Le 108e Régiment d'Infanterie de Ligne

1796-1815

Avertissement et remerciements : Ce travail consacré au 108e Régiment d'infanterie de ligne tire son origine d'échanges que nous avons eu avec certains membres du groupe de reconstitution du 108e, à qui nous rendons ici hommage et adressons toute notre amitié; vous pouvez consulter les fruits du travail de ce groupe très actif via sa page Facebook ; son Forum de discussion et l'Annuaire de la reconstitution historique

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/ Introduction

En 1895, Louis Yvert publie un "Historique du 108e Régiment d'Infanterie (1766-1895), paru aux éditions Bergerac. Dans cet ouvrage, l'auteur indique que 5 Corps de troupe de l'infanterie française ont successivement porté le numéro 108.

- Légion de l'Ile de France (1766), devenue Régiment colonial d'Ile de France (1772), puis 108e Régiment d'Infanterie (1792)

Le plus ancien de ces 5 Corps est celui formé en 1766 sous le nom de Légion de l'Ile de France, devenu 6 ans plus tard le Régiment colonial de l'Ile de France, et en 1792 le 108e régiment d'infanterie. Voilà quel est, nous dit l'auteur, l'ascendant le plus ancien dont le 108e, à titre seulement de similitude de numéro et non à titre de filiation naturelle, peut revendiquer les hauts faits.

C'est l'Ordonnance de 1766 qui crée le Corps qui, dès le principe, s'appelle Légion de l'Ile de France, nom qu'il quitte en 1772 pour prendre celui de Régiment de l'Ile de France. Malgré plusieurs transformations dans sa constitution et ses effectifs, c'est bien le même Corps qui, sous les trois noms indiqués plus haut, subsiste jusqu'en 1798; et, durant ce laps de temps de 32 ans - 1766 à 1798 - la chaîne de ses traditions ne s'est pas interrompue.

La Légion sert aux îles de France et de Bourbon et est employée à un service purement colonial. Elle se compose 30 compagnies fortes de 3 Officiers et de 100 hommes chacune.

La composition de chaque Compagnie est ainsi déterminée :
Officiers : Un Capitaine commandant; un Lieutenant; un Sous-lieutenant.
Troupe : Un Fourrier; 4 Sergents ; 8 Caporaux ; 8 appointés ; 8 Grenadiers ; 8 Canonniers ; 60 Fusiliers, dont quatre Ouvriers ; 2 Tambours ; un Frater-chirurgien.

L'Etat-major de la Légion est, de son côté, composé ainsi qu'il suit :
Etat~major : Un inspecteur commandant; un Major général ; trois Majors particuliers; trois Aide-majors; trois Quartiers-maîtres; un Tambour-major; un Chirurgien.

La Légion compte six drapeaux bleus et blancs.

L'uniforme de la troupe consiste en un justaucorps en drap léger, petit lodève blanc, doublé en toile lessivée au quart blanc; parements, collets et revers bleus ; veste de coutil blanc ; doublée de toile lessivée, sans poche ; culotte de coutil blanc. Boutons argentés timbrés d'une ancre; chapeau bordé de galons blancs.

A chaque Compagnie est attachée 3 pièces de canon, une modè1e dit « à la Suédoise » et 2 du modèle dit « à la Rostaing », servies par les 8 Canonniers de chaque Compagnie.

Le Dépôt est établi à Port-Louis, près de Lorient.

M. Dumas, Brigadier des armées du Roi et Gouverneur de l'Ile de France, est le premier inspecteur, commandant la Légion; il a pour Major général le Baron de Saint-Marc, Brigadier des armées du Roi. MM. de Monvers, de Saint-Césaire et de Savournin en sont nommés les Majors particuliers.

Dans le courant de l'année 1767, dix vaisseaux transportent à l'Ile de France 48 Officiers et 904 hommes de la Légion. Au 1er décembre 1768, le Gouverneur Dumas, rappelé en France, est remplaçé par M. de Steinouer qui remplit les fonctions de commandant en second de la colonie. Les forces de la Légion sont, à cette époque, ainsi subdivisées : 642 hommes à l'Ile de France ; 208 hommes à l'Ile Bourbon et 124 à Madagascar.

Pendant l'année 1772, une Ordonnance nouvelle fractionna la Légion en trois corps : Ile de France, Bourbon et Port-Louis.

Le nouveau Régiment de l'Ile de France est composé de deux Bataillons à 9 Compagnies, dont une de Grenadiers. Il a pour Colonel le Baron de Lort.

En 1775, une nouvelle Ordonnanoe royale modifie encore la constitution du Régiment grâce à la suppression du Corps de Port-Louis, qui est versé dans Ile de France, lequel compta alors 4 bataillons. Le Barort de Lort reste à la tête du Régiment jusqu'en 1777, époque à laquelle il est remplacé par le Comte de Saint-Maurice.

Le Régiment se recrute en France au moyen du Bataillon auxiliaire des colonies, établi à Lorient, l'élément indigène n'y est guère représenté que par des Tambours noirs.

Le 25 octobre 1781, une flotte française, commandée par le Comte d'Orves, ayant sous ses ordres l'illustre Bailli de Suffren, relâche à Port-Louis, chef-lieu de l'Ile de France. La nation française, alliée des. Etats-Unîs d'Amérique, est alors en guerre avec l'Angleterre, et pour la dernière fois, elle vient disputer à cette puissance l'empire des Indes.

Ayder-Ali, fondateur de l'empire de Maisson et ennemi des Anglais, nous appelle à son secours; un Corps expéditionnaire dans la composition duquel entre le 2e Bataillon du Régiment de l'Ile de France, ainsi qu'une Compqgnie du 4e, s'embarque pour l'Inde le 1er décembre 1781, sous les ordres du Marquis de Castelnau, Lieutenant général des armées du Roi.

Le Régiment prend part aux opérations dans l'Inde pendant l'année 1782, des détachements embarqués d'autre part sur la flotte du Bailli de Suffren assistent à des batailles navales.

En avril 1783, Ile de France est au siège de Nagar et y combat bravement; ses pertes sont grandes, et il a dans la journée du 7 avril, 7 Officiers hors de combat et 183 hommes de troupe. Ces Officiers sont : MM. d'Agincourt et de Sière, Capitaines ; de Maumont, de Gourlac, Lieutenants ; L'Echevin, Lartigue et Houbert, Sous-lieutenants; ce dernier a reçu trois blessures.

Le Régiment prend part ensuite aux sièges de Gandelour et de Mangalor. Au premier de ces sièges, le Capitaine Dubuc de Marcussy est blessé de quatre coups de baïonnettes et de deux coups de feu.

Le climat de l'Inde est, d'ailleurs, plus meurtrier pour nos soldats, que le feu de l'ennemi, et un état des pertes du 30 septembre 1783 mentionne les noms de 363 hommes décédés, dont seulement 25 tués à l'ennemi.

Le 25 juillet 1783, les commandants français et anglais conviennent de cesser les hostilités et quelques jours après, ils apprennent d'une façon officielle la ratification du traité de Versailles, qui rétablit la paix entre les deux nations.

A la cessation des hostilités, le 2e Bataillon rentre à l'Ile de France, mais le 4e qui est venu rejoindre le 2e, en juillet 1782, aux Indes, ne quitte pas ce pays. Il est encore à Trinquemalé le 1er mars 1785, jour où le Régiment est dédoublé pour former les deux corps de : Ile de France et Bourbon.

Les 1er et 3e bataillons forment le nouveau Ile de France, ce sont précisément ces deux-là qui n'ont pas fait la campagne des Indes, mais beaucoup d'officiers et de soldats du nouveau Régiment, et le Colonel de Cossigny qui reste à sa tête, ont fait cette guerre, soit au 2e, soit au 4e Bataillon, soit sur les vaisseaux du Bailli de Suffren.

Après cette nouvelle formation, le Régiment se compose de 2 Bataillons à 5 Compagnies de 110 hommes chacune. Il a 10 Capitaines en premier et 10 capitaines en second.

A l'état officiel du 1er décembre 1785, il est porté comme ayant un effectif de : 53 Officiers et 1131 hommes de troupe. Il vient à cette époque de débarquer à Pondichéry où il va tenir garnison jusqu'en mars 1789.

A cette dernière date, le Régiment revient à l'Ile de France et ne quitte cette colonie que pour revenir en France en 1798.

Avant comme après son séjour à Pondichéry, Port-Louis, chef-lieu de l'Ile de France, est sa principale garnison, mais il a des détachements en divers points de l'île, et quelquefois à Bourbon, à Madagascar et dans l'Inde.

L'Ile de France n'a que des garnisons charmantes : « Cette ile, écrit le Bailli de Suffren, ressemble beaucoup à celle de Calypso, on aurait besoin d'un Mentor ».

Mentor de son Régiment, le Colonel de Cossigny a demandé qu'on lui fasse quelquefois quitter l'air embaumé de ce séjour et son climat sain et tempéré; il a eu la satisfaction de le conduire à Pondichéry en 1785.

Le 3 décembre 1789, le Régiment vient de rentrer dans son île, lorsqu'il reçoit à Port-Louis la moitié du Régiment de Bourbon, incorporé mi-partie dans Ile de France, mi-partie dans Pondichéry. A la suite de cette opération, l'effectif du Régiment est porté à 1868 hommes de troupe.
C'est la dernière transformation du corps avant celle qui lui donnera le nom de 108e. M. de Clermont qui, en 1787, a remplacé à sa tête M. de Cossigny, promu Maréchal de camp, sera le premier Colonel du 108e Régiment en 1792.

Le 1er janvier 1791, les noms des Régiments de l'infanterie française sont remplacés par le numéro du rang qu'ils occupent dans l'arme, mais cette décision du Ministre de la guerre, ne concerne pas encore les 6 Régiments coloniaux qui, jusqu'à nouvel ordre, conservent leurs anciennes dénominations.

Cependant, le 30 octobre 1791, parait l'Ordonnance royale portant le licenciement des Régiments coloniaux et leur transformation en six Régiments de ligne prenant rang après le 105e régiment d'infanterie.

Les opérations du licenciement terminées, le Régiment de l'Ile de France prend le numéro et le titre de 108e Régiment d'infanterie et reçoit le drapeau tricolore. Ses Officiers supérieurs sont : le Colonel de Clermont et le Lieutenant-colonel de Touffeville.

Dans les premiers mois de 1793, le Comte de Clermont, quitte le commandement du 108e et son successeur, M. Deligny-Ancy, ne reste que peu de temps à la tête du Régiment, il est remplacé à la fin de l'année par le Colonel Jacob, l'un des plus anciens Officiers du Régiment de l'Ile de France.

Les événements dé la Révolution agitent assez fortement la colonie; un Décret abolissant l'esclavage des noirs y est très mal reçu, et le Conseil colonial refuse d'y adhérer. Les agents du Directoire chargés de l'exécutior du Décret, débarquent dans l'île le 10 juin 1796 ; le lendemain ils passent la revue de la garnison et le surlendemain, 2o juin, celle de la garde nationale. Mais après avoir reçu ces honneurs, ils sont chassés par le Conseil colonial que soutient le Général de Division de Malartie, Gouverneur général de l'île.

Cependant les soldats du 108e unis à ceux du 107e, qui tient avec lui garnison dans l'Ile de France, ont pris fait et cause pour la liberté des noirs et surtout des « négresses ». Et c'est à leur esprit d'émancipation et de turbulence qu'ils doivent de rentrer dans la métropole en 1798.

La France a alors presque toute l'Europe sur les bras, l' Angleterre est maitresse des mers, aussi une partie du Régiment, embarquée sur le Neptune, est-elle faite prisonnière par les Anglais; l'autre moitié qui se trouve sur la Seine doit faire en France une retentissante rentrée. Le 18 Germinal an VI, la frégate la Seine est à environ vingt milles à l'ouest de Lorient et se dirige sur Rochefort où elle a ordre de se rendre, lorsque quatre bâtiments anglais sont aperçus. Le navire français se dirige à toutes voiles sur Rochefort. Les Anglais commencent à lui donner la chasse et à ouvrir contre lui une violente canonnade. Il est alors 7 heures du soir; à minuit, les batteries anglaises tonnent encore contre notre frégate qui file toujours à toutes voiles sur Rochefort. Vers cette heure avancée, la Seine, pressée vivement par la Pique et le Jason, est encore exposée au feu d'une troisième frégate qui est placée sur son arrière et dont les bordées qui se succèdent, portent la mort de toutes parts.

Déjà presque tous les chefs de pièces ont été tués, dans cet état, le Lieutenant de vaisseau Bigot de la Maisonneuve qui commande la Seine, ne pouvant doubler la pointe de la Tranche (côte de la Vendée), veut se jeter à la côte, mais en utilisant sa perte et en forçant l'ennemi à s'y jeter avec lui. Dans cette intention, il continue sa route sans cesser de combattre, et, une heure après la chute totale de sa mâture, la Seine reste échouée sur la pointe de Grouin, à une petite distance de la côte. Elle est bientôt suivie par les deux frégates anglaises ; cette position critique n'a pas ralenti l'ardeur du commandant et de l'équipage. Le combat se renouvelle et, malgré l'inégalité, se soutient jusqu'à 3 heures 1/2 du matin. Dans ce moment, le malheur vient trahir leur courage, le flot porte en travers la poupe de la Seine, et l'expose, sans défense, à tout le feu de l'ennemi qui, dans ce moment, a redoublé de vivacité. Ayant perdu plus de la moitié de son équipage, le commandant Bigot, dans l'impossibilité de résister davantage, amène son pavillon.

Quelques hommes du Régiment, les plus grièvement blessés, sont faits prisonniers, les autres peuvent gagner le rivage et échapper aux Anglais.

Le rapport ne dit pas quel est le rôle du Régiment dans ce combat, mais il est certainement honorable, car les hommes du 108e n'en sont pas à leur premier combat sur mer.

Il a fourni des détachements aux vaisseaux qui défendent les côtes de l'Ile de France contre les flottes anglaises et ces fractions du Corps se sont toujours bravement conduites dans les divers engagements où elles ont eu à prendre part.

Les débris du Régiment colonial ex-Ile de France devenu le 108e en 1792, sont versés à leur rentrée en France (Messidor an VI) à la 6e Demi-brigade de ligne.

- 108e Demi-brigade de première formation

Au commencement des guerres de la Révolution, l'armée se trouve composée de deux éléments absolument distincts : les troupes de ligne et les Volontaires nationaux.

Les vieux Régiments de la monarchie qui ont, en 1791, quitté leurs titres de province ou leurs dénominations nobiliaires pour prendre le numéro d'ordre de la filiation de leur arme, constituent les troupes de ligne et ont conservé l'esprit de corps, tout en prenant comme insigne la cocarde, et comme emblème le "drapeau tricolore".

Les Volontaires nationaux sont la partie active des Gardes nationales de France. Certains historiens de l'épopée révolutionnaire ont loué ces unités; toutefois,ces troupes de volontaires, à de rares exceptions, n'ont montré devant l'ennemi qu'une parfaite indiscipline, une valeur souvent mal employée, et une profonde aversion pour toutes les règles qui régissent l'état militaire, ses exigences, comme ses abnégations.

Aussi, la Convention se rendant parfaitement compte de l'embarras plutôt que de l'aide donné par ces appelés de la levée en masse, décide, par le Décret du 21 février 1793, de les amalgamer avec les vieux Régiments. Un bataillon d'un ancien Régiment et deux Bataillons de Volontaires constituent ce qu'on appelle alors une Demi-brigade de bataille où de première formation.

Ce n'est qu'en 1795 que le Décret de février 1793 est définitivement mis à exécution. La 108e Demi-brigade de bataille est alors constituée à l'Armée du Rhin-et-Moselle, le 15 juillet 1795, par l'amalgame du 2e Bataillon du 54e (ex-Royal-Roussillon) et du 1er Bataillon de Volontaires du Lot (également appelé Bataillon du Midi, formé le 1er juillet 1792) et du 2e Bataillon de Volontaires du Lot, également formé le 1er juillet 1792. Depuis cette époque jusqu'en 1798, il existe donc une 108e Demi-brigade et un 108e Régiment dit colonial.

Les Volontaires du Lot qui forment, à eux seuls, la majeure partie de la 108e Demi~brigade, sont déjà de vieux soldats. Formés en juillet 1792, ils font la guerre depuis deux ans, ils ont fait partie de l'Armée de la Moselle, et le 2e Bataillon s'est particulièrement distingué à la journée de Kayserslauten (mars 1794).

Le 2e Bataillon du 54e et les deux Bataillons du Lot, formant la 108e, font partie, au moment de la formation de cette Demi-brigade, du Corps d'observation devant Mayence.

Le Chef de la 108e est M. Dufour, ayant sous ses ordres les Chefs de Bataillon Sergès, Vouillemont et Denis.

L'Armée du Rhin-et-Moselle, commandée par Pichegru, borde le Rhin de Porentruy à Oppeinheim. L'Armée de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Jouddan, a également son front sur le Rhin et la gauche de Pichegru.

Quinze jours après sa formation, le 8 juillet 1795, la 108e Demi-brigade forme, avec la 169e, une Brigade aux ordres du Général Peyremont et fait partie de la Division Ambert.

Elle combat le 24 septembre à Wilblingen et à Hondschenheim, et se retire à Manheim lors de la retraite du Général Pichegru devant les forces supérieures du général Wurmser.

Dans la première quinzaine d'octobre, les troupes françaises restent établies sur les deux rives du Mecker, autour de Manheim, et poussent simplement de petites reconnaissances en avant de leur front.

Le matin du 17 octobre, les Autrichiens arrivent en force et attaquent vivement notre camp retranché. La 108e combat ce jour sur la rive gauche du Mecker, vers Meckerau, et ce village ayant été évacué par nos troupes sans que la Demi-brigade s'en aperçoive à cause du brouillard, elle est un moment fort compromise, mais elle ne perd pas contenance, s'ouvre un passage à travers les masses de cavalerie ennemie, et se retire en bon ordre, sous le canon de Manheim.

Cependant, l'armée autrichienne, aux ordres du général Clayrfait, a débouché de Mayence; remontant la rive gauche du Rhin, elle a repoussé notre armée du Rhin-et-Moselle jusqu'au sud de Spire. La garnison de Manheim, forte environ de 9,000 hommes, se trouve, de ce fait, complètement bloquée et, dès le 17 novembre, le bombardement de cette vaillante petite cité commence. Sommé de livrer la place, le Général de Montaigu qui la commande, oppose d'abord un catégorique refus. Mais les vivres et les munitions venant à manquer complètement, le Général de Montaigu consent dans la nuit du 21 au 22 novembre, à signer la capitulation. Le principal article de cette reddition est ainsi conçu : "La garnison sera prisonnière de guerre; elle sortira de la place avec les honneurs de la guerre et déposera ses armes sur le glacis".

C'est ainsi que la 108e Demi-brigade de première formation se voit prisonnière de guerre juste cinq mois après sa constitution, Après quatre mois de captivité en Souabe, la 108e est rendue sous condition de ne servir qu'après un an. Mais cette troupe finit bientôt sa courte carrière par suite de la nouvelle organisation décrétée par le Directoire. La plus grande partie de la Demi-brigade, Officiers et troupe, est versée dans la 21e Demi-brigade de ligne en 1796.

Les 3 Compagnies de Grenadiers passent dans la 5e, devenue plus tard 24e Demi-brigade d'infanterie légère. Enfin, ce qui reste en Officiers et soldats est versé dans les 2e et 16e Demi-brigades de ligne.

/ Organisation de la 108e Demi-brigade de 2e formation en 1796

Au commencement de 1796, un Décret du Directoire constitue à nouveau les troupes d'infanterie et les forme à 110 Demi-brigades de ligne et à 30 Demi-brigades d'infanterie légère. Le numéro 108 est donné à l'ancienne 26e qui faisait partie de l'Armée de Sambre-et-Meuse. Cette troupe, réorganisée, va être fondue dans l'ancienne 132e. La 108e Demi-brigade d'infanterie de Ligne de deuxième formation est officiellement formée par l'Arrêté du 18 nivôse an IV (8 Janvier 1796) à partir des unités suivantes :

- 26e Demi-brigade de bataille

- 2e Bataillon du 13e Régiment d’infanterie (ci-devant Bourbonnais)

- 4e Bataillon de la Manche formé le 10 septembre 1792

Il combat à l'Armée de la Moselle. Y figurent Léonard Jean Aubry Huard de Saint-Aubin, alors simple volontaire puis Capitaine et Lieutenant-colonel en second du Bataillon.

- 9e Bataillon de Seine-et-Oise formé le 14 septembre 1792.

En garnison à Givet. Y figure Claude Ursule Gency alors Capitaine puis Lieutenant-colonel en chef du Bataillon.

La 26e Demi-brigade de Bataille fait les campagnes de l'an II à l'Armée des Ardennes et de l'an III et de l'an IV à l'Armée de Sambre-et-Meuse.

A la réorganisation du 8 janvier 1796 (18 Nivôse an IV), la 26e Demi-Brigade de Bataille entre dans la composition de la 108e Demi-brigade de seconde formation, à l'exception de la 1ère Compagnie de Grenadiers qui est incorporée dans la 75e Demi-brigade de deuxième formation; de la 2e Compagnie de Grenadiers qui est incorporée dans la 51e Demi-brigade de deuxième formation et de la 3e Compagnie de Grenadiers qui entre dans la composition de la 25e Demi-brigade de seconde formation.

- 132e Demi-brigade de bataille

- 2e Bataillon du 71e Régiment d’infanterie (ci-devant Vivarais).

Vivarais a été créé en 1674. Il porte le numéro 73 en 1789, puis le 71e en en 1791. son 1er Bataillon a fait les campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée du Nord et est entré dans la composition de la 131e Demi-brigade de première formation (elle même entrée dans la composition de la 1ère Demi-brigade de ligne de seconde formation). Le second bataillon a fait les campagnes de 1792 à 1794 à l'Armée de la Moselle avant d'entrer dans la composition de la 132e Demi-brigade de première formation.

- 2e Bataillon du Cher

Formé le 25 août 1792 (le 10 septembre 1792 d'après Déprez) et commandé par Huet ( Huet, a défendu seul la place de Bitche en brumaire an deux (Dictionnaire de Bardin). En garnison à Metz, Siège de Bitche. Y figure Jean-François Hennequin alors Lieutenant.

- 5e Bataillon de la Meuse formé le 12 octobre 1792 (Chef Vaugien).

En garnison à Thionville

Certaines sources ajoutent le 8e Bataillon de Volontaire de Paris dit de Sainte-Marguerite et le 17e Bataillon de Volontaire des Réserves, mais ces derniers ont en réalité été versés à la 1ère Demi-brigade de seconde formation.

- Opérations de la 132e

La 132e Demi-brigade de Bataille fait les campagnes de l'an II, de l'an III et de l'an IV à l'Armée de Sambre-et-Meuse.

Le 22 août 1794 (5 Fructidor an 2), le Général de Brigade Grenier écrit au Général de Division Championnet : "Je t’envoie ci-joint, mon ami, les rapports qui m’ont été faits contre le citoyen Reculard, capitaine commandant la 3e compagnie de grenadiers de la 132e demi-brigade ; je te préviens que je vais le faire arrêter et conduire à ton quartier général, afin que tu ordonnes la punition qu’il mérite" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 7 page 29).

Le même jour, 22 août 1794 (5 Fructidor an 2), le Général de Brigade Grenier écrit également au Citoyen Vinter, Chef de Bataillon commandant l’avant-garde de la Division Championnet : "Il est ordonné au citoyen Vinter chef du 3e bataillon de la 181e demi-brigade de faire arrêter, sur le champ, le citoyen Reculard, capitaine commandant la 3e compagnie de grenadiers de la 132e demi-brigade et de le faire conduite au quartier général de la Division à Fooz chez le général Championnet qui donnera des ordres ultérieurs" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 7 page 29).

Le 30 août 1794 (13 Fructidor an 2), le Général de Brigade Grenier ordonne : "Le chef de la 132e demi-brigade recevra du chef de la 110e tous les renseignements nécessaires à la connaissance qu’il devra avoir des postes qu’il va occuper, tant pour la localité que sur la manière de relever et le mode établi de service.
Demain à 3 heures du matin, toutes les troupes seront sous les armes, et y resteront jusqu’à 6.
Le général prévient qu’il ne sera accordé demain aucune permission pour s’absenter du camp
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 10 page 35).

Le 31 août 1794 (14 Fructidor an 2), le Général de Brigade Grenier écrit au Général de Division Championnet : "Le changement qui s’est opéré hier soir me force mon ami à te demander un 3e bataillon, d’autant plus que les deux compagnies de grenadiers de la 132e doivent rentrer à leur demi-brigade ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 11 page 36).

A la réorganisation du 8 janvier 1796 (18 Nivôse an IV), la 132e Demi-brigade de Bataille entre dans la composition de la 108e Demi-brigade de seconde formation.

/ Campagne de 1796

Bouton de la 108e de ligneBouton de la 108e de Ligne
Bouton de la 108e Demi-brigade, petit module

En 1796, la 108e Demi-brigade est commandée par le Chef-de-Brigade Pierre-Guillaume Pouchin de la Roche, de la 132e. Au moment de la formation de la Demi-brigade, les hostilités sont suspendues en vertu d'un armistice. Le Rhin sépare les deux armées de Dusseldorf à Bingen, mais au sud de cette ville, les Autrichiens, qui ont débouché de Mayence l'année précédente, occupent les deux rives du fleuve et s'étendent jusqu'à la Mahe.

Au 14 mai 1796, les trois Bataillons de la 108e Demi-brigade sont ainsi répartis : les deux premiers Bataillons à Momweiler et le 3e à Hermes Kell ; quant au Dépôt, il est à Givet. La 108e forme avec la 9e Demi-brigade de ligne, une Brigade aux ordres du général Hardy, Division Marceau, dite de "droite", dont le Quartier général est à Trêves.

Les Autrichiens ayant dénoncé l'armistice, les hostilités recommencent le 31 mai, et le premier jour de la campagne est pour la 108e, un jour de combat. Le Chef de Brigade Pouchin charge à la tête de la 1ère Compagnie de Grenadiers un Bataillon autrichien et lui fait 250 prisonniers. Le Sous~lieutenant Champret est tué dans cette affaire qui a lieu près de Birckenfeld.

Les Impériaux, après être restés quelques jours en face de Marceau, sans l'attaquer, se retirent de l'autre côté du Rhin parce que le Général Jourdan vient de faire passer ce fleuve à l'aile gauche de son armée de Sambre-et-Meuse.

Le 27 juin, le Chef de la 108e, Pouchin, passe le Rhin à Bengen en présence de l'ennemi avec ses trois Compagnies de Grenadiers ; il s'empare de la petite ville de Busselsheim et ramène 40 bateaux qui servent à faire passer le fleuve à la droite de l'armée, commandée par le Général Marceau.

Jourdan constitue, après avoir franchi le Mein, un corps de 28000 hommes, placé sous les ordres du Général Marceau, pour bloquer Mayence et Erinbreisterin, occuper Francfort et garder les communications.

La 108e fait partie des troupes qui ont pour mission de bloquer Mayence vis-à-vis la forteresse de Cassel, sur la rive droite du Rhin. Ce blocus se prolonge jusqu'aux premiers jours de septembre, mais à ce moment, Jourdan, arrêté dans sa marche sur le Danube et battu par l'Archiduc Charles à Würtzbourg, se met en retraite et Marceau doit lever le blocus de Mayence. Il marche avec toutes ses troupes vers Nassau et Lungsbourg, afin de former la droite de l'armée. A ce moment, la 108e a passé sur la rive gauche, à la Division du Général Hardy, qui opère sa retraite sur la Mahl.

Composition des 4 Divisions sous les ordres de Kléber le 30 septembre 1796 :
Division HARDY (Quartier général, Bingen) :
Brigade Lorge :
31e division de gendarmerie. Freiweinheim et le long de la Selz, Westerhaüser-hof.
3 Bataillons de la 2e Demi-brigade de ligne, 2768 hommes. Camps de Jugenheim et d'Engelstadt.
3 Bataillons de la 55e Demi-brigade. 2465 hommes. Camp d'Ockenheim et en arrière de la Selz.
3 Bataillons de la 108e Demi-brigade, 3081 hommes. Camp de Kempten et sur les bords du Rhin jusqu'à Gaulsheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 371).

Le 1er octobre 1796, une partie de la Division Poncet franchit la Nahe; la 99e Demi-brigade vient au camp de Kempten, et la 102e va se poster près de Nieder-lngelheim, pour garder les débouchés et passages de ce village jusqu'au Rhin. Ces deux demi-brigades relevent la 108e, appartenant à la Division Hardy et ayant, jusqu'à ce moment, occupé seule ce poste important. La 108e vient alors se placer sur le plateau en avant de Partenheim et sur les bords de la Selz jusqu'à Bubenheim inclusivement. Le Général Hardy profite de l'arrivée de ce renfort sur sa gauche, pour modifier un peu la disposition de ses troupes : il établit, le 2 octobre, les 2e et 55e Demi-brigades en arrière de Partenheim, la droite au ravin de Sulzheim et la gauche à celui d'Engelstadt; le 6e de Cavalerie et deux Escadrons du 13e à Nieder et Ober-Hilbersheim. Enfin il organise un Corps d'avant-garde sous les ordres de l'Adjudant général Bonamy. Cette avant-garde, composée de la 31e Division de Gendarmerie, de la 9e Demi-brigade légère, des 9e et 11e Chasseurs à cheval et d'un Escadron du 13e de cavalerie, prend position sur le plateau de Wörrstadt, étendant sa droite vers Gabsheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 374).

Le 6 octobre 1796, vers midi, des colonnes autrichiennes, appuyées de nombreux cavaliers, paraissent dans la plaine de Gaualgesheim, venant de Mayence. Elles attaquent, avec cinq bouches à feu, les avant-postes de la Division Poncet, établis en avant de Kempten, Budesheim et Ockenheim. La Division Hardy, moins bien abritée que celle de Poncet et menacée ensuite par des Corps venant de Mannheim, doit rétrograder. L'avant-garde de l'Adjudant général Bonamy va jusqu'à Lauterecken; le gros de la Division lève son camp de Fürfelden, passa la Glan à Meisenheim et à Rehborn, et prend position sur la rive gauche de cette rivière. Le Corps détaché aux ordres du Chef de Brigade Pouchain quitte lbener, et va s'établir entre l'Alsenz et la Nahe : la 9e Demi-brigade légère, sur les deux routes qui mènent de Hochstetten à Oderoheim et à Alsenz ; le 1er Bataillon de la 108e Demi-brigade, à Unkenbach et Schmidtweiler, couvrant les routes de Kaiserslautern; le 2e Bataillon, en arrière des villages de Sitters et de Schiersfeld, couvrant Ober-Moschel et gardant la route de Kaiserslautern par Rockenhausen ; et le 3e Bataillon, en arrière d'Alsenz. Deux Escadrons occupent Nieder et Ober-Moschel (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 377).

A partir de cette époque (25 octobre), les Deux divisions Daurier et Ligneville et le Corps des Flanqueurs de droite du Général Poncet, se trouvant à une trop grande distance de Kleber, constituent, en réalité, l'aile droite de l'Armée de Sambre-et-Meuse, et prennent le nom de Corps du Hundsrück. Kleber a toujours la surveillance de ces troupes et la direction de leurs opérations ; mais le Général Ligneville en est le véritable commandant en chef. Pour remplir efficacement le but qui lui était assigné, ce Général a partagé le Corps à ses ordres en cinq fractions, dont :
Avant-garde (Général de Brigade Hardy) :
9e Demi-brigade légère,
2 Bataillons de la 108e Demi-brigade de Ligne,
1 Compagnie d'artillerie légère,
2e Régiment de Hussards,
11e Régiment de Chasseurs.
Avec ce Corps d'armée, et les Flanqueurs de droite que commande le Général Poncet, Ligneville se dispose, suivant l'ordre qu'il en a reçu de Kleber, à franchir la Nahe et 1'Alsenz, et à se porter vers la Selz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 394).

A la fin d'octobre 1796, la 108e assiste cependant aux affaires de Kreutzenach, où le Sous-lieutenant Bandoz, vaillant Officier dont le nom reviendra souvent dans cette étude historique, se distingue particulièrement à la tête d'une poignée d'hommes de la 108e. Il est blessé et fait prisonnier, mais après avoir culbuté l'ennemi et s'être emparé de la position retranchée qu'il occupait.

Vers la fin de 1796, le Général de Ligniville remplace le Général Hardy à la tête de la Division dont la 108e fait partie.

Le 7 décembre 1796 (17 Frimaire an 5), le Général de Division Ligneville, commandant l'aile droite de l'Armée, adresse, depuis le Quartier-général de Kreuznach son "Ordre particulier pour l’aile droite.
Comme il importe infiniment d’être toujours en mesure vis-à-vis de l’ennemi, et d’assurer par la force, et des positions respectables la conservation des postes que nous lui avons enlevés et d’y vivre, en même temps il importe aussi à mon cœur de procurer aux soldats un repos honorable pendant cette saison rigoureuse, que me suis arrêté aux dispositions suivantes qui auront leur effet très incessamment et du jour où j’en aurait l’ordre.
L’aile droite composée de la division Grenier et du corps du Hundsruck sera formée sur deux lignes avec avant-garde, et réserve de cavalerie. L’avant-garde du corps du Hundsruck commandé par le chef de brigade Souham sera composé de six bataillons d’infanterie légère, le 2e de Hussards et d’un régiment de chasseurs. Le quartier général sera à Esber Budesheim (Erbes-Büdesheim) ou à Alseÿ (Alzey).
La première ligne sera commandée par le général de brigade Daurier, le quartier général à Creutznach (Kreuznach), sera composée des 73e, 102e, 99e Demi-brigades qui pourront être en très grande partie cantonnées tant derrière Base Hass (Basse-Ham), que derrière la Base Glann ( ?) à partir de l’Autree (Autrey) ou Heissenheim (Hessenheim) avec des signaux tels que les troupes puissent être promptement rassemblés et toujours en mesure.
La seconde ligne sera commandée par le général de brigade Lorges, le quartier général Oberstein sera composé des 2e, 55e, 108e Demi-brigades qui seront réparties sur les points et environ de Kirn, Oberstein et Coussel (Coussey) couvrant la Haute-Ham.
La grande réserve de cavalerie : le général Klein aura son quartier général à St Vendel …
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 20 pages 51-53).

Le 20 décembre 1796 (30 Frimaire an 5), le Général de Division Ligneville, commandant l'aile droite de l'Armée de Sambre et Meuse, écrit, depuis le Quartier-général de Kreuznach au Général de Division Grenier : "… Vous tiendrez prête à marcher deux Demi-brigades des troupes à vos ordres que vous mettrez en mouvement à la première demande du général Moreau, soit qu’elle vous arrive directement par lui ou qu’elle vous arrive par mois. Ces Demi-brigades devront de préférence être dirigées sur le Bas-Rhin de Kaiserslautern tant pour que leur marche ne soit pas connue que pour qu’elles ne dépassent par les lignes des avant-postes. Cependant rien ne s’oppose à ce qu’elles filent de Nevlinirug ( ?) et Turscheim (Turckheim) sur Neustadt et Landau. Je crois que ce sont les 43e et 67e que vous devez destiner à ce mouvement ...
La 108e demi-brigade qui faisait partie de l’avant-garde pourra cantonner ...
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 37 page 85 à 88).

Pendant l'hiver de 1796 à 1797, les hostilités restent suspendues en vertu d'une convention verbale conclue entre les Généraux des armées adverses.

/ 1797-1798

Cachet de la 108e Demi-brigade cachet 108e Demi-brigade de Ligne
Cachet de la 108e Demi-brigade, figurant sur un document de l'an 7
Autre cachet de la 108e Demi-brigade

Le 18 janvier 1797 (29 Nivôse an 5), le général Kléber, commandant en chef par intérim l'Armée de Sambre et Meuse, écrit, depuis son Quartier-général de Coblentz, au Général de Division Grenier : "Je vous renvoie, mon cher général, le tableau de l’organisation des trois divisions du Hundsruck, que vous m’avez adressé dans votre lettre du 28. J’approuve pleinement les changements que vous avez cru nécessaire d’apporter à celui que je vous ai fait passer précédemment. Je vous serais obligé de mettre toute la célérité possible dans l’exécution de cette nouvelle organisation.
Je vous ai prévenu hier que le général de brigade Chabert allait passer dans le Hundsruck. Il prendra la place que devait occuper le général Barbou, ainsi que je l’ai indiqué dans votre tableau, en substituant le nom du premier à celui des derniers.
Le général Bonnard, partira demain de Coblentz pour se rendre à Creutznach, où je vous prie de lui faire tenir vos ordres. Il commandera, ainsi que je vous en ai déjà prévenu, la division du centre.
Faites-moi le plaisir, mon cher général de me mander si le capitaine D’Homieres, ci devant capitaine des grenadiers de la 108e demi-brigade, aujourd’hui chef de bataillon surnuméraires, est encore à son bataillon ; et dans ce cas, je vous prie de les faire remplir les fonctions d’adjudant général à la division Bonnard. Il pourrait y remplir la place de chef de son état-major.
Le général Klein doit passer avec le 6e régiment de cavalerie de cette armée ; mais ce mouvement n’aura lieu que lorsque le général Ney et le 6e régiment de chasseurs seront arrivés dans Hundsruck.
P.S. Je vous prie aussi, mon cher général, de vouloir bien désigner particulièrement dans votre ordre relatif à à l’organisation des trois divisions que le chef de brigade Pouchain remplira les fonctions de général de brigade dans la division ou sa demi-brigade est employée
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 52 page 115).

Le 30 janvier 1797 (11 Pluviôse an 5), le Général Grenier écrit au Général Daurier : "J’ai reçu mon cher Daurier ta lettre du 10 de ce mois ensemble celle du chef de brigade Pouchin relative aux cantonnements de la 108e. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que cette demi-brigade occupe les villages qui se trouveront ne pas être occupés par la 23e entre Glame (?) et Nahe. J’ai chargé Daultanne d’en prévenir le général Bonnard" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 26 page 66).

Au printemps, le Général Hoche, nommé Général en chef des troupes de Sambre-et-Meuse, décide de porter celles-ci sur la rive droite du Rhin.

Le 11 mars 1797 (21 Ventôse an 5), le Général de Division Grenier écrit au Général Daurier, commandant la 5e Division : "Ci-joint, mon cher Daurier, une plainte portée contre la 1ère et 2e compagnie du 3e bataillon de la 108e demi-brigade ; il est temps de mettre fin aux excès en tous genre que se permettent plusieurs individus de ce corps ; tu voudras bien mettre envers ces deux compagnies en exécution l’ordre du 3 au 4 de ce mois et leur donner ordre de venir bivouaquer en avant de Kreuznach sur le terrain que tu désigneras, en chargeant le commissaire des guerres employé près de toi de leur assurer pendant les huit jours du bivouac les fournitures de toutes espèces telles que pain, viande, paille et bois. Ce bivouac devra être gardé de manière à ce que ni officiers ni soldats ne puissent en sortie que pour recevoir les distributions. Tu me préviendras du jour de leur arrivée afin que j’en donne connaissance par la voie de l’ordre" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 33 page 80).

Le 16 mars 1797 (26 Ventôse an 5), le Général de Division Grenier écrit à l’Adjudant général Daultanne : "Eh bien mon cher Daultanne, vous êtes arrivé près du général en chef le 20 ou 21 de ce mois et je n’ai pas plus entendu parler de vous que si vous n’existiez pas ; cependant, une lettre m’aurait mis au courant de l’organisation de l’armée, et je n’aurais pas lieu de m’étonner lorsqu’un corps d’une division de l’aile droite reçoit l’ordre de partir pour se rendre à une nouvelle destination, sans que j’en sois prévenu ; c’est ce qui arrive depuis quelques jours. D’un côté, le général Championnet prévient le général Daurier que ce sera la division commandée par ce dernier qui le relèvera, d’un autre le général Ney reçoit ordre de rassembler tous les régiments de hussards sur la Semmiren ( ?), d’un autre encore le général Daurier reçoit ordre de faire partir la 108e pour Cologne et on lui annonce que cette demi-brigade sera remplacée par la 20e d’infanterie légère qui faisait partie de la 2e division. Je vous avoue que cette manière de faire mouvoir des troupes me parait bien neuve ; vous savez que rien n’est plus cruel que l’incertitude. Donnez-moi donc bientôt de vos nouvelles" P. Grenier (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 34 page 82).

Le lendemain 17 mars 1797 (27 Ventôse an 5), le Général Grenier écrit au Général Daurier : "... La 20e demi-brigade d’infanterie légère qui doit remplacer la 108e dans la division que tu commandes n’étant pas arrivée, ta division se trouve beaucoup plus faible ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 35 page 84).

Le 18 avril 1797, cinq Divisions d'infanterie débouchent de la tête du pont de Neurwied que nous avions conservée sur la rive droite du fleuve et battent les Autrichiens qui perdent 5000 hommes, 6 drapeaux et 27 pièces de canon. Dans cette affaire, le Chef de Bataillon Bonnet d'Homières de la 108e s'empare d'un retranchement, fait 300 prisonniers et prend 6 canons.

L'armée de Sambre-et-Meuse, victorieuse à Meuwied, a passé la Lahn et marche vers le Mein, quand elle est arrêtée par la nouvelle des préliminaires de paix (Léoben, avril 1797).

Pendant le reste de l'année 1797 et toute l'année 1798, la 108e fait successivement partie des Armées de Sambre-et-Meuse, d'Allemagne et de Mayence, simples armées d'observation à cette époque de paix et de calme. Elle fait successivement partie des Divisions Championnet, d'Hautpoul et Bernadotte.

Le 18 mai 1797 (29 Floréal an 5), le Général chef de l’Etat-major général de l’Armée de Sambre-et-Meuse écrit, depuis le Quartier-général à Friedberg, au Général Grenier : "Je vous préviens, mon cher général que le général en chef par ses nouvelles dispositions, nécessitées par l’éloignement de quelques corps de troupes destinées à agir pour les sièges, vient d’arrêter l’organisation de l’armée de la manière suivante :
... La 2e division sous les ordres du général Le Moine sera composée des :
16e régt de Chasseurs à cheval; 9e demi-brigade d’infanterie légère; 99e, 108e demi-brigade d’infanterie de ligne.
Les généraux de brigade Gency, Spithal et l’adjudant général Grand pour les fonctions de l’état-major, sont attachés à cette division ...
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 222).

Le 31 décembre 1797 (11 Nivôse an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Mülheim, à la Régie nationale chargée de l’administration des pays conquis entre Meuse et Rhin : "J’ai reçu vos lettres du 4 Nivôse, relatives à des exactions commises, d’une part par un sous-officier de la 60e demi-brigade, de l’autre par un capitaine de la 108e ; aucun de ces corps ne faisant partie des troupes que je commande, je ne peux que renvoyer vos plaintes aux généraux qui ont droit d’en connaitre" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 186).

Le 31 décembre 1797 (11 Nivôse an 6), le Général Grenier écrit, depuis Mülheim, au Général Legrand : "Ci-joint, tu trouveras, mon cher Legrand, une plainte contre un capitaine de la 108e demi-brigade" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 187).

Le même jour, le Général Grenier écrit, depuis Mülheim, au Général Olivier : "Ci-joint, tu trouveras, mon cher Olivier, une plainte de la régie nationale pour faits passés dans l’étendue de ton commandement" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 84 page 187).

/ 1799, Armée du Danube

Le 1er mars 1799, la 108e passe à l'Armée du Danube qui vient d'être constituée et placée sous les ordres de Jourdan. Elle fait alors partie de la 3e Division de cette armée (Général Gouvion-Saint-Cyr). Elle prend part le 19 janvier au combat de Pfullendorff; le 25 mars à la défaite de Stokach où elle se conduit fort bravement. La Division Gouvion-Saint-Cyr, qui s'est retirée dans le mouvement général de retraite sur Rothweil, traverse de nouveau la Forêt-Noire, passe par Oberkirch et gagne Kehl. Le 6 avril 1799, toute l'armée française est derrière le Rhin, de Bâle à Kehl; ne laissant que des postes d'observation sur la rive droite du fleuve.

La 108e fait partie des troupes qui couvrent la tête du pont de Kehl. Elle a plusieurs engagements avec les Autrichiens, notamment à Oberkirch et à Urlaffen, en avant de Kehl.

C'est à cette époque que les troupes de l'Armée d'Helvétie sont réunies à l'Armée du Danube et placées sous le haut commandement du Général Masséna. Celui-ci fait alors refluer en Suisse toutes ses forces. A cet effet, la 108e remonte la rive gauche du Rhin, passe par Bâle et va rejoindre le centre de l'Armée du Danube.

Le 25 Prairial an 7 (13 juin 1799), le Général de Brigade Rheinwald, Chef de l’Etat-major de l'Armée, écrit, depuis le Quartier général à Bremgarten, au Général de Brigade Decaen : "Au moment où vous avez quitté t'armée pour vous rendre à Strasbourg, d'après l'ordre du général en chef, le général Chérin, mon prédécesseur, a remis au citoyen Huard, chef de bataillon de la 108e demi-brigade, l'arrêté du Directoire qui vous met en jugement, ainsi que les pièces qui vous concernent. Le citoyen Huard a été invité, citoyen général, à accélérer la fin de cette affaire et à faire de suite, comme rapporteur, les informations nécessaires.
Je vous observe que le conseil de guerre ne peut être convoqué que lorsque le rapporteur aura instruit le chef de l'état-major général qu'il a réuni tous les renseignements propres à éclairer les juges. Alors je donnerai aux trois généraux que la loi désigne pour être membres du conseil de guerre, l'ordre de se rendre à Strasbourg. Jusqu'à ce moment, je ne puis rien faire de plus et j'attends que le citoyen Huard soit prêt. Il y a trois jours qu'il a reçu une nouvelle lettre pour l'inviter à presser la conclusion de l'affaire qui vous concerne
" (Journal du général de brigade Decaen pour la campagne de l’an VII, la Division commandée par le général Souham, et l’Armée par le Général Jourdan, depuis Ventôse an VII jusqu’au 7 Fructidor an VII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 314).

Le 20 septembre 1799, la 108e est campée devant Zurich; à droite et à gauche d'Albisrieden. Elle est alors forte de 57 Officiers et de 2101 hommes. Elle a pour Divisionnaire le Général Mortier.

Le 25 suivant, elle est à la sanglante bataille de Zurich. Le lendemain matin, la 108e fait toujours partie des troupes qui attaquent Zurich, sur la rive gauche. La confusion est extrême dans cette ville encombrée d'équipages, de blessés d'artillerie. Enfin les Russes se décident à la retraite.

Deux Officiers de la 108e, le Capitaine Dubuisson et le Lieutenant joly ont été tués dans cette glorieuse action, qui sauve la France de l'invasion austro-russe. En outre, parmi les blessés, la 108e compte les Capitaines Mercier, Guille et O'Brien; les Lieutenants François, Schmitz et Cleq; les Sous-lieutenants Beaudoin et Chambron.

Zurich enlevé aux Russes, et la Limmat franchie, la 108e avec la Division Mortier, se dirige sur Schwitz.

C'est dans une gorge ignorée du petit canton qui donne son nom à la Suisse que la Demi-brigade prend part, les 30 et 31 septembre, à deux combats qui comptent autant qu'une grande bataille dans l'histoire d'un Régiment et qui sont connus dans nos annales militaires sour le nom de Combats de la vallée de la Mitten. C'est à l'arrière-garde de l'armée de Souvarow, alors en pleine retraite, que la 108e a à faire. Elle bat dans ces deux journées complètement les Russes, mais elle éprouva de grandes pertes.

Les lieutenants Lami et Bouan sont tués; le Commandant Huard, le Capitaine Millot, les Sous-lieutenants Ofhemin et Leroy sont blessés. Le Sous-lieutenant Dupays est nommé Lieutenant sur le champ de bataille par le Général en chef Massséna.

La bataille de Zurich et les combats qui la suivent nous rendent maîtres de la Suisse.

Le 11 Vendémiaire an 8 (3 octobre 1789), le Sous-chef de l’état-major général Rheinvald écrit, depuis Zurich, au Général de Division Soult : "D'après de nouvelles dispositions du général en chef, votre division, citoyen général, sera composée comme suit : 67e demi-brigade, 53e, 102e, 17e régiments de dragons, 1ère compagnie d'artillerie légère, et chaque demi-brigade ses grenadiers.
Vous aurez sous vos ordres les généraux de brigade Drouet et Brunet, et l'adjudant général Saligny.
Vous aurez également sous vos ordres le général Gazan , dont le quartier général est à Schennis. Il commande les corps ci-après : les 84e, 36e, 25e légères, 94e, 44e, deux compagnies d'artillerie légère, 10e régiment de chasseurs, deux escadrons du 7e de hussards.
Les généraux de brigade de cette division sont : Laval, Molitor, Lapisse, chef de brigade de la 36e, faisant fonctions.
Le général Mortier, dont le quartier général est à Schwitz, sera encore sous vos ordres. Il commande les corps ci-après : la 108e, un bataillon de la 38e, la 50e, deux escadrons du 1er régiment de dragons
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 319).

Le 13 vendémiaire an 8 (5 octobre 1799), le Général de Division Soult écrit, depuis Schennis, au Général Mortier : "Je vous préviens, mon cher camarade, que, d'après de nouvelles dispositions, la division que vous commandez sera composée des 45e (44e ?), 50e , 84e et 108e, deux escadrons du 1er régiment de dragons et de six pièces de quatre.
Vous aurez sous vos ordres les généraux de brigade Laval et Molitor, et, pour l'état-major, les deux adjoints de l'adjudant général Lacour. Le général Gazan, que vous relevez dans cette position, vous indiquera celle des troupes et vous fera connaître les mouvements qu'elles ont opérés aujourd'hui.
Demain 14, vous mettrez votre division en marche et vous la dirigerez sur Wallenstadt et Sargans, faisant tout votre possible pour vous emparer de cette dernière ville, et vous prendrez position, la droite à Mels, couvrant avec force le Weistannerthal, et la gauche à Sargans, occupant cette ville. Vous jetterez des partis nombreux sur Ragatz et sur Axmoos, éclairant parfaitement la vallée du Rhin, et poussant quelques troupes jusqu'au pont de Zollbruck, dont vous vous emparerez, s'il est possible, mais cependant sans compromettre vos troupes.
Comme l'artillerie ne peut pas suivre votre marche, il faudra, en arrivant à Wallenstadt, vous emparer de tous les bateaux qu'il peut y avoir sur le lac, les envoyer de suite à Wesen chercher les canons et caissons que vous y aurez dirigés, et les embarquer pour vous être amenés.
Votre correspondance ne pouvant se faire que par Wesen et Lichtensteig, il faudra laisser à ce premier endroit un poste de correspondance, pour porter vos dépêches; il faudra aussi en mettre dans le Linthal, pour faciliter mes correspondances avec le général Loison, avec lequel je vous prie de correspondre, et demain pousser des troupes sur Pantenbruck et vers Flims.
Je vous préviens que demain, partant de Lichtensteig, je me porterai vers Saint-Gall ou Bischoftzen; je vous prie de me donner souvent de vos nouvelles.
Il sera nécessaire que vous fassiez éclairer la vallée de la Thur, par laquelle on pourrait faire venir votre artillerie, dans le cas où elle ne pourrait être embarquée sur le lac de Wallenstadt
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 329).

Le même 13 Vendémiaire an 8 (5 octobre 1799), le Général de division Soult écrit, depuis Schennis, au Général Gazan : "Je vous préviens, mon cher camarade, que je donne ordre à la 36e demi-brigade, au bataillon des grenadiers, à deux bataillons de la 25e, à une compagnie d'artillerie légère et à deux escadrons du 10e régiment de chasseurs à cheval, de partir de suite, pour se rendre à Lichstensteig. Je vous prie de donner ordre à l'autre bataillon de la 25e, qui doit être avec vous, de partir également de suite, pour la même destination, et de le faire suivre par la 2e compagnie d'artillerie légère que vous avez, et par le restant du 10e régiment de chasseurs à cheval; n'en garder qu'un escadron jusqu'à l'arrivée du 1er régiment de dragons; alors cet escadron rejoindra le régiment. Sitôt que la 108e demi-brigade sera arrivée, elle relèvera la 94e, et vous ordonnerez à cette dernière de partir sur-le-champ, à marche forcée, pour se rendre à Lichtensteig. Vous voudrez bien vous y rendre, de votre personne, sitôt que vous aurez été relevé par le général Mortier, qui gardera sous ses ordres les généraux Laval et Molitor, et les 44e, 50e, 84e et 108e demi-brigades, et six pièces de 4. Je vous prie de prévenir de ces dispositions les généraux et commandants des troupes que je viens de vous désigner.
Je vous attends à Glaris, où je vous prie de vous rendre, aussitôt que vous aurez expédié ces différents ordres, et que vous aurez renvoyé sur Lichtensteig tous les détachements de corps qui doivent se rendre à cette destination. Prévenez le général Molitor qu'il doit continuer à poursuivre l'ennemi et de rendre compte de ses mouvements au général Mortier
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 331).

La Division Mortier est portée vers Mlez et Sarganz.

Le 14 Vendémiaire an 8 (6 octobre 1799), le Général Soult adresse son rapport, depuis Lichtensteig, au Général en chef : "Je vous rends compte, mon cher général, du résultat des mouvements que j'ai fait opérer aux 2e, 3e et 4e divisions.
Le 11 au soir, l'ennemi ayant évacué le Muttenthal, le général Loison reçut ordre de porter des troupes dans le Linthal, par le Schachenthal, et d'en pousser vers Pautenbruck. Ces deux mouvements s'exécutèrent, le 12 au matin, et le général Gudin s'empara, en même temps, de la vallée d'Urseren.
Le général Mortier partit, le 12, du Muttenthal, avec un bataillon de la 38e demi-brigade et la 108e; il attaqua l'ennemi sur le mont Brackel, le força à se retirer dans le Klanthal, où il le poursuivit, après lui avoir fait trois cents prisonniers, pris un grand nombre de chevaux et de mulets, dix-huit cents fusils, beaucoup de munitions avec la voiture de Souwarow, et avoir vu jeter dans les précipices huit pièces de canon.
En évacuant le Muttenthal, Souwarow parut vouloir opérer sa retraite sur Altorff, mais le mouvement du général Loison dans le Schachenthal l’obligea à ramener précipitamment ses troupes sur Glaris, d'où, le 12, il entreprit vainement de nous repousser du défilé de Noefels.
Le 13, à 4 heures du matin, les Russes évacuèrent Glaris et firent leur retraite par Schwanden et le Semsthal, se dirigeant sur Coire. Les généraux Gazan, Molitor et Mortier devaient les attaquer, à la pointe du jour. J'ordonnai au général Gazan de détacher à leur poursuite le général Molitor. Celui-ci les joignit au-delà de Schwanden; il leur enleva huit cents prisonniers, une pièce de canon et quantité de chevaux et mulets. A la nuit, il se battait encore, en avant d'Engi, et il m'annonçait de nouveaux prisonniers.
L'ennemi a laissé dans Glaris six cents de ses blessés, dont plusieurs officiers, beaucoup d'équipages; et nos soldats ont pris, dans la poursuite, une caisse militaire contenant trente mille francs, qu'ils se sont partagés.
La perte des Russes, depuis le 8 de ce mois jusqu'au 13, où ils ont opéré leur retraite, est très-considérable; on leur a fait plus de trois mille prisonniers, en y comprenant les blessés qu'ils nous ont abandonnés. Le nombre d'ennemis tués dépasse quinze cents hommes ; parmi ces derniers se trouve le général des Cosaques, militaire très-estimé et regretté de sa troupe. La route est en outre couverte de mourants et de blessés; nous avons pris plus de huit cents chevaux ou mulets et une énorme quantité d'équipages.
Il est impossible de se faire une idée de l'état affreux dans lequel se trouve l'armée de Souwarow; ses soldats tombent de faim et de misère; depuis qu'ils sont en Suisse, ils n'ont pas reçu de pain. Le pays qu'ils ont parcouru offrait encore quelques ressources; ils ont tout dévoré, et ils s'en vont avec la malédiction des habitants de ces malheureuses contrées, et en voyant, à chaque pas, leurs forces s'affaiblir par les pertes continuelles que la rigueur du climat et la poursuite de nos troupes leur font éprouver.
Je suis parti hier au soir de Glaris, après avoir vu déboucher du Klanthal la colonne du général Mortier, et avoir fait opérer sa jonction avec celle du général Loison, venue par le Linthal. Le général Molitor continuait à poursuivre les Russes; je n'ai pas encore le rapport de sa marche, ni celui des derniers avantages qu'il doit avoir obtenus.
Aujourd'hui le général Loison doit porter des troupes du Pantenbruck jusqu'à Flims, s'il y a possibilité, et faire avancer une partie de la brigade du général Gudin vers Dissentis, pour menacer Ilanz; il gardera en même temps le Saint-Gothard, et tiendra une réserve à Urseren.
Le général Mortier, avec la 3e division, marche sur Sargans et Wallenstadt, pour prendre position, la droite à Mels, et la gauche à Sargans, couvrant le Weissanerthal. Il jettera des partis sur le pont du Rhin, dit Zolbruck, il s'en emparera même, s'il est possible; il gardera la vallée du Rhin jusqu'à Axmoos, et éclairera celle de la Thur.
Le général Gazan, avec la 2e colonne des troupes que j'ai rassemblées à Lichtensteig, prendra position aujourd'hui, en avant de Weil. Demain, il marchera sur Constance pour s'en emparer, et il enverra des reconnaissances, pour communiquer avec le corps que vous devez porter sur Stein.
La première colonne des mêmes troupes, commandée par le général Brunet, a porté son infanterie légère à Scbwelbrug; demain elle éclairera Appenzell, et prendra position en avant de Saint-Gall, d'où elle enverra de fortes reconnaissances sur Arbon, Roschach et Rheineck.
Mon quartier général sera demain à Saint-Gall
" (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 2, p. 271).

Le Rhin sert alors de ligne de démarcation entre les deux armées comme au commencement de la campagne, et elles prennent leurs quartiers d'hiver au milieu du mois d'octobre.

Le 12 octobre, la 108e est à la 3e Division (Géneral Soult).

Pendant que l'Armée du Danube est établie en ses quartiers d'hiver, sur la frontière orientale de la Suisse reconquise, le Général Bonaparte devient Premier Consul. A peine au pouvoir, il constitue une nouvelle Armée du Rhin, dont il donne le commandement au Général Moreau. La 108e va former alors avec la 14e légère, les 46e, 56e et 57e de ligne et le 3e Régiment, une Division aux ordres du Général Delmas. Cette Division est l'une des trois Divisions du Corps de réserve qui défendent Bâle avec son camp retranché, sur la rive droite du Rhin et occupent la Haute-Alsace. Le Général Moreau commande en personne le Corps de réserve.

En Frimaire an 8, on soumet au Général Bonaparte une "Proposition de nommer adjudant général le citoyen Mathys, chef de bataillon à la 108e demi-brigade"; "La première bataille où il se distinguera", répond ce dernier (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 1740 - Note : Cf. Chuquet Feuilles d'histoire, 1913, 1, p. 462-463).

Selon les Etats Militaires de l'an VIII (1799-1800), la 108e Demi-brigade est à l'Armée du Rhin. Elle est commandée par le Chef de Brigade C. Pouchin. Chefs du 1er Bataillon, CC. Huard; du 2e Bataillon, Mathis, du 3e Bataillon, Guillon.
Adjudants-majors, du 1er Bataillon Coquereau; du 2e Bataillon Griffoul, du 3e Bataillon Amat.
Quartiers-maîtres-trésoriers, Coutellier, Baillon.
Chirurgiens-majors : Guillou, Jourisseau, Fabre.
1er Bataillon : Capitaines C. C. Remy, Grenadiers, Boulet, Charette, Gillet, Obrien, Garnier, Mousse, Guille, Millot. Lieutenants Mercier, Pequignol, Bonaventure, Claustre, Jolly, François, Tache, Lemaître, Lemaître. Sous-lieutenants Barbot, Ottenin, Noury, Dumas, Bellaigue, Frazé, Remond, Guerendel, Chambeau.
2e Bataillon : Capitaines Dhonnieres, Grenadiers, Raimond, Vincenne, Legrand, Bienvenu, Samson, Hannequin, Masson, Quenel. Lieutenants Lefranc, Bessard, Mourette, Lalance, Grassoreille, Dupays, X, Skenardy, Tarisson. Sous-lieutenants Baudoz, Bonne, Leroy, Delbos, Lacroix, X, Laborie, Leclerc, Duluquy.
3e Bataillon : Capitaines Tremoulet, Grenadiers, Galmard, Mathieu, Moyaux, Bouchot, Bourgeois, Mirande, Dolhin, Pichot. Lieutenants Schmitz, Lefevre, Dupré, Joly, Menard, Robert, Chediu, Luderitz, Poulombe. Sous-lieutenants X, X, Chazal, X, Dossat, Schmitd, Rottin, Voisin, X.

- Inspection de la 108e Demi-brigade de Ligne par le Général Schauenburg, le - an 8

"Revue d’inspection passée le - an -.
108e Demi-brigade.
Etat-major.
- , Chef de Brigade, du - .
- , Chef de Bataillon, du - .
- , Chef de Bataillon, du - .
- , Chef de Bataillon, du - .
- , Adjudant-major, du -.
- , Adjudant-major, du -.
- , Adjudant-major, du -.
- , Quartier-maitre trésorier, du - .
- , Quartier-maitre, du - .
- , Adjudant sous-officier, du -.
- , Adjudant sous-officier, du -.
- , Adjudant sous-officier, du -.
Officiers ne pouvant faire campagne, remplacés par des surnuméraires.
Officiers infirmes.      Remplaçants du même corps.
Dolphin, Capitaine. A des douleurs rhumatismales, ne peut continuer la guerre.      Lesauvage, Capitaine, très bien noté.
Charrêté, Capitaine. Attaqué de la poitrine. Sa démission a été présentée au Général Lecourbe, qui a refusé de l’accepter.      Gillot, Capitaine, idem.
Pichot, Capitaine. Vieux, cassé, éludant de demander sa retraite, pillier de Dépôt.      Contosse, Capitaine, idem.
Robert, Lieutenant. Ne peut plus faire campagne.      100e. Saint-Mars, Lieutenant, idem.
Menard, Sous-lieutenant. Trop âgé. Ne peut idem.      100e. Doyen, lieutenant, idem.
Voisin, Sous-lieutenant. Susceptible de retraite.      4e id. Ottery, Sous-lieutenant, idem.
Officiers supérieurs à la suite du Corps.
Pouchin, Chef de Bataillon, dans ses foyers.
Administration
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : Registre particulier des revues. An VIII ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.492 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

1800

Moreau,après avoir fait une démonstration sur sa gauche, débouche par Bâle et Busach sur la rive droite du Rhin.

Le 1er mai 1800, la Division Delmas emporte de vive force le pont de la Wutach, au-dessous de Lanchinger, pendant que l'aile droite de l'armée venant de Suisse, avec le général Lecourbe, force le passage du Rhin à Richlingen.

Deux jours après, le 3 mai, ont lieu en même temps la bataille d'Enghen et le combat de la Stokach. La 108e assiste à l'action d'Enghen, avec la Division Delmas. Les troupes de ce Général ayant chassé l'ennemi de Witterdnigen, enlèvent après un combat sanglant, le pic de Hohenhoeven. La Demi-brigade compte parmi ses blessés les Lieutenants Lalanne et Chambeau.

La 108e combat à Moeskrich les 4 et 5 mai 1800 où l'ennemi s'est retiré après sa défaite d'Enghen. La 108e y combat encore avec bravoure et distinction. Le Rapport sur les opérations de l’armée, à la date du 15 Floréal an 8 (5 mai 1800), rapporte : "... L’ennemi ne renonçant pas à son projet longea encore notre ligne et fit de nouveaux efforts pour déborder notre extrême gauche mais la division du général Bastoul suivit toujours ses mouvements et le repoussa toujours avec vigueur. Les 14e légère, 89e, 53e, 108e, 23e montrèrent dans ces différents combats beaucoup de sang-froid et de courage. Elles furent parfaitement conduites par les généraux Walther et Desperrières.
L’ennemi faisait encore un dernier effort sur ce point et sur le front du général Delmas qui le fit soutenir par la 108e lorsque le général Richepanse arriva, envoya du secours aux deux divisions, établit une vive canonnade avec l’ennemi et acheva d’avancer le succès de cette journée ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 9 page 30).

La 108e combat ensuite le 9 mai 1800 à Biberach.

Le 7 Juin 1800 (18 Prairial an 8), la 108e Demi-brigade passe sous le commandement de Pierre-Louis-Binet de Marcognet.

La 108e prend part aux combats de Friedberg du 17 au 20 juin 1800, sur la rive gauche du Danube.

A la suite des succès de Moreau et surtout de la décisive victoire de Marengo (14 juin 1800), les Autrichiens consentent à se retirer derrière l'Inn, et les troupes françaises prennent leurs cantonnements en Bavière. Le Général Grandjean remplace alors le Général Delmas à la tête de la Divisioh formée des 108e, 46e et 57e de ligne, ainsi que du 3e Régiment de cavalerie.

Le Chef de Brigade Pouchin, passé à cette époque à l'Armée d'Italie pour prendre le commandement de la place de Gênes, est remplacé à la tête de la 108e par le Chef de Brigade Marcognet.

Le 7 juillet 1800 (7 juillet 1800), le Général Grenier écrit, de Geissenfeld, au Général Moreau : "La 42e demi-brigade est sans chef depuis longtemps, mon cher général ; chaque jour ce corps perd beaucoup par la discipline, et le général Legrand en m’en rendant compte, me demande avec instance un chef qui, par ses talents, puisse conserver à cette demi-brigade la réputation qu’elle si bien mérité jusqu’ici. Si votre choix n’est pas encore fait, mon cher général, je vous rappellerai les citoyens Huard et d’Honnières, chefs de bataillon à la 108e ; le dernier à mon avis est à préférer" (Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 91 page 194). Huard sera nommé à la têtre de la 42e; d'Honnières quant à lui prendra la tête de la 51e.

Le 20 juillet 1800 (1er Thermidor an 8), le Général Grenier écrit, depuis Ratisbonne, au Général Moreau : "J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher général, avec l’état des services du chef de bataillon d’Honnières, copie des différentes nominations de chef de brigade faites en sa faveur par les généraux Ligniville et Hoche et qui par un enchainement d’évènements malheureux n’ont point été confirmés. Vous m’avez promis, mon cher général, de le nommer au commandement de la 51e demi-brigade, vacant par la mort du citoyen [en blanc]. Je rappelle à votre mémoire ce brave militaire que de longs services et des talents distingués rendent digne de vous être vivement recommandé" (Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 98 page 209).

Le 8 août 1800 (20 Thermidor an 8), le Général Grenier écrit, depuis Ratisbonne au Citoyen d’Honnières : "Je vous préviens, citoyen, que sur ma demande, le général en chef vous a nommé au commandement de la 51e demi-brigade. Vous voudrez bien en conséquence vous rendre au reçu de la présente au quartier général à Ratisbonne où je vous remettrai votre nomination" (Papiers du Général Paul Grenier. XIV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 237).

Les négociations pour la paix n'ayant pas abouti, l'armée autrichienne commandée par l'Archiduc Jean passe l'Inn le 27 novembre et se porte en avant. L'armée française s'étend alors du Danube au Tyrol, mais son principal corps de bataille se trouve concentré à l'ouest de Munich et la forêt de Hohenlinden.

La 108e, forte de 2,328 hommes, passe à cette époque sous les ordres du Général Grouchy remplaçant à la date du 3 décembre le Général Grandjean, intérimaire.

La 108e combat le 1er décembre pour soutenir les troupes de Ney fortement attaquées par des forces supérieures en avant de Hohenlinden. Elle perd dans cet engagement un Officier tué, le Lieutenant Quinet, 3 soldats également tués, 46 soldats blessés, parmi lesquels le Sous-lieutenant Bré. Ce combat figure dans les fastes du 108e sous le nom de combat de Haag ou Marschweiler.

La 1re Division de la Réserve de l'armée, une des plus belles et des plus nombreuses, est alors commandée provisoirement par le Général de brigade Grandjean. Grouchy, qui vient tout juste de rentrer d'Italie, reçoit l'ordre, le 2 décembre 1800, d'en prendre le commandement, ainsi que cela résulte d'une lettre du Général Dessoles, ami de Grouchy et Chef d'Etat-major général de l'armée. La Division Grouchy est formée des 46e, 57e et 108e Demi-brigades, présentant un effectif de 9,000 combattants ; des 6e de Cavalerie, 11e de Chasseurs et 4e de Hussards donnant 2,000 chevaux, de 250 artilleurs, de 200 hommes du Génie ; total général environ 12,000 hommes. Les deux Brigades sont aux ordres des Généraux Boyé et Grandjean. Grouchy, dont le Quartier général est à Linz lorsqu'il rejoint la Division, a pour Aides de camp les Capitaines de cavalerie Dupuis et Ferrière et le Sous-lieutenant de Chasseurs Grimaldi (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 141).

Le matin du 3 décembre, les deux armées prennent les armes avant le jour, une neige épaisse couvre le sol. Quatre colonnes autrichiennes s'avancent à travers la forêt de Hohenlinden.

Etablie en avant et à la droite du village de ce nom, la 108e va recevoir le premier choc de la colonne principale de l'ennemi. Alors, trois pièces d'artillerie et le 4e Hussards sont envoyés en soutien de la Demi-brigade qui, par des feux à volonté des plus nourris, se maintient à merveille dans sa position et contient les progrès de l'ennemi.

Celui-ci se détermine alors à attaquer la Division Grouchy en la prenant sur le flanc droit. La 108e se voyant tournée, fait un mouvement de retraite et cède un instant le terrain. Son Chef, le Chef de Brigade Marcognet est blessé et fait prisonnier. Mais reprenant soudain l'offensive, la Division Grouchy est formée en colonne d'attaque : en première ligne, 46e et 57e de ligne ; en seconde ligne ou en réserve, la 108e chargée d'observer les bois de droite afin d'arrêter l'ennemi s'il tente d'en déboucher. La Division Grenier ayant été violemment attaquée par des forces très supérieures, la 108e se porte à son secours et fonçant sur les Autrichiens à la baïonnette, jette un épouvantable désordre parmi leurs troupes.

Pendant que la 108e et la Division Grouchy, à laquelle elle appartient, luttent victorieusement à Hohenlinden, les Divisions Richepance et Decaen sont tombées sur le flanc des deux colonnes de gauche autrichiennes et leur ont infligé des pertes considérables.

L'ennemi s'avoue battu et l'Archiduc Jean profitant de la nuit, ramène en arrière de l'Inn ses fameuses colonnes diminuées de 13,000 hommes environ tués ou blessés, et ayant également perdu 90 pièces de canon et tous ses bagages ou presque.

Notre armée victorieuse bivouaque de l'autre côté de la forêt, la Division Grouchy est installée à Strasmeyen, sur la route de Haug.

Dans cette affaire la 108e, soit pour son compte personnel, soit ent se portant au secours de la Division Grenier, s'est bravement conduite et compte un assez grand nombre de tués ou de blessés. Parmi ces derniers figurent le Chef de Brigade Narcognet, les Capitaines Bouvard, Mayeux, et le Lieutenant Landeritz. Le Capitaine Henneqnin, dont la bravoure s'est déjà fait remarquer à Zurich et à Muttentahl, se fait encore mettre à l'ordre du jour dans cette glorieuse victoire pour nos armées. Le Général Grouchy, dans son rapport au Général en chef, cite tout particulièrement les 57e et 108e Demi-brigades pour leur mâle et courageuse conduite devant l'ennemi.

Le 3 décembre au soir, Grouchy écrit à Moreau : "Mon général, j'ai l'honneur de vous rendre compte que j'ai pris position à Strasmeyer sur la route de Haag, un peu sur la gauche et en avant de Mattenpot ; j'ai avec moi la 46e, la 6e de cavalerie et le 11e de chasseurs. Richepanse est en avant de moi vers Haag. Une partie de la division Ney en arrière, au débouché du grand bois. J'attends vos ordres, mon général, et la rentrée de la 57e et 108e quand vous n'en aurez plus besoin.
Richepanse a emmené le 4e de hussards et une partie de mon artillerie ; ce que j'ai ici est bien réuni et ensemble.
Recevez, général, l'expression de ma joie de cette belle journée et toute ma gratitude de l'excellente division que vous m'avez confiée
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 144).

Dans son rapport adressé au Général en chef, rédigé le lendemain de la bataille, le Général Decaen écrit : "... Les troupes aux ordres du général Debilly, restées sur le point d'Ebersberg, en communiquant avec Hohenlinden, ont dégagé une compagnie de la 108e enveloppée par l'ennemi, et ont fait 300 prisonniers" (« Journal de mes campagnes comme général de division dans l'an VIII et l'an IX (1800-1801) – In Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 2, p. 142).

De son côté, le Général Grouchy, dans son rapport au Général en chef, daté de Reichersheim, le 5 décembre 1800, cite tout particulièrement les 46e, 57e et 108e Demi-brigades pour leur mâle et courageuse conduite devant l'ennemi. Il écrit : "Mon général, je vous envoie ci-joint un premier rapport de la journée du 3 décembre.
Le 2 au soir, la division sous mes ordres occupait une position sur la droite et un peu en avant du village de Hohenlinden. La 108e demi-brigade était placée sur le terrain qui se trouve entre la grande route et les bois ; la 46e demi-brigade et la 57e en échelons sur la lisière du même bois, gardant les divers chemins qui la traversent et se dirigent vers Wasserbourg et Ebersberg ; les troupes à cheval dans la plaine, à la gauche de l'infanterie, et l'artillerie à la tête du débouché venant d’Inding ; nos avant-postes qui étaient à portée de fusil de ceux des Autrichiens furent attaqués pendant la nuit du 2 au 3 et un hameau en avant de notre front fut pris, repris, et finit par rester à l'ennemi.
Le 3, à huit heures du matin, la division fut attaquée sur tout son front ; les Autrichiens faisant principalement effort dans la partie défendue par la 108e demi-brigade, et sur la route qui conduit à Hohenlinden ; trois pièces d'artillerie et le 4e régiment de hussards furent conduits par le général Boyer au soutien de la 108e, qui se maintint parfaitement et empêcha les progrès de l'ennemi. Celui-ci se détermina alors à faire attaquer par huit bataillons, la majeure partie de grenadiers, par les bois le flanc droit de la division. La 108e, se trouvant tournée, fut un moment obligée de céder quelque terrain, et son chef, Marcognet, blessé et pris. La 46e, qui depuis longtemps était exposée au feu le plus violent de mitraille et se soutenait avec la fermeté qui lui est si ordinaire, fut conduite par le général Grandjean au secours de la 108e à l'instant où l'ennemi, profitant de sa grande supériorité, débouchait des bois. Un demi-bataillon de la 46e fondit dessus à la baïonnette, et, après une sanglante mêlée, parvint à le culbuter et à le rejeter au loin. Un demi-bataillon de la 57e fut également porté fort en avant sur la droite, pour s'opposer aux desseins de l'ennemi, qui continuait à chercher à nous tourner par les bois devenus le théâtre de combats partiels aussi opiniâtres que glorieux. L'on se battit corps à corps ; enfin la victoire nous resta, et un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels le général major Spanocchi, qui conduisait cette attaque. Cependant les Autrichiens avaient, simultanément à leur attaque de flanc, réattaqué sur notre front. Ils y furent chargés par deux escadrons du 11e de chasseurs, qui les culbutèrent et leur enlevèrent deux pièces de canon. Le 4e de hussards contribua également à les repousser et leur enleva trois pièces ; enfin l'artillerie de la division dont le feu, parfaitement dirigé, produisit le plus grand effet, acheva de les écraser.
Pour profiter de ces premiers avantages, une attaque générale des divisions du lieutenant général Grenier et de la mienne ayant été ordonnée, la 46e et la 57e furent formées en colonne d'attaque, et la 108e placée au soutien et chargée de surveiller les bois sur la droite afin d'arrêter l'ennemi, s'il tentait de nouveaux efforts dans cette partie. Les Autrichiens furent culbutés de toute part, rejetés dans le défilé de Mattenpot, et leur déroute devint complète sur ce point. Néanmoins une vigoureuse attaque d'un autre corps de leur armée, sur celui du général Grenier, ayant lieu vers les trois heures, la 57e et une partie de la 108e furent portées à son soutien ; la division Richepanse se trouvant alors en avant de la division, le 4e hussards et une partie de l'artillerie légère furent envoyés pour les renforcer, et coopérèrent au succès de la journée et à la prise de nombre de prisonniers.
La nuit ayant empêché de poursuivre l'ennemi plus longtemps, la division prit position à Strasmeyer, la droite aux bois et à cheval sur la route de Haag.
On ne peut encore faire connaître les nombreux traits de valeur et de dévouement qui honorent la division, le rapport de chacun des corps n'ayant pu être envoyé à raison des mouvements continuels ; mais, en me réservant, mon général, à vous les transmettre dans un rapport plus détaillé, je ne puis cependant me dispenser de payer le tribut d'éloges le plus éclatant comme le plus mérité, aux troupes de toutes les armes, à leurs officiers et à leurs chefs ...
Environ douze cents prisonniers, le général major Spanocchi, six bouches à feu enlevées dans des charges audacieuses, nombre d'autres ramenées, tels sont les trophées qu'a obtenus la division. La perte, que cependant je ne sais point encore officiellement, peut s'élever à cinq ou six cents hommes, en tués, blessés ou égarés
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 145).

Le second rapport du Général Grouchy, attendu par Moreau, lui est expédié le 8 décembre ; le Général écrit : "Mon général, je vous ai annoncé, par mon premier rapport de la journée du 3 décembre, que je vous informerais des traits particuliers de valeur et de dévouement qui honorent ma division, dès que les corps m'en auraient donné le détail. Je m'empresse de vous faire connaître aujourd'hui le nom des braves qui se sont distingués à la bataille de Hohenlinden, et je vous demande pour eux les honorables récompenses qu'ils ont si bien méritées ...
La 108e demi-brigade, dont la si belle conduite vous est connue, et la 57e se bornent à dire qu'elles ont rempli leur devoir. Vous apprécierez sans doute une telle modestie. Une bien flatteuse récompense leur est décernée dans l'honorable lettre que vous avez écrite à la division
" (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 149).

L'armée victorieuse, part pour l'Inn dès le 4 décembre au matin.

Le 7 décembre, Grouchy écrit au Général Moreau : "... J'envoie le drapeau pris par un tambour de la 108e ..." (Grouchy (Marquis de) : « Mémoires du Maréchal de Grouchy », Paris, Dentu, 1873, t. 2, p. 152).

L'Armée arrive presque sans combat sur la Salza que veut défendre l'ennemi.

La 108e, détachée à la Division Lecourbe chargée de passer la Saah, affluent de la Salza, se fait encore remarquer par son entrain dans le passage de cette rivière, et elle est citée dans le Bulletin historique du Général Grouchy, comme s'étant très bien conduite. Dans ce combat, le Lieutenant Olivier ainsi que le Sous-lieutenant Gobillard de la 108e sont hors de combat, le premier, tué raide, le second grièvement blessé. Le 24 décembre, l'Archiduc Charles, désespérant d'arrêter nos progrès, signe la capitulation de Steyer.

/ 1801

Le Chef de Brigade Marcognet, rentré de captivité dès le mois de janvier 1801, reprend à son arrivée au Corps le commandement de la Demi-brigade.

Le 9 février 1801 est signée la paix de Lunéville.

A ce moment, la 108e est cantonnée près de la vallée de Lintz-sur-Danube; elle ne quitte ses quartiers d'hiver que vers le 8 mars, époque où elle rentre en France pour jouir d'un repos bien mérité et se préparer à de nouveaux combats. Elle tient les garnisons de Mons, de Tournay et de Charleroi.

Arrêté du 12 juillet 1801 (23 messidor an 9), promulgué par Bonaparte depuis Paris : "ARTICLE 1er. La 1re division de la flottille légère (Anvers) sera servie par la 76e demi-brigade ...
La 3e division (Mons et Tournay), par la 108e demi-brigade ...
ART. 2. Chacune de ces demi-brigades fournira les troupes nécessaires pour tenir garnison et s'exercer à la manoeuvre des chaloupes canonnières.
ART. 3. Chaque demi-brigade fournira un détachement pris dans un seul bataillon.
Ce bataillon sera composé d'un chef de bataillon, de trois capitaines, de six lieutenants ou sous-lieutenants, de 430 sous-officiers, soldats et tambours.
ART. 4. Chaque chef de bataillon se concertera avec l'officier de marine commandant la division, et s'embarquera sur le même bord. Chaque capitaine s'embarquera sur la chaloupe canonnière de l'enseigne de vaisseau qui commande la section ...
ART. 6. Le ministre de la guerre nommera un adjudant commandant et un chef de bataillon d'artillerie, pour être chargés du détail du service de l'infanterie et de l'artillerie de terre, et faire exécuter les ordres du contre-amiral Latouche.
ART. 7. Tous les officiers de terre et de mer seront sous les ordres immédiats du contre-amiral Latouche.
ART. 8. Les ministres de la guerre et de la marine sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent arrêté, qui ne sera pas imprimé
" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 296 ; Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 5637).

La 108e de ligne figure dans la "Correspondance relative à l’inspection d’infanterie dans le 9e arrondissement, commencée le 24 Frimaire an 10 par le général de division Grenier inspecteur général d’infanterie pour l’an 10
Fini le 4 Fructidor an 11
Corps faisant partie de l’inspection dans le 9e arrondissement
... 24e division militaire :
108e id 3 bataillons à Mons ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 61 page 134).

Le 15 décembre 1801 (24 Frimaire an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Sarrelibre : "Circulaire aux généraux commandant la 16e et la 24e divisions militaires de la Batavie ...
Le Ministre de la Guerre m’instruit, citoyen général, que les 5e, un bataillon, 76e, 84e, 89e et 108e demi-brigades de ligne, qui font partie de l’inspection qui m’est confiée, sont stationnées dans la 24e division militaire que vous commandez. Je vous préviens en conséquence que j’arriverai du 5 au 7 de de ce mois prochain à Mons où je commencerai ma tournée. Veuillez, je vous prie, m’y adresser l’état d’emplacements de chacune d’elles et me donner les renseignements que vous aurez pu acquérir, depuis qu’elles sont sous vos ordres, sur leur instruction, tenue, discipline et sur la moralité et conduite des corps des officiers.
Veuillez aussi me donner avis des mouvements qui pourraient avoir lieu dans votre arrondissement
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 138).

Le 15 décembre 1801 (24 Frimaire an 10), le Général de Division Grenier expédie, depuis Sarrelibre, une "Circulaire aux Conseils d’administration et aux chefs de la 7e, 8e, 17e, 54e, 95e, 5e, 76e, 84e, 89e, 108e demi-brigades de ligne et du dépôt de la 27e demi-brigade d’infanterie légère.
Le Ministre de la guerre vous a sans doute donné avis, citoyens, que la demi-brigade que vous administrez fait partie du 9e arrondissement dont l’inspection m’est confiée. Je vous adresse en conséquence deux livrets de revues avec les y annexés, ainsi que 2 états du n°2 pour être préparés avant mon arrivée. Vous y trouverez joint un modèle qui vous indiquera le mode de remplir l’état nominatif des officiers ; la colonne des observations, ainsi que dans tous les états, devant être remplie par moi, restera en blanc ; cependant, vous ferez préparer à l’avance un double de chacun des états faisant partie de la revue, et dans l’état n°2, sur papier libre ; chacun des chefs de bataillon avec le chef de brigade donnera son avis sur la moralité et talents des officiers.
Je vous recommande, citoyens, de donner les plus grands soins à la confection des livrets de revue et des états y annexés, afin qu’il ne me reste qu’à en verifier l’exactitude.
Vous aurez attention encore de faire mettre en règle les pièces qui devront être à l’appui des demandes d’admission à la solde de retraite aux invalides ou vétérans nationaux. Je vous préviens que je ne les recevrai qu’autant qu’elles seront littéralement conformes aux dispositions de la loi du 28 Fructidor an 7.
Je vous préviens aussi que je ne recevrai aucune demande, à l’exception des plaintes ou des réclamations d’une nature particulière, si elle ne m’est pas présentée suivant les formes de la hiérarchie militaire et je vous recommande expressément d’en agir de même à l’égard de celles qui me seront adressées.
L’inspection qui m’est confiée ayant pour but de faire connaitre au gouvernement les abus qui peuvent exister, les améliorations à faire dans les différentes parties du service, de lui rendre compte de l’instruction, de la discipline, de la tenue, de l’habillement, armement, équipement, comptabilité etc., je vous engage à me mettre à même de lui faire un rapport satisfaisant de votre administration et gestion.
J’arriverai à Bruxelles le 11 ou le 12 du mois prochain, d’où je vous annoncerai l’époque à laquelle je passerai votre demi-brigade en revue.
Avant mon arrivée, le chef de la demi-brigade en passera la revue préliminaire ; il recevra de chaque capitaine l’état de sa compagnie et en vérifiera les détails. D’après cette vérification, il fera remplir le livret préliminaire. Ce livret indiquera :
1° la force effective de la compagnie.
2° le nombre des présents.
3° le détail des absents.
4° le nombre de recrues admis pendant l’an 9 et jusqu’au moment de la revue.
6° la balance du gain et de la perte en hommes depuis le 1er Vendémiaire an 9.
Le chef du corps me remettra à mon arrivée ce livret préliminaire par chaque compagnie afin que je puisse en prendre connaissance avant de voir le corps.
Il est entendu qu’on ne se servira pas pour cette opération première, des livrets de revue que je vous adresse, ces derniers étant absolument destinés pour la revue générale, l’un des deux devant servir de base à mon rapport au Ministre de la Guerre
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 63 page 139).

Le 3 janvier 1802 (13 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Chef de la 108e Demi-brigade, à Mons : "Je vous préviens, citoyen, que j’arriverai à Mons le 19 et que je passerai la revue de votre demi-brigade le 20. Cette revue sera arrêtée du 21. J’invite le général commandant la 24e division militaire, à donner au bataillon détaché à Tournay, d’être rendu à Mons le 19 d’où il repartira le 22 pour rentrer à Tournay. Les compagnies détachées à Charleroi resteront, mais vous aurez soin de faire venir à Mons les hommes susceptibles de la réforme, des congés absolus, solde de retraite, etc.
Je n’ai pas perdu de vue votre demande relative aux appointements dus aux officiers pour Frimaire. On m’assure que les fonds étaient faits et que vous devez les avoir touchés dans ce moment, ainsi que le chauffage de Vendémiaire et Brumaire ; quant aux logements et fourrages du dernier trimestre les fonds ne sont pas encore faits
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 66 page 145).

Le même jour, 3 janvier 1802 (13 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Général Guenand, commandant la 24e Division Militaire : "Je vous préviens, mon cher général, que je compte passer la revue de la 108e demi-brigade stationnée à Tournay et Mons, le 20 du courant. L’intention du gouvernement étant que les troupes soient réunies pour cette opération, autant que les circonstances le permettront. Je vous invite à donner ordre au bataillon de cette demi-brigade détaché à Tournay, d’être rendu à Mons le 19, d’où il pourra repartir le 22 pour rentrer dans sa garnison.
Les compagnies détachées à Charleroy n’enverront à la demi-brigade que les hommes susceptibles de réforme dans le cas des congés absolus de la retraite
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 66 page 145).

Le 10 janvier 1802 (20 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Mons, au Citoyen Froment, Quartier-maître de la 89e : "Je vous renvoie ci-joints, mon cher citoyen, les trois livrets de votre revue, afin que vous y comprenierz les enfants de troupe portés sur l’état que vous avez adressé au Ministre de la Guerre ; plusieurs corps, notamment la 108e, ont été autorisés à les comprendre à l’effectif par les inspecteurs aux revues ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 68 page 149).

Le 18 janvier 1802 (28 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Citoyen Catus, Inspecteur aux Revues : "Je vous adresse ci-joint, citoyen inspecteur, l’état nominatif des hommes que j’ai réformés dans la 108e demi-brigade de ligne.
Je dois vous prévenir que je n’ai pû viser la comptabilité de cette demi-brigade, attendu qu’elle n’est pas encore arrêtée par vous. J’ai dû motiver cette cause dans le registre des délibérations du conseil d’administration
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 69 page 151).

Le 20 janvier 1802 (30 Nivôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint, les états relatifs à la revue d’inspection de la 108e demi-brigade, consistant :
1° du livret de revue terminé par le résumé avec les états annexés.
2° de l’état nominatif des officiers avec apostilles doubles.
3° un double de l’état des militaires jugés susceptibles d’obtenir des distinctions d’honneur avec procès verbal.
4° le double de l’état des hommes proposés pour la pension de retraite avec mémoires de propositions et certificats d’invalidité.
5° le double de l’état des hommes proposés pour les vétérans avec les pièces voulues.
6° le double des états n°11, 12, 13 et 14.
7° l’état des officiers jugés dignes d’obtenir de l’avancement.
8° l’état des quatre sous-officiers susceptibles d’être promus au grade de sous-lieutenant au choix du gouvernement.
9° une demande de gratification pour les instructeurs militaires et ceux de l’école d’écriture de la demi-brigade.
10° état des emplois vacants.
11° observations du conseil d’administration sur les différentes parties du service, avec apostilles et auxquelles je vous prie d’avoir égard, en me faisant part de vos décisions.
12° un état des officiers démissionnaires avec les pièces à l’appui.
Vous remarquerez, citoyen Ministre, que j’ai réformé y compris le vaguemestre, 170 de cette demi-brigade qui étaient à charge de l’état n’étant propre à aucun service depuis plusieurs années ; un grand nombre de ces hommes été blessé à la guerre, mais n’ayant pas obtenu de certificat d’invalidité absolue, je n’ai pas dû les proproser pour la retraite ; il en résulte une grande décharge pour l’état.
Il résulte de mon travail que l’effectif de cette demi-brigade est aujourd’hui de 2138 hommes non compris les officiers ; si vous portez la déduction, les hommes que je propose.
Pour les demi-brigades de vétérans 13
Pour la pension de retraite 15
Pour être licenciés 3
Total 31 hommes.
Cette demi-brigade ne restera qu’à 2107 hommes.
Je n’ai pas fait rayer des contrôles les hommes que je propose pour le licenciement, attendu que je n’ai point ordonné leur départ, présumant que vous décideriez particulièrement sur leur sort.
Les hommes proposés ci-dessus pour les vétérans et solde de retraite, attendront également à la demi-brigade que vous ayez statué sur leurs demandes.
La 108e demi-brigade n’ayant pas de bretelles de fusils, j’ai provisoirement autorisé le conseil d’administration à en faire l’achat comme aussi d’employer aux réparations des objets d’équipement la quantité de 187# de cuir et de 147 portes gibernes … à charge pour lui de rendre compte de l’emploi à l’inspecteur général chargé de l’inspection de la demi-brigade pour l’an 11.
Si vous n’approuvez cette décision qui remplit le bien du service, veuillez me le faire connaitre avant qu’elle n’ait son entière exécution
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 72 page 157).

Le 21 janvier 1802 (1er Pluviôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruxelles, au Ministre de la Guerre : "Par ma lettre du 13 de ce mois, je vous demandais, citoyen ministre, si je devais opérer l’organisation du pied de paix dans les demi-brigades de mon inspection en me conformant littéralement aux dispositions de l’arrêté des Consuls du 18 vendémiaire ou si je devais attendre vos instructions particulières ; je dois vous réitérer cette question en vous observant que j’ai basé le travail de mon inspection dans les 89e et 108e demi-brigades sur l’ancien pied, me bornant à supprimer le vaguemestre. Il est donc instant, afin d’obtenir un travail uniforme, que vous me fassiez connaitre vos intentions.
Veuillez aussi me faire part de votre décision sur la question du tiercement et donner une solution aux demandes que je vous adresse ci-joint ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 72 page 157).

Le 29 janvier 1802 (9 Pluviôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Anvers aux Conseils d’administration des 89e et 108e Demi-brigades : "L’intention du gouvernement étant, citoyens, que l’organisation des demi-brigades voulu par l’arrêté des Consuls du 18 Vendémiaire an 10, aie lieu sans délai, vous vous en occuperez au reçu de la présente. Votre demi-brigade restant à trois bataillons vous vous conformerez pour se formation au tableau ci-après.
Etat-major
Chef de brigade 1, chef de bataillon 4, quartier maitre 1, adjudants majors 3, officiers de santé 3
Totaux 12
Adjudants sous-officiers 3, tambour major 1, caporal tambour1, musiciens dont 1 chef 8, maitre tailleur 1, cordonnier 1, guêtrier 1 armurier 1 ; totaux 17
Total de l’état-major : 29
Chaque bataillon devant être réduit à 648 hommes, non compris les officiers, les compagnies seront organisées ainsi qu’il suit :
Compagnies de grenadiers :
Capitaine 1, lieutenant 1, sous-lieutenant 1, sergent-major 1, sergent 4, caporal fourrier 1, caporaux 8, grenadiers 56, tambours 2 ;
Compagnies de fusiliers :
Capitaine 1, lieutenant 1, sous-lieutenant 1, sergent-major 1, sergent 4, caporal fourrier 1, caporaux 8, fusiliers 56, tambours 2 ;
Force d’une compagnie de grenadiers ou de fusiliers, non compris les officiers : 72 ...
La réduction qui s’opère par cette nouvelle organisation ne devant porter que sur les soldats, les sous-officiers et grenadiers qui seraient au dessus du complet voulu, resteront à la suite de leurs compagnies et seront admis successivement aux places qui viendront à vaquer dans d’autres compagnies de la demi-brigade.
Il est entendu que les compagnies devront être égalisées par l’excédent versé de l’une à l’autre, jusqu’à ce que chacune d’elle aie le complet voulu de 72 hommes non compris les officiers. Le tiercement devant s’opérer à la suite de cette organisation, vous vous conformerez pour cette opération au tableau ci-après.
1er bataillon :
1ère compagnie de grenadiers, 1ère, 13e, 4e, 16e, 7e, 19e, 10e et 22e de fusiliers.
2e bataillons :
2e compagnie de grenadiers, 2e, 14e, 5e, 17e, 8e, 20e, 11e et 23e de fusiliers.
3e bataillon :
3e compagnie de grenadiers, 3e, 15e, 6e, 18e, 9e, 21e, 12e et 24e de fusiliers.
Les compagnies connues maintenant sous différents n°s, ci-dessus désignés, les conserveront, et les capitaines seront placés à la tête de chacune d’elles suivant leur ordre numérique par ancienneté de grade de manière à ce que les 12 plus anciens capitaines de la demi-brigade aient chacun le commandement d’une division composée de deux … (compagnies ?) ainsi qu’elles se suivent dans l’ordre indiqué ; d’autre part vous remarquerez que cette disposition ne regarde pas les capitaines qui commandent actuellement les compagnies … (restantes ?), à moins qu’ils ne soient de 1ère classe, et alors ils devront prendre une des trois 1ères compagnies de la demi-brigade selon leur rang d’ancienneté dans cette classe.
Le tiercement subsistera jusqu’aux revues de l’inspection de l’année prochaine, quelques soient les vacances … (d’) emplois de capitaine qui pourraient avoir lieu pendant ce laps de temps, et l’ancienneté de ceux qui prendront le commandement des compagnies. L’intention du … est d’ailleurs que les compagnies conservent … leur numéro et que le tiercement ne s’opère que … les capitaines seulement ; ce mode réunissant l’avantage de n’apporter aucune confusion dans la comptabilité et de mettre les capitaines à portée de connaitre la plus grande partie des officiers et sous-officiers du corps, en passant successivement à différentes compagnies qui le composent.
Ci-joint, le procès verbal de la nouvelle formation et du tiercement de votre demi-brigade. Vous l’annexerez au livret de revue et le ferez transcrire sur le registre des délibérations du conseil d’administration.
Ps. Vous m’accuserez, citoyens, réception du procès verbal et de l’exécution de la présente dans le plus court délai à Breda
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 74 page 160).

Suit le "Résultat de la nouvelle formation de la 108e demi-brigade.
Il résulte de cette nouvelle formation que la demi-brigade sera forte de 1961 hommes.
A laquelle on ajoutera, les officiers de santé compris, 93 officiers.
Ce qui donnera en résultat le nombre de 2054 hommes voulu par l’arrêté des Consuls.
La force de la demi-brigade à la revue du 21 Nivôse est restée à 2138 hommes, non compris les officiers.
Il y aura donc au complet voulu un excédent de 177 hommes qui auraient droit aux congés absolus si l’on défalque de cet excédent comme je vais le proposer au Ministre de la Guerre les hommes proposés pour la pension, vétérans et licenciement, portés au nombre de 31.
Il n’y aura d’excédent réel que 146 hommes
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 76 page 164).

Le 1er février 1802 (12 Pluviôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Anvers, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Ministre, le procès verbal d’organisation sur le pied de paix de la 108e demi-brigade.
Son effectif n’étant à ma revue d’inspection porté qu’à 2138 hommes, sur lequel sont à diminuer les hommes proposés pour la tetraite, etc. 31
Son excédent au complet voulu du pied de paix n’est que de 146 hommes qui partiront par congés absolus ; il en résulte que cette demi-brigade n’a rien à verser dans d’autres corps
(Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 78 page 169).

Le même jour, 1er février 1802 (12 Pluviôse an 10), le Général de Division Grenier écrit une seconde foirs, depuis Anvers, au Ministre de la Guerre, Bureau de l’Inspection des troupes : "Citoyen Ministre, je vous rends compte que lors de la revue d’inspection de la 108e, je n’ai pu arrêter sa comptabilité, attendu qu’elle n’est pas vérifiée par l’inspecteur aux revues" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 79 page 171).

Le 13 mars 1802 (22 Ventôse an 10), le Général Grenier écrit, depuis Gand, "Aux Conseils d’administrations des 17e, 54e, 76e, 84e, 89e, 95e, 108e demi-brigades, 27e légère, 2e bataillon 5e de ligne, et dépôt de la 7e demi-brigade de ligne
Vous avez dû recevoir, citoyens, une lettre du Ministre de la Guerre en date du 16 Pluviôse dernier relative à la visite de vos demi-brigades, en exécution de l’article 8 du règlement du 7 Thermidor an 9 sur les demandes d’armes.
J’écris en conséquence aux commandants d’artillerie de la 24e division militaire, et celle en Batavie afin qu’il désigne des officiers d’artillerie pour assister à cette visite, de laquelle il sera dressé un procès verbal qui devra faire mention de tous les objets, et détails voulus par la lettredu Ministre de la Guerre. Vous m’adresserez ce procès verbal et les états qui en résulteront en triple expédition ; après que je l’aurai visée, l’une vous sera renvoyée, l’autre destinée au Ministre de la Guerre et la 3e me restera.
Il est nécessaire que la situation de l’armement portée au procés verbal soit conforme à celle annexée au livret de revue d’inspection.
L’article 38 du Règlement du 7 Thermidor an 9 précise que toutes les pièces de rechange seront tirées des seules manufactures nationales. Veuillez suivre strictement cette disposition de laquelle vous êtes responsable
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 183).

Le 15 mars 1802 (24 Ventôse an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Gand, au Ministre de la Guerre : "J’ai reçu votre lettre du 12 Ventôse par laquelle vous m’accusez réception des états et pièces relatives à la revue d’inspection des 76e et 108e demi-brigades ; dans l’une et l’autre vous me faites connaitre que les enfants de troupes ne devaient pas être compris dans l’effectif.
Cependant, par l’arrêté des Consuls du 18 Vendémiaire an 10 il est dit art. 8 qu’il pourra être admis deux enfants de troupes à la demi-solde par compagnie d’infanterie et rien n’annonce qu’ils devaient être mis en dehors ; de fait, j'ai trouvé dans toutes les demi-brigades les enfants de troupe compris dans l’effectif constaté par les inspecteurs aux revues ; il en résulte que cette disposition a été suivie dans toutes les demi-brigades que j’ai inspectées et que vous trouverez les enfants de troupe compris dans l’effectif des différentes que j’ai eu l’honneur de vous adresser.
Comme les hommes désignés pour partir par congés absolus sont encore aux corps, on peut rectifier cette erreur en diminuant les nombres des hommes à partir en proportion du nombre d’enfants de troupe existant dans chaque corps ; j’attendrai pour ordonner cette disposition vos ordres ultérieurs ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 85 page 183).

Le 26 mars 1802 (5 Germinal an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Bruges, au "Bureau de l’Inspection des Troupes, Infanterie
Le Général de Division Grenier, Inspecteur général d’infanterie, au Ministre de la Guerre
Citoyen Ministre, je vous ai adressé le travail de mon inspection par chaque corps fur et à mesure qu’il était tenu ; les opérations qui en font partie sont détaillées par les livrets de revue, les résumés et les ordres laissés aux demi-brigades vous ont fait connaitre mon opinion sur les différentes parties du service, de l’administration et de l’instruction. Je vous soumets ci-après quelques idées générales sur l’ensemble, les abus que j’ai cru apercevoir et les améliorations qui me paraissent nécessaires. Si par mon travail, j’ai rempli les intentions du gouvernement, je serais parvenu au but que je me suis proposé.
Résumé des opérations du général de division Grenier, inspecteur général d’infanterie dans le 9e arrondissement, avec les observations sur les différentes parties soumises à son examen présentées au Ministre de la Guerre le 14 Germinal ...
Pour la 108e de ligne, il y a eu 170 réformés à la revue ; l’effectif du Corps à la revue, après diminution des réformés, est de 2138. 15 soldats ont été proposés pour la pension, 13 pour les Vétérans. L’effectif pour le complet du pied de paix est de 1961. L’excédent du complet comprend 146 désignés pour congés absolus. 1 Capitaine et 1 Sous-lieutenant sont proposés pour la pension. Le Général Grenier note en observations : « a 20 enfants de troupe non compris dans son complet ; a en plus 3 hommes proposés pour le licenciement » ...
".

Suivent ensuite les observations du Général de Division Grenier : "Esprit des corps : généralement bon, tous les corps sont attachés au gouvernement, officiers et soldats sont animés du désir de bien faire ; tous méritent la considération due à l’état militaire.
Instruction théorique : a besoin d’être perfectionnée, depuis la rentrée des armes, les corps ont fait de fréquentes marches et les officiers et sous-officiers n’ont pu se livrer à leur étude avec tous les soins qu’elle exige ; il est hors de doute que l’inspection de l’an 11 offrira sous ce rapport des résultats plus satisfaisants.
Instruction pratique : est déjà fort avancée ; sera dans l’an 11 un degré de perfection nécessaire ; celle des soldats offre de l’ensemble, de la précision ; on remarque dans les rangs de l’immobilité et du silence ; la position des soldats et le port d’armes ont besoin d’être rectifiés.
Discipline : elle est observée dans tous les corps et leur fait honneur ; tous les renseignements pris à cet égard sont très avantageux.
Tenue : offre un bel ensemble ; ont de l’exactitude et de l’uniformité mais doit être surveillée dans les détails pour obtenir un plus haut degré de perfection.
Habillement : Mérite toute l’attention du gouvernement : l’habillement, quoique bon, présente des défectuosités ; en ce que les envois de draps et étoffes ne se font plus aux époques déterminées, que les draps et doublures ne sont pas conformes aux échantillons envoyés aux corps par le ministre de la guerre et que si les corps les rejettent, ils sont obligés d’attendre six mois avant de les voir remplacés et quelques fois n’obtiennent pas encore les remplacement auxquels les fournisseurs se refusent sous différents prétextes.
Les règlements sur l’habillement indiquent dans celui du soldat veste ou gilets ; plusieurs corps ont adopté les gilets ; il en résulte que les soldats devront porter les habits en été et que ceux-ci n’obtiendront pas la durée prescrite. La veste n’offre pas cet inconvénient, habille mieux le soldat, et peut être au moins cinq mois de l’été sans habit, excepté les jours de parade et de service ; il est d’ailleurs nécessaire d’établir l’uniformité dans l’armée ; il faut donc supprimer ou la veste, ou le gilet.
Equipement : l’équipement présente des bigarrures qu’il faut faire cesser. Il existe encore de la buffleterie noire dans les corps, outre qu’elle ne peut durer le temps prescrit par sa qualité beaucoup inférieure à la blanche, elle est sale et malpropre, ne parle pas à l’œil et répugne aux soldats qui ne lui donnent pas les mêmes soins. Cette buffleterie doit être remplacée. Presque tous les corps manquent de bretelles de fusil, les habits en souffrent et se déchirent facilement au port d’arme.
Armement : l’armement est généralement bon et bien entretenu ; les corps y donnent les plus grands soins.
Casernes : les casernes dans la 24e division militaire sont en général de vieux bâtiments, malsains et mal distribués, manquant de râtelier d’armes et de planches à pain ; les fournitures sont de mauvaise qualité et vieilles, presque toutes sont les anciennes des Autrichiens.
Hôpitaux : les hôpitaux militaires de Bruxelles et d’Anvers pourraient être tenus plus proprement ; on en attribue la cause à la houille qui sert de chauffage ; les aliments y sont de bonne qualité. L’hôpital civil de Gand, dans lequel on traite des militaires, est extrêmement mal soigné ; les malades y souffrent de la malpropreté qui y règne, et les pansements des hommes blessés se font en partie avec des étoupes au leur de charpie. Cet hospice contraste étonnamment avec celui de Bruges où les malades sont tenus proprement et traités avec soin.
Les infirmiers des corps reçoivent les galleux et l’on y traite les maladies vénériennes simples ; maos les corps obtiennent difficilement les médicaments nécessaires des hôpitaux militaires et sont souvent obligés d’y pourvoir.
Prisons : les prisons sont tenues assez proprement. On remarque que les prisonniers sont trop confondus et que les mêmes locaux servent aux malfaiteurs condamnés et aux militaires non encore jugés.
Salles de discipline : les salles de discipline des corps sont tenues conformément aux règlements.
Manutention des vivres : cette partie de l’administration militaire parait être assez soignée et les qualités bonnes. Les établissements sont bien tenus.
Recrues : l’espèce d’hommes est plutôt mauvaise que médiocre. Le recrutement de l’an 9 s’est composé de déserteurs, de vagabonds arrêtés, de conscrits de la classe du peuple la plus pauvre et de remplacements dont le mode parait avoir trop d’extension. Il en sera parlé plus bas.
Administration : les registres de comptabilité sont bien tenus et conformes aux règlements. Les corps commencent par sentier la nécessité d’apporter de l’ordre et la plus sévère économie dans cette partie de l’administration ; les recettes et dépenses paraissent précises et clairement énoncées ; cependant les arriérés considérables dus à presque tous les corps et pour lesquels l’inspecteur général a adressé au Ministre de la Guerre avec le travail de chaque revue, les réclamations les plus vives, laissent des lacunes qui rendre la comptabilité nécessairement confuse et qui exigent les plus grands soins de la part de l’inspecteur aux revues ; ils doivent surtout fixer leur attention sur les revirements de fonds qui auront lieu d’une masse à l’autre lors de la liquidation. L’inspecteur a été frappé de la situation de la médiocrité des masses d’entretien et de linge, chaussure, comparée avec les dépenses à leur charge. Il entrera à ce sujet dans quelques détails dans les observations suivantes.
Observations générales :
Masses d’entretien : On s’étonnera peut-être en voyant que la plupart des corps ayant des fonds assez considérables présentés par la situation de la caisse, appartenant à la masse d’entretien, l’on s’occupe d’en faire augmenter le produit ; mais on se convaincra aisément par l’aperçu ci-après, qu’elle sera bientôt absorbée si on ne vient à son secours. Il faut observer que cette masse qui s’est accrue jusqu’au 1er Vendémiaire an 10, parce que les corps ayant reçu jusque-là tous leurs effets confectionnés, point ou peu de conscrits à équiper, n’a été tenue qu’à très peu de dépenses ; à présent qu’elle aura à fournir à toutes celles qui lui sont imposées, elle sera hors d’état de les continuer.
Recette de la masse d’entretien : la recette fixe de cette masse est de 9 francs par homme par an, au complet de 1961 hommes cy 17649 francs. Elle devrait s’accroitre du versement de cette masse de ce qu’on a fait de bon à celle de linge et chaussure, les hommes morts désertés et congédiés étant absent. Mais vu l’insuffisance de la retenue faite à chaque homme pour pourvoir au remplacement et à la réparation de ses effets de linge et chaussure, ainsi qu’il sera démontré plus bas, il résulte que la masse de linge et chaussure ne possède que peu de chose et que chaque homme est plus souvent son débiteur que son créancier et que l’on ne peut fonder aucun espoir de recette à la masse d’entretien résultant du décompte des morts ou désertés ; il est d’ailleurs prouvé que ces derniers surtout laissent des dettes à leur départ, étant pour la plupart des hommes dérangés ; on ne peut donc compter que sur la recette fixée d’autre part 17649 francs.
Confection de l’habillement par an 9301 fr. 71
Façon et achat d’étoffes pour la réparation de l’habillement vieux 2802,15
Façon et achat de matières premières pour la réparation de l’équipement et armement 1908.
Achats d’effets de linge et chaussures à fournir aux hommes de nouvelle levée dont le nombre n’est évalué qu’à 250 par an quoiqu’il doit être porté à 500 puisque chaque conscrit n’est tenu qu’à servir quatre an 8342,43.
Frais d’administration 3600
Balance 25654,29
Les dépense fixes étant de 25654,29
Et les recettes de 17649
Il y aura chaque année un déficit de 8005, 29.
On remarque qu’il n’existe aucune supposition dans les dépenses, que s’il en existait elle serait en moins … que le nombre des conscrits, en suivant le mode de recrutement pour l’armée sera nécessaire de plus du 8e.
Dépenses à la charge de la masse d’entretien : cette masse étant fixée par la loi du 1er février 179. pour les corps d’infanterie à 39 fr. par homme par an, elle se composait savoir :
Pour l’habillement et équipement 20#10
Pour le recrutement : 16
Pour réparations et dépenses communes : 2 10 Total : 39#
En comparant les charges de la masse générale à cette époque avec celle de la masse d’entretien actuelle, les mêmes dépenses quoique changées de nature existent ; on en trouvera à n’en diminuer que ce qui était accordé pour le recrutement qui n’existe plus cy 16#
Resterait 23.
Proposer de rétablir la masse d’entretien à ce taux dans un moment surtout où la plus sévère économie doit être observée dans l’administration des finances, serait un abus et le travail d’un fou. Cependant, d’après le calcul fait de ses dépenses fixées par année comparée à ses recettes, on conviendra que cette masse sera absorbée dans trois ans, et qu’il en coûtera alors des sommes énormes au gouvernement pour la rétablir. On pense donc qu’en diminuant des dépenses de la masse d’entretien, les effets à fournir aux hommes de nouvelles levées, celles restant à faire se rapprocheraient des recettes mais alors, il faut qu’il soit tenu compte aux corps et par trimestre, des effets fournis aux conscrits sur des états visés par les inspecteurs aux revues. Ce moyen qui parait le plus économique, évitera encire toutes les dépenses supposées, en ce que le gouvernement ne payera les effets de linge et de chaussure que pour les conscrits arrivés aux corps.
Masse de linge et de chaussure : Pour former cette masse, on retient par jour sur la solde du sous-officier 8 cents et sur celle du soldat 5 cents ; cette retenue monte pour un an pour les sous-officiers à 24 frs et 48 cts.
Et pour les soldats à 18 frs.
Sur cette retenue, on doit former une masse de 27 frs à chaque sous-officier et de 18 frs à chaque soldat avec ce qu’ils n’auront pas dépensé pour les remplacements et réparations de leurs effets de linge et chaussure.
Ces remplacements consistant :
En 2 chemises à 4 frs 13 cts 8 frs 26 cts
1 col noir à 35 cts 35 cts
1 paire de bas de laine 2 frs 2 frs
1 id de fil 1 fr. 50 1 fr. 50
2 paires de souliers à 4 fr. 50 9 frs
1 paire de guêtres noires 4 frs 34 4 frs 34
1 id grise 1 fr. 90 1 fr. 60
Total : 27 frs 35 cts
(Note en marge : les souliers coutent aux corps de 4,75 à 5 frs ; presque tous, ils vont au-delà de 4,75 frs).
Il est bien démontré que ni les sous-officiers les soldats ne pourront avec la retenue qu’on leur fait, suffire aux dépenses qui sont indispensables, si l’on ne vient à leur secours, ou par une fourniture d’une partie d’effets en nature ou par une augmentation du décompte de linge des chaussures.
L’insuffisance de la retenue est devenue sensible depuis l’an 10, et la masse diminue considérablement chaque mois ; elle s’était accrue avant cette époque parce que les corps avaient été avantagés dans les pays conquis et qu’ils avaient ménagé plusieurs mois de leur solde, avec laquelle on a complété les masses et fourni les sacs d’effets de linge et chaussures. A présent qu’il faut les renouveler et les réparer sur leur seule retenue, elle sera insuffisante et le restant en caisse, à chacun d’eux sera absorbé avant la fin de l’année.
On demandera peut-être comment cette masse de linge et chaussures qui est plus forte que celle qui existait en 1788, doit ne pas suffire, tandis que la dernière est suffisante cette époque.
On n’en trouvera la cause dans l’augmentation du prêt de premier d’un tiers des différents effets de linge et chaussures, et dans les moyens que les corps avaient de doubler cette masse par les services des ouvriers et ceux des petits congés avec solde entière. Il est prouvé qu’à cette époque, on avait plus de 30 travailleurs par compagnie et pendant sept mois de l’année 12 et 15 petits congés, qui payaient leurs services ; aujourd’hui les moyens n’existent plus et ne sont plus autorisés.
Conscription
En conservant le mode de recrutement de l’armée par le moyen de la conscription, on continuera sans doute d’accorder la faculté des remplacements. Cependant le mode présente bien des inconvénients, en ce que la seule classe aisée peut se faire remplacer ; que les remplaçants ne sont que des mercenaires, la plupart sans asile, et qu’alors l’ensemble du recrutement de l’armée n’est composé que de la classe la plus pauvre de la France ; il en résulte que les corps ne trouvent plus de sujets pour former des sous-officiers, et que l’esprit national qui a caractérisé nos armées dans cette dernière guerre se détruit. Dans quelque temps, on en demandera la cause et on sera étonné de la trouver en partie dans la facilité des remplacements. Pour obvier autant que possible à cet inconvénient, on indiquera ci-après les moyens de faire tourner la faculté des remplacements à l’avantage du gouvernement, à celui de l’armée, et à la satisfaction des conscrits, que des circonstances particulières forceraient d’exempter du service personnel.
Ces moyens tendent à faire former une masse de remplacement qui ne serait pas à la charge du gouvernement, et à ne plus laisser à l’arbitraire des remplaçants le prix qu’ils exigent de ceux qui désirent s’en faire remplacer.
Mode de remplacement proposé
On ne peut se dissimuler l’avantage qu’il résulte pour l’armée de pouvoir conserver dans les corps le plus possible d’anciens soldats et sous-officiers propres par leur expérience à diriger en peu de temps l’instruction des hommes dont chaque corps se recrute, quel que soit le nombre dont les circonstances obligeraient le gouvernement à en augmenter le complet.
On peut se procurer ce précieux avantage en accordant à chaque sous-officier et soldat qui, ayant complété les années de service auxquelles il était tenu, déclarerait encore vouloir servir pendant 4 ans, une prime de 60 frs, cette prime serait déterminée à raison des engagements successifs que pourrait contracter le même homme à l’échéance du précédent et serait payée par la masse des remplaçants.
Composition de cette masse
Chaque année, après le travail des revues des inspecteurs généraux, le gouvernement peut connaître le nombre d’hommes nécessaires au complètement de l’armée ; il peut connaître aussi le nombre de chaque corps qui, ayant droit aux congés absolus, désirent continuer leur service et déterminé d’après cette connaissance, le nombre d’hommes qu’on pourra exempter dans chaque département du service personnel ; ces hommes seront tenus de payer à la masse de remplacement un prix que le gouvernement déterminera et qui pourrait avoir pour base le montant de toutes les contributions directes réunies que payent annuellement ou le conscrit à remplacer où les pères et mères, somme qui ne devra pas être moins de 200 frs. On peut évaluer chaque année à un 4e le nombre d’hommes de chaque corps qui, n’ayant plus chez eux l’appât du remplacement, ou qui ayant du goût pour l’état militaire, se décideraient à continuer leurs services ; il est entendu que les inspecteurs n’admettraient à cette faculté que les hommes de bonne conduite. On portera également le nombre des hommes à exempter de service personnel à un 4e et le déficit au complet sera rempli par ceux mêmes qui l’auraient opéré en partant par congé absolu. On peut présumer que plus d’un quart des conscrits appelés aux armées se présenteront pour être exemptés du service personnel ; afin de ne point commettre d’injustice et ne pas favoriser les uns plus que les autres, on admettra sans doute d’en réduire le nombre au quart voulu par la voie du sort.
Cette masse fera partie des attributions du département de la guerre en la faisant valoir, les fonds qui la composeraient en augmenteraient aussi le produit, parce qu’il est probable que vu la différence des dépenses qui seront à la charge de cette masse, à ses recettes elle aura toujours un bénéfice considérable que l’on peut évaluer à 1200000 frs par an ; le gouvernement pourrait sur ces fonds accorder des suppléments à la masse de linge et chaussure et trouver encore de quoi payer à la masse d’entretien une partie des effets de linge et chaussure à fournir aux hommes de nouvelle levée ; ces avantages inappréciables ne sont balancés par aucun inconvénient ; au contraire le conscrit n’aura plus l’embarras de chercher un remplaçant ou de le recevoir à des conditions arbitraires.
L’armée ne sera plus appauvrie de sujets puisque dans le nombre des recrues à recevoir chaque année, le quart seulement sera remplacé ou exempté de service personnel, et dans les trois autres quarts qui devront marcher, il se trouvera un bon nombre propre à former des sous-officiers.
Les exemptions de services ne sont pas, à la vérité, aussi nombreuses que par le mode de remplacement actuel, mais le bien du service et la gloire de l’armée exigent cette réduction, et les corps seront composés de citoyens français qui s’enorgueilliront de l’état militaire.
Le ministre de la guerre observera que je n’ai établi que le principe de ce mode, qui peut être développé à l’infini et que sous tous ces points de vue, il offre de très grands avantages.
Avancement par élection.
Tous les militaires conviennent que le mode d’avancement par élection établi dans l’armée par la loi du 14 germinal est défectueux sous beaucoup de rapports. Celui au grade de caporal à un vice essentiel qui s’étend ensuite à tous les grades et nuit singulièrement au bien du service en ce que, donnant aux volontaires le choix de leurs caporaux, c’est porter atteinte à la discipline et à l’émulation ; l’expérience a suffisamment prouvé le vice et souvent forcé d’enfreindre la loi à cet égard. On ne peut se dissimuler que des soldats qui ont à choisir un caporal dans leurs compagnies ne recherchent pas plus dans ceux qu’ils proposent les talents et la capacité nécessaires au grade qu’ils auront à nommer, que la fermeté pour en soutenir l’autorité. Ils ont bien soin au contraire de ne proposer que ceux de leurs camarades qu’ils appellent de bons enfants dont ils espèrent beaucoup d’indulgence et qui, leur devant leur avancement, ne pourront user envers eux de toute l’étendue du pouvoir que leur donne le grade.
Le grade de caporal étant celui qui conduit à tous les autres, puisque celui qui en est une fois pourvu ne peut plus être arrêté dans son avancement à ceux supérieurs ou son ancienneté le conduira infailliblement ; on ne saurait donc trop empêcher que ce grade, dont l’importance n’a pas été assez sentie, ne soit plus donné si légèrement ; pour assurer un meilleur choix de caporaux et autres grades supérieur, on pourra en changeant le mode prescrit par la loi du 14 germinal, admettre celui qu’on va indiquer pour chaque grade ; on ne devra plus alors dans les corps des officiers qui ne figurent pas convenablement dans leurs grades, mais qu’un premier choix y a conduit sans que l’on puisse l’empêcher.
Caporaux.
Il sera formé dans chaque corps une liste des soldats ayant la meilleure conduite, au moins 6 mois de service, la pénurie de sujets nécessitant en ce moment cette disposition, on pourra par la suite exiger un an de service, et sachant bien lire et écrire. Cette liste sera établie de la manière suivante : tous les caporaux d’un bataillon d’une demi-brigade, selon que l’on voudra étendre ou restreindre le choix, présenteront chacun à leur capitaine un soldat de leur compagnie, qu’ils croiront le plus propre à être caporal ; dans le cas où un soldat serait proposé par plusieurs caporaux de la compagnie, il serait censé choisi par le plus ancien, et le choix des autres recommencerait jusqu’à ce que chaque caporal présente un sujet différent à son capitaine.
Le capitaine choisira trois de ceux qui lui auront été présentés par les caporaux de sa compagnie ; il remettra les noms de ceux qu’il aura choisis au commandant du corps qui fera former la liste des sujets choisis par tous les capitaines du bataillon ou de la demi-brigade ; cette liste arrêtée par le commandant du corps sera déposée entre les mains du 4e chef de bataillon qui le fera mettre à l’ordre de la demi-brigade.
Lorsqu’il vaquera une place de caporal dans une compagnie, le commandant de cette compagnie choisira sur la liste trois sujets qu’il proposera au commandant du corps et ce dernier en nommera un pour occuper la place vacante ; il est à observer que le capitaine qui devra proposer trois sujets de la liste ne pourra dans aucun cas, y comprendre des hommes de sa compagnie.
Si l’on tenait à faire participer les soldats à ce choix, on le pourrait sans s’éloigner du mode proposé, en leur laissant le choix de deux des sujets pris sur la liste à proposer comme candidat à la place vacante. Le capitaine alors désignerait le 3e et les présenterait ensemble au choix du chef du corps. Il est cependant à préférer que les soldats n’aient aucune influence dans ce choix.
Les compagnies de grenadiers devant être composées d’hommes expérimentés et ayant fait preuve de bonne conduite, les capitaines de ces compagnies devront être autorisés à choisir, lorsqu’il leur manquera un caporal, dans tous les caporaux des compagnies de fusiliers de la demi-brigade, ces trois candidats qu’ils voudront présenter au chef du corps, s’ils n’avaient pas trouvé dans la liste les sujets propres aux grenadiers.
La liste réduite au-dessous de moitié, on en formera une autre de la même manière.
Caporal Fourier.
Le caporal Fourier étant, par ses fonctions, chargé de la partie administrative de la compagnie sous les ordres de l’officier qui la commande, son choix doit être l’effet de la confiance et laisse aux capitaines, en leur donnant la faculté de la porter non seulement sur tous les caporaux de la demi-brigade, mais encore sur les volontaires qu’ils croiront propres à remplir les fonctions de ce grade, sauf la confirmation du commandant du corps.
Les caporaux Fourier étant dans la classe des caporaux, ils seront comme eux susceptibles de passer au grade de sergent par ancienneté ou par choix, mais rouleront avec les sergents pour parvenir au grade de sergent-major.
Sergent
On suivra l’avancement au grade de sergent par élection le même mode que pour les caporaux ; les sergents du bataillon ou de la demi-brigade choisiront chacun dans leur compagnie le caporal qui leur paraîtra le plus susceptible d’avancement, ayant six mois de grade, et le présenteront au commandant de la compagnie qui choisira un des caporaux présentés ; il sera formé de tous ceux choisis une liste dans laquelle le commandant de la compagnie où il y aura un emploi de sergent vacant, prendra trois candidats qu’il proposera au commandant du corps, pour qu’il désigne celui qui devra occuper la place. Le capitaine ne devra jamais présenter pour candidat le caporal de cette compagnie porté sur la liste, afin d’éviter qu’un caporal devienne sergent dans la même compagnie.
La liste réduite au-dessous de la moitié sera renouvelée d’après les mêmes principes que ceux de sa formation.
Sergent-major
Vu la rareté des vacances dans ce grade, on ne formera la liste des candidats à proposer aux places vacantes au tour du choix, que lorsque ces vacances auront lieu ; pour former cette liste, le chef du corps fera prévenir les sergents-majors de toutes les compagnies de la demi-brigade ou du bataillon dont fait partie celle où la place est vacante, de remettre à l’adjudant de décade le nom du sergent ou caporal fourrier de leur compagnie, qu’ils auront choisi pour être proposé à cette place ; l’adjudant suppléera au sergent-major qui a fait la vacance, et à tous ceux qui seraient absents par congé ou autrement. Il formera la liste de tous les sergents ainsi choisis, il la remettra au chef du corps qui, après l’avoir approuvée, la communiquera au capitaine de la compagnie où la place sera vacante, afin qu’il lui propose trois des sergents portés sur la liste, desquels le chef désignera celui qui devra occuper la place vacante.
Adjudant sous-officiers
Les fonctions de l’adjudant sous-officier étant purement militaires, et tenant plus de l’instruction, police et discipline qu’à l’administration, on ne doit pas laisser le choix aux conseils d’administration mais le donner aux officiers supérieurs qui, réunis, nommeront à la pluralité des voix celui de tous les sergents-majors et sergents du corps qu’ils jugeront le plus propre à ces fonctions, les officiers supérieurs absents lors de la vacance d’une place de ce grade, ne pourront être suppléés pour le choix du remplaçant ; ils devront être consultés et envoyer leurs suffrages par écrit, et lorsqu’il y aura partage dans les voix des officiers supérieurs, celle du chef du corps aura la prépondérance.
Comme les fonctions d’adjudant sont fatigantes et exigent autant d’activité que d’instruction de ceux qui les exercent, et qu’il est difficile de remplacer ceux qui se sont formés par la pratique, il faudrait, pour éviter des remplacements trop fréquent dans ce grade, et dédommager ceux que le bien du service exigerait d’y conserver, et ne pas les rendre victimes de l’utilité dont ils sont, leur accorder d’être considérés pour l’avancement seulement par ancienneté aux grade de lieutenant, comme sous-lieutenant du jour de leur nomination d’adjudant, et leur en accorder le traitement lorsqu’un sous-officier leur cadet parviendrait à la sous-lieutenance par ancienneté.
Comme en leur qualité d’adjudant, ils ne doivent pas cesser d’être éligibles aux places de sous-lieutenant au choix ; dans le cas où ils seraient choisis à une de ces places, ils devront jouir du traitement y attaché à compter de ce jour et continuer leur fonction d’adjudant s’ils y sont jugés nécessaires par les officiers supérieurs, jusqu’à ce que par ancienneté ou par un nouveau choix ils parviennent à la lieutenance.
Lorsque l’adjudant nommé sous-lieutenant au choix sera jugé devoir continuer ses fonctions d’adjudant, le tour du choix sera censé passer et l’on donnera à l’ancienneté la sous-lieutenance qu’il laissera vacante.
Sous-lieutenant, lieutenant et capitaine
L’avancement par élection au grade de sous-lieutenant, de lieutenant et de capitaine se continuera d’après le mode voulu par la loi du 14 Germinal, en donnant cependant plus d’extension au choix ; il faut pour cela ne pas le borner au bataillon où se trouve la vacance, mais bien y faire participer tous les bataillons ; il peut arriver que le même bataillon ait seul l’avancement pendant longtemps ; il est possible que le bataillon qui a la vacance ne possède pas aux yeux des électeurs le sujet le plus propre à y être nommé.
Adjudant major
Les fonctions des adjudants majors les mettent en relation immédiate avec les officiers supérieur pour tout ce qui est relatif à l’instruction, police et discipline. On ne voit pourquoi on a laissé leur nomination au choix du conseil d’administration avec lequel ils n’ont aucune relation ; il est plus naturel qu’ils soient nommés par les officiers supérieurs. On pourra suivre à leur égard le mode proposé pour les adjudants sous-officiers.
Chef de bataillon
On demande en faveur des capitaines qui depuis longtemps ont été privés d’avancement, le rétablissement du mode voulu par la loi du 14 Germinal pour l’avancement au grade de chef de bataillon. Les fonctions du 4e chef de bataillon étant d’une nature particulière, la nomination à cet emploi appartiendra de droit au gouvernement sans préjudicier à la moitié des autres places qui lui sont réservées par la loi du 14 Germinal.
Fonctions du 4e chef de bataillon
Le gouvernement, en créant dans chaque corps, un 4e chef de bataillon, a sans doute eu en vue de les utiliser par leur surveillance pour l’administration, la police, la discipline et l’instruction ; mas comme on a prononcé que vaguement sur leurs fonctions, il en résulte que les chefs de corps les interprètent différemment les uns des autres et les emploient comme ils l’entendent. Il serait nécessaire que le gouvernement fît cesser cet arbitraire en précisant par une instruction les fonctions qu’il entend devoir être remplis par les 4es chefs. Il semble qu’ils doivent être chargés de tous les détails de l’instruction, de la police, de la discipline et de l’administration ; mais il faut établir les rapports qui doivent exister entre les chefs de corps, les commandants de bataillon, eux, les adjudants majors et le conseil d’administration.
Le 4e chef de bataillon doit transmettre les ordres du chef de la demi-brigade au corps ; il réunira à cet effet et à une heure indiquée les adjudants majors et adjudants sous-officiers des trois bataillons, prescrira ce qui doit être fait dans la journée, recevra les rapports des capitaines de police, surveillera la discipline, la tenue et la propreté des casernes, et sera chargé de l’instruction de la demi-brigade au détail, depuis l’école du soldat jusqu’à celle du bataillon inclusivement ; il pourra être utilisé avantageusement si on le rend le rapporteur du conseil d’administration ; il sera à même de faire connaître les abus que sa surveillance aurait pu lui faire remarquer, et qui peuvent échapper à un conseil qui n’est pas toujours composé de membres ayant des connaissances dans cette partie et dont les séances sont toujours trop courtes pour examiner suffisamment tous les objets qui lui sont soumis.
Chef de brigade
Ces emplois pour l’infanterie devraient se donner pour moitié par le choix du gouvernement et moitié par ancienneté de grade de chef de bataillon sur toute l’armée.
Avancement par ancienneté de grade
Par un décret du 27 Pluviôse an 2, il a été décidé qu’aucun citoyen ne pourra être promu aux empois qui vaqueront depuis le grade de caporal jusqu’à celui de général en chef s’il ne sait lire et écrire. Avant la promulgation de cette loi, beaucoup d’officiers avaient été promus quoique ne sachant ni lire ni écrire ; plusieurs existent encore dans les corps ; doivent ils parvenir à leur tour d’ancienneté à un grade supérieur à celui qu’ils ont ? Ne serait-il pas à propos de déterminer que toutes les fois qu’une place sera vacante et appartiendra au tour de l’ancienneté, celui qui y aura droit sera examiné par cinq militaires qui lui sont supérieurs en grade et qui devront toujours avoir pour président un chef de bataillon. Cet examen pour le sous-officier sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat et celle de peloton sur les comptes à rendre de la discipline et de la tenue et sur les rapports par écrit qu’un sous-officier est dans le cas de faire lorsqu’il est détaché le conseil d’examen prononcera sur la capacité ou l’incapacité du sujet et déclarera s’il y a lieu ou non à lui accorder l’avancement auquel son ancienneté lui donne des droits.
On suivra la même marche pour les sous-lieutenants et lieutenants qui auront droit à l’avancement par ancienneté et l’examen sera basé sur l’instruction théorique de l’école du soldat, du peloton, et du bataillon sur les comptes à rendre de la tenue et de la discipline sur la manière de gérer l’administration d’une compagnie en matière de comptabilité, sur les devoirs de l’officier en campagne pour les différentes parties du service et sur la manière d’énoncer clairement et avec précision les rapports qu’il aura à faire sur des reconnaissances et détachement armés que l’officier est dans le cas de faire.
Le sous-lieutenant et lieutenant jugé capable de remplir la place supérieure qui lui est dévolue par ancienneté ayant alors les connaissances qui lui sont nécessaire est dispensé d’un nouvel examen pour parvenir au grade de capitaine.
Décisions demandées
Beaucoup d’officiers destitués, démissionnaires ou retirés chez eux avec pension ont repris de l’activité dans l’infanterie, soit comme conducteurs de conscrits, soit comme ayant coopéré à la formation des bataillons auxiliaires ; ces officiers élèvent tous les jours des difficultés par la prétention qu’ils ont de prendre leur rang d’ancienneté dans la colonne des officiers de leur grade, du jour qu’ils y ont été nommés, nonobstant l’interruption qu’ils ont eu dans leur service. Ces difficultés sont journellement soumises au Ministre de la Guerre et nécessitent de sa part des décisions partielles qui, n’étant connues que des corps qui les ont provoquées, n’empêchent pas le cours des réclamations dans les autres ; on pourra les faire cesser par une décision officiellement adressée à tous et qui classât d’une manière claire et précise tous les cas où un officier rentrant au service actif, pourrait se prévaloir de sa nomination au grade qu’il occuper pour prendre son ancienneté dans la colonne des officiers du même grade ; il me semble que tous ceux désignés ci-dessus aucun ne pourrait prétendre à cette faculté et que les officiers devenus surnuméraires par suite des évènements qu’il n’a pas dépendu d’eux d’empêcher pourraient seuls y avoir droit ; quant aux autres, ils ne devraient faire valoir leurs services antérieurs à leur rentrée en activité que pour établir leurs droits à la pension de retraite
" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 93 page 199).

Le 7 avril 1802 (17 Germinal an 10), le Général de Division Grenier écrit, depuis Paris, au Ministre de la Guerre : "J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint les états des sous-officiers susceptibles d’avancement des 108e, 54e de ligne et 27e légère qui manquaient au travail des revues d’inspection de ces demi-brigades" (Papiers du Général Paul Grenier. XV. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 104 page 220).

/ 1803

Fusil d'honneur, 108e de Ligne
Fusil d'honneur décerné par le Premier Consul au Citoyen Frédéric Baudos (ou Baudoz), Sous-lieutenant à la 108e Demi-brigade de ligne , le 14 Frimaire an XI - Vente Drouot
Canon à pans au tonnerre, puis rond, poinçonné sur le pan gauche : “L” et “P B” pour l’inspecteur Lamogère et le contrôleur Pierre Bouny et, sur le pan droit : “XI” et “R F” en partie effacé, le pan supérieur est poinçonné : “V 3” surmonté d’un bonnet phrygien dans un ovale et gravé : “Entse Boutet” (assez usé) ; platine à tambour poinçonnée : “D B” pour le contrôleur Daniel Bouyssavy, barrette : “Boutet” au milieu du ressort de batterie et signée en lettres bâton : “MANUFRE À VERSAILLES” ; garnitures en argent poinçonnées ; crosse en noyer poinçonnée à l’arrière de la queue de culasse (non identifié), elle porte sur le côté droit une plaque en argent en forme d’écusson, marquée : “Le 1er Consul - au C en Fric Baudos - Sous-lieutnt - à la 108e 1/2 Bde - de ligne. Au 1er passage - du Rhin n’étant que sergt - il attaqua avec 40 Gdiers - et culbuta lenmi fort de - 3 à 400 hommes - retranchés sur une - Montagne de - laquelle il - sempara” et entourée de deux branches de lauriers ; baguette en fer ; longueur du canon 113,5 cm, longueur totale 151,8 cm. (Clous de fixation de la plaque changés, il en reste un seul d’origine, en argent).
POINÇONS : - orfèvre : “J M” surmonté d’une étoile, non identifié, probablement un orfèvre de Rouen ;
- garantie : tête de vieillard avec numéro : “88”, pour le département de la Seine Inférieure (Rouen) ;
- titre : coq 1er titre des départements, 1798/1809.

Le 17 avril 1803 (27 Germinal an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au général commandant la 24e division de réunir à Mons toute la 108e" (Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7584).

Le 26 avril 1803 (6 Floréal an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner ordre ... À la 108e de se rendre à Anvers où elle tiendra garnison ...
… Tous ces mouvements doivent s'exécuter 24 heures après réception de vos ordres
" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 450 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7608).

Le 14 juin 1803 (25 Prairial an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef. Ils auront chacun un parc d'artillerie commandé par un général d'artillerie et par un colonel diiecteur du parc. Les six parcs seront tous soumis à un général commandant en chef l'artillerie et à un général de brigade directeur général des parcs des six camps. Chacun de ces camps aura un ordonnateur, lequel correspondra avec un ordonnateur en chef des six camps.
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Gand, les 6e et 13e légères; 12e, 33e,51e, 108e, 14e, 36e, 61e, 85e de ligne; le 2e régiment de chasseurs, le 7e de hussards, les 4e, 14e, 16e et 17e de dragons ...
Chacune des demi-brigades ci-dessus ne fournira que ses 1er et 2e bataillons, lesquels seront complétés à 1,000 hommes. Il est donc nécessaire que ces corps soient prévenus sur-le-champ que leurs deux premiers bataillons doivent marcher vers la fin de l'été, afin qu'ils activent l'instruction, l'habillement, etc ...
" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814; Correspondance générale, t.4, lettre 7722).

Le 24 juillet 1803 (5 Thermidor an 11), Bonaparte écrit depuis Bruxelles au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de faire donner une gratification d'un mois de solde aux 33e, 36e et 108e demi-brigades (arrivées à Gand peu de temps avant), officiers et soldats ... pour les indemniser des dépenses que leur a occasionné leur déplacement" (Correspondance générale, t.4, lettre 7855).

Le 21 août 1803 (3 fructidor an 11), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, à Berthier, Ministre de la Guerre "... Ordre aux deux premiers bataillons de la 108e, qui sont à Anvers, de se compléter chacun à 750 hommes et de se rendre à Ostende ; le 3e bataillon et le dépôt resteront dans la citadelle d'Anvers ..." (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 7022 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 7945).

Le 28 août 1803 (10 Fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Bruges
Le général Davout est nommé commandant en chef du camp de Bruges
... Le camp de Bruges sera composé de trois divisions
... La 2e division sera commandée par le général Durutte ayant à ses ordres les généraux de brigade : Heudelet, Reille.
La 2e division sera composée des : 21e légère, 33e de ligne, 108e id, 111e id
... Le ministre de la Guerre et celui de l'Administration feront former sur-le-champdeux camps en baraques à Ostende sur la droite et sur la gauche du port pour qu'au 1er vendémiaire, la 1re et la 2e division puissent s'y baraquer ...
Le général Davout établira son quartier à Bruges et partira le 16 fructidor ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).

Le 10 septembre 1803 (28 Fructidor an 11), Davout écrit au Premier Consul : "Mon Général, j'ai prévenu le ministre de la guerre de mon arrivée, et lui ai mandé que je voulais avoir le temps de me mettre au fait du commandement que vous m'avez confié, et me procurer des renseignements sur les divers objets que me prescrivent vos instructions avant d'avoir l'honneur de vous rendre compte de l'exécution de vos ordres.
Trois objets m'ont été particulièrement recommandés :
1° La prompte organisation de l'armée et la faire baraquer pour le 1er vendémiaire dans les camps sous Ostende et Dunkerque ;
2° Les constructions maritimes ;
3° Défense des côtes et particulièrement Ostende.
1° La prompte organisation de l'armée, etc.
La 13e légère, les 51e, 61e, 108e et 111e de ligne, qui sont les seules troupes parvenues dans l'arrondissement du camp de Bruges, seront baraqués d'ici au 1er vendémiaire sous Ostende dans deux camps que j'ai reconnus sur les dunes à la droite et à la gauche de cette place, de manière à remplir vos intentions pour la proximité des lieux d'embarquement.
La position des camps est la plus saine du pays, et ayant fait creuser dans les dunes sur toute la ligne à 3 pieds de profondeur, on a trouvé de l'eau meilleure que celle dont on fait usage à Ostende. Les baraques sont faites avec deux perches de sapin et couvertes de joncs. Cette couverture est préférée à la paille dans le pays, qui offre sous ce rapport assez de ressources.
J'ai envoyé pour commander provisoirement la division qui doit se rassembler sous Dunkerque, le général de division Durutte, le seul que j'eusse encore. Ce camp sera baraqué à peu près à la même époque. Les divers services sont assurés ... 3° Défense des côtes, et particulièrement d'Ostende.
... Les rapports du général Monnet annonçant toujours l'attaque de l'ile de Walcheren, et quelques autres circonstances, ont porté mon attention sur la défense de l'île de Cadzandt : la mauvaise saison pour les maladies ne me permettant que d'y tenir des postes, j'ai fait reconnaître toutes les communications par lesquelles je me propose de m'y porter rapidement avec deux demi-brigades à la première annonce que j'aurai de l'approche de l'ennemi. A cet effet, je tiens à Ecloo la 13e légère qui se portera par Ardenbourg sur Groede et la 61e par l'Écluse (où les moyens de passer le Swin sont préparés) sur l'estran pour attaquer les Anglais par les derrières, en supposant qu'ils eussent effectué un débarquement et marché sur Breskens. Ma dernière brigade, dans ce cas, aurait l'ordre de se porter à l'Écluse pour servir de réserve ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 9, lettre 4).

Le 12 septembre 1803 (25 Fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis La Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Dans la deuxième division militaire (chef-lieu Mézières), citoyen ministre, les 12e et 111e demi-brigades de ligne ... doivent seuls jouir de la gratification ...
Dans la 24e division, ... la … 108e et le 1er de chasseurs pour les corps qui doivent également en jouir.
Cette gratification n'est accordée qu'aux seuls individus de ces corps qui ont passé la revue du Premier Consul ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 589 ; Correspondance générale, t.4, lettre 8020).

Par l'Arrêté du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803), la 108e prend le nom de 108e Régiment d'infanterie de ligne.

De septembre 1803 au mois d'août 1805, nous dit l'Hisorique régimentaire, le 108e va au camp de Bruges où il se livre à des manoeuvres et à des travaux de tous genres, afin de garder son entraînement, sa solidité et sa discipline.

Le 29 août 1803, le Chef de Brigade Marcognet est nommé Général de Brigade.

Le 4 octobre 1803, le Colonel Aubin Virideau prend le commandement du 108e Régiment.

Le 6 octobre 1803 (13 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Soult, commandant le camp de Saint-Omer : "… Faites-moi connaître le nombre de malades que vous avez eu, corps par corps, depuis le 1er fructidor jusqu'au 1er vendémiaire ..
Il faut exercer les soldats à nager. Il faut donc que tous les jours, en se relevant toutes les trois heures, les soldats s'exercent sur les péniches et les bateaux canonniers, lorsqu'ils peuvent aller en rade, et, lorsqu'ils ne peuvent y aller, dans le port. Dès après-demain je commence à faire nager la Garde sur six péniches. Chaque détachement y restera deux heures, de manière qu'on exercera toute la Garde à pied chaque jour …
Un petit sloop français a été pris par une chaloupe anglaise entre Nieuport et Dunkerque. Il n'y avait que trois gendarmes et deux hommes de la 108e sur le rivage, qui n'ont pu faire un feu suffisant pour le défendre. J'avais cependant ordonné qu'il y eût toujours sur la côte des piquets de cavalerie et des pièces mobiles ; mais il paraît qu'ils restent en ville …
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7171 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8118).

Le même jour, 6 octobre 1803 (13 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit également, depuis Saint-Lcoud, au Général Davout, commandant le camp de Bruges : "Citoyen Général Davout, un sloop français a été pris entre Nieuport et Dunkerque par une chaloupe anglaise, montée par 14 hommes. Ce sloop s'était échoué à terre ; mais, trois gendarmes et deux hommes de la 108e s'étant seuls trouvés là pour le défendre, la chaloupe anglaise les a forcés et s'est emparée du sloop. Vous n'avez donc point sur la côte, comme il a été ordonné, des patrouilles de cavalerie correspondant entre elles, et des batteries mobiles disséminées sur tous les points, pour pouvoir se porter partout où il sera nécessaire. Si ces patrouilles et ces batteries mobiles ne sont pas ainsi organisées, donnez ordre qu'elles le soient sans délai, de manière que des hommes à cheval soient continuellement placés sur les côtes, correspondent entre eux et portent partout la protection nécessaire. Envoyez-moi l'état de situation de vos troupes et le nombre de malades que vous avez eu, compagnie par compagnie, depuis le 1er fructidor jusqu'au 1er vendémiaire, et distinguez les officiers des soldats ...
Faites-moi connaître si la solde est au courant, et si ce qu'on distribue aux soldats est de bonne qualité
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7172 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8117).

Puis, encore le 6 octobre 1803 (13 Vendémiaire an 12), Bonaparte écrit également à l'Amiral Bruix, commandant la flotille de Boulogne : "Citoyen Amiral Bruix, le 7 vendémiaire, entre Nieuport et Dunkerque, une chaloupe anglaise, montée par 14 hommes, s'est emparée d'un sloop venant de Flessingue. Il ne s'est trouvé à terre, pour protéger son échouage, que trois gendarmes et deux soldats de la 108e. J'avais ordonné qu'il y eût des piquets de cavalerie et des batteries mobiles sur toute la côte. Il me paraît que ce service ne se fait pas comme il doit se faire. J'avais également ordonné que le bateau canonnier qui est à Nieuport se tînt à la mer pour éloigner toute chaloupe ou péniche ennemie ; mais il parait qu'il reste dans le port, de manière que cela ne produit aucun résultat. Je n’entends pas dire non plus que la flottille de corvettes de pêche qui est à Ostende tienne la rade. Il n'est pas possible qu'elle ne soit pas en état de sortir. Donnez ordre qu'une division armée de pièces de 24 sorte tous les jours, se tienne en rade et fasse l'exercice ..." (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7173 ; Correspondance générale de Napoléon, t.4, lettre 8116).

Le Colonel Virideau meurt de maladie, le 5 octobre 1804, à l'hôpital de Bruges.

Colonel Joseph Higonet 108e de ligne
Portrait du Colonel Joseph Higonet, 108e de Ligne

Joseph Higonet est nommé Colonel du 108e Régiment de ligne le 19 octobre 1804 (1er Nivôse an 13). A cette époque, le 108e a pour Chefs de Bataillon MM. Chevalier, Lamaire et Lacroix, et pour major M. Expert.

Le 108e qui a quitté le camp de Bruges pour aller au camp de Boulogne, va faire partie de l'armée que l'empereur Napoléon a massée sur notre littoral de la Manche pour opérer sa descente en Angleterre et châtier enfin cette implacable et éternelle ennemie. Malheureusement, une nouvelle coalition européenne, fomentée par l'Angleterre, va forcer l'Empereur à porter ses troupes sur le Rhin et le Danube, pour tenir têtè aux armées Austro-Russes et le détourner de ses desseins contre notre redoutable adversaire d'Outre-Manche.

/ 1805

Le 6 mai 1805 (16 Floréal an 13), l'Empereur écrit, depuis Alexandrie, au Maréchal Davout : "Mon Cousin, les échecs qu'a éprouvés l'amiral Ver Huell proviennent de l'excès de confiance de cet amiral et du peu de précautions qui ont été prises. Nous avons pour principe de ne point faire marcher seuls les bateaux canonniers. Je regrette peu les bâtiments, mais beaucoup les 200 hommes des 51e et 108e régiments, qui sont prisonniers. Veillez à ce que l'on prenne plus de précautions ; le passage du cap Grisnez n'a rien de commun avec les passages d'Ostende et de Dunkerque" (Correspondance de Napoléon, t.10, lettre 8694 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 9982).

Le 11 mai 1805 (21 Floréal an 13, à Milan, "Le maréchal Berthier, ministre de la guerre, propose à l'Empereur de renvoyer son corps le détachement du 50e régiment de ligne dont la présence n’est plus nécessaire à Anvers depuis le départ ou le désarmement des bateaux de la flottille batave sur lesquels il devait être embarqua. Il demande en même temps l'autorisation de faire fournir par le 3e bataillon du 108e régiment un détachement pour le service de l'arsenal et du port d'Anvers et d'envoyer dans cette ville les deux compagnies de vétérans qui sont à Gand et à Bruxelles"; "Approuvé ce mouvement", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 101).

D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Droite, Division Friant, le 108e de Ligne, sur un effectif de 1893 hommes, en a 903 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 108e de Ligne a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, Corps de droite. 1761 hommes sont présents, 132 aux hôpitaux, total 1893 hommes; le 3e Bataillon est à Anvers, 24e Division militaire, pour 339 hommes présents (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Un "État des mouvements de troupes ordonnés par le Ministre de la guerre du 10 Thermidor an 13 au 1er fructidor (du 4 au 19 août 1805)" signé par Berthier, indique au 27 Thermidor qu'un détachement du 3e Bataillon du 108e Régiment, fort de 108 hommes, doit quitter Anvers le 10 Fructidor pour arriver à Metz le 15 "Pour compléter les bataillons de guerre" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 440).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les troupes Troupes de la 2e Division du Corps de droite (Friant), le 108e de Ligne, Colonel Higonnet, Chefs de Bataillon Lemaire et Lacroix ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 1761 hommes présents à Ambleteuse (y compris 1084 qui arriveront le 15 Fructidor) ; 886 hommes au Dépôt de Anvers ; 55 hommes aux Hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

Après avoir fait partie de l'Armée des côtes de l'Océan, réunie au camp de Boulogne, au commencement de 1804, le 108e entre dans la composition du 3e Corps de la Grande-Armée, qui est commandé par Davoust. Il va faire partie d'une de ces trois immortelles Divisions qui, à la pointe de leurs baïonnettes, ont tracé sur l'airain de l'histoire leurs brillants et glorieux faits d'armes.

Le 108e fait partie de la 2e Division (Général Friant) ainsi composée : 1re Brigade, Général Heudelet, 15e Léger, 108e de ligne, 2e Brigade, Général Lochet, 111e de ligne; 3e Brigade, Général Kister, 33e et 48e de ligne.

Le 3e Corps part d'Ambleteuse le 29 août 1805 et il doit se diriger sur Manheim pour y passer le Rhin, et de là marcher sur Neidelberg, Ingelfingen, et AEttingen.

Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de droite comprend une 2e Division composée des :
33e Régiment d’infanterie de ligne, 1612 hommes.
48e Régiment d’infanterie de ligne, 1504 hommes.
108e Régiment d’infanterie de ligne, 1577 hommes.
111e Régiment d’infanterie de ligne, 1713 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).

Le 10 septembre 1805 (23 fructidor an 13), Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin... Donnez également ordre aux troisièmes bataillons du 13e d'infanterie légère qui est à Ostende, du 108e qui est à Anvers … et du 50e qui reste à Montreuil, de faire partir chacun cent hommes pour les bataillons de guerre" (Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10769).

Le 21 septembre 1805 (4e jour complémentaire an 13), l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier : "… Il est nécessaire que tous les 3es bataillons du corps d'armée du maréchal Davout soient dirigés sur Mayence et Juliers, et sur d'autres places des 25e et 26e divisions militaires. Vous les ferez réunir par divisions, de telle sorte que tous les 3es bataillons dont les régiments, à l'armée active, composent ensemble un corps d'armée, soient dans la même division de la réserve. Vous en excepterez toutefois les 3es bataillons qui sont eux-mêmes à la réserve de Boulogne, tels que celui du 13e d'infanterie légère, celui du 17e de ligne, ceux des 48e et 108e qui sont nécessaires à Anvers, et celui du 25e de ligne qui est au camp des côtes ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9248 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 10851).

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
3e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
2e division.
108e de Ligne, 2 Bataillons, 1,567 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 5 vendémiaire (27 septembre 1805).
Quartier général : Mannheim.
... 2e division : Quartier général, Mannheim.
Passe le Rhin et prend position :
33e et 48e, Neckarhausen.
108e et 111e, Seckenheim.
(Le 15e d'infanterie légère n'a pas rejoint ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 577).

Le "Journal de marche de la division Friant", indique, à la date du 12 Vendémiaire an 14 (4 octobre 1805) : "La 2e·division va bivouaquer trois quarts de lieue en arrière de Kirchberg, petite ville neutre, appartenant au prince de Hohenlohe, et à l’extrémité d'un plateau, dont le revers est baigné par le Jagst. Nous envoyâmes en sauvegarde deux compagnies du 108e régiment. Nous eûmes notre gauche à Léofels, notre centre à Dörrmenz, gros village dans un fond, et notre droite à Herboldshausen, où nous eûmes notre quartier général et où venait s’appuyer la gauche de la 1re division, dont la droite s'étendait jusqu’à 500 mètres de Crailsheim. Notre artillerie était à Rüppertshofen : cette position était bonne.
De nos bivouacs à Nesselbach, nous fîmes près d'une lieue dans les bois, sur le chemin de Dottingen; Nesselbach, petit village à l’embranchement dudit chemin, avec la route d’Ingelfingen·à Kirchberg, est à l'extrémité du plateau terminé par le vallon du Jagst. Le chemin était bon, bien ferré, et avait 6 à 7 mètres de largeur. Nous trouvâmes deux à trois petits ruisseaux jusqu'à Dünsbach, et le terrain est en conséquence légèrement ondulé par des vallons peu profonds.
De Dünsbach à Rüppertshofen, le chemin continue à être bon; il est presque plan. Notre artillerie reste dans ce dernier village, arrosé par un ruisseau. Il y a, à Dörrmenz : moulins, ponts en bois, église, cimetière avec enceinte, etc.
Le quartier général du maréchal était à Ilshofen
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 755).

Le 3e Corps atteint AEttingen le 6 octobre, passe le Danube à Meubourg le 8, et se porte sur Aichach, sur la route de Munich, poussant devant lui le Géhéral Kienmayer et couvrant les masses de la Grande Armée qui s'accumulaient autour d'Ulm.

Le 19 vendémiaire an 14 (11 octobre 1805), le Maréchal Davout écrit, depuis Aichach, au Général de brigade Heudelet : "Général,
Je vous préviens que je viens de vous confier le commandement de l'avant-garde du 3e corps d'armée, composée des :
13e régiment d'infanterie légère,
108e régiment d'infanterie de ligne,
3 pièces de 4,
2e et 12e régiments de chasseurs à cheval ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 575).

"3e CORPS D'ARMEE.
Journée du 19 vendémiaire (11 octobre 1805).
Quartier général : Über-Roth.
Avant-garde : Dachau.
L'avant-garde, augmentée du 108e régiment d'infanterie et de toute la cavalerie légère, passe sous les ordres du général de brigade Heudelet.
Infanterie: Général Eppler.
Se porte sur Dachau. Le 13e d'infanterie légère à une lieue en avant sur la route de Munich; le 108e à Dachau …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 591).

"3e CORPS D'ARMEE.
Journée du 20 vendémiaire (12 octobre 1805).
Quartier général : Dachau.
Avant-garde : Moosach.
Infanterie : On envoie un bataillon du 13e à Pasing, sur la Würm pour garder la route de Landsberg.
Le 2e bataillon du 13e et le 108e bivouaquent en avant de Moosach, à cheval sur la route de Munich. Avant d'arriver à Moosach, le 13e fit une quarantaine de prisonniers
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 667).

Après la capitulation de l'armée autrichienne acculée à cette place, la Grande-Armée prend la direction de Vienne.

La "Situation des troupes composant le 3e corps de la Grande Armée à l'époque du 1er brumaire an XIV (23 octobre 1805)" indique que le 108e Régiment d’Infanterie e Ligne, Colonel Higonnet, est à la Division d’avant-garde; il compte 60 Officiers et 1649 hommes présents sous les armes. Absents avec solde : 3 Officiers et 73 hommes détachés. Absents sans solde : 167 hommes aux hôpitaux. Total 1952 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1091).

Un "Etat de situation des différents détachements envoyés par les bataillons de dépôt et qui doivent être arrivés à Spire le 18 brumaire et en partir le 19", signé par l'Adjudant commandant Petiet, indique, pour la 2e Division du 3e Corps d'Armée, que le détachement du 108e Régiment d'Infanterie de Ligne n'est pas arrivé; il devait arriver le 22 Vendémiaire à Spire. Mouvement ordonné par deux lettres du Ministre, du 8 Vendémiaire. La colonne de l'ensemble des détachements doit arriver le 8 Frimaire à Braunau (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1170).

Le 3e Corps suit la ligne Freisingen, Dorfen, New-AEttingen, puis se dirige sur Vels, sur la Traun.

"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 4 brumaire an XIV.
… Avant-garde : Ampfing.
L'infanterie (13e légère) prend position à 1/8e de lieue d'Ampfing, à cheval sur la route. Le 108e reste à Ampfing.
Le même soir on entre à Mühldorf ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 204).

Le 3e Corps passe l'Inn à Mulhdorf, après avoir rétabli, sous les boulets de Kienmayer, le pont détruit par l’ennemi. Les 13e Léger et 108e de Ligne passent dans la nuit du 27 au 28 ; ils sont suivis par deux régiments de cavalerie (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 31). On séjourne à Mulhdorf.

Grande Armée à l'époque du 6 brumaire an XIV (28 octobre 1805).
3e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Le Maréchal Davout.
2e Division du 3e Corps.
Général de Division. FRIANT.
33e de Ligne (2 Bataillons);
48e de ligne (2 bataillons) ;
108e de ligne (2 bataillons) ;
111e de ligne (2 bataillons);
15e légère (2 bataillons).

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

Le 6 Brumaire an 14 (28 octobre 1805), Davout écrit, depuis Alt-OEtting, à Berthier : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que pour pouvoir faire travailler à la réparation du pont de Mühldorf, que les Autrichiens avaient brûlé en partie, j'engageai hier soir une vive fusillade et canonnade afin de chasser les Autrichiens, qui s'étaient mis à couvert vis-à-vis du pont. Ils se retirèrent pendant la nuit.
Quelques nageurs ont passé l'Inn. Trois ou quatre ont été entrainés par le courant et noyés.
J'ai profité de deux bateaux pour jeter pendant la nuit sur la rive droite, le 13e régiment d'infanterie légère et le 108 de ligne.
Les réparations du pont de Mühldorf demandaient une perte de temps qui n'entrait pas dans les vues de Sa Majesté; en conséquence, j'ai fait jeter quelques planches pendant la nuit, ce qui m'a procuré la faculté de faire passer, au jour, de l'infanterie ct même de la cavalerie.
Cette opération a demandé beaucoup de temps …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 262).

"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 8 brumaire (30 octobre 1805).
… Avant-garde : Wildenau.
Infanterie. - Le 13e d'infanterie légère près du village d'Au, dans la prairie sur la rive gauche du ruisseau. Le 108e à Wildenau ainsi que la 6e compagnie de sapeurs.
Cavalerie. - Le 1er de chasseurs cantonne à Kirchheim. La cavalerie légère de l'avant-garde près Rameding, éclaire le front et la droite ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 320).

Après avoir passé l'Ens, le 3e Corps se dirige sur Waldhvïen et Saint-Gaming sur Lilienfeld pour tourner la position de Saint-Polten, que l'ennemi a pu être tenté d'occuper.

Le 14 Brumaire an 14 (5 novembre 1805), Davout écrit, depuis Styer, à Berthier : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence du passage de la rivière d'Enns à Steyer, exécuté hier par les troupes de l'avant-garde aux ordres du général Heudelet; je dois citer avec éloge cet officier à Votre Excellence, pour son intelligence et sa bravoure.
A l'arrivée des troupes de l'avant-garde, le pont sur la Steyer, très bien conservé, était gardé par un poste ennemi d'environ 200 hommes. Ce poste, chargé par un détachement du 13e régiment d'infanterie légère, a été en partie précipité dans la rivière; le reste a mis bas les armes et a été fait prisonnier.
Les deux ponts sur l'Enns étaient brûlés; l'ennemi occupait la partie de la ville qui est sur la rive droite, qu'il défendait par un feu d'artillerie et de mousqueterie soutenu et bien dirigé; il avait percé ou coulé tous les bateaux attachés à la rive droite, pour nous ôter tous moyens de passage. Dans cet état de choses, quelques nageurs intrépides sont allés en plein jour, sous une grêle de balles, s'emparer, à la rive opposée, d'un petit canot qu'ils ont ramené heureusement; à l'aide de cette frêle nacelle, qui ne pouvait contenir que six hommes, malgré le feu de l'ennemi et la violence du courant, environ 30 braves, jetés sur la rive droite, sont parvenus à faire prisonniers ou mettre en fuite tout ce qui était dans le faubourg de Steyer ...
Je dois particulièrement désigner à Votre Excellence ... Boiteux, grenadier au 108e régiment de ligne, blessé au moment où il traversait, pour la seconde fois, l'Enns à la nage.
Brunin et Gascard, grenadiers, et Létoile, tambour au même régiment se sont également fait remarquer par leur intrépidité.
Notre perte est d'environ 50 blessés ou tués; du nombre de ces derniers se trouvent un officier du 13e régiment d'infanterie légère et l'un des aides de camp du général Beaumont.
Nous avons fait plus de 200 prisonniers sur la rive droite de l'Enns. Les moyens de passage ont été promptement organisés et ce matin toute l'avant-garde avait passé la rivière.
Notre artillerie, par la justesse de son tir, a fait taire celle de l'ennemi. On travaille avec la plus grande activité à la réparation du pont de l'Enns; ce travail sera achevé sous peu d'heures; aussitôt la communication assurée sur ce pont, l'avant-garde se portera, dès aujourd'hui, sur la route de Waidhofen, et prendra position à deux lieues en avant de Steyer, poussant des reconnaissances sur Seitenstetten.
La 1re division va prendre position sur la rive droite de l'Enns et occupera les deux routes de Waidhofen et de Seitenstetten.
La 2e division prend également position sur la rive droite, en avant des premières maisons du faubourg de Steyer.
La 3e division vient remplacer, dans ses positions, la 1re division sur les hauteurs en arrière de Steyer.
J'ai l'honneur d'adresser à Votre Excellence diverses lettres que j'ai fait intercepter à la poste de Steyer; j'y ai joint un extrait des plus intéressantes, qui prouvent toutes le mécontentement et le découragement des officiers autrichiens.
D'après les renseignements que je me suis procurés dans le pays, j'ai acquis la certitude que la route de Steyer à Waidhofen, quoique présentant de grandes difficultés, peut être cependant praticable pour l'artillerie; mais de ce point à Annaberg, elle est impraticable pour toute espèce de voiture.
Steyer, quoique d'une population de 7,000 à 8,000 âmes, ne nous a offert aucunes ressources; les Autrichiens ont enlevé jusqu'aux farines des particuliers. L'on assure qu'une partie du corps du général Merfeld s'est dirigé sur Brück, pour s'y réunir à un corps qui vient d'Italie; les reconnaissances que j'ai envoyées à 4 lieues sur cette route ont fait quelques prisonniers qui confirment les rapports que j'ai reçus à cet égard
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 525).

"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 16 brumaire (7 novembre 1805).
Quartier général: Gaming.
Avant-garde : à la chaussée sur la gauche de la route, à 2 lieues de Gaming.
Infanterie. - Se porte à 2 lieues en avant de Gaming sur la route de Maria-Zell. On rencontre les uhlans qui prennent la fuite, en abandonnant plusieurs voitures de bagages.
Le 108e, à gauche de la route, sur un petit amphithéâtre en arrière d'une ferme et adossé à un bois.
Le 13e, un quart de lieue plus avant, sur la même route.
Les chemins étaient extrêmement glissants et les montagnes couvertes de neige …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 588).

Tandis que le Maréchal Davoust exécute ce mouvement, sa tête de colonne vient tomber, le 8 novembre 1805, près de Mariazel, sur le Corps du Général Merfeld, qui, suivi de près par Marmont, rétrograde sur Vienne, sur la route de Léoben. C'est un combat de Montagnes dans lequel le 108e; gardé en réserve, prend une part des plus brillantes.

Alors que les Tirailleurs du 13e Léger garnissent l'arête qui, descendant des montagnes vers Hasing, domine le vallon en avant de Saint-Sigmund, et s'avancent vers ce point, pour se déployer, sur le versant opposé, le long de la Salza, qui passe à 2,500 mètres au Sud de Mariazell, ils y sont rejoints par une Compagnie qui a traversé le bourg, et par une Compagnie de Sapeurs qui, détachée vers Mariazell avant d'avoir atteint Rasing, s'est portée sur la ligne des Tirailleurs.
La fusillade dure encore une heure sur cette position, nos deux ailes gagnant du terrain pour déborder l'ennemi. A ce moment, le 108e, tenu en réserve à Hasing, se forme en colonne, franchit le pont et se porte en avant au pas de charge sur la route. L'ennemi, menacé d'être coupé en deux par cette attaque, se retire en toute hâte, mais une partie seulement peut devancer notre colonne. Les Tirailleurs, retardés par les difficultés du terrain, sont presque tous pris.
Le 108e continue la poursuite pendant deux heures, enlevant de nombreux prisonniers à l'infanterie ennemie qui se retire en désordre et n'est plus qu'une masse informe. Enfin, parvenu près de Wegscheid, il tombe sur deux derniers Bataillons restés groupés. Il se précipite au milieu même de la masse, et fait poser les armes à 2,000 hommes qui l'entourent.
Le résultat de cette journée est la prise de 18 pièces de canon, 2 drapeaux, 80 voitures et environ 4,000 prisonniers. Le tout est dirigé sur Amstetten par la même route que notre Artillerie, tandis qu'un Escadron du 7e Hussards continue la poursuite sur la route de Brück, où il fait encore 150 prisonniers.
Cette victoire anéantit presque entièrement le petit Corps du Général Merveldt, qui s'est retiré par Steyer et Weyer, et dont les débris gagnent le Semring.
Les Hussards ont grand'peine à franchir sur la glace le col qui sépare Mariazell de Neuwiesen. Le reste de la cavalerie bivouaque à Mariazell ; le 13e Léger à Siegmund, le 108e entre cette chapelle et Wegscheid. Les Fivisions du Corps d'armée bivouaquent entre Mariazell et Gaming, le long de la route (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 123).

Dans cette action, le Lieutenant de Grenadiers Higonet a traversé une colonne autrichienne, fait prisonnier le Colonel du Régiment de Colloredo et mettre bas les armes à plus de 200 hommes de ce Régiment. Le Sergent Chevalier a enlevé un drapeau autrichien. Les Sous-officiers Lefranc et Deslandes se sont signalés aussi dans ce combat.

"3e CORPS D'ARMÉE.
Journée du 17 brumaire an XIV.
Combat de Mariazell.
… L'ennemi occupait alors l'amphithéâtre de Sigmund, les hauteurs à droite et à gauche, et avait son front couvert par la petite Salza.
Il fut débusqué du village et se retira entièrement au delà du ruisseau.
La fusillade dura plus d'une heure et jusqu'à ce que nos tirailleurs de la droite, gagnant toujours du terrain, commencèrent à déborder la gauche de l'ennemi.
Le 108e, qui était dans le village et sur la hauteur à gauche, se forma alors en colonne serrée, passa le pont l'arme au bras, et dès lors la déroute fut complète; l'ennemi ne l'attendit pas
On le poursuivit jusqu'à Wegscheid, à 2 lieues au-delà de Mariazell, et là, on prit tout ce qui avait combattu sur le plateau de Sigmund ...
Le 108e à Valdau ...
… Le combat de Mariazell eut les résultats d'une grande victoire : deux drapeaux (d'autres furent jetés par l'ennemi dans la petite Salza et on n'a pas pu les retrouver), 18 pièces de canon et leurscaissons, 80 voitures de bagages : environ 4,000 prisonniers, parmi lesquels 2 colonels, 6 majors et un grand nombre d'officiers, restèrent entre nos mains.
L'ennemi eut environ 600 hommes tués ou blessés. Plus de 6,000 Autrichiens, la plupart grenadiers hongrois et troupes d'élite, soutenus par une artillerie nombreuse et dans des positions inexpugnables, ont été pris, dispersés ou détruits par le 13e régiment d'infanterie légère et un bataillon du 108.
Les deux positions de Neuhaus ont été enlevées par les carabiniers et les voltigeurs du 13e seulement.
Si l'ennemi avait montré autant d'habileté que de bravoure, nous n'aurions pas couché le soir à Mariazell, mais il n'entendait nullement la guerre de montagnes et ses tirailleurs sont bien loin de valoir les nôtres.
On s'est battu avec le plus grand acharnement aux deux positions de Neuhaus; on a vu des carabiniers et des grenadiers hongrois, s'étant manqués réciproquement à la baïonnette, se prendre corps à corps et lutter en criant à la fois : prisonnier, prisonnier !
Le capitaine commandant l'artillerie s'est fait tuer sur sa pièce à la deuxième position de Neuhaus.
Lorsque l'ennemi eut été forcé pour la troisième fois sur le plateau de Sigmund, il se sauva dans le plus grand désordre par la route de Brück : le 108e le poursuivit la baïonnette dans les reins.
Pendant deux heures il arracha des prisonniers à la queue de la colonne, jusqu'à ce qu'il fut arrivé au gros des fuyards ; alors il se précipita au milieu et fit poser les armes aux ennemis dont il était enveloppé. Cc fut auprès de Wegscheid que l'on fit prisonnière de guerre cette grande masse où étaient les colonels et majors. Il y avait près de 2,000 hommes …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 621).

"Journal de l'artillerie du 3e corps.
Le 17, l'avant-garde partit de Gaming, à la pointe du jour, pour se porter sur Mariazell (en Styrie) et prendre une double position sur la route de Leoben, celle d'Annaberg et garder en force le pont sur l'Erlaf. Les 1re et 2e divisions partirent du bivouac de Gresten et prirent la même direction, laissant en arrière leur artillerie. L'avant-garde rencontra, à deux lieues et demie de Gaming, un fort détachement du corps du général Merfeld et, à la hauteur de Neuhaus, le corps lui-même, composé de l'élite des troupes autrichiennes, qui, après une assez vive résistance, fut obligé de battre en retraite précipitamment, laissant environ 600 hommes sur le champ de bataille; le 108e régiment d'infanterie et le 13e d'infanterie légère enlevèrent deux batteries à la baïonnette.
Le résultat de cette brillante affaire fut la perte de 4,000 Autrichiens, presque tous grenadiers, de 18 pièces de canon de campagne avec leurs caissons, d'un grand nombre de voitures dites de bagages, de 2 drapeaux, 3 colonels, 6 majors et de beaucoup d'officiers subalternes
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 627).

"Journal de la division Friant.
De Risselsau à Neuhaus, le 17 brumaire an 14.
L'avant-garde part à la pointe du jour pour aller prendre position à Mariazell; elle s'éclaire fortement vers Annaberg, route de Saint-Pölten, et dans un vallon assez étroit. Sur la droite de Traisen, elle envoya des troupes légères dans la direction de Leoben pour surprendre les courriers et occupe en force le pont sur la petite Erlaf. Envoyé la veille par le général Heudelet, j'eus l’avantage d'assister à un combat très brillant que cette avant-garde soutint avec intrépidité contre un corps d'armée autrichien beaucoup plus nombreux et qui fut complètement battu, quoiqu'il eût en outre l'avantage de la position. 12 pièces de canon, 2 drapeaux, 3500 prisonniers, furent l'heureux résultat d'une affaire qui cependant nous coûta du monde et la perte du brave général Eppler; elle eût coûté à l'ennemi la destruction totale de son corps d'armée si le désir de partager la gloire et le danger de cette journée eût suffi à la 1re division pour vaincre tous les obstacles, toutes les difficultés qui renaissaient à chaque instant dans des chemins étroits, hérissés de grosses pierres; l'ennemi laissa plus de 1,500 morts sur le champ de bataille; les chemins, les lisières des bois étaient remplis de chevaux abandonnés, d'armes, de voitures, caissons, gibernes, casquettes. Le 13e d'infanterie légère, le 108e de ligne, le 1er de chasseurs à cheval, le 7e de hussards formaient cette brave avant-garde qui, après l'affaire, marcha dans la direction de Leoben, à la poursuite de l'ennemi …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 628).

Le 18 Brumaire an 14 (9 novembre 1805), Davout écrit, depuis Mariazell, à Berthier : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que, hier, vers 9 heures du matin, l’avant-garde, aux ordres du général Heudelet, a rencontré en avant de Neuhaus le corps du général Merfeld, fort de 6 bataillons de grenadiers et 3 régiments d'infanterie. Le général Heudelet a attaqué avec la plus grande vigueur sans consulter le nombre des ennemis; le combat a été très vif. Les Autrichiens ont été enfoncés et mis dans la plus complète déroute; ils ont laissé 400 morts sur le champ de bataille, 600 blessés et 4,000 prisonniers, 16 pièces de canon et 3 drapeaux. Les colonels des régiments de Colloredo et Deutschmeister et 3 majors sont au nombre des prisonniers. Tout cc qui reste de ce corps eût été pris si les chemins escarpés et tout couverts de glace eussent permis à la cavalerie de donner et de gagner la tête de la colonne.
J'ai mis le général Heudelet, pour achever son ouvrage, à la poursuite de ces débris qui se sont retirés sur· Lilienfeld ...
Je ne puis trop faire l'éloge de la conduite pleine de vigueur et d'intelligence du général Heudelet, qui commande l'avant-garde, depuis le commencement de la campagne, avec beaucoup de distinction. Ce général se loue beaucoup du 13e régiment d'infanterie légère et du 108e de ligne; 5 compagnies de ce régiment ayant à leur tête le colonel Hygonnet ont chargé l'ennemi qui voulait se rallier à Mariazell, cette charge, faite à la baïonnette et sans tirer un coup de fusil, a produit 1,500 prisonniers; lorsque les détails de ce combat me seront parvenus, j'aurai l’honneur de les transmettre à Votre Excellence avec prière de présenter à la bienveillance de l'Empereur le nom des braves qui se sont plus particulièrement distingués, J'envoie à Votre Excellence, par l'un de mes aides de camp, les trois drapeaux pris sur l'ennemi. Il est tombé beaucoup de bagages en notre pouvoir, mais comme les voitures encombraient la route, on a été contraint de les précipiter dans les ravins ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 650).

Le 21e Bulletin de la Grande Armée, daté de Moelk, le 10 novembre 1805 (19 Brumaire an 14), déclare : "... Le 17, l'avant-garde de ce maréchal, étant encore à plusieurs lieues de Mariazell, rencontra le corps du général Merveldt qui marchait pour se porter sur Neustadt et couvrir Vienne de ce côté. Le général de brigade Heudelet, commandant l'avant-garde du maréchal Davout, attaqua l'ennemi avec la plus grande vigueur, le mit en déroute et le poursuivit l'espace de cinq lieues. Le résultat de ce combat de Mariazell a été la prise de trois drapeaux, de seize pièces de canon et de 4,000 prisonniers, parmi lesquels se trouvent les colonels des régiments Joseph-Colloredo et Deutschmeister, et cinq majors.
Le 13e régiment d'infanterie légère et le 108e régiment de ligne se sont parfaitement comportés …
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 471 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9469; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 679).

Dans son rapport, expédié depuis son quartier général à Lilienfeld, le 11 novembre 1805 (20 Brumaire, an 14), Davout écrit au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Maréchal,
Les détails sur la brillante affaire de l'avant-garde m'étant parvenus, je me fais un devoir de les communiquer à Votre Excellence afin qu'elle puisse les mettre sous les yeux de notre Souverain. Je vous ai envoyé trois drapeaux, je vous en adresse un quatrième ; deux autres ont été déchirés, brisés de rage par ceux qui les portaient et jetés dans la rivière. Les deux porte-drapeaux sont du nombre des prisonniers.
Je vous fais connaître ci-joint, monsieur le Maréchal, le nom de ceux qui ont contribué à cette affaire dont le résultat est la prise de seize pièces de canon avec leurs caissons, six drapeaux, deux colonels, cinq majors, plus de soixante officiers ct quatre mille prisonniers, et la dispersion totale du corps du général Merfeld. Cet important succès nous a coûté environ cent cinquante blessés et quarante tués ... .
Le nommé Hennin, grenadier du 108e, de la dernière conscription, en se portant au milieu d'une colonne autrichienne pour enlever un drapeau, ayant eu son fusil enlevé par la mitraille, a mis le sabre à la main, s'est précipité au milieu des rangs et étendit à ses pieds sept Autrichiens, et, son sabre ayant été cassé, il a reçu la mort au milieu de ses sept victimes. Tout le 3e corps a vu ce tableau, cette mort est digne d'un grenadier français. Le genre de mort des Autrichiens étendus à ses côtés ne laissait aucun doute sur cette action ...
Dans le 108e régiment :
Le brave capitaine Leroy, de la 5e compagnie du 1er bataillon, à la tête de cette compagnie et de la sixième, s'est avancé avec audace, l'arme au bras et rapidement, entre deux bataillons ennemis, a fait face à droite et à gauche et a fait mettre bas les armes à trois cents hommes. Il a été très bien secondé par la capitaine Grassoreille, de la sixième. Ce mouvement a été des plus beaux et des plus décisifs.
La chef de bataillon Chevallier a gravi un escarpement à la tête d'un détachement pour marcher sur des tirailleurs embusqués en grand nombre, et dont le feu dirigé sur la route ne permettait pas une charge préparée pour enfoncer l'ennemi qui s'était rallié ; il a enlevé tous ces tirailleurs.
Le lieutenant Meslin s'est mêlé plusieurs fois avec l'ennemi et, son arme ayant été brisée entre ses mains, il a saisi un fusil et a repoussé à coups de crosse ceux qui s'opposaient à la marche de son peloton.
Le capitaine Gorin avec ses lieutenants Frayé et Billi, à la tête des voltigeurs, sont descendus derrière un peloton autrichien, l'ont isolé et en ont fait un grand carnage, et ont pris tous ceux qui n'ont pas voulu être tués.
L'adjudant-major Higonnet, jeune homme d'une grande espérance, a traversé à cheval les rangs de l'ennemi et fait rendre l'épée au colonel et au major de Colloredo.
Le sergent Chevalier a pris un drapeau que l'ennemi a cherché de lui reprendre, mais qu'il a défendu vigoureusement et qu'il a rapporté.
Le caporal Doisy, les fusiliers Dappe et Deuré ont aussi enlevé un drapeau après avoir enfoncé le groupe qui le défendait.
Monsieur le capitaine de grenadiers Bienvenu, les lieutenants Giraudet et Lesler, les capitaines Coutopé et Mouret, les lieutenants Bonne et Goustenoir, le sous-lieutenant Ganéchon, les sergents-majors Marietz, Marchand et Guérard, les sergents Umbert, Aubry, Laporte, Chenillot, les caporaux Roussel, Ladouce, Bouquillon, et les nommés Henrion, Boiteux, Gascard, Ney et Perrin, grenadiers et fusiliers, sont cités avec éloge.
Le général Heudelet cite avec éloge les commandants des 13e d'infanterie légère et 108e de ligne, et particulièrement celui du 108e, le colonel Higonnet qui a déterminé la déroute de l'ennemi par une charge à la tête de quatre compagnies de son régiment.
Le lieutenant Gradira, officier d'État-Major, plein de zèle, de talent et de courage, s'est aussi distingué dans cette journée, ainsi que le capitaine Liégeard, aide-de-camp du général Heudelet.
Le général Eblée, l'adjudant-commandant Marès, méritent aussi beaucoup d'éloges.
En général, tous les militaires de l'avant-garde méritent des éloges et ceux qui sont cités particulièrement sont un choix au milieu de deux mille braves. Je prie Votre Excellence de mettre leurs noms sous les yeux de Sa Majesté, c'est la récompense qu'ils ambitionnent.
Le général Heudelet a mis dans cette circonstance vigueur, talent et courage, comme dans toutes les autres, et a soutenu la bonne opinion que les militaires ont de lui.
Le combat a été des plus opiniâtres, surtout au commencement, où l'avant-garde a eu affaire à six bataillons de grenadiers ; on a croisé la baïonnette avec le plus grand acharnement et on en est venu au point de se prendre aux cheveux. Les jeunes soldats se sont montrés aussi braves que les anciens, et les nouveaux Français du Piémont ont prouvé qu'ils étaient dignes d'être les sujets de notre illustre souverain ...
" (A. L. d’Eckmühl, M. de Blocqueville : « Le Maréchal Davout, Correspondance inédite, 1790-1815 », Paris, 1887, p. 70; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 625).

"Journal de la division Friant
De Neuhaus à Stenhoff, le 18 brumaire an XIV.
Le corps d'armée continue sa marche pénible à travers les hautes montagnes de la Styrie ... ; il joint à Maria-Zell la grande route de Leoben à Vienne par Türnitz, Saint-Polten, et la 1re division établit ses bivouacs dans le vallon étroit de la Traisen, en arrière et près la petite ville de Türnitz, où le Maréchal et le général Caffarelli avaient leur quartier général, et qui était couverte par l'avant-garde; la partie du vallon où était la 1re division était oblongue et avait un petit diamètre de 200 mètres environ. La 2e division, réduite à trois régiments d'infanterie (le 111e était à la garde du parc depuis Steyer et le 108e était à l’avant-garde), bivouaqua en colonne dans le même vallon, en arrière de la 1re; le Général, son état-major et un bataillon du 48e régiment logèrent au village de Gstettenhof, où se trouve une verrerie considérable, que nos sauvegardes ne purent garantir d'abord du pillage et qui fut réduite en cendres, deux jours après notre départ, par le détachement même du 21e régiment de ligne, que nous avions laissé pour protéger cette propriété, dont le directeur avait fait les plus grands sacrifices pour nous, et avec la meilleure volonté …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 653).

"3e CORPS d’ARMÉE.
Journée du 20 brumaire an XIV.
… Infanterie.- Partie de Türnitz, traverse les bivouacs des divisions et va prendre position près de Kaumberg.
Le 13e, un peu en arrière de ce village sur la hauteur qui le domine.
Le 108e, près d'Arnaberg; demi-lieue en arrière …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 693).

Le 3e Corps descend ensuite à Vienne qu'il occupe, et la Division Friant est établie dans la direction de Presbourg pour observer les débouchés de la Hongrie, couvrant ainsi le mouvement de la Grande-Armée sur la Moravie.

Le 1er décembre, celle-ci se trouve en présence de l'armée austro-russe; Napoléon prend, ce jour-là, position entre Brün et Austerlitz, la gauche appuyée aux montagnes de la Moravie, la droite aux villages de Sokolnitz et de Telnitz. Il laisse ainsi, entre la droite et les étangs de Satschau et de Meintz, un espace à peine gardé qui doit donner à l'ennemi la tentation de s'y engager. Si cette,opératïon réussit, en effet, elle aura pour conséquence de la couper de la route de Vienne. Mais elle n'est possible qu'à la condition de dégarnir le plateau de Pratzen, clef de la position occupée par les alliés; et Napoléon se propose de l'aborder alors directement avec le Corps de Soult, soutenu au besoin par toute la Garde.

Le plateau de Pratzen conquis, l'armée austro-russe est coupée en deux et la gauche, acculée aux étangs, est infailliblement perdue.

Le Corps de Davoust est resté autour de Vienne; Napoléon, décidé à livrer une bataille décisive, lui a ordonné de porter les Divisions Friant et Gudin vers Gross-Raigern, sur la route de Vienne à Brün, à hauteur des étangs.

Seul le Général Friant en est averti à temps. Il se met immédiatement en marche et le 1er décembre au soir, sa Division atteint le point assigné, après avoir fait trente-six lieues en quarante-huit heures.

A 6 heures, dans la nuit et dans le brouillard, les Divisions françaises s’acheminent vers les emplacements fixés. L’avant-garde de la Division Friant (Général Heudelet, 108e de Ligne, Voltigeurs du 15e Léger, deux pièces de 4 et le 1er Dragons, soit 800 ou 900 fusils et 200 sabres) part de Raygern. Le reste de la Division et celle de Bourcier (moins le 25e Dragons, qui reste employé sur la communication de l’Armée) suivront à une grande heure d’intervalle (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 153).

Le 2 décembre, dès 7 heures du matin, trois colonnes russes commandées par les Généraux Doctoroff, Langeron, Prisbyschowski, se mettent en mouvement pour attaquer les villages de Telnitz et de Sokolnitz. La colonne Doctoroff forme l'extrême gauche et précède les deux autres; forte de 24 Bataillons, elle vient appuyer l'avant garde autrichienne de Kienmayer qui attaque Te1nitz depuis plus d'une heure et s'en empare. Les Russes et les Autrichiens franchissent aussitôt le lit de la Goldsbach, et Kiennmayer lance ses 14 Escadrons contre la cavalerie du Général Margaron qui couvre la droite de la Division Legrand, du Corps de Soult.

La cavalerie française soutient brillamment plusieurs charges, mais ne peut tenir contre des forces aussi supérieures. La Division Friant, en route de Gross-Reigern sur Telnitz, n'est pas encore arrivée, et la droite de Napoléon se trouve ainsi entièrement débordée. Fort heureusement, la deuxième colonne russe, sous les ordres du Général Langeron, a perdu du temps et elle n'attaque Sokolnitz qu'au moment où la Division Friant fait elle-même son apparition sur le champ de bataille. Elle comprend trois Brigades d'infanterie et 6 Régiments de dragons.

Le 1er Régiment de cette arme est lancé au trot sur Telnitz, charge les Austro-Russes qui ont dépassé le Golsbach et les rejette dans le village.

Le 108e s'approche de Telnitz, tandis que les Russes procèdent à l'attaque de Sokolnitz. Langeron a fini par couper la colonne de cavalerie qui lui barre le chemin au Sud de Pratzen, et commence à descendre dans la plaine un peu avant 8 heures. Son approche a dû être signalée à Margaron au moment où le Général Legrand arrive avec le Général Merle et le 26e Léger. Ce Régiment est formé en bataille derrière Sokolnitz, que gardent les Tirailleurs du Pô. Deux pièces d'artillerie légère sont sur la hauteur en arrière du château. Il y avait donc là, au total, 1800 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 159-161).

Tandis que le 26e Léger est aux prises avec la Russes, la Brigade Heudelet (moins son artillerie) est dirigée sur Telnitz en prenant semble-t-il, le chemin qui passe à l’auberge d’Ottmarau. Les Voltigeurs du 15e Léger et le 108e de Ligne parviennent vers 9 heures au moulin de Telnitz, s’y forment et s’élancent dans la grande rue du village. Cette charge furieuse balaie Telnitz d’un bout à l’autre. Le brouillard favoriser le Général Heudelet en lui procurant l’avantage de la surprise. Les Chasseurs russes, les Hongrois sont bousculés ; le Régiment de la Nouvelle-Ingrie, assailli à l’improviste, s’enfuit et jette la confusion dans toute la colonne de Dokhtourov. Les Voltigeurs se répandent en tirailleurs dans les vignes. Le 1er Bataillon du 10e (erreur : il faut lire 1er Bataillon du 108e) se déploie ; le 2e arrive au débouché. Mais la petite troupe du Général Heudelet, avec ses 800 hommes, est trop peu nombreuse pour obtenir un résultat de quelque durée ; elle ne peut s’étendre dans le village de Telnitz, qui reste certainement occupé en partie par l’ennemi. Le premier moment de surprise passé, les Russes et les Autrichiens se ressaisissent ; ils attaquent le 108e de tous côtés. Deux Escadrons de Hussards de Hesse-Hombourg font une charge brillante sur le 1er Bataillon. Arrêtés par les Grenadiers du 2e Bataillon, ils font un détour, reviennent sur le flanc gauche de ce Bataillon, et le rejette dans le village. Le 1er Bataillon parvient à se reformer et se replie en bon ordre, mais les Chasseurs et les Fusiliers russes attaquent à leur tour ; la 2e Compagnie de Grenadiers, près d’être cernée, se fraye un chemin entre deux Bataillons ennemis. Le 108e s’efforce alors de déboucher du village par le nord, le long du Goldbach, entre le cimetière et le ruisseau, sans doute pour avoir ses deux flancs couverts (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 164).

C'est à ce moment précis, semble- t-il, que quelques débris du 26e Léger viennent s'échouer dans les taillis voisins du Goldbach au Nord de Telnitz. Les soldats du 26e entrevoient dans le brouillard très épais une colonne qui marche à peu près à l'opposé de la leur ; ils tirent sur elle. Ainsi pris d'écharpe, le 108e se replie dans les dernières maisons de Telnitz. Il ne trouve certes pas dans l'erreur du 26e Léger une raison suffisante d'abandonner la partie ; au contraire, avec le 3e de Ligne rassemblé derrière le Goldbach, le 26e rallié au reste des troupes françaises, il est possible de fournir un sérieux effort ; mais le Maréchal Davout, qui surveille l'ensemble du combat à Sokolnitz et à Telnitz, vient de voir deux fortes colonnes russes pénétrer dans Sokolnitz. Les troupes engagées à Telnitz sont menacées d'être coupées et rejetées sur Raygern. Il est urgent de se dérober à la faveur du brouillard, et de se retirer derrière le ruisseau de Sokolnitz pour y réunir toutes les troupes de la Brigade Merle et de la Division Friant. Le 108e bat en retraite par le chemin de Turas, emmenant sans doute avec lui les fractions du 26e Léger qui l'ont fusillé naguère (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 165).

L'Historique du Corps mentionne le "Le 26e de Ligne de la Division Legrand, venu au secours des premiers défenseurs de Telnitz" ; c'est une erreur manifeste. Le même historique dit que le Régiment, se croyant tourné, se replie aussitôt; ce n'est pas ce que dit l'ouvrage de Alombert et Colin.

Les Russes et les Autrichiens reprennent aussitôt l'offensive avec 29 Bataillons et Telnitz retombe en leur pouvoir, tandis que le Général russe Langeron pénètre dans 1e village de Sokolnitz avec 12 Bataillons.

Les deux colonnes ennemies commencent alors à déboucher des villages pendant que la troisième se porte sur la hauteur. La situation devient vraiment critique. Le Général Friant lance ses 6 Régiments de Dragons contre la colonne qui débouche de Telnitz, mais ces Régiments, malgré d'héroïques efforts, ne parviennent pas à la rompre; toutefois les Régiments de la Brigade Heudelet (15e Léger, 108e de ligne), par leur feu intense, l'empêchent de se déployer.

Le Général Friant se porte ensuite, à la tête de la Brigade Lochet (111e de Ligne) contre la colonne Langeron, la rejette dans Sokolnitz, y entre avec elle et l'oblige à repasser la Goldsbach. Sokolnitz repris, la dernière Brigade de la Division ayant à la tête le Général Kister et composée des 34e et 38e, chasse du château Sokolnitz les troupes Pribyschewski.

Vers midi, le Général Friant, voyant ses Régiments de gauche rejetés en arrière du ruisseau de Sokolnitz, juge nécessaire de frapper un coup décisif. Il concentre ses efforts sur la pointe du village. Ayant retiré son 33e de son extrême gauche, il l’amène entre le 15e Léger et le 111e de Ligne, puis, ralliant le 15e, il le lance sur le pont et le débouché nord-ouest de Sokolnitz, tandis que le 33e, conversant à gauche, tombe dans le flanc de l’ennemi qui défend ce saillant. A cette vue, les autres Bataillons battent la charge. Le 48e, qui tient toujours dans l’angle sud de Sokolnitz, regagne du terrain, soutenu à gauche par le 111e, le 3e et le 108e. Il semble que les Tirailleurs du Pô ont attaqués à ce moment le château de Sokolnitz. Enfin, le 26e Léger se porte en avant le long du Goldbach ( ?) : "La victoire, dit le Colonel Pouget, se déclara pour les Français au centre des deux armées. Ceux des Russes qui étaient opposés au 26e en eurent avis les premiers, et se retirèrent aussitôt, laissant ce régiment maitre du champ de bataille ainsi que (de) leurs blessés et prisonniers" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 205-206).

Les Russes qui combattent dans la plaine, viennent d’être culbutés par le 15e Léger, le 33e, le 108e, le 3e et le 111e, contre les murs du parc (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 207-208).

Pendant que ces combats acharnés ont lieu autour de Telnitz et de Sokolnitz, tenant en haleine toute l'aile gauche de l'armée ennemie sur le ruisseau de la Goldsbach, Napoléon aborde le plateau de Pratzen, occupé par le centre des alliés. A une heure de l'après-midi, cette importante position est définitivement conquise, et le Corps Soult, tournant à droite, prend à revers les trois colonnes que tiennent toujours en respect les Régiments du Général Friant, sur les bords de la Goldsbach.

Les Russes, assaillis de toutes parts, mettent bas les armes ou se jettent en désordre sur les étangs glacés. La glace se rompt sous leurs pieds et plusieurs milliers périssent engloutis.

Cette victoire figurera par la suite sur le drapeau du 108e; ce Régiment y a été remarquable de bravoure et d'entrain. Il a subi des pertes sensibles, 15 Officiers ont été mis hors de combat, dont 7 ont été tués et 8 blessés; la troupe compte 138 tués et 316 blessés. Les Officiers tués sont les Capitaines Galimard, Gorin, Mourette, Bienvenu, Coutessé; le Lieutenant Dubigny; le Sous-lieutenant Mollet, tous ou presque tous anciens Officiers ou Sous-officiers de l'ancienne 108e Demi-brigade. Au nombre des blessés, on compte les Capitaines Chambeau, Chevalier et Le Roy, le Lieutenant Lalance, les Sous-lieutenants Bernisier, Massempierre, Ekiévant et Monniot.

Le Colonel Higonet et les Chefs de bataillon Chevalier et Lamaire sont cités à l'ordre de l'armée pour leur belle conduite et l'entrain dont ils ont fait preuve. Quinze Officiers, Sous-officiers et soldats sont nommés Chevaliers de la Légion d'honneur.

Le 2 décembre 1805 (11 Frimaire an 14), Davout écrit, depuis Menitz, au Ministre de la Guerre, Major général : Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence que ce matin, à cinq heures, la division Friant s'est mise en marche de ses positions de Raygern, conformément aux ordres que vous m'avez transmis de la part de Sa Majesté ; ayant eu connaissance pendant le mouvement que le 3e régiment de ligne était attaqué à Telnité, j'y ai dirigé cette division. Le village, que le 3e régiment avait été obligé de quitter après la plus belle résistance, a été attaqué et emporté par le général Heudelet, à la tête du 108e régiment et de quelques compagnies du 15e régiment d'infanterie légère ; mais des forces supérieures de l'ennemi l'ont repris de nouveau.
L'ennemi a manœuvré pour m'envelopper en débouchant avec de l'artillerie par Sokolnitz, que j'ai fait attaquer tout de suite par les cinq régiments de la division par échelons. Ce village a été pris et repris plusieurs fois, et l'ennemi a fini par y laisser 12 à 15 pièces de canon ; des la première attaque, trois pièces avaient été prises et emmenées par nous.
J'ai eu à combattre pendant la grande majorité de la journée sur mon front et sur mes flancs des colonnes extrêmement fortes.
Tous les corps ont manœuvré avec sang-froid, sous un feu très-vif, et se sont mêlés plusieurs fois avec l'ennemi ; ils ont beaucoup souffert.
Je dois le plus grand éloge de tous les généraux et colonels ; tous ont eu des chevaux tués ou blessés ; le général Friant en a eu quatre.
Je dois aussi citer avec éloge l'adjudant-commandant Marès, qui a fort bien servi et qui a été blessé.
Mon chef d'état-major, le général Daultanne, officier très distingué, a été très-utile ; il a continuellement rallié les corps et a montré le plus grand calme.
L'adjudant-commandant Hervo l'a parfaitement secondé.
Dans l'après-midi, la division Friant s'est portée sur Melnitz pour tourner quelques bataillons et escadrons qui se battaient contre des troupes du 4e corps d'armée ; ces corps ennemis, n'ayant plus d'issue, ont été en partie jetés dans le lac par les troupes du 4e corps.
Il y a eu dans la journée plusieurs drapeaux pris par le 48e et le 108e régiment.
Le général Bourcier, avec la division de dragons sous ses ordres, a parfaitement couvert ma droite et maintenu l'ennemi par ses manœuvres et plusieurs charges.
Je ferai connaitre à Votre Excellence les officiers et soldats qui se sont plus particulièrement distingués.
Il n'y a eu que 500 à 600 Russes pris ; une perfidie d'un de leurs colonels, qui avait mis bas les armes et qui les a reprises contre le 108e régiment, a excité l'indignation et la fureur des soldats.
La plaine, les villages et les maisons sont jonchés de morts
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 192, lettre 123).

Le 3 décembre 1805 (12 Frimaire an 14), le Général de Division Friant écrit au Maréchal Davout : "J'ai l'honneur de vous adresser quelques détails sur la part que les troupes mes ordres ont eue au succès de la glorieuse journée d'hier. C'est sous vos yeux, Monsieur le Maréchal, qu'elles ont combattu ; vous avez été témoin de leur bravoure et de leur intrépidité, vous avez pu juger de ce que la division entière a exécuté d'après vos ordres ; les détails que je vais avoir l'honneur de vous donner pourront, je l'espère, vous mettre à même de connaitre ce que chaque régiment a fait de particulier, quel courage chacun d'eux déploya, et combien ils ont mérité la bienveillance de Sa Majesté et la vôtre.
En conséquence de vos ordres, la division avait été divisée en trois brigades la première, composée du 108e régiment et des voltigeurs du 15e, était aux ordres du général Heudelet ; la seconde, composée du 48e et du 111e, était à ceux du général Lochet ; le général Kister commandait le 15e et le 33e de ligne ; dans cet ordre, elle marchait par échelons se dirigeant sur Telnitz, lorsque, arrivée à la hauteur de Bobeschowitz, il lui fut ordonné de se porter sur Sokolnitz, dans le même ordre de marche qui avait été disposé. La brigade du général Heudelet força alors le pas ; elle joignit Sokolnitz, qu'elle trouva occupé par l'ennemi ; bientôt elle battit la charge, se précipita dans le village en faisant un carnage affreux de tout ce qui se trouva devant elle ; l’ennemi, très en force, soutint la charge. On continua de part et d'autre de combattre avec beaucoup d'acharnement ; mais comme le général Heudelet commençait à s'établir dans les premières maisons, une décharge qu'un régiment de la division du général Legrand fit malheureusement sur ses troupes, qu'il prit pour l'ennemi, le força à se jeter dans le petit bois qui se trouve à la gauche du village, après avoir longtemps soutenu le feu et les efforts d'un corps de 5,000 à 6,000 Russes, et leur avoir pris deux drapeaux, et pris et repris plusieurs pièces de canon ou caissons.
L'ennemi, toutefois, s'était déjà rendu maître des hauteurs en arrière de Sokolnitz, lorsque la brigade du général Lochet arrive au pas de charge ; le 48e marche à lui, l'attaque à la baïonnette, le culbute, et parvient à s'emparer des premières maisons de l'extrême droite du village. Il fait des progrès étonnants en raison de sa force, car il doit attaquer chaque maison particulièrement, et il s'en empare tour à tour ; il prend également deux drapeaux et plusieurs pièces de canon ou caissons ; mais l'ennemi le déborde tout à coup sur la gauche, le cerne même par de nombreux tirailleurs.
Le 111e régiment, qui était resté en bataille à quelque distance en arrière, se porte aussitôt en avant ; il charge avec vigueur un gros ramas de gens s'avançant sans ordre, sans chefs, et jetant des clameurs horribles ; il les repousse, puis il attaque un corps nombreux qui marchait pour couper les communications de la brigade Lochet avec celle du général Kister, qui arrivait et se déployait sur la gauche.
Les 15e et 33e, à peine arrivés et déployés, marchent à l'ennemi ; rien ne résiste à leur vigoureuse attaque ; le 15e le dirige sur le pont, en chasse un corps dix fois plus nombreux que lui, pénètre dans Sokolnitz, pêle-mêle avec les Russes, en immolant à la baïonnette tout ce qui prétend s'opposer à lui.
Cependant l'ennemi recevait à chaque instant de nombreux renforts de sa droite ; il parvient encore à réunir ses troupes éparses et battues, il les ramène au combat du village dans la plaine et sur les hauteurs ; deux fois de suite elles y sont repoussées, deux fois il les ramène à la charge et parvient à nous obliger nous-mêmes à un mouvement rétrograde.
Le 15e avait été obligé de se retirer jusque sur les hauteurs qui étaient précédemment à sa gauche ; le 33e, qui se trouve par ce mouvement découvert et débordé sur son flanc, doit faire également un mouvement rétrograde.
Je crus qu'il fallait alors frapper un coup décisif. Je ralliai le 15e et le fis marcher de nouveau en avant. Je ralliai ensuite le 33e, lui fis faire un changement de front et l'élevai sur le flanc gauche de l'ennemi ; de là il marcha aux Russes avec fureur, la baïonnette croisée, les renversant et en faisant un carnage affreux. De toutes parts on battit la charge. L'ennemi, pour cette fois, est mis en déroute sans retour et sans qu'il lui soit donné un seul moment de reprise. Il se sauve dans le plus grand désordre du côté du lac. Le village, les hauteurs sont emportés. Bientôt nous sommes maitres du champ de bataille. Vingt pièces ou obusiers tombent en notre pouvoir, avec un grand nombre de prisonniers. L'ennemi, en se retirant, abandonne ses bagages, jette son butin et ses armes pour se sauver avec plus de vitesse. La terre demeure jonchée de morts et de blessés, qui sont abandonnés à la merci de nos braves troupes.
Dirai-je ici que si les corps de la droite ont fait plusieurs milliers de prisonniers et pris de l'artillerie, la gloire doit en grande partie en rejaillir sur la division, puisque c'est elle qui a forcé l'ennemi à la retraite après plusieurs heures de combat et trois charges des plus opiniâtres ? Beaucoup de Russes, comme je l'ai déjà dit, avaient abandonné leurs armes.
Quoi qu'il en soit, généraux, officiers et soldats, tous donnèrent dans la bataille des preuves de la plus brillante bravoure chacun à l'envi combattait, pour ainsi dire, corps à corps contre plusieurs ennemis ; tout le monde brûlait de se signaler par quelque fait extraordinaire, et, il faut le dire, dans cette journée à jamais célèbre, il y a eu plus d'une action qui mériterait d'être citée.
Si je devais ici, Monsieur le Maréchal, vous rendre compte de tous les braves qui ont donné de grandes preuves de courage, je devrais vous dénommer tous les hommes de la division qui ont combattu, car tous ont fait des merveilles et méritent d'être cités comme valeureux. Artilleurs, cavaliers, fantassins, tous ont également bien mérité ; à chacun d'eux il est dû des éloges.
Je dois cependant distinguer d'une manière particulière le brave et intrépide général Heudelet, dont vous connaissez l'extrême bravoure et les grands talents militaires ; le général Lochet, qu'on ne saurait trop louer pour son sang-froid et sa belle manière de commander les troupes ; aucun officier n'est beau comme lui dans le combat. Le général Kister, digne ami de grade de ses deux collègues, s'est montré officier général consommé par sa sagesse, son courage et ses connaissances approfondies dans l'art de la guerre.
Le général Lochet a eu son cheval tué sous lui, le général Kister en a eu un également ; tous les trois généraux de brigade ont eu leurs habitsa criblés de balles.
MM. les généraux m'ont rendu le compte le plus avantageux de MM. les colonels et lieutenants-colonels des régiments à leurs ordres.
Ils m'en ont également rendu un très-honorable de MM.les officiers de leur état-major.
Je me plais, d'après eux, à vous citer avec éloge le major Geither, dont qui que ce soit ne surpasse la valeur ce brave officier supérieur, après avoir eu an cheval tué sous lui, a été malheureusement blessé ; le colonel Saint-Raymond, toujours sage dans les conseils et intrépide dans les combats, se faisant toujours remarquer.
Le colonel Barbanègre, qui a voulu dans ce jour de gloire montrer au 48e combien il est digne de l'honneur de le commander.
Que ne doit-on pas dire de l'intrépide Higonnet, qui semble ne rechercher que l'occasion de se signaler et de se couvrir de gloire en se montrant tour à tour chef et soldat, et du colonel Gay, qui, donnant l'exemple du courage le plus bouillant et de l'expérience consommée, a voulu se montrer en tout digne d'être cité au rang des premiers braves ? MM. Chevalier et Lamaire sont bien en tous points les dignes lieutenants du colonel Higonnet. MM. les chefs de bataillon Legrand, Cartier, du 33e ; Lacombe, du 48e ; Dulong, du 15e, déjà mutilé d'un bras et toujours plus brave ; Guigue et Guinand, du 111e, doivent avoir de grands éloges pour les succès auxquels ils ont puissamment coopéré ; MM. Cartier, Lacombe et Guigue out été blessés ...
Ci-joint, Monsieur le Maréchal, l'état de la force de la division au moment du combat et la perte qu'elle a essuyée dans la bataille, un second état des officiers, sous-officiers et soldats qui se sont distingués et qui ne sont pas portés dans le présent rapport, et les rapports de MM. les généraux et colonels sur la journée du 11, comme vous m'avez fait l'honneur de me les demander
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 214, lettre 130).

Dans son rapport, plus complet, daté du 6 décembre 1805 (15 Frimaire an 14), Davout écrit, depuis Lundenbourg, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, j'ai eu l'honneur de rendre compte à Votre Excellence, dès le 11 au soir, de ma marche pour me rendre, avec la division Friant et celle de dragons du général Bourcier, sur les points qui m'avaient été assignés par Sa Majesté. J'ai mis sous vos yeux le précis des événements qui eut eu lieu dans la partie soumise à mon commandement pendant la mémorable journée du 11. J'ai cité particulièrement quelques officiers recommandables par leurs services.
Pour satisfaire aux demandes que m'a faites Votre Excellence par sa lettre d'hier, je vais entrer dans quelques détails sur la part que le corps d'armée à mes ordres a eue à la bataille du 11.
J'avais fait former la division Friant en trois brigades.
La 1re, composée du 108e régiment de ligne et des compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère, était aux ordres du général Heudelet.
La 2e, composée du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e de ligne, était aux ordres du général Kister.
La 3e, forte des 48e et 111e était commandée par le général Lochet.
La division marcha dans cet ordre. J'avais prescrit au général Friant de faire porter la brigade du général Heudelet sur Turas, d'où elle devait chasser l'ennemi, et de la diriger ensuite sur Sokolnitz ; les deux autres brigades avaient ordre de suivre par échelons pour soutenir le mouvement.
Ayant eu connaissance pendant la marche que le 3e régiment d'infanterie de ligne du 4e corps d'armée était vivement attaqué à Telnitz, j'ordonnai au général Friant d'y porter sur-le-champ sa division.
La brigade du général Heudelet fut chargée de l'attaque du village, que le 3e régiment de ligne, après la plus belle résistance, avait été contraint d'abandonner.
Le général Heudelet fit emporter le village ; mais après les plus grands efforts pour s'y maintenir, des forces infiniment supérieures le contraignirent à l'évacuer.
Le général Bourcier, à qui j'avais fait prendre position pour observer les mouvements de l'ennemi et le contenir sur ma droite, fit exécuter à sa première ligne une charge sur l'ennemi qui se présentait en avant du village et le força à rétrograder.
L'ennemi manœuvrant ensuite pour m'envelopper et débouchant avec de l'artillerie par Sokolnitz, je le fis attaquer à l'instant par les cinq régiments de la division Friant disposés par échelons ; le village fut pris et repris plusieurs fois. Enfin, l'ennemi, malgré la supériorité du nombre et ses efforts sur tous les points de l'attaque, finit par laisser en notre pouvoir environ 20 bouches à feu et 4 drapeaux ; deux de ceux-ci ont été pris par le 48e régiment, et les autres par le 108e. J'ai l'honneur de les adresser à Votre Excellence.
Les cinq régiments de la division Friant, beaucoup affaiblis par les marches forcées et vraiment extraordinaires qu'ils venaient de faire, ne comptaient pas 4,000 baïonnettes au moment où elles se présentèrent à l'ennemi ; cependant ils surent faire tête, et même prendre et retenir l'avantage pendant toute l'action, à des forces infiniment supérieures ; s'ils cédèrent quelque fois au nombre, ce ne fut que pour les réattaquer avec plus de vigueur : toujours ils furent prompts à se rallier sous le feu le plus vif, et ils montrèrent constamment le plus grand calme dans les moments même les plus difficiles, mais ils ont beaucoup souffert.
Dans l'après-midi, la division Friant marcha sur Menitz, pour tourner quelques bataillons et escadrons qui étaient aux prises avec les troupes du 4e corps d'armée, qui les culbutèrent en grande partie dans le lac.
Je dois les plus grands éloges au général de division Friant, qui a eu dans cette journée quatre chevaux tués ou blessés sous lui ;
Aux généraux de brigade Heudelet, Kister et Lochet, qui comme lui ont eu leurs chevaux tués ou blessés et leurs habits criblés de balles, et qui, pendant toute l'action, n'ont cessé de déployer le zèle et les talents qui les caractérisent.
Je me plais à rendre un témoignage éclatant de la conduite du 15e régiment d'infanterie légère et de son chef, M. le major Geillier ; cet officier, blessé dans l'action, fut remplacé dans le commandement par le chef de bataillon Dulong, officier non moins distingué.
Le 33e régiment d'infanterie de ligne et son colonel, M. Saint-Raymond ;
Le 48e régiment et son colonel, M. Barbanègre ;
Le 108e régiment et son colonel, M. Higonnet ;
Le 111e régiment et son colonel, M. Gay, méritent le même témoignage.
Les chefs de bataillon Cartier, du 33e régiment, Lacombe, du 48e, et Guigue, du 111e, ont été blessés ...
J'ai l'honneur d'adresser à Votre Excellence une ampliation de mon rapport du 11, un état présentant les pertes de la division Friant dans cette journée, un état nominatif des officiers, sous-officiers et soldats qui se sont particulièrement distingués dans cette division.
Je m'empresserai de lui transmettre incessamment les faits particuliers que je pourrai recueillir, ainsi que les noms des militaires qui se sont emparés des drapeaux ; d'après les rapports qui ont été faits, il a dû en être pris 6 ; mais deux soldats n'y attachant aucun prix parce qu'il n'existait que les bâtons, ont dû en briser deux et les jeter
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 199, lettre 126).

Un second rapport, plus complet, est adressé à l’Empereur, depuis Presbourg, le 26 décembre 1805 (5 Nivôse an 14), par Davout qui écrit : "Sire, Votre Majesté m'a ordonné, par sa lettre du 22 de ce mois, de lui adresser un rapport plus circonstancié de tout ce qu'ont fait les troupes que je commandais le jour de la bataille d'Austerlitz.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Majesté que le 11, entre cinq heures et demie et six heures du matin, je fis partir la division Priant de l'abbaye de Raygern ; cette division était formée en 3 brigades marchant par échelons.
La 1re était composée du 1er régiment de dragons détaché momentanément depuis quelques jours de la division Klein, des 2 compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère et du 108e régiment d'infanterie de ligne ; elle était commandée par le général Heudelet.
La 2e, aux ordres du général Kister, était composée du reste du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e de ligne.
La 3e, commandée par le général Lochet, était formée des 48e et 111e régiments.
La division des dragons du général Bourcier marchait sur la droite ; elle était composée des 15e, 17e, 18e, 19e et 27e régiments.
Ces troupes marchèrent d'abord sur Turas ; je leur fis prendre ensuite la direction de Sokolnitz, conformément aux ordres que j'en avais. Pendant cette marche, vers huit heures, un officier du général Margaron vint me donner connaissance que le 3e régiment d'infanterie de ligne de la division Legrand était vivement attaqué à Telnitz ; cet officier ajouta que le général Margaron croyait pouvoir donner le temps au général Legrand d'arriver avec sa division à Sokolnitz, ayant pour défendre ce débouché de l'artillerie légère et quelques troupes ; Sokolnitz d'ailleurs n'était pas encore attaqué à cette époque.
Sur ces renseignements, je fis marcher la division Friant sur Telnitz, et j'ordonnai au 1er régiment de dragons commandé par le général Ménard d'exécuter ce mouvement avec beaucoup de rapidité, et d'empêcher l'ennemi qui s'était emparé de Telnitz de déboucher de ce village ; le 3e régiment de ligne, après avoir perdu beaucoup de monde, en faisant la plus belle défense, avait été obligé de se replier. Sur ces entrefaites, le général Heudelet, arrivé avec sa brigade à hauteur de Telnitz, s'y précipita à la tête de ses troupes. L'ennemi extrêmement nombreux opposa la plus forte résistance ; il fut cependant contraint de céder à l'intrépidité des troupes et aux bonnes dispositions du général Heudelet ; à neuf heures et demie le village était en notre pouvoir, le champ de bataille, les rues et les maisons étaient jonchés de morts ; trois pièces de canon furent ramenées par nos troupes, deux autres, faute de chevaux, furent laissées en arrière du village.
Le 108e, qui fut presque toujours mêlé avec l'ennemi, lui enleva deux drapeaux, et sut conserver les siens, à force de traits particuliers de valeur.
Les Russes culbutés, épouvantés et dans le plus grand désordre, étaient sur le point de mettre bas les armes, et parlementaient déjà, lorsque le 26e régiment d'infanterie légère, qui faisait partie de la division Legrand formée sur notre gauche et en arrière de Sokolnitz, vint se placer derrière le ruisseau en avant duquel combattait le 108e régiment ; le brouillard ne lui permettant pas de reconnaitre nos troupes, ce régiment engagea un feu très-vif qui fit beaucoup souffrir la brigade du général Heudelet ; les Russes reprirent les armes, et à l'aide de nouvelles troupes ils se rendirent de nouveau maitres du village.
Dans le même temps que l'ennemi débouchait de Sokolnitz, la division Friant était séparée de la division Legrand ; il n'y avait pas un moment à perdre. Le général Heudelet avait rallié ses troupes près de Telnitz, et gardait le débouché, pendant que le général Bourcier, un peu plus sur la droite, par des charges faites très à propos, empêchait l'ennemi de se porter en avant du village.
Dans cet instant surtout la division des dragons eut beaucoup à souffrir de la mousqueterie et de l'artilleriede l'ennemi, dont elle se trouvait à très-petite portée.
Le général Lochet, à la tête du 48e régiment, se porta contre les Russes qui se formaient sur les hauteurs en avant de Sokolnitz ; le général Friant fit appuyer ce mouvement par la brigade du général Kister et par le 111e régiment. Les Russes furent culbutés et poursuivis dans le village, qui fut emporté ; 6 pièces de canon, qui furent mises aussitôt hors de service, et 2 drapeaux, furent enlevés par le 48e régiment ; mais l'ennemi renouvelait ses troupes, réattaqua Sokolnitz et parvint à repousser le 111e qui tenait la gauche du village ; le 48e fut alors livré à lui-même dans Sokolnitz pendant près de trois quarts d'heure. Le général Lochet, qui était resté à sa tête, eut à soutenir le combat dans les rues, dans les grandes et dans les maisons.
Cependant, pour dégager ce régiment, le général Friant se porta sur Sokolnitz avec la brigade du général Kister et parvint à repousser un moment l'ennemi ; il jeta aussitôt dans le village le 15e régiment d'infanterie légère ; ce régiment, composé en grande partie de conscrits, s'y couvrit de gloire, mais ne put encore débarrasser le 48e ; il fut lui-même repoussé, ainsi que le 33e régiment, après avoir opposé l'un et l'autre la plus vive résistance. Cette brigade fut aussitôt ralliée et ramenée au combat.
Le 111e parfaitement rallié venait de faire une nouvelle charge, qui, bien que des plus vigoureuses, fut néanmoins sans succès ; il perdit même du terrain, mais dans le meilleur ordre.
L'ennemi se porta alors sur la brigade du général Kister, qu'il déborda par sa gauche ; le général Friant fit faire très à propos un changement de front au 33e régiment, et toutes ces trois brigades parfaitement ralliées eurent ordre de se précipiter sur l'ennemi, qui, cette fois, fut enfoncé et laissa la plaine couverte de ses morts.
Sur ces entrefaites, le 36e régiment, faisant partie du 4e corps d'armée, arriva par la partie gauche de Sokolnitz et contribua à dégager le 48e ; ces deux régiments, soutenus par les tirailleurs de la division Friant, poursuivirent l'ennemi et l'acculèrent sur des lacs, après lui avoir fait éprouver la plus grande perte.
Pendant ce mouvement, les troupes de la division Legrand parurent sur les crêtes en arrière ; un des régiments de cette division et le 8e régiment de hussards arrivèrent à portée de l'ennemi, dont la colonne entière mit bas les armes, après quelques coups de fusil. La glace du lac sur lequel cette colonne fut jetée venait d'être rompue par les chevaux des officiers qui s'étaient sauvés ; d'ailleurs l'arrivée des troupes françaises de l'autre côté de ce lac ôtait à l'ennemi tout espoir de salut.
Ce fut à ce moment que s'engagea une forte canonnade sur les hauteurs au delà de Telnitz. Des divisions du corps du maréchal Soult marchaient par Sokolnitz pour se porter de ce côté ; la division Friant suivit ce mouvement en longeant ce ruisseau et se dirigeant sur Menitz. A la hauteur de Telnitz, la brigade du général Heudelet atteignit une forte colonne qui se retirait dans le plus grand désordre et fit sur elle, tout en la poursuivant, un feu très-vif de mousqueterie et d'artillerie, qui lui tua encore beaucoup de monde ; cette brigade se trouvait alors en potence avec des troupes du maréchal Soult ; elle eut avec elles le spectacle des Russes se submergeant dans le lac, par leur précipitation à s'échapper. Ces divisions traversèrent Menitz et furent prendre position à une lieue en avant sur le chemin de Neuhof.
Il fut fait dans le jour par les troupes à mes ordres 1,000 prisonniers, indépendamment de la colonne qui mit bas les armes, succès auquel le 48e eut tant de part.
Je dois aux troupes de la division Friant la justice de dire que ceux des blessés qui ne purent pas eux-mêmes se retirer du combat ne reçurent des soins qu'après la bataille.
La grande intrépidité que déployèrent les troupes dans cette journée est due à l'exemple des officiers généraux, qui furent constamment au milieu du feu le plus vif et y perdirent tous des chevaux ; le général Friant en perdit quatre, le général Lochet deux, et les généraux Kister et Heudelet un ; presque tous les colonels furent dans le même cas ; trois chefs de bataillon furent blessés, ainsi que le major commandant le 15e régiment d'infanterie légère, qui eut aussi son cheval tué.
L'adjudant commandant Marès reçut une blessure grave à la cuisse et perdit aussi des chevaux.
Le général Daultanne, mon chef d'état-major, officier très distingué, rendit de grands services pendant la bataille.
L'adjudant commandant Hervo, sous-chef de mon état-major, le seconda parfaitement.
Mes aides de camp dont les chevaux n'avaient pu joindre se réunirent aux bataillons d'infanterie. Le colonel Bourke, mon premier aide de camp, marcha avec la brigade du général Heudelet et se fit distinguer par cet officier général.
Le chef d'escadrons Vigé, du 2e régiment de chasseurs à cheval, fut tué.
J'adresse à Son Excellence le ministre de la guerre les détails relatifs aux faits individuels que j'ai pu recueillir.
J'ai l'honneur de faire observer à Votre Majesté que la division Friant n'était forte, au commencement de l'action, que de 3,300 et quelques hommes, sa marche de Vienne, sans faire de halte, ayant forcé la moitié de son monde à rester en arrière ; la plupart de ces hommes rejoignirent le 11 au soir, et les autres le lendemain.
Ce qui prouvera à Votre Majesté encore mieux que tous les rapports combien cette division eut d'efforts à faire pendant toute la bataille, c'est qu'elle y perdit environ 1,400 hommes, parmi lesquels on compte 17 officiers morts et 57 blessés, 207 sous-officiers ou soldats tués et 963 blessés ; le surplus fait prisonnier a été rendu depuis.
La division Bourcier eut 35 hommes tués et 41 blessés ; elle compte de plus 65 chevaux tués et 35 blessés.
Le 19e régiment de dragons eut à lui seul, dans ce nombre, 21 hommes tués et 12 blessés, avec 22 chevaux tués et 15 blessés.
Dans un moment où l'ennemi avait repris l'avantage sur la gauche de la division Friant, ce régiment fut chargé d'aller courir et garder le passage d'un défilé important ; il passa le défilé avec beaucoup d'ordre, quoique exposé à la fusillade et au canon de l'ennemi.
La division du général Klein arriva le jour de la bataille à Raygern, où elle resta en position avec le 25e régiment de dragons, de la division Bourcier, qui avait été laissé pour arrêter les partis qui auraient paru sur ce point ; ces divisions devinrent inutiles, aucun parti ne s'étant présenté.
Si je n'ai point eu l'honneur d'adresser plus tôt un rapport à Votre Majesté, Sire, c'est que j'ai voulu recueillir les faits dont j'avais été témoin, de la bouche même des officiers généraux, pour pouvoir, avec plus de certitude, vous en garantir la véracité et l'authenticité
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 201, lettre 127 ; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 2, p. 439).

Le Maréchal Davout écrit aussi, depuis Presbourg, sans doute le même jour de décembre 1805, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, lorsque Votre Excellence m'adressa l'ordre de me porter à marches forcées sur Brünn avec les divisions Friant et Gudin et ma cavalerie légère, la première de ces divisions était cantonnée sous les murs de Vienne, l'autre venait d'occuper Presbourg, où je me trouvais de ma personne au moment où vos ordres parvinrent à Vienne, le 8 au soir ; la brigade de cavalerie légère, commandée par le général Vialannes, occupait des postes sur la rive droite du Danube, vis-à-vis Presbourg ...
La division Friant se mit en marche dans la nuit du 8 au 9, et vint prendre position le 10 à sept heures du soir à l'abbaye de Raygern, c'est-à-dire à plus de trente-six lieues du point de son départ. Une marche aussi extraordinaire affaiblit tellement la division, qu'au moment où elle se rendait sur le terrain que Votre Excellence lui avait assigné, au jour de la bataille, elle ne comptait pas 3,300 combattants.
Quelque célérité que l'on eût apportée dans l'expédition des ordres, l'éloignement de la division Gudin, de la cavalerie légère du général Vialannes, et de la grande majorité de la division de dragons du général Klein, ne leur permit pas d’arriver assez à temps pour prendre part à l'action.
Le seul 1er régiment de dragons put rallier la division du général Friant avec le détachement du général Heudelet, et l'on combattit avec ces troupes.
La division du général Bourcier prit position avec la division Friant le 10 au soir, à Raygern.
Avant de la porter sur le terrain, je fis former la division Friant en trois brigades :
La 1re, composée du 108e régiment de ligne et des compagnies des voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère, et aux ordres du général Heudelet.
La 2e, composée du 15e régiment d'infanterie légère et du 33e régiment de ligne, fut commandée par le général Kister.
Enfin la 3e, composée des 48e et 111e de ligne, le fut par le général Lochet.
J'avais prescrit au général Friant de faire porter la brigade du général Heudelet sur Turas, d'où elle devait chasser l'ennemi, de la diriger ensuite sur Sokolnitz ; les deux autres brigades avaient ordre de suivre par échelons.
La division de dragons du général Bourcier suivait celle du général Friant pour être à portée de la soutenir.
Ayant appris pendant la marche que le 3e régiment d'infanterie de ligne du 4e corps d'armée était vivement attaqué à Telnitz, j'ordonnai au général Friant d'y faire porter sur-le-champ sa division. Le général Heudelet fut chargé d'attaquer avec sa brigade le village de Telnitz, que le 3e régiment de ligne, après la plus belle résistance, avait été contraint d'abandonner.
Les compagnies de voltigeurs du 15e régiment d'infanterie légère et le 108e de ligne se précipitèrent dans le village, sans avoir égard à 5,000 à 6,000 Russes ou Autrichiens qui l'occupaient et le défendaient avec acharnement.
Après plusieurs charges, pendant lesquelles le 108e enleva à l'ennemi deux drapeaux et prit et reprit plusieurs pièces de canon, cette brigade fut contrainte de céder au grand nombre ; elle fut en outre forcée à ce mouvement rétrograde par le feu que dirigea malheureusement sur elle un des régiments de la division Legrand, dont elle eut beaucoup à souffrir. Dans ces chocs réitérés, un corps russe considérable, après avoir mis bas les armes, eut la perfidie de les reprendre contre le 108e régiment, lorsque celui-ci ne le considérait plus que comme prisonnier.
Ce fut à Telnitz que le chef de bataillon Chevalier, qui avait passé le premier un pont à la tête du 108e, fut enveloppé avec sa troupe par un très-grand nombre d'ennemis, sous l'effort desquels lui et les siens n'eussent pas manqué de succomber, si le chef de bataillon Lamaire, du même régiment, ne fut parvenu à se faire jour et à les débarrasser après l'action la plus sanglante.
L'ennemi se présentant en avant du village de Telnitz, le général Bourcier ; qui avait été chargé d'en observer les mouvements et de le contenir sur ma droite, fit exécuter une charge à sa première ligne, composée des 15e, 17e et 27e régiments de dragons ; cette charge, faite avec le plus grand ordre, força l'ennemi à se retirer précipitamment derrière un fossé que ne pouvait franchir notre cavalerie.
Dans cet instant surtout, la division de dragons eut beaucoup à souffrir de la mousqueterie et de l'artillerie de l’ennemi, dont elle se trouvait à très-petite portée.
L'ennemi, manœuvrant pour m'envelopper, déboucha avec de l'artillerie par Sokolnitz ; je le fis attaquer par les cinq régiments de la division Friant disposés par échelons.
La brigade du général Lochet fut présentée la première à cette attaque ; le 48e régiment, qui en tenait la tête, chargea à la baïonnette, parvint à s'emparer des premières maisons à l'extrême droite du village, et fit bientôt des progrès rapides, chassant l'ennemi de maisons en maisons.
Le 48e régiment, après avoir enlevé deux drapeaux, s'être rendu maitre de plusieurs pièces de canon, était débordé et allait être cerné dans Sokolnitz, lorsque le 111e régiment, qui avait été laissé en bataille à quelque distance de là, eut ordre de s'ébranler et de marcher sur une nuée de Russes qui s'avançait pour occuper la communication avec la brigade du général Kister ; ce régiment fournit sa charge avec le plus grand courage, et après avoir chassé l'ennemi de ta plaine bien au-delà du village, il s'y engagea à l'extrémité gauche, culbutant tout ce qui s'opposait à lui, et prit deux pièces de canon.
La brigade du général Kister, arrivée sur le terrain, se déploya et marcha à l'ennemi avec la même bravoure que celles qui la précédaient, et eut les mêmes avantages.
Le 15e régiment d'infanterie légère fut dirigé sur le pont en avant de Sokolnitz, en chassa un corps russe infiniment plus nombreux que lui, et pénétra pêle-mêle avec lui dans le village.
Cependant l'ennemi recevait de nombreux renforts de sa droite ; à l'aide de ces secours, il parvint à rallier ses troupes dispersées et à les reporter au combat ; deux fois même il força les nôtres à se replier. Par son mouvement rétrograde, le 15e régiment d'infanterie légère laissa un moment à découvert l'aile gauche du 33e de ligne, qui dut se retirer pour n'être pas débordé ; mais, le 15e bientôt rallié et ramené au combat, le 33e, par un changement de front, se trouva à son tour en mesure de prendre l'ennemi en flanc ; l'accord de ces deux régiments à marcher aux Russes, la baïonnette croisée, ne laissa plus à ces derniers l'espoir de reprendre un seul instant l'avantage. Le succès devint alors complet pour toutes les troupes de la division Friant ; toutes les positions furent emportées, et l'ennemi laissa avec ses armes et ses bagages une vingtaine de bouches à feu et beaucoup de prisonniers. Le champ de bataille était partout jonché de morts et de blessés.
Après la vigoureuse attaque de Telnitz, le 108e régiment, malgré les pertes considérables qu'il y avait faites, ne continua pas moins à combattre avec les autres corps de la division pendant tout le reste de la journée ...
Sans vouloir atténuer le mérite des trophées que se sont élevés en ce jour de gloire les divisions des autres corps d'armée, la division Friant croit avoir de justes droits à partager l'honneur d'avoir forcé à se rendre prisonnière une colonne de plusieurs milliers de Russes, qu'elle battit pendant tout le jour et qui fut recueillie par les troupes du 4e corps. Le 48e régiment, par exemple, se trouvait seul au milieu d'un corps ennemi, lorsque la colonne entière mit bas les armes.
Tout étant terminé sur les points d'attaque de la division Friant, je la fis porter vers les trois heures de l'après-midi sur le village de Melnitz, afin de couper la retraite à quatre bataillons et escadrons qui étaient aux prises avec les troupes du 4e corps d'armée ; celles-ci les culbutèrent en grande partie dans le lac.
Je rends avec un vif plaisir aux braves de la division Friant la justice de dire qu'ils ne comptèrent pas les ennemis à la glorieuse journée d'Austerlitz ; ceux qui franchirent un trajet de trente-six lieues en moins de trente-six heures surent aussi se multiplier sur le champ de bataille, pour faire tête et même l'emporter sur un ennemi cinq ou six fois plus nombreux et qui s'était flatté de la victoire. Si cette faible division eut près de 1,400 hommes hors de combat, elle en fit perdre des milliers à l'ennemi.
Je ne passerai pas sous silence la conduite du 1er régiment de dragons, qui combattit d'une manière distinguée avec la brigade du général Heudelet.
Je dois les plus grands éloges au général de division Friant, qui eut pendant l'action quatre chevaux tués ou blessés sous lui ; aux généraux de brigade Heudelet, Kister et Lochet : les deux derniers eurent chacun un cheval tué sous eux. Tous les trois eurent leurs habits criblés de balles et n'ont cessé de déployer pendant toute la bataille le zèle éclairé et les talents qui les caractérisent
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 219, lettre 131).

Et, le 27 décembre 1805 (6 Nivôse an 14), Davout écrit, depuis Presbourg, au Ministre de la Guerre, Major général : "Monsieur le Maréchal, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Excellence un duplicata du rapport direct que j'ai dû faire à Sa Majesté, pour satisfaire à sa lettre du 22 du mois dernier, j'ajoute ici à ce rapport les faits détaillés que j'ai recueillis concernant les corps et les individus qui se sont le plus particulièrement distingués à la mémorable journée d'Austerlitz ; je prie Votre Excellence de vouloir bien les mettre sous les yeux de Sa Majesté et de solliciter sa bienveillance en faveur de ces braves.
(Voyez le rapport précédent fait à Sa Majesté l'Empereur.)
... Je dois citer ... le 108e et son colonel, M. Higonnet ... M. Higonnet, colonel du 108e, s'était fait déjà remarquer par sa belle conduite à l'affaire de Mariazell ....
Je citerai également avec éloge MM. Chevalier et Lamaire, chefs de bataillon au 108e régiment ...
Entre autres traits de bravoure qui illustrèrent la journée d'Austerlitz, j'aurai l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Excellence ceux ci-après :
Dans le 108e régiment de ligne : À l'attaque de Telnitz, le chef de bataillon Chevalier, qui avait passé le premier un pont à la tête de son régiment, fut enveloppé avec sa troupe par un très-grand nombre d'ennemis, sous l'effort desquels lui et les siens n'eussent pas manqué de succomber, si le chef de bataillon Lamaire, du même régiment, ne fût parvenu à se faire jour et à les débarrasser après l'action la plus sanglante. Les grenadiers Mauri et Pront enlevèrent 2 drapeaux russes. Le sergent Humbert et le caporal Bouquillon culbutèrent un peloton de 25 Russes. Le sergent Chevalier, qui au combat de Mariazell enleva un drapeau, fit encore la même tentative le 11 frimaire, mais il fut blessé de plusieurs coups de sabre, au moment où il allait réussir
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 208, lettre 128).

"Note au Ministre de la Guere sur l'un des évènements de la bataille d'Austerlitz
Neubourg, 13 mars 1806.
... les Russes qui étaient dans la plaine et qui combattaient les 15e d'infanterie légère, 33e, 108e et 111e de ligne, furent, après une très-grande résistance et perte, culbutés contre les murs du parc ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 212, lettre 129).

Dès le 3, le 108e prend part avec le reste de la Division à la poursuite des Russes qui se retirent en toute hâte vers la Hongrie. Le 4 au matin, il arrive à Goëdding où la nouvelle de l'armistice l'arrête.

Le traité de Presbourg est signé quelques jours après, et le 24 décembre, l'armée reprend la route par laquelle elle est venue. Le 108e avec le 3e Corps, s'arrête d'abord en Bavière, puis en février 1806, va s'installer définitivement, l'Etat-major et le 1er Bataillon à Elganveis, le 2e bataillon à Stakaüsen, dans la principaùté d'OEttingen.

/ 1806

Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 3e corps du maréchal Davout
16e et 24e division
... Anvers le 108e léger (note : comprendre de Ligne) à Mons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).

Le 11 juillet 1806, l'Empereur adresse, depuis Saint-Cloud, une lettre à Berthier, dans laquelle il écrit : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 108e [fera partir un détachement de] 500 [hommes] …
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 519 (ne donne pas l’annexe) ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).

Le 5 septembre 1806, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "... Donnez ordre à un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, un sergent-major, quatre sergents, un caporal-fourrier et huit caporaux, et à 400 hommes du 3e bataillon du 13e légère de partir sans délai pour rejoindre leur corps en Allemagne. A son arrivé, ce détachement sera incorporé dans les deux bataillons de guerre.
Donnez ordre à un détachement du 3e bataillon du 48e également composé de 400 hommes et organisé de même, de rejoindre en Allemagne ses deux premiers bataillons de guerre. À son arrivée, il y sera incorporé. Donnez le même ordre pour le 108e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 625 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12872).

Le 13 septembre 1806, "On propose ... de confirmer la promotion du sieur Higonet, adjudant-major du 108e régiment d'infanterie au commandement d’une compagnie"; "Refusé", répond l'Empereur (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.3, lettre 3571).

A la fin du mois de septembre 1806, la guerre avec la Prusse est déclarée. Pendant la première période de la campagne, le 108e est cantonné avec toute la Division Friant, le 2 octobre, aux environs de Bamberg; il comprend alors un effectif de 57 Officiers et 1615 hommes de troupe. Le Colonel Higonet est toujours à sa tête, ainsi que les Chefs de Bataillon Chevalier et Lamaire. Il est augmenté vers le milieux d'octobre de 410 jeunes soldats venant du Dépôt en garnison à Anvers.

La colonne du centre de la Grande-Armée, composée de la cavalerie de Murat, du 5e Corps (Bernadotte) et du 3e (Davoust) ayant commencé son mouvement, la Division Friant se trouve, le 7 octobre, cantonnée vers Lichtenfels, le 8 en avant de Cronach, le 9 à Libenstein, le 10 en avant de Schleitz. Ce jour-là l'Empereur envoie les 2 Compagnies de Voltigeurs du 108e éclairer le pays vers Saalfeld. Après avoir passé la nuit du 12 près du village de Molhau, la Division bivouaque le 13 à un quart de lieu de Maumbourg.

A ce moment là, l'armée principale des Prussiens venant d'Apolda, s'arrête sur les hauteurs d'Auërstaedt et le quartier royal s'établit dans ce village.

Le Corps du Maréchal Davoust composé de trois Divisions d'infanterie (Morand, Friant, Gudin), et d'une Division de cavalerie légère, compte à peine 28,000 hommes et il se trouve en présence de 54,000 combattants.

Le Maréchal Bernadotte est, ce même jour, à Dombourg sur la Saale, entre le 3e Corps et le gros de la Grande-Armée qui, le lendemain, va livrer la bataille d'Iéna. Prié par Davoust, très inférieur en nombre à ses adversaires, il refuse, alléguant qu'il ne peut pas bouger, n'ayant reçu aucun ordre direct de l'Empereur. Le futur roi de Suède inaugure déjà dans cette journée la conduite qui devait le mener, quelques années plus tard, à marcher à la tête des ennemis de sa propre patrie.

Le matin du 14 octobre 1806, l'avant-garde prussienne, marchant sur Maudmbourg, rencontre en avant du village de Haënhaüsen les têtes de colonnes de nos troupes. Une grande bataille va avoir lieu sur les positions qui se trouvent en avant et en arrière du ruisseau d'Auërstaëdt, l'Ilm, affluent de gauche de la Saale, servant également de point d'appui à la gauche française et à la droite prussienne. La 2e Division arrivée à 8 heures du matin sur le plateau en avant du village de Mewhoeven, se forme en colonnes serrées, sa gauche appuyée à la grande route. Elle marche dans cet ordre, et bientôt arrive à la hauteur de la Division Gudin qui est déjà aux prises avec l'ennemi.

Le 108e est alors lancé en avant, et pendant que son 2e Bataillon s'empare de 6 pièces de canon, le 1er Bataillon chasse les Prussiens du village de Spielberg et s'en empare. Le 108e continue sa marche en avant, emporte la position de Poppel afin de prendre à dos l'aile gauche de l'armée ennemie. Le Régiment du Roi qui défend ce village voit la moitié de son effectif tué, blessé ou pris. Un drapeau, 3 pièces de canon et environ 500 prisonniers, tels sont les trophées de cette attaque hardiment et vaillamment menée.

Le succès a entièrement couronné l'entreprise du 108e; malheureusement, il a à regretter dans cette journée si belle pour ses armes, la mort de son bon et brave Colonel Higonet, qui, pour lui, est une perte presque irréparable.

Pendant que les troupes de la division Friant se rendent ainsi maîtresses des positions leur servant d'objectif, les autres divisions Morand à l'aile gauche et Gudin à l'aile droite, résistent avec énergie aux masses ennemies qui essaient de les déborder.

La nombreuse cavalerie ennemie aux ordres du Prince Guillaume de Prusse, tombe alors sur la Division Morand, pendant qu'un autre Corps de cavalerie aux ordres de Blücher essaie d'accabler de ses coups et de noyer sous ses masses innombrables, les braves Régiments de la Division Gudin. Mais, ceux-ci se formant vivement en carrés, solides, profonds et tenaces, ne se laissaient pas intimider par le nombre, et, devant leurs feux rapides, bien ajustés et la pointe acérée de leurs baïonnettes, les Escadrons prussièns viennent successivement se broyer et s'anéantir.

Le succès des deux Divisions des ailes a ainsi permis au centre, Division Friant, de se porter en avant, et les réserves de l'ennemi, aux erdres du Général Kalkreutcz, ont été chassées à leur tour, de leurs lignes de Gunstadt et d'Eckartsberg.

La victoire est complète; le Duc de Brunswick est blessé mortellement et l'ennemi fuit de toutes parts en désordre, aussi bien d'Iéna que d'Auerstaëdt, vers Erfurt et Sommerda. Les trois Divisions du 3e Corps ont mérité le surnom d'Immortelles. La plupart de leurs Officiers, supérieurs comme Généraux, subalternes comme Sous-officiers, ont été touchés par les projectiles de l'ennemi.

Dans le Corps Davoust, on compte 2520 Officiers, et 6581 hommes de troupe hors de combat.

Le 5e Bulletin de la Grande Armée, daté de Iéna, 15 octobre 1806, déclare : "La bataille d'Iena a lavé l'affront de Rosbach, et décidé, en sept jours, une campagne qui a entièrement calmé cette frénésie guerrière qui s'était emparée des têtes prussiennes.
… nous n'avons à regretter, ... parmi les colonels morts, les colonels Vergez, du 12e régiment d'infanterie de ligne … Higonet, du 108e
" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 40 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 33 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11009).

Le 16 octobre, l'Empereur écrit au Maréchal Davoust :"Témoignez toute ma satisfaction à votre corps d'armée et à vos généraux, ils ont acquis pour jamais des droits à mon estime et à ma reconnaissance".

Des trois Officiers supérieurs du 108e, deux sont tués, le Colonel Higonet, et le Chef de Bataillon Chevalier, le troisième, le commandant Lamaire, est blessé. C'est le Capitaine Schmitz, devenu plus tard Général, qui prend le commandement du régiment. En outre, on compte parmi les Officiers tués, les Capitaines Joly et Péquignet, les Lieutenants Tauson, Lefranc et Deschaud; les Officiers blessés sont le lieutenant Perrot, Officier d'ordonnance du Général Friant, les Sous-lieutenants Letourny et Monnid. La troupe compte 29 tués et 213 blessés.

Dans cette admirable lutte, qui a vu 28,000 Français, battre près de 60,000 Prussiens et qui vaut à l'illustre chef du 3e Corps son titre de Duc d'Auerstaedt, le 108e a, comme à Austerlitz, fait admirablement son devoir ; le nom de cette victoire a lui aussi été inscrit par la suite sur son drapeau.

Le 20 octobre 1806, le Colonel Henri Rottembourg prend le commandement du 108e Régiment d'Infanterie de ligne.

Le 24 octobre 1806, Davout écrit, depuis les Faubourg de Berlin, au Major général de la Grande Armée, Prince de Neuchâtel : "... Je laisserai à Berlin, à la disposition du général Hulin, le 108e régiment, qui a beaucoup souffert et qui a perdu ses chefs à la bataille du 14 ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 296, lettre 196).

Un Officier d'ordonnance de l'Empereur, détaché auprès du Maréchal Davout, rend compte de l'entrée du 3e Corps d'armée à Berlin ; il écrit : "M. le maréchal Davout ... est entré à Berlin vers les midi, à la tête des différents corps, en superbe tenue, et a établi son quartier général à Friederichsfeld, village et maison appartenant à madame la duchesse de Holsteinbeck ...
Les habitants de Berlin sont parfaitement rassurés ; les rues sont pleines de curieux des deux sexes, les boutiques ouvertes. Une garde bourgeoise fait le service avec le 108e (du 3e corps); on s'occupe de la renouveler et de la composer d'une classe plus relevée. On a trouvé à l'arsenal plus de 300 canons, de la poudre et une grande quantité de plomb et de fusils ...
" (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 313).

Le 25 octobre 1806, Napoléon écrit depuis Potsdam, au Général Dejean, Ministre Directeur de l’Administration de la guerre : "Monsieur Dejean, faites partir au 6 novembre 120 hommes du 14e de ligne, 120 du 12e légère, 120 du 2e légère, 120 du 4e légère, 120 du 25e légère, 120 du 64e, 120 du 108e, 120 du 48e, 120 du 13e légère et 120 du 32e, commandé chaque détachement par un officier, deux sergents, deux caporaux avec deux tambours. Ces détachements se dirigeront sur Mayence, Erfurt, Wittenberg et Berlin..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 743 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13332).

Le 12 novembre 1806, le 3e Corps du Maréchal Davout comprend (effectifs théoriques car tous les renforts n’ont pas encore rejoint) :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e de Ligne, 10 Bataillons, 12 pièces, 8103 hommes.
2e Division, Friant : 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 8 Bataillons, 8 pièces, 6319 hommes.
3e Division Gudin : 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 8 Bataillons, 12 pièces, 5023 hommes.
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 1527 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).

On s'empresse ensuite de franchir le Bug, et, le 24, le 3e Corps se met en marche sur Nazielsk. La Division Friant, en tête, est précédée de deux Divisions de Dragons et de la Cavalerie légère du Corps d'armée. Cette cavalerie rencontre l'ennemi à Nazielsk. Il est fort de plusieurs Régiments d'Infanterie et de plusieurs milliers de chevaux. Une canonnade assez vive est engagée de part et d'autre lorsque la Division déhouche. Elle trouve l'ennemi occupant les hauteurs en avant d'un bois situé en face de Nazielsk.

La 2e Division traverse ensuite la forêt. L'ennemi s'est reformé au débouché. Friant l'aborde immédiatement et après une courte lutte le met en fuite dans un complet désordre.

Dans son rapport à Davout, daté du 31 décembre, Friant écrit : "J'envoyai les voltigeurs de ma division sur la gauche de la route de Nowe-Miasto, approchant à la hauteur de Mazewko, afin qu'ils pussent couper la retraite de l'ennemi. Ce mouvement fut exécuté avec toute la célérité possible, et ces compagnies, après avoir épreuve une longue résistance de sa part, vinrent à bout de le débusquer et précipitèrent tellement sa fuite qu'elles le forcèrent d'abandonner trois pièces d'artillerie, après avoir tué une partie des canonniers et des charretiers ... Après avoir marché environ 100 pas je découvris l'ennemi qui occupait les hauteurs en avant du bois ... Alors la fusillade la plus vive s'engagea ... L'ennemi avait en face de moi 5 pièces de canon et mon artillerie n'était point encore arrivée ... Je fis aussitôt battre la charge et le forçai à quitter sa position ... Je m'aperçus que, pendant ce mouvement, l'ennemi avait augmenté ses tirailleurs dans le bois et qu'ils inquiétaient mon flanc gauche. Je détachai de suite 4 compagnies ... pour aller les en chasser sur-le-champ, à quoi elles réussirent parfaitement. Je continuai toujours à les poursuivre jusqu'à Mazewko, où l'ennemi tint de nouveau ... Deux pièces de 8 de l'artillerie de ma division et 1 obusier arrivèrent à ce moment pour me seconder ... Après une résistance d'environ un quart d'heure, l'ennemi ne put plus tirer et se sauva en désordre dans la forêt ; il ne dut son salut qu'à l'obscurité de la nuit qui ne me permit plus de le poursuivre ... Cette affaire doit avoir coûté à l'ennemi de 400 à 500 hommes tant tués que blessés ou prisonniers" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 86).

Le 24 décembre au soir, la Division Friant bivouaque le long du bois en avant de Nasielsk et la Division Morand à Nasielsk où l'Empereur passe la nuit, au contact de l'ennemi et au milieu de ses colonnes en retraite. Foucart (I, 422) donne pour le 108e, 4 tués et 17 blessés.

Cette action est la dernière de l'année. La Division prend ses cantonnements sur la Narew jusqu'au 27 janvier 1807.

1807

Le 15 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Maréchal Berthier, Ministre de la Guerre, Major général de la Grande Armée : "Donnez ordre que sur les 1500 capotes que j'ai destinées au corps du maréchal Augereau et qui devaient être délivrées aujourd'hui :
4 capotes soient données au détachement du 24e de ligne
Donnez ordre qu'il soit délivré :
... au 108e 130 ...
... Donnez ordre qu'il soit délivré des magasins de Varsovie 20 paires de souliers au 7e d'infanterie légère ...
127 au 8e de ligne ...
100 au 108e id ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 881 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14057).

Le 26 janvier 1807, l'Empereur écrit, depuis Varsovie, au Général Lacuée, Directeur général des revues et de la conscription : "L’état n°3 que vous m'avez accordé m'a fait plaisir ; il m'a paru ne rien laisser à désirer. Je disposer des 20000 hommes de la réserve de la manière suivante :
Annexe
Etat des hommes de la réserve à donner aux corps d'infanterie ci-après :
Ceux 12e de ligne 280 hommes ...
108e 270
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 14172).

La proximité de l'armée russe détermine Napoléon à se porter contre elle, malgré la rigueur de la saison et le mauvais état des voies de communication. Le lendemain, le 3e Corps se met en marche, se dirigeant sur Pernsch-Eylau. Le 6 février, l'ennemi est en retraite sur Eylau et la Division Friant est chargée de l'inquiéter dans son mouvement. L'ayant joint à Iogothen, ce Général le fait poursuivre par le 33e, soutenu par de l'artillerie, met le désordre dans ses rangs et enlève le village de Schwolmen.

Enfin, dans la nuit du 7 au 8, l'ordre est donné au 3e Corps de se mettre en route avant le jour, pour faire sa jonction, à Eylau, avec le 4e, et attaquer l'ennemi. La Division Friant qui marche en tête se porte de bonne heure sur Serpallen, sur le flanc gauche des Russes. Il ne fait pas jour quand elle rencontre les Cosaques, et, peu après, elle est en bataille sur les hauteurs, en deça de Serpallen qu'elle vient d'occuper.

A ce moment, la lutte est déjà engagée par le 4e Corps, la Garde et la cavalerie de Murat. Le général Lochet, à la tête du 108e, suivi du reste de la Division, s'avance alors dans la direction de Kleinsausgarten. Il repousse tout d'abord un gros de cavalerie qui s'est porté sur sa droite, mais celle-ci reparaît bientôt, soutenue par un Corps de 8 à 10,000 hommes d'infanterie qui viennent de Kleinsausgarten. L'engagement est long et meurtrier, enfin les 83e, 48e et 108e de Ligne restent maîtres du terrain.

Ce résultat atteint, Friant ordonne au Général Lochet d'enlever le village, ce qui est exécuté en un clin d'oeil par deux Bataillons de sa Brigade, un du 33e et un du 108e. Pendant que ces troupes combattent de ce côté du champ de bataille, la cavalerie russe cherche à entamer les autres Régiments de la Division, mais elle ne peut y parvenir.

A peine délivrés de cette attaque, les Régiments de Friant (33e, 48e et 108e), se trouvent en présence d'un nouvel ennemi, un Corps russe très considérable qui, repoussant nos faibles Bataillons qui occupent Kleinsausgarten, s'emparent de cette position et assaillent nos troupes qui résistent avec une admirable solidité, malgré l'acharnement que met l'ennemi dans ces attaques et l'artillerie nombreuse dont il est appuyé. Finalement nos soldats reprennent l'avantage ; mais ce nouveau succès doit encore être racheté par une perte regrettable, celle du Général Lochet qui tombe mortellement frappé au moment où l'ennemi fuit en désordre.

"... Une partie du 51e régiment et 4 compagnies du 108e attaquaient et chassaient l'ennemi du bois situé à moitié chemin de Klein-Sausgarten et de Kutschitten ... L'ennemi fut poursuivi avec vigueur jusqu'à Kutschitten, à un quart de lieue au-delà des bois ...
Sur ces entrefaites le 51e et les 4 compagnies du 108e venaient de s'emparer aussi de Kutschitten ; ils étaient à peine maitres de ce village que tout le corps prussien aux ordres du général L'Estocq, avec quelques bataillons russes, y arriva pour renforcer la gauche de l'armée ennemie ... Seuls contre cette multitude d'ennemis, ils tinrent avec beaucoup trop de témérité, ils furent enveloppés et éprouvèrent une grande porte ...
La division prussienne, après s'être emparée de Kutschitten ... s'était placée en avant du village, faisant face au bois. Les Russes qui étaient en retraite s'y rallièrent et ils vinrent ensemble assaillir le 12e qui était à la tête du bois. Ce régiment fut obligé de perdre du terrain
" (Journal des opérations du 3e Corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 219 et page 222).

C'est le dernier épisode de cette sanglante journée, la Division réoccupe Kleinsausgarten et y passe la nuit. Dans cette action, le 108e a subi des pertes sensibles, quatre Officiers sont tués, MM. Tersche, Capitaine; Beaudotz, Billy et Bentenier, Lieutenants ; sept sont blessés, MM. Fortin, Grandville, Capitaines; Claude, Lieutenant; Mossempierre, Pillotet, Hautin et Sommer, Sous-lieutenants.

Jusqu'au 16 février, l'armée reste autour d'Eylau. La saison ne permet pas de poursuivre les opérations, et Napoléon la ramène sur la Passarge où elle prend ses quartiers d'hiver.

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Daru, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
3e corps
... 108e de ligne ...
Dépôts à Thorn ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

Le 18 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "En conséquence des derniers états de situation que vous m'avez remis, il résulte que ...
Que le 17e, 19e, 25e, 28e, 35e de ligne, 43e, 46e, 48e, 50e, 55e, 108e et 13e légère auraient un effectif de 15 500 hommes et qu'il manquerait 4 800 hommes pour que ces bataillons fussent au complet effectif de 1 260 hommes par bataillon.
Voici comment j'arrive à ce résultat ...
Faites-moi connaître l'état de situation au 15 mars de tous les 3es ou 4es bataillons de l'armée, effectif. Mettez à côté ce qu'ils devaient recevoir de 1806 et 1807 et réserve ; ce qui était reçu aux corps au 15 mars et faisant partie de leur situation, en ajoutant à la situation au 15 mars ce qui leur reste à recevoir de la conscription, ils auront, dans le courant de l'été, la force qu'il faut que ces bataillons aient. Par la différence de cette situation au complet effectif de 1 260 hommes, on aura ce qu'il est nécessaire de leur donner encore de la conscription de 1806. Il faut cependant faire attention qu’il a des bataillons qui ont leurs compagnies de grenadiers et de voltigeurs à la Grande Armée
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14727).

Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 108e ... d'infanterie de ligne ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).

Le 30 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean ... Le 48e de ligne a 989 hommes à Anvers et le 108e 941 dans la même ville. Faites partir de chacun de ces régiments deux compagnies, formées chacune à 200 hommes, et trois officiers. Formez de ces 4 compagnies un bataillon de 800 hommes que vous dirigerez par el plus court chemin sur Berlin. Ayez soin que les gouverneurs, dont ce bataillon doit traverser les arrondissements, soient prévenus de son passage. Informez-en aussi le général Clarke à Berlin et le major général ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1080 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15472).

Composition du 3e Corps du Maréchal Davout au 16 mai 1807 :
1ère Division, Général Morand : 13e Léger, 17e, 30e, 51e et 61e et 65e de Ligne, 12 Bataillons, 7185 hommes.
2e Division, Friant : 15e Léger, 33e, 48e, 108e, 111e de Ligne, 10 Bataillons, 7361 hommes.
3e Division Gudin : 7e Léger, 12e, 21e, 25e et 85e de Ligne, 10 Bataillons, 7632 hommes.
Artillerie et Génie
Cavalerie légère, Général Marulaz : 1er, 2e et 12e chasseurs, 9 Escadrons, 692 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Le 21 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "J’ai reçu les états de situation que je vous avais demandés. Les 20000 hommes de la réserve doivent être distribués de la manière suivante :
12000 hommes à l'infanterie de ligne et légère conformément au tableau ci-joint.
… Répartition de 12 000 hommes de la réserve de 1808 entre les corps ci-après de l'infanterie de ligne et de l'infanterie légère. ... INFANTERIE DE LIGNE
CORPS NOMBRE DES CONSCRITS
... 108e 100 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15681).

La campagne d'été qui suit est courte et brillante. Commencée dans les premiers jours de juin, elle se termine le 14 à Friedland. Le 108e ne prend pas part à cette grande bataille.

1808

Le 19 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je désire que vous donniez au général Savary ce supplément d'instructions. Les 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 18e régiments provisoires sont composés de régiments qui ont déjà fourni 4 compagnies aux 12 premiers régiments provisoires. Mon intention est que le général Savary forme de tous ces détachements deux bataillons qu'il pourra appeler régiment de marche. Il composera ce régiment de tous les détachements arrivés à Orléans, et qui doivent faire partie des 13e et 14e régiments provisoires, ayant soin de ne pas envoyer les compagnies qui n'ont rien fourni aux régiments provisoires, telle que la compagnie du 34e par exemple. Ce régiment qui sera fort de 7 ou 800 hommes, partira sous les ordres d'un chef de bataillon. Il fera la même opération pour les 15e et 16e. Il n'y mettra pas, par exemple, la compagnie du 32e légère [sic] ; et d'autres, s'il y en a qui n'ont rien fourni aux 12 premiers régiments provisoires. Ces 2 bataillons seront commandés par un des chefs de bataillon qui étaient destinés au commandement des 13e, 14e, 15e, 16e, 17e et 18e régiments provisoires. Le général Savary en fera dresser procès-verbal, et les fera marcher en ordre. Ils feront une halte à Bordeaux où l’on fournira une paire de souliers à chaque homme, et où l'on fera à leur armement les réparations qui seraient nécessaires. À leur arrivée au corps du maréchal Moncey que vous en préviendrez, ils seront dissous et rejoindront les 4 compagnies fournies par le régiment. Ces renforts tiendront au complet les 12 premiers régiments provisoires. Mon intention est que tout ce qui arrivera à Orléans, en conséquence des ordres qui ont été donnés pour la formation des 6 derniers régiments provisoires, soit à fur et mesure qu’il y aura 800 hommes réuni en un bataillon de marche et dirigé sur le quartier général du maréchal Moncey pour être dissous à l'arrivée, et incorporé ...
Vous sentez la différence que je fais d'un régiment au bataillon de marche à un régiment provisoire ; les uns restent organisés, et les autres doivent être dissous du moment qu’ils arrivent. Alors mon intention est que les 13e, 14e et 15e régiments provisoires soient organisés de la manière suivante :
... 14e régiment provisoire : 1er bataillon, 4 compagnies du 48e. 2e bataillon, 4 compagnies du 108e. 3e bataillon, 4 compagnies du 72e ...
Je désire donc que vous me fassiez faire un état qui me fasse connaître le nombre de bataillons de marche à former successivement pour compléter les douze premiers régiments provisoires et la formation définitive des six derniers régiments provisoires. Vous sentez la nécessité de ce que je prescris là.
... Je n'ai pas besoin de vous dire qu'en formant aux camps de Boulogne et d'Anvers les détachements qui doivent former les régiments provisoires, il faut prendre dans les 3es bataillons des jeunes gens, et non aucun des hommes qui ont fait les campagnes de la Grande Armée, à moins que ce ne soit quelques hommes de bonne volonté ...
Après que vous aurez donné vos instructions, vous m'enverrez les états qui organisent tout cela de cette manière. Le principe fondamental est qu'aucun régiment d'infanterie de ligne ni légère ne doit fournir qu'à un régiment provisoire mais peut fournir plusieurs bataillons des régiments de marche. Ceci n'exige aucun contrordre à donner dans les dépôts. Il suffit seulement que le général qui commande à Orléans et Poitiers ait bien ses instructions et les documents nécessaires pour comprendre et faire ma volonté.
Le commencement n'est pas bien dit. Il ne faut pas faire deux régiments de marche mais seulement deux bataillons formant un régiment commandé par un major et chaque bataillon par un chef de bataillon.
Quand ce régiment de marche arrivera à l'armée du maréchal Moncey, il gardera les officiers et chefs, pour remplacer les malades et vous le laisserez maître de conserver le cadre de la compagnie et d'avoir ainsi cinq compagnies d'un même corps formant un bataillon d'un régiment provisoire ou de la fondre dans les quatre compagnies. Cependant mon intention n'est pas qu'il conserve le cinquième cadre à moins que les quatre compagnies n'aient chacune plus de 110 hommes présents sous les armes et que la 5e compagnie arrivante soit de même force. Il importe que l'opération se fasse par procès-verbaux et que le compte n'en soit pas rendu par une simple dépêche. Il faut aussi entendre bien, tant pour l'infanterie que pour la cavalerie, que lorsqu'un régiment de marche arrivera, le général de l'armée ne peut incorporer un détachement d'un régiment dans une compagnie d'un autre régiment, sans quoi il y aura confusion
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1631 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17221).

Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
3e Corps de la Grande Armée. Vous chargerez le maréchal Davout de faire l'opération pour son corps d'armée. Il y a dans ce corps d'armée des régiments qui ont deux bataillons et d'autres qui en ont trois ... Le 12e de ligne a deux bataillons au 3e corps ; il n'y a pas de difficulté pour le former à trois bataillons. Il en est de même des 25e, 48e, 65e, 85e, 108e et 111e. Tous ces régiments, ayant un effectif de plus de 2,000 hommes, auront l'effectif de leurs cadres rempli à raison de 140 hommes par compagnie ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).

Le 12 mars 1808, à Paris, on soumet à l'Empereur un "Rapport du ministre de la guerre rendant compte que le ministre de la marine demande huit détachements d'infanterie de ligne de 100 hommes chacun, pour concourir à la formation de la garnison des huit vaisseaux de ligne en armement à Flessingue.
Le ministre de la marine ajoute qu'il serait important que quatre de ces détachements d'infanterie puissent être embarqués le 1er avril
"; l'Empereur répond : "Ces quatre garnisons seront fournies, une par le 108e, une par le 65e, une par le 72e, et une autre par le 48e" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1702).

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
... 3e corps
... 108e id. 100 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).

Le 25 avril 1808, à Bayonne, l'Empereur est informé que "Le capitaine Higonet, du 108e régiment, demande qu'une somme de 6.000 francs, due par son frère, colonel de ce régiment, qui a été tué la bataille d'Iéna, soit acquittée par le Trésor public.
Il rend également compte à Sa Majesté qu'il est du par l'Etat, à la succession du colonel Higonet, une somme de 3.077 fr. 77 pour appointements et indemnités.
Il demande les ordres de Sa Majesté pour savoir si les 6.000 francs de dettes seront payés par le Trésor public, et si, dans ce cas, on devra porter en déduction les 3.077 fr. 77 dus par l'Etat
"; "Accordé" répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1822; non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, du 13 avril 1808 »).

Le 6 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Il faut que vous ordonniez au général Chambarlhac, qui commande la 24e division militaire, de compléter deux compagnies de 2 à 300 hommes de chacun des 72e, 65e, 108e et 48e régiments, pour en former deux petits bataillons de 500 hommes chacun, qui formeront un régiment provisoire. Mon intention est qu'ils soient réunis, pour le 1er juin, à une marche de Breskens, dans des lieux sains. Si ces régiments ne peuvent pas fournir sur-le-champ les deux compagnies, ils en fourniront d'abord une. L'air de l'île de Cadzand étant mauvais, le général de brigade ne les appellera qu'en cas de nécessité ..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 13816 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17784).

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE ...
2e régiment de marche : deux bataillons de dix-huit compagnies (à Mayence) 2520 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGIMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860.
2e Id. 3.920 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Le 2e – à "
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret ...
6° 2e RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 3e CORPS ...
4e bataillon (7 compagnies).
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, de Coblenz, 85e de ligne. 420
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, d'Anvers, 108e de ligne. 420
Une compagnie de 140 hommes, de Spire, 111e de ligne. 140
980 ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).

Le 1er juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous voudrez bien ordonner que les 108e et 48e complètent chacun le bataillon qu'ils ont au camp d'Ecloo à six compagnies de 6 ou 700 hommes, et que le 65e renvoie à ce camp deux compagnies de 100 hommes chacune, lesquelles avec quatre compagnies du 72e formeront un bataillon provisoire. Ces trois bataillons formeront un régiment qui sera commandé par un adjudant commandant ou par un général de brigade qui aura le commandement du camp d'Ecloo : ce renfort portera ce camp à près de 2000 hommes. Vous donnerez ordre que ces troupes soient exercées, et qu'elles reçoivent les vivres de campagne. Il n'y aura plus alors de bataillon provisoire ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2064 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18456).

Le 24 août 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai lu avec attention l'état de situation n° 3 des corps de la Grande Armée. Je vous le renvoie pour que vous y fassiez quelques changements : ... aux trois bataillons du 108e il manque 700 hommes ...
… En faisant des recherches pour bien faire cet état, vous me ferez un rapport qui me fasse connaître s'il est possible de former à Mayence un 3e régiment de marche (bis) de 3 bataillons qui serait composé de la manière suivante :
2e bataillon, 1 compagnie du 15e léger, 120 hommes ; 1 compagnie du 23e de ligne, 120 hommes ; 4 compagnies du 48e, 600 hommes ; 4 compagnies du 108e, 600 hommes ; total 1 440 hommes.
Ce régiment serait de 4 000 hommes. Il serait suffisant que chaque compagnie fût commandée par un officier, deux sergents, quatre caporaux. Ce corps, après avoir passé la revue à Mayence et dans le comté de Hanau, serait dirigé en temps opportun sur le corps du maréchal Davout, pour renforcer ses 48 bataillons ; et alors ce maréchal aurait un effectif de 39 000 hommes ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2211 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18751).

Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera réuni à Louvain un régiment de marche composé de détachements appartenant au 3e corps, qui portera le nom de 3e régiment de marche du 3e corps de la Grande Armée.
Ce régiment sera composé de la manière suivante :
... 2e bataillon
3 compagnies du 108e à 200 hommes, 600 hommes ...
Total du régiment 2 800 hommes
Les majors seront prévenus de tenir ces détachements en règle, de manière qu’ils puissent partir le 1er octobre et être arrivés à Louvain avant le 10 octobre. Ce régiment est destiné à se rendre en Allemagne pour compléter les régiments du 3e corps ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2256 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18822).

Le 4 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "… Les 4es bataillons du 3e corps qui doivent rejoindre l'armée cet hiver, sont ceux des ... 12e, 21e, 25e, 30e, 33e, 48e, 61e, 65e, 85e, 108e et 111e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2255; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18825).

Le 2 octobre 1808, l'Empereur écrit, depuis Erfurt, au Général Clarke : "... Le 100e et le 108e ont de très forts détachements à Metz il faut les diriger sur leurs régiments lorsqu'ils passeront avec le 5e corps ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2346).

En Octobre 1808, devant les mauvaises conditions climatiques, l’état des baraques qui laissent passer l'eau et le froid et créent des maladies, Davout évacue ses cantonnements. Il écrit à Berthier, depuis Breslau, le 8 octobre 1808 :"Monseigneur, j'ai l'honneur de rendre compte à Votre Altesse que j'ai dû faire lever les camps aux troupes sous mes ordres ; plusieurs motifs m'ont déterminé à cette mesure.
Les divers camps établis en Silésie avaient été construit pendant la belle saison ; toutes les baraques étaient en planches, et il s'en faut de beaucoup que l'on ait apporté dans leur construction tous les soins nécessaires pour les rendre tenables dans la saison des pluies. Le peu de précautions qu'on avait prises particulièrement dans la construction des toitures rendait ces baraques extrêmement froides pendant les belles nuits et inhabitables par un temps de pluie. Les pluies continuelles qui ont eu lieu pendant la dernière quinzaine de septembre et les premiers jours d'octobre influaient déjà d'une manière alarmante sur la santé des troupes campées, à qui il n'était pas possible de procurer des paillasses et des couvertures ; nos hôpitaux s'encombraient chaque jour, au point de faire craindre de ne pouvoir y recevoir l'affluence des malades.
La plupart des camps étaient d'ailleurs mal situés, les terrains sur lesquels ils étaient établis étant inondés après les premiers jours de pluie.
D'après ces considérations, je n'ai pas hésité à ordonner l'évacuation des camps et à faire cantonner les troupes ; elles le sont dans l'ordre suivant :
... 2e division. - Trois régiments de la 2e division commandée par le général Friant, les 33e, 48e et 111e, tiennent garnison à Breslau ; le 15e régiment d'infanterie légère occupe Ohlau, Srehlen et Nimptsch ; le 108e régiment est cantonné à Oels, Bernstadt et Namslau ; l'artillerie de cette division est à Breslau ...
Depuis la levée des camps, les malades ont beaucoup diminué, et la situation des hôpitaux s'améliore sensiblement
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 301, lettre 516).

Le 12 octobre 1808, la Grande Armée cesse d'exister. Les troupes qui restent en Pologne et Silésie et celles qui sont maintenues au-delà du Rhin, dans le pays de Bayreuth, d'Erfurt, Fulda, Hanovre, Magdebourg, sont organisées en une seule armée, sous la dénomination d'Armée du Rhin. Le commandement de cette armée est confié au Maréchal Davout.

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "1° Les vingt et un régiments de l'armée du Rhin seront complétés à quatre bataillons. A cet effet, les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons des 30e et 33e de ligne, du 10e d'infanterie légère, des 105e, 22e, 57e, 65e, 72e, 3e, 12e, 61e, 85e et 111e de ligne, qui font partie du corps que commande le général Oudinot, partiront au 10 janvier prochain de leurs cantonnements actuels pour rejoindre les bataillons de guerre de leurs régiments respctifs, hormis les régiments qui ont ordre déja, qui rentrent en France.
Les 4es bataillons des 48e de ligne, 13e légère, 108e, 72e et 65e et autres joindront également leurs corps à l'armée du Rhin aussitôt qu'ils seront complétés à 840 hommes et commenceront le 1er mars. Les compagnies de grenadiers et voltigeurs des 4es bataillons qui rejoindront leurs régiments formeront le fond des 4es bataillons ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le même 5 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "... Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne.
Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes.
Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).

1809

Dans les premiers jours de 1809, la 2e Division (Friant), qui comprend toujours les 15eléger, 33e, 48e, 108e, et 3e de ligne, est établie dans le pays de Bayreuth, et les autres Corps répartis autour de cette ville de façon à pouvoir être rassemblés en trois heures au point de concentration de la Division qui est sur la route de Hof, entre Bayreuth et Berneck.

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, voulant compléter mon armée du Rhin, mon intention est que ... Les 1er, 2e, et 3e bataillons du 15e léger ont besoin de 800 hommes pour les compléter ; ils paraîtront à ma revue le 16, et partiront de Paris le 17 pour Mayence. Le dépôt du 33e de ligne fera partir pour Mayence 200 hommes ; le dépôt du 48e, 200 hommes ; celui du 108e, 300 hommes ; et celui du 111e, 60 hommes. Ces détachements fourniront 1 560 hommes composant ensemble un bataillon de marche sous le titre de 2e bataillon de marche de l’armée du Rhin ...
Ces bataillons de marche se réuniront à Mayence le plus tôt possible. On n’y mettra que le nombre d’officiers et de sous-officiers nécessaires pour conduire les hommes. Vous me ferez connaître le jour de leur arrivée à Mayence, et je donnerai des ordres pour leur direction sur l’armée du Rhin ...
Les 33e, 48e, 108e, et 111e de ligne tiendront prêtes à partir pour la même destination autant de compagnies de fusiliers qu’ils pourront, à 140 hommes chacune ...
Les compagnies destinées aux 4es bataillons doivent être préparées sans aucun retard, pour que j’ordonne leur départ
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2766 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20015).

Le même 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Dejean : "Monsieur le général Dejean, il y a au 65e de ligne 126 conscrits, au 72e 105 conscrits, au 108e 172 conscrits, au 10e de chasseurs 83 et au 4e de hussards 21, qui sont encore habillés en paysans ; donnez des ordres pour que ces habits de paysans disparaissent le plus tôt possible ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2771).

Le 25 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke ... Le 13e régiment d'infanterie légère, le 48e de ligne, le 108e et le 25e garderont, jusqu'à nouvel ordre, leurs 4es bataillons dans le Nord" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2822 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20127).

Le 26 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, il faut porter une attention particulière au camp de Boulogne. Ce camp est composé de sept 4es bataillons, qu'il faut maintenir au grand complet de manière qu'ils forment 6,000 hommes ; ce qui, joint aux 4,000 marins et aux 1,000 hommes d'artillerie, portera la force de ces troupes à 11,000 hommes, force raisonnable et qui est nécessaire.
... Je remarque que ces sept régiments devraient être chacun au grand complet, lorsqu'ils auront reçu la conscription de 1810, et que cependant il manquera ... Proposez-moi les moyens de remédier à ce déficit. Il faut que ces sept régiments, avec les 13e léger, 108e et 48e, qui sont les dix régiments qui ont leurs 4es bataillons pour la défense du Nord, soient maintenus à leur très-grand complet, et qu'il y ait plutôt 4 ou 500 hommes de plus, comme il en est des quatre régiments qui sont en Bretagne. Après avoir ainsi pris des mesures pour compléter ces dix bataillons, il faudrait pouvoir en former une division de réserve pour la porter ailleurs, et la remplacer, dans la défense du camp de Boulogne et de l'Escaut, par dix bataillons provisoires formés de conscrits de 1810 et de compagnies des 5es bataillons qui sont dans les 24e et 25e divisions militaires. Présentez-moi la formation de ces dix bataillons de deux compagnies de chacun de ces 5es bataillons. Ainsi, à la fin de mai, ces bataillons pourraient être formés et rendre disponibles les dix 4es bataillons composés déjà d'anciens soldats
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14814 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20144).

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810 ...
5e régiment provisoire ...
7e régiment provisoire :
Le 7e régiment provisoire sera composéde 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 48e, 108e, 72e, 65e, 13e légère, 27e légère. Ce régiment se réunira à Gand ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 12 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke ... Quatre régiments, savoir : le 13e régiment d'infanterie légère, le 25e, le 48e et le 108e, ont leur 4e bataillon aux camps de Boulogne et d'Anvers. Ces 4es bataillons ne pourront partir pour l'Allemagne que lorsqu'on aura pourvu, par l'organisation des réserves, à la défense des camps ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14887 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20337).

Le 21 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, à Alexandre, Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Allemagne, à Paris : "Mon Cousin, donnez ordre au général sénateur Demont de se rendre à Würzburg pour être employé au corps du duc d'Auerstaedt. Faites connaître au duc d'Auerstaedt que je désire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui serait composée des 4es bataillons du 30e, du 61e, du 65e, du 33e, du 111e, du 12e et du 85e de ligne ; ce qui fait sept bataillons. Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 500 hommes ; ils ne forment donc qu'une force de 3,500 hommes ; mais ils vont bientôt recevoir une compagnie qui leur produira une augmentation de 1,100 hommes. Les 4es bataillons des 48e, 108e, 25e de ligne et 13e léger ne doivent pas tarder à partir de Boulogne ; ce qui portera le nombre des 4es bataillons à onze ; on pourrait y joindre ceux des 7e léger, 17e et 21e de ligne ; ce qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît nécessaire ; les divisions restant composées de cinq régiments, et chaque régiment ayant un complet de 2,500 hommes, les divisions seraient de plus de 12,000 hommes ; si l'on y laissait les 4es bataillons, elles seraient de 14 à 15,000 hommes ; ce qui est beaucoup trop fort pour une division. La formation des 4es bataillons n'est pas encore terminée ; il sera bon de les avoir sous la main et en dépôt pour être réunis. Il y a aussi un avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a trois bataillons en ligne et un bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce bataillon des ressources pour réparer ses pertes. Je désire donc que le corps du duc d'Auerstaedt soit composé de la manière suivante : des divisions Morand, Gudin, Friant et d'une quatrième division formée des kes bataillons de chacune des trois premières divisions. Chacune de ces trois premières divisions doit avoir trois généraux de brigade, un pour l'infanterie légère, et les deux autres commandant deux régiments de ligne ou six bataillons. La division du général Demont devra avoir trois généraux de brigade : un, commandant les 4es bataillons de la 1re division ; un, commandant les 4es bataillons de la 9e division, et un, commandant les 4es bataillons de la 3e division. Deux ou trois bataillons de la même division seront réunis sous le commandement d'un major. Les 4es bataillons des 13e léger, 17e et 30e de ligne seront réunis sous un major de l'un de ces trois régiments. Les 4es bataillons des 61e et 65e seront commandés par un major de l'un de ces deux régiments. Par cette formation, tous les avantages se trouvent réunis ; et le duc d'Auerstaedt aura quatre généraux de division, douze généraux de brigade, quatre adjudants commandants, et soixante pièces de canon, à raison de quinze pièces par division, indépendamment de l'artillerie attachée à la cavalerie, et des généraux et adjudants commandants attachés à son état-major" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14934 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20469).

Le 23 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis La Malmaison, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, j'ai signé le décret sur la composition des 17 demi-brigades provisoires de réserve ...
vous donnerez ordre que le fonds de la 8e demi-brigade se réunisse à Gand. À cet effet, 2 compagnies du 5e bataillon du 48e, du 108e, 72e, 65e, 13e d'infanterie légère, 27e idem, 22e, 54e et 45e se mettront en marche à la même époque, pour former à Gand les 4 bataillons de la 8e demi-brigade ...
Aussitôt que la 8e demi-brigade sera forte de 1000 hommes, je compte faire partir également les 4es bataillons du 48e, du 108e et du 13e léger. Ces bataillons devront se tenir prêts à partir pour joindre leurs bataillons de guerre ; mais vous prendrez mes ordres pour ce mouvement ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2992 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20514). Le Décret sur la création des 17 Demi-brigades de 2520 hommes chacune a été signé le même jour (voir Saski, Campagne de 1809 en Allemagne et en Autriche, Paris, Berger-Levrault et cie, 1899, t. 1, p. 550-554).

Le 24 mars 1809, le Maréchal Davout écrit, depuis Bamberg, au Général Friant : "… Je vais envoyer votre réclamation pour le colonel du 108e à M. l'intendant, pour qu'il en écrive de la manière la plus pressante ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 2, p. 434, lettre 622).

Le 30 mars 1809, l'Empereur adresse, depuis Paris, à Berthier, Major général, ses instructions, pour la campagne à venir, suivies d'un Etat de la Composition des Divisions et Brigades des différents Corps de la Grande Armée. Le 108e de Ligne doit faire partie du 3e Corps d'Armée commandé par le Maréchal Duc d'Auerstadt; 2e Division Friant, 3e Brigade Gautier (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14975 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20619).

Les hostilités avec l'Autriche commencèrent le 9 avril. Ce jour-là, la Division se concentre à Bayreuth, à cheval sur la route d'Amberg. Le 10, le Général Friant, ayant reçu notification de l'ouverture des hostilités et comprenant le danger de sa situation, fait venir sa cavalerie sur Bayreuth et envoie un Escadron au 1er Chasseur avec deux Compagnies de Voltigeurs du 108e pour éclairer sur le flanc que la Division prête à l'ennemi. Craignant en outre que celui-ci ne cherce à lui couper la route vers Hampach, il ordonne au Général Gilly de dépasser ce point et d'occuper Amberg avec le 15e léger, le 108e et le 3e de ligne.

Le 12, le Général Friant reçoit l'ordre de repasser la Wills, d'en détruire les ponts et de porter à Neumarck où il doit opérer sa jonction avec le reste de l'Armée du Rhin.

Le 14, la Division pousse une forte reconnaissance sur Amberg. A son approche, les Autrichiens se replient; le 16, l'Armée du Rhin continue son mouvement de concentration autour de Ratisbonne, la Division Friant allant occuper Tasevanz. A partir de ce moment, l'Armée du Rhin devient l'Armée d'Allemagne sous les ordres directs de l'Empereur. Le Corps du Maréchal Davoust forme le 3e Corps de cette armée.

Dans la nuit du 17, il est enjoint à ce Corps de se porter sur Abensberg en masquant son mouvement. C'est une marche de flanc à exécuter en présence de forces supérieures placées entre lui et le Danube. Le mouvement commence le 19, et le même jour est livré le combat de Tann. La 2e Division marchant à la suite de la 3e, débouche vers 9 heures de la forêt, en arrière de Schmithorf. La Division Saint-Hilaire est déjà aux prises avec l'ennemi posté sur les hauteurs, à l'est du village de Tengen.

Au delà de Smithorf, descendent de la forêt des Tirailleurs du 7e Léger, repoussés par les Autrichiens embusqués dans les bois. Le 15e léger va les débusquer de cette position, pendant que le reste de la Division se porte par échelons sur le village de Tengen, en longeant la lisière des bois en face du front de l'ennemi. Le 48e reçoit l'ordre de traverser le vallon qui se trouve èntre Schmithorf et Tangen ; les Compagnies de Voltigeurs du 108e sont lancées dans les bois. Puis la masse des tirailleurs étant devenue çonsidérable, le Général Friant les fait soutenir par un Régiment.

La gauche de l'ordre de bataille de la Division se tient au bois et la droite se prolonge dans la plaine. Le 33e forme échelon pour appuyer cette ligne et deux Bataillons du 108e ainsi qu'un autre du 3e sont portés en réserve sur un plateau en arrière. Après un combat très opiniâtre, les Autrichiens rentrent dans les bois et leur retraite met fin à la lutte.

Le 21, la Division s'empare après une courte action du village de Baring. Le lenqemain est livrée la mémorable bataille d'Eckmül, le Général Friant qui a appris par des reconnaissances que pendant la nuit l'ennemi a fait des mouvements sur sa droite, a établi les 3e et les 15e de ligne le long de la lisière des bois de ce côté. Un peu après midi, il reçoit l'ordre de se porter à travers la forêt, sur le village d'Obersantling. Il débouche en arrière du village, menaçant ainsi l'extrême droite des Autrichiens qui battent en retraite.

La Division poursuit alors son mouvement, dépasse Obersantling, le 3e forme échelon offensif avec appui du 108e. L'ennemi lance contre ces deux Régiments quelques Escadrons, mais sans succès et se retire définitivement.
Le 23, vers midi, le Général Friant arrive à Ratisbonne, et le lendemain prend position sur les hauteurs, en arrière de la ville, pour protéger les ponts du Danube et de la Regen, et le 25, se dirige sur Vienne avec le reste de l'armée.

Le 29 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Burghausen, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Les 4es bataillons des 19e, 13e légers, 48e et 108e partiront de Boulogne pour Anvers, lorsque les demi-brigades qui se réunissent à Saint-Omer et à Gand auront un présent sous les armes de plus de 5 000 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20924).

La Division Friant arrive le 19 mai à Vienne; le 108e est envoyé avec le 3e et le 15e Léger à Ebersdorff où il prend ses cantonnements.

Le 3 juin 1809, l'Empereur écrit, depuis Ebersdorf, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, la conscription doit déjà commencer à rendre. Faites-moi un rapport sur l'organisation de mes réserves. Voici comment j'entends qu'elles soient organisées.
Le commandant de ma réserve en Allemagne sera le duc d'Abrantès.
La 1re division, commandée par le général de division Rivaud, sera composée de la brigade Charles Lameth (1re brigade), ayant les 4es bataillons des 19e, 25e et 28e de ligne, de la brigade Taupin (2e brigade), ayant les 4es bataillons des 36e, 50e et 75e, et de la brigade Brouard (3e brigade), ayant les 4es bataillons des 13e léger, 48e et 108e. La division Rivaud aurait donc 7,200 hommes ... Les brigades Taupin et Lameth resteraient à Hanau. La division Rivaud devrait avoir un adjudant commandant, un officier d'artillerie, un officier du génie et douze pièces de canon ...
J'aurais donc dans le mois de juillet trois divisions bien organisées, ayant 21,000 hommes d'infanterie, 5,000 hommes de cavalerie, quarante-deux pièces de canon, une ou deux compagnies de sapeurs, un commandant d'artillerie, un commandant du génie et un commissaire ordonnateur. En y joignant la division hollandaise que commande le général Gratien, on porterait ce corps à plus de 30,000 hommes.
Aussitôt que le duc d'Abrantès sera arrivé à Paris, vous lui ferez connaître mes intentions et vous lui ordonnerez de commencer la revue et l'inspection de son corps, pour assurer et accélérer par tous les moyens sa formation ...
Recommandez au duc de Valmy, qui jusqu’à ce moment commande la réserve, de bien la faire exercer ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15291 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21118).

Le 6 juin 1809, au Camp impérial de Schönbrunn, on informe l'Empereur que "Le général Clarke a cru devoir ordonner d'incorporer dans les 48e et 108e régiments d'infanterie de ligne, qui sont à Anvers, 300 conscrits réfractaires du dépôt du fort Lillo, pris parmi ceux qui ont montré le plus de bonne volonté et la meilleure conduite, à raison de 100 hommes par régiment" ; "Approuvé", répond Napoléon (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3209).

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 108e de Ligne, l'Empereur ordonne : "... Les 3 mille hommes qui étaient réservés pour le dépôt de Strasbourg seront distribués de la manière suivante :
700 hommes à la division Saint-Hilaire indépendamment de ceux accordés dans le travail de M. Lacuée,
1100 hommes à la division Friant, aussi indépendamment de ceux accordés dans le travail de M. Lacuée
et 1200 hommes au corps du duc de Rivoli,
total 3000 hommes, le tout conformément au tableau C ...
". L'Etat C qui suit cette lettre indique que 200 hommes doivent être dirigés sur le Dépôt du 108e de Ligne, et que 200 hommes doivent être envoyés par le Dépôt aux Bataillons de guerre à la Division Friant. Enfin l'annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" indique, concernant la Division Friant, composée de 5 Régiments dont le 108e de Ligne : "On n’avait proposé que 282 conscrits pour compléter les compagnies que ces 5 régiments ont aux demi-brigades provisoires, on leur en donne 1295", dont 800 pour le 108e. Cette même annexe donne également la composition de la 8e Demi-brigade provisoire : 48e de ligne complété à la division Friant, 108e id., 72e de ligne complété à la division Saint-Hilaire, 65e de ligne complété extraordinairement, 19e léger complété aux Côtes du Nord, 27e id., 22e de ligne 160, 54e id., 45e id.; au total donc, 160 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 24 compagnies à 3360" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Le 5 juillet, la Division Friant passe sur la rive gauche du Danube, sé porte vers Stadt, Enzersdorf, puis vers la droite au-delà du village de Bründel dont le château est occupé par quelques centaines d'hommes qui capitulent.

Le 6, toute l'armée ayant franchi le Danube, Napoléon livre la grande bataille de Wagram. La Division Friant est chargée d'appuyer l'attaque du Général Morand, contre la gauche ennemie. Il disposee ses troupes en échelons, par Bataillons, et porte en avant d'abord les 15e Léger et 33e de Ligne qui attaquent avec leur vigueur accoutumée. Mais la position Autrichienne est très forte et ces deux Régiments n'avancent que péniblement. Le Général enlevant alors la Division tout entière au pas de charge, aborde l'ennemi à la baïonnette et le met en pleine déroute. Dans cette marche en avant, le 108e montre une fois de plus ses qualités maîtresses, la bravoure et l'entrain.

La position des Autrichiens complètement enlevée, la Division Friant couronne les hauteurs, puis, de concert avec la 3e (Général Gudin), se porte en avant. Le sort de la journée est décidé, l'ennemi n'oppose plus de résistance.

Le Colonel Rottembourg est blessé le 6 juillet 1809.

Après la victoire de Wagram, les Autrichiens n'ont plus qu'à demander la paix. Le 18 juillet, le 108e s'installe au camp de Kritzchen. Cette courte et brillante campagne coûte au Régiment les pertes suivantes : Officiers tués, le Chef de Bataillon Garnier, et le Sous-lieutenant porte-aigle Fleuret. Le Colonel Rottembourg est blessé; quant à la troupe, elle compte 98 tués et 263 blessés.

Le 30 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... Avez-vous des nouvelles ... d'un détachement de 6 ou 700 hommes des 33e, 111e et 15e léger qui doivent arriver du 1er au 2 août à Vienne; de 4 à 500 hommes des 48e, 108e et 15e léger qui doivent arriver à Vienne le 11 août ? Ces deux détachements feront 1 200 hommes de renfort pour la division Friant ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3367 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21656).

Le 8 août 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "En lisant avec attention l'état que vous m'avez envoyé en date du 1er août ... Dans l'ite de Cadzand, une brigade commandée par le général Rousseau est composée de 1,000 hommes ; elle fait partie de la division du général Chambarlhac, et je vois que le général Chambarlhac a, de plus, à Gand la 8e demi-brigade de réserve. Je suppose un colonel en second pour la commander. Il faut y envoyer des majors pour commander chacun un ou deux bataillons. Je vois le 48e, le 108e, le 13e léger et le 65e, quatre bataillons formant 3,000 hommes. Envoyez deux majors ; l'un commandera le 48e et le 108e ; l'autre le 13e et le 65e. Envoyez également trois généraux de brigade dans la division Chambarlhac, savoir : le général Rousseau, un pour la 8e demi-brigade provisoire et un pour les quatre bataillons. Tout ce que l'on pourra retirer des dépôts, faites-en former un bataillon provisoire commandé par un major. La division Chambarlhac sera ainsi composée de trois brigades et de plus de 6,000 hommes. Tous les détachements de cavalerie que vous pourriez vous procurer, il faut en former plusieurs régiments de marche commandés chacun par un major ...
Alors on aurait une armée active composée de la manière suivante : INFANTERIE. — Division Chambarlhac : 1re brigade, Rousseau (pour mémoire, chargée de la défense de Cadzand), 1,000 hommes. -2e brigade : 8e demi-brigade de réserve, 1,200 hommes, et bataillons provisoires de la 16e division militaire, 1,500 hommes ; total, 2,700 hommes. — 3e brigade : bataillons des 48e, 108e, 13e et 65e, 3,000 hommes. — Division Olivier : 1re brigade : 3e et 4e demi-brigade provisoires, 4,000 hommes. — 2e brigade : 6e et 7e demi-brigade provisoires, 4,000 hommes ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15629 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21733).

Le 19 août 1809, Murat écrit au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre en France : "Monsieur le comte, le nommé Jean Sers, de Cahors, sergent de la 108e demi-brigade, ayant été forcé de quitter le service pour des infirmités contractées à la guerre, sollicite depuis longtemps une pension qu'il n'a pu encore obtenir. Je verrai avec plaisir que dans cette circonstance, vous vouliez bien appuyer la demande d'un ancien militaire auquel j'ai toujours pris intérêt" (Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 7, p. 453, lettre 4420).

Le 5 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schoenbrunn, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "J'ai lu avec attention l'état de situation que vous m'avez envoyé de mes trois corps d'armée dans le Nord au 28 août. Je désire que vous m'en envoyiez un semblable tous les cinq jours.
Vous voudrez bien faire exécuter sur-le-champ toutes les dispositions suivantes.
ARMÉE D ANVERS. - Toutes les troupes d'infanterie de ligne, soit des demi-brigades provisoires, soit des détachements quelconques, qui se trouvent dans les départements du Nord ou sont en marche pour s'y rendre, feront partie de l'armée d'Anvers et seront réunies en six demi-brigades provisoires. Ces six demi-brigades formeront deux divisions. 1re Division. La 1re division sera organisée ainsi qu'il suit :
18e demi-brigade provisoire. — Une Demi-brigade provisoire sera formée du bataillon du 108e, du bataillon du 13e d'infanterie légère, du bataillon du 48e et de celui du 65e ; total, quatre bataillons de 800 hommes, formant 3,000 hommes, qui composeront une demi-brigade provisoire portant le n°18. Un colonel en second et deux majors seront attachés à cette demi-brigade. On réunira tout ce que les dépôts du 48e et du 65e peuvent avoir de disponible et tous les détachements qu'ils ont dans le Nord, et l'on formera ainsi ces quatre bataillons. Les hommes qui ont été pris à Flessingue seront portés à la suite et seulement pour mémoire. Il sera nommé à toutes les places vacantes ...
2e Division ...
Ces deux divisions seront sous les ordres du général Reille, mon aide de camp, et formeront une aile de l'armée du prince de Ponte-Corvo ...
" (Correspondance de Napoléon, t.19, lettre 15750 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21981).

En octobre 1809, le 108e va en garnison à Vienne.

1810-1811

Le 108e va tenir garnison, pendant les années 1810, 1811 et le commencement de 1812, successivement à Ulm, Magdebourg, Stettin et Custrin.

Le 7 janvier 1810, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, les quatre premiers bataillons auxiliaires qui sont à Versailles seront réduits à deux, composés de la manière suivante. Savoir :
1er bataillon (infanterie de ligne) ...
4e compagnie 1 [officier] 70 [soldats] du 57e
18 [soldats] du 33e
55 [soldats] du 108e
1 [officier] 49 [soldats] du 72e
2 [officiers] 192 [soldats] ...
2e batailllon (infanterie légère) ...
Le comte de Lobau dressera procès-verbal de la formation de ces deux bataillons avant le 10 janvier ; les compagnies seront égalisées, leur chef de bataillon sera nommé pour commander chaque bataillon. Il sera également nommé à toutes les places d'officiers et de sous-officiers.
Les sous-officiers et soldats seront effacés des contrôles de leurs corps et, à dater du 1er janvier 1810, l'existence de ces bataillons sera reconnue, et ils seront payés directement par te Trésor. Il y aura trois tambours par compagnie.
Au fur et à mesure que les bataillons auxiliaires viendront à se former, au lieu de 12, les cadres seront resserrés, de manière que chaque bataillon soit porté au complet de 840 hommes.
Un colonel en second sera nommé inspecteur de tous les bataillons auxiliaires. Il sera chargé de rendre compte au ministre de leur formation et de veiller à ce que les différents détachements partent des lieux où ils se rassemblent, bien organisés et complets en officiers, sous-officiers et soldats.
Le 5e bataillon auxiliaire qui se réunit à Lyon en partira avec la formation provisoire qu’il aura reçue dans cette ville, et se rendra à Bayonne où il sera définitivement formé.
Faites-moi connaître pourquoi les corps ont envoyé aux bataillons auxiliaires des détachements dont la force est si peu proportionnée aux demandes qui leur ont été faites ; je désire savoir quand ils pourront envoyer le reste.
Aussitôt qu’un bataillon auxiliaire sera formé, présentez-moi un projet de décret pour lui donner une éxistence régulière.
Faites mettre à la dispositionn du comte Lobau une trentaine de jeunes gens de Fontainebleau, pour être placés dans ces bataillons.
Surtout ayez soin de mettre à Versailles un colonel en second qui veille à l’instruction
P.S : Vous dirigerez sur le second bataillon deux compagnies d'infanterie légère, faisant 300 hommes, pour compléter ce bataillon
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22808).

Le 15 mars 1810, l'Empereur ordonne, depuis Paris : "Notre ministre de la guerre donnera les ordres ci-après :
ARMÉE D'ALLEMAGNE ...
Le grand quartier général, les grandes administrations, les parcs généraux d'artillerie et du génie, et tout ce qui appartient à l'état-major général de la Grande Armée, sont dissous à dater du 1er avril prochain.
Les états-majors et administrations, et tout ce qui tient à l’organisation des 2e et 4e corps et de la réserve générale de cavalerie, sont dissous conformément aux dispositions prescrites par des décrets des 7 et 18 février dernier.
En conséquence, l'armée qui restera en Allemagne sous le commandement du prince d’Eckmühl sera composée de la manière suivante, savoir :
... 2e division d’infanterie, commandée par le général Friant, composée des 15e régiment d'infanterie légère, 33e, 48e, 108e et 111e régiments d'infanterie de ligne.
Cette division sera cantonnée du côté de Ratisbonne, de Nuremberg et de Straubing ...
... ARMÉES DU NORD ET DE BRABANT ...
Les états-majors, les administrations, et tout ce qui tient à l'organisation des armées du Nord et de Brabant sont dissous, à dater du 5 avril prochain, pas avant ...
... La 18e demi-brigade provisoire, composée du 4e bataillon du 13e d'infanterie légère, du 4e bataillon du 48e de ligne, du 5e bataillon du 65e et du 4e bataillon du 108e, sera employée dans l'île de Walcheren. Le 3e bataillon du 3e régiment suisse, qui fait actuellement partie de la 21e demi-brigade provisoire, sera attaché à la 18e demi-brigade ; il sera envoyé, à cet effet, dans l'île de Walcheren ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4105).

Le 19 août 1810, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je désire que vous formiez plusieurs bataillons de marche pour 1'Espagne et le Portugal.
... Le 3e bataillon du 50e régiment sera complété à 900 hommes de la manière suivante : 100 hommes du 50e, et par incorporation : 200 du 48e ; 200 du 108e ; 150 du 12e de ligne ; 150 du 4e de ligne ; 100 du 85e ; total 900 hommes. Tous ces détachements se réuniront à Tours où se formera ce bataillon ...
Ces 3 derniers bataillons seront connus sous leur nom dans la ligne ; savoir le 3e bataillon du 50e, le 4e bataillon du 43e, et le 3e bataillon du 25e léger ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24356).

Le même 19 août 1810, l'Empereur écrit au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que le 5e bataillon du 65e, qui forme un des bataillons de la 18e demi-brigade provisoire, quitte l'île de Walcheren et rejoigne son dépôt. Faites-moi connaître, lorsque ce bataillon sera rentré à son dépôt, ce qu'on pourra en faire partir pour renforcer son régiment en Espagne.
Le bataillon du 65e sera remplacé à la 18e demi-brigade par le 4e bataillon suisse. Par ce moyen, la 18e demi-brigade sera composée d'un bataillon du 13e léger, d'un du 48e, d'un du 108e et de deux bataillons suisses
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4514).

Le 6 octobre 1810, l'Empereur adresse, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, une Note sur l'organisation des armées; concernant l'Armée d'Allemagne, il écrit : "… 1er corps : le 7e d'infanterie légère formerait quatre bataillons ; le 13e, quatre ; le 15e, quatre (le 4e bataillon de ce régiment, étant en Espagne, serait remplacé par le 3e bataillon du 6e léger) ; le 33e d'infanterie légère, quatre ; le 12e de ligne, quatre ; le 17e, quatre ; le 21e quatre ; le 25e, trois (le 4e bataillon en Espagne) ; le 30e, quatre ; le 33e quatre ; le 48e, quatre ; le 57e, quatre ; le 61e, quatre ; le 85e, quatre ; le 108e, quatre ; le 111e, quatre ; total, 16 régiments formant 63 bataillons.
Ces 63 bataillons composeraient 4 divisions ; chaque division serait formée d'un régiment d'infanterie légère et de 3 régiments de ligne. Ce premier corps serait celui qui est actuellement en Allemagne, sous les ordres du prince d'Eckmühl ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17000 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24816).

Le 3 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je réponds à votre lettre du 30 octobre par laquelle vous me faites connaître que le bataillon du 108e, qui était à West-Cappel, a eu beaucoup moins de malades que les bataillons du 13e régiment d'infanterie légère et du 48e de ligne ; faites-moi connaître de quelles provinces sont les hommes de ce bataillon ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4786).

Le 8 novembre 1810, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke : "Monsieur le due de Feltre, donnez des ordres pour qu'il soit formé un régiment de marche, qui sera composé des hommes disponibles des :
4e et 5e bataillons du 13e léger, jusqu'à concurrence de 500 hommes; Du 17e de ligne. 400; Du 30e – 30; Du 57e – 40; Du 61e – 30; Du 15e léger. 30; Du 48e 600; Du 108e 700; Des détachements du 12e de ligne. 6; Du 21e de ligne. 60; Du 85e – 30.
Ce régiment de marche, fort de 2.500 hommes, se réunira à Wesel, d'où il se rendra à Hambourg, quartier général de l'armée d'Allemagne. Là, il sera dissous, et les cadres des 4es et 5es bataillons rentreront en France, sans qu'il en soit rien retenu ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4797).

Le 13 février 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, au 1er avril l'armée d'Allemagne sera composée de la manière suivante :
... 4e division : le général de division Dessaix, commandant ; les généraux Barbanègre et Friederichs, généraux de brigade. 33e léger ; 67e, 108e, 85e de ligne.
... Chaque régiment, dans le courant de l'été, aura 4 bataillons ; ce qui fera 16 bataillons par division ou 12,000 hommes.
Chaque régiment aura également, dans le courant de l'été, 4 pièces de canon ; ce qui fera 16 pièces de canon par division ...
Les mouvements de l'armée d'Allemagne doivent se faire par Wesel, qui est le grand dépôt.
Ces ordres doivent être tenus secrets, et vous devez prescrire les différentes dispositions sans que personne ait connaissance de cette lettre. Vous m'apporterez vous-même la formation de l'armée en ses différentes parties, avec la désignation des officiers, pour que je l'approuve, et vous l'enverrez ensuite au prince d'Eckmühl, comme définitivement arrêtée ...
" (Correspondance de Napoléon, t.21, lettre 17328 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 25918).

Le 7 mars 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre que ce qu'il y a de disponible au 5e bataillon du 112e soit versé dans les 3 premiers bataillons. Même ordre pour les 111e, 108e, 106e et 105e ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5136 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 26122).

Le 21 mars 1811, à la demande qui lui est faite "Le maréchal Davout propose d'incorporer dans le 108e de ligne, à Stettin, un détachement du 33e de ligne", l'Empereur depuis Paris répond : "Il n'est pas possible d'incorporer cette compagnie dans le 108e, il faut la laisser comme elle est" (Picard et Tuetey : Correspondance inédite de Napoléon 1er, conservée aux Archives de la guerre. T. IV. 5221).

Le 2 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous renvoie l'état de situation de l'armée d'Allemagne ... A Stettin, au lieu du général Pajol, il faut mettre le général Jacquinot ; au lieu du 2e, mettre le 7e, le 108e ; mais mettre cela en encre rouge, pour faire comprendre que les troupes sont dans la place, mais n'en forment pas la garnison ..." (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17549 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26479 - Note : La CGN donne le 12e Léger à la place du 13e Léger).

Le 12 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le 4e bataillon du 108e a 316 hommes embarqués ; faites-les également débarquer avant le 1er mai pour rejoindre le 4e bataillon ; ce qui le portera à 700 hommes" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5320 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26639).

Le 19 avril 1811, l'Armée d'Allemagne est composée de trois Corps; le 1er est le Corps d'observation de l'Elbe, commandé par Davout. L'Empereur écrit en effet ce jour à au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, l'armée d'Allemagne sera composée de trois corps :
1° Le corps d'observation de l'Elbe ;
2° Le corps d'observation du Rhin ;
3° Le corps d'observation d'Italie.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe sera commandé par le prince d'Eckmühl. Il sera composé de cinq divisions d'infanterie et formé de la manière suivante :
... 5e Division : 25e de ligne, cinq bataillons ; 61e, cinq ; 108e, cinq ; 111e, cinq ; total, 20 bataillons.
Cette 5e division sera commandée par le général Compans ...
ARTILLERIE. — Chaque régiment aura quatre pièces de régiment, ce qui fera douze pièces par division, à l'exception de la 5e, qui en aura seize ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17630 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26753).

Le 20 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, je vous envoie un décret que vous ne recevrez que dans quelques jours par le ministre, par lequel j'attache un major en second à vos 15 régiments d'infanterie. Il est indispensable que vous me proposiez sur-le-champ la nomination de ces majors en second pris parmi les meilleurs chefs de bataillon qui seront remplacés par des capitaines, ceux-ci par des lieutenants et successivement. Ayez soin de faire de bons choix. Vous sentez combien il est nécessaire que les régiments que vous avez qui vont être de cinq bataillons en ligne aient un major en second qui commande le 3e et le 4e bataillon. Le colonel en commandera 2 ou 3 selon les circonstances.
Je vous ai mandé que j'avais créé un 6e bataillon à vos régiments. Formez-en les cadres chez vous ; car je compte envoyer 10000 hommes des dépôts en Allemagne, de sorte que ces 6es bataillons seront formés avant les 4es bataillons. Je ne comprends pas le 33e léger dans tous ces calculs. En réalité vous allez avoir d'ici au 1er juin 30 bataillons de renfort. Vous en avez 48, cela fera 78 bataillons ou plus de 60000 hommes d'infanterie sans les arrières, ce qui vous fera cinq belles divisions de 15 bataillons chacune.
ANNEXE
Au Palais des Tuileries le 20 avril 1811,
Napoléon, Empereur des Français, etc., etc., etc.
Nous avons décrété et décrétons,
Art. 1er
Il est créé des emplois de major en second dans chacun des 7e, 13e et 15e régiments d'infanterie légère et des 17e, 30e, 57e, 61e, 33e, 48e, 108e, 111e, 12e, 21e, 25e et 85e de ligne qui font partie de l'armée d'Allemagne.
Art. 2
Lorsque ces régiments auront 4 bataillons en ligne, le colonel commandera le 1er et le 2e, et le major en second commandera le 3e et le 4e.
Art. 3
Notre ministre de la Guerre est chargé de l'exécution du présent décret
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26780).

Le 23 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, vous recevrez le décret par lequel j'ai réglé la formation des 6es bataillons de l'armée d'Allemagne. J'ai changé les éléments de cette formation. Vous verrez par l'état joint au décret que ces bataillons sont composés de trois manières :
1° Avec des conscrits fournis par les dépôts de leurs régiments.
2° Avec ce qu'on peut tirer d'anciens soldats des dépôts de l'armée d'Espagne.
3° Avec des conscrits tirés des dépôts de l'armée d'Espagne.
J'y ai ajouté, pour chaque 6e bataillon, un détachement de 150 conscrits tirés du régiment de Walcheren.
Donnez ordre que les détachements d'anciens soldats qui se trouvent dans les dépôts des régiments se mettent en marche du 1er au 10 mai. Les cadres doivent être formés en Allemagne dans le même délai, de sorte que dès leur arrivée, ces hommes formeront de petits bataillons de 3 à 400 hommes. Ces bataillons seront ensuite complétés par la conscription, tant pour les conscrits arrivant du dépôt du régiment, que pour ceux venant des autres dépôts qui fournissent à cette incorporation.
Quant aux détachements à prendre dans l'île de Walcheren, vous donnerez les ordres suivants : la 2e compagnie de chaque 5e bataillon composée d'un capitaine, de 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal fourrier, 8 caporaux et 2 tambours, doit se mettre en marche du 1er au 10 mai pour l'île de Walcheren. À son arrivée, le général commandant dans l'île y incorporera 150 hommes choisis parmi les conscrits les plus sûrs et de la meilleure volonté. Vous aurez soin de faire envoyer d'avance au régiment de Walcheren des boutons de ces 2 régiments, afin que le changement d'uniforme des conscrits puisse être préparé sans frais.
Aussitôt que ces détachements bien habillés, bien équipés et bien armés se trouveront formés, le général commandant l'île de Walcheren les passera lui-même en revue avant leur départ. Un inspecteur aux revues en dressera les contrôles et aura soin d'y inscrire les noms, prénom et signalement, afin que si ces hommes désertent, on puisse les faire poursuivre dans leurs familles par des garnisaires. Il ne partira de l'île de Walcheren que deux détachements par semaine. Ces détachements remonteront par eau jusqu'à Willemstad et Berg-op-Zoom, d'où ils rejoindront les bataillons de guerre en traversant la Hollande. Il y aura quelques brigades de gendarmerie pour observer leur passage ...
ANNEXE
Etat indiquant les éléments de la formation des 6es bataillons des régiments de l’Armée d’Allemagne

400

Régiments qui forment les 6e bataillons

Conscrits du régiment

Supplément de 150 conscrits à tirer du régiment de Walcheren (ce supplément ne compte que pour 50

Suppléments à tirer d'autres régiments

Total de ce que 6e bataillons aura

Conscrits que le régiment reçoit et hommes disponibles
Conscrits pour compléter les bataillons suisses
Conscrits du 4e bataillon A
Reste pour le 6e bat. B
Numéros du régiment d'où on les tire
Anciens soldats C
Conscrits D
Total
108e de ligne
1200
100
800
676
50
726

A : Ces conscrits partiront le 1er juillet 1811 de leur dépôt pour les 6es bataillons en Allemagne.
B : Ces 1500 conscrits partiront de Walcheren par compagnie, dirigés sur le dépôt en France pour le 5e bataillon. Elles commenceront à partir le 15 mai.
C : Ces conscrits partiront dès le 10 mai pour l'Allemagne.
D : Ces conscrits partiront le 1er juin de leur dépôt
" (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26814".

Les 4e et 6e Bataillons sont à la même époque, à l'Armée de Brabant, son Dépôt tient toujours garnison à Anvers.

Le 24 mai 1811, l'Empereur écrit, en effet, depuis Caen, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je vous envoie cinq états pour vous servir de direction dans un rapport que vous me ferez au 15 juin, pour donner une nouvelle organisation, au 1er juillet, aux différents corps d'observation.
CORPS D'OBSERVATION DE L'ELBE. — Ce corps restera à quatre divisions jusqu'au 1er juillet. A cette époque, il sera formé à cinq divisions. Les 4es et 6es bataillons s'y réuniront dans les lieux indiqués, de sorte qu'au commencement d'août l'organisation soit complète, et que ce corps ait acquis toute la consistance qu'on peut en attendre ...
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous ne devez donner aucun ordre, faire aucun mouvement en conséquence de ces états, mais que vous devez vous borner à me faire un rapport général au 15 juin, époque à laquelle vous me demanderez en même temps mes ordres.
En attendant, toutes les dispositions nécessaires pour porter au complet le corps d'observation de l'Elbe, tel qu'il a été arrêté, doivent avoir lieu.
N°1
Le ministre de la Guerre trouvera dans ces notes ce qui est relatif à l’organisation et mouvement du corps d’observation de l’Elbe au mois de juillet. Elles serviront de matière à un rapport qu’il devra me faire pour le 20 juin.
NOTE.
CORPS D'OBSERVATIONDE L'ELBE.
Le corps d'observation de l'Elbe doit être composé de cinq divisions. Il restera à quatre divisions jusqu'au 1er août et ne sera composé de cinq divisions qu'à cette époque, à laquelle les 6es et 4es bataillons auront rejoint.
Je vous ai déjà fait connaître que la composition de ces divisions doit être faite de la manière suivante ... :
Division Dessaix. — 33e léger, quatre ; 85e de ligne, cinq ; 108e, cinq ; total, 15 bataillons ...
Chaque division aurait quatre brigades, et chaque brigade se composerait de cinq bataillons ; quatre généraux de brigade seraient-attachés à chaque division ; les cinq divisions formeraient en tout vingt brigades et quatre-vingt-dix-huit bataillons ...
On procédera de la manière suivante : au 1er juillet, les 4es bataillons, complétés de tous les conscrits destinés aux 6es bataillons, se mettront en marche pour se diriger sur les quatre points suivants : ceux de la 1re division, sur Wesel ; ceux de la 2e, sur Cologne ; ceux de la 3e, sur Düsseldorf, et ceux de la 4e, sur Aix-la-Chapelle. Les cadres des 6es bataillons, qui sont actuellement à Wesel et à Munster, se rendront dans ces différentes places, et par ce moyen il y aura à Wesel les 4e et 6e bataillons du 13e léger, les 17e, 30e et 61e de ligne ; total, huit bataillons ; à Cologne, le 6e bataillon du 15e léger, les 4e et 6e bataillons des 33e, 48e et 11e de ligne ; total, sept bataillons ; à Düsseldorf, les 4e et 6e bataillons du 7e léger, des 12e et 21e de ligne, et le 6e du 25e de ligne ; total, sept bataillons ; à Aix-la-Chapelle, les 4e et 6e bataillons des 57e, 85e et 108e ; total, six bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17247 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27150).

Le 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre de faire réunir à Walcheren en 4 détachements les 11 compagnies des 5es bataillons des régiments de l'armée d'Allemagne qui sont dans l'île de Walcheren, savoir :
... 4e détachement les compagnies du 57e, 85e et 108e
... Le général Gilly passera la revue de ces détachements et complétera les compagnies qui les composent à 150 hommes en prenant les meilleurs sujets des 1er et 2e bataillons du régiment de Walcheren. Tous les malades seront effacés du contrôle des compagnies et rentreront dans les cadres du régiment de Walcheren. Ces détachements s'embarqueront à Veere pour se rendre à Willemstadt ou à Gertruydenberg.
... Le 4e détachement partira le 26 ou le 27.
Vous aurez soin d'ordonner que les contrôles de ces compagnies soient faits en ordre avec le lieu de naissance et le signalement bien spécifiés. Ces détachements ne débarqueront qu'à Gertruydenberg. De là, ils passeront le Rhin à Gorcum et seront dirigés par la gauche du Rhin sur le quartier général de la division du corps d'observation de l'Elbe dont font partie les régiments auxquels ils appartiennent. À leur arrivée, ces bataillons seront dissous ; les cadres rentreront en France ; les hommes seront incorporés par égale partie dans les 3 bataillons de guerre du régiment.
Vous donnerez l'ordre aux cadres des 6es compagnies du 6e bataillon du 13e léger, 17e de ligne, 30e de Ligne, 61e, 33e de ligne, 48e, 111e, 7e d'infanterie légère, 12e, 21e, 57e, 85e et 108e de se rendre dans l'île de Walcheren pour recevoir chacun 150 hommes, ce qui fera l'emploi de 1 950 hommes, tous ces hommes seront habillés par le dépôt du régiment de Walcheren. On aura soin de placer dans ces compagnies les hommes qui sont déjà depuis longtemps dans le régiment de Walcheren et dont on peut être le plus sûr. On ne mettra de nouveaux conscrits que dans les cadres d'infanterie légère pour ne pas défaire les habits. Ces 13 compagnies devront être prêtes à partir du 20 au 30 juillet pour se rendre en Allemagne.
... Donnez ordre aux commandants de la gendarmerie dans les 25e, 17e et 24e divisions militaires d'envoyer des officiers pour suivre ces détachements, de prendre toutes les dispositions convenables et de redoubler de surveillance pour prévenir la désertion. Si ces mesures réussissent, mon intention est de compléter de cette manière les bataillons de guerre du corps d'observation de l'Elbe, de sorte qu'au 1er août, tous ces bataillons de guerre soient portés au-delà du complet de 840 hommes, les malades non compris
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5608 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27312).

Le même 14 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Maréchal Davout, Commandant en chef du Corps d'Observation de l'Elbe, et Gouverneur général des villes hanséatiques : "Mon cousin, les cadres des 2es compagnies des 5es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments sont depuis six semaines dans l'île de Walcheren. Ils s'y sont complétés avec des conscrits et partent en 4 détachements. Ayez soin de faire incorporer les détachements de chaque régiment par égales parties dans les trois bataillons de guerre, de manière qu'il y ait de ces recrues dans chaque compagnie, mais sans retirer d'un régiment pour mettre dans un autre. Ces compagnies s'embarqueront à Veere et arriveront par mer jusqu'à Gorcum. Faites-moi connaître s'il y a de la désertion en route. Aussitôt qu'elles seront sur le territoire de votre commandement, veillez à ce qu'il y ait des détachements de cavalerie et de gendarmerie qui les côtoient et empêchent la désertion. Si cela réussit, mon intention est de vous en envoyer ainsi jusqu'à la concurrence de 3 à 4000, ce qui portera au 1er août le complet de vos bataillons de guerre au-delà de 840 hommes, non compris les malades. Il n'y aurait pas même d'inconvénient à porter ce complet à 900 ou à 1 000. Ces conscrits sont tous de très beaux hommes de 23 à 24 ans, et, si on les soigne, ils feront d'excellents soldats. Les affaires du Nord paraissent moins pressantes. J'ai pris le parti de faire revenir les cadres des 6es bataillons aux dépôts, où ces bataillons seront mieux formés ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27316).

Le 4 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les 4e et 6e bataillons du 13e léger reçoivent tout ce qui est disponible dans le 5e bataillon et se complètent chacun à 700 hommes. Donnez le même ordre pour les 17e léger, 7e léger et les 30e, 33e, 48e, 12e, 21e, 85e, 108e, 61e, 111e et 57e de ligne. Les 6es bataillons du 15e léger et du 25e de ligne seront complétés à 840 hommes. Ces 28 quatrièmes et 6es bataillons se mettront en marche du 15 au 25 juillet, parfaitement habillés et équipés et se dirigeront sur Wesel et de là sur leurs régiments respectifs dans la 32e division militaire. Les 2 bataillons de chaque régiment marcheront sur une seule colonne. Vous enverrez un officier général à Wesel afin qu'à leur passage par cette ville, chacun de ces bataillons soit passé en revue et que l'on constate leur bon état, l'état de leur habillement, équipement, leur nombre, les places vacantes, etc. Les 2 bataillons du 7e léger s'embarqueront sur le Rhin à Huningue ; les bataillons qui sont à Strasbourg, Mayence, Spire s'embarqueront sur le Rhin jusqu'à Wesel. Le général Compans pourrait être chargé de passer cette revue : il devra être rendu le 25 juillet à Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5731 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27526).

Le 7 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que les compagnies des 17e, 108e, 12e, 48e, 21e, 30e, 33e et 61e de ligne, complétées par des conscrits réfractaires de l'île de Walcheren formant 8 compagnies ou 1200 hommes, partent de l'île de Walcheren du 15 au 20 juillet pour se rendre à Hambourg. Ces 1200 hommes seront incorporés à Hambourg dans les différents régiments. Les compagnies des 85e, 57e et 111e partiront du 25 au 30 juillet et les 4 compagnies des 7e et 13e légers au plus tard le 10 août. Ainsi ces 2250 hommes seront arrivés en Allemagne dans le courant du mois d'août, ce qui avec les 1600 hommes des 11 premières compagnies et les 1800 hommes des deux bataillons des îles de Gorée et Schouwen fera un renfort de 5600 hommes. Il ne manquera donc plus pour les régiments de l'armée d'Allemagne que 3 000 hommes pour être portés au grand complet" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5750 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27568).

Le 17 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre ... Donnez ordre que la 2e compagnie des 5es bataillons des 19e, 72e, 2e, 18e, 56e, 37e, 93e, 108e, 48e, 33e, 30e, 12e, 21e, 25e, 85e, 17e, 57e et 61e se forment à Anvers, et tiennent garnison à bord des 15 vaisseaux de ligne français qui sont dans 1'Escaut et des 2 vaisseaux hollandais ; la 18e compagnie sera destinée au premier vaisseau qui sera mis à 1'eau cette année ...
Vous donnerez ordre que toutes ces compagnies soient composées d'officiers, sous-officiers et soldats de l'ancienne France ; que tous les officiers, sergents, caporaux et fourriers aient au moins 4 ans de service, et que les soldats aient au moins un an de service et soient à l'école de bataillon. Vous recommanderez qu'on porte un soin particulier à la formation de ces compagnies, à les maintenir au complet ; qu'on y mette des officiers de choix, hommes d'ordre et d'honneur qui puissent être utiles à bord des vaisseaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5796 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27681).

Le 2 août 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par votre lettre du 11 juillet dernier vous m'avez annoncé la marche de quinze compagnies, dont treize 6es compagnies des 6es bataillons des 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e, 108e et 111e régiments de ligne, 7e et 13e d'infanterie légère, et les deux compagnies des 5es bataillons de ces deux derniers régiments.
J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence de l'arrivée à Lingen des deux premiers détachements de ces troupes.
Le 1er, composé des compagnies des 61e, 17e, 30e et 33e régiments, est arrivé le 28 juillet.
Ces compagnies sont parties de Lingen le lendemain de leur arrivée, et ont été dirigées sur leurs corps respectifs.
Je joins à cette lettre leur état de situation au moment de leur arrivée à Lingen.
Votre Excellence remarquera que sur 74 déserteurs, 43 ont déserté à Ryssen. D'après le compte qui m'est rendu, cette désertion est attribuée en partie au mauvais esprit des habitants qui ont fourni à plusieurs conscrits des habits pour les déguiser : quelques-uns ont reçu de leurs parents des passeports pour rentrer en France. Presque tous ces déserteurs sont, ou du Brabant, ou du département de la Lippe.
Il parait que la remise de ces compagnies s'est faite avec beaucoup de négligence les conscrits n'ont pas de livrets ; les officiers de cadres ont été obligés de les recevoir sans signalement, et beaucoup de ces conscrits ne savent même pas de quel département ils sont.
Ils arrivent tous sans capotes ni bonnets de police ; les habits sont trop étroits ; les vestes et les culottes sont trop courtes, et de mauvais drap ; en général, l'habillement est mal confectionné ; beaucoup de gibernes sont mauvaises et vieilles, ainsi que les porte-giberne. La majeure partie des souliers est usée.
Les officiers commandant ces compagnies se plaignent de ce qu'on leur a donné des hommes qui, au moment du départ, sortaient de l'hôpital, et de ce qu'on a retiré à la plupart des conscrits leurs vestes et leurs culottes pour leur en donner de très-vieilles.
Leur armement est aussi, en général, en mauvais état, et les hommes n'ont ni épinglettes ni tournevis.
Ces huit compagnies ont été payées de leur solde et indemnité de route, depuis le jour de leur départ jusqu'au 31 juillet ; mais les officiers qui les conduisent n'ont aucun renseignement relativement à la comptabilité antérieure.
J'ai donné des ordres pour qu'au moment de l'arrivée de ces compagnies aux régiments pour qui elles sont destinées, on fit donner aux conscrits des capotes et des bonnets de police ; qu'on leur payerait tout ce qui pourrait leur être du, et qu'ils fussent pourvus sans délai des effets d'équipement qui leur manquent. A mesure que les compagnies arriveront à leur régiment, elles y seront incorporées par portions égales dans les trois bataillons de guerre, et il en sera dressé un contrôle nominatif et signalétique, que j'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence. Un état signalétique séparé des déserteurs est envoyé au conseiller d'État directeur des revues et de la conscription, et une expédition est remise au commandant de la gendarmerie.
Les onze 2es compagnies des 5es bataillons annoncées par votre lettre du 18 juin sont arrivées à Lingen du 4 au 10 de ce mois ; elles avaient éprouvé à cette époque une désertion de 175 hommes, dont la majeure partie à Deventer et à Ostmarsum. Les rapports qui m'ont été adressés attribuaient cette désertion à la mauvaise volonté des conscrits, aux insinuations des habitants de Walcheren, et à ce qu'ils n'avaient pas reçu de solde à leur départ, ni en route.
J'aurai l'honneur d'adresser à Votre Excellence les contrôles signalétiques de ces compagnies, aussitôt que je les aurai tous réunis ; mais j'ai l'honneur de vous faire observer que les compagnies destinées aux 85e et 108e régiments n'arrivent qu'aujourd'hui 2 août à Stettin, et que je ne pourrai recevoir les états que dans quelques jours.
Les ordres ont été donnés pour que les cadres des 5es bataillons rétrogradassent sur France, aussitôt l'arrivée des compagnies à leurs régiments, et presque tous sont en route. Quant aux cadres des 6es bataillons, ils ont ordre de rester à l'armée pour y attendre leur bataillon
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 246, lettre 967).

Le 14 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... Donnez ordre aux dépôts des 12e de ligne, 7e et 13e légers, 57e, 48e, 108e, 21e, 30e, 33e, 61e, 111e, 85e, et 17e de ligne de faire partir pour les bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible au 5e bataillon, en hommes habillés et en état de faire la guerre. Toutefois, ils ne feront pas partir moins de 60 hommes à la fois ; ceux qui ne les auront pas attendront qu'ils les aient, avant de rien faire partir ...
Je trouve, qu'en général, tous ces régiments ont beaucoup d'hommes, sous le titre d'administration, d'instructeurs d'ateliers, d'enfants de troupe, puisque je vois que chacun de ces régiments a près de 160 hommes. Ces régiments ont 380 hommes qui attendent leur retraite; il faut la leur donner. Je vois qu'il y a 680 hommes à réformer ; je suppose que ce sont des conscrits, il faut recommander qu'on soit sévère
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5985 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28158).

Le 22 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "... ESCADRE DE L'ESCAUT
... Vous ferez également former à Anvers la 2e compagnie du 5e bataillon des 12e, 17e, 21e, 25e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e et 108e. Les bataillons de guerre du corps d'observation de l'Elbe enverront, par chaque régiment, 30 hommes ayant quatre ans de service. Le surplus sera fourni par la conscription, avec la condition principale que ce soient des hommes des départements de l'ancienne France. Ces compagnies seront placées, savoir celle du 12e sur le Commerce-de-Lyon, celle du 17e sur la Ville-de-Berlin ; celle du 21e sur l'Albanais ; celle du 25e sur le Dalmate ; celle du 30e sur le Pultusk ; celle du 33e sur le Danzig ; celle du 48e sur le Trajan ; celle du 57e sur le Pacificateur ; celle du 6le sur L’Illustre ; celle du 85e sur le Chatam ; celle du 108e sur le Hollandais ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6042 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28292).

Le 23 août 1811, le 108e de Ligne passe sous le commandement de Jacques-Michel-Franchois Achard, le Colonel Rottenbourg ayant été promu Général.

Le 30 août 1811, l'Empereur écrit, depuis Compiègne, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je ne puis pas approuver la répartition des conscrits réfractaires proposée par le prince d'Eckmühl parce qu'elle est hypothétique ... je pense donc que les 57e, 85e et 108e régiments doivent toujours recevoir leurs 450 hommes des dépôts de Strasbourg et de Wesel ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6094 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28434).

Le 5 septembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'accuser à Votre Excellence la réception de sa lettre du 1er de ce mois, par laquelle elle m'informe que les bataillons de dépôt des 7e et 13e d'infanterie légère, 12e, 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 57e, 61e, 85e et 111e de ligne reçoivent l'ordre d'envoyer aux bataillons de guerre tout ce qu'ils ont de disponible en hommes habillés et en état de faire la guerre ; Votre Excellence me prévient, en outre, que les bataillons de dépôt des 15e léger et 25e de ligne doivent envoyer leurs hommes disponibles au 4e bataillon, qui doit être complété à 800.
J'ai l'honneur de faire observer à Votre Excellence que, dans cette désignation de corps de l'armée, elle ne fait pas mention du 108e régiment. Je pense que c'est un oubli
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 258, lettre 975).

Le 28 septembre 1811, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monseigneur, par votre lettre du 22 de ce mois, vous m'annoncez que des détachements destinés pour les 17e, 21e, 30e, 33e, 48e, 108e de ligne et 7e d'infanterie légère, doivent arriver à Minden les 18, 21, 23, 25 et 26 de ce mois.
J'ai rendu compte hier à Votre Excellence de l'arrivée de ces détachements ...
A mesure que les autres détachements arriveront à Osnabruck, j'aurai l'honneur d'en rendre compte à Votre Excellence.
D'Osnabruck, ils sont tout de suite dirigés sur leurs corps respectifs ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 266, lettre 988).

Au 1er octobre 1811, l'Etat-major du Régiment comprend : Colonel Achard; Major Touchaleaume; 1er Bataillon, Commandant Manaret, 2e Grassoreille, 3e Lalance, 4e Meunier, 6e Marquety, le tout à la 4e Division du Corps d'observation de l'Elbe. Le 5e Bataillon et Dépot à Anvers.

Le 18 octobre 1811, l'Empereur écrit, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, vous verrez par les pièces que je vous envoie qu'il manque un chef de bataillon au 13e d'infanterie légère, un au 17e de ligne, deux au 30e de ligne, deux au 15e léger, deux au 33e de ligne, un au 48e, un au 12e de ligne, un au 21e de ligne, deux au 85e, un au 108e, un au 25e de ligne, un au 57e, etc.
Il est bien urgent de nommer à toutes ces places
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6262 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28845).

Le même 18 octobre 1811, l'Empereur écrit encore, depuis Amsterdam, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, je vous envoie un travail sur le corps d'observation de l'Elbe. Il est bien important qu'il soit nommé sans délai à tous les emplois vacants". Cette lettre est suivie, en Annexe, sous le titre "Armée d’Allemagne", d'un "Relevé numérique des emplois vacants dans les régiments d’infanterie et de cavalerie à l’époque du 10 septembre 1811" qui indique, pour la 4e Division, qu'"Il manque au 108e de Ligne 1 Colonel, 1 Adjudant-major, 1 Porte-aigle, 3 Capitaines, 7 Lieutenants et 6 Sous-lieutenants" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 6263 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 28850).

1812

Bouton du 108e de ligne
Bouton 108e de LigneBouton 108e deligne
Bouton du 108e de Ligne, 1812; petit module
Bouton du 108e de ligne, petit module
Bouton 108e de LigneBouton 108e de Ligne
Bouton 108e de ligneBouton 108e de ligne
Boutons du 108e de Ligne
Bouton du 108e de Ligne, grand module

Le 2 janvier 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lacuée, Comte de Cessac, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Comte de Cessac, je vous envoie pour votre gouverne l’organisation de la Grande Armée. Le corps de l’Elbe formera deux corps. Il est nécessaire d’envoyer un ordonnateur à chaque corps et tout le personnel d’administration qui est indispensable. Présentez-moi un projet d’organisation. Comme je n’ai pas encore organisé en deux corps le corps d’observation de l’Elbe, envoyez-y tout double.
NOTE SUR L’ORGANISATION DE LA GRANDE ARMÉE.
La Grande Armée sera partagée en quatre corps : le corps d’observation de l’Elbe en fera deux; le corps d’observation de l’Océan en fera un ; le corps d’observation d’Italie en fera un autre.
La Grande Armée sera organisée en 15 divisions d’infanterie ...
4e division : 33e léger, 4 bataillons ; 85e de ligne, 5 bataillons ; 108e de ligne, 5 bataillons ; régiment de Hesse-Darmstadt (celui qui est à Danzig), 2 bataillons ; total, 16 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18410 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 29642).

En vertu d'un ordre de l'Empereur daté du 3 mars 1812, le Corps d'observation de l'Elbe, prend le 1er avril suivant le titre de 1er Corps de la Grande-Armée. Il compte plus de 60000 hommes et se trouve toujours sous les ordres du Maréchal Davoust.

Le 16 mars 1812, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "... Faites-moi connaître quand le 48e, le 108e, le 65e et le 72e, qui ont leur 5e bataillon dans la 24e division militaire, auront chacun 400 hommes habillés et dans le cas de faire service.
Faites-moi connaître quand le bataillon des pupilles qui est à Beauvais, sera armé et équipé, et dans le cas de se rendre à Anvers, mon intention étant que les cinquièmes bataillons ci-dessus, faisant 1.200 hommes, et le bataillon des pupilles, en faisant 600, fournissent les hommes nécessaires pour garder les fortifications et les magasins de la place d'Anvers ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 4995 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30237).

Le 108e quitte Custrin et est dirigé sur Thorn où il arrive le 12 avril. Il comprend, au moment de l'entrée de la terrible et fameuse campagne de Russie, cinq Bataillons de guerre présentant un effectif total de 93 Officiers et 3.548 hommes. Les cinq Bataillons forment avec ceux du 85e de Ligne et du 33e Léger, la 4e Division du 1er Corps. Le Général Dessaix commande cette Division.

Le 5 mai 1812, le Général Rivaud de La Raffinière écrit au Général Grillot, à Napoléon : "J’ai reçu la demande du sieur Pilon, sergent démissionnaire de la 108e demi-brigade, tendant à obtenir dans les cohortes un emploi d’officier.
Les procès-verbaux d’organisation étant adressés à S. E. le ministre de la guerre, je ne puis plus admettre aucun officier dans les cohortes. Les militaires qui ont des droits doivent envoyer directement leurs demandes au ministre, comme pour les emplois de la ligne
" (SHD 1 I 52-3– Correspondance du Rivaud de La Raffinière, 24 février-16 juillet 1812).

Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, les états des divisions militaires qui me sont remis aux 1er et 15 de chaque mois, en conformité des instructions données dans la dernière campagne, sont négligés dans leur rédaction. Recommandez aux généraux des divisions, 1° de faire connaître non seulement les numéros des bataillons, mais encore les numéros de chaque compagnie ; 2° de faire connaître en observation le nombre d'hommes que la loi accorde en ouvriers et aux dépôts, et pourquoi ce nombre est dépassé.
Dans la 24e division militaire, je vois au 1er mai que le 48e avait 650 hommes et le 108e 600 ; avaient-ils fourni les deux compagnies qu'ils doivent fournir aux bataillons de marche ?
Donnez une instruction pour que ces états soient faits exactement au 15 et qu'ils m'arrivent le plus promptement possible
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30606).

Le 23 mai 1812, à Dresde, l'Empereur écrit au Duc de Feltre : "Les compagnies du 48e, du 108e, du 29e léger, du 44e, du 55e, du 4e, du 18e et du 51e de ligne n'étaient pas encore arrivées à l'époque du 15 mai à la division de réserve que commande le général Lagrange à Cologne. Faites-les rejoindre sans délai" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 2015; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30681).

Au commencement de juin, les 420.000 hommes qui doivent envahir la Russie sont répartis en trois masses principales, sur la rive gauche du Niémen.

Le Maréchal Davoust traverse le Niémen le 24 juin, avec son Corps d'armée. Le lendemain le 108e marche sur Vilna. De Vilna, le 1er Corps se dirige sur Minsk où il arrive le 8 juillet ; il se porte ensuite sur Mohilow où a lieu le premier engagement sérieux de la campagne, le 23 juillet.

Les Russes attaquent vivement le 85e et le 108e, mais ce dernier Régiment, brillamment enlevé par le Colonel Achard, repousse l'ennemi, et fait prisonnier un Bataillon tout entier d'infanterie russe. Aussi, la belle conduite du Régiment, dans ce sanglant combat, lui vaut les éloges du Maréchal Davoust, peu prodigue d'ordinaire de ces sortes de compliments; il est vrai que le 108e a largement payé sa dette à l'honneur des armées, car le soir de ce combat de Mohilow, il laisse sur le champ de bataille, 27 Officiers et 964 hommes hors de combat.

Parmi les Officiers tués se trouvent le Capitaine Monniot, déjà bien cité dans cet historique, le Lieutenant Laffineur; les Sous-lieutenants Deglaire, Alix et Pierron; sont blessés le Colonel Achard, les Capitaines Guillemot, Touhie, Penet, Massempierre, les Lieutenants Gaussin, Lecomte (Jules), Degivais, Moreau, Rouault, Tobias et Coeuillet.

Dans son rapport daté de Dobrowna, le 7 août 1812, le Maréchal Davout écrit au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de Votre Altesse le rapport de l'affaire qui a eu lieu le 23 juillet, en avant de Mohilew, entre une partie des troupes du 1er corps et le corps russe du prince Bagration.
Votre Altesse sait qu'une légère avant-garde aux ordres du général Bordesoulle était entrée le 20 à Mohilew, et qu'après s'en être rendue maitresse, elle poursuivit, dans une fausse direction, le corps ennemi fort de 12,000 hommes, à qui elle avait fait 3 ou 400 prisonniers. Le reste de ce corps s'était retiré par la toute de Staroi-Bichow sur la tête des colonnes du prince Bagration.
Le 21 eut lieu, à la hauteur de Bouitniki, l'attaque des Cosaques sur le 3e régiment de chasseurs, dans laquelle ce régiment, accablé par le nombre, éprouva une grande perte.
J'employai le 21 à faire une reconnaissance avec le reste de ce même régiment et le 85e de ligne en avant de Bouistrys ; je la poussai jusqu'au-delà du Nowielski ; l'ennemi ne montra que de la cavalerie en assez grande quantité.
Tous les rapports annoncent l'arrivée de l'armée du prince Bagration à Novoi-Bichow et sa marche sur Mohilew, déterminé à donner une bataille pour y entrer. On parlait de quatre divisions d'infanterie, du corps de Platow et de plusieurs divisions de cavalerie.
Je n'avais alors à Mohilew que les 57e, 61e et 111e régiments d'infanterie de la division Compans, le 25e ayant été laissé, avec la brigade Pajol et le 1er de chasseurs, sur la Bérézina, pour couvrir Minsk, les 85e et 108e de la division Desaix, la division Valence et le 3e de chasseurs.
Il fallait choisir un terrain d'un petit développement, qui pût rendre nulles la nombreuse cavalerie et l'artillerie de l'ennemi.
La position de Solta-Nawka, dont j'envoie un croquis à Votre Altesse, me parut remplir ce but. Dans la nuit du 22, je fis barricader le pont qui est sur la grande route, créneler l'auberge qui est vis-à-vis. Le pont du moulin de droite fut coupé par mes compagnies de sapeurs, et les maisons des environs crénelées. Le 85e fut chargé de défendre ces postes et de tenir en cas d'attaque, pour donner le temps aux autres troupes, échelonnées entre cette position et Mohilew, d'arriver.
Ces dispositions prises, je me retirai à Mohilew, pour presser l'arrivée de la division Claparède, des troupes détachées du général Pajol.
Le 23, à sept heures et demie du matin, je reçus les rapports que les avant-postes étaient attaqués. A huit heures, je trouvai le 85e attaqué très-vivement. Le général Fredericks, qui le commandait, avait fait de bonnes dispositions, et pendant toute la journée a déployé du calme et beaucoup d'intrépidité.
L'artillerie légère de la division et celle du 85e avaient été disposées la veille. Leur feu fut très-meurtrier, et au bout d'une heure de combat, il y avait déjà au-delà de 500 morts russes. Douze à quinze pièces russes débouchèrent du bois et se mirent en bataille sur le plateau du moulin, dont le pont avait été détruit. Des régiments d'infanterie russe se formèrent ; un bataillon du 108e fut envoyé pour soutenir les compagnies du 85e, qui étaient sur ce point. Quelques pièces d'artillerie furent opposées à celles des Russes. Le combat devint très-vif de ce côté. Les forces de l'ennemi augmentaient à chaque instant. Le bataillon du 108e, qui avait poussé les Russes, fut obligé de céder au nombre. Le général Guyardet, avec deux bataillons du 61e, arrêta la poursuite de l'ennemi et fit repasser le ravin aux Russes, qui t'avaient passé en poursuivant le bataillon du 108e.
Pendant que ces choses se passaient sur la droite, je donnai ordre au général Fredericks, qui défendait le débouché de la grande route avec beaucoup de vigueur, de faire passer le défilé à un bataillon du 108e et à quelques compagnies du 85e, et de charger les pièces ennemies. Ce mouvement, qui fut exécuté avec une grande décision et dirigé par le colonel Achard, du 108e, eut une grande influence sur les mouvements de la gauche de l'ennemi, qui se vit forcé à rétrograder.
Le bataillon commandé par le colonel Achard avait fait prisonnier un bataillon ennemi, qui fut ensuite délivré. Le colonel fut blessé d'une balle au travers du bras, et ne put se soutenir sur les hauteurs qu'il avait occupées.
L'ennemi avait fait avancer une masse considérable formée en colonne serrée, pour entreprendre de nouveau de forcer 1e défilé du pont ; elle se trouvait dans la direction de la batterie du chef d'escadron Polinier, qui l'arrêta par un feu terrible et lui fit beaucoup de mal. Le nombre des morts de l'ennemi, qui était déjà considérable sur ce point, fut doublé.
L'action se soutenait encore avec chaleur de part et d'autre, et avec une grande infériorité de notre côté.
Les autres troupes étaient en réserve sur notre droite, où l'on devait supposer que l'ennemi porterait des forces, et surtout sa nombreuse cavalerie. Sur les six heures du soir, toutes mes reconnaissances de la droite n'ayant pas vu d'ennemis, les troupes qui avaient été mises en réserve, et en particulier le 111e régiment, furent dirigés sur la grande route. Le général Fredericks reçut l'ordre de renouveler son attaque. Un bataillon du 85e qui, dès la veille, avait été placé à l'extrême droite, et un du 61e, attaquaient la gauche de l'ennemi. Ces deux attaques eurent du succès ; l'ennemi retira son artillerie. Les troupes suivirent ce mouvement sur tous les points.
Le 111e et le 61e de la 5e division, conduits par le général Compans, furent chargés de poursuivre l'ennemi jusqu'à Nowosilski. La nuit arrêta la poursuite à cet endroit, où des forces considérables étaient formées pour protéger la retraite du 12e régiment d'infanterie russe, qui avait été très-maltraité.
Je dois les plus grands éloges à la conduite des troupes, et en particulier à celle du 85e. Aucun soldat n'a quitté son poste pour conduire les blessés, et les jeunes comme les anciens soldats ont montré une grande valeur. Les anciens soldats ont donné à leurs camarades l'honorable témoignage qu'il n'y avait plus de conscrits dans leur régiment.
La perte de l'ennemi a été grande. Il a laissé sur le terrain au-delà de 1,200 morts et plus de 4,000 blessés, dont 7 à 800 sont restés entre nos mains, ainsi que 150 à 200 prisonniers.
Les localités n'ont pas permis d'en faire un plus grand nombre. Notre perte, suivant les états des corps, monte à 900 hommes tués, blessés ou disparus.
Je réitère les éloges que je dois au général Fredericks, à tous les officiers d'état-major, qui ont bien payé de leur personne un d'eux a été tué.
Je profite de cette occasion pour prier Votre Altesse de demander à Sa Majesté des récompenses pour plusieurs d'entre eux ; j'en joins ici l'état à celui des officiers, sous-officiers et soldats des 4e et 5e divisions qui ont mérite d'être cités avec distinction.
Je prie Votre Altesse de mettre cet état sous les yeux de Sa Majesté et de solliciter pour eux ses faveurs
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 379, lettre 1075).

Le 7 août 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Dobrowna, à l’Empereur : "Sire, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté, conformément à sa demande, la situation détaillée des troupes du 1er corps qui sont avec moi et des divisions Claparède et Valence, au 1er août.
Cet état présente une assez grande différence en moins dans les présents au 85e et 108e de ligne, avec l'état de la revue d'appel passée le juillet, et que j'ai eu l'honneur d'envoyer à Votre Majesté.
Cette différence provient de quelques faibles détachements d'hommes restés en arrière, mais plus encore d'erreurs faites par le sous-inspecteur aux revues de la division dans ses états, erreurs que j'ai reconnues et fait rectifier.
L'état que j'adresse à Votre Majesté présente une colonne des hommes égarés, sur lesquels je n'ai aucun renseignement.
Je soumets le résultat par régiment à Votre Majesté ...
Le 33e a en arrière 917 hommes ...
Le 108e 192 ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 379, lettre 1075).

Après quelques jours de repos, les troupes qui ont combattu à Mohilow, remontent le Dniéper et rejoignirent le gros de la Grande-Armée. Le 16 a avait lieu la bataille de Smolensk, dans laquelle le 108e n'est pas engagé.

Le 5 septembre, la Grande Armée marchant sur trois colonnes arrive devant la formidable position de Borodino. Le 108e a suivi avec la colonne du centre, la nouvelle route de Moscou; la redoute de Schwartdino qui couvre en avant la position des Russes est enlevée dans cette journée du 5 septembre. Le lendemain, les armées adverses restent en présence, se préparant avec une égale confiance à la journée du lendemain.

Le 7 septembre, dès le jour, la bataille commence par le feu de toutes nos batteries de première ligne sur les positions russes. Pendant qu'au centre le 4e Corps (Prince Eugène) enlève, après un furieux combat, le village de Borodino, le 1er Corps (Davoust) attaque les trois flèches qui couvrent la gauche de l'ennemi. Après plusieurs alternatives de succès et de revers, les Régiments du Maréchal Davoust enlèvent ces ouvrages avec le concours du 3e Corps (Ney).

Les Divisions Dessaix et Compans du 1er Corps ont gagné du terrain, mais assaillies tout à coup par une très nombreuse cavalerie russe, sont, sur le premier moment, surprises et disloquées. Mais ramenées par leurs Généraux et leurs Colonels, elles reprennent promptement l'offensive, le 108e entre autres, conduit par le brave Colonel Achard, charge les cavaliers russes et leur reprend 15 canons qu'ils ont enlevés quelques instants auparavant à la réserve d'artillerie du 1er corps.

D'un autre côté, les Russes, définitivement chassés de la grande redoute qui couvre leur centre, renoncent à la victoire et se retirent sur une seconde position d'où ils continuent, avec notre artillerie, un duel redoutable qui dure jusqu'à la nuit.

Le lendemain l'ennemi a disparu, et la Grande Armée, diminuée de plus de 30000 hommes que nous a coûté cette sanglante victoire, se dirige droit sur Moscou.

Le 108e compte parmis les morts le Lieutenant Régnier et le Sous-lieutenant Lubin. Le Colonel Achard a été blessé peu après la reprise des pièces par son Régiment, il a eu également deux chevaux tués sous lui. Les autres Officiers blessés sont le commandant Dandman, les Capitaines Coutellier, Pidolle, Fortin, Guillemot; le Lieutenant Rouff; les Sous-lieutenants Rouault, Liégeois, Dubreuil, Massin, et le Porte-aigle Audeux.

Le 10 septembre 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis le camp, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse le rapport que me fait le général Dessaix sur les mouvements et opérations de la 4e division pendant la bataille du 7, ainsi que les demandes qu'il fait à l'Empereur pour les officiers de son état-major, pour les 85e et 108e régiments, pour le génie et l'artillerie de sa division.
Je prie Votre Altesse de mettre ces diverses pièces sous les yeux de Sa Majesté
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 392, lettre 1087).

Après avoir salué Moscou de ses acclamations, la Grande Armée fait son entrée le 14 septembre dans ses rues abandonnées et désertes, et dont la vaste et sinistre solitude semble être la fatale indication d'un effroyable désastre,

Le 18 septembre, Moscou n'est plus, grâce aux ordres de son Gouverneur Rostopschine, qu'un monceau de décombres fumants.

L'armée française s'établit au milieu des ruines de la ville, où pour son malheur elle va séjourner un mois.

Le 12 octobre 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Moscou, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse le résultat du classement des hommes disponibles des 85e et 108e régiments et de la composition des cadres de ces trois compagnies.
Ces cadres arrivés ici ont dû se présenter chez M. le général Montbrun, ainsi que j'en avais donné l'ordre. Les cadres de la 2e division ont dû s'y présenter également, mais je n'ai point reçu l'état de leur composition et le résultat du classement des hommes disponibles.
J'espère être à même d'adresser à Votre Altesse ce travail et celui de la 5e division dans la journée de demain
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 412, lettre 1121).

Le 13 octobre 1812, le Maréchal Davout écrit, depuis Moscou, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à Votre Altesse Sérénissime copie d'une lettre de M. le général Fredericks et d'un rapport relatifs à un détachement du 108e régiment qui a été assailli par des Cosaques et des paysans armés dans le village de Cigadaiëwo, où il était allé pour chercher des vivres" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 416, lettre 1128).

La retraite est alors ordonnée par l'Empereur, et nos troupes se mettent en marche par un froid déjà très rigoureux pour la saison, se dirigeant, d'abord au sud vers Kalouga, mais à la suite du violent combat de Malo-Iaroslawetz (24 octobre), elle reprend la vieille route de Mojaïsk par où elle est venue. Faute énorme, car on pouvait prévoir d'avance que le pays déjà ruiné par notre premier passage, ne pouvait plus offrir aucune ressource.

La Grande Armée, bien réduite déjà par le feu de l'ennemi, les maladies et surtout par les désertions, forme une longue colonne de 25 à 30 lieues de longueur, divisée en quatre échelons. Le 1er Corps, dans les rangs duquel se trouve toujours le 108e forme dans les premiers jours l'échelon d'arrière-garde.

Le 3 novembre, le Général russe Kutusoff attaque, à Viasma, notre 3e échelon, espérant le séparer du 4e (1er Corps); ce dernier, attaqué en queue par les troupes de Miloradowich, se défend avec une grande énergie, et l'effort des Russes vient se briser devant la ferme contenance de nos soldats bien affaiblis et bien décimés cependant. Le 108e, vivement engagé, fait cette journée vaillamment son devoir. Le Lieutenant Gaudrot est tué, et parmi les blessés, on compte le Chef de BataiHon Lalance, les Capitaines Bonne, Lefranc, Pennet, Perrot, Collet et Massempierre; les Sous-lieutenants Pérard et Boucher.

Le 1er corps a été tellement éprouvé qu'il doit être remplacé à l'arrière-garde par le Corps Ney; il forme alors le 3e échelon.

Vers le 12 décembre, les débris de la Grande Armée arrivent au Niémen. Dù 1er Corps, il ne reste, à son arrivée à Torn, que 1,200 Officiers, 1,800 Sous-officiers et 15,000 soldats. Détail admirable qui peint bien le superbe courage des survivants, tous les drapeaux des Régiments étaient présents, aucun n'était tombé aux mains de l'ennemi !

- Demi-brigades de marche, Division de Réserve et 9e Corps de Victor

 

Grenadier 108e de Ligne Margerand Vanson Grenadier 108e de Ligne, 1812-1813
Grenadier du 108e de Ligne, d'après Margerand (source : un croquis du Général Vanson)
Grenadier du 108e de Ligne, 1812-1813; document de la Collection E. Wagner

Le 2 avril 1812, Napoléon décide, pour renforcer sa Grande Armée, de former 4 Demi-brigades de marche à partir de détachements des 5ème bataillons (Dépôts) de Régiments déjà mobilisés. Chaque Demi-brigade à 3 Bataillons de 6 Compagnies chacun. Les Demi-brigades doivent se former le long du Rhin, avant d’être envoyées vers l’Est. Il écrit à Clarke ses instructions et la composition de ces nouvelles unités. "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai fait connaitre la formation des 16 demi-brigades provisoires ; mais comme cette organisation n’emploiera pas plus de 40000 conscrits de l’année, il faut que vous me fassiez dresser un état exact du superplus [sic] avec un projet de formation de bataillons de marche supplémentaires à réunir dans le courant de mai pour recruter la Grande Armée. Vous composerez chaque bataillon de marche de 6 compagnies, c'est-à-dire de 900 hommes à peu près. On les dirigerait sur Mayence et Wesel ; de là sur Berlin où ils recevraient les ordres du major général pour leur incorporation définitive.
J’ai actuellement à vous faire connaitre mes intentions relativement à la formation de 4 demi-brigades de marche composées de compagnies tirées des 5es bataillons des régiments qui sont à la Grande Armée. Ces 4 demi-brigades fortes ensemble de 10000 hommes formeront une seconde division de réserve pour la défense de tout le pays entre l’Elbe et le Rhin, et pour le recrutement de la Grande Armée. Je ne leur donnerai pas le nom de demi-brigades provisoires mais bien celui de demi-brigades de marche. Elles seront composées de la manière suivante :
2e demi-brigade de marche.
1er bataillon : 2 compagnies du 48e de ligne à Anvers, 2 compagnies du 108e de ligne à Anvers ; 2 compagnies du 85e de ligne à Coblentz
2e bataillon : 2 compagnies du 30e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 33e de ligne à Mayence, 2 compagnies du 21e de ligne à Juliers
3e bataillon : 2 compagnies du 57e de Ligne à Strasbourg, 2 compagnies du 61e de ligne à Worms, 2 compagnies du 111e de ligne à Spire
Cette demi- brigade se réunira à Cologne ...
Les 2 premières demi-brigades de marche comprendront ainsi : les 16e régiments du 1er corps ...
Vous nommerez un major en second pour commander chaque demi-brigade. Ces majors se mettront en marche avant le 8 avril pour parcourir les différents dépôts. Tous les dépôts qui sont sur le Rhin, comme le 7e léger, etc. embarqueront leurs détachements sur ce fleuve. Vous nommerez un général de brigade ou même un colonel pour être chargé, comme inspecteur, de la formation de ces quatre demi-brigades, qui se composeront ainsi de douze bataillons ou de 9.000 à 10.000 hommes. Le général commandant la 25e division répartira ces 10.000 hommes dans des cantonnements entre Cologne, Juliers, Aix-Ia-Chapelle et Clèves ...
Formation des demi-brigades de marche de la Grande Armée
Demi-brigades du 1er corps ...
2e demi-brigade 1ère division de réserve de la Grande Armée 2400
1er bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 48e de ligne (dépôt à Anvers) : 272 conscrits du Pas-de-Calais, 234 de la Somme ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 108e de ligne (dépôt à Anvers) : 557 conscrits de Mayence ; total 557 ; 257 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 85e de ligne (dépôt à Coblentz) : 524 conscrits du Bas-Rhin ; total 524 ; 224 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 30e de ligne (dépôt à Mayence) : 554 conscrits de la Moselle ; total 554 ; 254 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 33e de ligne (dépôt à Mayence) : 488 conscrits du Loir-et-Cher ; total 488 ; 188 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 21e de ligne (dépôt à Juliers) : 497 conscrits du Puy-de-Dôme ; total 497 ; 197 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
3e bataillon :
2 compagnies du 5e bataillon du 57e de ligne (dépôt à Strasbourg) : 506 conscrits du Haut-Rhin ; total 506 ; 206 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 61e de ligne (dépôt à Worms) : 273 conscrits du Haut-Rhin, 243 du Bas-Rhin ; total 513 ; 216 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation.
2 compagnies du 5e bataillon du 111e de ligne (dépôt à Spire) : 212 conscrits de la Doire, 462 de Marengo ; total 674 ; 374 conscrits de 1812 non employés dans cette organisation ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7055 (extrait d’un ordre de l’Empereur daté de Saint-Cloud le 2 avril 1812) ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30371 - intégrale).

1813

- Thorn

En 1813, des débris du 108e, reconstitué tant bien que mal à Thorn, défendent cette ville.

Le 31 janvier 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Posen, au Vice-Roi d’Italie : "… La 4e division, composée des 85e et 108e régiments, a conservé à Thorn, par un malentendu, une partie des cadres. On ne pourrait pas organiser ces régiments, si l'on ne faisait sortir de Thorn, par la première occasion, ce qui y a été conservé en plus. J'écris une lettre particulière à cet égard à Votre Altesse Impériale …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 475, lettre 1177).

Le 31 janvier 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Posen, au Vice-Roi d’Italie : "Monseigneur, ainsi que j'ai eu l'honneur d'en prévenir Votre Altesse Impériale par ma lettre de ce jour, je lui adresse l'état des officiers, sous-officiers et soldats des 85e et 108e régiments restés à Thorn et excédant le cadre des deux compagnies qui s'y trouvent, formées du restant de chacun de ces deux régiments, pour que les officiers en excédant soient retirés de Thorn à la première occasion et soient dirigés sur les cadres des premiers bataillons qui restent à l'armée" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 3, p. 477, lettre 1178).

- La fraction principale du 108e

La plus importante fraction du Régiment se distingue à la défense de Hambourg (1813 à 1814).

Le 17 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, il ne faut rien prendre de la conscription 1813 dans les 40 régiments dont l'état suit, savoir : ... 108e ... Total, 40 régiments.
Il faut au contraire leur donner, sur l'appel des 100 000 hommes, de quoi porter leur dépôt à 2500 hommes afin de compléter les 5e et 6e bataillons et ce qu'ils ont en France. Il suffira, pour les 5 derniers, de les porter à 2000.
Il faut donc, après que le corps d'observation de l'Elbe, le corps d'observation d'Italie et les 2 corps d'observation du Rhin seront partis, pouvoir former un corps de réserve avec ce qui existe dans les 40 dépôts ci-dessus désignés, avec ce qu'ils reçoivent de la conscription de 1813 et ce qu'ils vont recevoir sur la levée des 100 000 hommes.
Ce corps de réserve serait composé de 120 bataillons fournis par les 40 régiments ci-dessus. Il faut y ajouter un bataillon de marche des 8e et 18e légers ; un autre du 3e et du 105e ; d'autres bataillons de marche, formés de 2 compagnies tirées des 34 dépôts de la Grande Armée ; plus 5 bataillons de marche de la 32e division militaire. Cela ferait donc environ 150 bataillons ou une réserve de 120 000 hommes qui partirait avec les cadres des 5e et 6e bataillons et avec les cadres qui reviennent de la Grande Armée.
P.S. Je vous prie d'observer que cette lettre dérange quelque chose à l'approuvé que j'ai donné, dans mes lettres précédentes, aux dispositions faites par les bureaux pour compléter les régiments provisoires et différents corps.
Aussitôt que le chef de division aura terminé, il m'apportera ce travail
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32318).

Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, Au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je reçois votre lettre du 26 (bureau du mouvement des troupes) ...
Le 48e qui arrive le 10, et le 108e qui arrive le 11, se reposeront 2 jours. Immédiatement après ils se rendront à Leipzig pour rejoindre le général de division ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32514).

Le 27 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, à Eugène Napoléon, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée, à Posen :"Mon Fils, le ministre de la guerre vous a écrit pour vous faire connaître que les détachements de conscrits de chacun des vingt-huit régiments de la Grande Armée qui doivent se rendre à Erfurt, où ils trouveront les cadres des 2e bataillons, ce qui complétera ces vingt-huit bataillons, partent de France ...
Le 12e de ligne, le 48e, le 108e et le 33e de ligne arriveront avant le 12 ; donnez ordre à un général de brigade du 1er corps de prendre cette brigade et de la conduire également à Dessau ...
" (Mémoires du Prince Eugène, t.8, page 274 ; Correspondance de Napoléon, t. 24, 19523 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32518).

Le 27 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d'Italie, commandant en chef de la Grande Armée : "Mon fils ... Le 26e léger arrivera à Erfurt le 1er mars, le 24e léger le 2, le 4e de ligne le 6, le 12e de ligne le 8, le 48e le 10, le 7e léger le 9, le 37e le 11, le 72e le 8, le 108e le 11, le 2e le 10, le 30e le 12 ...
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons hormis cinq, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Wittenberg ou Spandau, c'est-à- dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs. Prescrivez des mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances.
Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Dessau ou à Wittenberg.
Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32901).

Le même 27 février 1813, l'Empereur écrit également au Général Lauriston, commandant le Corps d'Observation de l'Elbe : "Vingt-huit deuxièmes bataillons du 1er et 2e corps de la Grande Armée se réunissent à Erfurt et Cassel, savoir :
... à Erfurt le 30e, 33e le 19 février ; 57e le 28, 61e le 23, 85e le 24, 18e le 28, 111e le 22 ; 26e de ligne le 1er mars, 24e le 2, 4e de ligne le 6, 12e le 8, 48e le 10, 7e de ligne le 9, le 37e le 11, le 72e le 8, le 108e le 11, le 2e le 10, le 33e le 12, le 13e le 17, le 19e le 16, le 46e le 15, le 15e le 15, le 93e le 13 ...
Les 6 bataillons d'Erfurt doivent se rendre à Dessau ou Wittenberg. Mettez-vous en correspondance avec le général commandant à Erfurt et avec le prince d'Eckmühl qui a été chargé par le vice-roi de réunir ces bataillons afin que, d'après les ordres du vice-roi, ils soient dirigés sur Berlin, Spandau et Stettin ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32905).

 

Grenadier 108e de ligne, tenue de campagne
Grenadier du 108e de Ligne, tenue de campagne, 1812-1813; reconstitution

Le 5 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Eugène, Vice-Roi d’Italie, commandant en chef la Grande Armée : Mon fils, les deuxièmes bataillons du 17e de ligne, du 21e et du 25e doivent être arrivés à Cassel le 25 février ; celui du 56e a dû arriver le 20 ; ils peuvent, s'ils ne l'ont déjà fait., se mettre en marche sans délai pour se rendre à Wittenberg.
Les 30e et 33e doivent être à Erfurt, le 19 février ; le 57e, le 28 ; le 61e, le 25 ; le 85e, le 24 ; le 18e, le 28 ; le 111e, le 22. Ces 7 bataillons d'Erfurt avec les 4 premiers de Cassel font 11 bataillons qui peuvent être presque déjà réunis sur l'Elbe. Le 11e léger a dû arriver le 17 février à Cassel ; il doit être maintenant à Spandau.
Le 26e léger doit arriver à Erfurt, le 1er mars ; le 24e léger le 2 ; le 4e de ligne, le 6 ; le 12e de ligne, le 8 ; le 48e de ligne, le 10 ; le 7e léger, le 9 ; le 37e de ligne, le 11 ; le 72e de ligne, le 8 ; le 108e de ligne, le 9 ; le 2e de ligne, le 10 ; le 33e·de ligne, le 12. Quant au 13e léger, il ne pourra arriver à Erfurt que le 17 mars ; le 19e, le 16 ; le 46e, le 15 ; le 15e, le·15 ; le 93e, le 13.
Ainsi, lorsque vous recevrez cette lettre, les 28 bataillons, hormis 5, auront dépassé Erfurt et seront dirigés sur Willenberg ou Spandau, c'est-à-dire suivant l'emplacement de leurs corps respectifs.
Prescrivez les mesures pour qu'ils partent réunis suivant les circonstances. Le prince d'Eckmühl pourrait les réunir à Wittenberg ou à Dessau. Ces jeunes conscrits doivent être spécialement placés dans les forteresses
" (Mémoires du Prince Eugène, t. 8, page 394 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33016).

Le 6 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous renvoie la dépêche du duc de Padoue. Faites-lui connaître que les 16 bataillons du 1er corps se réunissent à Wittenberg, pour garder cette ville sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, et que les 12 bataillons du 2e corps se réunissent à Dessau pour y garder le pont, également sous les ordres d'un général de division et de 2 généraux de brigade, qu'il vous fasse connaître ce qui a été exécuté de ces différentes dispositions.
Les 16 seconds bataillons du 1er corps formeront 8 régiments provisoires de la manière suivante :
... 34e régiment provisoire : 85e de ligne, 2e bataillon, 108e de ligne, idem ...
Vous donnerez ordre aux 8 majors de ces seize régiments de se rendre en poste à Erfurt et de là à Wittenberg.
Donnez ordre aux seize colonels de se rendre à leurs dépôts. Vous disposerez des majors en second pour les faire majors comme je l'ai ordonné précédemment ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33041).

Le 29 mars 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître si les 4es bataillons du 48e, du 108e et du 72e qui sont à Anvers et à Bruxelles sont partis de ces différents points pour Wesel. S'ils ne sont pas partis, ordonnez que tous les trois soient réunis au camp d'Utrecht et de là se dirigent sur Groningue, d'où ils seront à portée de rejoindre la 32e division, lorsque la tranquillité sera rétablie dans la 31e.
S'ils sont partis, au contraire, il ne faut rien déranger à leur mouvement sur Wesel ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33512).

Le 14 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Peltre, vous avez donné ordre aux 28 régiments de la Grande Armée de diriger chacun 3 ou 4 compagnies de leurs dépôts sur Utrecht ou sur Wesel, savoir : les 13e léger, 17e, 19e, 25e, 46e, 48e, 72e et 108e sur Utrecht, où toutes ces compagnies seront arrivées au 1er mai ; et toutes les autres sur Wesel, où elles seront arrivées du 17 avril au 7 mai.
Cet ordre a été donné sur des états de situation ; mais avant de l'exécuter, les régiments ont dû envoyer les 3e et 4e compagnies du 4e bataillon ; en sorte que la plupart n'auront pas pu faire partir les autres, ou que du moins leur départ aura été retardé.
Faites-moi connaître le nombre et la force des compagnies des 28 4e bataillons qui sont parties ; ainsi que les compagnies de ces mêmes régiments qui sont parties pour Wesel et Utrecht, et quand elles y arriveront ? Ce rapport me devient d'autant plus important qu'en consultant vos ordres de mouvement, je serais induit en erreur ; puisque je croirais avoir ces troupes à Utrecht et à Wesel à la fin d'avril ou au commencement de mai, tandis que probablement il n'y aura rien
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33855).

Le 7 mai 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Bremen, au Général Vandamme : "… J'ai passé ce matin la revue de tout ce qu'il y a de troupes à Bremen ; il ne s'y trouve que quelques compagnies appartenant aux divisions Dumonceau et Dufour, qui sont arrivées hier. Plusieurs soldats n'avaient pas tiré à la cible, on va les faire tirer, et sous quarante-huit heures on les mettra en marche avec des effets de campement. On en donnera aussi ce soir aux deux compagnies du 21e, qui se mettront en marche demain. Ces deux compagnies sont ici depuis quelque temps, j'ai été assez satisfait de leur instruction ...
D'après la revue que j'ai passée, les troupes ci-après désignées sont parties le 2 mai de Bremen, pour rejoindre leur corps à Haarbourg : 2 compagnies du 33e de ligne, formant 243 hommes ; 2 compagnies du 48e de ligne, formant 264 hommes ; 1 bataillon du 12e ; 1 bataillon du 108e ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 76, lettre 1298).

Le 30 mai 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Haarbourg, au Général Vandamme : "… cinq bataillons du général Dumonceau, y compris le 108e arrivé hier soir, seront arrivés à Haarbourg avant cette heure …" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 132, lettre 1345).

Le 7 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Bunzlau, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Donnez ordre que de Wittenberg la 1re division se dirige sur Magdebourg où elle sera jointe par les quatre bataillons qui lui appartiennent : par ce moyen, le 1er corps, sous les ordres du prince d'Eckmühl, aura trois divisions, c'est-à-dire 16 régiments, ayant chacun ses 1er, 2e et 4e bataillons.
Vous lui ferez connaître qu'il ne doit pas perdre un moment pour supprimer les bataillons provisoires et réunir ensemble les 1er, 2e et 4e bataillons. Il fera revenir les colonels, les aigles et la musique des régiments. Alors le 1er corps sera composé ainsi qu'il suit ...
3e division du 1er corps formant la 3e division de l'armée
3 bataillons du 15e d'infanterie légère, 3 61e de ligne, 3 48e de ligne, 3 108e de ligne, 3 111e de ligne. 15 bataillons ...
Faites connaître au prince d'Eckmühl que lorsque je connaîtrai la situation de son corps, je me déciderai ou à lui former une 4e division avec ces bataillons ou à les incorporer dans ses 3 premières divisions afin que leurs bataillons soient bien complets ; faites-lui connaître que chaque division doit être de 3 brigades et avoir deux batteries à pied par division, deux batteries à cheval pour le corps et 2 batteries de 12 pour la réserve du corps ...
Vous ferez connaître au prince d'Eckmühl que les trois divisions qui composent le 1er corps, formant 48 bataillons avec 76 pièces de canon, doivent être prêts au 1er juillet à entrer en campagne, laissant la division de Hambourg pour la garde de Hambourg ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34510).

Le 7 juin 1813 encore, l'Empereur écrit, depuis Bunzlau, au Duc de Feltre : "Ce ne sont pas les bataillons du 48e et du 108e qu'il faut envoyer à Groningue ; ce sont les deux bataillons suisses" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 917 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34515).

Le 11 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-Général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Le colonel du 85e retournera sur-le-champ en Italie ainsi que le chef de bataillon Grassoreille du 108e ... Quant aux 108e et 85e, les officiers et sous-officiers retourneront en Italie, et les soldats seront incorporés dans un régiment du 3e corps ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34582).

Le 16 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Mon Cousin, je reçois votre lettre du 15 ; je n'ai jamais ordonné que les soldats du 85e et du 108e fussent incorporés dans le 3e corps, cela serait absurde ; si cela vous a été écrit, c'est par erreur ; c'est dans le 1er corps qu'ils doivent l'être. Donnez ordre que ces hommes se rendent sur-le-champ à Wittenberg, en les faisant même embarquer sur l'Elbe pour qu'ils arrivent plus promptement, et que là ils soient incorporés dans les 2es bataillons de ces régiments. Les officiers et sous-officiers rentreront en France à leurs 5es bataillons.
Autrefois vous m'annonciez la réception de mes ordres, et alors je m'apercevais s'il y avait eu quelque erreur de copie
" (Correspondance de Napoléon, t. 25, 20127 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34694).

Le 17 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Davout, Prince d'Eckmühl, commandant le 1er Corps de la Grande Armée, à Hambourg : "Mon Cousin ... Je viens de renvoyer à leurs régiments à Wittenberg les détachements du 85e et du 108e qui étaient à Thorn. Il y a là de très-bons soldats" (Correspondance de Napoléon, t. 25, 20141 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34771).

Le 18 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, donnez ordre que la compagnie du 59e faisant partie du 2e bataillon de garnison à Magdebourg, se rende au 3e corps pour être incorporée dans son bataillon. Ses officiers et sous-officiers retourneront au dépôt. Donnez ordre que la compagnie du 24e de ligne faisant partie du même bataillon soit incorporée dans le bataillon du 12e de ligne qui est à Magdebourg ou à Wittenberg. Celle du 81e le sera dans le 17e, celle du 9e dans le 30e, celle du 35e dans le 33e, celle du 15e dans le 57e et celle du 106e dans le 61e. Cette incorporation aura lieu à Magdebourg ou à Wittenberg ou chacun de ces régiments a un bataillon. Les cadres, officiers, sous-officiers et tambours retourneront en Italie. Donnez avis de cette mesure au ministre de la Guerre"(Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34803).

Le même 18 juin 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Dresde, au Prince de Neuchâtel et de Wagram, Major général de la Grande Armée, à Dresde : "Mon Cousin ... Les 2es bataillons des 15e léger, 48e, 61e, 108e et 111e de ligne, partiront vingt-quatre heures après la réception du présent ordre, soit de Wittenberg, soit de Magdeburg ; ils formeront une seule brigade et se rendront à Hambourg. Il y aura donc à Hambourg :
1° La 50e division ou division de Hambourg, qui est aujourd'hui de 5,000 hommes ;
2° La 3e division, savoir : 15e d'infanterie légère, quatre bataillons ; 48e, 61e, 108e, 111e d'infanterie de ligne, seize bataillons ; total, vingt bataillons ;
3° La division bis ...
Le prince d'Eckmühl formera la 3e division, qui se trouvera ainsi à trois brigades. En conséquence, il aura sous ses ordres, à Hambourg, la division de Hambourg, qui, après l'incorporation des bataillons de marche, doit être, comme je l'ai dit plus haut, de 5,000 hommes ; la 3e division, c'est-à-dire vingt bataillons ou 12,000 hommes ; la 3e division bis, dix bataillons ou 6,000 hommes ; total, 23,000 hommes ...
Donnez des ordres pour que le prince d'Eckmühl réunisse à Hambourg et Harburg toute la division de Hambourg ; qu'il réunisse sa 3e division de vingt bataillons en avant de Hambourg ; qu'il réunisse la 3e division bis à Luneburg, en laissant deux bataillons sur la côte ; qu'il borde toute la rive gauche de l'Elbe. Mon intention est qu'avec ce corps d'armée et les Danois il puisse prendre l'offensive dans le Mecklenburg, aussitôt que l'armistice viendrait à être rompu ...
Comme la 3e division est actuellement de vingt bataillons, il est maître d'y mettre le général Loison et de mettre le général Thiebault à la 3e bis. Je le laisse maître également de scinder la 3e division, de manière à avoir trois divisions de dix bataillons chacune, mais ce ne serait que pour le service et non pour l'organisation : ou bien il peut mettre quatre bataillons de la 3e division avec la 3e bis, de manière que la 3e division se trouve être de seize bataillons et la 3e bis de quatorze ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 25, 20145 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34816).

Le 19 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant de la cavalerie du 3e Corps : "Mon cousin ... Écrivez au général Molitor qu'il doit envoyer à Groningue les bataillons suisses, et que les bataillons du 48e et du 108e doivent rejoindre à Brême leur division ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34864).

Le 19 juin 1813 encore, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Kellermann, commandant de la cavalerie du 3e Corps : "Mon cousin, l'état-major vous fera connaître mes nouvelles dispositions relativement au 1er corps d'armée, mais comme il importe que vous les connaissiez sans perdre de temps, je vous en écris directement. J'ai divisé le 1er corps en deux parties ; la première comprend la 1re division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 7e léger, 12e, 17e, 21e et 30e de ligne : et la 2e division composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 13e léger ; 25e, 33e, 57e et 85e de ligne. Ces deux divisions se réunissent à Magdebourg sous les ordres du général Vandamme. La 3e division, composée des 1er, 2e et 4e bataillons des 15e léger ; 48e, 61e, 108e et 111e se réunit à Hambourg sous les ordres du prince d'Eckmühl, ainsi que la 3e Division bis, composée des 15 troisièmes bataillons des 15 régiments ci-dessus ...
Dirigez en conséquence, la marche des troupes qui doivent rejoindre ces divisions. Les 10 troisièmes bataillons des régiments de la 1re et 2e division faisant partie de la 3e division bis ne tarderont pas à arriver. Dirigez toujours sur Brême tout ce qui appartient à ces bataillons ...
J'ai ordonné que les aigles, la musique, les colonels et les majors des régiments des 1re, 2e et 3e divisions se rendent à leurs corps. Dirigez-les tous sur Magdebourg ou sur Hambourg, selon les dispositions ci-dessus. Ayez soin pour éviter des marches inutiles qu'on les prévienne à leur passage à Mayence ou à Wesel. Il est probable que les colonels et majors voyageront en poste ...
Ouvrez aux dépôts des 28 régiments des 1er et 2e corps pour savoir si leurs colonels, leurs musiques et leurs aigles sont partis ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 34865).

Le 21 juin 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "... Les détachements venant de Thorn, que Votre Majesté a renvoyés aux 85e et 108e, seront d'un grand secours pour ces corps. Lorsque le 1er corps pourra communiquer avec Stettin, il recevra un renfort bien précieux de bons officiers et sous-officiers de tous ces régiments ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 180, lettre 1390).

Le 23 juin 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, je viens de recevoir l'ordre de faire partir le général Vandamme avec 20 bataillons, le 25, pour Magdebourg, avec 46 bouches à feu, dont 8 de réserve.
Il sera impossible que ces troupes puissent partir le 25, puisque la majeure partie, qui se trouve à Lubeck ne pourra être ici que le 26.
L'exécution littérale de ces ordres laisse à Hambourg, pour la 50e division un bataillon du 3e régiment, deux bataillons de marche qui seront incorporés dans les quatre régiments qui doivent former cette division ; les deux bataillons du 25e, un bataillon du 105e et un autre bataillon de marche sont sur la côte. J'envoie l'ordre aux deux bataillons du 29e régiment de venir ; ils ne seront rendus que dans cinq jours. Je n'ai pas de nouvelles des bataillons du 3e et du 105e partis de Wittenberg pour Bremen.
Pour ce qui concerne la division Thiebault, il n'y a encore de rendu à Hambourg que 11 bataillons des 15 qui la composaient. Il en manque ainsi encore 4, savoir ceux des 48e, 108e, 12e de ligne et 15e léger. Les deux premiers de ces 4 bataillons n'arriveront que dans sept à huit jours ; je n'ai pas de nouvelles des 2 autres ...
Je ne ferai partir ensemble les bataillons qui appartiennent à la 1re division que le surlendemain, c'est-à-dire le 30 ou le 1er, afin que Hambourg ne soit pas totalement dégarni de troupes et pour avoir le temps de recevoir les bataillons du 25e, du 3e, du 105e, et les 6 bataillons que vous m'annoncez être partis de Wittenberg.
Cette mesure est nécessaire pour pouvoir garder Lubeck, Bergedorf et enfin les côtes. J'ai cru devoir prendre sur moi ce délai, parce qu'il faut, dans notre état, prévoir ce qui pourrait paraître invraisemblable, mais ce qui est possible, et qu'en outre la rentrée de la contribution, qui est déjà si difficile, eût totalement été arrêtée ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 185, lettre 1395).

Le 25 juin 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je vous ai déjà écrit, et je vous l'écris de nouveau à cause de son importance, qu'il est indispensable que les colonels, les majors, la musique et les aigles des régiments qui forment la 3e division du 1er corps, se rendent sans délai à Hambourg. Cette division se compose comme vous savez des 15e léger, 48e, 61e, 108e et 111e de ligne.
Les 3es bataillons de ces régiments qui font partie de la 3e division bis, vont rejoindre cette division, ce qui la portera à 20 bataillons, et à 4 bataillons par régiment. Ces 5 régiments formeront 3 brigades. Il faudra donc qu' il y ait 5 colonels et 5 majors présents ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 35006).

Le 27 juin 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Général Vandamme : "Je vous adresse un ordre du major général. Je vous préviens que j'ai donné tous ceux nécessaires pour que les intentions de l'Empereur soient remplies.
Le 1er juillet, les 10 bataillons de la 2e division arrivent à Lunebourg avec leurs deux batteries d'artillerie.
Le 1er juillet, 9 bataillons seulement, au lieu de 10, de la 1re division arrivent également à Lunebourg, avec deux batteries d'artillerie à pied.
Le 10e bataillon, qui est le 4e du 12e régiment, n'est parti de Mézières qu'au commencement de juin. J'ai écrit pour qu'il fût dirigé directement d'Osnabruck sur Magdebourg.
Il manquera également à Lunebourg un bataillon du 7e régiment d'infanterie légère. Ce bataillon fournissait des postes sur la rive gauche de l'Elbe, depuis Schackenbourg jusqu'à Hope. Un bataillon du 61e est en marche pour relever ces postes aussitôt qu'ils le seront, le bataillon du 7e léger se mettra en marche en se dirigeant sur Weltzen, où il sera le 2 juillet et attendra le passage de la colonne de la 1re division.
Je vous adresse la situation des troupes des 1re et 2e divisions. J'ai confié le commandement de la colonne de la 1re division au général Montesquiou-Fezensac, qui prendra vos ordres à Lunebourg, ainsi que le général Dumonceau ...
Les 2es bataillons des 15e et 33e légers, 48e, 108e et 111e de ligne, venant de Magdebourg, doivent arriver le 30 à Lunebourg pour de là continuer leur route sur Hambourg par Haarbourg. Je vous en préviens pour éviter tout malentendu, parce qu'ils ne font pas partie des troupes mises sous vos ordres, Vous verrez, Monsieur le général, par l'ordre du major général que la colonne que conduit le général Fezensac devra être dirigée de Magdebourg sur Wittenberg, avec les deux batteries d'artillerie et les administrations ...
Le bataillon du 61e, parti de Magdebourg, et qui devait passer à Lunebourg, ainsi que les cinq autres, pour venir ici, est celui qui va relever les postes du bataillon du 7e d'infanterie légère. Les ordres lui ont été donnés
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 197, lettre 1409).

Le 10 juillet 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, au Prince de Neuchâtel, Major général de la Grande Armée : "Monseigneur, j'ai l'honneur de représenter à Votre Altesse que je suis informé par le colonel du 108e régiment de ligne que plusieurs sous-officiers et soldats du détachement du 108e régiment qui faisait partie de la garnison de Thorn, ont été par ordre de Votre Altesse incorporés au 2e bataillon et dirigés sur leur dépôt qui est à Anvers, au lieu de l'être sur Hambourg où se trouve ce 2e bataillon.
Le manque absolu de sous-officiers dans les 4 bataillons de ce régiment, dont 3 sont déjà ici et 1 en route pour venir, m'engage à prier Votre Altesse, de vouloir bien donner des ordres pour que ces sous-officiers rejoignent leur bataillon ici
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 218, lettre 1432).

Le 11 août 1813, le Maréchal Davout écrit, depuis Hambourg, à l’Empereur : "Je reçois la lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire le 8 Par mes précédentes et les comptes que j'ai rendus au major général, elle aura vu que je m'occupais d'exécuter ses intentions, et que tout est en mouvement pour attirer l'attention de l'ennemi sur les troupes dont Votre Majesté m'a confié le commandement.
La 3e division forte de 8,000 hommes environ, composée des 15e léger, 48e et 108e de ligne à 4 bataillons chacun, et un bataillon du 44e de ligne, l'autre bataillon de ce régiment n'étant point annoncé, total 13 bataillons, sera demain 12 en entier à Bergedorf et environs, avec une batterie d'artillerie à pied, une batterie d'artillerie à cheval et une batterie de réserve, total 22 pièces ...
La lettre de Votre Majesté me fait bien connaître ses intentions ; je ferai de mon mieux pour justifier sa confiance. Tous les ordres pour arrêter les convois avaient déjà été donnés ; je les réitère. Mon quartier général est depuis longtemps à une lieue de Hambourg ; je serai le 13 avec la 3e division.
J'adresse par ce courrier au major général le rapport d'un intendant du prince de la Moskowa, qui était resté en arrière, malade, pendant la retraite de Moscou, et qui vient d'arriver par le Mecklembourg. Il était parti de Stralsund le 8 août, et a passé par Wismar, Rostock et Boitzenbourg. Il n'a pu donner aucun renseignement sur le mouvement des troupes. Il a vu le général Moreau chez le prince de Suède
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 261, lettre 1467).

Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le maréchal ne s'occupa plus que du corps d'armée qui, tous les jours, pouvait devenir plus précieux si Napoléon reprenait ses avantages après Leipzig, ainsi qu'il l'avait fait après la campagne de Moscou, et il entra le 3 décembre dans ses lignes de Hambourg.
Voici quelle était à cette époque la situation du 13e corps :
Le maréchal prince d'Eckmühl, général eu chef ; aide de camp, colonel de Castres ; chefs d'escadrons, Hervo, Fayet, Beaumont, Laloy, d'Houdetot.
Le général César de La Ville, chef d'état-major. Le général comte Hogendorp, gouverneur de Hambourg. Le général de division Thiebault, chargé en chef des approvisionnements. Le général Jouffroy, commandant l'artillerie. Colonel Deponthon, commandant le génie.
3e division. Général de division, Loison ; chef d'état-major, colonel Lecouturier. 1re brigade, général Romme (15e, 44e de ligne) ; 2e brigade, général Leclerc (48e de ligne, 108e). Artillerie, chef de bataillon Mathis. Effectif 9,842 hommes, 8 bouches à feu, 230 chevaux.
40e division. Général de division, Vichery ; chef d'état-major, colonel Bellangé. 1re brigade, général Gengoult (30e, 61e de ligne) 2e brigade, général Delcambre (111e). Artillerie, chef de bataillon Grosjean. Effectif 10,000 hommes, 8 bouches à feu, 172 chevaux.
50e division. Général de division, Pecheux ; chef d'état-major, colonel Allouir. 1re brigade, général Avril (33e, 29e de ligne) ; 2e brigade, général Osten (3e, 105e de ligne). Effectif : 9,680 hommes, 8 bouches à feu, 168 chevaux.
Cavalerie. Général de division, Wattier de Saint-Alphonse ; chef d'état-major, colonel Caillemer. Généraux de brigade Dubois, Guiton, Lallemand. 3 régiments provisoires de cuirassiers, 1 régiment de marche dit de Hambourg, 28e de chasseurs, détachements de toutes armes. Effectif : 5,800 hommes, 3,800 chevaux.
Marine. Contre-amiral Lhermitte. Équipage de la flottille, colonel Lefranc, 1,200 hommes ; 1 bataillon d'ouvriers, 400 hommes.
Douaniers enrégimentés M. Pyonnier, directeur commandant, 600 hommes. Gendarmerie, colonel Chariot, 230 hommes. Équipages militaires, 600 hommes. Vétérans, 600 hommes. Artillerie 6 compagnies du 8e régiment d'artillerie, 3 de divers régiments, 3,630 hommes, 2,220 chevaux.
Génie 316 hommes, 50 chevaux, etc.
Effectif total de l 'armée 42,000 hommes, dont plus de 8,000 aux hôpitaux et 400 prisonniers ; 7,500 chevaux ; 76 bouches à feu attelées de 6 et de 12 ; 350 sur les remparts ; 270,000 kilog. de poudre ; 2 millions de cartouches confectionnées ; des fusées à la Congrève et les artifices, et les projectiles nécessaires à un aussi grand système de défense.
Un grand nombre de détachements appartenant aux régiments qui composaient le corps d'armée avaient rejoint à Hambourg pendant notre campagne en Mecklembourg, ce qui explique comment il était plus fort en rentrant dans ses lignes que lorsqu'il les avait quittées à la reprise des hostilités.
La 3e et la 40e division entrèrent dans Hambourg et dans les lignes avancées de Saint-Georges, occupant les villages de Wandsbeck et Hamm, en avant de Saint-Georges. Les postes du Pont-Vert et d'Ausschlag dans l'inondation, les digues de la Bille et enfin les maisons sur la grande digue de l'Elbe, où s'appuyait la droite de toutes ces positions retranchées ; la gauche était à l'Alster ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288 - Dans l'ouvrage de Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4, on lit : "... La 3e division, commandée par le général Loison, était composée de quatre régiments d’infanterie, divisée en deux brigades ... La 2e brigade, confiée au général Leclerc, était composée du 48e commandé par le colonel Warenghien, et du 108e, commandé par le colonel Achard ...").

- Le Dépôt et le 6e Bataillon

Le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 8e demi-brigade, des 6es bataillons des 48e, 57e et 108e ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 3e division, à Anvers, composée des 2e, 8e, 17e et 21e demi-brigades ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Le 17 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, il sera formé un corps qui prendra le titre de 1er corps bis et 13e bis de la Grande Armée, lequel se réunira à Anvers, à Gand et à Utrecht. Il sera composé de deux bataillons du 7e léger, du 13e léger, du 12e de ligne, du 17e, du 25e, du 33e, du 85e ; d'un du 57e, d'un bataillon du 36e, du 51e et du 55e, qui sont reformés à leurs dépôts, et du 6e bataillon du 15e léger, du 21e de ligne, du 30e, du 48e, du 108e, du 111e et du 61e ; total, 25 bataillons ; ce qui au complet ferait 25,000 hommes.
Une partie de ces 25,000 hommes existe par la conscription qui se lève actuellement ; mais un tiers ou un quart peuvent manquer, et vous y suppléerez en les portant sur les conscriptions que vous destinez au dépôt de Nancy.
Ces 25,000 hommes formeront trois divisions. Les 6es bataillons des 15e léger, 30e de ligne, 48e, 108e, 111e et 61e seront réunis dans la même division, ces bataillons appartenant aux régiments qui ont fourni à la composition du 13e corps.
Aussitôt que chacun de ces régiments pourra compléter un bataillon, il le fera partir pour Utrecht. Par ce moyen, ce corps pourra être à peu près formé par la conscription qui se lève aujourd'hui. Il peut donc être réalisé dans le courant de décembre.
Informez-vous près de l'administration de la guerre si l'habillement est prêt. Pourvoyez à l'habillement, et bientôt on pourra ressentir l'effet de cette nouvelle formation à Utrecht. Occupez-vous spécialement de compléter les cadres en officiers et sous-officiers. Vous comprendrez facilement pourquoi j'ai mis séparément ces bataillons, puisqu'ils ne doivent rien fournir, ni au 11e, ni au 5e, ni au 3e, ni au 2e corps de la Grande Armée
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20904 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37089 - Note : Cette organisation fut modifiée par un décret du 24 novembre 1813).

Le 17 novembre 1813 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Lebrun, Aide de camp de l’Empereur : "Monsieur le duc de Plaisance, j’apprends par le télégraphe que la populace d’Amsterdam s’est insurgée dans la nuit du 15 au 16. Mon intention est que vous partiez cette nuit pour vous rendre à Anvers où il est nécessaire que vous voyiez l’amiral Missiessy et le commandant de la garnison, afin de garnir de matelots français les places d’Anvers et de Willemstad, les forts qui défendent l’ile de Gorée et la citadelle de Bois-le-Duc. Je suppose qu’il n’y a plus rien du côté de Breda.
J’ai donné ordre au général Rampon de se rendre à Gorcum avec 3000 hommes de gardes nationales. Je suppose qu’il y sera arrivé. Vous correspondrez avec lui pour connaitre la situation des choses de ce côté-là.
Vous connaissez déjà la situation de Grave et de Duvinter puisque vous en venez.
Vous prendrez le commandement du 1er corps bis de la Grande Armée qui se réunir à Anvers, et qui est composé :
... De 1 6e bataillon du 108e ...
Total : 13 bataillons
Tous ces bataillons sont en mouvement, les conscrits nécessaires pour les compléter, mais sans doute, il n’en est encore arrivé qu’une partie. Aussitôt qu’un bataillon pourra être organisé, habillé et armé, vous le ferez venir à Anvers ou à Flessingue de manière à former le plus promptement possible un corps de troupes.
Vous recevrez du ministre de la Guerre, l'organisation définitive de ce corps ...
Au surplus, vous recevrez des instructions plus détaillées du ministre de la Guerre. Le principal est la sûreté d'Anvers, d'Ostende, de Flessingue, de Willemstad, de Gorée, de la citadelle de Bois-le-Duc, et d'avoir des troupes qui surveillent le Rhin en communiquant avec Gorcum.
Vous correspondrez tous les jours avec moi par le télégraphe et les estafettes. Vous trouverez ci-joint l'état de tout ce que les 17e, 24e et 25e divisions militaires ont à recevoir de conscrits. Tout est en mouvement et arrive. Ecrivez aux généraux commandant les divisions, aux préfets, et aux directeurs d'artillerie pour accélérer l'habillement et l'armement de ces hommes. Si ces bataillons ne sont pas formés, formez-les. Nommez à tous les emplois vacants, et prenez toutes les mesures qu'exigent les circonstances, afin de vous former dans la main le plus tôt possible un corps de troupes qui soutienne Gorcum, Bois-le-Duc, Willemstad, défende le Rhin et puisse servir selon les circonstances.
Le duc de Tarente reçoit l'ordre de porter son quartier général de Cologne à Clèves pour se trouver plus à portée. Nous devons trouver de grandes ressources, dans les équipages de l'amiral Missiessy pour Flessingue, Anvers et pour les îles.
En passant à Lille, vous vous aboucherez avec le commandant de la division, et conférerez avec lui sur tout ce que la division peut fournir. Il sera nécessaire d'occuper tous les postes, tels que Crèvecoeur et autres le long du Rhin.
Prenez toutes les mesures les plus actives pour former l'approvisionnement de Gorcum et de la citadelle de Bois-le-Duc.
ÉTAT DES CONSCRITS QUE LES 16E, 24E ET 25E DIVISIONS MILITAIRES ONT À RECEVOIR
... 24e division
... 108e de ligne Anvers 920 hommes Pas-de-Calais, Haut-Rhin, Jemmapes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37102).

Le 21 novembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Daru, Ministre directeur de l’Administration de la Guerre : "Monsieur le comte Daru, je vous envoie un rapport que j 'avais demandé au comte de Cessac. Je n'ai pas besoin de justification, mais de faits. J’ai dans la 16e, la 24e et la 25e divisions militaires plus de 20 000 conscrits qui arriveront avant le 15 décembre. Le ministre de la Guerre a approuvé leur armement. J'ai donc besoin qu'ils soient habillés. Une partie du nombre est destinée à former le 1er corps bis de la Grande Armée commandée par le duc de Plaisance et qui se compose du 9e et 4e bataillon des régiments du 1er corps commandé par le comte de Lobau. Si l'habillement n'arrête pas le duc de Plaisance, ce corps sera bientôt disponible. Faites-moi connaître le nombre d'habillement que chaque bataillon a dans ce moment. Il est de la plus haute importance que le duc de Plaisance puisse réunir sur-le-champ tous les bataillons ou du moins une partie pour marcher sur Amsterdam.
Np
Tableau faisant connaître le nombre des conscrits assignés aux corps des 16e, 24e et 25e divisions, les fournitures accordées à chacune et le restant à ordonner.

Numéro des divisions Dénomination des corps Contingent positif Moitié que l'on présume être fournie sur le déficit Excédant Total Nombre de fournitures accordées Reste à ordonner
24e division 108e de ligne
500
60
300
860
500
360

..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37221).

Le 4 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Duc de Feltre : "Monsieur le duc de Feltre, il faut envoyer à Flessingue 6 capitaines ou lieutenants d'artillerie, autant d'officiers du génie. Il faut y envoyer 300 hommes du 5e bataillon du 131e, pour compléter le bataillon qui s'y trouve. De plus il faut y envoyer un bataillon du même régiment, complété à 800 hommes. Il faut y envoyer 2 compagnies d'artillerie, une compagnie de cavalerie légère commandée par 3 officiers, et forte de 100 chevaux, laquelle restera dans la place. Il faut y envoyer les 1 200 hommes des gardes nationales du Pas-de-Calais, qui achèvent de se former là ; de sorte qu'il y ait, sans délai, 3 000 anciens Français.
En cas que la ville fut plus sérieusement menacée, on y ferait entrer les 2 bataillons du 13e léger qui se rendent au fort Impérial, et un bataillon du 108e et du 48e qui se forment à Anvers ; de sorte qu'en cas de siège, il y aurait 6 bataillons, ou 5 000 hommes d'infanterie, 2 bataillons de gardes nationales, ou 1 200 hommes, 2 000 marins, 400 canonniers, 400 pionniers ; total, 9 à 10 000 hommes, ce qui obligerait les Anglais d'y avoir au moins 25 000 hommes
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37378).

Le 10 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Lebrun, Gouverneur d'Anvers : "... Tout le 13e corps bis formera votre réserve à Anvers. Ce corps est composé de huit bataillons. Le 6e bataillon du 15e léger part demain de Paris. Le 48e et le 108e sont à votre portée. Les autres se mettent en marche des différents points où ils se trouvent. Je vous envoie de plus le 2e bataillon du 4e léger et le 3e du 58e, qui partent demain de Paris pour aller tenir garnison à Anvers, jusqu'à nouvel ordre ..." (Correspondance de Napoléon, t. 26, 20996 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37524).

L'Empereur écrit encore, toujours le 10 décembre 1813, depuis Paris, au Général Lebrun, Gouverneur d'Anvers : "Monsieur le duc de Plaisance ... Je suppose que vous avez à Anvers le bataillon du 48e et du 108e : vous pouvez vous en servir pour occuper les côtes, le point important de votre commandement ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37525).

Le 18 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, le 1er corps bis prendra le nom de 1er corps ...
Le 7e corps d'armée ne sera pas formé, et ses bataillons feront partie du 1er corps, savoir :
Le 8e de ligne, le 24e, le 27e, le 28e, le 34e, le 45e, le 58e, le 64e, le 75e, le 76e, le 88e, le 94e, le 100e, le 12e léger et le 27e léger.
Ainsi le 1er corps sera composé de la manière suivante :
13e d'infanterie légère (3e, 4e et 6e bataillons), 3 bataillons ; 12e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 27e d'infanterie légère (6e bataillon), 1 bataillon ; 17e de ligne, 3 bataillons ; 21e de ligne, 3 bataillons ; 25e de ligne, 3 bataillons ; 33e de ligne, 3 bataillons , 36e de ligne, 2 bataillons ; 51e de ligne, 3 bataillons ; 55e de ligne, 3 bataillons ; 85e de ligne, 3 bataillons ; 8e de ligne, 2 bataillons ; 24e de ligne, 2 bataillons ; 27e de ligne, 2 bataillons ; 28e de ligne, 2 bataillons ; 34e de ligne, 2 bataillons ; 45e de ligne, 1 bataillon ; 58e de ligne, 2 bataillons ; 64e de ligne, 1 bataillon ; 75e de ligne, 1 bataillon ; 76e de ligne, 1 bataillon ; 88e de ligne, 2 bataillons ; 90e de ligne, 1 bataillon ; 100e de ligne, 1 bataillon
Total 48 bataillons ...
Les 6e bataillons du 15e léger, du 44e, du 48e et du 108e feront partie du 1er corps ...
Ces dispositions porteront le 1er corps à 52 bataillons ...
Il est indispensable que vous expédiiez dans la journée, par estafettes extraordinaires, ces nouveaux ordres aux généraux commandant les divisions militaires, afin que les 16 régiments qui devaient envoyer des détachements pour reformer le 14e corps à Strasbourg ne les fassent pas partir. Ceux qui seraient partis seront incorporés, comme je l'ai précédemment ordonné, dans le 2e corps à Strasbourg, et les cadres retourneront à leurs bataillons ...
Il n'était encore parti que 7 détachements formant 1800 hommes des bataillons qui devaient former le 7e corps à Strasbourg ; ils arrivent en ce moment à Strasbourg. Ces 1800 hommes seront incorporés, comme je l'ai ordonné dans le 2e corps. Les cadres retourneront à leurs dépôts ...
Je me dépêche de vous envoyer ces décisions parce que l'expédition des ordres qu'elles exigent est urgente.
ÉTAT C
ÉTAT A Distribution du 1er corps en 3 divisions
1re division
1 bataillon du 12e léger ; 1 bataillon du 27e léger ; 1 bataillon du 15e léger ; 3 bataillons du 17e de ligne ; 3 bataillons du 72e de ligne ; 2 bataillons du 36e de ligne ; 2 bataillons du 8e de ligne ; 2 bataillons du 34e de ligne ; 1 bataillon du 48e de ligne ; 1 bataillon du 108e de ligne ; 1 bataillon du 30e de ligne ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37606).

"ORDRES CONCERNANT LA COMPOSITION DES CORPS D’ARMÉE.
Paris, 21 décembre 1813.
Le général Maison est nommé commandant du 1er corps d’armée à Anvers ; le major général lui donnera l’ordre de partir demain pour se rendre dans cette place ; le général Roguet et le général Lefebvre-Desnoëttes seront sous ses ordres.
Le major général donnera l’ordre au général Grouchy de partir de suite pour se rendre à Strasbourg, où il prendra le commandement en chef de la cavalerie de l’armée.
… Le 1er corps d'armée, commandé par le général Maison, sera composé de trois divisions, savoir :
1re division : 12e léger, un bataillon ; 15e, un ; 27e, un ; 8e de ligne, deux ; 12e, trois ; 17e, trois ; 34e, deux ; 36e, deux ; 44e, un ; 48e, un ; 108e, un ; total, dix-huit bataillons.
Cette division pourra être commandée par le général Molitor ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

1814

- Hambourg

Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 20 janvier, à sept heures du matin, le lieutenant général Strogonof attaqua les postes que nous avions dans les villages en avant du camp retrancha de Maarbourg ; nos troupes se replièrent, ainsi qu'elles en avaient reçu l'ordre, en cas d'attaque avec de l'infanterie ; l'ennemi menaçait Wilsdorf et faisait voir ses masses vers Eisendorf et Heimfeld, et sur la route de Bremen. Le général de division Pecheux prit toutes ses dispositions, fit occuper promptement tous les ouvrages de son camp retranché et garda auprès de lui une réserve peu nombreuse, mais composée d'hommes d'élite. Bientôt le général ennemi, voyant que nous ne prenions pas le change, décida sa véritable attaque, en faisant déboucher trois fortes colonnes par les marais gelés de Mohr, et une quatrième par Wilsdorff, tournant par cette manœuvre notre camp retranché par notre gauche ; il amenait avec lui deux batteries de 8 pièces chacune pour appuyer l'attaque de son infanterie. Nos postes de Bullenhusen et Mohrbourg sur la digue de l'Elbe étaient vivement attaqués en même temps ; nos troupes se défendaient avec intrépidité et faisaient beaucoup de mal à l'ennemi, quand le général Pecheux, se voyant sérieusement attaqué et tourné par sa gauche, les fit replier avec leur artillerie sur le château de Haarbourg. Pendant ce temps, les trois colonnes ennemies avaient dépassé nos outrages, s'étaient emparées des retranchements qui liaient le camp retranché à l'inondation, et, marchant le long de la Seve et sur la route de Winsen, s'étaient avancées jusque dans les premières maisons de la ville de Ilaarbourg ; le grand blockhaus armé d'une pièce sur sa plateforme avait été abandonné par sa garde. Le général Pecheux fit alors avancer sa réserve ; elle était composée de trois compagnies d'élite des 48e et 108e régiments et d'une compagnie du 5e équipage de flottille. Le brave colonel Achard, qui la commandait, se dirigea du moulin vers Post-Garten, attaqua l'ennemi avec audace, le débusqua des maisons et le chargea avec tant de succès, que le désordre se mit dans les masses ennemies, qui se retirèrent en laissant beaucoup de morts dans les maisons et le long de la Seve, et emmenant une grande quantité de blessés.
La lunette de gauche du camp retranché faisait pleuvoir la mitraille sur l'ennemi qui se retirait et qui dut éprouver une perte de 7 à 800 hommes tués ou blessés. Nous perdîmes de notre côté 150 hommes tués ou blessés et une trentaine de prisonniers faits dans le commencement de l'attaque ...
" (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288; Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 4, p. 4).

Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 12 mars, le général Pecheux fit attaquer le village de Wilsdorf, situé à la gauche du camp retranché de Haarbourg; ce poste fut enlevé à la baïonnette par un détachement du brave 108e. L'ennemi y perdit plus de 60 hommes tués ou blessés. Notre perte fut peu considérable, attendu que les troupes marchaient avec une grande résolution et sans tirer un coup de fusil ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).

Dans le Mémoire sur le siège et la défense de Hambourg (décembre 1813-Mai 1814), on peut lire : "… Le 30 et le 31, on chassa l'ennemi des villages de Ruhnberg, Merkenfeld, Sinsdorf et Laujenbeck, et l'on fourragea tout le pays en avant de Haarbourg sans que l'ennemi songeât à s'y opposer; cette expédition eut tout le succès qu'on pouvait en attendre. Pendant ce temps, le maréchal avait fait attaquer la digue de Neuland et la batterie de Bullenhusen par le chef de bataillon Hervo, son aide de camp, avec deux compagnies du 108e. On avait abordé franchementl'ennemi, on avait franchi les palissades, enlevé la batterie et poursuivi les troupes russes, la baïonnette dans les reins, jusqu'au village d'Over. Le maréchal s'y était transporté au grand galop; il reconnut que l'ennemi avait négligé d'occuper dans sa fuite deux maisons placées sur un tertre, sur la rive gauche de la Sewe, par le moyen desquelles, s'il se ravisait, il pouvait nous empêcher de construire un ouvrage sur la digue qui va à Merkenfeld. La disposition du terrain était telle qu'on ne pouvait arriver à ces maisons qu'en marchant à découvert sur une digue étroite de 250 toises de long et à fleur d'eau, entre l'Elbe et la grande inondation, et sous le feu de 300 hommes retranchés derrière la grande digue d'hiver de la Sewe. Le maréchal, ayant fait reconnaître par son aide de camp Laloy qu'il n'y avait pas de coupure sur cette digue, ordonna à 25 voltigeurs du 111e de marcher. Cette petite troupe, encouragée par l'exemple du capitaine Laloy, qui se mit à sa tête avec cette rare intrépidité dont il donnait tous les jours de nouvelles preuves, et par le maréchal des logis Noël, ordonnance du maréchal, chemina sur cette digue et s'empara des maisons malgré le feu de l'ennemi. Par un bonheur inouï, nous n'eûmes que deux blessés ..." (Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 4, p. 288).

Après avoir tiré les derniers coups de fusil de la grande épopée, le 108e sort de Hambourg avec armes et bagages dans les premiers jours de mai 1814. Il se dirige vers la France avec les 31000 du 13e Corps dont le Général Gérard est venu prendre le commandement.

- Anvers

Pendant que la fraction principale du 108e soutient à Hambourg sa belle réputation de bravoure, le Dépôt et le 6e Bataillon se voient assiégés dans Anvers défendu par Camot qui, sur la fin de sa carrière, illustre par sa belle défense un nom déjà célèbre dans les fastes militaires du pays.

Le 14 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, ordonne : "... Indépendamment des troupes de la garde, il y a à Anvers deux bataillons d'ouvriers de la marine, un bataillon du 108e, un du 48e, un du 13e léger, qui était à Breskens, et a l'ordre de se rendre à Anvers, 4,000 à 5,000 hommes formés des bataillons du 1er corps bis et du 13e bis, nombre qui s'augmente tous les jours. Le 1er bis se compose de trois petites divisions, 20 bataillons, savoir : deux bataillons du 13e léger (dont un à Breskens doit se rendre à Anvers, l'autre, à Ostende, le joindra bientôt) ; deux bataillons du 12e, deux bataillons du 22e, un bataillon du 57e.
Gourgaud en prendra l'état, ce sont les 3e et 4e bataillons de l'ancien corps de Vandamme ...
" (« Lettres, ordres et décrets de Napoléon Ier en 1812-13-14, non insérés dans la "Correspondance" / recueillis et publiés par M. le Vte de Grouchy », Paris, 1897, p. 83)

Comme Hambourg, Anvers doit se rendre au moment du retour en France de la branche aînée de nos anciens Rois. Le 108e évacue alors Anvers.

- Avec la Restauration, le 108e devient le 89e de Ligne

Toutes les fractions du Régiment, celles d'Anvers comme celles de Hambourg, se trouvent réunies le 1er juillet 1814 à Abbeville. L'ordonnance du 12 mai 1814 rendue exécutoire en octobre suivant ne laisse subsister que 90 Régiments d'infanterie de ligne. le 108e disparait et forme le 89e de Ligne.

1815

Aux Cent Jours, le 89e est toujours à Abbeville. L'Empereur revenu de l'île d'Elbe a repris le pouvoir et va recommencer contre la coalition étrangère sa dernière et suprême campagne. En attendant, le 89e Régiment d’Infanterie de Ligne reprend, le 22 avril 1815, le nom de 108e Régiment d’Infanterie de Ligne.

Le 108e, commandé par le Colonel Higonet, est désigné pour faire partie de l'Armée du Nord, placée sous les ordres directs de l'Empereur, et qui va rentrer en Belgique pour s'opposer à la marche des armées anglaise et prussienne. Le 108e fait la campagne en Belgique dans la 5e Division (Général Bachelu) du 2e Corps de l’Armée du Nord (Général Reille) qui se réunit à Valenciennes.

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 5e division : le 3e de ligne qui peut faire partir de La Fère 200 hommes pour compléter les bataillons de guerre, les fera partir sans délai.
le 61e qui est à Caen, idem.
le 72e à Rouen, idem.
le 108e à Abbeville, idem.
Donnez ordre que le dépôt du 108e vienne à Rouen et par ce moyen la 5e division aura ses dépôts à La Fère, Caen et Rouen ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39651).

Le 29 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, donnez ordre au dépôt du 61e, qui est à Caen, de faire partir 300 hommes pour se rendre aux deux bataillons de guerre et les compléter à 600. Vous ferez passer ces 300 hommes par Paris.
Donnez le même ordre au dépôt du 72e et du 108e qui sont à Rouen. Le 108e a trois bataillons qui ne font pas 1200 hommes. Il faut donc que le dépôt envoie 600 hommes pour les compléter. Le major vous fera connaître quand les premiers 200 hommes pourront être envoyés ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39849).

Le 14 juin 1815, ce Corps d'armée marche sur Marchiennes pour s'emparer du passage de la Sambre. Le lendemain, le 108e a plusieurs engagements avec l'ennemi. Il fait 300 prisonniers aux Prussiens, et la Division Bachelu dont il fait partie prend une part active au combat de Montigny.

Le 16, cette Division combat de nouveau avec une grande énergie aux Quatre-Bras pendant que se livre, sur un autre point des opérations, à Ligny, une victorieuse bataille. Le 108e contribue vigoureusement au mouvement de la Division Bachelu qui a pour mission de menacer la grande chaussée de Namur à Bruxelles. Il arrête par ses feux, de concert avec le 72e, un retour offensif des Anglais et contraint ces derniers à la retraite par une superbe charge à la baïonnette. Le Colonel Higonet est blessé ce jour là.

A Waterloo, le 18 juin, le Corps de Reille occupe la gauche de l'armée française devant Hougomont. La Division Bachelu est placée à la gauche des Divisions Foy et Jérôme; c'est elle qui commence la lutte, le 108e combat toute la journée autour du parc et du château auxquels est appuyée l'aile droite de l'armée anglaise.

Il contribue d'abord à la prise du bois d'Hougoumont et prend part ensuite à la lutte acharnée qui se déroule autour de cette position, tour à tour prise et reprise, et, qui en dernier ressort, finit par rester en notre pouvoir.

Malheureusement si, de ce côté, la lutte tourne à notre avantage, il n'en est pas de même à l'aile droite de notre armée qui voie successivement les Prussiens de Bulow et de Blücher la déborder et finalement l'écraser. A son tour, notre centre se désagrège sous les puissants efforts des masses anglo-prussiennes. Le 2e Corps est entrainé dans la retraite de l'armée, mais par sa bonne contenance il sait jusqu'au dernier moment résister à la nombreuse cavalerie ennemie lancée à la suite de nos Régiments disloqués et meurtris.

Le 108e, dans cette dernière bataille qui, victoire jusqu'à quatre heures de l'après midi, devient, grâce à l'imprévoyance d'un des Lieutenants de Napoléon, une irrémédiable défaite, conserve un courage et une solidité au-dessus de tout éloge. C'est toujours bien l'héroïque 108e de la Division Friant, aussi vaillant, aussi solide dans la défaite que dans la victoire, et il clôture l'épopée impériale à laquelle il a si largenent, si noblement pris part par le sacrifice de 17 de ses Officiers et 343 de ses soldats tombés glorieusement sous les futaies du parc et dans les fossés du château d'Hougoumont. Son intrépide Colonel Higonet, le frère de celui tué, on se le rappelle, à la bataille d'Auërstaëdt, est blessé et le Régiment très réduit revient sous les murs de Paris.

Cette fois, c'est la fin de ce vaillant 108e. Il est licencié le 3 août 1815 (l'Historique du Régiment donne la date du 11) en vertu de l'Ordonnance royale du 16 juillet précédent qui supprime les anciens Régiments pour les transformer en Légions Départementales, le fonds du corps est dirigé sur la Légion de la Seine-Inférieure, n° 75, qui, à l'organisation d'octobre l823, devint le 39e de Ligne.

Drapeaux

Chaque Bataillon reçoit en 1804 une aigle et un drapeau du modèle Challiot.

Le Régiment reçoit en 1812 un drapeau modèle 1812 avec les noms de batailles suivant : AUSTERLITZ / IÉNA / EYLAU / ECKMÜHL / WAGRAM

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