Le 9ème Régiment d'Infanterie Légère

1797-1815

Accès à la liste des Officiers, cadres d'Etat major, Sous officiers et soldats du 9e Léger

Avertissement et remerciements : Cet article nous a été adressé par notre collègue du Bivouac, Didier Davin, que nous remercions tout particulièrement pour sa disponibilité et son érudition.

/ Origines du Corps

"La 9e demi-brigade de première formation avait été organisée le 1er germinal an 2 (21 mars 1794), en amalgamant le 9e bataillon d'infanterie légère (chasseurs des Cévennes), le 28e bataillon d'infanterie légère, créé en pluviôse an 2 (janvier-février 1794) et des compagnies franches des chasseurs et éclaireurs de la Meuse" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 362 - Etat des différentes dénominations du corps depuis son existence en date du 9 prairial an 6 (28 mai I798). Pièce signée des membres du conseil d'administration).

Le 20 février 1795 (2 Ventôse an 3), le Chef de la 9e Demi-brigade légère Eirisch écrit, depuis Sierieg, au Général de Division Marceau : "Je viens de recevoir dans l’instant le rapport du Citoyen Labassée commandant à Prohl, que l’ennemi vient de faire passer cent cinquante paysans sur l’ile en question, qui ont de suite commencé à travailler ; on présume que c’est après des retranchements pour y placer du canon.
Depuis qu’ils ont commencé à travailler, ils ne cessent de tirer sur tous les passants
" (Source : Lettre, CP).

La 9e Demi-brigade d'Infanterie légère est formée le 16 Floréal an 4 (5 mai 1796) à l'Armée de Sambre-et-Meuse. "Par le tirage qui a eu lieu à l'armée de Sambre-et-Meuse, le 16 floréal an 4 (5 mai 1796), des nouveaux numéros affectés aux demi-brigades, conformément à l'arrêté du directoire exécutif du 10 germinal an 4 (30 mars 1795), il est échu à la ci-devant 9e demi-brigade d'infanterie légère, le n° 9". Ainsi, par l'effet du hasard, la 9e Demi-brigade légère de première formation conserve son numéro, et, de plus, elle entre seule dans la formation du nouveau corps, qui est complété par des hommes de réquisition (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 362 - Etat des différentes dénominations du corps depuis son existence en date du 9 prairial an 6 (28 mai I798). Pièce signée des membres du conseil d'administration).

I/ LA PERIODE 1796-1800

Composition des 4 Divisions sous les ordres de Kléber le 30 septembre 1796 :
Division HARDY (Quartier général, Bingen) :
Brigade Lorge :
31e division de gendarmerie. Freiweinheim et le long de la Selz, Westerhaüser-hof.
3 Bataillons de la 2e Demi-brigade de ligne, 2768 hommes. Camps de Jugenheim et d'Engelstadt.
3 Bataillons de la 55e Demi-brigade. 2465 hommes. Camp d'Ockenheim et en arrière de la Selz.
3 Bataillons de la 108e Demi-brigade, 3081 hommes. Camp de Kempten et sur les bords du Rhin jusqu'à Gaulsheim.
10 Compagnies auxiliaires des 16e, 37e, 43e, 49e, 61e, 73e, 78e, 92e, 99e et 105e Demi-brigades d'infanterie, 1084 hommes. Sur les bords du Rhin, entre Bingen et Bacharach; relevées par les troupes de Poncet.
3 Bataillons de la 9e Demi-brigade d'infanterie légère, 1 Compagnie auxiliaire de la 20e Demi-brigade légère, 2023 hommes. Sur les hauteurs de Partenheim,à Stadecken et à Bubenheim. (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 371).

Le 1er octobre 1796, le Général Hardy modifie un peu la disposition de ses troupes : il établit, le 2 octobre, les 2e et 55e Demi-brigades en arrière de Partenheim, la droite au ravin de Sulzheim et la gauche à celui d'Engelstadt; le 6e de Cavalerie et deux Escadrons du 13e à Nieder et Ober-Hilbersheim. Enfin il organise un Corps d'avant-garde sous les ordres de l'Adjudant général Bonamy. Cette avant-garde, composée de la 31e Division de Gendarmerie, de la 9e Demi-brigade légère, des 9e et 11e Chasseurs à cheval et d'un Escadron du 13e de cavalerie, prend position sur le plateau de Wörrstadt, étendant sa droite vers Gabsheim (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 374).

Le 6 octobre 1796, vers midi, des colonnes autrichiennes, appuyées de nombreux cavaliers, paraissent dans la plaine de Gaualgesheim, venant de Mayence. Elles attaquent, avec cinq bouches à feu, les avant-postes de la Division Poncet, établis en avant de Kempten, Budesheim et Ockenheim. La Division Hardy, moins bien abritée que celle de Poncet et menacée ensuite par des Corps venant de Mannheim, doit rétrograder. L'avant-garde de l'Adjudant général Bonamy va jusqu'à Lauterecken; le gros de la Division lève son camp de Fürfelden, passa la Glan à Meisenheim et à Rehborn, et prend position sur la rive gauche de cette rivière. Le Corps détaché aux ordres du Chef de Brigade Pouchain quitte lbener, et va s'établir entre l'Alsenz et la Nahe : la 9e Demi-brigade légère, sur les deux routes qui mènent de Hochstetten à Oderoheim et à Alsenz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 377).

A partir de cette époque (25 octobre), les Deux divisions Daurier et Ligneville et le Corps des Flanqueurs de droite du Général Poncet, se trouvant à une trop grande distance de Kleber, constituent, en réalité, l'aile droite de l'Armée de Sambre-et-Meuse, et prennent le nom de Corps du Hundsrück. Kleber a toujours la surveillance de ces troupes et la direction de leurs opérations ; mais le Général Ligneville en est le véritable commandant en chef. Pour remplir efficacement le but qui lui était assigné, ce Général a partagé le Corps à ses ordres en cinq fractions, dont :
Avant-garde (Général de Brigade Hardy) :
9e Demi-brigade légère,
2 Bataillons de la 108e Demi-brigade de Ligne,
1 Compagnie d'artillerie légère,
2e Régiment de Hussards,
11e Régiment de Chasseurs.
Avec ce Corps d'armée, et les Flanqueurs de droite que commande le Général Poncet, Ligneville se dispose, suivant l'ordre qu'il en a reçu de Kleber, à franchir la Nahe et 1'Alsenz, et à se porter vers la Selz (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 1, p. 394).

Le 8 mars 1797 (18 Ventôse an 5), le Général de Division Paul Grenier écrit aux membres du Conseil d’administration de la 9e Demi-brigade d’infanterie légère : "Le citoyen Lagarde, lieutenant dans la demi-brigade que vous administrez, citoyens, étant à la suite du quartier général du général Hardy à Aautzveiller ( ?) eut besoin d’un cheval de réquisition pour une course qu’il eut à faire, ce cheval lui fut fourni par la commune de Autzveiller ( ?) et devait être rendu à cette commune le même jour, mais le citoyen Lagarde, le garda quatre mois et a déclaré qu’il était mort ; aujourd’hui, il consent à payer douze louis pour le cheval à l’habitant qui en était le propriétaire. Cependant il dit ne point avoir d’argent. Il demande que l’avance lui en soit faire par le quartier-maître de la demi-brigade qui en exercerait la retenue sur les appointements. Ce parti me parait le plus simple et vous engage à envoyer quelqu’un à Weisenheim chez le commandant de la place avec cette somme, attendu que le citoyen Lagarde restera en prison jusqu’à ce que le cheval soit payé" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 31 page 77).

Le 3 avril 1797 (14 Germinal an V), une lettre est adressée depuis le Quartier de Friesach au Général Joubert, sur ordre du Général en Chef :
"... Vous répartirez les 4e, 11e, 12e, 17e et 9e d'infanterie légère, et les 11e, 5e, 39e et 58e demi-brigades de bataille, entre les deux généraux Delmas et Dumas (sic) ..." (Correspondance de Napoléon, t.2, lettre 1681).

Le 18 mai 1797 (29 Floréal an 5), le Général chef de l’Etat-major général de l’Armée de Sambre et Meuse écrit, depuis le Quartier-général à Friedberg, au Général Grenier : "Je vous préviens, mon cher général que le général en chef par ses nouvelles dispositions, nécessitées par l’éloignement de quelques corps de troupes destinées à agir pour les sièges, vient d’arrêter l’organisation de l’armée de la manière suivante :
... La 2e division sous les ordres du général Le Moine sera composée des :
16e régt de Chasseurs à cheval;
9e demi-brigade d’infanterie légère;
99e, 108e demi-brigade d’infanterie de ligne.
Les généraux de brigade Gency, Spithal et l’adjudant général Grand pour les fonctions de l’état-major, sont attachés à cette division. ...
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 105 page 222).

L’Armée de Sambre-et-Meuse, destinée à conserver, jusqu'à la signature du traité de paix, l'immobilité la plus complète, tout en se tenant prête à marcher si des difficultés surgissent, est réorganisée par Hoche, le 20 mai, de la manière suivante :
2e division. (Général LEMOINE, commandant. Généraux de brigade : GRATIEN, GENCY, SPITAL.) 9e Demi-brigade légère ; 99e, 100e Demi-brigades de Ligne ; 16e Régiment de Chasseurs à cheval. Entre Usingen et Inheiden, près de Hungen (Pajol (Cte de) : « Pajol, Général en chef », Firmin Didot, Paris, 1874, t. 2, p. 27).

Le 25 mai 1797 (6 Prairial an 5), Bonaparte écrit depuis Montebello au Chef de l'Etat-major : "... Vous donnerez l'ordre à la onzième et à la neuvième demi-brigades d'infanterie légère de se rendre sur-le-champ à Mantoue pour y tenir garnison ..." (Correspondance inédite et confidentielle de Napoléon, t. 3, Venise).

Le 8 juin 1797 (20 Prairial an 5), le Général de Division Grenier écrit au Général Lemoine : "L’adjoint aux adjudants généraux Desprez à son retour de Wetzlar, m’avait assuré, général, que vous feriez évacuer par vos troupes les villages de Kalterneschbach ( ?), Hasselborn, et Mertzhausen ; jusqu’à présent, ce changement ne s’est pas effectué, ce qui donne lieu à des réclamations continuelles. Vous m’obligeriez donc de renouveler les ordres : ces villages sont occupés, savoir :
Mertzhausen, par 72 hommes de la 9e demi-brigade d’infanterie légère.
Kalterneschbach 72 id. id. ...
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56 page 127).

Le 11 juin 1797 (23 Prairial an 5), le Général de Division Grenier écrit au Chef de la 37e Demi-brigade : "... Ci-joint aussi une lettre du général Lemoine par laquelle il m’assure avoir fait partir l’infanterie de sa division des villages de Metzhausen, Kalterneschbach, et Hasselborn ... dans le cas où l’infanterie du général Lemoine occuperait encore les villages désignés ci-dessus, vous ferez notifier aux commandants des cantonnements la lettre du général Lemoine, avec ordre d’évacuer, vu que si ils y sont restés, c’est contre l’ordre de leur général" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 56 page 127).

Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an 6), un Arrêté du Directoire Exécutif à Paris, fixe la composition de l'Armée d'Angleterre :
"LE DIRECTOIRE EXECUTIF,
Considérant qu'il est instant de réunir sur les côtes toutes les forces qui doivent être employées à l'armée d'Angleterre,
ARRÊTE ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Les divers corps de troupe ci-après désignés seront mis en mouvement pour se rendre sans délai sur les côtes qui bordent la Manche, ou autres lieux de rassemblement désignés par le ministre de la guerre, savoir :
... INFANTERIE LEGERE.
Les ... 9e ... demi-brigades ...
" (La Jonquière C. de : « L’expédition d’Egypte, 1798-1801 », t. 1. P. 97).

En avril 1798, Vandamme rejoint l’Armée d’Angleterre. Il vient s’établir à Cherbourg, où il prend le commandement intérimaire de la Division Duhesme, envoyée à l’Armée d'Angleterre. Les troupes sous les ordres de Vandamme sont les suivantes : 3e Demi-brigade légère, établie à Cherbourg même ; 9e Demi-brigade légère, alors en garnison à Paris ; 10e Demi-brigade légère, à Caen ; 40e Demi-brigade de ligne, au Havre et à Dieppe (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 1, p. 414).

Le 4 juin 1798 (16 Prairial an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Lille au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "Les troupes que je commande étant toutes en garnison et dans des postes quelles ne peuvent quitter, en cas d’attaque de l’ennemi ; il est difficile, citoyen général, de déterminer à l’avance un point de ralliement pour les troupes disponibles, tant que la 9e demi-brigade d’infanterie légère que vous m’aviez annoncé arriver incessamment, ne sera pas rendue à la division ; dans ce moment même, toute la côte depuis Boulogne jusqu’à l’embouchure de la Somme est entièrement dégarnie sans qu’il ne soit possible de la faire garder.
Il est facile de convaincre le général en chef de cette vérité en lui mettant sous les yeux le tableau des forces de la division à mes ordres. L’étendue des côtes qu’elle occupe et la nécessité où je suis de laisser une demi-brigade à Lille, pour la garde des prisonniers, arsenaux, magasins, etc. tant que le général commandant la division militaire n’aura pas les moyens et la facilité d’y réunir la garnison qui lui est nécessaire sur les troupes à ses ordres ; vous avez à la vérité fait comprendre trois régiments de cavalerie dans la situation de ma division ; mais cette disposition est illusoire puisqu’il faudrait au moins huit jours pour rassembler les 6e régiments de dragons et 10e de chasseurs entièrement disséminés dans les 24e, 1ère et 16e divisons militaires sur une étendue de plus de 100 lieues de terrains ; cette organisation absurde fera la ruine totale de ces deux régiments si le général en chef n’y met ordre et il en est temps ; quant au 10e régiment de dragons, fort de 300 hommes, je m’en servirai pour remplir les dispositions du général en chef en l’établissant en réserve à Ardres d’où il sera à portée de pouvoir secourir Gravelines, Calais et Boulogne, je dois vous observer cependant que ce régiment est obligé de fournir un service de plus de 100 hommes pour la correspondance et qu’il sera bientôt sur les dents, si je ne suis autorisé à réunir le 6e régiment de dragons, et si d’autres continuent à en disposer ; enfin, je désire et il est nécessaire que les troupes que je commande n’aient d’autres ordres à exécuter que ceux qui leurs seront donnés par les généraux de la division active, que leur arrondissement soit déterminé et que je sois chargé de la défense de la côte que j’occupe, que j’en soit seul responsable et que je n’aie à rendre compte de mes opérations qu’au général en chef de l’armée et au besoin au Ministre de la Guerre. J’ai longtemps différé à émettre mon opinion sur cet objet, aujourd’hui les circonstances l’exigent et on ne doit pas compter beaucoup sur les opérations qui devront se faire de concert, ce mode d’agir pour le bien du service n’est que contrarié par les dispositions quelques fois bizarres et ridicules qui se font de toute part ; si les troupes qui me sont confiées restent sur les côtes et que j’en conserve le commandement, j’exige une organisation régulière et militaire.
Je propose donc au général en chef, d’établir ma division dans l’arrondissement ci-après.
La 1ère demi-brigade d’infanterie légère, à Dunkerque et Gravelines.
La 9e idem à Calais, Marquise et Boulogne ;
La 96e à Etables, Montreuil et Hesdin.
La 16e à Saint-Omer en réserve.
Le 6e régiment de dragons à Ardres, ayant un escadron détaché à Dunkerque et un à Boulogne.
Le 10e régiment de dragons a Hesdin, ayant un escadron à Montreuil et un à Saint-Omer ; par cette disposition, toutes les côtes, sur lesquels seraient établies des troupes, sont à l’abri de l’insulte de nos ennemis et s’ils tentaient une entreprise sur un point quelconque dans cet arrondissement, ils en seraient bientôt punis, la réserve forte de près de 3000 hommes que j’aurais à Saint-Omer pouvant se porter en une marche forcée sur le point menacé ; mon quartier général serait à Saint-Omer ou à Calais. Il résulterait encore de cette disposition que le général commandant la division territoriale aurait la facilité de réunir la 21e demi-brigade disséminée dans plusieurs garnisons pour former celle de Lille ; on pourrait aussi laisser à ses ordres le 10e de chasseurs. Si le général en chef approuve cette organisation, mandez-moi quand pourra arriver la 9e demi-brigade d’infanterie légère
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 107 page 233).

Le même 11 juin 1798 (23 Prairial an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit encore, depuis Lille, au Général de Division Championnet : "J’ai écrit le 16 de ce mois, mon cher Championnet, au général en chef pour lui demander le complément de ma division au nombre de quatre demi-brigades, dans le cas où je serai obligé de laisser des troupes à Dunkerque ; s’il obtempère à ma demande, je pourrai facilement laisser garnisons dans cette place et je me proposais même d’y envoyer deux bataillons de la 1ère demi-brigade d’infanterie légère comme devant tenir la droite ; si au contraire, la 9e demi-brigade, qui est à Paris, n’arrive pas, je suis forcé d’appuyer à gauche ; toute la côte depuis Boulogne jusqu’à l’embouchure de la Somme étant entièrement dégarnie et si Lille avait la garnison nécessaire seulement pour la garde des prisonniers anglais et des magasins, j’aurais déjà porté la 16e ...
Aussitôt la réponse du général en chef ou du chef de l’état-major, je t’écrirai relativement à la garnison de Dunkerque, tu ne doutes pas de mon empressement à faire quelque chose qui te soit agréable
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 110 page 238).

Le 14 juin 1798 (26 Prairial an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit, depuis Lille, au Chef de l’Etat-major général de l’Armée : "J’ai reçu, citoyen général, votre lettre du 22 de ce mois, je m’empresserai de remplir les dispositions que vous me transmettez de la part du général en chef et vous ferai connaître par le courrier prochain le nouvel emplacement de la division que je commande.
Si la 9e demi-brigade ne reçoit pas l’ordre de me rejoindre et que le général en chef soit disposé, comme vous me mandez, à m’envoyer un régiment de cavalerie, pour m’obligerez de faire partir le 8e et de le diriger sur Hesdin, ce régiment est plus nombreux et mieux monté que le 2e de carabiniers
" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 112 page 242)./p>

Le 18 juin 1798 (30 Prairial an 6), le Général de Division Paul Grenier écrit au Chef de l’Etat-major de l’armée : "Je vous préviens, citoyen général, que par suite du mouvement que j’opère du 3 au 7 Messidor prochain, mon quartier général sera établi le 4 à Saint-Omer ... Par l’emplacement de ma division, vous devez voir combien je suis obligé de la disséminer ; je vous enjoins à presser l’arrivée de la 9e ou au moins d’un régiment de cavalerie duquel je puisse seul disposer" (Papiers du Général Paul Grenier. XII. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 113 page 244).

Le 6 juillet 1798 (18 messidor an 6), l’Adjudant général Rivaud, Chef de l’Etat-major de l’Armée d'Angleterre, écrit, depuis le Quartier général à Rouen, au Général de Division Grenier à Saint-Omer : "J’ai reçu, général, avec votre lettre du 12, l’état de répartition des troupes de votre division sur la côte dont le commandement vous est confié. J’ai communiqué l’un et l’autre au général en chef, qui me charge d’y répondre ...
Le général en chef observe, sur votre tableau de répartition, que vous placez une partie du 3e bataillon de la 9e légère à Abbeville, il pense qu’il est inutile de laisser de l’infanterie à Abbeville ; qu’un escadron de dragons y suffit et qu’on y fait faire le surplus du service, par la garde nationale ...
Salut et respect
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 232 page 480).

Le 8 juillet 1798 (20 messidor an 6), l’Adjudant général Rivaud, Chef de l’Etat-major de l’Armée d'Angleterre, écrit, depuis le Quartier général à Rouen, au Général de Division Grenier à Saint-Omer : "... Comme votre division est faible, je prescris au général Lemoine de laisser sous votre commandement, au Havre, un bataillon de la 40e que vous lui renverrez dès que le général en chef pourra vous faire renvoyer la 9e légère, qu’on lui promet ...
Salut et respect
" (Papiers du général Paul Grenier. NAF 24304. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 246 page 507).

A la suite d'une reconnaissance faite sur le village d'Auenheim le 13 Vendémiaire an 8 (5 octobre 1799), le Général Decaen fait son rapport au Général Souham, auquel le Général Colaud a donné, le 3, le commandement de la Division de Kehl : "Conformément à votre ordre d'hier, mon général, les troupes sont arrivées à Auenheim à la pointe du jour, et n'ont point éprouve de résistance pour y entrer. Un poste ennemi, infanterie et cavalerie, d'environ cent hommes, après une petite fusillade, a évacue le village. Nos tirailleurs ont repoussé l'ennemi, à la faveur d'une digue, jusqu'au village de Leutesheim. J'ai, en tout, reconnu environ cent cinquante chevaux et cinquante hommes d'infanterie. Il m'aurait fallu un plus grand nombre de cavalerie pour pousser ma reconnaissance plus loin dans cette partie. Le chef d'escadrons Levrault, du 6e de dragons, que j'avais chargé de flanquer ma droite et d'éclairer la route de Rastatt après s'être emparé du moulin de Bodersweier, a poussé une reconnaissance vers Querbach et s'était déjà avancé jusqu'au ruisseau le plus près de ce village, dont l'ennemi avait coupé le pont, lorsque j'ai reçu t'ordre du général Colaud de faire ma retraite, ce qui a été de suite fait dans le meilleur ordre.
On a tiré plusieurs coups de canon, tant de l'artillerie légère que j'avais à ma disposition que de l'ile d'Auenheim où j'ai une pièce de 4, sur des pelotons de hussards qui s'avançaient sur les tirailleurs.
La 9e légère, dont je suis fort content, et particulièrement du chef de bataillon, a eu un officier blessé mortellement et vingt chasseurs blessés ; la 101e, un homme ; les dragons ont eu plusieurs hommes et plusieurs chevaux blessés ; dans le nombre de ces derniers, celui du chef d'escadrons Levrault.
L'ennemi a détruit presque en totalité les fortifications d'Auenheim. Ce matin, il devait encore y arriver des paysans pour travailler. Hier, il y en avait deux mille.
On a fait un hussard de Blankenstein prisonnier, mais il ne m'a pas été conduit. Je n'ai vu devant moi que de ces hussards et de l'infanterie esclavonne, et tout au plus, quatre cents hommes ont paru
" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 356).

Une autre affaire à lieu le 11 Brumaire an 8 (2 novembre 1799). Le 10, le Général Colaud informe le Général Decaen que le Général en chef Lecourbe, qui a remplacé le Général Muller, lui a ordonné de pousser une reconnaissance en avant de Kehl et qu'il lui a adressé une instruction à ce sujet. Decaen fait ses dispositions en conséquence et, le lendemain, adresse au Général Colaud le rapport ci-après : "Le mouvement que vous m'avez ordonné a été exécuté selon vos ordres, mon général.
Le village de Neumühl a été occupé au point du jour. Vous savez que j'avais peu de cavalerie, mais les vingt-cinq dragons, commandes par le capitaine Leloup, ont supplée au nombre. L'audace qu'ils ont mise pour entrer dans le village avec la compagnie de carabiniers de la 9e leur en ont bientôt assuré la possession. On a fait une trentaine de prisonniers, dont un officier. Avec plus de cavalerie, je me serais engagé à pousser au premier moment jusqu'à Kork ; mais comme, d'un autre côté, vos instructions, à la suite du rapport que je vous fis hier soir, qui, d'après ce qui s'est passé, doit être juge réel, m'ont décidé à me poster pour seulement inquiéter l'ennemi de manière à ce qu'il fasse apercevoir s'il avait des moyens à m'opposer.
L'ennemi, profitant de la tête du village de Kork et de la lisière des bois qui sont à la droite et à la gauche de ce village, s'est borné, jusqu'à 8 heures, à faire quelques tentatives sur mes tirailleurs, sans doute pour m'obliger à lui faire connaitre mes intentions.
Le peu de troupes que j'avais avancées, soutenues par un obusier, ont cependant nécessité l'ennemi de faire usage d'une pièce de 3. Enfin, entre 9 et 10 heures, il a augmenté ses forces et il a mis trois bouches à feu en batterie.
J'ai lutté avec succès contre lui, me tenant alors sur la défensive et m'opposant, à l'aide d'une pièce d'artillerie, aux tentatives qu'il a faites par des attaques assez vigoureuses, surtout sur Neumühl, tantôt de front, tantôt sur mes flancs, jusqu'à midi et demie. Les troupes de la droite, ayant fait leur mouvement pour rentrer et ayant eu une pièce démontée, cinq canonniers tués et blessés, plus une centaine d'hommes, j'ai fait mon mouvement rétrograde ...
Je me loue beaucoup du zèle des officiers, de la bonne volonté et du courage des soldats que j'avais à mes ordres. Les canonniers ont aussi bien fait leur devoir.
Mais, mon général, le résumé de notre perte dans cette reconnaissance est, pour moi, de cent soixante-dix-neuf hommes tués, blessés ou prisonniers, dont deux officiers, et onze chevaux, dont deux d'officiers.
Le capitaine de carabiniers du 3e bataillon de la 9e légère a eu un cheval tué sous lui. Il appartenait au chef de bataillon.
La perte de l'ennemi a dû être au moins proportionnée. Les prisonniers qui ont été faits sur lui ayant été de suite conduits à Strasbourg, je n'ai pu avoir de renseignements sur ses forces
" (Journal du général Decaen, commandant une brigade de la division Colaud, à l'armée du Rhin commandée par le général en chef Léonard Muller ; ensuite, de celui pendant son commandement à Kehl en vendémiaire et brumaire an VIII ; de celui pendant le commandement d'une division de cette armée, commandée par le général Lecourbe, et durant un autre commandement à Kehl pendant frimaire jusque en germinal que je passai au commandement d'une brigade de la division Souham ; enfin le journal pendant que j'ai commandé cette brigade depuis Fructidor an VII jusqu’au 14 Prairial en VIII - in Picard E., Paulier V. : « Mémoires et journaux du Général Decaen », Plon, Paris, 1910, t. 1, p. 357).

"Paris, 8 nivôse an 8 (29 décembre 1799).
Note pour le ministre de la guerre. ... Le dépôt de la 9e légère se rendra à Orléans ...
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.1, lettre 59).

II/ LA CAMPAGNE DE 1800 OU "L'INCOMPARABLE" 9EME LEGERE

9e Demi-brigade légère 1800-1801
Fig. 1 La 9e Demi-brigade légère en 1800-1801

Le début de l'année 1800 trouve les deux premiers bataillons de la 9e demi-brigade légère dans l'Ouest de la France, dans l'armée du même nom aux ordres du général Brune, à la 4ème division (Chabot). On y compte 1287 hommes et officiers. Les deux chefs des premiers bataillons sont Labassée et Verger. Le chef de brigade est Labassée. Le 3ème bataillon, aux ordres du chef de bataillon Kuhmann, est à l'armée du Rhin à Kehl.

Le plan de Bonaparte, Premier Consul, arrivé d'Egypte pour s'emparer du pouvoir et sauver la situation militaire face aux Autrichiens, sur la frontière italienne jusqu'à Gènes où Masséna est bloqué, et en Allemagne devant le général Moreau, est de déborder les Autrichiens en Italie du Nord grâce à une nouvelle armée formée de toutes pièces : l'armée de Réserve.

Le 25 janvier 1800 (5 pluviôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Mon intention, Citoyen Ministre, est d'organiser une armée de réserve dont le commandement sera réservé au Premier Consul. Elle sera divisée en droite, centre et gauche. Chacun de ces trois grands corps sera commandé par un lieutenant du général en chef. Il y aura, en outre, une division de cavalerie, commandée également par un lieutenant du général en chef.
Chacun de ces grands corps sera partagé en deux divisions, commandées chacune par un général de division et par deux généraux de brigade, et chacun des grands corps aura en outre un officier supérieur d'artillerie.
Chaque lieutenant aura un général de brigade pour chef de son état-major; chaque général de division, un adjudant général.
Chacun de ces corps sera composé de 18 à 20,000 hommes, dont deux régiments de hussards ou chasseurs, et seize pièces d'artillerie, dont douze servies par des compagnies à pied, et quatre par des compagnies à cheval.
Les quatorze bataillons qui forment les dépôts de l'armée d'Orient, les 14e, 30e, 43e, 96e demi-brigades, qui sont dans la 17e division, la 9e et la 24e légère, qui sont à l'armée de l'Ouest, les 22e, 40e, 58e et 52e, qui sont aussi à cette armée, la 11e légère et la 66e, qui sont dans les neuf départements réunis, feront partie de l'armée de réserve.
Les 15e, 19e, 21e, 24e de chasseurs, les 5e, 8e, 9e et 19e de dragons, les 11e, 12e et 2e de hussards, les 1er, 2e, 3e, 5e et 18e de cavalerie, les sept escadrons de dépôt des corps à cheval de l'armée d'Orient, seront le noyau de l'armée de réserve.
La droite sera réunie à Lyon, le centre à Dijon, et la gauche à Châlons-sur-Marne.
Le général de division Saint-Remy fera les fonctions de commandant de l'artillerie de l'armée. Le chef de brigade Gassendi sera directeur général du parc. Le premier inspecteur du génie, Marescot, commandera cette arme. Il y aura un ordonnateur et quatre commissaires des guerres attachés à chacun des trois grands corps, et un ordonnateur en chef attaché à l'armée et résidant auprès du ministre de la guerre, qui fera les fonctions de chef de l'état-major.
Il est nécessaire d'appeler à Paris un membre du conseil d'administration de chacun des corps qui composeront l'armée, porteur de l'état de situation de l'armement, équipement et habillement. Ils s'assembleront à Paris le 15 février.
Vous donnerez des ordres pour compléter le plus promptement possible chaque bataillon à 1,000 hommes.
Vous me proposerez les officiers qui devront composer l'état-major de cette armée.
Vous tiendrez extrêmement secrète la formation de ladite armée, même dans vos bureaux, auxquels vous ne demanderez que les renseignements absolument nécessaires
" (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4552; Correspondance générale, t.3, lettre 4903 ; cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1800, t.1, p. 22-23).

- Inspection du Bataillon auxiliaire de 9e Demi-brigade légère par le Général Schauenburg, le 7 Ventôse an 8

Revue d'inspection du bataillon de dépôt de la 9ème demi-brigade légère le 7 Ventôse An 8 (26 février 1800) par le général inspecteur Schauenburg
(d'après les papiers du général Schauenburg conservés à la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg)

Le 3ème bataillon est alors sous les ordres du chef de bataillon Kuhmann. Il obtient une opinion avantageuse du général inspecteur.
Le bataillon a reçu les compagnies de chasseurs des bataillons auxiliaires suivants : 2ème du Nord, 1er de la Seine, 1er de la Moselle, 1er de l'Eure, 1er de l'Ain.
"L'habillement est passable. Tous les chasseurs sont coiffés de shakos presque neufs, ceux des carabiniers sont très jolis. Les vestes et les culottes peuvent encore servir. La buffleterie est au 2/3 neuve ainsi que les havresacs. L'armement est en assez bon état.
Le chef de bataillon vient de recevoir de Paris, où était le dépôt de la 9e Légère, 600 paires de souliers, et une paire de guêtres pour chaque homme, 200 paires de culottes en avance.
Chaque homme est muni de deux chemises et en a une de réserve dans le magasin.
Le dépôt se tient à présent à Orléans ; Je demande qu' il soit dirigé sur Saverne (Alsace).
Je demande la réunion des bataillons qui composent ce corps afin qu'il puisse être réorganisé en bataillons de guerre
".

"Revue d’inspection passée le 7 Ventôse an 8
Bataillon de Garnison de la 9e Demi-brigade légère.
Etat-major
Kuhmann, Chef de Bataillon du . Ancien militaire duquel j’ai conçu une idée avantageuse d’après l’exactitude de ses réponses aux différentes questions que je lui ai faites sur son administration et la composition de son Bataillon.
- , Adjudant-major du - .
- , Quartier-maitre, du - .
- , Adjudant sous-officier du .
Administration.
Ce Bataillon était fort lors de la revue de 1057 hommes présents sous les armes, y compris les Compagnies de Chasseurs des Bataillons auxiliaires ci-après savoir :
Celles du 2e du Nord.
1er de la Seine.
1er de la Moselle.
1er de l’Eure.
1er de l’Aisne.
Lesquelles Compagnies ont formé en total 417 hommes.
L’effectif de ce Bataillon est de 1363.
En absents de 306.
Il y avait en Capitaines - .
En Lieutenants 37.
En Sous-lieutenants - .
L’habillement de ce Bataillon est encore très passable, tous les Chasseurs sont coiffés de shakos presque neufs, ceux des Carabiniers sont très jolis, les vestes et les culottes peuvent encore passer. La buffleterie est aux deux tiers neuve, ainsi que les havresacs.
L’armement est en assez bon état, le chef a encore environ cent fusils de reste, les Compagnies incorporées dans ce Bataillon ont déjà reçu une partie des effets des Bataillons dont ils faisaient partie, le nombre d’habit complet se porte à 200.
Le chef de Bataillon Kuhmann vient de recevoir de Paris où était le Dépôt de la 9e Légère 600 paires de souliers, une paire de guêtres pour chaque homme et d’autres effets de petit équipement, il y a environ 200 paires de culottes en avance à la suite du corps, chaque homme est muni de deux chemises et en a une de réserve dans le magasin à la suite du corps, il a reçu il y a six mois 538 capotes.
Le Dépôt de la 9e Demi-brigade légère se trouve maintenant à Orléans ; je demande qu’il soit dirigé sur Saverne, pour être placé à Verthe près de Haguenau, et qu’en attendant, il y soit envoyé les hommes qui ne peuvent pas suivre le Bataillon. Je demande que ce Bataillon obtienne du Général en chef un acompte de 400 francs pour l’entretien de ses armes, attendu que par son éloignement des Bataillons de guerre, il n’a rien à sa disposition, enfin je demande la réunion des Bataillons qui composent ce corps afin qu’ils puissent être réorganisés en Bataillon de guerre ; cette opération fournira l’avantage de diviser ce Bataillon presque tout conscrits dans les deux qui se réuniront.
J’ai trouvé dans ce Bataillon 3 Capitaines susceptibles de la récompense nationale et plusieurs Sous-officiers et Chasseurs, ainsi que des hommes à réformer.
Ce Bataillon a un arriéré de solde de 4 mois.
J’ai ordonné au chef de compléter les Carabiniers, d’égaliser les Compagnies, et de faire une meilleure répartition.
Je pense qu’il serait utile pour l’avantage de ce Bataillon, de pouvoir le réunir, ayant un urgent besoin d’instruction.
Résumé.
Je n’ai pas vu assez longtemps ce Bataillon pour donner des détails sur les qualités que peuvent avoir les Officiers et Sous-officiers ; l’apparence n’est pas conforme au moins de moitié. Leur constance et leur manière de se présenter devant leur troupe demande à être régularisée ; il y a plusieurs Officiers trop vieux pour faire la guerre.
L’espèce d’hommes du Bataillon est en général jolie (c’est passé les 2 tiers conscrits) ; ce Bataillon vient d’essuyer de grandes privations pendant 5 mois à Kehl. L’esprit de désertion s’y introduit ; le 4 de ce mois, la 1ère Compagnie a perdu dans une nuit 12 hommes avec armes et bagages et le 5, une autre Compagnie en a perdu 7
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : Registre particulier des revues. An VIII ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.492 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

En mars, la 9eme légère stationne à Nantes, à l'aile droite de l'armée de l'Ouest sous le général Hédouville, quand elle est appelée à faire partie de l'Armée de Réserve en formation à Dijon et ses environs.

Le 12 mars 1800 (21 ventôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Brune, Commandant en chef de l'Armée de l'Ouest : "... Vous aurez reçu l'ordre du ministre de la guerre de faire partir la 19e légère. Cependant, si les deux bataillons de la 9e légère étaient plus sous votre main, vous pourriez les faire partir en place ... " (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4660 ; Correspondance générale, t.3, lettre 5087).

La situation du 15 mars 1800 donne :
7e Division : 9e Légère, 2647 hommes, lieu de départ Tours; 13e légère, 2611 hommes, lieu de départ, Tours; 39e de Bataille (sic), 475 hommes venant de l'Armée d'Italie; 59e de Bataille (3e Bataillon), 658, lieu de départ Arras; 70e de Bataille, 2718 hommes, lieu de départ, Tours (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 608).

Le 20 mars 1800 (29 ventôse an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Brune, Commandant en chef de l'Armée de l'Ouest : "... Je ne conçois pas comment vous n'avez pas encore reçu du ministre de la guerre d'ordre pour la 19e légère. Si vous ne l'avez pas encore reçu, faites partir pour l'armée de réserve les deux bataillons de la 9e, et alors vous appliquerez à cette demi-brigade l'ordre que vous recevriez du ministre de la guerre pour la 19e. Cette demi-brigade, avec les 22e et 60e, formerait la 3e division ... " (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4687; Correspondance générale, t.3, lettre 5128; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.77).

Le 22 mars 1800 (1er germinal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le général Brune aura fourni de l'armée de l'ouest, pour l'armée de Réserve ... deux bataillons de la 9e d'infanterie légère ...
Vous donnerez l'ordre au général Lefebvre de faire partir pour Dijon le dépôt de la 9e légère, les dépôts ou détachements appartenant à ces différents corps qui pourraient se trouver dans les 14e, 15e, 17e divisions ...
Vous ferez connaître au général Moreau que le bataillon de la 9e légère qui est à son armée fait partie de l'armée de Réserve, qu'il est nécessaire qu'il le dirige sur Lausanne où il restera jusqu'à nouvel ordre ...
" (Correspondance générale, t.3, lettre 5141; ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p.74 et 77).

Le même jour (22 mars 1800 - 1er germinal an 8), Bonaparte établit depuis Paris le plan de campagne pour l'Armée du Rhin : "Le premier bataillon de la 9e d'infanterie légère fait partie de l'armée du Rhin; il recevra ordre de se rendre à Lausanne ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4694; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 94 (qui considère qu’elle doit être datée du 15 mars).

Le 23 mars (2 germinal), Berthier écrit depuis Paris au Général Dupont : "... Le général Brune aura fourni, de l'armée de l'Ouest à celle de réserve, ... deux bataillons de la 9e (le 3e bataillon de cette demi-brigade est avec Moreau, mais destiné à l'armée de réserve) ..." ("Extraits des mémoires inédits de Victor").

La situation du 24 mars 1800 donne :
Armée de réserve, par divisions.
7e Division : 9e Légère, 3 Bataillons, 2647 hommes; 13e légère, 3 bataillons, 2611 hommes; 39e de Bataille (sic), 2 Bataillons, 475 hommes; 59e de Bataille, 3e Bataillon, 658; 70e de Bataille, 3 Bataillons, 2718 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 612 - Note : effectif inchangé depuis le 15 mars).

Le 2 avril 1800, le Général Moreau écrit à Bonaparte : "… Le général Lecourbe a envoyé une demi-brigade de renfort dans le Valais. Le 3e bataillon de la 9e légère est en marche pour s'y rendre. Il assure que le Gothard n'est tenable ni pour nous ni pour l'ennemi, mais qu'il appartient à celui qui a le Valais. Il est gardé, mais on ne peut y envoyer trop de troupes, par la difficulté de les y faire vivre ..." (Du Casse (A.) : "Le Général Vandamme et sa correspondance", Paris, Didier, 1870, t. 2, p. 51).

Une situation en date du 10 avril donne à la 9e légère, forte de 3 Bataillons, un effectif de 2647 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 615 - Note : Cette situation, existant seulement à l'état de minute, ne peut inspirer une confiance absolue).

Le Bataillon destiné à se rendre à Lausanne, fort de 800 hommes, passe le 16 avril à Vevey, allant en Valais (Manuscrit Couvreu. Vevey, 16 avril - De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 77).

Situation des Corps de l'Armée de réserve arrivés dans leurs cantonnements le 26 germinal (16 avril).
Corps destinés pour l'Armée de réserve et non encore arrivés.
Infanterie légère, 9e, 2647
Signé : VIGNOLLE ("Extraits des mémoires inédits de Victor"). Le 3e Bataillon est à Lausanne.

L'Ordre du jour, daté de Dijon, le 30 Germinal an 8 (20 avril 1800), et signé par le Général Dupont, indique : "L'armée est formée dans l'ordre suivant:
Le général en chef Alexandre Berthier;
Le général de division Dupont, chef de l'état-major général;
Le général de brigade Vignolle, employé à l'état-major.
Adjudants généraux employés à l'état-major: Léopold Stabeurath, Lacroix, Pannetier.
Les généraux de division Duhesme, Victor et Murat seront employés, provisoirement, comme lieutenants du général en chef ...
Les 9e demi-brigade d'infanterie légère,
30e – de bataille,
59e – –
7e régiment de chasseurs,
formeront une division, commandée par le général divisionnaire Boudet, qui aura sous ses ordres les généraux de brigade Musnier et Duvignau, et l'adjudant général Dalton ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 146).

Le même 30 Germinal an 8 (20 avril 1800), Alexandre Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Vous expédierez les ordres ci-après :
... Au 3e bataillon de la 59e demi-brigade
(note : Cette indication est un lapsus. C'est du 3e Bataillon de la 9e Légère qu’il s'agit; aucun Bataillon de la 59e n'est à Lausanne), de partir de Lausanne aussitôt l'arrivée du 3e bataillon de la 6e demi-brigade, pour se rendre à Poligny, où il rejoindra sa demi-brigade ...
Donnez l'ordre au général Boudet de se rendre à Poligny, où il établira son quartier général. Vous ferez toutes les dispositions pour que les troupes composant sa division soient cantonnées, au plus, à trois heures de marche de son quartier général ...
Ordonnez que les réquisitionnaires et conscrits soient journellement exercés. Prévenez que je me propose de voir successivement toutes les divisions et de les faire manœuvrer.
Donnez des ordres pour que tous les officiers ou agents d'administration destinés à chaque division se rendent au quartier général de la division, et qu'ils ne puissent venir au quartier général de Dijon sans un ordre supérieur
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 148-149).

Suivent le même jour les ordres du Général Dupont :
" Ordre au bataillon de la 9e légère.
30 germinal (20 avril).
En conséquence des dispositions du général en chef, il est ordonné au bataillon de la 9e demi-brigade légère, qui est à Lausanne, d'en partir avec armes et bagages au reçu du présent ordre, pour se rendre à Poligny. Le Commissaire des guerres, de résidence à Lausanne, lui expédiera un ordre de route dont il enverra un double à l'état-major général. Ce bataillon se réunira, à Poligny, aux deux autres bataillons de la même demi-brigade
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 149).

La 9e Légère, 2 Bataillons, doit être à Dijon le 20 avril, à Poligny le 24 avril (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 605 - Résumé de la concentration des troupes venant de l'Ouest). De Poligny, elle doit se rendre le 27 à Lons-le-Saulnier, le 28 à Clairvaux, le 29 à Saint-Lupicin, le 30 à Gex, et le 1er mai à Nyon (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 642).

Les deux Bataillons de la 9e Légère destinée à l'Armée de Réserve arrivent à Dijon, le 20 avril.

Selon la "Force des corps de l'armée de réserve d'après la situation établie à Paris; le 1er floréal an 8 (21 avril 1800)", la 9e Légère a un effectif de 2643 hommes présents sous les armes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 621 - Archives nationales AF. IV; reg. 1132).

Le 21 justement, les deux Bataillons quittent Dijon, marchant par Auxonne, Dôle, Mont-sous-Vaudrey et Salins (d'après le Registre d'ordres de Dupont) sur Poligny, qu'ils atteignent le 24, à l'effectif de 1200 hommes (ils avaient 1319 hommes à leur départ, d'après le "Relevé des mouvements de troupes par décade"). La municipalité de cette ville écrit au Général Berthier pour exposer que les vivres ne sont pas assurés et pour demander "des denrées et de l'argent" (25 avril, lettre des "administrateurs municipaux de Poligny faisant fonctions de maire audit lieu"). La 9e Légère forme la Division Boudet, avec la 59e et la 30e de Ligne (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 77-78).

Situation de l'Armée de réserve au 25 avril 1800
BERTHIER, Général en chef
DUPONT, Général de Division, Chef de l'Etat-major général
DUHESME, Lieutenant du Général en chef
BOUDET, Général divisionnaire, Quartier général à Poligny
MUSNIER et GUENAND, Généraux de Brigade
DALTON, Adjudant général
9e Légère, à Poligny, 2542 hommes
30e de Bataille, à Nuits, 3070 hommes
59e de Bataille, à Mirebeau, 2196 hommes
7e Chasseurs à cheval à Plombières, 150 hommes.
Effectif total : 7958 hommes
(De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 622 - Note : Une autre situation a été établie la veille, 24 avril, sous une autre forme présentant les effectifs par armes et subdivisions d'armes au lieu de les donner par division. – Elle ne diffère de celle-ci que par quelques détails (Archives nationales AF. IV, registre, 1159). Donnée dans : "Extraits des mémoires inédits de Victor". A noter qu'une situation établie le même jour à Paris, donc un peu moins fiable, donne la 9e Légère à Avallon pour un effectif de 2643 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 627)

Le 26 avril 1800 (6 floréal an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Commandant en chef l'Armée de réserve, à Dijon : "... voici comment je vois votre armée : (...) La division Boudet, composée des 9e légère, 30e, 59e de ligne : 7 à 8,000 hommes (...). Ces quatre divisions disponibles et prêtes à marcher au 10 floréal (...). Ainsi, il me semble que, le 15 floréal, vous pourrez avoir à Genève, prêts à se porter où il sera nécessaire : (...) les quatre premières divisions ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 114 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4732; Correspondance générale, t.3, lettre 5202; donnée dans "Extraits des mémoires inédits de Victor" ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 202).

Le 6 Floréal an 8 (26 avril 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef de l'Etat-major : "Vous donnerez les ordres ci-après :
Ordre à la 9e demi-brigade d'infanterie légère de partir demain 7 de Poligny pour se rendre à Nyon, sur le lac de Genève, où elle attendra de nouveaux ordres ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 187).

Le 8 Floréal an 8 (28 avril 1800). Berthier, Général en Chef de l'Armée de réserve, écrit, depuis Dijon, au Chef d'Etat-major : "Vous donnerez les ordres, citoyen Général, pour former les divisions de l'armée ainsi qu'il suit :
... La division Boudet, composée des 9e légère, 30e et 59e de ligne ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 207).

Situation de l'Armée de réserve au 30 avril 1800 (10 floréal)
BERTHIER, Général en chef
DUPONT, Général de Division, Chef de l'Etat-major général
DUHESME, Lieutenant du Général en chef
BOUDET, Général divisionnaire
MUSNIER et GUENAND, Généraux de Brigade
Colin, Adjudant général
9e Légère, en marche pour Nyon, 2542 hommes
30e de Bataille, en marche pour Dijon, 2370 hommes
59e de Bataille, en marche pour Nyon, 2379 hommes
Effectif total : 7291 hommes
Observations : La 9e Légère arrive le 11 Floréal à Nyon.

La Division Boudet (9e Légère et 59e) est concentrée à Nyon le 4. D'après le registre municipal de Nyon, à la date du 2 mai, il semble que la 9e Légère arrive le 2 mai à Nyon : "Lettre du 1er mai au soir, du commissaire des guerres, annonçant l'arrivée de 2,400 hommes dans les environs, dont 200 logeront à Nyon". Mais le Général Boudet, devançant sa Division, est arrivé à Nyon dès le 29 avril; car, dès ce jour-là, il requère la ville "de lui fournir le linge de nuit et de table et quelque batterie de cuisine" (Registre municipal de Nyon, 29 avril). Il est encore près de cette ville le 3 mai, car, de nouveau, il y fait réquisitionner du linge (Registre municipal de Nyon, 3 mai).

Le 16 Floréal an 8 (6 mai 1800), le Général de Division Watrin écrit, depuis Lausanne, au Général Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'armée : "Je viens, mon cher Général, de visiter ma ligne et le Mont-Saint-Bernard.
Il était temps que j'arrivasse à Martigny, car le général Mainoni avait déjà deux fois donné l'ordre à la 6e légère d'occuper le haut Valais, et il voulait la mêler dans son corps de troupes. Après quelques légers débats, je suis convenu avec lui qu'il vous renverrait de suite le bataillon de la 9e légère, qui aura rejoint son corps à Morges sous deux jours.
Les deux bataillons de la 6e légère formant, comme je vous l'ai déjà mandé, environ 800 hommes, vont occuper Saint-Maurice et Bex. Je n'ai pas encore de nouvelles du restant de ce corps, qui, comme vous voyez, est très faible.
Les 22e et 40e de bataille sont cantonneés le long du lac, depuis Bex jusqu'à Lausanne inclus. On les instruit à force; mais, comme je vous l'ai mandé dans mes précédentes lettres, mon cher Général, nous avons tous le plus grand besoin de souliers. Je vous prie de nous en envoyer par eau à Lausanne
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 286).

Le Bataillon de la 9e Légère, venu de l'Armée du Rhin, est en avant. Le 7 mai, "revenant du Valais", il passe à Vevey "sans s'arrêter, allant coucher à Chexbre (entre Vevey et Lausanne), à l'effectif de 800 hommes" (Manuscrit Couvreu, Vevey). Le 8, ce Bataillon revient cantonner à Vevey (Manuscrit Couvreu - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 292).

La 9e Légère de la Division Boudet, à l'effectif de 2,700 hommes, arrive à Vevey le 9 mai, cantonne dans la ville et y fait séjour le 10 (Manuscrit Couvreu - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 311).

La "Situation de l'armée de réserve au 19 floréal an 8 (9 mai 1800)" indique :
Berthier, Général en chef
Division Boudet, Généraux de Brigade Musnier et Guénand; 9e Légère, 2542 hommes, à Lausanne et environs (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 654 - Archives nationales, AF. IV, registre, 1159).

Selon la "Composition et l'ordre de bataille de l'armée" en date du 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), la 9e Légère, forte de 2542 hommes, est à Lausanne ; elle est sous les ordres du Général de Division Boudet, lui même sous les ordres du Général Duhesme (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 665; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 73 donne partiellement cette situation).

Le même 20 Floréal an 8 (10 mai 1800), Berthier, Général en Chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Genève, au Général Dupont : "L'armée, citoyen Général, sera organisée ainsi qu'il suit :
... Le général Duhesme commandera les divisions Loison et Boudet, savoir :
... La division Boudet :
9e légère;
30e de bataille;
59e de bataille; 1 escadron du 15e de chasseurs ...
Donnez également tous les autres ordres nécessaires à l'organisation ci-dessus ..
Faites faire un état de l'organisation de l'armée que vous remettrez au Premier Consul à 11 heures. Vous ajouterez à cet état en observation toutes les troupes annoncées et qui ne sont point encore arrivées. Vous mettrez sur cet état la force des corps ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 315).

Le 11 mai 1800, les Divisions Loison et Boudet doivent passer la revue du Général en Chef, mais cette dernière est reportée au 12 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 311 et 319).

Le 23 Floréal an 8 (13 mai 1800), Lannes, Général de Division commandant l'avant-garde, écrit, de Saint-Pierre, au Général en chef : "Citoyen Général,
Nous aurons beaucoup plus de difficultés pour monter l'artillerie que je ne croyais, j'espère cependant que tout sera monté après demain de bonne heure et que je passerai le Saint-Bernard avec l'avant-garde le 26.
Je vous prie de donner des ordres pour qu'on envoie des cordages, afin qu'on puisse monter l'artillerie avec plus de célérité.
Les transports des subsistances vont très lentement; il n'y a encore ici qu'environ 30 quintaux de biscuit, et nous n'avons ni fourrages, ni avoine.
D'après les renseignements que pris, citoyen Général, sur la force des Autrichiens depuis Saint-Rémy jusqu'au fort Bard, il parait qu'il n'y a qu'un régiment fort d'environ 1500 hommes.
Le citoyen Danthouard est indispensablement nécessaire ici pour le passage de l'artillerie; il avait reçu l'ordre de passer dans une autre division; mais, connaissant l'importance de sa présence, j'ai pris sur moi de le garder; je vous prie d'en instruire le général Marmont.
Le général Mainoni m'a écrit qu'il ne pouvait descendre à Martigny avec la 28e demi-brigade que le 27 au plus tôt; vous voyez, citoyen Général, que cette demi-brigade aura bien de la peine pour rejoindre l'avant-garde; je vous prie de m'envoyer pour la remplacer, la 9e d'infanterie légère ou la 13e, que je connais particulièrement
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 346).

"État des sommes payées aux différents corps de troupes qui se trouvaient à Lausanne ou dans les environs le 23 du courant, savoir :
... A la 9e demi-brigade légère 8233,10 ...
Certifié le présent état véritable, à Villeneuve, le 25 floréal an 8.
LE BLOND, caissier"
(De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 579).

Accompagné de Berthier et de Dupont, le Premier Consul part de Lausanne en voiture, le 13 mai à midi et arrive à 3 heures à Vevey. La Division Boudet, forte de 5,118 hommes, comprenant les 9e Légère, 30e et 59e de Bataille, l'attend sur la place du Marché. "… A 2 heures et 3/4, le Premier Consul est enfin arrivé, annoncé par le bruit du canon, qui n'a cessé de tirer que lorsqu'il a été sur la place. Accompagné des généraux Berthier, Victor, de l'aide de camp général et des quatre généraux ci-dessus, il a fait l'inspection des troupes en passant entre les lignes, au bruit du tambour et de la musique alternativement. Il a paru fort satisfait de la tenue de la 9e, mais peu des deux autres. Après l'inspection, l'aide de camp général a commandé l'exercice de la charge et des feux; après quoi, toute cette petite armée a défilé par pelotons devant lui et les autres généraux. Après quoi, tous les officiers et sous-officiers ont été appelés à l'ordre. Bonaparte leur a adressé un petit discours, dans lequel on a remarqué cette phrase: J'ai offert la paix à l'Empereur, il ne l'a pas voulu; il ne nous reste plus qu'à le prendre à la gorge …" (Manuscrit Couvreu, Vevey - cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 351).

La brigade de cavalerie de l'avant-garde (Général Rivaud) est à Vevey le 14; elle reçoit l'ordre de venir le 15 à Saint-Pierre. C'est une marche de 76 kilomètres, avec 1253 mètres de différence de niveau (Vevey, 380 mètres; Saint-Pierre, 1633 mètres). Elle ne fait que 49 kilomètres et cantonne à Martigny, avec la Division Loison, et en arrière de la Division Boudet, qui occupe Orsières (9e Légère - Arch. d'Orsières, registre des fournitures militaires) et Sembrancher (30e et 59e), le 15 mai (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 389).

Incorporée dans la division Boudet (5ème division) avec la 59e et la 30e de Ligne, la 9eme légère franchit le St Bernard à la tête de sa division le 17 mai.

Le 27 Floréal an 8 (17 mai 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Étroubles, au Général Dupont : "Vous donnerez l'ordre au général Lannes d'attaquer l'ennemi demain matin avec toute son avant-garde. La pièce de 8 et l'obusier doivent le rejoindre cette nuit.
Vous préviendrez le général Lannes que n'ayant pu faire monter de caisson, je lui envoie les munitions d'artillerie sur des mulets du pays; il faut qu'il prenne des mesures pour les faire suivre par des mulets d'Aoste conduits par des soldats.
Vous le préviendrez que je fais partir d'Étroubles demain à 4 heures du matin la division Boudet pour se rendre à Aoste, ainsi que le 12e de hussards et le 21e de chasseurs. Mon intention est de le faire soutenir par la 9e demi-brigade légère, qui, après avoir rafraîchi à Aoste, se remettra en marche.
Le général Lannes prendra des mesures pour faire suivre les objets nécessaires à sa division, qui devra poursuivre l'ennemi le plus loin possible et être à même de s'emparer le plus tôt possible du château de Bard.
Le général Lannes calculera le moment de son attaque de manière à être soutenu par la 9e légère, qui arrivera à 6 ou 7 heures du matin à Aoste, où je compte être rendu moi-même de très bonne heure.
La division Chabran restera en position à Aoste et gardera les débouchés du côté de Saint-Léger, où il ya un chemin qui vient de Bard en passant par la vallée de Champorcher; il serait même nécessaire que le général Chabran poussât une reconnaissance sur ce chemin jusqu'à Cogne et au delà, pour connaître la nature de ce chemin.
Envoyez un officier d'état-major, avec cette reconnaissance, qui nous apportera un rapport de ce chemin
". On battra la générale demain 28 à 3 h. 1/2, l'assemblée à 3 h. 3/4 et les drapeaux à 4 heures précises, pour se mettre en marche. Il est essentiel qu'on parte à cette heure précise et plus tôt que plus tard (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 407).

La 9e prend part à l'attaque du fort de Bard, le 19 mai.

Le 30 Floréal an 8 (20 mai 1800), le Général Dupont écrit, de Verrès, à l'Adjudant général Lacroix : "Je viens de charger Rigaud de lever une brigade de paysans qui se rendront de suite à Arnaz pour travailler au transport de nos pièces de 3 sur la montagne.
Employez des troupes, en outre, à cette opération, qui est d'une urgence extrême. Le général en chef vous envoie 1200 francs pour animer ce travail. Demandez au général Boudet des hommes de la 9e légère, qui doit être près d'Arnaz, ou de la 30e, si elle est arrivée en avant de Verrès. Prenez les plus rapides moyens. Vous sentez que l'attaque du général Lannes devra son succès au feu de ces pièces
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 439).

Selon un état de la "Force de l'Armée de réserve en Italie au 1er prairial an 8 (21 mai 1800", la 9e Légère compte 2200 hommes pour un effectif total de 2542 De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.1, p. 679).

La 9e marche sur Ivrée d'où elle chasse les Autrichiens.

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Le 6, l'avant-garde du lieutenant général Lannes eut l'ordre d'attaquer l'ennemi sur la route de Turin, et je reçus celui de marcher pour servir de réserve.
L'avant-garde livra combat et je la soutins dans cette affaire qui est connue sous le nom de Bataille de la Chiusella. Un escadron du 11e de hussards, de ma division, fort de 80 hommes, commandé par le citoyen Ismert, chef d'escadron, chargea l'ennemi et en reçut plusieurs charges en montrant beaucoup de valeur; il eut 14 hommes tant tués que blessés.
J'avais servi de réserve avec mon infanterie jusqu'au village de Romano et, placé en avant de cette position, je reçus l'ordre de poursuivre l'ennemi; ce que je fis jusques sur le sommet des montagnes qui avoisinent Foglizzo. La précipitation de sa retraite et l'ordre qui me vint d'arrêter ma marche m'empêchèrent de l'atteindre avec avantage; il perdit quelques hommes et chevaux et je n'eus qu'un chasseur de la 9e de blessé
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 12).

D'Ivrée, la demi-brigade est dirigée sur Sauthia et sur Varcelli, où elle disperse la cavalerie ennemie qui voulait s'opposer au passage de la Sésia. Une compagnie de nageurs, formée dans la demi-brigade, ayant à sa tête les lieutenants Douot et Viverio, contribue puissamment au passage de cette rivière, ainsi qu'à celui du Tessin.

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "... Le 9 (Prairial - 29 mai 1800), le lieutenant général Murat devant opérer le passage de la Sesia, décida d'aller prendre le gué presque en face de Palestro, afin de venir tourner l'ennemi, tandis que je passerais sur la gauche de Verceil et me porterais sur Borgo Vercelli. La division Monnier ne suffisant point au mouvement du lieutenant général Murat, je lui prêtai ma première brigade, formée par la 9e demi-brigade légère et commandée par le général Musnier ; je me réservai ma seconde brigade composée des 30e et 59e demi-brigade et commandée par le général Guénand. La 9e légère ouvrit le gué à la colonne du lieutenant général Murat; elle eut beaucoup à faire et à souffrir pour vaincre la force du courant; quatre carabiniers de première file furent emportés et noyés, ce qui n'intimida pas le restant des troupes. Elles furent ensuite aidées dans le passage par la cavalerie et par plusieurs militaires, officiers et soldats, qui, sachant nager, furent d'un très grand secours. Le passage du lieutenant général Murat força l'ennemi d'abandonner entièrement la rive, et il fut prudent car, d'après nos dispositions, il ne pouvait manquer d'être pris, s'il eût voulu tenir.
Le passage que j'exécutai sur la gauche de Verceil n'éprouva pas moins de difficultés que celui de la droite, par la rapidité du courant. Un peloton de six hussards, à la tête duquel était mon officier de correspondance Dierx, fut emporté et culbuté; un homme et un cheval disparurent et les autres échappèrent par hasard. L'aide de camp du général Guénand et un soldat, passant avec la colonne, périrent aussi; l'on dut le salut de plusieurs militaires à la cavalerie et aux efforts des nageurs, officiers et soldats, notamment à ceux de mon aide de camp Bagnet.
La reconnaissance de quelques vedettes ennemies placées sur l'autre rive, pressait l'exécution du passage. Je voyais mes troupes en danger et je passai quatre fois la Sesia pour activer leurs mouvements et leur inspirer cette confiance que les circonstances rendaient nécessaire
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 35).

Concernant la journée du 31 mai 1800, le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Le 11, l'avant-garde du lieutenant général Murat se rendit à Galliate pour opérer le passage du Tessin. La première demi-brigade de ma division se porta au pont, en face de Porto-di-Buffalora, et ma seconde demi-brigade suivit, sous mes ordres, le mouvement de l'avant-garde du lieutenant général Murat.
L'ennemi, placé sur la rive opposée du Tessin en face de Galliate, était fort bien retranché et avait plusieurs pièces d'artillerie. Le feu de mousqueterie s'engagea et l'ennemi appuya le sien d'une forte canonnade.
L'artillerie légère, composée seulement de deux pièces de 4 servie par les canonniers de la garde des consuls, vint se placer devant leur batterie, et, soutenue ensuite par deux pièces de ma division, elle obligea l'ennemi à lâcher. Ce mouvement, en outre de quelques corps d'infanterie placés sur des petites barques, le força de précipiter sa retraite. L'avant-garde eut alors une infinité d'obstacles à surmonter pour amener et porter à bras des bateaux; après quoi, elle passa peu à peu la rivière.
Pendant ce temps, l'ennemi qui venait d'évacuer la rive du Tessin reçut un renfort où se trouvait le général Loudon en personne, et s'établit à Turbigo. Mais sa position, quoique formidable, fut bientôt enlevée par la division Monnier, qui formait l'avant-garde, et à laquelle s'étaient réunis les grenadiers de ma seconde demi-brigade qui avaient passé la rivière avec mon aide de camp Moreau. L'ennemi perdit dans cette action 700 hommes, dont 400 furent fait prisonniers. Le général Guénand, avec sa brigade, prit position en avant de Turbigo. Après avoir concouru avec ma deuxième demi-brigade à assurer le passage du Tessin, devant Galliate, je laissai ma troupe et me transportai en face de Porto-di-Buffalora, où était ma première demi-brigade sous les ordres du lieutenant Duhesme, afin de faire exécuter le passage de ce côté. Mais l'ennemi avait coupé les ponts qui se trouvent sur les deux bras que forme la rivière dans cette partie; il avait aussi coulé tous les bateaux et l'on fut obligé d'en faire remonter quelques-uns de très loin. On se servit encore pour cette opération des nageurs de la 9e légère, qui l'exécutèrent avec beaucoup de zèle et de courage malgré la rapidité du courant et la perte d'un de leurs camarades qui se noya. On ne put passer dans la soirée qu'un détachement de 15 hommes qui se porta à Buffalora et en chassa un petit parti d'ennemis
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 56).

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Le 12, le restant de la 9e légère passa le Tessin et rejoignit à Buffalora, ainsi que ma deuxième demi-brigade qui venait de Turbigo.
Le soir, ayant eu l'ordre de me rendre au lieutenant général Murat, ma division suivit son avant-garde et vint prendre position en avant de Corbetta, sur la route de Milan
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 77).

Le 2 juin, au passage du Tessin, qui est vivement disputé par les troupes autrichiennes, le chirurgien aide major Vanderbach, voyant quelques carabiniers découragés ne pas suivre l'élan général et hésiter à tenter le passage de cette rivière, s'y précipite pour leur donner l'exemple. Il fut immédiatement suivi par les carabiniers et par toute la brigade. Ils arrivèrent à l'autre bord, sous la mitraille des Autrichiens, s'emparèrent des barques ennemies et fournirent un moyen de passage à toute la division. Vanderbach reçut une épée d'honneur pour ce trait mémorable. Pendant ce temps Bonaparte entrait dans Milan.

Le "rapport des opérations militaires du lieutenant général Duhesme" raconte : "Le 14, elles (les divisions Boudet et Loison) quittèrent leurs positions et marchèrent sur Melegnano, où elles rencontrèrent l'ennemi qui défendit assez longtemps le village, mais bientôt forcé, se retira derrière le Lambro et défendit le passage du pont avec deux pièces de canon. La défense de l'ennemi a été des plus opiniâtres, l'attaque de nos troupes des plus audacieuses. La 9e légère, accoutumée dès longtemps à connaître peu d'obstacle, battant la charge, les officiers généraux à la tête, força le pont.
L'ennemi, craignant pour son artillerie, fit charger sa cavalerie qui deux fois échoua vis-à-vis notre infanterie.
L'ennemi, non content de sa défaite, gagne la crête de la colline et défend encore cette position.
Le combat s'engage de nouveau avec acharnement surtout avec la légion de Bussy, qui déjà s'était mesurée avec le 11e d'hussards. Après deux heures de combat, nous restâmes maîtres du champ de bataille. La nuit s'approchant, le général y prit position.
Nous avons dans cette affaire, dont on n'a point parlé, tué beaucoup de monde à l'ennemi; sa cavalerie surtout a beaucoup souffert; nous avons fait 150 prisonniers, parmi lesquels 4 à 5 officiers de la légion de Bussy, mais tous blessés sérieusement. Nous avons à regretter quelques braves. La division Boudet a mérité les plus grands éloges
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 94).

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Le 14, la division du général Loison et la mienne, réunies sous les ordres du lieutenant général Duhesme, eurent ordre de se mettre en marche sur la route de Lodi. La 9e légère forma l'avant-garde. Je me portai à la tête de son premier bataillon pour reconnaître la position de l'ennemi et je trouvai ses avants-postes en avant de Marignano (sic). Là, ils engagèrent une action qui devint assez chaude par l'opiniâtreté avec laquelle ils défendirent le pont construit sur la rivière Lambro, qui coupe le village.
L'ennemi fut débusqué et poursuivi jusqu'à Tavazano, où j'eus l'ordre du lieutenant général Duhesme de m'arrêter.
Les forces de l'ennemi dans cette affaire étaient de 1200 hommes d'infanterie et de 800 de cavalerie. Sa perte fut de 20 hommes tant tués que blessés, et celle du premier bataillon de la 9e légère de 11
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 95).

L'Adjudant général Dalton écrit, de Tavazano, le 14 Prairial an 8 (3 juin 1800), au Général de Division, Chef de l'Etat-major de l'armée, à Milan : "Je vous prie, citoyen Général, de donner des ordres pour qu'il soit fourni de suite 50,000 cartouches à la division.
Le passage de la Sesia nous en a fait perdre une grande quantité. L'affaire d'aujourd'hui a consommé une grande partie de celles de la 9e et la quantité que je vous demande ne complétera guère la division qu'à 40 par homme.
Je vous envoie trois hussards pour les escorter
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 96).

Le "Journal de la campagne de l'armée de réserve, par l'adjudant-commandant Brossier" raconte : "15 prairial, – Prise de Lodi. – Divisions Boudet et Loison. – Le 14, les divisions Boudet et Loison, commandées par le général Duhesme, campent à Melegnano et le 15, à 6 heures du matin, elles en partent pour s'avancer sur Lodi. La division Boudet pénètre dans la ville et se dispose à forcer le passage du pont sur l'Adda; il était coupé et l'ennemi occupait la rive opposée. Une nouvelle fusillade s'engage après laquelle celui-ci commence sa retraite. On s'occupe aussitôt de la réparation du pont, et la 9e légère, secondée du 11e d'hussards, poursuit l'ennemi, lui fait quelques prisonniers, et porte ses reconnaissances jusque sur Crema.
Lodi renfermait des magasins considérables de fourrages, de farine, de sel et de salpêtre.
Après cette affaire, la division Boudet plaça un bataillon de la 9e légère avec les hussards du 11e à un demi-mille en avant du pont et la 59e demi-brigade bivouaqua à la droite de la rivière. Son avant-garde (lire: l'avant-garde de la division Loison) à Martino, sur la route de Pizzighettone en arrière de la Muzza; son corps de bataille à Sesto et le 2e régiment de chasseurs en arrière de la ville ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 105).

Le 15 Prairial an 8 (4 juin 1800), à 9 heures du soir, l'Adjudant général Paulet écrit, depuis Lodi, au Général de Division, Chef de l'Etat-major général, à Milan : "Les divisions Boudet et Loison quittèrent ce matin, à 6 heures, les positions qu'elles occupaient au delà de Marignano, pour se diriger sur Lodi. A 9 heures la division Boudet entra dans la ville.
Les dispositions furent prises pour forcer le passage du pont, que nous trouvâmes coupé après une légère fusillade, l'ennemi qui n'avait laissé qu'un fort poste d'observation, commença sa retraite. On répara le pont et la 9e légère, avec les hussards du 11e régiment, essayèrent de suivre l'ennemi, qui se laissa faire quelques prisonniers. Nos reconnaissances ont été jusque près de Crema, que l'ennemi évacue, suivant les rapports de quelques déserteurs.
Le pont entièrement réparé, la division Boudet prit position ainsi qu'il suit :
Un bataillon de la 9e légère, à un demi-mille en avant du pont, avec les hussards du 11e régiment ; les deux autres bataillons de cette demi-brigade sont à la tête du pont;
La 59e demi-brigade forme la réserve et se trouve bivaquée de ce côté-ci de la rivière;
La division Loison a son avant-garde à San-Martino, sur la route de Pizzighettone, derrière la Muzza. Le corps de bataille est bivaqué à Sesto;
Le 2e régiment de chasseurs est bivaqué en arrière de la ville ...
" De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 104).

Le 15 Prairial an 8 (4 juin 1800), Berthier, Général en Chef de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Milan, au Chef de l'Etat-major : "Donnez l'ordre qu'on fasse passer sur-le-champ des cartouches à la 9e demi-brigade, qui est à Lodi, et qui doit en partir sur-le-champ; 40,000 cartouches si cela est possible. Cette demi-brigade part demain matin avec le général Murat; s'il n'y avait pas assez de cartouches ici il faudrait en prendre à Pavie ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 108 - Cette lettre, dont l'original est aux Archives de la guerre, n'est pas datée. Il a été facile de fixer le jour où elle a été écrite, par les prescriptions qu'elle renferme au sujet de la position de la 9e légère à Lodi et des pièces à prendre à Pavie).

Le 16 Prairial an 8 (5 juin 1800), Dupont, Général de Division, Chef de l'Etat-major de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Milan, au Ministre de la Guerre : "La ville de Lodi a été occupée hier par les troupes de la République; nous sommes maîtres du passage important de l'Adda.
Le 14, les divisions Boudet et Loison, commandées par le général Duhesme, ont pris position près de Marignano, et, le lendemain, elles ont marché sur Lodi.
Le pont ayant été coupé par l'ennemi, il s'est engagé, de l'une à l'autre rive de l'Adda, un feu de mousqueterie qu'il n'a pas soutenu, et il a opéré sa retraite. Le pont a été réparé avec assez de célérité pour que la 9e légère et un escadron du 11e d'hussards aient pu atteindre son arrière-garde et lui faire des prisonniers.
Des reconnaissances ont été poussées jusqu'à Crema. On a trouvé à Lodi des magasins assez considérables de fourrages, de farines, de sel et de salpêtre
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 106).

Après avoir pris Lodi, la Demi-brigade se dirige ensuite sur Plaisance, sous les ordres de Murat.

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Attaque de la tête de pont de Plaisance. – Le 16, ayant reçu l'ordre de me ranger, avec ma division, sous les ordres du lieutenant général Murat, je formai son corps d'armée auquel étaient jointes deux brigades de cavalerie.
Nous nous portâmes sur la route de Plaisance.
L'escadron du 11e régiment de hussards, ayant eu l'ordre d'éclairer notre marche, attendu la position de l'ennemi à Pizzighettone, rencontra les premières vedettes en avant de Fombio et les chassa jusqu'à l'avant-poste ennemi, placé au village qui précède la tête du pont. Là se livra une petite action dans laquelle les nôtres firent quatre prisonniers et poursuivirent le reste jusqu'à la tête du pont, d'où ils furent obligés de revenir, l'ennemi s'étant présenté en force et leur ayant tiré plusieurs coups à mitraille.
Ma division, qui avait forcé sa marche, arriva en face de la tête du pont de Plaisance, défendue par 12 pièces d'artillerie et 5 à 600 hommes d'infanterie.
Il y avait, en outre, de l'autre côté de la rive, une même quantité de bouches à feu qui prenaient en flanc tous les points sur lesquels on pouvait se présenter.
D'après les dispositions prises de concert avec le général Murat, je formai trois colonnes d'attaque. Celles de droite et de gauche étaient composées de la 9e légère et celle du centre des trois compagnies de grenadiers et du 1er bataillon de la 59e demi-brigade.
Les deux premières colonnes devaient longer la rivière et se porter sur les flancs de la tête du pont, tandis que celle du centre ne devait que se montrer et agir sur la position de l'ennemi, au moment qu'il aurait été ébranlé. La formidable artillerie qui nous était opposée eût rendu trop meurtrière une attaque de front.
Les colonnes de droite et de gauche opérèrent leurs mouvements, mais elles rencontrèrent sur les flancs de la tête du pont un feu d'artillerie extrêmement vif et auquel elles étaient obligées de présenter le front un quart d'heure avant d'aborder; elles essuyaient, en outre, le feu de l'autre rive qui les prenait en flanc. Une telle défense fit remettre l'attaque pour la donner pleinement dans un moment moins favorable à l'ennemi; ce devait être la nuit. Cela n'empêcha pas qu'une partie des troupes conduites par moi, le général Musnier et l'adjudant général Dalton, sur les différents points d'attaque, gagnèrent avec impétuosité, jusque sous la tête de pont, à petite portée de pistolet. De là, couvertes par quelques fossés et épaulements formés par la nature, elles firent un feu de mousqueterie si vivement, si heureusement servi contre ceux qui étaient dans la tête du pont, que l'ennemi a avoué lui-même que, par cette fusillade, il avait perdu 330 hommes.
La nuit était attendue et les dispositions étaient prises pour faire enlever la tête du pont, lorsque l'ennemi, après un feu soutenu et opiniâtre de toute son artillerie, évacua ses pièces avec une extrême précision, toujours protégé par ses canons de l'autre rive. L'instant que cessa le feu d'artillerie qui partait de la tête du pont fut saisi par un officier et cinq soldats qui, se trouvant très près, devancèrent les dispositions d'attaque que l'on prenait et entrèrent dans la tête du pont, où ils trouvèrent encore 80 hommes qu'ils firent prisonniers. Ceux-ci ne se voyant d'abord entourés que de six hommes, voulaient résister, mais l'audace et la fermeté de l'officier et des cinq soldats qui s'y étaient portés si vaillamment, en imposèrent assez longtemps pour qu'un renfort pût arriver pendant ce temps. L'ennemi, qui craignait sans doute qu'en attendant l'arrivée du corps qui défendait la tête du pont, les Français ne vinssent avec lui, aima mieux le sacrifier; il ouvrit le pont et laissa filer une partie des bateaux qui le soutenaient.
Je ne puis donner assez d'éloges à tous les militaires et officiers et soldats qui ont pris part à cette affaire. La constance avec laquelle la troupe supporta un feu de mitraille tel qu'il ne s'en est point vu, et l'intrépidité avec laquelle elle l'affronta, ont dû donner à nos ennemis une haute idée de sa valeur. La division perdit 500 hommes, tant tués que blessés, la plus grande partie par le feu du canon
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 16).

Le "Journal de la campagne de l'armée de réserve, par l'adjudant-commandant Brossier", raconte : "17 prairial (Il semble qu'il y a là un lapsus et qu'on doit lire 16 prairial - 5 juin). – Attaque et prise de la tête du pont de Plaisance. – Division Boudet. – Lieutenant général Murat. – Le 17 prairial, à 3 heures du matin, la division Boudet, sous les ordres du lieutenant général Murat, lève le camp de Lodi, qu'elle occupait depuis le 14, et marche sur Plaisance. Une forte tête de pont couvrait le pont et les avant-postes ennemis étaient à 2 lieues en avant; ils se retirent d'abord d'une lieue à l'approche des Français; mais, voulant tenir dans cette seconde position, le combat s'engage, et ils sont repoussés jusque dans leurs retranchements.
La division Boudet, formée aussitôt sur trois colonnes, marche contre cette redoute qui, garnie de 12 canons, faisait un feu bien soutenu et était, en outre, appuyée par plusieurs batteries placées sur la rive droite du Pô. Ces obstacles ne peuvent rien contre l'ardeur du soldat. Il s'avance intrépidement vers les retranchements jusqu'à la portée du pistolet, et y prend poste à la faveur de quelques avantages du terrain.
Il y eut alors un moment de repos, et l'on se proposait de renouveller l'attaque à la faveur de la nuit qui approchait; mais, un certain mouvement s'étant fait entendre dans les ouvrages à 10 heures du soir, on y poussa quelques reconnaissances; l'une d'elles, commandée par le citoyen Caseau, chef de bataillon de la 9e légère, et composée de six chasseurs, s'avance jusqu'à la barrière et pénètre dans la redoute; il y restait 80 hommes qui se préparaient à faire résistance, lorsque l'arrivée d'un chef de la 59e, à la tête de quelques hommes, les intimident et les déterminent à mettre bas les armes.
La 9e légère a perdu 15 hommes tués, dont 2 officiers et 56 blessés, dont 2 capitaines;
La 59e a eu 8 hommes tués et 22 blessés;
La cavalerie n'a fait aucune perte.
Un conscrit, placé sur le point le plus rapproché de la redoute et sous un feu perpétuel de mousqueterie et de mitraille, a consommé plus de 100 cartouches, conservant un sang-froid qui ne s'est pas démenti un seul instant.
L'ennemi a tiré, pendant la nuit et le jour suivant, de la rive opposée, dans la tête du pont; on lui a riposté par des obus; il a coulé plusieurs bateaux qui faisaient partie du pont, a blessé deux canonniers et démonté une pièce de 8
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 168).

La 9e arrive à Plaisance, en tête de la division, le 6.

Le "rapport des marches et opérations de la division Boudet" raconte : "Le 18, la division se mit en marche à 2 heures du matin pour Nocetto. Aussitôt arrivée, la 9e commença le passage sur les bateaux qui avaient été réunis. Quelques vedettes ennemies se retirèrent à l'approche des troupes qui passèrent successivement sans rencontrer aucun obstacle. Le général Musnier, commandant la 1re demi-brigade, avait l'ordre de réunir ses troupes de l'autre côté et d'attendre le passage entier de la division; mais, ayant appris que l'ennemi venait de recevoir un renfort considérable et en attendait encore un qui venait par la route de Parme, il se porta précipitamment en avant sur Plaisance. Il y rencontra la cavalerie ennemie qui voulut charger ses troupes, mais il se forma en colonnes serrées, et les carabiniers, tout en criant qu'ils voulaient venger la journée de la veille, marchèrent, la baïonnette en avant, sur cette cavalerie, l'enfoncèrent et la dispersèrent. Alors, une seule opération était à faire, et le moment pressait: c'était de pénétrer dans la ville en même temps que les ennemis eux-mêmes. Le général Musnier jugea ce mouvement et le fit exécuter avec une telle rapidité, que l'ennemi, qui avait le projet et les moyens de s'opposer à cette entrée, ne put se reconnaître. Nos troupes parcoururent en un instant toutes les rues, chargeant et enlevant tout ce qui se présentait.
Dans cet intervalle, j'avais exécuté mon passage avec les grenadiers de la 59e et je rassemblais les corps pour seconder l'attaque du général Musnier. Je me rendis à l'entrée de la porte de Plaisance et m'y trouvai au moment que l'action s'engageait. Aussitôt, j'envoyai mon aide de camp auprès du général Musnier pour l'avertir de tenir ses troupes réunies, afin que l'ennemi ne pût profiter de l'éparpillement inévitable qu'occasionne la poursuite dans une grande ville; mais cette mesure devint nulle, parce que l'ennemi, dans un désordre parfait, s'était retiré de toutes parts dans la citadelle, d'où il fit pendant très longtemps un feu très actif. Le résultat de cette opération fut 1200 prisonniers et 150 morts ou blessés; la 9e légère perdit une vingtaine d'hommes, tant tués que blessés. On doit des éloges particuliers au général Musnier, qui a su profiter du seul instant favorable pour enlever Plaisance, dont la prise sans cette action eût pu coûter très cher. La 9e demi-brigade légère s'y est particulièrement distinguée; il est difficile de montrer plus d'audace et d'intrépidité.
J'avais laissé à la tête du pont de Plaisance le 3e bataillon de la 59e, commandé par le chef de bataillon Pastre. Ce chef, s'étant aperçu que l'ennemi retirait les pièces qu'il avait sur le bord du fleuve, résolut de l'empêcher de les sauver. Le pont était coupé; il n'avait aucun moyen de passer; alors, il se met à la tête d'une douzaine de nageurs, officiers et soldats, et se jettent à l'eau. Par malheur, ils atteignent un endroit de la rivière où l'eau tournait, et presque tous sont entraînés dans le gouffre; un officier et six soldats sont noyés. Le citoyen Pastre est retiré de l'eau sans connaissance; il doit la vie à un des siens. Cette action mérite d'être relevée honorablement par le dévouement de ses auteurs et le but qu'ils se proposaient.
La division, réunie à Plaisance, fut placée, une partie au blocus de la citadelle et l'autre sur les glacis de la porte de Saint-Lazare, route de Parme, par où devait arriver le renfort que l'ennemi attendait. On s'occupa en même temps à rétablir le pont. Une crue d'eau rendait la réparation très difficile. L'officier du génie y mit une activité particulière; mais ses efforts devinrent nuls par un accroissement continu des eaux, qui finit par rendre l'ouvrage trop difficile. Alors, on établit très promptement deux ponts-volants, et le passage de la cavalerie s'effectua.
On fut également obligé de joindre plusieurs bateaux à Nocetto, où avait passé la division, pour en faire un pont-volant qui pût servir au passage de l'artillerie ce qui eut lieu en surmontant toute espèce d'obstacles.
L'escadron du 11e de hussards, commandé par son chef Ismert, qui avait opéré son passage sur les 4 heures, eut ordre de se placer en avant de Plaisance, route de Parme, afin d'éclairer tout ce qui se présenterait sur ce chemin.
A 5 heures du soir, les vedettes avancées de cet escadron aperçurent un corps d'ennemis qui les repoussa. L'ennemi avait avec lui deux pièces d'artillerie, dont il se servit continuellement contre nos hussards, lesquels se réunirent et firent leur retraite, toujours à portée de la mitraille, et l'exécutèrent dans un ordre parfait. A peine fûmes-nous prévenus, le lieutenant général Murat {p.202} et moi, de l'approche de l'ennemi, que je rassemblai les troupes pour marcher à sa rencontre. Trois compagnies de grenadiers de la 59e furent établies en colonnes sur la grand'route. L'adjudant général Dalton fut chargé de les conduire, tandis qu'un bataillon de la 59e, partagé sur la droite et sur la gauche du chemin, s'avançait pour prendre l'ennemi en flanc, après avoir jeté ses tirailleurs en avant.
Les grenadiers, impatients, dirigés par l'adjudant général Dalton, n'attendirent pas que les flanqueurs eussent dépassé leur ligne; ils se précipitèrent sur l'ennemi au pas de charge, la baïonnette en avant. Celui-ci tira sur leur colonne plusieurs coups de canon qui mirent une vingtaine d'hommes hors de combat, mais il ne put soutenir le choc terrible de nos grenadiers. Il battit en retraite devant eux, quoiqu'il fût fort de 1000 hommes et de son artillerie. On le poursuivit avec la même ardeur qu'il avait été attaqué.
La nuit tombait; je fis donner l'ordre au 11 e de hussards de se rendre pour charger l'ennemi. Je me mis à leur tête après avoir réuni tout ce qu'il y avait de cavalerie disponible, ordonnances et gendarmes, et je chargeai l'ennemi qui, en totalité, mit bas les armes. Le résultat fut la destruction, tant pris que tués, du corps qui était venu nous attaquer, la prise de deux pièces d'artillerie et de deux drapeaux.
Deux obusiers, servis par les canonniers de la garde des consuls, tirèrent avec beaucoup de succès dans la colonne ennemie.
Je dois des éloges particuliers à la conduite de l'adjudant général Dalton et à celle des grenadiers qu'il a dirigés. Il est rare d'avoir vu un courage plus marquant que celui qui fut déployé dans cette action. La troupe s'y est également très distinguée.
Le résultat des avantages remportés sur l'ennemi dans les différentes affaires, du 16 au 18, fut: 2,000 prisonniers, 50 hommes tués ou blessés et la prise de 13 pièces de canon, de 2 drapeaux, des magasins considérables et de 30 grands bateaux chargés de vivres qui étaient destinés à l'approvisionnement de l'armée ennemie et qui furent du plus grand secours à la nôtre.
Je dois payer au lieutenant général Murat la légitime rétribution de gloire qu'il mérite dans celle que s'est acquise ma division aux différentes actions qu'elle a engagées sous ses ordres
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 200).

Le "Journal de la campagne de l'armée de réserve, par l'adjudant-commandant Brossier" raconte : "18 prairial. – Prise de Plaisance. – Lieutenant général Murat, division Boudet. – Le 18, à la pointe du jour, la division se mit en marche pour aller passer le Pô, au hameau de Nocetto, où l'on avait réuni une vingtaine de barques. La 9e légère, les grenadiers de la 59e, l'artillerie et le 11e d'hussards passèrent les premiers.
Le général de brigade Musnier, à la tête de la 9e, se porte en avant et prend position à deux milles de Plaisance, sur la grande route de Crémone, portant ensuite une reconnaissance un mille plus avant; il apercevait environ 1500 chariots qui filaient sur la route de Parme, sous la protection de quelque cavalerie et il apprend par plusieurs rapports qu'un régiment autrichien du général Ott, arrivait aussi par la même route.
Il se détermine aussitôt à marcher sur la ville et porte un bataillon à sa gauche, sur la route de Parme, pour attaquer le convoi. Il approchait de la porte Saint-Lazare et faisait une marche de flanc, à laquelle la chaussée rompue en cet endroit l'obligeait, lorsque deux escadrons de cavalerie ennemie s'avancent au grand trot; il reste immobile et sa bonne contenance en impose tellement à l'ennemi qui n'ose pas l'attaquer.
Enfin la tête de sa colonne pénètre dans la ville, et il envoie sur-le-champ un détachement pour occuper la porte Saint-Antoine, située à l'extrémité opposée; elle y arrive au moment où le régiment autrichien Klébeck s'y présentait par la route de Stradella.
Le bataillon que Musnier avait envoyé à l'attaque du convoi désespérant de l'atteindre, et ayant aperçu le régiment autrichien, venait à sa rencontre en dehors de la ville; en sorte que celui-ci pris en flanc, tandis que le détachement le chargeait en tête, fut entièrement pris ou dispersé. Le surplus de la division Boudet appuya les mouvements du général Musnier, vint camper près de la ville et cerna le fort où 50 cavaliers s'étaient retirés à l'approche du bataillon de gauche.
A peine les postes étaient-ils établis que le général Murat est informé que sa grande garde, postée en avant du village de Saint-Lazare, sur la route de Parme, est attaquée par le corps qui venait au secours de Plaisance, et dont le général Musnier avait eu connaissance le matin. Les ordres les plus prompts sont donnes à l'instant, et le général Murat se porte en avant à la tête de la 59e, commandée par le général Boudet. Les grenadiers faisaient l'avant-garde sous les ordres de l'adjudant général Dalton; la colonne est formée en masse et au pas de charge. Elle rencontre l'ennemi qui avait déjà fait ployer l'avant-garde ; quelques tirailleurs sont détachés sur les flancs et bientôt la fusillade devient générale. Le premier coup de canon de l'ennemi avait emporté quatre hommes et ce coup était devenu, pour les intrépides grenadiers de la 59e le signal de la charge la plus impétueuse.
La déroute se met dans les rangs ennemis et ils fuyaient à la faveur de la nuit et protégés par leur artillerie, lorsque le 11e d'hussards fond sur eux et achève de les culbuter; tous furent tués ou pris.
Deux pièces de canon, leurs caissons attelés et un drapeau, 1000 prisonniers parmi lesquels 25 officiers, 600 hommes dans les hôpitaux et 100 Français délivrés, sont les trophées de cette journée.
De si brillants succès sont dus à la bravoure réfléchie du général Boudet, à la conduite savante du général Musnier, à l'intrépidité de l'adjudant général Dalton et à l'impétuosité des troupes qui se sont signalées à l'envie.
Parmi les traits particuliers de courage, on remarque la conduite du citoyen français Loiselet, conscrit de la 59e, qui a pris un drapeau, rivalisant aussi d'audace avec ses vieux camarades.
L'armée française n'a eu que 13 blessés et 3 tués, mais le citoyen Ribouleau, lieutenant, est du nombre de ces derniers, et l'armée perd en lui un soldat d'une bravoure éprouvée et d'un mérite reconnu.
Le matin de ce même jour, 60 pièces d'artillerie filèrent de Plaisance sur Tortone; le général Murat était bouillant du désir de s'en emparer. Il aurait porté par cette audacieuse action un coup bien funeste à l'ennemi. Occupé sans relâche aux événements qui se passèrent aux environs de Plaisance, il ne put mettre à exécution ce projet digne de sa valeur, et il se flattait que le général Lannes serait plus heureux; mais ce général eut à soutenir, après le passage du Pô, divers combats qui ne lui permirent pas d'arriver assez tôt à Stradella, où il aurait pu intercepter cet important convoi
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 203).

Le 18 Prairial an 8 (7 juin 1800), Joachim Murat, Lieutenant général, écrit, depuis Plaisance, au Général en chef Berthier : "... Le général Musnier est entré, ce matin, le premier dans la ville, à la tête des carabiniers de la 9e légère; le général Boudet a montré ce soir la plus grande bravoure. Toutes les troupes se battent comme des enragées. Le résultat de la journée est: 1000 prisonniers les armes à la main, 600 dans les hôpitaux et 100 Français trouvés" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 197).

Situation de la Réserve, 1re ligne, au 20 Prairial an 8 (9 juin 1800) :
9e Légère, 3 Bataillons, 2000 hommes; 329 hommes sont au Dépôt à Chambéry (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 535). Une autre situation, non datée, donne 79 hommes au Dépôt (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 543).

Autre Situation de la Première ligne de l'armée de réserve au 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Force de l'infanterie de la première ligne de l'armée de réserve
9e Légère, 2200 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 539 - Archives nationales, A. F. IV, registre, 1159).

Dans son rapport au Premier Consul, fait à Pavie le 9 juin, Berthier, qui reproduit en grande partie les détails donnés par les lettres de Murat, écrit : "... Le général Murat se procura quelques barques qui lui servirent à faire passer la 9e et la 59e ... Il s'occupe à faire rétablir le pont de Plaisance" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 198).

Le passage du Pô fut effectué dans la nuit du 9 au 10, par les mêmes nageurs qui avaient effectué ceux de la Sésia et du Tessin. Ils s'emparent d'un grand nombre de bateaux dont une partie, chargée de fagots et descendant la rivière, donna le change à l'ennemi, tandis que la brigade effectue son passage un peu plus loin. Le capitaine Cazeau, avec sa compagnie, s'empare de la tête de pont établie devant Plaisance, et y fait cent prisonniers. Les Autrichiens, surpris, furent chassés de la ville jusque dans la citadelle. La demi-brigade repousse plusieurs sorties, ainsi que les secours qu'on voulait y introduire. Dans la nuit suivante, elle passe sous les remparts de cette citadelle qui ne se rendit que plus tard. Le passage du Pô est plus lent que prévu pour le reste de l'armée.

La position françaises reste délicate si les Autrichiens contre attaquent. Lannes les repousse à Montebello le 9. Desaix rejoint l'armée.

L'arrivée à l'armée du Général Desaix, les emplacements des différentes Divisions et les missions qu'elles ont à remplir, nécessitent un nouveau groupement des unités sous les ordres des Lieutenants du Général en chef. Le 22 Prairial an 8 (11 juin 1800), Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, dresse au Chef de l'Etat-major général, depuis Stradella, une "Organisation de l'armée au 22 prairial ...
Le général Desaix :
La 9e légère, 30e de bataille, 59e id. commandées par le général Boudet.
La 19e légère, 70e de bataille, 72e id. commandées par le général Monnier ...
Donnez, je vous prie, les ordres pour l'exécution de cette nouvelle disposition. Prévenez le général Marmont, le général Marescot et l'ordonnateur en chef, mes lieutenants et chacun des généraux de division.
Je voudrais avoir, le plus tôt possible, un état de l'emplacement de toutes les troupes composant l'armée et du présent sous les armes.
Faites distribuer dans les différentes divisions les papiers publics ci-joints.
Envoyez le Moniteur à chaque division
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 306).

Une situtation intitulée "Composition et force de l'armée à l'époque du 22 prairial an 8 (11 juin 1800)" indique :
Deux Divisions commandées par le Général Desaix, Lieutenant du Général en chef;
Général divisionnaire Boudet, 9e Légère, 1833 hommes;
Généraux de Brigade Musnier, Guénand, 30e Bataille, 1200 hommes;
Adjudant général Dalton, 59e Bataille, 1823 hommes;
4856 hommes
Général divisionnaire Monnier, Adjudant général Girard, 19e Légère, 673 hommes; 70e Bataille, 1410 hommes; 72e Bataille, 1900 hommes;
3,983 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 309 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 85).

Le même 22 Prairial an 8 (11 juin 1800), l'Adjudant général Dalton écrit, depuis San Giuletta, au Général de Division Dupont, Chef de l'Etat-major de l'Armée de Réserve, à Stradella : "Le général de division me charge, mon Général, de vous prévenir que son artillerie, que l'aide de camp du général Marmont a annoncé devoir joindre la division ce soir, n'est pas encore arrivée. Il vous prie de donner des ordres pour qu'elle nous parvienne dans la nuit, afin que le général en chef et le Premier Consul, qui la croient arrivée, ne soient pas trompés dans leur attente.
Je vous envoie un état des présents sous les armes, des cartouches existantes et de celles manquantes à la division. Il en a été fourni environ 20,000 aujourd'hui, ce qui ne nous met au plus qu'au complet de trente par homme au lieu de cinquante; il nous en manque donc encore, pour le complet, soixante et quelques mille
"; suit un "État des présents sous les armes dans les demi-brigades de la division Boudet, et des cartouches existantes" qui indique pour la 9e Légère : 1745 présents; 39578 cartouches existantes; 47642 cartouches manquantes au complet de 50 par hommes; à raison de 50 (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 302).

Desaix prend donc le commandement des Divisions Boudet et Monnier. Il est envoyé à la recherche des Autrichiens.

La position de la Division Boudet dans la soirée du 13 est la suivante : La 9e Légère est sur la rive droite de la Scrivia, en face de Rivalta; une seule compagnie a pu passer la rivière avec le général Desaix. Les 30e et 59e de Bataille sont aux environs de Sarrezano.

Le Rapport de la Division Boudet pour la journée du 24 Prairial (13 juin), signé par l'Adjudant général W. Dalton, et daté de Rivalta, le 25 Prairial an 8 (14 juin 1800), raconte : "Le lieutenant général Desaix donna ordre à la division de partir de Ponte-Curone pour se rendre par Sarezano à Rivalta et se diriger ensuite sur Serravalle. Il était déjà midi lorsque la division reçut cet ordre; elle se mit en marche de suite, mais il survint des pluies très abondantes qui rendirent la route très défectueuse. La 9e légère avec le 1er de hussards, qui marchaient en tête, arrivèrent sur les bords de la Scrivia sur les 5 heures. On tenta le passage de cette rivière qui était très grosse en ce moment et on ne put parvenir à passer quelques hommes d'infanterie qu'en leur faisant prendre la queue des chevaux. Douze hommes furent entraînés en un instant; on les sauva avec peine, mais ils perdirent leurs armes. Le général se trouva forcé de la faire camper sur la sive droite. Les 30e et 59e de ligne étaient restées sur la montagne de Sarrezano, sous les ordres du général de brigade Guénand, pour protéger l'artillerie qu'on eut beaucoup de peine à faire passer et ce ne fut qu'à l'aide de vingt paires de boeufs qu'on réussit à la faire arriver sur les bords de la Scrivia à 9 heures du matin.
Pendant la nuit on s'était occupé à rétablir une barque et à passer la 9e légère. On se servit de ce moyen pour toute l'infanterie; des découvertes furent envoyées dès le soir et pendant la nuit sur Serravalle, par les deux rives de la Scrivia ; on reconnut que l'ennemi occupait ce poste; les découvertes nous apprirent aussi que quelques troupes républicaines occupaient Novi
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 351).

"Extrait du rapport des marches et opérations de la division Boudet.
Le 24, ma division, séparée de celle du général Monnier et restée avec le lieutenant général Desaix, eut ordre de se porter à Rivalta et de s'étendre jusqu'à Serravalle. Pour faire le trajet de Ponte-Curone au bord de la Scrivia, je fus obligé de passer par la gauche de Tortone, passage difficile et montueux et d'autant plus pénible qu'alors il pleuvait abondamment. Une autre difficulté fut le gonflement des eaux de la Scrivia. La nuit qui survint ne nous permit de faire passer qu'une compagnie de carabiniers dont plusieurs, emportés par le courant, perdirent leurs armes et ne durent leur salut qu'au hasard. Dans la nuit, ceux qui avaient passé furent prendre position à Rivalta où se rendit aussi le général Desaix. Pendant ce temps on s'occupa de pourvoir aux moyens de passer la Scrivia dès le lendemain de très bonne heure, dans le cas que la rivière ne serait pas plus guéable
" De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 352).

La "Situation de l'armée de réserve, le 25 prairial, avant la bataille de Marengo" indique :
Division Boudet, 9e Légère, 2014 hommes; 30e de Ligne, 1430 hommes; 59e de Ligne, 1872 hommes; total 5316 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 372 - Cette situation existe aux Archives de la Guerre; elle n'est pas signée. Elle est reproduite dans le Journal de Brossier (exemplaire de la Bibliothèque du Ministère de la guerre, A. II, d. 147). Une autre situation parut dans la Relation de la bataille de Marengo, rédigée au Dépôt de la guerre et publiée en 1805. Elle ne diffère de celle-ci que par la forme et quelques détails pour certains effectifs. On l'a reproduite dans les Mémoires de Napoléon In Corresp. de Napoléon, t. XXX, p. 386).

La Situation de l'Armée de Réserve, le 25 Prairial an 8, indique :
Bonaparte, Premier Consul, commandant en personne.
Alexandre Berthier, Général en Chef.
Lieutenant général Desaix, Division Boudet, Général de Brigade Musnier, 9e Légère (Labassée), 3 Bataillons, 2014 hommes (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 548 - situation extraite de la Relation de la Bataille de Marengo, rédigée en 1805 au Ministère de la Guerre).

Desaix se trouve à 15 kilomètres de Marengo quand Bonaparte y trouve en face de lui l'armée autrichienne. Le début de la bataille se passe très mal pour les Français quand la division Desaix, rappelée en urgence, fait son entrée.

Mort du Général Desaix à Marengo
Mort du Général Desaix à la tête de la 9e Légère, bataille de Marengo

La 9ème demi-brigade s'avance dans la plaine de Marengo, par la chaussée de San-Guilano, et se place en avant de ce village; il est trois heures.

Boudet a déjà fait ses dispositions: il a placé sa première brigade, la 9e légère, commandée par le général Guénau, sur la gauche de la grande route, partie déployée, partie en colonne serrée; sa deuxième brigade, composée de la 30e et de la 59e de ligne, sous le général Musnier, occupait la droite de cette route dans le même ordre; des haies et des vignes les cachaient l'une et l'autre à l'ennemi.

La 9e légère reçoit ordre de marcher en avant, elle l'exécute, et la voilà bientôt à portée de mousqueterie : jetant des tirailleurs sur tout son front, elle engage une vive fusillade pour retarder l'ennemi et donner le temps à la brigade de Musnier et à tous les autres corps d'arriver à sa hauteur : ils y arrivent; le mouvement s'arrête aussitôt sur toute la ligne; les bataillons en retraite sont disposés de nouveau en ordre d'attaque, et l'armée française se trouve rangée.

Au moment où le 1er consul parcourait la nouvelle ligne de bataille qu'il venait d'organiser et haranguait les divers corps, le Général DESAIX vient se mettre à la tête de la 9e Légère : "Rendez-vous à votre deuxième brigade, dit-il à Boudet, je me charge de celle-ci".

Peu après, une colonne de 15000 grenadiers Hongrois s'étant dirigée sur la division, le général DESAIX la conduit, au pas de charge à sa rencontre, en se mettant à la tête de la 9ème Légère ; puis, arrivé à une demi portée de canon de l'ennemi, il fait démasquer une batterie de 15 pièces, qui tire à mitraille et arrête la colonne ennemie. Alors, la brigade commence l'attaque, qui est suivie par les autres corps de la division. La fusillade était engagée, dans les vignes, par les tirailleurs. Le feu très vif de la 9e légère surprend les Autrichiens, sans pourtant les déconcerter.

Le Général DESAIX, s'étant approché des vignes pour reconnaître l'ennemi, reçoit une balle dans la poitrine et tombe au milieu des tirailleurs de la 9ème. Les soldats se précipitent alors avec furie sur les grenadiers autrichiens. Le combat continue, de part et d'autre, sans que la colonne autrichienne soit rompue.

Un instant, la 9e Légère, qui se heurte à des forces très supérieures, est repoussée, et les Autrichiens s'élancent à sa poursuite, perdant ainsi leur cohésion et leurs feux.

La Brigade de cavalerie KELLERMANN qui, attentif, juge de la situation, charge à-propos et enveloppe la colonne ennemie, la culbute et décide de la victoire. Le Général de ZACK et ses grenadiers sont faits prisonniers. La 9ème se porte, ensuite, sur le village de Marengo, défendu par les Autrichiens avec la plus grande résolution. Mais ils doivent céder à l'ardeur des Français et Marengo est emporté.

Un peu avant cette dernière attaque, le Commandant KUMANN, obligé de former un carré avec le 2ème bataillon, soutint, sans s'ébranler, plusieurs charges de cavaleries, sous le feu le plus vif d'une batterie ennemie. Ce carré ne fut point enfoncé et rejoignit dans le plus grand ordre, les deux autres, à l'attaque du village de Marengo.

La 9ème Demi Brigade perd, dans cette journée, plus d'un tiers de son monde ; presque tous les officiers furent atteints. Le chef de bataillon SUFIN est tué. Il fut remplacé par le Capitaine BARROIS. C'est sur le champ de bataille de Marengo, que la demi-brigade reçoit du Premier consul le titre d' "INCOMPARABLE".

Berthier, Général en chef de l'Armée de Réserve, écrit, sur le champ de bataille de Saint-Juliano, le 25 Prairial an 8 (14 juin 1800), à 9 heures du soir, au Premier Consul : "J'ai à vous rendre compte, Citoyen Consul, de la bataille de Saint-Juliano, où vous avez déterminé la victoire indécise pendant treize heures du combat le plus opiniâtre.
Après la bataille de Montebello, près Casteggio, la division Gardanne, formant l'avant-garde, repoussa l'ennemi de Garofoli et Saint-Julien jusqu'à Marengo, où il prit position le 24 au soir. Le général Gardanne, soutenu de la 24e légère, l'a attaqué dans cette position, a enlevé le village de Marengo, fait environ 200 prisonniers et pris deux pièces de canon.
Bataille de Saint-Juliano. – Le 25 au matin, le général Mélas, avec toutes ses forces, a débouché par ses ponts et par les gués de la Bormida, et a attaqué avec vigueur notre centre à Marengo, tandis que, profitant de sa nombreuse cavalerie, ses ailes se déployaient par notre droite et par notre gauche.
Le corps du général Victor tenait la gauche et le centre; celui du général Lannes, la droite; notre cavalerie couvrait les ailes et formait une réserve.
L'ennemi a démasqué plus de cent bouches à feu. L'attaque et la résistance de nos troupes ont été également opiniâtres.
Les ennemis se battaient comme des hommes qui voulaient se faire une trouée et qui n'avaient plus d'alternative entre la victoire ou leur perte entière; ils étaient parvenus à se rendre maîtres du village de Marengo. Notre gauche a fait un mouvement de retraite, soutenu par la cavalerie; le centre a suivi ce mouvement, et notre droite, combattant avec avantage, a arrêté les progrès que l'ennemi cherchait à faire pour tourner notre droite qui, soutenue par les grenadiers de la garde des Consuls, a maintenu sa position jusqu'au moment de l'arrivée de la division Boudet, aux ordres du général Desaix.
Cette division, que vous avez dirigée au combat, a attaqué le centre de l'ennemi au pas de charge. La 9e demi-brigade légère, incomparable par sa bravoure, était en première ligne; le général Desaix marchait à sa tête.
Votre présence donnait à l'armée cette impulsion qui a, tant de fois, décidé la victoire. La charge a été battue; toute la nouvelle ligne s'est ébranlée, suivie des divisions qui s'étaient battues depuis le jour.
Le général Kellermann, qui avait soutenu le mouvement de retraite de notre gauche, saisit le moment où l'infanterie ennemie, après avoir été ébranlée, cherchait à attaquer de nouveau. Il charge avec impétuosité, fait plus de 6,000 prisonniers, prend dix pièces de canon et le général Zach, chef de l'état-major de l'armée.
La gauche de l'ennemi continuait à combattre avec ordre et opiniâtreté la division Watrin, appuyée des grenadiers à pied des Consuls, qui se sont signalés pendant toute la bataille. La garde à cheval des Consuls, commandée par le chef de brigade Bessières, et l'artillerie, se sont couvertes de gloire. La cavalerie, aux ordres du général Murat, a fait plusieurs charges décisives.
Le général Monnier a attaqué le village de Castel-Ceriolo, où était la gauche de l'ennemi, a culbuté plusieurs bataillons dans la Bormida. Des corps de cavalerie ennemie ont été coupés. Un escadron des dragons de Latour a été entièrement détruit par le feu des grenadiers de la garde des Consuls.
Le résultat de cette sanglante bataille a jeté les restes de l'armée du général Mélas au delà de la Bormida, sous le canon de la citadelle d'Alexandrie. Nous avons fait environ 7 ou 8,000 prisonniers, parmi lesquels le général Zach, chef de l'état-major général, et beaucoup d'officiers de marque. Nous avons pris beaucoup de canons; le nombre n'en est pas encore connu.
Le nombre des tués ou blessés de l'ennemi s'élève à 6,000 hommes. Jusqu'à ce moment, on m'a remis douze drapeaux. Il y en a d'autres dans les divisions.
Notre perte est d'environ 600 hommes tués, 1500 blessés et 500 prisonniers.
Je vous ferai connaître les détails de cette mémorable journée et les noms de ceux qui se sont distingués lorsque j'aurai les rapports des divisions
Le général Murat a eu ses habits criblés de balles ; le général Lannes, son chapeau emporté par un boulet; les généraux Mainoni, Malher, Rivaud ont été blessés.
La République a fait aujourd'hui une grande perte. Desaix a été tué. Il était arrivé depuis deux jours. Sa mort a vivement affecté toute l'armée
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 414; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 109 - Note : il s’agit du Rapport corrigé par Bonaparte lui-même ; le rapport primitif a disparu lors de l’incendie des Tuileries pendant la Commune).

"Rapport du général en chef Alex. Berthier. sur la bataille de Marengo, le 25 prairial an 8.
... L'armée arrive à la plaine de San-Giuliano où la réserve aux ordres du général Desaix était formée sur deux lignes flanquées à droite de 12 pièces d'artillerie commandées par le général Marmont et soutenues à gauche par la cavalerie aux ordres du général Kellermann. Le Premier Consul, exposé au feu le plus vif, parcourt les rangs pour encourager les soldats et fait arrêter ce mouvement rétrograde; il était 4 heures après-midi.
Le général Desaix, à la tête de la brave 9e légère, s'élance avec impétuosité au milieu des bataillons ennemis et les charge à la baïonnette. Le reste de la division Boudet suit ce mouvement sur la droite. Toute l'armée sur deux lignes s'avance au pas de charge.
L'ennemi étonné met son artillerie en retraite; son infanterie commence à plier. Le général Desaix est atteint d'une balle mortelle. La mort de cet officier distingué, dont la France pleurera longtemps la perte, enflamme d'une nouvelle ardeur les braves qu'il commandait. Tous brûlant de le venger, ils se précipitent avec fureur sur la première ligne de l'infanterie ennemie qui résiste après s'être repliée sur la deuxième ligne. Toutes les deux s'ébranlent à la fois pour faire une charge à la baïonnette. Nos bataillons sont arrêtés un moment, mais le général Kellermann ordonne la charge avec 800 cavaliers qui culbutent l'ennemi et lui font 6,000 prisonniers, parmi lesquels le général Zach, chef de l'état-major de l'armée autrichienne, le général Saint-Julien, plusieurs autres généraux et presque tous les officiers de l'état-major ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 425).

Le Rapport de l'Adjudant général Dalton (Archives Dupont) est ainsi conçu :
"ARMEE DE RESERVE
DIVon BOUDET
Au Camp en avant de Marengo, le 26 prairial an VIII.
RAPPORT DU 25
La division Boudet, sous les ordres du lieutenant général Desaix, s'est mise en marche le 26 (il y a là une erreur évidente de date ; c'est le 25, qu'il faut lire) partant de Rivalta pour se rendre à Sn Giuliano. Les troupes arrivèrent à deux heures après midi ; les derrières de l'armée se repliaient sur nous et avaient été mis en désordre par des domestiques et des vivandiers. Le lieutenant général Desaix fit sur-le-champ ses dispositions et rétablit le combat. Il fît réunir sur un point toute l'artillerie de la division, qui consistait, en ce moment, en une pièce de 12, quatre de 8 et deux obusiers. Il forma son infanterie en colonne, à droite et à gauche de la grande route de Tortone à Alexandrie. La 9e demi-brigade légère, commandée par le général Musnier, tenait la gauche, et la 30e et la 59e de ligne, commandées par le général Guénand, tenaient la droite. L'ennemi se croyait certain de la victoire et s'avançait avec rapidité.
Le général Desaix fit mettre ses colonnes en mouvement et marcha à sa rencontre au pas de charge, l'arrêta, et pendant quelques minutes on se fusilla à petite portée de pistolet. Le choc fut terrible ; la cavalerie et l'artillerie ennemie se trouvèrent confondues dans les rangs de notre intrépide infanterie. Le sang-froid qu'elle montra atterra tellement l'ennemi, qu'il ne songea plus qu'à sa retraite. Il était trop tard, il s'était trop engagé, et notre cavalerie, profitant du désordre, chargea fort à propos et fit mettre bas les armes à une colonne d'environ deux mille grenadiers hongrois qui se trouvaient en face de la 9e légère. Avec cette colonne on prit le chef de l'état-major de l'armée autrichienne et plusieurs pièces de canon.
On battait toujours le pas de charge et nos colonnes se portaient sur le village de Marengo, quand le valeureux Desaix fut atteint d'une balle à la poitrine. Il tomba dans les premiers rangs de nos soldats, où il se trouvait toujours ; il vécut quelques minutes et recommanda de ne pas parler à la troupe de sa blessure, dans la crainte que cela ne ralentit son ardeur. A peine put-il dire que sa blessure était mortelle.
Le général de division Boudet, qui avait soutenu le choc de la cavalerie et de l'infanterie ennemie, à la tête de la 59e, avec beaucoup d'avantage, fit continuer la marche des colonnes au pas de charge sur le village de Marengo. L'ennemi, pressé de tous côtés, porta toute sa cavalerie sur notre droite pour soutenir une de ses colonnes d'infanterie qui se retirait dans la plaine. Il crut, par ce mouvement, nous en imposer et ralentir notre marche ; mais le général Boudet, à la tête des 30e et 59e de ligne et de la 9e légère, marcha toujours avec la même intrépidité et l'enfonça de tontes parts. Plusieurs fois la cavalerie s'est, mise en mouvement pour charger notre infanterie, mais la bonne contenance de nos soldats et l'ensemble de leurs mouvements lui en ont imposé au point qu'elle n'a jamais osé faire une charge à fond. Déjà la nuit s'avançait; l'ennemi était serré de très près. Le désordre s'est mis dans ses rangs, nous lui fîmes un grand nombre de prisonniers.
Le Cn Jolle, capitaine des grenadiers du 1er Baton de la 59e lui a enlevé un drapeau, et le Cen Georges Amptit, conscrit à la 30e, en prit un autre.
En général, les plus grands éloges sont dus aux troupes aux ordres du général Boudet. Tous les officiers et soldats ont parfaitement fait leur devoir. Le général Boudet a reçu une balle dans la poitrine qui lui a fait une contusion, et le général Guénand une autre qui s'est aplatie sur de l'argent qu'il avait dans sa poche.
Le Cen Bugnet, aide de camp du général Boudet, a eu son cheval tué sous lui ; celui du Cen Lhéritier, adjoint à l'état-major, a été blessé à la cuisse.
L'Adjudant Général,
Signé : W. Dalton
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 97).

Un rapport, demandé au Général Guénand, et daté du lendemain de la bataille, ajoute quelques détails au rôle de la Division Boudet dans la journée de Marengo (Archives Dupont. Ce Précis historique est envoyé au général Dupont, le 18 juin 1800, par les Chefs des 30e et 59e Demi-brigades) : "PRECIS HISTORIQUE de la Division Boudet à la bataille de la Bormida, présentée dans la plaine d'Alexandrie par Mêlas, commandant l'armée autrichienne, au Premier Consul de la République française.
Les deux armées étaient aux prises depuis sept heures du marin. A quatre heures après midy, Mêlas, qui avait repoussé toutes les divisions de l'année française, avait été à Alexandrie annoncer qu'il l'avait entièrement défaite.
Le corps de réserve arrive. Il était composé de la seule division Boudet aux ordres du lieutenant général Desaix, à peine forte de quatre mille cinq cents hommes. Desaix fait ses dispositions. Il avait en tête le corps de réserve des grenadiers hongrois sur la gauche du chemin d'Alexandrie, en avant du village de Marengo, auquel il oppose la 9e légère commandée par le général de brigade Musnier ; sur la droite du chemin, une artillerie formidable, de l'infanterie dans les vignes, soutenues d'une cavalerie qui avait déjà battu la nôtre, se trouvent opposées aux 30e et 59e demi-brigades de ligne, commandées par le général de brigade Guénand. Toutes les troupes se forment en colonnes par échelons, mêlées de quelques bataillons déployés.
L'artillerie ennemie, parfaitement servie et que l'on a évaluée à cinquante bouches à feu, continuait ses ravages sur toute la ligne. La réserve était impatiente et sollicitait vivement, par l'organe du général Guénand, l'ordre de l'attaque auprès du Premier Consul, qui gardait le sang-froid le plus admirable. Desaix le donne, tout s'ébranle au même instant, sur tous les points d'un espace d'environ une lieue. L'ennemi est culbuté à la baïonnette dans les vignes ; tout ce qui tente de s'opposer à l'impétuosité des Français est tué ou pris. Quelques minutes ont suffi pour changer la face des affaires, et les feux de l'artillerie, singulièrement ralentis, annoncent h tous les points de la ligne les succès des 30e et 59e demi-brigades. Cette brigade, où se trouvait en personne le général Boudet, avait dépassé d'un quart de lieue toute la ligne et formait un saillant très imposant pour l'ennemi, qui continuait à la battre avec son artillerie par les deux flancs, et lui opposait en outre toute sa cavalerie dans le plus bel ordre de bataille, au débouché des vignes ; à ce débouché, qui ne présentait plus qu'une plaine nue, la brigade se rallie au même instant, reprend son ordre primitif par échelons et marche fièrement à l'ennemi. Sa nombreuse cavalerie tente en vain de l'ébranler, toutes ses charges sont infructueuses ; l'attaque se continue et les ailes droite et gauche sont dépassées par les 30e et 59e de près d'une lieue.
Ce mouvement hardi ébranle la droite de l'ennemi ; le brave et malheureux Desaix s'en aperçoit, il ordonne à la cavalerie de la Garde des Consuls de charger le flanc gauche des Grenadiers hongrois, et à la 9e légère de les charger de front à la baïonnette. Dans un instant tout ce corps est détruit ou fait prisonnier ; tout ce qui s'oppose, au reste de la ligne est culbuté au delà de la Bormida, et la nuit seule met fin à un combat qui doit influer sur les destinées de l'Europe entière.
La division Boudet s'est couverte de gloire ; tous ses mouvements se sont exécutés comme à l'exercice. On peut dire que si les autres troupes ont beaucoup souffert, si elles ont été ébranlées, si même il y a eu quelques nuances de déroute, cette réserve a tout réparé, et qu'elle a consolé ses frères souffrants et blessés en grand nombre, par des succès dont les effets sont incalculables.
Cette division, commandée par le général divisionnaire Boudet et les généraux de brigade Musnier et Guénand, était composée de la 9e légère et des 30e et 59e de ligne. La 9e était commandée par le chef de brigade Labassé, la 30e par le chef de brigade Valterre, et la 59e par le chef de brigade Mugnier.
Soldats, officiers, officiers supérieurs et officiers généraux, tous se sont acquis de nouveaux droits à la reconnaissance nationale. Le chef de bataillon Pastre, commandant le 3e bataillon de la 59e, a reçu dans l'aine droite une balle qui lui a mutilé 9 écus de 6 francs et deux doubles louis; il en a été quitte, par un bonheur inouï, pour une forte contusion qui ne l'a pas empêché de continuer d'assister au combat.
Le général de division Boudet a reçu sur la poitrine une balle qui a été amortie par un bouton de son habit et qui lui a fait une légère blessure. Son aide de camp Bagret a eu son cheval tué sous lui. L'État-Major, ayant pour chef l'adjudant général Dalton, a parfaitement secondé les généraux.
Quinze mille hommes mis hors de combat ou faits prisonniers, du côté de l'ennemi, une capitulation qui nous rend toutes les places du Piémont, de Gènes, et toute l'Italie jusqu'à la ligne du Mincio, ont été le fruit d'une bataille des plus sanglantes, qui a commencé au jour et n'a fini qu'à la nuit close ; notre perle peut être évaluée à six mille hommes, tant tués que blessés ou prisonniers.
L'armée a vu avec la plus vive sollicitude que le Premier Consul s'était trop exposé.
La France pleurera longtemps la perte d'un héros, le brave et malheureux Desaix : il a été atteint à mort d'une balle, au moment où la retraite de l'ennemi était décidée.
II est à remarquer que deux bataillons de la 72e, qui étaient détachés de la division du général Monnier, ont parfaitement secondé l'aile droite de la division Boudet.
On fera connaître par des détails plus étendus l'état, des officiers tués ou blessés, et les traits particuliers qui ont honoré les soldats et officiers de tous grades.
Sur le champ de bataille de la Bormida, le 26 prairial an VIII.
Certifié véritable,
Signé : Valterre, Chef de Brigade. Mugnier, Chef de Brigade
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 102).

Rapport adressé à Berthier par le Général Boudet, en date du 16 juin 1800 (27 prairial an 8) : "Le recueillement des différents faits qui honorent la division que je commande, m'a fait retarder mon rapport jusqu'à ce jour. Je compte assez sur votre amour pour la gloire et sur ce qui peut inspirer la reconnaissance des traits de valeur en leur accordant une publicité, pour espérer que ma division, qui a arraché la victoire à l'ennemi et fixé le sort de l'Italie, aura pour première satisfaction celle d'apprendre qu'elle a bien mérité à la bataille de Marengo. Je vais vous analyser la conduite en masse, et celle particulière de ceux qui y ont marqué. - Le 25, ma division, sous les ordres du général Desaix, eut ordre de se porter à San-Juliano et Marengo. A son arrivée, au premier endroit, une partie qui avait soutenu le premier choc de la bataille et conduisait des blessés, se retirait en désordre, étant encombrée par une immense quantité de charrettes de vivandières et de domestiques auxquels sejoignent toujours les mauvais soldats. - Je plaçai ma 1re brigade sur la gauche de la grande route, partie déployée et l'autre en colonne serrée, afin de s'opposer au choc de l'ennemi, et ordonnai le même mouvement sur la droite pour la 2e brigade. - Le lieutenant général Desaix donna l'ordre de se porter en avant, ce qui fut exécuté par la 1re brigade composée de la 9e légère, et on arriva sur le front de l'ennemi à portée de la mousqueterie qui, s'étant rapprochée de beaucoup, m'obligea de faire jeter en avant des tirailleurs, afin de retarder sa marche. Cette brigade, commandée par le général Musnier, sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie de l'ennemi, resta avec cette sécurité faite pour inspirer la confiance, et donna le temps à la 2e brigade, composée des 30e et 59e, commandées par le général Guénau, de s'établir sur la droite du chemin, et aux autres corps de l'armée de venir se rallier à eux. Le lieutenant général Desaix m'envoie l'ordre de faire retirer par échelons ma 1re brigade, beaucoup plus avancée que le reste de la ligne. Je cours lui faire observer que supposant que l'armée doit se porter en avant, j'avais encore mes tirailleurs, et il venait alors d'être décidé que l'attaque se ferait, et préalablement toute l'artillerie avait été remise sur la droite, vis-à-vis le front des 30e et 59e demi-brigades. - Le général Desaix, s'étant rendu à ma 1re brigade, formant la gauche de notre armée, dont il se chargeait, me dit de me porter à ma 2e. Le mouvement s'exécuta sur toute la ligne au pas de charge. La brigade de gauche, 9e légère, eut à combattre sur son front le corps des grenadiers hongrois soutenu par une très forte artillerie; la résistance fut très opiniâtre, mais la valeur de cette brigade l'emporta, et une charge heureuse de cavalerie couronna cette attaque qui, dirigée par le valeureux Desaix, n'eut pas le bonheur de l'avoir pour témoin de ses succès : la mort venait de l'enlever à ses frères d'armes, et ses dernières paroles furent de cacher sa mort pouvant porter préjudice à la victoire. A différentes reprises, la cavalerie chercha à tourner et à entamer la 9e légère; mais elle y fut reçue de manière à la décourager. - La 2e brigade, commandée par le général Guénau, que je dirigeais, enfonça avec une rapidité étonnante le centre de l'ennemi, et, par cette manoeuvre hardie coupa son armée en deux; cette brigade eut continuellement à combattre, sur son front et ses flancs, artillerie et mousqueterie, et, sur ses derrières, plusieurs corps de cavalerie vinrent aussi se présenter; mais l'ordre de colonnes serrées dans lequel s'étaient maintenus les bataillons, quoique traversant des vignes, rendit la tentative de la cavalerie inutile, et lui occasionna une perte considérable. - Je ne peux que rendre les plus grands éloges à cette brigade qui, en partie composée de nouveaux soldats, ont rivalisé de valeur et de contenance avec les plus anciens militaires. - Deux drapeaux ont été pris, l'un, par le citoyen George Auptil, fusilier de la 30e demi-brigade qui, courant après celui qui le portait, le tua, et, à la vue d'un peloton qui cherchait à le ravoir, l'enleva; et l'autre, par le citoyen Gollot, capitaine de grenadiers de la 59e - Les généraux de brigade Guénau et Musnier ont dirigé les troupes avec un dévouement particulier. Le général Guénau a reçu une balle à l'aîne droite, dont l'effet fut amorti par l'argent qu'il avait dans la poche de sa montre. - L'adjudant général Dalton mérite particulièrement d'être cité par le sang-froid et la connaissance avec lesquels il a dirigé différents points d'attaque. - Le chef de brigade Labassé, de la 9e légère, Lalterre, de la 30e, Magnier, de la 59e, ont marqué une intrépidité digne des plus grands éloges : ce dernier a reçu deux légères blessures. - Mes aides de camp et officiers d'état-major nous ont aussi parfaitement secondés par leur activité. L'un d'eux, le citoyen Bagnet, eut son cheval tué d'un coup deboulet. - Enfin, général, je crois devoir vous assurer que les plus grands éloges doivent être rendus à tous les officiers et soldats de la division. Tous ont montré un véritable courage. - J'aurais particulièrement à réclamer de vous une récompense d'avancement pour le chef de bataillon Pestre; pour mon aide de camp Bagnet et pour l'officier de correspondance Diens : le premier est lieutenant, le second est sous-lieutenant. - Salut et respect. - BOUDET" ("Extraits des mémoires inédits de Victor").

"Extrait du Rapport des marches et opérations de la division Boudet.
Le 25, à 2 heures du matin, le lieutenant général Desaix me fit parvenir l'ordre de faire une forte reconnaissance d'infanterie et de l'appuyer même d'une brigade jusqu'à Serravalle, si je croyais que cette force fût nécessaire. J'avais envoyé, dès le soir, un détachement de 30 cavaliers du 3e régiment, conduit par le capitaine adjoint à l'état-major de la division (L'Héritier), et j'observai au lieutenant général Desaix que je croyais nécessaire d'attendre préalablement le rapport de ce détachement. Il m'approuva et changea l'ordre qu'il m'avait donné.
Au point du jour, l'eau ne permettait pas encore de passer à gué, mais une barque avait été établie avec le secours des bateliers qu'un détachement avait enlevés à Tortone pendant la nuit. La troupe passa promptement et vint prendre position à Rivalta. Vers les 10 heures du matin, l'eau était baissée, et l'artillerie put passer la rivière au gué.
Dans cet intervalle, le général Desaix avait envoyé au quartier général pour savoir quelles dispositions devaient suivre l'action de la veille. Il reçut l'ordre (heureusement très tard) de se porter à Pozzolo-Formigaro, position intermédiaire, d'où nous pouvions nous porter, il est vrai, mais avec trop de temps, sur Alexandrie ou sur les débouchés de Gênes, eu cas que l'ennemi eût tenté sa retraite de ce côté.
Ma division n'était qu'à 1 mille de Rivalta, quand un aide de camp du général en chef, expédié par le Premier Consul, vint à la hâte me porter l'ordre de marcher sur San-Giuliano, et, de là, sur Marengo, où les deux armées ennemies étaient à se battre depuis le point du jour.
Ma division, précipitant sa marche, fut bientôt rendue à San-Giuliano. Elle y fut témoin du désordre qui commençait à régner dans l'armée, le désordre qu'occasionnaient, d'une part, la marche d'un grand nombre de blessés et de camarades qui les conduisaient en obstruant tout le passage et, de l'autre, l'encombrement des charrettes et la foule des domestiques, des vivandiers et des mauvais soldats qui se joignent communément à ceux-ci.
Je plaçai sur la gauche de la grande route ma première brigade, dont une partie déployée et l'autre en colonne serrée.
J'ordonnai aussi à ma deuxième brigade la même disposition sur la droite du chemin.
Le lieutenant général Desaix et moi, considérant la position de l'armée, nous décidâmes à faire porter en avant ma première brigade, composée de la 9e légère. L'ordre fut donc donné pour ce mouvement, dont l'exécution devait au moins rappeler le courage des troupes qui se retiraient, et par suite, les faire retourner.
Je me portai donc en avant et jusque sous le front de l'ennemi, à portée de sa mousqueterie, laquelle se rapprochant sensiblement, m'obligea de faire jeter des tirailleurs en avant, afin de retarder sa marche. Cette brigade, commandée par le général Musnier, exécuta plusieurs mouvements à la vue de l'ennemi, et ses manoeuvres se firent avec une fermeté et une sécurité assez grandes pour qu'il soit permis de leur attribuer cette confiance qui parut renaître parmi les troupes éparses qui fuyaient. La contenance vigoureuse que tint la brigade sous le feu de l'artillerie et de la mousqueterie de l'ennemi donna le temps à ma deuxième brigade, composée de la 30e et de la 59e demi-brigade, commandée par le général de brigade Guénand, de s'établir sur la droite, et aux autres corps de l'armée qui avaient combattu le matin et opéraient leur retraite, de venir prendre position derrière elle. Pendant que je contenais, avec la 9e légère, l'ennemi sur son front, et que je protégeais le ralliement de l'armée, le Premier Consul tenait son conseil, où se trouvait le général en chef, le lieutenant général Desaix et autres généraux rassemblés sous le feu le plus fort de l'artillerie ennemie. Ils s'occupaient à préparer un grand mouvement, capable d'assurer la victoire.
Bonaparte harangua les troupes, et, dans cet intervalle, le général Desaix fit réunir toute l'artillerie de sa division en avant du front de ma deuxième brigade. Il s'engagea alors une canonnade dans laquelle l'ennemi avait une trop forte supériorité par le nombre de ses pièces pour que la partie pût être égale. Chaque instant voyait enlever des files de nos troupes, dont l'impatience augmentait pour en venir aux mains.
J'étais beaucoup plus avancé que le reste de ma ligne avec ma première brigade, et je n'aurais pas tardé à avoir un engagement sur tout le front de la 9e légère, lorsque le général Desaix m'envoya l'ordre de faire retirer mes troupes par échelons. Cette manoeuvre devenait, à la vérité, indispensable, si l'attaque générale était retardée; mais elle compromettait aussi les tirailleurs que j'avais en avant; j'ordonnai cependant le mouvement, en ne le faisant exécuter qu'à pas très lents, et je me rendis très promptement auprès du lieutenant général Desaix pour lui présenter mes observations. L'attaque allait commencer, et le général Desaix, connaissant les dispositions que j'avais faites sur le front de l'ennemi, me chargea alors d'arrêter la marche rétrograde, ce que je fis en me reportant sur le front de ma première brigade, qui s'était retirée de 200 pas au plus.
Je pourrais observer ici que ce mouvement rétrograde nous devint favorable, car l'ennemi, qui s'en aperçut, redoublant d'espoir, se porta en avant avec plus d'audace, et la surprise qu'il y éprouva en se voyant ensuite chargé, nous fut avantageuse.
Le lieutenant général Desaix se rendit à ma première brigade, formant la gauche de l'armée, et me dit de me porter à ma deuxième, qui occupait le centre, en me chargeant de percer celui de l'ennemi et de l'enfoncer avec assez de rapidité pour le séparer entièrement et déranger par là son plan d'opérations
Toute la ligne se mit en mouvement au pas de charge, et ma division formait le premier front. Ma brigade de gauche, composée de la 9e légère, eut à combattre devant elle les grenadiers hongrois qui venaient d'être réunis par le général Mélas, afin que ce corps d'élite pût poursuivre avec avantage la victoire qu'il regardait déjà comme assurée pour lui. Ce corps de grenadiers était soutenu d'une très forte cavalerie qui débordait les ailes de ma première brigade; leur résistance fut très opiniâtre; mais la valeur de la 9e légère la rendit nulle, et une heureuse charge de notre cavalerie couronna cette attaque.
L'habile et valeureux Desaix l'avait dirigée, et il n'eut pas le bonheur de jouir de nos succès. La mort venait d'enlever ce grand capitaine à ses frères d'armes. Il recommanda, par ses dernières paroles, de cacher son sort, dans la crainte que cette nouvelle produisît quelque alarme et ne nuisît à la victoire.
A différentes reprises, la cavalerie ennemie tenta de tourner et d'entourer la 9e légère; mais elle fut reçue de manière à être découragée.
C'est absolument à la contenance et aux actes de valeur de ce corps qu'on doit les avantages marquants qui ont été remportés sur la gauche et surtout la prise de l'artillerie et des prisonniers. La cavalerie y a également contribué avec beaucoup d'à-propos et de courage.
Ma deuxième brigade, composée de la 30e et de la 59e demi brigade et dirigée par moi, enfonça avec une audace, une force et une rapidité étonnantes le centre de l'armée ennemie et la coupa en deux. Cette brigade eut continuellement à défendre à la fois son front et ses flancs et ses derrières contre l'artillerie et la mousqueterie et contre différents corps de cavalerie. Ces derniers particulièrement vinrent à la charge plusieurs fois pour attaquer nos derrières; mais l'ordre parfait de colonnes serrées dans lequel s'étaient maintenus nos bataillons, quoique traversant des vignes et autres obstacles, non seulement rendit la tentative de la cavalerie inutile, mais encore lui occasionna une perte considérable.
La résistance de l'ennemi, dans certaines positions, fut terrible. On se fût amusé inutilement à vouloir le chasser par la mousqueterie. Les charges à la baïonnette purent seules le débusquer, et elles furent exécutées avec une prestesse et une intrépidité sans exemple. Assurément, on ne peut donner assez d'éloges à cette brigade, en partie composée de conscrits qui ont rivalisé de courage et de fermeté avec les plus anciens militaires.
Dans la charge à la baïonnette, deux drapeaux ont été pris, l'un par le citoyen Coqueret, capitaine de grenadiers de la 59e, et l'autre par le citoyen Georges Amptil, fusilier et conscrit de la 30e demi-brigade, lequel poursuivit et tua celui qui le portait et l'enleva à la vue d'un peloton qui cherchait à le ravoir.
Ainsi, je puis et je dois dire à la gloire, de ma division que, par son extrême courage, elle a eu le bonheur de contre-balancer les avantages obtenus par nos ennemis jusqu'à son arrivée et de concourir de la manière la plus efficace à fixer de notre côté l'illustre victoire de Marengo, victoire qui doit tenir une première place dans nos annales, tant par la valeur plus qu'héroïque qui l'a arrachée que par les grands intérêts qui y étaient attachés
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 104).

"La 9e légère, ayant deux bataillons en ordre de bataille à la gauche de la route de San-Giuliano à Spinetta, et le 3e à 200 pas en deuxième ligne. Les 30e et 59e demi-brigades étaient à la droite de la route, également en ordre de bataille et 8 pièces de canon placées par le général Marmont pour battre la route, et toute la cavalerie que l'on put réunir formaient l'aile gauche. Voilà les dispositions que prit le général Desaix pour attendre l'ennemi et assurer la victoire, ayant masqué la majeure partie de ses troupes derrière les haies" (Mémoires du duc de Bellune, pièces justificatives, p. 426; cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393).

"Journal de la campagne de l'Armée de réserve, par l'Adjudant-commandant Brossier
Milan, le 30 prairial an 8 (19 juin 1800).
... C'est avec ces moyens qu'il (l'ennemi) se porta sur nous dès la pointe du jour. Il déboucha de sa position en déployant le feu de cinquante à soixante pièces d'artillerie. Nous n'en avions que sept à lui opposer, et nous ne pouvions avoir de munitions que pour cinq à six heures de combat.
L'ennemi recommença plusieurs attaques et fut sans cesse repoussé depuis le matin jusqu'à midi; mais, en le repoussant, il fallait toujours s'arrêter à la Bormida, et même se replier pour ne pas rester sous le feu des batteries placées de l'autre côté de la rivière. La continuité et la durée de ces attaques épuisaient nos moyens et les forces du soldat. Ce fut alors que la gauche plia et se mit même en déroute.
Le général Bonaparte s'était porté à 9 heures sur le champ de bataille. Nous étions au centre. La droite avait eu besoin de renforts. On y avait envoyé les grenadiers à pied. Ils ont soutenu, pendant plusieurs heures, le feu de l'artillerie, celui de plusieurs régiments et des charges de cavalerie, sans reculer d'un pas. Ils ont eu le tiers de leurs forces hors de combat. La gauche était découverte. Le feu de notre artillerie était éteint. Le centre et la droite furent obligés de se replier. Ils le firent en bon ordre. Ce fut alors que le général Bonaparte se porta sur la ligne. Les généraux s'étaient rassemblés autour de lui. Nous étions sous le feu du canon et de la mousqueterie de l'ennemi; les hommes tombaient dans les rangs derrière nous. Le général se plaça devant la 72e. Il voulait se porter en avant avec elle. Ce fut alors qu'on l'entoura et qu'on l'obligea de se retirer. Il est cependant toujours resté exposé aux boulets qui tombaient à chaque instant.
Le général Desaix arrivait, avec la division Boudet. En arrivant, le général Bonaparte lui dit en riant: « Eh bien ! Général Desaix, quelle échauffourée ! » « Eh bien ! Général, lui répond Desaix avec beaucoup de calme et d'intrépidité, j'arrive, nous sommes tous frais; et, s'il le faut, nous nous ferons tuer. »
Il y eut une espèce de conseil au milieu du feu. Le centre et la droite étaient rangés en bon ordre. La 9e légère, qui faisait la tête de la colonne du général Desaix, se porta de suite à la gauche.
La même division amenait cinq à six bouches à feu qui furent placées au centre. « Général, dit Desaix, il n'y a qu'à faire un feu d'artillerie bien nourri pendant un quart d'heure, et ensuite, nous nous ébranlerons. » Ce moyen eut le plus heureux succès. L'artillerie donna à propos et fit le plus grand effet.
L'ennemi, animé par ses avantages, nous poussait vivement. Tous les généraux étaient derrière la ligne pour la faire avancer. Notre feu fut très meurtrier et le força de s'arrêter.
Le général Desaix s'était porté à sa colonne et s'était mis à la tête de la 9e.
Le général Bonaparte m'avait ordonné de l'accompagner.
Le général Boudet et Dalton faisaient notre gauche avec deux demi-brigades.
Je précédais le général Desaix. Nous marchions avec la 9e. Un régiment, placé dans des vignes, n'était qu'à dix pas, et nous recevait avec un feu très vif de mousqueterie ; derrière lui était le chef d'état-major de l'armée ennemie.
C'est alors, et en commençant la charge, que le général Desaix fut frappé d'une balle qui était venue obliquement. Elle l'a frappé au-dessus du coeur et elle est sortie par l'épaule droite; si elle était venue directement, c'est moi qui l'aurait reçue, car j'étais devant lui, à cheval. Je me retourne, et je le vois tomber. Je m'approche; il était mort. Il n'avait eu que le temps de dire à Lefebvre, qui était auprès de lui : « Mort ! ». Comme il n'avait point d'uniforme, les soldats ne l'ont point remarqué. Lefebvre le fit emporter, et je continuai d'avancer avec la 9e.
Dans ce moment, le général Kellermann fit, par la gauche, une charge de cavalerie sur les troupes qui nous étaient opposées. Elle eut un plein succès. Il fit de 3 à 4,000 prisonniers. On prit le chef d'état-major, le général Zach et plusieurs drapeaux; dès lors, la bataille fut gagnée.
Toutes les colonnes s'avançaient et se déployaient en bon ordre. L'artillerie les suivait et les soutenait par son feu. L'ennemi cède et recule sur tous les points. Cependant, il s'arrêtait quelquefois; alors se déployait un feu de file presque à bout portant. La crainte d'occasionner quelque nouveau désordre faisait qu'on ne s'avançait sur tous les points qu'au pas mesuré. L'ennemi nous avait repoussés l'espace d'une lieue; on regagna tout le terrain en continuant de marcher ainsi jusqu'à la nuit. Vers la fin, il avait plusieurs escadrons qui voulurent faire un mouvement sur la droite pour nous mettre en désordre. L'infanterie, d'abord, les reçut bien. On appelle ensuite la garde à cheval qui était restée toute la journée en bataille. Bessières marche avec les grenadiers en très bon ordre, et, chargeant avec le reste de la cavalerie, ils ont haché tout ce qui était devant eux. Le combat finit alors avec le jour.
Vous jugez, d'après ces détails, que, de part et d'autre, on a beaucoup souffert. Au dire de tout le monde, il y a eu peu de batailles où l'on ait mis plus d'acharnement; celle-ci était décisive. J'évalue notre perte à 6 à 700 tués, 2,000 blessés et 1500 prisonniers. L'ennemi a eu probablement 1600 morts, 3 à 4,000 blessés et 4 à 5,000 prisonniers.
N'eût-il perdu personne, sa défaite était complète, par cela seul qu'il n'avait pu nous forcer; car il était sans vivres et cerné de toutes parts. Il a été obligé de demander, le lendemain, à capituler. Vous savez déjà tout ce qui a été fait, et comment nous nous trouvons, sans coup férir, maîtres de toute l'Italie. Ce sont là, sans doute, les préliminaires de la paix. Il n'est guère possible qu'après de pareilles leçons, l'Empereur ait envie de recommencer à se faire donner sur les oreilles.
Vous serez bien aise d'apprendre que la division Boudet a été regardée comme ayant sauvé l'armée; car, à vrai dire, à 2 heures, la bataille était perdue. Cette division est une de celles où il y a le plus d'ordre. On loue l'activité de son général ; on ne fait pas moins d'éloges de celle de Dalton, son chef d'état-major.
Je ne connaissais point personnellement le général Desaix; mais je lui payais le tribut d'estime que sa vue seule inspirait. Je l'ai vu tomber avec le plus vif regret. Je regrettais de n'être pas frappé à sa place. Il n'y a point de soldat qui n'ait exprimé les mêmes regrets. Son aide de camp Savary m'a chargé de le rappeler à votre souvenir
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 411).

"Extrait du Journal de la campagne de l'armée de réserve, par l'adjudant-commandant Brossier ...
Le lieutenant général Desaix se place au centre, sur la grande route, entre San-Giuliano et Cassina-Grossa, avec la division Boudet; la 9e légère occupant la gauche de la route sous les ordres du général Monnier, et la 30e et la 59e de ligne, commandées par le général Guénand, portées sur la droite; il avait sur son front: une pièce de 12, quatre de 8 et deux obusiers ...
Mélas tente un dernier effort; il porte en avant un corps d'élite de 5,000 grenadiers hongrois sur lequel il fondait tout son espoir et qui devînt la. cause première de sa défaite.
La 9e légère, contre laquelle ce corps se trouve particulièrement dirigé, marche à sa rencontre au pas de charge.
Tant d'intrépidité en impose à l'ennemi, qui s'arrête et balance ... La victoire ne pouvait rester plus longtemps indécise, et le général Kellermann la fixe par une charge aussi audacieuse que faite à propos.
A la tête du 8e de dragons et des 2e et 20e de cavalerie, il s'avance au grand trot en face de cette colonne; puis il se déploie habilement par sa droite, met sa troupe au galop, dépasse rapidement l'ennemi et le charge impétueusement de revers, pendant que la 9e légère l'attaque de front. Vainement il veut fuir; le désordre dans lequel il se trouve ne lui en laisse ni le temps ni les moyens; la frayeur s'en empare, et le seul parti qui lui reste est de mettre bas les armes.
Le premier coup était porté !
Un si brillant succès devient pour l'armée le signal d'une charge impossible à décrire.
L'ennemi est ébranlé de toute part; il veut disputer encore un terrain qui lui avait comité tant de sacrifices ; mais l'impétuosité française ne laisse point à sa tactique méthodique le temps de se rallier; la déroute gagne simultanément toutes ses colonnes; il est attaqué sur tous les points, chassé du village de Marengo, poursuivi sans relâche, battu et culbuté partout et obligé de repasser en désordre la Bormida, abandonnant une partie de son artillerie et laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés. Ce fut une charge dernière, exécutée par Kellermann à la tète d'un parti de 200 hommes réunis à la cavalerie de la garde consulaire qui mit fin au combat, et la nuit ne permit pas de harceler plus longtemps l'ennemi ...
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 430).

Le Général de Division Dupont, Chef de l'Etat-major général de l'Armée de Réserve, écrit, depuis Garofoli, le 28 Prairial an 8 (17 juin 1800), au Ministre de la Guerre : "... Le général Desaix fait aussitôt ses dispositions avec cette habileté qui lui a acquis une si juste célébrité, et il aborde l'ennemi qui était alors à hauteur de Cassina-Grossa. Le combat se ranime avec une nouvelle chaleur; la 9e demi-brigade légère et les grenadiers des Consuls font des prodiges d'audace; tous les corps oublient les fatigues et les pertes de la journée; ils combattent avec une vigueur qui semble croître ..." (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 422).

"... Le premier consul envoya l'ordre au général Desaix de se précipiter, avec sa division toute fraiche, sur cette colonne ennemie. Desaix fit aussitôt ses dispositions pour exécuter cet ordre ; mais, comme il marchait à la tête de deux cents éclaireurs de la neuvième légère, il fut frappé d'une balle au coeur, et tomba roide mort au moment où il venait d'ordonner la charge : ce coup enleva à l'empereur l'homme qu'il jugeait le plus digne de devenir son lieutenant.
Ce malheur ne dérangea en rien le mouvement, et le général Boudet fit passer facilement dans l'âme de ses soldats ce vif désir dont il était lui-même pénétré, de venger à l'instant un chef tant aimé. La neuvième légère, qui, là, mérita le titre d'incomparable, se couvrit de gloire ...
".

"... Il était six heures du soir, lorsque ces dispositions furent terminées; le général Desaix devait diriger l'attaque, ses troupes étaient fraîches, et leur ardeuf pouvait à peine se contenir. Elles s'ébranlent, mais en même temps, une colonne de cinq mille grenadiers autrichiens, conduite par le général Zach, s'avançait par la grande route, pour s'emparer de San-Giuliano. Cette colonne avait dépassé Cassin a -Grossa, et n'était qu'à portée de fusil de la ligne française. Le général Desaix marche au pas de charge à sa rencontre; une batterie de quinze pièces-le précède. Le général Marmont a pris la direction de cette batterie, et lui fait ouvrir son feu à cinquante pas des ennemis. La fusillade est aussi engagée, on va se mêler. En ce moment, une balle frappe mortellement, au milieu de la poitrine, le général Desaix. Un aide de camp du premier Consul, le colonel Lebrun, le reçoit dans ses bras. Les soldats, voyant tomber leur chef, n'en deviennent que plus animés pour le venger; la 9e demi-brigade d'infanterie légère est à leur tête, et tous les corps qui suivent ont la même impulsion ..." (« Mémoires du Maréchal-général Soult », tome 3, p. 272).

Savary, Aide de camp de Desaix, a raconté les circonstances dans lesquelles s'est fait le transport du corps de son Général : "... J'avais à peine achevé de transmettre au général Kellermann les ordres du premier Consul qu'un feu de mousqueterie, parti de la gauche des maisons de Marengo, se fit entendre, c'était le général Desaix qui ouvrait l'attaque. Il se porta vivement avec le 9e léger sur la tête de la colonne autrichienne : celle-ci riposta avec mollesse, mais nous payâmes chèrement sa défaite, puisque le général fut abattu dès les premiers coups. Il était à cheval derrière le 9e régiment, une balle lui traversa le coeur; il périt au moment où il décidait la victoire.
... La colonne autrichienne dispersée, j'avais quitté la cavalerie du général Kellermann et venais à la rencontre du général Desaix dont je voyais déboucher les troupes, lorsque le colonel du 9e léger m'apprit qu'il (Desaix) n'existait plus. Je n'étais pas à cent pas du lieu où je l'avais laissé; j'y courus et je le trouvai par terre, au milieu des morts déjà dépouillés et dépouillé entièrement lui-même. Malgré l'obscurité, je le reconnus à sa volumineuse chevelure, de laquelle on n'avait pas encore ôté le ruban qui la liait.
Je lui étais trop attaché depuis longtemps pour le laisser là, où on l'aurait enterré sans distinction, avec les cadavres qui gisaient à côté de lui.
Je pris à l'équipage d'un cheval mort à quelques pas, un manteau qui était encore à la selle du cheval; j'enveloppai le corps du général Desaix dedans et un hussard, égaré sur le champ de bataille, vint m'aider à remplir ce triste devoir envers mon général. Il consentit à le charger sur son cheval, et à le conduire par la bride jusqu'à Garofoli, pendant que j'irais apprendre ce malheur au Premier Consul, qui m'ordonna de le suivre à Garofoli, où le lui rendis compte de ce que j'avais fait; il m'approuva et ordonna de faire porter le corps à Milan pour qu'il y fût embaumé
" (Mémoires du duc de Rovigo, t. 1er, p. 277; cité par Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 363; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 420)

Le Bulletin de l'Armée de Réserve, daté de Torre dei Garoffoli le 15 juin 1800 (26 prairial an 8), raconte au sujet de la journée du 14 juin : "... La 9e légère a mérité le titre d'incomparable ..." (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 96 ; Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4910; cité par De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 417).

Le 17 juin (28 prairial), Dupont écrit à Carnot : "... la 9e légère et les grenadiers des consuls firent des prodiges de valeur ..." ("Extraits des mémoires inédits de Victor"). De son côté, Berthier écrit le même jour à Bonaparte : "... la 9e légère, incomparable par sa bravoure, était en première ligne; le général Desaix marchait à sa tête ..." ("Extraits des mémoires inédits de Victor").

Certains récits laissent entendre que la bataille ne se passa pas d'une façon aussi simple, la 9e Légère commençant par être repoussée et par reculer "... C'est à ce point de Cassina-Grossa que le corps de Desaix vint heurter et se briser contre la masse formidable de l'armée autrichienne. Le 9e d'infanterie légère, qui marchait déployé, ne put soutenir le choc de la colonne hongroise, qui chargeait en tête.
Il s'arrête, il chancelle, se retire en hâte et entraîne la ligne avec lui; la colonne ennemie s'abandonne inconsidérément à sa poursuite, dépasse à la course le général Kellermann et lui prête un flanc sans défense ...
" (Réfutation de M. le duc de Rovigo ou La vérité sur la bataille de Marengo, par un ami de la Vérité, p. 12. Ouvrage attribué au général Kellermann. Rosier 1828 - cité par De Cugnac).

Le général Boudet adresse, de Lobi, le 18 juin, au Général en chef Berthier, un rapport dans lequel on trouve quelques éloges particuliers : "... Les généraux de brigade Guenand et Musnier ont dirigé les troupes avec un dévouement particulier. Le général Guenand a reçu une balle à l'aine droite dont l'effet fut amorti par l'argent qu'il avait dans la poche de sa montre.
L'adjudant général Dalton, mérite particulièrement d'être cité par le sang-froid et la connaissance avec laquelle il a dirigé différents points d'attaque.
Le chef de brigade Labassé, de la 9e légère; Valterre, de la 30e; Mugnier, de la 59e, ont marqué une intrépidité digne des plus grands éloges. Ce dernier a reçu deux légères blessures. Mes aides de camp et officiers d'état-major, nous ont aussi parfaitement secondé par leur activité. L'un d'eux, le citoyen Bagnet eut son cheval tué d'un coup de boulet.
Enfin, Général, je crois devoir vous assurer que les plus grands éloges doivent être rendus à tous les officiers et soldats de la division. Tous ont montré un véritable courage.
J'aurais particulièrement à réclamer de vous une récompense d'avancement pour le chef de bataillon Pastres, pour mon aide de camp Bagnet et pour l'officier de correspondance Diens. Le premier est lieutenant, le deuxième est sous-lieutenant
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 393; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 106).

"... Nous avions dépassé la division du général Desaix de trois cents pas et les Autrichiens étaient prêts aussi à dépasser la ligne, lorsque la foudre part sur leur tête de colonne ... Mitraille, obus, feux de bataillon pleuvent sur eux et on bat la charge partout !
Tout le monde fait demi-tour. Et de courir en avant ! On ne criait pas, on hurlait ...
L'intrépide 9e brigade passe comme des lapins au travers de la haie; ils fondent sur les grenadiers hongrois à la baïonnette et ne leur donnent pas le temps de se reconnaître
" (Cahiers du capitaine Coignet in Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 362).

D'après un État de situation de l'armée de réserve à l'époque du 1er messidor an 8 (20 juin 1800), la 9e Légère, forte de 3 Bataillons et de 1629 hommes (Division Boudet), est à Plaisance; le 3e Bataillon, fort de 400 hommes, est annoncé par le Ministre de la Guerre (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 531).

Le 4 Messidor an 8 (23 juin 1800), à Milan, Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête : "ART. 1er. – L'armée d'Italie sera composée des demi-brigades et régiments ci-après, savoir :
Infanterie légère. – 1re, 3e, 6e, 7e, 8e, 9e, 12e, 13e, 19e, 20e, 24e, 25e, 28e ...
ART. 3. – Les dépôts des demi-brigades d'infanterie légère et de ligne, ainsi que des régiments des troupes à cheval et autres troupes qui restent à l'armée d'Italie, auront ordre de rejoindre l'armée.
ART. 4. – L'ordonnateur en chef et tous les agents des administrations qui ne seront pas jugés nécessaires pour le service de l'armée d'Italie retourneront à l'armée de réserve à Dijon.
ART. 5. – Le Ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).

Le 18 juillet 1800 (29 messidor an 8), Bonaparte écrit depuis Paris au citoye Carnot, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître ... que le Gouvernement leur accorde à chacune quinze fusils d'honneur, pour la bonne conduite qu'elles ont tenue à Marengo ... A la 9e légère ... dix ... Les chefs de corps enverront les noms des individus qui se sont le plus distingués ..." (Correspondance de Napoléon, t.6, lettre 4998; Correspondance générale, t.3, lettre 5538 ; De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 520).

L'état fourni pour la 9e Légère comprend deux Sergents-majors, trois Sergents, deux Caporaux, un Carabinier et deux Chasseurs qui reçoivent chacun un fusil d'honneur (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 521).

Brevets donnés à des Sous-officiers et soldats de la 9e Légère.
"POUR LE CITOYEN PETIT
Au citoyen Petit, sergent-major dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce sous-officier s'avança seul sur les tirailleurs autrichiens, en tua plusieurs et en fit trois prisonniers, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN DAVION
Au citoyen Davion, sergent-major dans la 9e demi-brigade d'infanterie, à l'affaire qui eut lieu le 25 prairial an 8, à Marengo, où ce sous-officier pénétra plusieurs fois dans les rangs ennemis et y fit quatre prisonniers, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN MAQUART
Au citoyen Maquart, sergent dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce sous-officier, à la tète d'un piquet de six hommes, fit preuve de beaucoup de fermeté en résistant avec succès à une charge de douze cavaliers ennemis, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN JACQUES
Au citoyen Jacques, sergent dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce sous-officier, à la tête des tirailleurs, ayant été chargé par la cavalerie ennemie, dont le but était de tomber sur le bataillon, la tint en respect par son intrépidité, démonta plusieurs cavaliers et força les autres à renoncer au projet d'avancer davantage, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN BENOIST
Au citoyen Benoist, sergent dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce sous-officier, détaché en tirailleur, ayant été chargé par deux cavaliers autrichiens, en démonta un et fit l'autre prisonnier, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN BOUVIER
Au citoyen Bouvier, caporal de carabiniers dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire qui eut lieu le 25 prairial an 8, à Marengo, où ce militaire pénétra à diverses reprises dans les rangs ennemis et y tua plusieurs hommes à coups de baïonnette, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN MAHUT
Au citoyen Mahut, caporal de carabiniers dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce militaire, voyant un officier de dragons sur le point de tomber au pouvoir de l'ennemi, vole à son secours, tue un des Autrichiens qui le poursuivaient, met les autres en fuite, et reçoit un coup de feu au moment où il allait saisir le cheval du cavalier qu'il avait tué, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN CAMUS
Au citoyen Camus, carabinier dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire du 16 prairial, en avant de Plaisance, et notamment à la bataille de Marengo, où ce militaire démonta deux cavaliers qu'il fit prisonniers, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN SALLIOR
Au citoyen Sallior, chasseur dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Plaisance, et principalement à la bataille de Marengo, où ce militaire, détaché en tirailleur, ayant été chargé par deux cavaliers autrichiens, en tua un et démonta l'autre, un fusil d'honneur.
POUR LE CITOYEN VINOT
Au citoyen Vinot, chasseur dans la 9e demi-brigade d'infanterie légère, à l'affaire de Marengo, où ce militaire, ayant été assailli par deux cavaliers autrichiens et un grenadier hongrois, démonta l'un des cavaliers, mit le grenadier hors de combat d'un coup de baïonnette, et força l'autre cavalier à se retirer, un fusil d'honneur
" (De Cugnac (Cpt) : Campagne de l'Armée de Réserve en 1800, Paris, Chapelot, 1900, t.2, p. 568 - Note Vinot est Chasseur à la 6e Compagnie du 3e Bataillon).

Caporal 9e Demi-brigade légère 1802
Fig. 1bis Caporal de la 9e Demi-brigade légère en 1802, d'après un rapport d'inspection

Une autre liste, sensiblement différente, indique que onze fusils d'honneur sont donnés à la demi-brigade, en récompense de sa bravoure, distribuées de la façon suivante :
- BOUVIER, Caporal de carabiniers, qui pénétra, à plusieurs reprises, dans les rangs ennemis et y tua plusieurs Autrichiens à coups de bayonnette.
- BENOIT, Sergent qui, étant détaché en tirailleur et chargé par deux cavaliers autrichiens, en démonta un et fit l'autre prisonnier.
- CAMUS, Carabinier, qui, assailli par une dizaine de hussards ennemis, en démonta 2, les fit prisonniers et obligea les autres à fuir.
- DAVION, Sergent-major qui pénétra plusieurs fois dans les rangs et fit 4 prisonniers.
- JULIEN, Sergent qui, ayant été chargé par la cavalerie ennemie, la tint en respect par son intrépidité, démonta plusieurs cavaliers et força les autres à se retirer.
- LAMBERT, Sergent, pour sa conduite distinguée à Plaisance et à Marengo.
- MAHUT, Caporal de Carabiniers, qui vola au secours d'un officier de Dragons qui allait être fait prisonnier, tua un des Autrichiens qui le poursuivaient, mit les autres en fuite et fut blessé d'un coup de feu.
- MACQUART, Sergent qui, avec 6 hommes, résista avec succès à une charge de 12 cavaliers ennemis.
- PETIT, Sergent-major qui s'avança, seul, sur les tirailleurs autrichiens, en tua plusieurs et en fit trois prisonniers.
- PISSEVEAUX, Chasseur qui, chargé par 2 cavaliers en tua un et démonta l'autre.
- VINOT, Chasseur qui, assailli par 2 cavaliers et un grenadier, démonta l'un des cavaliers, mit le grenadier hors de combat d'un coup de bayonnette et força l'autre cavalier à se retirer.

En dehors de ces onze héros récompensés, on pourrait encore citer une foule d'autres traits de courage. Signalons encore la conduite de :
- LAMBERT, Sergent qui s'était déjà distingué à Plaisance et se distingua encore à Marengo.
- CAZEAU, Capitaine qui avait reçu déjà un sabre d'honneur pour sa bravoure éclatante, à Plaisance, le 6 juin. Il s'était porté précipitamment en avant, suivi d'un sergent, avait pénétré jusqu'au milieu du pont et fait prisonnière l'arrière-garde ennemie, composée de 80 hommes. Un moment après, l'ennemi, voyant qu'il n'avait affaire qu'à 2 français, ne voulut pas se rendre. Mais le Capitaine CAZEAU lui imposa encore par sa hardiesse et le contint par des mesures et un langage aussi ferme qu'audacieux.
- COMBETTI, chef de bataillon qui avait reçu un sabre d'honneur pour sa belle conduite.

RéCOMPENSES ACCORDéES POUR LA BATAILLE DE MARENGO.
ARMES D'HONNEUR.
Arrêté des Consuls du 16 messidor an 8 (5 juillet 1800) :
9e Légère : 12 fusils d'honneur
PETIT, sergent-major. - II s'avança seul sur les tirailleurs autrichiens, en tua plusieurs, et en fit trois prisonniers.
DAVON, sergent-major. - Pénétra plusieurs fois dans les rangs ennemis et fit quatre prisonniers.
JACQUES, sergent. - étant à la tête des tirailleurs, et ayant été chargé par la cavalerie ennemie, dont le but était de tomber sur le bataillon, il démonta plusieurs cavaliers et contint le reste.
MACQUART, sergent. - A la tête d'un piquet de six hommes, il montra beaucoup de fermeté, en résistant avec succès à une charge de douze cavaliers ennemis.
BENOIST, sergent. - Détaché en tirailleur, et chargé par deux cavaliers autrichiens, il démonta l'un, et fit l'autre prisonnier.
BOUVIER, caporal de grenadiers. - Pénétra, à plusieurs reprises, dans les rangs ennemis, et y tua plusieurs soldats à coup de baïonnette.
MAHUT, caporal de grenadiers. - Voyant un officier de dragons sur le point de tomber au pouvoir de l'ennemi, il tua un des Autrichiens, mit les autres en fuite, et reçut un coup de feu au moment où il saisissait le cheval du cavalier qu'il avait tué.
CAMUS, carabinier. - Démonta deux cavaliers qu'il fit prisonniers.
SALLIOR, id. - Détaché en tirailleur et chargé par deux cavaliers autrichiens, il tua l'un et démonta l'autre.
VINOT, chasseur. - Détaché en tirailleur et assailli par deux cavaliers autrichiens et un grenadier hongrois, il démonta l'un des cavaliers, força l'autre à se retirer, et, d'un coup de baïonnette, mit le grenadier hors de combat.
LAMBERT, chasseur. - Détaché en tirailleur et chargé par deux cavaliers autrichiens, il tua l'un et démonta l'autre.
PIESSEVAUX, chasseur. - Détaché en tirailleur et attaqué par deux cavaliers hongrois, il mit l'un hors de combat, et força l'autre à la retraite; chargé presque au même instant par six cavaliers autrichiens qui lui portèrent plusieurs coups de sabre et le laissèrent pour mort, il se releva dès qu'ils l'eurent abandonné, courut au grenadier qu'il avait mis en fuite, l'atteignit, et le ramena prisonnier ("Extraits des mémoires inédits de Victor").

Après cette journée, la demi-brigade séjourne quelques jours aux environs de Marengo.

Le 15 juin, les Autrichiens demandent un armistice et, alors que Bonaparte est à Milan, l'Armée de Moreau remporte aussi une victoire à Hoschtädt le 19. Le 12 Juillet, il signe lui aussi un armistice. L'armée d'Italie ou de Ligurie, que commandait Masséna qui s'était illustrée au siège de Gênes, fusionne avec celle de Réserve. Masséna est bientôt remplacé par Brune. L'Armée compte 125.000 hommes dont 80.000 sur le Mincio.

En Octobre, la 9e Légère a ses trois bataillons (1323 officiers et hommes ) à Valeuza, au corps de réserve de Michaud, division Gardanne. L'encadrement se compose de LABASSEE chef de brigade, SAYVE quartier maître trésorier VANDERBACH, HENRY et LARIPPE chirurgiens major, et les trois chefs de bataillons Labassée, Verger et Kuhmann.

Lorsque les hostilités reprennent début décembre, Brune franchit le Mincio à Pozzolo et Mozzembano. A Pozzolo, la division Dupont prend et reprend 6 fois le village avant de se rendre maître de la rive gauche du fleuve. Pendant ce temps, Moreau a remporté la victoire de Hohenlinden et s'avance sur Vienne, et Mac Donald s'est enfoncé en Haute Adige. Les Autrichiens signent un nouvel armistice à Steyer. La Paix va suivre à Luneville en février 1801.

De janvier à avril 1801, la 9e Légère va rester en Italie. Le 18 mars 1801 (27 ventôse an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez l'ordre, citoyen ministre, au général commandant l'armée d'Italie, de faire diriger sur Lyon les : 9e légère ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6129).

Le 13 avril 1801 (23 germinal an 9), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Vous donnerez l'ordre, citoyen ministre, à la 9e légère qui arrive le 27 à Lyon ... de se rendre à Paris ..." (Correspondance générale, t.3, lettre 6208).

III/ JUIN 1801- JUILLET 1803 RETOUR EN FRANCE AVEC LES HONNEURS
Drapeau de la 9e Demi-brigade en 1802
Drapeau de la 9e Demi-brigade accordé en 1802; dessin de Rigo

C'est en juin 1801 que la demi brigade revient en France et est basée à Paris, sous les yeux du Premier Consul, dans la 1ère division militaire. En Janvier 1802 l'encadrement est le suivant : LABASSEE chef de brigade ; SAYVE quartier maître trésorier ; 1er bataillon commandant : chef de bataillon Kuhmann ; 2e bataillon commandant : chef de bataillon Verger (remplacé par Baudot en mai) ; 3e bataillon commandant : chef de bataillon Barrois.

Peu de temps après son arrivée à Paris, la 9e Légère passe l'inspection du Général Mortier (18 Nivôse an 10 - 8 janvier 1802). L'Inspecteur général "félicite les militaires de la demi-brigade du bon esprit qui règne parmi eux", mais il trouve que "les sous-officiers manœuvrent avec nonchalance ... qu'il ne règne pas dans les rangs assez d'immobilité ... Il remarque de l'ensemble et de la promptitude dans les manœuvres qu'a fait exécuter le chef de brigade, cependant il aurait désiré, pour qu'elles fussent parfaites, qu'il y eût moins d'abandon". Au cours de cette inspection, le Général Mortier relève tous les petits détails de tenue qu'il veut voir rectifier et se montre sévère Inspecteur général, en rappelant à ces vieux soldats "les devoirs qui leur sont imposés pour continuer à mériter la bonne réputation que la demi-brigade s'est faite à la guerre". Son attention se porte aussi sur l'instruction théorique des Sous-officiers et Officiers. "Lorsque, par l'étude de la théorie et l'exercice, les officiers de la demi-brigade légère auront acquis un degré convenable d'instruction, le général inspecteur les engage à mettre à exécution le plus promptement possible le projet qu'ils ont d'établir à leurs frais une bibliothèque militaire. Une collection de bons ouvrages leur procurera un passe-temps agréable et la connaissance d'objets qui conviennent à leur état et qu'un jour ils pourront mettre à profit" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 363).

C'est à la parade du 4 juin 1802, dans la cour des Tuileries, que la 9ème Demi-brigade légère reçoit les trois drapeaux (un pour chaque bataillon) que le 1er Consul a fait confectionner spécialement pour elle au mois de mai par Chaillot. Pour l'occasion la demi-brigade est en grande tenue, entièrement remise à neuf. On trouve la description de cette cérémonie dans le Journal Militaire pour le 13 Prairial an 10 :
"... Arrivé devant la 9eme demi brigade d'infanterie légère, le Premier Consul a fait assembler les officiers et sous-officiers. Trois drapeaux ont été apportés par un détachement de vétérans. Le Premier Consul a remis ces drapeaux aux chefs de brigade et de bataillons et a dit : "Soldats de la 9eme Légère, voici vos drapeaux. Ils vous serviront toujours de point de ralliement. Soyez dignes de l'inscription que j'y ai fait mettre. Jamais les drapeaux de la 9eme légère ne tomberont au pouvoir des ennemis de l'Etat. Vous jurez tous de faire le sacrifice de votre vie pour les défendre ?" Les officiers et sous-officiers ont répondu : "nous le jurons !" (Oeuvres complètes de Napoléon, Stuttgart et Tubingue, 1822, t.4, p. 367; ce texte figure dans la Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6116).

Le 28 juin 1802 (9 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis la Malmaison au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, citoyen ministre, de donner l'ordre ... le bataillon de la 9e légère qui est à Gênes se rendra à Perpignan ...
Tous ces mouvements ne se feront que dix jours après avoir reçu l'ordre.
Vous aurez soin que la veille du départ, il soit passé une revue de rigueur qui fasse bien connaître la situation des troupes que vous ferez partir. Vous aurez soin que tous les détachements soient bien réunis avant leur départ, et qu'ils marchent dans le plus grand ordre et par bataillon
" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 1257 ; Correspondance générale, t.3, lettre 6965).

IIIBis/ EXPEDITION DU GENERAL DECAEN EN INDE (1802)

A la suite du Traité d'Amiens, conclu avec la Grande-Bretagne, la ville de Pondichéry et les comptoirs français en Inde, occupés depuis 1794 par les Britanniques, doivent être remis à la France. Le 15 avril 1802, Bonaparte avise le Ministre de la Marine, Denis Decrès, que "nous devons prendre possession des Indes ... dans les six mois de la ratification du traité au plus tard" (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6037). Un expédition est ainsi organisée pour hisser le drapeau tricolore sur Pondichéry et les comptoirs de l'Inde, sous la direction du Général de Division Charles Mathieu Isidore Decaen.

Le 18 juillet 1802 (29 messidor an 10), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous prie, Citoyen Ministre ... d'écrire également au général Decaen, pour qu'il donne l'ordre de former un bataillon d'infanterie légère à cinq compagnies, et fort seulement de 3oo hommes. Le chef de bataillon et les capitaines seront pris parmi les officiers des 3es bataillons d'infanterie légère qui ont été réformés en l'an VIII. Les 1re, 6e, 8e, 9e, 10e, 13e, 14e, 16e, 17e, 18e, 20e, 26e, 27e, 29e, 30e et 31e légères fourniront chacune 20 hommes de bonne volonté. Ce bataillon comptera dans l'armée comme 3e bataillon de la 18e légère. Par ce moyen, cette demi-brigade aura deux bataillons en France et un aux Indes ..." (Correspondance de Napoléon, t.7, lettre 6189; Correspondance générale, t.3, lettre 7026). C'est ainsi donc que 20 hommes de la 9e Demi-brigade légère se retrouvent détachés pour l'expédition.

IV/ JUILLET 1803-1804 A L'ARMEE DES CÔTES

9e Léger Voltigeur 1804
Fig. 2 Voltigeur du 9e Léger en 1804, d'après un dessin naïf

L'année 1803 se passe tranquillement, et la 9e Légère va être enrôlée dans la vaste organisation mise en place pour envahir l'Angleterre. Ce que l'on appelé l'Armée des Côtes.

En Juin 1803, la demi-brigade fait partie de la division Dupont toujours à Paris. Encadrement : Chef de corps : LABASSEE, chef de brigade ; SAYVE, quartier maître trésorier ; 1e bataillon : chef de bataillon Cazaux ; 2e bataillon : chef de bataillon Baudot ; 3e bataillon : chef de bataillon Barrois.

Le 14 juin 1803 (25 prairial an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les projets que vous aviez rédigés pour le camp de Saint-Omer. Voici définitivement les bases auxquelles je me suis arrêté :
Six camps seront formés, lesquels, destinés à ne composer qu'une seule armée, seront commandés par six lieutenants généraux commandant en chef. Ils auront chacun un parc d'artillerie commandé par un général d'artillerie et par un colonel diiecteur du parc. Les six parcs seront tous soumis à un général commandant en chef l'artillerie et à un général de brigade directeur général des parcs des six camps. Chacun de ces camps aura un ordonnateur, lequel correspondra avec un ordonnateur en chef des six camps.
Ces six camps seront : un en Hollande, un à Gand, un à Saint-Omer, un à Compiègne, un à Saint-Malo, un à Bayonne ...
Pour le camp de Compiègne, les 9e et 24 légères; les 18e, 44e, 63e, 64e, 4e, 32e, 96e et 111e de ligne; le 3e régiment de hussards; le 10e de chasseurs; les 1er, 3e, 8e et 9e de dragons ...
Chacune des demi-brigades ci-dessus ne fournira que ses 1er et 2e bataillons, lesquels seront complétés à 1,000 hommes. Il est donc nécessaire que ces corps soient prévenus sur-le-champ que leurs deux premiers bataillons doivent marcher vers la fin de l'été, afin qu'ils activent l'instruction, l'habillement, etc ...
" (Correspondance de Napoléon, t.8, lettre 6814; Correspondance générale, t.4, lettre 7722).

Le 17 juin 1803 (28 prairial an 11), le 9e Régiment d'infanterie légère, les 32e et 96e Régiments d'infanterie de ligne, qui ont été désignés pour faire partie des camps des côtes de l’Océan, sont avisés "de tenir leurs 1er et 2e bataillons prêts à marcher vers la fin de l'été au complet de 1,000 hommes chacun". Ces Régiments sont alors tous en garnison à Paris ou environs et jouissent d'ailleurs, d'une grande réputation dans l'armée. Ils doivent entrer dans la composition de la 1re Division du camp de Compiègne, dont le Général Ney est le commandant en chef (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 346).

La 9ème Légère part de Paris pour le Havre le 15 juillet, et vient prendre son rang au camp de Boulogne, encore dans la division DUPONT.

Le 28 août 1803 (10 fructidor an 11), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Je vous envoie, citoyen ministre, les dispositions que j'ai arrêtées pour l'organisation de quatre camps faisant partie des six qui vont être formés sur les côtes de l'Océan.
... Camp de Compiègne
Le général Ney est nommé commandant en chef du camp de Compiègne.
... Le camp de Compiègne formera trois divisions
... La 1re division sera commandée par le général Dupont qui aura à ses ordres les généraux de brigade :
Marchand et [...].
La 1re division sera composée des :
9e légère,
18e de ligne,
32e id,
96e id,
... Jusqu'à nouvel ordre les troupes des demi-brigades du camp de Compiègne resteront dans leurs garnisons respectives où elles s'occuperont des moyens de se mettre en campagne
Le ministre directeur de l'Administration fera les dispositions pour que les effets de campement nécessaires et pour camper ces troupes sous la toile, s'il y avait lieu, soient prêts au premier ordre.
Indépendamment de ces dispositions le ministre de la Guerre et celui de l'Administration feront sur-le-champ préparer à Etaples deux camps pour douze bataillons; ces camps seront placés le plus à portée des lieux où les troupes doivent s'embarquer ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 7972).

Le colonel LABASSEE ayant été nommé général à son arrivée au camp, est remplacé par le Colonel MEUSNIER.

En Septembre, un arrêté des consuls du 1er vendémiaire an XII (21 septembre 1803), supprime la dénomination de "demi-brigade" pour établir celle de "régiment".

Le 27 septembre 1803 (4 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Le 2e bataillon de la 9e légère fort de 900 hommes se rendra à Rouen, et fournira garnison à 31 bateaux savoir aux 9 qui seront mis à l'eau au 1er vendémiaire, aux 14 qui seront mis à l'eau au 1er brumaire, ce qui fera 23, et aux 8 qui sont à Honfleur, total 31 ...
Les sept qui doivent être lancés à Rouen et les 4 qui restent à Honfleur et qui doivent être lancés au 1er brumaire, total 11, ainsi que les 19 premières qui seront lancées à Compiègne et à Paris, seront fournies par le 1er bataillon de la 9e légère porté à cet effet à 900 hommes.
... le 1er bataillon de la 9e légère ne partira également pour Rouen que le 15 vendémiaire ...
" (Correspondance générale, t.4, lettre 8083).

Le 8 octobre 1803 (15 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre aux généraux commandant les 13e, 14e et 15e divisions de veiller à ce que les hommes de la 9e, 10e, 64e, 39e et 32e fassent tous les jours l'exercice de la nage sur des péniches et d'autres petits bâtiments qui seront, à cet effet, disposés dans les ports par ordre du ministre de la Marine" (Correspondance générale, t.4, lettre 8124).

Toujours le 8 octobre 1803 (15 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre aux généraux commandant les 13e, 14e et 15e divisions de veiller à ce que les hommes de la 9e, 10e, 64e, 39e et 32e fassent tous les jours l'exercice de la nage sur des péniches et d'autres petits batiments qui seront, à cet effet, disposés dans les ports par ordre du ministre de la Marine" (Correspondance générale, t.4, lettre 8124).

Le même jour, Bonaparte écrit à l'Amiral Bruix, commandant de la flotille du camp de Boulogne : Le 26 septembre 1803 (3 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Les sections de la flotille qui sont parties du Havre, de Granville, de Cherbourg, de Saint-Malo, doivent se rendre à Boulogne; mais celles qui partiraient, ayant à leur bord des troupes des 9e légères, 32e, 39e et 64e, doivent se rendre à Etaples; voyez donc d'organiser ce port ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8125).

Enfin, toujours le même jour au Contre-amiral Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies : "Donnez ordre qu'au Havre, à Cherbourg, à Honfleur, à Rouen, à Dieppe, à Granville, Saint-Malo, on arrange une ou deux péniches pour accoutumer à la nage les troupes des 9e, et 10e légères, 64e, 39e et 32e qui se trouvent dans ces parages. Vous enverrez l'instruction pour apprendre à nager" (Correspondance générale, t.4, lettre 8128).

Le 11 octobre 1803 (18 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au général Dupas de vous faire connaître ... s'il a destiné les 10e et 9e légères pour les bâtiments de Rouen, du Havre et de Honfleur, il vous préviendra du moment où ces troupes auraient fourni leurs garnisons, et où il en serait besoin d'autres ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8135).

Le 19 octobre 1803 (26 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre au général Lemarois de faire fournir dix hommes par péniche et dix hommes par caïque, qui doivent partir de Saint-Malo, par la 32e ou la 39e. Un bataillon de la 32e a eu ordre de se rendre à Saint-Malo.
Vous donnerez ordre au général Dupas d'en faire fournir, par la 9e et la 10e légères, à celles qui partiront des différents points de son arrondissement
" (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7215; Correspondance générale, t.4, lettre 8164).

Le 21 octobre 1803 (28 vendémiaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "... Donnez ordre ... au 3e bataillon de la 9e légère, et au dépôt, de se rendre à Philippeville ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8170).

Le 31 octobre 1803 (8 brumaire an 12), Bonaparte écrit depuis Saint-Cloud au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Donnez ordre, citoyen ministre, au reste du 2e bataillon de la 9e légère qui est à Paris de se rendre au Havre pour rejoindre sa demi-brigade" (Correspondance générale, t.4, lettre 8204).

En novembre 1803, les deux premiers bataillons (Cazaux et Baudot) sont à Rouen et Honfleur en Normandie, dans la 2ème division militaire tandis que le 3ème bataillon est à Philippeville (2ème DM).

Le 21 novembre 1803 (29 brumaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Berthier, Ministre de la Guerre : "Demandez au général Dupas qu'il vous fasse connaître ce qui reste encore des 9e et 10 légères et de la 64e de ligne, et la partie embarques, et enfin les besoins auxquels il foaudra fournir quand ces troupes seront parties, et à quelle époque il faudra de nouvelles troupes, et en quelle quantité, pour fournir aux bâtiments du Havre et de la côte qui est sous ses ordres" (Correspondance générale, t.4, lettre 8297).

Le 19 décembre 1803 (27 frimaire an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Soult, Commandant du Camp de Saint-Omer : "Citoyen général Soult, les détachements du 39e qui vous sont arrivés doivent être à Etaples et camper à côté du 6e léger, le 69e à côté du 25e léger, les 9e léger et 18e, 32e et 96e de ligne doivent faire partie de la division Dupont qui campe à Boulogne; mais qui cependant doit faire partie du corps d'armée du général Ney ..." (Correspondance générale, t.4, lettre 8478).

Le 30 Frimaire an 12 (22 décembre 1803), le Colonel Meunier remplace à la tête du Régiment le Colonel Lahassée, passé Général de Brigade (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 364).

Le 30 janvier 1804 (9 pluviôse an 12), Bonaparte écrit depuis Paris au Général Soult, Commandant le camp de Saint-Omer : "... J'imagine que vous avez fait rentrer le détachement du 9e léger à son corps ... " (Correspondance de Napoléon, t.9, lettre 7215; Correspondance générale, t.4, lettre 8164).

Entre janvier et juin 1804, le Major Deslon vient rejoindre l'encadrement. Le 1er Bataillon (Cazaux puis Barère) est au Havre, le second (Baudot puis Regeau) à Honfleur, le 3ème (Compere) à Philippeville.

Le 7 Ventôse an 12 (27 février 1804), le Colonel Meunier et Major Deslon, du 9e d'Infanterie légère, écrivent, depuis le camp d'Ostrohove, au Général Dupont, commandant la 1ère Division du camp de Montreuil : "Il y a quelques jours, en passant la revue du régiment dont le commandement et l'administration nous sont confiés, vous avez pu vous convaincre de son dénuement. Vous êtes convenu que nous devions employer tous les moyens possibles pour remettre dans toutes les parties de l'habillement, de l'armement, de l’équipement, du linge et chaussure, de la discipline et de la tenue, l'ordre et la marche qui en a été interrompue par la dissémination du régiment et par ce qu'il a éprouvé de pertes dans sa traversée du Havre à Boulogne.
Pour que nous puissions parvenir à ce but plus tôt que nous ne pourrions l'espérer, nous vous prions, Général, de presser le Directeur ministre de l'administration de la guerre pour qu’il fasse arriver à notre dépôt l'habillement de l'an 12 et celui des hommes de recrue qui excèdent le complet de paix.
Votre revue, Général, vous a donné la certitude du mauvais état dans lequel se trouvent et l'habillement et la coiffure. Nous vous avons rendu compte du pitoyable état dans lequel se trouvent les masses des chasseurs ; elles sont considérablement obérées, nos travaux vont un peu les rétablir. Puissent-ils durer assez longtemps pour nous fournir les moyens de les voir se compléter ainsi que le prescrit le règlement qui les concerne.
Nous allons nous occuper à faire confectionner des sacs à distribution, afin que chaque homme en soit pourvu.
Soyez bien assuré, Général, que nous ferons tout ce qu'il est possible de faire pour remettre le régiment dans un état qui ne laisse rien à désirer, du moins du côté de l'ordre et de la discipline
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 366).

Le 22 Prairial an 12 (11 juin 1804), le Colonel Meunier, commandant le 9e Régiment d’Infanterie légère, écrit, depuis Camiers, au Général Dupont, commandant la 1ère Division du camp de Montreuil : "J'ai l'honneur de vous rendre compte, mon Général, que je viens de recevoir du dépôt la quantité de 1,500 chemises, 1,300 paires de guêtres grises et 1,500 sacs à coucher pour les deux bataillons de guerre sous vos ordres. Je recevrai incessamment 900 pantalons de tricot bleu.
Je dois vous observer, mon Général, que le major, à qui j'avais écrit de presser l'habillement qui est dû aux deux bataillons de guerre pour le remplacement de l'an 12, me prévient qu'il n'a encore rien reçu, malgré les réclamations multipliées qu’il a faites, tant au Directeur ministre qu'au Directoire de l'habillement pour cet objet.
Le major me représente que le régiment a reçu cette année 500 conscrits des Vosges et 216 de plus pour les compagnies de voltigeurs, ce qui fait 716 hommes, non compris les déserteurs, qui nous sont reconduits journellement, qui n'ont pas été jugés, et le Ministre ne lui annonce que 300 habits. Ce sera donc 416 hommes pour lesquels le corps ne touchera rien ; il est impossible que nous puissions les habiller.
Je vous prierai, mon Général, de faire ces représentations au Ministre, en le priant de donner les ordres nécessaires afin que nous recevions, le plus tôt possible, les draps nécessaires à la confection des 800 habits pour le remplacement de l'an 12 et les 716 pour les recrues de cette année, au lieu de 300
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 366).

A la date du 9 Messidor an 12 (28 juin 1804), la 1re Division du camp de Montreuil comprend le 9e Régiment d'infanterie légère, fort de 1722 hommes, Officiers compris, présents au camp (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 213).

En Juillet, les deux premiers bataillons sont à Camiers, au camp de Montreuil.

Les Tambours, Musiciens et Sapeurs du Corps doivent être armés de mousquetons à baïonnette. Le 20 Messidor an 12 (9 juillet 1804), le général Dutaillis, Chef de l'Etat-major du camp de Montreuil, écrit, depuis le Quartier général à Montreuil, au Général Dupont, commandant la 1ère Division : "Je vous préviens, mon cher Général, qu'il sera distribué aux régiments ci-après, faisant partie des troupes sous vos ordres, des mousquetons à baïonnette pour armer les tambours, musiciens et sapeurs :
Savoir :
9e d'infanterie légère.
38 Tambours, 22, Musiciens, 6 Sapeurs. Total 66 ...
Veuillez en prévenir les colonels de ces régiments
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 354).

Le 5 Thermidor an 12 (24 juillet 1804), le Général Dutaillis, Chef de l’Etat-major général du camp de Montreuil, écrit, depuis le Quartier général à Montreuil, au Général Dupont, commandant la 1ère Division : "Je vous préviens, mon cher Général, qu'il sera distribué aux régiments ci-après le nombre de mousquetons à baïonnette nécessaires pour compléter l'armement des sapeurs, tambours, musiciens :
Savoir :
Au 9e régiment 8 ...
Veuillez en informer les colonels de ces régiments, auxquels ils seront delivrés sur un reçu du conseil d'administration
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 354).

Le Maréchal Ney assiste fréquemment aux manœuvres de ses Divisions. De Recques, le 24 Thermidor an 12 (12 août 1804), il écrit au Général Dupont : "Je vous préviens, mon cher général, que je me rendrai demain mardi à 3 heures précises du matin, au camp de Camiers, pour faire manœuvrer votre division. La troupe devra être en petite tenue, l'infanterie de ligne en veste et culotte blanches et guêtres noires ; l'infanterie légère en sa tenue ordinaire. Les trois régiments seront formés sur deux lignes, à distance de bataillon plus une division : les bataillons impairs seront à la première ligne et les bataillons pairs à la 2e. La 9e légère tiendra la droite, le 32e de ligne ensuite, et le 96e la gauche. Le général Rouyer commandera la 1re ligne, et le général Marchand la 2e.
La ligne de bataille sera prise soit à la gauche du campement du 96e de ligne, ou au revers de la côte dans la plaine à la droite de Camiers ; mais elle ne sera établie dans cette dernière que si cela se peut sans nuire aux grains.
Le soldat devra avoir mangé la soupe
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 225).

Situation et encadrement du Régiment selon l’Etat militaire de l’An XIII (23 septembre 1804 - 22 septembre 1805) :
9e Léger : 1er et 2e Bataillons au camp de Montreuil, 3e Bataillon à Philippeville (2e DM); Colonel Meunier; Major Deslon; Chefs de Bataillon Barere, Compere, Regeau.

Le 9e Régiment d'infanterie légère ayant été désigné pour entrer dans la composition des camps des côtes de l'Océan au cours de l'été 1803, il n'est plus passé que des inspections générales provisoires du Dépôt, dont l'étude des livrets ne permet pas de se rendre compte de l’ensemble du Corps. Le principal rôle des Dépôts est de "dresser" les conscrits. Ceux-ci, en arrivant au corps, trouvent des instructeurs émérites dans les vieux soldats qui ne peuvent plus supporter les fatigues de la guerre. Mais il est à craindre qu'ils ne soient d'un peu trop rudes éducateurs ; aussi des recommandations, fréquemment renouvelées, viennent rappeler à ces vétérans qu'il faut traiter avec douceur leurs jeunes camarades. Ainsi, dans les ordres laissés par le Général Amey à la suite de l'inspection générale du Dépôt du 9e Léger passée le 12 Vendémiaire an 13 (4 octobre 1804) à Philippeville, nous trouvons heureusement définie la conduite que doivent tenir les anciens envers les jeunes : "… Les instructeurs ne perdront pas de vue que, s'il est nécessaire d'employer de la fermeté pour tout ce qui concerne le service, la raison veut, et c'est l'intention bien prouvée du Gouvernement, que l'on use de toutes les ressources de la douceur à l'égard des conscrits. Il faut les accoutumer à aimer leurs devoirs plutôt qu'à redouter leurs chefs et à craindre les punitions : elles seront néanmoins employées avec discrétion et prudence.
Le général a appris avec plaisir que les anciens soldats se conduisent bien à l'égard des recrues; des soldats sont tous enfants d'une même famille dont l'union doit faire la force; ceux qui, au mépris de ces principes, maltraiteraient un conscrit, même de parole, seront punis avec sévérité
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 364).

Depuis octobre 1804, une compagnie de voltigeurs a été formée pour chaque bataillon, distinguée en particulier par son collet chamois. Un dessin naif d'époque nous montre leur tenue complète.

Le 25 Brumaire an 13 (16 novembre 1804), au Camp de Montreuil (Maréchal Ney), le 9e Léger, qui fait partie de la 1ère Division (Dupont) est installé au camp de Camiers; il compte 50 Officiers, 1350 hommes, 228 embarqués, 206 aux hôpitaux, total 1834 hommes, 3 chevaux (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 220).

Pendant le séjour du régiment au camp de Boulogne, une députation fut envoyée à Paris pour assister au couronnement de l'empereur, le 2 décembre 1804. Le régiment reçoit trois nouveaux drapeaux modèle 1804 Picot, surmontés de l'Aigle impériale. Il semble qu'il ait conservé aussi un de ses drapeaux consulaires qui fut capturé par les Russes comme nous le reverrons.

Le 27 juin 1805 (8 messidor an 13), à Parme, on soumet à l'Empereur un "Rapport du ministre de la guerre à l'Empereur : le major du 9e régiment d'infanterie légère demande, par mesure sanitaire et par économie, que le 3e bataillon de ce corps, en garnison à Philippeville, aille occuper Charleville"; Napoléon répond : "Approuvé ce mouvement" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 122).

V/ LA CAMPAGNE DE 1805

Le 4 juillet 1805, Napoléon apprend que Russes et Autrichiens ont signé une "convention de guerre" aux termes de laquelle 140000 soldats russes se préparent à marcher sur l'Allemagne pour se joindre aux forces autrichiennes.

D'après un "Etat sommaire des hommes qui ont fait la guerre dans les différents corps composant l'armée des côtes (Exécution de l'ordre du 12 thermidor an XIII.)", au Corps de Gauche, Division Dupont, le 9e Léger, sur un effectif de 1952 hommes, en a 842 qui ont déjà fait la guerre (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 145).

Désertion en l'an XIII

Régiments

Recrues

Déserteurs

9e Léger

875

178

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 148

Le Tableau des Forces de l'Empire au 16 thermidor an XIII (4 août 1805) indique que le 9e Léger a ses 1er et 2e Bataillons à l'Armée des Côtes, 1ère aile pour 1400 présents, et au Corps du centre, pour 430 hommes présents, 122 aux hôpitaux, total 552 hommes; le 3e Bataillon est à Charleville et Mézières, 2e Division militaire, pour 539 hommes présents, 59 détachés ou en recrutement, 35 aux hôpitaux, total 633 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 3 et suivantes).

Le 8 août 1805 (20 thermidor an 13), l'Empereur, depuis le camp de Boulogne, donne ses Ordres : "Les compagnies devant être considérées au complet de cent hommes, le major général fera connaître le nombre de places que chaque chaloupe-canonnière pourra procurer au delà.
Chaque bateau-canonnier ne pouvant contenir plus de quatre-vingt-quatorze hommes, il sera attaché à chaque division de bateaux-canonmers un dix-neuvième bâtiment qui formera un accroissement de places d'environ cent hommes.
Il sera formé cinq ailes de débarquement, composées chacune de soixante-douze péniches, sur lesquelles il sera embarqué six bataillons formant trois régiments, dont deux d'infanterie légère et un de ligne.
Les bataillons qui s'embarqueront sur les péniches seront réduits à 700 hommes, officiers compris.
Il y aura de plus une escouade d’ouvriers avec ce qui sera nécessaire pour enclouer les pièces, une compagnie d'artillerie munie de de refouloirs, leviers et autres objets propres à rétablir les batteries et à les réarmer sur-le-champ.
Il y aura aussi une Compagnie de sapeurs avec ses outils.
L'aile de débarquement que fournira le corps de gauche, prendra le n° 1er, elle sera composée des 6e et 9e légères et 50e de ligne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 149).

Le même 20 Thermidor an 13 (8 août 1805), le Maréchal Ney écrit, depuis Recques, au Général Dupont : "Les colonels des 9e et 32e régiments sont, mon cher Général, les seuls de l’armée qui aient trouvé de l'impossibilité à exécuter les ordres que j'ai donnés pour que les corps puissent être présentés à Sa Majesté dans une tenue uniforme, ils auraient dû, au moins, vous mettre à portée de m'en prévenir plus tôt.
Je vous invite; mon cher Général, à prescrire à ces colonels de faire blanchir un nombre de guêtres grises suffisant pour suppléer aux guêtres blanches, et en ayant soin que la nuance soit, autant que possible, la même ; ils emploieront pour cela un mélange de colle et de blanc dont le colonel du 69e, qui en a fait l'essai, pourra leur indiquer la composition avec la manière de s’en servir
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 357).

Le 24 Thermidor an 13 (12 août 1805), le Maréchal Ney écrit, depuis Recques, au Général Dupont : "Je vous préviens, mon cher Général, que je me rendrai, demain mardi à 5 heures précises du matin, au camp de Camiers pour faire manœuvrer votre division. La troupe devra être en petite tenue, l'infanterie de ligne en veste et culottes blanches et guêtres noires, l'infanterie légère en sa tenue ordinaire. Les 3 régiments seront formés sur deux lignes, à distance de bataillon plus une division ; les bataillons impairs seront à la 1re ligne et les bataillons pairs à la 2e. La 9e légère tiendra la droite, le 32e de ligne ensuite et le 96e la gauche. Le général Rouyer commandera la 1re ligne et le général Marchand la 2e.
La ligne de bataille sera prise soit à la gauche du campement du 96e ou au revers de la côte dans la plaine à la droite de Camiers; mais elle ne sera établie dans cette dernière position que si cela se peut sans nuire aux grains.
Le soldat devra avoir mangé la soupe
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 356).

Vers la mi-août, il sait que les troupes autrichiennes se concentrent en Bohême et au Tyrol. Le 18 août, Villeneuve, renonce à remonter vers la Manche et s'enferme dans Cadix. C'en est fini du débarquement prévu en Angleterre.

Du 1er Vendémiaire an 9 (23 septembre 1800) au 30 Thermidor an 13 (18 août 1805), il s'est produit des mouvements importants dans l'effectif de la 9e Légère. Les principaux gains sont :
Recrues (Conscrits et recrues volontaires) 2289. 65 depuis le 1er Vendémiaire an 13 (23 septembre 1804). 810 du 1er Vendémiaire an 12 (24 septembre 1803) au 1er Vendémiaire an 13 (23 septembre 1804). Le reste avant le 1er Vendémiaire an 12.
Venus d'autres corps. 550
Rayés des contrôles rentrés. 453, etc.
Les principales pertes sont :
136 morts, 698 déserteurs, 318 réformés, 616 rayés des contrôles, 522 congédiés par ancienneté et par congés absolus, etc., etc.
Il faut remarquer que malgré ces mouvements si considérables, il reste encore au 9e, comme dans la plupart des autres Corps, beaucoup d'anciens soldats « parce que les désertions se produisent surtout parmi les conscrits et que le plus grand nombre des hommes réformés se compose des conscrits des ans 11, 12 et 13 envoyés des départements avec des infirmités qui ont été reconnues et qu'il est urgent que le Gouvernement mette un frein à cet état de choses si préjudiciable à ses intérêts ». Ces observations du Général inspecteur Amey se retrouvent dans la plupart des rapports des autres inspecteurs généraux. Mais ce nombre très considérable de conscrits que l'on est obligé d'habiller et d'équiper obère considérablement les masses et, d'autre part, le service de l'habillement s'effectue assez mal. Les colonels, pour arriver à présenter des troupes dans des conditions à peu près convenables, ont de grosses difficultés à vaincre (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 365).

Au 30 Thermidor an 13 (18 août 1805), la situation du 9e Régiment d'infanterie légère, tant aux Bataillons de guerre qu'au Dépôt, est la suivante ("Situation sommaire du corps à l'époque de la revue passée le 30 thermidor an 13 à Charleville, par le général Mermet") : 1 Colonel, 1 Major (Dépôt), 3 Chefs de bataillons (2 aux Bataillons de guerre, 1 au Dépôt), 1 Quartier- maitre trésorier (Dépôt), 3 Adjudants- majors (2 aux Bataillons de guerre, 1 au Dépôt), 1 Chirurgien-major, 1 Chirurgien aide-major (Dépôt), 2 Chirurgiens sous-aides, 27 Capitaines (6 au Dépôt, 18 aux Bataillons de guerre, 2 détachés, 1 en congé), 25 Lieutenants (3 au Dépôt, 16 aux Bataillons de guerre, 6 détachés), 24 Sous-lieutenants (4 au Dépôt, 16 aux Bataillons de guerre, 3 détachés, 1 en congé).
TOTAL des Officiers : 89 dont 18 au Dépôt, 58 aux Bataillons de guerre, 11 détachés, 2 en congé.
Hommes de l'état-major : 3 Adjudants sous-officiers (2 aux Bataillons de guerre, 1 au Dépôt), 1 Tailleur (Dépôt), 1 Guêtrier (Bataillons de guerre), 1 Armurier (Dépôt), 1 Cordonnier (Dépôt), 1 Tambour-major (Bataillons de guerre), 1 Caporal-tambour (Bataillons de guerre), 8 Musiciens (Bataillons de guerre).
Sous-officiers, Grenadiers, Voltigeurs, Chasseurs, Tambours, Cornets, Enfants de troupe : 28 Sergents-majors (8 au Dépôt, 18 aux Bataillons de guerre, 1 détaché, 1 en congé), 108 Sergents (11 au Dépôt, 72 aux Bataillons de guerre, 23 détachés, 2 en congé), 27 Caporaux-fourriers (8 au Dépôt, 18 aux Bataillons de guerre, 1 détaché), 215 Caporaux (39 au Dépôt, 143 aux Bataillons de guerre, 29 détachés, 2 aux hôpitaux du lieu, 3 en congé), 169 Grenadiers (38 au Dépôt, 130 aux Bataillons de guerre, 1 aux hôpitaux du lieu), 300 Voltigeurs (105 au Dépôt, 195 aux Bataillons de guerre), 1349 Chasseurs (132 au Dépôt, 1197 aux Bataillons de guerre, 14 auxhôpitaux du lieu, 2 aux hôpitaux extérieurs, 4 en congé), 48 Tambours (15 au Dépôt, 32 aux Bataillons de guerre, 1 aux hôpitaux du lieu), 6 Cornets (2 au Dépôt, 4 aux Bataillons de guerre), 18 enfants de troupe.
Total de l'effectif des Sous-officiers et soldats : 2285 hommes, 379 au Dépôt, 1822 aux Bataillons de guerre, 54 détachés, 18 aux hôpitaux du lieu, 2 aux hôpitaux extérieurs, 10 en congé.
Les 2 Bataillons de campagne comptent 842 hommes "ayant fait la guerre".
Quant aux Officiers, ils sont presque tous bien notés, mais d'une manière assez sommaire : "Brave et bon officier", "a bien fait la guerre", "officier susceptible d'avancement". Ils sont en général moins âgés que dans les Corps de la Division Gazan (Voir état n° 1 b) (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 366).

L'Armée des Côtes de l'Océan à l'époque du 1er Fructidor au 13 (19 août 1805) comprend, à la 1re aile de débarquement, commandée par le Général de Brigade Marchand, le 9e Léger, 2 Bataillons, de la 1re Division du Corps de gauche, 1400 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 44).

D'après la "Situation de l'avant-garde de l'Armée des côtes de l'Océan, à l'époque du 1er Fructidor an 13" (19 août 1805), il y a, dans les Troupes de la 1re Division du Corps de gauche (Dupont) le 9e Légère, Colonel Meunier, Chefs de Bataillon Barrère et Regeau ; 2 Bataillons, 1860 hommes au complet ; 430 hommes présents à Camiers, 1400 à la 1re aile ; 598 hommes présents au Dépôt de Charleville Mézières ; 35 hommes au hôpitaux (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1 (annexes et Cartes), p. 48 et suivantes).

23 août : Napoléon prend la décision de lever le camp de Boulogne et de porter 7 corps de la Grande Armée en Allemagne.

La Division Dupont se compose de trois Régiments jouissant d'une grande réputation dans l'armée : le 9e Régiment d'infanterie légère, Colonel Meunier, constituant la 1re Brigade sous les ordres du général Rouyer; le 32e de Ligne, Colonel Darricau, et le 96e de Ligne, Colonel Barrois, forment la 2e Brigade, commandée par le Général Marchand (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 228).

Le Maréchal Ney rédige, le 27 août, l'ordre ci-dessous, qu'il fait parvenir, le même jour, aux intéressés : "Ordre de marche pour les divisions du corps de gauche de l'armée des côtes de l'Océan, se rendant à Schlestadt, conformément aux ordres de S. M. l'Empereur et Roi :
1° La 1re division, commandée par le général Dupont, partira de son camp de Camiers, le 10 fructidor (28 août), à 6 heures du matin, marchera, la gauche en tête, savoir :
Le 96e régiment d'infanterie de ligne;
Le 32e —
Le 9e régiment d'infanterie légère ;
pour aller cantonner, le même jour, à Hesdin et environs; cette division y séjournera le 11 (29 août), et en repartira, le 12 (30 août), conformément à l'itinéraire arrêté par S. E. le Ministre de la guerre ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 356; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 65).

Le même jour, 9 Fructidor an 13 (27 août 1805), à 10 heures du soir, le Maréchal Ney, commandant en chef le camp de Montreuil-sur-Mer, écrit, depuis son Quartier général à Recques (6 kilomètres environ au nord de Montreuil), au Ministre de la Guerre : "J'ai l'honneur de rendre compte à Votre Excellence qu'aussitôt après avoir reçu ses lettres de ce jour, j'ai donné tous les ordres nécessaires pour l'exécution des dispositions qu'elles contiennent, relativement à la marche des divisions du corps de gauche sur Schelestadt.
Demain, à 6 heures précises du matin, la 1re division, aux ordres du général Dupont, composée des 96e, 32e de ligne et 9e légère, partira de son camp de Camiers avec armes et bagages pour aller coucher à Hesdin, et en repartira le 11 pour suivre l'ordre de marche que vous avez arrêté. Je me rendrai au camp, avant le départ de cette division, pour m'assurer de l'exécution des dispositions particulières que j'ai prescrites pour que ce départ s'effectue dans le plus grand ordre.
Les conscrits ont reçu la paire de souliers qui leur est accordée en gratification.
L'échange du petit nombre de fusils marqués pour la réforme aura lieu demain à Montreuil, lors du passage des corps de la 1re division par cette ville. Un officier par régiment partira en poste pour se rendre à Schelestadt, afin de surveiller la confection de deux paires de souliers par homme présent aux bataillons de guerre, conformément aux intentions de Sa Majesté.
Un détachement de 4 compagnies, commandé par un chef de bataillon, est depuis cet après-midi au camp de Camiers pour la garde des baraques et pour fournir aux postes que la 1re division occupait sur la côte ...
J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint copie des instructions particulières que j'ai données au général Dupont, avec invitation de ne les communiquer à personne. Si les deuxième et troisième divisions, l'artillerie, les sapeurs et la brigade de cavalerie suivent immédiatement la même destination, j'adresserai aux généraux qui les commandent, et au moment convenable, une semblable instruction.
J'ai suivi ponctuellement les ordres de Votre Excellence ; je désire m'être conformé aux intentions de Sa Majesté, et j'espère que les circonstances me fourniront l'occasion de donner des preuves de mon amour pour sa personne et de mon zèle ardent pour la gloire et la prospérité de son règne
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 348).

Un "État des présents sous les armes des bataillons de guerre de tous les corps de l'Armée des côtes de l'Océan en marche vers le Rhin, pour servir à établir la distribution des fonds accordés par l'Empereur pour fournir une paire de souliers par homme et le tiers de l'effectif en capotes", daté du 11 fructidor an 13 (29 août 1805) indique que le Corps de Gauche comprend à sa 1ère Division les :
9e Régiment d’infanterie légère, 1766 hommes.
32e Régiment d’infanterie de ligne, 1620 hommes.
96e Régiment d’infanterie de ligne, 1663 hommes.
Total : 5049 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 384).

Toujours au sein de la Division Dupont (1ère division du 6e Corps aux ordres du Maréchal Ney), les deux premiers Bataillons du Régiment (Chefs de Bataillon Barrere et Regeau) se mettent en marche avec la Grande Armée.

Le 3ème Bataillon (chef de bataillon Broyer) est au 2ème Corps de Réserve à Landau, Division Thouvenot, sous le Général Lefebvre.

Les trois divisions du maréchal Ney partent pour Strasbourg le 1er septembre 1805.

Pour montrer le bon esprit qui anime la Grande Armée lors de sa marche de Boulogne sur le Rhin, la plupart des historiens rapportent qu'en traversant les régions où ils sont nés, un grand nombre de soldats se sont écartés pour aller dire adieu à leurs parents, mais que tous ont rejoint les drapeaux. Le 15 Fructidor (2 septembre 1805), le Général Dupont écrit, depuis Péronne, au Maréchal Berthier : "La division partie de Bapaume à 5 heures est arrivée dans le plus grand ordre à Péronne à 11 heures ...
Il ne manque personne au 9e d'infanterie légère et au 96e d'infanterie de ligne
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 377).

L'ordre de marche pour la traversée du Rhin sur le pont de bateaux construit près de Lauterbourg, ordre distribué le 26 septembre, est ainsi rédigé : "La troupe marchera, la droite en tête et sur front de section s'il est possible. Dans le cas contraire, elle marchera par le flanc jusqu'à son arrivée sur la rive droite du Rhin, où les sections se formeront aussitôt.
1re division, sous les ordres du général Dupont
1re brigade (général Rouyer).
9e léger,
1er hussards.
Le 1er escadron du 1er hussards.
1 compagnie de voltigeurs du 1er bataillon.
1 compagnie de carabiniers.
2 pièces d'artillerie (1 de 4 et 1 obusier).
8 compagnies du 1er bataillon.
Le 2e bataillon du 9e ayant ses voltigeurs à la queue du bataillon
3 escadrons du 1er hussards.
2e brigade (général Marchand).
32e de ligne (2 bataillons).
6 pièces d'artillerie (1 de 4, 4 de 8, 1 de 12).
96e de ligne (2 bataillons).
Détachement de 10 gendarmes ...
Les vivres, les subsistances et le personnel de l'administration. Les bagages, en commençant par l'état-major général et suivant l'ordre des divisions et des régiments comme ci-dessus. Les quatre dernières compagnies du 59e fermeront la marche, et serviront d'escorte aux bagages.
Les régiments ne laisseront que 12 hommes et 1 sergent pour escorter les voitures.
L'escadron de gendarmerie fermera la marche.
Un détachement de 20 hommes de la compagnie d'élite du 1er hussards, suivra partout le maréchal commandant en chef. Ce détachement sera relevé tous les cinq jours
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 464 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 231 ; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 81).

Composition de la Grande Armée au moment où elle a passé le Rhin pour la campagne d'Autriche.
6e corps d'armée au passage du Rhin dans les premiers jours de vendémiaire an XIV.
1re division.
9e Léger, 2 Bataillons, 1763 hommes (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 158).

Composition de la Division Dupont, au moment de franchir le Rhin :
9e d'Infanterie légère 1850
32e d'Infanterie de Ligne 1700
96e d'Infanterie de Ligne 1700
1er de Hussards 400
Artillerie et Train 200
Total 5850 (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 229).

"6e Corps. Emplacements du 4 vendémiaire an 14 (26 septembre 1805).
Quartier général à Lauterbourg.
1re division (Hagenbach) aux ordres du général Dupont.
9e léger. Hagenbach ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 463 - Note : A Lauterbourg, la Division avait trouvé l'artillerie qui lui était destinée d'après Journal des opérations militaires de la division Dupont).

"Journée du 5 vendémiaire (27 septembre).
Quartier général : Carlsruhe.
L'armée a passé le Rhin près Lauterbourg. Le passage a commencé à 6 heures du matin pour les troupes et a été terminé à midi.
1re division (Ettlingen).
9e léger. Burbach, Schoellbronn ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 469).

"Journal des opérations militaires de la division Dupont.
Le 5 vendémiaire (27 septembre), à 6 heures du matin, le pont de bateaux est terminé. Aussitôt, la division, en grande tenue, traverse le fleuve, aux cris de : « Vive l'Empereur ! » et par le plus beau temps du monde ...
Le même jour, elle arrive à Ettlingen, ville de l'Électorat de Bade
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 469).

"Journée du 6 vendémiaire (28 septembre).
Quartier général : Carlsruhe.
1re division.
9e léger, 1er bataillon du 32e. Neuenburg ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 474).

Le Général Dupont écrit : "Je suis arrivé à Neuenburg, à 6 heures 1/2, avec la brigade du général Marchand; elle est cantonnée dans ce village, à l'exception du 1er bataillon du 32e, qui est à Arnbach, à une demi-lieue en arrière.
La brigade du général Houyer a ordre d'occuper les cantonnements suivants, savoir : le 9e d'infanterie légère, à Salmbach et Waldrennach ; le 1er régiment de hussards, Langenbrand, Grünbach, Engelsbrand et Bücheubronn. Tous ces villages sont situés en avant et sur la droite de Neuenburg, Un poste de 100 hommes est établi à Birkenfeld, pour assurer la communication avec Pforzheim.
Le village de Neuenburg se trouve situé dans un vallon extrêmement profond et d'une issue très difficile ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 474).

"Journée du 7 vendémiaire (29 septembre).
Quartier général : Vaihingen.
1re division : Heimsheim ...
9e léger (1er bataillon). Heimsheim.
9e id. (2e id.). Malmsheim, Rutesheim ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 478).

Fin septembre 1805, les Divisions du 6e Corps commandé par le Maréchal Ney, sont organisées de la façon suivante :
1re Division (Général Dupont), avec les Généraux de Brigade Marchant et Rouyère, ayant sous leurs ordres, le premier, le 9e Léger, le second, les 32e et 96e de ligne; en tout 6 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 1re Division : 5,140 hommes.
2e Division (Général Loison), avec les Généraux de Brigade Roguet et Villatte, ayant sous leurs ordres, le premier, le 6e Léger et le 39e de Ligne, le second, les 69e et 76e de Ligne; en tout, 8 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 2e Division : 6,899 hommes.
3e Division (Général Malher), avec les Généraux de Brigade Marcognet et Labassée, ayant sous leurs ordres, le premier, le 25e Léger et le 27e de Ligne, le second, les 50e et 59e de ligne; en tout, 8 Bataillons à 9 Compagnies. Effectif de l'infanterie de la 3e Division : 7,069 hommes.
Brigade de cavalerie (Général de Division Tilly) composée du 10e Chasseurs, du 1er et du 3e Hussards, chacun à 3 Escadrons. Effectif: 1,071 hommes.
Artillerie composée de 13 Compagnies avec un effectif de 1,065 hommes.
Effectif du 6e Corps : 21,250 hommes (Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 56).

"6e CORPS D'ARMÉE.
Emplacements du 9 vendémiaire (1er octobre).
Quartier général : Stuttgart.
1re division (Stuttgart).
9e léger. Gaisburg, Gablenberg, Wangen ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 492).

L'Ordre du Maréchal Ney pour le 9 Vendémiaire (1er octobre), daté de Stuttgart, le 9 Vendémiaire an 14 (1er octobre 1805) indique : "... Le général du Taillis invitera le général Malher de rectifier sur-le-champ le logement de sa division et à s'entendre pour cela avec le général Dupont, de manière il ce que le soldat soit parfaitement bien logé aujourd'hui.
Les prévenir que le général Tilly, avec toute la cavalerie, s'établit à Esslingen, de manière que MM. les généraux pourront faire occuper les villages de Gaisburg, Gablenberg et Wangen, Rohracker, Mettingen, par les deux bataillons du 9e d'infanterie légère ; ces villages se trouvent sur la route d'Esslingen et sur la rive gauche du Neckar.
Le général Dupont ajouterait à ces villages tous ceux à proximité de la route qui conduit à Esslingen; il établira l'état-major de ce régiment à Wangen avec l'état-major du général Rouyer; l'escadron du 1er de hussards, qui reste attaché à cette division, et les deux pièces attachées à cette brigade. Cette brigade se mettra en mouvement, à 2 heures après-midi, ou plus tôt, si le général Dupont le juge convenable ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 493).

Le 3 octobre, le 6e Corps est à Stuttgard; la 1re Division (Oberesslingen) est répartie : Le 9e léger, à Dezisau; le 32e de ligne, à Altbach, Zell et Aichschies; le 96e de ligne, à Oberesslingen (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 663).

"6e CORPS D'ARMÉE.
Emplacements du 12 vendémiaire (4 octobre).
Quartier général : Göppingen.
1re division (Kleinsüssen).
9e léger. Donzdorf.
32e de ligne. Kleinsüssen.
96e id. Gingen et Salach
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 2, p. 734).

L'Empereur marche sur Ulm pour l'investir et bloquer l'armée du général Mack.

Les "Dispositions de marche du 6e corps d'armée pour le 15 vendémiaire an 14 (7 octobre 1806)" établies par le Maréchal Ney, indiquent : "Le corps d'armée devant prendre position, face au Danube, la droite vers Lauingen, la gauche vers Steinheim, il devra marcher la gauche en tête ...
La 1re division partira d'Herbrechtingen à 6 heures et suivra la chaussée par Hermaringen ; cette division bivouaquera sur le plateau entre Lauingen et Dillingen, la droite, près de Lauingen ; la gauche, près de la chapelle Lauingen, sera occupée par le 1er bataillon du 9e régiment; quatre compagnies de ce bataillon seront à la garde du pont. Le 2e bataillon du même régiment établira un poste à Wittislingen, un au moulin à papier qui se trouve à droite de ce village, et un 3e à Schabringen ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 263).

Le 6e Corps fait face à Ulm, dès le 8 octobre. Pendant ce temps, les Autrichiens se font battre par Murat à Wertingen.

Ce même jour, la 2e Division reprend la route de Dillingen, Gundelfingen, Brentz et Hermaringen, puis tournant à l'ouest, va camper sur les hauteurs de Burberg.

Quatre Compagnies du 9e Léger (Division Dupont) occupent Nerenstetten (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 21).

Le lendemain, la 3e Division s'empare des ponts de Gunzbourg et de Leipheim.

Le Maréchal Ney écrit, le 16 Vendémiaire an 14 (8 octobre 1805), au Colonel (sic) Crabbé : "M. Crabbé partira deux heures après l'arrivée des troupes à Hausen, à la tête de 2 compagnies de voltigeurs, 2 compagnies de carabiniers et 4 de chasseurs, prises sur les deux bataillons du 9e régiment d'infanterie légère, une pièce de 4, un escadron de cavalerie légère, pour se diriger de ce point sur Ulm ; il marchera dans le plus grand ordre militaire et recommandera un silence absolu. Il s'arrêtera dans les positions qui lui paraîtront les plus avantageuses pour l'infanterie. Il ferra ouvrir la marche par les compagnies de voltigeurs, suivies des 4 compagnies de chasseurs à pied ; la pièce de 4 marchera entre les 2 compagnies de carabiniers. La marche sera fermée par l'escadron de cavalerie légère; cette troupe formera sa réserve; il aura seulement 7 ou 8 hommes bien montés et bien sûrs qui marcheront sur les flancs et à la hauteur de son infanterie. Dès qu'il rencontrera l'ennemi, il fera faire halte à sa réserve et attaquera vivement avec la tête, il le poussera jusqu'à ce qu'il rencontre des forces d'infanterie au moins équivalentes aux siennes ; dans ce cas, il ferait sa retraite sur sa réserve qui à son tour couvrirait la marche ; il fera tirer le canon si l'occasion devenait pressante afin de pouvoir lui envoyer les secours nécessaires pour protéger sa retraite. Mais s'il ne trouvait devant lui que de la cavalerie, il ne s'arrêtera pas et tâchera de s'emparer d'Ulm, s'il est possible. Il me tiendra exactement informé de tout ce qui lui paraîtrait mériter mon attention, mais surtout si J'ennemi parait avoir évacué Ulm, ou si au contraire il y était en mesure de déboucher sur nous par la rive gauche du Danube. Je me tiendrai à Hausen ou à Stotzingen où il m'adressera son rapport qui devra me parvenir au moins avant trois heures du matin" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 308).

Le 9e Régiment est à Gundelfingen, fournissant 3 Compagnies au pont de Lottingen, et 3 autres au pont de Dillingen, avec un Bataillon d'infanterie légère à Stotzingen et Sontheim, pour éclairer la route d'Ulm (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 237).

Le 17 Vendémiaire, la 1ère Division marche de Bissingen dans la direction d'Ulm. D'après les ordres du Maréchal Ney, le Général Dupont envoie, à la pointe du jour, sur Albeck, un Bataillon du 9e Léger, 30 Hussards du 1er Régiment et une pièce de 4, sous le commandement du Chef d'Escadron Crabbé, Aide de camp du Maréchal. Cet Officier rencontre un détachement ennemi près d'Anhausen (ou Hausen), le culbute et le poursuit au delà d'Albeck jusqu'auprès de Haslach. Là, il se heurte à des forces supérieures et, son canon démonté, il doit se retirer sur les hauteurs couronnées de bois, qui sont en arrière d'Albeck. Vers six heures du soir, le Général Dupont arrive avec la Division ; il fait immédiatement former le 9e Léger en colonne sur la route et place sur ses flancs 2 Compagnies de Voltigeurs et 2 Escadrons de Hussards, puis il s'avance sur Albeck avec toute sa troupe. Les Autrichiens, qui occupent par de petits postes la plaine comprise entre Albeck et la reconnaissance du Chef d'Escadron Crabbé, battent rapidement en retraite. La 1re Division occupe Albeck et s'établit au bivouac en avant du village. Le Général Dupont s'installe au château du Prince; "le maréchal Ney était avec moi, écrit-il à Mme Dupont ; nous avons passé la nuit dans le village, où j'occupe le château du prince. Le jour précédent, j'étais un peu moins bien, mais je dors très bien sur une botte de paille ; je m'accommode sans peine de tout ce que présente la plus mince table et je me porte à merveille" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 32; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 239).

Le "Journal des opérations de la division Dupont" raconte : "Le 17 vendémiaire an XIV (9 octobre 1805).
De Bissingen, le général Dupont, d'après les ordres du maréchal Ney, avait, le 17, à la pointe du jour, envoyé sur Albeck un bataillon du 9e d'infanterie légère, 30 hussards du 1er régiment et une pièce de 4, sous le commandement du chef d'escadron Crabbé, aide de camp du maréchal. Cet officier rencontre l'ennemi près de Hausen, le repousse jusque hors d'Albeck et reconnait la position en avant de ce village; il aurait gardé cette position jusqu'à l'arrivée de la division, mais la pièce de 4 est démontée et l'ennemi se présente en force; il se retire sur les hauteurs couronnées de bois, en arrière d'Albeck, sans être entamé.
Le 1er de hussards a eu 1 homme tué et le 9e, 2 hommes tués et 3 blessés.
L'ennemi occupait, par de petits postes, la plaine qui sépare Albeck des bois où s'était retirée la reconnaissance du chef d'escadron Crabbé, lorsque le général Dupont arrive à la tête de la division à 6 heures du soir. Le général fait aussitôt former le 9e en colonne sur la route, et détache sur ses flancs deux compagnies de voltigeurs et deux escadrons de hussards; il marche dans cet ordre vers Albeck, le reste de la division suit en colonne le mouvement du 9e. Les Autrichiens, s'apercevant de ces dispositions, se retirèrent avec précipitation. Mais l'obscurité ayant empêché de voir leur mouvement rétrograde, deux pelotons de voltigeurs se prennent mutuellement pour l'ennemi et font un feu de file qui, heureusement, ne blesse personne.
On pénètre dans le village. La division bivouaque en avant. On trouve au piquet le cheval d'un brigadier autrichien qui n'avait pas eu le temps de le brider.
Pendant la marche de Bissingen sur Albeck, on entendait sur la gauche une canonnade très vive et une fusillade bien nourrie. C'était le combat que livrait la division Malher pour s'emparer du pont de Günzburg ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 389).

La 2e division s'établit à Languenau, et la 1ère à Albeck.

Le 10, la lère Division de Dupont reste seule sur la rive gauche du Danube et la 2e rejoint la 3e vers Gunzbourg. L'Empereur n'est plus là. Il a momentanément confié à Murat le soin de diriger les opérations autour d'Ulm.

Le 19 Vendémiaire an 14 (11 octobre 1805), Ney adresse depuis Günzburg, un ordre particulier aux Généraux Dupont et Baraguey d’Hilliers : "En conformité des nouvelles dispositions arrêtées par l'Empereur, l'aile droite, dont le 6e corps dépend, sera sous les ordres de Son Altesse le prince Murat. Comme son intention formelle est de concentrer sur la rive droite du Danube, et parallèlement à l'Iller, toutes ses forces réunies pour combattre l'ennemi, qui parait vouloir se défendre, il ne restera sous Ulm, rive gauche du Danube, qu'un corps d'observation composé du 1er bataillon du 9e léger et des deux derniers escadrons du 1er de hussards, qui étaient attachés à la division de cavalerie à pied du général Baraguey-d'Hilliers. Ce détachement sera commandé par M. Crabbé, mon aide de camp, auquel j'envoie une instruction particulière.
Le général Dupont quittera en conséquence, sur-le-champ, sa position d'Albeck, et se dirigera avec les deux premiers escadrons du 1er de hussards et son infanterie, qui sera suivie par les deux régiments de dragons aux ordres du général Sahuc, pour passer sur la rive droite du Danube, soit par le pont d'Elchingen, soit par celui de Günzburg. Si les marais étaient impraticables, cette troupe passerait par Gundelfingen, et de là se dirigerait sur Günzburg. Dans l'un et l'autre cas, l'artillerie, les canons et les bagages passeront par Gundelfingen, et prendront la tête de la marche quelques heures avant le départ de la troupe.
La division du général Baraguey-d'Hilliers précédera les mouvements des troupes réunies sous le commandement du général Dupont, et observera les mêmes dispositions pour la direction de ses canons et bagages
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 553; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 129).

"Instructions pour M. Crabbé.
Le 19 Vendémiaire an XIV (11 octobre 1805).
Le maréchal d'empire Ney détache M. Crabbé, son aide de camp, sur la rive gauche du Danube, avec le 1er bataillon du 9e régiment d'infanterie légère, les 3e et 4e escadrons du 1er régiment de hussards, dans le but d'observer les mouvements de l'ennemi sur cette rive gauche.
Le chef d'escadrons Crabbé devra éviter tout engagement avec l'ennemi et se bornera à établir des postes sur toutes les communications par où l'ennemi pourrait déboucher sur la rive gauche du Danube. Il cherchera à connaitre tous les mouvements des Autrichiens et leur force, afin de m'en informer sur le champ à Günzburg. Si l'ennemi débouchait sur plusieurs colonnes, M. Crabbé devra les faire côtoyer par autant de petits corps d'éclaireurs qui rendront compte de tous ces mouvements : il ne devra jamais s'éloigner de la rive gauche du Danube, que de manière à pouvoir faire sa retraite sur Elchingen ou Günzburg, où se trouve un bataillon de dragons chargé de garder les ponts d'Elchingen et même celui de Thalfingen, à moins que M. Crabbé ne juge convenable de le rompre tout à fait. Enfin, si l'ennemi forçait M. Crabbé de se replier très en arrière, il dirigerait sa retraite sur Burgau et rejoindrait de là l'armée qui marche sur Memmingen ; il sera en correspondance avec un second corps d'observation resté sur la rive droite du Danube, qui recevra une instruction de communiquer également avec M. Crabbé qui communiquera avec moi par les moyens les plus courts et les plus sûrs
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 554).

Murat, en laissant la 1ère Division du 6e Corps seule sur la rive gauche, manque tout compromettre. La Division qui stationne autour d'Albeck a reçu l'ordre de s'emparer d'Ulm dont on pense que les Autrichiens se retirent, tandis que les autres Divisions feront de même, mais sur l'autre rive. Dupont doit être soutenu par les Dragons à pied de Barraguey d'Hilliers, mais ceux-ci n'ont reçu l'ordre de rallier que trop tardivement.

Le général Dupont met sa division en mouvement à 11 heures du matin ; le 9e Léger ouvre la marche; viennent ensuite le 32e et le 96e de Ligne (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 246).

Avant d'entrer à Haslach, étape de sa marche sur Ulm, Dupont apprend qu'une troupe autrichienne très nombreuse se montre sur les hauteurs au nord d'Ulm. Il dispose du 9e Léger (1763 présents), du 32e de Ligne (1662 présents) et du 96e de Ligne (1721 présents), soit six Bataillons ou 5146 hommes d'infanterie; les 15e et 17e Dragons (673 chevaux) et le 1er Hussards (373 chevaux:), dont la moitié se trouve dispersée en reconnaissances, forment sa cavalerie; il peut y avoir 250 Artilleurs et soldats du Train pour servir les onze pièces de sa Division (deux pièces de 12, six pièces de 8, deux pièces de 4, et un obusier) et les trois obusiers attachés à la cavalerie légère. Au total, patrouilles et détachements compris, il y a là 6400 hommes et quatorze bouches à feu. L'ennemi montre des forces très supérieures, et le Maréchal a prescrit de ne point risquer d'engagement dans ces conditions; mais peut-être le Général Dupont compte-t-il sur le renfort de 4500 Dragons à pied avec 10 bouches à feu, et espère-t-il que l'ennemi n'a pas plus de 10000 à 12000 hommes (ils sont en réalité bien plus nombreux, peut-être 23000 hommes qui veulent effectuer une percée vers le Nord-Ouest). Se retirer, c'est encourager l'ennemi à prendre l'offensive, lui révéler que la route de Noerdlingen est ouverte. Dupont accepte le combat.

La Division est établie à Haslach depuis peu de temps, ses postes viennent d'être placés quand l'ennemi attaque. La fusillade s'engage entre les Tirailleurs des deux partis, et presque aussitôt le canon entre en jeu. Nos treize bouches à feu tiennent tête à une artillerie supérieure, pendant que le 9e Léger (Colonel Meunier) se déploie en avant d'Haslach, sur la route d'Ulm, sous la direction du Général Rouyer. L'ennemi dirige vers notre droite des colonnes de cavalerie et d'infanterie, et en même temps menace notre gauche : il cherche à nous déborder des deux côtés. A ce moment, plusieurs de nos pièces sont démontées et renvoyées au parc. Des Uhlans qui veulent charger sur nos batteries sont repoussés par un Escadron du 17e Dragons.

Le Général Marchand déploie le 32e (Colonel Darricau)à la gauche du 9e Léger, et place le 96e (Colonel Barrois) en réserve, près d'Haslach; le 1er Hussards (Colonel Rouvillois) couvre sa gauche.

Se voyant près d'être tourné sur sa droite, le Général Dupont porte le 96e de ce côté, non loin du 9e, et le fait soutenir par une partie de l'artillerie. Le 96e Régiment appuie sa gauche au 9e Léger et étend sa droite le long du bois existant entre Haslach et Jungingen.

Sentant que s'il laisse aux colonnes autrichiennes le temps de se déployer, il sera rapidement écrasé par leur feu, il décide de les charger à la baïonnette. Il confie au 32e et au 1er de Hussards la garde du hameau de Haslach, position qu'il faut conserver à tout prix, puis courant en avant du 9e, il prévient le Colonel Meunier de son intention de charger la ligne ennemie. Plein de joie, le vaillant Colonel fait immédiatement les dispositions nécessaires. Au moment où les Autrichiens ouvrent le feu, le 9e Léger les aborde au pas de charge, la baïonnette baissée, sans tirer un coup de fusil; l'intrépide Dupont est à sa tête. « Ce régiment s'avance dans la plaine, marchant en bataille, et sans tirer, va droit au corps le plus avancé. Cette intrépidité ébranle l'ennemi, qui fait un mouvement pour s'appuyer au village de Jungingen (Journal de la division Dupont) ».

Le 96e, conduit par le Général Marchand, vient charger à la droite du 9e Léger. Le choc est terrible; après une courte mêlée, la première ligne de l'ennemi jette ses armes à terre et se rend ; la seconde bat précipitamment en retraite. Nos quatre bataillons ont mis en déroute un ennemi quatre fois plus nombreux, et fait 2 000 prisonniers.

L'Archiduc se hâte de préparer une attaque nouvelle, et bientôt l'ennemi s'avance avec de plus grandes forces, de façon à déborder nos deux ailes en se jetant à la fois sur Jungingen et sur Haslach; il est soutenu par une nombreuse artillerie qui couvre de boulets ces deux villages.

Dans cette nouvelle crise, le général Dupont réitère la manœuvre qui lui a si bien réussi pour le premier choc. Il donne l'ordre de charger à la baïonnette, et ses deux Régiments, s'élançant sur les traces de leur vaillant Général, abordent la ligne ennemie sans tirer et y font de sanglantes trouées. "Nous marchons la baïonnette croisée, écrit le général Dupont. Le son retentissant des tambours qui battent la charge était couvert de temps en temps par les cris : En avant ! en avant ! et tout annonce une mêlée redoutable. Les feux ennemis continuent, mais la vue de nos baïonnettes opère son terrible effet au moment où elles vont agir. Les lignes de l'ennemi sont ouvertes sur plusieurs points, nos rangs y pénètrent, la confusion s'y jette, et tout alors cède et se retire précipitamment. Le terrain du combat est tout entier à nous; il n'y a plus d'ennemis que les prisonniers restés entre nos mains et qui vont rejoindre les premiers. Ils sont tous dirigés sur Haslach, où ils sont confiés à la garde du 32e régiment" (Mémoires inédits du général Dupont).

Mais pendant cette action, l'ennemi s'est établi dans le village de Jungingen, auquel est appuyée notre droite et dont la possession nous est indispensable. Nos bataillons victorieux se tournent de ce côté, et, après un furieux combat dans les rues et les maisons, emportent Jungingen. A peine ce résultat est-il obtenu qu'il leur faut faire face à une nouvelle ligne ennemie qui se présente entre Haslach et Jungingen. Le 9e Léger et le 96e de Ligne se reforment rapidement et se précipitent sur elle à la baïonnette. La mêlée est furieuse. L'ennemi, cinq fois supérieur en nombre, fait des efforts extraordinaires pour avoir raison de la prodigieuse ténacité des deux Régiments français; il est encore culbuté et obligé de battre en retraite. Mais dans leur marche en avant nos troupes sont débordées sur leurs ailes par des bataillons ennemis qui les chargent par derrière. "Ils nous suivaient de si près, dit le général Dupont, que, vainqueurs en front, il nous a fallu, faute de temps, faire une conversion entière et charger par le 3e rang, placé en tête" (Mémoires inédits du général Dupont). C'est en faisant ainsi front de tous côtés, avec un calme et une intrépidité admirables, que nos Bataillons repoussent toutes les attaques. Le village de Jungingen ayant été encore repris par l'ennemi, le 96e s'en empare de nouveau; cinq fois les Autrichiens parviennent à l'occuper, et ils en sont aussitôt délogés, nous abandonnant de nombreux prisonniers.

"Cependant l'ennemi, revenu de la première terreur que lui avait inspirée notre charge brillante, s'avance de nouveau avec de plus grandes forces. Alors il faut que les 9e et 96e régiments redoublent d'efforts et d'activité. C'est avec ces deux régiments seuls que nous avons eu pendant trois heures à disputer le terrain qui sépare Haslach de Jungingen. Ce dernier village a été pris et repris cinq fois; chaque fois nos bataillons y enfermaient l'ennemi qui s'y réfugiait, et y faisaient de nombreux prisonniers.
A peine avions-nous mis en déroute un corps autrichien sur la droite du village, que sur la gauche il s'en présentait un autre pour nous tourner. C'est en prenant sans cesse un nouveau front dans toutes les directions que nos bataillons faisaient face partout avec une rapidité et une bravoure admirables
" (Journal de la division Dupont - In Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 46 à 50).

Dupont a résisté ainsi 3 heures; toutefois, sa gauche est submergée par le nombre; il doit donc se replier, tout encombattant toujours. Les Capitaines Bernard et Mittour du 9e Léger sont blessés; selon Martinien, 8 Officiers du Régiment au total l'ont été. Mais ce combat a retardé les Autrichiens dans leur volonté de s'échapper d'Ulm.

Le rapport du Général Dupont sur l’affaire d'Haslach, expédié de Brenz, le 13 octobre 1805 (21 Vendémiaire an 14), au Maréchal Ney, raconte : "Je vais vous rendre le compte détaillé que je vous ai annoncé de la bataille d'Haslach.
En marchant (d'Albeck sur Ulm) d'après vos ordres, le 19 (11 octobre), à 11 heures du matin (ordres reçus deux heures plus tôt), j'ai appris que l'ennemi occupait Thalfingen, sur ma gauche, et que le poste d'Elchingen, à qui j'avais donné ordre de s'y porter, n'avait pu y pénétrer. Mes reconnaissances de droite m'ont également appris qu'elles avaient rencontré les patrouilles autrichiennes vers Dornstatt.
Ces renseignements me firent juger que l'ennemi s'attendait à une action en arrivant à Haslach Je n'ai eu que le temps (après avoir quitté Albeck) de me préparer au combat … Pendant que son artillerie jouait (tirait) sur le front de notre position, il (l'ennemi) a porté plusieurs colonnes d'infanterie sur notre droite, précédées d'un grand nombre d'escadrons … Le feu des tirailleurs était devenu très vif et nos postes avancés commençaient à se replier. L'ennemi, complètement à découvert, cherchait à nous déborder.
Le général Rouyer avait placé le 9e d'infanterie légère sur la route d'Ulm, en avant d'Haslach. Le général Marchand fait déployer de suite le 32e à gauche, et place le 96e en réserve. Le 1er régiment de hussards couvrait notre gauche …
Les progrès de l'ennemi sur notre flanc droit m'obligent à mettre sur-le-champ le 96e en ligne ; il va appuyer sa gauche au 9e léger et il prolonge sa droite le long du bois qui se trouve à droite (à l'ouest) d'Haslach.
La ligne autrichienne, déployée sur les hauteurs de Jungingen, s'étant avancée dans la plaine sous la protection d'une artillerie nombreuse, j'ai vu que le moment était arrivé de suppléer au nombre par l'audace ; vous savez Monsieur le Maréchal, quelle était notre infériorité, 5,000 Français avaient à combattre 25,000 Autrichiens (chiffre exagéré). Je préviens le colonel Meunier commandant le 9e léger que mon intention est de charger cette ligne qui gagnait du terrain. Aussitôt, il s'avance dans la plaine marchant en bataille, sans tirer, et va droit au corps le plus avancé. La fermeté étonnante de ce régiment arrêta l'ennemi qui fait ensuite un mouvement (en arrière) pour s'appuyer au village de Jungingen : le 9e régiment poursuit le sien, le 96e s'avance également au pas de charge et dans ce premier choc (moral) nous faisons 2,000 prisonniers.
Pendant ce temps, le colonel Darrican avec un bataillon du 32e tenait la position d'Haslach et résistait avec autant de fermeté que de talent aux efforts que faisait l'ennemi pour enfermer (déborder) notre gauche. C'est à la faveur de cette résistance que secondait avec une grande audace le colonel Rouvillois commandant le 1er de hussards, que l'aile droite (9e léger, 96e de ligne) a pu manœuvrer dans la plaine et décider le succès.
Le 2e bataillon du 32e commandé par M. Bouge, avait été porté par le général Marchand à la pointe du bois qui se trouvait sur notre droite (au Nord) pour l'empêcher d'être tourné …
Cependant l'ennemi revenu de sa première terreur … s'avançait de nouveau avec de plus grandes forces à la droite et à la gauche du village de Jungingen. Alors il a fallu que le 9e léger et le 96e de ligne redoublassent d'audace et d'activité. C'est sur ces deux seuls régiments que nous avons, pendant trois heures, disputé le terrain qui sépare Haslach de Jungingen. Ce (dernier) village a été pris et repris cinq fois, et chaque fois nos bataillons, en y enfermant l'ennemi, faisaient de nombreux prisonniers. A peine avions-nous mis en déroute un corps autrichien sur la droite (à l'Ouest) qu'il s'en présentait un autre sur la gauche (à l'Est) pour nous tourner. C'est en prenant sans cesse un nouveau front dans toutes les directions que nos bataillons faisaient face partout avec une rapidité admirable. Plusieurs fois un corps français chargeant un corps ennemi se trouva lui-même chargé et dut précipiter la retraite de l'ennemi qu'il avait devant lui avant de faire front en arrière et de marcher sur l'autre corps (ennemi). C'était une mêlée véritable que la succession rapide et terrible de tous ces chocs dont nous sommes enfin sortis victorieux.
Toutes les tentatives qu'a faites la cavalerie autrichienne ont été infructueuses ... et notre infanterie a acquis, en cette journée, une nouvelle confiance dans son arme opposée aux escadrons ennemis. Notre artillerie, trop inférieure à celle de l'ennemi, a été démontée en partie ; plusieurs pièces ont eu leurs chevaux tués ...
Pendant le combat, la cavalerie ennemie s'est portée sur nos derrières et a enlevé des bagages et des objets de parc. Des partisans se sont môme avancés jusqu'à Albeck, où devait arriver la division de dragons à pied du général Baraguey d'Hilliers, qui ne s'y est pas trouvée
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 246; Bonnal H. : « La vie militaire du Maréchal Ney », Chapelot, Paris, 1910, tome 2, p. 129).

Dans la lettre suivante, écrite à sa jeune femme, le Général Dupont donne la physionomie de la bataille du 11 octobre : "Au Quartier Général à Brenz, le 21 vendémiaire.
… La bataille a commencé à midi et demi et a duré jusqu'à la nuit. Il n'y a jamais eu de victoire gagnée plus gaiement ; la bravoure de nos troupes était si grande, que l'action la plus violente semblait être un jeu. C'était avec des cris de joie et au pas de course, que nous faisions des colonnes entières prisonnières de guerre. Le colonel Meunier et son régiment se sont couverts de gloire ; il est entré le premier dans la plaine et a chargé l'ennemi avec tant d'audace que dans ce premier choc il y a eu deux mille prisonniers de faits. Le colonel Barrois et le 96e régiment ont toujours partagé les succès et les périls du 9e régiment, et le colonel Darricau et son régiment n'ont pas moins fait, dans leur position, que les deux autres. Je ne saurais à qui donner la préférence dans cette journée, parmi ces trois colonels ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 252).

Le "Journal des opérations militaires de la division Dupont" raconte : "… Le général Rouyer avait placé le 9e d'infanterie légère sur la route d'Ulm en avant d'Haslach ; le général Marchand fait déployer de suite le 32e à gauche et place le 96e en réserve. Le 1er régiment de hussards couvrait la gauche. C'est en reconnaissant la position de ce régiment que le capitaine du génie Desclos, qui accompagnait le général Dupont, a été tué d'un coup de canon. La perte de cet officier a été très sensible à toute la division.
Les progrès de l'ennemi sur notre flanc droit obligent le général à mettre sur-le-champ en ligne le 96e régiment : il se place à la droite du 9e; mais la ligne autrichienne se déployant sur les hauteurs de Jungingen et s'avançant dans la plaine sous la protection d'une artillerie nombreuse, le moment était arrivé de suppléer au nombre par l'audace; 5,000 Français arrivent à combattre 25,000 Autrichiens, les deux autres divisions n'attaquant pas sur la rive droite.
Le général Dupont prévient le colonel Meunier, commandant le 9e régiment, que son intention est de charger cette ligne qui gagnait du terrain. Aussitôt ce régiment s'avance dans la plaine, marchant en bataille, et sans tirer va droit au corps le plus avancé. Cette intrépidité ébranle l'ennemi, qui fait un mouvement pour s'appuyer au village de Jungingen; le 9e régiment poursuit le sien. Le 96e s'avance également au pas de charge, et dans ce premier choc, nous faisons 2,000 prisonniers de guerre.
La brigade de dragons, commandée par le général Sahuc, composée des 15e et 17e régiments, qui, la veille au soir, s'était réunie à la division, charge en même temps la cavalerie ennemie.
Pendant ce temps, le colonel Darricau avec un bataillon du 32e tenait la position d'Haslach, et résistait avec autant de fermeté que de talent à tous les efforts que faisait l'ennemi pour enfoncer notre gauche. C'est à la faveur de cette résistance, que secondait avec une grande audace le colonel Rouvillois, que l'aile droite a pu manœuvrer dans la plaine et décider le succès. Le second bataillon du 32e, commandé par M. Bouge, avait été porté par le général Marchand à la pointe du bois qui se trouvait sur notre droite, pour l'empêcher d'être tournée. Dans cette position essentielle, il remplissait ce but important en dirigeant son feu et ses mouvements à propos.
Cependant l'ennemi, revenu de la première terreur que lui avait inspirée notre charge brillante, s'avance de nouveau avec de plus grandes forces. Alors i1 faut que les 9e et 96e régiments redoublent d'efforts et d'activité. C'est avec ces deux régiments seuls que nous avons eu, pendant trois heures, à disputer le terrain qui sépare Haslach de Jungingen. Ce dernier village a été pris et repris cinq fois; chaque fois nos bataillons y enfermaient l'ennemi, qui s'y réfugiait, et y faisaient de nombreux prisonniers. A peine avions-nous mis en déroute un corps autrichien sur la droite du village que, sur la gauche, il s'en présentait un autre pour nous tourner. C'est en prenant sans cesse un nouveau front dans toutes les directions que nos bataillons faisaient face partout avec une rapidité et une bravoure admirables. Plusieurs fois, un corps français chargeant un corps ennemi se trouvait lui-même chargé; il fallait précipiter la défaite de l’ennemi que nous avions devant nous pour faire face en arrière et marcher sur l'autre à son tour. C'était une mêlée véritable que la succession rapide et terrible de tous ces chocs, dont la division est enfin sortie victorieuse
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 506).

Le 5e Bulletin Bis de la Grande Armée, établi à Elchingen, le 15 octobre 1805 (23 Vendémiaire an 14) relate : "... le 19, l'ennemi fit une sortie du côté d'Ulm, et attaqua la division Dupont, qui occupait la position d'Albeck. Le combat fut des plus opiniâtres. Cernés par 25,000 hommes, ces 6,000 braves firent face à tout, et firent 1,500 prisonniers. Ces corps ne devaient s'étonner de rien ; c'étaient les 9e léger, 32e, 69e et 76e de ligne ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 437 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9384 ; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 805; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 281).

Extrait de l'ouvrage de E. Titeux, le Général Dupont : "Le général Dupont, voyant le mouvement menaçant de l'ennemi sur la droite du 9e léger, fait immédiatement porter en ligne le 96e régiment, qui appuie sa gauche au 9e léger, et étend sa droite le long du bois existant entre Haslach et Jungingen. Sentant que, s'il laisse aux colonnes autrichiennes le temps de se déployer, il sera rapidement écrasé par leur feu, il décide de les charger à la baïonnette … Au moment où les Autrichiens ouvraient le feu, le 9e léger les aborde au pas de charge, la baïonnette baissée, sans tirer un coup de fusil; l'intrépide Dupont est à sa tête. Le général Marchand conduit de même le 96e. Le choc est terrible : après une courte mêlée, la première ligne de l'ennemi jette ses armes à terre et se rend; la seconde bat précipitamment en retraite ... Le 1er bataillon du 32e, commandé par le chef de bataillon Bouge, avait été posté par le général Marchand vers Jungingen, à la pointe du bois, pour empêcher notre droite d'être tournée, Les prisonniers sont envoyés à Haslach, sous la garde du colonel Darricau, pendant que la ligne de bataille se reforme sur sa position première.
L'archiduc se hâte de préparer une attaque nouvelle, et bientôt l'ennemi s'avance avec de plus grandes forces, de façon à déborder nos deux ailes en se jetant à la fois sur Jungingen et sur Haslach; il est soutenu par une nombreuse artillerie qui couvre de boulets ces deux villages. Le général Dupont n'a à lui opposer que les 9e léger et 96e de ligne ...
Dans cette nouvelle crise, le général Dupont réitère la manœuvre qui lui a si bien réussi pour le premier choc. Il donne l'ordre de charger à la baïonnette, et ses deux régiments, s'élançant sur les traces de leur vaillant général, abordent la ligne ennemie sans tirer et y font de sanglantes trouées ... Les feux ennemis continuent, mais la vue de nos baïonnettes opère son terrible effet au moment où elles vont agir. Les lignes de l'ennemi sont ouvertes sur plusieurs points, nos rangs y pénètrent, la confusion s'y jette, et tout alors cède et se retire précipitamment. Le terrain du combat est tout entier à nous; il n'y a plus d'ennemis que les prisonniers restés entre nos mains ...
Mais, pendant cette action, l'ennemi s'est établi dans le village de Jungingen, auquel est appuyée notre droite, et dont la possession nous est indispensable. Nos bataillons victorieux se tournent de ce côté et, après un furieux combat dans les rues et les maisons, emportent Jungingen. A peine ce résultat est-il obtenu, qu'il leur faut faire face à une nouvelle ligne ennemie qui se présente entre Haslach et Jungingen. Le 9e léger et le 96e de ligne se reforment rapidement et se précipitent sur elle à la baïonnette. La mêlée est furieuse. L'ennemi, cinq fois supérieur en nombre, fait des efforts extraordinaires pour avoir raison de la prodigieuse ténacité des deux régiments français; il est encore culbuté et obligé de battre en retraite. Mais dans leur marche en avant, nos troupes sont débordées sur leurs ailes par des bataillons ennemis qui les chargent par derrière : "Ils nous suivaient de si près, dit le général Dupont, que, vainqueurs en front, il nous a fallu, faute de temps, faire une conversion entière et charger par le troisième rang, placé en tête ...". Le village de Jungingen ayant été encore repris par l'ennemi, le 96e s'en empare de nouveau; cinq fois les Autrichiens parviennent à l'occuper, et ils en sont aussitôt délogés, nous abandonnant de nombreux prisonniers
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 506).

Lettre de M. le Lieutenant Général comte Dupont à M. le Comte D. "… En arrivant à Haslach, nous voyons l'exactitude de mes reconnaissances confirmée, et le spectacle le plus imposant se présente à nous. L'armée autrichienne, forte de 60,000 hommes et commandée par l'archiduc en personne, est sous les armes; elle forme ses lignes et se prépare à recevoir la bataille. L'erreur dont j'ai parlé faisait croire à l'ennemi que ma division était l'avant-garde de l'armée française qui la suivait et allait développer ses forces devant lui. La guerre offre peu d'exemples d'une semblable situation. Aussitôt que l'archiduc s'aperçoit que notre mouvement est suspendu à la vue de son ordre de bataille, il détache de sa position un grand corps d'infanterie et de cavalerie pour nous attaquer. Le moment était pressant. Il fallait choisir sans délibérer entre la retraite et le combat : je me détermine pour ce dernier parti. Nos dispositions furent aussi promptement faites que l'exigeait une telle circonstance. Le 32e régiment de ligne, commandé par le colonel Darricau, et le 1er régiment de hussards, sous les ordres du colonel Rouvillois, se forment devant Haslach, qui sert de pivot à tous nos mouvements; le 9e régiment d'infanterie légère, commandé par le colonel Meunier, et le 96e de ligne, par le colonel Barois; se déploient entre ce village et Jungingen; une brigade de dragons, formée des 15e et 17e régiments, sous les ordres du général Sahuc, est placée en seconde ligne. Les brigades d'infanterie étaient commandées par les généraux Rouyer et Marchand. En voyant la supériorité de l'ennemi et la vivacité de son feu, je reconnais que je ne puis soutenir avec avantage un combat de mousqueterie, et j'ordonne une charge à la baïonnette. Les 9e et 96e régiments exécutent cette attaque avec une brillante audace : son effet est décisif. La ligne ennemie est enfoncée et 2,000 prisonniers de guerre tombent dans nos mains.
Le courage de nos troupes, exalté par ce succès, en promettait de nouveaux. Le corps ennemi que nous avons à combattre nous oppose une grande supériorité et il reçoit des renforts qui réparent successivement ses pertes; mais la même manœuvre, employée contre lui dans toutes ses dispositions, est toujours victorieuse : à peine une de ses lignes est reformée qu'elle est attaquée à l'arme blanche, rompue et dispersée. L'infanterie n'a jamais plus agi dans un combat et n'a moins brûlé de cartouches; elle n'employait son feu que pour repousser les charges de la cavalerie ennemie, qui ont toutes échoué contre l'intrépidité de nos bataillons. Nous avons repris cinq fois le village de Jungingen, dont la possession était importante. Dans l'impossibilité de faire face partout avec des forces si inférieures, il fallait souvent l'abandonner pour fondre sur les lignes ennemies, et le reprendre de nouveau lorsqu'elles étaient repoussées. Le général Marchand, les colonels Meunier et Barois et l'adjudant-commandant Duhamel, chef de l'état-major, se sont particulièrement distingués dans ces différentes actions. De son côté, le 32e régiment, secondé par le 1er de hussards, a résisté avec la plus grande fermeté aux attaques dirigées contre Haslach. Après sept heures de combat, nous restons maîtres du champ de bataille : 4,000 prisonniers de guerre, des drapeaux et des canons sont pour nous le prix de la victoire
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 511 : Brochure reproduite, avec peu de modifications, dans le Spectateur militaire de mars 1840).

Le Général Dupont écrit, de Paris, le 8 juin 1806, au Général Sanson : "… C'est avec les quatre bataillons du 9e et du 96e que nous avons enfoncé successivement toutes les lignes ennemies qui se sont formées et reformées contre nous …" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 524).

Le succès d'Haslach, que la Division Dupont remporte comme par miracle, donne raison au Maréchal Ney contre le Prince Murat, car si l'ordre imposé par celui-ci de rompre sur Günzburg était arrivé au Général Dupont le 11, de bonne heure, ce n'est pas le Bataillon du 9e léger, laissé à Albeck avec 2 Escadrons du 1er de Hussards, qui aurait empêché les 20,000 ou 25,000 Autrichiens sortis d'Ulm d'atteindre Heidenheim ce jour-là ...

Mack n'ose plus essayer de se frayer un passage par la rive gauche; mais veut, au moins, tenir une bonne position défensive. Il fait occuper par le Général Riese les hauteurs et le couvent d'Elchingen. Le pont pour traverser le Danube en face des positions autrichiennes est à moitié détruit.

"6e CORPS D’ARMÉE.
Journée du 20 vendémiaire an XIV (12 octobre 1805).
Quartier général: Gross-Küssendorf.
1re division : Brenz.
La division marchait sur Günzburg, lorsqu'elle reçut l'ordre de M. le maréchal Ney de rester sur la rive gauche du Danube et d'y prendre position. Elle se porta sur la Brenz et y prit les positions suivantes :
9e léger et 1er hussards : Sontheim.
32e de ligne : Brenz.
96e de ligne : Mödlingen.
Ces différentes positions sont entourées par des postes d'observation.
Les hussards sont particulièrement chargés d'éclairer la position du côté d'Ulm ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 621; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 258).

L'Ordre du jour du 6e Corps d'Armée, daté du Quartier général, à Günzburg, le 20 vendémiaire an 14 (12 octobre 1805) déclare : "Le maréchal commandant en chef s'empresse de prévenir l'armée, qu'hier, 19, la 1re division, commandée par le général Dupont, a eu une affaire glorieuse et qu'il a fait à l'ennemi de 6,000 à 7,000 prisonniers.
Les régiments de cette division se sont couverts de gloire, ainsi que les 59e, 50e, 27e de ligne, 25e d'infanterie légère, l'avaient fait le 17, à l'attaque mémorable du pont de Günzburg.
Le Général, chef de l’état-major général,
Du TAILLIS
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 616 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 258 - Archives Dupont).

Napoléon arrive d'Augsbourg le 13 au matin. Il ordonne aussitôt de rétablir le pont, de chasser l'ennemi d'Elchingen pour resserrer le blocus de la place d'Ulm et de faire passer une deuxième division sur la rive gauche, afin de donner la main à la Division Dupont, qui se trouve en l'air à Albeck. Cette lourde tâche est confiée à la Division Loison (2e du 6e Corps). Devant l'impétuosité de l'élan français, les troupes autrichiennes cèdent le terrain, mais elles le défendent pied à pied, soutenues tour à tour par des tirs à mitraille, par le feu des bataillons ou par les charges de leur cavalerie.

Le 21 Vendémiaire an 14 (13 octobre 1805), le Lieutenant Girardet écrit, depuis Gmünd, au Général Dupont : "N'ayant reçu réponse à ma lettre datée de Herbrechtingen que ce matin, au moment que mes prisonniers étaient en route pour sortir de Aalen, je n'ai pas pu exécuter votre ordre de conduire mes prisonniers à Donauwörth, j'ai continué ma route jusqu'ici, dont je partirai demain matin pour Schörndorf et après-demain matin pour Stuttgard.
Mon Général, je suis on ne peut plus embarrassé, je marche de mon chef, ce qui m'inquiète beaucoup, mais j'ai cru être obligé de le faire dans les circonstances. Par ma lettre de Herbrechtingen, j'avais porté le nombre de prisonniers beaucoup plus haut qu'il ne se trouve à ce moment, n'en sachant pas le nombre, et aussi j'ai été obligé d'en laisser en route qui étaient dangereusement blessés, dont un officier.
A ce moment, il me reste un major et 14 ou 15 officiers et environ 780 prisonniers, dont une quarantaine de blessés et une grande partie à pied nu ; j'ai pour les escorter 140 hommes de trois régiments de la division, la plus grande partie chasseurs du 9e; j'ai aussi une trentaine de Français blessés, dont le capitaine des grenadiers Renfler, du 96e régiment. Je désire que mon colonel soit instruit de ma conduite, car je ne lui ai pas encore donné de mes nouvelles.
Je marche avec le plus grand ordre possible, je fais nourrir tout le monde par les villes où je loge et j'ai requis des voitures pour le transport de tous les blessés et pour les officiers prisonniers.
J'attends des ordres avec impatience
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 707).

Puis Ney, le 15 Octobre, enlève les hauteurs de Michelsberg dominant Ulm à l'Ouest, avec sa 3ème division Mahler, pour boucler l'investissement de la place.

- Premier combat d'Albeck, 15 octobre 1805

La Division Dupont reçoit quant à elle l'ordre de reprendre la position d'Albeck. Elle part de Brens à 6 heures du matin par la route de Langenau.

Le 9e Léger marche en tête, éclairé par un Escadron du 1er Régiment de Hussards ; le 32e de Ligne le suit immédiatement; vient ensuite l'Artillerie, escortée par un Demi-bataillon. Le 96e ferme la marche avec le 1er Régiment de Hussards. Il tombe une pluie incessante ; le temps est affreux et les chemins presque impraticables.

L'ennemi, qui entoure Dupont de tous côtés depuis le 13, est en forces à Herbrechtingen et Giengen. Il fait suivre le mouvement de ce dernier par deux Escadrons dans la matinée du 15, et tombe sur le flanc droit de sa colonne au moment où elle dépasse la bifurcation des chemins d'Albeck à Langenau et à Nerenstetten. Dupont, qui n'a pris aucune précaution pour se couvrir ou se renseigner de ce côté, est entièrement surpris et n'a que que 4 à 4500 hommes environ, dont bon nombre de trainards.

On fait force de marche, et bientôt le 9e et le 32e, dépassant la croisée des chemins de Neenstetten et de Langenau, prennent une position qui couvre Albeck, où le parc de la Division Loison est resté sans escorte ; une Brigade de Dragons vient d'y arriver et met pied à terre sans se douter du voisinage de l'ennemi.

Les éclaireurs de l'ennemi démasquent plusieurs Bataillons et Escadrons formant tête de colonne, et un feu violent d'artillerie et de mousqueterie ne tarde pas à assaillir les Français. Dupont se hâte de tirer de ses Bataillons des essaims de Tirailleurs qu'il pousse vers l'ennemi afin de contenir les premiers pelotons des Autrichiens. le 9e et le 32e se forment en bataille à gauche et à droite de la route, et les équipages continuent à filer sur Albeck. Il n'y a pas une minute à perdre, car l'ennemi s'avance résolument et sa cavalerie menace de couper la colonne des équipages. D'autre part, des pluies battantes ont mouillé les batteries des fusils, et il faut les flamber à poudre pour les mettre en état de tirer. Les soldats réparent leurs armes, sous le feu, avec célérité et sans le moindre émoi, et le combat s'engage aux dernières heures du jour.

L'artillerie a été placée en batterie, une partie sur la route et quelques pièces sur la gauche afin de prendre en écharpe les colonnes ennemies. Pendant que le 32e, commandé par le Colonel Darricau et dirigé par le Général Marchand, fait face aux Autrichiens et leur résiste victorieusement, avec l'appui du 1er Régiment de Hussards, le 9e Léger, placé à sa gauche, fait un changement de front à droite, de manière à se prolonger sur le flanc droit de l'ennemi. Pris à revers par ce mouvement hardi, le Général Werneck se hâte de replier son artillerie et de s'abriter derrière le bois auquel il appuyait sa droite.

A ce moment, le jour commençant à baisser, le 96e, qui sortait à peine de Langenau lorsque l'action s'était engagée, se présente sur le champ de bataille. Assailli par la cavalerie ennemie, il se forme en carré, repousse toutes les attaques, et vient se placer à la droite du 32e. Disposant de toutes ses forces, le Général Dupont ordonne une attaque générale à la baïonnette ; rien ne peut résister à l'impétuosité de ses soldats ; culbutés sur tous les points, sabrés par le 1er de Hussards qui lutte d'audace avec l'infanterie, les Autrichiens battent en retraite, nous laissant maîtres du terrain de la lutte. L'obscurité empêche de les poursuivre (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 269).

Sur ces entrefaites, l'intervention de la 1re Division de Dragons, à l'approche de la nuit, achève de dégager notre infanterie. Cette Division a passé à Elchingen après la Garde; arrivée près du champ de bataille du Michelsberg, elle a appris qu'il ne restait rien à faire de ce côté, et elle a couru au canon de la Division Dupont (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 90).

"6e CORPS D'ARMEE.
Journée du 23 vendémiaire (15 octobre 1805).
Quartier général : Thalfingen.
1re division : Le soir à Albeck.
La division est partie de ses positions sur la Brenz à 8 heures du matin pour aller à Albeck. Deux escadrons ennemis sortant d'Hermaringen ont suivi le mouvement de la division (l'ennemi occupait aussi Giengen).
La division étant arrivée entre Langenau et Albeck, l'ennemi s'est présenté sur sa droite et l'a attaquée avec 8 à 10 pièces d'artillerie, de l'infanterie et de la cavalerie.
Les 32e et 96e régiments se sont, sur-le-champ, formés en colonne contre la cavalerie qui était la principale force. Le 9e léger a été placé sur les hauteurs à la gauche de la route et, par sa gauche, il a pris en flanc les batteries ennemies que son feu à bientôt mises en fuite.
L'obscurité de la nuit n'a pas permis de poursuivre l'ennemi ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 788).

"Journal des opérations militaires de la division Dupont.
Le 23 vendémiaire an XIV (15 octobre 1805).
Le 23, Sa Majesté ordonne au général Dupont de reprendre le position d'Albeck. ll se met en marche à 6 heur.es du matin; il envoie son commissaire des guerres avec un détachement à Lauingen pour faire des vivres. Le 9e régiment marchait en tête, éclairé par un escadron du 1er de hussards ; le 32e le suivait immédiatement. L'artillerie, escortée par un demi-bataillon, marchait ensuite ; le 96e et le 1er hussards fermaient la marche.
Au sortir du village de Langenau, la division est attaquée par le prince Ferdinand, qui marchait pour s'emparer d'Albeck et rétablir la communication avec le général Mack qui était resté dans Ulm.
Le 9e et le 32e régiment avaient déjà dépassé le point de la route où se trouve l'embranchement des chemins de Langenau et de Nerenstetten, lorsque les éclaireurs de l'ennemi se présentent et démasquent ses premiers bataillons et escadrons s'avançant vers Albeck ; ce poste était sans défense. Le parc de la seconde division s'y trouvait sans garde, et une brigade de dragons qui arrivait, venait de mettre pied à terre, ignorant le voisinage de l'ennemi, dont l'attaque subite semblait devoir causer le plus grand désordre ; il n'y avait pas une minute à perdre. La colonne des équipages était déjà en danger d'être coupée; nombre d'hommes isolés, que la fatigue de la marche et le temps affreux qui avait régné toute la journée avaient séparés de leurs corps, couraient pour se rallier et échapper à la charge de la cavalerie ennemie ; le moment était très pressant et l'infériorité de la division Dupont, forte à peine de 4,000 hommes, rendait le danger plus imminent encore.
On rassemble à la hâte des pelotons de tirailleurs pour contenir les premiers pelotons ennemis. Le 9e et le 32e régiment se forment rapidement face en arrière en bataille, sous le feu de l'artillerie autrichienne, à droite et à gauche de la route. Les équipages continuent de filer vers Albeck ; le soldat, affermi dans ses rangs, répare avec célérité, mais avec calme, son arme qui avait essuyé la pluie d'une journée entière. Le combat s'engage. Notre artillerie se place en batterie, une partie sur la route, le reste à gauche pour prendre l'ennemi à revers. Le 9e régiment, qui se trouvait à la gauche du 32e, fait un changement de front à droite, prolonge sa gauche au delà d'un ravin qui se trouve dans cet endroit et marche dans cette direction sur le flanc droit de l'ennemi; ce mouvement hardi produit un prompt effet; l'ennemi fait replier son artillerie et se retire derrière le bois auquel il appuyait par sa droite.
La nuit qui survient à ce moment suspend la marche en avant de nos troupes et fait cesser le combat.
Le 96e régiment, qui sortait à peine du village de Langenau lorsque l'ennemi s'était présenté sur le flanc de la colonne, s'arrête aussitôt, se forme en carré contre la cavalerie qui vient l'envelopper et se remet en marche pour rejoindre les autres corps de la division, sans éprouver aucune perte.
Le colonel Barrois maintient pendant cette marche audacieuse et habile la plus grande sécurité dans les rangs de son régiment.
C'est particulièrement dans le 32e régiment que le feu de l'ennemi s'est fait sentir, ce régiment se trouvant exposé de front au feu des batteries autrichiennes. Le 1er régiment de hussards appuyait la droite du 32e et le carré du 96e. Les dragons étaient formés en seconde ligne, mais ils n'ont pas eu l'occasion de donner.
La division va reprendre son premier bivouac sur les hauteurs en avant d'Albeck.
La troupe a eu, pendant cette journée, à soutenir toutes les misères et les fatigues de la guerre réunies ; elle se trouvait sans vivres, l'ennemi ayant coupé la route de Gundelfingen et pris les convois que le commissaire des guerres dirigeait sur elle, et la pluie, la grêle et la neige n'ayant pas cessé un moment de tomber avec abondance, surtout au moment du combat, au point qu'aucun fusil ne pouvait faire feu. Le soldat aurait succombé si le signal du combat ne lui avait fait oublier ses fatigues et rendu toute sa gaieté
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 803).

- Deuxième combat d'Albeck

Le 16 octobre 1805, l'infanterie de Dupont prend position en avant d'Albeck, faisant face à Neenstetten, près de l'embranchement de la route de Langenau ; le 9e Léger occupe une hauteur à gauche près d'Osterstetten, les 96e et 32e à gauche de la route. Un Régiment de Dragons, soutenu par les Chasseurs à cheval de la Garde, éclaire le flanc droit de la Division Dupont et doit au besoin la protéger contre la cavalerie ennemie. Les autres Régiments de Dragons du Général Klein, ayant devant eux, en première ligne, le 1er de Hussards et les 13e et 21e Régiments de Chasseurs de la Brigade Fauconnet (5e Corps) s'étendent dans la plaine de Langenau, à droite du 96e, menaçant la cavalerie autrichienne. La Division de Grenadiers Oudinot, qui a reçu du Prince Murat l'ordre de se porter sur Langenau à l'appui de la Division Dupont, s'est placée en réserve entre Gottingen et Langenau (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 272).

Pour marcher plus vite à la poursuite des Autrichiens, l'infanterie de Dupont se forme en colonnes par bataillon, et la cavalerie prend les devants. Vers midi, la division Dupont chasse rapidement l'ennemi du bois qui borde la route; la cavalerie autrichienne fait alors un mouvement rétrograde sur Nerenstetten, et Murat en profite pour la faire charger. La déroute de cette cavalerie entraine celle de l'infanterie, et des bataillons entiers déposent les armes. En arrivant à Hausen, nous avions fait 2,000 prisonniers. Notre cavalerie légère, qui avait mené la poursuite jusque-là, est à bout de forces et cède la place aux Dragons, qui mènent la chasse jusque sur les rives de la Brenz, devançant l'infanterie de deux lieues environ.

Parvenus sur le bord de la Brenz, près d'Eselsburg, les Dragons s'arrêtent, exténués, devant une position fortement garnie de canons et d'infanterie. Mais bientôt l'artillerie ennemie évacue les hauteurs d'Herbrechtingen.

Murat, craignant que l'ennemi ne prenne position sur ce point pour donner à son convoi le temps de filer, ordonne au 9e Léger d'emporter le village. Le Colonel Meunier se précipite avec son brave Régiment dans les rues d'Herbrechtingen, en déloge les Autrichiens et les poursuit jusqu'à la hauteur de Bolheim, leur faisant 600 prisonniers. L'ennemi s'enfuit dans le plus grand désordre ; il est alors minuit et la fatigue de la troupe empêche de pousser plus loin le succès.

Les Chasseurs de la Garde et le 20e Dragons contribuent également à enlever le village d'Herbrechtingen

Le 9e Léger et le 1er de Hussards qui s'est particulièrement distingué par ses charges audacieuses et répétées, occupent Herbrechtingen ; le reste de la Division et les Carabiniers sont cantonnés à Bissingen. Les Dragons s'établissent à Hurben, Bissingen et Hausen. Les Chasseurs de la Garde sont à Hausen, où le Prince Murat, qui a conduit en personne la charge des Dragons, établit son quartier général. Il a fait dans la journée 3,000 prisonniers, parmi lesquels un Officier général blessé grièvement, et a ramassé des armes, des caissons, et un grand nombre de chevaux (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 273).

D'après les renseignements transmis le soir même à l'Empereur par un Aide de camp du Général Dupont, le Chef de Bataillon de Conchy, les troupes battues par Murat formaient une arrière-garde de 8,000 hommes environ, sous les ordres du Général Werneck, et appartenant à un corps de 15,000 à 20,000 hommes, commandé par Hohenlohe (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 94).

"6e CORPS D'ARMEE.
Journée du 24 vendémiaire (16 octobre 1805).
… Les 32e et 96e étaient en bataille faisant face à Nerenstetten, près de l'embranchement de la route de Langenau. Le 9e d'infanterie légère était sur la hauteur à gauche, les chasseurs de la Garde couvraient son flanc gauche, deux escadrons de dragons appuyaient son flanc droit. Les autres régiments de dragons s'étendaient dans la plaine à la droite du 96e, et le 1er régiment de hussards était également sur cette droite en première ligne ...
La retraite des Autrichiens s'est bientôt changée en déroute; le 1er régiment de hussards a fait des charges multipliées où des prisonniers ont été faits en foule; il n'a eu que quatre hommes blessés …
Le prince Murat a fait avancer le 9e léger qui s'est emparé d'Herbrechtingen, a poursuivi l'ennemi jusqu'à la hauteur de Bolheim et lui a fait 300 à 400 prisonniers ...
Le 1er hussards et le 9e léger ont occupé Herbrechtingen …
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1194).

"Journal de marche de la division Dupont.
Le 24 vedémiaire an 14 (16 octobre 1805).
Le 24, l'Empereur ordonne au général Dupont d'attaquer l'archiduc Ferdinand, et le prince Murat arrive avec sa cavalerie pour décider plus promptement sa défaite. L'attaque était déjà commencée quand le Prince arrive. On lui rend compte que, d'après les ordres du maréchal Ney, il a été envoyé un officier parlementaire au général ennemi pour le prévenir de la capitulation d'Ulm et le sommer de se rendre; le feu avait été suspendu pour que le parlementaire pût remplir sa mission. L'aide de camp Morin revient et rapporte que c'est le général Werneck qui commande les Autrichiens sous les ordres de l'Archiduc; que ce général refuse de croire à la capitulation d'Ulm; qu'il lui a dit d'abord qu'il allait répondre à coups de canon, et ensuite, en le rappelant, que si on lui envoyait un officier autrichien, sortant d'Ulm, pour lui en certifier la reddition, il verrait ce qu'il aurait à faire.
L'ennemi avait profité du moment où l'on parlementait pour commencer son mouvement de retraite ; d'après la réponse du général Werneck, l'infanterie marche en avant, le 1er de hussards charge et fait beaucoup de prisonniers. La cavalerie du prince Murat se met à la poursuite. Un bataillon autrichien, laissé pour défendre le pont d'Anhausen, met bas les armes. L'ennemi laisse sur la route beaucoup d'hommes épuisés de fatigue. Cependant quelques pièces de canon qu'il avait placées sur les hauteurs d'Herbrechtingen, avec plusieurs bataillons d'infanterie de son arrière-garde, arrêtent un moment la cavalerie. Mais à la nuit, un bataillon du 9e arrive; il pénètre dans Herbrechtingen, fait 600 prisonniers et prend 40 caissons de munitions de guerre.
Les Autrichiens ont perdu dans cette journée 2,500 prisonniers et une centaine de morts, dont un général. Nous n'avons eu que quelques hommes blessés ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1196).

"Marches et rapports historiques de la 1re division de dragons montés.
Le 24 vendémiaire an 14 ( 16 octobre 1805).
... Notre artillerie n'ayant pu suivre les mouvements rapides de la cavalerie, et la nuit approchant, on suspendit momentanément l'action ; sitôt que la nuit fut close, l'ennemi en profita pour se retirer sur Herbrechtingen. A 9 heures du soir, le 9e régiment d'infanterie légère étant arrivé, on marcha de nouveau en avant.
Herbrechtingen, petite ville entourée d'un mur crénelé, fut attaquée et enlevée de suite ; l'ennemi y laissa pour gage de sa déroute une vingtaine de caissons ou chariots chargés de munitions et 300 hommes, qui furent faits prisonniers.
Le résultat de cette journée fut d'environ 3,000 hommes faits prisonniers, 300 tués et 200 blessés, du nombre desquels fut le général O'Donnel, commandant l'arrière-garde, qu'un maréchal des logis chef du 1er régiment de dragons atteignit, blessa et prit.
La division a pris position dans les villages d'Hausen, Bissingen et Herbrechtingen
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1200).

"RESERVE DE CAVALERIE.
Rapport du 24 au 30 vendémiaire an XIV inclus (16 au 22 octobre 1805).
... Le Prince, pensant que l'ennemi voulait nous arrêter pour donner le temps à son convoi de filer et voulant occuper le village d'Herbrechtingen, le seul qui offrit des ressources, fit avancer le 9e régiment d'infanterie légère qui, soutenu par le 20e régiment de dragons et les chasseurs de la Garde, attaqua le village, l'enleva et prit position en avant. On fit 2,000 ou 3,000 prisonniers; on prit plusieurs caissons; l'ennemi s'enfuit dans le plus grand désordre. Il était minuit, la troupe était très fatiguée et on ne put pas pousser plus loin le succès ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1202).

Le 25 Vendémiaire an 14 (17 octobre 1805), Murat écrit, depuis Hausen, à Napoléon : "... l'avant-garde du 20e régiment de dragons était aux portes d'Herbrechtingen ; je suivis ce régiment avec les chasseurs de la garde de Votre Majesté et le 9e d'infanterie légère. Je résolus de chasser l'ennemi d'Herbrechtingen. Je me déterminai à cette attaque par la persuasion où j'étais que l'ennemi ne tenait là que pour protéger la retraite de ses équipages et de son artillerie, et parce que j'étais convaincu que l'ennemi, épouvanté de sa déroute, n'y tiendrait pas. Il était onze heures du soir ; les éclaireurs du 9e d'infanterie légère attaquèrent le village et s'en emparèrent. Tout ce qui l'occupait fut fait prisonnier ; on y a trouvé plusieurs voitures d'équipages et de caissons de munitions. J'ignore encore le nombre de prisonniers. Le 9e entier a pris position en avant de ce village, avec le 20e de dragons et les chasseurs de la garde impériale.
Ce matin, je marche sur Heidenheim, où l'ennemi a pris position ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1198; Général Derrécagaix, "le Lieutenant-général comte Belliard", p. 311; Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 84, lettre 2183).

Le 6e Bulletin de la Grande Armée, établi à Elchingen le 18 octobre 1805 (26 vendémiaire an 14) raconte : "... le prince Murat était à la poursuite du prince Ferdinand. La division Werneck a voulu l'arrêter à Langenau : il lui a fait 3,000 prisonniers, dont un officier général, et lui a enlevé deux drapeaux. Tandis qu'il manoeuvrait par sa droite à Heidenheim, le maréchal Lannes marchait par Aalen et Noerdlingen. La marche de la division ennemie était embarrassée par 500 chariots et affaiblie par le combat de Langenau. A ce combat, le prince Murat a été très-satisfait du général Klein. Le 20e régiment de dragons, le 9e d'infanterie légère et les chasseurs de la garde impériale se sont particulièrement distingués. L'aide de camp Brunet a montré beaucoup de bravoure ..." (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 441 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.1, p. 510 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9384 ; Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 895).

Le 17 octobre 1805 (25 vendémiaire an 14), à 2 heures après-midi, Napoléon écrit depuis l'abbaye d'Elchingen, au Prince Murat : "… Il me semble que vous auriez dû coucher au lieu où est le 9e léger, afin de pouvoir, à la pointe du jour, marcher à la suite de l'ennemi et le gagner de vitesse" (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9386 ; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 11007).

Capitulation de Ulm 1805 carte
Carte de la capitulation de Ulm en octobre 1805

Avant de quitter Nördlingen, le Général Dupont écrit à Mme Dupont : "... Le 19, j'ai eu, avec 5000 hommes, à combattre une armée de 25 à 30000 hommes, et je me suis tiré d'une lutte aussi inégale en faisant 4000 prisonniers, et en prenant des drapeaux, du canon. Il y a quelque ressemblance, dans cette affaire, avec celle du Mincio ; l'armée n'a pas agi pendant que je me battais. C'est à Haslach, près Ulm, que cela s'est passé. J'ai rendu la plus haute justice à mes braves régiments. Le colonel Meunier, ainsi que les autres colonels et autres officiers en général, se sont conduits à merveille. J'ai demandé pour Meunier le grade de commandant de la Légion d'honneur ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 279).

Le 28 vendémiaire (19 octobre), on continue la poursuite jusqu'au delà de Nuremberg. A quatre heures du matin, le Corps d'armée se met en mouvement dans l'ordre suivant : le 1er Régiment de Hussards, les Chasseurs de la Garde, un Bataillon du 9e Léger; les Carabiniers, les Dragons et l'infanterie suivent la route de Nuremberg, passant par Schwabach. A Nuremberg, notre avant-garde rejoint la queue des équipages du parc ennemi, protégée par un Bataillon; elle charge immédiatement, malgré son infériorité numérique, et force ce Bataillon à poser les armes ; puis elle poursuit, pendant près de deux lieues, à travers les équipages et l'artillerie ennemie, un corps de 300 Dragons, qu'elle culbute chaque fois qu'il tente de se reformer. Les Autrichiens abandonnent leur parc et leurs bagages. Les Chasseurs de la Garde et les Carabiniers brisent toutes les résistances, sabrent les canonniers ennemis et enfoncent toute cavalerie qui essaye de résister. Le Colonel Rouvillois et le 1er Régiment de Carabiniers poussent les Autrichiens jusqu'au village d'Eschenau ; arrêtés un instant par des forces supérieures, ils attendent l'arrivée du 2e de Carabiniers, puis chargent avec une intrépidité sans égale. Tout plie sous leur choc, et l'Archiduc Ferdinand n'a que le temps de sauter sur le cheval d'un de ses officiers pour se sauver à toute bride, entraînant à sa suite, dans la nuit, 3 ou 4000 chevaux, derniers débris de son corps d'armée (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 279).

La garnison et le général Mack finissent par capituler le 20 Octobre.

Le même jour, 20 octobre 1805 (28 vendémiaire an 14), au Quartier général impérial, à Elchingen, un ordre du jour est promulgué : "L'Empereur témoigne sa satisfaction au corps d'armée du prince Murat, à celui de MM. les maréchaux Ney, Lannes et Soult, ainsi qu'à celui du général Marmont et à la garde impériale, pour les marches qu'ils ont faites, pour la patience avec laquelle ils ont supporté les fatigues et les privations de toute espèce, qui ont valu les succès suivants.
Memmingen a capitulé entre les mains de M, le maréchal Soult, donné 5.000 prisonniers, 9 drapeaux, un grand nombre de canons et beaucoup de magasins.
Ulm a capitulé, ce qui a valu 28.000 prisonniers, 18 généraux, 50 pièces de canon attelées, 8.000 chevaux de cavalerie pour monter nos dragons à pied, et 40 drapeaux.
Le passage audacieux du pont d'Elchingen par le corps, d'armée du maréchal Ney, la prise de cette formidable position, ont valu 3.000 prisonniers, dont un général, et plusieurs pièces de canon.
Le combat de Langenau, de Neresheim et la capitulation de Nordlingen, par M. le prince Murat, ont valu 5 ou 6.000 prisonniers, 2.000 chevaux pour remonter nos dragons à pied, plusieurs drapeaux, un grand parc, quantité considérable de canons attelés, 3 lieutenants généraux et 7 généraux majors.
Au combat d'Elchingen, les 76e et 69e régiments d'infanterie et le 18e de dragons se sont successivement distingués.
Au combat d'Albeck, le 9e d'infanterie légère, le 32e et le 96e se sont couverts de gloire.
Aujourd'hui, à 3 heures après midi, la partie de l'armée autrichienne prisonnière dans Ulm, ayant à sa tête son général et chef, défile sur les glacis d'Ulm, devant l'Empereur.
Enfin, l'avant-garde du corps d'armée de Bavière a pris, entre l’Isar et l'Inn, plusieurs pièces de canon et beaucoup de bagages du corps d'armée du général Kienmayer.
Le résultat de tous ces événements glorieux est que l'armée autrichienne, forte de 100.000 hommes, est détruite 50.000 sont prisonniers, 80 drapeaux sont en notre pouvoir, presque toute l'artillerie ennemie et ses magasins.
L'Empereur fait connaître qu'il est content de son armée
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 952 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 281; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 202).

Encore le 20 octobre, Murat laisse l'ennemi prendre les devants, et ne met son armée en mouvement qu'à 8 heures. Il intercale le 1er Bataillon du 9e Léger entre le 1er Hussards et le reste de la cavalerie (Chasseurs de la Garde, Carabiniers et Dragons), mais bientôt le Général Klein, impatient de rencontrer l'ennemi, fait doubler l'allure aux cavaliers et laisse toute l'infanterie en arrière. La Division Dupont n'a pas pu gagner de vitesse la cavalerie, mais elle a fait un effort extraordinaire. Après une marche de douze lieues, le soldat tombe de lassitude et de besoin en traversant Schwabach. Le Général fait distribuer à la hâte un morceau de pain et un verre de vin, et la colonne reprend sa course en chantant jusqu'au delà de Nuremberg (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 1ère partie, p. 102).

"Marches et rapports historiques de la 1re division de dragons montée.
Le 28 vendémiaire an 14 (20 octobre 1805).
La réunion a eu lieu à 8 heures du matin en avant d'Erlbach ; l'ordre de marche qui avait été suivi jusque-là fut interverti et établi ainsi qu'il suit :
1er régiment de hussards ;
1er bataillon du 9e régiment d'infanterie légère ;
Les chasseurs de la Garde ;
1er et 2e régiment de carabiniers ;
1re division de dragons ;
Et la division du général Dupont.
Le général Klein, informé que l'ennemi ne nous précédait que de quelques heures, désirait l'atteindre promptement et ne pas lui donner le temps de couper le pont situé sur la Rednitz, près le village de Röttenbach ; mais, s'apercevant que l'infanterie, fatiguée, retardait la marche, il ordonna à la cavalerie d'augmenter l'allure et de la laisser derrière ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1254).

A cette époque, sont membres de la Légion d'honneur au 9e Régiment d'infanterie légère, les Officiers, Sous-officiers et soldats dont les noms suivent :
Etat-major : Meunier, Colonel; Compère, Chef de Bataillon; Barrère, Chef de Bataillon.
1er Bataillon : Adjudant-major Raymond. Capitaines Leblanc, Grandidier, Jannin, Paulet, Rieux. Lieutenants et sous-lieutenants Lambert, Hullion, Thiry, Perrot, Collignon, Perrin, Etienne, Jullien. Sergents André, Henry, Toussaint, Barrié. Chasseurs Dumas, Lefevre.
2e Bataillon : Adjudant-major Huguin. Aide-chirurgien major Vanderbarch. Capitaines Aubry, Bernard. Ménestrel, Bruyère, Engrand. Sous-lieutenants Dolon, Petit. Sergents-majors Tolsac, Fouquet. Sergents Muop, Lanier. Caporal Emard. Carabinier Camus. Chasseurs Met, Piedevau.
3e Bataillon : Major Deslon. Quartier-maitre Sayvet. Capitaines Marthe, Gros, Reboulleau, Baudot. Lieutenant Pierron. Sergent-major Eude. Sergent Couade. Caporal Tirey.
"Nota. — Tous les membres des 1er et 2e Bataillons sont présents au camp.
Certifié par le colonel du régiment, Signé : Meunier
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 289 - Archives Dupont).

"Journal des marches de la réserve de cavalerie.
Le 30 vendémiaire an XIV (22 octobre 1805).
Le corps d'armée a quitté ses positions de Nuremberg pour marcher sur Ingolstadt.
Il est venu prendre position, savoir : les dragons en avant de Nuremberg dans les villages ; les carabiniers et les chasseurs de la Garde à Feucht où s'est établi le quartier du Prince. L'infanterie a occupé Münberg et les villages en avant …
Le corps d'armée a quitté ses positions pour se porter sur Neumarkt. Les carabiniers ont occupa en avant les villages de Winnberg et Sengenthal ; la division de dragons en arrière, ceux de Postbauer, Pölling, Loderbach. L'infanterie a occupé, savoir : le 96e régiment, Neumarkt ; le 32e, Wappersdorf et Mühlhausen, et le 9e d'infanterie légère, Berching. Le régiment des chasseurs de la Garde s'est établi à Neumarkt avec le quartier du Prince ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 3, 2e partie, p. 1273).

Un "Etat des présents sous les armes au 6e corps d'armée le 4 brumaire" indique que le 9e Régiment d'infanterie légère est à la 1ère Division, et que cette dernière est détachée avec le Prince Murat (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 1, p. 769).

Grande Armée à l'époque du 6 Brumaire an XIV (28 octobre 1805).
5e Corps d'Armée.
Commandant en chef. Maréchal LANNES.
1re Division du 6e Corps.
Général de Division. Dupont.
9e Légère;
32e de Ligne;
96e de Ligne.

Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 711

Après la chute d'Ulm, le 6e Corps et celui d'Augereau sont envoyés contre les troupes autrichiennes dans le Tyrol, tandis que Napoléon marche sur Vienne. La Division Dupont a été séparée du 6e Corps depuis Elchingen. Le général Dupont doit se porter sur Passau pour occuper la place.

Dans la coalition organisée pour contrer les ambitions française, les Russes n'étaient pas encore montés au contact, en Allemagne, pour épauler leur allié autrichien. Leurs troupes, menées par Koutouzov, n'avaient pas été assez rapides pour secourir le général Mack. Apprenant ses déconvenues, Koutouzov décidait de se replier de la Bavière sur Vienne. Napoléon envoyait ses troupes à leur découverte tandis qu'il sécurisait la région du Tyrol. Murat partait en avant-garde sur la rive droite du Danube avec Lannes et Davout.

Le 10 Brumaire an 14 (1er novembre 1805), l'Adjudant commandant Duhamel écrit, depuis Pfarrkirchen, au Général Dupont (à son passage à Pfarrkirchen) : "Je ne pourrai commencer les cantonnements qu'à Lengham, à 2 1ieues de Griesbach, sur la route. Je tâcherai d'y établir le 9e régiment.
Le Commissaire des guerres a requis, dans cette ville, 18,000 rations de pain et 16 bœufs à fournir dans l'espace de quatre jours. DUHAMEL.
Il serait bon de laisser un petit détachement à Pfarrkirchen pour escorter les convois et protéger le pays.
Le Commissaire des guerres,
Custine
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 397).

Le même 10 Brumaire an 14, l'Adjudant commandant Duhamel écrit encore, depuis Birnbach, au Général Dupont (à son passage à Birnbach) : "J'ai établi le cantonnement du 9e régiment et de l'artillerie de l'avant-garde à Birnbach, donnant 76 maisons ...
Je suis obligé d'employer tous les villages et hameaux qui se trouvent jusqu'à Griesbach, afin de pouvoir m'exempter de loger des troupes au delà de la ville, la journée se trouvant déjà assez forte.
Griesbach n'est pas plus fort en maisons que Birnbach. J'établirai votre quartier général à Griesbach ...
" (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 398).

Dès le 5 novembre, on touchait leur arrière garde à Amstetten, et on continuait la poursuite. Koutouzov passait le Danube à Krems en brulant les pont derrière lui. Il fallait donc s'emparer rapidement de ceux de Vienne pour les Français.

Un 8ème Corps d'armée "provisoire" était confié au maréchal Mortier avec les divisions Dupont (9e Léger), Gazan et Dumonceau, et longeait la rive gauche pour justement sécuriser les ponts de Krems. Il allait se trouver face aux Russes qui venaient de passer le fleuve.

La "Situation des éléments entrant dans la composition du corps d'armée aux ordres du maréchal Mortier" indique, à la date du 14 Brumaire an 14 (5 novembre 1805), pour la Division Dupont (1re du 6e Corps d'armée), que le 9e Régiment d'infanterie légère comprend 53 Officiers et 1205 hommes ; total 1258. 264 hommes sont prisonniers de guerre ; 306 aux hôpitaux ou ambulances ; 108 détachés en arrière, au Dépôt ou éclopés ; effectif total, Officiers compris, 1936 hommes (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 32; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 295).

"Dans la soirée du 14 brumaire (5 novembre), le général Dupont a reçu l'ordre de prendre le commandement de la division batave, de se porter sur Linz en côtoyant la rive gauche du Danube avec ses deux divisions, de faire filer sur-le-champ sur Linz tous les bateaux disponibles avec 50,000 rations de pain et de laisser à Passau, pour défendre la citadelle, 250 Français et autant de Bataves. Le commandement de cette troupe est confié au chef de bataillon Barrère, du 9e régiment d'infanterie légère ..." (Journal des opérations de la Division Dupont - In Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 46).

Le 10 novembre, la division Gazan débouche seule dans la petite plaine qui s'étend entre Dürrenstein (ou Dürnstein) et Krems, et y heurte les 30.000 soldats de Koutousov. Sans attendre l'arrivée de Dupont, Gazan engage la lutte. Il s'avance jusqu'à un village nommé Stein, situé en avant de Durstein. Six drapeaux, cinq canons, 4000 prisonniers restent au pouvoir des Français. Les positions enlevées, on croit pouvoir se reposer, mais le lendemain matin, la lutte recommence, car les Russes se sont aperçus de la faiblesse des Français (voir historique 4ème Léger).

Entourée de partout, la division Gazan semble perdue. Le Maréchal Mortier la forme alors en colonnes serrées et ordonne de rétrograder sur Dürstein, en se faisant jour à la baïonnette. C'est une charge épique, les sections jouant de la baïonnettes et tirant comme à l'exercice, chacune à la suite.

Tout à coup, vers 16 heures, on entend une vive fusillade de l'autre côté de Dürstein : c'est la division Dupont qui arrive enfin sur le théâtre du combat. Les deux divisions entrent en même temps dans la petite ville, se rejoignant ainsi à travers l'ennemi sur le champ de bataille.

« A une lieue de Dürnstein, notre avant-garde signala les troupes du général Dupont, qui marchaient à notre secours » (Relation du Colonel Talandier).
Ces troupes avaient eu à combattre, entre Weissenkirchen et Wadstein, la plus grande partie de la colonne de Dokhtourow. Ce Général, en descendant des montagnes sur la rive du Danube, avait appris la présence de la Division Dupont près de Weissenkirchen. Laissant filer son avant-garde avec le Général Schmidt vers Dürrenstein, il avait cru devoir se porter avec le gros de ses forces contre cc nouvel adversaire et le contenir, afin que Miloradwitch et Schmidt pussent mener à bout leur action commune contre la Division Gazan.
Dupont avait établi sa Division au bivouac entre Spitz et Weissenkirchen. Mortier l'avait informé du succès obtenu dans la matinée par la Division Gazan, de sorte qu'il ne paraissait pas nécessaire de continuer la marche, déjà longue, faite dans cette journée. « Le général Dupont ordonne au 1er hussards et au 9e d'infanterie légère de s'établir à 2 lieues en avant de Spitz, à Weissenkirchen; il place le 32e entre Weissenkirchen et Spitz, et le 96e dans ce dernier village; il ordonne en même temps au 1er hussards de pousser des reconnaissances en avant pour se lier avec la division Gazan ...
Il était 4 heures du soir, le 1er régiment de hussards établissait ses postes en avant de Weissenkirchen; l'officier commandant la grand'garde vient avertir le colonel Rouvillois que les Russes descendent des montagnes et se forment dans la gorge. Ce colonel se porte aussitôt sur le terrain, reconnaît que 600 Russes ont déjà débouché des gorges, et que d'autres continuent à descendre; les hussards se mettent à tirailler; les Russes, dont toute l'attention se portait sur la division Gazan, ne répondent pas à leurfeu. Le colonel Rouvillois envoie à toute bride des officiers au général Dupont, au colonel Darricau et au colonel Meunier. Celui-ci marche à l'instant, joint l'ennemi et engage une fusillade très vive; les Russes ne sont pas ébranlés.
Le colonel Meunier détache sur les hauteurs le chef de bataillon Réjeaux avec quelques compagnies pour prendre l'ennemi en flanc ct inquiéter ceux qui continuaient à descendre. Le général Dupont arrive avec le 32e régiment; il le fait avancer pour relever le brave 96e qui avait épuisé ses cartouches et comptait déjà beaucoup de blessés. Le 96e était placé en réserve à Weissenkirchen.
Le 32e bat la charge, marche en avant à toute course; les Russes, de leur côté, s'avancent avec une pareille audace. Il était nuit; on se mêle; les soldats luttent corps à corps. On reste dans cette position aussi extraordinaire qu'effrayante pendant près d'une heure. Chaque parti croyait que l'autre voulait se rendre. Le Russe posait son arme à terre pour indiquer au Français ce qu'il avait à faire. Le Français, le croyant prisonnier, voulait le faire filer sur les derrières. Le Russe ramassait aussitôt son arme et cherchait à en frapper son adversaire. Les officiers, chacun de leur côté, s'efforçaient de faire cesser cette mêlée qui n'occasionnait qu'un massacre inutile. La confusion, l'obscurité, les cris empêchaient qu'on pût s'entendre.
Cependant le général Dupont, voulant en finir, ordonna au colonel du 32e d'arracher homme par homme les soldats du milieu des rangs ennemis, et de les réunir.
Dans ce moment éclate l'incendie du village de Loiben; les Russes y avaient mis le feu pour éclairer le combat. A la faveur de cet incendie, le colonel Darricau reforme son régiment; dans ses rangs se placent les hommes du 9e qui étaient restés dans la mêlée. Il fait faire un roulement et commencer le feu. Ce feu, exécuté à deux pas, est si violent et si meurtrier que les Russes n'ont pas le temps d'y riposter. Tout ce qui n'est pas tué ou pris se jette dans le Danube ou se sauve dans les montagnes à la faveur de l'obscurité. Aussitôt règne le plus grand silence. Le maréchal Mortier est dégagé. Il arrive par Dürnstein avec la division Gazan ...
Le 9e régiment a pris deux drapeaux. Ce régiment a eu 25 hommes tués et 75 blessés ...
» (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 128 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 311). Nul ne sait rédiger le récit d'un combat comme le général Dupont !

Les pertes du 9e Léger sont, d'après un état établi à Krems 2 jours après le combat, sous la signature de l’Adjudant commandant Duhamel, de 19 morts et 56 blessés (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 128).

Dokhtourow, descendu sur Wadstein dans l'obscurité, et se voyant pris à son tour entre deux feux, sur un terrain des plus défavorables et des plus dangereux, avait jugé qu'il allait être pris en croyant prendre. « Il se trouvait, dit Danilewski, dans la situation la plus critique, privé de son artillerie, dans l'obscurité la plus profonde, sans pouvoir prendre aucune disposition ni reconnaître les mouvements et la force de l'ennemi, n'ayant enfin pour retraite que des défilés impraticables. Il fut forcé de dégarnir la route, de se frayer un passage et de laisser passer Mortier » (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Chapelot, 1902, t. 4, p. 152 et suivantes).

"EXTRAIT DES MÉMOIRES INÉDITS DU GÉNÉRAL DUPONT
… Le 9e léger formait l'avant-garde. Il avait établi son bivac à peu de distance de l'entrée du défilé et ses feux s'allumaient, lorsque le colonel Meunier voit tout à coup l'ennemi descendre précipitamment de la cime des monts et se jeter dans le défilé pour l'envahir. Il fait aussitôt reprendre les armes à son régiment. L'espèce de surprise causée par ce mouvement inopiné frappe et excite plus vivement l'esprit de nos soldats ; sans s'étonner du nombre, ils s'élancent au-devant des Russes qui descendaient a rangs pressés de toutes les hauteurs environnantes, et abordent, en même temps, ceux qui ont pénétré dans le défilé. Les autres régiments de ma division accourent aussitôt sur le terrain du combat, et la division batave, placée en réserve, observe les gorges et tout l'espace par où l'ennemi peut étendre ses attaques et renouveler son stratagème.
Il est peu de combats dont le champ et les circonstances soient aussi frappants et dont l'intérêt soit aussi grand. Il s'agissait de sauver une division dont le courage était près d'être accablé par la supériorité du nombre et l'impossibilité de se mouvoir. Tous nos rangs s'exaltent dans cette situation si redoutable et veulent en triompher. Le feu le plus vif règne de la rive du lieux jusqu'au sommet des montagnes. Les charges à la baïonnette se multiplient en même temps dans les gorges et sur les flancs de ces montagnes ; tantôt nos bataillons gravissent les plus âpres escarpements pour dominer les bataillons ennemis qui se succèdent et fondre sur eux avec l'avantage de la hauteur ; tantôt ils se précipitent dans de profonds ravins où s'engagent des luttes corps à corps et plus ardentes. Une circonstance singulière doit être remarquée. La nuit régnait depuis longtemps et une vaste lueur éclairait de loin les combattants. Le village de Loiben, théâtre du combat entre l'ennemi et la division Gazan, brûlait tout entier et jetait des flammes si hautes qu'elles nous servaient de flambeaux. Le Danube en rayonnait et semblait rouler des ondes de feu. Ce spectacle éblouissant, mêlé aux feux et aux bruits du combat, présentait un tableau neuf et imposant.
Cinq heures de temps s'étaient déjà écoulées depuis le commencement de l'action, et elle se soutenait des deux côtés avec une égale ardeur. Le terrain était disputé avec la même intrépidité dans la sombre noirceur du défilé ; il nous fallait cependant le conquérir à tout prix. Le 9e léger contenait l'ennemi sur les hauteurs, et le 32e le pressait sur la rive du Danube et dans les gorges inférieures des monts. Nous remarquons alors que les Russes montrent moins d'opiniâtreté, que leur feu diminue insensiblement, et qu'ils semblent étonnés eux-mêmes de leur position. Ils cherchaient en effet les moyens d'opérer leur retraite ; la contenance de nos rangs leur ôtait tout espoir de les forcer. Resserrés d'un côté par le Danube, de l'autre par des montagnes à pic, il leur était difficile de se replier, et cet embarras se manifestait déjà pour nous. C'était le moment de donner à nos attaques une nouvelle impétuosité et nous le saisissons …
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 307).

La situation reste très confuse quand la nuit tombe : Mortier a pu repasser le fleuve et Gazan, avec la nuit, à rallier Spitz. Les Russes lâchent prise mais ils ont fait subir de très lourdes pertes aux Français et ont gagné du temps pour que leurs forces se réunissent.

Le général Dumonceau, dans ses mémoires, raconte sa rencontre avec le corps de Mortier après le combat : "Les divisions Gazan et Dupont nous rejoignirent avec le maréchal, en pleine retraite, précédées des prisonniers russes et de nombreux blessés, couverts de sang, mal pansés, se trainant avec peine et faisant pitié à voir. Ces divisions avaient fait de grandes pertes dont les généraux paraissaient être péniblement affectés".

"LETTRE DU GÉNÉRAL DUPONT A MADAME DUPONT
Spitz, le 21 brumaire an XIV.
... Il n'est plus question maintenant des Autrichiens, mais des Russes. J'ai eu hier une première affaire avec eux et c'est encore un succès bien précieux pour ma division. Je puis t'en parler sans t'alarmer aujourd'hui, puisqu'il n'y a plus qu'à s'en féliciter. Au plaisir de battre l'ennemi, se joint pour moi celui d'avoir été assez utile au maréchal Mortier et au général de division Gazan, qui se trouvaient coupés par une colonne que j'ai dispersée. C'est à huit heures du soir que cette division a été dégagée. Les Russes sont d'autres soldats que les Autrichiens : cependant quoiqu'ils fussent plus nombreux du double que nous, ils nous ont cédé l'avantage. Ma division leur a pris deux drapeaux et fait trois à quatre cents prisonniers. Le combat a été de la plus grande chaleur. C'est le 9e régiment qui a le plus agi. Le 32e a eu de beaux moments. Le colonel Barrois n'a pu arriver à temps. Le colonel Meunier se porte bien. Le maréchal Mortier dit hautement que je l'ai sauvé. C'est à Weissenkirchen que cette affaire s'est passée.
Je t'écris à minuit. Je n'ai pas dormi depuis deux jours...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 310).

Le lendemain, Napoléon, par un ordre du jour, témoigne sa satisfaction aux troupes du maréchal Mortier pour leur courage.

LA CAPTURE DE DRAPEAUX RUSSES PAR LE 9EME LEGER A DüRRENSTEIN EN 1805

Au cours du combat de Dürrenstein, la division Dupont arrivant pour sauver les troupes du général Gazan, le 9eme Léger s'empare de deux drapeaux ennemis comme le maréchal Mortier le signale au général Klein et à Bernadotte.
Il écrit aussi à Berthier : "j'ai l'honneur de vous envoyer les deux drapeaux pris sur les Russes dans l'affaire du 20 Brumaire. J'ai cru devoir les faire porter par les deux braves qui s'en sont emparés. Monsieur Leblanc (capitaine au 9ème Léger) a tué le porte-drapeau russe qui se défendit avec beaucoup de valeur. J'ai remis aussi sous la surveillance du capitaine Leblanc, pour vous être conduit, les deux colonels russes dont je joins ici les noms ...".
Dans son rapport définitif, Mortier précise : "Le capitaine Leblanc, du 9ème régiment d'infanterie légère, ajouta dans cette circonstance à sa gloire en enlevant un drapeau de vive force, après avoir tué celui qui le défendait. Un autre drapeau fut aussi emporté avec la même intrépidité par le nommé Drapier, tambour des carabiniers du même régiment ...".

Le 22e Bulletin de la Grande Armée, écrit à Saint-Poelten, le 13 novembre 1805 (22 brumaire an 14), raconte : "… Le 20, à la pointe du jour, le maréchal Mortier, à la tête de six bataillons, s'est porté sur Stein. Il croyait y trouver une arrière-garde, mais toute l'armée russe y était encore, ses bagages n'ayant pas filé. Alors s'est engagé le combat de Durrenstein, à jamais mémorable dans les annales militaires. Depuis six heures du matin jusqu'à quatre heures de l'aprèsmidi, ces 4,000 braves firent tête à l'armée russe et mirent en déroute tout ce qui leur fut opposé.
Maîtres du village de Loiben, ils croyaient la journée finie ; mais l'ennemi, irrité d'avoir perdu dix drapeaux, six pièces de canon, 900 hommes faits prisonniers et 2,000 hommes tués, avait dirigé deux colonnes par des gorges difficiles pour tourner les Français. Aussitôt que le maréchal Mortier s'aperçut de cette manoeuvre, il marcha droit aux troupes qui l'avaient tourné et se fit jour au travers des lignes de l'ennemi, dans l'instant même où le 9e régiment d'infanterie légère et le 32e d'infanterie de ligne, ayant chargé un autre corps russe, avaient mis ce corps en déroute, après lui avoir pris deux drapeaux et 400 hommes.
Cette journée a été une journée de massacre ; des monceaux de cadavres couvraient un champ de bataille étroit. Plus de 4,000 Russes ont été tués ou blessés ; 1,300 ont été faits prisonniers. Parmi ces derniers se trouvent deux colonels.
De notre côté, la perte a été considérable. Le 4e et le 9e d'infanterie légère ont le plus souffert. Les colonels du 100e et du 103e ont été légèrement blessés. Le colonel Watier, du 4e régiment de dragons, a été tué. Sa Majesté l'avait choisi pour l'un de ses écuyers : c'était un officier d'une grande valeur ; malgré les difficultés du terrain, il était parvenu à faire contre une colonne russe une charge très-brillante ; mais il fut atteint d'une balle et trouva la mort dans la mêlée …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 473 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9476; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 197 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 318).

Le 23e Bulletin, rédigé le lendemain (14 novembre 1805 - 23 brumaire an 14) au Château de Schoenbrunn relate à nouveau l'affaire : "Au combat de Dürrenstein, où 4,000 Français attaqueé, dans la journée du 20, par 25 à 30,000 Russes ont gardé leurs positions, tué à l'ennemi 3 à 4,000 hommes, enlevé des drapeaux et fait 1,300 prisonniers, les 4e et 9e régiments d'infanterie légère et les 100e et 32e régiments d'infanterie de ligne se sont couverts de gloire. Le général Gazan y a montré beaucoup de valeur et de conduite …" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 476 ; Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9483 ; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 201 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 319).

L'ordre du jour, daté du Quartier impérial de Vienne, le 14 novembre 1805 (23 brumaire an 14) déclare : "L'empereur témoigne sa satisfaction au 4e régiment d'infanterie légère, au 100e de ligne, au 9e d’infanterie légère, au 32e de ligne, pour l'intrépidité qu'ils ont montrée au combat de Diernstein, où leur fermeté à conserver la position qu'ils occupaient a forcé l'ennemi à quitter celle qu'il avait sur le Danube …" (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 3, p. 478 ; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 201; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 217 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 319).

En 1826, le Général Dupont fait paraitre, sous forme de lettre adressée à M. le Comte D ... , un petit opuscule dans lequel il rappelle la part prise par les troupes de sa Division aux opérations de la campagne de 1805. Il consacre les lignes suivantes au combat de Dürrenstein : "… Le colonel Meunier marche rapidement à l'ennemi avec son brave régiment, le 9e léger; l'intrépide 32e accourt pour le soutenir ; le 96e se porte dans les gorges des montagnes sur notre gauche, et la division batave est placée en réserve …" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 131).

Pendant que se déroulait ce dramatique engagement, Murat, sans se soucier d'avoir perdu le contact avec Koutousov, galopait tout droit vers Vienne. Le 13 novembre, l'avant-garde française pénètre dans Vienne sans avoir à combattre. Seuls les ponts du Danube sont gardés par l'armée autrichienne, mais Murat et Lannes imaginent la fable d'un armistice et s'en emparent par ruse.

Le même 13 novembre 1805, les Russes ayant replié leurs avant-postes et paraissant vouloir se retirer, le Corps du Maréchal Mortier repasse sur la rive gauche. La Division Dupont repasse à Spitz (Journal des opérations de la Division Dupont). Le 9e Régiment d'infanterie légère est poussé en avant de Stein (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 185).

Ce jour là, 22 Brumaire an 14 (13 novembre 1805), le Maréchal Mortier écrit, depuis Stein, au Major général : "J'ai l'honneur de vous prévenir que Stein et Krems sont évacués. Les Russes prennent la route de Moravie. Leurs arrière-postes sont aujourd'hui à peu de distance de Krems. Ils étaient encore ce soir sur les hauteurs de cette place.
Demain, à la pointe du jour, je les ferai suivre. Le 9e régiment d'infanterie légère bivouaquera cette nuit en avant de Stein. Je ferai tous mes efforts pour réunir promptement mon petit corps d'armée. J'ai été beaucoup contrarié ce matin par le défaut de bateliers.
Les Russes sont partis d'ici à midi. Ils prennent la route de Zobing où sera ce soir leur quartier général. Une colonne passe aussi par Sitzendorf
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 185).

Le 14 novembre, les clés de Vienne sont remises à Napoléon. Le 15, les armées françaises entrent dans la ville. Napoléon s'installe dans le palais de Schönbrunn.

L'avant-garde de Dupont (9e Léger), a dans la journée du 14 novembre 1805, une escamourche avec l'arrière-garde russe à Haindorf (Alombert P. C., Colin J. : « La campagne de 1805 en Allemagne », Paris, Teissèdre, 2002, t. 5, p. 33). "C'est un bataillon du 9e régiment d'infanterie légère, à l'avant-garde du corps d'armée du maréchal Mortier, qui a eu cet engagement. Nous n'avons malheureusement trouvé aucun renseignement sur cette affaire de détail" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 212). L'Empereur toutefois en réfère, depuis Schoenbrunn, le 24 Brumaire an 14 (15 novembre 1805), à Murat, auqel il écrit, à 10 heures du matin : "... Le maréchal Mortier a été, hier 23, aux prises avec l'arrière-garde ennemie à la hauteur de Haindorf. il paraît qu'il se retire avec sécurité et au petit pas ..." (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 212).

Le même 15 novembre (24 brumaire an 14), à 3 heures après midi, l'Empereur écrit depuit Schoenbrunn au Prince Murat : "Mon Cousin, vous trouverez ci-joint la note des renseignements qu'on me donne à Vienne sur la marche des colonnes russes, une de 5,000 hommes et une de 9,000 hommes ... Hier, 23, un bataillon de la 9e légère a joint l'arrière-garde de l'armée russe; il en est résulté quelques coups de fusil ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9493; Correspondance générale de Napoléon, t.5, lettre 11106; Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 213).

L'Empereur sait que le tsar a convaincu le roi de Prusse (Frédéric-Guillaume III) d'entrer en guerre. Les deux monarques jurent même solennellement de se battre jusqu'à l'anéantissement de Napoléon dans la crypte du tombeau du Grand Frédéric. L'Empereur doit donc absolument atteindre l'armée russe du maréchal Koutousov avant le 15 décembre, date à laquelle les armées prussiennes doivent arriver sur les champs de bataille.

Pendant qu'il continuait à marcher contre l'armée russe, Napoléon confia la garde de Vienne aux divisions Dupont et Gazan afin qu'elles puissent s'y refaire de leurs blessures. Elles ne virent donc pas à la fin de l'année la victoire d'Austerlitz.

Le 30 Brumaire an 14 (21 novembre 1805), le Colonel Meunier, commandant le 9e léger, écrit, depuis Vienne, au Général Dupont : "J'ai l'honneur de vous représenter que moi et mon corps d'officiers sommes logés à une demi-lieue de la troupe, et des plus mal; autant il est impolitique de nous en éloigner, autant il serait malheureux, en cas d'alerte, de ne pouvoir la rejoindre.
J'ose donc vous prier, mon Général, d'ordonner à qui de droit de faire refaire le logement pour nous rapprocher de notre troupe et soulager mon corps d'officiers.
P.-S: - Je vous prierai aussi de me donner à connaître quels moyens je pourrai prendre pour faire donner les vivres à ma troupe, s'ils doivent arriver à la caserne ou non
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 253).

Après avoir assigné aux Divisions Dupont et Gazan la garnison de Vienne pour s'y reposer, le premier soin de l'Empereur est de faire donner des ordres, afin que des renforts soient mis en route pour reconstituer les effectifs de ces deux Divisions et en réorganiser les Corps. Le 1er Frimaire an 14 (22 novembre 1805), le Major général écrit, depuis Brünn, à Gérard : "... Ordre au dépôt du 32e régiment d'infanterie de ligne, à celui du 96e, à celui du 9e régiment d'infanterie légère de faire partir sur-le-champ 200 hommes du dépôt, indépendamment des hommes qui ont été déjà demandés. Ces 200 hommes, que chacun de ces trois corps doit envoyer, partiront, soit que les conscrits soient habillés, soit qu'ils ne le soient pas, les 600 hommes seront réunis à Strasbourg et partiront de là pour se rendre à Braunau, me prévenir du jour de leur arrivée.
M. Gérard prendra connaissance par la copie ci-jointe de l'ordre que j'ai adressé à M. Denniée
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 240).

"Chemin que tiendra un détachement composé :
1° De 200 hommes du 9e régiment d'infanterie légère;
2° De 200 hommes du 32e régiment d'infanterie de ligne;
3° De 200 hommes du 96e régiment d'infanterie de ligne;
formant ensemble 600 hommes pour se rendre à Braunau.
Partira de Landau le 15 frimaire an 14 (6 décembre 1805) avec du pain pour 2 jours et ira loger à :
15 frimaire, Wissembourg;
16 Haguenau;
17 Strasbourg;
18 Bischofsheim ;
19-20 Rastadt (séjour) ;
21 Ettlingen;
22 Pforzheim;
23 Enzweihingen ;
23 Kannstadt ;
24 Plöchingen ;
25 frimaire, Geislingen ;
26-27 Ulm (séjour) ;
28 Gunzburg ;
29 Zusmarshausen ;
30 frimaire-1er nivôse, Augsburg (séjour);
2 Schwabhausen ;
3 Freisingen ;
4 Landshut;
5 Vilsbiburg ;
6 Eggenfelden ;
7 Braunau
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 240).

La "Situation des troupes composant 1er corps d'armée aux ordres de M. le maréchal Mortier", à l'époque du 1er Frimaire an 14 (22 novembre 1805), c'est-à-dire deux jours après l'entrée de ce Corps à Vienne donne les chiffres suivants :
Division du Général Dupont - Situation des troupes.
9e Légère. Meunier. A Vienne. 43 Officiers, et 1164 hommes présents ; 5 Officiers et 82 hommes détachés Place de Lauterburg, aux pontonniers ; 5 Officiers et 334 hommes aux hôpitaux ; 3 Officiers et 253 hommes prisonniers de guerre ; 2 hommes en congé. Total 1901 hommes. Les 2 hommes en congé sont en jugement à Reims et ne touchent point de solde (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 233).

Le 3 Frimaire an 14 (24 novembre 1805), le Maréchal Mortier écrit, depuis son Quartier général de Vienne, au Major général : "Monsieur le Maréchal,
… Ainsi que j'ai eu l'honneur de vous en prévenir par ma lettre du 27 brumaire, les divisions des généraux Dupont et Gazan sont arrivées le lendemain à Vienne, et, depuis ce moment, elles sont occupées à la garde des ponts, des établissements publics et font le service de la place qui exige journellement un nombre de 1,350 à 1,400 hommes. Voici les noms des casernes qu'occupent les dtfférents corps de ces divisions :
... Le 4e régiment d'infanterie légère à Leinsgrube ...
J'ai voulu voir par moi-même ces divers établissements. J'ai trouvé la fourniture dans un état pitoyable : la paille y était tachée et remplie de vermine, il n'y a que très peu de draps et de couvertes. Je me suis empressé de faire à ce sujet des représentations à M. l'intendant général de l'armée, qui s'occupe de faire fournir à la troupe tout ce dont elle a besoin, mais il ne lui a pas encore été possible de pourvoir à tout ce qui est nécessaire ...
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 252).

Le Maréchal Berthier rend compte à l'Empereur, depuis le Quartier général de l'Empereur à Brünn, le 4 Frimaire an 14 (25 novembre 1805), des mesures qu'il a prescrites : "... Je donne aussi l'ordre aux dépôts du 9e régiment d'infanterie légère et des 32e et 96e régiments de ligne qui se trouvent à Landau de faire partir le 15 frimaire, chacun 200 hommes, pour se rendre à Braunau, où ces 600 hommes arriveront le 4 nivôse. J'ai fait connaître à M. le maréchal Lefebvre que ces 600 hommes doivent se mettre en marche, soit que les conscrits soient habillés, soit qu'ils ne le soient pas, attendu que rien ne doit retarder leur départ" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 242).

Ainsi les 3es Bataillons des Régiments de la Division Dupont (9e Léger, 32e, 96e), qui jouent le rôle de Dépôts, doivent envoyer chacun 200 hommes à Braunau, d'où ils rejoindront leurs Corps (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 244).

Le 9 Frimaire an 14 (30 novembre 1805), le Général Dupont écrit, depuis Vienne, au Général Rouyer : "D'après l'ordre de M. le maréchal Mortier, le 1er bataillon du 9e régiment d'infanterie légère partira sur-le-champ, mon cher Général, pour aller cantonner au village de Jedlersdorf. Ce bataillon est destiné à soutenir les gardes en cas de besoin; il poussera tous les jours des reconnaissances sur la Russbach par Enzersdorf sur la droite et Adlerklaa, village situé sur la Russbach. Les officiers chargés de faire ces reconnaissances prendront tous les renseignements sur les mouvements que l'ennemi pourrait faire sur la Russbach et leurs rapports me seront transmis sur-le-champ (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 279).

Au 15 Frimaire (6 décembre 1805), époque à laquelle ces détachements doivent être mis en route, les effectifs des 3es Bataillons et Dépôts sont les suivants :
Division Dupont :
3e Bataillon du 9e Régiment d'infanterie légère. 9 Officiers et 515 hommes ; 20 Officiers et 345 détachés (ce Bataillon a envoyé des Officiers et 300 hommes à l’Armée du Nord, Division de Juliers) ; 28 hommes aux hôpitaux ; total 917 hommes (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 242).

Le 17 Frimaire an 14 (8 décembre 1805), le Général Dutaillis écrit, depuis le Quartier général de l'Etat-major général du 6e Corps, à Salzburg, au Général de Division Dupont : "Un mot, mon cher Général, pour nous rappeler à votre souvenir et vous dire que nous arrivons ici.
Nous avons des détachements de vos 3 régiments, sitôt qu'ils seront ici nous les dirigerons sur Vienne.
Ceux des 32e et 96e sont arrivés, mais celui du 9e n'arrivera qu’après-demain et nous voulons vous envoyer le tout. Prévenez-en Meunier et Barrois, qui m'ont écrit, et faites-leur mille amitiés de ma part.
On nous parle d'une grande bataille devant Olmütz. Nous enrageons de n'y avoir pas été. Nous attendons avec impatience le moment où nous serons remis en ligne avec la Grande Armée.
Si l'empereur de Russie est aussi entêté qu'on nous le dit, il faut que nous le suivions en Pologne.
Je vous fais mon compliment de la belle affaire de votre division, lorsqu’elle a débloqué la division Gazan. Avec de pareilles troupes, on est invincible et si nous avions été assez heureux pour être réunis, le 6e corps aurait fait parler de lui bien autrement.
Je n'ai que le temps de vous embrasser vous, Rouyer et Marchand et vous savez que c'est de tout mon cœur.
Nous nous portons tous à merveille.
Donnez-moi de vos nouvelles. Mille amitiés à Hulin. On me dit qu'il commande à Vienne
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 270).

Le 20 Frimaire an 14 (11 décembre 1805), le Général Andréossy écrit, depuis Brünn, au Général Lauriston, Gouverneur de Braunau : "Je vous adresse, M. le Gouverneur, 2 ordres de routes, l'un pour 500 hommes de la division Dupont et l'autre pour 3 compagnies d'infanterie batave, qui avaient été laissées à Passau, qui, d'après les dispositions de S. E. le Ministre de la guerre, Major général, doivent rejoindre leurs corps respectifs.
ORDRE.
En conséquence des dispositions de S. E. le Ministre de la guerre, Major général, il est ordonné aux cinq cents hommes de la division Dupont qui avaient été laissés à Passau, d'en partir de suite avec armes et bagages pour rejoindre leurs corps respectifs à Vienne.
Ils iront coucher :
Le 1er jour à Schaerding;
2e Baierbach ;
3e Efferding ;
4e Linz;
5e Enns;
6e Amstetten ;
7e Moelk;
8e Saint-Poelten;
9e Sieghardskirchen;
10e Vienne
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 268).

Le 22 Frimaire an 14 (13 décembre 1800), le Chef de Bataillon Barère, Commandant de la ville et de la citadelle de Passau, qui se languit de rejoindre le 9e Léger et prendre part aux opérations, ce qui pourrait lui permettre de monter en grade, écrit, depuis Passau, au Général Dpont : "… Je ne sais, mon Général, si j'aurai été assez heureux pour que deux lettres, que je m'étais procuré l'honneur de vous écrire, vous soient parvenues; l'une et l'autre vous peignaient les regrets que j'éprouvais de ce que je n'étais plus admis à la gloire de partager vos périls et vos dangers. Occupé à me faire fermer par des palissades et à me faire couvrir par des fosses qui environnent la citadelle de Passau, j'espérais inutilement revoir un ennemi que vous battiez complètement dans l'affaire du 20 et que S. M. l'Empereur a entièrement anéanti à la bataille d'Austerlitz. Ainsi donc, pour le bien de l'humanité, se sont évanouis les seuls moyens que je pouvais me procurer pour m'arracher d'un grade dans lequel je croupis depuis plus de treize années; heureux encore si ma résistance, pour ne pas rester à Passau, ne vous a pas laissé quelque impression désagréable sur ma subordination ou mes qualites militaires …" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 267).

Le «Tableau de la répartition des 12,000 conscrits provenant des 5 dernières années » soumis par le Major général à l'Empereur le 3 nivôse an 14 (24 décembre 1805) propose d'affecter aux Corps des Divisions Dupont et Gazan un certain nombre de ces conscrits. Le Major général écrit, depuis le Quartier de l'Empereur à Schoenbrunn, le 3 Nivôse an 14 (24 décembre 1805) : "J'ai l'honneur de proposer à l'Empereur de répartir, suivant le tableau que je soumets à S. M., les 12,000 conscrits provenant des réserves des 5 dernières années, non appelés par le décret impérial du 2e jour complémentaire dernier.
Cette répartition est établie en faveur des régiments les plus faibles, de ceux enfin qui ont le plus souffert et qui ont le plus besoin de renforts pour être au niveau de l'effectif des autres corps. Je propose à S. M. de faire diriger provisoirement tous ces conscrits sur Strasbourg, à l'exception de 1,300 qui seraient dirigés sur Alexandrie, pour être distribués de là dans les dépôts des corps suivant le nombre déterminé pour chacun des régiments désignés dans le tableau.
Je demande les ordres de S. M.
". L’Extrait du tableau de répartition indique : 9e légère. 2 Bataillons, 515 hommes au Bataillon de Dépôt le 15 Frimaire (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 249).

Le 5 Nivôse an 14 (26 décembre 1805), le Général Dupont écrit, depuis Vienne, au Commandant Barère, du 9e Léger, à Passau : "Je vous ai écrit le 20 frimaire, mon cher Commandant, pour vous donner l'ordre de partir avec les 6 compagnies que vous commandez pour vous rendre à Vienne; n'ayant point reçu l'accusé de réception de ma lettre, je vous renouvelle l'ordre de partir sur-le-champ avec votre détachement et tout ce qui peut appartenir à la division, tels que les ouvriers cordonniers et tailleurs et tous les objets d'habillement qui appartiennent aux corps de la division.
Pour accélérer votre marche, vous vous embarquerez, s'il est possible, sur le Danube; dans le cas contraire, vous suivrez la route qui vous sera indiquée par le commissaire des guerres de Passau.
Aussitôt leur arrivée à Vienne, les compagnies bataves rejoindront leur division à Neustadt
" (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 267).

Bien que le Chef de Bataillon Barère n'ait partagé ni les périls, ni la gloire de ses camarades, le Général Dupont ne l'oublie pas et il est porté le premier pour Officier de la Légion d'honneur sur un état de proposition que ce Général adresse le 9 Nivôse an 14 (30 décembre 1805) au Major général (Alombert P. C. : « Le Corps d’Armée aux ordres du Maréchal Mortier, combat de Dürrenstein », Paris, Berger-Levrault, 1897, p. 268).

V/ LA CAMPAGNE DE 1806

9e Légère 1806-1807

Fig. 3 La 9e Légère en 1806-1807, d'après Kolbe

Dans les derniers jours de décembre, le régiment revint sur Munich où il resta quelque temps, assista aux fêtes brillantes qui eurent lieu dans cette capitale à l'occasion de l'intronisation du nouveau roi de Bavière, le 1er janvier 1806, et du mariage du Prince Eugène, le 12 du même mois avec une princesse bavaroise.

La Prusse, depuis Austerlitz, a modéré son agressivité et signé un accord avec la France qui lui accorde le Hanovre, ancienne possession britannique. La Russie, elle, est toujours en guerre. Les forces françaises sont restées stationnées en Allemagne.

Au début de l'année 1806, l'encadrement du 9eme Léger est le suivant : le colonel : Meusnier; le major : Deslom; le quartier maître trésorier : Sayve; les chefs de bataillon : Barère (1er) et Regau (2ème bat), tandis que le 3ème bataillon se trouve à Landau, au 2ème Corps de Réserve, sous les ordres du chef de bataillon Broyer.

Le 21 janvier 1806, le Général Dupont écrit à son épouse : "Je suis dans les détails du départ ... Je t'écrirai à Augsbourg après-demain ... Le colonel Meunier est commandant de la Légion d'honneur, ainsi que tous mes autres colonels ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 326).

Le 24 janvier 1806, Napoléon écrit depuis Strasbourg au Maréchal Lefebvre : "Mon Cousin, la division Dupont, composée du 9e d'infanterie légère, des 32e et 96e de ligne, va se rendre à Darmstadt. Mon intention est que, du moment qu'elle sera arrivée, elle y reçoive, des 3es bataillons des régiments qui la composent, le nombre de conscrits nécessaire pour la porter au grand complet de guerre, c'est-à-dire à 2,000 hommes par régiment; je suppose qu'il manque au complet de chacun 400 hommes. Donnez donc des ordres en conséquence. écrivez à ce général pour qu'il vous envoie son état de situation, et faites que les conscrits que vous lui enverrez arrivent à Darmstadt en même temps que lui. Cependant tenez secrète le plus possible la marche du général Dupont sur Darmstadt ..." (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9705 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11331; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 326).

Le même jour, l'Empereur écrit depuis Strasbourg, au Général Dupont, à Augsbourg : "Partez aussitôt que possible avec votre division, et rendez-vous dans le pays de Darmstadt où vous cantonnerez. Marchez en marche de guerre, avec votre artillerie et tout ce qui vous est nécessaire pour faire campagne. Arrivé à Darmstadt, vous tirerez, du dépôt du 1er de hussards et des 3es bataillons des régiments qui composent votre division, de quoi vous mettre au grand complet de guerre, de sorte que votre division soit de 6,000 hommes. Vous ne ferez point partie du corps du maréchal Augereau, mais vous serez sous ses ordres, excepté pour les mouvements militaires, et vous attendrez là un ordre ultérieur. Ne fatiguez point vos troupes par des marches forcées, mais ne vous arrêtez point que vous ne soyez arrivé, et prenez le chemin le plus court" (Correspondance de Napoléon, t.11, lettres 9706 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11326).

Entre mars et mai, la division Dupont (dont les 1er et 2e bataillons du 9ème Léger) a retrouvé le 6ème Corps du maréchal Ney et se trouve à Francfort puis Wesel.

Les trois Régiments de la Division sont disséminés dans les États du Grand-Duc de Berg ; le 9e Léger occupe le Duché de Clèves, le 32e est à Liège, et le 96e reste à Düsseldorf (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 332).

Le 21 mai 1806, Murat écrit au Ministre de la Guerre : "Mon cousin, le colonel du 9e régiment d'infanterie légère vous a demandé le grade de colonel sous-inspecteur aux revues en faveur du chef d'escadron Barère. Je me fais un plaisir de joindre mon suffrage aux témoignages honorables que rendent de ce brave officier les généraux. sous lesquels il a servi. Sa bravoure, ses talents militaires et son excellente conduite le rendent digne de votre bienveillance particulière; la confiance de Votre Altesse et les bienfaits de Sa Majesté ne peuvent se porter sur un officier qui les mérite davantage. Je suis avec les sentiments de la plus haute considération, votre affectionné cousin" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 212, lettre 2329).

Le 22 juin 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, je vous envoie un travail sur l'emplacement que doit occuper la Grande Armée au moment de sa rentrée en France. Vous me proposerez une meilleure répartition, à peu près dans les mêmes divisions, si vous y entrevoyez quelque économie pour le service, soit pour les lits, soit pour le fourrage, soit pour le casernement.
... 6e corps du maréchal Ney
6e et 5e divisions militaires
... Landau 9e légère ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 11352).

Le même jour, l'Empereur adresse, toujours depuis Saint-Cloud, une deuxième lettre à Berthier, dans laquelle il écrit : "Mon intention étant de compléter les compagnies des bataillons de la Grande Armée à 140 hommes par compagnie, officiers compris, je vous ai ordonné par une lettre de ce jour de dissoudre le corps de réserve de Lefebvre en faisant rejoindre chaque détachement de son corps d'armée.
Mon intention est également que vous donniez l'ordre aux différents dépôts d'envoyer à leur corps le nombre d'hommes porté dans l'état ci-joint. Tous ces détachements qui partiront du camp de Boulogne seront passés en revue par le maréchal Brune qui s'assurera s'ils sont munis de tout le nécessaire. Ils seront commandés par un adjudant commandant nommé par le maréchal ...
ANNEXE
état des hommes que les dépôts des régiments désignés ci-après feront partir pour rejoindre les bataillons de guerre à la Grande Armée
Le dépôt ... du 9e [d'infanterie légère fera partir un détachement de] 100 [hommes] …
" (Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12462).

Le 11 juillet 1806, l'Empereur écrit depuis Saint-Cloud, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon Cousin … La division du général Broussier est composée de 9,000 hommes qui se composent de détachements des 6e, 9e, 15e et 25e d'infanterie légère (la CGN parle elle des 9e, 15e et 25e de Ligne), 76e, 21e, 27e, 30e, 33e, 39e, 51e, 59e, 61e, 69e, 12e, 85e et 111e de ligne : ordonnez que cette division soit dissoute et que ces détachements se dirigent à l'heure même, du lieu où ils se trouvent, par la route la plus courte, pour se rendre à leurs bataillons de guerre de l'armée. Le 9e d'infanterie légère se dirigera sur Wesel, et le 15e d'infanterie légère sur Paris ..." (Correspondance de Napoléon, t.12, lettres 10478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12461).

Le 23 juillet 1806, Napoléon écrit depuis Saint-Cloud, au Général Dejean, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : "Monsieur Dejean, donnez ordre que le général Dupont réunisse à Cologne le 9e régiment d'infanterie légère, les 32e et 96e, ainsi que le 1er d'hussards et son artillerie. Il pourra s'étendre pour sa commodité depuis Cologne jusqu'à Coblence. Il passera la revue de sa division, se remettra en état de marche et attendra de nouveaux ordres. Ses troupes recevront les vivres de campagne et seront traitées sur le pied de guerre ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 550 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 12563).

Le 26 juillet 1806, Murat écrit, depuis Benrath, au Général Rouyer, commandant la garnison de Wesel : "… J'ai appris avec bien de la peine que quelques soldats du 9e régiment s'étaient mal conduits ; ce brave régiment pourrait-il consentir à voir sa réputation de bravoure si justement méritée, ternie en quelque façon aux yeux d'un peuple ami et qui l'a accueilli avec une bienveillance particulière. Faites connaître à ce corps que cette conduite de la part de quelques mauvais sujets m'a vivement affecté, et que j'espère que ce sera la dernière plainte que je recevrai. Il m'a été en outre rapporté de nouveau que le soldat qui logeait chez le bourgeois exigeait de lui plus que le logement. Toutes les fournitures étant faites par le Gouvernement français, le soldat n'a le droit de rien exiger que le logement ; vous tiendrez la main à l'exécution des lois et règlements militaires à cet égard ..." (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 275, lettre 2417).

Le 29 juillet 1806, Murat écrit, depuis Benrath au Général Piston, à Wesel : "Monsieur le général, je donne l'ordre au général Dupont de faire partir de Wesel pour Burich le 9e régiment d'infanterie légère, ainsi que toute l'artillerie qui est attachée à sa division. Les troupes quitteront Wesel le 1er août et seront remplacées par le 22e de ligne et le 3e bataillon du 21e régiment, destinés à faire la garnison de cette place. Ainsi vous rappellerez de ses cantonnements, s'il était déjà parti pour les occuper, le 22e de ligne et le 3e bataillon du 21e. Dans aucun cas le 9e ne pourra quitter Wesel qu'après l'arrivée de ces troupes. Ils devront être commandés par le colonel de ce corps. Vous lui donnerez l'ordre d'exécuter ce mouvement et vous en préviendrez le commissaire ordonnateur afin qu'il prenne ses mesures pour la subsistance de cette troupe pendant sa route.
Comme le 9e passe de suite sur la rive gauche, tous les transports dont ce corps aura besoin devront être fournis par les pays de la rive gauche, ainsi que pour l'artillerie de la division. Faites-moi connaitre les mesures que vous aurez prises pour l'exécution de cet ordre. Je vous préviens que je me rendrai dans quelques jours à Wesel
" (Le Brethon Paul : « Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Murat, 1761-1815 », Plon, 1908-1914, t. 4, p. 281, lettre 2426).

Le 4 août 1806, le Roi de Naples décrète : "... Sont nommés dans le régiment des grenadiers de notre garde.
... Quartier-Maître, monsieur Celliez, lieutenant au 9ème régiment d'infanterie d'infanterie légère ...
" (P. Quentin : "Français au service de Naples", t.1. - SHD cote XP1d).

En septembre, le chef de bataillon Rameaux vient commander le 1er bataillon.

A l'époque du 22 septembre 1806, la Division Dupont a ses deux Brigades commandées par les Généraux Rouyer et Legendre. La situation de ses Régiments présente les effectifs suivants :
9e Léger (Colonel Meunier), 3 Bataillons, 44 Officiers, 2210 hommes présents.
32e de Ligne (Colonel Darricau), 2 Bataillons, 57 Officiers, 2141 hommes présents.
96e de Ligne (Colonel Barrois), 2 Bataillons, 57 Officiers, 2184 hommes présents.
Total : 7 Bataillons, 178 Officiers, 6535 hommes (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 333).

Au moment où le Général Dupont reçoit l’ordre de quitter Cologne pour se rendre à Würzburg, sa Division occupe les emplacements ci-après : 1er de Hussards, à Coblentz ; 9e d'Infanterie légère, à Bonn; 32e et 96e de Ligne, et Artillerie, à Cologne. Ces corps se mettent en marche le 23 septembre et font la route jusqu'à Würzburg en dix jours, ainsi qu'il suit :
23 septembre 1806. — Départ du 1er Régiment de Hussards, de Coblenz pour Boppard ; du 9e d'Infanterie légère, de Bonn à Andernach ; des 32e et 96e et de l'Artillerie, de Cologne à Bonn.
24 septembre 1806. — Départ du 1er de Hussards, de Boppard à Bacharach ; du 9e d'Infanterie légère, d'Andernach à Coblenz ; du 96e pour Sinzig ; du 32e et de l’Artillerie pour Andernach.
25 septembre 1806. Le 1er Régiment de Hussards se rend de Bacharach à Bingen ; le 9e d'Infanterie légère à Bacharach ; le 96e de Ligne à Coblenz ; le 32e de Ligne, à Kapellen, Rhens, Spay, Ober et Nieder-Spay ; l'Artillerie à Boppard.
26 septembre 1806. Le 1er Régiment de Hussards arrive à Mayence ; le 9e d'Infanterie légère à Bingen et en avant ; le 32e à Bacharach et en avant ; le 96e à Saint-Goar ; l'Artillerie à Bacharach.
27 septembre 1806. Le 1er Régiment de Hussards séjourne à Mayence ; le 9e et le 32e y arrivent avec l'Artillerie ; le 96e reste en arrière dans les villages de Nieder-Ingelheim, Ober-Ingelheim, Wackernheim, etc.
28 septembre 1806. Le 1er Régiment de Hussards se rend à Offenbach ; le 9e, le 32e et l'Artillerie à Francfort ; le 96e à Höchst et villages voisins.
29 septembre 1806. Le 1er de Hussards, le 9e, le 32e et l'Artillerie à Aschaffenburg ; le 96e à Seligenstadt.
30 septembre 1806. Le 1er Régiment de Hussards à Trennfurt et villages voisins ; le 9e à Esselbach et villages voisins ; le 32e à Bischbrunn et Steinmarck ; le 96e à Bessenbach et villages voisins ; l'Artillerie bivouaque à Rohrbrunn.
1er octobre 1806. Le 1er Régiment de Hussards à Hettstadt, etc. ; le 9e à Uttingen et villages voisins ; le 32e à Reimlingen et autres villages ; le 96e à Esselbach et villages voisins ; l'Artillerie à Lengfurt à 2 lieues en arrière.
2 octobre 1806. L'état-major général à Würzburg ; le 1er Régiment de Hussards à Thüngersheim ; le 9e et l'Artillerie à Veitshöchheim ; le 32 e à Versbach ; le 96e, un Bataillon à la citadelle de Würzburg et l'autre à Unter-Dürrbach.
3 octobre 1806. Le 1er Régiment de Hussards est détaché de la Division. Séjour à Würzburg (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 334 - Note : Ces renseignements sur les mouvements de la Division Dupont sont tirés en partie du Journal des Marches et Cantonnements de cette Division pendant les campagnes de 1806 et 1807, se trouvant dans les papiers du Général Dupont, mis à disposition M. le Comte Dupont, son petit-fils, et qui n'existe pas aux Archives de la guerre).

L'Ordre de la Division, du 2 octobre, assigne les cantonnements pour le lendemain, savoir : "La division sera cantonnée demain ainsi qu'il suit :
... Le 9e d'infanterie légère : le 1er bataillon à Retzbach, le second à Thüngersheim ...
MM. les colonels enverront demain l'état des objets d'armement qu'ils ont reçus des magasins de Mayence, ainsi que des objets d'ambulance.
Le général de division,
Signé : Dupont.
MM. les colonels rendront compte de leur position dans leurs cantonnements et des ressources qui s'y trouvent
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 338).

La Division part pour Deltelbach, petit bourg de 350 feux. Elle marcha le 5 sur Burgelbrach ; sa marche est retardée au village de Schwarzenau, sur le Main, n'ayant pu traverser cette rivière qu'à l'aide d'un grand bac susceptible de recevoir deux voilures. Le 9e Léger cantonne à Burgelbrach, le 32e à Gehag, et le 96e à Burgenheim. Le 1er Régiment de Hussards est resté à Würzburg, par ordre du Major général, pour servir auprès de l'Empereur jusqu'à l'arrivée de sa Garde à cheval. De Würzburg, le 5 octobre, l'Empereur informe le Maréchal Bernadotte qu'il attache la Division Dupont à son Corps d'armée; la Division Dupont devient ainsi 1re Division du 1er Corps d'armée (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 339).

La Division Dupont se rend, le 6 octobre, à Bamberg. Le 9e Régiment cantonne dans le faubourg, le 32e dans les villages en arrière sur la droite, et le 96e sur la gauche (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 340).

Pendant ce temps, en sous-main, la Prusse mobilise, et avec ses alliés Saxons, elle se lance dans une offensive inconsidérée, attendant l'aide des Russes.

Conformément à ses ordres, la Division Dupont se met en marche le 12, à deux heures du matin, et elle atteint Géra à dix heures. L'Ordre de marche du 12 porte que les Divisions du 1er Corps d'armée reprennent leur ordre de bataille, et qu'ainsi la Division Dupont prendra la tête ; le 9e d'Infanterie légère suivra immédiatement les Chasseurs et précédera les Dragons ; le reste de la Division suivra la colonne (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 347).

L'Empereur a prévenu les Prussiens. En deux batailles simultanées, à Iena et Auerstedt, le 14 octobre, l'armée prussienne principale est écrasée et poursuivie, l'épée dans les reins. Le pays a encore 60.000 hommes de disponible et des places fortes à défendre. Le teigneux général Blücher a pu s'échapper. Les maréchaux vont faire la chasse aux débris de l'armée prussienne.

La division Dupont avait été mise à disposition de Bernadotte et son 1er Corps, et fut dirigé sur Iéna ; mais, pendant la grande journée du 14 octobre, elle resta en observation à Douburg et pris peu de part à la victoire.

Bernadotte se dirige vers Halle, sur la Saale où s'est retranché le prince de Wurtemberg, où il arrive le 16 au soir.

Le 17, le 9ème Léger, soutenu par le 32ème, marche droit au pont de Passendorf, dont il enlève l'entrée.

"Je cours, écrit le Général Dupont, et je fais courir pour la retrouver et la ramener. J'apprends alors que le maréchal ayant eu connaissance de quelques partis ennemis, avait dispersé mes bataillons en les dirigeant contre eux; ils ne méritaient aucune attention, et j'envoie l'ordre à tous mes chefs de corps de se reporter immédiatement devant la place. Ils s'y rendent avec empressement ; ma division se réunit, moins un bataillon du 9e léger que je n'ai pu rallier de la journée à son drapeau, mais ce contre-temps m'a fait perdre deux à trois heures dont l'ennemi a profilé pour ajouter à ses dispositions ; il place en avant du pont un corps considérable et une batterie destinée à le couvrir. La ville se trouve ainsi protégée par trois lignes de feux qui en défendent les approches" (Mémoires inédits du général Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 391).

Le Général Dupont prend alors ses dispositions d'attaque. Il plaça le 9e Léger en colonne par section sur la route, et dispose de même le 32e, sur sa droite; les Colonels Meunier et Darricau sont à la tête de leurs braves Régiments ; le 96e est placé en réserve avec le 4e de Hussards, derrière le village de Passendorf. Ces préparatifs se font rapidement et dans le plus grand ordre ; l'artillerie ennemie tire à mitraille et l'on ne peut répondre que faiblement, les deux tiers des pièces du 1er Corps étant encore en arrière par suite des difficultés qu'a présentées le passage du défilé de Dornburg ; le Général Eblé fait établir en avant de Passendorf, à droite et à gauche, les 12 pièces dont on dispose.
Sûr de ses troupes, et donnant l'exemple, comme toujours, le Général Dupont se place en tête de ses soldats, l'épée à la main. Sur son ordre, transmis par le Capitaine Barbarin, les Bataillons s'élancent à la charge, dans un furieux élan, sans tirer un coup de fusil; ils abordent, sous une grêle de balles et de mitraille, avec une impétuosité irrésistible, les défenseurs du premier pont, les massacrent, brisent la barrière, et continuant leur course sur la digue, culbutent les Prussiens épouvantés, les poussent la baïonnette dans les reins, s'emparent des canons, traversent les ponts sans s'arrêter et entrent dans la ville pêle-mêle avec les fuyards. L'action a été si rapide, que les pertes sont peu importantes ; sur la digue, tout a été tué ou pris, malgré les efforts désespérés du général Hinrichs. Dans l'intérieur de Halle, le combat est furieux; on poursuit l'ennemi de rue en rue, de place en place, sans répit, et bientôt il est rejeté hors de la ville, dont on barricade les portes, en attendant les renforts qui permettront de déboucher.
A ce moment arrive, au pas de course, le 96e Régiment, avec son vaillant Colonel Barrois et le Général Legendre, qui s'était tant illustré à Marengo et à Pozzolo, à la tête de la 40e demi-brigade. Le Général Dupont se dispose à sortir de la ville, pour attaquer l'armée qui occupe les collines voisines. Mais le Duc de Wurtemberg a fait établir des batteries qui battent les portes de Halle par ou doivent sortir les Français; tout ce qui tente de dépasser l'enceinte est écrasé sous la mitraille et la mousqueterie, et forcé de rentrer dans la place. Le Général Dupont fait alors pratiquer dans la muraille, à droite et à gauche des portes, des issues qui permettront des attaques de flanc et détourneront l'attention de l'ennemi ; puis, à son signal, tous les Bataillons de la Division font soudainement irruption en dehors de l'enceinte et se précipitent à l'assaut des hauteurs, sous un feu épouvantable partant des maisons du faubourg, des jardins et des positions mêmes de l'ennemi. Le Colonel Darricau a deux chevaux tués sous lui; le Général Rouyer a son cheval frappé à mort, et le Général Legendre reçoit quatre coups de feu dans ses habits. Le Colonel Meunier et le Colonel Barrois se couvrent de gloire ; les troupes montrent un élan extraordinaire auquel rien ne peut résister. Il est alors trois heures et la bataille est complètement gagnée.
Le 1er Bataillon du 9e Léger, resté sur la rive gauche de la Saale pour s'opposer à un mouvement de la cavalerie prussienne, le 2e et le 4e de Hussards, puis les Régiments de la Division Rivaud arrivent successivement pour prendre part à la lutte et confirmer le succès du Général Dupont. Culbuté sur tous les points, débusqué de Diemitz, de Peissen et de Rabatz, où il est sabré par nos Hussards, le Prince de Wurtemberg se met en retraite vers l'Elbe, dans la direction de Dessau, laissant entre nos mains 5000 prisonniers, une trentaine de bouches à feu, et 4 drapeaux. On le poursuivit jusqu'au delà de Landsberg, à plus de quatre lieues de Halle (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 389).

La vive fusillade ennemie ainsi que les canons dont il disposait ont fait de grands ravages dans les rangs du 9e, qui dans Halle a fait quelques prisonniers; débouchant par la porte de Leipsick, pour arriver sur les hauteurs où l'ennemi s'était établi, il a emporté cette position après une vive résistance de la part des Prussiens, mais, ne recevant pas de secours, il n'a pu s'y maintenir, et a été forcé de rétrograder jusqu'à la porte de la ville; le secours de la 2e Division a permis de reprendre les hauteurs. Le Colonel Meusnier se distingue, dans cette brillante action et y est blessé, de même que le capitaine Balson et le lieutenant Berbain.

Le 18 octobre 1806, le Général Dupont écrit, depuis Hall, au Prince de Ponte-Corvo, commandant le 1er Corps de la Grande Armée : "La division que je commande, ayant levé son camp près de Querfurt à deux heures du matin, s'est portée sur Hall où elle est arrivée à dix heures. Pendant sa marche, ses éclaireurs ont ramassé un certain nombre de soldats prussiens fugitifs, égarés depuis la bataille de Weimar. A une lieue de Hall, on a rencontré quelques partis de cavalerie ennemie qui se sont repliés à notre approche, mais qui bientôt ont été soutenus par plusieurs escadrons. L'avant-garde de ma division s'est avancée vers la ville pour la reconnaitre, et on a trouvé que le pont qui y conduit était occupé par l'ennemi. De nouvelles forces ont été aussitôt rassemblées, de manière que ce pont était défendu par deux mille hommes environ et plusieurs pièces de canon. Dans le même temps on a vu tout à coup les hauteurs qui dominent la ville de Hall, sur la rive droite de la Saala, couvertes de troupes, et on a jugé que c'était l'armée aux ordres du prince de Wurtemberg. En effet, ce prince occupait depuis deux jours cette position importante avec un corps d'environ trente mille hommes. D'après vos ordres, monsieur le maréchal, j'ai fait mes dispositions d'attaque pendant que l'ennemi faisait jouer sur nous son artillerie, à laquelle nous ne pouvions répondre que faiblement, attendu le petit nombre de nos bouches à feu. Le 32e régiment de ligne a été mis en bataille à droite de la route et un bataillon du 9e d'infanterie légère était placé en colonne sur cette route. L'enlèvement d'un pont est une des opérations les plus difficiles de la guerre. Celui de la Saala était chargé d'infanterie protégée par le canon, mais j'avais dans ces braves bataillons une confiance que l'évènement a glorieusement justifiée. L'ordre de la charge est donné ; ils s'avancent avec la plus étonnante intrépidité et trouvent une pluie de mitraille et de balles ; cette audace extraordinaire épouvante l'ennemi malgré la position presque inexpugnable qu'il occupe. Le 32e régiment, conduit par le colonel Darricau, et le 2e bataillon du 9e, conduit par le colonel Meunier, se précipitent au même instant sur le pont, renversent la colonne ennemie, s'emparent de son artillerie et se font jour à la baronnette jusqu'à la porte de la ville. Le terrain est couvert de morts et les Prussiens sont poursuivis de rue en rue jusqu'à la porte opposée de la place. Il n'y a jamais eu d'attaque plus impétueuse et de succès plus rapide. Ce pont, défendu par des Français, aurait été le tombeau d'une armée entière, mais attaqué par eux il a été emporté de vive force dans une demi-heure. Un grand nombre de prisonniers de guerre, parmi lesquels se trouvent un officier général et plusieurs officiers supérieurs, est resté entre nos mains.
Maitres de la ville, de nouvelles difficultés se sont présentées à nous. Le prince de Wurtemberg avait fait dresser des batteries en face des portes par lesquelles il nous fallait passer et de nombreux bataillons ajoutaient à cet obstacle le feu le plus violent. Le terrain les favorisait ; celui que nous occupions se trouvait commandé par les hauteurs qui touchent la ville et qui étaient couronnées de troupes. Pendant que cette nouvelle action se passait, et était soutenue de deux côtés avec beaucoup de chaleur, le 96e régiment, conduit par son colonel Barrois, arrive au pas de course, impatient de prendre part à un combat dont le début avait été aussi brillant. Le feu devient plus terrible ; tout ce qui se présente pour tenter le passage des portes est accueilli par le canon tirant à mitraille et la mousqueterie. Cette position devenait à chaque instant plus meurtrière.
Pour vaincre cet obstacle que la supériorité de l'ennemi semblait rendre insurmontable, nous nous sommes ouvert des issues à droite et à gauche des portes ; des colonnes ont été rapidement dirigées sur les points où elles ont agi sur les flancs de l'ennemi. Par un élan audacieux, les colonnes principales qui combattaient aux portes se sont élancées au dehors, et ce choc simultané a dégagé l'enceinte de la ville. Les colonels Barrois et Darricau ont mérité dans cette occasion beaucoup d'éloges ; ce dernier a eu deux chevaux tués sous lui. Les chefs de bataillon Moulin, Loyard et Bouge se sont égaiements conduits avec une grande valeur. Le premier a été blessé. Le général de brigade Legendre a reçu quatre coups de feu dans ses habits ; le général Rouhier a eu un cheval tué sous lui.
Le prince de Wurtemberg, voyant ses troupes culbutées sur tous les points, a abandonné l'espoir de rentrer dans la ville, et notre succès a été assuré. La division s'est déployée dans la plaine, et le 1er bataillon du 9e régiment qui était resté en position sur la rive gauche de la Saala est arrivé pour prendre sa place dans la ligne. L'ennemi, de son côté, s'est reformé devant nous à une demi-lieue de la ville, et il n'a pas été sans doute peu étonné de voir combien le corps par lequel il avait été battu lui était inférieur en nombre. Il a fait quelques mouvements de cavalerie, mais l'admirable contenance de notre infanterie a déconcerté toutes ses tentatives, et il a continué sa retraite. Nos bataillons, alternativement formés en colonne et en ligne, l'ont suivi vivement et ont chassé son arrière-garde de tous les villages où elle prenait position pour protéger le gros de son armée en désordre. Il était alors trois heures, et la bataille était complètement gagnée. Les régiments qui composent la 2e division sont arrivés en ce moment, et ont concouru avec nous à la poursuite de l'ennemi qui s'est retiré du côté de Dessau. Le général Pactode est arrivé avec sa brigade avec beaucoup de vivacité sur le champ de bataille. Le général de division Rivaud a paru peu de temps après ; mais c'est au général à vous rendre compte de ce qui concerne sa division. Les 2e et 4e de hussards ont fourni plusieurs charges près du village de Sewendorff, et ils ont été appuyés par le 1er bataillon du 96e. Le chef de bataillon Loyard a très-bien conduit.
Nous avons fait quatre à cinq mille prisonniers de guerre, pris une trentaine de bouches à feu. Les Prussiens ont perdu en outre beaucoup de monde tué ou blessé. Les prisonniers ont rapporté que des régiments ont été presque entièrement détruits. Notre perte en tués ou blessés est de quatre à cinq cents hommes. Tous ces braves sont à regretter, mais c'est à l'impétuosité de nos attaques et à la vivacité soutenue de nos opérations que nous devons de n'avoir pas fait une plus grande perte. Tout est extraordinaire dans cette journée où j'ai appris à estimer encore davantage ma brave division. Aucun soldat blessé ou mourant n'a témoigné de regrets ; plusieurs criaient encore : Vive l’empereur ! insensibles à leurs blessures. Le zèle des officiers de tous grades a constamment égalé leur bravoure ; la plus noble émulation et le même désir de vaincre régnaient dans tous les rangs.
J'aurai l'honneur de vous adresser un rapport particulier pour motiver les demandes de grades et de récompenses que je vous prierai de présenter à l'empereur pour les officiers et les soldats qui se sont fait remarquer par des traits d'éclat
" (Blocqueville A. (de) : « Le Maréchal Davout, prince d'Eckmühl, raconté par les siens et par lui-même », 1879-1880, t. 2, p. 230).

Le Précis historique des Campagnes du 1er Corps décrit ainsi l'affaire du 17 octobre : "… A 8 heures, sans qu'on eût rencontré l'ennemi, la Division Dupont et le 2e de hussards arrivèrent sur les hauteurs de Zscherben, à une lieue environ de Halle. Ces hauteurs qui se prolongent à gauche par Nietleben et à droite par Angersdorf et Passendorf, bordent le bassin que forme le vallon de la Saale en avant de Halle sur la rive gauche.
… On ne connaissait pas bien les forces des Prussiens. Le 2e de hussards fut poussé dans la plaine sur la gauche de la digue. Le général Maison le suivit pour reconnaître l'ennemi qui faisait des dispositions pour défendre le front de la ville et les ponts, en même temps qu'il se formait en bataille sur les hauteurs qui la dominent en arrière; on le jugea fort de 20 à 25000 hommes.
La position de Halle, du côté où le 1er corps arrivait, est formidable, et on peut dire qu'il veut une sorte de témérité au Prince à y attaquer un corps qui n'avait point encore été entamé et qui était du double plus fort que le sien.
S. A. voulant profiter de l'incertitude et de l'étonnement que l'ennemi montra dans le premier moment, et pleine de confiance dans la valeur des troupes, se décida à commencer l'attaque avec celle du général Dupont et deux régiments de cavalerie légère.
Le général Dupont reçut donc l'ordre de se porter en avant du village de Passendorf avec les 9e régiment d'infanterie légère et 32e de ligne. Le 96e resta en réserve derrière le village avec le 4e de hussards. La division Rivaud. qui avait suivi le mouvement de la division Dupont et qui n'était point encore arrivée, reçut en même temps l'ordre de presser sa marche.
La division Drouet, avec le 5e de chasseurs, avait été portée près de Unter-Teutschenthal et vers le lac de Salziger-See, pour couvrir, pendant la marche, notre flanc gauche et nos derrières contre les corps ennemis battus à Iéna et qu'on disait venir d'Eisleben à Halle. Elle reçut également l'ordre de quitter cette position et de marcher sur Halle.
Le général Eblé fit établir de l'artillerie à droite et à gauche de la route en avant du village de Passendorf, pour répondre à celle de l'ennemi et battre les ponts. Cette artillerie fit fort bien.
Pendant qu'on faisait ces dispositions, l'ennemi profita d'un gué pour jeter de la cavalerie sur notre droite par Angersdorf ; un bataillon du 9e et un escadron de hussards y furent envoyés et cette cavalerie fut repoussée.
Cependant l'ennemi revenait de son étonnement et pressait ses moyens de défense aux ponts et aux portes et sur le front de la ville que nous menacions.
La tête de colonne de la division Rivaud commençait à paraître. Le général Dupont étant établi en avant de Passendorf, reçut l'ordre d'enlever sur-le-champ la ville; il forma un bataillon du 9e et le 32e en colonne d'attaque, se mit à leur tête et marcha droit au pont en suivant la digue ; il fit attaquer en même temps par ses tirailleurs l'infanterie ennemie qui avait débouché du pont et s'était déployée à droite et à gauche de cette digue.
En ébranlant cette colonne, le brave général Dupont dit : « Soldats ! marchons, et que ces pièces ne tirent pas deux fois sur nous. » Il se précipite alors avec les trois bataillons d'infanterie sur les pièces, elles sont prises en effet avant d'avoir pu faire une seconde décharge, et les canonniers tués : l'infanterie ennemie placée sur les ponts, aux portes, et déployée à droite et à gauche de ce défilé le long de la rivière, est culbutée après un choc violent ; tout ce qui n'est pas tué ou pris se sauve à travers la ville. Des réserves placées dans les rues principales et sur les places veulent rétablir le combat, mais rien ne peut arrêter les braves 9e et 32e. Toutes les rues sont jonchées de cadavres et l'ennemi est forcé d'abandonner tout à fait Halle où on lui fait beaucoup de prisonniers.
Les colonels Meunier du 9e et Darricau du 32e se firent particulièrement remarquer par la vigueur avec laquelle ils conduisirent leurs régiments ; le premier fut blessé d'une balle à la poitrine.
Le 2e régiment de hussards reçut ordre d'entrer dans la ville et d'appuyer le général Dupont au débouché.
Nos troupes, encore trop faibles pour sortir et attaquer la position de l'armée ennemie en arrière de la ville, se barricadèrent aux portes en attendant le moment de déboucher.
Le prince de Ponte-Corvo voyant le général Dupont maître de Halle, et craignant que l'ennemi qui avait toutes ses forces sur les hauteurs en arrière, ne l'en chassât, fit avancer le 96e régiment, commandé par le colonel Barrois et ayant à sa tête le général de brigade Legendre.
Le 96e, en arrivant sur une des places de la ville, trouva une tête de colonne ennemie qui y pénétrait après avoir repoussé nos troupes qui défendaient la porte d'Ulrichs. Il attaqua sur-le-champ cette colonne et rejeta l'ennemi sur sa position.
Le général Maison, qui avait suivi les mouvements de la division Dupont et observé les dispositions que l'ennemi faisait pour reprendre l'offensive, prévint le prince de Ponte-Corvo qu'il n'y avait pas un moment à perdre pour faire avancer de nouvelles troupes. En ce moment, le 8e régiment de ligne, avant à sa tête le général Pacthod, arrivait à Passendorf ; il reçut l'ordre d'entrer dans la ville. Le général Dupont réunit alors sa division et le 2e de hussards à la porte de Stein. Le général Pacthod s'établit à la porte des Potences avec le 8e régiment.
Le bataillon du 9e léger, qui avait été placé à Angersdorf, reçut l'ordre de joindre sa division à la porte de Stein. Toutes les troupes du général Dupont étant réunies à cette porte et, prêtes à sortir, ce général donna l'ordre de rompre les barricades qu'il avait fait établir ; les portes s'ouvrirent et le combat recommença avec fureur ; le 8e régiment sortait en même temps par la porte des Potences.
Pour déboucher de la ville, il fallait essuyer les feux croisés de l'ennemi établi dans les maisons du faubourg et dans les jardins, ainsi que des batteries qu'il avait placées sur la hauteur en face des portes. Ce n'est qu'après des prodiges de valeur que nos troupes purent se former hors des murs sous le feu le plus meurtrier de mitraille.
Le 8e régiment de ligne souffrit beaucoup en débouchant : il fallut une grande fermeté au général Pacthod et au colonel Aulié, pour se maintenir.
La seconde brigade de la division Rivaud arrivant, le Prince la fit avancer avec le 4e de hussards; elle se réunit au 8e de ligne à la porte des Potences, et alors les deux divisions, entièrement formées hors la ville, marchèrent à l'ennemi ; en un instant, malgré la supériorité du nombre, il fut culbuté et mis en déroute. Le Prince fit alors faire une charge aux 2e et 4e régiments de hussards, qui la compléta. La poursuite fut vive, on fit encore beaucoup de prisonniers, Le canon de l'ennemi avait été pris en batterie sur sa position. On le chassa successivement, des villages de Diemitz, Peissen et Rabatz. Un régiment de hussards prussiens chargea les 8e et 96e près de ce dernier village. Il fut reçu à bout portant et repoussé.
Le prince de Wurtemberg fit encore des efforts pour se rallier près du village de Mötzlich et arrêta notre poursuite, mais une nouvelle charge de cavalerie l'obligea à continuer de fuir, et il fut mené jusqu'à quatre lieues de Halle, au delà de Landsberg.
Les colonels Gérard du 2e régiment de hussards et Burthe, du 4e, menèrent leurs régiments à la charge avec la plus grande valeur.
Pendant que le prince de Wurtemberg était battu dans la ville et en arrière, une colonne ennemie composée en partie du régiment de Treskow et de quelques autres détachements, se montra sur nos derrières et prit position sur le Weinberg pour déboucher par la gauche du bois de Heide dans l'intention de rentrer à Halle. Cette colonne donna un moment de vives inquiétudes au Prince de Ponte-Corvo, qui craignit que ce ne fût un grand corps qui venait au secours du prince de Wurtemberg.
La division Drouet n'était point encore arrivée de Unter-Teutschenthal ; l'ennemi eût pu entrer dans la ville et embarrasser beaucoup les troupes qui combattaient en avant. Le général Maison fut chargé de mener contre lui une compagnie de voltigeurs du 8e régiment d'infanterie et quelques hussards du 4e régiment qui étaient en réserve près du pont. L'ennemi s'arrêta et se déploya. Le général Drouet, qui déjà avait reçu l'ordre de rejoindre les autres divisions sous Halle, avant entendu une vive canonnade, avait tellement pressé sa marche, qu'il arriva plus vite qu'on ne pouvait l'espérer.
Le prince de Ponte-Corvo fit former en bataille dans la plaine, sur la rive gauche de la Saale, les 27e d'infanterie légère et 95e de la division Drouet, ayant leur droite vers la Saale et leur gauche au bois, faisant face au Weinberg sur lequel le régiment de Treskow et les autres troupes ennemies avaient pris position.
Le 94e et Le 5e de chasseurs furent envoyés en avant de la ville, où le combat semblait se ranimer, renforcer les divisions Dupont et Rivaud.
Le 27e d'infanterie légère, ayant à sa tête le général de brigade Werlé, marcha au Weinberg avec deux pièces d'artillerie ; après un engagement vif et meurtrier, l'ennemi voulut manœuvrer pour se retirer sur le village de Nietleben et gagner la route d'Eisleben, mais le général Drouet y avait envoyé quelques compagnies de voltigeurs. Cerné de toutes parts et attaqué avec vigueur, il fut mis en déroute. Tout le régiment de Treskow, qui voulait soutenir la retraite, fut pris en entier avec ses drapeaux; le reste delà colonne se sauva dispersé dans les bois. Cette opération terminée, S. A. retourna en avant de la ville.
La nuit approchait; toutes les troupes étaient harassées par la marche de la nuit précédente et par le combat qui durait depuis 9 heures du matin; l'ennemi fuyant à toutes jambes, en abandonnant tout, le prince de Ponte-Corvo ordonna de prendre position.
La division du général Drouet s'établit dans la ville, gardant les villages de Niederlebcn et de Passendorf.
Celle du général Dupont, en avant de Halle, sur les hauteurs; celle du général Rivaud, à sa gauche.
La cavalerie légère occupant les villages de Diemitz, Peissen, Rabatz et Mötzlich, sur le front et sur les flancs, et ayant des détachements en avant, sur la route de Dessau à Oppin et Landsberg.
Le quartier général à Halle.
Les résultats de cette journée brillante ont été environ 6000 prisonniers, 4 drapeaux, 32 pièces de canon et une quantité considérable de bagages. L'ennemi a eu plus de 1000 hommes tués.
La victoire n'a jamais été incertaine, mais il fallut pourtant faire les plus grands efforts pour l'obtenir.
Le général Dupont a déployé les plus grands talents et sa bravoure accoutumée. Il s'est beaucoup loué des généraux Legendre et Rouyer. Ce dernier a eu son cheval tué sous lui. Les 9e, 32e et 96e régiments ont soutenu leur brillante réputation et acquis de nouveaux droits à la bienveillance de Sa Majesté.
Le général Pacthod, de la division Rivaud, s'est distingué à la tête du 8e régiment, qui a aussi fait, de très belles choses.
Le général Drouet a parfaitement manœuvré pour enlever le régiment de Treskow, et c'est à ses bonnes dispositions qu'on a dû ce beau succès sans une grande effusion de sang.
Le général Eblé a donné dans cette journée de nouvelles preuves de sa valeur, de son activité et de son zèle ; il a été partout où sa présence était nécessaire ; cinq de nos pièces ayant été démontées, il les a de suite fait remplacer par des canons pris à l'ennemi sur les ponts.
Le général L. Berthier, chef de l'Etat-Major général, a montré une activité infatigable, a toujours suivi S. A. et a surveillé avec autant de zèle que d'habileté tout l'ensemble de ses opérations.
L'adjudant commandant Gérard, premier aide de camp de S. A., et l'adjudant commandant Hamelinaye, se sont fait distinguer par leur valeur et leur intelligence. Le colonel Morio, commandant le génie, a montré beaucoup de bravoure.
Le 1er corps a eu environ 800 hommes hors de combat
" (Précis historique des campagnes du 1er corps de la Grande Armée (1806-1807). Archives guerre – In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 395 et suivantes).

Dans le 11e Bulletion de la Grande Armée, daté de Merseburg, le 19 octobre 1806, la journée est résumée de la manière suivante : "... Le prince de Ponte-Corvo, qui se trouvait le 17 à Eisleben pour couper des colonnes prussiennes, ayant appris que la réserve de S. M. le roi de Prusse, commandée par le prince Eugène de Wurtemberg, était arrivée à Halle, s'y porta. Après avoir fait ses dispositions, le prince de Ponte-Corvo fit attaquer Halle par le général Dupont et laissa la division Drouet en réserve sur sa gauche. Le 32e et le 9e d'infanterie légère passèrent les trois ponts au pas de charge et entrèrent dans la ville, soutenus par le 96e ; en moins d'une heure tout fut culbuté. Les 2e et 4e régiments de hussards et toute la division du général Rivaud traversèrent la ville et chassèrent l'ennemi de Diemitz, de Peissen et de Rabatz. La cavalerie prussienne voulut charger le 8e et le 96e d'infanterie ; mais elle fut vivement reçue et repoussée. La réserve du prince de Wurtemberg fut mise dans la plus complète déroute et poursuivie l'espace de quatre lieues. Les résultats de ce combat, qui mérite une relation particulière et soignée, sont 5,000 prisonniers, dont 2 généraux et 3 colonels, 4 drapeaux et 34 pièces de canon.
Le général Dupont s'est conduit avec beaucoup de distinction. Le général de division Rouyer a eu un cheval tué sous lui.
Le général de division Drouet a pris en entier le régiment de Treskow.
De notre côté, la perte ne se monte qu'à 40 hommes tués et 200 blessés. Le colonel du 9e régiment d'infanterie légère a été blessé …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 54 ; ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 45 ; Correspondance de Napoléon, t.13, lettres 11028; cité par Mazade C. (de) : « Correspondance du Maréchal Davout, prince d'Eckmühl : ses commandements, son ministère, 1801-1815 », t. 1, p. 289).

Après la prise de Halle, le Général Dupont écrit, le 18 octobre, à son épouse : "… J'ai demandé le grade de général de brigade pour mes trois colonels. Meunier a été légèrement blessé …" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 393).

Tandis que Napoléon marche sur Berlin, Bernadotte doit descendre la Saale jusqu'à l'Elbe.

"Le 19, à sept heures du matin, la division partit de son bivouac et se mit en marche par la belle route de Magdebourg qu'elle quitta au petit village de Trotha, à deux lieues de la ville, pour prendre celle de Alsleben. Elle laissa celte dernière à hauteur du chemin de Rothenburg où elle arriva à 8 heures du soir. On descend dans Rothenburg par une rue assez étroite ; elle s'encombra de bagages et la marche fut un peu retardée. Les troupes de la division bivouaquèrent sur deux lignes, le 96e en première ligne, le 9e et le 32e en seconde. On remarque à Rothenburg une mine de cuivre qui donne au gouvernement prussien 5000 quintaux environ par an ; on en tire aussi quelque argent, mais pas assez pour couvrir les frais. La rivière de la Saale passe dans cette petite ville. — La Garde Impériale arriva à Halle le 19. L'Empereur la suivit de près. Il fut voir le pont, et l’on a su, depuis, qu'il avait été très satisfait de la manière dont les opérations de cette mémorable journée avaient été dirigées. C'est le général Dupont qui avait ordonné toutes les dispositions d'attaque, et c'est à lui que nous devons nos brillants succès" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont – In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 399).

"24 octobre. — La Division quitta son bivouac le 24 à 3 heures du matin, pour se diriger sur Ziesar, petit bourg sur la route de Magdeburg à Brandenburg. Au sortir de ce bourg on entra dans une vaste plaine inculte ; plus loin, on trouva des landes arides où quelques bouquets de tristes pins se laissaient voir. Tout annonçait la misère des habitants. Le 9e régiment eut la ville pour cantonnement ; les deux autres bivouaquèrent sur la route de Magdeburg" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont (Archives Dupont) - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 406).

"25 octobre. — On continua la marche de Ziesar, d'où l'on partit à 6 heures du matin pour Brandenburg, où le pays devient moins aride ; on aperçut, en s'approchant de cette ville, plusieurs terres ensemencées. — Brandenburg est assis sur le canal de jonction de la Sprée à l'Elbe. Cette ville paraît assez riche et assez bien bâtie. — Deux régiments de la Division cantonnèrent en ville; le 9e bivouaqua en arrière, et un régiment de la Division Drouet établit son bivouac en avant, de sorte que les routes de Berlin et de Magdebourg furent également gardées. On fut réveillé la nuit par le feu qui prit à trois ou quatre maisons par suite de la négligence coupable du soldat" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont (Archives Dupont) - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 406).

Le 25, les Français entrent dans Berlin. Trois corps de l'armée prussienne (Hohenloe, Weimar et Blücher) cherchent à se rallier par des chemins différents autour de Stettin dans le Mecklembourg. Napoléon veut détruire ces forces entre l'Elbe et l'Oder.

Les corps d'armée français remontent vers le Nord, capturant, au fur et à mesure de leur progression, villes et éléments isolés de l'armée prussienne. Le 1er Corps de Bernadotte, de Brandebourg, peut venir renforcer sur sa droite : Murat et Lannes contre Hohenlohe ; ou sur sa gauche : Soult à la poursuite de Blücher et Winning (qui a remplacé le duc de Weimar, rentré chez lui ...).

Hohenlohe capitule à Prenzlow le 28 octobre. Bernadotte se porte sur Fürstenberg, toujours à la poursuite de Blücher et Winning.

Le 29 octobre 1806, la Division Dupont bivouaque à Hardenbeck, ayant fait 28 kilomètres ; "Elle eut ordre de continuer sa marche à 4 heures du matin pour le village de Hardenbeck, mais comme il fallut laisser passer les 2e et 3e divisions qui devaient prendre la tête, nous ne pûmes quitter Furstenberg qu'à 8 heures du matin. Pendant toute la journée, les bagages ralentirent notre marche, et cet inconvénient nous fit arriver à 8 heures du soir. L'on traversa la petite ville de Lychen dont quelques habitants sauvaient leurs effets les plus précieux en passant sur la rive opposée du lac. — Le bivouac du 9e fut établi en avant du village, qu'il tenait de près ; le 32e l'occupait, et le 96e était en arrière. — Le pays est tout aussi sauvage. Il est bien moins élevé. On y remarque plus de bois, plus de lacs. Les fonds offrent des marais tourbeux, absolument impraticables. On reçut, ce jour-là, la nouvelle de la capitulation du prince de Hohenlohe et de son corps, fort d'environ 10000 hommes" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont (Arch. Dupont), in E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 411).

Les forces françaises convergent sur Stettin dont Lasalle, au bluff, s'empare le 30 octobre.

Soult et Bernadotte retrouvent les fuyards prussiens à Waren, Jabel et Nossentin, le 1er novembre 1806.

Les Voltigeurs du 32e Régiment s'avancent sur le village de Jabel et en chassent les Tirailleurs ennemis. Au delà de ce point, le 96e pénètre résolument dans le bois par le grand chemin qui le traverse, pendant que le 9e Léger et le 32e suivent la lisière de la forêt, sur notre droite. Les trois Compagnies de Voltigeurs du 9e, avec deux pièces de canon, sont placées sous le commandement du Général Savary, qui est à la tête d'une Brigade de cavalerie. Les Prussiens font une défense opiniâtre et disputent le terrain pied à pied ; mais lorsqu'on est à la sortie du bois, deux Bataillons s'étant dirigés à droite et à gauche pour prendre à revers les défenseurs de la forêt, ces derniers se hâtent de battre en retraite sur leur Corps principal.
Le Général Blücher a établi ses troupes sur une position très forte, la droite appuyée au lac de Flecsen, et son front couvert par le village de Nossentin, précédé de jardins clos de murs et protégé lui-même par des redoutes et des terrains marécageux ; sa gauche s'allonge dans la plaine jusqu'à des bois très épais, et, en avant, le sol est coupé de larges fossés qui interdisent toute action de cavalerie dans cette direction.
Maître du bois, le Général Dupont ordonne de brusquer l'attaque et de marcher à l'ennemi. Conduit par le Colonel Meunier, le 9e Léger, débouchant du bois sous un feu violent, se précipite sur le village de Nossentin, qu'il aborde par la gauche, pendant que le Colonel Barrois, avec le 96e, y pénètre par la droite. Le 1er Bataillon du 32e, sous les ordres du Colonel Darricau, suit le mouvement du 96e et se porte ensuite sur le village pour appuyer l'attaque du 9e Léger. Les jardins et les maisons de Nossentin sont emportés avec une impétuosité irrésistible, et la ligne ennemie est enfoncée ; dans cette action, nous nous emparons de 4 pièces de canon et nous faisons quelques centaines de prisonniers. Les Prussiens battent précipitamment en retraite, dans la direction de Schwerin. On les suit jusqu'à Silz, où la nuit arrête la poursuite (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 415).

L'arrière garde de Blücher réussit à se replier en bon ordre. Le capitaine Guittard du Régiment est tué lors des combats.

Voici le Rapport détaillé, tel qu'il a été adressé à S. A. le Prince Bernadotte par le Général Dupont : "Combat de Nossentin. — L'ennemi s'étant replié de Waren après l'engagement de cavalerie qui a eu lieu près de cette ville, il a pris la route de Malchow avec la majeure partie de ses forces. La division étant arrivée près du village de Jabel, les voltigeurs du 32e régiment ont été envoyés pour nettoyer ce village occupé par les tirailleurs ennemis. Le 96e régiment a pris la route qui traverse la forêt, et le 32e est passé à droite longeant le bois, ainsi que le 9e. — Les 3 compagnies de voltigeurs de ce dernier régiment sont restées avec deux pièces de canon de l'artillerie légère, sous les ordres du général Savary.
La forêt qui sépare les villages de Jabel et de Nossentin a une lieue de longueur et est très épaisse. L'ennemi a défendu ce long défilé pied à pied. Les voltigeurs du 32e ont été successivement soutenus par d'autres compagnies de ce régiment et du 96e. La plus grande résistance des Prussiens a eu lieu du côté de la forêt qui touche Nossentin ; c'est là que M. Faverv, capitaine adjoint à l'état-major, a été tué. Ce brave et excellent officier avait déjà été blessé en continuant à combattre, sans songer à sa blessure.
A mesure que nos troupes gagnaient du terrain et que la forêt devenait plus praticable, notre ligne s'étendait pour déborder l'ennemi. Plusieurs compagnies du 96e ont été dirigées sur le village de Nossentin pour prendre à revers les Prussiens qui défendaient encore la lisière du bois de ce côté. Le 1er bataillon du 32e, conduit par le chef de bataillon Bouge, s'est porté à droite de la route pour remplir le même objet. Aussitôt deux pièces de canon soutenues par les carabiniers du 9e se sont portées en avant au débouché de la forêt. Nous nous sommes alors trouvés entièrement maîtres de cette forêt où l'ennemi a perdu beaucoup de monde.
Le village de Nossentin était couvert par des redoutes, et il est en partie entouré de marais. L'ennemi appuyait sa droite au lac et à ce village, et sa gauche traversant la plaine allait s'appuyer à des bois très épais et profonds. Sa mousqueterie et son artillerie faisaient un feu très vif pour nous interdire le débouché de la forêt. Cette position était très difficile, et la nature du terrain, coupé par des ravins, ajoutait encore à cette difficulté. La cavalerie ennemie, très nombreuse, était en seconde ligne.
Le moment étant arrivé d'agir plus vivement encore pour décider la victoire, le 9e régiment, conduit par le colonel Meunier, a débouché avec impétuosité dans la plaine et a marché contre la ligne ennemie qu'il a enfoncée. Le feu qu'il a essuyé dans cette charge a été extrêmement violent. Il s'est ensuite emparé du village de Nossentin. Le 1er bataillon du 32e a marché à droite à sa hauteur. Le 96e régiment a débouché après le 9e et s'est porté contre l'ennemi qui s'était reformé devant nous. Le colonel Barrois lui a enlevé sa position et l'a poursuivi au delà du village, que son régiment longeait par la droite, tandis que le 9e s'avançait par la gauche. C'est dans ce moment qu'il nous a abandonné 4 pièces de canon. Une compagnie de voltigeurs du 96e régiment a fait mettre bas les armes à 200 Prussiens. Le 1er bataillon du 32e, conduit par le colonel Darricau, a suivi le mouvement du 96e et s'est ensuite porté sur le village pour suivre le mouvement du 9e : la cavalerie a débouché ensuite dans la plaine avec vivacité.
Lorsque nous sommes arrivés au village de Silz, la nuit est survenue et nous a empêchés de poursuivre plus longtemps l'ennemi. Nous avons fait mettre bas les armes à 5 ou 600 hommes, mais l'obscurité de la nuit n'a pas permis de réunir et de garder ces prisonniers et d'en faire un plus grand nombre. L'ennemi a montré beaucoup d'opiniâtreté. Il avait une position très forte, et la Division a eu, dans cette glorieuse journée, à déployer contre un ennemi supérieur en nombre tout le courage dont elle est animée.
Je dois des éloges à tous les officiers supérieurs.
Les colonels Meunier et Barrois ont rendu des services remarquables en chargeant l'ennemi avec beaucoup d'ardeur à la tête de leurs régiments.
Les chefs de bataillon Rejeau, Bouge et Loyard se sont distingués.
Notre perte est de 160 hommes tués ou blessés.
La division a pris position le soir à Malchow
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 416 – Archives Dupont).

Le Journal du 1er Corps fait, du combat de Nossentin, le récit suivant : "Le 1er novembre, le 1er corps d'armée se dirige sur Waren en passant par Klockow-Krug et Kargow. En arrivant sur Waren nous trouvâmes une brigade de cavalerie du maréchal Soult qui venait de la Vieille-Marche et fit sa jonction avec nous.
Une arrière-garde prussienne, que nous suivions de près, fut obligée de passer le défilé de Waren en grande hâte ; elle y laissa quelques pelotons qui furent enveloppés et mirent bas les armes.
Sur les hauteurs en arrière de la ville il y eut encore un engagement de cavalerie où celle du maréchal Soult prit part. L'ennemi se retira ensuite sans s'arrêter jusqu'au bois entre Jabel et Nossentin : là il nous montra de l'infanterie et du canon et arrêta la cavalerie qui était à sa poursuite. Devant ce bois dont la profondeur est d'une lieue, coule un ruisseau marécageux.
La division Dupont était tête de colonne; les deux autres la suivaient à quelque distance; elle passa rapidement le ruisseau et se dirigea de la manière suivante : 1e 96e par le grand chemin à travers le bois, et les 9e léger et 32e, en suivant la lisière du bois sur noire droite.
L'ennemi disputa le bois pied à pied et après l'en avoir chassé nous le trouvâmes posté au débouché, au village de Nossentin qui n'en est éloigné que de 200 toises environ.
L'ennemi avait en position environ 10000 bommes, sa droite appuyée au lac de Fleesen, et Nossentin sur le front. Les jardins de ce village, qui sont entourés de fossés profonds, étaient garnis d'infanterie : l'ennemi avait aussi établi sur le front du village de l'artillerie qui battait la sortie du défilé.
Le général Dupont, après avoir enlevé le bois, reçut l'ordre de déboucher et d'attaquer Nossentin ; la cavalerie légère qui était aussi dans le bois en sortit rapidement en même temps et se forma en avant vis-à-vis le flanc gauche de l'ennemi qui se trouvait en l'air, mais sur un terrain tellement coupé de larges fossés qu'il fut impossible à cette cavalerie de faire de suite une charge, comme on en avait le projet en la faisant déboucher. Cependant les 9e léger et 96e avaient enlevé le village et pris 2 pièces de canon.
L'ennemi faisait sa retraite très précipitamment, quoi qu'en bon ordre, sur Alt-Schwerin, se faisant couvrir par une nombreuse cavalerie.
Le prince de Ponte-Corvo, en le poursuivant vivement, fut renversé dans une charge qu'il faisait faire au 5e de chasseurs.
La nuit vint et sauva cette arrière-garde qui eût certainement été enlevée. Cette journée nous valut plus de 1000 prisonniers et une grande quantité de bagages.
Le corps d'armée prit position, la cavalerie légère à Alt et à Neu-Sparow, la division Dupont en avant de Malchow, la division Rivaud à sa gauche, la division Drouet à Alt-Schwerin, le quartier général à Silz.
Le général Drouet, en arrivant la nuit avec sa division pour prendre position à Alt-Schwerin, y trouva l'ennemi et l'en fit chasser par le 94e qui prit 2 pièces de canon
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 417).

Prise de Lübeck 1806

La prise de Lübeck par les Français en 1806

Custrin tombe aux mains de Davout, et Blücher fuit toujours. Le 1er Corps se rassemble à Samator-Krug dans le Mecklembourg et, le 3 novembre, repart sur Schwerin. Blücher est à présent acculé sur Lübeck : une ville libre et neutre.

Bernadotte est rejoint par les forces de Murat et de Savary. Il poursuit les Prussiens jusqu'à Gadebusch et Schönberg, et envoie une partie de ses forces s'occuper d'un Corps suédois vers Travemünde (nous sommes à la frontière de la Poméranie suédoise et la Suède est considérée comme hostile).

Blücher viole la neutralité de Lübeck et se retranche dans la ville avec ses hommes, espérant pouvoir fuir par la mer. Les Français avancent. La division Dupont (et le 9ème Léger) s'empare le 6 novembre d'une colonne ennemie, sortie escorter un convoi. Bernadotte capture aussi des troupes de la garde royale suédoise et les traite avec courtoisie (pour un futur roi de Suède, il n'en fallait pas moins !).

Le 6 novembre, les Français sont en force devant Lübeck. Soult, Murat et Bernadotte sont là. L'assaut est donné. Les Prussiens se défendent dans la ville avec acharnement, tandis que Blücher réussit avec encore quelques troupes à fuir, poursuivi par la cavalerie française. Les Français, excédés, se livrent à des exactions sur une population qui n'était pas ennemie.

Le Journal des marches et cantonnements de la Division Dupont raconte : "6 novembre. — La division se remit en marche à 3 heures du matin, et continua sa marche sur Lübeck. A peu près à mi-chemin, le général Dupont fut averti par le prince de Ponte-Corvo de se tenir en garde contre une colonne ennemie que l'on disait avoir été coupée. Il prit position au village de Selmsdorf ; le 96e et le 32e y appuyèrent leurs flancs ; le 9e se porta en avant en bataille. Pendant cette halte, qui dura au moins deux heures, un convoi de 3oo voitures, qui venait d'être pris, arriva au village. Le général y laissa une garde ...
La division du général Dupont bivouaqua et cantonna, le 6 novembre, ainsi qu'il suit :
Le 1er bataillon du 9e et le 96e bivouaquèrent sous les allées et en avant de la porte de Holstein, sur la route qui conduit à Schötau, observant par sa gauche celle de Ratzeburg. Le 2e bataillon du 9e, sous les ordres du colonel Gérard, aide de camp du prince de Ponte-Corvo, s'était dirigé avec deux pièces de canon sur Travemunde ...
" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 427).

"Au Quartier Général de Lübeck, 7 novembre 1806.
M. le général Dupont réunira le 96e régiment au reçu du présent ordre et portera ce corps et ce qui lui reste de disponible du 9e, à Schwartau, sur la rive gauche de la Trave ...
P. 0. de S. A. le prince de Ponte-Corvo.
Le général de division,
L. Berthier
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 426).

Blücher finit par se rendre à Schwartau le 8. Le même jour, Magdebourg capitule devant Ney.

Le Journal des marches et cantonnements de la Division Dupont raconte : "8 novembre. — Le 8 novembre, la Division fut cantonnée en entier en ville, à l'exception du bataillon du 9e régiment, qui n'était pas de retour de Travemünde. Il arriva deux jours après, et un village voisin de Lübeck lui fut assigné pour cantonnement. On resta dans cette position jusqu'au 21 novembre pour reposer le soldat ..." (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 427).

Le roi de Prusse est réfugié à Koenigberg puis Osterode. De son armée, il ne reste plus que les 15.000 hommes du général Lestocq, restés en Prusse Orientale. Il attend désormais tout de ses alliés russes.

Le 11 novembre 1806, le Maréchal Berthier, Prince de Neuchâtel et Valengin, Major général de la Grande Armée, écrit depuis Berlin, au Général Dejean : "J'ai l'honneur de prévenir Votre Excellence qu'indépendamment des détachements que j'ai ordonné à M, le maréchal Kellermann de faire partir dans la première quinzaine de novembre, ainsi que je vous en ai informé par ma lettre du 2, je viens de lui adresser l’ordre de former huit bataillons provisoires conformément à l'état de composition que je joins ici.
Chaque bataillon sera composé de compagnies fournies par les troisièmes bataillons des corps de la Grande Armée, à raison d'une par bataillon, et chaque compagnie sera complétée à 140 hommes.
Le maréchal Kellermann nommera un chef de bataillon et un adjudant-major pour chaque bataillon et un major pour commander deux bataillons. Il aura soin de ne pas prendre les majors dans les mêmes corps où il prendra les chefs de bataillon ou adjudants-majors.
Je donne l'ordre aux généraux commandant les 25e et 2e divisions militaires de faire diriger de suite sur Mayence les compagnies que doivent fournir les bataillons qui ne sont pas stationnés dans les 5e et 26e divisions.
Pour accélérer la formation et le départ de ces bataillons il ne sera pas nécessaire que les conscrits soient dressés ; il suffira qu'ils aient huit ou dix jours d'instruction, qu'ils soient armés, qu'ils aient la veste, la culotte., les guêtres, le chapeau d'uniforme et une capote. Il ne faudra pas attendre qu'ils aient l'habit.
Sa Majesté espère que ces troupes seront réunies à Mayence le 25 et en partiront le même jour pour se rendre le plus promptement possible, conformément aux ordres que je donne à M. le maréchal Kellermann : savoir les 5e et 6e bataillons à Cassel pour maintenir la tranquillité de cet électorat et les six autres à Magdeburg où ils achèveront leur instruction.
Je préviens le maréchal Kellermann qu'il ne doit pas perdre un moment pour former ces bataillons que, pourvu qu'ils soient armés, tout est bon ; qu'ils seront fournis à Magdeburg de tout ce qui leur sera nécessaire ; que Sa Majesté doit en tirer deux avantages, puisqu'ils ne coûteront rien en France et qu'ils garderont Magdeburg, ce qui rendra d’autres troupes disponibles ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 793). Le 4e Bataillon doit comprendre 1 compagnie du 39e de ligne, 1 du 76e, 1 du 96e, 1 du 6e d'infanterie légère, 1 du 9e; total : 720 hommes.

Les forces françaises pénètrent en Pologne à la rencontre des Russes. Le 25 novembre, l'Empereur quitte Berlin et deux jours plus tard arrive à Posen. Murat entre le 28 à Varsovie, que les Russes viennent d'abandonner, acclamé comme un libérateur.

Le 28 novembre 1806, le 9e Léger est à Berlin avec le Général Dupont (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 437).

Le Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, donne les détails suivants de la marche jusqu'à Margonin : "Le 4, les régiments composant la Division du général Dupont (9e léger, 32e et 96e de ligne) furent dirigés sur Posen et allèrent coucher le même jour à Langenfeld, 8 lieues de Francfort. Le temps, qui, depuis le départ de Lübeck, avait été presque constamment pluvieux, devint extrêmement froid ; il neigea toute la journée" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 442 – Archives Dupont).

La Vistule est franchie. Durant le mois de Décembre, les Français se heurtent aux Russes entre la Vistule et la Narew à Pultusk et Golymin, et les repoussent vers l'intérieur. L'épuisement des troupes impose de prendre des quartiers d'hiver sur la Vistule.

Le 15 décembre 1806, Napoléon écrit depuis Posen au Général Lacuée : "… Je vous recommande, dans la répartition de la conscription, les régiments suivants, qui ont souffert à la bataille d'Iena : ... les 9e, 17e, 27e, 32e légers …" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettres 11478 ; Correspondance générale de Napoléon, t.6, lettre 13870).

A la date du 15 décembre 1806, le 9e Léger compte 1730 hommes à la 1ère Division du 1er Corps (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 442).

Le 1er Corps de Bernadotte (et le 9ème Léger) était alors à Elbing, en couverture du siège de Dantzig. L'encadrement du régiment à la division Dupont se compose des : chef de corps colonel : Meusnier; major : Deslom; quartier maître trésorier : Sayve; 1er bataillon : chef de bataillon Rameaux ; et 2e bataillon : chef de bataillon Regeau; tandis que le 3e bataillon : chef de bataillon Broyer, était à Lauterbourg dans la 5e division militaire.

"Après avoir passé deux jours à Thorn, le général Dupont se dirigea avec sa division, par Wola et Skomp, sur Stecklineck où il séjourna le 21. Les régiments reçurent l'ordre de se garder militairement. Les troupes se remirent en marche le 22, à 4 heures du soir; elles arrivèrent à Rypin le lendemain matin à 8 heures, s'y reposèrent trois heures et continuèrent leur route sur Biezun, où elles prirent position le 24, savoir : le 9e régiment d'infanterie légère à 7 heures du matin, le 32e de ligne à 11 heures, et le 96e à 3 heures du soir. Dans la soirée, ces trois régiments se portèrent à deux lieues en avant de Biezun, et s'établirent, dans les villages voisins de la route. Le quartier général de la division resta dans cette dernière ville où se trouvaient déjà le prince de Ponte-Corvo et le maréchal Bessières. On y apprit que l'arrière-garde de l'armée prussienne avait été battue la veille par le général Roussel d'Hurbal, qui lui avait pris 300 hommes et 4 pièces de canon. La 1re division resta dans cette position le 25 et 26 décembre" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 451).

Le 25 décembre 1806, le 1er Corps du Maréchal Bernadotte est organisé comme suit :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 32e et 96e de ligne, 6 bataillons, 12 pièces, 4575 hommes
2e Division Rivaud : 8e, 45e et 54e de Ligne, 6 bataillons, 10 pièces, 3700 hommes – Note : le 45e, dont l’effectif n’était que de 716 hommes, avait probablement un bataillon à l’escorte des prisonniers.
3e division Drouet : 27e Léger, 94e et 95e de ligne, 6 Bataillons, 10 pièces, 4227 hommes.
Artillerie et Génie : 6 pièces, 1633 hommes
Cavalerie légère, Général Tilly (rejoint début janvier) : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 296).

Les emplacements de la 1re Division, pour le 29 décembre, furent réglés ainsi qu'il suit :
9e d'Infanterie légère : Viniszka — Zawadski ; Wieczfnia ; Kucklin.
32e de ligne : 1 Bataillon a Mlawa ; 1 Bataillon à Mlawa et Yllowo.
96e de ligne : 1 Bataillon à Mlawa ; 1/2 Bataillon à Wola-Lomska ; 1/2 Bataillon à Studzinice (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 458).

"Ordre pour l'établissement de la 1re Division, le 30 décembre.
La Division partira demain à 8 heures précises du matin pour se diriger sur Chorzellen. Elle s'établira ainsi qu'il suit, demain 30 décembre, dans ses cantonnements :
9e Régiment d'infanterie légère.
Sur la route Krinowloga.
A 1 lieue de la route : Sawady. Krizy ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 458).

Les troupes du 1er Corps d'armée restent pendant douze jours dans leurs cantonnements provisoires : la 1re Division ayant son Quartier général à Szumsk (9e Léger à Krinowloga, 32e de ligne à Dzierzowo, 96e de Ligne à Kilki et environs); la 2e Division détachée à Thorn ; la 3e Division, Quartier général à Szrensk (27e Léger à Mlawa et environs, le 94e de Ligne à Soldau et environs, le 95e de ligne à Szrensk et environs); le Grand Parc (Colonel Navelet) à Podgorz, rive gauche de la Vistule (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 464).

VI/ LA CAMPAGNE DE 1807
9e Légère 1806-1807

Fig. 3bis Voltigeur du 9e Léger en 1806-1807, d'après Martinet

"Le 20, on se mit à sa poursuite (de l'ennemi), et on sut, par les reconnaissances, qu'il était effectivement dans cette ville. Pendant la marche, quelques partis de cavalerie ennemie se montrèrent sur les flancs et à la queue de la colonne, mais ils furent éloignés par des tirailleurs du 96e régiment de ligne qui leur tuèrent plusieurs hommes. A une lieue de Holland, le 18e de dragons, qui précédait l'infanterie, rencontra un régiment de dragons prussiens, le chargea, le poursuivit jusqu'aux portes de la ville, et lui fit 60 prisonniers. Pendant ce temps, le général Dupont avait fait déployer l'infanterie sur le plateau qui domine celle ville et prescrivait des dispositions d'attaque, lorsqu'on vint lui rendre compte que l'ennemi continuait sa retraite.
Un bataillon d'infanterie légère (9e régiment) et un du 96e logèrent dans la ville. Les autres troupes bivouaquèrent en avant
" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 467).

"Ordre de mouvement.
Le général Dupont partira demain, 21 du courant, à 10 heures précises du matin, avec le 96e régiment, un bataillon du 32e, un bataillon du 9e et la Brigade de dragons pour se rendre à Elbing, passant par Preuss-Marck. Il y arrivera serré et de manière à pouvoir surprendre la ville où, suivant les rapports, il doit se trouver 7 à 800 hommes d'infanterie, et un ou deux escadrons de cavalerie.
Le général Dupont laissera à Holland le colonel Darricau avec un bataillon de son Régiment ; deux compagnies de ce bataillon seront placées l'une à Marienfelde et l'autre à Steegen.
Le général Dupont laissera aux ordres du général Tilly le colonel Meunier, un bataillon du 9e et deux pièces d'artillerie.
Le général Tilly partira de ses cantonnements à 9 heures précises du matin, avec la division de cavalerie légère et les troupes que lui laisse le général Dupont. Il se dirigera sur Mühlhausen et, après avoir fait reconnaître si l'ennemi occupe cette ville, il y fera entrer l'infanterie dans le cas où l'ennemi ne fût pas en état d'y opposer une grande résistance.
La cavalerie légère sera cantonnée à Herrendorf, Schönfeld, Sumpf, et villages environnants.
Le 2e de hussards sera placé en 2e ligne pour pouvoir faire ferrer ses chevaux.
Les généraux Dupont et Tilly communiqueront ensemble par des détachements afin de pouvoir se secourir mutuellement.
Le Prince suivra l'un ou l'autre mouvement ; mais il ordonne aux deux généraux de correspondre entre eux toutes les heures et de se prévenir mutuellement de ce qu'ils apprendront de l'ennemi.
Les compagnies du 9e restées en arrière rentreront à leur régiment.
Le général Tilly arrivé à Mühlhausen enverra de fortes reconnaissances sur la route de Braunsberg, Mehlsack et Wormditt.
Tous les soldats malades et les chevaux éclopés seront envoyés à Holland.
Le général Dupont donnera les ordres au colonel Meunier pour la rentrée des compagnies.
J. Bernadotte
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 468).

Le lendemain, ayant appris que l'ennemi s'était porté sur Mühlhausen, le Maréchal Bernadotte prescrit au Général Dupont de laisser le 9e Léger en entier, à Holland, à la disposition du Général Tilly (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 468).

Le 21 janvier 1807, Napoléon écrit depuis Varsovie, au Maréchal Berthier : "... Je ne puis que témoigner mon mécontentement au major général de ce que mes ordres ne s'exécutent pas. Il vient d'arriver ici un convoi de capotes pour le 9e d'infanterie légère. Si l'on écrivait aux commissaires des guerres et aux commandants d'armes, on ne dirigerait pas toujours sur Varsovie ce qui doit en être envoyé à quatre-vingts lieues ..." (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11675 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14137).

Le même 21 janvier 1807, le Général Tilly se porte avec deux régiments de cavalerie et le 9e Régiment d’infanterie légère sur Mühlhausen (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 144).

Le 23 janvier 1807, à 6 heures du matin, Bernadotte écrit, depuis Elbing,au Général Dupont, à Elbing : "… Ordonnez au Colonel du 9e d'infanterie légère de concentrer un bataillon à Mühlhausen et environs. Celui qui a dû aller à Braunsberg devra se concentrer sur ce point et en arrière.
J. Bernadotte.
P. -S. — Ordonnez à vos Colonels de prendre des renseignements sur la position et les mouvements des armées russe et prussienne ; faites-vous rendre compte tous les jours, et prévenez-moi de ce que vous apprendrez
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 473).

"GRANDE ARMÉE
1er Corps
Au Quartier Général à Elbing, le 23 janvier 1807.
Etat-Major Général.
Ordre de Mouvement pour le 24 janvier 1807.
Le Général Dupont fera partir demain 24 janvier le bataillon du 9e régiment qui est à Braunsberg, et se dirigera sur Mühlhausen.
Le bataillon qui est à Mühlhausen sera dirigé sur Neuendorf et environs près de Holland.
Le bataillon du 32e et celui du 96e, qui sont entre Elbing et Holland, seront cantonnés près de Holland sur la route de Mohrungen ...
Le Général Tilly fera suivre par le 5e de chasseurs le mouvement du bataillon qui part de Braunsberg. Ce régiment se repliera sur Mühlhausen avec ce bataillon ...
Mouvements du 25.
Le Général Dupont concentrera sa Division entre Holland et Mohrungen exclusivement. Il mettra le plus de monde qu'il sera possible dans les villages près de Mohrungen ...
Les généraux Tilly et Dupont donneront des ordres pour éclairer les débouchés de la Passarge ...
Le quartier général du Maréchal Prince de Ponte-Corvo sera demain à Holland, et le 25 à Mohrungen ; c'est là qu'on lui adressera les Rapports.
MM. les Généraux donneront toutes les instructions de détail ; ils sont prévenus que tous ces mouvements sont commandés par ceux de l'ennemi qui a levé ses quartiers d'hiver et a inquiété la marche du Maréchal Ney ...
Le Maréchal Prince de Ponte-Corvo,
Bernadotte
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 473).

Le 23 janvier 1807, le Colonel Meunier, commandant le 9e Léger à Mühlhausen, écrit au Général Dupont qu'il se met en route pour Braunsberg. Par une deuxième lettre de 10 heures du soir, il l'informe qu'il vient d'arriver à Braunsberg avec son 1er Bataillon. La cavalerie a tout épuisé, tout enlevé. Frauenburg a subi le même sort. Il demande à y placer son 2 Bataillon. L'ennemi est à 1 lieue, mais en petit nombre (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 476).

Sur la fin Janvier, Bennigsen, nouveau commandant en chef de l'armée russe, lance ses hommes, en passant la Passarge, contre les cantonnements de Bernadotte, pour essayer de tourner l'aile gauche française. Le 24 janvier, Bernadotte, averti de l'offensive, demande à la division Dupont de quitter Elbing en hâte et de se porter vers lui à Mohrüngen où il n'a juste que quelques troupes de Pacthod, un bataillon du 9ème léger et du 8ème de Ligne, bientôt soutenus par la division Drouet.

- Combat de Mohrüngen

L'ennemi, massé, n'a pas trois lieues à faire pour se trouver devant Mohrungen, qui n'est alors défendue que par le 8e de Ligne ; fort heureusement ses mouvements sont très lents et laissent aux Français le temps de barrer la route de Liebstadt à Osterode. Le Maréchal Bernadotte a bien compris l'urgence d'arriver à Mohrungen avant les Russes, et il a donné à ses troupes l'ordre de se mettre en marche longtemps avant le jour.

Craignant que le 8e de Ligne, ainsi isolé, ne soit écrasé à Mohrungen, le Prince de Ponte-Corvo prescrit au Général Drouet, alors à Saalfeld, de se porter rapidement avec sa Division au secours de ce Régiment. Lui-même se mettant à la tête d'un Bataillon du 9e Léger qui était à Holland, et emmenant la Brigade de Dragons du Général Laplanche, se dirige en toute hâte sur Mohrungen et y arrive vers midi, en même temps que le Général Drouet, au moment où l'ennemi se présente pour attaquer cette ville (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 482).

Les Russes établissent leur infanterie en bataille sur une position excellente, hérissée d'artillerie, leur gauche appuyée à une forêt et à des lacs, leur droite flanquée par des marais et des lacs gelés ; en avant de leur front, ils occupent fortement le village de Pfarrersfeldchen, couvert par une nombreuse cavalerie; des nuées de Cosaques ont envahi toutes les plaines environnantes.

Le Maréchal Bernadotte fait immédiatement ses dispositions d'attaque. Il a alors sous la main le Bataillon du 9e Léger du Commandant Bouge, le 8e de ligne de la Division Rivaud, les 27e Léger et 94e de Ligne de la Division Drouet, les Dragons du Général Laplanche, et le 4e de Hussards, fort maltraité la veille à Liebstadt et commandé par le Chef d'Escadron Boudinhon, en l'absence du Colonel Burthe, blessé. Le 95e Régiment, de la Division Drouet, est resté à la hauteur de Eckersdorf, par ordre du Prince.

L'action commence par un engagement de cavalerie ; les Guides du Prince de Ponte-Corvo, des Dragons et des Hussards chargent vigoureusement les Cosaques qui masquent la ligne ennemie, et les dispersent. Le Maréchal fait établir, sur une hauteur dominant la position des Russes, une batterie de 4 pièces, dont le feu est très efficace ; puis il donne l'ordre au commandant Bouge d'emporter, avec le Bataillon du 9e Léger, le village de Pfarrersfeldchen qu'occupent 3 Bataillons russes, avec 6 pièces de canons. Cette brave troupe s'avance sans hésiter, et malgré le feu de six pièces tirant à mitraille et la fusillade d'une infanterie trois fois supérieure en nombre, elle se précipite sur le village. Le choc est terrible ; les Russes se défendent avec une opiniâtreté incroyable. Dans la mêlée, l'aigle du 9e est prise et reprise deux fois. L'ennemi amenant des réserves (3 autres Bataillons russes viennent renforcer le village), le Prince fait soutenir le Commandant Bouge par deux Bataillons du 27e d'infanterie légère : le 2e Bataillon, conduit par le Prince lui-même, et ayant à sa tête le Général Werlé, s'avance au pas de charge ; le 1er Bataillon, aux ordres du Colonel Charnotet, longe le bois qui est à notre droite, comme pour tourner la gauche ennemie qui s'y appuie. L'action devient très vive, les soldats se jettent avec impétuosité dans les rangs des Russes, Après un combat des plus sanglants, les Russes, ayant perdu un de leurs Généraux, emporté par un boulet, nous abandonnent le village ; dans leur retraite, ils sont vigoureusement chargés par un Escadron du 19e de Dragons.

Le Prince de Ponte-Corvo dispose ses troupes pour aborder la ligne russe. A droite, le 8e de Ligne prend position entre le village de Pfarrersfeldchen et le bois où était resté le 1er Bataillon du 27e Léger; au centre, se plaça le 27e d'infanterie légère, et, à la gauche, le 9e Régiment ; la Brigade de Dragons du Général Laplanche est mise en bataille à la gauche du village. L'ennemi est attaqué avec impétuosité sur tous les points, et la lutte devient acharnée ; le Général Pacthod, qui conduit le 8e de Ligne, est blessé d'un coup de mitraille à la cuisse, mais il n'en continue pas moins à diriger sa troupe au milieu du feu et à l'encourager de son exemple.

Au moment d'engager le combat, le Maréchal Bernadotte envoie son premier Aide de camp à la rencontre du Général Dupont, pour lui dire de se hâter et de déboucher par Wicse sur Georgenthal, de manière à tomber sur le flanc droit de l'ennemi en menaçant de le tourner. — La 1re Division a pris les armes à Elbing, à deux heures du matin, et, sans se reposer, sans manger, ces admirables soldats ont fourni une marche de douze lieues, par de très mauvais chemins, où l'artillerie a peine à avancer. Il est trois heures du soir, lorsque le Général Dupont se présente à Neuhof, à trois quarts de lieue de Mohrungen, avec un Bataillon du 9e Léger (Commandant Rameau), le 32e de Ligne, le 96e, et la cavalerie légère (2e de Hussards et 5e de Chasseurs).

L'attaque de front sur la ligne russe vient de commencer. Le Général Dupont lance sur Georgenthal le Bataillon du 9e Léger, qui se précipite à la baïonnette dans le village et s'en rend maître, non sans avoir fait un véritable carnage des Russes. Après une heure de combat, l'ennemi, se voyant tourné sur sa droite, par Georgenthal, abandonne sa position et se retire dans le plus grand désordre sur la route de Liebstadt. Il est vivement poursuivi. La nuit qui survient, empêche de pousser plus avant la poursuite (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 482).

Le Journal de la Division mentionne ainsi cet engagement : "Dans la nuit du 24 au 25, les 9e léger, 32e et 96e de ligne prirent les armes et se mirent immédiatement en route. A trois heures du soir, ils avaient fait 12 lieues et se mettaient en bataille sur le plateau en avant du village de Neuhof, distant d'environ trois quarts de lieue de Mohrungen. Les deux autres divisions, qui avaient précédé celle du général Dupont, étaient en position à droite de cette ville. Dans ce même moment, l'avant-garde de l'armée russe, forte d'environ 10000 hommes, débouchait et se formait en avant du village de Georgenthal. Des tirailleurs furent envoyés de part et d'autre et bientôt l'affaire devint générale et sur toute la ligne. Ce village, vivement défendu par l'ennemi, fut enlevé à la baïonnette par un bataillon du 9e d'infanterie légère. Ce premier choc ébranla l'ennemi et le força à la retraite, après une heure de combat dans lequel il perdit quelques centaines d'hommes tués ou faits prisonniers. Notre perte fut légère. Pendant que l'on se battait, les Cosaques parvinrent à tourner la ville de Mohrungen, y pénétrèrent et s'emparèrent d'une partie des équipages. Le général Pacthod avait fait la faute de ne pas y laisser une garde suffisante. — Malgré ce succès, le prince de Ponte-Corvo, qui savait que l'armée russe et le corps prussien étaient en mouvement, prit la sage résolution de battre en retraite sur Thorn, pour donner le temps à l'Empereur, qui était à Varsovie, de savoir ce qui se passait et de secourir le 1er corps d'armée" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 484).

Le Prince de Ponte-Corvo rend compte du combat de Mohrungen par un premier rapport, daté de Mohrungen, le 26 janvier 1807 : "... Il était midi lorsque l'attaque commença sur Mohrungen ; l'ennemi ne nous montra d'abord qu'une ligne de cavalerie ; il manœuvra de manière à nous faire croire qu'il se bornerait à une reconnaissance ; il voulait profiler de ce temps pour faire filer des troupes sur notre droite ; il s'attacha particulièrement à nous cacher ses forces. Quand je fus bien assuré des véritables projets de l'ennemi, je le prévins ; je marchai à lui après avoir formé ma ligne de bataille ; un bataillon du 9e d'infanterie légère fut chargé de s'emparer du village de Pfarrersfeldehen. Il était défendu par 3 bataillons russes ; malgré une fusillade des plus vives et sous le feu de 6 pièces de canon qui tiraient à mitraille, le bataillon du 9e entra dans le village ; l'ennemi s'y défendit avec une ténacité incroyable ; la mêlée dura plus de dix minutes, il se fit un grand carnage. L'aigle du 9e fut prise et reprise deux fois de suite. L'ennemi fit avancer une réserve qui était derrière le village ; de mon côté, je fis appuyer le bataillon du 9e par deux autres. Enfin, après un combat des plus sanglants, nous restâmes maîtres du village ...
J'ai beaucoup à me louer de toutes les troupes ; un bataillon du 9e s'est particulièrement distingué ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 485; Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 151).

"Dans la mêlée l'aigle du 9e d'infanterie légère fut prise par les Russes, mais les soldats s'en étant aperçus se précipitèrent sur ceux qui s'en étaient emparés et la reprirent.
De très belles charges d'un escadron du 19e dragons sur les pièces russes contribuèrent à les décider à la retraite
" (Journal Opération du 1er corps - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 151).

Le Général Dupont "arriva à ce village (Georgenthal) en même temps que les troupes de l'attaque de front ... ; l'ennemi fut horriblement maltraité. Tout ce qui se trouvait dans le village fut tué ; on ne fit de prisonniers que ceux qui se cachèrent dans les maisons. L'ennemi fut encore poursuivi jusqu'à une lieue au-delà de Georgenthal ; la nuit nous empêcha d'aller plus loin ...
L'ennemi fit avancer une réserve qui était derrière le village ; de mon côté je fis appuyer le bataillon du 9e par deux autres ; enfin, après un combat des plus sanglants, nous restâmes maîtres du village ... L'ennemi tenait au-delà une position très avantageuse ... Je fis avancer ma ligne d'infanterie ... L'ennemi nous attendit sur les hauteurs qu'il avait hérissées d'une nombreuse artillerie ; on l'aborda sans hésiter et pendant plus d'une demi-heure on se fusilla sur toute la ligne à moins de 100 pas de distance ...
" (Bernadotte à l'Empereur, 26 janvier - In Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 151).

Dans ses Mémoires, le général Dupont raconte ainsi le combat de Mohrungen : "… L'ennemi appuyait sa droite à ce lac malencontreux ; il est vivement attaqué de flanc et de revers, et notre passage téméraire ajoute encore à sa surprise. Il se replie vivement sur son centre, s'amoncelle et semble tournoyer sans pouvoir reformer ses rangs ; nous le pressons alors plus vivement, de concert avec les deux autres divisions. Un bataillon du 9e léger fait une charge brillante ; toute la ligne aborde l'ennemi de plus près et le force de tous côtés à la retraite. La nuit tombe, et le succès le plus heureux est décidé, malgré l'irruption faite par un corps de Cosaques dans la petite ville de Mohrungen, pendant le combat livré sous ses murs" (Mémoires inédits du général Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 485).

Les Russes se replient non sans lancer une dernière contre-offensive grâce à des renforts de cavalerie arrivés inopinément, causant de grandes pertes. Les Français finissent par rester maitres du terrain, tandis que les Russes stationnent, à peu de distance. Bernadotte reçoit de toute façon l'ordre de rétrograder vers l'Ouest pour attirer l'ennemi.

Le 9e Léger a chèrement combattu. Le Lieutenant Donot est tué et le Chef de Bataillon Rameaux blessé. Les pertes du 1er corps s'élèvent à 800 hommes, dont plus de 150 tués; l'ennemi a 15 ou 1600 hommes hors de combat.

LA PERTE DE DRAPEAUX DU 9EME LEGER A MOHRUNGEN

Les Russes s'emparèrent d'un premier drapeau du 9e Léger à Mohrungen, mais celui-ci était du modèle du Consulat (voir chapitre III). Ce qui prouve que le Régiment avait emporté au moins un de ses anciens drapeaux, en plus de ses Aigles. Ce n'est pas très réglementaire ! En tout cas, ce drapeau est surmonté d'une pique et pas d'une Aigle, comme on a pu le voir dans certaines illustrations. La chose est quasi certaine puisque les Russes décrivent, dans plusieurs de leurs rapports, les inscriptions sur ce drapeau, qui ne sont pas celles des modèles impériaux de 1804, mais d'un drapeau de 1802. N'oublions pas que beaucoup d'officiers nobles russes lisent et parlent parfaitement le français.
"L'adjudant-chef du 5ème Chasseurs (95e Ri) Basil Borodkine s'empare d'un drapeau du 9ème Léger dont quelques survivants trouvèrent le salut dans la fuite. Ce drapeau a été donné sous la république en récompense de bravoure de la demi-brigade qui portait le nom d'Incomparable".

Le 2e Bataillon du 9e Léger a sans doute aussi perdu un drapeau impérial, mais pas l'Aigle, qui s'était détachée de son piédestal quelques temps avant et avait été placée dans un caisson de bagages. Les Russes se sont emparés du piédestal et de sa hampe et sans doute du drapeau. L'Aigle, retrouvée après le combat par les Français, fut provisoirement fixée sur une perche. Une légende voudra que les Russes se soient emparés de l'Aigle, reconquis de haute lutte par le Régiment.

Le Général Baron Girod (de l'Ain), alors Sous-lieutenant au 9e Léger, raconte, dans ses Souvenirs militaires, qu'à Mobrungen cette aigle resta au pouvoir des Russes, et que ce fut pour cette raison que l'Empereur retarda l'avancement du colonel Meunier. "Dans la déroute de notre 2e bataillon, dit le Général Girod, trois porte-aigle avaient été successivement tués; un carabinier avait saisi le drapeau et l'emportait en se sauvant, lorsqu'il fut atteint par un officier russe à cheval ; le carabinier lança le drapeau par-dessus une clôture de jardin ; mais cela n'empêcha pas qu'il ne tombât aux mains de l'ennemi ; par un heureux et singulier hasard, l'aigle même s'étant, quelques jours auparavant, détaché de son piédestal, avait été mis dans un fourgon, pour être raccommodé à la première occasion ; de telle sorte que le bâton seulement, avec le piédestal portant le numéro du régiment, resta au pouvoir des Russes ; le soir du même jour, on apprit que tous les fourgons du régiment avaient été pris, à l'exception d'un seul, dont, pendant trois jours, on n'eut aucune nouvelle; enfin on le vit reparaître et il se trouva que c'était justement celui-là qui renfermait le précieux oiseau ; on s'empressa de l'en retirer et on l'attacha au bout d'une longue perche à houblon ; son apparition fit taire le bruit, qui commençait à circuler parmi les autres corps de la division, que le 9e léger avait perdu une aigle ; on mit dans le Moniteur que le régiment combattant en tirailleurs avait, en effet, perdu une de ses aigles ; mais qu'aussitôt que les soldats en avaient eu connaissance, ils s'étaient précipités au milieu des ennemis et avaient glorieusement reconquis l'honneur du régiment. La vérité demeura longtemps un secret, mais, deux ans après, le colonel Meunier ayant été proposé pour le grade de général de brigade, l'Empereur raya de sa propre main son nom de dessus l'état de proposition, en disant : Ce colonel a perdu une aigle à Mohrungen : il l'avait appris par les gazettes russes" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 520).

Voici ce que dit le 55e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE, daté de Varsovie, le 29 janvier 1807 : "Voici les détails du combat de Mohrungen :
Le maréchal prince de Ponte-Corvo arriva à Mohrungen avec la division Drouet, le 25 de ce mois, à onze heures du matin, au moment où le général de brigade Pacthod était attaqué par l'ennemi.
Le maréchal prince de Ponte-Corvo fit attaquer sur-le-champ le village de Pfarrersfeldchen par un bataillon du 9e d'infanterie légère. Ce village était défendu par trois bataillons russes, que l'ennemi fit soutenir par trois autres bataillons. Le prince de Ponte-Corvo fit aussi marcher deux autres bataillons pour appuyer celui du 9e. La mêlée fut très-vive; l'aigle du 9e régiment d'infanterie légère fut enlevée par l'ennemi ; mais, à l'aspect de cet affront dont ce brave régiment allait être couvert pour toujours, et que ni la victoire ni la gloire acquise dans cent combats n'auraient lavé, les soldats, animés d'une ardeur inconcevable, se précipitent sur l'ennemi, le mettent en déroute et ressaisissent leur aigle ...
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 160 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11737).

En tout cas, cet épisode contrariera l'avancement du colonel Meunier, l'Empereur croyant que son Régiment avait perdu une Aigle, ce qui était à moitié faux ...

Les troupes victorieuses prennent position sur le champ de bataille : le 27e Léger bivouaque en avant de Georgenthal, à gauche de la route de Liebsladt, et à droite de cette même route, s'établit le 9e Léger, ayant en avant de lui des postes de cavalerie légère; le 32e et le 96e occupent Georgenthal, avec les 2e et 4e Régiments de Hussards et le 18e de Dragons; un Bataillon du 8e de Ligne et le 94e se placent en arrière de Georgenthal ; un Escadron de cavalerie légère et deux Compagnies d'infanterie s'installent à Wiese pour surveiller la route de Rolland (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 484).

Le 27 janvier 1807, Bernadotte écrit, depuis Liebemühl, à l'Empereur : "... M. Rameau, chef de bataillon au 9e d'infanterie légère, a conduit ses soldats avec intrépidité, il a été blessé. Le chef d'escadron Pistres, les chefs de bataillon Rouge, Lamartinière, Aymar, se sont parfaitement comportés ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 487).

Le 29 janvier 1807, selon Bennigsen, 1 Capitaine et 17 Hussards du 4e Régiment sont capturés, à Grabau.

Effectivement, à Grabau, se trouve un poste, commandé par le Colonel Boudinhon, composé de 2 Compagnies du 9e Léger, et de 2 Escadrons du 4e Hussards. A 8 heures du soir, les avant-postes sont attaqués à Grabau. 6 ou 700 Cosaques et Hussards russes cernent ce poste ; le combat est très vif. Le Général Dupont s'étant porté de Rosenthal sur Grabau avec sa Division, y arrive au moment où nos détachements se font jour à coups de fusil, ayant le Général Cambacérès à leur tête. Vivement pressé, l'ennemi s'enfuit sur la route d'Osterode. Le Général Dupont écrit à son épouse, à ce sujet :
"Lobau, le 29 janvier.
J'ai eu encore affaire aux Russes aujourd'hui. Ils ont voulu enlever un poste où j'avais placé le général Cambacérès, et ils ont été complètement trompés dans leur espoir. Le 9e s'est bien montré ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 495).

Le Maréchal Ney écrit, le 29 janvier 1807, à Bernadotte : "... Un corps de 600 à 700 cosaques ou hussards russes ont cerné le poste avec rapidité ; … alors il s’est engagé un combat très meurtrier pour l’ennemi qui a tenté plusieurs fois d’enfoncer cette petite troupe … 30 à 40 Russes, dont 1 officier supérieur sont restés sur la place ; le nombre de leurs blessés a été bien plus considérable. Nous n’avons eu qu’un hussard tué et deux soldats d’infanterie blessés …" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 164).

"29 janvier 1807 . — Le 29, les troupes (1re Division) se dirigèrent sur Löbau. Le 9e léger occupa Rosenthal, le 32e Kazanitz, et le 96e avec l'état-major de la Division s'établirent à Bischwald. A peine arrivé, on entendit une fusillade au village de Grabau, qui était gardé par un escadron du 4e régiment de hussards, et 2 compagnies du 9e d'infanterie légère, commandés par le général de brigade Cambacérès. Le général Dupont fit aussitôt prendre les armes à sa Division et marcha rapidement sur Grabau. Chemin faisant, il apprit que deux régiments de hussards noirs et une centaine de Cosaques avaient tenté d'enlever les troupes qui se trouvaient dans ce village ; mais à l'approche de cette cavalerie, les deux compagnies du 9e léger et l'escadron du 4e de hussards avaient eu le temps de prendre une bonne position et de former le carré. Le feu de l'infanterie, fait à propos, déconcerta l'ennemi et l'obligea à se retirer sur-le-champ, en laissant sur le terrain plusieurs morts, dont un colonel et un capitaine, et quelques blessés. Les Français eurent à regretter un capitaine de hussards tué, et quelques hommes faits prisonniers. On admira le courage, le sang-froid et la bravoure que ce détachement montra dans cette circonstance difficile : il en reçut des éloges du Prince" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 496).

Le 30 janvier 1807, L'ennemi ne parait pas, et, à la nuit tombante, les troupes forment leurs bivouacs, la 1re Division, en avant des 2e et 3e Divisions, ayant le 9e léger à Bischwald avec le Quartier général (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 497).

"30 janvier (1/2 lieue). — Le lendemain, à sept heures du matin, la Division (1re) se rendit sur le plateau de la petite ville de Löbau, à une demi-lieue de Bischwald. Le 9e Régiment prit position en arrière de la ville et fut chargé de la défendre; le 32e et le 96e se mirent en bataille en avant, à la droite de la Division Drouet. La 3e Division fut placée en réserve. Toute la journée se passa dans cette position à attendre l'ennemi, mais il ne parut pas, et à la nuit tombante les régiments établirent leurs bivouacs. Le quartier général de la Division et le 9e léger occupèrent Bischwald.
Les renseignements parvenus au prince de Ponte-Corvo lui ayant fait connaître que plusieurs colonnes d'infanterie ennemie se dirigeaient par notre droite et notre gauche sur Thorn, S. A. fit lever le camp le 31, à 5 heures du matin, et continuer le mouvement de retraite
" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 497).

"31 janvier (9 lieues). — Nos régiments (1re Division) formèrent de nouveau l'arrière-garde. A une petite distance de Löbau, on aperçut sur les hauteurs à droite de la route environ quatre escadrons de hussards ennemis qui observaient nos mouvements. Quelques instants après ils inquiétèrent l'arrière-garde par des tirailleurs et ralentirent la marche, qui fut également retardée par les Divisions Drouet et Rivaud et les équipages qui nous précédaient. Il était sept heures du soir lorsque la division put prendre position. L'état-major et le 9e léger s'établirent à Scramawo ; le 32e et le 96e bivouaquèrent dans deux villages voisins (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 499).

"5 février (6 lieues). — Le 5, la division (1re) se rendit à Löbau. L'état-major et le 9e léger s'établirent de nouveau à Bischwald, le 32e à knzanitz et le 96e à Ratzone. Les habitants assurèrent que 1200 hussards noirs et quelques centaines de Cosaques avaient occupé ces villages pendant plusieurs jours, et qu'ils en étaient partis peu de temps avant l'arrivée de nos troupes ; ils ajoutèrent que l'ennemi était en pleine retraite" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 507).

"Au Quartier Général, à Osterode, le 6 février 1807.
Ordre de mouvement pour le 7 février 1807.
Le général Dupont fera partir demain matin à 7 heures un bataillon du 9e régiment d'infanterie légère, commandé par un colonel, un escadron du 2e régiment de hussards et une pièce de 3.
Ce détachement se dirigera sur Liebemühl, et de là sur Mohrungen, où il rejoindra le corps d'armée.
Le général Dupont sera réuni en avant d'Osterode, demain à 8 heures précises du matin, avec le reste de sa division, le 2e de hussards et le 5e de chasseurs : il se dirigera de suite sur Mohrungen, en passant par Reussen et Himmelforth
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 509).

"7 février (7 lieues). — On sut par les habitants, les officiers prisonniers, et les rapports des reconnaissances, que l'ennemi se retirait sur Mohrungen. Dès le lendemain matin, on se dirigea sur cette ville ; mais pendant la route on fut informé que le maréchal Ney avait battu l'ennemi le 5 à Mohrungen, lui avait pris 3000 hommes et 20 pièces de canon, et qu'il était à sa poursuite. La division arriva à 2 heures du soir ; l'état-major et le 96e régiment cantonnèrent au village de Wiese, le 9e léger et le 32e de ligne s'établirent dans celui de Georgenthal. Les habitants rapportèrent que le général en chef Benningsen et le prince Bagration avaient logé à Wiese pendant 7 jours avec beaucoup d'infanterie et de cavalerie russes (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 510).

Le 8 février, la marche du 1er Corps continue vers le Nord; le Quartier général est à Reichertswalde. Les troupes de la 1ère Division occupent les emplacements suivants : le 9e Léger a Krückehnen ; le 32e et le 96e à Reichwalde et Pfeifferswalde (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 513).

Le 1er Corps de Bernadotte n'a donc pas participé à la sanglante bataille d'Eylau les 7 et 8 février. Il n'arrive sur le champ de bataille que le 11, pour découvrir un véritable charnier.

"11 février (4 lieues). — Les Régiments (1re Divon) bivouaquèrent au village de Palauen, et se dirigèrent le lendemain 11 sur Eylau. A une petite distance de cette ville, le chef d'état-major du 1er corps fit connaître au général Dupont les cantonnements qui étaient assignés à la Division. Ils furent répartis ainsi qu'il suit : L'état-major de la Division à Althof. Le 96e de ligne à Althof et à Strobehnen. Le 9e d'infanterie légère à Possmahlen, Wogau et Waldkeim. Le 32e d'infanterie légère à Leissen, Jöhken, et Grawentien. Le quartier général du Prince de Ponte-Corvo, à Goercken. Arrivés à Eylau, nous sûmes que l'ennemi, qui en avait été chassé le 7 au soir par l'avant-garde commandée par le prince Murat, avait attaqué l'armée française le 8 à 6 heures du matin, au moment où elle allait se mettre de nouveau à sa poursuite. Le choc fut terrible. On se battit pendant 12 heures avec une égale opiniâtreté, et la nuit seule mit fin au combat. La victoire ne resta aux Français que parce que l'ennemi se relira pendant la nuit. La perte de celui-ci fut portée à 20000 hommes, celle de l'armée française à 15000. Le champ de bataille était jonché de cadavres. Plusieurs régiments furent défaits en entier, d'autres réduits à moitié. L'Empereur passa la revue des corps d'armée, les réorganisa et fit de nombreuses promotions dans tous les grades.
12 février. — Dans la nuit du 12 au 13, un incendie éclata à Althof où se trouvait le quartier général de la Division. La violence du vent fut telle qu'en quelques instants la moitié du village fut entièrement brûlée ; plusieurs hommes et chevaux périrent dans cet incendie. La Division y perdit ses ambulances.
La Division conserva les mêmes cantonnements le 12 et le 13 février
" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 518).

"Ordre de Mouvement pour le 14.
Les troupes du Corps d'armée se mettront en marche demain 14, de manière à ce que chaque Division soit réunie à 7 heures du matin sur les points désignés ci-après, savoir : La 1re Division à Soeben (le Bataillon du 9e léger qui est avec la cavalerie légère est excepté de cette disposition) ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 519).

Epuisée, l'armée française ne pouvait pas poursuivre les Russes, dont l'arrière garde se défendait encore avec ténacité. Les Français se replient donc sur leurs anciens quartiers d'hiver, et l'Empereur s'installe à Osterode.

"14 février (4 lieues). — Le 14, à 4 heures du matin, elle (1r e Division) alla prendre position au village de Soeben, d'où elle partit à 3 heures du soir pour se rendre à Kreutzburg. L'état-major, le 9e léger et le 32e logèrent dans la ville; le 96e s'établit en arrière du village de Porschkam. Nous apprîmes alors que l'armée se retirait sur la rive gauche de la Passarge, pour y attendre des renforts et se reposer. Les troupes aux ordres du général Dupont se dirigèrent dès le lendemain sur Mühlhausen, où elles arrivèrent le 23" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 522).

Le 15 février 1807 a lieu une affaire à Mahnsfeld, très malheureuse pour le Général Sahuc (1 Officier tué et 7 blessés); le Général Sahuc, dans une lettre adressée le jour même à Bernadotte, la rapporte dans les termes suivants, en s'efforçant évidemment d'en atténuer les détails : "J'avais ordonné au général Margaron de se porter ce matin sur Mahnsfeld et je m'y étais rendu avec une partie du 27e (dragons) ... A mon arrivée je trouvai la cavalerie légère en bataille et seulement un engagement de tirailleurs d'un côté à l'autre du village. Le général Margaron ne tarda pas à me joindre avec le reste du 27e. Il avait donné l'ordre au 17e (dragons) de le joindre en route et était étonné de ne point le voir arriver. On vit alors sur la gauche et à une grande distance une colonne débouchant sur Ramsen (2e hussards) ... La droite de l'ennemi ... se porta en force sur Ramsen ... J'appris seulement dans un moment par le colonel du 2e que le 17e avait suivi le même chemin et s'en était séparé dans un défilé. Le 27e se porta aussitôt vers Ramsen, je fis attaquer fortement et reprendre Mahnsfeld, mais le 17e, attaqué en sortant d'un défilé et hors de mesure, avait été défait et rien ne pouvait réparer ce malheur. L'ennemi forma alors une attaque régulière sur Mahnsfeld. Une colonne, débouchant par la route de Gollau avec 2 pièces, menaçait ma droite tandis qu'une autre colonne, venant par la route de Lichtenhagen, attaquait de front également avec 2 pièces et que de la cavalerie menaçait ma gauche ... le bataillon du 9e avait épuisé ses munitions ; J'avais un défilé difficile derrière moi ; j'ordonnai la retraite, elle se fit en règle ... J'ai pris position en avant d'Ardenberg (Ahrensberg) ..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 243).

La gravité de cette affaire est cependant soulignée dans une lettre du Colonel Meunier, du 9e Léger, adressée elle aussi le 15 février 1807, au Général Dupont : "Je ne vous dirai rien de l'affaire d'aujourd'hui si ce n'est qu'elle ne nous fait pas beaucoup d'honneur ; je vous ai beaucoup désiré ici, mon Général, car notre cavalerie était en nombre supérieur, mais personne n'a chargé. Nous avons failli être victimes de la pusillanimité de ces messieurs (les cavaliers) qui ne veulent jamais faire un pas sans nous (l'infanterie)..." (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 243).

Le même 15 février, le Maréchal Bernadotte fait savoir au Général Dupont que les Colonels Darricau, du 32e, et Barrois, du 96e, sont nommés Généraux de Brigade. En apprenant ces nominations, le Colonel Meunier, du 9e Léger, adresse au Général Dupont la lettre suivante :
"Harensberg, le 16 février 1807.
Au Général de Division Dupont.
Mon Général, l'ennemi nous a laissés tranquilles cette nuit. Aucun mouvement de leur part ne parait ce matin ; ils occupent, le moulin, et la grand garde est au pont où ils ont en avant deux vedettes et un fantassin. On tiraille un peu à notre gauche, cela parait être à distance d'une lieue et demie d'ici.
Je suis très flatté de l'avancement de mes deux collègues. Quant à mon tour, qu'il arrive ou qu'il n'arrive pas, cela ne m'inquiète guère.
Mon seul désir est de continuer à mériter votre estime et de rester sous vos ordres pour achever la besogne commencée.
Agréez, mon Général, mon respect et dévouement.
Meunier.
P. -S. — Le régiment est ici on ne peut plus mal, pour les armes et la santé du soldat. Il n'y a qu'une maison ravagée, mais les circonstances l'exigent, nous resterons. Si nous pouvons avoir du pain, je vous prie de me le faire envoyer
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 520. A noter que le passage "... On tiraille un peu à notre gauche, cela paraît être à distance d'une lieue et demi d'ici ..." est cité dans Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 246).

Le Colonel Meunier, proposé de nouveau pour l'avancement après la bataille de Friedland, ne fut nommé Général de Brigade que le 8 janvier 1810 ; il devint Général de division le 3 novembre 1813.

Le 21 février 1807, le Général Dupont fait entrer dans Wormditt le 32e et le 96e de ligne; le 9e Léger occupe Bornitt et Kleefeldt avec un Bataillon, Heinrickau et Komainen avec l'autre Bataillon (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 526).

Le 22 février, au matin, les troupes se mettent en marche pour aller occuper leurs nouveaux cantonnements ; elles franchissent la Passarge à Alcken et à Spanden. L'ordre suivant fait connaître les emplacements à prendre :
"Ordre de Mouvement pour le 22 février.
Le général Dupont se dirigera, à 6 heures 1/2, sur la route de Holland et il ira cantonner à Behlenhof, Liebenau, Bordehnen, Hermsdori, Gotschendorf et Plehnen. Il fera partir de Kleefeldt sa cavalerie légère et le bataillon du 9e, à 7 heures du matin ; il dirigera cette colonne par Wusen sur Spanden, où elle passera la Passarge. Le bataillon du 9e sera établi à Spanden pour garder le pont ; la cavalerie légère occupera Deutschendorf, Schlodien et Spanden ; un fort détachement d'infanterie et de cavalerie légère occupera Wusen comme avant-poste ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 526).

Les Russes de Benningsen ne cessent d'inquiéter les Français sur la Passarge.

Le 23 février 1807, le Colonel Meunier écrit au Général Dupont : "Trois hommes du régiment qui étaient de garde sur la rive droite de la Passarge ont été pris par les Kauzaques, hier ; l'officier de garde est un de ces vélites arrivés depuis peu au corps ; il est bien malheureux de perdre des hommes de cette manière, mais cela nous arrivera tant que nous aurons des postes commandés par des jeunes gens qui sont sans expérience pour le métier qu'ils font" (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 1, page 268).

L'ordre de mouvement pour le 23 prescrit les mesures à prendre pour observer l'ennemi et l'empêcher de franchir la Passarge, savoir :
"Ordre de Mouvement pour le 23 février.
Le général Dupont laissera à Spanden 300 hommes d'infanterie légère qui seront casernes au château; le reste du régiment ira cantonner dans les villages de Schlodien, Seepothen et Boarden, si ce dernier endroit se trouve sur la rive gauche de la Passarge; dans le cas contraire, il ne serait point occupé.
Le village de Wusen sera abandonné demain à 5 heures du matin : il sera éclairé souvent par des patrouilles.
La compagnie de sapeurs sera mise à la disposition du général Dupont, et elle devra être rendue à Spanden le 24 au soir, pour construire une tête de pont, où l'on puisse placer deux pièces de canon. Cette tête de pont devra être construite en peu de jours; on y fera travailler les paysans des environs, et 100 soldats qui seront payés à raison de 20 sols par jour.
Le général Dupont fera reconnaître un gué, qui doit exister entre Boarden et Spanden ; il y établira un poste d'infanterie avec 4 hommes à cheval, pour rendre compte; il fera élever un épaulement devant ce gué, afin que la garde puisse se placer derrière ce retranchement, et résister à l'ennemi qui se présenterait pour passer la rivière.
Le général Dupont enverra le 4e régiment de hussards cantonner dans les villages de Lohberg et Herrendorf ; il placera le 2e de hussards et le 5e de chasseurs à Lauck, Fürstenau, Ebersbach, Tiedmansdorf, et Parlack.
Il fera faire de fortes reconnaissances le long de la Passarge jusqu'à Braunsberg ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 527).

- Combat de Braunsberg, 26 février 1807

Ney repousse les Russes le 26 février à Guttstadt; Bernadotte le même jour à Braunsberg.

Les Régiments de Dupont, prévenus dans la nuit, se trouvent réunis le 26, au point du jour. Les effectifs, très réduits, ne dépassent pas, au total, 6000 hommes, y compris la cavalerie légère.
Pour diviser l'attention de l'ennemi, le Général forme ses troupes en deux colonnes : celle de droite, composée du 9e Léger et du 5e de Chasseurs, est placée sous les ordres du Général Labruyère ; elle doit longer la Passarge et déboucher par Pettelkau. La colonne de gauche, la plus importante, conduite par le Général Dupont en personne, et par le Général Barrois, est formée des 24e, 32e et 96e Régiments de ligne, et des 2e et 4e de Hussards ; elle s'avance par la route de Mühlhausen et débouche par Rautenberg.
En sortant de Braunsberg dans la direction du Sud, on rencontre un ravin profond, au delà duquel sont les villages de Zagern, à gauche, et de Slangendorf, à droite. L'ennemi a mis dans Zagern un détachement important, mais le gros de ses forces est en arrière de Stangendorf, barrant la route.
Le Général Labruyère arrive devant Zagern à deux heures ; il attaque le village et l'enlève sous une fusillade très vive ; le 9e Léger, conduit par le vaillant Colonel Meunier, y montre sa bravoure accoutumée et prend deux pièces de canon. L'ennemi est rejeté vers Braunsberg, au delà du ravin.
De son côté, le Général Dupont, ayant chassé les avant postes ennemis de Wittenberg, fait ses dispositifs pour aborder la position de Stangendorf. Le 32e de ligne se déploie à droite de la route, pendant que le 96e se porte rapidement sur le village ; le 24e, formé en colonne, reste en seconde ligne et suit le mouvement. Le 2e et le 4e de hussards manœuvrent de façon à se trouver tantôt sur les ailes, tantôt dans l'intervalle des Régiments, suivant la disposition du terrain. Quoique l'ennemi occupe, sur les hauteurs en arrière de Stangendorf, une position très avantageuse, il ne peut résister à l'impétuosité de l'attaque du Général Dupont ; culbuté et vigoureusement mené, il se replie précipitamment au delà du ravin et prend une nouvelle position adossée aux portes et aux murailles mêmes de la ville.
Le temps est affreux; des tourbillons d'une neige épaisse fouettent les soldats au visage et leur cachent l'ennemi qui, abrité derrière les murs et clôtures des jardins, dirige un feu très vif sur les assaillants ; on ne distingue pas au delà de vingt pas. Mais rien ne peut arrêter les soldats de Dupont ; profitant de quelques éclaircies, ils s'élancent à la baïonnette, enfoncent Russes et Prussiens et pénètrent dans Braunsberg, en même temps que le colonel Meunier et le 9e Léger y arrivent sur la droite. Fantassins et cavaliers, rivalisant de courage et d'entrain, se jettent dans les rues pêle-mêle avec les fuyards dont ils massacrent un grand nombre. L'ennemi se précipite vers le pont et franchit la Passarge dans un désordre inexprimable. On le poursuit jusqu'à Rasiedelburg. Il laisse entre nos mains 1500 prisonniers, 9 pièces de canon et un drapeau (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 529).

Les lieutenants Leprest, Bonneau et Vadel du 9ème Léger y sont blessés.

Le Journal de la 1re Division décrit ainsi le combat de Braunsberg : "26 février (8 lieues). — Mühlhausen et quelques villages voisins avaient été désignés à la Division pour ses cantonnements définitifs, mais la ville de Braunsberg, qui se trouvait à l'extrême gauche de l'armée, était occupée par 5000 Prussiens et 6000 Russes, et il devenait important de s'en emparer. Le général Dupont fut chargé de cette glorieuse mission.
En conséquence, il réunit sa Division le 26 février à 5 heures du matin et marcha sur Braunsberg. Pendant la route, on aperçut plusieurs patrouilles qui se replièrent successivement. A une demi-lieue de la ville, le général fit arrêter la colonne, examina le plus loin possible le terrain qui le séparait de la ville, et prescrivit toutes les dispositions d'attaque. Une grande partie de la Division se déploya ; le reste continua à inarcher en colonne. Peu après, les tirailleurs rencontrèrent les avant-postes ennemis ; la fusillade se fit entendre et ne tarda pas à devenir générale. Après un combat très vif de plusieurs heures, le général ordonna une charge à la baïonnette. L'aide de camp Barbarin fut chargé par le général Dupont de donner cet ordre et d'en suivre l'exécution ; il entra un des premiers dans la ville. Les régiments marchèrent à l'ennemi avec une brillante audace, prirent ou tournèrent les ouvrages qui défendaient les approches de la ville, et y pénétrèrent pêle-mêle avec les Russes et les Prussiens, qui fuirent dans le plus grand désordre, en laissant au pouvoir des Français 1500 prisonniers, 9 pièces de canon et un drapeau. La nouvelle de ce succès, obtenu peu de temps après la bataille d'Eylau, fut accueillie avec enthousiasme par toute l'armée, et produisit un effet sublime sur son moral.
On s'établit à Braunsberg. Le 9e léger logea dans le faubourg sur la rive droite de la Passarge, le 32e et le 96e dans la ville sur la rive gauche, et le 24e de ligne, qui était venu renforcer la Division quelques jours auparavant, fut envoyé à Frauenburg, à 2 lieues de Braunsberg
" (Journal des marches et cantonnements de la division Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 535).

Le général Dupont rend compte du combat de Braunsberg au Prince de Ponte-Corvo, par le rapport suivant :
"Monseigneur,
Je me suis, d'après vos ordres, porté hier sur Braunsberg pour m'emparer de cette ville. Elle était défendue par un corps de 8 à 10 mille hommes dont 3 mille Russes.
Nous avons marché sur deux colonnes. Le 9e d'infanterie légère et le 5e de chasseurs à cheval se sont dirigés par Pettelkau ; les autres troupes par Rautenberg. A deux heures après-midi, le général Labruyère qui commandait la colonne de droite, a trouvé l'ennemi à Zagern et l'a fait replier jusqu'au delà du ravin qui se trouve en avant de ce village. Le feu de la mousqueterie a été très vif, et le 9e régiment y a montré sa bravoure ordinaire et brillante. Pendant ce temps l'avant-garde de la colonne de gauche chassait les avant-postes ennemis de Wittenberg. Les troupes ont débouché hors du bois, et nous avons marché à l'ennemi, qui avait sa droite près du village de Stangendorf, et sa gauche au bois ; son artillerie avait une position favorable sur la hauteur.
Le 32e régiment s'est déployé à droite de la route. Le 96e s'est porté rapidement sur le village de Stangendorf où l'ennemi allait entrer. Le général Barrois a manœuvré avec habileté sur ce point. Le 24e suivit au centre et en colonne le mouvement des deux autres régiments. Le 2e et le 4e de hussards manœuvraient tantôt sur les ailes, tantôt dans l'intervalle des régiments.
C'est dans cet ordre que nous nous sommes emparés de la position de l'ennemi et que nous l'avons replié jusqu'au ravin profond qui couvre la ville, et où il a pris une nouvelle position. Nous avons alors formé des colonnes d'attaque et marché au pas de charge Le succès a été prompt, et ce mouvement a fait taire l'artillerie et la mousqueterie ennemies. Le ravin a été passé rapidement et nous nous sommes trouvés aux portes de la ville où le combat a recommencé contre les troupes qui arrivaient de la rive droite de la Passarge au secours de la ville. La vivacité du feu n'a pas suspendu longtemps l'impétuosité de l'attaque. Les bataillons se sont précipités sur l'ennemi et se sont emparés des portes de Braunsberg. Les rues de la ville ont été jonchées de morts, particulièrement des Russes, et dans la poursuite on a fait beaucoup de prisonniers. Leur nombre est de 1500 à 2000, y compris les blessés. Neuf pièces de canon, dont 3 russes, et un drapeau, sont aussi restés en notre pouvoir.
Le 24e régiment a rivalisé avec les autres corps de la Division, et mérité la même réputation d'audace et de fermeté. Le colonel Sémélé s'est beaucoup distingué.
Le chef de bataillon Bouge a parfaitement conduit le 32e et acquis de nouveaux droits au grade que j'ai demandé pour lui.
Le colonel Meunier a mérité des éloges ; et le général Barrois a justifié la confiance de l'Empereur, dans son nouveau grade.
Beaucoup d'officiers et de soldats ont mérité d'être cités, et je vous adresserai pour eux des demandes particulières.
Je suis bien flatté, Monseigneur, de la persuasion où je suis que Votre Altesse, instruira l'Empereur des nouvelles preuves de dévouement et de courage qu'a données ma division dans cette glorieuse affaire
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 530).

Le Maréchal Bernadotte adresse au Major général le rapport suivant : "À Holland, ce 27 février 1807.
A S. A. S. le Prince de Neuchâtel, Major Gal de l'Armée,
Prince, j'ai l'honneur de vous transmettre les détails de la prise de Braunsberg.
Le Gal Dupont, que j'avais chargé de s'emparer de cette ville, s'y est porté avec sa Division et la cavalerie légère ; il a marché sur deux colonnes. Le 9e d'infanterie légère et le 5e de chasseurs à cheval se sont dirigés par Pettelkau ; les autres troupes par Rautenberg. A deux heures après midi, le Gal Labruyère, qui commandait la colonne de droite, a trouvé l'ennemi à Zagern et l'a fait replier jusqu'au delà du ravin qui se trouve en avant de ce village. Le 9e régiment a déployé dans cette circonstance, sa bravoure ordinaire.
Au même instant, l'avant-garde de la colonne de gauche chassait les avant-postes ennemis de Wittenberg.
Bientôt, toute la division a débouché hors du bois, et a marché à l'ennemi qui avait sa droite appuyée au village de Stangendorf, et son artillerie favorablement placée sur les hauteurs.
Le 32e s'est déployé à la droite de la route, et le 96e s'est porté rapidement sur le village de Stangendorf. Le 24e suivait au centre et en colonne. Les 2e et 4e régiments de hussards manœuvraient pour seconder les mouvements de toute la ligne.
L'ennemi a été, de suite, chassé de sa première position et a été contraint de se replier jusqu'au ravin profond qui couvre la ville de Braunsberg où il a pris une nouvelle position.
Alors le Gal Dupont a formé ses colonnes d'attaque, et l'on a marché au pas de charge. Le succès a été prompt et le mouvement rapide de nos troupes a fait taire l'artillerie et la mousqueterie ennemies. Le ravin a été passé et l'on est arrivé aux portes de la ville où le combat a recommencé contre les troupes ennemies renforcées de quelques bataillons arrivant de la rive droite. L'ennemi a fait ici un feu très vif et très nourri; mais rien n'a ralenti l'impétuosité de l'attaque. Nos bataillons se sont précipités dans la ville, et ont tout culbuté, à la baïonnette. Un grand nombre de morts, et surtout de Russes, est resté sur la place. En poursuivant le reste, on a fait beaucoup de prisonniers : leur nombre est d'environ 2000, y compris les blessés. Un drapeau et 9 pièces de canon, dont 3 russes, sont aussi restés en notre pouvoir. Le 9e régt d'infanterie légère a pris deux de ses pièces ; un escadron du 2e de hussards en a ramené trois, en chassant l'ennemi jusqu'à Einsiedelkrug. Le 24e régiment d'infanterie a pris un drapeau. Le 32e a aussi pris deux pièces. Le Gal Dupont se loue particulièrement de la conduite du 24e de ligne. Ce corps, nouvellement arrivé au corps d'armée, a rivalisé avec tous les autres régiments de la Division.
Le Gal Dupont cite parmi ceux qui se sont le plus distingués, le Gal Barrois, le Gal Lahoussaye commandant la division de cavalerie légère, M. Meunier, commandant le 9e léger; M. Sémélé, colonel du 24e ; M. Bouge, chef de bataillon au 32e et M. Hubinet, clief d'escadron au 2e de hussards.
Je ne vous reparlerai point, M. le Duc, du Gal Dupont ; il a confirmé dans cette nouvelle occasion l'opinion que tous les militaires ont déjà de ses talents et de son intrépidité.
Je renouvelle à Votre Altesse ...
J. Bernadotte.
P. S. — Les prisonniers et les canons seront demain ici ; je les dirigerai de suite sur le quartier impérial
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 532).

Dans ses Mémoires, le Général Dupont donne, sur le combat de Braunsberg, des détails pleins d'intérêt : "A peine la division est-elle établie dans ses cantonnements sur la Passarge, qu'elle reçoit l'ordre de reprendre les armes et de marcher sur Braunsberg.
L'ennemi, devançant notre marche, s'était emparé de cette ville, située sur la Passarge ; elle formait la gauche de notre ligne, et sa possession nous devenait indispensable ; il fallait l'enlever avec d'autant plus de promptitude à l'ennemi, qu'elle lui donnait une position offensive et qu'il semblait tirer avantage de notre mouvement rétrograde.
Le 25, dans la nuit, je donne à mes quatre régiments l'ordre de se trouver le lendemain matin sur un point indiqué pour la réunion de tous les corps. Ils y arrivent tous avec une précision admirable, malgré l'éloignement et le peu de temps qui leur avait été donné.
Le corps ennemi qui occupait Braunsberg était fort d'environ 10 000 hommes, et composé de Russes et de Prussiens. Ses postes avancés se replient à notre approche. L'ennemi a pris une position favorable en avant de la ville avec ses forces principales. Il a garni de troupes les clôtures des jardins sur sa droite, pour se prémunir contre toute attaque de flanc, et son front est couvert par un large ravin. Une artillerie nombreuse appuie sa ligne. Ma division formait deux corps. La droite, sous les ordres du général Labruyère, se porte sur Braunsberg par la route qui longe la Passarge. Le corps principal, composé de mes trois régiments d'infanterie de ligne (32e, 24e et 96e) et du 4e de hussards, s'avance directement sur la ville. Le combat s'engage par le corps de droite. Le 9e léger, qui le compose en grande partie, gagne du terrain, fait une charge heureuse et enlève à l'ennemi deux pièces de canon.
Depuis quelque temps, le feu de l'artillerie et des rangs régnait sur le point principal, lorsque nos escadrons exécutant plusieurs charges avec succès, menacent les lignes de l'ennemi.
J'ordonne en ce moment au 32e et au 96e d'aborder sa première ligne ; ce mouvement l'oblige à se replier en franchissant le ravin qu'il défend encore avec opiniâtreté mais en vain.
Les ennemis forment aussitôt une nouvelle disposition plus rapprochée de la ville ; le combat recommence ; presque adossés aux murailles de Braunsberg, les Russes et les Prussiens nous opposent, avec la supériorité du nombre, l'appui du terrain. Nos deux corps, quoique séparés, marchaient de concert, et cette séparation même les secondait mutuellement ; leurs progrès inquiétaient davantage l'ennemi sur ses derrières et lui donnaient des craintes sur sa retraite. La saison était rigoureuse, la terre couverte de neige, et, dans le moment où l'action se ranime avec plus de vivacité, les flocons d'une neige épaisse nous enveloppent de son nuage. A vingt pas de distance les corps ne pouvaient plus s'apercevoir. Nous profitons cependant de quelques éclaircies, et notre première ligne marchant, la baïonnette en avant, refoule successivement l'ennemi qui se reforme, et elle est secondée par des attaques dirigées sur les barrières et murs de clôture, d'où partait contre nous un feu des plus vifs ; mais la neige obscurcissait quelquefois tellement nos mouvements, qu'ils devenaient tout à fait incertains. Je fus moi-même obligé de tenir de ma propre main le guide qui me conduisait vers la porte de la ville, dans la peur que s'échappant sous les balles qu'il entendait, il ne nous fît perdre notre direction.
Nos efforts sont enfin couronnés de succès ; nous arrivons sous les murs de Braunsberg ; l'ennemi, repoussé de toutes parts, s'y jette précipitamment et opère sa retraite sur la rive droite de la Passarge. Le brave colonel Meunier, à la tête de sa 9e légère, le poursuit de près et lui fait essuyer de nouvelles pertes. Je le fais en même temps presser dans la ville avec rapidité par la colonne principale ; elle enlève le pont, nos escadrons pénètrent pêle-mêle dans la ville avec les Russes et les Prussiens qui fuient dans le plus grand désordre en laissant au pouvoir des Français 1500 prisonniers, 9 bouches à feu et plusieurs drapeaux.
La prise de Braunsberg n'a pas seulement été un fait remarquable par le triomphe du petit nombre sur un corps beaucoup plus considérable ; il faut la considérer dans ses résultats. Cette action a fait une impression d'autant plus vive que la bataille d'Eylau en avait fait une plus terrible. La nouvelle en fut accueillie avec enthousiasme par toute l'armée et produisit un effet remarquable sur son moral. La confiance et la joie avaient passé dans tous les rangs. Napoléon donna alors de hautes marques de l'importance qu'il attachait à ce succès rendu plus éclatant par les circonstances présentes.
La possession de Braunsberg assurait nos quartiers d'hiver et nous conservait un vaste territoire au delà de la Vistule, avantage que nous aurions perdu si la Passarge nous avait été enlevée ; nous n'eussions pu alors faire le siège de Danzig, place si importante pour le succès de la nouvelle campagne. Le combat de Braunsberg maintenait ainsi notre position sur la rive droite de la Vistule, nous donnait des moyens de subsistance plus abondants, et la faculté d'assiéger et de prendre Danzig
" (Mémoires inédits du général Dupont, Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 533).

Le 63e Bulletin de la Grande Armée, daté d'Osterode, le 28 février 1807, raconte : "... Instruit qu'une division russe s'était portée sur Braunsberg, à la tête de nos cantonnements, l'Empereur a ordonné qu'elle fût attaquée. Le prince de Ponte-Corvo chargea de cette expédition le général Dupont, officier d'un grand mérite. Le 26, à 2 heures après-midi, le général Dupont se présenta devant Braunsberg, attaqua la division ennemie, forte de 10,000 hommes, la culbuta à la baïonnette, la chassa de la ville et lui fit repasser la Passarge, lui prit 16 pièces de canon, 2 drapeaux, et lui fit 2,000 prisonniers. Nous avons eu très peu d'hommes tués ..." (Panckoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 180 ; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 130 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11907 ; E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 534).

Le 64e Bulletin de la Grande Armée daté de Osterode, le 2 mars 1807, raconte : "… Voici quelques détails sur le combat de Braunsberg.
Le général Dupont marcha à l'ennemi sur deux colonnes. Le général Bruyère, qui commandait la colonne de droite, rencontra l'ennemi à Zagern, et le poussa sur le ravin qui se trouve en avant de ce village. La colonne de gauche poussa l'ennemi sur Wittenberg, et toute la division ne tarda pas à déboucherhors du bois. L'ennemi, chassé de sa première position, fut obligé de se replier sur le ravin qui couvre la ville de Braunsberg ; il a d'abord tenu ferme, mais le général Dupont a marché à lui, l'a culbuté au pas de charge, et est entré avec lui dans la ville, qui a été jonchée de cadavres russes.
Le 9e d'infanterie légère, le 32e, le 96e de ligne, qui composent cette division, se sont distingués. Les généraux Barrois, Lahoussaye, le colonel Sémélé, du 24e de ligne, le colonel Meunier, du 9e d'infanterie légère, le chef de bataillon Bouge, du 32e de ligne, et le chef d'escadron Hubinet, du 9e de hussards, ont mérité des éloges particuliers …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 183 ; Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 11917).

Le Prince de Ponte-Corvo prévient le Général Dupont, qu'à partir du 28 février, il n'occupera plus Braunsberg que par un Bataillon, un Régiment de cavalerie (le 4e de Hussards) et 2 pièces d'artillerie ; il n'aura plus de postes sur la rive droite de la Passarge. En conséquence, il l'invite à détruire le pont de Braunsberg. "Il est nécessaire, écrit le Prince, que les ponts soient entièrement détruits et ne puissent pas être réparés facilement, puisque nous occupons une position défensive. Les troupes de la 1re division seront établies en échelons vers Muhlhausen, où il y aura un régiment. La cavalerie légère et le 9e léger resteront comme ils se trouvent, pour observer la Passarge. Le général Dupont rappellera le détachement de Spanden; il prendra ses mesures pour être prêt à concentrer rapidement ses troupes à Muhlhausen. Le point de réunion du 1er corps est à Saalfeld. Le général Labruyère peut rester à Braunsberg" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 535).

Le 6 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, à Daru, Intendant général de la Grande Armée : "Monsieur Dau, faites une circulaire à tous les commissaires des guerres, pour leur faire connaître les points sur lesquels ils doivent diriger les hommes isolés des différents corps d’armée, ainsi que les bagages et effets desdits corps. Vous y joindrez l'état des corps qui composent chaque corps d'armée, conformément au tableau ci-joint ...
1er corps
9e léger ...
Dépôts à Schwetz ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14497).

Le 22 mars 1807, l'Empereur écrit, depuis Osterode, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, mon intention est de compléter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs de la division Oudinot à un effectif de 150 hommes. Je désire en conséquence que vous fassiez réunir, conformément au tableau ci-joint, différents détachements d'hommes. De 5 pieds 4 pouces pour les grenadiers et de 4 pieds 11 pouces ou 5 pieds bien constitués pour les voltigeurs. Ces détachements peuvent partir sans sous-officiers, en désignant les meilleurs sujets pour en faire les fonctions pendant la route. Après en avoir passé la revue et avoir pourvu à ce que leur habillement et armement soient parfaitement en état, vous les ferez conduire par des officiers d'état-major, pour Thorn ...
9e légère 45
[Pour les grenadiers] 47 [Pour les voltigeurs] ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 14811).

Le 31 mars, depuis Osterode, Napoléon décide d'accorder 18 aigles d'honneur, dont neuf aux Officiers, et neuf aux Sous officiers et soldats, aux Régiments qui se sont distingués à Eylau. Il écrit au Maréchal Berthier : "Vous enverrez à chaque maréchal ce qui, dans les dispositions suivantes, concerne son corps d'armée, et sans que l'un connaisse ce qui regarde l'autre. 1° Il est accordé aux régiments dont l'état suit 18 aigles de la Légion d'honneur, dont 9 aux officiers et 9 aux sous-officiers et soldats qui se sont fait remarquer par leur courage et leur bonne conduite, depuis le commencement de la guerre de la quatrième coalition : … 9e ... d'infanterie légère ...
Du moment que les maréchaux auront reçu ma décision, ils ordonneront à chaque général de division de réunir chez lui les colonels et chefs de bataillon de chaque régiment, ainsi que les généraux, de brigade, et de dresser un procès-verbal qui constate les individus qui méritent le mieux la décoration. Ce procès-verbal sera envoyé au maréchal commandant le corps d'armée, qui le transmettra, avec ses observations, au major général. Tous ces procès-verbaux devront être arrivés avant le 6 avril. Le 7, le major général me les soumettra …
" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12240 ; Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 145013).

L'armée française se réorganise au cours du printemps, et se focalise sur les sièges des places fortes du Nord de l'Allemagne, encore aux mains des Prussiens et leurs alliés russes et suédois, et sur l'organisation de la Pologne. Napoléon a établi son QG à Finkenstein et y gère l'Empire.

Emplacement des troupes de l'Empire français à l'époque du 1er avril 1807
Infanterie légère
Numéros des Régiments, et noms des Colonels
Majors, Chefs de Bataillon et Quartiers-maîtres
Numéro des Bataillons
Emplacement, et conscription de l'an 1807
Division Militaire
9e Meunier
Deslon
Rameaux
Regeau
Broyer
Sayvé
Major
1er
2e
3e
Quartier-maître



A Landau
Conscrits des Vosges, du Cantal et de la Sesia

Division du Général Dupont
Division du Général Dupont
5e

Le 1er avril 1807, le Général Dupont écrit, depuis Braunsberg, à son épouse : "… Tu ne savais pas que M. Barrois était nommé Gal de Brigade. Je te l'ai écrit plusieurs fois. Que de lettres perdues ! Il reste avec moi dans son nouveau grade. Le colonel Darricau a été nommé aussi Gal de Brigade, et il a quitté la Division. J'avais demandé Le même grade pour le colonel Meunier, mais il n'a pas été nommé …" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 544).

A la date du 3 avril 1807, la 1re Division du 1er Corps de la Grande Armée a, en présents sous les armes, les effectifs suivants :
Le Général de Division Dupont, commandant :
Le Général Labruyère.
9e d'Infanterie légère, 1438 hommes dont 48 Officiers.
24e d’Infanterie de ligne, 1491 hommes dont 57 Officiers ... (Archives Dupont - In E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 543).

Le 21 avril 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Maréchal Kellermann, commandant un Corps de réserve de Gardes nationales : "Mon cousin, dans l'état de situation de votre armée de réserve au 15 avril, je trouve ...
Que le 44e avait 462 hommes ; pourquoi n'en enverriez-vous pas 300 hommes ...
Je suppose que si vous ne les avez pas fait partir, c'est qu'ils n'étaient pas habillés. Mais moyennant l'autorisation que je vous ai donnée de les envoyer non habillés dans les régiments provisoires et de garnison, je pense que vous les avez mis en route ...
Je vois, par le même état, que vous pourriez faire partir également de Strasbourg :
du 3e régiment de ligne 500 hommes
... du 6e légère 500
du 9e idem 600 ...
Je suppose donc que tout cela sera parti ; si ce ne l'était pas, faites-le parti sans délai ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15379).

Le 7 mai 1807, l'Empereur écrit, depuis Finkenstein, au Général Lacuée, Directeur général des Revues et de la Conscription : "Dans votre projet de distribution, je vois que ... le 9e légère ... n'ont pas suffisamment. Il faut porter à chacun de ces 32 régiment l’un portant l’autre 300 hommes, ce qui fera 9 600 hommes. Vous trouverez de l'économie en suivant les bases que je vous indique, c'est-à-dire en mettant quelque chose de moins pour les légions, pour l'artillerie, pour les dragons" (Correspondance générale de Napoléon, t.7, lettre 15579).

Aux approches de la belle saison, Napoléon s'occupe de faire sortir ses troupes de leurs cantonnements, pour les camper, système qui, en les installant plus sainement, permet de les tenir rassemblées et de les exercer plus facilement, au grand avantage de l'instruction et de la discipline. Il devient aussi plus aisé de les nourrir. En outre, une armée campée n'a pas besoin de s'éclairer aussi loin que si elle était disséminée dans des cantonnements, et l'on peut ainsi éviter la guerre de postes avec les troupes légères de l'ennemi. Mais ne voulant point placer son armée en cordon, l'Empereur arrête qu'elle campera par Division. Il fait reconnaître le pays et désigne les emplacements des différents camps. Le 10 mai, le Prince de Ponte-Corvo reçoit l'ordre d'établir son Corps d'armée par Division, ainsi qu'il suit :
Division Dupont.
Le 9e d'Infanterie légère, à Braunsberg (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 546).

Le 27 mai 1807, à Finkenstein, "Le général CIarke rend compte qu’il a fait partir de Berlin le 9e régiment d'infanterie légère (?) pour Posen, d'où les compagnies de ce régiment provenant du 17e légère, des 34e, 40e, 88e, 100e et 163e ( ?) de ligne, se dirigeront sur Varsovie ; tandis que celles appartenant aux 10e légère, 3e, 4e, 18e, 57e et 59e de ligne se dirgeront sur Thorn ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 1, lettre 1149).

Composition du 1er Corps du Maréchal Bernadotte (puis Victor) au 30 mai 1807 :
1ère Division Général Dupont, 9e léger, 24e (3 Bataillons), 32e et 96e de ligne, 9 Bataillons, 6845 hommes
2e Division Lapisse : 16e Léger, 45e, 8e et 54e de Ligne, 8 Bataillons, 5971 hommes.
3e division Vilatte : 27e Léger, 63e, 94e et 95e de ligne, 8 Bataillons, 5489 hommes.
Artillerie, Génie et Gendarmerie : 36 pièces, 1678 hommes
Cavalerie légère, Général Beaumont : 2e et 4e Hussards, 5e Chasseurs, 9 Escadrons, 1236 hommes
4e Division de Dragons, Général Lahoussaye (puis Sahuc) : 17e, 27e, 18e, et 19e Régiments, 12 Escadrons, 1840 hommes (Cazalas E. : « Mémoires du Général Bennigsen », tome 2, page 302).

Au 5 juin 1807, la situation du 1er Corps de la Grande Armée est la suivante :
1re Division : Général Dupont. Quartier général à Braunsberg.
9e Régiment d'infanterie légère. 1947 hommes.
24e Régiment de Ligne. 1910 »
32e Régiment de Ligne 1755 »
96e Régiment de Ligne 1997 »
Total 7609 ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 548).

Mais il faut de nouveau faire face aux Russes et leurs auxiliaires prussiens qui prennent l'offensive le 5 Juin à Spanden contre Bernadotte. Celui-ci, blessé, est remplacé dans son commandement par Victor. Dans le même temps, Soult et Ney sont aussi attaqués. La manoeuvre de l'Empereur se déploie pour les attirer dans un piège. Ney retraite en bon ordre.

A Heilsberg, le 10 Juin, Murat lance des charges folles de cavalerie, qui auraient pu être désastreuses, mais l'ennemi se retire.

Le 10 juin, Victor ordonne une reconnaissance générale dans le but de se rendre compte si l'ennemi est encore en forces sur le front du 1er Corps. Dans la soirée du 10 juin, il fait écrire par le Chef de l'État-Major Général, le Général Maison, depuis son Quartier Général à Schlobitten, au Général Dupont, Commandant la 1re Division : "L'intention du Général en chef, mon cher Général, est que vous exécutiez, demain 11, à 2 heures du matin, le mouvement ci-après indiqué :
Vous placerez à Braunsberg le 24e Régiment de ligne, 120 chevaux des trois régiments de cavalerie légère, et deux pièces de canon : cette cavalerie sera commandée par le colonel Boudinhon.
Le général Labruyère restera à Braunsberg.
Le 32e Régiment viendra s'établir au camp de Petlelkau avec le bataillon du 96e Régiment, et le 9e d'infanterie légère remplacera au camp de Zagern le 24e de ligne ...
Dans le cas où il serait nécessaire de laisser Braunsberg isolé, vous laisseriez des instructions pour la défense de cette ville à l'Officier général que vous en chargeriez avec le petit corps qui y est formé pour y rester au besoin ...
" (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 562).

L'Armée française se retrouve devant Friedland, le 14 Juin 1807, jour anniversaire de Marengo. Les Russes vont se trouver pris dans une nasse, l'Alle dans leur dos. Ils vont y perdre 18.000 hommes. Le 1er Corps, gardé longtemps en réserve, donne partiellement. Le 9e Léger s'y distingue.

Un Bataillon du 9e Léger, jeté en tirailleurs dans le ravin, le franchit, et, s'élevant sur le plateau, prend à revers une batterie qui dirige son feu sur le 6e corps. Le Général Dupont fait soutenir le Colonel Meunier par des Bataillons du 32e et du 96e, qui refoulent les Russes, pendant que le 24e Régiment, se glissant le long de l'étang, débouche bientôt sur la route de Königsberg, à la porte même de Friedland. Ainsi coupé de l'aile droite de l'armée par la Division Dupont, et voyant le Maréchal Ney et le Général Marchand s'avancer rapidement par la route d'Eylau, le Prince Bagration se préoccupe de sauver les débris de ses Divisions et de faire repasser son artillerie sur la rive droite de l'Alle; les ponts sont incendiés par les obus de Sénarmont et aussi par les Russes eux-mêmes, qui, pour arrêter les vainqueurs, ont mis le feu à des matières combustibles disposées à l'avance sur les ponts (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 575).

Un "ETAT de MM. les officiers, sous-officiers et soldats des Corps de la 1re Division du 1er Corps d'Armée, tués et blessés à l'affaire de Friedland, le 14 juin 1807" donne pour le 9e Régiment d'infanterie légère en tués le Lieutenant Gondouin, et 38 Sous-officiers et soldats. En Blessés, le Chef de Bataillon Rameaux, l'Adjudant-major Billon, les Capitaines Aubry, Balson, Bruyère, Bernard, Segond, Vadel ; les Lieutenants Pouthier, Pierron ; le Sous-lieutenant Duchemin ; 373 Sous-officiers et soldats. Total : 39 tués, 384 blessés, total 423 (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 577).

Le 9e d'Infanterie légère est le Régiment le plus éprouvé dans la 1re Division : "Le 9e léger a le plus souffert, écrit le général Dupont, et ce qu'il y a de remarquable pour ce régiment, c'est que le colonel Meunier y a incorporé 500 conscrits arrivant de France, une heure avant la bataille ..." (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 577).

Le 15 juin, Koenigberg tombe aux mains de Soult. Benningsen passe le Niémen et brule tous les ponts derrière lui.

Comme on le sait, la campagne va se terminer sur les bords du Niémen le 25 juin par l'entrevue de Tilsitt. La Prusse est démembrée et sont créés un royaume de Westphalie et un duché de Varsovie. Les forces françaises peuvent souffler.

Par Décret impérial du 13 juillet 1807, 400 aigles d'argent sont accordées au 1er Corps de la Grande Armée. Elles sont ainsi réparties pour la 1re Division :
9e Régiment d'infanterie légère, 18 Officiers, 18 soldats ... (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 1, p. 588).

Le 31 juillet 1807, à Berlin, "On propose délever au grade de général de brigade le colonel Meunier de la 9e légère"; il est répondu par l'Aide-de-camp Mouton : "Cette demande a été renvoyée par S. M. à une autre époque"(Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.2, lettre 146).

En octobre 1807, l'encadrement du 9ème Léger est le suivant : colonel Meusnier, major Deslom; 1er bataillon : chef de bataillon Gougeon, 2ème bataillon : chef de bataillon Regeau. Le 3ème bataillon : chef de bataillon Prost, est à Landau, dans la 5ème division militaire.

- Inspection du Dépôt du 9e Régiment léger à Landau par le Général Schauenburg, le 9 décembre 1807

"Dépôt du 9e Régiment d’Infanterie Légère. Revue passée à Landau le 9 décembre 1807.
Espèce d’hommes. Jolie.
Habillement. Bon.
Equipement. Idem.
Armement. Idem.
Tenue. Passable.
Discipline. Passable.
Maniement d’armes. Passable.
Manœuvres. Bonnes.
Retenue. Que celles autorisées par les règlements.
Ordinaire. Bon.
Pain. Idem.
Casernes et fournitures. Bonnes.
Conscrits. - .
Finances. Les registres de comptabilité sont bien tenus et conformément aux règlements.
Résumé.
Le Major Delon était absent à l’époque de ma revue.
Je ne puis garantir à V. E. aucune des notes portées à l’état n°2 signé par le Capitaine Paulet ne partageant pas du tout les éloges qu’il donne au Quartier-maitre ; quant à celle qui se donne pour son avancement, je n’ai pu lui remarquer que l’instruction nécessaire pour le peu d’hommes qu’il a commandé devant moi, cette épreuve étant bien loin de me mettre à même de juger des talents qu’il faut pour être Chef de Bataillon.
Je suis également bien loin de garantir les notes qu’il donne aux autres Officiers. Son Excellence doit déjà être informée du résultat de la confrontation qu’elle a prescrite des livres des marchands aux registres de ce corps, laquelle a mis l’Inspecteur aux revues à même de constater son infidélité concernant l’habillement.
J’ai eu aussi à reprocher à ce corps l’excès de ses dépenses comme vous le verrez par l’ordre suivant. J’ai refusé 27 hommes.
Ordre.
Le Général de division Schauenburg, Inspecteur général d’Infanterie après avoir examiné les registres de comptabilité en deniers et effets du 9e Régiment d’Infanterie Légère, et les ayant trouvés tenus conformément aux règlements et arrêtés par l’Inspecteur aux revues, les a arrêtés définitivement pour l’an 13.
L’Inspecteur général a été surpris du peu d’économie sur les dépenses de frais de bureau qui se montent pour l’année à une somme considérable de 3035 frs, il n’a pas été moins étonné de celles de port de lettres qui se montent aussi pour l’année à la somme de 656 frs 50 c. ; si le conseil d’administration s’était pénétré de la circulaire de S. E. le Directeur ministre du 2 Messidor an 11, cette dépense ne serait pas aussi exorbitante.
L’Inspecteur général recommande au commandant du Dépôt et aux membres du conseil de mettre à l’avenir plus d’économie dans ses dépenses et de tenir la main sur toutes les parties de l’administration
" Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

"Ordre donné à tous les corps sur la manière d’exercer les conscrits et pour l’administration.
Nota. Le présent ordre a été adressé à S. E. le Ministre de la guerre, le 20 novembre dernier ; lequel précèdera les autres donnés.
Les commandants des dépôts prescriront aux officiers et sous-officiers de s’appliquer à connaitre autant que les circonstances le permettront les facultés de l’homme qu’ils ont à instruire afin de les traiter en conséquence, ils leur recommanderont la patience, les brusqueries étant contraires aux succès de l’instruction.
Le premier objet auquel ils devront avoir attention, c’est d’inspirer aux recrues le goût de la propreté, pour y parvenir, il faut qu’il lui indique tous les moyens qui sont en usage dans la troupe pour entretenir et nettoyer avec ménagement toutes les parties de l’habillement et équipement, après la propreté du corps, si essentielle à la santé du soldat, vient l’entretien de ses armes dont il doit avoir le plus grand soin, à cet effet, il faut faire connaitre aux recrues toutes les parties de son armement et lui enseigner la manière de nettoyer et remonter son fusil.
Lorsque l’on sera à l’exercice l’instructeur entretiendra la recrue pendant l’intervalle de chaque repos, de ses devoirs envers les officiers et sous-officiers, et lui fera connaitre les nomes des généraux sous les ordres desquels se trouvera le corps, le nom des officiers de sa compagnie, et de ceux supérieurs en exigeant de lui qu’il les retiennent.
Le commandant de chaque dépôt fera pratiquer le règlement concernant le service intérieur, la police et la discipline de l’infanterie du 24 juin 1792 sur tout ce qui n’est pas contraire aux lois actuelles, aux localités et aux circonstances.
Ils assembleront au moins chaque semaine les officiers et sous-officiers pour les examiner sur les bases de la discipline, de la police, du service intérieur et sur celui de la place duquel il devra être donné connaissance aux conscrits à la fin de chaque exercice en classant les devoirs de chaque grade.
Ils feront aussi suivre par gradation le règlement concernant la manœuvre et l’exercice de l’infanterie du 1er août 1791, sans se permettre sous aucun prétexte quelconque la moindre innovation dans ses principes.
En surveillant la stricte exécution de l’ordre ci-dessus, ils exigeront que les officiers et sous-officiers , par leur conduite et leur application à remplir leur devoir, servent de modèle aux jeunes soldats pour l’éducation militaire de laquelle ils sont chargés.
Tous les officiers et sous-officiers devront se trouver aux exercices journaliers et y être employés en raison de leurs connaissances et moyens d’instruction, et ceux qui n’en auront pas suffisamment devront également s’y trouver pour en acquérir ou pouvoir y être utilisés à la volonté du chef.
L’on n’exercera jamais de grand matin, à moins que les circonstances ne l’exigent, afin de donner le temps au soldat de soigner toutes les parties de son vêtement et la propreté de la chambrée ; l’on préfèrera autant que possible les exercices de l’après midi attendu qu’elles empêchent le soldat de s’écarter trop loin de son quartier.
Conformément à l’article 20 du règlement concernant le service intérieur, tous les officiers devront se trouver à la garde journalière que fournira le corps quand même elle ne défilerait qu’au quartier ; les chefs n’en exempteront personne que pour objet de serves, ils exigeront qu’ils se présentent dans la tenue prescrite pour le journalier, et qu’ils ne se permettent aucun autre costume dans la journée, que celui qu’ils doivent avoir eu à la parade.
Administration.
Les membres du conseil d’administration devront se pénétrer du devoir de la plus exacte surveillance sur toutes les parties de l’administration qui leur est confiée, et les commandants des compagnies porteront toute l’attention nécessaire aux fournitures qui seront faites à leurs soldats, feront les représentations au conseil d’administration si elles étaient défectueuses et rendront compte à l’inspecteur général dans le cas où il ne serait pas fait droit à leurs réclamations.
Le premier dimanche de chaque mois, il sera fait lecture de l’arrêté du 19 Vendémiaire an 12 relatif à la désertion.
Il ne sera fait aux soldats et conscrits, et sous quelque prétexte que ce puisse être, aucune autre retenue que celles prescrites par les règlements.
On ne peut sous quelque prétexte que ce soit, et sans se rendre coupable d’un délit, se permettre de recevoir des hommes en remplacement des militaires qui sont sous les drapeaux sans l’autorisation formelle et préalable transmise par le directeur général de la conscription.
Il ne doit être délivré aucune espèce de congé si ce n’est sur des imprimés envoyés par le ministre. Aucun enrôlé volontaire ne doit être admis qu’après avoir contracté un engagement en présence d’un maire.
On ordonnera que cette formalité soit remplie sur le champ par les enrôlés volontaires qui ne s’y seraient pas conformés.
L’intention de l’Empereur est que tout militaire qui reçoit son congé définitif soit pour ancienneté de service, soit pour cause de blessures reçues à l’armée, puisse rentrer dans ses foyers avec une tenue décente et qu’il doit par conséquent être pourvu d’un habit uniforme en bon état et de son sabre, s’il est sous-officier ou grenadier.
Si le corps a plus de huit musiciens (que les règlement accordent), ceux qui dépassent ce nombre devront être admis comme soldats, et s’ils l’avaient été seulement comme gagistes, ils devront de suite contracter un engagement militaire, s’ils s’y refusent et que le corps veuille les conserver, il est expressément défendu de les porter sur les revues de solde et de fournitures et ils seront mis entièrement à la charge des officiers, mais dans tous les cas, le total de la dépense de la musique ne doit pas excéder une journée de solde des officiers par mois.
Le présent ordre sera transmis de suite sur le registre des délibérations et lu aux officiers rassemblés.
Les commandants des dépôts restent responsables de son entière exécution
" (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le 11 janvier 1808, le Général Schauenburg adresse au Ministre de la Guerre les congès pour le 9e Léger (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

Le Général Schauenburg adresse aux Ministres Dejean et Lacuée, et au Ministre de la Guerre le résultat de sa revue le 5 février 1808; le résultat de la Revue est également adressé au Corps le 5 février 1808 (Schauenburg (Général baron Alexis-Balthazar-Henri-Antoine de) : « Revues particulières d’inspection, ordonnée le 23 octobre 1807 » ; Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg: MS.0.491 ; document numérisé par la BNU à la demande conjointe de F. Berjaud, L. Claudel et D. Davin).

L’autre grande affaire pour l’Empereur après Tilsitt, c’est le Portugal et l’Espagne où il envoie des troupes, en général des Régiments provisoires, dans des Corps d’Observation formés de divers détachements, pour contrôler discrètement les places fortes du Royaume bourbonien, alors notre allié, et lancer la conquête du Portugal.

Le Corps d’Observation des Côtes de l’Océan était sous les ordres de Moncey. Son 7e Régiment provisoire d’Infanterie(légère) sous le Major Deslon, compte des détachements des 6e, 9e, 24e et 28e Légers. Attachés en juillet 1808 au Corps de Dupont, ils capituleront à Bailen.

Le 12 janvier 1808, l'ordre suivant est promulgué : "L'Empereur a ordonné la formation d'une division de réserve d'infanterie qui sera réunie à Orléans le 1er février 1808.
Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires et chaque régiment de trois bataillons. La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires ...
Les trois bataillons du 13e régiment provisoire doivent être composés de quatre compagnies chacun, tirées des 6e, 7e, 9e, 10e, 13e, 16e, 17e, 21e, 24e, 26e, 27e et 28e régiments d'infanterie légère ...
Le général de division Verdier commandera cette division de réserve, le général Schramm y sera employé
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1511).

Toujours le 12 janvier 1808, un deuxième ordre est promulgué, portant sur la composition de la Division de Réserve d'infanterie qui se réunit à Orléans : "Cette division sera composée de trois brigades, chaque brigade de deux régiments provisoires, chaque régiment de trois bataillons, chaque bataillon de quatre compagnies, chaque compagnie de 150 hommes, total 10.800 hommes.
La 1re brigade sera composée des 13e et 14e régiments provisoires, la 2e, des 15e et 16e, la 3e des 17e et 18e.
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
1er bataillon ; une compagnie de 150 hommes du 6e régiment d'infanterie légère, une du 7e, une du 9e et une du 10e ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1514).

Le même 12 janvier 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint ... Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé
P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.
COMPOSITION DE LA RÉSERVE D'INFANTERIE QUI SE RÉUNIT À ORLÉANS
Cette division sera composée de trois brigades ; chaque brigade de deux régiments provisoires ; chaque régiment de trois bataillons ; chaque bataillon de quatre compagnies ; chaque compagnie de 150 hommes : total 10 800 hommes.
La 1re brigade sera composée du 13e et 14e régiment provisoire
Le 13e régiment provisoire sera ainsi composé :
1er bataillon
une compagnie de 150 hommes du 6e régiment d'infanterie légère
une du 7e
une du 9e
et une du 10e ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13448 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 16987).

Le 22 février 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le Général Clarke, vous devez avoir reçu mon décret pour la nouvelle organisation de l'armée. Je me suis hâté de vous l'envoyer, ainsi que les différents tableaux, afin que vous puissiez donner tous les ordres préparatoires. Mon intention est cependant qu'aucun dépôt ne se mette en marche pour sa nouvelle destination, et qu'aucun embrigadement ne soit fait qu'en conséquence d'une instruction que vous donnerez aux généraux chargés de ce travail, et qui, avant d'être expédiée, sera mise sous mes yeux. Voici quelles sont mes vues ; je vous les fais connaître afin que cela vous serve pour la rédaction de cette instruction.
1er Corps de la Grande Armée. — Quant au 1er corps, ... les 9e et 27e légers garderont tout leur monde ...
" (Correspondance de Napoléon, t.16, lettre 13593 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 171260).

Le 24 février 1808, le Major Deslon, du 9e Léger, est à la tête du 7e Régiment provisoire (4 Bataillons de 4 Compagnies, tirées des Régiments d'Infanterie légère, 1844 hommes dont 504 à l'hôpital), Brigade Dufour, 2e Division Gobert Corps d'Observation des côtes de l'Océan (E. Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 75).

Le 17 mars 1808, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée : "Voulant donner une preuve de notre satisfaction aux officiers et soldats de notre Grande Armée pour les services qu'ils nous ont rendus, nous avons accordé et accordons par la présente en gratification aux corps d'infanterie dont l'énumération suit la somme de 6 340 000 francs. Notre intention est que vous fassiez connaître aux conseils d'admnistration desdits corps que cette somme doit être distribuée entre les officiers et soldats qui se trouvaient aux batailles d'Ulm, d'Austerlitz, d'Iéna, d'Eylau et de Friedland entendant que ceux qui se sont trouvés à trois de ces batailles recevront deux jours de solde en gratification et que ceux qui ne se sont trouvés qu'à une ou deux de ces batailles ne reçoivent qu'un jour de solde ; ceux qui auraient été blessés, soit à trois, soit à une seule de ces batailles recevront trois jours de gratification au lieu de deux. Lorsque ce travail sera ainsi proposé par le conseil d'administration on donnera autant de jours et de mois qu'il sera possible avec la somme qui aura été assignée au corps. Les colonels ni les majors ne sont pas compris dans la distribution de ces gratifications qui s'arrêtera au grade de chef de bataillon ou d'escadron inclusivement ... ANNEXE :
1er corps
9e régiment d'infanterie légère 100 000 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 17415).t

Le 20 mai 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 13 mai relative aux anciens et nouveaux dépôts. Je conçois que les conscrits ont été dirigés sur les nouveaux dépôts ... Je pense qu'il serait convenable d’en faire de même, et qu'ainsi de suite il faudrait diriger les magasins ... du 9e id. de Landau sur Longwy ...
Aucun de ces mouvements n'est bien considérable et moyennant cette mesure les conseils d’admistration et les magasins seront établis à demeure. Les 4 compagnies qui formeront le dépôt recevront les conscrits de leur corps, et au fur et à mesure qu'ils auront 60 hommes armés, habillés, sachant tenir leurs fusils, prêts à partir, vous m'en rendrez compte dans des états particuliers pour que je les envoie à celui des 4 bataillons de guerre qui en a besoin ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 1908 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18000).

Le Dépôt (4ème bataillon) est donc désormais à Longwy avec le 3ème Bataillon.

Le 23 juin 1808, l'Empereur rédige des "PROJETS ET NOTES RELATIFS A L'ORGANISATION DE L'INFANTERIE ET DE LA CAVALERIE"; il écrit :"3° NOTE
1er régiment de marche : deux bataillons à Wesel (deux bataillons) 1860 ...
Réunir cette division à Magdeburg.
4° GRANDE ARMÉE.
PROJET DE FORMATION DE RÉGMENT DE MARCHE.
Infanterie.
1er régiment de marche. 1.860 ...
PROJET DE DÉCRET.
Article premier. Il sera formé six régiments de marche de la Grande Armée ; ils seront organisés conformément au tableau ci-annexé.
Art. 2. Toutes les troupes qui doivent composer ces régiments seront bien habillées, bien armées, enfm mises en bon état et prêtes à partir de leur garnison le 1er août prochain.
Art. 3. Le 1er régiment de marche se réunira à Hanau ...
Art. 4. Nos ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et du Trésor public, sont chargés de l'exécution du présent décret.
5° 1er RÉGIMENT DE MARCHE OU RÉGIMENT DE MARCHE DU 1er CORPS ...
2e bataillon (6 compagnies).
Trois compagnies, chacune de 140 hommes, Wesel, du 94e de ligne. 420
Deux compagnies, chacune de 140 hommes, Cologne, du 95e de ligne. 280
Une compagnie de 180 hommes, Thionville, du 96e de ligne. 180
Une compagnie de 140 hommes, Longwy, du 9e d'infanterie légère. 140 Total 1020.
Réunir ce régiment à Wesel ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2037 - date présumée, en raison de la lettre adressée le même jour à Clarke).

Le Général Gobert reçoit, le 2 juillet 1808, l'ordre de partir le lendemain avec sa 2e Brigade. Le 3 juillet 1808, la Division Gobert présente l'organisation suivante :
Division Gobert; Brigade Dufour :
7e Régiment provisoire, 1547 hommes; Major D'Eslon, du 9e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 6e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 9e Léger ; 3e Bataillon, 4es compagnies du 24e Léger ; 4e Bataillon, 4e compagnies du 28e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Hoffmann (puis Lanusse) et Berthet 8e Régiment provisoire, 1573 hommes ; Major Peschery, du 26e Léger : 1er Bataillon, 4es Compagnies du 26e Léger ; 2e Bataillon, 4es Compagnies du 21e Léger ; 3e Bataillon, 4es Compagnies du 27e Léger ; 4e Bataillon, 4es Compagnies du 25e Léger. Il n'y a que 2 Chefs de Bataillon, Leblanc et Gleize (Titeux : « Le Général Dupont », Prieur et Dubois, Puteaux-sur-Seine, 1903, t. 2, p. 329).

Le 6 juillet 1808, l'Empereur écrit, depuis Bayonne, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, il sera formé trois brigades composées de régiments de marche, sous les ordres du maréchal Kellermann. La 1re brigade se réunira à Wesel, la 2e à Mayence et la 3e à Strasbourg. La 1re brigade sera composée du 1er et du 5e régiment de marche. Le 1er régiment de marche sera composé de détachements d'hommes nécessaires pour compléter les régiments d'infanterie du 1er corps de la Grande Armée : le 5e régiment de marche, des détachements nécessaires pour compléter le 5e corps de la Grande Armée.
Le 1er régiment de marche sera composé de deux bataillons :
... 2e bataillon : 2 compagnies de 140 hommes chacune du 94e de ligne, 2 compagnies de "" du 95e, 1 compagnie du 96e et 1 compagnie du 9e léger ...
Chacun de ces régiments sera commandé par un major, et chaque bataillon par un chef de bataillon. Cette brigade forte de 3 à 3 500 hommes sera formée sans délai, et sera composée d'hommes bien habillés et bien équipés. Le maréchal Kellermann proposera un général de brigade pour la commander, et la tiendra prête à se porter partout où elle serait nécessaire ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2077 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18486).

Le 7 juillet 1808, depuis Bayonne, l'Empereur écrit au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "Je reçois les états de situation du 1er au 15 juin. J'ai parcouru l'état rouge intitulé : Situation des corps. J'espérais y trouver bien détaillée la situation de chaque corps. J'ai trouvé, à l'ouverture du livre, ... Au 6e léger, les 1er et 2e bataillons sont portés à la Grande Armée : mais le 3e bataillon doit s'y trouver aussi porté. Ensuite il est dit que les grenadiers et voltigeurs du 3e bataillon sont à la division du général Oudinot, et quatre compagnies au corps des côtes de l'Océan ; cela est faux ; ce sont les grenadiers et voltigeurs du 4e qui sont à la division Oudinot, et les quatre compagnies de fusiliers qui sont en Espagne. Même observation pour le 9e léger ...
En général, cet état est plein de fautes. Faites-m'en faire un autre où tous les bataillons de guerre et bataillons de dépôt soient bien spécifiés, en mettant en marge les conscrits reçus et à recevoir encore cette année, afin que je connaisse bien la situation de l'armée. Il est bien important que je puisse savoir, non-seulement où sont les bataillons de dépôt, mais encore où sont les compagnies. Toutes les fois qu'il n'y a pas les neuf compagnies, s'il est question de l'ancienne organisation, ou les six, s'il est question de la nouvelle, il faut mettre où sont les autres compagnies ...
Ne perdez pas de temps à me faire envoyer un de ces états
" (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14160 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18494).

VII/ FORMATION D'UN 4EME BATAILLON DE GUERRE ET DEPART POUR L'ESPAGNE

De mars à mai 1808, le régiment (deux premiers bataillons) stationne en Allemagne, à Berlin, toujours au 1er Corps sous Victor, première division Ruffin.

Un 4ème bataillon de guerre est formé en juin, mis sous les ordres du chef de bataillon Prost. Les carabiniers et voltigeurs du bataillon sont envoyés cantonner à Dantzig. Le Dépôt devient 5ème bataillon.

Pendant ce temps, en Espagne, dès la fin 1807, sous prétexte de la campagne au Portugal, les troupes françaises, organisées en divers Corps d'Observation, avaient largement pénétré chez leur allié et s'étaient emparés des points stratégiques, tandis que la monarchie espagnole se déchirait dans des querelles familiales. Le peuple espagnol et l'armée subissaient cela en rongeant leur frein.

Napoléon, croyant le pays mur pour un changement dynastique, force les souverains espagnols à l'abdication à Bayonne, et décide de mettre son frère Joseph sur le trône, le 10 Mai. Dès que cela fut connu, des révoltes éclatèrent simultanément sur tout le territoire (en préambule, il y eut les fameux 2 et 3 Mai à Madrid) et l'armée espagnole prit les armes contre les occupants français. Napoléon pensait que la prise de possession du trône espagnol serait une promenade militaire. Cela allait durer 6 ans !

LES REGIMENTS PROVISOIRES LEGERS A BAILEN EN JUILLET 1808

Des régiments provisoires pour les Corps d'Observation qui pénètrent en Espagne à la fin 1807 et début 1808 ont été créés, associant des petits bataillons de 4 compagnies pris dans les Dépôts. Parmi ces régiments : le 7e régiment provisoire léger (Major Deslon) qui compte des détachements des 6e, 9e, 24e et 28e Léger, et le 8e régiment provisoire Léger (Major de Peschery) associant des détachements des 21e, 25e, 26e et 27e Léger. Ces bataillons, qui font partie du 2e Corps d'Observation de la Gironde du général Dupont, vont capituler à Bailen, le 23 juillet 1808.

Bref, la situation militaire n'était guère favorable quand Napoléon décide d'y envoyer ses vieilles troupes d'Allemagne pour renforcer ses armées déjà présentes et de s'en occuper en personne. Il décrète de Saint-Cloud, le 7 septembre 1808 :
"L'armée d'Espagne sera composée de six corps d'armée.
ARTICLE 1er. - Le 1er corps sera commandé par le maréchal Victor et composé des trois divisions d'infanterie qui forment aujourd'hui le 1er Corps de la Grande Armée, qui prendra le nom de 1er Corps de l'armée d'Espagne, et de la division de cavalerie légère attachée au même corps, composée de quatre régiments et commandée par le général de brigade Beaumont..." (Correspondance de Napoléon, t.17, lettre 14300).

Le 9 septembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint deux états de situation relatifs à l'armée d'Espagne. Vous verrez que les 24 régiments qui composent la division Sébastiani, et les 1er et 6e corps qui se rendent en Espagne, ont besoin de 27 000 conscrits, pour être portés au grand complet. Ces 24 régiments, qui forment aujourd'hui un effectif de 68 000 hommes, formeront alors un effectif de 94 000 hommes.
Dans cet état, tous les régiments sont portés à 5 bataillons, parce que mon intention est de former les 5es bataillons pour tous les régiments qui sont en Espagne. ... 1er corps de la Grande Armée, qui désormais sera le 1er corps de l'armée d'Espagne.
1re division : le 9e d'infanterie légère recevra 100 hommes de son dépôt, qui partiront, sans délai, de ce dépôt pour Bayonne, s'ils n'en sont déjà partis ; ce qui portera son effectif à 2400 hommes ; 200 conscrits seront dirigés sur Bayonne, pour compléter ces trois bataillons, Le 4e bataillon est à Longwy ; il n'y a que 4 compagnies ; le reste est détaché à la division Oudinot. 700 hommes seront dirigés sur Longwy, tant pour compléter le 4e bataillon que pour compléter le dépôt ; ce qui fera 900 hommes qui seront destinés pour ce régiment. Le corps laissera à Bayonne un capitaine, un lieutenant, deux sergents, et quatre caporaux, pour recevoir les 200 conscrits, et les conduire au corps, aussitôt qu’ils seront habillés.
Je me déciderai dans l'hiver, selon les circonstances, lorsque le 4e bataillon sera complété, à l’envoyer en Espagne, ou à la division Oudinot ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2274 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 18865).

En Octobre, les trois premiers bataillons du 9ème Léger partent donc pour l'Espagne avec le Corps d'Armée de Victor, tandis que le 4ème bataillon reste en Allemagne et en France.

Le 26 octobre, Ney informe le Prince de Neuchâtel que "... Le 9e d'infanterie légère vient aussi d'arriver à Vitoria ..." (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Napoléon vient le 3 novembre 1808 à Bayonne se mettre lui-même à la tête de l'armée d'Espagne, dont les forces se sont retirées derrière l'Ebre. Le 1er Corps, positionné à l'aile droite des forces françaises, est chargé de s'opposer à l'armée du général Blake, en coopération avec le 4e Corps de Lefebvre. Le 9ème Léger est toujours à la division Ruffin.

Le 4 Novembre, Napoléon est à Tolosa, espérant écraser le centre des forces espagnoles et déborder leurs ailes. Au cours d'un combat de deux jours, le 1er Corps va disperser l'armée de Blake, les 10 et 11 novembre à Espinosa de Los Monteros. Le colonel Meunier est blessé. Victor marche alors sur Reinosa puis est rappelé sur Burgos. L'Armée de Blake était battue mais non détruite.

Tandis qu'avait lieu au centre la bataille de Gamonal et à l'aile gauche celle de Tudela, Napoléon marche sur Madrid en passant par Somo-Sierra, se demandant où sont les forces anglaises qui doivent soutenir les Espagnols. Le 13e Bulletin de l'Armée d'Espagne, établi au Quartier général de Chamartin (Saint-Martin), près Madrid, le 2 décembre 1808, raconte : "Le 29, le quartier général de l'Empereur a été porté au village de Boceguillas. Le 30, à la pointe du jour, le duc de Bellune s'est présenté au pied du Somo-Sierra. Une division de 13,000 hommes de l'armée de réserve espagnole défendait le passage de cette montagne. L'ennemi se croyait inexpugnable dans cette position ; il avait retranché le col, que les Espagnols appellent Puerto, et y avait placé seize pièces de canon. Le 9e d'infanterie légère couronna la droite, le 96e marcha sur la chaussée, et le 24e suivit à mi-côte les hauteurs de gauche. Le général Senarmont, avec six pièces d'artillerie, avança par la chaussée.
La fusillade et la canonnade s'engagèrent. Une charge que fit le général Montbrun, à la tête des chevau-légers polonais de la Garde, décida l'affaire, charge brillante s'il en fut, où ce régiment s'est couvert de gloire et a montré qu'il était digne de faire partie de la Garde impériale. Canons, drapeaux, soldats, fusils, tout fut enlevé, coupé ou pris. Huit chevau-légers polonais ont été tués sur les pièces et seize ont été blessés. Parmi ces derniers, le capitaine Dziewanowski a été si grièvementblessé qu'il est presque sans espérance. Le major Ségur, maréchal des logis de la Maison de l'Empereur, chargeant parmi les Polonais, a reçu plusieurs blessures dont une assez grave. Les seize pièces de canon, dix drapeaux, une trentaine de caissons, deux cents chariots de toute espèce de bagages, les caisses des régiments, sont les fruits de cette brillante affaire. Parmi les prisonniers, qui sont très-nombreux, se trouvent tous les colonels et lieutenants-colonels des corps de la division espagnole. Tous les soldats auraient été pris s'ils n'avaient pas jeté leurs armes et ne s'étaient pas éparpillés dans les montagnes …
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 333; Kermoysan « Napoléon, Recueil par ordre chronologique de ses lettres, proclamations, bulletins », Paris, 1853, t.2, p. 316 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14524).

LE PASSAGE DE SOMOSIERRA EN 1808

Dans "Dix ans de mes souvenirs militaires de 1805 à 1815 par le général Baron Girod".

Le jeune Girod de l'Ain, sorti de l'Ecole Militaire de Fontainebleau, rejoint le 9ème Léger en janvier 1807 et est versé comme sous-lieutenant de voltigeurs au second puis au premier bataillon. Il assiste à la bataille de Friedland et voit le second bataillon, emmené par Ney, se faire étriller. A la suite de la bataille, le général Victor obtient son bâton de maréchal.
Il part avec son régiment en Espagne, traversant la France.
Le 21 novembre 1808, il est présenté à Burgos à l'Empereur à la revue du régiment, et bien qu'il le trouve trop jeune et le lui dise, à son grand désespoir, la veille, il a signé sa promotion comme lieutenant.
"Le 29 novembre, nous vînmes bivouaquer au pied des montagnes de Somosierra, dont les passages étaient gardés par un corps nombreux d'Espagnols. Ils avaient coupé la route en plusieurs endroits et établi des batteries pour en défendre l'accès. Cette grande route était le seul passage pour la cavalerie et l'artilerie, mais la montagne était presque partout accessible à l'infanterie. On forma des bataillons de voltigeurs et je me trouvai tout à fait à l'avant-garde.
Le 30 au matin, un brouillard épais nous dérobait à la vue des positions ennemies. On se mit cependant en marche et l'Empereur vint, de sa personne, se placer pendant quelques temps entre les deux sections de ma compagnie qui formait la tête de l'avant-garde.
La colonne continua sa marche en avant sur la grande route, et bientôt nous arrivâmes à un large fossé que l'ennemi avait creusé en travers du défilé. On s'occupa de le combler et tout aussitôt me fit porter en avant à la tête de 50 voltigeurs avec ordre de les passer en tirailleurs sur la gauche de la grande route et de pousser vivement tout ce que je trouverais devant moi ...".
Le brouillard se lève et les hommes de Girod sont aussitôt fusillés par les retranchements espagnols devant eux.
"Je perdis en un instant 9 hommes tant tués que blessés, et j'eus, moi-même, deux balles dans mes habits. Ma position serait devenue critique et j'aurais été forcé de me replier, si l'Empereur n'avait ordonné, au même moment, sur la grande route, cette fameuse charge des Lanciers Polonais ... qui ouvrit ainsi le passage à toute l'armée".

Le 2 décembre, Napoléon arrive en vue de Madrid qui refuse de se rendre. Après un assaut sur les faubourgs, le lendemain, la ville capitule. Le régiment y a quelques pertes. Le chirurgien major Vanderbach y est blessé.

Le 11 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, demain à 7 heures du matin, un général attaché à l'état-major passera la revue des compagnies de marche du 1er corps qui sont au Retiro, appartenant aux divisions Villatte et Ruffin, c'est-à-dire aux 94e, 95, 27e léger, 96e, 9e léger et 24e de ligne. Il s’assurera que ces hommes ont une paire de souliers dans le sac, une aux pieds, du pain pour deux jours, qu'ils ont tous leur baïonnette et leurs cinquante cartouches. A cet effet, donnez ordre au commandant que demain avant 8 heures, il leur fasse prendre le pain pour deux jours ; et s'il ne leur manque rien, ils seront dirigés sur Tolède. Ils prendront l'ordre du général Beaumont qui est sur la route de Tolède, pour couvrir et protéger au besoin le mouvement de cette colonne qui ne sera guère que de 800 hommes.
S’il est des individus qui n'aient pas une paire de souliers dans le sac, on leur en fera donner jusqu’à concurrence de 400 paires
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2551; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19484).

Le 21 décembre 1808, à Madrid, "On propose à Sa Majesté ... D'accorder, à titre de secours, à un lieutenant du 9e régiment d'infanterie légère une somme de 383 fr. 26, dont le conseil d'administration lui a fait l'avance pour les frais de son équipement"; "Approuvé", répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2593 - Non signée ; extraite du «du Travail du ministre de la guerre avec l'Empereur, 30 novembre 1808»).

Puis, Soult aura réussi à chasser le corps expéditionnaires anglais jusqu'à la Corogne et pénètrer au Portugal par le Nord, et l'Empereur rentrera en France, croyant la situation assurée.

VIII/ 1809, LA CAMPAGNE D'ALLEMAGNE DU 4EME BATAILLON
Sergent porte-fanion de Compagnie de Carabiniers du 9e Léger, 1809

Fig. 4 Sergent porte-fanion de Compagnie de Carabiniers du 9e Léger, 1809

Les relations avec l'Autriche se détériorant, Napoléon renforce ses troupes en Allemagne.

Le 5 décembre 1808, à Madrid, l'Empereur ordonne : "... 2° Le corps du général Oudinot sera composé de trente-six bataillons des régiments ci-après, savoir des 4e, 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e et 28e d'infanterie légère ; des 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e, 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e et 94e de ligne, et des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e de ligne.
Les bataillons des tirailleurs corses et des tirailleurs du Pô y seront joints, ce qui en portera le nombre à 36.
Chaque bataillon sera réuni, enfin, à six compagnies et à 840 hommes.
Tous les hommes sortant des hôpitaux et appartenant aux régiments de marche formés en France resteront à la suite des compagnies de grenadiers et voltigeurs du corps d'Oudinot, et, lorsque les quatre compagnies de fusiliers seront arrivées, elles seront incorporées dans ces compagnies.
3° Aussitôt que deux compagnies de ces 4es bataillons seront complétées au dépôt à 140 hommes chacune, le ministre de la guerre nous en rendra compte, pour que nous donnions l'ordre de les faire rejoindre avec les chefs des bataillons et adjudants-majors.
Au 10 janvier, le ministre de la guerre nous fera connaître ceux de ces 4es bataillons qui peuvent fournir deux compagnies de 140. Les deux autres compagnies auront joint avant le 20 février, de manière qu'à cette époque chaque régiment de l'armée du Rhin ait ses quatre bataillons de six compagnies chacun et d'un effectif de 3.360 hommes, et que le corps présentera trente-six bataillons ou 30.000 hommes.
4° Ce corps sera partagé en trois divisions de douze bataillons chacune.
Les bataillons seront embrigadés sous le nom de demi-brigades d'infanterie, dont quatre d'infanterie légère et huit d'infanterie de ligne, commandées par les majors.
La 1re demi-brigade provisoire d'infanterie légère sera composée des 4es bataillons des 6e, 24e et 25e ...
La 3e des 4es bataillons des 9e, 16e et 27e ...
La 3e division sera composée des 3e, 4e demi-brigades d'infanterie légère et des 7e et 8e d'infanterie de ligne ...
5° Aucun mouvement ne se fait par le ministre de la guerre, qu'il ne m'en ait présenté le projet et qu'il n'ait eu mon approbation
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2522).

Le même 5 décembre 1808, l'Empereur écrit, depuis Chamartin, au Général Lacuée, Directeur des Revues et de la Conscription militaire, à Paris : "Mon intention est de renvoyer les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 4es bataillons des régiments qui font partie de l'armée du Rhin à leurs régiments, pour former le cadre des 4es bataillons, et d'augmenter insensiblement ces 4es bataillons des quatre autres compagnies, de manière que l'armée du Rhin, qui est composée de vingt et un régiments, le soit de quatre-vingt-quatre bataillons ; ce qui, avec les huit bataillons qui forment le corps des villes hanséatiques, fera quatrevingt-douze bataillons, ou un effectif de près de 78,000 hommes, et, avec la cavalerie et l'artillerie, près de 110,000 hommes. Le corps d'Oudinot ne serait plus alors composé que des compagnies de grenadiers et voltigeurs des régiments ci-après, savoir : 6e, 9e, 16e, 25e, 27e, 17e, 21e, 24e, 26e, 28e d'infanterie légère ; 8e, 95e, 96e, 4e, 18e, 40e. 64e, 88e, 27e, 39e, 45e, 59e, 69e, 76e, 24e, 54e, 63e, 94e d'infanterie de ligne. Mon intention serait que les compagnies restant des 4es bataillons de ces corps y fussent réunies ; ce qui compléterait vingt-huit bataillons. J'y joindrais les 4es bataillons des 46e, 28e, 50e, 75e, 100e et 103e ; ce qui porterait ce corps à trente-quatre bataillons, qui, à 840 hommes chacun, feraient près de 30,000 hommes. Pour compléter le nombre de 30,000 hommes, j'y réunirais les bataillons des tirailleurs du Pô et des tirailleurs corses ; j'en formerais trois divisions de douze bataillons chacune ; ce qui ferait un beau corps qui pourrait, si cela était nécessaire, renforcer l'armée du Rhin et la porter à 140,000 hommes, laissant les 4e, 46e, 18e de ligne, 24e et 26e légers, ce qui fait cinq régiments, pour la défense du port de Boulogne et de la Bretagne, et me laissant ainsi la faculté de diriger sur l'Allemagne les 4es bataillons des 48e, 13e, 108e, etc ..." (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14535 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19446).

Dès février, la division Oudinot est réorganisée.

Le 13 février 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la guerre : "Monsieur le général Clarke, le corps du général Oudinot, au lieu d’être partagé en trois divisions, ne le sera qu’en deux. À cet effet, la 3e demi-brigade légère et la 4e demi-brigade de ligne feront partie de la 1re division ; la 5e et la 6e demi-brigade de ligne feront partie de la 2e division. Le général Claparède commandera une de ces deux divisions. Comme il paraît que chaque corps ne pourra fournir que deux compagnies de fusiliers au grand complet, jusqu’à ce que la conscription de 1810 ait complété les cadres, chaque bataillon ne sera que de 560 hommes, chaque demi-brigade de 1 680 hommes, chaque division de 10 000 hommes, et le corps entier de 20 000 hommes. Lorsque les 5e et 6e compagnies de fusiliers pourront être envoyées, je verrai si je dois former une 3e division, ou laisser seulement le corps à deux divisions.
... Le 9e bataillon de marche sera composé de deux compagnies du 9e légère, de deux compagnies du 6e légère et de deux du 27e légère ...
Ces douze bataillons de marche seront réunis du 1er au 15 mars à Strasbourg.
Vous donnerez ordre que chacune de ces compagnies soient complétées à 140 hommes.
Donnez ordre que les dépôts fournissent à chaque homme une capote et 3 paires de souliers, dont deux dans le sac et une aux pieds.
Si les dépôts ne pouvaient compléter ces compagnies, ils en enverront toujours les cadres, avec tout ce qu’ils ont de disponible, et vous ferez connaître ce qui manquerait, afin que je le fasse tirer des conscrits de ma Garde.
Vous donnerez ordre que tous les détachements de ma Garde qui doivent partir de Paris, pour porter les compagnies de grenadiers et de voltigeurs au grand complet, soient prêts à partir le 15 pour se rendre à Strasbourg. Ils seront formés en bataillons de marche. Vous prescrirez aux différents commandants de ma Garde d’en passer la revue, de n’envoyer que des hommes qui sachent faire l’exercice à feu, et de les faire habiller de l’uniforme d’infanterie légère, avec les boutons des régiments où ils doivent entrer ; on me les présentera à la parade du 16, et ils partiront le 17.
J’ai donné ordre au corps du général Oudinot de se réunir à Augsbourg.
Si le général Claparède est encore à Paris, donnez-lui l’ordre de se rendre à Strasbourg186 pour y attendre ces détachements, et exécuter les ordres qui lui seront donnés. Il sera chargé de mener cette colonne.
Par ce moyen, il y aura entre Strasbourg et Augsbourg de quoi compléter les 12 brigades du corps du général Oudinot, à 12 compagnies chacune, c’est-à-dire à 20 000 hommes. Comme il y aura 12 demi-brigades, il faudra 36 chefs de bataillon et adjudants-majors. Présentez-moi la nomination de ceux qui manquent, et vous les dirigerez sur Strasbourg, pour de là rejoindre le corps. Il faudra 12 majors, le corps en a huit ; c’est quatre à envoyer. Il faut 6 généraux de brigade ; faites-moi connaître ceux qu’il faudrait envoyer.
Il faut à chaque division 18 pièces de canon, c’est-à-dire 36 pour les 2 divisions. Le corps en a 18 ; faites-moi connaître la situation du parc de l’armée du Rhin, et s’il peut fournir les 18 autres pièces.
Ainsi, à la fin de mars, j’aurai au corps du général Oudinot 20 000 hommes, 36 pièces de canon avec caissons et double approvisionnement, un général de brigade d’artillerie, deux compagnies de sapeurs, une compagnie de pontonniers, un colonel du génie, trois officiers du génie, 6 000 outils attelés, 40 caissons d’infanterie, 20 par division, la division de cuirassiers Espagne, et la brigade de cavalerie légère composée de 3 régiments que j’ai attachés à ce corps. Ce qui fera un corps de près de 30 000 hommes.
Il faut qu’il y ait un commissaire des guerres par division, et deux adjoints, et les chefs de service nécessaires. L’armée du Rhin a en personnel de quoi organiser tout cela ...
" (E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2767 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20016).

Le 4ème bataillon du 9ème Léger, aux ordres du chef de bataillon Planchet, avec ceux des 16e et 27e Léger, y verse ses carabiniers et voltigeurs, déjà présents en Allemagne, ainsi que des compagnies de chasseurs, venues de France (Longwy), en mars, dans des bataillons de marche. Les hommes forment la 3ème demi-brigade d'infanterie légère de la division Tharreau, brigade Conroux, qui stationne alors à Augsbourg.

Le 3 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Comte d'Hunebourg, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Général Clarke, je vous envoie le projet de formation d’une réserve de régiments provisoires, sur lequel je désire que vous me fassiez un rapport. Faites-moi connaître si je n'ai rien oublié et s'il y a des changements qu'il soit convenable de faire pour épargner des marches aux troupes. Enfin présentez-moi des états qui m'apprennent si les 5es bataillons pourront fournir ces quatre, trois ou deux compagnies pour concourir à ladite formation. Les 10,000 hommes de réserve que forme ma Garde sont destinés à compléter les 5es bataillons et à les mettre à même de fournir les hommes nécessaires. Il faut donc qu'une colonne des états que vous ferez dresser indique le nombre d'hommes qui leur manquera, après avoir épuisé tout leur monde ; cette colonne sera la colonne de distribution des 10,000 hommes de la Garde. Il ne vous échappera pas que, par ce moyen, j'aurai 6,000 hommes à la Rochelle, 3,000 en Bretagne, 9,000 à Paris, 5,000 au camp de Boulogne, 2,500 pour la défense de l'Escaut, 2,500 pour garder Wesel, 5,000 à Strasbourg, 2,500 à Metz et 10,000 Français en Italie; total, 45,500 hommes.
NAPOLÉON
Annexe
PROJET DE FORMATION D'UN CORPS DE RÉSERVE
1
Il sera formé une réserve de seize régiments provisoires composée des compagnies des cinquièmes bataillons qui seront complétés avec les conscrits de 1810;
2
... Le 11e régiment sera composé de 3 bataillons formés de 3 compagnies des 5es bataillons des 7e léger, 17e 1éger, 10e 1éger, 9e 1éger, 21e léger, 28e 1éger ...
" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14838 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20195).

Le 8 mars 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, je reçois votre lettre du 6 avec l'état qui y est joint. Je vois que la force des 12 bataillons de marche du corps du général Oudinot est de 6 300 hommes et qu'il manque 3 000 hommes pour les compléter. Ces 3 000 hommes seront fournis par ma Garde. J'ai déjà donné une destination aux premiers 600 hommes qui se sont trouvés prêts. Donnez ordre que les 1600 hommes qui vont être disponibles après ceux-là soient habillés de l'uniforme des régiments ci-après, dans lesquels ils seront incorporés, savoir :
... pour la 2e compagnie de fusiliers du 9e légère 100 hommes ...
Les détachements de ma Garde partiront habillés. Vous enverrez à cet effet au conseil d'administration les numéros de régiments où ils doivent être incorporés, afin qu'on fasse faire leur uniforme, et qu'on y mette les boutons de ces régiments. Par ce moyen, le corps du général Oudinot recevra un renfort de 8300 hommes, et il manquera peu de choses à son complet, en présents sous les armes. Quand le corps du général d'Oudinot aura reçu ces 8000 hommes, vous me ferez connaître ce qui pourrait manquer au complet des compagnies, et s'il y a moyen de le tirer de quelques dépôts, où se trouveraient des conscrits des 4 années antérieures à 1810
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 2, lettre 2899; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20291).

Situation de la Division Oudinot au 9 mars 1809 (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20309) :

Divisions

Brigades

1/2 Brigades

Bataillons

Présents
Situation des grenadiers et voltigeurs réunis

Détachements tirés des conscrits de la Garde

Compagnies de fusiliers formant les 12 premières compagnies de marche

Détachement formant le 13e bataillon de marche

Totaux

Manque au complet de 560 par brigade

Excédent sur le complet

Par bataillon

Par 1/2 brigade

1ère division général Claparède

1re brigade le général

3e 1/2 brigade d'inf. légère Major Broyer

9e d'inf. légère

16e d'inf. légère

27e d'inf. légère

243



233

67
100


52
100

167



152

155

458

164

565

458

549


1572



102

11

5

D'abord sous le commandement du maréchal Lannes et de son 2e Corps d'Armée. Après le combat d'Ebelsberg (auquel il ne participe pas), le 3 mai, le 4ème bataillon et sa division poursuit sa marche jusque sous les murs de Vienne, et contribue à la prise des faubourgs le 9 mai. Lorsque la division veut pénétrer dans la ville, elle y est reçue à coups de canon et doit s'éloigner. Alors commencèrent les dispositions du bombardement qui eut lieu pendant les journées du 10 et du 11.

Enfin, le 12, dès la pointe du jour, le 4ème bataillon du 9ème Léger entre, pour occuper la ville avec tout le corps d'armée du Général OUDINOT.

Il y reste jusqu'à la bataille d'Essling (20-22 Mai 1809); les soldats d'Oudinot s'y couvrent de gloire en défendant le village du même nom. Lannes, mortellement blessé, est alors remplacé directement par Oudinot. Les Français repassent le Danube et se fortifient dans l'ile Lobau. Le Bataillon du 9ème Léger y a de nombreuses pertes.

Le 10 juin 1809, l'Empereur, qui vient de décider d'une importante levée de Conscrits, sur la classe 1810, mais aussi sur les classes 1806 à 1809, afin de compenser les pertes du début de la campagne, et renforcer l'Armée, écrit depuis Schönbrunn au Général Clarke pour lui donner le détail de cette opération particulièrement complexe; lettre accompagnée de 3 Etats différents très détaillés. Concernant le 9e Léger, l'Empereur ordonne : "... Les 1500 hommes des conscrits des 4 années destinés pour la cavalerie, et les 1500 hommes des mêmes années destinés pour l'artillerie formant 3000 hommes seront employés à renforcer le corps d'Oudinot ..."; la répartition qui suit indique que 200 hommes seront dirigés sur le Dépôt du 9e Léger, tandis que le Dépôt devra envoyer 200 "hommes au 4e bataillon desdits régiments au corps d'Oudinot". Par ailleurs, une annexe intitulée "Répartition des 40 000 conscrits de l'appel supplémentaire de 1810" donne la composition de la 12e Demi-brigade provisoire : 7e Léger qui reçoit 300 hommes; 17e id. qui en reçoit 175; 9e id. qui en reçoit 25; 10e id. complété à la Division St-Hilaire; 21e id.; 28e id. qui reçoit 60 hommes; au total donc, 560 hommes. Il est par ailleurs précisé que l'on doit porter "les 18 compagnies à 2520 hommes" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21182).

Les hommes du 9ème Léger participent aussi à la bataille de Wagram en tenant avec acharnement la droite de Deutsch Wagram contre les Autrichiens, permettant à Davout d'effectuer un mouvement tournant. Le 4ème bataillon aura de nombreux blessés entre les deux batailles d'Essling et Wagram. Il couche sur le champ de bataille, la nuit du 6 au 7, et part pour le camp de Kokarnn où il reste quelques mois.

Le 15 juillet 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Voici mes observations sur la 3e division militaire. Le 59e peut offrir une compagnie de 100 hommes, le 69e, le 76e, le 96e, le 100e, le 103e, le 9e, le 24e, le 26e d'infanterie légère peuvent fournir le même nombre. Cela fera un bataillon de marche de la 3e division militaire, fort de 8 à 900 hommes, que vous dirigerez sur Vienne ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3308 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 21511).

Le Bataillon eut ensuite ordre de revenir vers la France, qu'il ne fit que traverser, pour entrer en Espagne.

IX/ 1809-1810, L'ESPAGNE DES TROIS PREMIERS BATAILLONS DU 9EME LEGER

- 1809

Après être allé à Tolède, puis revenu à Madrid, le 9ème Léger et la division Ruffin (1ère division du 1er Corps de Victor) y restent jusqu'au 12 janvier 1809. Le 1er Corps de Victor, prend la route d'Aranjuez, et se dirige sur Ucles où le duc del Infantado tient la ville. La 1ère division se perd, mais finit par tomber sur les arrières des Espagnols et les met en déroute en les chargeant, capture 6000 prisonniers et s'empare d'un drapeau.

Le 29e Bulletin de l'Armée d'Espagne, daté de Valladolid, le 16 janvier 1809, raconte : "Le 10 janvier, le quartier-général du duc de Bellune était à Aranjuez.
Instruit que les débris de l'armée battue à Tudéla s'étaient réunis du côté de Cuença et avaient été joints par les nouvelles levées de Grenade, de Valence et de Murcie, le roi d'Espagne conçut la possibilité d'attirer l'ennemi. A cet effet, il fit replier tous les postes qui s'avançaient jusqu'aux montagnes de Cuença au-delà de Tarançon et de Huete. L'armée espagnole suivit ce mouvement. Le 12 elle prit position à Uclès. Le duc de Bellune se porta alors à Tarançon et à Fuente de Padronaro. Le 13 la division Villatte marcha droit à l'ennemi, tandis que le duc de Bellune, avec la division Ruffin, tournait par Alcazar. Aussitôt que le général Villatte découvrit les Espagnols, il marcha au pas de charge, et mit en déroute les douze ou treize mille hommes qu'avait l'ennemi et qui cherchèrent à se retirer par Carascosa sur Alcazar ; mais déjà le duc de Bellune occupait la route d'Alcazar. Le 9e régiment d'infanterie légère, le 24e de ligne, et le 96e présentèrent à l'ennemi un mur de baïonnettes. Les Espagnols mirent bas les armes. Trois cents officiers, deux généraux, sept colonels, vingt lieutenant-colonels et douze mille hommes ont été faits prisonniers. On a pris trente drapeaux et toute l'artillerie. Le nommé Venegas, qui commandait ces troupes, a été tué.
Cette armée avec ses drapeaux et son artillerie, escortée par trois bataillons, fera demain 17 son entrée à Madrid.
... Le duc de Bellune se loue de M. Chateau son premier aide-de-camp, et de M. l'adjudant commandant Aimé. Il donne des éloges au général Sémélé, aux colonels Jamin, Meunier, Mouton-Duverney, Lacoste, Pesclieux et Combelle, tous officiers dont la bravoure et l'habileté ont été éprouvées dans cent combats ...
" (Panchoucke : « Oeuvres de Napoléon Bonaparte », 1821-1822, t. 4, p. 380).

Puis la Division marche sur Cuenca abandonnée, qui est copieusement pillée.

Le 27 janvier 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, à Joseph Napoléon, Roi d'Espagne, à Madrid : "Mon Frère … Faites connaître au maréchal Victor que j'ai accordé les grâces qu'il a demandées pour le général Villatte, pour le colonel Meunier, pour le chef de bataillon Regeau, pour les colonels Mouton et Jamin, et Rouziès, du génie, pour l'adjudant commandant Aymé, et pour les chefs d escadron Chateau, Auguste et François Leroy-Duverger, etc" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 36 ; Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 14749 ; Correspondance générale de Napoléon, t.8, lettre 19942). Claude Meunier, Colonel du 9e Léger, 1re Division (Ruffin) au 1er Corps. V. Haegele (Napoléon et Joseph Bonaparte, Correspondance intégrale [1784-1818], Paris, Tallandier, 2007) publie le nom du Chef de Bataillon Joseph Meunier, Aide de camp du Général Vedel. Regeau est Chef de Bataillon au 9e Léger.

En février, le régiment parcourt la Manche à la poursuite des Espagnols. Fin février, Victor reçoit l'ordre de se porter sur le Portugal par la rive gauche du Tage. Pour faire passer le fleuve à son artillerie, Victor est obligé de rétablir le pont d'Almaraz, tandis que la division allemande (Leval) qui lui est attachée, s'empare de celui de l'Arzobispo. La division occupe ensuite Trujillo et Merida.

Le 27 mars a lieu la bataille de Medellin contre les forces du général La Cuesta. Si le 9ème Léger, à l'aile droite du front français, a peu de pertes, au centre et à l'aile gauche, les forces espagnoles se font tailler en pièces.

La "Notice sur la bataille de Medellin, par le général Sémélé, chef d'état-major du 1er corps" raconte : "... Latour-Maubourg, lancé à la poursuite de la cavalerie ennemie, avait laissé sur le plateau de Retamosa la batterie de dix bouches à feu, le bataillon de grenadiers, les deux bataillons de la division allemande ; et il s'était borné à faire appuyer ses dragons par le 94e régiment d'infanterie, qui les suivait à une grande distance.
C'est dans cet instant qu'on aperçut une colonne d'infanterie et de cavalerie, forte à peu près de 4 mille hommes, qui débouchait en arrière de Mongabril, sur la rive gauche de l'Ortigosa, et dont l'objet était de détourner notre droite. Le maréchal envoya à sa rencontre le 9e d'infanterie légère, qu'un instant après il fit soutenir par le 24e régiment d'infanterie de ligne ; et cela, sur la demande réitérée du général Ruffin, qui croyait voir dans cette colonne des forces très-supérieures. Le 27e d'infanterie légère fut encore détaché de la division Villatte pour maintenir ou plutôt lier les deux divisions. L'on verra plus tard que la marche de ces trois régiments sur la droite, avec l'éloignement de Latour-Maubourg, pouvait compromettre la bataille.
A cette époque de la journée, il était à peu près quatre heures ; l'armée était ainsi disposée : Les 9e léger et 24e de ligne, quatre bouches à feu vers Mongabril, sur la rive gauche de l'Ortigosa ; le 27e léger, également sur la rive gauche de ce ruisseau, devant lier les deux divisions ; Latour-Maubourg ralentissait la poursuite, et manœuvrait avec le 94e pour se rapprocher du centre de l'armée ; le bataillon de grenadiers et la batterie de dix bouches à feu en avant du plateau de Retamosa, dans la direction de Don-Benito ; le régiment de Nassau et la division allemande, à gauche des grenadiers, sur le revers du rideau ; les 63e et 95e en colonnes par division et par bataillon en avant de Medellin ; le reste de la division allemande à gauche de ces deux régiments, dans le même ordre de formation ; le général Lasalle avec sa cavalerie légère, son artillerie et les deux bataillons de la division allemande en retraite sur le chemin de Benito, ayant l'ordre de passer par les intervalles des colonnes des 63e et 95e, et de se reformer derrière ces régiments ; le 96e régiment de ligne en réserve au pont de l'Ortigosa ...
... Arrivé au centre, le maréchal ordonna aux 63e et 95e, et aux troupes allemandes, d'accueillir l'ennemi par une fusillade vive et soutenue ; au général Lasalle, de le charger sur ses flancs ; et aux troupes laissées sur le plateau de Retamosa, de manœuvrer pour prendre la ligne ennemie à revers. L'artillerie fut disposée pour soutenir et favoriser ces dispositions, qui s'exécutèrent simultanément et avec le plus grand ensemble. Dans un instant l'armée de Cuesta fut renversée, et le champ de bataille transformé en un champ de massacre. La perte de l'ennemi dans cette bataille a été au-delà de tout ce que l'on peut imaginer. 15 mille hommes furent couchés sur le terrain ; 5 mille de la réserve furent atteints par Lasalle à la chapelle de D. Lorente ; ils furent sabrés et faits prisonniers, ce sont les seuls de la journée. Dans ces prisonniers se trouvait le général D. Francisco de Frias, ayant sept à huit coups de sabre. Les canons au nombre de seize bouches à feu, les voitures et les bagages, restèrent en notre pouvoir. Il ne s'échappa de toute cette armée que la cavalerie, qui dut son salut à la vitesse de ses chevaux. L'infanterie qui n'avait pas été prise se dispersa dans le pays ; et il est positif que Cuesta n'aurait pu réunir, le lendemain, la totalité d'un bataillon.
La perte du 1er corps ne s'est pas élevée au-delà de 300 hommes tués ou blessés.
Dans cette bataille, où le corps d'armée a dû combattre contre des forces si supérieures et dans une position si défavorable, les troupes ont soutenu leur réputation. Tous les mouvements ordonnés ont été exécutés avec précision, calme et détermination ; pas un seul instant d'hésitation n'a été remarqué.
Les généraux Latour-Maubourg, Lasalle, Leval, Lefol, commandant les 63e et 95e régiments d'infanterie de ligne, Schoeffer, commandant la division allemande, ont rendu des services signalés dans cette journée. Le maréchal s'est beaucoup loué des colonels Pecheux, du 95e ; Mouton-Duvernet, du 63e ; Meunier, du 9e d'infanterie légère ; Combelle, du 94e de ligne ; des colonels de cavalerie Ismert, Bouvier-Deséclats, Bonnemains et Subervie ; du chef de bataillon Maranzin, de l'artillerie
" (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 462).

Victor s'arrête ensuite sur la Guadiana. Le régiment stationne à Calamonte, près de Mérida. Puis Victor établit son QG à Torre Mocha jusqu'au début juin devant la manque de subsistances. Les nouvelles des forces anglaises et des forces espagnoles poussent Victor à se replier.

Le 27 Juin, Wellesley a remonté la vallée du Tage, pénétré en Espagne, et fait sa jonction avec les forces espagnoles du général Gregorio, puis rejoindra le général La Cuesta le 20 Juillet.

Le 1er Juillet, arrivèrent enfin des ordres de Napoléon prescrivant au Maréchal Soult de prendre le commandement en chef des 2e, 5e (Mortier) et 6e Corps (Ney), pour se porter sur le flanc de l'offensive de Wellington.

Victor se porte sur Talavera de la Reyna où il reste jusqu'à mi-juillet. C'est alors que les Anglo-espagnols lancent une offensive. Victor se replie prudemment, après 3 jours de légers accrochages entre les deux adversaires. Mais entretemps, il a reçu des renforts : le corps de Sebastiani (4ème Corps) et une réserve envoyée par le Roi Joseph. Une première attaque espagnole sérieuse est repoussée. Restent les Anglo- portugais de Wellington. Joseph et Victor, sans attendre l'arrivée de Soult, décident de les affronter.

Les Français passent à la contre-attaque. La Division Ruffin se met en mouvement à neuf heures du soir; la Brigade arrive sur le champ de bataille et reçoit l'ordre de s'emparer d'un mamelon qui sert d'appui à la gauche de la ligne ennemie. Les 24ème et 96ème de Ligne, qui se trompent de direction dans l'obscurité, ne secondent pas le 9ème Léger qui franchit un large et profond ravin, gravit une pente escarpée, et, arrivée seul à mi-côte, s'élance vers la crête, renverse les premières troupes qui veulent lui résister. Mais, attaqué par une Division entière, il est obligé de rétrograder jusqu'au pied de la position, en perdant 300 hommes. Le Colonel Meunier reçoit trois coups de feu dans cet engagement, qui ne cesse qu'à 10 heures du soir. Le Régiment, en marche depuis la pointe du jour et harassé de fatigue, doit donner des soins aux blessés pendant la nuit, et se préparer à une nouvelle attaque pour le lendemain.

Le 28 au matin, le Général Ruffin se prépare au combat. Les trois Régiments de sa Division sont formés de la manière suivante : le 9e d'infanterie légère à droite, le 24e de ligne au centre, et le 96e à gauche ; chaque Bataillon en colonne serrée par Division. A 8 heures du matin, il recommence l'attaque du mamelon. Ces braves Régiments gravissent la colline avec une rare intrépidité. Le 24e, parvenu au sommet le premier, est au moment de prendre 4 bouches à feude l'artillerie Anglaise, ; mais l'ennemi, n'étant pas menacé sur les autres points de sa ligne, fait renforcer ce point des troupes fraîches, et le Régiment français est repoussé. Les Généraux Ruffin et Barrois ramènent leurs troupes en bon ordre. Cette action, quoique de courte durée, est très-meurtrière. La Brigadeentière rétrograde jusqu'à la première position, où elle se maintient toute la journée (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 236).

Vers le milieu du jour, la chaleur fait suspendre le combat pendant quelques heures.

Le Maréchal Victor, aqui initalement, avait prévu d'attaquer la colline avec ses trois Divisions, ordonne au Général Ruffin de se porter en colonne à l'extrémité de la droite, et de pénétrer dans le vallon en longeant le pied de la montagne, sur laquelle il jette le 9e Régiment d'infanterie légère, pour l'opposer à la Division espagnole qui vient d'y arriver. Il prescrit à la Division Villatte de se placer également en colonne à l'entrée du vallon, au pied de la colline. La Division de Merlin et les Dragons de Latour-Maubourg se forment en arrière de l'infanterie du 1er Corps, pour la soutenir au besoin, et pour être à portée de traverser le vallon en passant entre les Divisions Ruffin et Villatte, si celle de Lapisse enlève la colline (Du Casse A. : "Mémoires et correspondance politique et militaire du roi Joseph", 1853-1854, t. 6, p. 236).

Lorsque le combat reprend, le régiment se forme en carré et soutient diverses charges de cavalerie anglaise.

Bataille indécise et sanglante (7000 hommes blessés ou morts pour les forces de Joseph, 5000 pour les Anglais, 1000 pour les Espagnol) où les Français quittent le champ de bataille pour éviter d'être coupés de Madrid. Wellington est donc techniquement vainqueur, mais apprenant la marche de Soult sur son flanc, il décide de se replier sur le Portugal, le 2 août. Les forces de Victor réoccupaient donc Talavera.

Très mécontent du résultat d'une bataille coûteuse en effectifs qui aurait pu être décisive, si les forces de Joseph avaient attendu celles de Soult, Napoléon décide de nommer Soult Major Général de toutes ses armées en Espagne.

Heureusement, la situation se rétablit pour les Français avec la victoire de Sébastiani et son 4ème Corps sur les Espagnols de Venegas à Almonacid le 9 août.

Le 18 août, Ney adresse un rapport au Roi Joseph, dans lequel il lui expose les opérations effectuées par des fractions du 6e corps d'armée aussitôt après son arrivée à Salamanque.
"... Une brigade d'infanterie (9e léger et 69e de ligne, général Maucune) et les deux régiments de cavalerie légère (3e de hussards et 15e de chasseurs, général Lorcet) sont depuis quelques jours établis à Fuente Sauco et communiquent avec les troupes du général Kellermann, en position à Toro ...". (La vie militaire du Maréchal Ney, t.3).

Le 25 septembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, donnez l’ordre en Espagne de faire partir pour Bayonne les cadres des quatre compagnies de fusiliers du 3e bataillon du 9e léger. Tous les soldats de ces quatre compagnies seront incorporés dans les deux premiers bataillons ; la compagnie de grenadiers du 3e bataillon sera provisoirement attachée au premier bataillon ; et la compagnie de voltigeurs sera provisoirement attachée au 2e bataillon. Le chef de bataillon et l’adjudant-major partiront avec les cadres des quatre compagnies qui sont destinées à venir chercher des conscrits à Bayonne. Donnez le même ordre pour les 4es bataillons des 16e léger, 45, 54, 8e, 24e et 96e.
Ces 7 cadres doivent former 3 à 400 hommes ; il se réuniront ensemble afin de marcher avec précaution et en sûreté. S’il est nécessaire on donnera aux officiers des carabines pour se défendre en août.
Vous ferez la même opération pour les 28e, 32e, 58e et 75e. Ces quatre cadres marcheront également ensemble et en ordre.
Vous ordonnerez également que :
le 4e bataillon du 4e d’infanterie légère
celui du 2e
le 3e bataillon du 86e
le 4e bataillon du 31e léger
le 4e bataillon du 26e de ligne
et le 5e bataillon du 66e
et 1 des deux du 82e qui sont en Espagne envoient de même leurs cadres à Bayonne
Ce qui fera 7 cadres du 2e corps.
Ils formeront aussi une colonne qui marchera en ordre, ayant leurs cartouches et tout ce qui est nécessaire pour se défendre en route.
Enfin vous donnerez ordre au 6e corps commandé par le duc d’Elchingen d’envoyer de même à Bayonne les cadres du 2e bataillon du 6e léger.
Ces 19 cadres recevront 12 000 hommes à Bayonne ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3602; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22175).

Le 25 septembre 1809 encore, l'Empereur écrit, depuis Schönbrunn, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke, vous trouverez ci-joint l'idée d'un rapport pour justifier la levée des 36 000 conscrits que je viens d'ordonner. Vous trouverez également la répartition de ces 36 000 conscrits. Ajoutez à votre rapport une considération sur la grande quantité de conscrits qui restent sur les années passées, écrivez-en même le nombre s'il en reste effectivement 500 000, dites qu'il y en a 800 000. Il est nécessaire que cette phrase soit bien frappée, parce qu'elle fera une grande influence sur l'étranger.
Napoléon
Décret « de distribution » répartissant les 36 000 conscrits par place forte ou régions militaires
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er
La distribution des 36 000 conscrits levés en vertu du sénatus-consulte du […] octobre, sera fait ainsi qu’il suit :
... 7200 sur Bayonne, pour remplir les cadres des 12 bataillons qui ont ordre de rentrer en France
600 pour le 9e d’infanterie légère ...
Relevé de la distribution des 36 000 conscrits suivant l’ordre numérique des régiments employés à l’armée d’Espagne :
... Infanterie légère
... 9e à Bayonne 600 ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22176).

En octobre 1809, les trois chefs de bataillons du 9ème Léger en Espagne sont Regeau, Bruyère et Maurin. Le 1er Corps, lui, parcourt la Manche durant tout l'hiver, et ne participe pas non plus à la victoire d'Ocana le 18 novembre sur une armée espagnole venue d'Andalousie. Le roi Joseph peut souffler provisoirement.

Le 19 novembre 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le général Clarke ... Présentez-moi un travail pour former 4 régiments de marche pour les corps d'armée d'Espagne ; lesquels se réuniront depuis Orléans jusqu'à Bordeaux. Un colonel en second ou un major sera mis à la tête de chaque régiment pour les commander.
Le 1er régiment sera composé de tout ce qui est disponible à la 22e demi-brigade provisoire et au régiment de marche de Strasbourg et de ce qui pourra partir au 1er novembre des dépôts des 9e léger, 24e, 96e de ligne, etc., formant en Espagne le 1er corps, pour composer ce régiment de marche à 3.000 hommes.
Il y sera réuni le nombre d'officiers et de sous-officiers nécessaire : un officier pour 100 hommes et un capitaine de chaque régiment de l'armée d'Espagne ; il sera donné une organisation provisoire à ces régiments pour le maintien de la discipline en route ...
Vous me ferez connaître à quelle époque ces régiments pourront se mettre en marche ; ils peuvent être formés sur-le-champ, et mis en marche au 15 décembre au plus tard.
Lorsque ces 4 régiments seront formés, vous m'en rendrez compte, et je donnerai mes ordres pour leur destination ultérieure, à leur arrivée à Bayonne, attendu qu'ils ne doivent point entrer isolément en Espagne sans mon ordre ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3721 (avec la date du 8 novembre); Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22478).

- 1810

Le 11 janvier 1810, l'Empereur écrit depuis Paris à Berthier, prince de Neuchâtel et de Wagram, major-général de l'armée d'Espagne, à Paris : "Mon Cousin, vous donnerez sans délai les ordres suivants, que vous enverrez par un officier d'état-major :
... Donnez l'ordre au général Reynier de faire les changements suivants dans sa division ... Tout ce qui appartient aux 9e, 31e, 16e léger, 8e, 24e, 45e, 54e, 60e, 63e, 28e, 75e, 64e et 103e de ligne, se réunira à Saint-Sébastien, Tolosa et Vitoria, pour achever de mettre l'ordre et faire la police dans la Biscaye; ces détachements composeront la 3e brigade. Le général Reynier aura l'œil sur la Navarre et correspondra avec les commandants de Burgos et de Pampelune. Vous lui ferez connaître que je compte le laisser dans ces positions une partie de février, pour rallier et organiser son corps ...
" (Correspondance de Napoléon, t.20, lettre 16131 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 22847).

Les opérations militaires tournèrent au début de l'année autour d'une expédition en Andalousie, exécutée par les 4e, 5e et 1er Corps sous les ordres de Soult, accompagné du roi Joseph. Les trois bataillons du 9ème Léger sont toujours à la division Ruffin du 1er Corps.

Vers le 15 Janvier, l'Armée est devant la Sierra Morena. Le 18 Janvier, le 1er Corps de Victor franchit la montagne par des chemins sinueux et disperse les forces espagnoles qui voulaient s'y opposer. Le 20 Janvier, les 3 corps français débouchent sur le Guadalquivir et Mortier entre dans Cordoue le 21. Le Roi Joseph pavoise ... Pendant ce temps le gouvernement provisoire de l'Espagne, la Junte Insurrectionnelle, se réfugie à Cadix.

Siège de Cadix 1810

Le siège de Cadix en 1810

Sergent porte-fanion de Compagnie de Carabiniers du 9e Léger, 1809

Fig. 4bis Adjudant sous-officier du 9e Léger, 1809

Le 29, les forces de Victor se présentent devant Séville qui se rend le 31. Joseph y fait son entrée le lendemain dans des rues vides, passe en revue le 1er Corps qui ensuite doit marcher sur Cadix. Cadix, construit sur une péninsule aisément défendable et fortifiée, protégée par une lagune, ravitaillée par la mer par la flotte anglaise et avec une garnison anglo-espagnole, est quasi inexpugnable. C'est le symbole absolu de la résistance espagnole depuis que la Junte s'y est installée.

Victor crée autour de la ville des camps retranchés et répartit ses divisions. Etablissant son quartier général à Port Sainte-Marie, il attend de l'artillerie de siège. Avant ses canons, il reçoit la visite du Roi Joseph.

Au bout de bientôt un mois et demi, le 23 mars, le fort de Matagorda tombe. Sa position permettra de pilonner la rade.

Au Printemps 1810, le 9ème Léger cantonne à Médina Sidonia. En mai 1810, des prisonniers français des pontons ancrés dans la rade réussissent une évasion et sont récupérés par leurs frères d'armes.

Le siège s'éternise. La solde, les munitions pour l'Artillerie et le ravitaillement arrivent au compte-goutte. Les guérillas harcèlent les arrières. Comment faire un blocus dans ces conditions ? Et pourtant, les hommes du 1er Corps font face et perfectionnent leurs retranchements. Les mois passent et des troupes sont prélevées du siège pour d'autres opérations de Soult, affaiblissant encore le dispositif. Girod de l'Ain nous raconte la vie quotidienne des forces assiégeantes :
"Durant plusieurs mois, mon régiment (9ème Léger) alternait avec le 24e de Ligne, passait 15 jours campé entre Puerto Real et Chiclana et 15 jours à Puerto Real même. Nous étions dévorés par les moustiques et n'avions aucun moyen de nous en préserver. C'est en vain que nous cherchions à les enfumer en brulant des branches de pins et autres arbres verts dans nos baraques ; nous ne réussissions qu'à nous enfumer nous-même. Des myriades de puces nous faisaient aussi la guerre et nous les prenions par pincées dans les larges plis de nos pantalons à la mameluck ...
Nous péchions des crevettes et des crabes dans les salines et nous trouvions d'excellentes petites huitres ...".

Le 17 juillet 1810, l'Empereur écrit, depuis Rambouillet, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Le dépôt du 9e léger qui est à Longwy et celui du 27e léger qui est à Bruges fourniront à Nantes de quoi compléter les 4es bataillons de ces deux corps ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4404 ; Correspondance générale de Napoléon, t.10, lettre 24040).

En Juillet 1810, les positions et l'encadrement du Régiment, sous les ordres du Colonel Meunier (ou Meusnier) et du Major Obert, sont les suivantes :
- Le Dépôt du Régiment est à Longwy, dans la 3e Division militaire.
- Le 4e Bataillon, sous les ordres du Chef de Bataillon Plancher, a quitté l'Allemagne pour se rendre en Espagne, et stationne pour le moment à Nantes (12e Division militaire). Il entrera en Espagne en août 1810.
- Les trois premiers Bataillons, sous les ordres des chefs de Bataillon Regeau, Bruyère et Maurin, sont à la Division Ruffin du 1er Corps, au siège de Cadix.

En septembre, le 2ème Bataillon, un temps détaché, rejoint le 9ème Léger et prend position au port Ste Marie. Le 2 septembre, les assiégés tentent une attaque contre le centre de la ligne occupée par l'armée française : 4000 hommes débouchent par la Corona, et les avant-postes français se retirent dans les ouvrages du 9ème Léger. Ce régiment ne tarde pas à s'y former ; puis, il sort de ses retranchements et marche droit à l'ennemi qui est bientôt repoussé et forcé de rentrer dans ses lignes, sans avoir pu détruire, comme il l'espérait, les ouvrages avancés.

Victor fait construire une petite flotille pour soutenir les forces assiégeantes.

Pendant ce temps le 4ème bataillon est à la chasse aux insurgés dans le Nord de l'Espagne. Le sous- lieutenant Cardron écrit ainsi à sa famille de Valladolid : "... cela fait un mois, que nous ne faisons que courir les montagnes après ces maudits brigands ...".

En Octobre, le 9ème Léger occupe le camp de la Récife, devant l'ile de Léon. Le reste de l'année se passe aux travaux de fortification.

En 1810, en Espagne, certains officiers du 9ème Léger se dotent d'une carabine.

C'est ce que nous explique Cardron, sous-lieutenant dans une compagnie de chasseurs du 9ème léger, qui écrit dans une lettre en date du 21 octobre 1810 à ses parents :
"N'ayez aucune inquiétude sur mon sort, je suis bien portant, ne manquant de rien et armé jusqu'aux dents, c'est-à-dire d'un grand sabre, de deux pistolets et d'une carabine. Ce sont les armes de tous les officiers qui font la guerre à ces brigands, elles nous sont nécessaires ne pouvant les joindre que dispersés et obligés de les abattre partiellement car ils ne se réunissent jamais, et il se trouve souvent de se rencontrer avec un ou deux de ces bandits".

Annales de la société archéologique de Namur, 1936-1937.

Le 19 novembre 1810, à Paris, "On propose à Sa Majesté d'ordonner le remboursement d'une somme de 2.136 fr. 28, due au 9e régiment d'infanterie légère par le 4e bataillon de ce corps, fait prisonnier de guerre en Andalousie au mois de juillet 1808" ; "Accordé" répond l'Empereur (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 4831 - Non signées ; extraites du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l'Empereur et Roi, daté du 17 novembre 1810 »).

Le colonel du 9ème Léger (et futur général) en 1810, Guilhem Dauture

Le colonel du 9ème Léger (et futur général) en 1810, Guilhem Dauture

Le colonel Meunier, nommé général de brigade au 1er Corps, a été remplacé par le colonel Dauture. Ce remplacement, prévu dès février, n'a eu lieu effectivement qu'au milieu de 1810.

En novembre 1810, le 4e bataillon se retrouve à Salamanque.

XI/ 1811, LA REUNION DU REGIMENT

Au début de 1811, la situation du Régiment est la suivante : Colonel : Dauture ; Major : Obert; Quartier-maitre trésorier : Saulnier. Le Bataillon de garnison est à Longwy. Les trois premiers Bataillons (Regeau, Bruyere et Maurin) sont à la Division Ruffin devant Cadix, 1er Corps, Armée du Midi. Le 4e Bataillon (Plancher) est au 9e Corps du Général Drouet d'Erlon.

- La campagne isolée du 4e bataillon en 1811

Le 4e Bataillon, après quelques marches sur Salamanque, Almeïda, entra au Portugal par el Punte de Murcella et vint occuper Leyria. Pendant sa route, ce Bataillon avait été, souvent, aux prises avec les partisans et en avait battu et dispersé.

Après sa retraite de 1810, poursuivie par Wellington, l'Armée du Portugal se regroupe finalement autour de Salamanque et se remplume. Elle compte encore 39.000 combattants. Les Anglo-portugais ont suivi les Français dans leur repli et désormais, le seul point encore aux forces de Masséna au Portugal, est la forteresse d'Almeida, rapidement entourée par la Division Campbell dès le 7 Avril. Masséna, dont les subordonnés sont de plus en plus désobéissants, demande l'aide de Bessières pour refaire ses forces, délivrer la garnison et y établir une tête de pont.

Masséna concentre ses meilleurs éléments des 2e, 6e, 8e et 9e Corps, et la cavalerie de Montbrun, autour de Ciudad Rodrigo, en vue de l'offensive future. Le 4ème Bataillon du 9e Léger est à la 2e Division Conroux, au sein de la Brigade Gérard, avec un Bataillon du 16e et du 27e Léger.

Bessières arrive enfin le 1er Mai, entouré seulement d'une poignée d'hommes de la cavalerie de la Garde, qu'il refusera d'ailleurs de faire intervenir. Wellington, anticipant les intentions de Masséna, décide de l'attendre à Fuentes de Onoro. La bataille fera rage entre le 3 et le 5 Mai 1811 et restera indécise, bien que Wellington ne soit passé pas loin de la rupture et qu'un effort supplémentaire eut emporté la victoire pour les Français. Chargé de l'attaque de ce village avec sa division, le 4ème Bataillon du 9ème Léger s'en rend presque maître, à 11 heures du matin, quand une Division anglaise vint s'emparer de la partie haute du village. Le combat fut sanglant. Le 4ème Bataillon fit les plus généreux efforts pour déporter l'ennemi et après plusieurs heures d'acharnement, il quitta Fuentes, vers 2 heures de l'après-midi, au moment où le combat cessait de part et d'autre. Le Général Gérard, commandant la Brigade, et plusieurs Officiers, y furent blessés. Le Bataillon perdit 50 hommes tués ou blessés.

Fatigué et moralement atteint, Masséna se replie une nouvelle fois sur Salamanque, où il apprend par Bessières sa disgrâce et son remplacement par Marmont. Napoléon ne pardonne pas aux généraux malchanceux ! La seule satisfaction est que la garnison d'Almeida a pu évacuer la place après l'avoir détruite, et a réussi à passer à travers les lignes anglaises.

Entre-temps, le 1er mai 1811, l'Empereur a écrit, depuis Saint-Cloud, au Prince de Neuchâtel, Major général de l'Armée d'Espagne : "Témoignez mon extrême mécontentement au général Belliard de ce que mes ordres ne sont point exécutés, et que, la première fois que cela arrivera, je le ferai arrêter et traduire à une commission militaire ; que c'est la première fois que je vois une désobéissance aussi formelle, lorsque vos ordres sont tellement positifs que vous déclarez que vous n'admettez aucune exception. Il peut remplacer à Ségovie les troupes qu'il retire de cette province, soit par un bataillon de la Confédération, soit par un bataillon espagnol, soit par des détachements du 28e et du 75e ; mais le bataillon du 9e léger, les détachements du 64e et du 103e de ligne, et du 10e de hussards, le bataillon du 8e de ligne devraient être en Andalousie depuis longtemps, ainsi que le 26e régiment de chasseurs. Il y a, à l'armée du centre, indépendamment de la garde royale, un régiment de Nassau, les Westphaliens, une division de la Confédération de 6,000 hommes, une division de dragons français, une brigade française de 4,000 hommes, et près de 5,000 Espagnols. Dites-lui qu'il a là dix fois plus qu'il ne faut ; que je suis donc fort étonné de ce mauvais esprit qu'il a montré ; que j'espère que c'est la dernière fois qu'il donnera lieu à de semblables plaintes.
Faites connaître au roi d'Espagne qu'il est nécessaire de soutenir l'armée de l'Andalousie ; qu'avec la division de la Confédération, la brigade française, une partie des Espagnols et la belle division de dragons qui sont à ses ordres, il faut former un beau corps, qui, en cas d'événement, peut être fort utile à l'armée d'Andalousie
" (L. Lecestre : « Lettres inédites de Napoléon 1er », Paris, 1897, t. 2, lettre 801; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26903).

Peu de jours après, le 4ème bataillon du 9ème Léger reçoit l'ordre de rejoindre les 3 autres, qui étaient devant Cadix. Il y arrivera au mois de juin 1811 et occupera Rota.

Simultanément, les Anglais lancent une offensive sur Badajoz, prise par Soult en mars, défendue par le général Philippon. Le général Beresford lève le siège pour se porter au-devant de Soult qui vient au secours de Philippon, partant de Séville le 10 Mai. Les Britanniques se renforcent de l'armée espagnole de Blake. Le 16 mai a lieu la bataille d'Albuera contre des Anglo-espagnols bien retranchés. Les combats sont sanglants et les pertes énormes des deux côtés.

Soult préfère se replier sur Solana et Llerana pour verrouiller l'accès à l'Andalousie. Le 18 Juin, les forces de Marmont, qui a remplacé Masséna à l'Armée du Portugal, font leur jonction, et les deux maréchaux délivrent ensemble Badajoz. Puis Marmont rejoint la vallée du Tage, et Soult l'Andalousie, tandis que les Anglais retournent au Portugal.

- La bataille de Chiclana Barossa, Mars 1811

Barossa 1811

Barossa en février-mars 1811

9e Léger Chiclana 1811

Les Carabiniers du 9e Léger à Chiclana, par Lejeune - Musée de Versailles

Fig. 5 Carabiniers du 9e Léger, 1813-1815, dessin de E. Fort, d'après Lejeune

Début 1811, tandis que Soult est allé assiéger Badajoz, une armée de renfort anglo-espagnole venue de Sicile, Gibraltar et Cadix même, a débarqué à Algésiras, s'est renforcée de la garnison de Tarifa, et marche sur Cadix pour débloquer la ville en venant du Sud vers Chiclana et la tour de Barossa, et prendre à revers les troupes françaises. Cette attaque doit être combinée avec une sortie de la garnison de Cadix. Les forces alliées sont sous le commandement en chef du général espagnol La Pena, et son adjoint est l'Anglais Graham.

Victor, prévenu, et qui ne peut compter sur personne pour l'aider, redéploie son dispositif : une division est envoyée sur la route de Cadix afin d'arrêter la marche des Alliés et contenir la garnison de Cadix, tandis que lui-même, avec le reste du 1er corps, va attaquer l'ennemi de flanc.

Les troupes espagnoles, exténuées par une longue marche, arrivent sur la colline de Barrosa le 2 mars, où La Peña décide de regagner au plus vite Cadix par la route côtière sans se mesurer aux positions françaises.

Le maréchal Victor a placé une de ses divisions, celle de Vilatte, pour repousser la sortie de la garnison de Cadix à partir de l'ile de Léon, ce qu'il fait le 4 mars, puis bloquer la progression des Alliés. Tandis qu'il marche à partir de Chiclana avec les divisions Leval et Ruffin sur l'ennemi.

La première Brigade de Ruffin, sous le Général Barrois (dont le 9ème Léger et les 24e et 96e de Ligne) s'empare de la colline de Barossa. L'ennemi est une première fois repoussé, puis il contre-attaque avec des forces bien supérieures. Soutenus par la division Leval, les Français résistent un temps mais finissent par céder et se replier sur Chiclana. Le général Ruffin, grièvement blessé, est capturé (il mourra en captivité), ainsi que l'Aigle du 8ème de Ligne.

Le général Graham propose au général de La Peña de poursuivre les Français, mais celui-ci, devant leur résistance, refuse et, rentrant à Cadix, contraint les forces anglaises à le suivre. Les Français parviennent à se regrouper et à réoccuper leurs lignes de siège. La victoire des Alliés n'a donc pas de débouché. Les Français se considèrent donc finalement comme ayant gagné la bataille, d'autant qu'ils se sont aussi emparés de quelques trophées.

Un célèbre tableau de Lejeune à Versailles illustre cet épisode de la Guerre d'Espagne. Les tenues représentées sont celle de 1813 à 1815 ; nous y reviendrons

- La fin de l'année 1811 (Juin-Décembre)

Le Régiment est enfin réuni devant Cadix. Les quatre Bataillons sont affectés au siège sous les ordres des Chefs de Bataillon : Regeau, Bruyere, Maurin et Plancher, et du Colonel Dauture. Les pertes de Chiclana et Fuentes de Onoro ont été sévères pour l'encadrement, avec par exemple, pour Chiclana, les blessures de Regeau, du Lieutenant porte Aigle Mathieu, du Lieutenant Wolsack ou du Chirugien-major Vanderbach.

Le 27 avril 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, donnez ordre que 200 hommes du 2e régiment d'infanterie légère, 100 du 4e et 200 du 12e ; total 500 ; forment à Paris un bataillon de marche et se mettent en route pour Bayonne.
Donnez ordre que le 17e d'infanterie légère envoie à Bayonne 150
que le 25e id. envoie 100
Le 9e id. 120
Le 16e id. 100
Le 21e id. 120
Le 27e id. 120
Le 28e id. 120
Total de ce que ces régiments enverront à Bayonne 1330
Ayez soin que chacun de ces détachements ait au moins deux sergents, quatre caporaux et deux tambours. A leur arrivée à Bayonne, on formera de ces détachements deux bataillons de marche que l'on composera de la manière suivante : les détachements des 2e, 4e, 17e et 25e régiments qui appartiennent à l'armée de Portugal marcheront ensemble. Ceux du 9e, du 12e, du 16e, du 21e, du 27e et du 28e, qui appartiennent à l'armée du Midi, formeront l'autre bataillon. Vous aurez soin que ces détachements soient bien armés, bien équipés. Les dépôts pourront profiter de leur départ pour faire des envois à leur régiment. Vous me rendrez compte d'ailleurs du mouvement de ces détachements afin que je sois toujours à même de donner les ordres que pourraient nécessiter les circonstances. Mon intention est qu'aucun conscrit de 1811 ne fasse partie de ces détachements. Le nombre d'hommes que je viens de vous indiquer est porté dans les états comme existant au dépôt avant l 'arrivée de la conscription. Vous pouvez donc les faire partir deux ou trois jours après la réception des ordres. Faites passer en revue le bataillon de Paris avant son départ. Ayez soin qu'un major en second se trouve à Bayonne pour organiser les deux bataillons. Les premiers arrivés attendront les autres. Mais il sera toujours avantageux que le général qui commande à Bayonne ait des troupes sous sa main, qui peuvent être utiles pour la protection des frontières
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5402 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 26853).

Le 18 juin 1811, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai ordonné que les détachements du 2e léger, du 4e et du 12e qui sont arrivés à Bayonne le 7 juin fussent formés en bataillon de marche pour escorter un trésor. Ce trésor devait partir le 15 juin ; mais depuis, en ayant retardé le départ, je pense convenable que vous écriviez au major général de donner l'ordre au général Monthyon de tenir au 1er juillet prêt à partir un régiment de marche et fort de 3 bataillons, composé de la manière suivante :
1er bataillon (infanterie légère)
Du 9e léger 100 hommes, 12e 200, 16e 80, 21e 80, 27e 95, 28e 75
Total 660 ...
Le général Monthyon passera la revue de ces 3 bataillons au 1er juillet. Le général Avy en prendra le commandement, les fera camper, les exercera et les tiendra en haleine et prêts à marcher du 1er au 10 juillet, selon les ordres que j'en donnerai, pour escorter un trésor
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5624 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27338).

Le 18 juin 1811 encore, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois votre rapport du 15 sur les différents corps d'observation. Je réponds d'abord à ce qui concerne le corps d'observation de la réserve.
... RÉGIMENTS DE MARCHE D'ESPAGNE ET DE PORTUGAL.
Enfin deux régiments de marche seront formés : le premier, qui sera le régiment de marche des armées d'Espagne, sera composé de la manière suivante, savoir :
1er bataillon : une compagnie du 9e léger, deux du 27e, deux du 21e, une du 28e. Ce bataillon se formera à Compiègne ...
Un colonel en second sera chargé de la formation de ce régiment ; il aura sous ses ordres deux majors en second : le premier sera à Compiègne et commandera les 1er, 2e et 3e bataillons ; l'autre sera à Metz et commandera les 4e, 5e et 6e bataillons. Le 7e bataillon se joindra au régiment à son passage pour Bordeaux.
Chaque compagnie sera fournie par le 5e bataillon, qui la complétera à 150 hommes. Elle sera habillée et mise en bon état. Il y aura trois officiers par compagnie et le nombre des sergents et caporaux sera complet.
Au 10 juillet, ces compagnies se mettront en marche. A la même époque, les majors en second seront rendus l'un à Compiègne et l'autre à Metz. Le colonel en second restera à Paris et recevra la correspondance des majors en second. Un chef de bataillon sera chargé de passer la revue du 7e bataillon à Bordeaux et correspondra avec le colonel en second.
Ainsi ce premier régiment de marche aura sept bataillons et sera fort d'environ 7,000 hommes.
Au 15 juillet, vous me rendrez compte de sa situation pour que je puisse donner l'ordre définitif du mouvement ...
" (Correspondance de Napoléon, t.22, lettre 17817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27343).

Le 20 juin 1811, à Saint-Cloud, "On propose d'ordonner qu'une somme de 150 francs 26, due depuis 1808 à la caisse du 9e régiment d'infanterie légére par le lieutenant Raimond, réformé sans traitement et qui se trouve sans aucun moyens de s'acquitter, soit remboursée à ce corps sur les fonds de dépenses extraordinaires de l'exercice 1808"; l'Empereur répond : "Accordé" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.1, lettre 464; Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5641 - Non signée ; extraite du « Travail du ministre de la guerre avec S. M. l’Empereur et Roi, daté du19 juin 1811 »).

La situation en Andalousie, attaquée de tous côtés, n'est guère fameuse, malgré la délivrance de Badajoz. Soult a regagné Séville à la fin du mois de juin. Ses forces sont épuisées, en diminution d'effectifs, et non payées depuis plus d'un an. A l'Est, le 4ème Corps de Sebastiani avait réussi à contenir l'armée de Murcie. Et tandis que l'Armée du Portugal se repliait vers le Nord et celle du Nord vers Burgos, les troupes isolées du sud de la péninsule ibérique en Andalousie devaient couvrir un territoire immense.

Le 21 juillet 1811, l'Empereur écrit, depuis Trianon, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Espagne : "Mon cousin, renouvelez l'ordre au bataillon du 9e léger, et aux détachements des 103e et 64e de ligne, du 10e de hussards et du 8e de ligne de partir pour se rendre directement à l'armée du Midi. Vous adresserez cet ordre aux commandants et vous le notifierez à l'état-major de Madrid ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 4, lettre 5817 ; Correspondance générale de Napoléon, t.11, lettre 27736 - Non signé; a été expédié le 21 juillet).

En octobre, le chef de bataillon Billion prend la tête du premier bataillon du 9ème Léger.

Victor fut chargé d'une expédition contre Tarifa. Ce projet fut noyé par les pluies et, à la fin décembre, la garnison anglo espagnole résista aux assauts des Français de Leval.

Le siège de Cadix s'éternisait, avec de moins en moins d'effectifs. Le 7 décembre1811, le maréchal Victor est autorisé à rentrer en France. Il quittera son poste au début 1812.

XII/ 1812

- Le 3ème bataillon au siège de Badajoz.

Conscrit du 9ème Léger à la division de réserve de Toulouse, 1814

Fig. 5bis Conscrit du 9ème Léger à la division de réserve de Toulouse, 1814

Le 14 février, le 3ème bataillon du 9ème Léger partit de ses cantonnements près de Cadix pour aller renforcer la garnison de Badajoz, affaiblie par les pertes nombreuses qu'elle avait faites, en 1811, pendant le blocus des Anglo-Portugais. Ceux-ci ont un objectif en ce début d'année, s'emparer des places fortes de Ciudad Rodrigo et Badajoz avant de rentrer plus profondément en Espagne.

Ciudad Rodrigo tombe le 19 janvier. Badajoz, sur la rive gauche de la Guadiana, avait déjà résiste à deux sièges. Les Anglo-portugais l'entourent à partir de mi-mars de 25.000 hommes et établissent batteries et tranchées. La garnison française ne comptant que 5000 hommes.

Le 16 mars, le roi Joseph est nommé commandant en chef en Espagne : une erreur fatale. Pour Joseph, il faut regrouper les forces. Il crée une armée de réserve autour de Madrid et compte abandonner l'Andalousie pour rapprocher l'Armée du Midi de Soult de celle du Portugal de Marmont.

Wellington décide d'affronter d'abord l'armée de Marmont qui se replie sur Salamanque, mais d'abord, il faut prendre Badajoz, défendue par le général Philippon. Le général anglais envoie des détachements en surveillance de ses flancs, tandis qu'il s'occupe du siège.

Wellington lance l'assaut le 6 avril, après des jours de bombardements, craignant une intervention de Soult ou Marmont. Face à l'assaut britannique, les Français font un carnage (4800 homme hors de combats en quelques heures !) mais, submergés par le nombre, doivent se rendre. La soldatesque anglaise, avec la plupart de ses officiers hors de combat, se livre alors aux pires exactions sur la population espagnole.

Le 3ème bataillon du 9ème Léger, avec la garnison, a eu de très nombreuses pertes comme le capitaine Thierry et les lieutenants Larebergerie et De Montenac. Les survivants sont désormais prisonniers de guerre.

- Les 1er, second et 4ème bataillons

Le 2 février, 3 compagnies d'élite du 9ème Léger, commandées par le chef de bataillon Bruyère, sous les ordres du Général Meusnier, quittèrent Villamartin, en reconnaissance sur le Poblacio del Rey. Elles sont suivies, une demi-heure après, par 400 hommes, sous les ordres du Colonel Dauture et du chef de bataillon Maurin. Tout le monde suit la même route, sous les ordres du général Conroux. A leur approche de la Poblacio, ces derniers entendent une vive fusillade entre l'ennemi et les troupes du Général Meusnier. Alors les troupes de Couroux prennent position et protègent la retraite des compagnies d'élite.Tout le monde est rentré à Villamartin le même jour à 10 heures du matin. Le 9ème Léger a eu 4 tués et 16 blessés.

Au début Avril 1812, la situation et l'encadrement du régiment sont les suivants :
Dépôt du régiment à Longwy avec 5ème bataillon;
Chef de corps : colonel Dauture, major Obert, quartier maitre trésorier Saulnier;
1er bataillon : chef de bataillon Maurin; 2ème bataillon : chef de bataillon Bruyere; 4ème bataillon : chef de bataillon Planchet. Les 3 bataillons sont devant Cadix , 1ère division, Armée du Midi de Soult.
3ème bataillon : chef de bataillon Billion, à Badajoz (capturé le 6 avril).

Le 19 avril 1812, à Saint-Cloud, on soumet à l'Empereur une "Demande de congé pour M. Watz, adjudant-major au 9e d'infanterie légère"; "Accordé", répond ce dernier (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7146).

Pendant les mois d'avril et mai, les 1er, 2ème et 4ème Bataillons sont employés à des excursions dans les montagnes d'Arcos, de Rota, de Médina, Sidonia, aux prises avec des partisans et le corps d'armée de Ballesteros qui cherchait à inquiéter les arrières des troupes, qui continuaient le siège de Cadix.

Dans ses Souvenirs militaires, Hippolyte d'Espinchal, qui sert dans le 2e Hussards, raconte (mai) : "... Dans la soirée du 20, toutes mes dispositions prises, je laissai Arahal sous la garde de 100 hommes et nous nous mimes en marche avec 60 chasseurs du 21e et 140 hussards du 2e, prescrivant le plus absolu silence et défense de fumer. Deux guides placés à l'avant-garde, auxquels on avait donné le choix d'une mort certaine s'ils nous égaraient ou de quelques douros s'ils nous conduisaient à Bacna, marchaient entre deux hussards qui ne les perdaient pas de vue. Vers les trois heures du matin, nous venions de quitter la plaine pour entrer dans un chemin montagneux, étroit et bordé de haies épaisses, lorsque nous entendîmes le son d'un cornet à bouquin, répété bientôt après dans l'éloignement par d'autres ; ce signal ne laissant aucun doute sur la découverte de notre approche éclairée par un magnifique clair de lune, et les guides ayant assuré que nous n'étions qu'à un quart d'heure du village, j'ordonnai de précipiter la marche afin de sortir promptement du défilé dans lequel nous étions engagés.
Le jour, qui commençait à paraître pur et serein, nous permit de distinguer quelques hommes armés parcourant les hauteurs et qui, en se retirant, nous envoyaient quelques coups de fusil. Alors, 40 hussards formant l'avant-garde se lancèrent au galop et se trouvèrent, en peu d'instants, en face de 400 ou 500 fantassins postés sur le plateau que protégeaient d'un côté le village et de l'autre un petit bois. La disposition de cette troupe formée en masse, sans aucun ordre régulier, me faisant supposer qu'un corps plus nombreux pouvait se trouver en arrière, deux détachements tournèrent la position de droite et de gauche, tandis que nous restions en bataille à une assez grande distance, attendant le résultat de ce mouvement ; cette attitude, que l'ennemi prenait pour de la crainte, lui inspirant de la confiance, il ne tarda point a nous envoyer plusieurs décharges accompagnées des cris les plus insultants de menace et de défi, en élevant une perche empaillée revêtue d'un uniforme français et d'un shako d'infanterie : cette situation qui dura près d'un demi-quart d'heure, nous coûta un hussard tué et quatre chasseurs blessés ; enfin m'apercevant que les cris cessaient et voyant une espèce de désordre dans cette masse informe, je jugeai les deux détachements arrivés et qu'il était temps d'agir ; notre charge s'exécuta avec une telle rapidité et un ensemble si parfait que les trois détachements enfoncèrent en même temps cette infanterie, à qui l'effroi était la faculté de se défendre et qu'on sabra affreusement dans sa fuite ; 30 de ces misérables restèrent morts sur le plateau et 85 prisonniers plus ou moins grièvement blessés suppliaient de ne pas les achever, se croyant destinés à une mort certaine. Plus de 200 fusils de fabrique anglaise, ramassés de tous côtés, furent brisés et jetés dans des puits du village près duquel nous nous établîmes et que j'eus beaucoup de peine à garantir du pillage, les habitants s'étant joints aux brigands.
A peine venions-nous de terminer cette opération que nous vîmes déboucher 400 hommes du 9e d'infanterie légère qui devaient agir avec nous et qu'un malentendu avait égarés. Vers les neuf heures du matin, une troupe à cheval, reconnue par les postes avancés, se trouvant être le maréchal Soult arrivant de Santa-Maria sous l'escorte de 50 dragons, je fus au-devant, lui rendre compte de l'événement qui venait d'avoir lieu ; il voulut bien m'en témoigner sa satisfaction et, apprenant le retard de l'infanterie, exprima d'une manière sévère son mécontentement, bien que ce pauvre capitaine ne fût réellement pas coupable. Une halte d'une heure fut employée au repos des troupes et au déjeuner du maréchal, qui y invita tous les officiers. Nous l'escortâmes ensuite jusqu'au bourg d'Alcala et rentrâmes à Arahal ...
" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 8).

Juin 1812, le régiment se trouve à Bornos avec le général Conroux, lorsque celui-ci est attaqué par les forces de Ballesteyros en grande supériorité numérique. Conroux marche à l'ennemi. Le combat est très sanglant et se traduit par une retraite des Espagnols, mais le chef de bataillon Planchet (du 4ème bat) est tué, et sont blessés les capitaines Bouton, Barrois, Etienne, et Pouthier.

Hippolyte d'Espinchal raconte : "... Le 2 juin, à deux heures du matin, le général Balesteros, fort de 9000 hommes, avait passé la rivière de Guadelete sous la protection d'un brouillard épais, il avait gravi une montagne escarpée et était parvenu, sans être aperçu, jusqu'à la position des Français, vis-à-vis desquels il avait établi ses lignes à portée de mousquet.
Le 9e léger et le 96e de ligne sortirent aussitôt de leur retranchement et marchèrent à l'ennemi avec beaucoup de sang-froid et de résolution. Sentant combien il était important de vaincre, ils abordèrent à la baïonnette les Espagnols qui jusqu'alors avaient attaqué avec courage, mais qui ne purent résister à ce terrible choc et, malgré leur grande supériorité, furent culbutés et poursuivis de mamelon en mamelon jusqu'à la rivière, où ils essayèrent vainement de tenir ; les voltigeurs ne leur laissant aucun répit les poussèrent si vigoureusement que grand nombre se noyèrent et le reste se sauva dans le plus grand désordre. Dans le même moment, la cavalerie espagnole forte de 500 chevaux fut chargée par 100 hommes du 5e Chasseurs, seule cavalerie que le général Conroux avait avec lui. Cette journée si brillante ne laissa pas que de nous enlever des braves, ayant été obligés de faire des efforts incroyables pour résister à des masses aussi fortes. Les Français pouvaient être tout au plus 1800 combattants. Au moment de l'attaque, 800 étaient descendus en ville pour aller aux vivres et ne purent participer au combat.
Il y eut, du côté des Français, 160 hommes tués et plus de 400 blessés, presque tous dangereusement, un aide de camp du général tué, trois chefs de bataillon du 96e blessés, ainsi qu'un du 9e léger, le capitaine du 5e Chasseurs tué et un officier grièvement blessé, ainsi que 25 officiers d'infanterie.
Du côté des Espagnols on comptait 500 morts sur le terrain, 1500 blessés et 1000 prisonniers, 6 pièces de canon et 2 drapeaux enlevés, le reste de cette armée ne s'étant rallié qu'au loin derrière la rivière ...
" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 11).

Suite à la défaite des Arapiles, le 22 Juillet 1812, au Sud-Est de Salamanque, le dispositif français en Espagne est désorganisé. Joseph fuit sur Valence, alors que Wellington entre à Madrid le 12 Août. Soult doit évacuer à contre coeur l'Andalousie. Les travaux devant Cadix sont détruits avant que l' armée ne se replie.

En Octobre, le 4ème bataillon est renvoyé en France. Seuls les deux premiers bataillons restent en Espagne, aux ordres des chefs de bataillon Maurin et Bruyere.

Au 3 Octobre, un conseil de guerre réunit Joseph et les maréchaux Soult, Jourdan, et Suchet. Un nouveau plan de stabilisation de la situation militaire est adopté. Burgos tient toujours. Drouet d'Erlon, qui a pris le commandement de l'Armée du Centre, s'empare de Cuenca le 20 Octobre. Souham repart en avant et délivre Burgos le 28 Octobre puis entre à Valladolid. Le 2 Novembre, Joseph retrouve Madrid.

Les Armées françaises se réunissent à Medina del Campo, mais ne peuvent empêcher une nouvelle fois Wellington de se replier à Alba de Tormes le 15 Novembre, sans pouvoir livrer une bataille décisive. Ce dernier prend ses quartiers d'Hiver à Ciudad Rodrigo. Les Français, eux, s'installent une nouvelle fois entre le Douero et le Tage.

- Autres éléments du 9e Léger

Le 30 avril 1812, Napoléon écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre ... A la (blanc) demi-brigade provisoire, vous prenez 162 hommes du 9e léger, pour les placer dans le bataillon du 17e léger. J'approuve cette disposition ..." (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7186 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30538).

Le 3 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke : "Monsieur le duc de Feltre, j'ai approuvé l'organisation des 4 demi-brigades de marche qui forment la 1re division de réserve.
J'ai approuvé l'organisation des 16 demi-brigades provisoires.
Je vous ai fait connaître par ma lettre d'hier ce qu'il fallait faire des conscrits des 5es bataillons dont les régiments sont à la Grande Armée, en en complétant d'anciens cadres de réfractaires ; ce travail règle la formation des dix bataillons de marche que vous avez proposée.
Il me reste à vous faire connaître mes intentions sur la formation des 20 bataillons de marche qui ont leurs bataillons en Espagne. Je les distingue en deux classes :
1° Bataillons de marche qui se formeront sur-le-champ, parce qu'ils ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche et provisoires de la conscription de 1813 ;
2° Bataillons qui ne seront formés que lorsque les 4es bataillons qui fournissent aux demi-brigades provisoires seront complètement organisés ;
Enfin cadres des bataillons qui avaient passé par Bayonne au 1er mai, et qui de ce moment doivent être considérés comme destinés à être complétés par la conscription de 1812.
Faites-moi faire un travail détaillé sur cet objet. Je n'ai point compris dans ce travail ce qui se trouve en Italie, aux Pyrénées, non plus que ce qui est en Bretagne et dans la 12e division militaire.
ETAT N° 1.
Bataillons à former dans le courant de mai, lesquels ne doivent rien fournir aux demi-brigades de marche ni provisoires ...
2e bataillon. 3 compagnies du 12e léger, à Paris, 300 hommes ; 3 compagnies du 9e, à Longwy, 300 hommes ; 3 compagnies du 6e à Phalsbourg, 300 hommes ; 2 compagnies du 25e, à Verdun, 300 hommes ; 3 compagnies du 27e, à Bruges, 300 hommes 1.500 hommes.
Ce bataillon se formera à Mayence ...
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 5, lettre 7200 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30566).

Le 8 mai 1812, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, les états des divisions militaires qui me sont remis aux 1er et 15 de chaque mois, en conformité des instructions données dans la dernière campagne, sont négligés dans leur rédaction. Recommandez aux généraux des divisions, 1° de faire connaître non seulement les numéros des bataillons, mais encore les numéros de chaque compagnie ; 2° de faire connaître en observation le nombre d'hommes que la loi accorde en ouvriers et aux dépôts, et pourquoi ce nombre est dépassé ...
Je vois dans la 3e division que le 69e a 500 hommes, le 76e 550, le 96e 230, le 9e d'infanterie légère 600, le 10e de cuirassiers 150 chevaux, etc. Pourquoi cela ne part-il pas ?
... Donnez une instruction pour que ces états soient faits exactement au 15 et qu'ils m'arrivent le plus promptement possible
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18690 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30606).

Quelques jours plus tard, Napoléon renforce ses Divisions de réserve; il écrit, le 18 mai 1812, depuis Dresde, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je reçois le travail qui était joint à votre lettre du 11 mai. Voici quelles sont mes intentions définitives, donnez des ordres pour leur prompte exécution.
Division de Réserve ...
La 2e division de la réserve, commandée par le général Heudelet, se réunira sans délai à Munster et Osnabrück. Elle sera composée de la 6e demi-brigade, qui sera portée à quatre bataillons, de la 7e, qui est de quatre bataillons, de la 8e et la 9e, qui ont quatre bataillons, enfin de la 17e, qui ne sera également que de quatre bataillons. Cette division sera donc organisée conformément à votre état n° 2, hormis que le 5e bataillon de la 17e demi-brigade, composé de deux compagnies du 5e bataillon du 28e, de deux du 5e bataillon du 43e et de deux du 5e bataillon du 65e, au lieu de faire partie de la 17e demi-brigade, formera le 4e bataillon de la 6e demi-brigade. Je désire encore un autre changement, c'est que le 3e bataillon de la 17e demi-brigade ne soit composé que des six compagnies du 4e bataillon du 25e léger. On y versera à cet effet tout ce qui serait disponible dans le 9e léger. Ces cinq demi-brigades formeront vingt bataillons. Deux généraux de brigade y seront attachés. Vous me ferez connaître le jour où chaque bataillon arrivera à Osnabrück et à Münster, afin que j'en puisse disposer. Le quartier général du général Heudelet sera à Munster ...
Cette réserve se composera donc de quatre divisions :
... 2e division, le général Heudelet, vingt bataillons, à Munster et Osnabrück ...
Les 2e et 3e divisions resteront sur les derrières, dans la 32e division, entre l'Oder et l'Elbe. Elles appartiennent aux régiments de l'armée d'Espagne ; elles formeront là une réserve qui pourra se porter partout où l'on en aura besoin ...
Vous n'avez plus un moment à perdre pour la formation de ces quatre divisions de réserve. Faites-en part au major général et aux généraux de division qui doivent les commander, et expédiez tous les ordres ...
Brigades d’Espagne, d’Alexandrie et de Toulon
Votre état n° 4 contient les 1re, 2e et 3e demi-brigades provisoires, ce qui fait douze bataillons, ou la 1re brigade de réserve de l'armée d'Espagne ; et les 4e et 5e demi-brigades provisoires, formant les neuf bataillons de la 2e brigade de l'armée d'Espagne ... Le 9e léger ne doit rien fournir à personne, vu qu'il faut former de nouveau le bataillon qu'il a perdu à Badajoz ...
" (Correspondance de Napoléon, t.23, lettre 18701 ; Correspondance générale de Napoléon, t.12, lettre 30633).

XIII/ 1813, LE 9EME LEGER SUR DEUX FRONTS

Suite à la désastreuse campagne de Russie, des troupes sont rappelées d'Espagne pour combler les vides en Allemagne. Le 9ème Léger et ses trois bataillons restants (le 3e ayant été capturé à Badajoz) vont y participer. Le 4ème bataillon est rappelé en France tandis que s'y reforme un 3ème bataillon et s'y lève un 6ème (le 5ème restant le bataillon de dépôt, toujours à Longwy).

LA MOBILISATION DE L'INFANTERIE LEGERE EN JANVIER/ FEVRIER POUR LA CAMPAGNE DE 1813 EN ALLEMAGNE
(Source : correspondance de Napoléon )

Dès janvier 1813, Napoléon ordonne de réorganiser l'infanterie légère (et de Ligne) en prévision de la campagne qui ne saurait tarder sur le Front Est. Plusieurs mesures sont prises :

1. Le rappel des cadres des 3e Bataillons des Régiments en Espagne :
de l'Armée du Midi : des 21e, 27e, 12e et 28e Légers
de l'Armée du Centre : du 2e Léger
de l'Armée d'Aragon : du 3e Léger

Suivi, pour arrivée prévue début mars, en Allemagne, des seconds Bataillons des 13e, 15e, 11e, 24e et 26e Légers

2. Formation systématique d'un 6e Bataillon pour les Régiments qui n'en auraient pas.

3. Formations de Régiments provisoires légers pour les Corps d'Observation du Rhin ou d'Italie avec des Bataillons disponibles :
2e provisoire : 3e Bataillon des 2e et 4e Légers
3e provisoire : 3e Bataillon des 3e et 8e Légers
4e provisoire : 4e Bataillon du 12e Léger, 1er du 29e Léger
5e provisoire : 7e Bataillon du 14e Léger, 4e du 18e Léger
6e provisoire : 3e Bataillon des 6e et 25e Légers
8e provisoire : 4e Bataillon du 5e Léger, 4e Bataillon du 23e Léger
10e provisoire : 3e Bataillon du 16e Léger et 1er Bataillon du 28e Léger

4. Formation de Demi-brigades de réserve de 3 Bataillons sur les frontières de l'Empire :
1ère Demi- brigade : 6e Bataillon des 7e, 13e, 15e Légers pour Mayence
2e Demi-brigade : 6e Bataillon des 33e, 26e, 24e Légers pour Anvers
3e Demi-brigade : 4e Bataillon des 11e, 10e, 21e Légers venants d'Espagne pour Wesel
4e Demi-brigade : 4e Bataillon des 9e, 27e, 28e Légers venants d'Espagne pour Utrecht
5e Demi-brigade : 6e Bataillon des 12e, 5e et 29e Légers pour Cherbourg
27e Demi-brigade, dont un Bataillon du 32e Léger pour Toulon
33e Demi-brigade, dont un Bataillon du 8e Léger en Italie
34e Demi-brigade : 6e Bataillon des 8e, 18e et 36e Légers en Italie

Le 6 Janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre, à Paris : "... Vous verrez par la lettre que je vous ai écrite la formation de quatre corps : un corps d’observation de l'Elbe, un corps d'observation d'Italie et deux corps d'observation du Rhin ...
Il me faut, pour le corps d'observation d'Italie, sans y comprendre les bataillons italiens, 28 bataillons, et 40 bataillons pour chacun des corps d'observation du Rhin, 80 bataillons ; total des bataillons nécessaires, 108.
Il sera formé, à cet effet, 34 régiments provisoires, chaque régiment composé de 2 bataillons ; ce qui fera 68 bataillons. Il ne me faudra donc plus que 40 bataillons que j'ai en France, savoir : 2 bataillons du 1er léger, 2 du 9e, 2 du 32e, 2 du 34e (je ne compte jamais le bataillon de dépôt), 2 du 7e de ligne, 5 du 13e, 2 du 15e, 3 du 22e, 4 du 23e, 2 du 42e, 2 du 52e, 2 du 70e, 3 du 101e, 2 du 113e, 2 du 121e ; total, 37 bataillons.
Il est nécessaire que vous me présentiez sur-le-champ un projet de décret pour porter ces 37 bataillons, et davantage si j'en avais oublié, à 840 hommes par bataillon, en prenant d'abord dans les 5es bataillons et ensuite dans les dépôts les plus voisins ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19425 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32215).

Le 10 janvier 1813, l'Empereur, à Paris, adresse au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, ses observations sur le "Corps d'Observation du Rhin. Notes
... Le 2e corps d'observation du Rhin sera composé de 2 bataillons du 9e léger, du 10e régiment provisoire, indiqués sur l'état n° 6, ce qui fera 22 bataillons plus 12 cohortes, convertis en 2 régiments, ce qui fera 34 bataillons auxquels on joindra les bataillons de Walcheren, Belle-Ile, île de Ré et de Méditerranée ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32251).

Le même 10 janvier 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Il sera formé un 6e bataillon au 70e régiment, au 22e, au 47e, au 86e et au 9e léger. Les officiers et sous-officiers seront pris dans les cadres qui existent en France ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32254).

Le 12 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, comme j'ai trouvé beaucoup de fautes dans ce que votre chef de division a recueilli sous ma dictée, je prends le parti de vous faire connaître de nouveau mes intentions ...
Le 2e corps d'observation du Rhin sera composé de dix nouveaux régiments provisoires et des huit régiments qui restent sur les vingt-trois créés avec les cohortes. Il y sera joint en outre tous les régiments qui ont deux ou trois bataillons en France, et qui ne font pas partie des corps d'observation, tels que le 9e léger, le 1er de ligne, etc. ...
J'adopte pour les dix régiments provisoires que l'on fasse marcher trois compagnies des 5es bataillons, mais après s'être assuré que les cadres des 3es et 4es bataillons sont en marche venant d'Espagne, et que dans le courant de mars ces 5es bataillons seront remplacés par les cadres définitifs.
Il ne faut comprendre dans les régiments provisoires aucun détachement qui appartiendrait aux régiments qui sont à la Grande Armée ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19445 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32276).

Le 23 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Lacuée, Ministre directeur de l'Administration de la Guerre : " ... Je vois dans l'état de situation du 16 janvier du commandant de la 3e division militaire que presque toutes les recrues des 59e, 69e, 103e, 9e léger sont encore en habits de paysans. Cela vient-il du défaut de draps ou du défaut d'ouvriers ?" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32433).

Le 26 janvier 1813, l'Empereur écrit, depuis Fontainebleau, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris, au sujet de l'organisation du 1er Corps d'Observation du Rhin ; suit un état qui indique la composition de la 2e Division : 9e Léger, 22e de ligne (barré et remplacé par 44e dans la Minute, le 22e se trouvant déjà dans la 1ère Division), 18e Provisoire, 2e et 19e id, 121e de Ligne ; cette Division doit être réunie à Francfort avant le 1er mars (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19512 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32484).

Puis, le 5 février 1813, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je n'approuve pas la formation des cinquante demi-brigades provisoires, formant cent cinquante bataillons, pour la garde de l'intérieur ; voici de quelle manière ce travail doit être fait ...
FRONTIÈRES DU RHIN ET DE L'OCÉAN.
La défense de la France, depuis les 31e et 17e divisions militaires jusqu’à Besançon et jusqu’à Bordeaux, aura lieu de deux manières : par la formation de bataillons de garnison, composés de compagnies tirées des 5e bataillons et qui tiendront garnison dans nos places fortes, et par la formation de demi-brigades provisoires.
Les demi-brigades seront d’abord au nombre de vingt-quatre pour cette partie de la frontière qui s’étend depuis la 31e division jusqu’à la 11e.
Chaque demi-brigade sera composée de trois bataillons entiers, sans qu’il puisse y entrer, sous quelque prétexte que ce soit, une fraction de 5e bataillon. Ces vingt-quatre demi-brigades seront formées ainsi qu’il suit :
... la 4e demi-brigade, des bataillons des 9e, 27e et 28e légers, qui viennent d’Espagne ...
Ces vingt-quatre demi-brigades formeront six divisions ; chaque division, quatre demi-brigades ou douze bataillons, savoir :
... La 4e division, à Utrecht, composée des 4e, 13e, 19e et 20e demi-brigades ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19538 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32615).

Le 13 février 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Duc de Feltre, Ministre de la Guerre, à Paris : "Monsieur le Duc de Feltre, je vous envoie la formation que je crois devoir donner au 1er et au 2e corps d'observation du Rhin. Faites dresser les états de ces corps en conséquence.
Vous me ferez connaître l'époque précise où chaque régiment sera réuni à Mayence, et quand ces corps auront leur artillerie, leurs sapeurs et leurs officiers du génie. Vous y mettrez tous les généraux de division et de brigade et les adjudants commandants.
FORMATION DU 1er CORPS D'OBSERVATION DU RHIN ...
4e division. — Général Dubreton, général Ricard ou général Girard : 2 bataillons du 9e léger, 4 du 142e de ligne, 4 du 144e, 2 du 18e régiment provisoire, 2 du 19e; total, 14 bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 24, 19576 ; Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 32752).

Le 6 mars 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, j’ai examiné le travail que vous m’avez présenté le 28 févier dernier relativement à la formation des 34 demi-brigades provisoires ...
Le 6e bataillon du 112e tiendra garnison à Florence. Le 5e bataillon du 13e tiendra garnison dans le Frioul. Les bataillons du 6e de ligne et du 14e léger tiendront garnison à Rome. Tous ces 5es et 6es bataillons seront complétés. Moyennant ce, vous n’organiserez pas de 6e bataillon au 9e léger ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33036).

a) L'Allemagne.

En Février, les troupes françaises évacuent la Pologne et se replient sur l'Oder, tandis que les Prussiens, à la fin du mois, s'alliaient officiellement aux Russes contre la France. Début mars, les Français évacuent Berlin et Dresde, tandis que Davout se maintient autour des villes hanséatiques, mais les Russes étaient entrés dans Hambourg.

Le 2 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre ... Enfin, à la 4e division il manque 200 hommes au 9e léger, 100 au 150e, 150 au 65e, 150 au 43e, 150 au 75e.
Faites-les partir des différents dépôts ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33576).

Le 12 avril 1813, l'Empereur écrit, depuis Saint-Cloud, au Général Hulin, commandant la 1ère Division Militaire : "Le 9e régiment d'infanterie légère ne doit plus rien envoyer à la compagnie à Wesel ; mais aussitôt qu'il aura 100 hommes il faudra les diriger sur le bataillon provisoire qu’il a à l’armée du Main en les réunissant avec ceux du 4e léger ..." (Correspondance générale de Napoléon, t.13, lettre 33819).

Le 15 Avril, Napoléon quittait les Tuileries pour se mettre à la tête de ses forces. Il en composait deux groupes : l'Armée de l'Elbe sous Eugène, et l'Armée du Main, officiellement sous Soult, mais en réalité sous sa main, dont le 3e Corps de Ney formé en mars, où nous retrouvons les 3ème et 4ème bataillons du régiment, aux ordres du major Mouret, 11e division Ricard. La visée stratégique consiste à expulser l'ennemi de la Saxe.

Les troupes françaises repartaient en avant. Davout est en marche sur Hambourg. L'armée du Main marchait par Iena et Weissenfeld pour faire sa jonction au Nord Est avec les forces d'Eugène. Le 1er Mai, la marche de l'Armée du Main reprenait vers Leipzig, tandis que l'Armée de l'Elbe convergeait aussi vers cette ville.

Les coalisés s'étaient regroupés près de Lützen, au Sud-Est de Leizig. Le 2 mai 1813, bataille de Lützen. Les Coalisés sont battus et repoussés. Les deux chefs de bataillons Fririon et Etienne du 9ème Léger y sont blessés. Les deux bataillons réunis ne comptent plus que 21 officiers et 508 hommes. Le corps d'armée de Ney a perdu à lui seul 12.000 hommes !

Le 3 mai, les Français entrent dans Leipzig, mais Napoléon, quasi dépourvu de cavalerie, a perdu le contact avec ses adversaires. La Grande Armée est divisée en 2 colonnes : Napoléon marche sur Dresde avec la colonne principale (Bertrand, Marmont, Oudinot et Macdonald). Ney marche sur Berlin en recueillant à Torgau les Saxons de Reynier. A Luckau, il fait sa jonction avec Victor venant de Wittenberg. Entre les deux colonnes, Lauriston reste en position intermédiaire.

Les Prusso-Russes sont restés groupés et préparent une bataille. Leur choix se porte sur Bautzen, à l'endroit où la Sprée coupe la route de Dresde à Breslau. Ils peuvent y couvrir la Silésie et y être au voisinage de l'Autriche dont on peut espérer l'entrée en guerre. Le 8 mai, Napoléon arrive à Dresde où le pont sur l'Elbe a été détruit. Le 10, la Grande Armée peut franchir le fleuve.

Napoléon retrouve ses adversaires le 20 Mai. Le corps de Ney ayant rejoint à son aile gauche. Les Prussiens et les Russes reculent rapidement. Le chef de bataillon Etienne a été de nouveau blessé ainsi que le major Mouret, et le régiment a de très nombreuses pertes.

Le 27 mai, l'Oder est atteinte, et la forteresse de Glogau est débloquée. Oudinot, détaché du gros de l'armée, marche sur Berlin. Pendant ce temps, plus au Nord, Hambourg est reprise. Chez les Alliés, c'est le découragement. Certains jugent la situation si désespérée qu'ils pensent se retirer derrière la Vistule. C'est alors l'Autriche qui va sauver les vaincus et s'interposer pour proposer un armistice (dit de Pleiwitz). Napoléon va le ratifier le 7 Juin pour avoir le temps de se renforcer. Mais ses adversaires vont pouvoir faire de même.

Le 10 juin, Napoléon entre à Dresde; il y restera jusqu'au 15 août. Le 11 août, l'Autriche se joint aux Coalisés et déclare la guerre. La Suède de Bernadotte est aussi à leurs côtés. Et les états allemands faiblissent. Le 18 août, les hostilités reprennent.

Pendant l'armistice, l'Armée française a été réorganisée.

Le 16 juillet 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, faites connaître au duc de Castiglione que j'ai reçu son état de situation du 12 ; qu'il paraît que les demi-brigades provisoires ne sont pas encore formées ; que le 10e léger doit avoir un major en second pour commander ses 3e et 4e bataillons ainsi que le 39e et le 63e. Ces régiments ayant chacun 2 bataillons figureront sous leur numéro ; que la 4e demi-brigade composée des 21e léger, 9e léger et 28e léger doit être commandée par un major ; que la 16e composée des 40e, 43e et 96e doit être également commandée par un major ; qu'ainsi la 42e division doit être composée des 10e, 39e et 63e de ligne, soit 6 bataillons, et des 4e et 16e provisoires, soit 6 bataillons, total 12 bataillons, ainsi de suite.
Qu'il faut qu'il m'en présente l'état tel que le corps est formé et qu'il nomme les majors qui commandent les demi-brigades provisoires.
Qu'il faut qu'il fasse connaître également les noms des 6 généraux de division, des 12 généraux de brigade et des 6 adjudants-commandants désignés pour commander les divisions
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 35412).

Les coalisés disposent à cette date de quatre armées : 1° celle du Mecklemburg, forte de 30.000 hommes opposés à Davout; 2° celle du Nord de Bernadotte, avec 120.000 hommes, autour de Berlin; 3° l'armée de Silésie (120.000 hommes), sous Blücher, qui s'est avancée jusqu'à Breslau malgré l'armistice; 4° enfin, l'armée principale, en Bohême, forte de 330.000 hommes, sous les ordres de Schwartzenberg.

Le rapport des forces est désormais défavorable à Napoléon. Il répartit ses corps d'armée. Face à l'armée de Silésie, Ney et Sébastiani, Macdonald, Marmont, Lauriston. Face à l'armée de Bohême, Poniatowski avec Victor derrière lui. Face à l'armée du Nord, une masse de 120.000 hommes, associant Davout (à Hambourg), Girard (à Magdebourg) et Oudinot (à Wittenberg) qui a pour premier objectif de prendre Berlin. Son idée était de s'interposer entre les Armées de Blücher et de Schwartzenberg.

Les deux bataillons du 9ème Léger (3ème et 4ème) sont toujours dans le 3e Corps de Ney, 11e division Ricard.

Le 4 août 1813, l'Empereur, depuis Dresde, ordonne : "TITRE PREMIER. — Formation d'un XIVe corps.
Article premier. — Il sera formé un XIVe corps d'armée sous les ordres du maréchal comte Gouvion Saint-Cyr.
Art. 2. — Le quartier général du XIVe corps se réunira à Freyberg le 7 du présent mois ...
Art. 4. — L'ordonnateur et toutes les administrations du corps de Bavière seront attachés en la même qualité au XIVe corps et s'y rendront en poste, de manière à être arrivés le 7 prochain à Freyberg.
Art. 5. — Le maréchal Saint-Cyr proposera un général de brigade ou un adjudant commandant pour faire les fonctions de chef d'état-major.
Art. 7. — Le XIVe corps sera composé :
De la 42e division qui sera rendue le 7 à Freyberg ; de la 43e division qui sera rendue le 8 à Chemnitz ; de la 44e division qui sera rendue le 8 à Auma ; de la 45e division qui sera rendue le 8 à Schleiz.
Art. 7. — Les quatre divisions du XIVe corps seront composées de la manière suivante :
42e division
Commandé par un major : 10e léger, 4e bataillon; 21e léger, 3e bataillon.
Commandé par un major : 63e de ligne, 3e bataillon; 27e de ligne, 3e bataillon.
76e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
4e Demi-brigade provisoire : 9e léger, 6e bataillon; 28e léger, 3e bataillon.
16e Demi-brigade provisoire : 40e de ligne, 4e bataillon; 43e de ligne, 3e bataillon.
96e de ligne : 2e bataillon, 3e bataillon.
12e léger, 3e bataillon.
4e léger, 2e bataillon.
14 bataillons...
Art. 8. — Le maréchal Saint-Cyr enverra tous les ordres convenables pour opérer leur réunion à Freyberg et à Chemnitz avant le 15 août ...
Art. 20. — Notre major général fera toutes les dispositions nécessaires pour l'exécution du présent ordre
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 9).

Le 20 août, devant une offensive de Blücher, le 3e Corps de Ney passe la Bober puis attaque les ponts de Naumbourg, qui sont enlevés avec beaucoup d'élan. Le lendemain, le Corps continue sa marche sur Liegnitz sans aucune résistance de la part de l'ennemi. Le 22, la division Ricard est à Thomaswalde. Le 24, le 3e Corps passe aux ordres de Souham, et fait désormais partie de l' "armée de la Bober" sous les ordres de Mac Donald (3e, 11e et 5e Corps).

Tandis que Schwartzenberg marche sur Dresde, Blücher, qui a un premier temps reculé, relance l'offensive contre Macdonald, dont les forces sont très dispersées, sur la Katzbach. Le 26 août, une attaque mal combinée des Français sous une pluie battante est repoussée par les Prussiens et se termine en débandade. Macdonald retraite jusque derrière la Queiss. Le 27 août, la marche reprend, extrêmement pénible, les hommes ont à subir de grandes privations, par un temps affreux. Le 28, les Français retraversent les ponts de la Bober. Le 1er septembre, dans le plus grand silence, la marche est reprise sur Goerlitz. La retraite continue ainsi jusqu'au 4, dans la soirée. A cette date, un ordre de Napoléon prescrit au 3e Corps de reprendre le mouvement en avant.

Pendant ce temps, les 25, 26 et 27 Août, eut lieu la première bataille de Dresde qui se termine par la retraite de l'armée ennemie dite de Bohème. Le capitaine Delahaye, du 9ème Léger, y est blessé. C'est que se trouve parmi les forces qui défendent la ville le 6ème bataillon du 9ème Léger, au sein du 13e Corps de Gouvion Saint Cyr ,42e division (Mouton Duvernet), 4ème demi-brigade provisoire légère. Le chef de bataillon Parans (ou Parant) commande le bataillon.

Le 28, après la bataille de Dresde, Vandamme est chargé de poursuivre l'aile droite des Alliés avec des détachements des 14e, 11e et 1er Corps; parmi ceux-ci, la division Mouton Duvernet et le 6ème bataillon du 9ème Léger. Il avance jusqu'à Hellendorf, combat de Gieshübel, puis avance jusqu'à Peterwalde. Le 29, il se porte sur Priesten où l'ennemi s'était rangé en bataille pour bloquer son avance et couvrir la retraite de l'armée de Bohème depuis Dresde. Une première attaque échoue. Le lendemain, les Russes ont reçu des renforts, des compatriotes mais aussi des Autrichiens avec des troupes d'élite. Vandamme se retrouvait en infériorité numérique, pensant cependant que d'autres unités viendraient le soutenir prochainement. Il attaque les positions ennemies avec énergie. La bataille faisait rage quand les Prussiens de Kleist apparaissent sur ses arrières. Encerclé, il fallait se faire jour au milieu des forces ennemies. Peu y réussirent. Vandamme lui-même est fait prisonnier. Le chef de batailon Parans est blessé et beaucoup d'officiers du 9ème Léger avec lui, mais le bataillon réussit à retraiter.

Lorsqu'il apprend la défaite de Kulm, Napoléon ordonne :
– Le Ier CA (Corps d'Armée) qui occupe Dresde est maintenant sous les ordres du GD Mouton, comte de Lobau, aide-major-général de la Garde remplacé dans ses fonctions par le général Drouot. Ce corps est reconstitué à trois divisions avec les 15000 rescapés du corps de Vandamme et 18000 hommes des bataillons de marche venus de Mayence (Mainz).
– La 23e DI (Division Infanterie) du GD Teste a ordre de quitter le IIe CA du maréchal Victor et le camp de Konigstein pour rejoindre et compléter le Ier CA à Dresde et y former une réserve à trois divisions ...
– Le maréchal Mortier a ordre de se rendre à Dresde, avec la 3e Division [GD Decouz] et la 4e Division [GD Roguet] de la Jeune Garde, après avoir remis la garde de Pirna et du camp de Konigstein à la 42e DI reconstituée [GD Dupas] qui vient d'arriver …
– Pour garder les débouchés de Bohème, le VIIIe CA du général Poniatowski est toujours a Zittau et appuie le flanc droit du XIe CA de MacDonald qui est aux environs de Gorlitz, avec le IIIe CA du GD Souham (dont les 3ème et 4ème bataillons du 9e Léger), le Ve CA du GD Lauriston et le IIe CC du GD Sebastiani ...

Alors que Ney vient de se faire battre à Dennewitz, le 7 septembre, Gouvion St Cyr de Dresde, prévient l'Empereur du retour offensif de l'armée de Silésie. Napoléon se porte à son secours. Des combats ont lieu le 15 septembre à Peterswald. Le chef de bataillon Parans y est de nouveau blessé.

Le 2 octobre 1813, l'Empereur écrit, depuis Dresde, au Maréchal Berthier, Major-général de la Grande Armée : "Mon cousin, le 14e corps fournira 13 bataillons, savoir :
10 bataillons au 3e corps ...
Les 10 bataillons que le 14e corps fournira au 3e sont : le 3e bataillon du 6e léger ; le 2e bataillon du 16e léger ; le 3e bataillon du 28e léger ; le 4e bataillon du 40e de ligne ; le 2e bataillon du 59e ; le 3e bataillon du 69e ; le 6e bataillon du 9e léger ; le 3e bataillon du 50e de ligne ; le 4e bataillon du 65e ; le 3e bataillon du 43e ...
Ces 13 bataillons se mettront sans délai en marche pour Dresde, d'où l'état-major les enverra rejoindre leurs corps respectifs ...
Par ce moyen, il n'y aura plus de régiments provisoires au 3e corps, et tous les bataillons d'un même régiment qui sont à l'armée se trouveront réunis.
Faites-moi connaître quelle sera la situation des 8e, 9e, 10e, 13e, 31e, 42e, 43e, 44e et 45e divisions, quand le mouvement de ces bataillons aura été fait. Donnez des ordres pour que ce mouvement s’opère demain. Tous les bataillons passeront à Dresde où vous en ferez la revue pour constater leur situation
" (Chuquet A. : Lettres de l'empereur Napoléon, du 1er août au 18 octobre 1813, non insérées dans la correspondance, p. 219 ; Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 36606).

Après bien des manœuvres, Napoléon livre la grande bataille de Leipzig. Le régiment assiste à ce terrible combat. Les trois bataillons : 3e, 4e et 6e sont désormais réunis dans la 11e division d'infanterie du 3e Corps de Souham.

Après la bataille de Leipzig et ses combats annexes (16 au 19 Octobre), l'Armée française saignée à blanc se préparait à retraiter, laissant des garnisons dans les places, qui doivent capituler les unes après les autres ou tiennent jusqu'en 1814. Le chef de bataillon Bonneau du 9ème Léger est ainsi blessé au siège de Torgau le 31 décembre.

L'armée bavaroise faisant défection, vint à son tour essayer d'arrêter notre retraite; mais elle fut culbutée et écrasée à Hanau (novembre 1813). Les trois bataillons du 9ème Léger ne comptaient plus ensemble que 306 hommes ! Et l'armée française arriva sur le Rhin où elle s'arrêta.

L’ordre de formation et de réorganisation de l’armée arrêté par l’Empereur le 7 novembre 1813, indique, dans son article 7 : "La huitième division, qui faisait partie du troisième corps, et qui en ce moment fait partie du sixième, sera composée ainsi qu'il suit :
... Troisième bataillon du 9e léger.
Tout ce qui existe des quatrième et sixième bataillons sera incorporé dans le troisième, et les cadres renvoyés au dépôt, pour servir à réorganiser le quatrième bataillon …
Art. 9
Cette huitième division sera commandée par le général Ricard …
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 105).

Le 6ème bataillon fut dissout et le cadre du 4ème renvoyé au dépôt.

Le 21 décembre 1813, l’Empereur écrit, depuis Paris : "ORDRES.
... Le 6e corps d'armée, commandé par le maréchal duc de Raguse, sera formé en quatre divisions, savoir :
... 2e division, général : 6e léger, deux bataillons ; 9e, deux ; 59e de ligne, deux ; 65e, deux ; 69e, deux ; 136e, deux ; 138e, deux ; 142e, deux ; total, seize bataillons ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 26, 21024).

Le même 21 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, faites-moi connaître :
... Si le 9e d'infanterie légère a fait partir 500 hommes qui doivent compléter son 3e bataillon qui est au 6e corps ? ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37627).

Toujours le 21 décembre 1813, l'Empereur écrit encore, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je viens d'examiner le tableau de l'infanterie qui est joint à votre travail du 19 décembre ...
... Le 6e corps sera formé en 3 divisions :
... 2e division, de : 2 bataillons du 9e léger ; 2 bataillons du 16e ; 1 bataillon du 1er de ligne ; 1 bataillon du 14e ; 3 bataillons du 15e ; 1 bataillon du 16e ; 1 bataillons du 62e ; 3 bataillons du 70e ; 5 bataillons du 121e ; 18 bataillons ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37628).

Le 23 décembre 1813, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Général Clarke, Ministre de la Guerre : "Monsieur le duc de Feltre, je lis avec attention l'état par ordre numérique de la Grande Armée que vous m'avez envoyé le 21 décembre.
Je vois ... Que le 8e d'infanterie légère n'a pas fait partir les 500 hommes pour compléter au 4e corps ses 3e et 4e bataillons.
Idem pour le 9e léger, et ainsi de suite.
Je désire que vous me fassiez un rapport pour faire connaître tous les détachements de 500 hommes qui sont partis pour renforcer les bataillons qui sont aux 4e, 5e, 6e et 11e corps ; et, pour ceux qui n'ont pas pu partir, quand ils pourront le faire.
Il faut avoir grand soin qu'on n'envoie aucun Hollandais ni aucun Belge à l'armée du Nord
" (Correspondance générale de Napoléon, t.14, lettre 37648).

Le 25 décembre 1813, le Major général écrit, depuis Paris, au Maréchal Marmont : "L'Empereur vient d'arrêter, monsieur le duc, une nouvelle organisation pour le sixième corps d'armée. L'intention de Sa Majesté est que vous le fassiez former de suite en trois divisions au lieu de deux, conformément à l'état ci-joint. Faites procéder à cette opération.
En conséquence, vous retirerez de la division Ricard, qui est votre première division, les bataillons des 9e et 16e léger, pour les réunir à votre deuxième division, dont ils doivent désormais faire partie. Ces bataillons formeront la deuxième division avec ceux des 1er, 14e, 15e, 16e, 62e, 70e et 121e régiments de la division actuelle du général Lagrange. La troisième division se trouvera formée des bataillons restants de la division actuelle du général Lagrange, savoir des bataillons des 23e et 37e léger, 1er, 3e et 4e régiments de marine. Vous verrez, par l'état ci-joint, que, pour compléter l'organisation du sixième corps, vous avez à recevoir vingt- deux bataillons, qui sont maintenant en formation dans leurs dépôts. A mesure que ces bataillons seront en état, le ministre de la guerre les fera partir pour vous rejoindre ...
" (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 100).

L'Etat qui suit indique : 6e Corps d'Armée, M. le Maréchal Duc de Raguse, commandant; 2e Division : 9e Régiment d'infanterie légère, 3e Bataillon présent au 6e Corps; le 4e se forme à son Dépôt à Longwy (Mémoires du Maréchal Marmont, tome 6, page 102).

b) L'Espagne

Officier de Carabiniers du 9e Léger, 1815

Fig. 6 Officier de Carabiniers du 9e Léger, 1815

C'est au début Janvier 1813, que parvient à Madrid l'annonce du désastre de la campagne de Russie et les nouvelles instructions de l'Empereur. Il lui faut tout d'abord reconstituer une armée sur le front Est Europe et sa Garde Impériale. Il va donc piocher, outre dans la conscription et la Garde Nationale, dans les "vieilles troupes d'Espagne", en prélevant cadres et bataillons. Soult est lui aussi rappelé, à cause de l'antipathie du roi Joseph. L'armée du Midi passe sous le commandement de Gazan.

Il faut aussi resserrer les lignes en se repliant sur le Nord de l'Espagne. Les 4 armées (dont l'Armée du Midi), aux ordres de Joseph, vont adopter de nouvelles positions : en mars, on évacue la Manche, l'Armée du Centre se place autour de Ségovie, celle du Midi vers la vallée du Douro, celle du Portugal en Vieille Castille. Joseph, quant à lui, évacue sa capitale et replie son gouvernement à Valladolid le 23 mars, laissant à Madrid une garnison avec le général Hugo. Les forces françaises sont mal reliées entre elles, leurs communications coupées par une guérilla de plus en plus nombreuse.

Hippolyte d'Espinschal écrit : "... La ville, en apprenant cette nouvelle à laquelle cependant on s'attendait tous les jours, fut dans la plus grande agitation mais la fermeté du général et les mesures qu'il prit dans une circonstance aussi grave, la sauvèrent des désastres que pouvait entraîner une aussi prompte retraite.
La division Leval resta sous les armes dans les différents quartiers, tandis que le 9e d'infanterie légère, en dehors, tenait en échec un corps considérable de guérillas, commandé par l'Impecinado, appuyé d'une division espagnole. La population remuante et tumultueuse de la capitale fut contenue par le courage calme de nos troupes, bien qu'elles fussent en très petit nombre ...
" (Masson F., Boyer F. : « Hippolyte d’Espinchal, souvenirs militaires, 1792-1814 », Paris, 1901, t. 2, p. 136).

Pendant ce temps, au Portugal, Wellington, devenu généralissime de toutes les armées espagnoles et alliées, réorganise lui aussi ses troupes. C'est le 22 Mai qu'il reprend l'offensive, réoccupe Salamanque, et continue sa progression. Le 2 juin, les Français évacuent Valladolid et se replient sur Burgos.

Les Alliés arrivent devant Burgos le 12 Juin. Après des combats de cavalerie, Joseph décide d'évacuer la ville, en faisant sauter ses fortifications. Mal préparée, cette destruction entraine des pertes dans les troupes françaises et la population. Et c'est avec le moral au plus bas que les troupes refluent encore. Les deux bataillons du 9ème Léger sont encore à l'armée du Midi, dans la première division Leval, brigade Mocquery.

Joseph décide d'arrêter les Alliés, en espérant que les troupes du général Clauzel puisse le rejoindre à temps. Il se positionne à Vitoria, capitale de l'Alava, le 19 juin, malgré des avis contraires de ses généraux. La bataille, mal préparée dans ses positions, s'engage le 21. Mal engagée et mal terminée par la débâcle des forces françaises, la bataille de Vitoria est couteuse pour le 9e Léger. Sont blessés : les capitaines Caseneuve, Fouquet, Marchez, Sauvat. Le sous-lieutenant Peytié est tué.

Exténué, le reste des Armées françaises repasse les Pyrénées, laissant deux fortes garnisons à Pampelune et San Sebastian. Le 12 Juillet, rappelé d'Allemagne, Soult vient reprendre le commandement en chef de toutes les forces sur la frontière. Joseph et Jourdan sont destitués des leurs.

Soult continue la réorganisation de ses forces en 10 divisions et 3 ailes. Les hommes sont assez déprimés, face désormais à des Alliés en supériorité numérique. Soult se met à fortifier la frontière, par tout un système de redoutes.

Des tentatives pour aller délivrer la garnison de Pampelune, entre les 24 Juillet et 28 juillet échouent. Le régiment y subit encore des pertes : le colonel Dauture est blessé et le commandement est alors assuré par le chef de bataillon Perrin. Les Français retournent sur leurs bases de départ derrière la Bidassoa.

Puis Soult essaie de secourir Saint Sébastien. La bataille de San Marcial, le 30 Août, est aussi infructueuse. La retraite, qui s'effectue par le pont de Berra, se fait sous le feu des Anglais. Saint Sébastien succombera le 8 Septembre. Désormais, on va se battre sur le sol français. Les hommes sont complètement démoralisés, la solde n'a plus été versée depuis des mois.

Wellington reprend son offensive, le 7 octobre. Les positions françaises sont grignotées et Wellington s'empare des hauteurs sur la Rhune. Soult prévoit alors de se replier derrière la Nivelle où il a établi des lignes fortifiées. Wellington temporise, attendant la chute de Pampelune qui survient le 31 Octobre. Le 10 Novembre, il reprend sa marche en avant. Le rideau défensif de Soult est trop étendu, et il ne dispose pas d'une masse de réserve pour mener des contre-attaque, face à un ennemi en supériorité numérique. Wellington décide justement d'attaquer au centre des positions françaises. Au matin du 10 novembre, après le recul des premières positions françaises sur la petite Rhune, les combats se déroulent autour de Sare. Les redoutes françaises tombent les unes après les autres malgré la combativité des troupes.

Le 9ème Léger, qui combat au sein de la division Taupin, a de nouvelles pertes. Le capitaine Delavalette est simplement blessé. Le colonel Dauture, qui avait repris son commandement, est promu général de brigade. Il est remplacé dans son commandement par le colonel Claude Deslon, qui s'est évadé des prisons anglaises en juin 1813 (il avait été capturé à Baylen en juillet 1808 et s'était retrouvé sur les fameux pontons-prisons de Cadix, puis avait été remis par les Espagnols aux Anglais).

Au début Décembre, les Français, très démoralisés par les replis successifs, sont sous Bayonne, protégés par la Nive. Bayonne est puissamment fortifiée et quelques faibles renforts sont arrivés. On va se battre sur la Nive entre le 9 et le 14 Décembre. Les quelques unités allemandes qui se battent encore avec les Français déserteront à la nouvelle de la défaite de Leipzig qui leur parvient.

Le 9 Décembre, les Anglo-portugais franchissent la Nive. Une colonne longe la côte jusqu'à Anglet où les troupes de Reille s'y opposent, puis se replient sur Bayonne. Le 10, une première contre-attaque française a lieu vers Anglet, et le lendemain, mais les Anglais ont eu le temps de se renforcer et résistent. Le 12, Soult contre-attaque encore avec les 4 divisions de Drouet d'Erlon sur les forces de Hill. Celui-ci s'est avancé jusqu'à la proximité de Bayonne à Saint-Pierre d'Irrube. Les combats y font rage le 13 Décembre, et les Anglais réussissent à tenir leurs positions en recevant des renforts de la rive opposée de la Nive. Les pertes ont été sévères des 2 cotés. Le chef de bataillon Desjardins du 9ème Léger y est blessé.

Le temps exécrable fait que les 2 armées vont s'arrêter provisoirement de combattre, si ce n'est des escarmouches devant Bayonne où Desjardin va encore être blessé.

XIV/ LA DEFENSE DU TERRITOIRE


Au début de 1814, les positions du régiment sont les suivantes : les deux premiers bataillons sont à l'Armée des Pyrénées du maréchal Soult, à la division Harispe et dans la brigade de leur ancien chef Dauture. Un 6e bataillon va les rejoindre tardivement; 130 hommes du 3ème bataillon du 9ème Léger sont à la division Ricard dans le corps d'Armée de Marmont. Le dépôt est toujours à Longwy. Ces trois groupes vont combattre séparément.

Le 16 janvier 1814, l'Empereur à Paris, dicte ses ordres à Gourgaud : "... Ne pas envoyer à Nantes le 111e de ligne, le 9e léger, le 6e de dragons. Les faire venir dans la 1re division militaire ..." (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1912, t.4, lettre 6388).

Le 21 janvier 1814, l'Empereur, depuis Paris, décrète : "I. Les régiments des dépôts ci-après désignés et ceux de leurs cadres qui n'ont pas de conscrits se rendront, savoir :
... Ceux de la 3e division : 100e et 103e de ligne, 24e et 26e léger, 30e, 33e, 59e, 69e, 61e, 76e, 111e de ligne, 9e léger et 96e de ligne à Beauvais ...
II. Le ministre de la guerre désignera un officier général ou supérieur ou un commissaire des guerres de ceux employés dans le département pour être spécialement chargé de ces dépôts qui seront placés dans les villes ci- dessus désignées ou aux environs ...
" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2736).

- La division Ricard avec l'Empereur ou ses lieutenants.

Napoléon compte battre séparément les armées alliées qui sont entrées profondément dans le pays et marchent sur Paris : celle de Silésie de Blücher et celle de Bohème de Schwartzenberg. Il concentre ses maigres forces sur Châlons - Vitry.

Le 28 Janvier, Napoléon se porte sur Brienne et repousse l'armée de Blücher. Celui-ci doit décrocher mais rejoint l'armée de Bohème. Napoléon se replie sur La Rothière et doit accepter le combat. Après une résistance opiniâtre, les Français se replient vers Troyes.

Le 3 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Troyes, au Maréchal Berthier, Major général de la Grande Armée : "Mon cousin ... Donnez ordre que les 215 hommes du 5e léger qui sont à Troyes, soient répartis entre les bataillons des 6e, 9e, et 16e léger qui font partie de la division Ricard ...
La division Ricard ne sera plus composée alors que du :
2e léger formant 2 bataillons 700 h ; 4e id. 2 bataillons 700 h ; 6e id. 1 bataillon 300 h ; 9e id. 1 bataillon 500 h ; 16e id bataillon 300 h ; 40e de ligne 1 bataillon 170 h ; 50e id. 1 bataillon 400 h ; 136e id. 1 bataillon 400 h ; 138e id. 2 bataillons 500 h ; 142e id 2 bataillons 800 h ; 144e id 1 bataillon 300 h ; Total 15 bataillons formant 5000 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 37977).

Les Alliés décident alors de marcher séparément sur Paris. Les Français, eux, se sont portés sur Nogent et se répartissent en 4 masses de manœuvres. Le maréchal Victor doit tenir Nogent contre Schwartzemberg, pendant que l'Empereur s'occupera de Blücher vers Champaubert.

Le 10 et 11 février, se déroule la bataille de Champaubert-Montmirail. Le chef de bataillon Fririon du 9e Léger y sera tué.

L'armée de Silésie a été coupée en deux. Pendant ce temps, Victor tient toujours à Nogent. Marmont est envoyé contenir Blucher. Le duc de Raguse, en infériorité numérique, doit se replier jusqu'à Vauchamps. Puis le 14, il contre-attaque avec ses division Ricard et Lagrange, rejoint par l'Empereur et une partie de sa Garde.

Le 14 Février, le combat de Vauchamps permet de refouler et de battre encore les forces prussiennes de Blücher. Mais l'Armée de Bohème en a profité pour avancer sur le flanc de l'Empereur et Victor a fini par se replier. Il faut la contrecarrer, laisser un rideau défensif devant Blücher, et tomber sur le flanc de la colonne de droite de l'Armée de Bohème. Napoléon se porte à la tête des forces réunies de Victor, Oudinot et Mac Donald.

Alors que Napoléon à Montereau a fait refluer l'Armée de Bohème et que les Coalisés parlent de négociations, Blucher, qui a reçu des renforts, décide de reprendre sa marche sur Paris. Les 10.000 hommes de Mortier et Marmont vont tenter de s'y opposer (ils ont reçu des conscrits de Paris), tandis que l'Empereur court à leur rencontre avec des renforts. Mortier et Marmont doivent repousser Blucher sur Soissons (qui devait tenir) tandis qu'il lui coupera la retraite. Hélas, Soisson se rend aux Coalisés, ce qui leur permet de se servir du pont et de passer sur la rive droite de l'Aisne et ruine la manœuvre de Napoléon.

Le 21 février 1814, l'Empereur écrit, depuis Nogent-sur-Seine, au Général Hulin, commandant de la 1ère Division militaire : "Monsieur le comte Hulin, je reçois votre état de situation du 20. Je vois une grande quantité d'hommes aux dépôts des 5es bataillons des régiments qui n'ont pas de cadres à fournir ... Je vois que le 37e léger a 900 hommes à son 5e bataillon à Beauvais, et son cadre du 3e à Paris, 35 hommes.
Mettez plus d'activité dans les mouvements de ces cadres. Faites venir à Paris ce qui est aux 5e bataillons, et complétez les cadres des 3e et 4e bataillons. Ainsi, par exemple, le 13e léger a le cadre de son 4e bataillon à Paris ; le 19e, son 1er bataillon ; le 28e et le 3e, leurs 3es bataillons.
Voilà donc 4 cadres d'infanterie légère qui peuvent être complétés avec les 946 hommes qui sont au 5e bataillon du 37e léger ; les 500 hommes qui sont au 5e bataillon du 29e ; les 340 hommes qui sont au 5e bataillon du 3e léger ; les 300 hommes qui sont au 15e 1éger ; les 700 qui sont au 12e ; les 900 qui sont au 9e ; les 600 qui sont au 2e. Voilà donc de quoi avoir sur-le-champ 4 bataillons, chacun de 4 ou 500 hommes ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 38281).

L'Empereur espère encore, en passant l'Aisne à Berry au Bac et poussant sur Laon, pouvoir se porter sur les arrières de l'ennemi.

Le 7 Mars a lieu la bataille de Craonne. Mais les Alliés ont pu encore une fois se replier. Napoléon continue à poursuivre Blücher. Le 9 mars, il le retrouve à Laon. Le corps de Marmont est destiné à couper la route entre Laon et Reims, et donc la liaison avec Schwarzemberg. Mais Marmont arrive fort tard avec peu d'hommes et se fait surprendre à Athies ; ses troupes se débandent en grande partie. Le 11 Mars, les Français se replient sur Soissons. Napoléon décide alors de reprendre Reims. Ce sera une de ses dernières victoires de la campagne de 1814. Il pense, avec la poignée d'hommes qui lui reste, ensuite se jeter vers l'Est, rallier les garnisons et couper les lignes de l'Armée de Bohème. Mais il faut pour cela que Paris résiste. Il rencontre les Coalisés à Arcis sur Aube le 20 mars. Pendant ce temps, Marmont et Mortier se sont retrouvés isolés et ne peuvent rejoindre le "gros" des forces impériales.

Le 6e Corps de Marmont prend encore part aux combats de La Fère Champenoise, Cezanne et de la Ferté Gaucher qui précédent l'arrivée des Alliés devant la capitale. Il livre les ultimes combats devant Paris, le 30 Mars, près de Montreuil, où le sous-lieutenant Peraud sera blessé. Le lendemain les souverains alliés feront leur entrée dans la capitale.

- La retraite de l'Armée des Pyrénées

Début Janvier, Napoléon ponctionne des effectifs de Soult pour renforcer l'armée de Lyon et ses forces en Champagne. Il reste à Soult 7 faibles divisions d'infanterie et une de cavalerie pour faire face à l'offensive de Wellington. Le 9ème Léger (1er et 2ème bataillons) est à la division Harispe, brigade Dauture.

Le 14, Hill passe la Nive. Le 23 février commencent les combats pour Bayonne. Ils dureront jusqu'au 26 avril. Le chef de bataillon Desjardins y sera blessé.

Les Français se replient derrière le gave d'Oloron et Soult concentre ses troupes sur Orthez, espérant mener une bataille défensive décisive, tandis que les Anglais se casseront les dents sur Bayonne. Les 26 et 27 Février, la bataille d' Orthez est sanglante. De part et d'autre, les pertes s'élèvent à 3400 Français et 2300 Britanniques. Mais ce sont les Anglais, en avantage numérique, qui restent maîtres du terrain, et Soult doit encore reculer vers Aire sur Adour puis Tarbes. Les deux bataillons du 9ème Léger ont quelques pertes. Le 1er bataillon y est commandé par le chef de bataillon Fouques et le second par Caillos.

Tandis que les Britanniques s'emparent de Bordeaux le 12 mars, Soult livre des combats de retardements sur sa ligne de repli à Maubourguet et Vic en Bigorre le 19 mars, puis Tarbes le 20. S'échappant encore avec les reste de ses troupes, il gagne Toulouse, qu'il a fait fortifier, où il entre le 24 Mars, poursuivi par 5 corps d'armées anglo-hispano-portugais. 33.000 Français, dont beaucoup de conscrits mal entrainés, vont devoir s'opposer à 80.000 soldats alliés. Parmi ces conscrits : quelques hommes du 9e Léger (note 1).

Alors que l'Empereur abdique le 6, les deux armées se livrent à de violents combats entre le 27 mars et le 11 Avril. Le capitaine Saurat est blessé. Puis Soult évacue la ville. Le 13 Avril, Soult apprend la cessation des hostilités par ordre du gouvernement provisoire. Le 18 Avril, un armistice est officiellement signé. Les troupes de Soult, regroupées avec celles de Suchet, se dénomment désormais Armée royale du Midi. Elles vont être bientôt licenciées et réorganisées.

- Le blocus de Longwy

A suivre ...

XV/ LA PREMIERE RESTAURATION ET LES CENT JOURS

Le 1er juin 1814, le Général de Division Grenier écrit au Ministre de la Guerre, à Paris : "J’ai recommandé à votre bienveillance M. Bruyère, major à la suite du 9e régiment d’infanterie légère, commandant la 28e demi-brigade provisoire. Cet officier supérieur a fait la dernière campagne sous mes ordres avec la plus grande distinction, et je l’ai proposé dans le temps à S. A. le Prince Eugène pour être promu au grade de colonel. Je prie V. E. de le faire conserver en activité de service en le plaçant dans un régiment ..." (Papiers du Général Paul Grenier. XXI. 1768-1827, BNF, Paris. Doc 94 page 201).

Conservé durant la Première Restauration, avec 14 de ses homologues, le Régiment "royalise" certains de ses équipements et adopte de nouveaux drapeaux (voir plus bas). Des Régiments dissous viennent compléter les effectifs des trois Bataillons de guerre et de celui de Dépôt. Appelé désormais Régiment de Bourbon, 9e d'Infanterie légère, l'unité est placée en août 1814 sous l'autorité d'un nouveau Colonel : Paul Hippolyte Baume, ancien Colonel du Régiment de Belle Ile ou 36e Léger. L'ancien Colonel Deslon est placé en non activité.

Le retour de l'Empereur en mars est vécu avec enthousiasme par le Régiment qui reprend la cocarde et des drapeaux tricolores.

"EXTRAIT DU MONITEUR. Du mardi 28 mars 1815.
De Longwy, le 24 mars. ... Le 9e d'infanterie légère, fier du glorieux titre qu'il a plu à l'Empereur de lui donner aux champs de Marengo, jure de le justifier de nouveau par un dévouement sans bornes à sa personne et contre les ennemis de sa patrie
" (Pièces et actes officiels extraits du Moniteur, première partie 1815, p. 106).

Napoléon lève une nouvelle armée à partir de ce que la Restauration avait laissé et confie les frontières aux Gardes Nationales.

Fin mars 1815, un "Projet de répartition des militaires l'appelés aux drapeaux en sept dépôts généraux où ils seraient armés, habillés et instruits. Fin mars 1815". Le 9e Léger fait partie de la 1ère Division militaire; il doit être fourni par le Département de l'Aisne, et son Dépôt doit être établi à Versailles (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 2972).

Le 8 avril 1815, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je vous envoie le tableau que j'ai rédigé pour la répartition des militaires rappelés. Vous y verrez que j'appelle dans la 1re division tous les hommes de 31 départements. Il y a aujourd'hui à Paris 8 régiments. Je fais venir 4 dépôts de la 8e et 4 de la seconde et de la 5e.
Il y aura donc 16 dépôts à Paris, auxquels 31 départements fourniront, ce qui fera près de 2 départements par dépôt ; mais la Jeune Garde ayant 12 régiments à compléter, tous ces hommes seront nécessaires. Pour tout le reste, j'envoie les hommes en droite ligne à un dépôt voisin. J'ai même pour principe de faire passer les hommes d'un département, dans un autre de la même division. Vous pourrez placer dans des villes voisines de Paris, les 8 dépôts qui doivent arriver. Il faut que ces régiments, avec leur dépôt, fassent partir les 3e, 4e, et 5e bataillons. On peut donc avoir de quoi compléter ici 2 bataillons par régiment ou 32 bataillons, ce qui fera une réserve.
Je fais venir ici tous les hommes de la Provence. Quelque inconvénient qu'il puisse y avoir, je pense que ce déplacement est nécessaire. Si nous venons à nous apercevoir qu'un département ne puisse pas fournir à 2 ou 3 régiments, comme il est porté au tableau, nous verrons à faire venir à Paris un de ces régiments.
II faut mettre un inspecteur à la tête des 16 dépôts de Paris. Donnez à chacun de ces régiments ce qui est nécessaire pour habiller 1 000 hommes et en outre, faire un marché pour avoir à Paris un magasin de 20 000 habillements complets ...
Annexe
Répartition des militaires rappelées aux drapeaux
Dépôt garnison
1er dépôt général de Versailles
1ère division militaire
Département de l’Aisne : 90e de ligne à Longwy ; 9e léger à Longwy ...
" (Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39235).

Le 16 mai 1815, l’Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Davout, Ministre de la Guerre : "Mon cousin, je reçois votre rapport du 14 mai ...
Quant aux dépôts d’infanterie, voici mes observations :
... 14e division : le 9e léger qui se recrute dans le département de l’Aisne, et le 111e devraient avoir l’un et l’autre leur 4 bataillons à l’armée. Ecrivez au général commandant le département de l’Aisne de presser l’arrivée des militaires aux dépôts pour que les deux bataillons en retard soient formés.
Le 44e qui est à Périgueux peut envoyer son 3e bataillon à l’armée et le 50e peut compléter ses premiers bataillons à 1200 hommes. Immédiatement après donnez ordre que de Bourges le dépôt du 50e vienne se rendre à Orléans afin que les recrues de l’Allier ne soient pas obligées de faire un mouvement rétrograde ...
" (Correspondance de Napoléon, t. 27, 21909 ; Correspondance générale de Napoléon, t.15, lettre 39639).

Le même 16 mai 1815, l'Empereur, depuis Paris, donne : "Ordre de presser le départ des anciens militaires de l'Aisne destinés à compléter les 4e bataillons du 111e de ligne et du 9e d'infanterie légère" (Chuquet A. : « Inédits napoléoniens », Paris, 1913, t.2, lettre 3240).

L'Empereur se dirige sur la Belgique en juin, espérant vaincre les principales forces coalisées. Au sein de l'Armée du Nord, le 9ème Léger avec le 111e de Ligne fait partie de la 14e Division d'infanterie, brigade Hulot, du 4ème Corps du général Gérard. Il compte alors 43 officiers et 1215 hommes et sous-officiers, sous les ordres du colonel Paul Baume.

Les alliés ont rassemblé deux armées en Belgique : l'armée anglo-hollandaise, réunie au sud de Bruxelles, sous les ordres du duc de Wellington, et l'armée saxo-prussienne s'étendant de Charleroi à Liège, sous le commandement de Blücher.

Napoléon, qui dispose de faibles forces, doit battre les armées ennemies séparément. Les deux généraux coalisés ont des lignes de communications différentes, ce qui constitue le point faible de leur dispositif. En cas de retraite, Wellington devrait reculer sur Ostende, et Blücher sur Liège. Pour Napoléon, il suffisait donc, en alliant rapidité et discrétion, de les attaquer au point concurrent de ces deux routes, c'est à dire Charleroi, pour les séparer.

Pour déboucher en Belgique, Napoléon dispose son armée du Nord (5 corps d'infanterie, appuyées par des divisions de cavalerie légère, 4 corps de réserve de cavalerie lourde ou légère et la Garde) en trois colonnes. Le 14 juin, il est à Beaumont. Le lendemain, il n'arrive à Charleroi qu'à 15 heures au lieu de 10. Malgré ce contre-temps, le débouché est réussi. Napoléon peut mettre en place son dispositif stratégique. L'aile gauche est confiée à Ney, celle de droite à Grouchy et Vandamme et placée sous ses ordres. La Garde est en réserve. Il s'agit maintenant de séparer les Anglais et les Prussiens. Pour cela, Grouchy doit attaquer sur les hauteurs de Sombreffe, mais des dissensions avec Vandamme et l'épuisement des troupes retardent l'avancée. Le combat est remis au lendemain.

Tandis que Ney doit se porter sur les Quatre-bras pour barrer la route aux Anglais, Napoléon reste avec une réserve de 36.000 hommes à Fleurus, prêt à seconder l'un ou l'autre.

Le 16 juin, les Français attaquent les Prussiens en position derrière le ruisseau de Ligny. Le 4e Corps de Gérard est sur l'aile droite ; une première attaque sur Ligny de la division Pecheux (12e division) est repoussée, tandis qu'à gauche, on se bat à Saint Amand. Un bombardement intensif permet à Pecheux de repartir sur Ligny où on se bat avec acharnement. Français et Prussiens font monter toutes leurs réserves. Le 4ème Corps monte tout entier en ligne. Vers 20 heures, Napoléon décide d'en finir et fait donner sa Vieille Garde et les cuirassiers pour s'emparer de Ligny. Les Prussiens battent en retraite vers le nord, vers Wavre. Le 9ème Léger a eu de nombreux officiers tués ou blessés. Le chef de bataillon Billon est mortellement atteint.

La défaite des Prussiens à Ligny pousse Wellington à se positionner en retrait vers Mont Saint-Jean.

Les Prussiens réussissent à se replier sur Wavre, ils doivent être poursuivis par Grouchy avec les 3ème et 4ème Corps, tandis que Wellington s'est positionné vers Mont Saint Jean, où il s'établit de part et d'autre de l'axe Charleroi Bruxelles, avec trois points fortifiés : Hougoumont, la Haye Sainte et la Papelotte. La bataille finit par la défaite sévère que l'on connait.

Après la bataille de Waterloo ou Mont Saint-Jean proprement dite, les forces de Grouchy, qui n'ont pu poursuivre efficacement les Prussiens, réussissent à se replier sur la frontière. Ce sont les dernières réserves disponibles pour cette armée du Nord. Les restes des 1er, 2ème, 6ème Corps et la Garde sont à Avesnes. On essaye de les réorganiser. Le 20 juin, l'Empereur est à Laon puis rejoint Paris, laissant le commandement des troupes à Soult.

(à suivre)

XVI/ UNIFORMES

Figure 1 : Tenues de la 9e demi-brigade légère en 1800-1801 : En 1800, la demi-brigade porte la tenue bleue à collet écarlate, passepoilée de blanc, avec revers coupés en pointe, commune à toute l'infanterie légère depuis 1793. Les boutons sont encore en laiton. Les gilets sont variés : blancs, bleus ou écarlates à un ou deux rangs de boutons. Les culottes bleues entrent dans de petites guêtres noires très courtes. La demi brigade porte un petit shako sans jugulaires, alors que d'autres demi-brigades légères n'ont encore que le chapeau noir, orné d'une plaque losangique laiton avec le chiffre 9. Les carabiniers le garnissent d'un plumet retombant écarlate porté à droite, et parfois d'un cordon et raquettes écarlates. Ils se distinguent aussi par des épaulettes, des parements en pointe, et des grenades sur les retroussis écarlates. En campagne, ils portent une culotte bleue avec boutonnage latéral et galon latéral écarlate. Les chasseurs ornent le shako de cordon et raquettes blancs, un pompon vert, et portent des épaulettes vertes à tournantes rouges. Des cors de chasse blancs sont sur les retroussis. Les tambours ne semblent pas avoir de distinctives particulières. Les officiers ont les marques de grade or selon la couleur des boutons et portent le chapeau noir à ganse de cocarde et floches dorées, habit à basques longues, sabre à dragonne dorée, bottes noires à galon et glands dorés.

Figure 1bis : Les tenues de la 9e demi-brigade légère en1802, d'après un rapport d'inspection, le 16 Ventose an 10 (17 mars 1802) : Nous citons ce rapport :
"Quoique la tenue soit généralement belle, le général inspecteur aurait désiré trouver plus d'uniformité. Les officiers ne sont pas coiffés de la même manière. Il placent le chapeau indistinctement sur l'un ou l'autre sourcil ; toutes les bottes ne sont pas uniformes et point soigneusement assujetties.
Beaucoup d'officiers portent la plaque de ceinturon par dessus la veste, tandis que les officiers supérieurs ont seuls ce droit.
Quelques sous- officiers placent mal leurs galons sur les manches de leurs habits ; les caporaux les portent en laine rouge au lieu de jaune (ce qui prouve que les boutons sont encore de cette couleur NDLR). Les sergents-majors et les fourriers ne sont pas tous armés d'un fusil. Ils doivent l'être.
Les cheveux des sous-officiers, carabiniers et chasseurs ne sont pas également coupés aux faces et à la queue qui n'est pas attachée par une épingle.
Il y a beaucoup de cols et mouchoirs de couleurs, gras et sales, et quelques-uns ont la barbe en forme de collier par-dessus.
Les épaulettes des carabiniers et chasseurs sont placées trop en arrière, elles doivent partager également l'épaule.
Les habits vestes sont en général mal battus (pour les nettoyer) et brossés. Ils sont trop étroits de la poitrine, et les manches un peu courtes ainsi que les collets.
Les pantalons à l'infanterie légère ne sont que tolérés, ils doivent être fermés par une couture sur le coté, au lieu de l'être avec des boutons.
Quelques hommes portent leur baudrier et leur porte giberne trop longs, ce qui empêche d'abord la buffleterie de bien croiser sur la poitrine ... et fait croiser le sabre dans les jambes dans les marches précipitées".

Figure 2 : Voltigeur du 9e Léger à l'armée des Côtes, fin 1804, d'après un dessin naïf : Shako noir à visière agrafée sans jugulaires. Cordon et raquettes blancs, plaque losangique de cuivre. Plumet à base verte et sommet jaune, porté sur le côté gauche, porté au dessus cocarde et ganse blanche. Habit bleu, revers en pointe ouverts assez haut passepoilés de blancs, parements en bottes bleus passepoilés de blanc, collet et pattes de parements chamois. Les boutons sont devenus blancs. Basques courtes. Epaulettes à écailles de cuivres sur le corps, franges vertes et tournantes écarlates. Gilet blanc à double rang de boutons. Culotte bleu avec boutonnage sur le pont, entrant dans des demi-guêtres noires galonnées de chamois. Sabre briquet à dragonne verte et chamois.

Figure 3 : Officier de carabiniers, carabinier et chasseur du 9ème Léger en 1806-1807, d'après les dessins de Kolbe. On notera que les carabiniers du 9ème Léger ont touché un bonnet d'oursin avec plumet écarlate, ce qui est la marque de leur fonction. Nos hommes, très coquets, ont une manière particulière de porter les cordons sur ce bonnet. Sur le devant, le carabinier laisse pendre un cordon tressé et un cordon simple et, en arrière, un seul cordon simple, les raquettes sur le côté droit, tandis que l'officier porte un cordon tressé simple en diagonale dans le sens inverse. Les cordons sont blancs pour la troupe, argentés pour les officiers. Le fond du bonnet est bleu galonné de blanc (argent pour l'officier), avec vraisemblablement une grenade brodée. Le reste de la tenue est assez classique pour l'infanterie légère, avec les épaulettes argentées selon le grade pour l'officier, mais un hausse col de cuivre doré et des pattes de parements à 4 boutons argentés, alors que la troupe n'a que trois boutons de métal blanc. Demi-guêtres pour le carabinier, et bottes pour l'officier. On notera la lame de son sabre, bleuie à la base, et sa Légion d'Honneur. Le chasseur a encore un schako d'ancien modèle sans jugulaires, et avec une ganse latérale à gauche, témoin de la période où l'on portait encore le plumet latéralement. Celui-ci est à présent sur le devant, ainsi que la cocarde et une autre ganse. La plaque losangique de métal blanc est ornée d'une Aigle et du numéro du régiment. On remarquera les épaulettes vertes à tournantes rouge et le port du sabre briquet pour les simples chasseurs, avec une dragonne verte. Des capotes brunes sont fixées sur les sacs pour le carabinier et le chasseur. Le reste de la tenue est classique pour l'infanterie légère.

Figure 3bis : Voltigeur du 9ème Léger en 1807 vu par Martinet. Pour compléter l'aspect du régiment en 1807 (fig. 3), voici un voltigeur vu par Martinet dans ses célèbres planches réalisées contemporainement. On comparera avec la figure 2 du voltigeur en 1804. On notera que le plumet vert et jaune s'est recentré, et la cocarde est bleu, blanc, rouge, blanc. Le cordon de shako (toujours sans jugulaires) est désormais vert avec quelques touches de jonquille avant les pompons des raquettes. La plaque losangique est maintenant de métal blanc. Les épaulettes sont vertes à tournantes jonquille et ont perdu leurs écailles. L'uniforme est distingué de jonquille passepoilé de blanc au collet, parements et pattes de parements. Le gilet est bleu à un seul rang de boutons, fermant droit sans échancrure au bas. Les demi-guêtres sont passepoilées de jonquille. La dragonne du sabre briquet doit être verte et jonquille.

Figure 4 : Sergent de carabiniers du 9ème Léger avec fanion de compagnie. Notre sergent porte fièrement son bonnet d'oursin avec plumet écarlate et cordons et raquettes blancs. Le pantalon de route blanc est serré aux chevilles. On notera son galon de grade au dessus des parements et la tournante argent de ses épaulettes écarlates de sous officier. Ce qui est le plus intéressant, c'est son fanion de compagnie, écarlate, orné du chiffre du régiment et de grenades, symboles des carabiniers. Le fanion est porté au canon du fusil.

Figure 4bis : Adjudant sous-officier Cardron en 1809 (d'après Bucquoy modifié). Nommé adjudant sous-officier, Cardron écrit à sa famille de lui envoyer des effets d'habillement. Le grade d'adjudant sous-officier est le plus important hiérarchiquement, avant la nomination comme sous-lieutenant à l'ancienneté. Il y en a deux par bataillon.
"La tenue est autre chose que celle d'un simple sergent, et il va falloir bien des choses : frac, linge fin, cravate, gilet de piqué de basin. Ne m'envoyez pas mon chapeau, on nous fait faire des shakos d'officiers tout brillants d'argent ... Et non plus n'oubliez pas d'y insérer ma montre car il faut une montre à un adjudant".
En effet la tenue est quasi celle d'un officier. Le shako est galonné d'argent à son bord supérieur, la plaque est celle du régiment argentée mais le cordon tressé et les raquettes restent blancs (et non argent comme les officiers). Le pompon et le plumet sont blancs, marquant l'appartenance à l'Etat Major du régiment. L'habit a des basques longues comme les officiers. On y porte des épaulettes à l'inverse des officiers : une épaulette à droite et une contre épaulette à gauche. Elles ont le corps vert à trois bandes argent, tournante argent et franges mêlant vert et argent. Gilet bleu ou blanc. Culotte bleue entrant dans des bottes à galon argent. Les adjudants sous-officiers portent l'épée à dragonne verte et argent, et par tradition une canne.

Figure 5 : Carabiniers du 9ème Léger en 1813-1815 par Fort, d'après Lejeune. Dessinés par Fort d'après le tableau de Lejeune sur la bataille de Barossa. Lejeune a commis un anachronisme dans les uniformes, reprenant des tenues qui ne peuvent être que postérieures à 1811, de par leur coupe au règlement Bardin et portées à la fin 1812 début 1813 (tout au moins pour les troupes en Allemagne et en France). On notera le port persistant du bonnet d'oursin pour les carabiniers du 9ème Léger. Ici dégagé de tout ornement (nous sommes en campagne), avec un pompon rouge à la place du plumet. Le pantalon de route, bleu ou blanc, est très réglementaire, de même que le port des épaulettes écarlates et du sabre briquet pour des carabiniers. Ce qui l'est moins, ce sont les passepoils rouges au lieu de blanc aux revers et retroussis, et les parements et leurs pattes entièrement écarlates passepoilés de blanc. Des singularités propres sans doute au régiment.

Figure 5bis : Conscrit du 9ème Léger à la division de réserve de Toulouse en 1814.

Figure 6 : Officier de carabiniers du 9ème Léger en 1815 (d'après la tenue du capitaine Cardron, conservée au musée de l'armée de Bruxelles). Shako à galonnage supérieur argent, absence de plaque, cocarde tricolore (bleu, rouge, blanc) maintenue par une ganse torsadée argent en deux brins et un bouton argent. Uniforme à la coupe du règlement 1812. Le détail le plus étonnant est le port de grenades argentées sur le collet. L'habit est à basques longues, poches en long en accolade.

XVII/ AIGLES ET DRAPEAUX

- Aigles et drapeaux, 1804-1814

Nous avons vu le modèle spécial de drapeau accordé, en 1802, à la 9ème demi-brigade légère qui fut conservé au-delà de sa date de "validité " (voir la capture d'un de ces drapeaux à Mohrüngen en 1807), puisque théoriquement remplacé en 1804 par trois nouveaux drapeaux du modèle Picot, surmontés de l'Aigle impériale, pour les trois premiers bataillons. Un des drapeaux impériaux fut vraisemblablement capturé aussi à Mohrüngen, mais pas l'Aigle qui le surmontait.

Le 26 mars 1807, à Osterode, est établi par l'Empereur l'ordre suivant : "Sa Majesté ordonne que les régiments d'infanterie légère n'auront pas d'aigles à l'armée, et que les aigles de ces régiments seront envoyées aux dépôts, cette arme ne devant pas avoir d'aigle devant l'ennemi" (Correspondance de Napoléon, t.14, lettre 12183).

Le 8 avril 1809, l'Empereur écrit, depuis Paris, au Maréchal Berthier, Major général de l'Armée d'Allemagne : "... j'approuve que tous les corps renverront leurs aigles en France hormis une qu'ils garderont. En attendant qu'ils aient des enseignes, vous les autoriserez à faire faire pour chaque bataillon des enseignes très-simples, sans devise et le tiers de celles qu'ils avaient autrefois. Ces enseignes sont pour leur servir de ralliement ; elles n'auront aucune décoration de bronze, elles porteront seulement le numéro du régiment et du bataillon. Quant au corps du général Oudinot, il faut que chaque bataillon fasse faire un petit drapeau d'un simple morceau de serge tricolore, portant d'un côté le numéro de la demi-brigade et de l'autre le numéro du bataillon, comme, par exemple, 4e bataillon du 6e d'infanterie légère d'un coté, et de l'autre 1re demi-brigade légère, etc. Il faut faire pour cela très-peu de dépense. J'en ferai faire de très-belles, que je donnerai moi-même aussitôt que possible" (Correspondance de Napoléon, t.18, lettre 15030 ; Correspondance générale de Napoléon, t.9, lettre 20750).

Le 28 juin 1809, depuis Schönbrunn, Napoléon ordonne : "Article 1er. Les 1er et 2e porte-aigles de chaque régiment seront armés d'un esponton formant une espèce de lance de cinq pieds, auquel sera attachée une banderole, qui sera rouge pour le premier porte-aigle, blanche pour le second. D'un côté sera le nom du régiment, de l'autre le nom de l'Empereur.
Art. 2. Ces espontons seront fournis par le ministre de la guerre mais, en attendant, les régiments seront autorisés à s'en procurer. Cet esponton sera une espèce de lance dont on se servira comme d'une baïonnette. Les banderoles blanche et rouge serviront à marquer le lieu où se trouve l'aigle.
Art. 3. Le premier et le second porte-aigles porteront, indépendamment de l'esponton, une paire de pistolets, qui seront dans un étui, sur la poitrine, à gauche, à la manière des Orientaux
" (Picard E. et Tuetey L. : « Correspondance inédite de Napoléon 1er conservée aux Archives de la Guerre », Paris, 1913, t. 3, lettre 3281).

Des trois Aigles reçues, deux furent ramenées au dépôt après 1810, et il n'y avait plus qu'une Aigle en service en 1812. La même année, le régiment se voyait accorder un nouveau drapeau tricolore en bandes verticales (modèle 1812) portant inscrits les noms des batailles : ULM FRIEDLAND ESSLING WAGRAM.

Le 24 mars 1812, à Paris, à la question : "Les régiments d'infanterie légère doivent-ils faire revenir leur aigle qui, par une disposition spéciale de l'Empereur, se trouve à leur dépôt ?", ce dernier répond encore une fois : "Puisque les aigles de ces régiments sont aux dépôts, il faut que les régiments les y laissent" (Chuquet A. : « Ordres et apostilles de Napoléon, 1799-1815 », Paris, 1911, t.3, lettre 5028).

Ce drapeau resta au dépôt jusqu'à la Première Restauration. Une des Aigles fut alors cachée et ressurgit au Cent Jours.

- Le drapeau Restauration du 9ème Léger

Le gouvernement provisoire du 1er Avril 1814 abolit les emblèmes impériaux. Le principe d'un drapeau par Régiment est conservé au 1er Bataillon, porté par un Officier, les autres Bataillons ayant des fanions. Les drapeaux sont blancs, 150 sur 150 cms, sur les bords un feston avec fleurs de lys et rosaces alternées en doré. Dans chaque angle, un carré avec le numéro du Régiment. Franges or sur les bords, cravate de taffetas blanc avec broderie de palmettes et fleurs de lys et franges or. Cordon et glands dorés. Hampe de 2,50m surmontée d'une pique dorée, ornée d'une fleur de lys découpée. A l'avers : au centre, en or bordé de noir, l'inscription :
LE ROI/
AU REGIMENT/
DE BOURBON /
9EME D'INFANTERIE/
LEGERE.

L'inscription centrale est encadrée à droite par deux branches de chêne, à gauche par deux branches de lauriers, les branches liées par un ruban rouge où pendent les croix de St Louis et de la Légion d'Honneur. Au revers : les armes de France couronnées entourées par les colliers des ordres du St Esprit et de St Michel, avec sceptre et main de justice, encadré par une branche de chêne et de laurier liées par un ruban rouge.

- L'aigle en 1815

Le capitaine Cardron nous raconte comment, en 1815 pendant les Cent Jours, l'Aigle revient à la tête du régiment. Il écrit à sa famille : "J'allais oublier de te rapporter une scène qui nous a fait bien du plaisir. Le jour où nous arborâmes la cocarde tricolore, nous prîmes les armes.
Nous étions sur la place où demeure le brave colonel Deslon. Sans que nous sachions pourquoi, on nous réunit et l'on nous conduisit sous ses croisées. Imagine toi voir 80 officiers sur deux rangs se demander l'un à l'autre que nous veut-on ?
Enfin, nous fûmes tirés d'inquiétude, nous vîmes paraitre le colonel Deslon, tenant à la main quoi ?
Je te donnerais à deviner en cent.
Notre Aigle, sous lequel nous marchâmes tant de fois à la victoire et que le brave colonel avait caché dans sa paillasse, lorsque la race pourrie des Bourbons (expression du Prince de la Moskowa ) était remontée sur le trône et avait échangé nos couleurs chéries par celles qui nous rappelaient l'esclavage.
A la vue de ce drapeau chéri, les cris de Vive l'Empereur se firent entendre, soldats et officiers, tous confondus, voulant non seulement le voir mais l'embrasser.
Cette scène a fait couler de tous les yeux des larmes d'attendrissement, et tous dans un mouvement spontané, nous avons juré de mourir sous notre Aigle pour la Patrie et pour Napoléon
".

- Le drapeau modèle 1815 du 9ème Léger

Drapeau de la 9e Demi-brigade en 1802
Drapeau du 9e Léger, modèle 1815

Si il a récupéré son Aigle, le 9ème Léger se voit attriber un nouveau drapeau tricolore du modèle simplifié 1815 portant le nom de ses principales batailles victorieuses : ULM FRIEDLAND ESSLING WAGRAM et y a vraisemblablement aussi rajouté MONTMIRAIL. Ce drapeau est détruit à Bourges après Waterloo.

XVIII/ NOTES

Note 1 : En novembre 1813, Napoléon ordonne que 20 régiments de chaque armée fournisse des cadres pour former des 6ème bataillons pour accueillir les conscrits. Une division de réserve ou 2e de Réserve de l'Armée des Pyrénées se forme à Toulouse sous l'autorité du général Travot. En février, elle envoie vers Tarbes des détachements dont les 2/3 désertent en route. Cette division de réserve avec le 6e bataillon du 9ème Léger va participer à la défense de Toulouse. Les conscrits sont simplement habillés d'une capote et d'un chapeau (figure 5bis).

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