y a un très grand pont où il y a de très fortes arcades, et il y a un très beau port. Le dedans de la ville est très beau, et de belles rues. L'armée aussitôt qu'elle fut passée, elle campa de l'autre côté de la ville, et il y restèrent plusieurs jours, mais enfin reçure (sic) l'ordre de partir en cantonnement das le village voisin. Et il y restèrent quatre jours et reçurent de nouveaux ordres pour aller en devant des Russes, qu'il y était depuis quelque années, avançait contre les Français et l'armée traversa plusieurs villes et logeait dans le village pour éviter tout pillage" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 5e Bataillon doit comprendre 1 compagnie du 27e Régiment de ligne, 1 du 30e, 1 du 33e, 1 du 51e, 1 du 61e; total : 720 hommes.
Le 12 novembre (situation identique au 20 novembre), le 30e (1er et 2e Bataillons) compte 70 Officiers et 1806 hommes, 14 chevaux d'Officiers et 4 de troupe; 52 hommes sont détachés, 3 Officiers et 136 soldats sont aux hôpitaux (donné aussi par Nafziger - 806KAM d'après Foucart : "La campagne de Prusse 1806"; et 806KBJ - 806LAN d'après Cazalas : "Mémoires du Général Benningsen").
"Le 11, i1 arriva à Posen et fut prendre cantonnement en avant de la ville dans les villages de Gurczyn, Promeneau et quelques hameaux environnants où l'on séjourna les 12, 13 et 14.
Ce moment fut employé aux préparations en tous genres et surtout de la chaussure. Ce fut aussi à la même époque que l'on apprit la capitulation de la colonne du général Blücher. L'ordre du jour est du 9 novembre" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 12 novembre 1806, le 3e Corps du Maréchal Davout comprend (effectifs théoriques car tous les renforts n’ont pas encore rejoint) :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e de Ligne, 10 Bataillons, 12 pièces, 8103 hommes.
2e Division, Friant : 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 8 Bataillons, 8 pièces, 6319 hommes.
3e Division Gudin : 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 5023 hommes.
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 1527 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "Pays de Pologne
Le 14 novembre, l'armée marcha plusieurs jours en la Pologne et en Prusse, nous avons arrivé à Posen et à 80 lieues de Berlin. Posen est une des principales villes qui occupait la partie de Pologne qui occupait le Roi de Prusse, elle est sur le pan d'une montagne, et en bas est une petite rivière. Cette ville n'a rien de remarquable. Les rues ne sont point droites devant la maison commune, il y a une statue en pierre en cette ville. Les juifs font tout le commerce.
Les faubourgs sont construits en bois de sapin, et les maisons ne sont pas bien hautes, ainsi que ceux de la campagne, et sont très pauvrement construits, ecceptés ceux de baron, qui sont un peu plus brillantes, et construits en bois ou en brique. La campagne de cette partie de Pologne est très sableuse et peu fertile en blé. On y récolte beaucoup de seigle, quelque peu d'orge, et de l'avoine et des pommes de terre. Il y a une grande quantité de bois de sapins, et beaucoup de marais. Le peuple de la Pologne est esclave de la noblesse et soumis à ses volonté, et paye des droits jusqu'à la lumière, dans la maison, qu'ils ne peuvent pas tenir. Et quatre jours de la semaine, qu'ils sont obligés de travailler pour leur baron, cultiver ses terres, car toutes les terres labourables appartiennent au baron. Excepté quemques morceaux qu'il leur donne, et les deux autres jours de la semaine pour eux, ils font une triste vie dans ce pays là. Ils mangent que des pommes de terre, ils mangent la viande sans pain, ils sont très sales dans les campagnes, ils couchent dessus la paille, ils ont très peu de lits, ils ont pour boisson de mauvaises bières, qu'ils font avec du son, il n'y a que dans les villes ils vit mieux; ils font une autre boisson, qu'on appelle du Cheniq, avec des pommes de terre et du grain, ça est une boisson mauvaise pour celui qui se saoule" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Ordre de bataille français, Campagne d'hiver - novembre-décembre 1806 (Nafziger - 806KJB) Selon Belhomme (tome 4), au mois de décembre, avec les 4 Bataillons d'élite et les Compagnies venant de France, il est organisé 17 Bataillons formant 7 Régiments. Chaque Bataillon a 6 Compagnies (3 de Grenadiers et 3 de Voltigeurs), excepté 5 qui en ont 8. Le 2e Régiment comprend : 1er Bataillon, Compagnies des 9e Léger, 32e, 96e; 2e Bataillon, Compagnies des 30e, 51e, 61e; 3e Bataillon, Compagnies des 25e Léger, 33e, 48e. |
Le 15, le 3e Corps est à Cnossen. Du 18 au 20, il cantonne dans les environs de Sempolno. Le 23, marche sur Varsovie, par Klodawa et Kutno. L'armée russe approche, la campagne de Pologne va commencer.
"Le 15, les cantonnements furent levés. L'on suivit la même direction en passant par Wreschen et Slupga, le régiment vint loger en avant de cette dernière ville.
Le 16, i1 occupa les villages de Otoëno (?), Chiawalkowice (?) et Staw, toujours en prenant la direction sur la route de Varsovie.
Le 17, i1 traverse Sompolno et vint loger à Babiak et dans quelques hameaux environnants où il séjourna les 18, 19, 20 et 21.
Le 22, il passa par Olkou et Bowyczyn. Le 23, séjour.
Le 24, en position près de Kutno, au village de Nowawies, au moulin de Kzeki et au hameau de Zwada (?). L'on se garde militairement, vu qu'un parti de cosaques avait paru dans la contrée.
Le 25, il logea à Puiewie (?) sur la Bzura.
Le 26, séjour.
Le 27 novembre, le régiment fut logé prés de Kyzooze (?).
Le 28, i1 traversa Sochaczew et fut en position sur la Besura.
Le 29, i1 occupa Orty et trois autres villages" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "L'armée resta cantonnée huit jours à deux lieues de Posen, et repartit le 21 novembre pour Varsovie. L'armée traversa un pays peu peuplé, et très peu de villes, et très petites comme des villages de notre pays. Et construit tout en bois, et le pays est tout presque occupé de juifs, qui en font tout le commerce. L'armée arrivée à la ville de le 27 où ils se sont battus avec l'avant garde des Russes qui avait avancé pour se battre contre les Français. Cette avant garde était composée de cosaques, et très peu d'infanterie, et les Français passèrent la rivière et entrèrent en la ville, et comme c'était la nuit et que la cavalerie arrangeait leurs chevaux en escadrons, les cosaques russes s'étaient égarés de leurs colonnes et couraient au galop dans la ville, et aussitôt, la cavalerie française monte à cheval et les poursuivent, et les cosaques prennent la fuite du côté de la rivière, et ne s'étaient point aperçus que le point fut coupé et ils se précipitèrent dans la rivière, où ils se noyèrent; cependant l'armée continuait sa route tandis que les autres armées remportait la victoire, et l'on prit plusieurs places fortes telle que Magdebourg, qui capitule, voyant l'armée française qui leur prenait plusieurs prisonniers de pris ; l'on prit Custrin par une division du 3e corps d'armée, et il entrèrent dedans et prirent plusieurs prisonniers. Il y eut aussi une autre place forte qui souffra l'assaut, et il y eut 15 mille hommes de passés à la baïonnette, et les Français continuant de remporter la victoire partout, ils les ont repoussés jusque dans la vieille Prusse" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 novembre, le 3e Corps entre à Varsovie. Les Russes l'ont évacué à son approche et se sont établis entre l'Ukra et la Narew, au nombre de 95000.
Pierre Trépaut raconte : "Novembre 1806 passage de la Vistule. L'arrmée va de là à la ville de Varsovie, capitale de la Pologne. Nous y ont arrivé le 30 novembre au matin. Cette ville est à 164 lieues de Berlin, est elle située dans une grande plaine, et sur le bord de la rivière nommés Vistule, qui est très large et peu profonde, où il y a très peu d'eau dans l'été, et où il y a un pont qui fut coupé par les Russes d'une extrémité à l'autre, et qui fut rétabli par les Français; en cette ville il y a plusieurs chateaux et palais de tout le gouvernement qui sont assez bien construits. La plus forte partie des maisons, ils sont baties en briques ainsi ques les chateaux; très peu de pierre de taille et le palais du Roi de Pologne et aussi très beau où il y a un cloché très haut et devant la place de Cracovie est une pyramide très haute entourée de grillages de fer, en haut duquel est la statue du Roi Stanislas ayant une croix d'une main et de l'autre un sabre ... il ya plusieurs places assez grandes et des dommes (sic) assez hauts mais il y a aussi beaucoup de maisons en bois, mais les rues ne sont point droites. La campagne de cette partie de la Pologne est très marécageuse, et de l'autre côté de la Vistule, il y a un grand bourg nommé Prague qui est en plaine. Les Russes, après avoir été chassés de Varsovie, s'enfuirent de l'autre côté de la rivière et couper le pont, d'une extrémité à l'autre, pour arrêter la poursuite des Français, et ils restèrent dans Prague, où il y avait construit des redoutes, et avec des pièces de canon. Mais quand les Français furent arrivés à Varsovie, ils furent reçus avec les acclamations du peuple, et il y reste quelques jours mais les Russes quittèrent cette position et vinrent camper de l'autre côté du bourg" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 2 décembre, le pont incendié n'ayant pas été réparé, le 17e Léger et le 30e passent la Vistule dans des barques et s'établissent dans Praga que les Russes viennent d'abandonner.
"Quoi qu'il en soit, dès le 2 décembre au matin, la garnison de Varsovie apprit par les Polonais qu'il n'y avait plus un seul ennemi à Praga et que les colonnes des Alliés se retiraient vers Sierock, après avoir détruit tous les magasins. Immédiatement, le 17e de ligne, de la division Morand, passa le fleuve au moyen de quelques barques disponibles et prit possession du faubourg de la rive droite. Le lendemain, le 30e de ligne de la même division et les 2e et 13e chasseurs, sous les ordres de Milhaud, passèrent également par les mêmes moyens, ainsi que l'artillerie légère du 3e corps. Le transbordement présenta de grandes difficultés à cause de la rapidité du cours du fleuve ; l'opération fut dirigée par le général Hanicque, commandant l'artillerie du 3e corps, qui n'avait à sa disposition, comme personnel, que 45 pontonniers et, comme matériel, qu'une quinzaine de barques contenant de 20 à 30 hommes et seulement quatre bacs pouvant porter des chevaux et de l'artillerie" (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique; 1910/08 (A12,VOL39,N116); La manoeuvre de Pultusk; sources : Belliard à Berthier, Varsovie, 2 et 4 décembre 1806; Le même à Beaumont, Varsovie, 4 décembre 1806; Davout à Berthier, Varsovie, 4 décembre 1806; Le même au même, 10 heures soir).
Les jours suivants, le reste du 3e Corps effectue son passage, mais ce passage est très lent en raison des faibles moyens dont on peut disposer et des glaçons que charie la rivière. "La brigade Gauthier (25e et 85e de ligne) franchit le fleuve du 4 au 6 (...). Cette brigade se dirigea de suite sur Okunin et Nowydwor, où elle borda la rivière, tandis que les régiments de la division Morand allaient vers la droite relever la cavalerie de Milhaud à Nieporent (...).
Le reste de la 1re division, c'est-à-dire le 30e de ligne et la brigade d'Honnières, formait échelon en arrière" (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique;1910/09 (A12,VOL39,N117);(2) Journal des opérations du 3e corps ; Davout à Murat, Jablonna, 11 décembre 1806, 3 h. 30 matin).
Le 5 décembre, le 3e Corps est établi entre la Vistule et la Marew, le quartier général est à Jablona et les avants postes sont poussés jusqu'à Okunin. Davout fait jeter un pont vis à vis Okunin et le couvre par des retranchements élevés sur les deux rives.
"Le 30, la division fit son entrée à Varsovie.
Le 3 décembre, le régiment passa sur la rive droite de la Vistule et fut occuper Praga.
Le 5, i1 part de Praga et fut occuper les villages de Kouty (?) et Wengrisrkie.
Le 6,l'état-major du régiment et le 1er bataillon reçurent l'ordre d'aller cantonner à Nieporent et de fournir des postes sur le Bug. Le même ordre enjoignait au 2e bataillon de rester dans les deux premiers villages et de fournir une garde sur le ruisseau qui coule à droite de Konty, et d'éclairer par des patrouilles les chemins qui conduisent en Gallicie." (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 7 décembre 1806, Davout écrit, depuis Varsovie, au Grand-Duc de Berg : "Monseigneur, le général Morand, qui est établi à Praga, a reçu l'ordre dès hier de mettre à la disposition du général Cazals le nombre de travailleurs militaires que cet officier général demanderait.
J'ai vu par moi-même, hier soir, à Praga, un certain nombre de paysans que les officiers du génie et des sapeurs étaient occupés à rassembler.
Les régiments qui se trouvent en ce moment sur la rive droite de la Vistule sont :
1ère division. Les 17e, 30e, 51e et 61e de ligne ; quelques détachements de ces deux derniers régiments qui étaient de garde passeront aujourd'hui.
3e division. Les 12e et 85e de ligne ont commencé leur passage hier et le finissent aujourd'hui ; 300 du 25e ont déjà passé, le reste passera dans la journée.
2e division. Rien.
Cavalerie. Rien.
ARTILLERIE,
Deux pièces de 4 de la 1re division et une compagnie d'artillerie à cheval sont passées.
Votre Altesse Impériale n'ignore pas que les moyens de passage sont lents et peu considérables ; il serait même possible que le 25e régiment ne pût entièrement effectuer son passage que demain, les glaçons continuant à rendre ce trajet extrêmement difficile tant par la dérive qu'ils causent aux bateaux que par la difficulté de vaincre de pareils obstacles" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 361, lettre 242).
"Le 9 arriva l'ordre de tenter un passage sur le Bug et de menacer différents points à la fois. Le 2e bataillon sur celui de Zagrobie, sous les ordres du général Brouart (Brouart Etienne (baron) né à Vire (Calvados) le 29 août 1765, décédé à Paris le 23 avril 1833). Le ler bataillon resta en réserve à Nieporent, mais le but de cette attaque fut moins pour tenter le passage que pour faire mettre les forces de l'ennemi en évidence. Il fut difficile d'en déterminer le nombre, étant masqué par les accidents du terrain" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois décembre 1806; passage du Bouc (sic).
Après que les Russes eurent quitté la Vistule pour passer le Bouc, ils y prirent des positions et s'y fortifièrent de plus qu'ils purent et établirent de fortes redoutes le long de cette rivière, et il y mirent des pièces de canon, c'était une position qui était à leur avantage des Russes; l'armée française après avoir passé la Vistule, vint logé à Praga et furent en les cantonnements à Nioporinte (sic) où ils restèrent plusieurs jours. Cependant l'on ne cessait de se battre tous les jours principalement dans une ille où la rivière avec plusieurs branches, et les Russes la passait au gué, et les cosaques venaient charger sur les Français, mais il rebroussait bientôt; les Français ses (sic) fortifiait beaucoup dans lille (sic), il y avait déjà beaucoup de forts et fossés avec des portes bade de fait (sic ?), et du côté des frontières d'Autriche, l'ennemi coupa le pont; il y avait des pièces de canon placées sur le bord de la rivière, il était de la 1ère division du 3e corps d'armée, qu'il étiont campé pour gardé la ligne; les Russes étions de l'autre côté" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10, le 3e Corps passe la Narew. Du 10 au 22, il séjourne au camp sur la rive droite de la Narew vis à vis Okunin, les Russes établis dans une ile triangulaire au confluent de l'Oukra et de la Narew nous inquiètent beaucoup; cette ile leur est enlevée, dans la journée du 18 à la suite d'un brillant combat et quelques fortifications y sont élevées.
"Le 13, le 2e bataillon vint s'établir à Volka et Radziminiska (?), sur la frontière de Gallicie, afin d'observer si les Russes violaient le territoire autrichien.
La nuit du 22 au 23 décembre, le régiment passa le Bug à Okunin" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte (avec sans doute des confusions de dates) : "Le 11 décembre le 30e régiment de ligne il est venu au bord de la rivière pour faire une finte aux Russes, à faire ensemblant (sic) de passer la rivière, à la tombée de la nuit, il n'y resta que 36 hommes de corvée et de garde pour rester au bord de la rivière; et le régiment se sont retournée au cantonnement et nous on reçu l'ordre à la tombée de la nuit, ainsi que le régiment de faire un feu pour faire voir aux Russes que nous étions beaucoup de monde, on ne manqua pas de le faire ; chacun fit un feu. Les hommes qu'ils étiont désignés de corvée ils s'en furent pour démarrer une barque qu'il était engagé dans la glace; ils n'ont pas pu venir à bout de la démarrer. L'on passa la soirée assez tranquille. Il est arrivé une compagnie de pontonniers, pour casser la glace avec des pioches au devant de la barque, ça faisait un bruit épouvantable, à une heure après midi les soldats du train d'artillerie ils ont attelé leur chevaux à nos pièces de canon pour les changer de position. Les Russes, ils ont entendu le mouvement des pièces et le bruit qu'il faisait, alors, ils ont tiré quatre coups d'obus et six coups de boulets qu'ils pointaient à plus après où nous étions, mais personne n'a été touché. Le lendemain, l'officier qui était désignée de corvée pour faire casser la glace, il a assemblé ses hommes pour aller casser la glace à midi précis. L'ennemi, voyant le mouvement que nous faisions, il vint à grande course de cheval pour faire mettre les pièces de canon à batterie pour tirer sur la barque, qu'il ne manqua pas leur coup, ils ont enfoncé la barque, nous y avons resté 24 heures nous ont été relevés le soir, le régiment il a passé quelques jours sur le bord de la rivière. Le régiment a resté tout autour de Niopornite, le premier bataillon, le 2e bataillon nous étions dans un village sur bord de frontière d'Autriche, dans un bois. Nous mangions que de pomme de terre, que nous trouvions de caché dans le bois dans des trous, c'était bien arrangé car le Roi de Prusse il avait ordonné à son peuple de cacher tous les vivres qu'ils avaient; ça n'empéchait pas que nous trouvions tout; nous avions nos baquettes de fusils, qu'il nous trouve de quoi vivre, en sondant le terrain, le paysan il étions fin, il faision un grand trou, il mettait de pomme de terre dedans, après il plantait un petit arbre dessus le trou. Nous le trouvions la même chose. Nous trouvions des coffres pleins de linge, il y a n'avait qu'il trouvait de l'argent, les autres du grain, du seigle, du froment; ça servait pour la cavalerie pour faire manger leurs chevaux à faute d'avoine. On puit dire la Prusse a été ruinée entièrement en tout. Le 21 décembre, le régiment à reçu l'ordre de se rendre à l'ile où étaient les autres divisions du corps d'armée, et il y partire de Nioporente le 22 à huit heures du soir, et marché toute la nuit et nous on arrivait à l'ile heures du matin et entrent en l'ile, nous on passait le restant de la nuit très froidement nous n'avions point de bois pour faire notre cuisine, nous passames la nuit sa dormir. L'armée passa la journée dans l'ile. L'Empereur il arriva un moment après, et visita tous les postes, et alors l'on prépara tout pour la construction de pont. Il ordonnait de faire partir des hommes de corvée par régiment pour travailler pour le passage. L'Empereur lui même il travailla avec une pelle pour montrer l'exemple, alors vers les heures du soir, tous les voltigeurs de la division, et des hommes des autres compagnies furent en avant avec un régimentde la 3e division, ne furent pas bien loin san trouver l'ennemi, et aussitôt l'on se bat de part et d'autre, et les Français débusquaient l'ennemi, et passèrent la rivière sur des planches, et aussitôt l'on construit des ponts sur des barques ; la division passa par régiment, durant que les voltigeurs repoussaient l'ennemi qui faisait beaucoup de résistance" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 décembre, le Maréchal Davout reçoit l'ordre d'enlever sous les yeux de l'Empereur, la ligne de l'Oukra. Toutes les Compagnies de Voltigeurs de la Division Morand sont répandues sur le rive droite avec ordre de tirer d'une rive à l'autre à travers les touffes de bois pour écarter les postes ennemis. Vers 3 heures et demie de l'après midi, la 1ère Division passe un pont établi la veille et se concentre dans l'ile conquise le 18; protégée par les Voltigeurs, elle prend toutes les dispositions pour franchir l'autre bras qu'elle traverse sous un feu très vif des tirailleurs ennemis embusqués sur l'autre rive.
"Pendant le passage de l'Infanterie, deux barques furent amenées pour établir un pont sur lequel l'artillerie et la cavalerie purent passer.
Le Colonel Guyardet, du 13e, avec un bataillon de son régiment, eut ordre de se porter en avant et le Colonel Lanusse, à la tête du 17e, de reconnaitre le village de Czarnowo et de s'en emparer s'il y avait possibilité. Le Colonel Lanusse se précipita sur ce village, repoussa l'ennemi et se rendit maître de ses batteries, mais il fut bientôt forcé de se replier, l'ennemi étant revenu avec des troupes fraîches, le débordant et se portant sur ses derrières. Le 17e fit sa retraite à la tête du bois où l'ennemi n'osa pas le poursuivre. Le Général Brouard, à la tête du 30e, se porta jusqu'au pied des retranchements ennemis pour favoriser le ralliement de ce régiment; dans ce moment, le Général Brouard fut blessé d'un coup de biscaïen à la tête" (Rapport du Maréchal Davout).
"Il pouvait être alors 7 heures du soir, la nuit était complètement venue. C'est au 17e de ligne que le général Morand donna la mission de reconnaître l'ennemi à Czarnowo, tandis que le 2e bataillon du 13e léger et les voltigeurs suivraient à sa gauche. Dans son ardeur, le colonel Lanusse, commandant le 17e, ne prit peut-être pas beaucoup de précautions ; ses tirailleurs n'avaient pour se guider d'autre indication que le feu des chasseurs russes en retraite, et ceux-ci amenèrent leurs adversaires jusque sur les batteries établies au Sud de Czarnowo. Au moment où les premiers éléments du 17e abordaient cette ligne, ils furent reçus par un feu extrêmement violent d'artillerie et de mousqueterie, et presque immédiatement contre-attaques très vigoureusement sur leur flanc gauche par les bataillons du régiment de Rostow. Le 17e tout entier, suivi par le bataillon du 13e, dut reculer jusqu'à la lisière Nord du bois. Le colonel y remit sa troupe en ordre, et Morand donna l'ordre au 30e de ligne de remplacer le 17e, qui, en somme, avait rempli sa mission en forçant l'ennemi à démasquer sa position" (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique; 1910/12 (A12,VOL40,N120); La manoeuvre de Pultusk; sources : Journal des marches et opérations du 3e corps; Rapport d'Ostermann-Tolstoï; Höpfner, loc. cit., p. 92;, Cazalas, loc. cit., t. I, p. 84.).
Pendant ce temps, le reste de la Division, avec le Général Petit, effectue le passage de la rivière et s'empare des hauteurs; quatre fois les Russes reviennent à la charge avec des troupes fraîches, toujours ils sont repoussés. "Voyant le succès de l'attaque, j'envoyai l'ordre au Général Morand d'attaquer Czarnowo vers minuit; cet officier général fit de très bonnes dispositions, l'ennemi lui laissa le champ de bataille couvert de ses morts, le village et six pièces de canon, après une affaire extrêmement vive" (Rapport du Maréchal Davout).
Ce sont les 17e et 30e qui sont chargés de cette attaque; dans l'épaisseur de la nuit, ils ne sont guidés que par le feu des canons et les lueurs de la mousqueterie ennemie. Le 1er Bataillon du 30e, pénétrant dans le ravin qui protège le village de Czarnowo, le tourne par la droite, tandis que le 2e Bataillon attaque par le centre et le 17e par la gauche; l'ennemi, obligé d'évacuer le village, essaye de se rallier sur le plateau et de tenter un retour offensif; les deux Bataillons du 30e soutiennent ses efforts, donnent le temps aux autres échelons de se former en avant du village et contraignent la Division russe de Tolstoï à battre en retraite.
"Pour l'attaque, le général Morand forma sa première ligne en trois échelons d'un bataillon chacun, marchant l'aile droite en avant; d'abord le 1er bataillon du 30e de ligne, puis le 2e du même régiment, et le 2e bataillon du 17e. Cette ligne était suivie à courte distance de deux autres, qui se composaient : la première, du 2e bataillon du 13e de ligne et de la cavalerie légère de Marulaz; la seconde du 1er bataillon du 17e de ligne et des six escadrons de dragons de Latour-Maubourg. Les deuxième et troisième lignes se conformaient aux mouvements du centre et marchaient droit sur le village. Les 51e et 61e régiments venaient enfin, formant la réserve générale, tandis que, sur la gauche, les compagnies de voltigeurs du 17e et du 30e, qui avaient passé la Narew les premières et s'étaient avancées en chassant devant elles les postes ennemis qui tenaient les bois, flanquaient vers l'Ouest la marche des différentes lignes (Journal des opérations du 3e corps d'armée ; Plan du passage de l'Ukra et du combat de Czarnowo, par les officiers du génie du 3e corps d'armée, situation G.).
Dès que la première ligne de la 1re division s'ébranla, l'infanterie et l'artillerie russes couvrirent de balles, de mitraille et de boulets tous les points par où l'assaillant cherchait à progresser. Les Russes durent cependant évacuer les ouvrages de l'avant-ligne qu'ils avaient établis en avant de Czarnowo et se replier sur leur position principale, que la division Morand aborda immédiatement après. Le 1er bataillon du 30e prit pied dans le ravin à l'Est du village, tandis que le 2e bataillon attaquait de front et que le 2e bataillon du 17e s'avançait à travers les bois de sapins et gagnait les premières maisons de la lisière Ouest (Journal des opérations du 3e corps d'armée ; Höpfner, loc. cit., t. III, p. 92 ; Rapport d'Ostermann-Tolstoï).
Au moment où l'aile gauche russe commençait à être tournée, le bataillon de grenadiers de Saint-Pétersbourg arriva d'Orzeschowo. Profitant de cette circonstance, le général Ostermann prescrivit une contre-attaque de toute sa gauche. Bien que les rapports français ne fassent pas mention de cet épisode, il est à supposer que l'action des réserves russes, qui connaissaient parfaitement le terrain de la lutte, tandis que les troupes françaises le voyaient pour la première fois à la lueur des décharges d'artillerie et de mousqueterie, dut forcer la première ligne de Morand à marquer un temps d'arrêt et lui infliger de fortes pertes. Mais le fléchissement ne fut pas de longue durée, car l'Empereur était là; d'ailleurs, le rapport officiel d'Ostermann reconnaît lui-même que, presque aussitôt, " l'ennemi, renforcé par de nouveaux éléments, s'avançait de tous côtés avec une nouvelle fureur"(Rapport d'Ostermann-Tolstoï).
Malgré que l'obscurité complète ne permît de se rendre que difficilement compte des événements, le commandant de la 11e division russe, au feu violent des tirailleurs ennemis qui augmentait sans cesse d'intensité et qui gagnait de plus en plus vers l'Est, put apprécier qu'il avait affaire à des forces supérieures, et il prit ses premières dispositions de retraite. Il retira sa batterie de Pomichowo ainsi que l'artillerie lourde qui se trouvait au centre de sa position et tirait,vers l'île. Cette dernière fut dirigée sur le chemin de Nasielsk, où elle fut établie, formant repli, sous la protection de deux bataillons des grenadiers de Paulow. Elle fut remplacée sur la crête du plateau de Czarnowo par les six pièces de campagne dont Ostermann disposait (Rapport d'Ostermann-Tolstoï ; Höpfner, loc. cit., t. III, p. 92 et 93 ; Lettow-Yorbeck, loc. cit:, t. III, p. 127.).
A partir de ce moment, la supériorité numérique en artillerie appartient certainement à l'assaillant, la division Morand, d'après la situation du 1er octobre 1806, disposant de treize bouches à feu; d'après le rapport d'Ostermann, c'est l'action des pièces de la division Morand qui, en battant efficacement et à courte distance les maisons de Czarnowo et la crête du plateau que défendait l'ennemi, força les Russes à évacuer le village, qui fut immédiatement occupé parle 30e de ligne, non sans une vive lutte (Situation des effectifs du 3e corps d'armée à l'époque du 1er octobre 1806 ; Rapport d'OslermannrTolstoï).
Pendant que le général Morand enlevait Czarnowo sous les yeux de Napoléon, le détachement de la brigade Petit livrait contre la droite ennemie un combat séparé qui n'est pas moins remarquable que celui de la 1re division, par les qualités de méthode, d'ordre et d'extrême énergie qui y furent déployées. Avec les 400 hommes du 12e de ligne, le général Petit avait obliqué de suite à travers les couverts du côté de la rive gauche de l'Ukra ; il s'était relié avec le petit détachement du capitaine Perrin et s'était porté dans la direction de la redoute russe, à hauteur de Pomichowo. Une compagnie de voltigeurs éclairait la marche et recherchait l'ennemi ; deux autres compagnies avaient été détachées, une sur chaque flanc; le gros, formant réserve, s'avançait au centre ; bientôt la fusillade s'engagea sur le front, et les trois compagnies de tête, soutenues par un feu violent de huit pièces installées le long de la rive droite, et qui tiraient sur la redoute par-dessus la rivière, abordèrent les retranchements ennemis avec tant d'élan que les Russes n'eurent que le temps d'exécuter une seule décharge de leur artillerie et de faire filer celle-ci en toute hâte par la route de Nasielsk. Petit occupa, avec une partie de son détachement, les ouvrages qui, malheureusement, étaient complètement ouverts à la gorge, et forma le reste de sa troupe en carrés. Bien lui en prit, car sa dernière compagnie n'était pas placée que l'ennemi revenait à l'attaque à deux reprises différentes, soutenu par de l'artillerie installée sur la route de Czarnowo (Journal des opérations du 3e corps d'armée; Höpfner, loc. cit., t. III, p. 93.).
Le choc fut reçu avec fermeté par le faible détachement du 12e de ligne ; les Russes, pris en flanc par l'artillerie française de la rive droite, durent, à deux reprises, se replier en désordre. Davout, qui avait entendu le canon sur sa gauche, s'empressa d'envoyer des troupes de soutien au général Petit; ce furent d'abord une compagnie de voltigeurs du 85e et deux compagnies de grenadiers du 21e (3e division), puis cinq compagnies du 2e bataillon du 12e de ligne, le reste de ce régiment étant demeuré à la garde du pont. Ces renforts ne furent pas inutiles, car les hussards d'Alexandryia étant venus de Brody, à travers bois, se joindre à la droite russe, vers 2 heures du matin, tous les éléments réunis en face de Pomichowo tentèrent un dernier effort pour déloger le détachement Petit de la redoute. Mais le mouvement avait été éventé par les voltigeurs français, si bien que tout le monde était sur ses gardes. Les hussards ennemis furent reçus par une décharge de mousqueterie à bout portant et firent demi-tour ; l'infanterie russe fut encore une fois repoussée, et toute l'arête du plateau se trouva dès lors aux mains du 3e corps français (Journal des opérations du 3e corps d'armée ; Plan du passage de l'Ukra et du combat de Czarnowo, par les officiers du génie du 3e corps d'armée, situation H ; Rapport d'Ostermann-Tolstoï).
Les deux attaques du détachement Petit et de la lre division n'avaient pas été d'ailleurs sans se relier entre elles ; Davout ayant mis à la disposition du général Petit la moitié du 1er chasseurs sous les ordres d'Exelmans, celui-ci, éclairé par une compagnie de voltigeurs et, soutenu par des fractions du 21e de ligne, appuya fortement vers la droite le long de la route de Pomichowo à Czarnowo, et établit le contact avec la division Morand, au moment où celle-ci pénétrait dans le village (Plan du passage de l'Ukra et du combat de Czarnowo, par les officiers du génie du 3e corps, situation H ; Journal des marches et opérations du 3e corps).
Il restait encore à déboucher de Czarnowo ; au Nord s'étendait un terrain libre de 1,000 à 1,200 mètres de profondeur, puis on rencontrait la lisière des bois qui, avec quelques clairières, se prolongeaient presque sans interruption jusqu'à Nasielsk. Le général Ostermann, sentant le besoin de mettre de l'ordre dans son mouvement de retraite, résolut de contre-attaquer une dernière fois la division Morand. Une position de repli, avec de l'artillerie, avait, ainsi qu'il a été dit, été organisée par ses ordres entre la lisière Nord du village et les bois. Le commandant de la IIe division russe profita très habilement de l'instant critique où les premiers éléments de la division Morand cherchaient à sortir du village et à se déployer sur le plateau au Nord, pour les assaillir avec sa réserve. Les premiers bataillons du 30e de ligne, surpris, rétrogradèrent jusqu'aux premières maisons de Czarnowo; mais, quelques instants après, le 2e bataillon du 17e de ligne et le 2e bataillon du 13e léger ayant débouché à gauche et à droite du village, toute la ligne française se reporta en avant; l'ennemi céda définitivement le terrain et recula jusqu'aux bois. Il était 4 heures du matin (Rapport d'Ostermann-Tolstoï; Höpfner, loc. cit., t. III, p. 93; Journal des opérations du 3e corps d'armée)" (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique; 1910/12 (A12,VOL40,N120)).
La 1ère Division a eu dans ce combat 22 Officiers et 678 hommes tués ou blessés. Sont cités dans le rapport du Maréchal Davout, comme s'étant particulièrement distingués à l'attaque de Czarnowo, parmi les Officiers du 30e : le Colonel Valterre, le Chef de Bataillon Mallet, le Capitaine Duthoya, le Capitaine de Grenadiers Aberjoux.
Le 30e a perdu dans cette affaire : le Chef de Bataillon Dodo-Desmaret (Charles Louis François) et le Lieutenant Cheminade (Bernard), tués tous deux à l'attaque du village. Au nombre des blessés, nous trouvons :
- Richard (François Marie), Chef de Bataillon, cuisse traversée.
- Richard (François Maurice), Lieutenant, coup de feu à la jambe droite.
- Grand (Jean Louis), conscrit, depuis Officier, atteint d'un coup de feu.
- Bègue (Jean Marie), conscrit, depuis Officier, coup de feu à la jambe gauche.
- Paudelette (Pierre), Sergent major, coup de feu à la jambe droite.
- Vergniaud (Pierre) Capitaine, atteint d'un coup de feu.
Ces deux derniers ont été blessés dans la première partie du combat, lors du passage de l'Oukra. Martinien indique comme pertes : Chef de Bataillon Dodo-Desmaret, et Lieutenant Jollivet, tués; Lieutenant Cheminade, blessé et mort le 14 janvier; Capitaines Pluchet, Dumesnil, Lassègue et Blanpain, Lieutenant Richard et Sous lieutenant Vergniaud, blessés.
"La journée du 23 fut employée à construire plusieurs ponts.
L'Empereur présidait en personne à ces travaux.
A la nuit, le régiment passa en présence de Sa Majesté sur le premier pont établi et fut prendre position un peu en avant où i1 resta jusqu'à huit heures du soir et reçut l'ordre du général de division de passer le pont qui venait d'être jeté sur la ... (il s'agit probablement de la Sonai).
Le court espace qui séparait le régiment du point d'attaque lui permit bientôt de prendre part à l'action.
Quelques tirailleurs, placés à l'entrée du bois qui couvre le village de Czarnowo, étaient, avec quelques pelotons de cavalerie, les seules troupes qui furent sur le champ de bataille.
Le 1er bataillon prit sa ligne dans une prairie appuyant sa droite au Bug et prolongeant sa gauche vers un bois où étaient embusqués nos tirailleurs soutenus par le 2e bataillon qui avait formé sa ligne en arrière de cet endroit et à peu de distance.
L'ennemi avait placé deux pièces au bas du village.
Rien ne pouvait nous couvrir de leur feu.
Elles étaient soutenues par de l'infanterie et par quelques troupes de cosaques qui se montraient de temps en temps. Une fusillade assez vive s'engagea et, soutenue par leur artillerie, mit quelques hommes hors de combat qui, presque tous, furent blessés par la mitraille.
L'infanterie se retira.
Il ne resta que des cosaques en observation qui venaient tâtonner de moment à autre (sic), mais toujours à une distance honnête, en se plaçant hors de portée de nos coups de feu.
Après cet engagement, le régiment porta sa ligne de bataille d'environ cent pas plus en arrière pour ne point rester sans défense sous les coups de mitrailles qui se reproduisaient par intervalle, mais presque sans aucun effet.
A une heure après minuit, arriva l'ordre de s'emparer du village de Czarnowo.
Le mouvement commença.
Le 1er bataillon marcha droit au village, le 2e continua sur la gauche pour gagner le bas d'un ravin au-dessus duquel était un plateau occupé par l'ennemi.
Cette manoeuvre sépara les deux bataillons qui agirent isolément jusqu'à ce que ces deux positions furent enlevées.
L'ennemi avait changé la position de son artillerie, ses tirailleurs observaient notre mouvement, ils furent aussitôt repoussés.
Le village fut emporté d'assaut, les forces qui le défendaient culbutées avec tant de précipitation que, malgré la bonne position de Czarnowo, l'ennemi fut contraint d'abandonner cinq pièces de canon en batterie sur le plateau en arrière du village où se trouvait l'emplacement de son camp.
Après que le 1er bataillon se fut emparé de Czarnowo, content de son brillant coup de main, i1 se livra, sans conserver d'ordre, à la joie qui résulte de la victoire.
L'ennemi s'en étant aperçu, et voyant le peu de troupes qu'il avait à combattre, reprit l'offensive et, avec des forces supérieures soutenues par de l'artillerie, attaqua ce bataillon au dépourvu qui, en outre, s'était imprudemment trop avancé. Il le força aussi d'abandonner une position dont i1 venait de s'emparer avec tant de gloire; mais ce mouvement rétrograde ne tourna point à l'avantage de l'ennemi.
L'attaque que faisait le 2e bataillon l'empêcha de rentrer dans le village et de reprendre ses pièces. En outre, l'arrivée de notre artillerie, le prompt ralliement du 1er bataillon qui revint à la charge avec autant d'ardeur que la première fois, arrêtèrent le mouvement de l'ennemi.
Le 2e bataillon était en ligne, le 1er se plaça à sa droite; alors s'engagea une fusillade meurtrière et opiniâtre qui dura plus de trois quarts d'heure sans gagner ni perdre un pouce de terrain.
Enfin, l'ennemi, criblé par notre feu et par celui de l'artillerie, fut contraint, se voyant chargé, d'abandonner sa ligne qu'il ne quitta qu'à la dernière extrémité.
Le régiment traversa le champ de bataille qu'il trouva couvert de morts et de mourants. Parmi eux, l'on distinguait beaucoup de canonniers qui payèrent de leur vie leur belle et opiniâtre résistance.
L'ennemi avait fait enlever avec soin tous les blessés en état de pouvoir être transportés. Il laissa la plaine libre et opéra sa retraite à la faveur d'un bois auquel i1 était adossé et qui est traversé par la route de Nasielsk où l'ennemi se retira.
Indépendamment de ce que fit le régiment à Czarnowo, deux compagnies qui avaient été détachées sous les ordres du Capitaine Vernere, immédiatement après le passage de la rivière, sur la gauche de la ligne, attaquèrent l'ennemi sur un plateau où i1 était en force, l'en délogèrent et le contraignirent également d'abandonner une position derrière le ravin qu'il défendait avec la plus grande opiniâtreté.
La brigade du général Petit (3e division), qui dirigeait son attaque sur ce point, ne joignit les deux compagnies qu'après qu'elles eurent chassé l'ennemi des deux positions dont il vient d'être parlé.
Seulement quelques grenadiers et voltigeurs de cette brigade l'avaient précédé et concoururent avec ces deux compagnies à remporter cet avantage d'autant plus signalé que l'ennemi, à ce moment, était extrêmement supérieur en force sur ce point.
Ces compagnies rejoignirent ensuite le régiment qui avait repris position en avant de Czarnowo, où i1 reçut de la part du général de division Friant (Louis (comte). Né à Marlancourt au hameau de Villers-le-Ven (Somme) le 18 septembre 1758, décédé au château de Gaillouet, commune de Seraincourt (Seine-et-Oise) le 24 juin 1829) des félicitations sur sa bonne conduite.
Le résultat de cette action fut trois cent vingt prisonniers parmi lesquels sept officiers, dont deux capitaines, et cinq bouches à feu. L'ambulance tomba également en notre pouvoir.
Cette attaque coûta au régiment la perte de plusieurs braves, notamment celle du chef de bataillon Desmarets et du sous-lieutenant Cheminade. Cet officier donna pendant l'attaque des preuves d'une bravoure distinguée et ne cessa d'encourager les soldats par son exemple jusqu'au moment où un boulet l'enleva.
Il perdit en outre quarante et un sous-officiers et soldats tués, neuf officiers et deux cent quatre-vingt-dix sept sous-officiers et soldats blessés.
Parmi les neuf officiers blessés, un adjudant-major et quatre capitaines ont été admis à la retraite par suite de leurs blessures; peu des autres blessés (sic) sont rentrés au régiment" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Et le 23 décembre les Français passa au nombre de 6000 hommes d'infanterie qui furent en observation dans un bois, et durant ce temps, les voltigeuurs se battaient avec eux, alors le 30e régiment commandé par le colonel Valterre fut en avant dans une petite plaine de chaume et marchèrent tantôt en colonne et en bataille et deux escadrons de cavalerie furent en observation dans cette chaume, alors le régiment fut en bataille devant les redoutes de l'ennemi, et c'était la nuit quoiqu'il faisait un peu clair de lune. Les cosaques russes chargèrent sur le premier bataillon du 30e; la fusillade il commença à s'annimer; l'ennemi il prit la fuite, il nous envoya quelques coups de canon sur le régiment, il tua très peu d'hommes; nous restammes longtemps sur les armes en entendant des ordres pour prendre le village, un instant après le général de division il est venu dire au colonel Valterre qu'il fallait que le 30e régiment prenne le village à l'assaut, on ne manqua pas de suite le commandement il fut exécuté ; on se mit en marche en colonne d'attaque; le tambour battait la charge, la baïonnette croisée, dans leur batterie et y firen une carnage, ainsi que dans leur bivouac, et prire leur fort de suite, et en suivant le long du bois, nous sommes venus à bout de gagner leur camp. Cependant l'ennemi sort des bivouacs, quoique il y en eut de tués dedans, et firent beaucoup de résistance, ils mirent plusieurs Français hors de combat, mais les Français battaient la charge, le premier bataillon du 30e régiment gagna la hauteur près d'un village, où l'ennemi avait plusieurs pièces de canon, qui leur fut prix, mais après le Russe chargea ausstôt et comme l'ennemi était sur le bois avec force, le bataillon fut contraint de battre en retraite, même en désordre, et l'ennemi reprit leur pièce de canon; le commandant du premier bataillon fut tué à ce désodre, un moment après le 2nd bataillon du même régiment nous on gagnait la hauteur, non pas sans perdre beaucoup de monde, car l'ennemi était sur le bord du village, et faisait un feu terrible, et tira des coups de canon à mitraille, et ce qui tua et blessa beaucoup de monde, mais malgré leur défense, les Français monta la hauteur une seconde fois, et quelques soldats avaient monté en les bois en tiraillant, ce qui faisait que les Russes s'étaient mis en défense contre le bois, et en blessèrent beaucoup de nos gens, il les repoussait et étant rencontré de la colonne, nous on leur crie qui vie et à ce qu'il répondait, ils furent reconnus et rejoignèrent la colonne; le bataillon était en bataille qu'il chargeait sur les Russes et qui faisait feu à mitraille lorsqu'il y avait dans le rang quelque nouveaux soldats qui n'avait jamais été au feu et prirent l'épouvante, et entrainèrrent dans leur désordre plusieurs autre et malgré qu'on leur criait de rentrer au rang, l'on fut contraint de retourner jusqu'au village; et moi étant caporal, je fis fonction de caporal fourrier à rapport le fourrier il était absent de la compagnie, il était à Varsovie aux vivres; et moi j'ai été au drapeau à la place du fourrier, il se trouva que j'étais seul des caporaux au drapeaux, au même moment tous le second bataillon il était à désordre dans village. Le commandant Guillemain il n'en pouvait pas venir à bout pour ralier son bataillon, et moi quand je vis le commandant Guillemain, il était avec le capitaine Vernere; je pris l'hardiesse de dire au commandant qu'il fallait qu'il fasse cesser le feu; il ne répondit rien, et je m'en fus de suite à la droite du bataillon en criant à haute voix aux grenadiers, je leur dis, par ordre du commandant, ne tirez plus, malgré qu'il me l'avait pas dit, ce commandement fut très bien exécuté, il se trouva que je bien réussi, même je m'aperçu du moment que le bataillon, il faisait feu sur nos gens, que je dis au commandant; il se trouva que c'était une compagnie du 17e régiment qu'il arrivait sur notre gauche, alors le commandant il rallia son bataillon de suite pour faire front à l'ennemi que nous avons chargé avec courage, nous les ont poursuy (sic) nous primes quelques pièces de canon dont il y eut les chevaux de tués à l'avant train; ensuite, le 1er bataillon vint se réjoindre au second, mais l'ennemi chargea une autre fois sur nous, mais leur charge il leur servit pas de grand chose, et furent contraints d'abandonner leur position, car il vint quatre bataillons de renfort pour poursuivre l'ennnemi et le mirent en fuite, quoiqu'il battait le ralliement, et il faisait feu avec quelques pièces de canon qu'il avait abandonné à l'entrée du bois, mais l'artillerie française arrive avec deux pièces de canon, et un obusier qui leur riposte et leur envoya des obus et des boulets qui leur git abandonner leur position et laisser leur pièce de canon. La terre était couverte de morts. Le 17e régiment fut jusqu'au nois avec deux escadrons de cavalerie, et les chasser du bois, et en l'instant après, les Français ils revinrent à leur position et piller leur camp, en lequel on trouva de l'eau de vie, qui fut distribuée à la troupe; ça n'était pas sans besoin, car la division il n'avait pas beaucoup de vivres; nous ramassions les croutes de pain que le Russe avait laissé par terre; à cette bataille, je reçus une blessur légère à la jambe d'une balle molle, il ne m'empêche pas de continuer à tenir monrang jusqu'à la fin, après cette bataille, je parlais à monsieur Mianet, mon capitaine, il me répondit que je devais être récompensé de l'affaire du 23" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 24 décembre, Davout continue sa marche en avant, et sans donner le temps à l'ennemi de s'affermir dans une nouvelle position, l'attaque à Nasielck. La Division Morand, très éprouvée la veille, est laissée en réserve et ne prend aucune part à ce combat. Denis Moreau a noté que le 24 décembre, à 3 heures du matin, lors du passage du Bug, une balle lui a éraflé le crâne, balle qui aurait pu être mortelle.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 24 quand les Français eurent passé la rivière du Bouc (sic), et qu'ils furent gagner les forts, et que les Russes furent retirés dans le bois, toute la cavalerie du Prince Murat passa la rivière, du côté de l'Autriche, et en peu de temps, il y eut beaucoup de l'armée française de passé, qui atteignirent l'ennemi dans le bois" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Les jours suivants, Davout, s'attachant à la poursuite de l'armée russe, la suit pas à pas, malgré un temps affreux et des pluies torrentielles qui ont transformé le sol de la Pologne en une boue épaisse dans laquelle on ne peut marcher qu'avec une extrême difficulté; les colonnes mettent deux ou trois heures pour faire une lieue; l'artillerie et les bagages doivent rester en arrière, vu l'impossibilité de les faire avancer dans ces chemins devenus impraticables.
Le 25 décembre, le 3e Corps entre à Strezedoczin d'où il déloge l'arrière garde russe.
"Le 24 décembre, l'Empereur défila par Czarnowo à la tête de l'armée qui prit la route de Nazielsk. Les 2e et 3e divisions du IIIe Corps passèrent en avant. La 1ère division fit l'arrière garde. Elle fut prendre position en avant et en arrière de Nazielsk d'où l'ennemi venait d'être chassé. Le régiment bivouaqua en arrière de la ville ayant le parc d'artillerie devant le front.
Le 25, le régiment se mit en marche de bonne heure, toujours à la poursuite de l'ennemi qui laissait à chaque pas des indices de sa fuite. La prise de quelques traineurs et quantités de voitures chargées de bagages fut le résultat de cette journée qui fut terrible par la marche, tant sous le rapport des mauvais chemins qu'il y avait à suivre que par le long trajet qu'il fut obligé de faire.
Il arriva très tard à la position de Gross-Savonice" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 25 décembre dans la plaine de Poultusc (sic) où il le repoussé par plusieurs routes, et l'armée russe fut rassemblée" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Combats de Soldau, Pultusk et Golymin
Trois chaudes affaires ont lieu le 26. Les diverses parties de l'armée russe sont simultanément battues à Soldau, Pultusk et Golymin. Le 3e Corps se porte le 26 sur Golymin où il vient se heurter contre l'armée de Benningsen. Le Maréchal Davout, arrivant par la route de Pultusk, est chargé de l'attaquer à droite, tandis que le Corps d'Augereau attaque à gauche. Le premier a à lutter contre les Divisions Sacken et Gallitzin, le second contre la Division Doctoroff. Les Russes combattent jusqu'à la nuit, mais, presque enveloppés dans Golymin, ils effectuent leur retraite sur Makow. La Division Morand (avec le 30e) est en tête du 3e Corps.
"Trois lignes d'Infanterie très considérables s'apercevaient entre Golymin et le bois en avant, qui était rempli de tirailleurs russes; le Général Morand les fit attaquer et parvint après une vive résistance, à se rendre maître du bois, vers les trois heures de l'après midi.
A peine sa Division était formée en avant du bois qu'il fut attaqué avec la plus grande vivacité et successivement par les lignes reconnues qui jetèrent leur sac pour charger à la baïonnette. Ces attaques de l'ennemi furent extrèmement vives et réitérées et toutes sans succès; enfin, il se retira, abandonnant une pièce de canon et laissant beaucoup de morts sur le champ de bataille.
La perte de la 1ère Division est de : 8 officiers et 214 tués ou blessés.
Les chefs et les corps de la Division se sont montrés dans cette occasion comme dans toutes les autres, rivaux de courage et de gloire" (Rapport du Général Morand).
"Pendant ce combat, le 2e bataillon du 13e léger et les 30e et 17e de ligne, de la brigade Brouard, s'étaient formés en trois colonnes par échelons de division, et, précédés par les voltigeurs, s'étaient portés à l'attaque du bois. Voyant le mouvement se dessiner, Galitzin avait mis à la disposition du prince Chtcherbatov, en outre du régiment d'infanterie de Kostroma, le 2e bataillon de grenadiers de Tauride, le 1er bataillon d'infanterie du Dnieper, et deux escadrons de dragons de Pskov, en sorte que le bois était occupé par au moins trois ou quatre bataillons. L'infanterie russe fit preuve d'une grande ténacité et repoussa plusieurs tentatives des bataillons du général Brouard. Même, vers 4 heures, elle déposa ses sacs et contre-attaqua énergiquement à la baïonnette. Reçue par une fusillade terrible, elle se replia en désordre et, suivie sur ses talons par la ligne française, dut abandonner le bois et se retirer sur Golymin" (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique; 1911/02 (PART2,N122).) Source : Journal des opérations du 3e corps; Davout à Berthier, Czarnowo, 26 décembre 1806 ; Cazalas, loc. cit., t. I, p. 111.).
La Division a combattu sans une seule pièce (l'artillerie n'ayant pu suivre à cause des mauvais chemins) contre une infanterie dix fois supérieure en nombre et 12 ou 15 pièces de canon. 4000 sacs que l'infanterie russe a déposés pour charger à la baïonnette restent en notre pouvoir.
Martinien donne pour la journée du 26 les Sous lieutenants Bordarier, Lebrun et Morin, blessés aux avant-postes en pologne. Denis Moreau a également été blessé à la main droite d'une balle qui lui a coupé le tendon du pouce; dès lors, il ne peut plus manier le fusil. Il se rend alors au dépôt du 30e à Mayence, où il va continuer de rendre des services à l'administration du Dépôt.
"Le 26, i1 se mit en route par des chemins impraticables qui ressemblaient à des fondrières et qui étaient comblés par des voitures chargées de bagages, par des canons, des caissons et des fourgons d'ambulance que l'ennemi avait été forcé d'abandonner, le tout attelé.
Une si grande quantité de chevaux que l'on voyait se débattre dans la boue offrait un coup d'oeil aussi pitoyable que dégoûtant.
Cet attirail de voitures embourbées et culbutées était indéfinissable et fut un très grand obstacle pour notre artillerie.
Le soldat fut obligé de marcher droite et à gauche dans les bois et dans les terres pour éviter cet encombrement et les mauvais chemins.
Un dégel subit avait occasionné tous ces embarras et empêché la perte totale de l'ennemi.
Enfin, après beaucoup de fatigues, vers deux heures de l'après-midi, le régiment déboucha dans la plaine de Golymin d'où il aperçut la ligne ennemie en avant de ce village.
De suite, i1 forma les colonnes d'attaque et, en cet ordre, i1 marcha jusqu'à l'entrée d'un bois où le régiment fit halte.
Le général de division ordonna que le drapeau du 1er bataillon resterait en réserve avec les grenadiers, 7e et 8e compagnies.
Les six premières reçurent l'ordre de chasser les tirailleurs qui étaient dans le bois.
Les six compagnies furent commandées par le chef de bataillon Duthoya, alors capitaine, commandant le bataillon. II disposa sa troupe, marcha pendant quelque temps sans découvrir l'ennemi, malgré que le feu de quelques voltigeurs, qui tiraillaient à l'entrée du bois, semblait l'annoncer à une distance peu éloignée.
Enfin, sur sa droite, i1 aperçut les tirailleurs ennemis se rallier et faire un feu nourri bien que battant en retraite.
Alors les compagnies firent feu.
Cette décharge blessa quelques hommes et en tua trois; le reste, vigoureusement poussé par six compagnies du 13e, qui vinrent se réunir celles du 30e, chassèrent entièrement les tirailleurs du bois qui furent rejoindre leur ligne en bataille dans la plaine.
Ces douze compagnies débouchèrent du bois et allèrent se ranger en bataille devant la ligne de l'ennemi qui commença à faire usage de son artillerie. Pour ne pas laisser cet avantage lui seul, n'ayant point de canons à lui opposer, on l'approcha d'assez près pour engager la fusillade. Pendant ces dispositions, notre ligne s'était renforcée et de part et d'autre l'on se fusilla sans aucun succès marqué.
Vers quatre heures, l'ennemi abandonna ce point et jeta toutes ses forces sur le village de Golymin où se faisait la principale attaque et où se battait le VIIe Corps (Augereau).
Le 2e bataillon avait pris la direction vers la gauche.
Plusieurs fois, pendant sa marche, i1 fut menacé d'être chargé par la cavalerie qui le harcelait sans cesse. Sa bonne contenance en imposa aux cosaques qui, suivant leur coutume, ne faisaient que de vaines démonstrations.
Sur ce point, il n'y eut aucun engagement avec 1'infanterie. Quelques feux dirigés, et faits à propos sur la cavalerie, en débarrassèrent le bataillon et firent cesser ces menaçantes manoeuvres.
A la nuit, le 2e bataillon, les trois compagnies de réserve avec le drapeau du 1er bataillon, rejoignirent les six compagnies encore en bataille dans la plaine.
Cette journée coûta au régiment la perte de deux soldats tués et trente-deux sous-officiers et soldats blessés.
Le régiment fut prendre position sur la lisière du bois, avec défense de faire des feux en avant.
Toutes les compagnies firent alternativement le service de grand-garde, elles fournissaient sur le front et sur les flancs une ligne très serrée en sentinelles, ayant pour consigne d'exercer la plus grande surveillance.
La nuit fut affreuse.
Malgré cela l'on se battit avec acharnement jusqu'après onze heures du soir.
Le village de Golymin fut en partie brûlé.
La lueur de cet incendie permettait de distinguer les combattants et faisait entrevoir une scène horrible en éclairant le champ de bataille disputé pendant neuf heures de combat des plus opiniâtres et durant lequel i1 se fit plusieurs charges de cavalerie très meurtrières" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le lendemain 26 décembre, l'armée française s'avance pour les attaquer et se sont approchés; le 5e corps d'armée sur la route de Poultusc attaqua l'ennemi et s'avança tandis que le 3e corps d'armée arrive sur la droite et s'avança et nous on rencontrait l'ennemi, et commancé attaquer sur la gauche. Aussitôt la cavalerie chargea sur l'infanterie qui se rangeait en carré. Le chemin il étion si mauvais, le soldat il se mettait dans la boue jusqu'aux genoux, ce q'uil fit qu'ils n'eurent pas le temps de se tirer et la cavalerie entré en le carré, et il firent un carnage effroyable des hommes qui ne pouvaient se tirer de la boue, et il ne s'en sauva que très peu, et tout fut hâché surtout en un bataillon du 88e régiment dont le colonel se sauva en un autre régiment. Et les autres colonnes avancent et ils se joignirent et se baturent (sic) avec eux mais l'artillerie ne pouvait avancer à cause de la boue, car il y resta une grande quantité de caisson, et de pièces de canon, et même une partie des équipages resta en route et fut renversé, ce qui causa une grande perte. La bataille alors le 3e corps qui était feu la droite s'avançait sur une autre route (?) pour leur couper le passage, et le feu y était beaucoup animé, et le soir, les Russes chargèrent plusieurs fois, et le combat fut longtemps animé, car les Russes avançaient et les Français les repoussaient, mais les pièces de canon restaient en la boue ainsi que les caissons, qui étaient renversés et les chevaux restaient dans la boue. Car les Russes laissaient beaucoup de bagages, et sur la droite, les cosaques russes étaient prêts à charger et masquaient une pièce de canon, car l'infanterie française avançait et les voltigeurs étaient en avant qui tiraillaient; et les cosaques s'attendaient à être attaqués et aussitôt auraient démasqué la pièce et ils battaient en retraite. On s'est emparé de la pièce et on continua en obliquant, donc il y en eut plusieurs de blessés et le feu prit un village. Et il étiont en un bois où il était difficile de les faire sortir dar les Français, arrivés de toute part et les soutienne fort, surtout devant Poultusc où il y eut une si grande quantité de tués et blessés que la terre en était couverte. Cependant, après un combat égal de part et d'autre, l'ennemi se retira dans les marais et ne put pas emmener leur bagage, ainsi une plus grande quantité de caisson, qui restèrent en la boue que les pièces de canon autres voitures chargées d'eau de vue, qui n'eurent pas le temps de l'ammener. Ils ont cassé les tonneaux dans le presse pisse (sic) dans la boue, mais même le soldat français ilen ramassait de l'eau de vie par terre dans les trous, elle était bonne. L'armée française il était mal, il étion sans pain. C'est à dire le Russien il étion mal aussi à rapport celui qui avance il a plus de couraqe que celui qui bat en retraite. La victoire a été aux Français ce jour là, et il s'y fit un si grand carnage à Poultusc qu'elle était pleine de morts et mourrants. Toute la nuit, la troupe sut sous les armes, et il faisait un grand froid, car l'on avait mis un feu par compagnie, on s'y chauffait tour à tour, et l'on passa la nuit très froidement" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 27 décembre, la poursuite continue et quelques troupes du 3e Corps ont avec l'ennemi, se retirant sur Ostrolenka, un engagement d'arrière garde à Makow. On est en plein coeur de l'hiver; le mauvais état des routes sur un sol marécageux, détrempé par les pluies, ne permet plus d'avancer; les malades sont nombreux, l'armée a besoin de repos.
Napoléon décide de s'arrêter et de prendre ses quartiers d'hiver.
"Le 27, le régiment traversa le champ de bataille, changea de direction à droite pour prendre la route de Pultusk.
L'ennemi avait disparu et était en pleine retraite pour se jeter derrière la Narew.
Toute la division vint prendre position non loin du champ de bataille et sur la droite de la route de Golymin à Pultusk.
L'Empereur y passa pour se rendre dans cette ville.
Le 28 décembre, l'on resta sur cette position.
Le 29, ordre de prendre des cantonnements. Le régiment occupa trois villages. L'état-major fut s'établir celui de Skaszewo" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Et le lendemain 27, l'on avança à la poursuite de l'ennemi, mais l'Empereur fit cesser la poursuite, voyant qu'il y avait trop de boue et retourna à Varsovie, et toute l'armée resta en cantonnements aux environs de Pultusc" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 décembre, le 3e Corps vient établir ses cantonnements dans l'angle formé par le Bug et la Narew; son quartier général est à Pultusk et ses avants postes s'étendent jusqu'à Brok sur le Bug, jusqu'à Ostrolenka sur la Narew.
Par ailleurs, les conscrits de 1806 étant arrivés dans les Dépôts, l'Empereur décide de les employer sur la ligne de communication en attendant le moment de leur incorporation dans les Bataillons de guerre. Il ordonne le 10 novembre au Maréchal Kellermann de prendre une Compagnie de 140 hommes dans chaque Dépôt et d'en former 4 Régiments provisoires à 2 Bataillons : un Major commande un Régiment, un Chef de Bataillon et un Adjudant-major chaque Bataillon. Il suffit que les conscrits soint habillés et armés ; leur instruction doit se faire dans les places. Après l'incorporation des soldats, les cadres doivent retourner en poste au Dépôt. Le 3e Régiment provisoire a son 1er Bataillon formé avec 5 Compagnies des 27e, 30e, 33e, 51e, 62e et son 2e avec 6 des 25e, 28e légers, 12e, 21e (2 Compagnies) et 111e. Fort de 1560 hommes, il part le 25 novembre pour Cassel, va le 20 décembre à Magdebourg et le 20 février 1807 à Berlin; envoyé le 20 mars à Posen, il en part le 24 avril pour Thorn, où il est incorporé le 27.
c/ Campagne de 1807
- Combat d'Heilsberg
Fig. 13 Tambour de Fusiliers 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) |
Fig. 13a Tambour de Fusiliers, 1809, d'après H. Feist pour Bucquoy (sources : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Fig. 13b Tambour de Fusiliers, 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 62) |
Fig. 13c Tambour de Fusiliers, 1809, d'après Rigo (source : Carl) |
En janvier 1807, le 30e de Ligne compte 46 Officiers et 1297 hommes répartis en deux Bataillons, au sein de la Brigade Brouard, 1ère Division Morand du 3e Corps Davout (Nafziger 807AAA - source : Foucart P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806 - Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre, Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, Paris, 1882).
Emplacement des troupes du 6e Corps d'armée dont le mouvement s'opèrera du 7 au 8 janvier 1807 Division du Général Marchand, quartier général à Osterode Rassemblement général à Passenheim Source : Foucart, "La campagne de Pologne, novembre 1806, janvier 1807", tome II. |
La Division Oudinot est réorganisée par ordre du 8 janvier : elle reste composée de 17 Bataillons, groupés en 8 Régiments. Chaque Bataillon a 6 Compagnies, soit les 2 Compagnies d'élite de 3 Bataillons différents; 2e Régiment, 2e Bataillon : Compagnies des 3e Bataillons des 30e, 48e, 61e (Belhomme, tome 4).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 10 janvier 1807 (Nafziger - 807AXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "... Donnez ordre qu'il soit délivré des magasins de Varsovie 20 paires de souliers au 7e d'infanterie légère ...
30 au 30e..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).
Napoléon supposait que l'hiver se passerait sans de nouveaux combats. Mais Bennigsen, qui a pris le commandement de l'armée russe, se persuadant que ses soldats souffraient moins que les Français du rude climat de la Pologne, décide de profiter des renforts qu'il a reçus pour essayer de nous surprendre. Il manoeuvre donc de façon à percer la gauche de notre ligne de commandement. Le 15 janvier, l'armée russe s'avance sans être aperçue, à l'abri des vastes forêts qui couvrent le littoral, traverse l'Alle et la Passarge.
"Le 17 janvier 1807, l'on élargit les cantonnements. Le régiment fut réparti dans douze villages. L'état-major occupa celui d'Oldaki.
Le 18, la brigade fut prévenue que le général Ricard (Etienne-Pierre-Sylvestre (baron puis comte) né à Castres (Tarn) le 31 décembre 1771, décédé au château de Varès près de Recoules (Aveyron) le 6 novembre 1843) en prenait le commandement" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation du 3e Corps - 20 janvier 1807 (Nafziger - 806AAH) Source : Foucart P., "Campagne de Pologne (novembre-décembre 1806 - Janvier 1807 (Pultusk et Golymin) d'après les Archives de la Guerre, Librairie Militaire Berger-Levrault & Cie, Paris, 1882 |
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 20 janvier 1807 (Nafziger - 807AXD) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
L'armée russe attaque le 26 à Mohrungen le Corps du Maréchal Bernadotte.
Le même 26 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Général Lacuée, Directeur général des revues et de la conscription : "L’état n°3 que vous m'avez accordé m'a fait plaisir ; il m'a paru ne rien laisser à désirer. Je disposer des 20000 hommes de la réserve de la manière suivante :
Annexe
Etat des hommes de la réserve à donner aux corps d'infanterie ci-après :
... Ceux 30e 125 hommes ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14172).
Le même jour encore (26 janvier), les cantonnements de l'armée française sont levés et tous les corps manoeuvrent pour se porter sur le flanc gauche des Russes. Dans ce grand mouvement de conversion à gauche, le 3e Corps forme l'aile marchante.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois janvier 1807. Après que nous on restait au cantonnement, pendant un mois, que le soldat il était obligé de battre le grain eux-mêmes et le faire moudre et faire le pain, nous étions passablement bien au dépend des paysans, nous mangions leurs boeufs et moutons, c'est à dire il n'y avait rien d'épargné. Et nous on reçut de l'Empereur l'ordre de partir des cantonnements après le grans dégel le 26 janvier pour aller en Vieille Prusse, pour y chasser les Russes de ces pays" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 28, les cantonnements furent levés. Le régiment vint le même jour sur les bords de l'Orezic, entre Pultusk et Pargnitz.
Le 29, marche forcée de 16 lieues en passant par Rozan, sur la Narew, où le général Ricard passa la revue du régiment, ensuite i1 se dirigea vers Ostrolenka où il arriva vers onze heures de la nuit et fut loger à deux lieues de cette ville sur la rive droite de la Narew" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 28 janvier, arrivé à Osterlinka (sic), où les Russes avaient déjà beaucoup de redoutes, pour s'y défendre, et il y avait coupé le pont à l'entrée de la ville, et on y vit leur camp. L'armée marcha par plusieurs routes et rencontrèrent l'ennemi, à plusieurs fois, et les repousse à plus d'une fois jusqu'à la ville de Elisberg (sic); et à force que l'ennemi reculait, on avançait car l'Empereur avait dessin de prendre la ville de Kuenisberg (sic) qu'il est la capitale de la Vieille Prusse, et la ville de Dannecique (sic)" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 janvier, le 3e Corps arrive à Miszniec; le 1er février, à Ortelsbourg. Le 3, on aperçoit l'ennemi en position sur les hauteurs de Joukowo. On s'attend à une bataille. Le Maréchal Davout doit attaquer la gauche russe à revers, mais Benningsen, se voyant presque tourné et menacé d'être coupé de Koenigsberg, alors qu'il croyait surprendre Napoléon, se replie sur Landsberg afin de sauver ses communications.
"Le 30, il quitta la route de Grodno, qu'il avait suivie depuis son départ, toujours en remontant la rive de la Narew, et vint loger près de Myszyniec.
Le 1er février, il passa par Mysinietz et vint loger à Ortelsburg.
Le 3 à Passenheim" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation du 3e Corps - 1er février 1807 (Quintin - Eylau) Commandant : Davout 1ère Division : Morand 30e de Ligne : 1er et 2e Bataillons : 46 Officiers et 1297 hommes. Source : Livrets de situations de la Grande Armée conservés au SHD, Département Terre, sous la cote C2-476 |
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 2 février 1807 (Nafziger - 807BXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 4, le 3e Corps arrive à Guttstadt; le 6, le Maréchal Davout, remontant avec la Division Morand la rive droite de l'Alle, arrive sur Heilsberg, pénètre dans la ville après avoir bousculé l'arrière-garde russe, s'empare des magasins et fait un grand nombre de prisonniers. La Division Morand perd dans ce combat : 2 Officiers et 14 Sous officiers et soldats tués, 7 Officiers et 92 soldats blessés. Le même jour, les Russes sont également battus à Hoff.
"Le 4 à Wartemburg.
Le 5 en avant de Guttstaedt.
Le 6, le régiment arriva devant Heilsberg qui était occupé par l'ennemi.
Des monticules qui sont sur la route de Guttstædt auraient pu servir défendre les approches de la ville, mais soit que l'ennemi fut dans l'intention de l'évacuer, i1 ne s'y arrêta point et prit une position derrière Heilsberg, sur un plateau qui domine la ville.
La Alle, rivière peu considérable en cet endroit, était la seule barrière qui nous séparait des Russes.
Notre artillerie se mit en position et commença par couronner le plateau. Le feu fut assez vif de part et d'autre sans être très meurtrier.
Les tirailleurs ennemis occupaient les bords de la rivière.
Le régiment reçut l'ordre de se poster dans le faubourg situé sur la rive gauche de la Alle où l'on établit un pont à la hâte.
Il le traversa avec le 13e régiment.
L'ennemi s'étant retiré, le régiment vint occuper le plateau. Là, il reçut l'ordre d'aller prendre position à une lieue sur la droite de la route d'Eylau" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Février an 1807. Prise de la ville Elisberg (sic). Après que l'armée ait traversé le pays dans la Vieille Prusse, l'armée arrive à Elisberg, où l'on avait déjà répoussé l'ennemi. Et les Russes coupaient le pont et s'était placé sur une hauteur pour défendre la ville; et le 5 l'on avait passé à Goutestadt et le lendemain le 6 du mois de février; l'armée arrive à la ville d'Elisberg, et aussitôt, deux régiments de ligne et une léger fut en avant. Le 13e régiment fut pour passer la rivière, à un endroit assez étroit; et les pièces de canon y furent assitôt, le feu commença et l'on a tiré quelques coups de canon, de part et d'autre, ainsi que des obus, alors l'artillerie qui envoie des obus jusqu'en les faubourgs de la ville, et le feu prit aux granges, qui étaient pleines de paille, et en peu de temps, les maisons et les granges furent en feu; alors l'ennemi sort de toute part pour s'opposer au passage mais l'infanterie légère se mit en tirailleurs, les repoussa et passa la rivière, sur des planches. Il y eut une grande quantité de tués, et plein de blessés, et les Russes prirent la fuite, et le Français passa la rivière, et monta la hauteur, à leur camp et les autres divisions ont arrivé durant ce temps. Nous avons resté longtemps sur les armes et y formèrent un faisceau, et on ne partit de là qu'à trois heures, y ayant arrivé à midi. Durant ce temps, les granges a achevé de se consommer (sic) et l'on resta prendre la ville où les soldats furent en la ville où l'on trouva de grands magasins d'eau de vie. Cette ville est dans un fond où il y passe une rivière qui fait le tour de la ville, le dedans les rues sont assez droites, et il y a un chateau, au milieu de la ville, qui a trois clochers, principalement celui après qui est très haut. Il y a une belle église.
L'armée arriva là et à couché à une lieue de là. Le lendemain, l'armée avança en poursuivant l'ennemi, de si près, qu'ils se sont battus tout le long de la route, et qu'il y resta une très grande quantité de morts et pleine d'armes cassées et des caissons" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Benningsen se concentre finalement à Eylau le 7. Ce jour là, le 3e Corps est réuni au complet à Hartenstein où l'Empereur, prévoyant que le lendemain, il aura à faire face à toute l'armée russe, envoie dans la soirée l'ordre au Maréchal Davout de se porter dès le matin sur Eylau. Davout fait répondre qu'il y sera au point du jour. Le soir même, Napoléon attaque Bennigsen et le force à lui abandonner le village après un combat acharné qui se prolonge dans la nuit.
- Bataille d'Eylau
Le 8 février avant le jour, le 3e Corps arrive dans les environs d'Eylau. Il est placé à droite de la Division Saint Hilaire du Corps de Soult, au village d' Serpallen et de Klein Sausgarten, vis à vis et un peu sur le flanc gauche de l'armée russe.
Ne pouvant plus se soustraire aux étreintes de son adversaire, Benningsen se décide à livrer bataille. A la pointe du jour, il y prélude par le feu de ses 400 pièces d'artillerie. Cette bataille d'Eylau est l'une des plus terribles de l'époque. Une neige épaisse couvre le sol. Des rafales de vent et des tourbillons de neige viennent, par intervalles, fouetter le visage de nos soldats et obscurcir parfois l'atmosphère, de façon à produire entre les adversaires des rencontres inattendues et des chocs d'une violence inusitée. Le rôle du Corps d'armée de Davout y est considérable. Parti de Hartenstein la nuit, il se trouve de bonne heure en mesure d'agir sur la gauche des Russes. La division Morand, qui marche en tête, leur enlève Serpallen au moment où leur droite se jette sur notre centre, vers Eylau, avec la prétention de nous couper.
"Rapport du Général Morand.
Le Général Morand arrive sur la position de Serpallen, il eut ordre d'attaquer l'ennemi, en conséquence la 1ère Brigade de sa Division, sous les ordres du général Ricard, se porta en avant. Le 30e marcha sur la gauche de Serpallent, le 13e et le 2e Bataillon du 17e passèrent au milieu et sur la droite du même village; toute la Brigade vint se porter en avant; le 1er Bataillon du 17e avait ordre de se placer sur la droite, en échelon de réserve. La compagnie d'artillerie légère, commandée par le Capitaine Beauvisage soutint ce mouvement qui s'exécuta avec une grande impétuosité, sous le feu d'une artillerie formidable que les Russes avaient placée sur les hauteurs, à 200 toises. La 2e Brigade (Général d'Hormières) était en réserve. Tandis que la Division Friant, droite du corps d'armée, s'emparait de Klein Sausgarten, la 1ère Division soutenait, à la gauche, avec la plus grande intrépidité, les attaques de l'ennemi, en avant du village de Serpallen. Il avait réuni des force très considérables, il s'était porté sur la Division du général Saint Hilaire et sur celle du général Morand. Mr le Maréchal fit aussitôt entrer en ligne le premier Bataillon du 17e Régiment qui remplaça le 13e d'Infanterie légère qui avait essuyé de grandes pertes et que l'on mit en réserve. Le 30e et le 17e Régiments avaient à leur gauche un bataillon du 10e Régiment d'Infanterie légère de la Divison St Hilaire et, à leur droite, à quelque distance, les deux lignes du 61e Régiment".
"Hier, 8 février, à six heures et demie du matin, ma division arrivait au village de Peleken, lorsque je reçus l'ordre de Votre Excellence de suivre la marche de la division Friant et de déployer en colonnes sur les hauteurs en arrière du village de Serpallen.
La brigade du général Ricard était à peine formée sur trois colonnes avec l'artillerie légère dans les intervalles, que je reçus ordre de prendre poste en avant du village de Serpallen et celui d'attaquer l'ennemi qui couronnait d'une ligne considérable d'infanterie, renforcée d'une artillerie nombreuse, les hauteurs qui dominent ce village. Vous me donnâtes aussi l'ordre de me lier par ma gauche avec le 4e corps.
Le 13e régiment s'avança par la droite du village, le 17e par le centre et le 30e par la gauche. Les régiments de portèrent aussitôt en avant sous le feu le plus terrible d'artillerie qui, bientôt, réduisit les bataillons à moitié, et trois pièces d'artillerie légère furent démontées; cependant on tint ferme. Cette perte ne put ébranler le courage des troupes et le 30e de se lier par sa gauche au 10e régiment d'infanterie légère de la division Saint-Hilaire.
Pendant ce temps, le général d'Honnières avait déployé les colonnes des 51e et 61e régiments et se tenait en réserve, d'après vos ordres, entre la division Friant et ma première brigade en arrière du village de Serpallen..." (Rapport du Général Morand au Maréchal Davout - Au bivouac d'Eylau - 9 février 1807).
Fig. 14 Tambour de Voltigeurs en 1808, d'après Collection Schmidt | Fig. 14a Tambour de Voltigeurs, 1809, d'après H. Feist pour Bucquoy (sources : documents Piton - Bezard) |
Après avoir ainsi rétabli l'équilibre et permis à Napoléon de reprendre l'offensive au centre, Davout continue à se rabattre de plus en plus, à l'aide de ses deux autres Divisions, sur le flanc gauche des Russes, resserrant l'espace déjà restreint sur lequel ils ont entassé leurs 80000 hommes, et contribuant ainsi à rendre plus destructeur le feu de notre artillerie, moins nombreuse mais mieux portée que la leur. Le pivot de ce mouvement est l'intrépide Division Morand dont le 30e, en première ligne, forme l'échelon de gauche. Elle a dépassé Serpallen et prend position en avant de ce village, quand tout à coup elle se trouve en face d'un corps considérable exécutant contre elle un retour offensif sous la protection de 30 bouches à feu. On reçoit les Russes à portée de pistolets, et après des feux de Bataillon, on se jette sur eux. Ils fuient en désordre nous laissant leurs 30 canons :
"L'armée russe n'était plus qu'à 200 pas; elle arrivait, tête baissée, la baïonnette en avant, soutenue par 30 bouches à feu. On s'approche à demi portée de pistolet, mais les Russes disséminés et effrayés par le feu que faisaient, en marchant, nos bataillons, lachèrent pied et s'enfuirent dans le plus grand désordre, abandonnant leur artillerie dont les canonniers furent tués sur leurs pièces. La victoire était complète : 30 bouches à feu étaient au pouvoir du général Morand. Il ne s'agissait plus que de reformer les rangs pour assurer la position, lorsqu'un corps de cavalerie et d'Infanterie que les Russes avaient en réserve et que les tourbillons de neige et les accidents du terrain avaient dérobé jusqu'alors, fondit sur le bataillon du 10e Régiment d'Infanterie légère, de la Division St Hilaire, qui appuyait la gauche de la Division Morand. Ce bataillon renversé sur la 1ère Division y porta le désordre et elle fut refoulée à 2 ou 300 pas sans pourtant que l'ennemi put y pénétrer; un corps de dragons de la Division Klein arriva et permit aux bataillons de se reformer en avant de Serpallen qui resta au pouvoir du général Morand" (Rapport du Général Morand).
"Vers midi, les bataillons étant réduits au tiers, je fis avancer à la gauche de ce village, le 61e régiment, le général d'Honnières me dit alors que vous aviez disposé du 51e. Vers une heure après midi, la ligne d'infanterie de l'ennemi, contre laquelle nous combattions depuis cinq heures, descendit des hauteurs, s'avançant sur nous à la baïonnette. Nous courûmes à sa rencontre; cette ligne fut renversée, mise en fuite et poursuivie jusqu'à ses canons dont nous nous emparons. Dix-huit bouches à feu étaient à notre pouvoir, nous étions maîtres des hauteurs dominant la route de Königsberg, un grand nombre de prisonniers ne pouvait nous échapper", dit le Général Morand dans son rapport au Maréchal Davout. "Le succès était complet et l'on reformait les rangs pour assurer la position, lorsqu'un corps de cavalerie que les Russes avaient en réserve et que les tourbillons de neige et les accidents du terrain avaient dérobé jusqu'alors, fondit sur un bataillon de la division Saint-Hilaire qui appuyait la gauche de la division Morand. Ce bataillon, renversé sur cette dernière, y porte un instant le désordre et l'oblige à se rejeter à deux ou 300 pas en arrière" (rapport du Général Morand cité dans l'Historique régimentaire). "Lorsque tout à coup, une colonne de dragons russes, que les accidents du terrain nous avaient cachée, tombe sur le flanc d'un bataillon du 10e d'infanterie légère qui ...(mot illisible)...en colonne avait appuyé la gauche de notre ligne, tandis que le 61e formé sur deux lignes couvrait la droite. Le bataillon du 10e se renverse sur notre ligne, les bataillons se groupent, les efforts des officiers ne peuvent parvenir à former un carré; l'ennemi presse sur tous les points un groupe qu'il ne peut pénétrer, mais qu'il refoule une centaine de toises; quelques escadrons de dragons arrivent qui occupent l'ennemi et donnent ainsi le temps à l'infanterie de se reformer. La division Saint-Hilaire, qui avait beaucoup souffert, ne put nous soutenir. D'après ce que m'avait dit et fait dire le général Saint-Hilaire, j'avais cependant compté sur elle dans le mouvement offensif que ma division a fait" (Rapport du Général Morand au Maréchal Davout - Au bivouac d'Eylau - 9 février 1807).
Fig. 15 Cornet de Voltigeurs 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) | Fig. 15a Cornet de Voltigeurs 1807-1808 d'après Boeswiwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 62) |
Fig. 15b Cornet de Voltigeurs en 1809, d'après Bucquoy (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) | Fig. 15c Cornet de Voltigeurs en 1809, d'après Rigo (source : Carl) |
Le 30e, qui est voisin de ce Bataillon, est particulièrement incommodé par ce faux mouvement et en même temps reçoit le choc d'un véritable ouragan de cavalerie. Alors que le Régiment combat dans des conditions défavorables, et subit de lourdes attaques, le Porte Aigle tombe, blessé, et le Régiment commence à hésiter. Le Fourrier Morin saisi alors le drapeau des mains du Porte-aigle, et pour encourager son Régiment, se jette sur les Russes, entraînant quelques pelotons du Régiment. Ceci raffermi les hommes, mais malgré son énergie et son sang-froid, Morin se retrouve entouré de cavaliers russes qui tentent de le sabrer, et il se trouve engagé dans un combat féroce. Frappé de nombreux coups de sabre, il tombe à terre, baigné dans son sang; à bout de forces, hors d'état de combattre, il enfonce sa précieuse Aigle dans la neige sous son corps, et reste dans cette critique position jusqu'à ce que le 30ème parvienne à forcer les Russes à retraiter. Alors seulement il peut rejoindre ses camarades qui l'acclament par leurs cris enthousiastes. Avant de s'évanouir en raison de la perte de sang causée par ses blessures, Morin leur montre comment il a caché l'aigle. Morin récupèrera de ses blessures. Promu Sergent major, il se voit attribuer la Légion d'Honneur le 14 avril 1807, et survivra à toutes les guerres napoléoniennes pour terminer sa carrière avec le grade de Capitaine.
Les cavaliers russes, menacés d'être enveloppés, sont promptement ramenés en arrière, car, à droite, Friant et Gudin continuent leur progrès tandis que les exploits de la Garde à l'arme blanche et les charges légendaires des cuirassiers nettoient la partie centrale du champ de bataille. La victoire est assurée. Mais un nouvel effort est encore demandé au brave 30e "qui, malgré les pertes qu'il venait de faire, dit le Général Morand, montrait encore la plus grande intrépidité". Pendant que la Division prend pied définitivement sur les mamelons en avant de Serpallen qui forment un des noeuds de la ligne et d'où il ne sera plus possible à l'ennemi de la déloger, le 30e est appelé à l'extrême droite du 3e Corps, avec mission de couvrir, vers Lampsach, le flanc des Divisions Friant et Gudin. Ces Divisions qui menacent la ligne de retraite de Benningsen, deviennent, jusqu'à 10 heures du soir, l'objectif des assauts de ses dernières réserves et notamment du Corps de Lestocq, arrivé sur le terrain vers la fin du jour : assauts terribles qui furent pour le 3e Corps la phase la plus critique de la journée. Enfin les Russes nous abandonnent ce sombre champ de bataille où ils ont perdu 30000 hommes tués, blessés ou pris et 16 drapeaux.
"A droite, la 3e Division refoulait les Russes presque vis à vis d'Ankloppen; à la suite de ce mouvement, l'ennemi se trouvait tourné, il dut abandonner de nouveau les mamelons, en avant de Serpallen, que le général Morand avait d'abord enlevé aux Russe et que ceux-ci avaient repris; il s'y reporta de niveau et les conserva le reste de la journée; ces mamelons servent de pivôt aux opérations que Mr le Maréchal veut faire exécuter sur son centre et sur la droite. Il masse la Division Gudin vis à vis Antkloppen avec 6 pièces de 12 et détacha, à son extrême droite, le 30e Régiment de la 1ère Division qui, malgré les grandes pertes qu'il venait de faire, montrait encore la plus grande intrépidité. Le régiment en donna de nouvelles preuves dans le reste de la journée, en conservant l'extrémité des bois, au débouché vers Lampasch où Mr le Maréchal l'avait envoyé.
Les villages d'Anklappen et de Kusckitten sont enlevés par le 51ème et 4 compagnies du 108ème, mais tout le corps prussien de Lestock arrive à ce moment et reprend les deux villages; les Russes se rallient. Ce moment fut le plus critique de la bataille, il ne restait plus qu'une demie heure de jour, Mr le Maréchal réunit toute son artillerie sur les mamelons à hauteur d'Antkloppen; les Prussiens et les Russes s'opiniatrèrent à attaquer jusqu'à trois reprises différentes mais ce fut en vain; leur nombreuse artillerie et leurs masses d'infanterie furent toujours reçues avce calme par des gens décidés à périr. L'artillerie du 3e Corps, disposée sur les mamelons, fit éprouver à ces masses des pertes énormes et fit échouer toutes leurs tentatives renouvelées jusqu'à six heures du soir, époque à laquelle les Prussiens firent leur retraite sur Friedland, les Russes dans la direction de Koenigsberg" (Rapport du Général Morand).
"Cependant, l'ennemi ayant été vivement attaqué sur la route de Königsberg, nous reprîmes les hauteurs, où nous nous sommes maintenus jusqu'à la nuit, que nous y avons passée, et d'où ses colonnes ont été vivement canonnées. La division a fait des efforts prodigieux. Jamais troupe n'a déployé plus de courage, de fermeté, de valeur et d'audace. L'énorme perte qu'elle a faite en est la malheureuse preuve. Elle s'est trouvée pendant six heures sous un feu terrible d'artillerie et de mousqueterie; l'espace qu'elle a parcouru pour arriver à l'ennemi est marqué par des légions de cadavres" (Rapport du Général Morand au Maréchal Davout - Au bivouac d'Eylau - 9 février 1807).
"Dimanche 8 février 1807.
Le 8, à la pointe du jour, l'armée russe et prussienne attaqua en force la ville d'Eylau dont le IVe Corps d'armée (Soult) s'était emparé la veille.
Des attaques multipliées furent des tentatives inutiles pour repousser nos postes qui conservèrent toutes les positions quoique ceux qui les défendaient fussent en nombre inférieur aux assaillants.
L'action était engagée lorsque le régiment arriva sur le champ de bataille.
Il forma les colonnes d'attaque en arrière du village de Schmoditten et avança en cet ordre, mais le boulet commençant à l'approcher, i1 se déploya avant d'arriver au village.
Il marcha en bataille en laissant Smoditten sur la droite.
La marche était flottante, n'ayant aucune direction assurée. Tous les points étaient obscurcis par l'immense quantité de neige qui tombait dans ce moment.
La mitraille commençait d'atteindre nos rangs lorsqu'on nous fit marcher par le flanc gauche.
Après avoir marché quelques pas dans ce feu, le régiment reprit la marche directe en allant droit à la formidable position occupée par l'ennemi et d'où i1 continuait à foudroyer les rangs.
Malgré tout ce qu'ils souffraient, la mitraille ne peut ni les arrêter, ni les désunir.
Le Colonel Valterre fut atteint d'un coup de biscayen au bras droit; cette blessure ne l'empêcha point de suivre le régiment et de profiter de sa bonne disposition pour marcher en avant; mais un instant après, il reçut un autre coup de feu au genou gauche qui le mit dans l'impossibilité de se soutenir plus longtemps sur le champ de bataille.
C'est au pied de la position qu'il reçut ce second coup. Alors le régiment avait plus de trois quarts de son monde hors de combat. Le peu qui restait, plein de confiance, était animé du même esprit et donna bientôt des preuves.
Enfin l'on arriva à cette terrible position qui fut emportée avec intrépidité par le peu de monde qui n'en avait pas été victime et l'on se rendit maître d'un point qui avait occasionné tant de pertes.
L'on fut délogé par un de ces événements que l'on ne peut prévoir dans des moments semblables quoique toujours ils se rapportent aux choses les plus simples; mais ce mouvement rétrograde ne dura pas longtemps. Chaque régiment se rallia avec beaucoup de célérité et le 30e se fit remarquer pour être un des premiers prêts à reprendre l'offensive.
L'on remarcha en avant, l'on se battit encore et la nuit ne fut point un obstacle pour arrêter la fureur des deux partis. Enfin l'arrivée du VIe Corps d'armée (Ney) força l'ennemi à nous abandonner le champ de bataille qui était de part et d'autre encombré de morts, de mourants et de blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois février 1807 de la bataille Deleaux (sic).
L'armée, après avoir marché plusieurs jours, il arrivait dans la plaine Deleaux à 12 lieues de Koenisberg, capitale de l'ancienne Prusse; nous y avons arrivé le 8 février et depuis longtemps les Russes savait fortifié (sic), dans cette plaine, et il y avait placé plusieurs pièces de canon, en tous les endroits de passages; le matin à 2 heures l'armée se mit en mouvement pour avancer dans la ville, et plusieurs bataillons furent dans le cimetière, et dès le matin, l'ennemi attaqua par plusieurs pièces de canon, et toutes les deux armées se mettent en mouvement pour le combat. Les deux armées s'avança en bataille, et le feu commença du côté de la ville, et il se fit un carnage effroyable des hommes et des chevaux. Car l'armée française n'était pas encore rassemblée et nous étions fatigués par les marches forcées, que l'on avait fait, et les Russes attendaient de pied ferme ; alors l'infanterie française avança en carré; la cavalerie chargea sur eux mais inutilement. L'artillerie fit un grand carnage parmis les rangs; il y eut des pièces de canon de démontées, et beaucoup de chevaux de tués; et vers la droite, sur le midi, l'aile droite arrive en bataille et faisait face à plusieurs colonnes ennemies, et une très grande quantité de pièces de canon, sur une hauteur et aussitôt que jous fûmes à portée, ils firent un feu si terrbile que en peu de temps la terre fut couverte de morts. Mais l'infanterie chargea avec force les unes contre les autres, et il se fit un grand carnage, de part et d'autre, pendant toute la journée, et la 1ère ligne de l'ennemi fut coupée; mais leurs pièces de canon faisaient feu à mitraille de si près qu'il n'était pas possible de resister, et comme la 1ère ligne de l'ennemi était rompue; il abandonna leurs pièces de canon, et le Français battait la charge et monta la hauteur pour prendre leurs pièces de canon, mais comme il y eut un régiment d'infanterie du 10e léger qui venait de la gauche, qui fut chargé par les cosaques et les dragons russes; ledit régiment il n'ont pas eu soin d'occuper le même terrain où il avait passé en avançant, ils ont battu en retraite, sur premier division du 3e corps d'armée, commandée par le général de division Morant (sic) qui fut poursuivi par les cosaques jusqu'au village ; le général, il avait une capote distinguée sur tous les autres officiers, en poil de renard, elle était bonne pour le froid, car il tombait de neige beaucoup et dans ce désordre, la division il a beaucoup souffert. La cavalerie russienne (sic) ils ont profité du moment, il chargeait en criant au rat au rat, et coupé et hâché tout ce qui se trouva sous la main; et cependant, le Français, il était entre eux de se rallier, mais il leur était impossible, tant ce désordre était grand, et couvre la terre de morts. Cependant, un régiment de dragons arrivait à propos, et chargea avec courage et les fit rebrousser très fort et l'infanterie, en avançant, avait fait un grand carnage, après leur cavalerie prirent aussitôt la fuit; mais durant ce temps, ils eurent le temps de mettre leurs pièces de canons, et les Français se rallièrent et arrêtent un peu, et plusieurs des canons furent sabue du danger par la bravoure des soldats, qui les cachaient en la neige, principalement un fourrier du 30e régiment qui était blessé, car comme le porte drapeau était blessé aussi, le fourrier il prit le drapeau, et il fut chargé par la cavalerie, lui ayant donné plusieurs coups de sabre, et il tomba dans la neige, et il ne se relève qu'après avoir assuré que le Russien était parti, et qu'il n'y avait rien à craindre, et rapporta le drapeau au village où la division était rassemblée. Et moi, Trépaut, je fus blessé à cette bataille au menton, d'un coup de mitraille que mon fusil fut cassé dans ma main, je crois que ça était un éclat de bois de mon fusil qui me blessa, même ça me sortit au dessus de la bouche; je fus obligé de me retirer de suite, que je me suis rendu à l'ambulance, quand je avais la bouche fermée, ma respiration il sortait par le mention, ainsi que la boisson. Je fus rejoindre la compagnie le 12e jour auparavant être ayry (sic) de ma blessure. Je fus très mal traité pour le vivre; il n'y avait pas de quoi manger. Mon capitaine monsieur Mianet (sic) il fut tué à cette bataille qu'il m'avait promis que je serais récompensé pour ma bravoure d'être bon soldat, qu'il me dit en présence de toute la compagnie, il aurait soin de moi, après avoir porté le galon de caporal huit de tant en temps de guerre, et que mon grade il était ... change. Je eu le malheur qu'il a été tué à la bataille le 8 février" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le Général Morand énumère les pertes de la Division; il cite entre autres : le Colonel Valterre, du 30e, qui "fut blessé de manière à en rester estropié toute sa vie". Dans cette horrible journé, la Division Morand a eu 2926 hommes atteints par le feu, parmi lesquels 28 Officiers tués et 77 blessés, 247 hommes tués et 2574 de blessés. Dans ces chiffres, le 30e entre pour une bien large part; outre son brave Colonel, nous relevons parmi les Officiers et les Sous officiers qui plus tard arrivèrent à l'épaulette les noms suivants :
- Bonnet (Jean), Capitaine de 3e classe, tué.
- Voiturier (Joseph Benjamin), Lieutenant de 1ère classe, tué.
- Miennay (Jean Baptiste), Sous lieutenant, tué.
- Mazier (Jean Louis), Sous lieutenant, tué.
- Carrière (Jean Baptiste), Sous lieutenant, tué.
- Larcher (Gilles), Sous lieutenant, tués.
- Pinson (Jean), Sous lieutenant, tués.
- Morin (Nicolas Christophe), Lieutenant, blessé.
- Girardet (Nicolas), Lieutenant, coup de feu à la jambe droite.
- Devaux (Charles Jospeh), Sous lieutenant, coupde biscaïen à la cuisse droite.
- Marie (François), Sous lieutenant, coup de feu à la jambe gauche.
- Martel (Sous lieutenant), coup de feu au genou gauche.
- Morin (Pierre), Sous lieutenant, deux coups de feu à la tête.
- Charbonnier (Germain), Sous lieutenant, coup de feu au flanc droit.
- Lamothe (Pierre Fiacre), Sous lieutenant, coup de feu à la tête.
- Moireau (François),
Sergent major, atteint d'un coup de sabre et de six coups de lance.
- Vavasseur (Jean Louis), Sergent fourrier, atteint de deux coups de sabre sur la tête et de deux aux bras.
- Sirandelle (Joseph), Sergent, atteint de deux coups de lance.
- Delage (Pierre), Sergent, atteint d'un coup de feu.
- Fournier (Barnabé), Sergent, blessé d'un coup de biscaïen.
- Clapier (Etienne), Caporal, atteint d'un coup de feu.
- Causse (Pierre), Caporal, coup de feu au bras gauche.
Martinien donne les Capitaines Bonnet, Voiturier, les Lieutenants Miennay, Pinçon, les Sous lieutenant Larcher et Mazier et comme blessés le Colonel Walter (sic), le Chef de Bataillon Villemain, les Capitaines Duthoya, Jacobé, Santou et Grelet, les Lieutenants Dulau, Rolin et Berthier, les Sous lieutenants Devaux, Duval, Girardot, Marie, Morin et Benoit. "Il est impossible de donner l'état des tués et des blessés; je vous envoie la feuille d'appel; demain, j'espère avoir des notions plus exactes sur notre perte. Le général d'Honnières a été très grièvement blessé; les colonels Valterre du 30e et Faure du 61e l'ont été moins dangereusement, le premier l'a été deux fois. Les chefs de bataillon Terrier et Teruhet (?) du 13e, Moeller du 17e, Vuillemin du 30e, le capitaine Dutoyer (?) commandant le 1er bataillon du 30e ont été blessés. Je ne puis vous faire trop d'éloges des généraux Ricard et d'Honnières ; ils ont montré autant de bravoure que d'habileté et d'intelligence; ainsi que les colonels Valterre , Lanusse, Guyardet et Faure. Mes aides de camp Morand et Parguez (?), les capitaines-aides Sallée et Gallardée m'ont parfaitement secondé; le dernier a été blessé deux fois. Mon aide de camp Morand a eu un cheval tué, et Parguez a été blessé et a eu aussi un cheval blessé" (Rapport du Général Morand au Maréchal Davout - Au bivouac d'Eylau - 9 février 1807).
"Cette sanglante journée mit tout l'état-major du régiment hors de combat et lui fit déplorer le sort des braves capitaines Bonnet, Voiturier et Miennay, du lieutenant Pinson et du sous-lieutenant Mazier, ainsi que de quatre-vingt-deux sous-officiers et soldats blessés, non compris vingt-trois officiers.
Le nommé Perruque, caporal de la 8e compagnie du 2e bataillon, est digne d'être cité pour un trait de courage.
Resté sur le champ de bataille, ayant les deux jambes fracassées par un boulet, des soldats moins blessés l'approchent et déplorent sa situation. Il leur répond avec calme :
"C'est notre métier et i1 est beau de finir quand c'est pour la gloire de la France et de l'Empereur".
Il demande un couteau duquel i1 se sert pour couper lui-même quelques chairs par lesquelles ses jambes tenaient encore. L'opération finie, i1 rend le couteau en disant :
"Me voilà plus leste, ça ne fait point mal".
Les soldats le transportèrent à l'ambulance, où i1 supporta l'amputation des deux membres avec le même courage qu'il avait montré. I1 succomba par la suite, moins des douleurs, que du manque de soin que les circonstances ne permettaient pas de lui donner" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
D. et B. Quintin notent au total pour le Régiment 6 Officiers tués, 81 Sous-officiers et soldats morts (40 tués, et 41 mortellement blessés), soit 87 morts; auxquels ils ajoutent 64 cas incertains, rayés des contrôles car sans nouvelle après blessure à Eylau, et 4 cas, morts après le 8 février 1807 par suite de blessures sans autre précision.
Jusqu'au 16 février, la 1ère Division bivouaque dans les environs de Kopsten; le 16, les Russes s'étant retirés, toute l'armée fait un mouvement rétrograde pour rentrer dans ses cantonnements le long de la Passarge et jouir d'un repos fortement mérité.
"Le régiment bivouaqua sur le champ de bataille où i1 resta jusqu'au 9 au soir, où i1 quitta cette position et fut cantonner en avant dans le village de Poschlopchen (?).
L'épuisement du pays, une armée nombreuse concentrée dans un très petit rayon furent les seuls motifs qui décidèrent l'évacuation de ces cantonnements" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"La brillante conduite des compagnies de grenadiers et de voltigeurs du régiment, qui font partie de la division, ne peut être passée sous silence et les lieux où elles ont donné des preuves de courage méritent d'être cités.
Le 16 février 1807, à l'affaire d'Ostrolenka, l'ennemi ayant fait une fausse attaque sur sa gauche, se porta avec toutes ses forces sur Ostrolenka qu'il attaqua sérieusement.
Les troupes qui se trouvaient sur ce point étaient, par le nombre, incapables de résister.
Elles y suppléèrent par le courage.
Les grenadiers et les voltigeurs du régiment étaient chargés de garder une position défendue par deux, pièces de canon devant laquelle l'ennemi se présenta plusieurs fois pour les enlever. I1 en fut constamment repoussé par ces deux compagnies qui, pendant toute l'action, restèrent maîtresses de ce poste.
Cette noble résistance occasionna la perte de vingt-huit sous-officiers et soldats tués et soixante-cinq blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"Le régiment quitta le sien le 17 et vint le même jour loger à deux lieues en avant de Bartenstein où il repassa la Alle.
Le 18 février à Heilsberg et fut loger à Queitz (?)" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 20 février 1807 (Nafziger - 807BXA) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Fig. 16 Sapeur en 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50)
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Fig. 16a Sapeur 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace planche 62) |
Fig. 16b Sapeur en 1809, H. Feist pour Bucquoy (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) | Fig. 16c Sapeur en 1810 d'après Rigo qui indique comme source "Notes manuscrites de Carl" |
"Le 21, il traversa Allenstein et vint à Heinriebsdorf.
Le 22, il fut loger à Steffenswerlde, près de Gilgenburg" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Dans l'interval que je étais absent de la compagnie, l'armée restait en cantonnement. Le 6e corps d'armée fut d'avant-garde et furent sur la route de Koeunisberg, et il suivait le mouvement de l'ennemi, et les autres corps furent en cantonnement, mais l'armée française il fut beaucoup affaibli, par la perte qu'il y eut à la bataille d'Eleau et nous fûmes obligés de nous retirer, car l'armée russe, ils avait décidé que notre armée passerait la Visteul (sic). Et nous fûmes cantonnés dans les environs de Thourne, et le cosaque suivait le mouvement de notre armée, etant venu jusqu'à Alestain le 24 février 1807" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 25, l'on prit des nouveaux cantonnements entre Gilgenburg et Heidenbourg. Le régiment occupa Domnau.
Le 28, les cantonnements furent levés et on vint le même jour loger près de Osterode.
Le 1er mars, séjour" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Alors le 3e corps d'armée retourne en avant, après avoir resté 4 jours en cantonnement; et après quelques légers combats, de part et d'autre: tant à Lestine (sic) que Goutestat (sic) et les cosaques évacuent leur armée; les Français entrèrent en la ville et les cosaques gardèrent les environs et les Français bouchèrent les avenues de la ville, partout avec des planches et du bois, et quelques temps les cosaques se retirent jusqu'à 4 lieues de la ville, et faisaient toujours des découvertes de leur côté, et nos chasseurs de mêmemais le cosaque il était plus en force qu'eux, ce qui fit que l'on envoya de l'infanterie avec nos chasseurs et les grenadiers qui furent jusqu'à Goutestat où l'on trouva des magasins de souliers et des pantalons, pour avoir visité tous les environsde la ville, ils reviennent à Alestin, ensuite quelques jours après ils retournèrent sur la route de Vutembourg et furent jusqu'à la ville où il y ont trouvé de l'eau de vie, qui fut distribuée à la troupe, et il eut des logements de distribués, mais le Prince Murat, il vint avec sa cavalerie, ce qui fit que la découverte fut à deux lieues plus lin, dans un village, et lorsque les postes furent établis ainsi que les vedettes, quelques temps après le cosaque arrive à eux ; on leur cire qui vive, à ce qu'il réponde pas connaitre, qu'il était des ennemis, aussi la vedette tire son coup de carabine, et a crie aux armes, et se retira aussitôt. Le cosaque le suivait et criait de toute part pour les épouvanter, mais aussitôt qu'ils furent aperçus du poste qui fut et aussittôt de tous côté dans la plaine, et les chasseurs montent aussitôt à cheval, et vont à eux et leur tire quelques coups de carabine, et chargèrent les uns sur les autres, et les cosaques crient de tout côté au rat, et il se disait des injures, des uns des autres, et ce qui dura 2 heures, et les cosaques se retirent en le bois, et toute la troupe fut sous les armes, et il y avait un ... à toutes les maisons, pour avertir l'infanterie, nous avions le rendez vous le cimetiere, et un piquet de grenadiers qui était posté pour les attendre, tous les postes avaient un enclos du champ, pour se réfugier. Le lendemain, la troupe eut l'ordre de retourner à Alestin, alors l'infanterie fut colonne ayant la cavalerie derrière, et lorsque la vedette furent retiré, le cosaque le suivait, et furent aussitôt que eux dans le village, mais la cavalerie resta pour soutenir la retraite, et les grenadiers, ainsi que les voltigeurs, et l'on fit faire quelques mouvements à la troupe, tantôt en bataille, ou en colonne, l'on marchait dans le plus grand ordre à Alestin" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er mars, le 3e Corps établit ses cantonnements entre Hohenstein sur la Passarge, et Allenstein sur l'Alle; la 1ère Division, placée en tête, occupe les environs d'Allenstein, le 30e est dans la ville.
Pour mettre Allenstein et son château à l'abri d'un coup de main, on les entoure de retranchements que l'on construit avec du bois et du fumier, la gelée ne permettant de remuer la terre; le 30e est employé à ces travaux. Jusqu'à la fin de mai, le 3e Corps occupe les mêmes cantonnements. L'effectif du 30e est à ce moment de 2519 hommes.
"Le 2, i1 fut loger à Schönbruck.
Le 3, le régiment entre dans Allenstein d'où les cosaques avaient été chassés la nuit précédente.
Le 13e, le 17e et le 30e furent logés ensemble et firent ensemble le service des avant-postes. Les cosaques venaient tous les jours roder aux environs de la ville qui fut mise en état de défense et à même de résister à une attaque sérieuse.
La pénurie de vivres forçait les régiments à faire très fréquemment des "fourrages" dans un rayon de deux à trois lieues autour d'Allenstein. Lorsqu'ils retournaient chargés du fruit de leurs laborieuses recherches, les cosaques venaient leur en disputer la possession en harcelant la marche. Quelques fois, ils ont pris des soldats éloignés de la colonne, mais jamais ils n'ont été assez adroits pour reprendre des vivres" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
3e corps
... 30e de ligne ...
Dépôts à Thorn ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).
Le 12 [mars] 1807, à 10 heures et demie du soir, Murat écrit, depuis Wartenburg, à Napoléon : "Je pense que Votre Majesté aura reçu le rapport que je lui ai adressé hier soir de Passenheim.
Je suis établi à Wartenburg. Le colonel Guyon avec son régiment, un bataillon du 111e venant de Kukuckswalde, et le colonel Excelmans venant de Allenstein, avec son régiment et le 30e d'infanterie, sont entrés dans la ville à dix heures du matin. L'ennemi n'y était pas. Cent cosaques y étaient venus hier pour faire exécuter des réquisitions et en partirent de suite, ils venaient de Seeburg ...
Voici les dispositions que j'ai faites : ... Le colonel Excelmans avec le 30e de ligne occupe Grosslemkendorf et Ottendorf ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 5, p. 137, lettre 2856).
"Le 1er régiment de chasseurs à cheval et le 30e régiment de ligne furent envoyés le 12 mars vers cette dernière ville (Wartenburg) pour seconder le mouvement de Son Altesse. Des cosaques se jetèrent sur le 30e qui les reçut à portée de pistolet et leur fit éprouver une perte assez considérable" (Journal des opérations du 3e Corps - In : Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 23).
"Le 12 mars, le régiment alors commandé par le capitaine Abersoux fit une reconnaissance sous les ordres du colonel Exelmans du 1er régiment des Chasseurs à cheval. I1 rencontra le grand-duc de Berg à Wurtembourg, avec une nombreuse cavalerie qui venait de parcourir la ligne.
Le grand-duc donna ordre au colonel Exelmans de se porter en avant avec son régiment et le 30e qui furent prendre position dans un village à deux lieues en amère de Feetbourg (?) où les Russes avaient un nombreux quartier.
Les cosaques restèrent toute la nuit en présence de nos postes.
Ils chargèrent le village afin d'attirer par ce mouvement les cosaques sous le feu de l'infanterie embusquée dans le cimetière et le long des palissades qui entourent le village. Ils se méfièrent de quelque stratagème car, après une légère tentative, ils ne poussèrent pas très loin. Ils se retirèrent sans rien entreprendre le reste de la nuit.
Pendant la nuit, le colonel Exelmans reçut, par un officier d'ordonnance du quartier général du grand-duc de Berg, l'ordre de rentrer au jour.
Le 13 au matin, l'on se mit en mouvement.
Les chasseurs formèrent l'arrière garde.
Dans un court espace de terrain qu'ils avaient à parcourir, ils furent constamment harcelés par les cosaques qui n'osèrent jamais les charger, quoique infiniment en nombre supérieur. Au contraire, i1 leur en coûta la perte de quelques chevaux que les chasseurs mirent hors service à coups de carabine.
Pendant ce démêlé, la compagnie de grenadiers fut s'embusquer à l'entrée d'un bois et le reste de la troupe continua à filer. Mais les Cosaques ne donnèrent pas plus dans cette embuscade que dans l'autre. Ils s'aperçurent à l'habit que nous n'étions pas leur gibier, c'est pourquoi ils se rabattirent sur leur gauche et furent se dédommager sur une division de dragons du mauvais succès de leur première tentative en lui enlevant trente hommes qu'ils bousculèrent dans un défilé.
Nous continuâmes tranquillement notre route, croyant de rentrer à Allenstein le même jour, mais à une lieue de la ville, le colonel Exelmans reçut l'ordre de revenir sur Alt-Wartembourg avec toute la troupe pour veiller à la sûreté d'une division de dragons qui venait d'y arriver.
Il obéit à cet ordre.
Arrivé à Alt-Wartembourg, l'on plaça des postes sur toutes les avenues pour prévenir tout événement.
Pendant la nuit, i1 y eut une fausse alerte.
Le colonel Exelmans fit battre la générale.
Le 1er régiment de Chasseurs et le 30e prirent les armes tandis que les dragons, dans la plus parfaite sécurité, gardèrent les maisons, disant pour raison que la générale ne regardait que l'infanterie.
Le lendemain 14, cette cavalerie reçut l'ordre de rentrer dans ses cantonnements respectifs et nous à Allenstein, à Hohenstein, le 1er bataillon à droite, le 2e à gauche, faisant front à la Alle. Les voltigeurs furent campés sur les bords de cette rivière et sur la route d'Allenstein à Gross-Bertun, village situé sur la rive gauche de cette rivière" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 15 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Je réponds à votre lettre du 7 février. J'y vois que vous avez encore 7342 hommes. Vous me demandez comment vous devez les employer. Il ne faut point donner les 7300 hommes que demande la marine et il faut employer cette réserve à réparer les pertes de la bataill d'Eylau. Voici les corps auxquels j'en voudrais donner : … Pour la Grande Armée … 30e de ligne 300" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14661).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 19 mars 1807 (Nafziger - 807CXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
30e de ligne 49 [Pour les grenadiers] 53 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 24 mars, l'on s'attendait d'être attaqué par l'ennemi, et l'on fortifia la ville d'Alestine, de jour en jour, et on fit des retranchements, en fumier, principalement le chateau que l'on entoura de fumier, et l'on fit des embrasures et des barrières devant les portes, et des places pour y mettre des pièces de canon; l'on a construit des fours pour faire cuire du pain de la garnison, car l'on faisait des magasins deans le ville, le grain venant d'Autriche, car l'on faisait boucher les rues avec du bois de granches (sic) que l'on avait abatue, et chaque régiment avait son endroit désigné. Le 29 mars 1807, dans cette ville, il y avait plus la moitié des habitants qu'il ont abandonné leur maison, et il y en avait la moitié d'abatu. Les troupes furent logées dans les maisons, et nous allions fourrager et les villages, et il était permis d'enlever le blé, les grains et légumes, le fourrage et la paille, et tous les bestiaux, et les chevaux, ce qui cause une extrême famine en ce pays, les villages délabrés, et presque avandonnés de ses habitants, et le peu de gens était lanquissant à 12 lieues la ronde. La garde impériale était cantonnée en les enviros d'Austrode, où était le quartier général de l'Empereur" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 30 mars 1807 (Nafziger - 807CXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre.
1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition :
… 30e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).
Parmi les hommes du 30e, est particulièrement distingué le Sergent major Pierre Augustin Morin qui "a reçu trois coups de sabre à Eylau en sauvant l'aigle de son bataillon".
Le 1er avril 1807, le 30e de Ligne (2 Bataillons, 1129 hommes) se trouve au sein de la Brigade Lacour, 1ère Division Morand, 3e Corps Davout.
Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
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Numéros des Régiments, et noms des Colonels |
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres |
Numéro des Bataillons |
Emplacement, et conscription de l'an 1807 |
Division Militaire |
30e Valterre |
Barbaron |
Major |
1ère Division 3e Corps 1ère Division 3e Corps à Mayence Conscrits de l'Yonne et du Morbihan |
26e |
"Par décret rendu au camp impérial de Finckenstein, le 14 avril 1807, Sa Majesté a nommé membres de la Légion-d'Honneur, les militaires ci-après désignés :
30e régiment d'infanterie de ligne.
MM. Pluchet, Amiet, Bonneville, Sauton, Dumesnil, Berthier, capitaines; Peychers, Richard, lieutenans; Jacquemin, chirurgien-major; Herbin, Lingrand, Mignard, Derigny, sergens; Morin, sergent major; Bertrand, fusilier ; Capy, grenadier ; Patureau, voltigeur; Porcher, grenadier" (Les Bulletins de la Grande armée : précédés des rapports sur l'armée française, depuis Toulon jusqu'à Waterloo, extraits textuellement du Moniteur et des Annales de l'empire : histoire militaire du général Bonaparte et de l'empereur Napoléon, avec des notes historiques et biographiques sur chaque officier. Tome 4 / par Adrien Pascal).
Une autre source (Sabretache) indique que ce sont les Capitaines Amiet, Berthier, Dumesnil, Peychers, Pluchet, Sauton; le Lieutenant Richard; le Chirurgien major Jacquemin; le Sergent major Morin; les Sergents Derigny, Herbin, Lingrand, Mignard; les Grenadiers Capy, Porcher; le Voltigeur Patureau et le Fusilier Bertheraud qui ont été faits Chevaliers de la Légion d'Honneur.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Avril an 1807. Le 1er durant ce temps, l'armée française était partie en la Pologne, et d'autres en les environs de Danecike (sic) donc il formait le siège qui dura six mois, et il y resta une si grande quantité de morts de part et d'autre, et les Français se préparaient à monter à l'assaut, mais à plusieurs fois, les Russes avaient avancé et faisaient marcher des bataillons d'infanterie, et des cosaques, pour défendre cette place, mais l'armée était commandée par le maréchal Lefevre qui eut toujours la prudence de rompre leurs projets, et les repoussait toujours." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 10 avril, durant ce temps, le 3e corps d'armée, le 30e régiment de ligne na faisait partie, nous avons construit un camp près de la ville d'Alestin en plusieurs positions et allait faire le service de la ville car il avait point resté de troupes" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 15 avril 1807 (Nafziger - 807DXB) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois que de Mayence vous pourriez faire partir :
du 15e de ligne 400 hommes
... du 30e 400 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 30 avril 1807 (Nafziger - 807DXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Par décret du 30 avril 1807, l'Empereur nomme à un emploi de Major à la 2e Légion de Réserve, M. Barbaron, Major du 30e de Ligne (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 21).
Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 30e ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).
Le 13 mai, les Cosaques et une colonne d'infanterie attaquent Allenstein; ils sont repoussés avec perte par les troupes de la 1ère Division. Après cette attaque et pour mieux préserver la ville, on démolit le faubourg et on construit sur son emplacement des redoutes et divers retranchements. Le flanc gauche de l'armée est ainsi couvert contre les incursions des Cosaques.
"Le 13 mai, les Russes vinrent attaquer Allenstein.
Ils canonnèrent longtemps, mais n'en approchant pas assez pour faire accroire qu'ils voulussent prendre la ville.
S'ils avaient entrepris cette attaque pour connaître les forces qui étaient sur ce point, leur but fut manqué puisqu'on ne leur montra que ce qui était employé pour le service journalier de la place.
Ils se retirèrent avec quelques hommes en moins, tués et blessés, ainsi que plusieurs chevaux qui payèrent les frais de cette expédition.
Un sergent du régiment fut blessé dans cette affaire.
Aucun événement remarquable ne vint troubler la tranquillité de nos camps.
On s'y livrait à l'instruction et à surveiller la vigilance des postes qui ne fut jamais trouvée (sic) ni mise en défaut.
Des renforts venus de France avaient effacé les pertes de la deuxième campagne. Le zèle de ces jeunes soldats en faisait les émules des anciens desquels, pour les égaler, ne leur manquait que l'expérience que bientôt ils furent à même d'acquérir" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 13 du mois de mai, les Russes avaient prémédité une fausse attaque, pour tâcher de faire retirer des forêts de Dancike et avait avancé à 8 bataillons d'infanterie et 1500 hommes de cavalerie, mais l'armée française commandée par le maréchal le repoussa avec force et fit 7 à 8 cent prisonniers. La cavalerie repoussa si fort qu'il se précipitaient dans la rivière, en voulant les répousser près de la ville d'Alestine les Russes avaient essayé de forcer la ligne des Français et avancèrent à plus de 8 à 9 mille hommes d'infanterie, avec 4 pièces de canon, ainsi que les cosaques, alors toutes les troupes du camp prirent les armes, et les voltigeurs vont en avant, les Russes commencer le feu sur les postes français et envoyèrent des obus dans la ville. Les cosaques descendaient de cheval. Cela dura jusqu'au soir; depuis ce temps, les cosaques les venaient tous les jours jusque à Alestin, cependant la ville de Dennecik (sic) et les Français les tenait bloqué de près, et tenait l'ennemi enfermé dans ... et leur criait de se rendre mais ils soutiennent toujours, mais la munition leur manquait, et il leur vint une frégate d'Angleterre qu'il en était chargée; mais la garde de Paris le vit monte à l'assaut dessus et ptirent une très grande quantité de poudre, ce qui fit que la ville se rendit" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 15 mai 1807 (Nafziger - 807EXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Composition du 3e Corps du Maréchal Davout au 16 mai 1807 :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e et 65e de Ligne, 12 Bataillons, 7185 hommes.
2e Division, Friant : 15e Léger, 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 10 Bataillons, 7361 hommes.
3e Division Gudin : 7e Léger, 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 10 Bataillons, 7632 hommes.
Artillerie et Génie
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 692 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).
Le printemps succèdant à l'hiver va ramener la reprise des hostilités; tandis que Napoléon se dispose à reprendre l'offensive, Bennigsen, voulant venger la prise de Danzig, se met en mouvement et entreprend de renouveler sa manoeuvre du mois de janvier. Napoléon en est informé le 1er juin.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Cependant, après la prise de la ville de Danecike, les Russes tentèrent de passer la rivière, et ils prirent le 6e corps d'armée, le 30 mai 1807, car ils passèrent la rivière à Goutestal (sic), où il était campé, pendant qu'il faisait l'exercice, et ils n'eurent pas le temps de se mettre en défence, car ils passèrent en nombre, 20 mille hommes de cavalerie, pour passer sur cette armée jusqu'à 6 lieues d'Ostrode, ils le poursuivait de si pr près qu'ils perdirent tous leurs caissons, où le feu y prit et comme il poussait ce corps d'armée, le 3e corps d'armée leva le camp" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Situation de la Division de Réserve (Oudinot) le 1er juin 1807 (Nafziger - 807FXC) Source : Archives françaises, Carton C2 481 |
Fig. 17 Shako d'Officier attribué semble t'il au 30e de Ligne; communiqué par un de nos correspondants. On notera l'absence du chiffre 30 sur la plaque de shako qui peut laisser planer un doute quant à l'attribution de ce shako. Dans l'ouvrage de C. Blondieau consacré aux Aigles et shakos du 1er Empire, ce shako est présenté comme étant celui d'un Officier d'Infanterie légère. |
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois de juin 1807. Dans la nuit, nous on partit de Dalestine (sic) que la division était campée autour de cette ville, nous on passait à côté de la rivière, et nous fûmes sur la route Dostrode (sic) comme si on voulait battre en retraite pour les faire avancer, et les Russes les suivaient et se metttre en position dans un bois, à deux lieues mais n'eurent que le temps de faire la soupe, et furent à Ostrode et l'armée changea de direction et furent en avant contre les Russes, toute la nuit, et l'on passa une rivière où l'on mit des fascines, et nous on arrivait à Gouttesta (sic) où était le camp du 6e corps d'armée, et le lendemain, le 3e corps jusque contre la ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 juin, Bennigsen attaque le Corps du Maréchal Ney à Guttstadt et l'oblige à reculer jusqu'à Aussendorf.
Pendant ce temps, de Mayence, le 4 juin, le Capitaine commandant provisoirement le 3e Bataillon du 30e de Ligne écrit au Ministère de la Guerre : "Conformément au décret impérial du 20 mars et aux ordres de V. A. S. du 26 mai, j'ai ordonné à M. Tournier, le plus ancien capitaine du bataillon, et le seul disponible (tous les autres capitaines étant proposés pour la retraite), de se rendre à Metz pour l'aire partie de la 2e Légion de réserve. Mais le général de brigade Boyer, par sa lettre du 2 juin, m'a défendu de disposer en aucune manière du capitaine Tournier : par cette défense, les ordres de V. A. S. ne peuvent être remplis.
Le Sr Morin, lieutenant, étant le seul présent au 3e bataillon, quoique n'ayant pas deux ans de grade, est parti aujourd'hui pour la 2e Légion à Metz.
Il n'existe aucun sous-lieutenant présent au bataillon; l'ordre de V. A. S. ne peut recevoir son exécution pour ce grade.
Signé : Cermet" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 21).
Le 5 juin, la Division Morand quitte ses cantonnements et fait une reconnaissance sur Bergfreid. Le 7 juin, le 3e Corps tout entier prend position à Joukow et à Alt Schönenberg pour soutenir le Maréchal Ney qui devant des forces considérables a du exécuter un mouvement rétrograde à Deppen.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Prise de la position de l'ennemi le 4 juin 1807.
Le 4 juin, le 6e corps d'armée étant soutenu de la cavalerie alla attaquer l'ennemi dans ses redoutes et leur fit d'abord quitter leur position et leur fort, mais n'ayant pas assez de forces pour soutenir, et il il s'y fit un si grand carnage, et il fut obligé d'abandonner, et les Russes reprirent leur position.
Le 5 juin, la Grande Armée commandée par l'Empereur même, marcha contre les Russes, par la ville Delisberg (sic), par plusieurs colonnes, et en 12 heures de temps, l'armée se trouva rassemblée à plus de 400 mille hommes, et 80 mille hommes de cavalerie, et plusieurs pièces de canon. Et l'Empereur fit faire une petite maison pour observer, mais l'on ne fit que se tirailler, toute la journée, mais après quelques escarmouches durant tout le jour, les Russes cessèrent de toute part, ils s'enfuirent en ... de la prise de Koenisberg. Les Russes ayant quitté durant la nuit la possition qu'ils tenaient, mais les Français ayant vu cela, les suivaient par plusieurs routes et repassèrent à la ville d'Eleau; et de là furent une partie à ville de Kenisberg, et les cuirassiers, et une partie de l'infanterie furent pour le cour la route en Fridlande y étant coupé par les Français; il ne savait quelle route prendre; aussitôt que l'armée qui se dirigea sur Koenisberg; fut arrivée auprès l'on commencça à faire la canondade (sic) sur la ville; l'on mit le feu au faubourg pour le faire débusquer, et la colonne d'infanterie restèrent dans la plaine, et les tirailleurs du 13 chasseurs tiraillaient sur le bois de la rivière, avec les Prussiens et les Russes, ce qui dura tout le jour, car ils étaient embusqués dans un bois, où il avait placé une pièce de canon, et venait derrière le bois, tantôt l'infanterie et tantôt la cavalerie, et aussitôt qu'il avait fait leur décharge, il prenait la fuite; la ville de Koenisberg était assez grande, mais ni a rien de remarquable, acepte qu'il y a une très belle plaine autour de la ville, elle très commerçante, une rivière qu'il correspond à la mer, il y vient de gros bateaux marchands; c'est la ville capitale de l'ancienne Prusse" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 6 juin arriva l'ordre de lever le camp.
Le 7, avant le jour, le régiment était déjà en marche et vint joindre le 51e dans son camp près d'Althof. Ensuite, i1 se mit en route sous les ordres du général Lacour (Nicolas-Bernard (baron). Né à Carignan (Ardennes) le 25 janvier 1771, décédé Gumpersdorf (Basse-Autriche) le 28 juillet 1809) et se dirigea vers Jonkowo où l'on fit halte dans une position que peu de temps après i1 quitta pour venir en prendre une autre à Landguth.
Le 8, les 30e, 51e et 61e régiments furent détachés sous les ordres du général Lacour. Ces trois régiments prirent la route d'Osterode et occupèrent la forte position de Locken (?), défilé entre deux lacs que l'on avait retranché avec soin.
La 3e division vint nous y relever et nous continuâmes notre route vers Osterode où l'on fit halte pour attendre une distribution de vivres. Lorsqu'elle fut finie, l'on se mit en route et l'on marcha toute la nuit pour aller joindre, près de Deppen, le Corps d'armée qui devait passer la Passarge" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 9 juin, la 1ère Division précédée de quelques milliers de soldats, portant chacun, outre les armes, une fascine, traverse la Passarge et les maraix que cette rivière forme sur ses bords. Le 10 juin, la 1ère Division arrive à Altrirck en avant de Guttstadt.
"Le 9 juin le passage de la rivière s'effectua près du village de Schlelitten (?) où l'armée avait déjà passé.
Nous la joignîmes près de Quetz et en avant de ce village. De là, le régiment continua d'avancer jusque sous Guttsatdt sur la route de Wozmdit (?)" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 11 juin, le 3e Corps se présente à Grossendorf. Bennigsen, dont les projets on échoué, est dans une situation périlleuse. Il s'est replié sur Heilsberg, où il a fait exécuter des travaux de défense considérables, et y soutient un violent combat. L'apparition du Corps de Davout sur son flanc gauche l'oblige à quitter la position, après avoir perdu sa ligne de retraite directe sur Koenigsberg. Pour la retrouver, et donc sauver Koenigsberg, il entreprend alors de descendre à toute vitesse la rive droite de l'Alle pour venir repasser sur la rive gauche à Friedland.
"Le 11, le régiment prit sa direction sur la droite en marchant sur Heilsberg. II traversa plusieurs camps grotestement (sic) construits, que l'ennemi avait abandonnés. II arriva vers huit heures du matin devant Heilsberg où toute l'armée se trouvait rassemblée.
Jamais sur un point aussi resserré l'on n'avait vu autant de troupes.
Toute la campagne fourmillait d'hommes et de chevaux.
Les forces de l'ennemi étaient aussi concentrées que les nôtres et la proximité des deux armées semblait annoncer une bataille.
L'on était encore dans ces mêmes positions lorsqu'on nous fit faire un mouvement sur la gauche, pour aller occuper la route d'Eylau.
En arrivant à cette position, l'on s'y canonna de part et d'autre mais sans aucun effet. Le bivouac fut établi sur la même ligne que l'on occupait étant en bataille" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
A propos des Compagnies de Grenadiers : "Le 11 juin 1807, devant Heilsberg le brave Carrière, lieutenant de grenadiers, fut emporté par un boulet au moment où il faisait des dispositions pour la défense d'un poste confié à sa garde. Sa mort a été généralement regrettée par tous les officiers" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 12 juin, le 3e Corps se met en marche sur Eylau. Le 14, les Corps de Davout, de Soult et de Murat se portent devant Koenigsberg pour en faire l'investissement. Ce jour là, le 30e se trouve à la 2e Brigade L'Huillier de la 1ère Division Morand du 3ème Corps de Davout. En route, le 3e Corps et la cavalerie de Murat reçoivent l'ordre de se diriger sur Wehlau, une grande bataille venant de s'engager à Friedland, afin d'être à portée de recommencer le lendemain si le succès était indécis.
Ordre de bataille français le 14 juin 1807 (Nafziger - 807FAE) |
Le 15, le Maréchal Davout continue sa marche sur Friedland, lorsqu'il apprend la grande victoire remportée la veille; il se dirige sur Tapiau dans l'espoir de couper la retraite de l'armée russe.
"Pendant la nuit du 12 juin, l'ennemi évacua les positions d'Heilsberg et cette armée innombrable abandonna des retranchements, des redoutes qui semblaient devoir nous anéantir. Cela prouve que les ouvrages de l'art ne peuvent arrêter les conceptions du génie.
Le régiment prit sa direction sur la route d'Eylau en passant par Petershagen. Il arriva de nuit à la position située à une demi-lieue en arrière et sur la droite d'Eylau.
Le 13, l'on vint momentanément prendre position près d'Eylau et, sur ce mémorable champ de bataille, le 2e bataillon fut détaché sur la route de Bartenstein.
Le soir, le régiment abandonna ses positions et traversa l'ancien champ de carnage où les débris de la mort et des lambeaux de la destruction marquaient encore les lieux d'une honorable résistance. Il se dirigea sur la route de Koenigsberg et fut prendre position à cinq lieues en arrière de cette ville.
Un Corps nombreux de prussiens était encore dans Koenigsberg. Aux mouvements de leurs convois, l'on voyait qu'ils s'occupaient plutôt de moyens d'évacuation et de nos tirailleurs qui escarmouchaient sur la Pregel, dont plusieurs le traversèrent à la nage et en bateau.
Vers quatre heures du soir, un ordre arriva pour se mettre en route sur le champ.
On prit la direction de Friedland.
L'on avait marché environ six heures avec le plus de diligence possible lorsque l'ordre de s'arrêter arriva avec l'agréable nouvelle que l'ennemi venait d'être complètement battu à Friedland.
L'on bivouaqua sur le même terrain où cet ordre fut reçu" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
A propos des Compagnies de Voltigeurs et de Grenadiers : "Le 14, la bataille de Friedland, la compagnie de grenadiers se battit en ligne et les voltigeurs en tirailleurs.
Cette dernière compagnie fut obligée plusieurs fois de se rallier et de se maintenir, livrée à elle-même, contre des tirailleurs de cavalerie. Sa bonne conduite lui mérita les éloges particuliers du général Oudinot.
Cette journée mis trois officiers des voltigeurs hors de combat et les deux compagnies perdirent, en outre, dix-huit tués et soixante-quinze blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Martinien indique effectivement pour la bataille de Friedland, que le Sous lieutenant Carrière a été tué, et que le Lieutenant Lourbert est blessé.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Bataille de Fridelande, mois jui, le 14 juin 1807.
Durant ce temps, l'armée française qui était à la poursuite de l'ennemi qui furent les attendre en Fridlande, où l'ennemi était posté; aussitôt à sept heures du matin, le Français attaqua , et il se fit un grand carnage qui dura tout le jour; tantôt la cavalerie chargeait, tantôt l'infanterie, mais l'ennemi fut mis en déroute, dans les forêts où l'on prit plusieurs prisonniers, et l'on envoya de suite un ordre à la 1ère division du 3e corps d'armée, que le régiment n'en fait partie; l'ordre fut exécuté de suite pour nous transporter sur la ligne de Fridlande, pour donner du renfort, aussitôt que nous fûmes en route que nous avions fait cinq lieues sans nous arrêter. Toujours dans les bois, il y est venu une ordonnance, d'arrêter la division. Il l'apprit la nouvelle que la victoire de la bataille de Fridlante était à nous, car autrement, nous avions encore à marcher neuf lieues à faire. Alors, après cette défaite, l'on fut à leur poursuite en le bois, de si près que ils laissèrent leurs bagages. Et les débris de l'armée prussienne, déserta tout le jour d'avec les Russes, et l'on prenait des prisonniers à tout bout de chemin; et l'on traverça plusieurs villes et l'on passa une rivière sur des barques, et leur sauveur fut la rivière Niemel (sic) qui est de l'autre côté de Thilzilt (sic) où les deux armées s'arrêtèrent, et il y eut une entrevue avec les deux majestés impériale pour traiter la paix" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19, le 3e Corps passe la Prégel et est porté sur Labiau.
"Le 16, en faisant des évolutions, l'on vint en face de Tappiau où toute la cavalerie passa le fleuve au gué et l'infanterie sur des bateaux. Le régiment avait effectué son passage le 17 à la pointe du jour.
Le 17, il fut prendre position un peu en avant de la ville en attendant le reste de la division. Lorsqu'elle fut entièrement passée, le régiment se dirigea vers Labiau, ne faisant qu'une petite marche, et prit position sur la Deime.
Le 18, i1 traversa Labiau, fit une halte de l'autre côté de la ville et fut bivouaquer à six lieues plus loin où il arriva la nuit.
Le 19, i1 passa par le village d'Obolmen (?) où l'Empereur était avec son quartier général. Toute l'armée réunie sur ce point marche vers Tilsit, sur le Niemen, où l'Empereur vint s'établir.
Le régiment prit position en arrière de la ville" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
La victoire de Friedland va amener la paix de Tilsitt. Dans cette brillante campagne de vingt jours, le Corps de Davout et par suite le 30e n'ont eu qu'à manoeuvrer. Quelques jours après la bataille, et pendant les négocitiations en vue de la paix, les armées françaises et russes se concentrent autour de Tilsitt; l'Empereur Napoléon et le Tsar Alexandre prennent plaisir, en témoignage d'estime et d'amitié, à se montrer réciproquement leurs troupes.
Du 19 au 20 juin, le 3e Corps cantonne à une demie lieue de Tilsitt. Des baraques en bois y sont construites et un camp régulier y est installé. Le 30e fait alors brigade avec le 51e, son effectif est de 2426 hommes.
Le 29 juin 1807, Napoléon, accompagné du Tsar Alexandre et du Roi de Prusse, Frédéric Guillaume, passe une grande revue au cours de laquelle il fait manoeuvrer en sa présence toutes les troupes du 3e Corps, placé sous les ordres du Maréchal Davout. Après la revue, les trois souverains visitent les cantonnements; Alexandre s'extasie sur le parti que le génie inventif du soldat français sait tirer des moindres ressources et, en particulier, il admire l'aspect des cuisines dont l'ordonnance, dit l'auteur anonyme de l'itinéraire du Quartier impérial, aurait flatté l'oeil d'un Parisien. Le Tsar se trouve alors au milieu des cuisines du 30e; il veut en goûter la soupe; puis avisant un soldat occupé à confectionner un plat de sa façon, il veut également y goûter. L'auteur cité plus haut ne dit pas s'il le trouva bon, mais du moins, il raconte qu'il demanda au cuisinier le nom de ce plat. Le soldat, sans se troubler, répond : "Mon Empereur, c'est de la ratatouille". Cette réponse donne beaucoup à rire à l'Empereur Alexandre qui fait remettre aussitôt cent ducats à la Compagnie à laquelle appartiennent la cuisine et le cuisinier.
"Le 21, il fut conclu un armistice entre les armées française et russe, qui fut ratifié le 22 par l'Empereur Napoléon et le 23 par l'Empereur Alexandre dont le quartier général était à Taurogen (?) sur la rive droite du Niemen.
Le 25 un autre armistice fut conclu avec l'armée prussienne.
Ce même jour, entrevue entre les deux Empereurs au milieu du Niemen dans un pavillon élevé à cet effet sur un radeau.
A la suite des armistices, plusieurs Corps d'armée rétrogradèrent, excepté le IIIe qui fut camper sur le Niemen, et la Garde Impériale qui resta dans Tilsit.
Le 26 juin, seconde entrevue à la suite de laquelle l'Empereur Alexandre vint s'établir à Tilsit avec une partie de sa Garde. Chaque division établit des camps définitifs, la 1ère fut campée à Kindski (?), à une lieue en arrière de Ragnit.
Le 28, le roi de Prusse arriva à Tilsit.
Maneuvre du Corps d'armée en présence des deux Empereurs et de ce monarque, des grands-ducs Joachim et Constantin, des princes Berthier et Kourrakin, des généraux Bennigsen et Kalreuth et plusieurs autres officiers de marque.
Les évolutions terminées, le Corps d'armée défila devant les trois souverains au son d'une nombreuse musique à laquelle Napoléon fit ordonner de jouer le Chant du Départ.
Monsieur le maréchal Davout commanda les manoeuvres" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Et les deux armées campaient. L'armée Russe campa de l'autre côté de la rivière de Naimel (sic) et l'armée française campa à trois lieues de la ville de Thilsit et nous y on reste pendant huit jours de la rivière de Thilzilte quand les deux armées furent arrêtées. Les Empereurs se rassemblèrent à la ville de Thilzit; et il convinrent ensemble de s'attendre pendant un mois de ... d'arme, et durant ce temps, ils conçurent une amitié mutuelle, et depuis ils ne se quittèrent plus, et il y eut une admistié (sic) entre l'Empereur et le roi de Prusse, qui se rassemblèrent et tinrent un congré. Et quelques temps après fut conclu entre eux, après avoir fait les accords la paix fut ratifiée avec l'Empereur de Russie et le 20 juin, et avec le roi de Prusse, durant ce temps là le congrès se fit à la ville de Thilzilt, où était le quartier général. Les armées étaient campée à chacun en leur terrain. Les soldats des deux nations se venaient voir et il y avait une grande amitié entre eux, car il passait la révière qui le séparait et venait de l'autre côté, et nous buvions ensemble après nous avoir donné des coups de fusils ensemble. Et nous faisions des parties de bateaux d'arme, et plusieurs jours de temps, leur armée défila le long de la rivière dans une plaine de prairie et il y fasait paitre leurs chevaux.
Pendant tout le temps de leur congrès, ils passèrent la revue, les uns pour les autres, l'Empereur français passa la revue de l'armée russe, et l'Empereur de Russie celle de France, le 24 juin 1807 l'Empereur de France et celui de Russie et avec le roi de Prusse passèrent la revue des troups françaises, du 3e corps d'armée sur les hauteurs des plaines de Thilzit et l'armée était commandée par le maréchal Davout, et elle était sur deux lignes, les régiments à leur rang de bataille; alors les trois puissances arrivent à cheval, escortées de leurs troupes d'élite et de leurs ministres supérieurs; l'Empereur de Russie avait des dragons pour escolte, et des cosaques, ils avaient pour arme des lances, et l'Empereur de Russie il était habillé d'un simple costume d'officier. Et le roi de Prusse en hussard, le prince Constantin les présidant (sic) et après qu'ils eurent traversé la ligne, regagnèrent l'autre bout, et ils firent manoeuvrer l'armée, et former des carrés, et marcher en colonne et en bataille, et ensuite, défila devant eux, et après retournèrent au camp, près de la ville de Tilsit; il y a une belle plaine de grain, qui fut coupé pour donner aux chevaux; et ils y perdirent tout leur maison." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 8 juillet, la paix est signée à Tilsitt.
"Le 8 juillet, la paix fut conclue et ratifiée.
Le 9, ce même mois, les deux Empereurs se séparèrent après s'être réciproquement donné des marques d'amitié et de confiance qui doivent être un sûr garant de la durée de la paix.
L'Empereur Napoléon fut à Koenigsberg, l'Empereur Alexandre repassa le Niemen et prit la route de ses états et le roi de Prusse retourna à Memel.
Dans le beau camp que la division occupa, l'on s'y livra aux réparations de toutes les parties de l'armement, de l'équipement et de l'habillement. Ces soins firent disparaître en peu de temps les dégradations occasionnées par la campagne.
L'instruction fut suivie graduellement. Le détail, l'école de peloton, l'école de bataillon et les évolutions de ligne se succédèrent, et les moments qui n'étaient point employés se passaient à des travaux d'ornement dont chacun, à l'envie, s'occupait de décorer son camp. L'émulation était si grande, et l'arrangement si bien entendu, que le goût ne pouvait se déterminer à faire un choix en donnant la préférence à tel ou tel régiment" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Quelque temps après, ils ratfièrent la paix, le 9 juillet avec l'Empereur de Russie, et le 12 avec le roi de Prusse, et l'Empereur de Russie s'en retourna et rapassa la rivière, et l'Empereur des Français fut le reconduire jusqu'à la rivière.
Juillet 1807. Du camp de Thilzit, après que les Français se furent séparée de l'armée russe, l'Empereur français retourna aussitôt en France, laissa son armée en Prusse et en Saxe, et en Silésie, et il fit lever des contribution, tant argent qu'en bestiaux et des autres effets.
Cependant, le 3e corps d'armée construit un camp à deux lieues de la ville de Thilzit, sur la ligne conquise. Ce camp était construit en bois, enduit de terre et blanchie en chaux et couvert en paille, les cuisines en terre grasse, en forme de cheminée de la Pologne; il y avait des faisceaux d'armes couverts en forme de pavillon et blanchi en le bas, et plafonné en gazo, on n'a degradé une pré (sic) au devant du camp; pour plafonner les dits faisceaux, le soldat il on (sic) beaucoup travaillé à construire ce camp. Il on (sic) planté des arbes de sapin sur quatre rangées aux quatre coins des baraques des officiers. L'armée eut beaucoup à souffet la faim, jusqu'à ce que les bolengeries (sic) furent établies. L'armée y resta un mois. Et le sergent major, après avoir eu la peine de faire moudre du grain, que la compagnie avait été chercher à la maraude, et comme étant le premier caporal de la compagnie, on me donna la confiance de le faire moudre au moulin à vent à deux lieux du camp. Le même jour, la compagnie il reçut (sic) de la farine pour faire du pain. Le lendemain, je ne eu que de la disgrasse (sic) d'avoir fait le service. La compagnie, ils avaient beaucoup de pain, et il souffret (sic) la faim à rapport il y avait une cantigne (sic) qui a la compagnie, elle n'en faisait de l'argent. Et je me suis apperçu de cela. Je n'en fis me plainte (sic) au sergent major, je reçu trois coups de plat de sabre de sergent major, qu'il me donna sur un bras, que je resta plus de 15 jours sans pouvoir medé (sic) de mon bras. Je u sa pour moy (sic). Je fis 15 jours de prison. Je fus forcé à rendre mes galons après les avoir portés huit ans de temps en temps de guerre. Celui qui m'a occasionné de les quitter, il n'a jamais fait de si bon service qu emoi, et ayant déserté de sa patrie pour servir en Autriche, et ayant déserté de l'Autriche pour servir dans les Français, il a rejoint à Estrabourg (sic)" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Après la signature de la paix, le 3e Corps est chargé de l'occupation du Grand-Duché de Varsovie dont le Maréchal Davout est nommé Gouverneur. Le 20 juillet, le 3e Corps se met en marche pour rentrer dans le Grand-Duché.
"Le 20 juillet, au terme du traité, l'on commença l'évacuation et, le même jour, le régiment vint loger Kraupischen (?).
Le 21 Gumbinnen.
Le 22, séjour.
Le 23 à Darkhemen.
Le 24 Angerburg.
Le 25 Drengburg.
Le 26 Rastenburg.
Le 27 séjour" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 28 juillet 1807, Davout écrit, depuis Thorn, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse l'état des officiers généraux et colonels employés au 3e corps d'armée, conformément au modèle qui était joint à sa lettre du 16 de ce mois.
Pour entrer dans l'esprit de la lettre de Votre Altesse, je dois lui donner connaissance des officiers généraux et colonels qui n'ont eu d'avancement ni dans l'armée, ni dans la Légion d'honneur ...
Le colonel Valterre du 30e régiment de ligne : j'ai demandé pour cet officier supérieur le grade de général de brigade et un commandement de place ; il est estropié des suites de ses blessures, de manière à ne pouvoir plus servir activement" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 5, lettre 348).
Le 28 Sensburg.
Le 29 Badienten (?)
Le 30à Ortelsburg.
Le 31 Willenberg.
Le régiment alla le même jour à Montwitz, sur les bords de l'Omerlew, où i1 resta jusqu'au 14 août. Il attendit que les cantonnements furent levés et vint loger à Chorzel.
Le 15 à Przasnyc.
Le 16 à Makow.
Le 17 à Pultusk,
Le 18 à Sierock.
Le 19, à Varsovie, où i1 resta en garnison" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Et l'armée, après y avoir restée un mois au camp, il partit le vingt juillet pour venir en Pologne, et la 3e division prirent chacun une route différente, en la Prusse. La 1ère division se dirigea sur Varsovie, et les deux autres sur Thornne (sic) et en route, il fut fait plusieurs réquisitions immenses, tant en bestiaux et autres effets dans tout le village. On ne laissait rien moutons, chevaux, du grains et tout les magasins furent vendus et les bestiaux conduits avec l'armée en Pologne, pour distribuer à la troupe.
Mortalité des bestiaux. Mais enfin, dans une si grande quantité de bestiaux que l'on conduisait, les maladies se mit et parmis lesquelles il y avait des moutons, ce qui causa une mortalité, et étant sur le frontière, il eut de cent boeufs et vaches qui mourut que cela cuasa une si grande infestation dans le pays, n'était pas possible de resister. La 1ère division resta à Varsovie pour y faire le service, et fut casernée à la caserne de l'artillerie ..." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Par décret du 1er octobre 1807, les Sous-lieutenants Duval et Marie (ce dernier retraité), le Sergent-major Roland, les Sergents Magnant, Marson et Pouzol, le Caporal Carreau (décédé) et le Fusilier Varrer sont faits Chevaliers de la Légion d'Honneur.
- Inspection du Dépôt du 30e Régiment à Mayence par le Général Schauenburg, 23 novembre 1807
"Dépôt du 30e Régiment d’Infanterie de Ligne. Revue passée à Mayence le 23 novembre 1807.
Espèce d’hommes. Passable.
Habillement. Bon.
Equipement. Bon.
Armement. Passable.
Tenue. Bonne.
Discipline. Bonne.
Maniement d’armes. Médiocre.
Manœuvres. Nul.
Retenue. Point.
Ordinaire. Bien monté.
Pain. Le pain de soupe et de munition bon.
Casernes et fournitures. Mauvaises.
Conscrits. Bien traités.
Finances. La comptabilité en derniers et effets n’a pas été arrêtée définitivement par le Général de division Inspecteur général d’infanterie, n’étant pas arrêtée par l’Inspecteur aux revues.
Il a trouvé les registres tenus avec ordre et régularité. Les dépenses de bureau sont très fortes.
Résumé.
M. le Major Chabert est un officier distingué par la bonne éducation qu’il a reçu et par la manière dont je l’ai vu servir. S. E. peut prendre une entière confiance sur les notes que m’a remis ce Major relativement à ses officiers. Celle donnée au Quartier-maitre Fremont est méritée, tant par la bonne réputation qu’il s’est acquises dans le corps, que par l’ordre qu’il vient d’établir dans la comptabilité dont le travail du Quartier-maitre était très arriéré lors de son arrivée à ce corps.
J’ai refusé à ce corps 11 hommes.
Ordre.
Le Général de division Schauenburg Inspecteur général d’Infanterie n’a pas arrêté la comptabilité en deniers et effets de l’an 13 du 30e Régiment d’Infanterie de Ligne ne l’ayant pas trouvée arrêtée par l’Inspecteur aux Revues.
Il a examiné les registres, il les a trouvés tenus avec ordre et régularité. Il a trouvé aussi que les dépendes de l’an 13 pour les frais de bureau montant à 3133 frs 05 c. sont excessives notamment celles du 3e Bataillon qui se montent à 1800 frs.
L’Inspecteur général recommande au conseil de mettre plus d’économie dans ces dépenses et de surveiller avec soin toutes les parties de l’administration" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Le Général Schauenburg adresse au Ministre Lacuée le résultat de sa revue le 14 janvier 1808, et au Ministre de la Guerre et au Ministre Dejean le résultat de sa revue le 16 janvier 1808; le résultat de la Revue est également adressé au Corps le 16 janvier 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).
Le 13 novembre 1807, le Maréchal Davout écrit, depuis Varsovie, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse la demande ci-jointe, avec différentes pièces à l'appui, d'une place de commandant d'arme avec le grade de général de brigade, en faveur de M. le colonel Valterre, commandant le 30e régiment de ligne.
Ce colonel est à jamais, par suite de ses blessures, hors d'état de faire la guerre. Votre Altesse sait qu'il a été proposé plusieurs fois pour être fait officier général, à raison de sa brillante valeur et de ses bons services ; d'ailleurs, elle le connait trop pour qu'il soit nécessaire d'entrer dans des détails sur son compte. Je me bornerai à transmettre et à appuyer sa demande, en priant Votre Altesse de vouloir bien la mettre sous les yeux de Sa Majesté" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 111, lettre 407).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "... et il y vint le roi de Saxe; il vint au 21 novembre, et fut reçu avec les acclamations du peuple, et reparti le 27 décembre du grand matin. Dans le faubourg de pragne (?), l'on travaille à faire des fortifications en terre et presque toutes les maisons de cette ville furent abattues et le pont de la rivière de la Vistule fut rétabli, et l'on garda toujours avec force les avancées de la ville de Siroka où était la rivière du Boug, non de la ville (sic) où la division passa depuis la ville de Varsovie en Pologne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
3e Corps de la Grande Armée. Vous chargerez le maréchal Davout de faire l'opération pour son corps d'armée. Il y a dans ce corps d'armée des régiments qui ont deux bataillons et d'autres qui en ont trois ... Le 12e de ligne a deux bataillons au 3e corps ; il n'y a pas de difficulté pour le former à trois bataillons. Il en est de même des 25e, 48e, 65e, 85e, 108e et 111e ... Mais les 30e, 33e, 61e, ayant moins de 2,000 hommes à l'effectif, n'auront pas assez pour former leurs trois bataillons. Mon intention est donc que vous ordonniez que l'on forme les deux premiers bataillons conformément aux tableaux ; qu'on y mette tous les hommes disponibles des régiments, et que l'on se borne à former les cadres du 3e bataillon qu'on enverra en France pour se compléter ... Avant de rédiger les instructions du maréchal Davout, vous vous assurerez de tous ces faits" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).
Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ...
ANNEXE :
... 3e corps
30e id 100 000 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).
Le 8 avril 1808, le Maréchal Davout écrit, depuis Varsovie, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "… Je viens d’ordonner le renvoi au 3e bataillon en France d’un officier du 30e régiment qui a eu des rapports avec lui [note : un officier russe, proche du Colonel autrichier Niepperg] malgré la défense qui lui en avait été faite …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 190, lettre 461).
Le 27 avril 1808, à Bayonne, "Le prince de Neuchâtel, major général, rend compte, d'après le rapport du maréchal Davout, de la violation du territoire du duché de Varsovie par des hussards autrichiens. Le colonel Niepperg, commandant le cordon autrichien en Galicie, a fait de fausses déclarations pour éluder la satisfaction exigée. Le maréchal Davout a renvoyé au dépôt un oflicier de son corps d'armée, qui, sans y être autorisé, a eu des relations avec un officier russe mêlé à cette affaire"; l'Empereur répond : "Il faut donner ordre pour que cet officier soit mis en prison. Il est ridicule que le maréchal Davout l'ait envoyé dans le 3e bataillon; le 3e bataillon a besoin de bons officiers comme les deux premiers. Il devait lui infliger une punition. Aujourd'hui M. de Niepperg est publiquement connu pour avoir été l'ennemi des Français; il faut donc lui fermer toute entrée à Varsovie. C'est lui qui a fait déserter un petit chirurgien, neveu de Precy, qui est aujourd'hui lieutenant-colonel au service de Russie" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13791).
Situation du 30e de Ligne en mai 1808 (côte SHDT : us181804 C2644) Chef de corps : VALTERRE Colonel |
De son côté, Denis Moreau, toujours au Dépôt de Mayence, accède, le 16 mai 1808, au grade de Sergent.
Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
2e régiment de marche : deux bataillons de dix-huit compagnies (à Mayence) 2520 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860.
2e Id. 3.920 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 2e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
6° 2e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 3e CORPS ...
2e bataillon (7 compagnies).
Une compagnie de 140 hommes, de Mézières, 12e de ligne. 140
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, de Mayence, 30e de ligne 420
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, de Mayence, 33e de ligne. 420
980 ...
1.
15e d’infanterie légère 2
12 de ligne. 1
30e Id. 3
33e Id. 3
Mayence, 840 ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).
Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg ...
La 2e brigade qui se réunira à Mayence sera composée des 3e et 6e régiments de marche, composés chacun de détachements des 3e et 6e corps de la Grande Armée qui ont besoin d'être renforcés pour être portés au complet.
Le 3e régiment de marche sera composé de 2 bataillons :
1er bataillon : 3 compagnies de 140 hommes du 30e et 3 compagnies du 33e ...
Cette brigade se réunira à Mayence ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).
Le 24 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai lu avec attention l'état de situation n° 3 des corps de la Grande Armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez quelques changements : ... aux trois bataillons du 30e il manque 180 hommes ...
Il manque donc plus de 4 000 hommes au corps du maréchal Davout pour porter ses 48 bataillon au complet.
… En faisant des recherches pour bien faire cet état, vous me ferez un rapport qui me fasse connaître s'il est possible de former à Mayence un 3e régiment de marche (bis) de 3 bataillons qui serait composé de la manière suivante :
1er bataillon, 4 compagnies du 13e léger 600 hommes ; 3 compagnies du 17e de ligne 450 hommes ; 1 compagnie du 30e 140 hommes ; 1 compagnie du 61e 140 hommes ; 2 compagnies du 65e 300 hommes ; total : 1 630 hommes ...
Ce régiment serait de 4 000 hommes. Il serait suffisant que chaque compagnie fût commandée par un officier, deux sergents, quatre caporaux. Ce corps, après avoir passé la revue à Mayence et dans le comté de Hanau, serait dirigé en temps opportun sur le corps du maréchal Davout, pour renforcer ses 48 bataillons ; et alors ce maréchal aurait un effectif de 39 000 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2211 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18751).
Le 29 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je vois que dans sa situation actuelle le corps du général Oudinot n'a que 8794 hommes, tandis qu'il devrait être de 11200 hommes ; il lui manque donc 2500 hommes. Je désire que vous donniez les ordres suivants aux bataillons de guerre.
Nombre d’hommes à fournir
... Du 30e de ligne, de fournir audit corps 30 grenadiers, 15 voltigeurs
... Ces hommes seront fournis sur-le-champ, en les choisissant aux bataillons de guerre de la Grande Armée, ce qui complétera ces compagnies à 140 hommes chacune ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2222 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18779).
"Après un séjour de plus d'un an sans interruption dans Varsovie, le régiment ne se ressentit plus des pertes qu'il avait éprouvées pendant la campagne de Pologne.
L'instruction y fut suivie méthodiquement. Le service journalier était d'une régularité et d'une ponctualité remarquables; aussi, la caserne que le régiment occupa, secondait singulièrement les soins que l'on portait à tous ces détails. Un seul quartier le réunissait comme une même famille. Le colonel et plusieurs officiers logèrent en pavillon et à tout moment ils étaient à portée de surveiller et de voir ce qui se passait.
Des bruits de guerre se firent entendre. Un mouvement général se fit dans l'armée.
Notre destination fut pour la Silésie et le régiment quitta la garnison de Varsovie le 29 août 1808 et fut loger le même jour à Nadrzin (?).
Le 30, à Przasnyc.
Le 31, à Rawa.
Le 1er septembre, à Ujazd (?)
Le 2, à Petrikau.
Le 3, à Rosniatowice (?)
Le 4, à Widawa" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Août 1808 après que la première division ait resté à Varsovie en garnison, pendant un an et 8 jours, et repartit le 29 août pour la Silize (sic) et on se mit sur deux routes et logèrent en les villes et villages. Pichnouf à 14 lieues de Varsovie i n'y a de remarquable qu'ne glise (sic) brûlée.
Seravack est un peu plus considérable il y a une place et un couvent à côté d'une glise nous fimes dans route 6 lieues.
Wurborg nous fimes 9 lieues et peu considérable.
Protukaw à 6 lieues de distance cette ville est assez considérable et l'entrée du côté de Vurbork et est tout occupé de juifs où est leur synagogue et neuve; le centre de la ville est catholique a plusieurs églises sous l'une a deux clochers et une tout à côté de la maison commune, et elle est la plus considérable de Pologne.
Warvacw a 13 lieues ce n'est qu'un bourg où est une place.
Socolniki a 6 lieues ; il y a beaucoup de colonies par dedans.
septembre 1808.
Kuiperme a 5 lieues de cette ville est un peu plus considérable mais il n'y a rien qui la décore; il y a une place au milieu et la frontière de la Selizie il y a de la garnison en tout temps aux environs de la ville, il y a une grande quantité de bois, et dans ces bois il y a des colonies dans des terres que leur donne le gouvernement polonais.
Rectalt frontière de Selisie est une grande plaine et 3 lieues Ramchlam à 3 lieues. Cette ville est assez grande et assez bien bâtie, tout en briques où il y a un cerf au coin d'une rue, il y a deux principalement églises, l'une catholique et l'autre protestante; les rues sont assez droites, il y a une place d'arme. Cette ville est entourée d'un mur de briques ; dans le faubourg, il y a beaucoup de jardins du côté Rétarln (sic) et une plaine, et de l'autre beaucoup Brique et a 8 lieues et elle assez belle et les rues très droites, le pignon des maisons garnis de sculptures et fait face à la route, il y a une maison de ville qui est assez au milieu de la ville, où il y a un cloché où est l'horloge est de chaque côté est des fontaines. Les maisons sont assez hautes et il y a plusieurs églises. La ville est entourée d'un mur de briques et de fossés dans une grande plaine où sont plusieurs villages. Cette ville fut assiégée par les bavarois dans la guerre de 1807 et ils y restèrent huit jours et il y eut plusieurs personnes de tuées et elle fut prise.
Et après cette affaire, le 4e corps d'armée la division de Casan (sic) construisit un camp en planches et blanchie tout autour où il y a une porte de triomphe fait en planches bien escurturé (sic) qui représente les armes de cet pays. Cet camp il près de 3 carn de lieue de long et est en une grande plaine de bonne terre.C'est en cest camps que la 1ère division du 3e corps d'armée arriva le 10 septembre, la division de Cazan ayant parti de là" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Il sera formé à Mayence un régiment de marche, qui portera le nom de 2e régiment de marche du 3e corps de la Grande Armée et qui sera composé : 1 compagnie du 33e régiment de ligne, 140 hommes; 1 compagnie du 30e régiment de ligne, 140 hommes; 1 compagnie du 12e régiment de ligne, 140; 1 compagnie du 21e régiment de ligne, 140.
Total des 6 compagnies, 560 hommes.
Ce régiment sera réuni avant le mois d'octobre dans le pays d'Hanau, pour de là se rendre [sic] où il sera nécessaire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2256 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18822).
Le même jour, 4 septembre 1808, l'Empereur écrit à nouveau, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Les 4es bataillons du 3e corps qui doivent rejoindre l'armée cet hiver, sont ceux des ... 12e, 21e, 25e, 30e, 33e, 48e, 61e, 65e, 85e, 108e et 111e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2255; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18825).
"Le 5, à Wielke (?)
Le 6, à Solkonik.
Le 7, à Kepen - gîte en Pologne.
Le 8 à Namslow, en Silésie.
Le 9, à Briec, i1 fut tout de suite au camp dont la droite appuyait à cette ville et remplaça en partie la division du général Gazan (Honoré-Théodore-Maxime (comte de la Peyrière), né à Grasse le 29 octobre 1765, y décédé le 9 avril 1845) qui venait de partir pour l'Espagne.
La beauté de ce camp était remarquable, moins par l'élégance de la construction des baraques que par celle du terrain où il se trouvait placé.
Sa position sur l'Oder, entourée d'une vaste plaine, en faisait, durant la belle saison, une habitation des plus agréables qu'une bonne garnison aurait à peine fait oublier.
Pendant ce temps, l'entrevue d'Erfurt eut lieu.
Les bruits de guerre se calmèrent.
Le camp fut levé et le régiment vint occuper la jolie forteresse de Neisse.
Il arriva le 28 septembre à Grotkau et le 29 à Neisse" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "La 1ère division a resté au camp de Briq dix neuf jours; nous sommes partis le 28 septembre, le même jour à la ville Graucteka, ville assez grande remarquable par deux clochés assez grands, il y a un reloge, qu'il est marqué sur quatre faces. Les maisons bien bâties à mode de clochés habités pour des catholiques fait dans la route 6.
Le 29 à la ville de Neisse, ville très fortifée, il y a neuf ponts levis pour entrer à chaque porte, ville assez jolie, les rues très droites, il y a une belle cathédrale, un cloché très haut, il a été coupé d'un coup de boulet dans le tant qui a été assiégé cette ville a été assiégée par les troupes bavaroises et du Wurtemberg. Elle a beaucoup souffert elle a enduré dix sept semaines de siège; il a été obligé de venir une compagnie d'artillerie française pour faire rendre cette ville. Car il a dans les murs des maisons les bombes et les boulets qui sont collés aux murs. Il n'y a guère de maison qu'il ne soit pas été touché dans cette ville, il y a une très belle fontaine avec un beau jeu d'eau qui la jette dans cinq places, celle du milieu il y a une statue qui jette l'eau par la bouche, il y a un beau moulin a eau, même il y a une belle citadelle très forte minée tout autour une rivière qu'il passe entre l'hôpital et la ville; les remparts très fortifiés, bâtis en brique, l'on puit mettre l'eau tout autour des remparts; nous avons logé chez le bourgeois; en arrivant, nous fîmes 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En Octobre 1808, devant les mauvaises conditions climatiques, l’état des baraques qui laissent passer l'eau et le froid et créent des maladies, Davout évacue ses cantonnements. Il écrit à Berthier, depuis Breslau, le 8 octobre 1808 :"Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'ai dû faire lever les camps aux troupes sous mes ordres ; plusieurs motifs m'ont déterminé à cette mesure.
Les divers camps établis en Silésie avaient été construit pendant la belle saison ; toutes les baraques étaient en planches, et il s'en faut de beaucoup que l'on ait apporté dans leur construction tous les soins nécessaires pour les rendre tenables dans la saison des pluies. Le peu de précautions qu'on avait prises particulièrement dans la construction des toitures rendait ces baraques extrêmement froides pendant les belles nuits et inhabitables par un temps de pluie. Les pluies continuelles qui ont eu lieu pendant la dernière quinzaine de septembre et les premiers jours d'octobre influaient déjà d'une manière alarmante sur la santé des troupes campées, à qui il n'était pas possible de procurer des paillasses et des couvertures ; nos hôpitaux s'encombraient chaque jour, au point de faire craindre de ne pouvoir y recevoir l'affluence des malades.
La plupart des camps étaient d'ailleurs mal situés, les terrains sur lesquels ils étaient établis étant inondés après les premiers jours de pluie.
D'après ces considérations, je n'ai pas hésité à ordonner l'évacuation des camps et à faire cantonner les troupes ; elles le sont dans l'ordre suivant :
1re division. - Deux régiments de la 1re division commandée par le général Morand, le 17e et le 30e de ligne, tiennent garnison à Neisse, où se trouve également l'artillerie de cette division ; le 61e régiment occupe Oppeln, Krappitz et Falkemberg ; le 65e occupe Brieg, Lowen et Grottkau ...
Depuis la levée des camps, les malades ont beaucoup diminué, et la situation des hôpitaux s'améliore sensiblement" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 301, lettre 516).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Parti de Neisse 15 octobre 1808 pour venir à Mensterberg, ville assez agréable et jolie, elle n'est point grande, les rues assez droites renfermée d'un mur tout hauteur de la ville (sic) avec quatre portes, habité une partie de catholiques et l'autre luthériens; logé chez le boulanger; il y a aussi deux bassins d'eau à chaque coin de place, que l'eau coule toujours; les maisons, ils sont bâties à la mode des églises; nous avons resté dans cette ville vingt neuf jours. Nous étions très bien nourris, avec de bons vivres" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 3e Corps demeure dans le Grand-Duché de Varsovie jusque vers la fin de 1808. Toutes les troupes restées en Pologne, en Silésie ainsi que celles d'au delà du Rhin, sont organisées en une seule armée dite Armée du Rhin, créée le 12 octobre et placée sous le commandement du Maréchal Davout qui établit son Quartier général à Erfurt. Le Général Compans remplit auprès de lui les fonctions de Chef d'Etat major.
Le 9 novembre 1808, Joseph Antoine René Joubert est nommé Colonel du 30e de Ligne.
Né le 11 novembre 1772 à Angers. Volontaire le 15 septembre 1791 dans le 1er Bataillon de Maine-et-Loire (85e Demi-brigade d'Infanterie de ligne en l'an IV), il fit les campagnes de 1792 et 1793 à l'Armée du Nord, se trouva au siège de Verdun en août 1792, combattit à Jemmapes, passa Sergent le 16 du même mois, Sergent-major le 19 janvier 1793, et prit part aux sièges de Maëstricht et de Valenciennes en février et mai suivants. Nommé Sous-lieutenant et Lieutenant le 25 pluviôse et 2 ventôse an II, étant à l'Armée des Alpes, il se rendit en l'an IV à l'Armée d'Italie , assista à la prise de Mondovi et à celle de Ceva, combattit à Dégo, au passage du pont de Lodi, puis à la bataille de Castiglione en l'an IV, se distingua au passage du pont d'Arcole en l'an V, ainsi que le 25 nivôse suivant, à la bataille de Rivoli où, à la tête de 30 hommes de la 85e Demi-brigade, il fit prisonniers 2000 Autrichiens. Breveté d'un sabre d'honneur en récompense de cette action d'éclat, et promu Capitaine le 9 brumaire an VI, il embarqua à Marseille pour l'Egypte en floréal de la même année, se trouva aux batailles de Chebreiss et des Pyramides, passa, le 12 pluviôse an VII, dans le Régiment des Dromadaires, et fit, avec son grade, la campagne de Syrie. Présent aux sièges du fort d'El-Arisch, où il fut blessé de deux coups de feu aux deux cuisses le 27 du même mois, il prit une part brillante aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d'Acre, rentra dans la basse Egypte, et combattit à Aboukir et à Héliopolis. Adjoint aux Adjudants-généraux le 3 Thermidor an VIII, Aide-de-camp du Général de Division Lagrange le 25 ventôse an IX, il revint en France avec l'Armée d'Orient, obtint le 9 nivôse an X le grade de Chef de Bataillon dans la 64e Demi-brigade d'infanterie de ligne (64e Régiment de même arme en l'an XII), et fut nommé Officier de la Légion-d'Honneur le 25 prairial an XII, étant à l'Armée des côtes de l'Océan (camp de Vimereux). Il fit, avec le 5e Corps de la grande armée, les deux campagnes de l'an XIV et celles de 1806 et 1807 en Autriche, en Prusse et en Pologne; il était à la prise d'Ulm, fut blessé grièvement d'un coup de boulet à la bataille d'Austerlitz, devint Colonel le 20 janvier 1806, commanda le 64e Régiment aux batailles d'Iéna, d'Eylau et de Friedland. Colonel du 30e de Ligne le 9 novembre 1808, il prend part à la bataille d'Eckmulh, à la prise de Ratisbonne, à la bataille d'Essling, enfin à celle de Wagram, où il reçut un coup de feu à la jambe gauche (6 juillet 1809). Cité à l'ordre de l'Armée pour sa belle conduite au combat de Landshut et à la bataille de Wagram. L'Empereur lui conféra, comme récompense, le titre de Baron de l'Empire le 15 août 1809. |
"Le 13 novembre, commença l'évacuation de la Silésie. Le régiment fut loger à Munsterberg où le 3e bataillon tenait garnison.
Le 14, à Frankenstein.
Le 15,à Reichenbach.
Le 16, à Schweidnitz.
Le 17, à Jauer.
Le 18, à Goldberg.
Le 19, à Lowenberg.
Le 20, à Lauban.
Le 21, à Görlitz.
Le 22, à Lobau.
Le 23, à Bautzen, en passant par Hochkirchen, champ de bataille célèbre de la guerre de sept années (sic).
Le 24, à Camenz.
Le 25, à Grossenhain.
Le 26, à Mulhberg.
Le 27, à Annabourg (?).
Le 28, à Wittemberg.
Le 29, à Rosmau.
Le 30, à Letzkov et Zerbst, ce dernier endroit célèbre par la naissance de la fameuse Catherine II, Impératrice de Russie.
Le 1er décembre, à Magdebourg, destination ...(sic)" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Nous avons parti de Mensterberg le 14 novembre 1808 pour marcher dans la Saxe, arrivé le même jour à Estols couché audit village. Fait dans la route trois. Le 15 passé à Fransquestain (sic), couché à Langebilan, il a beaucoup de tisserands; c'est un gros village il a de lieux de ... l'on fait dans la route cinq lieues. Le 16 passé Chouanihs; ville forte. Les remparts, ils sont été abattus ; cette ville a été prise par les soldats ... les Français, ils ont abattu les fortesses; couché à un village à Bobgdorf, fait ... Le 17, passé à Etrigaux, petite ville. Couché à trois lieuex de la ville à un village. Nous fimes dans la route 8. Le 18, à Caure (?), ville grande, bon pays proche de montagnes. Couché à Boldorf, village à demi-lieue de la ville, . Le 19, à la ville de Locvenpery (sic), ville assez grande ; les rues très droites, les gens qui sont dedans sont protestants en ce lieu 6 dans cette ville il y a un beau reloge au cloché (sic) il est marqué sur quatre faces.
Le 20 passé Lauprant (sic), ville assez grane, il a 5 clochés les gens qui sont dedans ils sont luthériens. En sortant de la Sélisie (sic), c'est la première ville de Saxe; nous avons couché à une liue de la ville au village de Pilnau, fait 6. Le 21, arrivé au village de Mospelon (sic), couché audit endroit à une demi-lieue de la ville Goerlizt (sic), fait dans route 6. Le 22, passé à la dite ville de Goerlizt, ville très jolie une rivière qui passe entre les faubourgs et la ville, il y a un pont en bois pour entrer à la ville. La rue va en montant et il y a un très beau reloge sur la place, marqué sur quatre faces, et il y a un cadran plus bas que les autres, qui fait le cinquième cadran. Et il y a un cadran qu'il a une figure destatue (sic) qu'il semble la tête d'une personne vivant; le mouvement du reloge il fait tourner les yeux de la tête comme si c'était une personne vivante; ça est curieux à voir, il y a une belle rue et de belles maisons; les habitants de cette ville ils ne sont point catholiques; il y a samt (sic) clochés, ça est une ville de Saxe. Le même jour, nous avons fait dix lieues pour nous avoir trompé de route, nous avons marché depuis sept heures du matin, jusqu'à quatre heure du soir, couché à Loepan, ville remarquable par un reloge, camp (sic) il frappe les heures, il y a une estatue (sic) qui frappe les heures; tous les coup qu'il donne, il ouvre la bouche comme si c'était une personne vivante. Il y a un mur tout autour de la ville.
Le 23 à Bauzet (sic), ville très jolie et grande, il y a sept colchés dans laditte ville les habitants ils ne sont point catholiques, ils sont protestants, et il y a de remarquable par deux clochés qu'il deux ménages qui habitent dedans le cloché ; la place n'est point grande, elle va un peu en descendant ; fait 4. Le 24 à Camentz (sic), la ville n'est point grande, il y a deux fausses portes pour entrer à la ville; la rue il va en montant, je couché dans le faubourg. Fait dans la route 6.
Le 25, passé à la ville Estenbricq (sic), couché à trois lieues de la ville au village de Grossenhayn; nous fimes 6.
Le 26 à Grossenhayn, couché à demi-lieue de la ville Merlberg au village de Ponzak sur la gauche de la route, un très mauvais pays de sables, un pays de plaine il y a beaucoup de sapins; nous fimes 6.
Le 27, passé à Melbergt sur la gauche, couché à Labron, village à une lieue de la ville pretime (sic), fait ...
Le 28, passé à la ville Pretime (sic), couché à une lieue de la ville de Willembergt (sic) à une lieue et demie de la ville, au village de Ondorf, fait ...
Le 29, passé à la ville de Viltembergt (sic), ville très grande et fortifiée ; le même jour, passé à deux petites villes la plus grande des deux se nomme Roucelau; couché à une lieue demie plus loin dans un village ; la campagne est très sableuse; il y a beaucoup de bois de sapin, nous fimes dans la route ...
Le 30, passé à Anhalt Serbst (sic) duché, nous avons fait halte à laditte ville où le bataillon s'est rassemblé ; couché au village de Gutergluck, nous fimes en route ..." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La 1ère Division (Général Morand) occupe le Duché de Magdebourg. Le 30e tient garnison à Magdebourg. Son effectif en décembre est de 2467 hommes. Son dépôt est à Mayence.
Le 1er décembre 1808, le Maréchal Davout écrit, depuis Berlin, à l'Empereur : "... Pendant les conférences d'Erfurt, on a fait courir dans toutes les sociétés de Varsovie le bruit qu'il y avait un vice-roi nommé pour le duché. Sur le rapport que j'ai reçu à cet égard à Breslau, je chargeai le colonel Saunier, qui commande la place de Varsovie, de remonter à la source de ce bruit. Il m'a fait connaitre qu'il avait été répandu par un officier au 30e régiment de ligne.
J'ai fait écrire à cet officier, et je joins ici les pièces de cette correspondance. Cette nouvelle, insérée dans les journaux allemands, a été répétée avec légèreté par les journaux français et même par le Moniteur ..."(Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 327, lettre 533).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 1er arrivé à Magdebourg ville considérable et beaucoup fortifiée, logé chez le bourgeois en arrivant, jusqu'au six mois que nous avons entré au quartier sur le bord du chemin du côté du rempart; cette ville très grande il une belle rue avec une belle citadelle qui est sur le bord de la rivière de l'Elbe; il y avait beaucoup de la munition de guerre, bombes et boulets, et de pièces de canon que l'on avait pris aux Prussiens. Tout le jour, on en faisait partir des convois pour transporter en France, il y a n'avait (sic) pour trois ans à porter cette munition, il y a de remarquable sur la place de la municipalité deux hommes sauvages en estatue, au dessus de la porte d'une maison et sur la place, il y a Saint-Martin à cheval, fait tout en pierre de taille, bien travaillé avec plusieurs estatues à côté de lui, et nous avons passé un rude hiver à Magdebourg, puisque la rivière de l'Elbe, il glaçait ; elle est très rapide. Le bourgeois de la ville, il allait tout le jour patiner sur la glace, et les dames, il avait le plasir de se faire promener sur la glace en chaise glissante; que les hommes les faisaient promener en payant, et il y a eu de la neige très logntemps" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "1° Les vingt et un régiments de l'armée du Rhin seront complétés à quatre bataillons. A cet effet, les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons des 30e et 33e de ligne, du 10e d'infanterie légère, des 105e, 22e, 57e, 65e, 72e, 3e, 12e, 61e, 85e et 111e de ligne, qui font partie du corps que commande le général Oudinot, partiront au 10 janvier prochain de leurs cantonnements actuels pour rejoindre les bataillons de guerre de leurs régiments respctifs, hormis les régiments qui ont ordre déja, qui rentrent en France.
Les 4es bataillons des 48e de ligne, 13e légère, 108e, 72e et 65e et autres joindront également leurs corps à l'armée du Rhin aussitôt qu'ils seront complétés à 840 hommes et commenceront le 1er mars.
Les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons qui rejoindront leurs régiments formeront le fond des 4es bataillons ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).
cbis/ Formation de la Division de Réserve à Orléans
Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
... Les trois bataillons du 14e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 4e, 8e, 3e, 18e, 21e, 22e, 24e, 27e, 30e, 33e et 34e régiments de ligne ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).
Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
... Le 14e régiment sera composé, savoir :
... 3e bataillon : d'une compagnie de 150 hommes du 27e de ligne, d'une du 30e, d'une du 33e et d'une du 34e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).
Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire ...
Le 14e régiment provisoire sera composé :
... 3e bataillon
une compagnie de 150 hommes du 27e régiment de ligne
une du 30e régiment de ligne
une du 33e régiment de ligne
et une du 34e régiment de ligne ..." (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).
cter/ Espagne
Le 5 novembre 1807, l'Empereur ordonne la création du Corps d'armée de l'Océan, commandé par le Maréchal Moncey et destiné à entrer en Espagne pour appuyer les Corps de Junot et de Dupont. Il est composé de 3 Divisions, qui doivent se rassembler à Metz, à Nancy et à Sedan. Pour former ce Corps, il est créé 12 Régiments provisoires d'Infanterie ayant chacun 4 Bataillons de 4 Compagnies de 150 Fusiliers prises à un 3e Bataillon. Un Colonel en second commande chacun de ces Régiments. Le développement donné aux formations provisoires et de marche menaçant de désorganiser le commandement de tous les Dépôts, l'Empereur a prescrit la nomination de Colonels en second et de Majors en second, en nombre variable suivant les besoins et à la disposition du Ministre pour commander toutes les formations éventuelles. Les 1er, 2e, 3e et 4e Régiments provisoires doivent se former à Metz (1re Division); les 5e, 6e, 7e, 8e à Nancy (2e Division); les 9e, 10e à Sedan et les 11e, 12e à Mézières (3e Division). Le détachement de chaque Régiment s'administre comme s'il était isolé, le Régiment provisoire ne doit avoir ni conseil, ni administration particulière. Le 10e provisoire est formé avec 4 Compagnies des 12e, 30e, 40e, 54e (Belhomme, tome 4).
Le 1er janvier 1808, au sein du Corps des Côtes de l'Océan commandé par Moncey, 3e Division Morlot, 1ère Brigade Lefebvre, le 30e a au sein du 10e Régiment provisoire 1 Officier et 50 hommes (d'après Grasset, A., La Guerre d'Espagne (1807-1813), Paris, 1914 - donné par Nafziger 808ASCB.pdf).
Le 13 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Mon cousin ... Je vois sur l'état que me remet le ministre de la Guerre que 1360 hommes de différents régiments avaient été dirigés sur Bayonne isolément. Il y a entre autres 292 hommes des 12e et 30e régiments de ligne. Ces détachements ont dû arriver à Bordeaux du 4 mars au 5 avril. Le ministre de la Guerre dit qu’il a été donné ordre de les former là en régiment de marche. Faites-moi connaitre ce qui est arrivé de ces détachements, et où en est l’organisation de ces régiments de marche ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17389).
Armée d'Espagne 15 décembre 1808 (Nafziger - 808LSCX) Source : Archives françaises, Carton C8 397 |
d/ Campagne de 1809
Fig. 18 Officier de Voltigeurs, 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace planche 63) |
Fig. 18a Officier de Voltigeurs en 1809, d'après Bucquoy (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Le 1er janvier 1809, le 30e de Ligne, sous le commandement du Colonel Joubert, est stationné à Magdebourg. Avec ses trois premiers Bataillons, il fait partie de la 1ère Brigade Lacour de la 1ère Division Morand de l'Armée du Rhin commandée par le Maréchal Davout.
De son côté, Denis Moreau, affaibli par ses blessures et les nombreuses campagnes qu'il a menées, reçoit le 4 janvier 1809 son certificat de réforme; il a alors 33 ans. Il peut dès lors rentrer chez lui à Blois, pour y couler des jours heureux.
L'Angleterre veut détourner sur le continent les coups que Napoléon cherche à lui porter en Espagne. Elle gagne l'Autriche à sa cause et lui fournit un important subsisde pour continuer ses armements et réorganiser son armée. Dès février, Napoléon, qui pressent que l'Autriche se laisse entraîner à la guerre, et que les hostilités ne vont pas tarder à recommencer, donne des ordres pour acheminer ses troupes sur les deux rives du haut Danube; toutefois, les hostilités n'éclateront qu'au commencement d'avril. En attendant, les préparatifs se multiplient.
Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, voulant compléter mon armée du Rhin, mon intention est que le dépôt du 13e léger fasse partir pour Mayence 500 hommes nécessaires pour compléter les trois premiers bataillons ; le dépôt du 17e de ligne, 300 hommes ; le dépôt du 30e de ligne, 200 hommes ; le dépôt du 61e, 200 hommes ; le dépôt du 75e, 300 hommes. Ces détachements formant 1 500 hommes se réuniront le plus tôt possible à Mayence ...
Ces bataillons de marche se réuniront à Mayence le plus tôt possible. On n’y mettra que le nombre d’officiers et de sous-officiers nécessaires pour conduire les hommes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée à Mayence, et je donnerai des ordres pour leur direction sur l’armée du Rhin ...
Indépendamment de ce que les 30e et 61e fourniront aux bataillons de marche de l’armée du Rhin, ils prépareront chacun une compagnie de fusiliers complétée à 140 hommes, pour leur 4e bataillon ; ce qui portera ces 4e bataillons à 3 compagnies ...
Les compagnies destinées aux 4es bataillons doivent être préparées sans aucun retard, pour que j’ordonne leur départ" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20015).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 14 février 1809, à Magdebourg, on a dégradé un soldat ; il a été jugé pour six ans de fer par cause de vol qu'il avait volé à ses camarades une fois il a volé deux sols la deuxième dix huit sols; il fut conduit en France pour subir sa punition.
Le 20 février à Magdebourg, on a fait justice du nommé grand Charles Fain (sic), voleur; on lui a tranché la tête avec dama aussi leste qu'une guillotine, pour avoir fait des vols aussi fain (sic) que jamais il a eu son pareil; il n'a jamais voulu déclaré le complice, il avait une correspondance en l'Allemaigne (sic) en toute la Prusse et du côté de Berlin, il a fait de beaux tours de vols; quand il a fait le vol, il saluait le monde en disant le grand Charles vous salue. Il se déguisait de suite; il s'habillait des fois en général, d'autres fois en prince, d'autres fois en curé et en mendiant aussi avec de mauvais habits et il faisait le bateleur au jour, étant habillé en général, étant dans un carosse bien escolté (sic) avec de la cavalerie; il rencontra un vieux homme qu'il allait mandier son pain ; il l'arrêtat lui demanda où il allait; le vieux lui répondit mon général je va demander mon pain, le grand Charles lui dit vient avec moi entre dans mon carosse, je te donnerai de quoi vivre. Le vieux, il y alla, entra dedans le carosse tellement que le grand Charles fit souler le vieux, il le mit hors de connaissance et après il a habillé le vieux en prince, tellement que de suite il envoya une ordonnance à Berlin, à la municipalité qu'il y arrivait au général et au prince qu'il fallait apprêter un logement pour eux; ça ne manqua pas de suite qu'il fut et arrivé le logement était prêt, il s'enfurent dans un grand hôtel, et le grand Charles fit entrer le vieux dans une chambre à part avec un sentinelle à la porte défand à personne d'y entrer (sic). Le vieux étant bien sous (sic) il dormit jusqu'au lendemain, le grand Charles il s'informa à l'aubergiste si il y a avait des banquiers dans la ville, qui dit il avait le prince il était dans sa chambre il était indisposé qu'il lui fallait de l'argent; l'aubergiste dit que s'il ne fallait que douze mille livres pour le prince, que lui donnerait; le grand charles, il prend les douze mille livres et s'en fut ; il laissa le vieux dans la chambre jusqu'au lendemain, et le vieux étant désaoulé, il s'éveilla, se trouva habillé en prince avec un crachat à son côté; le vieux était bien surpris de cela se trouvant dans un bon lit que jamais n'avais eu de sa vie. Il prit son habillement il le déchira morceau ; à cet homme il fut questionné de la manière où il se trouva; il conta son compte il faut en liberté. Les douze mille livres sont été perdu pour l'aubergiste le même jour que Charles fut tué il y a eu deux de ses complices qui ont été fouettés sur la place et marqués et conduitsau fer un pour 16 ans et l'autre pour 10 ans. Toute la troupe de la prison, ils prirent les armes de armes de crainte d'accident par ses complices, que l'on craignait; tout fut assez tranquille" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Le 30e tiendra prête une compagnie ; le 33e, une compagnie, le 61e, une compagnie, le 85e, une compagnie et le 111e, 3 compagnies.
Toutes ces compagnies se réuniront à Mayence, à l'exception de celles du 7e régiment d'infanterie légère, qui resteront à Huningue.
Aussitôt qu'elles seront rendues à Mayence, elles formeront deux bataillons de marche, l'un de 7, et l'autre de 6 compagnies, sous le nom de 1er et 2e bataillons de marche des 4es bataillons de l'armée du Rhin.
Vous me ferez connaître quand ces différentes compagnies seront en état de se mettre en route ..." (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2822 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20127).
Davout a reçu ordre de rassembler ses troupes entre Bamberg, Nuremberg et Ratisbonne (Historique abrégé). Dans le courant de février, la 1ère Division quitte Magdebourg et vient s'établir à Nuremberg (Notice historique).
Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... 9e régiment provisoire :
Le 9e régiment provisoire sera composéde 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 27e, 30e, 33e, 61e, 111e, 40e. Il se réunira à Mayence ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).
Le 4 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Pris, au Général Compans, Chef de l’Etat-major : "Je vous adresse, Monsieur le général, copie d'un ordre que je viens de recevoir du major général ; exécutez-en tout de suite les dispositions dans l'esprit suivant :
Les régiments qui se trouveraient plus rapprochés d'Erfurt que les généraux sous les ordres desquels ils se trouvent devront recevoir de vous directement les ordres de marche que vous leur enverrez par des officiers de votre état-major, ou, à leur défaut, par des officiers du 17e régiment ...
Vous ne ferez connaitre ni aux généraux ni aux colonels leur destination définitive ; vous leur indiquerez pour destination le point de l'itinéraire que vous leur aurez tracé, qui sera le plus voisin d'Erfurt, sans même leur faire connaitre qu'ils doivent aller au-delà ; vous leur indiquerez seulement que là on leur fera connaitre les cantonnements qu'ils doivent prendre; vous prendrez des mesures pour qu'à leur arrivée dans ces endroits ils trouvent des ordres de continuer leur route jusqu'à Bamberg ...
Il ne faut pas prévenir les autorités du pays à l'avance ; les régiments enverront seulement vingt-quatre heures en avance dans chaque gite un officier, porteur de feuilles de route, pour faire préparer les vivres et logements. Cependant vous pouvez écrire au ministre de la guerre de Westphalie pour lui annoncer le passage des troupes et lui donner l'itinéraire qu'elles suivront à travers la Westphalie seulement ...
Le 30e régiment partira, à la réception de l'ordre, avec toute l'artillerie de la division. Le 61e partira le lendemain, et dans le cas où des régiments du général Saint-Hilaire, qui ont dû, déjà avoir reçu l'ordre d'aller à Magdebourg (ces ordres étaient contenus dans les dépêches adressées au général Saint-Hilaire, qui ont été portées par le courrier Bertheuille), il y en aurait un d'arrivé, le 65e partirait le lendemain de l'arrivée de ce régiment. Le 11e de chasseurs qui est à Magdebourg partira le lendemain du départ du 61e.
Il est à désirer que les troupes qui sont en Hanovre marchent par plusieurs routes pour soulager le pays. Les régiments se mettront en marche dans l'ordre où ils se trouvent; les plus près partiront les premiers. Par ce moyen, tout ce qui est en Hanovre partira en deux jours.
Le général Friant laissera ses troupes cantonnées comme elles sont dans le pays de Bayreuth et d'Erlangen, et ne les réunira que dans le cas d'événements imprévus. Il faut recommander au général Friant, dans le cas peu vraisemblable où les Autrichiens marcheraient avec des forces supérieures, de prendre une position qui puisse couvrir Bamberg et Wurtzbourg ; j'en conférerai avec M. l'intendant général à mon arrivée, qui aura lieu vingt-quatre heures après la réception de cette lettre.
Je vous recommande, mon cher général, de ne point parler de mon retour ni de ce mouvement, et de donner les ordres de marche de manière que personne n'en ait connaissance à Erfurt ...
Il est bon que les troupes en partant prennent du pain pour deux jours et qu'on s'arrange de manière à avoir toujours cette avance pendant la route ; cela facilitera l'établissement des troupes dans leurs cantonnements.
Recommandez de maintenir la meilleure discipline dans la marche, et que chaque corps ait à se pourvoir d'un certificat de bonne vie ...
Je vous prie de faire passer la lettre ci-jointe par le courrier militaire qui ira à Varsovie" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 384, lettre 586).
Début mars, la Division Morand a reçu l'ordre de se réunir autour de Bamberg dès le 20 mars; le 30e (3 Bataillons plus les Grenadiers et Voltigeurs du 4e Bataillon et un détachement de 200 hommes provenant du Dépôt de mayence - 26e Division Militaire) doit y être rassemblé pour le 23. Le régiment doit se mettre en marche le 5 mars. Le détachement de 200 hommes du Dépôt fait partie du 1er Bataillon de marche; il doit quitter Mayence le 5 mars, être à Francfort le 24, à Hanau le 25, Ischaffenbourg le 26, Rohrbrunn le 27, Esselbach le 28, Rossbrunn le 29 et Wurzbourg le 30 (donné également par Nafziger 809CBV - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902). Les Grenadiers et Voltigeurs du 4e bataillon, soit 280 hommes, doivent quitter Mayence le 23 mars pour être à Strasbourg le 31.
Le 9 mars 1809, depuis Paris, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, les deux compagnies du 10e d'infanterie légère, du 3e de ligne, du 57e, du 62e et du 22e formant dix compagnies seront réunies en un bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche des 4es bataillons de la division Saint-Hilaire.
Les deux compagnies du 12e, du 30e, 61e, 65e, 85e, 105e et 111e formeront un second bataillon de marche qui portera le titre de bataillon de marche du 4e bataillon de l'armée du Rhin.
Faites-moi connaître le plus tôt possible le nombre d'officiers, sous-officiers et soldats que les corps pourront fournir à ces compagnies afin de pourvoir à les compléter. Ces 2 bataillons se rendront à Strasbourg" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2906 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20308 - La minute (Archives nationales, AF IV 879, mars 1809, n° 146), qui est la dictée, est datée à posteriori de Rambouillet le 11 mars). Ces «Bataillons de marche» sont composés de renforts destinés aux Corps d'armée stationnés en Allemagne.
Par ailleurs, sur la proposition du Ministre, l'Empereur décrète le 13 mars, la formation de 18 Demi-brigades provisoires commandées chacune par un Colonel en second et dont toutes les Compagnies doivent avoir de 140 à 160 hommes :
- 10e Demi-brigade à Mayence : 3 Bataillons (3 Compagnies des 5e Bataillons des 27e, 30e, 33e, 61e, 40e et 111e).
"Le 12 mars, le régiment se préparait pour l'inspection.
Déjà celle des capitaines avait eu lieu dans les quartiers lorsqu'il (le Rgt.) reçut l'ordre de se mettre sur-le-champ en marche, ce qui fut exécuté si promptement que la troupe et les bagages sortirent de Magdebourg à quatre heures du soir, le dimanche 12 mars, et fut loger le même jour à Kalbe-an-der-Milde, où i1 arriva de nuit.
Le 13 mars, il passa par Bernburg et fut loger à Kothen ..." (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 12 mars, nous avons parti de Magdebourg ; nous avons resté dans cette ville trois mois et 11 jours et demi que nous ont resté. Les habitant de cette ville, ils sont protestants, il y a très peu de catholiques ; nous partimes de Magdebourg à 4 heures du soir; nous avons marché une partie de la journée, et de la nuit, pour arriver à la ville de Calbé. Les habitants de cette ville en parti ils sont catholiques; les autres parties, ils sont réformés. La ville n'est point grande. Les rues ne sont point droites; ça est un bon pays de plaine, une rivière qu'il passe à côté, qu'il se nomme la Sale, il tombe dans la rivière de l'Elbe à Magdebourg. Nous avons arrivés dans cette ville à un heure après midi dans cette ville il y a de remarquable un homme en portrait sur la place, il a neuf pied de haut, ils étions sept frères; celui qu'il était sur la place, il était un des plus petits, il est mort à l'âge de 36 ans. Fait ... Le 13, passé dans deux gros bourgs et nous avons passé sur le bord de la rivière de la Sale, qu'il passe à côté d'un gros bourg qu'il y avait une très grande quantité de corbeaux qu'il faisait beaucoup de bruits, et nous avons passé à la ville de Perbourg, il passa la rivière de la Sale, et il y a un beau pont en bois avec une belle façade de porte pour passer sur le pont, au dessus de la porte, il y a un gros singe qu'il a une couronne sur la tête il y a sur la place un homme sur une fontaine, c'est à dire une pompe d'au douche. Cette ville il est une partie dans la hauteur et l'autre partie il est dans le fond, à une portée de fusils de la ville, il y a sur un côté de la vigne très belle, le terrain de cette vigne il a beaucoup de graviers. Le même jour, la compagnie a été détachées à un village, à une lieue de la ville, au village de Trevis, nous étions 22 hommes dans une ferme; ça est un très bon pays de bonne terre, mais le bois il est très rare on ne brûle que de la paille. Et des troncs de choux. Le 14 nous avons arrivés à la ville Hallt (sic) qui était ci-devant Prusse; actuellement ils sont sous le gouvernement westphalien, et il y a aussi une très belle cathédrale avec deux tours et deux clochers et autre clocher il y a un beau reloge. Il y a une boule qu'il marque le déclin et le renouvelle et pleine lune; il y a de remarquable une très belle fontaine avec une estatue en portrait d'un homme il a un gros poisson entre les jambes qu'il le tient avec un pique, la queue du poisson il est redressé dans le dos de l'homme qui le serre, il y a aussi une estatue au devant d'une maison il se nomme Rollan (sic) il a huit pied de haut; il tient une barre de fer dans sa main. Cette est assez grande, les rues ne sont point droite, nous fimmes ... Dans les deux tours de cette glissse (sic), il y a deux messages c'est pour surveiller les dangers de la ville par cause du feu; ça est utile, il y a des promenades tout autour des clochers" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Une situation extraite de la Collection Nafziger donne la situation de l'Armée française du Rhin du 5 au 28 mars : lère Division, Général de division Morand, ler, 2e, 3e Bataillons du 30e (+ Grenadiers et Voltigeurs du 4e Bataillon), 2297 hommes, + détachement du Dépôt de 200 hommes (Nafziger 809CBT - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Nafziger donne également dans une de ses situations 2 Compagnies indépendantes du 30e (280 hommes), destinées à intégrer un Bataillon de marche pour l'armée du Rhin (Nafziger 809CBV - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902); il s'agit des deux Compagnies mentionnées dans la lettre de l'Empereur au Général Clarke, en date du 9 mars 1809.
"... Le 14, à Halle.
Le 15, à Merseburg.
Le 16, il passa par Rossbach et fut Naumbourg.
Le 17, à Iéna.
Le 18, à Rudolstadt.
Le 19, il passa par Saalfeld et fut loger à Greisenthal (?)
Le 20, à Cobourg ..." (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 15 mars, nous avons arrivé à la ville Merseporg, ville grande, les rues ne sont point droite. Cette une ville de Saxe. Il y a un très beau château, il y a 7 clochés il y a na un de blanc, les autres ils sont blu, nous on fait un grand détour pour entrer à cette ville; il y a la rivière de la Salle, qui passe à côté; il y a un beau pont en pierre, il y a quatre arcades; à l'entrée du faubourg, il y a un carcan devant la porte avec deux têtes de mort. C'est la maison où l'on juge les criminels de cet pays; il y a une très belle fontaine, il y a six sirènes marquées en portrait sur la fontaine; les habitants de cette ville, ils sont luthériens. Les environs de cette ville, il y a une très belle plaine; y a beaucoup de mares; il y passe beaucoup d'eau; le bois il y est très rare. Le 16 parti de Merseporg pour venir à Nambourg, très bon pays. Il y a des vignes et des bois. La ville il est grande, il y a de remarquable un beau reloge, et un beau cloché avec une boule qu'il marque le déclin et le renouvelle et pleine lune. La rivière de la Salle, il passe à une portée de fuzille (sic) de la ville. Cette une ville de Sacsse (sic) nous avons essuyé une mauvaise journée; il y a tombé de l'eau et de la neige; tous nos habits sont été mouillés jusqu'à la peau. Le régiment a logé dans la ville, la compagnie a logé dans le faubourg. Les habitants ils sont protestants; il y a très peu de catholiques. Nous fîmes dans la route 7. Le 17 à la ville de Iéna, nous avons passé Tourbourg, petite ville qu'il est sur une montagne, il y a un pont couvert en bois. Il y a quelque peu de vigne dans le ...; et nous sommes arrivés à Iéna, belle et grand ville en Sacsse; il y a une jolie plasse entourée de belles maisons de plusieurs couleurs, il y a une belle cathédrale et plusieurs églises; il y a de très beaux clochés, un qu'il est fait à mode d'une tour, même qu'il qu'il y a un beau reloge marqué sur quatre faces; il y a un habitant qu'il reste au cloché qu'il est pour surveiller la crainte du danger du feu; il y a des autres hommes qu'ils crient dans la rue en chantant l'heure qu'il est aussi acec une corne qu'il réponde à l'homme qu'il est sur le cloché; il y a de très mauvais chemins depuis Nambourg pour venir à Iéna de montée et de descente ; le pays est assez bon; il y a beaucoup de côtes; les habitants de cette ville ils sont protestants. Il y a à plus près 100 propriétaires de catholiques. L'Empereur français, il a fait construire une église pour les catholiques, aussi il a donné une récompense à un prêtre pour lui avoir servi de guide pour conduire son armée le jour de la bataille de Iéna, lui a donné la somme de deux mille francs pour lui avoir servi d'espion. Nous fîmes 7. La rivière de la Sale, il passe à la ville; il y a deux beaux moulins à farine. Le 18, nous avaons arrivés à la ville à Roudolstat, ville grande; il y a une belle place, il y a un gros arbre à côté du corps de garde; il y a quelques belles maisons; il y a un beau château sur la hauteur; aussi, il y a de beaux jardins à la sortie de la ville. Il y a beaucoup d'arbres fruité (sic), surtout des prunies. Nous fîmes 9. Le 19, nous avons passé dans un gros bourg, et une petite ville Salleffelte, nous avons passé dans le mauvais chemin tout montagne, beaucoup de bois de sapin. L'artillerie ils ont eu beaucoup de peine pour monter ces montagnes, ils étions obligés de mettre six chevaux pour monter une pièce de canon; il y avait beaucoup de neige sa est un très mauvais pays ; les habitants de cet pays, ils ne peuvent pas semer le grain, que dans le mois d'avril. Le même jour, arrivé à la ville de Graefentaal, petite ville dans le fond d'une montagne; à l'entrée de la ville, il y a une belle fontaine que l'eau coule toujours, et une sur la place ; l'eau vient des montagnes par des conduits sous terre; les habitants ils sont protestants. Il aussi un foyer de fer, c'est à dire une fabrique, il va par la force de l'eau. Le 20, passé dans de mauvais pays de montagnes très hautes. Nous avons entré dans la Bavière à la ville de Neustad, petite ville. Nous avons fait halte. Les habitants de la ville, ils ont porté deux tonneaux de bière et du pain pour faire rafraichir la troupe, et parti de suite pour venir à la ville Caupourg, grande et belle ville. Il y a de belles maisons autour de la place. Il y a un beau reloge à maison commune, aussi une belle fontaine sur la place. Il y a un lion en portrait sur la fontaine. Il y a une petite rivière qu'il passe à côté de la ville, qu'il se nomme Yst. Les habitants de cette ville, ils sont luthériens, très peu de catholiques. Il y a environ mille habitants. Nous fîmes 10. Il y a une citadelle à un quart de lieue de la ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre au général sénateur Demont de se rendre à Würzburg pour être employé au corps du duc d'Auerstaedt. Faites connaître au duc d'Auerstaedt que je désire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui serait composée des 4es bataillons du 30e, du 61e, du 65e, du 33e, du 111e, du 12e et du 85e de ligne ; ce qui fait sept bataillons. Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 500 hommes ; ils ne forment donc qu'une force de 3,500 hommes ; mais ils vont bientôt recevoir une compagnie qui leur produira une augmentation de 1,100 hommes. Les 4es bataillons des 48e, 108e, 25e de ligne et 13e léger ne doivent pas tarder à partir de Boulogne ; ce qui portera le nombre des 4es bataillons à onze ; on pourrait y joindre eeux des 7e léger, 17e et 21e de ligne ; ce qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît nécessaire ; les divisions restant composées de cinq régiments, et chaque régiment ayant un complet de 2,500 hommes, les divisions seraient de plus de 12,000 hommes ; si l'on y laissait les 4es bataillons, elles seraient de 14 à 15,000 hommes ; ce qui est beaucoup trop fort pour une division. La formation des 4es bataillons n'est pas encore terminée ; il sera bon de les avoir sous la main et en dépôt pour être réunis. Il y a aussi un avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a trois bataillons en ligne et un bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce bataillon des ressources pour réparer ses pertes. Je désire donc que le corps du duc d'Auerstaedt soit composé de la manière suivante : des divisions Morand, Gudin, Friant et d'une quatrième division formée des 4es bataillons de chacune des trois premières divisions. Chacune de ces trois premières divisions doit avoir trois généraux de brigade, un pour l'infanterie légère, et les deux autres commandant deux régiments de ligne ou six bataillons. La division du général Demont devra avoir trois généraux de brigade : un, commandant les 4es bataillons de la 1re division ; un, commandant les 4es bataillons de la 9e division, et un, commandant les 4es bataillons de la 3e division. Deux ou trois bataillons de la même division seront réunis sous le commandement d'un major. Les 4es bataillons des 13e léger, 17e et 30e de ligne seront réunis sous un major de l'un de ces trois régiments. Les 4es bataillons des 61e et 65e seront commandés par un major de l'un de ces deux régiments. Par cette formation, tous les avantages se trouvent réunis ; et le duc d'Auerstaedt aura quatre généraux de division, douze généraux de brigade, quatre adjudants commandants, et soixante pièces de canon, à raison de quinze pièces par division, indépendamment de l'artillerie attachée à la cavalerie, et des généraux et adjudants commandants attachés à son état-major" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14934 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20469).
"... Le 21, à Bamberg.
Le 22, à Baiersdorf ..." (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut raconte : "Le 21 mars, nous on arrivait à la ville de Bamberg, belle et grande ville, très bon pays ; couché audit endroit. La rivière du Main, il passe au milieu de la ville; il y a deux pont en bois, il y a plusieurs églises et clochés. Les habitants ils sont catholiques. Tous le corps d'armée, il se sont rassemblés aux environs. Nous fîmes ... Le 22 parti de Bamberg, nous avons passé à la ville de Foriem, ville fortifiée. La compagnie a été logée à une lieue plus loin, village de Kersoporst (sic), très beau pays ; le terrain est bon. Y a quelque peu de vigne. Nous fîmes 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
il ne reste plus qu'à pourvoir à la formation des 5es et 6es compagnies des 4es bataillons afin de compléter ces 4es bataillons en Allemagne. Voici les dispositions que je me propose de prendre à cet égard :
Je désire que les 5es et 6es compagnies des 4es batai1lons du 30e, 31e, 33e, 111e, 12e, 85e, 7e d'infanterie légère, 10e, 3e, 22e, 57e et 105e se forment le plus tôt possible au complet de 140 hommes. Ces compagnies seront dirigées sur Strasbourg, où on les formera en bataillons de marche. On fera autant de bataillons de marche qu'il y a de divisions à l'armée. Ainsi, le 1er bataillon sera composé de deux compagnies du 30e, du 61e, du 65e, formant 840 hommes (le 65e partant de Paris). Ce bataillon s'appellera bataillon de marche des 4es bataillons de la division Morand ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899, t. 1, p. 550-554).
Le même jour, 23 mars 1809, l'Empereur écrit encore, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il manque pour compléter les 4 divisions de l'armée du Rhin 1550 hommes.
Donnez ordre qu'il soit réuni un bataillon de marche de la division Morand à Strasbourg, qui sera composé de 150 hommes du 30e, dont 100 hommes pour le 4e bataillon et de 300 hommes du 61e, dont 120 pour le 4e bataillon.
Total : 450 hommes.
Les dépôts de ces corps fourniront, sans délai, ce nombre d'hommes, et les dirigeront sur Strasbourg, où ce bataillon de marche sera formé ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2994 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20515).
"... Le 23, à Nuremberg, avec ordre d'y cantonner. Mais, par de nouvelles dispositions, i1 poussa en avant.
Le 25, i1 quitta Nuremberg pour aller à Neumarkt, sur la route de Ratisbonne. Le ler bataillon occupa Teuning (?).
De cet endroit, les officiers furent envoyés sur la route d'Amberg afin de voir si elle était praticable pour l'artillerie. Leur rapport fut négatif.
Tout annonçait la guerre comme inévitable" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 23, nous avons passé à deux villes. La plus grande des deux, c'est Erlaut, une jolie ville; les rues ils sont très droites. Cette une ville de Prusse. Le même jour, nous avons arrivés à la ville de Neurembergt, très belle et grande ville; elle est fortifiée, cette ville était neutre ci-devant, elle se gouvernait elle. Actuellement, ils sont sous le gouvernement bavarois. Il y a de remarquable dans la ville un cheval rouge au devant d'une maison et il y a une très belle fontaine au coin de la place, entourée d'un grillage de fer. La place est belle, elle entoure de belle boutiques fait en bois. Sa est très bien travaillé. L'on puit se promener tout autour de la place, devant les boutiques, sans se mouiller. Tous sa est fait en bois. Il y a un très beau reloge sur la place. Il y a une boule qu'il marque le renouvelle, et pleine lune. Il y passe une rivière au milieu de la ville, rivière de penir (?), il y a plusieurs pont en pierre et plusieurs églises. La plus grande partie ils sont catholiques, très peu de protestants. Il y a des très belles rues. Il y a au-devant de la boucherie au bout du pont, un gros boeuf en pierre pour marquer l'enseigne de la boucherie. Il y a de très belles enseignes aux hôtels, et il y a des très belles maisons. La plus grande partie des maisons, ils ont des miroirs aux croisées pour voir passer ceux qui ont passé dans la rue. La curiosité qu'ils ont à toutes les portes il y a une sonnette ; on n'est pas dans le cas d'entrer dans les maisons que le bourgeois il vous voit. Nous avons fait séjour. Nous fîmes en route 6. Parti de Neurembergt le 25 mars à 10 heures et demie du matin, pour marcher sur les frontières d'Autriche. Nous avons passé dans une forêt de sapins. Il a six lieues de traverse. Nous sommes mouillés en route ; nous avons monté une hauteur à notre ... nous avons arrivé à la ville Neumarck une petite ville il y aux environs 400 cinquante maison, nous y avons arrivé à 7 heures et demie du soir. Resté à Neumarck 5 jours. Les habitants de cette ville, ils sont catholiques. Il y a plusieurs fontaine à la ville, que l'eau coule par des tuyaux; il vient très loin. Nous avons logés chez le bourgeois. On nous a donné six paquets de cartouches par hommes Nous fîmes ... resté ..." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 30 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, à Berthier, Major général, ses instructions, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la Composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée. Le 30e de Ligne doit faire partie du 3e Corps d'Armée commandé par le Maréchal Duc d'Auerstadt; 1ère Division Morand, 2e Brigade Guiot de lacour. Le 4e Bataillon du 30e doit quant à lui appartenir à la 1ère Brigade de la 4e Division Demont du 3e Corps (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).
Comme dans les deux campagnes précédentes donc, le 30e appartient donc à la 1ère Division Morand; il a quatre Bataillons à l'armée, les 3 premiers dans la Division Morand. Son effectif est en avril de 2976 hommes; il est commandé par le Colonel Joubert, qui a succédé au Colonel Valterre promu Général de Brigade en janvier 1808 et nommé en décembre de cette même année Gouverneur de Palma-Nuova. Au commencement d'avril, la Division Morand va occuper Bayreuth; vers la mi-avril, elle se concentre avec tout le Corps d'armée dans les environs de Ratisbonne (Notice Historique).
En outre, son 4e Bataillon, fort de 600 hommes et commandé par le Chef de Bataillon François, est placé dans la Division Demont, qui est formée de tous les 4es Bataillons des Régiments d'Infanterie du 3e Corps de Davout.
"Le 30e va prendre part à la campagne de 1809 contre l'Autriche dans le Corps commandé par le Maréchal Davout, Corps qui se compose de quatre Divisions d'Infanterie : Morand, Friant, Gudin, Saint Hilaire, des Cuirassiers de Saint Sulpice et de la cavalerie légère de Montbrun. La Division Demont en fit un instant partie, ensuite elle devint 1ère Division du 7e Corps (Duc de Danzig).
La 1ère Division est ainsi composée :
1ère Brigade : 13e Léger, 17e et 30e de Ligne (Général Lacour)
2ème Brigade : 61e et 65e de Ligne (Général L'Huilier)" (Notice Historique).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 8 avril, parti du village de Pergeau pour venir à Neumark, où le bataillon il s'est (rassemblé ?). Ils ont donné le pain pour deux jours. Le même jours nous avons fait 16 lieues de marche dans une montée et descente nous avons marché jusqu'à dix heures du soir dans des pierres et de mauvais chemins. La compagnie a été détachée au village de Perstetem. Nous fîmes 16" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Une situation extraite de la Collection Nafziger donne la situation de l'Armée française du Rhin au 9 avril 1809 : lère Division, Général de division Morand, ler, 2e, 3e Bataillons du 30e; le 4e Bataillon se trouve au sein de la 1ère Brigade Girard de la Division Demont, en formation à Anspach (Nafziger 809DBO - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
L'Autriche a fait des armements considérables. Elle confie à l'Archiduc Charles la plus belle de ses armées forte de 175000 hommes. Espérant surprendre les Corps français qu'il voit disséminés dans l'Allemagne du Nord, sur le haut Danube et en Bavière, le Prince Charles avec son centre et son aile gauche franchit sans déclaration de guerre préalable, le 10 avril, l'Inn qui servait de frontière à la Bavière, notre alliée. Il donne rendez-vous vers Ratisbonne à son aile droite, forte de 50000 hommes, qui vient de la Bohème, sous les ordre de Bellegarde. Mais tous ces mouvements se font lentement.
Le 10 avril, les 5e et 6e Compagnies du 4e Bataillon (280 hommes) quittent le Dépôt de Mayence; elles doivent être rendues le 17 à Strasbourg.
Le 11 avril 1809, une forte reconnaissance du 5e Hussards est envoyée du côté de Schwartzenfeld et Schwandorf. D'après les renseignements recueillis en route, les Hussards affirment que l'ennemi est à Waldmünchen, Schonsee, Furth et Cham. Pajol fait part de tous ces détails au Général Lacour, commandant la 1ère Brigade (13e léger, 17e et 30e de Ligne) de la Division Morand, et lui assure que son front est couvert par la cavalerie, occupant : le 5e Hussards, Burglengenfeld ; le 7e Hussards, Nittenau, et le 11e Chasseurs, Kirn. Il l'avertit de plus que, d'après les rapports de ses grand'gardes et ceux du Colonel Méda, les Autrichiens paraissent devoir porter une colonne de Verneberg sur Amberg par Hirschau, et une autre par Cham sur Straubing (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 321).
Au 15 avril, le 30e de Ligne, toujours à la Brigade Lacour, comprend 3 Bataillons, 62 Officiers et 2177 hommes (situation également donnée par Nafziger - Nafziger 809DAE).
A la même époque, le 4e Bataillon du 30e de Ligne, fort de 4 Officiers et 179 hommes, se trouve à la Division de Réserve sous le Général Demont (Nafziger 809DAE).
"Les démonstrations de l'Autriche équivalaient à des hostilités. Ses troupes étaient déjà en mouvement pour se porter sur les points qu'elle voulait envahir.
L'on prit des précautions afin d'éviter toute surprise et, le 7 avril, le régiment reçut l'ordre de se porter sur les bords de la Naab et le Laber.
L'Etat-Major fut s'établir au village de ce dernier nom.
Le 10, le régiment fut concentré au village de Laber.
La déclaration de guerre qui avait eu lieu le 8 avril, par les Autrichiens, leur passage de l'Inn et leur entrée en Bavière nécessitèrent ce rassemblement.
Une forte position fut prise derrière le Laber. Le régiment établit son bivouac en attendant que l'ennemi fit quelque tentative sur ce point.
Le 11, il passa par Hemau, traversa l'Altmühl à Riedenburg et vint loger à Altmannstein.
Le 12, i1 occupa Grossmehring, sur le Danube, près d'Ingolstadt où il entra le même soir vers 11 heures et y séjourna le 13.
Le 14,
i1 logea à Apertshofen (?) où i1 reçut l'ordre de détacher un bataillon sur Vohburg.
Le 15, au point du jour, le 1er bataillon, avec deux pièces d'artillerie, se mit en marche pour Vohburg, petite ville située sur la rive droite du Danube. Elle était encombrée par les bagages bavarois parmi lesquels i1 y avait pêle-mêle quelques pièces de canon.
Le bataillon plaça des postes avancés sur la rive droite, fit des dispositions de défense comme l'ordre lui en avait été donné.
Les troupes qu'il releva n'avaient pris aucun moyen, ni même placé de poste, excepté à la tête de pont sur la rive gauche du Danube, ce qui fit croire, au premier abord, que la ville était occupée par les Autrichiens.
Les postes à peine établis sur la rive droite, la compagnie de voltigeurs logée dans un faubourg et s'y gardant militairement, des troupes de la 3e division arrivèrent relever le bataillon.
Il se mit le même jour en marche et se dirigea sur Dietfurt.
Il coucha en route dans un village où i1 rencontra le parc de la division qu'il reçut l'ordre d'escorter.
Les 2e et 3e bataillons repassèrent l'Altmühl à Beilngries, passèrent par Dielfurth et furent loger à Paulushofen (?).
Le 16 avril, le régiment passa encore par Hemau et fut bivouaquer à Nietendorf (?), sur la Naab, où le 1er bataillon rejoignit" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 10 avril, parti dudit village, nous avons fait séjour. Le régiment il se rassemblait à demi-lieue du village. Ils ont fait tirer à la sibe (sic) aux jeunes gens. Nous avons resté huit heures de temps à la même position. Après, à la nuit, on nous a fait vivaqué (sic) audit endroit. On nous a distribué la viande. Le lendemain le pain; c'était défendu au soldat de quitter la position. La paille il fut donné que les hommes de corvée furent chercher à nordre pour la 1ère journée du vivac; il y fit du mauvais temps; il y tomba de la neige toute la nuit. Il y a le gros village dans un fond avec un château bati sur un rocher.
Le 11, parti du vivacq pour venir à Ofmarq, village. Le même jour, passé à Breisdenbourg. Nous on fait huit lieues dans de mauvais chemins. Nous avons arrivé aux 11 heures du soir. Nous fimes contre marche pour tromper l'ennemi. Il a tombé de la pluie nous avons passé dans de mauvais chemins impraticables, dans des montagnes, à la ville de Residembourg il a un chateau bati sur un rocher au coin d'une montagne et un pré au fond et une petite rivière qui passe à la ville.
Le 12 avril, parti du village nous aons passé dans une bonne plaine de bonne terre, arrivé au village de Meieingin à une lieue de la ville, fait 6 lieues. Nous eumes que le temps de faire la soupe. Il est venue une ordonnance pour partir du village pour venir à la ville Einglestat que nous on arrivait à neuf heures du soir. Cette ville est belle et grande. Les rues ne sont point droites. Il y a de très belles églises et une cathédrale qu'il y a un très beau reloge au cloché, qu'il marquait sur quatre faces. Les habitants de cette ville ils sont catholiques. Sa est en Bavière. La marche de cette journée, nous fîmes 8.
La rivière Danuble, il passe proche la ville. Nous avons logé chez le Bourgeois. En arrivant nous fîmes séjour.
Pays Bavière
Le 14 parti de Einglestat, même on nous a annoncé la déclaration de guerre que nous avions aves les Autrichiens. Elle était déjà déclarée du 9 avril que les Autrichiens ils se sont permis d'attaque nos avant-postes. Le même jour, nous avons fait trois lieues de contre marche aux environs de la ville; nous sommes venus loger au village Mendorf où il y avait des cuirassiers de logés. Nous fîmes ...
Le 15, parti du village à 2 heures après ... nous avons passé dans de mauvais chemins dans des traverse dans des champs de terre, dans des montagnes, tout pierre à monter et à descendre, nous avons passé dans un fond d'une montagne où il y a un bourg et un beau pont en pierre très long. Il y a une petite chapelle au milieu du pont? Nous avons passé à une petite ville où le 17e régiment, il y étions logé; notre régiment a été logé dans un village plus loin. Même le 65e il étiont logé dedans. Les régiments ils ont été obligés de loger militairement dans le village, une partie de notre bataillon ils se sont mis au bivouacs, par faute de place, nous avons arrivé à une heure après minuit, tout croté de boue, jusqu'au dos. Il y a beaucoup de soldats qu'ils ont perdu leurs souliers dans la boue, dans des chemins impraticables ; nous fîmes aux environs de 8 lieues.
Le 16 avril, parti du village à 5 heures du matin, où nous avons passé une petite ville Ainau qui est sur une hauteur, sur la route de Ratisbonne, même sous six jours par les contre marches que nous avons fait nous y avons passé trois fois, nous on bivouaque à deux lieues demie de Ratisbonne, sur une hauteur, dans un bois de sapin; ça était défendu aux soldats de sortir du bivouac. Les paysans, ils ont fourni la paille" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Napoléon arrive à Donauwerth le 17, et a le temps de préparer le succès de l'une de ses plus belles conceptions stratégiques. A cette date, Davout a pu réunir toutes ses troupes à Ratisbonne; la Division Morand occupe Stadt am Hof, faubourg de Ratisbonne sur la rive gauche du Danube où par sa superbe contenance elle arrête les Autrichiens de Bellegarde et échange avec eux une vive canonnade. Les deux parties dont se compose l'armée française, la première à Ratisbonne, sous Davout, la seconde à Augsbourg, sous Masséna, sont beaucoup trop éloignées l'une de l'autre et pourraient être écrasées successivement par les forces autrichiennes; aussi l'Empereur qui, le 17, vient de prendre en personne le commandement de l'Armée, prescrit il à Davout de faire un mouvement rétrograde et de se porter sur Neustadt sur le plateau d'Abensberg.
"Le 17, i1 fut occuper le Mont de la Trinité près de Rastibonne, situé entre la rive gauche du Danube et la rive droite de la Regen.
L'ennemi, porté sur la rive droite de cette rivière, attaqua nos postes vers les 3 heures du soir après avoir placé deux pièces de canon et un obusier qui tiraient sur un faubourg, en avant de la Regen, occupé par nos troupes.
Au-dessus se trouvait un poste retranché, autour d'une chapelle.
Pendant l'attaque, ce poste fut gardé par le 2e bataillon qui perdit un soldat tué par le boulet.
L'ennemi n'ayant pas réussi à forcer ce point se retira vers la nuit après avoir incendié quelques maisons.
Les troupes qui occupaient les différentes positions reçurent l'ordre de rentrer en ville. Toutes passèrent par file pour donner moins de prise à une pièce de canon que l'ennemi avait placée pour battre un éclairci (sic) qui séparait le faubourg de la ville et par où i1 fallait absolument que la troupe passât.
Deux ou trois soldats y furent blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 17 parti du bivouac à minuit pour marcher sur la route de Ratisbonne, pour joindre l'ennemi, nous on restait six heures sac au dos pour faire deux lieues demie à cause que chaque régiment ils ont pris leur rang de bataille, en marchant nous on montait une hauteur proche la ville. Après les généraux ils firent déployer la colonne pour faire front à l'ennemi. La ville de Ratisbonne, c'est très jolie ville, elle est dans un fond. La rivière du Danube, il passe à la ville; il y a vingt six clochés, et tour il y a une très belle plaine de bonne terre autour de la ville; il y a aussi un beau pont en pierre de taille, bien uni. Cette rivière qui passe, il est très rapide. Les habitants, ils sont une partie de catholiques, l'autre partie ils sont protestants. Le même jour que nous avons arrivé, les Autrichiens, ils ont attaqué les Français. Le premier coup de canon, ils ont tiré à une heure 1/4 après midi, autant de régiment qu"il passion sur le pont l'ennemi tirait le canon, ils nous ont blessé quelques hommes par coup de fusil. A l'entrée de la nuit, notre régiment il est entré en ville, nous avons logé chez les habitants pour une nuit" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 18 avril, tout le Corps d'Armée passe sur la rive doite du Danube; la 1ère Division, en position en avant de Ratisbonne, protège le passage; puis passe à son tour, laissant un de ses Régiment, le 65e, pour défendre la ville, et couvrir les derrières du Corps de Davout. En conséquence, le 30e, qui au début de la guerre, faisait partie de la 1ère Brigade de la Division Morand, passe dans la seconde en remplacement du 65e de Ligne.
Davout, tout en concentrant son Corps d'armée, ne néglige rien pour connaître la position d'un ennemi qu'il s'attend à trouver devant lui pendant sa marche, et qu'il sait nombreux. Il fait donc partir, le 18 au matin, de fortes reconnaissances vers le sud et vers l'est, notamment le 30e Régiment d'infanterie, sur la route d'Abbach, avec mission de prendre position à ce village, afin d'assurer la possession du défilé (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 329).
"Le 18 au matin, l'on revint occuper les mêmes positions que la veille.
L'ennemi n'inquiétait plus le passage.
Le régiment ne resta pas longtemps sans entrer en ville. Il la traversa sans s'y arrêter et se dirigea sur la route de Neustadt en remontant le Danube. Les 2e et 3e bataillons bivouaquèrent à une lieue sur la gauche de la route.
Le 1er Bataillon reçut l'ordre de se porter, en forçant la marche, au village de Post-Saal ; d'en chasser l'ennemi s'il y était, dans le cas contraire, s'y établir et se maintenir jusqu'à extermination.
Tel est le précis de l'ordre (sic) donné par le général de division Morand.
Le bataillon arriva à Post-Saal, qu'il ne trouva point occupé. Avant de dire comment ce poste important fut gardé, i1 est nécessaire de donner un aperçu de la position :
Ce village est situé sur une colline et au point le plus resserré entre le Danube et des mamelons très escarpés. La grand-route de Neustadt le traverse depuis le village d'Abach. La colline est bordée par des monticules plus ou moins élevés mais toujours inaccessibles à des colonnes. Dans cette chaîne de petites montagnes, plusieurs chemins viennent déboucher sur la grand-route et ont différentes directions dans les bois.
Toutes les issues furent occupées par des postes, la compagnie de voltigeurs garda le principal chemin qui conduit au village de Than (?) occupé par l'ennemi. Les débouchés et les hauteurs soigneusement gardés, l'on recommanda une surveillance extrême aux chefs de postes en leur faisant sentir, sans exagération ni crainte, les forces et la proximité de l'ennemi.
La confiance des officiers et des soldats était égale. La bonne opinion qu'ils avaient conçue sur l'assiette de leur poste faisait qu'ils attendaient les événements avec le calme non moins nécessaire dans la défense que dans l'attaque et qui triomphe toujours lorsque l'opiniâtreté le seconde.
Le reste de la troupe fut placé en arrière du village et au pied des mamelons qui longent la grand-route. Un poste de grenadiers commandé par le Capitaine (J. Le Capitaine) fut placé en avant de Post-Saal, observant la grande route de Neustadt et d'Abensberg.
Ce poste était barricadé et à l'abri d'être surpris par la cavalerie.
A la nuit des déserteurs confirmèrent la proximité de l'ennemi en citant les endroits occupés par ses colonnes. Leur rapport acquérait un degré de vérité, par le bruit de musique qui s'entendait du sommet des mamelons.
Vers minuit, le poste de grenadiers fut attaqué par une patrouille de cavalerie.
Croyant que c'était une attaque sérieuse, la troupe prit les armes. Une reconnaissance fut envoyée près du poste, qui acquit la certitude du contraire. Cette patrouille se contenta de tirer quelques coups de carabines sur un poste avancé de quatre grenadiers qui répondait à ce feu. De suite, elle se retira pour ne plus reparaître le reste de la nuit qui se passa tranquillement et sans alerte" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 18 parti de la ville à 3 heures du matin, trois compagnies du 3e bataillon nous ont été en observation au proche dans chapelle, que nous étions retranchés nous y avons resté trois heures, après nous avons changé de position après nous sommes revenus passé sur le pont de Ratisbonne que nous passions une compagnie l'une après l'autre par fille nous on devait bivouaquer à une lieue de là le 17 et le 18 avril avril. Le canon de l'ennemi et la fusillade ne cessa de tirer, nos tirailleurs ont pris à l'ennemi 10 prisonnier. Ke même jour on nous a fait savoir l'arrivée de l'Empereur. On nous a lu sa proclamation qu'il venait pour commander son armée, il nous a assuré la victoire" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 19, Davout remonte le Danube, se portant par Abach et Ober Saal sur Abensberg où il doit opérer sa jonction avec le Corps du Maréchal Lefebvre. Il marche en trois colonnes; celle de droite, comprenant la grosse artillerie et les bagages, ainsi qu'un Bataillon du 30e de Ligne, longe le Danube; celle du centre est formée par les Divisions Gudin et Friant; celle de gauche comprend les Divisions Morand et Saint Hilaire.
En route, Davout rencontre le Prince Charles marchant vers Ratisbonne (Historique abrégé). Les Divisions de guerre Friant et Saint Hilaire sont attaquées à Tengen par le Corps de Hohenzollern; les Divisions en tête déjà rendues à leur destination, ne prennent qu'une faible part à ce combat; la Division Morand y perd quelques hommes seulement. A noter que l'Historique abrégé parle lui pour le combat de Tengen, des Divisions Friant et Gudin et de la cavalerie de Montbrun.
Le soir même, la Division Morand campr à Ober-Feking (?).
"Le 19 avril, au point du jour, la patrouille reparaît encore, mais sans témoigner l'envie de recommencer ses coups de carabine.
Un officier de grenadiers fit une reconnaissance sur le village de Saal, distant d'un quart de lieue de son poste. I1 ne trouva personne, seulement i1 aperçut, en avant du village, quelques éclaireurs qui prirent la fuite son approche.
Le canon se faisait entendre sur la gauche.
La troupe en réserve vient renforcer les postes placés aux débouchés de la grande route sur les plateaux des principaux mamelons. Les postes se rangèrent en bataille. Des voltigeurs furent poussés plus loin pour observer la route de Therse (?) où l'affaire était engagée. Environ vingt Autrichiens égarés de leurs colonnes se jetèrent dans le poste, les voltigeurs les chargèrent et les firent prisonniers.
Vers 4 heures du soir, la 1ère division, un régiment de cavalerie légère, artillerie et bagages passèrent le défilé de Post-Saal.
Le 1er bataillon occupa toujours ses postes pendant le passage des troupes. A la nuit, et quand le canon cessa de se faire entendre, il reçut l'ordre de rejoindre le régiment qu'il trouva bivouaquer à une lieue en avant sur la grande route.
Si quelques détails ont été donnés sur le poste de Post-Saal, c'est par rapport à son importance pour l'armée autrichienne et pour montrer combien était exposée la troupe chargée de le défendre. Ce n'est qu'après coup que l'ennemi s'aperçut de sa faute. "Il est facile de concevoir est-il dit dans un de ses rapports, qu'en s'emparant de cet important défilé, i1 aurait fallu que les colonnes françaises le forçassent pour se porter sur ce point ; y auraient-elles réussi ? Du moins le temps employé à l'attaque aurait retardé la jonction avec les troupes qui donnèrent le 21 à Rohr et Abensberg : dans cette hypothèse, rien n'empêchait aux troupes autrichiennes employées à la défense de ce poste de se retirer sur l'un des deux points indiqués. En aurait-elles encore été coupées ? La route de Post-Saal à Rastibonne était libre ; là elles étaient sûres de rencontrer le Corps d'Armée du Prince Charles et du Maréchal Bellegarde, qui ne pouvait manquer de s'emparer de la ville et du peu de troupes françaises qu'il y avait pour la défendre".
II serait inutile de rien ajouter à cet exposé authentique. Au reste le militaire qui connaît la position peut être même de juger de la vérité" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"Le 10 avril, l'armée de l'Archiduc Charles franchit l'Inn en plusieurs colonnes.
La colonne principale, à Braunau, (environ 58.000 hommes), sous les ordres du généralissime lui-même. D'autres éléments, pouvant s'évaluer à 70.000 hommes environ, amènent au total de 140.000 hommes, compte tenu d'un Corps de 10.000 hommes qui marchera sur Munich et n'interviendra pas dans la bataille.
Grosso modo, les Français seront équivalents en nombre, chacun des trois maréchaux, Davout, Masséna et Lannes, actionnant une cinquantaine de mille hommes.
Le gros de la Grande Armée était toujours en Espagne d'où, sentant croître le danger, Napoléon était revenu à Paris, en mars.
C'est le 12 avril qu'il fut avisé de l'entrée des Autrichiens en Bavière, deux jours avant.
Berthier était déjà sur le Danube, à Donauwörth et Napoléon y arriva le 17.
Faute de renseignements précis, aussi à cause du mauvais état des routes, de la traversée d'un pays difficile, accidenté et couvert, l'Archiduc n'exploita pas l'avantage de la dispersion des Français, dont l'armée dite "d'Allemagne" n'était nullement concentrée autour de Ratisbonne selon les dispositions prévues.
Cette situation saute aux yeux à la vue de la carte, mais naturellement, le service de renseignements autrichien n'avait pu en établir d'aussi éloquente.
L'Archiduc savait seulement qu'on signalait des Français à Ulm et Augsbourg et n'ignorait pas que le Corps de Davout se trouvait déjà dans la région de Rastibonne depuis quelques jours.
Son plan de campagne était même bon, car i1 espérait atteindre le Danube entre Ratisbonne et Donnauwörth, franchir le fleuve entre deux points, isoler ainsi Ratisbonne d'Augsbourg et se joindre aux forces établies au nord du Danube et que commandait Bellegarde (Heinrich Johann (comte de), né à Dresde le 23 août 1756, signataire des préliminaires de paix de Loeben en 1797, feld-maréchal et gouverneur de Galicie en 1806. Il se distingue à Essling et Wagram. Décédé à Vienne le 22 juillet 1845).
Vitesse et décision manquèrent à l'exécution de ce plan et cette lenteur fut fatale au commandant en chef autrichien. Il avait en effet mis 7 jours pour porter ses troupes de l'Inn à l'Isar (dit "Iser" dans les mémoires de Plaige. Une soixantaine de Km en moyenne sépare cette rivière de l'Inn).
Napoléon, au contraire, parviendra pallier son désavantage par des ordres rapides et précis, et à réaliser sa concentration en s'ouvrant partout la route, par le combat" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"EXTRAIT DU RAPPORT DU 3e CORPS SUR LES OPéRATIONS DE LA JOURNéE DU 19 AVRIL.
M. le maréchal Davout ayant reçu l'ordre de partir de Ratisbonne, pour venir à Abensberg se réunir au reste de l'armée d'Allemagne, commandée par l'Empereur, toutes les dispositions furent faites pour assurer cette marche de flanc, que la présence de toute l'armée ennemie rendait très délicate. Le corps marcha sur quatre colonnes. La première, composée de l'avant-garde, aux ordres du général Montbrun, partit d'Egglofsheim, se dirigea sur Luckenpoint et Dinzling. La deuxième, composée des 3e et 2e divisions, partit de Weinting et se dirigea par Hinkofen et Weilohe. La troisième, composée de la 1re et 4e division, se dirigea par Hohengebraching, Peising et Teugen. Enfin, la quatrième, composée des équipages, suivit la grande route de Ratisbonne à Abensberg. Les régiments de cavalerie légère présents au corps d'armée et la 2e division de grosse cavalerie furent répartis à la gauche et à la droite des deuxième et troisième colonnes pour éclairer le pays où elles entraient et les garder vers celui qu'elles venaient de quitter. Un bataillon du 30e régiment d'infanterie gardait le défilé d'Abach" (source : Revue militaire rédigée à l'état-major de l'armée. Archives historiques; 1900/01 (A2,VOL2,N10)-1900/12 (A2,VOL2,N21)).
"LE GENERAL MORAND AU DUC D'AUERSTAEDT.
Au bivouac en avant d'Ober-Feking, le 19 avril 1809, à 11 heures du soir.
Monsieur le Maréchal,
Ma division s'est mise en marche à la pointe du jour pour se porter à Abensberg par la route de Teugen; au moment d'arriver dans ce village, on reconnut les vedettes de l'ennemi à la tête des bois. Ma division reçut l'ordre de V. E. de gagner en toute hâte la tête du défilé d'Unter-Saal, qu'occupait depuis la veille le 1er bataillon du 30e régiment. Vers 1 heure, on entendit une forte canonnade et fusillade sur les points que la division venait de quitter. V. E. me donna l'ordre de garder le défilé d'Ober-Feling ainsi que les routes d'Abensberg et de Neustadt.
Vers 4 heures, j'ai reçu l'ordre de me porter, soutenu par la division Gudin vers Abensberg et de communiquer avec le maréchal Lefebvre, ce qui fut exécuté sans résistance de la part de l'ennemi.
Le général Gudin s'étant porté vers Abensberg, je m'avançai sur la route de Rohr en faisant précéder ma division par la brigade de cavalerie du général Jacquinot et flanquer sa gauche par le 17e régiment qui rencontra l'ennemi à trois quarts de lieue en avant d'Ober-Feking et le força de se former devant lui. Ce mouvement, que la nuit suspendit, a dû servir à dégager les divisions qui se battaient sur Teugen.
Le 17e régiment eut dans cette affaire 13 hommes tués et 29 blessés. Le général Lacour était à la tête de ce régiment.
Signé Comte MORAND" (source : Revue militaire rédigée à l'état-major de l'armée. Archives historiques; 1900/01 (A2,VOL2,N10)-1900/12 (A2,VOL2,N21)).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 19 parti du camp à 6 heures du matin, nous avons fait une marche forcée, car l'ennemi, il s'était rassuré de la victoire, il s'était proposé de bloquer notre corps d'armée. Le maréchal Lefebvre avec son corps d'armée, il les a mis en déroute et le 3e corps d'armée commandé par le maréchal Davout nous étions pour leur couper la retraite sur le bord d'une montagne, qu'il y a une plaine de bonne terre, la rivière du Danube il passe proche de notre cavalerie nos cuirassiers, ils étions en observation, pour attendre l'ennemi et ils ne sont point venus, dans le même interval le général de brigade, il a fait détacher la moitié de la compagnie sur la montagne comme tirailleurs, nous y avons resté en derrière sur la montagne, après nous avons bivouaqué à une demie lieue plus loin, pour cette journée de bataille on fit quelques prisonniers. Le 57e régiment de ligne ils ont perdu beaucoup de soldats. Le colonel il a été pris prisonnier, il y a un commandant qu'il a été tué, après il y est venu du renfort en Français, qui l'ont mise les Autrichiens en déroute. C'était la cavalerie et chasseurs à cheval et les cuirassiers qui les hachaient sur le champ de bataille" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Bataille d'Abensberg
Le 20, l'Archiduc prend position et attend les Corps de son aile gauche qu'il a dirigés vers la ligne de l'Abens. Napoléon va profiter de leur séparation et les faire attaquer avec vigueur par toutes les troupes dont il dispose, en laissant Davout avec Friant et Gudin seulement en présence de l'Archiduc. Au matin, les Division Gudin et Morand et les Cuirassiers de Saint Sulpice, ont été distraits du Corps de Davout, et placés momentanément sous les ordres du Maréchal Lannes; elles vont prendre une part des plus actives à la bataille d'Abensberg, dans laquelle le 30e va se faire remarquer par sa fougue accoutumée à l'attaque du village de Rohr. Morand, en effet, suit la grande route qui mène à Landshut par Rohr. Les Autrichiens sont en position à Rohr, sous le commandement du Général Thierry, avec trois Bataillons et de l'Artillerie.
Extrait du rapport du Général Morand sur la bataille d'Abensberg :
"Le 20 avril 1809, la Division Morand est placée sous les ordres du Maréchal Duc de Montebello; elle suit la route de Rohr. Le 13e Léger attaque l'ennemi, lui fait un grand nombre de prisonniers, prend deux pièces et un drapeau. L'ennemi est chassé de toutes ses positions sans pouvoir se rallier jusqu'au village de Rohr, où il fait quelque résistance. Le 13e Léger et le 17, soutenus par les Cuirassiers, manoeuvrent sur la droite, tandis que le 30e attaque attaque de front et tourne la gauche. Tout le corps ennemi fut pris : général (Thierry), canons, bagages et drapeaux. On arrive sans trouver d'autre résistance jusqu'au village de Pessing, derrière lequel on aperçut une ligne de 15 à 20000 hommes en bataille qui bientôt s'ébranlant par sa gauche cherche à tourner la droite de la division. La première brigade se précipite sur le flanc de cette colonne et la met en pleine déroute. Le général Lhuillier avec sa brigade, 30e et 61e, seconde cette attaque avec autant de sang-froid que d'habileté". Le résultat de cette journée, dite d'Abensberg, est de séparer du Prince Charles son aile gauche et de la rejeter sur Landshut.
"Le 20 avril au matin, les troupes commencèrent le mouvement, laissant la route d'Abensberg à droite. L'on se forma en colonne dans une plaine en arrière d'un bois occupé par l'ennemi. Des compagnies de voltigeurs furent envoyées pour éclairer les colonnes et faire retirer les tirailleurs autrichiens. L'attaque était dirigée par le maréchal Lannes en personne qui fit ordonner la musique de chaque régiment de jouer "Les folies d'Espagne".
L'impulsion donnée, l'ennemi fut mené au pas de course jusqu'au village de Rohr où i1 essaya de se rallier.
Le régiment fut chargé d'enlever ce point. Les dispositions furent si bien prises que la première charge suffit pour l'emporter. Elle se fit sans la moindre hésitation. Les troupes arrivèrent toutes en même temps à l'endroit indiqué. L'ennemi, déconcerté par la promptitude et l'ensemble de cette attaque qui l'assaillit de toutes parts, fut obligé de mettre bas les armes. Cinq cents prisonniers couronnèrent le succès de cette entreprise qui ne coûta au régiment que quinze blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 20, parti du bivouac à dix heures du matin. Nous avons fait une marche forcée, toujours par peloton tout le long de la route, nou on fait beaucoup de prisonniers que l'ennemi battait en retraite. Nos cuirassiers, ils se sont montrés à cette occasion, nous avons marché dans les terres labourées, dans les vois et des épines. C'est à dire la journée du 20 il a été avantageuse pour nous, nous avons fait une grande quantité de prisonniers, nous avons pris plusieurs drapeaux, et nous sommes bivouaqués dans des bois. Nous fîmes huit lieues. Nous primmes trente six pièces de canon et beaucoup d'équipages renversés dans les routes, de toute sorte du biscuit de plus tonneaux, ainsi que l'avoine qu'ils avaient fait provision, ça a servi pour les Français." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Bataille de Landshut
Fig. 19 Ganse de cocarde selon Carl et Boeswilwald, 1809, d'après Bucquoy. |
Fig. 19a Plaque de shako, 1809, d'après Bucquoy (source : Piton) |
Pendant la nuit, les Autrichiens, sous le commandement de Hiller, effectuent leur retraite sur Landshut. Le 21, dès la pointe du jour, Napoléon, laissant pour le relier à Davout une partie des troupes qui ont combattu le 20, se lance avec le reste sur Landshut. Lannes prend la route de Rottembourg. Napoléon, impatient d'atteindre les Autrichiens, marche en tête de la Division Morand, précédée par la cavalerie légère et les Cuirassiers de Saint Sulpice. Arrivé au village d'Altdorf, d'où on domine Landshut, on aperçoit autour de la ville une inextricable confusion. L'Empereur, sans attendre l'arrivée de Masséna qui menace de prendre les Autrichiens à revers, donne l'ordre d'attaquer immédiatement. La cavalerie autrichienne est bousculée par les Cuirassiers; le faubourg de Schigenthal et les deux premiers ponts établis sur les canaux de l'Iser sont enlevés par le 13e Léger et le 17e qu'appuient les autres Régiments de la Division. L'ennemi sort pour arrêter ce mouvement, mais, au milieu d'une grêle de balles, le 17e se précipite sur le pont en flammes, toute la Division le suit. La ville est enlevée. Tous les bagages, 30 pièces de canon et les équipages de pont restent entre nos mains. Les Autrichiens tentent une dernière résistance sur les hauteurs en arrière de Landshut. Le 30e, conduit par le Colonel Joubert, les charge avec sa valeur ordinaire et les oblige à la retraite. Dans cette attaque, la Compagnie de Grenadiers du 1er Bataillon s'étant emparée d'une pièce de canon, le Capitaine Boutray et le Lieutenant d'Hincourt la font tourner contre l'ennemi que nos Grenadiers, improvisés artilleurs, canonnent avec ses propres projectiles. Dans son rapport, le Général Morand cite le Colonel Joubert pour sa brillante conduite dans cette journée qui ne coûte, comme la précédente, au Régiment, que des pertes insignifiantes, tant les attaques ont été vigoureusement menées : onze tués, 29 blessés et deux prisonniers de guerre. Au nombre des blessés, nous relevons les noms du Sergent Roland (Pierre Marie) atteint d'un coup de feu à la jambe droite et d'un autre à la joue, et du Caporal Hardel (Jean), atteint d'un coup de feu à la cuisse gauche. Tous deux devinrent plus tard Officiers au 30e.
Martinien cite le Lieutenant Bonnet, blessé.
"Le 21 avril.
Cette journée fut d'un bon augure pour nous tous (sic).
A peine sortis de la position que nous occupions la nuit précédente, le régiment rencontra l'Empereur près d'un bivouac sur le bord de la grande route. Il se sentit électrisé en défilant devant Sa Majesté et c'est dans ces dispositions qu'il arriva à Landshut.
Cette ville forte est couronnée par des hauteurs qui défendent son approche. Outre cela, l'Isar, rivière très rapide, coule aux pieds de ses murs.
Sa bonne position fut sentie par l'ennemi. Tous les bagages, parc, équipages de pont, tout s'y trouvait réuni. C'est de ce point qu'il voulait diriger ses opérations ultérieures si la bataille d'Abensberg n'avait dérangé ses projets.
La cavalerie ennemie commença déboucher dans la plaine. Des colonnes d'infanterie suivaient ce mouvement.
Des charges vigoureuses firent rentrer dans la place tout ce qui y avait paru.
L'on ne pouvait gagner la ri ve droite de l'Isar qu'en traversant une chaussée très étroite que l'ennemi voulut défendre. L'attaque de ce passage important se fit avec cette ardeur qui n'est connue que des troupes françaises. Artillerie, cavalerie, infanterie, tout fut bouleversé.
La résistance de ceux qui défendaient la chaussée devint inutile. Ils furent sacrifiés par rapport aux bagages que l'on ne put sauver.
Après que ces troupes furent repoussées dans la ville, elles brûlèrent les ponts. Leur approche défendue par la mitraille ne fut point un obstacle; les planches qui les couvraient étaient brûlées mais les poutres enflammées tenaient encore. C'est là-dessus que le régiment se précipita pour gagner la rive droite et entrer en ville.
Ce mouvement fut favorisé de la fortune qui conduit toujours les actions périlleuses.
Cinq hommes seulement tombèrent dans l'Isar et ce furent les seules victimes que coûta ce glorieux passage qui s'exécuta de la même manière sur deux points différents.
Le régiment traversa rapidement la ville, gravit les hauteurs au pas de charge et mena l'ennemi jusque sous le coup de feu de sa seconde ligne qui fit un mouvement en avant afin de favoriser le ralliement des troupes qui venaient d'être chassées de la ville et des hauteurs.
Cette tentative fut encore plus malheureuse.
Les 2e et 3e bataillons, qui se trouvèrent engagés, forcèrent six cents hommes à mettre bas les armes.
Le 1er bataillon fut placé sur les hauteurs par le général Savary, aide de camp de l'Empereur, avec ordre de s'y maintenir contre toute attaque.
Cette journée, remarquable par la rapidité des opérations et par la perte de l'armée ennemie en tous genres, coûta au régiment onze hommes et vingt-neuf blessés.
Une heure avant la nuit, le régiment repassa par la ville où les trois bataillons se trouvèrent réunis. Il fut ensuite bivouaquer à quatre lieues sur la gauche.
A son retour, et pendant plus d'une lieue, i1 fut arrêté dans sa marche par des troupes de la Confédération qui venaient occuper Landshut. Il arriva vers 10 heures à sa position. La fatigue, le peu de ressources que le pays offrait, firent qu'il éprouva des privations" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Tandis que ces évènements se passent à Landshut, Davout, avec les Divisions Friant et Saint Hilaire, dans cette même journée du 21, a une série d'engagements avec les troupes de l'Archiduc Charles qui, battant sans cesse en retraite, est venu s'établir sur les hauteurs avoisinant Eckmühl. Napoléon, craignant que son Lieutenant ne soit écrasé par des forces quintuples, lui a déjà envoyé la Division Demont et les Wurtembergeois; lui même, maître de Landshut, se porte à son secours avec les troupes de Lannes, celles de Masséna doivent suivre mais arriveront trop tard pour prendre part à la bataille.
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 21 parti du bivouac à six heures du matin, pour faire la poursuite des Autrichiens. L'amée a passé devant l'Empereur, qu'il était escorté par la cavalerie bavaroise ainsi le Roi de Bavière était avec lui. Nous avons marché sur la route de Landshulh (sic) qui nous avons arrivé dans la plaine proche de la ville, donc il ci a fait (sic) à l'entrée de la ville un grand carnage que notre cavalerie et chasseurs et cuirassiers qu'ils ont chargé tous ensemble; dans la ville ils ont fait 18 mille hommes prisonniers trente six pièces de canon. Cela dire la journée a été favorable pour nous car l'ennemi il aviont une position qu'il était à leur avantage, sa na (sic) pas empêché que nous les avons mis en déroute, ils ont laissé tout leur équipage renversé dans le chemin. Les Autrichiens, il s'étiont préparés un convoi pour passer le Rhin, pour venir en France. Ils ont été trompés à leur entreprise, ils aviont de gros tonneaux, voilà du vin pour boire à Paris, et c'est les Français qui l'on vu. Les Autrichiens en se retirant ils ont mis feu au pont, il n'a pas eu le temps de brûler. Les habitants ils ont porté le secours pour éteindre le feu, si content qu'ils étaient de voir arriver les Français. Le commandant allié, il fit rester la compagnie à la ville comme sauvegarde, et l'empereur français il a passé à la ville un moment après. Les habitants ils étiont contents de le voir, ils faisaient de grands saluts par les croisées" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Bataille d'Eckmühl
Fig. 20 Grenadier 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) |
Fig. 20a Grenadier 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 63) |
Fig. 20b Grenadiers, 1809, d'après Bucquoy. Type général des Collections Alsaciennes (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Dans la nuit, Napoléon apprend que Davout a eu à lutter à Schierling contre l'Archiduc. Il lui fait dire que le lendemain 22, à midi, il lui ammènera de puissants renforts et, séance tenante, il dirige ses troupes vers Eckmühl, en laissant à Bessières le soin de poursuivre les Corps autrichiens rejetés au delà de Landshut.
Le 22, le 30e a ses 1er, 2e et 3e Bataillons à la Brigade l'Huillier, 1ère Division Morand du 3e Corps (Nafziger 809DAA - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Zanïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
Les deux Divisions Morand et Gudin paraissent à midi en face d'Eckmühl. La Division Morand a du parcourir neuf lieues, après s'être battue trois jours de suite. Mais qu'importe; elle est là, prête à entrer en ligne, en soutien des deux autres Divisions du Corps déjà déployées.
L'arrivée des Divisions Morand et Gudin donne le signal de l'attaque. Tandis que Davout avec Friant et Saint Hilaire s'empare des villages d'Ober Leuchling et d'Unter Leuchling, les Divisions Morand et Gudin appuient le mouvement des Wurtembergeois sur Vintack, passent ensuite la Gross Laber puis, agissant sur les bois de Rosing et Bailsback sur la gauche de l'Archiduc Charles, déterminent sa retraite sur Ratisbonne. La veille, ce point de passage si important est tombé entre les mains des Autrichiens; le 65e de la Division Morand, laissé pour la défense de la place, a été obligé de capituler, littéralement submergé par les flots d'ennemis qui fondent sur lui, des deux rives du Danube; il ne l'a fait qu'après avoir épuisé toutes ses munitions et tué à l'ennemi plus de 800 hommes. Bellegarde et le Prince Charles peuvent se donner la main et sont en mesure de mettre le Danube entre eux et leur redoutable adversaire.
La Division Morand n'est pas très fortement engagée à la bataille d'Eckmühl et ses pertes sont peu sensibles. Quelques uns de ses Bataillons, ceux du 30e entre autres, ont eu l'occasion d'être engagés. Le 30e n'a que quelques tués et blessés; au nombre de ces derniers figure le Lieutenant Bonnet (Pierre) atteint d'un coup de feu à la hanche. Le Sous lieutenant Larcher est tué (Martinien).
A la date du 22 avril, le 4e bataillon du 30e de Ligne fait partie de la Division Demont du 3e Corps de Davout, Brigade Girard (donné également par Nafziger 809DAA - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Zanïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
"Le 22 avril, le régiment se mit en marche de bonne heure et se dirigea sur Eckmühl.
Après avoir marché quelque temps dans cette direction, le canon commença à se faire entendre. Plus le régiment avançait, plus on hâtait sa marche.
A peu de distance d'Eckmühl, i1 rencontra l'Empereur en plein champ, se promenant autour d'une table couverte de papiers.
Un air de satisfaction se faisait remarquer sur sa personne que la troupe interpréta très favorablement.
Le régiment passa sans s'arrêter.
Il arriva bientôt aux premières positions que l'ennemi avait chaudement défendues pour empêcher les approches du village d'Eckmühl, point important placé au milieu de prairies marécageuses, et que les Autrichiens occupaient avec une nombreuse artillerie.
Ce passage devait nécessairement être forcé, l'attaque fut résolue.
L'infanterie marcha par la grande route, pendant que la cavalerie traversait le marais et chargeait sur tout ce qui voulait l'empêcher de déboucher.
Le village fut emporté.
L'ennemi déconcerté par l'audace que l'on mit dans cette attaque, fut contraint d'abandonner vingt bouches à feu; ensuite i1 se jeta dans les bois qui favorisèrent la défense contre les poursuites de la cavalerie.
Les compagnies de grenadiers et voltigeurs du 4e bataillon du régiment se firent remarquer par leur bonne conduite. Le sous-lieutenant Larcher, commandant un peloton de voltigeurs, y fut tué en se précipitant avec quelques braves sur un gros d'ennemis qui entouraient un de leurs drapeaux. Elles perdirent en outre dix-sept hommes tués et cinquante-deux blessés.
Le régiment fit une halte au-delà du village d'Eckmühl et sur la gauche de la route. Peu de temps après, i1 se mit en marche en suivant toujours la grande route et arriva très tard près du village de.... où des troupes étaient déjà en position. I1 éprouva beaucoup d'embarras dans la marche, à cause des parcs des différentes divisions qui s'arrêtaient à chaque pas .
Artillerie, cavalerie, infanterie, tout voulait passer à la fois.
Pour ne point s'égarer pendant la nuit, l'on s'avisa de faire répéter le numéro du régiment. De cette manière, quoique les files fussent souvent coupées, personne ne s'égara vu que les soldats se dirigeaient toujours du côté qu'ils entendaient appeler le numéro" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 22 parti de la villeà 6 heures du matin, nous on rejoint le régiment. La compagnie seule nous on prit des chemins de traverse. Nous fîmes du chemin mal à propos. Le même jour nous on mit l'ennemi en déroute, nous lui ont pris 12 canons prisonniers, il y a eu 20 cuirassiers de tués français et plusieurs blessés, malgré leur défence, nous les avons chassé de leur position. Nous fimes dans la route dix lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Prise de Ratisbonne
Fig. 21 Voltigeur 1809, d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) |
Fig. 21a Voltigeur 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace) |
Fig. 21b Voltigeurs, 1809, d'après Bucquoy. Type général des Collections Alsaciennes à gauche; deux Bataillons différents selon Piton (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Dès le matin du 23, Napoléon jette sur eux les masses de sa cavalerie. L'Archiduc lui oppose les masses non moins considérables de la sienne pour favoriser l'écoulement de l'armée autrichienne à travers Ratisbonne. Néanmoins des Corps entiers y sont encore entassés lorsqu'arrivent les Divisions de Davout et de Lannes, parties dès l'aube. A notre approche, la ville ferme ses portes. Malgré l'existence d'un mur d'enceinte, Napoléon donne, comme à Landshut, l'ordre immédiat de l'attaque. Lannes, avec les deux Divisions Morand et Gudin, doit attaquer à droite, Davout à gauche. On canonne la muraille et le 85e, de la Division Gudin, enlevé par le Maréchal Lannes, qui porte lui même une échelle, s'élance sur les brêches et fraie le chemin au reste des deux Corps d'armée qui trouvent encore 8000 prisonniers à capturer dans Ratisbonne. Le Lieutenant Blanc est blessé (Martinien).
"L'Empereur coucha dans le château dépendant du village de ...
Le 23 avril, l'on se dirigea vers Rastibonne.
Les avant-postes n'étaient pas éloignés et furent toute la nuit en présence ; aussi le lendemain les premiers coups se firent bientôt entendre.
Une vaste plaine occupée par la cavalerie des deux armées fut parcourue dans tous les sens.
Plusieurs charges eurent lieu.
Les colonnes d'infanterie arrivèrent en manoeuvrant sur Ratisbonne. L'ennemi, resserré sous les murs de cette ville, se dispose pour la défendre. Alors les charges de cavalerie encore plus acharnées se renouvelèrent.
L'infanterie, renfermée dans les faubourgs et dans la place, faisait un feu meurtrier sur tout ce qui se présentait hors de l'enceinte. Les carrés par bataillons furent formés pour se mettre en mesure contre les attaques de la cavalerie, sur lesquelles elle ne fit (l'infanterie) aucune entreprise.
Des canons furent placés pour battre en brèche la cavalerie qui, forcée par la mitraille de rentrer en ville, laissa le champ libre à l'artillerie tant pour l'attaque que pour la défense.
Les troupes qui n'étaient point employées à l'attaque furent passées en revue par l'Empereur.
Il fit des promotions et distribua des grâces.
C'est là qu'il créa des barons régimentaires, donna des dotations et une pension de mille francs au plus brave soldat de chaque régiment.
Tous les Corps de la division se ressentirent de sa magnificence.
Le canon n'avait point continué de tirer et avait rendu la brèche praticable à plusieurs endroits. Des échelles y furent placées. La troupe entra dans la ville et, poursuivant l'ennemi à travers la flamme et les décombres, le força dans tous les postes avec le ressentiment d'un vainqueur contre les auteurs d'un incendie qu'une défense trop opiniâtre et sans motif avait causé cette malheureuse ville.
L'ennemi chassé et poursuivi sur la rive gauche du Danube, l'on s'occupa à remédier au désordre qu'entraîne toujours un assaut.
Les pillards furent poursuivis à outrance par des patrouilles de grenadiers ayant les officiers à leur tête. D'autres troupes, sous la conduite des officiers supérieurs, s'occupèrent avec succès du soin d'éteindre l'incendie.
Le dévouement et le zèle que tous les militaires montrèrent dans cette occasion méritent les éloges; ils préservèrent la ville d'un embrasement général.
Pendant que l'armée avait marché sur Abensberg, le 65e régiment fut chargé de garder Ratisbonne.
Forcé par une armée de 40.000 hommes, après une résistance honorable, de souscrire à une capitulation, i1 fut en partie délivré par la reprise de la ville.
Tous les sous-officiers prisonniers sur parole en témoignèrent la plus grande satisfaction" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 23 parti du bivouac à 6 heures du matin, on a pas marché longtemps sans rencontrer l'ennemi, que nous avons marché sur la route de Ratisbonne. Nous on fait un grand carnage. Le feu a commencé à 7 heures du matin jusqu'à dix heures du soir. Les Autrichiens ils ont mal agi dans la ville, ils se sont permis des pillages et le viol, ils ont enduré l'assaut. Ils sont été pris prisonniers. Les Français ils ont entré malgré eux, il s'y est fait des pertes considérables dans cette ville par le feu qui a été mis, par les Français et les Autrichiens ci son (sic) souffert, sa (sic) est la faute des habitants à rapport qu'ils étiont plus portés pour les Autrichiens que pour les Français. Le roi de Bavière il a su cela il a ordonné de mettre le feu à la ville et le pillage qui a duré toute la nuit, le feu aussi. Les Français ils sont porté beaucoup pour la boisson, ils ont cassé des portes de caves de gros magasins de vin, qu'il y avait, il y a beaucoup de soldats qu'ils ont trouvé de l'argent où il n'était pas perdu, il y avait deux jours que les Autrichiens ils étiont entrés dans la ville de Ratisbonne, même ils ont pris un régiment français, prisonnier de guerre. Le 65e régiment, ils étiont 60 mille hommes pour le prendre et l'Empereur français, il l'avait laissé ledit régiment dans la ville pour arrêter les Autrichiens seuelement 24 heures. L'Empereur français, il savait que le 65e régiment il devait être pris, les officiers ni les sous officiers ne furent point pris pour arrenfement que l'on fit ensemble.
La journée du 23 fut bonne pour les Français, nous fimes six bataillons prisonniers autrichiens. Les Français, ils perdirent des hommes à plus près 100 hommes de tués deux cent blessés; nous perdimes beaucoup de chevaux de cavalerie et l'artillerie, à l'entrée de la ville il y avait des morts les uns sur les autres, des gibernes, des armes cassées la pleine rue. Cette affaire fut beaucoup sanglante pour les Autrichiens, il y a des places que nous ne pouvions pas passer sans mettre le pied sur les morts; le sang des hmmes coulait dans la rue" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Ces magnifiques opérations, véritable bataille de cinq jours, ont coûté à l'ennemi 40000 prisonniers, 100 canons, 40 drapeaux et 3000 voitures de bagages, en même temps que sa ligne directe de communication avec la capitale. L'Armée autrichienne est coupée en deux tronçons rejetés sur les deux rives du Danube; sur la rive droite, Hiller et l'Archiduc Louis poursuivis par Masséna et Bessières; sur la rive gauche, l'Archiduc Charles, auquel est opposé Davout et Oudinot.
A ce moment, Napoléon fait un remaniement dans les Corps d'armée de Lannes et de Davout : "il rendit à ce Maréchal les belles Divisions Morand et Gudin qu'il lui avait empruntées momentanément pour l'affaire d'Abensberg et lui ôta la Division St Hilaire destinée, avec les deux Divisions du Général Oudinot, à former le corps du Maréchal Lannes. Les trois Divisions Morand, Friant, Gudin, habituées à servir sous le Maréchal Davout depuis le camp de Boulogne, toujours restées hors de France depuis cette époque, composaient une véritable famille sous les yeux d'un père inflexible mais dévoué à ses enfants et offraient le modèle accompli de l'Infanterie propre à la grande guerre. Elles ne pillaient pas, ne manquaient de rien puisqu'elles ne pillaient pas, n'avaient jamais un homme en arrière, ne reculaient jamais non plus et enfonçaient tout ennemi quel qu'il fut, qui se rencontrait sur leur passage" (Thiers - Histoire du Consulat et de l'Empire).
L'Archiduc se voit dans la nécessité de faire un long circuit par la Bohème pour parvenir à couvrir Vienne et a bien des chances pour ne pas y réussir. En effet, dès le lendemain, 24, Napoléon y marche avec le gros de ses forces par les routes les plus courtes qui lui sont actuellement ouvertes.
Le Corps de Davout est de nouveau ramené à ses trois anciennes Divisions. Les Divisions Saint-Hilaire et Demont sont définitivement laissées à Lannes. Le 4e Bataillon du 30e se trouve, ainsi qu'il a été dit plus haut, dans cette dernière.
Davout a l'ordre de suivre les traces de l'Archiduc Charles puis, lorsqu'il aura acquis la certitude que ce Prince opère sa retraite par la Bohème, repasser le Danube, le redescendre par la rive droie se tenant à quelques jours de marche du Corps de Masséna qu'il doit successivement remplacer dans les différentes étapes à Straubing, Passau, Lintz, etc....
Le 24 avril, le 3e Corps est établi près de Ratisbonne sur la plateau de la Trinité.
Pierre Trépaut raconte : "Le 24, nous avons traversé la ville où nous avons passé dans le faubourg que le feu n'était pas encore éteint dans la ville; nous sommes venus au dessus de la ville à un quart de lieue que la division était rassemblée en masse par pelitons. Nous y avons resté pendant huit heures de temps. Les soldats, ils se sont procurés du vin, qu'ils allaient chercher dans les caves, nous on partit de cette position à 5 heures du soir, nous n'avont point trouvé l'ennemi, bivouaqué dans un bois proche d'un village, même nous avons recontré beaucoup de prisonniers, sur les bords de la route, nous fîmes deux lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 25, la Division Morand est en avant de Regensdorf, le 3e Corps s'avance jusqu'à Niteneau où il livre un combat d'avant garde et ramasse sur son chemin un grand nombre de voitures et de trainards; puis, voyant l'Archiduc s'enfoncer en Bohème, il se rabat sur le Danube.
"Le 24 avril, le régiment passa sur la rive gauche du Danube et fut prendre position à 2 lieues de là au village de Regendorf en remontant la rive droite du Regen.
Le 25, il vint prendre position en avant de Regenstauf, à cheval sur la route de Schwandorf.
Le 26, il entra dans Regentauf, 2 bataillons furent bivouaquer de l'autre côté de la ville et le 3e resta à la tête du pont qu'il était chargé de défendre.
Le 27, il quitta Regentauf et vint se placer en arrière du village d'Irlbach, sur la route de Piltsen.
Il y resta le 28" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté, raconte : "Le 25 parti du bivouac à une heure après-midi pour changer de position nous fîmes halte. Monsieur Fabre, mon capitaine il nous a lu la proclamation de l'Empereur des conquêtes que nous avions fait.
Proclamation de l'Empereur
Ordre du jour
Soldats, vous avez justifié mon attente; vous avez suppléé au nombre par votre bravoure; vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César et les cohues de Xercès.
En peu de jours, nous avons triomphé dans les trois batailles de Tann, d'Abensberg et d'Eckmühl, et dans les combats de Peissing, Landshut et de Ratisbonne cent pièces de canon, quarante drapeaux, cinquante mille prisonniers, trois équipages de pont, tous les parcs de l'ennemi portés sur six cent caissons attelés, trois mille voitures attelées portant les bagages de l'armée, toutes les caisses des régiments, voilà le résultat de la rapidité de vos marches et de votre courage.
L'ennemi enivré par un cabinet parjure paraissant ne plus conserver aucun souvenir de vous, son réveil a été prompt; vous lui avez apparu plus terrible que jamais. Naguère il a traversé l'Inn et envahi le territoire de nos alliés; naguère il se promettait de porter la guerre au sein de notre patrie, aujourd'hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre; déjà mon avant-garde a passé l'Inn avant un mois nous serons à Vienne.
Fait du Quartier général impérial de Ratisbonne le 24 avril 1809.
Signé Napoléon.
Le 26 parti du bivouac pour passer la rivière du Ringue (sic) nous avons entré en ville; il y est venu un ordre pour retourner à notre bivouac, étant proche de la position il y a eu contre ordre pour retourner derrière; nous on bivouaquait proche de la rivière, même les Autrichiens ils ont brûlé le pont. C'était une position qu'il était à leur avantage ils n'ont point fait de résistance ils se sont sauvés dans les montagnes. Les Français ils ont été à leur poursuite, et il y a resté trois régiments en observation pour prendre les Autrichiens qui étions perdus dans les montagnes; on disait qu'il y avait dix mille hommes nous n'avons rien vu. Le 27 parti du bivouac à une heure et demie après-midi nous avons changé de position. Nous on repassait la rivière du Ringue nous sommes venus bivouaqués à une lieue demie de la ville de Ratisbonne, dans un bois de sapins sur le pan d'une montagne. Le 28, nous sommes restés à la même position" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 28, le Prince Charles, pour essayer d'affermir sa retraite avant de s'enfoncer en Bohème, livre à Davout un grand combat à Cham. Mais il y subit des pertes sensibles et retarde d'autant sa marche sur Vienne.
Le 29 avril, le 3e Corps est à Straubing. Le 2 mai, à Passau. Le 5 mai, il entre à Lintz où il reste jusqu'au 10; il met la ville en état de défense et organise une tête de pont.
"Le 29, il part de cette position, repasse à Ratisbonne et va loger à Pfactter.
Le 30, à Plaetting.
Le 1er mai, à Willshoffen
Le 2 mai, à Passau où il passa sur la rive droite de l'Inn. C'est dans cette ville que l'ordre de l'Empereur fut connu, par lequel i1 ne conservait qu'un aigle par régiment. Un sous- officier fut envoyé au 5e bataillon pour escorter celui que l'on fit partir pour la France.
Le 3, à Villebad.
Le 4, à Efferding, marche de nuit. Pour éclairer la route, chaque soldat avait placé une bougie dans le canon de son fusil, ce qui fit une illumination aussi nouvelle qu'agréable.
Le 5 à Lintz, bivouac en avant de cette ville.
Le 6 i1 fut cantonner près de Lintz à Oberhart (?) où i1 resta jusqu'au 8.
Le 8, i1 vint occuper le village de Kümüncher sur la rive gauche de la Traunn. Il y séjourna le 9" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 29, parti du bivouac à six heures du matin, nous avons marché la gauche en tête; nous on prit la route de Ratisbonne, nous avons passé dans le faubourg qu'il avait brulé, il a brulé de gros magasins de grains, la rue était pleine de seigle, de l'orge, de l'avoine, c'est à dire il sy a fait une perte considérable. Et nous avons passé la rivière, le pont a été brulé par les Français de crainte que les Autrichiens ne passent, et nous avons traversé la ville; nous avons passé dans une belle plaine de bonne terre, et dans un beau village qu'il avait été brulé, même le feu il n'était pas encore éteint; toutes les maisons ils sont couvertes en bois ils sont très basses, nous avons logé à un gros bourg qui se nomme Fade, fait 6 lieues. Nous on logeait deux régiments avec l'artillerie.
Le 30 parti à cinq heures du matin nous on fait une forte journée, passé à Estrasbaim (sic) jolie ville remarquable il y a de belles fontaines dans la rue avec de belles piramie (sic); le corps de garde il est au milieu de la place. Le régiment fit halte; l'on donna les vivres pour deux jours, l'on passa dans un très beau pays, il y a il y a très peu de bois, nous on logeait au bourg de Markt. La rivière de la Issre (sic) il passe au bourg; nous fimes 10 lieues.
Le 1er mai 1809, nous sommes logés dans à la ville de; nous étions 100 15 hommes par maison. La rivière Dunamble (sic) il est proche la ville.
Le 2 arrivé à la ville de Passeaux (sic) couché audit endroit et sa est la dernière ville de Bavière ville fortifiée une citadelle sur la hauteur, la ville est grande et plus longue que large. Les Autrichiens ils ont pris la ville, la toupe bavaroise ils n'ont point abandonné le fort. Cet pays est très bon malgré qu'il y a beaucoup de montagnes; sa est un pays peuplé; fait 6 lieues.
Le 3 parti nous avons passé la rivière du Laine, il y a un grand pont en bois. Cette rivière il se joint à Passeaux au Danuble, et nous avons monté la hauteur donc il y avait des paysans qu'ils travaillaient à faire des retranchements, même on n'avait coupé la forêt pour démasquer la forteresse. Et nous avons passé à Chardin en Autriche. Cette ville était toute brûlée que les Français ils mirent le feu, à rapport que les Autrichiens ils firent des résistances. C'était une jolie ville. Le 3e bataillon a logé à un village, nous fimes en route 8.
Le 4 parti du logement à trois heures après-midi nous sommes venus loger à la ville Efretin (sic), nous avons marché une partie de la nuit, nous y avons arrivé à onze heure du soir, même la nuit était beaucoup obscure, nous étions trois régiments chaque soldat il avion une chandelle allumée, sa était beau à voir dans la nuit. Le même jour nous avons vu un grand magasin de farine qu'il était sur la route nous avions pris aux Autrichiens, nous fimes dans la route 6 lieues.
Le 5 parti à 5 heures du matin, nous avons marché sur la route de Lains (sic), que nous y avons passé, même le pont était brûlé et le feu était pris au faubourg; que les Français ils ont mis le matin à rapport que les habitants du faubourg, ils n'ont pas voulu mener les barques du côté des Français, et ils n'ont pas gagné de s'y refuser, et nous sommes venus bivouaquer au dessus de la ville de Lains. Cette ville est belle et grande. Le même jour, nous avons pris beaucoup de prisonniers à la petite ville Ibersberg (sic) sur le pont il y a eu beaucoup de soldats français qu'ils ont péri et beaucoup blessés, la plus forte partie étions blessée au bras. Le même jour, parti du bivouac à 4 heures du soir ou dispersé. Le régiment dans le village. Le même jour, il y a eu le nommé Herot maitre d'armes de voltigeurs, il a été tué dans le bois par un paysan; on donna deux coups de fusils paysant, il ne fut point arrêté, pour sa punition on fit brûler sa maison.
Le 6 et le 7, nous on reste à la même position, nous étions deux compagnies dans une ferme. Nous avions les vivres que le soldat il se procurait à faire la maraude.
Le 8 parti à 3 heures après-midi où le régiment se rassemblait à une lieue de là. Nous avons pris l'emplacement 17e régiment dans le village où les paysans ils aviont abandonné leurs maisons.
Le 9 nous avons passé la revue du colonel et il y avait une ordre de l'Empereur que tout soldat ou cantigner (sic) et ceux qu'ils étions employés auprès d'un officier, il étions obligé de trouver dans le rang, c'est à dire à tout le feu pour combattre l'ennemi. Depuis le 5 mai jusqu'au 8 nous ont fait deux lieues" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Parallèlement, le 3 mai, la Division de Réserve sous le Général Demont et donc le 4e Bataillon du 30e de Ligne, prend part à la bataille de Ebersberg (Nafziger 809EBA - source : R. W. Litschel, "Das Gefecht bei Ebelsberg am 3. Mai 1809").
Fig. 22 Fusilier 1809 d'après Carl (Fichier Carl, planche 50) |
Fig. 22a Fusilier 1807-1808 d'après Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 63) |
Fig. 22b Fusiliers, 1809, d'après Bucquoy. Type général des Collections Alsaciennes (source : documents Piton - Carl - Boeswilwald) |
Napoléon arrive à Vienne le 9 mai. Mais il ne peut s'en faire livrer les passages; la garnison se retire sur l'autre rive en détruisant tous les ponts. De telle sorte qu'il faut en créer d'autres pour atteindre l'Archiduc.
Le 10 mai, la 1ère Division est à Enns.
Pierre Trépaut raconte : "Le 10 mai passé sur le pont où il passe une rivière du Trans (sic) il y avait une grande quantité de soldats français et autricheins dedans la rivière qu'ils ont péri le jour de la bataille ladite ville de Ibresberg (sic) il a été brûlée. Le même jour nous sommes venus loger à la ville Aince ville sur une hauteur il y a de remarquable sur la place un beau clocher et un beau reloge marqué sur quatre faces avec deux fontaines que l'eau coule dans un bassin. Nous fimes 5 lieues.
Le 11 parti de la ville nous avons passé la rivière de Aince sur un pont de barques, l'autre pont il avait été brûlé par les Autrichiens, malgré cela il était rétabli pour passer que les Français ils l'avaient rétabli. Ils n'ont fait deux et nous sommes venus bivouaquer à trois lieues de Aince" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 12, le 3e Corps est à Saint-Polten, à deux jours de marche de Vienne. Il y reste jusqu'au 21, surveillant les mouvements qui peuvent se produire par Krems, sur nos derrirèes, ou prêt à se porter sur Vienne si une grande bataille devait se livre sous les murs de cette ville. La 1ère Division est entre Saint Polten et Molk.
"Le 10, i1 passa la Traunn sur le fameux pont d'Ebersberg, traversa les décombres de cette ville et vint loger à Enns.
Une compagnie de voltigeurs fut occuper le confluent de l'Enns avec ordre de faire amener les barques amarrées sur la rive gauche du Danube. Parmi celles qui furent conduites sur la rive droite, quatre grandes barques chargées de sel étaient du nombre.
Une autre compagnie de voltigeurs fut poussée sur Klsterka (?) pour observer les mouvements de la rive gauche.
Le 11 mai, le régiment, après avoir renvoyé le superflu de ses bagages, se mit en route et vint bivouaquer près de Stremberg.
Le 12, bivouac en avant d'Amstellen où les deux compagnies de voltigeurs rejoignent.
Le 13, le régiment arriva à Moëlk.
Ce poste confié à sa garde fut mis en état de défense remarquable qui le garantissait, non seulement d'un coup de main, mais le rendait capable de résister à des forces supérieures dans une attaque sérieuse.
Une batterie fut établie sur le plateau, à droite de l'abbaye, et une pièce de 4 placées sur une des tours de sa principale entrée; en outre, chaque compagnie connaissait les différents postes qu'elle devait occuper en cas d'alerte.
Ces précautions prises, un camp fut établi sur la hauteur en arrière et à droite de la ville. Des postes d'observation furent placés sur la rive droite du Danube de manière à pouvoir communiquer les uns avec les autres. Des rondes de nuit le tenaient toujours sur le qui-vive" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 12, parti du bivouac à trois heures du matin, nous avons fait une journée forte, nous avons passé à un village qu'il était brûlé, bivouac dans un champ de seigle sur une hauteur où les soldats ils se sont procuré beaucoup de vin. Un très bon payx, nous on fait 9 lieues.
Le 13, parti à 4 heures du matin; nous avons passé sur deux ponts qu'ils ont été brûlés par les Autrichiens. Nous avons passé à la ville de Malthe (sic), les faubourgs de cette ville ont été brûlés. Il y a un beau chateau à côté de la ville; sur une hauteur bivouac à un petit quart de lieue de la ville. Nous fimes 5" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 15 mai, le 30e de ligne a 2082 hommes au sein de la Brigade Lacour, Division Morand, 3e Corps Davout (donné également par Nafziger 809EBE - sources : Gachot, "1809, Napoleon en Allemagne"; Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et Autriche").
Pierre Trépaut raconte : "Le 15 mai, nous avons reçu l'ordre que l'Empereur a fait savoir au soldat l'entrée de l'armée de Vienne en Autriche le 13 mai soldat un moi après que l'ennemi a passé Lains au même jour, à la même heure nous sommes rentrés dans Vienne, ces lanveres (sic) se lèvent en masse, ces remparts, créés par la royal impuissance, des princes de la maison de Laurainne (sic) n'ont point soutenu vos regards. Les princes de cette maison ont abandonné leur capitale, non comme des soldats d'honneur, qui cèdent face aux circonstances et aux revers de la guerre, mais comme des parjures que poursuivent leur propre remord. En fuyant de Vienne leur a dieu a leur habitant ont été le meurtre et l'incendie comme Medes, ils ont de leur propre main égorgé leurs enfants.
Soldat,
Le peuple de Vienne, selon l'expression de la députation de ses faubourgs délaissé veuve sera l'objet de vos égards jean (sic) prendrais les bons habitants sous ma protection spéciale quant aux hommes turbulents et méchants jean fairé (sic) une justice exemplaire.
Soldat
Soyons bons pour les pauvres paysants et pour ce bon peuple qui a tant à notre estime ne conservons aucun orgueil de nos sexes voyons y une preuve de cette justice divine qui punit l'ingrat et le parjure.
Signé Napoléon.
Le 16 mai, on n'a fait un justice sur les hauteurs de Malthes d'un soldat du 111e régiment d'un crile qu'il a fait, ayant tué son camarade pour avoir son argent, il a été puni de mort; il y eut 14 soldats du 30e régiment de ligne désignés pour le fusiller et le régiment il prire les armes.
Le même jour au matin, il y a eu une compagnie de grenadiers et une de voltigeurs qui furent en découverte de l'autre côté du Danuble, pour voir l'ennemi, ils ne furent pas bien loin pour le voir, il on commencé à se donner des coups de fusil les uns les autres, nos gens il n'étiont pas en force; il y eut 57 soldats de pris prisonniers du 17e régiment de ligne, qu'ils n'eurent pas le temps d'entrer dans la barque.
Dans la matinée, nos canonniers ils ont tiré deux coups de canon à l'ennemi.
Le 17 il y a passé au camp de Malthe une 60aine officiers autrichiens prisonniers, une heure après il y a passé 400 soldats aussi prisonniers qu'ils furent pris à Vienne ville capitale d'Autriche, même ils fut un détachement du 30e régiment pour les conduire en France. Le même jour il est arrivé un régiment portugais, il étiont au service de France" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le Maréchal Davout redouble de précautions : il renforce ses avant-postes du 61e de Ligne, que Morand a ordre d'expédier en toute hâte à Mautern. Pajol a, dès lors, à sa disposition trois Régiments d'infanterie (7e Léger, 15e Léger et 61e de Ligne), deux Régiments de cavalerie légère (5e et 7e Hussards), plus une assez grande quantité d'artillerie. La Division Gudin s'établit, dans la journée du 19 mai 1809, à Sieghardskirchen, derrière la droite de Pajol, qui a derrière sa gauche le Général Morand, restant à Mölk avec le 17e et le 30e de Ligne, jusqu'à l'arrivée des Wurtembergeois, que Vandamme amène de Lintz ; enfin la Division Friant est aux environs de Vienne, prête à revenir à Saint-Pölten, si c'est nécessaire (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 361).
Le 19 mai 1809, à 3 heures après midi, le Maréchal Davout écrit, depuis Saint-Poelten, à l’EMpereur : "… Le général Morand est avec le 17e et le 30e à Moelk …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 549, lettre 745).
"Le 19, le 2e bataillon reçut l'ordre de relever les postes du 61e régiment qui, sur la droite de Moëlk, remontaient jusqu'à Ipse.
Le même jour, à onze heures du soir, l'ordre fut donné à ces deux bataillons de ne laisser que de simples postes d'observation commandés sur toute la ligne par un capitaine. Le reste de la troupe rentra au camp. La 2e compagnie du 1er bataillon fut détachée pour garder le confluent de l'Erlach" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 20 mai le 3e bataillon du 30e est parti du camp de Malthe à 4 heures du matin pour être détaché sur le bord du Danuble. Le premier bataillon il on resté à la même position. La compagnie ilétait détaché à la petite ville de Pecalarp sur le bord de la rivière du Danuble, le commandant avec nous, nous avons passé la nuit sans dormir de craite d'être surpris par l'ennemi il on resté tranquille" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 21, Napoléon passe le Danube, en face d'Aspern et d'Essling, avec les Corps de Lannes et de Masséna. Mais l'Archiduc a eu le temps d'arriver et une bataille s'engage que la nuit interrompt : l'Archiduc a l'avantage du nombre et nos ponts, se rompant à plusieurs reprises, interrompent le passage de nos hommes.
Pierre Trépaut raconte : "Le 21 à la pointe du jour le commandant il est parti il a affaibli le poste de la moitié pour tromper l'ennemi.
La nuit du 20 au 21 les Autrichiens ils ont fait des retranchements au bas de la rivière parce qu'il a eu des soldats ils montaient un morceau de bois sur un avant train de voitures; c'était fait à mode d'une pièce de canon. Cela rapport à sa qu'ils ont travaillé pendant les deux nuits" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Une situation de la Collection Nafziger donne le 4e Bataillon à Aspern le 21 mai et à Essling le 22 (Nafziger 809EBI - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Aspern am 21. und 22. May 1809"; Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
Tandis que se livre la bataille d'Aspern, première journée de la bataille d'Essling, le 3e Corps s'appuie dans la direction de l'ile Lobau; la Division Morand est laissée à Vienne, tandis que les Divisions Gudin et Friant continuent leur marche sur Ebersdorf.
"Le 21 mai arriva une flottille montée par 1.200 marins de la Garde. Elle était armée d'une pièce de 6, calibre autrichien.
Cette flottille reçut l'ordre de dégréer et de désarmer. Les agrès furent mis en sûreté dans un des bâtiments de l'abbaye de Moëlk. Les bateaux, ainsi que ceux qui se trouvaient déjà dans le port, furent coulés, cependant de manière à pouvoir être remis à flot" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
- Bataille d'Essling
Le 22 au matin, de puissants renforts entrent en ligne et la lutte recommence avec un nouvel acharnement. Les chances tournent à notre avantage. Le 3e Corps se trouve à midi à l'entrée des ponts. Son intervention va changer la bataille en une victoire décisive, quand tout à coup, les ponts sont emportés sous ses yeux. Les Divisions Gudin et Friant n'ont pas eu le temps de passer. Par prudence, Napoléon se décide à ramener ses troupes en arrière et à se fortifier dans l'île de Lobau, en attendant un moment favorable à la reprise des hostilités. Les troupes engagées dans ces deux journées se sont couvertes de gloire.
Le 30e a pris part avec son 4e Bataillon placé dans la Division Demont, du Corps de Lannes, à la Bataille d'Essling. Comme tous les Corps qui ont pris part à cette sanglante journée, ce Bataillon a été très éprouvé. Le Maréchal Lanne, surnommé le brave des braves, y trouve la mort. Le 4e Bataillon du 30e s'est montré digne de combattre sous son chef héroîque : son commandant, le Chef de Bataillon Mercier (André) est tué; le Sergent major Fournier (Barnabé), depuis Officier au Corps, est blessé d'un éclat d'obus à l'épaule droite. Martinien indique le Chef de Bataillon Mercier, tué; le Capitaine Jacobé et le Sous lieutenant Herbin, blessés.
Le 30e est cantonné à Nusdorf.
"Le 22, la 3e compagnie du 1er bataillon fut envoyée en colonne mobile pour réprimer le brigandage que des traînards commettaient sur les derrières de l'armée en absorbant les subsistances et rendaient l'approvisionnement difficile.
Outre cela, il partait chaque jour du camp des patrouilles de grenadiers et de voltigeurs qui allaient battre le pays dans un rayon de trois et quatre lieues pour arrêter les malfaiteurs. Elles ne rentraient jamais au camp sans en ramener quelques-uns.
Ce même jour, 22 mai, la bataille d'Essling eut lieu. Le 4e bataillon du régiment faisait partie de la division.
Les péripéties de cette furieuse bataille furent conditionnées par une crue soudaine du Danube qui, à deux reprises, détruisit les moyens de passage construits par les pontonniers français et les marins de la Garde.
Le point de passage choisi était plusieurs kilomètres en aval de Vienne, à Ebersdorf. On sait qu'immédiatement en aval de Vienne, le Danube se scinde en plusieurs bras formant un vaste chapelet d'îles, dont la principale est l'île de Lobau.
Cette île est séparée de la rive droite par le bras principal du fleuve, large d'environ 700 mètres et de la rive gauche, à atteindre pour se mesurer aux Autrichiens, par un autre bras large d'au moins 100 mètres.
Lorsque le 21, une vingtaine de mille hommes (sic) eurent passé sur la rive gauche, un des deux ponts établis sur le grand bras fut rompu par la violence du courant.
Toute l'armée autrichienne passa immédiatement à l'attaque contre Lannes dans Essling et Masséna dans Aspern. Soutenus par d'audacieuses charges de cavalerie entre ces deux villages, les Français parvinrent à résister.
Réparé le soir, le pont endommagé put livrer passage au gros des Français, mais une recrudescence de la crue finit cette fois par emporter définitivement le grand pont.
L'offensive française cessant d'être suffisamment alimentée, i1 fallut se replier dans l'île de Lobau à la nuit tombante. Essling avait été pris et repris neuf fois et le maréchal Lannes avait été mortellement frappé.
Quarante jours plus tard, Lobau, transformée depuis les journées d'Essling en un vaste camp retranché, allait servir de base de départ à une nouvelle attaque.
Et ce sera Wagram.
Le 4e bataillon à Essling.
Dans cette journée, sa conduite fut citée par les officiers supérieurs et les généraux sous les ordres desquels i1 se trouva.
La bravoure du commandant Mercier mérite d'être particulièrement connue :
Après avoir fait exécuter plusieurs charges à son bataillon, i1 reçut l'ordre d'attaquer une redoute, se porta en avant, croisa la baïonnette et, au pas de charge, se rendit maître du retranchement. L'ennemi veut le reprendre, des pièces de position arrivent et commencent à mitrailler le bataillon. Le commandant Mercier dispose sa troupe en se défendant comme i1 avait attaqué, reçoit le coup mortel qui lui ravit une récompense méritée par son audacieuse entreprise.
Malgré cette perte le bataillon sut se maintenir à son poste. D'autres troupes arrivèrent à son secours avec de l'artillerie et alors l'on fut à même de résister avec succès.
Cette journée coûta au bataillon la perte de son chef, quarante-deux hommes tués et cent quatre-vingt-seize blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 25 mai, la Division de Réserve aux ordres du Général Demont, présente la situation suivante : 30e de Ligne à klosterneuburg, 4 Officiers et 236 hommes présents; 2 Officiers et 13 hommes détachés; 1 Officier et 68 hommes absents sans solde; 1 soldats prisonnier de guerre. Effectif total 325 hommes (donné également par Nafziger 809ECO - source : Saski, "Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche", Paris, 1902).
"Le 27 mai, le régiment est relevé dans la position de Moëlk et dans les postes sur le Danube par les troupes de Wurtemberg sous les ordres du général Vandamme (Dominique-Joseph (comte d'Unsebourg), né à Cassel le 5 novembre 1770, y décédé le 15 juillet 1830).
Le même jour, il vint coucher à Saint-Polden.
Si pendant le temps que le régiment a occupé Moëlk et la rive droite du Danube, depuis Ips jusqu'à Mantern, i1 ne s'est point présenté d'occasion de combattre, il faut l'attribuer au service actif de tous les postes qui, par ce moyen, se mettaient à l'abri de toute surprise et en imposaient à un ennemi nombreux, au point qu'il n'osa jamais tenter de débarquement, malgré tous les moyens qui se trouvaient en son pouvoir, ni n'osa essayer de "surprise" de sentinelles, encore moins de postes; cette activité fait l'éloge de la troupe et de ceux qui ont commandé.
Le 28 mai, le régiment part de Saint-Polden et va bivouaquer en avant de Sigerkirken" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 27 mai le régiment il se rassemblait pour prendre la route de Vienne. Le même jour arrivé à la ville Saint-Poltainne (sic) ville grande. Les rues ne sont point droites; il y a de remarquable sa la place une belle piramie avec une fontaine au milieu que l'on coule par tuyaux. Moi je fis une forte journée ce jour là étant détaché je suis venu à Malthe pour affaire, étant arrivé le régiment il avait l'ordre de partir et desuite je fus obligé de rétrograder. Je fus forcé à faire la route trois fois ce jour là, je fis onze lieues.
Le 28 arrivé au bourg de à 6 lieues de Vienne, bivouac audit endroit. Les soldats ils se sont procurés beaucoup de vin, fait 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 29 mai, le 30e occupe le village de Russdorf, il s'établit une vive fusillade à travers un des bras du Danube entre lui et un corps de troupe ennemi fort d'environ 1500 hommes, placés dans une ile du Danube en face de Russdorf, à quelques kilomètre en amont de Vienne. Ce Corps cherchait à venir inquiéter l'île Lobau en se glissant dans une île voisine.
Pierre Trépaut raconte : "Le 29 arrivé à Vienne, passé dans le faubourg. La compagnie il a été de garde en arrivant au parc d'artillerie que nous fûmes obligés de nous mettre au bivouac. Le régiment il étiont bien logé au village de Tibilin sur la gauche de Vienne, il aviont du vin en abondance, quelques jours après il on été retranché, les paysans il on porté plainte que le soldat il se leviont pour boire, il se soullion sa et venu qui naviont plus rien. Notre compagnie il aviont de l'eau à boire, excepté qu'il donniont un peu de vin pour la ration, mais très peu. Etant arrivé à Vienne, je appris la bataille qui a été faite le faite de Pentecôte de l'autre côté de Vienne en Autriche; cette affaire il n'a pas été fait à notre avantage, on prétend qu'il n'a pas eu une plus forte bataille depuis la révolution française; il y a eu 40 mille hommes français hors de combat 17 généraux blessés ou tués, dans le nombre il y a eu des prisonniers. Le prince Charles, il a fait croire à son peuple qu'il avait détruit en Français cinquante mille hommes 25 mille prisonniers, sa est faux." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Après la bataille d'Essling, le 3e Corps s'accroit de la petite Division Demont, replacée sous le commandement de Davout; il occupe la rive droite du Danube, de Saint Polten à Presbourg; la 1ère Division est entre Saint Polten et Vienne, la Division Gudin fait le siège de Fresbourg, les deux autres Divisions sont au camp d'Ebersdorf.
Notons par ailleurs qu'une situation de la Collection Nafziger, en date du 31 mai 1809, donne au sein du 10e Corps Westphalien, Division Bergo-française, un détachement du 30e de Ligne (Nafziger 809ECA - source : Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
L'effectif du 30e en juin est le suivant : 1er, 2e et 3e Bataillons (1ère Division Morand) 2570 hommes; 4e Bataillon (4e Division Demont) 436 hommes.
Les six semaines qui suivent les deux journées d'Essling sont activement employées et toutes les dispositions de Napoléon sont prises en vue du succès d'une opération vraiment prodigieuse. Il a résolu de passer le Danube sous les yeux de l'armée autrichienne qui lui est supérieure en nombre, malgré tous les retranchements qu'elle a accumulés sur l'autre rive, et de la battre, comme en champ clos, sur ses positions.
"Le 29 mai, il arriva à Vienne, traversa le faubourg de (?) et fut cantonné au village de Dübling.
Le 30, cinq postes d'observation furent placés sur le Danube, deux pièces d'artillerie arrivèrent pour être attachées au régiment. L'instruction des nouveaux canonniers fut très soignée. Les deux pièces d'artillerie furent fournies de l'arsenal de Vienne avec deux caissons dont chacun était approvisionné de 150 coups à boulet et de 50 à mitraille.
La 3e compagnie du 1er bataillon, qui avait été détachée en colonne mobile, rentra au régiment le même jour" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
"Le 6 juin, le régiment se porta sur les hauteurs de Schönbrunn où l'Empereur passa en revue plusieurs divisions, fit des promotions, accorda des faveurs, ordonna quelques manoeuvres, vit défiler tous les Corps et les renvoya dans leurs cantonnements.
Pendant le séjour que le régiment continua de faire à Döbling, i1 ne se passa rien de nouveau.
La prise d'armes avait lieu tous les matins. L'on profitait de ce moment et d'un beau terrain pour faire des évolutions. A neuf heures la troupe rentrait dans ce logement où jamais elle ne fut troublée par aucune alerte" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 6 juin 1809, le régiment il a pris les armes à une heure après-midi où la division ils se sont rassemblés dans la plaine de Chambron proche de Vienne. Nous avons passé la revue de l'Empereur, nous avons resté très longtemps sur les armes, jusqu'à huit heures du soir, sac au dos. Nous fîmes pour aller et venir 3.
Le 7 je suis été me promener à la ville de Vienne, sa est considérable mais les rues ne sont point droites, il y a de remarquable un beau cheval de bronze devant le Louvre de l'Empereur d'Autriche sur la place qu'il est monté sur un théâtre de pierre de marbre qu'il est entouré du chaine en cuivre. Au dessus du Louvre, il y a quatre beaux cheval (sic) en pierre fine, très bien travaillée, blanc comme la neige, c'est à dire sa est de beaux ouvrages qu'il a dans la ville de Vienne. Les environs de Vienne c'est un très beau pays en toute manière au vin et au grain. La plus forte partie l'on récolte du seigle et orge, très peu de froment, il n'y a point de si beaux villages en France comme il y a aux environs de Vienne.
Le 9 juin le parc il a changé de position. La compagnie il étant de garde nous avons logé au village de Varin, chez le bourgeois proche de Vienne" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés, et d'une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810"; cette dernière donne la composition de la 10e Demi-brigade provisoire : 27e de ligne qui reçoit 40 hommes; 30e id. 40; 33e id. complété à la Division Friant; 61e id. qui reçoit 250 hommes; 111e id.; 40e id. qui reçoit 110 hommes; au total donc, 440 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 18 juin, nous avons passé la revue du général de division, un bataillon par régiment, le 13e, 17e, 30e, 61e régiments. Il fit faire l'exercice et la manoeuvre en colonne d'attaque et par bataillon en carré. Il fit beaucoup de dégat dans les champs a marché dans large. Le même jour on nous a lu une proclamation de victoire que l'armée d'Allemagne fit dans la Hongrie le 15 juin. Nous fimes 4000 mille prisonniers, 6 pièes de canon. Les Français ils ont perdu tant blessés que tués 600 hommes.
Le 20 juin, la campagnie qui étiont de garde au parc il a rentré au régiment. Ils ont formé une compagnie de canonniers par régiment au seux au pas (sic) de la division.
Le 25 juin notre régiment il a pris les armes à neuf heures du matin où la division s'est rassemblée avec une partie du corps d'armée avec une division de grenadiers réunis avec une division de garde impériale; sa était beau à voir. L'Empereur a fait défiler tout devant lui par pelotons la cavalerie la première, l'infanterie après. Les bourgeois de Vienne, ils ont eu le plaisir de voir manoeuvrer les Français malgré que nous faisions beaucoup de dégats dans la plaine, à marcher dans des seigles, dans de l'orge et avoine. Toute la récolte aux environs de Vienne a été abimée, celui qui n'a pas été mangé par la cavalerie, l'autre restant a été abimé sous les pieds. Après cette manoeuvre, chaque régiment a rentré à leur logement et les soldats, ils n'aviont pas beaucoup de quoi manger à leur logement. Car le jour de Saint-Jean nous avons reçu pour ration le quart d'un pain de munition une demie bouteille de vin, du vin du pays.
Le 30 juin il y a eu un grand affaire de l'autre côté de Vienne en Autriche. Les Français ils ont entrepris pour la 2nd fois de passer la rivière du Danuble, malgré que les Autrichiens ils étions beaucoup retranchés, jusqu'à la tête, par plusieurs pièces de canon de gros calibre malgré leur défence les Français ils ont établi un pont pour passer ils ont passé une branche du Danuble, nous on gagnait une ile il y avait nos alliés. La troupes bavaroise ainsi la troupe portugaise, il se sont montrés à cette occasion" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er juillet, le 30e de Ligne est réparti ainsi : une partie (3 Bataillons soit 2053 hommes) sous le Colonel Joubert, au sein de la Brigade Lacour, 1ère Division Morand, 3e Corps Davout; le 4e bataillon (577 hommes), au sein de la Division Puthod, qui a remplacé le Général Demont, 3e Corps (Nafziger 809GCC). Par ailleurs, au sein du 10e Corps Westphalien se trouve un détachement du 30e de Ligne faisant partie d'un Régiment de Marche intégré dans la Brigade du Général Michaud stationnée à Magdeburg (Nafziger 809GCC).
Pierre Trépaut raconte : "Le 1er juillet 1809, mon capitaine a proposé pour la 2nd fois les galons de caporal, je les ai acceptés après l'avoir été huit ans de temps, je suis été perruquier deux ans à la compagnie. Et après avoir quitté l'état, je passais caporal à la 1ère compagnie du 3e bataillon.
Le 2 juillet la division il a pris les armes, le 30e régiment ils n'ont fait partie nous avons arrivé sur le terrain à quatre heures du matin. M. Morant général de division il fit faire la maoeuvre en colonne serrée par division et par peloton et par bataillon, dans la plaine de Vienne, ainsi en bataillon carré il les escolte di (sic) généraux avec ces aides de camp qu'ils chargiont dans les carrés pour accoutumer les soldats de se mettre en défense. Le même jour à 7 heures après-midi la division s'est assemblée à la même position où nous étions le matin, nous on fait faire la même manoeuvre du matin, excepté qu'il y avait de la cavalerie pour charger dans les carrés nous on restait 5 heures sous les armes.
Le 3 juillet nous avons fait la même manoeuvre que le 2 excepté que l'on a fait des attaques de bataille pour accoutumer le soldat de se tenir dans le rang comme si on s'était battu avec l'ennemi. Au moment où nous étions sur le terrain, il y est arrivé un régiment de cavalerie bultenbergt (sic) avec un régiment d'infanterie donc il aviont fait une marche forcée de dix huit lieues de marche. Ils ont resté dans la plaine toute la journée sans avoir de logement. Ceux qui avaient de l'argent ils avaient de quoi manger. Les autres ils s'en passiont. Le même jour l'après-midi, la division ils se sont rassemblés, pour faire la même manoeuvre du matin, étant arrivé sur le terrain, le général il a donné ses ordres de rentrer chacun dans ses logements et il dit de point s'écarter du logement; nous on reste à Vienne un moins et six jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 4 juillet au soir, les divers Corps d'armée viennent se masser dans l'île Lobau; le 3e Corps est concentré dans l'ile vis à vis la maison blanche; le passage s'exécute cette nuit même dans l'ordre le plus parfait, au milieu d'un orage épouvantable. Le 3e Corps passe à la suite du Corps de Masséna et s'établit sur la rive droite; il est formé sur deux lignes : la première ligne se compose des Divisions Gudin et Friant, la seconde des Divisions Puthod et Morand. La droite s'appuie au village de Wiettau, la gauche au Corps de Masséna.
La bataille s'engage le soir même, mais il faut toute la journée du lendemain pour le déroulement complet des phases de ce grand drame auquel concourrent 325000 hommes et 1100 pièces de canons, dont 150000 hommes et 540 pièces pour l'armée française.
L'idée générale de Napoléon est de se contenter, à gauche, de contenir l'ennemi et d'agir avec sa droite en conversant sur son centre de façon à détacher les Autrichiens de Vienne qu'ils occupent encore, pour les rejeter sur les routes de la Moravie ou de la Bohême. C'est pourquoi il accumule ses forces principales sur son centre autour de Raschdorf pour être à même de répondre aux imprévus de la bataille et charge Davout, qu'il renforce des trois Corps de cavalerie Montbrun, Grouchy et Espagne, du soin de diriger, comme il l'a si bien fait à Eylau, le mouvement de sa droite dont dépend à ses yeux le succès de la journée. En outre à ses trois Divisions ordinaires se trouve adjointe la Division Puthod (ex Division Demont).
La gauche ennemie, objectif de Davout, est formée du corps de Bellegarde; elle occupe les superbes hauteurs de Neusiedel dont les abords sont couverts, comme celles de Wagram, auxquelles elles se relient, par le ruisseau profond le Russbach. Bellegarde s'appui à Hohenzollern qui occupe les hauteurs de Wagram.
"Le 4 juillet, il part vers midi de Döbling, traverse Vienne et se dirige sur l'île de Lobau.
La pluie n'avait pas cessé de toute la journée.
La nuit approchait, doublement obscurcie par un horizon orageux qui faisait présumer de la continuation des ondées. Les éclairs et le tonnerre le disputaient par leur éclat au feu et au bruit de plusieurs batteries établies dans l'île et surtout de celles qui étaient en face d'Enzerdorf. C'est à la lueur de ces feux que le régiment arriva à l'entrée des ponts qui tenaient plutôt de l'enchantement que de la réalité en se rapportant au temps et aux circonstances où ils avaient été construits.
Le génie du général Bertrand (Henri-Gatien (comte), né à Châteauroux (Indre) le 28 mars 1773, y décédé le 31 janvier 1844) sut allier la solidité et l'élégance pour en faire un ouvrage digne d'admiration. Des lanternes posées de droite et de gauche sur toute la longueur des ponts les rendaient encore plus imaginaires. Chacun fut surpris de se trouver comme à l'entrée d'une riche capitale où l'illusion le transportait tandis qu'en réalité, il se trouvait au milieu d'une île inhabitée.
L'imagination ainsi agitée, le régiment arriva vers onze heures du soir à sa position. Les ondées, toujours plus forte, empêchèrent de faire du feu. Le terrain sur lequel i1 campa était une pelouse imprégnée par les eaux où il fallut, malgré l'humidité, reposer sans abri.
L'officier, le soldat s'entassaient pêle-mêle dans les endroits qui leur paraissaient les moins inondés.
La nuit se passa de cette manière.
Le lever du soleil fit disparaître les nuages pour éclairer les succès de la journée" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 4 juillet la division a reçu l'ordre pour partir à quatre heures du soir, où tout le corps d'armée s'est rassemblé dans l'ile à trois lieues de Vienne, entre la rivière du Danuble. Nous avons passé une mauvaise journée et une mauvaise nuit. Il a tombé de la pluie toute la nuit, nous on passait la nuit très froidement; ça n'empêchait pas que l'ennemi, il a toujours tiré le canon, ainsi que les Français, qu'il commença à six heures du soir jusqu'aux deux heures après minuit, que l'ennemi il tirait sur nos gens pour leur empêcher d'établir le pont; ça n'a pas empêché que les Français qu'ils n'en sont venus à bout, nos pontonniers ils ont établi trois ponts, un pour passer l'artillerie, l'autre pour la cavalerie et un pour l'infanterie" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Bataille de Wagram.
(inscrite sur le drapeau du Régiment)
Fig. 23 Tambour major d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 64)
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23bis Le même donné par Louis de Beaufort pour Le Briquet (N°4, 1969) | Fig. 23a Tambour major, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 23b Tambour major, 1810, d'après Charmy |
Fig. 23c Tambour major d'après Rigo qui indique comme source Wurtz |
Les 5 et 6 juillet, le 30e de Ligne a 3 Bataillons au sein de la Brigade l'Huillier, 1ère Division Morand, du 3e Corps Davout; son 4e Bataillon se trouve dans la Brigade Girard (sénior) de la 4e Division Puthod du 3e Corps (Nafziger 809GCE - sources : M. Rauschensteiner, "Die Schlacht bei Deutsch-Wagram am 5. und 6. Juli 1809"; Litre, E. F., "Les Régiments d'artillerie à pied de la Garde", Paris, 1895; Buat, E., "Etude Critique d'Histoire Militaire, 1809, de Ratisbonne à Znaïm", Librairie Militaire R. Chapelot et Cie, Paris, 1909).
Le 5 au matin, toute l'armée a achevé son passage. Elle se trouve formée sur trois lignes, sur la gauche des retranchements ennemis qu'elle rend par là même inutiles. Les Autrichiens les abandonnent et se concentrent en arrière sur la ligne de leurs camps qui occupent les hauteurs de Gérarsdorf, Wagram et Neusiedel.
Vers midi, l'armée française se déploie en éventail dans la plaine de Marchfeld pour prendre sa formation de bataille et se porter à l'attaque des fortes positions occupées par l'armée autrichienne. Nous marchons le centre vers Wagram. Comme à Essling, l'armée autrichienne est commandée par l'Archiduc Charles.
Le 3e Corps, formant la droite de l'armée, a pour objectif le village de Neusiedel, les Divisions marchant dans l'ordre de leur numéro. La Division Morand à droite se dirige sur Glinzendorf que l'ennemi évacue à son approche pour se replier sur Marchgraff, Neusiedel et le ruisseau du Russbach où il s'apprête à faire une vigoureuse résistance sur un terrain qu'il connait et qu'il a fortifié.
Le Maréchal laisse une partie de son Infanterie en avant de Glizendorf; puis, avec 40 bouches à feu soutenues par une fore ligne de tirailleurs et toute la Division Friant, il essaie de chasser les Autrichiens de leurs positions. La cavalerie légère de Montbrun manoeuvre du côté d'Obersibenbrünn; la Division Friant, puis la Division Morand passent le Russbach à hauteur de Glinzendorf et s'élancent dans la direction d'Obersibenbrünn, dans le but de tourner par sa gauche la ligne ennemie. Ce mouvement est sur le point de réussir, lorsqu'à la suite du désastre éprouvé par les Saxons sur notre centre, le 3e Corps reçoit l'ordre de suspendre sa marche; les Divisions Morand et Friant repassent le Russbach au moment où la nuit vient mettre fin au combat.
Dans cette première journée, le 3e Corps a eu à lutter contre le Corps du Prince de Rossenberg et l'avant garde de Nortmann; ses pertes s'élèvent à 400 hommes tués ou blessés.
"Le 5 juillet, plusieurs Corps avaient déjà traversé le dernier bras du Danube qui nous séparait de l'ennemi.
Le régiment se trouva entièrement sur la rive gauche à six heures du matin. Il se forma ensuite en colonnes, changea plusieurs fois de direction en parcourant la plaine et vint, sur le midi, faire halte au village de (?).
Le canon n'avait pas discontinué de se faire entendre.
Les troupes qui se trouvaient engagées avaient déjà forcé l'ennemi dans plusieurs positions, à se retirer dans ses retranchements.
Le plus important était la tour de Markt Neusiedel. Elle fut vivement canonnée pendant le jour.
Vers 6 heures du soir, le feu redoubla par l'artillerie des divisions qui prirent leur direction sur ce point. A la même heure, le régiment arriva près de l'attaque, sans y être engagé.
Il reçut l'ordre de s'arrêter.
Alors commença une canonnade terrible. Jamais pareille détonation n'avait été entendue (il s'agit certainement de l'entrée en matière de la première grande batterie commandée par Antoine Drouot).
Le village de Neusiedel fut incendié, excepté la partie qui est sur la hauteur sur laquelle la tour se trouve placée.
Cette position ne put non plus être enlevée.
Les forces et la grande quantité d'artillerie que les Autrichiens y avaient rassemblées nous empêchèrent de nous en emparer par un coup de main.
A l'entrée de la nuit, les troupes qui se trouvaient en vue de Neusiedel firent un mouvement sur la droite où filèrent aussi plusieurs Corps de cavalerie légère.
Le régiment arriva à neuf heures sa position.
Après avoir placé des postes, il fut permis de faire des feux, mais défense de quitter le camp pour aller à la maraude vu la proximité de l'ennemi.
Les fatigues occasionnées par les marches et les manoeuvres de la journée nous firent sentir à ce moment le repos combien précieux. Chacun s'y livra dans l'espoir d'éprouver le lendemain de plus fortes fatigues et d'en être dédommagé par la victoire comme les préludes de la journée nous en avaient déjà convaincus" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Passage du Danuble.
Le 5 juilet, que l'armée se mit en marche le matin pour passer sur le pont. L'ennemi il ne s'attendait pas à ces passages. Il fit très peu de résistance; nous primes à peu près deux cent prisonniers, ils croyaient que nous avions passé vis à vis de leur forteresse. Au contraire, l'Empereur français il leur a fait jouer une feinte, il fit faire plusieurs ponts sur le Danuble à plusieurs places, et y a eu trois pontonniers de tués en faisant le pont. L'armée etant le même jour passée, il y a eu une grande affaire dans la plaine de Wagram entre les deux puissances? Le feu a été très vif, surtout par la canonnade, car il y a eu une grande quantité de soldat de part et d'autre qui ont les jambes et le bras emportés par coup de boulet; que nous avons trouvé après l'affaire il y a eu très peu d'hommes de blessés sur la droite par la fusillade. La division ils n'ont pas fait grand chose excepter nos canonniers ils ont très bien travaillé; toute la récolte il a été mis sous les pieds, la plus forte partie c'était du froment. Heureusement que le grain il était en maturité, sans cela les habitants du pays, ils auraient fait une grande perte malgré qu'ils n'ont fait beaucoup celui qui n'a pas été battu, il a été mangé par la cavalerie, et sur le soir, l'armée autrichienne, ils ont fait beaucoup de résistance dans un village qu'ils ont retranché, même il y a eu un village qu'il a été brûlé" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
D'après les plans de bataille arrêtés dans cette nuit mémorable du 5 au 6 juillet, par les deux chefs des armées opposées, le Prince De Rossenberg doit manoeuvrer pour tourner notre droite, tandis que Davout doit appuyer sur notre centre qui a été très éprouvé dans la journée précédente. Aussi, aux premiers rayons du soleil, les deux Corps se rencontrent ils, exécutant chacun des mouvements en sens inverse. Dès quatre heures du matin en effet, Rosemberg se jette sur les villages situés le long du Russbach en arrière desquels les Divisions de Davout ont passé la nuit. Le combat s'engage immédiatement dans ces villages qui sont pris et repris plusieurs fois. Enfin Davout en reste maître; les Autrichiens sont obligés de rentrer dans leurs positions. En présence de se succès, l'Empereur, revenant à son premier projet, ordonne à Davout de tourner la gauche autrichienne, mais les positions prises la veille par le 3e Corps ont été abandonnées par lui et il faut un certain temps pour le reprendre.
Le 3e Corps se forme alors dans l'ordre suivant : la Division Morand doit attaquer la Division ennemie placée à l'extrême gauche, en arrière de Marchgraff-Neusiedel, débordant le village de 500 toises; la cavalerie de Montbrun et les Dragons de Grouchy ont ordre de manoeuvrer à droite pour éloigner la cavalerie ennemie et protèger l'attaque de la 1ère Division.
La Division Friant, appuyant toujours sa gauche au Russbach, doit marcher entre le village de Marchgraff-Neusiedel et la Division Morand, placée à sa droite.
La Division Gudin doit attaquer le village par la droite. La Division Puthod par la gauche; après s'en être emparées, ces deux Divisions doivent se porter à l'attaque des hauteurs qui couvrent Marchgraff-Neusiedel.
Par ce mouvement combiné de quatre Divisions d'Infanterie, disposées sur deux lignes avec des réserves et protégées par une artillerie nombreuse, flanquées sur la droite par deux Divisions de cavalerie, l'ennemi, attaqué sur un front considérable, doit nécessairement être mis dans l'impossibilité de manoeuvrer pour réunir des forces considérables sur un ou deux points.
Le Prince de Rosenberg, comprenant l'importance de ce mouvement du 3e Corps, a groupé 60 pièces sur les hauteurs qui dominent Marchgraff-Neusiedel. Les quatre Divisions attaquent avec un ensemble parfait et la marche de la Division Morand sur laquelle le feu est particulièrement dirigé, n'en est nullement retardée.. Cette attaque qui honore la Division Morand lui coûte beaucoup de monde, mais elle fait éprouver à l'ennemi des pertes énormes. "Alors s'engage entre Davout et l'aile gauche ennemie une action opiniâtre et difficile qui se soutient avec des chances variées jusqu'au milieu du jour, et dans laquelle le 30e justifie sa belle réputation au milieu des Régiments de cette vaillante Division qui supporte un instant tous les efforts de Rosemberg. L'ennemi a l'avantage du terrain et se sert longtemps avec succès des baraques de son camp pour empêcher notre cavalerie de charger sur le plateau" (Historique abrégé).
Pendant ce temps, la cavalerie autrichienne pousse des charges désespérées; mais les divisions Montbrun et Grouchy peuvent la contenir et lui font subir de grandes pertes, tandis que les trois autres Divisions d'Infanterie emportent le village de Marchgraff-Neusiedel et couronnent les hauteurs.
Les autres points du champ de bataille sont également le théâtre d'émouvantes péripéties. L'Archiduc Charles a conçu le plan de forcer notre aile gauche et de nous couper la retraîte vers nos ponts. On voit en effet une redoutable colonne ennemie, commandée par Klenau, nous débusquer de Wagram, nous enlever Aspern et nous rejeter sur Essling. Mais Masséna, qui commande sur cette partie du champ de bataille, se porte sur Essling avec la Division Carra Saint-Cyr, ramène les Divisions Legrand et Boudet sur Aspern qu'il arrache aux Grenadiers d'Aspre. Il réussit à battre Klenau et à le forcer à la retraite, vaillamment secondé par ses cavaliers à la tête desquels l'intrépide Lasalle trouve la mort.
Sur une autre partie du champ de bataille, des évènements non moins décisifs viennent de se produire. En effet, au centre, nons étions rejetés d'Aderklaa et exposés aux efforts de Lichtenstein et de Bellegarde. Mais Napoléon se porte sur ce point et rétablit le combat, puis enfonce à son tour le centre ennemi en faisant agir contre lui une batterie de 100 pièces, commandée par Drouot, et une colonne puissante commandée par Macdonald - toutes les deux restées célèbres dans nos annales. Apercevant, presque en même temps, notre drapeau flotter sur la tour de Neusiedel, Napoléon s'écrie tout joyeux : "La bataille est gagnée".
L'Archiduc Charles, voyant les progrès que le Corps de Davout fait sur sa gauche, a envoyé le Corps de Hohenzollern pour soutenir le Prince de Rosenberg; mais les efforts combinés de ces deux Corps viennent échouer contre le courage et le sang-froid du 3e Corps, et l'ennemi, enfoncé sur son centre, tournée par sa gauche, se décide enfin à battre en retraite.
"Davout a réussi à porter successivement ses quatre Divisions sur les hauteurs. II tient maintenant, par suite des dispositions du terrain, le Corps de Bellegarde sous ses feux croisés et sous les charges de sa nombreuse cavalerie. Bellegarde appelle à l'aide Hohenzollern. Malgré les renforts qu'envoie ce dernier, il ne peut maintenir sa position et, à 3 heures, notre drapeau flotte sur la tour de Neusiedel. A cette vue, Napoléon s'écrie : "La victoire est à nous", consacrant par ces mots la gloire nouvelle acquise par Davout et ses immortelles Divisions. Pour confirmer ce succès, il lance le Corps Oudinot sur Hohenzollern qui est chassé de Baumersdorf et de Wagram" (Historique abrégé).
Le 6 au soir, la Division Morand campe entre Bakfields (?) et Aversthal (?).
Fig. 24 Musiciens, 1810, figurines Wurtz (exposition Rêve d'enfance - Musée de l'Armée) |
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Fig. 24bis Musicien 1809-1810 d'après Pierre Albert Leroux; document original conservé à la Anne S. K. Brown Military Collection, Brown University Library (avec l'aimable autorisation de Mr Peter Harrington, Conservateur de la Bibliothèque). Merci de respecter la propriété de ce document. | Fig. 24a Musicien 1810 d'après Wurtz ; publié dans Tradition N°123 | Fig. 24b Musicien 1810 d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 65) | 24bis Le même donné par Louis de Beaufort pour Le Briquet (N°4, 1969) |
Fig. 24c Musicien, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 24d Musiciens, 1810, d'après Charmy |
"Le 6 juillet, les Autrichiens attaquèrent nos avant-postes.
La ligne des sentinelles se replia devant de forts pelotons de cavaliers. Toutes les gardes rentrèrent.
Le régiment se forma en colonne et commença son mouvement. Il ne marcha pas longtemps sans se mettre en ligne.
Il rencontra l'ennemi en bataille.
Le régiment se déploya et commença le feu avec son artillerie. Celle de l'ennemi se mit à même de répondre.
L'on canonna de part et d'autre sans succès.
Le 1er bataillon reçut l'ordre de partir pour éclairer la cavalerie légère à l'extrême droite de l'armée.
Un aide de camp du général Montbrun (Pierre-Louis (comte), né à Florensac le 1er mars 1770, décédé à la Moskova le 7 septembre 1812) vint chercher le bataillon et le conduisit dans un bosquet qui, sans être bien fourni, était coupé par de fortes broussailles et quelques gros arbres qui eussent empêché la cavalerie d'agir. Il reçut l'ordre de garder cette position et de ne la quitter que lorsque le général l'ordonnerait.
La compagnie de voltigeurs fut fouiller le village peu distant de la ligne par où les éclaireurs ennemis venaient sur nos derrières. Ils furent chassés du village. L'on en surprit quelques-uns beaucoup plus occupés du pillage que du service.
Le régiment fit mouvement et se porta plus à droite en gagnant une ferme située sur un petit plateau d'où l'on découvrait facilement toute la cavalerie ennemie.
C'est là que l'on s'aperçut de la manoeuvre des Autrichiens pour tourner notre ligne.
Une forte colonne, toute composée de cavalerie, parvint à culbuter deux régiments qui se trouvaient à l'extrême droite. Cette masse les poussa quelque temps et les chargea isolément étant à droite des éclaireurs. Ils se retirèrent derrière le gros des colonnes en faisant assez bonne contenance.
Le bataillon reçut l'ordre de suivre ce mouvement.
Il laissa filer la cavalerie qui venait d'être repoussée, forma promptement le carré et marcha vers le point indiqué. Pendant sa marche, il éprouva des embarras causés par les caissons et les fuyards qui lui firent craindre pour ses rangs, mais il arriva heureusement sans avoir été atteint par la cavalerie ennemie à la hauteur des régiments qui se disposaient d'arrêter cette colonne.
Le général Grouchy vint en personne placer le bataillon.
La charge commença.
Les Autrichiens furent enfoncés.
Cette colonne sabrée et dispersée regagna sa ligne avec beaucoup plus de désordre qu'elle n'en avait causé.
Peu de temps après la charge, arriva un officier d'état-major qui porta l'ordre de rentrer sur-le-champ à la division.
Pendant que le 1er bataillon se trouvait détaché sur la droite, les 2e et 3e reçurent l'ordre de marcher en avant.
Le camp retranché de l'ennemi fut attaqué.
Malgré l'acharnement qu'il mit à le défendre, rien ne put empêcher nos troupes d'enlever ce poste important.
Les obstacles augmentaient l'opiniâtreté.
Le régiment gravit sans balancer sur le plateau et y parvint sans la moindre hésitation. C'est là que le brave lieutenant Lassegue fut atteint d'un coup mortel en franchissant un épaulement et en criant aux grenadiers de le suivre.
Plus loin le sous-lieutenant Mousset trouva la mort au milieu d'un gros d'ennemis sur lesquels il se jeta, le sabre à la main pour les faire rendre.
Les Autrichiens chassés de leur position furent poursuivis.
Les deux bataillons marchèrent en bataille, poussant tout ce qu'ils rencontrèrent devant leur front, mais les débris des troupes qui venaient d'être défaites n'essayèrent pas de se reformer.
La cavalerie vint protéger leur retraite.
Alors le général vint arrêter la division.
Ce fut à cette halte que le 1er bataillon rejoignit le régiment.
Le 1er bataillon fut encore détaché avec l'artillerie du régiment pour éclairer un Corps de cavalerie.
Tous les bois furent soigneusement fouillés, dans lesquels on trouva quelques hommes égarés et des blessés.
Après avoir marché de droite et de gauche, toujours au milieu de la cavalerie, il arriva près d'un village, où le duc de Padoue (Arrighi de Casanova Jean-Tousaint, né à Corte le 8 mars 1778, décédé à Paris le 22 mars 1853) qui commandait la colonne fit faire halte.
La chaleur et les fatigues de la journée avaient tellement altéré la troupe que l'eau qui se trouvait dans les trous, les bourbiers et les ornières, était une chose précieuse pour ceux qui pouvaient en avoir. L'on a même vu boire dans les seaux de l'artillerie l'eau qui avait servi à rincer les pièces.
Les 2e et 3e bataillons vinrent bivouaquer non loin du 1er sur la gauche.
Cette mémorable journée, dont les résultats ont donné et semblent assurer la paix, fut des plus heureuses pour le régiment, car il ne perdit que cinquante-trois hommes et soixante blessés" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le lendemain le 6 juillet la bataille a été plus forte que le 5. Le feu il a commencé sur la gauche à 3 heures du matin même nos gens ils ont battu en retraite sur la gauche à 5 heures du matin, l'ordre est venu sur la droite au 3e corps d'armée, pour prendre les armes, le commandant il fait de suite exécuter l'artillerie en avant, le feu de l'artillerie il commença à s'animer très vif ; la division, il se mit en marchant en colonne d'attaque par bataillon, nous avons marché de suite avec rapidité sur le retranchement où ils étiont beaucoup retranchés, il y avait une tour sur une hauteur avec plusieurs pièces de canon, qu'ils faisiont beaucoup de résistance ils nous envoient de grandes quantités d'obus et boulets que ça tombait dans nos carrés, il nous mit une grande quantité de soldats hors de service. Le 13e régiment et le 17e, ils étions de devant le 30e par bataillon carré toute la division nous faisions la même manoeuvre, excepté qu'il y avait des régiments qui se battaient mieux que les autres à rapport qui avait des régiment qui y avait trop de jeunes gens. La cavalerie autrichienne ils ont entré dans le carré du 17e, mais is ont fait trop peu de choses, ils étaient déjà venus au devant du 30e ils ont reçu leur brassée par un feu de file, et une volée de mitraille ; ils n'eurent pas le courage de venir bien loin. Un instant avant il y est venu un boulet du retranchement de l'ennemi qui tomba sur le portemanteau du commandant allié, il fit renverser la selle du cheval. Le commandant il tomba aussi sa capote elle fut brûlée par le boulet. Le régiment, ils ont cru que le commandant il était blessé dangereusement, mais non, il a rentré le soir, mais comme c'est un brave homme, tout les régiments quand ils l'on vu on lui a crié vive le commandant allié. Il fit beaucoup de remerciements aux soldats. Le même jour, nous avons mis les Autrichiens en déroute, malgré que les habitants de la ville de Vienne, ils ne croyaient pas que nous les avions battus car les messieurs de Vienne ils avaient déjà préparé à manger pour leurs gens ils ne regardaient plus nos blessés que nous avions laissés en partant, ils ont été trompés à leur pensée. Malgré cela, les Autrichiens ils se sont très bien montrés le jour du 6, mais notre artillerie leur envoya de temps en temps quelques boulets, eux ils n'avaient pas envie du nous attendre, nous marchions dans la plaine de champs de blé et de seigle, sa été été en maturité. L'on faisait des pertes considérables même par la chaleur qui faisait. Le soldat il on beaucoup souffert de la soif par faute d'eau, nous buvions de l'eau furnie comme de la boue même après que les voitures aviont passé sur la route le soldat buvait l'eau il était content d'en trouver, un instant après le régiment il on entré dans un village que les Autrichiens il son été chassé dedans par notre cavalerie et nous avons entré après, et nous avon trouvé une grande quantité de vin. Et par la soif que le soldat il aviont il on bu du vin tellement qu'il y en a eu beaucoup qui se sont saoulés même à plusieurs qu'ils ont perdu leur shako. Nous fumes dans notre marche à plus près 6 lieux mais pas en longueur nous fimes cette marche comme un cercle. Le régiment ils ont perdu deux officiers, un eu l'épaule emportée il est mort par sa blessure, c'était monsieur Lasagi, l'autre a resté sur le coup par coup de boulet, il y a eu plusieurs sergents et soldats qui ont eu des jambes et des bras coupés. Le même jour nous sommes bivouaqué au dessus d'un village, même l'eau y était rare, il y a eu beaucoup de soldats qui ne firent pas de soupe et par faute d'eau, notre cavalerie fit une grande quantité de prisonniers ce jour là, sont nos cuirassiers qui se sont montrés à cette occasion" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
La Division Morand a eu à Wagram 209 hommes tués et 1149 blessés. Le 30e est l'un de ses Régiments les plus éprouvés. Au nombre des Officiers cités pour leur brillante conduite à Wagram, nous trouvons le Colonel Joubert qui a été blessé et a eu son cheval tué sous lui. Les Sous lieutenants Lassègue (Jean) et Moussé (Pierre) sont parmis les morts. Le lieutenant Faure (Antoine Vincent) meurt peu de temps après des suites de ses blessures. Parmi les blessés, nous retrouvons les noms suivants : le Colonel Joubert (Joseph Antoine René), atteint d'un coup de feu à la jambe gauche; le Capitaine De Huis (Jean pierre Charles), coup de feu à la cuisse; le Lieutenant Plançon (Claude), contusion à la tête. Le Sous lieutenant Brésillon (André), coup de feu à la cuisse gauche; le Sous lieutenant Solivenne (François) atteint d'un coup de feu; le Sergent Reland (Pierre Marie), depuis Officier au Corps, coup de feu à la jambe droite et à la joue.
Les pertes du 30e le 6 juillet selon Martinien sont les suivantes : le Lieutenant Mousse a été tué; sont mort des suites de leurs blessures le Sous lieutenant Lassègue (mort le 15) et le Lieutenant Faure (mort le jour même); sont blessés le Colonel Joubert, le Chef de Bataillon Aillet, les Capitaines Fleury, De Huis, les Sous lieutenants Brésillon, Plançon, Solirenne.
Jean Pierre Charles de Salles de Hiis Précisions de Mr de Salles : "Dans l'historique commenté et Martinien, de Huis; dans la liste des Officiers du 30e, Dahil. Il est à la Légion d'Honneur sous Dehus, et aussi sous ce nom dans les mémoires de Davout au Siège de Hambourg en 1813. Il s'agit de Charles de Hys, Chef de Bataillon en 1813. A l'époque le nom s'écrivait de Hiis, d'où les confusions avec Hus et Huis. Le père de Charles, Joseph de Hys est avocat et Baron de Hiis, village au sud de Tarbes. C'est un des contribuables les plus riches du nouveau département. Révolutionnaire déclaré, il fait partie du clan Barrère-Fondeville. Il fut maire de Tarbes de 1780 à 1783, puis au conseil de préfecture. Sous la Terreur, la famille est écartée. Il meurt en 1801. L'aine des fils, Marc, s'engage dans une Compagnie franche de la Garde nationale en 1793, dont il sera Lieutenant-colonel, puis fera partie de la Garde d'honneur de Tarbes et sera conseiller général. Le cadet, Charles, entre à l'ESM peu de temps après sa création puis rejoint le 30e à Boulogne, jeune Sous-lieutenant de 19 ans. |
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Ci dessus : portrait de Jean Pierre Charles de Salle de Hiis (postérieur à l'Empire); ci dessous, états de service | |
L'ennemi n'ayant plus un seul corps intact, se met en retraite sur toute la ligne. Le 7 juillet, les Divisions Morand et Friant sont dirigées par Wolkesdorf sur la route de Brünn, à la poursuite des Corps de Rosenberg et d'Hohenzollern qui effectuent leur retraite en Moravie. Ces deux Divisions marchent en arrière et à quelque distance du Corps de Marmont.
Pierre Trépaut raconte : "Le 7 parti du bivouac à 7 heures du matin, nous avonsmarché à la poursuite de l'ennemi. Nous avons trouvé les débris de l'ennemi dans le bois qui était de l'affaire du 6 par notre cavalerie; nos cuirassiers qu'il on travaillé en conséquence ce jour là. Le soldat il on autant souffert de la soif comme le 6 juillet. Il faisait une chaleur il était impossible de résister. Nous sommes bivouaqué dans un champ de seigle le soldat il ce son procuré barrique de vin; l'eau y était rare.
Le 8, parti du bivouac à 5 heures du soir. Bivouaqué proche du village Brisdorf sur la route d'Ostocrau même les Français ils ont fait brûler un village à côté à cause que les habitants ils ont tué deux soldats français, nous fimes en route 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 9, le 3e Corps est à Nicolsbourg dont il s'empare à dix heures du soir; il se dirige ensuite à marche forcée sur Znaïm, où Masséna et Marmont luttent contre trois Corps ennemis qui s'y sont concentrés.
"Le 7 juillet, l'ennemi fut poursuivi.
Le 1er bataillon continua son mouvement, avec une partie de la cavalerie, sous les ordres du général Grouchy. Il n'y eut aucune rencontre. Beaucoup de traînards furent ramassés et conduits sous escorte.
Le 8, les 2e et 3e bataillons furent bivouaquer près du village de (?), non loin de la grande route de Moravie.
Dans la nuit, le 1er bataillon rejoignit le régiment.
Le 9, ces deux bataillons partirent de leur bivouac et se dirigèrent avec un Corps de cavalerie vers Taya. Ils furent bivouaquer prés de Scroube, superbe campagne du Prince de Liechtenstein. Ce même soir, le 1er bataillon fit mouvement et se porta sur la grande route de Vienne à Nicolsbourg" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 9 il a parti deux bataillons de notre régiment à neuf heures et demie du matin à la découverte un régiment de dragons de la reine d'Italie; nous avons passé dans un très bon pays de bonne terre et belle vigne. Nous fûmes dans un village que nous y restâmes deux heures, les habitants ils ont donné du pain et du vin, après nous avons parti pour prendre la route où étions parti le matin. Nous fimes contre marche de suite, nous avons repassé au village, nous avons marché une partie de la nuit; bivouaqué dans un champ d'avoine sur une hauteur un château sur la gauche un gros village dans le fond et il a de belle vigne, même le soir étant arrivé un instant après on n'avait établi le poste de garde il ci est levé un bruit, une épouvante entre le soldat il croyait tout que c'était la cavalerie autrichienne; c'était seulement des chevaux de nos officiers qui se sont détachés qui se mirent à courir à traver des armes et dans les rangs et le soldat qu'il était beaucoup fatigué qu'il étiont à dormir il ce son éveillé en sursaut il a croyet tous pris. Les avant-psotes il on tué un cheval" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En raison des pertes faites à Wagram, un ordre du 10 juillet prescrit d'incorporer les hommes, et de renvoyer au Dépôt en France, les cadres des 4es Bataillons dont celui du 30e.
Le 10 juillet 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis le bivouac en avant de Nikolsburg, au Major général de la Grande Armée, le Prince de Neuchâtel : "… le général Grouchy, ayant fait reconnaitre un passage au-dessus des ponts de la Taya, a fait passer au gué un bataillon du 13e et attaquer l'arrière-garde que l'ennemi avait laissée sur la rive gauche de la rivière ; il y a fait 450 prisonniers, tous du régiment d'infanterie du prince Charles. Il parait, d'après leurs déclarations, que le corps de Rosenberg est en retraite sur trois colonnes sur Brünn, et j'eusse pu espérer en le poursuivant prendre entièrement les restes des régiments du prince Charles et de Stein. Les renseignements que j'ai recueillis me persuadent que l'ennemi ne tiendra pas auprès de Znaym ; cependant j'exécute le mouvement qui m'a été ordonné, toutefois en laissant au général Grouchy, sur sa demande, les deux premiers bataillons du 13e d'infanterie légère et un bataillon du 30e qui était détaché à Eisbrug" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 86, lettre 820).
Pierre Trépaut raconte : "Le 10, parti du bivouac ; nous avons marché sur la route d'Osterlist à huit lieues nous primes position à un gros village où les officiers ils furent bien reçus par les habitants, nous y avons resté aux environs de 4 heures; sa est un très bon pays. Le même jour, nous avons rétrogradé à plus près sur nos pas. Nous avons logé à la ville de Niglesbourg dans les rues devant les hôpitaux nous y avons arrivé à minuit. Ville sur une hauteur, il y avait une grande quantité de malades autrichiens et de Français blessés. Les Autrichiens ils n'eurent pas le temps de les évacuer, il étiont poursuivis de trop près. Le lendemain, nous avons entré dans un couvent on n'a eu que le temps de faire la soupe.
Le 11 parti de Niclesbourg à 4 heures du soir, même je suis été reconnu pour sergent avant que de partir. Je restaits 10 jours caporal à la 1ère compagnie du 3e bataillon. Et nous sommes venus bivouaquer sur le bois de la rivière du Tay, même le pont il avait été brûlé par les Autrichiens. Le bataillon il était obligé de le rétablir avec les dragons de la reine, nous étions tous ensemble" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Dans la nuit du 11 au 12 juillet, l'armistice de Znaïm est signé; il sert de base au traité de paix de Vienne signé quelques jours plus tard. Le 12, le 3e Corps est à Znaïm.
"Le 10, le bataillon vint occuper Nicolsbourg où i1 fut laissé par ordre exprès de M. le maréchal Davout. Dans la nuit, les 2e et 3e bataillons y arrivèrent.
Le 11, le régiment se mit en marche, mais à peine sorti de la ville, le 1er bataillon reçut l'ordre d'y rentrer et de s'y garder militairement.
Les 2e et 3e poussèrent jusque sur les bords de la Taya, se placèrent cheval sur la route de Brünn et rétablirent le pont en pierre que l'ennemi avait coupé.
Le 12, l'on conserva les mêmes positions.
Dès le matin, les bruits d'un armistice se répandirent. De plus en plus ils acquéraient de l'authenticité par les résultats de la bataille de Znaïm.
Le 13, le 1er bataillon quitta Nicolsbourg et vint rejoindre les 2e et 3e La nouvelle de cet armistice fut reçue officiellement" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 12, le 2e bataillon il son venu nous remplacer au bord de la rivière pour finir le pont. Le jour avant que nous sommes arrivés notre cavalerie il on fait 400 prisonniers. Le 3e bataillon étant arrivé à la position. Le soir le colonel il a fait commander 20 hommes de corvée par compagnie, pour faire du feu sur les hauteurs pour tromper l'ennemi; l'on fit dix feux par compagnie il y avait des hommes de garde pour entretenir.
Le 13, le régiment il a eu l'ordre pour entrer en cantonnement en Autriche proche de la Moravie, un très bon pays de vin et froment, en même temps on nous a dit qu'il y avait une cession d'arme pour un mois après que les troupes françaises furent en cantonnement l'Empereur français il fit tenir congré à Chambron proche de Vienne pour y traiter la paix avec l'Autriche. Napoléon il ne voulait point écouter le prince Charles frère de l'Empereur d'Autriche; il le prenait comme maréchal, il n'a plus voulu qui fasse aucun commandement dans l'armée d'Autriche. Et après avoir été blessé par les Français, sa était fâcheux pour lui , car le prince Charles il croyait de prendre toute l'armée française, mais au contraire sa était la sienne qui était en danger d'être prise du côté de la ville Senem en Moravie. L'armée française, il la tenait bloquée, heureusement pour eux qu'il fut envoyé plusieurs parlementaires, pour demander grâce à l'Empereur français, et ne voulait guère les écouter. Cependant il son venu à bout que l'Empereur les a laissés tranquilles un peu de temps" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
- Période de paix de 1809 à 1812
Fig. 25 Tambour maître, 1810, figurine Wurtz (exposition Rêve d'enfance - Musée de l'Armée) |
Fig. 25a Tambour maître, 1810, d'après Charmy |
Fig. 25b Tambour maître, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 64) |
Fig. 25bis Le même d'après L. de Beaufort (Le Briquet N°04 de 1969) |
Fig. 25c Tambour maître, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 25ca Tambour maître, 1810-1812, d'après A. Yéjov (donné dans Gloire et Empire N°30) |
Fig. 25d Tambour maître 1809-1810 d'après Tanconville, les Garnisons d'Alsace. Ce document est également donné dans le Hors Série N°19 de la revue Tradition |
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Fig. 25da Tambour maître 1809-1810 d'après E. R.; dessin basé sur celui de Tanconville (Collection de l'auteur; DR) |
Fig. 25e Tambour maître, 1810, d'après Charmy (2e version) |
Fig. 25f Tambour maître 1809-1810 d'après R. North (source : Tanconville, les Garnisons d'Alsace) |
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Fig. 25g Tambour maître, 1808-1812, d'après K. Tohsche |
Fig. 25h Tambour maître, 2e version, d'après K. Tohsche |
Le 14 juillet, le 30e (et tout le 3e Corps) reçoit l'ordre d'aller cantonner à Brünn où il reste cantonné dans des baraques dans les environs de la ville.
"Le 14, le régiment prit des cantonnements.
L'état-major fut placé à Danovitz, gros village à gauche sur la route de Nicolsbourg à Brünn.
Ce même jour, le 4e bataillon, qui faisait partie de la division des réunis, rentra au régiment" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Mon intention est de supprimer les demi-brigades provisoires suivantes : ... la 10e demi-brigade provisoire ; ainsi les compagnies des 27e, 30e, 33e, 61e, 111e, 40e qui en font partie se rendront sans délai à Vienne" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21511).
"Le 17 juillet, une section par compagnie fut désignée pour aider au tracé du camp qui fut établi sur la rive droite de la Taya, la droite à la grande route de Brünn et la gauche appuyée sur le village de Guldenfurth dont le camp prit le nom.
Les bois éloignés de cet endroit donnèrent beaucoup de peine pour établir le baraquement, le soldat étant obligé de transporter les matériaux sur son dos. Malgré cette pénurie, le camp fut logeable le 23, jour où le régiment vint s'y établir" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 17 juillet l'ordre est venu au régiment pour partir du cantonnement à 2 heures du matin, il a parti la moitié de la compagnie pour construire un camp de la même manière que celui de Tihilsct en Prusse où toute la division il ce son assemblé pour en faire autant; étant arrivé sur le terrain, chaque compagnie son été obligée de se procurer du bois pour construire les baraques. On a été en forêt la plus voisine pour couper le bois nécessaire. Le soldat il on eu beaucoup de peine pour transporter le bois on peut dire que le camp de la première division il est placé en un beau emplacement un très bon pays de vigne et de grain.
Le 23 juillet l'autre restant du régiment il on entré au camp ainsi que la division. Le 27 je montais la garde au quartier général pour 4 jours au village de Morflet il a un château sur une hauteur, sa est un très bon à une lieue du camp.
Du camp de
Proche de Neglesbourg.
Après que le camp a été fini les habitants ils sont été obligés de fournir de quoi vivre à la troupe son été forté de faire des contributions en vin et en viance un habitant qu'il avait deux vaches on lui en prenait une, c'est à dire il fallait qu'il fournisse tout" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
A partir du mois d'août 1809, le 30e est au camp de Guldenfurth; il a trois Bataillon au camp, les cadres du 4e sont en route pour rentrer en France. Son effectif est de 2967 hommes; le Dépôt est à Mayence.
Pierre Trépaut raconte : "Le 8 août le régiment a reçu l'ordre au soir pour partir le 9 à six heures du matin. Il y a parti trois régiments; il y a resté le 13e régiment légère pour y faire le service du camp et il y a resté 6 hommes par compagnie des autres régiments, y compris un sergent, sa faisait 7 hommes qu'il faisait le service en attendant que le régiment arrive.
Le même jour, la division a logé dans des villages; la compagnie a logé au village de Chavistz un très bon pays, vin et grain la plus grande partie du froment. Fait 3.
Le 10 parti à 4 heures du matin. Le régiment il s'est réuni on a logé au même village à Luschiz nous avons passé dans une belle plaine de bonne terre de beau froment maïs, beaucoup de vogne. La troupe n'a pas été si bien logée comme le jour avant, ni les officiers. Le vin n'était pas abondance. Les habitants il parle bohémien il on leur costume mal propre à plus près comme la Pologne.
Le 11 le régiment a parti à 4 heures du matin où nous sommes transporté à une lieue plus loin où tous les trois régiments ils se sont réunis à la même position, étant arrivés sur le même terrain. Le général de division, il a indiqué l'ouvrage à chaque régiment, c'est à dire on nous a donné l'ordre de démolir des forts de retranchement faits en terre grasse très bien travaillée que le prince Charles il avait fait construire son intention était d'attendre l'armée française de pied ferme, mais il a été trompé à son entreprise, après avoir fait construire 18 forts, il y on mis six semaines pour les faire, il avait dix mille hommes par jour pour travailler il payait à raison d'un florin par homme par jour; on ne sait pas la dépense qu'il a pu faire, il y avait des fois qu'ils étions plus forts les uns que les autres il y en avait qu'il étiont construit en fascines pour retenir la terre à rapport il y avait déplacé que c'était que du sable, des autres construits de grands fossés de douze pieds de large, autant de profond, avec de gros piquets pointus de la grosseur d'un pied au carré planté au fond du fossé près des uns des autres, il n'était pas possible y approcher ; aux autres il y avait de grands fossés de la même largeur et autour des fossés, il y avait des épines noires de trois pieds de haut et dix de large et avec plusieurs pieux de canon dedans, sa leur a pas servi de grand chose n'ont pas eu l'honneur de dire d'avoir tué un Français autour les forts, à rapport qu'ils n'ont eu le temps de s'y transporter pour nous attendre les Français il ont coupé au plus court. Tout ce fort, il son été démolis dans un jour, chaque régiment il n'on defait six la troupe a été bien nourrie pour lui donner la force. Le vin il a été ditribué trois dans la journée, et comme il faisait beaucoup chaud il y a eu qui se sont pris de boisson et au moment que le soldat travaillait il est venu le maréchal Davout avec son escorte se promener autour de ces ouvrages et de suite il a ordonné de brûler tout le bois pouvait exister autour des forts et il n'y avait beaucoup le soldat il a son mis après les fascines le mettre les uns sur les autres il y avait le tas qu'il avait plus de vingt de haut. Après on mis le faut, et après les ouvrages fini le soir, chaque régiment a revenu où il était parti le matin au même logement.
Le 12 le régiment a parti à 7 heures du matin nous on prit la route du camp et après avoir fait 5 lieues le régiment il a occupé le même village que nous avions logé le 9 excepté ça n'était pas le même compagnie qui on logé.
Le 13 le régiment il a arrivé au camp.
Le 15 août la division il on pris les armes. M. Morant général de division il était à la tête on a célébré la fête du jour de la naissance de Napoléon le grand Empereur des Français et roi d'Italie ; on s'est assemblé à un lieu où le soldat il on élevé un monument à la droite de la division sur une hauteur, travaillée en gazon avec une piramié au milieu batie en briques avec un croix de fer au bout doré qui représente le saint-sacrement avec une pierre de marbre dans lequel est marqué en lettres dorées, à l'honneur de Napoléon le grand victorieux à toute les batailles avec le nom de la 1ère division du troisième corps d'armée qui on assisté à la bataille de Wagram. Le prêtre de la paroisse il est venu dire la messe on a chanté le Tedeon à l'honneur de Napoléon et après la masse du matin, plusieurs coups de canon. Et chaque soldat il eut double ration de vin avec cinquante sols par homme de gratification. Les habitants du pays qui sont venus à une lieue pour assister à la messe avec grand dévotion à 4 heures du soir le général de division il a revenu au camp, il a fait faire le jeu de la course, il a fait choisi un coureur par compagnie dans toute la division il y avait du plaisir de voir cela, il y a eu un soldat du 17e régiment qu'il a emporté le prix, un voltigeur, un homme très petit.
Le 16 août le général de division il est venu au camp, il fait sorti toute la toute la divisionsans arme en habit, il avait fait faire choisir un tireur à la cible par compagnie dans toute la division après il a mené tout le monde derrière le camp dans une plaine et il a fait tiré à la cible. Ceux qui avaient fait choisir le 30e régiment a emporté le prix de la cible après chacun a rentré dans ses baraques.
Le 25 août, je suis entré à l'ambulance du régiment pour la fièvre au village de Bardorf proche de Neglesbourg" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 9 août, le régiment reçut l'ordre de faire mouvement, ainsi i1 laissa dans le camp un officier, un sous-officier par compagnie et un homme par baraque pour la garder. Il vint le même jour loger à Paulwitz et trois villages environnants.
Le 10 à Luschitz (?).
Le 11, le régiment se mit en marche à très bonne heure et vint à Goding où i1 reçut l'ordre d'aller démolir les redoutes que les Autrichiens avaient établies sur les bords de la Morawa.
L'on avait accordé deux jours pour terminer cette opération, mais l'ardeur de chacun était si forte que huit heures de travail suffirent pour enlever les palissades, combler les fossés des retranchements et aplanir le terrain, de manière à faire douter si jamais ouvrage militaire y avait existé. Ce zèle et cette tâche si promptement remplie valurent au régiment des félicitations de la part de M. le maréchal Davout qui s'était transporté sur les lieux.
Le même jour, le régiment revint coucher à Luschitz.
Le 12, à Paulovitz et le 13, au camp.
Le 14, l'on se prépara pour célébrer la fête de Sa Majesté qui eut lieu le 15 à la droite du camp.
M. le général de division Comte Morand avait fait élever un monument en briques et gazon, d'une forme aussi simple qu'élégante.
Le matin l'artillerie annonça ce grand jour.
La division prit les armes, en grande tenue, et vint se ranger autour du monument où l'on chanta le Te Deum qui fut terminé par les cris "Vive l'Empereur ! " et par une salve de toutes les pièces. Ensuite la troupe rentra au camp où i1 y eut une grande parade.
Différents jeux furent exécutés pendant la journée auxquels présidèrent MM. les généraux et colonels. La joie la plus franche se faisait remarquer.
Ces traits sont toujours plus sensibles parmi les militaires, vu que les sentiments et l'honneur, de l'amour et de la reconnaissance sont les seuls qui les animent lorsqu'il s'agit de fêter celui qui fait l'objet de leur gloire" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 1er septembre, le Régiment comprend 71 Officiers et 2365 hommes répartis en trois Bataillons, et cantonnés aux environs de Brünn (Rigo). Il fait partie du 3e Corps de l'Armée d'Allemagne (Davout), Division Morand, Brigade Lhuillier (le Général Lacour, grièvement blessé à Wagram, est mort le 28 juillet). En septembre, il est encore au camp de Guldenfurth; les 4e et 5e Bataillons sont réunis à Mayence. "C'est le pays des oies sauvages" écrit depuis Nicolsborg le 9 septembre 1809 le flamand Jean Baptiste de Witte, soldat au Régiment (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois septembre 1809.
Le 5 étant à l'ambulance pour la fièvre l'ordre est venu au soir pour partir pour me rendre au régiment, pour me transporter à Mayence qautre sergents et trois caporaux, un sergent major deux officiers pour passer au 5e bataillon.
Le 6 parti du camp de Guldenfurlth en Moravie le même jour arrivé à Nicolsbourgt, nous fîmes deux lieues.
Le 7 parti au village de Olferst. Couché au village de Gauneneridor, bon pays de vigne et de grain, fait 9.
le 8 arrivé au village Volgerdorf couché audit endroit même le village il a été beaucoup ravagé le jour de la bataille du 6 juillet, il était presque tout brûlé, il s'y est fait une perte considérable. Nous avons trouvé les débris dans la plaine de Vagram, il y avait des hommes morts qu'ils n'étiont pas encore enterrés. Nus fimes en route 3.
Le 9 arrivé à Vienne, ville capitale d'Autriche. NOus avons traversé la ville. Nous avons couché au faubourg de Materlingrand du côté du château de Chonbron un château de toute beauté.
Le 10 je suis été me promener audit château même l'Empereur français il faisait sa résidence. Et il y a de plus beaux parcs que l'on puisse voir. Il y a de belles allées qui sont formées par un gros bois de fayard très bien taillé d'une hauteur de plus de 50 pieds de haut. Il y a de très beaux cabinets faits en feuillage avec de beaux bassins d'eau à distance dans les parcs donc il y a de beaux poissons de toutes couleurs, il y a de beaux grillages de fer qu'il a du renfermer de beaucoup de sortes d'animaux sauvages, premièrement des éléphants males et femelles, des ours renfermé d'un grillage il y en a 4; aussi des beoufs sauvages sans poils, ils ont les cornes plates couchées sur le cou; il y a aussi des moutons sauvages sans laine, ils ont du poil comme une chèvre, c'est à dire; il y a des aigles, des chevaux sauvages, ils sont fait comme les autres, excepté qu'ils sont plus petits, très bien faits; des chameaux, des cerfs et des autres bêtes, ils ont la tête comme un cerf excepté ils n'ont pas de cornes, ils sont les pattes de devant un pied de long et derrière ils ont six pieds de long, sa se porte sur sa queue. Je ne suis pas dans le cas de dire les sortes d'animaux qu'il y a. L'Empereur français il faisait sa résidence dans les châteaux de l'Empereur d'Autriche, à l'entrée de Vienne auparavant que de passe le Danuble, il y avait de beaux camps faits en planches couverts en paille. L'on faisait de grands ouvrages de fortification de l'autre côté de Vienne, car l'intention de l'Empereur français, il ne voulait plus que l'Empereur d'Autriche, il ne mette plus le pas à sa capitale. Malgré cela l'Empereur Français il a été humain quelque temps après, il lui a rendu sa capitale, à condition que lui payerait de suite les contributions, et que l'Empereur français, ils voulait que ce fort, il fusse démoli. Tous les remparts de Vienne, ils ont été démolis, rasés et l'armée il fut cantonnée dans son pays. Nous on fait séjour à Vienne, fait 6.
Le 11, parti à une heure après-midi de Vienne, il y a fait mauvais temps, nous on couchait au village de Sechanigue, fait 6" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 12 septembre, le camp fut levé, sa position marécageuse avait donné des fièvres très opiniâtres, dont beaucoup de soldats furent atteints.
Ce même jour, l'état-major du régiment fut occuper Auspitz.
Le 14, l'on reçut l'ordre de se porter sur Austerlitz où tout le Corps d'armée se trouvait réuni.
Le 17, l'Empereur le passa en revue sur ce mémorable champ de bataille de 1805, où il détruisit l'armée autrichienne et russe.
Des promotions à différents grades eurent lieu lors de cette revue. Lorsqu'elle fut terminée, l'Empereur ordonna des manoeuvres auxquelles toutes les armes prirent part, ensuite chaque régiment défila devant sa Majesté et fut renvoyé dans ses cantonnements.
Le 18, le régiment fut coucher à (?).
Le 19, l'on assigna de nouveaux cantonnements et le régiment fut réparti le long de la grande route de Brünn à Iglau, l'état-major fut s'établir à Rossitz.
Un ordre de M. le maréchal enjoignait à chaque colonel d'assigner à son régiment un point de réunion. Trois coups de canon devaient être le signal convenu pour s'y rendre. Celui du régiment fut pris à l'embranchement des routes d'lglau. De là, i1 serait dirigé vers Brünn où i1 aurait reçu une destination ultérieure. Jamais cette alerte n'eut lieu" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 12, passé à Saint-Polten, couché à une lieue plus loin au village sur la droite afin nous fimes en route 10.
Le 13, passé à Molkh couché à trois lieues plus loin au village de Colben, un beau pays il y a une grande quantité de bois quelque peu de vigne et beaucoup d'arbres fruités, l'on fait du cidre, nous fimes en route 8 lieues.
Le 14, arrivé à Amstetten, beau pays, il n'y a point de vigne. Les habitants ils ont beaucoup souffert au passage de l'armée. Fait 7.
Le 15, passé à Ains Autriche, ville sur une hauteur. Les Français ils ont fait beaucoup de retranchements du côté d'Autriche proche de la rivière qui se nomme Ains. Le pont il était rétabli; il avait été brûlé au passage des Français; nous avons couché à ladite ville; la première fois je couchais à la maison 101. La deuxième fois à un auberge n°105. Le costume du pays les femmes ils portent des chapeaux comme les hommes. Nous fimes en route 8 lieues.
Le 16, passé à Ibresbergt, ville brûlée au passage des Français; il y a péri 15 cent hommes, tant Français que Autrichiens, qui ont été jetés dans l'eau et ils furent noyés, une partie ils sont été brûlés. Il y a un pont qu'il est d'une très grande longueur. C'est la rivière du Trant, il est très rapide. Les Français ils faisaient faire des fortifications et ils faisaient faire une nouvelle route. Le même jour, nous avons arrivé à la ville Lains même il y a une jolie palaceavait une piramie en marbre, au bout de la piramie, il y a un beau soleil et une boule dorée avec deux estatues à côté tout d'une couleur dorée, très beau, avec plusieurs clochés et il y a de beaux palais. Le Danuble, il passe à côté de la ville. Il y a un beau faubourg de l'autre côté de la rivière, il a été brûlé. Nous on couchait au faubourg de sur la hauteur n°150. Nous fimes 5.
Le 18 passé à la ville Paysbak petite ville, il est dans un fond, les environs du pays il y a beaucoup de cotte de sapins et de bonne terres sur le bord de la grande route et de beaux villages. Le pays a été ravagé par l'armée, nous on fait 9. Couché au village Villevalle.
19 passé à Chartin, ville brûlée par les Autrichiens au passage des Français, elle commençait à se rétablir plus belle qu'elle était. Il y a de remarquable une fontaine sur la place, que l'eau coule par quatre tuyaux avec une estatue au dessus qui tient une barre de fer à la main. La campagne est assez belle, il y a de bonnes terres il beaucoup de bois de sapin, il n'y a pointde vigne. Les maisons de campagne ils sont baties en bois couvert de même quelques unes couvertes en paille. Le même jour nous avons arrivé à Passeaux pays de Bavière auparavant d'entrer en ville nous avons vu de grands ouvrages sur la hauteur, des fortifications que l'Empereur français il a fait construire du côté d'Autriche sur la droite et sur la gauche, le fort qui est sur la route le plus proche de la ville, il est marqué sur un potto (sic) le fort de Napoléon sa est un fort imprenable. Les habitants ils venaient à dix lieues à la ronde pour travailler. Ils étiont bien payés. Après nous avons entré en ville, même le feu a pris par accident. Il y avait aux environs un mois et demie; il ci et brûlé la moitié de la ville. Celle du côté d'Autriche. Nous avons passé la rivière de Lains et rivière Tilhs qui tombe à la rive du Danuble, trois rivières qui se joignent ensemble. A Passeaux, nous on logé de l'autre côté du Danuble. Je été logé à la maison du prince de Bavière sa était une grosse brasserie où il fournit de la bière à la ville aux oberjistes (sic), nous on fait séjour, 8.
Le 21 parti de Passeaux, nous on passait dans un chemin impraticable pour venir loger à Criesbac, il y a de bonnes terres et beaucoup de côtes et de bois de sapins. Les maisons de camppaigne il son batty en bois couvert de même. Le costume des habitants, il on tous des culottes en peau, le femmes il on le jupe à la hauteur du genou, avec des chapeaux. Dans la ville il on un autre costume à plus près comme en France, nous on fait 6.
Le 22 passé à la petite ville de Pharkirch le même jour passé à Eckenfeld petite ville. Tout bon pays de bonne terre. L'on fait de bonnes bières il n'y a point de vigne. Nous on logeait à la ville de Gangkoven, gros bourg. Les maison tout bati en bois, dans ces endroits, les femmes il on pour coiffure des bonnets faits en poil d'ours, d'autre manière il on assez un beau costume. Tout ceux qui n'on pas coutume de voir cette mode on trouve cela tout singulier, mais on peut dire le pays est bon pour le grain. Nous on fait 13.
Le 23, parti de Gangkoven, nous avons arrivé à Filepibourg petite ville, il y a un pont en bois pour aller à la ville c'est la rivière Fils, il y a beaucoup de tanneurs au bord de cette rivière de moulins à farine. Je logeais chez un tanneur n°135 fait 4.
Le 24, arrivé à la ville de Landshuhville dans un fond en Bavière nous on fait séjour, il passe la rivière de Issre très rapide il passe en deux endroits à la ville, cette ville il y a une très belle cathédrale de toute beauté. Le cloché très haut avec un beau reloge marqué sur quatre faces. Les habitants catholiques, il y a eu deux maçons en batissant le cloché en 1784. Les cordes des châteaux ont cassé et il on tombé en bas; ils se sont brisés. Logé chez un boucher n°687 fait séjour. 5
Le 26, parti de Landshuh, nous avons passé à Mosbourg, petite ville nous avons fait halte les environs de ce pays il est très mauvais de belles plaines de terre très mauvaise et une grande quantité de bois de sapins, nous avons passé à la ville de Fresingue, ville dans un fond. Il y a un château sur une hauteur, nous on couchait à trois lieues plus loin au village de Grinet à 6 lieues de la ville de Muniq, nous on fait 13.
Le 27 parti de Grinet, nous avons passé au château de plaisance du roi de Bavière, un très beau château il y a de belles promenades. Les environs du château, il y a de mauvais terrains, et de belles plaines de prairie très mauvais prés. Les habitants il on de la paine de le faucher, le même jour nous avons à la ville de Dachaut, petite ville sur une hauteur nous on fait halte, nous on couché à trois lieues plus loin dans la campagne, il y a de bonnes terres et une grande quantité de bois de sapins, au village de Aybacq, fait 7.
Le 28, parti de Aybacq, nous avons traversé des bois de sapin, auparavant que joindre la grande route, malgré cela il y a de beaux villages au tour près des uns des autres et de bonnes terres, les habitants il cultive leur terre avec des chevaux il n'y a point de boeufs, il y a de grande quantités de vaches pour le laitage, on fait beaucoup de beurre, nous on logé au village à côté de la grande route à une lieue 1/2 village de Egeaufen, 5.
le 29, passé à la petite ville de Fragbergt ville sur une hauteur; nous arrivé à la ville de Osbourgt, ville très grande remarquable sur la place d'un homme de bronze qui tient un baton de même qui assomme une bête à sept têtes, un bête très horrible; plus il y a une belle fontaine qu"il y a de beau jeu d'eau sa et beau avoir cette ville les rues ne sont point droites nous avons logé hors ville à demie lieue au village denous avons fait séjour, fait 15.
Nous on resté trois jour en rapport que nous conduit des prisonniers à Estrasbourgt. De plus il y a à la ville d'Osbourgt de remarquable au cloché trois boules qu'ils marque le renouvelle et pleine lune, il passe la rivière de Berte très rapide à demie portée de fusil il y a un pont en bois." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En octobre, le 30e est en marche pour rejoindre la frontière.
Situation du 30e de Ligne en octobre 1809 (côte SHDT : us1809 - C2680) Chef de corps : JOUBERT Colonel |
Pierre Trépaut raconte : "Le mois d'octobre 1809
Le 2 octobre le détachement a parti d'Osbourgt pour conduire les prisonniers à Estrasbourght et moi je entré à l'hôpital de Osbourght pour la fièvre tierce. Je été attaqué depuis le 24 août" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 15 octobre, le canon et l'ordre du jour annoncèrent officiellement la conclusion de la paix qui avait été signée la veille. Ce même ordre prévoyait aussi des moyens préparatoires pour quitter la Moravie" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 22 octobre l'Empereur français il a passé à Osbourght, après avoir fait arrangement avec que l'Empereur d'Autriche, à condition qu'il y payerait de fortes contributions. L'Empereur français lui a rendu la ville capitale, à condition que le rempart il serait démoli, l'Empereur français étant arrivé à la ville de Osbourght, le bourgeois il le suivait dans la rue en criant vive l'Empereur, il a resté une heure 1/2 en ville chez l'archevêque pour diner, après il a parti soudain pour se rendre à sa capitale à Paris" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
En novembre, les trois Bataillons actifs, avec toute la première Division, cantonne entre Willembourg et Mautern.
"Le régiment vint coucher à Kunitz.
Le 2, à Dürholz.
Le 3, Mat Hern-Baun-Garten.
Cet endroit est remarquable dans les annales de l'Autriche par la beauté du vallon où il se trouve situé, dont les coteaux, couverts de jardins et de vignobles, en font un site aussi fortuné qu'agréable.
Le 4, à Sulz.
Le 5,à Wolkersdorf.
Le 6, à Vienne.
Le 7, à Petersdorf, à une lieue hors des lignes de Vienne. L'état-major du régiment fut s'y étamblir et y resta pendant la durée des cantonnements que l'on prit dans cette région.
Le 20, les cantonnements définitifs, en avant et sur la droite de Saint-Polden. L'état-major fut établi à Goldeck" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Le 11 novembre je sorti de l'hôpital d'Osbourght après avoir resté quarante jours dans ledit hôpital, le même jour, je eu un billet de logement pour être chez le bourgeois pour prendre des forces. Je logé chez un orphèvre lettre a 554, il passe une rivière à côté qui se nomme Lech. Il y a une grande quantité de moulin à eau aussi de fabriques de forgerons.
Le 16 je parti de Osbourght, pour me rendre à Mayence donc je été porteur d'une feuille de route d'un transport de blessé du 3e corps d'armée pour le conduire à Estrasbourght. Le même jour, nous on passé Choumérasse, bourg, nous on logé au village de Berlemchouant bon pays il y a beaucoup de côtes de bois de sapins, nous on fit six lieues.
Le 17 passé à Kainsbourg, logé à la petite ville plus loin à Limpem, petite ville en Bavière. Les habitants ils sont luthériens. Nous on fait 6.
Le 18 arrivé à la ville de Houlme grosse ville, les rues ne sont point droites; il y a de remarquable une belle cathédrale église de luthériens, il y a plusieurs fontaines dans la ville, a forme de jeux d'eau il passe la rivière du Danuble au pied de la ville de Bavière ci-devant Autriche.
Le 19 je passé à la ville Kaizelem très mauvais pays il est dans les montagnes. La ville il est entouré de montagnes, couché au village de Couaa, nous on fait 9 lieues.
Le 20 passé à la ville Gueppingen la ville n'est point grande bon pays, il y a de belles plaines pays de Bultembergt. Nous on logé au village à deux lieues plus loin à Ebresbacq. Nous on fait séjour 5.
Le 22 passé à deux villes, la première Esselingue Canehtal pays de Bultembergt, il y a une grande quantité de vigne sur le côté, il ne save point la cultiver, il font du petit vin blanc très peu de rouge. Logé au village Fayrebacq. Nous avons fait en route 8.
Le 23 passé à Stuttgart petite ville entourée d'un mur, il y a un château sur la hauteur à côté de la ville, il y a de bonnes terres pour le grain, aussi quelque peu de vigne, nous on logé au village de Horrsheim nous on fait six lieues. Les habitants de ce pays ils sont protestants.
Le 24 nous on logeait à une lieue de Forsseim pays de Badois au village Kiespron sa est un village de Bultembergt, nous on fait 5. Il y a de bonnes terres, l'on fait venir du froment, il faut un moulin pour sortir le grain de la balle, sa se nomme en français de lespiot.
Le 25 arrivé à Dourlack, jolie ville; les rues il son assez droites, pays de Badois, il y a un peu de vigne sur les côtes, les terres bonnes, il y a des montagnes, nous on fait 6.
Le 26 nous on passé à deux petites villes, la dernier il ce nomme Rasstat, il passe une rivière qui ce nomme Morgne, il y a un beau pont aussi il y a un beau château il s'y tient la commission badoise audit endroit, nous on logé à 4 lieues plus loing au village de Chouacaq, gros bourg fait 10. Les habitants catholiques.
Le 27 arrivé à Estrasbourg chef lieu du département du Bas-Rhin. Logé chez le bourgeois dans la grande rue, n°149, fait 8" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
"Le 15 décembre, levée des cantonnements. Le régiment vint coucher à Gosdorf.
Le 16, à Donaudorf.
Le 17, à Edt.
Le 18, à Baulernen (?), en avant d'Enns.
Le 19, à Sierninghoff.
Le 20,
l'on prit encore des cantonnements définitifs dans les environs de Kremsmünster. L'état-major fut à (?)" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois décembre 1809
Le dimanche 3 décembre à Estrasbourgt, on a célébré la fête du couronnemen de l'Empereur, on a fait un très beau feu d'artifice sur la place d'arme sa éait beau à voir. Le 4 je parti d'Estrasbourg pour me rendre au dépôt à Mayence. Le même jour je arrivé à Haguenaux. La ville n'est point grande. Fait 5.
Le 5 arrivé à la ville de Vissembourght logé audit endroit, nous on fait en route 6. Nous on traversé deux lieues de bois.
Le 6, je arrivais à Landau le même jour je entré à l'hôpital pour la fièvre tierce avec une fluction de poitrine. Je resté audit hôpital deux mois et trois jours" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er janvier 1810, Il y a à Custrin un Bataillon de marche qui a été formé de détachements tirés des 28e Légers, 20e, 27e et 30e de Ligne (voir plus haut situation d'octobre 1809). De son côté, la 1ère Division est en marche de Sarrebourg pour Bayreuth; l'effectif du 30e est de 3025 hommes.
"Le 2 janvier 1810, l'Autriche fut entièrement évacuée.
Le régiment quitta ses cantonnements et fut loger le même jour à Mostab (?).
Le 3, à Buchheim (?).
Le 4, à Mülhams (?).
Le 5, à Maurvis (?).
Le 6,
il traversa Salzbourg et vint coucher à Hallein, bourg sur la Salza, célèbre par ses abondantes salines.
Le 7, i1 rentra dans les gorges du Tyrol et fut cantonner dans différents villages.
Le 1er bataillon poussa jusqu'à Berdstadt. Il plaça un poste sur le mont Tauern pour correspondre avec les tirailleurs du Pô qui occupaient Saint-Michel de l'autre côté de la montagne.
Sur la gauche de Rastadt, dans la vallée où l'Enns prend sa source, la grande route de la Carinthe passe par cette vallée. Un poste d'observation fut établi au village de Mandling, ancienne démarcation du pays de Salzbourg.
Les Autrichiens avaient un poste en face.
Le 2e bataillon fut placé à Werfen, le 3e à Abtenau et l'état-major à Golling.
Le premier et le dernier de ces trois endroits se trouvent sur la route dans la vallée de la Salza, et Abtenau à gauche.
Le 30 janvier, il se fit un mouvement.
Le 1er bataillon évacua le baillage de Rastadt et occupa Weren. Le 2e bataillon à Golling et l'Etat-Major à Hallein" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Au 1er février 1810, le Régiment, qui comprend toujours trois Bataillons (67 Officiers et 2142 hommes), a formé une Compagnie d'Artillerie (2 Officiers, 65 canonniers et 50 chevaux). A partir du 5 février, la Division Morand quitte Salzbourg pour se rendre à Bayreuth où elle arrive du 24 février au 2 mars.
Par ailleurs, du côté de l'Espagne, un ordre a été donné de former 12 Bataillons auxiliaires d'Espagne, mais 6 seulement sont organisés à Versailles.
L'Empereur écrit, le 7 janvier 1810, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les quatre premiers bataillons auxiliaires qui sont à Versailles seront réduits à deux, composés de la manière suivante. Savoir :
1er bataillon (infanterie de ligne)
1re compagnie 2 officiers et 101 soldats du 4e régjment de ligne
40 [soldats] du 18e
1 [officier] 31 [soldats] du 30e
3 officiers 172 hommes ...
2e batailllon (infanterie légère)...
Le comte de Lobau dressera procès-verbal de la formation de ces deux bataillons avant le 10 janvier ; les compagnies seront égalisées, leur chef de bataillon sera nommé pour commander chaque bataillon. Il sera également nommé à toutes les places d'officiers et de sous-officiers.
Les sous-officiers et soldats seront effacés des contrôles de leurs corps et, à dater du 1er janvier 1810, l'existence de ces bataillons sera reconnue, et ils seront payés directement par te Trésor.
Il y aura trois tambours par compagnie.
Au fur et à mesure que les bataillons auxiliaires viendront à se former, au lieu de 12, les cadres seront resserrés, de manière que chaque bataillon soit porté au complet de 840 hommes.
Un colonel en second sera nommé inspecteur de tous les bataillons auxiliaires. Il sera chargé de rendre compte au ministre de leur formation et de veiller à ce que les différents détachements partent des lieux où ils se rassemblent, bien organisés et complets en officiers, sous-officiers et soldats.
Le 5e bataillon auxiliaire qui se réunit à Lyon en partira avec la formation provisoire qu’il aura reçue dans cette ville, et se rendra à Bayonne où il sera définitivement formé.
Faites-moi connaître pourquoi les corps ont envoyé aux bataillons auxiliaires des détachements dont la force est si peu proportionnée aux demandes qui leur ont été faites ; je désire savoir quand ils pourront envoyer le reste.
Aussitôt qu’un bataillon auxiliaire sera formé, présentez-moi un projet de décret pour lui donner une éxistence régulière.
Faites mettre à la dispositionn du comte Lobau une trentaine de jeunes gens de Fontainebleau, pour être placés dans ces bataillons.
Surtout ayez soin de mettre à Versailles un colonel en second qui veille à l’instruction
P.S : Vous dirigerez sur le second bataillon deux compagnies d'infanterie légère, faisant 300 hommes, pour compléter ce bataillon" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22808).
Le 20 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, cinq bataillons auxiliaires sont organisés à Versailles. Je désire qu'ils partent bientôt. Pressez le ministre de la Guerre pour pourvoir aux places vacantes. Vous en ferez passer la revue le 22 par un de vos aides de camp ; et sur le compte qu'il vous rendra, vous ferez fournir par le ministre de la Guerre tout ce qui serait nécessaire à ce bataillon. Vous en passerez vous-même la revue le 28, afin qu'il puisse partir le 1er février.
Vous me ferez connaître quand ces bataillons auxiliaires, les quatre régiments de marche et les vingt escadrons de gendarmerie pourront se mettre en mouvement pour se rendre à Bayonne" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22911).
Le 22 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, donnez ordre aux quatre régiments de marche de partir le 1er février pour se diriger sur Bayonne où se réunit la 3e division du 8e corps. Donnez ordre aux cinq bataillons auxiliaires qui sont organisés à Versailles de partir également le 1er février. Vous les ferez marcher à petite journée. Il sera donné à ces cinq bataillons auxiliaires et aux quatre régiments de marche deux paires de souliers par homme à Bavonne ou à Bordeaux, selon que les souliers seront dans l'une ou l'autre de ces villes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22933).
Le 22 janvier 1810 encore, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... On me rend compte que cinq bataillons auxiliaires sont organisés à Versailles. Mon intention est qu'ils partent au 1er février" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22936).
Les 5 premiers Bataillons auxiliaires forment avec 4 Régiments de marche la Division Dufour, qui arrive à Pampelune au mois de février 1810. Parmi les 6 Bataillons auxiliaires, on trouve au sein du 1er 6 Compagnies formées avec des détachements notamment du 30e de Ligne (Belhomme, tome 4).
"La levée des cantonnements et le départ devant avoir lieu, les compagnies les plus éloignées furent concentrées le 7 à Hallein.
Le 8 février, le régiment réuni se mit en marche et vint le même jour à Salzbourg.
Le 9, à Laufen.
Le 10,à Tittaming.
Le 11 février à Neu Oetting.
Le 12, à Meumarck, séjour le 13.
Le 14, à Wilsbibourg.
Le 15, à Landshut.
Le 16, à Pfefenhausen.
le 17, à Abensberg.
Le 18, à Ratisbonne, séjour le 19.
Le 20, à Bonholz (?).
Le 21,à Schwandorf.
Le 22, à Hamberg.
Le 23,à Wilseck.
Le 24, à Tumbach, séjour le 25.
Le 27, dans les cantonnements définitifs.
L'état-major fut s'établir à Münschberg" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Je sorti le 10 février, la ville de Landau est beaucoup fortifiée. C'est une dernière ville de Lallezasse. Lz ville ne point grande. Il y a de remarquable un jolie place d'arme avec deux rangs d'arbres tout autour, une piramie au milieu avec une estatue au boutt qu'il tient un haigle (sic) avec sa main. Le même jour arrivé à Aspire, les environs de la ville il y a de la vigne. 7.
Le 11 arrivé à Aggersheim. La ville ne point grande, elle ne point fortifiée. Les habitants la plus forte partie il son luthériens. Le pays il est très plat. Je logeai au n°24. Je fait en route 4.
Le 12 arrivé à Vorsmer. La ville n'est grande, il y a beaucoup de vigne aux environs. Le même jour il y a arrivé un régiment de troupe légère qui venait d'Autriche, il on passé le Rhin à Vorsmer sur la glace ainsi que l'artillerie. Il ont passé comme sur une grande route. Il on logé à la dite ville, et moi aussi au n°72 lettre B. Il y a de remarquable neuf clochés faits comme des tours avec une piramie au milieu de la grande rue donc il y a une mpome avex deux estatues et une estatue qui tient une balance dans la main. Les rues ne sont point droites, nous on fait 3.
Le 13 arrivé à Aupenhin, ville sur une hauteur. Il y a une grande quantité de vigne. Les habitants de la ville, il y a des catholiques, des réformés et luthériens, et ils ont chacun leur église. Les rues ne sont point droites.
Le 14 arrivé à la ville de Mayence, ville fortifiée. Le même jour, je entré au quartier rouge proche de la citadelle, un pauvre quartier, il y fait un très grand froid même le Rhin était glacé depuis le 15 janvier, une très forte rivière, la rivière du Main, il tombe dans le Rhin à Mayence. Les voitures il passion tout le jour sur la glace vis à vis Mayence. Aussi, le 22 février, il y a passé trois compagnies d'un transport de vivres qu'il on passé sur la glace aux environs de 100 caisson. Le 26 février à huit heures du soir, l'eau du Rhin il a commencé à débroder, la glace il faisait un bruit épouvantable, l'eau il a entré en ville à minuit précis, il a diminué de suite, il a remonté à deux heures demie après minuit, même je été de garde à la porte en bois ave douze hommes et un caporal. Nous on été obligé de vaquer le poste avec une barque qu'il nous a rentré en ville" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Au 15 mars, l'effectif du 30e, qui cantonne aux environs de Bayreuth, est de 66 Officiers et 2132 hommes; la Compagnie d'Artillerie comprend 2 Officiers et 63 hommes. A cette date, le 30e fait partie de la Brigade Dalton, toujours au sein de la Division Morand.
Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
ARMÉE D'ALLEMAGNE ...
Le grand quartier général, les grandes administrations, les parcs généraux d'artillerie et du génie, et tout ce qui appartient à l'état-major général de la Grande Armée, sont dissous à dater du 1er avril prochain.
Les états-majors et administrations, et tout ce qui tient à l’organisation des 2e et 4e corps et de la réserve générale de cavalerie, sont dissous conformément aux dispositions prescrites par des décrets des 7 et 18 février dernier.
En conséquence, l'armée qui restera en Allemagne sous le commandement du prince d’Eckmühl sera composée de la manière suivante, savoir :
... 1re division d’infanterie, commandée par le général Morand, composée des 13e régiments d'infanterie légère, 17e, 30e, 57e et 61e régiments d'infanterie de ligne. Cette division sera cantonnée à Bayreuth jusqu'à nouvel ordre ...
... Toutes les autres troupes françaises évacueront également de suite l'Allemagne, savoir :
III
ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT.
La 6e demi-brigade provisoire, composée de trois bataillons formés de détachements des 17e, 19e, 25e, 28e, 30e et 43e régiments d’infanterie de ligne, sera dirigée sur Boulogne, pour y demeurer sous le commandement du général Vandamme, Ainsi, le camp de Boulogne sera composé des 19e, 46e, 72e régiments de ligne, et de la 6e demi-brigade provisoire, formant ensemble un effectif d'environ 10.000 hommes ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).
La Division Morand demeure à Bayreuth et ses environs en avril et mai.
"Le 30 mars, il s'opéra un mouvement. Le régiment abandonna Münschberg, se rapprocha de Bayreuth et cantonna sur les bords du Main blanc et du Main rouge. L'état-major à Kulmbach" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Mois avril 1810
Le 22 à la ville de Mayence, on a célébré la fête du mariage de l'Empereur marié avec la fille de l'Empereur d'Autriche Marie Louis de son nom, âgée de 17 ans. On fit une grande réjouissance par plusieurs coups de canon. La sous-préfecture de Mayence, il on fait un tirage de loterie gratuite pour les habitants, ainsi que pour les soldats, le nombre 900 numéros, il y avait 300 perdants. L'on gagnait des jambons et du vin. Sa été une risée pour celui qui perdait l'on tirait cette loterie publiquement sur la place au légume sur en théâtre en planches, même sur la fin il y eut beaucoup de difficultés entre les soldats et les habitants. Le même jour, il y a eu 10 militaires retirés, dans la ville de Mayence qui se sont mariés à l'honneur du mariage de l'Empereur, il on eu six cent francs de mariage que le gouvernement leur a fait.
Le lendemain 21 avril, il ont fait une course à bateaux sur le Rhin, il y avait une montre d'argent à gagner et une pipe garnie en argent.
Le 30 avril mon congé m'a été délivré à la ville de Maynce, cette ville est fortifiée, il y a de remarquable une très belle place d'arme et une belle rue, même il y a un cheval de bronze à la caserne de la cavalerie.
Mai 1810
Le 1er parti de Mayence pour me rendre à Daubize, le même jour arrivé à Halzé, ville dans un fon, le bois il y est rare il y quelque peu de vigne, bon pays, nous fîmes en route huit lieues.
Le 2 arrivé à Vainveiler, petite ville. 8.
Le 3 passé à Kaiserlautre, chef lieu du département de Tondesbergt. Le même jour, arrivé à Lanstouls couché audit endroit, nous on fait sept lieues, cette ville est derrière une montagne.
Le 4 passé à Hambourght, mauvais pays. Couché à Sarlibre il y a ville basse et ville haute. Il y a une rivière qui passe au milieu de la ville rivière de la Sarre. Nous on fait en route onze lieues.
Le 5 passé à Saint Avos, un joli endroit, couché au village de Bongeville. Très mauvais pays. Le terrain tout pierre et côtes en Loraine, on fait 10.
Le 6 arrivé à Mez en Loraine, ville très grande, chef lieu du département de la Moselle. La rivière de la Moselle il passe à la ville. Il y a de remarquable une très belle cathédrale et très fortifiée. Nous on fait en route 6 lieues. A deux lieues de Mez, il y a un pont en pierre qu'il passe à une extrémité à l'autre de la Moselle, il a été enlevé par le déluge, sa est un pont remarquable, très bien travaillé, on le nomme le pont au diable. Le même jour couché à Ponta Masson (sic), je fais séjour, 7.
Le 9 arrivé à Toul, ville fortifiée, il y a une belle cathédrale, il y a une grande côte de vigne, département Multhre, nous fîmes en route 7.
Le 10 passé à Vancouleur, ville dans un fond, il passe la rivière de la Musse, proche la ville, couché à Grondencourt, nous fimes huit lieues. Très mauvais pays, il n'y a que bois.
Le 11 arrivé Jouinville en Champagne. Il y a une grande quantité de vigne, pays de côtes, avant d'entrer en ville, il y a un beau pont en pierre. La rivière de la Marne il passe proche la ville et sur une bordure côte. 8. Département de la Haute-Marne, le chef lieu est à Chaumont. Le terrain il y a beaucoup de pierre.
Le 12 arrivé Montirendé, gros bourg très bon pays couché à deux lieues plus loin au village Ongeville; 10.
Le 13, passé à Brienne? Il y a de remarquable un beau château du ci-devant compte de Brienne, il a été guillotiné, au moment de la révolution. On voit le château de huit lieues de loin, il est très beau. Il y a de superbes promenades. Je suis venu coucher à quatre lieues plus loin au village de Pini nous fîmes en route neuf lieues.
Le 14 arrivé à Trois en Champaigne (sic) ville considérable, très grande foire fabricants en bas et toiles de coton, chef lieu du département de l'Aube habité de 40000 âmes. Je fais 5. Il passé la rivière de la Seine à demie lieue de Trois, qui va tomber à Paris. La ville de Trois n'est point fortifiée, il est seulement entourée d'un mur.
Ke 15, arrivé à Villeneuve sur Seine, très bon pays. Petite ville pays de vin et grain, nous on fait en route 10" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 15 mai 1810, à Laeken, "On soumet à Sa Majesté la demande d'un congé de convalescence de deux mois avec solde, formée par M. Joubert, colonel du 30e régiment d'infanterie de ligne, pour aller prendre les eaux"; "Accordé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4221 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 10 mai 1810 »).
Pierre Trépaut raconte : "Le 16, arrivé à Sans en Borgoigne (sic), ville très propre l'eau coule dans toute les rues. La rivière de la Dionne il passe à la dite ville, il y a deux beaux ponts en pierre de taille. Nous fîmes en route 6 lieues.
Le 17, parti de Sans pour venir à Courtenay des chemins impraticables, tout côtes. Les envrions de cette ville il y a beaucoup de vigne. Je fais 8 lieues.Il y a une grande quantité de bois. Le même jour je couchais à Montargis, jolie ville. Il y a un canal qui va à Briard et à Paris. Je fais 8.
Le 18 passé à Bellegarde un petit endroit. Je couché à un quart de lieue plus loin à un couvent. Je fais en route 8.
Le 19 arrivé à Châteauneuf petite ville sur le bord de la rivière de Loire, pays assez agréable. Le terrain sableux il y a dix sept moulins à vent autour de la ville.
Le 20 arrivé à Orléans, ville grande, chef lieu du département de Loiret. Très beau pays il y a de beaux villages autour et de belles maisons de plaisance, avec de beaux jardins et belles allées et belles promenades garnie au feuillage très droite il y a de remarquable une belle cathédrale et un bon pont en pierre que la Loire passe dessous, un pays de vigne il y a de remarquable sur la place d'arme la pucelle d'Orléans fait en bronze entourée d'un grillage de fer. Elle est montée sur un théâtre en marbre. Elle tient un sabre dans la main, nous fîmes 6 lieues.
Le 21 arrivé à Baugency ville couché à demie lieue de la ville au village de Vernont sur Loire pays de vigne, 6.
Le 22 arrivé à Blois chef lieu du département de Loir et Cher, grande ville, il y a de remarquable un beau pont en pierre de taille que la rivière de Loire passe dessous; il y a 11 arcades; il y en a une plus grande que les autres, que les bateaux passent dessous, même il y a une piramie au dessus de l'arcade, il y a une très belle promenade proche du pont; pays de vigne; nous fîmes huit lieues.
le 23, arrivé à Ambroisse habité de cinq mille cinq cent habitants il y a deux ponts à la même rivière un en bois, l'autre en pierre. Celui en pierre, il y a 11 arcades. Il y a de remarquable un beau château sur le bord de la côte, la rivière de la Loire, il passe en deux places, il y a de belles promenades à la dite ville, une rivière qui passe à la ville appelée la Masse, il pere son non à la ville. Fait en route 10.
Le 24 arrivé à Tour en Tourenne, chef lieu du département d'Ingdre et Loir grande ville, il y a un beau pont pierre de taille, il y a 15 arcades très bien fait, 6. L'archevêque il a fait sa résidence à la dite ville, il y a de belles promenades à la sortie et une belle rue qui va sur la route de Sainte Amond.
Le 26 arrivé à Saint-Amond, fait 10. Les rues ne sont point droites, elle est sur une hauteur à trois lieues de la ville, il passe la rivière de la Crusse, même il y a un beau pont en pierre.
Le 27 arrivé à Chatelleraux, la ville est un peu plus considérable, il y a de très belles promenades, et une belle fontaine sur la promenade, elle est dans le département de la Vienne, le chef lieu est à Poitiers, fait 10. La rivière de la Vienne il passe à la dite ville, il y a un beau pont en pierre de taille; il y a 9 arcades.
Le 28 arrivé à Poitiers belle grande ville, chef lieu du département de la Vienne, ville sur une hauteur, il fait bon vivre, fait 16.
Le 29 arrivé à Couhé, gros bourg malgré cela il y a 20 foires par année. Le pays est très bon, il y a de remarquable un château à côté de la halle, qui a été moitiée démolie; nous fîmes 11.
Le 30, arrivé à Ruffé, ville sur une hauteur il dépend du département de la Charente, sa est un bon pays, il y a très peu de vigne, fait 9.
Le 31, arrivé à Maule, gros bourg la rivière de la Charente, il passait à côté, bon pays. Le même jour, arrivé Angoulême, grosse ville sur une hauteur, chef lieu du département de la Charente, fait 10." ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810).
Le 1er juin, la Division reçoit l'ordre de se rendre dans les villes hanséatiques pour renforcer la Division Molitor; elle se met en marche du du 19 au 22 juin.
"Le 20 juin, départ du régiment. Le même jour, il fut loger à Münschberg.
Le 21, à Hoff.
Le 22, à Scheilz.
Le 23, à Neustadt.
Le 25, à Iéna, séjour le 25.
Le 26, à Weimar.
Le 27, à Erfurth.
Le 28, à Langensalza.
Le 29, à Mülhausen.
Le 30, à Heiligenstadt, séjour le 1er juillet.
Le 2 juillet, à Göttingen.
Le 3, à Einbeck.
Le 4, à Hanovre.
Le 6, à Celle, séjour le 7.
Le 8, à Bergen.
Le 9, à Soltau.
Le 10, à Welle.
Le 11, à Harburg.
Le 12,
le régiment traverse l'Elbe et vint à Hambourg où les 1er et 2e bataillons restèrent en garnison. Le 3e fut cantonné dans les environs.
Des ordres très sévères furent donnés pour la répression de la contrebande. Afin d'en assurer l'exécution, des compagnies partaient journellement pour aller occuper différents postes sur les bords de l'Elbe et autres lieux" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Pierre Trépaut, de son côté raconte : "Juin 1810.
Le 1er parti d'Angoulême pour venir à Barberaux, ville sur une hauteur il dépend du département de la Charente, très bon pays, nous fîmes 10.
Le 2 arrivé à Guittre, petite ville 8.
Le 3 arrivé à Monguion, fait .
Le 4 arrivé à Libourne, fait depuis Angoulême à Libourne.
Le 6, je arrivé à Daubèze; je fus enregistrer mon congé à La Reolle le 11 juin 1810, par le sous-préfet" ("Journal manuscrit de Pierre Trépaut, sergent du 30e régiment d'artillerie de ligne, natif de Daubèze" - Côte : 1 J 200 (1800-1810). Ici s'achève le récit de notre Sergent et de ses dix années de service au sein du 30e Régiment d'Infanterie.
A partir du 13 juillet jusqu'au 30 septembre, la Division Morand s'établit à Hambourg et à Lubeck. Le 30e de Ligne, qui comprend toujours trois Bataillons et une Compagnie d'Artillerie (Rigo), est à Hambourg. Il y demeure jusqu'au milieu de novembre; il se met ensuite en route pour Lubeck, Ratzbourg, Lunembourg et Tramunde.
Par ailleurs, en septembre 1810, le Bataillon de marche de Custrin, qui comprend une Compagnie du 30e, est dissous, et incorporé dans le 13e Léger et le 25e de Ligne.
"Le 1er septembre 1810, le 3e bataillon fut envoyé sur la côte à l'embouchure de l'Elbe, en service actif.
Une surveillance stricte jeta la consternation parmi les caboteurs, les contrebandiers et les fauteurs de l'Angleterre. Le régiment reçut l'ordre de se réunir à Hambourg; en conséquence le (?) fut indiqué aux compagnies pour aller occuper de nouveaux cantonnements.
L'état-major et le 1er bataillon furent à Lübeck, le 2e bataillon à Ratzeburg et le 3e à Lauenburg.
Le bataillon qui était à Lübeck fournissait une compagnie pour la garde de Travenmünde. Elle y faisait le service pendant un mois" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… 1er corps : le 7e d'infanterie légère formerait quatre bataillons ; le 13e, quatre ; le 15e, quatre (le 4e bataillon de ce régiment, étant en Espagne, serait remplacé par le 3e bataillon du 6e léger) ; le 33e d'infanterie légère, quatre ; le 12e de ligne, quatre ; le 17e, quatre ; le 21e quatre ; le 25e, trois (le 4e bataillon en Espagne) ; le 30e, quatre ; le 33e quatre ; le 48e, quatre ; le 57e, quatre ; le 61e, quatre ; le 85e, quatre ; le 108e, quatre ; le 111e, quatre ; total, 16 régiments formant 63 bataillons.
Ces 63 bataillons composeraient 4 divisions ; chaque division serait formée d'un régiment d'infanterie légère et de 3 régiments de ligne. Ce premier corps serait celui qui est actuellement en Allemagne, sous les ordres du prince d'Eckmühl ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).
Le 8 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke : "Monsieur le due de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé un régiment de marche, qui sera composé des hommes disponibles des :
4e et 5e bataillons du 13e léger, jusqu'à concurrence de 500 hommes; Du 17e de ligne. 400; Du 30e – 30; Du 57e – 40; Du 61e – 30; Du 15e léger. 30; Du 48e 600; Du 108e 700; Des détachements du 12e de ligne. 6; Du 21e de ligne. 60; Du 85e – 30.
Ce régiment de marche, fort de 2.500 hommes, se réunira à Wesel, d'où il se rendra à Hambourg, quartier général de l'armée d'Allemagne. Là, il sera dissous, et les cadres des 4es et 5es bataillons rentreront en France, sans qu'il en soit rien retenu ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4797).
Le 30 décembre 1810, le Lieutenant François, ancien de la 9e Demi-brigade avec laquelle il a fait la campagne d'Egypte, et qui s'est tout récemment échappé des pontons de prisonniers en Espagne, arrive à Hambourg pour y rejoindre le 30e de Ligne : "Le lendemain je me présente chez mon colonel, M. Joubert, que j'ai beaucoup connu en égypte, dans les Dromadaires, où il commandait une compagnie, tandis que j'étais maréchal des logis chef dans le même corps. Je suis heureux de me retrouver sous ses ordres.
étant le deuxième lieutenant du régiment, le colonel me propose pour le grade de capitaine. En attendant ma nomination, il me place aux voltigeurs du 4e bataillon, qui se trouvait à Lubeck et que ne tarde pas à rejoindre tout le régiment" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Fig. 6 Habit d'Officier (Sous-lieutenant) du 30e de Ligne de grande tenue, Musée Historique de Moscou. N° d'inventaire : 68257/10475T-I62. Il semblerait que le propriétaire de cet habit était le célèbre François (qui a sauvé l'Aigle du Régiment pendant la campagne de Russie) . Comme celui-ci est arrivé au corps à la fin de l'année 1810, cet habit doit donc être daté de la période 1810-1812 |
Ci dessus et ci dessous : diverses vue du même habit (communication d'un de nos correspondants). |
Le 13 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, au 1er avril l'armée d'Allemagne sera composée de la manière suivante :
1re division : le général de division Morand, commandant ; les généraux Dalton et Lhuillier, généraux de brigade. 13e d'infanterie légère ; 17e, 30e, 61e de ligne.
... Chaque régiment, dans le courant de l'été, aura 4 bataillons ; ce qui fera 16 bataillons par division ou 12,000 hommes.
Chaque régiment aura également, dans le courant de l'été, 4 pièces de canon ; ce qui fera 16 pièces de canon par division ...
Les mouvements de l'armée d'Allemagne doivent se faire par Wesel, qui est le grand dépôt.
Ces ordres doivent être tenus secrets, et vous devez prescrire les différentes dispositions sans que personne ait connaissance de cette lettre. Vous m'apporterez vous-même la formation de l'armée en ses différentes parties, avec la désignation des officiers, pour que je l'approuve, et vous l'enverrez ensuite au prince d'Eckmühl, comme définitivement arrêtée ..." (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17355 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25918).
Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que ce qu'il y a de disponible dans le 72e soit versé dans le 4e bataillon.
Même ordre pour les 62e, 61e, 57e, 55e, 53e, 52e, 51e, 48e, 44e, 35e, 33e, 30e, 29e.
..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).
"Dans les premiers jours de mars, le 2e bataillon se réunit au premier. L'instruction commença" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous renvoie l'état de situation de l'armée d'Allemagne. Il ne faut pas mettre les deux bataillons du 127e à la 1re brigade ; ce serait une chose funeste pour l'armée. Il faut la composer du 13e d'infanterie légère et du 17e de ligne. La 2e doit l'être du 30e et du 61e ; la 3e des deux bataillons suisses et des deux bataillons du 127e. Au lieu du général Ledru, il faut mettre le général Teste ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17549 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26479. La CGN donne le 12e Léger à la place du 13e Léger).
Un ordre du 12 avril 1811 crée un 6e Bataillon dans 25 Régiments et ajoute un Major en second à leur Etat-major. Le 5e Bataillon reste Dépôt ; le 6e Bataillon est un Bataillon de guerre et est composé provisoirement de 6 Compagnies de Fusiliers ; ce n'est qu'en mars 1812 que 2 Compagnies sont, dans chaque Bataillon, transformées en Compagnies d'élite. Les 6es Bataillons sont organisés au Dépôt de leur Régiment, savoir en France pour le 30e.
Le 19 avril 1811, l'Armée d'Allemagne est composée de trois Corps; le 1er est le Corps d'observation de l'Elbe, commandé par Davout. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe sera commandé par le prince d'Eckmühl. Il sera composé de cinq divisions d'infanterie et formé de la manière suivante :
1re DIVISION : 13e léger, cinq bataillons ; 17e de ligne, cinq ; 30e, cinq ; 127e, deux ; total, 17 bataillons.
Le général Morand commandera cette 1re division. Chaque régiment formera une brigade ...
ARTILLERIE. — Chaque régiment aura quatre pièces de régiment, ce qui fera douze pièces par division, à l'exception de la 5e, qui en aura seize ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753).
A cette époque, le 30e ne compte encore que 3 Bataillons, mais l'Empereur a ordonné que les 4e et 6e bataillons rejoignent le Corps principal.
Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, je vous envoie un décret que vous ne recevrez que dans quelques jours par le ministre, par lequel j'attache un major en second à vos 15 régiments d'infanterie. Il est indispensable que vous me proposiez sur-le-champ la nomination de ces majors en second pris parmi les meilleurs chefs de bataillon qui seront remplacés par des capitaines, ceux-ci par des lieutenants et successivement. Ayez soin de faire de bons choix. Vous sentez combien il est nécessaire que les régiments que vous avez qui vont être de cinq bataillons en ligne aient un major en second qui commande le 3e et le 4e bataillon. Le colonel en commandera 2 ou 3 selon les circonstances.
Je vous ai mandé que j'avais créé un 6e bataillon à vos régiments. Formez-en les cadres chez vous ; car je compte envoyer 10000 hommes des dépôts en Allemagne, de sorte que ces 6es bataillons seront formés avant les 4es bataillons. Je ne comprends pas le 33e léger dans tous ces calculs. En réalité vous allez avoir d'ici au 1er juin 30 bataillons de renfort. Vous en avez 48, cela fera 78 bataillons ou plus de 60000 hommes d'infanterie sans les arrières, ce qui vous fera cinq belles divisions de 15 bataillons chacune.
ANNEXE
Au Palais des Tuileries le 20 avril 1811,
Napoléon, Empereur des Français, etc., etc., etc.
Nous avons décrété et décrétons,
Art. 1er
Il est créé des emplois de major en second dans chacun des 7e, 13e et 15e régiments d'infanterie légère et des 17e, 30e, 57e, 61e, 33e, 48e, 108e, 111e, 12e, 21e, 25e et 85e de ligne qui font partie de l'armée d'Allemagne.
Art. 2
Lorsque ces régiments auront 4 bataillons en ligne, le colonel commandera le 1er et le 2e, et le major en second commandera le 3e et le 4e.
Art. 3
Notre ministre de la Guerre est chargé de l'exécution du présent décret" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26780).
Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne
Régiments qui forment les 6e bataillons |
Conscrits du régiment |
Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50 |
Suppléments à tirer d'autres régiments |
Total de ce que 6e bataillons aura |
||||||
Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles |
Conscrits pour compléter les bataillons suisses |
Conscrits du 4e bataillon A |
Reste pour le 6e bat. B |
Numéros du régiment d'où on les tire |
Anciens soldats C |
Conscrits D |
Total |
|||
30e de ligne |
1240 |
200 |
800 |
200 |
50 |
Le 50e |
70 |
70 |
140 |
726 |
Le 54e |
65 |
65 |
130 |
|||||||
Le 59e |
53 |
653 |
106 |
|||||||
Le 75e |
50 |
50 |
100 |
A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".
"Les progrès que l'on avait fait étaient déjà sensibles lorsque, le 26 avril, le régiment fit mouvement qui le dissémina (sic). L'état-major, l'artillerie et trois compagnies du 2e bataillon furent occuper Travenmünde. Le 1er bataillon fut dans le Mecklembourg et le 3e vint occuper Lübeck ..." (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 30 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous trouverez ci-joint une lettre du prince d'Eckmühl qui vous fera connaître qu'il a dirigé sur France les cadres des 6es bataillons. Le prince d'Eckmühl paraît désirer que ces cadres aillent à leurs dépôts où il pense qu'ils seraient mieux formés, mais je trouve la plupart des dépôts trop éloignés pour adopter cette idée. Envoyez au-devant de ces cadres un officier d 'état-major qui les fera arrêter moitié à Wesel et moitié à Münster, et faites diriger sur ces 2 places les conscrits qui doivent remplir ces cadres. Par exemple, le 7e d'infanterie légère dont le dépôt est à Huningue pourrait se servir du Rhin jusqu'à Wesel pour envoyer ses conscrits lorsqu'ils seront habillés et armés selon 1'ordre que vous leur donnerez à la fin de mai. Il en est de même du 30e et du 33e qui sont à Mayence ... Ainsi le Rhin pourra servir au mouvement des dépôts sur les cadres des 6es bataillons" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5420 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26897).
"Le 9 mai (1811), d'après des nouvelles dispositions, le 1er bataillon quitta le Mecklembourg et rentra à Lübeck.
Ici se termine le journal du colonel Plaige" (Journal de Campagne du Colonel J. B. Plaige).
Le 24 mai 1811, l'Empereur adresse, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris une longue lettre lui prescrivant de mettre en marche les Dépôts des 6es Bataillons du Corps Davout, de manière qu'ils soient rendus le 1er juillet : à Wesel pour celui du 30e. Dans chaque ville, un Général de Brigade doit surveiller l'instruction de ces Bataillons, qui doivent partir le 1er août pour rejoindre leurs Régiments en Allemagne. Ses anciens Régiments ayant alors 5 Bataillons présents, et le 33e Léger (qui tout comme le 33e de Ligne, fait partie du Corps de Davout) seulement 4, Davout reçoit également l'ordre de les répartir en 5 Divisions (Belhomme, tome 4). Dans le détail, l'Empereur écrit :
"Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ELBE. — Ce corps restera à quatre divisions jusqu'au 1er juillet. A cette époque, il sera formé à cinq divisions. Les 4es et 6es bataillons s'y réuniront dans les lieux indiqués, de sorte qu'au commencement d'août l'organisation soit complète, et que ce corps ait acquis toute la consistance qu'on peut en attendre ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres.
En attendant, toutes les dispositions nécessaires pour porter au complet le corps d'observation de l'Elbe, tel qu'il a été arrêté, doivent avoir lieu.
N°1
Le ministre de la Guerre trouvera dans ces notes ce qui est relatif à l’organisation et mouvement du corps d’observation de l’Elbe au mois de juillet. Elles serviront de matière à un rapport qu’il devra me faire pour le 20 juin.
NOTE.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe doit être composé de cinq divisions. Il restera à quatre divisions jusqu'au 1er août et ne sera composé de cinq divisions qu'à cette époque, à laquelle les 6es et 4es bataillons auront rejoint.
Je vous ai déjà fait connaître que la composition de ces divisions doit être faite de la manière suivante :
Division Morand. — 13e léger, cinq bataillons ; 17e de ligne, cinq ; 30e, cinq ; total, 15 bataillons ...
Chaque division aurait quatre brigades, et chaque brigade se composerait de cinq bataillons ; quatre généraux de brigade seraient-attachés à chaque division ; les cinq divisions formeraient en tout vingt brigades et quatre-vingt-dix-huit bataillons ...
On procédera de la manière suivante : au 1er juillet, les 4es bataillons, complétés de tous les conscrits destinés aux 6es bataillons, se mettront en marche pour se diriger sur les quatre points suivants : ceux de la 1re division, sur Wesel ... Les cadres des 6es bataillons, qui sont actuellement à Wesel et à Munster, se rendront dans ces différentes places, et par ce moyen il y aura à Wesel les 4e et 6e bataillons du 13e léger, les 17e, 30e et 61e de ligne ; total, huit bataillons ...
Un général de brigade, de ceux qui sont destinés pour l'armée d'Allemagne, sera attaché à chacun de ces quatre camps, et chargé de surveiller la formation et l'instruction des bataillons qui doivent les composer. Vous nommerez ces quatre généraux. Ils devront se rendre, aussitôt, chacun dans les dépôts qui fournissent au camp dont il est chargé ; ils feront la revue des 4es bataillons, vérifieront l'état de l'habillement, feront la revue des officiers à réformer et dresseront l'état des places vacantes pour les 4es et 6es bataillons.
Ces généraux correspondront à cet effet avec le général Compans, que vous chargerez de suivre cette organisation ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).
Le 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre de faire réunir à Walcheren en 4 détachements les 11 compagnies des 5es bataillons des régiments de l'armée d'Allemagne qui sont dans l'île de Walcheren, savoir :
1er détachement les compagnies du 17e, 30e et 61e régiments ...
Le général Gilly passera la revue de ces détachements et complétera les compagnies qui les composent à 150 hommes en prenant les meilleurs sujets des 1er et 2e bataillons du régiment de Walcheren. Tous les malades seront effacés du contrôle des compagnies et rentreront dans les cadres du régiment de Walcheren. Ces détachements s'embarqueront à Veere pour se rendre à Willemstadt ou à Gertruydenberg.
Le 1er détachement partira le 20 ou le 21 juin ...
Vous aurez soin d'ordonner que les contrôles de ces compagnies soient faits en ordre avec le lieu de naissance et le signalement bien spécifiés. Ces détachements ne débarqueront qu'à Gertruydenberg. De là, ils passeront le Rhin à Gorcum et seront dirigés par la gauche du Rhin sur le quartier général de la division du corps d'observation de l'Elbe dont font partie les régiments auxquels ils appartiennent. À leur arrivée, ces bataillons seront dissous ; les cadres rentreront en France ; les hommes seront incorporés par égale partie dans les 3 bataillons de guerre du régiment.
Vous donnerez l'ordre aux cadres des 6es compagnies du 6e bataillon du 13e léger, 17e de ligne, 30e de Ligne, 61e, 33e de ligne, 48e, 111e, 7e d'infanterie légère, 12e, 21e, 57e, 85e et 108e de se rendre dans l'île de Walcheren pour recevoir chacun 150 hommes, ce qui fera l'emploi de 1 950 hommes, tous ces hommes seront habillés par le dépôt du régiment de Walcheren. On aura soin de placer dans ces compagnies les hommes qui sont déjà depuis longtemps dans le régiment de Walcheren et dont on peut être le plus sûr. On ne mettra de nouveaux conscrits que dans les cadres d'infanterie légère pour ne pas défaire les habits. Ces 13 compagnies devront être prêtes à partir du 20 au 30 juillet pour se rendre en Allemagne.
... Donnez ordre aux commandants de la gendarmerie dans les 25e, 17e et 24e divisions militaires d'envoyer des officiers pour suivre ces détachements, de prendre toutes les dispositions convenables et de redoubler de surveillance pour prévenir la désertion. Si ces mesures réussissent, mon intention est de compléter de cette manière les bataillons de guerre du corps d'observation de l'Elbe, de sorte qu'au ler août, tous ces bataillons de guerre soient portés au-delà du complet de 840 hommes, les malades non compris" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27312).
Le même 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Davout, Commandant en chef du Corps d'Observation de l'Elbe, et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, les cadres des 2es compagnies des 5es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments sont depuis six semaines dans l'île de Walcheren. Ils s'y sont complétés avec des conscrits et partent en 4 détachements. Ayez soin de faire incorporer les détachements de chaque régiment par égales parties dans les trois bataillons de guerre, de manière qu'il y ait de ces recrues dans chaque compagnie, mais sans retirer d'un régiment pour mettre dans un autre. Ces compagnies s'embarqueront à Veere et arriveront par mer jusqu'à Gorcum. Faites-moi connaître s'il y a de la désertion en route. Aussitôt qu'elles seront sur le territoire de votre commandement, veillez à ce qu'il y ait des détachements de cavalerie et de gendarmerie qui les côtoient et empêchent la désertion. Si cela réussit, mon intention est de vous en envoyer ainsi jusqu'à la concurrence de 3 à 4000, ce qui portera au 1er août le complet de vos bataillons de guerre au-delà de 840 hommes, non compris les malades. Il n'y aurait pas même d'inconvénient à porter ce complet à 900 ou à 1 000. Ces conscrits sont tous de très beaux hommes de 23 à 24 ans, et, si on les soigne, ils feront d'excellents soldats. Les affaires du Nord paraissent moins pressantes. J'ai pris le parti de faire revenir les cadres des 6es bataillons aux dépôts, où ces bataillons seront mieux formés ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 5592 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27316).
Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Je reçois votre lettre du 18, bureau de mouvement. Je vois que le cadre de la 2e compagnie du 5e bataillon du 19e léger arrive à Flessingue le 26 juin et que le cadre de la 6e compagnie du 6e bataillon du même régiment y arrive le 27. Demandez au général Gilly quand ces compagnies seront prêtes à partir.
Les cadres des 6e compagnies du 6e bataillon du 12e et 48e de ligne, et ceux du 21e, 30e, 33e et 61e qui y seront arrivés le 6 juillet se tiennent prêts à partir le 15 ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27340).
Le 4 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 4e et 6e bataillons du 13e léger reçoivent tout ce qui est disponible dans le 5e bataillon et se complètent chacun à 700 hommes. Donnez le même ordre pour les 17e léger, 7e léger et les 30e, 33e, 48e, 12e, 21e, 85e, 108e, 61e, 111e et 57e de ligne. Les 6es bataillons du 15e léger et du 25e de ligne seront complétés à 840 hommes. Ces 28 quatrièmes et 6es bataillons se mettront en marche du 15 au 25 juillet, parfaitement habillés et équipés et se dirigeront sur Wesel et de là sur leurs régiments respectifs dans la 32e division militaire. Les 2 bataillons de chaque régiment marcheront sur une seule colonne. Vous enverrez un officier général à Wesel afin qu'à leur passage par cette ville, chacun de ces bataillons soit passé en revue et que l'on constate leur bon état, l'état de leur habillement, équipement, leur nombre, les places vacantes, etc. Les 2 bataillons du 7e léger s'embarqueront sur le Rhin à Huningue ; les bataillons qui sont à Strasbourg, Mayence, Spire s'embarqueront sur le Rhin jusqu'à Wesel. Le général Compans pourrait être chargé de passer cette revue : il devra être rendu le 25 juillet à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5731 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27526).
Le 7 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies des 17e, 108e, 12e, 48e, 21e, 30e, 33e et 61e de ligne, complétées par des conscrits réfractaires de l'île de Walcheren formant 8 compagnies ou 1200 hommes, partent de l'île de Walcheren du 15 au 20 juillet pour se rendre à Hambourg. Ces 1200 hommes seront incorporés à Hambourg dans les différents régiments. Les compagnies des 85e, 57e et 111e partiront du 25 au 30 juillet et les 4 compagnies des 7e et 13e légers au plus tard le 10 août. Ainsi ces 2250 hommes seront arrivés en Allemagne dans le courant du mois d'août, ce qui avec les 1600 hommes des 11 premières compagnies et les 1800 hommes des deux bataillons des îles de Gorée et Schouwen fera un renfort de 5600 hommes. Il ne manquera donc plus pour les régiments de l'armée d'Allemagne que 3 000 hommes pour être portés au grand complet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5750 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27568).
Guibert, Officier au 30e, a laissé une importante correspondance. Il nous renseigne sur sa vie en garnison à Mayence en juillet 1811, puis à Lubeck, Hambourg jusqu'au début de 1812. Le 7 juillet, il dépeint rapidement sa route charmante depuis Château-Thierry, ensuite exécrable jusqu'à Kaiserslautern sans cesse dans des forêts de sapins où l'on ne rencontre presque pas de villages, le parcours final sur Mayence étant fort agréable. Il continue : "... il est impossible d'être plus gueux que les aubergistes allemands. Ils nous donnent de la choucroute et nous font payer pour un déjeuner 3 frs et 4 pour un diner, mais bientôt je serai à la caserne et je me moquerai d'eux ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
A Mayence, Guibert loue une chambre et un cabinet pour 13 frs par mois chez une marchande de cartes. L'ordinaire coûte 45 frs, déjeuner, dîner, souper : "... nous allons à l'exercice à 3 heures du matin, nous en revenons à 6 heures 30. Nous y retournons à 5 heures du soir et nous quittons à 7 heures 30. Nous avons fort à faire avec les bougres de conscrits. Il n'y en a pas la moitié qui parle français ... j'ai la tête toute bouleversée dans ces sacrées casernes à faire de l'inspection des je ne sais quoi ... Nous sommes obligés de faire le maniement d'armes tout le temps des exercices. Comme ils ne comprennent pas, il faut bien leur montrer ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 13 juillet 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "Sire, Votre Majesté m'a renvoyé le 2 de ce mois un rapport du ministre de la guerre, en me prescrivant de lui faire connaitre s'il y avait eu de la désertion dans les compagnies des 5es bataillons qui sont dirigées sur l'armée d'Allemagne pour être incorporées dans les bataillons de guerre.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que le premier détachement est arrivé le 8 de ce mois à Brémen; il était composé des compagnies ci-après :
Du 17e de ligne, 4 officiers, 127 fusiliers ; du 30e, 3 officiers, 139 fusiliers ; du 61e, 5 officiers, 129 fusiliers.
Ne connaissant point encore la force de ces compagnies au moment de leur départ de Walcheren, je ne puis dire au juste quelle désertion elles ont éprouvée ; je vais me faire donner des renseignements détaillés à cet égard, et j'aurai l'honneur de les transmettre à Votre Majesté.
Il parait, d'après une lettre du général Durutte, en date du 8 de ce mois, qu'à Deventer, 48 hommes du 2e détachement désertèrent le jour de leur arrivée ; il en attribue la cause : 1° à la négligence du capitaine du 33e de ligne, qui commandait l'escorte ; 2° aux mauvais traitements qu'on a fait éprouver aux conscrits ; 3° au défaut de solde, attendu qu'ils n'ont rien reçu en partant de Walcheren, ni même en route.
Les ordres sont donnés dans toute la 32e division militaire, et sur toute la ligne que doivent parcourir les détachements, pour que les hommes qui déserteraient ne puissent échapper. J'ai prescrit d'adresser leur signalement au conseiller d'État directeur général des revues et de la conscription militaire ; il sera également donné à la gendarmerie" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 243, lettre 965).
Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Donnez ordre que la 2e compagnie des 5es bataillons des 19e, 72e, 2e, 18e, 56e, 37e, 93e, 108e, 48e, 33e, 30e, 12e, 21e, 25e, 85e, 17e, 57e et 61e se forment à Anvers, et tiennent garnison à bord des 15 vaisseaux de ligne français qui sont dans 1'Escaut et des 2 vaisseaux hollandais ; la 18e compagnie sera destinée au premier vaisseau qui sera mis à 1'eau cette année ...
Vous donnerez ordre que toutes ces compagnies soient composées d'officiers, sous-officiers et soldats de l'ancienne France ; que tous les officiers, sergents, caporaux et fourriers aient au moins 4 ans de service, et que les soldats aient au moins un an de service et soient à l'école de bataillon. Vous recommanderez qu'on porte un soin particulier à la formation de ces compagnies, à les maintenir au complet ; qu'on y mette des officiers de choix, hommes d'ordre et d'honneur qui puissent être utiles à bord des vaisseaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).
Le 17 juillet justement, Guibert précise qu'ils doivent partir pour Hambourg. Ils s'embarquent sur le Rhin jusqu'à Wesel. 3 jours embarqués pour faire 60 lieues, ensuite par étapes : "... nous sommes assurés maintenant de ne pas aller en Espagne ... J'ai acheté du casimir bleu pour me faire un pantalon de petitte tenue pour la route et une paire de guêtres. A Hambourg, il faudra que je m'achète une paire d'épaulettes et un frac ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Avant de partir, il y a un repas d'adieu des officiers qui revient à 40 frs.
Le départ du Dépôt a lieu entre le 19 et le 25 juillet 1811; l'arrivée à Hambourg est prévue entre le 6 et le 26 août.
Le voyage de Guibert sur le Rhin le 23 juillet se passe bien sauf pour le 111e qui perd un bateau. Guibert est particulièrement sensible aux paysages de la vallée du Rhin et donne une jolie description : "(...) Rien n'est beau comme les rives du Rhin, 2 lieues au dessus de Mayence en suivant le courant, comme le Rhin est resserré entre deux chaînes de montagne qui sont d'une hauteur prodigieuse. Sur presque toutes les pointes est un château-fort. Ils sont tous en ruines. Depuis la rive jusqu'au bout de la montagne, il y a la vigne mais comme la pente est trop rapide et que ce ne sont que des rochers, les habitants ont fait des gradins depuis le bas jusqu'à la cime et sur chaque gradin il y a une douzaine de ceps de vigne. C'est là un endroit très dangereux mais nous l'avons passé heureusement. (...) De Munster à Hambourg on entre dans le Hanovre pays affreux, on fait 10 lieues pour une étape et dans tout le chemin on ne rencontre pas une seule maison. Ce ne sont que des bruyères et du sable. Pour comble de bonheur, quand on arrive à l'étape comme ce ne sont que des mauvais villages pas assez considérables pour loger la moitié d'un bataillon, on était détaché par compagnie" (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Guibert s'est bien amusé à Wesel, de même à Munster et à Hambourg qui est une ville superbe de 120000 âmes. Il évoque également ses impressions sur les Allemandes. Dans une première lettre, il est réservé : "... Je te donnerai dans ma prochaine mes réflexions sur les allemandes, toutes celles que j'ai vu jusqu'à présent sont affreuses ...". Dans une deuxième, tout change : "... les allemandes sont superbes et non difficiles, mais il suffit d'être français pour que les bougresses nous attaquent ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 31 juillet, l'Empereur écrit depuis Saint Cloud au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, la 6e compagnie du 6e bataillon des 17e, 30e, 33e et 61e ont dû partir le 17 juillet de l'île de Walcheren, et successivement les autres cadres des 15 compagnies appartenant au corps de l'Elbe remplies par des conscrits réfractaires. Ces compagnies sont-elles parties le 17, le 20 et le 28 juillet ? Faites-moi connaître ce qui en est ..." (Ernest Picard, Louis Tuetey : "Correspondance inédite de Napoléon Ier, conservée aux Archives de la guerre", t. 4.; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27895).
Le 2 août 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par votre lettre du 11 juillet dernier vous m'avez annoncé la marche de quinze compagnies, dont treize 6es compagnies des 6es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments de ligne, 7e et 13e d'infanterie légère, et les deux compagnies des 5es bataillons de ces deux derniers régiments.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence de l'arrivée à Lingen des deux premiers détachements de ces troupes.
Le 1er, composé des compagnies des 61e, 17e, 30e et 33e régiments, est arrivé le 28 juillet.
Ces compagnies sont parties de Lingen le lendemain de leur arrivée, et ont été dirigées sur leurs corps respectifs.
Je joins à cette lettre leur état de situation au moment de leur arrivée à Lingen.
Votre Excellence remarquera que sur 74 déserteurs, 43 ont déserté à Ryssen. D'après le compte qui m'est rendu, cette désertion est attribuée en partie au mauvais esprit des habitants qui ont fourni à plusieurs conscrits des habits pour les déguiser : quelques-uns ont reçu de leurs parents des passeports pour rentrer en France. Presque tous ces déserteurs sont, ou du Brabant, ou du département de la Lippe.
Il parait que la remise de ces compagnies s'est faite avec beaucoup de négligence les conscrits n'ont pas de livrets ; les officiers de cadres ont été obligés de les recevoir sans signalement, et beaucoup de ces conscrits ne savent même pas de quel département ils sont.
Ils arrivent tous sans capotes ni bonnets de police ; les habits sont trop étroits ; les vestes et les culottes sont trop courtes, et de mauvais drap ; en général, l'habillement est mal confectionné ; beaucoup de gibernes sont mauvaises et vieilles, ainsi que les porte-giberne. La majeure partie des souliers est usée.
Les officiers commandant ces compagnies se plaignent de ce qu'on leur a donné des hommes qui, au moment du départ, sortaient de l'hôpital, et de ce qu'on a retiré à la plupart des conscrits leurs vestes et leurs culottes pour leur en donner de très-vieilles.
Leur armement est aussi, en général, en mauvais état, et les hommes n'ont ni épinglettes ni tournevis.
Ces huit compagnies ont été payées de leur solde et indemnité de route, depuis le jour de leur départ jusqu'au 31 juillet ; mais les officiers qui les conduisent n'ont aucun renseignement relativement à la comptabilité antérieure.
J'ai donné des ordres pour qu'au moment de l'arrivée de ces compagnies aux régiments pour qui elles sont destinées, on fit donner aux conscrits des capotes et des bonnets de police ; qu'on leur payerait tout ce qui pourrait leur être du, et qu'ils fussent pourvus sans délai des effets d'équipement qui leur manquent. A mesure que les compagnies arriveront à leur régiment, elles y seront incorporées par portions égales dans les trois bataillons de guerre, et il en sera dressé un contrôle nominatif et signalétique, que j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence. Un état signalétique séparé des déserteurs est envoyé au conseiller d'État directeur des revues et de la conscription, et une expédition est remise au commandant de la gendarmerie.
Les onze 2es compagnies des 5es bataillons annoncées par votre lettre du 18 juin sont arrivées à Lingen du 4 au 10 de ce mois ; elles avaient éprouvé à cette époque une désertion de 175 hommes, dont la majeure partie à Deventer et à Ostmarsum. Les rapports qui m'ont été adressés attribuaient cette désertion à la mauvaise volonté des conscrits, aux insinuations des habitants de Walcheren, et à ce qu'ils n'avaient pas reçu de solde à leur départ, ni en route.
J'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence les contrôles signalétiques de ces compagnies, aussitôt que je les aurai tous réunis ; mais j'ai l'honneur de vous faire observer que les compagnies destinées aux 85e et 108e régiments n'arrivent qu'aujourd'hui 2 août à Stettin, et que je ne pourrai recevoir les états que dans quelques jours.
Les ordres ont été donnés pour que les cadres des 5es bataillons rétrogradassent sur France, aussitôt l'arrivée des compagnies à leurs régiments, et presque tous sont en route. Quant aux cadres des 6es bataillons, ils ont ordre de rester à l'armée pour y attendre leur bataillon" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 246, lettre 967).
Le 14 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre aux dépôts des 12e de ligne, 7e et 13e légers, 57e, 48e, 108e, 21e, 30e, 33e, 61e, 111e, 85e, et 17e de ligne de faire partir pour les bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible au 5e bataillon, en hommes habillés et en état de faire la guerre. Toutefois, ils ne feront pas partir moins de 60 hommes à la fois ; ceux qui ne les auront pas attendront qu'ils les aient, avant de rien faire partir ...
Je trouve, qu'en général, tous ces régiments ont beaucoup d'hommes, sous le titre d'administration, d'instructeurs d'ateliers, d'enfants de troupe, puisque je vois que chacun de ces régiments a près de 160 hommes. Ces régiments ont 380 hommes qui attendent leur retraite; il faut la leur donner. Je vois qu'il y a 680 hommes à réformer ; je suppose que ce sont des conscrits, il faut recommander qu'on soit sévère" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5985 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28158).
Le 22 août 1811, depuis Saint Cloud, l'Empereur écrit au Général Clarke "Monsieur le duc de Feltre, donnez les ordres suivants pour la répartition des compagnies destinées à former les garnisons de vaisseaux.
Escadre de l'Escaut ...
Vous ferez également former à Anvers la 2e compagnie du 5e bataillon des (...) 30e (...). Les bataillons de guerre du corps d'observation de l'Elbe enverront, par chaque régiment, 30 hommes ayant quatre ans de service. Le surplus sera fourni par la conscription, avec la condition principale que ce soient des hommes des départements de l'ancienne France. Ces compagnies seront placées, savoir : ... celle du 30e sur le Pultusk ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).
Par ailleurs, on rassemble à Wesel et Strasbourg (22 août 1811) des conscrits réfractaires et des condamnés graciés, qui doivent être intégrés dans les Régiments d'Infanterie du Corps d'Observation de l'Elbe. Pour le 30e, qui présente un effectif de 3982 hommes, il manque encore 218 hommes pour arriver au complet de 4200 hommes; 150 conscrits doivent arriver de Wesel, 300 de Strasbourg, plus 40 graciés, ce qui doit porter l'effectif total à 4472 hommes !
Le 30 août 1811, le 30e de Ligne fait partie de la 3e Brigade Bonnami de la 1ère Division Morand du Corps d'Observation de l'Elbe; 1 Bataillon est à Travemunde, 4 autres à Lubeck.
Sur Lübeck, Guibert écrit : "... les femmes de Lübeck sont sublimes ..." et ne perd pas de temps : "... j'ai fait connaissance à Lübeck avec une belle, je lui ai demandé de vouloir que je loge chez elle. Tout cela me fut accordé en moins d'une heure. J'y suis divinement, elle est au petit soin pour moi. C'est la coutume du pays, elle m'apprend l'allemand ... nous commençons à nous comprendre très bien. Nous couchons ensemble 3 fois par semaine. Il faut te dire que tous les officiers en font autant. Il n'y a plus de moeurs. J'en suis fâché mais je le souffre. Cependant quand les demoiselles ont fait 2 ou 3 enfants avec les officiers, elles se marient avec les bourgeois qui sont encore tout contents de les avoir à ce prix ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 1er septembre, ordre est donné aux Dépôts des Régiments d'Infanterie du Corps d'Observation de l'Elbe d'envoyer à leurs Bataillons de guerre tous leurs hommes disponibles pourvu que le nombre s'élève au moins à 60.
Le 5 septembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Excellence la réception de sa lettre du 1er de ce mois, par laquelle elle m'informe que les bataillons de dépôt des 7e et 13e d'infanterie légère, 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e et 111e de ligne reçoivent l'ordre d'envoyer aux bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible en hommes habillés et en état de faire la guerre ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 258, lettre 975).
Les détachements partent du 8 au 18 septembre pour arriver du 21 au 26 du même mois.
Au 15 septembre 1811, le 30e de Ligne a ses 5 Bataillons réunis à Hambourg. François écrit : "Le 15 septembre 1811, nous partons de Lubeck pour Hambourg, où est le maréchal prince d'Eckmühl. Le séjour que nous faisons dans cette ville est assez agréable, malgré des exercices de six à huit heures par jour" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 16 septembre, à Lubeck, Guibert explique : "... nous devons passer la revue du pronce d'Eckmühl ce qui nous donne beaucoup d'occupation ... je suis parti à 6 heures pour l'exercice. Comme je suis chef de la 1re classe et qu'elle a fait l'exercice à feu, j'ai été obligé de commander tout le temps et ne pouvoir m'esquiver pour manger un peu de pain et de beurre ...". Il ajoute : " ... à propos, j'ai changé mon grand chapeau pour un rond. C'est le genre ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 28 septembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par votre lettre du 22 de ce mois, vous m'annoncez que des détachements destinés pour les 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 108e de ligne et 7e d'infanterie légère, doivent arriver à Minden les 18, 21, 23, 25 et 26 de ce mois.
J'ai rendu compte hier à Votre Excellence de l'arrivée de ces détachements ...
A mesure que les autres détachements arriveront à Osnabruck, j'aurai l'honneur d'en rendre compte à Votre Excellence.
D'Osnabruck, ils sont tout de suite dirigés sur leurs corps respectifs ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 266, lettre 988).
En octobre 1811, les 5 Bataillons actifs du 30e formant un effectif de 3604 hommes sont réunis à Lubeck.
Le 13 octobre, Guibert relate la revue de Davout : " ... il a été extrêmement content, il nous a tous invité à diner. Il nous a fait un fort beau compliment en disant que le régiment était le plus beau de toute son armée. Il a vu que nous n'avions pas de shakos de grande tenue et il a dit au major que puise qu'il y en avait encore en magasin, il fallait nous en donner ce qui me coule à fond. Encore heureux que ce soit le corps qui nous ait fourni nos shakos, parce que nous paierons quand nous voudrons ou à peu près ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 14 octobre, le 30e passe sous le commandement de Charles Joseph Bucquet.
Né le 4 juin 1776; Colonel du 75e Régiment d'Infanterie le 10 février 1807; Colonel du 30e Régiment d'Infanterie le 14 octobre 1811. |
François écrit : "Le colonel Joubert est nommé général de brigade. Il est remplacé par le colonel Buquet, le même officier dont j'ai précédemment parlé, dans les détails relatifs à l'évasion de la Vieille-Castille" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 18 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, vous verrez par les pièces que je vous envoie qu'il manque un chef de bataillon au 13e d'infanterie légère, un au 17e de ligne, deux au 30e de ligne, deux au 15e léger, deux au 33e de ligne, un au 48e, un au 12e de ligne, un au 21e de ligne, deux au 85e, un au 108e, un au 25e de ligne, un au 57e, etc.
Il est bien urgent de nommer à toutes ces places" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6262 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28845).
Le même 18 octobre 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un travail sur le corps d'observation de l'Elbe. Il est bien important qu'il soit nommé sans délai à tous les emplois vacants". Cette lettre est suivie, en Annexe, sous le titre "Armée d’Allemagne", d'un "Relevé numérique des emplois vacants dans les régiments d’infanterie et de cavalerie à l’époque du 10 septembre 1811" qui indique, pour la 1ère Division, qu'il manque au 30e de Ligne 1 Colonel, 2 Chefs de Bataillon 1 Porte-aigle, 4 Capitaines, 6 Lieutenants et 6 Sous-lieutenants ; les états sont dressés au 2 septembre (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6263 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28850).
Le 24 octobre, le régiment est à Hambourg, plus exactement au village voisin de Ham : " ... le départ de Lubeck nous a fait bien de la peine, c'était une très bonne garnison... ". Il nous parle d'une comète que tout le monde a admiré : " ... je l'ai si bien vu que je donnais des leçons d'astronomie à une très jolie femme, notre salle d'observation était sur les remparts. Ce qu'il y a de délicieux, c'est que sa mère qui ne parle pas français me demandait si elle faisait des progrès !". Ces leçons d'astronomie à une belle romantique avant l'heure sont d'une gaillardise fort drôle !! En tout cas, notre Officier a bien vite remplacé sa maîtresse de Lubeck par une jolie fille du village de Ham : "... mais comme j'ai beaucoup de peine à la voir, je commence à m'en passer, cependant c'est une belle passion, mais nous autres militaires on n'y regarde pas de si près ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Plus sérieusement, notre galant continue : " ... il fait un froid de tous les diables, mais la place d'adjudant major dont je remplis souvent les fonctions est la plus jolie de tous les grades subalternes. On ne peut l'être qu'étant lieutenant. On a un cheval et on est capitaine après 18 mois de fonction ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Jusqu'au 24 octobre 1811 justement, Davout commande l'Armée d'Allemagne. A cette dernière date, il est appelé au commandement du Corps d'observation de l'Elbe.
Le 30 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Nimègue, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre rapport du 26 octobre. Mon intention est qu'il ne soit placé dans le 33e d'infanterie légère aucun homme des régiments de marche de La Rochelle ; mais on peut placer ces hommes dans les anciens régiments, tels que le 30e, etc." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6313 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28952).
Le même 30 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Nimègue, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant le Corps d'observation de l'Elbe, à Hambourg : "Il ne faut pas mettre dans le 33e d'infanterie légère aucun homme des bataillons de l'île de Ré et de Belle-Isle. Ces hommes sont d'anciens Français. Placez-les dans le 30e, le 57e, etc., mais pas dans le 33e ..." (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 1636; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28958).
Revenons sur la nomination de Bucquet. L'Empereur l'avait initialement nommé Colonel du 4e de Ligne le 23 août 1811; mais, le le 21 septembre 1811, l'Empereur nomme Colonel du 4e de Ligne le Major Massy. Il y a eu semble t'il un imbroglio, qui justifie le fait que le 5 novembre 1811, le Duc de Feltre écrit depuis Paris à l'Empereur : "Sire, Votre Majesté, par décret du 23 août dernier, a nommé M. Buquet, colonel du 4e régiment d'infanterie de ligne.
Cet officier était à Nancy, au dépôt de son régiment, où il prenait connaissance de l'administration de son corps, lorsqu'il apprit le départ de V. M. pour Boulogne.
Il prit aussitôt la poste pour se rendre à Boulogne, mais il apprit, à son arrivée, que pendant son absence, V. M. par décret du 21 septembre dernier avait disposé de son emploi en faveur de M. Massy, major du régiment, présent à la revue de V. M.
Depuis cette époque, un décret du 14 octobre a fait passer M. Buquet au commandement du 30e régiment d'infanterie de ligne.
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de V. M. la lettre du colonel Buquet qui contient tous les détails de cette intrigue à laquelle le général Razout ne me paraît pas étranger". L'Empereur répond depuis Compiègne, le 11 novembre 1811 : "Le ministre doit faire une enquête pour savoir si le chef de bataillon Evertz avait reçu ou non la lettre du ministre. — Si ce chef de bataillon l'avait reçue, il est très très coupable, et doit être sévèrement puni" (Brotonne (L. de) : « Dernières Lettres inédites de Napoléon 1er, collationnées sur les textes et publiées », Paris, 1903, t. 2, lettre 1645).
De son côté, le 8 novembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "... Le 33e régiment d'infanterie légère ne recevra point non plus de conscrits de bataillons de marche de l'ile de Rhé. Le bataillon du major Cardillac, qui lui avait d'abord été destiné, a reçu contre-ordre en route, et les 3 compagnies qui le composent seront incorporées, savoir celle des 26e et 66e régiments dans le 30e de ligne, et celle du 82e dans le 57e régiment de ligne.
Le chef d'état-major a dû faire connaitre à Votre Excellence la répartition des deux autres bataillons de marche de l'île de Rhé : le premier dans le 30e régiment de ligne, et le second dans les 33e et 61e de ligne ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 275, lettre 995).
Le 4 décembre, une lettre de Guibert nous confirme l'habitude même dans les garnisons lointaines, de fêter le 2 décembre, fête du couronnement; à cette fête, Guibert écrit enthousiaste : " ... les femmes sont vraiment divines et si la France ne possédait pas tout ce que j'ai de plus cher au monde, je crois que j'oublierai facilement les françaises dans les bras voluptueusement arrondis des allemandes. Je n'ai cependant pas encore une maîtresse mais aussitôt que je rentrerai en ville, je m'en fournirai d'une ..." et "... c'était un très joli bal où les femmes ni les hommes ne manquaient. J'y ai beaucoup valsé parce que l'on ne danse pas ! (la valse n'est pas considérée comme une danse) ... j'ai un chien très beau que j'ai acheté en partant de Lubeck, je l'ai appelé de même ! C'est un caniche qui est rempli d'esprit. Ce sera mon compagnon de voyage ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 1er janvier 1812, le Dépôt est toujours situé à Mayence.
Le 2 janvier 1812, l'Empereur écrit au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouverne l’organisation de la Grande Armée. Le corps de l’Elbe formera deux corps. Il est nécessaire d’envoyer un ordonnateur à chaque corps et tout le personnel d’administration qui est indispensable. Présentez-moi un projet d’organisation. Comme je n’ai pas encore organisé en deux corps le corps d’observation de l’Elbe, envoyez-y tout double.
NOTE SUR L’ORGANISATION DE LA GRANDE ARMÉE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d’observation de l’Elbe en fera deux; le corps d’observation de l’Océan en fera un ; le corps d’observation d’Italie en fera un autre.
La Grande Armée sera organisée en 15 divisions d’infanterie.
1e division : 13e léger, 5 bataillon; 17e de ligne, 5 bataillons; 30e de ligne, 5 bataillons; régiment badois (celui qui est à Danzig), 2 bataillons; total, 17 bataillons ..." (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29642).
- Le 30e de Ligne au 1er Corps de Davout
Fig. 26 Tambour de Grenadiers, 1810, figurine Wurtz (exposition Rêve d'enfance - Musée de l'Armée)
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Fig. 26a Tambour de Grenadiers 1810 d'après Wurtz ; publié dans Tradition N°123 |
Fig. 26b Tambour de Grenadiers 1810 d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 65) |
Fig. 26bis Le même d'après L.de Beaufort (Le Briquet 1969/4) |
Fig. 26c Tambour de Grenadiers, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 26ca Tambour de Grenadiers, 1810, d'après A. Yéjov (Gloire et Empire N°30)
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Fig. 26d Tambour de Grenadiers, 1810, d'après Charmy |
Fig. 26e Tambour de Grenadiers 1809-1810 d'après Tanconville (Les garnisons d'Alsace). Ce document est également donné dans le Hors Série N°19 de la revue Tradition |
Fig. 26f Tambour de Grenadiers, 1810, d'après Charmy (2e version) |
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Fig. 26g Tambour de Grenadiers, 1809-1810 d'après R. North (source : Tanconville, les Garnisons d'Alsace) |
Au commencement de 1812, les troupes qui sont placées sous le commandement du Maréchal Davout sont désignées sous le titre de Corps d'Observation de l'Elbe. Le séjour en Allemagne n'a somme toute pas été si si désagréable que cela. Certes les exercices de tir et les revues de détails se sont succédées, mais il y a eu des compensations avec les Allemandes qui sont "généralement jolies et peu cruelles" ainsi que l'écrit le Capitaine François.
Cependant, des complications faisant pressentir une guerre avec la Russie, dès le 15 février, toutes les troupes sont mises sur le pied de guerre. Dans l'esprit de Napoléon, la guerre est décidée, et les préparatifs se poursuivent avec une grande activité. L'Empereur rapproche ses troupes des frontières de la Russie. Le Corps d'Observation de l'Elbe est devenu 1er Corps de la Grande Armée.
François écrit "Le 27 février 1812, nous recevons l'ordre de départ. Nous faisons partie de la division Morand, 1er corps d'armée. Nous partons le lendemain, et nous suivons tbus les mouvements de cette division" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Du 1er au 15 mars, le 1er Corps est concentré entre l'Elbe et l'Oder, les Bataillons du 30e occupant Magdebourg, Hambourg et Stettin avec un effectif de 4465 hommes. Le Dépôt est à Mayence.
Le 6 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Le détachement du 17e de ligne, ainsi que ceux des 25e de ligne, 13e léger, 21e, 85e, 111e, 30e, 48e, etc., etc., et en général de tous les régiments qui appartiennent au 1er corps, formeront un ou deux bataillons de marche, chaque bataillon fort de 1.000 hommes. Ces bataillons recevront une organisation provisoire, afin d'être en état de se ployer ou de se déployer dans leur marche ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 6890 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30138).
Guibert quitte Hambourg début mars, direction l'est. Chargé de faire les billets de logement comme Adjudant major, il est toujours en voiture traînée par 4 bons chevaux, ayant bien entendu le meilleur logement. Il est nommé Lieutenant au 4e Bataillon (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
François écrit "Le 17 mars, je reçois mon brevet de capitaine; je commande les voltigeurs du 1er bataillon, faveur que je dois au colonel Buquet, qui avait pu me juger devant Cadix" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Situation du 30e de Ligne en avril 1812 (côte SHDT : us181204) Chef de corps : BUQUET Colonel |
En avril, le 1er Corps est porté sur la Vistule.
Le 11 avril, Guibert est à Danzig en cantonnement (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
En mai, le 30e occupe Dirchau, dans le cercle de Schoneck. Le Capitaine François écrit : "Le 31 mai, nous passons la Vistule sur un pont de bateaux. Une proclamation nous annonce que la seconde guerre de Pologne est commencée, et nous nous disposons à traverser le Niémen" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Au commencement de juin, le 30e est à Danzig. Il compte à l'effectif 96 Officiers et 4338 Sous officiers et soldats. La guerre ne va pas tarder à éclater; pour cette campagne lointaine, tous les Régiments ont été portés à 5 Bataillons actifs et placés sous le commandement d'un Général de Brigade; une Compagnie d'Artillerie, avec deux pièces de canon, est affectée à chaque régiment d'Infanterie. Les Bataillons de guerre sont ainsi numérotés : 1er, 2e, 3e, 4e et 6e, le 5e Bataillon formant le Dépôt. Les renforts expédiés des Dépôts sur les Corps sont à leur départ organisés en Demi-brigades de marche, qui se disloquent à leur arrivée à l'Armée.
L'Armée française compte plus de 400000 hommes. Le 1er Corps, le plus nombreux de la Grande Armée, atteint un effectif de 100000 hommes. Il se compose, au début, de 6 Divisions commandées par les Généraux Morand, Friant, Gudin, Dessaix, Compans et Granjean, et, selon l'Historique abrégé, de la Division de cavalerie Pajol. Chacune des cinq premières Divisions est formée à quatre Régiments, dont trois Régiments français et un Régiment étranger. La 6e Division (Général Granjean) est exclusivement composée de troupes étrangères.
La 1ère Division (Morand) comprend le 13e Léger, les 17e et 30e de Ligne et le 2e de Ligne Badois qui sera, dans le cours de la campagne, remplacé par un Régiment mecklembourgeois.
Le 30e, placé sous les ordres supérieurs du Général Bonamy, a à sa tête le Colonel Bucquet, qui a remplacé en 1811 le Colonel Joubert, promu Général de Brigade. Il a pour commandant en second le Major Hervé. L'effectif de ses cinq Bataillons de guerre est, en mai, de 4475 hommes et 141 chevaux; son Dépôt occupe Mayence et Trêves; une de ses Compagnies est détachée à bord du Pultusck à Anvers, pour y remplir le rôle de Fusiliers marins.
Du 6 au 22 juin, le 1er Corps se porte de la Vistule sur le Niemen, sur Elbing, Braunsverg et Tapiau; le 18 juin, il est entièrement réuni à Gumbinen où l'Empereur le passe en revue: il continue ensuite sa marche sur Witkowyski et arrive, le 22, dans les grands bois, vis à vis Kowno, assigné comme point de réunion à toutes les troupes qui, sous le commandement personnel de l'Empereur, doivent former le centre de l'Armée.
- Passage du Niémen
Le 23 juin, le Maréchal Davout, ayant sous ses ordres le Général Eblé, est chargé de faire jeter les ponts, de commander le passage et de passer le premier avec son Corps d'armée. Dans la soirée, le Général Eblé trouve à Poniemen à une lieue au dessus de Kowno, un point de passage favorable; à 11 heures du soir, les Compagnies de Voltigeurs de la Division Morand traversent le fleuve dans des barques, dissipant les Cosaques qui s'enfuient à leur approche, n'échangeant que quelques coups de pistolet, s'installent sur le rive droite et protègent l'établissement des ponts. Pendant la nuit, les ponts sont jetés, la Division Morand franchit le fleuve et, en attendant le jour, prend position à 1000 toises en avant du débouché des ponts.
Au moment du passage du Niémen, le 30ème (1er, 2e, 3e, 4e et 6e Bataillon plus son Artillerie) compte 93 Officiers et 3715 hommes; plus 34 chevaux d'Officiers et 107 chevaux de trait.
Le Capitaine François écrit : "Le 23 juin, notre division, réunie près des villes de Strawtdy et Pissa, se met en mouvement et se porte entre Kowno et Ketant" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le lendemain 24, par un soleil resplendissant, l'Armée entière, animée d'un enthousiasme indescriptible, franchit le Niémen sur les trois ponts de bateaux et passe, pleine de joie et d'espérance, ce nouveau Rubicon placé entre les deux plus puissants empires du monde. Au milieu de cette armée, la plus belle et la plus nombreuse qu'on ait jamais vu, "le Corps de Davout se distinguait par l'ordre et l'ensemble qui régnaient dans ses Divisions; l'exacte tenue de ses soldats, le soin avec lequel ils étaient approvisionnés, celui qu'on mettait à leur faire ménager et conserver leurs vivres que le soldat imprévoyant se plait à gaspiller, enfin la force de ses Divisions, heureux résultats de cette sévère discipline; tout les faisait reconnaitre et citer au milieu de toute l'armée" (Ségur).
Le Capitaine François écrit "Le jour suivant, à dix heures du matin, trois compagnies de voltigeurs du 30e montent sur des barques pour traverser le Niémen. Je commande la 1re compagnie. Nous débarquons sans rencontrer d'obstacle. Je mets pied à terre le premier. Trois ponts de bateaux sont établis sur le fleuve en moins d'une heure, pendant que, les trois compagnies de voltigeurs réunies, nous nous avançons en ligne en tirant quelques coups de fusil sur des cavaliers russes qui s'enfuient. A 11 heures, tout le 1er corps d'armée a passé sur les trois ponts. A mesure que l'armée française s'étend dans la plaine, nos voltigeurs avancent. Le soir, nous rejoignons le régiment. Le 1er corps bivouaque sur la route de Wilna.
L'armée continue de défiler sur les ponts de bateaux jusqu'au 25 au soir. Certes, le monde ne pouvait offrir une autre armée aussi belle ; elle était forte de trois cent cinquante-cinq mille hommes et de cinquante-neuf mille cinq cents chevaux.
Le 26, nous entrons dans la plaine de Wilna, suivant le corps d'armée ennemi du général russe Barclay" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 27 juin, Guibert écrit à sa mère, depuis une baraque du camp de Wilna : "... nous sommes partis des bords de la Vistule, nous ne nous sommes arrêtés que pour faire la soupe deux heures le matin et autant la nuit toujours au bivouac. Nous avons passé le Niémen il y a 4 jours. Nous poursuivons les Russes de très près. L'empereur est passé 2 fois devant le régiment sans l'avoir encore passé en revue ... je suis tout de mon long par terre, mon papier sur un peu de seigle que j'ai fait couper pour me coucher, je me porte fort bien et j'attends tout l'avancement possible de cette campagne ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 28, le 1er Corps, suivant à une lieue de distance la cavalerie de Murat, entre à Wilna, que l'armée de Barclay de Tolly vient d'évacuer pour se retirer sur le camp retranché de Drissa. Le temps est affreux, des orages épouvantables sillonnant le pays, les voitures n'avancent que péniblement dans des chemins défoncés, une grande mortalité sévit sur les chevaux, les vivres se font rares et bon nombre de traînards ou de maraudeurs ont quitté les colonnes; pour tous ces motifs, l'Empereur décide de s'arrêter quelques jours à Wilna.
Le Capitaine François écrit "Le 27, notre division est d'avant-garde, et nous allons bivouaquer à quatre lieues de Wilna, que nous traversons le lendemain, après en avoir chassé les Russes ; mais ils ne se sont éloignés qu'après avoir incendié d'immenses magasins de vivres, de fourrages et d'habillement. Lorsque nous entrons dans Wilna, cette cité ressemble à une ville prise d'assaut : tous les magasins sont en feu; tous les habitants sont renfermés dans leurs maisons, à l'exception des juifs, qui, très nombreux dans cette ville, sont occupés à retirer de la rivière les armes que les Russes y ont jetées. La ville est assez belle, fort peuplée, et elle renferme quelques beaux édifices" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
De leur côté, les Russes disposent de deux armées : l'une, conduite par Barclay de Tolly, opère au nord de la deuxième, conduite par Bagration. Le mouvement de Napoléon sur Wilna, s'il est continué, pourrait amener la séparation de ces deux armées et faciliter leur destruction successive. Les Généraux ennemis l'on vite compris; c'est pourquoi ils se dérobent à tout engagement décisif et forment le projet de se réunir en se donnant rendez vous à Smolenk.
Le Capitaine François écrit "Le 29, nous bivouaquons en avant de Wilna, où nous recevons deux rations de pain moisi. Cette chétive distribution semble nous annoncer que nous sommes exposés à ne pas regorger de vivres dans cette campagne" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Selon le Livret de l'Empereur daté du 1er juillet 1812, le 30e a 2 Compagnies du 5e Bataillon, soit 6 Officiers et 332 hommes, au sein du 2e Bataillon de la 2e Demi-brigade de marche commandée par le Major Dambrujac; le tout faisant partie de la 1ère Division de Réserve commandée par le Général Lagrange ("Campagne de Russie (1812). Opérations militaires (1er-10 août). Smolensk" par L. G. F. - Gabriel Fabry).
Ce jour là, le Capitaine François écrit "Le 1er juillet, nous entrons en Lithuanie, où nous commençons à manquer de vivres. Les hommes s'en procurent comme ils le peuvent, à force de fatigues et de dangers, car ils sont souvent surpris par des détachements de cosaques" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Tandis que l'armée goûte quelque repos, le Maréchal Davout, avec les Divisions Compans et Dessaix, est chargé de poursuivre, par Minsk et Berizen (?), l'armée de Bagration, qui opère sa retraite sur le Dnieper et tente de se réunir à l'armée de Barclay de Tolly. Les trois Divisions Morand, Gudin et Friant restent à Wilna.
Le Capitaine François écrit "Par une pluie continuelle, notre division continue sa marche. Le 3 juillet, nous traversons la Wilna sur un pont volant. Une pluie abondante augmente les difficultés, en rendant les chemins impraticables, ce qui cause la perte de nombreux équipages, retarde notre marche et nous réduit à une disette complète, dans un pays sauvage et dépeuplé. Les divisions qui marchent en avant s'emparent du peu de vivres qu'elles trouvent, de sorte que celles qui suivent sont sans ressources" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 14 juillet 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Minsk, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur de vous informer, en réponse à votre lettre du 6 de ce mois, que j'ai adressé à M. le général Morand les pièces relatives aux plaintes portées contre un chef de bataillon du 30e régiment, et desquelles il résulterait que cet officier a maltraité et frappé sans motif un brigadier de dragons de la garde.
J'ai fait connaître à ce général toutes les dispositions renfermées dans la lettre de Votre Altesse, et lui prescris de s'y conformer scrupuleusement. Comme la division qu'il commande est maintenant séparée du corps d'armée, et que je ne reçois aucun rapport ni état de situation d'elle, je prends le parti d'adresser ma dépêche à Votre Altesse, en la priant de vouloir bien la lui transmettre ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 366, lettre 1064).
Le 15 juillet, Napoléon, avec le gros de ses forces, quitte Wilna pour se porter contre Barclay de Tolly, retranché au camp de Drissa.
Les Divisions Morand, Friant, Gudin, marchent avec la cavalerie de Murat; elles sont, le 17 à Swenziany (?), le 19 à Opsa (?), le 23 en position à Ouchassek (?); toute l'armée espère une grande bataille mais Barclay de Tolly lève le camp de Drissa et opère sa retraite dans la direction de Witepsk.
Le Capitaine François écrit : "Le 18 juillet, nous nous approchons de Dressa, pour flanquer le 8e corps d'armée. Nous passons par Minski. Nous y découvrons des magasins immenses, trente pièces de canon et de la poudre en quantité" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 24 juillet, l'armée française se met à la poursuite de l'armée russe et lui livre, le 25 et le 26, les combats d'Ostrowno et le 27 le combat de Witepsk. Les trois Divisions du 1er Corps, placées en arrière avec la garde, ne prennent aucune part à ces trois affaires (menées contre l'Armée de Barclay).
Le Capitaine François écrit : "Suivant les mouvements du 30e et de la division Morand, corps d'armée du maréchal prince d'Eckmiihl, j'assiste à tous les combats auxquels prend part cette division, entre autres à ceux de Witepstz et de Mohilew" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 27, entrée à Witepsk. L'armée, épuisée par la chaleur, les marches forcées, le manque de vivres, a besoin de repos. L'Empereur la fait séjourner quelques jours dans les environs de Witepsk. Les Divisions Morand, Friant, Gudin, bivouaquent, à partir du 28 juillet, entre Witepsk et Babinowiczi (?) où elles rentrent sous les ordres directs du Maréchal Davout qui, après avoir battu le Prince Bagration à Mir et Soultanowka près de Mohilew, a remonté le Dniper jusqu'à Oscha.
A l'appel du 3 août, le 30e a un effectif de 83 Officiers et 3176 hommes; 270 non combattants, éclopés ou employés aux différents transports, 245 égarés ou restés en arrière, 45 détachés dans les dépôts de l'Armée et 571 hommes aux hôpitaux. Effectif total : 4390 hommes.
Le même jour, du camp de Vitebsk, Guibert écrit à sa mère : " ... nous sommes très avancés, campés depuis 4 jours. Je suis parfaitement reposé, mes effets sont entièrement usés, nous sommes toujours au bivouac. Nous ne trouvons rien pour le remplacer ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le Capitaine François écrit : "Nous nous trouvons, le 7 août, entre le Dniéper et la Bérésina. Ce même jour, l'armée reçoit l'ordre de se tenir prête à marcher et de se procurer des vivres pour quinze jours. Il est extrêmement difficile de mettre ce dernier ordre à exécution dans un pays que les Russes ont entièrement dévasté, afin de ne nous laisser aucune ressource, avant de l'abandonner. Aussi, pour vivre, presque tous les soldats se livrent à des excursions nuisibles à la discipline et qui achèvent la ruine des habitants. Depuis neuf jours, occupant les mêmes positions, nous n'avons pas reçu une seule ration; les soldats se nourrissent avec ce qu'ils peuvent marauder, et les officiers de ce que ceux-ci leur apportent. Quant à moi, je ne manque de rien; ma compagnie, à l'exemple général, use du droit de rapine, et, jusqu'aux environs de Masayck, j'ai eu souvent jusqu'à neuf voitures à ma suite.
L'armée a perdu beaucoup de monde dans ses pénibles marches, dans ses combats, et, en outre, par une dysenterie dont les soldats sont atteints. Cette maladie provient de la disette de pain, qui force les hommes à manger trop de viande, car ils se procurent celle-ci assez facilement. L'abus de cette nourriture, jointe à l'usage d'une eau marécageuse, qui est notre unique boisson, répand cette maladie dans l'armée, et des généraux même en sont atteints. Les convois d'ambulance et les médicaments restant en arrière, les hôpitaux sont encombrés de malades qui ne reçoivent que peu de secours. D'un autre côté, un grand nombre d'hommes sont tués en allant à la maraude. Les chefs de corps, privés de tout autre moyen de pourvoir à la subsistance de leurs troupes, sont forcés de fermer les yeux sur ces désordres. Le 30e a déjà perdu deux cents hommes. Le 8 août 1812, notre division se remet en marche" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 9 août 1812, Berthier écrit à l'Empereur, depuis Vitebsk : "M. le général Morand, en me rendant compte de son mouvement pour se rendre à Poloviki, expose qu'il serait nécessaire qu'il envoyât un officier de chacun des 13e régiment d'infanterie légère et du 30e régiment de ligne chercher des souliers, des pantalons et des capotes dans les petits dépôts de ces régiments; il annonce que le besoin de ces objets commence à se faire sentir. Je demande à cet égard les ordres de Votre Majesté" ; "Approuvé", répond l'Empereur (Gabriel Fabry, "Campagne de Russie (1812). Opérations militaires (20 juillet-31 juillet). Vitebsk" ; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 75112).
- Bataille de Smolensk
Fig. 27 Fifre de Grenadiers 1810 d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 65) | Fig. 27a Fifre de Grenadiers, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Le 11 août, l'armée quitte ses cantonnements pour remonter le Dnieper par sa rive gauche et tourner par leur gauche les armées de Bagration et de Barclay de Tolly qui ont pu opérer leur jonction dans les environs de Smolensk. Le 11, les Divisions Morand, Friant, Gudin se rendent de Babinowiczi à Rassasna où elles traversent le Dnieper sur quatre ponts préparés à l'avance et se réunissent aux deux autres Divisions du 1er Corps d'armée.
Ne pouvant plus empêcher la jonction des armées adverses, Napoléon veut essayer d'en briser le noeud à Smolensk et forcer à se battre cet ennemi qui fuit toujours. Du 11 au 15, marche sur Smolensk par Liady, Krasnöe et Korytnia.
Le Capitaine François écrit : "Le 13, nous traversons le Dniéper, le Borysthène des Grecs. Trois jours après, l'armée française marche en trois colonnes sur Smolensk ; à 6 heures du soir, elle se trouve réunie près de cette ville" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 17 août, l'armée se présente sous les murs de Smolensk. Barclay de Tolly occupe la vieille ville sur la rive gauche du Dnieper, ainsi que la ville neuve construite sur la rive droite et les hauteurs qui la dominent; l'armée de Bagration est formée à quelque distance en amont, prête à défendre le passage au cas où les Français, négligeant Smolensk, tenteraient de franchir la rivière dans ces parages où elle est facilement guéable.
Les Divisions de Davout ont reçu l'ordre de donner l'assaut à la pointe du jour.
Dans l'après midi, Napoléon, ayant sous la main 180000 hommes, ordonne une attaque furieuse de la partie sud de Smolensk par les trois Corps d'armée Poniatowski, Ney et Davout. Il dispose ses troupes autour de la place de la manière suivante : à gauche, Ney, au centre les cinq Divisions de Davout, à droite Poniatowski; à l'extrême droite, la cavalerie. Le 1er Corps a pour objectif les faubourgs de Mitislaw et de Roslaw; faubourgs séparés en deux par la route de Mohilew. "Une grande route séparant ces deux faubourgs et descendant sur la ville, allait aboutir à la porte de Malakreskia. Le Maréchal dirigea d'abord la Division Morand sur cette route pour s'en emparer, isoler en y pénétrant les deux faubourgs l'un de l'autre et rendre plus facile l'attaque de front dont ils allaient être l'objet. Le 13e Léger, conduit par le Général Dalton et appuyé par le 30e de Ligne joignit à la baïonnette les troupes ennemies qui étaient en avant de la route, les refoula avec une vigueur irrésistible, leur enleva un cimetiere où elles s'étaient établies, puis, s'engageant sur la route elle même, sous une grêle de balles parties de tous les côtés, vainquit tous les obstacles et aux yeux de l'armée saisie d'admiration rejetta les russes jusque sur l'enceinte de la ville. C'était avec la brave Division Konownitzyn que les 13e et 30e Régiments avaient été aux prises et ils avaient jonché la terre de ses morts" (Thiers - Histoire du Consulat et de l'Empire).
L'ennemi, rejeté des faubourgs, rentre dans la ville et continue la défense derrière un mur crénelé en briques et haut de 25 pieds qui ne peut être enlevé dans la même journée. Pendant la nuit, les Russes, jugeant ce rempart insuffisant, évacuent la place et repassent sur la rive droite du Dnieper, en détruisant le pont et en incendiant la ville.
Le Capitaine François écrit : "Le 17, à 3 heures du matin, elle prend les armes. Le 13e léger, de notre division, commence le feu par une ligne de tirailleurs, sur la gauche de la ville, pendant que le 1er corps d'armée manoeuvre en masse, par divisions, sous le feu de l'artillerie de la place. Après plusieurs heures de manoeuvres, toujours sous le feu de l'ennemi, nous nous emparons du plateau de Bulchowka, où une batterie de soixante pièces de canon est établie. Pendant cette opération, notre régiment reçoit du maréchal Davout l'ordre d'avancer et d'attaquer. Nous perdons beaucoup de monde en nous mettant en bataille sous le canon des Russes ; mais les morts sont à leur destination, car nous sommes dans un cimetière. Les autres régiments de notre division s'avancent derrière le 30e. Nous nous trouvons à peu de distance de la ville; aussi notre régiment est canonné, non seulement par les pièces du rempart, mais encore par celles d'une tour qui nous travaille vigoureusement. C'est à un tel point, que le colonel Buquet nous fait placer derrière la contrescarpe d'un fossé qui entoure le cimetière. L'ennemi, plus élevé que nous, continue de nous envoyer des boulets et des espèces d'obus à trois trous. A 2 heures, un obus, vomissant la flamme par ses trois trous, tombe devant ma compagnie. Je me précipite dessus, je le prends dans mes mains et je le jette dans un puits qui se trouve à peu de distance derrière moi. Je me brûle un peu les mains et le devant de mon habit. Mes chefs et tout le bataillon crient : "Bravo ! vive le capitaine François !". Si cet obus eût éclaté, il faisait sauter deux caissons à la gauche du bataillon. Le colonel Buquet, qui m'aimait beaucoup, fit, à cette occasion, un rapport en ma faveur; mais on m'oublia encore, comme dans plusieurs autres circonstances que j'ai rapportées. Ma récompense, celle qui était la plus flatteuse pour moi, fut le suffrage hautement manifesté de mes chefs et de mes camarades.
A 3 heures, les pièces sont établies sur toute la ligne et font un feu d'enfer. A 4 heures, commence une vive fusillade sur les faubourgs. A 5 heures, nous repoussons l'ennemi, à la baïonnette, jusqu'à un chemin couvert. Alors la bataille devient horrible. Malgré le feu terrible de l'artillerie russe, nous nous emparons des faubourgs retranchés, toujours à la baïonnette, en parvenant jusqu'à la bouche même des canons.
Une heure plus tard, trois batteries de douze sont établies, pendant que nous continuons l'attaque du chemin couvert. Ces batteries battent en brèche et, par des obus qui mettent le feu dans la ville et dans plusieurs tours, forcent les Russes à abandonner ces dernières. Nous n'avançons pas beaucoup dans le chemin couvert, mais deux batteries d'enfilade obligent enfin les Russes à rentrer dans la place. Malgré ce succès, le combat dure toute la nuit. Deux compagnies de mineurs, soutenues par notre régiment, sont employées à piocher au pied d'un rempart. A 7 heures, les ennemis ne se défendent plus que faiblement, et nous entendons un grand bruit s'élevant de la ville, qui est tout en feu. Ce bruit cesse à 1 heure du matin. Les Russes se sont retirés sur l'autre rive du Dniéper, et ils prennent position sur les hauteurs.
A 2 heures, les grenadiers de notre division entrent dans Smolensk ; toutes les rues sont en feu et remplies de morts et de blessés. Les divisions Morand et Friant traversent le Borysthène sur un radeau, dans le plus grand silence, et, comme des chèvres, elles gravissent les hauteurs où elles se mettent en bataille. Elles tiraillent longtemps avec l'arrière-garde russe. Notre cavalerie charge cette arrière-garde et la culbute, après un combat livré par le 3e corps.
La perte des Russes dans Smolensk est de quatre mille morts, sept mille blessés et deux mille prisonniers ; la nôtre est de mille deux cents morts et de trois mille blessés, la plus grande partie de notre division, qui a pris une part très active à cette bataille. Le 30e, pour sa part, a quatre-vingt-dix morts et cent sept blessés" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 30e qui, à Smolensk a combattu à découvert contre un ennemi abrité, a effectivement éprouvé dans cette journée des pertes sérieuses : les Lieutenants Gaudelette (Pierre), Hattier (Jean Baptiste) et le 1er Porte Aigle Scherer (Frédéric) ont été tués; le Sous lieutenant Rambeau meurt plus tard à Danzig des suites de blessures reçues dans ce combat; le Capitaine Vergniaud (Pierre) y est atteint d'une blessure et de deux contusions; le Lieutenant Borne, frappé d'un éclat d'obus à la cuisse droite et le Sous lieutenant Bègue (Jean Marie) atteint d'un coup de feu; le Chirurgien aide major Ponsard (Olivier Jean Marie) y est fait prisonnier.
Martinien de son côté indique que les Lieutenants Gaudelette et Haltier, le Lieutenant porte-aigle Scherer ont été tués; le Sous lieutenant Rambau, blessé, décèdera des suites de ses blessures le 29 décembre; le Chef de Bataillon Wittas, le Capitaine Vergniaud, les Lieutenants Morin et Borne, le Sous lieutenant Jacob sont blessés.
Le Capitaine François écrit : "Le 18 août, le 1er bataillon du 30e entre dans Smolensk, avec un bataillon de Polonais. Nous nous mettons en bataille sur la place d'armes, au milieu des maisons enflammées. Une demi-heure après notre entrée, on place des postes et des sauvegardes dans les magasins que l'incendie n'a pas atteints. On forme ensuite les faisceaux, et chacun cherche de quoi manger, ce que l'on trouve difficilement dans une ville incendiée et dépeuplée. Le peu d'habitants que nous trouvons parlent français et nous aident dans nos recherches. A 5 heures, nous quittons Smolensk. Nous passons le Borysthène ou Dniéper sur un radeau, et notre division se réunit dans un vaste jardin, sur la rive droite du fleuve" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 19, les Corps de Davout et de Ney traversent le Dniper sur le pont de Smolensk qui a été rétabli la nuit précédente, pour surveiller les mouvements de retraite de l'armée russe.
Le Capitaine François écrit : "Nous partons dans la nuit et nous marchons le long du Dniéper; nous repoussons quelques centaines de cosaques qui veulent nous inquiéter.
Pendant notre marche du 19, la division Gudin livre le combat de Valentina, dans lequel le brave général Gudin est tué.
Le pays que nous parcourons n'offre qu'un vaste désert, couvert de bois, de lacs et de sable. Pas un habitant n'est resté dans sa chaumière, et chaque jour le manque de vivres se fait sentir davantage.
Nous marchons sur la route de Moscou" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 20, les Russes, pour assurer leur retraite sur Moscou qu'ils ont failli se voir couper à Smolensk, soutiennent un combat acharné à Valoutina contre Ney et Murat, dans lequel l'illustre Gudin est tué, et se dérobent de nouveau à une bataille générale.
Le 21 août, toute la cavalerie de Murat et les cinq Divisions du 1er Corps, formant l'avant garde de la Grande Armée, prennent par Loubine (?), Selowiewo (?), Dorojobougk (?) la direction de Moscou, poussant devant elle l'armée russe que l'on espère toujours, mais en vain, voir s'arrêter dans une position défensive pour nous livrer bataille. A l'appel du 23 août, l'effectif du 30e est de 3078 hommes.
Les Russes semblent vouloir accepter le combat à Wiazma, le 28. Mais là encore ils s'échappent.
Le 31, l'armée française est à Ghjat. Les Russes fuient toujours; l'armée affaiblie par des marches forcées, sous un soleil torride, a besoin de repos; Napoléon décide de s'arrêter quelques jours à Ghjat, d'autant plus que subitement le temps est devenu pluvieux; les routes détrempées se sont transformées en de vrais bourbiers, les étapes sont fatigantes, la vie au bivouac des plus pénibles, l'humeur et la discipline de l'armée s'en ressentent et les maraudages prennent des proportions inquiétantes. Ce jour là, Guibert au bivouac écrit à sa mère : " ... nous ne sommes plus qu'à 40 lieues de Moscou et quand tu recevras celle-ci nous y serons en garnison ... j'ai reçu à la prise de Smolensk une contusion qui ne fut rien, c'était un éclat d'obus ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 4 septembre, la cavalerie de Murat et le 1er Corps se remettent en marche sur Gridnewa; le soleil est reparu rendant la gaieté aux troupes. Dans cette journée, le brave Talabot, Lieutenant au 30e envoyé à la découverte avec un détachement de 25 Voltigeurs, est assailli par 200 hommes de cavalerie dont les attaques réitérées pendant deux heures, viennent échouer contre son sang froid et sa valeur.
Le 5 au soir, on débouche dans la plaine de Borodino où l'armée pleine de joie, aperçoit les Russes rangés en position sur les hauteurs de Semenoffskoïe, entre Borodino et Lutitza; l'Empereur fait enlever un de leurs postes avancés, la redoute et le mamelon de Schwardino par la Division Compans, du Corps de Davout.
Enfin, le vieux Kutusoff qui a remplacé comme Général en chef Barclay de Tolly, semble accepter le combat; il a établit ses troupes à cheval sur la route de Moscou, vers Borodino, sur la rive droite de la Kolocza, la droite couverte par la Moskowa.
Le Capitaine François écrit : "Le 5 septembre, auprès de Gridnwa, nous nous préparons à combattre le général russe Kutusow. A 2 heures de l'après midi, notre division, formant l'avant-garde du 1er corps, rencontre l'ennemi. Nous nous emparons de sa position" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 6, Napoléon se prépare tout comme son adversaire, à livrer bataille.
- Bataille de la Moskowa
(inscrite sur le drapeau du Régiment).
Fig. 28 Tambours de Fusiliers, 1810, figurines Wurtz (exposition Rêve d'enfance - Musée de l'Armée) | ||
Fig. 28a Tambours de Fusiliers, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 65) | Fig. 28b Tambour de Fusiliers, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 28c Tambour de Fusiliers, 1810, d'après Charmy |
Comme à Wagram, près de 300000 hommes et plus de 1000 pièces de canons sont en présence. Mais la lutte sera plus acharnée et surtout plus sanglante; car les deux armées sont concentrées sur un front d'une lieue à peine et les Russes ont hérissé le terrain d'ouvrages défensifs. En déduisant les divers détachements et les pertes subies à la bataille de Smolensk, le 30e présente un effectif de 1200 à 1500 hommes.
Fig. 29 Fifre de Fusiliers, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Parmi les défenses les plus importantes de leur première ligne on remarque : sur leur centre, une sorte de grand bastion en terre que l'histoire de nos guerres a popularisé sous le nom de grande redoute de la Moskowa ; vers la gauche, le village de Séménoffskoie, puis un plateau, armé de trois flèches, séparé de ce village par un ravin. Ces ouvrages marquent les points du champ de bataille ou s'échangeront les plus rudes coups et où les Divisions de Davout seront appelées à s'illustrer encore. Car les Divisions Morand et Gérard (ce Général a remplacé Gudin tué à Valoutina), momentanément placées à l'aile gauche aux ordres du Prince Eugène, dont une Divisions (la Division Bourcier) doit commencer l'action en s'emparant du village de Borodino, seront chargées d'enlever la grande redoute. Au centre, les autres Divisions laissées à Davout pour former, avec le Corps de Ney, le centre de la ligne, ont pour mission d'attaquer de front et de flanc les trois flèches qui couronnent le mamelon en avant du ravin de Séménoffskoïe. A l'aile droite, formée des Corps de Junot et de Poniatowski, le Prince Poniatowski doit tenter une diversion sur la gauche de l'armée russe par le village d'Outitza; dès que les flèches seront tombées en notre pouvoir, les Divisions Morand et Gérard ont ordre de s'élancer sur la grande redoute et de s'en emparer à tout prix.
Dans l'armée de Kutusoff, l'aile droite se compose des renforts que vient d'amener Miloradowitch; le centre et l'aile gauche sont respectivement formés par les Corps ayant appartenu aux armées de Barclay de Tolly et de Bagration. Barclay appuie sa gauche à la grande redoute, Bagration y appuie sa droite et son front est couvert par les défenses de Séménoffskoïe.
Le Capitaine François écrit : "Le 6, à 2 heures du matin, notre armée occupe toutes ses positions, à côté d'un ravin, de l'autre côté duquel, en avant de Seminsks, est l'armée russe, protégée par plusieurs grandes batteries. Cette journée se passe en reconnaissances et manoeuvres. Le 30e est déployé en tirailleurs. A 8 heures du soir, je suis blessé par une balle qui me traverse la jambe gauche au-dessus du jarret. Malgré la douleur que je ressens, je ne quitte pas ma compagnie et je ne me retire avec elle que lorsque j'en reçois l'ordre, à 11 heures du soir. Ayant rejoint mon régiment, je fais faire l'appel : il me manque vingt-trois hommes. Je me fais ensuite panser par le chirurgien-major du 30e, qui sonde ma plaie en faisant passer sa sonde par l'ouverture de la balle; puis, clopin-clopant, je rejoins ma compagnie, avec laquelle je passe le restant de la nuit" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 7 au point du jour, une canonnade générale dirigée sur les ouvrages russes donne le signal de l'attaque. Le village de Borodino est enlevé pour servir de pivot à toute la ligne, puis Davout marche sur les flèches de Séménoffskoïe. Les Grenadiers Woronzoff les défendent et une puissante artillerie balaye le plateau dont elle couronne le sommet. La Division Compans, qui marche en tête, est foudroyée à bout portant. Toutefois, le 57e, enlevé par le Maréchal Davout, se loge dans la flèche de droite. La Division Dessaix appuie celle de Compans; mais elle est ramenée et la position du 57e est des plus critiques. Ney, accouru avec les Divisions Rasout et Ledru, raffirmit la situation, quand les Grenadiers de Mecklembourg, soutenus par une puissante cavalerie, arrivent au secours des Grenadiers Woronzoff. Les Divisions de Ney sont ramenées à leur tour, mais Davout et le 57e n'ont pu être délogés de la redoute conquise. Murat fait alors donner les Corps de cavalerie de Nansouty et de Latour-Maubourg. Grâce à cette intervention, les Divisions de Ney et de Davout peuvent reprendre l'offensive; les trois flêches sont emportées et les Russes rejetés au delà du ravin sur le village de Séménoffskoïe.
Au même moment (10 heures), la grande redoute va leur être arrachée. Point d'appui commun de Barclay et de Bagration, elle parait inexpugnable au sommet bien en relief du plateau qui commande Borodino et la Kolocza et que couronnent les rangs épais de deux Corps d'armée. La division Likatcheff, du Corps de Doctoroff, est établie à sa droite ; celle de Paskiewitch est établie à sa gauche et en occupe l'intérieur. Elle est armée de 24 pièces de gros calibre et toute l'artillerie des deux Corps d'armée est en mesure de battre ses approches.
Fig. 30 Caporal Sapeur d'après Wurtz; publié dans la revue Tradition N°123 |
Fig. 30a Caporal Sapeur, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 64) |
A dix heures donc, la Division Morand recoit l'ordre d'attaquer cette position formidable. Franchissant la Kolocza, elle marche sous le feu effroyable de 80 pièces, gravit au pas mesuré les pentes qui la défilent un instant, puis débouche résolument sur le plateau, s'avance en partie dissimulée par le nuage de fumée qui l'enveloppe. Elle est formée sur deux lignes : la 1ère de deux Bataillons déployés, flanqués à droite et à gauche par un Bataillon en colonne serrée, et la seconde ligne de quatre Bataillons en colonne serrée à intervalle de déploiement; le 13e Léger est à droite, sur deux lignes, débordant le flanc gauche de la redoute, le 30e correspondant juste à la redoute. Soudain, quand la Division est à bonne portée pour donner l'assaut, le 30e, enlevé par le Général Bonamy, se précipite à l'assaut, escalade le parapet, pénètre dans la redoute, baïonnettes baissées et, après un combat acharné, l'arrache aux Russes de Doctoroff et de Raesskoï; le 30e est laissé dans la redoute pour garder la conquête, le reste de la Division prend position à droite et à gauche, mais beaucoup trop en arrière. Presqu'au même moment, le Général Morand est grièvement blessé.
"Pendant que ces événements se passaient à droite en avant des trois flèches, le prince Eugène à gauche, ayant fait franchir la Kolocza dès le matin aux deux divisions Morand et Gudin, avait dirigé la division Morand sur la grande redoute, et laissé la division Gudin au pied de l'ouvrage, dans l'intention de ménager ses ressources. La division Morand, conduite par son général, avait gravi au pas le monticule sur lequel la formidable redoute était construite, et avait supporté avec un admirable sang-froid le feu de quatre-vingts pièces de canon. Marchant au milieu d'un nuage de fumée qui permettait à peine à l'ennemi de l'apercevoir, cette héroïque division était arrivée très-près de la redoute, et lorsqu'elle avait été à portée de l'assaillir, le général Bonamy, à la tête du 30e de ligne, s'y était élancé à la baïonnette, et s'en était emparé en tuant ou expulsant les Russes qui la gardaient. Alors la division tout entière, débouchant à droite et à gauche, avait repoussé la division Paskewitch du corps de Raéffskoi, lequel se trouvait ainsi refoulé d'un côté par Morand, de l'autre par les cuirassiers de Latour-Maubourg" (Thiers - Histoire du Consulat et de l'Empire).
"Le 30e, ayant à sa tête le général Bonamy, s'élance dans la redoute, pendant que les autres Régiments de la Division, passant à droite et à gauche, abordent avec un élan irrésistible les lignes qui combattent à découvert. Tout plie sous le choc de ces vaillantes troupes qu'encadrent les vétérans d'Auesrtaedt, d'Eylau et de Wagram. La Division Paskiewitch ne présente plus en quelques instants, dit Butturlin, que des colonnes informes; les défenseurs de la redoute sont expulsés ou tués à coup de baïonnette par le 30e qui, par ce vigoureux fait d'armes, l'un des plus célèbres dont l'histoire de nos guerre fasse mention, a mérité l'honneur de voir le nom de la Moskowa inscrit sur son drapeau" (Historique abrégé du 30e).
Barclay et Bagration sentent que non seulement la victoire est attachée à la possession des deux positions qui viennent de leur échapper, mais que s'il ne parviennent pas à fermer la trouée, sitôt ouverte sur leur centre, l'armée russe est perdue. Aussi demandent ils à grand cris des renforts à Kutusoff, resserrant, en les attendant, leurs lignes autour de ces deux points.
Vers la grande redoute, le jeune Général Kutaïsof, commandant de l'artillerie de Barclay, fait pleuvoir sur la Division Morand une grêle de boulets et de mitraille et ramène au combat la Division Paskiewitch. Le vieux Yermolof, Chef d'Etat major de Barclay, se met de son côté à la tête de la Division Likatcheff encore intacte, et tous les deux marchent sur la grande redoute, d'où l'on vient d'emporter Morand grièvement blessé.
Le 30e y est resté seul, sans canons, mal abrité sur le revers des déblais contre la formidable artillerie qui balaie le plateau et qui a contraint les autres Corps de la Division à se reporter en arrière. A découvert sur la gorge de l'ouvrage, il éprouve des pertes cruelles et est décimé par un feu de mitraille épouvantable auquel il ne peut répondre, faute d'artillerie. Tout à coup, Yermolof et Kutaïsof s'abattent sur lui, avec leurs deux Divisions, suivies des Corps de cavalerie Korf et de Krentz qui chargent à droite et à gauche et l'isolent de tout appui. Le brave 30e, attaqué par des forces quadruples, tient ferme; Yermolof et Kutaïsof tombent sous ses balles, ce dernier frappé mortellement, et leurs têtes de colonnes jonchent le sol. Mais écrasé par un tel poids, réduit à 268 hommes (?) groupés autours de leur Aigle, il se voit contraint de lâcher prise et de se réfugier dans le ravin, ayant perdu entre la moitié et les deux tiers de son effectif et 44 Officiers, dont 21 tués, parmi lesquels deux Chefs de Bataillon, dont le Chef de Bataillon Plaige (selon historique abrégé, mais il s'agit vraisemblablement d'une erreur - voir biographie de Plaige plus bas), le vétéran des guerres de la Révolution. L'acharnement sur cette partie du champ de bataille est tel qu'on ne fait aucun quartier et l'intrépide Bonamy reste dans la redoute, percé de plusieurs coups de baïonnette. Il ne doit la vie qu'à une méprise des Russes qui le prenant pour le Roi Murat, l'épargnent pour en faire un trophée. Parallèlement, la charge des Escadrons des Généraux Korf et Krentz sur le reste de la Division oblige cette dernière à rétrograder précipitamment; la Division Girard arrive heureusement et préserve la Division Morand d'une destruction certaine; mais la grande redoute reste au pouvoir de l'ennemi.
"Le général Bonamy fit partie de l'expédition de Russie et s'y distingua dans plusieurs occasions; mais ce fut surtout à la bataille de la Moskowa qu'il s'illustra par l'un des plus beaux faits d'armes de cette guerre. Ayant reçu l'ordre d'attaquer, au centre de l'armée russe, la terrible redoute où quarante pièces de canon vomissaient incessamment la mort il se mit à la tête du 30e régiment, essuya de nombreuses décharges de mitraille, perdit la moitié de sa troupe, et devint, avec le reste, maître du redoutable retranchement. Mais, attaqué aussitôt par d'innombrables masses d'infanterie, il voulut encore résister, vit tomber à ses côtés le dernier de ses soldats, fut lui-même percé de vingt coups de baïonnette et laissé pour mort sur le champ de bataille. Il tomba au pouvoir des Russes, qui le gardèrent vingt-deux mois prisonnier. Il revint en France en 1814" ("Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850". tome 1. A-GIU, par C. Mullié).
Le Capitaine François raconte : "Le 7 septembre, à 3 heures du matin, l'armée est sous les armes. Quoique blessé, je suis à la droite de ma compagnie. Le régiment étant en bataille, mon colonel et plusieurs de mes camarades insistent pour que je quitte les rangs et que j'aille à l'ambulance; mais je veux partager la gloire de nos armes dans cette journée, et je refuse d'abandonner mes voltigeurs. C'était la bataille de la Moskowa qu'on allait livrer, et je voulais avoir le droit de dire un jour : "J'étais à cette grande bataille sous les murs de Moscou".
A 3 heures et demie, nous commençons nos mouvements pour passer le ravin. A 5 heures et demie, le régiment fait halte à mi-côte du ravin. Un soleil sans nuage brille au-dessus de nos têtes : c'est le soleil d'Austerlitz, il est le présage de la victoire.
A 6 heures du soir (note : du matin), un coup de canon, tiré par l'artillerie de la Garde, donne le signal du combat. Cent vingt bouches à feu, à notre extrême droite, commencent l'action. Notre régiment descend le ravin et en monte ensuite l'autre côté en ligne de bataillle ; marche fatigante et difficile, surtout lorsque les obus éclatent au dessus de nos têtes et portent la mort dans nos rangs. En même temps que nous, les autres corps de l'armée effectuent leurs mouvements.
A 8 heures, notre régiment a gravi la côte et passé le Kologha, rivière qui va se jeter dans la Moskowa et qui nous sépare des Russes. A dix pieds du niveau de la plaine, masquée par le faîte du ravin, on rallie la ligne de bataille, et le général Morand nous fait marcher sur la grande batterie ennemie. En parcourant la ligne pour encourager les soldats, ce général, arrivé devant ma compagnie, s'aperçoit que je suis grièvement blessé.
"Capitaine, me dit-il, vous ne pouvez suivre, retirez-vous à la garde du drapeau".
Je lui réponds :
"Mon général, cette journée a trop d'attraits pour moi pour que je ne partage pas la gloire que le régiment va acquérir.
- Je vous reconnais", répliqua-t-il.
Et après m'avoir serré la main, il continue de parcourir la ligne de bataille au milieu des boulets qui tombent de toutes parts. Notre régiment reçoit l'ordre d'avancer. Arrivés sur le faîte du ravin, à une demi-portée de la grande batterie russe, nous sommes écrasés par la mitraille de cette batterie et par le feu de plusieurs autres dont elle est flanquée; mais rien ne nous arrête. Ainsi que mes voltigeurs, malgré une jambe blessée, je saute pour laisser passer les biscaïens qui roulent dans nos rangs. Des files entières, des demi-pelotons tombent sous le feu de l'ennemi et forment de grands vides. Le général Bonamy, qui est à la tête du 30e, nous fait faire halte au milieu de la mitraille ; il nous rallie, et nous continuons de marcher au pas de charge. Une ligne russe veut nous arrêter; à trente pas d'elle, nous faisons un feu de régiment et nous passons dessus. Nous nous élançons vers la redoute, nous y montons par les embrasures ; j'y entre au moment où une pièce vient de faire feu. Les canonniers russes nous reçoivent à coups de leviers et de refouloirs. Nous combattons avec eux corps à corps, et nous trouvons de redoutables adversaires. Un grand nombre de Français tombent dans les trous de loup pêle-mêle avec les Russes qui sont déjà dedans. Entré dans la redoute, je me défends avec mon sabre contre les canonniers, et j'en sabre plus d'un. L'impétuosité de nos soldats est telle, que nous dépassons la redoute d'une cinquantaine de pas. Mais nous ne sommes pas suivis par les autres régiments de la division, qui sont eux-mêmes aux prises avec les Russes, excepté un bataillon du 13e léger qui nous seconde, et nous sommes contraints de battre en retraite en traversant la redoute, la ligne russe qui s'est relevée et les trous de loup; aussi notre régiment est-il foudroyé. Nous nous rallions derrière la redoute, toujours sous la mitraille de l'ennemi, et nous tentons une seconde charge; mais, n'étant pas soutenus, nous sommes en trop petit nombre pour réussir, et nous nous retirons avec onze officiers et deux cent cinquante-sept soldats; tout le reste est tué ou blessé.
Le brave général Bonamy, qui n'avait pas quitté la tête du régiment, a été laissé blessé dans la redoute après avoir reçu quinze blessures; il est prisonnier des Russes" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Vers Séménoffskoïe, Bagration a juré de mourir ou de reprendre les trois flêches. Il ramène au combat les Grenadiers Woronzoff et de Mecklembourg avec ses Corps de cavalerie et les fait appuyer par deux Divisions fraiches : Prince de Wurtemberg à droite, Konownintzin à gauche, et par les cinq Régiments de Cuirassiers de la Garde. Il donne pour objectif à toutes ces masses le plateau des trois flêches. Les quatre Divisions de Ney et de Davout, qui combattent depuis le matin, pourraient succomber sous un tel choc. Mais Bagration ne les prendra pas au dépourvu. A leur droite déjà s'est établie la Division Marchand et à leur gauche parait celle de Friant.
Fig. 31 Sapeur, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 64) |
Fig. 31bis Le même d'après L. de Beaufort (Le Briquet 1969/4) |
Fig. 31a Sapeur, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 31b Sapeur, 1810, d'après Charmy |
Traversant le ravin de Séménoffskoïe, l'intrépide Friant parvient déployer sa Division sous la mitraille à hauteur du village en ruines. Son mouvement paralyse d'abord celui de l'Infanterie des Russes, puis, formant en carrés ses deux Brigades, il oppose à leur cavalerie deux citadelles inexpugnables. La fermeté de cette troupe d'élite. qui donne aux cavaliers de Latour-Maubourg, de Nausouty et de Montbrun le temps de tomber sur le flanc des masses russes, impressionne vivement Murat qui a pris place dans un de ces carrés et s'écrie : "Soldats de Friant, vous êtes des héros".
La lutte est formidable. "Rien dans la mémoire de ces gens de guerre ne ressemble, dit Thiers, à ce qu'ils ont sous les yeux". Spectacle vraiment fabuleux, en effet, que cette gigantesque mêlée, concentrée sur ce coin relativement restreint du champ de bataille, et dans laquelle 12 Divisions d'infanterie et 20000 cavaliers se heurtent au fracas de 350 pièces d'artillerie.
Fig. 32 Colonel, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 32a Colonel 1810-1812 d'après G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11 - source : manuscrit du Docteur Beck) | Fig. 32b Colonel, 1810-1811, d'après K. Tohsche | Fig. 32c Colonel vers 1813 d'après R. North (source : R.v.d. Neste d'après portrait) |
Des deux côtés, on voit tomber les combattants les plus illustres. Chez nous, Montbrun est enlevé par un boulet; Davout et Friant ont du quitter le champ de bataille, grièvement blessés. Du côté des Russes, c'est le tour de Bagration, l'idole de leur armée, qu'on emporte frappé à mort. Mais Ney et Murat, qui ne furent jamais plus prodigieux d'activité et de bravoure, restent invulnérables. Leur présence au milieu des troupes rend nos soldats invincibles. Les Russes renoncent à la possession du plateau des trois flêches et se retirent au delà du village de Séménoffskoïe.
Napoléon veut alors porter le coup décifif, en s'appuyant sur la position conquise, pour agir de flanc sur la grande redoute. Il marche sur Séménoffskoïe avec une Division de la Garde; il y appelle les Divisions de Junot, rendues disponibles par les succès marqués de notre aile droite, et y envoie toutes les réserves d'artillerie. Cette artillerie vient border toutes les arêtes du terrain autour du village de Séménoffskoïe et derrière elle, dans le ravin, se masse toute la cavalerie de l'Armée, y compris celle de Grouchy, qui n'a pas encore donné.
"A trois heures, un ordre de l'Empereur prescrit au Prince Eugène de la reprendre; la Division Morand, placée sous les ordres du Général Broussier, et la Division Girard sont chargées de cette difficile mission. L'ouvrage était gardé à l'intérieur et en arrière par la Division Likatchef, du Corps de Raffskoi" (notice historique).
A droite : "Plaque de shako du colonel Plaige en laiton estampé, découpée et dorée; hauteur 12 cm. (Manque la croix au sommet de la couronne). époque Premier-Empire, 1812. Cette plaque de shako est celle représentée sur la miniature". A gauche : hausse col |
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A gauche, "paire d'épaulettes du colonel Plaige en passementerie d'or, à grosses torsades; doublure en drap bleu portant une étiquette de : “Poupard & Cie Palais Royal n° 52 à Paris” (étiquettes accidentées). époque Premier-Empire, 1812". A droite, dessin paru dans le périodique A.B.N. n°79; dessin de R. Van den Neste. Collet privée |
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Fig. 33 "Exceptionnelle miniature sur vélin et ivoire : le colonel Plaige en pied, en tenue de colonel du 30e régiment d'infanterie de ligne, portant son shako ; il est décoré de la croix d'officier de l'ordre de la Légion d'Honneur; en arrière-plan, un paysage avec un village, probablement sa ville natale ; le visage, le shako et le buste ont été peints sur un médaillon ovale en ivoire, de façon à avoir un meilleur rendu du visage ; cadre en bois doré à une rangée de perles ; 24,5 x 17,5 cm. (Petite fente). époque Premier-Empire, vers 1812. Accès au dossier de Légionnaire de Jean-Baptiste Plaige (LH/2175/39) : http://www.culture.gouv.fr/LH/LH181/PG/FRDAFAN83_OL2175039V001.htm |
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"Belle croix d'officier de l'ordre de la Légion d'Honneur ayant appartenu au colonel Plaige, en or, émaillée, du troisième type; long ruban à bouffette ; diamètre 39,5 mm. époque Premier-Empire, 1809. POINçONS : anneau poinçonné à la tête de coq, 1809/1819. Croix d'officier de l'ordre de la Légion d'Honneur ayant appartenu au colonel Plaige, en or, émaillée, du quatrième type, modifiée sous la Restauration; ruban avec rayure blanche au milieu; diamètre 42 mm. (éclats aux émaux). époque fin du Premier-Empire, Restauration. POINçONS : hibou, poinçon du contrôle lors de la vente de 1959. Croix de chevalier de l'ordre de Saint-Louis ayant appartenu au colonel Plaige, en or, émaillée ; ruban à bouffette avec rayure blanche sur le noeud; largeur 33,5 mm. (éclats aux émaux). époque Restauration. POINçONS : hibou, poinçon du contrôle lors de la vente de 1959. Barrette de trois décorations miniatures ayant appartenu au colonel Plaige, en or, gravée de feuillages ; elle porte un Lis en argent et une croix de l'ordre de Saint-Louis, la croix d'officier de la Légion d'Honneur manque ; elle est présentée sur un ruban rouge avec une bande blanche au milieu. époque Restauration. POINçONS : tête de coq, 1809/1819". |
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En haut : A gauche, "Dragonne de sabre du colonel Plaige en passementerie d'or, galon plat, gland à grosses torsades. époque Premier-Empire, 1812". Au centre, "Garde de l'épée et dragonne avant appartenu au Colonel Plaige. Dessins de R. Van den Neste". A droite, "paire de pistolets à silex ayant appartenu au colonel Plaige, canons à pans puis ronds, incrustés de rinceaux d'argent, poinçonnés aux tonnerres et signés en lettres d'argent sur les bandes : “ANDREAS KUCHENREUTER”; platines à corps plats et chiens à col de cygne, ressorts de batterie à galet; garnitures en fer, découpées; crosses en noyer, légèrement sculptées; baguettes en bois à embout en os; longueur 40 cm (un chien réparé). époque Premier-Empire. Ceinture porte-épée de petite tenue en cuir noir, portée par le colonel Plaige. époque Premier-Empire. Paire d'éperons à col de cygne en argent, avec leur fixation en cuir et leur boucle d'argent ayant appartenu au colonel Plaige. époque Premier-Empire. Longue-vue ayant appartenu au colonel Plaige en laiton à trois tirages, signée de : “T. Harris & Son London - Improved day or night”; longueur 29 cm, dépliée 91 cm. époque premier tiers du XIXe". |
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"Brevet de chevalier de l'Empire sur parchemin, attribué au sieur Plaige Jean-Baptiste, officier de la Légion d'Honneur, donné à Paris le 21 novembre 1810, signé : “Napol”; armoiries peintes en haut à gauche, avec son cachet de cire rouge; l'ensemble est présenté dans un emboîtage en bois toilé bleu et beige; diplôme 41 x 51 cm, l'ensemble 68 x 59,5 cm" |
De son côté, Kutusoff resserre son ordre de bataille; il double Likatcheff par Kaptziewich, derrière la grande route, Raëffskoï par Ostermann, entre la grande redoute et Séménoffskoïe, et fait avancer ses dernières réserves avec toute la Garde. Pour gagner le temps nécessaire à ces dispositions, il emploie les Cosaques de Platoff à une vigoureuse démonstration sur notre extrême gauche. Cette diversion réussit à retarder l'exécution des mouvements prescrits par Napoléon. Mais Ney et Murat profitent de ce retard pour battre en brèche les lignes et les colonnes russes avec les 300 pièces qu'ils ont réunies autour de Séménoffskoïe. De telle sorte que l'incident qui nous a préoccupé sur la gauche étant éclairci, ils trouvent les masses ennemies suffisamment ébranlées pour espérer de les renverser, à l'aide d'un mouvement général de la cavalerie. D'après les ordres de Murat, Caulaincourt, qui a remplacé Montbrun, devra charger en avant et à gauche de Séménoffskoïe; Latour-Maubourg chargera à la droite de Caulaincourt; Grouchy les appuiera tous les deux.
Fig. 34 Officier de Grenadiers, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 66) |
Au signal de Murat, Caulaincourt part à la tête de trois Régiments de Cuirassiers et de deux Régiments de Carabiniers. Tout plie devant cette véritable tempête qui s'ouvre en un instant une large trouée à travers les débris de Raëffskoï et d'Ostermann. Bientôt, Caulaincourt s'aperçoit qu'il dépasse la grande redoute. Il rabat à gauche et tombe à revers sur les Divisions de Likatcheff et de Kaptziewich. En même temps les Divisions Morand, Gudin et Broussier, qui voient le mouvement de nos Cuirassiers, dont les casques étincellent à leurs yeux par dessus les lignes russes, s'élancent à leur rencontre. "Les deux Divisions (Morand et Girard) françaises commencent leur mouvement; en marchant, elles voient briller en arrière les casques de nos cuirassiers; c'est la cavalerie de De Caulaincourt qui, après avoir sabré le corps de Raffskoi, refoulé la cavalerie de Korf et de Krentz et enfoncé à coups de sabre la Division Likatchef, a rabattu à gauche un de ses régiments (le 5e Cuirassiers) qui parait à la gorge de la grande redoute. Des cris d'enthousiasme partent de toutes les poitrines; les Divisions Morand et Girard s'élancent, escaladent les parapets et le 30e rentre avec elles dans ce formidable ouvrage dont la conquête, le matin, lui a coulé tant de sang" (Notice historique). Le 9e de Ligne de la Division Broussier, enlevé par le Prince Eugène, et rouvrant le glorieux chemin tracé par le 30e, franchit les parapets de la terrible redoute au moment où l'héroïque Caulaincourt y entre par la gorge avec le 5e Cuirassiers et paye de sa vie ce fait d'armes légendaire. La Division Kaptziewich est enfoncée; celle de Likatcheff est taillée en pièces à coup de sabre et de baïonnette et son vieux chef est fait prisonnier. La Garde à cheval russe fait de nobles efforts pour rétablir le combat, mais elle est ramenée par les cavaliers de Grouchy. Alors, les Divisions Morand, Gudin et Broussier se déploient au-delà de la grande redoute, tandis que Ney et Murat gagnent rapidement du terrain vers le centre du champ de bataille.
La victoire est décidée. Napoléon se contente de la confirmer en accablant de sa puissante artillerie l'ennemi en retraite, cela pour ménager sa réserve en vue des difficultés qu'il est prudent de prévoir si loin de sa base d'opérations.
Jamais, a t'il dit dans ses mémoires, il ne vit briller dans cette armée "autant de mérite" qu'à la bataille de la Moskowa. Cet hommage est justifié, car si la victoire y fut si peu incertaine, malgré la valeur de l'ennemi et les obstacles redoutables qu'il sut nous opposer, c'est que le dévouement à la Patrie n'y connut pas de bornes. 30000 de nos soldats ont été atteints par le fer ou le feu. Dans ce nombre nous comptons, chiffre qui n'a jamais été égalé dans aucune bataille, 37 Colonels et 47 Généraux tués ou blessés. Le 30e a eu 19 Officiers tués et 32 blessés (voir également les chiffres donnés un peu plus haut), à tel point que seuls 400 hommes et 11 Officiers sont encore en état de combattre le soir du 7.
Pertes dans le cadre des Officier du 30e à la bataille de la Moskowa, d'après la Notice historique :
Plaige (?), chef de Bataillon, tué; Merlette (Antoine Maximilien), Chef de Bataillon, tué; Thièbe (Claude Christophe), Capitaine, tué; Vergniaud (Pierre), Capitaine, tué; Duval (Nicolas), Capitaine, tué; de Montély (Jean Louis Auguste), Capitaine, tué; Bonnet (Pierre), Capitaine, tué; Domezille (Pierre), Capitaine, tué; Lamotte (Pierre), Capitaine, tué; Sauvage (Hubert), Lieutenant, tué; Fleury (Antoine), Lieutenant, tué; Grun (Chrétien Henri), Capitaine, tué; Devillaire (Etienne), Lieutenant, tué; Magnan (Dominqiue), Lieutenant, tué; Couture (Jean Baptiste), Lieutenant, tué; Capela (Sylvestre Pascal), Lieutenant, tué; Carrier (François), Lieutenant, tué; Delalle (Jean Jacques), Lieutenant, tué; Quesnel (Charles), Sous lieutenant, tué; Bergeral (Jean), Sous lieutenant, tué; Rigaux (Jacques), Sous lieutenant, tué.
Officiers du 30e blessés à la Moskowa (d'après la Notice Historique) :
Général Bonamy, commandant le Régiment, percé de plusieurs coups de baïonnette; Bucquet (Charles Joseph), Colonel, atteint d'une blessure; Richard (François Marie), Chef de Bataillon, coup de biscaïen; Boutrais (Pierre), Chef de Bataillon, coup de feu au talon gauche et coups de baïonnette au flanc gauche; Favié (Edme), Capitaine, deux coups de feu à la main gauche; Christophe (Prosper), Capitaine, deux coups de baïonnette; de Huïs (Jean Pierre Charles), Capitaine, coups de feu à la cuisse droite et au bras gauche; Guilin (Didier), Lieutenant, deux coups de biscaïen; Ronin (Jacques), Adjudant major, coup de biscaïen au talon gauche; François (Charles), Lieutenant, coup de feu au talon gauche et jambe gauche traversée; Hay de Sancé (Alexandre), Lieutenant, coups de feu au ventre et au poignet; Talabot (Jules), Lieutenant, coup de feu traversant les deux cuisses; Faure (Saint Romain), Lieutenant, atteint d'un coup de feu; Moireau (François), Lieutenant Adjudant major, coup de feu au bras gauche; Martin (Gabriel), Sous lieutenant, coup de feu à la tête; Rigolat (Maurice), Sous lieutenant, coup de feu au bras droit; Causse (Pierre), Sous lieutenant, coup de feu à l'épaule gauche; Puissant (Alexandre), Sous lieutenant, atteint d'un coup de boulet; Begingette (Charles), Sous lieutenant, coup de feu au bras droit; Thomain (François), Sous lieutenant, coup de feu à la cuisse gauche; Laurent (Pierre), Sous lieutenant, coup de feu au bras gauche; Michaud (Pierre), Sous lieutenant, coup de biscaïen à la cuisse droite; Bourgeois (Jean), Sergent major, depuis Officier au Corps, éclat d'obus au pied.
Martinien nous donne les indications suivantes :
- Tués : Chefs de Bataillons Merlette et Plaige (pour ce dernier, il y a très certainement une erreur, que l'on retrouve également dans l'Historique abrégé du 30e; y aurait il confusion avec le Chef de Bataillon Haige, mentionné par R. Darnault, qui commandait le 1er Bataillon du 30e de Ligne en février 1812 ?); Capitaine Adjudant major Dulau (tué le 5); Capitaines Bonnet, Domezille, Duval, Grun, De Montety, Thièbe, Vergniaud; Lieutenants Capela, Carrier, Couture, Floury, Magnan, Sauvage; Sous lieutenants Bergerat, Quesnel, Rigaux. Total : 19
- Blessés et morts des suites de leurs blessures : Capitaine Lamotte (mort le 10 octobre); Lieutenants Devillaire (mort le 6 octobre), Delalle (mort le 4 octobre).
- Blessés : Colonel Bucquet; Chef de Bataillon Witas, Capitaine Adjudant major Guilin, Capitaines Bacot, Blain, Jacobé, Boutrais, Christophe, Herbin, Favié, Morin, François, De Huis, Richard, Solirenne; Lieutenants Adjudants majors Moireau, Vergneaud, Ronin; Lieutenants Aigoin, Faure Saint-Romain, Hay de Sancé, Pujol; Sous lieutenants Causse, Clapier, Rosset, Laurent, Marin, Pichot, Brandin, Talabot, Thomain, Paillié. Total : 32.
Le rapport du Prince Eugène sur la bataille de la Moskowa se termine par ces mots : "Je devrais citer tous les régiments qui ont combattu; les 106e, 9e, 30e, et 21e de Ligne se sont singulièrement faits remarquer par leur calme et leur intrépidité". Le Major Hervé, du 30e, est cité comme étant entré un des premiers dans la grande redoute armée de 18 pièces.
Le Capitaine François écrit : "J'ai fait plus d'une campagne, mais je ne m'étais pas encore trouvé dans une aussi sanglante mêlée et avec des soldats aussi tenaces que les Russes. Je suis dans un état épouvantable : mon shako a été emporté par la mitraille ; les pans de mon habit sont restés aux mains des Russes en combattant corps à corps avec eux ; je suis couvert de contusions de tous côtés ; la blessure de ma jambe gauche me fait horriblement souffrir, et, après quelques minutes de repos sur le plateau où nous nous sommes ralliés de nouveau, affaibli par la perte de mon sang, je tombe sans connaissance. Des voltigeurs me font revenir à moi et me portent à l'ambulance, au moment où l'on y panse le général Morand, qui a été blessé au menton par un biscaïen. Il me reconnaît, me tend la main et, lorsqu'il est pansé, il fait un signe au chirurgien pour me recommander à ses soins. Le docteur s'approche de moi, examine ma blessure, pousse son petit doigt dans le trou de la balle, atteint son bistouri, fait la croix d'usage à chaque trou, et, avec sa sonde, me traverse la jambe entre les deux os.
"Blessure heureuse", me dit-il.
Il en retire ensuite des esquilles, puis il met le premier appareil et me dit de me rendre à l'ambulance de l'armée, à Kologha, où sont déjà des milliers de blessés, mais peu du 30e; ils sont restés dans la redoute. Cependant j'arrive dans une chambre où sont vingt-sept officiers du régiment, dont cinq amputés, couchés sur la paille ou sur le carreau et manquant absolument de tout. Il y a plus de dix mille blessés à cette ambulance ; toutes les maisons de Kologha en sont remplies.
Mon soldat de confiance, échappé au carnage, s'était rendu le soir sur le champ de bataille pour m'y chercher; mais d'autres soldats du régiment lui ayant appris que j'étais à l'ambulance, il vint m'y rejoindre avec mes chevaux. C'est à lui que je dois la vie, ainsi que plusieurs de mes camarades, par l'activité qu'il mit à nous procurer des vivres. J'ai payé un oeuf quatre francs, une livre de viande six francs et un pain de trois livres quinze francs. Je possédais heureusement quatre cents francs, que m'avaient envoyés à l'ambulance ceux de mes chefs échappés au carnage.
Le lendemain, quelques soldats du 30e, blessés légèrement, parcourent les salles. Un de mes voltigeurs m'aperçoit et s'écrie :
"Ah ! mon Dieu ! capitaine, on vous avait dit tué. Ah ! que je suis content de vous revoir ! Aussi, pourquoi diable ne vous êtes vous pas contenté de votre blessure ?".
Et ce témoignage d'affection, que ne m'ont jamais refusé ceux qui ont servi avec moi, me fait pour un moment oublier ma triste situation. Ce même voltigeur m'apprend que mon lieutenant est tué, que mon sous-lieutenant est grièvement blessé, que mon sergent-major, trois sergents, six caporaux et cinquante-sept soldats sont morts et qu'il ne reste que cinq hommes de toute ma compagnie. Le régiment est réduit à environ trois cents hommes, de quatre mille cent qu'il comptait.
Dans la nuit du 9, sept officiers de ma chambrée meurent.
Enfin j'apprends les résultats de la bataille de la Moskowa, dans laquelle nos troupes ont remporté la plus éclatante victoire. Dix jours après cette mémorable journée, plus des trois quarts des blessés de l'ambulance de Kologha meurent faute de secours et de nourriture" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
- Entrée à Moscou
Le 8 septembre, le Maréchal Davout reprend le commandement des deux Divisions qui, le jour de la bataille, avaient été placées sous le commandement du Prince Eugène et, à la suite de Murat, se dirige sur Mojaïsk. Blessé et ne pouvant tenir à cheval, le Maréchal suit en voiture les mouvements de ses troupes.
Le lendemain 9 septembre, le 1er Corps entre à Mojaïsk, puis marchant toujours dans les traces de l'armée russe, il est le 10 à Krinskoïe, le 11 à Koibinskoïe, le 12 à Momonowo (?), le 13 à Worobiewo, la dernière étape avant Moscou. Enfin, le 14, du sommet d'un mamelon, l'armée aperçoit à ses pieds, éclairés par les premiers rayons du soleil, les clochers dorés de Moscou; à cette vue, l'enthousiasme des soldats est sans borne, ils oublient tant de fatigues et de misères, donnent cours à leur joie et forment les plus belles espérances qui bientôt devaient être cruellement déçues. Le même jour, par suite d'une convention, la Grande Armée campe sous les murs de Moscou pour laisser le temps à l'armée russe d'évacuer la ville.
Le 15 septembre, la Grande Armée fait son entrée à Moscou. Le 1er Corps est cantonné dans le quartier du sud ouest, entre la porte de Smolensk et celle de Kalouga. Le 16, à la suite des incendies, l'armée est obligée de quitter la ville; le 1er Corps se replie sur la route de Smolensk. Le 30e ne compte que 37 Officiers et 917 hommes. Mais, selon la Notice Historique, et l'Historique abrégé du Régiment, à cette date, un fort détachement venu du Dépôt, et reçu par le Régiment depuis la bataille de la Moskowa, a porté son effectif au chiffre de 94 Officiers et de 3847 hommes de troupe.
Le Capitaine François écrit : "Pendant mon séjour à l'ambulance, le 14 septembre, l'armée française entre dans Moscou. Assez de relations ont parlé du terrible incendie de cette capitale; je n'ai point vu cet effroyable spectacle" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 23 septembre, le Colonel Bucquet est nommé Général de Brigade. Le Major Hervé prend le commandement provisoire du Régiment.
Le 27 septembre, Guibert écrit depuis Moscou à sa mère; dans cette lettre, il revient sur la bataille de la Moskowa : " ... depuis 12 jours, nous sommes à Moscou mais à notre arrivée, les russes en se sauvant ont mis le feu et nous sommes dans des ruines d'une ville énorme ! Il est impossible d'en voir de plus belles jamais Paris ne sera aussi beau que Moscou était. Nous sommes casernés dans un palais magnifique échappé aux flammes, mais te dirai-je une chose bien plus étonnante que je ne puis encore croire : je suis capitaine ... tu conviendras qu'il est impossible d'être plus heureux, on n'a jamais vu un avancement aussi rapide. C'est insolent... le régiment s'est battu pendant les 5, 6 et 7. Il a perdu beaucoup de monde surtout le 7. Ce fut une affaire générale dans laquelle le corps souffrit beaucoup. J'eus le bonheur d'en réchapper avec 2 contusions, l'une au bas ventre et l'autre à la cuisse, les 2 balles étaient presque mortes car je ne fus à l'ambulance que pour me faire panser ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le Capitaine François écrit : "Le 28 septembre, me trouvant assez bien de mes blessures, quoique je ne puisse marcher qu'à l'aide d'une béquille, j'obtiens de partir avec un détachement pour rejoindre mon régiment à Moscou. Je fais mes adieux à mes camarades. Mon soldat, qui avait eu tant de soins de moi, m'amène mes chevaux le lendemain. Comme j'ai perdu mon portemanteau, je suis bientôt prêt. Je quitte mes compagnons d'infortune, en leur laissant le peu de vivres qui me restent encore, et je me réunis à un détachement de près de sept cents hommes qui accompagne le prince Poniatowski.
Nous passons par Mojaïsk, où nos troupes ont remporté, le 8, une nouvelle victoire. Nous y trouvons une immense quantité de blessés, tant Français que Russes. Le nombre des morts était si considérable, qu'on n'avait pas le temps de les enterrer; ils comblaient les fossés. Nous traversons le champ de bataille. Des centaines de chevaux, blessés grièvement ou ayant des jambes cassées, y paissent tranquillement. Des soldats russes, encore vivants, les jambes amputées, se traînent sur ce champ de carnage où on les a abandonnés; ils n'ont vécu qu'avec ce qu'ils ont trouvé dans les havresacs des soldats morts et qui n'ont pas été ramassés. J'en vois un, entre autres, qui s'est traîné sur le bord de la route; sa jambe, fracturée, est attachée avec des chiffons; la moitié de son corps est dans le ventre d'un cheval dont il dévore la chair comme un chien. Ce malheureux ne se retire qu'en entendant le bruit de nos pas. Nous lui donnons de l'eau et quelques vivres, puis nous nous éloignons.
Le 30 septembre, devant traverser un bois où, nous dit-on, se sont réfugiées plusieurs bandes de cosaques, nous nous formons en colonne par sections. Les hommes à cheval (je suis du nombre) composent l'avant-garde, que commande un aide de camp du prince Poniatowski. A l'entrée du bois, cet aide de camp, marchant en avant avec quatre hussards, est attaqué. Il est pris avec trois hussards, et le quatrième est blessé. Nous ne sommes qu'à cinquante pas de lui; nous chargeons, mais des centaines de cosaques, sortant du bois, tombent sur nous, coupent une partie de l'avant-garde où je me trouve et repoussent l'autre partie jusqu'à la tête de la colonne, qui les accueille par une décharge de mousqueterie. Ils se rejettent alors dans le bois, où les poursuivent quelques tirailleurs. Dans leur fuite, ils rencontrent la moitié de l'avant-garde qu'ils ont coupée, et ils sabrent plusieurs des nôtres. Grâce à la bonté de mon cheval, je parviens à traverser leurs rangs et à rejoindre la colonne. Je n'ai reçu aucune nouvelle blessure, mais celle de mon jarret se rouvre; je perds beaucoup de sang, et je ne peux ni marcher ni me tenir à cheval. On me place sur un fourgon, et j'arrive ainsi à Moscou à 8 heures du soir.
Aidé par des soldats, je me rends au quartier du 30e. Mes chefs et mes camarades me reçoivent avec le plus vif intérêt. Deux voltigeurs ont rejoint ma compagnie, qui est maintenant de sept hommes. Parmi eux, c'est à qui me manifestera le plus vivement tout le plaisir qu'ils éprouvent de me revoir. Ils m'apportent des vivres, du vin, du sucre, du café. Chacun d'eux veut me faire un cadeau, et ils m'offrent quelques-uns des objets qu'ils ont trouvés dans les ruines fumantes de Moscou. Celui-ci me donne des couverts en argent, celui-là un lingot d'or fondu, l'un une cuiller à soupe, l'autre une pelisse doublée en hermine, et le tout représente une somme importante.
Rien d'extraordinaire dans le commencement du mois d'octobre; seulement, l'armée murmure de son trop long séjour à Moscou, où les vivres deviennent rares. Les soldats de la Garde ont tout accaparé; ils vendent les subsistances fort cher, et c'est à leur quartier qu'il faut aller les acheter.
Une troupe de comédiens français donne des représentations à Moscou.
Ma blessure se guérissant peu à peu, je jette une de mes béquilles au feu, afin qu'on me trouve capable de reprendre mon service, et, le 10 octobre, je suis dans les rangs pour passer la revue du colonel" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 6 octobre 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Moscou, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse copie d'un rapport qui m'a été fait par M. Martin, capitaine au 30e régiment de ligne, sur un bataillon de marche de 1,064 hommes du 1er corps et 100 du 4e qu'il a conduits ici" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 401, lettre 1102).
Le 12 octobre, le Colonel en second Adrien Ramand, des Chasseurs de la Vieille Garde, vient prendre le commandement du Régiment.
RAMAND (Adrien, chevalier) est né à Lyon (Rhône) le 4 novembre 1768, fils de Jean Nicolas Ramand, marchand boutonnier, et d'Anne Dumaine; marié à Antoinette Louise Reubell le 17 août 1805. |
Fig. 35 Officier de Grenadiers 1810-1812, d'après le Manuscrit dit "Petit Suhr" (Cornelius Suhr, frère de Christopher) | Fig. 35a Idem, fac-similé noir et blanc |
Fig. 35b Officier de Grenadiers 1810-1812 d'après G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11) d'après Suhr | Fig. 35c Officier de Grenadiers, 1810-1812, d'après K. Tohsche |
Par Décret en date du même jour, le Régiment reçoit les récompenses que l'Empereur lui accorde pour prix de sa valeur ; s'il a été bien éprouvé à la bataille de la Moskowa, d'autre part son numéro occupe une large place sur la liste des promotions faites; Napoléon crée en effet Chevaliers de la légion d'Honneur 20 Officiers et 16 Sous officiers ou soldats du Régiment. Il s'agit du Chef de Bataillon Witas; du Capitaine adjudant major Vergniaud; des Capitaines Blain, Christophe, François, De Huis, Charbonnier, Regnault, Rousseau, Solirenne, Verd Saint-Julien; des Adjudants majors De Champrouet et Ronin; des Lieutenants Clapier; Boucher, Clocher, Laurent, Rosset, Tricker; du Sous lieutenant Durieux; de l'Adjudant Chertier; du Tambour major Garon; des Sous porte aigle Fromageot et Laroche; des Sergents Carré, Farcay, Gros, Léger, Montbrun, Robin; des Grenadiers Darlot, Mars, Valtat; des Voltigeurs Burat, Gruet, Villermot.
Le Capitaine François écrit : "Le 12 octobre, nous passons une revue générale. On fait sortir des rangs ceux qui sont proposés pour l'avancement ou la décoration, et je suis du nombre. Napoléon, me voyant blessé, demande au colonel Buquet où j'ai reçu ma blessure. Sur la réponse du colonel que c'est la veille de la bataille de la Moskowa, et qu'il ajoute que cela ne m'a pas empêché de prendre part, le lendemain, à l'attaque de la grande redoute, et qu'en outre je suis un des anciens Dromadaires de l'armée d'égypte, l'empereur me dit :
"Que me demandes-tu ?"
Mon colonel, sans me donner le temps de prendre la parole, répond :
"La croix.
- Accordé".
Dans cette affaire, mon colonel me nuisit en voulant me servir; car, en disant que j'avais fait les campagnes d'Italie, d'Egypte, d'Austerlitz, de Prusse, de Pologne, d'Espagne, d'Allemagne et de Russie, j'allais demander une dotation à laquelle je croyais avoir droit. Mais il était dit que le hasard ou l'oubli entraverait toujours mon avancement. Dans cette circonstance même, ma lettre de nomination de légionnaire fut envoyée au 13e léger, où servait un autre capitaine François. Fort heureusement qu'il n'avait pas les mêmes prénoms que moi; l'erreur fut reconnue, et je reçus enfin la décoration pour laquelle j'avais été proposé plus de cinquante fois. Je ne puis concevoir par quelle fatalité, ayant toujours rempli mon devoir avec zèle, m'étant presque toujours trouvé dans les corps d'élite et ayant assisté aux batailles les plus mémorables, ayant accompli plusieurs actions d'éclat remarquées de mes chefs, je n'ai jamais obtenu les récompenses pour lesquelles j'ai été proposé" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Guibert est encore à Moscou le 14 octobre; il craint que toutes ses lettres soient maintenant interceptées : "... le temps commence à être bien froid. Ici, la terre est couverte de neige ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 16 octobre, le Sous lieutenant Lafon est blessé au cours d'une affaire près de Moscou (Martinien).
L'armée séjourne depuis plus d'un mois dans cette vaste capitale ravagée par le pillage et l'incendie; l'hiver approche, il faut prendre une grande détermination, ou établir des quartiers d'hiver en plein coeur de la Russie, à une distance énorme de la base d'opérations, ou rétrograder jusqu'au Niémen pour y attendre le retour de la belle saison et recommencer ensuite une nouvelle campagne. L'Empereur s'arrête à ce second parti.
Le 19 octobre, après 35 jours de séjour à Moscou, Napoléon donne l'ordre de rétrograder. L'Armée se met en marche, forte de 80000 hommes et de 600 bouches à feu, et suivie d'un immense convoi qu'alourdissent plus de 50000 non combattants. Kutusoff occupe la position de Taroutino et nous observe. Napoléon fait filer les impedimenta et les malades, sous la protection de quelques Corps, par la route de Smolensk, précédemment suivie, et manoeuvre avec la masse la plus importante de ses forces dans la direction de Kalouga, de façon à couvrir ce mouvement et aussi en vue de se mettre en mesure de suivre, au sud de la première, une autre route parallèle, s'il y trouve avantage. Le Prince Eugène marche en tête, vient ensuite le Corps du Maréchal Davout; le Général Morand, à peu près remis de sa blessure, a repris le commandement de la 1ère Division.
Le Capitaine François écrit : "Jusqu'au 17 octobre, le temps est superbe, peu froid, à quelques gelées blanches près; il ne tombe pas de neige.
Cette température, anormale pour la contrée où nous nous trouvions, devait être la cause de nos désastres ; nos généraux ne pouvaient croire ce qu'on leur disait sur l'excessive rigueur du climat, puisque le froid était aussi peu vif au commencement de l'hiver. Enfin l'armée part. Le 30e a reçu du renfort. Je me trouve assez bien de mes blessures; mais peu ingambe, je ne marche qu'à l'aide d'une béquille. Le chirurgien major veut me faire rester à l'hôpital, en me disant que je ne suis pas en état de suivre le régiment; mes chefs me font la même observation: néanmoins je persiste dans ma résolution de suivre mes camarades, et je prends mes dispositions en conséquence. Je charge un de mes chevaux de quelques vivres et je me fais suivre par l'autre, en attendant que je puisse le monter. Je fais donc route avec ma compagnie, à l'aide d'une béquille. Le 20 octobre, je me trouve bien fatigué, mais je ne souffre pas beaucoup" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
- Bataille de Malo-Iaroslawetz
Mais Kutusoff vient barrer le chemin à Malo-Iaroslawetz. Il devient nécessaire de livrer un combat sanglant (24 octobre). C'est le Prince Eugène qui affronte le Corps de Doctoroff; l'arrivée des Divisions Gérard et Compans, du 1er Corps, qui entrent en ligne à la fin de la journée et prennent position à droite et à gauche du village, enlève aux Russes tout espoir de nous déloger d'un point si cruellement conquis.
Les Divisions Gérard et Compans sont fortement éprouvées. Ce combat a pour résultat (bien que l'ennemi se soit retiré) de décider Napoléon à revenir sur la route de Smolensk qui devient l'unique ligne de retraite de la Grande Armée. L'Empereur confie au 1er Corps la mission difficile de former l'arrière garde et de protéger la retraite de l'armée. Rôle d'autant plus difficile à cause du froid intense qui sévit depuis la sortie de Moscou, et de l'état des chemins couverts de neige.
Le Capitaine François écrit : "Dans cette marche, nous livrons la bataille de Maloiarosjawertz, ville devant laquelle presque toute notre armée se réunit. Notre division forme l'arrière-garde. Les Russes débordent sur plusieurs points, et la route que nous devons suivre, pour effectuer paisiblement notre retraite, est coupée. Toute l'armée est obligée de retourner sur Mojaïsk, pour rejoindre la route de Moscou à Smolensk. Quelles ressources pouvons-nous espérer trouver dans ce pays que nous avons déjà parcouru en manquant de tout !" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 25 octobre, le 1er Corps demeure en position près de Malo-Jaroslawetz pour laisser à la longue colonne de l'Armée le temps de s'écouler. Le 26 octobre, le Chef de Bataillon Witas est blessé sur la route de Ghyat.
Fig. 36 Officier de Voltigeurs 1810-1812, d'après le Manuscrit dit "Petit Suhr" (Cornelius Suhr, frère de Christopher) | Fig. 36a Idem, fac-similé noir et blanc | Fig. 36b Officier de Voltigeurs 1810-1812 d'après G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11) d'après Suhr |
Du 27 au 31 octobre, le 1er Corps marche sur Voresa (?), Borodino et Ghjat. Le peu de cavalerie qui reste est entièrement ruiné et presque hors d'état de rendre aucun service, aussi "était ce une rude tâche pour les régiments d'arrière garde de repousser constamment les Cosaques à coup de fusil et de faire serrer les transports d'une armée de 100000 hommes marchant sur une seule route, emmenant avec elle 900 canons et des voitures emportant des vivres pour quinze jours, car le pays qu'elle avait à traverser était un désert au point de vue des subsistances".
Le Capitaine François écrit : "Le 27, notre corps d'armée (le 1er) livre un combat en avant de Borowsk, dans lequel il défait une nuée de cosaques.
Le 29 au soir, nous arrivons à Mojaïsk. J'ai dit que la bataille du 7 septembre avait eu lieu près de cette ville; toutes les maisons sont encore remplies de morts. En y fouillant, nous en trouvons plusieurs qui, avant de mourir, se sont mangé les bras, leurs blessures les ayant empêchés de se traîner hors des maisons. On y reconnaît le corps d'un capitaine du 30e, qui, après avoir mangé son bras jusqu'à l'os, a encore la bouche dessus.
Le 30, nous nous remettons en route. Mais nos derrières sont assaillis par des nuées de cosaques qui nous harcèlent sans cesse. Nous ne pouvons marcher mille pas sans être obligés de faire volteface, mais sans tirer, car ce mouvement seul suffit pour mettre en fuite ces enragés. Ils viennent jusqu'à cent pas de nous et nous étourdissent de leurs hourras. Parfois nous leur envoyons quelques coups de canon. Le 31, à l'approche du village de Kolotskoi, ils se réunissent en très grand nombre et attaquent notre corps d'armée. Nous les repoussons après avoir tué quelques hommes et pris cinq canons" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 1er novembre, marche sur Wiasma par Crarewe Zaimilokio (?); le 30e est à l' extrême arrière-garde.
- Combat de Djyat (ou Ghyat)
Dans la matinée du 1er novembre, le 30e a près de Ghyat un engagement particulièrement rude. Les Cosaques de Platoff, cavalerie légère de Kutusoff, avec du canon, fondent sur lui et l'enveloppent. Sans se laisser émouvoir, le 30e repousse les charges de ces importants adveraires et les disperse. Le Régiment a plusieurs blessés parmi lesquels figure le Major Hervé (Christophe), atteint d'un éclat d'obus (Notice Historique et Martinien).
Le Capitaine François écrit : "Le 1er novembre, les mêmes cosaques veulent nous arrêter devant la tête du pont de Giat ; mais ils ne peuvent nous empêcher de traverser la rivière, et nous allons bivouaquer sur les hauteurs en avant de la ville. Après une marche lente et pénible d'environ six lieues, par une neige dont le sol est entièrement couvert, nous n'avons pas un brin de paille pour nous coucher, et nous ne pouvons faire du feu, à cause de la violence du vent qui l'éteint chaque fois que nous essayons de l'allumer. Les.soldats maudissent leur triste destinée et attendent impatiemment le lever du soleil afin de se mettre en marche, sans avoir pris la moindre nourriture. A cette époque, la situation de l'armée est horrible !...
Pour moi, depuis mon départ de Moscou, malgré mes deux trous de balles dans la jambe gauche et plusieurs autres blessures non encore cicatrisées, j'ai continuellement marché, le pied droit chaussé dans une botte et le pied gauche dans une savate; mais, ainsi que tous mes frères d'armes, je prévois tant de maux, que je ne songe pas à m'occuper de mes blessures; je ne les panse plus, et ma jambe engourdie semble marcher mécaniquement. Mes chevaux me portent encore quelques vivres ; mais il n'y a plus de quoi les nourrir, excepté quelques feuilles pourries qu'ils cherchent sous la neige.
Il n'y a pas un soldat qui ne soit effrayé de l'avenir. Nous sommes à trente lieues de Moscou, au milieu d'une contrée dévastée, dans laquelle nous n'avons combattu qu'à la lueur des incendies. Le soldat qui, autrefois, partageait son morceau de pain avec son camarade, ayant à peine de quoi manger aujourd'hui, cache avec soin le peu qu'il a. Les chevaux, en temps ordinaire d'une si grande utilité pour porter les vivres, manquant de fourrage, sont si faibles, qu'il en faut de huit à quinze pour traîner une pièce de campagne. Ils mangent l'écorce des arbres ou de la mousse, et quelquefois de la paille pourrie dans les lieux où l'armée a bivouaqué; aussi périssent-ils journellement par milliers. Il faut alors faire sauter les caissons, brûler les fourgons et briser ou enclouer les pièces que nous ne pouvons plus emmener. C'est nous qui, d'arrière-garde, sommes chargés de ces tristes opérations. Le matériel de l'armée disparaît ainsi sous nos yeux d'une manière désolante.
A tant de maux, - dont les lugubres détails m'entraîneront dans des répétitions qu'il me sera difficile d'éviter dans une narration et qu'on pardonnera à un soldat, - qu'on joigne les nuées de cosaques et de paysans armés qui nous entourent, et qui poussent l'audace jusqu'à traverser nos rangs, en enlevant les chevaux de bât et les fourgons qu'ils croient le plus richement chargés. Nos soldats n'ont même plus le courage de s'opposer à ces pillages. Ceux qui s'écartent de la route pour marauder sont égorgés par les paysans. Il y en a qui quittent exprès les rangs pour se faire tuer par les cosaques ou pour devenir leurs prisonniers. Mais les cosaques souvent les dédaignent; ils se contentent de les dépouiller, quand ils ne les massacrent pas. Ces malheureux, dans leur désespoir, se jettent dans les bois ou dans les marais; là, ils trouvent la fin de leurs infortunes, n'ayant plus la force de rejoindre l'armée. Nul ne songe à conserver l'or ou les bijoux qu'il a ramassés dans les ruines de Moscou; chacun s'efforce à ne point mourir de faim. Bientôt le froid, qui devient chaque jour plus vif, doit s'ajouter à la famine pour anéantir notre armée, cette armée si belle quand elle traversa le Niémen !
Tant de privations démoralisent les soldats, qui, marchant sans regarder devant eux, heurtent indistinctement les généraux ou les camarades. Tous, ayant l'air égaré, sont couverts de fourrures plus ou moins riches et dont l'ensemble présente une diversité de costumes des plus bizarres. Comment reconnaître les mêmes hommes qui, il y a six mois, faisaient trembler l'Europe !
Pour moi, armé de ma béquille, couvert d'une pelisse rose doublée d'hermine, le capuchon sur la tête, je chemine avec mon fidèle soldat et mes deux chevaux qui, malgré la liberté que nous leur laissons, nous suivent pas à pas. Nous avons le soin de marcher toujours avec la plus grande partie du reste du régiment.
Manquant de vivres, nous mangeons les chevaux dont les cadavres bordent notre route; mais, étant d'arrière-garde, nous ne trouvons souvent que des restes de ces animaux, qui ont été mangés en partie par ceux qui nous précèdent. Heureux ceux qui peuvent s'en procurer ! Ils ont été ma seule nourriture jusqu'à Wilna, sauf une livre de pain d'avoine qu'un militaire de la Garde m'a vendue vingt francs. Je mange cette chair à moitié cuite, d'où découlent la graisse et le sang, qui, du menton aux genoux, teignent mes vêtements de rouge et de jaune. Qu'on joigne à cela une longue barbe dont chaque poil est terminé par un petit glaçon, se détachant d'une figure enfumée, des cheveux gras, cachés sous le capuchon de ma pelisse rose brodée d'or, et l'on aura mon portrait. Malgré cette pénible situation, je riais quelquefois, lorsque je regardais mes frères d'armes, dont l'aspect était, pour le moins, aussi plaisant que le mien.
Bientôt la ressource des chevaux morts n'est plus suffisante pour les trois quarts d'une armée affamée. Il n'y a donc que ceux qui ont encore un peu de courage qui peuvent se procurer cette nourriture. Les soldats qui n'ont conservé ni couteau ni sabre, ou ceux qui ont les mains gelées, ne peuvent même user de cette ressource. J'en ai vu cependant à genoux et d'autres assis, mordant à pleines dents dans ces carcasses décharnées, comme des loups furieux. Grâce à mon brave et fidèle soldat, je n'ai pas été réduit à une telle extrémité. J'avais, par jour, deux ou trois livres de cheval, à moitié cuit et sans sel, il est vrai, mais que j'étais encore très heureux d'avoir. Ma boisson consistait en de la neige fondue dans une casserole, conservée soigneusement par mon soldat.
Malgré la démoralisation générale, un reste d'humanité empêche de tuer les montures des blessés. Je garde donc les miennes pour porter mes vivres; mais je ne monte pas dessus, car tout homme à cheval, quelque couvert de vêtements qu'il soit, est sûr de geler en peu d'heures.
Tel est le tableau qu'offre notre armée dans les premiers jours de novembre. Mais si les hommes, épargnés par le climat et échappés aux hasards de la guerre, ont autant à souffrir, que dirai-je de la situation des malades et des blessés ! Entassés pêle-mêle sur des charrettes, dont les chevaux succombent de fatigue et de faim, abandonnés dans les bivouacs et sur les routes, ces malheureux périssent dans les convulsions de la rage du désespoir ou terminent eux-mêmes leurs souffrances quand ils ont la force de se donner la mort. Les compagnons, les amis de ces tristes victimes, sont sourds à leurs voix ou détournent les yeux pour ne pas les voir. La misère éteint tout sentiment d'amitié; l'instinct de la conservation domine seul, et le plus froid égoïsme a remplacé cette douce fraternité d'armes dont, jusqu'alors, les Français avaient donné de si touchants exemples.
Le 2, auprès de Semlewo, de l'autre côté de Wiazma, les positions avantageuses qu'occupe l'ennemi nous font craindre une affaire sérieuse. Craindre,... c'est la première fois que cette expression se trouve sous ma plume en parlant de l'armée française" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
- Combat de Wiazma
Le 3, Kutusoff, arrivant par Medyn et Luknow, peut jeter sur le flanc gauche de nos colonnes, trois de ses Corps d'armée à Wiazma. L'un d'eux réussit même à se mettre en travers de la route coupant en deux l'une des Divisions du Prince Eugène qui précède Davout. Kutusoff prend position en avant de Wiasma.
Pour se dégager, c'est une vraie bataille qu'il faut livrer, dans laquelle Eugène, Davout et Ney sont obligés d'engager presque toutes leurs forces, et encore ne sont ils là que 1 contre 4. Ney et Davout attaquent avec fureur et rétablissent les communications. Dans cette journée, le 1er Corps, qui n'a plus que 40 pièces de canon, a à lutter contre des forces supérieures et finit par enfoncer le Corps de Miloradiwitch qui a plus de 100 pièces.
Fig. 37 Officier de Fusiliers 1810-1812, d'après le Manuscrit dit "Petit Suhr" (Cornelius Suhr, frère de Christopher) | Fig. 37a Idem, fac-similé noir et blanc | Fig. 37b Officier de Fusiliers (indiqué comme étant un Adjudant) 1810-1812 d'après G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11) d'après Suhr |
La Division Morand est placée entre la Division Compans et la grande route; le soir, elle est chargée de former l'extrême arrière garde. Le prestige de nos armes et la vigueur de nos troupes font que l'ennemi, qui d'ailleurs a perdu 3000 hommes, renonce à s'engager à fond. On sort de ce mauvais pas; mais ce succès relatif n'a été obtenu qu'au prix de nombreux sacrifices; aussi, au nombre des Officiers du 30e tués ou blessés dans ce combat, relevons nous les noms du Lieutenant Bouché (Pierre), tué; du Sous lieutenant Adjudant major Vinot (Eugène), atteint d'un coup de lance au flanc gauche; du Sous lieutenant Bègue (Jean Marie), coup de feu à la main gauche; du Sous lieutenant Begingette (Charles), coup de feu à la jambe gauche. Martinien donne un Officier tué (Lieutenant Bouché), et quatre blessés (Capitaine Rambaud, mort le 29 janvier 1813; Sous lieutenants Bègue, Béguigette et Vinet).
Le Capitaine François écrit : "Le 3 novembre 1812, à 6 heures, deux divisions du 1er et du 5e corps se portent sur Wiazma, où les cosaques leur prennent quelques voitures d'équipages sans inquiéter autrement leur marche. Le général Nagle dépasse le bois de Masaiedowa; il est attaqué par deux régiments russes, près de Postzaerka, et l'ennemi cherche à pénétrer dans l'intervalle du 5e corps et de notre division, qui est derrière. En même-temps, plusieurs colonnes russes gagnent la grande route de Wiazma. Voyant leur intention de nous couper, nous faisons halte; les pièces sont mises en batterie, et on forme les troupes, dont la moitié au moins est sans armes. A peine formés, nous sommes attaqués par une cavalerie nombreuse. Notre perte est considérable. Pendant cette brusque attaque, le maréchal Davout fait filer son corps d'armée sur les derrières des 4e et 5e corps, à droite de la route, et nous prenons position sur la gauche, en avant du bois de Masaiedowa, d'où une division marche sur Nowaia. Cette division attaque les Russes et les repousse dans les bois où ils s'appuient. Les autres divisions se déploient devant l'ennemi, et, formés en demi-cercle, lui présentent la bataille. Durant que ce mouvement s'opère, les autres corps d'armée sont aux prises avec les Russes, qui s'avancent des deux côtés de la route. Le combat s'engage avec acharnement ; mais les Russes sont supérieurs en nombre, et nos chevaux, trop faibles, ne peuvent manoeuvrer nos pièces avec promptitude. Malgré ce désavantage, le combat se soutient. Alors les bagages et le matériel des corps engagés traversent Wiazma. Le maréchal Ney se porte, avec le 3e corps, sur les derrières de l'ennemi, et la bataille dure près de cinq heures. Une nombreuse cavalerie russe tourne les 1er, 4e et 5e corps; mais les Bavarois et les Italiens, en position sur un plateau, avec douze pièces de canon, l'arrêtent court et lui font éprouver une grande perte. Le 1er corps rejette la droite des Russes sur Lubtza, et le 3e corps gagne la grande route à gauche, en forçant l'ennemi à battre en retraite. Notre perte est de quatre mille hommes, celle de l'ennemi de sept mille. Nous ne pouvons emmener nos blessés.
Le combat cesse à 3 heures de l'après-midi; nous sommes maîtres du champ de bataille. A 5 heures, notre corps d'armée traverse Wiazma et va bivouaquer en avant de cette ville. Nous sommes remplacés à l'arrière-garde par le 3e corps.
Dans la nuit, bivouaquant sur les hauteurs de Dandreieskaia, nous nous attendons à une nouvelle affaire" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 4 novembre, le Corps du Maréchal Ney remplace, mais pour un jour seulement, le 1er Corps à l'arrière garde.
Du 5 au 7 novembre, marche sur Doragabouge. Le froid, qu'augmente encore une pluie glaciale, commence à se faire sentir cruellement; l'armée, sans vivres, obligée de se livrer à la maraude, harcelée sans cesse par les Cosaques, voit ses rangs s'éclaircir chaque jour et le nombre des trainards prendre d'énormes proportions. Les moindres opérations entraînent des complications et des souffrances énormes; chaque nuit de bivouac amène le sacrifice d'une foule de malades et de blessés, les chevaux meurent par milliers, une foule d'hommes épuisés jettent leurs armes. Cependant, un espoir soutient encore les courages : c'est l'arrivée à Smolensk où l'on compte trouver un abri, un peu de repos et des magasins abondamment approvisionés.
Le Capitaine François écrit : "Le nombre des combattants diminue chaque jour, les deux tiers de l'armée n'ayant plus la force de porter leurs armes à cause du froid, qui est de huit degrés au-dessous de zéro. En peu de jours il est à seize degrés ; je suis alors témoin d'épouvantables scènes de destruction. Il est impossible de se faire une idée du nombre de morts et de mourants étendus sur la route, sous une épaisse couche de neige, et de l'énorme quantité de carcasses de chevaux dont la chair nous sert de nourriture.
Ma position n'est pas brillante. Pourtant je ne sens plus mes blessures; ma poitrine est bonne, et je marche assez bien. J'ai soin de ne pas abandonner les débris de mon régiment, et souvent je partage avec mes camarades le foie d'un cheval recemment tombé; mais je vois avec peine leur découragement. Me rappelant les campagnes d'Egypte, où j'ai souffert encore davantage, où j'ai enduré plus de fatigues et de privations, je leur dis : "On peut encore être plus mal. Ici, nous avons du cheval à manger, tandis que dans les déserts de la Syrie nous n'avions souvent rien. Vous vous plaignez du froid, mais j'ai plus souffert de la chaleur au milieu des sables brûlants de l'Arabie. Patience et courage !".
Ils ne m'écoutent guère, et nous marchons une journée entière dans le plus profond silence. Plus nous avançons, plus la situation de l'armée devient alarmante.
Le 7 novembre, en quittant Dorogobej, nous perdons plusieurs pièces de canon et plus de cent voitures. Nos chevaux épuisés, glissant à chaque pas sur le verglas, ne peuvent franchir les ravins qui coupent les routes, et nous sommes forcés d'enclouer nos pièces et d'abandonner une grande partie de nos bagages" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 9 novembre, le Capitaine Hay de Sancé est blessé au cours d'un combat devant Smolensk (Martinien).
Le Capitaine François écrit : "Le surlendemain, après une marche pénible, l'armée arrive sur le bord du Vop, où un pont de bateaux est jeté. A peine est-il terminé, que les glaces le rompent sans qu'on puisse le rétablir. Il nous faut passer cette rivière à travers les glaçons, avec de l'eau jusqu'à l'estomac. Beaucoup de nos soldats y restent, ainsi qu'une partie de notre artillerie et de nos équipages. En peu d'heures la rivière est encombrée de caissons, de canons, de voitures et d'hommes noyés. Les cosaques, qui n'ont pas cessé de nous harceler, voltigent devant nous en riant comme des fous et en nous assourdissant de leurs hourras. Ils s'enfuient à l'arrivée du 4e corps. Notre armée bivouaque, partie sur une rive et partie sur l'autre.
Le 10, le reste de l'armée passe le Vop, laissant au moins cinquante à soixante pièces de canon sur ses bords; nous continuons notre route sur Duckowchina, toujours suivis par les cosaques.
Depuis le 7, le froid est plus vif chaque jour; on le dit à dix huit degrés au-dessous de zéro. Le temps devient sombre, le soleil ne se montre plus; un vent violent nous gèle et nous jette sur le sol couvert d'une neige qui tombe avec une telle abondance que les rivières, les lacs, les fossés, les chemins ne se distinguent plus. Nous ne reconnaissons notre route que par les cadavres des malheureux qui jonchent le sol. Le froid augmente le nombre des hommes isolés qui suivent avec peine. Beaucoup d'entre eux, n'ayant plus la force de marcher, tombent sur le dos en tendant vers nous leurs bras suppliants, et ils gèlent dans cette position.
Ceux qui ont les mains gelées errent à l'aventure, repoussés des feux de bivouacs parce qu'ils ne peuvent apporter de quoi les alimenter. C'est ici un des plus horribles effets de la démoralisation de l'armée. Ces infortunés, chassés par leurs frères d'armes, tombent inanimés derrière les soldats qui les repoussent, et ceux-ci, en les voyant faire l'ours (c'était l'expression), les dépouillent, sans penser que bientôt il en sera ainsi d'eux.
Parmi les terribles effets produits par le froid, les soldats dont les mains étaient gelées tombaient dessus, et leurs doigts se cassaient comme du verre; d'autres s'approchaient trop du feu, et les parties de leur corps qui étaient gelées se putréfiaient. Un de mes amis, le capitaine Thibor, du 9e de ligne, avait les pieds gelés; il ôte les linges qui entourent un de ses pieds, trois doigts s'en détachent; il retire les chiffons de l'autre pied, il prend son pouce, tire dessus et l'arrache sans éprouver aucune douleur.
J'ai eu le nez, les oreilles et le menton gelés, ainsi que les mains, mais faiblement. J'ai arraché sans souffrance la peau de toutes ces parties. Le pied que j'avais nu dans ma savate n'a pas gelé ; mais ma jambe blessée est devenue noire, et je ne la sentais plus. Je n'ai été pansé qu'en arrivant à Thorn, où, en ôtant les bandes qui ceignaient ma jambe, j'ai enlevé la peau depuis le genou jusqu'à la cheville. Ma chair était noire et marbrée. Je n'ai cependant éprouvé aucune douleur à ce pansement, quoique le chirurgien coupât la peau et la chair mortes. Depuis, ma jambe gauche est devenue plus courte que l'autre; mais je n'en souffre pas, et elle a autant de force qu'auparavant.
Les soldats qui ont pu conserver leurs armes n'en sont pas plus heureux, car ils sont constamment occupés à repousser les cosaques qui nous harcèlent sans trêve.
Quand nous ne pouvons faire du feu à cause du vent, nous devons nous livrer à un exercice continuel pour ne pas nous laisser surprendre par le froid.
Nos bivouacs offrent d'affreux tableaux. Chaque maison incendiée, dans les villages où nous faisons nos haltes, est entourée de cadavres à moitié recouverts de neige. On en trouve jusque dans les cendres encore fumantes. Des soldats se couchent sur ces cendres pour se réchauffer, et souvent ils expirent sur les corps de leurs frères d'armes.
Ceux qui ont la force d'errer dans les campagnes pour se procurer des vivres y deviénnent les victimes des paysans et des cosaques. Si, par un hasard heureux, quelques-uns sont faits prisonniers, ils sont dépouillés de leurs vêtements et forcés de suivre ces barbares jusqu'au moment où ils expirent de fatigue, de froid et de besoin.
Une grande partie de notre artillerie et presque tous nos bagages sont abandonnés sur les routes. La cavalerie, si belle il y a six mois, étant presque entièrement démontée, les hommes se dispersent et n'ont plus de discipline. Tout est anéanti dans cette malheureuse armée. La subordination est méconnue, la hiérarchie militaire cesse : l'officier général n'est plus à même de s'occuper de ses soldats qui ont fait sa gloire, et la misère de ces braves leur fait méconnaître la voix de leurs chefs. Ils s'en éloignent ou ils leur demandent la mort. Cette demande m'a été faite plusieurs fois. Que pouvais-je leur dire pour ranimer leur courage ?
Les hommes qui, comme moi, ont conservé quelque peu de force morale et de confiance, sont tourmentés par la faim : un cheval tombe, ils se précipitent dessus et s'en disputent les lambeaux. Afin de chercher le bois pour faire cuire cette viande, il faut s'enfoncer dans la campagne, au risque d'être massacré. Ainsi, les repos sont employés aux courses indispensables pour la cuisson de cette nourriture peu appétissante. Lorsque le repas est terminé, excédés par les longues marches, ne couchant que sur la neige sans pouvoir jouir d'une heure de sommeil, ne trouvant nul coin où se garantir du vent qui souvent empêche de faire du feu, généraux, officiers, soldats, se réunissent sans distinction et se serrent les uns contre les autres pour se tenir chaud en attendant l'heure du départ.
Aperçoit-on une maison, on y met le feu; et, n'ayant pas la force de s'asseoir, on reste debout, en rond, immobiles comme des spectres, autour de cet immense bûcher" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 11 novembre, le 1er Corps arrive sous Smolensk. Pour sauvegarder les magasins, l'entrée de la ville, confiée à la Garde Impériale, est interdite à l'armée; mais les soldats, exaspérés par la misère, sourds à la voix de leurs chefs, forcent les portes, pillent les dépôts, et les ressources qu'ils renferment, d'ailleurs bien inférieures à ce qu'on espérait y trouver, sont gaspillées presque sans profit. L'état déplorable dans lequel se trouve l'armée fait reconnaitre la nécessité de s'arrêter quelques jours à Smolensk pour remettre un peu d'ordre dans ce troupeau humain; le recensement que l'on fait prouve qu'il n'y a plus que 36300 hommes présents au drapeau, dont 500 cavaliers montés; une foule de plus de 40000 femmes, enfants, gens de toute sorte, soldats débandés et sans armes, suit ce petit noyau resté fidèle, d'une armée qui, au départ de Moscou, comptait encore 105000 combattants.
Pour comble de malheur, le froid redouble d'intensité; il atteint vingt-un degrès le 14.
Le Capitaine François écrit : "Nous ne trouvons aucune ressource à Smolensk, où nous arrivons le 13. Les soldats y sont entassés dans des hangars, d'où ils n'ont pas la force de sortir pour aller chercher des vivres. Pas un Français n'a l'espoir de revoir sa patrie.
On nous apprend que les Russes ont attaqué le 2e et le 6e corps à la Dwina, et qu'il nous faudra tenter le hasard d'une bataille au passage de cette rivière. Mais comment nous battre, quand les trois quarts de nos troupes n'ont pas d'armes et que l'autre quart peut à peine les porter ?
Le peu de matériel que nous traînons encore à notre suite se détruit chaque jour; notre cavalerie étant démontée (pendant notre séjour à Smolensk, nous avons perdu plus de trente mille chevaux), notre marche ne peut être éclairée, tandis que nos ennemis, suivis par d'immenses magasins, sont soutenus par une artillerie formidable, la majeure partie portée sur des traîneaux.
Le froid est tellement vif, qu'on le dit à vingt-huit degrés au dessous de zéro. Notre position est plus horrible qu'elle ne l'a jamais été, et l'on peut dire que notre armée n'existe plus. Les soldats, ayant perdu cette gaieté qui seule soutient le Français dans l'infortune, ne rêvent que malheurs. Cependant cette gaieté ne nous a pas tous abandonnés complètement, et j'espère toujours sans me livrer au chagrin; car, malgré tous les maux qui m'accablent, il me semble que l'on peut encore être plus malheureux; puis je vois une espèce de gloire à être tranquille au milieu de tant de calamités : c'est en ne m'abandonnant jamais au désespoir que j'ai été plus fort que les circonstances.
L'ennemi, qui connaît notre triste position, cherche à en profiter en enveloppant nos colonnes" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Fig. 38 Officier de Fusiliers 1810-1812 d'après G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11) ; source : Manuscrit du Docteur Beck |
Fig. 38a Officier de Fusiliers, 1810-1812, d'après K. Tohsche |
- Combat et bataille de Krasnoë
Pour ne pas interrompre le mouvement général de retraite et assurer la communication, tout en laissant un peu de repos à ses troupes, les débris de l'armée sont organisés en quatre groupes qui doivent quitter la ville à un jour d'intervalle les uns des autres. Le premier groupe comprend la Garde avec laquelle marche l'Empereur; le second est commandé par le Prince Eugène; le troisième comprend quatre Divisions du 1er Corps, commandé par le Maréchal Davout; le quatrième, formant arrière garde est sous le commandement du Maréchal Ney auquel on confie en outre une Division du 1er Corps, la Division Ricard.
Napoléon ordonne le départ de Smolensk en cinq échelons qui partent successivement les 13, 14, 15, 16 et 17 novembre. La Garde part de Smolensk le 14 et arrive à Krasnoë, le deuxième de nos gites d'étape à partir de Smolensk,le 15; déjà les coureurs de Kutusoff sont signalés. La Garde en chasse les Russes, et les deux premiers échelons l'atteignent sans trop de peine, n'ayant à faire qu'à des troupes légères. Mais sur les derrières de la Garde, l'armée de Koutosof se reforme et s'apprête à fermer la route aux Corps suivants.
Le 1er Corps quant à lui quitte Smolensk le 16 novembre et arrive dans la soirée à Korytnia (?).
Le Capitaine François écrit : "Le 13, à 8 heures du matin, notre corps d'armée se met en marche. Un vent violent ajoute à la rigueur du froid. Nous nous trouvons bientôt dans une situation extrêmement critique, pris devant et derrière, comme nous le sommes, par l'ennemi, de telle sorte que nous ne pouvons ni avancer ni reculer. Le canon se fait entendre : c'est la Garde et le 4e corps qui se battent contre les Russes, qui essayent, mais vainement, malgré la supériorité de leur nombre, de s'opposer à notre marche" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Lorsque le 3e échelon, commandé par le Prince Eugène, se présente le 16 à Krasnoë, deux Corps d'Armée, commandés par Miloradowitch, ont eu le temps de se porter en avant de la ville et lui barrent le passage. La vigueur de ses troupes, réduite à 6000 hommes, reste impuissante à briser l'obstacle. Pourtant, à la faveur de la nuit, Eugène réussit à le tourner par la droite avec deux de ses Divisions, en laissant la troisième aux prises avec l'ennemi. Mais la difficulté, à laquelle il a réussi à se soustraire, ne sera t'elle pas insurmontable le lendemain pour l'échelon suivant formé du 1er Corps commandé par Davout ? Car Kutusoff est arrivé dans la soirée avec tout le reste de son monde, c'est à dire avec trois nouveaux Corps d'armée et sa réserve de cavalerie, alors que Davout ne dispose que de 11000 hommes, en comptant la Division laissée par Eugène. Napoléon, qui a passé les deux échelons, l'a compris; il s'est arrêté à Krasnoë et va prendre une résolution à la hauteur de la gravité des circonstances.
Le Capitaine François écrit : "Le 16, de grand matin, après avoir bivouaqué à quatre lieues de Crasnoë, nous continuons notre route. Nous avançons lentement, parce que nous sommes obligés de faire volte-face à chaque instant pour repousser les cosaques. Vers midi, nous apercevons plusieurs divisions françaises envoyées à notre secours. Nous nous réunissons à ces divisions, et nous bivouaquons devant Crasnoë" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 17 novembre, le 1er Corps, qui comme nous l'avons vu plus haut, ne comprend plus que quatre Divisions, se présente à son tour. Le Corps de Miloradowitch, soutenu par 100 pièces de canon, est formé en travers de la route. Davout n'a pas d'artillerie; à l'aspect des Russes groupés en bataille, ses soldats sentent leur énergie se réveiller; ils se précipitent sur eux avec une véritable fureur, percent leur ligne et rejoignent la Jeune Garde que l'Empereur a fait sortir de Krasnoë et placée près du ravin de Lossmina (?) pour leur prêter secours.
Miloradowitch, auquel s'est joint le Prince Gallitzine et la plus grande partie de la cavalerie, réunissent leurs efforts contre la Garde et le Corps de Davout; le village d'Ouwanowo est pris et repris plusieurs fois par les Russes et les Divisions de la Jeune Garde, commandées par le Général Roguet, qui essaie de s'y maintenir mais qui toujours est obligé de l'abandonner; formée en carrés assaillis par la cavalerie, défoncée par un feu de mitraille épouvantable.
"Laissant son avant garde filer sur Orcha et Eugène dans Krasnoë, il (Napoléon) revient sur Kutusoff à la tête de la Vieille et de la Jeune Garde. C'est un spectacle grandiose de voir ces deux héroïques phalanges, réduites à 11000 hommes, s'enfoncer, sans artillerie, dans le demi-cercle de feu formé par les 60000 hommes de Kutusoff rangés sur des positions que couronnent 200 pièces de canon ! Au sommet de ce demi-cercle se trouve le village d'Ouwarowo, clé des positions russes. La Jeune Garde, commandée par le Général Roguet, s'y jette la baïonnette baissée et l'enlève" (Historique abrégé).
Cette vaillante troupe va succomber, lorsque les débris de la Division Morand arrivent à son secours et la préservent d'une complète destrustion. La ligne russe est forcée de reculer et de lacher prise sur la route de Smolensk.
Napoléon, craignant de voir la route d'Orcha fermée devant lui, part avec la Garde à laquelle il adjoint pour compenser les pertes qu'elle a fait dans cette journée, la Division Compans du 1er Corps, et laisse au Maréchal Davout avec trois Divisions réduites à 5000 hommes à peine et sans artillerie, le soin de défendre les abords de Krasnoë, de couvrir la retraite et de prêter s'il le peut la main au Maréchal Ney qui, parti de Smolensk le 17, est encore à une journée de marche.
Dans cette seconde partie du combat, le 30e de Ligne et le 7e Léger, souffrant trop de l'artillerie russe, entrainés par Davout, renouvellent leurs exploits de la Moskowa et de Viazma; ils fondent sur elle à la baïonnette, lui enlèvent ses pièces et se débarassent ainsi de son feu. A la nuit, le 1er Corps traverse Krasnoë et va coucher en plein champ dans la direction de Liady.
Fig. 39 Grenadier, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Victor - Collection Dubois de l'Estang) |
Dessin original extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492 |
Le Capitaine François écrit : "Le lendemain, à 6 heures du matin, avec le 4e corps, nous nous avançons en masse, car les Russes nous canonnent de tous les côtés à la fois. Au village de Katowa, un corps russe débouche et marche sur nous. Un instant après, trois autres corps ennemis surviennent en avant du village de Waskrenia. La Garde est en face de ce village, ce qui nous donne quelque espérance. Le maréchal Davout nous prépare au combat. Malgré la mitraille ennemie, nous prenons position à gauche de Waskrenia, et l'action s'engage vigoureusement. Notre régiment est devant, éloigné seulement d'une centaine de pas des batteries russes; elles nous foudroient tellement, que le 30e est forcé de se retirer jusqu'à Crasnoë. Dans la confusion de cette retraite précipitée, ne pouvant marcher aussi vite que les autres à cause de mes blessures, je n'aperçois point le drapeau au milieu du régiment. Celui qui le portait a peut-être été tué, et sans doute notre étendard est resté sur le champ de bataille. A cette idée, faisant demi-tour, je retourne clopin-clopant vers la position qu'occupait le 30e, sans songer au danger et sans m'inquiéter des tirailleurs russes qui s'avancent sur la ligne que venait de quitter la division. J'aperçois enfin le drapeau, je le ramasse, je l'emporte en marchant le plus vite que je peux, malgré les coups de fusil qu'on tire sur moi. Plusieurs balles traversent ma pelisse : je rejoins quelques soldats blessés. Les Russes, remarquant notre petit peloton et une enseigne française au milieu, font une décharge sur nous; je suis atteint par un biscaïen qui m'effleure la main droite et me fait une blessure au flanc droit : cependant j'en avais déjà bien assez. Heureusement qu'il me reste assez de force et de présence d'esprit pour ne pas succomber sous ces nouveaux coups. Quoique j'aie déjà le bras gauche en écharpe et ma béquille dans ma main droite blessée, je ne lâche pas mon drapeau. J'arrive à Crasnoë sans ressentir de douleur, tant je suis occupé de la conservation de notre enseigne; mais, aussitôt arrivé, la souffrance se fait sentir, et il n'y a ni eau ni linge pour me panser. Je me borne alors, pour conserver ce que je viens de sauver, à prier un de mes camarades de rompre la hampe du drapeau et de m'en suspendre l'aigle au cou à l'aide de la cravate.
C'est dans cet état que je rejoins le 30e, en arrière de Crasnoë, lorsque les Russes, découragés par la contenance de nos troupes, se sont retirés. J'y trouve mon fidèle soldat et mes deux chevaux. En me voyant pâle, couvert de sang, le dessus de la main droite emporté, un morceau du flanc coupé par un biscaïen, ce brave pleure en me pansant, et moi je lui raconte mon fait d'armes. Il s'empresse d'aller le redire à mon colonel, qui en rend compte au général Morand, et celui-ci au maréchal Davout, qui charge mon colonel de lui faire un rapport sur ma conduite. Ce rapport est fait. Plus tard, je reçus un certificat du maréchal, constatant mon fait d'armes, et m'annonçant la demande de la croix d'officier de la Légion d'honneur... Que sont encore devenues ces promesses ?" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Une autre version de ce texte, donnée dans les historiques régimentaires, existe : "Le combat de Krasnoï dura environ une heure et demi, et vers 11 heures, les Russes, découragés par notre bonne contenance, se retirèrent. Le régiment perdit plusieurs officiers, entre autres, le porte-aigle et 83 sous-officiers et soldats... Dans la confusion, personne ne songeait à ramasser l'aigle qui se trouvait auprès du porte-aigle tué. Quoique blessé, je revins sur mes pas, clopin-clopant, et sans me soucier du danger, car les tirailleurs Russes approchaient sur la ligne que venait de quitter la division, je ramassais l'aigle et l'emportai en forçant ma marche pour éviter les coups de fusils qui étaient tirés sur moi et dont plusieurs balles traversèrent ma pelisse. Je finis par être atteint d'un biscaïen qui m'emporta le dessus de la peau de la main droite et me fit une forte cicatrice au flanc... j'avais le bras gauche en sautoir, mais je n'abandonnais pas l'aigle. Arrivé à Krasnoï, je priais un camarade de me panser, mais il n'y avait ni linge ni eau, je le priais de casser le bâton de l'aigle, de mettre l'aigle dans une cravate avec les glands et de me l'attacher au cou. Dans l'après midi, je rejoignis le reste du régiment. De ce jour à mon arrivée à Thorn, l'aigle du régiment n'a plus quitté mes épaules !". Le Capitaine François, à qui nous devons ce réçit, disent les Historiques, a reçu la croix d'Officier de laLégion d'Honneur pour ce fait d'armes.
Le 30e a perdu dans cette journée : le Capitaine Lamblin (Rémy), tué; le Chef de Bataillon Brun (Antoine), fait prisonnier; le Lieutenant (sic) François (Charles) y est atteint d'un coup de biscaïen.
Selon Martinien, le Capitaine Lamblin a été tué; sont blessés le Capitaine François, et les Sous-lieutenants Guillaumot et Grand. Martinien donne également le Capitaine Martin, blessé sur la route de Krasnoë en défendant la maison de poste.
La route reste libre jusqu'au soir. Mais il est nécessaire de devancer l'ennemi sur le point important d'Orcha, pour s'assurer le passage redoutable du Dniéper.
Le Capitaine François écrit : "Tous les officiers du 30e étant réunis dans la nuit du 17 au 18, chacun s'apitoie sur la commune destinée. L'attention se porte sur moi : mes chefs me témoignent toute leur satisfaction; mais ils me considèrent comme un homme perdu, tant je suis couvert de blessures. Quant à moi, je ne désespère pas : j'ai toujours bon appétit, quoiqu'il ne soit guère excité par la succulence des mets composant mes repas. Je veux m'accoutumer à marcher sans béquille; mais je suis fort embarrassé, ne pouvant me servir de mes mains.
Notre retraite continue dès le lendemain" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le lendemain 18 novembre, le Maréchal Ney n'ayant pu traverser l'armée russe, le Maréchal Davout doit, avec le peu qui reste du 1er Corps, reprendre le rôle pénible de l'arrière garde.
On abandonne donc Krasnoë et le chemin se trouve refermé. Le 18, au matin, arrive le Maréchal Ney, conduisant l'arrière-garde de l'armée. Il n'amène avec lui que 6000 hommes. Un parlementaire russe se présente et vient lui proposer une capitulation. Ney, indigné, le garde prisonnier et marche, avec la poignée de braves qui le suit, à l'assaut des positions où les Russes ont massé plus de 50000 hommes. Trois fois il est repoussé, mais la nuit arrive, et sacrifiant à l'honneur des armes ses malades et ses blessés, il se jette à travers champs dans la direction du Dniéper qu'il passe sur la glace, et parvient à la tête de 1500 hommes, à regagner Orcha, ayant marché la journée et la nuit et franchi, en 48 heures, 25 lieues d'un pays sans chemin.
Le 18 novembre toujours, le 1er Corps arrive à Liady. Le 19, il est à Orcha.
- Passage de la Bérésina
Fig. 40 Grenadier 1810 d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 66) |
Fig. 40a Caporal de Grenadiers, tenue d'été, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 40b Grenadier, 1810, d'après Charmy | Fig. 40c Grenadier d'après R. North (source : Rousselot d'après Réglement - sic) |
L'armée reste 48 heures à Orcha. Il y a dans cette ville des magasins bien approvisionnés; et du matériel pour refaire son outillage. Napoléon veut en profiter pour faire des distributions régulières et organiser un peu ses troupes; mais les scènes de violence qui, déjà s'étaient produites à Smolensk se renouvellent et rendent vain ce projet si utile au salut de tous.
Le Capitaine François écrit : "Le 21 novembre, l'armée traverse le Dniéper, soutenue par une forte avant-garde; mais notre corps, qui est d'arrière-garde, est attaqué, au moment où il arrive auprès du pont d'Orcha, par un corps d'infanterie russe et de cosaques qui, s'étant caché derrière les maisons d'un village, à droite de la route, tombe sur nous aussitôt que la tête de l'armée est passée. Nous détachons des tirailleurs, mais le canon de l'ennemi nous fait beaucoup de mal; toutefois nous n'en continuons pas moins d'avancer. Enfin nous arrivons sous les batteries de la tête du pont, dont le feu arrête les Russes et met fin à leurs hourras. Nous nous réunissons alors aux autres corps d'armée, sur les hauteurs d'Orcha.
Le 21, nous marchons sur la Bérésina" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Les rudes leçons que l'armée a infligées à Kutusuff peuvent permettre à l'Empereur de penser que les Russes lacheront prise dès qu'elle rentrera dans la zone d'action des Corps qui couvrent ses flancs. Cruelle déception ! Au Nord, Oudinot et Victor sont forcés de reculer devant les forces doubles de Wittgenstein qui s'avance avec 40000 hommes; au Sud, Tchichagof, grossi de Tormasof, s'est dérobé et a enlevé le pont de Borisow sur lequel comptait l'Armée française pour repasser la Bérésina. Ces deux nouveaux adversaires manoeuvrent de façon à opérer leur jonction avec Kutusoff. De telle sorte que, le 22 novembre, l'Armée française, comptant tout au plus 40000 combattants, y compris les forces qui se replient du nord et du sud, se trouve resserrée sur un espace de 15 lieues entre une rivière infranchissable, sans pont, et trois armées russes, fortes de 140000 combattants.
Après 48 heures passés à Orscha, les tristes restes de l'armée reprennent leur marche par Kokanow, Toloczine (?), Bobr et Lachnitza (?), sur Borissow où ils doivent passer la Bérésina.
"Dans cette position, la plus périlleuse où Napoléon se soit jamais trouvé, dit Butturlin, le grand capitaine ne fut pas au dessous de lui même. Sans se laisser abattre, il osa mesurer le danger avec l'oeil du génie, et sut prendre, avec une sûreté de jugement incomparable, les mesures les mieux appropriées aux circonstances". La promptitude de ses décisions et sa fermeté réveillent parmi les troupes épuisées, mais combattantes, une vigueur et une activité capables de compenser leur infériorité numérique. Trompant pendant quatre jours l'ennemi sur le point de passage qu'il a choisi, il donne à Eblé le temps d'établir deux ponts de chevalets à Studianka et ses habiles dispositions non seulement permettent à l'armée de surmonter un obstacle qui semblait devoir être son tombeau, mais encore la mette en mesure de couronner, le 28 novembre, cette belle opération en livrant aux armées russes, à la fois sur les deux rives de la Bérésina, deux de ses plus glorieuses batailles.
Le Capitaine François écrit : "Trois jours après, ayant pris position entre Niemanitza et Borisow, nous recevons l'ordre de nous tenir sur la défensive. Le génie et l'artillerie se procurent les bois et les planches nécessaires à l'établissement d'un pont sur la Bérésina, rivière profonde, non encore entièrement gelée, peu large, mais dont les rives sont si bourbeuses qu'on risque à chaque pas de s'y engloutir.
La cavalerie étant démontée, comme je l'ai dit déjà, on rassemble les officiers qui ont encore des chevaux, et on en forme quatre compagnies d'éclaireurs de chacune cent cinquante hommes. Ayant toujours mes deux chevaux, j'en vends un à un capitaine de l'état-major du général Morand, et je conserve l'autre qui suit habituellement le régiment, sans que je m'inquiète de lui. Tous les soldats de la division le connaissent, et comme ils savent que je suis blessé de trois membres, aucun d'eux ne cherche à me l'enlever.
Nous continuons de bivouaquer sur les hauteurs de Niemanitza et de Borisow, en attendant l'arrivée de tous les corps d'armée; mais quelle effrayante position que celle de notre armée sur les bords de la Bérésina ! Officiers et soldats, vêtus d'accoutrements semblables, c'est-à-dire couverts de peaux, marchent confondus. L'excès du malheur a mêlé tous les rangs. La plupart des hommes ont un bissac sur l'épaule, contenant un peu de farine, avec un pot ou une casserole, pendu à une corde, à leur côté; d'autres traînent par la bride des fantômes de chevaux, portant quelques vivres et des ustensiles de cuisine. Un cheval tombe : on le dépèce aussitôt, et on en charge les morceaux sur les montures qui restent.
Tous les corps d'armée sont à-peu près dissous. Avec leurs débris, il s'est formé des sortes d'escouadés de six, huit et dix hommes qui, séparés de la masse, vivent en commun. Ces escouades repoussent d'elles tous ceux qui n'en font pas partie. Serrés comme des moutons les uns près des autres, les soldats s'avancent en ayant bien soin de ne pas se diviser au milieu de la foule, dans la crainte de perdre leur escouade. Un homme qui vit isolément ne trouve aucun secours : il n'excite pas le moindre intérêt ; partout il est repoussé avec dureté ; souvent même, quand il a des vivres, on les lui arrache : on le chasse sans pitié de tous les feux dont il veut s'approcher, de tous les endroits ou il veut se réfugier : il ne cesse d'être outragé que lorsqu'il s'unit à une escouade.
Les soldats passent devant les généraux, devant les maréchaux même, sans leur donner la moindre marque de respect. Ceux-ci voient avec peine cette terrible désorganisation, à laquelle ils ne peuvent remédier. Que faire et que dire, en effet ? Qu'on se figure soixante mille infortunés, vêtus de guenilles sales et à demi brûlées, ne se soutenant qu'à l'aide de longs bâtons et livrés à toutes les horreurs de la faim.
Nos bizarres accoutrements offrent le spectacle de la plus affreuse misère et nous donnent une physionomie hideuse ; ils sont noircis par l'épaisse fumée des sapins et couverts de la terre des bivouacs. Nous avons le teint jaune, les yeux caves et éteints, les cheveux gras et en désordre, la barbe longue terminée par d'innombrables petits glaçons formés par la morve qui tombe dessus; et, en route, nous n'osons pas nous arrêter pour satisfaire les besoins les plus pressants, dans la crainte de geler.
Telle est l'horreur d'une situation que nul mot ne saurait exprimer, tel est le tableau que ne saurait peindre aucun artiste.
Dans la marche, on entend un bruit continuel causé par le broiement des cadavres cachés sous la neige, que les chevaux foulent aux pieds ou qu'écrasent les roues des voitures. Ce bruit se mêle à l'explosion des caissons qu'on est obligé de faire sauter, ne pouvant plus les traîner et ne voulant pas les abandonner à l'ennemi. Fréquemment, un bruit plus affreux nous terrifie : ce sont les cris des malheureux qui, n'ayant plus de force, tombent sur la neige, poussent les plus lugubres gémissements, luttent en vain contre la plus effrayante agonie et meurent mille fois en attendant la mort.
Ici, un groupe de soldats, rugissant comme des tigres, se battent autour de la carcasse d'un cheval pour s'en disputer les lambeaux. Tandis que les uns coupent avec peine les parties charnues de l'animal, les autres s'enfoncent dans ses entrailles pour en arracher le foie. Partout c'est la consternation, le désespoir, la famine, la mort.
De quelle énergie ne faut-il pas être doué pour supporter tant de calamités ! La force morale s'accroît par l'excès de la misère, ou plutôt nous devenons insensibles à tout. Ces scènes horribles se multiplient tellement, que les yeux s'habituent à les contempler et que l'âme repousse toute pitié.
Au milieu de tant d'horreurs, quelques hommes restent pourtant calmes et intrépides, et je suis de ce nombre. D'ailleurs, il me semble avoir plus souffert de la chaleur en égypte, que je ne souffre du froid en Russie.
La mort s'offre sous tant de formes hideuses, qu'on devient sourd aux cris douloureux qui vous poursuivent de tous côtés. Un infortuné tombe-t-il, on détourne froidement ses regards pour ne pas le voir, et on l'abandonne malgré ses plaintes.
On marche à grands pas, tant que le jour dure, dans l'espoir de trouver, le soir, quelques ressources dans l'endroit où l'on fera halte. On ne s'arrête donc qu'à la nuit, et la mort, que l'on veut fuir, vous entoure encore.
Malgré la fatigue d'une longue marche, malgré la faim, il ne faut pas rester un moment au repos, ou l'on court le risque de geler. Trouve-t-on un village, on se précipite dans les maisons, les granges et les hangars, pour se mettre à l'abri du froid. En un moment les hommes y sont entassés au point de ne plus pouvoir remuer. D'autres troupes surviennent, mettent le feu aux maisons où elles ne peuvent pénétrer, et souvent ceux qui s'y sont réfugiés périssent dans les flammes. Bientôt on ne cherche plus ces abris ; on détruit de fond en comble les maisons, presque toutes construites en bois dans ce pays ; on en transporte les matériaux dans les bivouacs, on s'occupe de préparer les repas. Les uns font rôtir quelques tranches de cheval sur des charbons ardents ; les autres, s'ils ont un peu de farine, font cuire des espèces de galettes sur la cendre chaude, ou bien de la bouillie. Voici comment ils la préparent : après avoir fait fondre de la neige dans un pot ou dans une casserole, on délaye, dans cette eau malpropre, un peu de farine, puis on fait bouillir le tout, pour lui donner de la consistance. Comme on manque de sel, on jette dans le pot deux ou trois cartouches ; la poudre ôte la fadeur de cette pâte et lui donne une couleur noirâtre. Ce potage préparé, ainsi, que la viande, également salée avec de la poudre, on fait le repas en commun, par escouade : c'est le seul en vingt-quatre heures. Pour le prendre, on se range autour du feu, et il ne dure pas longtemps. Bientôt l'excès de la fatigue et de la souffrance nous fait trouver un peu de sommeil. A la pointe du jour, l'armée, si l'on peut donner ce nom à une réunion d'infortunés dépourvus de tout, se remet en route sans tambour ni trompette" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 27 novembre, le 1er Corps, qui forme l'arrière garde depuis Krasnoë, et réduit à 4000 hommes encore capables de porter un fusil, passe sur la rive droite, et le lendemain 28, prend part à la bataille de la Bérésina, dernier fait d'armes de cette funeste campagne. Au milieu de la journée, tandis que Victor lutte sur la rive gauche contre Wittgenstein, que Ney et Oudinot sur la rive droite achèvent la défaite de Tchitchakof, l'Empereur avec la Garde et le 1er Corps se dirigent sur Wilna, par la route de Zamblin. Le 30e, qui ne compte plus que 143 hommes sous les armes, perd lors du passage de la Bérésina le Lieutenant Decourtils (Jean Baptiste), tué. Martinien donne un Officier tué, le Lieutenant Descourtils; sont également blessés le Lieutenant Adjudant major Grand de Champrouet (mort en février 1813) et le Sous lieutenant Robin (mort le 8 janvier 1813).
Le Capitaine François écrit : "Le 26 novembre, l'armée se trouve près de Borisow. Nous nous mettons en mouvement à 4 heures du matin. A 7, notre corps d'armée (le 1er) arrive au village de Wésélowo. On nous place sur une hauteur d'où nous voyons les intrépides et dévoués Polonais (du 2e corps) traverser à la nage la Bérésina. Parvenus sur l'autre rive, ils tiraillent avec les avant-postes russes. On en profite pour faire construire deux ponts. De notre position, nous suivons les sapeurs du génie et les pontonniers qui s'avancent au milieu des glaçons pour poser les chevalets des ponts, pendant que les canonniers établissent une batterie de vingt-cinq pièces sur la berge de la Bérésina pour battre la plaine en face de Wésélowo.
De leur côté, les Russes manoeuvrent et tirent de temps en temps quelques coups de canon sur nous ; n'ayant plus d'artillerie, nous ne pouvons leur répondre. Vers 4 heures, le 2e corps effectue son passage sur les ponts établis, pour aller secourir les Polonais, qui, depuis le matin, sont aux prises avec une division russe dans un bois qui traverse la route à droite des ponts. Le 3e et le 5e corps suivent le 2e pour le soutenir. Les ponts, construits avec des bois presque pourris, trouvés dans le village de Wésélowo, se rompent souvent, et le passage dure presque toute la nuit, tandis que les Russes canonnent sans arrêt notre corps d'armée.
Le 27, l'armée continue à passer la Bérésina, malgré de fréquentes ruptures des ponts. Notre corps d'armée est toujours dans la même position, d'où nous apercevons un désordre épouvantable sur les ponts et à leurs approches. Tout espoir nous est enlevé ; nous ne nous attendons plus qu'à la nécessité de nous rendre à discrétion aux Russes. Notre inquiétude est on ne peut plus pénible. Les hommes à pied se précipitent vers le pont réservé pour les chevaux et les équipages : il se rompt. Les chevaux, les bagages, l'artillerie s'avancent alors vers l'autre passage, et une lutte terrible s'engage entre des hommes désespérés. Une foule de gens inutiles, de femmes et d'enfants, qui suivent l'armée depuis Moscou, gagnent le seul pont qui restait. Au même moment une immense quantité de soldats isolés, qui se sont arrêtés pour laisser défiler les divisions, n'apercevant plus que la mort en restant sur la rive, accourent en foule. Bientôt les ponts sont encombrés de cadavres d'hommes et de chevaux, de voitures de toute sorte, et il est impossible de s'en approcher autrement qu'en gravissant des monceaux de morts et de mourants. Les hommes qui respirent encore essayent de se relever en s'accrochant à ceux qui les foulent aux pieds; mais ceux-ci les repoussent avec violence, en s'efforçant d'avancer, pour aller tomber quelques pas plus loin.
Plus nous contemplons cette multitude en désordre, plus elle devient effrayante, plus les obstacles et les victimes se multiplient. Tout le monde veut passer à la fois. Les piétons se battent entre eux ou se réunissent pour résister aux cavaliers qui les culbutent; les voitures renversent les hommes à cheval et écrasent tout ce qui s'oppose à leur marche. Au milieu de ces scènes d'horreur, on entend de toutes parts des cris de douleur, de désespoir et de rage qui nous glacent d'épouvante. Des malheureux sont précipités dans la rivière; d'autres s'y jettent d'eux-mêmes, dans l'espoir de gagner l'autre bord à la nage.
Dans la nuit notre corps fait quelques mouvements, et le peu d'équipage qui nous reste essaye, mais en vain, de s'approcher des ponts. Nous passons une partie de la nuit à peu de distance du bois de Brilowa.
Le lendemain, au point du jour, nous sommes attaqués. Nous nous défendons avec l'acharnement du désespoir. Nous n'avons tous qu'une seule pensée, celle de nous faire tuer après avoir donné la mort à plus d'un ennemi; aussi obtenons-nous quelques avantages ; nous faisons même dix-sept cents prisonniers, et nous parvenons à gagner les ponts. Plus de quatre à cinq cents pas avant d'y arriver, ils sont encombrés par les voitures, les chevaux et les hommes écrasés dans la mêlée. On ne se fraye une route qu'à coups de sabre et de baïonnette. Pour avoir une idée du tableau indescriptible qui s'offre à nos yeux, il faut ajouter que les boulets sifflent de tous côtés, que les obus, lancés par les Russes, pleuvent de toutes parts : ils tombent sur les voitures qu'ils brisent, et font sauter les caissons, dont les éclats, lancés avec violence, multiplient les effets meurtriers.
Pendant plus de six heures, malgré ma béquille, mon bras en écharpe, ma main écorchée ët mon flanc déchiré, je cherche les moyens de pénétrer sur le pont. Plus de cinquante fois je suis comme englouti dans les cavités que forment les tas d'hommes et de chevaux. Ma persévérance ne m'abandonne pas, et, à force de me débattre parmi les morts et les blessés, j'atteins le pont. Je le traverse comme par miracle et sans pouvoir dire comment; puis je rejoins ceux de ma division qui ont été aussi heureux que moi. Mais je suis froissé, meurtri; mes blessures, s'étant rouvertes, me couvrent de sang. Mes camarades m'accueillent avec une joie que je ne peux définir : m'ayant perdu de vue dans la foule, ils me croyaient au nombre des victimes. Ils me font partager leur bouillie noire, qui me remet un peu, et, pour la première fois depuis mon départ de Moscou, mes blessures sont pansées par notre chirurgien-major, qui ne peut concevoir comment j'ai supporté aussi longtemps, dans un semblable état, tant de privations et de fatigues. Je ne puis lui répondre davantage, car je ne le sais pas moi-même.
La Rérésina est tellement comblée de cadavres, de chevaux et de voitures, qu'elle déborde de cinquante à soixante pas.
Notre perte, en hommes tués par les Russes ou écrasés aux ponts, doit être de trente à quarante mille hommes. Les Russes reprennent toutes les richesses que nous avons enlevées de Moscou. Enfin la Bérésina devient le tombeau de cette armée si magnifique huit mois auparavant.
Dans la nuit, mon soldat, que je n'ai pas vu depuis trente-six heures, arrive au bivouac. En m'embrassant, il ne peut encore retenir ses larmes : il me voyait encore vivant. Je lui dis : "Va, mon brave, je ne dois plus mourir".
Je lui demande ensuite ce qu'est devenu mon cheval. Il n'a pu le sauver, et je n'en suis pas surpris; mais ma valise contenait des objets emportés de Moscou dont la valeur formait une somme considérable. Bah ! à quoi sert de se désoler !
La même nuit, nous nous remettons en marche dans le plus grand silence" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
La route de Wilna est libre, mais les éléments vont dans cette pénible marche achever l'oeuvre commencée par eux dès la sortie de Moscou.
Le Capitaine François écrit : "Le lendemain matin, à onze heures, nous arrivons à Zembin : nous y trouvons quelques ressources en grains, en pommes de terre et en légumes.
Un soldat me ramène mon cheval, mais il ne porte plus ma valise.
Le 30, nous continuons la retraite. Nous bivouaquons au dessus de Pleszezenitzi, où nous nous procurons encore quelques vivres.
Depuis la Bérésina nous n'avons pas aperçu un seul cosaque; mais le 1er décembre, près de Chotawick, nous sommes attaqués par le général russe Tchitchagow. Notre perte est légère, et nous allons bivouaquer sur la route de Malodeczno, où nous arrivons le 2 sans être inquiétés. Nous y passons la journée suivante, et le lendemain nous nous dirigeons sur Smorgoni, où nous sommes le 5.
Le froid augmente encore; on le dit à trente et un au-dessous de zéro. Les prisonniers russes ne peuvent pas plus résister que les soldats français. Un grand nombre de ces infortunés, quoique habitués à la rigueur du climat, en sont victimes. Plus que jamais nos bivouacs offrent l'aspect d'un champ de bataille" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le froid est effectivement descendu le 4 décembre à près de trente degrés Réaumur, dit le docteur Larrey, et amène la ruine de l'Armée; 10000 hommes périssent dans une seule nuit, les quelques soldats restés encore fidèles à leur drapeau, se débandent à leur tour et vont accroître la masse des traînards.
Le 5 décembre, Napoléon, arrivé à Smorgoni, part pour la France, laissant le commandement de l'armée à Murat. Le 8 décembre, le Capitaine Labat est blessé près de Wilna. On peut également noter que le 10 décembre sur la route de Wilna le Capitaine Charbonnier est blessé et décède le 9 février 1813. Le 11 et le 12, on rentre dans Wilna, où se reproduisent les scènes de pillage et d'indiscipline qui ont déjà affligé l'entrée à Smolensk et Orscha.
Le Capitaine François écrit : "Nous continuons notre retraite sur Wilna. Notre armée, poursuivie par les Russes, y entre le 9 décembre, à 4 heures de l'après-midi, dans le plus grand désordre. Je n'y arrive que vers 5 heures. Exténué de fatigue, je demande asile à un Polonais, qui me reçoit très bien ainsi que six officiers qui m'accompagnent. Ce brave homme, ayant été soldat, avait fait les premières guerres d'Italie. Il nous allume un bon feu; il nous prépare de la soupe, que nous mangeons avec avidité, et nous donne de la bière, que nous buvons avec non moins de délices. Deux officiers, ayant plusieurs parties du corps gelées, s'étant sans doute placés trop près du feu, meurent subitement" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Obligée de quitter Wilna à l'approche des Russes, l'armée se retire sur Kowno. Le Capitaine Prevost est blessé le 12 décembre sur la route de Kovno et décède en janvier 1813.
Le Capitaine François écrit : "Le lendemain matin, notre hôte effrayé vient nous apprendre le départ de l'armée, qui s'est éloignée pendant la nuit. Il nous dit qu'il n'y a dans les rues que quelques traînards et les cadavres de nombreux soldats assassinés par les habitants. Pour nous soustraire à la fureur du peuple, ce brave Polonais nous conduit, par des chemins détournés, jusqu'au pied de la montagne de Waka, où l'armée est concentrée; mais elle est entourée d'ennemis. Les soldats armés qu'on a pu réunir tiraillent avec les Russes. La neige tombe avec une telle abondance, qu'elle nous empêche de distinguer notre route. Bientôt nous nous trouvons au milieu d'une foule de cosaques qui nous étourdissent de leurs cris. Plusieurs chefs de ces barbares, parlant français, nous plaisantent et nous injurient en criant :
"Français, il vous faut des crampons pour gravir cette montagne. Attendez, Tchitchagow et Platow vont vous en apporter";
En effet, le verglas couvre cette montagne et la rend unie comme une glace. Nous désespérons d'en atteindre le sommet. Le peu de chevaux qui nous restent, mal ferrés, glissent à chaque pas, tombent et n'ont plus la force de se relever. Il nous faut abandonner les débris du matériel, les bagages et même les caisses, et, au pied de cette montagne maudite, on fait brûler des effets de toute espèce pour ne pas les laisser aux Russes. Bientôt des monceaux d'or et d'argent couvrent le sol, ainsi qu'une immense quantité de vaisselle de même métal, de vases magnifiques et d'autres objets précieux. Les soldats regardent tout cela avec indifférence; mais plusieurs artilleurs, indignés d'abandonner leurs pièces qui vont tomber au pouvoir des Russes, préfèrent les défendre jusqu'à la mort et se font massacrer sur elles.
Tout ce qu'on avait pu arracher à l'avidité de l'ennemi devient ici la proie des cosaques; on en voit même qui, dans une même caisse, pillent, à côté des Français et avec eux, l'or qu'elle contient.
L'armée, quoique débarrassée de tous ses équipages, a beaucoup de peine à gravir la montagne de Waka. Invalide comme je le suis, je me demande comment j'en pourrai atteindre le sommet. Je tombe plus de cent fois, et je me traîne sur le verglas en maudissant mon existence. Enfin je parviens au but de mes efforts, mais le corps meurtri, mes blessures rouvertes encore une fois. Là, je réfléchis aux moyens d'aller plus loin. En aurai-je la force ? Mon courage se ranime par l'espoir d'arriver bientôt au port (le Niémen), et aussi par l'amour-propre de pouvoir dire, un jour, qu'avec une jambe et un bras j'ai fait cette pénible et désastreuse retraite.
Nous bivouaquons sur la montagne. Le lendemain nous suivons la route de Kowno où nous arrivons le 14 décembre" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
A Kowno, les débris de chaque Corps d'armée reçoivent un point de ralliement. Thorn est assigné à ceux du 1er Corps; 996 Officiers et 2362 Sous-officiers et soldats, sur lesquels 729 Officiers et 1807 Sous officiers et soldats en état de servir. C'est tout ce qui reste du Corps le mieux "commandé, le mieux surveillé, le mieux gouverné de tous, sous un chef dont la sévérité intelligente s'entendait le mieux à conserver les hommes par la discipline; mais aussi c'était celui qui, dans les premières épreuves de la retraite avait le plus souffert pour le salut commun" (Camille Rousset). Corps qui n'a jamais rencontré l'ennemi sans le battre. Au passage du Niémen le 24 juin, son effectif était de 100121 hommes, Officiers compris.
Le Capitaine François écrit : "Nous campons sur les places et dans les rues. Après beaucoup de difficultés, je parviens à obtenir un coin dans une maison dont se sont emparés quelques officiers de l'artillerie légère de la Garde. Ils partent le lendemain matin avant moi, en emmenant mon cheval qui était chargé de quelques provisions. Je réussis à en acheter un autre, et je me remets en route.
Le 15, au soir, nous bivouaquons sur la rive gauche du Niémen.
Le 16, nous nous rapprochons de la Vistule" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Guibert à Thorn le 23 décembre, donne une image poignante du désastre : " ... je suis dans un triste état, j'ai tout perdu, mes effets, mes papiers, ceux de ma compagnie. Je suis sans la solde et sans chemise. Pas de mouchoir pour me moucher, le nez gelé et le pied gauche. Du reste, je suis tout consolé, nous sommes tous à peu près dans le même cas. Il me faut au moins 50 louis pour me mettre en mesure avec ma compagnie et acheter mes effets ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le Capitaine François écrit : "Le 29, nous arrivons à Thorn, où nous avons enfin du repos. Je loge dans une auberge avec les capitaines Christophe et Bordailler. Je vends mon cheval et j'achète quelques vêtements. Le 30e est réduit au colonel, au major, à deux chefs de bataillon, onze capitaines, seize lieutenants et sous-lieutenants, cent trente et un sous-officiers et soldats; c'est ce qu'il reste de quatre mille quatre cent quatre-vingts hommes, au passage du Niémen, le 25 juin de la même année. Notre armée, par les pertes subies tant à cause du climat que du fait des fréquentes attaques des Russes, est, dit-on, réduite à vingt ou vingt-cinq mille hommes, de quatre cent quatorze mille cinq cents qu'elle comptait au début.
Le 1er janvier 1813, le chirurgien-major du régiment vient me voir. Il me panse et enlève les bandes de toile et la charpie qui avaient pourri sur mes blessures. En ôtant les compresses de ma jambe, la peau s'enlève depuis le genou jusqu'au pied. La chair est noire; il en coupe une partie, me bassine avec de l'eau-de-vie camphrée et me recommande de me ménager, régime qui convient peu à mon caractère. Cependant, comme il faut en finir, je promets tout ce qu'il veut. Après le pansement, je m'habille le plus proprement possible, et, un pied dans une pantoufle, l'autre dans une botte, je me rends chez mon colonel, où sont réunis les officiers; on n'y parle que de la retraite, c'est le sujet de la conversation. Le colonel se désole surtout d'avoir laissé à l'ennemi l'aigle du drapeau.
"Mon colonel a donc oublié, dis-je aussitôt, qu'il n'a pas quitté mes épaules depuis Crasnoë ?
- Est-il possible, mon brave capitaine !"
Et le colonel me saute au cou en me disant les choses les plus obligeantes. Il me remet ensuite le certificat de mon fait d'armes, signé du conseil d'administration, du général Morand et du maréchal prince d'ckmühl. Le lendemain, je lui reporte les insignes du drapeau; il m'embrasse encore et il me présente au maréchal et aux officiers généraux, qui me prodiguent compliments et promesses.
Nous recevons notre arriéré de solde, et, le 13, nous quittons Thorn pour nous rendre à Bromberg. Avec quelques autres officiers je prends une voiture, et nous passons la Vistule sur la glace : une route y est tracée" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 20 janvier 1813, l'effectif du 30e est de 3 Officiers et 100 hommes. Outre les Officiers tombés glorieusement sur le champ de bataille, dont nous avons déjà donné les noms, un grand nombre encore a disparu et ne reverra jamais la France; ils sont tombés sur la route épuisés de fatigue; saisis par le froid à l'arrière garde, sont morts sans secours, dépouillés par l'ennemi, souvent même achevés par lui.
Au total, en Russie, le 30e de Ligne a perdu 35 Officiers morts, 27 portés disparus et 13 prisonniers qui rentreront en 1814. Officiers du 30e disparus en Russie ou morts des suites de la campagne :
Amiet Jean Pierre, Chef de Bataillon, disparu; Brun Antoine, Chef de Bataillon prisonnier le 17 septembre 1812, disparu; Lalanne Bernard François Xavier, Capitaine mort en Russie; Girardet Nicolas, Capitaine disparu; Seul Labat André Joseph, Capitaine disparu; Grand de Champrouet Louis Raymond, Lieutenant Adjudant major mort à Than en février 1813 des suites de ses blessures; Garnier Edme, Capitaine, disparu; Charbonnier Germain, Capitaine, mort à Leipzig des suites de ses blessures; Prévost Jean Louis, Capitaine mort à Danzig en janvier 1813 des suites de ses blessures; Petitpain Louis, Lieutenant, mort à Königsberg en janvier 1813, suite de la retraite de Russie; Tournier Jean Joseph, Capitaine, mort en février 1813 suite de la campagne de Russie; Durieux Alexis, Lieutenant disparu; Effraye René, Sous lieutenant, prisonnier non rentré; Ribault de Pressolle Joseph Etienne, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Sallet Gaston, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Chambrun, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Chesnau Pierre Charles, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Talliaud Jean, Sous lieutenant prisonnier non rentré; ; Genet Pierre , Sous lieutenant prisonnier non rentré; Carrière Etienne, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Marie Louis Abel, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Repasseur Joseph, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Fouquet Jean François, Sous lieutenant prisonnier non rentré; Pillard Pierre, Sous lieutenant prisonnier non rentré.
Seul point de consolation, début 1813, le Régiment annonce avoir conservé son aigle et assez de braves pour la garder. En effet, bien que le Régiment a perdu son drapeau (l'étamine, séparée de la hampe, est perdue à Viazma), l'aigle a été sauvegardée.
- Des Demi-brigades de marche d'Avril 1812 au 9e Corps de Victor
Le 2 avril 1812, Napoléon décide, pour renforcer sa Grande Armée, de former 4 Demi-brigades de marche à partir de détachements des 5ème bataillons (Dépôts) de Régiments déjà mobilisés. Chaque Demi-brigade à 3 Bataillons de 6 Compagnies chacun. Les Demi-brigades doivent se former le long du Rhin, avant d’être envoyées vers l’Est. Il écrit à Clarke ses instructions et la composition de ces nouvelles unités : "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai fait connaitre la formation des 16 demi-brigades provisoires ; mais comme cette organisation n’emploiera pas plus de 40000 conscrits de l’année, il faut que vous me fassiez dresser un état exact du superplus [sic] avec un projet de formation de bataillons de marche supplémentaires à réunir dans le courant de mai pour recruter la Grande Armée. Vous composerez chaque bataillon de marche de 6 compagnies, c'est-à-dire de 900 hommes à peu près. On les dirigerait sur Mayence et Wesel ; de là sur Berlin où ils recevraient les ordres du major général pour leur incorporation définitive.
J’ai actuellement à vous faire connaitre mes intentions relativement à la formation de 4 demi-brigades de marche composées de compagnies tirées des 5es bataillons des régiments qui sont à la Grande Armée. Ces 4 demi-brigades fortes ensemble de 10000 hommes formeront une seconde division de réserve pour la défense de tout le pays entre l’Elbe et le Rhin, et pour le recrutement de la Grande Armée. Je ne leur donnerai pas le nom de demi-brigades provisoires mais bien celui de demi-brigades de marche. Elles seront composées de la manière suivante :
2e demi-brigade de marche.
1er bataillon : 2 compagnies du 48e de ligne à Anvers, 2 compagnies du 108e de ligne à Anvers ; 2 compagnies du 85e de ligne à Coblentz
2e bataillon : 2 compagnies du 30e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 33e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 21e de ligne à Juliers
3e bataillon : 2 compagnies du 57e de Ligne à Strasbourg, 2 compagnies du 61e de ligne à Worms, 2 compagnies du 111e de ligne à Spire
Cette demi- brigade se réunira à Cologne ...
Les 2 premières demi-brigades de marche comprendront ainsi : les 16e régiments du 1er corps ...
Vous nommerez un major en second pour commander chaque demi-brigade. Ces majors se mettront en marche avant le 8 avril pour parcourir les différents dépôts. Tous les dépôts qui sont sur le Rhin, comme le 7e léger, etc. embarqueront leurs détachements sur ce fleuve. Vous nommerez un général de brigade ou même un colonel pour être chargé, comme inspecteur, de la formation de ces quatre demi-brigades, qui se composeront ainsi de douze bataillons ou de 9.000 à 10.000 hommes. Le général commandant la 25e division répartira ces 10.000 hommes dans des cantonnements entre Cologne, Juliers, Aix-Ia-Chapelle et Clèves ...
Formation des demi-brigades de marche de la Grande Armée
Demi-brigades du 1er corps ...
2e demi-brigade 1ère division de réserve de la Grande Armée 2400
1er bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 48e de ligne (dépôt à Anvers) : 272 conscrits du Pas-de-Calais, 234 de la Somme ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 108e de ligne (dépôt à Anvers) : 557 conscrits de Mayence ; total 557 ; 257 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 85e de ligne (dépôt à Coblentz) : 524 conscrits du Bas-Rhin ; total 524 ; 224 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 30e de ligne (dépôt à Mayence) : 554 conscrits de la Moselle ; total 554 ; 254 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 33e de ligne (dépôt à Mayence) : 488 conscrits du Loir-et-Cher ; total 488 ; 188 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 21e de ligne (dépôt à Juliers) : 497 conscrits du Puy-de-Dôme ; total 497 ; 197 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 57e de ligne (dépôt à Strasbourg) : 506 conscrits du Haut-Rhin ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 61e de ligne (dépôt à Worms) : 273 conscrits du Haut-Rhin, 243 du Bas-Rhin ; total 513 ; 216 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 111e de ligne (dépôt à Spire) : 212 conscrits de la Doire, 462 de Marengo ; total 674 ; 374 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7055 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30371 - intégrale).
Ces 4 Demi-brigades vont être regroupées dans une Division de Réserve, mise aux ordres du Général Lagrange. Saint-Cloud, 9 avril 1812 : "Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris.
Monsieur le Duc de Feltre, donnez ordre au général de division Lagrange, inspecteur général de gendarmerie, de partir le 15 pour aller prendre le commandement de la 1ere division de réserve de la Grande Armée, composée des quatre demi-brigades de marche qui se réunissent à Cologne. Ce général correspondra avec les majors en second que vous devez sans délai désigner pour commander ces quatre demi-brigades. Il se rendra d’abord dans la 16e division militaire, où sont la plus grande partie des dépôts de la Grande Armée, pour les inspecter et faire accélérer les départs.
Je suppose que vous avez donné des ordres pour que les compagnies des 5e bataillons qui doivent faire partie de la division de réserve se rendent à Cologne. Ceux qui sont sur le Rhin iront par eau. Ces demi-brigades pourront être réunies à Cologne, à Bonn, à Aix-la-Chapelle, et même à Düsseldorf.
Je désirerais que dans les quinze premiers jours de mai cette division pût passer le Rhin et se rendre à Magdeburg. Recommandez bien qu’aucun homme ne parte que bien armé, bien habillé et bien équipé et en bon état. Il vaut mieux tarder quelques jours de plus, si cela est nécessaire. Chaque compagnie doit être forte de 150 hommes, le cadre non compris. Aucun homme ne doit partir s’il n’est depuis au moins quinze jours au corps et s’il n’est habillé depuis huit jours. Occupez-vous de l’organisation de ces demi-brigades; il est nécessaire qu’elles aient de bons majors en second.
Assurez-vous que les cadres des 5emes bataillons qui doivent former les seize demi-brigades provisoires sont complets. S’il y avait des places vacantes il faudrait y nommer sur-le-champ".
Le 30 avril, Napoléon écrit à Clarke : "... Faites moi connaitre quand elle (la division) sera réunie à Cologne et quand elle pourra commencer son mouvement sur Magdebourg ...". Et le même jour, il commande à Berthier d’envoyer un de ses Aides de camp faire un rapport sur cette Division. Et que le 10 mai, elle commence son mouvement sur Berlin.
Le 8 mai, Napoléon envoie son propre Aide de camp : "Saint-Cloud, 8 mai 1812
Au général Lebrun, duc de Plaisance, aide de camp de l’empereur, à Paris
Monsieur le Duc de Plaisance, vous partirez dans la journée de demain. Rendez-vous à Aix-la-Chapelle, à Cologne et à Düsseldorf. Vous verrez la situation de la 1e division de la réserve, son habillement, l’instruction des hommes, le nombre d’officiers qui manque à chaque régiment. Faites-moi connaître si cette division a ordre de se mettre en marche sur Magdeburg".
Quelques jours plus tard, il renforce cette Division de réserve : "Dresde, 18 mai 1812.
Au général Clarke, duc de Feltre, ministre de la guerre, à Paris
Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution.
La 1e division de la réserve, commandée par le général Lagrange, qui se réunit à Coblentz, Düsseldorf et Aix-la-Chapelle, sera composée de la 1e demi-brigade de marche forte de trois bataillons, des 2e, 3e et 4e demi-brigades de marche fortes également de trois bataillons, et des 6e bataillons des 19e, 37e, 56e 93e, 46e, qui sont à Wesel et à Strasbourg; total, dix-sept bataillons. Vous donnerez l’ordre que ces dix-sept bataillons se portent sur Magdeburg. Vous me ferez connaître leur ordre de marche et le jour où chacun de ces bataillons arrivera à sa destination, afin que je donne les ordres ultérieurs. Ces dix-sept bataillons, formant près de 14,000 hommes, seront destinés à tenir provisoirement garnison à Magdeburg, Spandau et Berlin; ce qui me permettra de disposer du 9e corps. Je n’ai donc rien à changer à la formation proposée dans votre état n°1, qui me parait bien entendu".
Le 19 mai, à Berthier, il réitère l’ordre que la Division se rende à Magdebourg et de lui donner 32 Sous-lieutenants tirés de Saint-Cyr. La 1ère Division de Réserve sous Lagrange va être rattachée au 9e Corps du Maréchal Victor.
f/ Campagne de 1813-1814
Fig. 41 Voltigeur, 1810, d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 66) | Fig. 41a Voltigeur, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 41b Voltigeur, 1810, d'après Charmy | Fig. 41c Voltigeur d'après R. North (Source : Rousselot d'après Réglement) |
L'Armée ne peut rester sur la ligne de la Vistule et le Prince Eugène, ne laissant des garnisons que dans les places importantes, la ramène sur l'Elbe.
Fig. 42 Sergent de Fusiliers, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 42a Sergent de Fusiliers, 1811, d'après Osprey |
Les premiers mois de l'année 1813 sont activement employés à la refonte des Régiments et des Corps d'armée. Dans chaque Régiment, les débris venant de Russie forment le 2e Bataillon; on organise ensuite le premier avec des éléments pris dans les Dépôts (5e Bataillon), puis on restaure peu à peu et successivement les 3e, 4e et 6e Bataillons.
Après avoir, de prime abord, posé cette règle très simple que l'on gardera à l'armée autant de cadres de Compagnies que l'on aura de centaines d'hommes, et autant de cadres de Bataillons que l'on aurait de 300 à 600 hommes sous les armes (L'Empereur au Major général, Paris, 9 et 11 janvier (Correspondance, n°s 19437 et 19439), prescription qui restera la base de tout ce qui sera exécuté sur place, Napoléon décide que les Régiments d'Infanterie de la Grande Armée, qui comptaient cinq Bataillons à l'armée, auront leurs cadres réduits à quatre et il exprime ainsi ses projets :
"Le 1er bataillon restera à l'armée. Il recevra et comprendra dans son effectif tout ce qu'il y aura de disponible dans les cinq bataillons, tout ce qui sortirait des hôpitaux, ainsi que tous les hommes des ces bataillons qui formaient les garnisons des vaisseaux, et qui, dans quelques lieux qu'ils se trouvent, à Metz, Mayence ou Berlin, doivent recevoir l'ordre de rejoindre leurs 1ers bataillons à l'armée. Les cadres des 2es bataillons recevront l'ordre de se rendre à Erfurt, où ils recevront 700 conscrits chacun, qui leur seront envoyés de France équipés et armés ; ce qui les complétera ("Les détachements seront composés d'hommes bien portants, bien habillés, équipés et armés, étant depuis au moins un mois sous les armes et ayant brûlé quelques cartouches au blanc et à la cible" - Le Ministre de la Guerre à l'Empereur, Paris, 26 janvier). Les cadres des 3es et 4es bataillons se rendront aux dépôts, où ils seront complétés avec ce qui restera aux dépôts de la levée des 100,000 hommes, de sorte que, dans le courant d'avril, ces deux bataillons de chaque régiment pourront se mettre en marche et former le corps de réserve.
Enfin, les 6es bataillons appelés bis, qu'on réorganise actuellement dans l'intérieur, serviront à recevoir la conscription de 1814 et feront le service de l'intérieur pendant 1813".
Le 17 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, il ne faut rien prendre de la conscription 1813 dans les 40 régiments dont l'état suit, savoir : ... 30e ... Total, 40 régiments.
Il faut au contraire leur donner, sur l'appel des 100 000 hommes, de quoi porter leur dépôt à 2500 hommes afin de compléter les 5e et 6e bataillons et ce qu'ils ont en France. Il suffira, pour les 5 derniers, de les porter à 2000.
Il faut donc, après que le corps d'observation de l'Elbe, le corps d'observation d'Italie et les 2 corps d'observation du Rhin seront partis, pouvoir former un corps de réserve avec ce qui existe dans les 40 dépôts ci-dessus désignés, avec ce qu'ils reçoivent de la conscription de 1813 et ce qu'ils vont recevoir sur la levée des 100 000 hommes.
Ce corps de réserve serait composé de 120 bataillons fournis par les 40 régiments ci-dessus. Il faut y ajouter un bataillon de marche des 8e et 18e légers ; un autre du 3e et du 105e ; d'autres bataillons de marche, formés de 2 compagnies tirées des 34 dépôts de la Grande Armée ; plus 5 bataillons de marche de la 32e division militaire. Cela ferait donc environ 150 bataillons ou une réserve de 120 000 hommes qui partirait avec les cadres des 5e et 6e bataillons et avec les cadres qui reviennent de la Grande Armée.
P.S. Je vous prie d'observer que cette lettre dérange quelque chose à l'approuvé que j'ai donné, dans mes lettres précédentes, aux dispositions faites par les bureaux pour compléter les régiments provisoires et différents corps.
Aussitôt que le chef de division aura terminé, il m'apportera ce travail" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32318).
En conséquence de ces dispositions, les dépôts des vingt-huit régiments français des trois premiers Corps de la Grande Armée doivent diriger chacun un détachement de 700 hommes sur Erfurt. Ainsi, celui du 30e doit partir le 10 février et arriver à Erfurt le 19. L'Empereur espère qu'à Erfurt devra se trouver avant le 1er mars un certain nombre de Bataillons destinés à former les 2es Bataillons, dont un du 30e; ces Bataillons doivent être conduits par un Général du 1er Corps à Wittemberg du 1er au 5 mars, après les avoir pourvus de chaussures et d'effets à Leipzig (Revue d'histoire rédigée à l'état-major de l'armée, Section historique;1910/09 (A12,VOL39,N117)).
Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, Au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 26 (bureau du mouvement des troupes). Donnez des ordres au général Doucet pour qu'aussitôt que le 30e et le 33e de ligne seront arrivés à Erfurt, c'est-à-dire le 19 février, il les y fasse reposer 4 ou 5 jours, et aussitôt qu'ils seront reposés les diriger sur Leipzig sous les ordres d'un des généraux de brigade du 1er corps ... Par ce moyen, ce général de brigade aura 6 bataillons du 1er corps bien complétés avec les cadres des seconds, et il les fera reposer à Leipzig 3 ou 4 jours, leur procurera les souliers, et tout ce dont ils ont besoin pour réparer leur habillement, et il se mettra avec eux immédiatement en marche pour Wittenberg sur l'Elbe, où il attendra des ordres de son général de division ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32514).
Pour désencombrer Erfurth, l'Empereur prescrit également le 27 janvier, de placer à Wittemberg le 2e Bataillon (entre autres) du 30e. Ainsi écrit t'il, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen :"Mon Fils, le ministre de la guerre vous a écrit pour vous faire connaître que les détachements de conscrits de chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée qui doivent se rendre à Erfurt, où ils trouveront les cadres des 2e bataillons, ce qui complétera ces vingt-huit bataillons, partent de France ; les premiers, c'est-à-dire les détachements des 30e et 33e, le 10 février, et ils arriveront le 19 à Erfurt ; le dernier, c'est-à-dire celui du 13e d'infanterie légère, arrivera le 17 mars. Avant le 1er mars, les bataillons du 30e et du 33e, celui du 61e et celui du 111e, celui du 85e celui du 18e et celui du 57e seront arrivés, ce qui fera sept bataillons. Ordonnez à un des généraux de brigade du 1er corps de prendre sous son commandement ces sept bataillons et de se porter à Wittenberg, où ils pourront être arrivés du 1er au 5 mars ..." (Mémoires du Prince Eugène, t.8, page 274 ; Correspondance de Napoléon, t. 24, 19523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32518).
Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 7e demi-brigade, des 6es bataillons des 25e, 30e et 33e ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 2e division, à Wesel, composée des 3e, 6e, 7e et 9e demi-brigades ..." (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).
Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, le général Lauriston devant être du 15 au 20 février à Magdebourg, il devient important que vous donniez ordre au prince d'Eckmühl de revenir à Stettin. Il y a de l'anarchie dans cette place, et on y éprouve le besoin d'une autorité supérieure. D'ailleurs le 2e bataillon du 30e et celui du 33e seront arrivés à Erfurt le 19 février. Les 2es bataillons des 23e, 57e, 61e, 85e et 111e y arriveront le 22, le 25, le 24 et le 28 février. Voilà donc tout de suite une augmentation de 4,000 hommes pour Stettin. Vous avez reçu la lettre par laquelle je vous instruis de quelle manière mon intention est que ces bataillons soient dirigés sur Stettin ; mais vous pouvez donner ordre d'y venir de suite, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Je pense effectivement qu'il est très important que nous ayons le plus tôt possible entre Stettin et la Poméranie et sur cette place une vingtaine de mille hommes. Or, dans le courant de mars, les 16 bataillons seront tous dans cette place ..." (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 347 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32762).
Le Capitaine François écrit : "Continuant ma route, j'arrive le 14 février à Mayence, où se trouve notre dépôt, commandé par le capitaine Gautron. C'est là que j'apprends qu'une nouvelle guerre est déclarée à la France par la Prusse" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 18 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministtre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le maréchal duc de Valmy m'écrit que les cadres des 30e, 48e et 17e de ligne, 13e et 15e légers sont arrivés à Mayence, qu'ils ont complété leur second bataillon à Erfurt, et qu'il retient de quoi compléter leur 1er bataillon à Mayence. Vous trouverez ci-joint extrait de la lettre du maréchal. Cette mesure me paraît inutile.
Mandez-lui que si on n'a pas retenu à Erfurt les cadres du 1er bataillon, il doit les envoyer à leur dépôt.
Les 700 hommes qui sont partis des dépôts doivent compléter les 1ers bataillons. Il ne faut pas compléter les cadres des premiers bataillons à cette opération.
Je suis surpris que ces cadres soient arrivés à Mayence sans que vous en ayez reçu des états" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32814).
Le 27 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils, le 2e bataillon du 17e de ligne, celui du 21e et celui du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20. Ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait, se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt le 19 février, le 57e le 28 février, le 61e le 23, le 85e le 24, le 18e le 28, le 111e le 28. Ces sept bataillons d'Erfurt, avec les quatre premiers de Cassel, font onze bataillons qui peuvent être bientôt réunis sur l'Elbe ...
Le 26e léger arrivera à Erfurt le 1er mars, le 24e léger le 2, le 4e de ligne le 6, le 12e de ligne le 8, le 48e le 10, le 7e léger le 9, le 37e le 11, le 72e le 8, le 108e le 11, le 2e le 10, le 30e le 12 ...
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons hormis cinq, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Wittenberg ou Spandau, c'est-à- dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs. Prescrivez des mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances.
Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Dessau ou à Wittenberg.
Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32901).
Le même 27 février 1813, l'Empereur écrit également au Général Lauriston, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe : "Vingt-huit deuxièmes bataillons du 1er et 2e corps de la Grande Armée se réunissent à Erfurt et Cassel, savoir :
... à Erfurt le 30e, 33e le 19 février ; 57e le 28, 61e le 23, 85e le 24, 18e le 28, 111e le 22 ; 26e de ligne le 1er mars, 24e le 2, 4e de ligne le 6, 12e le 8, 48e le 10, 7e de ligne le 9, le 37e le 11, le 72e le 8, le 108e le 11, le 2e le 10, le 33e le 12, le 13e le 17, le 19e le 16, le 46e le 15, le 15e le 15, le 93e le 13 ...
Les 6 bataillons d'Erfurt doivent se rendre à Dessau ou Wittenberg. Mettez-vous en correspondance avec le général commandant à Erfurt et avec le prince d'Eckmühl qui a été chargé par le vice-roi de réunir ces bataillons afin que, d'après les ordres du vice-roi, ils soient dirigés sur Berlin, Spandau et Stettin ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32905).
A la fin de février, le 1er Bataillon du 30e occupe Stettin, le 2e Bataillon Leipzig; ils comptent à eux deux 892 hommes; le Dépôt est à Mayence.
L'Empereur, le 2 mars, arrête la composition des Demi-brigades provisoires qui doivent être formées avec les conscrits de 1814. L'organisation de mars 1813 comprend les Demi-brigades provisoires suivantes : la 1ère bis (3 Bataillons des 25e, 30e, 33e, tous Régiments du 1er Corps) (Belhomme, tome 4).
En mars, toutes les troupes du 1er Corps, placées sous le commandement de Davout, sont envoyées à Hambourg, Bronnes et Lubeck, pour punir les villes hanséatiques qui sont entrées dans la nouvelle coalition qui s'organise contre la France, par les soins de l'Angleterre et de la Russie. Celle-ci comprend déjà la Prusse et la Suède et l'Autriche ne tardera pas à suivre leur exemple. Davout s'empare de ces villes et répartit ses troupes dans le pays pour garder le bas Elbe.
Le 4 mars 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Magdebourg, au Vice-Roi d’Italie : "En réponse à la demande que j'avais faite d'un congé pour me rendre à Paris, j'ai reçu l'ordre d'aller à Leipzig. Je partirai demain ou après. Les bataillons des 30e et 33e s'étaient déjà portés sur Wittenberg. J'écris au général Pouchelon de les faire rétrograder sur Leipzig ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 519, lettre 1211).
Le 5 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée : Mon fils, les deuxièmes bataillons du 17e de ligne, du 21e et du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20 ; ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait., se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt, le 19 février ; le 57e, le 28 ; le 61e, le 25 ; le 85e, le 24 ; le 18e, le 28 ; le 111e, le 22. Ces 7 bataillons d'Erfurt avec les 4 premiers de Cassel font 11 bataillons qui peuvent être presque déjà réunis sur l'Elbe. Le 11e léger a dû arriver le 17 février à Cassel ; il doit être maintenant à Spandau.
Le 26e léger doit arriver à Erfurt, le 1er mars ; le 24e léger le 2 ; le 4e de ligne, le 6 ; le 12e de ligne, le 8 ; le 48e de ligne, le 10 ; le 7e léger, le 9 ; le 37e de ligne, le 11 ; le 72e de ligne, le 8 ; le 108e de ligne, le 9 ; le 2e de ligne, le 10 ; le 33e·de ligne, le 12. Quant au 13e léger, il ne pourra arriver à Erfurt que le 17 mars ; le 19e, le 16 ; le 46e, le 15 ; le 15e, le·15 ; le 93e, le 13.
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons, hormis 5, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Willenberg ou Spandau, c'est-à-dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs.
Prescrivez les mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances. Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Wittenberg ou à Dessau. Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses" (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 394 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33016).
Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous renvoie la dépêche du duc de Padoue. Faites-lui connaître que les 16 bataillons du 1er corps se réunissent à Wittenberg, pour garder cette ville sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, et que les 12 bataillons du 2e corps se réunissent à Dessau pour y garder le pont, également sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, qu'il vous fasse connaître ce qui a été exécuté de ces différentes dispositions.
Les 16 seconds bataillons du 1er corps formeront 8 régiments provisoires de la manière suivante :
... 31e régiment provisoire : 17e de ligne, 2e bataillon, 30e de ligne, idem ...
Vous donnerez ordre aux 8 majors de ces seize régiments de se rendre en poste à Erfurt et de là à Wittenberg.
Donnez ordre aux seize colonels de se rendre à leurs dépôts. Vous disposerez des majors en second pour les faire majors comme je l'ai ordonné précédemment ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33041).
Le 9 mars 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Leipzig, au Vice-Roi d’Italie : "… Vous avez, Monseigneur, organisé une division que vous estimez à 10,000 hommes, que doit commander le général Gérard. Je propose à Votre Altesse Impériale de faire porter tout de suite cette division à Dresde et environs, et d'y diriger en même temps les 7es bataillons du 1er corps qui sont en ce moment à Leipzig, savoir les 30e, 33e, 61e, 85e, 111e, 57e et 21e.
Ces 7 bataillons sont forts en tout d'environ 5,000 hommes, chacun étant de plus de 700. On réunirait par ce moyen aux environs de Dresde un corps de 20,000 hommes, y compris celui du général Reynier, et non compris les 2 ou 3,000 Bavarois et la garnison de Torgau ...
En demandant à Votre Altesse Impériale de diriger sur Dresde les 7es bataillons du 1er corps, je sais qu'il ne serait pas prudent de mettre en première ligne des troupes aussi neuves, mais cela n'en fait pas moins nombre pour l'ennemi, à qui cette marche d'ailleurs fera supposer que tout ce qui appartient au 1er corps est destiné à marcher sur ce point.
Si l'ennemi se portait avec des forces majeures sur Dresde, ce qui ne pourrait avoir lieu que dans la supposition où les Prussiens se réuniraient aux Russes, après avoir profité de toutes les positions pour disputer le passage, je prendrai toutes les mesures nécessaires pour faire sauter le pont ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 526, lettre 1216).
Le 11 mars 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Leipzig, à l’Empereur : "Sire, le Vice-Roi m'a remis la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 2 mars. Elle prévoyait l'évacuation de Berlin, mais il m'a paru que l'on pouvait et que l'on devait garder la ligne de l'Elbe, que déjà l'on commençait à quitter. J'ai donc cru devoir faire au Vice-Roi les observations dont je joins ici copie. Son Altesse Impériale les a prises en considération et m'a donné l'ordre de me rendre à Dresde, en mettant à ma disposition le corps du général Reynier, les Bavarois et la 31e division commandée par le général Gérard, ce qui fait en tout une vingtaine de mille hommes …
Dans les 20,000 hommes je comprends les bataillons du 1er corps, des 30e, 33e, 57e, 61e, 85e et 111e régiments qui ont été organisés à Erfurt, qui se trouvent à Leipzig et qui sont dirigés sur Dresde. Les 10 autres bataillons du 1er corps, ainsi que ceux du 2e dont il y en avait 5 ici, vont être dirigés sur Magdebourg …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 532, lettre 1219).
Le 12 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Kellermann, commandant le Corps d'Observation du Rhin : "Mon cousin, j'ai ordonné que les 4es bataillons des 28 régiments qui forment le 1er et le 2e corps de la Grande Armée se rendissent à Wesel afin d'avoir des forces dans la 25e division militaire. Vous avez dans la 26e division militaire le 30e, le 33e, le 61e, le 85e et le 111e. Vous avez dans la 5e division où vous commandez je crois, le 18e, le 57e et le 7e léger. Vous avez dans la 25e division où vous commandez également le 21e de ligne, le 56e et le 11e léger. Vous avez donc dans l’étendue de votre commandement 11 régiments. Donnez ordre que ces 11 4es bataillons bien complets en officiers et sous-officiers partent de leur dépôt pour se rendre à Wesel complétés à 840 hommes, habillés et bien armés ; ceux qui sont dans la 5e et dans la 26e division militaire s'embarqueront sur le Rhin afin d'arriver le plus promptement possible.
Le général Loison aura soin de les former en régiments provisoires 2 à 2. Il devra prendre garde à ne pas confondre les régiments du 1er corps avec ceux du 2e. Par exemple le 56e et le 11e léger sont du 2e corps. Il peut en faire un régiment provisoire. Les autres étant du 1er corps, il peut les réunir 2 à 2 à mesure de leur arrivée. Passez vous-même la revue des deux qui sont à Mayence. Envoyez par des estafettes extraordinaires des ordres pour le complètement de ces 4es bataillons et leur départ. Si on ne pouvait les compléter à 840 hommes, on ne ferait partir d'abord que 4 compagnies complétées à 560 et les deux dernières compagnies partiraient aussitôt qu'on aurait pu les compléter.
Il serait nécessaire qu'on me présentât des nominations pour toutes les places vacantes. Aussitôt que ces régiments seront formés à Wesel, le général Loison dirigera ceux du 1er corps sur Osnabrück et Brême et ceux du 2e sur Minden et Munster. En attendant que les deux généraux de division et les quatre généraux de brigade soient arrivés pour commander ces deux divisions, dont une qui sera formée des 16 4es bataillons du 1er corps et une autre que les 12 4es bataillons du 2e corps composeront, vu que je fais donner par le ministre de la Guerre dans toute la division l'ordre que je vous adresse ici directement afin de gagner du temps sur les bureaux, en attendant dis-je que ces généraux soient arrivés, le général Loison attachera deux généraux de brigade ou officiers supérieurs à l'une ou l'autre de ces divisions pour les commander. Les régiments provisoires doivent être commandés par les majors. Mon intention est que tous les majors de ces 28 régiments soient employés savoir : 14 à commander les 14 régiments provisoires formés des seconds bataillons qui ont été organisés à Leipzig et 14 à commander les nouveaux régiments provisoires qui se forment à Wesel ; les colonels devant rester à leur dépôt, de s'y reposer et de réorganiser leur régiment" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33174).
Le Capitaine François écrit : "Le 17 mars, les troupes réunies à Mayence passent une revue générale et partent ensuite. Mes blessures sont en trop mauvais état pour que je puisse partager les périls de notre nouvelle armée, et je suis réduit, à l'aide des bulletins, à suivre sa marche sur la carte" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Fig. 43 Fusilier 1810 d'après Wurtz (Petits Soldats d'Alsace, planche 66) |
Fig. 43a Fusilier, 1810, d'après H. Boisselier pour Bucquoy (source : Wurtz) |
Fig. 43b Fusilier, 1810, d'après Charmy |
En avril, les 1er et 5e Bataillons du 30e sont à Mayence; le 2e Bataillon est au 31e Provisoire à Werden (1ère Division du 1er Corps); le 4e Bataillon au 31e Provisoire bis à Lunebourg (2e Division du 1er Corps); le 3e Bataillon est à la 7e Demi-brigade provisoire à Utrecht (3e Division bis du 1er Corps). Cette dispersion de tous les Bataillons appartenant à un même Corps est nécessitée par la réorganisation presque simultanée de tous les Régiment rentrant de Russie.
Le 3 avril, Guibert, d'abord au dépôt de Mayence, est présent à Oldenbourg ; il écrit : " ... je n'ai pas un seul moment à moi, toujours en garde. Je suis capitaine de voltigeurs au 4e bataillon. J'ai une compagnie qui sera fort belle mais il y a encore bien de l'argent à avancer pour la monter ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 8 mai 1813 à 11 heures du matin, le Maréchal Davout écrit, depuis Bremen, au Général Vandamme : "... Le général Dumonceau ne nous a pas encore donné des nouvelles du général Sébastiani. Est-il à Salzwedel ? Occupe-t-il Hitzacker ? Le général Dumonceau a-t-il envoyé des ordres au bataillon qui, de Niembourg, a été dirigé sur Soltau, pour y être à la disposition du général Sébastiani ?
2 compagnies du 21e sont parties ce matin pour le rejoindre ; 2 du 61e partiront demain ; 2 autres du 17e après-demain ; et 2 du 30e ou 15e après-demain. Toutes ces compagnies seront pourvues d'effet de campement ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 80, lettre 1301).
Le 12 mai 1813 à 7 h du soir, le Maréchal Davout écrit, depuis Rothembourg, au Général Vandamme : "… Demain, avant le jour, il partira de Rothembourg pour Haarbourg le 3e régiment de ligne, fort de 1,100 hommes bien instruits et ayant leurs effets de campement.
Pour Lunebourg, il partira aussi, demain avant le jour, 250 hommes du 30e de ligne et autant du 57e, ainsi que d'autres petits détachements. Cette troupe ira par Tostedt, où elle fera la soupe et se reposera un peu, et de là elle continuera sa marche pour rejoindre la division Dumonceau à Lunebourg. Si vous aviez fait faire un mouvement à cette division, vous pourriez envoyer des ordres en conséquence à ces détachements à Tostedt ; 3 pièces d'artillerie arriveront avec le 3e de ligne ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 101, lettre 1315).
Le 29 mai, le Maréchal Davout est toujours chargé d'occuper Hambourg et de garder les bouches de l'Elbe et les Villes hanséatiques, principalement contre l'armée suédoise. Dans ce but, il fait exécuter des travaux destinés à transformer Hambourg, ville ouverte, en un vaste camp retranché et il établit sa première ligne de défense sur la Stecknitz.
Du 4 juin au 28 juillet, les hostilités sont suspendues par suite de l'armistice de Pleswitz. Davout met ce temps à profit pour fortifier Hambourg et le mettre à l'abris de de toute tentative.
Le 7 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Bunzlau, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Donnez ordre que de Wittenberg la 1re division se dirige sur Magdebourg où elle sera jointe par les quatre bataillons qui lui appartiennent : par ce moyen, le 1er corps, sous les ordres du prince d'Eckmühl, aura trois divisions, c'est-à-dire 16 régiments, ayant chacun ses 1er, 2e et 4e bataillons.
Vous lui ferez connaître qu'il ne doit pas perdre un moment pour supprimer les bataillons provisoires et réunir ensemble les 1er, 2e et 4e bataillons. Il fera revenir les colonels, les aigles et la musique des régiments. Alors le 1er corps sera composé ainsi qu'il suit.
1re division du 1er corps formant la 1re division de l'armée
3 bataillons du 7e d'infanterie légère, 3 17e de ligne, 3 12e de ligne, 3 21e de ligne, 3 30e de ligne. 15 bataillons ...
Faites connaître au prince d'Eckmühl que lorsque je connaîtrai la situation de son corps, je me déciderai ou à lui former une 4e division avec ces bataillons ou à les incorporer dans ses 3 premières divisions afin que leurs bataillons soient bien complets ; faites-lui connaître que chaque division doit être de 3 brigades et avoir deux batteries à pied par division, deux batteries à cheval pour le corps et 2 batteries de 12 pour la réserve du corps ...
Vous ferez connaître au prince d'Eckmühl que les trois divisions qui composent le 1er corps, formant 48 bataillons avec 76 pièces de canon, doivent être prêts au 1er juillet à entrer en campagne, laissant la division de Hambourg pour la garde de Hambourg ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34510).
Entre-temps, le 15 juin, dans le département de l'Ourthe, le directeur de la conscription se plaint vivement du mauvais vouloir des conscrits du département... Dans les détachements des conscrits appelés aux armes par le sénatus-consulte du 9 octobre, la désertion est considérable. Ainsi, le dépôt du 30e de Ligne ne reçoit que 162 conscrits de 1813 sur les 296 prévus (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936).
Dans le courant de juin, le Corps d'armée de Davout, qui se composait de quatre Divisions, est dédoublé et forme deux Corps d'armée. Deux de ses Divisions sont données au Maréchal Vandamme, sous le nom de 1er Corps, pour concourir aux opérations que dirige Napoléon lui-même.
Belhomme : "Afin de réunir ensemble les Bataillons des Régiments du 1er Corps, l'Empereur prescrit le 18 juin, que les lre et 2e Divisions soient sous les ordres du Général Vandamme et se forment, la 1ère à Wittemberg ; et la 2e à Magdebourg avec les 1er, 2e, 4e bataillons" notamment du 30e. Et un peu plus loin : "Un décret du 1er juillet scinda le 1er corps en 2 corps distincts sous les n°s 1 et 13. Le général Vandamme eut le commandement du 1er corps qui fut composé des 1re et 2e divisions et de la 23e enlevée au 6e corps. La 3e division bis vint d'Hambourg à Magdebourg où elle fut dissoute; les 3es bataillons des lre et 2e divisions rejoignirent leurs régiments qui eurent ainsi leurs 4 bataillons présents. Le maréchal Davout commanda à Hambourg le contingent danois et le 13e corps qui fut composé de la 3e division, Loison (...) ; de la 40e division, Vichery (nouvelle, formée avec les 1er, 2e, 3e, 4e bataillons des 30e, 61e, 111e, et 2e, 3e du 33eléger); de la 50e division, Pécheux (...)".
Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre que la compagnie du 59e faisant partie du 2e bataillon de garnison à Magdebourg, se rende au 3e corps pour être incorporée dans son bataillon. Ses officiers et sous-officiers retourneront au dépôt. Donnez ordre que la compagnie du 24e de ligne faisant partie du même bataillon soit incorporée dans le bataillon du 12e de ligne qui est à Magdebourg ou à Wittenberg. Celle du 81e le sera dans le 17e, celle du 9e dans le 30e, celle du 35e dans le 33e, celle du 15e dans le 57e et celle du 106e dans le 61e. Cette incorporation aura lieu à Magdebourg ou à Wittenberg ou chacun de ces régiments a un bataillon. Les cadres, officiers, sous-officiers et tambours retourneront en Italie. Donnez avis de cette mesure au ministre de la Guerre"(Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34803).
Le même 18 juin 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Dresde, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Mon Cousin, vous donnerez ordre au général Vandamme de partir de Hambourg le 25 pour se rendre à Magdeburg, où il établira son quartier général. Il mènera avec lui, 1° une des deux batteries d’artillerie à cheval attachées au 1er corps ; 2° une des deux batteries de 12 attachées au 1er corps ; 3° les 1ers et 4es bataillons des régiments qui composent la 1re division ; les 1ers et 4es bataillons des régiments qui composent la 2e division.
1re division. — 7e d'infanterie légère, 12e, 21e. 17e, 30e d'infanterie de ligne.
2e division. — 13e léger, 25e, 33e, 57e, 85e de ligne ...
Les 1ers et 4es bataillons des 7e léger, 12e, 17e, 21e et 30e de ligne, se rendront à Wittenberg ; les 2es bataillons attendront dans cette place les 1ers et 4es ...
Il y aura donc à Hambourg ...
1° La 50e division ou division de Hambourg, qui est aujourd'hui de 5,000 hommes;
2° La 3e division (...);
3° La division bis composée des 3es bataillons des 7e léger, 12e, 17e, 21e et 30e de ligne, qui formeront une brigade ...
Le prince d'Eckmühl formera la 3e division, qui se trouvera ainsi à trois brigades. En conséquence, il aura sous ses ordres, à Hambourg, la division de Hambourg, qui, après l'incorporation des bataillons de marche, doit être, comme je l'ai dit plus haut, de 5,000 hommes ; la 3e division, c'est-à-dire vingt bataillons ou 12,000 hommes ; la 3e division bis, dix bataillons ou 6,000 hommes ; total, 23,000 hommes ...
Le général Vandamme aura à Magdeburg : la 1re division, quinze bataillons ; la 2e division, quinze bataillons. La division Teste tiendra garnison à Magdeburg jusqu'à nouvel ordre ...
Ce corps sera appelé corps du général Vandamme ; mais il fera toujours partie du 1er corps. Il aura pour commandant d'artillerie le général Baltus. Le commandant du génie y enverra un chef de bataillon, deux officiers du génie pour chaque division et deux compagnies de sapeurs. Il y aura en outre un ordonnateur du 1er corps et un payeur ...
Vous prendrez les mesures nécessaires pour que ces ordres s'exécutent avec la plus grande activité.
Donnez des ordres pour que le prince d'Eckmühl réunisse à Hambourg et Harburg toute la division de Hambourg ; qu'il réunisse sa 3e division de vingt bataillons en avant de Hambourg ; qu'il réunisse la 3e division bis à Luneburg, en laissant deux bataillons sur la côte ; qu'il borde toute la rive gauche de l'Elbe. Mon intention est qu'avec ce corps d'armée et les Danois il puisse prendre l'offensive dans le Mecklenburg, aussitôt que l'armistice viendrait à être rompu. Il n'a pas encore envoyé l'état de situation de la division danoise, infanterie, cavalerie, artillerie.
Comme la 3e division est actuellement de vingt bataillons, il est maître d'y mettre le général Loison et de mettre le général Thiebault à la 3e bis. Je le laisse maître également de scinder la 3e division, de manière à avoir trois divisions de dix bataillons chacune, mais ce ne serait que pour le service et non pour l'organisation : ou bien il peut mettre quatre bataillons de la 3e division avec la 3e bis, de manière que la 3e division se trouve être de seize bataillons et la 3e bis de quatorze" (Correspondance de Napoléon, t. 25, 20145 ; Correspondance du Maréchal Davout, tome 4; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34816).
Le 19 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant de la cavalerie du 3e Corps : "Mon cousin, l'état-major vous fera connaître mes nouvelles dispositions relativement au 1er corps d'armée, mais comme il importe que vous les connaissiez sans perdre de temps, je vous en écris directement. J'ai divisé le 1er corps en deux parties ; la première comprend la 1re division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 7e léger, 12e, 17e, 21e et 30e de ligne : et la 2e division composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 13e léger ; 25e, 33e, 57e et 85e de ligne. Ces deux divisions se réunissent à Magdebourg sous les ordres du général Vandamme. La 3e division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 15e léger ; 48e, 61e, 108e et 111e se réunit à Hambourg sous les ordres du prince d'Eckmühl, ainsi que la 3e Division bis, composée des 15 troisièmes bataillons des 15 régiments ci-dessus ...
Dirigez en conséquence, la marche des troupes qui doivent rejoindre ces divisions. Les 10 troisièmes bataillons des régiments de la 1re et 2e division faisant partie de la 3e division bis ne tarderont pas à arriver. Dirigez toujours sur Brême tout ce qui appartient à ces bataillons ...
J'ai ordonné que les aigles, la musique, les colonels et les majors des régiments des 1re, 2e et 3e divisions se rendent à leurs corps. Dirigez-les tous sur Magdebourg ou sur Hambourg, selon les dispositions ci-dessus. Ayez soin pour éviter des marches inutiles qu'on les prévienne à leur passage à Mayence ou à Wesel. Il est probable que les colonels et majors voyageront en poste ...
Ouvrez aux dépôts des 28 régiments des 1er et 2e corps pour savoir si leurs colonels, leurs musiques et leurs aigles sont partis ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34865).
Le même 19 juin, Berthier écrit depuis Dresde à Davout : "L'Empereur ordonne, prince, que vous fassiez partir le général Vandamme de Hambourg le 25 de ce mois, pour se rendre à Magdebourg où il établira son quartier général.
Vous donnerez des ordres pour que le général Vandamme mène avec lui (...) les 1er et 4e bataillons des cinq régiments composant la 1re division et les 1er et 4e bataillons des cinq régiments composant la 2e division, savoir : (...) 1re division (...) 30e régiment d'infanterie de ligne, 1er et 4e bataillons.
(...) Ce qui forme vingt bataillons. La 2e division se réunira à Magdebourg et la 1re division à Wittenberg le quartier général du général Vandamme sera à Magdebourg.
La division du général Philippon, composée des seconds bataillons de vos 16 régiments, a reçu l'ordre de s'arrêter à Vittemberg; (...) les seconds bataillons des (...) 30e (...) attendent à Wittemberg pour y attendre les 1er et 4e bataillons de ces régiments qui viendront avec le général Vandamme pour former avec eux la 1re division.
Vous aurez ainsi à Hambourg, prince, (...) La 3e division bis qui restera composée (...) des troisièmes bataillons (...) 30e (...) de ligne, dont vous formerez une brigade.
En conséquence, vous aurez sous vos ordres à Hambourg (...) La 3e division bis, de dix bataillons ... 6.000 (hommes).
Quant au général Vandamme, il aura à Magdebourg et Wittemberg (...) la 2e division de 15 bataillons.
(...) Ce corps, prince, sera appelé corps du général Vandamme; mais il fera toujours partie du 1er corps d'armée.
(...) Ne perdez pas un instant, prince, pour faire exécuter ponctuellement toutes les dispositions ci-dessus, et envoyez-moi sur cela des rapports très détaillés, afin que j'en rende compte à l'Empereur.
L'intention de l'Empereur est que vous réunissiez à Hambourg et à Haarburg toute la division de Hambourg, que vous réunissiez la 3e division de vingt bataillons en avant de Hambourg, et que vous réunissiez la 3e division bis à Lunebourg, en laissant deux bataillons sur la côte; bordez ainsi toute la rive gauche de l'Elbe. L'intention de l'Empereur est qu'avec ce corps d'armée et les Danois, vous puissiez prendre l'offensive dans le Mecklembourg, aussitôt que l'armistice viendrait à être rompu.
(...) Comme la 3e division va se trouver de 20 bataillons, l'Empereur vous laisse la liberté d'en donner le commandement au général Loison, si vous le jugez convenable, en donnant celui de la 3e division bis au général Thiébault.
Sa Majesté vous laisse maître également de scinder la 3e division, de manière à avoir trois divisions de dix bataillons chacune, mais ce ne serait que pour le service et non pour l'organisation ou bien vous pouvez mettre quatre bataillons de la 3e division avec la 3e division bis, de manière que la 3e division se trouve être de 16 bataillons et la 3e bis de 14.
Je joins ici des ordres pour le général Vandamme; remettez-les lui en lui donnant les vôtres pour son mouvement.
Envoyez au-devant des six bataillons de la division actuelle du général Philippon qui vont vous rejoindre, ou faites connaître au gouverneur de Magdebourg, la direction que vous jugez à propos qu'il leur donne" (Registre d'ordres du maréchal Berthier pendant la campagne de 1813).
Suit la lettre de Berthier à Vandamme : "L'Empereur ordonne, monsieur le général Vandamme, que vous partiez de Hambourg le 25 de ce mois pour vous rendre à Magdebourg où vous établirez votre quartier général.
Vous mènerez avec vous (...) les 1er et 4e bataillons des cinq régiments composant la 1re division, savoir (...) 30e régiment d'infanterie de ligne, 1er et 4e bataillons (...) Ce qui forme 20 bataillons. (...) la 1re division à Wittemberg et votre quartier général restera à Magdebourg.
(...) Les seconds bataillons des (...) 30e de ligne attendront à Wittenberg les 1er et 4e bataillons de ces régiments que vous amenez et que, de Magdebourg, vous dirigerez sur Wittenberg, pour former avec eux la 1re division.
(...) Ce corps, général, sera appelé corps du général Vandamme, mais il fera toujours partie du 1er corps d'armée.
Prenez sur-le-champ les ordres de M. le maréchal prince d'Eckmuhl, afin qu'il mette sous vos ordres tout ce que vous devez amener et que vous puissiez vous mettre en mouvement le 25, conformément aux intentions de l'Empereur. Envoyez-moi le plus tôt possible un état de situation de vos troupes avec la copie de leur itinéraire, de manière à ce que l'Empereur puisse bien connaitre leur marche jour par jour" (Registre d'ordres du maréchal Berthier pendant la campagne de 1813).
Les deux Divisions, laissées au Maréchal Davout sur le bas Elbe, constituent le 13e Corps dont l'effectif atteint 30000 hommes.
Le 30e, commandé par le Colonel Ramand, appartient à la 40e Division (Général Thiébaut) du 13e Corps. La 40e Division est ainsi composée : 1ère Brigade 33e Léger et 30e de Ligne (Général Delcambre); 2e Brigade 61e et 11e de Ligne (Général Genglout). Le 30e occupe Danenbourg et Hambourg; le Major Hervé est commandant en second.
Le 16 juin, le Capitaine Bordarier est tué au cours d'une affaire près de Hambourg. A noter qu'en 1813, 106 conscrits italiens, tirés de la 29e Division Militaire (Florence) sont incorporés dans le 30e de Ligne (levés le 11 janvier, 4 avril, 9 octobre et 4 et 11 novembre).
Le 1er juillet 1813, Berthier écrit depuis Dresde à Davout "Je vous envoie, prince, ampliation d'un ordre de l'Empereur daté d'aujourd'hui qui règle la nouvelle formation du 1er corps d'armée que commandera le général Vandamme et du XIIIe corps d'armée dont Sa Majesté vous donne le commandement. Vous y verrez la composition que vous devez donner à la 3e division et à la 40e division ainsi qu'à la 50e. Faites dissoudre la 3e division bis et veillez à ce que les bataillons qui la composent se rendent sans délai à leur destination respective, savoir (...) les troisièmes bataillons (...) des (...) 30e (...) régiments de ligne sur les 3e et 40e divisions.
Prescrivez toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution de l'ordre de l'Empereur.
Sa Majesté ordonne que vous formiez la 40e division à Werben sur l'Elbe entre Magdebourg et Hambourg; là, elle sera à votre disposition et vous pourrez la rapprocher suivant les circonstances.
Le 30e régiment de ligne devant faire partie de cette division, je donne l'ordre au général Vandamme qui a avec lui les 1er et 4e bataillons de ce régiment, de tes envoyer à Werben et d'y envoyer pareillement le second bataillon de ce corps qui est Wittenberg.
Ayez le plus grand soin, prince, que chaque troupe suive bien exactement et sans délai la destination que lui assigne l'ordre de l'Empereur et instruisez-moi de toutes les dispositions que vous ferez pour remplir à cet égard les intentions de Sa Majesté; correspondez à cet effet avec le général commandant à Wesel" (Registre d'ordres du maréchal Berthier pendant la campagne de 1813).
En juillet, Guibert, de retour à Lubeck d'illustre mémoire, puis à Hambourg, Verken, écrit à sa mère mais évite de donner des informations car : " ... tu sais toutes les nouvelles mieux que moi ainsi celles que je pourrais te donner seraient déjà vieilles pour toi ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 16 juillet 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "… Je commence mon mouvement pour réunir la 40e division à Dahlembourg. Deux bataillons du 30e y viennent de Werben, et deux bataillons du 61e y vont de Bergedorf. J'y dirige également les 3es bataillons de ces régiments qui me sont annoncés d'Osnabrück.
J'ai fait partir avec ces 1ers bataillons une batterie de 8 pièces. Quant aux 2 bataillons du 33e léger, qui doivent faire partie de cette division, je n'ai pu en former qu'un seul, même après l'incorporation du bataillon de marche, et il est sur la rive gauche de l'Elbe à Stade" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 228, lettre 1442).
Le 31 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Mayence, au Maréchal Davout, commandant le 13e Corps de la Grande Armée : "Mon cousin, une compagnie d'artillerie à cheval est partie ce matin de Mayence pour Wesel ; elle doit être le 12 ou le 13 à Hambourg. Les 3 compagnies restantes du 3e bataillon du 30e de ligne se sont embarquées ce matin ; elles doivent également arriver le 12 à Hambourg.
Veillez aux mouvements de toutes les troupes afin que les hostilités venant à recommencer, rien ne soit compromis. Donnez des ordres précis pour que sur la ligne on vous instruise de tous les passages et que vous voyiez arriver toutes les troupes. Tout porte à penser que les hostilités recommenceront le 16. Tenez-vous donc en mesure" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35696).
Le Capitaine François écrit : "Vers la fin du mois de juillet, mes blessures étant cicatrisées, j'assiste à une revue passée par Napoléon, auquel me présente notre major, M. Hervé, comme un des anciens Dromadaires de l'armée d'Egypte. A ces mots, il me demande ce que je veux, et, comme à Moscou, le major se pressant trop de répondre en ne réclamant que la croix d'officier de la Légion d'honneur qui m'est accordée, je n'obtiens pas ce que je désirais.
Le 29 juillet, je pars avec le 3e bataillon du 30e, pour aller rejoindre le 1er à Harburg, où nous arrivons le 13 août. Le régiment s'y trouve réuni et fait partie de la division Pécheux, brigade du général Romme, corps d'armée du prince d'Eckmuhl" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
- Prise de Lauenbourg
Fig. 44 Ci-dessus et ci-dessous : Plaque de shako modèle 1806, trouvée dans la région de Smolensk, attribuée au 30e de Ligne (communication d'un de nos correspondants) |
Plaque de shako du 30e de Ligne, modèle 1810. Dimensions : 110 x 110 mm - Collection privée (communication d'un de nos correspondants) |
Plaque trouvée en Russie (communication d'un de nos correspondants) |
Plaque trouvée en Russie (communication d'un de nos correspondants) |
Fig. 45 Plaque de shako de voltigeurs du 30e de Ligne, antérieure à 1812; Collection Klaus Hoffmann, Wildberg, Allemagne (communication d'un de nos correspondants) |
Au commencement d'août, le 13e Corps, fort d'environ 30000 hommes, quitte le Bas Elbe pour concourir au grand mouvement que l'Empereur veut opérer sur Berlin, et s'avance jusqu'à Schewerin et Wismar.
Le 11 août 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "Je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 8 Par mes précédentes et les comptes que j'ai rendus au major général, elle aura vu que je m'occupais d'exécuter ses intentions, et que tout est en mouvement pour attirer l'attention de l'ennemi sur les troupes dont Votre Majesté m'a confié le commandement.
La 3e division forte de 8,000 hommes environ, composée des 15e léger, 48e et 108e de ligne à 4 bataillons chacun, et un bataillon du 44e de ligne, l'autre bataillon de ce régiment n'étant point annoncé, total 13 bataillons, sera demain 12 en entier à Bergedorf et environs, avec une batterie d'artillerie à pied, une batterie d'artillerie à cheval et une batterie de réserve, total 22 pièces.
Le même jour, les 30e et 61e de ligne de la 40e division qui sont maintenant près de Lunebourg seront à Winsen, près de passer l'Elbe à Hope, avec une batterie d'artillerie à pied ...
Je vais faire évacuer par le 15e tous les postes retranchés qui étaient entre Hitzacker et Werben ; je ne conserverai que ceux qui sont entre Hitzacker et Hope. Ainsi les 30e et 61e, suivant les circonstances, passeront l'Elbe à Hope, ou suivront mon mouvement par la rive gauche ; mais probablement je les ferai passer à Hope, car il est vraisemblable que me portant en avant, l'ennemi en se retirant aura détruit tous les moyens de passage ...
La lettre de Votre Majesté me fait bien connaître ses intentions ; je ferai de mon mieux pour justifier sa confiance. Tous les ordres pour arrêter les convois avaient déjà été donnés ; je les réitère. Mon quartier général est depuis longtemps à une lieue de Hambourg ; je serai le 13 avec la 3e division.
J'adresse par ce courrier au major général le rapport d'un intendant du prince de la Moskowa, qui était resté en arrière, malade, pendant la retraite de Moscou, et qui vient d'arriver par le Mecklembourg. Il était parti de Stralsund le 8 août, et a passé par Wismar, Rostock et Boitzenbourg. Il n'a pu donner aucun renseignement sur le mouvement des troupes. Il a vu le général Moreau chez le prince de Suède" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 261, lettre 1467).
L'ennemi a élevé quelques retranchements dans les environs de Lauenbourg. Dans la soirée du 18 août, le Maréchal Davout désigne un Batailon du 30e pour les enlever. L'attaque de nuit est des plus violentes et le 30e s'empare de la ville après avoir mis en déroute deux Bataillons du Corps franc de Lutzow qui défend les retranchements.
Objets divers trouvés en Russie, certains pouvant être attribués au 30e de Ligne (communication d'un de nos correspondants) |
Au sujet de la prise de Lauenbourg, le Maréchal Davout s'exprime ainsi dans sa lettre du 20 août 1813, adressée, depuis Hambourg, à l'Empereur : "… Le général Pécheux a rencontré de la résistance à Lauenbourg il a pris position.
Je me suis porté sur ce point le 18.
L'ennemi occupait des redoutes en avant de cette ville. J'ai fait faire une attaque de nuit par le 3e bataillon du 30e, qui a eu un plein succès. Ce bataillon a passé entre les redoutes au milieu de leur feu et s'est avancé en ville sans tirer un coup de fusil. L'attaque a été dirigée par un de mes aides de camp, M. d'Houdetot. Notre perte a été de 4 ou 5 hommes tués et une centaine de blessés, presque tous très-légèrement.
L'ennemi intimidé a profité de l'obscurité pour se sauver dans toutes les directions on lui a fait une centaine de prisonniers. La perte de l'ennemi a été dans les journées des 18 et 19 de. 50 hommes tués, près de 400 blessés et 100 prisonniers ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 269, lettre 1473).
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 18 août … Le maréchal s'était rendu auprès du général Pecheux pour reconnaitre la position du camp retranché de l'ennemi. Il vit de l'hésitation dans les troupes qui défendaient les redoutes devant Lauenbourg, et ordonna une attaque de nuit qui fut faite par un bataillon du 30e de ligne, dirigée par le capitaine d'Houdetot, l'un de ses aides de camp. Les redoutes furent enlevées à la baïonnette, et sans tirer un coup de fusil ; l'ennemi s'enfuit en grande confusion, abandonnant son camp et la ville, et laissant entre nos mains 80 prisonniers, dont 5 officiers. Il prit position derrière la Stecknitz, dont il voulut brûler le pont ; mais nos voltigeurs arrivèrent assez à temps pour conserver ce passage au corps d'armée.
Le maréchal concentra en avant de Lauenbourg les troupes du général Pecheux, celles du général Thiebault, et la cavalerie du général Wattier ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 ; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
"Le 13e corps de la grande armée, commandé par le maréchal Davoust, partit, le 18 août, de ses cantonnements de Hambourg; un bataillon du 30e de ligne se porta, dans la soirée, à Lauenbourg, où l'ennemi avait élevé des retranchements dont la défense était confiée à deux bataillons du corps de Lutzow, qui les abandonnèrent dans la matinée du 19. Ce corps franc et les cosaques de Tettenborn se retirèrent sur Wellahn, où ils furent suivis par quelques troupes envoyées par le maréchal Davoust, qui se dirigea sur Boitzenburg" (France militaire : histoire des armées françaises de terre et de mer de 1792 à 1837. Tome 5).
Dans ce combat, le Capitaine Thomain (François) est atteint d'un coup de feu à la hanche. Martinien indique pour le 18 août le Capitaine Thomain, blessé près de Hambourg (sic).
Le 19 août 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Luxembourg (Lauenbourg ?), à son épouse : "Nous sommes entrés ici, ma chère Aimée, à trois heures du matin. Nos ennemis ont eu plus de peur que de mal : leur perte se réduit à trois ou quatre cents hommes tués ou blessés. La nôtre est insignifiante. Le bataillon du 30e, qui y est entré, a reçu des coups de fusil qui lui ont mis peu de monde hors de combat et a donné de bons coups de baïonnette. L'ennemi avait fait des retranchements assez considérables qui ont été forcés de cette manière. L'occupation de ce point facilite beaucoup ce que je dois faire pour exécuter les ordres de l'Empereur ..." (Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 3, p. 360).
Fig. 45a Major du 30e de Ligne en août 1812, d'après P. Courcelle |
Le Capitaine François écrit : "Le 20 août, sous les ordres du brave général Pécheux, notre division repousse les cosaques au pont de Zamsdorf, et nous nous portons sur Westemburg" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Martinien donne pour le 23 le Lieutenant Farcet, blessé là encore au cours d'un combat près de Hambourg.
A la fin d'août, à la suite des défaites de Gross Beeren et de Dennewitz, Davout, qui est déjà au coeur du Meklembourg, est obligé de suspendre sa marche puis de rétrograder; il vient prendre position derrière les retranchements de la Stecknitz où il repousse victorieusement toutes les attaques des Suédois, commandés par Valmoden. Pendant deux nuits, les troupes du 1er Corps ont, avec l'ennemi, une série d'engagements dans lesquels le 30e trouve l'occasion d'ajouter encore à la gloire qui entoure son drapeau.
Au 30 août, Guibert est au bivouac; il est très rassurant : " ... je suis bien rétabli, je suis assez gai, je n'ai pas le temps d'être triste. Les postes ennemis ne sont pas à 100 pas des miens. Sois tranquille pour cette campagne, le pays est bon et tout ira bien. Je suis assis sur un sac et j'écris sur mon genou. Je suis toujours aux aguets pour que cette canaille de cosaques ne me surprenne pas. Ils ne sont bons qu'à cela, un coup de fusil seul les disperse ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 19 septembre, le découragement commence à se faire sentir; Guibert écrit : " ... j'ai besoin de tes lettres. La vie que je mène ici n'est pas très amusante. Je l'aime mais elle commence à m'être un peu à charge. J'aspire après une garnison ..." (in Pierre Charrié : "lettres de guerre, 1792-1815").
Le 8 octobre, le 30e fait partie d'une reconnaissance qui, sortant par la tête de pont de Hope, est dirigée sur Winsen et s'empare de cette ville. Dans cette affaire, le Lieutenant Talabot (Jules) est atteint d'un coup de biscaïen. Martinien donne le Capitaine Talabot, blessé près de Hambourg (sic).
Pendant le même mois, l'ennemi, avec 1500 hommes d'infanterie et une batterie de 8 pièces, veut forcer la position de Buchen. Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Quant aux opérations militaires, elles furent de peu d'importance pendant ce mois. Il y avait eu sur notre front quelques fourrages armés pour avoir des bêtes à cornes. Le général Rome avait eu, en avant de Möllen,un engagement où l'ennemi perdit 40 hommes tués, 150 faits prisonniers et un grand parc de bestiaux. On avait fait sortir de la tête de pont de Hope une reconnaissance sur Winsen, on s'était emparé de cette ville; l'ennemi avait voulu forcer la position à Buchen avec 1,500 hommes d'infanterie et une batterie de 8 pièces; une vive canonnade et le feu de son infanterie qui avait duré deux heures, n'étaient point parvenus à déloger deux compagnies de voltigeurs du 30e régiment, postées derrière un épaulement dans les marais de la Stecknitz. La conduite de ces braves gens avait été admirable; ils y avaient perdu une trentaine d'hommes en tués et blessé ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).
"Une vive canonnade et le feu de son infanterie, qui dura deux heures, ne parvinrent pas à déloger deux compagnies de voltigeurs du 30e Régiment, postées derrière un épaulement dans les marais de la Stecknitz. La conduite de ces braves gens avait été admirable; ils y avait perdu une trentaine d'hommes en tués et blessés " (Mémoires sur la défaite d'Hambourg - Général César de Laville).
Les recrues qui s'exercent au camp de Mühlen, affligées par la perspective de passer tout l'hiver dans ce cantonnement froid et maussade, ignorent encore le désastre de Leipzig; ainsi, Hubert Joseph Thirifays, originaire de Seny (Ourthe), soldat à la 2e Compagnie due Bataillon, écrit le 17 octobre 1813, depuis ce camp : "Depuis que je vous ai écrit (25 août), nous avons beaucoup marché d'une place à l'autre et sommes à présent au camp de Mühlen, vers douze lieues de Hambourg. Depuis le 15 août, nous nous sommes battus deux fois, c'est à dire que nous avons deux petites affaires, et à ce jour, on a encore été à la découverte. Nous allons passer l'hiver dans les camps qui sont sur la ligne, donc que nous n'y rattendons pas trop de bon temps" (E. Fairon et H. Heuse : "Lettres de grognards", 1936; lettre 980).
- Prise de Lunebourg
Fig. 46 Soldats du 30e de Ligne, 1812; reconstitution de Iury Ogarkov . Document extrait de la Revue "Histoire des Guerres Napoléoniennes", Moscou, Russie - Avec l'aimable autorisation de son éditeur |
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on trouve, pour la deuxième quinzaine d'octobre, le fait suivant : "Il est de la justice de faire une mention particulière d'une petite expédition sur Lunebourg, dont s'empara par surprise et en enfonçant les portes, le capitaine d'Houdetot, aide de camp du maréchal, avec une compagnie d'élite du 30e régiment. Cette surprise de nuit, faite à 6 lieues au delà de nos postes, dans un pays entièrement occupé par l'ennemi, avait pour objet d'avoir des nouvelles certaines de l'armée du Nord et de tenir dans le respect les autorités du pays pour nos réquisitions et nos messages ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).
Dans le Journal de l'Empire en date du 3 novembre 1813 (communication de Monsieur Nicolas de Hys), nous trouvons les informations suivantes :
"Empire Français
Hambourg, 24 octobre
Du quartier-général du 13e corps d'armée à Ratzbourg, le 23 octobre 1813.
M. le maréchal prince d'Eckmühl avoit ordonné au colonel du 30e régiment de faire une reconnaissance sur Lunebourg; le chef de bataillon de Hils du même régiment en a été chargé. Il est parti de Winsen le 21, a marché de manière à y arriver de nuit et à surprendre les troupes ennemies dans cette ville. Il est arrivé aux portes du Lunebourg à une heure du matin ; les avant-postes ennemis avaient donné l'alarme et fermé les portes. Une compagnie du 30e, dirigée par le capitaine des douanes Lavandèze, parvint à surprendre une porte. L'ennemi alors chercha à se sauver dans toutes les directions. On lui a tué une quinzaine d'hommes, fait quinze ou vingt prisonniers, dont un officier prussien, et pris 30 chevaux.
Le capitaine d'Houdetot, aide-de-camp de S. Exc. étoit de cette expédition. Le chef de bataillon se loue beaucoup de cet officier et du sang-froid de la troupe; il fait un éloge particulier du capitaine des douanes Lavandèze, du sergent de sapeurs Tupinier, et du voltigeur Crustelle.
Un seul voltigeur, ayant été renversé par des cavaliers ennemis, dans leur fuite, a eu le bras fracturé".
Si on lit les états de service du Lieutenant Talabot, cité plus haut, ces derniers portent, à la date du 7 novembre, la citation suivante : le même Talabot, à peine remis de sa blessure et promu Capitaine dirige une expédition sur Lunebourg, repousse les avants postes, entre le premier dans la ville et force l'ennemi à évacuer la place.
Ces deux faits doivent ils se confondre en un seul, malgré leurs dates différentes, ou à deux reprises, le 30e s'est il illustré dans des expéditions contre Lunebourg. Il est bien difficile de pouvoir le déterminer aujourd'hui, d'une façon précise.
- Défense de Hambourg
Fig. 46a Voltigeurs en 1812; tableau de Peter von Hess : "La bataille de Wiazma"
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Après la bataille de Leipzig, une armée de près de 80000 Russes et Suédois, sous le commandement de Woronsof, se porte contre le 13e Corps, trop faible pour leur résister en rase campagne. Davout, dans le courant de novembre, resserre les position de la Sticknitz.
Dans la biographie du Général Delcambre (Fastes de la Légion d'Honneur, tome 5 mais aussi Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850. tome 1. A-GIU, par C. Mullié,...), nous lisons : "Employé au 13e Corps de la Grande Armée le 1er août, le Général Delcambre, qui en commandait l'avant-garde, tandis qu'il se dirigeait de Swerin sur Hambourg, défendit le passage du pont de Buken, sur la Stecknitz, avec 4 Compagnies du 30e de ligne contre 2,000 Russes, auxquels il fit éprouver une perte considérable". Cet épisode a t'il lieu à cette époque ou est il antérieur ?
Le 5 septembre, le Capitaine Bouxin est blessé au cours d'un combat près de Schwerin (Schwerin).
Martinien indique en date du 14 novembre, le Sous lieutenant Herman, blessé devant Hambourg.
Le 15 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Duc de Feltre : "... il faut mettre le dépôt du 11e léger à Grave ; ... ceux du 30e et du 33e, à Luxembourg ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6174 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37048). Le Dépôt du 30e est donc transféré de Mayence à Luxembourg dans le courant du mois.
Le Capitaine François écrit : "Le 16 novembre 1813, je .suis proposé pour le grade de chef de bataillon; mais, comme précédemment, cette proposition n'a pas de suite" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 19 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Marmont, Duc de Raguse, commandant le 6e Corps de la Grande Armée, à Mayence : "… Le ministre a décidé où devaient être placés les dépôts du 30e et du 33e de ligne ...
Instruisez de ces dispositions les commissaires des guerres de Metz, Châlons et de la route, afin que les conscrits qui se rendent à ces différents dépôts ne puissent se détourner" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 79 ; Correspondance de Napoléon, t. 26, 20921 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37167).
Le même 19 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie une lettre du duc de Raguse ; voici ce que je lui ai mandé.
Il ne doit contrarier en rien les dispositions que vous avez faites concernant le déplacement des dépôts. Il faut qu'il n'y ait jamais aucune incertitude sur ce point ...
Vous avez pourvu aux 30e et 33e ; il doit exécuter vos ordres ...
Recommandez qu'on s'entende bien là-dessus, car ce serait un grand inconvénient que de faire marcher des conscrits dans de fausses directions ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6204, mais en date du 18 novembre : Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37160).
Au commencement de décembre, Davout se retire derrière les lignes de Hambourg qu'il a créées et qui forment un vaste camp retranché englobant la ville et les îles. Alors commence un siège mémorable qui va durer près de six mois, car ce n'est qu'en mai 1814, et sur ordre formel de Louis XVIII, qu'Hambourg sera livré aux Alliés.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le maréchal ne s'occupa plus que du corps d'armée qui, tous les jours, pouvait devenir plus précieux si Napoléon reprenait ses avantages après Leipzig, ainsi qu'il l'avait fait après la campagne de Moscou, et il entra le 3 décembre dans ses lignes de Hambourg.
Voici quelle était à cette époque la situation du 13e corps :
Le maréchal prince d'Eckmühl, général eu chef ; aide de camp, colonel de Castres ; chefs d'escadrons, Hervo, Fayet, Beaumont, Laloy, d'Houdetot.
Le général César de La Ville, chef d'état-major. Le général comte Hogendorp, gouverneur de Hambourg. Le général de division Thiebault, chargé en chef des approvisionnements. Le général Jouffroy, commandant l'artillerie. Colonel Deponthon, commandant le génie.
3e division. Général de division, Loison ; chef d'état-major, colonel Lecouturier. 1re brigade, général Romme (15e, 44e de ligne) ; 2e brigade, général Leclerc (48e de ligne, 108e). Artillerie, chef de bataillon Mathis. Effectif 9,842 hommes, 8 bouches à feu, 230 chevaux.
40e division. Général de division, Vichery ; chef d'état-major, colonel Bellangé. 1re brigade, général Gengoult (30e, 61e de ligne) 2e brigade, général Delcambre (111e). Artillerie, chef de bataillon Grosjean. Effectif 10,000 hommes, 8 bouches à feu, 172 chevaux.
50e division. Général de division, Pecheux ; chef d'état-major, colonel Allouir. 1re brigade, général Avril (33e, 29e de ligne) ; 2e brigade, général Osten (3e, 105e de ligne). Effectif : 9,680 hommes, 8 bouches à feu, 168 chevaux.
Cavalerie. Général de division, Wattier de Saint-Alphonse ; chef d'état-major, colonel Caillemer. Généraux de brigade Dubois, Guiton, Lallemand. 3 régiments provisoires de cuirassiers, 1 régiment de marche dit de Hambourg, 28e de chasseurs, détachements de toutes armes. Effectif : 5,800 hommes, 3,800 chevaux.
Marine. Contre-amiral Lhermitte. Équipage de la flottille, colonel Lefranc, 1,200 hommes ; 1 bataillon d'ouvriers, 400 hommes.
Douaniers enrégimentés M. Pyonnier, directeur commandant, 600 hommes. Gendarmerie, colonel Chariot, 230 hommes. Équipages militaires, 600 hommes. Vétérans, 600 hommes. Artillerie 6 compagnies du 8e régiment d'artillerie, 3 de divers régiments, 3,630 hommes, 2,220 chevaux.
Génie 316 hommes, 50 chevaux, etc.
Effectif total de l 'armée 42,000 hommes, dont plus de 8,000 aux hôpitaux et 400 prisonniers ; 7,500 chevaux ; 76 bouches à feu attelées de 6 et de 12 ; 350 sur les remparts ; 270,000 kilog. de poudre ; 2 millions de cartouches confectionnées ; des fusées à la Congrève et les artifices, et les projectiles nécessaires à un aussi grand système de défense.
Un grand nombre de détachements appartenant aux régiments qui composaient le corps d'armée avaient rejoint à Hambourg pendant notre campagne en Mecklembourg, ce qui explique comment il était plus fort en rentrant dans ses lignes que lorsqu'il les avait quittées à la reprise des hostilités.
La 3e et la 40e division entrèrent dans Hambourg et dans les lignes avancées de Saint-Georges, occupant les villages de Wandsbeck et Hamm, en avant de Saint-Georges. Les postes du Pont-Vert et d'Ausschlag dans l'inondation, les digues de la Bille et enfin les maisons sur la grande digue de l'Elbe, où s'appuyait la droite de toutes ces positions retranchées ; la gauche était à l'Alster ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 - Dans l'ouvrage de Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4, on lit : "... La 40e division, commandée par le lieutenant général Vichery, se composait du 30e de ligne (colonel Ramaud), du 61e (colonel Ricard) et du 11e (colonel Holtz). Les deux généraux de brigade étaient les généraux Gengoult et Delcambre. Le chef de bataillon Grosjean commandait l'artillerie. Le colonel Bellangé était chef d'état-major. Cette division présentait un effectif de 10,000 hommes, 8 bouches à feu, 172 chevaux ...").
Pendant ce siège mémorable, qui dure près de six mois, le 30e forme, avec le 61e, la Brigade Gengoult qui appartient à la 40e Division (Général Vichery) chargée de la défense des lignes avancées de Saint-Georges.
Le Capitaine François écrit : "Beaucoup de marches et de contremarches. Dans ce qui me concerne personnellement, rien d'important jusqu'au 4 décembre, où nous entrons à Hambourg, qui est aussitôt bloqué par le général russe Woronsow. Cette ville, fortifiée en terre, est entourée d'une foule de maisons de campagne, accompagnées de nombreuses allées boisées; nous les abattons pour démasquer la place. Chaque habitant devant avoir pour six mois de vivres, une grande quantité reçoit l'ordre de quitter Hambourg. Nous travaillons activement à achever un pont sur pilotis qui va en ligne droite d'Hambourg à Ratzbourg : il a deux lieues de long.
Les troupes bloquées à Hambourg s'élèvent à près de quarante mille hommes, y compris différents corps étrangers alliés à la France" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Durant la première partie du siège, les troupes de la défense font de nombreuses expéditions, autant pour s'assurer des positions de l'ennemi que pour faire rentrer dans la place du bétail et des vivres.
Le 19 décembre, sur l'ordre du Maréchal, le Général Romme fait une reconnaissance sur Langenfeld; le lendemain, l'ordre de la place contient la mention suivante : "La compagnie de grenadiers et la 3e compagnie du 1er Bataillon du 48e, commandées par le Chef de Bataillon Mathieu et deux compagnies du 30e, ayant à leur tête prennent M le Capitaine Christophe, ont été chargée de tourner le village; nos tirailleurs, soutenus par le reste de la colonne, après une assez vive fusillade, s'en sont emparés et ont chassé l'ennemi qui s'est retiré en désordre sous le feu croisé des quatres compagnies.
On a tué à l'ennemi un officier et huit soldats, on lui a fait trois prisonniers et tout porte à croire qu'on lui a blessé beaucoup de monde. M le Général Romme se loue de toutes les troupes qui ont fait cette expédition, et il cite notamment, M le Chef de Bataillon Mathieu, M le Capitaine Christophe etc ...
Par ordre de S. E.
Le Général Chef d'Etat major du 10e Corps
part à une reconnaissance sur Langenfeld et s'emparent de ce village
César de La Ville".
Le 20 décembre, le Lieutenant Riennert, qui est de garde aux avancées, est blessé dans l'ile de Willemsbourg (Martinien).
Dans une découverte à Raddorf, le Capitaine Talabert du 30e est subitement entouré par 600 hommes d'infanterie et 300 cavaliers; il se jette sur l'ennemi avec intrépidité et parvient à effectuer une retraite honorable.
Le Capitaine François écrit : "Nous faisons de fréquentes sorties pendant le mois de janvier 1814, mais avec peu de succès. Le froid devient très vif. Plus de vingt mille habitants et cinq à six mille soldats sont employés jour et nuit pour casser les glaces qui couvrent l'Elbe, du côté des îles, pour empêcher l'ennemi de tenter des surprises" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
L'ennemi a reçu des renforts considérables, et l'armée d'investissement est placée sous le commandement de Bennigsen. Le 20 janvier 1814, trois colonnes russes se portent à l'attaque du camp retranché d'Haarbourg; l'une d'elles, commandée par le Général Schemschuschnikoff, parvient à nous chasser de l'île de Moorweder et nous oblige à nous réfugier dans celle de Wilhelmsbourg. L'arrivée de plusieurs Compagnies du 30e, envoyées par le Général Osten, permet de rétablir le combat, de chasser l'ennemi des iles et de reprendre toutes nos positions.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 20 janvier ... le général russe Schemschuschnikoff tenta une attaque sur File de Moorweder et Godjenhort ; la batterie de Neuland et de Bullenhusen ayant été évacuée, ainsi qu'on l'a vu plus haut, l’ile de Moorwerder était entièrement débordée. Le commandant Larpenteur fit retirer ses pièces et fut bientôt forcé de se retirer lui-même ; il rallia ses troupes dans Wilhelmsbourg, y fut renforcé de quelques compagnies du 30e que lui envoya le général Osten, commandant dans l'Ile ; il repoussa l'ennemi et reprit après deux attaques successives sa position. Il envoya de là une compagnie de grenadiers passer le grand bras de l'Elbe et reprendre les batteries de Neuland sur la rive gauche. Nous avions perdu dans cette petite affaire 30 hommes du 29e ; l'ennemi nous avait laissé 25 morts sur le champ de bataille..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
Martinien donne le Chef de Bataillon Boutrais blessé le 21 janvier au cours de la défense de Hambourg.
- Combat de Wilhelmsbourg
Le 9 février, à 4 heures du matin, l'armée d'investissement, commandée par Benningsen, attaque tous les points à la fois; grâce à l'Elbe qui est entièrement gelé, l'ile de Wilhelmsbourg est le point le plus vulnérable de la défense. Dès le début du combat, le Général Emme, après s'être emparé de l'ile de Moorwerder, de la grade ferme et de la maison rouge, peut s'avancer vers le vieux château de Wilhemsbourg. Le Général Vichery, chargé de cette partie de la défense, parvient à repousser l'ennemi, tandis qu'un Bataillon du 30e, sous la conduite du Commandant de Huis, lui reprend la Grande-Ferme; mais une nouvelle colonne russe dirigée par le Général Mackof, arrive à la rescousse et un combat terrible s'engage autour du moulin de Regersteig. Le Colonel Ramand, du 30e, tombe grièvement blessé et presque tous les Officiers supérieurs des troupes qui combattent sur ce point sont mis hors de combat; après une lutte acharnée, nous sommes obligés de céder le terrain et de nous réfugier dans la tête de pont. C'est alors que le Maréchal Davout arrive avec quelques renforts; grâce à ses habiles dispositions, grâce à l'énergie de ses soldats, l'ennemi se décide enfin à la retraite, laissant sur le champ de bataille plus de 800 morts. De notre côté également, les pertes ont été très sérieuses ; le 30e perd dans cette journée le Sous lieutenant Paulnier (Pierre François); ce jeune Officier, à peine âgé de 17 ans, est sorti le 20 avril de l'année précédente du Lycée de Mayence. Le Lieutenant Perodon (Isidore) et le Sous lieutenant Bouchet (François Etienne) qui meurent quelques jours après à Hambourg des suites de leurs blessures.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… A quatre heures du matin, le 9 février 1814, l'ennemi attaqua en même temps sur tous les points. Le maréchal était debout. Une vive fusillade se faisait entendre de tous côtés. L'officier de garde à l'observatoire de la tour avait prévenu des mouvements qui se faisaient sur toute la ligne ennemie, par les fusées et le changement des feux de bivouac ou leur extinction. Quelques hommes égarés et faits prisonniers par nos postes avancés pendant la nuit, avaient été conduits au quartier général. D'après leurs rapports et les noms des régiments auxquels ils appartenaient, le maréchal n'eut plus un moment d'incertitude sur le véritable point de l'attaque ; il donna ses ordres pour le pont d'Altona, celui de Saint-Georges et Hamm, et pour l'intérieur de la ville ; il fit partir la compagnie d'élite du 15e léger pour la tête de pont dans l'Ile de Wilhelmsbourg, et s'y rendit en toute hâte. Voici où en étaient les affaires à son arrivée. Le général Markof avait surpris les postes de l'ile de Neuhof ; le colonel du 29e régiment, Pierre, avait marché à lui et avait été tué ; sa troupe, privée de son chef, s'était retirée en grand désordre, et l'ennemi était maitre du moulin de Reygersteig sur notre droite. Le lieutenant général Emme s'était emparé de l'île de Moorwerder, avait chassé nos troupes de leurs retranchements, et s'était avancé vers le vieux château de l'ile de Wilhelmsbourg.
Le général français Osten avait réuni de son mieux nos soldats épars, les avait placés sur les grandes digues d'hiver, et avait contenu le mouvement de l'ennemi par le feu de deux pièces établies en avant de la maison rouge où était établi son quartier général. Le lieutenant général Vichery, à qui le maréchal avait confié depuis peu le commandement supérieur dans ces iles, était accouru aux premiers coups de fusil, avait remis l'ordre dans les troupes, leur avait inspiré son ardeur et avait changé la défense en attaque. Il avait fait porter une colonne sur la maison rouge et la grande ferme dont l'ennemi s'était emparé ; la colonne russe, surprise de tant d'audace, avait cédé sur tous les points et éprouvé une grande perte. Le chef de bataillon Dehüs, du 30e, avait enlevé la grande ferme, et le colonel Ricard, du 61e, avait tout renversé devant lui ; l'ennemi alors avait fait agir ses réserves pour se maintenir. Le général Emme, désespéré d'avoir trouvé une résistance aussi opiniâtre et d'être réduit à se défendre, pensait déjà à la retraite, quand il aperçut la colonne du général Markof, s'avançant du moulin de Reygersteig, sur la digue de notre droite, vers la tête du pont ; il vit en même temps s'avancer une de ses colonnes, qui avait réussi à nous tourner par notre gauche. Le feu d'artillerie et de mousqueterie redoubla alors de part et d'autre. La blessure du colonel Ramand, du 30e, et la mort du chef de bataillon du 44e, mirent le désordre dans ces troupes, qui se retirèrent sur la tête de pont.
Ce point s'était trouvé alors tellement encombré de blessés, de chevaux morts et de caissons d'artillerie, que le général de division Vichery s'était trouvé dans l'impossibilité de faire déboucher deux bataillons du 105e, qui formaient sa réserve, pour reprendre la digue ; l'ennemi s'y était établi et avait mis ses troupes en bataille, ses pièces en batterie sur la grande chaussée ; on se battait très-vivement, on perdait beaucoup de monde, le général Osten venait d'être blessé. Le défaut de chefs, qui presque tous avaient été mis hors de combat, empêchait de contenir les soldats qui se retiraient dessus et dessous le pont, emportant leurs camarades. Par un bonheur inouï, l'ennemi ne pensa pas, dans cette confusion, à établir ses pièces sur la grande chaussée et à enfiler le pont ; un seul coup de canon que le hasard y avait dirigé, nous avait emporté 1 files.
Le maréchal était déjà arrivé ; il avait établi sa petite réserve de 60 hommes d'élite du 15e léger au blockhaus, vers le milieu de cette partie du pont, avait établi quelques hommes à droite et à gauche sur la petite digue d'été, et avait renforcé la batterie de Klugenfeld sur sa gauche. Le feu soutenu de cette batterie contenait les troupes ennemies qui voulaient tourner la digue d'été sur ce point ; il avait envoyé en toute hâte chercher des renforts à Hambourg et à Saint-Georges. Le lieutenant général Vichery se maintenait avec une poignée de monde et la plus rare intrépidité à la tête de pont, et bientôt accablé par le nombre, il se retira par le pont sur la compagnie du 15e, et plaça derrière la petite digue d'été les débris du bataillon du 105e, dont les deux commandants Coste et de Rivière venaient d'être mis hors de combat. Le capitaine d'artillerie Genta, qui commandait la batterie de la tête de pont, était resté seul, avait mis lui-même le feu à ses pièces, avait fait beaucoup de mal à l'ennemi et fut percé à coups de baïonnette.
L'ennemi, maitre de la tête de pont, la trouva tellement remplie de morts, de mourants, hommes et chevaux, et de voitures d'ambulance et de vivres, qu'il ne put y amener ses pièces, ni même tourner les nôtres contre nous ; il manqua alors d'un de ces éclairs d'inspiration et d'audace, si fréquents dans l'histoire militaire française de ces vingt dernières années. S'il marchait en avant, notre communication était détruite ; le sort de la place, le salut de l'armée, l'honneur des armes, tout était là ; les renforts ne pouvaient nous arriver que dans une heure, et les soldats admiraient le calme et l'intrépidité du chef dans une telle circonstance. Le maréchal s'avança vers l'ennemi sur le pont, pour le reconnaitre et rassurer sa petite troupe ; il y resta quelque temps exposé à une vive fusillade, et ne se retira vers la compagnie du 15e qu'après la blessure du chef d'état-major de l'armée, le général César de Laville, qui l'accompagnait. Cette blessure ne fut heureusement pas dangereuse ; cet officier général fut conservé à l'armée, qui, ainsi que son chef, appréciait ses belles qualités, sa brillante bravoure et son beau caractère.
Le général du génie Deponthon, le général d'artillerie Jouffroy, et l'ingénieur en chef Jousselin, s'étaient rendus auprès du maréchal. On se battait avec acharnement depuis quatre heures du matin ; enfin les renforts arrivèrent, et l'on entendit se rapprocher de nous le canon du général Pecheux. Ce général, après avoir repoussé les attaques du général Ahrenschield jusqu'à trois heures après midi, sur tout le front de sa ligne, s'était mis à la tête de sa réserve, avait débouché par la partie du pont qui allait à Haarbourg, par la grande chaussée, et inquiétait l'ennemi sur ses derrières.
D'un autre côté, le lieutenant général Tolstoy, qui commandait la 2e colonne russe, avait attaqué le général Leclerc au pont Rouge et à Tiffentag. Nos troupes s'étaient retirées dans la grande maison barricadée ; le chef de bataillon Rosier avait accueilli l'ennemi à bout portant et lui avait tué beaucoup de monde. Le désordre s'était mis dans ses troupes, et il avait été impossible au général russe de les rallier ; la batterie de Tiffentag, par un feu bien nourri, avait contribué à lui faire abandonner son projet de traverser l'Elbe sur la glace pour se réunir aux deux autres colonnes dans l'Ile de Wilhelmsbourg. On ne se battait plus que faiblement sur ce point, ce qui avait permis au général Leclerc d'envoyer les renforts demandés.
Le maréchal fit alors ses dispositions pour reprendre la tête du pont et la grande digue d'hiver, dont l'ennemi était en possession depuis son arrivée. Il organisa trois colonnes ; la première, commandée par le général Delcambre, déboucha par la digue d'été, et, traversant tous les obstacles, arriva à la grande digue, en chassa l'ennemi et le mena battant jusqu'au moulin Reygersteig. La deuxième colonne, formée des compagnies d'élite du 105e commandées par les capitaines Christian et Ménissier, fut dirigée par Klugenfeld, sur la gauche de la grande digue ; elle chargea à la baïonnette, tua beaucoup de monde, fit une vingtaine de prisonniers et s'établit à l'embranchement où les deux digues viennent se rejoindre. Dans le même moment, une petite colonne filait sous le pont avec le général Vichery et la compagnie du 15e léger. L'ennemi abandonna la tête de pont sans pouvoir amener nos pièces. Le maréchal fit alors établir six pièces de campagne en dehors de la tête de pont et fit battre les masses russes qui cherchaient à dégager leurs troupes qui étaient aux prises avec le général Delcambre au moulin de Reygersteig. La colonne du général Pecheux avait forcé l'ennemi à abandonner la chaussée et avait rétabli la communication. Elle le poursuivait l'épée dans les reins sur la digue gauche et le village de Wilbelmsbourg ; nos troupes ayant fait leur jonction sur la chaussée se portèrent au pas de charge sur l'ennemi qui se retirait vers l'ile de Walterhof. Il éprouva dans sa retraite un feu très-vif qui lui tua beaucoup de monde, repassa dans l'île de Neuhof, et de là, derrière Altona, en traversant le Grand-Elbe sur la glace. Il essuya le feu des fortes pièces du réduit de l'Elbe.
Les habitants d'Altona admiraient l'intrépidité de quelques hommes sortis de la petite redoute de Schrewenhof, qui accompagnaient ces masses à coups de fusil. Cette affaire fort vive dura presque toute la journée, et l'on se battit avec le plus grand acharnement contre des forces trois fois supérieures, car la force dont nous pouvions disposer sans trop dégarnir les autres points ne montait pas à 8,000 hommes, et l'ennemi en avait mis en mouvement plus de 25,000. Nous avons perdu près de 1,200 hommes tués ou blessés, et quelques prisonniers, faits dans la surprise de Neuhof, le matin avant le jour ; deux généraux, dont l'un, le général Osten, mourut quelques jours après ; presque tous les colonels et commandants de bataillons avaient été mis hors de combat. Le capitaine Gayard, aide de camp du général Delcambre, y fut mortellement blessé. L'ennemi laissa sur le champ de bataille près de 800 morts et emporta ses blessés sur des traineaux. Si le lieutenant général Tolstoy avait pu exécuter ses ordres, et si le chef de l'armée russe s'était trouvé, ainsi que le chef de l'armée française, au moment décisif, lorsque la tête de pont nous fat enlevé, toute communication entre Hambourg et Haarbourg eût probablement été coupée, et les projets d'assassinat des Français par les habitants, ainsi que cela était annoncé par les proclamations ennemies, eussent pu recevoir leur exécution ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).
Parmi les blessés, nous trouvons : le Colonel Ramand (Adrien), atteint d'un coup de feu à la cuisse droite; le Major Hervion (Philippe Laurent), atteint de deux fortes contusions au bras droit et à la jambe gauche; le Capitaine Laurent (Pierre), atteint d'un coup de feu au bras droit; le Sous lieutenant Hardel (Jean), atteint d'un coup de feu au cou et au flanc gauche.
Martinien donne pour le combat de Willemsbourg le 9 février 1814, le Lieutenant Normand et le Sous lieutenant Paulmier, tués; sont blessés et décédés des suites de leurs blessures le Lieutenant Péraudon (mort le 12 mars 1814) et le Sous lieutenant Fouchet (mort le 1er mars); sont blessés le Colonel Ramand, le Major Hervieu, les Capitaines Rousseau, Solirenne et Laurent, les Lieutenants Clapier, Geffriard et Vancrayelynghe, les Sous lieutenants Millet, Hardel, Rollier et Verdery.
Le Capitaine François écrit : "Le 9 février, les Russes attaquent sur plusieurs points; mais ils sont partout repoussés.
Après ces engagements, les troupes rentraient aux quartiers, et les officiers se rendaient aux cercles et aux bals où ils étaient invités, car la ville ne paraissait nullement bloquée. Les fêtes y étaient continuelles. Nous avions tous les jours spectacle français et allemand. Lorsque nous arrivions dans quelque société, on nous demandait souvent pourquoi tel ou tel officier invité ne nous accompagnait pas; nous répondions : "Il est aux avant-postes". Et cette réponse suffisait pour apprendre à ceux qui nous interrogeaient qu'un de nos frères d'armes avait fini de la mort des braves" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 17 février, les Russes et les Suédois renouvellent leur attaque sans plus de succès.
Le Capitaine François écrit : "Le 17 mars, l'ennemi tente une seconde attaque aussi inutile que la première" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
- Combat de Reygersteig
Certificat de décès de Jean Nicolas Vuiet, entré au 30e de Ligne le 26 novembre 1813, décédé à l'hôpital de Luxembourg le 10 février 1814 (J. Croyet - S.E.H.R.I.) |
Le 24 février, Benningsen se porte de nouveau sur toute notre ligne. Trois colonnes sont dirigées, trois heures avant le jour, sur le moulin de Reygersteig.
Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 24 février, le général Beningsen renouvela son attaque sur toute notre ligne. Elle commença à trois heures, avant le jour, au moulin de Reygersteig l'ennemi l'attaqua sur trois colonnes ; une fusillade très-vive s'engagea, et malgré l'immense supériorité des assaillants, un bataillon du 30e, commandé par le chef de bataillon Blain, tint ferme et conserva sa position. L'ennemi se retira en désordre, laissant ses morts sur le champ de bataille ; il perdit plusieurs hommes dans les cunettes que nous ouvrions entre Reygersteig et Neuhof. Le général Romme se faisait remarquer par son infatigable activité et ses bonnes dispositions.
L'ennemi montra beaucoup de troupes dans la plaine et se retira sans avoir rien entrepris. On ne put trop comprendre quel avait été son projet ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).
C'est le dernier combat où, dans les relations officielles, il est fait mention du 30e jusqu'à la reddition de Hambourg. Le 12 mai 1814, le Général de Division, Comte Gérard, envoyé pour traiter avec les alliés et nommé Commandant du 13e Corps, reçoit du Maréchal le commandement de la place. Dans une lettre adressée à Louis XVIII, le Maréchal Davout rend un juste hommage à la valeur du 13e Corps : "... Je passe sous silence les engagements et les combats qui ont rendu le nom français su respectable à l'ennemi, mais je ne puis réfuter un juste tribut d'éloges au corps que je commande pour sa bravoure dans les combats, sa patience dans les travaux de défense, sa constance au milieu des privations et des rigueurs de l'hiver, sa parfaite discipline envers les Chefs et les habitants".
Après la reddition de Hambourg, les troupes composant le 13e Corps rentrent en France; le 30e est envoyé à Thionville où il tient garnison jusqu'aux premiers mois de l'année 1815.
Le Capitaine François écrit : "Au mois de mai, nous apprenons l'entrée du roi de France dans Paris. Le 20 mai, le général Gérard arrive à Hambourg et prend, au nom du roi, le commandement de notre corps d'armée, qui est divisé en trois colonnes pour rentrer en France. Le 30e fait partie de la troisième colonne, commandée par le général Loison. Nous partons le 11 juin, et nous arrivons à Thionville le 10 juillet. J'y suis chargé du casernement. Trois jours après, le 30e reçoit une nouvelle organisation; je passe dans la 2e compagnie du régiment. La place est commandée par le général Hugo, qui, le 23 septembre, en remet le commandement au général Curto" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Précisons qu'entre temps, l'Empereur a abdiqué; la France, rentrant dans ses anciennes limites, l'armée a du subir des changements conformes à la nouvelle étendue du pays; l'Ordonnance du 12 mai réduit donc à 90 le nombre des Régiments de Ligne; les Bataillons des Corps supprimés sont incorporés dans les Régiments conservés.
En exécution de cette ordonnance, le 30e reçoit les 1er et 4e Bataillons du 156e de Ligne, et le 3e Bataillon des Tirailleurs de la Garde Impériale.
- Réorganisation de l'Armée; campagne de 1814 en France
En vertu d'une capitulation signée à Dresde, les 1er et 14e Corps devaient rentrer en France : mais les alliés violent cette capitulation et les troupes sont désarmées et envoyées en Bohème comme prisonnières de guerre. L'Empereur, qui comptait sur leur retour, donne de nouveaux ordres pour la formation de l'armée.
Ainsi, alors que le 30e est enfermé dans Hambourg, l'Empereur ordonne le 17 novembre 1813, de former son 6e Bataillon (Belhomme, tome 4). L'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé un corps qui prendra le titre de 1er corps bis et 13e bis de la Grande Armée, lequel se réunira à Anvers, à Gand et à Utrecht. Il sera composé de deux bataillons du 7e léger, du 13e léger, du 12e de ligne, du 17e, du 25e, du 33e, du 85e ; d'un du 57e, d'un bataillon du 36e, du 51e et du 55e, qui sont reformés à leurs dépôts, et du 6e bataillon du 15e léger, du 21e de ligne, du 30e, du 48e, du 108e, du 111e et du 61e ; total, 25 bataillons ; ce qui au complet ferait 25,000 hommes.
Une partie de ces 25,000 hommes existe par la conscription qui se lève actuellement ; mais un tiers ou un quart peuvent manquer, et vous y suppléerez en les portant sur les conscriptions que vous destinez au dépôt de Nancy.
Ces 25,000 hommes formeront trois divisions. Les 6es bataillons des 15e léger, 30e de ligne, 48e, 108e, 111e et 61e seront réunis dans la même division, ces bataillons appartenant aux régiments qui ont fourni à la composition du 13e corps.
Aussitôt que chacun de ces régiments pourra compléter un bataillon, il le fera partir pour Utrecht. Par ce moyen, ce corps pourra être à peu près formé par la conscription qui se lève aujourd'hui. Il peut donc être réalisé dans le courant de décembre.
Informez-vous près de l'administration de la guerre si l'habillement est prêt. Pourvoyez à l'habillement, et bientôt on pourra ressentir l'effet de cette nouvelle formation à Utrecht. Occupez-vous spécialement de compléter les cadres en officiers et sous-officiers. Vous comprendrez facilement pourquoi j'ai mis séparément ces bataillons, puisqu'ils ne doivent rien fournir, ni au 11e, ni au 5e, ni au 3e, ni au 2e corps de la Grande Armée" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37089 - Note : Cette organisation fut modifiée par un décret du 24 novembre 1813).
L'Armée comprend notamment : 1er Corps, à Anvers (Général Maison) : 3e Division (Carra St-Cyr) : tous les Bataillons fournis par les Dépôts notamment du 30e (Belhomme, tome 4).
Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.
Numéro des divisions | Dénomination des corps | Contingent positif | Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit | Excédant | Total | Nombre de fournitures accordées | Reste à ordonner |
16e division | 30e de ligne | 500 |
60 |
300 |
860 |
500 |
360 |
..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).
En décembre 1813, l'Empereur réorganise son Armée. Il est prévu d'affecter le 6e Bataillon du 30e de Ligne, en formation à Luxembourg, à la 3e Division du 1er Corps, placé sous le commandement du Général Maison.
Le 7 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les régiments qui doivent fournir au 1er bis reçoivent 1 500 Belges sur la levée des 120 000 hommes, savoir : le 17e de ligne qui en reçoit 500 ; le 21e de ligne qui en reçoit 500 ; le 33e de ligne qui en reçoit 500 ; 1 500.
Je désirerais que ces 1 500 hommes pussent être éloignés, s'il en est temps encore, et dirigés sur Strasbourg pour être incorporés dans les régiments qui font partie du 2e corps bis. Mais il faudrait que ces 1 500 conscrits fussent en même temps remplacés au 1er corps bis par des conscrits de l'ancienne France.
Je désirerais que la même mesure fût prise pour le 13e bis, où le 30e de ligne reçoit 96 Belges, et le 48e 216.
Ce qui me porte à désirer ce changement, c'est que le 1er et le 13e bis sont destinés à rester dans le Nord" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37452).
Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps ...
Le 7e corps d'armée ne sera pas formé, et ses bataillons feront partie du 1er corps, savoir :
Le 8e de ligne, le 24e, le 27e, le 28e, le 34e, le 45e, le 58e, le 64e, le 75e, le 76e, le 88e, le 94e, le 100e, le 12e léger et le 27e léger.
Ainsi le 1er corps sera composé de la manière suivante :
13e d'infanterie légère (3e, 4e et 6e bataillons), 3 bataillons ; 12e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 27e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 17e de ligne, 3 bataillons ; 21e de ligne, 3 bataillons ; 25e de ligne, 3 bataillons ; 33e de ligne, 3 bataillons , 36e de ligne, 2 bataillons ; 51e de ligne, 3 bataillons ; 55e de ligne, 3 bataillons ; 85e de ligne, 3 bataillons ; 8e de ligne, 2 bataillons ; 24e de ligne, 2 bataillons ; 27e de ligne, 2 bataillons ; 28e de ligne, 2 bataillons ; 34e de ligne, 2 bataillons ; 45e de ligne, 1 bataillon ; 58e de ligne, 2 bataillons ; 64e de ligne, 1 bataillon ; 75e de ligne, 1 bataillon ; 76e de ligne, 1 bataillon ; 88e de ligne, 2 bataillons ; 90e de ligne, 1 bataillon ; 100e de ligne, 1 bataillon
Total 48 bataillons ...
Le 6e bataillon du 111e fera partie du 2e corps, ainsi que le 6e bataillon du 61e et le 6e du 30e.
Ces 3 bataillons ne feront plus partie du 13e corps ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons, et 2e à 43 bataillons.
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ÉTAT C
ÉTAT A
Distribution du 1er corps en 3 divisions
1re division
1 bataillon du 12e léger ; 1 bataillon du 27e léger ; 1 bataillon du 15e léger ; 3 bataillons du 17e de ligne ; 3 bataillons du 72e de ligne ; 2 bataillons du 36e de ligne ; 2 bataillons du 8e de ligne ; 2 bataillons du 34e de ligne ; 1 bataillon du 48e de ligne ; 1 bataillon du 108e de ligne ; 1 bataillon du 30e de ligne ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).
"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
… Le 1er corps d'armée, commandé par le général Maison, sera composé de trois divisions, savoir :
... 3e division : 11e de ligne, deux bataillons ; 30e, un ; 33e, trois ; 55e, deux ; 64e, un ; 75e, un ; 76e, un ; 85e. deux ; 88e, deux ; 94e, un ; 100e, un ; total, dix-sept bataillons.
Cette division pourra être commandée par le général Carra Saint-Cyr ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).
Au 18 janvier, la 3e Division est commandée par le Général Carra Saint Cyr.
Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "1. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 3e division : 100e et 103e de ligne, 24e et 26e léger, 30e, 33e, 59e, 69e, 61e, 76e, 111e de ligne, 9e léger et 96e de ligne à Beauvais ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ..." (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).
A noter que Martinien donne en date du 11 février 1814 le Capitaine Mérille, blessé au combat d'Auxerre.
Par ailleurs, dans un article paru dans les "Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France" (1874-1879), intitulé "Notice historique sur le Couvent des Minimes de Toulouse", il est dit : "Le 10 avril 1814, un bataillon du 30e de ligne, retranché derrière les murailles crénelées du vieux couvent, repoussa les attaques des Anglais". Information à confirmer.
g/ Campagne de 1815
Shako d'Officier du 30e de Ligne avec plaque modèle 1812; documentation Brunon, Musée de l'Empéri, Salon de Provence (photo J. Croyet - S.E.H.R.I.) |
Napoléon, parti de l'île d'Elbe le 1er mars, arrive à Paris dans la soirée du 20. Ses premiers soins sont de réorganiser l'Armée pour tenir tête à l'orage qui va de nouveau se déchaîner sur la France.
Le Capitaine François écrit : "Nous partons le 3 mars pour Metz, et le 15 nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à marcher contre Napoléon, qui a débarqué à Fréjus. Le lendemain nous prenons la route de Pont-à- Mousson, mais le 17 mars nous rentrons à Metz. Nous retournons le 26 à Thionville, et, dans la même nuit, on proclame le changement de gouvernement" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 30e est à cette époque en garnison à Thionville.
Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 30e de Ligne à Thionville fait partie de la 3e Division militaire; il doit être fourni par le Département de la Moselle, et son Dépôt doit être établi à Soissons (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).
Le 30e est désigné pour faire partie du 4e Corps, dit Corps d'Observation, placé sous le commandement du Général Gérard, qui doit se concentrer à Metz dans le courant d'avril. Le 4e Corps comprend les trois Divisions : de Bourmont, Pécheux, Vichery. Le 30e appartient à la Division Pécheux (12e Division) ainsi composée : 1ère Brigade, 30e et 96e (Général Romme); 2e Brigade, 63e et 75e (Général Schaeffer).
Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison ...
2e dépôt à Soissons ...
3e division militaire :
Moselle : 30e de ligne à Thionville ; 55e à Sarrelouis ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).
Le Capitaine François écrit : "Du 1er au 3 avril, on ne parle que d'une nouvelle guerre contre toutes les puissances alliées. Nous quittons Thionville le 16 avril, formant brigade avec le 96e, qui fait partie de l'armée de la Moselle, 4e corps, commandé par le général Gérard, qui se rassemble à Philippeville" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 30e arrive à Metz à la fin d'avril; il est toujours commandé par le Colonel Ramand; son effectif se monte à 64 Officiers et 1399 hommes; depuis temps, son Dépôt a été transféré à Sézanne. Le 1er Bataillon est commandé par le Chef de Bataillon Richard; le 2e par le Chef de Bataillon Lafolie, et le 3e par le Chef de Bataillon Blain.
Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 12e division : le 30e de ligne, le 96e et le 63e qui sont à Metz et se recrutent des militaires de la Moselle et de la Meurthe, enverront leur 3e bataillon rejoindre sur-le-champ les deux premiers.
Donnez ordre à Vannes, que le dépôt du 75e envoie 200 hommes pour compléter les deux premiers bataillons du 75e. Écrivez au général Gérard que je suis étonné qu'il n'ait pas déjà les 4 bataillons des 30e, 96e, 63e et 59e. Ces 4 régiments se recrutant dans la Meurthe et la Moselle, qui sont des départements où il y a beaucoup de militaires : qu’il fasse des colonnes mobiles et qu’il fasse rejoindre les retardataires afin d’avoir le plus tôt possible les 4 bataillons de ces régiments, ce qui lui fera 2400 hommes par régiment ..." (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).
Gérard concentre à Metz les dépôts épars des Régiments composant le 4e Corps, chargeant le Lieutenant général baron Antoine-Alexandre Rousseau de la surveillance des dépôts, avec deux officiers supérieurs, afin de faire envoyer aux bataillons de guerre le plus de monde possible. Le 18 mai, il donne au Général Lanusse, commandant la troisième division militaire à Metz, l'indication des lieux où doivent se retirer les dépôts en cas d'ouverture des hostilités : celui du 30e de ligne à Château-Thierry (Arch. guerre. Gérard au ministre, 1er mai. In : Henri Couderc de Saint-Chamant, "Napoléon, ses dernières armées").
Le 19 mai, Gérard fait connaître au minisire les mesures prises par lui pour cantonner autour de Thionville la plus grande partie des troupes de l'Armée de la Moselle : la 11e Division d'Infanlerie (30e , 96e et 63e de ligne), forte de six bataillons, auxquels doit se joindre une batterie d'Artillerie à pied, cantonne près de Thionville, sous les ordres du Lieutenant général Pécheux (Arch. guerre. Gérard au ministre, 19 mai; ordre de mouvement adressé à Lanusse, 19 mai. In : Henri Couderc de Saint-Chamant, "Napoléon, ses dernières armées").
Napoléon, résolu à attaquer les Prussiens et les Anglais qui occupent la Belgique, avant que les Autrichiens puissent les rejoindre, mobilise son armée disséminée le long de la frontière et, en grand secret, la concentre près de Philippeville. Ce mouvement s'exécute avec tant de bonheur et de rapidité que les Alliés n'en ont pas le moindre soupçon.
Le 7 juin, le 4e Corps reçoit l'ordre de quitter Metz et s'acheminer vers Philippeville où il arrive dans la soirée du 14.
Le 10 juin 1815, le 30e de Ligne comprend 41 Officiers et 1071 hommes, au sein de la 12e Division Pécheux (à Forbach), Brigade du Maréchal de camp Rome (Henri Couderc de Saint-Chamant, "Napoléon, ses dernières armées").
Le 15 juin, à trois heures du matin, le 4e Corps se porte sur le Châtelet, où il passe la Sambre à deux lieues au dessous de Charleroy, et prend ses cantonnements dans les environs.
Le 16, Napoléon partage son Armée en deux groupes; le premier, dit Armée de droite, sous le commandement de Grouchy, comprenant le 3e Corps (Vandamme), le 4e Corps (Gérard), les Corps de cavalerie Pajol, Milhaud, Excelmans; le second, dit Armée de gauche, sous le Maréchal Ney, comprend les 1er et 2e Corps (Reille et Drouot).
Le plan de Napoléon est ainsi conçu : tandis qu'avec l'Armée de droite, il attaquera et battra les Prussiens dans les environs de Fleurus, Ney, avec l'Armée de gauche, doit se porter aux Quatre Bras, en chasser l'ennemi, s'y établir solidement et arrêter les Anglais qui, en raison de l'éloignement de leurs cantonnements, ne peuvent y arriver que par groupes successifs et pas assez à temps pour donner la main à Blücher. Napoléon doit ensuite, avec toutes ses forces, se rabattre sur Wellington qui sera dans l'impossibilité de lui résister; il compte ainsi, en deux journées, anéantir deux armées et commencer ainsi la campagne par un double coup de foudre. Une inconcevable fatalité va faire échouer cette sublime conception.
- Bataille de Ligny
Fig. 47 Officier de Grenadiers, grande tenue, en 1813 d'après Tribbold |
Le 16 juin, le 4e Corps reçoit l'ordre de se porter sur Fleurus où il arrive vers midi; les Prussiens de Blücher ont évacué la ville et se sont concentrés aux villages de Ligny et de Saint-Amand.
Napoléon a ainsi disposé ses forces : à gauche de la chaussée de Charleroy, le 3e Corps (Vandamme) auquel est adjointe la Division Girard, détachée du Corps de Reille, doit attaquer les trois villages dont se compose Saint-Amand, c'est à dire Grand Saint Amand, la Haie Saint Amand et le hameau. A droite de la chaussée, le 4e Corps (Gérard) a pour objectif Ligny; ce dernier village est défendu par les Divisions prussiennes Heukel et Jagoff.
Gérard craignant d'être tourné sur sa droite par le Corps de Thielmann, arrivant de Namur, a placé, entre Boignée et Balatre, la Division Bourmont (commandée depuis le départ de son chef par le Général de Brigade Hulot) et toute la cavalerie dont il peut disposer; il ne lui reste donc pour emporter Ligny, village très solidement construit, fortement occupé et partagé en deux par un ruisseau difficilement accessible, que les Divisions Pécheux et Vichery.
A deux heures et demie, le signal d'attaque se fait entendre. Le 3e Corps s'empare d'une partie de Saint Amand; les deux Divisions du 4e Corps s'élancent sur Ligny et, malgré un feu terrible, parviennent à y pénétrer. Repoussées par des forces supérieures, elles reviennent à l'assaut avec un nouveau courage; quatre fois la partie du village située sur la rive droite du ruisseau est prise et reprise par les Français et les Prussiens qui sont enfin rejetés sur la rive gauche; mais malgré la rage qui anime nos soldats, tous leurs efforts restent infructueux. Les troupes que le Maréchal Ney a reçu l'ordre d'envoyer pour faire diversion sur les derrières des Prussiens n'arrivent pas; il faut en finir car la nuit approche. Napoléon fait amener une batterie de 40 pièces qui foudroie le village et cause dans les masses prussiennes des pertes énormes; puis, formant la Vieille Garde en colonne d'attaque, il la fait traverser le ruisseau au dessous de Ligny. Rien ne peut résister à l'élan de cette vailante troupe et aux efforts répétés de la Division Pécheux; l'ennemi enfoncé sur son centre se met en retraite, ses réserves qui essaient de résister sont culbutées à la baïonnette, on se bat jusqu'à la nuit close; enfin, nous restons maîtres d'un champ de bataille couvert de morts. Quarante canons, huit drapeaux et bon nombre de prisonniers sont entre nos mains.
Dans cette rude affaire, le 30e a subit de grandes pertes; parmi les tués et les blessés se trouvent : Le Chef de Bataillon Richard (François Marie), tué; le Chef de Bataillon Lafolie (Jacques), tué; le Capitaine Guibert (Marie Bonaventure), tué; l'Adjudant major Vinet (Eugène), tué; le Lieutenant Pasquier (Stanislas), tué. Le Capitaine Julien (Jean Marie), atteint d'un coup de feu au genou gauche. Le Capitaine Moireau (François), coup de feu à la cuisse; le Lieutenant Gaudais (François), coup de feu à la jambe gauche; le Lieutenant Bourgeois (Jean Louis), atteint de deux coups de feu.
Selon Martinien, le Major Hervieu, les Chefs de Bataillon Richard et Lafolie, le Capitaine Adjudant major Hurel, le Capitaine Guibert, le Lieutenant Adjudant major Vinet, le Lieutenant Pasquier et le Sous lieutenant Vallet ont été tués; le Chef de Bataillon Blain, les Capitaines Cremer, Favié, Hay de Sancé, Jullian, Moireau, Talabot, le Lieutenant Adjudant major Desfontaines, les Lieutenants Méchin, Bourgeois, Gaudais, et les Sous lieutenants Bonnelatte, Duranton et Guillaumot sont blessés.
Le Capitaine François écrit : "Le 16 juin, partant du Châtelet à 4 heures du matin, notre division, commandée par le général Pécheux, se dirige sur Fleurus à marches forcées. Par divers mouvements, à 2 heures de l'après-midi, nous nous trouvons à environ douze cents toises du village de Ligny. A 3 heures, le général Pécheux donne l'ordre au général Romme, commandant la brigade des 30e et 96e de se former en colonne d'attaque et de marcher sur Ligny, occupé par les Prussiens. Malgré la mitraille, le 30e s'avance l'arme au bras, en tête de la brigade. Arrivé à deux cents pas des haies derrière lesquelles sont embusqués des milliers de tirailleurs prussiens, le 30e se forme en bataille tout en marchant. On bat la charge, et nous franchissons les haies. Le demi-bataillon de gauche, où je suis, descend dans un chemin creux qui se trouve coupé par des abatis; nous le traversons avec beaucoup de difficultés et sous le feu le plus vif. Enfin, en tiraillant, nous entrons dans Ligny; mais, parvenus jusque devant l'église, un ruisseau nous arrête, et les Prussiens, cachés dans les maisons, nous font éprouver une perte considérable, tant par leur mousqueterie que par leur artillerie.
En un instant, le major Hervieu, qui commande le régiment, trois chefs de bataillon, huit capitaines, deux adjudants-majors, seize lieutenants ou sous-lieutenants, et près de sept cents sous officiers et soldats sont mis hors de combat. Quant à moi, je ne reçois que des contusions légères aux cuisses et à la jambe droite ; mais j'écume de rage à la vue d'un semblable désastre, et nous sommes contraints de battre en retraite, en abandonnant nos blessés. Nous nous retirons derrière les batteries de la division, qui font un feu terrible sur les Prussiens; et, avec le capitaine Christophe, je rallie les débris de notre malheureux régiment.
Malgré un aussi terrible échec, nous avons fait près de cinq cents prisonniers. Le général Romme nous rejoint et nous donne l'ordre de rentrer dans Ligny. Nous nous élançons au pas de charge vers le village : nous sommes encore repoussés. Nous n'en faisons pas moins une troisième tentative; elle est aussi inutile que la précédente. Alors le général Romme fait rappeler. Nous rassemblons une nouvelle fois le régiment derrière les batteries de la division. A peine avons-nous rallié deux cents hommes, que le général m'ordonne d'en prendre cent et de tenter un quatrième effort sur Ligny, défendu avec autant de vigueur que nous mettons d'impétuosité à l'attaquer. Mes cent braves sont impatients de me suivre et me le témoignent par leurs cris. Le feu des Prussiens a beaucoup diminué. Le général Romme s'avance à côté de moi, à la tête de mon peloton, et le 96e vient derrière nous. Lorsque nous atteignons le chemin creux qui conduit au village, j'ordonne le plus grand silence à mes hommes, qui marchent par sections. A l'extrémité du chemin, une compagnie de Prussiens se trouve à moins de quinze pas en face de moi, et l'officier qui les commande n'est pas peu étonné de nous voir si près de lui. Je donne un coup de mon épée sur le nez du cheval du général Romme, qui masquait mon peloton; il se range le long du talus du chemin. Je me baisse en commandant le feu; les Prussiens en font autant. Quoique, devant ma section, j'aie essuyé à dix pas le feu de leur d'écharge, je ne suis atteint que par une balle qui vient s'amortir dans le petit manteau roulé que je porte en sautoir. Sans perdre de temps, j'ordonne à mes braves de foncer à la baïonnette. Les Prussiens se défendent bien, et le carnage devient affreux. Entouré de combattants, je me bats avec acharnement, et mon épée se brise en parant les coups qui me sont portés ; enfin je suis renversé et foulé aux pieds. Le 96e arrive sur ces entrefaites, et les Prussiens s'enfuient. Je suis ramassé par plusieurs soldats qui ne m'ont point abandonné dans la mêlée; soutenu par eux, car, meurtri de tous côtés, je ne puis plus me tenir debout, je me retire auprès du régiment, qui se trouve derrière les batteries, et je reprends un peu mes sens. J'ai eu sept hommes tués et onze blessés. La balle qui m'a atteint a percé mon manteau de treize trous. Elle a frappé vigoureusement, car elle me fait cracher le sang. Elle est restée dans un pli du drap, où je la retrouve. Je vois le général Romme, qui m'exprime tout le plaisir qu'il éprouve de me savoir échappé à une semblable mêlée" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 17, Grouchy reçoit l'ordre de poursuivre, avec les 3e et 4e Corps et une partie de la cavalerie, l'Armée de Blücher pour l'empêcher d'opérer sa jonction avec Wellington; mais trompé par de faux indices, incertain sur la direction prise par les Prussiens, Grouchy ne quitte Ligny qu'assez tard dans la journée et va camper à Gembloux.
Le Capitaine François écrit : "Le 17, à la pointe du jour, nous marchons sur Wavres, où se dirigent plusieurs corps d'armée sous le commandement du général Grouchy, pour s'opposer à la jonction du général Blucher avec Wellington. A 6 heures du soir, nous arrivons à Gembloux. Je suis d'ordonnance auprès du général Pécheux : il est triste et paraît s'effrayer de la lenteur des divers mouvements de l'armée, qu'il ne trouve pas d'accord entre eux" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 18, Grochy, à peu près certain que Blücher s'est dirigé sur Wavre, se met en marche dans cette direction; mais, pour diverses raisons, les 3e et 4e Corps ne s'ébranlent qu'entre 8 et 9 heures du matin et n'avancent que très lentement sur une route déjà gâtée par le passage d'une nombreuse armée et qu'un violent orage survenu la veille a achevé de déformer. Bientôt le canon de Waterloo se fait entendre; malgré les supplications du Général Gérard qui veut marcher à ce bruit, Grouchy, toujours hésitant, et interprétant mal les ordres qu'il a reçues, persiste à marcher sur Wavre où il arrive vers quatre heures du soir.
- Combat de Wavre
Fig. 48 1er Porte aigle en 1812 d'après Rigo (Figurines N°33) |
Fig. 48a 2e Porte aigle en 1812 d'après Rigo (Figurines N°33) |
Fig. 48aa 2e Porte aigle en 1812 d'après D. Davin (selon les plaques trouvées en Russie et le Réglement)
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Fig. 48b 2e Porte aigle en 1812 d'après Rigo (Figurines N°33) |
Le Général Thielmann a passé la Dyle, barricadé les ponts et, avec 28000 hommes, se dispose à en défendre vigoureusement le passage. Le 3e Corps attaque Wavre et ne peut s'en emparer; le 4e Corps se porte sur le moulin de Bierges; malgré la valeur de son chef, le Général Gérard, qui tombe dangereusement blessés, il ne peut franchir l'obstacle; la nuit vient et les deux partis couchent sur leurs positions.
Le Capitaine François écrit : "Le 18, ce n'est qu'à 10 heures du matin que nous quittons Gembloux pour marcher sur Wavres. A 1 heure, nous arrivons à Walhain, d'où nous entendons une violente canonnade dans la direction de Mont-Saint-Jean et de Waterloo. Nous ne pouvons plus douter que la bataille ne soit engagée. Le 30e marchait en tête de la colonne. Le maréchal Grouchy nous fait faire halte et semble hésiter sur la route qu'il doit prendre. Doit-il passer la Dyle ? Doit-il se porter vers le lieu où une action générale s'engage ? Il réunit un conseil de guerre, dans lequel prévaut l'avis du général Vandamme, qui consiste à se porter sur Wavres. A 2 heures, nous passons les trois ponts et nous nous avançons en masse sur Wavres, que nous attaquons. La division Vandamme se rend maître des positions des Prussiens et reste devant la ville. Le feu cesse à 9 heures du soir. Le 30e, placé en première ligne, établit ses avant-postes vis-à-vis ceux de l'ennemi. Le quartier général est à Limalle" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le lendemain, dès la pointe du jour, le combat recommence; les ponts sont enlevés, et l'armée victorieuse se dispose à marcher sur Bruxelles, lorsque la nouvelle du désastre de Waterloo parvient au Maréchal Grouchy. Il ordonne immédiatement la retraite et rétrograde sur Namur, poursuivi par la cavalerie prussienne; mais la fière attitude des troupes de l'arrière garde qui, souvent sont obligées de former le carré, déjoue tous ses efforts.
Le Capitaine François écrit : "Le 19, à 3 heures du matin, nos soldats étant couchés par terre, leurs fusils entre les jambes, nous sommes réveillés en sursaut par les boulets qui tombent au milieu de nous. Nous nous levons précipitamment, et nous marchons en avant. Nous surprenons une grand'garde prussienne de trois cents hommes ; nous en tuons une bonne partie à coups de baïonnette et nous faisons le reste prisonnier. Cette expédition terminée, nous continuons d'avancer en silence. Au point du jour, nous formons une ligne de tirailleurs, et nous envoyons quelques balles aux Prussiens, qui se retirent, sans grande résistance, du côté de Wavres et des bois, pour nous attirer. De loin, ils nous crient que notre armée a été anéantie à Waterloo. Bientôt cette nouvelle se confirme. Dès lors nos tirailleurs se replient sur leurs divisions. Le feu cesse de part et d'autre, et nous rétrogradons" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Les 3e et 4e Corps arrivent à Namur qui ne tarde pas à être entouré par des forces considérables; ils leur opposent une vigoureuse résistance, leur font subir des pertes énormes et abandonnent la ville vers huit heures, dans la soirée du 20 juin. L'ennemi a été si maltraité qu'il ose à peine les poursuivre.
Selon Martinien, le 20 juin, au combat de Namur, le Capitaine Villeminot est tué; le Capitaine Plançon et le Lieutenant Adjudant major Desfontaines sont blessés.
Le Capitaine François écrit : "Dans la nuit nous traversons Gembloux. Le 20, à 5 heures du matin, nous faisons halte sur la route de Charleroi à Namur, mourant de fatigue et de faim et suivis de près par les Prussiens. Les sapeurs du 30e prennent trois boeufs dans une ferme; mais, au moment où ils vont en faire la distribution, nos généraux apprennent que les Prussiens ont passé la Sambre. Le maréchal Grouchy donne l'ordre au général Bonnemains de se porter rapidement contre eux avec deux régiments de dragons, et nous nous remettons en marche sur Namur. Le 30e était tout à fait d'arrière garde; nous n'avons pas encore quitté le lieu de la halte, quand nous sommes attaqués : nous abandonnons la viande, nous renversons les marmites et nous nous formons en bataille. Les Prussiens s'éloignent en voyant nos mouvements de défense, puis ils reviennent et nous suivent de près aussitôt que nous nous mettons en marche, et ils nous canonnent quand nous atteignons les hauteurs à trois quarts de lieue de Namur. Nous leurs répondons par une canonnade semblable, puis nous nous formons en carrés, ainsi que le 96e, qui, continuant sa marche vers Namur, nous laisse seuls sur la route. Le 30e n'est fort que de trois pelotons formés en deux carrés. La cavalerie prussienne nous charge trois fois; elle est repoussée chaque fois. Je commande le dernier carré. Je marche lentement, faisant souvent halte et front, attendant la cavalerie prussienne à dix et quinze pas, puis l'arrêtant court par un feu de deux rangs bien nourri. Je parviens de la sorte à me rendre sous Namur, où se trouvent les autres régiments de la division.
Là, nous sommes relevés, pour soutenir la retraite, par la division Teste. Après différentes manoeuvres en colonnes d'attaque, nous entrons dans la ville et nous la traversons, pendant que le général Teste prépare ses moyens de défense pour arrêter l'ennemi aux portes grillées de Namur. Nous bivouaquons sur la route de Dinant" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 20 juin encore, le Général Vichery prend le commandement du 4e Corps qui se dirige sur Givet et, de là, par Rothal et Rocroy, sur Laon assigné comme point de réunion aux débris de l'armée de Waterloo.
A Laon, le Maréchal Grouchy prend le commandement de toute l'armée et le Général Vandamme lui succède dans le commandement des 3e et 4e Corps qui sont dirigés sur la Ferté Milon d'où ils doivent descendre sur Paris, en longeant la Marne.
Le 21 juin, les alliés ont franchi la frontière; le 23, Napoléon abdique; le 30, l'ennemi est en vue de la capitale. Les 3e et 4e Corps, sous Vandamme, occupent la rive gauche de la Seine.
Le Capitaine François écrit : "Le 21, nous suivons la route de cette dernière ville à Givet, que nous traversons pour aller cantonner dans les villages au-dessus de Charlemont. Le lendemain, nous sommes à Rocroy; le 23, au village de l'échelle; le 24, à Rethel; le 25, à Reims; le 26, près de Soissons; le 27, au camp de Soissons; le 28, aux environs de la forêt de Villers-Cotterets; le 29, à Meaux; le 30, à Saint-Maur.
Le 31, nous entrons à Paris et nous allons ensuite nous ranger en bataille dans la plaine de Grenelle, où nous sommes logés dans des baraques couvertes en paille" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Le 2 juillet, tandis que les Prussiens cherchent à enlever les ponts de Sèvres et de Saint Cloud, les tirailleurs de Vandamme venant d'Issy et de Vanves, s'avancent, vers huit heures du soir, par la rive gauche et harcèlent vivement l'ennemi sur ses flancs et ses derrières. C'est le dernier combat de ces luttes sanglantes qui ont duré 22 ans; le lendemain, un armistice est conclu et, dans la nuit du 3 au 4 juillet, la capitulation de Paris est signée.
Le Capitaine François écrit : "Le 2 juillet, à 7 heures du matin, notre division prend les armes; à 8 heures, nous prenons position à gauche du village de Ham; à midi, en avant de Sèvres; à 4 heures, après avoir passé Saint-Cloud, nous nous plaçons au-dessus de ce bourg, près du chemin qui conduit à Versailles. Nous passons la nuit cuchés le long des murs et dans les chemins creux.
Le 3 juillet, à 3 heures du matin, nous entendons une vive fusillade sur la gauche de Sèvres. Nous prenons les armes et nous nous mettons en marche pour aller reprendre nos premières positions dans la plaine de Grenelle, où les Prussiens descendent et se battent contre nos tirailleurs. A 9 heures, un officier prussien s'avance vers moi en qualité de parlementaire. Je prends ses dépêches, je lui en donne un reçu, et je les envoie au général Pécheux par un officier du 30e, car je commande le régiment. Cet officier n'est pas encore de retour, que le même parlementaire se présente de nouveau et demande à parler à notre général. Je lui fais bander les yeux avec un mouchoir, ainsi qu'à son trompette, et, escortés de huit hommes, je les envoie au général Pécheux. Une demi-heure après, je reçois l'ordre de faire cesser le feu" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
Quelques jours après, toute l'armée, sous le commandement du Maréchal Davout, se retire derrière la Loire, où elle doit encore en imposer aux Autrichiens qui veulent forcer le passage.
Le Capitaine François écrit : "Le 5, nous quittons la plaine de Grenelle et nous allons bivouaquer à Montrouge. Les jours suivants nous continuons notre marche pour nous porter derrière la Loire. Le 11, le 30e est cantonné à Saint-Privé, près Orléans, où nous apprenons la rentrée du roi dans sa capitale" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François,1792-1815).
Par Ordonnance du 16 juillet, l'Armée est licenciée et les débris du des vieux Régiments sont envoyés dans les villes de l'intérieur, le 30e va tenir garnison à Angoulême.
Le Capitaine François écrit : "Après avoir plusieurs fois changé de cantonnements, le 30e se rend à Saint-Flour, où il est licencié, comme tous les autres corps de l'armée. Je pars ensuite pour Angoulême, avec le conseil d'administration dont je fais partie" (M. Thiéry, Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815).
En vertu de l'Ordonnance royale du 3 août 1815, qui enlève aux anciens Régiments leur nom et leur numéro et organise toute l'Infanterie en un certain nombre de Légions qui prennent le nom du département dans lequel elles sont créées, le fond du 30e Régiment d'Infanterie passe dans la 15e Légion (Légion de la Charente) qui, à la réorganisation du 23 octobre 1820, devient le 42e Régiment d'Infanterie.
Ici se termine l'historique du 30e de Ligne qui, digne successeur de la 30e Demi-brigade, joua un rôle si actif pendant les guerres du Premier Empire, figura avec gloire dan spresque toutes les grandes batailles de ce règne, associa son numéro à toutes nos victoires, s'illustra par son incontestable valeur dans mille combats et tout particulièrement à Lambach, Austerlitz, Auerstaedt, Czarnowo, Eylau, Landshut, Wagram, Smolensk, la Moskowa, Krasnoë et Hambourg. Entre 1804 et 1815, le 30e a eu 51 Officiers tués, 12 morts des suites de leurs blessures, et 126 autres blessés.
VI/ Uniformes
Nous avons extrait de la Giberne le ornement de hausse col reproduit en figure 1; il est en argent. A côté, nous avons reproduit une reconstitution du hausse col extraite du Bivouac N°3 de 1985. Et, comme le hasard fait bien les choses, nous pouvons constater qu'il est tout à fait semblable au hausse col original publié dans Soldats Napoléoniens N°13.
En figure 2, voici un Sous officier (Sergent-major) porte drapeau pendant la Révolution, extrait de l'ouvrage de Funcken sur les Soldats de la Révolution. Ce Sous officier porte la tenue classique de l'Infanterie de ligne de l'époque, sans précision de date. Il est semble t'il tiré d'une Compagnie de Grenadiers, comme semblent le prouver les épaulettes rouges, de même que le pompon rouge sur le chapeau. On remarquera le col, largement ouvert, laissant apparaitre la cravate blanche. Le reste ne nécessite guère de commentaires. Le drapeau est du modèle 1794.
En figure 3, nous avons reproduit un Sergent de Grenadiers pendant la campagne de Naples, 1798. Ce dessin, extrait du Carnet de la Sabretache N°100 de 1989, page 158, est basé sur les Souvenirs de Vernère. Ourson brun foncé, plaque de laiton. Cheveux naturels liés en queue par un ruban noir. Habit national beu foncé, collet (identique au Sous officier porte drapeau de Funcken), parement rouges, passepoil blanc, revers, pattes de parement (ces dernières ne sont pas figurées chez Funcken), retroussis blanc, passepoil rouge. Epaulettes écarlate, galon or. Bouton jaune. Pantalon jaunâtre à rayures bleues et rouges. Chaussures noires, bas jaunâtres. Buffleteries blanches, courroies de sac idem, sac fauve. Cordon de gourde rouge foncé. Sabre à fourreau noir, garnitures jaunes, dragonne rouge. Fusil bois naturel garni en fer, baïonnette fer.
Fig. 49 Caporal de Grenadiers, tenue de campagne, 1813, d'après Tribbold |
Rigo, dans la revue Tradition N°04, donne pour sa part un Porte drapeau en 1800 au moment de la bataille de Marengo (figure 4). Voici ce que nous dit Rigo : "Conformément à l'ordonnance, les porte-drapeaux ont le grade de Sergent-major distingué par deux galons dorés cousus sur du drap écarlate. L'uniforme est celui, désormais classique, de toutes les Demi-brigades d'Infanterie de Ligne. Il est possible cependant que dans certains corps, on leur ait octroyé des épaulettes de Sous officier de Grenadiers, de rouge galonné d'or, franges mélangées d'or et de fil écarlate. Les ornements de retroussis des Compagnies de Fusiliers ne sont soumis à aucune normalisation et si les coeurs découpés dans du drap rouge sont les plus nombreux, d'autres portent des numéros, des étoiles, ou rien du tout. Le chapeau de feutre noirci, "retapé" suivant les critères de la mode, porte une cocarde tricolore que les Sous officiers maintiennent en place à l'aide d'une ganse dorée. Les pompons de Compagnies (sauf ceux des Grenadiers) varient de couleurs et de forme sans qu'aucune ordonnance n'intervienne. Il en sera d'ailleurs ainsi jusqu'en 1808, et encore !". Cette explication recoupe en grande partie la tenue donnée par Funcken. Ici, cependant, l'on notera la forme du collet, qui semble désormais fermé; les poches placée horizontalement; et le pompon du chapeau. Rigo donne également la patte de parement, ce qui n'est pas le cas de Funcken. Mais on peut supposer que le type de Funcken est antérieur à 1800.
Tous les autres documents dont nous disposons concernant l'uniforme du 30e sont postérieurs à 1804. Commençons tout d'abord par présenter en figure 5 un magnifique hausse col d'Officier datant de l'Empire, sans précision de date. On remarquera tout particulièrement l'ornement central, argenté : aigle couronnée entourée de branches de feuillages; sur le devant de l'aigle, un écu frappé du chiffre 30. Il y a là une continuité avec le hausse col révolutionnaire, sur lequel nous retrouvions déjà l'écu et les branches de feuillages. Nous ignorons par contre si ce type de hausse col a été en service tout au long de l'Empire ou sur une période donnée; peut être le début de l'Empire ?
Autre pièce originale, un habit (figure 6) présenté comme étant celui d'un Sous lieutenant vers 1808-1812 (Russie, GIM); communication d'un de nos correspondants russes. Cet habit, magnifiquement conservé, est supposé avoir appartenu au Capitaine François. Nous remarquerons en tout premier lieu les parements, identiques à ceux que nous voyons sur le dessin de Funcken. Sur les épaules figurent des passants dorés, destinés à maintenir épaulette et contre épaulette. Autre détail notable : sur le côté gauche de l'habit (à droite sur la photo), on distingue une poche, placée horizontalement.
Vient ensuite une plaque de shako (figure 7), communiquée par un de nos correspondants. Elle est du modèle 1806. A noter le chiffre 30, découpé dans la plaque. C'est cette plaque que nous voyons sur le desssin de H. Boisselier représentant des Fusiliers en habit blanc en 1806 (figure 8). Voici ce que Bucquoy avait écrit à propos de ce dessin : "Notre planche 152 est faite d'après un habit qui se trouve au Musée de l'Armée (Collection Detaille) et catalogué "30ème de Ligne 1806", habit incontestablement authentique bien que pourvu de boutons de modèles très divers, quelques uns timbrés 30, d'autres d'époques très postérieures. D'après le règlement du 24 juillet 1806 qui donnait à l'Infanterie l'habit blanc, la couleur distinctive affectée au 30ème de Ligne était le capucine. La couleur que nous voyons aux distinctives de l'habit du Musée de l'Armée n'est pas nettement capucine; c'est un rouge tirant un peu sur le cerise; mais il ne faut pas s'en étonner en tenant compte de cette règle générale de coloris que dans toutes les couleurs composées ou entre du jaune, celui-ci a toujours des tendances à s'affaiblir et à passer, avec le temps. Nous savons que le 30ème de Ligne ne fut pas un des régiments désignés pour faire l'essai de l'habit blanc; mais nous savons aussi par des nombreux documents que des habits blancs furent faits dans d'autres Corps que ceux-là. Fantaisie d'officier ou de sous officier ? Essai d'un colonel sur une petite fraction ? Peut-être. N'oublions pas d'ailleurs que l'habit blanc (celui de l'ancien régime) fut porté beaucoup plus longtemps qu'on ne le croit généralement, qu'on en trouve encore sous le Directoire, et qu'il resta toujours aimé des militaires, jusqu'au jour où la Restauration le rétablit. La particularité intéressante de l'habit du Musée de l'Armée réside dans sa curieuse patte d'épaule, longue et mince, débordant sur le haut du bras et montant sur le col, le bouton venant juste au ras du pied du col. M. Boisselier a complété ses fusiliers par le shako régimentaire du modèle 1806". D'autres détails méritent d'être soulignés : le shako, du modèle 1806 est pourvu de chevrons sur le côté, mais n'a ni ganse de cocarde, ni jugulaires, ni cercles de visière. L'un des Fusiliers a le shako doté de cordon et raquettes blancs. Les pompons de Compagnie sont bleu cerclés de blanc. Autre remarque : les basques, relativement longues nous semble t'il, sur lesquelles figurent des poches placées verticalement.Sur cet habit ne figure aucun passepoil, sauf aux pattes de parements et d'épaules, blanches passepoilées de la couleur distinctive. Les retroussis sont également de la couleur distinctive.
Fig. 50 Fusilier en 1813 (et non 1812) d'après H. Knötel |
A côté, nous donnons une représentation d'un Fusilier (figure 8a) daté cette fois ci de 1807, extraite d'une carte de René North qui indique comme source R. d. v. Neste, d'après Bucquoy. Par rapport au Fusilier de Boisselier, on peut noter des différences notables qui sont peut être le fruit d'altérations, à moins que la source indiquée ne soit pas la bonne. Commençons par le shako : les chevrons ont disparu, et le pompon est désormais rond et vert. Par ailleurs il est doté de jugulaires en cuivre. L'habit quant à lui se trouve doté de passepoils blancs au collet et aux revers (mais pas aux parements. Les pattes de parements, droites et non en pointe, n'ont plus de passepoil. Les guêtres enfin sont blanches.
Toujours pour la même période, voici un Tambour major daté de 1805, tel que donné par Herbert Knötel (figure 9). Nous ignorons quelle est la source utilisée par cet auteur. Ce Tambour major est en tout cas étonnant à plus d'un titre, et s'il correspond vraiment à la période antérieure à 1808-1809, il montre alors qu'il y a une constante dans les tenues de la tête de colonne du 30e, et préfigure sans aucun doute les tenues données par les Collections Alsaciennes. Dans le cas contraire, en l'absence de toute indication de source, il devrait être tenu pour suspect. Passons à sa description. La coiffure consiste en un colback noir, orné sur le devant d'une grenade en cuivre. Il est doté d'une flamme rouge à galon et gland dorés. Sur le dessus, un plumet tricolore (bleu à la base, rouge au sommet) souvent en usage pour les Tambour-majors au début de l'Empire. Le colback n'ai ni cordon, ni jugulaires. L'habit est celui que nous voyons dans les Collections Alsaciennes, rouge à distinctive bleu foncée (col, revers, parements, pattes de parements, retroussis, nids d'hirondelles, le tout bordé d'un galon doré). Boutonnières dorées aux boutons des revers. Trèfles d'or sur les épaules. Galons de grade et chevrons dorés. Sabre doté d'une dragonne rouge à passant doré; franges du gland rouges et or. Canne à pommeau, pointe et cordons dorés; plaque sur la banderole également dorée. Guêtres blanches.
Postérieurement à la période 1805-1807, nous disposons des Collections Alsaciennes (Fichier Carl, Petits Soldats d'Alsace ayant pour source Boeswilwald, Fichier Wurtz, Petits Soldats d'Alsace ayant pour source Wurtz, figurines originales de Wurtz...) recoupées par les Cartes Bucquoy et d'autres documents. Commence là un vrai embroglio (sans doutes liées aux copies, prises de notes et publications à postériori), que nous tenterons de démêler. Nous verrons qu'il y a de très nombreuses contradictions, et que le texte de Bucquoy ne permet pas de tout expliquer. Par ailleurs, nous verrons aussi que derrière les figurines Wurtz (mais aussi des autres Collections Alsaciennes dans leur ensemble), il y a aussi des réalités concrêtes, comme le montrent un certain nombre de documents contemporains.
Voici ce que disait Bucquoy en son temps sur les Collections Alsaciennes : "Tous les autres types de nos deux séries proviennent des collections alsaciennes. Les documents sont nombreux et parfois même contradictoires. Pour nous y reconnaître, remarquons qu'ils forment deux groupes : le premier que nous appellerons les documents Piton ont été recueillis d'une part par Touchemolin et Ganier-Tanconville, d'autre part par les collections Carl et Boeswillwald ; la caractéristique de tout ce groupe réside dans la plaque de shako à rayons et dans le galon tricolore de la clique. Le deuxième groupe est celui des documents recueillis par la collection Wurtz, caractérisés par la plaque de shako à aigle sur soubassement type 1812 et par le galon d'or de la clique. Toutes ces collections ont daté leurs types de 1809. Les variantes, comme cela arrive quelquefois, pourraient s'expliquer par le fait que le régiment n'a pas été réuni et qu'il a pu y avoir des différences de détail d'un bataillon à l'autre ; (Piton a par exemple noté deux types de voltigeurs provenant de deux bataillons différents, (planche 159 ; figure 21b) mais chacun des groupes donne une tête de colonne différente. Il s'agit donc là certainement de deux tenues successives. A mon avis ce sont les documents Piton qui sont antérieurs aux autres, et je fonde cette opinion sur trois remarques :
1° Ce sont ceux qui donnent le sapeur aux couleurs inverses, tandis que Wurtz le donne aux couleurs des soldats ; or on sait que d'une manière générale les têtes de colonne aux couleurs inverses qui sont la règle de 1805 à 1809 tendent à disparaître ensuite.
2° Le galon de livrée tricolore de la clique se rencontre aussi plus fréquemment au début de l'Empire qu'à la fin, tandis que le galon doré pour les tambours ne se voit guère qu'après 1810.
3° La plaque à rayons (figure 17 et figure 19a) qui est connue dans divers Corps de troupes à pied et à cheval fleurit surtout vers 1809. Elle est généralement antérieure à la plaque aigle sur soubassement arrondi devenue règlementaire en 1812.
Certains trouveront peut-être que ce sont là des raisons de sentiment et de tradition; c'est possible, mais en l'absence de documents contraires, elles me paraissent suffisantes pour laisser aux documents Piton leur date de 1809 et pour dater de 1810 au moins les documents Wurtz.
Prenons donc le 1er groupe et notons tout d'abord les différences générales entre ses divers ressortissants. Tandis que Tanconville d'après Piton a noté simplement la cocarde, Carl a noté une ganse de cocarde blanche retenue par un bouton et Boeswilwald a noté une ganse aurore double (figure 19; à noter que dans le Fichier Carl, la ganse de cocarde est donnée jaune à bouton jaune; même chose pour le Tambour de Voltigeurs de la Collections Schmidt; et dans dans la Série des Petits Soldats d'Alsace attribuée à Boeswilwal, certains types n'ont pas de ganse de cocarde, d'autres en ont une blanche à bouton jaune; y a t'il eu confusion de Bucquoy entre les deux collections ? Ou erreurs dans les descriptions du Fichier Carl et des Petits Soldats d'Alsace ?). La plaque à rayons peu nette apparait dans certaines collections comme ayant un aigle, dans d'autres comme ayant un numéro. Or tanconville a noté "Au centre de la plaque est un aigle posé au-dessus du numéro 30", ce qui fait que suivant que la tresse du shako pend plus ou moins bas, elle cache tantôt l'aigle tantôt le numéro, d'où les divergences constatées (figure 19a)". Notons aussi au sujet des shakos la remarque suivante de Bucquoy : "Les collections alsaciennes donnent toujours un type de shako assez semblable d'ailleurs à celui que l'on trouve dans Martinet et qui n'est ni le shako de 1806, ni celui de 1810. Il n'a plus les chevrons en cuir du type 1806, mais il en a conservé les jugulaires cerclées de cuivre et le cordon de shako. C'est en somme du modèle 1810 qu'il se rapproche le plus, et pourtant les collections alsaciennes le datent presque toujours de 1809. C'est un shako passe-partout qu'elles donnent avec toutes les plaques".
Passons aux détails. Selon Bucquoy, "toutes les collections sont d'accord sur (...) le musicien (planche 154)". Le Fichier Carl et les Petits Soldats d'Alsace d'après Boeswilwald, nous donnent ce Musicien, daté de 1809 pour Carl (figure 10), de 1807-1808 pour Boeswilwald (figure 10a). Carl nous montre le Musicien portant le shako surmonté d'un pompon et d'un plumet blanc; cordon et raquettes de même; jugulaires, cercle de visière et plaque rayonnante en cuivre; ganse de cocarde jaune à bouton jaune. L'habit est rouge à distinctive bleu (couleur que l'on retrouve au collet, aux revers, parements et pattes de parements). L'intérieur des retroussis est blanc. Le collet, les revers (sauf pour la partie située sous le collet), les parements et les pattes de parements sont bordés d'un galon doré (pour les pattes de parements, noter que ce galon ne concerne pas la partie située au raz de la main du personnage). Les retroussis ne semblent pas galonnés d'or. Trêfles or sur les épaules; gilet blanc; bottes découpées en coeur, avec galon et gland or; épée portée en sautoir, sans dragonne. Le Musicien d'après Boeswilwald porte la même tenue, sauf que la ganse de cocarde est blanche; galon jaune (or) sous le collet; intérieur des retroussis bleu foncé. Ces derniers sont bordés du galon doré. Bucquoy (figure 10b) dans ses cartes, donne deux Musiciens absolument analogues à celui de Boeswilwald; ils sont armés d'une épée dotée d'une dragonne dorée. Pierre Albert Leroux (figure 10c - Collection A. S. K. Brown; avec l'aimable autorisation de Mr Peter harrington) semble en accord avec les précédents; à noter le galon doré aux poches.
Rigo (Le Plumet, planche 227, donnée également dans Tradition N°262- figure 10d) donne également la tenue des Musiciens; l'auteur indique comme source Notes Manuscrites de Carl, Musée Historique de Strasbourg). L'habit est écarlate distingué de bleu foncé et galonné d'or. Notons cependant que ce galon n'apparait pas sur les retroussis. Rigo est donc d'accord avec Bucquoy, qui, parlant du galon de la clique nous dit "Ajoutons que la collection Boeswilwald est la seule qui fasse partir ce galon du bas des revers pour aller border les retroussis; je crois que c'est une erreur ; les retroussis ne sont généralement pas bordés" (on verra que cette affirmation de Bucquoy concernant le galon des retroussis chez Boeswilwald et les autres Collections alsaciennes est quelque peu hâtive, ce qui pourrait confirmer l'idée d'une confusion entre la Collection Carl - du moins celle représentée dans le Fichier du même nom - et la Collection Boeswilwald - du moins pour ce qui est représenté dans le Petits Soldats d'Alsace). Rigo a doté les boutons de l'arrière de l'habit d'un galon doré; sur les basques, il place des poches verticales, passepoilées de bleu. Les retroussis sont bleu; il y a donc là une contradiction avec le Musicien du Fichier Carl, qui les donne blancs. Quid ? A noter aussi la patte de parements, bleu passepoilée de rouge. Là encore, il y a une contradiction avec le Fichier Carl et la carte Bucquoy. Pour les trèfles, Rigo nous explique qu'il s'agit de pattes d'épaules formées d'un galon doré cousu en trèfle sur du drap bleu foncé. Rigo donne également la plaque de shako, en laiton estampé peut être doré, et précise : "Les notes manuscrites de Carl parlent d'une plaque rayonnante. Celle-ci, conservée au Musée de l'Empéri à Salon de Provence (anciennes collections R. et J. Brunon) porte une aigle couronnée". Pas de numéro donc sur cette plaque ? Pour terminer, Rigo donne également l'épée avec dragonne dorée.
Questions : Pourquoi ces divergences entre le Fichier Carl et les notes manuscrites de Carl ? Sur quoi sont basées ces notes manuscrites ? Ces notes sont t'elles basées sur les figurines de Boeswilwald ?
Passons ensuite au Tambour maître ou Caporal Tambour (figure 11). Celui ci nous est donné tout d'abord par Bucquoy qui indique comme sources des documents Pitons, plus précisément deux croquis de Ganier-Tanconville. Bucquoy, dans son texte écrit "Pour le tambour maître et le tambour de grenadier, M. Tanconville les a donné à la planche 15 de ses "Garnisons d'Alsace" (tambour maître en petite tenue, colback sans garnitures); mais il avait corrigé ses documents par des emprunts aux types du 2ème groupe, emprunts qu'il a regrettés depuis dans les termes suivants : "J'ai, en son temps, m'écrit-il, établi cette planche des garnisons, en utilisant pour certains détails quelques documents dont la source m'a semblé depuis quelque peu contaminée. Pourquoi alors recopier des détails qui ne me paraissent pas absoluments probants ? Restons à nos vieux amours d'antan, ceux de ma jeunesse, aux détails donnés par ceux qui virent : "mon grand père, Zix, Striebeck, Piton, et les autres". J'ai donc donné (planche 155) le tambour maître et le tambour de grenadier rigoureusement d'après les documents Piton-Tanconville". La planche des Garnisons sera étudiée ultérieurement; penchons nous donc sur la carte de Bucquoy. Le Tambour maître est coiffé du colback surmonté d'un pompon et d'un plumet rouges; sur le devant, l'on voit un cordon blanc et une grenade en cuivre; sur le côté pend une flamme rouge à galon et gland blanc. L'habit est celui des Musicien, mais le galon du col, des revers, des parements et des pattes de parements est bordé d'un galon tricolore, galon que l'on retrouve aussi aux nids d'hirondelles (bleu foncé), mais pas le long des retroussis. Notre Tambour maître porte des épaulettes rouges; galons de grade et chevrons d'ancienneté sont bleu foncé; sabre briquet à dragonne rouge; banderole porte sabre ornée d'un porte baguette en cuivre; gilet, culottes, guêtres blanches; canne à pommeau et bout en cuivre; cordons blancs; havresac et manteau roulé gris.
Bucquoy donne le détail du galon tricolore (figure 11 et figure 11a) accompagné du commentaire suivant : "Avant de quitter la clique, notons que toutes ces collections donnent le galon tricolore dont nous avons déjà vu plusieurs exemples et dont les documents Piton nous ont laissé pour le 30ème un dessin précis que j'ai reproduit carte 4". Il est intéressant de noter la similtude la patte de parement avec ce que nous voyons chez Carl.
Le Tambour maître a été donné également par L. Rousselot (Les Uniformes de l'Armée Française, planche 89 - (figure 11b). Dans les grandes lignes, le type est analogue à celui de Bucquoy. On notera cependant que sur le côté du colback pendent raquettes et glands et qu'il est maintenu à l'aide de jugulaires en cuivre; que la patte de parement n'est pas bordée du galon tricolore (au demeurant simplifié si on le compare à celui donné par Bucquoy). on remarquera également que les cordons et glands de la canne sont rouges; enfin, l'absense d'ornement sur la banderole porte sabre.
Rigo a lui aussi représenté la tenue du Tambour maître (figure 11c). L'auteur dans son texte insiste sur les deux galons de laine figurant le grade de Caporal, le galonnage bordant les poches, et les épaulettes de Grenadier. Concernant le galonnage des poches, on notera qu'il se rajoute au passepoil bleu de ces mêmes poches; par ailleurs, on le retrouve sur l'arrière de l'habit (autour des deux boutons placé au dos de l'habit à la taille). Notons également la patte de parement, bleu passepoilée de rouge. Rigo a également doté les retroussis bleu foncé de grenades rouges. Colback doté d'une flamme ou chausse de drap écarlate, soutachée de fil blanc, avec cordon natté de fils blanc également; jugulaires en chaînettes de laiton; grenade de laiton estampé fixée sur le devant de la coiffure, pompon et plumet de Grenadier. Rigo indique que la canne est du "genre de celle du tambour-major mais moins longue. En bois naturel et verni, elle est agrémentée de laiton et garnie de deux cordons de laine écarlate terminés par des glands de même matière".
Le Tambour de Grenadiers (figure 12) porte une tenue assez analogue à celle du Tambour maître. Celui-ci nous est donné tout d'abord par Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace, planche 62). Le shako présente les caractéristiques suivantes : plumet, pompon, cordon, pourtour supérieur et inférieur (ce détail n'apparait pas sur les autres sources : est ce une erreur dans la description du type ?) rouges; pas de ganse de cocarde (là encore, détail curieux sur cette planche, puisque le shako du Musicien tiré de la même source est doté d'une cocarde blanche), visière et jugulaires de cuivre. L'habit est celui du Tambour maître, rouge à distinctive bleu foncé au col, revers, parements, pattes de parements et retroussis. Galon tricolore au col, revers, parements, pattes de parements, mais pas aux retroussis qui eux semblent être bordés d'un passepoil blanc - on est loin de la remarque de Bucquoy relevée plus haut. Tout le reste est absolument classique.
Bucquoy a dans un premier temps "donné (planche 155) le (...) tambour de grenadier rigoureusement d'après les documents Piton-Tanconville" (figure 12a). Dans les grandes lignes, c'est le Tambour précédent, mais avec les différences suivantes : bourdalou noir, pas de ganse de cocarde; nids d'hirondelles bleu foncé à galon tricolore, retroussis blancs sans galon, guêtres blanches correspondant à la tenue d'été. Le même a également donné dans un deuxième temps un autre Tambour (figure 12b) en indiquant : "Les documents Carl-Boeswilwald donnent pour le tambour de grenadier un type légèrement différent (planche 156); il ne porte pas des nids d'hirondelles sous les épaulettes". C'est effectivement le cas mais on remarquera aussi que sur cette carte Bucquoy, dessinée par H. Feist, le Tambour en question porte encore une fois un shako à bourdalou noir, et doté d'une ganse de cocarde blanche à bouton jaune. Par ailleurs, si les retroussis sont effectivement bleu foncé, aucun galon (blanc ou tricolore) ne les borde. Doit on en déduire que les auteurs de l'époque ont fait une sorte de synthèse des Collections Alsaciennes (à savoir Carl et Boeswilwald) ou ces différences minimes au premier abord sont elles dues à des erreurs dans les prises de notes établies à partir de ces Collections ? Le dessin de Pierre Albert Leroux (figure 12c - Collection A. S. K. Brown; avec l'aimable autorisation de Mr Peter harrington) est en tout cas en accord avec le précédent.
Ce qui est sur, c'est que Rigo (Le plumet, planche 227, donnée également dans Tradition N°262) pose également quelques interrogations puisqu'il nous donne lui aussi un Tambour de Grenadiers (figure 12d) en indiquant comme source les notes manuscrites de Carl, mais assez proche au demeurant du Tambour de la première carte Bucquoy d'après des documents Piton. Nous retrouvons donc le shako sans ganse de cocarde et avec bourdalou noir; les nids d'hirondelles bleu foncé bordés du galon tricolore; et les retroussis bleu foncé cette fois (comme sur la 2e carte Bucquoy) sans galon. Notons que Rigo maintient le galon tricolore sur le dos de l'habit, la patte de parements à passepoil rouge, le passepoil bleu foncé des poches, et les grenades rouges sur les retroussis.
Concernant les Tambours de Fusiliers, Bucquoy nous dit : "(planche 157) tout le monde est d'accord". Ce n'est pas si certain. En effet, Carl (Fichier Carl - figure 13) représente le Tambour de Fusiliers coiffé d'un shako analogue à celui de son Tambour de Grenadiers, mais surmonté d'un pompon bleu et d'une houpette blanche; cordon, raquettes et glands blancs. La ganse de cocarde est toujours jaune. L'habit maintenant : la base reste la même, mais l'on notera les nids d'hirondelles bleu foncé à galon tricolore et les retroussis blancs, bordés eux aussi du galon tricolore (là encore, cela contredit Bucquoy). Pattes d'épaules bleu à passepoil rouge. A noter la patte de parement (détail déjà signalé plus haut).
Pour Boeswilwald (figure 13a), la tenue est légèrement différente : pas de ganse de cocarde au shako; retroussis bleu foncé bordés d'un galon blanc; patte de parement légèrement différente de celle donnée par Carl. Le type donné par Bucquoy dans sa planche 157 (figure 13b) est indiqué comme provenant de Boeswilwald; cependant, son Tambour de Fusilier a une ganse de cocarde blanche, et les retroussis, bien qu'étant bleu foncé, sont bordés du galon tricolore. Bucquoy a peut être fait la synthèse de ces deux sources ?
Rigo (figure 13c), qui indique comme source les notes manuscrites de Carl, serait curieusement assez d'accord avec Bucquoy et Boeswilwald, si l'on fait abstraction du pompon rond (l'auteur donne par ailleurs les Pompons de Compagnies, tels qu'on les connait pour 1810). Les retroussis sont bleu sans galon, ornés d'étoiles blanches. Pattes de parements bleu foncé passepoilées de rouge. Poches verticales passepoilées de bleu. Galon tricolore, au dos, aux boutons de la taille.
Boeswilwald (figure 14 d'après la collection Schmidt) a donné un Tambour de Voltigeurs, repris par Bucquoy (figure 14a) qui dit a son sujet : "Les voltigeurs ... ont eu ... plus tard ... aussi des tambours que M. Feist a donnés carte 6 d'après un document attribué à Piton et propagé par M. Bezard. Je n'ai pas une confiance absolue en ce document où le galon de livrée a disparu pour faire place à un simple passepoit blanc. Y a-t-il oubli, erreur ou fausse interprétation du document initial Piton ? Notons que ce tambour de voltigeurs ... n'a de nids d'hirondelles". Le Tambour de la Collection Schmidt est daté de l'année 1808. Il est coiffé du shako, surmonté d'un pompon vert, avec par dessus un plumet pour moitié jaune à la base, rouge au sommet. Cordon, glands et raquettes verts. Jugulaires, cercle de visière, ganse de cocarde jaunes. Il porte l'habit de la tête de colonne, mais avec le collet jaune. Le collet, les revers, les parements et les retroussis sont bordés effectivement d'un galon blanc. La patte de parement est rouge passepoilée de bleu. A noter l'absence de boutons sous le revers droit (à gauche pour le lecteur). Les retroussis sont bleu. Epaulettes à corps (à écailles ?) jaune, tournante et franges vertes.
Le type de Bucqoy est quasiment analogue. Cependant, la ganse de cocarde est blanche et le shako n'a pas de cercles de visère. Le collet est passepoilé de rouge. Sous le revers droit, apparaissent trois boutons. L'intérieur des retroussis est blanc.
Passons aux Cornets de Voltigeurs. Bucquoy, outre ce qu'il nous dit sur les Tambours, précise au sujet des Cornets : "Les voltigeurs n'ont eu au début que des cornets (planche 158). Notons que ... les cornets des autres collections ... (n'ont pas) de nids d'hirondelles. Mon ... cornet de voltigeurs (planche 158) (provient) de Piton". A noter que Bucquoy indique que Piton a noté pour les Voltigeurs deux Bataillons différents (planche 159 ; figure 21b) et que de ce fait, les Cornets de Voltigeurs peuvent "donc porter les épaulettes de l'un ou l'autre type. Boeswillwald a donné le cordon du cornet entièrement jaune ; Carl le donne vert ; tous deux donnent au colback des raquettes, mais sans cordon ; il me semble qu'il y a là un oubli et je préfère le document Piton. Tanconville, lui, donne le cordon blanc complet avec ses raquette".
Examinons donc les différents types. Carl (figure 15) donne à son Cornet de Voltigeurs la même tenue qu'à son Tambour de Fusiliers, dont il se distingue par le port du colback, sans cordon, mais avec raquette et gland blancs. Ce colback est doté d'un pompon rond pour moitié rouge à la base, jaune au sommet, surmonté d'un plumet de même pour moitié. Sur le côté pend une flamme jaune à passepoil et gland blancs. Notre Cornet porte des épaulettes entièrement jaunes, est armé d'un fusil, et du sabre briquet à dragonne jaune ; le tirant de cette dernière est jaune, son gland vert. Cornet à cordon et gland verts.
Pour Boeswilwald (figure 15a), le colback est identique. L'habit par contre a le collet jaune. Sous le revers droit, seuls deux boutons apparaissent. Par ailleurs, les retroussis sont bleu, bordés du galon tricolore. Cordon et glands du cornet sont jaunes. Bucquoy (figure 15b) , qui indique comme source Piton, donne un type quasi semblable à celui de Boeswilwald. Il a cependant doté le colback d'un cordon blanc, estimant que l'absence de ce cordon dans les collection alsacienne était une erreur ou un oubli. Les retroussis quant à eux sont bordés du galon tricolore.
Quant à Rigo (figure 15c), qui s'appuie toujours sur les notes manuscrites de Carl, il donne un Cornet qui est assez proche de celui de Boeswilwald et de Bucquoy, mais avec les caractéristiques suivantes : retroussis bleus sans galon, ornés de cors jaunes. Pattes de parements bleu foncé passepoilées de rouge. Poches verticales passepoilées de bleu. Galon tricolore, au dos, aux boutons de la taille. Cornet à cordon et glands verts. Rigo, dans le texte de sa planche 227 (donnée également dans Tradition N°262), donne des indications intéressantes sur le colback : "la flamme de drap jaune soutachée de blanc, se rentre dans la forme en tenue de route ou de campagne. En parade, le cornet rajoute un pompon, un plumet et l'inévitable cordon natté (ici de fil blanc". Voilà donc ce qui explique (en partie) l'absence de cordon chez Carl et Boeswilwald.
En ce qui concerne les Sapeurs, Bucquoy nous dit que "Toutes les collections sont d'accord sur le sapeur (planche 153)". Au premier abord, c'est vrai. Pour le Fichier Carl (figure 16), le Sapeur porte le traditionnel bonnet d'ourson, à plumet rouge, cordon, raquettes et glands blancs. L'habit est rouge à collet, revers, et retroussis bleu foncé; sur chaque bras, haches croisées surmontées d'une grenade, bleu foncé également. Epaulettes à tournante et franges blanches, corps rouge parcouru en son centre par une raie blanche. Tablier de Sapeur blanc; centuron à la taille fermé par une boucle dont la plaque n'a aucun ornement. La banderole porte sabre est ornée d'une grenade en cuivre. Le reste est classique : fusil, hache, sabre, gants à crispins blancs; manteau gris roulé sur le havresac.
Le type de Boeswilwald (figure 16a) est quasi identique : pas de grenade cependant sur la banderole porte sabre; une boucle en cuivre sur la banderole porte giberne; plaque du ceinturon ornée d'une grenade.
Bucquoy, qui cite toujours comme source Piton, Carl et Boeswilwald, donne ce Sapeur (figure 16b) : il est au premier abord identique à celui de Carl (avec cependant le corps des épaulettes entièrement blanc). Rigo (Le Plumet, planche 239 - figure 16c), qui indique toujours comme source les notes manuscrites de Carl, donne une version un peu différente : pas de changement en ce qui concerne le bonnet. Pour l'habit, celui est décrit par l'auteur de la manière suivante : "A cette époque, les draos écarlate et bleu foncé abondent dans les magasins. La mode militaire, mise en pratique après la profonde réforme de 1808, ayant de nouveau rétréci les pans, les poches sont, le plus souvent, figurées en long par un passepoil. Désormais fictifs, les retroussis taillés dans un long triangle de drap sont cousus sur l'habit, la doublure (teinte ici en bleu foncé) restant de cadis. Afin de trancher sur l'uniforme de drap écarlate, les épaulettes sont de fil blanc. Les ornements de manche surmontés d'une grenade sont découpés dans du drap bleu foncé. Boutons de laiton. La culotte blanche entre dans des guêtres classiques d'estamette noire, boutonnées de laiton. Sur le havresac, il a fixé une capote de drap gris, dont la fabrication avait démarré en septembre 1805". En dehors de ces remarques, on notera la patte de parements, rouge passepoilée de bleu; les grenades rouges sur les retroussis, les ornements des banderoles, la plaque de ceinturon, et le port du sabre briquet à la place du sabre de Sapeur.
En ce qui concerne les Officiers, nous avons donné en figure 17 un shako pouvant être attribué au 30e de Ligne, sous réserve de confirmation. L'absence du chiffre 30 sur la plaque de shako peut en effet laisser planer un doute quant à son attribution. Mais n'oublions pas que Rigo donne ce modèle de plaque, alors... Signalons aussi que dans l'ouvrage de C. Blondieau consacré aux Aigles et shakos du 1er Empire, ce shako est présenté comme étant celui d'un Officier d'Infanterie légère, ce qui est sans doute une erreur. En effet, le pompon sous le plumet, le pourtour supérieur, la bordure du bourdalou, tout est semble t'il en métal doré. Quant à la plaque, elle est en cuivre doré, ce qui fait bien penser à un Régiment d'Infanterie de ligne. Notons que ce shako n'a ps de cercle de visière. Quant au plumet, il pourrait désigner un Officier de Grenadiers.
Les Collections Alsaciennes, et plus précisément Boeswilwald (Petits Soldats d'Alsace) donnent l'Officier de Voltigeurs (figure 18). Celui ci porte le colback comme coiffure; il est surmonté d'un pompon rouge, sur lequel est fiché un plumet pour moitié rouge à la base, jaune au sommet. Sur le côté pend une flamme jaune soutachée de blanc; gland blanc. L'habit de cet Officier est par ailleurs classique et ne nécessite aucun commentaire particulier. On notera par contre l'épée portée à l'aide d'un ceinturon non visible, masqué par le gilet ou passé sous les pont de la culotte; et les bottes découpées en coeur, avec galon et gland dorés.
Bucquoy (figure 18a) donne également un Officier de Voltigeurs pour cette période, en indiquant toujours comme source Piton, Carl et Boeswilwald. Il indique dans son texte : "Mon officier ... de voltigeurs (planche 158) (provient) de Piton; ... pour l'officier, il (le cordon du colback) est en argent". Si on le compare au type de Boeswilwald, on constate que le pompon est devenu jaune (or ?). Le colback a été doté d'un cordon, de raquettes et glands. Cet Officier porte une bandrole porte sabre. Pour terminer, les bottes sont à revers fauve. A noter également que sur le hausse col, on distingue nettement un cor, alors que pour le type de Boeswilwald, il semble plûtot s'agir d'une aigle.
Passons maintenant à la troupe, à commencer par les Grenadiers. Les Collections Alsaciennes sont dans les grandes lignes assez d'accords entre elles et ne divergent que sur quelques points. Pour Carl (figure 20), le pourtour du supérieur du shako est rouge. On retrouve la ganse de cocarde jaune. L'habit est des plus classiques, avec les particularités que nous connaissons chez Carl : absence de passepoil sous le collet et au bas du parement. Carl donne le fusil garni de cuivre. Et la dragonne rouge. Boeswilwald (figure 20a) donne le bourdalou rouge et la ganse de cocarde blanche; pas de dragonne et un fusil garni de fer. Bucquoy (figure 20b) pour sa part donne un schéma de synthèse sur lequel le shako n'a pas de ganse de cocarde.
Pour les Voltigeurs, ceux-ci nous sont donnés par Carl (figure 21) ; leur shako a le pourtour supérieur, le cordon, les raquettes, glands et ganse de cocarde jaune; pompon rond pour moitié rouge à la base, jaune au dessus; plumet 1/3 rouge à la base, 2/3 jaune au sommet. Habit habituel chez Carl; épaulettes entièrement jaunes; dragonne jaune à passant rouge; fusil garni de cuivre. Pour Boeswilwald (figure 21a), shako avec bourdalou jaune et ganse de cocarde blanche; pas de dragonne et un fusil garni de fer. Bucquoy (figure 21b) indique que Piton "a noté deux types de voltigeurs dont on trouvera les divergences (planche 159)". Celà nous donne trois schémas : le premier (type général des Collections Alsaciennes) donne le shako (sans la ganse de cocarde) et les épaulettes de Carl; le second et le troisième (documents Piton) donnent un shako sans pourtour supérieur jaune, ni cercle de visière; pour le premier, cordon, raquettes, glands, tournante et franges de l'épaulette sont verts; pour le second, ils sont jaunes.
Pour les Fusiliers, Bucquoy dit : "Sur la planche 159, j'ai donné les caractéristiques du soldat sur lequel les diverses collections sont d'accord". Il devrait dire plutôt globalement d'accord. En effet, dans les grandes lignes, Carl et Boeswilwald donnent chacun un Fusilier sensiblement identique. Pour Carl (figure 22), la ganse de cocarde est jaune; pour Boeswilwald (figure 22a), elle est blanche. On rappellera aussi que chez Carl, il n'y a pas de passepoil sous le collet, ni au bas du parement. La carte Bucquoy (figure 22b) reprend l'aspect de base, mais ne donne pas de ganse de cocarde au shako.
Pour en terminer avec ce premier groupe, remarquons que le Tambour major n'est donné ni par le Fichier Carl, ni par les Petits Soldats d'Alsace. Pourtant, Bucquoy nous dit que ce dernier "est semblable à celui du 2e groupe (planche 161)", c'est à dire celui donné par Wurtz (figure 23). Cela nous amène donc tout naturellement à l'étude des figurines de Wurtz, ou plus précisément à l'étude des différentes sources qui se revendiquent de Wurtz. En effet, il va nous falloir distinguer plusieurs éléments :
- Les figurines présentées au Musée de l'Armée dans le cadre de l'exposition "Rêve d'enfance", qui sont des Wurtz véritables.
- Les figurines présentées par A. Pigeard dans la revue Tradition N°123 (photos du cahier de Wurtz conservé dans la Bibliothèque du Musée de l'Armée ?).
- Les planches des Petits Soldats d'Alsace ayant pour source Wurtz (figurines sur plots du Musée de l'Armée ?).
- Les types donnés par Louis de Beaufort pour le Briquet (N°4 de 1969). L'auteur mentionne dans son texte comme sources Wurtz, Boersch et Carl, mais, sur la planche qui accompagne cet article, il est indiqué comme source H. Boisselier d'après Wurtz. Cette planche présente par ailleurs de nombreuses similitudes avec les types des Petits Soldats d'Alsace. Conclusion : H. Boisselier a croqué les types de Wurtz ; ses dessins ont ensuite très certainement servi de base à L. de Beaufort; mais aussi à Achard (directement ou par l'intérmédiaire de L. de Beaufort, ou de H. Rommel, car n'oublions pas que tous ces gens étaient en contact entre eux. La difficulté ici étant de savoir qui a fourni qui !), qui a publié la série sur les Petits Soldats d'Alsace.
- Le fichier Wurtz, notes de Darbou. Ont elle été établies à partir du cahier conservé dans la Bibliothèque du Musée de l'Armée, ou à partir des figurines sur plots exposée au Musée de l'Armée ? Nous avons consulté, il y a bientôt 20 ans, le cahier de Wurtz dans lequel se trouvent des figurines peintes et collées sur les pages. Ces figurines sont parfois différentes de celles montées sur plot et exposées dans les vitrines du Musée de l'Armée.
- Les planches de Bucquoy ayant pour source Wurtz : "La collection Wurtz a fourni à M. Boisselier le modèle de tous ses types des planches 160 à 166".
- Les planches de Charmy (Splendeur des Uniformes de Napoléon). Dans le texte qui accompagne les planches de Charmy, la source n'est pas indiquée, mais il est quasiment certain que l'auteur a travaillé à partir de Wurtz. Seule une planche a sa source mentionnée : "La Collection Alsacienne"; on verra qu'il s'agit en fait d'une planche de Tanconville, elle même basée en partie sur Wurtz.
Tous ces documents ne sont pas sans contradictions et compliquent véritablement notre démarche.
Commençons par le Tambour major (figure 23). Celui-ci nous est tout d'abord donné par les Petits Soldats d'Alsace (planche 64). Ce Tambour major est coiffé d'un chapeau dont le galon, les pompons des cornes, la ganse de cocarde sont dorés. Par dessus, un plumet rouge. L'habit est rouge; col et revers sont bleu foncé. Retroussis blancs. Galon doré aux col, revers, et retroussis. Boutons, trèfles, galons de grade, poignée et bout de sabre, dragonne or. Banderole porte sabre bleu foncé bordée de galons or; porte baguette or. Gants à crispins blancs. Bottes à revers fauve. Canne à pommeau, pointe, cordons et glands argent. Henri Boisselier a donné pour Bucquoy presque exactement le même Tambour major (figure 23a), mais la banderole porte sabre est noire. Il s'agit peut être d'une erreur d'interprétation de la couleur, bleu foncé. L. de Beaufort le donne également (figure 23bis) : "chapeau noir, galon, soutaches et glands or, plumet rouge; habit rouge, retroussis blancs, collet, revers bleu foncé galonnés d'or; deux trêfles d'or, galons de grade or; banderolle porte baguette bleu foncé galonnée et ornée d'or; gilet et culotte blancs, bottes à revers fauve; canne en bois naturel embout pommeau et chaînettes argentés". C'est bien le Tambour major des Petits Soldats d'Alsace.
Comparons ces trois représentations avec la description du Tambour major en 1810 d'après le Fichier Wurtz : "Chapeau porté en bataille, ganse de cocarde en or. Plumet et olive écarlate. Habit écarlate, collet et revers bleu foncé bordés d'un galon d'or. Parements bleu foncé liserés de blanc et patte de parement écarlate liserée de blanc. Retroussis écarlate liserés de blanc. Galon de grade et trêfles d'épaules en or. Veste et culottes blanches. Bottes à revers. Sabre à la turque doré. Baudrier noir galonné d'or avec plaque dorée. Canne à pomme et chainette d'argent". De toute évidence, la tenue est légèrement différente. Mais comment expliquer ces différences ? Là est toute la difficulté.
Charmy (figure 23b) donne également le Tambour major. Dans un certain nombre de ses planches, l'auteur attribue la distinctive (et aussi les passepoils) noire à ses personnages, mais le texte d'accompagnement de ces planches précise souvent que ce noir est peut être un "bleu très foncé". C'est d'ailleurs bien ainsi qu'il faut le voir (on verra que sur les Wurtz originaux exposés au Musée de l'Armée, le bleu foncé est quasiment noir, et peut effectivement prêter à confusion). Certains éléments de ce Tambour major recoupent le Fichiers Wurtz : parement et patte de parements, sabre à la turque; d'autres sont en accord avec les Petits Soldats d'Alsace, notamment les retroussis blancs. Il y a aussi des éléments nouveaux mais pas forcément faux : les tirants du chapeau, ou les chevrons d'ancienneté par exemple. Remarquons aussi que Charmy double le galon doré d'un passepoil noir (bleu foncé) "aux retroussis, aux revers et aux poches" (pour ces dernières, il est pas précisé si il y a un galon doré, mais il est plausible.
Passons au Tambour major de Rigo (figure 23c). Rigo indique dans sa planche que le Tambour major n'est pas donné par les notes manuscrites de Carl et qu'il s'est donc basé sur le Tambour major de Wurtz (Musée de l'Armée) pour établir son type. Premier élément : le chapeau est celui donné par Charmy. En ce qui concerne l'habit, le col, les revers, les parements et les pattes de parement sont bleu foncé. Galon doré au col, revers, parements, poches verticales, et au dos à la taille. A noter que la patte de parement est bordée d'un passepoil rouge, et que les poches sont elles passepoilées de blanc. Les retroussis sont blancs, sans passepoil ni galon; ils sont ornés de grenades dorées placées sur un tissus rouge. Le reste est analogue aux types donnés par les Petits Soldats d'Alsace et Bucquoy.
En ce qui concerne les Musiciens (figure 24), les choses sont un peu plus compliquées. Nous disposons d'une photo des Wurtz présentés lors de l'exposition Rêves d'enfance, mais celle ci est hélas floue. Ce qui fait qu'il ne nous est guère possible de distinguer certains détail, et ce malgré tous nos efforts pour la rendre plus nette. Essayons tout de même de décripter l'essentiel. Le shako est doté d'un pompon, d'un plumet, de cordons et raquettes blancs. Jugulaires, cercle de visière et plaque à l'aigle jaunes. Cocarde sans ganse. En ce qui concerne l'habit (rouge), le col, les revers, les parements sont bleu foncé; la patte de parement et les retroussis (que l'on devine à peine sur certains personnages) sont rouges. Sur certains Musiciens, l'on constate la présence d'un galon apparemment jaune au col; impossible par contre de dire si les revers en sont dotés. Pour les parements, on voit nettement un passepoil blanc; par contre, rien pour la patte de parements. Sur les épaules, des trêfles dorés. Certains Musiciens portent des gants à crispins noirs. Ceinturon porte épée portés sous les ponts de la culotte blanche. Epée sans dragonne. Bottes découpées en coeur, sans galon ni gland. Notons que pour certains Musiciens, le bleu est presque noir. Le dessin de Pierre Albert Leroux (figure 24bis - Collection A. S. K. Brown; avec l'aimable autorisation de Mr Peter harrington)semble aller dans le sens de cette description (avec la patte de parement et le parement cependant bordés dun galon doré).
Alain Pigeard a publié il y a quelques années une figurine attribuée également à Wurtz (figure 24a). Il ne précise cependant pas l'origine de ce document. Par rapport au Musicien précédent, on trouve des similitudes, à commencer par le shako, identique. Même chose en ce qui concerne les bottes ou l'épée. Par contre, pour l'habit, l'on constate la présence d'un galon doré au col et aux revers, mais pas aux parements. Ces derniers n'ont même pas de passepoil blanc. La patte de parement est toujours rouge, mais elle est cette fois passepoilée de bleu. Les retroussis ne sont pas visibles; il est donc impossible de dire si ils sont rouges ou blancs.
Détail du décor de la Grosse caisse, d'après le Fichier Wurtz |
Que dit maintenant le Fichier Wurtz ? Il nous donne la description suivante : "Shako de fusiliers. Cordon blanc. Plumet et olives blanc. Habit écarlate. Collet bleu foncé galonné d'or. Revers et parements bleu foncé liserés de blanc. Pattes de parements et retroussis écarlates liserés de blanc. 2 contre épaulettes en or. Veste et culottes blanches. Bottes coupées en coeur sans galonnage. Sabre briquet ave ceinturon blanc passant sous le pont de la culotte. La grosse caisse est peinte en bleu foncé avec aigle en or, drapeaux tricolores, feuillages verts, banderole rouge. L'instrumentiste porte un tablier blanc et des crispins noirs. Le cymbalier et le chapeau chinois ont également des crispins noirs. Ce dernier porte son instrument au moyen d'un baudrier blanc. Le chef de musique a les galons de sergent major". C'est à peu de choses la description des Wurtz sur plots.
Dans les Petits Soldats d'Alsace, nous avons un Musicien légèrement différent (figure 24b). Pas de problème en ce qui concerne le shako ou l'épée. Par contre, le col, les revers, les parements, les pattes de parements, les retroussis sont bordés cette fois d'un galon or. Si la patte de parement est toujours rouge, les retroussis quant à eux sont blancs. Quant aux bottes, elles sont à revers fauve. Nous en somme donc à quatre types différents, tous se revendiquant, directement ou indirectement, de Wurtz.
Comparons les avec les autres documents. Le Musicien donné dans les cartes Bucquoy 24c), réalisé par H. Boisselier, correspond pour le shako et l'uniforme au type des Petits Soldats d'Alsace. Cependant, l'épée est dotée d'une dragonne; quant aux bottes, si elles sont bien découpées en coeur, elles ont également un galon et un gland dorés ! C'est le Musicien que nous donne Louis de Beaufort (figure 24bis) : "shako noir, cordon, raquettes, plumet et pompon blancs; habit rouge, collet, revers, parements, retroussis bleu à galon d'or; pattes de parements rouges à galon d'or; boutons dorés, trêfles or, culotte blanche, bottes noires à garniture or; ceinturon blanc, épée à poignée et embout de cuivre; basson de bois naturel à ornements de cuivre". Nous en sommes donc à 5 types différents; cependant, nous pensons que le Musicien des Petits Soldats d'Alsace a peut être été mal représenté, avec ses bottes à revers fauve.
Pour les Musiciens de Charmy (figure 24d), si l'on fait abstraction de la couleur distinctive noire (qui de l'aveu même de l'auteur est en fait un bleu foncé), les types represéntés sont assez proches du Musicien donné par A. Pigeard. Le shako reste le même; on retrouve un galon doré au col et au revers; les bottes n'ont ni galon ni gland; épée sans dragonne. Quelques remarques cependant. Le galon doré du col est bordé d'un passepoil extérieur rouge; nous retrouvons ce passepoil (noir/bleu cette fois) sur les revers, mais aussi les retroussis qui sont blancs, bordés du galon doré. Deux des Musiciens portent des gants à crispins, noirs (notes de Charmy : "La grossse caisse, les cymbaliers, le chapeau chînois ont les crispins noirs, tous les autres musiciens ont les gants blancs simples"); c'est ce que nous voyons sur les figurines de Wurtz. Pour l'un d'entre eux, le parement et la patte de parement sont visibles : le parement est bordé du galon doré et d'un passepoil blanc, passepoil que l'on retrouve sur la patte de parement. L'arrière des basques est également visible : cela nous permet de constater que les poches sont bordées du galon doré à passepoil noir/bleu. Sur les retroussis se trouvent des ornements dorés, sans doute des grenades.
L'étude des Musiciens s'est avérée complexe. Celle du Tambour maître l'est tout autant. Commençons par celui donné par Wurtz (figure 25). Celui-ci porte le colback, avec pompon, plumet, cordon, raquette et gland rouges. L'habit est à priori celui des Musiciens : fond rouge; col, revers, parements bleu foncé (presque noir) ; patte de parement et retroussis (à peine visible dans l'entre-jambe) rouges. Galon jaune ou aurore au col (ou même rouge ?); les revers ne semblent pas en être dotés. Parements et patte de parement passepoilés de blanc. Epaulettes blanches; guêtres noires; manteau roulé gris sur le sac; banderole ornée d'une grenade en cuivre. canne à pommeau et bout cuivre; cordon peut être rouge. Pour les galons de grade, ils sont bleu foncé, contrairement aux chevrons d'ancienneté qui eux sont bleu céleste.
Charmy (figure 25a) donne un Tambour maître assez proche de celui que nous venons de décrire (avec toujours le noir comme distinctive). Cependant, le col est passepoilé de rouge. On notera aussi que "les galons et les brisques sont bleu de roi" (sic). Passepoils rouges sur les passants d'épaulettes; noir/bleu le long des retroussis qui sont ici blancs ornés de grenades rouges.
Dans le Fichier Wurtz, le Tambour maître est décrit de la façon suivante : "Colback noir sans flamme. Cordon blanc avec une raquette à gland pendant à droite. Plumet et olive écarlate. Tenue des tambours de grenadiers. Galons de sergent en or. Grenade en cuivre sur le porte sabre. Canne à pomme en cuivre et cordelière rouge". La tenue des Tambours de Grenadiers est la suivante : "Habit écarlate. Collet et revers bleu foncé, bordés d'un galon écarlate. Parements bleu foncé liseré de blanc, pattes de parement et retroussis écarlates liserés de blanc... Epaulettes blanches à franges pour les grenadiers. Veste et culotte blanches. Briquet... à dragonne écarlate pour les grenadiers... Les chevrons d'ancienneté sont bleu foncé". Cette description est intéressante dans la mesure où elle indique que le collet et les revers sont bordés d'un galon écarlate, ce qui donne raison à Charmy.
A ce stade de l'étude des figurines Wurtz, nous vient une réflexion : ces figurines étaient exposées dans des vitrines, avec un éclairage plus ou moins éfficaces. Difficile aujourd'hui d'en avoir une photo suffisamment précise pour en avoir une vision détaillé ! Alors, remontons en arrière et imaginons qu'à l'époque des Charmy ou des Boisselier et Darbou, il aurait fallu, pour les étudier, sortir ces figurines de leur vitrine, ce qui bien entendu était impossible. La seule solution était donc de prendre des notes "à distance" derrière la vitrine. Donc, les erreurs d'interprétation, les différences signalées jusque là ont leur explication. Mais cela ne solutionne pas le fond du problème : quelle est la bonne version ?
Ce n'est pas la Suite des Petits Soldats d'Alsace qui va nous permettre de trancher. En effet, le Tambour maître représenté (figure 25b) porte une tenue là encore sensiblement différente. A commencer par le colbac : pas de cordon, ni glands ou raquettes, mais une flamme rouge se terminant par un gland blanc. Le col, les revers, les parements, la patte de parements et les retroussis sont bordés d'un galon doré. Les retroussis sont blancs. Les galons de grades sont dorés. L. de Beaufort (in Le Briquet N°04 de 1969), qui rappelons le, indique comme source H. Boisselier, le donne également (figure 25bis) : "habit rouge, collet, revers, parements bleu à galons jaunes, patte de parement rouge à galon jaune, retroussis bleu (?), galons de caporal blancs, épaulettes blanches, gilet et culottes blancs, guêtres noires à boutons de cuivre; manteau gris roulé sur le sac, briquet avec baudrier blanc orné d'une grenade de cuivre; colback noir, plumet, pompon rouge, flamme rouge à passepoil et gland blancs; canne en bois naturel, pomme et embout de cuivre, cordonnet et glands rouges". Là encore, de nouvelles indications qui ajoutent davantage de confusion ! Et pourtant, il y a tellement de ressemblance entre le type des Petits Soldats d'Alsace et le dessin de L. de Beaufort ! Mais alors, le bleu des retroussis ne devrait il pas être plutôt du blanc ? Le blanc des galons ne devrait il pas être du bleu ? Boisselier aurait il introduit une erreur ? C'est fort probable, mais alors Bucquoy lui même l'aurait colportée si l'on regarde le Tambour maître qu'il a proposé en son temps dans ses cartes, d'après un dessin de ... H. Boisselier (figure 25c). C'est en effet le même personnage que celui que nous voyons dans la planche des Petits Soldats d'Alsace mais avec des galons de grade effectivement blancs ! Quant à Louis de Beaufort, il a très certainement commis une erreur dans son texte, en confondant bleu et blanc pour la description des retroussis, le bleu des retroussis correspondant à la période antérieure à Wurtz. Nous donnons également en figure 25ca le Tambour maître de A. Yéjov, qui est la copie conforme de celui de Boisselier pour Bucquoy.
L'étude du 30e de Ligne semble dès le départ avoir été complexe, et Maitre Tanconville lui même s'y est empétré qui, dans ses Garnisons d'Alsace, a proposé un Tambour maître qu'il a par la suite reconnu corrompu (cf Bucquoy - voir le texte de la figure 11). Ce Tambour maître, nous le donnons en figure 25d : Colback à flamme rouge (le gland est également rouge) sans plumet, ni pompon ou cordon, avec sur le devant une grenade en cuivre frappée du chiffre 30. Col, revers, parements, pattes de parements sont ornés d'un galon doré. Trèfles or (mais sont ce vraiment des trèfles, rien n'est moins probable) posés par dessus des nids d'hirondelles bleu foncé galonnés d'or. Retroussis bleu foncé. Galons de grade et chevrons d'ancienneté bleu. Sur le baudrier porte sabre, une plaque (porte baguette) en cuivre. Canne à cordon bleu, blanc et rouge mêlés. Guêtre blanches. Avec le recul, plus d'un siècle plus tard, et au travers de tout ce que nous venons d'étudier, force est de constater que tout cela relève de la fantaisie la plus complète !!! Pourtant, le Tambour maître de Tanconville a été diffusé, copié, sans être remis en question (en dehors de Tanconville lui même pour Bucquoy). La gravure signée E. R (que nous donnons en figure 25da), datant très certainement de la première période du 20e siècle, en est une preuve manifeste. Pour les autres auteurs, il y a tout d'abord Charmy (figure 25e) pour qui les trèfles dorés sont en fait des "contre épaulettes en cuivre" (sic). Et qui dote en plus notre Tambour maître doté d'un manteau roulé de couleur ocre. Après lui, c'est René North qui le reprend (figure 25f), là encore sans modifications notables. Pour terminer, le dessinateur allemand K. Tohsche l'a reproduit par deux fois (figures 25g et 25h) : dans les deux cas, l'intérieur du corps de la "contre épaulette" est rouge.
L'étude des Tambours sera t'elle plus simple ? Rien n'est moins sur. Wurtz a représenté le Tambour de Grenadiers (Exposition Rêves d'enfance - figure 26). Celui-ci est coiffé du shako, sans ganse de cocarde, avec plaque à l'aigle, jugulaires et cercle de cuivre; pourtour supérieur, pompon, plumet, cordon, raquettes et glands rouges. L'habit est celui du Tambour maître : fond rouge; col, revers, parements bleu foncé (presque noir) ; patte de parement et retroussis rouges. Galon jaune ou aurore au col. Parements et patte de parement passepoilés de blanc. Epaulettes blanches; guêtres noires; manteau roulé gris sur le sac; chevrons d'ancienneté bleu céleste. Tout le reste est absolument classique.
Le Tambour de Grenadiers de Wurtz donné par A. Pigeard (figure 26a) est sensiblement différent. En effet, cette fois-ci, les revers et les parements (mais pas les retroussis) sont également bordé du galon jaune. La patte de parement quant à elle est passepoilée de bleu. Quant aux épaulettes, elles sont désormais rouges. Sur le type présenté, il n'y a pas de chevrons d'ancienneté. Tout cela est extraordinaire !
Que nous dit le Fichier Wurtz ? "Shako de la compagnie (Note : c'est celui des deux types précédents). Habit écarlate. Collet et revers bleu foncé, bordés d'un galon écarlate. Parements bleu foncé liseré de blanc, pattes de parement et retroussis écarlates liserés de blanc. Epaulettes blanches à franges pour les grenadiers. veste et culotte blanches. Briquet à dragonne écarlate pour les grenadiers. Caisses à cercles bleu clair. Les chevrons d'ancienneté sont bleu foncé". Encore donc des divergences !
Passons alors aux Petits Soldats d'Alsace (figure 26b), et constatons que là encore, nous avons à faire à un autre type. En effet, non seulement ce sont le collet, les revers, les parements, leurs pattes, et les retroussis qui sont bordés d'un galon doré, mais de plus, le bourdalou du shako est maintenant rouge. Par ailleurs, contrairement à ce que nous voyons sur les Wurtz exposés et dans le Fichier Wurtz, les retroussis sont blancs. Remarquons aussi sur la banderole porte sabre la présence d'une grenade en cuivre, qui n'apparait pas sur les deux types précédents. Concernant le bourdalou du shako, nous avons au départ pensé qu'il s'agissait d'une erreur dans le texte descriptif des Petits Soldats d'Alsace; or, cette caractéristique apparait dans le Tambour de Grenadiers donné par L. de Beaufort (figure 26bis - Le Briquet 1969/4) dont la descrption est la suivante : "comme le tambour maître sus décrit mais shako noir avec galon du haut et du bas rouge, visière cerclée de cuivre, jugulaires de cuivre, aigle de cuivre, cordon, raquettes et pompon et plumet rouges, deux épaulettes blanches, banderolle porte sabre blanche ornée d'une grenade de cuivre, banderolle porte tambour blanche ornée d'une plaque porte baguette de cuivre, baguettes noires, tambour de cuivre, cercle bleu, tirants blancs, sabre briquet".
H. Boisselier pour Bucquoy a également donné ce Tambour de Grenadiers (figure 26c); c'est le Tambour des Petits Soldats d'Alsace, mais sans bourdalou rouge. Il figure également parmi les planches de Charmy (figure 26d) et se rapproche assez des Wurtz exposés au Musée de l'Armée (en faisant abstraction de la couleur distinctive noire bien sur), mais avec les caractéristiques suivantes : collet passepoilé rouge, retroussis blancs, manteau beige sur le havresac. A noter les chevrons, bleu céleste.
Nous donnons également en figure 26ca le Tambour maître de A. Yéjov, qui est la copie conforme de celui de Boisselier pour Bucquoy.
Tous les autres Tambours de Grenadiers doivent être considérés comme faux car basés sur la planche de Tanconville qui, rappelons le, a mélangé des informations tirées de plusieurs sources pour réaliser sa planche. Ainsi, le Tambour qu'il donne (figure 26e) porte des nids d'hirondelles galonnés d'or, et des pattes d'épaules rouges. Collet et revers sont galonnés d'or. Parements et pattes de parements (bleues) passepoilés de blanc, tout comme les retroussis qui par ailleurs paraissent également être blancs. A noter que le Tambour a un manteau beige sur son havresac, ce qui justifierait Charmy puisque ce dernier a également repris le Tambour de Tanconville (figure 26f), mais en l'altérant partiellement : plaque de shako en losange, parements et pattes de parement galonnés d'or, retroussis bleu, guêtres blanches. Le texte de Charmy dit : "Il est à remarquer que le tambour de grenadiers a des pattes d'épaule rouges avec bouton à l'emmanchure au lieu de l'épaulette à franges... les guêtres blanches ou noir selon la saison". Effectivement, ces pattes d'épaules rouges sont choquantes. C'est sans doute pour cette raison que R. North (figure 26g) les a soigneusement masquées. Pour le reste, c'est le même type que celui que nous voyons chez Charmy, mais avec la plaque à l'aigle, et les guêtres noires.
Nous en arrivons aux Fifres de Grenadiers. Ceux ci ont été reproduits pour la Suite des Petits Soldats d'Alsace (figure 27); c'est la même tenue que pour le Tambour tiré de la même source. H. Boisselier pour Bucquoy l'a également donné (figure 27a). Si l'on fait abstraction du bourdalou rouge pour le 1er, les deux types sont analogues (avec en plus la grenade en cuivre sur la banderole porte sabre pour le 2e type). A noter cependant que d'après le Fichier Wurtz, les Fifres de Grenadiers portent la même tenue les Tambours de Grenadiers, ce qui implique donc d'après cette source : "Shako de la compagnie. Habit écarlate. Collet et revers bleu foncé, bordés d'un galon écarlate. Parements bleu foncé liseré de blanc, pattes de parement et retroussis écarlates liserés de blanc. Epaulettes blanches à franges. Veste et culotte blanches. Briquet à dragonne écarlate". Quant à L. de Beaufort, il déclare simplement que "les fifres de grenadiers ont exactement le même uniforme que le tambour", ce qui veut dire que c'est le type donné par les Petits Soldats d'Alsace.
Pour les Tambours de Fusiliers (figure 28), nous disposons en premier lieu des figurines Wurtz présentée au Musée de l'Armée lors de l'exposition Rêves d'enfance. Et bien entendu, nous retombons sur les mêmes difficultés que pour les Musiciens et les Tambours de Grenadiers. Le shako est classique : pas de cordons, de raquettes ou de glands, pas de ganse de cocarde, mais plaque à l'aigle et jugulaires en cuivre. Pas de cercle de visière par contre. Pour l'habit, c'est à priori celui du Tambour de Grenadiers : fond rouge; col, revers, parements bleu foncé (presque noir) ; patte de parement et retroussis rouges. Galon jaune ou aurore au col. Parements et patte de parement passepoilés de blanc. Mais ne devinerions nous pas le long de certains revers un galon jaune à peine visible ??? Pattes d'épaules rouges passepoilée de blanc; guêtres noires; manteau roulé gris sur le sac; chevrons d'ancienneté bleu céleste. Tout le reste est absolument classique.
Pour le Fichier Wurtz : "Shako de la compagnie. Habit écarlate. Collet et revers bleu foncé, bordés d'un galon écarlate. Parements bleu foncé liseré de blanc, pattes de parement et retroussis écarlates liserés de blanc. Epaulettes sans franges écarlates liserées de blanc. Veste et culotte blanches. Briquet sans dragonne. Caisses à cercles bleu clair. Les chevrons d'ancienneté sont bleu foncé". Ouf ! Cette description est presque en accord avec les figurines exposées !
Malheureusement, la suite est différente. En effet, le type donné par les Petits Soldats d'Alsace (figure 28a) donne au shako un cercle de visière en cuivre, et le galonnage doré pour l'ensemble de la tenue; quant aux retroussis, ils sont blancs. H. Boisselier pour Bucquoy (figure 28b) donne exactement le même type; on remarquera les poches sur les basques de l'habit, galonnées d'or. L. de Beaufort est en accord avec les deux précédents : "shako noir, aigle et jugulaires de cuivre sans cordons, pompon bleu foncé, pattes d'épaule rouges à passepoils blanc; le reste comme le tambour de grenadiers". Charmy pour sa part parait (figure 28c) plus proche des types du Musée de l'Armée (tout est relatif !) : même shako, mais passepoil rouge au collet, retroussis blancs bordés d'un passepoil noir/bleu, passepoil que l'on retrouve également sur les poches.
Pour les Fifres de Fusiliers (figure 29), pas de polémiques : une seule représentation nous est parvenue, c'est celle que nous voyons chez Bucquoy qui reprend la tenue des Tambours sans aucune restrictions. D'ailleurs, dans le Fichier Wurtz, la tenue décrite est celle des Tambours de Fusiliers (avec les variantes que l'on connait) et Charmy dans son travail se contente de préciser qu'ils ont le même uniforme que les Tambours.
Nous en arrivons donc aux Sapeurs, en espérant cette fois que les choses seront plus simples. Commençons par le Caporal Sapeur. Nous disposons d'une première représentation, qui a été publiée dans Tradition par A. Pigeard (figure 30), comme étant une figurine Wurtz. Celui-ci porte le bonnet à poils, avec cordon, raquette, glands blancs et plumet rouge. Contrairement à la tête de colonne, notre homme porte l'habit bleu, avec collet et revers rouges. Les revers sont bordés d'un galon jaune. Sur les bras, on devine des haches croisées rouges, sans grenade. En dessous des revers, on devine un début de liseré blanc (les retroussis sont ils également blancs ?). Notre Caporal a semble t'il le (ou les) galon de grade rouge. Il porte des épaulettes rouges. Gants à crispins blancs. Banderole porte sabre ornée d'une grenade et d'une plaque ronde (motif non visible) en cuivre. Ceinturon à la taille avec plaque en cuivre sans motif visible. Pistolets. Sabre de Sapeur, avec poignée à la turque. Tablier blanc; guêtres noires à boutons jaunes. Pour terminer, ce Caporal sapeur est décoré de la Légion d'Honneur.
Dans l'Album des Petits Soldats d'Alsace, le Caporal sapeur est tout autre (figure 30a) : En effet, l'habit n'a aucun galon doré; par ailleurs, sous le revers, le liseré est rouge. Les galons de grade sont aurore et il n'y a pas de haches croisées sur les bras (c'est peut être une erreur car le Sapeur tiré de la même source en est doté). La plaque de ceinturon est frappée d'une grenade; il n'y a qu'une grenade en cuivre sur la banderole porte sabre, sabre qui par ailleurs est d'un modèle différent. Enfin, notre Caporal sapeur n'a pas de Légion d'Honneur.
Détail des banderoles de Sapeurs d'après le Fichier Wurtz |
Le Fichier Wurtz donne la tenue des Sapeurs : "Bonnet à poil sans plaque, cordon blanc plumet écarlate. Habit bleu foncé. Revers et retroussis écarlates. Sur les manches, 2 haches croisées surmontées d'une grenade brodées en écarlate. Epaulettes écarlates. Buffleteries blanches à ornements de cuivre. Ceinturon blanc à plaque de cuivre. Tablier blanc prenant sous l'habit et crispins blancs. Sabre de sapeur. Fusil porté en bandoulière. Hache.
Sergent sapeur : Haches et galons de son grade en or. Ni hache, ni fusil ni giberne. Sabre à la main. 2 pistolets à la ceinture".
Pour L. de Beaufort : "Bonnet d'ourson noir, gland, cordons blancs, plumet rouges; habit bleu, collet, revers, haches découpées sur les manches, épaulettes rouges, buffleterie blanche à ornements de cuivre; guêtres noires, tablier blanc, gants blancs, ceinturon blanc à plaque de cuivre; hache à manche de bois noir embout de cuivre; le reste comme la troupe. Nota : le caporal sapeur n'a qu'une banderolle porte sabre ornée d'une grenade de cuivre; son ceinturon supporte deux pistolets; galons de caporal rouge".
Passons aux Sapeurs, à commencer par celui tiré des Petits Soldats d'Alsace (figure 31). Il correspond en tout point à la description faite par L. de Beaufort (figure 31bis). H. Boisselier pour Bucquoy (figure 31a) est assez d'accord avec les autres sources, bien qu'ayant ajouté des grenades rouges par dessus les haches croisées des bras, et modifié les ornements de banderoles (grenades et haches croisées); à noter la poignée de sabre en forme de tête de coq. Charmy (figure 31b) enfin le donne sans grandes modifications, si ce n'est peut être un passepoil blanc au collet, des retroussis qui sont nettement rouges mais c'est ce que donne Wurtz, et le sabre ; le manteau est beige.
L'étude de la tête de colonne est enfin achevée. Nous en arrivons donc aux Officiers et à la troupe. Nous allons continuer d'étudier les types de Wurtz, mais en les comparant à d'autres sources dont les représentations semblent couvrir la même période que les figurines Wurtz.
Commençons par le Colonel du Régiment. Celui-ci est donné par Bucquoy dans ses cartes (figure 32), d'après un dessin de H. Boisselier. Bucquoy avait insisté en son temps sur "le harnachement du colonel (planche 164)". Ce Colonel porte un shako surmonté d'un pompon or et d'un plumet blanc; le pourtour supérieur et le bourdalou, le cordon, les raquettes et glands, la plaque de shako, le cercle de visière et les jugulaires sont dorés. L'habit est classique. Pour le reste, on notera les gants blancs et les bottes à revers fauves; le ceinturon porte épée passé sous les ponts de la culotte; et la Légion d'Honneur. En ce qui concerne le harnachement, on notera particulièrement la plaque de poitrail découpée en forme de coeur et frappée du chiffre 30. Le tapis de selle et les fontes de pistolet, richement galonnées d'or avec franges extérieures également or; et dans l'angle inférieur, le chiffre 30 en or.
Détail du tapis de selle du Colonel d'après le Fichier Wurtz |
Le Fichier Wurtz mentionne ce Colonel mais avec un certain nombre de différences : "Même shako et même plumet que les deux précédents (note : il s'agit du shako du Porte aigle et de l'Adjudant major savoir : "Shako à cordon or, plumet blanc à tulipe dorée"), tenue d'Officier de fusiliers (note : l'habit des Officiers est indiqué comme étant celui de la Compagnie, savoir : "Habit bleu foncé, collet et parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate") avec épaulettes du grade. Bottes à revers et épée. Son tapis de selle est bleu foncé avec galon, franges et N° en or. Le couvre fonte est en peau de tigre".
Le Colonel est donné dans l'Uniformenkunde 19/11 par G. Schäfer d'après un Manuscrit du Docteur Beck (figure 32a). Le type est daté de la période 1810-1812. Dans ses grandes lignes, ce Colonel est quasiment identique à celui donné par Bucquoy. On notera cependant que les chevrons du shako ne sont pas visibles, que le pompon du shako est blanc, et que ce Colonel porte une banderole porte sabre. C'est sans aucun doute cette source qui a servi de base au dessin de K. Tosche (figure 32b) qui lui le date de la période 1810-1811. René North quant à lui (figure 32c) donne un Colonel en 1813 dont le shako est légèrement différent : pompon tulipe doré et chevrons inversés or; habit à pattes de parements rouges passepoilées de blanc; bottes à l'écuyère; sabre à fourreau de fer. Remarquons qu'il n'y a pas de passepoils sur les revers et les retroussis.
Passons ensuite au Major du Régiment. Il s'agit de Jean Baptiste Plaige (figure 33). Ce portrait réalisé vers 1812 est intéressant à plus d'un titre. En effet, il confirme certains aspects des figruines de Wurtz, à commencer par le shako, doté de la plaque à l'aigle, shako doté également de chevrons, mais inversés (ce portrait n'est d'ailleurs pas sans rappeler le dessin de R. North présenté ci-dessus; c'est peut être ce dernier qui a servi de base au dessin de North), et d'un bourdalou, le tout doré. Il y a également sur le devant du shako une ganse de cocarde dorée. La tenue est pour le reste classique, analogue à celle que nous voyons chez Wurtz. Remarquons le ceinturon porte sable, à la chasseur, en cuir rouge bordé d'or, le fourreau entièrement doré, et les bottes à l'écuyère. Pour terminer, la Légion d'Honneur. Pour terminer, notre Officier porte deux épaulettes à grains d'épinards; dorées.
Qu'en est il des autres Officiers ? Dans les Petits Soldats d'Alsace, nous trouvons un Officier de Grenadiers d'après Wurtz (figure 34). Celui-ci est coiffé du shako, avec pourtour supérieur, cordon, raquettes, glands, plaque à l'aigle, jugulaires et cercles de visère dorés. La tenue pour le reste est identique à celle portée par le Colonel de Bucquoy. Banderole porte sabre passée par dessus la contre épaulette.
Le Fichier Wurtz, pour les Officiers de Grenadiers, donne les indications suivantes : "Shako à pourtour supérieur supérieur en or. Cordon en or pour compagnies d'élite. Plumet de la compagnie à olive en or pour compagnies d'élite. Habit de la compagnie (Note : l'habit des Grenadiers est indiqué comme suit : "Habit bleu foncé, collet et parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate"). Epaulettes en or. Hausse col doré. Bottes à revers. Sabre ou épée portée en ceinturon passant sous le pont de la culotte".
Louis de Beaufort, dans son article paru dans le Briquet 4 de 1969, donne également une description de l'Officier de Grenadiers d'après Wurtz : "plumet rouge, pompon orange (?), galon d'or au haut du shako ainsi que cordon, raquettes, etc; épaulettes du grade or, hausse col or à aigle argent, épée à poignée dorée ainsi que la dragonne, fourreau de cuir noir, bottes noires à revers fauves"; c'est l'Officier des Petits Soldats, le pompon orange devant être considéré comme une erreur.
Les Officiers de Grenadiers du 30e ont il porté le bonnet à poil ? Bucquoy a affirmé en son temps que c'est "Victor seul (planche 167) qui donne aux grenadiers du 30e le bonnet à poil". Or, dans le Manuscrit dit du Petit Suhr, que l'on peut dater aux alentours de 1810-1812, se trouve un Officier du 30e, portant le dit bonnet. Nous avons la chance d'avoir une photographie (certe de mauvaise qualité) du document original (figure 35), que nous recouperons avec la copie fac-similée en noir et blanc publiée par la suite (figure 35a). "Bonnet d'ourson noir, plumet écarlate, cordon, pompons et raquettes or. Habit bleu foncé, collet et parements écarlates à passepoils blancs, revers blancs à passepoil écarlate, pattes de parements bleu foncé à passepoil écarlate, retroussis blancs, épaulette et contre épaulette or, banderole blanche. Gilet et culotte blancs. Bottes noires à revers fauves. Epée à garde et dragonne dorées. Gants de cuir fauve. Hausse col doré à motif central argent. Fourreau d'épée noir à bout doré". Constatons que le bonnet, comme pour les Sapeurs de Wurtz, n'a pas de plaque qu'en dehors de ce bonnet, mais aussi des gants fauve, c'est la tenue qui est donnée par Wurtz. Pour le reste, il semble évident au travers de cette représentation que l'on ait bien porté le bonnet parmi les Grenadiers du 30e. Toutes les Compagnies ou une partie seulement ? Et jusqu'à quelle époque ? Si l'on se base sur G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11 - figure 35b) et K. Tohsche (figure 35c), qui tous deux, ont représenté l'Officier de Grenadier du Petit Suhr, jusqu'en 1812. Cela parait cependant exceptionnel. Notons au passage que K. Tohsche place une petite ganse de cocarde dorée sur le bonnet de son Officier.
Pour les Officiers de Voltigeurs, nous avons tout d'abord la description du Fichier Wurtz : "Shako à pourtour supérieur supérieur en or. Cordon en or. Plumet de la compagnie (Note : pour les Voltigeurs, le fichier Wurtz dit : "Plumet vert (2/3) à sommet jonquille (1/3)") à olive en or. Habit de la compagnie (Note : pour les Voltigeurs, le Fichier Wurtz dit : "Habit bleu foncé, collet jonquille liseré d'écarlate. Parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate"). Epaulettes en or. Hausse col doré. Bottes à revers. Sabre ou épée portée en ceinturon passant sous le pont de la culotte". En dehors du Fichier Wurtz, nous avons également une représentation d'un Officier de Voltigeurs extraite du Petit Suhr (figures 36 et 36a) : "Shako noir, tresses supérieures, plaque, ganse de cocarde, chevrons, jugulaires, bord de visière, cordons et pompon or; cocarde bleu, rouge, blanc, pompon vert au dessus tulipe dorée, plumet vert à la base (3/4) et jaune au sommet (1/4). Même uniforme que le précédent sauf collet jaune". Cette description est intéressante car elle confirme certains aspects de Wurtz, notamment la répartition des couleurs sur le plumet. Pour le reste, elle indique également que sur la même période, les Officiers ont porté des shakos avec ou sans chevrons (ici inversés comme sur le portrait de Plaige), et avec plaque en losange ou à l'aigle. Remarquons aussi le pompon vert, placé sous un petit support doré ressemblant au sommet d'une tulipe. Le dessin de G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11 - figure 36b) nous permet d'avoir une vue plus précise de ce personnage.
Pour les Officiers de Fusiliers, le Fichier Wurtz nous dit : "Shako à pourtour supérieur supérieur en or. Pompon rond en or pour Fusiliers. Habit de la compagnie (Note : pour les Fusiliers, le Fichier Wurtz dit : "Habit bleu foncé, collet et parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate"). Epaulettes en or. Hausse col doré. Bottes à revers. Sabre ou épée portée en ceinturon passant sous le pont de la culotte".
Signalons aussi que le Fichier Wurtz donne la tenue d'autres Officiers :
Adjudant : "Shako sans cordon, pourtour supérieur or. Plumet blanc. Habit d'officier. Epaulette à droite et contre épaulette en or. Hausse col doré. Sabre avec baudrier blanc. Bottes à revers. Canne".
Porte Aigle : "Shako à cordon or, plumet blanc à tulipe dorée. Il porte l'habit d'Officier de fusiliers. Le baudrier est cramoisi galonné d'or".
Adjudant major : "Même shako, tenue d'Officier de fusiliers avec l'épaulette en or à droite".
Le Petit Suhr nous donne également l'Officier de Fusiliers (figures 37 et 37a). Celui-ci porte le même shako que l'Officier de Voltigeurs (figures 36), mais avec le pompon rouge et le plumet noir. Son uniforme est identique à celui de l'Officier de Grenadier décrit plus haut (figure 35). Signalons que cet Officier de Fusilier est indiqué comme étant un Adjudant sur la planche de G. Schäfer (Uniformenkunde 19/11 - figure 37b).
Ce dernier par ailleurs donne un autre Officier de Fusiliers (Uniformenkunde 19/11 - figure 38), cette fois-ci en petite tenue. Là encore, le type est daté de la période 1810-1812, et la source indiquée est Manuscrit du Docteur Beck. Cet Officier porte cette fois le shako avec plaque à aigle; curieusement, son pourtour supérieur n'est pas doré. On notera le curieux pompon vert surmonté d'un gland or et d'une houpette verte. Ganse de cocarde dorée. Cet Officier est en petite tenue, avec surtout bleu foncé, fermé sur le devant par une rangée de 6 boutons; il y en a deux autres aux parements. Sous le surtout apparait le gilet. Le reste de la tenue est classique. K. Tohsche a reproduit cet Officier sur l'un de ses dessins (figure 38a). Il est conforme à la source.
Nous en arrivons enfin à la troupe. Et en tout premier lieu aux Grenadiers. Ces derniers sont tout d'abord représentés par le Grenadier de H. Boisselier pour Bucquoy, ayant pour source un dessin de Victor qui se trouve dans la Collection Dubois de l'Estang (figure 39). Comme on l'a vu plus haut, Victor n'est pas le seul a donner le bonnet à poils aux Grenadiers du 30e pour cette période. Le bonnet est classique : cordon, raquettes, glands et plumet rouges. Comme pour l'Officier du Petit Suhr, mais aussi comme pour les Sapeurs de Wurtz, il n'a pas de plaque sur le devant. Pour le reste, c'est la tenue classique des Grenadiers, conforme à ce que nous connaissons pour cette période. Le personnage étant représenté de profil, nous pouvons distinguer le détail des basques (poches verticales passepoilées de rouge) et des retroussis (passepoil et grenades rouges).
Nous donnons également un dessin original de E. Fort extrait de "Uniformes des régiments d'infanterie et de ligne sous le Consulat et le 1er Empire"; Aquarelles par Ernest Fort (1868-1938); Ancienne collection Gustave De Ridder, (1861-1945); Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-492. La source indiquée est la même que celle donnée par Bucquoy, et le type est identique à celui représenté par H. Boisselier.
Wurtz pour sa part donne ses Grenadiers coiffés du shako. Dans les Petits Soldats d'Alsace (figure 40), le Grenadier porte en effet un shako à pourtour supérieur et bourdalou rouges, tout comme les cordon, raquettes, glands, pompon et plumet. Pas de ganse de cocarde; plaque à l'aigle, jugulaires et cercle de visière jaunes. L'habit est le même que celui du Grenadier précédent, et ne nécessite aucun commentaire particulier, tout comme le reste de la tenue.
L. de Beaufort (Le Briquet N°04 de 1969) décrit le Grenadier : "Habit bleu, collet rouge à passepoil blanc, revers blancs à passepoils rouge, le passepoil descend le long des basques blanches, boutons de cuivre, parement rouge à passepoil blanc, patte bleue à passepoil rouge, gilet blanc à boutons jaunes, culotte blanche, guêtres longues noires à bouton d'étain, capote grise. Shako noir, haut et bas du shako rouge, plumet, pompon, glands, cordons rouges, visière cerclée de cuivre, aigle à soubassement en demi-cercle, jugulaires d'écailles de cuivre, épaulettes rouges, buffleterie croisée blanche, un chevron rouge sur le bras gauche, fusil garni de fer, sabre briquet". C'est le Grenadier des Petits Soldats d'Alsace.
Dans le Fichier Wurtz, le Grenadiers est décrit de la manière suivante : "Shako noir. Pourtour supérieur et cordons écarlate. Plaque à aigle et jugulaires en cuivre. Plumet et olive écarlate. Habit bleu foncé, collet et parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Epaulettes écarlates. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate. Buffleterie croisée, veste et culottes blanches. Grandes guêtres noires. Sabre. Dragonne de sabre écarlate". Il y a tout de même deux différences majeures : le pourtour inférieur du shako, et les retroussis.
H. Boisselier a donné un autre Grenadier pour Bucquoy (figure 40a) accompagné du commentaire suivant : "Sur la planche 163 M. Boisselier a ajouté un caporal de grenadiers en tenue de ville pour nous montrer que Wurtz est d'accord avec les autres Alsaciens pour donner aux grenadiers le shako". Ce commentaire est un peu léger. Nous remarquons que le shako a le pourtour inférieur noir; pour le reste, ce Caporal a les galons de grade et chevrons rouges; les poches de son habit sont verticales; pas de passespoils sur les retroussis (erreur de Boisselier ?) mais grenades rouges. Pantalon blanc porté par dessus des guêtres blanches (nous sommes donc en tenue d'été). Enfin, nous ne voyons pas de dragonne sur le sabre de personnage.
Charmy donne également les Grenadiers du 30e d'après Wurtz (figure 40b) et les date de la période 1810-1812. Dans l'ensemble, c'est la tenue que nous voyons dans les Petits Soldats d'Alsace, mais avec le shako du Caporal précédent. La dragonne est visible : blanche à gland et franges rouges; sur la giberne, une grenade en cuivre; enfin, manteau ocre sur le havresac.
Pour en terminer avec les Grenadiers, passons à la carte de R. North (figure 40c), qui indique comme source Rousselot d'après le Réglement. A priori, c'est le même Grenadier que celui donné par Charmy, avec cependant une patte de parement qui est rouge. Notons l'absence de jugulaires et de cercle de visière sur le shako.
Les Voltigeurs maintenant. D'après les Petits Soldats d'Alsace (figure 41), le shako est surmonté d'un pompon jaune et d'un plumet 2/3 jaune à la base, 1/3 vert au sommet; pourtour supérieur et bourdalou, cordon, raquettes et glands verts; plaque à l'aigle, jugulaires et cercle de visière jaunes. Pas de ganse de cocarde. L'habit est classique. Ce Voltigeurs a par ailleurs des épaulettes vertes à tournantes jaunes. La dragonne n'est pas visible.
H. Boisselier pour Bucquoy donne ce Voltigeur (figure 41a), mais le bourdalou du shako est noir. Il a par ailleurs des chevrons rouges sur le bras gauche, et sa dragonne est verte à gland et franges jaunes. On notera également sous la giberne le bonnet de police, dont on aperçoit le gland jaune. Le reste est identique au type des Petits Soldats d'Alsace.
L. de Beaufort donne le même : "plumet jaune à sommet vert, pompon jaune, haut du shako vert ainsi que le cordon et ses raquettes et glands; buffleterie croisée, briquet; collet jaune à passepoil rouge, épaulettes vertes à tournante jaune; fusil garni en cuivre".
Que nous dit maintenant le Fichier Wurtz ? Sa description est légèrement différente : "Shako noir. Pourtour supérieur et cordon vert. Plaque à aigle et jugulaires en cuivre. Plumet vert (2/3) à sommet jonquille (1/3). Olive verte. Habit bleu foncé, collet jonquille liseré d'écarlate. Parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Epaulettes vertes à tournante jonquille. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate. Buffleterie croisée, veste et culottes blanches. Grandes guêtres noires. Sabre. Dragonne à gland vert et à tête jaune".
Charmy (figure 41b) est plutôt proche de cette description. En effet, même si on remarque l'absence de pompon sur le shako, on note par ailleurs que le plumet est bien vert (2/3) à sommet jaune (1/3), et qu'il n'y a pas de cercle de visière. On est donc à l'inverse des types précédents (Petit Soldats d'Alsace, Boisselier et L. de Beaufort). Le reste de la tenue par contre est absolument identique (avec le manteau toujours de couleur ocre pour Charmy). Peut être s'agit il d'un Bataillon différent?
René North, qui indique comme source Rousselot d'après le Règlement, donne lui aussi un Voltigeur (figure 41c) qui s'approche en partie de celui de Charmy. Pour le shako, il y a un petit pompon vert sous le plumet qui est moitié vert, moitié jaune au sommet. Le pourtour supérieur est jaune, ce qui est curieux. La patte de parement est rouge. Il y a enfin une dragonne entièrement verte. Le reste ne nécessite pas de commentaires particuliers.
Nous en arrivons aux Fusiliers. Plus précisément, aux Sous officiers représentés par un Sergent. Ce dernier a été donné par H. Boisselier pour Bucquoy (figure 42). Il porte le shako avec la plaque à l'aigle, jugulaires et cercle de visière jaunes; jaune également le pompon. L'habit est des plus classiques, avec pattes d'épaules bleues passepoilées de rouge. Galon de grade or sur chaque manche. Sabre briquet sans dragonne visible.
Ce Sergent de Fusilier a été donné dans Osprey (Men At Arms 141 - figure 42a) avec comme date 1811. Il est identique, sauf en ce qui concerne le pompon qui est bleu, et la visière non cerclée de cuivre.
Note : Dans le Fichier Wurtz, il est indiqué pour les Sous officiers : "Galons de grade écarlate ou or. Les Gradés de Fusiliers ont le sabre sans dragonne". Voilà qui est dit.
Les Fusiliers (figure 43) sont donnés par les Petits Soldats d'Alsace. Le shako et l'habit sont identiques à ceux portés par le Sergent de Fusiliers de Boisselier. Le personnage a deux galons rouge sur chaque bras, galons qui indiquent le grade de Caporal. On retrouve le sabre briquet, sans dragonne visible.
L. de Beaufort (Le Briquet N°04 de 1969) donne pour les Fusiliers : "Habit bleu, collet rouge à passepoil blanc, revers blancs à passepoils rouge, le passepoil descend le long des basques blanches, boutons de cuivre, parement rouge à passepoil blanc, patte bleue à passepoil rouge, gilet blanc à boutons jaunes, culotte blanche, guêtres longues noires à bouton d'étain, capote grise. Buffleterie croisée, briquet, shako noir sans cordon ni raquettes, juste l'aigle et la cocarde, pompon orange; pattes d'épaule bleues passepoilées de rouge à trois pointes, bouton sur l'épaule. Le caporal a 2 galons rouges en diagonale d'une couture à l'autre sur l'avant bras". C'est bien le type des Petits Soldats d'Alsace.
H. Boisselier a donné pour Bucquoy un Fusilier (figure 43a) qui est identique au personnage précédent, mais la patte d'épaule est passepoilée de blanc: erreur ou oubli?
Le Fusilier est également donné par Charmy(figure 43b); rien à signaler en dehors du shako sans cercle de visière et du pompon bleu (analogue donc à celui que nous voyons sur le Sergent de Fusilier de Osprey).
Dans le Fichier Wurtz, nous lisons : "Shako noir, pas de cordons, plaque à aigle et jugulaires en cuivre. Pompon rond bleu foncé. Habit bleu foncé, collet et parements rouges liserés de blanc. Revers blancs liserés de rouge. Epaulettes sans franges bleu foncé liserées de rouge. Retroussis et doublure écarlate (?). Patte de parement bleue liserée d'écarlate. Veste et culottes blanches. Grandes guêtres noires. Pas de sabre. Porte giberne blanc". En dehors des retroussis et doublure écarlate (cette caractéristique est suivie d'un (?) écrit par Darbou lui même), c'est le Fusilier de Charmy.
Nous en avons donc terminé avec les types de la période 1810-1812. Avant de passer à la période suivante, attardons nous un instant sur les plaques de shakos originales communiquées par nos correspondants. Nous avons d'une part une plaque modèle 1810 en losange, frappée du chiffre 30 (figure 44). Les deux autres plaques du même modèles proviennent quant à elles de Russie. Nous avons d'autre part une plaque de shako de Voltigeurs (figure 45) à l'aigle et soubassement, antérieure à 1812, provenant d'Allemagne. Ces deux plaques confirment donc en partie la réalité de nos sources iconographiques pour la période. Elles ont par ailleurs très certainement coexisté au sein du Régiment. Il est par ailleurs plus que probable que les tenues de 1810 ont été portées au début de la campagne de Russie.
Toutes nos autres représentations sont postérieures à 1810. A commencer par cette composition de Patrice Courcelle qui a représenté un Major du 30e de Ligne en août 1812, d'après P. Courcelle (figure 45a). Ce dernier nous a indiqué avoir travaillé à partir d'objets contemporains. La tenue est donc fort probable.
Yurij Ogarkov (figure 46) a tenté lui aussi de nous donner une idée de l'aspect des soldats du 30e pendant la campagne de Russie. Nous avons là un groupe de quatre Fusiliers en tenue de campagne. Tous portent le manteau gris bleu, des pantalons de campagne de même couleur, et les guêtres blanches. Le manteau est doté de pattes d'épaules passepoilées de rouge. Trois de ces soldats sont coiffés du bonnet de police, bleu à passepoils blancs; sur le devant, apparait en blanc le chiffre 30. Le quatrième soldat est coiffé du shako, recouvert d'une toile blanche; là encore, apparait sur le devant le chiffre 30. Ce shako, dont la visière n'est pas cerclée, est surmonté d'un pompon rouge. Ces hommes sont munis de gourdes; l'un deux a par ailleurs un sac blanc porté en bandoulière, et semble avoir sur son havresac une couverture roulée blanche. La giberne du personnage de gauche est blanche avec par-dessus le chiffre 30.
Un tableau de Peter von Hess consacré à la bataille de Wiazma - 22 octobre 1812, donne par ailleurs un aperçu de la tenue des Voltigeurs (figure 46a). Ce tableau, réalisé en 1842 par ordre de Nicolas 1er, se trouve au Musée de Ermitage à Saint Petersbourg. Sont représentés très nettement un Voltigeur, un Sapeur de Voltigeurs et un Cornet de Voltigeurs. Tous trois portent une capote gris brun, à col jaune; cette capote est doté de pattes au niveau des parements. Ils ont par ailleurs un pantalon bleu. Le Voltigeur et le Sapeur ont les guêtres noires; le Cornet les a blanches. Tous ont les épaulettes jaunes à tournante verte; couleurs que l'on retrouve au pompon du shako surmonté de sa houpette. On les retrouve également à la dragonne du briquet du Voltigeur (jaune à gland vert). Le shako du Cornet et du Voltigeur est doté d'une plaque à l'aigle avec soubassement, de type 1812; les pourtours supérieur et inférieurs sont jaunes, de même que les chevrons latéraux. Pas de ganse de cocarde. Le Cornet est coiffé d'un colback à flamme bleu (ou vert ?) foncé passepoilée de jaune. L'instrument du Cornet est doté d'un cordon à gland vert. Les équipement sont classiques; on notera toutefois que le Sapeur porte sa hache dont le métal est protégé par un étui noir, et que sur son havresac est placé un drap roulé rouge à lignes perpendiculaires blanches.
A l'avant de ces trois personnages se trouve un Officier à terre; sa tenue est moins détaillés (manteau ou surtout ?) ; son schako est recouvert d'une toile cirée noire; il a un hausse col sur le quel apparait le chiffre 30.
Compte tenu de la date de réalisation de cette oeuvre, il est difficile d'affirmer que les tenues représentées ont été effectivement portées; toutefois, n'oublions pas que le peintre a accompagné les troupes bavaroises pendant les guerres napoléoniennes; peut être a t'il pris des notes, réutilisées plus tard ?
Après la campagne de Russie, le Régiment est reformé, et c'est donc avec la tenue modèle 1812 que ses hommes vont être théoriquement équipés. Nous avons différentes représentations se rapportant à la période de la fin de l'Empire. Nous verrons que ce n'est peut être pas aussi simple.
En premier lieu, un Officier de Grenadiers (figure 47) d'après Tribbold. Cet officier est coiffé du shako avec plaque à l'aigle modèle 1812; pourtour supérieur, bourdalou, ganse de cocarde, jugulaire et cercle de visière or. Pompon et plumet mais aussi chevrons rouges. Habit veste classique (sans passepoil au bas des revers); épaulettes or, etc ... Tenue somme toute classique pour la période.
En second lieu, nous avons un Premier Porte aigle en 1812 d'après Rigo (figure 48). Celui-ci est en surtout. Selon Rigo, il s'agit du Lieutenant Scherer mort décapité par un boulet Russe le 17 août 1812 lors de la bataille de Smolensk. Fermé sur la poitrine par neuf larges boutons dorés, son surtout s'orne d'un collet et de parements ecarlates passepoilés de blanc. Il porte sa redingote de drap bleu foncé, roulée en travers de la poitrine. Son épée pend après un baudrier de buffle blanchi. Veste de drap blanc à petits boutons dorés. Hausse-col de laiton doré. Son Chapeau (66) : En tenue de campagne, les Officiers portent rarement le shako au rabat galonné d'or. Le plus souvent, ils se coiffent d'un chapeau bicorne de feutre noirci portant une simple cocarde tricolore maintenue par une ganse et un petit bouton dorés. Une circulaire datée du 21 février 1811 stipule que les cocardes doivent continuer d'avoir le blanc à l'extérieur, quitte à être démentie par l'ordonnance du 7 février 1812 qui, entre autres, précise que chaque cocarde mesurera 70 mm de largeur avec le rouge à l'extérieur et sera de cuir gaufré. Pantalon de route (67) : Ce bien nommé pantalon permet de menager la fragile et salissante culotte de drap blanc, gardée (en principe) pour les parades. Sous le nom de charivari ou pantalon d'écurie, ce sont les cavaliers qui l'ont utilisé les premiers en garnissant l'entre jambes de basanes noircies. Ici, le modèle est beaucoup plus simple, de drap bleu national il se boutonne sur les deux côtés permettant ainsi d'être enfilé par-dessus les bottes et de s'enlever très facilement. Les fentes des côtés sont souvent bordées d'une soutache ou d'un galon doré portant les boutonnières. Le tout est fixé en bas par deux sous-pieds de cuir noirci. Les fixations sont souvent de métal ou d'os recouverts de tissu.
Vient ensuite un Second Porte aigle en tenue de Campagne en 1812, d'après (figure 48a). Selon Rigo, il s'agit de Louis Fromageot. "Si, grâce aux dessins et gravures d'Adam, Faber du Faur et Olldendorp, son uniforme ne pose pas trop de problèmes, on ne peut en dire autant de sa coiffure. Que choisir ? Le casque, le bonnet à poils ou le shako ? Bien sûr, par son décret du 12 février 1812, Napoléon prescrit le port d'un casque semblable à celui des carabiniers, en fait c'est le modèle représenté à la fig. 65 qui est réalisé en série et ne sera guère porté avant 1813. Reste la possibilité d'un bonnet d'oursin semblable au projet de Lejeune en 1809 mais un état de magasin du 30e de Ligne réalisé en 1811, ne signale aucun bonnet. Bien entendu, nous pouvons admettre qu'à Hambourg, le colonel Buquet commandant le régiment, ait fait acheter deux bonnets à poils pour ses second et troisième porte-aigles ! Nous, nous avons préféré le shako classique dont le rabat de cuir noirci est caché par le galon écarlate qui distingue les grenadiers. Alors cher lecteur, à votre avis, bonnet d'oursin ou shako ?
67. Plaque de shako de grenadier. Irrité par les éternelles fantaisies de ses soldats, l'Empereur, en novembre 1810, pense imposer un modèle très simple en losange, ne comportant que le numéro du régiment. Bien entendu, le dit modèle n'est pas du goût de tout le monde et quelques corps frondeurs tels les 11e, 40e, 75e, 81e et 121e n'hésitent pas à porter un modèle à soubassement prévu, en principe, pour la cavalerie légère. L'idée fait tâche d'huile et l'ordonnance du 19 janvier 1812 va généraliser une plaque très esthétique qui ornera tous les shakos jusqu'en 1815. Celles de l'infanterie de ligne sont en laiton et mesurent 140 mm de haut sur 115 mm de large. Sauf pour les officiers, le numéro du régiment est découpé à jour. Les grenadiers portent une grenade estampée à chaque extrémité du soubassement, remplacée par une tête de lion pour les fusiliers et les voltigeurs. Ces demiers ont, le plus souvent, le numéro du régiment à l'intérieur d'un cor de chasse.
68. Havresac muni de la capote. Mis au point en 1801, il est taillé dans une peau de veau à poil passée en mégie (eau contenant des cendres de bois et de la poudre d'alun) afin de la rendre imputrescible. Profond de 0,32 m, large de 0,50 m, il est doublé de toile écrue et recouvert d'une patelette fermant par trois sanglons de buffle portant une boucle de laiton ou de fer étamé. Afin d'en renforcer la résistance toutes les coutures sont bordées de basane blanchie. Sur le dessus de la patelette, on a ajouté en 1806 deux attentes de buffle, dans lesquels passent deux sanglons à boucle qui maintiennent la capote en place. Au début de 1812, en buffle chargée de maintenir en place une longue courroie vue de la campagne de Russie, on ajoute sur la patelette une attente permettant ainsi d'emporter en campagne des ustensiles encombrants telles des passoires, marmites, poêles à frire ou de la nourriture plus ou moins "chapardée" au cours des étapes. Le tout est porté sur le dos à l'aide de deux bretelles de buffle blanchi, fixées en haut ce la face interne du havresac, qui passent sur les épaules et s'attachent après deux olives en bois enchapées sur le fond.
69. équipement spécial des deuxième et troisième porte-aigles. Il semble évident qu'armés d'une hallebarde, les seconds et troisièmes porte-aigles ne pouvaient conserver leur fusil. Comme nous l'avons vu précédemment, c'est le peintre Lejeune qui, le premier, mit au point l'idée de Napoléon à savoir deux pistolets portés sur la poitrine à la façon des Orientaux. La circulaire du 18 septembre 1809 décrit parfaitement cet ensemble composé d'un baudrier de cuir noirci à hauteur réglable, d'un étui de cuir fort aplati du côté du corps et arrondi à l'extérieur, avec le haut et le bas garnis d'un rebord dentelé, également en cuir. Le baudrier passe dans un coulant cousu sur la face interne de l'étui, tandis que l'extrémité de ce dernier coulisse dans un coulant de laiton fixé sur un ceinturon porte sabre de cuir noirci, fermant à l'aide d'une plaque de laiton ornée d'un N estampé.
70. Pistolet. Mis au point en l'an IX pour la cavalerie, son embouchoir et ses garnitures sont en laiton. Il a une longueur totale de 0,35 m, pèse 1300 grammes et a été fabriqué à 66000 exemplaires.
71. Sabre-briquet. C'est le bon vieux sabre court de l'infanterie, mis au point en l'an XI. Haut de 0,70 m environ, sa monture comportant 28 cannelures est en laiton fondu. La seule différence de ce modèle avec les milliers de sabres-briquets qui équipent les compagnies d'élite, les sous officiers et les tambours est que l'on a soudé un bouton de métal sur la chape de laiton enserrant le haut du fourreau de cuir noirci, afin de pouvoir fixer ce sabre après le pendant du ceinturon de cuir noirci. Les grenadiers le portent avec une dragonne de laine écarlate, ce modèle a été fabriqué jusqu'en 1830.
72.
Habit de second et troisième porte-aigles. Depuis 1810, la silhouette générale n'a guère varié : évidemment l'ordonnance de janvier 1812 va changer tout cela mais elle ne sera appliquée qu'en 1813 dans d'horribles conditions. Afin de se distinguer du reste de la troupe, les 2e et 3e Porte-aigles d'infanterie de ligne, outre leur grade de sergent-major, portent quatre chevrons dorés sur la manche droite suivant le décret du 12 février 1812. Toutefois nous ignorons si leurs épaulettes de sous officiers ont le corps recouverts d'écailles de laiton afin de mieux se protéger des coups de sabre.
73. Détail d'un des parements de l'habit. à la fin du règne de Louis XV, les manches étant devenues beaucoup plus étroites, il a fallu les fendre pour que le soldat puisse les relever afin de pouvoir se livrer à certains travaux. C'est ce que l'on a nommé le parement ouvert en dessus. à partir de 1791, afin d'ajouter un détail de couleur, on découpe le parement de manière à former une patte rectangulaire bordée d'un passepoil sur ses trois côtés et portant les trois boutonnières de fermeture.
74. Pantalon. Il existe deux modèles parfaitement identiques : l'un en tricot blanc porté pendant l'hiver, l'autre de toile blanche porté pendant l'été. Aucun n'est doublé et tous deux sont à grand pont garni de cinq boutonnières qui se fixent après la ceinture. Que ce soit en été ou en hiver, le pantalon se porte en petite tenue avec le gilet lors des exercices ou des bivouacs, en tenue de route ou de campagne (saut la veille des grandes batailles quand la grande tenue est exigée). Suffisamment ample il est porté par-dessus la culotte et les guêtres; disons qu'en 1813 et 1814 il a caché bien des misères ! Outre les deux pistolets et le sabre briquet nos 2e et 3e Porte-aigles ont une arme d'hast. En juin 1809, il s'agit d'un esponton monté sur une hampe d'1,62 m à laquelle est attachée une banderole écarlate pour le second et blanche pour le troisième. Le 23 août suivant, notre hallebarde qu'en haut lieu on s'entête à nommer esponton, est fixée en haut d'une hampe de 2,10 m peinte en noir. Les flammes ou banderoles se terminant en pointe devront mesurer 21,7 cm de haut sur 48,7 cm de long. D'un côté elles porteront le numéro du régiment, de l'autre le nom Napoléon. La banderole de soie rouge revient à 15,40 F; la blanche coûte trois francs moins chers. Le 12 février 1812, la hallebarde que l'on nomme maintenant pertuisane est définitivement adoptée et sa hauteur totale est fixée à 2,30 m. Par des rapports russes, nous sommes sûrs que ces hallebardes furent emmenées en Russie : soixante-deux ont été ramassées sur les champs de bataille ou prises dans les fourgons. à l'heure actuelle on peut voir celles des 17e et 46e de ligne. En janvier 1813, le colonel du 93e de ligne signale sur son rapport qu'il a pu sauver son aigle, mais que ses second et troisième porte-aigles ont perdu leur esponton et leur fonte de pistolets".
Nous donnons en figure 48aa le Second-porte aigle dessiné par notre ami Didier Davin qui nous indique "Second Porte Aigle 30ème de Ligne vers 1812; variante par rapport au dessin de Rigo. Au début 1812, la tenue des porte Aigle adjoints est enfin fixée, après deux ans de tâtonnements. Les second et 3e Porte Aigles adoptent officiellement les galons de Sergent major et quatre chevrons dorés, ou argent pour la Légère, en haut du bras droit (décret du 18/01/1812). Les épaulettes sont dites "défensives" (avec des écailles métalliques sur le corps). Les deux pistolets sont portés dans un étui sur la poitrine, recouverts d'un calot de peau d'ours. Le baudrier est de cuir noirci. La pertuisane fait 2,30m, avec douille en virole. La flamme est théoriquement supprimée. Mais elle sera conservée en 1812 comme les prises russes l'attestent. Le sabre briquet est suspendu à un ceinturon noir avec une plaque estampée d'un N.
La fin de l'année 1811 a vu une nouvelle innovation : les second et troisième porte-Aigles devront porter un casque. Nous supposons ici que le Régiment n'en a pas été doté. Mais il peut aussi avoir réservé, pour ses deux Porte–Aigles adjoints, deux bonnets d'oursin.
Notre porte Aigle du 30e de Ligne, sur un habit de Grenadier (grenades écarlates aux retroussis) arbore donc les galons de Sergent major au dessus des parements (deux galons dorés bordés d'écarlate, des épaulettes à corps écarlates avec tournante dorée et franges écarlates et or mêlées. Le dessus des épaulettes est recouvert d'écailles métalliques. On notera les 4 chevrons dorés à bordure écarlate portés en haut de la manche droite. La pertuisane théoriquement de 2,30 de haut (en fait de taille variable et avec un fer de forme diverse) porte une flamme écarlate où est théoriquement écrit d'un coté "30e de Ligne" et de l'autre "Napoléon". Les modèles connus sont assez variables en forme et nature de l'inscription.
En campagne, les second et 3e Porte Aigle ont de plus un sac d'infanterie sur le dos sur lequel est roulée la capote régimentaire. Le pompon blanc sur le shako marque l'appartenance du Porte Aigle à l'Etat-major du Régiment. La plaque de shako n'est pas du nouveau modèle 1812 (les plaques trouvées en Russie n'étant pas de ce modèle), de même que l'uniforme n'est pas encore du modèle Bardin.
Pour en terminer avec les Porte aigles, voici le Troisième Porte aigle en tenue de Campagne en 1812, d'après Rigo (figure 48b). Il s'agit de Edmé Laroche.
Vient ensuite un Grenadier (figure 49), à nouveau d'après Tribbold. Ce Grenadier porte lui aussi la tenue modèle 1812, avec un shako analogue à celui de l'Officier tiré de la même source (chevrons, pourtour supérieur et borudalou rouge). Habit veste classique (sans passepoils au bas des revers), avec sur le bras gauche deux chevrons rouges. A noter que sur le retroussi, blanc, apparait une grenade jaune. Sabre briquet à dragonne entièrement rouge. Pantalons de campagne blancs portés par dessus des guêtres noires.
Pour terminer, nous avons une représentation de Fusilier (figure 50) d'après Herbert Knötel. Le type est daté de 1812, mais bien évidemment, il s'agit d'une tenue portée en 1813. Ce Fusilier porte le shako modèle 1812 avec plaque à l'aigle, surmonté d'un pompon lentille blanc à cercle extérieur rouge. L'habit veste est classique, mais, contrairement aux types de Tribbold, le bas des revers est passepoilé rouge. Pour le reste, on notera principalement les ornement de retroussis : un N surmonté d'une couronne, bleus. Giberne noire sans ornement, pantalons de campagne et guêtres blanches; pour terminer, remarquons la marmite attachée au havresac.
VII/ Drapeaux
Drapeaux modèle 1794
Drapeau modèle 1794 : Rappelons que sur l'avers de ces drapeaux, figure la mention "république Française", et sur le revers, la mention "Obéissance et soumission aux lois militaires", avec le bonnet phrygien tourné du côté du flottant, le faisceau des licteurs et une couronne de lauriers sur les deux côtés. Le drapeau du 2e Bataillon est identique pour toutes les Demi-brigades, au contraire des 1er et 3e Bataillons.
Avers du drapeau commun à toutes les Demi-brigades et arboré au second Bataillon ou Bataillon du centre (reproduction d'après Challiot) |
Modèle réglementaire du drapeau des 1er et 3e Bataillons, 1794-1804 (reproduction d'après Challiot) |
Drapeaux de la 30e Demi-brigade conforme au dessin de Challiot; pris à Paris en 1815 et conservés à Berlin à l'époque de Hollander (1913). 1er et 3e Bataillons |
Note : D'après Charrié, le Zeughaus de Berlin conservait un drapeau modèle 1794 du 1er ou du 3e Bataillon, et un autre du 2e. Selon cet auteur, ces drapeaux étaient prévus pour la 30e Demi-brigade de Bataille, qui n'a pas été organisée; ces drapeaux n'auraient donc pas été distribués.
Drapeaux en usage lors du deuxième amalgame
Nous avons donné dans notre étude sur le 4e de Ligne les grandes lignes concernant les drapeaux de cette période. Nous renvoyons donc le lecteur à cette étude. On peut supposer qu'à cette époque, la nouvelle 30e a fait usage provisoirement des drapeaux de la 72e ancienne dont elle est pour l'essentiel issue. A t'elle ensuite reçu les drapeaux du modèle 1794 tels que prévus pour la 30e ? Ou bien les lui a t'on attribué directement dès sa formation ? Nous n'avons pour l'instant aucune information sur ce point.
Drapeaux de l'Armée d'Italie (1797)
Drapeau supposé de la 30e Demi-brigade en Italie en 1798. |
La 30e, nous l'avons vu, s'est rendue en Italie en janvier 1797. Elle est donc concernée par l'attribution de nouveaux drapeaux décidée par Bonaparte (voir l'étude du 4e de Ligne). Une lettre de Berthier adressée sur ordre du Général en chef Bonaparte, depuis Milan au citoyen Boudet, et datée du 22 Floréal an V (11 mai 1797) indique que 8 Demi-brigade doivent se voir attribuer de nouveaux drapeaux; parmi elles figure la 30e. Berthier indique également que sur ces drapeaux, il faudra écrire "PASSAGE DU TAGLIAMENTO"; "... Le citoyen Boudet est tenu d'apporter tous les drapeaux le 1er prairial à l'état-major général, casa Serbelloni, pour y être reçus par un commissaire des guerres, qui en dressera l'acte afin que le payement en soit fait", précise la lettre (Correspondance de Napoléon, t. 3, lettre 1789).
De son côté, le Chef de la 30e, venue en Italie après la campagne de 1796, a demandé s'il recevrait des drapeaux. Berthier lui répond depuis Milan le 11 juin 1797 : "J'ai reçu citoyen, votre lettre en date du 15 de ce mois, par laquelle vous me demandez des drapeaux neufs pour votre demi-brigade. Le général en chef a ordonné qu'il en soit confectionné pour tous les corps de l'armée. Vous en recevrez comme les autres".
La 30e reçoit donc 3 drapeaux modèle Armée d'Italie le 14 juillet 1797; elle est alors à la 3e Division Bernadotte à Udine. Ils sont d'un modèle identique pour les trois Bataillons. Le revers porte la mention "République Française" placée au dessus du bonnet phrygien, et "Discipline et soumission aux lois militaires sous le faisceau des licteurs. Ces drapeaux selon Rigo ont été échangés après 1798 contre trois modèles classiques mis au point en 1794. De son côté, notre ami Didier Davin nous dit que ce drapeau "fut porté pendant la campagne contre Naples en 1798 et en Italie du Nord en 1799. A priori elleaurait du toucher un nouveau drapeau réglementaire (1794)au début 1800".
Drapeau du 1er ou 3e Bataillon à Marengo, selon Rigo (Tradition N°04) |
Version donnée dans Tradition N°160 ; revers du drapeau des 1er et 3e Bataillon, Mle 1794 |
Tous les Régiments d'Infanterie ayant pris part à la bataille de Marengo ont le nom de cette victoire inscrit sur leurs drapeaux. Pourtant, le 30e, malgré la part importante qu'il a prise à l'action décisive, n'a pas le nom de Marengo sur son drapeau. Pourquoi ? (source : Historique régimentaire abrégé).
D'après Charrié, au 12 juin 1803, la 30e a toujours 3 drapeaux, sans savoir si ce sont encore ceux du modèle 1797.
Drapeaux modèle 1804
5 décembre 1804 : 3 aigles et drapeaux mod. Challiot sont remis au 30e. En 1812, il y a une aigle en service et en bon état; les autres ont été remises au Ministère de la Guerre.
Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).
Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).
Drapeaux modèle 1812
Ce n'est qu'à partir du 12 février 1812 que le sieur Guérin commence la fabrication des étoffes. L'Empereur voulait que celles ci soient distribuées aux Régiment de la Grande Armée avant le 1er mars 1812. Ce délais étant trop court, ce n'est qu'en mai que les premiers régiments en reçurent. D'après le journal du Capitaine François, la remise officielle de celle du 30e a lieu près du village polonais de Schemnitz le 26 mai 1812. Trouée, brûlée par la poudre après les batailles de Smolensk, la Moskowa et Wiasma, il ne reste plus après la hampe que l'aigle et la cravate fixée par la cordelière de fils d'or. Tombée dans la neige à Krasnoë, l'aigle est récupéré par le Capitaine François qui la noue à l'aide de la cravate et l'accroche autour de son cou. Bien que blessé, il la transporte ainsi pendant 800 kilomètres jusqu'à Thorn où il retrouve son colonel et les 76 survivants de son Régiment. Cette action lui vaut une citation du Maréchal Davout, et l'attribution de la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur. Le drapeau quant à lui est détruit.
Drapeau modèle 1812 du 30e de Ligne selon Rigo (in Figurines : "L'lnfanterie de Ligne de l'Empire, 3ème partie : l'armée ensevelie et ses emblèmes, 1810-1812") |
K. Avers de l'étoffe ou pavillon : L'Empereur avait recommandé : "Il faut, pour l'étoffe, faire choix d'une double soie bien serrée et la faire broder avec soin. Ne regardez pas au prix". C'est ce que fit le sieur Guerin. Les abeilles, les couronnes, les inscriptions, les ornements verticaux formés de palmettes et de rinceaux de feuillages, de pur style Empire, tout est entièrement brodé au fil d'or. Elle forme un carré de soie, large de 0,80 m, divisé en trois parties égales, cousues entre elles et bordé d'une soutache à franges dorées de 2,5 cm de large. La hauteur des lettres est de 4 cm sauf celles formant L'EMPEREUR NAPOLEON qui mesurent un centimètre de plus. Afin de supprimer le cloutage, le fourreau de soie bleue dans lequel passe la hampe, porte à chaque extrémité un cordonnet coulissant que l'on noue solidement autour de la hampe afin de maintenir l'étoffe en place. Peinte en bleu impérial, la hampe a une hauteur qui peut varier entre 1,90 m et 2,50 m suivant les Régiments et qui se termine par un sabot de laiton doré de 5 cm de hauteur.
L. Revers de l'étoffe ou pavillon : Les ornements sont exactement les mêmes qu'à l'avers. Les noms de bataills, qui varient suivant les Régiment se (AUSTERLITZ, IENA, EYLAU, ECKMUHL, WAGRAM pour le 30e) mesurent 4 cm de haut et sont séparés par une virgule. Bien entendu, brodés séparément, l'avers et le revers une fois terminés sont fixés ensemble à l'aide de la soutache à franges dorées.
M. Détail de la broderie de la cravate. Nouée sous le socle de l'aigle à l'aide d'une cordelière double en fils d'or, longue de 66 cm et terminée par deux glands à franges, la cravate de soie tricolore large de 16 cm mesure 1,06 m de long. Bien entendu, elle est repliée en deux parties égales. Le bas est brodé de palmettes et d'abeilles de fils d'or et se termine par une soutache à franges dorées. Il faut souligner ici que l'on reprend une tradition séculaire, car les drapeaux, étendards et guidons distribués entre 1804 et 1812 n'avaient pas de cravates.
Drapeaux modèle 1815
1 aigle et drapeau mod. 1815. Détruits à Bourges.
VIII/ Sources
- Sources bibliographiques
- Belhomme (Lt col) : "Histoire de l'Infanterie en France", tome IV; Lavauzelle.
- De Cugnac : "Campagne de l'Armée de Réserve en 1800", Paris, 1900
- Durieux J. : "Soldats d'Eylau (7 et 8 février 1807"; Carnet de la Sabretache 1907.
- Froidevaux (Capitaine) : "Notice historique sur le 30e Régiment d'Infanterie", manuscrit conservé au SHAT à Vincennes.
- Guillaume E., Maison G., Moerman Y. : "Les trente batailles du Sergent Denis Moreau, journal de campagne (1794-1809); Memogrames, 2011.
- Historique abrégé du 30e Régiment d'Infanterie; Lavauzelle 1887.
- Hollander O. : "Les Drapeaux et Etendards de l'Armée d'Italie et de l'Armée d'Egypte, 1797-1801"; Carnet de la Sabretache, 1904.
- Martinien A. : "Tableaux par corps et par batailles des officiers tués et blessés pendant les guerres de l'empire (1805-1815)". Et supplément
- "Jacques Darnaud", dans Charles Mullié : "Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850", 1852.
- M. Thiéry : "Journal d'un officier français ou les cahiers du Capitaine François, 1792-1815)", Tours, Maison Alfred Mame et fils.
Ressources numériques en ligne
- Cugnac (Capitaine de) : "Campagne de l'Armée de Réserve en 1800"; http://www.simmonsgames.com/research/authors/Cugnac/ArmeeReserve
- Site de R. Darnault : http://darnault-mil.com/Militaires/regiments/infanterie_ligne.php
- Collection de situations Nafziger : http://usacac.army.mil/cac2/CGSC/CARL/nafziger
- Ressources du site The Napoleon Series : http://www.napoleon-series.org/index.html
IX/ Notes
Note 1 : Sous la cote 4M39, on trouve la notice historique à couverture manuscrite ; un deuxième exemplaire manuscrit de la "notice" sous couverture rouge (30e Régiment d'Infanterie de 1617 à 1885); un "livre d'or" qui est l'historique abrégé manuscrit (informations de Mr Derigny).